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(Quinze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Kehoe): S'il vous plaît! La
commission des institutions a le mandat de procéder aujourd'hui à
la vérification des engagements financiers du ministère de la
Justice pour les mois de décembre 1985 et de février 1988
à décembre 1988. La secrétaire m'ayant avisé qu'il
n'y a pas de remplacement, je vous rappelle que, selon l'entente entre les
partis, quatre heures seront allouées à cette
vérification. Nous allons donc procéder immédiatement
à l'étude des engagements financiers du mois de décembre
1985.
Auparavant, M. le ministre, avez-vous des commentaires à
faire?
M. Rémillard: Vous me permettrez de présenter tout
simplement les gens qui m'accompagnent.
Le Président (M. Kehoe): Certainement.
M. Rémillard: À ma gauche, M. Claude Trudeau, chef
de la gestion des finances du ministère de la Justice du Québec,
et Mme Anne Lebel, de mon cabinet.
Le Président (M. Kehoe): Nous vous souhaitons la
bienvenue.
M. Rémillard: M. le sous-ministre Jacques Chamberland sera
probablement aussi avec nous un peu plus tard cet après-midi.
Le Président (M. Kehoe): Nous lui souhaiterons
également la bienvenue, M. le ministre, lorsqu'il arrivera.
M. Rémillard: Merci, M. le Président.
M. Filion: Je voudrais à mon tour souhaiter la bienvenue
au ministre de la Justice et à son équipe qui, sans nul doute,
sera sans cesse grandissante. Je voudrais le remercier de se prêter
à cet exercice démocratique où les parlementaires
cherchent à vérifier les dépenses, les engagements
financiers effectués par le gouvernement. Je suis convaincu que mes amis
d'en face ne se sentiront en aucune façon gênés pour
intervenir, poser les questions qu'ils jugent à propos. Il me fera
plaisir de leur donner la parole, M. le Président.
M. Rémillard: M. le Président, d'autres
fonctionnaires viennent de s'ajouter. Au fur et à mesure, comme vous
venez de le dire, je leur souhaiterai la bienvenue...
M. Filion: Si vous vouliez en faire une présentation
totale...
M. Rémillard: ...globale. M. Filion:
...globale.
M. Rémillard: Pour le moment, je pourrais souligner la
présence de M. Claude Lafrance, directeur du budget, et de M.
Laferrière, directeur des services judiciaires.
Le Président (M. Kehoe): Nous vous souhaitons la
bienvenue.
M. Filion: Bon.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taillon.
M. Filion: En ce qui concerne les engagements de décembre
1985...
Une voix: Un autre!
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Tout à l'heure, M. le
Président, je pourrai présenter l'ensemble de l'équipe,
lorsque tous y seront.
M. Filion: Voilà.
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Filion: Sinon, M. le Président, je serais tenté
de vous demander si la période de quatre heures est
réservée à la présentation.
Le Président (M. Kehoe): Ha, ha, ha! M. le
député de Taillon.
Décembre 1985
M. Filion: En ce qui concerne les engagements de décembre
1985, vous me corrigerez, M. le Président - je suis sûr
qu'après consultation auprès de la secrétaire vous aurez
la bonne réponse - comment se fait-il qu'en mars 1989 nous
étudiions les engagements financiers de décembre 1985? Je crois
me rappeler qu'ils avaient été oubliés dans la machine
à saucisse et c'est la raison pour laquelle ils reviennent
maintenant.
Le Président (M. Kehoe): L'explication est que cela a
été mis de côté pour une raison administrative et
cela revient sur le tapis.
M. Filion: D'accord. Je n'ai pas de question sur les engagements
de décembre 1985.
Le Président (M. Kehoe): Donc, les vérifications
sont terminées pour décembre 1985.
Une voix: Vérifié.
Le Président (M. Kehoe): Ils sont vérifiés.
J'appelle février 1988.
Février 1988
M. Filion: Février 1988, engagement 2. "Contrat pour
l'achat de 12 micro-ordinateurs 640K et une unité de copie", etc. Il
s'agit là d'un contrat négocié. Est-ce qu'il y a une
raison pour laquelle nous n'avons pas procédé par voie de
soumission dans ce cas-là? Est-ce que c'était le seul fabricant
de ce type de logiciel?
M. Rémillard: C'était parce qu'il fallait assurer
la compatibilité avec les autres équipements du ministère;
donc, on n'avait pas le choix, c'était la seule possibilité.
M. Filion: Est-ce que les logiciels sont en français?
M. Rémillard: Les logiciels sont dans la langue de travail
et la langue de travail - le député de Taillon le sait
très bien - évidemment, c'est le français, et ces
logiciels étaient en français.
M. Filion: Vous savez que les députés, entre
autres, à une certaine époque, ont reçu à leur
bureau de comté, à l'arrivée des machines de traitement de
texte, etc... Ce que l'avais reçu à mon bureau de comté -
cela a été corrigé par la suite - était en anglais.
C'est pour cela que je vous al posé la question, mais vous me rassurez.
Le ministre en connaît l'importance, finalement, parce qu'il y a des gens
qui passent toute la journée avec leur ordinateur. C'est comme un
collègue de travail, des fois plus, parce qu'il en sait pas mal. Il est
Important d'assurer cette communication dans la langue française. Cela
équivaut à parler français au travail. Cela va en ce qui
concerne l'engagement 2.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 2 étant
terminé, J'appelle l'engagement 3, de février I988. Avez-vous des
questions?
M. Filion: Non, je n'ai pas de question.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 3 étant
terminé, j'appelle l'engagement 63. Non, c'est le solliciteur
général.
M. Filion: Oui, il en manque, n'est-ce pas?
Le Président (M. Kehoe): Regardez à l'engagement
63, à la troisième page, le dernier article: ministère de
la Justice - II y a un montant de 49 460,04 $.
M. Filion: Oui, ce sont les tablettes.
Le Président (M. Kehoe): Oui. M. Filion: Les
étagères, cela va.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement est terminé.
J'appelle l'engagement 5 pour le mois de mare 1988.
Mars
M. Filion: Je vais vous poser la même question que
tantôt, M. le ministre. Il s'agit d'un "contrat pour l'achat de 30 000
cassettes audio (90 minutes) pour enregistrement des audiences lors
d'enquêtes et de procès". C'est la compagnie Sony du Canada,
Saint-Laurent, sauf que vous ne pourrez pas me répondre que c'est le
seul fournisseur compatible, parce que je suis convaincu qu'il y a beaucoup
d'entreprises qui peuvent fournir des cassettes audio pour l'enregistrement des
débats dans les palais de justice. Pourquoi donc avoir
procédé par contrat plutôt que par soumission?
M. Rémillard: Le service général des achats
a été obligé de négocier directement avec un
fournisseur, étant donné que la commande ouverte existante pour
ce produit ne correspondait pas techniquement aux équipements en place
dans nos palais. Seule la compagnie Sony du Canada avait en main le produit qui
répondait aux normes du ministère.
M. Filion: Qu'ont-elles de spécial les cassettes Sony? Il
y a un tas de compagnies qui fournissent des cassettes audio. L'enregistrement
dans les palais de justice est à peu près comme l'enregistrement
qu'on peut faire chez nous. Il y a un équipement, mais la cassette
elle-même est une cassette audio comme on en rencontre. 90 minutes, bon.
Si vous me dites que c'est une commande ouverte, peut-être qu'il y a un
contrat ouvert avec Sony, c'est ça? Que le ministère de la
Justice embarque dans le contrat, c'est peut-être autre chose.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, de fait, nous
allons avoir beaucoup de ces engagements financiers sur des questions
concernant l'informatique.
M. Filion: Ce n'est pas de l'informatique.
M. Rémillard: Bien, c'est de l'informatique, ce sont des
cassettes, c'est de l'enregistrement, ce sont tous ces aspects et j'ai cru bon
d'avoir avec nous un spécialiste qui va pouvoir répondre à
toutes ces questions techniques. C'est M. Laferrière qui est Ici, qui
est le directeur des services judiciaires et qui peut répondre, si vous
le permettez, M. le Président, à ces questions techniques
posées par le député de Taillon.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Kehoe): Oui, M.Laferrlère.
M. Laferrière (Michel): Au cours de cette période,
il y avait une commande ouverte qui a été faite par le service
général des achats. La commande ouverte a été
octroyée à la compagnie Urancia. Nous avons acheté 15 000
cassettes de la compagnie Urancia. Nous les avons testées et nous avons
eu un rejet de 70 % de ce type de cassettes sur commande ouverte. Il nous
était donc impossible de procéder à l'enregistrement des
débats judiciaires avec ce type de cassettes qui avait été
négocié par le SGA. C'est pourquoi nous avons dû aller en
commande ouverte auprès du SQA pour obtenir un autre type de cassettes
qui correspondait à nos besoins.
M. Filion: Quand vous dites commande ouverte, qu'est-ce que cela
veut dire?
M. Laferrière: C'est une commande qui est
négociée par le service général des achats et pour
l'ensemble des besoins de tous les ministères.
M. Filion: Est-ce à dire finalement que le service
général des achats du gouvernement achète d'autres
cassettes pour d'autres ministères? D'abord, il a acheté des
cassettes pas bonnes; c'est ce que vous me dites. Il a acheté des
cassettes Urancia qui ont été rejetées à 70 %.
M. Laferrière: Non, M. le député. C'est que
les systèmes d'enregistrement mécaniques des débats qu'on
utilise dans nos palais de justice ne répondent pas aux mêmes
normes techniques que celles des systèmes d'enregistrement de la voix
ordinaire, lorsque vous dictez notamment une lettre ou autre chose du genre. Ce
sont des équipements qui sont spécialisés. Ce sont des
équipements qui sont même modifiés sur le plan technique
pour répondre à une qualité d'enregistrement de beaucoup
supérieure à ce que l'on fait de manière
générale. Ce qu'il faut comprendre c'est que les besoins de la
magistrature et de la cour sont extrêmement spécifiques
là-dessus et on a élevé notre niveau de
spécifications techniques, de manière à pouvoir garantir
un enregistrement de qualité, de concert avec les besoins de la
magistrature.
M. Filion: Je comprends tout cela, M. Laferrière, mais ce
que je voudrais savoir, c'est comment il se fait qu'on se retrouve avec des
cassettes Sony. Il y a plusieurs autres sortes de cassettes. Il n'y a pas eu de
soumission ouverte et la qualité est un facteur important, je vous
l'accorde. Il y a d'autres sortes de cassettes qui peuvent, à moindre
coût, satisfaire les besoins des palais de justice.
M. Laferrière: Dans ce cas-ci - et ce que nous faisons
toujours, d'ailleurs - ce n'est pas nous qui choisissons le type de cassettes.
Nous appelons tout simplement au SGA et c'est le service général
des achats qui, de par son rôle, nous désigne la compagnie qui
pourrait satisfaire à nos besoins. Dans ce cas-ci, le SGA nous a
désigné la compagnie Sony.
M. Filion: Laquelle a été choisie par le service
des achats sans aucune forme de soumissions publiques.
M. Laferrière: II faudrait demander au SGA. Ce sont les
règles normales du service général des achats.
M. Doyon: Pour faire à moins de 1 $ la cassette... En tout
cas, je ne suis pas un expert, je regarde ça à l'oeil. Je
comprends le...
M. Filion: Ce n'est pas pour 1 $ la cassette, c'est juste pour
comprendre comment on procède.
M. Doyon: Je suis d'accord, mais on achète tous des
cassettes, et on n'en trouve pas à 1 $.
M. Rémillard: M. le Président, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, il s'agit quand même ici d'un
achat d'un produit que, pour répondre aux normes du ministère,
seule la compagnie Sony pouvait offrir. Alors, les normes étaient
là et c'est le genre de produit dont on avait besoin.
M. le Président, il faut comprendre que ces
négociations-là sont menées par le service
général des achats.
M. Filion: C'est noté dans l'engagement financier, bien
sûr. C'est la première chose qui me frappe l'esprit. Mais vous me
dites que la compagnie Sony est la seule qui puisse nous fournir ces cassettes.
Je sais que le ministère de la Justice a des normes. C'est
évident que cela prend une fidélité de reproduction la
plus élevée possible. Il y a des fois où tout le monde
parie en même temps; dans les palais de justice, c'est un peu comme au
Parlement. Des fois, il y en a qui parlent moins fort, d'autres plus fort,
etc., je n'en doute pas. Cela prend une norme de fidélité assez
élevée. Je suis surpris - non pas du côté du
ministre de la Justice - de voir que le service des achats du gouvernement vous
réfère à la compagnie Sony directement, parce que ces
achats vont se répéter. Combien de cassettes le ministère
achète-t-il par année, grosso modo?
M. Rémillard: Je me demande s'il faut discuter ici des
méthodes d'achat du service. Est-ce qu'il faut en discuter ici à
cette commission au moment où on regarde les engagements financiers? Je
pose tout simplement la question. Je sais qu'on a encore beaucoup de questions
qui doivent venir sur les engagements financiers du ministère, mais
est-ce qu'on doit s'interroger ici
sur les méthodes de fonctionnement du service
général des achats?
La Président (M. Kehoe): M. le ministre, je pense que ta
question est pertinente, comme telle, mais, si vous voulez prendre la question
sous réserve et prendre des informations auprès du service
général des achats pour donner une réponse au
député par la suite, libre à vous de le faire.
M. Rémillard: D'accord, M. le Président. Je suis
bien d'accord, mais est-ce que le député de
Taillon voudrait formuler sa question? Je vais en prendre bonne
note.
M. Filion: Oui, bien, écoutez, |e pose ma question
relativement à la situation, si on veut. L'idée est la suivante:
Ce n'est pas un achat qui est unique. C'est un achat qui va se faire sur une
base très récurrente, c'est-à-dire qu'on doit acheter une
quantité assez énorme de cassettes. On continuera à en
acheter au Québec pendant bien longtemps. Alors, j'ai idée que
cette somme, au bout de dix ans, va représenter un montant
considérable. Je m'inquiète du fait qu'on ne procède pas
par soumissions pour un achat qui va se répéter à
plusieurs reprises. Je voudrais savoir pourquoi le service des achats a
dirigé cette commande directement à Sony sans procéder par
une soumission publique.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, vous avez pris
bonne note de la question et vous allez fournir la réponse dans les
meilleurs délais?
M. Rémillard: Très bien, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): D'accord, on va procéder
à l'engagement 6 du mois de mars 1988. M. le député.
M. Filion: "Contrat pour l'achat de 384 toges de greffier selon
le devis technique de la
Direction générale des services judiciaires." Je n'ai pas
de question là-dessus.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 6 est
vérifié. L'engagement 7 du mois de mars.
M. Filion: J'ai une question. Est-ce que le mandat est
terminé?
M. Rémillard: Ce n'est pas encore terminé.
M.Filion: Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Kehoe): La vérification de
l'engagement 7 est terminée. Excusez-moi, M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Est-ce que je peux demander comment on a
procédé pour choisir Mme Nicole Trudeau-Bérard?
M. Rémillard: C'est la Commission des droits de la
personne qui décide de donner un mandat pour une enquête
spéciale. C'est la commission qui choisit l'enquêteur.
M. Sirros: J'Imagine selon ses... M. Rémillard:
Selon ses critères...
M. Sirros: ...critères et selon le dossier en
question.
M. Rémillard: ...et selon l'expertise de l'enquêteur
par rapport à l'enquête à faire, etc.
M. Sirros: Merci, M. le Président.
M. Rémillard: L'engagement 7 du mois de mars est
vérifié. Je procède à l'engagement 9 du mois de
mars 1988.
M. Filion: Arrêtez-vous un peu sur cela, M. le ministre, ne
serait-ce que pour parfaire mon éducation. Il s'agit d'une subvention
à la municipalité de Montréal-Nord représentant une
contribution du ministère au financement de la Cour municipale. Est-ce
que le ministère de la Justice finance toutes les cours municipales?
M. Rémillard: Non. Voici, M. le Président.
M. Filion: C'est la première fois que je le vois en tout
cas. (15 h 45)
M. Rémillard: Alors, ce qui est important de comprendre
dans le cas de la Cour municipale de Montréal-Nord, c'est qu'elle
représente un cas particulier parce que le juge y détient la
juridiction en matière criminelle, en vertu d'une décision
gouvernementale. C'est en 1972 qu'a été décidé de
donner à la Cour municipale de Montréal-Nord cette juridiction en
matière criminelle. C'est plutôt en 1974, excusez-moi. De plus, le
juge exerce sa fonction à temps plein. Ce qui veut dire que cette
juridiction s'apparente à toutes fins utiles à celle des cours
municipales de Montréal, de Laval ou de Québec et les chartes,
dans le cas de ces villes, les obligent à verser à leur juge un
traitement équivalent à celui des juges de la Cour
supérieure, excusez-moi, de la Cour du Québec. Afin d'aider au
maintien de cette Cour municipale, le ministère de la Justice a donc
versé, depuis 1974, une contribution annuelle à la
municipalité de Montréal-Nord. Ces sommes versées à
la municipalité ont pour but de rapprocher le traitement du juge
municipal de cette cour de celui des juges de la Cour du Québec.
M. Filion: Pourtant, le gouvernement ou le ministère de la
Justice ne finance pas les cours municipales de Montréal, de Laval ou de
Québec.
M. Rémillard: Non, on ne finance pas ces cours. Ce sont
les villes qui les financent directement.
M. Filion: Le traitement des juges municipaux de Montréal,
de Laval ou de Québec, sauf erreur, se rapproche du traitement des juges
de la Cour du Québec. Pourtant, le ministère de la Justice ne
verse pas de montant à ces cours. Pourquoi en verserait-il à
Montréal-Nord?
M. Rémillard: Dans le cas des juges qui dépendent
des villes à charte, c'est déterminé par les chartes. Dans
ce cas-ci, comme c'est une décision gouvernementale, le gouvernement a
jugé bon d'aider la ville pour payer environ 80 % du salaire d'un juge
de la Cour du Québec. Cela se fait depuis 1974. Ce n'est rien de
nouveau, M. le Président, ça existe depuis 1974.
M. Filion: Qui est juge à Montréal-Nord?
M. Rémillard: C'est M. le juge Bilodeau, Me Georges
Bilodeau.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Kehoe): La vérification de
l'engagement 9 est terminée. J'appelle l'engagement 10 du mois de mars
1988.
M. Filion: L'engagement 10 est pour un centre d'aide aux victimes
d'actes criminels. C'est une subvention de 25 000 $ au YMCA de Montréal.
J'aimerais savoir combien il y a de centres d'aide aux victimes d'actes
criminels actuellement en fonction?
M. Rémillard: Le premier de ces centres a
été créé ici à Québec, au YMCA de
Québec. Devant le succès de cette première
expérience, on a décidé d'ouvrir un autre centre d'aide
aux victimes d'actes criminels, à Montréal. Il y a
présentement deux de ces centres qui font un travail tout à fait
remarquable. Je crois que c'est une expérience qui devrait
s'étendre sur le territoire québécois. Nous voulons faire
en sorte que, dans un avenir prochain, Rimouski, Chicou-timi et Hull aient
aussi des centres d'aide aux victimes d'actes criminels. Deux projets sont
actuellement en préparation pour l'implantation de ces centres en 1989,
à Trois-Rivières et à Longueuil, M. le
député de Taillon. Ce sont des projets qui devraient se
réaliser en 1989.
Ce sont des centres qui font un travail remarquable...
M. Filion: Non, là-dessus, ça va.
M. Rémillard: ...et je pense que, de plus en plus, on vise
à améliorer les services qu'on peut rendre. J'ai rencontré
à plusieurs reprises les gens de ces centres et je crois qu'il faut
absolument que l'on puisse établir de tels centres partout au
Québec.
M. Filion: II y a là un petit problème, M. le
Président. Votre prédécesseur - je ne vous en blâme
pas, vous n'étiez pas là - ... Nous avons adopté une loi
là-dessus avec fanfare, trompettes, orchestre; c'était presque un
souper dansant, c'était complet. Le député de D'Arcy McGee
nous partait à ce moment-là, soit l'an dernier, de 30 centres
d'aide aux victimes d'actes criminels. On se souviendra de toute la
publicité que le gouvernement avait faite à ce sujet, où
l'on disait qu'on donnait la priorité à la victime, etc. Mais
là, environ un an plus tard - peut-être cela fait-il plus d'un an
- le ministre nous dit qu'il y en a deux d'ouverts - on a des projets - et
qu'ils reçoivent des subventions de 25 000 $, ce qui est beaucoup moins
que ce que le ministre de la Justice de l'époque nous avait dit. Cela
m'inquiète, M. le ministre. Ces 25 000 $ paient quoi exactement? Est-ce
que ce montant pale un salaire ou une partie d'un salaire?
M. Rémillard: Dans un premier temps, M. le
Président, il faut dire qu'il y en a présentement deux qui sont
en fonctionnement et qu'il y en a cinq sur le point d'ouvrir, dont celui de
Longueuil, ce que j'ai mentionné tantôt au député de
Taillon.
M. Filion: Avant les élections?
M. Rémillard: Maintenant, je veux dire qu'il est aussi
important de bien comprendre le rôle de ces centres et d'améliorer
autant que nous le pouvons les services que ces centres peuvent offrir. Alors,
c'est une expérience relativement jeune et je crois qu'au fur et
à mesure nous pourrons étudier et évaluer leur
fonctionnement et y apporter des amélioration considérables.
D'autre part, je vous donne l'exemple du centre de Montréal qui,
dès le 1er avril prochain, sera détaché du YMCA et
constitué en organisme autonome parce que, justement, nous croyons qu'il
est important qu'un tel organisme ait comme seul et unique objet l'aide aux
victimes d'actes criminels, qu'il y ait vraiment une distinction des
organismes. Il peut y avoir relation étroite, coopération,
interaction sous de nombreux rapports entre les deux organismes, mais on a
réalisé qu'il était important qu'on puisse avoir deux
organismes distincts. C'est donc là aussi une expérience dont il
faudra tenir compte pour l'implantation d'autres centres partout au
Québec.
