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(Onze heures quarante-quatre minutes)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance ouverte. Je rappelle le mandat de la
commission, qui est de poursuivre l'étude détaillée du
projet de loi 8, Loi sur l'aide aux victimes d'actes criminels, de
procéder à l'étude du projet de loi 3, Loi modifiant le
Code civil en matière de copropriété et
d'emphytéose, du projet de loi 4, Loi modifiant le Code civil et le Code
de procédure civile en matière de séparation de corps,
ainsi que l'étude du projet de loi 20, Loi portant abrogation de
certaines dispositions législatives.
Je demande à Mme la secrétaire d'annoncer les
remplacements, s'il y a lieu.
La Secrétaire: il n'y a aucun remplacement, M. le
Président.
Projet de loi 8
Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels
(suite)
Le Président (M. Kehoe): Bon. Nous étions rendus
à l'étude de l'article 12. Donc, j'appelle l'article 12. M. le
ministre.
M. Marx: L'article 12, M. le Président, prévoit que
les sommes qui seront versées dans le Fonds d'aide aux victimes d'actes
criminels proviennent de quatre sources différentes: les sommes que le
ministre de la Justice y verse à même les crédits
alloués annuellement à cette fin par le Parlement
québécois - il s'agit des crédits annuels - les sommes que
le ministre de la Justice y verse à même les crédits
permanents que l'article 13 du projet de loi fixe spécifiquement
à l'aide aux victimes; les legs, dons et contributions du public en
général - on attend celles du député de Taillon -
et les avances consenties par le ministre des Finances.
M. Filion: Pardon? Je n'ai pas entendu. Pourriez-vous
répéter? Le député de Taillon... ?
M. Marx: Les legs, dons et contributions du public en
général... Si le député de Taillon veut faire un
don au fonds...
M. Filion: À Alliance Québec, par exemple?
M. Marx: Non, non, au Fonds d'aide aux victimes d'actes
criminels.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
M. Filion: Non. J'ai quelques questions.
M. Marx: Adopté, M. le Président.
M. Filion: Sur l'article... D'abord, on va essayer de se
comprendre un peu dans les finances. D'abord...
M. Marx: Moi, je comprends cela, M. le Président. Ce n'est
pas nécessaire.
M. Filion: Je sais, mais vous êtes ministre. C'est normal.
C'est pour cela que je suis un simple député de l'Opposition,
c'est parce que je ne comprends rien.
M. Marx: J'essaie de faire votre entraînement.
M. Filion: Vous, vous comprenez tout et les commissions
parlementaires visent à permettre au ministre qui comprend tout
d'expliquer au député qui ne comprend rien.
Le Président (M. Kehoe): Bon, le message est passé.
L'article 12.
M. Filion: Justement. Alors, le fonds d'aide va être
constitué d'abord des crédits contenus au budget.
M. Marx: Les quatre sources. J'ai seulement
énuméré les quatre sources.
M. Filion: Bon. Dans la première source, combien y a-t-il
d'argent de prévu?
M. Marx: Comment pourrais-je vous dire tout cela, M. le
Président? Les sommes que le ministre de la Justice y verse à
même les crédits alloués...
M. Filion: Bon, on vient de déposer un budget.
M. Marx: Je ne peux pas, M. le Président, allouer d'argent
à un fonds qui n'est pas encore créé.
M. Filion: M. le ministre, je vous ai posé la question:
Combien y a-t-il de prévu? De prévu. C'est bien sûr qu'il
n'y a pas d'argent alloué au moment où l'on se parle, mais
combien il y a de prévu.
M. Marx: Bien, à ce moment-ci, si on prend la contribution
fédérale et les suramendes, on va avoir 2 000 000 $ à peu
près.
M. Filion: Une seconde. Pardon?
Le Président (M. Kehoe): 2 000 000 $.
M. Filion: 2 000 000 $, d'accord. Ce ne sera pas long, 30
secondes, M. le Président. En ce qui concerne la deuxième source,
les dons, legs et contributions versés par des individus ou des
personnes morales pour aider à la réalisation des objets de la
présente loi, c'est intéressant de prévoir
qu'éventuellement les gens pourraient donner leur argent au fonds
d'aide. Cela ne coûte pas cher de le mettre, on va voir combien cela va
rapporter. Quelle sont vos prévisions à ce
chapitre-là?
M. Marx: Bien, pour cela je n'ai pas de prévision.
M. Filion: C'est entre zéro et..
Le Président (M. Kehoe): 2 000 000 $
Mme Bleau: Est-ce que cela veut dire, M. le ministre, que si
jamais il y a une campagne... ils peuvent partir une campagne de financement
pour mettre des fonds dans cette...
Une voix: ...au lieu d'envoyer des fleurs au salon, envoyer cela
au fonds d'aide aux victimes.
M. Marx: Ce peut être les entreprises, ce peut être
les banques.
Le Président (M. Kehoe): Mais, M. le ministre, question
d'expériences vécues ailleurs, y a-t-il une disposition semblable
ailleurs, dans d'autres lois et quelle est l'expérience
vécue?
M. Marx: Je n'ai pas d'information mais.. Mme Bleau: On a
voulu sauver la mise.
M. Marx: ...dans d'autres lois, on trouve la même
formulation. C'est pour permettre au fonds de recevoir cet argent.
Mme Bleau: il pourrait arriver... Supposons qu'une... S'il y a
une victime qui meurt...
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'il y a des offres de
contribution ce matin, madame?
Mme Bleau: Non, non, non. Une voix: M. le
député?
Mme Bleau: On en a assez de contributions, John.
M. Marx: M. le Président, j'ai oublié... On a
porté à mon attention que, dans certains jugements, les juges
vont demander aux contrevenants de faire une contribution...
Mme Bleau: Ah, bien! merveilleux!
M. Marx: ...à telle et telle maison d'héber- gement
pour femmes, à telle et telle maison de transition.
Mme Bleau: Ah, merveilleux!
Le Président (M. Kehoe): Ce serait une suggestion dans le
jugement
M. Marx: Ce pourrait être pour le fonds, aussi. Les juges
ordonnent parfois.
Le Président (M. Kehoe): Cela aurait force de loi. Ce ne
serait pas une suggestion.
M. Marx: Non, c'est cela.
Le Président (M. Kehoe): Cela aurait force de loi. Ce
serait une partie du jugement.
M. Filion: Cela sera intéressant. Mme Bleau: Une
chose intéressante! M. Marx: Oui, oui.
Le Président (M. Kehoe): Et s'ils ne le font pas, cela
sera exécutoire?
M. Marx: il faut le faire, sinon...
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que la somme sera
établie?
M. Marx: ...ce sera la prison, comme normalement.
Le Président (M. Kehoe): Est ce que la somme - par exemple
150 $, 200 $ - sera établie dans le jugement?
M. Marx: Non la somme sera à établir.
Le Président (M. Kehoe): Dans le jugement, il sera
ordonné de verser une certaine somme à un organisme.
M. Marx: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Kehoe): Cela fera partie du jugement et
sera exécutoire.
M. Marx: ...Une ordonnance de probation assortie de certaines
conditions.
M. Filion: Cela, c'est la suramende?
M. Marx: Non, non. La suramende, c'est automatique ou quasiment.
Mais selon une ordonnance de probation, vous devez faire telle et telle chose
et une des conditions peut être une contribution à tel et
tel...
M. Filion: Vous voulez dire que ce serait un don mais un don un
peu forcé.
Mme Bleau: Ah bien, ce n'est pas grave. M. Filion:
Effectivement, mais cela...
M. Marx: Ce ne sera pas un don ou un legs, ce sera une
contribution.
M. Filion: C'est cela. Ce que vous soulevez est effectivement
intéressant. On sait qu'à chaque jour, il y a des paquets de
sentences où on ordonne à des accusés de verser à
des oeuvres humanitaires. Il ne faudrait quand même pas... Quand le juge
ordonne quelque chose l'accusé n'a pas tellement le choix et ce serait
une bonne façon pour le ministre de financer son fonds. Il ne faudrait
pas qu'il y ait des abus, cependant, il y a d'autres oeuvres charitables,
aussi.
M. Marx: On peut se fier aux juges, M. le Président.
M. Filion: On verra cela avec votre projet de loi, si vous leur
avez fait confiance.
Cela va pour deux. Donc, vous n'avez pas de prévisions, vous
n'allez pas risquer de chiffre à cet égard?
M. Marx: Non, mais je dirais que pour la première
année d'opération, on devrait avoir 2 000 000 $.
M. Filion: Oui? Ce serait intéressant. On va se le
souhaiter, en tout cas.
Et troisièmement. Troisièmement, c'est le fonds
consolidé du revenu.
M. Marx: Oui.
M. Filion: il y a des avances qui seront versées par le
ministre des Finances en vertu du premier alinéa de l'article 17 et ce
premier (alinéa, c'est le fonds consolidé du revenu. Ce sont des
argents qui vont être prélevés sur le fonds
consolidé du revenu.
M. Marx: C'est de la technique qu'on trouve dans d'autres lois,
aussi, et on nous a demandé de la suivre. En ce qui concerne l'article
17, ce sont des avances.
M. Filion: Ce sont des avances. J'ai de la misère à
comprendre le deuxième alinéa de 17.
M. Marx: Est-ce qu'on pourrait discuter de cela quand on arrivera
à cet article?
M. Filion: On peut bien. Alors donc, il y a rois sources.
M. Marx: Quatre sources. M. Filion: Bon, d'accord.
M. Marx: Les avances consenties par le ministre des Finances
constituent la quatrième source.
M. Filion: Les avances versées, ah, je comprends, il y a
les avances consenties, non pas versées.
M. Marx: Consenties, c'est cela. Consenties, vous avez
raison.
M. Filion: C'est quoi la différence?
M. Marx: Non, non, je voulais dire consenties, c'est cela.
M. Filion: Mais alors, il y a trois sources. M. Marx: Si
vous voulez.
M. Filion: Ah! il y a des avances et il y a des avances
consenties. Les suramendes, elles se situent où là-dedans? C'est
cela qui me...
M. Marx: Les suramendes sont dans la loi
fédérale...
M. Filion: D'accord, mais les suramendes...
M. Marx: ...dans le Code criminel qui a été
adopté par la Chambre des communes. Je ne sais pas si cela a
été adopté par le Sénat ou si ce sera adopté
d'ici à quelques jours.
M. Filion: Les suramendes seront versées à qui?
M. Marx: Elles seront versées au fonds consolidé
mais étiquetées pour le Fonds d'aide aux victimes d'actes
criminels. Donc, il sera impossible d'utiliser l'argent autrement que pour
aider les victimes d'actes criminels. C'est ce que je trouve très
intéressant.
M. Filion: Et pourquoi ne pas les verser directement au fonds
d'aide? Il doit y avoir une raison.
M. Marx: Bien, c'est la même chose mais on a
procédé de cette façon.
M. Filion: Et, combien...
M. Marx: Le fonds se trouve dans une partie du fonds
consolidé. C'est le Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels, si vous
voulez.
M. Filion: Ah bon, d'accord. Et, évidemment, les
suramendes ne sont pas encore entrées en vigueur. C'était la
loi... Vous souvenez-vous du numéro?
M. Marx: C'est la loi fédérale C-89.
M. Filion: Bon, dans le C-89, le juge n'est pas obligé, il
peut condamner à des suramendes.
M. Marx: il peut ne pas condamner à des suramendes.
M. Filion: Ah, il a la faculté de sortie, en deux mots de
ne pas appliquer.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Combien prévoyez-vous? D'abord, il faudrait...
Quand la loi C-89 va-t-elle entrer en vigueur? Est-ce qu'on le sait?
M. Marx: Non, on ne le sait pas, mais c'est pour le début
de l'automne.
M. Filion: Le début de l'automne. M. Marx: C'est ce
qu'on souhaite.
M. Filion: Et ce sera une souce très importante de
financement.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Combien prévoyez-vous, sur une base annuelle,
à peu près?
M. Marx: Entre 1 200 000 $ et 1 500 000 $, quelque chose comme
cela. Il est difficile de prévoir exactement. Disons 1 300 000 $.
M. Filion: Cela peut vouloir dire, finalement, que pour le fonds
d'aide, on peut penser à un budget qui variera entre 2 000 000 $ et 6
000 000 $. Je mets des chiffres extrêmes, peut-être?
M. Marx: Je pense que si on commence avec 2 000 000 $, ce sera
bon. Et si on a besoin d'autre argent, il y a toujours la possibilité
d'avoir l'argent voté, des crédits votés par
l'Assemblée nationale, ce n'est pas exclu. Parce qu'on aide des
victimes... On donne certains services aux victimes à ce moment-ci, mais
avec l'argent du ministère de la Justice.
M. Filion: Je pense qu'à l'article 12, c'est
peut-être le temps de poser la question que je soulevais en Chambre lors
des discours de deuxième lecture. Il y a des criminels qui... On sait
que les crimes sont jugés généralement spectaculaires par
les médias. Il y a eu Jacques Mesrine en France. Ici, on a eu aussi nos
espèces de héros, entre guillemets et dans le mauvais sens du
mot. Ces gens-là écrivent souvent des livres ou consentent
à vendre presque l'histoire de leur vie pour établir le
scénario d'un film. Le ministre, quand il était assis à ma
place, s'est livré à de grands, de magnifiques, de spectaculaires
discours là-desssus.
Le Président (M. Kehoe): il était bon.
M. Filion: Le député de Marquette s'en souvient, il
était bon.
M. Marx: Oui, mais je me suis livre à beaucoup de
discours. Je ne peux pas donner suite à tous mes discours dans le
même mois. Le député de Taillon ne peut pas siéger,
ici, de dix heures du matin jusqu'à minuit pour adopter des lois
à la suite de mes discours dans l'Opposition, mais je peux dire, M. le
Président, que j'ai fait beaucoup de discours. J'ai fait des discours
sur les saisies abusives, c'est adopté. J'ai fait des discours sur le
Code civil, tout le code est déjà déposé.
M. Filion: Ah un instant, il en reste.
M. Marx: Tout le code est déposé. J'ai fait des
discours sur les femmes battues, la politique est en place et cela marche
très bien, même si cela fait mal au député parfois
quand tout marche très bien. Fermeture des prisons, cinq de
fermées. Fermeture à Trois-Rivières et nouvelle
construction, c'est fait. Sherbrooke, même chose. Est-ce que je continue
la liste, parce que...
Le Président (M. Kehoe): Cela ne finirait plus.
M. Marx: C'est cela et je ne veux pas embarrasser le
député de Taillon. Loi sur les règlements, Code de
procédure pénale, unification des tribunaux, c'est pourquoi je
suis un peu essoufflé ce matin, M. le Président.
M. Filion: La démonstration m'assomme, moi aussi, M. le
Président. Vous m'en voyez com plètement soufflé. Mais je
vais revenir à la charge avec la question que je voulais poser au
début.
M. Marx: On a fait plus en deux ans et demi que l'ancien
gouvernement n'a fait pendant neuf ans en matière de justice. On n'a pas
que fait plus, on a fait peut-être cinq ou dix fois plus. L'ancien
gouvernement n'avait qu'une politique: le dépôt, une fois par
session, d'un projet de loi omnibus. Tout était dedans, c'était
un fourre-tout.
M. Filion: C'est vrai, M. le ministre, vous avez donné
plus à Alliance-Québec que tous les autres gouvernements qui vous
ont précédé.
M. Marx: Ce n'est pas sûr. De toute façon je n'ai
rien donné, M. le Président, on n'a rien donné,
c'était un règlement entre avocats à la cour. C'est cela.
Mais je peux vous donner des exemples où on a fait des règlements
pour payer 100 000 $ aux avocats.
M. Filion: Dans le cadre d'un règlement, pour
éviter un litige judiciaire, M. le ministre. (12 heures)
M. Marx: Pour, pour ré...
M. Filion: Vous êtes capable de faire la distinction entre
les deux.
M. Marx: Non.
M. Filion; Lorsque vient le temps d'éviter un procès et de
régler une cause, là, c'est évident...
M. Marx: Tout ce que je peux dire sur...
M. Filion:... qu'on met de l'argent sur la table.
M. Marx: J'espère que le député...
M. Filion: Mais lorsqu'il s'agit - laissez-moi terminer...
M. Marx: Oui.
M. Filion:... de financer un organisme qui assume la
défense d'individus, pas la défense, la poursuite d'individus qui
viennent contester une Ici adociée par le Parlement, je vais vous
dire... De toute façon, je sais que vous avez lu mon texte
là-dessus, parce que je n'ai pas vu de réponse à mon texte
dans aucun journal.
M. Marx: Mais j'ai...
M. Filion: Alors,...
M. Marx:... mais je ne vais pas...
M. Filion:... quant à moi, la démonstration est
faite.
M. Marx:... M. le Président, je ne veux pas continuer ce
débat.
M. Filion: On peut continuer, j'ai, d'ailleurs, beaucoup de
question à poser au ministre. | Le Président (M. Kehoe):
Est-ce qu'on ' revient à l'article 12? Est-ce qu'on revient... ?
M. Filion: Est-ce qu'il a reçu d'autres comptes des
avocats?
M. Marx: Chaque fois que le député me pose des
questions semblables, nous montons dans les sondages, nous sommes à 66
%.
Le Président (M. Kehoe): Bon!
M. Marx: Qu'il continue. Chaque jour, cela monte de 1 %.
Le Président (M. Kehoe): Bon! Est-ce qu'on revient...
M. Marx: On peut passer à 70 % s'il continue, là.
Bon!
M. Filion: M. le Président... M. le Président, que
le premier ministre se mette à gouverner avec les sondages, soit, cela
fait partie un petit peu de sa formation. Mais, que le ministre de la Justice
vienne me servir des sondages, je dois vous dire que cela m'inquiète.
Moi, cela m'inquiète. Que le ministre de la Justice administre en
fonction...
M. Marx: Monsieur! On va bientôt... M.
Filion:... des sondages...
M. Marx:... avoir le sondage du peuple dans les comtés
d'Anjou et de Roberval. Cela va être un autre indice pour le
député de continuer à nous poser les mêmes
questions.
M. Filion: Vous pouvez en être sûr; j'en ai d'autres
à part de cela.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'on peut revenir
à l'article 12, M. le député?
M. Filion: Un petit peu plus serrées, par exemple, en
pressant un petit peu plus pour faire peur au ministre.
M. Marx: Bon!
Le Président (M. Kehoe): Article 12? Adopté?
M. Filion: Non, j'avais une question à poser. C'est ce qui
a commencé le bal. Ma question était simple.
Une voix: Oui.
M. Filion: Est-ce que vous avez l'intention de prévoir...
Pourquoi ne prévoyez-vous pas, devrais-je dire... Dans le projet de loi
qu'on étudie, pourquoi ne pas prévoir le cas où des
profits seraient encaissés par des auteurs d'actes criminels?
M. Marx: Parce que vous êtes dans la mauvaise loi. Cela...
Le problème... Le député, M. le Président...
M. Filion: Non, c'est correct, répondez-moi, ce n'est pas
grave, je suis dans la mauvaise loi, Lisez.
M. Marx: il est dans la mauvaise loi, dans ce sens...
M. Filion: Vous savez tout, je ne sais rien.
M. Marx: Le député a parlé des profits sur
les livres. J'ai pensé à cela et j'ai proposé - à
l'instar de la législation dans un certain nombre d'États
américains et, effectivement, c'est ce qu'on fait dans de tels cas -
qu'on lève la prescription. C'est le but de la loi. On lève la
prescription; on permet des poursuites civiles, même cinq, dix ou quinze
ans après l'acte. Si on veut procéder avec une telle
réforme ou avec une telle disposition, il faut, à mon avis, que
cela soit inclus dans la Loi sur l'indemnité des victimes d'actes
criminels parce que c'est en vertu de cette loi que les victimes sont
indemnisées. Il n'est pas exclu que, dans une autre session, je propose
de telles modifications. Nous avons étudié cela, nous avons
déjà étudié toutes les fois américaines qui
touchent le sujet. C'est bien possible que cela revienne à un autre
moment mais cela sera dans la Loi sur l'IVAC. La Commission des institutions
peut peut-être se donner le mandat d'initiative d'étudier l'IVAC
aussi, comme la Commission des droits de la personne...
M. Filion: On n'a pas fini d'examiner la Commission des droits de
la personne.
M. Marx: ...et proposer des modifications au gouvernement.
M. Filion: Bon! Ce que je voulais dire là-dessus au
ministre, c'est ceci... L'idée de permettre aux auteurs d'actes
criminels de s'enrichir lorsqu'ils ont été condamnés - on
parle toujours, là, de condamnations claires...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...par les tribunaux, etc. - me répugne aussi,
personnellement. Puisque les victimes, elles, ont souvent, ici au Québec
le mécanisme d'indemnisation des victimes d'actes criminels... Mais le
fonds, lui, a le pouvoir... D'ailleurs, il est subrogé pour l'argent
qu'il paie, sauf erreur...
M. Marx: C'est cela. Subrogé.
M. Filion: ...le fonds aurait le pouvoir, donc...
M. Marx: Mais il y a la prescription.
M. Filion: ...malgré la prescription, de
récupérer l'argent qu'il aurait versé aux victimes.
Lorsqu'il paie il est subrogé aux droits des victimes contre les
auteurs. Donc, lever la prescription pourrait profiter, de façon
générale, dans l'ensemble de l'opération...
M. Marx: Si on lève la prescription.
M. Filion:... Oui, oui. M. Marx: Oui, c'est cela.
M. Filion: Bien cela, vous soulevez le mécanisme...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...n'importe quel mécanisme est bon...
M. Marx: D'accord.
M. Filion: ...et on peut supposer, d'ailleurs, que des saisies
avant jugement seraient bien accueillies dans certains cas.
