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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous constatons, encore une fois, que nous formons amplement quorum. Je
félicite les membres de cette commission pour leur assiduité. Je
rappelle notre mandat: poursuivre l'examen des sujets qui pourraient faire
l'objet de modifications à la Loi électorale sur la base
notamment du document de réflexion et de consultation sur la
révision de la Loi électorale déposé à
l'Assemblée nationale le 15 mars 1988 et du document intitulé le
Résultat des travaux du comité de travail sur la révision
de la Loi électorale.
Je demanderais à notre secrétaire, Me Giguère,
d'annoncer les remplacements.
La Secrétaire: M. le Président, les remplacements
sont les suivants: M. Assad (Papineau) est remplacé par M. Blackburn
(Roberval), M. Brouillette (Champlain) par M. Maltais (Saguenay), M. Dauphin
(Marquette) par Mme Pelchat (Vachon), M. Godin (Mercier) par M. Gendron
(Abitibi-Ouest), M. Marcil (Beauharnois) par M. Leclerc (Taschereau) et M.
Paré (Shefford) par M. Dufour (Jonquière).
Le Président (M. Filion): Très bien. Nous en
étions donc à la liste 2, hier soir, lorsque nous avons
ajourné nos travaux. Nous avions discuté, vers la fin de la
journée, et nous avons épuisé le sujet du congé
dans les écoles. On s'en souviendra...
Divulgation des contributions
Une voix: Bien, il n'y avait pas consensus pour...
Nombre de contributions de plus ou de moins de
100$
Le Président (M. Filion): On pourra revoir le Journal
des débats - on ne reprendra pas cette discussion - pour ceux que
cela intéresse.
J'appellerais, maintenant, les sujets 43 et 44, ainsi que la proposition
68. Les sujets 43 et 44: Divulgation des contributions; proposition 68: Nombre
de contributions de plus ou de moins de 100 $. Là-dessus, le Directeur
général des élections nous a fait parvenir certaines
observations. Le consensus est dans le sens d'obliger l'indication d'un montant
total des contributions versées par un électeur, mais non pas le
nombre de ces contributions et, également, quant au montant à
partir duquel la divulgation est obligatoire, le comité avait retenu le
statu quo, soit la somme de 100 $. Par ailleurs, lors de son intervention en
commission parlementaire, le
Parti québécois a suggéré qu'il conviendrait
peut-être d'ajuster ce montant à l'augmentation du coût de
la vie depuis dix ans.
Alors, iI reste donc certaines modalités à préciser
quant à l'ordre de présentation de la liste des électeurs
ayant contribué... Oui...
M. Gratton: Puis-je vous interrompre?
Le Président (M. Filion):... je vous en prie, M. le
ministre.
M. Gratton: Parce qu'il y a plusieurs sujets...
Le Président (M. Filion): Oui.
M. Gratton:... des commentaires du DGE et d'autres
éléments, est-ce qu'on pourrait les prendre peut-être un
à un...
Le Président (M. Filion): Un à un.
M. Gratton:... dans la mesure où...
Le Président (M. Filion): Cela va. Vous aimeriez commencer
par celui que je viens de citer, peut-être.
M. Gratton: Oui, notamment la suggestion du Parti
québécois.
Le Président (M. Filion): D'ajuster le montant...
M. Gratton: D'ajuster le montant.
Le Président (M. Filion):... du plancher de
divulgation.
M. Gratton: Oui. Alors, M. le Président, sans être
opposé au principe, il nous semble...
M. Rochefort: Je m'excuse après du ministre, si je
comprends bien, le premier consensus est réglé; est-ce cela?.
Dans quel ordre voulez-vous faire cela? C'est parce qu'au fond...
M. Gratton: Bien, le premier consensus, je n'ai rien...
M. Rochefort:... on est rendu au deuxième point.
M. Gratton:... à ajouter là-dessus.
M. Rochefort: Cela est réglé.
M. Gratton: Je suis satisfait de cela, oui.
M. Rochefort: Et on se rappelle qu'on s'est entendu, je pense
mardi, pour qu'il soit fait une obligation dans la loi que c'est l'adresse qui
donne qualité d'électeur, soit l'adresse de l'inscription.
M. Gratton: Oui.
M. Rochefort: D'accord, parfait.
Le Président (M. Filion): Alors, le volet de ce sujet que
vous pourriez explorer, c'est sur la possibilité d'une augmentation du
plancher de divulgation de 100 $, 110 $, 120 $ ou peu importe, de l'indexation.
Alors, est-ce que vous voulez en discuter?
M. Gratton: Oui. Là-dessus, M. le Président, sans
avoir de grandes études à faire, il nous semble que le montant de
100 $ qui est accepté depuis un bon nombre d'années maintenant et
qui est un beau chiffre rond, facile à retenir pour tout le monde
finalement, cela ne servirait ni l'objectif de transparence, ni quelque autre
objectif que ce soit de l'ajuster de quelque façon. À moins qu'on
réussisse à nous convaincre qu'il y a des raisons profondes de le
modifier et de l'ajuster au coût de la vie, on préférerait
le laisser à 100 $.
Le Président (M. Filion): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, c'est parce que lors de la
présentation du mémoire du Parti québécois, je
pense qu'il s'est installée une miniconfusion sur la divulgation et la
nécessité, croyons-nous, d'envisager d'augmenter le montant d'un
endroit à une déduction fiscale. On voudrait que la
déduction fiscale soit peut-être haussée, ce qui est une
chose; alors que si on parle de la divulgation envisagée que toute somme
supérieure à 100 $ ait l'obligation dans la Loi électorale
d'être divulguée, nous en sommes. C'est on ne peut plus clair par
rapport à nos convictions et on n'a pas demandé de modification
à ce sujet-là.
Je ne sais pas si tout le monde me saisit bien. Il y a une
différence fondamentale entre la divulgation et le montant d'argent sur
lequel on voudrait voir appliquer une déduction fiscale ou un
remboursement de l'État. Cela, c'est une chose. On voudrait que cette
somme soit haussée. Ici, si on a à parler de l'obligation de
rendre publics les dons pour des sommes supérieures à 100 $, nous
en sommes; on est d'accord; on n'a rien à dire autre que ce qu'on a dit
au comité. On trouve que toute somme supérieure à 100 $
devrait faire l'objet d'une divulagtion publique. Je n'ai pas autre chose
à dire là-dessus.
M. Gratton: M. le Président, c'est simplement si on
retrouve cette mention d'une suggestion pour le Parti québécois.
C'est qu'effective- ment, la suggestion, sinon la suggestion... En tout cas, on
en avait fait état. Au Journal des débats, M.
Bégin, en réponse à une question à M. Gendron,
avait indiqué qu'il ne s'agira pas d'augmenter, mais de tenir compte de
l'inflation pour ajuster ce plafond où les gens peuvent ne pas vouloir
que leur nom soit publié.
Alors, je retiens de l'intervention du député
d'Abitibi-Ouest que le montant à partir duquel une divulgation est
obligatoire demeure à 100 $. Cela étant dit, la deuxième
partie, c'est à dire la possibilité d'augmenter le montant qui
donne droit à un crédit d'impôt de 50 %
présentement, ce montant est de 280 $. Toute contribution d'un
électeur à un parti politique est admissible à un
crédit d'impôt de 50 % jusqu'à un maximum de 280 $. Les
premiers 280 $ d'une contribution donnent droit à un crédit
d'impôt qui est donc d'un maximum de 140 $. Nous avons soumis, à
la suite de nos travaux, au ministère des Finances, les
représentations qui nous ont été faites. L'analyse est en
cours au ministère des Finances. Évidemment, il ne s'agit pas
pour nous de décider si on doit l'augmenter ou non. On peut exprimer un
point de vue là-dessus qui sera sûrement un prix
considéré par le ministre des Finances. Mais évidemment,
il appartiendra au ministre des Finances, qui est responsable d'élaborer
la politique fiscale du gouvernement, de décider au bout de la ligne et
de l'annoncer par les voies que l'on connaît. Mais c'est
déjà en cours au ministère des Finances.
Le Président (M. Filion): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Puisque le ministre vient de parler de - je
n'appellerais pas cela le second volet - l'aspect de la hausse de
réduction fiscale autorisée pour une contribution à un
parti politique, il est clair que, lui-même, ayant indiqué qu'il
s'agissait d'une révision de la Loi électorale, il s'agissait
d'une appréciation des correctifs à être portés
à certains éléments, nous pensons qu'effectivement, cela
fait une dizaine d'années qu'on fonctionne sur ces bases, le moment est
venu d'apporter un correctif. Là, je n'ai pas fait une analyse
exhaustive, mais je suis au courant que, parmi les provinces canadiennes, quand
on regarde le tableau qui nous a été fourni, on est actuellement
l'une des plus faibles, sinon la dernière et, habituellement, ce n'est
pas notre rang, sauf, en règle générale, pour le
chômage. Dans ce sens-là, il y aurait sûrement lieu de
s'ajuster, non pas dans des proportions qui modifient les principes que
l'État doit offrir une déduction fiscale de l'ordre de 50 % sur
la contribution versée, mais à tout le moins de s'ajuster par
rapport à la signification, aujourd'hui, de ce que peut
représenter les chiffres en cause. Dans ce sens-là, il y a
beaucoup plus de remboursements pour des sommes plus élevées
effectuées dans les autres provinces. Vous dites que cette
réflexion a été soumise. Il faudrait
peut être que votre secrétariat ou vous-même, comme
ministre, indiquiez un peu une fourchette dans laquelle vous voulez que le
ministère du Revenu envisage de nous faire des évaluations
chiffrées et ce que cela représente pour le ministère des
Finances ou le ministère du Revenu. Si c'est les Finances, c'est les
Finances.
M.
Gratton Aux Finances, oui. Je ne pense pas qu'il
m'appartienne de dicter ou de suggérer au ministère des Finances
à partir de quels critères l'évaluer. Je sais pertinemment
qu'on l'évalue non seulement à la lumière de ce qui se
fait ailleurs, c'est toujours un élément très important de
la fiscalité que de pouvoir se comparer, sinon favorablement, au moins
équi-tablement aux autres provinces, mais aussi en tenant compte de
l'évolution du taux d'inflation et de la valeur réelle des 280 $
au moment où... On sait que cela a déjà été
moins que cela. Je ne me rappelle pas les chiffres exacts mais il y a eu un
premier ajustement...
M. Gendron: Oui, mais sur le plafond seulement.
M. Gratton: Oui. C'est de cela qu'il s'agit. Effectivement, tous
les éléments dont parle le député d'Abibiti-Ouest
sont considérés par le ministère des Finances
présentement.
M. Gendron: Un petit commentaire en ce qui me concerne, M. le
Président. Je pense que contrairement à ce que je viens
d'entendre, là ce n'est pas grave, mais je crois qu'il appartient au
ministre délégué à la Réforme
électorale d'indiquer clairement que lui, comme mandataire de cette
réflexion sur la réforme électorale, il croit que son
gouvernement doit lui faire une proposition d'ajustement compte tenu de deux
situations précises: premièrement, ce qui se fait ailleurs et,
deuxièmement, qu'on est en 1988 et que les sommes en cause versus 1988
et le début de la loi n'ont pas la même raisonnance ou la
même signification. Pourtant les objectifs d'avoir un financement public
connu où l'État y participe d'une certaine façon par une
déduction fiscale à la suite de la production du rapport
d'impôt, à ces objectifs, on souscrit. Et vous, comme ministre
délégué à la Réforme électorale, je
pense que ce serait intéressant que votre gouvernement sache d'une
façon très claire que vous logez à l'enseigne d'un
ajustement et que vous logez à l'enseigne d'une modification parce que,
premièrement, ce sont vos convictions et, deuxièmement, c'est ce
qui se passe ailleurs et, en conséquence, vous souhaitez en termes de
demandeur au gouvernement d'apporter les éléments requis.
M. Gratton: C'est déjà fait, M. le
Président.
M. Gendron: Bravo!
M. Gratton: J'ai déjà demandé cela au
ministre en tenant compte des éléments dont j'ai parlé
tantôt. Si le député d'Abitibi-Ouest veut m'amener à
dire quel est le quantum, il n'en est pas question. J'ai été
ministre du Revenu assez longtemps pour savoir qu'on ne suggère pas ce
genre de chose au ministre des Finances, cela lui appartient. Le ministre des
Finances, à juste titre, est très jaloux de sa juridiction sur
l'élaboration de la politique fiscale.
Cela dit, j'ai déjà indiqué qu'il nous semble,
à nous comme aux autres membres de la commission, qu'il y a lieu de
revoir et de réviser, dans le processus de révision de la Loi
électorale, les éléments dont on parle. Dès que le
ministre des Finances aura terminé son analyse, il communiquera
sûrement avec le ministre délégué à la
Réforme électorale, mais, surtout, il fera probablement une
proposition au Conseil des ministres. À titre de ministre
délégué à la Réforme électorale,
c'est évident que je ferai valoir les arguments que j'aurai entendus
ici.
Le Président (M. Filion): Sur ce sujet, vous me
permettrez, M. le ministre, M. le député d'Abitibi-Ouest et
membres de la commission, de vous faire remarquer que, dans la liste 3, nous
avions un consensus à faire précisément au sujet des
crédits d'impôt. Est-ce qu'on doit considérer, M. le
député d'Abitibi-Ouest, que ce consensus... Dans la liste 3, page
17, il y avait précisément un consensus à faire sur la
question dont vous venez de débattre, sur laquelle le ministre nous dit:
Écoutez, le ministre des Finances regarde cela. Est-ce que vous aimeriez
qu'on considère ce sujet comme étant déjà
étudié?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Filion): D'accord. À ce
moment-là, il nous reste deux choses dans ce volet Divulgation des
contributions, il nous reste les modalités à préciser
quant à l'ordre de présentation de la liste des contributions, et
également, la petite note du Directeur général des
élections.
M. Gratton: Je voudrais me permettre de suggérer qu'on
traite du commentaire du DGE.
Le Président (M. Filion): D'accord. C'est la page 2 de la
partie B, Financement. Les commentaires du DGE, page 2, partie B.
M. Gratton: Cela porte sur là divulgation du nombre des
contributions inférieures à 100 $ et le nombre des contributions
supérieures à 100 $. Cela touche le premier consensus,
c'est-à-dire l'obliger d'indiquer le montant des contributions
versées mais non le nombre de ces contributions qui était le
consensus qu'on avait dégagé au comité.
M. Rochefort: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Le ministre a dit qu'il y a un
premier consensus de dégagé quant à la non-obligation
d'indiquer le nombre total des contributions. Et dans la proposition 68 du DGE
à la page 2, le DGE regrette le fait que les membres du comité
aient rejeté la proposition à l'effet d'indiquer dans la loi les
rapports financiers des entités autorisées qui devraient inclure
le nombre des contributions inférieures à 100 $ et le nombre de
contributions supérieures à 100 $.
M. Côté (Pierre-F. ): M. le Président, je
vais demander à M. Lambert d'expliquer. Parce que peut-être notre
texte même n'est pas seulement clair, il y a une distinction assez
importante qu'il faut faire ici. Cela ne touche pas vraiment au premier
consensus qui est exprimé. Cela touche une modalité. Cela touche
à une coutume qui existe en accord avec les partis politiques qui
fournissent des renseignements depuis toujours. Mais comme ce n'était
pas spécifiquement inclus dans la loi, on demande de l'inclure. En
somme, ce qu'on veut avoir, c'est le nombre total des contributions pour
pouvoir établir des statistiques sur la moyenne des contributions
accordées. Je vais demander à M. Lambert de donner des
précisions là-dessus, si vous le permettez.
M. Lambert (Jean): Bon, il y a une petite nuance très
importante dans le dossier. C'est qu'au sujet 43, la proposition de
départ demandait de mettre le nom, l'adresse de l'électeur, le
montant total de la contribution qu'il a versée ainsi que le nombre de
contributions que cet électeur a versées dans l'année.
C'est ce point-là qui a été rejeté par le
comité. Donc, premier élément, il n'est pas
nécessaire d'avoir le nombre de contributions que l'électeur a
versées; rejeté, aucun problème.
La proposition 68 ne traite pas tout à fait de la même
chose. À 68 on demandait de mettre dans la loi l'obligation qui est
faite de consentement et volontairement depuis l'entrée en vigueur de la
loi d'indiquer pour chacune des entités le nombre total...
Une voix: Oui, oui.
M. Lambert:... des contributions que les partis ont
reçues. C'est ce qui est la différence entre le sujet 43 et la
proposition 68.
M. Gratton: Comme on l'indique, les partis le fournissent
déjà. Il n'y a pas de problème à cela.
Le Président (M. Filion): Le nombre total. Je pense que la
distinction est importante. M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Je comprends l'idée, mais j'aimerais qu'on
essaie d'éclairer ma lanterne ce matin. Quelle est l'utilité?
Quant au nombre de souscriptions de plus de 100 $, j'avoue que je n'en vois pas
tellement l'utilité, parce que c'est visible. Les contributions sont
publiées. Je ne suis pas contre, mais j'essaie de voir l'objectif qu'on
vise. Cela permettrait de faire une moyenne pour le nombre de contributions de
moins de 100 $. Est-ce simplement ça l'objectif?
M. Lambert: Comme on l'indique dans notre commentaire, c'est pour
des raisons statistiques et un peu historiques.
M. Rochefort: Je ne suis pas contre cela.
M. Lambert: On publie chaque année, par exemple, la
moyenne des contributions inférieures à 100 $, la moyenne des
contributions supérieures à 100 $ et la moyenne globale.
M. Rochefort: D'accord.
M. Gratton: Cela va. Il n'y a pas de problème avec
cela.
Le Président (M. Filion): Cela va, un consensus dans le
sens qu'une indication soit faite du nombre total de contributions en haut de
100 $ et du nombre total de contributions en bas de 100 $. Est-ce que c'est
cela?
M. Gendron: Vendu.
Le Président (M. Filion): C'est bien. M. le ministre, il
resterait la question de l'ordre de présentation.
M. Gratton: Oui, pour ceux qui ont contribué plus de 100
$.
Le Président (M. Filion): Pour ceux qui ont
contribué plus de 100 $. Les positions sont les suivantes. Le Parti
libéral du Québec propose que la liste des donateurs soit
présentée par ordre alphabétique à l'échelle
du Québec, tandis que le PQ propose une liste alphabétique par
circonscription de résidence de l'électeur. Dans son
mémoire et en commission, le Parti québécois s'est dit
réceptif à la présentation de deux listes, une à
l'échelle du Québec et une par circonscription de
résidence.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
M. Gratton: J'espère qu'on pourra faire ce débat
sans déborder sur toutes sortes d'autres débats que j'ai
déjà faits ici. Je n'ai pas d'objection à ce qu'on les
fasse, mais ce dont il s'agit de faire ici, c'est... Je regarde le
député de
Gouin qui est toujours très expressif, qui semble s'interroger
sur les...
M. Rochefort: Sur ce que vous voulez dire.
M. Gratton: Je me rappelle, et le Directeur général
des élections se le rappellera aussi, qu'à l'occasion d'une
commission parlementaire où le mandat était d'étudier les
prévisions budgétaires du Directeur général des
élections, on a déjà fait tout le débat, à
savoir qui des deux partis représentés à
l'Assemblée nationale était plus transparent dans sa façon
de fournir les listes. On peut refaire ce débat-là si on veut,
mais ce dont je veux parler ce matin, c'est quel devrait être...
M. Rochefort: Qui avait gagné?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gratton: Pardon?
M. Rochefort: Qui avait gagné?
M. Gratton: Je ne sais pas si c'était après
l'élection.
M. Rochefort: Match nul?
M. Gratton: Ce n'est sûrement pas le DGE, en tout cas,
parce que lui avait assisté un peu à titre d'observateur à
cela. Il avait le même sourire qu'il a présentement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Ce n'était pas comme dans...
M. Gratton: Notre façon de voir, et c'est d'ailleurs la
façon dont on a divulgué nos contributions la dernière
fois, et je ne dis pas que, parce qu'on l'a fait comme cela, c'est comme cela
qu'il faut que cela se fasse. Quand nous préconisons la divulgation des
contributions de plus de 100 $ dans une liste du Québec par ordre
alphabétique, nous nous disons finalement que c'est la façon la
plus transparente de faire les choses dans le sens que cela permet à
toute personne qui voudrait savoir si M. Jean X a contribué à un
parti politique et combien, de ne connaître que son nom et de consulter,
en théorie, 17 listes s'il y a 17 partis politiques, pour obtenir
l'information. Si on procède soit par comté de résidence
ou par comté où est faite la contribution, on vient de multiplier
les 17 listes en question par 125 après l'entrée en vigueur de la
prochaine carte électorale. Là, il devient presque impossible de
savoir quel électeur a contribué combien à quel parti,
à moins de faire un exercice facile à faire et d'autant plus
facile à faire pour les partis politiques que toutes les données
informatisées sont là, en tout cas, en ce qui a trait aux deux
principaux partis; cela peut ne pas être vrai pour les partis non
représentés à l'Assemblée nationale, mais, de toute
évidence, pour ces partis-là, il est également vrai que le
nombre de contributions n'est peut-être pas aussi volumineux que pour les
partis représentés à l'Assemblée nationale. (10 h
30)
Bref, c'est une question de transparence. La suggestion avancée
par le Parti québécois dans la présentation de son
mémoire, et je pense qu'il y avait une préférence de son
côté, compte tenu de son administration interne, de fournir une
liste de contributions par comté de résidence, veut
nécessairement dire que connaître le total des contributions d'un
contribuable ou d'un électeur au Parti québécois comme
entité nécessiterait la consultation de 125 listes, alors qu'on a
automatiquement cette information dans la liste générale. En
commission parlementaire, le texte du mémoire du Parti
québécois était clair, sauf qu'on l'a fait préciser
pour être sûr qu'on l'avait bien compris. Le Parti
québécois a proposé qu'on pourrait amender la loi pour
préciser que les deux formules pourraient être employées,
non pas seulement qu'elles pourraient être employées, mais
qu'elles devraient être employées; en d'autres termes, on
obligerait tous les partis à fournir deux listes de contributeurs,
toujours par ordre alphabétique, soit celle par comté de
résidence et celle par ordre général.
Quant à moi, je me demande quelle utilité on pourrait
tirer de cela. D'ailleurs, je demanderai au Directeur générai des
élections si cela pourrait ajouter quoi que ce soit à atteindre
les objectifs de la loi et à faciliter le travail du Directeur
général des élections, et si cela pourrait même
compliquer les choses. En tout cas, je m'arrête là, M. le
Président, en vous disant que, selon nous, dans la mesure où une
liste alphabétique générale pour l'ensemble du
Québec est fournie par tous les partis au Québec, on a là
la façon la plus, surtout avec la condition qu'on a indiquée, que
ce soit le comté de résidence du contributeur qui soit
indiqué, qui soit fourni... Sur la liste des contributions, je suis
sûr... Est-ce qu'on indique l'adresse de résidence?
M. Rochefort: Non. M. Gratton: Pardon?
M. Rochefort: On indique l'adresse que vous nous donnez du
contributeur. Très généralement...
M. Gratton: Oui. Il y a une adresse... La question que je posais,
c'est: La liste des contributeurs inclut l'adresse qu'il a donnée;
alors, dorénavant, ce sera l'adresse de résidence, du
comté de résidence. Donc, je pense qu'on n'aurait vraiment plus
rien qui pourrait nous échapper, sauf les erreurs et les omissions
volontaires ou pas. Je termine là-dessus, M. le Président, en
souhaitant qu'on puisse faire
consensus sur cette façon qui éliminerait les nombreux
débats qu'on a eus dans le passé, où les partis faisaient
leur divulgation de façon différente et où,
évidemment, les difficultés étaient sensiblement plus
grandes dans certains cas que dans d'autres d'assurer la transparence des
contributions aux partis politiques.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, comme le disait gentiment
notre bon ami de Gatineau, c'est vrai que cela a déjà fait
l'objet de longs débats animés. J'ajouterai que non seulement le
Directeur général des élections avait dû y assister,
mais il avait dû les subir.
J'avoue que ma pensée a évolué sur cette question.
Aujourd'hui, sans vouloir être déplaisant pour personne, j'avoue
que je me rallie, premièrement, à l'idée qu'il est plus
transparent et plus accessible de fournir une liste nationale, par ordre
alphabétique, que des listes divisées. C'est évident que
si on veut savoir si Michel Gratton a donné, c'est compliqué si
on y va par liste de circonscription électorale parce qu'il faut
commencer dans son comté... Il s'agit de voir dans quelle
circonscription cette personne habite et cela n'est pas une information simple
à trouver et, par la suite, d'aller trouver la liste des
circonscriptions, alors qu'une liste nationale, c'est beaucoup plus transparent
et acessible, à mes yeux.
Par contre, j'avoue que, par ailleurs - d'ailleurs, c'est la position
que j'ai toujours eue initialement sur l'autre facette que je veux
développer - à l'ère de l'informatique, je
considère qu'à partir du moment où une formation politique
possède des données qui sont celles dont on parle, elle peut les
présenter sous toutes les formes. C'est ce qui fait, sans vouloir
relancer un débat, qu'à l'époque, je considérais
qu'il n'y avait pas de difficulté, par exemple, pour la formation
politique du Parti libéral du Québec, de les fournir aussi par
ordre alphabétique puisque ce n'est pas très compliqué de
demander cela à un ordinateur une fois qu'il a les données. C'est
réglé, tant mieux.
En ce sens-là, je me dis qu'il n'y a pas d'opposition de principe
non plus à accepter la proposition que nous fait le PQ. À partir
du moment où on peut fournir une liste nationale, on doit facilement
être capable de nous fournir une liste par circonscription
électorale, si on devait juger que c'est utile. Je vous dirai que, quant
à moi, ce qui serait utile mais que je ne proposerai pas parce que ce
serait compliqué en termes de données additionnelles que devrait
contenir le reçu de toute souscription, ce qui serait beaucoup plus
utile dis-je, serait d'avoir deux listes: celle sur laquelle on s'entend, la
liste nationale par ordre alphabétique et, deuxièmement, une
liste par circonscription électorale du solliciteur. Non, non, je vous
dis que je ne le propose pas, mais, sur les principes, je vous dis que, pour
moi, ce n'est pas neutre que quelqu'un ait fait son don à l'un
plutôt qu'à l'autre. Les centaines d'information, de transparence,
de progrès vers la démocratisation du financement politique,
parce qu'on n'a pas atteint 100 % - ne nous racontons pas d'histoire - ce
serait une donnée importante, parce qu'en termes d'information pour
toute personne qui s'intéresse à ces choses-là, qu'on ait
donné plutôt... Je vais prendre deux exemples dont un qui me
concerne, cela va peut-être éviter des débats de
personnalité. Ce n'est pas pareil de donner au militant Pierre X de la
circonscription électorale Y ou de faire son don au ministre des
Transports, si on est un constructeur de routes ou au ministre responsable de
l'Habitation, si on est un constructeur résidentiel.
Mme Bleau: Je pense qu'il n'y a pas une personne en vue qui
serait assez naïve pour signer elle-même un reçu. Voyons,
impossible!
M. Rochefort: Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
Mme Bleau: Vous voulez que les reçus mentionnent le nom du
solliciteur. Là, c'est signé en bas.
M. Rochefort: Oui.
Mme Bleau: Pensez-vous qu'il y a une personne assez naïve
d'une formation d'autre... pour signer elle-même un reçu ou aller
elle-même collecter des montants? Je pense que cela ne dort pas
exister.
M. Rochefort: M. le Président, vous me permettrez de dire
à la députée de Groulx que lorsqu'on regarde, par
exemple... Essayons de le faire sans faire de débats de
personnalité, parce que ce ne sont pas des personnalités que je
vise. C'est plutôt le système qui est comme cela. Expliquez-moi
pourquoi, dans les circonscriptions électorales de ministre, quelquefois
dont la formation politique au pouvoir, il y a plus de dons que dans une
circonscription électorale d'un député? Mme la
députée, expliquez-moi pourquoi? C'est normal, mais pourquoi?
C'est clair.
Donc, si on avait un élément à ajouter, cela
devrait bien plus être celui du solliciteur qu'autre chose. Cela dit, je
comprends que cela demanderais une quincaillerie très complexe et je
pense qu'il y a d'autres éléments sur lesquels on devrait
plutôt intervenir que sur celui-là pour nous permettre de
progresser. On en a discuté d'un certain nombre, mais sur le plan des
philosophies de l'ordre et de la présentation, quant à moi, s'il
devait y avoir quelque chose qui s'ajoute à la liste nationale par ordre
alphabétique, cela devrait être ça. Cela dit, j'y consens
et je propose cela.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
M. Gratton: Pour réagir à cela, je comprends ce que
vise le député de Gouin. Mais, dans le fond, il ne faut pas se
faire d'illusions sur l'influence qu'une contribution peut avoir dans une
circonscription donnée. On prend l'exemple d'un ministre qui, aux dires
du député de Gouin, recueillerait plus de contributions qu'un
comté où il n'y a pas de député de la formation
politique.
M. Rochefort: Où il n'y a pas de ministre, par
exemple.
M. Gratton: Où il n'y aurait pas de ministre. Mais cela ne
met aucunement en doute quoi que ce soit sur l'intégrité du
processus, puisque l'ensemble des contributions est évidemment
versé soit aux fonds du parti en question, soit à l'association
du parti en question. C'est évident qu'un député, qu'il
soit ministre ou pas, peut avoir - et souhaite avoir, j'imagine - une
association la mieux nantie possible sur le plan financier.
Mais il faut savoir que les dépenses de cette association, de
même que ses revenus, sont assujettis au contrôle de la Loi sur le
financement des partis politiques et tout ce que cela permettrait de faire,
c'est de faire de la politique partisane, de faire de l'interprétation
qui se fait, de toute façon, à savoir si tel entrepreneur a
acheté ou non un billet pour une activité-bénéfice
de tel ministre. Quant à moi, M. le Président, je veux bien que,
dans le contexte où il n'y avait pas de Loi sur le financement des
partis politiques, où les entreprises pouvaient faire des contributions
directement à des associations ou à des instances du parti et
où les partis n'étaient pas structurés de la façon
où ils le sont pour prévoir les fonds électoraux de chacun
des candidats dans chacune des circonscriptions, on pourrait envisager de dire
tout simplement que les contributions sont faites aux partis et indiquer, par
exemple, la circonscription de contributions. C'est d'ailleurs ce que le Parti
québécois fait présentement. Ses listes de contributeurs
sont fournies à partie de circonscriptions où la contribution a
été faite et non à partir de la circonscriptions de
résidence présentement. Sauf erreur, c'est ce qui se produit.
Mais où se trouve l'élément de transparence, à
pouvoir faire des interprétations?
M. le Président, ce qui m'importe encore beaucoup plus, c'est
d'avoir une liste où on peut identifier une personne, un
électeur, d'abord s'assurer qu'on n'a pas dépassé le
maximum permis de 3000 $, cela, on peut le faire facilement à partir
d'une liste générale par ordre alphabétique, surtout ou
pas... L'adresse qu'on donne n'a pas d'importance. Une chose est certaine,
c'est que, dans cette liste-là, en supposant qu'on n'inclurait pas la
disposition - on va l'inclure - de l'adresse de comté de
résidence plutôt que l'adresse de contribution, le fait demeure
que le même nom se retrouverait, peut-être à plus d'une
occasion, mais avec une adresse différente. Mais le nom serait
immédiatement... Le même nom serait inscrit un à
côté de l'autre; donc, on pourrait faire ces identifications.
C'est ce qui me fait dire qu'on pourrait exiger toutes sortes de listes,
on pourrait en exiger trois ou quatre qui permettraient de vraiment
décortiquer toutes les intentions réelles ou
appréhendées d'un contributeur. Mais à partir du moment
où l'on sait qu'un contributeur respecte le maximum de 3000 $, a
contribué à un parti X et, avec la disposition qu'on a
adoptée, on n'aura plus de ces situations où un électeur
qui a contribué à plus d'un parti et qui a dépassé
la limite de 3000 $ dans ces contributions aux deux partis, on a eu cette
situation à savoir qui remet la partie de la contribution, qui est
fautif. Si un électeur a contribué pour 2000 $ au parti X et 2000
$ supplémentaires au parti Y, dans l'état actuel des choses, il a
violé la loi, il a dépassé le maximum de 3000 $ et
là, la loi dit qu'il faut qu'il y ait remboursement, si je ne m'abuse.
Alors qui rembourse? Va-t-on laisser à l'électeur le choix de
décider qui il favorise maintenant, se faire rembourser par le parti de
l'Opposition et maintenir sa contribution au parti au pouvoir? Je pense que
cela, on l'a réglé en disant: Ce sera un maximum de 3000 $ par
parti. J'essaie de voir où on pourrait améliorer les choses en
ayant plus d'une liste, plus que celle qu'on propose, c'est-à-dire la
liste de l'électeur par ordre général, avec l'adresse de
la circonscription de résidence et, franchement, M. le Président,
je ne vols pas d'avantage.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Seulement un commentaire. J'ai dit que je ne
faisais pas une proposition formelle, donc je ne veux pas faire un long
débat là-dessus, mais je ne voudrais pas non plus si on en
débat qu'on se racontre des histoires. On s'entend bien sur le fait que
la première des listes, c'est celle sur laquelle on s'entend en termes
d'utilité, etc. Sauf que, moi, je maintiens qu'il ne faut pas minimiser
l'utilité que pourrait avoir en termes de transparence de
connaître la relation souscripteur-solliciteur. C'est utopique de
présenter cela comme quelque chose d'absolument neutre et sans aucune
relation. Si tel était le cas, voulez-vous bien m'expliquer pourquoi, et
je le répète, qui que ce soit en termes de personnalité ou
de formation politique, il y a plus d'argent de souscrit, respectant
parfaitement les dispositions de nos lois, dans les circonscriptions où
il y a des ministres plutôt qu'ailleurs?
Pourquoi, par hasard... non mais écoutez, je veux juste qu'on se
comprenne là. On ne veut pas aller jusque là, parfait, moi le
premier, je ne suis pas sûr que je suis prêt à proposer cela
maintenant. Je dis que s'il devait y avoir une deuxième liste, je
croirais plutôt à une liste qui s'inspirerait de cela qu'à
autre chose; c'est là ma conviction profonde. Je maintiens, M. le
Président, qu'à partir du moment où on a
éliminé finalement les caisses électorales occultes,
premièrement; deuxièmement, à partir du moment où
on a plafonné les contributions de chaque citoyen, ce que quelqu'un
considérait être une contribution intéressante de 50 000 $,
dans l'ancien régime, aujourd'hui, cela ne peut pas être plus de
3000 $, mais dans les faits, ces 3000 $, c'est la contribution maximale que tu
peux faire, donc, la contribution la plus importante que tu peux faire à
quelqu'un pour lui montrer ton appui ou pour lui montrer que tu veux être
en bonne relation avec lui, c'est humain et normal et nos lois permettent
cela... Je veux juste qu'on ne minimise pas cet aspect pour autant par
ailleurs.
M. Gratton: II n'est pas question de minimiser cela, M. le
Président.
M. Rochefort: Très bien, on s'entend.
M. Gratton: Tout ce que je dis, c'est que la contribution de 3000
$ qui est faite soit par un nombre de contributions moindres mais qui
totalisent 3000 $ très souvent, cela peut être fait directement
aux partis. À ce moment, c'est le parti qui fait la distribution au sein
des associations de comté, sort selon le désir exprimé par
le contributeur ou, si un tel désir n'est pas exprimé, tout
simplement à partir de règles de régie interne qu'il se
donne. Finalement, dire qu'en Inscrivant, et je réalise que le
député de Gouin ne le propose pas, et en créant une
obligation pour fournir une telle liste il serait très facile aux partis
politiques de contourner tout cela tout simplement en...
M. Rochefort: C'est contournable par ailleurs, on ne peut pas
trop utiliser cet argument.
M. Gratton: Mais on ne peut pas contourner le plafond de 3000
$.
M. Rochefort: On ne parle pas du même niveau de
préoccupation. C'est évident qu'on ne peut pas le contourner sauf
que oui, il y a des façons de le contourner par ailleurs...