Tout cela pour vous dire, M. le Président, qu'il faut qu'on
puisse étendre ces centres sur tout le territoire du Québec.
Cependant, ce qui est intéressant, c'est qu'il faudra faire en sorte, au
fur et à mesure que nous développerons cette expertise, que nous
puissions améliorer leur travail et finalement les rendre encore plus
efficaces pour offrir les meilleurs services aux victimes d'actes
criminels.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, quand vous parlez
d'une somme de 25 000 $, s'agit-il d'une somme destinée au personnel,
à la location des lieux? Est-ce que le personnel est constitué de
bénévoles, de professionnels? Qui travaille dans ces centres?
M. Rémillard: D'abord, vous savez, M. le Président,
qu'il s'agit en très grande majorité de travail
bénévole dans ces centres. Alors, ces 25 000 $ sont donnés
à un conseil d'administration qui les administre; Us peuvent être
utilisés à différentes fins pour l'administration du
centre. Mais, ce qu'il est important de bien comprendre, c'est que ce sont des
centres où les gens vont travailler bénévolement parce
qu'ils veulent aider leurs semblables, qui sont des victimes d'actes criminels.
Je voudrais rendre hommage à ces gens, M. le Président, parce
qu'ils font un travail tout à fait remarquable.
Le Président (M. Kehoe): Quand vous parlez de semblables,
est-ce que vous voulez dire que ce sont des ex-détenus, des
professionnels, des travailleurs sociaux? Qui sont les bénévoles
qui travaillent normalement dans ces centres? Ce ne sont pas des avocats qui
fournissent des informations...
M. Rémillard: M. le Président, les
bénévoles qui travaillent dans ces centres sont des citoyens et
des citoyennes qui veulent aider leurs semblables et qui décident de
s'impliquer dans ces centres parce qu'ils croient que les victimes d'actes
criminels doivent être aidées. Les subventions gouvernementales
qui peuvent varier de 27 000 $ à 55 000 $ sont des subventions qui sont
administrées par chaque centre pour que les services soient rendus avec
le plus d'efficacité possible. Mais c'est important de revenir sur le
fait que ce sont des bénévoles qui travaillent dans ces centres.
Je pense que nous devons rendre hommage à ces bénévoles
qui font un travail remarquable. Il y a beaucoup de victimes d'actes criminels
qui se retrouvent dans des situations très difficiles. On l'a vu par les
expériences que nous avons faites depuis quelques années, ces
centres font un travail remarquable auprès de ces victimes d'actes
criminels.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, est-ce que votre
ministère a l'intention d'Implanter ces centres dans des palais de
justice? C'est rattaché actuellement à l'administration de la
justice, J'Imagine. Dans l'ensemble, où vont-ils être
établis, surtout dans les districts autres que Montréal et
Québec?
M. Rémillard: Je ne crois pas qu'il serait souhaitable que
ces centres soient situés dans les palais de justice. Il ne s'agit pas
d'une question judiciaire, quasi judiciaire ou reliée directement
à la justice. Il s'agit d'une question avant tout humanitaire. Il s'agit
de gens qui ont été victimes d'actes criminels et qui doivent
être aidés pour surmonter certaines difficultés qui sont
des conséquences directes d'actes criminels dont ils ont
été victimes. Dans ce contexte, M. le Président, je ne
favoriserais pas, comme ministre, que ces centres soient établis dans
les palais de justice. Je préfère de beaucoup qu'ils soient en
contact avec des organismes sociaux, tels le YMCA ou d'autres, et qu'ils soient
en contact et dans le courant des organismes socio-économiques et
culturels qui permettent une meilleure intégration, à tous les
niveaux, de ces personnes qui sont victimes d'actes criminels et qui ont besoin
d'aide.
M. Filion: J'ajouterais, M. le Président, que dans
beaucoup de palais de justice il existe quand même des services
d'accueil, d'orientation, etc. Je vais poser la question suivante au ministre.
Il n'était pas là, évidemment, quand on a adopté la
loi. Il n'était pas là quand la campagne de publicité du
ministère de la Justice a eu lieu. Il n'était pas là lors
de la tournée de l'ex-ministre portant précisément sur les
victimes d'actes criminels. Combien cela a-t-il coûté?
Peut-être que, sans avoir le chiffre sous la main, on a un ordre de
grandeur. Combien ont coûté la campagne de publicité et la
tournée de consultation et de promotion du prédécesseur du
député de Jean-Talon? L'ordre de grandeur?
M. Rémillard: Je me suis adressé à M. le
sous-ministre qui me dit que je ferais mieux de prendre avis de la question
pour vous apporter les réponses les plus complètes possible.
M. Filion: D'accord. L'idée est la suivante, M. le
ministre. Il y a eu un gros battage publicitaire autour de cela. Votre
prédécesseur s'est rendu dans à peu près toutes les
régions du Québec. Il y a eu une campagne de publicité.
Des dépliants ont été faits, aux communications, je pense,
du ministère de la Justice. Il y a eu beaucoup de choses de faites. Je
dois vous dire qu'à l'époque, de ce côté-ci, nous
étions fort heureux de voir qu'on cherchait à donner la
priorité aux traitements faits aux victimes d'actes criminels, mais
force est de constater maintenant, en mars 1989, qu'on se retrouve - croyez-le
ou pas - avec deux subventions, deux fois 25 000 $, j'ai l'impression, une de
25 000 $ au YMCA de Québec et une de 25 000 $ au YMCA de
Montréal, donc 50 000 $. C'est l'argent qui sert véritablement
à quelque chose sur le terrain. Alors que, juste en promotion -
j'emploie le mot dans son terme le plus large - je dois vous dire que cela a
dû coûter au gouvernement beaucoup plus de 50 000 $. (16
heures)
M. Rémillard: M. le Président, je crois qu'il est
quand même Important de bien comprendre qu'ici nous parlons de centres
pour les victimes d'actes criminels et qu'il ne faut pas confondre
avec la publicité et le programme concernant la violence
conjugale.
M. Filion: Non. Bien non!
M. Rémillard: II a fait, je crois... Les deux ont
été faits...
M. Filion: Je suis capable de faire la différence entre
les deux.
M. Rémillard: De toute façon, on va le
vérifier.
Mme Bleau: Ce sont les mêmes femmes.
M. Rémillard: Ce que je veux dire au député
de Taillon, c'est qu'il y a eu aussi toute cette publicité concernant la
politique gouvernementale sur la violence conjugale.
M. Filion: Oui, oui.
M. Rémillard: Je vais rendre hommage à mon
prédécesseur, le député de D'Arcy McGee, qui a fait
un travail tout à fait exceptionnel dans tous les cas qui impliquent la
violence conjugale et qui impliquent aussi l'aide que nous devons apporter aux
victimes d'actes criminels. L'action gouvernementale qu'il a dirigée en
ce qui regarde la violence conjugale a été très efficace,
et je sais que le député de Taillon sera le premier à
l'accepter. Il y a eu des résultats très concrets et, tous les
jours, nous voyons au ministère de la Justice, par des services que nous
avons, comme S.O.S. Violence conjugale ou la formation de nos procureurs - les
policiers ont aussi été formés - que, maintenant, la
violence conjugale, ce n'est plus une question familiale dans laquelle on ne
veut pas s'immiscer. La violence conjugale, c'est criminel et, par
conséquent, on agit et on fait en sorte de protéger le conjoint
qui est violenté, et on sait qu'habituellement c'est une question qui
concerne la femme. Dans ce cas, M. le Président, je veux simplement dire
au député de Taillon que nous allons faire les
vérifications qui s'imposent, mais je voudrais souligner qu'il y a eu
aussi toute cette campagne concernant la violence conjugale pour que la
population connaisse bien le programme gouvernemental sur la violence
conjugale, pour la sensibiliser et pour qu'elle puisse avoir l'avantage
d'utiliser ce programme gouvernemental.
M. Filion: Pendant que le ministre évoque ce dossier de la
violence conjugale - je fais la différence entre les deux, bien qu'une
victime de violence conjugale est aussi une victime d'actes criminels; je pense
qu'il peut en être assuré - puisqu'il évoque lui-même
ce dossier, il y avait une deuxième phase prévue, justement, en
termes de campagne de publicité relativement à la violence
conjugale. Aux dernières nouvelles, en tout cas à
l'époque, il y a environ neuf mois, cette deuxième phase avait
été mise de côté à cause du trop grand
succès de la première, notamment parce que les centres de femmes
n'avaient plus d'argent pour recevoir une clientèle de plus en plus
grandissante. Est-ce que le ministre peut nous dire s'il y a une
deuxième phase prévue à court ou moyen terme pour
dénoncer la violence conjugale?
M. Rémillard: II y a eu, de fait, une première
phase de publicité qui a été particulièrement
efficace et qui a permis de sensibiliser la population. On s'est aperçu
que l'action du gouvernement répondait, de fait, à un réel
besoin, de par les contacts que nous avons eus directement avec ces femmes qui
avaient à subir la violence de leur conjoint et aussi avec les
professionnels qui sont directement en contact avec ces femmes qui sont
violentées par leur conjoint. On s'est aperçu que la politique
gouvernementale venait combler là un besoin évident. Par la
réaction que nous avons eue, il est donc évident que nous devons
développer ces programmes et leur donner le maximum de publicité
et d'impact pour que la population puisse s'y référer et avoir le
bénéfice du programme. Il y a donc eu une première phase
de publicité qui a été concluante, M. le Président.
Présentement, un comité est formé - il existe
déjà depuis un bon bout de temps - pour évaluer les
résultats d'une première application du programme gouvernemental
et nous allons aussi procéder, dans un avenir prochain, à une
deuxième phase de publicité dans la mesure où nous
pourrons la faire probablement avec des correctifs, avec les ajustements qui
s'Imposent à la suite de l'expérience de la première
phase.
J'ai eu l'occasion de rencontrer, justement lundi dernier, des
représentants des organismes de prise en charge, si vous voulez, d'aide
aux hommes violents et aux conjoints violents - eux aussi sont impliqués
lorsqu'on parle de violence conjugale - qui font aussi un travail tout à
fait remarquable. Je leur ai donné leurs subventions et ils m'ont
expliqué le travail qu'ils doivent faire. Ils ont besoin encore de plus
de sous; je les comprends. Ils peuvent faire encore plus. On va travailler
ensemble pour qu'ils puissent faire plus encore parce qu'il y a un réel
besoin qui est là. Ce qui est intéressant, c'est de pouvoir
travailler en étroite collaboration avec tous les organismes
impliqués, que ce soit les centres qui sont là pour les victimes
d'actes criminels, que ce soit aussi tous les programmes que nous avons
concernant la violence conjugale, incluant aussi les hommes violents.
Alors, tous ces programmes doivent être vus dans leur ensemble et
pouvoir, si vous voulez, être en étroite relation, en
interrelation, pour avoir un maximum d'efficacité. Comme ministre, c'est
ma grande préoccupation pour le moment. J'ai rencontré les
dirigeants de ces organismes et je prévois faire une table de
concertation parce que nous avons beaucoup à apprendre des
expériences de chacun des groupes pour que l'action que vous
voulons mener d'une façon globale soit la plus efficace possible.
M. Filion: M. le Président, je prends bonne note qu'il y
aura, si j'ai bien compris, une deuxième phase de publicité. Je
voudrais simplement signaler ceci au ministre. Dans le dossier de la violence
conjugale, cette publicité est très bien. Je trouve
également intéressant l'Initiative d'un certain groupe visant
à traiter le problème à la source, entre guillements,
c'est-à-dire traiter les hommes violents, bien qu'il faille accorder nos
ressources d'abord aux victimes, bien sûr. Donc, Je voudrais attirer
l'attention du ministre sur, s'il m'écoute...
M. Rémillard: Oui.
M. Filion: Donc, je voudrais attirer l'attention du ministre sur
le sous-financement des maisons de femmes. Je pourrais vous parler de certains
cas bien concrets sur la rive sud de Montréal, en
Montérégie. Je suis convaincu que mes collègues
également en connaissent dans leur région. L'idée est la
suivante. Cette première campagne de publicité a amené une
demande énorme. Bien qu'il y a des hommes qui sont victimes de violence
aussi, il y a beaucoup de femmes en particulier, par la force de la nature -
elles disent qu'elles sont plus nombreuses à être victimes - qui
vivaient leur situation, isolées, sans trop comprendre que ce
n'était pas normal de se faire violenter par son époux. À
cause de tout le mouvement de conscientisation dans le public en
général, les articles dans les journaux, les médias, la
campagne de publicité, ces femmes ont pris conscience de leur situation.
Elles sont allées chercher de l'aide - elles ne vont pas à la
police - auprès des maisons de femmes, mais les maisons de femmes ne
peuvent plus les accueillir parce qu'elles n'ont pas de sous. C'est ça
la situation. En tout cas, sur la rive sud de Montréal, je peux vous
dire que c'est la situation. J'ai vu une maison de femmes également
à Montréal, iI n'y a pas tellement longtemps, où c'est
exactement la même situation. Elles n'ont pas les ressources. Donc,
j'attire l'attention du ministre sur le fait qu'il est nécessaire de
donner suite, si l'on veut, à cette politique concernant la violence
conjugale en faisant en sorte que le financement des maisons des femmes - je
sais que ça ne relève pas de sa juridiction - soit
adéquat.
Cela dit, si le ministre veut prendre note de ma question en ce qui
concerne la tournée de l'ex-ministre, que Je formule d'une façon
précise: Combien a coûté toute la promotion du dossier des
victimes d'actes criminels, y inclus la tournée ministérielle, en
excluant - et, là. je suis très précis - tout le dossier
de la violence conjugale qui est lui-même bien précis? C'est ma
question, si c'est possible. Je sais que ça ne pourra peut-être
pas être précis et, sûrement, M. le Président, je
serai satisfait d'un chiffre approximatif.
M. Rémillard: M. le Président, j'ai dit que je
prendrais avis de la question du député de Taillon.
M. Filion: Peut-être pour les crédits, oui. Il n'est
peut-être pas nécessaire d'en prendre avis...
Oui, prenez-en avis; on aura, à ce moment-là, une
réponse et on prendra moins de temps aux crédits.
M. Rémillard: On pourra vous donner une réponse.
Quant à la remarque du député concernant les maisons des
femmes, je sais que ma collègue, la ministre de la Santé et des
Services sociaux, est particulièrement aussi sensible à cette
situation et qu'elle a à coeur de donner à ces maisons des femmes
tous les moyens nécessaires pour aider les femmes qui sont dans des
situations difficiles. Lorsqu'on parie de violence conjugale, M. le
Président, lorsqu'on parie de la situation des femmes dans la violence
conjugale, je crois que ce qu'il faut bien comprendre dans tout ça,
c'est qu'il faut prendre les moyens nécessaires pour mettre fin à
la dépendance des femmes face à leur conjoint, et c'est souvent
là un élément Important de cette violence conjugale que
les femmes doivent supporter. Très souvent, la femme est
violentée, elle est l'objet de sévices et de violence de la part
du conjoint et elle est, malheureusement, dans une situation économique
où elle ne peut pas partir; elle ne peut pas avoir sa vie propre parce
qu'elle n'a pas les moyens économiques de l'avoir.
Je souligne au député de Taillon que nous aurons à
discuter incessamment d'une loi importante en ce sens, la loi sur le patrimoine
familial, sur le droit économique des conjoints. C'est une loi qui sera
Importante parce qu'elle nous permettra de créer ce patrimoine commun
aux époux qui ont une vie commune et qui ont donc droit à un
partage équitable du patrimoine accumulé pendant la vie des
conjoints ensemble. Par conséquent, ce sera aussi une loi importante
pour mettre fin à cette dépendance de la femme face à son
conjoint et cela pourrait aussi avoir une conséquence sur la situation
que vivent bien des femmes violentées, victimes de violence conjugale,
qui ne peuvent pas réagir parce qu'elles n'ont pas les moyens
économiques de le faire. Là aussi, ce sera un
élément important.
Comme je le mentionnais tout à l'heure au député de
Taillon, iI ne faut pas voir Isolément les programmes qui s'adressent
soit aux victimes d'actes criminels, soit aux hommes violents, soit aux femmes
qui vont à ces maisons des femmes, par exemple S.O.S. Violence conjugale
ou les services que nous offrons dans ce domaine, mais les voir dans leur
ensemble pour qu'on puisse avoir un maximum d'efficacité.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le
ministre. Je comprends que la vérification de l'engagement 10 du
mois de mars est terminée.
M. Filion: Voilà.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle maintenant l'engagement
18 du mois de mars 1988. Est-ce qu'il y en a un autre avant celui-là?
Juste un instant.
M. Filion: C'est l'engagement 25. Il y a les engagements 15 et 16
aussi. Vous pouvez les faire dans l'ordre que vous voulez.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 25, le
deuxième montant à Justice. Il y a Relations internationales,
Justice et Commerce extérieur.
M. Rémillard: Excusez-moi, M. le Président...
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 25 de mars 1988.
(16 h 15)
M. Filion: L'ordre dans nos feuilles n'est pas le même que
celui dans votre cahier. Je pense qu'à ce moment-là il vaut
peut-être mieux procéder dans l'ordre, M. le Président.
Comme vous voulez. Vous appelez l'engagement 25.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 25. M. le
ministre.
M. Filion: D'accord. L'engagement 25.
Le Président (M. Kehoe): II y a un montant de 20 000 $
à la Justice.
M. Filion: "Subvention conjointe à titre d'aide
financière devant permettre la mise sur pied du Centre d'arbitrage
commercial national et International du Québec."
M. Rémillard: M. le Président, je crois qu'il est
particulièrement intéressant de souligner que le Centre
d'arbitrage commercial national et international du Québec qui a son
siège social ici, à Québec, sur la Grande-Allée,
fait déjà beaucoup de travail pour développer cette
nouvelle approche, cette nouvelle philosophie de règlement de litiges
par un arbitre en matière commerciale. Nous savons que, depuis à
peine deux ans, il y a dans notre Code civil la possibilité de cet
arbitrage qui permet à des parties, au lieu de se référer
à la justice traditionnelle et au processus judiciaire formel, de se
référer à un arbitre, de s'engager à respecter la
décision de l'arbitre. Le processus est plus rapide, il est aussi
beaucoup moins onéreux. Il est aussi discret, II est efficace et il
permet aux justiciables d'avoir souvent accès à la justice d'une
meilleure façon et à des meilleures conditions, surtout
lorsqu'ils doivent faire face à l'admi- nistration publique. Cet
arbitrage peut se faire entre deux parties privées, mais il peut se
faire aussi entre une partie privée et une partie gouvernementale,
publique ou parapublique. Je me souviens, comme avocat quand J'étais en
pratique ou comme professeur d'université, j'avais des clients qui
étaient, en vertu d'un contrat gouvernemental, aux prises avec des
discussions difficiles concernant l'application de ce contrat. Ce
n'était pas toujours facile, parce que, il faut bien le dire, le
gouvernement a bien des moyens. Il a d'excellents avocats à sa
disposition, il a des moyens que, souvent, le petit entrepreneur, le citoyen
n'a pas et cela amène souvent à une situation très
difficile. Il est difficile de penser qu'un simple citoyen qui a une entreprise
qui peut être florissante, qui a un contrat avec le gouvernement, qui se
trouve tout à coup devant une difficulté d'application de son
contrat et qui veut faire valoir ses droits se retrouve avec un gouvernement
qui, avec ses avocats, peut aller jusqu'en Cour suprême. C'est le droit
de l'État, c'est même le devoir de l'État de faire valoir
l'intérêt public. Mais le justiciable, le chef de cette
entreprise, le propriétaire de cette petite entreprise peut trouver
là une situation très difficile. L'arbitrage est
intéressant. Plusieurs de mes collègues sont
particulièrement sensibles à cette possibilité
d'arbitrage. Par exemple, le ministre des Transports et responsable du
Développement régional est particulièrement sensible
à cette possibilité d'arbitrage et il le favorise dans les
contrats qu'y peut faire. Cela permet donc d'avoir une justice qui est
accessible, qui est facilement applicable et qui est plus rapide pour nos
entreprises, qui se fait donc pour le bénéfice de tous.
Je veux saluer l'excellent travail que fait le Centre d'arbitrage
commercial national et international du Québec, sous la direction du
professeur Nabil Antaki, de l'Université Laval, un éminent expert
en droit commercial et en arbitrage commercial national et international. Il a
à exercer sa profession d'arbitre et de juriste un peu partout dans tous
les pays. Il nous permet ici au Québec, et à Québec en
particulier, de bénéficier de son expertise en permettant
d'accueillir des personnalités du monde entier qui viennent ici,
à Québec, pour ces arbitrages et aussi pour la formation. M. le
Président, je voudrais aussi mentionner que le Centre d'arbitrage
commercial national et international du Québec, qui a son siège
social à Québec, fait aussi la formation des arbitres. Il permet
à nos avocats - il ne faut pas nécessairement être avocat
pour être arbitre - il permet à nos Québécois
d'acquérir une formation pour être arbitres. C'est aussi un
élément très important. Je veux saluer le travail
excellent qui est fait sous la direction du professeur Nabil Antaki et du
secrétaire de ce centre, M. André Bruneau.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'engagement est
terminé?
M. Filion: Non.
Le Président (M. Kehoe): Non.
M. Filion: D'ailleurs, je n'ai pas encore posé de
questions.
Le Président (M. Kehoe): Mais vous avez parlé, par
exemple, c'est plus important.
M. Filion: Je n'ai pas dit un mot sur cet engagement, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Bon. Allez-y.
M. Filion: Je connais l'attachement du ministre pour le Centre
d'arbitrage commercial et iI connaît également le mien. À
ses propos j'ajouterais cependant deux commentaires et une réserve
très sérieuse, je devrais dire un commentaire et deux
réserves très sérieuses. Le premier commentaire: II existe
à coup sûr, actuellement, un peu partout en Amérique du
Nord, une tendance très lourde vers l'arbitrage sous toutes ses formes.
