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(Quinze heures cinquante-cinq minutes)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons déclarer la séance ouverte tout en rappelant
le mandat de la commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 8, Loi sur l'aide aux victimes d'actes
criminels, et du projet de loi 3, Loi modifiant le Code civil en matière
de copropriété et d'emphytéose.
Mme la Secrétaire, est-ce qu'il y aurait des remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Nous allons donc permettre la
présentation des motions préliminaires, s'il y a lieu. M. le
ministre?
M. Marx: Non, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Et vous, M. le
député de Taillon?
M. Filion: il y a beaucoup de choses à dire sur le projet
de loi 8. J'ai posé des questions en Chambre. Je ne sais pas si le
ministre veut y apporter des réponses maintenant.
M. Marx: Quand on fera l'étude article par article...
M. Filion: Oui?
M. Marx:... je vais donner des réponses parce que...
M. Filion: Mais, il y a peut-être une question
générale que j'avais posée...
M. Marx: Oui.
M. Filion:... sur la rédaction du projet de loi.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Est-ce que cela a été fait de la
façon habituelle?
M. Marx: Bien, oui. Cela veut dire quoi?
M. Filion: Bien, c'est parce qu'il y a beaucoup... Il me semble
que la rédaction du projet de loi est vraiment faible. J'en ai
soulevé quelques exemples, en Chambre.
M. Marx: Pardon?
M. Filion: Faible. Elle m'apparaît différente de
celle des autres projets de loi.
M. Marx: Faible, cela veut dire quoi? M. Filion:
Faible.
M. Marx: Cela veut dire qu'il n'y a pas assez d'articles, que
cela ne pèse pas assez?
M. Filion: Non, non. Bien non! je ne veux pas dire qu'il n'y a
pas assez d'articles. Cela veut dire... J'ai donné des exemples en
Chambre.
Je vais vous en donner quelques-uns. L'article 2...
M. Marx: Oui, mais c'était une question...
M. Filion: "La victime d'un acte criminel a droit d'être
traitée avec courtoisie, équité, compréhension et
dans le respect de sa dignité et de sa vie privée. "
M. Marx: Mais, c'est sûr que c'est...
M. Filion: Tous les êtres humains vivant au Québec
ont le droit d'être traités avec courtoisie, équité,
compréhension et dans le respect de leur dignité et de leur vie
privée.
M. Marx: Oui, mais...
M. Filion: De le dire dans le cas des victimes, c'est de la
mauvaise législation.
M. Marx: Ce sont des articles déclaratoires. Si vous
examinez la législation des autres provinces - il y a deux provinces qui
ont adopté des lois - ou si vous étudiez la législation
américaine, vous allez voir qu'il y a des articles de nature
déclaratoire.
M. Filion: Mais, tout le...
M. Marx: Et ces dispositions se trouvent aussi dans la
déclaration de l'ONU.
M. Filion: Oui, mais ce n'est pas parce que...
M. Marx: Non, mais je veux dire... Cela veut dire que... Il ne
faut pas dire que le projet de loi est faible. Je pense qu'il faut dire que
c'est un projet de loi différent des autres projets de loi parce que
c'est très rare qu'on ait des articles de nature déclaratoire. Je
suis d'accord avec vous. Il y en a quelques-uns de nature déclaratoire
qu'on ne trouve pas dans d'autres lois, c'est sûr et certain.
M. Filion: Je vais donner un autre...
M. Marx: Dans la loi 101, il y a des articles
de nature déclaratoire.
M. Filion: Oui, oui, c'est évident.
M. Marx: On s'est penché sur la question parce que,
effectivement, ce n'est pas courant. Il n'y a pas beaucoup d'exemples dans nos
lois.
M. Filion: De toute façon, j'ai d'autres exemples. Je
pourrai les donner au fur et à mesure.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Marcil): Pour être
pratico-pratique, voudriez-vous qu'on procède article par article? On
pourra intervenir sur chacun.
M. Filion: Oui, on pourrait peut-être. Le
Président (M. Marcil): Cela va? M. Filion: Oui.
Interprétation
Le Président (M. Marcil): Donc, j'appelle l'article 1 du
projet de loi 8.
M. Marx: L'article proposé fixe la portée du projet
de loi en désignant les personnes qui pourront bénéficier
des mesures prévues par le projet de loi. Il s'agit de "...toute
personne physique qui, à l'occasion d'un acte criminel commis au
Québec, subit une atteinte à son intégrité physique
ou psychologique ou une perte matérielle, que l'auteur de cet acte
criminel soit ou non identifié, arrêté, poursuivi ou
reconnu coupable..." Les proches d'une victime, de même que ses personnes
à charge, sont également considérées comme des
victimes.
Il s'agit d'une définition volontairement large qui vise à
englober toutes les catégories de personnes physiques qui, à
l'occasion de la perpétration d'un acte criminel, subissent directement
ou indirectement un préjudice d'ordre physique, psychologique ou
matériel.
Adopté?
M. Filion: Alors... Dans la Loi sur l'indemnisation des victimes
d'actes criminels...
M. Marx: C'est tout à fait différent.
M. Filion: Tout à fait différent.
M. Marx: il ne faut pas mêler les deux.
M. Filion: Non, non, je le sais. Il ne faut pas oublier qu'il y a
l'article 3. À l'article 3, on dit: "La victime a droit, dans la mesure
prévue par la loi: 1° de recevoir une indemnité raisonnable
pour les frais encourus en vue de rendre témoignage; 2° de recevoir,
de façon prompte et équitable, réparation ou indemnisation
des dommages subis;"
C'est l'article 3, paragraphe 2°, d'accord?
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Cela dit que la victime, telle que définie dans
l'article 1, a le droit de recevoir de façon prompte et équitable
réparation ou indemnisation des dommages subis.
M. Marx: C'est-à-dire...
M. Filion: Par contre, dans la Loi sur l'indemnisation des
victimes d'actes criminels, je conviens que c'est différent. On parle
dans les deux cas de victime. Par exemple, la loi va nous dire comment on va
l'indemniser, donc un peu comment l'alinéa 2° de l'article 3 va
recevoir application. Là, on définit de façon très
restrictive dans cette loi. À l'article 3, on dit: "La victime d'un
crime, aux fins de la présente loi, est une personne qui, au
Québec, est tuée ou blessée." On parle également
des dommages matériels. Mais, en deux mots, on ne parle pas du tout des
dommages psychologiques. Dans la Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes
criminels, on n'indemnise pas, vous me corrigerez si je me trompe, les dommages
psychologiques.
M. Marx: On peut payer les soins. Le choc mental... L'article
parle de choc mental, de blessures, de lésions corporelles, de
grossesse, de choc mental ou nerveux.
M. Filion: D'accord. Mais c'est bien plus restrictif que de
parler d'intégrité psychologique.
M. Marx: Oui, oui.
M. Filion: Ce n'est pas tout à fait le même...
M. Marx: C'est sûr. C'est pourquoi j'ai dit qu'on a
donné une interprétation assez libérale à la
définition de victime dans l'article.
M. Filion: Je suis d'accord, mais le problème c'est
qu'à l'article 3 on va dire: Cette victime a le droit d'être
indemnisée. La loi qui va permettre son indemnisation n'est pas la loi
qu'on adopte, c'est la loi qui existe déjà.
M. Marx: C'est cela. C'est cela.
M. Filion: La loi qui existe déjà donne une
interprétation restrictive de...
M. Marx: Non, mais les victimes...
M. Filion: ...du dommage psychologique.
M. Marx: Oui, oui, d'accord. La victime qui a subi une perte
matérielle n'a pas de...
M. Filion: Pour elle, il n'y a pas de problème.
M. Marx: Non.
M. Filion: La perte matérielle est prévue au
dernier alinéa de l'article 3...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion:... de la Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes
criminels et est bien prévue dans le projet de loi 8. Le
problème, c'est uniquement l'intégrité psychologique.
M. Marx: Mais cela veut dire, à l'alinéa 3°,
que la victime a droit dans la mesure prévue par la loi, donc c'est
l'IVAC. D'accord?
M. Filion: Ah! Oui, mais on veut... M. Marx: C'est
déclaratoire.
M. Filion; Je suis d'accord avec vous, mais on ouvre une fausse
piste. Vous avez raison. Dans la mesure prévue par la loi. Donc,
l'intégrité psychologique va être indemnisée
uniquement dans la mesure où cela correspond à la
définition du choc mental ou nerveux.
M. Marx: C'est cela. On a divisé la loi. Le premier
chapitre, c'est l'interprétation. Le chapitre il, c'est les droits et
les responsabilités des victimes d'actes criminels. C'est une loi sur
l'aide aux victimes d'actes criminels. Ce sont des services qu'on va offrir,
plutôt que de l'indemnisation.
M. Filion: Je trouve cela un peu... Je trouve qu'on...
M. Marx: On va s'habituer à cela.
M. Filion: Mes conseillers sont nombreux aujourd'hui, ils sont au
nombre de deux. Ils ont doublé pour quelques minutes mais, je vous
préviens que c'est pour quelques minutes seulement. Ils me soulignent
qu'effectivement on fait un emballage qui ne correspond pas du tout au
contenu.
M. Marx: Cette loi en est une qui prévoit des services
qu'on va donner aux victimes. Il faut admettre qu'aujourd'hui on ne donne pas
de services. Il y a des CALACS ou le regroupement des maisons
d'hébergement qui donnent un certain service. Donc, c'est une loi sur
les services. À qui va-t-on donner ces services? Supposons qu'on met sur
pied un centre d'aide aux victimes d'actes criminels. Ce centre va donner
l'aide à qui? L'article 1 définit à qui. Le chapitre il
est déclaratoire. Les victimes ont certains droits et ils ont certaines
responsabilités. L'article 3 1e est déclaratoire. On y
dit: "dans la mesure prévue par la loi". Dans la Loi sur les victimes
d'actes criminels, on a repris ces dispositions qu'on retrouve, par exemple,
dans la déclaration de l'ONU et dans la déclaration signée
par le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux.
Nous avons signé une déclaration sur les victimes d'actes
criminels. Mais, je...
M. Filion: Cela ne sera pas long, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Cela ne sera pas long?
M. Filion: Cela ne sera pas tellement long.
Le Président (M. Marcil): Cela va. On va suspendre
quelques minutes.
M. Filion: Oui... peut-être. (Supension de la séance
à 16 h 5)
(Reprise à 16 h 9)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons nos travaux. Allez, M. le ministre.
M. Marx: On peut dire que ce sont les lignes directrices de la
loi, les "guide-lines" dans les autres provinces ou aux États-Unis. On
trouve cela dans toute la loi et je conviens avec le député que
l'article 3. 1° n'est pas un article qui crée des droits. J'en
conviens. C'est incitatif, si vous voulez, pour que l'on revoie peut-être
d'autres lois que nous avons, mais c'est sûr que ce ne sont pas des
dispositions qui créent des droits. Il s'agit d'accepter d'avoir ou de
ne pas avoir des articles d'ordre déclaratoire, des lignes directrices
dans la loi. Une fois qu'on décide de les avoir, est-ce qu'on met les
lignes directrices dans les articles ou si on met ça dans un
préambule? Nous avons décidé de mettre cela dans les
articles, mais je conviens qu'on n'a pas créé des droits en tant
que droits dans l'article 3. Mais si vous allez consulter toutes les lois dans
ce domaine, ailleurs, en Amérique du Nord, vous allez voir qu'elles ont
aussi des lignes directrices. Nous avons étudié la
législation américaine. En France et au Royaume-Uni où il
n'y a pas de législation, nous avons consulté les gens.
M. Filion: Le problème, le ministre le soulève. Il
y a des lignes directrices. Soit, cela existe. Comme il l'a mentionné
lui-même, le
projet de loi 8 c'est un projet de loi de services qui ne crée
pas grand-chose. On a étudié quelques affaires qui poussent,
mais, pour le reste, on s'en remet à la législation existante. Je
trouve l'aspect un peu désagréable. Cela crée des
expectatives. Par exemple, on l'a dit, vous avez fait un discours, vous avez
envoyé des communiqués de presse, on le dit et vous l'avez
mentionné d'ailleurs: Dans mon projet de loi, la victime c'est celle qui
a subi une atteinte à son intégrité psychologique. Les
gens écoutent ça et ils disent: Si j'ai une atteinte à mon
intégrité psychologique, je vais me faire rembourser. Là,
oups! Attention, il faut s'en remettre à une loi que j'appellerais
d'application qui est la Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes
criminels, LIVAC, et qui, elle, n'est pas changée. Votre
intégrité psychologique ne sera pas remboursée. Elle ne
sera pas indemnisée si elle est affectée, sauf dans la mesure
prévue par cette loi-là: le choc mental ou nerveux. Et cela a
subi des définitions plutôt restrictives. Choc nerveux, ceux qui
vont chercher plus de 50 $ pour cela, bravo! J'exagère peut-être
un peu, mais pas beaucoup.
Bon, je trouve cela un petit peu... comme méthode
législative. Je comprends que le ministre de la justice soit satisfait,
mais je ne sais pas si le président du comité de
législation l'est...
M. Marx: La question a été soulevée aux deux
places, et moi, j'étais satisfait en portant les deux chapeaux..
M. Filion: Avec vous-même, vous étiez
satisfait...
M. Marx: Avec mes légistes aussi. On a discuté de
cela..
M. Filion: Maintenant, vous écrivez... Il y a quelque
chose qui est fort, par exemple, c'est le deuxième alinéa de
l'article 1 qui dit: "Sont également considérées comme des
victimes ses proches et ses personnes à charge"...
M. Marx: Oui.
M. Filion: D'abord, dans la Loi sur l'indemnisation des victimes
d'actes criminels, il n'y a rien qui concerne les proches ou les personnes
à charge.
M. Marx: Bien oui. M. Filion: Oui? M. Marx: Bien
oui.
M. Filion: Bien non, pas pour une indemnisation directe.
M. Marx: Oui. "Réclamant: la victime ou, si elle est
tuée, ses personnes à charge..."
M. Filion: Oui, si elle est morte..
M. Marx: ..."et la personne visée à l'article"...
toute victime d'un crime ou, si elle est tuée, ses personnes à
charge peuvent se prévaloir de la présente loi et
bénéficier des avantages qui y sont prévus. Cela, c'est la
Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels, et à l'article
6...
M. Filion: Oui, les frais funéraires. Mais cela, c'est
uniquement dans le cas de décès, M. le ministre. L'article 1 du
projet de loi 8 qu'on étudie n'est pas limitatif au cas de
décès.
M. Marx: Si la personne n'est pas tuée, elle peut
collecter elle-même. On ne peut pas collecter quand on est mort. Il y a
des gens qui ont essayé mais cela n'a pas réussi.
M. Filion: Pourquoi dit-on: "ses proches"?
M. Marx: Parce qu'on veut couvrir le plus grand nombre de
personnes possible par ces services. Les services seront donnés par des
centres d'aide aux victimes d'actes criminels et on veut que ces centres
donnent des services au plus grand nombre de personnes possible. Cela va dans
le sens de la définition de l'ONU que j'ai déjà
mentionnée. Mais cela ne va pas causer de préjudices à qui
que ce soit.