M. Gratton: En tout cas, je pense qu'effectivement on n'a pas
à faire un très long débat sur cela. Moi, je n'ai pas
d'autres choses à ajouter, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Compte tenu que je peux être concerné
dans la proposition par rapport à la proposition du Parti
québécois, je voudrais prendre 30 secondes pour expliquer la
position qui a été défendue lors de de la
présentation du mémoire. C'est pas mal moins compliqué
qu'on le laisse voir. Je pourrais citer des exemples. Il est facile,
aujourd'hui, peut-être de dire que fondamentalement dans cela, ce qu'il
faut viser, c'est l'objectif de la transparence et ce qui est plus transparent
c'est probablement une liste nationale plutôt qu'une liste par
circonscription. Je partage cet avis. Si on ne fait pas les fous avec... comme
le Parti libéral a déjà fait, je veux dire, il n'y en
avait pas de dispositions dans la Loi électorale. Je suis pas mal
sûr que le DGE ne nous demanderait pas d'en mettre si on n'avait pas fait
des farces avec cela pour "complexifier" et avoir effectivement
l'incapacité de savoir exactement ce qui s'est passé en nous
donnant cela par des blocs de solliciteur dans uno région donnée,
où un solliciteur avait fait du financement, et à un moment
donné on nous a garroché un bloc. Nous, au Parti
québécois, cela a toujours été clair, on l'a
toujours fait par circonscription, mais non pas parce que c'est
compliqué et qu'on peut mêler le monde, c'est parce que nos bases
de fonctionnement, au Parti québécois, sont ainsi faites. Cela
serait très facile à démontrer, on a une structure de
comtés organisée dans n'importe quel statut, au Parti
québécois. Qu'on prenne nos règlements, on va toujours y
trouver dans toutes nos structures, une organisation qui fait toujours
référence à la circonscription électorale, au
comté. Ce n'était pas compliqué, c'est parce que c'est
notre base de fonctionnement au Parti québécois. Nous avons dit:
Le financement des partis politiques est une des activités politiques
d'un parti, et si l'ensemble de nos activités ont la circonscription
comme base de référence, on voudra que le financement, la liste
du financement, la divulgation et les écritures que la loi ne nous
imposait pas dans le temps, mais qu'on souhaiterait faire pour savoir où
on s'en va, soient sur la base de la circonscription électorale.
Dans le mémoire, on nous dit: Le Parti québécois
maintient sa préférence pour une divulgation des contributions
par ordre alphabétique sur la base des circonscriptions. Selon le mode
de fonctionnement de notre parti, ce sont les associations de comté,
chez nous - les exécutifs de comté ou leurs mandataires - qui
doivent produire ces rapports sur le financement du parti à titre
d'entité autorisée et régie par la loi. La confection
d'une liste nationale par ordre alphabétique impliquerait des
délais administratifs.
Celui qui vous parle lit le mémoire de son instance. Je n'ai pas
besoin de vous dire que je n'ai pas eu l'occasion d'oeuvrer à la
permanence nationale à titre de permanent. Je ne dis pas que
ce sera long, que c'est difficile, je dis: On me dit cela. C'est mon
instance qui parle, et je prétends qu'elle doit connaître ses
affaires parce qu'elle est dedans, et elle dit cela tous les jours.
Cependant, nous serions disposés à accepter un amendement
obligeant les partis politiques à produire deux listes de contribution
par ordre alphabétique à l'échelle locale et/ou à
l'échelle nationale. De là vient la confusion. Il n'y a pas de
cachette, cela arrive parfois qu'on ait mal analysé toute l'affaire. En
ce qui me concerne, le "et" n'aurait pas dû être là parce
que, écoutez, c'est simple. Nous, on a expliqué que notre
modèle, c'est par circonscription; vous dites: Nous, on est capable de
faire cela nationalement, et on aimerait mieux faire cela nationalement. Dans
le mémoire, on aurait dû dire: Nous, on préférerait
que la loi nous permette de le produire par circonscription. Il y a deux
façons de le présenter au DGE: par circonscription ou
nationalement. Faites vos jeux, faites vos choix. C'est cela qu'on aurait
dû écrire. Là, on aurait respecté chacun des
modèles administratifs sur la base historique que les partis politiques
ont, et on aurait pu discourir pendant quelques heures: Est-ce que je suis plus
transparent ou moins transparent quand je fais une présentation par
circonscription ou quand je fais une présentation par l'ensemble du
Québec?
M. le Président, il n'y aura pas de très long
débat. Je pense que si le législateur ne souhaite pas que
l'alternative soit permise, je viens de faire taire la confusion qu'il y a dans
le mémoire. Il n'y aurait pas dû y avoir de "et", parce qu'on ne
peut pas être pour les deux, cela n'a pas de bon sens. Si on veut
procéder par circonscription et que le législateur dit: Je suis
d'accord pour mettre cela dans la loi, c'est l'un ou l'autre, au choix des
formations politiques, et ce sont ceux qui s'en servent qui jugeront, les
usagers, les utilisateurs. S'il y a des gens qui veulent dire que je suis moins
transparent en utilisant une divulgation par circonscription, j'en porterai le
jugement et je vivrai avec. S'il y en a qui pensent que la formule est
meilleure avec une liste nationale, je vivrai avec encore.
Le débat est simple, en ce qui me concerne, ce n'est pas une
question de vie ou de mort dans la Loi électorale. Mon objectif est le
même: II faut que ces instruments soient publics, connus, parce qu'on a
réglé antérieurement les sommes de 100 $ et plus. Si on
veut que ce soit un outil efficace pour ceux qui sont intéressés
à connaître ces informations, il faut le présenter
convenablement pour que cela serve. La seule remarque qu'on a faite, c'est que
notre base étant par circonscription, cela peut être plus
difficile pour nous, au Parti québécois, de la présenter
nationalement. Je ne sais pas si c'est vrai ou pas, tout ce que je dis, c'est
que je souhaiterais, chez nous, que j'aie l'autorisation de le faire par
circonscription. Le ministre semble me dire: Je préférerais que
tout le monde le fasse d'une seule façon, nationalement. Il prendra sa
décision, et il n'y a pas de drame.
Mais j'espère que tout le monde m'a bien compris, il n'y a plus
de "et/ou". Je ne pourrai pas défendre ce qui est écrit en bas.
On souhaiterait qu'il y a ait deux formes de présentation, deux listes
pour tout le monde. Vous m'obligez à le faire, et nationalement, et par
circonscription et, en contrepartie, je vous oblige à le faire, et
nationalement et par circonscription. Cela n'a pas de bon sens. Je le sais.
Mais je vous dis qu'on ne dit plus cela. Même si on dit cela, on ne dit
plus cela.
M. Gratton Mais M. le Président, je ne veux pas
prêter d'intention à qui que ce soit. Je ne parlerai pas de farce.
Je ne ferai pas de débat partisan. J'ai posé
spécifiquement la question aux représentants du Parti
québécois en commission parlementaire, à savoir est-ce que
le "et" c'était bien cela qu'on avait compris que c'était "et" et
"ou" et non pas seulement "ou". Et j'ai demandé qu'on aille chercher le
Journal des débats. Je me rappelle spécifiquement qu'on
m'a dit: Ce sont les deux. C'est "et ou".
M. Gendron: Vous avez raison. On m'a dit la même chose ce
matin. Après discussion, on se rend compte que...
M. Gratton:... que cela devrait être "ou" et non pas
"et".
M. Gendron: C'est cela, que les deux... Puisque toute notre
argumentation, M. le Président, était à l'effet que nous
l'avons toujours fait sur une base de circonscription. Et la volonté du
Parti québécois serait de continuer à le faire sur cette
base-là. D'accord? Point.
M. Gratton: Et voici pourquoi nous pensons que cela ne peut pas
être une ou l'autre si on veut vraiment atteindre l'objectif de
transparence. C'est que quand on produit une liste des contributions par
comté, soit de résidence ou soit de contribution, peu importe, on
ne rapporte que les contributions qui sont supérieures à 100 $.
Et si vous ne fournissez pas une liste par ordre alphabétique
général, vous n'êtes pas en mesure d'identifier
l'électeur qui aurait pu faire plus d'une contribution de 100 $ à
diverses instances du même parti ou de partis différents. Je
prends l'exemple: je décide de contribuer 100 $ dans cinq
circonscriptions, cinq associations libérales de comté. J'ai
contribué 500 $. Le Directeur général des
élections, et donc le public, ne saura jamais que j'ai contribué
500 $ au Parti libéral si la seule façon de divulguer pour le
Parti libéral c'est de fournir une liste de donateurs, que ce soit par
adresse de résidence ou adresse de contribution, parce que nulle part
dans aucune des ces listes-là, on inclut les contributions
inférieures à 100 $. C'est pour cela que, si on veut vraiment
cerner qui donne quoi à qui, la seule vrai façon... C'est pour
cela qu'il
faut éliminer le "ou". Avec le "et", au moins, on avait cette
possibilité d'identifier l'électeur qui a donné selon les
termes de la loi. Il faut que pour une contribution à un parti
politique, que ce soit directement au parti ou par ses instances, il soit
identifié comme ayant contribué plus de 100 $. Mais là
vous pourriez avoir théoriquement quelqu'un qui contribue 3000 $,
même plus, dans des contributions de 100 $ ou moins dans chacune des 125
circonscriptions électorales à des associations du même
parti. Et c'est seulement si quelqu'un faisait enquête, faisait le total,
et même en faisant le total des listes de divulgation, il ne pourrait pas
l'identifier. Il faudrait que cela se retrouve quelque part, que quelqu'un
fasse une enquête à partir des reçus chez le Directeur
général des élections. Et là, compte tenu du
nombre... En tout cas, il n'y a personne qui pense que c'est la façon
transparente de faire les choses.
C'est ce qui nous amène à dire... Là, on comprend
qu'il n'est plus question du côté du Parti québécois
d'exiger deux listes, c'est-à-dire le "et". Et compte tenu de ce que je
viens d'expliquer, je suis sûr que tout le monde comprend cela
très facilement, qu'il reste une solution finalement, c'est la liste
générale par ordre alphabétique pour l'ensemble du
Québec avec la disposition nouvelle qu'on a ajoutée, à
savoir l'adresse du comté de résidence plutôt que l'adresse
de contribution. Mais on aura fait l'obligation à l'électeur
d'indiquer son adresse de résidence et non son adresse d'affaires, par
exemple. Et de cette façon-là on aura... En tout cas, comme le
disait le député de Gouin, il y a toujours des façons de
contourner mais on aura éliminé les façons automatiques.
Parce que la façon de divulguer par liste de circonscriptions
électorales est une façon automatique de contourner la loi. C'est
qu'on dit: II veut donner 1000 $. Au lieu de donner cela par chèque au
parti X, faites-moi donc dix chèques de 100 $ au parti X dans chaque
comté. Et on ne le verra jamais celui-là qui a donné 1000
$. (11 heures)
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: C'est simplement pour ajouter que, même dans la
liste nationale, on ne retrouvera pas cette personne-là dans la mesure
où chacun des comtés n'a pas à divulguer les noms des
personnes qui ont contribué moins de 100 $, mais a à divulguer le
nombre de personnes.
M. Gratton: Excusez-moi. Non, au contraire, en exigeant la
divulgation par le parti, l'instance...
M. Jolivet: Nationale.
M. Gratton: Vous l'appelez nationale. Moi, je dis l'instance
provinciale. M. Jolivet: Suprême. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gratton: Vous aurez l'obligation pour le parti de faire la
divulgation de toute personne qui a contribué plus de 100 $, qu'elle
l'ait fait dans un versement ou dans plus d'un. D'ailleurs, on le dit: On
indique déjà le nombre de contributions. Il n'y aura aucune
façon pour un parti politique de cacher des contributions en utilisant
une façon différente de les divulguer.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, j'invite les membres de la
commission à réfléchir à nouveau à cette
question, parce que ce n'est pas pour rien que l'introduction qu'en a faite le
ministre au début de la discussion sur ce sujet faisait
référence à de longs débats très politiques,
très partisans qui ont déjà eu lieu autour de ces
questions. C'est un élément majeur de la Loi sur le financement
des partis politiques qui, au-delà des plafonds, au-delà de
l'élimination des personnes morales, souhaitait aussi,
troisièmement, et de façon tout aussi importante que les deux
premiers points, une transparence, une disponibilité de l'information
pour le public en général de qui souscrit à la caisse de
quel parti politique. Je considère qu'avec les années, nous avons
réduit la force de ce volet qui, je le répète, est tout
aussi important que les deux premiers de la Loi sur le financement des partis
politiques à travers toutes les péripéties qu'a connues la
présentation des listes de donateurs. On considère, M. le
Président, qu'on peut avoir des raisons de souhaiter présenter
cette liste de façon différente les uns des autres, mais à
partir du moment où la première préoccupation de tous est
de fournir un instrument transparent, un instrument facilement accessible qui,
assurément, récapitule et cumule les souscriptions faites au nom
d'une même personne à l'intérieur d'une même
année, c'est nettement par la liste nationale qu'on peut y arriver. Je
vous le répète, je l'ai dit tantôt, j'ai
évolué par rapport à cela en y pensant au fur et à
mesure où ces questions-là ont été débattues
et c'est nettement la meilleure des façons de le faire.
M. le Président, je parle du fond, mais si on parie du
mécanisme, je maintiens le même point de vue aujourd'hui, par
rapport à ceux qui souhaitent le faire par circonscription, que le point
de vue que je défendais à l'époque où on nous
présentait des listes dans le désordre alphabétique.
À l'ère de l'informatique, il n'y a personne autour de la table
et ailleurs qui va me convaincre qu'à partir du moment où on est
capable de constituer une des différentes listes possibles, l'ordinateur
n'est pas capable de nous
la fournir sous les autres formes requises. En ce sens-là, M. le
Président, non seulement sur le fond il est clair, en ce qui me
concerne, que cette liste doit être présentée de
façon nationale par ordre alphabétique et cumulative, avec
l'adresse de l'électeur, de référence, mais par ailleurs,
sur la forme, je ne comprends pas le débat. Je vous le
répète, toute personne qui est en mesure de travailler sur des
ordinateurs, je sais que les deux formations politiques sont bien
équipées en ce domaine, à partir du moment où on
est capable de constituer une liste, quelle qu'en soit la base, à partir
du moment où la base, c'est l'adresse de l'électeur, et ça
c'est clair dans la loi maintenant, on ne peut pas faire autrement
qu'être capable de la fournir sous n'importe quelle forme en appuyant sur
quatre boutons au maximum.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le
député de Gouin.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voudrais simplement revenir sur un commentaire que
j'entendais tantôt du ministre délégué à la
Réforme électorale qui disait que la présenter par
circonscription, c'était la meilleure façon de triturer l'esprit
de la loi sur le financement.
M. Gratton: Non, mais c'est une façon...
M. Gendron: En tout cas, on disait que c'était une des
façons les plus... indépendamment du qualificatif que vous
employez. Je tiens à vous signaler qu'en ce qui nous concerne, et je ne
pense pas qu'on ait de leçon de transparence ou de démocratie
à recevoir sur le financement des partis politiques et, de toute
façon, je ne voudrais pas faire un débat à ce sujet... On
aura peut-être l'occasion de le faire quand on sera rendu là,
c'est-à-dire au projet de loi précis en Chambre, aux
différentes étapes qu'il franchira.
Ce que j'entends par circonscription, j'ai été on ne peut
plus franc et c'est peut-être mon défaut, pour nous, il n'y avait
pas de cachette ou d'affaire en dessous; c'était la façon dont on
travaille au parti et la base de référence, la circonscription,
et c'est pour cela qu'on choisissait cette méthode... Cependant, je
n'accepterai jamais, M. le ministre, d'entendre ce que vous avez dit
tantôt, qu'au plan de la transparence c'est la meilleure façon. Ce
n'est pas parce qu'on a uniquement la liste nationale par ordre
alphabétique qu'on a l'esprit de ce qu'on veut traduire. Je n'ai pas
l'habitude de parler autrement que directement. C'est aussi la meilleure
façon, M. le ministre, de faire disparaître les informations
précises qu'il est intéressant de connaître concernant les
concentrations de financement de certaines circonscriptions versus un parti
politique plutôt qu'un autre. Quand on parle de notion de transparence,
ne pensez-vous pas que ce n'est pas une notion intéressante à
connaître que 99 % du West Island finance 92 % de votre caisse
électorale? C'est une donnée importante à connaître.
Là, on me dit: Je regrette, ce n'est pas vrai. On baisse les
pourcentages et c'est tout ce qui va arriver.
Sur le fond, sur le principe, c'est intéressant d'avoir ces
informations. La meilleure façon, M. le ministre, de faire
disparaître toute trace du lien qu'on pourrait établir entre le
donateur et le parti politique, c'est d'avoir une liste nationale. C'est la
meilleure façon. Là, on vient de faire disparaître tout
lien nécessaire et important pour lire des situations d'appartenance,
des situations d'idéologie politique. C'est ça, le financement
public. C'est ça, des objectifs du financement public. Là, on me
dira ce qu'on voudra. C'est la dure et froide réalité. C'est pour
cela, M. le ministre, que je pense que votre objectif, et je le crois
sincèrement, était que c'est une information dans le cadre d'un
financement public, qui a son sens, sa pertinence, à condition qu'on
n'ait pas que la liste, qu'on n'ait pas qu'une seule liste nationale; qu'on
ait, dans la liste, d'autres informations, au-delà des noms par ordre
alphabétique de tous les Québécois, qu'on ait ce que
j'appelle les adresses de contribution, M. le ministre. Pourquoi n'aurait-on
pas l'adresse des donateurs, dans la même obligation de dresser une liste
nationale? On a cette information-là et, comme notre collègue de
Gouin le disait, on a une série de renseignements que le système
informatisé peut nous permettre d'avoir. J'y vais rapidement, on a une
liste nationale par ordre alphabétique et on est d'accord. À
côté, l'adresse des contributions par comté, à
côté, la somme des montants que ces gens-là auraient pu
donner dans différentes circonscriptions à un même parti
politique. Là, on va avoir une liste nationale parlante, par ordre
alphabétique qui dit les informations qu'on veut. Cette liste dira
quelque chose; elle parlera. Elle ne sera pas juste statique, une série
de noms.
Je pense que ce que le ministre devrait faire aujourd'hui
là-dessus, et ce ne sera pas très long puisque j'ai
éliminé la confusion du "et/ou" qui n'a pas de sens, selon moi,
on ne peut pas faire les deux; dans son mémoire à la commission,
le PQ s'est dit ouvert à la confection de deux listes, une à
l'échelle du Québec et une par circonscription de
résidence. Je pense que le faire par circonscription de
résidence, ce sera notre affaire. Si on veut le faire comme ça,
on le fera. Par contre, par rapport à ce qu'on va mettre dans la Loi
électorale, il y aura une liste nationale par ordre alphabétique,
mais accompagnée d'une réflexion pour corriger, et c'est ce que
je suis incapable de livrer aujourd'hui, mais j'aimerais vous faire des
suggestions, éventuellement, en définitive, sur la forme de la
liste... est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de s'assurer qu'elle ne sera pas
uniquement nominative, par ordre alphabétique, est-ce qu'il n'y a pas
lieu de donner d'autres informations qu'on a, de toute
façon, et qui tiendraient compte du lien entre la provenance de
certaines sommes à un parti politique, concentration par rapport, encore
là, à un autre parti politique de montants d'argent qui
proviennent d'une circonscription plutôt que d'autres? La meilleure
façon de faire disparaître toutes les informations que nous
donnaient les donateurs, c'est d'avoir une seule liste par ordre
alphabétique, d'une façon nationale.
En conclusion, M. le Président, comme j'aimerais,
éventuellement, être plus précis sur le genre de
renseignements que devrait comprendre cette seule liste par ordre
alphabétique nationale, il y aurait peut-être lieu de revenir sur
cela après avoir réglé la confusion du "et/ou".
Le Président (M. Filion): Une petite seconde, M. le
ministre. M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, j'ai un seul commentaire.
Je reviens à une des premières remarques que j'ai faites. Je ne
vois pas pourquoi - je le répète - à partir du moment
où on utilise l'informatique, ce qui est le cas, il n'y a pas de
problème là-dessus, pourquoi, dis-je, ne pas obliger les deux
formes de liste: une liste nationale par ordre alphabétique et une liste
par circonscription électorale. C'est du pilonnage d'ordinateur. Il me
semble, à entendre tout le monde, qu'on va atteindre les objectifs de
tout le monde. Tout le monde va mettre un peu d'eau dans son vin et on va avoir
deux outils au lieu d'un de transparence et d'accessibilité de
l'information pour les citoyens du Québec. Je ne peux pas croire qu'on
va s'opposer à cela.
M. Gratton: M. le Président
Le Président (M. Filion): Oui, M. le ministre.
M. Gratton:... je vais être très prudent pour ne pas
prêter d'Intention à qui que ce soit, comme on semble nous en
prêter. Le député d'Abitibi-Ouest nous dit: Le parti
ministériel souhaite ou propose ce qu'il nous propose parce qu'il a
intérêt à faire disparaître les informations qui
pourraient nous permettre d'identifier les donateurs s'il y a une masse de
contributions qui sont faites dans une circonscription. Il a même
spécifié le West Island. Il nous a parlé de la langue
parlée. On peut aussi bien peut-être penser à une liste par
l'occupation des contributeurs aussi, pour voir si ce ne sont pas des gens qui
font affaire avec le gouvernement. On pourrait imaginer 25 listes qui nous
donneraient toute l'information.
Le député d'Abitibi-Ouest nous dit: II serait
intéressant de savoir s'il y a un parti on sait quel parti iI vise, le
Parti libéral qui reçoit un certain pourcentage de ses
contributions d'une région donnée. Cela est intéressant
pour ceux qui veulent utiliser les contributions à un parti politique
à des fins autres que le financement des partis politiques.
Il me semble qu'à partir du moment où la loi est claire et
qu'elle est respectée, qu'un électeur a droit de contribuer
jusqu'à un certain maximum avec les conditions que l'on connaît,
de savoir la langue parlée par l'électeur, son lieu de
résidence par rapport aux tendances politiques partisanes, cela ne
constitue pas un souci de transparence pour des fins plus nobles que
strictement le débat partisan. Quant à moi, cela ne
m'intéresse pas de savoir si le Parti québécois recueille
plus de fonds dans une région donnée que dans une autre, si les
francophones contribuent moins ou plus à un parti qu'à un autre,
si le Parti indépendantiste, par exemple, va recueillir des fonds dans
des régions soi-disant plus fédéralistes. Cela n'a aucune
espèce d'importance. Cela a de l'importance pour ceux qui veulent faire
des débats strictement partisans. Mais dans le respect du processus du
financement des partis politiques, je ne vois pas sa place.
Là, je viens de comprendre, par exemple, M. le Président,
que le "et" qui était inclus dans le mémoire du Parti
québécois était peut-être là pour cette
raison-là. Là, on a changé trois fois d'idée du
côté du Parti québécois.
M. Gendron: On s'apprête à changer une
troisième fois. (11 h 15)
M. Gratton: Dans un premier temps et là on va rechanger
une autre fois... Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il manque de
transparence dans les représentations du Parti québécois.
C'est "et" et "ou" dans le texte, jn pose la question en commission
parlementaire, on spécifie que c'est "et", on veut vraiment que les deux
listes soient fournies; il y a quelques minutes, le député
d'Abitibi-Ouest dit: C'est une erreur, le "et" n'aurait pas dû être
là, c'est l'une ou l'autre. Là, tout à coup, il vient nous
dire: Non, c'est vraiment les deux qui devraient être fournies, il
ajoute: II devrait peut-être y en avoir une troisième quant
à la langue parlée du contributeur. Je m'arrête
là-dessus en disant qu'effectivement, on pourrait tirer toutes sortes de
conclusions à partir de toutes sortes de listes qu'on pourrait rendre
obligatoires dans la divulgation des contributions. Il y en a une liste qui
permet d'obtenir le maximum d'informations, sans pour autant que cela
prête à toutes sortes d'interprétations où lo bureau
du Directeur général des élections et ses responsables du
financement des partis politiques pourront s'assurer du respect de la loi le
plus efficacement possible. Cette façon de divulgation, c'est la liste
générale par ordre alphabétique. On semble avoir un
consensus là dessus, tout le monde est d'accord pour la fournir, cette
autre liste.
Là, on me demande: Est-ce qu'on ne pourrait pas
réfléchir s'il ne devrait pas y avoir d'autres listes?
Tantôt, on disait: C'est trop
compliqué de fournir la liste générale pour le
Parti québécois, entre autres, parce que tout notre
système est monté sur les comtés et |e le fais remarquer,
pas sur les comtés de résidence, mais sur les comtés
où la contribution est faite. Sauf erreur, la divulgation du Parti
québécois se fait présentement selon 122 listes avec le
nom des contributeurs par circonscription électorale où le
contributeur est identifié selon son adresse de circonscription
où il a contribué et non sa circonscription de
résidence.
Encore là, il me semble qu'en obligeant que ce soit le
comté de résidence, on s'assure au moins qu'il s'agit d'un
électeur et, là, je suis loin d'être en train de
suggérer qu'il y a eu des contributions au Parti québécois
qui venaient de personnes qui ne sont pas électeurs. Je n'ai aucune
indication de cela et je suis convaincu que c'est arrivé, c'est
strictement par erreur.
Mais, cola dit, M. le Président, il y a une liste qui peut nous
donner, sinon la perfection - qui n'existe probablement pas en ce bas monde,
surtout en ce qui a trait au financement des partis politiques - du moins le
maximum de garantie que la loi est respectée et, cela, c'est la liste
générale. On a un consensus là-dessus; on va l'inscrire
dans la loi et s'il y a d'autres propositions, on pourra les examiner. Mais au
moment où on se parle, je ne vois pas en quoi on servirait
l'intégrité du processus et le respect de la Loi sur le
financement des partis politiques en exigeant plus que la liste
générale par ordre alphabétique.
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je n'ai jamais parlé de langue pariée.
Je n'ai pas parié de cela. Le ministre délégué
à la Réforme électorale m'a dit que j'avais
évoqué une troisième voie...
Une voix:...
M. Gendron:... une liste qui donne des informations, j'ai
employé l'expression pour dire qu'une liste qui donnerait ces
informations, elle serait parlante.
M. Gratton: Je m'excuse, mais, pourquoi pas? Pourquoi n'en
aurait-on pas une selon la langue maternelle?
M. Gendron: Bien...
M. Gratton: Cela permettrait d'identifier que tel parti politique
est mieux appuyé par les francophones que par les anglophones.
M. Gendron: Je n'ai pas d'objection, M. le ministre. Je veux
seulement vous dire que vous m'avez imputé quelque chose que je n'ai
jamais dit.
M. Gratton: Je m'en excuse. J'avais mal compris.
M. Gendron: Effectivement, dans les arguments du ministre, jamais
il nous a laissé voir en quoi l'administration du DGE dans la Loi
électorale ne serait pas en mesure d'offrir le choix des deux listes,
pas le "ou", les deux listes. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Quelles sont les motivations que vous avez pour refuser la possibilité
d'exiger des deux formations politiques la production des deux listes, une
nationale et une par circonscription? Il n'y a plus de "ou". Si je prends
uniquement a contrario vos arguments, vous avez dit: Je ne veux plus aller sur
ce terrain, mais on pourrait laisser voir que le Parti québécois
a des intentions à vouloir procéder par circonscritlon.
Quant à nous, je prétends qu'on n'en a pas, si ce n'est
qu'à savoir ceux qui ont contribué dans la circonscription. Si ma
version est exacte, c'est quoi, votre crainte? C'est quoi, votre crainte
à dire: Oui, on va mettre dans la loi dorénavant qu'il y a deux
façons obligatoires de produire la liste des donateurs.
Premièrement, on le fait nationalement et, deuxièmement, on le
fait par circonscription. Quelles sont les raisons pour lesquelles...
M. Gratton: De résidence ou de contribution?
M. Gendron: De résidence. On l'avait
réglé...
M. Gratton: Cela va donner quoi de plus? Cela va vous permettre
d'identifier les blocs de supporters d'un parti.
M. Gendron: Ce n'était pas hier ou avant-hier qu'on avait
pensé qu'effectivement, ce serait plus intéressant d'avoir
l'information par résidence. Est-ce qu'on n'avait pas dit cela, hier,
dans la Loi électorale?
M. Gratton: Oui.
M. Gendron: Alors, moi, je l'ai fait seulement lorsque vous
m'avez posé la question par concordance.
M. Gratton: Quelle information cela va vous donner de plus?
M. Gendron: Non, j'ai nommé seulement celle-là...
Je l'ai fait uniquement par concordance. Alors, il n'y a pas eu de
réflexion par rapport à ce qu'on discute. C'est seulement que
vous m'avez demandé: comment va-ton le faire: par résidence ou
par lieu d'origine du donateur? Comme on en avait discuté hier, je l'ai
fait par concordance, point. Si, par rapport à ce qu'on discute,
l'information de la connaissance des souscripteurs est effectivement plus
significative si les parlementaires souhaitent qu'on sache le
lieu de circonscription du donateur - parce que cela semble être
cela - on le fera par lieu de circonscription du donateur.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
M. Gratton: D'abord, j'aurais tendance à dire pour les
mômes raisons que le député d'Abitibi-Ouest nous disait
tantôt, quand il a dit que le "et" était une erreur et qu'il ne
fallait pas interpréter le mémoire comme ayant voulu dire
"et/ou", mais plutôt seulement "ou". C'est de cela qu'on parlait
tantôt, que le Parti québécois proposait l'une ou l'autre
et non les deux. Là, on nous dit: pourquoi pas les deux? Mais pourquoi
pas trois alors, pour rejoindre le député de Gouin? Celle par
comté de résidence qui permettrait aux fins, semble-t-il - en
tout cas, c'est l'argumentation qu'il a développée tantôt
-d'identifier des régions qui appuient un parti plutôt qu'un autre
et, ensuite, celle par comté de contribution pour voir qui sont les
individus qui peuvent avoir avantage à faire plaisir à un
député plutôt qu'à un autre. Là, j'ajoute:
pourquoi pas une quatrième pour voir si, au point de vue des origines
ethniques, le donateur n'appuie pas un candidat plutôt qu'un autre, et
pourquoi pas la langue maternelle également? Finalement, si on veut
vraiment pouvoir cerner exactement qui fait quoi en matière de
financement politique, on pourrait en avoir douze listes. Mais le but de la Loi
électorale et de la Loi sur le financement des partis politiques, au
moment où elles étaient séparées, n'était
pas de pouvoir faire les interprétations et les études
sociodémographiques en ce qui a trait au financement des partis
politiques, il s'agissait du respect des critères qui sont dans la loi.
Quels sont ces critères? Que seul un électeur, une personne
physique, peut contribuer, on contrôle cela avec le liste qu'on propose;
qu'il n'y ait pas de contribution qui excède un maximum de 3000 $, on
contrôle cela avec la liste qu'on propose, et que toutes les
contributions de plus de 100 $ soient divulguées, on a cela avec la
liste qu'on propose. Alors, on a toutes les informations qui nous permettent de
s'assurer que la loi est respectée avec la liste qu'on propose.
Là, on veut faire d'autres interprétations et on dit: Pourquoi
pas une autre liste, une troisième ou une quatrième? Je vous
donne la raison pour laquelle il nous semble qu'il serait nettement suffisant
d'en exiger une seule.
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: J'aurais une suggestion qui, peut-être,
permettrait de conclure et de faire taire une certaine confusion que j'ai
créée moi-même tantôt avec la distinction que j'ai
faite. Le ministre délégué à la Réforme
électorale serait-il d'accord pour qu'il y ait une seule liste nationale
et que, sur la liste nationale, il y ait trois informations: l'adresse de
résidence, l'adresse de la contribution reçue et le total. Si
vous me dites: oui, je suis d'accord là-dessus, c'est
réglé; une liste, une liste nationale. Pour autant que je sache
que dans la liste alphabétique nationale des lieux de résidence,
je puisse avoir l'information de M. Jos Ledoux qui a financé le Parti
libéral pour 2000 $. M. Jos Ledoux a-t-il financé la
circonscription de Saint-Louis? Je veux avoir cela comme information. Pour
savoir s'il a versé dans la circonscription de Saint-Louis, il me
faudrait, dans la même liste alphabétique nationale, M. le
ministre, l'adresse de la provenance de la contribution. J'ai l'adresse de
résidence dans la liste...
M. Rochefort:... pas la provenance.
M. Gendron:... pas la provenance, le donateur - excusez, vous
avez raison - là où le donateur a donné l'argent et le
montant. Avec cela, une seule liste me satisfait. On a toutes ces informations
dans l'ordinateur, tout est réglé, il y a seulement une liste et
on n'a plus besoin de circonscriptions. Je suis étonné que vous
ne compreniez pas que les informations... Pourquoi souhaite-t-on
procéder par circonscription? Il n'y a pas de miracle, c'est pour deux
raisons. L'une, parce que c'est notre base. Nos gens sont habitués
à travailler comme cela; deuxièmement, on prétend que cela
nous fournit des informations sur la provenance des donateurs. L'adresse de la
résidence ne nous donne pas nécessairement le lien qu'il y a
à faire entre le don, à qui il est versé et le donateur.
Tandis que si on avait sur la liste trois éléments: L'adresse des
résidences par ordre alphabétique, là où il a
donné, dans quelle circonscription a-t-il donné et le total. Une
liste, c'est réglé.
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
M. Gratton: Tout simplement pour traiter des difficultés
d'application d'abord concrète. Le contributeur qui distribuerait ses
contributions dans 10, 15 ou 20 circonscriptions, évidemment, il
faudrait les indiquer sur la liste. Le contributeur qui donne aux partis
politiques sans indiquer de préférence se retrouverait sans que
vous puissiez identifier quoi que ce soit.
M. Gendron: Un instant, M. le ministre. Le contributeur qui donne
aux partis politiques?
M. Gratton: Le contributeur qui donne 3000 $ au Parti
québécois.
Le Président (M. Filion): Aux centrales.
M. Gratton: Aux centrales du Parti québécois. On
aurait son adresse de résidence mais on n'aurait pas d'adresse de
contribution.
M. Gendron: Puis, on aurait un blanc.
M. Gratton: Non, non. Cela ne vous informerait pas plus à
son sujet.
M. Gendron: Non pas pour ces trois cas-là sur 100 000,
chez nous, je parle.
M. Gratton: M. le Président, de prime abord, qu'est-ce qui
fait problème avec la loi actuelle? Quelles sont les interventions et
les débats qui ont souvent, comme conséquence, de réduire
la crédibilité du système si ce n'est pas justement le
genre d'interventions qu'on voit, soit dans la presse. Je me rappelle d'un
billet signé par Jean-Jacques Samson dans Le Soleil qui
reconnaissait justement qu'avec toutes ces intentions qu'on prête, tant
les politiciens que les médias d'information, à des
électeurs qui contribuent à un parti politique, par exemple,
l'électeur qui est entrepreneur en voirie qui a acheté un billet
à l'activité bénéfice du ministre des Transports,
tout de suite: Ah! la lumière qui s'allume, il vient d'avoir un contrat
de pavage, même si c'est donné par des soumissions publiques. Ah!
Cela doit être relié à la contribution de cet
électeur au parti, à l'association de la circonscription du
ministre des Transports. Et en fin de compte, qu'est-ce que cela fait, sinon
réduire la crédibilité de l'intégrité du
système de financement des partis politiques? Je conviens qu'il peut y
avoir des situations et surtout il pouvait y avoir des situations avant la Loi
sur le financement des partis politiques où il y avait un jeu
d'influence qui était relié aux contributions d'un individu
à un parti politique ou à un candidat d'un parti politique. Mais
la loi est venue mettre un terme à cela. Si on avait pensé qu'une
contribution de 3000 $ d'un entrepreneur en pavage dans la circonscription du
ministre des Transports constituait un vice quelconque, une influence indue,
bien, on n'aurait pas mis 3000 $. On aurait mis un maximum de 50 $, de 100 $ ou
de 1000 $. Mais non, pourquoi on a mis un maximum de 3000 $ et qu'on a dit en
plus, on va divulguer toute contribution de plus de 100 $, c'est parce qu'on se
disait: Là, on a tous les éléments voulus pour s'assurer
qu'il n'y aura pas d'influence indûe auprès d'un parti ou d'un
candidat. Là, la loi pour laquelle tout le monde vous félicite,
là je parle à vous les gens de l'ancien gouvernement, et que
René Lévesque, le chef de votre parti se disait que
c'était la loi qui lui apportait le plus de fierté, moi,
j'aimerais cela entendre M. Lévesque sur l'utilisation qu'on fait de sa
loi à des fins partisanes et qui contribue à minimiser et
à réduire l'intégrité et la
crédibilité de la loi sur le financement... On peut bien me
regarder avec des sourires en disant: Ah! Les libéraux
évidemment, eux autres ils sont au pouvoir et eux autres ils en
profitent et eux autres ils ont tout intérêt à cacher que
le West Island les appuie. Je ne suis pas gêné de cela, moi, que
les gens du West Island préfèrent le Parti libéral du
Québec...
M. Gendron:...
(11 h 30)
M. Gratton: Pas plus que cela me gêne de savoir que les
gens du Saguenay - Lac-Saint-Jean appuie... on n'a pas besoin d'avoir la liste
des contributeurs au Saguenay - Lac-Saint-Jean, il n'y a qu'à regarder
la députation, et soit dit en passant, je suis pas mal fier que c'est
à l'inverse dans l'Outaouais... Évidemment, je m'excuse
auprès du député de Roberval...