Des justiciables en général, des corporations trouvent que la
justice est lente, que les avocats coûtent cher, qu'on passe beaucoup de
temps dans les "guidis" sans traiter du coeur du problème. Beaucoup de
corporations ont quand même besoin de trancher un litige et devraient, et
doivent en référer de plus en plus souvent à un mode
d'arbitrage. D'ailleurs, c'est tellement vrai, et je lisais - je pense que
c'est dans le Times ou le Newsweek, peu importe - un article
absolument passionnant: aux États-Unis, un avocat californien a
démarré un système qui va tellement loin... Le titre de
l'article était "Rent a judge". C'est une forme d'arbitrage, bien
sûr. Louez un juge, venez chez nous pour louer un juge qui va entendre
votre dossier dans les plus brefs délais, qui va rendre une
décision qui ne sera pas susceptible d'appel et à laquelle les
deux parties vont accepter de se conformer. Cet avocat californien rencontre un
succès tellement inespéré que sa firme d'avocats a
été transformée en firme de louage de juges. Il y a
beaucoup de choses là-dedans. Il y a beaucoup d'éléments
qu'il faut analyser. Il faut d'abord que notre système judiciaire fasse
son autocritique et constate que, si cela continue ainsi, si les délais
et les coûts sont ce qu'ils sont, il y a un problème. Les avocats
doivent également s'interroger - ils ont commencé à le
faire d'une façon sérieuse au Barreau - sur le fait que cela
coûte cher pour savoir qui a raison, et tellement cher qu'à un
moment donné cela devient paralysant, d'autant plus, on le sait, que le
nombre de litiges, en particulier aux États-Unis, mais aussi au
Québec, est tellement grand qu'il ralentit, en plus, la création.
Dans le Scientific American d'il y a quelques mois, on racontait comment le
nombre de poursuites judiciaires empêche les créateurs, les
inventeurs de mettre sur pied des nouveaux produits ou des nouvelles formules
parce qu'ils ont peur de s'exposer à des poursuites judiciaires, alors
que, s'ils s'en tiennent à des vieilles méthodes, ils sont
à l'abri des poursuites parce qu'ils connaissent la jurisprudence. Donc,
on a là une espèce de courant extrêmement puissant qui
s'est développé, mais qui va aller en s'accélérant
et qui devrait mener à une autocritique de la part du système
judiciaire et mener, bien sûr, à ce que j'appelais cette tendance
lourde à l'arbitrage. En ce sens, il faut saluer au plus haut point la
création au Québec du Centre d'arbitrage commercial national et
international et il faut saluer les efforts du professeur Antaki. Je pense
qu'il faut souligner les efforts gouvernementaux qui ont été
faits pour l'appuyer.
Et, là, je tombe dans les deux réserves suivantes: la
première, c'est que le gouvernement du Québec donne 100 000 $. Je
vais vous dire mon impression, M. le ministre: c'est insuffisant. Vancouver et
Toronto, Vancouver en particulier et Toronto également, puisqu'on ne
parie que du Canada, ont mis sur pied des centres d'arbitrage international
extrêmement bien organisés. Ma crainte, c'est qu'on manque le
bateau, notamment en ce qui concerne l'arbitrage International. Pour
l'arbitrage québécois, bien sûr, les gens vont faire
affaire avec le centre québécois. Sur le plan canadien, quand on
pense dans un contexte de libre-échange en plus de cela et, au nombre de
litiges internationaux de nature économique qui va, bien sûr,
augmenter, j'ai peur qu'on manque le bateau dans ce sens-là. Ma
première réserve, J'invite le ministre à poursuivre ses
efforts dans ce sens et peut-être même à
accélérer l'aide financière au Centre d'arbitrage
national. Je sais que c'est un collègue ou, en tout cas, une
connaissance du ministre qui, je pense, à l'Université Laval,
dirige ce centre, Me Antaki. II s'agit là d'une initiative tout à
fait louable qui doit être vigoureusement appuyée par le ministre.
C'était ma première réserve.
Ma deuxième réserve est plus grave un peu en ce sens que
j'ai entendu les propos du ministre quand il nous a dit: J'ai invité mon
collègue, le ministre des Transports... Vous avez mentionné, |e
pense, un autre collègue?
M. Rémillard: C'est le même, M. le Président,
qui est responsable du Développement régional.
M. Filion: C'est le même bon ministre responsable du
Développement régional, à faire en sorte, avez-vous dit,
d'utiliser...
M. Rémillard: D'utiliser le plus possible dans ses
contrats...
Une voix: Des clauses d'arbitrage...
M. Filion: II y a un problème, M. le ministre. Le
problème, c'est le conflit d'intérêts. Le gouvernement,
d'un côté, subventionne un centre
d'arbitrage, et ce sont des arbitres qui n'ont pas l'indépendance
des juges; de l'autre côté, le gouvernement fait appel au centre
d'arbitrage. Je vous invite, en tout cas, à y réfléchir,
si ce n'est déjà fait, pour éviter le conflit
d'intérêts. Encore une fois, les arbitres n'ont pas le même
statut que les juges. Les arbitres, par définition, ne font pas que de
l'arbitrage.
Une voix: Ils sont sur une liste de rappel.
M. Filion: Oui, c'est cela. On fonctionne par liste et on a
besoin de tel arbitre, etc. Il faudrait être prudent. Je ne dis pas que
le gouvernement ne devrait pas chercher, dans certains cas et dans ses propres
litiges, à faire appel à une forme d'arbitrage, mais je pense
qu'il faudrait être prudent avant de requérir les services d'un
arbitre qui, via le centre d'arbitrage d'ici... Je m'Inquiète, M. le
ministre, du possible conflit d'intérêts. Même si c'est de
l'arbitrage, il faut quand même qu'on puisse avoir le maximum de
garanties que la Justice qui en découlera en sera une qui, non seulement
sera neutre, mais qui paraîtra l'être également. Ce n'est
pas un problème facile. Peut-être que le ministre a
déjà réfléchi à cette question.
M. Rémillard: Oui, M. le Président.
M. Filion: Voilà mes deux réserves et mon
commentaire.
M. Rémillard: M. le Président, l'arbitrage est, en
fait, une nouvelle philosophie et le député de Taillon se
référait à des articles qui ont paru sur
l'évolution de cette nouvelle philosophie, cette nouvelle approche de la
justice. Il se référait à des articles qui ont paru dans
des revues américaines. Dans le monde industrialisé, de plus en
plus, on voit ces articles qui sont des conséquences directes à
ce désir des contribuables d'avoir le meilleur accès possible
à la justice aux meilleures conditions possibles. Il ne faut pas mettre
de côté le processus judiciaire formel. Bien au contraire, nous
avons un très bon processus judiciaire formel, c'est-à-dire
devant un juge, une cour de justice, en appel aussi et jusqu'en Cour
suprême canadienne. Nous avons une magistrature particulièrement
compétente. Donc, nous pouvons être fiers de notre système
judiciaire. Le système judiciaire fait son travail comme il doit le
faire et aussi, je dirais, dans un à-côté en ce qui regarde
le droit commercial, on a cette possibilité de développer ce
recours par des parties à un arbitre. (16 h 30)
J'aimerais insister, M. le Président, sur un aspect, c'est qu'il
s'agit d'une décision qui est consensuelle, c'est-à-dire que ce
sont les deux parties qui décident de faire appel à un arbitre.
Le député de Taillon me disait: Attention, le gouvernement
subventionne le centre d'arbitrage et il met ensuite dans ses contrats une
clause d'arbitrage. Attention qu'il n'y ait pas conflit
d'intérêts. C'est une bonne chose, je crois, qu'il puisse se
soucier - et on doit le faire lorsqu'on parle d'administration de la justice,
lorsqu'on parle d'arbitrage aussi - qu'il y ait une indépendance la plus
complète possible de ceux qui ont à rendre justice, qui sont des
arbitres, dans ce cas-ci, et qui vont trancher un litige. Dans ce cas-ci, je
veux le rassurer. Le gouvernement, bien sûr, subventionne ce centre
d'arbitrage, mais les parties qui décident de faire appel à ce
centre d'arbitrage parce qu'elles veulent, au lieu de suivre le processus
judiciaire formel, avoir un arbitre qui se penchera sur leur cas et tranchera
le litige s'engagent elles-mêmes à respecter la décision de
l'arbitre. Mais, auparavant, elles se sont entendues sur le choix de l'arbitre,
contrairement à une cour de justice où vous n'avez pas à
choisir votre juge. Dans une cour de justice, vous avez le juge
désigné par le juge en chef pour entendre la cause, vous n'avez
pas à choisir votre juge.
Dans le cas de l'arbitrage, vous choisissez votre juge et le choix du
juge est fait en fonction de différents critères. Le premier
critère est certainement la capacité du juge, donc de l'arbitre
dans ce cas-là, de bien comprendre le litige pour apporter une solution
la plus équitable possible. Finalement, M. le Président, ce qu'on
recherche, c'est l'équité. Dans ce domaine-là, cela veut
dire une bonne connaissance souvent d'un milieu spécifique, d'un milieu
particulier, d'un milieu qui n'est peut-être pas accessible à
tous, mais cela nécessite une bonne compréhension. C'est
là aussi un autre avantage de l'arbitrage: la possibilité, pour
des citoyens, pour des entreprises qui ont un litige, de faire appel à
un expert pour régler leur litige. Donc, ce que je veux dire au
député de Taillon, c'est que, dans le cas de l'arbitrage, on
choisit son arbitre et, dans ce cas-là, je ne vois pas les dangers
d'avoir une trop grande influence du gouvernement.
Il faut bien comprendre que le gouvernement subventionne quand
même très peu ce centre. Déjà, le nombre
d'arbitrages qu'il a reçus lui rapporte des fonds Importants et il
pourra...
M. Filion: À ce jour?
M. Rémillard: Oui, c'est considérable après
seulement à peine un an et demi de fonctionnement.
M. Filion: Considérable? Disons que c'est un
début.
M. Rémillard: Regardez, vous avez comparé tout
à l'heure avec la Colombie britannique...
M. Filion: II s'en faisait des arbitrages, auparavant.
M. Rémillard: II y a un autre centre en
Colombie britannique, à Vancouver. Je suis allé visiter ce
centre en 1986 et il existait, je crois, depuis deux ans. Alors, si on fait le
calcul, il est opérationnel depuis au moins cinq ans et il n'a pas le
nombre d'arbitrages que nous pouvons avoir ici, dans notre centre de
Québec. Il y a déjà cinq arbitrages, pour un total de
plusieurs millions de dollars. Si ma mémoire est bonne, plus de 25 000
000 $ ont été en jeu dans ces arbitrages.
C'est donc un début très intéressant. De plus, il
faut bien comprendre que le centre fait aussi de la formation, les
journées Jean-Robert par exemple. Le député de Taillon
connaît, comme moi, des collègues avocats qui suivent
attentivement toutes ces journées Jean-Robert. Ils sont enthousiastes
parce que ça leur permet de s'initier à cette nouvelle technique,
ce nouvel aspect de notre profession d'avocat. Je mentionne, évidemment,
qu'il ne faut pas nécessairement être avocat pour être
arbitre, mais être avocat peut quand même certainement donner des
possibilités. Alors, ce qu'il est important de bien retenir dans le cas
du centre d'arbitrage de Québec, c'est qu'à ses tout
débuts, déjà, iI y a beaucoup d'arbitrages,
c'est-à-dire cinq. Dans les circonstances, c'est beaucoup. Pour ma part,
comme ministre, j'encourage mes collègues à mettre ces clauses
d'arbitrage dans les contrats du gouvernement.
M. Filion: Ce que dit le ministre m'Inquiète encore plus.
Je vais vous dire pourquoi. D'abord, il dit qu'il a parlé au ministre
des Transports et il dit que c'est consensuel. Bien oui, il faut que les deux
parties soient d'accord. Mais on connaît la mécanique d'octroi des
contrats au gouvernement. Un entrepreneur, pour avoir un contrat du
gouvernement, s'il y a une clause d'arbitrage dedans, va signer. Le rapport de
forces, quand le gouvernement donne un contrat à un entrepreneur, je
vais vous dire qu'il est du côté du gouvernement. L'entrepreneur
aime avoir le contrat du gouvernement. Il veut en avoir d'autres, ça
paie bien et on est sûr qu'on ne fera pas faillite le lendemain matin. Il
y a toujours des contribuables en bout de piste, sinon il y a un bon
déficit, etc. Ce qui m'inquiète encore plus dans ce que dit le
ministre, c'est que c'est consensuel. Bien sûr, c'est consensuel, mais le
ministre des Transports, le député de Charlesbourg, quand vient
le temps d'octroyer un contrat... Ce n'est pas long que l'entrepreneur signe.
Il y a une clause d'arbitrage dans le contrat. La clause d'arbitrage, M. le
ministre, il faudrait voir comment elle est rédigée. Dans bien
des cas, le choix de l'arbitre peut être laissé à la
discrétion du centre d'arbitrage. À ce moment-là, c'est le
centre qui va lui-même désigner l'arbitre. Ce que je lui signalais
s'applique encore plus. Je ne veux pas dire par là que c'est un
problème insoluble, mais je pense qu'il serait prudent que le
gouvernement réfléchisse comme il faut. On a un centre. Il serait
idiot de ne pas y référer des litiges mais, en même temps,
il faut préserver la qualité de l'arbitrage qui en
découle.
Ce que m'a dit le ministre, en tout cas, n'épuise pas ma
préoccupation. Cela ne change rien à ce que je dis non plus, par
ailleurs. C'est une bonne chose, l'arbitrage. S'il y a des clauses d'arbitrage
dans un contrat du ministère des Transports et des autres
ministères, les moyens ne me viennent pas à l'esprit mais ils
doivent exister, je me demande s'il n'y aurait pas lieu de s'assurer que ces
arbitres ne soient pas directement ou indirectement en conflit
d'intérêts. Cela m'apparaîtrait absolument grave s'il
fallait qu'une cour de justice examinant un arbitrage auquel le gouvernement
serait partie se rende compte que le gouvernement subventionne - et
j'espère qu'il continuera à le faire jusqu'à temps que le
centre voie de ses propres ailes - et se rende compte qu'il s'agit là
d'une matière tout à fait dirimante et portant sur la
neutralité ou l'impartialité de l'arbitre.
M. Rémillard: M. le Président, je prends
évidemment bonne note de ta remarque du député de Taillon.
En plus de dire que le choix de l'arbitre est consensuel, c'est-à-dire
est fait à la suite d'une entente entre les deux parties, je pourrais
ajouter brièvement qu'il faut comprendre aussi que l'arbitre est
payé par les deux parties. Alors, à la suite de cette
démarche, il me semble que, si on se rend compte que l'arbitre est en
conflit d'Intérêts, l'une des deux parties doit le faire valoir et
c'est au centre d'arbitrage d'agir pour protéger
l'Intégrité de ce système d'arbitrage et qu'on puisse
rendre l'équité. Je pense que, dans ce cas-ci, il est
intéressant de parler d'équité. Mais c'est bon
d'être vigilant. Je comprends le message que veut me dire le
député de Taillon, c'est d'être vigilant. Avec un
président comme le professeur Nabil Antaki, avec M. Bruneau qui est
là, je crois qu'on est là en milieu qui peut nous rassurer et
nous dire que, de fait, on prend tous les moyens nécessaires pour qu'on
puisse assurer la plus grande impartialité de la part de nos arbitres et
la plus grande compétence aussi pour que cet arbitrage soit le plus
efficace possible.
Tout à l'heure, le député de Taillon parlait d'une
nouvelle approche, et je disais la même chose. Là, on parle de
l'arbitrage, on dit que c'est une recherche d'équité. On pourrait
parler aussi de cette nouvelle approche dans le domaine du processus formel
judiciaire. Je pense en termes do médiation, par exemple. En
matière conjugale, en matière familiale, il est
intéressant d'avoir la médiation, expérience de
médiation que nous avons à Québec et à
Montréal, expérience qu'on devrait aussi étendre un peu
partout. Il est Intéressant que l'on puisse se référer
à des médiateurs. Ce sont en quelque sorte des arbitres, d'une
certaine façon, excepté que, dans ce cas-là, te
médiateur agit à l'intérieur d'une Instance judiciaire
formelle. Mais cela permet, là
encore, de protéger des droits, d'accélérer le
processus de la justice, de faire appel à des gens qui sont experts dans
des domaines qui, souvent, peuvent être difficiles. Là encore, je
crois qu'on a un exemple de nouveaux moyens qu'il faut développer pour
rendre la justice encore plus accessible.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 25 du mois de mars,
en ce qui concerne le ministère de la Justice, est terminé. Il y
a eu une erreur dans le brochage des feuilles, M. le député de
Taillon. On pourrait peut-être continuer avec le mois de mars,
l'engagement 18, celui pour l'achat de 73 micro-ordinateurs et 73 imprimantes,
pour les besoins de la magistrature.
M. Filion: Là, vous appelez l'engagement 18.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 18. On va
continuer.
M. Filion: "Contrats pour l'achat de 73 micro-ordinateurs et 73
imprimantes, pour les besoins de la magistrature."
M. Rémillard: M. le Président, excusez-moi. C'est
juste pour que je puisse suivre, moi aussi.
M. Filion: N'essayez pas.
Le Président (M. Kehoe): Si on continue avec les feuilles,
c'est l'engagement 18.
M. Filion: Oui. On va tous suivre.
Le Président (M. Kehoe): II y a eu un problème
lorsqu'ils ont broché les feuilles ensemble.
M. Rémillard: Ah! d'accord.
Le Président (M. Kehoe): Si vous allez voir le prochain,
après l'engagement 25, c'est l'engagement 18. Mais, si on va jusqu'au
bout, on commence à l'engagement 11.
M. Filion: Cela ne me fait rien d'appeler l'engagement 11.
Le Président (M. Kehoe): Ah! vous, vous l'avez dans
l'ordre.
M. Filion: Pourquoi ne pas appeler l'engagement 11?
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Filion: Appelons donc l'engagement 11 une fois pour toutes. On
a vérifié l'engagement 25, c'est méritoire.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'engagement 11 du mois
de mars.
M. Filion: Appelons donc l'engagement 11. M.
Rémillard: C'est intéressant.
M. Filion: L'engagement 11: "Paiement à la
société 152448 Canada inc. représentant la contribution du
ministère à la production de 20 émissions de
télévision intitulées: "La cour en direct".
Le Président (M. Kehoe): Un montant de 40 000 $.
M. Filion: Le ministre et le ministère sont-ils satisfaits
des émissions de télévision? Est-ce qu'on prévoit
une autre saison pour "La cour en direct"?
M. Rémillard: Cela a été une
expérience intéressante, M. le Président. Cela a servi, je
crois, à démystifier un peu le processus judiciaire et a permis
aux auditeurs de voir comment le processus judiciaire se réalise,
comment la justice se rend. C'est une émission qui a été
bien réalisée, un bon succès. On en est très
satisfaits.
M. Filion: Combien y a-t-il d'émissions, en tout?
M. Rémillard: Attendez, je vais vérifier
ça.
M. Filion: Et est-ce qu'il y aura une prochaine saison?
M. Rémillard: M. le Président, le ministère
de la Justice, la première année, a donné 20 000 $; la
deuxième année aussi, 20 000 $ pour une série de 20
émissions, soit une moyenne de 1250 $ par émission. On me dit 40
000 $ pour la deuxième année. Cependant, on ne continuera pas
pour la troisième année. Ils devraient être capables de
procéder maintenant et de s'autofinancer, étant donné
l'expérience et la démonstration de l'intérêt de
cette émission. (16 h 45)
M. Filion: Oui, parce que l'émission finalement, comme
toutes les émissions de télévision, Je devrais dire comme
toutes les émissions produites pour les fins de
télévision, peut, à un moment donné, se financer
à même le prix payé par le diffuseur de l'émission,
qui se paie lui-même à même les commanditaires. Qui est
152448 Canada inc.?
M. Rémillard: Pardon?
M. Filion: Est-ce qu'on a le nom des administrateurs de la
firme?
M. Rémillard: Les administrateurs de la
société 152448 Canada inc. sont MM. Gérald Ross
et Robert Sésé. C'est une société qui a pour
seul objet la réalisation de "La cour en direct".
M. Filion: Robert...
M. Rémillard: Non, c'est Sésé.
M. Filion: Robert Sésé, d'accord.
M. Rémillard: Les deux premières années, le
ministère a donc subventionné l'émission, pour leur
permettre de faire leurs débuts et de démontrer que cette
émission peut répondre à un véritable besoin et
peut être intéressante. Maintenant que la preuve est faite, on
croit que Radio-Canada pourra augmenter sa participation financière,
aller chercher les commanditaires qui seraient Intéressés
à l'émission et qu'on n'aura plus à la subventionner. Bien
sûr, nous croyons toujours au grand intérêt de
l'émission.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Groulx?
Mme Bleau: Juste une question. Il est vrai que, comme
députée, Je ne pense pas qu'il y en ait un parmi nous qui ait eu
le temps de regarder cette émission très souvent. J'ai cependant
eu l'occasion de la voir une fois ou deux. Quand on dit que les procès
que nous voyons sont de véritables procès, ce ne sont pas des
acteurs, ce sont vraiment les Justiciables qui sont là, est-ce vrai?
Est-ce que le procès a lieu devant nos yeux? Le jugement qui est rendu
est-il le véritable jugement, et tout?
M. Rémillard: Ce sont de vraies parties, c'est un vrai
litige, un vrai Juge, mais ils acceptent de participer à
l'émission après s'être entendus ensemble pour se
référer à un Juge et régler leur litige.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Marquette.
M. Rémillard: Pour répondre à Mme la
députée de Groulx, M. le Président, Je veux simplement
ajouter que, d'une certaine façon, c'est un peu de l'arbitrage.