M. Filion: Cela va créer l'expectative, par exemple.
M. Marx: C'est cela, on va créer des expectatives et on va
les rencontrer. Il n'y pas de problème avec cela. (16 h 15)
M. Filion: Cela ne donne absolument rien. C'est ce qui me frappe.
On écrit cela et ça ne donne absolument rien.
M. Marx: Bien.
M. Filion: Non, mais cela ne donne rien. Écoutez, on va se
comprendre. Toute la définition de l'article 1 ne vaut rien. Ce sont des
mots qu'on met là. Et puis, bon, parce que ce sont les lois qui vont
compter... Notamment en matière d'indemnisation, c'est la loi qui va
compter. Prenons le projet de loi en général. Les droits et
responsabilités des victimes d'actes criminels, surtout pour la
compensation, on a une loi pour cela. Le Bureau d'aide aux victimes d'actes
criminels aurait pu être... le ministre aurait pu le mettre sur pied sur
le plan administratif dans son ministère sans faire de projet de loi, il
n'y avait pas de problème. Le fonds d'aide aux victimes d'actes
criminels, le Conseil du trésor a décidé que
c'était pour lui coûter le moins cher possible. Est-ce que je me
trompe quand je dis cela, M. le ministre, finalement?
D'abord, dans l'article 1, on ne crée rien pour personne dans
cela. Cela existe déjà.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Marx: L'article 1 n'existe pas...
M. Filion: Non, je sais. Ce qu'on y dit n'a aucune influence pour
ce qui touche l'indemnisation.
M. Marx: Non, ce n'est pas une loi sur l'indemnisation. Cette loi
ne touche pas les indemnisations, d'aucune façon.
M. Filion: D'accord. Donc, cela n'influe en rien sur
l'indemnisation...
M. Marx: Rien.
M. Filion: ...qui va rester ce qu'elle est déjà
dans...
M. Marx: Dans une autre loi et c'est toujours...
M. Filion: ...la Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes
criminels.
M. Marx: C'est cela. C'est sûr et c'est clair.
Le Président (M. Marcil): Je vais reconnaître le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Il m'appa-raît
simplement que les articles 4, 5 et 6, par exemple, sont des articles qui
donnent des droits, qui confèrent des droits aux victimes. À
partir de là pour savoir à qui sont conférés les
droits spécifiés aux articles 4, 5 et 6, entre autres... Si je
prends l'article 6, par exemple. On y dit: "Compte tenu des ressources
disponibles, la victime a droit de recevoir l'assistance médicale,
psychologique et sociale..." Eh bien, la victime pourrait, en l'occurrence
être un professeur qui serait affecté d'une façon ou d'une
autre et qui aurait besoin d'une aide médicale, psychologique ou sociale
et on ne pourrait pas la lui refuser parce qu'il rencontrerait la
définition de victime qui est donnée.
M. Filion: Je suis d'accord mais regardez ce qui est écrit
à l'article 6: "Compte tenu des ressources disponibles..." Cela existe
déjà. C'est un problème de ressources. S'il y a des
victimes ce matin, s'il y a des ressources disponibles pour les victimes
d'actes dans une région ou dans un district, elles vont recevoir de
l'aide, M. le député de Louis-Hébert, bien avant qu'on
adopte le projet de loi.
NI. Marx: Maintenant, on tourne en rond. Moi, je vais vous
répéter que ce sont des lignes directrices, des dispositions
déclaratoires et vous, vous allez me répéter ce que vous
m'avez déjà dit.
M. Filion: Regardez, je vais vous faire une suggestion. Le projet
de loi 8 s'intitule Loi sur l'aide aux victimes d'actes criminels. Le mot aide
pour bien du monde, pour le monde, même pour les juristes, cela veut dire
quoi? Cela veut dire de l'aide financière. Demandons à nos
électeurs. On dit: Tiens, on a passé un projet de loi, Loi sur
l'aide aux victimes d'actes criminels. Ah, pas pire, vous allez les aider. Vous
allez les aider.
M. Marx: On va les aider.
M. Filion: Vous allez les aider. Vous allez les dépanner.
Vous allez...
M. Marx: Dépanner.
M. Filion: Si elles ont subi une blessure, vous allez la soigner,
je ne sais pas. Si leur maison est passée au feu parce qu'il y a un
crime d'incendie qui a été commis, vous allez leur payer
l'hôtel. Je ne sais pas, là, bon. Les électeurs, c'est ce
qu'ils vont comprendre. Mais ce n'est pas cela pantoute que fait le projet de
loi 8. Le ministre vient de nous le dire clairement, c'est l'indemnisation des
victimes d'actes criminels qui compte. Et cela, c'est une loi qui n'est pas
modifiée. Dans le fond, c'est une loi sur l'aide non financière
aux victimes d'actes criminels. C'est cela qu'on...
M. Marx: Que voulez-vous? Qu'on appelle cela Loi sur
l'aide...
M. Filion: Bien, je ne sais pas. Vous ne pouviez pas
réfléchir à un autre titre?
M. Marx: Mais le titre en anglais est peut-être plus
clair.
M. Filion: C'est quoi?
M. Marx: Bien, il dit que les centres seront des "victims of
crime assistance centres".
M. Filion: C'est bien. C'est parfait.
M. Marx: On peut mettre Loi sur l'assistance aux victimes d'actes
criminels.
M. Filion: Pourquoi pas Loi sur les... Non, sur les centres. Les
centres, c'est à peu près ce qu'il y a de plus important dans le
projet de loi. Je n'avais pas vu le titre en anglais, moi. Est-ce qu'on peut...
"An act respecting assistance..." non, ce n'est pas tout à fait cela. Je
pense qu'on devrait peut-être... Mais ce n'est pas cela exactement. On ne
parle pas de "centers" en anglais mais je pense qu'on devrait le mettre
dans le projet de loi.
M. Marx: On pourrait avoir un amendement.
M. Filion: Je vous laisse réfléchir à cela,
ce n'est pas pour tout de suite.
M. Marx: D'accord.
M. Filion: Mais il me semble que le titre est vraiment mauvais.
Comment dit-on cela donc? "Misleading"?
M. Marx: Si je reste ministre, il n'y a pas de problème,
tout le monde va être bien servi.
M. Filion: Induit en erreur.
M. Marx: C'est cela le danger, c'est que dans dix ou quinze ans,
cela va changer.
M. Filion: Bon. Alors, cela va pour...
M. Marx: M. Marcil est d'accord avec cela.
Le Président (M. Marcil): D'accord sur l'article 1?
M. Filion: Dans la mesure, encore une fois, où c'est de la
tarte aux pommes. Oui, je suis en faveur.
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Je suis en faveur de la tarte aux pommes avec la
crème glacée du deuxième alinéa.
Le Président (M. Marcil): Non, non, non. Là, on
parle d'articles de loi, M. le député de Taillon.
M. Filion: Non, non. Mais on se comprend.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Filion: Ah! Adopté.
Droits et responsabilité des victimes d'actes
criminels
Le Président (M. Marcil): Oui. J'appelle l'article 2.
M. Filion: J'ai de la misère à le saisir. J'ai de
la misère à saisir. D'abord, M. le ministre, est-ce qu'il y a un
recours, à cet article-là? Je vais vous lire l'article 2. On va
le lire: "La victime d'un acte criminel a le droit d'être traitée
avec courtoisie, équité, compréhension et dans le respect
de sa dignité et de sa vie privée." Personne ne peut être
contre cela, hein?
Une voix: Personne.
M. Filion: Personne ne peut être contre... M. Marx:
Personne.
M. Filion: Non, non. Personne ne peut être contre cela.
Mais cela... Tout le monde, au Québec, doit être traité
avec courtoisie, équité, compréhension, dans le respect de
sa dignité...
M. Marx: Ce sont des lignes directrices. C'est un comportement
qu'on souhaite de tout le monde. C'est une incitation à traiter les gens
avec courtoisie, équité, compréhension. C'est un...
M. Filion: Oui mais ceux à qui on ne le dit pas, dans le
projet de loi, cela veut dire qu'on n'incite pas les autres à les
traiter... comprenez-vous? C'est là qu'est le problème?
M. Marx: Non, mais quand c'est dans une loi, c'est une plus
grande force morale. Je ne dis pas que les gens ne sont pas courtois mais je
dis que c'est une force morale, c'est une incitation, c'est une ligne
directrice. Je peux répéter cela pour chaque article
jusqu'à ce qu'on revienne aux articles qui ont une autre...
M. Filion: C'est une attitude, c'est une approche un petit
peu...
M. Marx: L'article 3.1 sur les droits des victimes d'actes
criminels, au Manitoba, c'est la même chose. Les personnes...
Une voix: Au Nouveau-Brunswick?
M. Marx: Au Nouveau-Brunswick, est-ce que... Je ne sais pas si
c'est adopté encore.
Le Président (M. Marcil): Le député de
Louis-Hébert voudrait intervenir.
M. Doyon: M. le Président, il est important de souligner
ici qu'on attire l'attention particulièrement sur les victimes. Ce qu'on
dit dans cet article-là s'applique particulièrement aux victimes.
On sait que les victimes se plaignent souvent qu'on manque de
compréhension, d'équité, de courtoisie à leur
égard. Il est vrai qu'on doit traiter tout le monde d'une telle
façon. Cependant, quand on parle d'une victime d'acte criminel, ces
exigences-là sont particulièrement pertinentes. On doit traiter
tout le monde avec beaucoup d'autres égards que la courtoisie,
l'équité, la compréhension et respect de la dignité
et de la vie privée. Mais, particulièrement pour les victimes, il
est important que leur soit accordé ce traitement particulier.
Il est sûr que tout le monde a droit à cela et à
plus que cela. On pourrait dire que tout le monde a droit aux droits qui sont
inclus dans la Charte des droits et libertés de la personne Mais quand
on parle de victimes d'actes crimi-
nels, on se réfère ici à des exigences
particulières. Ayant été procureur de la couronne, M. le
député de Taillon, je sais avec quel doigté on doit
procéder avec des gens qui, très souvent, lorsqu'ils viennent
nous voir, sont en désarroi, sont mal pris, ont été
bafoués et, finalement, sont presque gênés de porter
plainte; ils sont embarrassés d'avoir été victimes.
Quelqu'un qui est battu, qui a reçu des coups, qui est défait et
qui a été vaincu, c'est quelqu'un qui a un embarras, qui a subi
une atteinte particulière. Il faut faire attention. Les gens qui se font
voler, très souvent, sont gênés de reconnaître qu'ils
ont été volés, parce que c'est gênant de...; il y a
un embarras à se faire dépouiller de ses biens et d'être
dans une situation où, finalement, on est obligé d'avoir recours
à quelqu'un de l'extérieur pour se faire protéger. Je ne
parle pas, ici, évidemment, des victimes de viol et de tout cela, c'est
bien connu.
Comme procureur de la couronne, M. le Président, je signale, et
je suis sûr que le député de Taillon est conscient de cela,
qu'il n'est pas mauvais qu'on attire l'attention sur cette exigence faite aux
gens qui ont à oeuvrer avec les victimes de les traiter avec courtoisie,
équité, compréhension et dans le respect de la
dignité de la vie privée. C'est particulièrement important
pour les victimes. Il faut faire un effort particulier. Dans le cas de
quelqu'un qui, dans la vie ordinaire, rencontre une autre personne, les
rapports sont à peu près égaux, mais quand on s'adresse
à une victime d'acte criminel, il y a toujours un rapport
d'inégalité qui est là et c'est pour cela que, moi, je
pense qu'il est opportun de rappeler ces devoirs qui existent depuis toujours,
bien sûr. Mais en l'écrivant, en le disant, cela met les victimes
à un niveau qui leur permet d'espérer que, malgré le
malheur qui les frappe, elles vont recevoir un traitement de telle nature que
ce sentiment d'infériorité que très souvent elles
ressentent va disparaître. C'est dans ce sens que je le vois. Je suis
d'accord avec le député de Taillon que les exigences existent
déjà. Je sais aussi par expérience que les gens, quelles
que soient les plaintes portées au procureur de la couronne, quand on
les rencontre, sont toujours embarassés. Ils aime-reraient mieux ne pas
avoir affaire à l'appareil juridique, l'appareil administratif quel
qu'il soit. Ils aimeraient mieux s'occuper de leurs affaires eux-mêmes,
mais ils sont débordés et, à un moment donné, cela
sort de leur capacité de s'occuper eux-mêmes de leurs affaires.
Ils le font très souvent à leur corps défendant. Je pense
qu'il n'est pas mauvais de leur donner un levier qui leur permette d'arriver la
tête haute dans les bureaux administratifs ou juridiques. Je vois cela
comme cela.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre
M. Marx: Je veux attirer l'attention du député de
Taillon sur la Charte québécoise des droits et libertés de
la personne. Par exemple, au chapitre 4, Droits économiques et sociaux.
Article 39. 'Tout enfant a droit à la protection, à la
sécurité et à l'attention que ses parents ou les personnes
qui en tiennent lieu peuvent lui donner." Cela ne crée pas beaucoup de
droits.
M. Filion: Non, mais c'est dans notre charte.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: C'est cela une charte.
M. Marx: L'article 40. 'Toute personne a droit..." Non, ici c'est
dans la charte, ce sont des dispositions déclaratoires qui n'ont
pas...
M. Filion: Oui.
M. Marx: Article 40. "Toute personne a droit, dans la mesure et
suivant les normes prévues par la loi, à l'instruction publique
gratuite." Il y a d'autres articles, je ne vais pas les citer tous. On peut
dire que la loi, ici, c'est la charte des droits des victimes, si on veut. Je
ne peux pas mettre cela au même niveau que la charte des droits. C'est
sûr que je n'ai pas l'intention de le faire. Ce que je peux dire, c'est
que les articles ont la même fonction. Ce sont des lignes directrices, ce
sont des incitations, ce sont des articles d'une portée
déclaratoire. Sur le plan juridique, il n'y a pas beaucoup de
différence entre ces articles sur les lois économiques qu'on
trouve dans la charte et les articles qu'on trouve ici. Sur le plan juridique,
il faut admettre cela, M. le Président. Je crois que le
député de Taillon est prêt à admettre cela.
Le Président (M. Marcil): M. le député
de
Taillon.
M. Filion: Oui. Sans être un grand spécialiste, je
pense qu'on trouve assez souvent des articles de nature déclaratoire
dans des chartes...
M. Marx: Oui, dans les lois sur les victimes. Le problème
est que c'est la première loi sur les victimes que vous êtes en
train de lire.
M. Filion: Laissez-moi terminer. Il y en a déjà
une. On avait déjà la loi sur l'indemnisation.
M. Marx: C'est différent.
M. Filion: Quand même, on aurait pu le dire
là-dedans aussi.
M. Marx: Non, ce n'est pas...
M. Filion: Oui on aurait pu dire que, dans le traitement de son
dossier, la victime doit être traitée avec courtoisie,
amabilité, gentillesse dans
le respect de sa dignité et de sa vie privée... Mettons
de côté cet argument. Le député de
Louis-Hébert soulève, par exemple, quelque chose
d'intéressant. Il dit: Donnez une chance à la victime,
déjà cela lui déplaît. Elle a eu une
aventure, ce n'est pas de sa faute. La victime est en quelque sorte
prisonnière d'un processus qu'elle n'a pas désiré.