M. Jolivet: II s'est emporté, cela lui arrive parfois.
M. Gratton: Je ne m'emporte pas, mais je vous parle d'une
conviction profonde voulant que si on ne cesse pas de jouer à la
politique avec le financement des partis politiques, de se prêter des
intentions et de manquer - j'exagère peut-être - de respect l'un
à l'égard de l'autre, comment peut-on s'imaginer que les
électeurs vont en avoir pour nous et pour le système? Comment
peut-on s'imaginer que la personne qui, le soir, devant le bulletin de
nouvelles, entend dire que telle chose s'est passée dans tel
comté, et on a su que la personne avait contribué 500 $ au
parti... S'il y a un lien, d'accord, mais si, parce qu'un électeur fait
une contribution à un candidat et un parti, automatiquement, on fait un
lien avec des décisions du gouvernement et qu'en plus on érige le
système pour permettre ce jeu, je pense qu'on dessert l'objectif que
vise la Loi sur le financement des partis politiques.
C'est pourquoi j'aimerais bien qu'il y ait un système parfait.
Probablement que le système parfait où il n'y aurait plus de ces
débats, ce serait que l'État assume la totalité du
financement des partis politiques. Cela existe dans certains endroits. Je ne
pense pas que personne ici ne va souhaiter qu'on en vienne là, parce que
ce n'est pas notre système, ce n'est pas le système
démocratique qu'on connaît.
C'est évident qu'on n'aura pas toujours ce qu'on voudrait,
surtout en tant que politicien, je n'ai pas d'objection à
reconnaître et à me confesser que de la politique, j'en fais. Cela
fait seize ans que je fais de la politique et, n'en déplaise à
qui que soit, je pense que je vais continuer d'en faire encore un bon bout de
temps, Jusqu'à ce que les électeurs me disent de m'en aller chez
moi.
M. Jolivet: Au fédéral ou au provincial?
M. Gratton: Ah, il n'y a pas de problème de ce
côté-là, M. le député.
M. le Président, faire de la politique là-dessus, c'est
facile, je l'ai fait, et probablement
que je le ferai encore. Je ne peux pas être plus franc et plus
candide que cela. Chaque fois que je l'ai fait, chaque fois que je le ferai -
et je tâcherai de le faire moins souvent que je ne l'ai fait - je n'ai
pas contribué grand-chose au respect de notre système
électoral. Je veux bien qu'on fasse toutes les listes qu'on voudra, le
compromis du député ne me convainc pas plus de sa pertinence du
fait qu'il n'y aura qu'une seule liste, mais qu'on aura toutes ces
informations. Assurons plutôt le respect de la loi, faisons en sorte que
ceux qui sont responsables de l'administration de la loi puissent s'assurer que
la loi est respectée. Les partis politiques et les candidats qui veulent
faire de la politique, qu'ils trouvent les moyens. D'ailleurs, comme vous le
dites, les moyens sont là. Si c'est facile pour le parti de le fournir
au Directeur général des élections, c'est presque aussi
facile pour les partis adverses d'obtenir l'information des autres partis. Mais
ce ne sera pas l'État qui paiera pour cela, et ce ne sera pas non plus
érigé en système. Que chaque parti fasse son travail, et
s'il veut se faire élire en faisant des débats là-dessus,
qu'il y mette l'effort voulu.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Très rapidement. J'ai écouté
attentivement la leçon de démocratie ou de transparence que nous
a faite le ministre délégué à la Réforme
électorale.
M. Gratton: Je n'ai pas fait de leçon à
personne.
M. Gendron: C'était simple, je ne veux pas 25 listes. On a
à dégager certains consensus et la modalité à
préciser, je l'ai précisée en conclusion. Je pense qu'il
pourrait y avoir une seule liste qui nous donne l'information que nous aurait
donnée l'obligation de procéder par liste de circonscription
électorale plutôt que par une liste nationale. Ma conclusion, sans
crise, c'est une liste, le nom do l'électeur, mémo si on n'a pas
l'adresse de sa résidence. La deuxième partie de la même
liste, la contribution par circonscription. Le ministre
délégué à la Réforme électorale a dit
lui-même qu'un même électeur pouvait contribuer dans
diverses circonscriptions. Je voudrais le savoir et il me jugera sur
l'utilisation que je veux en faire, cela ne me dérange pas. S'il
prétend que je mérite d'être jugé sur l'utilisation
que je veux en faire, je le serai. Je suis pas mal sûr que j'ai raison
parce que, quand le ministre disait tantôt: Je suis fier que vous sachiez
à un moment donné que le gros de notre financement vient du
West-Island... Oui, c'est ce qu'il a dit.
Une voix:...
M. Gendron: Je suis sûr de ce qu'il a dit.
On peut même le retracer au Journal des débats et je
trouve que ce sont ses affaires. C'est ce qu'il a dit. Comme vous pouvez avoir
une région qui est plus de votre formation politique que la
nôtre... C'est tellement vrai qu'on a été obligés de
le reprendre parce qu'il avait oublié un de ses collègues qui a
eu une percée ou une erreur temporaire dans cette
région-là. Une erreur temporaire, c'est une appréciation
amicale.
Une voix:...
M. Gendron: Bien non, bien non. Vous avez été
élu démocratiquement par les citoyens et bravo! Je vous ai
d'ailleurs félicité. J'espère que cela va durer le moins
longtemps possible. Mais ce sont des objectifs politiques louables.
J'espère que vous êtes d'accord qu'on ait l'objectif que cela dure
le moins longtemps possible et vous, vous allez demander l'inverse. Ce sont vos
affaires et vous faites bien. Mais je reviens à ce que le ministre
disait: Écoutez, je suis fier de cela. Donc, cela veut dire que s'il
porte un jugement sur la provenance de son financement et que cela a une
signification pour lui, ce sont ses affaires. Il a le droit. Comme moi, j'ai le
droit de savoir qu'il y a davantage de gens qui sont sympathiques au
financement du Parti québécois dans les régions.
Pensez-vous que je vais le savoir si je n'ai pas cette information des sommes
de contributions versées par circonscription? Je prétends qu'on
l'a pareil dans la liste nationale, M. le ministre. Je trouve qu'on a dit ce
qu'on avait à dire là-dessus. Vous dites: Qu'est-ce qu'on va
faire comme modalités dans la loi? Je prétends qu'il devrait y
avoir une liste nationale de trois colonnes - je termine vraiment
là-dessus - l'adresse, la contribution par circonscription et le total.
Fini. Une seule liste et c'est celle-là qui est dans la loi et c'est
celle-là qu'on divulgue. Mais elle donne des informations un petit peu
plus larges que strictement la somme de ce qui a été donné
à un parti politique, par la colonne du centre qui s'appelle
"contributions par circonscription". Je sais que M. Untel a donné 100 $
dans le comté de Roberval. Il a donné 500 $ dans le comté
de Saint-Hyacinthe. Il a donné 300 $ dans le comté
d'Abitibi-Ouest. Je trouve que c'est une information qui est
intéressante et qui ne modifie pas, M. le ministre, la confiance que les
gens vont continuer d'avoir dans notre système si on souhaite qu'il
traduise le plus d'information possible. Mais justement, M. le ministre, pour
faire taire ce que vous disiez tantôt avec raison, ce n'est pas parce que
quelqu'un donne 2000 $ et qu'il a effectivement comme profession entrepreneur
de chemins d'hiver ou entrepreneur en excavation, qu'il faudrait continuer
à porter le jugement qu'on porte: il se cherche un contrat parce qu'il a
souscrit à un parti politique, puisqu'on ne fait pas cela pour d'autres
types de profession à caractère plus libéral, notaire ou
avocat. On se questionne moins. Veut-il un
contrat? Pourtant on le fait quand ce sont des entrepreneurs. Et vous
avez raison. Cela va se taire... Quand est-ce que ce genre de discrédit
qu'on essaie de faire porter sur notre système de financement public des
institutions politiques va tomber? C'est quand les gens qui ont l'intention de
le faire auront le plus d'information pour les empêcher de le faire.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Filion): Oui, M. le ministre.
M. Gratton: Une clarification. On a parlé tantôt de
ma fierté que le Parti libéral soit appuyé dans le West
Island. Effectivement, ma fierté c'est que le Parti libéral soit
appuyé partout. Et cette fierté s'inspire strictement du fait
que, pour moi, l'électeur, qu'il habite où qu'il habite, qu'il
parie la langue qu'il voudra, quelles que soient ses origines ethniques,
religieuses ou autres, à partir du moment où il est
électeur, il est égal devant tous. Et je ne tiens pas, de
façon particulière, à pouvoir identifier quel groupe ou
quel autre appuie tel parti politique. Pour moi, c'est tout à fait
académique. Cela n'a rien à voir dans le débat
politique.
Le Président (M. Filion): Je ne voudrais surtout pas
limiter la discussion là-dessus. Forcé de constater qu'il n'y a
quand même pas consensus sur toutes les modalités... Oui?
M. Gratton: Est-ce qu'on pourrait constater qu'il y en a un? Il y
aura obligation pour qu'il y ait une liste générale par ordre
alphabétique. Je pense que tout le monde convient que cela doit
être une obligation.
M. Gendron: M. le Président, c'est difficile de dire que
j'en conviens dans le sens suivant. Si le ministre avait accepté que la
seule liste contienne l'information additionnelle que nous, on croyait que nous
donnait la liste par circonscription, je dirais que vous avez raison. Mais si
je vous donne raison sur la question, telle que vous la formulez, à
savoir s'il y a consensus qu'il y ait une seule liste et qu'elle ne contient
pas les informations que nous donnait la liste par circonscription, je dis au
ministre: Restez sur la demande qu'on a formulée, c'est-à-dire
une liste par circonscription et une liste nationale, mais pas "ou".
M. Gratton: II faut que ce soit clair. Tantôt, ce
n'était pas "et", mais "ou".
M. Gendron: Je sais.
M. Gratton: Là, ce n'est pas "ou", mais "et".
M. Gendron: C'est les deux, mais pas "ou".
M. Gratton: D'accord. Constatons qu'il n'y a pas consensus, M. le
Président.
M. Gendron: C'est cela.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Vous allez me permettre au moins un commentaire
à partir du moment où il y a constat qu'il n'y a pas consensus.
Je regrette beaucoup qu'on en arrive à une situation où,
finalement, on va maintenir la zone totalement grise qui existe dans notre loi
et qui pourrait redonner des situations comme celles qu'on a connues et qu'on a
tous dénoncées. Je pense qu'entre la perfection et un pas de plus
vers une meilleure transparence, on aurait pu au moins choisir le pas de plus,
à défaut de la perfection.
Le Président (M. Filion): D'accord. À ce moment-ci,
est-ce que le sujet est suspendu, M. le ministre?
M. Gratton: Le sujet est épuisé.
Le Président (M. Filion): II est
épuisé...
M. Gratton: On le reprendra...
Le Président (M. Filion):... sans qu'il y ait consensus.
Donc, il pourrait faire l'objet d'un débat ultérieur selon ce qui
va se passer.
M. Gendron: M. le Président, je ne vois pas pourquoi le
ministre changerait la méthode de travail de nos travaux à cette
commission. Quand, sur certains sujets, il constatait qu'il y aurait lieu de
l'approfondir ou d'en parler davantage, il parlait de suspension.
Le Président (M. Filion): Oui. Jusqu'à
présent, on a parié de suspension.
M. Gendron: Alors, il n'est pas épuisé. M.
Gratton: D'accord.
Le Président (M. Filion): Jusqu'à maintenant,
lorsqu'il n'y avait pas, disons...
M. Gendron: On suspendait l'article.
Le Président (M. Filion):... de consensus autour de la
table, il y avait généralement une suspension, je l'admets.
M. Rochefort: Pas autour de la table, entre les formations
politiques.
Le Président (M. Filion): Non, non.
M. Gratton: M. le Président, la suspension n'a pas la
même signification que lorsqu'on suspend l'étude d'un article d'un
projet de loi. C'est évident que nous allons probablement revenir en
commission parlementaire pour revoir l'ensemble des articles sur lesquels on ne
s'est pas entendus. Dans certains cas, on a indiqué - par exemple, hier,
c'était le cas pour le vote des Québécois hors
Québec - que ce serait probablement au moment...
Une voix: Des modalités.
M. Gratton:... du projet de loi qu'on déterminerait les
modalités. Je ne veux pas exclure l'une ou l'autre des façons de
procéder.
Essai de mécanismes de votation
Le Président (M. Filion): D'accord. J'appellerais le sujet
suivant, toujours à la liste 2, à la page 10, Nouveaux sujets
abordés par le Directeur général des élections en
commission parlementaire. Essai de mécanismes de votation. Le consenus
est dans le sens que "L'article 11, permettant au DGE de faire l'essai de
nouveaux mécanismes de votation lors d'une élection partielle,
après entente avec les chefs des partis autorisés
représentés à l'Assemblée nationale, doit
être élargi pour permettre d'autres essais que ceux de
mécanismes de votation. " La modalité à préciser
est inscrite ici: "Y a-t-il lieu, en outre, d'étendre cette
possibilité à toute élection, qu'elle soit
générale ou partielle?"
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Juste une question. Qu'est-ce que c'est d'autres
essais qu'on pourrait faire que des mécanismes de votation? Je ne m'en
rappelle plus.
Le Président (M. Filion): M. le Directeur
général des élections.
M. Côté (Pierre-F. ): Ce peut être, à
titre d'exemple, un domaine dans lequel on n'est pas trop sûr si cela
devrait être tout de suite mis en application. Par exemple, ce n'est pas
un mécanisme de votation de dire qu'on aurait un rapport
consolidé des rapports financiers. Ce n'est pas un mécanisme de
votation tel quel, mais on pourrait en faire l'expérimentation et voir
ce que cela donnerait. Ce peut être le même raisonnement à
l'égard d'autres domaines comme le vote des Québécois hors
Québec si, par exemple, c'est une question, à savoir: II faudra
faire l'expérience de cela avant de voir. L'idée du
mécanisme de votation est restreinte dans l'article 11. Jusqu'à
maintenant, on a expérimenté des mécanismes de votation.
Cela a été la boite de scrutin en carton. Cela a
été de faciliter davantage le vote dans les bureaux de vote par
anticipation lors d'élection partielle. La suggestion que je faisais,
c'était une solution de compromis ou une suggestion
d'expérimentation qui pouvait permettre de... Ce que dit l'article 11
présentement, c'est qu'on peut faire des essais de mécanismes de
votation à l'occasion d'une élection partielle, mais cela ne veut
pas dire que cela s'étend automatiquement. Il faut, après, que ce
soit entériné par la loi ou par une modification à la
loi.
Le Président (M. Maltais): Cela va?
M. Rochefort: Oui. Je ne sais pas si le ministre a un commentaire
à faire. J'en aurai un sur le fond par la suite.
M. Gendron: Moi aussi, sur le fond.
M. Gratton: Moi aussi. (11 h 45)
Le Président (M. Maltais): II y aura trois commentaires
sur le fond. Cela terminera.
M. Rochefort: Dans l'ordre.
M. Gratton: Très brièvement, certains types
d'expérimentation pourraient être envisageables. Dans le cas d'une
élection générale, par exemple, dans le cas du vote des
Québécois hors Québec, on pourrait imaginer qu'un certain
nombre de Québécois résidant à l'extérieur
du Québec aient le droit de vote et, dans ce sens-là, cela
pourrait être une expérimentation. Mais il y a d'autres
expériences qui ne seraient peut-être pas aussi souhaitables.
Évidemment, c'est une question de jugement. Je ne suis pas sûr
qu'en indiquant simplement qu'il est possible de faire de ces
expériences au cours d'une élection générale, cela
ne pourrait pas, dans un certain sens, en arriver à déboucher sur
des problèmes. Ces expériences que vous êtes susceptible de
tenter sont-elles toujours agréées par les représentants
au conseil consultatif?
M. Côté (Pierre-F. ): Non. Par ce que prévoit
la disposition actuelle, ce pourrait être le cas, remarquez, selon la
disposition actuelle de l'article 11, après entente avec les chefs des
partis autorisés à représenter à l'Assemblée
nationale. Cependant, quand j'en ai fait la suggestion en commission
parlementaire, c'était une façon d'essayer de voir si cela ne
permettrait pas de faire avancer certaines questions en disant: On pourrait les
référer et tenter l'expérience. Mais, depuis les jours
derniers, ma réflexion indique qu'il est moins nécessaire que
cela me le semblait - je vais être bien franc avec vous - en commission
parlementaire, parce que je dirais qu'il y a moins de sujets autour desquels
vous êtes hésitants ou sur lesquels vous posez des questions
jusqu'à maintenant en
commission parlementaire. Je dirais que c'est à vous à
déterminer s'il y a possiblement des sujets d'expérimentation,
parce que c'est une sorte d'expérimentation qu'on ferait comme on l'a
utilisée jusqu'à maintenant.
Je dois vous dire que l'utilisation a été jusqu'à
maintenant très restreinte, mais quand même profitable dans les
mécanismes de votation. Mais je veux juste vous signaler que, si jamais
on voulait l'étendre à autre chose que tout ce qu'on appelle
purement un mécanisme de votation même, on ne pourrait pas le
faire selon les dispositions de l'article 11, mais je ne suis pas très
sûr, même si c'est moi qui en ai fait la suggestion en commission
parlementaire, qu'on trouverait tout de suite des sujets. Cependant, je dirais
que, si vous mettez dans la loi une disposition indiquant qu'il y a cette
possibilité, supposons que je fasse une proposition qu'on tente une
expérience dans tel domaine, si je n'ai pas l'accord des chefs de parti,
c'est évident que l'expérience n'aura pas lieu.
M. Gratton: D'ailleurs, je dois préciser que je pense que
la proposition que vous faites vient à la suite des échanges
qu'on a pu avoir lors des auditions et des consultations au cours desquelles on
s'est posé la question, advenant le cas où on n'en arrive pas
à pouvoir vraiment mesurer l'impact de telle ou telle acceptation de
principe, peut-être qu'une façon serait de procéder par des
expériences. Donc, on ne vous reproche absolument pas d'avoir fait la
proposition; on en avait d'ailleurs discuté. Mais je serais
intéressé à savoir ce que pensent nos collègues sur
le fond.
Le Président (M. Maltais): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Sur le fond, M. le Président, je pense que le
Directeur général des élections est on ne peut plus clair
et on ne peut plus franc. Cela avait été évoqué
dans la perspective où on aurait été assez facilement en
mesure, dans nos réflexions, d'identifier de façon plus
précise les éléments débordant ce qu'on appelle les
mécanismes de votation sur lesquels il y aurait eu une volonté de
part et d'autre d'expérimenter, soit par une élection
générale ou par une élection partielle.
Je prétends que c'est plus une disposition habilitante et je ne
suis pas d'accord sur le fond puisqu'un mécanisme prévoit que,
lorsque le DGE veut instaurer un mécanisme nouveau de votation en terme
d'expérimentation, il y a une entente entre les chefs et, à
partir du moment où, dans la plupart des points dont on a
discuté, il y a quand même beaucoup plus de consensus que
d'éléments de division, j'aime mieux, compte tenu de l'aspect un
peu fragile des perceptions sur des choses majeures, qu'on ne mette pas de
disposition disant: Tant qu'on ne l'aura pas identifié, on va donner la
possibilité, si jamais vous voudriez faire une expérimentation
sur des choses autres que des mécanismes de votation. C'est ce que dit
l'article, élargir pour permettre d'autres essais. On ne sait pas ce que
c'est; on n'en a pas identifié la porté; on n'a pas fait
d'évaluation des conséquences, mais donnez-nous la
possibilité de le faire quand même uniquement au niveau des chefs
de partis représentés. Je ne suis pas d'accord. C'est courir
après le trouble. Si on avait trois ou quatre exemples à me
donner, je dirais: On va en discuter. J'aime bien mieux ne pas le mettre, dans
la perspective où le DGE et le ministre délégué
à la Réforme électorale ou une formation politique
identifient deux ou trois sujets sur lesquels il y aurait lieu, par des voeux
d'organismes, de partis politiques d'expérimenter quelque chose qui
déborde des mécanismes de votation, on fera un amendement
à la Loi...
M. Gratton: On l'inscrira.
M. Gendron:... électorale et on l'inscrira; mais là
on saura de quoi on parle et on aura évalué ce que c'est
exactement. Il me semble que c'est bien moins "conséquentiel" et bien
moins donnant ouverture à toutes sortes de situations difficiles.
Le Président (M. Maltais): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je suis très heureux
de la tournure de la discussion. Malgré le respect que j'ai pour le
Directeur général des élections - je pense qu'il
était parfaitement légitime qu'il nous fasse une telle
proposition - je m'oppose à une telle disposition. Je pense,
déjà sur les mécanismes de votation, de limiter l'essai de
mécanismes de votation à une consultation auprès des
formations politiques représentées à l'Assemblée
nationale, qu'on atteint un peu la limite de ce que les lois ne nous permettent
pas de faire et qu'on essaie de faire. Sans porter de jugement, j'ai
participé à cela, je pense que cela a été utile,
mais pour toute autre chose qui déborde des mécanismes de
votation, je pense qu'il faut, au minimum, aller chercher l'accord de
l'Assemblée nationale dans le cadre d'une motion spécifique. Je
pense qu'en tout temps, on pourrait très bien penser, à
l'occasion, à la suite d'une initiative du Directeur
général des élections ou à celle d'un autre membre
de l'Assemblée nationale, de dire: Telle chose, on pense que ce n'est
pas assez mûr pour une décision finale à caractère
permanent, mais la réflexion est assez avancée pour dire que ce
serait utile de faire une tentative. Je pense qu'à ce moment-là,
il faudrait y aller dans le cadre d'une motion débattue ouvertement,
publiquement, à l'Assemblée nationale avec les différentes
étapes qu'on connaît pour cela. Si le vote est positif, mon Dieu,
on fera cette tentative.
Je ne souhaite pas qu'on aille au-delà de cela. Je pense qu'il
faut maintenir la souverai-
neté de l'Assemblée nationale par rapport à ces
questions.
Le Président (M. Maltais): Merci. Un dernier commentaire,
M. le Directeur général des élections.
M. Côté (Pierre-F. ): Je veux seulement bien
comprendre ce qui vient d'être suggéré, parce que j'ai
été très clair sur la proposition et les
conséquences. Par ailleurs, vous suggérez une motion. Si
c'était la voie qui était retenue, il faudrait que ce soit dit
dans la loi parce qu'il n'y a pas de disposition actuelle, je pense, qui
permettrait qu'une motion de l'Assemblée nationale permettrait une
expérimentaiton ou enfin élargirait le sens de l'article 11. Il
faudrait que ce soit dit dans la loi, à mon avis. C'est une question de
"légistique" si on veut, mais il me semble... Je veux seulement
clarifier cela.
M. Rochefort: Seulement une question technique, si vous
permettez.
Le Président (M. Maltais): Oui, mais un dernier
commentaire parce qu'on fait le tour et on ne peut pas revenir... Je pense
qu'on suit...
M. Gratton: L'alternance.
Le Président (M. Maltais):... l'alternance.
M. Rochefort: Eh mon Dieu! Je dois vous dire...
M. Gratton: C'est parce que j'ai demandé la parole.
Le Président (M. Maltais): C'est parce que le ministre
a...
M. Rochefort: Non, non, mais c'est sur le point très
technique.
Le Président (M. Maltais): Ah oui! Mais...
M. Rochefort: C'est une question d'information et je vous
dirai...
Le Président (M. Maltais): Alors, on vous donne le point
très technique.
M. Rochefort:... que je n'ai pas le sentiment que j'avais
abusé du temps qui était...
Le Président (M. Maltais): Non, non.
M. Rochefort:... le mien aussi dans le dernier débat.
Le Président (M. Maltais): Vous savez, monsieur...
M. Rochefort: Merci.
M. Gratton: Dernière question.
M. Rochefort: Vous êtes bien gentil. Par exemple,
quand...
M. Gratton: Conclusion.
M. Rochefort:... vous avez eu le mandat au
Nouveau-Québec...
Le Président (M. Maltais): À l'ordre, M. le
ministre!
M. Côté (Pierre-F. ): Il y a une autre disposition
de la loi qui le permet, justement.
M. Rochefort: Ah bon! M. Côté (Pierre-F. ):
Oui.
M. Rochefort: La motion s'appuyait sur une disposition de la
loi.
M. Côté (Pierre-F. ): Oui, c'est l'article 5 qui
dit: "II peut cependant exercer tout autre mandat que lui confère
l'Assemblée nationale", mais de l'autre mandat qui est celui qui est
l'administration de la Loi électorale comme telle. Si cela se rapporte
directement à la Loi électorale, il faudrait qu'il y ait une
disposition qui le dise.
Le Président (M. Maltais): En conclusion, M. le
ministre.
M. Gratton: M. le Président... M. Rochefort: C'est
pressé!
M. Gratton:... d'abord, dans un premier temps...
M. Rochefort: Avez-vous un rendez-vous?
M. Gratton:... si on identifiait avant l'adoption des
modifications à la Loi électorale des sujets spécifiques,
on pourrait toujours les incorporer et habiliter le Directeur
général des élections à faire des
expériences; si on le faisait!
En ce qui a trait à tout ce qui pourrait survenir, le
député de Gouin propose une résolution à
l'Assemblée nationale. Je pense qu'on n'a même pas besoin d'aller
de ce côté-là; allons-y tout simplement avec l'adoption
d'une loi modifiant la Loi électorale...
M. Rochefort: D'accord.
M. Gratton:... qui, si elle recueille l'accord de tout le monde,
peut s'adopter tout aussi rapidement qu'une motion.
M. Rochefort: C'est meilleur.
M. Gratton: On évitera un article additionnel dans la
loi.
Le Président (M. Maltais): Alors, il y a consensus.
M. Gratton: Consensus pour ne pas retenir la proposition.
M. Rochefort: Vous pouvez passer à autre chose, M. le
Président, on s'entend.
Le Président (M. Maltais): Alors ce qui termine la liste
2. On s'en va à là liste 3, sujet 10: Consensus à faire:
Vote des étudiants et travailleurs temporaires. "Il y a consensus sur le
maintien du choix actuellement permis par l'article 60 aux étudiants,
travailleurs temporaires et électeurs hospitalisés d'être
inscrits et de voter dans des circonscriptions - est-ce qu'on s'est
retrouvé là-dedans? - de leur domicile ou dans celle où
ils résident temporairement. "
Advenant l'introduction du vote par procuration, il faudra cependant
décider si on maintient l'article 60. De même, si on introduit une
nouvelle procédure de révision extensionné, ce qui fait
l'objet du sujet 28, liste 3, il faudra décider si les personnes
visées par l'article 60 peuvent-elles aussi s'en prévaloir pour
faire un nouveau choix. "
M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, au départ, on me
souligne qu'il faudrait traiter de cette modalité avec le sujet 28 en
même temps qu'on retrouve à la page 4...
M. Gendron: Cela vous convient? M. Gratton:... le sujet 18
et le sujet 28. Le Président (M. Maltais): Le sujet 10.
M. Gendron: Avec le sujet 10, il faudrait discuter le...
Le Président (M. Maltais): Le sujet 28.
M. Gratton: Les sujets 18 et 28 qu'on retrouve à la page
4.
Le Président (M. Maltais): Mon Dieu, Seigneur!
M. Gendron: Pourquoi?
Le Président (M. Maltais): Parce qu'il y a
référence, M. le député d'Abitibi-Ouest, dans le
dernier article.
M. Gratton: Allons-y à l'étape... Est-ce qu'il y a
consensus sur le maintien du choix?
Le Président (M. Maltais): On vous attend,
M. le député de Gouin.
M. Gratton: II y avait consensus; est-ce qu'on le maintient?
M. Gendron: Oui. M. Gratton: Cela va?
Le Président (M. Maltais): M. le député de
Gouin, sur l'article 10, il y avait un consensus de fait au comité et on
nous dit que le sujet 10 est relié au sujet 28 à la page 4 de la
liste 3.
M. Rochefort: Et en conséquence?
Le Président (M. Maltais): Et en conséquence.
M. Rochefort: Est-ce que c'est maintenant que le
député d'Abitibi-Ouest va nous faire son plaidoyer sur le sujet
28? Non?
Le Président (M. Maltais): Non.
M. Gratton: Non, ce n'est pas encore le moment.
M. Rochefort: Ah bon!
Le Président (M. Maltais): Que Dieu nous garde, ce n'est
pas encore le moment.
M. Gratton: Non, ce n'est pas encore le moment.
M. Gendron: Pas encore!
Durée de la révision
M. Gratton: Quant au deuxième paragraphe, on suspend en
attendant le débat et, ensuite... "de révision
extensionnée, ce qui fait l'objet du sujet 28. Il faudrait
décider si les personnes visées... " Alors, allons voir si on
veut exten-sionner la période de révision au sujet 28 à la
page 4. Il y avait eu consensus, sauf erreur, pour I extensionner jusqu'au
vendredi précédant la période de scrutin. Dans les
consultations entre cabinets de leaders, du côté de l'Opposition,
on remet en cause ce consensus. Je le dis sous toute réserve...
Une voix: Non, ce n'est pas cela.
M. Gendron: Non, ce n'est pas cela du tout.
Une voix: C'est le Parti québécois, dans son
mémoire.
M. Rochefort: Sur quelle liste est le sujet 28?
Le Président (M. Maltais): La liste 3.
M. Rochefort: Bien non. On est dans la liste...
Le Président (M. Maltais): La page 4, pardon,
excusez-moi.
M. Gratton: Je reprends, parce qu'effectivement, il y a...
M. Gendron:...
M. Gratton: On avait consensus pour extensionner jusqu'au
vendredi, et le Parti québécois, et non l'Opposition est venu
faire valoir au cours des consultations son objection aux principes mêmes
d'une extension de la révision.
M. Gendron: Lesquels ont été agréés
par votre leader.
M. Gratton:... c'est-à-dire que, étant donné
la position du Parti québécois, il y a eu discussion entre les
bureaux des leaders...
M. Gendron: C'est cela.
M. Gratton:... et, selon ce qu'on me rapporte, il pourrait
être possible de faire consensus sur un compromis d'extensionner la
période de révision, peut-être pas jusqu'au vendredi
précédant le jour du scrutin. Alors, il s'agit de
déterminer, d'abord, si le vendredi, on ne le retient pas et, sinon,
jusqu'où on pourrait extensionner la période de la
révision.
Le Président (M. Maltais): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Alors, c'est tout à fait exact. La position de
compris, nous, cela a été jusqu'au lundi du jour
précédant le vote par anticipation.
M. Gratton: Pardon?
M. Gendron: La position de compromis entre l'extension et le
mercredi, c'était jusqu'au lundi précédant le jour du
scrutin.
M. Gratton: Présentement, quand se termine la
révision?
Une voix: Le jeudi.
M. Gratton: Le jeudi de la semaine précédente?
M. Gendron: Oui.
M. Gratton: Le jeudi précédant le vote par
anticipation.
M. Gendron: Cela, c'est la situation actuelle?
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Maltais): Vous proposez jusqu'au lundi de
la semaine précédant le vote?
Une voix: C'est-à-dire jusqu'au lundi du vote.
M. Gendron: C'est cela.
Le Président (M. Maltais): Donc, cela extensionne
de...
M. Gratton: Donc, une semaine... (12 heures)
Une voix: Une semaine avant le vote. Il ajoute donc...
Le Président (M. Maltais): Quatre jours, cela fait quatre
jours de prolongation si on inclut les samedi et dimanche.
M. Gratton: Donc, on se trouve à ajouter trois jours
seulement.
Le Président (M. Maltais): Trois jours ouvrables. Je pense
que le DGE avait un commentaire là-dessus.
M. Côté (Pierre-F. ): C'est qu'on s'interroge, M. le
Président. Actuellement, c'est le jeudi qui précède le
vote par anticipation. Est-ce que je comprends bien qu'actuellement, on
suggérait, si on le prolonge, c'est qu'on tomberait pendant le vote par
anticipation, n'est-ce pas?
M. Gratton: Non.
M. Côté (Pierre-F. ): Si je comprends bien, c'est la
suggestion qui est faite?
M. Gendron: Oui.
M. Côté (Pierre-F. ): Jusqu'au dimanche du jour du
vote par anticipation... Jusqu'au dimanche ou le dimanche inclus?
M. Gratton: Incluant le lundi.
Le Président (M. Maltais): N'incluant pas le lundi, parce
que c'est la journée du vote.
M. Gratton: Non, non, le lundi précédent le lundi
du vote.
Le Président (M. Maltais): Oui, oui. M. Gendron:
C'est cela.
M. Rochefort: Le vote de ce lundi qui est le vote par
anticipation.
M. Gendron: Oui, mais on a toujours dit... Un instant, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Maltais): Un instant! On va clarifier la
position. M. le député d'Abiti-bi-Ouest.
M. Gendron: On va clarifier... Elle a toujours été
claire, c'est jusqu'au jour du vote par anticipation, alors le dimanche inclus,
parce que le dimanche, on ne vote pas.
M. Gratton: Oui, mais en plus... Non, mais on vote par
anticipation.
M. Rochefort: Bien oui, on vote par anticipation.
M. Gratton: II faut se rappeler que l'inscription dont il s'agit
n'est pas l'inscription au bureau de dépôt. C'est strictement au
bureau du directeur de scrutin. Ce ne sont pas les bureaux de
dépôt qui sont extensionnés partout, c'est strictement le
directeur du bureau de scrutin, qui est le bureau de dépôt, qui
resterait ouvert. On avait proposé jusqu'au vendredi
précédant l'élection pour que les personnes puissent
s'inscrire jusqu'à cette date-là, toujours dans l'optique
où on a un tas de gens qui, après la révision, viennent
nous dire: Bon, on n'est pas inscrits, on n'a pas notre droit de vote et tout
le monde est impuissant pour y faire quoi que ce soit.
Le Président (M. Maltais): D'accord. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui. Si le ministre me permet, M. le
Président, je pense qu'il manque une étape qui va peut-être
nous permettre de rabouter nos affaires. On disait: On laisse le bureau de
dépôt qui est situé au bureau du directeur de scrutin
ouvert jusqu'au vendredi précédent, pour permettre aux personnes
d'aller faire une demande d'inscription particulièrement. Je pense que
c'est cela qu'on vise, parce que ce n'est pas suffisant. Et là, on
ferait siéger une commission de révision le vendredi ou le samedi
qui, elle, déciderait de l'ensemble des demandes qui ont
été faites entre-temps.
M. Gratton: C'est cela.
M. Rochefort: Donc, en ce sens-là, je ne saisis pas trop
la modification qui a été apportée parce que l'idée
n'est pas de dire qu'on a passé combien de jours de commission de
révision pour abattre le lot du travail qu'ils ont accumulé
à travers...
M. Gratton: Non, ce n'est pas cela.
M. Rochefort: Bien c'est parce que si ce n'est pas cela...
Écoutez, prenons-le autrement.
Si le député d'Abitibi-Ouest me dit que ce n'est pas cela,
je ne comprends pas pourquoi on ajoute à ce moment-là deux, trois
ou quatre jours au temps régulier des commissions de révision, on
n'en a pas besoin de ces journées. Ce qu'on voudrait viser, ce sont les
personnes qui, après les étapes actuelles de dépôt
et de révision, s'aperçoivent tout à coup, parce qu'elles
arrivent de voyage ou je ne sais pas trop quoi ou elles prennent connaissance
plus tard que prévu que les délais juridiques nous le permettent
actuellement, de la liste pour s'inscrire, là elles allaient au bureau
de dépôt chez le directeur du scrutin et elles auvaient une chance
qu'une commission de révision se réunisse à nouveau pour
décider si elles devraient ou non voir leur demande d'inscription
retenue. Dans ce sens-là, pour moi, M. le Président,
c'était un mécanisme d'accessibilité accru au vote qui
réduisait encore le nombre de personnes qui se verraient, pour des
raisons techniques, de mauvaise circulation de l'information ou autres, retirer
le droit de vote et, en ce sens-là, je ne vois pas tellement pourquoi il
y a un problème de ce côté.
Je répète que non seulement je ne vois pas
l'utilité d'ajouter deux ou trois jours aux commissions de
révision dans le calendrier actuel mais, par contre, je serais un peu
défavorable à l'idée que des commissions de
révision siègent pendant qu'un vote est tenu et donc, pendant les
bureaux de vote par anticipation du dimanche et du lundi. Cela pourrait
très bien arriver. Oui, je pourrais aller voter cet après-midi...
Bof! Je peux bien y aller. Et là, le gars s'en va au bureau de
dépôt et il dit: Prenez donc une décision tout de suite et,
en sortant de la commission de révision, il s'en va voter en disant:
Bien oui, j'ai le droit de vote, on vient de me le donner. Je pense qu'il faut
mettre ces deux périodes en des temps distincts pour des raisons de
principe ou aussi pour des raisons pratiques. Comment le bureau de la
commission de révision ferait-il pour informer le bureau de scrutin par
anticipation qui vient, il y a 30 secondes, d'accorder le droit de vote
à quelqu'un qui va se présenter? Je ne vois pas là, je ne
saisis pas cela.
Le Président (M. Maltais): D'accord. M. le
député d'Abitibi-Ouest, vous allez nous clarifier à
nouveau votre proposition, même si elle vous semblait claire, il n'y a
que vous qui l'ayez comprise, d'après ce que je peux voir. Vous allez
nous tirer cela au clair pour qu'on discute sur votre proposition.