M. Marx: Si on lève la prescription, faut-il la lever
aussi si le contrevenant gagne au 6/49? Supposons qu'il gagne au 6/49
après dix ans en prison...
M. Filion: Non. M. Marx: Non?
M. Filion: On parie des fruits des crimes qu'il a commis...
M. Marx: Juste les écrits.
M. Filion: ...Directs et indirects. Alors, voilà, le
message est fait. Espérons que le ministre va nous amener cette loi
progressiste.
M. Marx: M. le Président, je trouve que le
député de Taillon fait bien, il lit mes anciens discours
et...
Le Président (M. Kehoe): Excellent!
M. Marx: ...je pense que ça l'alimente pas mal dans ses
réflexions.
M. Filion: Une chose est certaine, cela ne m'empêche pas de
dormir.
Le Président (M. Kehoe): Vous vous admirez l'un l'autre,
n'est-ce pas?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. L'article 13?
M. Marx: On vous admire aussi, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Vous avez du goût.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Kehoe): L'article 13?
M. Filion: L'article 13.
M. Marx: L'article 13 du projet de loi prévoit que le
fonds consolidé du revenu est grevé des sommes payables par le
fonds d'aide jusqu'à concurrence des suramendes compensatoires
perçues en vertu du Code criminel et de la contribution
fédérale à l'aide aux victimes d'actes criminels. Cela
veut dire que l'argent, les suramendes sont...
M. Filion: C'est cela qui est inquiétant. M. Marx:
L'argent est étiqueté.
M. Filion: C'est cela le problème. En deux mots, on ne
peut pas aller chercher dans le fonds consolidé du revenu plus que le
montant des suramendes et l'accord du gouvernement du Canada.
M. Marx: Non.
M. Filion: Mais on peut faire des avances, par exemple. C'est
cela?
M. Marx: C'est cela. On peut même donner l'argent si le
gouvernement décide de puiser dans le fonds consolidé.
M. Filion: Mais le problème c'est que vous êtes
vraiment à la merci du Conseil du trésor dans cette
réforme.
M. Marx: Non, attendez une minute.
M. Filion: Je vais vous expliquer comment.
M. Marx: Pas pour les 2 000 000 $.
M. Filion: D'abord, on peut aller en chercher dans le fonds
consolidé. On a trois sources de revenus, grosso modo. Les
crédits, mais là, on | n'a pas de budget voté et pas de
crédits prévus dans le budget 1988-1989. Les dons et autres
contributions, mais c'est attendre quelqu'un d'autre pour s'aider et le
ministre des Finances. Le ministre des Finances peut aller chercher de l'argent
dans le fonds consolidé du revenu, mais jusqu'à concurrence des
suramendes qui nous viennent directement ou indirectement des mécanismes
fédéraux. Si le projet de loi entrait en vigueur juste dans un an
et que les juges prenaient une autre année avant d'appliquer la
suramende, on sera là pendant x mois, y années, sans argent ou
à peu près. Vous allez être obligé de quêter
cela à la "cenne" pour faire fonction- ner votre fonds.
M. Marx: Non. M. le Président...
M. Filion: À moins que je ne comprenne mal les
mécanismes financiers, mais c'est comme cela que je les comprends.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Vous allez être en demande. En deux mots, vous
allez chercher des sous tout le temps.
M. Marx: Ici à l'article 13, il s'agit des crédits
permanents que le projet de loi consacre exclusivement à l'aide aux
victimes. Ils sont constitués des sommes équivalant aux
suramendes et à la contribution fédérale. Il y aura une
contribution fédérale de 650 000 $.
M. Filion: Ah oui?
M. Marx: Oui. Plus des suramendes.
M. Filion: Quand vont rentrer les 650 000 $?
M. Marx: Dès que la loi fédérale, entre en
vigueur, j'imagine.
M. Filion: C'est cela le problème. Tant que la loi
fédérale ne sera pas entrée en vigueur, votre locomotive
ne partira pas de la gare.
M. Marx: Je comprends que le montant de 650 000 $
rétroactif à cette année. Même si la loi
fédérale entre en vigueur le 1er octobre, c'est
rétroactif.
M. Filion: Mettez de côté les 650 000 $ qui vont
servir au démarrage. Le reste?
M. Marx: Les 650 000 $, on va les avoir chaque année.
M. Filion: C'est annuel?
M. Marx: C'est annuel, c'est 0,10 $ par citoyen.
M. Filion: Cela vaut la peine de faire de bons recensements.
M. Marx: Si la population augmente à 7 000 000 au
Québec, on aura 700 000 $.
M. Filion: Si on travaille moins, on va peut-être aller
faire des enfants.
M. Marx: L'autre source, ce sont les suramendes due nous avons
estimées, qui seront de l'ordre de 1 300 000 $ ou quelque chose de
semblable, donc 2 000 000 $.
M. Filion: On comprend, M. le ministre que pour aller chercher de
l'argent, vous êtes en demande tout le temps.
M. Marx: Non, non, parce que pour les 650 000 $ et les
suramendes, 1 300 000 $, donc 2 000 000 $, cela nous appartient pour les
services aux victimes, cela appartient au ministère de la Justice...
M. Filion: Ce n'est pas écrit dans le projet de loi
cela.
M. Marx: ...et "le fonds consolidé du revenu est
grevé des sommes payables par le fonds d'aide jusqu'à
concurrence..."
M. Filion: Mais il n'est pas obligé de payer. Le fonds
consolidé est grevé mais il n'est pas obligé de payer.
M. Marx: Mais il est... Qu'est-ce qu'il va faire avec?
M. Filion: Vous dites que l'argent est étiquette.
M. Marx: il ne peut pas mettre l'argent ailleurs, il ne peut pas
acheter des ambulances avec cet argent.
M. Filion: il peut faire des crédits
périmés, par exemple.
M. Marx: Non parce que l'argent sera dans le fonds jusqu'au
moment où... D'accord.
M. Filion: Oui.
M. Marx: Ce sont des crédits permanents. Les
fonctionnaires du ministère de la Justice m'ont assuré de
cela.
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 14?
M. Marx: L'article précise le mode de gestion du Fonds
d'aide aux victimes d'actes criminels. On suit la règle des autres
fonds.
M. Filion: Ça, je ne comprends pas ça, par exemple.
Je ne comprends pas pourquoi ce n'est pas vous ou le contrôleur des
finances qui vous occupiez de la gestion de ces sommes-là.
M. Marx: il faut voir la Loi sur l'administration
financière.
M. Filion: Oui.
M. Marx: On a d'autres fonds qui sont gérés de la
même façon, par exemple, c'est le cas du Fonds de la
réforme des cadastres québécois. Cela fonctionne comme
cela, cela ne nous cause pas de problèmes.
M. Filion: Regardez, dans l'article 14, on dit que c'est le
ministre de la Justice, finalement, qui va s'occuper de la comptabilité
puis de l'enregistrement des engagements financiers. C'est vous qui allez
être responsable en quelque sorte, mais on en confère la gestion
au ministre des Finances. C'est lui qui va décider. Si, à un
moment donné dans l'année, vous décidez, vous, à
même le fonds de créer, par exemple, un peu plus de centres locaux
et que vous décidez - il y a des organismes qui bougent - d'un nouveau
programme dans la région de Montréal intéressant pour les
vieillards victimes de sévices, de brutalités, vous êtes
obligé d'aller quêter au ministre des Finances l'argent dont vous
avez besoin.
M. Marx: Non, ce n'est pas quêter. Mais je peux vous donner
une autre explication plus, comment dirais-je...
M. Filion: Technique.
M. Marx: Plus technique, si vous voulez...
M. Filion: Oui, allez-y.
M. Marx: ...ou plus complète. En principe, la
comptabilité d'un gouvernement est tenue par le contrôleur des
finances qui enregistre également les engagements financiers imputables
sur les crédits. A cette fin, le contrôleur peut poster un
fonctionnaire de son service dans tout ministère. Cela se retrouve aux
articles 13 et 15 de la Loi sur l'administration financière. Cette
règle n'a toutefois pas été retenue pour le fonds d'aide
en raison des coûts administratifs qu'elle aurait engendrée. Il
aurait fallu, en effet, que le contrôleur des finances affecte un de ses
fonctionnaires spécifiquement au fonds d'aide. Cela aurait
été inefficace administrativement et aurait été
contraire à l'esprit du fonds d'aide qui est de lui donner plus
d'autonomie. L'article 14 vient donc prévoir que c'est le ministre de la
Justice qui tient la comptabilité du fonds d'aide de même que
l'enregistrement des engagements financiers du fonds. Par l'effet de l'article
14, le ministre de la Justice fournira les états financiers du fonds de
la manière conforme aux normes du contrôleur des finances.
M. Filion: Adopté. Je pense que les explications du
ministre sont...
Le Président (M. Kehoe): L'article 15?
M. Filion: En tout cas, cela reste là, mais adopté.
Et puis, si le ministre est... Il faut que cela marche, j'espère qu'on
n'aura pas de problèmes.
Le Président (M. Kehoe): L'article 15 est
adopté?
M. Marx: Non, l'article 14 est adopté.
M. Filion: L'article 14 est adopté, on est à
l'article 15.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 15.
M. Marx: J'ai un amendement pour l'article 15, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Je vais lire l'amendement
à l'article 15 du projet de loi: "Supprimer le mot "locaux" dans la
dernière ligne du premier alinéa. " L'amendement à
l'article 15, version anglaise: "Dans la version anglaise de l'article 15 du
projet de loi, remplacer, dans les quatrième et cinquième lignes
du premier alinéa, l'expression "local assistance centres" par la
suivante "victims of crime assistance centres". (12 h 15)
M. Marx: Adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que les amendements sont
adoptés?
M. Filion: Oui, adopté. On en avait parlé la
dernière fois et le ministre nous avait dit qu'il ferait sauter
"locaux".
Le Président (M. Kehoe): Les amendements sont
adoptés?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 15 est
adopté?
M. Filion: Bon, sur l'article 15, je ne sais pas si le ministre
veut ajouter quelque chose parce que le règlement...
M. Marx: L'article 15 proposé se rapporte au soutien
financier des groupes et organismes communautaires qui oeuvrent dans le domaine
de l'aide aux victimes d'actes criminels. À cette fin, il prévoit
que le ministre de la Justice pourra accorder une telle aide financière
aux personnes, groupes et organismes qui remplissent les conditions
fixées par règlement du gouvernement aux fins suivantes:
"favoriser le développement de services d'aide, notamment pour assurer
l'implantation et le maintien de centres d'aide aux victimes reconnus
conformément à l'article 10; "favoriser la recherche sur toute
question relative à l'aide aux victimes de même que la
réalisation et la diffusion de programmes d'information, de
sensibilisation et de formation. "
Maintenant, c'est vrai que... Je sais que le député va
sûrement me poser une question concernant la réglementation. Je
pense que la réglementation favorisera davantage les groupes qui vont
faire la demande parce qu'ils vont savoir quelle est l'information qu'ils
doivent soumettre au ministère. Sans la réglementation, ce serait
laissé à la discrétion du ministre ou du ministère
de demander certaines informations à un groupe et d'autres informations
à un autre. Si les règles sont bien définies et rendues
publiques, cela va bénéficier aux groupes qui font les demandes.
L'information qu'on va demander... On ne peut pas mettre le règlement
dans la loi, vous comprenez. On ne peut pas...
M. Filion: Oui.
M. Marx: Mais c'est...
M. Filion: Le règlement est drôlement important.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Je ne sais pas si on s'en rend compte autour de la
table, mais c'est le règlement qui va dire qui va avoir droit de
recevoir de l'aide ou pas et tout cela. En deux mots, on passe une belle
loi mais c'est le règlement qui va tout...
M. Marx: Non, mais cela est un ancien discours. Il faut le
répéter quand il y a du fond.
M. Filion: C'est tout à fait exact. M. Marx: Oui,
mais il n'y a pas de...
M. Filion: Écoutez, il peut accorder une aide
financière... Laissez-moi terminer, là.
M. Marx: Oui.
M. Filion: "Le ministre de la Justice peut accorder une aide
financière à toute personne ou organisme qui remplit les
conditions déterminées par règlement... "
M. Marx: Est-ce que ce serait mieux que ce soit seulement
à ma discrétion, sans règlement? Ce serait pire.
M. Filion: C'est évident.
M. Marx: Supposons qu'on enlève cela. Enlevez cet article.
Qu'est-ce qu'on a? C'est le ministre, à sa discrétion, qui donne
ou ne donne pas. Les règles ne sont pas publicisées. Les gens
ne savent pas. Prévoir un règlement, c'est être plus
juste avec tout le monde. Les apparences...
M. Filion: C'est une norme, M. le ministre. Il ne faut pas...
écoutez, les normes, vous savez... Les normes, cela a du bon mais cela
n'a pas seulement du bon. Des normes, on peut en faire. Pour moi, chaque fols
qu'on crée une norme, on crée une injustice parce qu'il y a
toujours des cas qui devraient rentrer dedans mais qui ne rentrent pas. Cela en
prend quand même des normes, sinon c'est l'entière
discrétion qui jouerait, j'en suis. Le problème avec le
règlement, c'est... Est-ce que vous seriez d'accord, par exemple, pour
vous engager à ce que le projet de règlement soit
déposé à la commission des institutions?
M. Marx: Dès que le règlement sera adopté,
ce sera déposé, oui.
M. Filion: Pas adopté. Avant que le projet de
règlement soit publié, est-ce que vous seriez d'accord pour vous
engager à ce qu'il soit soumis à la commission des
institutions?
M. Marx: Je ne peux pas m'engager parce qu'il faut que je
respecte la Loi sur les règlements et il faut que je respecte...
M. Filion: Je ne vous interdis pas de faire cela.
M. Marx: il faut que je respecte la procédure du
gouvernement, le processus de l'adoption des règlements. Je ne peux pas
déposer des règlements ici avant que ce soit déposé
au Conseil exécutif. Cela ne fonctionne pas comme cela.
M. Filion: Est-ce...
M. Marx: Et il y a d'autres problèmes, bien sûr.
Supposons qu'on adopte un règlement au mois d'août quand la
commission ne siège pas-Mais, de toute façon...
M. Filion: Juste pour l'information des membres de...
M. Marx: ...tes règlements ne sont pas adoptés de
cette façon. Je peux vous assurer que le règlement sera fait pour
aider les gens qui font la demande et pas pour les...
M. Filion: il y a une petite chose qui me chicote.
M. Marx: On veut que les gens nous fassent... On veut que les
organismes communautaires ou les groupements nous fassent des demandes.
M. Filion: il y a une petite chose qui me chicote, M. le
ministre. J'aurais aimé que vous preniez l'engagement de nous le
déposer sans faire des choses illégales - La Loi sur les
règlements ne bouscule pas...
M. Marx: Mais, on va...
M. Filion: ...beaucoup de choses - mais juste de vous engager
à déposer à cette commission le règlement lorsqu'il
sera adopté ou lorsque cela sera possible de le faire - que ce soit un
projet ou que ce sort un règlement - pour qu'on puisse être
informé directement sans passer nos samedis soirs à lire la
Gazette officielle comme l'a fait le président probablement en
fin de semaine.
Le Président (M. Kehoe): Tous les samedis. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Filion: Je ne sais pas si cela serait possible pour le
ministre de s'engager à cela.
M. Marx: Je ne m'engage pas, mais je vais examiner la
question.
M. Filion: Deuxièmement, il y a une question dans le
deuxième alinéa de l'article 15. "Le ministre peut
également accorder une aide financière à toute personne ou
organisme qui remplit les conditions déterminées par
règlement, pour favoriser la recherche sur toute question relative
à l'aide aux victimes..."
M. Marx: Cela veut: dire... Plaidoyer victime, par exemple, c'est
un organisme qui peut faire de la recherche... Ce peut être une
personne... peut-être... oui ...un criminologue de l'Université de
Montréal...
M. Filion: Cela m'inquiète un peu. M. Marx:
Oui?
M. Filion: Je vais vous dire pourquoi. Vous avez
déjà dans votre ministère des sommes d'argent pour
administrer la justice. Et vouloir faire de l'aide aux victimes... Vous
comprenez que... Dès que cela va toucher à l'aide aux victimes...
À la justice, il y a au moins 50 % du travail qui touche aux victimes,
50 % qui touche au criminel, j'ai l'impression. Je ne parle pas du Solliciteur
général, je parle du ministre de la Justice. C'est cela, grosso
modo.
M. Marx: Oui, mais...
M. Filion: Juste pour aller au fond de ma pensée...
M. Marx: Je pense que vous comprenez mal ce qu'on propose
ici.
M. Filion: Mais là...
M. Marx: Par exemple, il y a la déclaration de la victime.
D'accord?
M. Filion: Oui.
M. Marx: Nous avons donné de l'aide, un soutien financier
et aussi des ressources - je pense que c'était plutôt des
ressources, mais cela revient au même - à Plaidoyer victime pour
coordonner ce projet pilote à Montréal. Ce serait utile de
répéter ces expériences, le cas échéant.
M. Filion: L'argent pour Plaidoyer victime, vous l'avez pris dans
le budget du ministère de la Justice?
M. Marx: Oui, mais cela revient au même parce que le
ministère de la Justice peut transférer l'argent chaque
année dans le fonds qui va être attribué aux services
destinés aux victimes.
M. Filion: D'accord.
M. Marx: Par exemple, cette année, nous avons donné
une subvention d'environ 120 000 $ à SOS Violence Conjugale. D'accord?
C'est pour la ligne téléphonique. C'était un des
engagements électoraux, à l'époque. Donc, j'y ai
donné suite aussitôt que nous avons été élus.
Bon, supposons que c'est 120 000 $. On va continuer d'utiliser ces 120 000 $
pour financer SOS Violence Conjugale, mais pour cela on ne va pas prendre
l'argent des 2 000 000 $. Comprenez-vous?
M. Filion: C'est ce qui est important.
M. Marx: C'est important. Cela dépend du ministre. Il peut
y avoir un ministre qui ne s'intéresse pas aux victimes et rien ne va se
faire. Si un ministre s'y intéresse, beaucoup va se faire.
M. Filion: Oui.
M. Marx: Par exemple, à l'Office de protection du
consommateur, j'ai pris quatre engagements, M. le Président. J'ai
déjà donné suite à trois d'entre eux et il y en a
un autre qui va venir bientôt. Donc, cela dépend du ministre en
place s'il est là à temps plein ou s'il est là à
temps perdu.
M. Filion: On dirait que le ministre est en train de
préparer une campagne électorale, M. le Président. I! n'en
finit pas de me faire le bilan de ses actions.
M. Marx: Non, mais je veux vous convaincre qu'on fait autre chose
que d'aller à la Cour suprême du Canada.
M. Filion: Pourtant, ils ont aboli le recen- sement sur...
Écoutez, je vais juste terminer là-dessus pour ne pas prolonger
le débat sur l'article 15. Ma préoccupation est la suivante. Le
Bureau d'aide aux victimes d'actes criminels. À l'alinéa 4, on
dit: Le bureau "favorise la réalisation et la diffusion de programmes
d'information, de sensibilisation et de formation concernant les droits et les
besoins..." L'article 9.4.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Comme je l'ai dit la semaine dernière, le
bureau c'est un "rassemblage" de fonctionnaires.
M. Marx: Sept ou huit fonctionnaires. Pas un "rassemblage".
M. Filion: J'ai dit ce que je pensais la semaine
passée.
M. Marx: Les fonctionnaires derrière moi ne sont pas
très heureux d'entendre que le bureau...
M. Filion: Le Bureau d'aide aux victimes... On n'avait pas besoin
de passer...
M. Marx: ...est un "rassemblage".
M. Filion: On n'avait pas besoin du tout de passer une loi pour
le créer. Le ministre peut se créer des bureaux et en faire vingt
tout de suite dans son ministère.
M. Marx: il y a une différence entre...
M. Filion: il n'est pas obligé de passer une loi.
Laissez-moi terminer.
M. Marx: Dans une loi et dans...
M. Filion: Évidemment, quand le bureau va décider
de faire des choses, c'est le ministère qui va payer. Je crains qu'on
crée une petite case qui s'appelle les victimes d'actes criminels et
que, dès que cela les touche, houps, on aille au fonds pour aller
chercher de l'argent. Un criminologue veut faire une recherche à
l'Université de Montréal là-dessus, c'est plein d'amis du
ministre et du député de Taillon aussi...
M. Marx: il n'y a pas beaucoup d'autres écoles de
criminologie au Québec.
M. Filion: ...on va aller chercher l'argent dans le fonds d'aide.
Ce que je veux, ce que je dis au ministre, ce sur quoi j'attire son attention,
c'est qu'if faut que l'argent du fonds aide les victimes et ne serve pas
à payer des coûts administratifs actuellement assumés par
le ministère de la Justice. Je comprends que le ministre de la Justice
puisse passer de l'argent du ministère au fonds en vertu de
l'alinéa 1 de l'article 12, mais il faut éviter que, dès
que cela
touche aux victimes, ce soit le fonds d'aide. J'espère que...
grosso modo, la moitié du travail - du travail du ministre comme
ministre de la Justice - touche au criminel, cela concerne les victimes.
L'autre moitié concerne les auteurs des actes criminels. Il ne faudrait
pas que dès que cela touche...
M. Marx: Je peux...
M. Filion: Laissez-moi terminer, cela ne sera pas long. Vous
savez, je vous laisse parler, je ne vous interromps jamais. ... lorsque cela
touche aux victimes, on aille au fonds d'aide, on paie des études
à droite, des programmes de publicité à gauche et qu'il ne
reste plus d'argent pour vraiment aider la victime. C'est ce que je crains.