Donnons-lui un levier pour faire respecter...
M. Doyon: ...pour égaliser les affaires...
M. Filion: ...égaliser les affaires. C'est dans ce sens
que j'ai une question à poser au ministre. Si cet article n'est pas
respecté qu'est-ce que la victime peut faire?
M. Marx: La victime peut se plaindre...
M. Filion: Supposons qu'une victime... Prenons le pire des cas,
un viol. La victime est prise dans tout un dédale policier, judiciaire
mais traitée avec une absence complète de courtoisie, sans
égard pour sa personnalité, sa vie privée. Qu'est-ce
qu'elle peut faire, concrètement?
M. Marx: J'ai dit que c'était un article
déclaratoire. Qu'est-ce qu'on peut faire en vertu de l'article 39 de la
charte québécoise que je viens de lire? C'est la même
chose, la même portée.
M. Filion: La réponse est: rien. La victime va être
là avec la bonne intention qu'on aura votée.
M. Doyon: Cela donne quand même une possibilité de
porter plainte auprès du supérieur hiérarchique de la
personne qui fait preuve d'un traitement qui n'est pas courtois.
M. Filion: Cela se fait déjà... M. Marx:
C'est cela. M. Filion: ...de le dire.
M. Doyon: Oui, mais le supérieur hiérarchique
pourra dire à un subalterne, devant les preuves qui lui sont
apportées: Le traitement que vous avez apporté à cette
personne n'a pas été courtois et vous êtes dans
l'obligation, d'après la loi, de faire preuve de courtoisie. Vous ne
l'avez pas fait. Le législateur tient tellement à cela qu'il l'a
dit dans la loi. (16 h 30)
M. Filion: Cette disposition va plus loin que cela. Si on prend
les policiers, par exemple, ils ont tous leur code de déontologie, il y
a le bureau de discipline. Ce n'est pas notre loi qui va venir dire aux
policiers comment agir avec les victimes.
M. Doyon: Non, non, je comprends cela.
Mais, c'est un autre...
M. Filion: Un autre son de cloche.
M. Doyon: C'est un moyen supplémentaire qui...
M. Filion: Oui, peut-être, dans le fond. Mais le
problème, M. le député de Louis-Hébert, c'est que
dans d'autres lois, on ne le dit pas quand vient le temps. Par exemple, pour
les assistés sociaux qui reçoivent la visite des boubou macoutes,
on ne le dit pas, pour les inspecteurs de l'aide sociale, on ne le dit pas.
Quand vient le temps, par exemple... Quand on a adopté le Code de
procédure pénale... Quand on est accusé, on a aussi droit
au respect de notre dignité. Je voulais introduire dans le Code de
procédure pénale des articles qui étaient, imaginez-vous,
dans la Charte des droits, mais le ministre n'a pas voulu. Il y a beaucoup
d'autres cas. Savez-vous pourquoi? C'est dangereux de dire dans une loi ce que
devrait être la conduite normale de tout individu. C'est la base. On ne
légifère pas pour dire que lorsque quelqu'un parle, on doit
essayer de l'écouter et parler quand c'est notre tour. Vous comprenez ce
que je veux dire. La conduite normale, c'est qu'on doit se traiter avec
égard, courtoisie. Une loi ne dit pas cela parce qu'on ne peut pas, en
deux mots, légiférer sur la bonne conduite des gens et leur
courtoisie. La courtoisie au volant, M. le député de
Louis-Hébert, est-ce qu'on légifère sur cela à
savoir que si vous êtes arrivé avant moi pour stationner votre
voiture, c'est à vous de stationner, ce n'est pas à moi? On ne
peut pas légiférer dans le Code de la route ou ailleurs pour dire
ou pour donner suite à cela. C'est surtout le sens de mon argument. Par
contre, vous avez raison de dire que c'est une classe particulière, mais
j'ai peur qu'il y ait d'autres classes particulières et il y en a.
Chaque problème étudié, chaque cas reçu à
notre bureau de comté, c'est toujours particulier. Pourquoi le faire
dans ce cas et ne pas le faire dans d'autres? J'ai peur de créer une
espèce d'injustice à vouloir finalement être trop pompeux
dans notre législation. Mais, si vous me rassurez là-dessus, M.
le ministre, si vous me dites: On ne crée pas d'injustice à
l'égard de d'autres catégories de citoyens, avec ce que nous dit
le député de Louis-Hébert, je vais...
M. Doyon: L'article est adopté, M. le
député.
M. Filion: J'aimerais quand même cela que le ministre me le
dise.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, est-ce que vous
allez le lui dire?
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Pardon?
M. Doyon: ...que les droits intrinsèques...
M. Filion: Je vais lui poser la question moi-même.
M. Doyon: ...qui sont les droits de tout le monde et qui se
retrouvent à l'article 2 - c'est ce que le député de
Taillon vous demande - ne créent pas d'injustice envers d'autres
catégories de citoyens et de citoyennes.
M. Filion: C'est cela et qu'ils n'auront pas leurs petites
clauses de courtoisie et leurs petites clauses "American Express", ha, ha,
ha!...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: ...leurs petites clauses de respect de votre
dignité et je parle par là de tous les gens qui font affaire avec
l'administration publique chaque jour.
M. Marx: La victime est dans une position différente de
celle d'autres personnes. La personne malade a droit à l'aide
médicale. La victime est forcée de faire beaucoup de choses.
M. Filion: La personne malade aussi.
M. Marx: Non. La victime est forcée par l'État de
témoigner...
M. Filion: Ah! D'accord.
M. Marx: ...de se présenter, de donner et ainsi de suite.
Je comprends bien l'intervention du député de Taillon. C'est un
peu différent d'autres lois. On ne mettrait pas cela dans la Loi sur la
protection du consommateur. On ne dirait pas que les commerçants doivent
agir de façon courtoise. Ce n'est pas la même chose.
Le Président (M. Marcil): L'article 2 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Filion: M. le Président, dans la mesure où... Je
prends le mot du ministre qui me dit... En voulant trop bien faire pour une
catégorie de citoyens, j'espère qu'on ne crée pas
d'injustice pour d'autres. Vous me dites: Non. Vous ne créez pas
d'injustice pour d'autres.
M. Marx: J'espère que non.
Le Président (M. Marcil): C'est cela. Cela va?
Adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): L'article 3?
M. Marx: "Dans la mesure prévue par la loi", c'est
déclaratoire, c'est éducatif. Ce sera possible de
répéter cela, de mettre cela dans nos... Cela va être
implicite pour les gens qui donnent des services de dire: Vous avez droit
à telles et telles choses.
M. Filion: M. le Président, j'attire votre
attention...
M. Marx: Oui.
M. Filion: On va prendre juste le chapitre il. Regardez l'article
3. L'article 3 nous dit: "La victime a droit, dans la mesure déjà
prévue par d'autres lois..." D'accord?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Ensuite, regardez l'article 4. L'article 4: "La
victime a droit aussi complètement que possible..." C'est encore des...
L'article 6, l'article 5, excusez-moi: "Lorsqu'elle en fait la demande, la
victime a droit, dans la mesure du possible et compte tenu de
l'intérêt public..." L'article 6 dit: "Compte tenu des ressources
disponibles..."
C'est cela que j'appelle une espèce de... Cela ne crée pas
de droit, il n'y a rien là-dedans qui crée des droits, rien,
rien, rien. C'est cela quand je vois les communiqués de presse, M. le
ministre, qui me fâche.
M. Marx: Je n'ai pas dit cela dans le communiqué de
presse.
M. Filion: Non, mais je vous dis que quelqu'un qui est normal et
qui lit le communiqué de presse se dit: On a un nouveau système
d'indemnisation des victimes d'actes criminels.
M. Marx: Pas dans les communiqués que je rédige
moi-même.
M. Filion: Je vais vous lire des.... M. Marx: Personne ne
s'est...
M. Filion: Je vous lire des passages du communiqué de
presse. Mais, là, "compte tenu des ressources disponibles", "dans la
mesure du possible" et "aussi complètement que possible", ce n'est pas
écrit dans le communiqué de presse.
M. Marx: On va mettre cela dans une note de renvoi la prochaine
fois.
M. Filion: C'est cela qui est le problème de cette
législation.
M. Marx: Même caractère, mais dans une note de
renvoi.
M. Filion: Bon. Si on prend l'alinéa 1°, vous dites
que "la victime a droit, dans la mesure prévue par la loi, de recevoir
une indemnité raisonnable pour les frais encourus en vue de rendre
témoignage". C'est prévu dans...
M. Marx: C'est prévu dans un règlement.
M. Filion: Dans un règlement? C'est un règlement
même pour...
M. Marx: C'est un règlement qui doit être revu et
j'ai l'intention de le revoir.
M. Filion: Bon. Cela s'applique pour les poursuites
pénales provinciales et pour les poursuites en vertu du Code
criminel?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Donc, c'est un règlement pour toute...
M. Marx: Oui. M. le Président, je vais admettre tout de
suite, parce que je sais où le député veut aller et le
député a raison de le dire, que les indemnités ne sont pas
assez élevées, qu'elles n'ont pas été
modifiées depuis longtemps. J'ai un document sur mon bureau, que je suis
en train d'étudier pour voir ce qu'on pourrait faire pour augmenter ces
tarifs. C'est 0,12 $ le kilomètre et ce n'est pas 0,12 $ pour les
députés. Le petit déjeuner, c'est 2,50 $. Donc, il faut
avoir un lunch dans un... C'est cela, c'est 13 $ par jour.
M. Filion: Pourrais-je avoir une copie du règlement?
M. Marx: Le règlement a été adopté
en... M. Filion: 198...
M. Marx: Cela a été révisé seulement
en 1977 et en 1979. Il faut... C'est une autre question... Je comprends et cela
me préoccupe beaucoup.
M. Filion: M. le ministre, vous dites: On a écrit à
l'article 2 qu'il faut traiter les victimes avec courtoisie et que cela reste
déclaratoire. Est-ce que vous ne croyez pas, comme législateur,
si on veut s'assurer que les victimes soient traitées avec courtoisie,
qu'on ne devrait pas d'abord, au lieu de se faire sauter les bretelles,
s'attaquer à modifier un règlement qui paie de façon
ridicule des victimes d'actes criminels qui sont appelées à aller
devant les tribunaux? En deux mots, est-ce qu'on ne devrait pas tout simplement
faire notre devoir et dire: Écoutez, on va étudier le
règlement, on va soumettre des recommandations pour le rendre un peu
plus juste, courtois, équitable, compréhensif, pour employer les
mots de l'article 2. On devrait plutôt modifier le règlement.
C'est concret.
M. Marx: L'article 3 va m'aider à modifier le
règlement, le cas échéant.
M. Filion: Quand allez-vous le modifier, M. le ministre?
M. Marx: Je travaille sur cette question actuellement, mais je ne
prends pas d'engagement aujourd'hui. J'ai pris tellement d'engagements. J'ai le
Code civil, le tribunal administratif, l'unification des tribunaux,
judiciaires, les cours municipales. Il faut que je me donne encore...
Une voix: "Enough is enough". M. Marx: C'est cela.
Le Président (M. Marcil): Vous allez avoir encore cinq
autres années, M. le ministre, pour finaliser tout cela.
M. Marx: Cela va me prendre trois ou quatre mandats pour donner
suite à tous mes projets et à tous les projets des fonctionnaires
au ministère. Comme je suis encore jeune, M. le Président, il y a
de l'espoir.
Une voix: Vous êtes tout vigoureux.
M. Marx: Ma mère a vécu jusqu'à 92 ans. Il
me reste encore quelques années.
M. Filion: M. le Président...
M. Marx: Je suis beaucoup apprécié dans mon
comté, M. le Président. Il n'y a pas de danger qu'un
péquiste le prenne.
M. Filion: M. le Président, je remarque que vous faites,
vous-même, des remarques sur la longévité ou pas du
député de D'Arcy McGee comme ministre de la Justice. Je vais
m'abstenir de faire mes commentaires là-dessus.
M. Marx: D'accord.
M. Filion: Je les ai déjà faits en Chambre.
M. Marx: Très gentil.
M. Filion: Cela ne fera pas avancer nos travaux bien que le
Président ait senti le besoin de les alléger.
M. Marx: Non, mais l'article 3 pour...
M. Filion: Bref, ma question était la suivante, M. le
ministre. On a carrément, 1977-1979... Cela veut dire que ça fait
neuf ans. Je vais prendre le même discours que le député de
Louis-Hébert, le même discours qu'il a fait il y a cinq minutes.
Je vais dire au Journal des débats:
' Voulez-vous le mettre dans ma bouche - je le dis en blague - au
support d'une argumentation visant tout simplement à dire au ministre:
M. le ministre, modifiez donc le règlement. Je pense que cela va valoir
bien des mots de l'article 2 du projet de loi comme courtois, équitable,
com-préhensif et que les victimes d'actes criminels, quand ils vont se
ramasser à faire taxer leur... c'est comme cela que ça... taxer
leur subpoena. À 16 h 25, dans le temps, ils recevaient, à peu
près 8,50 $, je pense, même s'ils venaient de l'extérieur
de la ville. Je dois vous dire qu'il y a des victimes qui sortaient vite en
maudit du palais de justice. Ils n'avaient pas l'impression d'avoir
été traités courtoisement parce qu'ils avaient
perdu...
Le Président (M. Marcil): Souvent, la cause est...
M. Filion: ...la cause avait été remise, etc.
Alors, je pense qu'il faudrait travailler davantage sur cela. De toute
façon, cela est le premièrement. Vous me dites: Cela va
être refait mais à l'intérieur de la prochaine année
quand même?
M. Marx: Je vais essayer de faire cela aussitôt que
possible.
M. Filion: Aussitôt que possible. Je l'écris
là.
M. Marx: Aussitôt que possible.
M. Filion: Je vais poser la question à votre
successeur.
M. Marx: Ah, vous avez l'espoir d'être ici longtemps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Bon, deuxièmement.
M. Marx: À la limite...
M. Doyon: Ml le Président, sur le premier alinéa,
moi, je demanderais au ministre de considérer la possibilité - on
parle d'une indemnité pour les frais encourus en vue de rendre
témoignage, c'est une chose - que les victimes aient le droit
d'être indemnisées pour plus que cela. Elles ont droit
d'être indemnisées pour assister au procès. Je pense qu'on
devrait élargir cela. Rendre témoignage, c'est une chose qui peut
prendre un certain temps et bon, la victime, cela va de soi, qui rend
témoignage devrait être indemnisée d'une façon
équitable. Je suis d'accord avec le député de Taillon et
le ministre le reconnaît lui-même d'emblée. Moi, je vais
plus loin que cela. La victime devrait avoir le droit d'assister au
procès au complet, de voir comment les choses se passent et d'être
indemnisée pour cela. Elle a été battue. Elle a
été volée. Elle a été violée. Les
personnes qui sont accusées comparaissent en justice, se
défendent, témoignent, la victime a un droit strict d'être
présente à cela, de se rendre compte comment justice est rendue
et comment justice est faite. Je demanderais au ministre, dans la
révision qu'il dit être prêt à faire du
règlement, de considérer la possibilité d'étendre
cela et éventuellement de permettre à la victime, quitte à
en restreindre la notion... On n'a peut-être pas besoin d'aller jusqu'au
professeur et à la parenté... En tout cas, ce n'est pas assez que
d'indemniser la victime pour rendre témoignage. La victime doit
être indemnisée pour plus que cela. Elle passe trois ou quatre
jours à un procès qui la touche de près. C'est elle qui a
été violentée- C'est elle qui a été
volée. C'est elle qui a été fraudée. Elle devrait
pouvoir assister au procès et recevoir une indemnité raisonnable
pour être présente à ce procès-là si elle le
désire, bien sûr. En tout cas, je vous le soumets, M. le ministre.