M. Gendron: D'abord, ce n'est pas notre proposition, c'est la
proposition des deux bureaux de leaders...
Le Président (M. Maltais): D'accord.
M. Gendron:... assumée par le ministre
délégué à la Réforme électorale dans
une discussion qu'on a eue avec le leader du gouvernement.
La proposition est simple. C'est toujours avec le moins de mots qu'on
arrive à... il s'agit d'allonger les délais pour aviser les
partis politiques et donner à la commission de révision un peu
plus de temps pour faire son job, point, "period", à la ligne. C'est
pour cela qu'on suggère cela.
M. Rochefort: M. le Président, il y a le premier point que
je ne comprends pas non plus. Rajouter du temps pour le délai pour les
partis politiques. C'est pour faire quoi?
Le Président (M. Maltais): D'accord. M. le
député d'Abibiti-Ouest, voulez-vous expliquer cela au
député de Gouin comme il faut?
M. Gendron: Non, non ce n'est pas de votre faute.
Le Président (M. Maltais): Non, non. M. Gendron:
C'est pour les avertir... M. Rochefort: Pour les avertir de
quoi?
M. Gendron:... qu'il y a des gens de leur formation politique
éventuellement qui ne sont pas sur la liste électorale.
M. Rochefort: Je ne comprends pas.
M. Gendron: C'est pour donner plus de délai aux partis
politiques, d'accord, dans la communication de l'information qu'il y a des gens
qui sont non inscrits. La commission de révision, quand elle
siège, pourquoi pensez-vous qu'elle siège?
M. Rochefort: C'est justement, on ne se comprend pas, M. le
Président. Ce n'est pas en rajoutant du temps. Je pense, M. le
Président, que la formule nous permet d'avancer.
Le Président (M. Maltais): Oui, oui, il faut se
comprendre.
M. Rochefort: Je pense que ce n'est pas en rajoutant du temps
à la commission de révision que les partis politiques ont plus de
temps pour agir. Il faudrait rajouter du temps au bureau de dépôt.
Les commissions de révision, cela ne reçoit pas un
électeur qui dit: Moi, je voudrais m'inscrire.
M. Gendron: Non.
M. Rochefort: Donc, ce n'est pas là qu'il y a un
problème qui se pose dans la logique que vous nous décrivez.
C'est qu'il faudrait rajouter du temps pour les bureaux de dépôt
non pas pour les commissions de révision. D'ailleurs, les commissions de
révision, sauf erreur, doivent prendre une décision sur toutes
les demandes y compris si elles devaient siéger une journée de
plus. Donc, c'est un faux problème. Là, où je comprends ce
que vous souhaitez, c'est non pas un délai additionnel des commissions
de révision, d'une part, elles n'en ont pas besoin, la loi les oblige
à siéger le temps qu'il faut.
M. Gendron: C'est clair.
M. Rochefort: Mais vous nous dites que vous voulez que les
bureaux siègent plus de jours pour permettre aux partis politiques
d'atteindre un plus grand nombre d'électeurs ou à d'autres
électeurs aussi parce qu'il y a des électeurs qui le font sans
l'intermédiaire des partis politiques. En conséquence, moi je
vous dis d'abord, on ne parle pas de commissions de révision, on parle
de bureaux de dépôt. La proposition qui a été faite
qui était le consensus intervenu allait bien plus loin que ce que vous
le souhaitiez, il y aurait un dépôt permanent chez le directeur de
scrutin jusqu'à trois ou quatre jours avant le vote. Là, non
seulement on vous donne quatre jours de plus, on vous en donne dix. Je ne vois
pas.
Le Président (M. Maltais): M. le Directeur
général des élections.
Vote de l'électeur non inscrit
M. Côté (Pierre-F. ): Je voudrais bien cerner le
problème parce que j'ai un peu de difficultés à vous
suivre, c'est assez important pour qu'on se comprenne bien, parce qu'il y a des
difficultés pratiques qui vont se poser. Le problème origine du
vote de l'électeur non inscrit sur les listes électorales. Nous,
on se pose la question: Comment est-ce que cela se pose en pratique le
problème de l'électeur non inscrit? Cela se pose ainsi. Le matin,
la plupart du temps c'est le matin du vote, la personne s'aperçoit
qu'elle n'est pas inscrite. En pratique, c'est comme cela que ça arrive.
C'est rare que cela se produit avant que la personne réalise qu'elle
n'est pas sur la liste électorale. Alors, ce n'est pas
nécessairement en rallongeant la période de révision qu'on
va régler le problème. Mais si on permet à un
électeur non inscrit qui réalise avant le jour du scrutin, si on
lui donne une prolongation, une période de temps plus longue pendant
laquelle il peut s'inscrire au bureau du directeur du scrutin, la
difficulté qui surgit c'est qu'une demande d'inscription doit être
étudiée par une commission de révision. Elle peut
être faite au bureau du directeur du scrutin qui est
considéré à ce moment comme un bureau de
dépôt. Ce qu'il faudrait peut-être bien préciser pour
bien comprendre c'est que cette demande d'inscription tardive, disons, ou
à la dernière minute, jusqu'à la limite extrême de
temps, ne faudrait-il pas envisager de dire: Très bien, on va permettre
à l'électeur non inscrit de pouvoir s'inscrire au bureau du
directeur de scrutin et la commission de révision siégera
uniquement pour ces cas et elle pourrait se prononcer assez
rapidement. Alors, ce qu'il faut voir à ce moment, c'est que cela
peut se prononcer très rapidement, il ne faut tout de même pas que
le délai pendant lequel la commission de révision va
siéger soit tellement rallongé, cela va avoir des
conséquences sur le restant du processus électoral. C'est pour
cela que je posais l'interrogation tout à l'heure, si on va jusqu'au
jour du vote par anticipation le dimanche, cela peut créer des
difficultés.
Le Président (M. Maltais): Merci. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, juste un point
d'information. Ce que nous avions pensé, ce n'était pas de
prolonger la durée des commissions de révision, c'est qu'elles
termineraient le travail dans le temps actuellement imparti et qu'à la
suite de ce bureau de dépôt plus permanent qui est chez le
directeur du scrutin, au jour moins x qui permet de respecter les délais
normaux, il y a une des commissions de révision qui siège
à nouveau, quelques heures, pour se pencher sur cela. Mais elle ne reste
pas en fonction tout au cours du temps que durent les bureaux de
dépôt. Elle resiège, au fond, elle ajourne ses travaux
plutôt que de mettre fin à ses travaux à la date
normalement prévue, une d'entre elles choisie par le directeur du
scrutin et elle se reconstituera pour se pencher sur les demandes.
M. Côté (Pierre-F. ): Oui, cela me semble une
solution intéressante pour éviter justement qu'elle siège
tout le temps. Mais aussi, c'est qu'elle pourra régler les
problèmes, parce que c'est seulement au bureau du directeur du scrutin,
ou les demandes d'instruction qui viennent à cet endroit. Mais je
répète qu'il ne faudrait pas que la commission de révision
siège jusqu'au jour même, moi, cela me semblerait...
M. Rochefort: Non, non. D'ailleurs d'autant plus qu'avec les
dispositions qu'on a adoptées hier ou avant-hier, je ne me souviens plus
trop, qui font que pour les demandes d'inscription, lorsqu'il y a un refus
d'accorder une inscription à quelqu'un s'il en fait la demande, on va
lui envoyer un avis, il faut établir un calendrier à rebours pour
voir à quel jour la commission itinérante devra siéger
pour entrer dans ces délais.
Le Président (M. Maltais): M. le ministre.
M. Gratton: On me signale qu'au comité, on avait
également exploré la possibilité, et je pense que c'est
là-dessus qu'on semblait faire consensus. Une personne qui veut se faire
inscrire pourrait aller rencontrer la commission de révision au moment
où elle siège, pour faire valoir sa demande d'inscription.
Là, si je comprends bien, le Directeur général des
élections nous dit: II n'y a pas de problème que la commission de
révision ajourne ses travaux et aille siéger au moment où
la période de demande d'inscription au bureau du directeur du scrutin se
termine. Il reste à savoir à quel moment cela se situe pour que
la commission de révision puisse prendre une décision et
signifier les avis requis non seulement aux personnes qui font la demande, mais
aussi aux partis politiques.
M. Rochefort: C'est cela, M. le Président, mais je pense
que le directeur du scrutin pourrait nous préparer quelque chose
là-dessus, un petit calendrier à rebours pour voir
jusqu'où on pourrait aller.
Le Président (M. Maltais): M. le Directeur
général des élections.
M. Côté (Pierre F. ): Je pense qu'on pourrait
préparer cela, M. le Président, mais il y a un autre
problème sur lequel je voudrais attirer votre attention, et je pense
qu'il n'a pas été mentionné. Si on autorise une personne
à faire une demande d'inscription au bureau du directeur du scrutin,
selon ce qu'on vient de discuter, il faut envisager la possibilité, dans
les circonscriptions de très grande étendue, que ce ne soit pas
seulement au bureau du directeur du scrutin, mais au bureau de son assistant,
qu'on retrouve dans certaines circonscriptions très grandes, comme en
Gaspésie. Cela pourrait également se faire, parce que les
distances sont trop grandes pour l'électeur. Il ne faudrait pas que cela
favorise seulement les élections en milieu urbain, mais aussi en milieu
rural, les grandes étendues. On pourrait arriver avec une proposition
qui tiendrait compte de ces facteurs et du facteur temps qu'on
évaluerait sur la façon de procéder pour la commission de
révision.
Le Président (M. Maltais): Cela va?
M. Gratton: Est-ce que je pourrais suggérer que le DGE
fasse les scénarios, mais toujours avec l'objectif primordial qui est
celui de prolonger le plus tard possible, donc de maximiser les
possibilités pour un électeur non inscrit de faire une demande
d'inscription au bureau du directeur du scrutin?
Une voix: Cela, c'est l'objectif.
M. Gratton: Cela, c'est l'objectif sur lequel tout le monde
s'entend, et le DGE pourra nous suggérer à quel moment cela se
situe. Est-ce que c'est le lundi, le mercredi, le vendredi? Au moment où
on débattra ces choses, on aura l'expertise de ceux qui sont
obligés de vivre avec les décisions qu'on prend.
M. Côté (Pierre F. ): Je voudrais signaler une autre
difficulté administrative qu'on a rencontrée, et je pense qu'elle
sera corrigée par
une autre disposition qu'on a adoptée hier, c'est la clause
omnibus. Si le directeur du scrutin a donné une fausse information, que
la fermeture du bureau de dépôt était telle chose et il
s'est trompé, à ce moment-là, cela peut nier un droit
à un électeur, mais la clause omnibus y pourvoirait.
M. Gratton: M. le Président, simplement une phrase.
J'entendais le Directeur général des élections dire que la
plupart des gens qui ne sont pas inscrits le découvrent la
journée du vote. C'est probablement vrai, mais il y a un très
grand nombre d'électeurs qui communiquent avec les bureaux... J'en ai
vécu l'expérience personnellement. Des gens, après que la
révision soit terminée, mais bien avant la journée du
vote, communiquent avec nous pour dire: On n'est pas inscrit, est-ce qu'il y a
quelque chose qu'on peut faire. Il n'y a rien de plus déprimant et de
plus frustrant que de devoir dire: Non, on regrette, la loi est là, elle
est claire et vous ne pouve2 absolument pas voter. Je pense que plus on pourra
repousser la date à laquelle les gens peuvent faire une demande
d'inscription, plus on aura atteint l'objectif que nous partageons tous de
faciliter l'exercice du vote.
M. Côté (Pierre F. ): Une dernière question,
M. le Président.
Le Président (M. Maltais): Oui.
M. Côté (Pierre F. ): Je conviens qu'il s'agit
uniquement d'inscription et non pas d'autre mesure. Par exemple, il ne pourrait
pas y avoir de radiations, seulement des inscriptions.
M. Gratton: Inscriptions seulement, non pas radiations.
M. Rochefort: M. le Président, je me permets de dire que
cela prendrait au moins corrections aussi.
M. Côté (Pierre-F. ): Ah, corrections.
M. Rochefort: Au fond, on veut corriger le jour du vote. Je pense
qu'il faut permettre des corrections, parce que quelqu'un peut découvrir
aussi trop tard que son nom est tellement illisible que ce n'est pas
évident que son droit de vote va lui être reconnu.
M. Côté (Pierre-F. ): Vous avez raison, corrections
aussi.
Le Président (M. Maltais): Alors consensus. Au sujet
3...
M. Gratton: Un instant. Je suggère qu'on suspende quelques
instants.
Une voix: Suspendons, M. le Président.
Le Président (M. Maltais): La commission va suspendre
pendant deux minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 15)
(Reprise à 12 h 19)
Le Président (M. Maltais): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je vous demanderais de prendre place, s'il vous plaît!
J'espère que le DGE m'entend ou quelqu'un de son bureau, M.
Lambert. Le consensus est dans le sens que la commission va demander au DGE de
faire des propositions. Est-ce bien cela, M. le ministre?
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Maltais): C'est concernant le sujet
discuté et il les remettra à la commission. La commission
décidera quelle modalité elle adoptera. Cela va?
M. Gratton: M. le Président, on peut maintenant revenir au
sujet 10 où, au dernier paragraphe, on pose la question. Effectivement,
il semble qu'il y aura une nouvelle procédure de révision
extensionnée. La question qui se pose maintenant, c'est de
décider si les personnes visées par l'article 60,
c'est-à-dire les travailleurs temporaires, les électeurs
hospitalisés et les étudiants, peuvent, elles aussi, se
prévaloir de cette possibilité de faire une demande d'inscription
jusqu'à la date prévue. Je dis tout de suite que, quant à
nous, on ne devrait pas faire d'exception pour ces gens-là.
M. Gendron: La même chose, parce que je ne vois pas
pourquoi notre objectif changerait de maximiser la chance à ceux qui...
Cela comprend, bien sûr...
M. Gratton: La question avait été posée en
comité de travail, à savoir: Est-ce que la révision
extensionnée, la possibilité de s'inscrire extensionnée,
devrait s'appliquer également aux travailleurs et aux personnes qui sont
visées par l'article 60? Nous disons oui. Le député de
Gouin est aussi d'accord. Alors, c'est réglé, M. le
Président.
Le Président (M. Maltais): Cela va. On revient au sujet
11, Recensement annuel. Il y avait consensus à faire là-dessus.
Il ne devait pas être long.
M. Gratton: Je ne l'ai pas.
Le Président (M. Maltais): N'y avait-il pas au sujet 28 un
petit bout d'article à la page 4? On va revenir au sujet 28.
L'élément 4: "Le comité avait également convenu
d'introduire la
possibilité pour l'électeur recensé ou
révisé, mais non inscrit, de voter s'il présente le
reçu de recensement ou l'avis d'inscription, qu'il donne une
pièce d'identité et qu'il prête serment. Ce consensus
tient-il toujours? Y a-t-il lieu d'exiger d'un tel électeur qu'il se
présente au bureau du directeur du scrutin pour obtenir un certificat
l'autorisant à voter. "
On avait oublié cela.
M. Gratton: Nous, M. le Président, serions favorables
à ce que-Une voix: Quelle page, M. le ministre? M. Gratton:
Pardon? La page 5, liste 3.
Le Président (M. Maltais): La page 5. C'est pour
compléter le sujet 28, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: D'accord.
Le Président (M. Maltais): C'est l'élément 4
du sujet 28.
M. Gratton: Nous serions favorables à ce que les personnes
qui ne sont pas inscrites sur les listes électorales, peu importe les
modifications qu'on apporte à l'inscription, aux possibilités
d'inscription, se présentent avec leur certificat, une pièce
d'identité et prêtent serment, puissent voter la journée du
scrutin.
Le Président (M. Maltais): M. le député de
Gouin.
M. Gendron: La même chose.
M. Gratton: Est-ce que le député
d'Abitibi-Ouest...
Le Président (M. Maltais): Oui, j'ai compris que
c'était la même chose.
M. Gendron: II faut que ce soit une formule
délivrée par le directeur du scrutin.
M. Rochefort: Cela existe à l'heure où on se
parle.
Une voix: Non. M. Gendron: Non. M. Gratton:
Non.
M. Rochefort: Ah oui! D'accord, je comprends. Ce qui existe
actuellement dans la loi, c'est ceci. Si quelqu'un a été
recensé et dont le nom n'a pas été inscrit sur la liste
électorale du scrutin par erreur de dactylo ou d'impression, il a le
droit de vote à partir du moment où le directeur du scrutin,
fouillant dans ses registres originaux ou de base, dit: Oui, votre nom est
là et il a sauté à l'impression ou à la
dactylographie. Il lui donne une formule. Il se présente au bureau du
scrutin et il vote. Ce qui n'existe pas, c'est donner le droit de vote-Le
Président (M. Maltais); Cela va?
M. Rochefort: Cela existe. Ce qui n'existe pas, c'est que si la
personne ne peut pas faire la preuve qu'elle a déjà
été inscrite quelque part. Elle a peut-être
été recensée, mais à aucune étape du
processus, elle a été inscrite. Elle ne peut pas voter.
M. Gratton: Mais là, on dit que, si elle présente
son reçu et une pièce d'identification et prête serment
qu'elle a la qualité d'électeur et tout ça et qu'elle
pourrait être inscrite, on lui donnerait le droit de vote. Voici l'autre
question qui se pose: est-ce que cette personne doit obtenir un certificat du
directeur du scrutin avant d'avoir le droit de vote?
M. Gendron: On a dit: Oui, elle doit obtenir un certificat du
directeur du scrutin.
M. Gratton: On aurait accepté qu'il n'en obtienne pas,
mais on n'en fera pas un plat.
Le Président (M. Maltais): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Effectivement, je souhaite que cette personne ait
quelque chose du directeur du scrutin parce que, finalement, il serait plus
facile de voter pour cette personne qui n'a jamais été inscrite
sur quelque liste que ce soit par rapport à une autre qui aurait
déjà été inscrite et dont le nom aurait simplement
sauté des listes par erreur d'impression ou de dactylographie.
M. Gendron: Tout à fait exact.
Le Président (M. Maltais): Cela va? Il y a consensus
là-dessus?
M. Gratton: Cela marche.
Le Président (M. Maltais): Bon, alors on retourne
à... Est-ce qu'on entreprend ça, messieurs?
M. Rochefort: II est 12 h 25.
Le Président (M. Maltais): II est 12 h 25.
M. Gendron: Non, M. le Président.
Le Président (M. Maltais): On sait que c'est assez
long.
M. Gratton: Visite des recenseurs, peut-être, sujet 14
à la page 3.
Visite des recenseurs
Le Président (M. Maltais): Ah, bien oui! On peut
peut-être sauter si vous le voulez. Le sujet 14 concerne la visite des
recenseurs. "Le comité avait fait consensus d'inscrire dans la loi
l'obligation d'effectuer la deuxième visite à une période
de la journée et un jour différents de la première visite.
"Le PQ, dans son mémoire, endosse la recommandation du DGE à
l'effet que cette obligation ne soit pas inscrite dans la loi, mais que les
directives claires soient émises à cet effet à l'intention
des recenseurs. "
Tout le monde est d'accord là-dessus?
M. Rochefort: Je pense qu'on devrait mettre ça dans la
loi.
M. Gratton: Nous aussi, on pense que cela devrait être dans
la loi.
M. Gendron: Un instant. Ce ne sera pas long.
Le Président (M. Maltais): D'accord.
M. Gratton: Est-ce qu'on pourrait demander au Directeur
général des élections de nous dire pourquoi il
recommandait que ce soit une directive plutôt qu'inscrit dans la loi?
M. Côté (Pierre-F. ): Je suis à la recherche
de l'information, M. le ministre. Si vous me permettez une petite minute.
M. Gratton: Essentiellement, ce qu'on nous signale du
côté de l'Opposition, c'est que là où les recenseurs
font la première visite, la dernière journée prévue
pour le recensement, de les obliger à faire une deuxième visite
à une journée différente...
M. Gendron: II n'y en a plus.
M. Gratton:... est une obligation dont ils ne peuvent pas
s'acquitter. À ce moment-là, il me semble qu'on pourrait tout
simplement dire que c'est une contestation qu'effectivement, cela ne peut pas
se faire physiquement, mais l'heure différente pourrait être
maintenue.
M. Côté (Pierre-F. ): C'est la raison pour laquelle
on suggérait... La période de recensement pendant laquelle
travaille le recenseur, c'est quatre jours.
M. Rochefort: C'est cela.
M. Côté (Pierre-F. ): On se dit. Si c'est vraiment
contraignant, c'est dans la loi, il n'y a pas possibilité de s'en sortir
parce qu'il peut faire sa visite le troisième jour; il va être
capable de faire la deuxième visite, si c'est formel dans la loi, une
autre journée et à une heure différente. Tout
dépend des circonstances. Je me dis que si on le fait par directive et
que, dans toute la mesure du possible, cela se réalise, c'est
peut-être moins contraignant et cela va être plus facile
d'atteindre l'objectif. C'est seulement cela, le point qu'on a. Si vous
décidez de le mettre dans la loi, on va tout faire pour que cela soit
exécuté. Mais s'il n'est pas possible de satisfaire l'exigence,
c'est là qu'on pense qu'il y avait une difficulté.
Le Président (M. Maltais): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: On ne fera pas de débat là-dessus,
mais je pense qu'il existe, par ailleurs, une directive qui oblige tout le
monde à commencer la première journée.
Une voix:... obligatoire.
M. Rochefort:... au moins vous dire qu'il y a un recenseur qui
est rendu à la quatrième journée du recensement et qu'il
n'a pas fait une première tournée de toutes les portes, on a,
comme qui dirait, des problèmes de recensement dans cette section de
vote et voilà une section qui va avoir affaire au service du bureau de
dépôt chez le directeur du scrutin jusqu'à tard pendant la
campagne. Il me semble qu'au contraire, cela renforcerait la notion qu'il faut
commencer si on veut finir.
M. Côté (Pierre-F. ): Fondamentalement, M. le
Président, on n'a pas d'objection. C'est une suggestion qu'on
faisait.
M. Rochefort: Je comprends, mais...
M. Gendron: M. le Président, pour nous, ce n'était
pas compliqué. C'est seulement qu'on pense que c'est plus contraignant
si c'est dans la loi et cela a peut-être comme conséquence de
permettre à un électeur de contester un recensement qui aurait
été dans cette condition. On ne voulait pas que cela arrive,
qu'un électeur puisse contester la validité d'un recensement,
parce que, lui, il aurait été vu uniquement la dernière
journée. S'il n'y a plus de journée et le recensement est fini,
alors, là, si on le met dans la loi, il a la possibilité de
contester la validité du recensement. Nous, on pense cela et on trouve
que cela n'a pas de bon sens de contester la validité d'un recensement
si, en termes d'horaire, il a vu un certain nombre de citoyens pour la
première fois, mais c'était la dernière journée du
recensement et il n'y en a plus d'autre, on dit: Si on le fait par directive
administrative, on évite cette possibilité. C'est seulement
cela.
Le Président (M. Maltais): Alors, est-ce qu'on
s'entend?
M. Côté (Pierre-F. ): Un autre exemple qu'on
pourrait donner, c'est qu'on a rencontré des problèmes concrets
dans la dernière élection partielle de Notre-Dame-de-Grâce.
C'est vrai que la loi dit qu'il faut qu'il le fasse le premier jour. Mais, dans
ce cas-là, on a tellement discute à retrouver des recenseurs
qu'il y en a qui ont commencé un peu plus tard. Si on le met
formellement dans la loi, on ne sera pas capable de répondre à
l'objectif.
M. Gratton: Là, il n'y a aucune obligation de faire une
première visite la première ou la deuxième journée.
Est-ce qu'il y en a une?
Une voix: Oui.
M. Rochefort: II faut que tu commences ton travail la
première journée, obligatoirement.
M. Gratton: Où retrouve-t-on cela?
M. Rochefort: C'est peut-être dans les directives.
M. Gratton: Non, dans la loi? On ne le retrouve pas dans la
loi.
M. Côté (Pierre-F. ): C'est certainement dans les
directives. Est-ce que c'est dans la loi?
M. Gratton: Non, je ne pense pas qu'il n'y ait rien dans la
loi.
M. Gendron: Qu'il doit commencer la première
journée?
M. Gratton: Oui.
M. Gendron: Non, ce n'est pas dans la loi. Des voix: C'est
dans les directives. M. Gendron: C'est dans les directives.
Le Président (M. Maltais): C'est dans les directives.
Est-ce qu'on s'entend là-dessus pour un consensus, soit laisser au DGE
le soin de donner la directive à ce sujet, ou si le député
de Gouin tient mordicus que ce soit inscrit dans la loi?
M. Rochefort: Je n'y tiens pas mordicus, moi, M. le
Président, mais...
Le Président (M. Maltais): Bon.
M. Rochefort:... mais je pense que cela pose plus largement le
problème du recensement et du recrutement des recenseurs, qui est un
problème réel et grave.
Une voix: Quoi?
M. Rochefort: Le problème du recrutement des recenseurs
auquel faisait allusion le directeur général.
M. Côté (Pierre-F. ): Il devient de plus... M.
Rochefort: Ah! Oui!
M. Côté (Pierre-F. ): Je pourrais vous le souligner
parce que cela devient... Je veux seulement attirer votre attention. Et il va
falloir trouver des mesures exceptionnelles, on en a trouvé une dans le
fait qu'on peut aller chercher des recenseurs dans d'autres circonscriptions
contiguës, mais je ne vous cache pas que cela devient un problème
très complexe dans certains centres urbains. Ce n'est pas seulement la
question de notion du tarif qui est en cause n'est-ce pas?
M. Rochefort: Pas du tout.
M. Côté (Pierre-F. ): Souvent, c'est simplement que
les gens ne sont pas disponibles, qu'on ne trouve pas suffisamment de gens qui
sont disponibles pour accomplir ce travail.
M. Gratton: D'accord, je pense que... Le Président (M.
Maltais): Cela va? M. Gratton: Directives.
Le Président (M. Maltais): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 14 h 30 précises.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
(Reprise à 14 h 42)
Le Président (M. Maltais): La commission des institutions
reprend ses travaux. Mme la secrétaire, il n'y a pas de
remplacement.
La Secrétaire: II faudrait indiquer que ce matin il y a eu
une erreur dans les remplacements. M. Paré n'est pas remplacé par
M. Dufour.
Vote par procuration
Le Président (M. Maltais): D'accord. Alors, tel qu'entendu
avec les deux leaders, on va passer cet après-midi à des sujets
bien précis dans la liste 3. Il y a eu entente également avec le
député de Gouin. Ce qui nous porterait au sujet 24, à la
page 6. Vote par procuration. "Consensus à faire sur le principe
même. Modali-
tés à décider si le principe est accepté,
concernant: la clientèle admissible; les exclusions, le cas
échant; la qualité du mandataire, la procédure même.
Alternative: vote par courrier. "Le vote par procuration devrait-il être
réservé, dans un premier temps, à la seule
clientèle des Québécois et des Québécoises
hors Québec? "M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, je pense qu'il est inutile de
faire un long plaidoyer sur l'opportunité d'introduire dans notre Loi
électorale la possibilité pour les électeurs d'exercer
leur droit de vote par procuration. Quant à nous, nous sommes favorables
à l'introduction d'une telle mesure, puisque c'est là un des
moyens les mieux reconnus de faciliter justement l'exercice du droit de vote
par des personnes qui peuvent être empêchées de l'exercer
pour toutes sortes de motifs.
Je voudrais rappeler d'ailleurs, à cet égard, qu'un
jugement de la Cour d'appel de la Colombie britannique a déclaré
incompatible avec la charte des droits la Loi électorale de la Colombie
britannique parce qu'elle ne prévoyait pas de mécanisme de
votation pour les électeurs absents.
M. Rochefort: Pour les électeurs?
M. Gratton: Absents. Évidemmment, on peut se demander si
en adoptant... puisqu'on semble s'acheminer vers l'adoption d'une
possibilité pour les Québécois résidant à
l'extérieur du Québec de pouvoir voter par correspondance, cela
pourrait régler le cas de ceux qui ayant déjà eu le statut
d'électeur étant absents pourraient voter par correspondance. Un
fait demeure, on peut imaginer d'autres circonstances où des
Québécois qui seraient absents, quel que soit le motif, au moment
du jour du scrutin aussi bien que les jours de scrutin avancés, ne
puissent pas voter par procuration. D'ailleurs, le jugement mentionne que,
seuls le Québec et Terre-Neuve, en plus de la Colombie britannique,
n'ont pas de dispositions qui permettent l'exercice de ce droit.
M. le Président, je me limite à cela. On se rappelle que
le document de réflexion faisait état des avantages et
désavantages de cette mesure. Ceux qui s'opposent à l'adoption de
cette modalité pourront alléguer qu'il s'agit là d'une
chose inédite qui ne répond pas à la tradition
québécoise, aux coutumes québécoises.
Évidemment, cela s'applique à tout ce qui est changé dans
la Loi électorale. Le financement des partis politiques n'existait pas
avant 1977-1978 et, pourtant, tout le monde se félicite aujourd'hui
d'avoir innové dans ce domaine en adoptant la Loi sur le financement des
partis politiques.
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire ou opportun d'insister
davantage. Je pense déjà connaître le point de vue de
l'Opposition. J'espère, en cédant la parole au
député d'Abitibi-Ouest, qu'il va nous surprendre en disant qu'il
y a peut-être des possibilités que le vote par procuration soit
accepté, sinon pour l'ensemble des citoyens qui voudraient s'en
prévaloir, tout au moins pour certaines catégories de citoyens,
notamment, par exemple, pour les francophones hors Québec.
M. Gendron: M. le Président, je vais vous surprendre, mais
probablement pas au même endroit. Comme vous le souhaitiez, M. le
Président, je vais vous surprendre dans le sens que je ne pense pas, moi
non plus, qu'il faille reprendre l'ensemble des arguments qu'on a eu l'occasion
d'évoquer lors de la commission, surtout parce que j'ai la conviction
que si on avait la capacité de voir sur un tableau électronique,
rapidement, d'un coup d'oeil, le nombre d'intervenants en commission
parlementaire qui sont venus nous dire leurs nombreuses inquiétudes sur
le vote par procuration, leurs doutes et leurs convictions qu'on changeait
radicalement des habitudes électorales... Il ne s'agit pas de dire que
parce qu'on a instauré d'autres règles dans le financement des
partis politiques, par exemple, auxquelles les Québécois se sont
très bien habitués - ce qui est exact - on parle d'une chose de
la même nature.
Je veux rapidement rappeler cinq ou six arguments sur lesquels je me fie
pour prétendre que nous ne sommes pas en mesure de donner notre accord
à tenter l'expérience du vote par procuration, du moins pas sur
le principe. Parce que là c'est de faire le consensus sur le principe
même et je pense que c'est un rapport fidèle des discussions.
Premièrement, je considère que cela donne lieu à de
la fraude et à l'exploitation de catégorie d'électeurs
plus vulnérables. Ce principe-là a été
confirmé par le Directeur général des élections du
Canada, M. Hamel, en disant que c'est vrai, autoriser le vote par procuration
dans une loi électorale, c'est légaliser quelque chose qui est
défendu comme pratique partout ailleurs. C'est M. Hamel qui est venu
confirmer cela, et il a raison. Certains avancent que le vote par procuration
ne fait pas partie des moeurs électorales. Je l'ai fait et je vais le
faire à nouveau, à la différence, cependant, que ce n'est
pas uniquement à ce moment-ci un point de vue théorique. C'est un
point de vue qui a eu l'occasion, entre-temps, d'être reconfirmé
par un document envoyé par M. François Côté,
coordon-nateur, secrétariat des commissions, à la suite d'une
demande que j'avais faite auprès de Me Lucie Giguère et que
chaque membre de la commission a peut-être reçu, à savoir
les statistiques concernant l'usage par les Québécois du vote par
procuration. Chaque membre a cela. C'est peut-être utile de le
déposer à nouveau. Ceux qui se donneraient la peine de le
regarder verraient là que ce que je prétendais est
confirmé. Ce n'est donc pas une prétention artificielle...
Une voix:...
M. Gendron: Pardon?... à savoir que les
Québécois, dans une élection fédérale,
n'utilisent à peu près pas le vote par procuration, alors que les
citoyens des autres provinces l'utilisent parce que c'est une pratique courante
pour eux. J'avais évoqué à ce moment-là que cela ne
faisait pas partie des habitudes et des moeurs des Québécois...
Mais je comprends que c'est un argument, puisque lui-même le confirme.
"Vous constaterez que le nombre de procurations émises au Québec
est plutôt faible sinon inexistant. " C'est M. Jean-Marc Hamel qui parle.
"Les électeurs des autres provinces où le vote par procuration
est disponible lors d'élections provinciales semblent s'en
prévaloir d'une façon beaucoup plus considérable. "
Une voix: Et après? M. Gratton: C'est cela.
M. Gendron: Et après? Mon argument était que les
Québécois n'ont pas, dans leurs traditions, cette propension ou
cette tendance à confier une responsabilité qui est la plus
liée à leurs convictions, leurs tripes, à leur histoire,
de demander à quelqu'un d'autre d'exercer à leur place cette
responsabilité, alors que c'est beaucoup plus courant dans la
mentalité anglaise pour toutes sortes de raisons historiques. Il s'agit
juste d'étudier un petit peu en science économique pour se rendre
compte que ces gens-là sont habitués à
déléguer des votes par procuration pour à peu près
n'importe quelle assemblée générale d'actionnaires d'une
institution quelconque, de compagnies de fiducie ou de compagnies
minières. Dès que vous jouez avec des actions en Bourse dans le
domaine des mines, vous recevez constamment une formule de procuration disant:
Comme vous ne serez pas présent à l'assemblée
générale, voulez-vous que M. Y...
Une voix:...
M. Gendron: Oui, je sais, toutes les compagnies font cela sauf
que, par hasard, il n'y a à peu près jamais de
Québécois qui retournent leur formule de procuration et tous les
autres Canadiens hors Québec comprennent ce que cela signifie et
exercent cette responsabilité. Rarement, les citoyens du Québec
le veulent, et ce n'est pas parce qu'ils ne comprennent pas le sens de la
valeur, mais c'est parce que cela ne fait pas partie de leurs traditions, de
leurs habitudes. Ils aiment s'acquitter eux-mêmes de leurs
responsabilités surtout quand c'est rendu au droit de vote.
Le troisième argument. Il y a des principes quand même
quand on instaure une Loi électorale. Au Québec, il y a un
principe qui est bien consacré, bien instauré. C'est le principe
de un électeur un vote. Ce principe de un électeur un vote est un
peu modifié quand on passe par un tiers. Le vote par procuration, par
définition, c'est de passer par un tiers. On demande à quelqu'un
d'autre de s'acquitter de sa responsabilité de voter. Les raisons
peuvent être valables, je n'en disconviens pas, mais le tiers qui exerce
ce droit de vote peut l'exercer dans les conditions qui sont tout à fait
différentes de celles dont j'ai discutées avec lui, si je suis
celui qui veut effectivement autoriser à voter à ma place, parce
que je n'ai plus aucun moyen, aucun contrôle. Je n'ai aucune
capacité, une fois dans l'isoloir, de m'assurer que le vote s'est
exercé dans les conditions de l'échange ou dans les conditions du
mandat que j'ai confié au mandataire.
Si, à ce moment-ci, on avait eu un peu plus de soutien de la part
de ceux qui ont réfléchi, M. le Président ainsi que M. le
ministre, lors des audiences, dans ie sens qu'il était maintenant devenu
requis et important de tester cette expérience du vote par procuration,
il me semble que j'aurais senti là un courant de société.
J'aurais senti là une volonté d'intervenants qui, profitant d'une
modification à la Loi électorale, seraient venus nous dire:
Écoutez, on voudrait qu'il y ait quelques expériences pilotes. Ce
n'est pas cela que j'ai entendu lors de l'audition des groupes en commission
parlementaire. La plupart ont plutôt dit: II faut écarter cette
procédure parce qu'elle n'est pas dans nos habitudes, dans nos moeurs
électorales. Dans ce sens-là, je n'ai pas plus d'argument
aujourd'hui, M. le ministre, pour prétendre qu'il y a lieu d'instaurer
une nouvelle façon de voter au Québec qu'on appellerait vote par
procuration. Il me semble que si on se donnait la peine d'analyser les constats
des informations fournies par M. Hamel, je ne dis pas qu'il n'y a que ça
qui est révélateur, mais au moins cela permet, je pense,
d'appuyer une considération de caractère un peu d'ordre
même pas émotif, ce serait le mauvais terme, mais de
différence fondamentale entre les us et coutumes des
Québécois versus le reste des gens du Canada. J'avais même
mentionné que si c'était là notre caractère
distinctif j'y tenais, parce qu'on nous a fait accroire à un certain
moment qu'on faisait partie d'une société distincte et il serait
peut-être intéressant... Ce n'est pas parce qu'on m'a dit
tantôt que Terre-Neuve et le Québec n'ont pas envisagé de
donner suite au vote par procuration dans les lois électorales, cela ne
me fait pas mal. Il ne resterait que le Québec et cela prouverait
davantage ce que je crois. Nous sommes distincts, différents et, en
conséquence, il y a lieu de garder, dans certaines de nos lois et en
particulier sur celle-ci où on a affaire à des fragilités
importantes, la façon traditionnelle de voter, c'est-à-dire que
c'est l'électeur lui-même qui doit prendre les moyens de donner
l'expression de son droit de vote.