J'attire l'attention du ministre pour être bien...
M. Marx: il y a trois choses essentielles pour moi dans ce projet
de loi. Je pense que vous allez voir cela dans les mois à venir.
D'abord, avoir un bureau pour élaborer les programmes...
M. Filion: On n'a pas besoin d'une loi pour cela.
M. Marx: Besoin ou non.
M. Filion: Oui, mais on n'en a pas besoin.
M. Marx: Ensuite, établir des centres d'aide aux victimes,
c'est essentiel. La troisième chose, c'est d'avoir l'argent pour le
faire. Pour moi, l'essentiel c'est d'avoir ces centres d'aide aux victimes.
C'est le but de ce projet de loi. Vous allez voir que cela va se
réaliser. J'espère qu'il sera possible d'annoncer la mise en
place de deux centres d'ici à la fin de l'été, pour
commencer.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 15, tel
qu'amendé est adopté?
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Une question. Mme la députée de
Groulx.
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde. Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: J'ai, dans mon comté, le cas pitoyable d'une
victime d'acte criminel. J'ai essayé de faire des représentations
auprès de l'avocat de l'aide juridique pour ce monsieur qui n'a pas les
moyens. Je dois dire que cela retarde et retarde et il n'arrive pas à
s'en sortir. Il m'a encore appelé à Québec, cette semaine.
Je veux savoir si votre projet de loi, M. le ministre, va permettre aux
victimes d'avoir plus d'aide qu'elles n'en ont actuellement parce que cela n'a
pas d'allure?
M. Marx: Oui. En ce moment, je ne peux pas dire qu'il n'y a pas
de services, il y a des services, mais ils sont très inégaux dans
tout le Québec. Il y a des bénévoles qui s'occupent des
victimes dans une région et pas dans une autre, dans une ville et pas
dans l'autre. Ce n'est pas bien organisé, ce n'est pas bien
structuré. Il s'agissait de projets pilotes qui ont duré un, deux
ou trois ans et qui sont tombés à l'eau. Donc, il va y avoir plus
de services. En passant, je peux vous parler après ou je peux demander
à quelqu'un de vous parler pour essayer de régler le cas de votre
commettant.
Mme Bleau: Quand la loi sera-t-elle en application - vous jugez
que ce sera à l'automne - pour les cas qui n'auront pas
été jugés mais dont la demande a été faite?
Dans mon cas, la demande a été faite, mais cela ne marche pas.
(12 h 30)
M. Marx: À I'I VAC, en vertu de la loi?
Une voix: Oui. Est-ce que la loi actuelle va pouvoir aider ces
gens à obtenir justice?
M. Marx: Cela va les aider à avoir plus de services et
plus d'informations. Cette loi ne touche pas la Loi sur l'indemnisation des
victimes d'actes criminels. Mais la directrice responsable de l'administration
de cette loi est ici et vous pouvez lui parler tout de suite.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 15, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Filion: J'ai des réserves. Je les ai exprimées,
mais adopté. Le ministre va être vigilant là-dessus.
M. Marx: Si c'est moi le ministre, il n'y a pas de
problème.
M. Filion: Si c'est vous le ministre... Un jour, cela va changer
quand même. Je n'arrive pas à croire que dans 48 ans...
M. Marx: Si je suis la victime, ce sera mauvais pour les autres
victimes.
M. Filion: Si vous êtes victime d'un remaniement.
M. Marx: Ce sera mauvais pour les autres victimes.
Le Président (M. Kehoe): L'article 16.
M. Filion: À l'article 16, pas besoin de lire ce que vous
avez, M. le ministre. Moi, j'ai une question qui me chicote bien gros. Les
fonctionnaires du bureau seront payés à même l'argent du
fonds. Quand je dis fonctionnaire, ce n'est
pas péjoratif. Qu'on se comprenne bien. Fonctionnaire, c'est un
terme... J'ai dit tantôt: C'est un "rassemblage" de fonctionnaires.
J'aurais dû dire: C'est un endroit de rassemblement de fonctionnaires au
lieu de "rassemblage". Cela a i'air péjoratif. Mais cela ne l'est pas du
tout dans mon esprit et je suis convaincu que les gens qui suivent le ministre
depuis le début le savent.
Ceci étant dit, est-ce que vous ne croyez pas que la
rémunération des gens affectés au bureau devrait continuer
à relever du ministère de la Justice pour qu'on puisse être
sûr que l'argent qui est dans le fonds sert - j'allais dire le plus
directement possible - à... J'avoue que c'est peut-être comptable
mais il me semble que je serais plus...
M. Marx: Si le ministre en place le veut, c'est seulement un
transfert de fonds d'un compte à l'autre. Si c'est moi qui suis en
fonction, il y aura de ces transferts parce que je veux m'assurer qu'on fasse
le plus rapidement possible tout ce que la loi prévoit,
c'est-à-dire qu'on établisse des centres d'aide aux victimes
d'actes criminels. Il faut procéder d'une façon ordonnée.
On ne peut pas établir 25 ou 50 centres demain matin. Il faut avoir des
manuels, de l'information, des gens qui vont former ceux qui travailleront dans
ces centres. Il faut avoir des professionnels pour encadrer les
bénévoles. Mais le bureau n'aura, pour commencer, que quelques
employés. Ce sera une équipe légère, quatre ou cinq
fonctionnaires. Cela ne prendra pas...
M. Filion: Le danger, M. le ministre, c'est d'arriver avec le
ministère de la Justice - qui est le ministère de la Justice
depuis qu'on a un système démocratique ici - et, dans ce
ministère de la Justice, d'avoir une petite boîte qui s'appelle
l'aide aux victimes d'actes criminels avec le bureau et le fonds, qu'on ait
presque deux ministères, que tous les fonctionnaires qui travaillent au
bureau soient payés par ce fonds, qu'on y envoie tout cela.
L'aide aux victimes est une partie essentielle du ministère de la
Justice. Ce n'est pas seulement un accessoire. Si vous le dépouillez, si
vous enlevez au ministère de la Justice sa responsabilité
à l'égard des victimes, vous lui enlevez en matière
criminelle la moitié de sa responsabilité. Cela n'aurait pas de
sens. Sinon, on va faire disparaître...
M. Marx: On n'a pas fait beaucoup pour les victimes
jusqu'à maintenant.
M. Filion: Cela existait dans le ministère. Il se faisait
beaucoup dans votre ministère, M. le ministre, depuis deux ans et demi,
en ce qui concerne les victimes.
M. Marx: On la fait pour la violence conjugale. Dans les palais,
on a certains services. Mais pour moi, l'essentiel était
d'établir ces centres qui existent en Angleterre et en France.
M. Filion: C'est correct, ça. M. Marx: Pour moi,
c'est...
M. Filion: C'est la clé de ce que vous voulez faire, je le
comprends.
M. Marx: C'est la clé. Il y a des services mais il y a
d'autres choses qu'on ne peut pas mentionner ici et qu'il faut revoir et
refaire, par exemple, l'INFOVAC.
M. Filion: L'INFOVAC.
M. Marx: L'INFOVAC, il faut reprendre cela et le mettre à
jour pour l'organiser davantage.
M. Filion: Auriez-vous objection à ce que tout ce qui
concerne le bureau continue à relever du ministère de la
Justice?
M. Marx: Je ne peux pas parce que, là où il y a des
fonds, c'est toujours écrit comme cela. Au Manitoba et au
Nouveau-Brunswick, c'est la même chose. Je pense que cela dépend
des priorités du ministre. Si le ministre a les victimes comme
priorité, et c'est, une de mes priorités, il peut mettre plus
d'argent dans cela.
M. Filion: Vous vous rendez compte... Supposons qu'il y a 2 000
000 $ dans le fonds la première année. Bon, là, on va
arriver, on va avoir quatre représentants, quatre serviteurs de
l'État qu'on va devoir payer puis trois secrétaires, bon, cela
fait sept...
M. Marx: Non, cela ne fait pas sept.
M. Filion: ...et cela va coûter 450 000 $. Puis là,
2 000 000 $ moins 450 000 $, il va rester juste 1 500 000 $. On va donner 200
000 $ pour des études. Bref, c'est de l'argent qui n'ira pas aux
victimes.
M. Marx: Si on prend la personne qui est maintenant responsable
du bureau en vole de formation, on n'a pas prévu de prendre dans le
fonds son salaire. Me Christine Viens, qui est procureur de la couronne, est
payée par la couronne mais est prêtée comme directrice
et...
M. Filion: C'est elle qui va diriger le bureau?
M. Marx: Oui, probablement.
M. Filion: Vous me dites que ce ne serait pas un travail à
temps plein.
M. Marx: Oui, c'est à temps plein. Si
quelqu'un, comme elle, procureur de la couronne, est prêté
pour faire ce travail, ce n'est pas comme on a déjà dit, ce n'est
pas chargé au fonds. Elle est prêtée par la couronne, par
une direction générale et elle est payée par cette
direction générale.
M. Filion: Ma suggestion avait pour but d'éviter que la
bureaucratie ne s'installe dans le fonds. C'est cela l'essence de ma
suggestion, éviter la technocratie et la bureaucratie, non pas, encore
une fois... Ce sont des éléments normaux mais...
M. Marx: M. le Président, la bonne foi, cela se
présume, c'est écrit dans le Code civil. Je n'ai pas
demandé d'argent au Conseil du trésor pour instaurer une ligne
téléphonique SOS Violence Conjugale. J'ai décidé
qu'on allait le faire au ministère et on a pris l'argent au
ministère. Quand même, c'est un ministère qui a un budget
de 352 000 000 $ ou à peu près. L'argent est là. Si on
décide de ne pas publier des pamphlets et de mettre l'argent ailleurs,
on peut le faire. Si on décide de ne pas donner de subventions à
tel ou tel organisme et de mettre cela dans les organismes qui traitent des
victimes, on peut le faire. Je pense que cela dépend beaucoup du
ministre.
M. Filion: Oui, cela dépend du ministre.
M. Marx: il y a une certaine structure, certains fonds, mais cela
dépend du ministre en place. Si je continue d'être là, il y
aura des centres partout au Québec d'ici 5, 10, 15 ans, et cela va bien
marcher.
M. Filion: Mais si vous partez dans un mois et qu'un autre
ministre arrive, on ne sait pas ce qui va arriver.
Le Président (M. Kehoe): L'article 16 est-il
adopté?
M. Filion: Oui.
Mme Bleau: C'est toujours à nous autres à
surveiller cela.
M. Marx: Le député de Taillon va parler au premier
ministre pour qu'il me garde en poste parce que ce sont les victimes qui
l'intéressent et il va tout faire pour me poser des questions simples
à l'Assemblée nationale pour que je puisse bien paraître
devant le premier ministre et les autres.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 16 est
adopté?
M. Marx: il va continuer à me poser des questions simples
comme il m'en pose depuis deux ans.
M. Filion: Voilà. C'est cela que j'allais dire, M. le
ministre.
M. Marx: Tout le monde fait du mieux possible. D'accord?
M. Filion: C'est cela. Je veux dire je suis un peu surpris de
votre commentaire parce que...
M. Marx: Cela va continuer.
M. Filion: Moi, j'ai cherché à vous mettre en
valeur, M. le ministre, depuis deux ans et demi.
M. Marx: Vous l'avez fait depuis deux ans et demi, je vous
remercie.
M. Filion: Non, mais au-delà de tout, finalement, revenons
à notre objectif fondamental, M. le ministre. Moi, mon problème
dans le projet de loi, c'est d'éviter de bâtir des espèces
d'habitudes bureaucratiques. Les gens vont arriver et vont vouloir donner de
l'argent. Vous pariiez du député de Taillon qui donnerait de
l'argent en vertu de l'article 12.2...
Le Président (M. Kehoe): Ce sera apprécié...
Combien?
M. Filion: ...qui ferait un don - pas un legs, j'espère -
pas tout de suite en tout cas, mais un don. J'aimerais bien avoir un certain
genre d'assurance que l'argent va servir aux victimes et non pas à payer
des salaires, et ce, non pas parce que les fonctionnaires ne s'occuperont pas
des victimes, mais quand même. Alors bref, le ministre est conscient...
On reviendra à la charge avec la députée de Groulx et le
député de Marquette pour s'assurer que...
M. Marx: Adopté? M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): 16 adopté. L'article
17?
M. Marx: À l'article 17, ce sont des avances.
M. Filion: Oui, cela c'est correct. Adopté. Le
Président (M. Kehoe): L'article 18? M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 19?
M. Filion: Je pense qu'on... oui, allez-y donc. Avez-vous un
petit résumé, M. le ministre,
des conséquences de 19?
M. Marx: J'ai un résumé, si vous voulez, oui. Le
fonds d'aide sera soumis, compte tenu des adaptations nécessaires, aux
articles suivants de la Loi sur l'administration financière: Les
articles 22 à 27, relatifs à l'approbation des budgets par le
Conseil du trésor et à la forme et teneur des documents à
lui être transmis de même qu'au système de
comptabilité à tenir; les articles 33 à 35, relatifs aux
pouvoirs du Conseil du trésor de prescrire, par règlement, la
forme et la teneur des livres et comptes à tenir et la manière
d'en rendre compte au Conseil du trésor; l'article 45 afin de permettre
la désignation des personnes qui pourront faire une demande d'imputation
d'engagements sur le fonds d'aide; l'article 47 afin d'établir qu'aucun
contrat comportant l'obligation pour le fonds d'aide de payer une somme
d'argent ne peut être fait à moins que le ministre de la Justice
ne certifie qu'il existe dans le fonds d'aide un solde disponible suffisant
pour exécuter les engagements découlant de ce contrat; l'article
48 afin d'établir... D'accord?
M. Filion: En deux mots, ce sont des espèces de normes de
comptabilité de l'administration...
M. Marx: C'est cela, c'est cela. C'est dans la loi.
M. Filion: ...de la gestion du...
M. Marx: Tout le monde est soumis à cela.
M. Filion: D'accord. Adopté.
Dispositions diverses
Le Président (M. Kehoe): Adopté. L'article 20?
M. Filion: L'article 20, c'est la suite de l'article 15.
M. Marx: On en a déjà discuté.
M. Filion: On en a déjà discuté.
M. Marx: C'est cela.
Le Président (M. Kehoe): Adopté.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Article 21?
M. Marx: C'est le pouvoir de signer des ententes avec le
gouvernement fédéral.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. Article 22?
M. Filion: Quel est l'esprit derrière l'article 22? Est-ce
que ce serait par exemple de regarder un petit peu ce qui se fait aux
États-Unis, peut-être d'essayer de...
M. Marx: C'est la réciprocité. M. Filion:
Oui.
M. Marx: L'article 22 a pour objet de permettre la conclusion
d'ententes de réciprocité avec d'autres provinces ou d'autres
pays en matière de programmes d'aide aux victimes d'actes criminels.
C'est tout.
M. Filion: Mais, est-ce qu'on regarde vers d'autres pays ou
uniquement au Canada? En deux mots, est-ce que cela existe aux
États-Unis quelque chose de semblable à cela?
M. Marx: il y a des services aux victimes d'actes criminels, mais
en ce qui concerne les centres prévus dans une loi, c'est surtout en
France. Il y a des centres au Royaume-Uni, en Angleterre, mais ils ne sont pas
prévus par la loi. On pense à faire une loi mais ce n'est
pas...
M. Filion: D'acord. Adopté.
M. Marx: L'article 23.
Le Président (M. Kehoe): L'article 23?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 24?
M. Filion: Bon, avant d'adopter peut-être le projet de loi
dans son entier, M. le Président...
Le Président (M. Kehoe): Oui.
M. Filion: ...à la dernière séance, j'avais
suggéré deux ou trois petites choses au ministre. Est-ce qu'il a
eu le temps de regarder cela un peu depuis la semaine dernière?
M. Marx: Oui, mais c'était juste technique, à
savoir: est-ce qu'on laisse une... Est-ce qu'on prévoit que le bureau
peut donner des avis au ministre... On n'a pas trouvé nécessaire
de modifier cela. Cela ne change rien, mais cela donne une indication aux gens
de ce qu'est le... comment dirais-je? le devoir ou les devoirs du bureau. Je
pense que cela peut être éducatif aussi. Mais sur le fond, je
pense que le député de Taillon avait raison quand il a...
M. Filion: D'accord. Je vous avais suggéré aussi...
Une autre suggestion que j'avais faite, c'était de changer le nom du
projet de loi.
Avez-vous regardé cela?
M. Marx: Changer cela pourquoi?
M. Filion: Parce que dans le fond c'est une loi sur les centres
d'aide aux victimes d'actes criminels. C'est le coeur du projet de loi.
M. Marx: C'est plus que cela. Bien c'est cela le coeur, c'est
cela, mais...
M. Filion: Oui, mais il y a le problème...
M. Marx: ...c'est la reconnaissance des droits, aussi. Mais ce
qu'on pourrait faire peut-être un jour, c'est avoir une loi sur l'aide
aux victimes d'actes criminels en deux parties, l'autre partie touchant
l'indemnité. Vous savez, c'est... parce que maintenant, on a deux
lois.
M. Filion: Oui, c'est un grave problème. Je vous dirai
qu'on m'a appelé là-dessus d'ailleurs, M. le ministre. Donc je
dois imaginer qu'à votre ministère on a dû vous appeler
encore bien plus souvent.
M. Marx: Ce n'est pas exclu.
M. Filion: Le problème c'est le suivant: on a
déjà une loi...
M. Marx: Sur l'indemnisation...
(12 h 45)
M. Filion: Si je dis à quelqu'un - je vais redonner mon
discours bien vite - si je dis à quelqu'un: je vais t'aider. Qu'est-ce
qu'il s'imagine? Cette personne-là s'imagine qu'elle va recevoir une
aide financière. Que voulez-vous, on vit dans un monde capitaliste.
L'aide financière... Notre projet de loi 8 ne fait rien pour l'aide
financière.
M. Marx: C'est vrai.
M. Filion: Tout le reste est dans la Loi sur l'aide aux victimes
d'actes criminels. Nous, on donne...
M. Marx: Pas pour toutes les victimes. Si quelqu'un subit un vol
par effraction, il est rare que cette personne reçoive une
indemnisation.
M. Filion: Non, mais je parle dans les conditions prévues
à la loi.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Je comprends cela, M. le ministre, mais je
parle...
M. Marx: D'accord.
M. Filion: Là, on a une loi... On est en train d'adopter
une Loi sur l'aide aux victimes d'actes criminels en réalité qui
n'est pas... C'est une loi sur toute autre aide que financière.
M. Marx: Service, c'est plus...
M. Filion: On devrait être plus précis que cela pour
ne pas créer de confusion dans le public.
M. Marx: Mais, ce n'est pas exclu que... Mme Bleau: L'aide
technique...
M. Filion: Bien, l'aide technique, ce n'est pas un bien
bon...
M. Marx: il n'est pas exclu, à un moment donné,
qu'en faisant la révision de la Loi sur l'Indemnisation des victimes
d'actes criminels, on y incorpore l'autre loi pour avoir une loi en deux
parties, une qui traite des services et l'autre, de l'indemnité.
M. Filion: il me semble... Mais là... Dans quelques
minutes...
M. Marx: il n'y a pas de problème.
M. Filion: En tout cas, moi, je... Vous n'avez pas
réfléchi, vous n'avez pas trouvé de solution à ce
problème-là?
M. Marx: Bien, c'est la Loi sur l'aide aux victimes d'actes
criminels au Canada. Je ne veux pas dénaturer...
M. Filion: Dans le reste du Canada, les provinces n'ont
peut-être pas toutes une loi sur l'indemnisation des victimes d'actes
criminels.
M. Marx: Oui, oui, oui. M. Filion: Pas partout.
M. Marx: Sauf l'île-du-Prince-Édouard, je pense.
M. Filion: Pas partout.
M. Marx: Sauf l'île-du-Prince-Édouard. Mais je
vais... On va réfléchir sur la suggestion du
député, on va voir. Comme je viens de le dire, et je vais le
répéter pour la deuxième ou troisième fois...
M. Filion: Non, c'est correct.
M. Marx: ...si on revoit la Loi sur l'indemnisation...
M. Filion: Non, j'ai compris. M. Marx: Écoutez, on
peut...
M. Filion: Non, j'ai compris quand vous l'avez dit. Moi, il me
semble, je ne sais pas, qu'on devrait éviter la confusion dans ce
secteur-là et être plus cohérent, plus clair. Là, je
ne suis pas sûr qu'on le soit, mais en tout cas.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 24 est
adopté?
M. Filion: Si le ministre veut changer d'idée, changer le
nom de la loi, moi, je serais prêt à accueillir...
M. Marx: À la dernière minute.
M. Filion: Même s'il a d'autres amendements, jusqu'à
la dernière minute...
M. Marx: D'accord.
M. Filion: ...je serais prêt à les accueillir s'il
le juge à propos.
M. Marx: Adopté. M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que les titres des
chapitres sont adoptés?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
M. Filion: Adopté. Le titre, sur division.
Le Président (M. Kehoe): Sur division. Est-ce que le
projet de loi tel qu'amendé est adopté.
M. Filion: Adopté. M. Marx: Adopté.
Une voix: il faudrait que vous inscriviez votre division quelque
part.
M. Filion: Non, je l'ai déjà inscrite. Je l'ai
inscrite la dernière fois. On peut prendre un petit projet de loi.
Une voix: On suspend nos travaux jusqu'à 15 heures.
Le Président (M. Kehoe): Bien, attends là.
M. Marx: On arrête. Terminé pour le moment.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'on va suspendre
jusqu'à...