Je pense que ce serait une chose à considérer et peut-être
que le député de Taillon a des idées sur cela.
M. Filion: Oui, je trouve intéressant ce que le
député de Louis-Hébert suggère.
Le Président (M. Marcil): Cela va.
M. Filion: Je trouve cela intéressant comme piste.
Évidemment, notre projet de loi, nous autres, vous savez, il ne fait
rien. Cela ne donne rien de modifier le projet de loi pour faire ce que vous
voulez faire. Notre projet de loi à date ne fait rien. On n'a rien
changé à la réalité, on déclare des choses.
Il y a une chose, par exemple, qui me frappe. On est en train de
légiférer et l'article 3 dit ceci: "La victime a droit, dans la
mesure prévue par la loi, de recevoir une indemnité
raisonnable..." Vous m'écoutez, M. le ministre?
M. Marx: Oui.
M. Filion: On légifère et on dit: La victime a le
droit de recevoir une indemnité raisonnable pour les frais encourus en
vue de rendre témoignage. Là, on est une majorité ici -
bien près de la moitié, en tout cas, mais je pense bien que tout
le monde est d'accord... On a le consensus autour de la table pour dire que
l'indemnité versée actuellement n'est pas raisonnable, et on est
en train d'adopter un article qui dit que l'indemnité est
raisonnable.
M. Marx: C'est en dessous de la raison-nabilité ou
seulement sur la frontière.
M. Filion: Oui, mais cela nous donne... M. Marx: Cela veut
dire que chacun a ses...
M. Filion: On l'admet nous-mêmes que ce n'est pas
raisonnable et on va dire qu'il a le droit de recevoir une indemnité
raisonnable.
M. Marx: Voulez-vous que je sorte tout ce qu'on fait au
gouvernement et vous dire ce qui est raisonnable et ce qui ne l'est pas? C'est
bien sûr que dans l'Opposition, c'est plus facile de dépenser
l'argent du gouvernement. C'est bien sûr que...
M. Filion: On devrait faire sauter tous ces articles-là.
(16 h 45)
M. Marx: Oui, mais on a tout un système de gouvernement.
Parce qu'on dit que quelque chose n'est pas tout à fait juste, cela ne
veut pas dire qu'on ne va pas faire des changements. Si on est, aujourd'hui,
pour faire certains changements, à un autre moment on va en faire
d'autres. Vous comprenez cela.
M. Filion: Je comprends cela mais les changements qu'on fait
aujourd'hui le sont uniquement pour le Journal des débats. Ce
sont des mots. On change des mots.
M. Marx: On va avoir des millions de dollars pour donner suite,
pour donner des services aux victimes. Je pense que c'est important. Avoir des
millions pour le faire, je pense que c'est important. Si on peut adopter les
articles déclaratoires, on va passer aux autres articles et je vais vous
expliquer tout cela, M. le Président.
M. Filion: Oui. En tout cas...
M. Marx: Sous réserve, là, on ne peut pas...
M. Filion: Au deuxième alinéa, on dit: "de
recevoir, de façon prompte et équitable, réparation et
indemnisation des dommages subis." Au troisième alinéa, on dit:
"de se voir restituer les biens saisis dans les meilleurs délais,
lorsque leur rétention n'est plus nécessaire pour les fins de la
justice."
M. Marx: On a une politique sur les saisies de biens.
M. Filion: Oui.
M. Marx: Le Code criminel sera modifié, aussi. Ce n'est
pas adopté par le Sénat, à ma connaissance mais ce l'est
par la Chambre des communes. On prévoit qu'on peut prendre des
photographies des items saisis, remettre les items saisis et utiliser les
photographies en preuve. Donc, cela va nous aider aussi.
M. Filion: D'accord. Puis, le quatrième alinéa.
Qu'est-ce qui existe à ce niveau-là, à savoir, "de voir
ses points de vue et ses préoccupations présentés,
examinés aux phases appropriées de toute procédure
judiciaire, lorsque son intérêt personnel est en cause"?
M. Marx: C'est prévu dans la loi, ça c'est la
déclaration...
M. Filion: Victim's statement.
M. Marx: La déclaration de la victime.
M. Filion: Oui.
M. Marx: On a un projet pilote à Montréal où
on a fait une expérience avec la déclaration de la victime. Les
amendements au Code criminel prévoient aussi la déclaration de la
victime. Donc, ce sera étendu partout une fois que la loi
fédérale ou les amendements seront déclarés.
M. Filion: On avait quelque chose dans le Code de
procédure pénale là-dessus, il me semble, non?
M. Marx: Non. M. Filion: Non.
M. Marx: Donc, notre expérience à Montréal
sur la déclaration de la victime est très positive et une fois
que les amendements du Code criminel seront mis en vigueur, nous allons
procéder. Il va y avoir cela dans toute la province.
M. Kehoe: À quel stade des procédures, M. le
ministre?
M. Marx: À la sentence.
M. Kehoe: Avant la sentence?
M. Marx: Avant la sentence. On a tout un système à
Montréal et cela a fait l'objet d'un article dans les journaux. Les gens
ont trouvé cela très positif. Concernant la déclaration de
la victime, il y a des projets pilotes au Canada, à Montréal,
comme je viens de le dire, et dans certaines autres villes. Vous comprenez que
pour donner suite à une telle politique, cela nous prendra beaucoup plus
de procureurs de la couronne.
M. le Président, j'aimerais souligner que quand j'ai
été nommé ministre...
M. Filion: Ah non! Pas encore là.
M. Marx: ...il y avait 223 postes de pro-cueurs, il y en a
maintenant 267 de procureurs et nous avons 1 800 000 $ pour en engager
d'autres. Donc, j'envisage que, bientôt, nous aurons 300 procureurs de la
couronne. Quand j'ai été nommé, il y en avait juste 223,
donc, c'est une amélioration de 40 %.
Le Président (M. Marcil): ...de Valleyfield.
M. Filion: Je m'excuse, M. le Président, ma voiture est
là... Je ne voudrais pas être victime de-Une voix: D'actes
criminels. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: L'expérience qui se fait à
Montréal, cela s'est fait sans amendement au Code criminel?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Donc, on n'a pas besoin d'amendements.
M. Marx: Avec la collaboration de tout le monde, les juges...
M. Filion: C'est cela.
M. Marx: On ne fait pas cela dans toutes les salles de cour.
M. Filion: Cela se faisait dans mon temps, M. le ministre. Je
vous le dis, comme cela. Quand je pratiquais le droit criminel, il arrivait
à l'occasion qu'il y avait des victimes dans des causes et que les
victimes soient appelées à témoigner, à donner leur
version. Cela existait il y a quinze ans.
M. Marx: Oui, mais si vous n'êtes pas appelé
à témoigner?
M. Filion: Là, c'est un formulaire. C'est cela que vous
voulez dire?
M. Marx: C'est un formulaire maintenant. Voici ce que je vais
faire, M. le Président. Je vais demander qu'on fasse une photocopie du
projet de loi C-89 du gouvernement fédéral adopté le 3 mai
par la Chambre des communes et qui sera adopté, j'imagine, par le
Sénat, si ce n'est pas déjà fait. On y décrit la
déclaration de la victime qui sera bientôt mise en vigueur en
vertu du Code criminel.
M. Filion: Est-ce que vous avez un formulaire-type qui est
disponible maintenant?
M. Marx: Non, mais est-ce qu'on peut envoyer au
député... On n'a pas le formulaire-type mais on peut en prendre
note et envoyer au député de Taillon notre "kit" sur la
déclaration de la victime, M. le Président. On va envoyer
cela.
M. Filion: D'accord. Du même souffle, est-ce que cela
serait possible d'obtenir une copie du règlement des
rémunérations, des frais...
M. Marx: Oui, oui. On va vous...
M. Filion: ...des témoins?
M. Marx: Oui, oui. C'est dans les recueils de règlements.
On va vous...
M. Filion: Non, je sais mais...
M. Marx: Oui, oui. On va vous donner cela tout de suite, oui.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Filion: On n'a pas les moyens d'Alliance Québec.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
Une voix: Cela n'a pas pris. Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marcil): Ne mêlons pas les choses,
là. Est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Filion: Un million deux cent mille qui vient du gouvernement
fédéral.
Le Président (M. Marcil): Ah! Bien, vous vous adresserez
au gouvernement fédéral. Portez vos plaintes au gouvernement
fédéral.
M. Filion: Moi, je suis obligé, dans ce cas-là,
d'inscrire ma réserve à cause du fait qu'à
l'aninéar.
M. Marx: il ne comprend pas...
M. Filion: ...il est dit: "recevoir une indemnité
raisonnable" et que tout le monde autour de la table admet que ce ne l'est pas.
Je ne peux pas voter pour cela.
Le Président (M. Marcil): Donc, l'article 3 >
adopté sous réserve.
M. Filion: Quant au reste, je vote aussi... parce que cela
n'apporte rien. J'aurais aimé mieux avoir des choses
concrètes...
M. Marx: Qu'on adopte cela sur division et...
Le Président (M. Marcil): Division?
M. Filion: ...tandis que cela n'apporte rien de concret.
Alors...
Le Président (M. Marcil): Trois, sur division. J'appelle
maintenant l'article 4: "La victime a droit, aussi complètement que
possible..."
M. Filion: Voulez-vous la lire, M. le Président?
Le Président (M. Marcil): Cela me fait plaisir. "La
victime a droit, aussi complètement que possible: 1° d'être
informée de ses droits et des recours dont elle dispose; 2" d'être
informée de son rôle dans le cadre du processus pénal, de
sa participation dans la procédure judiciaire et, lorsqu'elle en fait la
demande, de l'état et de l'issue de celle-ci; 3° d'être
informée de l'existence de services de santé et de services
sociaux de même que de tout autre service d'aide ou de prévention
propres à lui assurer l'assistance médicale, psychologique et
sociale requise."
M. Marx: Tous ces articles sont de même nature. Ce sont des
lignes directrices, déclara-toires. Je pense que...
M. Filion: il n'y a rien de concret. Mais, "aussi
complètement que possible", là... Ce sont toutes ces
réserves qu'on retrouve dans le projet de loi.
M. Marx: Mais en faisant ma tournée l'an dernier -
c'était l'an dernier - j'ai trouvé que beaucoup de victimes ne
connaissaient pas leurs droits, ne savent pas ce qu'étaient les
ressources disponibles.
Bien, pour donner suite aux articles 2 à 7, dans une grande
mesure au moins, on va avoir des centres d'aide aux victimes d'acte criminel.
C'est cela, le fondement de la loi. On va créer un bureau au
ministère pour coordonner et pour faire des ententes avec les groupes
dans les diverses villes, pour créer des centres d'aide aux victimes
d'actes criminels. C'est cela la...
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, quand c'est
écrit: "aussi complètement que possible", qu'est-ce que vous
entendez par là?
M. Marx: C'est dans la mesure du possible. Une voix: C'est
cela.
M. Marx: Je ne peux pas vous donner une information que je n'ai
pas. Je ne peux pas vous donner une information qui est secrète. C'est
la possibilité... C'est indicatif.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Groulx, vous voulez intervenir?
Mme Bleau: Je suis arrivée un peu en retard, M. le
ministre, mais je voulais quand même...
M. Marx: C'est toujours un plaisir de vous voir.
M. Filion: C'est toujours un plaisir de vous revoir, même
en retard...
Mme Bleau: J'étais prise ailleurs par mon travail. Je
voudrais savoir si ce genre d'indemnisation ou d'aide aux victimes d'actes
criminels, cela existait déjà dans la loi?
M. Marx: Non, pas les services. Il y a une loi sur
l'indemnisation mais il n'y a pas de loi pour donner des services.
Mme Bleau: Bon! Votre nouvelle loi... Je vais vous dire pourquoi
je vous pose cette question-là. Dans le moment, quelqu'un vient me voir
justement pour essayer d'avoir un remboursement pour un acte criminel dont on
ne connaît pas l'auteur... puis... en tout cas... C'est un homme qui n'a
pas tellement les moyens alors il est avec l'assistance juridique ou
l'assistance judiciaire, je pense. On trouve que cela prend du temps. Comme il
ne connaît pas tout, il est venu me voir trois fois et je l'ai
envoyé voir son avocat autant de fois... En tout cas, cela ne finit plus
les préparatifs pour cette affaire-là. Je trouve cela très
long pour la victime et pour ceux qui travaillent pour lui. Est-ce que votre
loi - parce que j'en ai manqué un bout - va aider ces gens à
obtenir justice plus vite ou à avoir un meilleur service?
M. Marx: C'est exactement le but. Le but, c'est que... Supposons
qu'une personne a besoin de cette information et de cette aide. La personne
s'adresse à qui? Au député...
Mme Bleau: C'est cela.
M. Marx: ...au maire, au conseil municipal.
Il n'y a pas de centre d'aide aux victimes. Ce qu'on veut créer,
ce sont ces centres. Donc, ce sera possible pour vous de dire à ces
personnes:
Allez voir ces gens au centre d'aide, les gens, les spécialistes
vont vous aider. C'est le but de la loi.
Mme Bleau: Est-ce que vos bureaux d'aide vont pouvoir, entre
autres, suggérer à la victime, supposons: Oui, tu as besoin d'un
avocat; non, tu n'as pas besoin d'un avocat, selon la gravité,
justement, delà...
M. Marx: Pour réclamer une indemnité à
l'IVAC, on n'a pas besoin d'avocat.
Mme Bleau: On n'a pas besoin d'avocat.
M. Marx: C'est administré par la CSST. Ils ont des bureaux
partout au Québec.
Mme Bleau:. C'est seulement en cas de litige qu'ils doivent
prendre un avocat.
M. Marx: En cas de litige, mais normalement...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: M. le ministre, comment va se faire tout le
procédé de l'article 4, par qui et comment cela va-t-il se
réaliser concrètement?
M. Marx: Le droit d'être informé?
M. Kehoe: Est-ce le procureur de la couronne qui va se charger de
cela?
M. Marx: Cela veut dire le droit d'être informé. Le
droit d'être informé, c'est aussi un article, une disposition
déclaratoire. Mais, on a maintenant un programme INFOVAC, un programme
qui concerne les... On y parle des droits des victimes, de ce qu'est un
témoignage, etc. Normalement, c'est distribué par des policiers.
Mais, je vais vous dire que maintenant nous sommes en train de revoir tout
notre programme d'INFOVAC parce que j'ai trouvé que les victimes ne sont
pas vraiment informées partout, qu'elles sont mal informées. Les
dépliants, concernant cette information sont souvent donnés aux
victimes par des policiers. Il y a beaucoup de victimes qui ne vont jamais
dénoncer les crimes parce qu'il y a des victimes qui ne connaissent pas
les contrevenants. Lors d'un vol par effraction, on peut ne jamais trouver le
contrevenant, mais il y a une victime.