Mme Bleau: D'ailleurs, ce sont toujours de petits montants.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Sur le même
sujet, M. le ministre, effectivement, à mon tour, Je tiens à dire
que cette émission a un rôle d'information; je crois que cela a
été extrêmement positif et J'encourage la continuité
de ladite émission.
J'ai eu connaissance de ça il n'y a pas tellement longtemps par
une ligue de taxis de la région de Montréal qui avait agi comme
partie dans le cadre de ces émissions, on m'a informé que, pour
que la partie défenderesse ou la partie condamnée à payer
un montant d'argent accepte d'être partie à l'émission,
c'est la société qui défraie le montant de la
condamnation. Je ne sais pas si vous avez eu connaissance de ça. Est-ce
exact?
Mme Bleau: La Société Radio-Canada?
M. Dauphin: Non, pas la Société Radio-Canada, mais
les gens qui les contactent pour leur demander s'ils acceptent d'aller en
public à cette émission. S'ils perdent leur cause, ce sont ces
gens qui défraient la condamnation. Je ne sais pas si vous avez eu
connaissance de ça. On m'a raconté cela il y a deux semaines
à mon bureau.
M. Rémillard: Je vais prendre avis de votre question, M.
le député de Marquette, parce que je ne saurais vous dire si
c'est vrai. Il y a "Justice en direct" et il y a "La cour en direct". Ce sont
deux émissions distinctes sur la justice. Je vais prendre avis de votre
question et je vous donnerai la réponse.
M. Filion: Je voudrais ajouter ceci, dans le même sens que
la question du député de Marquette. Le problème, c'est que
je ne sais si c'est "Justice en direct" ou "La cour en direct", mais Je sais
qu'il y en a une des deux. Celle que j'ai vue, ils disaient pendant
l'émission que le montant du Jugement était défrayé
par les réalisateurs... non pas la société, je pense que
c'étaient les réalisateurs de l'émission. Il s'agit de
savoir si c'est "La cour en direct" ou "Justice en direct". Là-dessus je
suis bien embêté parce que je ne savais même pas qu'il y en
avait deux.
Une voix: C'est "la cour".
M. Filion: C'est "la cour". De toute façon, le ministre a
pris avis.
M. Rémillard: Oui. De fait, il y a plusieurs projets
d'émissions sur la justice. Je m'en réjouis, M. le
Président, parce que plus on va faire ces émissions, cette
Information auprès du public sur notre processus judiciaire, plus on va
rendre accessible, du moins, l'idée de la justice. Reste ensuite
à rendre accessible le processus Judiciaire lui-même. Vous savez,
M. le Président, je l'ai mentionné à plusieurs reprises,
que c'est ma grande priorité, comme ministre de la Justice, de rendre
cette justice la plus accessible possible au citoyen moyen. Ce n'est pas facile
aujourd'hui pour le citoyen moyen, celui qui n'a pas accès à
l'aide Juridique, donc qui ne peut pas voir ses frais judiciaires payés
par l'État, ou celui qui n'est pas très riche et qui peut se
payer ses frais judiciaires, de faire valoir ses droits ou
même de se défendre en justice pour répondre
à certaines obligations. C'est extrêmement onéreux, les
coûts judiciaires, les coûts des avocats, c'est très cher.
Eux-mêmes ont à faire face à des coûts
d'administration très élevés. La situation me
préoccupe beaucoup. Tout à l'heure nous parlions d'arbitrage,
c'est un des moyens que nous avons. J'ai évoqué tout à
l'heure la médiation dans une instance en ce qui regarde le droit
familial; c'est aussi un aspect Important. Il y a les petites créances
qui maintenant sont à 1000 $. Je crois qu'on devrait regarder
attentivement toutes les possibilités qu'on pourrait avoir d'augmenter
ces petites créances. C'est un sujet que nous regardons attentivement.
Il n'y a pas de décision de prise, loin de là, nous en sommes
simplement à des consultations informelles, mais est-ce qu'on ne
pourrait pas - c'est simplement une question que je pose - augmenter le montant
pour les petites créances à 3000 $? Maintenant, 3000 $, ce n'est
pas exagéré, lorsqu'on parle d'acheter des meubles, par exemple.
Des meubles de 1000 $ et plus, ce n'est pas exceptionnel. C'est certainement
une question qu'on peut se poser.
La question, aussi, de l'aide juridique pour ceux qui sont les plus
démunis de notre société. Il faut aussi revoir les
critères d'admissibilité. Ce sont des éléments
très importants si on veut parler d'accessibilité de la justice.
Lorsqu'on parle de justice, il faut aussi parler d'accessibilité dans le
sens de rendre cette justice compréhensible. Lorsque nous avons ces
émissions de télévision, émissions de radio... Je
veux aussi souligner, M. le Président, que le ministère de la
Justice contribue également à remplir son rôle
d'information du public par la publication du magazine Justice, qui est
un bon magazine. Il y a aussi différentes brochures explicatives de
différents programmes en ce qui regarde l'administration de la justice.
Le ministère de la Justice contribue aussi au financement de
téléphones juridiques. La Commission des services juridiques
aussi participe à diverses émissions radiophoniques et à
la réalisation de l'émission télévisée
"Justice pour tous". Ce sont là des moyens très
intéressants et le ministère de la Justice s'associe à ces
organismes, à ces personnes qui contribuent à faire
connaître le processus judiciaire. Ils rendent dont plus accessible la
justice pour tous.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'engagement 11? Je comprends que la vérification de
l'engagement 11 est terminée. Nous allons procéder à la
vérification de l'engagement 12 de mars 1988. Pourriez-vous expliquer ce
qu'il en est, M. le ministre?
M. Rémillard: Excusez-moi, M. le Président, je n'ai
pas...
Le Président (M. Kehoe): Nous en sommes à
l'engagement 12 du mois de mars 1988. Il s'agit d'une soumission...
M. Rémillard: II s'agit, M. le Président, d'un
"contrat de services pour fins d'implantation des micro-ordinateurs et
logiciels à la Direction générale du personnel et de
l'administration du ministère", il s'agit strictement d'un contrat
d'informatique. Il nous fallait engager un spécialiste pour assurer
l'implantation des micro-ordinateurs à la Direction
générale du personnel et de l'administration, pour assurer le
suivi et le soutien à l'aménagement ergonomique, aussi pour
assurer l'installation des équipements et logiciels, pour sensibiliser
et former du personnel, pour le dépannage et l'assistance aux
utilisateurs, pour le soutien au développement sur micro-ordinateur,
pour l'analyse et l'évaluation de l'utilisation des micro-ordinateurs et
pour maintenir à jour un système d'information. À partir
de dix firmes qui ont été référées par
Rosalie, le ministère a demandé dix offres de services, il en a
reçu trois, dont deux ont été retenues, et ces deux
dernières firmes ont ensuite soumissionné. L'autre
soumissionnaire était la firme Maheu et Noiseux, compagnie
(Québec) Itée, et le montant de sa soumission était de 67
520 $. Donc, plus élevé.
Le Président (M. Kehoe): Avec ces explications, la
vérification de l'engagement 12 est-elle terminée?
M. Filion: L'engagement 12 est vérifié. Le
Président (M. Kehoe): Vérifié. M. Filion:
L'engagement 12, oui.
Le Président (M. Kehoe): Je reviens, je pense qu'à
l'engagement 11 M. le député de Taillon avait une question, M. le
ministre.
M. Filion: Oui. Le ministre nous pariait du magazine Justice,
et de tout ça. Quand il était dans sa lancée sur
l'information en général, j'ai cru bon aller faire un tour au
petit coin. À l'engagement 11, M. le ministre, est-ce que cette
société, qui a reçu 60 000 $ du gouvernement du
Québec pour les deux premières années, a finalement fait
des profits pendant ces deux années? Je m'interroge un peu sur la base
suivante: le gouvernement donnerait 40 000 $ à une société
pour faire des émissions de télévision qui, ma foi, ont
probablement eu des cotes d'écoute assez respectables, sans rien casser,
sans battre "Lance et compte" et "Des dames de coeur" si chères à
Mme la députée de Groulx...
Mme Bleau: Je ne l'ai jamais écoutée. M.
Filion: Ma question est la suivante... Mme Bleau: Je déteste
ces émissions.
M. Filion: A partir du moment où la société
152448 Canada inc. a fait des profits avec ces émissions de
télévision, le ministre ne croit-il pas que la subvention
pourrait alors être remboursée au gouvernement? A partir du
moment, encore une fois, où elle a fait des profits.
M. Rémillard: Voici, M. le Président. Lorsque le
projet a été présenté, il soulevait plusieurs
risques. Il n'était pas assuré que le public répondrait
favorablement à une telle émission. Ce n'est pas
particulièrement un sujet qui peut nous amener à être
assurés que, de prime abord, iI y aura un succès de cotes
d'écoute, selon la façon dont c'est réalisé, selon
aussi les causes qui sont montrées. En fait, il y a un ensemble
d'éléments de réalisation qui sont très importants.
Je dois dire que, si l'émission a eu le succès qu'elle a eu,
c'est parce qu'on a su établir une réalisation qui a su plaire au
public et rendre donc accessible au public cette idée de la justice par
les cas qu'ils ont démontrés. Le ministre a donc fait en sorte
que ce projet puisse se réaliser, malgré le problème du
début, le risque qu'il y avait, en accordant une subvention, donc pour
deux premières années, 20 000 $ et 40 000 $, au début pour
subventionner, pour contribuer - je ne devrais pas dire "subventionner" - au
financement de l'émission, parce que le ministère trouvait aussi
son profit dans le sens que cela contribue à l'exercice de son
rôle d'Informer le public. C'est un moyen intéressant d'informer
le public. (17 heures)
Comme je le mentionnais tout à l'heure, il l'informe par des
dépliants, des brochures, par différents moyens. Mais là
il a donc été jugé qu'il était intéressant
de s'associer à un tel projet pour informer le public concernant le
processus judiciaire que nous avons en l'illustrant par des causes qui se
déroulent devant des téléspectateurs. Dans ce contexte, M.
le Président, il y a donc eu participation de l'État par des
montants d'argent qui sont quand même modestes. Maintenant que le
succès est assuré, qu'il n'y a plus risque puisqu'il y a cote
d'écoute, nous considérons que nous n'avons plus à
continuer à contribuer à financer cette émission.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Pour le Journal des débats, je n'ai
jamais regardé "Des dames de coeur". Ce n'est pas une émission
où j'aimerais prendre une ligne de conduite, surtout pas pour ma vie
matrimoniale.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Mais 0 n'y a pas de mal à ça. Ce
n'était pas un reproche. Je croyais que c'était votre
émission favorite, Mme la députée.
Mme Bleau: Je ne l'ai jamais regardée, même si
plusieurs de mes compagnes ici trouvent une certaine ressemblance, physique
seulement, entre Jean-Paul et mon mari.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Si je comprends bien, c'est peut-être pour
ça que vous ne regardez pas l'émission.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Je ne vous blâme pas de ne pas la regarder.
Ma question au ministre est un petit peu ta suivante. Tout d'abord, on
apprend qu'il y a deux émissions: "Justice en direct" et "La cour en
direct".
Mme Bleau: Elles ne sont pas au même poste.
M. Filion: Elles ne sont pas au même poste. Le gouvernement
contribue dans un cas à 20 000 $ la première année et 40
000 $ la deuxième année. Cela fait 60 000 $. Le ministre trouve
ça modeste. Je trouve que 60 000 $, c'est plus que ce qui a
été investi dans les deux centres d'aide aux victimes d'actes
criminels. C'est deux fois 25 000 $, ce sont 50 000 $ au YMCA à
Québec et à Montréal. 60 000 $, |e ne trouve pas ça
modeste. Je trouve que c'est pas mal d'argent, surtout si les initiateurs du
projet et les réalisateurs des émissions ont fait des sous. A ce
moment-là, pourquoi en aider un et ne pas aider l'autre, etc.? Il y en a
beaucoup d'émissions qui contribuent à la formation et à
l'éducation des citoyens du Québec. Tant qu'à y
être, on pourrait peut-être subventionner ceux qui traduisent et
qui font paraître, comment ça s'appelle, Justice à Los
Angeles? Je sais qu'en anglais c'est LA. Law. Cela aussi contribue. C'est
très romancé, etc., mais pourquoi pas? Des fois, il y a des
éléments qui peuvent être véritables. Je viens
peut-être de tomber sur l'émission favorite de Mme la
députée de Deux-Montagnes sans le savoir.
Mme Bleau: Pas Deux-Montagnes.
M. Filion: Non, mais II y en a beaucoup d'émissions. Ce
que je veux savoir, la question que j'ai posée: Est-ce que cette firme a
fait des profits les deux premières années? C'est simple. Je n'ai
pas besoin de connaître tout le déroulement, les cotes
d'écoute, etc. Est-ce qu'elle a fait des profits, oui ou non?
M. Rémillard: M. le Président, pour l'année
1987-1988, le budget de "La cour en direct" était de 440 000 $ et
était financé comme suit: Radio-Canada, 280 000 $; le Barreau du
Québec, 80 000 $; Justice Canada, 40 000 $ et Justice
Québec, 40 000 $.
M. Filion: Cela fait 400 000 $, je pense, c'est ça?
M. Rémillard: Cela fait 440 000 $. 280 000 $ pour
Radio-Canada; le Barreau, 80 000 $; Justice Canada, 40 000 $; Justice
Québec, 40 000 $ et la société qui le réalise, qui
le produit dis-je, est une société à but lucratif, bien
sûr. Elle a certainement fait des sous, comme l'imprimeur qui va imprimer
nos dépliants concernant un programme gouvernemental, que ce soit pour
nos victimes d'actes criminels ou peu importe; en imprimant, il va faire des
sous. On ne lui demande pas de nous redonner nos dépliants parce qu'il a
fait des sous.
M. Filion: Le gouvernement a-t-il reçu une demande de
participation financière à l'émission "Justice en
direct"?
M. Rémillard: Je ne pourrais vous le dire. Je ne suis
vraiment pas au courant s'il y en a eu une. À ma connaissance, non, je
n'ai pas... Je dis bien à ma connaissance, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): La vérification de
l'engagement 11 est terminée. Nous allons procéder à la
vérification de l'engagement 13: "Contrat pour l'achat d'une licence de
site pour 250 logiciels Wordperfect." M. le député de Taillon,
est-ce que...
M. Filion: Ça ne sera pas long.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 13.
M. Filion: L'engagement 13. Ah, je viens d'apprendre quelque
chose. C'est quoi une licence de site?
M. Rémillard: Savez-vous, M. le Président, si vous
n'avez pas d'objection, je demanderais à
M. Simon Cantin, un spécialiste dans ce domaine, de nous
expliquer un petit peu tous ces aspects.
Le Président (M. Kehoe): Pour le Journal des
débats, pourriez-vous vous identifier, s'il vous plaît, et
dire quelle est votre fonction?
M. Cantin (Simon): Oui. Simon Cantin, directeur des services
informatiques au ministère de la Justice.
Le Président (M. Kehoe): Bienvenue, M. Cantin.
Pourriez-vous répondre aux questions?
M. Filion: C'est quoi une licence de site?
M. Cantin: D'accord. Un logiciel comme Wordperfect, c'est un
logiciel de traitement de texte sur micro-ordinateur. On peut acquérir
le droit d'utilisation de ce produit à la pièce, si vous voulez:
un micro-ordinateur, un logiciel, un droit d'utilisation. Mais, lorsqu'on
atteint un volume assez important, c'est rentable d'acquérir une licence
pour l'ensemble du ministère de la Justice, à ce
moment-là, qui nous donne droit à un nombre illimité
d'utilisateurs. C'est ce dont il s'agit ici. C'est pour des raisons
d'économie.
M. Filion: C'est une façon de reproduire le programme?
M. Cantin: Oui. Une licence, c'est un droit d'utilisation qu'on a
pour tous les utilisateurs du ministère de la Justice.
M. Filion: D'accord. Il y a uniquement J.B. Marketing, Cornwall,
Ontario, qui pouvait, évidemment, vous le donner parce que c'est
à lui.
M. Cantin: Oui, le Wordperfect est un produit
spécifique.
M. Filion: C'est un produit spécifique.
M. Cantin: Exact. Il n'y a pas de produit québécois
équivalent.
M. Filion: D'accord. Cela va.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 13...
M. Filion: Ce sont des logiciels en français?
M. Cantin: Oui, on travaille en français sur ces
logiciels.
M. Filion: Non, je parle du logiciel lui-même.
M. Cantin: Oui, on travaille quand même en français
avec ça.
M. Filion: Oui, vous lui donnez de l'information en
français...
M. Cantin: Oui.
M. Filion: ...mais lui, son guide d'utilisation... Comment
appelle-t-on ça? Je ne me souviens pas.
M. Cantin: Le manuel de l'utilisateur?
M. Filion: Oui, le manuel de l'utilisateur, plus sa...
M. Cantin: Le panorama, le panorama de l'écran.
M. Filion: Oui, etc., est-ce que c'est en français?
M. Cantin: Oui, c'est en français.
M. Filion: Oui? M. Cantin: Oui. M. Filion:
D'accord. Cela va. Vérifié.
Le Président (M. Kehoe): La vérification de
l'engagement 13 est terminée. J'appelle l'engagement 14.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 14 est
vérifié.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 15?
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 16?
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 17?
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 18?
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Kehoe): L'engagement 19?
M. Filion: C'est un peu bizarre, cet engagement, M. le ministre.
D'abord, les ameublements usagés de bureau, Je vais vous dire, au
gouvernement, ils en ont un entrepôt et un autre pardessus. Alors, je ne
comprends pas pourquoi on est allé à l'extérieur pour
acheter des ameublements usagés de bureau.
M. Rémillard: Votre question est pertinente, M. le
député. La Direction générale de l'enregistrement a
décidé d'acheter des meubles usagés dans le cadre du
réaménagement global du bureau d'enregistrement de L'Assomption.
Il s'agissait d'ameublement qui appartenait à la municipalité
régionale de comté de L'Assomption. Pour répondre à
votre question, il est Important de dire que ces meubles étaient en
place et convenaient à tous les intervenants. Il s'agit donc d'un
ameublement presque neuf, très moderne, et dont le coût
était moindre que celui d'un ameublement neuf, bien sûr. Je pense
que cela a été un bon geste administratif.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que la vérification
de l'engagement 19, du mois de mars 1988, est terminée?
M. Filion: Oui.
Avril
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'engagement 4 du mois
d'avril 1988.
M. Filion: II s'agit de "contrats de services pour agir à
titre de membres du comité d'enquête à la Commission des
droits de la personne sur les relations entre les corps policiers et les
minorités ethniques et visibles." Les fournisseurs: André
Normandeau, Hedy Taylor, Jean Pelletier. Montant de l'engagement: 126 000 $. Ma
question est la suivante, et Je sais qu'il y a d'autres engagements qui
tournent autour de cette commission d'enquête: Combien cela a-t-il
coûté en tout? Avez-vous un chiffre global, en incluant les
services du président du comité et des membres, parce que
l'enquête est terminée, le rapport a été
déposé?
M. Rémillard: M. le Président, il s'agissait d'une
commission pour étudier les relations entre les corps policiers et les
minorités ethniques et visibles. Ce rapport est terminé et nous
aide beaucoup. Les chiffres que j'ai ici indiquent un montant global de 134 842
$.
M. Filion: Pas en tout? En incluant le président?
M. Rémillard: Oui, M. le sous-ministre me confirme que
c'est le coût total. Si vous voulez des détails, j'ai ici une
feuille à ce sujet.
M. Filion: Je viens juste de comprendre. Ce n'est pas facile de
se retrouver dans ces chiffres-là. À l'engagement 7 du mois
d'août 1988, nous lisons: 30 000 $ pour Me Jacques Bellemare. À un
engagement du mois de juillet, pour les mêmes membres du comité,
125 000 $, je pense. Je vais vous donner la liste des engagements que nous
avions là-dessus. L'engagement 5 de juillet 1988, pour les mêmes
personnes, 125 000 $; ensuite, comme je l'ai dit, l'engagement 7 du mois
d'août 1988, pour le président, M. Jacques Bellemare, et
l'engagement 4 d'avril 1988 qu'on étudie. Cela donne respectivement les
sommes de 30 000 $, 125 000 $ et 126 000 $. Alors, ce sont des
réserves...
M. Rémillard: Oui. Voici, M. le Président...
M. Filion: ...et cela a réellement coûté 134
000 $, c'est ça?
M. Rémillard: C'est juste. Il s'agit, dans les cas que
vous venez de mentionner, de provisions, alors que le coût réel
est de 134 842 $.
M. Filion: En honoraires seulement ou est-ce que cela inclut
toutes les dépenses?
M. Rémillard: Cela comprend les honoraires
de M. Normandeau, M. Pelletier, Mme Taylor et M. Bellemare, pour
l'ensemble du projet.
M. Filion: Comment se fait-il qu'on retrouve la même chose
à l'engagement 4 d'avril 1988 et à l'engagement 5 de Juillet
1988? Expliquez-moi ça. (17 h 15)
M. Rémillard: J'ai ici une note, M. le
député, disant, premièrement, que ces trois contrats ont
été renouvelés par l'engagement 5 de juillet 1988 et,
deuxièmement, que les honoraires du président de ce
comité, M. Bellemare, se retrouvent aux engagements 7 et 9 du mois
d'août 1988.
M. Filion: II y a quand même quelque chose qui ne marche
pas là-dedans.
M. Rémillard: Non.
M. Filion: Pas dans vos chiffres, M. le ministre, mais dans ce
qu'on nous donne comme papiers parlementaires pour travailler. Quand on
renouvelle un contrat, on le renouvelle pour une période... Cela n'a
presque plus de sens de donner aux députés... D'abord, on leur
dit: Un contrat de services en avril 1988, un contrat négocié de
126 000 $. Ensuite, on retombe en juillet 1988 et, là, on retrouve:
Renouvellement de contrat, 125 000 $. Comment voulez-vous qu'on s'y retrouve?