M. Marx: On va suspendre, oui.
Le Président (M. Kehoe): On suspend les travaux
jusqu'à 15 heures^eet après
midi
(Suspension de la séance à 12 h 49)
(Reprise à 12 h 50)
Projet de loi 20
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, nous allons
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi numéro 20, Loi portant abrogation de certaines dispositions
législatives. À cette fin, j'appelle l'article 1.
M. Marx: L'article 1, M. le Président, abroge des lois:
Loi sur l'assurance-édition, Loi sur les compagnies de garantie, Loi sur
les entrepôts frigorifiques pour le poisson et la boitte et ainsi de
suite, M. le Président. Adopté?
M. Filion: Justement. On va les passer vite l'une après
l'autre. Bon, la Loi sur l'assurance-édition, vous me corrigerez si je
me trompe mais il y a déjà une loi qui tient lieu de, qui a
remplacé en quelque sorte cette loi-là. Attendez, je veux juste
les passer une par une mais vite, juste pour savoir si j'ai bien saisi l'esprit
parce que, dans votre discours, vous ne les mentionniez pas de façon
expresse. Alors...
M. Marx: J'ai mentionné la Loi sur les compagnies de
garantie...
M. Filion: Oui. Cela, vous l'avez mentionné. La Loi sur
les compagnies de garantie, cela va. Vous avez dit là-dessus que...
M. Marx: La Loi sur les représentations
théâtrales. Ce sont des lois désuètes pour une
raison ou une autre. La Loi sur la vente des billets de chemin de fer...
M. Filion: Cela, c'est correct. C'est juste la Loi sur
l'assurance-édition. Moi, si j'ai bien compris, en tout cas, les petites
recherches qu'on a faites, c'est qu'en ce qui concerne la Loi sur
l'assurance-édition, il y a une nouvelle loi qui est la Loi sur... Mon
Dieu, je ne retrouve pas le nom. Vous n'avez pas cela dans vos notes, M. le
Président?
M. Marx: Je n'ai pas dans mes notes la loi qui l'a
remplacée, le cas échéant, mais je peux vous fournir cela
tout de suite après.
M. Filion: Bon, d'accord.
M. Marx: Si on reprend...
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
Une voix: Article.
M. Filion: La Loi sur les compagnies de garantie, vous en avez
parlé. Les entrepôts frigorifiques, j'ai une question
là-dessus. Cela, c'est la loi qui permettait au gouvernement
d'être propriétaire des entrepôts frigorifiques. Qu'est-ce
qui arrive si le gouvernement veut acheter des entrepôts frigorifiques?
Va-t-on être obligé de présenter une nouvelle loi?
M. Marx: Bien, si le gouvernement privatise davantage, il n'est
pas pour acheter.
M. Filion: Ce n'est pas tout à fait le cas avec les
ambulances à Montréal. Là, vous nationalisez.
M. Marx: Est-ce que vous êtes contre?
M. Filion: On va discuter du projet de loi 34...
M. Marx: C'est cela. D'accord?
M. Filion: ...en Chambre. Donc, est-ce qu'il y a une solution,
une soupape de sécurité sur le plan législatif, en ce qui
concerne cette loi-là?
M. Marx: Bien, le gouvernement peut toujours acheter quoi que ce
soit par un des organismes qui dépend de lui.
M. Filion: Bon! D'ailleurs, c'est la Loi sur les entrepôts
frigorifiques pour le poisson et la boitte, b, o, i, deuxt, e,...
M. Marx: E.
M. Filion: ...pour amateurs de "scrabble"...
Le Président (M. Kehoe): De quoi?
M. Filion: Alors, pour le poisson et la boitte, b, o, i, deuxt,
e...
Le Président (M. Kehoe): "Scrabble", ce n'est pas
français, cela?
M. Filion: La boitte et non pas la boîte. Une voix:
Ah! c'est cela, des mollusques.
M. Filion: Bon! La loi sur les représentations
théâtrales, on en a parlé... société sur...
Loi sur les sociétés d'exploration minière aussi...
chemins de fer... Mais, de toute façon, il y a toujours la soupape
prévue...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...au décret et...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...la question que vous allez vérifier. Il y a
deux questions que je vous demande de vérifier. On va l'adopter, quand
même.
M. Marx: D'accord, d'accord.
M. Filion: Mais c'est... L'assurance-édition, cela a
été remplacé. Est-ce que je me trompe en disant que cela a
été remplacé par la Loi... je vais la retrouver,
là. Bien voyons! Je ne me retrouve pas.
M. Marx: Bien, je vais... On va...
Le Président (M. Kehoe): Par la loi que vous ne trouvez
pas.
M. Marx: Je vais vous fournir l'information.
M. Filion: Par la loi dont je ne trouve pas le nom.
Mme Bleau: Par une autre loi qu'ils ont prise...
M. Filion: Par une autre loi. Je veux juste être sûr
qu'on n'abolit pas l'aide à l'édition, là.
M. Marx: Non, non, non.
M. Filion: Je suis convaincu qu'on ne le fait pas, mais...
M. Marx: Non, non, non.
M. Filion: ...je ne le sais pas. Donc, vous allez vérifier
cela et, deuxièmement, l'entrepôt frigorifique.
Le Président (M. Kehoe): L'article 1 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 2?
M. Filion: L'article 2 est adopté.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 3?
M. Filion: L'article 3 fait quoi?
M. Marx: C'est la suppression du sous-paragraphe 3.
M. Filion: Non, ne me le lisez pas; dites-
moi quelles sont les conséquences.
M. Marx: Non, mais je veux dire qu'on le fera vérifier et
je vais fournir cette information avec les autres. D'accord? Je vais
vérifier.
M. Filion: D'accord. L'article 4, c'est le décret...
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 4?
M. Filion: L'article 4, c'est le...
M. Marx: Le décret.
M. Filion: C'est le décret devant la commission des
institutions. C'est très bien.
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
M. Filion: Oui. On a un bon président et on espère
que c'est vous qui allez présider, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): L'article 5? M. Filion:
Adopté.
Le Président (M. Kehoe): On va voir si cela va si bien.
Est-ce que le titre du projet de loi est adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que le projet de loi est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Nous allons suspendre les travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise 15 h 12)
Projet de loi 3
Le Président (M. Kehoe): La commission des institutions
reprend ses travaux. Nous allons procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 3, Loi modifiant le Code civil en
matière de copropriété et d'emphytéose. M. le
ministre, avez-vous des remarques préliminaires?
M. Marx: M. le Président, ce que j'aimerais faire, c'est
lire l'article et, après cela, lire le commentaire. D'accord?
Le Président (M. Kehoe): Nous allons commencer par appeler
l'article 1.
M. Marx: Article 1. "Le Code civil du Bas-Canada est
modifié par l'insertion, après l'article 441 b, du suivant:
"441b. 1. Tout immeuble construit par l'emphytéote, à titre
d'améliorations, peut, au même titre que l'immeuble détenu
en propriété super-ficlaire, être assujetti aux
dispositions du présent chapitre, si la durée non
écoulée du droit d'emphytéose ou du droit superficiaire,
selon le cas, est supérieure à cinquante ans au moment de
l'enregistrement de la déclaration de copropriété. "En ce
cas, chaque copropriétaire est tenu, à l'égard du
propriétaire de l'immeuble faisant l'objet d'une emphytéose ou
sur lequel a été créée une propriété
superficiaire, des obligations divisibles de l'emphytéote ou du
superficiaire, selon le cas, conformément aux dispositions de la
déclaration de copropriété ou, à défaut, en
proportion de la valeur relative. de sa fraction établie dans la
déclaration; les obligations indivisibles demeurent à la charge
des copropriétaires au même titre que les charges communes. "
Le commentaire: Ce nouvel article vise à mettre
immédiatement fin aux incertitudes juridiques relatives à la
possibilité d'enregistrer une déclaration de
copropriété sur un immeuble qui fait l'objet d'une
emphytéose. Cette incertitude est encore plus présente depuis le
récent jugement rendu par la Cour supérieure dans l'affaire Roy
contre la Société immobilière Cours Le Royer, 1987, RJQ,
à la page 1539 C. S. Cet article et les suivants, reprennent avec
certaines précisions, des principes déjà adoptés au
printemps dernier après de nombreuses consultations dans le cadre de la
réforme globlale du Code civil dans la loi portant réforme au
Code civil du Québec du droit des personnes, des successions et des
biens, 1987, chapitre 18, précisions qui seront d'ailleurs reprises
à la réforme. Ainsi, cet article distingue le cas où la
déclaration est enregistrée sur un immeuble construit par
l'emphytéote du cas où elle est enregistrée sur un
immeuble déjà construit et cédé par
l'emphytéote. Dans le premier cas, il s'agit d'une déclaration de
copropriété alors que, dans le deuxième cas, il s'agit
plutôt d'une déclaration de coemphytéose. En effet, dans ce
deuxième cas, il ne s'agit pas de la division du droit de
propriété, mais plutôt de la division du droit
d'emphytéose. La déclaration de coemphytéose sera
introduite à l'article 567. 1.
À l'instar de la réforme, cet article édicté
des conditions minimales à respecter dans un tel cas pour
protéger l'acheteur. Ainsi, il exige que la durée du contrat soit
d'au moins 50 ans. Il prévoit aussi que chacun des
copropriétaires assume d'une manière divise et
conformément aux dispositions de la déclaration de
copropriété, ou à défaut, en proportion de la
valeur relative de sa fraction, les obligations divisibles de l'em-
phytéote à l'égard du propriétaire de
l'immeuble.
Quant aux obligations indivisibles, elles demeurent à la charge
des copropriétaires, au même titre que les charges communes.
Voilà pour le commentaire.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taillon ou de Saint-Jacques.
M. Filion: J'ai plusieurs remarques, mais je vais laisser mon
collègue de Saint-Jacques...
M. Boulerice: C'est à la fois une remarque
préliminaire et une question que j'adresserai au ministre de la Justice,
M. le Président, si vous me le permettez. J'ai regardé
très attentivement le projet de loi 3 et voici la première
question que je me pose: Est-ce que cette loi a un effet rétroactif?
M. Marx: Pour les déclarations, oui.
M. Filion: C'est l'article 4.
M. Boulerice: L'article 4.
M. Marx: Ce n'est pas l'article que j'ai...
M. Filion: L'article 5.
M. Marx: On peut discuter de cela maintenant si vous voulez, mais
c'est mieux de... La validité de la déclaration est
rétroactive, oui.
M. Filion: C'est ça le problème.
M. Boulerice: Je voulais vous citer un cas particulier, celui de
l'immeuble Perthuis-Dunière à Québec. Au départ il
y a un contrat de vente. Regardez bien le libellé. À l'article 1,
objet du contrat: "Le vendeur vend à l'acquéreur, ici
présent et acceptant, avec garantie légale, libre de toute
charge, privilège et hypothèque, l'immeuble suivant..." Cela va,
c'est la désignation. Et là, on y lit à la deuxième
page: "Sujet au bail emphytéotique intervenu entre Sa Majesté et
Construction Kéops inc. aux termes d'un acte signé..." et
j'interromps... "novembre 1987 et copie enregistrée à
Québec sous le numéro 1030756." Donc, au départ,
inévitablement et de toute évidence, il y a contradiction entre
les deux articles. Il y a même eu un procès en Cour
supérieure. Le jugement a été rendu par l'honorable
Jacques Delisle. Une offre d'achat avait été faite et, lorsque
l'acheteur potentiel avait pris connaissance de la contradiction que je viens
de vous citer, il avait retiré son offre d'achat. Forcément, il y
a eu contestation de la part des vendeurs et cela a donné le jugement
que j'ai devant mol et dont je pourrai peut-être vous donner une copie.
Mais enfin, le tribunal rejette l'action des demandeurs, prononce la
nullité de l'offre d'achat faite par le défendeur le 31 janvier
1986 et acceptée par les demandeurs la même journée,
produite au dossier sous fa cote P-1, etc.
Alors, il existe un problème actuellement dans une
résidence à Québec qui...
M. Filion: il y en a plusieurs.
M. Boulerice: il y en a plusieurs dont une en particulier
où des gens ont signé un contrat. Là, il y a la
contradiction que je viens de vous expliquer concernant le contrat, avec les
préjudices que cela peut leur causer pour le renouvellement
d'hypothèque, etc.
Forcément, il y a l'implication du ministère des Affaires
culturelles puisque c'est un bail emphytéotique. La
propriété appartient au ministère des Affaires
culturelles. Alors, la question que je pourrais vous poser...
M. Marx: La question que je me pose est... il est possible qu'il
y ait des problèmes dans beaucoup de contrats. Nous ne sommes pas ici
pour corriger les erreurs ou pour rendre légaux tous les contrats
existants au Québec. Ce n'est pas le but du projet de loi que nous avons
ici. Le projet de loi que nous avons déposé a un but très
spécifique. Si vous voulez me parler de problèmes, eh bien
voilà, il y a le recours aux tribunaux ou si quelqu'un va... Ce sont
plutôt les tribunaux ou les négociations entre les personnes
impliquées... Je pense que...
M. Boulerice: La loi ne pourrait pas... Je sais que c'est une loi
d'une portée générale, mais...
M. Marx: Le jugement que vous avez cité... J'ai une copie
du jugement de l'honorable Jacques Delisle, juge à la Cour
supérieure et, apparemment, le jugement ne touche pas la
déclaration de copropriété. Le jugement annule pour erreur
une promesse de vente.
M. Boulerice: M. le ministre, vous me permettrez de faire
ressortir ce problème de copropriété qui existe et qui
était méconnu ou inconnu puisque ce n'est pas tout le monde,
malheureusement, qui a la qualité d'avocat que vous avez.
M. Marx: Oui, mais dans son jugement, le juge ne se prononce pas
sur la question de copropriété. Il ne se prononce pas sur...
M. Boulerice: Vous allez donc suggérer...
M. Marx: Qu'est-ce que vous suggérez? M. le
Président, si le député a une suggestion à faire...
C'est possible qu'on prenne une modification mineure en considération.
Mais, vous comprenez qu'il faut qu'un projet de loi, avant de se rendre ici,
soit déposé à l'Assemblée nationale. Le projet de
loi est d'abord approuvé par le Conseil des ministres, par les
comités
ministériels, le cas échéant, et par le
Comité de législation.
M. BouSerice: Moi, je suis bien d'accord pour que ce soit
approuvé par le Conseil des ministres...
M. Marx: Mais, si je peux... Non, mais s'il y a quelque chose
qu'on peut faire pour modifier...
M. Filion: Non, mais on va seulement se comprendre. Dans le
jugement auquel font référence le député de
Saint-Jacques et le ministre, à la page 3, il est bien clair que l'offre
d'achat a été annulée.
M. Marx: Je veux clarifier tout de suite. Est-ce que le
député de Taillon a un amendement à nous proposer?
M. Filion: Plusieurs. Quand on aura fini notre discussion,
possiblement.
M. Marx: D'accord. Parfait.
M. Filion: D'accord. Alors, pour en arriver à se
comprendre, dans ce jugement, il est bel et bien fait mention que l'offre
d'achat a été annulée parce qu'on a découvert que
la copropriété ou la partie de la copropriété
était érigée sur un immeuble faisant l'objet d'un bail
emphytéotique. En deux mots, la déclaration de
copropriété sur un immeuble faisant l'objet d'un bail
emphytéotique n'est pas neutre. Cela affecte le titre et les titres des
propriétaires, des copropriétaires. Ce n'est pas un
élément neutre dans une recherche de titres ou dans une - comment
on appelle cela - chaîne de titres. C'est un élément
d'importance qui affecte le titre. Alors là, vous avez, M. le ministre,
et j'élargis le cadre de notre discussion bien entamée par M. le
député de Saint-Jacques, dans le projet de loi 20, l'essentiel en
ce qui concerne le Code civil. Vous me corrigerez, mais j'ai vraiment des
questions à vous poser là-dessus. L'essentiel des articles qu'on
retrouve ici se retrouvent dans le projet de loi 20?
M. Marx: Pardon?
M. Filion: Vous savez, ce qu'on retrouve dans le projet de loi 3
- je dis bien l'essentiel du projet de loi 3 - se retrouve dans la loi...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ... - vous comprenez que je ne suis pas le
porte-parole de l'Opposition - dans le projet de loi 20. Cela fait que je ne
suis pas au courant de tout. Mais, il y a une chose qu'on ne retrouve pas, par
exemple. On ne retrouve pas l'article 5 qui, lui, donne un caractère
rétroactif au projet de loi 3 ou à la loi 3. D'ajouter un
élément de rétroactivité, M. le ministre, sur un
élément qui n'est pas un élément neutre - une
chaîne de titres - c'est venir complètement bardasser
l'économie de notre droit avec des conséquences que j'ignore. Si
vous les connaissez parfaitement, je voudrais bien les connaître. Mais,
chose certaine, comme législateur, avant de "rétroagir", il
faudrait savoir exactement quelle serait la portée d'une
législation rétroactive affectant une chaîne de titres. Je
ne suis en aucune façon un expert en droit immobilier, mais j'aimerais
bien qu'on saisisse le débat comme il le faut.
M. Marx: Je pense que dans la note, dans le commentaire que je
viens de lire il y a quelques minutes, on a parlé d'une incertitude dans
les titres, d'accord? Une incertitude qui était soulevée dans
l'arrêt que j'ai cité.
M. Filion: En avez-vous une copie de ce jugement-là?
Une voix: L'arrêt concernant Cours Le Royer?
M. Filion: Oui, l'arrêt concernant Cours Le Royer à
Montréal.
M. Marx: Avec ce projet de loi, on va faire en sorte de s'assurer
que les droits des gens soient sûrs et certains. Ce n'est pas la
première fois qu'on dépose un projet de loi afin de rendre
certaines des dispositions qui ne le sont pas. Il y a des jugements... Les gens
ne savent pas leurs droits. Mais à qui fait-on tort ici? Fait-on tort
à qui que ce soit en donnant une certaine certitude? Je pense que c'est
cela.
M. Filion: M. le ministre, la vraie question à se poser
cet après-midi, c'est: pourquoi adopterait-on une loi
rétroactive? Moi, en tout cas, c'est la question que je me pose.
Pourquoi adopter une loi rétroactive? Cela prend de bonnes raisons.
M. Marx: On a de bonnes raisons. On a un jugement...
M. Filion: Oui, mais vous parlez d'incertitude. Écoutez,
il y a la Cour d'appel, il y a la Cour suprême. On n'est pas tout seuls.
Ce ne sont pas tous les jugements de la Cour supérieure qui font l'objet
d'une loi.
M. Marx: Ce n'est écrit nulle part qu'il faut attendre la
Cour suprême avant de...
M. Filion: Ah, bien, oui. Ne venez pas me parler d'incertitudes,
c'est plein d'incertitudes dans notre droit et c'est normal.
M. Marx: Mais, ici, il y a... Comme je l'ai dit en
deuxième lecture, il y a beaucoup en jeu.
M. Filion: Oui.
M. Marx: C'est, comment dirais-je... Cela empêche des
développements, peut-être dans votre comté ou dans le
comté de Saint-Jacques.
M. Filion: Oui, mais le problème, c'est qu'on vient de
porter préjudice à certains droits.
M. Marx: Bien, cela veut dire quoi? Expliquez-moi. On porte
préjudice à qui?
M. Filion: Concrètement... Si je comprends bien...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...le bailleur emphytéotique va se retrouver
avec des déclarations de copropriété parfaitement valides,
voilà.
M. Marx: il veut cela. Quelqu'un qui achète un...
M. Filion: Le bailleur, le locateur emphytéotique, lui,
n'a jamais prévu cela que...
M. Marx: Non, mais... Non mais, on va prendre... Quelqu'un qui a
acheté un condominium sur un terrain où il y a un bail
emphytéotique a voulu quoi? Il a voulu être propriétaire de
son condominium, comme s'il était construit sur n'importe quel autre
terrain. C'est ce qu'il a voulu. On va régulariser cela. Je ne vois pas
de problème avec cela.
M. Filion: Mais, écoutez, M. le ministre, vous
n'êtes quand même pas pour légiférer à chaque
fois qu'il y a un problème. Moi, je vous dis... Vous me demandez: Qui
peut subir les préjudices? Je vous réponds...
M. Marx: Voulez-vous...
M. Filion: ...les bailleurs emphytéotiques...
M. Marx: Quels sont les préjudices?
M. Filion: Écoutez, quand Ils ont donné leurs
immeubles par baux emphytéotiques, ils les ont donnés en vertu de
règles de droit. Ces règles de droit, vous venez les modifier
rétroactivement...
M. Marx: Comment va-t-on les régler? Non, on a...
M. Filion: ...parce que, soi-disant, il y a un jugement de la
Cour supérieure. Le jugement de la Cour supérieure peut
être modifié en appel, je ne le sais pas.
M. Marx: Ce n'est pas...
M. Filion: À première vue, M. le ministre, est-ce
que...
M. Marx: Ce n'est pas rétroactif dans ce sens, c'est
déclaratoire. On déclare que c'était comme... Supposons
que la cour...
M. Filion: J'ajouterais également, pour ajouter aux
préjudices subis par le bailleur emphytéotique, qu'il y a le
préjudice prévu à l'article 8 du projet de loi, et il y a
le préjudice prévu également à l'article qui
concerne les améliorations, lorsque vous enlevez l'obligation de faire
des améliorations. (15 h 30)
M. Marx: Mais on va arriver... chaque fois qu'on arrive aux
articles...
M. Filion: Non, mais je veux demander... on parle en
général, là.
M. Marx: Premièrement, quand on dit: "C'est
rétroactif, ce n'est pas le bon mot.