M. Kehoe: M. le ministre, en somme, quand vous pariez d'informer
aussi complètement que possible, est-ce que c'est par des
dépliants ou si c'est par des paroles, un cours ou une discussion avec
le procureur de la couronne? En somme, c'est quoi?
M. Marx: Cela peut être fait par le procureur de la
couronne, par le policier, cela peut être fait verbalement ou par le
biais de dépliants.
M. Kehoe: il n'y a rien de changé à ce qui se fait
actuellement. Je veux dire qu'actuellement, quand la victime pose des
questions, le procureur de la couronne, ou la police va lui répondre.
Est-ce qu'il y a quelque chose qui est mis en place de façon
spécifique pour cet article?
M. Marx: On est en train de revoir tout notre système
d'information aux victimes. On veut avoir un système plus efficace. Il
n'a jamais été revu. Il a été mis en place il y a
des années, mais cela n'a jamais été revu. Il y a une
série de dépliants, mais il y a aussi l'information qui est
donnée par des policiers. On va aussi donner des informations par le
biais des centres d'aide aux victimes, ce qui n'existe pas aujourd'hui.
M. Kehoe: C'est cela la différence. Ce sont les centres
d'aide aux victimes qui vont faire la différence.
M. Marx: Oui. Créer un bureau d'aide aux victimes, c'est
le fond de la loi. On va avoir des centres et il y aura à peu
près 2 000 000 $ qui seront dépensés pour mettre tout cela
sur...
M. Kehoe: Mais, en pratique, est-ce qu'il y aura un centre dans
chaque palais de justice?
M. Marx: Ils ne seront pas nécessairement dans les palais
de justice; pas nécessairement dans des palais de justice, parce que
cela peut arriver que les gens veulent se réunir le soir. Les palais de
justice sont fermés, il faut donner l'information le soir. Donc, dans
certaines régions, cela pourrait être dans les palais de justice
où cela ferait l'affaire des gens mais cela pourrait être dans des
locaux distincts aussi. (17 heures)
Mme Bleau: Est-ce que ce sera dans chaque région, mais pas
tous en même temps, que vous avez l'idée de...
M. Marx: D'ici un an, on espère en mettre sur pied au
moins une dizaine.
Mme Bleau: Bien.
M. Filion: Moi, j'ai la vraie question maintenant.
M. Marx: Un pour chaque région au moins, dans les
régions.
M. Filion: Moi, j'ai la vraie question.
M. Marx: Oui, mais on n'est pas sur cet article. On y arrive.
M. Filion: Non, mais on est dans le coeur du problème.
Là, j'ai la vraie question pour vous, M. le ministre.
Le Président (M. Marcil): Allez, M. le
député de Taillon.
M. Marx: C'est le temps de me poser la vraie question.
M. Filion: Pour les maisons de femmes, pour les maisons de
jeunes, pour toutes les sortes d'organismes qu'on crée, on n'a pas
besoin de voter des lois, M. le ministre. Dans notre cas, on aurait pu faire
tout ce qui est là sans législation. Le ministre n'a pas besoin
d'une loi pour créer des centres locaux pour les victimes d'actes
criminels, cela existe déjà.
M. Marx: Mais le fonds?
M. Filion: Non, mais cela existe déjà.
M. Marx: Le fonds n'existe pas. Comment vais-]e le
créer?
M. Filion: Le Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels? De
toute façon, le Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels, je pense
que cela peut... Vous pensez que cela prend un projet de loi pour cela?
M. Marx: C'est sûr. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Alors, est-ce qu'on n'aurait pas dû passer une
loi seulement pour le fonds?
M. Marx: Oui, mais est-ce que cela va... Je pense que...
Le Président (M. Marcil): il fallait aussi que ce soit
basé sur le fond.
M. Filion: Un autre genre de fond.
Le Président (M. Marcil): Non, le fonds, la
création du fonds, il fallait que ce soit basé sur le fond du
problème.
M. Filion: Parce que c'est cela l'idée. Admettons qu'on
crée le fonds... Le fond, on y reviendra tantôt.
Le Président (M. Marcil): Ce n'est plus une question de
fond, cela devient une fondation.
M. Filion: Mais tout le reste, c'est seulement des
déclarations.
M. Marx: Oui, mais vous savez...
M. Filion: ...qui n'ajoutent rien, qui ne donnent rien.
M. Marx: Oui, mais je vais vous dire quelque chose et je vais
être bien honnête avec vous. Au Royaume-Uni, il y a 300 centres
d'aide aux victimes. On n'y a jamais adopté de loi. Le Parlement n'a
jamais voté de fonds. Cela s'est fait, un jour, à partir d'une
déclaration d'un ministre à la Chambre des communes. Ici, on ne
fonctionne pas de cette façon. En France, au Manitoba et aux
États-Unis, il y a des lois. On ne peut pas... Cela veut dire qu'il y a
des façons de fonctionner. Ici, si on veut fonctionner d'une
façon efficace, pour créer le fonds, pour avoir l'argent qui
vient des amendes et que ce soit étiqueté pour les services aux
victimes, cela prend une loi. En faisant cette loi, nous avons pensé que
ce serait souhaitable d'y ajouter des articles déclaratoires, des lignes
directrices pour tout le monde y compris les députés.
Mme Bleau: Vous ne pouvez pas reprocher au ministre, M. le
député de Taillon, de ne pas singer ce qui se fait en Angleterre,
de singer plutôt ce qui se fait, ici, au Canada.
M. Marx: En Angleterre, c'est quelque chose de tellement...
M. Filion: Moi, les ministres qui singent...
M. Marx: ...différent! Ici, cela ne se fait pas de la
même façon. Si cela fonctionne au
Royaume-Uni, tant mieux. Cela ne marcherait pas comme cela ici.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Filion: "Aussi complètement que possible".
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Comment trouvez-vous cela, M. le ministre, "aussi
complètement que possible"? Pourquoi est-ce qu'on ne l'enlève pas
et qu'on ne dit pas "la victime a droit..."? On peut bien enlever "aussi
complètement que possible". Il n'y a pas de recours, on ne perd rien...
Je suggérerais qu'on enlève cela. Cela ne change rien, M. le
ministre. On aurait juste l'air de porter un peu plus nos culottes.
Est-ce que vous seriez d'accord pour faire sauter "aussi
complètement que possible"? Au moins, on aurait l'air de vouloir dire
quelque chose. Autrement, on...
M. Marx: On fait notre possible, que voulez-vous?
M. Filion: Enlevez cela.
M. Marx: "La victime a droit..."
M. Filion: La victime a droit d'être informée,
de...
M. Marx: Mais si elle n'est pas informée, elle va prendre
une action en dommages-intérêts.
M. Filion: Elle en prendra une, si elle n'a pas été
capable d'être informée, s'il n'y a personne qui l'a
informée.
Le Président (M. Marcil): S'il y a des choses qui ne
doivent pas être divulguées, qui doivent être tenues
confidentielles?
M. Filion: il y a l'article 5. L'enquête policière,
c'est protégé par l'article 5. Mais, pour l'article 4? C'est
plutôt pour l'article 4.
M. Marx: On a voulu baliser cela et être
I sûr qu'on sait ce qu'on fait. Je pense que tel que
rédigé on sait ce qu'on fait. Le danger c'est de prendre des
suggestions sans les avoir étudiées.
M. Filion: Vous l'étudierez. Si vous voulez le retirer,
vous pourrez le retirer en Chambre.
M. Marx: D'accord. M. Filion: Mais...
M. Marx: On va l'étudier. Il n'y a pas de problème.
Adopté, M. le Président. Le député de Taillon a
l'air...
Le Président (M. Marcil): Adopté, M. le
député de Taillon? Cela va?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
l'article 5. "Lorsqu'elle en fait la demande, la victime a droit, dans la
mesure du possible et compte tenu de l'intérêt public,
d'être informée de l'état et de l'issue de l'enquête
policière."
M. Filion: Je vais vous dire: il n'y a pas une bretelle. Il y a
une bretelle, des ceintures et une autre paire de bretelles. La pauvre victime,
si elle veut savoir ce qui s'est passé dans l'enquête
policière...
M. Marx: C'est pour que les pantalons ne tombent pas.
M. Filion: Les policiers, je vais vous le dire, ce n'est pas
long. Ils mesurent six pieds deux, ils sont là. La victime dit: Est-ce
qu'il y a moyen de savoir... Est-ce que c'est vrai que le gars qui m'a fait
cela a deux pages d'antécédents judiciaires? Le sergent
détective du poste 32 à Montréal, pour lui, la mesure du
possible et l'intérêt public, c'est sur son bord, merci,
alors.
M. Marx: Je pense que les policiers...
M. Filion: Non, non. C'est la réalité au palais de
justice. Je vais vous dire que la victime... Déjà, c'est
déclatoire. La victime a des droits, mais, dans la mesure il y a
l'intérêt public. Bonne chance tout le monde.
M. Marx: Adopté, sur division, M. le Président.
M. Filion: M. le ministre, ce n'est même pas de la tarte
aux pommes, c'est du Dairy Queen qu'on est en train de voter. C'est beau, c'est
bon. C'est de la crème molle.
M. Marx: Supposons un cas d'écoute électronique, on
ne peut pas le leur dire.
M. Filion: Je le sais. Vous pouvez être sûr qu'ils
vont trouver des raisons pour ne pas... Dans la mesure du possible, il va dire:
J'ai un rendez-vous à 11 heures, c'est impossible, je ne peux pas te
parler. C'est d'intérêt public. Une fois qu'il a dit cela, il
n'est pas obligé de justifier ce que c'est. Il dit: C'est
l'intérêt public. On l'a vu à une autre commission.
Quelquefois, les policiers, ne veulent pas donner les noms de gens qui se font
tuer par des automobiles en invoquant l'intérêt public.
Une voix: La famille n'est pas au courant. M. Marx: La
famille n'est pas au courant.
M. Filion: Si la famille n'est pas au courant, c'est parfait, il
n'y a pas de problème. Mais si la famille est au courant et si les
policiers ne veulent pas donner les noms, ils disent que c'est
d'intérêt public. Imaginez-vous, pour un accident de la route!
Imaginez-vous comment cela va être pour une enquête
policière!
M. Marx: Cette question est à l'étude dans un autre
ministère et je ne veux pas me mêler...
M. Filion: Je dois vous dire que je ne peux pas voter pour
l'article 5.
Le Président (M. Marcil): Sur division?
M. Filion: Sur division.
M. Marx: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Sur division, l'article 5.
M. Filion: Cela n'a pas de sens.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 6.
M. Marx: M. le Président, je suis d'accord avec l'article
6.
Le Président (M. Marcil): Adopté?
M. Filion: D'autant plus, concernant l'article 5 - je l'ajoute
pour l'information du ministre - qu'il y a les jugements Keable et Bisaillon
qui sont venus protéger les demandes d'information qui ont trait aux
sources d'information. L'article 5 ne sert absolument à rien.
Le Président (M. Marcil): Maintenant, nous sommes rendus
à l'article 6.
M. Filion: Avec la loi sur l'accès à l'information,
en plus de cela.
M. Marx: L'article 6...
M. Filion: Alors, l'article 5, est adopté sur
division?
M. Marx: Oui. L'article 6.
Le Président (M. Marcil): "Compte tenu des ressources
disponibles, la victime a droit: 1° de recevoir l'assistance
médicale, psychologique et sociale que requiert son état ainsi
que les autres services d'aide appropriés à ses besoins en
matière d'accueil, d'assistance et de référence aux autres
services les plus aptes à lui venir en aide; 2° de
bénéficier de mesures de protection contre les manoeuvres
d'intimidation et les représailles."
Adopté?
M. Filion: On est toujours dans le déclara-toire. Cela ne
crée rien.
Une voix: On déclare des choses.
M. Filion: On déclare des choses. On ne met rien sur pied,
on ne fait que déclarer des choses.
M. Marx: C'est une mesure du législateur pour qu'on aide
les personnes de cette façon.
M. Filion: Recevoir l'aide médicale psychologique et
sociale, c'est déjà dans la loi sur la santé et les
services sociaux. C'est dit que tout le monde a le droit de recevoir des soins
jugés appropriés.
M. Marx: Mais cette loi sera lue par beaucoup plus de monde que
l'autre loi. On a voulu reconnaître cela spécifiquement, tel que
cela est prévu par les déclarations de l'ONU. C'est cela
l'objet...
M. Filion: Maintenant, le deuxième alinéa...
M. Marx: Quand les centres d'aide auront des mandats... On va
créer des centres et ils comprendront ce qu'est...
M. Filion: Je vais vous poser une question: Une victime d'acte
criminel qui rencontre un psychologue, pourra-t-elle se faire rembourser ses
frais par la RAMQ?
M. Marx: Oui, si...
M. Filion: Si la loi de la RAMQ le prévoit.
M. Marx: Non. Si quelqu'un est malade et voit un psychiatre, il y
a la carte soleil.
M. Filion: Non, non, j'ai dit un psychologue, pas un
psychiatre.
M. Marx: Mais les psychologues sont prévus ou pas
prévus? Je souligne que cela peut être accordé en vertu de
la Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels. Nous en avons
discuté au début.
M. Filion: Sur le plan psychologique, c'est serré,
n'est-ce pas?
M. Marx: La Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes
criminels du Québec est la loi la plus généreuse au
Canada.
M. Filion: C'est un fait, c'était la plus
généreuse.
M. Marx: Ça l'est encore. M. Filion: Ça l'a
toujours été.
M. Marx: On dépense même trois fois plus au
Québec qu'en Ontario. Je peux même vous donner des...
M. Filion: Je ne saisis pas du tout le deuxième
alinéa, M. le ministre.
M. Marx: "De bénéficier des mesures de protection
contre les manoeuvres d'intimidation..." Vous comprenez qu'on a des
problèmes d'intimidation: Ne dites pas telle et telle chose, parce qu'on
va vous battre.
M. Filion: Concrètement, M. le ministre...
M. Marx: Normalement, ce sont des services de...
M. Filion: D'abord, des manoeuvres d'intimidation et de
représailles, c'est illégal; ce n'est pas permis dans tous les
cas, que ce soit contre une victime ou contre une non-victime. L'intimidation,
c'est un acte criminel.
M. Marx: Le message, ici, c'est que l'on veut que les gens soient
protégés le plus possible contre les manoeuvres d'intimidation et
les représailles. Malheureusement, ça arrive dans notre
société. Cela arrive souvent aux femmes.
M. Filion: Est-ce qu'on va dire dans l'article 6 que la police
est là pour défendre le monde?
M. Marx: Cela va.
M. Filion: Je me demande où cet article arrête.
M. Marx: Je vais vous donner une copie de la déclaration
de l'ONU et une copie de la déclaration que tous les gouvernements du
Canada ont signée. Tous les gouvernements ont signé une
déclaration.
M. Filion: À ce moment-là, on met ça
dans
les préambules, M. le ministre, on ne met pas cela dans les
articles.
M. Marx: Oui.
M. Filion: "Attendu que..." Là, on met notre tarte aux
pommes.
