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(Quinze heures treize minutes)
Le Président (M. Kehoe): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des institutions reprend ses travaux. Son mandat est de
procéder à l'étude du projet de loi 86, Loi sur
l'organisation policière et modifiant la Loi de police et diverses
dispositions législatives.
Je demanderais à la secrétaire d'annoncer les
remplacements.
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Filion
(Taillon) est remplacé par M. Dufour (Jonquière), M. Jolivet
(Laviolette) par M. Claveau (Ungava) et M. Marcil (Beauharnois) par Mme Pelchat
(Vachon).
Le Président (M. Kehoe): Lorsque nous avons ajourné
les travaux, nous en étions à des motions préliminaires.
Je vous demande si vous avez d'autres motions préliminaires, avant
d'entreprendre l'étude de l'article 1. M. le député,
avez-vous d'autres motions préliminaires?
M. Marx: Non, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Encore une fois, est-ce qu'il y a
d'autres motions?
M. le député d'Ungava, il y avait une motion devant la
commission; mais le temps était écoulé. Est-ce que vous
avez d'autres motions?
M. Claveau: On peut tout de suite s'attaquer au premier article
si vous n'avez pas d'objection, M. le Président.
Institut de police du Québec Constitution et
organisation
Le Président (M. Kehoe): Au contraire. J'appelle l'article
1.
M. Marx: Je n'ai aucun commentaire, M. le Président. C'est
seulement: "Est Institué l'Institut de police du Québec. "
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
M. Claveau: Est-ce que... On a quand même droit à
quelques petites questions. Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
rapidement la différence qu'il va y avoir entre ce nouvel institut de
police et celui qui existe actuellement à Nicolet?
M. Marx: C'est-à-dire que l'Institut, tel que prévu
par le projet de loi, devient une corporation autonome comme un cégep.
C'est le seul changement.
M. Claveau: D'accord. On va préciser plus tard, je
suppose, la façon dont va être composé le conseil
d'administration et tout cela...
M. Marx: Exact.
M. Claveau: L'endroit où l'institut va être
localisé et...
M. Marx: C'est cela. Tout le titre I, qui porte sur l'Institut de
police du Québec, c'est pour faire de l'institut de police une
corporation. C'est à la demande même des directeurs
généraux et de tous ceux qui sont impliqués dans
l'Institut de police.
M. Claveau: Oui, mais je suppose que s'il y a eu des demandes
semblables et si vous en arrivez à la conclusion que vous devez
modifier, en fait, la structure corporative ou la corporation de l'Institut de
police, c'est pour améliorer les choses, pour que ç'a aille
mieux. Alors, à partir de quoi... Est-ce qu'il y a quelque chose, au
moment où l'on se parle, qui fait que cela fonctionne vraiment mal et
que vous êtes obligés d'en changer la structure corporative?
M. Marx: C'est pour donner une flexibilité à
l'institut afin qu'il puisse faire des contrats, embaucher du personnel et
avoir cette autonomie administrative qu'on a donnée à d'autres
institutions: tous les cégeps, l'institut de l'hôtellerie, je
pense que même le musée de la Civilisation a un statut autonome.
Alors, on suit ce qu'on a fait pour d'autres organismes de ce genre.
M. Claveau: De qui relève l'Institut de police
actuellement? Comment est-ce que ça fonctionne?
M. Marx: Actuellement, c'est - comment dirais-je? - une
institution qui fait partie du ministère.
M. Claveau: C'est une Institution qui fait partie du
ministère?
M. Marx: Du ministère, oui. Cela veut dire que ça
fait partie du ministère. À l'article 90 de la Loi de police
actuelle, on dit: "Une institution de formation policière est
établie au ministère du Solliciteur général sous le
nom de l'Institut de police du Québec. " Donc...
M. Claveau: Donc, actuellement, les programmes de l'Institut de
police, enfin, tout ce qui s'y fait, l'administration et tout, relève
directement du ministère.
M. Marx: Plutôt, oui.
M. Claveau: Plutôt?
M. Marx: En faisant l'étude article par article, vous
allez voir que le ministre ou le ministère va avoir encore un certain
pouvoir sur l'Institut. Par exemple, l'article 24 prévoit que le
ministre peut donner des directives portant sur les objectifs et les
orientations de l'institut, directives qu'il faut toutefois faire approuver par
le gouvernement et ainsi de suite. Mais, en général, cela devient
une corporation avec une certaine autonomie, comme dans la Loi sur l'Institut
de tourisme et d'hôtellerie du Québec, loi que nous avons
adoptée le 15 juin 1988.
M. Claveau: D'accord. Mais, actuellement, vous dites que
l'Institut de police relève du ministère. Cela veut donc dire
qu'il y a déjà des gens du ministère, du personnel qui est
affecté à la gestion ou à la gérance de l'Institut
de police. Est-ce que le personnel qui y travaille actuellement va être
automatiquement transféré à la corporation?
M. Marx: Oui. oui.
M. Claveau: Tout le personnel, y compris le personnel du
ministère?
M. Marx: Oui. Il y a un article de transition à la fin du
projet, l'article ou les articles 233 et 238, non?
M. Claveau: Qui se réfèrent...
M. Marx: C'est cela. Le ministère... Qui se
réfèrent... Ce sont des dispositions transitoires. C'est
évident qu'on a besoin des gens de l'institut qui sont là
maintenant. Il faut les garder en place.
M. Claveau: L'article 238 se réfère... M. Marx:
C'est difficile d'aller à la fin. M. Claveau: D'accord,
mais...
M. Marx: Je n'ai pas d'objection à faire une discussion
générale.
M. Claveau: Je comprends. Je veux tout simplement essayer d'en
saisir la pertinence, voir comment ça va se faire en gros. Si on en
discute tout de suite, il y a des chances qu'on se comprenne en avançant
dans l'étude des articles.
M. Marx: D'accord, pas de problème.
M. Claveau: Ce que vous nous dites en réponse, ça
se réfère au personnel permanent, les gens qui sont
engagés au ministère, etc. En ce qui a trait plus
précisément au conseil d'administration de l'Institut de police,
il y a des bénévoles, des gens qui forment un conseil et qui ne
sont pas là à temps plein, qui travaillent ailleurs. Est-ce
qu'ils vont être transférés automatiquement au conseil
d'administration de la nouvelle corporation que vous créez? Quelles
seront toutes les conditions inhérentes à l'exercice des
tâches du nouveau conseil d'administration?
M. Marx: Premièrement, le conseil d'administration sera
changé. Sa composition est changée. Le nouveau conseil aura plus
de membres, c'est-à-dire que ça va refléter davantage les
milieux intéressés par l'institut. Par exemple, à
l'article 4 du projet de loi, on prévoit douze membres. Dans la loi
actuelle, l'institut est dirigé par un conseil formé du ministre
ou de son représentant, qui le préside, et d'au plus six autres
membres nommés par le gouvernement. Donc, un conseil formé de
sept membres, mais dirigé par le ministre.
Maintenant, l'institut sera administré par douze personnes, dont
la liste apparaît à l'article 4. Il y aura douze personnes au lieu
de six, et on précise d'où viennent ces membres du conseil
d'administration. Dans la loi actuelle, ce sont six membres nommés par
le gouvernement. Le gouvernement peut nommer six policiers ou six directeurs de
service, de corps de police. Mais en vertu de la nouvelle loi il faut qu'il y
ait deux personnes des milieux socio-économiques deux personnes des
syndicats de policiers, et ainsi de suite. Il y aura donc une meilleure
répartition des membres, et ce sera plus représentatif.
Au titre I, Institut de police du Québec, on a repris ce qu'il y
avait dans l'avant-projet de loi qu'on a déjà
déposé il y a un an et demi.
M. Claveau: II y a une chose qui me préoccupe dans tout
ça. Je veux bien qu'on fasse les structures les plus
démocratiques, les plus représentatives possible, mais il reste
que, dans le cas de l'Institut de police en particulier, on s'adresse à
une clientèle très précise qui a une formation très
précise, une formation hautement spécialisée et dont les
programmes relèvent d'experts. Vous allez peut-être trouver mon
exemple un peu... En tout cas, j'espère que le président ne me
dira pas que je suis hors du sujet, mais ça me fait un peu penser
à une compagnie, comme General Motors, qui a sa propre école pour
former ses mécaniciens et qui dit: On veut avoir des gens qui
répondent précisément à ce qu'on veut avoir comme
mécaniciens; donc on prend des gens qui ont une formation de base, mais
on les envoie compléter leur formation. Cela relève
spécifiquement des besoins d'une compagnie par rapport à un
rendement bien précis dans un domaine très précis. C'est
ça qu'on veut.
Dans le fond, l'Institut de police est là pour former des
policiers les plus compétents possible, les plus honnêtes
possible, les plus près
possible des aspirations des citoyens quant à ce que doit
être un policier. D'abord et avant tout, ce n'est pas une école de
formation générale, ce n'est pas un cégep ni une
université où tout le monde peut s'en mêler et où on
peut avoir toutes sortes de visions. Dès qu'on a francchi le processus
de sélection pour entrer dans la police, soit les différentes
étapes, en commençant par courir autour du gymnase jusqu'à
la huitième étape, si je ne m'abuse, les entrevues
particulières, il y a une démarche de faite, une sélection
est faite. Les gens qui sont rendus à la dernière étape,
avant de sauter à l'Institut de police, savent dans quoi ils
s'embarquent; ils savent où ils vont. Il me semble que la partie de la
formation spécifique d'un policier, qui dure six ou sept mois - on parle
de la structure de la Sûreté du Québec, cela peut
être différent dans une municipalité - c'est quelque chose
de très technique, de très précis. C'est une formation
très particulière.
Tout en étant un fervent défenseur de la participation
démocratique à l'intérieur de cela, je ne vois pas en quoi
le fait d'y introduire les milieux socio-économiques - le syndicat des
policiers, c'est peut-être un peu plus compréhensible - en quoi
une démocratisation, en quoi le fait de recopier l'exemple, le principe
ou la façon de fonctionner d'un cégep ou d'une université
peut améliorer quelque chose dans la formation comme telle du policier.
C'est probablement ailleurs dans la structure qu'on devrait avoir plus de
démocratisation ou plus de participation des différentes couches
socio-économiques plutôt que dans la formation spécifique
d'un policier, former quelqu'un qui a l'intention de devenir policier et finir
par en faire un excellent policier qui sera capable de gérer ou de
travailler à l'application des lois d'une façon raisonnable et
acceptable pour l'ensemble de notre société.
M. Marx: Au conseil d'administration, il y aura, bien sûr,
le directeur général de la Sûreté du Québec,
le directeur du Service de police de la Communauté urbaine de
Montréal, un autre directeur d'un service de police, des membres des
syndicats, des élus municipaux, donc, tout le monde qui a un certain
intérêt. Ce n'est pas mauvais d'avoir deux personnes provenant des
milieux socio-économiques. La Commission des droits de la personne, si
je me souviens bien, a demandé qu'il y en ait plus de deux. Vous allez
en demander plus de deux et d'autres vont en demander moins de deux. On a
nommé aussi au conseil d'administration le sous-ministre de la
Sécurité publique ou son représentant et le sous-ministre
de l'Enseignement supérieur et de la Science ou son
représentant.
Donc, on a essayé de nommer au conseil d'administration des gens
qui proviennent de tous les milieux, qui sont aussi Intéressés,
aussi des personnes des milieux socio-économiques. Dans près
cela. SI vous me disiez qu'il faut en ajouter un d'un autre milieu, en enlever
un, changer cela comme ça, il n'y a pas de fin à une telle
discussion.
M. Claveau: Ce n'est pas là qu'est le problème,
à mon avis. En modifiant sa structure, à mon humble point de vue,
le ministre ne règle pas les problèmes.
M. Marx: Mais c'est sûr, je ne vois pas à
régler le problème à l'article 2. C'est plus loin que je
règle les problèmes.
M. Claveau: Non, mais il faut s'entendre sur la
redéfinition de l'Institut de police que vous avez à l'article 1.
Ensuite, on peut voir si ce qui vient par après qui gérera ce
nouvel institut cela vaut la peine d'en discuter ou non. Si on convainc le
ministre de retirer son article 1, le reste n'a plus de valeur en soi. Dans le
fond, l'Institut de police, c'est un élément dans la structure
qui permet de former les policiers. On ne va pas là quand on veut faire
un cours en lettres ou en arts plastiques.
M. Marx: Pour devenir poète, ce n'est pas
nécessaire d'aller là.
M. Claveau: II n'y a pas différents programmes, il n'y a
pas différentes alternatives. On va là quand on veut devenir
policier et, quand on veut devenir policier, on doit répondre à
des critères bien précis. Si le ministre veut régler le
problème d'un conseil d'administration, qui peut être assez flou
et parfois difficile à coordonner dans la mesure où ce sont des
gens à temps partiel, par exemple, des bénévoles, mais qui
ont tous des intérêts particuliers, qui travaillent ailleurs dans
d'autres contextes et qui auront des visions différentes... Je le
comprends dans le contexte d'une université régionale où
c'est très compréhensible que l'on prenne des gens des milieux
socio-économiques, des administrateurs, des professeurs, tout le monde,
parce que l'université a une vocation d'intervenant à peu
près à tous les niveaux de développement des programmes,
dans tous les secteurs de niveau régional. C'est compréhensible
dans ce domaine. Là, on parle de quelque chose de plus précis.
(15 h 30)
Alors, on se demande si le ministre ne devrait pas, plutôt que de
changer la charte... Au départ, cela n'apporte rien de nouveau dans la
formation qui va permettre de s'assurer qu'un policier sera mieux formé
qu'il ne l'était avant, de changer la composition du conseil
d'administration, doubler le nombre de personnes au conseil d'administration en
multipliant les intérêts qui y seront représentés.
Tout ce qui risque d'arriver, c'est probablement encore de diluer les
responsabilités de chacun, faisant en sorte que personne ne sera
intéressé de répondre
police de la CUM ou le directeur de la Sûreté du
Québec ou le représentant, je ne sais pas, des ex-prisonniers qui
y est nommé, il reste que ce sont des gens qui vont y aller avec des
Intérêts particuliers. Ils ne vont faire cela que dans la mesure
où il y aura un conseil d'administration qui sera convoqué et qui
ira débattre leur point de vue. Mais on n'a pas un groupe qui aura
à répondre spécifiquement du fonctionnement de l'Institut,
qui va avoir à être responsable et à rendre des comptes au
ministre. Plus on augmente le nombre de personnes là-dedans, plus on
risque de diluer le problème.
Le ministre aurait probablement avantage à former un
comité exécutif de trois ou quatre personnes compétentes,
qui connaissent cela, la police, qui connaissent les relations avec les
citoyens, qui ont une longue expérience en tant que juriste ou
responsable de structures policières ou en tant que maire, par exemple,
qui ont géré pendant des années et des années des
corps de police dans leur municipalité avec tous les problèmes
qu'on connaît. De nommer trois ou quatre personnes avec lesquelles on
sera capable d'identifier les responsabilités. À ce
moment-là, on peut s'assurer qu'on aura des programmes faits en fonction
des besoins, avec des gens qui seront capables de répondre de leurs
gestes, de leurs décisions, Intégralement, sans se cacher et
diluer leurs décisions à travers d'autres considérations,
d'assurer la formation et le suivi des policiers, de s'assurer le
développement de programmes efficaces, par exemple, pour le recyclage de
policiers dans les municipalités, de programmes fonctionnels selon les
différents milieux. Je sais qu'un policier qui travaille à
Matagami n'a pas tout à fait le même problème ou la
même façon de travailler qu'un policier qui travaille au
centre-ville de Montréal. Alors, il y a des programmes modulés
qui peuvent être mis en place, selon les choses.
Mais cela, ce n'est pas un conseil d'administration... Ce n'est pas
parce qu'on met au conseil d'administration d'une nouvelle corporation des
représentants des milieux socio-économiques qu'on va
régler ce problème-là. Il nous faut des gens capables de
répondre de leurs actes, qui soient totalement responsables des
décisions qui seront prises et qui devront rendre des comptes au
ministre. Dans ce sens-là, ce n'est pas nécessairement en
changeant la structure et la charte de l'Institut de police qu'on va avoir de
meilleurs policiers ou qu'on va augmenter la qualité et la
compétence des formateurs, des gens qui vont donner des cours aux
policiers, etc. Cela peut arriver, mais ce n'est pas une condition sine qua
non. Une condition probablement beaucoup plus Intéressante, c'est de
responsabiliser au maximum les gens qui auront la gérance et
l'administration. Pour cela, ce n'est pas en doublant le nombre de responsables
et en diluant cela dans toutes sortes de milieux d'intervention qu'on va
régler le problème. Je pense qu'au contraire on aura deux ou
trois fois plus de problèmes qu'avant. Il faut des gens responsables et
un petit comité exécutif de trois ou quatre personnes à
l'intérieur de la structure actuelle pourrait très bien permettre
au ministre d'arriver à ses fins, sans avoir à tout chambarder et
sans avoir à augmenter les coûts de fonctionnement d'un conseil
d'administration.
M. Marx: M. le Président, il faut comprendre que le
conseil d'administration ne va pas siéger chaque jour ou chaque mois.
Par exemple, à l'article 8, on dit: "Les membres du conseil
d'administration doivent se réunir au moins une fois tous les trois
mois. " Donc, on peut prévoir que le conseil d'administration
siégera quatre, peut-être cinq fois par année.
Je pense que la question du député est très
valable. En effet, quand on va arriver à l'article 4. on va voir
rénumération déjà. On dit à l'article 4: Le
sous-ministre de la Sécurité publique - je pense que c'est une
personne importante pour le conseil d'administration - le sous-ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Il est aussi Important, parce
qu'il y a des liens à faire avec le ministère de l'Enseignement
supérieur puisque les gens qui vont à l'Institut de police ont
fait un cours de techniques policières; donc, M y a un lien à
faire avec les cégeps. On mentionne aussi le directeur
général de la Sûreté du Québec, qui est l'une
des personnes expertes, comme vous l'avez souligné; le directeur du
SPCUM, une autre personne, deux élus municipaux. Là, cela peut
être un maire, des conseillers municipaux, des gens, comme vous l'avez
souligné, qui connaissent les problèmes policiers dans leur
municipalité. Aussi, il y a des gens qui viennent des syndicats ou des
associations de policiers. Ils ont un certain Intérêt en ce qui
concerne la formation de leurs futurs membres. Il y a deux personnes qui
viennent du milieu socio-économique; cela veut dire deux personnes qui
ont un intérêt, mais qui ne viennent pas d'un de ces groupes que
J'ai nommés. Enfin, il y a le directeur général de
l'Institut de police, qui est un membre de la Sûreté du
Québec qui était prêté par l'Institut de police,
à contrat.
Donc, il va y avoir douze membres. Cela arrive, dans ces conseils
d'administration, que tout le monde n'est pas disponible pour chaque
réunion. Peut-être qu'il y en aura onze ou dix, quelqu'un est en
vacances. Quand on va faire l'étude article par article, M. le
Président, les députés vont voir qu'on a répondu
dans une large mesure aux demandes du député d'Ungava. Je ne peux
pas dire que cela coïncide à 100 % avec ce qu'il a
suggéré, mais à 95 %.
Il ne faut pas faire tout un débat sur un conseil
d'administration. Vous allez suggérer un nom, un autre va en
suggérer un, un troisième va avoir une autre idée. Faut-il
avoir neuf, dix, douze, treize, quatorze ou vingt-cinq membres? Ce qu'on a
proposé fait l'affaire des milieux. Nous avons consulté tout le
monde. Je ne dirais
pas que tout le monde est heureux. Les municipalités veulent
avoir un autre membre, les milieux socio-économiques cinq autres
membres. La Commission des droits de la personne nous propose d'autres
personnes, et ainsi de suite. Mais en parlant à tout le monde vous allez
voir qu'on répond à vos demandes.
Il y a aussi les articles 12 et 13 du projet de loi. Il y a un directeur
général qui est responsable de la gestion de l'Institut. Cela
prend une personne responsable de la gestion. Et il y a aussi des membres du
personnel qui viennent souvent des corps de police et qui sont à
contrat. Donc, en général, cela devrait aller, quoiqu'il puisse y
avoir d'autres idées ici et là.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Merci, M. le Président. J'aimerais demander au
ministre si l'institut va rester à Nicolet. Je sais qu'il y a des
pressions.
M. Marx: il va rester à Nicolet parce que le
député de Mercier vient de la région et on n'a pas...
M. Godin: Je sais que vous aimez beaucoup ma région,
effectivement, dont ma collègue, la ministre des Affaires culturelles et
vice-première ministre est également originaire. Nous savons,
pour lire les journaux de la région et pour fréquenter
certains... Également, je peux vous dire que la Fraternité des
policiers de Montréal est dans mon comté. Je les rencontre
souvent. Certains policiers voudraient que, tranquillement, l'institut se
glisse vers Montréal et les grands centres. Par ailleurs, nous savons
que les gens de la région de Nicolet estiment que pour eux, c'est une
industrie importante. Cela veut dire des emplois, de l'argent qui roule.
J'aimerais que le ministre, au-delà de ses blagues amicales comme
d'habitude, puisse nous dire son opinion quant à l'avenir de
l'implantation d'un institut à Nicolet ou non.
M. Marx: J'ai déjà pris l'engagement quand je suis
allé à l'institut. J'ai dit: Durant mon mandat, on ne va pas
déménager ailleurs quoi que ce soit de Nicolet. Je pense que
c'est l'intention...
M. Godin: Du gouvernement.
M. Marx:... du gouvernement de ne pas déménager
l'institut. Aussi, le député de Nicolet, comme vous, ne permettra
pas, si je peux m'exprimer de cette façon, de déménager.
On n'a aucune intention de déménager l'institut. Personne n'a
soulevé...
M. Godin: Est-ce que le ministre sait quand son mandat se
termine, M. le Président?
M. Marx: Pardon?
M. Godin: Est-ce que le ministre sait quand son mandat se
termine? Nous sommes dans l'imprévisible, à ce
moment-là.
M. Marx: C'est cela. Je ne peux pas juste m'engager pour
moi-même, j'essaie de prendre des engagements pour mes successeurs. Donc,
si vous vouiez, je vais m'engager jusqu'à la fin du siècle pour
moi-même et mes successeurs.
M. Godin: Cela dépend...
M. Marx: Les gouvernements changent et les idées changent,
mais on n'a pas l'intention de déménager l'institut.
M. Godin: Nous en...
M. Marx: Cela fonctionne bien là et on y a investi
beaucoup d'argent.
M. Godin: J'en sais gré au ministre. Cela répond
à ma question. On y reviendra de toute façon à l'article
3.
Le Président (M. Kehoe): D'accord. Est-ce que l'article 1
est adopté?
M. Claveau: J'aurais juste un petit commentaire sur les derniers
propos du ministre. Dans la mesure où il a essayé de
réduire mon intervention à une simple composition du conseil
d'administration, je voulais juste préciser que ce n'était pas
là la portée de mes propos. J'ai posé des questions au
ministre sur la pertinence de changer la corporation ou de créer une
corporation, de changer la structure corporative de l'institut de police. Je
donnais comme exemple le conseil d'administration qui n'est pas
nécessairement une garantie que les policiers vont être mieux
formés, que ies programmes vont être meilleurs, etc., d'autant
plus que dans le projet de loi on ne retrouve pas non plus une structure
hiérarchique précise à partir du directeur
général. À qui le directeur général
répond-il? Comment? Il répond au conseil d'administration, oui,
avec un président qui peut changer tous les ans en vertu de l'article 5
qui dit qu'on peut réélire annuellement un nouveau
président. Bon, un jour, on va avoir un président qui va
être un directeur de police. Une autre fois, on va avoir un
président qui peut être un socio-économiste, après
cela, ça peut être un sous-ministre. C'est bien différent
de pouvoir donner une structure précise de responsabilités
à partir du directeur général. En fin de compte, on risque
de se retrouver devant un genre de directeur général
omniprésent, omnipotent qui ne répondra que d'une façon
théorique à un conseil d'administration qui n'aura pas la
possibilité de lui en imposer. En fin de compte, il pourra toujours
aller ailleurs dans la structure de l'administration de la justice se
faire appuyer ou pour prendre des décisions.
D'ailleurs, on vit et on a vécu le même principe à
bien des égards dans certaines constituantes des universités du
Québec où on se rendait compte que le directeur
général, finalement, gérait tout, à tel point que
dans des constituantes de l'Université du Québec le conseil
d'administration n'était même pas au courant des salaires et des
conditions de déplacement, par exemple, des employés parce que
c'est le directeur général qui gérait tout et qu'il y a un
certain laxisme qui s'établit avec le temps. C'est le danger de la
structure qu'on a entre les mains. Sans être nécessairement contre
le principe de changer l'incorporation, bon, on change quatre trente sous pour
une piastre, finalement. On reste au même niveau et il n'y a aucune
garantie supplémentaire quant aux structures décisionnelles, aux
structures de pouvoir, à la façon de fonctionner, à la
qualité des cours. Cela n'amène rien de neuf. Tout ce qui
pourrait être fait comme améliorations peut être fait
à l'intérieur de la structure actuelle. Donc, on change quatre
trente sous pour une piastre. Dans la mesure où on n'est pas perdant, on
ne peut pas être nécessairement contre. Mais, encore là,
c'est une manoeuvre qui nous semble inutile dans la mesure où il n'y a
aucune garantie supplémentaire qui apparaît avec cela.
M. Marx: Je conviens avec le député que c'est un
échange de monnaie, mais c'est un échange de monnaie
nécessaire. C'est nécessaire. Pour l'efficacité de
l'institut, ce serait souhaitable d'avoir une corporation autonome en ce qui
regarde l'administration, la gestion. Maintenant, s'ils veulent acheter quelque
chose pour 15 000 $, cela prend toute la paperasse et tout cela. Je pense que
c'est l'échange de quatre trente sous pour une piastre en or. Ha, ha,
ha!
M. Claveau: Si le prix de l'or baisse, vous allez vous retrouver
en-dessous. Ha, ha, ha! Non, mais vous confirmez mes craintes dans la mesure
où, actuellement du moins, le directeur général doit
répondre devant le ministère, devant le ministre de ses faits et
gestes alors que, là, il va avoir à répondre devant un
conseil d'administration qui...
M. Marx: Non, mais...
M. Claveau:... a une structure bien précise, mais dont les
rôles sont plus ou moins flous et dont le président peut changer
continuellement, annuellement. (15 h 45)
M. Marx: C'est comme cela à la Banque Royale du Canada
aussi. Mais...
M. Claveau: Ah! mais par rapport à des
intérêts bien précis!
M. Marx:... à Bombardier, à Canadalr, dans tous les
cégeps, à l'université. Si le député veut me
dire que le titre I du projet n'est pas la trouvaille du siècle, Je suis
tout à fait d'accord, je ne me prends pas pour un autre. Je dois vous
dire que c'est de l'administration pure, il n'y a pas de grandes idées
dans la première partie de ce projet de loi. Quand on va arriver
à la deuxième partie, je pense qu'il y aura des choses plus
fondamentales, mais, ici, il n'y a rien de fondamental, c'est de
l'administration pure. Si vous me dites qu'il faut changer ça pour
ça, la virgule est à la mauvaise place, il faut mettre un point,
c'est de l'administration, et tout ce qu'on fait, c'est donner suite aux
demandes.
Votre gouvernement, il y a trois ans, aurait fait à peu
près la même chose, parce que c'est de l'administration pure, il
n'y a pas de grandes idées dans les articles 1 à 34. À
l'article 34, on dit: "Le rapport du vérificateur doit accompagner le
rapport annuel de l'institut". Je pense que je n'ai rien inventé
à l'article 34. Tout ce que je peux dire, c'est que ce sont des articles
d'ordre administratif. On a essayé de donner suite aux demandes du
milieu, du directeur général de l'institut, on essaie de rendre
l'institut plus efficace, plus autonome mais, en ce qui concerne le fond, ce
n'est pas avec cette loi qu'on va changer les cours donnés, je suis tout
à fait d'accord avec vous. Ce n'est pas la loi qui va changer la
formation, mais on va avoir un conseil d'administration qui reflète
mieux les milieux intéressés par les études données
et ainsi de suite.
M. Claveau: Je peux dire, M. le Président, que la
trouvaille du siècle, le ministre pensait peut-être l'avoir dans
son avant-projet de loi en le baptisant l'institut supérieur de
technologie policière, mais il est revenu sur sa décision,
finalement.
M. Marx: C'est parce que je n'ai pas voulu trop choquer le
député d'Ungava avec une... Parce que juste changer le titre peut
amener un débat de quinze heures, donc, j'ai essayé de
restreindre le débat en ne changeant pas le titre.
M. Claveau: Vous m'en voyez flatté, M. le ministre.
Le Président (M. Kehoe): L'article 1 est-il
adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 2.
M. Marx: L'article 2, c'est de lui donner le statut juridique
d'une corporation.
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
M. Claveau: J'ai demandé la parole, je peux prendre mes 20
minutes en silence.
Une voix: II n'y a pas de problème.
M. Marx: M. le Président, il faut dire clairement, pour
que les gens autour de la table comprennent, que ce n'est pas le dossier du
député d'Ungava, c'est celui du député de
Jonquière qui ne peut pas être ici avec nous cet après-midi
et ce soir. On apprécie que son substitut soit le député
d'Ungava. Cela peut prendre un peu plus de temps, mais on est prêt...
M. Claveau: M. le Président, il faut bien comprendre que,
quand II s'agit de fonds publics, ce n'est pas le dossier d'un ministre ou
celui d'un autre, c'est le dossier de tout le monde et c'est le dossier de tous
les représentants de cette Assemblée nationale. Je reprendrai une
réplique que le ministre de l'Agriculture m'avait faite un jour, en
Chambre, parce que j'avais fait un discours sur l'agriculture et il m'avait
dit: Je ne comprends pas que le député d'Ungava parle
d'agriculture parce que, dans son comté, il n'y en a pas d'agriculteurs.
C'est vrai, mais en tant que gestionnaire des fonds publics, en tant
qu'élu pour légiférer en cette Chambre, les dossiers
n'appartiennent pas à un député, et même la loi,
à compter du moment où elle est déposée en Chambre
et étudiée en commission parlementaire, elle n'appartient plus au
ministre; elle appartient au Parlement, à l'ensemble des élus.
Lorsqu'on siège en commission parlementaire pour étudier un
projet de loi, on ne siège pas en tant que membre d'une formation
politique, mais comme parlementaire élu. Nous sommes tous égaux,
avec les mêmes droits.
M. Marx: J'ai voulu dire que le député d'Ungava, M.
le Président, n'est pas le critique officiel de l'Opposition en
matière...
M. Claveau: Ah! c'est plus précis! M. Marx: C'est
ce que j'ai voulu dire. M. Claveau: C'est plus précis.
Le Président (M. Kehoe): Avec ces explications
données, est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Claveau: J'aimerais savoir ceci, M. le Président, par
rapport à l'article 2. La dernière phrase qui dit que l'institut
"n'engage que lui-même lorsqu'il agit en son nom". C'est probablement
normal que l'institut agisse en son nom, mais est-ce que cela fait
référence à la première partie de la phrase,
où l'on dit: "... mandataire du gouvernement. Ses biens font partie du
domaine public, mais l'exécution de ses obligations peut être
poursuivie sur ses biens". Est-ce que cela veut dire que l'institut peut
engager des fonds ou des dépenses ou s'entendre sur certains programmes
qui pourraient être coûteux et que, si le gouvernement refuse,
à ce moment-là, on dit: C'est dommage, mais vous ne parlez qu'en
votre nom et non pour le gouvernement?
M. Marx: Cela veut dire qu'à titre de
député, M. le Président, vous ne pouvez pas engager mes
biens. Vous pouvez engager vos biens et je pense que c'est tout à fait
normal. Il y a aussi l'article 19 qui dit que l'institut ne peut, sans
l'autorisation du gouvernement, faire un certain nombre de choses. Donc, il
faut lire l'article 2 avec les articles 19 et 20.
M. Claveau: Est-ce que dans d'autres lois où on
détermine ou identifie une institution ou une corporation comme
mandataire du gouvernement on précise la même chose, qu'elle
n'engage qu'elle-même lorsqu'elle agit en son nom? On voit, par exemple,
dans la Loi sur la bibliothèque nationale du Québec, à
l'article 3, qu'elle est aussi mandataire du gouvernement, etc., mais on n'y
spécifie pas qu'elle ne parle que pour elle-même.
M. Marx: Dans la Loi sur l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec, c'est écrit: "L'Institut n'engage
que lui-même lorsqu'il agit en son nom. " Donc, on a pris cela dans la
loi et vous avez voté en faveur de la Loi sur l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec; vous avez voté cet article. Il n'y
a pas de raison de s'abstenir aujourd'hui. C'est la logique pure, mais je ne
sais pas si nous sommes dans la logique ici.
M. Claveau: Bien, écoutez, nous sommes devant un cas un
peu semblable à celui dont nous avons discuté hier, alors que le
même ministre, dans deux lois différentes
présentées, en même temps devant le Parlement, donne deux
définitions complètement différentes du conjoint de fait.
Dans deux lois qui relèvent du même ministre,
présentées en même temps, on a deux définitions
différentes du conjoint de fait. Alors, quand on nous parle de logique,
M. le Président, il faudrait que ces gens commencent d'abord par se
regarder eux-mêmes pour savoir où l'on s'en va.
Nous demandons: Est-ce qu'il y a une logique qui veut s'établir
ou une mécanique qui s'établit dans le gouvernement, que l'on va
retrouver partout, qui fera en sorte qu'à l'avenir tous les organismes
mandataires du gouvernement auront dans leur loi une clause de ce genre qui dit
qu'ils n'engagent qu'eux-mêmes lorsqu'ils parient en leur nom?
M. Marx: Je ne peux m'engager pour le...
M. Claveau: Au moment où l'on se parle, ce n'est pas le
cas.
M. Marx: Non. Dans cette loi. c'est la même chose que dans
la loi sur l'Institut d'hôtellerie. Je ne peux parler pour d'autres lois;
je peux m'engager, mais cela ne veut rien dire.
M. Claveau: M. le ministre, en tant qu'ancien jurisconsulte,
président du comité de législation du gouvernement, vous
devez avoir une opinion là-dessus. Si le comité de
législation accepte dans un cas que l'on Introduise une clause semblable
dans un article et que, pour une autre corporation, une autre institution,
mandataire elle aussi du gouvernement, on ne le met pas, comment voulez-vous
que nous, qui avons à étudier ces projets de loi comprenions la
logique, alors que vous, comme ancien jurisconsulte, n'êtes même
pas capable de nous l'expliquer, vous qui devez être l'éminence
grise de la législation québécoise?
M. Marx: A cela je vais répondre, M. le Président,
que cela ne relève pas du comité de législation. Cela
relève du Conseil des ministres. Le mémoire a été
approuvé par le Conseil des ministres et cela peut varier d'un
mémoire à l'autre. Le comité de législation n'a pas
la responsabilité de faire la coordination, la conciliation sur le fond.
Le mandat du comité de législation, tel que défini dans
les décrets successifs du gouvernement, est de faire en sorte que la
législation respecte...
M. Claveau: Une certaine cohérence.
M. Marx:... les recommandations du Conseil des ministres. Ici, je
suis sûr qu'on a respecté les recommandations.
M. Claveau: Mais le comité de législation doit
aussi voir à ce qu'il y ait cohérence dans la façon de
légiférer et s'assurer qu'il n'y ait pas de contradiction.
M. Marx: Si vous voulez me dire que le comité de
législation a failli à sa tâche, si c'est là le
mandat du conseil de législation depuis des dizaines d'années, je
suis d'accord. Comme vous l'avez bien dit, il n'y a pas toujours une
concordance parfaite entre différentes lois. Quand j'étais dans
l'Opposition, j'ai souvent critiqué le gouvernement pour
l'Incohérence dans certaines lois.
M. Claveau: On suppose qu'étant...
M. Marx: Maintenant, quand je fais la critique, je ne fais pas
cela publiquement; je le fais en privé au Conseil des ministres. Mais je
ne dirai pas qu'il y a une concordance parfaite entre nos lois, nos
règlements, nos règles et ainsi de suite. J'aimerais que vous me
nommiez un gouvernement où c'est parfait, un Parlement où c'est
parfait. C'est plus partait Ici qu'ailleurs depuis quelques années
maintenant.
M. Claveau: Est-ce que le ministre, qui doit être
très Intéressé par ces choses, peut nous expliquer en
quoi cela ajoute au texte? Qu'est-ce que cela apporte de neuf? Qu'est-ce que
précise dans l'article de loi le fait que l'on dise que le mandataire ne
s'engage que pour lui-même lorsqu'il agit en son nom? Pourquoi, si c'est
Important dans le cas de certains mandataires, cela ne l'est-D pas dans le cas
d'autres mandataires? Il ne semble pas se préoccuper du fait que, dans
les lois régissant les activités d'autres mandataires du
gouvernement, une telle disposition n'existe pas.
M. Marx: Vous devriez consulter vos recherchistes juristes. Je
pense que vous en avez au moins deux avec vous aujourd'hui. Ils vont vous dire
que c'est pour dire aux tiers qui négocient avec l'institut que celui-ci
ne peut engager que lui-même lorsqu'il agit en son nom. Donc, c'est pour
avertir les tiers.
M. Claveau: Mais dans le cas...
M. Marx: Je pense que les recherchistes juristes vont confirmer
ce que je viens de dire.
M. Claveau: Alors vous me dites que, dans le cas de la
Bibliothèque nationale du Québec, lorsqu'elle négocie avec
des tiers, si elle fait une entente, elle engage le gouvernement comme
mandataire.
M. Marx: Je n'ai pas étudié la Loi sur la
Bibliothèque nationale mais, si vous le voulez, je peux le demander
à quelqu'un au ministère concerné. On peut écrire
au jurisconsulte pour avoir un avis sur la Bibliothèque nationale.
M. Claveau: Si vous me dites, M. le ministre...
M. Marx: Je ne suis pas ici pour répondre au sujet de
toutes les lois, je suis ici pour répondre aux questions sur ce projet
de loi.
M. Claveau: Non, mais on essaie de se comprendre. Écoutez,
vous devez connaître cela, vous avez été jurisconsulte.
M. Marx: Je ne suis pas ici pour donner un cours de droit. Je ne
suis pas payé pour donner des cours de droit à l'Assemblée
nationale.
M. Claveau: Vous pouvez le faire bénévolement, vous
demandez a des gens de siéger bénévolement à vos
conseils d'administration.
M. Marx: Je suis prêt à vous donner un cours de
droit, mais pas durant les heures de la commission. Le soir.
M. Claveau: Non, mais c'est parce que je veux bien comprendre. Si
vous jugez nécessaire de mettre une disposition ici et de l'expliquer de
cette façon-là, on peut donc présumer que dans les lois
qui régissent les activités d'autres mandataires du gouvernement
où cette précision n'existe pas, cela veut dire que ces
mandataires peuvent s'engager au nom du gouvernement lorsqu'ils parlent en leur
nom. Lorsqu'ils parlent en leur nom, ils parlent au nom du gouvernement par le
fait même. (16 heures)
M. Marx: Je n'ai pas la Loi sur la Bibliothèque nationale
devant moi. Je ne suis pas ici pour interpréter les effets des autres
lois; on ne terminera jamais l'étude de ce projet de loi. Je suis ici
seulement pour interpréter le projet de loi qui est devant la
commission. Si vous me posez toutes sortes de questions comme: Pourquoi est-ce
que, dans une autre loi, il y a cela? Pourquoi y a-t-il cela dans ce projet? Je
ne peux pas répondre pour tout le monde et pour tous les gouvernements
passés, présents et futurs. Comme vous l'avez bien dit, la loi
n'est pas une loi du gouvernement, c'est une loi de l'Assemblée
nationale. Je ne peux pas répondre pour l'Assemblée nationale et
je ne peux pas répondre pour le gouvernement, parce que je ne suis pas
le jurisconsulte du gouvernement.
M. Claveau: Bon.
M. Marx: Je peux seulement répondre aux questions sur ce
projet de loi et dire: C'est cela que ça veut dire ici.
M. Claveau: D'accord. M. le Président, en tant que membre
de l'Assemblée nationale, élu par les gens d'un comté qui
m'ont fait confiance pour les représenter, mais toutefois, en
n'étant ni juriste ni critique ou porte-parole de l'Opposition en la
matière, je suis quand même en droit de me poser de
sérieuses questions, parce qu'un jour j'aurai à voter sur cette
loi et je n'aime pas voter sur des choses que je ne connais pas. Étant
donné que le ministre est censé connaître les lois, puisque
c'est sa raison d'être, la justice, il est là pour cela, c'est un
juriste, c'est une personne dont les compétences sont reconnues dans le
domaine, il est de son devoir d'informer un simple député qui
n'est ni juriste ni familier de la chose, pour que je puisse voter d'une
façon éclairée sur le projet de loi. Dans cette ligne de
pensée, j'aimerais que le ministre m'explique ce que veut dire la
deuxième ligne de son texte où on dit "... mais
l'exécution de ses obligations peut être poursuivie sur ses
biens".
M. Marx: Sur les biens de l'institut.
M. Claveau: Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Marx: Je pense que cela vient de l'ancienne règle de
"common law", selon laquelle il n'était pas possible de poursuivre le
gouvernement. Ici, on dit qu'on peut même exécuter sur les biens
du domaine public.
M. Claveau: C'est-à-dire qu'un créancier pourrait
saisir...
M. Marx:... saisir une voiture de l'institut... M.
Claveau:... une voiture de l'institut...
M. Marx:... pour le non-paiement d'une facture de restaurant.
Oui. Il peut envoyer son huissier.
M. Claveau: Est-ce que c'est du droit nouveau?
M. Marx: Non.
M. Claveau: Est-ce qu'on connaît cela dans d'autres lois?
Est-ce que c'est quelque chose...
M. Marx: Cela dépend de quel siècle on parie. Si on
parie du Xe siècle, c'est du droit nouveau; du XVIIIe, c'est du droit
nouveau et pour le XXe, je ne pense pas que ce soit du droit nouveau.
M. Claveau: Non, mais est-ce qu'on retrouve des dispositions
semblables dans d'autres lois de même nature?
M. Marx: Oui, c'est dans la Loi sur l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec, à l'article 3. Mais je pense que le
député d'Ungava, M. le Président, a voté en faveur
de ce projet de loi parce que c'était unanime; donc, ils ont voté
pour l'article 3 de la Loi sur l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du
Québec.
M. Claveau: Ah! Il faudrait le vérifier. M. Marx:
J'imagine que...
M. Claveau: Peut-être que j'étais absent de la
Chambre, par exemple.
M. Marx: Le député ne se souvient pas, mais, si ma
mémoire est fidèle, je me souviens qu'il s'est levé pour
voter pour ce projet de loi. Voaà. Je n'ai pas autre chose à
dire.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Marquette a demandé la parole.
M. Dauphin: Oui, M. le Président, sur le même sujet,
le même article, à son deuxième alinéa.
J'écoutais attentivement le député d'Un-gava qui nous
pariait d'une partie de cette phrase qui porte sur l'exécution des
obligations. Sans être spécialisé en matière de
rédaction des lois et règlements, cela ne serait pas plutôt
mais l'inexécution de ses obligations peut être
poursuivie sur ses biens"?
Là, on dit l'exécution de ses obligations*. Autrement dit,
s'il se conforme à ses obligations, 1 peut être poursuivi; 1 me
semble que c'est un non-sens. "Mais l'exécution de ses obligations -
autrement dit, il fait ce qu'il est obligé de faire - peut être
poursuivie... " J'essaie seulement de comprendre la phrase.
M. Godin:... sous les yeux, si je comprends bien.
Le Président (M. Kehoe): C'est une question pour
commencer, si je comprends, M. le député?
M. Dauphin: Non, je suis d'accord avec le député
d'Ungava, qu'on est ici comme parlementaires.
M. Claveau: C'est dit drôlement.
M. Dauphin: On a un rôle important à jouer; on est
à l'étude détaillée.
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Dauphin: J'essaie de comprendre l'article, étant
juriste moi-même.
Lt Président (M. Kehoe): C'est une question que vous
posiez au ministre.
M. Dauphin: Je ne le comprends pas.
M. Claveau: Imaginez-vous un pauvre homme!
M. Marx: Si on a fait l'erreur, on la trouve dans chaque loi.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Marx: Mais les juristes du ministère me disent qu'il
n'y a pas d'erreur. Ces biens font partie du domaine public, mais
l'exécution de ses obligations peut être poursuivie sur ses biens.
Ils ont des obligations...
M. Dauphin: Oui. M. Marx:... de payer... M. Dauphin:
Oui.
M. Marx: S'ils ne paient pas, il y a des poursuites.
M. Dauphin: On se comprend. Le mot "exécution' est-il
conforme, exact? Autrement dit, si j'exécute mes obligations, je peux
être poursuivi sur mes biens. Si je n'exécute pas, je ne serai pas
poursuivi.
M. Marx: Vous devez exécuter vos obliga- tions. Si vous
n'exécutez pas vos obligations, vous risquez d'être poursuivi.
M. Dauphin: Je comprends. Je ne comprenais pas le libellé,
la formulation.
M. Marx: Mais c'est probablement à la suite de la
jurisprudence quelque part où ça été
interprété de cette façon.
M. Claveau: Mais, vous comprenez, M. le ministre, l'importance
d'aller à fond souvent dans des textes, parce que les juristes
eux-mêmes ne s'y retrouvent pas à l'occasion.
M. Marx: Cela va?
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Claveau: Adopté. Cela va vite.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. L'article 3?
M. Marx: Voilà où le député de
Mercier va intervenir pour me demander d'écrire que le siège
social soit à Nicolet. J'ai pensé qu'il demanderait que ce soit
à Trois-Rivières, étant Trifluvien. Je vois qu'il est bien
généreux. Il veut que ce soit sur la rive sud.
M. Godin: M. le Président, on voit que le ministre n'est
pas familier avec la région. On appelle le coeur du Québec et
cela Inclut jusqu'à Louiseville d'un côté, un peu comme la
Gaspésie qui inclut un Immense territoire, de Sainte-Flavie et
aller-retour. Dans le cas de Trois-Rivières, on appelle cela le coeur du
Québec et cela inclut Nlcolet qui est aussi près du coeur...