M. Filion: Non.
M. Marx: On peut dire que, dans ce sens, le jugement est
rétroactif, aussi. Je ne pense pas qu'on puisse vraiment parler de
rétroactivité. C'est une loi déclaratoire, dans le sens
qu'on déclare: "C'est cela l'état du droit". Vous voulez... Dans
la jurisprudence, on peut aussi avoir la rétroactivité. Supposons
que la Cour d'appel se prononce sur une disposition du Code civil. La Cour
d'appel se prononce, la Cour d'appel dit telle et telle chose. Vingt ans plus
tard, une autre Cour d'appel, un autre banc, dirais-je décide autrement.
Les gens ont agi pendant vingt ans en fonction de la jurisprudence, vient une
autre jurisprudence pour invalider la première, on peut alors parier de
la rétroactivité de la jurisprudence si vous voulez, mais c'est
très académique.
Ici, ce que nous avons, ce sont des dispositions dans le Code civil.
Nous avons les dispositions dans le Code civil, nous avons la loi 20, qui va
entrer en vigueur probablement en 1990, souhaitons-le, avec le Code civil du
Québec, et maintenant nous avons une loi qui est déclaratoire. On
y dit "C'est cela l'état de droit". Quelle est la différence
entre un jugement et une loi? On va statuer. C'est cela le...
M. Filion: Oui, mais quand vous dites "C'est cela l'état
du droit", vous apportez, vous intervenez dans l'état du droit, dans la
balance du droit...
M. Marx: Mais on fait cela chaque jour.
M. Filion: Non, écoutez là, vous dites: C'est cela
l'état du droit et c'est bon pour toujours.
M. Marx: Pour tout le monde.
M. Filion: L'article 5, c'est ce que vous dites, il faut le lire
comme il faut: "442q. Il a toujours été permis...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: "...d'enregistrer une déclaration de
copropriété sur un immeuble déjà construit..."
M. Marx: Mais il y a des gens qui ont toujours pensé
cela.
M. Filion: Oui, je le sais.
M. Marx: Ils ont toujours pensé cela. Vient un jugement
qui dit: Vous avez mal pensé.
M. Filion: Oui, mais il y a des gens qui ont toujours
pensé le contraire.
M. Marx: Bien, il ne sont pas allés souvent à la
cour.
M. Filion: De la même façon qu'il y en a qui.... moi
ce qui m'intéresse c'est le préjudice...
M. Marx: Mais l'intention du législateur...
M. Filion: Laissez-moi terminer, M. le ministre...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...on a du temps. Ce qui m'intéresse, c'est le
préjudice subi par ceux qui ont toujours pensé le contraire.
Répondez-moi franchement, je ne suis pas un ministre, juste un modeste
député. Je voudrais savoir le préjudice subi par ceux qui
ont pensé le contraire.
M. Marx: il n'y en a pas. Pour quelqu'un qui a acheté un
condo sur un terrain où il y a un bail emphytéotique, il n'y a
pas de préjudice. Est-ce qu'il l'a acheté en fonction d'annuler
devant les tribunaux?
M. Filion: Mais les bailleurs emphytéotiques, là
c'est...
M. Marx: Est-ce qu'ils ont fait cela parce ' qu'ils ont voulu
donner ouverture aux annulations?
M. Filion: Oui mais les bailleurs emphytéotiques...
M. Marx: Je pense que le député....
M. Filion: Non, mais les bailleurs emphytéotiques quant
ils ont consenti à ce que leur immeuble soit en location
emphytéotique devaient avoir un point de vue.
M. Marx: Mais je pense qu'il n'y a pas de... Le
député de Taillon est assez bon juriste pour comprendre cela.
Quelqu'un a un bail sur un terrain, un bail emphytéotique qu'il a
concédé, d'accord? Supposons que c'est vous le bailleur, vous
avez concéder cela. Les personnes vont construire et, après 99
ans, cela va revenir à vos héritiers. Où est le
préjudice, ici? il n'y a aucun préjudice.
M. Boulerice: Cela ne revient pas à mes héritiers,
cela revient au propriétaire.
M. Marx: Mais il ne sera pas ici dans 95 ans.
M. Boulerice: On ne sait jamais.
M. Marx: S'il est là, il sera peut-être au pouvoir,
mais c'est... même cela ce n'est pas sûr. Mais sans faire de
blagues...
M. Filion: Les baux emphytéotiques n'ont pas tous 99 ans,
il faut faire attention, là.
M. Marx: Mais s'il a 55 ans, 60 ans, c'est la même chose.
C'est 50 ici dans la loi, mais il n'y a pas de préjudice. Les gens ont
acheté pour être propriétaires. Le bailleur a
concédé un bail parce qu'il a voulu que ce soit comme cela. Dans
le jugement dont on vous a donné copie, le jugement...
M. Filion: Qu'est-ce qui arrive au bout de 50 ans, M. le
ministre?
M. Marx: Au bout de 50 ans...
M. Filion: Supposons que le bail soit de 50 ans, qu'est-ce qui
arrive lorsque le bailleur ou ses ayants droit reprennent la
propriété?
M. Marx: Ils sont propriétaires, c'est fini.
M. Filion: Ils sont propriétaires.
M. Marx: Oui, c'est dans le Code civil.
M. Filion: En deux mots, ils délogent tous les
copropriétaires?
M. Marx: Ils ne délogent pas. M. Filion: Donc on a
acheté-Une voix: Les propriétaires ont le droit de le
faire.
M. Marx: C'est cela un bail emphytéotique.
M. Filion: Je sais que c'est cela un bail emphytéotique.
Mais la déclaration... le copropriétaire... ne vient pas changer
le bail emphytéotique.
M. Marx: Tout ce que cela fait, cela légalise. Vous avez
un terrain, il y a un bail emphytéotique de cinquante ans. D'accord?
M. Filion: Oui.
M. Marx: Les gens construisent les condos. Le juge a dit: Les
déclarations sont Invalides parce que c'est un terrain où il y a
un bail emphytéotique. On va régulariser cela pour dire:
Nonobstant le jugement, c'était voulu comme cela, cela reste comme cela.
C'est cela.
On me rappelle la question de l'île des Soeurs. Quand
j'étais le critique...
M. Filion: De Tîle des Soeurs.
M. Marx: ...en matière de justice, les lois étaient
bien faites à l'époque...
M. Filion: Merci pour M. Bédard.
M. Marx: ...par mon prédécesseur puisque les
mêmes légistes, qui me conseillent aujourd'hui, l'ont
conseillé. Donc, il y a une certaine continuité dans l'esprit. Il
y avait même concordance d'esprit entre mes prédécesseurs,
comme ministres de la Justice, et moi-même...
M. Filion: On aurait pu garder M. Bédard.
M. Marx: ...quand il s'agissait du Code civil. À l'article
569.1 du Code civil du Bas-Canada - on est encore dans le Bas-Canada - je cfte
l'article: "il est et a toujours été permis de stipuler au bail
des clauses qui limitent les droits des parties, entre autres pour accorder au
bailleur des droits ou des garanties qui protègent la valeur du bien..."
On a pris la même formulation, ici. Quand on a discuté ce projet
de loi en Chambre, au salon bleu, M. le Président je me souviens, il
était 4 heures du matin.
M. Filion: Pour comprendre comme il faut, M. le ministre, est-ce
qu'il y a d'autres jugements qui ont été rendus et qui sont
contraires au jugement du juge Melançon dans l'affaire Cours Le
Royer?
M. Marx: Pas à notre connaissance. Le jugement ne touche
pas la question, c'est une question de vente.
M. Filion: Ce jugement est important. Il faut se comprendre.
Même s'il ne porte pas... c'est un obiter dictum - le juge Delisle met le
doigt sur quelque chose. Il dit que c'est important au point de vue du titre et
que si on ne le sait pas, c'est une erreur. C'est quand même
important.
M. Marx: Je vais seulement vous dire quelque chose pour qu'on
comprenne bien comment je vois le droit. Peut-être ne voyez-vous pas cela
de la même façon.
M. Filion: Je n'ai pas toute la lumière...
M. Marx: Nous sommes ici en tant que législateurs. On
adopte des lois. On a une certaine intention. Vient un jugement pour nous dire:
Vous avez mal écrit votre intention. Vous avez fait cela incorrectement.
On est ici pour corriger ce qu'on a mal fait. Je suis convaincu que
c'était toujours l'intention du législateur de faire en sorte que
quelqu'un qui achète un condo sur un terrain où il y a bail
emphytéotique, en soit propriétaire. On n'a jamais voulu
légiférer pour dire: Ces gens ne sont pas propriétaires.
Je pense que c'est cela l'enjeu. Les juges, bien sûr, interprètent
nos lois et ils peuvent arriver à une autre conclusion. Je me souviens
qu'un ancien solliciteur général des États-Unis,
professeur à Harvard, nous a dit, une fois, avoir rédigé
un projet de loi à cause de certains "loopholes" - comment dirais-je des
"loopholes"?
Une voix: Des évasions fiscales?
M. Marx: Non, pas des évasions fiscales, mais des
"loopholes" dans une loi, soit...
Une voix: Des failles. Une voix: Des trous.
M. Marx: Ha, ha, ha! Une voix: Des failles.
M. Marx: ...des failles ou des trous soient bien comblés,
il a rédigé la loi en fonction de toute la jurisprudence de la
Cour suprême des États-Unis, mais, un jour, la loi est parvenue
à la Cour suprême des États-Unis à l'occasion d'un
litige et les juges en ont décidé tout à fait autrement.
Je pense que cela peut arriver au Québec aussi. Nous avons l'intention
de faire quelque chose et les juges, en interprétant la loi, en viennent
à la conclusion que c'est autrement. C'était peut-être mal
rédigé ou pas assez expliqué, mais l'intention du
législateur était là. Ce n'est pas la première fois
qu'on légifère à cause d'un jugement et ce n'est pas la
seule juridiction en Amérique du Nord où on le fait. Il y a
même une loi adoptée par la législature de la Floride ou on
a mis le jugement de la Cour suprême en disant: Ce n'est pas ce qu'on a
voulu dire, on a voulu dire autre chose. On ne va pas aussi loin au
Québec. Ici, on adopte une loi pour que les droits des gens soient
protégés. Personne, à mon avis, ne sera... On ne voit pas
à qui pourrait nuire ce projet de loi. J'ai...
M. Filion: Est-ce que !e jugement de la Cour supérieure
dans l'affaire Cours Le Royer est en appel?
M. Marx: il n'y a pas eu d'appel. Mais même si
c'était en appel, c'est...
M. Filion: C'est important.
M. Marx: il y a autre chose. L'incertitude reste. Est-ce qu'on
veut que des gens dépensent de l'argent pour aller en Cour
supérieure, en Cour d'appel, en Cour suprême du Canada, le cas
échéant, s'ils y sont entendus? Est-ce qu'on veut que
l'incertitude reste peut-être pendant des années? Il n'y a pas
de...
M. Filion: Je vais vous dire ce qui me chicote.
M. Marx:... développement et il n'y a pas de...
M. Filion: Je vais vous dire ce qui me chicote, M. le
ministre.
M. Marx: Oui, enfin.
M. Filion: Bon. Il y a plein de condos. Aujourd'hui, c'est la
grande mode, les condos, les copropriétés, pour
différentes raisons dont une raison très pécuniaire et
très capitaliste qui fait son bout de chemin un peu partout. Donc, on
retrouve... C'est une mode, une tendance, la copropriété, les
condos ou autres. Il y a plein d'immeubles actuellement qui sont
divisés...
M. Marx: La loi des trois chaînes.
M. Filion:... en partie ou en totalité, en
copropriétés et qui sont construits... Évidemment, il doit
y en avoir certains de ceux-là qui sont construits à partir de
baux sur des immeubles qui ont été transigés sur une base
emphytéotique. Ce qui m'inquiète, c'est qu'il va y avoir à
l'expiration du bail emphytéotique, si votre... Avec cela, if va y avoir
plein de propriétaires, de copropriétaires qui ne seront plus
propriétaires.
M. Marx: C'est le cas maintenant.
M. Filion: Non, mais la différence, c'est que la
copropriété, dans ma petite intelligence de cette partie du droit
veut dire propriétaire, donc, avec tous les attributs du droit de
proprié-1 té. Il n'y a pas de limite de temps au droit
de propriété qui était...
M. Marx: Pas s'il se construit sur un terrain grevé d'un
bail emphytéotique.
M. Filion: À ce moment-là, on devrait appeler cela
autrement que copropriété. C'est cela qui est... Les gens vont
acheter des copropriétés et dans la réalité, on
leur dit que c'est une copropriété limitée dans le
temps.
M. Marx: Oui, mais si vous allez...
M. Filion: Donc, ce n'est pas une véritable
propriété.
M. Marx: Non, non, les gens savent.
M. Filion: Me comprenez-vous? C'est cela que...
M. Marx: Les gens ne sont pas stupides. À I'île des
Soeurs, il y a un bail emphytéotique. À I'île des
Soeurs...
M. Filion: Pas toute l'île des Soeurs.
M. Marx: Bien oui, toute l'île des Soeurs...
Une voix: il y a des parlementaires qui sont stupides.
M. Marx: Pardon? Non, non, une minute. C'est comme cela partout
au monde. À l'île des Soeurs, il y a un bail
emphytéotique pour l'île. Ce sont les soeurs Grises.
M. Filion: À l'époque, mais cela est tombé.
Ce sont les structures métropolitaines...
M. Marx: Non, non. Oui, mais le bail emphytéotique, le
bail original... L'emphytéose donne la pleine
propriété...
M. Filion: Oui.
M. Marx:... mais il y a une échéance, un jour.
L'île des Soeurs, après un certain nombre d'années, Je ne
sais pas s'il reste encore 70 ans, va revenir aux soeurs Grises qui vont
devenir des propriétaires de I'île avec, j'imagine, tous
les...
M. Filion: Toutes les améliorations. (15 h 45)
M. Marx: C'est cela, le bail emphythéotique.
Peut-être, peut-on prendre cinq minutes? Peut-être, peut-on
suspendre pour cinq minutes, si vous le voulez, et relire les chapitres du Code
civil sur l'emphythéose. Peut-être que cela va éclairer
tout le monde, parce que c'est le fondement. Si on ne comprend pas cela...
C'est pourquoi je n'ai pas acheté un...
M. Filion: M. le ministre, n'admettez-vous pas qu'il y a une
contradiction entre l'emphythéose et la copropriété? Pour
moi, il y en a une.
M. Marx: Bon, moi, je ne suis pas ici comme linguiste, je suis
ici comme...
M. Filion: Pas linguiste, comme juriste, je parle.
M. Marx: Non, je suis ici comme juriste et pour un juriste, c'est
le Code civil.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Oui. Par contre, au bout de 70 ans, si les soeurs
Grises décidaient... Est-ce que les soeurs Grises au bout de 70 ans, je
l'espère, selon leur honnêteté rituelle...
M. Marx: Non, si elles sont...
Mme Bleau:... pourraient continuer à consentir un bail
à tous ceux qui sont là?
M. Marx: Notre loi prévoit cela.
Mme Bleau: Bon, c'est ce que je veux savoir.
M. Marx: Notre loi prévoit cela. Mme Bleau: Mais si
elles pouvaient...
M. Marx: Actuellement, non. Mais c'est dans l'amendement qu'on
propose au projet de loi devant la commission.
Mme Bleau: C'est déjà intéressant.
M. Marx: Oui, mais pourquoi feraient-elles cela? Quand elles ont
consenti un bail emphythéotique de 99 ans, c'était pour redevenir
un jour...
M. Filion: M. le ministre, avez-vous fait des consultations sur
cela et auprès de qui? Avez-vous consulté le Barreau, la Chambre
des notaires, l'Association des consommateurs?
M. Marx: Bien, le projet 20... On fait la même chose que
pour le projet 20. Tout ce qu'on fait ici, c'est d'accélérer la
mise en vigueur des dispositions qui se trouvent dans le projet de loi 20.
M. Filion: Vous allez plus loin. Ne me dites pas que vous fartes
la même chose que dans le projet de loi 20, par exemple. Ce n'est pas
exact, M. le ministre. Il y a des articles qu'on ne retrouve pas dans le projet
de loi 20 et qu'on retrouve dans le projet de loi 3.
Mme Bleau: C'est supposé que c'est pour
améliorer.
Le Président (M. Kehoe): Oui, M. le député
de Saint-Jacques.
M. Filion: Non, mais sur cela, j'attends seulement une
réponse. Cela ne sera pas long, M. le député de
Saint-Jacques. J'aimerais que le ministre réponde à cela. Il y a
des articles qu'on retrouve dans le projet de loi 20 et qu'on ne retrouve pas
dans le projet de loi 3.
M. Marx: Pas sur cette question. M. Filion:... notamment
l'article 5.
M. Marx: L'article 5, c'est la même chose que l'article
569. 1 du Code civil du Bas-Canada dont je vous ai déjà fait
lecture. Moi, je... L'article 569. 1, je vous ai lu l'article, touchait
l'île des Soeurs et c'était pour contrer un jugement de la Cour
d'appel du Québec. Le ministre, à l'époque, c'était
Pierre Marc Johnson et le critique, c'était moi-même. Je n'avais
pas eu d'hésitation à adopter ce projet de loi. La Cour d'appel a
dit que ce n'étaient pas des baux emphytéotiques parce qu'il y
avait trop de conditions. Il y avait un problème de taxes et nous avons
adopté cette loi - l'article 569. 1 qui se trouve dans le Code civil du
Bas-Canada maintenant - d'une façon rétroactive pour contrer la
décision de la Cour d'appel. Voilà. Aujourd'hui, on fait moins
que cela.
M. Filion: L'argument que le ministre vient de me servir, le juge
Melançon le renvoie du revers de la main. Il dit: On ne saurait
davantage se baser sur l'article 569. 1 du Code civil.
M. Marx: Non, cela veut dire...
M. Filion: En lisant le jugement du juge Melançon, c'est
encore plus clair. Il dit: il y a incompatibilité fondamentale entre les
deux modes de tenure, c'est-à-dire la copropriété et le
bail emphytéotique.
M. Marx: Non. Le juge a voulu dire que cet article ne
s'appliquait pas dans la cause qui était devant lui. C'était,
à son avis, pour régler d'autres choses. Cela est une autre
affaire. Mais, ici, c'est la mise en vigueur d'un certain nombre de
dispositions de la loi 20 et c'est pour couvrir tout le monde. Vous avez
l'incertitude qui existe et ce n'est pas...
M. Filion: Quel est le résultat des consultations sur le
projet de loi 20 là-dessus?
M. Marx: Bien, tout le monde était d'accord, à
l'époque. Cela a passé toutes les étapes. il ne faut pas
oublier qu'à l'époque, nous n'étions pas au pouvoir,
c'était le gouvernement précédent, c'était M.
Pierre Marc Johnson qui était le ministre, Louise Harel
était...
M. Filion: La porte-parole.
M. Marx:... la députée, la porte-parole responsable
pour le Code civil et cela a été adopté en commission
parlementaire quand le gouvernement précédent était au
pouvoir. Nous avons adopté la loi et les dispositions en corn-
mission parlementaire - où cela compte vraiment, où l'on a
vraiment la discussion - sous l'ancien gouvernement. On a eu beaucoup de
discussions sur ces dispositions. On a siégé tout
l'été sur le projet de loi 20, en commission parlementaire, si je
me souviens bien.
Une voix: C'est concernant le jugement des Cours Le Royer...
M. Marx: Ah! oui, dans le jugement de Roy contre
Société immobilière Cours Le Royer, à la page 1541,
j'aimerais vous lire un passage: "il y a une incompatibilité
fondamentale entre les deux modes de tenure. Le législateur l'a compris,
d'ailleurs, puisque dans le projet du Code civil du Québec
déposé récemment relativement à la section des
biens, il a prévu, aux articles 1095, 1250 et 1251 du projet, vu
l'évolution de la société, d'autoriser à certaines
conditions la copropriété sur un immeuble sujet à
l'emphytéo-se. Il s'agit là, de toute évidence, de droit
nouveau". Pour le juge, c'est de droit nouveau et le juge, si on peut
s'exprimer de cette façon, sera tout à fait probablement d'accord
avec le projet de loi mais cela, c'est une autre question.
M. Filion: Non, mais les juges non pas à être ou pas
d'accord.
M. Marx: Non, non, c'est cela. Je veux dire que le juge a bien
saisi le problème dans son jugement.
Le Président (M. Kehoe): Oui, M. le député
de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Bien, là, je ne sais pas... Le ministre me
dit qu'il n'est pas linguiste mais qu'il est juriste. J'ai le goût de le
retourner en lui disant que je ne suis pas juriste et que je suis
peut-être linguiste...
M. Marx: Parfait.
M. Boulerice: Propriété et emphytéose, cela
me paraît presque antinomique. Pour moi, la notion de
propriété n'a jamais été quelque chose qui
était situé ou limité, tandis que emphytéose,
effectivement, a une limite dans le temps. Je vais même plus loin, cela
me paraît dangereux. "L'emphytéose portant sur un terrain sur
lequel est construit l'immeuble détenu en copropriété,
ainsi que celle qui porte à la fois sur un terrain et sur un immeuble
construit, peuvent être renouvelées, sans que le preneur soit
obligé d'y faire les améliorations. " On est sans doute en train
d'hypothéquer, même s'il n'y a peut-être pas eu de
nombreuses contestations en cour, un paquet de Québécois qui, de
bonne foi, ont acheté en copropriété...