M. Marx: C'est maintenant dans la loi sur la famille, dans la Loi
sur le Conseil de la famille; il y a des articles d'ordre déclaratoire
aussi. D'accord, adopté?
Le Président (M. Marcil): L'article 6 est-il
adopté?
M. Filion: Quelles seront les mesures de protection
prévues au deuxième alinéa de l'article 6?
M. Marx: Les mesures de protection que les policiers peuvent
accorder aux gens.
M. Filion: Cela existe déjà.
M. Marx: Oui, mais, M. le Président,...
M. Filion: Allez-vous instaurer des mesures spéciales de
protection?
M. Marx: Non, mais j'ai déjà répondu
à cette question quand j'ai parlé des lignes directrices.
M. Filion: C'est une autre coquille, cet article 6. C'est
ça, M. le ministre?
M. Marx: Adopté, sur division. M. Filion: Qu'on se
comprenne...
Le Président (M. Marcil): L'article 6 est adopté.
(17 h 15)
M. Marx: Surdivision.
M. Filion: On adopte des coquilles vides, comme si les
huîtres étaient mangées..
Le Président (M. Marcil): Bon, est-ce que l'article 6 est
adopté?
M. Filion: On ouvre les coquillages et il n'y a pas
d'huîtres dedans.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon, est-ce que c'est sur division ou c'est...
M. Marx: Sur division.
M. Filion: Cela n'a pas de sens de légiférer comme
cela. Sur division.
Le Président (M. Marcil): Bon, j'appelle maintenant
l'article 7.
M. Filion: il y avait une question du député de
Chapleau.
M. Kehoe: Je veux savoir, M. le ministre, si tous les articles de
la loi, les cinq articles qu'on a adopté jusqu'à maintenant...
s'il y a eu au Canada, dans les autres provinces, des lois similaires.
M. Marx: Oui, au Manitoba et au Nouveau-Brunswick. Nous l'avons
déposée en même temps que le Nouveau-Brunswick. Le Manitoba
s'était modelé sur la législation américaine. Nous
avons regardé plus loin que les États-Unis. On a
regardé...
M. Filion: Parce que les Américains ne doivent pas
légiférer comme cela...
M. Marx: Ah oui, toujours, chaque loi américaine...
M. Filion: Dans les attendus, mais pas dans les lois, pas dans
les articles, dans les préambules.
M. Marx: C'est dans les articles. Ce sont des "declarations of
intend". il y en a plusieurs comme celles-ci dans les lois américaines
qui sont rédigées d'une toute autre façon que nos lois. Je
pense que cette loi est bien rédigée. Je ne pense pas qu'on
puisse faire mieux que cela.
M. Filion: Comme intention, ah oui! C'est presque une table de
Moïse, c'est une onzième table de Moïse.
M. Marx: il y en a juste six, il en manque quatre. Si vous voulez
les ajuster.
Le Président (M. Marcil): Celles qui sont brisées,
on n'en parle plus.
M. Filion: Pardon?
Le Président (M. Marcil): Celles qui sont brisées,
on n'en parle plus.
M. Marx: L'article 7. M. Filion: L'article 7.
Le Président (M. Marcil): L'article 7. "Il incombe
à la victime d'un acte criminel de collaborer dans la mesure du
possible, avec les autorités chargées de l'application de la loi
à l'égard de l'acte criminel dont elle a été
victime."
M. Marx: On a voulu faire état ici de la
responsabilité de la victime de collaborer dans la mesure du possible
avec les autorités chargées de l'application de la loi.
M. Filion: Je vais être sérieux sur l'article 7.
M. Marx: Oui?
Le Président (M. Marcil): Ah! Vous n'avez pas
été sérieux sur les autres, M. le député de
Taillon?
M. Filion: Non, j'ai été sérieux mais c'est
parce qu'à l'article 7 il y a quelque chose de venimeux, à mon
avis.
M. Marx: C'est la loi actuelle.
M. Filion: D'abord, on dit qu'il doit collaborer "dans la mesure
du possible". Il n'y a pas de référence à la loi.
M. Marx: Cela va de soi.
M. Filion: Alors, pourquoi dit-on "dans la mesure prévue
par la loi" à l'article 3 et ne le dit-on pas à l'article 7? Ce
que je crains, en deux mots... Je sais que cet article comme les autres, est
encore déclaratoire, que c'est une coquille vide sauf que, pour
quelqu'un qui le lit, le témoin, c'est-à-dire la victime... On a
déjà le Code criminel qui dit que lorsque tu reçois un
subpoena, tu es obligé de témoigner.
M. Marx: Oui, mais ce n'est pas nécessaire...
M. Filion: Je me demande si on ne viendra pas jouer dans...
M. Marx: Collaborer, cela veut dire collaborer avec la police,
par exemple.
M. Filion: Oui, mais il n'y a pas d'obligation de collaborer avec
les policiers. L'obligation, c'est de témoigner.
M. Marx: La victime d'un acte criminel...
M. Filion: À ma connaissance, l'obligation légale
qui existe c'est l'obligation de témoigner.
Une voix: Et de dire la vérité.
M. Filion: Et une fois sous serment de dire la
vérité.
M. Marx: Si on dit, il incombe à la...
M. Filion: Cela m'inquiète. Je suis hautement
préoccupé par l'article 7. C'est quoi collaborer avec les
policiers et la couronne? C'est évident. Je veux dire s'il ne collabore
pas, il va subir les foudres.
M. Doyon: Là, on parle de collaborer avec les
autorités chargées de l'application de la loi.
Ce ne sont pas les policiers, ce n'est pas la cour.
M. Filion: Ah non! ce sont les policiers. L'application de la
loi... Ce sont les policiers...
M. Marx: Cela peut être tout le monde. M. Filion:
C'est tout le monde. M. Doyon: C'est tout le monde.
M. Filion: En cour, on pourrait forcer quelqu'un à
collaborer, mais là, on ne le force pas parce qu'il n'y a pas de
sanction à ces articles, on est toujours dans le déclaratoire,
donc, je fais la même réserve. Mais pourquoi voudrait-on
émettre un beau principe, sortir un autre beau cornet de crème
glacée? Pour dire que la victime d'acte criminel est obligée de
collaborer?
M. Doyon: Par exemple, dans le cas de l'article 6,
deuxièmement, si le bureau ou les autorités chargées de
l'application de la loi ont besoin de la collaboration d'une victime pour
éviter à une autre - il peut y avoir plusieurs victimes à
un seul acte criminel - des manoeuvres d'intimidation et de
représailles, à ce moment-là, cet article ferait une
obligation à l'une des victimes de collaborer pour les éviter si
son aide peut être nécessaire ou utile. C'est fort concevable.
M. Marx: Puis-je lire les articles? La déclaration que
nous avons ou l'énoncé de principe
fédéral-provincial prévoit, à l'article 10: "Les
victimes devraient dénoncer le crime et collaborer avec les
autorités chargées de l'application de la loi." Au Manitoba,
à l'article 2 de leur loi: "Les victimes et les témoins d'actes
criminels devraient dénoncer ceux-ci; ils devraient coopérer avec
les organismes chargés de l'application de la loi en leur donnant les
informations nécessaires et en comparaissant selon les besoins." Au
Nouveau-Brunswick, à l'article 7: "Les victimes devraient
dénoncer les crimes et collaborer avec les autorités
chargées de l'application de la loi."
M. Filion: Y a-t-il des lois ailleurs?
M. Marx: Aux États-Unis, pas dans le reste du Canada.
M. Filion: il n'y en a pas ailleurs au Canada.
M. Marx: La Colombie britannique, si je comprends bien, va
déposer un projet d'ici quelques jours ou quelques semaines. Il y a
d'autres lois... On me fait penser qu'il y a d'autres lois où on dit:
"La victime n'a pas droit à de l'aide, sauf si elle collabore."
M. Filion: Ce serait terrible.
M. Marx: Bien, si on n'a pas...
M. Filion: Cela n'aurait aucun sens.
M. Marx: il y a des lois américaines où on a
retrouvé cela, mais on n'a pas...
M. Filion: C'est parce qu'eux autres ont toutes sortes de
catégories de témoins...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Aux États-Unis, il faut faire attention.
Nous...
M. Doyon: Et différentes catégories de crimes,
aussi.
M. Marx: D'accord, l'article 7 est adopté? M. Filion:
L'article 7...
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Filion: "Dont elle a été victime." Au moment
où l'on se parle, M. le ministre...
M. Marx: Oui.
M. Filion: Je vous donne un exemple. Mon beau-frère est en
fusil après moi, il vient chez nous le soir...
M. Marx: il a raison!
M. Filion: ...il me tapoche. Il s'en va. À un moment
donné, la police arrive, pour une raison ou pour une autre, et elle dit:
Qui vous a frappé? Moi, au moment où je vous parle, il n'y a rien
qui m'oblige à dire ce qui s'est passé.
M. Marx: Non, mais...
M. Filion: Laissez-moi terminer...
M. Marx: Non, non, mais...
M. Filion: ...mon exemple pour qu'on se comprenne.
M. Marx: Cela reste comme cela parce qu'une loi provinciale ne
peut pas empiéter en matière criminelle. On ne peut pas imposer
en vertu d'une loi provinciale une obligation qui n'est pas prévue dans
le Code criminel...
M. Filion: D'accord. Mais, à ce moment-là... M.
Marx: ...ou dans la loi criminelle.
M. Filion: ...pourquoi l'écrire? Qu'est-ce que cela nous
donne de l'écrire si, de toute façon...
M. Doyon: Pour les cas dont je vous ai parlé.
M. Filion: ...cela ne change rien au Code criminel?
M. Marx: Parce qu'il y a des... C'est cela. Le
député de Louis-Hébert a bien compris parce qu'il a
l'expérience...
M. Doyon: C'est cela.
M. Marx: ...d'avoir été procureur de la couronne.
Malheureusement, nous n'avons pas tous été procureurs de la
couronne; ce n'est pas trop tard pour certains...
Une voix: Dans mon cas, cela n'arrivera pas.
M. Marx: ...comme troisième carrière. Nous sommes
à la recherche...
M. Doyon: Les bons surtout.
M. Filion: C'est parce qu'il n'y en avait que quelque 220,
là il y en a 260.
M. Doyon: C'est parce qu'ils sont mieux payés,
maintenant.
M. Filion: Mais, dans L'Actualité, ils vont vous
dire qu'ils sont malheureux en maudit. Je ne sais pas si le ministre est
abonné à L'Actualité.
M. Doyon: Justement, en parlant de L'Actualité, il
y a eu un article intéressant au mois d'avril.
M. Marx: Est-ce que l'article 7 est adopté? M. Doyon:
Adopté.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 7...
M. Filion: Oui, mais quelle est la réponse?
Une voix: Compte tenu des explications du député de
Louis-Hébert là-dessus...
M. Marx: Pour la réponse, je me réfère
à celle du député de Louis-Hébert qui était
brillante comme toujours.
M. Doyon: Cela vous honore.
M. Filion: Non, mais le problème, M. le ministre, c'est le
suivant: Dans le cas que je vous ai donné... Évidemment, si les
policiers viennent me voir et me disent: Dis-nous qui t'a
frappé et que cefa ne me tente pas de le dire, je ne le dirai
pas.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Mais ce n'est pas tout le monde qui est bien
informé de ses droits. Le policier ou même le sergent
détective du poste 32 - il faut les voir pour savoir qu'ils y sont, pas
au poste 32, on parle d'une façon imagée - quand ils vont
arriver, ils vont dire: "il incombe à la victime d'un acte criminel..."
D'abord, ils vont lire cela; ils vont se promener avec cela, ils vont le lire:
"L'article 7 de la loi dit qu'il incombe à la victime d'un acte criminel
de collaborer, dans la mesure du possible, avec les autorités
chargées de l'application de la loi à l'égard de l'acte
criminel dont elle a été victime." Ah! Qu'est-ce que va faire la
victime? Elle va dire: Je suis obligée de dire que c'est mon
beau-frère qui m'a frappée.
M. Ooyon: La victime va dire: Si je ne le fais pas, qu'est-ce
qu'il m'arrive?
M. Filion: Elle ne fera pas la distinction du professeur de droit
à l'Université de Montréal que fut le ministre de la
Justice et que sera peut-être le ministre de la Justice, mais...
M. Marx: Qu'est-ce qu'elle a dit?
M. Filion: Elle va dire. Mon Dieu! Il faut que je dise qui m'a
frappée.
M. Marx: Est-ce qu'il veut que je suive les pas de Jacques-Yvan
Morin?
M. Filion: Pourquoi pas?
Le Président (M. Marcil): Non, non, non! On n'y tient pas,
nous, M. le ministre.
M. Marx: Trop tôt.
Le Président (M. Marcil): Trop tôt. Vous êtes
trop jeune pour...
M. Filion: En deux mots, c'est cela, le problème. Je suis
sérieux, M. le ministre. Je vous l'ai dit: Je suis sérieux depuis
le début, mais je le suis encore plus. Avant cela...
M. Doyon: La victime va demander...
M. Filion: ...on était juste en train de faire de la
crème glacée molle. Là, j'ai peur que cela ne devienne de
la crème glacée dure, mais dans le mauvais sens.
M. Doyon: Oui, mais vous ne pensez pas, M. le
député, que la victime demandera: Qu'est-ce qu'il m'arrive si je
ne le fais pas? C'est la première question qu'elle va poser.
M. Filion: Vous êtes rendu loin, M. le procureur de la
couronne!
M. Doyon: Non, non, non!
M. Filion: Les gens de mon comté, quand le policier dit
quelque chose, ils ('écoutent et si cela veut dire qu'il faut qu'ils
fassent ça, ils le font.
Mme Bleau: Vous avez un comté à part.
M. Filion: Non, non, non! C'est un comté très
représentatif de la population québécoise.
Mme Bleau: Je lui demanderais: Qu'est-ce que tu me fais si je ne
te réponds pas?
M. Marx: C'est écrit "dans la mesure du possible".
M. Filion: Oui, mais on devrait... À mon sens, en tout
cas, dans l'article 7, M. le ministre, s'il y a un endroit où on doit
mettre des bretelles, mais dans l'autre sens... On devrait dire "dans la mesure
prévue par la loi."
Mme Bleau: Dans la mesure... M. Kehoe: ...prévue
par la loi.
M. Filion: Au moins, peut-être cela donnerait-il un indice
à la victime.
M. Marx: Bien, cela ne donnerait rien.
M. Filion: Je le sais, mais, au moins, cela donnerait l'indice
à la victime de consulter un avocat pour savoir si elle est
obligée de parler ou si elle n'est pas obligée.
M. Marx: Non. Là, on veut aller au-delà de la loi.
On veut...
M. Filion: il ne faut pas oublier que des victimes peuvent
devenir coupables et que cela ne prend pas de temps. Cela existe.
M. Marx: Non, mais je peux...
M. Filion: Alors, l'article utilisé pourrait forcer, dans
certains cas, des gens qui pourraient être coupables à parler. Or,
on sait qu'il y a un droit au silence pour...
Le Président (M. Marcil): ...Pour provocation, M. le
député de Taillon.
M. Marx: L'expérience au Manitoba ou ailleurs ne nous
indique pas que cela va causer des problèmes aux victimes.