Pour l'instant je n'ai pas d'autre commentaire à faire, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouln.
M. Rochefort: Je pense qu'il faut regarder cela non pas de
façon philosophique mais de façon très pratique, pour voir
s'il y a encore utilité et si, effectivement, il serait utile d'ajouter
cet élément-là pour permettre à des gens qui, sans
celui-ci, ne pourraient pas voter. J'avoue que le goulot se
rétrécit, je dirais presque non pas de jour en jour mais d'heure
en heure, compte tenu de l'évolution de nos travaux. J'essaie de voir un
peu ce qu'il reste... qui pourrait avoir besoin de ce mécanisme pour
exercer son droit de vote et qu'il ne pourrait exercer par l'ensemble des
autres mécanismes déjà existants ou dont on a
décidé de se doter jusqu'à maintenant. J'avoue que je
cherche, mais que je ne trouve plus. Je ne voudrais pas, en contrepartie, qu'on
ajoute un élément de quincaillerie électorale par
philosophie ou par principe, mais qui ne sera pas vraiment utilisé,
utile ou utilisable par des gens. Par exemple, sauf erreur, si on prend un pays
comme la France où il y a le vote par procuration et le vote des
Français à l'étranger, il n'y a pas de bureau de vote par
anticipation en conséquence. À partir du moment où on peut
voter quand on est à l'étranger, et je pense qu'on est presque
arrivé à ça, cela veut dire que quelqu'un qui part avant
ou après l'émission du décret électoral ou avant
l'ouverture des bureaux de vote par anticipation est couvert par le vote des
Québécois à l'étranger. Il n'a pas besoin de
procuration.
Deuxièmement, s'il part après les bureaux de vote par
anticipé, pas de problème, il va voter au bureau de vote par
anticipation. Là, je vous dirai qu'il n'y a pas beaucoup de monde qui
doit partir entre le vote par anticipation et le vote régulier. En tout
cas, ces gens connaissent le calendrier électoral depuis au moins 30
jours et ils font donc le choix de ne pas participer au scrutin, si tel est le
cas; il y a à peine une semaine entre les deux.
Par ailleurs, on pourrait penser aux personnes handicapées, aux
personnes un peu trop en perte d'autonomie, par exemple, à la suite du
vieillissement qu'elles connaissent. On aura toute l'accessibilité qu'on
a ajoutée pour les personnes hébergées; on aura le vote
itinérant. Je me dis qu'on ne peut donc pas prétendre qu'on vise
ces gens-là par le vote par procuration ou qu'on l'instaurerait pour
permettre entre autres à des gens de ce groupe-là. Je ne vois pas
tellement, M. le Président, qui il reste, sauf peut-être une
catégorie de citoyens qui ont presque les mêmes
caractéristiques que ceux qui sont hébergés en milieu
hospitalier, en centres d'accueil et d'hébergement ou en
établissements psychiatriques, mais qui y sont chez eux, à
domicile. Là-dessus, je veux bien qu'on prenne le temps d'évaluer
cela tranquillement. Je trouve que le pas est plus simple, plus facile et plus
cohérent avec l'en- semble des dispositions de nos lois, incluant celles
sur lesquelles on s'est entendu jusqu'à maintenant, d'ajouter que le
vote itinérant pourrait aussi couvrir ces personnes, que d'ajouter un
nouveau mécanisme de votation, le vote par procuration, qui serait
essentiellement destiné à ces personnes. Je le
répète, je ne vois qui reste ailleurs qui aurait besoin du vote
par procuration pour voter. Je répète, pour moi, compte tenu du
peu de personnes qui restent, qui sont tout aussi importantes, par ailleurs,
compte tenu de ce qu'on a déjà fait, donc, de la facilité
de compléter ce qu'on a amorcé, de la cohérence par
rapport au reste, je pense qu'il est plus sécuritaire, plus naturel d'y
aller par une extension du vote, du bureau de vote itinérant pour des
personnes qui sont à domicile que d'y aller par le vote par procuration.
(15 heures)
Vous me direz: On s'embarque dans une grosse quincaillerie. Non! Je ne
vois pas tellement cela. À partir du moment où on y va par des
équipes qui, de toute façon, dans le cadre de ce qu'on s'est
entendu, qui sont un peu des équipes volantes, qui vont aller dans
différents centres d'accueil, dans différents centres
d'hé-bergemenî, dans différents établissements
psychiatriques ou hospitaliers, qu'ii y ait huit citoyens à aller
visiter, comme le font des gens qui font de la popote roulante ou des gens qui
font du maintien à domicile en CLSC ou des gens qui font des soins
à domicile ou des choses comme cela... ne racontons-nous pas d'histoire,
disons donc qu'on va avoir de plus en plus de personnes âgées au
Québec et de personnes âgées en perte d'autonomie qui, par
contre, vont être à domicile, etc. Je me dis: Je trouve cela plus
naturel, plus cohérent, plus sécuritaire et plus respectueux de
leur autonomie d'y aller par une extension du vote itinérant que par
l'ajout d'un nouvel élément de quincaillerie qu'on ne pourrait
pas décemment leur réserver et auquel cas on se mettrait à
offrir, en concurrence directe avec les autres éléments sur
lesquels on s'est entendu et dont on s'est doté.
M. Gratton: Pourquoi on ne pourrait pas leur réserver?
M. Rochefort: Là, je vais vous dire que je ne suis pas un
avocat, je ne suis pas spécialiste des chartes. Mais je vais vous dire
que j'ai hâte de voir quelqu'un plaider devant un tribunal que cela est
réservé à un groupe de personnes plutôt qu'à
d'autres, c'est de la discrimination en soi.
M. Gratton: Une discrimination positive à l'égard
des personnes handicapées.
M. Rochefort: Non. Quelqu'un pourrait très bien
prétendre qu'il considère que c'est une discrimination
négative à son endroit de ne pas avoir accès à
cela.
M. Gratton: Mais comme on pourrait prétendre...
M. Rochefort: En tout cas, je ne suis pas avocat.
M. Gratton:... présentement que sans vote par procuration,
on viole les droits de ces personnes-là. En tout cas, continuons.
M. Rochefort: On ne discrimine pas et on est en train de le
corriger.
M. Gratton: Pas complètement.
M. Rochefort: Je vous le répète, il ne reste pas
grand monde de pas couvert. J'en trouve juste un groupe, c'est celui que j'ai
décrit. Je ne dis pas...
M. Gratton: II y en a un autre...
M. Rochefort: II y en a un autre? J'ai hâte de vous
entendre.
M. Gratton: II y a les personnes qui doivent s'absenter pour
raisons d'affaires, etc., qui ne pourraient pas respecter la
mécanique...
M. Rochefort: Laquelle?
M. Gratton:... qu'on va implanter pour le vote des
Québécois hors Québec.
M. Rochefort: Le vote par anticipation?
M. Gratton: Oui, mais s'ils ne sont pas là ni pour le vote
par anticipation, ni pour le vote la journée du scrutin...
M. Gendron: Non, mais où sont-ils, M. le ministre?
M. Rochefort: Ils sont où, ces gens-là? M.
Gratton: Ils sont en voyage.
M. Gendron: Mais s'ils sont en voyage, ils sont hors
Québec.
M. Rochefort: Donc, ils sont hors Québec?
M. Gratton: Oui, mais vous ne pouvez pas imaginer qu'il y a une
personne qui part la veille du vote par anticipation pour un mois...
M. Rochefort: Oui.
M. Gratton:... et qui aurait nécessairement dû
s'inscrire, comme électeur, et voter par courrier. Dans un mois,
souvent, le courrier n'est même pas arrivé.
M. Rochefort: Là, M. le Président, je
considère que 98, 9 % du monde, ceux qui partiraient à quelques
jours du vote par anticipation pour revenir après le jour du scrutin,
étant donné le battage que connaît une précampagne
électorale et étant donné le délai entre le
décret et le jour du vote par anticipation - je considère, je le
répète, à 98, 9 % - ceux qui font le choix que c'est plus
important que ce qu'ils vont faire, c'est plus important que d'aller voter.
M. Gendron: Voilà.
M. Rochefort: Je répète, à 98, 9 %. Je
comprends qu'il peut y en avoir quelques-uns, mais je vais vous dire que la
liste n'est pas longue.
M. Gendron:... assumer leur droit de vote. C'est un choix
personnel.
M. Gratton: S'il part avant l'émission du
décret...
M. Rochefort: II est rendu à l'étranger et il est
un Québécois hors Québec.
Mme Pelchat: II n'est pas inscrit comme tel. M. Gratton:
II n'est pas inscrit.
M. Rochefort: Bien oui, il a le temps de le faire. Le vote n'aura
pas lieu le jour du décret pour les Québécois à
l'étranger. Bien non, écoutez, là!
Mme Pelchat: II n'a pas l'intention d'être un
Québécois hors Québec.
M. Rochefort: Ne limitez pas la portée des bonnes choses
qu'on a faites. À partir du moment où on va accepter qu'il y ait
un vote des Québécois à l'étranger, on se l'est
justement dit à l'occasion d'une longue et constructive discussion,
hier, qu'on voulait que ce soit large, donc, que cela couvre la personne qui
part temporairement, très temporairement du Québec pour des
raisons d'affaires ou même de tourisme. Donc, je ne vois pas... Je ne
suis pas idéologi-quement et philosophiquement opposé au vote par
procuration. Non, pas du tout. C'est quoi, le problème?
Mme Pelchat: C'est qu'on en a l'impression.
M. Rochefort: Ah, vous savez, les impressions, il n'y a rien de
pire que cela. Travailler sur les perceptions, c'est ce qu'il y a de pire en
politique.
Mme Pelchat: Vous en savez quelque chose.
M. Rochefort: Mais, M. le Président, je vous dis que je ne
suis pas contre cela philosophiquement. Ce que je vous dis, c'est que je ne
vois pas pourquoi on ajouterait un élément de
quincaillerie électorale qui diminuerait l'importance et
l'utilité de tout le reste pour - je répète - peu de gens
qu'on pourrait couvrir par ailleurs, soit dans les exemples donnés par
le ministre par le vote des Québécois à l'étranger
ou soit dans le cas des personnes qui sont en perte d'autonomie importante et
qui sont à domicile par le vote itinérant.
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, je concéderai,
dès le départ, que les modifications qu'on se propose d'adopter -
par exemple, dans le cas du scrutin itinérant et dans le cas des
Québécois hors Québec, il y a un certain nombre
d'améliorations sur lesquelles on a consensus - diminuent l'ampleur du
problème.
Mais, cela, c'est comme dire, parce que la majorité de ceux qui
n'ont pas toutes les possibilités d'exercer leur droit de vote, on
améliore les choses pour eux. Le problème est moins important en
termes de volume, mais le fait demeure que, pour un seul individu qui n'a pas
la possibilité d'exercer son droit de vote alors qu'il y a une
possibilité, un moyen efficace qui a été
éprouvé ailleurs, qui est le vote par procuration, cette personne
pourra, comme le disait le député de Gouin, aller devant les
tribunaux et prétendre que l'exercice de son droit fondamental de voter
est violé par la Loi électorale. Je ne suis pas là pour
juger ce que sera la décision, mais quand on parlait tantôt de
pouvoir contester certaines choses, c'est l'une des choses qui pourront
sûrement être constestées.
Cela dit, si on n'avait pas accepté certaines des choses qu'on a
acceptées, vous me verriez désolé de voir la
réaction et le refus d'accepter le vote par procuration. Donc, au lieu
d'être désolé, je suis plutôt
désappointé et déçu qu'on n'aille pas au bout de
notre logique et qu'on n'aille pas cerner l'ensemble des électeurs. Tout
en admettant que la clientèle est moins grande qu'elle ne l'était
jusqu'à maintenant, le fait demeure qu'il y a encore une
clientèle qui pourra se sentir lésée dans l'exercice de
son droit de vote.
En ce qui a trait aux coutumes, le député d'Abitibi-Ouest
faisait état des statistiques tantôt. C'est assez surprenant, et
dans le fond, cela ne l'est pas du tout, mais c'est assez significatif de
constater que les trois provinces où, effectivement, on s'est servi le
moins du vote par procuration sont justement parmi celles qui n'ont pas le vote
par procuration dans la loi provinciale. Alors, il s'agit de savoir si c'est
l'oeuf qui vient avant la poule ou la poule avant l'oeuf. Il est évident
qu'au Québec, comme en Colombie britannique - les chiffres sont
d'ailleurs éloquents - c'est seulement...
M. Rochefort: La phrase de M. Hamel est claire
là-dessus.
M. Gratton: Pardon?
M. Rochefort: La phrase de M. Hamel est claire
là-dessus.
M. Gratton: Bon.
M. Rochefort: C'est ce qu'il dit.
M. Gratton: C'est tout.
M. Rochefort: Je suis d'accord là-dessus.
M. Gendron:...
M. Gratton: Finalement, M. le Président, on ne peut donc
pas parler, invoquer les coutumes électorales du Québec pour
dire: parce que ce n'est pas dans les moeurs, on ne dort pas l'introduire. Ce
n'est pas dans les moeurs parce qu'on ne l'a jamais permis, mais si on le
permettait, cela ferait partie des moeurs.
Il me semble que, lorsqu'on parle du caractère distinct du
Québec, on voit la distinction, oui, mais on ne doit pas insister pour
être distinct seulement en termes négatifs. Si on pouvait...
D'ailleurs, prenons l'exemple du financement des partis politiques. On se
distingue de plusieurs autres provinces en ayant un cadre beaucoup plus
précis...
M. Rochefort:... que tous.
M. Gratton: Que tous, oui je serai prêt à aller
jusque-là, je l'ai d'ailleurs déjà dit au COGEL et les
gens, surtout les Américains, nous regardent les yeux ébahis. Ils
disent: quoi? Ils ne comprennent tout simplement pas. Et, effectivement, nous
sommes distincts de la bonne façon. Je pense qu'en refusant le vote par
procuration, on se distingue, mais de la mauvaise façon. Je n'insisterai
pas plus que cela, M. le Président. Je dis tout de suite, parce qu'on
peut se poser la question: est-ce qu'on a besoin d'un consensus la-dessus? Il
est évident que, dans l'exercice du droit de vote, il ne saurait
être... En tout cas, dans mon propre esprit, il n'est pas question pour
quiconque d'imposer à personne une solution qui ne semble pas
acceptable. Mais je le regrette beaucoup, parce qu'il me semble qu'on aurait eu
une occasion en or de faire en sorte de boucler la boucle et de rejoindre
vraiment, quant à moi, l'objectif premier de tout l'exercice de la
révision de la Loi électorale, c'est-à-dire de faciliter
l'exercice du droit de vote et, comme corollaire, de respecter les chartes des
droits. On rate l'occasion en invoquant une coutume qui, évidemment,
n'existe pas, parce qu'on ne l'a jamais permise, et finalement une
possibilité de fraude qui n'a été constatée nulle
part ailleurs. Je suis convaincu quon n'est pas distincts de ce point de vue
là non plus, elle n'a pas été constatée dans la
mesure où il n'y a jamais eu de contestation. On voit les chiffres et
les
pourcentages et les statistiques qu'on a ici. Les statistiques
démontrent qu'on ne pourrait pas prétendre qu'il y a eu des abus
ou des possibilités de fraude. Les chiffres sont trop relativement de
moindre importance.
Donc, M. le Président, c'est inutile de nous
répéter et de nous égosiller à citer les arguments
de part et d'autre. Le document de réflexion faisait état de
représentations qui ont été faites par la Commission des
droits de la personne, par un tas d'organismes qui ont appuyé le
document qui a été préparé par le
député de Mille-Îles sur le droit de vote pour tous, qui a
été appuyé par la Confédération des
organismes provinciaux de personnes handicapées du Québec, la
Fédération de l'âge d'or du Québec, le Golden Age
Association et l'Association des agents de voyages du Québec. Ce sont
tous des gens qui ont reconnu la justesse d'introduire le vote par procuration
pour permettre l'exercice du droit de vote. Mol, je persiste à croire
que le vote par procuration est souhaitable. Je suis sûr
qu'éventuellement, on va y venir au Québec; je ne vois pas
pourquoi on retarde l'entrée en vigueur d'une telle disposition.
Le Président (M. Filion): Peut-être juste quelques
mots, non pas tellement sur le vote par procuration, je pense que les arguments
du député d'Abitibi-Ouest et ceux du député de
Gouin rejoignent l'essentiel de mes préoccupations.
M. Gratton: Cela ne me surprend pas.
Le Président (M. Filion): Finalement, je regarde ma petite
expérience électorale qui est peut-être la moitié de
la vôtre, autour de la table, j'ai vécu cinq ou six
élections, quand je rencontre des électeurs et des
électrices après l'élection qui me disent qu'ils n'ont pas
voté... D'abord, avant l'élection, tout le monde a l'air de
vouloir aller voter, mais quand je rencontre des gens après
l'élection qui n'ont pas été voté, de deux choses
l'une, généralement, il y a une bonne partie de ces gens qui ne
veulent pas aller voter et même si on prenait une urne et qu'on avait un
système, une quincaillerie, comme dit le député de Gouin,
tellement complète et qu'on avait un scrutateur par électeur qui
le suivrait toute la journée, je suis convaincu que l'électeur
trouverait une bonne raison pour ne pas voter... Croiriez-vous qu'au
référendum, vous allez le croire parce que c'est un fait, et vous
l'avez tous vécu, il y a un Québécois ou une
Québécoise sur cinq qui n'a pas été voté.
Imaginez-vous! Ils en avaient sûrement entendu parler un peu du
référendum. Vous avez beau dire que la question était
complexe un peu, on le sait maintenant.
M. Gratton: Non, non, c'était clair. (15 h 15)
Le Président (M. Filion): Bon, il reste qu'il y a une
partie de ces gens qui n'ont pas été votés. Moi, dans les
gens que je connais qui n'ont pas été votés, il y en a une
partie qui ne voulait pas aller voter; il y en a une autre partie qui aurait
voulu aller voter mais qui ne pouvait pas voter. Et ces gens en
majorité, moi, ce qui me frappe, ce n'est pas le vote par procuration
qui va solutionner leur problème. À mon humble avis, ce qui va
solutionner leur problème, ce serait qu'on publicise plus le vote par
anticipation. Il y a des gens, comme le disait le ministre, qui ont un contrat
dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, alors qu'ils sont
enregistrés dans l'Outaouais, qui demeurent à Montréal,
qui construisent des maisons dans l'Estrie, et, le jour de l'élection,
ils ne peuvent pas aller voter. Quand ils me disent, après
l'élection: Je n'ai pas été voté, finalement, je ne
pouvais pas aller voter, pourquoi tu ne pouvais pas aller voter? Parce que je
travaillais ailleurs. En général, si on se parie
honnêtement, c'est ce que les électeurs vont dire: Je travaillais
ailleurs le jour de l'élection. Mais le vote par anticipation, de
façon surprenante, est très connu de tous ceux qui sont autour de
la table, de tous ceux qui ont fait de la politique partisane et de tous ceux
qui sont politisés, mais le vote par anticipation n'est pas beaucoup
connu de ceux qui sont moins politisés et qui n'ont jamais fait de
politique.
En ce sens, sans vouloir, de part et d'autre, diminuer la portée
des arguments qui ont été évoqués, je dirais qu'il
y a peut-être une question à se poser quant à la forme de
publicité et de publicisation que l'on donne au vote par anticipation
pour rejoindre cette catégorie d'électeurs qui veulent aller
voter, mais qui ne peuvent pas pour des raisons professionnelles.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: J'ai évoqué certains arguments
concernant mon désaccord; cependant, le ministre devra être plus
convaincant dans ses propos pour nous amener à considérer la
nécessite d'instaurer dans la réforme électorale le vote
par procuration. S'il était capable de nous l'indiquer un peu mieux et
plus précisément, je lui rappellerais la banque d'intervenants
qu'on couvre moins avant la réforme proposée qu'à la suite
de la réforme proposée. En termes clairs, je pense que le
député de Gouin a fait la preuve - en tout cas, dans mon esprit,
contrairement à ce que vous avez essayé... Laissez-moi finir ma
phrase - qu'avec les mécanismes qu'on instaure de l'itinérance du
vote, dans certains cas... J'aimerais mieux cela parce qu'on garde au moins le
principe du vote direct. C'est un principe d'une loi électorale de
permettre que cette responsabilité ultime ne soit exercée par
personne d'autre.
Il y a le vote par anticipation, on veut instaurer le vote des
résidents hors Québec, on a même pris la peine, hier, quand
on a parlé, en tout cas, de ce côté-ci de la commission -
et je
pense que c'est la même chose du côté du gouvernement
- de le restreindre le moins possible pour s'assurer que plus de gens puissent
s'exprimer. Quand on a fini de faire tout cela, l'argument ultime du ministre,
c'est: Moi, théoriquement, il n'en resterait qu'un; je trouve que c'est
plus valable d'offrir cette alternative du vote par procuration, même
s'il n'y en avait qu'un ou deux qui l'exerceraient dans ces conditions. Je ne
dis pas au détriment de nos coutumes, pas au détriment des
dangers que cela représente. J'ai lu le rapport moi aussi, M. le
ministre, mais me faire dire: Écoutez, on n'a pas de cas précis,
même si le Directeur général des élections du Canada
le disait encore, lors de nos auditions. Il disait: Je prétends que cela
offre des dangers de fraude supplémentaires. Il ajoutait cependant:
L'expérience de plus de quinze ans de pratique ne nous permet pas de les
avoir comptabilisés. Je comprends, sacre monde! Au moment où tu
demandes à un tiers d'exercer ton droit de vote, tu n'as aucun moyen,
aucun mécanisme de vérification, d'analyse pour savoir s'il vote
dans les conditions que celui qui l'a confié à un mandataire l'a
exigé. Il n'y a plus de contrôle à partir du moment
où on dit: Tu vas voter à ma place. Celui qui va voter à
ma place, dans l'isoloir, peut se comporter de la façon dont il
l'entend. On peut bien me dire: Tu n'as qu'à te trouver quelqu'un de
plus fiable. C'est de la théorie. Même des proches parents,
parfois, quand ils sont confrontés à une situation où ils
sont les seuls à savoir la façon dont ils se sont
acquittés d'une responsabilité d'un tiers... On n'a pas de
capacité de contrôle là-dessus.
Je pense que le principe du vote direct est quand même quelque
chose d'important dans nos traditions. S'il me restait, selon moi - et
là, je pèse mes mots - une banque de gens que je ne pense pas
qu'on ait couverts par les modifications qu'on souhaite apporter ailleurs et
que, en conscience, j'estime que c'est la seule façon pour eux, citoyens
et citoyennes de cette banque, d'exercer leur droit de vote, je dirais:
Écoutez, cela n'a pas de bon sens, il faut que je maximise les
possibilités pour tous les citoyens et citoyennes du Québec qui
désirent s'exprimer. Il me semble que toutes les modifications qu'on a
apportées étaient toujours dans cet objectif-là. Je pense
qu'on a beau essayer d'évaluer sincèrement si on ne serait pas
mieux de raffiner davantage les ouvertures qu'on donne pour s'assurer qu'il y a
plus de gens qui entrent dans cette capacité. Et là je reviens un
peu plus à la partie des gens dits handicapés physiques ou
mentaux, et envisager un vote itinérant pour des groupes qui en feraient
la demande où il y aurait toujours quand même ce lien direct que
ce sont eux qui veulent exprimer leur choix et déposer leur bulletin de
vote dans l'urne, je suis prêt à aller plus loin dans ces
façons-là de donner la garantie de voter que le vote par
procuration. Je pense qu'on pourrait prendre encore beaucoup d'arguments. Mais
si le ministre a l'intention, effectivement, de s'assurer qu'une réforme
électorale repose sur certains consensus, si une des formations
politiques prétend que le vote par procuration ne doit pas être
accordé... N'oubliez pas que cette réflexion-là a
été faite longuement en 1979 aussi. On avait cela dans nos notes
et on ne l'a pas retenu. Vous dites qu'on va y arriver un jour. Si,
contrairement, encore là... Pas parce que ce que vous avez dit est
inexact, parce que j'ai les notes de nos instruments au comité de
travail et quand vous avez dit: La Fédération de i'âge
d'or, la Golden Age Association, l'Association des gens de voyages du
Québec, ainsi de suite... Lorsqu'on a eu la commission... Vous relirez
le mémoire de la Fédération de l'âge d'or. Vous
verrez les réserves qu'elle donnait à l'éventualité
d'un vote par procuration. Dans nos notes, lorsque M. Bélisle avait fait
un essai là-dessus, apprécié d'ailleurs, pour maximiser le
droit de vote pour tous, parce qu'on n'était pas dans un contexte de
réforme, un petit peu gratuitement, ces gens-là avaient
envoyé... Bravo pour votre réflexion! Mais regardez les
mémoires de ces mêmes gens qui avaient dit bravo à la
réflexion de M. Bélisle, M. Jean-Pierre Bélisle,
député de Mille-Îles, vous ne verrez pas cette même
appréciation. Pourquoi? Est-ce qu'entre-temps ils avaient
développé des réserves? C'est pour cela que je vous dis -
et c'est ma conviction, M. le Président - que le jour où,
massivement, les concernés, les gens les plus touchés par ces
questions-là, soit les partis politiques, soit les organismes qui,
traditionnellement, ont toujours eu à suivre l'évolution des
règles qui balisent notre système électoral, viendront
s'exprimer et diront qu'ils pensent que la société
québécoise doit offrir le vote par procuration pour les 25 ou 10
ou 8 raisons suivantes et qu'on sent qu'il y a vraiment un consensus social,
pas nécessairement un consensus des formations politiques en
présence qui est déjà, je pense, un élément
important dans une réforme électorale... Mais actuellement, en
toute objectivité, je ne crois pas - parce que le Parti libéral
aurait dit: On veut le vote par procuration et que nous on aurait dit: On ne le
veut pas - que cela égale un consensus social d'inter-vevants en
commission. Je ne l'ai pas vu. Faites !e relevé des mémoires et
vous verrez qu'il y a beaucoup plus de mémoires qui étaient, soit
opposés ou qui manifestaient des réticences fortes en disant:
Épuisez donc d'autres moyens, réfléchissez donc sur
d'autres possibilités d'élargir cette accessibilité
à la votation. Et plus on élargit cette accessibilité
à la votation, plus, d'après moi, on a le droit de
prétendre que le moment n'est pas venu d'offrir quelque chose qui offre
beaucoup plus de dangers pour sécuriser peut-être un nombre
très, très infime d'expressions de vote. Je n'ai pas d'autres
arguments à faire valoir.
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
M. Gratton: Oui.
M. Rochefort: Vous allez m'inclure dans votre circuit. Cela peut
être après. Cela ne me dérange pas.
M. Gratton: Tout simplement pour dire que quand on parle de
personnes qui, à la lumière des modifications qu'on se propose
d'adopter pour faciliter i'exercice du droit de vote, sans le vote par
procuration, seraient encore dans l'impossibilité de le faire, on parle
des personnes âgées, des malades, des handicapés à
mobilité réduite qui, bien que non hospitalisés ni
placés en centre d'accueil, éprouvent une difficulté
certaine sinon une impossibilité de se conformer aux exigences de la Loi
électorale, soit de se présenter physiquement au vote par
anticipation le jour du scrutin... Quantifier cela!. Je ne sais pas combien
cela en fait. Comme je le disais tantôt, il s'agirait qu'il y en ait un
seul qui conteste la validité de la Loi électorale par rapport
aux chartes des droits pour qu'on en vienne, selon le jugement du tribunal,
à devoir adopter... C'est ce que je voulais dire quand j'ai dit qu'un
jour on devra y venir. Ce sera peut-être par le biais d'une
décision de la cour ou ce sera l'évolution des mentalités.
Je constate, au moment où l'on se parle, que je ne connais pas la
situation dans la population. On n'a pas fait de sondage là-dessus et on
n'a pas l'intention d'en faire non plus. Il n'y a pas de consensus ici. Pour le
moment, on essaie d'en dégager. On devra donc se poser la question:
Comment améliorer encore plus les mécanismes dont on a
parlé? Cela m'amène à poser la question: Est-ce qu'on
pense à la possibilité du vote par courrier? On l'a retenu ce
matin pour les Québécois qui seront absents du Québec. Il
n'est pas juste de dire qu'il y a seulement le vote par procuration qui
couvrirait les clientèles dont on parle. Il y a aussi le vote par
courrier. Je dis tout de suite que je préférerais le vote par
procuration, mais j'accepterais volontiers que nous inscrivions dans la loi la
possibilité de voter par courrier.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je le répète,
je n'ai pas de position de principe ou idéologique par rapport à
cela. J'écoute cela attentivement et je suis disponible à me
laisser convaincre quand les arguments qui m'auront frappé m'auront
amené à évoluer dans ma réflexion.
Cela dit, M. le Président, je vais reprendre quatre points de
l'argumentation du ministre pour qu'on se comprenne bien. Le ministre, à
la suite de mon intervention, notamment, nous dit: Je comprends qu'on a
réduit le nombre, mais ce n'est pas parce qu'il y a un moins grand
nombre de personnes concernées qu'il ne faut pas s'en occuper. Tel n'est
pas le sens de mon intervention. Je veux être bien clair
là-dessus. Je pense avoir apporté une réponse et un
mécanisme pour toutes les clientèles. Je dis que, dans le cas des
personnes dont le ministre vient de faire la liste, des personnes qui ont des
caractéristiques semblables à celles qui profiteront du vote par
le biais de l'urne qui est itinérante dans les établissements et
qui sont à domicile, je préférerais, pour ces personnes,
plutôt que d'ajouter un nouveau mécanisme, qu'elles votent par
procuration, ce qui comporte de graves lacunes. Par ailleurs - j'y reviendrai
tantôt - je serais plus enclin à élargir cette notion de
vote itinérant que je serais porté à ajouter un nouveau
mécanisme pour ces clientèles.
Deuxièmement, les gens qui travaillent. Là aussi,
puisqu'on veut beaucoup parler des tribunaux, et c'est correct, si
j'étais un travailleur et que mon employeur m'apprenait, après
l'émission du décret, pas longtemps avant le vote par
anticipation, qu'il m'envoie à l'extérieur avant le vote par
anticipation et pour jusqu'après le vote régulier, je pense que,
moi aussi, j'aurais un recours devant un tribunal. Il est clair dans nos lois
que j'ai droit à quatre heures pour aller voter. Je voudrais bien qu'on
m'explique où elles sont, ces quatre heures, dans une telle situation.
Puisqu'on veut parler de recours possible devant les tribunaux, il y en aurait,
là aussi, un recours possible devant les tribunaux. Je veux
décrire par là qu'il ne faut pas grossir cela comme
phénomène. Quelqu'un qui veut aller voter, il le sait, il y a un
décret qui a été émis depuis déjà
quelques semaines, et qui se fait annoncer qu'il doit faire cela, peut
très bien avoir une discussion intelligente avec son employeur qui a
sûrement un sens civique comme celui de l'électeur
concerné. Je pense que, de ce point de vue aussi, on peut couvrir cette
personne. Je suis toujours, je le répète, disponible à
mettre le doigt sur d'autres clientèles, mais je n'en vois pas qui ne
seraient pas couvertes par les deux éléments que je viens
d'évoquer. (11 h 30)
Deuxièmement, le ministre nous dit: Oui, pourtant, il y a les
systèmes bien éprouvés ailleurs. Non, c'est faux. Je ne
suis pas d'accord avec le ministre là-dessus. Je demande votre
attention, M. le ministre. Je ne connais pas et je suis, là aussi,
disponible à me faire dire: Non, vous vous trompez; cela existe
ailleurs. Et je vais regarder cela. Je ne connais pas d'endroit où il y
a le vote itinérant comme celui sur lequel on s'est entendu et sur
lequel je serais prêt à ajouter le volet dont je viens de parler
qui a aussi le système de vote par anticipation, qui a aussi le
système de vote pour les citoyens à l'étranger et qui a
aussi le vote par procuration. Je vous dis tout de suite que je suis disponible
à trouver l'endroit, je n'en connais pas.
M. Gratton: Ils n'en ont pas besoin, ils ont le vote par
procuration.
M. Rochefort: Oui, mais puisqu'on a adopté
tout le reste, donc, même chose. Ne venez donc pas me dire que
ça existe ailleurs, que tout ce système a été
éprouvé ailleurs, qu'il existe et qu'il fonctionne ailleurs. Non,
ça n'existe nulle part ailleurs. C'est l'un ou l'autre qu'on choisit.
Compte tenu que jusqu'à maintenant, à moins qu'on veuille
remettre cela en question, on a choisi l'autre, Je maintiens donc que quand on
dit: Et pourtant, vous devriez être d'accord, cela existe ailleurs ce
n'est pas exact, ce n'est pas juste, cela n'existe nulle part ailleurs. Je vous
le répète, trouvez-moi des cas et je vais les regarder avec
beaucoup d'intérêt, mais jusqu'à maintenant, je n'en ai pas
trouvé.
La fraude! Pas de fraude ailleurs? Mon Dieu, allez vous faire expliquer
cela dans certains pays d'Europe où il y a le vote par procuration, ce
que le monde pense de cela dans les faits, comment les procurations sont
obtenues, comment, à l'occasion, le vote évolue entre le moment
où la procuration est remise et le moment où elle est
insérée dans une boîte de scrutin. Je ne suis pas en train
de dire qu'ils sont pires que nous autres. Je vais vous dire, rappelez-vous,
cela m'est passé par l'esprit hier dans nos discussions, vous savez, on
a longtemps dit que les Québécois avaient deux sports, le hockey
et les élections. Je ne suis pas en train de dire qu'ailleurs ils sont
pires que nous autres quant aux moeurs et aux pratiques électorales.
Disons donc que notre passé ne nous permettrait de soutenir cela nulle
part ailleurs.
Quatrième élément, le document du
député de Mille-Îles. C'est un bon document, bien fait,
mais attention! Je suis convaincu de deux choses relativement à ce
document. D'abord, si on retournait expliquer aux mêmes personnes, comme
groupes, comme individus qui ont signé sa pétition, qui ont
appuyé sa démarche, le tableau de toute la quincaillerie qu'on
vient de retenir, que je ne réénumérerai pas, on la
connaît bien, s'ils maintiennent leur appui au vote par procuration, je
pense que cela regarderait plus comme une glace au mois de juillet dernier au
soleii qu'autre chose, sa liste. Et c'est normal.
Deuxièmement, je veux qu'on se comprenne bien, je maintiens qu'il
y a eu une contribution fort utile et importante et qu'il a fart cela
correctement. Par ailleurs, ce n'est pas vrai qu'on va se raconter des
histoires entre nous compte tenu du métier qu'on fait, sur, aussi, dans
une certaine mesure, la valeur d'une pétition ou même d'un sondage
sur des questions de notion aussi vide de sens à l'occasion que
celle-là. Demandez aux gens s'ils sont pour le vote par procuration,
pour bien des gens cela veut dire: êtes-vous pour la tarte aux pommes ou
pas? Oui, ce n'est pas une mauvaise idée en soi, sauf qu'il faut que ies
gens se fassent expliquer dans quel cadre cela s'inscrit, quels sont les
avantages, les inconvénients, etc. Cela me fait penser au sondage que
TVA diffusait hier soir où je trouvais cela encore une fois
extraordinaire. Il y a 70 % des Québécois, paraît-il, selon
ce sondage, qui sont d'accord avec un ticket modérateur dans les
services de santé et, en même temps, les mêmes citoyens dans
le même sondage à quelque 80 % sont pour le maintien de
l'universalité des programmes. C'est totalement incompatible. Je ne
connais pas d'endroit dans le monde où un ticket modérateur est
appliqué aux assistés sociaux. Donc, il n'est pas universel. Je
ne suis pas en train de dire que les gens qui ont répondu au sondage
sont des démunis, je dis qu'il y a des notions où ce n'est pas
trop facile de faire signer des pétitions si on veut que cela ait une
portée et un sens réel et de poser des questions en sondage. Il
me semble que, compte tenu du métier que l'on fait tous, il faut
reconnaître cela au départ. Dans ce sens-là, je
répète que l'idée du vote par procuration n'est pas une
notion facilement accessible.
De plus, je vous dis que compte tenu de l'ensemble des
éléments sur lesquels on s'est déjà entendus, je
suis sûr que si on refaisait le circuit du député de
Mille-Îles, i! y aurait peut-être quelques appuis qui
disparaîtraient en cours de route, ce serait normal, et cela
n'invaliderait pas pour autant le travail qu'il a fait au moment où il
l'a fait.