M. Marx: Bien non...
M. Boulerice:... sauf que, sous la notion de
copropriété, était glissée, de façon
peut-être pas aussi évidente, - parce que, comme je vous le dis,
ce n'est pas tout le monde qui est avocat - la notion d'emphytéose qui,
elle, est - encore une fois, je le répète - antinomique
puisqu'elle modifie dans le temps l'étendue d'une
propriété. Dans ma propre conception, en tout cas, je n'ai jamais
entendu dire que, quand j'achetais en copropriété, d'une part,
c'était limité dans le temps et que, si cela devait être
limité dans le temps, après cela, il n'y avait pas d'obligation
de poursuivre. Bien entendu, vous avez raison, dans 99 ans, je ne serai
peut-être pas là pour venir le défendre devant vous, sauf
qu'il y a des gens qui risquent de subir un préjudice financier
immédiat, ne serait-ce que... Il y a, ici, un exemple d'achat, un
exemple que nous a donné le jugement de la Cour supérieure quant
à une promesse d'achat. Alors, vous pouvez vous imaginer l'ampleur et
l'étendue qui peuvent exister justement quant à la vente d'un
type de propriété régie en fonction de cela. Bon, vous ne
m'avez pas écouté, vous allez être obligé de relire
les galées dans quelques semaines pour répondre à ma
question.
Mme Bleau: Je vais peut-être compléter ce que vous
demandez. Je veux savoir une chose bien importante. Quand les gens
achètent en copropriété un immeuble situé sur un
terrain sous bail emphytéotique, est-ce que, dans le contrat de vente,
les avocats ou les notaires sont obligés de faire état que c'est
sur un tel terrain. S'ils sont obligés, le nouveau propriétaire
est au courant qu'il y a une condition...
M. Marx: C'est cela.
Mme Bleau:... dans cette affaire.
M. Marx: C'est cela.
Mme Bleau:... et si, à ce moment-là, il accepte
quand même de signer ce projet d'achat, il le fait en toute connaissance
de cause.
M. Marx: C'est sûr.
Mme Bleau: Bon, alors je pense qu'on n'est injuste pour
personne.
M. Marx: Celui qui achète un condo en
copropriété sur l'île des Soeurs...
M. Filion: Pas toute l'île des Soeurs. M. Marx:
Toute l'île des Soeurs.
M. Filion: Non. Pas toute l'île des Soeurs, une partie de
l'île des Soeurs.
M. Marx: Non, c'est toute l'île des Soeurs. D'accord, une
partie a acquis un plein droit
de propriété maintenant. Il y avait... Disons que tous
ceux qui ont acheté là où c'était sujet à un
bail emphytéotique, étaient au courant.
Mme Bleau: Alors, on ne peut pas dire que les gens
achètent et sont lésés parce qu'ils ne savent pas qu'il y
a cette question-là en dessous. Ils sont obligés d'être au
courant de la situation. À ce moment-là, il n'y a aucune raison
pour qu'il y ait de l'injustice.
Une voix: Le notaire est obligé de l'Inscrire dans le
contrat...
Mme Bleau: S'il l'achète comme cela, bien...
M. Marx: Si un vendeur trompe quelqu'un en ne disant pas tout, on
peut l'attaquer, on peut attaquer la vente pour fraude, pour erreur, pour
toutes sortes de raison. C'est évident que cela reste l'état de
droit.
M. Filion: Le problème en fait M. le ministre, ce n'est
pas les baux emphytéotiques de 95 ans. Comme vous dites, on ne sera pas
là pour y voir quand les problèmes vont surgir.
M. Marx: On va laisser nos traces par ce projet de loi.
M. Filion: Les baux emphytéotiques me font un petit peu
penser à... Hong Kong qui va retourner à la Chine en 1995.
M. Marx: C'est exactement cela, Hong Kong, en 1999.
M. Filion: En 1999. Quand les gens ont écrit cela dans les
traités, ils ont dit: quand Hong Kong retournera à la Chine,
c'est tellement loin... mais là, cela arrive. Bien, on ouvre le
troisième millénaire. Je veux dire que les baux
emphytéotiques courent même s'ils sont d'une durée de 50
ans et plus et, à un certain moment, il va rester 20 ans, et il y aura
peut-être un constructeur pour dire: "Maudit, essayons donc de faire une
piastre encore sur ce petit coin...
M. Marx: Bien ce n'est pas mon problème.
M. Filion: ...et pour que cela se fasse encore plus vite, on va
construire des copropriétés et des condos qu'on vendra aux gens
en leur disant que ce sont des copropritétés". Le problème
c'est le terme propriété; on ne dit pas c'est une colocation.
M. Marx: Non c'est cela...
M. Filion: C'est cela qui est le problème, M. le ministre.
Quand le type achète, on ne lui dit pas que c'est une colocation. Mais,
en réalité, c'en est une.
M. Marx: Mais la personne...
M. Filion: C'est un genre de colocation. Le terme n'est
peut-être pas bon mais... c'est une colocation pour une longue
période de temps.
M. Marx: Non, mais la personne qui achète un appartement
en ce-propriété, un condominium, sur un terrain sujet à un
bail emphytéotique, le sait tout de suite. S'il ne le sait pas, il ne
sait pas ce qu'il achète.
Mme Bleau: S'il ne comprend pas le mot "emphytéotique"...
J'ai demandé ce que cela comprenait vraiment parce que je ne suis pas
une légiste.
M. Marx: Mais c'est partout comme cela.
Mme Bleau: Je pense que j'aurais demandé au notaire qui
passe le contrat, ce qu'il veut dire par cela, il aurait été
obligé de l'expliquer.
M. Marx: il doit vous l'expliquer avant. Pensez vous que les gens
qui ont acheté des appartements à l'île des Soeurs ne
savent pas qu'après 90 ans, 99 ans ou les 70 ans ou les 75 ans qui
restent, toute la propriété retourne aux soeurs Grises. Ils sont
au courant.
M. Filion: Y compris les améliorations.
M. Marx: Bien oui. C'est cela l'emphytéose dans le...
M. Filion: Sans compensation, bien sûr. M. Marx: Oui
mais là...
M. Filion: C'est cela, le bail... Non, non, c'est correct. On
pose la question, ne vous fâchez pas.
M. Marx: Mais c'est dans le Code civil, M. le
Président.
M. Filion: On n'est pas à la faculté de droit, on
n'est pas en examen, on ne peut pas tout savoir.
M. Marx: Non, mais moi il y a longtemps que j'ai
étudié l'emphytéose. J'ai eu un bon professeur. Maximilien
Caron me l'a bien enseignée et... je me souviens des principes. Je ne
dirais pas que j'ai l'expertise des légistes du ministère de la
Justice, mais j'ai les principes. Je pense que tout Juriste doit être au
courant des principes.
Mme Bleau: Je pense qu'on n'est injuste envers personne si la loi
fait obligation de mettre dans le contrat que c'est un bail
emphytéotique. À ce moment-là, on ne lèse personne.
On le fait en toute connaissance de
cause...
M. Boulerice: On ne lèse personne... C'est bien entendu
qu'il n'y a personne qui peut être vicieux, à l'exception
peut-être de quelques individus... Mais je vais toujours revenir...
Regardez le libellé que j'ai cité tantôt: Objet du contrat:
"Le vendeur vend à l'acquéreur ici présent - je vous le
répète - et acceptant, avec garantie légale, libre de
toute charge, privilège, hypothèque, etc. " Alors on va plus
loin,... "sujet au bail emphytéotique"...
M. Marx: Oui, mais on ne pourra pas aller dans...
M. Boulerice: Dans le cas que je vous faisais remarquer, cela a
été saisi et compris comme étant l'article faisant
référence au classement de l'immeuble comme monument historique
puisqu'il est situé dans un arrondissement historique. Mais quelqu'un
lit cela... Comme je vous le dis, on peut être linguiste, mais on n'est
malheureusement pas tous juristes. On va à la déclaration du
vendeur: "Le vendeur fait les déclarations suivantes et s'en porte
garant: l'immeuble est libre de tout privilège, hypothèque.... "
Vous vous retrouvez où? (16 heures)
Une voix: Mais il n'était pas correct...
M. Marx: On n'est pas ici pour examiner tous les contrats
où quelqu'un...
M. Boulerice: Y aurait-il un moyen quelque part, puisque la
justice doit être réparatrice aussi...
M. Marx: Quand on arrivera à l'article 2, j'aurai d'autres
explications à vous donner, M. le Président. Si on peut adopter
l'article 1 et passer à l'article 2, j'aurai d'autres commentaires
à faire. Je pense que l'article 2 répond un peu à la
question soulevée par le député de Saint-Jacques.
M. Filion: Dans le cas des baux emphytéotiques, pour
information - dans la région de Montréal il y a des baux
importants - a-t-on commencé à vivre l'expiration d'un terme... '
M. Marx: Est-ce qu'il y a quoi?
M. Filion: Est-ce qu'on a commencé à vivre des
situations réelles d'expiration de baux emphytéotiques?
M. Marx: Oui, parce qu'il y a des baux qui avaient
été consentis il y a presque un siècle.
L'emphytéose existe au moins depuis 1867.
M. Filion: La question n'est pas là. La question qu'on
soulève - c'est un cas hypothétique - est la suivante: les soeurs
Grises sont propriétaires de la moitié ou des trois-quart de
l'île des Soeurs, les soeurs Grises qui dans x dizaines d'années
vont reprendre toute la propriété de l'île des Soeurs. En
pratique...
M. Marx: La valeur des appartements va diminuer. Quand il restera
dix ans au bail emphytéotique, l'appartement n'aura pas la même
valeur qu'il a aujourd'hui car on achète cela et c'est bon pour dix ans.
Comprenez-vous ce que je veux dire?
M. Filion: Oui.
M. Marx: C'est cela. Adopté, M. le Président. Je
pense que...
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'Opposition est
d'accord? L'article 1 est déjà appelé.
M. Filion: il n'est pas adopté.
Le Président (M. Kehoe): Non, il est appelé.
M. Filion: On l'appelle, il est présent.
Le Président (M. Kehoe): On discute le... Cela fait
plusieurs fois qu'on l'appelle.
M. Marx: Peut-on suspendre pour deux minutes?
M. Filion: On va susprendre pour cinq minutes.
M. Boulerice:... je ne sais pas si la situation matérielle
privilégiée du ministre.
Le Président (M. Kehoe): Les travaux de la commission sont
suspendus pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 4)
(Reprise à 16 h 19)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. J'appelle l'article 1.
M. Filion: Excusez. Juste avant d'adopter l'article 1, quel
était l'équivalent de l'article 441 b dans le projet de loi
20?
Une voix: 1079. M. Filion: Pardon? 1079. Une voix:
Un, zéro, sept, neuf. M. Filion: Un, zéro, sept,
neuf.
Une voix: ...du projet de loi 20 tel qu'adopté ou du
projet de loi 20 tel que présenté? Ce sont des numéros
différents.
M. Filion: Tel qu'adopté. M. Marx: Tel
qu'adopté. Une voix: 1079. Une voix: 1079. M. Marx:
1079.
M. Filion: Ma photocopie ne se rend pas jusque là.
M. Marx: 1079.
M. Filion: C'est tel que proposé.
M. Marx: Ce que vous avez, c'est...
M. Filion: C'est tel que proposé.
M. Marx: Je peux vous le donner, le 1079.
M. Filion: D'accord. Passez-moi donc juste une copie, je vais
vous la remettre. Peut-être pas la vôtre, M. le ministre, mais
celle de votre adjoint.
M. Marx: D'accord. Donnez cela...
Une voix: C'est la mienne.
M. Filion: 1079 tel qu'adopté...
M. Marx: On a cela.
M. Filion: L'équivalence, donc.
Une voix: il y en a une copie... Elle servira aux autres.
M. Filion: Ah bon! Merci. C'est juste une question de
rédaction un peu.
M. Marx: La rédaction est un peu... M. Filion:
C'est cela. C'est correct. M. Marx: C'est correct? Adopté?
M. Filion: Oui, adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 2.
M. Marx: À l'article 2, je vais juste faire le
commentaire, M. le Président, parce que tout le monde a l'article devant
sol. Cet article vise à permettre à l'acheteur d'être
informé de ses droits et obligations et des conséquences qui en
découlent. Ainsi, la déclaration devra indiquer la
copropriété établie sur un immeuble construit par un
emphytéote sur un immeuble faisant l'objet d'une propriété
superficiaire ainsi que les droits et obligations qui en découlent pour
les copropriétaires. Je pense qu'on clarifie. On exige... C'est la
réponse à...
Mme Bleau: C'est la réponse à la question de...
M. Marx: Oui.
M. Filion: Oui, mais il faut faire attention. Quel est l'article
correspondant? C'est 1079? Non, même pas. Il n'y en a pas.
M. Marx: il n'y en a pas. Une voix: il n'y en a pas.
M. Filion: C'est cela qui est important là-dedans. Les
sources de problèmes, comme vous l'avez mentionné tantôt,
M. le ministre...
M. Marx: Cela n'est pas dans ce projet... M. Filion:
Pourquoi?
M. Marx: ...parce que ce sera dans le projet de loi sur les
obligations et qui prévoit la vente des immeubles.
M. Filion: Donc, ce n'est pas dans cette partie du Code
civil...
M. Marx: Non. M. Filion: ...c'est ailleurs. M. Marx:
Oui, c'est cela. M. Filion: C'est ailleurs. M. Marx: Oui,
oui.
M. Filion: Donc, il y a un article correspondant, mais pas dans
le projet de loi.
M. Marx: Non. Nous avons déposé le livre sur les
obligations, c'est dans ce livre maintenant.
M. Filion: C'est cela. M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Donc, cela n'était pas dans le projet de loi
20?
M. Marx: Non.
M. Filion: La déclaration règle des
problèmes.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Elle vient informer le monde adéquatement.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Mais il faudra faire attention lorsqu'on va arriver
à l'article 5. Quant à la déclaration, on dit: "La
déclaration doit indiquer, le cas échéant, que la
copropriété est établie sur un immeuble construit par un
emphytéote..."
M. Marx: Mais, je veux juste souligner, M. le Président,
parce que je veux que cela soit clair pour le député de Taillon
et les autres députés, que cet article sera dans le nouveau code.
D'accord?
M. Filion: Oui, bien sûr. M. Marx: D'accord.
Parfait.
M. Filion: Oui, c'est sûr. "...ou sur un immeuble faisant
l'objet d'une propriété super-ficiaire, ainsi que les droits et
les obligations qui en découlent pour les copropriétaires." Donc,
maintenant, cela ne sera plus possible de passer un petit bail
emphytéotique en-dessous de la couverte. Cela va être clair, cela
va faire partie des titres. Le problème, M. le ministre, c'est qu'il y a
beaucoup de personnes qui, détenant un droit emphytéotique, le
considère comme un droit de propriété. J'ai lu dans des
documents de présentation qu'une école, une tendance en droit
voulait qu'un droit emphytéotique soit assimilé à un
démembrement du droit de propriété, c'est-à-dire un
droit de propriété partiel.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Donc, là, la déclaration est bonne pour
l'avenir. Quand on va adopter notre projet de loi, on va voir des
déclarations de copropriété partout. Mais on n'en fait
aucune obligation pour le passé, par exemple...
M. Marx: On ne le peut pas. On ne le peut pas.
M. Filion: ...de la déclaration.
M. Marx: Parce que, premièrement, il y a une
obligation...
M. Filion: Bien, pourquoi dans l'année suivant l'adoption
du projet de loi, on n'obligerait pas tous les...
M. Marx: Non, on ne peut pas. On ne peut pas changer... Ici,
premièrement, le notaire a une obligation...
M. Filion: ...locateurs emphytéotiques à
enregistrer leur...
M. Marx: ...de dévoiler... Non. M. Filion: On
pourrait le faire.
M. Marx: On ne peut pas demander à chacun d'examiner son
contrat pour...
M. Filion: Non, pas le copropriétaire... M. Marx:
Non, parce que... Parce...
M. Filion: ...d'obliger probablement le "développeur" ou
le promoteur à...
M. Marx: De faire quoi?
M. Filion: ...déclarer le bail emphytéotique...
M. Marx: Premièrement....
M. Filion: ...qui existait avant la
copropriété.
M. Marx: ...le notaire là... Bien non. Le notaire a
l'obligation de dévoiler que c'est construit sur un terrain sujet...
M. Filion: Est-ce qu'il a toujours eu cette
obligation-là?
Une voix: Bien oui.
M. Marx: Bien oui. Bien oui. Bien oui. Adopté?
Vous voulez, maintenant... Vous dites que l'article 5 est
rétroactif - et vous avez dit cela, il y a quelques minutes - et
maintenant vous voulez... vous pensez à aller beaucoup plus loin.
Adopté, deux?
M. Filion: Non, mais écoutez, je regarde cela...
M. Marx: Non, non, je comprends, vous pensez au...
M. Filion: ...pour ne pas créer de préjudices et la
meilleure façon c'est de faire circuler, d'avoir une meilleure
information, de faire circuler l'information au maximum pour éviter le
type de situation où l'on pourrait se faire prendre comme dans l'exemple
qui vient de nous être donné où il est écrit en page
un: "...libre de toute charge et hypothèque..." ...pour se retrouver en
page deux avec un bail emphytéotique. Je comprends que ce n'est pas une
charge ou une hypothèque, une emphytéose, mais il faudrait que
les choses soient claires, à un moment donné.
M. Marx: Je pense que quelqu'un qui
achète...
M. Filion: La preuve, c'est qu'il y a même eu...
M. Marx: Cela ne s'achète pas dans les épiceries du
coin, cela. Cela s'achète...
M. Filion: Oui, oui. Oui mais, écoutez, là.
M. Marx: il y a des notaires, il y a des avocats. Il faut
se...
M. Filion: Bien oui, mais écoutez. Dans la cause qui nous
a été soumise, là, - où est la cause de la Cour
supérieure qui nous a été soumise? - que votre
sous-ministre avait... ici, à Québec, là... Bon, alors,
écoutez, l'agent d'immeuble ne savait même pas ce qu'était
un bail emphytéotique. Écoutez! Non, non, mais il faut se
comprendre un petit peu.
M. Marx: Oui, bien, oui. M. Filion: Vous dites... M.
Marx: Mais il y a...
M. Filion: Dans l'offre d'achat il n'était même pas
fait mention du bail emphytéotique.
M. Marx: Je ne suis pas prêt à discuter... M.
Filion: Je comprends que c'est un cas...
M. Marx: ...chaque contrat... Il y a des cas et cela, c'est une
autre affaire. Bon! L'article 2.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'il est
adopté?
M. Filion: Alors, finalement "la déclaration doit
indiquer, le cas échéant, que la copropriété est
établie sur un immeuble construit par un emphytéote ou sur un
immeuble faisant l'objet d'une propriété superficiaire..."
Mme Bleau: Cela corrige ies situations. M. Marx: Bien,
c'est cela.
M. Filion: C'est-à-dire qu'on prévoit une
déclaration...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...de copropriété.
M. Marx: C'est cela. On ne peut pas être contre cela, M. le
Président.
M. Filion: Non, mais ce qui était enregistré avant,
c'était les actes de copropriété? C'était quoi?
M. Marx: Non mais maintenant, là... Le problème,
maintenant, là, c'est... Il y a un terrain, d'accord? Il y a un
transfert de propriété en vertu d'un bail emphytéotique,
d'accord? Le monsieur construit des condos sur le terrain. Bien, on a dit que
les propriétaires des condos n'avaient pas de droit de
propriété parce qu'on ne peut pas... Le juge a dit qu'on ne peut
pas avoir un droit de propriété dans une
copropriété construite sur un terrain sujet à un bail
emphytéotique.
M. Filion: C'est cela.
M. Marx: C'est réglé dans l'article 1 et dans les
autres articles. L'article 2...
M. Filion: C'est la déclaration.
M. Marx: C'est la. déclaration, comme la
députée de Groulx l'a bien dit et bien expliqué. Sans
être notaire ou avocate, elle a bien compris que cela va protéger
les gens à l'avenir.
M. Filion: La déclaration de copropriété, au
moment où l'on se pairie, avant l'adoption du projet de loi, elle
existe.
M. Marx: Bien oui, le notaire...
M. Filion: Elle prend une autre forme. Est-ce que cela s'appelle
aussi une déclaration de copropriété?
M. Marx: Bien, le notaire... M. Filion: Bon d'accord.
M. Marx: Mais ce n'est pas dans la loi. On met cela dans la
loi.
M. Filion: Elle s'appelle déclaration de
copropriété mais elle ne s'appelle pas déclaration de
coemphytéose.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Donc, elle existe déjà cette
déclaration.
M. Marx: L'article 567.
Une voix: C'est au chapitre de l'emphytéose qu'on a...
M. Filion: Bon, adopté. M. Marx: D'accord.
Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté J'appelle l'article
3.
M. Marx: Cet article exige que la déclaration de
copropriété soit signée le cas échéant
par l'emphytéote ou le superficiaire. Toutefois, la signature du
propriétaire du fonds n'est pas nécessaire car le consentement de
celui-ci n'est pas essentiel. Ce qui importe, c'est qu'il soit informé
de l'existence de la copropriété. Il est donc suffisant d'exiger
de l'emphytéote ou du superficiaire, selon le cas, qu'il avise le
propriétaire du fonds de l'enregistrement de la déclaration.
M. Filion: Est-ce que cela existe... Est-ce que c'est du droit
nouveau, cela?
Une voix: Actuellement, oui.
M. Marx: Ce n'est pas dans le projet de loi 20.
Une voix: Ce n'est pas dans le Code civil actuel.
M. Marx: Ce n'est pas dans le Code civil actuel.
M. Filion: Ce n'est pas dans le Code civil actuel. Est-ce que
c'est dans le projet de loi 20?
Une voix: Dans le projet de loi 20? Non.
M. Marx: Ce n'est pas dans le projet de loi 20.
Une voix: Dans le projet de loi 20 non plus. On exigeait la
signature du copropriétaire, là, on va l'aviser tout
simplement.