Adopté?
M. Filion: M. le ministre, j'attire votre
attention là-dessus.
M. Marx: D'accord, on va repenser à cela.
M. Filion: Le commun des mortels qui arrive...
M. Marx: On va revoir cela.
M. Filion: Au moins, faites une référence à
la loi quelque part...
M. Marx: Adopté sur division, M. le Président.
M. Filion: ...parce que c'est juste du droit déclaratoire.
Cela peut, non pas de mauvaise foi mais de bonne foi, être utilisé
dans un esprit tout à fait contraire à ce que la loi actuelle
impose de faire ou de ne pas faire. Ce ne serait sûrement pas notre
but.
M. Marx: Non.
M. Filion: J'attire votre attention et celle des membres de votre
cabinet là-dessus, M. le ministre, pour que vous ayez l'occasion de
vérifier cela d'ici à l'adoption du projet de loi.
M. Marx: On va revoir cela.
M. Filion: Je vais vous dire, en tout cas, que je n'ai pas
l'assurance que...
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Filion: Alors, à ce moment-là, sans aller plus
loin, je vais inscrire ma dissidence.
Le Président (M. Marcil): L'article 7, adopté, sur
division.
M. Filion: Cela ne changera absolument rien à ma
décision.
M. Marx: Oui.
Bureau d'aide aux victimes d'actes criminels
Le Président (M. Marcil): Maintenant, nous passons au
chapitre III, Bureau d'aide aux victimes d'actes criminels. J'appelle l'article
8. "Est institué, au ministère de la Justice, le
Bureau d'aide aux victimes d'actes criminels. Le
Bureau est composé des fonctionnaires que le ministre
désigne." Adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Excusez! On n'est pas ici pour
parler de fumage. On était rendu à l'article 8. Est-ce qu'il est
adopté?
M. Doyon: Un peu de tolérance.
M. Marx: On veut établir un bureau au ministère
pour donner suite au projet de loi. Les fonctions du bureau sont
énoncées à l'article 9. Donc, on peut adopter l'article 8.
Il n'y a pas de problème là. La création d'un
bureau...
M. Filion: Ha, ha, ha! Il y en a qui essaient d'en passer
rapidement! Écoutez, l'article 8.
M. Marx: Je ne peux pas être contre la création d'un
Bureau d'aide aux victimes d'actes criminels au sein du ministère de la
Justice.
M. Filion: Oui, mais, M. le ministre de la Justice vous pouvez
créer des bureaux dans votre ministère. Vous pouvez en faire 25
sans venir en Chambre pour obtenir ce droit.
M. Marx: Ce n'est pas la même chose, parce que...
M. Filion: Oui, mais vous pouvez faire des bureaux. Vous pouvez
faire tout ce que vous voulez dans votre ministère. Vous n'avez pas
besoin de faire adopter des projets de loi pour dire: Dans mon
ministère, je vais avoir trois fonctionnaires... Ce sont uniquement des
fonctionnaires qui siègent là-dessus, à part cela. Vous
pouvez faire ce que vous voulez avec vos fonctionnaires, dans la mesure
où la convention collective est respectée.
M. Marx: Oui, mais il y a des exemples. Il y a, par exemple, le
Service des achats du gouvernement. C'est un service qui a été
créé par une loi. Il y a le Service de la probation et des
établissements de détention. C'est également dans une loi
mais il n'est pas nécessaire que ce soit dans une loi. Il y a le Bureau
de la statistique du Québec. On peut en créer sans que ce le soit
par une loi. (17 h 30)
M. Filion: Oui, mais c'est parce que souvent les gens qui y
siègent viennent de l'extérieur du gouvernement. Ici, c'est
entièrement et totalement "fonctionnarisé".
M. Marx: Le bureau...
M. Filion: Ce sont uniquement des fonctionnaires.
M. Marx: ...le Service des achats du gouvernement est
composé de fonctionnaires.
M. Filion: Oui, pour cet exemple mais au Bureau de la
statistique, il y a des gens qui viennent de l'extérieur du
gouvernement.
M. Marx: Oui, mais on peut avoir des gens qui sont
désignés par le ministre. J'imagine que je peux engager des gens
d'une façon temporaire
pour des contrats de trois mois, ils deviennent des fonctionnaires
temporaires. On ne peut pas être contre la création d'un bureau
qui va toujours demeurer et qu'il serait impossible d'abolir sans adopter une
autre loi. Je pense que cela donne une certaine permanence, une certaine
sécurité, une certaine assurance... Je peux chercher d'autres
mots mais je pense que cela va comme ça.
Le Président (M. Marcil): En d'autres mots, le bureau est
composé de nouveaux fonctionnaires.
M. Filion: Pardon?
Le Président (M. Marcil): Ce peuvent être de
nouveaux fonctionnaires. Mais est-ce qu'en devenant membre du bureau, vous
devenez fonctionnaire?
M. Marx: Cela assure la permanence...
M. Filion: Avez-vous engagé du nouveau monde pour le
bureau?
M. Marx: il faut chercher des gens.
M. Filion: Non, mais allez-vous engager des gens de
l'extérieur pour être membres du bureau?
M. Marx: Non, mais il est possible que l'on engage des
fonctionnaires qui ne sont pas nécessairement au ministère de la
Justice.
M. Filion: Mais vous n'avez pas de nouveaux postes dans vos
crédits pour ces trucs-là.
M. Marx: Oui, il est possible que l'on ait des nouveaux postes.
Vous verrez que nous avons eu de nouveaux postes dans certains domaines.
M. Kehoe: Est-ce que ce sera centralisé à
Montréal et à Québec ou est-ce que cela ira en
région également?
M. Marx: Ce sera probablement à Québec, mais on
verra.
M. Filion: En tout cas.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que c'est
vérifié, M. le ministre?
M. Filion: Ça, c'est une invitation. M. le
Président, ce que je déplore aux articles 8, 9 et 10, c'est
qu'à chaque fois qu'un ministre fait quelque chose, on va être
là avec le projet de loi pour venir dire: Aïe! Le ministre vient de
créer un comité. Qu'il l'appelle bureau, service-Non, mais c'est
cela. Vous souriez, M. le Président, mais c'est exactement ce que font
les articles 8, 9 et 10 qu'on est en train d'adopter. Je ne suis pas contre le
fait que le ministre crée son bureau ou son comité ou son service
ou peu importe le mot utilisé, mais faire adopter des projets de loi
pour cela... En tout cas...
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Deuxième argument. Vous allez me
répondre à celui-là par exemple. On veut bien faire mais
je pense qu'on va mélanger un petit peu les victimes d'actes criminels.
D'abord, on a une loi qui ne veut rien dire, parce que c'est la Loi
d'indemnisation des victimes d'actes criminels qui compte, premièrement.
Deuxièmement, qu'est-ce que fait la victime d'acte criminel? D'abord,
elle va se faire dire: il y a un bureau au ministère de la Justice. Si
elle veut rencontrer quelqu'un d'autre, on va lui dire: il y a le Fonds
d'indemnisation des victimes d'actes criminels. On crée deux endroits ou
deux guichets différents, pour employer une expression très
technocratique. En plus de cela, il y a les centres locaux d'aide aux victimes.
Cela fait trois guichets.
M. Marx: L'IVAC, ce n'est pas un guichet.
M. Filion: Bien oui, c'est un guichet en ce sens que c'est un
bureau.
M. Marx: Oui, mais en droit du travail, il y a plusieurs
guichets. Pas seulement un.
M. Filion: Ah! Je le sais. M. Marx: il y a la CSST.
M. Filion: Mais sommes-nous obligés de multiplier les
intervenants pour les victimes d'actes criminels...
M. Marx: il n'est pas exclu qu'un jour on unifie les
guichets.
M. Filion: Unifier la cour des...
M. Marx: La loi sur l'unification des guichets...
Une voix: Cela va s'appeler les guichets automatiques.
M. Marx: On va avoir un seul guichet...
Le Président (M. Marcil): On va instaurer les guichets
automatiques.
M. Filion: C'est déjà assez compliqué au
Québec de se retrouver dans les dédales administratifs, pourquoi
compliquer la vie du monde comme les victimes d'actes criminels?
M. Marx: C'est le pluralisme.
M. Filion: Pourtant, il aurait été si simple de
prendre le Bureau d'aide aux victimes d'actes
criminels... D'abord, de ne pas en parler et de donner tout cela
à ceux qui s'occupent déjà de l'indemnisation de
l'IVAC.
M. Marx: Ce n'est pas la même chose. LIVAC et le bureau
n'ont pas le même mandat.
M. Filion: Non, je le sais.
M. Marx: Le mandat du bureau est de créer... Enfin, un des
mandats. Quand on aura adopté l'article 8, on passera à l'article
9 et on verra qu'un des mandats du bureau est de voir à la mise sur pied
des centres d'aide aux victimes. Cela est important. L'article 8 est-il
adopté? On ne peut pas être contre l'article 8, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Non, non, vous avez
entièrement raison, M. le ministre. L'article 8 est-il
adopté?
M. Filion: Je suis contre.
Le Président (M. Marcil): Surdivision?
M. Filion: C'est de la mauvaise législation, guichet
double...
Le Président (M. Marcil): Surdivision.
M. Filion: Pas besoin de faire cela. Sur division.
Le Président (M. Marcil): Cela va. J'appelle l'article
9.
M. Marx: Nous avons des amendements, M. le Président.
À l'article 9 du projet de loi, supprimer le mot "locaux" à la
première ligne du paragraphe 3.
M. Filion: Peut-on avoir une copie de l'amendement?
M. Marx: Oui, on va vous donner cela. Et, dans la version
anglaise de l'article 9 du projet de loi, remplacer dans les première et
deuxième lignes du paragraphe 3 l'expression: "local victims assistance
centres" par les mots suivants: "victims of crime assistance centres".
M. Filion: Merci.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Tout le monde a bien
compris cela.
M. Marx: Oui, ce qu'on biffe dans la version française,
c'est le mot "locaux".
Le Président (M. Marcil): "Locaux". Cela va. M. Marx:
C'est seulement parce que...
Le Président (M. Marcil): ...au troisième
alinéa...
M. Marx: ...les centres sont locaux, par définition, et
n'ont pas besoin...
Le Président (M. Marcil): L'article 9 est
adopté.
M. Filion: L'amendement de...
Le Président (M. Marcil): L'amendement est
adopté.
M. Filion: Oui, l'amendement est adopté.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Donc, est-ce que
l'article 9 est adopté tel qu'amendé?
M. Filion: On va faire le point de façon un peu plus
serrée là-dessus. Actuellement, au ministère de la
Justice, il y a des gens qui exercent les fonctions qui sont prévues
à l'article 9?
M. Marx: Non, pas vraiment. Qu'est-ce que cela veut dire? Cela
veut dire qu'il n'y a pas... Nous avons l'intention, une fois que la loi sera
adoptée, de créer ce bureau formellement, d'avoir un certain
nombre de fonctionnaires. Cela existe en France aussi. L'idée d'un
bureau, d'une équipe légère, j'en ai eu l'idée un
peu en étudiant la loi française et en parlant aux gens qui
appliquent cette loi. En France, il y a un bureau. Nous avons examiné
tout cela, et nous avons pensé que c'était une bonne idée
d'avoir la même chose ici, et...
M. Filion: Si j'appelle au ministère de la Justice demain
matin, des gens vont me répondre...
M. Marx: Sur quelle question?
M. Filion: Supposons que je leur dise que j'ai été
volé hier, que j'ai été battu par quelqu'un qui s'est
enfui...
M. Marx: On va vous dire de téléphoner à
quelqu'un d'autre, de téléphoner aux policiers, aux procureurs de
la couronne, mais il n'y a pas de groupe ou d'organisme à
l'intérieur qui s'occupe des victimes. Le bureau aura, comme fonction,
la mission de créer ces centres. Le bureau va favoriser la promotion des
droits des victimes. Il va refaire l'Infovac, conseiller le ministre et
favoriser trois éléments - et j'insiste sur trois - soit
l'implantation et le maintien de l'aide aux victimes, la réalisation et
la diffusion de programmes d'information, etc.
Le Président (M. Marcil): Très bien, M. le
ministre, c'est un très bel article.
M. Marx: Je pense que cela va prendre du temps, mais cela
m'apparaît un grand changement dans les droits des victimes et toute
l'aide qu'on donne aux victimes au Québec.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, vous parlez de
bureau et, tantôt, on va parler des centres d'aide aux victimes...
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Marcil): ...dans des régions en
particulier. Les femmes victimes de violence vont pouvoir également
utiliser ces recours-là?
M. Marx: Oui, ce sera possible pour elles de les utiliser. En
matière de violence conjugale, il existe des CALACS et certains autres
centres. Au ministère de la Justice, on les aide dans la mesure du
possible, mais on va les aider davantage une fois que la loi sera mise en
vigueur.
Le Président (M. Marcil): L'article 9 est adopté
tel qu'amendé?
Une voix: Adopté.
M. Filion: Non. Je vais vous donner un exemple, M. le
Président. C'est écrit... Je prends 9, 2°: "il conseille le
ministre de la Justice sur toute question relative à l'aide aux
victimes." C'est la tâche des fonctionnaires de conseiller le
ministre.
Mme Bleau: C'est écrit: "le bureau".
M. Filion: Ah! D'accord. Admettons... Le bureau, ce n'est pas
nécessaire, mais supposons qu'il crée le bureau. Si le ministre
veut créer un véritable bureau, différent du
ministère, est-ce que le ministre ne pourrait pas prévoir un mode
de nomination des gens du milieu, par exemple, des gens de l'extérieur
de la fonction publique, peut-être pas à 100 %, mais
peut-être à 50 % ou peut-être à un tiers. En deux
mots, un bureau... Pourquoi ne pas nommer des gens de l'extérieur s'il
veut vraiment en faire autre chose que...
M. Marx: Je n'ai pas voulu créer un autre organisme tel
que la Commission d'aide juridique, le Comité de la protection de la
jeunesse ou les cinq autres organismes que j'ai déjà abolis en
1986. Je n'ai pas voulu créer un autre organisme pour l'abolir.
M. Filion: Vous n'avez pas aboli cinq organismes en 1986.
M. Marx: Quatre ou cinq. M. Filion: Non. M. Marx:
Bien oui!
M. Filion: Non.
M. Marx: La Commission de refonte des lois, la commission
consultative...
M. Filion: Le Comité consultatif...
M. Marx: ...le Comité consultatif en matière de
justice, cela fait deux.
M. Filion: Pas cinq. Là, vous créez un bureau de
toute façon.
M. Marx: Cela ne fait pas si longtemps et j'ai déjà
oublié que...
M. Filion: De toute façon!
M. Marx: Vous voyez l'importance de...
M. Filion: Combien d'argent donnez-vous au bureau?
M. Marx: On prévoit environ 2 000 000 $.
M. Filion: Pas pour le bureau, pour les centres locaux et tout le
bataclan.
M. Marx: Le tout coûterait environ 2 000 000 $. Une fois
que tout sera en marche, cela va coûter environ 2 000 000 $.
M. Filion: Annuellement?
M. Marx: Oui. On envisage cela pour le moment.
M. Filion: C'est le budget de dépenses? M. Marx:
Oui.