Cela n'a plus de sens, la façon dont on nous transmet les engagements
financiers. Je l'ai souvent dénoncé, Mme la Présidente, et
rien ne s'est amélioré au fil des années. On dirait qu'on
cherche à entretenir... au lieu de nous donner des choses claires. Le
ministre nous dit: Cela a coûté 134 000 $. C'est clair. Ce ne sont
pas des crédits qu'on étudie, ce sont des engagements financiers.
Les engagements devraient être clairs. Quand on achète des
logiciels, des automobiles, c'est clair; cela a coûté tant, on se
comprend. Souvent, dans les contrats de services, on retrouve le même
contrat qui revient. C'est à y perdre son latin pour le parlementaire.
Les administrateurs du ministère peuvent peut-être s'y retrouver,
mais, nous, ce qu'on nous transmet, cela n'a plus de sens. Comment voulez-vous
que je sache combien cela a coûté? J'ai quatre engagements
financiers qui totalisent 310 000 $, mais, en réalité, cela a
coûté Juste 134 000 $. On ne peut pas le savoir. On ne peut pas
faire notre travail de parlementaire, soit vérifier les dépenses
de l'exécutif. Je trouve cela aberrant. Je ne sais pas de quelle
façon on va arriver à faire débloquer ça.
La Présidente (Mme Bleau): M. le ministre, est-ce que vous
auriez une réponse à apporter à mon collègue?
M. Rémillard: Mme la Présidente, je crois que la
remarque du député de Taillon mérite qu'on y accorde la
plus grande attention, parce que, de fait, Je dois dire que ce n'est pas facile
et qu'on devrait faire un effort pour simplifier ces présentations. Je
peux vous dire que, pour ma part, je vais prendre les commentaires du
député de Taillon en considération, afin d'essayer de
trouver un moyen de rendre les choses plus accessibles. Je crois que,
concernant plusieurs de ses remarques, il a raison; cela cause une situation
qu'il est souvent très difficile de voir dans sa réelle
dimension.
La Présidente (Mme Bleau): On prend bonne note de vos
promesses, M. le ministre.
M. Rémillard: Ce sont des promesses, mais ce sont surtout
des constatations qui m'amènent à faire des interventions
auprès d'autres personnes qui, elles, ont la juridiction pour apporter
des corrections.
La Présidente (Mme Bleau): C'est bien, M. le ministre.
M. Filion: Merci. Je suis sûr que le député
de Marquette se joint à nous...
M. Dauphin: En fait, Mme la Présidente, en effet, je pense
qu'on travaille ensemble depuis trois ans et demi à cette commission,
et, pas juste pour ces engagements mais c'est un fait qu'on a souvent...
même par résolution, l'an passé, si ma mémoire est
bonne. La commission a adopté une résolution demandant au Conseil
du trésor de nous apporter des dossiers plus clairs pour nos travaux de
parlementaires. Je crois que le ministre se Joint également à
nous pour demander que cela soit quand même plus clair dans nos travaux,
pour comprendre les documents qui sont devant nous.
M. Filion: Qu'on se comprenne bien, Mme la Présidente, ce
n'est pas uniquement à cette commission, c'est la même chose dans
les autres commissions, pour le plus grand débit - j'allais dire - du
Parlement.
La Présidente (Mme Bleau): Je pense que, si le ministre de
la Justice prend en considération nos demandes et les transmet aux
fonctionnaires, on a peut-être une chance que ça soit
écouté.
M. Filion: Je remercie le ministre de la Justice de sa
collaboration pour le parlementarisme québécois.
Le rapport est déposé depuis une couple de mois.
L'enquête a eu lieu très rapidement, en décembre. On a
procédé quand même passablement rapidement à
l'enquête. Est-ce que le ministre est en mesure de me dire, aujourd'hui,
quelles suites ont été données concrètement au
rapport Bellemare, au rapport du comité d'enquête?
M. Rémillard: Mme la Présidente, le rapport a
été remis par le comité à la Commision des droits
de la personne, le 11 novembre 1988, et
il a été transmis au ministre de la Justice et au ministre
de la Sécurité publique, le 2 décembre 1988. C'est un
rapport qui est très bien fait, qui comprend 71 recommandations qui - Je
dois vous le dire - sont pertinentes. Nous avons eu l'occasion d'utiliser ce
rapport lors de notre étude et de la mise en place de la loi 86, loi sur
l'organisation policière, en ce qui regarde en particulier le code de
déontologie sur lequel nous travaillons présentement. Nous
travaillons sur un code de déontologie qui sera uniforme pour l'ensemble
des policiers partout au Québec. C'est un aspect très important,
Mme la Présidente, que vous me permettrez de souligner. Dans cette loi
86 qui est la nouvelle loi sur l'organisation policière, nous allons
pouvoir nous référer à un code de déontologie,
concernant le travail de nos policiers, qui sera le même pour tous les
corps policiers et pour tous les policiers, partout au Québec, ce qui
n'est pas le cas présentement parce que bien des corps policiers ont
leur propre code de déontologie. C'est un aspect important.
Alors, la loi crée des comités de déontologie qui
seront composés de policiers, d'avocats et de représentants du
public et qui auront la responsabilité de décider si la conduite
du policier constitue un acte dérogatoire. C'est très important.
Nous sommes à travailler à ce code de déontologie et,
dès qu'il sera prêt, on pourra mettre en application la nouvelle
loi sur l'organisation policière. Donc, c'est un aspect important qu'il
faut souligner lorsque nous parlons de ce rapport Bellemare concernant les
relations entre nos policiers et les minorités ethniques et
visibles.
A la suite des recommandations de ce groupe de travail, de ce
comité, les corps de police ont aussi accentué leurs efforts en
ce qui concerne l'embauche et le recrutement des minorités. J'ai eu
l'occasion de rencontrer, par exemple, le chef de police de la
Communauté urbaine de Montréal, de même que le chef de
police de la Sûreté du Québec, et nous avons pu discuter,
bien informellement je dois dire, de certains aspects de l'application de ce
rapport. Ils sont tous très sensibles à ces différents
aspects de l'administration de nos corps policiers pour permettre d'avoir des
représentants - ce ne sont pas des représentants, le mot n'est
pas juste - mais d'avoir des gens qui sont aussi de ces minorités
ethniques, ces minorités visibles, afin d'avoir un corps de police
représentatif de la société québécoise.
C'est là le but.
M. Filion: C'est un beau souhait, M. le ministre. Je vous ferai
remarquer qu'à la Sûreté du Québec, la
dernière fois que j'ai vu un chiffre à cet effet, il y avait
quelques représentants seulement - quand je dis quelques, c'est en bas
de dix - des minorités visibles qui faisaient partie de la
Sûreté du Québec. Il y a du chemin à faire. Il y a
pas mal de chemin à faire. Est-ce que le ministre - peut-être
qu'il ne l'a pas avec lui, moi, je n'ai reçu que les recommandations du
comité Bellemare - peut déposer - peut-être pas aujourd'hui
- le rapport à la commission, pour qu'on puisse en avoir une copie?
Peut-être pas à tous les membres de la commission, on va essayer
d'éviter des frais. Je ne sais pas si tous les membres de la
commission... En tout cas, est-ce qu'il peut prendre note de mon
intérêt d'avoir le rapport au complet, parce que j'ai reçu
uniquement les recommandations?
M. Rémillard: Alors, je peux vous dire, Mme la
Présidente, que le rapport est public et que c'est donc avec un grand
plaisir que j'en enverrai une copie au député de Taillon. Je dois
dire qu'il a raison lorsqu'il dit qu'il y a encore bien du chemin à
faire. C'est vrai, il y a bien du chemin à faire, et la
Sûreté du Québec discute, par exemple, avec la commission
des droits, de différentes possibilités pour faire ce bout de
chemin qu'il y a à faire. Je peux vous dire qu'il y a une volonté
bien déterminée du côté du gouvernement et de nos
corps policiers pour combler cette lacune le plus tôt possible.
La Présidente (Mme Bleau): II faut quand même, je
pense, M. le ministre, même si tous les efforts nécessaires sont
apportés, que ces communautés aient des membres qui veulent faire
partie du corps policier. C'est peut-être aussi un handicap; ils ne sont
peut-être pas prêts à faire partie des forces
policières.
M. Filion: Ce problème-là, c'est tout le
problème des programmes d'accès à l'égalité.
C'est comme la présence, par exemple, de l'élément
féminin dans certains corps de métiers. Dans tout ça,
à un moment donné, il faut commencer quelque part. De ce
côté-là, on a un retard important par rapport à ce
qui se fait. Je me souviens, c'était dans une ville américaine
où il y avait également les mêmes suggestions, soit qu'il
fallait accroître la proportion de policiers de race noire, etc. Il faut
commencer quelque part et il faut pousser sur l'engrenage pour qu'il marche. Je
pense que tout le monde s'entend là-dessus. Moi, je veux simplement une
copie du rapport. Cela va en ce qui concerne l'engagement 4 d'avril 1988.
Vérifié.
Le Président (M. Marcil): Cela va Vérifié.
L'engagement 5?
M. Filion: Vérifié.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 6?
M. Filion: Vérifié.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 7?
M. Filion: II faut être bien sûr, là. Cela
va.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 7
est vérifié. Maintenant, j'appelle les engagements de mai
1988.
Mai M. Filion: Mai, il y en a trois. Vérifié.
Le Président (M. Marcil): Vérifié. Les
engagements 4, 5 et 6 sont vérifiés. Juin 1988, l'engagement
13?
M. Rémillard: Mai, le mois le plus beau.
M. Filion: C'est le congé pascal qui rend le ministre
aussi jovial.
Juin
Le Président (M. Marcil): Juin 1988, l'engagement 13.
M. Filion: Je vous donne un petit exemple, quand je vous disais
que c'était incomplet. Dans ce cas-ci, on n'a pas la liste des autres
soumissionnaires. On a uniquement la liste des organismes à qui on a
adjugé les contrats mais on n'a pas liste des autres soumissionnaires.
Alors, j'aimerais que le ministre la dépose ultérieurement.
M. Rémillard: Voulez-vous que je la lise tout de
suite?
M. Filion: Elle doit être assez longue, n'est-ce-pas?
M. Rémillard: Non, non, ce n'est pas...
M. Filion: Seulement la déposer, M. le ministre, ce serait
suffisant.
M. Rémillard: Oui, c'est assez... Excusez-moi, je vais la
déposer.
M. Filion: Je pense que c'est assez long. Vous n'avez qu'à
la déposer ultérieurement.
Le Président (M. Marcil): Cela va?
Vérifié?
M. Filion: Vérifié.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 14?
M. Filion: Ah! l'engagement 14. Bon! Cela vaut la peine de le
lire. "Renouvellement du contrat pour la fourniture de services de locaux et de
gestion des équipements informatiques du centre de traitement
informatique du ministère situé à Place Victoria,
Montréal, et la fourniture d'un service de gestion de l'exploitation et
de support technique, pour une période de six mois." Le fournisseur -
Oups! Quelqu'un qu'on connaît bien - CGI inc. Moi, j'aimerais savoir,
d'abord, c'est quoi "un contrat pour la fourniture de services de locaux*?
C'est un bail? (17 h 30)
M. Rémillard: Si vous me permettez, M. le
Président, je me référerais à M. Cantin pour nous
donner ces informations.
M. Filion: Pour les bénéfices du Journal des
débats, II s'agit là d'un engagement de 1 100 090 $ de Sa
Majesté.
M. Rémillard: Oui, je dois dire, M. le Président,
que, depuis 1975, la Direction des systèmes Informatiques du
ministère de la Justice utilise les services de la firme CGI, qui
était autrefois la firme BST, pour la fourniture des locaux et pour la
gestion des équipements de son centre de traitement informatique qui est
situé à Place Victoria, à Montréal. L'entente
actuelle, finissant le 30 septembre 1988, comprenait les services suivants: la
gestion des équipements pour 51 094 $, l'exploitation des
équipements pour 73 356 $, les analystes pour 36 189 $, les
manutentionnaires pour 6041 $ et les services complémentaires dus au
déménagement de la salle d'ordinateurs au coût de 16 668 $,
pour un total de 183 348 $ par mois. Le nouveau contrat a fait l'objet d'un
décret qui est daté du 1er juin 1988, et cela a été
négocié directement avec la firme CGI. C'est un coût
mensuel qui est identique à celui de l'ancienne entente. Je vais
demander à M. Cantin...
Il est important aussi de noter, M. le Président, qu'étant
donné le déménagement de la salle d'ordinateurs du
ministère de la Justice du 800 Place Victoria, à Montréal,
au palais de justice de Montréal, à partir du 1er avril 1989, ces
mêmes services ne seront plus requis, dorénavant, puisque nous
allons rapatrier au palais de justice de Montréal, à partir du
1er avril 1989, la salle d'ordinateurs du ministère de la Justice.
M. Filion: Ma question est: C'est quoi la fourniture de services
de locaux"?
M. Rémillard: Alors, M. Cantin peut répondre
à cette question, M. le Président, avec votre permission.
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Cantin: Oui. Comme M. le ministre le mentionnait, on a un
contrat avec la firme CGI, antérieurement BST, pour l'exploitation de
notre salle d'ordinateurs ainsi que la fourniture des locaux, depuis 1974-1975.
Il faut se rappeler qu'à cette époque le ministère de la
Justice n'avait pas de salle d'ordinateurs et achetait des services
informatiques de la firme BST. Cela incluait les services d'ordinateur, de
personnel et de locaux. Graduellement, au cours des années, on a acquis
nos propres équipements informatiques. En 1981, on s'est dotés de
notre propre ordinateur et, graduellement, on a acquis, si on veut, notre
indépendance vis-à-vis de ce type de services en se
dotant, finalement, d'une salle d'ordinateurs où on vient
d'emménager, à la fin du mois de janvier de cette année.
Maintenant, les services qui seront requis, à compter du 1er avril 1989,
ce seront uniquement des services d'opérateur et de personnel pour le
soutien technique. Donc, il n'y aura plus de service de locaux, comme vous
l'avez indiqué. Maintenant, le ministère de la Justice
possède sa propre salle, au dixième étage du palais de
justice de Montréal.
M. Filion: Est-ce que c'est CGI qui a eu le contrat
d'Implantation, au palais de justice, de la salle d'ordinateurs qui sera
autonome, si l'on veut, à partir du 1er avril?
M. Cantin: Vous voulez dire pour la construction de la salle?
M. Filion: Oui, l'aménagement et l'implantation.
M. Cantin: Plusieurs contrats ont été donnés
pour la construction de la salle. La firme CGI n'a pas eu de contrat. Il y a eu
un contrat de 80 000 $ pour une période d'un an pour la surveillance des
travaux de la Direction des services Informatiques, en guise de support
technique pour la construction de la salle. La salle a été
construite par la SIQ, la Société immobilière du
Québec, en collaboration, bien sûr, avec les ressources
matérielles du ministère de la Justice.
M. Filion: Si j'ai bien compris, le ministère va quand
même continuer à utiliser en partie le personnel de CGI à
compter du 1 er avril?
M. Cantin: Non, pas le personnel de CGI. Le ministère de
la Justice a dû déroger pendant quelques années à un
processus normal d'appel d'offres en raison de la construction de la salle. La
situation a pu être régularisée. Le processus d'appel
d'offres a été complété dernièrement et un
nouveau fournisseur devrait entrer en fonction le 1er avril.
M. Filion: Le ministère de la Justice n'est pas capable,
avec tout l'équipement qu'il a... Dois-je comprendre que le
ministère de la Justice est maintenant autonome en ternies
d'équipements Informatiques ou s'il doit continuer à faire appel
à des ressources de l'extérieur?
M. Cantin: Nous avons nos propres équipements, nous avons
notre propre salle d'ordinateurs et nous faisons encore appel à des
services externes pour du personnel d'appoint et du personnel
spécialisé, du personnel technique. Dans ce cas-ci, ce sont des
opérateurs qui veillent au fonctionnement de la salle. Il y a, bien
sûr, des appels d'offres pour la réalisation de systèmes,
etc. Donc, on fait appel et on continuera à faire appel à des
ressources externes pour la gestion de l'Informatique du ministère,
c'est sûr.
M. Filion: Je serais curieux de savoir quel est le montant global
accordé depuis le 2 décembre 1985 à la firme CGI.
M. Cantin: Au ministère de la Justice? M. Filion:
Au ministère de la Justice.
M. Rémillard: Ce n'est pas seulement depuis le 2
décembre 1985. Je crois que CGI est impliquée avec le
ministère de la Justice depuis plusieurs années.
M. Cantin: Oui, depuis le début. Antérieurement,
comme on l'a mentionné, c'était la firme BST qui nous offrait ces
services-là. Cette firme a été acquise par CGI au cours
des deux ou trois dernières années. Je ne me rappelle pas
exactement la date, mais je crois c'était en 1987. Donc, de ce fait,
elle est devenue propriétaire de notre contrat. Nous faisons appel
à de nombreuses firmes et CGI est l'un de nos fournisseurs. Cependant,
à compter du 1er avril, elle n'aura plus beaucoup de contrats chez nous,
s'il en reste, et je ne crois pas qu'il en reste.
M. Filion: II en reste. Cela va.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'engagement 14 est
vérifié?
M. Filion: Vérifié.
Le Préaident (M. Marcil): J'appelle l'engagement 15.
M. Filion: Vérifié. Les engagements 16 et 17 sont
également vérifiés.
Le Président (M. Marcil): Les engagements 15, 16 et 17
sont donc vérifiés. Nous passons maintenant aux engagements du
mois de juillet 1968. J'appelle l'engagement 4.
Juillet
M. Filion: On a déjà vu cet engagement auparavant.
Il s'agit du renouvellement du contrat pour effectuer une enquête
concernant la discrimination salariale chez les professionnels de la fonction
publique. C'est d'actualité et cela le deviendra davantage au cours des
mois à venir. Le fournisseur est M. Marcel Guilbert de Montréal,
et le montant de l'engagement, 81 800 $. Est-ce que les travaux de M. Guilbert
sont terminés? Quel montant total a-t-il reçu?
M. Rémillard: M. le Président, le travail de M.
Guilbert n'est pas terminé et à ce jour, les
honoraires et déboursés versés depuis le
début de son mandat pour 1987-1988 s'élèvent à 26
509,18 $, et, pour 1988-1989, à 37 313,85 $, pour un total de 63 823,03
$.
M. Filion: Ce n'est pas encore terminé? M.
Rémillard: Ce n'est pas encore terminé.
M. Filion: Est-ce qu'un rapport a été
déposé?
M. Rémillard: Aucun rapport n'a encore été
déposé.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 4 est donc
vérifié. J'appelle l'engagement 5.
M. Filion: On a vu l'engagement 5. Cela va.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 5 est
vérifié. J'appelle l'engagement 6.
M. Filion: Une curiosité là-dessus, rapidement.
Parmi les autres soumissionnaires, il y a Comterm pour 457 236,92 $. Il est
écrit à côté: proposition 2. Est-ce que cela veut
dire que le soumissionnaire peut faire deux propositions? Quelle était
la proposition 1? La proposition 1 devait être la proposition qui a
été l'objet de l'adjudication à 424 000 $. C'est la
première fois que je vois ça. Est-ce qu'un même
soumissionnaire peut faire deux propositions?
M. Rémillard: M. le Président, je douterais qu'un
même soumissionnaire puisse faire deux propositions sur le même
contrat. Vous me permettrez, encore une fois, de me référer
à M. Cantin qui est notre spécialiste dans ce domaine. Il est le
directeur des services informatiques et il peut répondre à la
question.
M. Cantin: Je n'ai malheureusement pas l'information dans ce cas
précis. Je pourrais peut-être la fournir si c'est requis. Disons
que ce qui se produit à l'occasion, et c'est probablement ce qui s'est
produit dans ce cas-ci, c'est qu'un fournisseur va faire une proposition de
prix pour donner des services selon le cahier des charges qui a
été fourni et, souvent, va ajouter une autre proposition
concernant un service additionnel qu'il pourrait offrir en même temps, en
supplément au service de base qui est demandé. Souvent, comme
c'est le cas, cela peut occasionner le rejet de cette autre proposition comme
étant non conforme au cahier des charges.
Dans ce cas-là, j'ai maintenant l'information, je me rappelle, je
m'excuse. On avait des types d'équipements différents, il faut se
rappeler qu'on offre aussi les services informatiques au ministère de la
Sécurité publique. Donc, on avait les équipments au
ministère de la Sécurité publique et on en a au
ministère de la Justice. On avait des groupes d'équipement. Donc,
les soumissionnaires avaient la possibilité d'offrir une soumission
globale, soit pour un groupe d'équipements ou pour la totalité
des équipements.
M. Filion: On avait le choix dans le devis.
M. Cantin: C'est cela, il y avait le choix... C'est-à-dire
que le groupe A concernait l'entretien des équipements du
ministère de la Justice; le groupe B, l'entretien des équipements
du Solliciteur générai et le groupe C, celui des
équipements A et B. Ils pouvaient soumissionner pour entretenir
uniquement ceux de la Justice, uniquement ceux du Solliciteur
général, ou l'ensemble.
M. Filion: Cela va. Merci.
Le Président (M. Marcil): Vérifié. J'appelle
l'engagement 7.
M. Filion: Engagement 7. La subvention à la Ligue des
droits et libertés est passée de 30 000 $ à 35 000 $.
C'est cela?
M. Rémillard: C'est ça, oui. M. Filion:
Très bien. Le Président (M. Marcil):
Vérifié? M. Filion: Vérifié.
Août
Le Président (M. Marcil): J'appelle maintenant les
engagements du mois d'août 1988. L'engagement 7?
M. Filion: Vérifié.
Le Président (M. Marcil): Engagement 8?