M. Filion: D'accord. M. Marx: D'accord. M. Filion:
Adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 3 est adopté.
J'appelle l'article 4.
M. Marx: Cet article accorde le droit de retrait aux
administrateurs de la copropriété dans le cas où le
propriétaire de l'immeuble faisant l'objet d'une emphytéose ou
sur lequel a été créé une propriété
superficiaire cédera son droit. Dans ce cas, les administrateurs
pourraient, dans les 60 jours de la transaction, acquérir les droits de
l'acheteur en lui remboursant le prix de la session et les frais qu'il a
acquittés. Les droits acquis par les administrateurs deviendront alors
parties communes ou exclusives, selon le cas. (16 h 30)
M. Filion: En français, cela veut dire quoi, cet
article-là, concrètement?
M. Marx: Cet article reprend un principe adopté dans le
cadre de la réforme de Code civil. Il devra rassurer ceux qui s'opposent
à ce qu'une propriété divise puisse être
établie sur un immeuble qui fait l'objet d'une emphytéose en
raison de l'incompatibilité des deux droits. L'un étant absolu et
permanent, l'autre étant temporaire. En effet, désormais, le
caractère temporaire du droit sera lié à la conservation
du droits du propriétaire de l'immeuble faisant l'objet d'une
emphytéose. Dans l'éventualité où celui-ci se
départit de son droit, les copropriétaires pourront, en
priorité, obtenir un droit permanent.
Une voix: Cela veut dire qu'ils ont une première
option...
M. Filion: M. le ministre.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Filion: Si je comprends bien - vous me corrigerez - c'est une
espèce de... Comment appelle-t-on cela dans les contrats le droit de
premier...
Une voix: Refus.
M. Filion: Non, ce n'est pas un droit de premier refus mais c'est
à peu près l'équivalent, non?
M. Marx: C'est semblable à cela.
M. Filion: On doit donner au copropriétaire - vous me
corrigerez - la faculté d'acheter du bailleur du fonds de terre le droit
permanent.
M. Marx: Un droit permanent, c'est cela.
M. Filion: Le droit permanent appartient au bailleur
emphytéotique, lui. Alors, donc, la faculté d'acheter du bailleur
emphytéotique le droit qu'il vient de céder à un
tiers.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Est-ce que cela existe actuellement dans le Code
civil?
M. Marx: Cela existe dans d'autres chapitres du Code civil.
M. Filion: Est-ce que cela existait dans le projet de loi 20?
M. Marx: Oui. On va vous donner les articles, là.
L'article 1122, c'est à titre d'exemple.
M. Filion: Cela va. C'est bon cela.
Une voix: il y en a en matière de succession aussi.
M. Marx: Un à la fois.
M. Filion: L'article 1122, c'est correct. C'est en plein dans le
mille, l'article 1122. C'est la même chose.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Cela va.
M. Marx: L'article 5.
Le Président (M. Kehoe): Article 4 adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Kehoe): M. le député.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Article 5?
M. Marx: Article 5. Cet article a pour but de ratifier les
déclarations de copropriété qui ont été
jusqu'à ce jour enregistrées sur un immeuble déjà
construit faisant l'objet d'un bail emphytéotique sur un immeuble
construit par un emphytéote ainsi que sur un immeuble faisant l'objet
d'une propriété superficiaire. Compte tenu d'un récent
jugement rendu par la Cour supérieure dans l'affaire Roy contre
Sociétés immobilières Cours Le Royer auquel j'ai
déjà fait référence, il est important de s'assurer
que la validité de ces déclarations de copropriété
ne soient pas remises en cause. Cet article n'a toutefois pas pour but de
valider une déclaration de copropriété qui serait invalide
pour toute autre raison que celle d'avoir été enregistrée
sur de tels immeubles.
M. Filion: C'est le coeur du projet de loi.
M. Marx: il a toujours été permis
d'enregistrer...
M. Filion: Mais c'est le coeur du projet de loi actuel.
M. Marx: Oui, mais cela veut dire que les gens ont toujours
pensé qu'ils ont ce droit. Vient ie jugement qui...
M. Filion: Je vais vous poser une question, M. le ministre.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Est-ce que vous pouvez concevoir un cas où un
bailleur emphytéotique ne voulait pas que s'érige sur sa
propriété, sur son bien, des immeubles en
copropriété?
M. Marx: Cela ne cause pas de préjudice.
M. Filion: En dehors du préjudice qu'il peut subir. Je
vais vous en donner un préju- dice. Peut-être allez-vous me dire
que je me creuse la...
M. Marx: Non, parce que... Non, je ne conçois pas
cela.
M. Filion: Je vais vous donner un exemple.
M. Marx: Je ne conçois pas cela parce que quand vous
cédez un terrain par emphytéose par bail emphytéotique,
vous le faites en sachant que la personne... comment dirais-je... qui est le
bailleur... qui est locataire va jouir de tous les droits du
propriétaire. Le bailleur n'a jamais l'intention d'enlever une partie
des droits de propriété...
M. Filion: Je vais vous donner un exemple. M. Marx:
Oui.
M. Filion: Le bailleur peut préférer... Je me fais
l'avocat du diable.
M. Marx: Faites le, ce n'est pas nouveau.
M. Filion: Je ne devrais pas, le diable est suffisamment bien
représenté dans notre société, comme je le dis
souvent, mais quand même, faisons l'avocat du diable quelques minutes.
Écoutez-moi, par exemple. 1° le bailleur peut vouloir ne faire
affaire qu'avec une seule personne. Laissez-moi terminer. Exemple: Je suis
propriétaire d'une grande étendue de terrain que je ne veux pas
négocier avec 48 480 ou 4800 propriétaires, comme cela sera quand
les soeurs Grises vont reprendre leur île.
M. Marx: On va répondre à une question à \a
fois. À cette première question, je dirais: s'il ne veut pas,
qu'il l'inscrive dans son bail.
M. Filion: À l'époque, ça n'existait pas la
copropriété.
M. Marx: Comment cela n'existait pas?
M. Filion: D'abord, le bailleur a pu aller voir son avocat qui
lui a dit: N'écris pas cela, ce n'est pas nécessaire.
Peut-être que son avocat pensait comme le juge Melançon? Je me
fais l'avocat du diable.
M. Marx: C'est très théorique.
M. Filion: Je vais prendre un exemple: Un bailleur
emphytéotique peut arriver et dire: Dans vingt-huit ans, je vais mettre
4800 familles dehors.
M. Marx: Cela ne tombe pas sous notre loi, parce que c'est
cinquante ans. Nouvel exemple.
M. Filion: À un moment donné, cela va
venir.
M. Marx: Non. Ici, c'est cinquante ans.
M. Filion: À un moment donné, le bail va se
terminer.
M. Marx: C'est l'année zéro.
M. Filion: Le bailleur va être obligé d'envoyer une
belle lettre certifiée à tout le monde pour leur dire:
Dehors.
M. Marx: Les gens le savent. Ils ont des titres.
M. Filion: Mais le bailleur, cela peut ne pas le tenter, cela
peut ne pas faire partie de sa façon de procéder que de mettre
beaucoup de familles dehors.
M. Marx: Qu'est-ce qu'il aimerait faire?
M. Filion: Voilà un cas où notre loi pourrait lui
causer préjudice.
M. Marx: Non, parce que dans cette loi on prévoit le
renouvellement de ce bail emphytéotique. C'est nouveau aussi.
M. Filion: Cela n'existait pas avant cela?
M. Marx: Non, c'est dans la loi. Donc, on a déjà
contré le problème soulevé par le député
de
Taillon.
M. Filion: Est-ce que c'était dans le projet de loi
20?
M. Marx: Oui.
M. Filion: De toute façon, en ce qui concerne la
ratification de ce qui s'est fait dans le passé...
M. Marx: Ce n'est pas la ratification, c'est...
M. Filion: L'article 5 vient ratifier tout ce qui s'est fait dans
le passé.
M. Marx: Non, cela vient clarifier.
M. Filion: C'est vous-même qui l'avez dit: Relisez vos
notes.
M. Marx: Peut-être que j'ai utilisé le mauvais
mot.
M. Filion: Non, c'est écrit dans vos notes.
M. Marx: Ratifier, clarifier, utilisez le terme que vous voulez.
Le titre des contrats ne change pas les contrats. Un contrat de mariage, si on
met en haut "contrat de vente", cela reste un contrat de mariage.
La Présidente (Mme Bleau): Est-ce que l'article est
adopté?
M. Filion: Sur division.
M. Marx: Sur division. D'accord.
M. Filion: Sur division, en ce qui concerne l'article 5.
M. Marx: L'article 5 est adopté sur division. M.
Filion: C'est cela.
La Présidente (Mme Bleau): Sur division. M. Marx:
L'article 6, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bleau): On étudie l'article
6.
M. Marx: Cet article innove en ce qu'il introduit la
déclaration de coemphytéose. Ainsi, l'emphytéose qui porte
à la fois sur un terrain et un immeuble construit peut faire l'objet
d'une déclaration de coemphytéose dont les règles sont les
mêmes que celles prévues par la déclaration de
copropriété. En effet, dans ce cas, il serait inexact de parler
de déclaration de copropriété, puisqu'il ne s'agit pas de
la division du droit de propriété, mais plutôt de celle du
droit d'em-phytéose. Cette déclaration est en outre assujettie,
en faisant les adaptations nécessaires, aux règles de la
copropriété établie sur un immeuble construit par un
emphytéote à titre d'amélioration.
La Présidente (Mme Bleau): Est-ce que vous avez des
remarques, M. le député?
M. Filion: Est-ce que cela veut dire... D'abord, comment va
être créée la coemphytéose?
M. Marx: Par une déclaration enregistrée par un
notaire.
M. Filion: Est-ce que cela prend le consentement du bailleur?
M. Marx: il faut qu'il soit avisé.
M. Filion: il doit être avisé, uniquement.
M. Marx: Oui, c'est cela. Il va avoir... Parce que le bailleur...
Je vais passer cela.
M. Filion: Le bailleur faisait affaire avec un seul individu et,
à un moment donné, simplement sur avis, il vient d'apprendre
qu'il fait affaire avec 48 000 personnes.
M. Marx: Oui, mais...
M. Filion: Non, non, mais...
M. Marx:... le bail emphytéotique donne, pour un temps
limité...
M. Filion: Oui, oui.
M. Marx:... à une personne...
M. Filion: Le droit de propriété.
M. Marx:... tous les droits de propriété.
M. Filion: Oui.
M. Marx: il est propriétaire, sauf qu'un jour cela va
retourner.
M. Filion: Oui, mais la différence, c'est que le bailleur
n'a plus un locataire emphytéotique, il peut en avoir centaines ou x
milliers, sans qu'il ait un mot à dire. C'est curieux parce que le
bailleur, durant la durée du bail, a certains droits en vertu du Code
civil notamment celui d'exiger des réparations, etc.
M. Marx:... il pourrait...
M. Filion: Alors, comment va-t-il faire pour exercer ses droits
vis-à-vis des coemphytéotes, un nouveau terme, comme je l'ai dit
dans mon discours de deuxième lecture, pour venir rendre les examens de
troisième année à la Faculté de droit encore plus
difficiles?
M. Marx: Regardez...
M. Filion: J'imagine les belles questions que le ministre va
pouvoir poser à l'examen du Barreau...
M. Marx: Au premier article, regardez...
M. Filion:... quand il va retourner à l'enseignement.
M. Marx:... le premier article.
M. Filion: il va dire: C'est moi qui ai fait adopter cela.
M. Marx: L'article 1, au deuxième alinéa, explique
tout: "En ce cas, chaque copropriétaire est tenu, à
l'égard...; les obligations indivisibles demeurent à la charge...
"
M. Filion: Je sais cela, mais il n'y a pas de
représentant; il n'y a pas un conseil d'administration des
coemphytéotes.
M. Marx: il y a des coadministrateurs.
La Présidente (Mme Bleau): Je suspends les travaux pour
deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 45)
(Reprise 16 h 47)
M. Marx:... Mme la Présidente.
M. Filion: L'article 6 était-il dans le projet de loi
20?
M. Marx: Si c'était dans le projet de loi 20?
Une voix: Lequel?
La Présidente (Mme Bleau): L'article 6.
M. Filion: L'article 6, l'article 567. 1. Non?
M. Marx: Ce n'était pas dans la loi 20. D'accord?
M. Filion: D'accord, cela va.
La Présidente (Mme Bleau): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): J'appelle l'article 7.
M. Marx: Cet article vise à permettre le renouvellement de
l'emphytéose portant sur un terrain sur lequel est construit l'immeuble
détenu en copropriété, ainsi que celle qui porte à
la fois sur un terrain et un immeuble construit sans que le preneur soit
obligé d'y faire à nouveau des améliorations.
M. Filion: Oui, c'est... M. Marx: Cela va?
M. Filion: Oui, c'est-à-dire que c'est
nécessaire.
M. Marx: C'est cela. M. Filion: C'est nécessaire.
Pardon? M. Marx: C'est dans le projet de loi 20. M. Filion:
C'était dans le projet de loi 20? M. Marx: Oui.
M. Filion: Juste une seconde, ce ne sera pas long.
La Présidente (Mme Bleau): Est-ce que
l'article 7 est adopté?
M. Filion: Allez-y donc, M. le ministre. Je sais que vous avez de
savantes explications là-dessus.
M. Marx: J'ai déjà expliqué l'article 7.
M. Filion: Oui, mais vous avez à ajouter, je pense.
M. Marx: Non. M. Filion: En bas. M. Marx: Non.
M. Filion: D'habitude, vos explications sont toujours en deux
étapes.
M. Marx: Si vous comprenez tout de suite, ce n'est pas
nécessaire de vous expliquer une deuxième fois.
M. Filion: Non, je comprends. D'accord. M. Marx:
Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): L'article 7 est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): Adopté.
M. Marx: L'article 8, Mme la Présidente...
M. Filion: Vous allez être obligé de vous forcer
pour celui-là.
M. Marx: Mme la Présidente, l'article 8...
La Présidente (Mme Bleau): Oui, nous étudions
maintenant l'article 8.
M. Filion: L'article 8, j'ai de la misère à
comprendre cela.
M. Marx: Cet article apporte une restriction à la
déchéance de l'emphytéose prescrite au Code civil en cas
de non-paiement pendant trois ans de la rente emphytéotique. Ainsi,
cette déchéance ne pourra pas être prononcée
lorsqu'une copropriété sera établie sur un immeuble
construit pas l'emphytéote. Il en sera de même lorsque l'immeuble
fait l'objet d'une déclaration de coemphytéose.
M. Filion: Le gros problème que je vois... À moins
que je ne comprenne mal, je vois un gros problème. Voulez-vous que je
vous l'explique?
M. Marx: Ce ne sera pas le premier.
M. Filion: Non. Je vais vous l'expliquer pour que vous puissiez
le résoudre...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...avec votre sérénité
habituelle.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Le problème est le suivant: le bailleur
emphytéotique existe, il a des droits.
M. Marx: il existe, oui.
M. Filion: Bon. Parmi ces droits-là, à l'article
574, il a le droit de recevoir ce qu'on appelle en bon québécois
son loyer et ce qu'on appelle dans le beau langage du Code civil la rente
emphytéotique.
M. Marx: D'accord.
Une voix: Le canon emphytéotique.
M. Filion: Le canon emphytéotique, comme disait
Frontenac.
M. Marx: Oui, allez-y.
M. Filion: S'il laisse passer trois années sans le faire,
me dit l'article 574, c'est-à-dire que s'il passe trois années
sans payer son loyer, il peut être déclaré déchu de
l'immeuble, en somme déchu de son droit. C'est normal. À un
moment donné, il faut payer ce qu'on doit. Mais par l'article 8, on
modifie l'article 574 pour ajouter un autre paragraphe qui va dire que dans les
cas où il y a une déclaration de copropriété
d'enregistrée, même si la rente emphytéotique n'est pas
payée, il n'y a pas de déchéance. J'avoue que j'ai de la
misère à comprendre pourquoi on met cela là. De toute
façon, ça me semble aller contre la justice
élémentaire.
M. Marx: Supposons que la rente emphytéotique est de 1000
$. D'accord?
M. Filion: Elle peut être de 1 000 000 $ aussi.
M. Marx: Mais supposons que c'est 1000 $. M. Filion:
Oui.
M. Marx: il y a, disons, une centaine de copropriétaires.
Supposons que le 1000 $ n'est pas payé. Est-ce qu'il va reprendre la
propriété de ces 100 personnes alors que chacun lui doit
seulement 10 $? Que fait-on? On dit que pour une rente impayée de 1000
$, chacun des 100 copropriétaires sera débiteur pour 10 $.
L'équité veut que cela soit ainsi.
Je peux vous lire la page Cl 900, débats de l'Assemblée
nationale, commission des institutions du 2 juillet 1985. Mme Harel
était tout à fait d'accord avec cela. Donc, c'est de la
continuité. Est-ce que j'étais d'accord? Un instant,
là!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Je pense qu'ils devraient plutôt avoir le droit
de payer et de revenir contre le locataire. Les copropriétaires
devraient avoir...
M. Marx: M. le Président, peut-être n'ai-je pas
parlé, j'ai signalé avec ma tête.
M. Filion: En tout cas, je trouve cela drôle un peu, parce
que...
M. Marx: C'est dans le projet de loi 20, de toute
façon.
M. Filion: C'est dans le projet de loi 20? M. Marx:
Oui.
M. Filion: Tel qu'adopté là. Quand on parle du
projet de loi 20, on veut toujours dire: tel qu'adopté.
M. Marx: L'article 1247.
M. Filion: C'est dans le projet de loi 20. C'est l'article 1247,
2° alinéa.
M. Marx: Adopté?
M. Filion: J'aimerais qu'on résolve le mystère.
M. Marx: C'est dans le code...
M. Filion: Pourquoi n'avez-vous pas parlé?
M. Marx: Parce qu'il y avait d'autres députés. Je
parle quand je connais le point en droit.
M. Filion: Les élections s'en venaient. Pour moi, vous
étiez en train de rédiger vos...
M. Marx: On était d'accord à l'époque, on
est d'accord aujourd'hui.
M. Filion: Vous étiez en train de travailler sur la rente
pour la femme au foyer.
M. Marx: Adopté?
La Présidente (Mme Bleau): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Filion: Oui. M. Marx: Oui.
La Présidente (Mme Bleau): Est-ce que l'article 9...
M. Marx: Je vais dire à la députée de
Maisonneuve que son collègue était d'accord. L'article 9?
La Présidente (Mme Bleau): Bien M. Filion:
Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): Est-ce que le titre du projet
de loi est adopté?
M. Filion: Adopté. M. Marx: Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): Est-ce que le projet de loi est
adopté?
M. Filion: Adopté. M. Marx: Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): Est-ce qu'on étudie...
Est-ce qu'il y a d'autres...?
M. Filion: Oui. Le projet de loi 4.
M. Marx: On prend une minute, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme Bleau): Je suspends les travaux pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 55)
(Reprise à 17 heures)
La Présidente (Mme Bleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Projet de loi 4
La commission des institutions reprend ses travaux pour l'étude
du projet de loi 4, Loi modifiant le Code civil et le Code de procédure
civile en matière de séparation de corps. J'appelle l'article
1.
M. Marx: Oui, Mme la Présidente. La modification
proposée a pour objet de permettre au tribunal de prononcer la
séparation de corps lorsque la demande procède par voie de
demande conjointe sur un projet d'accord sans que les parties soient
obligatoirement présentes à l'audience.
M. Filion: Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): L'article 2?
M. Marx: À l'article 2, la modification proposée
est de concordance avec celle introduite par l'article 1 du projet de loi.
M. Filion: Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): Nous étudions
maintenant...
M. Filion: Je signale à propos de l'article 2 ce que j'ai
soulevé en Chambre et je le redis au ministre. Il faudrait faire
attention, a un moment donné, afin que les juges ne croient pas qu'en
matière matrimoniale, nous leur demandons d'agir comme des
protonotaires.
M. Marx: Non. Ils peuvent faire venir les gens.
M. Filion: Je n'emploie pas cette expression de façon
péjorative...
M. Marx: Non, non, mais je comprends. M. Filion: ...mais
comme des greffiers... M. Marx: Non, non, je comprends.
M. Filion: ...de divorce et de séparation de corps, comme
des protonotaires, comme des machines qui vont regarder des affidavits, qui
vont dire que les époux ne peuvent plus s'entendre, etc. Bien sûr,
ils peuvent les convoquer. Vous savez, on en est rendu au divorce après
un an. Après un an de séparation, on divorce.
Une voix: Une moyenne d'un ou deux ans.
M. Filion: Maintenant, la durée de la séparation
est d'un an, sur affidavit. Il faut faire attention. Vous savez, il y a des
mariages de complaisance; vous connaissez cela. Il faudrait faire attention
pour qu'on n'en arrive pas aux séparations de corps de complaisance ou
aux divorces de complaisance d'autant plus que, sur le plan fiscal, il semble
que nos ministres des Finances n'aient jamais compris que si on veut encourager
la famille, on doive avoir une politique fiscale qui encourage le mariage. Or,
si les époux vivent divorcés, cela leur coûte moins cher j
d'impôt.
Bref, c'est seulement un message que j'envoie au ministre parce qu'une
fois qu'on aura adopté cela, on ne pourra pas aller plus loin.
M. Marx: Non, mais...
M. Filion: Un an, par affidavit et sans besoin de se
déplacer, on ne pourra pas rendre le divorce et la séparation
plus faciles.
M. Marx: Non, mais cela veut dire le divorce...
M. Filion: Pour le divorce, c'est déjà fait. La
séparation...
M. Marx: C'est cela. Il faut faire la même chose pour la
séparation.