M. Filion: Ce n'est pas le budget réel de dépenses
pour le gouvernement. Vous dites: Cela va coûter... Il y a les
suramendes, etc..
M. Marx: Cela va provenir des suramendes.
M. Filion: Cela ne coûte rien au gouvernement.
M. Marx: Espérons, le moins possible mais si c'est
nécessaire on va y mettre plus de ressources. M. le Président,
nous disposons de 1 800 000 $ pour la violence conjugale au ministère de
la Justice, et de 1 000 000 $ au ministère du Solliciteur
général. Je pense que c'est beaucoup de ressources que nous
mettons dans ces dossiers. Adopté?
M. Filion: Au paragraphe 4: "il favorise la réalisation et
la diffusion de programmes d'information, de sensibilisation et de formation
concernant les droits et les besoins des victimes ainsi que les services qui
leur sont accessibles;"
M. le ministre de la Justice, est-ce qu'on peut avoir l'attention du
député de D'Arcy McGee?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Le ministre de la Justice.
M. Marx: J'écoute.
M. Filion: L'aliéna 4 de l'article 9 dit que le Bureau -
un nouveau terme - "favorise la réalisation et la diffusion de
programmes d'information, de sensibilisation et de formation concernant les
droits et les besoins des victimes ainsi que les services qui leur sont
accessibles. " Combien, environ, avez-vous l'intention d'investir dans cela sur
une base annuelle, "mas o menos" comme disent les Espagnols?
M. Marx: Je ne peux pas vous dire cela sur le coup.
M. Filion: Plus ou moins, "more or less" comme disent les
Anglais, "mas o menos" en espagnol.
M. Marx: Je n'ai pas les coûts, à ce moment-ci, de
notre programme Infovac de sensibilisation, de formation concernant les droits
et les besoins des victimes. Nous aurons un programme de formation pour les
gens qui vont donner de l'aide aux victimes mais je ne peux pas vous le dire
maintenant. Cela va être dans les 2 000 000 $.
M. Filion: Cela va être dans les 2 000 000 $, c'est
sûr, mais à peu près combien?
M. Marx: On va dépenser les 2 000 000 $ pour les
services.
M. Filion: Actuellement, c'est le gouvernement qui paie.
Là, vous allez essayer de faire payer le fonds.
M. Marx: Non, non, non!
M. Filion: Ne me dites pas non, non! C'est le gouvernement qui
paie cela actuellement, là vous allez essayer de faire payer le
fonds.
M. Marx: Non, maintenant c'est le...
M. Filion: Infovac existe au moment où on se parle.
M. Marx: Oui, mais Infovac, il faut le reprendre pour avoir un
programme beaucoup plus étoffé. (17 h 45)
M. Filion: Combien coûte Infovac au moment où on se
parle, à peu près?
M. Marx: Combien est-ce que cela coûte, cinq
dépliants à 25 000 exemplaires? Cela coûte quoi? Cela
coûte 2000 $, 5000 $ ou 10 000 $? Cela ne coûte pas plus que
ça. Ce sont juste des dépliants. Maintenant, reprendre tout cela,
avoir tout cela dans un seul document qui explique davantage les droits, c'est
tout un travail. Je pense qu'il faut reconnaître - le
député de Taillon va l'admettre, finalement - qu'on va
dépenser 2 000 000 $ qu'on ne dépense pas maintenant.
M. Filion: C'est de cela que je veux être sûr.
M. Marx: C'est sûr et certain. Il ne faut pas oublier que
l'argent sera étiqueté pour les services aux victimes et que ce
ne sera pas utilisé pour autre chose.
M. Filion: Cela, on va y arriver tantôt, mais...
Alors...
Le Président (M. Marcil): L'article 9, adopté, tel
qu'amendé, versions anglaise et française?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Marcil): J'appelle maintenant...
M. Filion: C'est-à-dire que je suis... Le
Président (M. Marcil): Cela va? M. Filion: Avec ma
dissidence.
Le Président (M. Marcil): Avec votre dissidence, donc, sur
division. J'appelle maintenant l'article 10.
M. Marx: À l'article 10, il y a une modification, la
même modification que pour l'article 9. On enlève "locaux".
À l'article 10 du projet de loi, supprimer, premièrement, le mot
"locaux" dans la première ligne du premier alinéa.
Deuxièmement, le mot "local" dans la première ligne du
deuxième alinéa. Dans la version anglaise de l'article 10 du
projet de loi, remplacer, dans les première et deuxième lignes du
premier alinéa, l'expression "local victim assistance centres" par la
suivante "victims of crime assistance centres"; supprimer, dans la
première ligne du deuxième alinéa, le mot "local".
L'article 10.
Le Président (M. Marcil): L'article 10 est-il
adopté?
M. Filion: L'article 10. "Le ministre de la Justice peut
reconnaître des centres locaux*... Vous enlevez "locaux", non?
Le Président (M. Marcil): On enlève "locaux",
oui.
M. Filion: Est-ce que l'amendement...
M. Marx: Oui.
M. Filion: Oui, parfait.
Le Président (M. Marcil): Oui, il est
déposé. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 10 est
adopté, tel qu'amendé?
M. Filion: C'est là qu'est l'espèce de... C'est
là qu'il faut bien comprendre la mécanique du projet de loi, M.
le Président. Qu'est-ce que fait le projet de loi? D'abord, il prend des
fonctionnaires et il les met dans un bureau, premièrement.
Deuxièmement, en ce qui concerne les centres qu'on appelait locaux, les
centres pour les victimes d'actes criminels, là, on fait appel aux
organismes communautaires. On fait appel aux groupements
intéressés, etc.
M. Marx: il y a des gens qui veulent... On va leur donner une
aide financière et on va mettre des ressources à leur
disposition. C'est une aide financière et technique. On ne va pas juste
dire: Voilà, on fait une entente et faites ce que vous voulez.
M. Filion: Oui, mais l'aide... D'abord, il faut que cela marche.
Il faut que cela se crée. Il y a bien du monde, M. le ministre, qui
aimerait cela, ouvrir des petits centres locaux pour venir en aide aux victimes
d'actes criminels. On va toujours vous demander la même chose, un peu
d'argent pour pouvoir avoir un local, assumer des contacts avec les organismes,
etc.
Cet argent, me dites-vous, va nous venir essentiellement des suramendes,
plus certaines sommes d'argent qui seront versées par le fonds
consolidé du revenu.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Vous me dites que cela va totaliser 2 000 000 $.
Est-ce que c'est assez, 2 000 000 $?
M. Marx: Si ce n'est pas assez, on va essayer d'avoir plus
d'argent.
M. Filion: C'est cela qui est la clé.
M. Marx: Mais pour commencer, c'est amplement. Je dirais qu'on
n'en aura jamais assez pour aider les pauvres victimes. Mais, pour commencer,
je pense que c'est un début. Avec 2 000 000 $, il y a des choses qu'on
peut faire que je ne peux pas faire maintenant parce que je n'ai pas ces 2 000
000 $.
M. Filion: La reconnaissance des centres locaux va se faire de
quelle façon?
M. Marx: On va signer un contrat avec des gens. On va adopter...
Je pense qu'on a parlé ici...
M. Filion: ...d'une entente. M. Marx: ...à
l'article 15...
M. Filion: ...à l'article 10, vous parlez d'entente.
M. Marx: L'article 10 porte sur l'entente mais l'article 20 dit:
"Le gouvernement peut, par règlement, déterminer les conditions
que doit respecter une personne ou un organisme pour obtenir une aide
financière aux fins visées à l'article 15." On va donner
une aide financière à ces organismes et on veut qu'il y art un
certain standard qui soit suivi et respecté, comme vous l'avez bien
mentionné au début.
M. Filion: Mais est-ce que les centres d'aide existent au moment
où on se parle?
M. Marx: Non.
M. Filion: il y a des endroits dans les palais de justice
où on reçoit de l'aide, comment les appelez-vous?
M. Marx: Ce sont des services d'information qui vous indiquent
d'aller à droite ou à gauche. C'est au 3e étage. Votre
cause est ici, etc. Dans certains palais, on donne un meilleur...
M. Filion: À Montréal, il y a plus que cela.
M. Marx: ...service aux témoins. Dans certains palais, il
y a un service vidéo...
M. Filion: Un vidéo, oui.
M. Marx: ...pour expliquer ce qu'est un témoin, comment on
rend témoignage, etc. C'est vrai.
M. Filion: Combien de personnes voyez-vous dans un centre d'aide?
Dans un district judiciaire comme Montréal par exemple?
M. Marx: Combien de centres? Cela prendrait...
M. Filion: Oui. Combien de centres voyez-vous? Partout?
M. Marx: Partout au Québec...
M. Filion: Dans tous les palais de justice ou à peu
près, non? Quelle est votre vision là-dessus?
M. Marx: ...peut-être pas nécessairement dans les
palais mais... On n'a pas de plan d'ensemble pour dire que te Québec a
besoin de tant de centres. On va créer des centres dans les
régions. Ensuite, on en ajoutera pour répondre aux besoins. On
n'ira pas jusqu'à dire: Vous avez besoin de telle ou telle chose. On va
répondre aux besoins. On sait que dans les grandes villes comme
Montréal, Québec, Hull, Sherbrooke, Trois-Rivières,
Rimouski, Rouyn...
Une voix: Valleyfield...
M. Marx: ...Valleyfield le cas échéant, il serait
utile d'avoir de tels centres. À Montréal, probablement...
sûrement plus d'un parce que quelqu'un qui habite
Rivière-des-Prairies et quelqu'un qui habite Verdun... Ce sont deux
villes différentes et même si les gens vont au même palais
de justice, cela prendra plus d'un centre.
M. Filion: Combien de personnes voyez-vous dans chaque centre
à peu près suivant votre vision des choses?
M. Marx: Peut-être trois à cinq personnes à
Sept-îles et peut-être 20 à Montréal. Il va aussi y
avoir un conseil d'administration. On veut avoir des gens qui siégeront
sur un conseil d'administration qui représentera toute la
communauté: des policiers, des procureurs de la couronne, des DPG le cas
échéant, tout le monde.
M. Filion: Ce sera dans les critères?
M. Marx: C'est cela. Dans quelques semaines, il sera possible de
vous envoyer l'entente que nous aurons faite.
M. Filion: Une entente-cadre, c'est cela?
M. Marx: Oui. On va essayer de vous faire parvenir cela. Il n'y a
pas de problème.
M. Filion: À mon avis, l'article 10 ne devrait pas
être dans le chapitre III. Il devrait être dans un autre chapitre,
il me semble. Ce n'est pas le bureau...
M. Marx: Un chapitre pour un article...
M. Filion: On parle de centres. Bien oui, un chapitre, un article
mais c'est parce que d'habitude, un chapitre, écoutez... On a
l'impression là... Ce qui est important dans le projet de loi, et vous
l'avez dit vous-même, ce sont les centres d'aide aux victimes d'actes
criminels. Ce n'est pas le bureau et le fait de réunir huit
fonction-naires pour leur dire...
M. Marx: C'est vraiment le bureau qui chapeaute tout...
M. Filion: Le bureau ne chapeaute pas, je m'excuse. Le bureau
encourage le maintien et l'implantation mais une fois que cela est fait, les
centres sont autonomes.
Mme Bleau: Mais ils fournissent quand même l'assistance
technique ou professionnelle requise...
M. Filion: Oui, pour les mettre sur pied. Mme Bleau:
...à leur fonctionnement.
M. Filion: Oui, mais quand même, ils sont
indépendants du bureau à 100 %.
Mme Bleau: Oui, oui.
M. Filion: La preuve, ce seront des organismes. Comme dit le
ministre, il y voit même des conseils d'administration. Il me semble que
ce devrait être un chapitre à part. En tout cas, je vous laisse
réfléchir à cela. Mais il me semble, en tout cas...
M. Marx: D'accord. Je vais demander...
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Filion: Oui, à ce moment-là, j'adopterais
l'article 10.
Le Président (M. Marcil): Adopté.
M. Marx: Oui, d'accord.
Le Président (M. Marcil): Tel qu'amendé.
M. Marx: Je pense que le député a raison de voir
cela comme le fond. Le fond de l'affaire, c'est cela, c'est d'avoir un
mécanisme pour créer des centres, leur donner un certain soutien
et pour qu'on mette cela sur pied. D'accord.
M. Filion: Avez-vous un objectif sur le nombre de centres, disons
pour les douze prochains mois?
M. Marx: J'aimerais... M. Filion: Approximatif.
M. Marx: Une douzaine peut-être, dix ou douze.
M. Filion: Dix ou douze dans les principaux centres...
M. Marx: D'ici au printemps, oui. Si on peut aller plus
rapidement, on va procéder plus rapidement, mais s'il y en a dix ou
douze, ce
sera très bon.
M. Filion: Oui.
M. Marx: D'accord. L'article 11, M. le Président.
Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels
Le Président (M. Marcil): Cela va. Donc, j'appelle
maintenant l'article 11. "Est constitué, au ministère de la
Justice, le Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels." Adopté?
M. Filion: Ce ne sera pas long. Me confirmez-vous, M. le
ministre, que les centres seront autonomes? Évidemment, oui.
M. Marx: Bien oui!
M. Filion: D'accord. C'est cela.
M. Marx: On va signer une entente et, après cela, ils
vont...
M. Filion: Un peu comme on en retrouve dans le réseau des
services sociaux.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Mais là, il y a le problème
éventuel du financement qui risque de devenir énorme. Ces
organismes vont dépendre du financement, vous en êtes
conscient?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Est-ce que pour vous, M. le ministre, en ce qui
concerne la violence conjugale, les maisons de femmes vont demeurer l'endroit
privilégié?
M. Marx: La violence conjugale est une question très
spéciale et les maisons et tout le réseau qu'ils ont construit
eux-mêmes, il faut que cela reste...
M. Filion: Oui.
M. Marx: Je suis convaincu de cela: Les CALACS, c'est
très...
M. Filion: Je termine là-dessus parce que... M. Marx:
D'accord.
M. Filion: ...je pense qu'on n'aura pas le temps de terminer le
projet de loi ce soir, mais je termine là-dessus, uniquement pour vous
signaler, M. le ministre, qu'à mon sens, c'est important que ce ne soit
pas un argument pour empêcher les maisons de femmes d'obtenir
l'oxygène financier dont elles ont besoin.
M. Marx: Non, mais cela va me permettre aussi d'avoir plus
d'argent, le cas échéant, pour subventionner ces activités
qui touchent la violence conjugale.
Le Président (M. Marcil): Cela va? L'article 11 est-il
adopté?
M. Filion: Non, pas adopté. On peut bien l'adopter, il n'y
a pas de problème, mais...
Le Président (M. Marcil): On serait aussi bien, M. le
député. Cela en fera un de moins.
M. Filion: Pardon?
Le Président (M. Marcil): L'article 11 est-il
adopté?
M. Filion: Ne bougez pas là.
Le Président (M. Marcil): "Est constitué, au
ministère de la Justice, le Fonds d'aide aux victimes d'actes
criminels."
M. Filion: Oui, c'est correct.
Le Président (M. Marcil): Adopté?
M. Filion: On étudiera les conséquences.
Le Président (M. Marcil): Donc, nous allons ajourner nos
travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 58)