M. Filion: Peut-être sur l'engagement 7, M. le
Président. Évidemment, le rapport du comité Bellemare
contient plusieurs recommandations. Je pense que le ministre nous parlait
tantôt de quelque 70 recommandations. On a en évoqué
quelques-unes, c'est-à-dire la présence des minorités
visibles au sein même des corps policiers, etc., mais il y en a
plusieurs. Il y en a certaines qui ne touchent pas directement le
ministère, mais d'autres intervenants. Est-ce qu'il existe quelque part
un échéancier de mise en valeur ou de mise en opération de
ces recommandations? Est-ce qu'il y a un comité de suivi? Est-ce qu'il y
a une coordination pour assurer le suivi des recommandations du rapport
Bellemare ou est-ce qu'on a déposé le rapport et on fait ce qu'on
peut?
M. Rémillard: M. le Président, le rapport Bellemare
touche aussi beaucoup, comme vous le savez, le ministère de la
Sécurité publique. Je serai devant vous pour répondre du
ministère de la Sécurité publique. Je crois que ce sera la
semaine prochaine. A ce moment-là...
M. Filion: Oui, mais c'est un contrat du ministère de la
Justice. (17 h 45)
M. Rémillard: Oui, mais c'est surtout en fonction de
l'application en ce qui regarde nos corps policiers. Ce que |e me permets de
dire au député de Taillon, c'est que je pourrai peut-être
à ce moment-là discuter beaucoup plus avant avec lui de ce
rapport Bellemare et des suites.
Ce que je peux lui dire, c'est que les recommandations du rapport
Bellemare s'adressent à beaucoup d'intervenants; il y a les corps
policiers, bien sûr, le gouvernement du Québec, la
Communauté urbaine de Montréal et les municipalités, les
milieux de l'éducation et aussi les milieux de formation
policière. Ce sont des recommandations qui visent à corriger des
situations et des pratiques qui peuvent avoir des effets discriminatoires, et
qui ont aussi pour objet de doter les corps policiers et les personnes qui les
composent de connaissances, d'instruments et de mécanismes qui
favorisent l'indispensable ajustement aux nouvelles réalités
d'une société devenue multiethnique qui est la nôtre.
Alors, M. le Président, je pourrai certainement en dire plus dans
le cadre de notre rencontre de la semaine prochaine en ce qui regarde la
sécurité publique, puisque beaucoup des aspects du rapport
Bellemare sont en relation directe avec la nouvelle loi sur l'organisation
policière, avec différents aspects qui touchent à la
sécurité publique.
M. Filion: M. le Président, je ne blâme pas le
ministre de confondre les porte-parole de l'Opposition. Il a plusieurs chapeaux
à porter. Il est député de Jean-Talon, on le sait,
ministre de la Justice, ministre de la Sécurité publique, il
s'occupe également des relations
fédérales-provinciales.
M. Rémillard: De la protection du consommateur, M. le
député.
M. Filion: De la protection du consommateur. Il a sûrement
oublié que le porte-parole de l'Opposition, en matière de
sécurité publique, c'est le député de
Jonquière.
M. Rémillard: Ah, excusez-moi.
M. Filion: Donc, nous n'aurons pas l'occasion de discuter
ensemble de ces recommandations. Je profite du point que soulève le
ministre pour souligner que, malgré tous les beaux discours du
député de D'Arcy McGee, du premier ministre et probablement -
sûrement, d'ailleurs - du ministre de la Justice lui-même qui est
devant nous aujourd'hui, le député de Jean-Talon continue
à cumuler des fonctions qu'il aurait probablement décrites comme
étant Incompatibles. Il est inacceptable que la même personne
occupe les deux fonctions. Je suis convaincu que le ministre a
déjà dit cela. Son prédécesseur l'avait dit
amplement.
Malgré tout, on voit, M. le Président, que l'histoire se
répète et que le député de Jean-Talon a toujours
ces deux chapeaux qui le placent dans une situation sûrement très
inconfortable dans certains dossiers qui me viennent à l'esprit, mais
dont je ne voudrais pas traiter ici pour ne pas le troubler davantage à
la veille de son congé pascal. Je veux simplement souligner l'urgence,
pour le ministre de la Justice, de convaincre son chef, le premier ministre,
d'avoir un peu de cohérence dans ses propos, pour faire en sorte qu'on
puisse avoir un ministre de la Sécurité publique qui ne soit pas
également ministre de la Justice, ne serait-ce que pour éviter le
type de confusion qu'on retrouve présentement, à savoir: Vous
savez, on va se reprendre quand je serai ministre de la Sécurité
publique, alors qu'on traite d'un rapport qui impliquait finalement la
Commission des droits de la personne qui, elle-même, relève du
ministre de la Justice et non pas du ministre de la Sécurité
publique.
Bref, voici le type de situation que crée l'incapacité de
décision du premier ministre du Québec, qu'on retrouve dans
plusieurs dossiers et qui fait en sorte que certains députés,
membres du Conseil des ministres, cumulent des charges extrêmement
importantes. À preuve, le député d'Argenteuil
également, dont le nombre de chapeaux pourrait suffire à rouvrir
les vieux magasins Stetson qu'on retrouvait un peu plus souvent avant...
Mme Bleau: Stetson?
M. Filion: C'est ce que j'ai dit. C'est la même chose pour
le député de Jean-Talon, qui maintenant, commence à
ployer. Et, pendant ce temps-là, ce qui est remarquable, M. le
Président, c'est qu'on retrouve neuf ministres
délégués et ce ne sont pas des ministres qui sont en
charge d'un secteur comme le développement économique ou le
développement social, qui chapeauteraient d'autres ministres. Neuf
ministres délégués. Qu'est-ce que cela veut dire? Cela
veut dire qu'ils ont la limousine, le chauffeur et le cabinet. Pendant ce
temps-là, II y a certains députés qui cumulent des
fonctions, au mépris souvent de ce qui a été dit
auparavant, ce qui fait en sorte que le député d'Argenteuil a
été obligé de reporter ses audiences sur la Loi sur
l'Université du Québec parce qu'il en a trop. C'est la même
chose pour le ministre de la Justice qui en a trop. La députée de
Chomedey également, vice-première ministre, ministre de
l'Environnement, des Affaires culturelles, etc.
Mais neuf ministres délégués! Évidemment, je
dis ça à des collègues qui n'ont pas eu la chance, eux ou
elles, d'être ministres délégués et de pouvoir jouir
du statut de ministre, mais j'espère que, lorsque viendra le temps de
jauger l'équipe ministérielle, on se rendra compte que cette
équipe est réduite un petit peu. Elle est réduite à
quatre ou cinq personnes qui prennent les décisions, qui accumulent les
chapeaux et les décisions se prennent là. Les ministres
délégués, j'aime mieux ne pas embarquer là-dedans,
par exemple, le ministre délégué à l'application de
la loi 142 - imaginez-vous! - le ministre délégué à
la haute technologie.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon, si vous le voulez, on va revenir à la pertinence du
débat.
M. Filion: Je me demande si on lui a donné la haute
technologie. Je pense qu'on lui a donné seulement la haute. La
technologie est ailleurs, on a appris ça, récemment.
Brièvement, pour revenir à notre propos principal,
j'incite le ministre de la Justice - il n'est jamais trop tard pour bien faire,
même s'il y a des élections dans l'air - à convaincre son
patron, le député de Saint-Laurent, de faire en sorte qu'on
puisse avoir un Solliciteur général à qui on pourrait
adresser des questions sur la sécurité publique et un ministre de
la Justice avec qui on pourrait converser de toutes les suites a donner au
rapport Bellemare, sans qu'il nous renvoie à son autre chapeau.
Voilà.
Le Président (M. Marcil): À la suite de vos propos,
M. le député de Taillon, on a quasiment l'impression que vous
avez pris votre décision de vous représenter. M. le ministre.
M. Filion: Ne venez pas troubler ma réflexion.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marcil): Vous avez mentionné que
lorsque vous serez ministre...
M. Filion: Je n'ai jamais dit ça.
Le Président (M. Marcil): Oui, vous avez dit ça au
début.
M. Filion: Mais non, je n'ai jamais dit ça.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Taillon souligne les responsabilités que
j'assume comme ministre de la Justice, ministre de la Sécurité
publique et ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes et responsable aussi de la Protection du
consommateur. Je dois lui dire que je suis particulièrement sensible
à cette confiance que le premier ministre m'accorde en me donnant ces
respon- sabilités et très conscient aussi de la lourdeur de la
tâche. Je le fais donc bien modestement.
D'abord, le député de Taillon parle de limousines. Vous
savez, c'est un terme... Quand j'entends ça, limousine", ce sont nos
chics Caprice, comme je les appelle. Une Chevrolet Caprice, c'est une voiture
bien ordinaire. On passe énormément de temps dans ces voitures et
cela n'a pas bien l'air de limousines. Je le dis, M. le Président, parce
que très souvent la population qui entend cette expression limousines
gouvernementales" nous pense dans de grandes limousines aux vitres
teintées avec, à l'intérieur, le bar ouvert et tout ce que
vous voulez. Alors, je peux vous dire que ce n'est pas tout à fait la
réalité; ce sont des voitures parfaitement convenables et qui
sont là pour nous servir à faire notre travail.
Le député de Taillon parle aussi des ministres
délégués qui ont une responsabilité
spécifique sur un dossier en particulier. Je voudrais simplement lui
dire qu'à la fin du mandat du gouvernement péquiste il y avait
même des ministres qui n'étaient pas députés.
Combien y en avait-il? Et là, on pourrait me corriger. Il y en avait
peut-être deux, trois ou quatre.
Une voix: Trois.
M. Rémillard: Trois, si ma mémoire est bonne, qui
étaient simplement des gens en qui probablement le premier ministre, M.
Pierre Marc Johnson, à l'époque, avait grande confiance. Ces gens
n'étaient pas députés, donc pas élus par le peuple,
et ils bénéficiaient de limousines, pour reprendre l'expression
qu'a utilisée tout à l'heure le député de Taillon.
Ils utilisaient aussi tous les moyens que l'État peut donner et
c'était à la veille d'une campagne électorale aussi, on
s'en souvient très bien.
M. Filion: Je vais vous rappeler les années soixante-dix
où l'actuel premier ministre a fait exactement la même chose,
sinon plus, et pour des périodes beaucoup plus longues. Vous savez que
la tradition de notre système parlementaire permet ce type de
nominations dans la mesure où les députés doivent se
soumettre au test électoral dans les mois qui suivent, ce qui a
été le cas en 1985, mais ce qui n'était pas tout à
fait le cas lorsque l'actuel premier ministre s'amusait à nommer des
ministres qui n'étaient pas députés dans les années
soixante-dix.
M. Rémillard: M. le Président, je ne veux pas faire
de surenchère, mais on pourrait citer beaucoup d'exemples, vous savez,
dans ce domaine. Je pense qu'il faut avant tout respecter - parce qu'on sait le
travail que cela demande, le député de Taillon le sait comme moi
- des citoyens et des citoyennes qui acceptent de donner, à un moment
donné, une partie de leur vie au service de l'État pour se faire
élire et
c'est une partie importante de notre système démocratique.
En conséquence, quand nous avons des ministres, qu'ils soient
délégués ou qu'ils soient plénipotentiaires en
fonction d'un ministère, peu importe, ils sont là pour faire le
travail avec le plus de compétence possible pour l'intérêt
public.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Marcil): Vérifié?
M. Filion: Vérifié.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 8?
M. Filion: À l'engagement 8, est-ce que les honoraires de
Me Jean-Marie Larivière... On parle du même comité. Non, ce
n'est pas tout à fait la même chose. Il s'agit d'un "paiement
à Me Jean-Marie Larivière représentant les honoraires
professionnels pour agir à titre de procureur et conseiller juridique de
la Commission des droits de la personne dans les dossiers relatifs aux
conditions de travail du personnel de la commission". Est-ce que le mandat est
terminé? Quel est le montant total?
M. Rémillard: Me Larivière, dont l'étude est
saisie du dossier des relations du travail depuis les débuts, a
reçu, à titre de procureur et de porte-parole de la commission
dans cette négociation, un mandat du ministère de la Justice pour
agir et ses honoraires ont été remboursés selon les normes
des avocats engagés par le gouvernement. Le coût des honoraires
est de 37 057,05 $.
M. Filion: Le montant de l'engagement, c'est 35 000 $.
M. Rémillard: II faut comprendre que "Mme" Jean-Marie
Larivière agit à titre...
M. Filion: Maître.
M. Rémillard: Excusez-moi, Me Jean-Marie Larivière
agit à titre...
M. Filion: C'est un homme. Ce n'est pas parce que vous n'avez pas
dit le titre de "maître", c'est parce que c'est un homme, Jean-Marie
Larivière.
M. Rémillard: Alors, Me Jean-Marie Larivière agit
à titre de porte-parole dans ce dossier depuis environ une dizaine
d'années.
M. Filion: Ce n'est pas ma question. Le montant de l'engagement,
c'est 35 000 $. Cela a coûté 37 000 $. Est-ce qu'il y a d'autres
années où on a Imputé budgétairement partant les
2000 $ qui restent? Quand on dit que nos engagements financiers ne valent pas
cher la livre!
M. Rémillard: Ce ne sera pas long, je fais les
vérifications qui s'imposent, M. le député. Je ne voudrais
pas donner des réponses qui ne seraient pas exactes. Si vous me
permettez, M. le Président, de vous référer à M.
Trudeau, chef de la gestion financière, qui répondra à
cette question.
M. Trudeau (Claude): Alors, l'engagement initial pour les
honoraires professionnels de Me Jean-Marie Larivière était
effectivement de 35 000 $. C'est de l'argent qu'on réserve pour des
factures éventuelles. Au cours de l'année, on s'est rendu compte
que le montant dépassait un peu l'engagement financier fait au
début. Donc, on a fait un supplément d'engagement de 2 057,05 $
pour couvrir ces honoraires.
M. Filion: C'est un engagement de mars 1989 ou un engagement
subséquent.
M. Trudeau: C'est-à-dire que c'est un engagement
subséquent, mais qui n'a pas à paraître de nouveau aux
engagements financiers, parce qu'on ne doit déclarer que les montants de
25 000 $ et plus.
M. Filion: C'est ça. Alors, voilà exactement la
meilleure illustration - ce n'est pas votre faute, M. Trudeau - du genre de
propos qu'on tenait tantôt. Vous voyez, on peut avoir un montant
d'engagement, mettons, de 30 000 $, pour une dépense réelle
supérieure, par exemple, de 54 000 $. S'il y a un autre montant de 24
000 $, comme c'est inférieur à 25 000 $, on ne l'étudiera
jamais.
M. Trudeau: Cela dépend s'il s'agit d'un autre contrat. Si
c'est le même contrat...
M. Filion: Oui, c'est pour le même contrat. On a un
engagement de 35 000 $ qui en a coûté 37 000 $, et il faut poser
la question pour le savoir; nous n'avons pas la science infuse. Donc, ce n'est
pas parce que les honoraires sont supérieurs ou Inférieurs, mais
c'est parce que nous sommes chargés, par la loi de l'Assemblée
nationale - nous prêtons serment - de vérifier des engagements
financiers, c'est-à-dire ce que l'exécutif dépense. On ne
redira pas ce qu'on a dit tantôt, mais toutes ces
cérémonies d'engagements financiers...
M. Rémillard: M. le Président, je voudrais dire au
député de Taillon qu'il peut me poser toutes les questions qu'il
voudra. Je prends bonne note de sa remarque parce que je suis conscient des
difficultés que cela comporte.
M. Filion: Ce n'est pas votre faute.
M. Rémillard: Je suis conscient de la difficulté.
Tout ce que je peux dire au député,
pour le moment, c'est qu'il nous pose toutes les questions et qu'on va
essayer d'y répondre. Je suis très conscient des
difficultés que cela représente.
M. Filion: Parfait. Alors, vérifié.
Le Président (M. Maril): Vérifié.
L'engagement 9?
M. Rémillard: M. le Président, j'aurais une
question de privilège.
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: Pourrions-nous faire un arrêt
technique?
Le Président (M. Marcil): Oui. Nous allons donc suspendre
l'étude des engagements financiers pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
(Reprise à 18 h 19)
Le Président (M. Marcil): Nous en étions rendus
à l'engagement 9, Je crois.
M. Filion: L'engagement 9. Cela va, c'est
vérifié.
Le Président (M. Marcil): Vérifié.
Engagement 10?
M. Filion: II s'agit d'un "paiement à Me Céline
Lacerte-Lamontagne représentant les honoraires professionnels pour agir
à titre de procureur de la commission d'enquête Gagnon sur des cas
d'abus sexuels Impliquant des enfants bénéficiaires d'un centre
d'accueil de la région de Montréal." J'ai juste une question au
ministre. Est-ce que le ministre peut me garantir qu'on ne fera pas une
enquête sur la commission d'enquête qui étudie ce qui s'est
passé autour d'un procès? En deux mots, le dossier est une
véritable saga. Ma question était une blague, bien sûr.
D'abord, la commission n'a pas terminé ses travaux, à ma
connaissance. Est-ce qu'elle a terminé ses travaux?
M. Rémillard: Non, ils n'ont pas terminé leurs
travaux.
M. Filion: Ils n'ont pas terminé leurs travaux. Est-ce que
le ministre sait à peu près quand les travaux vont se
terminer?
M. Rémillard: On devrait recevoir le rapport dans les
prochaines semaines. On nous a dit que, dans les prochaines semaines, on
devrait recevoir un rapport de cette commission.
Mme Bleau: Les enfants ne sont pas susceptibles de subir d'autres
assauts en attendant?
M. Rémillard: Non, absolument pas.
M. Filion: Deuxièmement, c'est une saga. On connaît
le dossier. Il y a eu des procès, il y a eu des libérations, je
pense, à des enquêtes préliminaires ou des acquittements.
Là, on fait une commission d'enquête sur des cas d'abus sexuels
qui durent depuis combien de temps, M. le ministre?
M. Rémillard: M. le Président, il y a
peut-être une information que je voudrais donner. Dans le décret,
on dit que cette commission est tenue de compléter ses travaux au plus
tard le 31 mars 1989 et de remettre son rapport et ses recommandations au plus
tard le 30 juin 1989.
M. Filion: 30 juin 1989.
M. Rémillard: Donc, 30 juin 1989.
M. Filion: La commission d'enquête a commencé
quand?
M. Rémillard: Le 4 novembre 1987. M. Filion: Le 4
novembre 1987.
M. Rémillard: Oui. C'est un sujet bien délicat et
vous comprendrez que, comme ministre de la Justice, je ne ferai pas de
commentaires, étant donné le processus d'enquête.
Le Président (M. Marcil): Vérifié?
M. Filion: Ce que je me suis permis, c'est une blague - je veux
bien que ce soit clair - quand j'ai demandé: Est-ce qu'on va faire une
enquête sur la commission d'enquête? C'était une
façon de signifier que, oui, bien sûr, on enquête, mais
qu'il faudrait que tout cela aboutisse, à un moment donné,
à des décisions, à des recommandations, peu importe, mais
que ça se termine à un moment donné. Sinon, il y a des
enfants Impliqués et, comme le soulève avec justesse la
députée de Groulx, je ne voudrais pas qu'on retrouve des
personnes de 55 ans en train de témoigner sur ce qui s'est passé
ou pas lorsqu'elles avaient 13 ans.
M. Rémillard: M. le Président, je veux assurer le
député de Taillon qu'il y a, dans ces cas comme dans bien
d'autres, le droit des enfants, il y a des enfants en cause, mais il y a aussi
le droit des personnes qui sont interrogées. Elles ont des obligations,
mais aussi des droits. C'est important que les droits de chacun puissent
être protégés.
M. Filion: Est-ce que le ministre connaît
les coûts de la commission jusqu'à ce jour, en incluant les
honoraires de Me Gagnon et de Me Lamontagne?
M. Rémillard: Le coût total à ce jour, M. le
Président, j'ai ici un montant de 357 899,32 $.
M. Filion: Ce sont des honoraires professionnels?
M. Rémillard: C'est cela.
M. Filion: Je pense qu'ils siègent au palais de
justice?
M. Rémillard: C'est ce qu'on me dit.
M. Filion: Alors, c'est sans compter les coûts indirects.
Cela va.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 10 est
vérifié. L'engagement 11?
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Marcil): Cela va, vérifié.
Maintenant, vous avez l'engagement 12.
M. Filion: Bon, on retrouve nos amis LGS inc., qui ont eu un
engagement de 450 000 $. Ma question est simple. Parmi les autres
soumissionnaires, il y avait SHL, pour un montant de 445 500 $, a moins que les
mathématiques n'aient changé récemment, un montant
Inférieur au montant de l'engagement et de la soumission de LGS. Est-ce
que le ministre ou quelqu'un de son entourage peut nous expliquer pourquoi?
M. Rémillard: Je crois, M. le Président, avec votre
permission, que Je vais me référer à M. Cantin, directeur
des services informatiques.
M. Filion: Juste pour économiser du temps, la même
chose en ce qui concerne l'engagement 13 et l'engagement 14, je pense. Allons-y
avec l'engagement 13.
Le Président (M. Marcil): M. Cantin.
M. Cantin: Est-ce que nous souhaitez qu'on puisse regarder les
trois en même temps, parce que c'est à peu près la
même problématique, la même situation?