Je fais un dernier commentaire mais gentil, humoristique, plus qu'autre
chose. Il ne s'adresse à personne. Mais a nous entendre mettre autant de
détermination à vouloir tout couvrir, d'après moi, lors de
la prochaine étape, et je fais une farce qui s'adresse à tout le
monde et non pas au ministre, on parlera peut-être du vote obligatoire.
On est rendu très avancé. Je vous répète que je ne
connais pas beaucoup d'États dans le monde qui auront ce qu'on aura
comme facilité d'accès pour participer au scrutin.
Une voix: Tant mieux.
M. Rochefort: Mon Dieu! je ne suis pas en train de vous dire que
je suis donc honteux de la chose, bien au contraire.
Le Président (M. Filion): D'autant plus qu'on ne tire pas
de carabine le jour des élections au Québec.
M. Rochefort: Si vous voulez parler des moeurs, il n'y a pas si
longtemps moi aussi...
M. Gratton: M. le Président, à moins qu'il y ait
d'autres interventions, on pourrait constater qu'il n'y a pas consensus.
Financement par l'État des partis
politiques
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le sujet? Cela va? On passe donc au sujet suivant dont le
consensus est carrément absent.
À la page 7, le sujet 37: Financement par l'État des
partis politiques; proposition 65: Mode de versement de l'allocation.
Je pourrais laisser le ministre établir le cadre de discussion de
ce vaste sujet ou, si vous préférez, je peux lire le document.
Comme vous le désirez.
M. Gratton: Je peux le lire ou vous pouvez le lire parce
que...
Le Président (M. Filion): Tout est là. M.
Gratton: Oui.
Le Président (M. Filion): Le comité avait fait
consensus autour d'une formule de financement des partis politiques ayant
obtenu un certain pourcentage du vote - 3 % ou 5 % - et le montant minimal
forfaitaire de 50 000 $.
À la lumière des représentations faites en
commission, la discussion semble devoir être reprise et la fixation du
seuil d'admissibilité devoir être reconsidérée.
En commission parlementaire, un certain nombre d'hypothèses ont
été suggérées, soit: 1) un financement de base
à tous les partis autorisés sous forme d'allocation forfaitaire
et la répartition du surplus au prorata des votes obtenus à
partir ou non d'un seuil minimal; 2) la répartition de l'allocation
totale entre tous les partis politiques autorisés au prorata des votes
obtenus à la dernière élection; 3) un seuil
d'admissibilité fondé non pas sur un pourcentage du vote à
l'échelle de l'ensemble du Québec, mais seulement dans le nombre
requis de circonscriptions pour maintenir l'autorisation; 4) la
répartition de l'allocation aux partis répondant à un
certain nombre de critères traduisant le niveau d'organisation et de
vitalité du parti.
M. Gratton: On pourrait s'arrêter là, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): Cela va.
M. Gratton: Essentiellement, et je l'indique tout de suite, la
proposition qui été faite par l'Union Nationale, de ne pas
imposer de seuil quant au résultat électoral obtenu pour avoir
droit au financement de l'État nous semble la plus équitable et
la plus susceptible de refléter la réalité et la justice.
Je pense que c'est le député d'Abitibi-Ouest qui disait, hier, se
remémorer une réaction favorable de ma part à une
suggestion de l'Union Nationale, et que c'est à celle-là qu'il se
référait plutôt qu'à celle dont on discutait
hier.
Le Président (M. Filion): Sur?
M. Gratton: Sur le remboursement des dépenses
électorales. Effectivement, dans le cas qui nous occupe aujourd'hui,
c'est-à-dire le financement par l'État des partis politiques, je
ne vois pas de raison philosophique de ne pas accepter que tout parti politique
qui obtient un pourcentage du vote à l'élection
générale puisse obtenir une aide financière
proportionnelle au résultat obtenu, à la condition qu'il existe
déjà évidemment...
M. Rochefort: M. le ministre, si vous me le permettez.
M. Gratton: Oui.
M. Rochefort: Vous dites que vous ne voyez pas d'objection
à ça.
M. Gratton: Non.
M. Rochefort: Est-ce bien ce que vous avez dit?
M. Gratton: C'est ça.
M. Rochefort: Je voulais être sûr de bien vous
comprendre.
M. Gratton: On pourrait se dire: Oui, mais cela voudrait dire que
des partis qui n'existent que durant les campagnes électorales se
verraient offrir des fonds de l'État pour continuer de ne pas exister en
dehors des campagnes électorales... Mais tel n'est pas le cas, puisque
selon le Directeur général des élections, le financement
aux partis politiques n'est accordé qu'à partir de production de
pièces justificatives. Il faut vraiment que le parti qui
réclame...
M. Rochefort: On maintiendrait ça.
M. Gratton:... et cela serait maintenu. Or, cela
éliminerait la possibilité qu'un parti politique qui serait
autorisé avant une élection, qui obtiendrait 1 % ou 0, 2 % du
vote et qui déciderait de cesser d'exister n'obtienne des fonds de
l'État sans pour autant vraiment exister, c'est-à-dire avoir un
local et du personnel, peut-être faire de l'action politique qui pourrait
être démontrée par des pièces justificatives lui
donnant droit à son remboursement par l'État.
C'est la formule que nous prévilégions maintenant. Je le
dis carrément, nous étions d'accord au comité pour un
seuil de 3 % à 5 %, je pense qu'on ne l'avait pas fixé. Non, on
avait hésité entre 3 % et 5 %. On s'est fait dire, en commission
parlementaire, que les partis obtiennent 3 % ou 5 %, ce n'est pas arrivé
depuis un bon bout de temps. À part quelques rares exceptions, quand on
pense qu'il y a 17 partis politiques présentement, qu'il y a eu des
partis politiques qui ont présenté des candidats aux
dernières élections générales, je pense que cela
répondrait à cet objectif qu'on semble partager, de permettre aux
partis politiques non représentés à l'Assemblée
nationale et qui n'obtiennent peut-être pas un appui minimal, de quand
même avoir droit à un financement de l'État, mais
proportionnel à son vote.
Évidemment, la formule, quant au quantum, c'est évident
qu'il n'y a pas de proposition pour modifier l'enveloppe qui est
déterminée par le nombre d'électeurs, l'enveloppe globale
qui serait partagée entre les différents partis. Voilà, M.
le Président, ce que nous serions prêts à inscrire dans la
loi.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, assez rapidement, M. le Président. Il est
exact qu'on avait discuté de cela au comité, que le comité
pensait qu'il y avait lieu d'établir un seuil minimal. C'est exact qu'on
avait de la difficulté à le fixer: 5 % ou 3 %. Il est exact aussi
qu'en commission, des intervenants nous ont dit qu'il serait
préférable d'envisager qu'il n'y ait pas de seuil et que ce soit
tout simplement au prorata des votes obtenus.
Cependant, je ne peux pas être d'accord pour faire semblant qu'on
offre quelque chose d'un peu significatif, alors qu'en conscience, Je sais que
dans certains cas, cela ne représentera pas grand-chose et que cela va
être utilisé à des fins tout autres que normalement ce que
les partis politiques ont comme objectif, c'est-à-dire véhiculer
une idée politique, un courant de société pour lequel il y
a un certain appui populaire.
En termes concrets, l'inconvénient de ne pas mettre de seuil,
cela signifie, comme cela a été dit par le ministre, qu'un parti
politique à une élection, qui obtiendrait 1 % ou 2 % ou 0, 2 %,
pourrait recevoir une somme d'argent provenant des fonds publics, qui pourrait
permettre de caricaturer - c'est là que je pense qu'il ne faut pas avoir
peur des mots - complètement le système électoral. Qu'ils
le fassent en termes de présentation de candidats lors d'une campagne,
je trouve qu'il y a certains partis politiques qui ambitionnent; c'est cela la
démocratie, ils ont le droit de faire un peu d'humour avec notre
démocratie. Mais qu'en plus, l'État contribue à même
les fonds publics à aller se taper une rigolade quelque part sur les
plages je ne sais trop où, parce qu'on aura obtenu 8000 $ ou 10 000 $,
je ne suis pas sûr que cela contribue à améliorer l'image
de la démocratie.
C'est cela, si on est franc et honnête, en faisant
disparaître complètement le seuil, je fais l'hypothèse que
le Parti de la belle province ou J'en arrache réussisse à
arracher 0, 2 % des votes des citoyens du Québec, cela donne dans le
"pool" prévu le financement par l'État aux partis politiques un
beau montant de 10 000 $.
M. Gratton: De 3600 $, à 0, 2 %.
M. Gendron: Bien, 3600 $, d'accord. Mais, admettez-vous que s'il
avait un peu plus, cela pourrait donner jusqu'à 10 000 $? Vous
l'admettez, s'il avait un peu plus... Le tout va permettre au seul candidat ou
les dix ou douze candidats, parce qu'on maintient la règle de
présenter dix candidats, d'aller faire une fête quelque part,
à l'extérieur du Québec, oui..
M. Gratton: Non.
M. Gendron: Oui; je ne vois pas pourquoi non.
M. Gratton: Parce qu'à l'article 361, on spécifie
les exigences pour avoir droit à ces allocations.
Le Président (M. Filion): Mais une fois qu'il est
remboursé.
M. Gratton: Pardon?
Le Président (M. Filion): Une fois que le parti est
remboursé...
M. Gratton: Oui, mais il est remboursé de frais
engagés et non pas de rigolade qu'il veut faire.
M. Rochefort: Je ne le ferai pas... (15 h 45)
M. Gratton: À l'article 361, l'allocation vise à
rembourser les partis des frais engagés pour leur administration
courante, pour la diffusion de leur programme politique et pour la coordination
de l'action politique de leurs membres. Cette allocation n'est versée
que si ces frais sont réellement engagés et payés, alors,
je ne vois pas où la rigolade pourrait s'inscrire dans le libellé
de l'article 361.
M. Gendron: Est-ce que le ministre croit effectivement qu'il n'y
a pas de place pour la diffusion de leur programme politique, la coordination
de l'action politique de leurs membres... Dans l'appellation "la coordination
de l'action de leurs membres", j'imagine que c'est à peu près
n'importe quoi. Tout peut être là?
M. Rochefort: Même en Floride!
M. Gratton: II me semble qu'il faut laisser au DGE
l'appréciation de juger de l'acceptation, de l'acceptabilité ou
du bien-fondé des dépenses payées. Je suis sûr que
cela s'applique tout autant à un parti politique qui aurait obtenu 50 %
du vote. Si, clans ses dépenses, dans sa demande de remboursement ou son
allocation, il apparaissait à la face même ou même
après l'avoir scruté qu'il y a des dépenses qui ne sont
pas de celles qu'on retrouve énumérées à l'article
371, le remboursement serait ajusté en conséquence.
M. Gendron: Pensez-vous véritablement, M. le ministre,
qu'avec l'absence de seuil de pourcentage de votes recueillis dans les faits,
cela va
uniquement donner l'impression qu'on est ouvert à contribuer,
à aider tous les partis politiques mais que, étant donné
la difficulté que certains partis politiques ont, même s'ils sont
enregistrés, de recueillir une très faible adhésion, c'est
un peu ce que j'appellerais une fausse image de participation de fonds publics?
Parce que cela ne couvrira sûrement pas les frais qu'ils auront
engagés lors de la campagne électorale.
C'est un peu cette image de dire aucun seuil, parce que ce sont quand
même des fonds publics de l'ensemble des citoyens du Québec et on
dit: C'est pour t'aider à payer tes dépenses. Si on ne met aucun
pourcentage, j'ai l'impression que, là, on va laisser voir à
plusieurs partis politiques qu'ils pourraient avoir l'opportunité de
bénéficier d'un financement public, alors que, dans les faits,
étant donné l'incapacité de s'organiser
véritablement, ce ne sera pas le cas.
M. Gratton: Cette perception qu'il pourrait y avoir au
préalable, c'est évident... Si je me suis rallié à
cette proposition, ce n'est pas autant en fonction de l'argumentation de
l'Union Nationale qui était cohérente - je ne veux pas
prétendre qu'elle ne l'était pas - et valable, c'était
l'exemple du Parti des travailleurs du Québec et, à certains
égards, l'exemple du Parti indépendantiste également qui
sont venus nous dire: On n'a vraiment pas de moyens financiers. Par exemple, on
a accepté de réviser notre position sur le dépôt du
candidat de 250 $ qui était exigible uniquement pour assurer le respect
des dispositions de la loi...
M. Rochefort:...
M. Gratton: Pardon?
M. Rochefort: Et remboursé?
M. Gratton: Et qui était remboursé automatiquement,
parce que, justement, les gens du parti des travailleurs sont venus nous dire:
Nous, des fonds, dans le contexte actuel, on n'en a pas et, souvent, c'est le
parti qui serait obligé d'assumer ce dépôt. Dix candidats,
cela fait 2500 $ et c'est souvent à peu près ce qu'on a à
notre disposition pour faire notre campagne électorale.
Alors, le Parti des travailleurs du Québec, je ne sais comment il
est organisé aujourd'hui. Est-ce qu'on se rappelle le pourcentage du
vote qu'il a pu obtenir à la dernière élection?
M. Côté (Pierre-F. ): Si je ne me trompe pas, M. le
ministre, ce parti n'avait pas d'existence d'autorisation avant les
dernières élections générales.
M. Gratton: II l'avait perdue, en fait. Ce sont eux qui ont
perdu...
M. Côté (Pierre-F. ): Il l'a perdue, parce qu'il a
présenté moins de dix candidats. Il y a d'autres exemples,
évidemment.
M. Gendron: Oui. Prenons le cas du parti des travailleurs qui
n'aurait pas été qualifié, parce qu'il manquait un
candidat pour répondre aux normes minimales de dix...
Une voix:... pas la formule.
M. Gratton: Oui, parce qu'il n'avait pas la formule,
effectivement. Mais supposons que ce parti aurait reçu 1 %, s'il
était demeuré un parti, mettons-le à 0, 1 %, cela
représente une somme de 1800 $. Étant donné ce que ces
gens sont venus nous dire de l'inopportunité d'introduire un
dépôt de 250 $, il me semble que sur présentation de
pièces justificatives dans le sens qu'ils ont, sinon un local, un
programme politique qu'ils font imprimer. ou qu'ils produisent un feuillet
quelconque, après appréciation du Directeur général
des élections qui est responsable de cette administration, il me semble
qu'il devrait avoir droit à la partie qui est équivalente au vote
qu'ils ont reçu.
M. Gendron: M. le Président, une dernière
question.
Le Président (M. Filion): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Une dernière question parce qu'effectivement
l'article 361 offre une sécurité assez grande. Cependant,
l'interprétation est laissée aux mains du Directeur
général des élections. La question que je pose au
Directeur général des élections... M. le Directeur
général des élections, je vous pose une question sur
l'article tel que libellé à 361. On fait l'hypothèse que
le parti citron décide de caricaturer davantage sa participation
à une campagne électorale et l'un des moyens qu'il a
utilisé, c'est d'acheter - oui d'acheter - 50 caisses de citrons qu'il
expédie à même la liste électorale...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron:... à 350 familles au Québec. Et c'est
cela... Là, on rit, on rigole, mais cela permettrait cela. Je veux
savoir quelle décision vous allez prendre.
M. Côté (Pierre-F. ): Je vous répondrai
là-dessus que, fort heureusement, jusqu'à maintenant, on n'a pas
eu à juger d'une situation semblable à celle que vous...
M. Gendron: Admettez-vous que, s'il n'y a pas de seuil, cela
puisse arriver? Admettez-vous que, s'il n'y a pas de seuil et que,
effectivement, il y a des sommes, des fonds publics, qui permettent à
des partis politiques de faire toutes sortes de folies en campagne
électorale...
M. Côté (Pierre-F. ): Si je vais jusqu'au bout du
raisonnement que vous me donnez et qu'on prend l'article 361, ma
première réaction, sans analyse plus approfondie, si cela sert
à la diffusion du programme de ce parti - c'est cela l'analyse qu'il
faudrait faire - si le programme de ce parti, c'est de démontrer qu'il y
a beaucoup de citrons... Ce serait une question d'évaluation.
Évidemment, ce serait basé sur... Il ne faut pas oublier que...
Si vous me permettez seulement une réflexion, ce que je voudrais bien
comprendre dans l'échange que vous avez présentement, il y a une
enveloppe globale qui est envisagée et s'il n'y a jamais de
répartition qui est faite par parti au pourcentage des votes, c'est la
répartitin de cette enveloppe globale qui sera différente. C'est
cela qu'est votre...
M. Gratton: Oui. Seulement une précision, M. le
Président, parce que je suis sûr que M. le député
d'Abitibi-Ouest est conscient de la différence, mais il parlait de la
distribution de critons en campagne électorale, évidemment
là, cela ne s'appliquerait pas parce que c'est le remboursement des
dépenses électorales. Il faudrait qu'il distribue les citrons
à un autre moment que durant la campagne électorale.
M. Gendron: Oui, à un autre moment, vous avez raison ou
encore...
M. Rochefort: En remerciement à ses électeurs.
M. Gendron: Oui, ou encore un parti qui aurait comme objectif de
faire de la publicité qu'on appelle haineuse ou peu importe, je veux
dire...
M. Jolivet: Tu mets le nom des candidats adverses dessus.
M. Gendron: Et on lui donne un financement public pour qu'il le
fasse en dehors des périodes électorales et cela est... C'est
cette interrogation-là, si on me donne la sécurité en
disant: Écoutez, le Directeur général des
élections, même avec l'article 361, aura tellement de
capacités d'analyse et de jugement à l'intérieur de cet
article qu'il pourrait effectivement reconnaître que, même à
l'intérieur de la masse qu'ils ont obtenue, à la suite de la
disparition d'un seuil, il n'y aura pas de ces situations qui deviendront
possibles, j'aurais un peu de sécurité et je dirais
effectivement: Allons dans le sens que les tiers partis l'ont souhaité.
Ils doivent avoir droit de toucher à une partie des fonds publics pour
faire oeuvre utile, selon leurs convictions, mais pour autant que cela se
rattache quand même aux préoccupations d'amélioration d'une
société et de défense de principes
démocratiques.
Le Président (M. Filion): Je me demande, M. le ministre,
l'objectif de la mesure étant de favoriser la vie politique au sein des
formations moins favorisées, naissantes ou embryonnaires ou même
marginales etc., et tout cela dans le but d'arriver à bâtir un
paysage politique encore plus démocratique, encore plus vivant, je me
demande, dis-je, si, lorsque vous vous interrogez sur le financement,
finalement, on ne met pas un peu la charrue devant les boeufs. Les boeufs, ce
serait de permettre à ces tiers partis une forme de
représentation quelconque qui n'existe pas. En deux mots, par exemple,
je pense que toute l'interrogation autour du mode de représentation ne
fait pas partie des sujets que...
M. Gratton:... plus loin, on va en débattre
tantôt.
Le Président (M. Filion): Est-ce vrai? M. Gratton:
Oui, oui.
Le Président (M. Filion): Bon, merveilleux! À ce
moment-là, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, en deux mots, pour
reprendre l'exemple que vous donnez, le Parti des travailleurs du Québec
n'aurait-il pas plus de chance de ramasser 2500 $, 6000 $ ou 20 000 $ qu'il
voudrait, par ailleurs pour son financement, si les gens savaient que !e parti
des travailleurs aurait une chance d'élire et d'envoyer ici, en cette
Assemblée nationale, un représentant?
M. Gratton: Y mettriez-vous un seuil à lui pour avoir
droit à une représentation à l'Assemblée
nationale?
Le Président (M. Filion): Bien là, c'est...
M. Gratton: Diriez-vous qu'il lui faut un mimimum de 1 %?
Le Président (Ml. Filion): Non, non, mais là, c'est
tout un mode de représentation...
M. Gratton:... ou si vous le laisseriez...
Le Président (M. Filion):... proportionnel. Si vous voulez
en discuter maintenant...
M. Gratton: Oui.
Le Président (ML Filion):... je suis prêt à
en discuter, mais comme je suis seulement le président.
M. Gratton: Dès qu'il aurait 1 %, cela voudrait dire que
cela lui donnerait droit à un député.
M. Rochefort: Là, on est rendu à: Sans aucune autre
connotation. On est rendu à...
M. Gratton: M. le Président, je comprends votre point de
vue, mais on n'en est pas rendu là. Comme la députée de
Vachon me le soufflait tantôt, dans le fond, on veut éviter de
venir en aide à des partis qui ne sont pas sérieux mais ce
faisant, on brime et on élimine la possibilité de donner une aide
minimale à des partis qui sont très sérieux. Et lequel des
deux cas est le pire? Dans une situation semblable, j'aime mieux aller du
côté de l'ouverture, tout en mettant les balises, on pourrait se
poser la question et peut-être que le DGE pourrait nous fournir le
résultat d'une réflexion sur cela non pas par rapport à
l'exemple spécifique, mais je comprends votre appréhension, pour
voir s'il n'y aurait pas moyen de baliser pour éviter que la mesure
qu'on adopterait soit une invitation à la rigolade plutôt
qu'à l'atteinte...
Le Président (M. Filion): À la... ou... M.
Gratton: À la rigolade.
Le Président (M. Filion): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, ainsi que le ministre
délégué à la Réforme électorale, ce
sera ma conclusion sur cela. L'objectif qu'on avait, c'est le même qui a
été discuté en commission. Oui, il y a des tiers partis
qui sont sérieux, qui peuvent apporter une contribution positive et qui
requièrent un financement de l'État pour faire la promotion de
leur orientation politique, de leur cheminement. Comme c'est cet objectif, moi
je souhaiterais et je me rallierais effectivement au fait de la disparition
d'un seuil à la condition qu'on puisse baliser davantage le 361 et dire:
Pour n'importe quelle activité à caractère politique
suivante, puisqu'on est capable aujourd'hui de dire qu'il y a des partis
sérieux, c'est parce qu'on pense que si on leur donne cette
épithète, ce qu'ils font ou tentent de faire sans moyen, c'est
sérieux. On porte un jugement sur ce qu'ils font, donc, on l'a
identifié et on trouve cela valable pour la société. Donc,
cela ne doit pas être aussi dur que cela de dire ce que cela couvre,
quelle sorte d'activités concrètes on va couvrir par ce
financement. Et si j'ai l'assurance qu'il n'y aura pas d'aberration et qu'on ne
se fera pas dire, comme législateur, qu'on a contribué à
ce que des fonds publics servent, même pas à nous caricaturer, ce
n'est pas grave cela, mais à caricaturer un régime sur lequel on
a travaillé et qu'on a voulu bonifier, mais là, il me semble
qu'il y a une espèce de logique des choses. Ce que je ne trouvais pas
s'il n'y a que l'article libellé tel quel, et on dit: n'importe quel
parti politique pourra bénéficier du deux dixièmes de 1 %,
premièrement, cela représente des sommes minimales,
insignifiantes qui ne contribueront pas véritablement à ce qu'il
veut faire, ce n'est pas assez significatif. Mais là, cela l'est un peu
si au moins j'ai la garantie que les 7000 $, les 10 ooo $ ou les 11 000 $
serviront quand même minimalement bien sûr, parce que c'est peu
d'argent, mais au moins à véhiculer ou à transporter
quelques idées positives qui contribueront effectivement à
améliorer les réflexions qu'une société doit
toujours faire et souvent pour lesquelles les partis politiques y contribuent
beaucoup... Là, cela irait. Mais si je n'ai pas cela.
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
M. Gratton: Une brève remarque. Dès le moment
où on se pose ces questions qui sont fort légitimes, il faut
savoir qu'on s'est posé également la question au moment où
le processus s'engage, c'est-à-dire au moment de l'autorisation du
parti. Si, évidemment, on avait trouvé une façon
d'éliminer les partis farfelus, appelez-les comme vous voulez, au moment
de l'autorisation, on n'aurait plus besoin de se poser cette question, mais on
ne l'a pas trouvé cette façon. En tout cas, on pense l'avoir
améliorée en augmentant le nombre de signatures. Je suis
sûr qu'il y aura toujours 1000 personnes qui voudront rigoler
peut-être un jour et qui vont signer un bulletin de candidature ou un
bulletin d'autorisation de parti. Donc, on a peut-être fait un bout de
chemin de ce point de vue, mais il reste à voir si on peut faire un
autre bout de chemin en réfléchissant encore sur les
possibilités d'amender 361 pour vraiment cerner ce point. Le
député de Gouin qui nous avait demandé de discuter du
sujet a sûrement quelque chose à ajouter.
M. Rochefort: Oui, j'allais demander la parole. (16 heures)
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, sur le principe, je suis
favorable là-dessus comme sur le reste à une ouverture qui donne
plus de moyens aux différentes formations politiques, qui ne sont pas
présentes à l'Assemblée nationale, de pouvoir ■ se
faire connaître. Un peu comme je l'ai dit hier sur la question de la
carte-rappel et du petit dépliant qui aurait pu l'accompagner. C'est le
fameux cercle vicieux. Plus on a d'argent, mieux on peut se faire
connaître. Mieux on se fait connaître, plus on ramasse d'argent.
Moins on a d'argent, moins on se fait connaître. Moins on se fait
connaître, moins on a de chance de ramasser d'argent. Pardon?
Mme Pelchat: Le principe Hygrade.
M. Rochefort: On a les deux. On l'a à l'endroit et on l'a
à l'envers. En ce sens, chaque fois qu'on pose un geste -
là-dessus, M. le Président, je le prendrai au sens plus large -
où on réduit là possibilité à un parti non
représenté à l'Assemblée nationale de se faire
connaître,
on attaque ce principe.
Par exemple: sur les débats des chefs. On va revenir
là-dessus, je pense. Est-ce qu'on ne doit pas y revenir?
Des voix: Oui.
M. Rochefort: Est-ce qu'il a été suspendu?
M. Gratton: II n'y a pas grand-chose sur lesquelles on ne pourra
pas revenir, de toute façon.
M. Rochefort: Autant il faut organiser un débat pour les
chefs des grands partis, autant la formule lue dans nos documents ou
ailleurs... Mon Dieu, c'est dans les documents du CRTC, la dernière
décision du CRTC que nous a communiquée le Directeur
général des élections, où on va avoir aussi
l'obligation d'organiser un débat pour les autres. C'est moins
réduire la possibilité aux tiers partis de se faire
connaître que d'y aller aussi simplement, pour ne pas dire de
façon simpliste, que ce qui avait été
véhiculé jusqu'à maintenant qui était de dire: On
fera un débat pour les trois ou quatre grands, et les autres, bonne fin
de semaine tout le monde!
En ce sens, M. le Président, il faut faciliter la circulation des
idées et des programmes. Je redis qu'à chaque fois qu'on les
écarte, on attaque cet objectif.
Deuxièmement, il y a des gestes concrets qu'il faut poser en
campagne électorale. C'est sympathique la discussion que nous avons
depuis 20 minutes. Mais on n'a pas mis une "cenne" dans la campagne
électorale. Dans la campagne électorale, pour chaque piastre
dépensée, tu ne peux jamais en faire rembourser plus que 50
cents, auquel cas chaque parti politique qui veut se faire valoir va vous dire:
Y a-t-il un meilleur moment qu'une campagne électorale pour se faire
valoir? Il faut qu'il l'aie l'autre 50 cents dans sa poche de veste avant
d'avoir étiré le premier qui va lui donner droit à un
remboursement. Il faut quand même qu'il ait atteint un certain niveau.
Quel est-il? 20 %. C'est encore 20 %, en plus.
Au plan de la cohérence de la discussion que nous avons, j'ai
hâte de vous entendre sur ce volet. C'est sympathique. On va leur dire:
Brassez tout ce que vous voulez en période d'élection, mais quand
le décret va être émis, on va brasser cela entre grands
garçons. Non! Ou bien le beau discours qu'on fait a une assise
réelle qui correspond à des convictions que nous avons et donc
à des orientations et à une philosophie qu'on veut promouvoir
auquel cas, j'ai hâte de nous entendre faire la discussion sur ce volet
qui, quant à moi, doit aller de pair avec la discussion qu'on fait
actuellement et qui couvre le hors campagne électorale.
D'autre part, M. le Président, il y a aussi un point sur les
sommes en question. Dans la mesure où on ouvrirait un financement plus
large des formations politiques, il va falloir revoir aussi le montant total
des contributions de l'État à la vie des partis politiques. Si on
regarde la pas très grosse tarte qu'il y a actuellement, plus il va y
avoir de monde pour en manger, plus il va y avoir de monde qui va
déguster de la tarte, peu ne pourront s'en nourrir. Arrêtons de
faire des discussions théoriques. Je nous invite à faire une
discussion pratique, pragmatique et concrète.
Par ailleurs, un dernier élément sur lequel je veux
intervenir... Depuis tantôt que j'écoute la discussion, je veux en
donner à tout le monde qui obtient des votes - on se comprend bien - et
qui remplit les critères de l'article 361 avec, si on pouvait articuler
cela un peu mieux, tant mieux... mais en même temps, je reconnais qu'il y
a du monde qui en mérite plus que d'autres. Je me demande si on ne
pourrait pas y aller avec une répartition à deux niveaux. Et je
m'explique: Premièrement, prendre une formule qui correspond au point 2,
d'une certaine façon, et qui dit que tout le monde qui a eu des votes a
droit à un pourcentage proportionnel x de la somme totale. Mais,
deuxièmement, comme le dit le député d'Abitibi-Ouest avec
raison, il y a du monde qui va se retrouver avec 227 $, d'autres avec 563 $,
etc. Un peu comme le disait la députée de Vachon au ministre, on
n'est quand même pas pour empêcher le monde d'avoir un accès
au financement parce qu'on veut éviter deux, trois partis moins
sérieux que les autres. Mais je verrais très bien un
deuxième niveau où, à compter du moment où on a
atteint, en plus d'avoir eu des votes, un plateau de votes qui peut être
de 3 %, 5 % ou 7 % des voix par exemple - quitte à ce que ce soit un
montant forfaitaire additionnel de l'ordre de 50 000 $ peut-être qui
embarque... Il me semble qu'on allierait les deux préoccupations. On ne
fera pas de discrimination, tout le monde même celui qui a eu 24 votes va
avoir 21 "cennes" peut-être. Mais ce n'est pas vrai qu'on va rester
là, parce qu'au fond, on veut deux choses, sauf erreur. On veut que tous
les partis politiques existent - et on ne veut pas faire de discrimination - et
puissent avoir leur part du gâteau. Deuxièmement, on veut que ceux
qui sont un peu plus sérieux et qui ont un peu plus d'enracinement
puissent participer un peu mieux aux débats des grands, si on peut
s'entendre. Je ne fais pas ailusion aux débats
télévisés ou radiodiffusés. Mais je pense que rendu
à un plateau, il faudrait qu'il y ait un montant plus substantiel qui
puisse intervenir. Je ne parle pas de 1 000 000 $...
M. Gratton: II faudrait appliquer 361, par exemple.
M. Rochefort: Pour moi... Je pense que je l'ai dit au
comité, vous savez. C'est parce qu'on a eu des discussions où on
voulait même appliquer 360 et envoyer les factures pas mal plus tard. Je
ne suis pas d'accord avec cela. Je pense que j'avais été clair
là-dessus. C'est clair pour moi que ça doit être cela dans
toutes les hypo-
thèses. Mais je verrais vraiment - je le redis donc pour une
dernière fois - une contribution proportionnelle pour tout le monde.
Mais je pense qu'il faut ajouter qu'à partir du moment où vous
atteignez un plateau qui pourrait être 5 % du vote dans ce
cadre-là, il y a là un montant vraiment plus substantiel qui
permet à ce parti d'ajouter un peu de saucisse Hygrade pour embarquer
dans l'autre cercle vicieux plutôt que de rester dans celui qui est le
moins intéressant. Et je redis les deux dernières choses que j'ai
dites, mais pour bien conclure. Il faut revoir le montant total. C'est clair
dans mon esprit. Et j'ai hâte de nous entendre faire la même
discussion sur "pendant la campagne électorale". Et là, je pense
que l'orientation va être d'assurer un minimum à tous ceux qui
vont présenter au moins 10 candidats. Sinon, je vais vous dire que c'est
du placotage qu'on fait là. On va leur dire: Quand c'est le temps,
arrangez-vous avec vos troubles. Quand ce n'est pas le temps, on est bien
prêt à vous donner chacun 10 $.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Gratton: Quant au dernier aspect des choses que vient de
toucher le député, recon-nartra-t-il sans doute que si, par le
biais d'une formule quelconque, on en arrive à accorder une aide
financière de l'État aux partis politiques sans imposer de seuil
ou selon une formule...
M. Rochefort: De deux niveaux.
M. Gratton:... à deux niveaux, le fait demeure que ces
partis-là pourront quand même, possiblement, organiser des
cueillettes de fonds électoraux qui leur permettront de faire une
meilleure action? En tout cas, je pense que c'est autant un préalable
pour un parti de pouvoir faire une campagne électorale que de pouvoir
exister entre les campagnes électorales. Quant à la suggestion
d'en arriver à cette possibilité de deux niveaux, on peut
sûrement l'examiner. De toute façon, c'est à cela qu'on
pensait...
M. Rochefort: Au départ.
M. Gratton:... au comité. Et donc, ce que vous
suggérez, c'est d'avoir une adaptation des deux. Ce n'est pas exclu au
moment où l'on se parie. Il faudra, évidemment, y
réfléchir. Quant à l'idée d'augmenter l'enveloppe
globale, il ne faudrait pas perdre de vue que l'État contribue par
d'autres moyens que celui qui, selon la formule de 359, donne un montant
d'environ - ou a donné, en tout cas, cette année - 1 800 000 $.
C'est quand même une somme appréciable. Mais il faut ajouter
à cela les remboursements des dépenses électorales
à ceux qui se qualifient et qui, là deviendraient... Et là
le député de Gouin me fait signe...
M. Rochefort: Si vous permettez. Ce que je veux dire, c'est que
là on s'adresse à pas mal moins de monde.
M. Gratton: Oui, on s'adresse à pas mal moins de monde,
mais on parle de sommes assez imposantes. Et de rendre d'autres candidats
éligibles voudrait dire une augmentation de cette enveloppe-là
qui pourrait être beaucoup plus considérable que celle dont on
pourrait possbilement parler pour le financement des partis politiques par
l'État. Et il ne faut pas perdre de vue non plus qu'il y a les
crédits d'impôt à ceux qui contribuent aux partis
politiques, où on a demandé au ministre des Finances d'examiner
la possibilité de relever le maximum de 280 $ en fonction de
l'évolution de l'indice des prix à la consommation. Cela commence
à faire pas mal d'argent, pour ne pas parler du recensement
annuel...
M. Rochefort: Cela n'existera plus.
M. Gratton:... postdélimitation ou pas, cela commence
à faire pas mal d'argent de l'État qui est une aide
financière directe ou indirecte aux partis politiques.
M. Rochefort: À la démocratie.
M. Gratton: Avant de m'engager là-dessus, le moins qu'on
puisse dire, c'est qu'il faudra y réfléchir de façon
très sérieuse et se poser la question, à savoir si,
finalement, on ne doit pas chercher les moyens de faciliter aux partis
politiques un financement autonome. Il n'est pas vrai qu'on doive permettre
à n'importe quel parti politique qui ne s'en donne pas la peine - je
caricature en disant cela - d'avoir une chance égale sur le plan de la
diffusion de son programme politique. Il faut quand même qu'il y ait
là effort et il faut qu'il y ait adhésion de la population, ce
qui se traduit par une adhésion comme membre d'un parti politique, mais
qui se traduit aussi par une adhésion au programme politique au moment
de l'élection.
M. Rochefort: L'électorat.
M. Gratton: C'est tout cela qu'il faut examiner. Je suis enclin
à dire: Poussons plus loin la réflexion, mais n'essayons pas de
régler une partie sans l'autre et ne concentrons pas nos efforts sur la
façon la plus facile. La façon la plus facile, c'est de dire:
Augmentons le montant de 1 800 000 $; augmentons le crédit
d'impôt; augmentons le nombre de ceux qui sont admissibles à un
remboursement de leurs dépenses électorales. Sur le plan
démocratique, on fait un pas en avant. À un moment donné,
qui paie tout cela? C'est l'électeur qu'on veut séduire. J'en
suis là. Je ne rejette pas la proposition du député de
Gouin, mais il faudra se poser des questions. Il faudra avoir l'opinion des
autres
membres de la commission. Si on devait s'entendre sur le fait qu'il y
aura deux niveaux, il faudra fixer un seuil quelconque.
M. Rochefort: Oui.
M. Gratton: Je ne pense pas qu'on pourrait aller beaucoup plus
loin aujourd'hui dans la poursuite de la discussion. Je suis prêt
à vous surprendre et suggérer de suspendre là-dessus
après qu'on aura entendu les dernières remarques du
député de...