M. Marx: Mais il ne faut pas dire cela aux gens de Nlcolet.
M. Godin: On peut le leur dire maintenant qu'on a mon amendement
sur la table.
M. le Président, mon amendement va dans le sens suivant:
après les mots "siège social"...
M. Marx: Avant de proposer l'amendement, M. le
Président...
M. Godin: Oui, pardon.
M. Marx:... j'aimerais expliquer pourquoi ce sera difficile
d'accepter...
M. Godin: Allez-y. Oui, d'accord.
M. Marx:... un amendement. Pas impossible bien sûr, mais
difficile, parce que dans toutes les lois du Québec, depuis des temps
Immémoriaux, c'est-à-dire que cela remonte avant que le
député de Mercier n'ait été élu pour la
première
fois, on a toujours dit que le siège social est à
l'endroit déterminé par le gouvernement. Dans toutes les lois,
c'est comme ça. On peut préciser, dans certaines lois, qu'il soit
sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal. Je suis
prêt à dire que l'institut a son siège social à
l'endroit déterminé par le gouvernement du Québec sur le
territoire du Québec, si vous voulez. Je n'ai pas d'objection à
ajouter cela, mais je pense que ça ne change pas grand-chose.
Mais dans toutes les lois adoptées par ce gouvernement, par le
gouvernement précédent et par tous les gouvernements depuis au
moins 25, 30, 40 ans... Pardon?
M. Godin: Immémorial, c'est plus de 25 ans.
M. Marx: Immémorial, c'est toujours comme ça et on
ne peut pas faire la révolution aujourd'hui.
M. Godin: Je pense que vous avez en main le texte de mon
amendement. Je peux vous le lire, si vous y tenez.
Le Président (M. Kehoe): Je peux le lire.
M. Godin: D'accord. J'aimerais mieux votre voix, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): D'accord. L'amendement
proposé par le député de Mercier à l'article 3 se
lit comme suit: L'article 3 du projet de loi 86 est amendé par le
remplacement des mots "à l'endroit déterminé par le
gouvernement. Un avis de la situation ou de tout déplacement du
siège est publié à la Gazette officielle du Québec"
par les mots "dans la municipalité de Nicolet".
M. le député, voulez-vous parler sur votre amendement?
M. Godin: Oui, M. le Président. Il est temps que nous
sortions les gens de la région de Nicolet d'un doute quant à
l'avenir de leur région et de leur ville qui est si jolie et d'où
venait, à l'époque, le ministre Antonio Élie, un homme
remarquable. Le doute existe toujours à Nicolet quant à l'avenir
d'un institut de police, parce que les rumeurs courent chaque fois qu'il y a un
gouvernement nouveau ou qui va changer, ou le ministre qui va changer, qu'on va
peut-être déplacer l'institut vers une autre région du
Québec. Ce qui amènerait à Nicolet des pertes
économiques considérables.
Dans le cas de Nicolet, c'est très spécifique comme
problème. C'est une ville qui a connu à une époque un
développement économique et industriel considérable. Mais,
avec le temps, cela s'est concentré dans l'activité scolaire et
quasi universitaire, cégépienne. Pour Nicolet, l'Institut de
police est un fleuron qu'ils tiennent à garder absolument, parce que les
retombées économiques sont considérables. Il y a un
ensemble de com- merces satellites autour de l'institut qui seraient en danger
si celui-ci déménageait.
Dans le cas qui nous occupe, M. le Président,
indépendamment de mon affection pour ma région d'origine, il
faudrait que nous précisions dans la loi que Nicolet est le lieu
où l'institut est établi, jusqu'à ce que la loi soit
changée pour garantir aux Nicolettains et Nicolettaines que l'Institut
de police va demeurer dans leur région. Je voudrais aussi ajouter que
cette ville a été le théâtre dans le passé de
glissements de terrain considérables, ce qui a
généré un doute dans la tête des Nicolettains et
Nicolettaines quant à l'avenir de leur ville et de leur région.
Cela les rassurerait encore plus de savoir qu'au moins l'institut va rester
là, qu'il est stable et qu'aucun tremblement de terre ne va
entraîner l'Institut dans la rivière Nicolet, à l'instar,
dans le passé, de leur cathédrale et d'édifices
importants. Pour rassurer les gens de Nicolet, il est important que nous
gardions l'institut dans cette ville. Mon amendement vise précisement
à sortir d'un doute les gens de cette ville et à s'assurer... Le
ministre s'est engagé tout à l'heure à la blague que de
par son mandat, il ne touchera pas à cela, mais nous voulons être
plus sûrs que cela, M. le Président. Nous savons que les ministres
changent parfois de ministère, de mandat. Les remaniements arrivent et
les promesses faites sous un roi-soleil changent sous un autre. Nous vouions
donc qu'au-delà des changements de personnel il y ait des garanties plus
spécifiques pour Nicolet. C'est pour cela que l'amendement est sur la
table, M. le Président.
M. Marx: Effectivement, M. le Président, c'est le statu
quo, dans le sens que dans la loi actuelle, ce n'est pas précisé
où va demeurer l'Institut de police, ni où le conseil
d'administration doit se réunir.
J'aimerais donner suite à la demande du député de
Mercier, parce que c'est mon engagement. Malheureusement, il s'agit d'un
amendement qu'on ne peut pas accepter. Pour nous, c'est impossible d'accepter
cela pour les raisons que j'ai données au début. Dans toutes nos
lois, il n'est jamais précisé où se trouve le siège
social. C'est très normal de le faire comme cela. Nous faisons ce que
l'ancien gouvernement a fait, et le gouvernement avant lui, et ainsi de suite.
On ne peut pas accepter de restreindre le gouvernement avec une
précision en ce sens. L'Institut de police à Nicolet est
là pour rester. Tout le monde était d'accord avec cet article.
Les députés de la région du coeur du Québec sont
d'accord. Je ne vois pas pourquoi le député, qui n'est pas de la
région située au coeur du Québec, vient nous proposer un
tel amendement, étant donné que les députés du
comté de Nicolet et des comtés avoisinants sont tout à
fait d'accord. Ils ont plus d'intérêt que cela reste là que
le député de Mercier. S'ils sont heureux, pourquoi devrais-je
être malheureux?
Si les députés veulent parler sur cet
article,
ils ont le droit de le faire. Mais je peux vous dire, M. le
Président, que c'est un amendement que je ne peux pas accepter,
même si vous me trouvez des précédents, car je vois que les
recherchlstes du député de Mercier sont là avec des
précédents. On peut dire qui y a un précédent pour
tout, pour nos lois qui datent de deux siècles. Vous allez trouver un
précédent pour tout. Cela ne va pas m'impressionner. Je ne peux
pas accepter un amendement en ce sens. Voilà!
M. Godin: C'est le Président qui décide, M. le
ministre.
Le Président (M. Kehoe): Si votre amendement est
recevable? Il n'y a aucun doute là-dessus! Par contre, je ne sais pas si
ce sera accepté par la commission. Oui, justement, avant le vote, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: L'amendement est reçu. On parle sur
l'amendement. Bon, écoutez! (16 h 15)
Le Président (M. Kehoe): II est recevable. Oui, il est
reçu. Vous avez chacun droit à la parole; le proposeur 20 minutes
et chaque député, 10 minutes. Non, tous ont droit à 20
minutes.
M. Claveau: M. le Président, il est important de
réagir aux propos du ministre parce que le ministre a l'habitude de
vouloir s'en sortir en patinant, et, des fois, il s'enfarge. D'abord, il vient
de nous dire qu'on ne voit pas cela dans les lois. C'est bien cela qu'il a dit?
Que dans les lois, on ne voit pas cela, qu'on ne fixe pas les endroits,
normalement. Alors, toujours dans la logique de ce gouvernement - qu'on essaie
de comprendre, d'ailleurs - j'en al donné un exemple tout à
l'heure et là, je vais vous en donner un autre. On a deux lois. Dans la
loi 43 qu'on vient tout juste d'adopter en Chambre, qui a été
présentée par Mme la ministre des Affaires culturelles - cela ne
fait pas si longtemps que cela, c'est en 1988 - à l'article 4, toujours
sur la Bibliothèque nationale du Québec, on dit: "Elle a son
siège social dans le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. Marx: Je vous al donné cet exemple il y a quelques
minutes. C'est parce qu'on veut que ce soit dans une des municipalités.
C'est cela.
M. Claveau: Alors, on est capables d'identifier quand on le veut.
Il faut qu'il y ait une volonté politique de le faire, c'est clair. La
Bibliothèque nationale du Québec aurait très bien pu avoir
son siège social à Québec, à Trois-Rivières
ou à Sherbrooke, pourquoi pas? Alors il y a eu une volonté...
M. Marx: Mais...
M. Claveau: Laissez-moi finir, je suis sur mon temps
d'Intervention, M. le ministre.
Le Président (M. Kehoe): Vous avez 20 minutes, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Vous répliquerez après.
M. Marx: C'est une loi mais cela ne prouve rien. C'est une
distinction sans différence. Dans la Loi sur les accidents du travail et
les maladies professionnelles de 1985, adoptée sous le gouvernement
précédent concernant la Commission d'appel en matière de
lésions professionnelles, à l'article 369 de cette loi, on dit:
"La Commission d'appel a son siège social à l'endroit
déterminé par le gouvernement. " Il ne manquerait plus que le
député de Sherbrooke vienne dire: Je veux que cela soit à
Sherbrooke.
M. Godin: II le dira. Il le fera, M. le ministre.
M. Marx: Me donner le précédent que je vous al
déjà donné il y a dix minutes, cela ne m'Impressionne pas
plus qu'il ne le faut.
M. Godin: II le fera s'il le veut, le député de
Sherbrooke.
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava, la parole est à vous.
M. Claveau: M. le Président, j'avais la parole et je vais
la reprendre avec plaisir, surtout à la suite de l'intervention du
ministre. C'est lui qui vient de nous dire que cela ne se faisait pas, ce n'est
pas nous qui lui avons dit que cela ne se faisait pas. On a proposé
quelque chose et il nous a dit: Cela ne se fait pas.
M. Marx: Non.
M. Claveau: Parallèlement, la ministre des Affaires
culturelles vient juste de nous présenter son projet de loi 43 dans
lequel elle le fait. Il faut qu'il y ait une volonté politique de le
faire. Il nous revient avec la Loi sur la santé et
sécurité du travail où cela a été fait comme
cela. Il devait y avoir des raisons. À ce moment-là, si le
ministre ne voulait pas que cela se fasse, il avait juste à Intervenir
en conséquence. Nous, nous faisons une proposition. Il y a une
différence aussi, une différence fondamentale quand c'est une
nouvelle corporation que l'on crée, une nouvelle institution que l'on
ajoute aux institutions actuelles. On peut dire: Écoutez, on est en
train de regarder cela, c'est tout nouveau, le gouvernement va pouvoir mettre
une clause qui dit: "Le siège social sera à l'endroit
désigné par le gouvernement après consultation,
après différentes considérations. " C'est une chose. Cela
n'implique pas des emplois et des gens qui en dépendent
déjà Cela implique des emplois futurs, mais on verra, il y aura
des négociations qui se
feront.
Mais là, on a affaire à un Institut qui existe
déjà, à moins que le ministre ne nous dise: Non,
l'institut n'existe pas, je viens d'en changer la charte, j'ai
créé un nouvel institut, et qu'il essaie de nous faire accroire
que cela n'existe pas. Mais il nous a dit tout à l'heure que le
personnel allait être transféré. J'avais compris que
c'était juste un jeu de chiffres sur la formule de paie, qu'on allait
changer l'employeur, que cela ne sera plus le ministère, que ce sera la
nouvelle corporation. J'avais compris cela, mais quand il m'a dit qu'on va le
transférer, je n'avais pas compris, du moins dans le texte du projet de
loi, que cela pourrait être transféré ailleurs sur le
territoire et qu'il faudrait que les meubles suivent. C'est cela qu'il est en
train de nous dire.
M. Marx: II n'est pas question que les meubles suivent. Comment
pouvez-vous lire cela? L'article 3 ne dit pas ça.
M. Claveau: On sait qu'actuellement, à Nicolet... Nicoiet
a été mis sur la carte par l'Institut de police, c'est clair. Je
viens du Lac-Saint-Jean. On entendait parler de l'institut de police de Nicolet
et, n'eût été cet institut, probablement que Nicolet
n'aurait pas fait beaucoup le tour du Lac-Saint-Jean, comme certains
endroits.
M. Marx: On ne peut pas le déménager. À
l'article 3, il ne s'agit pas de déménager l'Institut, vous lisez
mal l'article si vous pensez cela.
M. Claveau: Cela peut vouloir dire cela. M. Marx: Son
siège social, pas l'institut.
M. Claveau: Écoutez! C'est une institution, c'est un
groupe. On sait qu'il y a des pressions qui sont faites pour sortir cela de
Nicoiet.
M. Marx:... le siège social à Povungnituk dans
votre comté.
M. Claveau: Ce me surprendrait énormément. M.
Marx: On ne le sait pas.
M. Claveau: Cela me surprendrait énormément, mais
il y a une chose que je sais. La Conférence circumpolaire, qui regroupe
l'ensemble des Inuit qui font le tour de la planète, a ses bureaux
administratifs et ses opérations là où est son
siège social. Ils ont même trois sièges sociaux à
travers le monde. Chaque fois qu'ils changent, ils changent aussi toute
l'administration. Ils le déplacent de Kuujjuaq, où il est
actuellement, et ce peut être en Alaska ou ailleurs. Tout se
déplace chaque fois. On ne parle pas de Shell Canada qui a probablement
des installations un peu partout sur le globe et qui opère à
partir d'un siège social en particulier. On parle d'une unité
administrative qui s'appelle l'Institut de police. On nous dit
qu'éventuellement, en vertu du projet de loi, le siège social
pourra être là où le gouvernement le détermine. Mais
dans la tâte de tout le monde, cela veut dire que l'Institut, les cours,
la formation, l'administration, tout cela va se faire là où le
gouvernement le déterminera. Je serais drôlement surpris que, par
exemple, on continue à donner les cours à Nicolet, mais que le
siège social, c'est-à-dire toute l'administration... Le
siège social, ce n'est pas juste de dire que c'est un petit bureau pour
le président; normalement, c'est tout ce qui vient avec. Le siège
social de Lavalin, on sait qu'il est à Montréal. On sait
où est le siège social d'Hydro-Québec. On sait que cela
n'est pas facile d'envoyer les administrateurs d'Hydro-Québec dans des
régions dans te cadre d'une régionalisation parce que tout le
monde veut être au siège social. Cela me surprendrait beaucoup
qu'on aille bâtir ou louer un édifice quelque part à
Sherbrooke ou à Montréal juste pour l'administration de quelques
cours qu'on donnerait à Nicolet.
Donc, quand on parle de cela, c'est un tout. SI le ministre veut nous
l'enrober avec autre chose, s'il veut mettre un peu de cassonade sur l'huile de
castor pour nous la faire avaler, I reste qu'il y a toujours la senteur de
l'huile de castor en dessous de la cassonade. C'est ce qu'on comprend et c'est
ce que les gens de Nicolet comprennent. Le ministre aurait l'occasion, une fois
pour toutes, de calmer les gens de Nicolet et de leur dire: Vous vous
préoccupez pour rien. Même si les policiers ne veulent plus aller
là-bas, même si les directeurs, les gens qui agissent comme
instructeurs et qui sont libérés par différents corps
policiers pour aller enseigner ne veulent plus aller à Nicolet - le
ministre aimerait mieux que tout le monde se retrouve à Montréal,
c'est clair - il leur dit: c'est fini, les gens de Nicolet, vous pouvez
être certains que cela ne changera pas; je l'ai mis dans ma loi; à
partir de maintenant, c'est le siège social et l'administration et c'est
là que les cours vont se donner. Le siège social des institutions
en région est généralement collé sur les services
que l'Institution donne. C'est comme cela que ça se passe.
M. Marx: Comment expliquer que personne, mais personne ne nous
ait demandé de faire ce que vous proposez, ni la ville de Nicolet, ni
les députés? Personne. Vous arrivez tout à coup avec cela.
Je ne dis pas que c'est une mauvaise idée. Je dis que c'est une
idée ou une proposition que nous ne pouvons pas accepter. Mais personne
ne nous a demandé cela. Je n'ai pas de lettres dans mon bureau dans
lesquelles on nous a demandé cela. Le projet de loi est sur la table
depuis longtemps. Dans l'avant-projet de loi, c'était la même
chose. Personne ne m'a écrit sur cette question. Maintenant, vous vous
faites le défen-
seur d'un tel amendement.
M. Claveau: II faut bien, M. le Président, se faire le
défenseur d'un tel amendement. Je cherche le député de
Nicolet qui devrait être ici aujourd'hui pour s'assurer que ces gens
soient respectés...
M. Marx: II est bien... avec le projet.
M. Claveau:... et que leurs intérêts y soient. Si le
député de Nicoiet n'a pas fait de représentations
là-dessus, cela nous surprend énormément parce que nous
savons que les gens de Nicolet sont préoccupés par cela. On sait
que le personnel de l'Institut de police...
M. Marx: Je pense que c'est la dernière fois que vous
étiez à Nicolet. Avez-vous déjà visité
l'institut? Savez-vous où sont les problèmes? Qu'est-ce que vous
savez de l'institut?
M. Claveau: M. le ministre! M. le Président, le ministre
est en train de réduire le débat à des visites
touristiques. On n'est pas là pour cela.
M. Marx: Ha, ha, ha!
M. Claveau: On est là pour parler de choses.
M. Marx: Je m'excuse, M. le Président... M. Claveau:
Par les temps qui courent... M. Marx:... auprès du
député d'Ungava.
Le Président (M. Kehoe): C'est vous qui avez la parole,
monsieur.
M. Claveau:... l'information circule. Je ne suis jamais
allé en Chine, mais on pourrait en parler un peu. J'ai eu l'occasion de
lire là-dessus.
M. Marx: Pas durant ce débat-ci, j'espère.
M. Claveau: Non, mais si vous voulez, on peut y aller.
Le Président (M. Kehoe): On est rendus à
Nicolet.
M. Marx: Ha, ha, ha!
M. Claveau: D'accord. Le ministre a des problèmes à
régler dans certains comtés concernant le financement de la
police. Cela ne veut pas dire qu'il y va régulièrement. C'est la
même chose.
Une voix: Le député de Nicolet arrive. On pourrait
lui demander son opinion.
M. Claveau: Oui, il serait intéressant d'entendre le
député de Nicolet s'exprimer là-dessus pour
connaître ses véritables idées, sachant que le connaissant
bien, il aura sûrement le courage de ses opinions. Il aura tout ce qu'il
faut pour rassurer les gens là-bas; il pourra se servir de ce qu'il va
nous dire en cette commission pour rassurer les gens de Nicolet.
Une voix: Consentement pour...
Une voix: Répétez-lui ce que vous disiez tout
à l'heure.
Une voix: II continue de l'attaquer. Une voix: Pas du
tout.
Le Président (M. Kehoe): Le député de
Nicolet ne fait pas partie de la commission, mais avec le consentement des
membres...
M. Claveau: Oui, il me fait énormément plaisir de
consentir que le député de Nicolet prenne la parole à la
commission, mais j'en suis toujours à mon intervention.
Le Président (M. Kehoe): Je pensais que vous aviez
terminé et que vous attendiez l'intervention du député de
Nicolet.
M. Claveau: Non. Je voudrais juste préciser que c'est avec
beaucoup de plaisir que l'on voit le député de Nicolet, qui est
certainement d'un jugement sûr, se présenter devant la commission.
Nous sommes convaincus que son intervention sera pour le mieux-être de
toute la population de Nicolet et qu'avec notre amendement, il voudra s'assurer
que les gens de Nicolet soient rassurés une fois pour toutes quant
à la localisation de l'Institut de police. Le député est
sûrement au courant des prétentions de certains qui veulent sortir
de Nicolet l'Institut de police et de certaines craintes de la population de
Nicolet. Cela nous réjouit et nous espérons que le
député a pu obtenir copie de l'amendement proposé afin de
le consulter et d'intervenir pour confirmer ou infirmer, éventuellement,
nos dires. Nous aimerions avoir son point de vue là-dessus. Nous savons
qu'il y a des gens de Nicolet qui sont préoccupés par l'avenir de
l'Institut de police.
Le Président (M. Kehoe): Avez-vous terminé votre
Intervention pour le moment?
M. Claveau: Pour le moment, oui.
Le Président (M. Kehoe): Je comprends qu'on a le
consentement des membres de la commission pour entendre le député
de Nicolet, bien qu'il ne soit pas membre de la commission. C'est
ça?
M. Marx: C'est ça.
Des voix: Consentement.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Nicolet.
Une voix: Temps illimité.
M. Richard: Merci, M. le Président. L'Institut de police
est à Nicolet depuis sa création. Nous savons qu'avec le projet
de loi 86 sur l'étude du rôle policier dans tout le Québec
et, éventuellement, avec son adoption, nous changeons le type de
corporation. Nous allons rendre, comme vous l'avez vu dans le texte de la loi,
l'Institut de police plus autonome, avec une certaine forme de surveillance et
un type de conseil d'administration dont on fait part dans le projet de loi
86.
Voici ce qui se passe sur le terrain. C'est vrai qu'il y a des gens,
particulièrement les édiles municipaux de la ville de Nicolet,
qui ont tout intérêt a ce que l'Institut de police demeure
à Nicolet, parce que c'est un actif, c'est en plein centre-ville et
c'est favorable à l'économie du milieu. Cela représente
au-delà de 500 000 $ par année uniquement en biens et services.
La preuve que le gouvernement désire le garder à Nicolet et qu'il
est fait pour y rester, de toute façon, c'est qu'actuellement nous
négocions des murs Incendiés. Je m'explique. Il y a quinze ans,
il y a eu un incendie à ce qui était autrefois le Petit
Séminaire de Nicolet et les murs incendiés n'ont pas encore
été rénovés. Or, la ville a réagi il y a
à peu près un an, un an et demi, et a demandé au
gouvernement de se prononcer sur l'état des murs. Ne pouvant
systématiquement pas défaire les murs parce qu'ils sont reconnus
comme patrimoine architectural, nous avions fait l'hypothèse,
jusqu'à il y a très peu de temps, d'y installer l'éventuel
musée International des religions. Il y a une raison pour laquelle nous
ne pouvons pas y donner suite. C'est un scénario qu'on a
étudié pendant plusieurs mois impliquant la Société
immobilière du Québec, la SIQ, propriétaire de la
bâtisse, Mme Bacon, responsable des murs dans le sens culturel du mot, et
le nouveau ministère, autrefois celui du Solliciteur
général, qui est, en fait, responsable du locataire de cette
bâtisse. (16 h 30)
Le scénario envisagé avait pour but de régler deux
problèmes en même temps, celui des vieux murs en les fardant et,
deuxièmement, en bâtissant, à l'arrière, un
musée des religions tout à fait moderne, tout à fait
équipé. On réglait donc deux problèmes. Dans le
milieu, on note un grand dynamisme relativement à la création
d'un musée des religions qui serait unique au monde. Cela n'a pas
fonctionné pour la raison suivante. L'Institut de police de Nicolet
devrait, dans des délais relativement courts, prendre de l'expansion
reliée directement au rôle du policier. A l'Instant où l'on
étudie dans tout le Québec le rôle du monde policier, cela
sous-tend très directe- ment - tout le monde de l'éducation, tout
le monde du recyclage et de l'adaptation des policiers autant les policiers de
la Sûreté du Québec que les policiers municipaux -
qu'inévitablement des agrandissements vont se faire à l'Institut
de police.
Les éléments qui manquent présentement à
l'institut, qui sont demandés par les locataires de la bâtisse
à la SIQ, ce sont, entre autres, des éléments
d'hébergement et des éléments structurels, entre autres,
une piscine. Il n'y a pas de piscine à l'intérieur de cette
bâtisse. La réponse récente de la SIQ à l'Institut
de police et à Mme Bacon a été très claire. Elle
désire garder l'ensemble des espaces pour aménager un Institut de
police du Québec plus complet.
Pour l'Institut de police à Nicolet et pour le monde municipal,
Je ne pense pas qu'il y ait vraiment d'inquiétude à la base.
Connaissant les orientations et les demandes de l'organisme même,
c'est-à-dire de l'institut, je ne pense pas qu'il y ait cette
inquiétude à Nicolet, au moment où on se parle, attendu
que les représentants municipaux sont au courant des demandes de
l'institut, des détails que je viens de vous mentionner et de toutes ces
démarches qui ont été effectuées les derniers mois
et qui dénotent très clairement une expansion éventuelle
de l'Institut de police du Québec situé à Nicolet et qui a
tout avantage à être situé à Nicolet. Je ne pense
pas qu'il y ait d'inquiétude.
Dans la rédaction de l'article 2... Non, c'est l'article...
Une voix: Le troisième.
M. Richard: L'article 3. En ce qui a trait au siège
social, je ne pense qu'il y ait de problème. Il y a tout avantage
à ce que les policiers soient formés dans une petite ville - la
ville de Nicolet compte 5000 âmes - où cette dernière
devient partie Intégrante de l'institut. Depuis l'existence de
l'Institut de Nicolet, les citoyens sont habilités à fonctionner
avec un phénomène assez particulier. Dans chaque rue, il y a des
exercices, il y a des scénarios qui sont mis de l'avant, cinq jours sur
sept, régulièrement. Les gens sont obligés de composer
avec cela. Je pense qu'Us ont la certitude que l'Institut va demeurer là
et qu'avec sa nouvelle forme de corporation, il va être encore plus
sensible au milieu dans lequel il est.
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Bien que les propos du
député de Nicolet se veuillent rassurants, il reste que son
raisonnement n'est pas complet. On a déjà vu cela dans
l'histoire; cela s'est fait et se fait encore. Par exemple, après avoir
réalisé un investissement dans un secteur, un conseil
d'administration ou un gouvernement change d'idée. On change de
ministre. Il y a d'autres éléments qui entrent en ligne de
compte, finalement, tout reste là, c'est revendu. Il n'y a rien qui dit
que ce qui sert actuellement de bureaux à l'Institut de police ne
pourrait pas être désaffecté à un moment
donné et que ce même édifice devienne le musée
international des religions. Rien n'est coulé dans le béton. Rien
n'est une garantie formelle. même si le député ne semble
pas très préoccupé par le sujet sous prétexte que
l'Institut a fait preuve d'intérêt à réinvestir dans
le milieu et à s'agrandir, ce n'est encore là qu'une question
conjoncturelle. Au moment où on se parte, le ministre aurait la
possibilité d'inscrire, une fois pour toutes, dans la loi que l'Institut
de police fait partie du patrimoine de Nicolet et que cela ne peut pas sortir
de Nicolet, quelles que soient les circonstances.
Supposons que demain matin - ce n'est pas ce que je souhaite, mais ce
sont des choses qui peuvent arriver - un feu dévaste l'ensemble de
l'Institut de police. Le conseil d'administration, à ce
moment-là, en s'appuyant sur l'article 3 de la loi 86, enfin, tous les
intervenants, les corps policiers, tous pourraient faire des pressions pour
que, s'il y a reconstruction du site, ce ne soit pas à Nicolet, parce
que ça coûterait moins cher l'installer ailleurs, le transport
à Montréal, c'est plus près des grands centres, ce serait
plus intéressant. On sait que ce n'est pas tout le monde qui travaille
à Nicolet qui est Intéressé à rester là. Il
y a des gens qui doivent se déplacer des grands centres vers
Nicolet.
Dans le fond, lorsque l'on veut faire une politique de
développement régional - le cas de l'Institut de police de
Nicolet, à mon sens, fait partie d'une dynamique de développement
régional d'une région qu'on appelle le coeur du Québec,
comme le disait si bien tout à l'heure mon collègue, le
député de Mercier - on prend les mesures en conséquence.
Lorsque le gouvernement du Québec a créé Cambior, il a
précisé que le siège social de cette dernière
serait en Abitibi-Témiscamingue. Et, s'il ne l'avait pas fait, le
siège social de Cambior serait probablement sur le boulevard
René-Lévesque, à Montréal, comme la plupart des
sièges sociaux des grandes compagnies qui opèrent au
Québec. Mais le gouvernement du Québec a exigé que le
siège social de Cambior soit situé en
Abitibi-Témiscamingue et c'est la seule et unique raison pour laquelle
iI est en Abitibi-Témiscamingue, sinon elle ne serait pas allée
là toute seule, par simple prétention du gouvernement.
Le député a peut-être raison. Il a probablement
raison. Je ne mets pas du tout en doute son argumentation quant à la
situation actuelle. Il reste qu'on sait que les pressions s'exercent dans les
deux sens. D'abord, le milieu veut garder son Institut de police qui fait
partie de son patrimoine, M fait partie de sa structure économique.
L'Institut de police, à Nicolet, c'est aussi important qu'une mine
à Chlbougamau. C'est un employeur. On a dit qu'il faut garder les
Nordiques à Québec parce que c'est un gros employeur dans la
région de Québec. Finalement, le Fonds de solidarité de la
FTQ a investi dans les Nordiques. Ce n'est probablement pas parce qu'il croyait
plus aux Nordiques qu'à une autre équipe de hockey, mais parce
qu'l y a là un employeur et, s'il se déplace, c'est aussi
néfaste, en déménageant en Ontario, que, la fermeture de
l'usine de Northern Telecom, à Aylmer, qui transfère sa
production ailleurs, qui laisse un vide sur place. La même chose se
serait produite avec les Nordiques s'ils avaient quitté Québec
pour aller en Ontario. C'est la même chose qui va se passer à
Nicolet si l'Institut sort de Nicolet pour s'en aller ailleurs, c'est un vide.
Cela doit se situer dans tout un contexte. Le ministre aurait l'occasion, au
moment où on se parle, de garantir, une fois pour toutes, à la
population de Nicolet que, définitivement, lorsque l'on parle de
l'Institut de police, on parle de Nicolet, comme lorsque l'on parle de
médecine vétérinaire, on parle de Saint-Hyacinthe, parce
qu'on sait que c'est là. S'il y a une loi, un jour, sur la modification
de l'institut de Saint-Hyacinthe, on pourra toujours le préciser. Mais,
encore là, c'est moins évident que l'Institut
vétérinaire de Saint-Hyacinthe se déplace dans la mesure
où c'est proche de Montréal. C'est beaucoup plus,
déjà, dans la dynamique de la grande région
métropolitaine alors que Nicolet, ce n'est pas évident. Ce n'est
pas évident du tout.
Quand vous sortez un policier d'une municipalité - comme
ça arrive, j'en connais des cas - par exemple, de l'Abitibi, du
Lac-Saint-Jean ou de la Gaspésie, pour le prêter pendant un an ou
deux comme Instructeur à l'Institut de police de Nicolet, il n'est pas
évident que cet individu ne préférerait pas être
transféré à Montréal, ou au moins être
transféré dans un centre urbain beaucoup plus cosmopolite,
beaucoup plus ouvert, que de se retrouver à Nicolet. J'en connais des
cas, je pourrais vous nommer des gens qui ont vécu ce problème et
qui étaient très intéressés d'être
libérés pendant un an ou deux de leurs responsabilités
comme policiers dans un milieu, employés d'une municipalité pour
agir comme instructeurs à l'Institut de police, mais qui, par contre,
trouvaient ça plutôt ordinaire de se retrouver à Nicolet.
Ce n'est pas parce que Nicolet n'est pas un beau coin, mais vous savez comment
ça se passe. Dès qu'on parle de se déplacer, quand on part
de l'Abitibi pour aller ailleurs, qu'on prétend avoir une promotion,
généralement, c'est pour aller vers des centres plus gros. C'est
la même chose quand on part de Chicoutimi; vous êtes habitué
de vivre à Chicoutimi. Ce n'est pas parce que j'en ai contre Nicolet,
absolument pas, mais on connaît la ligne de pensée de sa
population. C'est la même chose pour quelqu'un qui est
transféré par HydroQuébec du siège social, à
Montréal, au siège local de Chlbougamau. même si c'est une
promotion pour ce qui est de la qualité de l'emploi et de ses
responsabilités, pour lui, c'est une démo-
tion dans la mesure où il est parti d'un centre de quelques
millions d'habitants et II est rendu dans un petit bled où il y a 10 000
habitants. C'est dans ce contexte. Le ministre aurait la possibilité, au
moment où l'on se parle... Le député de Nicolet devrait
appuyer notre amendement sans aucune réserve parce que, pour lui, ce
serait déjà l'assurance de se faire élire mur à mur
par tout le monde à Nicolet...
Une voix: Pas le comté, mais Nicolet.
M. Claveau: Dans la ville de Nicolet, on s'entend, s'il appuyait
quelque chose qui, une fois pour toutes, enlevait à la population de
Nicolet les craintes légitimes qu'elle est en droit d'avoir quant
à la possibilité qu'un jour ou l'autre l'Institut de police sorte
de Nicolet. Dans la mesure où c'est fondu dans la loi, il faudrait au
moins qu'il y ait un débat à l'Assemblée nationale, dans
le cadre d'un amendement ou d'un nouveau projet de loi qui pourrait le
transférer ailleurs. Mais, dans la mesure où on laisse la
possibilité à l'Intérieur d'un projet de loi de le situer
n'importe où au Québec, il n'y a rien qui dit, malgré les
bonnes intentions du ministre aujourd'hui, malgré la
sincérité évidente du ministre lorsqu'il nous en parie,
que cela ne sera pas le cas, que dans six mois, deux ou cinq ans, il n'y aura
pas quelque pression qui se fera quelque part pour que ce soit
déplacé de Nicolet.
Nous ne sommes pas ici, M. le Président, pour
légiférer sur des intentions ou des prétentions, mais sur
des faits. Nous sommes là pour réglementer et les lois,
généralement, ne réglementent pas les prétentions
du ministre, elles réglementent des faits, des actions précises
qui sont au-delà des prétentions. La prétention, la
sincérité du ministre ne se traduira probablement pas de la
même façon dans les prétentions et la
sincérité de son successeur. C'est ce qu'il faut éviter
par la loi, et faire en sorte que les lois ne soient pas liées aux
prétentions des ministres qui les font voter. La loi doit se voter dans
un contexte de pérennité, de continuité par rapport
à la société et de façon plus particulière
par rapport à des milieux bien précis, quand ils sont
concernés par les articles des lois en question ou par les lois
elles-mêmes.
À ce moment, on a la chance de pouvoir rassurer un milieu quant
à son avenir économique, parce que l'Institut de police fait
partie intégrante de l'avenir économique de Nicolet. La
disparition de cet institut de Nicolet pourrait être aussi néfaste
pour la population de Nicolet que la fermeture de la mine Opémiska de
Cha-pais, par exemple. C'est dans ce contexte qu'on dit...
Le Président (M. Kehoe): II vous reste une minute, M. le
député.
M. Claveau:... que cela ne coûte rien au ministre, rien au
député de Nicolet d'appuyer, de voter pour une proposition, un
amendement semblable. Si c'est vraiment l'intention du gouvernement de le
laisser à Nicolet, qu'on le mette dans la loi et, de cette façon,
tout le monde sera content.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
d'Ungava. M. le député de Nicolet, vous avez demandé la
parole à nouveau.
M. Richard: Oui, M. le Président. En fait, M. le
Président, au départ, comme député de Nicolet, je
n'ai aucune inquiétude à savoir si l'institut va, oui ou non,
demeurer à Nicolet. Tout au contraire, je suis convaincu, et des gestes
précis le prouvent, qu'effectivement l'institut va demeurer à
Nicolet et qu'il va prendre de l'expansion. Une piste de conduite est
déjà prévue, qui n'existe pas en ce moment, et je faisais
allusion tout à l'heure à une piscine semi-olympique et à
plusieurs étages d'hébergement qui vont compléter l'actuel
Institut.
Vous faisiez, M. le député d'Ungava, une comparaison avec
Cambior. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Le contraire
s'exprime dans un Institut de police. L'Institut de police, c'est pour
l'ensemble des corps policiers du Québec. Dans ce cas, nous avons un
avantage certain, ce qui n'est pas toujours facile, on le vit dans plusieurs
dossiers où c'est difficile de centraliser un équipement et un
service collectif. Dans le cas de l'Institut de police, il est en plein coeur
du Québec, dans le vrai sens du mot. On n'a qu'à regarder la
carte du Québec, le centre est carrément la région de
Nicolet-Trois-Rivières. M. Godin, qui est ici, connaît très
bien le coin. C'est très central, il y a un accès par
réseau autoroutier, les autoroutes 20, 40 et 55. Il n'y a donc aucun
doute sur la qualité de la situation et on ne pourrait trouver mieux...
Il y a même le pont Laviolette qui relie les deux rives maintenant,
l'après-Duplessis. (16 h 45)
Honnêtement, dans le milieu, ce qui était le plus Important
pour la ville de Nicolet, c'était de s'assurer que l'institut s'oriente
vers une expansion. Actuellement, l'institut a des acquis, plusieurs centaines
de milliers de dollars sont injectés chaque année dans son
entretien, mais il a maintenant la possibilité de prendre une expansion,
les demandes sont faites dans ce sens-là. Je tiens à vous
répéter que nous voulions, comme je l'ai mentionné tout
à l'heure, faire fonctionner d'autres équipements en cohabitation
avec l'institut, et on a eu carrément un refus parce que, effectivement,
une expansion devrait se faire dans des délais très courts, les
demandes sont déjà identifiées et quantifiées sur
le plan financier. C'est actuellement la SIQ qui est la propriétaire de
la bâtisse.
Maintenant, comme député de Nicolet, je me sens vraiment
très à l'aise, et je n'ai vraiment aucune inquiétude
à savoir que l'Institut pourrait
déménager plus à l'est ou plus à l'ouest
parce que c'est l'un des rares équipements qui est au service de
l'ensemble d'un réseau étalé dans toutes les villes du
Québec, très bien centralisé, très bien
identifié. Que ce soit un policier qui vienne du Bas-du-Fleuve ou de
Montréal, il a la même distance à parcourir, ou
sensiblement, selon sa provenance, pour s'orienter vers le centre qu'est
Nicolet.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Avant de voter, M. le Président, je veux
seulement rappeler à mon collègue et ami, le député
de Nicolet, qu'étant moi-même originaire de Trois-Rivières,
ayant vécu les belles époques du Duplessisme et de Léon
Balcer et du slogan de François Nobert: "Le pont, il nous le faut, et
enfin, nous l'aurons, " je lui dis: "L'institut, il nous le faut et nous le
garderons à Nicolet. " Je ne vois pas pourquoi le député
de Nicolet serait contre - on va bientôt voter sur cela, M. le
Président - notre motion uniquement pour plaire à son ministre.
Je peux lui dire qu'en tant que député depuis treize ans dans ce
Parlement... Que voulez-vous, Mme la députée de
Mégantic-Compton?
Mme Bélanger: II ne peut pas voter, il n'est pas membre de
la commission.
M. Godin: II va voter pareil, s'il n'en tient qu'à moi. On
va consentir à ce qu'il vote, Mme la députée. On va
demander qu'il vote pour être bien sûr qu'il défende sur
toutes les scènes du monde sa ville natale.
M. le Président, je disais donc qu'il serait important que le
député de Nicolet vote pour sa ville et qu'il ne se satisfasse
pas des promesses verbales de son ministre parce que l'expérience
démontre qu'une loi comme celle-là, qui date de 1968, la Loi de
police, on n'y touche pas chaque semaine, on y touche chaque 20 ans, chaque
génération; donc, ce serait peut-être le temps, l'occasion
rêvée pour défendre Nicolet et montrer aux gens de Nicolet
que nous, du Parti québécois, on tient à ce que l'institut
reste là pour les raisons... D'ailleurs, le député de
Nicolet m'a convaincu que c'était une bonne idée qu'on avait eue
en amendant la loi en ce sens-là.
M. le Président, je pense que nous sommes maintenant en mesure,
de notre côté, de voter sur cet amendement. Nous suggérons
que le député de Nicolet, qui est maintenant inscrit formellement
comme Intervenant, puisse voter aussi.
Le Président (M. Kehoe): En vertu de l'article 132 du
règlement - je vais le lire - "Le député qui n'est pas
membre d'une commission peut, avec la permission de cette dernière,
participer à ses délibérations, mais ne peut y voter ni y
présenter de motion. " Même avec la permission, il n'a pas le
droit de le faire. Il a le droit de parole, mais il n'a pas le droit de voter
ou de présenter des motions.
M. Marx: M. le Président, étant donné
l'importance de cet amendement, je suis prêt à voter pour que le
député de Nicolet ait le droit de vote.
Le Président (M. Kehoe): II n'a pas le droit en vertu des
règles de procédure de la Chambre.
M. Marx: M. le Président, s'il n'a pas le droit, Je
propose qu'on prenne le vote et que le député de Nicolet nous
dise comment il aurait voté, s'il en avait eu le droit, et ce sera dans
le Journal des débats.
Le Président (M. Kehoe): Juste pour le "fun".
M. Godin: M. le Président, question de directive.
Pouvez-vous me dire si la commission peut demander qu'un intervenant puisse
voter?
Le Président (M. Kehoe): Non. D'ailleurs, le
règlement est fait par l'Assemblée nationale.
M. Godin: Oui, mais...
Le Président (M. Kehoe):... il faut absolument qu'on le
suive. On ne peut pas changer les règles de fond. Les règles de
fond de l'article 132 disent clairement: "ne peut pas".
M. Godin: Ne peut pas voter.
Le Président (M. Kehoe): Et nous, ici, en commission, on
n'a pas le droit de changer le règlement ou les règles. Donc,
l'article est clair, net et précis. Comme tel, il n'aura pas le droit de
voter.
M. Marx: M. le Président, il pourrait Indiquer comment il
aurait voté s'il avait eu le droit de le faire.
M. Godin: D'accord, autorisé. Consentement, M. le
Président.
M. Marx: Le député de Mercier est-il d'accord avec
cela?
M. Godin: Je suis totalement satisfait.
M. Marx: M. le Président, le député de
Mercier est d'accord pour que l'on vote et que le député
de...
Le Président (M. Kehoe): Voulez-vous avoir le vote
nominal?
M. Godin: Avec la clause ajoutée par le ministre que, dans
le cas du député de Nicolet, II
dise que s'il avait pu voter il aurait voté dans telle
direction.
M. Marx: C'est parfait.
Le Président (M. Kehoe): D'accord. Je demande à la
secrétaire d'appeler les députés.
La Secrétaire: Alors, pour ou contre l'amendement
présenté par M. Godin (Mercier). M. Marx (D'Arcy McGee)?
M. Marx: Contre.
La Secrétaire: Mme Bleau (Groulx)?
Mme Bleau: Contre.
La Secrétaire: M. Brouillette (Champlain)?
M. Brouillette: Contre.
La Secrétaire: M. Ooyon (Louis-Hébert)?
M. Doyon: Contre.
La Secrétaire: M. Kehoe (Chapleau)?
Le Président (M. Kehoe): Contre.
La Secrétaire: M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Pour.
La Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
La Secrétaire: La motion est rejetée: 5-2.
M. Godin: J'ai une question à poser.
Le Président (M. Kehoe): Le député de
Nicolet, s'il avait eu le droit de voter, pourrait-il indiquer de quel bord il
aurait voté?
M. Richard: Je dois dire que si l'avais voté ici, en toute
honnêteté, en mon âme et conscience et surtout pour
l'ensemble de mes citoyens, deux sécurités valent toujours mieux
qu'une, j'aurais voté pour.
Des voix: Ah!
M. Richard: Effectivement.
Le Président (M. Kehoe): Cela dit...
M. Marx: Au moins, M. le Président, le moins que l'on
puisse dire ici, c'est un député honnête.
M. Claveau: II a pris tout un détour pour y arriver.
Le Président (M. Kehoe): Pour les fins du Journal des
débats, l'amendement présenté par le
député de Mercier est rejeté. Nous allons procéder
maintenant à l'étude de l'article 3. On va y revenir. L'article 3
est-il adopté? Votre amendement a été rejeté, M. le
député. L'article 3 est-il adopté?
M. Claveau: Sur division.
Le Président (M. Kehoe): Surdivision?
M. Claveau: Oui, sur division.
Le Président (M. Kehoe): Adopté sur division.
J'appelle l'article 4.
M. Claveau: "L'institut est administré par un conseil
d'administration, de douze membres répartis comme suit.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, avez-vous des
commentaires à faire sur l'article 4?
M. Marx: On a déjà discuté de cet article
lors des remarques préliminaires du député d'Ungava, mais
s'il a des choses à ajouter, moi, je n'ai rien à ajouter.
M. Claveau: On a discuté du principe global de la
création d'un institut et d'une corporation indépendante qui
s'appellerait Institut de police du Québec. On n'a pas discuté du
conseil d'administration, de sa composition, de la pertinence des
représentants au conseil d'administration et je pense qu'il est tout
à fait normal et plus que nécessaire de préciser tout cela
pour le bénéfice de tout le monde.
Ma première question au ministre serait de savoir quel est
l'intérêt, pour une meilleure administration ou une meilleure
formation des policiers, puisque tel est le rôle spécifique de
l'Institut de police, d'augmenter ou de doubler, de passer de six à
douze le nombre de membres du conseil d'administration? Est-ce que cela risque
de changer la vocation sociale, la vocation première de l'Institut de
police du Québec?
Le Président (M. Kehoe): Oui. Voulez-vous
répéter votre question, M. le député?
M. Claveau: Je peux reprendre ma question. M. Marx: Oui,
si vous voulez. Je m'excuse.
M. Claveau: Merci. Ce n'est pas ma faute, cela va juste
être plus long.
M. Marx: J'ai entendu la question: Est-ce que vous voulez...
M. Claveau: Je veux avoir une réponse.
M. Marx: SI j'avais écrit sept, vous auriez demandé
pourquoi sept, pourquoi pas six? Si c'était huit, vous auriez dit:
Pourquoi huit au lieu de six? Si c'était neuf, pourquoi neuf au lieu de
six? Et ainsi de suite. C'est douze parce que c'est douze. Quand on fait
l'addition, cela fait douze.