M. Filion: Oui. Adopté. M. Marx: L'article...
La Présidente (Mme Bleau): J'appelle l'article 3.
M. Marx: L'article 3. Il s'agit d'une modification de concordance
afin de préciser à l'article 404 du Code de procédure
civile, à l'instar de la règle déjà établie
à l'article 186 de ce code, les modalités de la preuve hors de
cour. L'article 404 constitue la disposition générale du Code de
procédure civile qui prévoit, aux conditions qui sont
prévues, la possibilité pour les parties de faire une preuve hors
de cour. Adopté.
M. Filion: Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): J'appelle l'article 4.
M. Marx: J'ai des amendements...
M. Filion: Bon!
M. Marx: ...Mme la Présidente.
M. Filion: C'est là que viennent les amendements.
M. Marx: Oui. Je ne sais pas si le député aimerait
avoir tous les amendements...
M. Filion: Oui.
M. Marx: ...en même temps.
M. Filion: Bien oui.
M. Marx: En même temps, d'accord. En même temps.
M. Filion: Combien y a-t-il d'amendements, M. le ministre?
La Présidente (Mme Bleau): Trois.
M. Marx: Trois.
M. Filion: Trois articles?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Seulement?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Combien de pages en tout?
M. Marx: Quelques-unes. Le député de Taillon
comprend quels sont ces amendements. Il s'agit des...
La Présidente (Mme Bleau): M. le ministre... M. Marx:
Oui.
La Présidente (Mme Bleau): ...je m'excuse. Nous avons
appelé l'article 4, mais je pense qu'on n'aurait pas dû le faire
parce qu'on propose les articles 3.1 et 3.2.
M. Marx: Les articles 3.1 et 3.2, oui.
La Présidente (Mme Bleau): C'est cela. Alors, on va
appeler l'article 3.1 après que vous en aurez pris connaissance.
M. Marx: Deux de ces amendements, Mme la Présidente, comme
je l'ai dit lors de mon discours de deuxième lecture, harmonisent notre
Code de procédure civile avec une loi fédérale. C'est le
but, il n'y en a pas d'autres. C'est pour donner aux Québécoises
les mêmes droits qu'ont les femmes des autres provinces. Essentiellement,
c'est pour les Québécoises. C'est le but de ce projet de loi.
M. Filion: Avec un petit amendement au titre du projet de loi
pour vous permettre d'agrandir la couverte, pour y inclure vos amendements.
M. Marx: On ne va pas faire ce débat maintenant. Je sais
que le député de Taillon, quand il s'agit de projets de loi
fondamentaux, parle toujours sur le fond. Je conviens que le
député de Taillon a toujours fait un travail sérieux avec
son recherchiste qui est toujours ici à ses côtés. On
apprécie cela. Je pense que le député de Taillon se fart
une bonne réputation.
M. Filion: La flatterie ne vous mènera nulle part, M. le
ministre.
M. Marx: Non, ce n'est jamais de la flatterie; c'est la
vérité. Je dis cela à l'extérieur, comme
à...
M. Filion: Voilà la pire forme de flatterie! M. Marx:
Je dis cela partout. M. Filion: Bon!
M. Marx: Le député agit comme j'ai agi quand j'ai
occupé son siège.
M. Filion: Aux articles 3.1 et 3.2, quelle sera la
mécanique? Êtes-vous capable de me l'expliquer de la façon
la plus précise et la plus simple possible?
M. Marx: il sera possible, parce que la loi
fédérale prévoit que ce le soit, de saisir pour une dette
alimentaire, une pension ou d'autres prestations payées en vertu des
lois fédérales. Donc, il faut prévoir un certain nombre de
règles dans notre Code de procédure civile, parce qu'on fait
référence à la procédure civile des provinces. Cela
peut varier d'une province à l'autre. Donc, il faut que toutes les
provinces harmonisent leur procédure civile avec cette loi
fédérale.
Comme nous l'avons prévu, on peut saisir jusqu'à 50 %.
C'est déjà dans nos règles et il n'y a pas de...
M. Filion: Est-ce que cela s'applique aux fonctionnaires
fédéraux?
M. Marx: Oui, à tout le monde.
M. Filion: À celui qui fait partie de l'armée
canadienne?
M. Marx: Relativement à son salaire? M. Filion:
Oui.
M. Marx: Ce n'est pas dans cette loi fédérale. Il y
a déjà une loi sur les salaires fédéraux.
M. Filion: Oui, mais est-ce que...
M. Marx: C'est de l'argent que le gouvernement
fédéral détient et qu'il doit payer aux gens. Ce peut
être le remboursement d'impôt, ce peut être...
M. Filion: Ah, c'est de l'argent que le gouvernement
fédéral retient.
M. Marx: ...l'assurance-chômage. C'est cela.
M. Filion: Cela s'applique aussi à ce qui est
détenu par une entreprise privée ailleurs, dans une autre
province?
M. Marx: Non, uniquement à ce que le gouvernement
fédéral détient.
M. Filion: Uniquement à ce que le gouvernement
fédéral détient.
M. Marx: Oui, c'est cela.
M. Filion: Cela ne s'applique pas, à supposer, au cas du
monsieur travaillant pour IBM en Colombie britannique?
M. Marx: Ce serait les lois provinciales de droit international
privé qui s'appliqueraient.
M. Filion: Je pensais que cela s'appliquait... Les sommes...
M. Marx: Les lois et les dispositions de lois qui suivent. Je lis
un document fédéral...
M. Filion: Oui.
M. Marx: ...il y a la Loi de l'impôt sur le revenu, la Loi
nationale sur la formation, la Loi de 1971 sur l'assurance-chômage, Loi
sur la sécurité de la vieillesse. Ce sont les lois
listées. Est-ce qu'il y en d'autres? Non, c'est tout. Pour l'instant,
c'est tout.
M. Filion: Cela permet de saisir une somme qui serait
détenue en trop par le ministère du Revenu.
M. Marx: C'est cela au fédéral. M. Filion: Au
Fédéral, oui, bien sûr.
M. Marx: C'est cela. C'est tout. C'est très simple.
M. Filion: La dernière que vous avez mentionnée,
c'est la Loi sur la sécurité de la vieillesse?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Cela permet de saisir la pension de vieillesse.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Quoi d'autre? Quelles sont les autres lois?
M. Marx: La Loi de l'impôt sur le Revenu, la Loi nationale
sur la formation...
M. Filion: Oui.
M. Marx: ...l'assurance-chômage et la
sécurité de la vieillesse.
M. Filion: L'assurance-chômage! i M. Marx: C'est
cela. Supposons qu'il a 200 $ par semaine.
M. Filion: C'est important, cela. Cela veut dire que, maintenant,
les Québécoises vont pouvoir saisir les indemnités
d'assurance-chômage de leur ex-époux défaillant. Ah, cela
va loin!
M. Marx: C'est mieux que ce soit leur exépoux
défaillant qui pait plutôt que ce soit nous.
M. Filion: Ah oui!
La Présidente (Mme Bleau): Je pense, M. le ministre, que
cela va éviter, dans bien des cas... Souvent, les maris pour ne pas
avoir à payer la pension laissent leur travail et ont recours à
l'assurance-chômage. Avant, ils étaient tranquilles.
M. Marx: Ah oui, c'est cela.
La Présidente (Mme Bleau): Maintenant, ils ne pourront
plus être tranquilles.
M. Filion: Au moment où l'on se parle, on ne peut pas
saisir l'assurance-chômage, on ne peut pas saisir le gouvernement
fédéral.
M. Marx: C'est vrai. C'est cela.
M. Filion: Mais cela inclut-il aussi la
rémunération ordinaire de l'employé?
M. Marx: Oui, c'est une loi intérieure qui existe depuis
longtemps.
M. Filion: Cela existe déjà. M. Marx: C'est
cela.
M. Filion: Je dois vous signaler, M. le ministre, que j'ai eu
tout un problème à saisir un officier de l'armée
canadienne qui ne payait pas la pension alimentaire de ma cliente. C'est
arrivé il y a sept ou huit ans.
M. Marx: Depuis 1981 ou 1982, la loi a été
modifiée.
M. Filion: Ha! Oui? D'accord.
M. Marx: Bientôt, il sera possible pour le
député de retourner en pratique privée et de saisir
à nouveau.
M. Filion: Non, mais, en tout cas, c'était une longue
histoire, un beau dossier.
M. Marx: D'accord.
La Présidente (Mme Bleau): Est-ce que l'article 3.1 est
adopté?
M. Marx: Adopté. M. Filion: Adopté.
M. Marx: Mais j'aimerais souligner, Mme la Présidente, que
ce sont des modifications techniques pour permettre la mise en vigueur de la
loi fédérale.
M. Filion: Cela va. Adopté.
M. Marx: Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): J'appelle
l'article 3.2.
M. Marx: Cet article a trait au bref de saisie-arrêt pour
une saisie pratiquée en vertu de la loi fédérale
d'aide.
M. Filion: Dans le projet de loi C-48... M. Marx: C-48,
oui.
M. Filion: ...on mentionne que le titre du projet de loi est: Loi
prévoyant la communication de renseignements susceptibles de permettre
de retrouver les conjoints défaillants et d'autres personnes, ainsi que
la saisie-arrêt pour l'exécution d'ordonnances et d'ententes
alimentaires, de certaines sommes entre les mains de Sa Majesté, du chef
du Canada.
Il y a une faute d'orthographe absolument incroyable dans cette loi.
M. Marx: Où?
M. Filion: Juste au-dessus de l'article 3. "Les accords
"fédéro"-provinciaux..." Vous avez cela?
M. Marx: À l'article 3...
M. Filion: Juste au-dessus de l'article 3. Absolument incroyable,
Mme la Présidente. Je tiens à le signaler parce que...
Une voix: ...c'est une loi fédérale, ça...
M. Filion: C'est une loi fédérale mais...
M. Marx: Oui, mais ce n'est pas dans un article...
M. Filion: Non, mais c'est entre deux articles, cela fait partie
de la loi.
Une voix: Cela arrive souvent.
M. Filion: C'est le titre. Je tiens à vous le signaler,
Mme la Présidente, uniquement pour l'histoire. C'est quand même
absolument remarquable qu'à la Chambre des Communes, à Ottawa, on
ait écrit "accords fédéro-provinciaux" de la façon
suivante: "Accords, c'est très bien; fédéraux,
f-é-d-é-r-o...
M. Marx: On l'a écrit comme on le prononce.
M. Filion: ...trait d'union, provinciaux. Mais à
provinciaux, ils ont mis a-u-x. Ils ont dû dire: il y a plusieurs
provinces, on va mettre provinciaux. Mais "fédéro", je n'ai
jamais vu cela. "Accords fédéro-provinciaux".
Une voix: On paie pour tout cela.
M. Marx: Voilà. Adopté.
M. Filion: On se présente à chaque fois devant les
tribunaux provinciaux. On n'a pas besoin d'aller devant la Cour
fédérale ou ces choses-là?
M. Marx: Non, non. C'est provincial.
M. Filion: On fonctionne de façon tout à fait
habituelle.
M. Marx: C'est provincial. Un jour, peut-être, le divorce
sera de compétence provinciale.
M. Filion: il le faudrait. Vous n'avez pas obtenu
grand-juridiction depuis que vous êtes là. C'est de valeur. Une
belle cour unifiée avec une juridiction en matière de faillite et
de divorce, cela aurait été intéressant en fin de session.
À moins que ce ne soit sur un papillon, non? Cela ne sera pas long. Je
termine rapidement C-48.
La Présidente (Mme Bleau): il vous a donné des
idées.
M. Filion: Je pense qu'il les a déjà eues. Tous
ceux qui veulent obtenir des modifications aux compétences
fédérales-provinciales, en vertu des articles 91 et 92, doivent
faire la ligne après le lac Meech. Chacun a des coupons. Ils sont rendus
à environ 38, je pense. À 39, ce serait une demande du
Québec visant à obtenir une juridiction en matière de
divorce et de faillite.
M. Marx: Mme la Présidente, j'aimerais souligner que ce
n'est pas mon dossier. C'est le dossier du député de
Jean-Talon.
M. Filion: Oui, mais en tant que jurisconsulte du gouvernement,
gardien de nos lois...
M. Marx: Mon client, ce n'est pas le député de
Taillon, ce sont les autres ministres et ministères. (17 h 15)
M. Filion: Vos clients, c'est la population du Québec.
M. Marx: ...par l'entremise des autres ministères.
M. Filion: Non, par l'entremise de tous les
députés. La population se répartit dans tous les
comtés, non seulement dans le comté de Jean-Talon. Bon. Cela va.
Donc, cela ne vise que cela?
M. Marx: Oui, c'est cela.
M. Filion: Ce n'est pas plus étendu que cela?
M. Marx: Non.
M. Filion: C'est 48. M. Marx: C'est sûr.
M. Filion: Je ne sais pas comment ils ont réussi à
rédiger un projet de loi d'environ 60 articles...
La Présidente (Mme Bleau): L'article 3.2 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
M. Filion: ...66 articles... Mais ils sont fous ces Romains! Ils
sont fous ces Anglais-Saxons! Il faut bien s'amuser un peu. Adopté.
M. Marx: Adopté. L'article...
La Présidente (Mme Bleau): On passe à l'article 4,
si je comprends bien.
M. Marx: L'article 4.
M. Filion: On retourne au projet de loi là?
La Présidente (Mme Bleau): Oui.
M. Filion: Bon.
M. Marx: L'article 4. La modification à l'article 822.2 du
Code de procédure civile est de concordance avec celle apportée
à l'article 1 du projet de loi.
M. Filion: À compter du 1er janvier 1988, l'article 4
s'applique également... L'article 4. L'article 4 de la Loi modifiant le
Code de procédure civile, c'est cela? Quel est l'effet direct de
l'article 4 du projet de loi?
M. Marx: L'article 4, un instant.
M. Filion: il n'y a pas une erreur là-dedans?
M. Marx: "...avant d'examiner le projet d'accord définitif
et après avoir vérifié la recevabilité de la
demande, faire supprimer ou modifier les clauses de la convention temporaire
qui lui paraîtraient contraires à l'intérêt des
enfants."
M. Filion: L'article 9 de la Loi modifiant le Code de
procédure civile...
M. Marx: Si le juge le veut, il peut faire venir les époux
pour les entendre.
M. Filion: Ah bon! D'accord. Cela va, adopté. C'est ce
qu'on disait tantôt.
La Présidente (Mme Bleau): J'appelle l'article 4,2.
M. Marx: 4.1.
La Présidente (Mme Bleau): L'article 4.1, excusez-moi.
M. Filion: Mon Dieu! Mme la Présidente.
M. Marx: L'article 4.1, je peux le lire parce que c'est un
amendement ou... si ce n'est pas nécessaire... Ce n'est pas
nécessaire n'est-ce pas?
M. Filion: Cela dépend.
M. Marx: Ce serait dans le rapport de la commission
déposé par le député de Taillon.
M. Filion: "...est réputé constituée..." Ah!
Il y a une faute d'orthographe là.
M. Marx: Où cela? Oui?
M. Filion: Je ne sais pas, mais "est réputé
constituée", d'après moi, constitué s'écrit avec un
accent aigu.
La Présidente (Mme Bleau): Oui, c'est "tout bref, c'est le
bref.
M. Marx: "...est réputé constitué..."
M. Filion: Bon. Tout bref délivré avant le..., en
vue de procéder à une saisie en vertu de... est
réputé constitué...
La Présidente (Mme Bleau): C'est le bref qui est
constitué.
M. Marx: ...est constitué un bref délivré,
c'est tout bref.
M. Filion: ...est réputé constitué un bref
délivré.
Une voix: ...est réputé être un homme. M.
Filion: Ah! Ah! vous avez raison.
La Présidente (Mme Bleau): C'est constitué...
M. Marx: Adopté? M. Filion: Oh! C'est subtil ici.
Oui. M. Marx: Adopté tel qu'amendé? M. Filion: Oui,
tel que non amendé.
M. Marx: Non, non, d'accord, c'est un amendement. D'accord?
La Présidente (Mme Bleau): L'article 4.1 est
adopté.
M. Marx: D'accord. M. Filion: Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): On étudie maintenant
l'article 4.2.
M. Filion: Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): Le titre doit être
changé.
M. Filion: Oui.
La Présidente (Mme Bleau): Est-ce qu'on va étudier
le titre, s'il vous plaît?
M. Filion: Oui.
M. Marx: il y a l'article 5 avant, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bleau): Ah! L'article 5.
M. Filion: Oh! Mme la Présidente! Mon Dieu!
M. Marx: Adopté. C'est la mise...
M. Filion: Mme la Présidente!
M. Marx: ...entre en vigueur le...
La Présidente (Mme Bleau): C'est cela.
M. Marx: C'est cela.
La Présidente (Mme Bleau): Adopté?
M. Marx: Oui, adopté. L'amendement...
La Présidente (Mme Bleau): il y a un amendement
apporté au titre du projet de loi.
M. Marx: Le titre du projet de loi est modifié par le
remplacement des mots "de séparation de corps" par le mot "familiale".
Il s'agit d'une disposition de concordance avec les amendements apportés
au projet de loi.
M. Filion: Ah! les notes explicatives seront changées
automatiquement, je pense, n'est-ce pas?
M. Marx: Adopté?
M. Filion: Oui, adopté. On est obligé de l'adopter.
Autrement, on n'est pas tellement cohérents.
La Présidente (Mme Bleau): Le titre du projet de loi est
adopté tel qu'amendé.
M. Filion: il est adopté pour permettre au ministre
d'apporter des amendements plus importants que les articles du projet de loi
original. Adopté.
La Présidente (Mme Bleau): Le projet de loi est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
La Présidente (Mme Bleau):Tel qu'amendé?
M. Filion: Adopté.
M. Marx: J'aimerais, Mme la Présidente, remercier le
député de Taillon de même que les autres
députés qui étaient ici, en commission, et qui ont
travaillé pour faire adopter ces projets de loi. J'aimerais aussi
remercier les légistes et les juristes du ministère de la Justice
qui ont préparé ce projet de loi qui est assez technique. Avant
de quitter, Mme la Présidente, j'aimerais proposer une motion de
rénumérotation pour tenir compte des amendements introduits,
d'accord?
La Présidente (Mme Bleau): Est-ce que c'est
adopté?
Projet de loi 20 (suite)
M. Filion: D'accord. À mon tour, Mme la Présidente,
de souligner le travail. Je pense qu'on... Il y a quatre projets de loi.
Évidemment, en ce qui concerne le projet de loi 20, je pense que cela va
de soi. Il y a quelques questions en suspens, peut-être qu'on...
M. Marx: J'ai l'information... M. Filion: Ah, allez-y
donc.
M. Marx: Est-ce que je vais donner cela tout de suite?
D'accord.
M. Filion: Peut-être, oui. C'est peut-être plus
pratique.
M. Marx: Loi sur l'assurance-édition, chapitre A-27,
remplacée par Loi sur le développement des entreprises
québécoises dans le domaine du livre. C'est le chapitre D-8.1 de
1979. Cela est pour la portion qui concerne la partie financière des
éditeurs agréés. Loi sur les entrepôts frigorifiques
pour le poisson et la boitte.
M. Filion: La boitte.
M. Marx: Boitte. Ce sont des appâts. Dans la Loi sur le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
M-14, article 2, il y a un pouvoir d'expropriation pour acquérir des
biens ou des droits réels immobiliers avec l'autorisation du
gouvernement.
M. Filion: D'accord.
M. Marx: Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail, c'est en référence à la Loi sur
l'assurance-édition qui est abrogée. Donc, c'est une concordance.
La taxe ne s'applique pas à la Loi sur l'assurance-édition. On a
enlevé cette disposition.
M. Filion: En ce sens-là, Mme la Présidente... Bon,
le projet de loi 20 continue le coup de balai, c'est très bien. Le
projet de loi 4 aussi, bon, séparation de corps, divorce, on fait les
concordances. On le donne pour le divorce, on est obligé de le donner
pour la séparation de corps. On permet les saisies au
fédéral. Ensuite, il y avait... Ah, bon, l'emphythéose,
j'espère que le ministre en ce qui concerne l'emphythéose... En
tout cas, j'espère qu'on ne créera pas de préjudice. Il me
semble bien, en tout cas. Moi, j'ai posé les meilleures questions
possible pour saisir toute la portée de cela et je tiens pour acquis que
le ministre va vivre avec cela. Il a l'air très sûr de lui. Je
sais qu'il était bon à l'université en matière
d'emphythéose. Il était bien meilleur que moi ou même que
le député de Marquette. Je pense qu'on avait manqué le
cours sur cela à l'université. En ce qui concerne le projet de
loi 8, par exemple, j'aimerais beaucoup que le ministre, pas lui mais son
équipe, puisse profiter du temps qu'il nous reste jusqu'à la fin
de la session, pour revoir les quelques commentaires que je faisais, notamment
sur le titre du projet de loi. Je me demande s'il n'y aurait pas
possibilité d'être un petit peu plus "honnête", entre
guillemets - je ne veux pas dire que c'est malhonnête d'appeler la loi,
Loi d'aide aux victimes d'actes criminels - pour vraiment mieux circonscrire la
portée très limitée de ce projet de loi-là et non
pas pour se limiter aux effets. Les centres d'aide aux victimes, c'est
très bien, sauf que ce n'est pas de l'aide financière et il
faudrait peut-être être clair vis-à-vis du monde.
La Présidente (Mme Bleau): Alors, on ajourne.
M. Marx: Merci, Mme la Présidente, pour le travail que
vous avez accompli aussi. . M. Filion: Merci à tout le monde.
Merci au
I député de Marquette pour sa patience.
La Présidente (Mme Bleau): Alors, la commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 24)