M. Filion: Oui, allez-y.
M. Cantin: Si vous voulez, je peux vous expliquer l'ensemble. La
Direction des systèmes informatiques au ministère avait besoin de
personnel spécialisé, spécifiquement de gestionnaires de
projets et d'architectes de systèmes, pour le développement de
systèmes qui sont requis pour les bureaux d'enregistrement, pour les
services judiciaires, les cause pénales et les causes civiles, et aussi
le support au développement. Il y a une demande qui aété présentée au Conseil du trésor
autorisant l'embauche de l'équivalent de quinze années-personnes
pour une période de 30 mois. Donc, c'était le CT 164520, du 2
juin 1987, qui nous autorisait à embaucher l'équivalent de 30
années-personnes de source externe. L'engagement 12 a trait au
système des bureaux d'enregistrement. C'est un appel d'offres. Il y a eu
des appels d'offres distincts. Pour ce qui est des bureaux d'enregistrement,
cinq firmes ont soumissionné et c'est la firme LGS qui a
été retenue. La soumission la plus basse parmi les firmes qui se
sont qualifiées était celle de la firme SHL, System House, qui a
été rejetée à la première étape,
parce qu'elle ne respectait pas les exigences de base. Donc, le contrat a
été octroyé au plus bas soumissionnaire qualifié,
comme le veut l'étape normale.
M. Filion: Qui était chargé de projet pour LGS?
M. Cantin: Vous voulez dire la personne qui a été
retenue au chapitre des bureaux d'enregistrement?
M. Filion: Non, le chargé de projet pour LGS, la personne
en charge?
M. Cantin: C'est-à-dire le directeur de comptes...
M. Filion: Oui, votre répondant.
M. Cantin: Notre répondant est Michel Laflamme.
M. Filion: Michel Laflamme.
M. Cantin: Michel Laflamme est notre répondant.
M. Filion: Qui siégeait au comité de
sélection? Vous, probablement, et d'autres personnes?
M. Cantin: Non, du tout. Le comité de sélection est
un comité interne du ministère de la Justice qui comprenait des
gens, bien sûr, de chez nous, qui comprenait des analystes. Je peux vous
donner des noms: Jean-Claude Laferrière, qui était chef de la
division du développement à la DSI, Catherine Lamarche, qui
était la responsable de systèmes du côté
utilisateur, c'est-à-dire qui appartient à la Direction
générale de l'enregistrement. Il y avait Michel Lupien, de notre
service de l'administration, qui agit un peu comme notre secrétaire de
comité; Guy Sévigny, notre directeur à la planification,
et il y avait aussi une personne de l'extérieur, Jean Tessier, qui,
à ce moment-là, travaillait à la Banque d'Épargne.
C'est un comité de cinq personnes..
M. Filion: Cinq personnes.
M. Cantin: ...qui a procédé à
l'évaluation, soumis ces recommandations qui ont été
entéri-mées.
Le Président (M. Marcil): Oui, Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Juste une question. Quand je vois ici un
système pour les bureaux d'enregistrement, est-ce à dire, M. le
ministre, qu'enfin les bureaux d'enregistrement vont être munis
d'ordinateurs? Oui, enfin!
M. Cantin: Effectivement, le développement du
système des bureaux d'enregistrement est amorcé et
déjà on prévoit que l'implantation graduelle se fera
à compter de l'automne. Là, on est en 1989. Déjà,
à l'automne, on commencera à implanter les premiers modules et,
d'ici deux ou trois ans, effectivement, les bureaux d'enregistrement seront
mécanisés.
Mme Bleau: Vous ne pouvez pas prévoir à cette
date-ci - je pense entre autres, au bureau de Saint-Jérôme qui a
à se plaindre continuellement de l'engorgement - quand cela va arriver
à Saint-Jérôme?
M. Cantin: Non, le développement vient de commencer. Ce
sont des projets énormes. Lorsqu'on parle de projets d'envergure, ici,
il s'agit de 7000 à 8000 jours de développement. Donc, ce sont
des équipes de 15 à 20 personnes qui vont travailler pendant deux
ou trois ans. Les premiers modules seront réalisés à
l'automne avec implantation des sites pilotes, etc. Donc, ça va prendre
au moins une période de trois, quatre ou cinq ans pour informatiser
l'ensemble du réseau, mais c'est amorcé.
Mme Bleau: Merci beaucoup.
M. Filion: Actuellement, qui exécute le projet, qui est en
charge du projet pour LGS?
M. Cantin: Le responsable est Jean Renaud.
M. Filion: M. Jean Renaud, de LGS ou de l'extérieur de
LGS?
M. Cantin: Non, Jean Renaud, de LGS. L'architecte vient
d'être remplacé. J'avoue franchement que je ne connais pas son
nom.
M. Filion: Qui sont les administrateurs de LGS?
M. Cantin: Ce sont: Raymond Lafontaine, président; Jacques
Moreau, vice-président; André
Gauthier, premier vice-président des finances et
secrétaire. C'est toute l'information que j'ai pour l'instant.
M. Filion: Vous venez de nommer les trois administrateurs.
M. Cantin: Raymond Lafontaine est le plus connu et il est le
président de LGS.
M. Filion: Et ATA? Qui sont les administrateurs d'ATA? (18 h
30)
M. Cantin: C'est Normand Tremblay qui est le président;
Robert Atkinson, vice-président; Carl Simard, vice-président,
unité de Québec. Il y a d'autres personnes, dont Charles Gregory
qui est vice-président à Montréal. Je ne sais quel est
leur rôle précis.
M. Filion: Qui est le directeur du projet à l'ATA?
M. Cantin: II y a eu trois changements de directeurs au cours des
six derniers mois. Il y avait Carl Bourassa, Gaston Thibault, l'avant-dernier.
Maintenant c'est... Je m'excuse, son nom m'échappe. Je l'ai
rencontré récemment II vient d'arriver au projet.
M. Filion: Cela va. Cela ne doit être drôle de
changer de directeur de projet trois fois en six mois.
M. Cantin: Non, ce ne sont pas nécessairement des
directeurs de projet, mais des directeurs de comptes. Je veux dire que le
ministère a ce qu'y appelle un directeur de comptes vis-à-vis de
ces firmes-là. Dans le cas d'ATA, effectivement, c'est un peu
exceptionnel. Sur une période de six mois, il y a eu trois changements.
Par contre, chez LGS, Michel Laflamme est là depuis des années;
chez CGI, c'est Richard Megener depuis des années.
M. Filion: Cela va. Vérifié.
Le Président (M. Marcil): Les engagements 12, 13 et 14
sont vérifiés. J'appelle l'engagement 15.
M. Filion: En ce qui concerne l'engagement 15, M. le
Président, la question que je poserai au ministre est la suivante,
quitte à ce qu'il en prenne note. Ma question est simple.
Évidemment, l'engagement 15 est un "paiement à Me Allan R.
Hilton, de la firme Clarkson, Tétrault, avocat, représentant les
honoraires professionnels pour agir à titre d'avocat du défendeur
devant la Cour suprême dans l'affaire Procureur général du
Québec versus Chaussure Brown et al. Montant de l'engagement: 45 000 $.
Imputation budgétaire 1987-1988: 45 000 $."
Ma question très simple est la suivante: Est-ce que ce serait
possible que le ministre - je pense que le délai est de quinze jours -
maintenant ou dans quinze jours nous donne par écrit, le portrait
complet du dossier du finance-
ment des avocats d'Alliance Québec? Quelles sommes ont
été payées? Quand ont-elles été
payées? À quel compte ces sommes-là
répondaient-elles? Je voudrais le savoir dans tous les cas, parce qu'il
y a Me Yarosky et aussi Me Hilton. Ce que j'aimerais avoir, c'est quelque chose
de clair, quitte à ce que, si le ministre le juge à propos, il
dépose quelque chose de clair par écrit pour tous, pas seulement
pour un avocat, qui pourrait inclure également les honoraires
versés au procureur de l'appelant et à quel compte cela
répondait. Je ne sais pas si on pourrait demander carrément de
déposer les comptes. Je pense que ça n'Irait pas à
l'encontre d'un secret professionnel quelconque de les déposer, si c'est
loisible. Je ne veux pas entrer dans le secret professionnel, je ne pense pas
qu'on le fasse en demandant de déposer des comptes. En deux mots, avoir
le portrait complet, c'est le but de ma question.
M. Rémillard: M. le Président, le sous-ministre, M.
Chamberland, pourrait répondre, je pense, à bien des questions
que vient de poser le député de Taillon. Peut-être qu'il
pourrait considérer ces réponses comme satisfaisantes en fonction
des renseignements qu'il veut avoir. Sinon, on prendra avis et on lui
répondra. Si vous me le permettez, M. le Président, je
demanderais à M. Chamberland de répondre à ces
questions.
M. Filion: Cela inclut le procureur de l'appelant.
M. Chamberland (Jacques): Je suis Jacques Chamberland,
sous-ministre à la Justice. J'ai avec moi les informations concernant
les avocats des intimés, mais je n'ai pas celles concernant les avocats
de l'appelant, le Procureur général en Cour suprême. On
pourra les obtenir et les ajouter aux informations que je suis en mesure de
vous donner aujourd'hui.
M. Filion: Par écrit, M. le sous-ministre?
M. Chamberland: J'ai une liste, une note. Effectivement, les
montants sont mentionnés par écrit.
M. Filion: Est-ce que vous auriez objection à
déposer la note?
M. Rémillard: Ce n'est peut-être pas complet comme
tel. Je pense qu'il n'y a peut-être pas toutes les réponses, entre
autres pour l'appelant.
M. Filion: Je prends note que vous en prenez avis pour
l'appelant. Pour les intimés, on pourra déposer simplement cette
note.
M. Rémillard: On peut déposer cette note, M. le
Président. Le député de Taillon pourra vérifier si
cela répond à ses questions, et on pourrait s'en tenir
là.
M. Filion: C'était ma première question. Ma
deuxième question: Quelles sommes d'argent ont été
versées par le ministère de la Justice à des procureurs
pour des demandes similaires?
M. Rémillard: Aucune.
M. Filion: Je vous remercie. Est-ce qu'il existe...
M. Rémillard: Si vous me le permettez, une petite minute.
M. le Président, quand je dis aucune, il faut bien comprendre qu'il y a
des situations particulières. Dans le cas de Chaussure
Brown, c'était une situation particulière. Une
requête devait être présentée en vertu de l'article
49...
M. Filion: Mais elle ne l'a jamais été.
M. Rémillard: ...et, dans ce cas, c'était
particulier. Je voudrais, quand même, établir la distinction -
c'est Important qu'on la comprenne-vu la situation particulière de
Chaussure Brown.
M. Filion: Oui, je la comprends bien. M. le ministre, il n'y a
cependant rien dans le jugement rendu par la Cour suprême, dans le
dossier de Chaussure Brown qui faisait directement ou indirectement
référence, à ma connaissance, en tout cas, à un
paiement d'honoraires aux avocats de la partie adverse en vertu de l'article
49, je pense, de la loi de la Cour suprême. Est-ce que vous me confirmez
qu'il n'y a eu, directement ou indirectement, aucune ordonnance ou aucune
référence que ce soit venant de la Cour suprême, ou est-ce
qu'il y a eu communication quelconque de la part de la Cour suprême dont
je ne serais pas au courant relativement à ces paiements
d'honoraires?
M. Rémillard: On peut lire le jugement. Le jugement est
public, on l'a lu. On a vu qu'il n'y avait rien. Maintenant, je peux demander
à M. Chamberland de compléter ma réponse.
M, Chamberland: Effectivement, la Cour suprême a
été silencieuse sur cette question.
M. Filion: Elle a été silencieuse. Le dossier de la
Cour suprême ne recèle aucune requête déposée
dans le dossier?
M. Chamberland: Je n'ai pas vérifié le dossier de
la Cour suprême. Tout ce dont j'ai eu connaissance, c'est du jugement et
le jugement final est silencieux quant à cette question.
M. Rémillard: M. le Président, la cour savait
qu'il y avait eu paiement. Cela n'a donc pas été fait en
catimini, lorsqu'on sait le débat que cela a soulevé en
Chambre.
M. Filion: Le ministre connaît sans doute le jugement
Borowski dans lequel la Cour suprême a effectivement ordonné le
paiement des avocats de la partie adverse.
M. Rémillard: Oui, probablement parce que ça
n'avait pas été fait avant.
M. Filion: Est-ce que le ministre connaît le jugement
Borowski?
M. Rémillard: Je connais le jugement Borowski, mais sur
quel aspect voulez-vous en parler?
M. Filion: Sur le fait que la Cour suprême, dans ce
jugement, s'est prononcée sur le paiement des honoraires des avocats de
Borowski.
M. Rémillard: Oui. Alors, si la Cour suprême s'est
prononcée, c'est parce que les paiements n'avaient pas été
faits avant. Dans ce cas, cela a été fait à la suite d'une
entente entre les parties.
M. Filion: M. le ministre de la Justice, êtes-vous en train
de me dire que la Cour suprême avait la connaissance judiciaire des
paiements faits par le gouvernement du Québec aux avocats d'Alliance
Québec?
M. Rémillard: Écoutez, il y a eu entente. Il y a
l'article 49 qui existe et que vous connaissez comme mol. En fonction de cet
article et de la possibilité pour la partie de demander par
requête à la Cour suprême que ses frais soient payés,
il a été décidé par les avocats d'en arriver
à une entente. Ils ont négocié une entente entre eux. Ils
ont fait cette entente. Par conséquent, il n'a pas été
plaidé par une partie que la Cour suprême se prononce sur les
frais judiciaires des parties parce qu'il y a eu une entente.
M. Filion: On ne parle pas de frais judiciaires, on parle
d'honoraires.
M. Rémillard: Les honoraires aussi, c'est la même
chose. Mettez les honoraires.
M. Filion: Non, ce n'est pas tout à fait la même
chose.
M. Rémillard: Mettez les honoraires extrajudiciaires.
M. Filion: II reste deux choses en suspens: les comptes des
avocats - j'ai bien reçu la note de M. le sous-ministre, je l'en
remercie - et...
M. Rémillard: On a un compte ici qu'on pourrait
déposer, M. le député de Taillon, si vous le voulez. Il y
a un compte. Il en manque un, mais il y en a un, au moins. C'est celui
de...
M. Filion: On les dépose. Je voudrais avoir ça au
complet parce que retracer ce dossier fil par fil, la pièce de tissu est
pas mal décousue.
M. Rémillard: D'accord, vous avez raison. Je vais vous
dire tout simplement qu'il n'y a pas de cachette là-dedans. Il n'y a
jamais eu de cachette là-dedans.
M. Filion: D'un autre côté...
M. Rémillard: On va déposer tous les documents
qu'on peut déposer en fonction des lois et des règlements qui
nous gouvernent.
M. Filion: C'est ça. Voilà.
M. Rémillard: II n'y a pas de problème.
M. Filion: Si vous faites ça, ça va me suffire. Je
n'aurai pas besoin de détails du côté du procureur de
l'appelant, du Procureur général. Ce n'est pas nécessaire,
en ce qui me concerne, à moins que d'autres membres de la commission ne
veuillent en avoir. Donc, ne prenez pas note de mes demandes en ce qui concerne
les procureurs de l'appelant. Je pense que ce n'est pas nécessaire si
j'ai un bon portrait comme on vient de me le déposer. Le ministre a
répondu d'une façon bien précise à mes questions.
À ce moment-là, je n'ai pas besoin d'avoir d'autres Informations
que celles relatives au compte des avocats des Intimés. Est-ce que c'est
clair?
M. Rémillard: Vos questions sont prises en note...
M. Filion: D'accord.
M. Rémillard: ...pour avis et on va y répondre.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, M. le
député de Taillon, pour nous, il n'est pas question de cacher
quoi que ce soit là-dedans parce qu'il n'y a rien à cacher.
M. Filion: Est-ce qu'il existe, est-ce qu'il a été
mis sur pied ou est-ce qu'il a été établi un programme au
ministère de la Justice relativement à des cas similaires ou
semblables qui pourraient se produire?
M. Rémillard: L'application de l'article 49 peut se faire
par une requête présentée à la cour - la Cour
suprême se prononce donc sur ces paiements des frais extrajudiciaires
à la suite d'une requête - ou si les parties en viennent ensemble
à une entente avant la requête, comme dans le cas qui nous occupe.
C'est une situation qui doit s'apprécier en fonction de chacun des
cas. C'est du cas par cas.
M. Filion: II n'y a pas de programme.
M. Rémillard: Éventuellement, on pourrait
peut-être envisager la possibilité d'avoir des critères,
des nonnes plus générales en fonction d'un programme, mais au
moment où nous nous parlons, je n'en suis pas convaincu, je n'en suis
absolument pas convaincu parce que c'est vraiment du cas par cas.
Il faut comprendre, M. le Président, qu'il y a déjà
l'aide juridique, qu'il y a aussi le fonds d'aide aux recours collectifs, qui
existent pour aider les gens au paiement des frais judiciaires. Dans ce
contexte, il m'apparaît important d'apprécier chaque situation
à son mérite. (18 h 45)
M. Filion: J'aurais peut-être un commentaire et une
dernière question. Le commentaire est le suivant: J'ai dit tantôt
que les réponses étaient précises. Cela ne veut pas dire
du tout que Je partage le contenu de ce que nous dit le ministre de la Justice,
je veux être bien clair là-dessus. Oui, ses réponses
à mes questions étaient précises, mais ça ne veut
pas dire que je les partage. Je suis sûr que mes collègues
n'aimeraient pas que je recommence un débat que j'ai déjà
fait. Ce sont là mes commentaires.
Deuxièmement, ce que nous a remis le sous-ministre, est-ce pour
les trois instances: Cour supérieure, Cour d'appel et Cour
suprême? Est-ce complet?
M. Chamberland: Oui. Vous avez le portrait complet et, chez nous,
c'est considéré comme un dossier fermé.
M. Filion: II n'y a pas de comptes en suspens?
M. Chamberland: C'est ce que je voulais dire.
M. Filion: Vous n'attendez pas de compte d'honoraires, si je
comprends bien, pour la vacation à la Cour suprême, pour
l'écoute du jugement?
M. Chamberland: Vous m'avez bien compris, je vous al dit que
c'était un dossier qui était considéré
fermé, chez nous, à tout point de vue.
M. Filion: D'accord. Et il n'y a pas eu de compte adressé
au Procureur général, par les procureurs des intimés, pour
la vacation à la Cour suprême?
M. Chamberland: Non.
M. Filion: J'en suis fort heureux.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que ça va pour
l'engagement 15?
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Marcil): Vérifié. J'appelle
l'engagement 16.
M. Filion: Sous réserve, encore une fois, des comptes.
Le Président (M. Marcil): Oui, cela va. M. Filion:
L'engagement 16, ça va.
Le Président (M. Marcil): Vérifié. Vous avez
ensuite la liste révisée des engagements financiers du mois
d'août 1988, selon les nouvelles formules.
M. Filion: Oui, ce sont les nouvelles formules qui sont
censées être plus simples, mais qui ne le sont pas. L'engagement
1, ça va, vérifié; l'engagement 2 aussi. L'engagement 3,
des honoraires à Me Larivière pour négocier "dans le cadre
du renouvellement des tarifs des avocats applicables à l'aide
juridique". Au lieu de poser la question au ministre, en Chambre, je vais la
lui poser maintenant: Où en est-on dans le dossier? Je sais que ce n'est
pas terminé.
M. Rémillard: Le dossier progresse bien, M. le
Président, en ce qui concerne les honoraires à payer aux avocats
qui acceptent les mandats de l'aide juridique. Quand je suis arrivé
comme ministre de la Justice, j'ai dit que c'était une situation que je
voulais régler, que ça n'avait aucun bon sens qu'on n'ait pas
modifié les honoraires payés aux avocats qui acceptent des
mandats de l'aide juridique, depuis 1981 et 1984. Le gouvernement
précédent a même enlevé l'indexation pour ces
honoraires. Donc, c'est une situation que je veux régler et j'y
travaille avec mon collègue, le président du Conseil du
trésor.
Il y a eu plusieurs rencontres. Je suis moi-même allé
rencontrer plusieurs de ces avocats criminalistes qui étaient
réunis, en grande partie, à Montréal, il y a
déjà quelques mois, et on en a discuté. Il y a aussi eu
des rencontres faites, au niveau du Conseil du trésor, entre les
fonctionnaires du Conseil du trésor et les fonctionnaires de la Justice.
La question est de savoir sur quoi on va se baser pour pouvoir faire ces
ajustements. On veut avoir un profil de pratique qui nous permettrait de fonder
les critères qu'on doit établir pour ajuster ces honoraires. Des
discussions ont eu lieu avec le Barreau, il y a une bonne collaboration du
Barreau. Avec le bâtonnier Guy Gilbert, avec le négociateur des
avocats, Me Gagnon, j'ai personnellement rencontré le président
du Conseil du trésor, le député de Vaudreuil. Nous en
sommes arrivés à la conclusion qu'il fallait mettre tous nos
efforts pour faire ces études et avoir ce profil de pratique dont on a
besoin. Nous travaillons présentement à établir ce profil
de pratique.
Je peux donc assurer le député de Taillon que oui, nous
voulons faire cet ajustement et j'ai la volonté ferme du Conseil du
trésor d'y procéder. Cependant, il faut travailler ensemble pour
trouver les critères et les normes qui nous guideront pour ces
ajustements. Et je peux vous dire que le dossier avance très bien. Une
rencontre avec le Conseil du trésor aura lieu très prochainement,
ce sera mercredi prochain.
M. Filion: En somme, ça n'a pas de sens, les tarifs
actuels.
M. Rémillard: Oui.
M. Filion: Deuxièmement, vous nous dites que les
négociations vont bon train, mais elles durent depuis très
très longtemps. Troisièmement, M. le ministre, cela
n'apparaît pas dans le livre des crédits. SI des sommes d'argent
sont prévues par le gouvernement pour arriver à faire face
à cette augmentation de tarifs, à la lecture des crédits
du ministère de la Justice, ce n'est pas tout à fait
évident. C'est le moins qu'on puisse dire.
M. Rémillard: C'est difficile. M. le Président, de
prévoir des crédits pour ce qui n'est pas complété
au point de vue des négociations, mais je confirme la volonté
très ferme du gouvernement de rajuster ces tarifs. Si cela avait
été indexé par le précédent gouvernement -
comme iI aurait dû le faire, mais on a enlevé l'indexation - si on
n'avait pas enlevé l'indexation, on ne se retrouverait pas dans la
situation où on se retrouve présentement. Pour ma part, j'ai
hérité d'une situation avec laquelle j'essaie de composer pour
réparer ce que je considère inacceptable pour le moment.