M. Rochefort: Cela va, dans le sens de la suspension, M. le
Président. J'apprécie beaucoup l'intervention qu'a faite le
ministre. Je souhaiterais vraiment que, justement, on puisse faire une
discusion globale de toutes les formes de contributions de l'État
à la vie politique. Je vous dis, à titre d'hypothèse,
compte tenu du fait que c'est vrai qu'il y a des limites et qu'il faut faire
des choix, parce que rien n'est plus facile que de ne pas avoir à faire
de choix, que moi, compte tenu de cela, je serais peut-être plus
favorable à une augmentation de la somme à répartir entre
les formations politiques qu'une augmentation trop importante du crédit
d'impôt, par exemple. Je ne veux pas vous convaincre de cela. En
conclusion, je souhaiterais qu'on ait un petit papier qui nous ferait le tour
de l'ensemble des formes de contributions de l'État, toutes celles qu'on
connaît, incluant peut-être les budgets de recherche des formations
politiques représentées à l'Assemblée nationale qui
sont aussi...
M. Gratton: En vertu de la Loi sur l'Assemblée
nationale.
M. Rochefort: Oui, mais c'est l'argent de l'État
aussi...
M. Gratton: Oui.
M. Rochefort:... et cela ne sert pas seulement au travail
parlementaire, disons donc. Je pense que ce serait intéressant.
M. Gratton: Ah non? M. Rochefort: Quoi?
M. Gratton: Cela ne sert pas toujours exclusivement au travail
parlementaire?
M. Rochefort: Mon Dieu, je pense que vous le savez très
bien.
M. Gratton: Oui, je le sais.
M. Rochefort: Merci. M. le Président, je pense que ce
serait souhaitable qu'on regarde tout cela et que l'on fasse le choix de ce
qu'on veut prioritairement voir augmenter et comment on veut répartir
l'augmentation qu'on ferait peut-être tout en étant conscient
qu'il y a des éléments qui ne relèveront pas ultimement de
notre décision, mais du ministre des Finances. Je pense qu'il va tenir
compte de ce que son collègue délégué à la
Réforme électorale lui proposera. (16 h 15)
M. Gratton: Est-ce que je pourrais demander au Directeur
général des élections s'il pourrait nous fournir, à
partir d'un exemple d'élection, sinon la dernière, du moins une
élection antérieure, à partir des résultats
électoraux, ce que représenterait un remboursement des
dépenses électorales? Évidemment, vous ne pourriez pas le
faire parce que dans plusieurs cas, les candidats ne vous ont même pas
fourni de rapport. Vous n'avez pas de rapport de ceux... Par exemple, le Parti
socialiste chrétien, la dernière fois?
M. Côté (Pierre-F. ): Non, on ne l'aurait pas pour
le Parti socialiste chrétien, mais les autres, on les a.
M. Rochefort:... seulement les partis remboursés.
M. Côté (Pierre-F. ): Non, non.
M. Rochefort: Qu'il fasse son rapport de dépenses
électorales.
M. Gratton: Oubliez la dernière élection, mais
à partir d'une autre élection où il n'y a pas eu un parti
qui systématiquement n'a pas répondu, n'a pas rempli les
rapports.
M. Rochefort: Je pense que la meilleure élection, sauf
erreur, c'est la dernière. Le nombre de toutes sortes...
M. Côté (Pierre-F. ): Je pense qu'il y a trois
catégories d'information qu'on pourrait fournir à partir de la
dernière élection. Le montant global des allocations
versées aux partis politiques entre les élections, le montant
global réparti... On a les informations sur le remboursement des
dépenses électorales. Le troisième complément
d'information, c'est le montant global qui a été versé
sous forme de crédits d'impôt.
M. Gratton: Ce que je souhaiterais, c'est que vous puissiez
accompagner cela des projections de ce que cela aurait donné de
rembourser une partie des dépenses électorales des autres
candidats, par exemple, à partir d'un seuil de 10 %...
M. Rochefort: Ou peut-être par une formule, je ne le sais
pas, je ne veux pas étirer cela, mais peut-être par une formule
qui serait... Je ne suis pas sûr moi-même que, finalement, je
serais d'accord avec cela, mais une formule qui dirait peut-être que les
premiers 1000 $ de
dépenses électorales seraient entièrement
remboursés sur pièces justificatives avec les formules de
contrôle qu'on a actuellement et, ensuite, c'est la moitié, comme
cela existe dans la mesure où tu obtiens moins 20 %, etc. Je pense que
ce que vous visez, c'est de voir s'il n'y aurait pas moyen...
M. Gratton: Dans le fond, si on avait le nombre total de
candidats, le montant des dépenses électorales encourues par
l'ensemble des candidats, en les regroupant par partis politiques, le montant
global des remboursements effectués à ceux qui y avaient droit,
ensuite, à partir de ces données-là on pourra faire les
extrapolations qu'on veut. Par exemple, si on décide que ce sont les
premiers 1000 $, on regardera combien il y avait de... En tout cas, vous voyez
un peu?
M. Rochefort: Avec l'idée du deuxième plateau, si
on avait un montant à 3 % ou 5 %...
M. Gratton: On peut fixer cela, on peut faire
l'évaluation.
M. Côté (Pierre-F. ): Disons qu'on comprend bien
votre suggestion. En somme, vous nous demandez de faire des hypothèses
de travail sur la répartition... Il y a juste un quatrième
secteur qui a été invoqué tout à l'heure et sur
lequel on n'a pas de donnée, c'est l'argent qui provient par
l'intermédiaire de l'Assemblée nationale. On peut toujours le
retrouver dans...
M. Gratton: Non, cela...
M. Côté (Pierre-F. ): C'est un secteur qu'il serait
délicat de toucher ou d'avoir toutes les informations, mais pour les
trois autres secteurs, on peut vous donner des chiffres.
M. Gratton: Oui. Je ne me soucierais pas tellement des
hypothèses ou des scénarios possibles mais, en d'autres mots,
nous fournir toute l'information qui pourrait nous permettre d'évaluer
diverses hypothèses qu'on pourrait discuter entre nous.
M. Côté (Pierre-F. ): D'accord.
M. Gratton: M. le Président, suspendons la première
partie et examinons le Mode de versement de l'allocation, si vous le voulez
bien.
Épuisons ce sujet-là, même en l'absence du
député de Gouin. De toute façon, il n'y a aucun sujet sur
lequel il lui sera interdit de revenir à quelque étape que ce
soit.
Le Président (M. Filion): Alors allez-y. Deuxième
volet.
M. Gratton: Le deuxième volet concerne le mode de
versement - comme on le voit à la page 7 - de l'allocation. "Il y a
consensus pour abolir le mode de versement mensuel prévu à
l'article 360. L'allocation sera versée sur demande et sur preuve que la
dépense a été engagée et payée. "
En d'autres termes, quel que soit ce qu'on décidera pour le
reste, cela s'appliquerait à tout le monde. Ce ne serait plus un
paiement mensuel, mais un paiement sur dépenses justifiées et
payées.
Le Président (M. Fiiion): Cela va.
M. Gendron: II y a consensus là-dessus.
M. Gratton: "De même, il n'y a pas lieu, comme le proposait
l'Union Nationale, d'éliminer de la loi la détermination des fins
pour lesquelles l'allocation est accordée. "
Cela allait dans le sens inverse de ce qu'on vient de dire à 361;
si je comprends bien, l'Union Nationale nous disait: Éliminons ça
et versons tout simplement la somme. Il faut se rappeler que c'est en vertu
d'une répartition comme celle qu'on suggérait à l'article
2 qui précède. Je rejoins le député d'Abitibi-Ouest
et le député de Gouin qu'il n'en est pas question.
Le Président (M. Filion): Cela va. Cela épuise le
petit volet qui n'avait pas été étudié. Mais, si je
comprends bien, l'ensemble du sujet 37 est suspendu.
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Filion): Cela va?
M. Gratton: Oui. On peut revenir au sujet 11.
Le Président (M. Filion): Vous voulez revenir à
11?
M. Gratton: Oui.
Recensement annuel
Le Président (M. Filion): D'accord. Sujet 11: Recensement
annuel. "Le comité avait fait consensus sur l'abolition du recensement
annuel et le maintien du recensement postdélémitation. "Le PQ,
dans son mémoire, recommande le maintien du recensement annuel et a
fortiori du recensement postdélémitation. "Le ministre
délégué à la Réforme électorale a,
quant à lui, fait connaître sa position, soit la tenue d'un
recensement en période électorale seulement. "
M. Gratton: M. le Président, si on me permet d'aborder la
question, j'ai l'impression que, si je devais refaire l'argumentation, je
serais un peu comme un vieux disque usé. On a fait ce
débat-là deux fois, sinon trois fois à l'Assemblée
nationale. Je maintiens que, contrairement au consensus qu'on avait
dégagé en
comité, parce qu'il faut bien le dire, le comité avait
fait consensus sur le fait que les dispositions qu'on avait inscrites dans la
Loi sur la représentation électorale lors de la révision
de cette loi, selon lesquelles le recensement annuel était aboli sauf
pour le rencensement postdélémitation qui ne pouvait être
aboli que sur adoption d'une résolution appuyée par la
majorité des partis représentés à
l'Assemblée nationale... On se rappelle que l'Assemblée nationale
a amendé la Loi sur la représentation électorale pour
faire sauter cette disposition eu égard au recensement
postdélémitation et les conditions de son annulation. Nous
maintenons que nous devons éliminer de la Loi électorale ce
recensement annuel qu'on ne fait pas annuellement et qu'on n'a pas fait
annuellement depuis que cela dure, sauf quelques exceptions, pour éviter
de devoir, chaque année, présenter un projet de loi annulant le
recensement annuel. Quant au recensement postdélémitation, j'ai
déjà fait valoir que le maintenir peut être très
utile aux partis politiques et notamment aux partis politiques
représentés à l'Assemblée nationale parce que ce
sont évidemment ceux-là qui peuvent désigner les
recenseurs qui procèdent au recensement annuel et le reste du personnel
électoral.
Donc, compte tenu de la discussion qu'on vient d'avoir à
l'égard des partis non représentés à
l'Assemblée nationale, voilà encore un montant d'argent qui n'est
pas versé aux partis politiques, mais qui peut servir les partis
politiques représentés à l'Assemblée nationale dans
la mesure où ce sont des militants de ces partis qui sont
remboursés pour des services rendus. Comme j'ai eu l'occasion de le
souligner, à notre avis, les intérêts de l'électeur
ne sont aucunement desservis par le fait qu'il n'y ait pas de recensement
postdélimination. Il peut y avoir intérêt pour les
députés, pour certaines personnes qui font des études sur
ce genre de choses, de savoir d'avance quels seront les chiffres quant au
nombre d'électeurs pour une élection à venir. La nouvelle
carte électorale n'entre jamais en vigueur avant que l'élection
générale soit déclenchée. Une élection
partielle exige qu'on fasse un recensement parce qu'elle doit
nécessairement être tenue à partir de la carte, de la
vieille carte, si vous me passez l'expression. Donc, il n'y a jamais de
possibilité ou d'utilité pour l'électeur même.
Compte tenu des sommes impliquées, entre 12 000 000 $ et 13 000
000 $, surtout si on se dirige vers l'augmentation de l'aide aux partis
politiques, comme on en a discuté - là, je ne veux surtout pas
m'engager là-dessus non plus... Évidemment, il y a des
décisions à prendre qui ne sont pas les miennes, mais celles du
gouvernement. Il me semble qu'on doive tout simplement abolir le recensement
annuel, incluant le recensement postdélimination et maintenir uniquement
les dispositions de la loi qui s'appliquent pour un recensement en campagne
électorale.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Une question, d'abord: Est-ce que le
député de Gouin a indiqué qu'il ne voulait pas discourir
sur ce sujet?
Le Président (M. Filion): Voilà.
M. Gratton: C'est-à-dire qu'il ne l'a pas indiqué
dans les sujets qu'il voulait discuter.
Le Président (M. Filion): Voilà! Si on l'a
appelé, c'est parce que cela ne fait pas partie de la liste des
sujets...
M. Gendron: Je voulais m'en assurer.
M. Gratton: II est rusé, ce député de
Gouin.
M. Gendron: Oui. Quelquefois!
Alors, M. le Président, je n'ai pas besoin de vous dire que les
explications données par le ministre délégué
à la Réforme électorale pour en arriver à !a
décision d'éliminer complètement toute possibilité
que la Loi électorale ait une mention concernant l'obligation de tenir
un recensement annuel mériterait plus de considération si on
avait le temps de le faire, considérant certains propos qu'il a
lui-même tenus. Je vous assure que cela ressemble à tout un
virage.
Je voudrais indiquer, cependant, que lorsqu'on a eu à l'aborder
au comité de travail, compte tenu de la base historique, de la
façon dont cela s'est fait depuis 1972, parce qu'il était dans la
loi au tout début, en 1972, le comité avait pensé que ce
serait quand même opportun, à tout le moins si on
l'éliminait complètement, de le maintenir lors d'une année
où il y a effectivement modification dans une autre loi qui s'appelle la
représentation électorale des circonscriptions, ce qu'on a
appelé un recensement postdélimination.
Entre-temps, il y a eu des mémoires. Effectivement, dans le
mémoire du Parti québécois, il recommande le maintien du
recensement annuel et, bien sûr, a fortiori, du recensement
postdélimitation qui est plus justifié. Je ne veux pas reprendre
toute la saga - parce qu'il n'y a pas d'autres termes - de ce qui s'est
passé à la dernière session. J'ai eu l'occasion de le
faire et j'avais même dit en commission parlementaire qu'on aurait
l'occasion d'en discuter davantage entre nous; ce n'était pas le moment,
avec des invités de l'extérieur, de reprendre toute cette
période pénible et difficile qu'on a vécue sur le plan des
droits démocratiques, en mai et juin 1988.
Cependant, je ne peux pas passer sous silence que la pensée du
Parti libéral, sur ce plan, a sûrement varié. Elle a
varié à de nombreuses reprises. Je tiens à tout le moins,
M. le Président, à vous citer ce qu'en pensait l'honorable et le
vénérable vice-premier ministre du
Québec d'alors, toujours ministre des Finances et
député de Bonaventure, ce vieux... (16 h 30)
M. Gratton: Citez, s'il vous plaît.
M. Gendron:... - oui, je vais le citer -... pionnier
libéral depuis presque des décennies. Je me réfère
à un discours qu'il prononçait le 25 mars 1975; pour des gens qui
sont encore en exercice, je vous dis que le ministre de la Réforme
électorale actuel était également membre de ce
gouvernement, en 1975. Là je ne vous citerai pas toutes les vertus
extraordinaires de ce ministre des Finances, mais il disait ceci: "Le
gouvernement inscrit le dossier de la réforme électorale au
premier titre de ses préoccupations témoignant ici sa
détermination de doter le Québec d'un système
électoral juste et équitable et véritablement
adapté aux besoins de notre société et à
l'idéal démocratique qui l'anime. " Imaginez, en 1972.
"Dès le début de notre mandat, en 1970, on s'est
préoccupé de réforme électorale en s'assurant que
cela doit être une oeuvre conjointe de tous les membres de cette
Assemblée - en parlant de l'Assemblée nationale - et de toutes
les formations politiques qui y sont représentées, etc. "
Pour arriver, écoutez bien ceci, au coeur de notre
réflexion, en ce qui nous concerne, et je cite le ministre des Finances
de ce moment, le 25 mars 1975, au Journal des débats: "Ce projet
de loi introduit le principe de la révision annuelle des listes
électorales. À l'expérience - écoutez bien - il a
en effet paru nécessaire de prévoir une telle révision
annuelle des listes, de façon à en accroître la
qualité. En présentant le projet de loi 87 en 1972 et c'est
là que c'est grave par rapport aux valeurs démocratiques
j'indiquais les raisons qui nous amenaient à mettre de
côté, à ce moment-là, la question de la
révision annuelle des listes électorales. " Regardez bien la
phrase suivante: "L'analyse plus poussée de la question, de même
que l'expérience maintenant acquise nous permettent de franchir une
nouvelle étape dans la modernisation de nos méthodes de
confection de listes électorales en reconnaissant, cette fois, le
principe de la révision annuelle. "
On est en 1975 et là on instaure par loi l'obligation de revoir
annuellement les listes électorales. La seule façon de revoir
annuellement les listes électorales, c'est d'abord qu'il y ait un
recensement annuel. Cela, c'est important pour ceux qui nous liront. S'il n'y a
pas de recensement, comment voulez-vous qu'on instaure un mécanisme de
révision des listes? Donc, cela veut dire qu'a fortiori, on croyait
combien démocratique, combien utile, combien requis, pas uniquement pour
les partis politiques, parce que regardez bien la phrase suivante: " Tous
conviennent, aujourd'hui, que malgré les coûts en cause, il
devient impérieux d'effectuer à chaque année, même
s'il n'y a pas d'élection générale prévue ou
prévisible, une telle révision annuelle, car nous voyons dans
cette révision - révision des listes suite à un
recensement - un moyen efficace de maintenir en tout temps des listes
électorales complètes et tout à fait à jour qui
assurent ainsi une meilleure protection - pas des partis politiques... " le
grand sage, le vice-premier ministre, l'intelligence du Parti libéral
dans bien des situations, dans bien des situations difficiles, parce que ce
parti a vécu des situations bien difficiles parfois. Alors, imaginez,
"l'intelligentsia" du Parti libéral disait ceci: - parce que c'est
important - qui assurent ainsi une meilleure protection du droit de vote des
électeurs, meilleure protection du droit de vote des électeurs,
pas des partis politiques, pas la récompense démagogique à
laquelle on a assisté lors des propos de mai - juin du leader du
gouvernement, ministre de la réforme, en disant: Bien, ces
gens-là veulent récompenser leur électorat, ces
gens-là n'ont pas d'autres motifs derrière la tête
qu'être capables de satisfaire un peu la difficulté de
recrutement, puis la paie, tu pourras la donner à leurs bons
travailleurs d'élections.
Je prétends qu'on avait des objectifs qui nous animaient, qui
étaient un petit peu plus nobles que cela, surtout quand on sait que
suite à la modification de la carte électorale, on avait quand
même chamboulé passablement une quarantaine de comtés et on
ne voulait même pas permettre que des organisations électorales,
que des électeurs, que des citoyens du Québec puissent s'assurer
d'avoir au moins l'assurance qu'ils figureraient sur les listes
électorales de leur nouveau cadre électoral qui est d'abord et
avant tout la délimitation de leur circonscription. Je tenais au moins
à rappeler que cela commence à faire passablement de situations
tordues, pour le moins, de la pensée libérale par rapport aux
valeurs des principes démocratiques. Imaginez, ce que j'ai cité,
c'est révision - je l'ai dit tantôt - des listes et, sous
prétexte qu'il fallait absolument s'assurer que ces listes-là
soient à jour, complètes pour ne pas brimer des citoyens et
assurer, disait-il - c'est toujours le député de Bonaventure,
vice-premier ministre à l'époque - une meilleure protection du
droit de vote des électeurs.
Dans les faits, M. le Président, ce qu'il faut savoir, c'est que
depuis 1972, le DGE était tenu par la loi de procéder à un
recensement annuel. C'est une opération qui, de temps en temps, à
des moments de conjoncture, a été jugée comme
onéreuse et inutile, non requise et, à ce moment-là, de
part et d'autre, il y avait au moins une disposition y compris dans les
réflexions du ministre de la réforme, ce qui est renversant,
aujourd'hui, c'est sans nuance qu'il nous dit: Je ne veux rien savoir du
recensement... Il ne dit pas: Je veux que les deux partis politiques soient
dans le coup. Je ne veux plus me mêler de cela, je veux mettre dans la
loi que dorénavant il y aura un recensement uniquement lors de
l'émission des brefs d'une élection, il y aura un recensement
électoral. C'est épouvantable par
rapport à ce que ces gens-là ont dit. C'est
épouvantable également par rapport à la propre
réflexion du ministre où même il avait imaginé
lui-même dans une loi qu'il a complètement
déshonorée. Il a déshonoré sa propre loi où
il dit: Dorénavant, cela va prendre la double majorité avant
d'éliminer la tenue d'un recensement lors d'une révision de la
carte électorale. C'est la loi du ministre qui a dit: Moi, ma loi, je ne
veux plus rien savoir. Je la foule aux pieds. Je renie ma parole. Je renie mes
convictions y compris pour postdélimination. Il me semble, M. le
Président, aujourd'hui, qu'on ne peut pas faire une réforme de la
Loi électorale puis de dire tout de go, comme cela, du revers de la
main, malgré toutes les réflexions qui ont été
faites: C'est fini. Un recensement, cela n'a qu'une fin.
Je voudrais citer la réflexion du secrétariat à la
réforme électorale. Eux autres, au moins, ils avaient
entouré un peu plus le sujet. Ils avaient dit: Bien, écoutez, on
peut convenir que l'objectif majeur d'un recensement est la confection de la
liste électorale, dans la perspective de la tenue imminente d'une
élection; cela constitue la justification fondamentale à tenir un
recensement. Certains pouvaient dire: Cela peut être ia seule. Mais il y
avait trois pages de réflexion, il y avait trois pages de
réflexion pour dire: II peut, par ailleurs, être utile de tenir un
recensement dans l'année qui suit l'adoption d'une nouvelle
délimitation des circonscriptions électorales. Là,
rappelons ici... Je ne rappellerai pas tout cela mais eux-mêmes, le
personnel réflectif, ou de réflexion - j'aime mieux cela - du
ministre délégué à la Réforme
électorale, personnel de réflexion lui a effectivement
indiqué que cela était peut-être utile de garder un minimum
de balise si jamais il envisageait l'hypothèse d'éliminer
complètement la tenue d'un recensement. Moi, je prétends qu'on
est dans une société de mouvance. On est dans une
société où il y a toutes sortes d'éclatements,
éclatement de la famille et éclatement de la stabilité. On
est dans une société, au moment où on se parle, le
ministre des Finances d'aujourd'hui dirait au ministre de la réforme:
Lui, dans ses statistiques, il est "pogné" actuellement sur le plan des
statistiques du ministère des Finances avec à peu près 40
% des citoyens du Québec qui ont un statut de monoparental. 40 % au
moment où on se parle des citoyens du Québec ont un statut de
monoparental. Cela dénote quoi? Cela dénote qu'on vit dans une
société où presque constamment, les gens qu'on croyait qui
étaient là ne sont plus là. Les gens se sont
déplacés. Les gens ont changé de région
administrative. Les gens ont changé parfois plus que de région
administrative. Et c'est un outil, le recensement, de contrôle pour
sécuriser éventuellement les électeurs qu'ils sont
toujours dans, ce que j'appelle, l'évolution du circuit
électoral. Aujourd'hui, que le ministre nous dise tout de go, comme
cela: Moi, dans le fond, ce que je propose, c'est fini. On n'aura plus cette
évaluation des citoyens du Québec. Je suis convaincu que le
recensement servait à d'autres fins aussi. Il servait souvent à
des fins de statistiques pour un gouvernement qui veut effectivement avoir
différentes données sur les déplacements, sur toutes
sortes de situations utiles. C'est un peu tendancieux de faire une approche de
cette situation seulement au niveau des coûts. Pour la raison qu'on ne
peut pas toujours revenir dans le passé... Mais il y a eu d'excellents
éditorialistes, lors de la période trouble et presque
inqualifiable de mai-juin sur cette situation; on parlait de millions et
d'arrogance. Pourquoi ne pas faire des élections aux dix ans? Cela
coûte cher, des élections. C'est très dispendieux des
élections. Pourquoi le gouvernement ne décide-t-il pas que cela
devrait être uniquement aux dix ans, compte tenu des coûts? C'est
bien plus dispendieux qu'un recensement. On veut parler de toutes sortes de
situations absolument aberrantes. On a même eu droit à des
discours que certains ont qualifiés de navrants à faire pleurer.
Parce qu'effectivement, toutes les valeurs du principe démocratique
étaient passées par-dessus bord. Parce que quelqu'un, dans ce
gouvernement, qui a comme mandat de gérer les colonnes comptables, a
dit: I! n'y en aura pas cette année. Au diable ta parole, M. le
ministre! Au diable ton projet de loi qui disait que, dorénavant, cela
prend une majorité aux deux tiers pour annuler la possibilité
d'un recensement postdélimitation.
Aujourd'hui, dans une réforme, on ne veut même pas regarder
la possibilité de maintenir ce qu'il croyait. Le ministre a
lui-même cru pendant longtemps - je n'ai pas le temps et ce n'est pas le
moment de refaire tous ies discours qu'il a faits lui-même - à la
valeur démocratique d'un recensement, à la suite d'une
modification importante de la carte électorale. Il me semble que ce
serait d'actualité d'envisager de maintenir que le recensement fait
toujours partie de nos traditions électorales. Sauf que le ministre
délégué à la Réforme électorale peut
très bien, pour des motifs jugés valables et pertinents,
soumettre le tout aux formations politiques en présence à
l'Assemblée nationale et exiger, comme cela s'est passé dans la
pratique... Si on avait eu une pratique abusive, mais en 1977, on a
pensé qu'il n'y avait pas lieu de faire de recensement. On venait
d'avoir une élection. Il n'y en a pas eu. En 1978, il y en a eu un. En
1979, il y en a eu un. En 1981, pas de recensement. En 1982, on est en pleine
crise écononique on pense donc qu'il n'y a pas de danger
d'élection, on vient d'en avoir une. Il n'y a pas lieu d'avoir de
recensement. Autrement dit, l'expérience a prouvé quoi? Elle a
prouvé que quand, pour des motifs plus majeurs, une
société, crise économique, conjoncture, lendemain
d'élection, il n'y avait pas lieu de tenir une élection, les
partis politiques, convenablement, ont disposé de la question et ont
décidé de ne pas en tenir. Mais ce n'est plus cela.
Dorénavant, il y aura un seul décideur: le premier ministre du
Québec décidera
du moment où il y aura un recensement et une vérification
de la place des électeurs sur le processus électoral qui doit
commencer par une liste électorale la plus fiable, la plus
opérante possible. Lui, le ministre dit: Dorénavant, ce sera
uniquement en période électorale. Qui décide des
périodes électorales dans notre système? C'est le premier
ministre, bien sûr, à l'intérieur d'un système qu'on
connaît un peu, qui donne quelques balises. De temps en temps, c'est
après trois ans; de temps en temps, c'est dans les mandats
étirés.
Il me semble que le passage est trop gros, M. le Président.
À tout le moins, l'espère que le ministère envisagera
d'aller chercher un consensus sur postdélimitation, s'il maintenait sa
décision d'éliminer complètement le recensement
annuel.
La formation politique à laquelle j'appartiens a souhaité
et souhaite encore que soit inscrit dans la Loi électorale un
recensement annuel. Je suis pas mal sûr qu'on pourrait se rallier
à ce qui était le consensus du comité, avant les
événements malheureux de mai et juin. Il me semble qu'on
servirait mieux les intérêts de la collectivité
québécoise et on serait plus certain également que les
citoyens du Québec puissent être un peu plus confiants et
sécures face à d'éventuelles élections, s'il y
avait au moins, suite à une délémitation de la carte
électorale, un recensement annuel.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest de cette intervention sur le recensement
annuel. M. le ministre... Oui.
M. Gendron: Je ne sais pas si le ministre accepterait une
très courte suspension de deux minutes.
Le Président (M. Filion): Oui. Nos travaux sont suspendus
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 45)
(Reprise à 16 h 56)
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, nous
continuons. Vous avez la parole, M. le ministre.
M. Gratton: Oui, aussi brièvement que possible, M. le
Président. Le député d'Abitibi-Ouest a parlé de la
variation dans les idées et dans la pensée libérale au
sujet du recensement annuel. On ne s'en cache pas. Lorsque le
député d'Abitibi-Ouest nous citait les passages d'un discours
qu'avait prononcé le député de Bonaven-ture qui
était alors vice-premier ministre et leader du gouvernement en 1975,
c'était effectivement la pensée à ce moment-là. Et
il faut bien savoir que le recensement annuel était envisagé
comme une première étape vers la possibilité, soit d'une
liste permanente ou, tout au moins, d'une liste électorale qui pourrait
servir au cours d'élections municipales, scolaires autant que
provinciales. Et, il faut bien le dire, de 1972, moment où le
recensement annuel a été institué, jusqu'à 1977, il
n'a jamais été annulé. Le premier qui a annulé le
recensement annuel a été le gouvernement du Parti
québécois, en 1977. Il n'a pas été annulé en
1978, 1979, 1980 parce qu'il y avait ce fameux référendum qu'on
s'était engagé à tenir le plus tôt possible
après les élections et qui laissait croire, au gouvernement
évidemment, qu'il y avait lieu de tenir un recensement annuel pour se
garder la possibilité de déclencher le référendum
en 1979. Et, effectivement, il a eu lieu en 1980 à partir de la liste
électorale qui avait été confectionnée en 1979.
Donc, la pensée a commencé à évoluer en 1977
avec le gouvernement... Nous l'avons appuyé à ce moment, parce
que nous nous rendions compte aussi que les sommes de plus en plus importantes
consacrées au recensement annuel ne justifiaient pas la valeur qu'on en
retirait. Et, soit dit en passant, nous ne sommes pas les seuls, le Parti
québécois et le Parti libéral, à avoir
abondé dans ce sens-là. Mais le gouvernement présentement
au pouvoir à Ottawa a fait état, dans son livre blanc, d'une
analyse très poussée des diverses façons de se doter de la
meilleure qualité de liste électorale. Et on note que - j'ai
toute l'argumentation ici - finalement on a débouché sur le rejet
d'une liste permanente, sur le rejet d'une liste qui serait
confectionnée annuellement pour retenir le recensement électoral
tel qu'il existe présentement. Soit dit en passant, après le
référendum de 1980, les recensements de 1981, 1982, 1983 ont
été annulés et, depuis que nous sommes arrivés au
pouvoir, nous avons effectivement présenté un projet de loi pour
l'annuler en 1986 et 1987.
Je pense donc qu'on peut tous convenir que, si la pensée a
évolué, elle a évolué partout dans le même
sens, c'est-à-dire qu'il n'y avait plus utilité de faire un
recensement annuel dans des années où il n'y avait, ni
possibilité d'élection, ni nouvelle délimitation de la
carte électorale. Il s'agit de se poser la question: Pourquoi
maintenant, après avoir cru, comme le disait le député
d'Abitibi-Ouest, moi personnellement, à l'opportunité de retenir
une suggestion qui nous avait été faite par le
député de Gouin au moment où il était le
porte-parole du Parti québécois ou de l'Opposition lors de la
révision de la Loi sur la représentation électorale? C'est
un peu comme à cette commission parlementaire, où j'ai
essayé de ne pas accepter d'emblée des suggestions qui, de prime
abord, me semblaient tout à fait appropriées. J'espère
avoir réussi à me réserver un temps de réflexion
avant d'abonder tout de suite, de donner mon accord à des consensus sur
des amendements apportés. Effectivement, après réflexion,
moi aussi j'en suis venu à la conclusion que la disposition qu'on avait
inscrite dans la Loi sur la représentation électorale,
à
l'effet de faire précéder par un vote sur une motion
adoptée par la majorité des partis et non pas aux deux tiers des
membres de l'Assemblée, mais par une majorité des partis
représentés à l'Assemblée nationale, avant de
pouvoir annuler un recensement postélectoral... J'ai changé
d'idée, mais j'ai changé d'idée après que
l'Opposition eut également changé d'idée. Je ne reprendrai
pas tout le débat, mais on avait obtenu l'accord du leader de
l'Opposition, le député d'Abitibi-Ouest, et du chef parlementaire
de l'Opposition, le député de Joliette, en consultation
privée, sur l'opportunité d'annuler le recensement de septembre
1988, donc le recensement postdélimitation. Il y a eu évolution
dans la pensée des gens de l'Opposition qui nous sont revenus - on
disait tantôt que j'ai manqué à ma parole; je ne dirai pas
cela de l'Opposition - qui ont changé leur chique de bord, passez-moi
l'expression, et qui ont dit: On a réfléchi à notre
affaire et, effectivement, on en veut un recensement.
M. le Président, compte tenu de tout cela, le gouvernement a pris
une décision. Contrairement à ce qui est la pratique
peut-être pas courante, mais une pratique qui existe et qui a
existé, je suis sûr, sous l'ancien gouvernement, le gouvernement,
le Conseil des ministres a décidé d'annuler cette disposition
qu'on avait inscrite dans la Loi sur la représentation électorale
et d'annuler le recensement annuel prévu pour 1988. Avant de ce faire,
nous avons consulté le caucus des députés. Je l'ai dit en
Chambre, c'est unanimement que l'ensemble des députés ont
opté pour cette solution. J'avais pris bien soin de plaider les deux
côtés de la question. Par exemple, à l'égard d'un
compromis, d'une formule de compromis qui avait été offerte,
c'est-à-dire de tenir le recensement seulement dans les circonscriptions
qui avaient subi des changements, j'ai fait valoir les avantages et les
désavantages des deux côtés, et c'est unanimement que le
caucus des députés ministériels a décidé de
procéder comme on l'a fait. Je ne veux pas me décharger de mes
responsabilités de ce côté-là, j'étais
complètement d'accord. Si c'était unanime, c'est parce que
j'étais d'accord avec le caucus des députés, et cela
incluait le député de Bonaventure, bien évidemment, qui,
lui aussi, a constaté des choses, a constaté une
évolution, a constaté que le recensement annuel ne nous en
donnait pas pour notre argent. Il pouvait être très utile aux
partis politiques représentés à l'Assemblée
nationale en termes d'organisation électorale et en termes de rodage de
leur personnel militant, mais, finalement, il ne servait pas les
intérêts des électeurs compte tenu des coûts.
Évidemment, s'il s'agissait de pouvoir organiser un recensement annuel
pour une somme relativement minime, en tout cas pas mal moins importante que
celle des 12 000 000 $ à 13 000 000 $, la question ne se poserait pas de
la même façon. D'ailleurs, dans le livre blanc du
fédéral, le premier argument, ce sont les coûts. Quand
Gilles Lesage suggérait: À ce compte-là, pourquoi pas des
élections... je ne peux pas dire que j'ai été très
impressionne par la vigueur de l'argumentation de la personne en question. Je
dis cela en passant et je le dis parce que le député
d'Abitibi-Ouest en a cité des passages tantôt. Donc, je maintiens
qu'il y a eu évolution dans la pensée, de notre
côté, qu'il y a eu effectivement, il faut le constater,
évolution dans la pensée de l'Opposition également. Au
point où on s'en trouve, il nous semble d'abord que de maintenir le
recensement annuel dans la Loi électorale, sachant d'avance que, quel
que soit le gouvernement, qu'il soit péquiste, libéral ou on ne
sait trop quoi, on va l'annuler dans la majorité des années
où on n'anticipe pas la tenue d'une élection, il reste donc
strictement, et je pefise que le député d'Abitibi-Ouest en
conviendra, qu'il n'y a plus d'utilité au recensement annue! compte tenu
de l'historique qu'il a fait lui-même et compte tenu de la valeur qui
n'est pas égale aux déboursés qu'il engendre.
Il reste donc le recensement postdélimitation. Quant à
moi, les mêmes raisons qui nous font annuler le recensement annuel
s'appliquent tout autant à un recensement postdélimitation. C'est
pourquoi le député d'Abitibi-Ouest suggérait tantôt
qu'il serait prêt à se rallier à ce qui avait
été établi comme consensus au comité de travail. Il
faut dire que ce comité de travail avait établi ce consensus bien
avant qu'on n'en arrive à la saga dont parlait le député
d'Abitibi-Ouest tantôt. J'aime autant indiquer tout de suite très
franchement que je ne pouvais pas m'auto-riser simplement à changer
d'idée de nouveau sans pour autant retourner au caucus des
députés et au gouvernement. Je vous avoue tout de suite que je
serais tellement mauvais plaideur pour essayer de convaincre le caucus de
l'occasion de réinscrire cette disposition, je n'y crois tout simplement
pas. En l'occurrence, M. le Président, je ne peux pas me rendre à
cette invitation que me faisart le député d'Abitibi-Ouest de
faire consensus pour au moins maintenir le recensement
postdélimitation.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Deux simples remarques. Je pense qu'aujourd'hui, en
tout cas, c'est un peu étonnant qu'on essaie de faire porter le
débat sur le fart que le recensement a été annulé
à quelques reprises et qu'il l'a été pendant les
années où la formation politique qui réclame le maintien
du recensement dans la loi était au pouvoir. I! me semble que ce n'est
pas ce dont on a à discuter. Le débat doit porter sur le fait de
savoir si, oui ou non, il est légitime de maintenir une disposition qui
offre, et ce sont des principes, toute la latitude voulue et la
sécurité d'arguments plaidables au gouvernement de décider
de l'annuler en allant dans le sens du maintien de la disposition d'un
recensement s'il prétend que l'an prochain ou l'autre année,
peu importe, il a des raisons de croire qu'il n'y a pas lieu de le
maintenir.