M. Godin: Les douze apôtres. L'exemple vient de haut.
M. Marx: Peut-être que le député poète
de Mercier a raison. Peut-être que c'est cela, mais je dis que c'est
douze, parce que c'est douze.
La Présidant (M. Kehoe): Adopté?
M. Marx: Si vous voulez en ajouter un treizième, on va
considérer l'amendement.
M. Claveau: Je veux bien prendre les réponses du ministre,
mais il ne nous enverra pas promener comme ça tout le long de
l'étude de la loi, ce n'est pas vrai. S'il en est arrivé
là, il y a des raisons. Il y a une démarche qui a
été faite, il y a des propositions qui ont été
faites au ministre, il y a des études qui ont été
faites...
M. Marx: C'est sûr.
M. Claveau:... qui ont permis que cela arrive là. On veut
connaître les arguments qui ont fait en sorte que le ministre accepte de
dégager des fonds, parce que cela va coûter plus cher à six
qu'à douze, c'est bien évident, et mettre en place une structure
plus complexe, moins facile, où les réunions seront
sûrement moins faciles à réaliser avec quorum et où
il y aura plein de contraintes supplémentaires, parce qu'il y a douze
personnes. Il y aura plus de discussions, etc. Alors quels sont les arguments
qui ont été déposés devant le ministre, que tout un
chacun a fait valoir au ministre, pour le convaincre que c'était mieux
d'avoir douze membres au conseil d'administration plutôt que six, pour
gérer un institut dont la seule et unique raison d'être est de
former des policiers? Ce n'est pas pour donner des cours en langues mortes. Ce
n'est pas pour faire des pilotes de course, même si on s'assure que les
policiers soient de bons conducteurs. C'est pour former des policiers. Quels
sont les arguments assez convaincants et percutants déposés
devant le ministre qui ont pu le convaincre qu'il valait mieux
réinvestir plus d'argent pour doubler la composition du conseil
d'administration et que cela ferait en sorte qu'on aurait de meilleurs
policiers, en bout de piste? Ces montants n'auraient-ils pas, au contraire,
été mieux placés dans la structure du côté
pédagogique plutôt que du côté administratif ou de la
gérance?
M. Marx: Premièrement, j'aimerais référer le
député à l'article 7 qui va avec l'article 4. Par exemple,
le sous-ministre de la Sécurité publique ne sera pas
rémunéré.
M. Claveau: Pour les déplacements, mais les choses qui
vont être liées à sa présence?
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde.
M. Marx: II ne sera pas rémunéré. Le
directeur général de la Sûreté du Québec ne
sera pas rémunéré, l'autre sous-ministre... C'est pour
l'argent. Pour le fond, nous avons discuté avec les milieux. Ce n'est
pas d'aujourd'hui, ni d'hier. Cela date de deux ans maintenant. Il y a des gens
qui ont suggéré quinze membres, vingt membres, neuf membres, dix.
Tout le monde a eu des suggestions. Nous avons tranché dans le sens de
l'article 4. Nous avons pensé que... Pardon?
M. Claveau: À partir de quelle argumentation, de quel
raisonnement?
M. Marx: Je n'ai pas toutes les argumentations. Je ne vais pas
vous lire tout ce qu'il y avait dans les mémoires ni vous
répéter toutes les discussions que j'ai eues avec tout le monde.
Par exemple, il y a des gens qui ont voulu qu'à l'alinéa 8 on ait
plus de personnes provenant du milieu socio-économique. Nous avons
décidé que ce serait deux. Je pense que la Commission des droits
de la personne a suggéré qu'il y en ait plus que deux. C'est
cela, c'est douze. Je ne pense pas que ce soit un chiffre magique. Quand on a
fait l'addition de tous ceux qui, à notre avis, devaient être
membres de ce conseil d'administration, nous sommes arrivés à
douze.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Groulx.
M. Marx: J'aimerais répondre à la question
posée par le député d'Ungava. J'essaie de donner la
meilleure réponse possible. Mais que voulez-vous comme réponse,
M. le Président?
Le Président (M. Kehoe): On va voir. Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: On a la réputation, au gouvernement
libéral, d'avoir toujours un juste milieu. M. le Président,
l'Institut de Nicolet est très important pour moi puisque j'ai une fille
qui y est passée et qui est aujourd'hui policier dans la ville de
Longueuil. Pour la première fois à l'Institut de police de
Nicolet, une femme remettait un diplôme à une policière.
C'est moi, comme députée, qui lui ai remis son diplôme.
J'en ai été très fière.
Le conseil d'administration, tel que composé, représente
très bien le milieu qu'il va servir puisqu'on y retrouve quelqu'un de
l'Enseignement supérieur et de la Science, quelqu'un de la
Sécurité publique, le directeur générai de
la Sûreté du Québec, le directeur du Service de
police de la Communauté urbaine de Montréal, une personne
occupant une fonction de directeur d'un corps de police municipal, deux
élus municipaux, deux personnes provenant des associations
chargées de défendre les intérêts des membres des
corps de police et, enfin, deux personnes provenant du milieu
socio-économique. (17 heures)
Tout à l'heure, le député d'Ungava se surprenait du
choix de deux personnes provenant du milieu socio-économique. Partout au
Québec, dans les cégeps, les universités, quels que soient
les organismes, il y a toujours des personnes qui viennent du milieu
socio-économique. Je pense que c'est important, parce qu'elles apportent
un point de vue qui n'est pas nécessairement, dans le cas qu'on regarde
en ce moment, celui du secteur policier. En plus, quand vous parlez d'argent,
je vois, quelques articles plus bas, que les membres du conseil
d'administration ne reçoivent pas de salaire. Alors, je ne vois pas ce
que 11, 10, 9 ou 12 vont apporter comme différence. À ce
moment-là, je trouve, M. le Président, que le conseil
d'administration, de la manière dont il est proposé, est vraiment
presque une perfection. Alors moi, de ce côté-là, je suis
très satisfaite.
Le Président (M. Kehoe): Merci, Mme la
députée de Groulx.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Si Mme la
députée de Groulx n'a pas compris, on va lui expliquer ce que
cela veut dire.
Mme Bleau: Bien mieux que vous.
M. Claveau: On aura l'occasion de s'en reparler parce qu'on va
poser aussi des questions au ministre là-dessus. Écoutez, on dit
que ces gens-là sont des bénévoles, sans salaire. On a vu
comment cela fonctionne dans certains cas. Je ne dis pas dans tous les cas
mais, dans certains cas, les bénévoles dans le gouvernement
actuel sont bénévoles à 200 $ par jour, avec des frais de
dédommagement pour dérangement, etc. C'est facile d'être
bénévole dans ces conditions-là. Il y a les frais de
déplacement. Quand vous allez prendre un représentant
socio-économique, par exemple, je ne sais pas, à moins que tout
le monde ne vienne de Montréal, mais si vous en prenez un de Rimouski et
que vous le déplacez pendant deux jours une fois tous les trois mois
pour tenir un conseil d'administration au siège social de Nicolet -
c'est probablement là que cela va avoir lieu - je ne pense pas que vous
ne lui paierez pas ses dépenses au moins au tarif autorisé pour
les fonctionnaires du gouvernement. Lorsque vous avez un souper du conseil
d'administration, comme cela arrive partout, c'est la même chose. Bon, ce
sont toutes des dépenses et, finalement, cela finit par coûter pas
mal plus cher. Et c'est plus de frais de gérance chaque fois que vous
convoquez un conseil d'administration et que vous devez préparer les
dossiers pour tous les membres du conseil d'administration. Au lieu d'en
préparer pour six, vous en préparez pour douze et cela veut dire
que cela prendra probablement une secrétaire ou une
demi-secrétaire de plus. Quand on additionne tout cela, c'est cela que
cela veut dire. Cela veut dire que, généralement, les conseils
d'administration avec des chaises autour de la table qui valent 200 $ ou 300 $
chacune, il va en falloir douze au lieu de six.
Des voix: Oh!
M. Claveau: Mais oui, c'est tout cela que cela veut dire. Quand
on est un gouvernement qui parle de coupures et qu'il faut économiser
partout, c'est cela que cela veut dire. Une piastre, c'est un piastre, on aura
beau dire ce qu'on voudra. Alors, qu'on me dise que cela ne coûtera pas
plus cher, ce n'est pas vrai. Dans ce sens-là, j'exige que le ministre
dépose le budget de l'actuel conseil d'administration et le budget
prévu pour le futur conseil d'administration et on va voir effectivement
ce que sont les prix. Le ministre, au moment où on se parie, s'il veut
nous faire voter honnêtement sur une chose semblable, surtout
après les affirmations de Mme la députée, doit
déposer les rapports financiers - probablement que cela existe - pour
voir combien cela a coûté pour le conseil d'administration de
l'Institut de police tel qu'on le connaît jusqu'à aujourd'hui et
quelles sont les prévisions financières pour le prochain conseil
d'administration, de la nouvelle façon qu'il va l'opérer. Je
demande au ministre de déposer ces documents et cela presse, parce que
Mme la députée vient de nous dire ici des aberrations. On voit
qu'elle n'a pas siégé souvent à un conseil
d'administration pour nous dire ce qu'elle a dit là.
Mme Bleau: Bien plus souvent que vous ne le pensez, monsieur.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Marx: M. le Président, en ce qui concerne les
dépenses, ce n'est pas le temps de poser une telle question.
M. Claveau: Cela devait être...
Le Président (M. Kehoe): Laissez-le répondre, c'est
le ministre qui a la parole.
M. Marx: L'Opposition officielle peut consulter les comptes du
gouvernement, elle va trouver ce qu'elle cherche. Pour le nouveau conseil
d'administration, je n'ai pas les chiffres. Je ne sais pas si les gens vont y
aller en autobus, en voiture ou s'ils vont marcher jusqu'à Nicolet. Je
ne sais pas comment ils vont y aller
je ne sais pas s'ils vont manger des pizzas, des hot dogs ou des steaks.
Donc, je ne peux pas vous dire combien ils vont dépenser.
Le Président (M. Kthoe): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Je n'avais pas
l'Intention d'intervenir, mais ayant entendu la tirade du député
d'Ungava je pense qu'à un moment donné il faut quand même
mettre les choses au point. Le député d'Ungava vient de nous
faire la plus belle comédie. Il est monté sur ses grands chevaux
en disant que, finalement, avec quelques sièges de plus autour de la
table, il fallait compter le prix des sièges, qu'il faudrait
s'inquiéter du genre de capitonnage. Il est en train de faire la plus
belle démonstration, M. le Président, que dans le moment nous
sommes tous témoins d'une triste comédie dont il est le mauvais
acteur, triste comédie qui vise à faire perdre tout le temps
qu'on peut à cette commission en camouflant d'une façon
absolument pitoyable le véritable but de l'exercice que fait
actuellement le député d'Ungava. C'est désagréable,
c'est pénible, mais il faut quand même appeler les choses par leur
nom, à un moment donné. Nous avons, M. le Président, vous
et moi, la semaine dernière ou, cette semaine je pense, assisté
au commencement de cette comédie où, pendant des heures et des
heures, les députés de l'Opposition ont fait motion
préliminaire sur motion préliminaire et on a entendu un
rabâchage de choses absolument absurdes, une collection de sottises, de
balivernes, où finalement on répétait à qui mieux
mieux les plus grosses énormités. Tout cela pourquoi?
C'était facile à deviner, M. le Président. En même
temps qu'on faisait semblant de vous regarder, on regardait du coin de l'oeil
l'horloge qui est devant vous pour tenter d'atteindre sans avoir fait aucun
travail utile, aucun avancement dans le projet de loi qui est sous
étude, pour tenter d'atteindre l'heure fatidique de minuit. M. le
Président, on est en train de vivre la répétition de
cettne triste comédie et le député d'Ungava nous fait la
démonstration par a plus b qu'il est en train de continuer le même
manège. Qu'un député, pas n'importe qui, un
député, M. le Président, pointe du doigt la
députée de Groulx et lui dise, le trémelo dans la voix:
"Savez-vous ce que cela coûte, douze personnes par rapport à six
personnes? Cela coûte des sièges de plus, le savez-vous? Le
savez-vous?' Qu'est-ce que c'est que cette histoire? Qu'est-ce que c'est? C'est
absolument honteux! Il faut être totalement idiot ou imbécile pour
amener des arguments semblables. Ce n'est pas n'importe qui qui nous les
apporte ici. On est avec un député qui prétend servir le
bien commun. SI je lui disais que le temps qui fait perdre à la
commission coûte Infiniment plus cher que ce que vous prétendez
que vont coûter douze membres par rapport à six ou à huit.
Avez-vous déjà réfléchi à cela: combien vous
coûtez actuellement au gouvernement et à la population du
Québec? C'est une pure honte! Que vous soyez ici pour poser des
questions au ministre, que vous soyez ici pour avoir des réponses sur
des articles de loi qui sont présentés, j'en suis. Ce travail
dans l'Opposition, M. le député, je l'ai fait pendant plusieurs
années, de même que le faisait à cette époque le
président. Nous l'avons fait, M. le Président, mais jamais nous
ne l'avons fait en riant du véritable but d'une commission parlementaire
qui est Ici pour étudier le projet de loi article par article.
Je trouve absolument désagréable d'être
témoin, j'ai honte d'être témoin parce que, malgré
la distance qui nous sépare, M. le député, il y a un
dénominateur commun qui nous unit, que je le veuille ou non, c'est celui
qu'on est tous les deux des députés. Et quand vous vous comportez
comme vous le faites actuellement et que le président est obligé
de vous laisser aller parce qu'il n'a pas le choix, étant lié par
un règlement qui nous régit et compte tenu de son
Impartialité, il est obligé de vous laisser aller; il ne peut pas
vous dire ce que je vous dis, la population ne peut pas vous dire ce qu'elle
aurait envie de vous dire mais, mol, je peux vous le dire, par exemple, parce
que cette façon de faire les choses...
M. Claveau: Question de règlement.
M. Doyon: Je n'ai pas fini. M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Oui, juste sur une question de
règlement.
M. Claveau: Est-ce qu'on plaide sur une question de
règlement, une question de comportement ou sur la pertinence par rapport
à l'article qu'on est en train de discuter?
M. Doyon: Je disais justement, M. le Président, que le
temps que fait perdre le député est plus coûteux que le
soi-disant coût...
M. Claveau: M. le Président, j'ai soulevé une
question de règlement et je n'ai pas fini d'argumenter. Est-ce que les
propos du député de Louis-Hébert sont pertinents quant
à la composition du conseil d'administration de la nouvelle corporation
que veut former le ministre en vertu de l'article 4 de sa loi?
Le Président (M. Kehoe): M. le député,
pourriez-vous conclure?
M. Doyon: Je conclurai avec plaisir, M. le Président,
parce que je suis à votre service, mais je signalerai au
député d'Ungava que la pertinence de mes propos est
évidente quand on fait le lien. Je ne vous demande pas de le faire parce
que vous ne serez peut-être pas capable de le faire, mais, en tout cas,
c'est une autre affaire. Le lien que je fais entre votre comportement...
M. Claveau: Je n'ai toujours pas eu de réponse sur ma
question de règlement, M. le Président.
M. Doyon:... le coût qu'il impose et ce que vous
prétendez...
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde, s'il vous
plaît! Sur la pertinence?
M. Claveau: Oui, sur la pertinence des propos par rapport
à l'article 4 qu'on est en train de discuter actuellement. Que je sache,
les propos de la députée de Groulx étaient pertinents par
rapport au coût du fonctionnement. La réponse que je lui ai faite
était dans la même pertinence par rapport au coût du
fonctionnement, soit les coûts qui seraient générés
par l'application de l'article 4. Mais le député de
Louis-Hébert est en train de me faire un procès qui n'est
absolument pas pertinent à l'article 4.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Louis-Hébert, pourriez-vous revenir sur le fond de l'article 4, s'il
vous plaît?
M. Doyon: Oui, M. le Président. Le ministre nous dit
qu'après des études, après des consultations, après
avoir pesé le pour et le contre, il en est venu à la conclusion
d'un conseil d'administration composé de membres tel qu'indiqué
dans l'article de loi qui est sous étude, après avoir
regardé l'ensemble du dossier. La réponse que le
député d'Ungava trouve à cela, c'est: Est-ce que vous
savez qu'un siège de plus, cela coûte plusieurs centaines de
dollars. Avez-vous réalisé que les gens devaient s'asseoir sur
quelque chose et qu'en s'assoyant sur une chaise de plus, cela coûtait
plus cher? Je réponds à cela: M. le député
d'Ungava, est-ce que vous avez réalisé que le temps que vous et
vos collègues font perdre à cette commission - je ne parie pas
des autres commissions, mais à cette commission - coûte beaucoup
plus cher à la population du Québec que ce que vous
argumentez...
Le Président (M. Kehoe): L'article 4.
M. Doyon:... avec le coût?
Le Président (M. Kehoe): L'article 4 encore.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Le coût d'un conseil
d'administration de douze membres, M. le Président, est minime par
rapport à ce que coûtent des interventions hors propos comme
celles que fait le député d'Ungava. Je me rattache directement
à l'article 4, M. le Président. Je n'aurai cesse de le faire que
lorsque le député d'Ungava aura compris que, si on veut parler
d'économie, il devrait commencer par donner l'exemple. C'est l'exemple
qui compte, ce ne sont pas (es paroles, M. le Président.
Le ministre est économe, la preuve c'est qu'il restreint ses
réponses à un minimum de mots. C'est un ministre économe,
c'est un ministre qui sait compter. C'est un ministre qui fait partie d'un
gouvernement qui, globalement, sait compter. Cela va ensemble. Et que quelqu'un
de l'allégeance politique du député d'Ungava vienne nous
faire la leçon là-dessus, c'est à se tordre de rire, M. le
Président. M. le Président, quand on a été, vous et
moi, pendant de trop longues années dans le purgatoire de l'Opposition
et que nous avons vu les dépenses à gogo qui se faisaient de tous
bords et tous côtés, que vous avez dénoncées, que
j'ai dénoncées, le conseil d'administration de l'article 4 est un
conseil d'administration équilibré, balancé, qui tient
compte de la multitude d'intervenants. Il pourrait être plus large, il
pourrait être moins large. Il pourrait avoir 25 membres, il pourrait en
avoir 5, mais le choix que fait le ministre est un choix qui, il nous l'assure,
a été fait à la suite de consultations, à la suite
d'une réflexion, à la suite d'une évaluation de la
situation. Si le député d'Ungava avait une proposition et disant:
J'ai consulté l'ensemble des intervenants du milieu policier, je le sais
parce que j'ai vu tant de personnes, des centaines de personnes, j'ai tenu des
consultations et il faudrait que...
M. Claveau: Question de...
M. Doyon: Sur quoi, M. le Président? Je n'ai pas
interrompu le député d'Ungava. Cela fait cinq fois qu'il
m'interrompt.
M. Claveau: Question de règlement, M. le
Président.
M. Doyon: Je suis à l'article 4. Sur quoi m'interrompt-il
pour faire perdre le...
M. Claveau: Question de règlement, M. le
Président.
M. Doyon:... temps de la commission une autre fois, M. le
Président?
M. Claveau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Sur une question de
règlement.
M. Claveau: Je veux bien que le député de
Louis-Hébert prenne tout son temps, sauf que, puis-je demander à
la commission une suspension de quelques minutes pour avoir l'occasion de
participer à un acte hautement démocratique qui s'appelle le
bâillon en cette Chambre, où on me demande d'intervenir? On
demanderait une suspension des travaux de cette Assemblée pour quelques
minutes.
Le Président (M. Kehoe): Nous allons
suspendre nos travaux pour dix minutes... M. Claveau: Dix ou
quinze minutes.
M. Marx: M. le Président, est-ce que les cloches ont
sonné?
Une voix: II n'y a pas de vote.
M. Claveau: Non, c'est pour une intervention sur la loi de
suspension...
Le Président (M. Kehoe): II doit parler.
M. Claveau:... comment dirais-je, sur le bâillon.
Le Président (M. Kehoe): Nous allons suspendre les travaux
jusqu'à...
Mme Bleau: M. le Président, il y a d'autres personnes qui
sont supposées siéger à cette commission. On les a
déjà nommées au commencement. Il n'y aurait pas quelqu'un
pour venir le remplacer? M. Godin était supposé être
là.
Le Président (M. Kehoe): Mais...
M. Doyon: Le député de Mercier était ici
tout à l'heure.
Le Président (M. Kehoe): Je comprends mais, dans le fond,
il y a une demande par la...
M. Marx: M. le Président, s'ils ont d'autres
députés, on pourrait continuer avec un autre député
qui est membre de la commission. (17 h 15)
M. Claveau: M. le Président, contrairement à la
tradition parlementaire qui veut que, lorsqu'un critique ne peut être
présent, il en avise son ministre et il y a discussion entre les
leaders, on suspend les travaux de la commission pour permettre autant au
ministre qu'au critique de l'Opposition de participer à d'autres
activités ou de remplir d'autres obligations, dans le cas
présent, on a accepté de tenir la commission et d'avancer dans
l'étude du projet de loi même si le porte-parole officiel de
l'Opposition n'était pas présent. C'est déjà
là une entrave à la tradition dans la mesure où,
traditionnellement, on accepte cela. Ce que nous vous demandons, dans les
circonstances, c'est d'avoir une suspension de quelques minutes pour me
permettre une intervention en Chambre.
M. Marx: Je veux bien que le député d'Ungava ait
ces quelques minutes en Chambre parce que je suis sûr qu'il a des choses
importantes à dire, mais l'autre soir on a perdu toute la soirée
et tout l'après-midi avec des non-sens. Il y avait un "filibuster" et
c'est pourquoi on siège vendredi soir. Ce n'est pas a cause du
gouvernement, ce n'est pas ma faute s'ils ont voulu faire un "filibuster" toute
une journée.
M. Claveau: M. le Président, la Loi sur l'Assemblée
nationale...
Le Président (M. Kehoe): Je suis prêt...
M. Claveau:... dit qu'en période intensive on siège
jusqu'à minuit tous les soirs, cinq jours par semaine. C'est la Loi sur
l'Assemblée nationale qui le dit.
M. Marx: Oui, mais c'est la première fois depuis neuf ans
que je siège un vendredi soir en commission parlementaire. Je n'ai
jamais fait de "filibuster" et de niaisage durant des heures et des heures.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Claveau: Écoutez, vous vous en plaindrez à votre
leader, M. le ministre.
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde.
M. Marx: Non, non, le député d'Ungava
n'était pas ici, j'en conviens. Je sais que le député
d'Ungava est intéressé comme nous à faire avancer les
travaux et ainsi de suite, mais il n'est pas le critique officiel en cette
matière. Donc, je vois bien que c'est le député de Mercier
qui était ici, il a déjà parlé sur l'article 2. Je
pense qu'il devrait être compétent pour parler sur l'article 3 ou
4; nous sommes à l'article 4. Le député de Mercier a fait
toute une intervention sur l'article 3, il a fait un amendement. On peut
demander au député de Mercier de venir parler sur l'article 4.
Cela ne devrait pas causer de problème.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, il relève
de la compétence du président de prendre une décision.
M. Marx: Je demande...
Le Président (M. Kehoe): Je suis d'accord avec vous, mais
peut-être qu'on peut, avec la coopération du député
d'Ungava et du député de Mercier, poursuivre nos travaux. On peut
suspendre une dizaine de minutes et reprendre immédiatement.
M. Marx: Si le député de Mercier vient, ce ne sera
pas nécessaire de suspendre.
M. Claveau: Dès que le député de Mercier
aura fini son intervention et que j'aurai pris la relève, il va
revenir.
Le Président (M. Kehoe): Tiens, le voilà.
M. Marx: Ah voilà! Merci. J'aimerais remercier le
député d'Ungava pour sa collabora-
tion.
M. Claveau: Je reviens tout de suite après,
M. le ministre, n'ayez crainte.
M. Marx: On va essayer d'adopter quelques articles en votre
absence.
Le Président (M. Kehoe): Bon. M. Marx: Bon.
Le Président (M. Kehoe): On était rendus à
l'article 4.
M. Doyon: Adopté.
M. Marx: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Kehoe): Monsieur...
M. Marx: Le député de Mercier se fait "coacher" par
un des recherchistes maintenant, pour se comprendre et ne pas "stâler"
les débats.
M. Godin:... avec mon recherchiste juridique, comme l'appelle le
ministre.
Le Président (M. Kehoe): D'accord. M. le
député de Mercier, avez-vous des commentaires ou des paroles?
M. Godin: J'ai un amendement à proposer, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Godin: J'ai un amendement à proposer,
M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Ah! excusez-moi! Avez-vous
l'amendement par écrit?
M. Godin: Oui, je l'ai ici.
Le Président (M. Kehoe): Merci.
M. Godin: L'amendement aux alinéas 1 et 2, consisterait
à enlever les trois derniers mots de chaque alinéa en question:
les mots "ou son représentant", à l'alinéa 1, et les
mêmes mots à l'alinéa 2. Mais, si vous voulez le lire, pour
que tout le monde en prenne connaissance sérieusement.
M. Marx: C'est quoi la question?
Une voix: C'est un amendement qui est proposé.
Le Président (M. Kehoe): Numéro 4.
M. Marx: Que les membres du conseil doivent être des
résidents de Nicolet, c'est cela l'amendement, non?
M. Godin: Mais non, M. le ministre, soyez donc
sérieux.
Le Président (M. Kehoe): Je vais lire l'amendement:
L'article 4 du projet de loi 86 est amendé en biffant, au premier
paragraphe, après les mots "Sécurité publique", les mots
"ou son représentant" et en biffant, au deuxième paragraphe,
après les mots "de la Science", les mots "ou son représentant".
Je déclare l'amendement recevable et je demande au député
de Mercier de faire des commentaires sur son amendement.
M. Godin: M. le Président, je pense que les mots "ou son
représentant" indiquent le peu d'importance qu'attachent à
l'institut les deux ministères concernés. Je pense que, comme il
s'agit de réunions ayant lieu une fois par trois mois, donc quatre fois
par année, il est important que les sous-ministres soient
eux-mêmes présents pour que le fonctionnement de cet institut soit
meilleur et également pour qu'on se rende compte que les deux
ministères et le gouvernement attachent de l'importance à un tel
institut, qu'ils n'envoient pas n'importe qui à ces réunions
quand ça adonne, mais bien les personnes importantes des
ministères concernés, c'est-à-dire le sous-ministre de M.
le ministre qui est ici et le sous-ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science. Nous estimons que l'institut a un rôle important
à jouer au Québec et qu'il est important que les deux
ministères concernés par cette institution soient eux-mêmes
présents, parce que l'expérience nous a démontré
dans le passé que, dans bien des cas, quand les lois portaient des
options telles que "ou son représentant", c'était comme une
routine qui s'installait et que le ministère envoyait n'importe qui, ou
à peu près, y siéger et que l'institut est ainsi moins
efficace et, je dirais, plus loin de la réalité vécue par
les ministères concernés par cet institut.
Pour ces raisons, Mme la Présidente, nous estimons que les mots
"ou son représentant" laissent la porte ouverte à des abus
d'indifférence de la part des ministères concernés, et
surtout à des absences nombreuses et suivies des deux sous-ministres
dont c'est la tâche d'être là, parce que ce sont eux qui
sont au fait de ce qui se passe au gouvernement et dans les ministères,
d'une part, et parce que ce sont eux qui peuvent dire a l'institut le contexte
dans lequel les budgets sont décidés, le contexte dans lequel les
programmes sont décidés au chapitre de la formation. C'est
pourquoi nous, nous estimons que, quand les vrais sous-ministres sont
présents, c'est plus efficace et ça fonctionne mieux. Pour ces
raisons, Mme la Présidente, nous tenons à ce que ces amendements
soient votés par la commission.
La Présidente (Mme Bleau): M. le ministre.
M. Marx: Oui. Mme la Présidente, nous ne sommes pas
d'accord, parce qu'il pourrait arriver que le sous-ministre soit lui-même
pris ailleurs et qu'il veuille envoyer comme représentant le
sous-ministre associé responsable de ce dossier. Je trouve que c'est un
amendement de forme et non pas de fond, un amendement que nous ne pouvons pas
accepter à ce moment-ci.
M. Godin: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bleau): M. le député de
Mercier.
M. Godin:... l'expérience du ministre est peut-être
brève, mais la mienne est plus longue que la sienne, et je peux dire que
les sous-ministres ont en général des agendas et les
secrétaires leur disent des semaines d'avance: Vous avez une
réunion à telle date. Et, comme il s'agit de quatre
réunions par année, Mme la Présidente, je pense qu'il est
très très rare que le sous-ministre puisse dire, la veille d'un
tel engagement: Ah! je suis pris, je n'ai pas prévu, alors que s'il a le
moindrement un agenda dans ses poches ou dans son bureau il sait ce qui s'en
vient dans X semaines et mois et il y va. L'idéal serait que la
même personne soit désignée pour être toujours
présente à ces réunions, pour qu'il y ait un suivi dans le
développement des dossiers.
Nous savons très bien, pour l'avoir vécu ou
observé, que quand on change de personne, cela justifie souvent les
gouvernements ou les ministères de faire un peu ce qu'ils veulent en
invoquant qu'il y a eu un changement et que, voilà, le dossier n'a pas
cheminé pendant le changement. Idéalement, ce serait la
même personne qui devrait être là à chaque
réunion pour que, si on lui confie un dossier après une
réunion, elle puisse l'apporter à Québec, au
ministère, et voir à ce que le suivi soit fait. Je pense qu'il
n'y a personne, avec une expérience de la fonction publique ou de
l'administration comme le député de Louis-Hébert en a une,
qui va nier que quand c'est la même personne qui est en charge d'un
dossier il a plus de chances de cheminer, comme on dit, dans le gouvernement,
que si c'est une personne différente à toutes les
réunions.
L'efficacité tient à la fidélité, au suivi
et à la continuité. S'il n'y a pas cela, il y a plus de chances
que les dossiers soient oubliés ou mis sur les tablettes, comme on dit
communément à Québec et à Ottawa.
M. Marx: Mme la Présidente, je demande le vote.
La Présidente (Mme Bleau): Merci, M. le
député de Louis-Hébert aimerait...
M. Doyon: Mme la Présidente, tout simplement pour indiquer
au député de Mercier que, là comme dans autre chose, le
mieux est l'ennemi du bien et que si son amendement était
accepté, finalement, le risque qu'il y aurait - cela se produirait
sûrement - c'est que le sous-ministre en titre ne pouvant y aller,
personne n'irait, et cela ferait un conseil d'administration amputé d'un
point de vue important, celui du ministère de la Sécurité
publique ou celui du ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science. Dans les circonstances, il est bien sûr que le gouvernement
doit faire preuve de prévoyance, parce que dans les lois il faut penser
a toutes les choses qui peuvent se produire et une d'entre elles, c'est que le
ministre ou sous-ministre ne puisse pas être présent aux conseils
d'administration qui sont fixés à l'avance. Dans les
circonstances, il doit pouvoir se faire remplacer de façon que
l'institution ministérielle qu'est le ministère de la
Sécurité publique, ou encore le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science, puisse être
représentée par personne autorisée.
Je peux assurer le député de Mercier, il le sait
sûrement, que les ministères ne se font pas représenter par
des deux de pique à ces conseils d'administration. Ils sont
représentés par des gens avertis, dont c'est la compétence
et qui, à l'intérieur même du ministère, ont la
responsabilité de suivre en l'occurrence les affaires de l'institut. Il
serait illusoire et contraire au bon sens d'envoyer le sous-ministre qui a la
responsabilité globale de tout le ministère, alors que ne pouvant
voir à tout, il est obligé de séparer et confier les
tâches à des sous-ministres associés ou des sous-ministres
adjoints. Et c'est justement ce à quoi ils servent et ce pourquoi ils
sont nécessaires. Et vouloir toujours faire intervenir le sous-ministre,
de la même façon que vouloir toujours faire intervenir le
ministre, c'est impossible.
Nous-mêmes dans nos comtés, Mme la Présidente, vous
le savez, nous ne pouvons pas être régulièrement dans nos
comtés. Nous avons donc des gens qui nous représentent, pour que
le travail puisse se faire en notre absence. C'est cela avoir un
représentant, c'est cela savoir déléguer, c'est cela
finalement savoir administrer.
De toute façon, cet: amendement du député de
Mercier s'inscrit dans la continuité d'autres amendements passés,
et je peux vous le dire à l'avance, Mme la Présidente, d'autres
amendements à venir. Même si on dispose immédiatement de
celui-ci en votant, ils en ont une réserve pleine pour nous mener
jusqu'à minuit, Mme la Présidente, sans que nous ayons
avancé dans l'étude du projet de loi. La réaction normale
que j'aurais serait de ne pas parler plus longuement, sauf que je me dis:
À quoi cela servira-t-il, puisque nous votons, nous rejetons
l'amendement, ils se retournent et en ont un autre à vous
présenter. Cela ne finira ja-
mais - c'est français - parce que la tactique est là, la
stratégie est là. Elle s'inscrit comme cela depuis des heures et
des heures. Alors, cet amendement, Mme la Présidente, vise à
faire perdre le temps de cette commission, parce qu'il est contraire, comme les
autres amendements que nous avons eus et comme ceux que nous allons avoir.
C'est bien simple à comprendre. (17 h 30)
Alors je voudrais dire tout simplement aux honorables
députés de l'Opposition que, comme c'est fatigant de les entendre
sans arrêt, j'ai l'intention de parler aussi souvent qu'eux parce que, au
moins, j'aurai donné la réplique et nous nous rendrons à
minuit en ayant partagé le temps un peu plus également, puisque
le but, c'est de se rendre à minuit. Nous allons nous rendre à
minuit, mais pas en vous entendant parler continuellement, nous allons aussi
parler. On va arriver à minuit et on ne sera pas plus avancé
mais, au moins, on aura donné la réplique aux arguments que vous
nous apportez et qui ne tiennent pas debout, mais qui visent tout simplement
à faire perdre le temps de cette commission, ce que vous faites en le
camouflant très mal, permettez-moi de vous le dire.
La Présidente (Mme Bleau): Merci, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Marx: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bleau): M. le ministre.
M. Marx: L'Opposition se plaint du gaspillage d'argent des
fonctionnaires, du conseil d'administration et d'autres personnes, etc. Le
député d'Ungava a fait tout un plat sur le gaspillage. Ils sont
en train de gaspiller l'argent ici, ce soir. On a des juristes du
ministère, on a des invités qui viennent des
municipalités, des syndicats de policiers, etc. Tout le monde ici fait
dépenser l'argent d'une institution publique d'une façon ou d'une
autre. Pour cela, ce n'est pas important, qu'on dépense 2000 $, 3000 $
ou 15 000 $ de plus cette semaine parce qu'ils "stâlent" d'un jour
à l'autre, cela n'est pas important. Ce qui est important, c'est qu'ils
bloquent les travaux de la commission avec des amendements comme vient de le
dire le député de Louis-Hébert.
M. Godin: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bleau): M. le député de
Mercier.
M. Godin: J'ai vécu, moi, face au ministre de la Justice,
pendant des années; moi, de son côté et lui, du mien et je
peux vous dire que je n'ai jamais osé penser qu'il amenait des
amendements à la loi 67 ou à d'autres lois parce qu'il voulait
dépenser le fric du gouvernement. Je pense qu'au contraire il a fait son
travail de législateur; il l'a fait très bien parce qu'il avait
une expérience dans ce domaine-là aussi, mais je pense que...
À mon avis, c'est indécent de sa part de nous accuser, lui et son
collègue de Louis-Hébert, de dépenser l'argent du
gouvernement à des fins futiles et inintéressantes puisque, au
fond, en tant que législateurs, notre première fonction, M. le
Président, vous le savez mieux que personne et le ministre le sait aussi
en tant que légiste et en tant qu'auteur de plusieurs manuels
très coûteux de droit, je pense qu'on fait notre boulot de
législateurs, M. le Président, tout simplement. Nous tentons de
bonifier un projet de loi qui nous semble plein de défauts, d'une part,
surtout qu'il n'a pas été soumis en version finale aux gens qui
sont principalement touchés par ce projet de loi.
Il y a eu des promesses comme quoi il y aurait des amendements qui
iraient dans le sens des travaux et des consultations réalisées,
mais personne ne sait présentement les amendements que le ministre a
dans ses poches. Et le milieu est inquiet de savoir quels amendements donneront
suite aux recommandations du milieu par rapport aux promesses du ministre.
C'est pour cela, M. le Président, que nous estimons que notre
tâche et notre devoir ici est de faire écho à ce que le
milieu nous a dit, M. le Président. Si nous ne le faisons pas, on ne
pourra sûrement pas compter sur le député de
Louis-Hébert ou sur Mme la députée de Bleau...
Une voix:... de Groulx.
M. Godin:... de Groulx, pardon, excusez-moi c'est un compliment
que je vous faisais, madame, parce que je vous donne déjà un nom
de comté, alors vous devez être contente de moi.
Mme Bleau:...
M. Godin: Justement, peut-être que vous en aurez un
à votre nom tôt ou tard, si vous faites un bon boulot. Le bon
boulot consiste, M. le Président, à faire en sorte que les lois
qui sortent d'ici soient meilleures que quand elles y entrent. Nous ne faisons
que cela, M. le Président. Nous proposons des amendements parce que nous
croyons qu'ils sont fondés et c'est le rôle de l'Opposition de le
faire. C'est ce que le député de D'Arcy McGee a fait pendant les
cinq ans où il a été dans l'Opposition. Il s'est fait une
réputation de légiste et de législateur honnête et
sérieux en apportant les amendements qu'il croyait fondés
à plusieurs reprises devant les commissions auxquelles il
siégeait. Il a beau faire le bruit qu'il veut, M. le Président,
cela ne m'empêchera pas de poursuivre mon boulot de législateur et
de proposer effectivement d'autres amendements. Si celui-là est soumis
aux voix et qu'il est battu, on en a d'autres, M. le Président, parce
qu'on estime qu'il est important de faire notre boulot correctement ici.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, sur
l'amendement.
M. Marx: Ah! Je n'ai rien à dire, M. le Président.
J'ai dit tout ce que j'avais à dire.
M. Godin: Merci.
Le Président (M. Kehoe): L'amendement est-il
adopté? Demandez-vous le...
M. Godin: Le vote nominal.
La Président (M. Kehoe): Le vote nominal. Appel des
députés.
Le Secrétaire: Pour ou contre l'amendement proposé
par M. Godin (Mercier). M. Marx (D'Arcy McGee)?
M. Marx: Contre.
La Secrétaire: M. Blackburn (Roberval)?
M. Blackburn: Contre.
La Secrétaire: Mme Bleau (Groulx)?
Mme Bleau: Contre.
La
Secrétaire: M. Dauphin (Marquette)?
M. Dauphin: Contre.
La Secrétaire: M. Kehoe (Chapleau)?
Le Président (M. Kehoe): Contre.
La Secrétaire: M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Pour.
La Secrétaire: L'amendement est rejeté.
Le Président (M. Kehoe): L'amendement est
rejeté.
La Secrétaire: Cinq voix contre une.
Le Président (M. Kehoe): Cinq contre un. Nous revenons
à l'article 4.
M. Marx: Je demande le vote, M. le Président.
M. Godin: M. le Président, j'ai un amendement à
l'alinéa 7° que je vais vous transmettre de main à main.
Le Président (M. Kehoe): Voulez-vous le...
M. Godin: II consisterait à changer les mots "deux
personnes" par les mots "trois personnes" des associations de policiers.
Le Président (M. Kehoe): Je vais lire l'amendement:
L'article 4 du projet de loi 86 est amendé par le remplacement, dans le
septième alinéa, des mots "deux personnes" par les mots "trois
personnes". Donc, je déclare l'amendement recevable et je donne la
parole au député de Mercier sur son amendement.
M. Marx: M. le Président, peut-on demander qu'il
dépose tous ses amendements sur cet article en même temps au lieu
de le faire un par un? Ce serait peut-être...
Le Président (M. Kehoe): II est permis de le faire.
M. Godin: M. le Président, quand le ministre fera de
même, nous le ferons aussi.
M. Marx: Je vais déposer tous mes amendements sur chaque
article en même temps. Je ne vais pas déposer quinze amendements
sur un article.
M. Godin: Le jour ou l'heure où le ministre le fera, nous
ferons de même, mais pour l'instant nous en sommes à
l'alinéa 7° et nous voulons changer deux par trois, parce qu'il y a
au Québec trois corps policiers importants: la fédération,
la fraternité et l'Association des policiers provinciaux. Je pense qu'il
est important que ces trois corps de policiers siègent à
l'institut, dans la mesure où ils représentent l'ensemble des
policiers du Québec dans leurs fonctions et que, mieux que personne, ils
connaissent les besoins et la réalité vécue par les
policiers, surtout la réalité sociale à laquelle sont
confrontés les corps policiers dans l'ensemble du Québec.
Donc, M. le Président, la proposition vise à tenir compte
de la réalité des corps policiers du Québec, en mettant
trois personnes au lieu de deux, dans la mesure où il y a trois
associations importantes de policiers au Québec et dans la mesure
où nous voulons vraiment que toute la réalité, pas
seulement celle de Montréal ou celle de la province, soit là, que
l'ensemble de la réalité policière soit présente et
ait un mot à dire dans le fonctionnement de l'institut; il est important
que les trois y soient, M. le Président. C'est la raison pour laquelle
nous présentons cet amendement maintenant.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, avez-vous des
commentaires?
M. Marx: J'aimerais souligner, pour le bénéfice du
député, qu'il y a aussi deux membres des ministères, deux
membres des élus municipaux, deux membres des milieux sociaux.
M. Godin: La question n'est pas la symétrie
numérique, c'est de se poser la question: Combien de groupes policiers
sont actifs au Québec
et combien existe-t-il d'associations qui représentent vraiment
l'ensemble des policiers du Québec? Le ministre sait mieux que personne
qu'il y en a trois, pour les avoir rencontrées lui-même dans la
rédaction initiale de son projet de loi, les avoir revues après
et leur avoir promis qu'il y aurait des changements dans le sens qu'eux
souhaitaient.
M. Marx: Le député a mal compris le paragraphe.
Donc, il propose une modification, parce que si on lit le paragraphe... C'est
le paragraphe 7°?
M. Godin: C'est le 7e alinéa.
M. Marx: Lisez le paragraphe 7°, M. le Président:
"Deux personnes provenant des associations chargées de défendre
les intérêts des membres des corps de police, nommées par
le gouvernement pour deux ans, après consultation de celles-ci. " Les
deux personnes peuvent - si on écrit trois ou quinze - venir d'une
association et il y a plus de trois associations. Il ne faut pas oublier les
associations des agents de la paix ou des constables spéciaux car,
à un moment donné, nous avons l'intention de faire un amendement
pour les agents, les constables spéciaux. Donc, il n'y a pas de
limite.
Comprenez-vous ce que je veux dire, M. le Président? C'est vrai
qu'il y a trois associations de policiers: la fraternité, la
fédération et l'association, mais il y a aussi les constables
spéciaux.
M. Godin: II y a Trois-Rivières. M. Marx:
Pardon?
M. Godin: II y a Trois-Rivières qui a aussi une
association, Sherbrooke, Québec.
M. Marx: Non, ce serait un peu différent.
M. Godin: Je parle des importantes, M. le Président, je ne
parle pas des secondaires.
M. Marx: Ce serait un peu différent, mais même si on
écrit trois, ou quatre, ou six, cela se peut que ces gens viennent de la
même association, le cas échéant. Est-ce que le
député veut préciser de quelle association chacun de ces
membres doit faire partie?
M. Godin: M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Mercier.
M. Godin: J'aimerais demander au ministre pourquoi il est contre
cet amendement.
M. Marx: Je n'ai pas dit...
M. Godin: S'il ne reconnaît pas qu'il y a au Québec
trois associations importantes...
M. Marx: Je n'ai pas dit encore que j'étais contre. Est-ce
que j'ai dit que j'étais contre, M. le Président?
M. Godin: Vous parlez contre.
M. Marx: Je ne pense pas que je me sois exprimé
encore.
M. Godin: Ça sent cela.
M. Marx: II a fallu tirer la ligne quelque part. Le
député d'Ungava a trouvé que douze, c'était trop.
Maintenant, le député de Mercier arrive et en veut treize.
Bientôt, le député d'Ungava va en vouloir quatorze.
Une voix: Peut-être.
M. Marx: C'est cela. Le problème, c'est que le
député de Mercier... Ils sont très divisés dans
leur caucus.
M. Godin: M. le Président...
M. Marx: Le député de Mercier n'était pas
ici. Donc, le député d'Ungava a été mal
renseigné par le recherchiste au dossier. Il a dit que douze, c'est
trop. Il a voulu en avoir moins. Maintenant, le député de Mercier
vient, il veut en avoir treize parce qu'il trouve que douze, ce n'est pas
assez.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: C'est un peu dans le même sens. Il y a eu une
très grande discussion tout à l'heure justement parce que le
député d'Ungava trouvait que douze, c'était trop. Il a
même parlé du prix des chaises, des repas, du transport. Il a
nommé toutes les choses qui pouvaient coûter de l'argent au
gouvernement. Je ne comprends pas, justement, la demande du
député de Mercier après ce que nous a servi le
député d'Ungava.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Mercier.
M. Godin: M. le Président, je m'adonnais à
être ici quand le député d'Ungava a parlé de cela.
Il n'a pas dit que douze, c'était trop. Il a seulement dit: Pourquoi
douze?
Mme Bleau: II a dit que c'était trop. M. Godin:
Non, madame. J'étais ici.
M. Marx: Comment le savez-vous? Vous n'étiez pas ici.
M. Godin: J'étais ici, M. le Président.
Mme Bleau: II a même parlé des chaises, M. le
député, que cela ferait douze chaises au lieu de dix, des choses
comme cela.
M. Godin: M. le Président, j'ai laissé parler la
députée tout à l'heure, si vous vous souvenez...
Le Président (M. Kehoe): La parole est à M. le
député de Mercier.
M. Godin:... avec beaucoup de respect pour ses paroles, pour ses
propros et pour son sexe. Je peux vous dire une chose, M. le Président,
j'estime que trois groupes policiers importants existent au Québec et
que, par conséquent, au paragraphe 7° qui parle de ces groupes, nous
devrions avoir trois représentants. Mon collègue a dit: Pourquoi
douze? Il n'a pas dit: Douze, c'est trop. Il a dit: Pourquoi douze, M. le
Président? De toute façon, on pourrait sortir les galées,
si la députée de Groulx y tient, pour qu'elle puisse
vérifier elle-même qu'il n'a pas dit que c'était trop. Il a
seulement dit: Pourquoi douze? On serait rendu à treize avec cela. On a
un amendement qui irait à quatorze, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'amendement
présenté par le député de Mercier est
adopté?
M. Godin: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Vote nominal. Je demande à
la secrétaire d'appeler les députés.
La Secrétaire: Pour ou contre l'amendement proposé
par M. Godin (Mercier): M. Marx (D'Arcy McGee)?
M. Marx: Contre.
La Secrétaire: M. Blackburn (Roberval)?
M. Blackburn: Contre.
La Secrétaire: Mme Bleau (Groulx)?
Mme Bleau: Contre.
La Secrétaire: M. Brouillette (Champlain)?
M. Brouillette: Contre.
La Secrétaire: M. Dauphin (Marquette)?
M. Dauphin: Contre.
La Secrétaire: M. Kehoe (Chapleau)?
Le Président (M. Kehoe): Contre.
La Secrétaire: M. Godin (Mercier)? M. Godin:
Pour.
La
Secrétaire: Six voix contre, une voix pour.
Le Président (M. Kehoe): L'amendement a été
rejeté par six voix contre une. J'appelle de nouveau l'article 4.
M. Godin: M. le Président, j'ai un amendement ultime
à déposer à l'article 4.
M. Marx: M. le Président, c'est la première fois
que je vois, lors d'un débat sérieux, qu'on nous arrive avec
trois amendements, l'un après l'autre, sur un article. Dans un
débat sérieux, on dépose tous les amendements sur un
article en même temps.
M. Godin: Déposez donc les vôtres!
M. Marx: C'est seulement pour perdre du temps, comme le
député de Louis-Hébert l'a bien dit!
Le Président (M. Kehoe): Je vais lire l'amendement
présenté par le député de Mercier. L'article 4 du
projet de loi 86 est amendé par l'addition, après le paragraphe
9°, du paragraphe suivant: "10° Un représentant des substituts
du Procureur général, nommé par le gouvernement pour deux
ans, après consultation de l'association représentative des
substituts du Procureur général. " M. le député de
Mercier, sur votre amendement. (17 h 45)
M. Godin: Ceci fait partie du mémoire déposé
au gouvernement et au ministre par l'Association des substituts du Procureur du
Québec. Parce que, disent-ils, ils jouent un rôle important
à l'Institut de police, ce sont les professeurs, en fait, des policiers.
C'est eux qui préparent les policiers à présenter des
preuves et des plaidoiries devant les instances judiciaires du Québec.
C'est eux qui forment les policiers à présenter des causes et des
preuves dignes de ce nom, parce que combien de causes ont été
perdues faute de préparation suffisante ou faute de connaissance
suffisante du droit ou du Code de procédure devant les tribunaux. Donc,
je pense qu'en tant que professeurs dans cet institut, il est extrêmement
important que les substituts du Procureur général soient
là, à l'institut, comme professeurs mais aussi comme membres du
CA de l'institut, parce que sûrement qu'ils auront un rôle à
jouer dans la formation des policiers, bien sûr, mais aussi dans la
programmation des cours à donner aux policiers. Pour améliorer
l'institut, améliorer les services donnés aux citoyens,
améliorer le système judiciaire dans son ensemble, M. le
Président, nous estimons que s'il y a un groupe au Québec
qui a le droit d'être là, c'est bien celui-là, les
avocats de la couronne du Québec.
Le Président (M. Kehoe): Vous avez un amendement, M. le
ministre?
M. Marx: Les propositions du député de Mercier sont
à l'encontre de tout ce qu'a dit le député d'Ungava. Il
était contre 12 et maintenant le député de Mercier propose
14 et peut-être 15, 17 ou 18 membres du conseil d'administration. Nous
sommes contre, M. le Président. Nous avons étudié tous les
mémoires et nous sommes contre.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Mercier, avez-vous...
M. Godin: On verra au vote, M. le Président, et surtout on
verra à l'avenir que c'est une erreur, à mon avis, de ne pas
donner un droit de parole et un siège au sein de l'institut aux avocats
de la couronne, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'amendement du
député de Mercier à l'article 4 est adopté?
M. Marx: Rejeté sur division.
M. Godin: Vote nominal.
Le Président (M. Kehoe): Y a-t-il un vote nominal de
demandé?
M. Godin: S'il vous plaît.
Le Président (M. Kehoe): Je demande à la
secrétaire d'appeler les députés.
La
Secrétaire: Pour ou contre l'amendement
proposé par M. Godin (Mercier): M. Marx (D'Arcy McGee)?
M. Marx: Contre.
La Secrétaire: M. Blackburn (Roberval)?
M. Blackburn: Contre.
La Secrétaire: Mme Bleau (Groulx)?
Mme Bleau: Contre.
La Secrétaire: M. Brouillette (Champlain)?
M. Brouillette: Contre.
La Secrétaire: M. Dauphin (Marquette)?
M. Dauphin: Contre.
La Secrétaire: M. Doyon (Louis-Hébert)?
M. Doyon: Contre.
La Secrétaire: M. Kehoe (Chapleau)? Le Président
(M. Kehoe): Contre. La Secrétaire: M. Godin (Mercier)? M.
Godin: Pour.
La Secrétaire: Rejeté à sept voix contre
une.
Le Président (M. Kehoe): L'amendement est rejeté
à sept voix contre une. Je reviens toujours à l'article 4.
M. Doyon: M. le Président, est-ce que je pourrais faire
une proposition?
M. Godin: Sur division, M. le Président. M. Marx:
Adopté sur division. M. Doyon: D'accord.
M. Godin: Attendez un peu, un de vos députés
voulait vous parler.
M. Doyon: Non, cela va. C'était là-dessus
justement.
M. Godin: Même dans votre groupe, il y a des
bâillons, si je comprends bien. Cela me surprend.
Le Président (M. Kehoe): L'article 4 est adopté sur
division?
M. Godin: Oui, M. le Président, mais il y avait un propos
qui commençait dans...
Le Président (M. Kehoe): En tout cas, il retire ses
propos.
M. Godin:... la bouche d'or du député de
Louis-Hébert. On vient de perdre...
M. Doyon: Vous ne perdez rien pour attendre.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 5.
M. Marx: Adopté, M. le Président. L'article 5 est
adopté.
M. Godin: Un ancien substitut lui-même, d'ailleurs.
M. Marx: Pardon?
M. Godin: Un ancien substitut vous-même. Vous êtes un
ancien substitut de la couronne,
VOUS?
M. Doyon: Oui et puis?
M. Godin: Vous venez de voter contre votre groupe.
M. Doyon: Pourquoi cela?
M. Godin: Vous avez voté sans vous rendre compte.
M. Doyon: Oui et puis?
M. Godin: Cela ne m'étonne pas.
M. Doyon: Est-ce que cela dérange quelque chose? Vous
êtes un ancien poète, vous.
M. Godin: Cela dérange votre solidarité, mon cher
monsieur.
M. Doyon: Vous êtes un ancien poète, si j'ai bien
compris.
M. Godin: Je ne suis pas contre Leclerc non plus.
Le Président (M. Kehoe): A l'ordre, s'il vous plaît!
On est rendu à la discussion sur l'article 5, M. le ministre
M. Marx: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Mercier, est-ce que l'article 5 est adopté?
M. Godin: J'aimerais que le ministre nous explique la raison
d'être et la portée de cet article.
M. Marx: M. le Président, la nécessité et la
portée de l'article sont claires, à la face même de
l'article.
M. Godin: Prima facie, comme on dit en cour.
M. Marx: Pardon?
M. Godin: Prima facie, vous voulez dire.
M. Marx: C'est cela. Il a compris.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Marx: Adopté, M. le Président. M. Claveau:
On demande la parole.
Le Président (M. Kehoe): Oui, M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Enregistrez mon temps de parole, cela va. M. le
Président, vous me permettrez juste quelques secondes pour me remettre
un peu dans le contexte, dans la mesure où nous venons de participer en
Chambre à un événement des plus hautement
antidémocratiques que l'on puisse vivre en cette Assemblée.
Le Président (M. Kehoe): L'article 5.
M. Marx: Comment cela peut-il être antidémocratique
si c'est dans le règlement de l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Kehoe): On revient à l'article
5!
M. Claveau: II y a plein de choses qui sont dans la loi, M. le
Président. Puisque le ministre me pose une question, je peux lui
répondre.
M. Marx: Après 18 heures, s'il vous plaît.
Le Président (M. Kehoe): Je comprends qu'il retire sa
question. L'article 5.
M. Claveau: Quand on utilise, comme ce fut le cas, 14 jours sur
une possibilité de 80 pour siéger et qu'après on nous
amène un bâillon, c'est de l'abus de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Cela étant dit, l'article
5.
M. Claveau: À l'article 5, M. le Président, il y a
quelque chose qui, personnellement, me préoccupe
énormément, c'est la possibilité de réélire
annuellement le président et le vice-président parmi les gens
visés aux paragraphes 1° à 8° de l'article 4. Donc, les
membres du conseil d'administration peuvent réélire annuellement
un nouveau président ou un nouveau vice-président. Vous allez me
dire probablement que la Loi sur les compagnies le permet. Est-ce qu'il n'y a
pas là, dans le contexte bien précis d'une société,
d'une corporation qui a un but très spécifique comme celui de
former des policiers, un danger de manque de continuité dans la
démarche?
M. Marx: Pas du tout, M. le Président. Le
Président (M. Kehoe): M. le député.
M. Claveau: En quoi devrais-je accepter la réponse du
ministre sans plus d'argument?
M. Marx: Ah! ce n'est pas nécessaire de l'accepter, M. le
Président! Je ne peux pas parler pour convaincre... Si je parie 15
minutes ou 20 minutes, le résultat sera le même que si je parie 15
secondes.
M. Claveau: II y a une chose dont je peux vous assurer dès
maintenant, M. le Président: si on n'a pas plus de collaboration que
ça de la part du ministre, il va voir qu'il n'y en aura pas beaucoup de
notre part non plus et il va trouver le temps long.
M. Marx: J'ai donné la réponse, que voulez-vous que
je dise? Je pense que...
M. Claveau: Je veux savoir... Le ministre doit avoir une
idée là-dessus. Je suppose que c'est lui qui prépare ses
projets de loi, c'est lui qui gère son ministère, c'est lui qui
sait où ça s'en va, il a un minimum d'idées sur comment
l'organisation policière au Québec devrait fonctionner et
surtout, dans le cas présent, l'organisation de la formation des
policiers, et quels sont les intérêts, l'impact que tout ça
peut avoir. Alors, je lui demande si, dans le contexte, il n'y a pas un
problème que l'on puisse changer de présidence et de
vice-présidence annuellement. Et dans la mesure où il y aurait
désaccord, mésentente au conseil d'administration, qu'on n'arrive
pas à faire une majorité là-dessus, comment pourra-t-on
trancher?
M. Marx: À mon avis, il n'y a pas de problème, M.
le Président, cela existe dans d'autres organisations qu'on nomme le
président et le vice-président pour un an. Je ne vois pas de
problème avec cet article. Quelqu'un a proposé qu'un an soit
changé pour deux ans, pour trois ans, pour quatre ans, pour six mois,
mais nous avons décidé que ce sera un an, et je trouve que cela a
du bon sens.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Louis-Hébert, vous demandez la parole?
M. Doyon: Merci, M. le Président. C'est encore la
meilleure preuve que, quoi que dise le ministre, ses réponses sont fort
à propos. Il explique le fondement et, d'ailleurs, l'article parle de
lui-même. La première question qui me vient à
l'idée: Est-ce que le député d'Ungava a tout simplement lu
le projet de loi? Je comprends qu'il est nouveau, relativement nouveau
parlementaire, nouveau dans ce dossier-là, mais il y a quand même
des limites, M. le Président. Annuellement, cela veut dire tous les
ans.
Le député d'Ungava pourrait... Je suis sûr que cela
aurait pu être un ou l'autre. Il aurait pu... Qu'est-ce que c'est, M. le
Président...
M. Claveau: M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Question de règlement.
Oui, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a des mesures dans le règlement
qui permettraient de soustraire du salaire du député des
interventions en Chambre, tel qu'il (e disait tout à l'heure, quand on
parlait de perte de temps?
Le Président (M. Kehoe): Merci. M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, il vient encore de donner la
meilleure preuve de la justesse du propos que je tenais tout à l'heure,
et le fait qu'il le soulève démontre que j'ai touché
juste, M. le Président, tout simplement. Ce que l'article 5 veut dire,
il y a deux explications qui feraient que ça ne serait pas compris par
le député d'Ungava. Ce serait qu'il ne l'a pas lu ou que,
deuxièmement, il n'a pas la capacité de le comprendre; je le
laisse choisir. Je le laisse choisir. Il est complètement libre de
choisir entre les deux.
Mon choix, je le fais, M. le Président. J'ai vu qu'il avait l'air
de se promener les yeux sur quelque chose. J'imagine que c'était sur le
projet de loi. Alors, il reste seulement une alternative. Quand on demande ce
que cela veut dire, annuellement, et pourquoi on élit annuellement le
président et le vice-président, on est rendu loin, quand on
considère que ces questions ne sont pas posées par M. Tartempion
de Saint-en-arrière, mais qu'elles sont posées par un
député, un député qui dit: Pourquoi, annuellement,
élit-on le président et le vice-président? Pourquoi
fait-on cela, M. le ministre? On le fait parce que c'est comme cela que les
choses se font dans le monde civilisé qui administre des institutions et
des organismes de la nature de l'Institut de police. C'est pour cela. Si vous
ne vous êtes pas encore aperçu de cela, il serait temps que vous
le réalisiez. Je vous souhaite la grâce de la
compréhension, mais je ne suis pas sûr que vous soyez dans
l'état pour recevoir cette grâce-là, mais je vous la
souhaite vivement. Je vous la souhaite vivement, M. le
député.
Le Président (M. Kehoe): Pourriez-vous revenir à la
pertinence de l'article 5, M. le député?
M. Doyon: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Claveau: Non, M. le Président. On a le droit de parole
et on va le prendre.
Le Président (M. Kehoe): Sur l'article 5, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: À entendre des aberrations comme celles du
député de Louis-Hébert, M. le Président, si vous
avez accepté des digressions de la part du député pour me
faire un procès personnel sur ma façon de travailler comme
parlementaire, j'espère que vous allez accepter la même
digression...
Le Président (M. Kehoe): Juste pour... M.
Claveau:... pour lui expliquer...
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde, s'il vous
plaît!
M. Claveau:... comment il fait son travail de
parlementaire...
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde. À
l'ordre!
M. Claveau:... comment il voit son travail de
parlementaire...
Le Président (M. Kehoe): A l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Claveau:... comment il aurait intérêt à ne
pas parler trop souvent parce que, chaque fois qu'il parie-Le
Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Claveau:... il doit perdre des votes.
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît! Si vous voulez, juste une seconde, je vais lire l'article 35. "Le
député qui a la parole ne peut: 6° imputer des motifs
indignes à un député ou refuser d'accepter sa parole. " Je
tiens à faire remarquer aux deux côtés de la commission que
d'employer des mots ou imputer à un député des
propos...
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. Kehoe):... et de se servir d'un langage
violent, injurieux ou blessant à l'adresse de qui que ce soit... Je dis
cela pour les deux côtés de la commission...
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. Kehoe):... pas seulement pour un
côté.
M. Claveau:... vous ne le dites pas pour notre côté
de la commission, M. le Président, vous avez dit...
Le Président (M. Kehoe): Laissez-moi finir, s'il vous
plaît! J'aimerais que le contenu du débat reste justement sur les
articles du projet de loi que nous avons devant nous. Les paroles violentes,
injurieuses vis-à-vis de l'un ou l'autre député ne sont
pas permises en vertu du règlement. Ce sont les deux côtés.
Je ne prends pas position pour qui que ce soit, c'est pour les deux
côtés. Donc, si vous voulez, nous allons revenir à
l'étude de l'article 5.
M. Claveau: M. le Président, je suis toujours dans mon
droit de parole. Vous avez dû remarquer que, jusqu'à maintenant,
les questions que nous avons posées au ministre étaient toujours
des questions pertinentes quant à la portée des articles de loi.
On a demandé des explications sur la façon dont le ministre en
arrivait à prendre ces décisions. Qu'est-ce qui l'a amené
à faire un choix plutôt qu'un autre? C'est très pertinent
et cela fait partie de notre travail de parlementaire de comprendre pourquoi un
gouvernement fait un choix plutôt qu'un autre quand il nous
présente une alternative dans un projet de loi. Toutes les fois que le
député de Louis-Hébert a parlé, cela a
été pour nous insulter, pour se moquer du travail des
parlementaires, pour essayer de diminuer, de nous enlever...
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Claveau:... de la crédibilité.
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Claveau: La prochaine fois qu'il interviendra de cette
façon, je vous demande de...
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Claveau:... l'expulser de cette commission, M. le
Président.
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! C'est le président
qui dirige les travaux. Sur la question... Oui?
M. Doyon: M. le Président, je porte à votre
attention que les menaces du député d'Ungava ne sont pas de
nature à faire avancer les travaux.
M. Claveau: Les propos du député de
Louis-Hébert sont loin d'être de nature à faire avancer les
travaux.
M. Doyon: M. le Président, je suis sur la question de
règlement.
M. Marx: Je demande le vote, M. le Président.
M. Claveau: Le vote sur la question de règlement?
Le Président (M. Kehoe): Sur cette note, sur cette note...
Juste une seconde, s'il vous plaît!
M. Claveau: Le vote sur la question de règlement?
Le Président (M. Kehoe): Nous allons suspendre les travaux
jusqu'à 18 heures. Juste une seconde! Avant de le faire, on a convenu
tantôt, entre les parlementaires, qu'il y aurait une possibilité
de suspendre jusqu'à 19 heures, de revenir à 19 heures et de
terminer les travaux à 23 heures. Est-ce que c'est le consensus de tout
le monde?
M. Claveau: Oui, à la demande qui nous a été
faite par la formation ministérielle, nous sommes prêts à
le faire, sauf qu'encore là, cela ne nous dérange pas du tout
d'être ici jusqu'à minuit. Si on est pour se faire barber de la
sorte...
M. Marx: Si le député d'Ungava est d'accord...
M. Claveau:... on va rester jusqu'à minuit.
M. Marx:... on pourrait revenir à 19 heures et
siéger jusqu'à minuit.
Une voix: Comme il voudra.
M. Claveau: II n'y a aucun problème.
Le Président (M. Kehoe): Pour le moment, nous
suspendons...
M. Claveau: II y a un nombre d'heures qui a été
déterminé par l'Assemblée...
M. Marx: Le nombre d'heures, c'est jusqu'à minuit. Si le
député d'Ungava est d'accord, on peut continuer sans
arrêter et aller jusqu'à minuit.
M. Claveau: Sans arrêter, pas de problème.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'il y a une entente
entre les deux...
M. Marx: II est en train de...
M. Claveau: On nous a demandé - c'est une demande du
gouvernement - de terminer à 23 heures, en recommençant plus
tôt. Nous sommes d'accord avec cela. Si le ministre veut revenir à
la position initiale, nous sommes prêts à y aller aussi, de 20
heures à minuit, tel que le veut normalement le règlement. Mais
nous sommes prêts à être collaborateurs et à
permettre au ministre de finir à 23 heures tout en commençant
plus tôt.
Le Président (M. Kehoe): Sur ce, je vais suspendre les
travaux...
M. Marx: Peut-être peut-on adopter l'article avant 18
heures, si le député d'Ungava est d'accord.
Le Président (M. Kehoe): D'accord. L'article 5 est-il
adopté?
M. Claveau: Je vais faire plaisir au ministre, même si ne
je suis pas d'accord avec ses réponses, je les ai trouvées
très brèves, et même si l'intervention du
député de Louis-Hébert n'a rien à faire
là-dedans, nous allons adopter l'article 5. Nous allons nous entendre,
par contre, durant la suspension de quelques minutes, sur le genre
d'intervention que le député de Louis-Hébert pourra faire
à partir de maintenant.
M. Doyon:... réserve pour 20 heures.
Le Président (M. Kehoe): L'article 5 est adopté.
Les travaux sont suspendus jusqu'à 19 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 19 h 6)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux jusqu'à 23 heures. Avant
l'ajournement, l'article 5 a été adopté. J'appelle donc
maintenant l'article 6. Je demanderais au ministre s'il a des explications
quelconques à fournir.
M. Marx: Non, M. le Président, je pense que
ça...
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, attendez un peu... Mme Bleau: J'aurais
une question à poser.
Le Président (M. Kehoe): Entre-temps, pendant que vous
lisez... Mme Groulx?
Mme Bleau: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Kehoe): Excusez-moi. Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Quand on dit que le poste doit
être comblé pour la durée non écoulée
du mandat, à supposer que ce soit le président qui se retire, M.
le ministre, est-ce qu'on devrait élire un autre président parmi
les membres, encore là, ou si c'est le vice-président qui
prendrait sa place?
M. Marx: Pardon?
Mme Bleau: Bon, on dit: "Toute vacance à la charge de
membres du conseil d'aministration qui survient en cours de mandat parmi les
personnes nommées pour une durée déterminée est
comblée pour la durée non écoulée du mandat...
"
M. Marx: Bien, c'est ça.
Mme Bleau: Vous allez nommer quelqu'un pour le remplacer, c'est
ça?
M. Marx: C'est ça.
Mme Bleau: Mais, supposons que ce soit le président du
conseil, est-ce qu'à ce moment-là il y aurait une autre
élection pour trouver un autre président?
M. Marx: Oui, s'il y a incapacité temporaire, ce sera le
vice-président...
Mme Bleau: D'accord.
M. Marx:... mais, si c'est permanent, il y aura
élection.
Mme Bleau: D'accord.
M. Marx: Adopté, M. le Président?
M. Claveau: Attendez un peu. Votre réponse à la
question de Mme la députée, dans le fond, c'est: S'il y a abandon
de poste ou de charge par le président, à ce moment-là, il
y a une autre personne de nommée au conseil d'administration...
M. Marx: Bien, s'il y a vacance: Toute vacance à la charge
de membres du conseil d'administration... " Cela veut dire que, si quelqu'un
décède, il faut nommer quelqu'un d'autre pour le temps qu'il
reste à son mandat.
M. Claveau: Non, mais ce que je veux dire, dans le cas de la
présidence, pour aller dans le même sens que la question
très pertinente de madame, c'est que si le président
démissionne, décède, ou enfin qu'il y a vacance à
la présidence, à ce moment-là, est-ce que le remplacement
à la présidence se fait avant la nomination du remplaçant
au siège, parce qu'on sait que c'est l'ensemble des membres qui
élit le président, ou s'il ne se fait qu'après,
c'est-à-dire qu'un nouvel arrivant pourrait arriver de but en blanc au
conseil d'administration et être élu à la prési-
dence?
M. Marx: Je pense que le gouvernement va prendre les mesures qui
s'imposent pour nommer quelqu'un.
M. Claveau: Oui, mais ma question est: Est-ce que le remplacement
à la présidence va se faire avant la nomination d'un nouveau
membre au conseil d'administration ou après?
M. Marx: Bien, je ne peux pas vous le dire, parce que ce sera au
gouvernement de décider à ce moment-là. Normalement, s'il
y a vacance, ils vont nommer quelqu'un rapidement, donc, ce nouveau membre sera
présent lorsque le nouveau président sera élu.
M. Claveau: D'accord. Le nouveau membre, à ce
moment-là, devrait participer à l'élection du nouveau
président.
M. Marx: Normalement, oui. Je dirais cela, oui.
M. Claveau: D'accord. C'est l'intention du législateur en
formulant l'article de cette façon.
M. Marx: Normalement, ce sera cela. C'est cela. D'accord?
Le Président (M. Kehoe): Adopté? M. Claveau:
Cela va pour l'article 6.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 7.
M. Marx: Ici, on précise que: "Les membres du conseil
d'administration, autres que le directeur général, ne sont pas
rémunérés...
M. Claveau: Bon, on a toujours la fameuse clause.
M. Marx:... sauf dans les cas, aux conditions et dans la mesure
que peut déterminer le gouvernement... " Cela va de soi qu'on ne va pas
rémunérer le ou les sous-ministres ou le directeur
général de la Sûreté du Québec.
M. Claveau: D'accord. Si je comprends ce que le ministre nous
dit, cela comprend ceux qui occupent des postes et qui ont des fonctions
directement reliées de près ou de loin à la question
policière, comme le sous-ministre, qui a déjà son salaire
et qui va siéger là, sauf que ses dépenses vont lui
être payées. Le sous-ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science et tous les autres, le directeur général de la
Sûreté du Québec, des corps de police, etc., ils ont des
salaires, ils ne seront donc pas rémunérés. Soit, dans la
mesure où ce n'est pas... Mais pour les autres, y compris les
élus municipaux qui ne sont
pas nécessairement rémunérés au
départ dans leur municipalité, ou très peu dans certains
cas, selon qui est là et quelle municipalité les y amène.
C'est sûr que, si vous me dites que c'est le maire de Montréal,
c'est différent du maire de Nicolet. Ces gens-là, les
représentants socio-économiques, si je comprends bien, vont
pouvoir être rémunérés pour leurs fonctions à
titre de président du conseil d'administration.
M. Marx: Comme membres. M.Claveau: Comme membres.
M. Marx: C'est ce que dit l'article 7.
M. Claveau: C'est cela. Est-ce qu'il y a une
réglementation qui va apparaître là-dessus?
M. Marx: Normalement, cela se fait par décret.
M. Claveau: Par décret.
M. Marx: C'est dans tous les décrets. Disons qu'on nomme
quelqu'un président d'un organisme ou membre d'un organisme, dans le
décret ou dans un décret, on prévoit quelles sont ses
conditions de travail. Cela se fait depuis longtemps, je pense, au
gouvernement.
M. Claveau: Oui, d'accord, mais...
M. Marx: Le gouvernement va décider qui est payé et
qui n'est pas payé.
M. Claveau: Mais il y a des règles qui existent pour les
comités de bénévoles et toutes ces affaires-là.
Est-ce que ce sont les mêmes règles qui vont s'appliquer, les
règles qui existent, par exemple, pour les conseils d'administration de
plusieurs sociétés d'État ou de plusieurs corporations
parapubliques?
M. Marx: C'est le gouvernement qui va décider. Supposons
que... Cela dépend. C'est bien possible que les gens ne soient pas
rémunérés. C'est notre politique. Il y a la
rémunération. Notre politique est de ne pas
rémunérer, le cas échéant.
M. Claveau: Si je vous pose la question...
M. Marx: Ce sont les règles du Conseil du
trésor.
M. Claveau: Si je vous pose la question, M. le ministre, c'est
tout simplement pour rassurer Mme la députée de Groulx qui nous
affirmait tout à l'heure qu'il n'y aurait aucune
rémunération et que cela ne coûterait rien, ce conseil
d'administration. Je voulais être bien certain qu'elle n'a pas fait
erreur en affirmant cela. C'est pour cela que je tiens à ce qu'on soit
précis.
M. Marx: Elle est parfaite, elle ne fait jamais d'erreur.
M. Claveau: Comment dites-vous?
M. Marx: Elle est parfaite, elle ne fait jamais d'erreur.
M. Claveau: Ah bon! Il faut croire qu'elle n'est pas humaine.
M. Marx: Ah! elle est divine!
M. Claveau: Ha, ha, ha! C'est une affirmation qui est lourde de
conséquences, M. le ministre, et qui pourrait nous entraîner sur
un long débat quant à la pertinence même de vos propos.
Mme Bleau: Si vous voulez que je dise tous mes défauts,
vous allez me gêner.
M. Marx: Pas en commission.
Le Président (M. Kehoe): Vous n'en avez pas.
M. Marx: Bon. Cela va, M. le Président?
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article...
M. Claveau: II reste que j'aimerais bien que le ministre fasse
connaître rapidement...
M. Marx: Normalement, les gens ne sont pas payés, mais le
gouvernement peut en décider autrement, un autre gouvernement...
M. Claveau: Ha, ha, ha!
M. Marx: Le gouvernement précédent a payé
beaucoup de membres de conseils d'administration. Notre gouvernement a fait des
modifications.
M. Claveau: Sauf que, M. le ministre, ce serait
intéressant de reprendre des chiffres si vous voulez embarquer
là-dedans, parce qu'il y a beaucoup de gens payés par des
comités sous notre gouvernement qui recevaient moins que des
bénévoles nommés par votre gouvernement.
M. Marx: Non, ce n'était pas une question partisane. Tout
ce que je voulais dire par cela, c'est que les règles peuvent changer
d'un gouvernement à un autre. On donne la liberté au gouvernement
en place.
M. Claveau: Généralement, chez nous, un
bénévole, c'est un bénévole. Si on dit: C'est une
représentation bénévole, par contre, on vous
donne 100 $ l'heure pour défrayer les coûts de votre
présence, etc. Ce n'est peut-être pas payé, mais c'est un
forfaitaire qui est souvent plus important que de dire: Vous allez recevoir
tant pour siéger au conseil d'administration. Quand on dit: C'est un
bénévole, on voudrait bien être convaincus que c'est un
vrai bénévole et que le forfaitaire n'est pas supérieur
à une rémunération possible sur une base constante.
M. Marx: II faut lire l'article 7 tel quel.
M. Claveau: Est-ce que dans le cas, par exemple, des responsables
de la Sûreté du Québec, du Service de police de la
Communauté urbaine de Montréal, lorsque ces gens ont à se
déplacer pour participer le soir, en dehors des heures normales de
travail ou autrement, à des activités telles qu'une rencontre au
conseil d'administration, on leur rembourse leur temps ou si on leur paie dans
leur corporation respective leur temps d'utilisation?
M. Marx: Aucune rémunération. On va peut-être
rembourser leurs dépenses. Aucune rémunération, leurs
dépenses.
M. Claveau: Aucune rémunération de la part de la
société ou de l'école de police?
M. Marx: C'est cela.
M. Claveau: Mais dans leur corporation? Par exemple, si vous
dites que cela ne coûte rien à l'école de police mais que
cela coûte plus à la Sûreté du Québec, on a
ôté d'une main pour payer...
M. Marx: Non, cela coûte la même chose à la
Sûreté du Québec. Le directeur général de la
Sûreté du Québec n'a pas de temps supplémentaire. Il
est comme vous et moi. Quand il travaille jusqu'à 23 heures, il n'a pas
de temps supplémentaire ou de temps double. Quand je
téléphone au directeur général de la
Sûreté du Québec le dimanche matin parce qu'il y a une
urgence, il ne poinçonne pas pour avoir du temps double.
M. Claveau: D'accord. Je veux être convaincu...
M. Marx: Oui, je peux vous...
M. Claveau: Je veux être certain que cela
n'entraînera pas de frais supplémentaires pour la
Sûreté du Québec, la police de la Communauté urbaine
de Montréal, etc. Parce que si cela amène des frais
supplémentaires, on a ôté d'une main pour donner à
l'autre.
M. Marx: Pour rassurer le député d'Ungava qui est
très préoccupé par les dépenses de l'État,
j'aimerais insister sur le fait que, quand nous avons proposé ce projet
de loi au Conseil des ministres, le Conseil du trésor nous a
demandé d'autofinancer la loi, l'administration et la mise en vigueur de
la loi, de l'autofinancer, c'est-à-dire que cela ne coûtera pas un
cent de plus que cela coûte maintenant.
M. Claveau: Cela veut dire que les frais pour cela vont
être pris dans l'enveloppe normale de l'administration de la...
M. Marx: Non. Je vous ai déjà dit non. Quinze fois
non! À la Sureté du Québec, le directeur
général n'aura pas une autre indemnité.
M. Claveau: II y a les frais des deux personnes provenant des
milieux socio-économiques, des deux personnes provenant des associations
chargées de la défense des intérêts des membres des
corps de police - ces gens-là sont des gens syndiqués qui
travaillent en fonction d'une convention de travail et qui vont sûrement
réclamer leur temps pour participer à cela - et les deux
élus municipaux qui vont probablement aussi réclamer soit
à la municipalité, à la corporation ou au gouvernement des
frais de déplacement selon les ententes qui vont se faire. Cela fait au
moins six personnes auxquelles quelqu'un va devoir verser quelque chose.
M. Marx: Pas nécessairement.
M. Claveau: Je ne connais pas beaucoup d'élus municipaux
qui vont se déplacer sans que... Si c'est la municipalité qui
paie, ce sont les contribuables, finalement, qui vont payer, cela ne sort pas
de la même place mais cela vient de la même poche.
Mme Bleau: M. le ministre, quand on parle des élus
municipaux...
M. Marx: C'est cela maintenant. L'institut est...
Le Président (M. Kehoe): Oui, Mme la députée
de Groulx.
Mme Bleau: Comme conseiller municipal, si vous êtes
nommé par le conseil municipal pour siéger quelque part, il peut,
s'il le veut, vous donner quelque chose. Mais, là, ce n'est pas le
conseil municipal qui va le nommer, c'est le ministre. Les frais nous
reviendraient, mais il dit qu'il n'y en a pas.
M. Marx: L'article 92 de la loi actuelle...
M. Claveau: J'ai été élu municipal, je sais
comment cela se passe. Attendez un peu, là!
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Marx: L'article 92 de la loi actuelle
prévoit que l'institut est dirigé par un conseil
formé du Solliciteur général ou de son
représentant, qui le préside, et au plus de six autres membres
nommés par le gouvernement. Celui-ci fixe, s'il y a lieu, le traitement,
le traitement additionnel, les honoraires ou les allocations de chacun de ses
membres. C'est la loi telle qu'adoptée, il y a 20 ans, et
modifiée depuis, à quelques reprises.
M. Claveau: On est d'accord avec cela. Il y a 20 ans on
n'essayait pas de faire accroire aux gens que cela ne coûterait rien. On
disait dans la loi: Cela va coûter quelque chose. Il va y avoir des
honoraires ou autre chose, cela va être fixé de telle
façon. On le disait. Aujourd'hui, on essaie de faire accroire que cela
ne coûtera rien.
M. Marx: Je n'ai jamais dit cela.
M. Claveau: Ce n'est peut-être pas cela que vous vouliez
dire...
M. Marx: Si cela coûte quelque chose, cela coûte des
"peanuts". Comprenez-vous? Je veux dire des "peanuts", entre guillemets. Si
chaque fois qu'on dépense des "peanuts" vous faites tout un débat
parce que cela coûte 5 $, 6 $, 150 $... Je ne peux pas vous
détailler maintenant le coût de l'administration de la loi.
M. Claveau: Oui, mais ce sont des "peanuts" qui, en fin
d'année, vont peut-être représenter le salaire d'un, deux
ou trois instructeurs de plus ou de moins.
M. Marx: Pour vous, c'est important, des "peanuts", à
l'article 7. Mais quand cela touche votre comté, vous voulez des
subventions et "the sky is the limit". Il n'y en a jamais assez, envoyez donc,
donnez! Maintenant, quand il s'agit d'une dépense de 25 $, hop! on
dépense trop! Pour votre comté, dans le cas d'une subvention
à une municipalité pour son service de police, il n'y en a jamais
assez. Il ne faut pas qu'on soit plus...
M. Claveau: Cela me fait plaisir que vous en parliez, M. le
ministre, cela m'ouvre la porte.
M. Marx: La porte est toujours ouverte.
M. Claveau: En effet, je suis intéressé à ce
que les citoyens de mon comté aient le plus de retours de services
possible pour ce qu'ils paient en taxes et en impôts. On ne peut pas me
le reprocher, je ne peux pas le croire. Dans la mesure où il y a des
ententes signées avec le gouvernement pour ce à quoi vous faites
allusion, tout ce que je demande, c'est que le gouvernement respecte les
ententes qui sont signées, rien de plus.
M. Marx: Le gouvernement respecte toujours sa parole.
M. Claveau: Cela me fait plaisir de vous l'entendre dire. Si je
vais au pied de la lettre sur les ententes, on pourrait aller chercher encore
plus que ce qu'on vient vous demander.
Le Président (M. Kehoe): On revient à l'article
7.
M. Marx: C'est sûr... Oui, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): À l'article 7, M. le
ministre - juste une clarification - vous dites: Les membres du conseil
d'administration, autres que le directeur général, ne sont pas
rémunérés. Le directeur général. Le
directeur général n'est pas rémunéré comme
membre du conseil d'administration. Pourquoi est-ce formulé de cette
façon, quand on lit: "Les membres du conseil d'administration, autres
que le directeur général ne sont pas
rémunérés... "
M. Marx: Parce que le directeur général ne peut
être rémunéré, en aucun cas. Il est exclu par la
loi.
Le Président (M. Kehoe): En toutes circonstances.
M. Marx: Les autres ne sont pas exclus par la loi.
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Claveau: Cela fait partie des conditions de travail.
M. Marx: C'est cela.
M. Claveau: Cela fait partie de son salaire de base. On le paie
en conséquence, de toute façon. Même si on dit qu'il ne
l'est pas, on le paie en conséquence. On le prévoit au moment de
fixer son salaire de base.
M. Marx: C'est cela.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Claveau: Cela va pour l'article 7. Le Président (M.
Kehoe): Article 8?
M. Claveau: "Les membres du conseil d'administration doivent se
réunir au moins une fois tous les trois mois. "
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
M. Claveau: Je voudrais savoir du ministre à partir de
quel principe il trouve que c'est suffisant ou assez?
M. Marx: En vertu du bon sens. M. Claveau: En vertu du bon
sens.
M. Marx: On a pensé à quatre fois par année,
mais on trouvé qu'une fois tous les trois mois, cela serait plus
raisonnable. Il y a une distinction à faire, M. le Président.
M. Claveau: Si les membres de la corporation décident de
se réunir plus souvent, ils vont pouvoir le faire?
M. Marx: Oui.
M. Claveau: S'ils veulent le faire tous les mois, Ils vont
pouvoir le faire.
M. Marx: "Au moins", c'est cela, ils peuvent siéger chaque
jour.
M. Claveau: C'est à leur entière
discrétion.
M. Marx: C'est cela.
M. Claveau: Oui, cela peut être plus ou moins
alléchant, selon ce qu'on va les payer pour siéger.
M. Marx: C'est cela.
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
M. Claveau: Juste une seconde. Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. Article 9?
M. Claveau: Une petite seconde, M. le Président. "Le
président préside la séance du conseil d'administration,
voit à son fonctionnement... " Là-dessus, on va se battre
à mort, M. le Président! Ha, ha, ha!
Le Président (M. Kehoe): On continue avec l'article 9.
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. Article 10?
M. Claveau: "Le quorum aux séances du conseil
d'administration est de six membres, dont le président ou le
vice-président. En cas de partage égal des voix, le
président ou, en son absence, le vice-président dispose d'une
voix prépondérante. "
Il n'y a rien par rapport à la composition ou à l'origine
des membres qui forment le conseil d'administration?
M. Marx: Non.
M. Claveau: C'est-à-dire que si on a, par exemple, six
personnes qui proviennent du milieu policier, on peut siéger et prendre
les décisions?
M. Marx: Oui.
M. Claveau: Vous ne trouvez pas que...
M. Marx: II est difficile de dire: II faut avoir un des deux au
paragraphe 8° de l'article 4 et un du paragraphe 3°. Je pense que c'est
bien difficile. Normalement, les gens seront présents. Les absents ont
toujours tort.
M. Claveau: Pour ce qui est du principe pur, vous avez raison,
sauf qu'on sait que, quand on veut que les absents aient tort, on peut toujours
trouver des mécanismes pour que les gens ne soient pas là.
M. Marx: La bonne foi est présumée, en vertu du
Code civil.
M. Claveau: M. le ministre, il ne faut quand même pas
s'imaginer... Comme j'ai eu l'occasion de le dire, si tous nos commettants
étaient des enfants de choeur, on n'aurait pas besoin de loi. Cela
marcherait tout seul. On fait des lois parce qu'il faut établir des
barèmes. Sans cela, il y aurait probablement quelques individus qui
auraient tendance à bifurquer et faire que la loi, d'abord et avant
tout, c'est ce qui les intéresse. C'est pour cela qu'on fait des lois.
On ne présume pas, dans la mesure où on prétend que des
choses peuvent arriver. On est tout simplement honnête dans la
démarche. Sinon, vous n'auriez pas besoin de loi sur
l'incarcération, dans la mesure où vous n'avez pas à
présumer qu'un citoyen quelconque pourrait être emprisonné
un jour. Quand on m'arrive avec cet argument... On pourrait aller loin
là-dedans. On n'aurait pas besoin de loi sur l'ivressomètre, dans
la mesure ou on n'a pas à présumer que quelqu'un pourrait
conduire en état d'ébriété. Si c'est ce que vous
voulez me dire, allons dans votre logique jusqu'au bout.
Je vous dis que si on ne fait pas attention, il y aura toujours
quelqu'un qui trouvera le moyen de convoquer un conseil d'administration
à un moment où certains individus ou certaines catégories
d'individus ne pourront pas être représentés. Vous vous
souvenez quand les étudiants ont fait leur mouvement de contestation
contre ses politiques sur les prêts et bourses, le ministre de
l'Éducation accusait les étudiants de s'être
organisés pour tenir des assemblées générales et
voter la grève au moment où il y avait le moins de monde possible
dans la salle. C'est une accusation que le ministre de l'Éducation a
faite. Il avait présumé drôlement des intentions des
étudiants. Le ministre de la Justice, lui qui connaît les lois,
lui qui sait comment cela marche, lui qui a plaidé, lui qui a
été ministre de la Justice et qui
est maintenant Solliciteur général ou ministre de la
Sécurité publique, devrait savoir un peu comment cela peut
marcher.
On connaît des causes sur des questions municipales. Vous allez me
dire que les municipalités ne relèvent pas de vous. Je comprends
que la dynamique est différente aussi, parce que les élus sont
très proches de leur monde. On sait comment cela marche quelquefois. Je
pourrais vous en citer des exemples de conseils de ville qui en profitent pour
siéger, pour convoquer une assemblée spéciale au moment
où quelqu'un est parti en vacances, un indésirable qui aurait
gueulé contre tel projet qui est sur la table du conseil. On attend
qu'il soit parti en vacances pour convoquer une assemblée
spéciale et passer vite sur un point. C'est comme cela que cela se
passe.
Je vous dis, M. le ministre, tout en respectant le principe du quorum,
pour autant qu'on ait fixé une base de quorum, on aurait peut-être
avantage à prévoir des modalités pour qu'une seule
catégorie ne puisse siéger, par exemple, tout ce qui s'appelle
administration, corps de police et ministère, en l'absence des autres,
ou les autres aussi en absence de ceux-là. Il pourrait arriver
qu'à une convocation on ne retrouve que les gens du monde municipal, les
gens qui viennent des associations chargées de la défense des
intérêts des membres des corps de police et des groupes
socio-économiques qui sont probablement une catégorie qui risque
de se retrouver assez souvent, sur certains points de vue. On pourrait imaginer
que, dans la mesure où le président ou le vice-président
fait partie de cette catégorie, on ait quorum et qu'on commence une
assemblée avant même que les autres groupes qui ont
été retardés arrivent, afin de faire vite adopter un point
sous prétexte qu'on a quorum. (19 h 30)
Tout en respectant le principe, je dis qu'il y a des modalités
qu'on peut introduire dans des lois. Et, introduire une modalité,
à savoir que le quorum ne pourrait pas être formé tant et
aussi longtemps qu'il n'y aurait pas au moins un représentant d'un
groupe ou l'autre, pourrait être intéressant comme démarche
dans la mesure où ce qu'on veut, finalement, c'est un organisme qui
fonctionne le mieux possible et qui prend les décisions les plus
honnêtes possible pour pouvoir former au maximum nos policiers qui vont
ensuite donner des services à la population.
Comme le ministre le disait tout à l'heure, si on était
des compagnies, si on était au conseil d'administration de la Banque de
Montréal... C'est bien leur problème. Mais ici, ce n'est pas
cela. C'est l'argent de l'État, l'argent des citoyens et c'est pour
donner un service très particulier à nos citoyens. Alors, dans
des cas semblables, on peut prévoir une modalité qui fasse en
sorte que le conseil d'administration ne peut pas se balancer de l'opinion
d'une autre partie du conseil d'administration, de gens qui auraient un autre
point de vue pour profiter d'une conjoncture où ces gens ne sont pas
représentés pour en profiter pour faire adopter quelque chose qui
aurait été contesté autrement.
C'est la seule mise en garde que je fais au ministre. Je comprends qu'il
lui revient de prendre la décision. Mais je pense que la mise en garde
est de taille et vaut la peine d'être faite au moment où l'on se
parle.
M. Marx: Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Article 11?
M. Marx: Cet article prévoit qu'un membre du conseil qui
se retrouve en situation de conflit d'intérêts doit le
dénoncer. Et s'il s'agit du président ou du directeur
général, il est déchu de sa charge. Ce n'est pas dans la
loi actuelle.
M. Claveau: Est-ce que le ministre pourrait nous donner un
exemple de ce que pourrait être un conflit d'intérêts? Si ce
n'est pas dans la loi actuelle, je suppose que c'est parce qu'il est
arrivé des situations où cela aurait pu être...
M. Marx: Supposons que l'institut soit en train d'acheter des
ordinateurs d'une compagnie et qu'un des membres du conseil d'administration
soit vendeur pour cette compagnie, je pense qu'il y aurait un conflit
d'intérêts.
M. Claveau: D'accord. Par exemple, disons qu'un vendeur
Harley-Davidson siégerait au conseil d'administration de l'institut.
M. Marx: Cela pourrait bien être cela. M. Claveau:
Ha, ha, ha! M. Marx: Adopté?
M. Claveau: Oui. On ne peut pas être contre la vertu.
M. Marx: Adopté
Le Président (M. Kehoe): Adopté. Article 12?
M. Marx: C'est la nomination du directeur général
pour un mandat d'au plus cinq ans.
M. Claveau: Une petite seconde. Dans cet article, on dit que le
directeur général peut se nommer des directeurs adjoints à
volonté. Est-ce que c'est cela?