Je prétends qu'un recensement annuel ne sert pas, comme on l'a
mentionné, uniquement les fins des partis politiques. Cela sert d'autres
fins qui se rattachent à des principes démocratiques au niveau de
l'assurance que cela offre de le réviser une fois par année, si
c'est ce qu'on souhaite. Si le législateur d'alors, qui aurait une
disposition dans la loi, prétend qu'une fois par année c'est
exagéré pour vérifier les déplacements de
population, pour offrir un outil de travail, bien sûr à incidence
politique forte, je le reconnais, pour les partis, pour les permanents mais,
également, pour d'autres types d'informations que cela dégage et
que cela permet d'orienter, notre travail de député n'est pas
uniquement de surveiller l'exécutif, de législateur et de
mandataire de nos commettants dans nos circonscriptions électorales...
Nous sommes en politique, sous des étiquettes politiques
différentes, pour faire valoir des opinions et, également, pour
avoir un régime électoral qui permette de temps en temps d'avoir
un peu plus précisément le portrait de l'électorat
québécois. La meilleure façon d'avoir le portrait de
l'électorat québécois avec exactitude par circonscription
c'est un recensement. Qu'il soit annuel, qu'on ait eu une élection une
année et que, l'année suivante, on veuille faire le recensement,
ce n'est peut-être pas opportun, mais ce n'est pas le débat. Je
demande s'il est légitime d'abolir aujourd'hui une disposition qui offre
la même sécurité au gouvernement, non pas d'y donner suite,
il s'agit juste de le prévoir dans la loi qu'on touche aujourd'hui.
Là, ce n'est pas ça; aujourd'hui, on décide que,
dorénavant, seul le premier ministre du Québec décidera
s'il y aura recensement ou non. Je prétends que c'est un changement
brusque, majeur et je suis incapable d'en voir les raisons. Ce n'est pas parce
que, sur une base de douze ans, parce que c'est environ ce que cela donne,
moitié-moitié, c'est-à-dire que, sur la base des douze ou
quatorze dernières années, il y a eu six ou sept ans où il
y a eu un recensement et six ou sept ans où il n'y en a pas eu...
À ce moment-là, les années où il y en a eu, c'est
parce que des gens avaient jugé opportun qu'il y en ait un, non pas
uniquement en période électorale, parce que ce n'est pas vrai
que, si sur douze ou treize ans, il y en a eu six ou sept, qu'on a eu droit
à six ou sept élections depuis les douze dernières
années. Ce n'est pas exact.
Ma conclusion sera toujours la même. Si la démocratie
électorale a fait des progrès immenses au Québec depuis 25
ans, c'est, en règle générale, parce qu'on a
procédé par consensus sur les questions majeures. La question que
notre Loi électorale renferme une disposition qui prévoit un
recensement, quitte à ce qu'il soit annulé, je prétends
que c'est une disposition majeure dans notre Loi électorale. Aujourd'hui
on dit: Non, on ne veut pas que ce soit une disposition majeure; il n'y aura
plus de recensement sauf en période électorale. Je n'ai pas le
mandat de ma formation politique de donner mon appui à cette
volonté du ministre et, en conséquence, M. le Président,
tout ce que je peux dire, c'est qu'il n'y aura pas consensus à
l'intérieur de notre formation politique sur l'élimination totale
de la disposition de la Loi électorale qui prévoyait un
recensement. J'ai mentionné tantôt que c'était un moindre
mal compte tenu que ce fut longtemps la position de celui-là même
qui nous dit aujourd'hui qu'il n'y croit plus. Il m'apparaissait y avoir des
valeurs démocratiques importantes rattachées au moins à
l'obligation d'en avoir un lorsqu'un gouvernement décidera de revoir les
délimitations de carte électorale. Cela peut venir plus vite que
prévu et, encore là, en dehors des périodes
électorales. On sait, par exemple, que, dans quelques circonscriptions,
il y a des mouvements d'électeurs très forts. On pense, entre
autres, au comté de Lafontaine qui a été subdivisé
parce que, sur une base de quelques années, il y a eu une explosion
démographique sans précédent. C'est le cas d'une couple de
comtés de la rive sud, le comté de Lévis, par exemple, qui
a été morcelé dans la dernière carte
électorale compte tenu d'une explosion démographique très
forte.
Je prétends toujours que, à la suite d'une modification
d'envergure à la carte électorale, il serait peut-être
utile qu'un gouvernement décide de tenir un recensement pour
actualiser... Encore une fois, ce n'est pas parce que je veux relire le
député de Bonaventure, mais, il disait, par exemple: Je conviens
aujourd'hui que, malgré les coûts en cause, il devient
impérieux d'effectuer chaque année, même s'il n'y a pas
d'élection générale prévue, une telle
révision annuelle, car nous voyons dans cette révision un moyen
efficace de maintenir en tout temps des listes électorales
complètes et tout à fait à jour qui assurent ainsi une
meilleure protection du droit de vote des électeurs. Je suis convaincu
que, si la même personne était ici, elle nous dirait la même
chose. Les mêmes raisons de vouloir une liste à jour existaient en
1975, existaient en 1972 et existent aujourd'hui. Qu'un gouvernement,
ponctuellement, pour d'autres motifs qu'il veut faire apprécier par
l'ensemble de la population, soit en crise économique, soit
l'année qui suit une élection, il le dira, aux citoyens du
Québec. Entre un choix de 12 000 000 $ ou 13 000 000 $ et pas de
recensement cette année, je trouve que c'est une bonne décision,
et le gouvernement en aura les mérites. Ce n'est pas ça
aujourd'hui. On dit qu'on veut faire disparaître la disposition
prévoyant un recensement. Je prétends que c'est trop gros.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le ministre. (17 h
15)
M. Gratton: Une précision et ensuite peut-
être une possibilité de compromis. D'abord, II ne faut pas
partir de l'idée que cette disposition selon laquelle, finalement, les
partis représentés à l'Assemblée nationale avaient
un droit de véto sur l'annulation du recensement
postdélémitation existait dans la Loi électorale. C'est
seulement en juin 1987, au moment où on a amendé la Loi sur la
représentation électorale qu'on a accepté cela comme
compromis.
M. Gendron: Oui.
M. Gratton: Donc, la Loi électorale n'a jamais
prévu de disposition particulière en ce qui a trait au
recensement postdélimitation.
M. Gendron: Non, parce qu'il y en avait un.
M. Gratton: La Loi électorale, au moment où on se
parle maintenant...
M. Gendron: II disait qu'il y en avait un.
M. Gratton:... ne parle que d'un recensement annuel.
M. Gendron: D'accord. On disait qu'il y en avait un.
M. Gratton: II semble qu'on soit d'accord - on me le dira si on
ne l'est pas - qu'on ne devrait pas créer obligation d'un recensement
annuel, sauf dans les années, évidemment, où on anticipe
une élection ou pour une année où il y a
délimitation de la carte.
Je pense que je serais prêt à proposer - là, je le
dis, il faut que ce soit bien clair, je le proposerai au gouvernement, je ne
peux pas m'engager plus loin - que nous amendions la Loi électorale pour
éliminer le recensement annuel, sauf pour le recensement
postdélimitation qui pourrait faire l'objet d'une annulation seulement
sur adoption d'une loi à cet effet à l'Assemblée
nationale, mais d'une loi strictement au sens de la présentation d'un
projet de loi normal et non pas affublé de dispositions sur l'adoption
d'une motion qualifiée; bref, pas de droit de veto. Cela n'aurait pas le
même sens que la disposition qu'on a annulée en juin dernier, mais
ce qui fournirait l'occasion à chacun de faire valoir
l'opportunité ou pas d'annuler le recensement. Cela pourrait, je
suppose, être libellé de telle sorte qu'un recensement
postdélimitation aurait lieu, sauf s'il est annulé. Donc, si
l'ensemble des parlementaires, si le gouvernement, mettons-le comme cela, parce
qu'il est le seul à pouvoir présenter le projet de loi qui a des
chances d'être adopté, jugeait ne pas devoir annuler un
recensement postdélimitation, il ne présenterait pas de projet de
loi. S'il devait juger qu'effectivement il n'y a pas lieu de tenir un
recensement postdélimitation, il procéderait par le
dépôt d'un projet de loi.
Quand je parle de cette possibilité sur laquelle il faudrait voir
si cela pourrait recueillir l'adhésion de l'Opposition, je le fais en
précisant encore une fois cette réserve, que je n'en ai
discuté avec personne, donc que je ne peux m'engager à en faire
une décision du gouvernement avant que celui-ci en soit saisi.
J'aimerais connaître la réaction du député
d'Abitibi-Ouest à cette possibilité.
M. Gendron: J'en ai deux, M. le Président. La
première, c'est que ce n'est pas le temps de faire un libellé
aujourd'hui, sauf que si celui-ci disait ce qui a été
mentionné par le ministre délégué à la
Réforme électorale et qu'il n'y avait pas, en fin de phrase, par
voie législative, je peux vous dire, d'ores et déjà, que
je ne suis pas d'accord, c'est-à-dire mettre une disposition dans la Loi
électorale qu'il y a un recensement - n'attachez pas d'importance aux
mots - automatique, c'est une expression, quand il y a postdélimitation,
à moins qu'il soit annulé; pour moi, ce ne serait pas suffisant,
parce que ce serait: À moins qu'il soit annulé par voie
législative. Si on met juste "à moins qu'il soit annulé",
l'exécutif pourrait décider...
M. Gratton: On n'a même pas besoin de mettre de mention. Il
y a un recensement postdélimitation. Évidemment, on peut amender
la Loi électorale...
M. Gendron: Oui, oui, cela va, mais je prétends qu'il
faudrait que ce soit... Là, si vous me dites que la
sécurité est là dans le sens qu'on ne met pas la mention,
parce que s'il est dans la loi, obligatoirement, il ne peut être
annulé que par une autre loi.
M. Gratton: C'est cela, comme c'est le cas présentement.
Le recensement annuel de toutes les années, on dit simplement: On fait
un recensement annuel. On ne dit pas qu'il peut être annulé.
M. Gendron: Cela va. Là-dessus, cela va. Par contre,
autant le ministre m'indique aujourd'hui qu'il voulait avoir ma réaction
là-dessus comme critique de l'Opposition en ces matières, mais
qu'il ne peut pas aller plus avant tant qu'il ne le soumettra pas au Conseil
des ministres, autant je dis que je ne peux pas donner plus
d'appréciation à cette offre qu'il ne m'en donne lui-même.
Vous comprendrez qu'à partir du moment où la demande du parti
auquel j'appartiens était de maintenir la disposition du recensement
annuel, le modus vivendi devrait être apprécié
par l'instance à laquelle j'appartiens, et on verra.
M. Gratton: M. le Président, je conviens. On va faire les
consultations qui s'imposent, mais j'ai une dernière précision
à apporter. Je ne voudrais pas que cette suggestion que je fais, si elle
devait être retenue, soit interprétée comme
une autre variation dans ma pensée. Je persiste toujours à
croire que le recensement en postdélimitation n'est pas utile pour
l'électeur, bien que j'aie toujours reconnu qu'il puisse l'être
pour les partis politiques représentés à
l'Assemblée nationale. Ma seule raison de proposer et de suggérer
ce compromis, c'est de tâcher, jusqu'à la toute dernière
limite, d'obtenir un concensus sur le sujet. Je pense qu'on se comprend. Je ne
voudrais pas qu'on vienne me dire il a changé d'idée et il
revient. Non, je le dis, je le répète, quant à moi, le
recensement en postélectoral n'est pas plus utile que le recensement
annuel qu'on annule constamment. Mais si cela devait pouvoir rallier
l'Opposition pour qu'on ait concensus sur la formule, c'est dans ce
sens-là que je l'offre, toujours avec les réserves que nous, de
part et d'autre, on devra faire les consultations qui s'imposent.
M. Gendron: Dans le même sens, M. le Président, moi
aussi, je ne voudrais pas qu'on interprète que j'aurais changé
d'idée en disant qu'il souhaitait un recensement annuel, puis on arrive
avec une décision de votre Conseil des ministres en disant:
Écoutez, c'est uniquement un recensement en postdélimitation qui
est agréé par le Conseil des ministres, puis là le
critique de l'Opposition a changé d'idée, parce qu'il
l'accepterait.
M. Gratton: On est dans la même situation.
M. Gendron: Écoutez, de part et d'autre, on a convenu de
soumettre à nos instances respectives l'évolution peut-être
pas de la pensée mais de la situation qu'on a à discuter et
à apprécier, puis on verra la résultante de part et
d'autre des formations politiques en présence avant de conclure.
Le Président (M. Jolivet): Donc, je tiens pour
acquis...
M. Gratton: Pour faire changement, on va suspendre.
Le Président (M. Jolivet): Suspension du recensement
annuel en postdélimitation.
M. Gratton: Suspendre, parce qu'on devra évidemment
revenir avec les réactions de part et d'autre.
Retrait d'autorisation et dénomination
officielle
Le Président (M. Jolivet): Alors nous irions au sujet 58
à la page 8 qu'il faut suspendre... On va à la page 9,
proposition 54: Retrait d'autorisation et dénomination officielle. "Le
comité avait initialement rejeté les propositions du Directeur
général des élections visant: 1) à interdire
l'usage d'une dénomination officielle pendant cinq ans suite à un
retrait d'autorisation; "2) à interdire au chef de présenter une
nouvelle demande d'autorisation avant l'expiration de ce même
délai. "
Le comité désirait toutefois avoir des commentaires
supplémentaires du Directeur général des élections
sur cette question. Ces commentaires ont été acheminés,
mais le comité n'a pas eu l'occasion de se pencher à nouveau sur
la question. Le document Résultats des travaux du comité en fait
mention, pages 188 à 192.
Il convient donc, au moment où on se parle, de décider si
le concensus initial du comité est maintenu. M. le ministre.
M. Gratton: Alors, M. le Président, quant au premier
élément de la proposition, c'est-à-dire l'interdiction de
reprendre la même dénomination officielle après une
"désautorisation", on souligne que le deuxième alinéa de
l'article 328 permet au Directeur général des élections de
refuser d'accorder une autorisation si la dernière dénomination
choisie est susceptible d'amener les électeurs à se
méprendre sur te parti auquel ils destinent leurs contributions. Alors,
je pense que cela devrait être suffisant pour permettre au Directeur
général des élections d'exercer ou de décider de
refuser une telle autorisation.
Le sens de la proposition, M. le Président, c'est d'encadrer de
façon plus précise ce pouvoir du DGE. Il nous apparaît
qu'il devrait pouvoir et il devrait souhaiter avoir une latitude plus grande,
puisque j'imagine mal ce qu'on pourrait déterminer dans le texte de la
loi pour en arriver à couvrir toutes les possibilités. Donc,
à l'égard de ce premier élément, M. le
Président, nous serions plutôt réfractaire à retenir
la proposition.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: J'aimerais, moi, en tout cas, avoir le point de vue
peut-être additionnel au-delà du texte qui nous a
été présenté par le DGE. Moi, ce que je
comprenais... d'abord c'est intimement relié à la question du
statut juridique des partis politiques. Je me demande si on ne devrait pas le
traiter ensemble. Que je sache, on a suspendu toute la question du statut des
partis politiques...
M. Gratton: Oui.
M. Gendron:... sur le plan juridique. Si je dis cela, c'est parce
que, quand on... Regardons le premier volet: interdire l'usage d'une
dénomination officielle pendant cinq ans suite à un retrait
d'autorisastion. Pourquoi y a-t-il retrait d'autorisation? Pour
non-conformité. On se comprend? Non-conformité à quelque
chose défini dans la loi.
M. Gratton: On avait décidé de ne pas retenir cela
comme proposition. Seulement, pour situer et je le fais parce que je viens de
lire la note, c'est qu'au comité, on avait refusé cette
disposition et on avait demandé au Directeur général des
élections de nous fournir des réflexions additionnelles.
M. Gendron: Oui.
M. Gratton: Et c'est à partir des réflexions
additionnelles qu'il s'agit de statuer...
Une voix: C'est cela,.
M. Gendron: Oui, d'accord, mais dans les réflexions
additionnelles que le DGE nous a fournies, est-ce qu'on n'a pas le même
vide qu'un parti politique se conforme une année et demie après
aux carences pour lesquelles on lui a retiré non pas son affiliation
mais son autorisation? Moi, la question qui me chagrinait, c'est pourquoi
attendre cinq ans avant de lui permettre de recouvrer sa... Alors,
c'était dans ce sens-là.
M. Gratton: C'est ce que je dis. On n'a pas voulu accepter la
question des cinq ans.
M. Gendron: Non, alors, d'accord. C'est ce dont je voulais
m'assurer, si effectivement, nous autres, même si le DGE nous avait
fourni des explications, on trouvait au comité de travail que, comme un
parti politique pouvait se reconformer, si vous me permettez l'expression, aux
éléments sur lesquels il y avait eu défaut de sa part
avant le délai de cinq ans, on disait: Bien, c'est pour cette
raison-là qu'on ne veut pas permettre au DGE d'interdir l'usage d'une
dénomination officielle pendant cinq ans, suite à un retrait
d'autorisation. C'est bien cela?
M. Gratton: C'est cela, oui.
M. Gendron: Et les explications du directeur
général sur cet aspect-là qui était nos
inquiétudes, que je sache, pour les avoir revues, on n'a pas
d'éclairage additionnel. C'est ce que je pose comme question.
M. Gratton: Oui, bien, l'éclairage additionnel ou, en tout
cas, la demande telle que je la comprends, ce serait de préciser dans
quelle condition... en fait, de préciser qu'il peut refuser
l'utilisation du même nom par un parti qui aurait perdu son autorisation
et qui redemande une nouvelle autorisation. Alors, ce que nous
prétendons, c'est que l'article 328 dans son deuxième
alinéa donne cette possibilité-là au Directeur
général des élections. Pour citer: II - le Directeur
général des élections - doit toutefois refuser
l'autorisation au parti dont la dénomination comporte l'expression
indépendant ou est susceptible d'amener les électeurs à se
méprendre sur le parti auquel ils destinent leur contribution. Cela veut
dire que, plutôt que de fixer une limite de cinq ans, le Directeur
général des élections a la latitude voulue de juger. Si
cela se présente un an et demi après, comme dans votre exemple,
ou après trois ans, est-ce que cela serait susceptible d'engendrer la
confusion chez les électeurs ou les contributeurs? Je pense qu'il y a
là... Moi, je souhaiterais effectivement que ce soit... Je comprends le
Directeur général des élections de ne pas vouloir exercer
une discrétion qui va être jugée et commentée
probablement. Mais, pour nous d'inscrire une limite de temps aussi pourrait
vraiment aller à rencontre des droits et des privilèges d'un
parti, sans qu'on connaisse les circonstances particulières du cas qui,
de toute façon, ne se présente pas très souvent. (17 h
30)
Le Président (M. Jolivet): M. le directeur
général.
M. Côté (Pierre-F. ): Si je comprends bien les
arguments de M. le ministre concernant l'interprétation qu'on peut faire
de l'article 328, je m'excuse de souligner que je ne suis pas tout à
fait d'accord. Si on me dit que c'est comme cela qu'on doit interpréter
à l'avenir l'article 328, cela va m'amener à l'interpréter
différemment. Mais ma compréhension des dispositions de la loi
n'est pas tout à fait celle-là. C'est que, une des conditions de
l'acceptation d'un parti politique comporte l'acceptation du nom. Le cas dans
lequel on est placé actuellement, c'est que s'il y a un retrait
d'accusation pour cause, pour non respect de la loi et qu'on a une demande
immédiatement après - un mois, deux mois, trois mois après
- l'argument de la disposition de la loi actuelle, à mon avis, n'est
peut-être pas suffisante, parce qu'il n'y aura pas de méprise sur
le parti auquel ils destinent leur contribution. Cela va être le
même nom, cela va être le même parti. Celui qu'on aura
désautorisé - disons que c'est !e parti X, Y, Z - il est
désautorisé, au bout de trois mois, il revient. La méprise
n'existera pas. La méprise va être la suivante. La méprise
va être sur la façon dont les électeurs peuvent se faire
attraper. Les contributeurs peuvent se faire rattraper par ce truc de
désau-torisation et de réautorisation sous le même vocable.
Je voudrais apporter un élément supplémentaire
d'information. Pourquoi on suggérerait cinq ans? C'est simplement parce
que c'est la durée normale d'une législature. Si vous disiez, par
exemple, ou si vous arriviez à la conclusion que cela pourrait
être une durée de deux ans, par analogie, cela se compare avec ce
qui se fait dans le domaine du droit des compagnies. On a le même
problème dans le droit des compagnies, pour pas que les gens se fassent
attraper par une dénomination qui est semblable, si une compagnie a
failli, etc., on ne peut pas réutiliser le même nom. Il faut
qu'une période de
deux ans soit écoulée. Je vous dis bien franchement, on
est placé devant ce problème. Je ne vois pas comment je vais
pouvoir dire, si on désautorise un parti politique, parce que les
électeurs vont se méprendre sur le parti auquel ils destinent...
Ils ne se méprendront pas. Le parti auquel ils vont destiné leur
contribution, cela va être celui qui a été
désautorise, qui a redemandé son autorisation sous son ancien
vocable. La façon dont on a compris cela, c'est quand on était
dans la situation où des dénominations de partis politiques
avaient une connotation avec d'autres dénominations. Je vais donner des
exemples concrets, le parti du socialisme chrétien. Il y a le mouvement
socialiste et le parti du socialisme chrétien. On s'est dit: Est-ce
qu'il peut y avoir confusion dans l'esprit des électeurs si on autorise
le parti du socialisme chrétien à cause du mot socialisme, on a
mouvement socialiste? On a hésité longtemps. On s'est dit: On ne
peut pas couper les cheveux en quatre indéfiniment dans l'utilisation
des noms pour désigner un parti politique. On a dit: Tel mot ne peut
jamais être réutilisé ou s'il est utilisé une fois
ne pourrait jamais être utilisé? Les variantes d'un mot, par
exemple. Le mot union, le mot unité, il y a des mots qui reviennent
facilement: le mot progrès dans des partis politiques municipaux pour
prendre d'autres exemples. On s'interroge toujours et on a fait parfois...
dernièrement, c'est arrivé encore, on a suggéré
à des gens qui nous demandaient l'autorisation en reconnaissance d'un
parti politique, de changer de nom, ou de penser à un nom qui ne
prêtera pas à confusion, ... on refuse à cause de cette
confusion. Le but de la loi actuelle, c'est de protéger les
con-tributeurs face au parti politique auquel ils destinent leur contribution.
Je trouve très difficile l'application de cet article dans la
perspective - on n'est pas encore placé dans cette situation mais vous
savez qu'on peut l'être prochainement - où on désautorise
pour cause un parti et, quelque mois après, l'affaire est
réglée, il n'y a plus de dette - le parti qui avait des dettes
s'est désautorise pour cela, parce qu'il va payer des
intérêts pour ses dettes, par exemple, qui est une cause de
désautorisation - il va renaître de ses centres, il va avoir le
même nom et il n'y aura pas de confusion. Cela ya être le
même groupe, cela va être le même parti. Pour les
électeurs qui contribuent, cela me semble être une
difficulté majeure.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Gratton: Effectivement, dans un cas donné, cela peut
être très évident, comme dans un autre cas, cela peut
l'être moins. Cela ne m'inquiète pas particulièrement que
les con-tributeurs - parce qu'on parle des électeurs dans l'article 328,
cela inclut donc les créditeurs possibles - je vous le dis comme je le
pense, les gens ne courent pas après nous comme parti politique pour
contribuer au parti, c'est plutôt l'inverse. Il faut faire des efforts et
on le voit pour les partis qui sont moins connus, notamment celui auquel vous
vous référez, un de leurs problèmes, c'est qu'ils n'ont
pas de contributeurs. S'ils avaient des contributeurs, cela serait
réglé, cela ne serait pas long. Si un parti devait être
désautorise et obtenir une réautorisation au moment où
vous auriez jugé, en tant que Directeur général des
élections, de réautoriser sous le même nom, cela n'aurait
pas changé la situation. Quant à moi, ils vont devoir, encore une
fois, faire les efforts voulus pour recueillir les contributions, sans quoi...
Mais là, ils auront peut-être un problème, par exemple,
à l'égard des autres électeurs qui ne sont pas des
contributeurs mais qui sont des créditeurs. Et là finalement, le
parti lui-même sera peut-être plus desservi, mais je ne pense pas
que les électeurs risquent de l'être. Si on s'adresse à une
situation particulière, on peut comprendre votre point de vue, mais on
ne peut pas... Il y a autant de possibilités et d'hypothèses
qu'on peut faire à partir de situations qu'on peut imaginer. Et si on
devait l'encadrer dans la loi - d'abord je ne sais pas comment on pourrait le
faire - mais deuxièmement, j'ai nettement l'impression qu'on pourrait se
retrouver dans une situation où, effectivement, la latitude que
l'administrateur de la chose devrait avoir lui aurait été
enlevée. Et, en conséquence, je répète que j'aurais
beaucoup plus tendance à laisser à la discrétion voulue
à l'autorité responsable, quitte à ce que des
décisions ne soient pas faciles à prendre à
l'occasion.
Le Président (M. Jolivet): M. le Directeur
général des élections.
M. Côté (Pierre-F. ): Je voudrais juste apporter une
autre précision. Vous avez raison et il y a une distinction importante
que vous faites dans le fait qu'il y a deux facettes à la question. La
question des gens qui contribuent au parti et la question des dettes. Mais il y
a un autre cas qui se présente actuellement. Je ne veux pas nommer le
parti. Prenons le cas d'un autre motif de désautorisation. On
désautorise un parti qui décide de ne pas présenter de
rapport annuel. Une semaine ou quinze jours après, il revient. Là
ce n'est plus le motif de se méprendre sur le parti auquel ils destinent
leur contribution. C'est une non-observance, on l'a vu, assez sérieuse
de la loi qui est en cause. Ce peut être les mêmes personnes qui
reviennent. Cela peut être une façon de passer à
côté de l'obligation de soumettre le rapport annuel.
M. Gratton: Mais avec l'explication que vous avez, je pense que
je prendrais une décision différente.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Côté (Pierre-F. ): Je suis heureux d'avoir votre
point de vue sur la façon dont cela peut être
interprété et... Il me semblait que cette disposition de la loi
n'était pas suffisamment claire. C'est la raison pour laquelle on fait
cette demande et qu'on a cette discussion. Si vous dites que la disposition est
très claire...
M. Gendron: Bien, j'ai écouté attentivement le DGE
et, finalement, le ministre, je pense, a exprimé ses réticences.
Cependant, il y a une espèce de logique à envisager. Il me semble
qu'il doit y avoir une période de carence dans la loi pour un parti qui
est désautorisé, même s'il se conforme à ce qu'il
doit faire pour être réautorisé. Parce que plus j'y pense,
je trouvais que cinq ans, cela n'avait pas de bon sens. Mais si on mettait un
an, pour éviter l'envie de ne pas se conformer et d'embourber le DGE au
deux mois ou au trois mois en répétant la même demande de
réautorisation, parce qu'entre-temps, il se serait conformé sur
le sujet pour lequel il était fautif.
Là où j'avais des réticences importantes, c'est
qu'il ne faut pas, M. le ministre, que nous, comme législateurs, soyons
accusés de tout mettre en oeuvre par une disposition comme cela de cinq
ans de retrait d'autorisation pour empêcher ces partis-là de
prétendre à accroître leur capacité de propension et
de se faire connaître et ainsi de suite. Il me semble que cela n'aurait
pas de bon sens, comme législateurs, si on mettait un délai
très long et qu'on disait: Vous pourrez revenir mais après que,
d'abord, il n'était presque pas connu, et on lui donne cinq ans pour
disparaître de la carte et personne n'entendra parier de lui. Surtout
avec la publication qu'on a décidée dans un article
antérieur. On a dit que la liste de tous les partis politiques serait
publiée une fois par année. Oui, une fois par année, c'est
ce qu'on a décidé.
M. Côté (Pierre-F. ): Cela n'a pas été
décidé. On va vous faire une proposition. On ne sait pas à
quel moment. Cela va peut-être être seulement une fois par
année ou ce sera peut-être deux fois, mais avec une
proposition.
M. Gendron: On se comprend. Alors là, il me semble qu'il y
aurait un délai de carence d'une année. Je trouverais que cela
mettrait plus en sécurité ce que j'appellerais la zone grise
d'interprétation du DGE et il me semble que nous, comme
législateurs, nous nous montrerions sérieux. Parce que, s'il y a
des motifs de désau-torisation, c'est parce qu'on tient à ce que
les partis politiques respectent les règles prescrites.
M. Gratton: Je vous donne l'exemple qui a eu cours en 1985. Le
parti des travailleurs, pour un vice de forme, tout le monde l'a reconnu,
n'avait pas réussi à obtenir un formulaire pour accréditer
un dixième candidat et il a perdu son autorisation. C'est bien cela, ces
gens avaient perdu leur autorisation.
M. Côté (Pierre-F. ): Vous avez raison, M. le
ministre.
M. Gratton: Et eux seraient privés pendant un an de
pouvoir être autorisés. Pourtant, je suis sûr qu'ils ont
probablement été autorisés en dedans d'un an après
les élections.
M. Côté (Pierre-F. ): Vous avez également
raison dans ce cas-là.
M. Gratton: Vous voyez, voici un exemple vécu où
même un an, cela crée problème. Il y a une injustice
à l'égard de ces gens-là. C'est le genre de chose que le
DGE, avec le libellé actuel, a pu justifier. Il a usé de sa
discrétion. Il a dit: II n'y a pas de méprise pour les... Mais
l'autre cas dont on parle, ce pourrait être différent. C'est pour
cela qu'essayer de baliser, on va toujours s'exposer à avoir une
situation qu'on n'avait pas prévue qui va nous revenir alors que,
présentement, avec la discrétion, il y a moyen au moins de
prendre en considération le particulier.
M. Côté (Pierre-F. ): Un seul commentaire, M. le
ministre. Dans le cas du parti des travailleurs, la discrétion me
semblait plus facile à exercer que dans les autres cas.
M. Gratton: Oui.
M. Gendron: Je comprends.
M. Gratton: C'est cela. Espérons que vous n'en avez pas
beaucoup de ces décisions à prendre.
M. Côté (Pierre-F. ): Dans une perspective d'avenir,
il y en a quelques-uns, oui.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Côté (Pierre-F. ): M. le Président, j'ai
des réflexions de mon adjoint qui m'amènent aussi à
réfléchir, comme dans le processus dans lequel on vit depuis
quelques jours. Je me demande si on ne pourrait pas vous produire quelques
notes là-dessus également parce qu'on pourrait peut-être
être amenés à arriver à certaines distinctions. Il y
a peut-être une nuance dans la proposition qu'on a faite. Je comprends
les raisons qui sont invoquées depuis cinq ans, et je pense que vous
n'avez pas tort, la période d'un an, où vous avez donné
l'exemple que cela se présentait. Par exemple, on pourrait graduer, on
pourrait avoir une latitude beaucoup plus clairement exprimée dans la
loi. En retenant votre idée de l'interprétation de l'article et
en le
formulant d'une façon où ce serait la liberté
d'interprétation ou d'application que j'aurai là-dedans serait
plus explicite qu'elle ne l'est présentement, c'est la suggestion que je
voulais vous faire. On pourrait avancer un peu dans notre conception.
M. Gendron: Dans ce sens-là, M. le Président, je
pense que s'il y avait une extension de la méprise... Là
où j'ai été frappé, vous aviez raison, quand le
législateur l'a mis dans la loi, il a probablement dit: Écoutez,
amener l'électeur à s'y méprendre sur le parti auquel il
destine sa contribution, c'était plus sur l'appellation que sur la marge
de manoeuvre. Mais il ne peut pas y en avoir beaucoup ailleurs, tel que
libellé là, que sur l'appellation. Il pourrait, dans un article,
y en avoir un peu plus qu'uniquement sur l'appellation. Là, le DGE, me
semble-t-il, serait un peu plus couvert. Je préférerais cela, M.
le ministre délégué à la Réforme
électorale, si c'était un peu plus souple, parce qu'on n'a pas
à se creuser les méninges pour prévoir les situations sur
lesquelles il y a lieu d'avoir une disposition concrète, mais la
méprise est plus grande, y incluant éventuellement
l'inquiétude que le DGE pourrait avoir sur un ou deux contributeurs qui
pourraient se faire avoir deux ou trois semaines après une
désautorisation. Le parti revient et demande la même chose mais
l'électeur ne l'a même pas su. La réserve serait
exprimée par le DGE et non pas par une disposition légaliste de
la loi.
S'il nous offre de nous présenter quelque chose, à un
moment donné, il faudra traduire cela en termes concrets.
M. Gratton: D'ailleurs, je suis moins gêné de vous
passer cette commande-là que certaines autres qu'on vous a
passées, parce que cela fait plusieurs qu'on vous passe au cours des
derniers jours. Effectivement, si vous pouvez nous fournir aussi
précisément que possible en termes de ce que pourrait dire la
loi, c'est sûr qu'on est prêt à considérer.
Le Président (M. Jolivet): Donc, on mettrait le sujet en
suspend.
M. Gratton: Mais oui, vous avez deviné, vous!
Le Président (M. Jolivet): Oui, hein? Je comprends
vite.
Est-ce que vous en fartes un autre sujet compte tenu de l'heure?
M. Gratton: On pourrait peut-être ajourner, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Ajourner sine die pour le
moment.
M. Gratton: Oui. Et peut-être expliquer pourquoi on ajourne
sine die sans avoir com- plètement épuisé les sujets en
discussion. Le fait demeure qu'il nous en reste une douzaine environ à
la liste III. Il reste un ou deux sujets à la liste IV, pas plus de six.
Évidemment, il y en a un certain nombre qui ont été
laissés en suspens qui nécessiteront des réflexions plus
approfondies et même des textes qui nous sont fournis tant par le
Directeur général des élections que par le
Secrétariat à la réforme électorale, de même
que les légistes du ministère de la Justice qui y sont
sûrement associés. Tout cela pour dire que quand on consulte les
horaires de chacun, on ne risque pas de revenir en commission parlementaire au
cours des deux ou trois prochaines semaines, ce qui est un minimum, de toute
façon, pour permettre aux personnes qui ont accepté des commandes
de tâcher de les remplir.
On va vous demander d'ajourner sine die, M. le Président et ce
n'est qu'en consultation avec l'Opposition et le député
indépendant de Gouin, de même qu'avec le Directeur
général des élections, il va sans dire, que nous fixerons
la prochaine séance de la commission. Cela pourra avoir comme effet,
compte tenu des contraintes, de perturber possiblement
l'échéancier qu'on s'était fixé et qui
prévoyait un aboutissement, c'est-à-dire l'adoption finale d'un
projet de loi amendant la Loi électorale avant l'ajournement des
fêtes mais, je tiens à l'indiquer, cela demeure notre objectif et
je pense que le leader de l'Opposition le souhaiterait aussi. Donc, on va
tâcher de faire en sorte qu'on puisse respecter cette date ultime. Cela
nous amène à souhaiter que la collaboration habituelle qu'on
obtient de tout le monde nous sera maintenue. Je n'irai pas jusqu'à
demander qu'elle soit accrue, c'est impossible, mais qu'on se situe dans cet
échéancier dans la mesure où c'est humainement
possible.
J'en profite d'ailleurs pour remercier le Directeur
général des élections et son personnel qui nous ont
été d'une aide appréciable au cours de nos travaux. Je
salue de façon particulière le personnel du Secrétariat
à la réforme électorale, sans qui je me sentirais bien mal
à l'aise. Je remercie également M. Hay et M. Gendron qui sont ici
et qui pourront retourner à leur travail de rédaction du projet
de loi.
M. le Président, à vous.
M. Gendron: M. le Président, une phrase. C'est sûr
qu'on aura sûrement l'occasion de faire les remerciements d'usage
à tout le personnel technique qui a été d'une assistance
absolument extraordinaire et collaboratrice, tant les gens du
secrétariat que le personnel de la DGE qui a eu l'amabilité de
nous entendre et inversement. Cependant, ce qui m'anime surtout à ce
moment-ci, c'est que je voudrais réitérer l'objectif de
l'Opposition. Le ministre délégué à la
Réforme électorale souhaite que les éléments de
réforme sur lesquels un comité de travail a
réfléchi assez longuement, à plusieurs séances de
travail, indépendamment de l'analyse objective ou subjec-
tive de l'évolution de nos travaux qui peut être faite par
des tiers, il me semble que ce rafraîchissement de la Loi
électorale est devenu nécessaire, utile et opportun. On devrait
souhaiter que tout soit mis en oeuvre pour que, à la prochaine session,
le tout soit concrétisé et traduit dans une loi. Soyez
assuré de la collaboration de l'Opposition pour le faire. Est-ce qu'on
le fera de la manière souhaitée par le ministre
délégué à la Réforme électorale? Cela
fait partie de nos débats, mais on souhaite que des choses soient
faites.
M. Gratton: Je n'en ai jamais douté, M. le
Président. D'ailleurs, je termine en remerciant tous les membres de la
commission de leur assiduité et de leur intérêt. Avez-vous
un billet d'avion encore ce soir? Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 50)