M. Marx: Où?
M. Claveau: Ce n'est pas là-dedans? "... qui est
responsable de la gestion de l'institut ainsi que des directeurs adjoints au
nombre qu'il détermine. " Le gouvernement. Le directeur
général est nommé par le gouvernement qui, lui, est
responsable de la gestion de l'institut ainsi que des directeurs adjoints.
Est-ce que c'est le directeur général qui nomme les directeurs
adjoints?
M. Marx: Non. Le gouvernement nomme... M. Claveau: II
nomme le directeur général.
M. Marx: Qui est responsable de la gestion de l'institut ainsi
que des directeurs adjoints au nombre qu'il détermine.
M. Claveau: Cela peut vouloir dire que le directeur
général est responsable et de la gestion...
M. Marx: C'est le gouvernement qui nomme dans les deux cas.
M. Claveau: C'est mal rédigé.
M. Marx: C'est le gouvernement qui nomme.
M. Claveau: Je pense que cela vaudrait la peine de voir la
syntaxe de cet article. Tel qu'il est écrit, cela peut être l'un
ou l'autre. On peut vraiment l'imaginer de deux façons
différentes. Je pense qu'il vaudrait la peine de regarder une
formulation qui soit très claire à cet effet.
M. Marx: Je peux chercher la traduction anglaise pour le
député d'Ungava. Cela va peut-être l'éclairer.
M. Claveau: Selon les lois du Québec, c'est la version
française qui a force de loi.
M. Marx: Pas en vertu des jugements de la Cour suprême du
Canada, mais...
M. Claveau: On ne connaît pas les derniers. On va le savoir
ces jours-ci.
M. Marx:... je vais laisser passer cette remarque du
député.
M. Claveau: On aura sûrement l'occasion de s'en reparler
après le 15.
M. Marx: Non, mais il y a déjà de la jurisprudence.
Je pense que...
M. Claveau: Dans la version française, c'est...
M. Marx: Oui.
M. Claveau:... la version qu'on a et avec laquelle on a
l'habitude de travailler au Québec, on dit: "... un directeur
général qui est responsable de la gestion de l'institut ainsi que
des directeurs adjoints au nombre qu'il détermine. " Cela peut
très bien vouloir dire que c'est le directeur général qui
est responsable des directeurs adjoints, au nombre qu'il détermine.
Le Président (M. Kehoe): Peut-être qu'on peut
suspendre.
M. Marx: Non, on va changer ça tout de suite. D'accord, on
le suspend pour...
Le Président (M. Kehoe): On peut suspendre
l'article...
M. Marx: On va proposer un amendement dans deux secondes.
Le Président (M. Kehoe): On va revenir à l'article.
L'article 12 est suspendu. Article 13?
M. Claveau: II y a eu quand même... Ah bon! Il est
suspendu...
M. Marx: M. le Président, si on peut retourner à
l'article 12, j'ai consulté les juristes du ministère et le
représentant du jurisconsulte du gouvernement, et ils sont unanimes
à dire que l'article 12 est clair, que "ainsi que des directeurs
adjoints au nombre qu'il détermine", ça ne peut que vouloir dire
que ces gens sont nommés par le gouvernement.
M. Claveau: Cela ne peut pas vouloir dire autre chose?
M. Marx: Pas pour les juristes et le jurisconsulte.
M. Claveau: Ah bon!
M. Marx: Vous n'êtes pas sûr de cela?
Une voix: Moi non plus, je ne suis pas sûr.
M. Marx: Si les juristes sont convaincus et si les
députés ne sont pas convaincus, on va se pencher...
Une voix: On pourrait mettre une virgule. M. Claveau: M.
le Président...
M. Marx: Quelqu'un a suggéré une virgule
après...
M. Claveau: II y a beaucoup de procès qui se font entre
gens convaincus...
M. Marx: M. le Président, on propose un amendement.
À la troisième ligne, après le mot
"institut", on met un point. La phrase suivante se lit: "Le gouvernement
nomme aussi des directeurs adjoints au nombre qu'il détermine. " On
donne raison au député d'Ungava et au député de
Louis-Hébert, tous deux mes proches amis dans cette commission.
M. Doyon: Sur l'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Oui, M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Je voudrais signaler au ministre, puisqu'on fait un
petit peu de sémantique et de construction de phrase, que cette
solution-là, qui m'agrée à première vue, me pose un
autre problème, M. le ministre, qui est le suivant: "le gouvernement
nomme aussi", cela fait une obligation au gouvernement de nommer des directeurs
adjoints et il est concevable et possible que le gouvernement ne veuille pas
nommer de directeurs adjoints. Alors, il faudrait dire "le gouvernement peut
aussi nommer" si c'est l'intention du gouvernement, comme je pense que
ça peut l'être. Il y avait déjà une obligation. Je
comprenais l'obligation pour le directeur général, mais je la
comprends moins pour des directeurs adjoints. C'est une drôle
d'obligation.
M. Claveau: "Au nombre qu'il détermine", s'il
détermine que c'est zéro le nombre qu'il détermine, c'est
zéro?
M. Doyon: Mais ce n'est pas nommer que de nommer zéro.
M. Claveau: "Nommer au nombre qu'il détermine"; on lui
donne la possibilité de nommer...
M. Marx: Le gouvernement peut nommer...
M. Doyon: Peut aussi nommer.
M. Marx:... peut aussi nommer.
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Marx: "Le gouvernement peut aussi nommer... " On
l'écrit, "... détermine pour la même période...
"
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, pourriez-vous le
faire par écrit...
M. Marx: D'accord. On est en train de l'écrire, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe):... et le soumettre?
M. Marx: D'accord, on suspend. On va soumettre...
Le Président (M. Kehoe): On suspend l'étude de
l'article 12 encore. On va le faire par écrit et on va y revenir. On va
procéder à l'étude de l'article 13.
M. Claveau: L'article 12 reste suspendu pour une question de
rédaction.
Le Président (M. Kehoe): Juste de rédaction.
M. Marx: Parce qu'on va soumettre ça par écrit.
M. Claveau: D'accord.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Marx: Oui.
M. Claveau: II faut toujours se méfier. Vous devriez
demander si on a demandé la parole, M. le Président, avant de
dire...
Le Président (M. Kehoe): J'ai déjà
appelé l'article 13. Je pense qu'on en a déjà
discuté.
M. Claveau: Oui, jadis. Oui, écoutez... D'accord.
Adopté avec toutes les réserves qu'on a déjà
exprimées là-dessus, c'est bien évident.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 14.
Objet et pouvoirs de l'institut
M. Claveau: Ah! les pouvoirs de l'institut!
M. Marx: À l'article 14, l'institut voit à la
formation et au fonctionnement des policiers du Québec, non seulement
par l'enseignement mais également par la recherche. " (19 h 45)
M. Claveau: Oui, oui, oui. M. le ministre, effectivement, lorsque
l'on regarde dans l'avant-projet de loi qui avait été
présenté par le prédécesseur du ministre, à
l'article 14, on reconduisait les pouvoirs de l'Institut de police à
savoir qu'en plus de lui attribuer des compétences quant à la
formation, à la recherche et au perfectionnement des policiers du
Québec, on lui donnait un pouvoir de recherche appliquée et de
développement et, par la consultation, d'amélioration des
services policiers au Québec. Actuellement, il semble qu'on lui donne
une vocation qui est très technique quant à la formation et au
perfectionnement des policiers alors qu'antérieurement, dans
l'avant-projet de loi qu'on avait sur la table, on avait une vocation beaucoup
plus globale quant à l'ensemble de la gestion, de l'administration, de
l'amélioration globale des services policiers au Québec. Est-ce
qu'il y aura des différences dans l'application?
M. Marx: En fait, la consultation sera donnée par la
direction générale au ministère concerné, avec des
services policiers.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a des raisons pour lesquelles...
M. Marx: Je pense que c'est au ministère de faire la
consultation et non à l'Institut de police. Il n'y a pas un cégep
qui consulte les commissions scolaires. Il n'y a pas un cégep qui fait
un tel travail.
M. Claveau: Mais il y a des structures. Concernant l'enseignement
supérieur, je ne sais pas, il y a un conseil des universités qui
fait des propositions. Les universités ont aussi des rôles. Elles
peuvent élaborer, s'impliquer socialement dans leur milieu en
développant des programmes spécifiques ou des approches
différentes; elles peuvent aussi avoir leur mot à dire par le
biais de consultations, de commissions parlementaires ou autrement.
M. Marx: Je comprends la question. Tout ce que je peux dire,
c'est que la consultation sera faite par la Direction générale
de...
Une voix: La sécurité et la prévention.
M. Marx:... la sécurité et de la prévention.
M. Claveau: Est-ce qu'on pourrait savoir à partir de quel
raisonnement et à la demande de qui on réduit ainsi le mandat de
l'Institut de police?
M. Marx: On ne réduit rien parce que l'avant-projet n'a
jamais été adopté. L'avant-projet n'a pas
été préparé par moi. L'avant-projet n'a jamais
été adopté. L'avant-projet était un avant-projet.
Maintenant, on a un projet.
M. Claveau: Mais il y a eu sûrement un cheminement entre
les deux.
M. Marx: Oui, mais vous pouvez...
M. Claveau: II y a eu une raison pour que cela soit apparu
à l'avant-projet et il y a une autre raison pour que cela ait
été enlevé.
M. Marx: Je vous ai donné la raison. Je pense qu'il serait
plus logique que ce soit fait par la Direction générale de la
sécurité et de la prévention que par l'Institut de
police.
M. Claveau: Actuellement, au moment où on se parle,
à l'Institut de police...
M. Marx: Mais c'est quoi la différence pour vous? C'est
quoi la question? On peut toujours...
M. Claveau: La grande différence est que, dans
l'avant-projet de loi, on donnait à l'Institut de police, effectivement,
un rôle de recherche, de formation et de perfectionnement des policiers.
C'est clair. C'est tout simplement normal. Cela fait partie du décor.
Cela, on le garde. On parlait avant de recherche appliquée et de
développement. Cela revient au même. Mais on donnait aussi un
rôle beaucoup plus large quant à la possibilité pour
l'Institut de police de développer des programmes ou des interventions
qui ne s'adressent peut-être pas spécifiquement ou uniquement,
d'après ce qu'on peut voir, par l'amélioration des services
policiers au Québec. Ce pourraient être des programmes de
perfectionnement, de formation ou d'information qui s'adressent à la
population, au personnel non policier qui travaille aussi pour la police, parce
qu'il y en a qui pourraient... Enfin, il y a eu une vocation beaucoup plus
sociale de la Commission de police.
M. Marx: L'objet et les pouvoirs de l'institut ne sont pas
seulement à l'article 14. Il faut lire l'article 15, l'article 16 et
ainsi de suite. Comprenez-vous?
M. Claveau: Est-ce que vous pourriez répéter?
M. Marx: M. le Président, j'ai dit au député
que l'objet et les pouvoirs de l'institut ne sont pas seulement à
l'article 14. Il y a aussi l'article 15 et l'article 16. J'avais à
décider quels sont les pouvoirs de l'institut et j'ai
décidé que ce sont ces pouvoirs, parce que je pense que le
pouvoir de consultation devra appartenir au ministère. Vous allez me
dire qu'il faut que la consultation soit faite par l'institut; c'est peut
être votre opinion, mais ce n'est pas la mienne. C'est tout. Je pense que
ce n'est même pas un grand débat.
M. Claveau: Mais on est là justement pour échanger
des points de vue...
M. Marx: Oui. Je vous écoute.
M. Claveau:... et on n'a pas à se sentir bousculés
parce qu'on veut échanger des points de vue.
M. Marx: Non, je comprends. Mais si c'est une question de
trancher quelque part, je pense que vous pouvez avoir votre opinion et, autour
de la table, on peut en avoir quinze sur ce sujet.
M. Claveau: Et c'est le rôle du parlementaire de
s'exprimer, de discuter et d'essayer éventuellement de convaincre aussi
par son point de vue.
M. Marx: Oui, d'accord. Je comprends.
M. Claveau: Ce qui arrive, c'est que, dans
son mandat d'origine, la Commission de police, en vertu de l'article 17
de la Loi de police est chargée - on parle ici de la Commission de
police - de favoriser l'efficacité des services de police au
Québec. Bon.
On se dit que l'Institut de police devrait, en plus de faire des
interventions uniquement individuelles... Tout à l'heure, le ministre
nous disait: Dans les articles subséquents, on va retrouver des
dispositions qui viennent compléter ce qu'on dit à l'article 14,
et ces dispositions s'adressent toujours à l'individu; c'est une
approche strictement individuelle par rapport à sa formation
spécifique, mais on ne retrouve plus l'élément d'approche
globale par rapport, par exemple, à l'administration ou à la
dynamique globale d'un corps de police dans une municipalité ou d'une
section policière quelque part dans une grande municipalité ou
dans une communauté urbaine, alors qu'on prétend que la formation
du policier, en plus de passer par l'individu, passe aussi par la façon
dont les policiers pourront fonctionner globalement ou par la façon dont
on va gérer ou administrer un poste de police quelque part ou un groupe
de policiers dans une petite municipalité isolée. Il y a toute
cette dynamique et, dans l'avant-projet de loi, quand on parle
d'améliorer les services policiers au Québec, on sous-entend une
approche globale pour l'intégration du policier dans son milieu et dans
le fonctionnement, la dynamique du milieu dans lequel le policier va
travailler. En enlevant ça, on revient uniquement à la question
de la formation et du perfectionnement des policiers, avec les mesures
subséquentes des autres articles du projet de loi et on a une approche
strictement individuelle. On pense que la Commission de police pourrait manquer
son mandat.
D'autre part, vous disiez que la consultation est reprise au
ministère. On aimerait comprendre par quelle dynamique et comment le
ministre en est arrivé là; par exemple, quel nouveau rôle
elle jouera parce que, s'il y a une modification d'approche, un nouveau
rôle sera joué par la Commission de police elle-même, quant
à ses interrelations, au fonctionnement ou au mode de décision
qui sera pris dans la gestion des corps policiers au Québec.
M. Marx: Oui, mais il faut lire les articles à la fin du
projet de loi où on prévoit l'abolition de la Commission de
police et où on transfère certains pouvoirs au ministère.
La consultation sera faite par le ministère.
M. Claveau: Qui sera responsable de l'approche collective, de la
formation de groupe ou de donner de la formation globale de gestion de groupe?
Je prends, par exemple, les pompiers. De la formation pour les pompiers
volontaires est donnée dans quelques instituts spécialisés
au Québec; on les amène en groupe et, en plus de leur donner une
formation individuelle, on leur apprend comment travailler en groupe. Quand tu
éteins un feu, tu as beau être sur la "hose", il en faut un
à la pompe, un à la borne-fontaine et un autre ailleurs. Il faut
que ce soit une démarche d'équipe.
Dans le cas du policier, c'est souvent le cas aussi. Le policier, au
cours d'une opération très spécifique, dans certaines
sortes de travail qu'il doit effectuer, fait un travail d'équipe. Qui va
avoir maintenant la responsabilité de coordonner, de montrer ou de faire
en sorte que nos corps de police puissent développer cet esprit de
groupe, cette dynamique du travail en équipe?
M. Marx: M. le Président, il y a l'article 15, paragraphe
1°: "dispenser des cours de formation et de perfectionnement en
matière policière. " Je pense que ça couvre pas mal ce que
le député a soulevé comme question. Est-ce qu'il faut que
le député prenne quelques minutes pour lire l'article 15 une
autre fois?
M. Claveau: Bien, on reviendra à l'article 15 tout
à l'heure. On dit conseiller...
M. Marx: Je pense qu'un projet de loi est un tout.
M. Claveau: D'accord. On retrouvait une disposition semblable
dans l'avant-projet de loi à l'article 15 mais...
M. Marx: II faut lire 178 avec. N'oubliez pas, 178.
M. Claveau: C'est parce que dans le mandat, écoutez,
l'objet et les pouvoirs de l'institut, c'est à l'article 14 qu'on les
fixe. Les autres, on verra en temps et lieu. Ce sont des modalités.
M. Marx: Oui, mais c'est parce que ça fait un tout, M. le
Président. Je sais que le député n'est pas juriste. De
toute façon, normalement, dans un projet de loi, les principes
généraux viennent en premier lieu; après, ce sont les
détails et il y a des modifications.
M. Claveau: Oui, mais quand on fixe des objectifs, on fixe des
objectifs, n'est-ce pas? Il y a une colonne "objectifs". Bon, c'est ça.
On n'arrive pas avec d'autres objectifs.
M. Marx: Oui, mais si le député n'aime pas comment
on a rédigé le projet de loi, c'est une autre chose. Mais si on
lit les articles 14, 15 et 178, je pense que ça répond aux
questions des députés. Tout est couvert.
M. Claveau: Dans le fond, le problème qui se pose, on se
demande où le ministre s'en va avec ça et qui l'a
conseillé pour faire son projet de loi, c'est que ça va à
l'encontre...
M. Marx: Qu'est-ce que vous voulez mettre dans le projet?
M. Claveau: On veut que les dispositions prévues à
lavant-projet de loi soient maintenues. Si vous y tenez, nous allons
déposer un amendement dans ce sens. On dépose donc un amendement.
Le ministre veut savoir ce qu'on veut mettre dans le projet de loi, on va
déposer notre amendement.
M. Marx: Je vous ai dit que nous avons décidé que
c'est le ministère qui fera la consultation. C'est à l'article
178.
M. Claveau: On ne parle pas du même problème. Bon,
on va déposer notre amendement et on discutera de l'amendement puisque
c'est ce que le ministre veut savoir.
Donc, un amendement. L'article 14 du projet de loi 86 est amendé
par l'addition, après les mots "du Québec", des mots "et à
l'amélioration des services policiers au Québec".
Le Président (M. Kehoe): Pouvez-vous... Je déclare
l'amendement recevable. Je donne la parole sur l'amendement à M. le
député. Je vais lire l'amendement. L'article 14 du projet de loi
86 est amendé par l'addition, après les mots "du Québec",
des mots "et à l'amélioration des services policiers au
Québec". Le nouveau, c'est "et à l'amélioration des
services policiers au Québec".
M. le député d'Ungava, sur l'amendement.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Si on présente
cet amendement, d'abord, ce n'est pas parce que nous l'inventons. Nous
comprenions la démarche qui avait été faite dans
l'avant-projet de loi. On a consulté des gens, on est arrivés
avec un avant-projet de loi qui avait quand même des dispositions sur
lesquelles nous ne sommes pas d'accord mais il y avait aussi d'autres choses
sur lesquelles nous étions d'accord. Nous étions d'accord pour
que le mandat de l'Institut de police comprenne globalement
l'amélioration des services policiers au Québec.
Si le ministre dit que ce n'est pas l'Institut de police qui les
consulte, que c'est nous qui allons consulter, on dit: C'est parfait, on est
consultés, on ne le met pas dans notre amendement. Mais ces
consultations devront servir à quelque chose. Il devra y avoir, à
un moment donné, des gens qui devront appliquer les résultats de
certaines consultations.
Nous disons que pour que l'Institut de police fasse vraiment son
rôle global dans la société il doit d'abord faire de la
recherche sur la formation et sur le perfectionnement des policiers. C'est
clair. Mais il a aussi un rôle dynamique à jouer dans
l'amélioration des services policiers au Québec.
M. Marx: Cela va de soi, M. le Président. (20 heures)
M. Claveau: Cela ne va pas de soi. Je finis mon intervention.
Après, le ministre pourra toujours répondre. Il a du temps aussi
pour le faire.
Il y a là quelque chose qui nous semble assez spécial dans
la démarche du ministre. D'une part, on vient de se donner - on a
interrogé le ministre là-dessus - un conseil d'administration
beaucoup plus large, avec des intervenants socio-économiques, avec des
gens qui représentent les policiers eux-mêmes, avec le directeur
de différents corps policiers très importants, au Québec
qui couvrent, à la Sûreté du Québec, toute la
population du Québec, dans d'autres cas, comme la Communauté
urbaine de Montréal, de larges secteurs de notre population avec des
dynamiques vraiment complètes, vraiment impliquées dans le milieu
financier.
Cela ne vient pas de la lune, ces intervenants. On se donne donc un
conseil d'administration - le ministre le disait lui-même, - qui va
permettre à l'Institut de police d'être plus près du monde,
de pouvoir avoir des politiques, des approches qui soient plus sensibles aux
besoins des milieux, etc. Il nous faisait presque brailler en nous disant
ça tout à l'heure. Nous, on dit: D'accord, M. le ministre,
même si, comme j'ai eu l'occasion de le dire au début des travaux,
ce n'est pas nécessaire de s'embarquer dans une dynamique de
démocratisation à outrance pour gérer un institut comme
l'Institut de police où on pourrait très bien avoir un ou deux
directeurs bien compétents qui répondent directement du ministre,
qui font avancer ça et qui savent où ils s'en vont, un
comité exécutif de gens compétents, formés, ce
serait probablement suffisant et probablement plus efficace.
Le ministre veut avoir son conseil d'administration. Je ne sais pas si
c'est parce qu'il veut en faire un centre universitaire un jour, telle
l'école militaire de Saint-Jean qui a maintenant le statut
d'école universitaire. Si c'est ce qu'il veut avoir un jour, un Institut
de police au Québec qui a un statut universitaire, a ce moment, il a
peut-être la bonne démarche. On ne le sait pas. Il reste qu'il se
donne, au moment où on se parle, un conseil d'administration beaucoup
plus large, qui va supposément amener plus de compétence pour
être capable de diversifier le produit, si vous voulez, de donner un
produit plus proche, plus modulé par rapport aux besoins des
différents milieux.
On se dit: D'accord, le ministre veut aller dans cette voie, qu'il y
aille. On n'est quand même pas contre, bien qu'on ait des restrictions
par rapport à ce que ça va donner comme application. Là,
on s'en va dans le projet de loi et on se rend compte qu'à l'article 14
le ministre restreint, égorge, finalement, la nouvelle corporation en
lui donnant les pouvoirs les plus restrictifs qu'il pouvait donner. C'est
encore une chance qu'il ne lui ait pas enlevé le pouvoir de formation
des policiers. Là, on se serait demandé vraiment où il
s'en allait. Il réduit vraiment l'intervention à son strict
minimum alors qu'il
vient, parallèlement à ça, juste avant, de se
donner un conseil d'administration qui est supposé avoir des visions
beaucoup plus larges que ce qu'il avait avant.
Normalement, on aurait pu supposer que le mandat, les objectifs, les
pouvoirs de l'institut auraient été aussi beaucoup
élargis, beaucoup augmentés, diversifiés par rapport
à ce qui se faisait avant. Mais non, après s'être
donné cette espèce de belle structure qui va bien paraître,
qui va donner une image qui va faire la une, éventuellement, dans les
journaux, cinq colonnes à la une, on se rend compte que vite l'entonnoir
se referme et que, finalement, tout ce qui reste, c'est une intervention
individuelle dans une formation bien précise et le perfectionnement du
policier, la formation professionnelle du policier, alors que l'Institut de
police aurait pu avoir un rôle. Le ministre dit: On va le trouver
ailleurs dans la loi. On va voir ce qu'il va y avoir ailleurs.
Nous, ce qu'on dit, c'est que, quand on fixe des pouvoirs et des
objectifs, c'est là qu'on devrait identifier vraiment la panoplie des
interventions ou, du moins, sans aller dans le détail
systématique du type d'intervention, donner un panorama
général, le grand cadre dans lequel l'Institut de police va
pouvoir intervenir et va pouvoir travailler. Dans ce sens, on pense que le
ministre aurait tout avantage à accepter notre amendement qui va aussi
libérer le conseil d'administration d'une contrainte peut-être un
peu trop serrée. Peut-être que le noeud coulant est familier dans
le monde de la justice. C'est une image que l'on utilise à l'occasion.
Je veux dire que le ministre est peut-être en train de se donner un
conseil d'administration, il le prend par le cou, le lève de terre et
dit: Je m'en vais vous donner juste ce qu'il faut. Mais, au lieu de faire
confiance à ce conseil d'administration qui est supposé avoir
formé des gens compétents qui pourraient le conseiller, le
consulter, élargir ses vues, développer des programmes, proposer
des choses au ministre comme type d'intervention après avoir
vérifié dans le milieu, parce qu'on suppose qu'il va y avoir des
gens avec toutes sortes de compétences qui vont composer son conseil
d'administration...
Le ministre, dans le fond, se donne un conseil d'administration qui, de
plus en plus, prend la forme d'une structure fantoche, qui va siéger
à l'occasion pour parler de la pluie et du beau temps, mais qui n'aura
pas beaucoup de pouvoir d'intervention parce que, quant à la formation
et au perfectionnement du policier, ce sont des pédagogues ou des
spécialistes dans le domaine qui vont faire le travail. Ce n'est pas
n'importe qui dans le milieu, ce n'est pas un agent socio-économique
pris quelque part qui va être capable de dire: C'est ça que tu
fais techniquement, ou de dire à un professeur. À partir de
demain matin, ce n'est plus comme ça que tu vas enseigner. Normalement,
cet agent socio-économique devrait être là pour conseiller,
pour donner des opinions, ouvrir l'esprit, aider à développer des
programmes d'intervention globale, de travail d'équipe, la façon,
par exemple, pour les policiers d'aller dans les écoles ou de
développer des dynamiques dans le milieu pour la lutte contre la drogue
ou autrement. Il semble que ça risque... En tout cas, on est convaincu
que ce n'est pas ça que le ministre donne comme mandat au conseil
d'administration, en restreignant ses pouvoirs ou les pouvoirs de l'institut
à la simple formation et au perfectionnement.
Dans ce sens-là, nous verrions d'un très bon oeil que le
ministre élargisse un peu ses oeillères et qu'il permette de
donner plus de champ d'action, plus de champ d'activité à ce
conseil d'administration formé de personnes hautement compétentes
qu'il va nommer lui-même, - on suppose qu'il ne prendra pas des deux de
pique, - de gens hautement compétents qu'il va placer là.
M. Marx: Je suis prêt à nommer le
député d'Ungava.
M. Claveau: Pardon?
M. Marx: Je suis prêt à nommer le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je vous remercie de la confiance que vous me faites.
Il faudra toujours voir si ça vaut la peine que j'accepte. Dans un cadre
semblable où je n'aurais pas à intervenir relativement à
l'amélioration des services policiers au Québec, d'une
façon globale, la proposition du ministre ne m'intéresse
absolument pas.
M. Marx: M. le Président, j'aimerais relire lentement avec
le député d'Ungava l'article 14: "L'institut a pour objet de
contribuer par l'enseignement et la recherche à la formation et au
perfectionnement des policiers du Québec. " C'est sûrement pour
améliorer les services, non pas pour les détériorer. C'est
pourquoi, en ce qui nous concerne, il n'est pas nécessaire de mettre le
mot "amélioration", cela va de soi. C'est pourquoi il nous sera
nécessaire de rejeter, de voter contre l'amendement, quoi qu'on ait mis
dans l'avant-projet de loi. Un avant-projet, ce n'est pas un projet. Depuis
l'avant-projet, nous avons réfléchi. Si chaque fois que le
député voit un article il sort l'avant-projet pour dire: Ah! on a
un amendement, pourquoi n'avez-vous pas repris l'avant-projet? Bien, il va
avoir des amendements à présenter à la douzaine.
Nous avons réfléchi depuis l'avant-projet de loi. Nous
avons lu les mémoires des 30 groupes qui ont déposé des
mémoires. Nous avons consulté le milieu, les autres
ministères, le Conseil des ministres. Nous avons rédigé
l'article 14 tel quel et je pense qu'il couvre ce que le député
veut que ça couvre.
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Je voudrais juste porter
à l'attention du ministre... À titre d'exemple, vous pourriez
avoir le policier le plus perfectionné, le plus performant, le plus
techniquement à point, dans toute l'opération-nalisation" des
techniques policières, mais qui, sur le terrain, agit en
véritable Rambo, finalement, qu'il n'ait pas du tout le sens du travail
dans le public, le sens du travail d'équipe, de la concertation, de
l'approche d'un jeune qui s'en va vers la délinquance, etc..
M. Marx: Cela n'a rien à voir avec l'article.
L'amendement...
M. Claveau: Ah! mais c'est pour ça... M. Marx:...
ne changera rien.
M. Claveau: Quand on dit que, globalement, l'Institut de police
devrait travailler à l'amélioration des services policiers au
Québec, c'est que la formation qui est donnée aux policiers doit
toujours se faire dans l'optique d'une amélioration du service policier.
L'amélioration du service policier ne passe pas nécessairement
uniquement et exclusivement par le perfectionnement des policiers, elle passe
aussi par toute une approche globale dans le milieu. Si le ministre s'est
donné un conseil d'administration qui est censé avoir ces
compétences pour intégrer vraiment le policier au milieu, changer
et améliorer son image, ses relations avec les citoyens, afin qu'il
devienne quelqu'un qui ira vers la prévention plutôt que de se
contenter de ne faire que du curatif, à ce moment, l'Institut de police
aura rempli son véritable rôle. C'est pour cela que nous disons:
Attention! Il faut du perfectionnement, parfait; il faut avoir des gens
hautement perfectionnés, d'accord, mais ce n'est pas une garantie que,
parce qu'on est très performant techniquement ou individuellement, on
améliorera le service rendu à la population.
M. Marx: M. le Président, je n'ai pas d'autres
commentaires utiles à faire à ce moment-ci.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'amendement à
l'article 14, tel que proposé par le député d'Ungava, est
adopté?
M. Claveau: On passe au vote.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que vous demandez le vote
nominal?
M. Claveau: Je demande un vote nominal là-dessus. C'est
important, c'est fondamental,
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que la secrétaire
peut appeler les députés?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Le vote sur
l'amendement proposé par M. Claveau (Ungava).
M. Marx (D'Arcy McGee)?
M. Marx: Contre.
La Secrétaire: M. Blackburn (Roberval)?
M. Blackburn: Contre.
La Secrétaire: Mme Bleau (Groulx)?
Mme Bleau: Contre.
La Secrétaire: M. Brouillette (Champlain)?
M. Brouillette: Contre.
La Secrétaire: M. Dauphin (Marquette)?
M. Dauphin: Contre.
La Secrétaire: M. Doyon (Louis-Hébert)?
M. Doyon: Contre.
La Secrétaire: M. Kehoe (Chapieau)?
Le Président (M. Kehoe): Contre.
La
Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Président (M. Kehoe): L'amendement est rejeté
sept contre un. On revient à l'article 14. Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Marx: Adopté, M. le Président. M. Claveau:
Sur division.
Le Président (M. Kehoe): Adopté sur division.
J'appelle l'article 15.
M. Marx: Je pense qu'on a vraiment fait le débat de
l'article 15 à l'intérieur de la discussion sur l'article 14.
L'article 15 prévoit la réalisation des deux objectifs, soit la
formation et le perfectionnement des policiers. Je pense que je n'ai rien
d'autre à ajouter, puisque l'article 15 est clair et précis. Nous
sommes donc prêts à voter, M. le Président. Mais, bien
sûr, si on se force, on peut parler une demi-heure sur cet article
aussi.
M. Claveau: Écoutez, on n'épuisera pas inutilement
le temps auquel on a droit; je vais tout de suite annoncer au ministre que nous
avons un amendement à l'article 15, que nous allons déposer, qui
devrait...
M. Marx: Puis-je demander au député
d'Ungava de déposer tous les amendements qu'il a? On va les
étudier et cela nous permettra de faire avancer les travaux plus
rapidement qu'à l'heure actuelle.
M. Claveau: M. le Président, si je n'avais pas vécu
l'expérience dans d'autres commissions où des ministres
eux-mêmes nous déposent des projets en deuxième lecture et
commencent tout de suite après à les amender, sans jamais vouloir
nous déposer les amendements d'une façon globale au début
de la commission, alors que ce serait dans notre droit de les avoir, parce que
c'est eux qui ont déposé le projet de loi, je répondrais
favorablement à la demande du ministre. Mais dans la mesure où
j'ai justement vécu une expérience de ce genre dans d'autres
commissions, je n'accepte pas cette demande.
M. Marx: Mais, là, je suis prêt à
échanger tout de suite tous les amendements que nous avons sur le titre
I du projet de loi avec les amendements que le député a sur
celui-ci.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que je comprends que votre
réponse est négative?
M. Marx: Non, M. le Président, il n'a pas répondu.
Je suis prêt à déposer tous les amendements que vous avons
sur le titre I du projet de loi.
M. Claveau: Écoutez, non, nous ne déposerons pas
nos amendements.
M. Marx: Je vois, M. le Président, qu'il prend ses
directives d'un des attachés politiques de l'Opposition, et je pense
que...
M. Claveau: M. le Président, il y a toujours une limite!
Je n'ai jamais vu un ministre se présenter tout seul en commission
parlementaire. Dans bien des cas, les ministres ne sont même pas capables
d'en lire plus que ce qu'on leur a écrit sur leur projet de loi, et
souvent même...
M. Marx: Jamais je ne suis allé jusqu'à dire cela
de vous. Vous pouvez en dire plus que ce qu'on a écrit pour vous. Mais
tout ce que je veux dire, c'est que j'ai proposé qu'on échange
tous les amendements qu'on a sur le titre I du projet de loi. Vous dites non.
Au début, vous disiez: Aucun ministre ne veut faire ça avec moi.
Alors, moi, je dis: Je suis prêt à faire ça avec vous. Mais
ce n'est pas bon. On ne peut pas s'entendre si vous changez votre discours
chaque fois que ça vous convient, même si ça contredit ce
que vous avez dit avant.
M. Claveau: Nous ne voyons pas en quoi ça peut
améliorer la démarche de déposer nos amendements tout de
suite. Par contre...
M. Marx: Une autre contradiction; c'est la troisième en
trois secondes.
M. Claveau: Par contre, le ministre qui est responsable de la
loi, qui l'a déposée en deuxième lecture et qui,
normalement, aurait dû déposer une loi dans une version finale
pour que la Chambre puisse en prendre connaissance en deuxième lecture,
lui, devrait nous déposer tous ses amendements.
M. Marx: Je suis prêt, M. le Président, à
échanger les amendements sur le titre I du projet de loi, tout de
suite.
M. Claveau: À ce moment-là, le ministre aurait
mieux fait de nous consulter avant d'écrire sa loi; comme ça nous
aurions pu nous entendre.
Le Président (M. Kehoe): Mais tout cela étant
dit...
M. Claveau: Pour le moment nous les déposons un à
un. Nous verrons...
M. Marx: Plus tard.
M. Claveau: Et lorsque le critique...
M. Marx: Bien, mais, M. le Président, qu'il ne me demande
pas de faire plus qu'il n'est prêt à faire. Vous voyez, il accuse
les députés ministériels de ne pas vouloir déposer
leurs amendements d'avance. Je suis prêt à le faire, mais il ne
veut pas le faire. Bon, je comprends, j'écoute le député,
M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Votre amendement, M. le
député.
M. Claveau: Ce que je comprends, M. le Président, c'est
que c'est lui qui est le ministre responsable de l'économie, de la
présentation, de la discussion du projet de loi et de son
exécution après. Nous sommes là pour le questionner sur
ses intentions à lui et nous pouvons déposer des bonifications en
ce qui concerne ses intentions, mais ce n'est pas à nous d'écrire
la loi à sa place.
Le Président (M. Kehoe): Mais avez-vous l'amendement, M.
le député d'Ungava?
M. Claveau: Oui, l'amendement que nous proposons... Le
Président (M. Kehoe): Est-ce que je peux en avoir une copie?
M. Claveau: Je vais même faire mieux que cela, parce que je
vais déposer en même temps, pour faciliter les travaux du ministre
et pour collaborer avec le ministre, les deux amende-
merits que nous avons sur cet article, en liasse.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que je peux en avoir
copie, M. le député?
M. Marx: Merveilleux! Merveilleux!
M. Claveau: Je vais le lire, si vous permettez: "L'article 15 du
projet de loi 86 est amendé par l'addition, après le
troisième paragraphe, des paragraphes suivants: "4° conseiller le
ministre et les intervenants du milieu policier sur toute matière
relative à la formation et au perfectionnement des services policiers au
Québec; "5° conseiller le ministre et les divers corps policiers au
Québec quant à la réalisation et à la mise sur pied
de programmes spécifiques visant à favoriser l'intégration
au sein des corps policiers de recrues provenant de diverses communautés
culturelles québécoises. "
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que je peux en avoir une
copie pour rendre la décision sur la recevabilité?
L'amendement présenté par le député
d'Ungava, à l'article 15, est recevable. Je donne la parole au
député afin qu'il explique le pourquoi de ses deux
amendements.
M. Claveau: J'ai simplement un problème technique, M. le
Président; j'aimerais avoir une copie de l'amendement. Si les autres
membres de la commission ne l'exigent pas, moi, je l'exige. Ce n'est pas
à nous à...
Le Président (M. Kehoe): C'est le vôtre, c'est donc
à vous de le reproduire.
M. Claveau: II n'y a rien qui oblige l'Opposition à
déposer...
Le Président (M. Kehoe): A le déposer, oui.
M. Claveau: On peut le déposer, mais pas obligatoirement
toutes les copies. C'est à la présidence de s'assurer que les
membres de la commission puissent disposer...
Le Président (M. Kehoe): Mais comment voulez-vous qu'on
distribue ça si on n'a pas votre amendement? Si vous nous le donnez, on
peut suspendre et faire des coptes qu'on va distribuer à tout le monde.
Là, il n'y a que vous qui ayez une copie de l'amendement.
M. Claveau: Je vous ai demandé une copie de l'amendement
et vous m'avez remis ma copie. C'est votre choix.
Le Président (M. Kehoe): En avez-vous d'autres?
M. Claveau: Si les autres membres de la commission ne l'exigent
pas, à la limite...
Le Président (M. Kehoe): J'exige qu'on distribue ça
à tous les membres pour qu'ils puissent en prendre connaissance.
M. Claveau: Bon, alors on suspend et que la présidence
assure une distribution de l'amendement à tout le monde.
Le Président (M. Kehoe): On peut suspendre les travaux
pour deux minutes, pour avoir le temps de le faire.
Les travaux sont suspendus pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 20)
(Reprise à 20 h 29)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des institutions reprend ses travaux. Nous allons
procéder à l'étude de l'article 12 qui avait
été suspendu. M. le ministre, vous aviez un amendement à
apporter?
M. Marx: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Pourriez-vous le lire, parce que
je ne peux pas lire votre écriture?
M. Marx: "À l'article 12, remplacer, dans la
troisième ligne du premier alinéa, les mots "ainsi que" par ce
qui suit: "Le gouvernement peut aussi nommer, pour la même
période, " et continuer la phrase telle quelle.
M. Claveau: Peut-on avoir une copie de l'amendement?
Le Président (M. Kehoe): Ah! Excusez-moi.
M. Marx: À la suite de la suggestion du
député d'Ungava, nous proposons cet amendement pour
préciser qui peut nommer les directeurs adjoints.
M. Claveau: "Pour la même période".
Le Président (M. Kehoe): C'est seulement une
clarification, êtes-vous d'accord, M. le député
d'Ungava?
M. Claveau: Pour autant qu'on s'entende bien pour dire que "la
même période, " cela ne veut pas dire que c'est la même
période dans le temps: on nomme tout le monde ensemble et puis tout le
monde démissionne ensemble.
Mme Bleau: Cela veut dire "au plus cinq ans".
M. Marx: C'est pour une période déterminée,
M. le Président.
M. Claveau: C'est cela, c'est toujours pour cinq ans.
M. Marx: C'est le même texte. M. Claveau:
Pardon.
M. Marx: C'est le même texte. D'accord, adopté?
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'amendement...
M. Claveau: Est-ce que c'est la même période ou le
même terme?
M. Marx: Le même terme.
M. Godin: Terme, c'est en anglais; période, c'est en
français. "In term"...
M. Marx: Moi, j'ai tenu pour acquis que le député
d'Ungava parlait bien le français, alors j'ai
répété ses mots. "Le gouvernement nomme, pour une
période déterminée d'au plus cinq ans, un directeur
général qui est responsable de la gestion de l'institut. Le
gouvernement peut aussi nommer, pour la même période, des
directeurs adjoints au nombre qu'il détermine. À l'expiration de
leur mandat, ils demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils aient
été nommés de nouveau ou remplacés. " La même
période, cela veut dire, "au plus cinq ans".
Une voix: C'est cela. M. Marx: D'accord. Unevoix: Vendu.
Le Président (M. Kehoe): L'amendement est-il
adopté?
M. Claveau: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): L'article 12, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Claveau: Adopté.
M. Godin: Unanime, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Nous allons revenir...
M. Marx: Unanime, M. le Président.
M. Godin: Enfin unanime, une pierre blanche.
M. Claveau: Vous voyez que quand il y a collaboration, on peut
s'entendre.
M. Marx: Le député de Mercier est venu pour adopter
cet article.
Le Président (M. Kehoe): Nous allons revenir à
l'article 15. Malheureusement, le messager n'est pas encore arrivé avec
les amendements.
M. Marx: On peut discuter de l'amendement. Le
député peut commencer à en discuter parce que j'ai bien
pris note...
Le Président (M. Kehoe): Je ne pense pas qu'il ait une
copie de l'amendement. Avez-vous une copie de l'amendement?
M. Claveau: Non, on n'en avait qu'une seule copie et elle est
partie pour...
Le Président (M. Kehoe): Alors, peut-être
pouvons-nous suspendre l'article 15 et passer à l'article 16?
M. Claveau: Oui, on peut accepter de revenir sur 15 tout à
l'heure.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 16. M. le
ministre.
M. Marx: C'est clair, M. le Président. Le
Président (M. Kehoe): Adopté? M. Claveau: M. le
Président...
Le Président (M. Kehoe): Si c'est clair pour tout le
monde...
M. Claveau: Vous vous donnez des pouvoirs que le règlement
ne vous donne point.
Le Président (M. Kehoe): Non, je pose la question: Est-ce
que c'est adopté?
M. Claveau: Ha, ha, ha! On a dit... On vient de... C'est
ça, c'est parce que le deuxième alinéa fait
référence à l'article 15.
Le Président (M. Kehoe): Nous allons aussi suspendre
l'article 16 parce qu'il fait référence à 15 pour lequel
nous aurons un amendement. Nous allons donc procéder à
l'étude de l'article 17.
M. Claveau: II y a là quelque chose qui me
préoccupe.
Le Président (M. Kehoe): Quoi?
M. Claveau: Je vais vous donner un exemple bien précis:
par les temps qui courent, la Sûreté du Québec fait du
recrutement - vous le savez
probablement mieux que moi. Ce recrutement s'adresse à tous ceux
qui peuvent être intéressés. Alors, il y a toute la
période de recrutement, toute la période d'étapes à
suivre: 1, 2, 3, 4, jusqu'aux examens oraux, aux entrevues, puis, quand les
gens ont passé à travers toutes ces étapes, ils peuvent
aller faire leur stage à l'Institut de police pour après
ça, éventuellement, s'ils réussissent leur stage, passer
à la Sûreté du Québec. C'est un stage qui dure
environ six à huit mois, je n'ai pas le chiffre précis, mais
c'est à peu près ça. Est-ce que c'est bien ça?
Quatre mois? En tout cas. Si je prends quelqu'un, supposons un travailleur au
salaire minimum, d'une trentaine d'années et ayant trois enfants, qui en
a marre et qui fait une demande d'emploi à la Sûreté du
Québec; il passe les étapes préliminaires et est admis
à la Commission de police. Au moment où il arrive
là...
Une voix: À l'institut.
M. Claveau: À l'Institut de police, pardon, la commission
n'existera plus de toute façon. Au moment où il y arrive, il ne
peut bénéficier de l'assurance-chômage, parce qu'il est aux
études à temps plein. Il ne peut pas avoir l'aide sociale non
plus, parce qu'il est aux études à temps plein et que, de toute
façon, il devrait avoir le chômage avant d'avoir l'aide sociale.
Il n'a pas non plus de bourse spéciale pour le faire, donc il doit
trouver le moyen de subsister pendant quatre mois avec femme et enfants. Vous
savez que quelqu'un qui est au salaire minimum, s'il veut améliorer ses
conditions de vie, il n'a pas nécessairement la possibilité de
capitaliser beaucoup d'argent pour pouvoir se payer le stage. Donc, il y a des
candidats qui seraient très intéressés, qui pourraient
devenir de bons candidats, qui font toutes les étapes
préliminaires, mais qui, quand ils arrivent pour faire leur stage
à l'Institut de police, ne peuvent pas le faire, faute de moyens. Et il
n'y a pas une banque, il n'y a personne qui voudra avancer quelque sous que ce
soit à un individu semblable qui est très peu solvable,
étant donné que la vie ne l'a pas favorisé jusque-
là.
Alors, là, il pourrait y avoir une mesure d'amélioration
des conditions de vie de certains citoyens qui pourraient être
intéressés. Le cas se présente actuellement avec le
recrutement que fait la Sûreté du Québec: des gens qui
passent les étapes préliminaires ne peuvent se rendre à
l'Institut de police pour continuer, parce qu'ils n'ont pas l'argent
nécessaire. Il faut quand même que leur femme et leurs enfants
mangent pendant qu'ils sont là et souvent, cela représente des
déplacements assez loin parce que ce n'est pas toujours du monde qui
reste autour de Nicolet. Alors n'y aurait-il pas là quelque chose
à faire, que l'on pourrait prévoir dans le cadre de l'article 17
ou autrement, parce que c'est à l'article 17 que l'on dit: "Outre les
frais... l'institut peut exiger, en contrepartie de ses services, des frais ou
honoraires selon ce que détermine le ministre. " Cela représente
quand même des frais énormes pour ces gens-là. Je me
demande s'il ne serait pas opportun, au moment de refaire la loi
là-dessus, de prévoir quelque chose ou d'introduire une clause
qui permettrait de faire des ententes spécifiques avec le
ministère de l'Éducation, dans le cadre de la formation
permanente ou autre, afin de permettre à ces gens-là d'avoir des
subsides pour suivre leur cours et, par le fait même, améliorer
leurs conditions de vie et sortir d'un certain marasme économique.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: À la suite de la question de M. le
député d'Ungava, j'ai une question qui éclair-cirait
peut-être ça. Je pensais que, pour être dans la police
aujourd'hui, il fallait absolument avoir fait son cégep en techniques
policières. N'est-ce pas la première exigence? Ce n'est pas
obligatoire? Je pensais que ça l'était.
M. Marx: M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Marx: Je dirais que le cas qui a été
décrit par le député d'Ungava, cela peut arriver à
tout le monde. Cela peut arriver a quelqu'un qui veut faire un MBA. Il peut
dire: Je veux faire un MBA, je suis un bénéficiaire de
l'assurance-chômage; je ne peux donc pas recevoir l'aide sociale, mais
j'ai déjà une offre de IBM.
M. Claveau: Mais il peut avoir accès aux prêts et
bourses.
M. Marx: C'est la même chose, j'imagine, pour les gens
à l'institut.
M. Claveau: Non. À ma connaissance, étant
donné que c'est un stage assez court, qui n'est pas dans un programme
régulier du ministère de l'Éducation, ils n'ont pas
accès aux prêts et bourses. En techniques policières au
cégep, oui.
M. Marx: Oui. On me dit que nous avons signé un protocole
avec le ministère de l'Éducation, afin que ces étudiants
puissent avoir des prêts et bourses.
M. Claveau: Est-ce que ça entre en vigueur
immédiatement ou plus tard?
M. Marx: C'est une entente avec le ministère de
l'Éducation, d'après ce que l'on vient de me dire.
M. Claveau: C'est-à-dire que ceux qui, actuellement, ont
fait une demande pour entrer à
la Sûreté du Québec, dans le cadre du programme
d'embauche actuel à la Sûreté du Québec, et qui sont
dans cette situation, on peut les aviser qu'à partir de maintenant ils
peuvent s'inscrire au ministère de l'Éducation?
M. Marx: Ils le pourraient.
M. Claveau: Je tiens ça pour acquis, parce que je connais
des gens qui sont dans cette situation et qui pourraient en profiter.
M. Marx: Écrivez-moi une lettre à ce sujet et je
vous donnerai toute l'information nécessaire. Je n'ai pas toute
l'information au bout des doigts à ce moment-ci, mais on m'informe que
ce serait possible. Alors, si vous le voulez, j'en prends note et je vous
donnerai toute l'information, par lettre, la semaine prochaine ou la semaine
suivante.
M. Claveau: Cela pourrait être une information
intéressante à déposer devant la commission pour le
bénéfice de tout le monde.
M. Marx: Voilà. Tout le monde est au courant maintenant.
Le peuple québécois tout entier est censé être au
courant parce que cela a été dit à l'Assemblée
nationale.
M. Claveau: Alors, est-ce que le ministre pourrait prendre
l'engagement de déposer - au lieu de me répondre par lettre -
à l'Assemblée nationale les modalités dont il vient de
parler?
M. Marx: Je vais vous écrire et je vais vous donner la
permission de diffuser ça partout au Québec.
M. Claveau: Avec le budget qui va avec?
M. Marx: II peut faire sa publicité avec cette
information.
M. Claveau: Mais là n'est pas le but de mon intervention,
M. le ministre.
M. Marx: Non, non, je comprends. Je vais vous donner
l'information. Si vous voulez, on va prendre note de votre demande et on va
vous écrire une lettre. Vous pouvez le demander aux
députés à l'Assemblée nationale, je suis
très efficace quand il s'agit d'écrire. Si je me suis
engagé à vous écrire, je vais vous écrire.
Une voix: II est bon par écrit.
M. Marx: On prend note de ça, M. le Président?
Le Président (M. Kehoe): Oui.
M. Marx: Est-ce que le député est satisfait?
M. Claveau: D'accord.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Merci, M. le Président. Je voudrais demander au
ministre, en ce qui concerne l'article 17, si c'est lui qui détermine
les frais de scolarité au moment où l'on se parle ou si c'est
l'institut lui-même?
M. Marx: II est écrit: "... selon ce que détermine
le ministre. " Quand on dit le ministre, ce n'est pas l'institut. Je vais
prendre...
M. Godin: Là, c'est-à-dire qu'on dit: "en outre",
il y a une virgule, M. le ministre. Le ministre détermine les frais ou
honoraires et les services mais ne détermine pas les frais de
scolarité, d'après ce que je lis. J'aimerais que le
ministre...
M. Marx: II faut lire ça avec l'article 26. M. Godin:
Ah merci!
M. Marx: Les frais de scolarité sont
déterminés par l'institut.
Le Président (M. Kehoe): Avez-vous terminé, M. le
député?
M. Godin: J'ai terminé.
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce que les frais de scolarité en question
sont basés sur ceux qu'un étudiant paie
généralement dans un institut public du ministère de
l'Éducation?
M. Marx: C'est ce qui est proposé à l'heure
actuelle.
M. Claveau: Quand on parle de frais de scolarité, est-ce
qu'on parle de frais qui se réfèrent uniquement à
l'enseignement ou s'il y a dans ça les coûts inhérents au
logement ou au gîte et au couvert, si vous préférez?
M. Marx: Tout est compris dans les frais de scolarité.
M. Claveau: La pension est comprise dans ça?
M. Marx: Oui, la députée de Groulx comprend bien
ça.
Mme Bleau: Je suis passée par là.
M. Claveau: Vous devriez porter votre képi!
M. Marx: Je pense qu'on a discuté de l'article 17 assez
longtemps.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 17 est
adopté?
M. Claveau: Juste une petite question, parce que c'est quand
même de l'argent. On dit: "... l'Institut peut exiger, en contrepartie de
ses services, des frais ou honoraires selon ce que détermine le
ministre. " Si je comprends bien, c'est le ministre qui détermine la
sorte de frais et honoraires, alors que le montant de ces frais et honoraires
est fixé par le conseil d'administration de l'institut ou vice
versa?
M. Marx: L'institut, ce sont les frais de scolarité.
M. Claveau: Uniquement?
M. Marx: Oui. C'est à l'article 26.
M. Claveau: L'article 26, comme vous le disiez tout à
l'heure.
M. Marx: II faut que ce soit approuvé par le gouvernement,
les frais de scolarité.
M. Claveau: D'accord. M. Marx: Voilà!
M. Claveau: Dans le moment, est-ce le gouvernement qui
détermine les frais de scolarité?
M. Marx: Normalement, c'est toujours le gouvernement. Mais nous
allons faire la recherche pour le député, M. le
Président.
M. Claveau: Je vous en remercie. Donc, actuellement, c'est le
gouvernement. Est-ce que c'est une bonne chose? Quelles sont les raisons,
finalement, qui font que vous transférez les frais de scolarité
sous la responsabilité du conseil d'administration?
M. Marx: C'est une bonne chose. L'article 26 dit que l'institut
peut le faire, mais il faut que ce soit approuvé par le gouvernement. Si
le gouvernement n'est pas d'accord, il ne va pas l'approuver. C'est comme pour
l'augmentation du coût de l'électricité.
Hydro-Québec le fait, mais il faut que ce soit approuvé par le
gouvernement. Si le gouvernement n'est pas d'accord...
M. Claveau: D'accord, mais, là, on n'est pas dans une
mécanique commerciale.
M. Marx: C'est la même chose.
M. Claveau: Par exemple, les universités ou les
cégeps ne peuvent pas fixer à volonté leurs
frais de scolarité, à moins que je ne m'abuse;
c'est le ministre qui les fixe pour tout le monde.
M. Marx: Mais, ici, c'est l'institut avec l'approbation du
gouvernement. Cela revient donc au même. (20 h 45)
M. Claveau: Vous préférez cette
mécanique?
M. Marx: Oui.
M. Claveau: C'est votre choix. Vous vous en accommoderez. Quels
sont les autres frais et honoraires? Est-ce qu'on peut avoir une liste ou un
exemple d'autres frais ou honoraires qui pourraient être
déterminés par le ministre et qui ne relèvent pas du
conseil d'administration?
M. Marx: Cela peut être pour des études ou des
recherches.
M. Godin: Des cartouches, des bicycles.
M. Marx: C'est cela. Cela peut être pour les frais de
reproduction des documents, pour la paperasse, pour les crayons, pour le
Journal des débats.
M. Claveau: Vous me parlez de détails techniques de
gestion interne qui relèveraient normalement beaucoup plus du conseil
d'administration que les frais de scolarité eux-mêmes, lesquels
font partie d'une vision gouvernementale.
M. Marx: Pour les frais de scolarité, c'est l'approbation
du gouvernement. Pour les autres frais ou honoraires, c'est le ministre. Le
député de Mercier est d'accord.
M. Godin:... M. le Président.
M. Marx: Le député de Mercier trouve cela sage.
M. Godin: J'ai hâte qu'on aille à l'article 15.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 17 est
adopté?
M. Claveau: Je voulais seulement faire une réflexion en
espérant que le ministre soit au courant du fait qu'actuellement, dans
les universités ou dans certaines institutions qui pourraient avoir des
vocations similaires, il y a tout un débat sur les frais de
scolarité et les frais inhérents ou marginaux et qu'en raison
d'un gel des frais de scolarité imposé par le gouvernement les
universités et autres institutions du même genre tentent
d'augmenter ou de souffler les frais inhérents pour combler la
différence.
Généralement, la mécanique est différente.
La mécanique, dans l'éducation, est tout à fait
à
l'inverse de ce que le ministre nous propose. C'est le gouvernement qui
fixe les frais de scolarité. Les frais d'inscription et autres sont
fixés par le conseil d'administration de l'institution, après
approbation ou discussion avec le gouvernement, indépendamment des cas.
La mécanique est justement à l'inverse. Là, le ministre
dit: L'institution va fixer les frais de scolarité et nous allons fixer
les autres frais et honoraires.
M. Marx: Dans la Loi de la police actuelle, ce n'est pas
précisé nulle part. Rien n'est précisé. Donc, on
précise.
M. Claveau: Pourquoi le ministre n'a-t-il pas suivi un
modèle semblable...
M. Marx: Parce que j'aimerais avoir...
M. Claveau:... à ce qui s'applique dans le monde de
l'enseignement en général?
M. Marx:... ce pouvoir. Vous me donnez beaucoup de plaisir
à exercer mes pouvoirs en vertu de l'article 17.
M. Claveau: Vous pourriez l'exercer sur les frais de
scolarité.
M. Marx: Cela ne va pas m'exciter.
M. Claveau: Est-ce qu'on va être obligé de demander
au ministre ce qui l'excite?
M. Marx: C'est la prochaine question. Ce sera dans le sens de vos
autres questions. Ce qui m'excite le plus, ce sont les questions du
député d'Ungava, bien sûr.
M. Claveau: Pourtant, ce n'est pas le but de mes questions.
M. Marx: Je veux dire que vos questions sont tellement
excitantes.
M. Claveau: J'essaie de comprendre.
M. Marx: J'essaie de vous expliquer.
M. Claveau: Quelle est la logique là-dedans?
M. Marx: On peut poser des questions ad infinitum sur combien,
comment? C'est clair. Les frais de scolarité, c'est l'institut; les
autres frais et honoraires, c'est le ministre.
Vous êtes d'accord ou vous n'êtes pas d'accord. Si vous
êtes d'accord, votez pour. Si vous êtes en désaccord, votez
contre. Si vous ne savez pas quoi faire, vous pouvez vous abstenir.
M. Claveau: La façon dont le ministre répond est
une façon cavalière d'envoyer paître l'Opposition.
Personnellement, j'essaie de com- prendre la logique du ministre quand il nous
présente cette démarche...
M. Marx: Je vous ai expliqué seulement la logique.
M. Claveau:... alors qu'il va exactement à rencontre de la
politique du gouvernement dans toutes les autres institutions du réseau
public ou parapublic.
M. Marx: C'est complètement faux ce qu'il dit parce que,
dans la loi actuelle, rien n'est précisé. Donc, on peut faire
n'importe quoi. Maintenant, on a précisé.
M. Claveau: À partir du moment où vous voulez
changer la mécanique, pourquoi n'allez-vous pas dans le même sens
que de ce qui se passe ailleurs, dans toutes les autres institutions
d'enseignement du réseau public et parapublic?
M. Marx: Parce que ce n'est pas une institution d'enseignement
comme les autres. C'est un institut distinct.
M. Claveau: Oui, mais quand vient le temps, par exemple, de
justifier votre conseil d'administration, vous vous référez aux
universités et autres. Vous voulez en faire une institution comme les
autres.
M. Marx: Non, c'est l'Institut de police. On n'a pas dit que
c'est comme un cégep, c'est différent.
M. Claveau: Mais vous avez donné comme exemple, pour
justifier votre conseil d'administration, ce qui se passait dans d'autres
institutions du réseau d'enseignement.
M. Marx: Pas nécessairement. Les autres n'ont pas de
policiers à leur conseil d'administration.
M. Claveau: Par contre, ils auront des gens qui seront dans le
secteur précis auquel l'enseignement s'adresse.
M. Marx: Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on a
décidé de faire cela de cette façon. Je ne peux pas
ajouter plus que cela. C'est un choix. J'avais 53 suggestions. J'ai pris la
suggestion qui se trouve à l'article 17. Je ne peux pas vous en dire
plus. Si vous me demandez quelles sont les 53 suggestions, tout ce que je peux
vous dire, c'est que je vais essayer de les relever. Je vais vous écrire
une lettre d'ici à deux, trois semaines, si le projet de loi est
adopté, et vous allez comprendre.
M. Claveau: D'ici à deux ou trois semaines, à moins
que le ministre ne m'écrive le jour de Noël.
M. Marx: J'essaie de donner toute l'information que j'ai au
député d'Ungava. S'il n'est pas satisfait, je ne peux pas donner
plus que ce que j'ai comme information. Cela fait cinq heures que j'essaie de
le satisfaire et on a adopté 14 articles.
M. Claveau: C'est pas mal.
M. Marx: II y a quelqu'un qui n'est pas rapide. Je ne pense pas
que ce soient les députés ministériels, parce qu'ils n'ont
pas posé beaucoup de questions.
M. Claveau: La question n'est pas là, M. le
Président. Tout ceux qui auront l'occasion de lire les transcriptions de
cette commission parlementaire pourront noter qu'à cette question, entre
autres, le ministre n'a jamais répondu. Il n'a pas expliqué le
pourquoi d'un choix semblable, qui va à l'encontre des politiques
générales du gouvernement quant aux institutions
d'enseignement.
M. Marx: Je n'ai pas l'obligation de vous satisfaire avec mes
réponses. J'ai l'obligation de répondre de la meilleure
façon possible. Je suis très limité. J'essaie de vous en
donner le plus possible. Si vous ne voulez pas comprendre, c'est le temps de
voter. Vous êtes contre, votez contre. Je ne peux pas vous donner plus
d'information. Je ne peux pas réfléchir plus que je n'ai
déjà réfléchi sur cet article. Je vous ai dit tout
ce que j'ai à vous dire. Maintenant, vous pouvez me poser des questions,
mais je n'ai pas d'autre information.
Si vous me demandez pourquoi c'est à l'article 17 et non à
l'article 16...
M. Claveau: Ce n'est pas cela du tout. Ma question était
beaucoup plus pertinente que ce que le ministre essaie de prétendre.
M. Marx: Je vous ai répondu. Je vois que les
députés ministériels sont satisfaits. Vous n'êtes
pas satisfait. Quand j'étais dans l'Opposition et que je n'étais
pas satisfait, je votais contre.
M. Claveau: Vous vous êtes permis de gueuler à
l'occasion plus souvent qu'à votre tour.
M. Marx: Pas inutilement comme ce soir, comme le fait
l'Opposition.
M. Claveau: On vous donnera des exemples. On vous donnera des
copies de ce que vous avez fait.
M. Marx: Allez les chercher.
M. Godin: Je l'ai vécu, M. le ministre. Vous, en face de
moi, ce n'était pas facile, c'était plus difficile même
qu'avec notre collègue d'Ungava.
Vous ne vous en souvenez pas, sur la loi 67? M. Marx: Non,
mais...
M. Godin: J'ai des souvenirs cuisants de cette époque.
M. Marx: Je me souviens que j'ai posé beaucoup de
questions en commission parlementaire aux intervenants, mais jamais au
ministre.
M. Godin: Voyons donc! Je vais vous sortir les galées, si
vous voulez.
M. Marx: Oui, sortez-les.
M. Godin: Les galées jaunies de l'époque
ancienne.
Le Président (M. Kehoe): Sur l'article 17, avez-vous
d'autres commentaires, M. le député d'Ungava ou de Mercier?
M. Claveau: C'est juste parce que je me retiens que je ne prends
pas tout le temps auquel j'aurais droit pour me permettre quelques
réflexions complémentaires, étant donné la
façon dont le ministre nous envoie paître à l'occasion,
alors que nous posons des questions tout à fait pertinentes.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 17 est
adopté?
M. Claveau: Surdivision.
Le Président (M. Kehoe): Adopté sur division.
Maintenant on va revenir à l'article 15 sur lequel le
député d'Ungava avait un amendement. Je vais lire l'amendement.
L'article 15 du projet de loi 86 est amendé par l'addition, après
le troisième paragraphe, des paragraphes suivants: "4° Conseiller le
ministre et les intervenants du milieu policier sur toute matière
relative à la formation et au perfectionnement des services policiers au
Québec; "5° Conseiller le ministre et les divers corps policiers au
Québec quant à la réalisation et la mise sur pied de
programmes spécifiques visant à favoriser l'intégration au
sein des corps policiers de recrues provenant des diverses communautés
culturelles québécoises. "
M. Marx: M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Sur l'amendement, M. le
député d'Ungava.
M. Marx: Je comprends l'amendement, ce n'est pas
nécessaire de l'expliquer. L'amendement que le député
propose est très clair, sauf que je me demande s'il a déjà
lu l'article 178 parce que nous avons pris la décision de ne pas
être
conseillés par l'institut. Nous avons pris la décision
d'être le conseiller en tant que ministère. Donc, nous avons fait
notre lit et nous sommes prêts à nous y coucher.
M. Claveau: Mais c'est incroyable!
M. Marx: Nous avons décidé, M. le Président,
que c'était inutile de discuter de cela parce que notre décision
est déjà prise.
M. Claveau: Que cela plaise ou non au ministre, on va en
discuter.
M. Marx: Je vois que le recherchiste du député
n'est pas heureux.
M. Claveau: On va en discuter et si le ministre ne voulait pas
travailler en fin de session, un vendredi soir du mois de décembre,
c'était à lui de déposer sa loi avant, pour qu'on ait le
temps d'en discuter. Mais il ne nous enverra pas promener d'une façon
aussi cavalière comme il vient de le faire. Et même s'il n'a pas
envie d'en discuter, on va en discuter. Ce n'est pas à lui de
décider.
M. Marx: Parfait.
Le Président (M. Kehoe): La parole est à vous, M.
le député d'Ungava, sur votre amendement.
M. Claveau: Oui, M. le Président.
M. Marx: II y avait un choix. Ce n'est pas que je ne veuille pas
discuter. J'ai dit que nous avons pris la décision de ne pas être
conseillés mais d'être conseillers.
M. Claveau: Ne pas être conseillés mais être
conseillers.
M. Marx: C'est cela. C'est nous qui allons conseiller. On ne va
pas être conseillés par l'institut.
M. Claveau: Ce n'est pas du tout la même chose.
M. Marx: C'est cela le choix fondamental. Pour le reste,
j'écoute.
M. Claveau: D'accord. Vous faites bien d'écouter, cela va
vous aider. Dans l'article 178, le ministre dit: "Le ministre peut conseiller
en matière policière les intervenants du milieu policier. " C'est
une chose. Il ne nous parle pas de l'Institut de police. Il nous dit qu'il va
pouvoir conseiller en matière policière les intervenants du
milieu policier. Cela peut être n'importe qui, n'importe où,
n'importe quand, n'importe comment. C'est ce que cela veut dire. Nous disons:
M. le ministre, d'abord, si vous voulez être un conseiller efficace
auprès des autres intervenants du milieu policier, donner de bons
conseils, être un homme de bon conseil, à ce moment-là, il
faudrait peut-être que vous appreniez à écouter aussi,
parce que vous ne devez pas avoir la science infuse dans le domaine policier.
Ce qu'on a vu au cours des derniers mois nous permet du moins de croire que
vous n'avez peut-être pas la science infuse dans le domaine policier et
nous vous disons: M. le ministre, vous feriez bien de vous donner un bras
séculier. Vous feriez bien de vous donner un instrument qui vous
permettra de pouvoir entrer en contact avec le milieu sans avoir à aller
courir vous-même sur le terrain chaque fois que vous voulez avoir une
information. Et nous disons que l'Institut de police est, à bien des
égards, le meilleur instrument que vous puissiez avoir, justement pour
prendre de l'information pertinente, pour avoir tout ce qu'il faut comme
données techniques, pratiques ou autres pour être capable de jouer
votre rôle de conseiller auprès des intervenants en milieu
policier, tel que vous le voulez à l'article 178.
L'article 178 ne dit pas que vous allez conseiller l'Institut de police,
il dit que vous allez conseiller les intervenants en milieu policier. Ce n'est
pas la même chose. L'Institut de police, par contre, peut vous donner une
crédibilité incontestée dans le milieu, si vous travaillez
en étroite collaboration avec lui pour accepter ses recommandations,
à partir de son vécu comme Institut de police, des gens hautement
compétents que vous aurez nommés vous-même au conseil
d'administration, à moins que tel ne soit pas le cas. Nous osons
prétendre que les gens que vous aurez nommés, qui
représentent les différents milieux intéressés de
la société, seront des gens qui auront des compétences, et
qu'il serait de mauvaise guerre de la part du ministre de vouloir se priver de
ces compétences. Alors pourquoi ne donne-t-il pas un mandat autre que
celui de surveiller des professeurs, finalement? Parce que c'est de cela qu'on
a parlé tout à l'heure, lorsqu'on discutait à l'article 14
des objectifs du corps de police. "L'Institut de police a pour objet de
contribuer par l'enseignement et la recherche à la formation et au
perfectionnement des policiers. " Vous, vous formez un conseil d'administration
qui est censé être hautement compétent et vous lui dites:
Votre job, c'est d'être des chiens de garde de quelques professeurs pour
bien vous assurer qu'ils vont donner leurs cours comme il le faut. C'est
à peu près ce que vous dites. (21 heures)
Nous disons: Élargissez donc les oeillères un peu; voyons
un peu plus grand par rapport à l'intégration, à toute la
dynamique du corps policier, à l'intervention policière sur
l'ensemble du territoire du Québec. On dit, dans cette perspective: II y
a plein de gens à l'Institut de police qui vivent quotidiennement des
problèmes précis, qui ont à faire face à des
problèmes pas
toujours faciles, à travailler et à se creuser les
méninges un peu pour trouver des solutions. Le ministre aurait avantage
à pouvoir bénéficier de ces solutions. Et si le ministre
veut aussi créer un climat intéressant, un climat dynamique, tant
à l'intérieur du conseil d'administration qu'au sein du personnel
de l'Institut de police, à ce moment-là, qu'il lui donne une
certaine ampleur, qu'il lui donne du prestige, qu'il en fasse vraiment un
institut prestigieux qui a quelque chose de dynamique, de concret à
offrir à la population québécoise, et qu'on lui donne les
mandats en conséquence. À ce moment-là, le ministre
pourra, un jour, être fier de sa création, de son Institut de
police qui travaillera d'une façon globale et complète pour
l'ensemble des corps policiers du Québec et qui conseillera et le
ministre et l'ensemble des Québécois aussi, et toute personne
intéressée à intervenir dans le milieu dans la gestion et
l'administration.
Enfin, on pourrait encore apporter un nouvel amendement. Pourquoi
l'Institut de police, par exemple, ne serait-il pas un conseiller auprès
des élus municipaux qui ont à administrer des corps de police,
dans des situations souvent difficiles? Pourquoi l'Institut de police
n'aurait-il pas un programme spécifique qui permettrait à des
élus municipaux de participer à des stages ou autres, ce qui
donnerait, éventuellement, aux nouveaux élus qui viennent
d'arriver, tout frais dans le décor, qui auront des décisions
à prendre, par exemple, quant au budget des policiers, au renouvellement
d'équipements ou à l'achat de revolvers ou autres, à
l'achat de radars, etc., les éléments techniques
nécessaires pour prendre les décisions pertinentes? L'Institut de
police pourrait jouer tous ces rôles-là. On aurait alors une
dynamique nouvelle quant à l'administration des corps policiers au
Québec.
M. Marx: Cela va coûter cher.
M. Claveau: Le ministre pourra me répondre tout à
l'heure. Il semblait qu'il n'avait rien à dire là-dessus. Mais
j'aimerais ça qu'il réponde au sujet de ces
préoccupations-là.
M. Marx: Cela ne prend pas 50 minutes à m'expliquer votre
point. Je peux vous répondre et ça me prendra juste 30
secondes.
M. Claveau: Allez-y.
M. Marx: La réponse est très simple. Les
universités ne sont pas les conseillers du ministre de
l'Éducation ou du ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science. Le conseiller, pour ces questions, ne sera pas l'institut; ce sera la
Direction générale de la sécurité et de la
prévention du ministère. Si vous n'êtes pas d'accord avec
moi, je vous comprends, votez contre, mais je n'ai pas d'autres remarques
à faire sur cet amendement, M. le Président.
M. Claveau: Eh bien, en ce qui me...
M. Marx: Je pense qu'il y avait un choix à faire et j'ai
décidé. Si vous n'êtes pas d'accord, ce n'est pas ma
faute.
M. Claveau: En ce qui me concerne, je n'avais pas fini mon
intervention là-dessus et vous allez me permettre, M. le
Président, de la continuer.
M. Marx: J'espère, parce qu'on aura...
M. Claveau: Même si le ministre nous a déjà
annoncé ses couleurs.
M. Marx:... voté ces articles trop rapidement pour le
leader et pour le whip de l'Opposition.
M. Claveau: Le ministre est probablement en train de parler de ce
qui se passait dans son temps - c'est possible - au moment où il
était dans l'Opposition et qu'il jouait à ce jeu-là
à volonté, n'importe quand, avec n'importe qui. Mais s'il nous
prête ces mêmes prétentions aujourd'hui, cela veut dire que
lui-même n'est pas très intéressé par son projet de
loi. Dans ce sens-là, il ferait mieux de faire comme viennent de le
faire deux de ses collègues, c'est-à-dire de nous déposer
une centaine d'amendements et, après ça, dire: C'est fini, on ne
parle plus en commission. On s'en va au bâillon en Chambre et j'adopte
mon projet de loi quand même. Il y a deux de ses collègues qui
viennent de nous donner des exemples; peut-être que c'est ça qu'il
veut faire. Je ne le sais pas.
Le Président (M. Kehoe): On revient à
l'amendement.
M. Claveau: En tout cas, la façon dont il aborde les
travaux de la commission nous laisse croire que ça ne le gênerait
pas du tout de faire la même chose que ce que ses collègues
viennent de nous faire.
Le Président (M. Kehoe): Sur votre amendement, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, sur mon amendement, M. le Président.
Je pense que l'Institut de police doit être un véritable
milieu de travail, de concertation et de formation non pas uniquement pour les
policiers, mais pour tous ceux qui ont affaire à l'administration de la
police.
Je peux vous dire, pour l'avoir vécu personnellement, M. le
Président, que ce n'est pas nécessairement drôle pour un
nouveau conseil de ville qui arrive, tout neuf, tout nouveau dans le
décor, dont l'ensemble des membres n'a jamais siégé ni une
heure, ni une seule heure antérieurement à un conseil de ville
d'avoir, tout de
suite en entrant à l'hôtel de ville, une injonction sur le
des contre le corps de police et quelque chose à régler. J'ai
vécu cela personnellement, en entrant à l'hôtel de ville,
ce que c'est que d'avoir une injonction sur le des et de commencer à
administrer un service de police avec une injonction qui avait
été émise avant les élections au cours desquelles
je me suis fait élire.
Dans ces conditions, je vous dis qu'il faut apprendre vite. On apprend
la Loi de police en y passant des heures et des nuits. Certains disaient tout
à l'heure: Comment se fait-il? On dirait qu'il contrôle la Loi de
police, qu'il est au courant de son contenu? Oui, je suis au courant de ce qui
se passe là-dedans, parce que j'ai eu à l'étudier d'un
bout à l'autre; parce que, quand j'ai pris la mairie de la ville de
Chapais en 1982, nous étions dans une situation où, après
toute une série de malentendus et de bagarres entre le service de police
et le conseil de ville, on était rendu avec une injonction et il fallait
se démêler dans tout ça. Alors, je n'avais pas le choix
parce qu'il n'y avait pas grand-monde pour nous conseiller à ce
moment-là et qu'il nous fallait nous débrouiller tout seuls.
Aussi, je dis: Pourquoi, par exemple, l'Institut de police ne
pourrait-il pas jouer un rôle là-dedans? Cela améliorerait
peut-être les relations entre les conseils de ville et les policiers
municipaux, lesquelles - le ministre doit le savoir - ne sont pas toujours au
beau fixe. À l'occasion, c'est assez difficile, surtout quand vous devez
accorder des augmentations de salaire ou autres qui sont souvent très
différentes de ce que la municipalité peut offrir à
d'autres corps, pour d'autres secteurs d'activité. Quand vous êtes
en négociation avec un corps de police et que tout d'un coup on vous
dit, après une conciliation: "C'est bien de valeur, mais c'est ça
que vous allez payer", quand vous savez que vous êtes capables de donner
une augmentation de 3 % ou 4 % pour l'ensemble des employés municipaux
et qu'on vient vous imposer, après une conciliation, une augmentation de
10 %, ce n'est pas toujours drôle à gérer, à
justifier et à faire comprendre aux autres employés municipaux et
aux contribuables qui vont payer la note à la fin de l'année.
Donc, il y aurait des choses comme ça qui me font dire que
l'Institut de police a un rôle beaucoup plus large à jouer, s'il
veut le jouer comme II le faut, que le simple rôle de former des
policiers. Comme je l'ai dit tout à l'heure, former des policiers, c'est
beau. Il nous faut des policiers formés; mais, un policier techniquement
compétent n'est pas nécessairement un bon policier, parce qu'il
faut plus que ça pour être un bon policier. Ce n'est pas tout de
ne pas être nerveux quand vous avez un "gun" au bout du nez pour faire un
bon policier. C'est sûr que c'est important que le policier ne perde pas
les pédales quand il se fait braquer un revolver; c'est important qu'il
soit un bon policier. Mais il n'y a pas que cela, parce que, s'il n'y avait que
ça, on pourrait s'imaginer quelle sorte de comportements il pourrait y
avoir dans l'administration de la justice.
Nous, nous disons: Que le ministre profite de sa loi pour créer
un véritable institut de police, pas un institut qui va former des
machines à faire des polices, mais un institut qui va former des
policiers dans le plein sens du mot, des gens qui seront intégrés
au milieu, un institut qui va faire en sorte que le ministre puisse
bénéficier au maximum de la compétence, de l'expertise
acquise par les gens qui y travaillent et par le conseil d'administration qu'il
aura nommé lui-même et qu'il administre. Qu'il donne des mandats
ouverts, des mandats larges, des mandats qui intéressent, qui soit
dynamisants pour ceux qui y participent. À ce moment-là, on aura
la possibilité de développer vraiment quelque chose
d'intéressant au point de vue policier.
J'ai l'impression que, dans une démocratie telle qu'on la vit
ici, en Amérique du Nord et au Québec, en particulier, la police
n'est pas d'abord et avant tout un outil de répression. Je peux vous le
dire pour l'avoir vécu aussi, personnellement, et pour avoir
travaillé dans plusieurs pays en voie de développement. À
bien des égards, dans des dictatures militaires, le corps policier est
d'abord et avant tout un outil de répression. Cela ne me gêne pas
de le dire; je sais de quoi je parle quand je dis ça. Mais je ne crois
pas que c'est ce qu'on veut faire des policiers au Québec, et je
souhaite que ce ne soit pas la vision du ministre d'un véritable corps
policier au Québec. On se dit, à ce moment-là, que
l'Institut de police devrait avoir une fonction beaucoup plus large et que
l'Institut de police, de par l'amendement que l'on fait actuellement, pourrait
permettre au ministre de bénéficier de son expertise quand il
aura à conseiller d'autres individus qui interviendront dans le milieu
en vertu de l'article 178, dont on aura sûrement l'occasion de discuter
avant longtemps. À ce moment-là, le ministre se donnera tous les
outils nécessaires.
Ce n'est pas l'Institut de police qui va prendre les décisions
à la place du ministre. Ce n'est pas ce qu'on dit. On dit: Que le
ministre se garde donc la possibilité de consulter. Il va me dire: Je
peux toujours consulter qui je veux, n'importe quand. C'est vrai, on ne peut
pas l'en empêcher. Mais, comme dans d'autres lois, ce qui peut aussi
arriver, c'est que, même en supposant qu'il y ait un conflit entre
l'Institut de police et le ministre ou les dirigeants de l'Institut de police -
ce qui pourrait arriver, même si ce n'est pas avec le ministre actuel;
ça pourrait être avec un autre ministre - la loi va continuer
après le départ du ministre actuel, la loi va rester
là.
Advenant un conflit entre le ministère, le ministre, ses proches
et les dirigeants de l'Institut de police, si on ne prévoit rien qui
dise à l'Institut de police qu'il sera le conseiller du
ministre, même si le ministre veut aller le voir pour pouvoir
bénéficer de son expertise, ce sera à son tour d'envoyer
paître le ministre, comme celui-ci essaie d'envoyer paître
l'Opposition actuellement. ils diront: Nous n'avons pas d'obligation par
rapport à ça; ce que vous nous avez donné comme
tâche, c'est de surveiller des techniciens pour s'assurer qu'ils donnent
des cours de formation à nos policiers. C'est ça qu'on a
déterminé à l'article 14, lorsqu'on disait "... recherche
à la formation et au perfectionnement des policiers". Point final.
À ce moment-là, comment voulez-vous que le ministre puisse amener
des gens à participer contre leur volonté à des
activités et permettre au ministre de pouvoir bénéficier
de leur expertise, s'il n'y a rien dans la loi qui permette au ministre d'aller
même le leur demander? Nous disons que c'est important.
Il faut bien comprendre aussi que le conseil d'administration, comme
celui que le ministre forme actuellement, va représenter des gens de
toutes sortes de milieux, des gens du ministère, qui auront une certaine
vision, des gens qui proviennent de la direction policière, dans
différents milieux du Québec, qui auront une vision, des gens qui
proviennent des milieux qui représentent les policiers eux-mêmes,
qui n'ont pas nécessairement la même vision que les gens de la
direction de la police et qui n'ont pas nécessairement la même
vision que les gens du ministère, lequel régit les
activités policières, et qu'on lui ajoute des gens qui
proviennent de milieux socio-économiques. On voit qu'il y a là
tout un amalgame et ce n'est pas évident que ce sera toujours au beau
fixe.
Dans un groupe semblable, si on veut dynamiser le groupe, si on veut lui
donner de l'intérêt, si on veut que les gens n'aillent pas
à reculons au conseil d'administration, si on veut que, pour
siéger à un conseil d'administration, le ministre ne soit pas
obligé d'offrir des primes énormes pour attirer les gens avec de
l'argent, faute de le faire par l'intérêt que peut susciter le
conseil d'administration lui-même dans ses activités, à ce
moment-là, que le ministre se donne les moyens pour que les gens qui
vont siéger au conseil d'administration se sentent valorisés,
qu'ils ont de l'importance, qu'il y a un intérêt à le
faire, qu'ils ne font pas ça pour rien, qu'ils ne sont pas uniquement un
paravent ou une tapisserie pour que le ministre puisse se servir d'eux en
conférence de presse pour aller se montrer avec des gens qui sont
là soi-disant pour prendre des décisions avec lui, alors que dans
la réalité de l'application de la loi, ce ne sera pas
ça.
Je me dis que si on me demandait de participer à un conseil
d'administration semblable - je suis intéressé par l'avenir de la
force constabulaire au Québec; je suis intéressé à
ce que ça s'articule différemment, à trouver de nouvelles
méthodes, des façons de faire - j'aimerais qu'on me donne un
mandat suffisamment large pour pouvoir voir autrement que la stricte formation
et le perfectionnement des policiers. C'est tout ce qu'on dit au ministre.
En refusant de nous écouter, le ministre est en train de nous
prouver que, finalement, ce qu'il veut en changeant l'Institut de police, c'est
simplement pouvoir dire qu'il a fait la loi pour créer un institut de
police, une corporation indépendante, d'une part, et, d'autre part,
pouvoir se donner fière allure lors de sa prochaine campagne
électorale ou autrement, en disant: Vous voyez, c'est à cause de
nous si, maintenant, il y a une corporation indépendante qui va
gérer la police. Ce sera différent. Ce ne sera plus comme avant.
C'est fini, les exagérations. Nous avons pris la justice en main, vous
voyez, on a tout chambardé. Mais en réalité, ça va
représenter, dans la pratique, un pouvoir beaucoup plus centralisateur
que celui qui pouvait exister.
On verra, avec le temps, que l'Opposition a raison. Tout ce que je
souhaite au ministre, c'est de ne pas se retrouver dans la situation du
ministre délégué aux Forêts qui, pour ne pas avoir
écouté l'Opposition il y a deux ans, se voit aujourd'hui
obligé de ramener un projet de loi qui va apporter au-delà de 100
amendements à une loi de quelque 257 articles qu'il a fait adopter il y
a deux ans, presque jour pour jour. Maintenant, deux ans après
s'être embourbé, il revient. On n'a qu'à examiner le
rapport du Vérificateur général qui a été
rendu public hier. Il y a huit ou dix pages qui parient de l'embourbement du
ministre délégué aux Forêts dans la question de la
gestion forestière, alors que s'il avait écouté
l'Opposition, il y a deux ans, il ne serait pas à amender au-delà
de 50 % des articles de loi qu'il a lui-même fait adopter il y a deux
ans, et peut-être que, depuis deux ans, ce serait opérationnel.
(21 h 15)
Ce que le ministre nous ramène sur la table aujourd'hui, c'est
à peu près mot pour mot tous les amendements que l'Opposition lui
avait présentés il y a deux ans et que le ministre n'a pas voulu
admettre, prétextant la science infuse, prétextant que lui
connaissait ça. Après avoir perdu encore deux ans dans le dossier
de la régénérescence et de la gestion de nos forêts,
le ministre est obligé de revenir aux arguments de l'Opposition, de
reformuler des amendements qui sont à peu près, mot pour mot, les
amendements que l'Opposition lui proposait à ce moment-là et dont
il faisait fi, dont il se moquait. Il accusait l'Opposition de vouloir faire
des restructurations systématiques. Aujourd'hui, il est obligé de
revenir là-dessus. Je vous dis qu'il n'est pas plus gai et pas plus fier
qu'il ne le faut de l'application de son projet de loi, parce qu'il s'est
embourbé partout où il devait être efficace et il est
obligé de modifier son approche.
Si le ministre, au moment où on se parle, écoutait plus
attentivement l'Opposition et voyait toute la pertinence qu'il peut y avoir
d'amende-
merits qui élargiraient le cadre, le fonctionnement, les
visières, la façon de voir la gestion policière au
Québec et le rôle de l'Institut de police dans ce sens-là,
il pourrait arriver avec quelque chose d'opérationnel,
d'intéressant, d'agréable, de stimulant pour tout le monde. Ce
qu'il risque de faire, et regardez bien ce qui va se passer, en souhaitant
évidemment qu'il ne soit plus au gouvernement à ce
moment-là... Si jamais, par inadvertance, il y était encore, il
est fort probable que, d'ici à un an et demi ou deux, il soit
obligé de revenir encore avec un petit projet de loi qui viendra nous
amender à peu près 50 % de ce qu'il nous a
présenté, parce qu'il y a plein de choses qui ne sont pas
opérationnelles ou qui du moins ne sont pas stimulantes ou
intéressantes.
En fait, le ministre est en train de nous déposer un projet de
loi qui, sous un visage de démocratisation, d'élargissement des
cadres, se veut beaucoup plus restrictif quant au rôle précis et
exact qu'aura à jouer l'Institut de police du Québec. En plus, il
ne veut même pas, d'une façon définitive, rassurer les gens
de Nicolet que l'Institut de police restera là, alors qu'il aurait eu
l'occasion de le faire. Vous voyez dans quel genre de supercherie on est en
train de s'embourber avec un projet de loi semblable. Et le ministre pense
qu'on va laisser passer ça comme cela, les yeux fermés, que l'on
ne voit rien et qu'on n'a jamais rien compris à rien. Si c'est ce que le
ministre s'imagine, il n'a pas fini de nous entendre parler parce qu'il reste
encore trois ou quatre articles avant d'avoir fini d'étudier le projet
de loi. D'ailleurs, on aura l'occasion d'en rediscuter avec lui d'ici à
l'appel de l'article 256. C'est ce que l'on dit au ministre et on espère
qu'il comprendra quelque chose et qu'il comprendra aussi que, si l'Opposition a
fait des amendements et qu'elle intervient, c'est dans le but
d'améliorer son projet de loi et non pas pour instaurer des mesures
dilatoires, comme il ose le prétendre.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
d'Ungava. M. le député de Louis-Hébert a demandé la
parole. M. le ministre.
M. Marx: M. le Président, j'ai écouté chaque
mot du brillant exposé du député d'Ungava, mais je n'ai
rien à ajouter à ce que j'ai déjà dit.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'amendement du
député d'Ungava est... Avez- vous demandé la parole, M. le
député de Mercier?
M. Godin: Oui, M. le Président. Cela fait
déjà 20 minutes. Je trouve que le ministre, pour qui j'ai
toujours eu beaucoup de respect quand il était dans l'Opposition, manque
de sérieux, M. le Président. Nous venons de vivre, à
Montréal, l'affaire Gosset qui a été suivie de
l'enquête
Bellemare. Que le ministre, qui s'est fait un nom, à
l'époque dans l'Opposition, comme le défenseur des
minorités ethniques du Québec et qui a présenté des
idées très nouvelles au gouvernement de l'époque dont je
faisais partie, aujourd'hui soit moins sensible, semble-t-il, aux
problèmes qui émanent en raison de la présence de
minorités culturelles croissantes à Montréal et de
l'exigence de ces minorités d'avoir des policiers qui émanent de
leur rang, qu'il réagisse à ce qu'on dit, à ce que mon
collègue dit, comme s'il n'y avait pas eu l'affaire Gosset
récemment, comme s'il n'y avait pas eu le rapport Bellemare
déposé il y a moins de 48 heures à Montréal et
rendu public par la ville de Montréal jeudi dernier... Le rapport
Bellemare dit que les cours de l'institut devraient sensibiliser les policiers
à la réalité multiethnique du Québec. L'amendement
que nous proposons précisément au cinquième alinéa
de l'article 12 porte sur une suggestion reliée au rapport Bellemare et
surtout dans la foulée de l'affaire Gosset. Un ministre de la police,
parce que c'est son rôle maintenant, qui ne semble pas plus sensible que
l'actuel ministre à la réalité mouvante et souvent
troublée de Montréal dans ses dimensions multiethniques et qui
semble je ne dirais pas seulement indifférent, mais même hostile,
à certains égards, à une sensibilisation à ce
problème, alors que le défi le plus important du Québec
à la veille de l'an 2000 c'est précisément qu'il y ait au
Québec de plus en plus de minorités de couleur, des
minorités ethniques qui veulent avoir des policiers de leur rang pour
être sûrs d'être mieux traités... Cette
demande-là illustre fort bien la méfiance qui règne
à Montréal à l'égard des corps policiers
traditionnels et l'obligation pour le ministre d'y être sensible s'il
veut éviter précisément des conflits comme celui qu'il y a
eu entre la communauté noire et la police de Montréal et, dans la
police de Montréal même, celui entre la police et son directeur,
M. Bourget, dont on fait état ce mois-ci dans le magazine
L'Actualité.
Donc, on voit, à Montréal, une espèce de
frémissement social, je dirais, à cet égard. Que le
ministre semble indifférent à cela m'étonne beaucoup et
cela me déçoit beaucoup de sa part. Il nous a habitués,
à l'époque où il était dans l'Opposition, à
un comportement beaucoup plus sérieux et, à mon avis, beaucoup
plus profond à l'égard des vrais problèmes vécus
par la ville de Montréal. Je m'étonne qu'il semble aujourd'hui
indifférent, sinon hostile, à cette réalité. Je
pense que l'amendement que nous apportons permettra précisément
à l'institut de s'ouvrir à cette réalité et de
sensibiliser ses propres élèves à la réalité
multiethnique de Montréal.
Je rappellerai au ministre son rôle comme ministre sérieux
et homme sérieux. Au Québec, il y a 26 personnes soi-disant plus
sérieuses que les autres qui sont ministres et qui ont des mandats
sérieux du Québec et du premier ministre du Québec. On
juge du sérieux d'un ministre par l'attention qu'il porte aux
problèmes nouveaux
que le Québec vit. Je constate qu'il n'y a rien dans la loi qui
porte sur la dimension multiethnique de la réalité
policière et sociale du Québec. Je constate que le ministre reste
insensible à nos amendements qui visent précisément
à ce que l'institut soit un lieu d'entrée de ces problèmes
dans la conscience policière des corps policiers
québécois. Je suis déçu de cela et je suis
déçu de voir que le ministre se montre insensible à cela.
Il lit L'Argus paisiblement pendant que nous abordons des sujets qui,
à mon avis, sont fondamentaux. Je me dis qu'il était de beaucoup
meilleur dans l'Opposition qu'il ne l'est maintenant. Je souhaite que,
tôt ou tard, il redevienne sérieux d'une façon ou d'une
autre.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. L'article 15
présentement à l'étude est un article fondamental en ce
sens qu'il définit les fonctions qui vont être confiées
à l'institut. Pour évaluer la pertinence des amendements qui sont
proposés par l'Opposition, il faut regarder quelles sont ces fonctions
qui sont confiées à l'institut. Je les énumère
rapidement parce que le discours des membres de l'Opposition laisse entendre
que, finalement, l'Institut de police ne pourra pas atteindre les objectifs qui
sont les siens, et qui sont définis dans l'article
précédent, sans avoir recours aux amendements qui sont
proposés par les députés de l'Opposition.
Une des fonctions déterminées à l'article 15, c'est
de dispenser des cours de formation et de perfectionnement en matière
policière. C'est très vaste. Cela dit ce que cela veut dire et
cela permet à l'Institut de police d'atteindre un des objectifs
Importants, soit la formation et le perfectionnement des policiers du
Québec. La deuxième fonction, c'est d'effectuer des études
et des recherches dans les domaines pouvant toucher au travail policier.
Là encore, pour avoir un enseignement qui soit à la fine pointe,
il est nécessaire qu'il se fasse des études et des recherches.
L'Institut de police a pour fonction d'effectuer ces études et ces
recherches. C'est donc une deuxième fonction importante qui permet
d'atteindre l'objectif. Finalement, la troisième fonction
déterminée à l'article 15 et qui complète
l'ensemble des fonctions que le gouvernement juge nécessaires et utiles
pour atteindre l'objectif, c'est de fournir aux intervenants du milieu policier
les résultats d'études et de recherches relatifs aux recherches
et aux travaux effectués au paragraphe précédent.
Ce qu'il faut se demander ici, c'est si les amendements qui nous sont
proposés n'ont pas pour effet de confondre les genres. Il est entendu
qu'on pourrait confier toutes sortes de fonctions dans toutes sortes de
matières. On a simplement à faire un effort minimal d'imagination
pour en inventer tant et plus. On peut en trouver, on n'a aucun mérite
à cela, sauf qu'il ne faut pas perdre de vue à quoi ça
sert, un Institut de police. Quel est l'objectif qu'on poursuit avec un
Institut de police? On ne veut pas en faire une deuxième faculté
de sciences sociales. Ce n'est pas ce qu'on veut. On ne veut pas non plus que
ce soit un endroit où on règle tous les problèmes de la
société.
L'Institut de police est un endroit d'études, de perfectionnement
et de recherche. Il ne prend pas la place des fonctionnaires du ministre de la
Sécurité publique qui, eux, ont des fonctions précises;
ils doivent conseiller le ministre, l'éclairer, lui faire des
recommandations, des suggestions; ils doivent être à
l'écoute du milieu. Ces gens-là ont un rôle à jouer.
L'Institut de police n'est pas fondée, n'est pas mise en place pour
prendre la place des fonctionnaires et de l'appareil qui soutiennent le
ministre dans son action politique. L'Institut de police a un rôle de
perfectionnement, un objet qui vise à permettre, tel que l'indique
l'article, la formation et le perfectionnement de la force policière au
Québec. C'est en fonction de cela qu'il faut se poser la question:
Quelles sont les fonctions nécessaires pour atteindre l'objectif
poursuivi?
À mon avis, M. le Président, les fonctions confiées
à l'institut que ce dernier doit exercer sont amplement suffisantes pour
lui permettre d'atteindre les objectifs qui sont les siens. En ajouter serait
confondre les genres, lui donner un rôle qui n'est fondamentalement pas
le sien. On peut vouloir changer la nature de l'Institut de police, on peut
vouloir lui donner une autre vocation, c'est une question de choix. Mais si on
s'entend pour dire qu'un Institut de police est un endroit qui vise à
contribuer, par l'enseignement et la recherche, à la formation et au
perfectionnement des policiers du Québec, on doit restreindre les
fonctions qu'il peut exercer. Les étendre, c'est tout simplement
apporter de la confusion et donner naissance à une rivalité qui
ne permettra pas au ministre de prendre des décisions
éclairées.
Le ministre choisit que ceux qui doivent le conseiller, lui faire des
recommandations, qui sont à son service pour lui permettre de mieux
gérer la sécurité publique au Québec, ce sont les
gens à l'intérieur du ministère. L'Institut de police,
essentiellement, s'il s'arrogeait un rôle semblable, s'approprierait un
rôle qui n'est pas le sien. Bien sûr, on pourrait allonger la
liste, défiler et probablement parler pendant 20 minutes sur chacun des
amendements - il n'y a aucun problème là-dessus, M. le
Président - on pourrait prendre les fonctions, qui sont celles du
ministère de la Sécurité publique, et dire: On les confie
à l'institut. Alors, on va avoir un institut-ministère.
M. Marx: C'est cela.
M. Doyon: On n'en veut pas d'institut-ministère.
M. Marx: Finalement, quelqu'un a compris, M. le
Président.
M. Doyon: On n'en veut pas d'institut-ministère.
L'Opposition est de l'avis contraire. C'est son affaire. Mais un
institut-ministère n'est pas le choix politique que le gouvernement du
Québec fait à cette heure. Ce n'est pas non plus dans la
normalité des choses que de faire ce choix politique.
Maintenant, M. le Président, qu'on veuille bien nous faire toutes
les propositions d'amendements qu'on veut qui nous mèneront de toute
façon à 23 heures, j'en suis convaincu - je l'ai prédit et
je le redis; nous irons jusqu'à 23 heures et nous irons d'amendement en
amendement, de changement en changement, qui n'ont comme frontières que
la limite de l'imagination des membres de l'Opposition - je ne suis pas inquiet
là-dessus, mais je fais appel quand même à la
rationalité et à la logique.
Si nous avons un Institut de police et que cet Institut de police,
depuis de nombreuses années, exerce un rôle qui est de former, de
perfectionner, de permettre aux policiers d'apprendre et d'exercer leur
métier... L'Institut de police, pour essayer de vous expliquer quelque
chose, c'est l'école de métiers des policiers. Est-ce que cela
vous dit quelque chose? C'est une école technique pour les policiers.
C'est une école de métiers des policiers. C'est dans ce sens que
l'institut doit décider des gestes à poser et doit se voir
confier la possibilité d'exercer un certain nombre de fonctions. (21 h
30)
On apporte des amendements qui auraient pour effet, M. le
Président, de n'être là que pour la forme - le
législateur ne parlant pas pour rien dire, je ne vois pas pourquoi on le
ferait - et, s'ils ne sont pas là pour la forme, ils mettraient
l'Institut de police en compétition avec le ministère de la
Sécurité publique. Si on parle de l'amendement ajoutant le
paragraphe 5°, il aurait pour effet de substituer l'Institut de police au
Conseil des communautés ethniques, au ministère responsable des
communautés ethniques et de l'immigration. Ce n'est pas ça.
L'Institut de police a un rôle encadré qui commence quelque part,
mais qui doit finir quelque part. Ce n'est pas faire preuve de réalisme,
ce n'est pas faire preuve de logique dans la structure administrative de
l'appareil gouvernemental que de vouloir confier à un organisme qui
n'est pas là pour ça et qui n'a pas été
inventé, qui n'a pas été créé pour
ça, des rôles qui ne sont pas les siens et des fonctions qu'il n'a
pas à exercer.
Je sais que le ministre a déjà dit, à sa
façon, ces choses-là. Le ministre a déjà
tenté d'expliquer ça. Je me dis qu'encore une fois
peut-être la vieille maxime latine va s'appliquer: Bis repetita placent.
On va répéter d'une autre façon les choses qui ont
déjà été dites.
Une voix: Placent?
M. Doyon: Placent. Bis repetita placent.
M. Godin:... le pluriel amène la troisième personne
du singulier et non pas le pluriel.
M. Doyon: Non, monsieur, pluriel, placent. Je regrette beaucoup.
Bis repetita placent. On voit là l'esprit de contradiction de
l'Opposition, M. le Président, qui est même en train de mettre
Virgile en doute. Ils sont meilleurs que Virgile. Ils écrivent un
meilleur latin que Virgile. C'est encore l'équivalent de ce qu'on a
entendu auparavant.
Revenons à notre sujet, M. le Président. L'institut ne
peut pas être de tout à tous. Il a des choix à faire, il
les fait en fonction de ce que le gouvernement pense être un rôle
normal donné à un institut destiné à former des
policiers. Je le disais tout à l'heure, on ne forme pas là des
travailleurs sociaux, on ne forme pas là des anthropologues. On ne forme
pas là des criminologues; on forme là des policiers qui sont
capables d'exercer honorablement, selon les règles de l'art, parce qu'il
y en a là-dedans comme dans le reste, une fonction qui est
nécessaire dans notre société, c'est-à-dire celle
de policier. Y ajouter d'autres fonctions, ce serait mettre l'institut dans une
position difficile.
Le 4° "Conseiller le ministre et les intervenants du milieu policier
sur toute matière relative à la formation et au perfectionnement
des services policiers au Québec"; à quoi cela
équivaut-il? Cela équivaut à demander au sous-ministre du
ministre de conseiller le ministre en passant par l'institut. C'est à
ça que ça équivaut à la fin, puisque le
sous-ministre de la Sécurité publique est membre du conseil
d'administration de l'institut. Mais lui, il ne pourra pas agir en tant que
sous-ministre, il devra le faire en tant que membre de l'institut, pour aller
conseiller le ministre, ce qui est, en tant que sous-ministre, son premier
rôle. C'est une aberration totale, M. le Président. C'est une
aberration totale. Cela équivaudrait aussi à demander au
sous-ministre de l'Éducation, qui doit refléter les vues du
ministre de l'Éducation, de conseiller le ministre de la
Sécurité publique sur le job qu'il doit faire, alors que le
ministre de l'Éducation, normalement, selon la répartition des
rôles, ne doit pas s'en mêler. Cela équivaut à faire
ça. Cela serait beau!
Si on pensait deux minutes seulement, deux minutes, avant de proposer
des amendements, il me semble que c'est un effort normal. Ne proposez pas des
amendements pour le plaisir d'en proposer. Proposez-en qui ont des chances
d'être adoptés, que vous êtes capables de défendre
honorablement, que vous êtes capables de faire valoir, mais ne nous
emmenez pas des affaires qui ne tiennent pas debout, par exemple, le ministre
se verrait conseillé, dans son job de ministre de la
Sécurité publique, par la bande de l'institut, par le ministre de
l'Éducation qui n'a
pas d'affaire dans ses plates-bandes. C'est ce que vous voulez faire
avec cet amendement. C'est tout ça que je voudrais que vous
regardiez.
Je sais que le député d'Ungava ne comprendra pas ce que je
lui dis. Je ne me fais aucune illusion, mais je lui demande tout simplement de
réaliser que le sous-ministre de l'Éducation est membre du
conseil d'administration de l'institut, que le sous-ministre de
l'Éducation est quelqu'un qui doit parler au nom du ministre de
l'Éducation et que, ce faisant, en tant que membre de l'institut, il se
mêlerait des affaires du ministre de la Sécurité publique.
Peut-être que c'est trop compliqué pour lui, mais c'est cela,
finalement. Peut-être qu'il n'a pas vu cette chose, il peut faire un acte
d'humilité temporaire et dire: Oui, M. le député de
Louis-Hébert, je vous remercie de me signaler cela. J'avais
oublié cela. Je n'avais pas vu cela. Je vais accepter que c'est un oubli
de votre part et que vous ne pouvez pas, dans un milieu et dans un domaine que
vous ne connaissez pas, vous improviser spécialiste. Je comprends cela,
vous êtes tout pardonné à l'avance, mais encore faudrait-il
que ce péché soit déjà avoué pour que je
puisse vous le pardonner, ce que vous ne semblez pas prêt à faire.
Tout simplement, j'invite les autres collègues de la commission - je
pense qu'ils sont à peu près majoritaires ici et ils me semblent
avoir compris, eux, la démonstration que j'ai faite - à voter
contre l'amendement. Je pense que c'est finalement le seul argument qui va
clore la discussion avec le député d'Ungava, sur quoi je demande
le vote, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Louis-Hébert.
M. Marx: M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Le député de
Mercier a demandé la parole, il lui reste un certain temps.
M. Godin: C'est pour rendre hommage à mon collègue
de Louis-Hébert pour une fois dans ma vie, peut-être la
dernière. On dit effectivement "Bis repetita placent", vous aviez
raison. Puisqu'on est dans le latin, M. le Président, je voudrais vous
citer, en entendant les deux collègues gouvernementaux se
féliciter l'un l'autre, un proverbe romain qui dit: "Asinus asinum
fricat". Cela me faisait penser à cela quand je voyais le ministre
féliciter le député et le député...
Une voix:...
M. Godin: Prouvez-le, illico.
M. Doyon: Je ne suis pas sûr que c'est parlementaire.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que vous avez fini?
M. Godin: Je pense qu'il me reste du temps M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Oui.
M. Marx: Peut-on passer aux choses sérieuses avec le
député de Mercier?
M. Godin: Quand j'entendais notre collègue de
Louis-Hébert...
M. Marx: Parce que si on continue comme cela, je vais aller
chercher mon livre pour lire quelque chose de sérieux.
M. Godin:... décrire le policier comme un technicien pur,
je pense au film "Robot Cop", ce n'est pas flatteur pour l'institut, si
l'institut ne forme que des "robot cops". Je pense que le policier contemporain
doit être un être sensible à ce qui se passe socialement
autour de lui, à Montréal en particulier. Si nous voulons
éviter d'autres conflits comme on a eus récemment avec la police
de Montréal qui fait des pétitions dans les postes de police
contre le chef de police de Montréal, je pense qu'il faut que l'institut
cesse d'être une usine à techniciens purs et durs, comme on peut
dire. Je pense que le policier moderne doit être autre chose qu'un pur
technicien. Ils doivent savoir ce qu'ils font dans la société,
ils doivent être sensibilisés comme les profs dans les
écoles multiethniques de Montréal. La proposition que nous
faisions d'amender l'article 15 visait précisément à
sensibiliser l'institut sur cette vérité-là, ceux qui
fréquentent l'institut, les policiers, les professeurs et les
représentants des municipalités qui le fréquentent, pour
qu'ils sachent que le Québec a changé. Cela ne m'étonne
pas de voir que le député de Louis-Hébert n'est pas au
courant que le Québec a changé. Le philologue de
Louis-Hébert ne connaît pas la réalité moderne du
Québec. Il connaît peut-être les mots, avec ses douze
dictionnaires, mais il ne connaît pas la réalité moderne de
Montréal surtout. Cela ne m'étonne pas de sa part.
M. le Président, si on regarde l'article 4, et les douze
personnes qui constituent le CA de l'institut, on se rend compte que le
ministre a tenu à avoir vraiment une couronne des meilleurs esprits du
Québec en ce qui touche la police et les corps policiers. C'est à
partir de cette énumération de gens très brillants dans ce
domaine que nous suggérons au ministre les amendements que nous avons
suggérés, surtout le dernier, M. le Président, qui est
dans la foulée du rapport Bellemare publié il y a trois jours.
Que le ministre feigne de dormir ne fait qu'illustrer qu'il a été
pesé et trouvé bien léger, M. le Président, pas par
moi, mais par son chef, de l'autre côté, il n'y a pas longtemps.
S'il veut au moins garder ce ministère, qu'il devienne donc
sérieux et qu'il nous écoute donc quand on lui
suggère des choses qui sont dignes de foi et d'intérêt, M.
le Président.
Je pense que mon temps est quasiment écoulé. Je passe la
parole au ministre qui avait des choses à ajouter, que j'espère
plus sérieuses que jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que vous avez quelque
chose...
M. Marx: Le vote, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que i'amendement
présenté par le député d'Ungava est
adopté?
Une voix: Vote nominal.
Le Président (M. Kehoe): Vote nominal. Je demande à
la secrétaire d'appeler les députés.
La
Secrétaire: Oui, M. le Président. Sur
l'amendement proposé par M. Claveau (Ungava): M. Marx (D'Arcy
McGee)?
M. Marx: Contre.
La Secrétaire: M. Blackburn (Roberval)?
M. Blackburn: Contre.
La
Secrétaire: Mme Bleau (Groulx)?
Mme Bleau: Contre.
La Secrétaire: M. Brouillette (Champlain)?
M. Brouillette: Contre.
La Secrétaire: M. Dauphin (Marquette)?
M. Dauphin: Contre.
La
Secrétaire: M. Doyon (Louis-Hébert)?
M. Doyon: Contre.
La Secrétaire: M. Kehoe (Chapleau)?
Le Président (M. Kehoe): Contre.
La Secrétaire: M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Pour.
La Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Président (M. Kehoe): La motion est rejetée, 7
contre, 2 pour. Nous allons revenir à l'article 15. Est-ce que l'article
15 est adopté?
M. Claveau: Pardon, M. le Président, je n'ai pas encore
dit un seul mot sur l'article 15. Nous n'avons parlé que sur
l'amendement.
Le Président (M. Kehoe): D'accord. Je vous demande si vous
avez quelque chose à dire.
M. Marx: Je vous demande maintenant, M. le Président,
s'ils travaillent d'une façon constructive ou s'ils ne travaillent pas
juste pour manger le temps? Ils travaillent pour manger le temps et c'est
pourquoi je n'écoute pas les non-sens qui viennent de l'autre
côté de la table. Quand ils parlent juste pour parler, pour manger
le temps, je ne les écoute pas, je veux que cela soit clair, je ne vais
pas les écouter et je n'ai pas le devoir de les écouter quand ils
parlent pour ne rien dire. Je ne vais pas les écouter quand ils parlent
pour ne rien dire. C'est cela. Bingo! Ils n'aiment pas cela. Qu'ils travaillent
comme du monde et pas juste pour manger le temps, pour me faire perdre du
temps. Quand ils parlent de non-sens heure après heure, je vais lire des
choses importantes et intéressantes. Je n'ai jamais fait ce qu'ils font
maintenant et s'ils continuent comme cela avec des non-sens, ce n'est pas moi
qui vais embarquer dans leur jeu stupide et enfantin. S'ils veulent continuer,
qu'ils continuent, ce n'est pas moi qui vais embarquer.
M. Godin: M. le Président, sur cela...
M. Claveau: Est-ce qu'il s'agit d'un point de règlement de
pertinence par rapport à l'article 15? Je me demande où se situe
le discours du ministre.
M. Marx: C'est la pertinence. Je vous écoute depuis
à peu près 6 heures aujourd'hui et la plupart du temps,
c'était juste pour manger le temps. C'était soit le non-sens,
l'autre jour, c'était le non-sens et la folie furieuse; aujourd'hui,
c'est un peu plus intelligent mais, encore, c'est juste pour manger le temps.
Si vous voulez continuer ce jeu d'enfant, continuez. Je pense que
jusqu'à l'article 34, ce sont des articles d'ordre administratif, on
peut les adopter et on peut passer aux articles plus importants où ce
serait utile d'avoir un débat. Mais, si vous continuez de jouer, vous
allez jouer seul. Continuez, M. le Président, ils jouent seuls, pas avec
moi parce que je suis présent physiquement, mais pas intellectuellement
car cela est un non-sens. Continuez comme des enfants, jouez comme des enfants.
Les gens qui nous écoutent savent que le député d'Ungava
fait tout un plat sur l'argent que l'État dépense, les
gaspillages, mais il est en train de gaspiller des centaines et des milliers de
dollars ce soir. On a des juristes ici, des gens sérieux, des
sous-ministres, des avocats qui représentent divers organismes, cela
coûte une fortune, bien, ils jouent comme des enfants. Les gens sont ici,
on ne fait rien. Continuez, vous
faites bien, continuez, vous faites en sorte qu'on peut être fiers
de nos députés de l'Opposition.
M. Claveau: Juste une information.
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Combien a coûté l'obstruction
systématique que l'Opposition libérale a faite à la loi
101 dans le temps?
Le Président (M. Kehoe): Vous avez le droit de parole sur
l'article 15.
M. Godin: Des millions.
M. Claveau: Combien a coûté la fameuse commission
parlementaire sur la Baie James qui a été faite pour absolument
rien dans le temps?
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava, la pertinence de l'article 15.
M. Marx: Je suis ici pour répondre sur ce que j'ai fait
comme député et eux sont ici pour répondre sur ce qu'ils
font comme députés. Les débats sur la Baie James, les
débats sur la loi 101, je n'ai pas participé à ces
débats.
Le Président (M. Kehoe): Vous avez la parole...
M. Claveau: C'est tout à votre honneur, M. le
ministre.
M. Marx: Le député d'Ungava est ici pour
répondre de ses actes. Je suis ici pour répondre de mes actes.
Allez lire tous les journaux des commissions parlementaires durant le temps
où j'étais critique en matière de justice, vous n'allez
jamais trouver que j'ai fait les folies que vous faites maintenant. Jamais,
jamais, jamais! L'ancien chef de cabinet du ministre Bédard, en
arrière de vous, va confirmer que je n'ai jamais fait les folies que
vous faites maintenant. Je n'ai jamais demandé un vote nominal sur des
articles. Jamais. Quand je n'étais pas d'accord, c'était sur
division. Des votes nominaux, c'est juste pour perdre du temps. C'est juste
pour perdre du temps. (21 h 45)
Le Président (M. Kehoe): M. le député...
M. Marx: Moi, je suis prêt à rester ici pour faire
mon devoir jusqu'à 23 heures, mais ne me demandez pas de participer. Je
suis ici physiquement pour donner suite à mes engagements, mais pas plus
que ça.
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava, sur l'article 15.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Écoutez, le
ministre nous dit comment il agissait, comment il a agi; c'était libre
à lui de le faire, à ce moment-là. Tout ce que nous
faisons ici se fait dans le cadre le plus strict du règlement; on ne
fait rien d'illégal, on ne fait rien qui ne soit pas prévu au
règlement, on questionne par rapport à un projet de loi que le
ministre dépose. Et le règlement a établi les
modalités de questionnement là-dessus. Encore là, si on
avait voulu user du règlement, comme le dit le ministre, on en serait
probablement encore à l'article 1 ou 2 au moment où l'on se
parle. Ce que nous voulons, ce sont des réponses à nos questions
et, dans la mesure où le ministre a une attitude de désinvolture
totale vis-à-vis de ça, il ne nous reste pas d'autres moyens que
d'user des articles du règlement pour essayer de faire comprendre au
ministre ce que nous voulons dire. Bien, s'il prenait le temps de nous
écouter, probablement qu'on n'aurait pas une affaire semblable.
Dans la journée d'hier, j'ai participé moi-même
à l'adoption de deux projets de loi en deuxième lecture, parce
qu'on a eu un travail intéressant et une collaboration
intéressante du ministre. À un projet de loi de quatre articles,
on a fait quatre amendements. Cela a pris deux heures, le ministre a compris,
il en a discuté, il a vu le point de vue de l'Opposition, il a
apporté les amendements, tout le monde était satisfait. On a
réglé deux projets de loi dans l'espace de quelques heures
à peine, alors que si on avait fait ce que le ministre dit on en serait
encore aux préliminaires du premier projet de loi. C'est ça le
travail de parlementaires! Mais, quand le ministre nous porte des accusations
telles que celles qu'il nous a faites, ce sont des accusations qui ne sont pas
fondées, dans la mesure où, quand on présente des choses
intéressantes et que le ministre, parce que c'est l'Opposition qui les
présente, prend ça avec désinvolture, ce n'est pas
ça le travail de parlementaires. Et si le ministre veut vérifier,
il n'a qu'à vérifier: j'ai travaillé hier, en commission
parlementaire, avec deux ministres différents, sur deux projets de loi
que l'on a adoptés en deuxième lecture dans la seule
journée d'hier. Si le ministre veut m'accuser de ce qu'il m'accuse, ce
ne serait pas le cas. D'accord?
Le Président (M. Kehoe): Pourriez-vous revenir à la
pertinence, à l'article 15?
M. Claveau: Parfait. Ce n'est pas moins pertinent que le discours
que le ministre vient de nous tenir, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Les messages sont passés
des deux côtés. On revient au sérieux et à l'article
15.
M. Claveau: Écoutez, M. le Président, tout ce qui
est lié à l'article 15, ce ne sont pas des choses en l'air qu'on
dit là. Par exemple, il y a toute la question des relations ethniques
avec la
police. On connaît un malheureux incident qui s'est passé
à Montréal, qui a amené toute une enquête et,
après un an de travail, un rapport bien précis a
été publié qui devrait normalement être mis en
application, à moins qu'on ne me dise que toutes ces enquêtes,
tous ces rapports sont faits pour rien.
Nous, nous disons que le ministre devrait donner plus d'importance qu'il
ne veut en donner à la Commission de police, dans la mesure, entre
autres, où il se donnerait un comité ou un conseil
d'administration qui serait d'origine diversifiée et censément
très compétent dans différentes facettes du domaine de la
gestion des forces policières au Québec ou des interventions
policières. Le député de Louis-Hébert nous lisait
tout à l'heure l'article 15 qui dit: "Dispenser des cours de formation
et de perfectionnement en matière policière. " Il disait: C'est
ça, voilà le rôle de l'Institut de police, c'est ça
qu'on dit à l'article 15. Le député de Louis-Hébert
aurait pu faire une démarche complète, globale et honnête,
et aller jusqu'au bout de ce que dit l'article 15. Le deuxième
paragraphe de l'article 15 dit: "Effectuer des études et des recherches
dans les domaines pouvant toucher au travail policier. " Troisième
paragraphe: "Fournir aux intervenants du milieu policier les résultats
d'études et de recherches effectuées suivant le paragraphe
2°. " Cela, on dit que l'institut va pouvoir le faire. Le ministre disait
tout à l'heure: Les études, ces affaires-là, maintenant,
c'est nous qui allons les faire. Les consultations, c'est nous qui allons les
faire. Soit! Il l'a enlevé des pouvoirs de l'institut à l'article
14, mais à l'article 15 il maintient la notion d'études
réalisées, de recherches réalisées par l'Institut
de police.
Nous disons au ministre: Soyons logiques jusqu'au bout. Si, d'une part,
on dispense la formation, on peut effectuer des études et des
recherches, on peut fournir aux intervenants du milieu ces études et ces
recherches, il est tout simplement normal qu'on puisse conseiller le ministre
et les intervenants, en 4°. Est-ce que le résultat des recherches
qu'on va permettre à l'Institut de police de faire, cela va rester
lettre morte et que l'Institut de police aura juste à remplir un mandat
et mettre son étude dans une grosse enveloppe brune avec un timbre et
l'envoyer au ministre et aux intervenants en disant: Écoutez, lisez-la,
essayez de comprendre, nous, on n'est pas là pour vous conseiller.
Vous savez, il y a une démarche dont la façon d'être
est déjà inscrite dans l'article 15. Nous disons au ministre:
Allons plus loin, donnons-nous les outils pour pouvoir aller plus loin parce
que, contrairement à ce que disait tout à l'heure, avec beaucoup
de véhémence et en faisant preuve d'une culture très
diversifiée, le député de Louis-Hébert, l'Institut
de police n'a pas comme seule et unique fonction le premier paragraphe de
l'article 15, il y a deux autres paragraphes qui suivent, qui ont rapport
à des études, à de la recherche, à la fourniture
d'informations pour aider les intervenants du milieu. Dans la mesure où
les administrateurs de cet institut et les gens qui travaillent à cet
institut, qui donnent les cours de formation aux policiers sont des gens qui
sont supposés être hautement compétents dans le domaine,
qui peuvent apporter plus que ce qu'on veut essayer de leur faire faire en les
restreignant quant à leurs fonctions, on dit au ministre:
Écoutez, M. le ministre, vous avez vous-même ouvert les portes,
vous avez vous-même créé une brèche qui permet de
croire que l'institut pourrait jouer ce rôle. Alors, fixons-le
définitivement dans la loi, ce que nous vous proposons n'est que
l'aboutissement de la démarche que vous avez mise en place.
La deuxième partie de notre amendement qui consistait...
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Ungava, je vous signale que l'amendement qui a été soumis a
été rejeté. Donc, vous ne pouvez pas revenir sur cet
amendement, un vote a été pris et vous ne pouvez plus proposer
à nouveau et rediscuter des amendements qui ont été
rejetés. Veuillez vous en tenir à l'article 15 qui est maintenant
à l'étude.
M. Claveau: Avec le respect que je vous dois, M. le
Président, vous êtes assez mal placé pour nous parler de
pertinence du débat.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Ungava, je vous rappelle a l'ordre et je vous demande de vous en tenir
à l'article 15, s'il vous plaît. Compris?
Une voix: Eh là !
Le Président (M. Doyon): Vous, si vous voulez parler,
prenez votre place; autrement, vous n'aurez pas la parole.
Une voix:...
Le Président (M. Doyon): Je vous rappelle que
l'amendement...
M. Godin: M. le Président, ça ne se passera pas de
même! Comme président...
Le Président (M. Doyon): Vous pouvez cogner sur la table,
ça ne m'impressionne pas du tout. Vous n'avez pas la parole, M. le
député.
Une voix: D'accord.
Une voix: Je vous observe.
Le Président (M. Doyon): Vous pouvez m'observer, ça
ne me dérange pas. Vous avez la parole, M. le député.
M. Claveau: J'exerce mon droit de parole
dans le silence, ça vous permettra de réfléchir, M.
le Président. J'ai droit à mes 20 minutes et je peux les utiliser
en moments de réflexion.
Le Président (M. Doyon): En étant pertinent.
M. Claveau: Ce sera très pertinent, vous aurez l'occasion
de réfléchir sur le texte.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Groulx, avez-vous une question de règlement?
Mme Bleau: Non, j'avais un commentaire. Le Président
(M. Doyon): Ah! allez!
M. Marx: Avoir la parole, M. le Président, ça veut
dire qu'on parle. Si on passe les 20 minutes sans parler, on n'exerce pas son
droit de parole.
M. Claveau: Non, il n'y a aucun règlement qui
définit la longueur d'une ponctuation sur une virgule ou un point.
M. Marx: Le député d'Ungava n'a rien à dire.
Il n'avait rien à dire quand il a parlé, et il n'a rien à
dire. Je comprends cela. Je crois que le député d'Ungava est
conseillé par les deux attachés maintenant. J'espère que
cela va l'illuminer, qu'il va sortir quelque chose de brillant
maintenant...
Mme Bleau: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la députée
de Groulx, vous avez la parole.
M. Marx:... après ses discussions avec ses attachés
politiques.
Mme Bleau: En attendant, je pourrais peut-être passer une
remarque. Cela nous ferait gagner du temps.
Le Président (M. Doyon): Allez, Mme la
députée.
Mme Bleau: Tout à l'heure quand on étudiait les
amendements sur l'article 15, on a parlé de policier robot...
M. Claveau: La ponctuation de mon point?
Mme Bleau: Par expérience personnelle, je peux vous dire
qu'on apprend même la philosophie. Les livres de philosophie qu'on a
dû acheter pour la jeune fille que j'ai élevée
étaient drôlement compliqués. Alors, il n'y a pas seulement
le maniement des armes ou savoir comment se tenir quand on veut arrêter
un bandit, il y a tout ce qui suppose, en arrière, la
compréhension d'un acte aussi, d'un acte policier qu'on a à
poser. Alors, je me rappelle que les cours de formation spéciale que les
policiers doivent suivre avant d'être acceptés sont très
compliqués et ce n'est pas seulement former des robots. On forme
beaucoup mieux que cela quand on forme un policier maintenant. Je ne vous dis
pas qu'il y a cinq ans, dix ans, c'était la même chose.
M. Godin: Vous me citez, madame. C'est ce que je disais tout
à l'heure en m'adressant à votre collègue de
Louis-Hébert.
Mme Bleau: C'est ce que je voulais dire.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la
députée.
M. Godin: D'accord. Je note, madame. Une voix:...
Le Président (M. Doyon): Pas maintenant, dans une heure et
dix. M. le député d'Ungava, vous avez la parole si vous la voulez
toujours.
M. Claveau: Je vous remercie, M. le Président. On se
demande fondamentalement à quoi sert au ministre d'avoir prévu
qu'en plus de donner ces cours de formation en techniques policières et
les études complémentaires qui peuvent être liées
à cela, à quoi servent les deux autres paragraphes de l'article
15 quand il parle d'effectuer des études et des recherches, de fournir
aux intervenants du milieu policier des résultats d'études, si on
ne donne pas par mandat, dans un nouveau paragraphe, la possibilité
à l'Institut de police de conseiller, de jouer un rôle de
conseiller? Normalement, les gens qui font les études sont les mieux
placés pour conseiller par rapport à ces études. Alors, il
y a là un problème et le ministre en conviendra; peut-être
que son orgueil fera en sorte qu'il n'osera pas accepter l'amendement de
l'Opposition.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Ungava, je suis obligé, avec tout le respect que je dois à
votre droit de parole, de vous rappeler que concernant l'amendement qui a
été proposé vous avez fait valoir votre point de vue, vous
en avez discuté longuement, vous avez expliqué le comment du
pourquoi de tout cet amendement. On a très bien compris. La commission a
eu l'occasion de vous écouter. Le ministre a eu l'occasion de vous
écouter. Vous avez vous-même demandé un vote nominal et,
à la suite de ce vote nominal, l'amendement a été
rejeté. Je vous prierais, pour la dernière fois, de vous en tenir
à la pertinence de l'article 15 et non à des amendements qui ne
sont plus devant cette commission. Vous conviendrez avec moi que c'est le
simple bon sens.
M. Claveau: Je demande mon droit de paro-
le. On est capable de faire des amendements, M. le Président, si
c'est ce qu'il faut pour parler.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Ungava, je n'en ai jamais douté. Vous en avez apporté une
preuve jusqu'à maintenant et libre à vous de le faire, mais si
vous n'avez plus à parler sur l'article 15, je vais donc demander s'il
est adopté ou rejeté.
M. Claveau: On ne vote pas sur l'article 15, M. le
Président.
M. Marx: M. le Président, vous voyez maintenant que tout
ce que fait le député d'Ungava, c'est de nous faire perdre du
temps. Parce qu'il veut parler, il n'a rien à dire, donc il fera un
autre amendement juste pour faire ce que l'on appelle entre guillemets le
"stâlage". Je ne peux pas embarquer dans cela, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): Je vous comprends très
bien, M. le ministre.
M. Marx: Je vais continuer à lire mon livre et
peut-être que quelqu'un me fera venir un livre de poésie du
député de Mercier, le grand poète de l'Opposition, et je
lirai cela. Ce sera plus intéressant de lire un livre de poésie
du député de Mercier que de continuer d'entendre ce qu'il a
à dire sur ce projet de loi. Je vois qu'il est d'accord.
Le Président (M. Doyon): Je constate qu'il n'y a plus
d'intervenant sur l'article 15.
M. Claveau: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le député.
(22 heures)
M. Claveau: C'est toujours à l'intérieur de mon
droit de parole.
Le Président (M. Doyon): Oui, à la condition que
vous parliez sur l'article 15, je vous donne le droit de parole. Je vous
écoute.
M. Claveau: Je parlerai de la façon dont j'entends
parler.
Le Président (M. Doyon): Oui, je vous écoute, M. le
député.
M. Claveau: C'est sur mon droit de parole. Je ne suis pas
disposé à me faire faire la leçon par quelqu'un qui m'a
fait ce qu'on a vu tout à l'heure.
Le Président (M. Doyon): M. le député, vous
avez la parole, exercez votre droit de parole. C'est simple, c'est cela que
vous avez à faire. Vous avez la parole, exercez ce droit.
M. Claveau: Je l'exerce, j'ai la parole.
Le Président (M. Doyon): Je constate qu'il n'y a pas
d'intervention.
M. Claveau: J'utiliserai mon droit de parole à
volonté tel que je l'entends et la pertinence du débat, c'est ce
qu'il y a là justement. Quand on dit qu'il y aurait des choses à
rajouter et que le ministre devrait voir à rajouter des choses à
cet article, c'est tout à fait pertinent dans le cadre de l'étude
de l'article.
Le Président (M. Doyon): M. le député, comme
président, je ne recommencerai pas ce débat. Je vous ai
déjà indiqué que vous devez vous en tenir à
l'article 15 qui est devant nous. Est-ce que vous avez quelque chose à
dire sur cet article?
M. Claveau: Oui, j'ai quelque chose à dire.
Le Président (M. Doyon): On vous écoute,
allez-y!
M. Claveau: Je reprendrai vos propres propos, M. le
Président, encore une fois, lorsque vous m'indiquiez tout à
l'heure devant cette commission, alors que vous n'officiiez pas comme
président, qu'il n'y avait qu'une fonction qui était
donnée à l'Institut de police dans ce cadre, alors qu'il y a
trois paragraphes.
Le Président (M. Doyon): M. le député, je
dois vous interrompre puisque, dans l'intervention que j'ai faite, j'ai lu les
trois fonctions et je les ai mises en exergue les trois. Je n'ai pas uniquement
parlé d'une seule fonction qui aurait été la
première. Vous êtes dans l'erreur quand vous affirmez cela. Je
vous le rappelle.
M. Claveau: Je ne vous ai pas beaucoup vu insister sur les deux
dernières fonctions.
Le Président (M. Doyon): Vous vérifierez le
Journal des débats, M. le député.
M. Claveau: Toujours est-il, M. le Président, que si
jamais vous me permettez d'employer mon droit de parole sans m'interrompre
indûment à toutes les virgules...
Le Président (M. Doyon): M. le député, vous
devez respect à la présidence qui vous rappelle à l'ordre.
Vous avez le droit de parole, exercez-le, mais dans le respect de la
présidence!
M. Claveau: J'ai toujours respecté la présidence
à ce jour, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Alors, allez-y et ne recommencez
pas ce genre de remarques. Je vous écoute. Cette commission doit se
dérouler dans l'ordre et dans le respect des traditions parlementaires.
Je vous demanderais votre colla-
boration.
M. Claveau: J'ai toujours respecté la
présidence.
Le Président (M. Ooyon): Alors, allez-y et employez
votre...
M. Claveau: Mais la présidence se doit aussi de respecter
les membres de la commission. Alors, c'est cela le problème qu'on a
actuellement avec l'article 15. Ce n'est pas très compliqué. Si
le ministre voulait prendre le temps de regarder vraiment ce qu'on a à
dire par rapport à cela, au lieu de nous faire les commentaires qu'il a
faits qui, soit dit en passant, n'étaient pas très pertinents
quant au contenu de l'article 15, on aurait peut-être avancé au
moment où on se parle. C'est cela, ce n'est rien d'autre. L'attitude du
ministre fait en sorte qu'il est très difficile de pouvoir avancer
à l'intérieur du projet de loi et qu'il est très difficile
aussi de pouvoir se limiter, tel que le souhaite à juste titre le
président, à la pertinence exacte et précise des articles
parce qu'on ne prend pas au sérieux les interrogations que l'Opposition
peut faire sur des points bien précis qui nous préoccupent et qui
préoccupent d'autres intervenants du domaine aussi. C'est tout ce que
j'ai à dire pour le moment sur cet article.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député.
M. Marx: Le vote, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 15 est adopté.
J'appelle l'article 16.
M. Claveau: M. le Président, pouvez-vous m'expliquer ou
pouvez-vous permettre que le ministre m'explique dans quelle mesure l'Institut
de police peut, au deuxième paragraphe, publier et diffuser des
études et recherches effectuées selon le paragraphe 2° de
l'article 15, s'il n'a pas le pouvoir de les commenter et en même temps
de conseiller les intervenants du milieu quant à l'application ou
à la portée de ces études?
M. Marx: En les donnant à l'imprimerie et en les mettant
dans les enveloppes après pour les envoyer par la poste.
M. Claveau: Voilà une réponse digne d'un ministre
responsable!
M. Marx: Bien, je suis heureux que le député
apprécie la réponse. Une question bril- lante, une réponse
brillante!
M. Claveau: Je comprends de la réponse du ministre, M. le
Président, que lorsqu'on a parlé de la formation du conseil
d'administration, où on voulait avoir des gens compétents et qui
connaissaient leur affaire, on aurait dû nous dire que ce qu'il fallait,
c'étaient de bons scribes, capables d'écrire et de rédiger
d'une belle main les adresses sur les enveloppes.
Je suppose que le ministre voit plus que cela dans le travail du conseil
d'administration. À cet effet, il devrait donner un peu plus de
portée aux capacités intellectuelles des membres de son conseil
d'administration, dans la mesure où ils pourraient aider à
conseiller le ministre et les différents intervenants du milieu policier
pour en arriver à une gestion plus saine et plus proche de la
réalité de l'ensemble des forces policières du
Québec.
M. Marx: M. le Président, je suis prêt à
voter.
M. Claveau: J'aimerais savoir... M. Marx: J'ai
répondu à...
M. Claveau: J'essaie de comprendre pourquoi le ministre refuse
systématiquement de donner un rôle de consultation à ces
gens qui sont sûrement les plus compétents pour aider au
fonctionnement du corps policier.
Il faut comprendre aussi qu'avec la disparition de la Commission de
police qui viendra plus tard, s'il n'y a pas un organisme administratif quelque
part qui peut faire le lien entre les décisions politiques et
l'application de ces décisions, ou les technicités
policières, dans le fond... Qu'est-ce qu'on a actuellement comme
modèle à l'intérieur de l'administration des forces
policières au Québec, en faisant abstraction de la Commission de
police qui va disparaître? On a des formateurs de policiers, d'une part,
qui vont pouvoir faire des études mais qui ne pourront pas les commenter
publiquement ou qui pourraient, dans la mesure où le ministre est
prêt à les entendre, donner quelques informations sur la
portée de ces études. D'autre part, on aura le ministère
et, d'une façon plus précise, le ministre et son cabinet.
Nous craignons, et à juste titre, qu'on ne s'en aille vers une
politisation à outrance de l'administration de la justice au
Québec. Actuellement, il y a un groupe, une Institution neutre qui fait
le lien entre les deux et qui s'appelle la Commission de police. Si cela
disparaît, le rôle de conseiller, de consultant, le rôle que
la Commission de police peut jouer auprès des municipalités,
auprès des différents employeurs de corps policiers,
auprès de la Sûreté du Québec, dans les cas de
litige, etc., cela disparaît, cela relève directement maintenant
du ministère. Il pourrait au moins y avoir un
pendant pour la formation des policiers dans l'Institut de police, avec
une possibilité d'intervention dans les décisions ou le
cheminement qui amènerait le ministre à prendre des
décisions à un autre niveau.
Mais tout cela disparaissant, nous craignons à juste titre que
l'administration de la justice ne se fasse à l'avenir un peu comme on
gère nos routes actuellement avec le ministère des Transports.
C'est-à-dire qu'il y a des budgets là où cela fait
l'affaire. Là où cela ne fait pas l'affaire, il n'y en a pas de
budget, peu importe l'état de détérioration des routes. Si
c'est vers ce genre de schéma que le ministre, à l'exemple de son
collègue des Transports, est en train de nous développer une
structure d'administration, de gestion et de formation policière au
Québec, il devrait nous le dire. Cela laisse drôlement
présager la possibilité d'une intervention accrue, massive, non
contrôlée, émotive même d'une certaine façon,
d'un ministre dans l'administration de la justice et dans la gestion des forces
policières au Québec, ce avec quoi nous sommes
complètement en désaccord.
M. Marx: M. le Président, j'ai déjà
répondu à tout ce qu'il a soulevé sur l'article 16. Je
n'ai rien d'autre à ajouter. Je propose le vote.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 16 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Avez-vous d'autres
commentaires?
M. Claveau: Je voudrais bien savoir quel genre de bousculade on
est en train de nous faire.
Le Président (M. Kehoe): II n'y a pas de bousculade. On
vous demande si c'est adopté ou non. Si vous dites non, si vous avez
autre chose à...
M. Marx: M. le Président, si on continue comme on a
commencé avec ce projet de loi, cela prendra un an pour l'adopter,
à temps plein. Donc, ce n'est pas une bousculade.
M. Claveau: Cela prendra un an, on veut savoir ce qu'il y a dans
le projet de loi. On veut connaître les intentions du ministre. C'est
notre droit de parlementaire.
M. Marx: Mais si on n'est pas capable de comprendre un projet de
loi quand on le lit, on ne saura pas aider en commission parlementaire non
plus. Cela prend un peu d'intelligence en partant pour comprendre un projet de
loi.
M. Claveau: De toute façon, M. le Président, ce
projet de loi ne sera applicable que dans la mesure où le code de
déontologie sera élaboré et connu.
M. Marx: Voilà la réponse brillante qui vient de
son recherchiste.
M. Claveau: Tant et aussi longtemps que le code de
déontologie planera quelque part entre la surface terrestre et la
stratosphère...
M. Marx: Voilà, il répète ce que son
recherchiste lui a dit. C'est brillant maintenant.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre. Une voix:
La voix de son maître.
M. Marx: La voix de son maître. Le député
d'Ungava afait...
M. Claveau: Tant et aussi longtemps que le code de
déontologie planera quelque part entre l'écorce terrestre et la
stratosphère, le ministre ne pourra appliquer son projet de loi, ou bien
il se basera sur ses propres critères et, à ce moment, on pourra
parler d'une véritable politisation de l'utilisation des forces
policières au Québec.
M. Marx: Le discours d'un grand parlementaire! J'espère
que je peux avoir...
M. Claveau: Qu'est-ce qu'il attend, donc?
M. Marx: Puis-je avoir les droits d'auteur sur ce discours? Je
vais diffuser cela partout.
Le Président (M. Kehoe): M. le député
d'Ungava.
M. Marx: C'est tellement brillant comme intervention, j'aimerais
avoir les droits d'auteur.
M. Claveau: Tout ce qui est dit en commission et tout ce qui est
dit en Chambre, cela appartient au public et c'est transcrit tel quel, vous
pouvez en faire ce que vous voudrez, nous aussi, nous avons de belles citations
à montrer à la population dans ce que vous nous avez dit.
M. Marx: Parfait!
M. Godin: M. le Président, si le ministre, veut un vrai
"filibuster" on peut lui en faire un vrai "filibuster", vous allez voir ce que
c'est. Ce n'est pas du tout un vrai "filibuster" qu'on fait, on étudie
un projet de loi, mais si le ministre veut goûter à la
médecine "filibuster" on peut l'y faire goûter à la petite
cuillerée, ce sera très très long, M. le ministre.
M. Marx: Bien, c'est très très long, actuellement.
On a fait à peine quinze articles dans 6, 12, 15 ou 20 heures.
M. Godin: Non, ce n'est pas long, vous n'avez rien vu, M. le
Président.
M. Marx: Je pense qu'on fait... Avant qu'on commence l'article 1,
il y a eu un "filibuster" toute la journée. Ce n'est pas moi qui
arrête les travaux de l'Assemblée nationale, c'est vous.
Continuez, M. le Président, je suis prêt à voter sur
l'article 16. Je n'ai rien d'autre à ajouter.
M. Godin: On peut en faire un....
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Je dis au ministre que, si sa loi était bien
faite, on ne passerait pas des heures sur chaque article à les
améliorer, c'est aussi simple que cela. Si sa loi tenait compte de la
réalité, du rapport Bellemare, publié il y a trois jours,
et tout cela, on n'aurait pas à le harceler pour qu'il nous donne des
explications sur la portée de sa loi, parce que...
M. Marx: Je ne peux pas croire que le député de
Mercier...
M. Godin: Dites-le, dites-le.
M. Marx:... dit ce qu'il pense vraiment, à ce moment cl.
D'accord, s'il veut jouer le jeu d'un député à qui on a
demandé de faire un "filibuster", qu'il continue.
M. Godin: Non, non. On appelle cela un procès
d'intention...
M. Marx: Mais je connais bien le député de
Mercier...
M. Godin:... ce que le ministre dit, et cela m'étonne de
sa part, un juriste comme lui...
M. Marx: Oui mais tout....
M. Godin:... un universitaire auteur de blocs de béton de
800 pages sur le droit, qu'il fasse un procès d'intention au
député qui fait sa job en ce Parlement. Cela m'étonne
énormément. Mais j'ai assez de respect pour ma fonction et la
sienne et la vôtre, M. le Président, pour dire qu'on fait ici
notre job, comme on dit en bon anglais, on fait notre boulot de
législateurs.
Le Président (M. Kehoe): Je comprends.
M. Godin: Et on veut améliorer la loi qui ne nous semble
pas parfaite comme elle pourrait l'être si les amendements qu'on propose
étaient acceptés. Évidemment, le ministre pense qu'il a
écrit la sainte Bible selon Saint-Marc ou selon "Saint-Marx". S'il pense
qu'il a fait l'évangile selon "Saint-Marx", je me permets de le
corriger, c'est une loi qui est perfectible, et nous sommes ici pour la
perfectionner, M. le Président.
M. Marx: Je suis d'accord avec le député de
Mercier, c'est une loi qui est perfectible, mais pas à l'article 16.
Qu'on adopte l'article 16 et qu'on procède aux articles où on
peut faire des modifications le cas échéant.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 16 est
adopté?
M. Marx: Adopté sur division, j'imagine.
M. Claveau: Sur division, vous avez bien imaginé, M. le
ministre, pour une fois.
Le Président (M. Kehoe): Adopté sur division.
J'appelle l'article 18.
M. Claveau: On a parlé de l'article 17? Ah, oui!
Le Président (M. Kehoe): Oui.
M. Claveau: II y a là quelque chose, cela vaut vraiment la
peine de s'attarder pendant quelques instants sur cet article, parce que cela
nous permet de relever deux éléments qu'on a discutés
jusqu'ici et qui prouvent jusqu'à quel point on ne sait pas trop
où on s'en va du côté ministériel.
D'abord on dit ici que: "L'institut peut élaborer et dispenser
les programmes de formation professionnelle de niveau collégial en
matière policière pour lesquels il a reçu l'autorisation
du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science et du ministre.
" (22 h 15)
M. Godin:... du ministre, point. Il manque un mot.
M. Claveau: On suppose que c'est le ministre de la Justice ou le
ministre responsable de... Comment s'appelle votre nouveau ministère? La
Sécurité publique. On suppose que c'est cela. Cela pourrait aussi
bien être le ministre des Relations internationales. Ce n'est pas
évident.
M. Godin: M. le Président, question de règlement.
Est-ce qu'il manque un mot ici?
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre. Effectivement,
est-ce que le...
M. Marx: C'est brillant de dire que le ministre, dans la loi, se
réfère toujours au ministre qui a la responsabilité de la
loi.
M. Claveau: En supposant que ce soit cela, je vais continuer mon
intervention. On aura toujours l'occasion de réfléchir
là-dessus.
Tout à l'heure, d'une part, le ministre nous a proposé une
structure décisionnelle dans la mécanique de financement qui est
exactement le
contraire de ce qui se passe au ministère de l'Éducation.
On en a discuté. Maintenant, il nous dit: Ce n'est pas mon
problème. On n'est pas dans le ministère de l'Éducation.
C'est autre chose qui est à part. C'est à côté de
cela. C'est un travail bien spécifique. Ce n'est pas une
université ou un cégep. Puis, on retrouve à l'article 18
qu'on peut dispenser des cours de niveau collégial selon des ententes
avec le ministère, etc. Donc, on va avoir là des cours de
formation professionnelle de niveau collégial dont les critères
de financement des élèves qui participeront à ces cours ne
seront pas les mêmes que dans toute autre institution collégiale
du secteur public, où on ne fixera pas de la même façon les
frais de scolarité ni les barèmes quant aux dépenses
inhérentes à l'administration, au fait de dispenser ces
cours.
Là, il y a un problème. Vous conviendrez qu'il y a une
espèce de concordance. Il y a comme un petit problème de
concordance dans l'affaire. Le ministre aurait probablement mieux fait de
consulter son collègue du ministère de l'Éducation dans la
façon de structurer le financement de ces cours et le niveau
décisionnel quant à qui va payer quoi et comment on le fixe pour
avoir une certaine homogénéité dans la façon de
fonctionner. Partout ailleurs dans le domaine de l'éducation, les
décisions sur le financement et la participation des
élèves dans le coût des cours se prennent à
l'inverse de ce qu'il veut faire. Il nous dit qu'il n'y a pas de lien, que ce
ne sont pas les mêmes choses, ni les mêmes instituts, alors
qu'à l'article 18 il nous dit que ce sera un cours de formation
professionnelle en matière policière pour lequel il a reçu
l'autorisation du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science. Donc, c'est dans le même style. C'est le même programme.
C'est une continuité, un appendice direct au cégep, aux
institutions qui dispensent actuellement le cours collégial. Il y a
là matière à se poser des questions sur la
cohérence de l'ensemble des lois que ce gouvernement est en train de
nous faire adopter et sur la façon dont on doit fonctionner normalement
dans la société. Chaque ministère est en train
d'établir ses règles, M. le Président, alors qu'on
s'adresse souvent aux mêmes clientèles ou à des
clientèles très similaires, dans des fonctions très
semblables. Il y a un problème.
De l'autre côté, le député de
Louis-Hébert nous disait, dans toute sa splendeur: Oui, mais de toute
façon, vous voyez, il n'y a pas de lien entre cela. Comment peut-on
imaginer que le représentant du ministre, qui siège au conseil
d'administration de l'institut, pourrait le conseiller dans sa façon de
faire? Il disait: Comment peut-on imaginer qu'un représentant d'un
ministère qui n'a rien à voir dans le fonctionnement du
ministère en question, du ministère de la Sécurité
publique, entre autres, puisse conseiller le ministre de la
Sécurité publique? Plus on avance dans la lecture du projet de
toi, plus on se rend compte qu'il y a des liens très directs entre la
façon dont va fonctionner l'Institut de police dans la dispensation de
ses cours et ce qui se passe ailleurs dans d'autres secteurs publics ou
parapublics qui sont liés, gérés ou administrés par
d'autres lois qui émanent du même gouvernement. Il n'y a aucune
incompatibilité avec le fait qu'un représentant du
ministère de l'Éducation, siégeant au conseil
d'administration d'un institut, puisse conseiller le ministre quant à
certaines modalités qui le regardent, qui concernent plus
spécifiquement l'éducation, par exemple, ou la formation, ou le
genre de programmes que l'on pourrait mettre en place au niveau professionnel
ou collégial, qui pourraient diversifier les approches de la formation
des policiers et qui pourraient aussi donner une formation
complémentaire à celle offerte par ceux qui ont à
gérer les corps policiers et qui ne sont pas nécessairement des
spécialistes dans le domaine.
On a parié, entre autres, des élus municipaux tout
à l'heure. Ce sont des conseils qu'un représentant du
ministère de l'Éducation compétent pourrait donner d'une
façon pertinente au ministre pour l'amener à prendre des
décisions qui seraient des décisions véritablement d'ordre
administratif et qui ne seraient pas des décisions basées sur des
considérations politiques. C'est dans ce sens, encore là, qu'on
comprend que ce qu'on présente comme amendement, ce n'est pas
nécessairement aussi farfelu que cela peut sembler. Ce n'est pas
nécessairement aussi ridicule ou aussi peu crédible que le
ministre tente de le faire croire. Si on veut vraiment intégrer tout
cela, il faudrait faire attention à certains amendements qui sont
présentés par l'Opposition, qui ont leur raison d'être pour
permettre l'intégration dans l'économie générale de
la loi en question et aussi dans la relation ou dans l'application que certains
articles de cette loi doit avoir avec des applications d'articles d'autres
lois, en l'occurrence en ce qui concerne l'article 18 et les lois qui
régissent le ministère de l'Éducation qui, somme toute,
est quand même le ministère responsable de toute la formation
primaire, secondaire, universitaire et la formation professionnelle,
collégiale, à tous les niveaux. On le dit dans l'article 18 que,
dans le fond, c'est le ministère de l'Éducation, après
entente avec le ministère de la Sécurité publique, qui
aura à toutes fins utiles à gérer le contenu et le niveau
de qualification, de classification ou de compétence des professeurs qui
vont dispenser les cours. Les notes qui vont être données aux
élèves vont donc relever d'une mécanique qui n'est pas
celle du ministère de la Sécurité publique, mais bien
celle du ministère de l'Éducation.
Après, on intervient pour dire au ministre: Comment cela se
fait-il que vous n'ayez pas pensé, par exemple, que le ministère
de l'Éducation a, d'une façon générale, des
modalités quant aux structures de financement des institutions publiques
d'éducation? Vous, vous êtes une
institution publique d'éducation, finalement, qui va avoir un
rôle spécifique à jouer, mais qui se situe toujours dans le
cadre d'une institution publique de formation, vous n'acceptez pas les
mêmes règles et vous prétendez que cela n'a rien à
voir avec les règles du ministère de l'Éducation, alors
qu'à l'article 18 on vient nous dire que c'est après entente avec
le ministère de l'Éducation qu'on va pouvoir faire cela. Dans le
fond, ce sont les critères, les modalités du ministère de
l'Éducation qui vont devoir s'appliquer, comme c'est le cas pour tout
cours professionnel ou général qui se donne au collégial
au moment où on se parle au Québec. Les institutions
privées n'échappent pas à cela non plus. Il y a des
critères de base qu'il faut qu'elles respectent. C'est comme cela
partout.
Comment, après cela, osez-vous encore, M. le ministre, venir dire
que l'Opposition se contente de faire de l'obstruction systématique et
ne voit pas la cohérence dans la loi alors que ce que nous proposons,
bien au contraire, permettrait de rendre la loi beaucoup plus cohérente
dans son économie interne et dans sa relation avec les autres lois qui
régissent des fonctions semblables dans d'autres ministères qui
relèvent du même gouvernement? J'aimerais que vous me
précisiez un peu votre point de vue là-dessus. Il me semble
important que vous fassiez des commentaires là-dessus qui soient un peu
plus fondés que les commentaires qu'on a eus lors de l'étude des
derniers articles.
M. Marx: M. le Président, je pense que je l'ai
déjà expliqué à l'intérieur des 17 premiers
articles, les fondements et tout cela. Je n'ai rien d'autre vraiment à
expliquer en ce qui concerne l'article 18 qui est très clair à sa
face même. Je peux le relire et expliquer les mots au
député, mais aller plus loin que cela, je n'ai rien à
dire. C'est tellement clair, M. le Président. Je sais que ce n'est pas
de l'obstruction, peut-être que le député a des...
Une voix: C'est la fatigue!
M. Marx:... difficultés à lire et à
comprendre le français, ce n'est pas ma faute. Je suis prêt
à voter.
Le Président (M. Doyon): M. le député.
M. Claveau: J'ai à vous poser une question, j'ai encore du
temps de parole. J'aurais une deuxième...
M. Marx: C'est cela, il compte ses minutes. Est-ce qu'on peut
savoir combien de minutes il reste au député?
Le Président (M. Doyon): II vous reste onze minutes, M. le
député.
M. Marx: Onze minutes, voilà. Je vais revenir dans onze
minutes pour voter, M. le Président. Je donne maintenant la parole au
député d'Ungava.
Le Président (M. Doyon): Cela vous mène à 22
h 35.
M. Marx: M. le Président, amusez-vous avec le
député d'Ungava!
M. Claveau: C'est une intervention vraiment très
respectueuse des droits des parlementaires, je vous en félicite, M. le
ministre.
M. Marx: Les gens qui lisent le Journal des débats
vont bien comprendre.
M. Claveau: Ils vont bien comprendre que vous vous foutez
carrément de ce que disent les parlementaires et de
l'intérêt qu'on peut porter à la bonification d'un projet
de loi qui, somme toute, est fondamental et qui modifie passablement, pour ne
pas dire de fond en comble, l'administration de la justice au
Québec.
Le deuxième paragraphe de l'article 18 introduit une nouvelle
notion et j'aimerais savoir pourquoi on introduit cette notion-là au
moment où on se parle, alors qu'on l'a refusée tout à
l'heure, et je m'explique. "Le ministre de l'Enseignement supérieur et
de la Science décerne, selon les règles qu'il détermine et
après recommandation de l'institut... " Il me semble quand même
assez bizarre qu'à l'article 18 on donne à l'institut un
rôle de recommandation au ministère de l'Éducation ou au
ministre de l'Éducation quant à la pertinence de
reconnaître la qualification des élèves après
études, en ce qui concerne l'élaboration des cours, le niveau de
formation nécessaire, etc. Là, on reconnaît à
l'institut un rôle de recommandation et de consultant ou d'expert
auprès du ministre mais, lorsqu'il s'agit de lui donner un rôle
semblable auprès du ministre de la Justice, là, on est en dehors
de la coche, là, on n'a plus rien compris, là, on plane dans les
nuages et on veut faire perdre du temps à la commission.
Je me demande dans quelle mesure il est pertinent de reconnaître
un rôle de consultant ou un rôle d'institution responsable capable
de donner des recommandations au ministre de l'Éducation pour qu'il
prenne des décisions pertinentes, alors qu'on ne veut pas
reconnaître le même rôle de l'institution face au ministre de
la Sécurité publique lorsque lui aura à prendre des
décisions pertinentes quant à l'administration ou aux cours
à donner, ou quant à la façon dont on devra inscrire les
élèves, ou quant aux modalités de financement des cours,
ou quant à différentes autres fonctions qui relèvent de
l'institut, ne serait-ce aussi que pour lui permettre de faire ses
études et sa recherche dans les meilleures conditions possible. Est-ce
que le ministre peut m'expliquer pourquoi il refuse de donner ce
rôle-là à l'institut, alors qu'il le donne
à l'institut pour conseiller le ministre de
l'Éducation?
M. Marx: M. le Président, je répète, c'est
très clair pour moi, j'ai expliqué ça à maintes
reprises au député, je suis prêt à voter. Le vote,
M. le Président?
M. Claveau: Non. Si je n'ai pas plus de réponse que
ça, je vais continuer.
Le Président (M. Doyon): Vous avez la parole, M. le
député d'Ungava, jusqu'à 22 h 35.
M. Claveau: Le sous-ministre de l'Éducation qui
siège au conseil d'administration de l'institut, contrairement aux
prétentions du député de Louis-Hébert tout à
l'heure, quand il disait que cela n'avait rien à voir, pourrait
très bien faire lui-même ce travail-là sans qu'on soit
obligé d'en donner, de par la loi, le rôle à l'institut.
Alors, on essaie de comprendre comment et pourquoi on est obligé
d'inscrire ça à l'article 18 alors que, finalement, de par le
mécanisme que le ministre s'est donné, le ministère de
l'Éducation pourrait simplement, par un genre d'osmose interne, en
supposant que ces gens-là se parlent, donner ses recommandations ou
faire valoir ses idées au ministre, sans pour autant que ça
devienne un aspect légal.
M. Marx: Le vote, M. le Président? Je vois que le
député d'Ungava manque un peu de gaz! Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): II manque de gaz, non?
M. Marx: Ha, ha, ha! S'il peut aller... Ha, ha, ha!
M. Claveau: Est-ce qu'on pourrait demander...
Le Président (M. Doyon): Vous avez la parole, M. le
député. On vous écoute; tout le monde vous écoute,
d'ailleurs.
M. Claveau: Cela me fait plaisir de vous l'entendre dire.
J'espère que vous allez m'écouter, j'ai une question à
vous poser, M. le Président. Est-ce qu'on pourrait vous demander de nous
expliquer ce que vous vouliez dire tout à l'heure quand vous disiez
qu'il était ridicule d'imaginer que le représentant du
ministère de l'Éducation au conseil d'administration pourrait
être d'un conseil certain envers le ministre alors que, maintenant, on
établit dans la loi qu'effectivement il va falloir qu'il y ait des
recommandations et des conseils qui soient donnés au ministre pour
prendre des décisions? (22 h 30)
M. Marx: Vous avez "high octane"! Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): Vous m'adressez la parole, M. le
député?
Oui, M. le député, ce que j'ai tenté de vous faire
comprendre tout a l'heure...
M. Marx:... "high octane", cela! Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): Je vois que la bonne humeur
s'empare de la commission; le président s'en réjouit.
Alors, ce que j'ai tenté de faire comprendre au
député d'Ungava - puisqu'il me pose la question, je vais
reprendre ma démonstration - c'est qu'il est en train de confondre ici
le fait que l'institut étant une institution d'enseignement, et c'est de
cette capacité-là qu'on parle ici, on s'en remet à
l'institut pour faire une recommandation au ministre de l'Éducation pour
établir une attestation d'études. Que le député
d'Ungava confonde attestation d'études faite sur la recommandation d'une
institution d'enseignement avec un rôle de conseiller qu'il voulait voir
donner à l'institut, dans des paragraphes précédents,
libre à lui, sauf que cette confusion est une chose qui lui est propre,
il est le seul à l'avoir. Je considère cela comme absolument
normal. Il serait le premier à reprocher au ministre qu'il y ait des
attestations d'études qui puissent être remises par le ministre de
l'Éducation sans que l'institut ait fait une recommandation dans ce
sens-là. Il ne faut pas confondre une telle recommandation avec un autre
rôle qui n'est pas celui de l'institut, tel que je le disais à
titre de député et membre de la commission, tout à
l'heure; c'est un rôle qui n'appartient pas à l'institut, c'est un
rôle qui appartient au ministère lui-même, que les
fonctionnaires du ministre excercent, et je ne vois pas comment...
Je suis sûr que le député d'Ungava... Étant
maintenant plus près de lui, étant donné que je suis
à la présidence, je sens mieux ses réactions et j'ai
l'impression qu'il comprend des choses que je ne pensais pas pouvoir lui
expliquer tout à l'heure. Je m'en réjouis et je vois que j'ai un
assentiment de sa part.
Est-ce que ça répond à votre question, M. le
député d'Ungava? Si vous en avez d'autres, ne vous gênez
pas, parce que le ministre a lancé la serviette, alors je tenterai de
répondre à sa place.
M. Claveau: Je vois que le ministre se réjouit de votre
réflexion, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Non, non, non, il se
réjouit...
M. Claveau: II est hautement satisfait du temps que vous avez
pris pour répondre.
M. Marx: Adopté, M. le Président? Le
Président (M. Doyon): Pardon?
M. Marx: L'article...
Le Président (M. Doyon): Est-ce que l'article 18 est
adopté?
M. Marx: Sur division.
M. Claveau: Adopté, adopté.
M. Marx: Adopté. Ah!
Le Président (M. Doyon): J'appelle maintenant l'article
19. M. le député d'Ungava, avez-vous des questions à poser
à M. le ministre?
M. Marx: C'est un article difficile, M. le Président, je
propose qu'on l'adopte tout de suite.
M. Claveau: Est-ce qu'on peut prendre... M. Marx:
J'aimerais demander...
Le Président (M. Doyon): Un article de routine, vous
voulez dire.
M. Marx: Oui. M. le Président, il nous reste 28
minutes.
Le Président (M. Doyon): C'est cela.
M. Marx: J'aimerais demander au député s'il
pourrait faire un effort pour nous permettre d'adopter jusqu'à l'article
34 ce soir.
M. Claveau: J'aimerais savoir de la part du ministre, pour qu'il
me demande une telle chose, quelle est l'importance d'arriver à
l'article 34 ce soir.
M. Marx: Pour commencer avec un article important lundi.
M. Claveau: Cela se défend. Mais tous les articles sont
importants dans un projet de loi, M. le ministre.
Le Président (M. Doyon): J'appelle l'article 19 et le
ministre nous indique que c'est un article de routine. Avez-vous quelque chose
à dire, M. le député d'Ungava?
M. Claveau: Donnez-nous quand même 30 secondes pour le
regarder, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, bien sûr.
M. Claveau: J'aurais juste une question par rapport à
ça. Sur le plan strictement financier, vous dites là-dedans qu'un
institut ne peut pas faire tout ce qu'il veut, c'est clair; d'accord.
Étant donné qu'on a affaire à une corporation
indépendante, et c'était votre souhait d'en faire une corporation
indépendante, capable de fixer elle-même ses frais de
scolarité, entre autres, quel genre d'administration ou comment vont
s'établir les critères de déficit, de surplus, etc., qui
vont devoir apparaître un jour ou l'autre au bilan financier de
l'institut? Est-ce que l'institut va pouvoir jouir d'une marge de manoeuvre
quant à son administration? On dit, au quatrième paragraphe, par
exemple, qu'il ne peut pas "contracter un emprunt qui porte le total des sommes
empruntées par lui et non encore remboursées au-delà d'un
montant déterminé par le gouvernement". Je veux bien croire que
le gouvernement a quelque chose à voir là-dedans, mais est-ce que
l'institut comme tel aura finalement le statut d'une société
d'État qui aurait comme rôle de former les policiers, puisque
c'est le rôle qu'on veut lui donner?
M. Marx: Avez-vous une question, maintenant? La question portait
sur quel paragraphe? Posez-moi la question en une phrase.
M. Claveau: Oui. Comment sera administré, comment va-t-on
fixer les différents paramètres quant au déficit, au
surplus? S'il y a des surplus, où vont-ils aller? Qui va décider
de ça?
M. Marx: M. le Président, il faut que j'admette en toute
humilité que je ne suis pas un expert dans le domaine des finances du
gouvernement. Comme je viens de vous le dire il y a quelques minutes, il s'agit
d'un article de routine et ce sera, dans le cas de l'Institut de police, la
même chose que pour tout autre organisme. Il n'y a rien de magique ici,
ça va fonctionner comme pour les autres organismes, l'institut
d'hôtellerie, la Bibliothèque nationale, ainsi de suite.
M. Claveau: On retrouve des clauses semblables dans...
M. Marx: Oui.
M. Claveau:... la Bibliothèque nationale, l'institut
d'hôtellerie, comme vous dites.
M. Marx: Oui, et ces articles sont rédigés avec le
Conseil du trésor et le ministère des Finances. Adopté, M.
le Président?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 20.
M. Marx: C'est un autre article de routine, M. le
Président, même plus de routine que l'article 19.
M. Claveau: Nous n'avons pas de problème
là-dessus.
M. Marx: Non.
Le Président (M. Doyon): D'accord. M. Marx:
Adopté.
Le Président (M. Doyon): L'article 20 est adopté.
Article 21?
M. Marx: C'est encore plus de routine que les deux autres, M. le
Président.
M. Claveau: D'accord.
Le Président (M. Doyon): L'article 20 est
adopté.
M. Claveau: Non, excusez. Je demanderais au ministre, qui demande
notre collaboration, si on peut avoir la sienne quant à la suspension de
l'article 21, et je m'explique. Le député de Jonquière,
qui est porte-parole de l'Opposition en matière de
sécurité publique, est aussi porte-parole de l'Opposition en
matière d'affaires municipales. Comme cet article peut avoir des
incidences au niveau municipal...
M. Marx: Suspendu.
Le Président (M. Doyon): L'article 21 est suspendu.
J'appelle maintenant l'article 22.
M. Claveau: Vous voyez, quand il y a collaboration, comme c'est
plaisant de travailler.
Le Président (M. Doyon): L'article 22, maintenant.
M. Claveau: II ne peut pas diversifier ses placements.
M. Marx: C'est cela. M.Claveau: Cela va.
Le Président (M. Doyon): L'article 22 est adopté.
Article 23?
M. Claveau: Vous me permettrez de sourire à l'article 23,
M. le Président, parce que...
M. Marx: La routine aussi.
M. Claveau:... c'est de la routine, oui, mais écoutez,
tout à l'heure, on a refusé d'inscrire dans la loi un
élargissement de la portée des activités de l'institut et,
maintenant, on dit: D'accord, on vous restreint à ça, mais juste
dans la mesure où nous le voulons bien. Nous pourrions vous donner des
mandats particuliers qui vous permettraient d'élargir un peu la
portée... Entre autres, un mandat spécifique pourrait être
de conseiller le ministre sur une question bien précise. Alors qu'on a
refusé de le mettre comme possibilité générale, on
se donne la possibilité de le faire d'une façon
particulière.
M. Marx: Alors, le député ne peut pas être
contre ça.
M. Claveau: Je ne peux pas être contre ça, mais vous
conviendrez, M. le ministre, que dans la mesure où vous le
prévoyez vous-même à l'article 23 en tant que mesure
très spécifique et, à la demande, nous avons perdu un
temps fou parce que vous n'avez pas voulu accepter qu'on puisse le mettre comme
une condition générale.
M. Marx: On ne parle pas de conseiller ici.
M. Claveau: Finalement, vous ne pouviez pas être contre
puisque vous l'aviez prévu comme étant éventuellement une
mesure spécifique que vous pourriez utiliser.
M. Marx: Oui. L'article 23 est adopté, M. le
Président?
M. Claveau: C'est votre faute si on a perdu du temps, si je
comprends bien.
M. Marx: C'est adopté, M. le Président?
Le Président (M. Doyon): L'article 23 est-il
adopté?
M. Claveau: Adopté. M. Marx: Adopté. M.
Claveau: Adopté.
Le Président (M. Doyon): J'appelle maintenant l'article
24.
M. Marx: Un autre article de routine, M. le Président.
M. Claveau: On peut quand même prendre le temps de
l'examiner.
M. Marx: Oui, sûrement.
M. Claveau: Effectivement, M. le ministre, quand on regarde
l'avant-projet de loi - le ministre nous a accusés tout à l'heure
de vouloir revenir à tous les articles de l'avant-projet de loi. Il a pu
comprendre que ce n'était pas là notre intention et qu'au
contraire, ce n'est que la deuxième fois, ou peut-être la
troisième, qu'on se réfère à l'avant-projet de loi
qui avait quand même été pensé avant d'être
publié - on avait la notion du retour devant l'Assemblée
nationale pour que tous les membres du Parlement soient mis au courant des
directives ou des modifications dans les orientations, buts et objectifs de
l'institut, etc. On disait, dans l'avant projet de loi: "Le Solliciteur
général - à ce moment-là, c'était le
Solliciteur général - peut donner des directives portant sur les
objectifs et les orientations de l'institut; ces directives doivent, au
préalable, être approuvées par le gouvernement.
"Toute directive est déposée, dans les quinze jours de son
approbation, devant l'Assemblée nationale si elle siège ou, si
elle ne siège pas, dans les quinze jours qui suivent l'ouverture, etc.
"
Là, on retrouve les mêmes dispositions. "Le ministre peut
donner des directives portant sur les objectifs et les orientations de
l'institut. Ces directives doivent, au préalable, être
approuvées par le gouvernement et entrent en vigueur le jour de leur
approbation. Une fois approuvées, elles lient l'institut qui est tenu de
s'y conformer. "
J'ai eu l'occasion de discuter de plusieurs projets de loi dans lesquels
il y a beaucoup de détails techniques, entre autres, toutes les lois qui
régissent le ministère de l'Énergie et des Ressources, la
Loi sur le cadastre, loi sur les terres, Loi sur les forêts, Loi sur le
régime des eaux, lois sur les compagnies ou les entreprises qui
opèrent dans tous ces secteurs, et chaque fois qu'on parle d'une
réglementation dans ces lois on dit toujours, ou à peu
près toujours que, s'il y a une réglementation qui modifie
l'objectif ou les objectifs premiers fixés par la loi, à ce
moment-là, on doit la déposer devant l'Assemblée
nationale. On ne comprend pas pourquoi le ministre l'a retirée.
M. Marx: Une fois qu'une directive est donnée et
approuvée, elle devient publique. On ne va pas déposer tout
document, toute directive, tout ce qu'on fait au gouvernement à
l'Assemblée nationale. Le député d'Ungava n'aurait pas de
place pour ses livres.
M. Claveau: Ce n'est pas toute directive, il faut bien se
comprendre. L'article 24 dit "peut donner des directives portant sur les
objectifs et orientations de l'institut".
M. Marx: Une fois qu'on l'a fait, ça devient public. Si
ça intéresse quelqu'un, il peut l'avoir.
M. Claveau: Sauf que, dans la mesure où le Parlement se
doit d'être informé en première instance de toutes ces
choses-là, pourquoi, à ce moment-là, dépose-t-on
devant l'Assemblée nationale les états financiers, les rapports
de toutes les sociétés d'État, etc. ?
M. Marx: On va déposer le rapport de l'institut.
M. Claveau: Le même raisonnement que tout à l'heure
vaut pour le ministre. Dès que c'est publié, c'est public, et on
n'a pas à le déposer devant l'Assemblée nationale.
M. Marx: Le ministre de l'Éducation ne dépose pas
chaque directive qu'il donne à un cégep, mais ça devient
public.
M. Claveau: On n'a pas parlé des autres directives. On
parle de directives portant sur les objectifs et orientations de l'institut.
Donc, il pourrait modifier fondamentalement les buts et objectifs, la raison
d'être de l'institut.
M. Marx: Le gouvernement peut. Le ministre ne peut pas. Le
gouvernement doit approuver ce que le ■ ministre va approuver. Ce n'est
pas une personne seule qui peut le faire, c'est le gouvernement, ce sont au
moins 25, 27, 28 personnes, plus le lieutenant-gouverneur. Donc, ce n'est pas
une seule personne.
M. Claveau: Oui, mais...
M. Marx: Quel est le problème?
M. Claveau: Le problème, c'est que,
généralement...
M. Marx: Si vous voulez avoir une copie des directives, vous
allez le demander. Je vais prendre note, M. le Président, que pendant la
période où je serai ministre responsable, si je donne des
directives, je vais tout de suite en envoyer une copie au député
d'Ungava pour que ce soit adopté.
M. Claveau: Ce n'est pas ça.
M. Marx: Non? (22 h 45)
M. Claveau: En tant que ministre, vous devez vous assurer de
prendre toutes les mesures nécessaires pour que les parlementaires
puissent être au courant de toute modification dans les objectifs et les
orientations de l'institut. Par exemple, dans la loi régissant la
Régie de l'électricité et du gaz au Québec, on a
les mêmes dispositions. On prévoit que, si le ministre doit
modifier les objectifs et les orientations de la régie du gaz naturel au
Québec, il devra déposer devant l'Assemblée nationale,
dans les quinze jours qui suivent, pour s'assurer que les parlementaires soient
au courant. Cela vous couvre aussi.
M. Marx: J'aimerais expliquer ceci au député. On ne
dépose pas tout ce qui est publié à la Gazette
officielle. Quand le gouvernement parle, il parle par décret. Donc,
s'il y a quelque chose à approuver par le gouvernement, ce sera par
décret. Le décret sera publié à la Gazette
officielle. Je comprends bien que le député d'Ungava ne passe
pas ses week-ends à lire la Gazette officielle du Québec.
Mais quand il va voir qu'on a adopté une directive, il va en faire
venir la copie. Le député d'Ungava est censé savoir tout
ce qu'il y a dans la Gazette officielle du Québec, comme tout
autre député.
M. Claveau: Juste à titre d'exemple, M. le
Président - c'est très pertinent - hier, nous
avons étudié article par article une loi modifiant la loi
sur la SOQUEM. Dans cette loi, il y a un article qui prévoit que le
gouvernement peut modifier à volonté le capital-actions
versé à la SOQUEM par le gouvernement. On a une clause dans cet
article qui dit que, chaque fois que le gouvernement le fera, il devra,
après avoir pris sa décision, déposer le décret ou
la formule finale devant l'Assemblée nationale. On l'a fait pas plus
tard qu'hier sur la loi sur la SOQUEM. On ne le fait pas pour tout ce qui se
passe à la SOQUEM. Mais à toutes les fois que le gouvernement
applique son article qui lui permettra de diminuer ou d'augmenter le
capital-actions de la SOQUEM, à ce moment-là, on prétend
que c'est suffisamment important pour qu'il dépose sa décision
devant l'Assemblée nationale.
La même chose, comme je vous le dis, pour la régie du gaz
naturel au Québec. On a la même clause parce qu'on prétend
que, lorsque le ministre change par décret les objectifs et orientations
de la régie, c'est suffisamment important pour justifier qu'il ait
l'obligation de par la loi de le déposer devant l'Assemblée
nationale. On comprend mal, puisque les ministres le font dans d'autres
secteurs, que c'est accepté au comité de législation, que
c'est considéré comme normal, que, lorsque cela concerne le
ministre responsable de la Sécurité publique, celui-ci puisse
modifier les objectifs et les orientations de l'Institut de police sans devoir
déposer.
M. Marx: Ce qui est normal dans certaines lois n'est pas normal
dans d'autres, M. le Président.
M. Claveau: Le ministre se référait tout à
l'heure...
M. Marx: Normal. Il y a beaucoup de directives qui sont
données et qui ne sont pas déposées à
l'Assemblée nationale. De toute façon, si une directive est
donnée le 15 janvier, comme l'Assemblée nationale ne siège
pas avant le 15 mars, c'est souhaitable que le député d'Ungava
vérifie la Gazette officielle deux fois par semaine pour qu'il
soit au courant.
M. Claveau: Ce n'est pas l'idée. M. Marx: Non?
M. Claveau: L'idée, c'est que les parlementaires ont le
droit de savoir, et le ministre a le devoir de prendre toutes les mesures
nécessaires pour que les parlementaires aient le plus de chances
possible d'être informés de ce qui se passe quand on modifie les
objectifs et les orientations d'une institution qui dépend du
gouvernement.
M. Marx: Dans la Gazette officielle.
M. Claveau: Ce qu'on demande existe dans toutes les lois. Cela
existe aussi dans la Loi sur la Bibliothèque nationale que le ministre
donnait tantôt comme référence. La clause existe dans la
Loi sur la Bibliothèque nationale selon laquelle, si le ministère
en modifie les objectifs et orientations, il devra, dans les quinze jours qui
suivent, déposer son décret devant l'Assemblée nationale.
C'est généralisé dans les lots. C'était
prévu dans l'avant-projet de loi. Alors on se demande pourquoi le
ministre l'a retirée.
M. Marx: Parce que c'est dans la Gazette officielle et que
ce n'est pas toujours nécessaire d'avoir une disposition pour
déposer. Il y a un rapport annuel qui sera déposé. Les
députés qui veulent être informés le seront.
Maintenant, si vous voulez dire que tout doit être déposé
à l'Assemblée nationale, c'est une autre chose.
M. Claveau: Nous n'avons pas dit cela.
M. Marx: On vous envoie une copie de la Gazette officielle,
j'espère que vous lisez ça deux fois par semaine, vous
êtes renseigné. C'est dans la Gazette officielle. La Gazette
officielle est envoyée au bureau de chaque député.
Combien de dépôts voulez-vous qu'on fasse?
M. Claveau: Le fait de déposer devant l'Assemblée
nationale, c'est une indication aux députés qu'effectivement,
c'est dans la Gazette officielle et qu'ils peuvent s'y
référer. Mais ça existe, c'est prévu dans les lois.
On ne demande pas de le faire pour toutes les décisions et pour tout ce
qui pourrait se passer. L'article 24 est bien précis: dans les cas
où le ministre émettrait une directive qui modifierait les
orientations et les objectifs de l'institut. Cela peut arriver une fois tous
les cinq ans, ça peut peut-être ne jamais arriver, mais le jour
où ça arrivera, à ce moment-là, en
l'annonçant officiellement et en la déposant devant les
parlementaires, d'une part, il ne fait qu'être en concordance avec ce qui
existe dans l'ensemble des lois qui régissent des sociétés
semblables au Québec et, d'un autre côté, il s'assure que
les parlementaires en soient informés. Si jamais un parlementaire lui
dit: M. le ministre, comment se fait-il que cela se soit passé et qu'on
ne l'ait pas su? Là, vous êtes couvert par l'Assemblée
nationale en disant: M. le député, je l'ai déposée
à l'Assemblée nationale, c'était à vous
d'être attentif au moment où j'en ai parlé. Cela existe
partout.
M. Marx: M. le Président, le député d'Ungava
soulève un point important, mais nous avons examiné ce point et
on ne l'a pas retenu. On n'a pas repris l'article tel qu'il était dans
l'avant-projet de loi déposé en 1987, et on n'a pas retenu ce
point, quoique ce soit un point intéressant. On ne l'a pas retenu et je
propose qu'on adopte l'article sur division.
M. Claveau: Écoutez, je...
M. Marx: Je conviens que le député a soulevé
un point important, mais il peut parler encore trois heures sur ce point, je ne
vais pas changer d'idée.
M. Claveau: M. le ministre, j'en fais un point important, parce
que c'est un point important. Règle générale...
M. Marx: Oui, mais on ne veut pas retenir votre point
important.
M. Claveau: Oui, mais vous ne pouvez pas nous empêcher
d'argumenter.
M. Marx: Non, mais ça finit là.
M. Claveau: Vous créez un précédent dans la
législation québécoise. Actuellement, dans toutes les lois
qui régissent des sociétés semblables, par exemple la
SODIC, ou des corporations semblables liées au gouvernement, il y a
toujours ce point qui fait en sorte que, lorsque le ministre, par directive,
modifie les orientations de l'institut, de la corporation, de la
société, etc., qui relève du gouvernement, il doit le
déposer devant l'Assemblée nationale. Vous ouvrez là une
brèche dans quelque chose qui est généralisé au
gouvernement et qui existe partout. Si vous vous le permettez, si vous, comme
ministre de la Sécurité publique, vous qui devez être
à la fine pointe de la législation, si vous vous permettez de le
faire, vous ouvrez la porte à toutes les sociétés
d'État, à tous les ministères, pour qu'ils modifient leurs
lois dans le même sens et pour faire en sorte qu'à l'avenir il
soit possible de modifier les objectifs et les orientations d'un institut,
nonobstant ce qu'il y a dans la loi, par une simple directive qui ne sera
jamais officiellement déposée en Chambre, ce qui, de cette
façon, permettra de pouvoir jouer à volonté dans les
orientations et les objectifs de ces institutions, sans que les parlementaires
ne soient mis au courant par le fait même.
Que le ministre puisse, par directive, modifier les orientations et les
objectifs qui sont fondus dans la loi, généralement, c'est
accepté. Qu'on puisse introduire des modifications par une directive, on
l'accepte mais dans la mesure où cette directive vient devant
l'Assemblée nationale. C'est l'économie générale
des lois du Québec qui fait que c'est comme ça que ça se
passe. Là, vous ouvrez une brèche qui va permettre d'enlever
cette disposition, qui va généraliser ce que vous amenez
là, et je peux vous assurer que, d'ici à deux ou trois ans, il
n'y a plus une société d'État ou plus aucun institut qui
relève d'un ministère qui va appliquer cette disposition, et on
va se retrouver avec des orientations, des objectifs qui vont répondre
aux aléas du moment et qui vont échapper aux intervenants.
M. Marx: Qu'on vote sur l'ouverture, M. le Président.
M. Claveau: Je me dois de déposer un amendement
là-dessus, je ne peux faire autrement. C'est quelque chose qui existe
partout, et on ne peut pas se permettre d'ouvrir une brèche semblable
dans ce genre de choses.
M. Marx: On va l'ouvrir, M. le Président, on veut
l'ouvrir. Ce serait très intéressant, parce que... J'aimerais
savoir combien de directives déposées à l'Assemblée
nationale le député d'Ungava a reçues depuis trois
ans?
M. Claveau: Cela n'arrivera probablement pas. On ne souhaite pas
que cela arrive, M. le ministre. On ne souhaite pas que cela arrive, mais si
cela arrive...
M. Marx: M. le Président, j'aimerais que le
député d'Ungava me dise combien de directives ont
été publiées depuis dix ans?
M. Claveau: Ce n'est pas là le problème, M. le
Président. Le ministre est en train d'essayer de noyer le poisson.
M. Marx: Non, c'est le problème de manger encore 10, 15,
20 minutes avec des amendements inutiles.
M. Claveau: Ce n'est pas ça. Encore hier, il y a un
ministre qui a cru bon de faire un amendement pour l'introduire, car ce
n'était pas prévu au départ, dans la loi sur la SOQUEM
qu'on a étudiée hier. Ce n'était pas prévu, au
départ. Et le ministre a lui-même apporté son amendement,
avant que l'Opposition ne le lui demande, parce qu'il voulait se conformer
à la norme de l'ensemble des lois du Québec qui prévoit
une telle disposition dans des cas semblables.
Cela n'enlève rien au ministre d'accepter que l'on modifie
ça. Si le ministre, par son entêtement, ne veut pas se conformer
à ce qui se passe ailleurs, à ce moment-là, il nous oblige
à déposer un amendement.
M. Marx: Pas plus entêté que vous; là, vous
êtes sur trois articles depuis des heures et des heures. Comment peut-il
parler d'entêtement? Ils n'ont rien fait pendant deux jours, et c'est moi
qui suis entêté!
M. Claveau: Cela ne me gêne pas de le dire, M. le
Président. Cela ne me gêne pas de maintenir mes propos.
M. Marx: M. le Président, je pense que le
député d'Ungava doit être le plus entêté de
tous les députés ici aujourd'hui, parce qu'il a parlé le
plus longtemps pour ne rien dire. Personne ne l'a écouté. Il a
parlé pendant six heures, aujour-
d'hui, pour adopter quelques articles de routine, et il dit que je suis
entêté. Il m'a écoeuré toute la journée avec
des propos souvent inutiles, inappropriés, juste pour perdre du temps.
On travaille aujourd'hui depuis sept heures, M. le Président; sept
heures, et on a adopté à peine 23 articles. Comment peut-il dire
que je suis entêté? Que ce soit le moment du vote ou non, M. le
Président, je m'en vais, de toute façon.
M. Claveau: Je dépose mon amendement sur l'article 24, M.
le Président.
M. Marx: Qu'il dépose ce qu'il veut.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que votre amendement est
écrit, M. le député d'Ungava?
M. Claveau: Pardon?
Le Président (M. Doyon): Est-ce que vous avez écrit
votre amendement?
M. Claveau: Oui, il est écrit. Il est prêt et en
nombre suffisant de copies pour tout le monde. "L'article 24 du projet de loi
86 est amendé par l'addition de l'alinéa suivant: "Toute
directive est déposée, dans les quinze jours de son approbation,
devant l'Assemblée nationale si elle siège ou, si elle ne
siège pas, dans les quinze jours de l'ouverture de la session suivante
ou de la reprise de ses travaux. "
M. Marx: Si le député me dit qu'il est prêt
à adopter jusqu'à l'article 35 ce soir, avant la fin des travaux,
je suis prêt à examiner de façon sérieuse son
amendement; mais s'il continue de "stâler" la commission, je ne suis pas
prêt à travailler plus que lui. S'il travaille, je vais
travailler; s'il "stâle" comme ça, je ne suis pas prêt
à examiner sérieusement son amendement, parce qu'il n'a pas
été sérieux pendant six heures, aujourd'hui.
S'il veut se rendre jusqu'à l'article 34, je suis prêt
à examiner sérieusement son amendement; s'il n'est pas prêt
à faire ça, je ne suis pas prêt à examiner
sérieusement son amendement.
M. Claveau: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, nous avons accepté,
à la demande même du côté ministériel, des
modifications quant à la façon de travailler ou de
répartir l'enveloppe de temps qui nous avait été
donnée aujourd'hui...
M. Marx: II reste trois minutes, on peut adopter...
M. Claveau:... par la Chambre pour travailler sur le projet de
loi 86.
M. Marx: S'il est prêt à le faire, je suis
prêt; s'il n'est pas prêt à adopter jusqu'à l'article
34... Ce sont des articles de routine qui auraient dû être
adoptés avant 18 heures ce soir, et il est 23 heures. S'il n'est pas
prêt à travailler sérieusement, pourquoi me demande-t-on
d'être sérieux? C'est la question que je pose, M. le
Président.
M. Claveau: J'aimerais savoir ce qui fait en sorte que le
ministre est si pressé d'arriver à l'article 34 ce soir.
M. Marx: Parce que je trouve que c'est un minimum décent,
pour sept heures de travail. Un minimum décent.
M. Claveau: Pendant sept heures de travail, M. le ministre...
M. Marx: Douze heures et demie en tout, M. le Président,
et nous en sommes à l'article 22, c'est-à-dire que, si les
députés de l'Opposition ne se prennent pas au sérieux, je
ne fais pas d'effort pour être sérieux non plus. C'est un jeu qui
se joue à deux.
M. Claveau: Écoutez, il y a quand même une limite.
On essaie de faire le travail justement le plus sérieusement possible.
Le ministre ne cesse de nous accuser de toutes sortes de choses depuis qu'on a
commencé cet après-midi. Le ministre est arrivé ici, les
deux bras croisés, en disant: L'Opposition est là pour obstruer
mes travaux. Il n'a cessé de répéter cela depuis le
début et, ensuite, il vient nous dire qu'on ne peut faire de travail
sérieux. Est-ce que le ministre prétend qu'un amendement visant
à trouver des mécanismes nouveaux pour accélérer
l'intégration des communautés culturelles dans les forces
constabulaires québécoises, ce n'est pas sérieux comme
amendement? Pourtant, il l'a rejeté.
Le Président (M. Doyon): M. le député, je
constate que, conformément à l'entente, il est
présentement 23 heures. Il a été entendu que les travaux
seraient suspendus à 23 heures. La présidence ajourne donc les
travaux sine die et prendra le temps qu'il faut pour examiner l'amendement et
décider s'il est recevable ou pas, parce qu'il n'a pas encore
été reçu.
(Fin de la séance à 23 h 2)