M. Filion: Je tiens à souligner, encore une fois, au
ministre de la Justice qu'à l'époque - quand je dis à
l'époque, c'est sous l'ancien gouvernement - le gouvernement
fédéral ne contribuait à peu près pas à ces
paiements. En 1984, la contribution du gouvernement fédéral
n'était que de 6 000 000 $, M. le ministre, alors qu'actuellement elle
est de l'ordre de 50 %.
M. Rémillard: M. le Président, de toute
façon, je ne veux pas me référer à 1984 pour le
plaisir de le faire. Je veux, tout simplement, montionner qu'on veut en arriver
à une solution et que, de fait, le gouvernement fédéral
paie la moitié. Alors, si on en arrive à une entente avec les
avocats de la pratique privée qui acceptent des mandats de l'aide
juridique, cela signifie que nous pourrons avoir la moitié venant du
gouvernement fédéral.
M. Filion: Ce que je vous soulignais en vous donnant, ce chiffre,
c'est qu'à l'époque ce n'était pas le cas et que,
maintenant, ça l'est. Je fais juste vous souligner ça.
M. Rémillard: Cela démontre les bonnes relations
que nous avons et tout le travail que nous avons fait pour rétablir les
relations fédérales-provinciales.
M. Filion: Cela a été fait avant. C'était en
1985.
M. Rémillard: Faites-vous une idée. Cela
l'était ou cela ne l'était pas?
M. Filion: Je viens de vous le dire. En 1984, ça ne
l'était pas.
M. Rémillard: En tout cas, ça l'est
présentement.
M. Filion: C'est-à-dire qu'en 1983-1984 ce sont les
années, mais ce n'est pas votre gouvernement qui, encore une fois, peut
sortir l'orchestre pour dire qu'il est un bon négociateur. Cela a
été fait sous l'ancien gouvernement.
M. Rémillard: Je tiens à dire, encore une fois,
qu'on fait quelques bons coups, il faut les souligner de temps en temps. Peu
importent ces discussions qu'on peut avoir, de fait, le gouvernement
fédéral paiera la moitié et il faut régler cette
situation.
M. Filion: J'espère que votre volonté va se
traduire concrètement auprès des gens qui tiennent les goussets
d'une façon aussi inhumaine. En parlant d'inhumaine, cela m'amène
aux critères d'admissibilité à l'aide juridique.
M. Rémillard: Exactement.
M. Filion: Est-ce que c'est réglé?
M. Rémillard: Ce n'est pas relié, mais c'est
interrellé dans le sens que, lundi dernier, j'ai reçu de la
Commission des services juridiques des commentaires bien faits en fonction de
certaines études qu'elle a faites concernant ces critères
d'admissibilité. J'ai déjà mentionné à quel
point cette question de l'admissibilité à l'aide juridique
était importante pour moi. Ce sont des critères qui n'ont pas
été revus depuis plusieurs années. Quand on pense que,
pour une personne seule, le critère d'admissibilité du revenu
brut est 170 $ par semaine, cela n'a pas de bon sens. Il faut revoir
ça.
J'ai différents problèmes qui se posent aussi. Je peux le
mentionner au député de Taillon, je reçois plusieurs
lettres, adressées au ministre de la Justice, se référant
à ces critères d'admissibilité à l'aide juridique.
Dernièrement, j'ai reçu une lettre, entre autres,
particulièrement éloquente. C'est un jeune travailleur de 26 ans
qui a un salaire de 22 000 $ et qui travaille comme cuisinier. Il a vécu
avec une conjointe pendant quatre ans et demi et ils se sont
séparés. Il a une petite fille de trois ans et le
père veut avoir la garde de son enfant. Ils sont en action judiciaire.
La mère a droit à l'aide juridique, alors que le père, qui
gagne 22 000 $, n'y a pas droit. Cela lui coûte une véritable
petite fortune, si on compare au salaire qu'il gagne, alors que sa femme, sous
l'aide juridique, peut aller en Cour d'appel, jusqu'en Cour suprême, si
vous voulez. Cela n'a pas de bon sens, non plus. Il faut trouver un moyen
quelconque pour régler ça aussi. Il y a les critères
d'admissibilité, il y a des situations Injustes qui se produisent
à bien des niveaux et ce que je veux, c'est essayer d'agir avec le plus
de célérité possible.
La Commission des services juridiques m'a donc remis des notes et un
rapport particulièrement intéressant que mon ministère,
actuellement, est en train d'analyser. J'ai rencontré le
président, Me Lafontaine, lundi dernier. On en a beaucoup parlé
et je pense qu'on est sur une bonne piste pour apporter des solutions. Je peux
même dire que le processus de préparation d'un CT est
enclenché.
M. Filion: Est-ce que le ministre consent à déposer
ce rapport qu'il a reçu?
M. Rémillard: II ne s'agit pas vraiment d'un rapport
formel, il s'agit de notes, d'études et, si vous me le permettez,
J'aimerais, pour le moment, en faire l'étude. Mais je peux vous dire que
là-dedans il n'est pas question de cachettes, parce que j'ai le
même objectif, j'en suis certain, que le député de Taillon.
On veut que...
M. Filion: Oui, mais iI y a un problème. Vous me dites la
même chose: Un. Les critères d'admissibilité n'ont pas bon
sens - vous m'aviez aussi dit ça au mois de décembre - deux,
ça avance. Vous allez me dire que les négociations avec le
Conseil du trésor vont bien. Vous savez que les montants d'argent en
cause sont Importants et qu'uniquement à vouloir conserver les
critères d'admissibilité à l'aide juridique, si on les
prenait en 1985 et qu'on les appliquait à 1989, il y aurait je ne me
souviens pas combien de dossiers de plus.
Prenons un critère peut-être que le ministre va aimer.
Quand le système a été mis en place par l'ancien
député d'Outremont, si ma mémoire est bonne,
Jérôme Choquette, en 1974.. Vu que c'était le gouvernement
du Parti libéral, peut-être que le ministre va penser que c'est
une bonne base de comparaison, non?
M. Rémillard: Pas seulement ça, mais Je veux rendre
hommage à l'ancien ministre de la Justice...
M. Filion: Oui, vous l'avez déjà fait.
M. Rémillard: ...qui a fait un travail remarquable. Me
Choquette, oui, a fait un bon travail.
M. Filion: Si on prend les critères de 1974 et qu'on les
transpose en 1988-1989, ça voudrait dire 265 000 dossiers de plus
à l'aide juridique qu'on pourrait évaluer, en termes de dollars,
à 70 000 000 $. C'est bien sûr que le Conseil du trésor ne
veut pas vous donner un cent de plus et c'est bien sûr qu'à chaque
mois où ça ne se règle pas il épargne de l'argent.
Mais il épargne de l'argent aux dépens d'une meilleure
accessibilité à la Justice et aux dépens de cas aussi
pénibles, peut-être plus pénibles, même, que ceux
dont vous nous faisiez part tantôt. Le ministre s'est fixé comme
priorité l'accessibilité à la justice. Dans des entrevues
lorsqu'il a été nommé titulaire du poste, sauf erreur, je
me souviens d'avoir lu ça: accessibilité à la justice, de
grands discours, la charte, merveilleux! Mais, à chaque mois qui passe,
j'allais dire à chaque jour qui passe, au Québec, sans que les
critères d'admissibilité à l'aide juridique aient
été redressés, il se crée des injustices tout
à fait réelles et vécues par les citoyens et les
citoyennes du Québec, d'une façon absolument concrète. Ils
n'ont pas accès a l'aide Juridique parce qu'ils gagnent 172 $ au lieu de
170 $ par semaine, pour employer l'exemple que donnait le ministre
tantôt. Imaginez-vous, 172 $ par semaine! Si on va à l'aide
juridique, savez-vous que même une pension de retraite ou
l'assurance-chômage rend inéligible à l'aide juridique? (19
heures)
Tous les beaux discours sur l'accessibilité à la Justice,
si ça ne donne pas des résultats concrets quant au domaine du
relèvement des critères d'admissiblité, Je vais vous le
dire, ça reste des discours. Je comprends que le Trésor ne
veuille Jamais payer; par définition, M ne veut jamais payer. Mais, M.
le ministre, en même temps, c'est votre responsabilité, comme
titulaire de ce poste, d'expliquer la situation aux gens du Trésor qui
sont parfois à des lieues et à des lieues de la
réalité quotidienne bien qu'ils fournissent à leur
ministre des analyses mathématiques probablement brillantes sur le
coût des mesures que vous proposez comme ministre sectoriel.
Pendant tout ce temps, iI y a deux solitudes: la solitude du
Trésor et la solitude du ministère de la Justice, dans ce cas-ci.
Ce ne serait pas trop grave s'il y avait juste deux solitudes, mais il y a des
milliers de citoyens qui sont privés d'aide. Encore une fois, il y a 265
000 dossiers, sur une base annuelle, qui devraient être ouverts à
l'aide juridique et qui ne le sont pas. C'est quand même extraordinaire
qu'on ait un système qui est, ma foi, Intéressant, qui a
été mis sur pied par un homme que vénère l'actuel
ministre, je le veux bien. Je veux bien partager cette admiration pour le
système qu'on a mis sur pied, sauf que, pour que le système ait
un minimum de sens, M faudrait relever ces critères
d'admissibilité, de la même façon qu'il faudrait relever
les tarifs d'honoraires payés aux avocats de la pratique
privée.
M. le ministre, on vous l'a expliqué quand vous avez
rencontré les criminalistes à Montréal. Vous savez ce que
les avocats de la pratique privée font pour arriver à retirer des
sommes d'argent, peu importe, qu'eux jugent respectables d'un dossier. Faire
venir un témoin à l'enquête préliminaire, poser
quatre questions au témoin et dire: Très bien, les autres
témoins, je n'ai pas besoin de les entendre, je vais faire un 476 et je
vais aller au procès. Dans l'administration de la Justice, ça
vient de coûter plus cher parce qu'il y a eu un procès de plus,
avec les policiers et tous les témoins qui sont là, etc. Vous le
savez, M. le ministre. Vous savez fort bien ce qu'est la réalité
des palais de justice, autant pour les avocats, encore une fois, qui acceptent
des mandats de l'aide juridique que pour les critères
d'admissibilité. Vous m'avez dit au mois de décembre en Chambre:
Écoutez, on y va. Cela y est. On va mettre toute notre énergie
pour qu'il y ait un redressement. C'était au mois de novembre, en
Chambre, je pense, en tout cas, à l'automne. On est au mois de mars et
rien n'a été fait. Ce n'est pas moi qui vais convaincre le
président du Conseil du trésor, c'est vous qui allez le faire.
Derrière vous, quand vous avez ce dossier, vous avez des dizaines de
milliers de citoyens qui n'obtiennent pas justice et c'est votre rôle de
les défendre. Tant qu'il n'y aura pas de résultats concrets dans
ce dossier, M. le ministre, je dois vous dire que, de notre côté,
soit dit en toute déférence pour les nombreuses charges que vous
occupez, on ne pourra pas parler d'accessibilité à la justice.
C'est aussi simple que ça. Pour mol, cela vaut bien mieux un petit peu
d'argent à l'aide juridique que des beaux discours. Un petit peu
d'argent... Cela va en prendre pas mal. Je l'admets que ça va en prendre
pas mal, parce que le retard s'accumule. Cela va en prendre pas mal mais il
faut le mettre. Sinon, qu'on cesse de dire qu'au Québec on a un
système de justice qui est exemplaire et qui se tient debout.
Moi, je n'ai jamais vu ça d'un gouvernement. Il y a un Conseil
des ministres, bon Dieu! Le président du Conseil du trésor ne
veut jamais payer. C'est sûr, il ne veut Jamais payer personne. Cela
dépend du rapport de forces entre le ministère sectoriel et le
Conseil du trésor. À un moment donné, il va falloir qu'il
y ait des arbitrages qui se fassent en haut lieu - qui devraient se faire,
d'ailleurs, plus souvent en haut lieu - qu'on demande à l'ensemble du
gouvernement, c'est-à-dire au Conseil des ministres, de trancher et
qu'on cesse de voir le ministre sectoriel plier devant les exigences d'un
Conseil du trésor qui est de plus en plus avare de ses sous.
Surtout que ça ne paraît pas trop. Cela ne paraît pas
trop. 70 000 $ par année qu'on épargne à l'aide juridique,
il y a 70 000 000 $ qu'on sauve. Cela ne paraît pas trop. Les gens ne
chialent pas trop, bien non. Il n'y aura pas de citoyens dans les rues de
Montréal qui vont marcher pour réclamer un relèvement des
critères d'admissibilité à l'aide juridique. Il n'y aura
pas de mouvement de population en général, mais c'est une
clientèle qu'on a le devoir de défendre adéquatement.
D'abord, le ministre me dit dans les deux cas: Cela n'a pas de sens.
Cela n'a pas de sens, on est d'accord. Il me dit: Cela va bon train. Là,
je ne marche plus. Le train doit dérailler quelque part, il y aquelque chose qui ne marche plus dans le système. Ce n'est pas cela
qui va faire perdre ou gagner des élections, sauf que c'est le devoir
des gouvernants d'assurer des services minimaux respectables en termes de
justice. Ou, alors, qu'on révise le système en entier. À
172 $ par mois, Mme la députée de Groulx, si vous avez un de vos
électeurs qui vient vous voir dans votre bureau, vous lui direz:
Savez-vous, vous gagnez trop, vous, pour l'aide juridique. Essayez de lui dire
cela, sans rire. Essayez de lui dire cela sérieusement.
Mme Bleau: Je le sais.
M. Filion: Oui, je vais vous laisser répondre. On a tout
le temps. M. le ministre, comment dirais-je, je connais votre attachement pour
l'accessibilité à la justice, en ce sens qu'on sent des
convictions, mais ces convictions doivent se traduire en gestes concrets;
sinon, elles perdent d'autant en crédibilité. Cela prend, bien
sûr, des gestes rigoureux. Peut-être que je vais vous poser des
questions en Chambre, peut-être que cela aurait plus d'effet sur le
premier ministre. Cela vous donnerait de meilleures armes de
négociation. J'ai, pourtant, évoqué cette question
à plusieurs reprises. Vous m'avez dit: On a le dossier en main, on fait
les études. Vous m'avez parlé des profils de pratique chez les
avocats de la pratique privée, la même chose dont vous me parlez
aujourd'hui, finalement. Il n'y a rien de bien nouveau. Étude par-dessus
étude, par-dessus étude, par-dessus étude. On gagne du
temps par-dessus du temps, par-dessus du temps. Le fond du dossier ne se
règle pas. Voilà.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Quand même, Je ne voudrais pas que la population
ou les personnes qui lisent le Journal des débats croient qu'il
n'y a que l'Opposition qui fait des représentations. Je sais que M. le
ministre est sensible à ça parce que, après lui avoir
écrit, la réponse disait que des révisions seraient
faites. Dans mon comté, les personnes qui auraient besoin d'aide
juridique viennent me voir à l'occasion aussi. J'ai bien espoir que cela
devrait se régler puisque, je ne suis pas la seule, Je connais plusieurs
de mes collègues qui ont fait les mêmes représentations que
celles qui ont été faites aujourd'hui et qu'a déjà
faites te député de Taillon. J'ai bon espoir
que cela devrait se régler. Il faut que cela se règle.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée de Groulx.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Talllon se réfère, je le cite à
mes grands discours sur l'accessibilité. Il dit cela un peu sur un ton
moqueur. Je vais le dire le plus sincèrement possible: Pour mol, la
question de l'accessibilité à la justice, comme ministre de la
Justice, c'est "la" question. Si je suis en politique, c'est parce que je crois
aux droits et aux libertés des citoyens et des citoyennes. C'est pour
cela que je suis en politique. Si je suis en politique, c'est pour essayer de
faire quelque chose, au départ. Dans le cas qui nous occupe, avoir des
droits, c'est une chose, mais pouvoir les exercer, ces droits, c'est aussi une
chose aussi importante. Dans le cas de l'accessibilité à la
justice, comme ministre de la Justice, je dois m'assurer que les services
judiciaires, que la possibilité pour chaque citoyen et chaque citoyenne
de revendiquer ses droits, de faire face à ses obligations, puissent
être accessibles de la meilleure façon possible. Je veux le dire
le plus sincèrement possible.
Lorsque le député de Taillon nous dit: Quand quelqu'un
viendra à votre bureau de député et vous dira qu'il gagne
170 $, dites-lui donc qu'il gagne trop cher pour avoir l'aide juridique, il
faudrait lui dire, à ce moment-là, que c'est 170 $ depuis 1981.
Il sait que ce n'est pas le gouvernement libéral qui était
là pendant tout ce temps-là. Je ne veux pas faire de partisanerie
avec cela, nullement. Ce que je veux dire, c'est que j'essaie de régler
le problème, très sincèrement et avec toute
l'énergie que je peux y mettre. Je sais qu'il y en a d'autres avant moi
qui ont aussi essayé de régler le problème, pas
nécessairement juste des libéraux, il y a certainement des gens
du parti du député de Taillon aussi. De notre côté,
je pense qu'on a fait un bon bout de chemin déjà. On a fait un
bon bout de chemin déjà parce qu'on a une table de discussion qui
est là et qui comprend le Barreau avec le bâtonnier
lui-même, un négociateur pour les avocats en question. Il y a
ensuite le Conseil du trésor avec le président lui-même et
moi à la table et nous discutons très sincèrement. On va
avoir un arrangement, on va l'avoir.
Quant aux critères d'admissibilité, M. le
Président, j'ai dit tantôt que la Commission des services
juridiques m'avait fait des notes et produit une étude
intéressante qu'on analyse. J'ai rencontré Me Lafontaine encore
lundi dernier et on est sur une bonne piste, mais il y en a des
problèmes à régler. On va les prendre l'un après
l'autre. C'est une bonne chose que le député de Taillon insiste
sur ces points, parce que c'est un point faible que nous avons. Je peux lui
dire que je vais mettre toute l'énergie à essayer de
régler le problème. Qu'il me pose des questions en Chambre, cela
ne peut pas nuire et je peux l'assurer que je vais lui répondre
très sincèrement, parce que je m'occupe de ce dossier avec toute
mon énergie et ma sincérité. Je vais essayer de faire
quelque chose.
Ce n'est pas facile, il faut que j'aille chercher des sous. Il faut que
j'essaie de trouver des solutions. Trouvez-moi donc une solution, vous, au
problème d'un citoyen qui gagne un salaire moyen, comme dans l'exemple
que je vous donnais du jeune travailleur qui gagne 22 000 $, qui fait face
à une action judiciaire avec sa conjointe qui, elle, a droit à
l'aide juridique. Qu'est-ce qu'on va faire avec cela? Quelle est la solution?
Il y a le Manitoba qui a une solution possible, à ce qu'on me dit. Dans
un cas comme celui-là, le Manitoba dit au travailleur qui doit payer ses
frais Judiciaires parce que l'autre partie est bénéficiaire de
l'aide juridique: On va payer vos frais judiciaires et vos frais extra
judiciaires, ensuite, quand tout sera terminé, si vous perdez, on pourra
s'organiser pour que vous puissiez rembourser selon votre capacité de
payer. C'est une possibilité qu'on m'a suggérée. On va
l'étudier. Il y en a peut-être d'autres aussi. Mais je peux vous
dire que c'est un dossier qui n'est pas facile. Je comprends le
député de Taillon d'y revenir et je l'y encourage d'ailleurs,
parce que cela peut simplement faire avancer la cause. Mais je dois vous dire
que, si on est dans ce dossier, c'est pour le régler et, de mon
côté, avec l'équipe de fonctionnaires qui est avec moi,
dirigée par le sous-ministre, on va prendre tous les moyens
nécessaires pour le régler.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Je tiens à vous signaler qu'il nous reste dix minutes.
M. Filion: Oui, Juste quelques mots. Je ne doute pas de la
sincérité du ministre de la Justice là-dessus. D'ailleurs,
je lui fournis un argument de taille: le gouvernement fédéral
paye la moitié, "torrieu", ce qu'il ne faisait pas avant. Il me semble
que le Conseil du trésor devrait comprendre cela. C'est un très
bon argument, à mon point de vue, pour lui qui s'attache surtout aux
sous. Deuxièmement, il est bien sûr qu'il y a beaucoup de
problèmes, il faut essayer de les régler un à un, je suis
d'accord. Il y en a un qui urge. Je suis d'accord avec le cas que
soulève le ministre de la Justice. Qu'est-ce qu'on fait dans les cas
où une partie qui a droit à l'aide juridique traîne l'autre
partie qui gagne 22 000 $ devant toutes les instances? Je suis d'accord avec
cela. D'ailleurs, je le réfère modestement au programme du Parti
québécois où on suggère un système
d'assurance, en quelque sorte, pour ces cas. J'allais dire que c'est un autre
problème. C'est un problème réel, je suis d'accord avec le
ministre, mais il y en a un autre, c'est celui de la personne qui gagne 172 $
par semaine. En
tout cas! Bref, je ne doute pas de la sincérité du
ministre, cependant, il comprendra que ce sont les résultats qui sont
importants, surtout si, à un moment donné, d'autres personnes
occupent le poste qu'il occupe et n'ont pas la même puissance de
conviction qu'a le ministre. C'est tout, voilà!
Le Président (M. Marcil): Donc, l'engagement 3 est
vérifié?
M. Filion: Vérifié.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 4?
M. Filion: L'engagement 4, ne bougez pas.
Le Président (M. Marcil): C'est le magazine Justice.
M. Filion: L'engagement 4 est vérifié.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 5?
M. Filion: L'engagement 5, vérifié.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 6? Excusez-moi, on
tombe à l'engagement 1 de septembre. (19 h 15)
Septembre
M. Filion: C'est cela. Alors, l'engagement 1 de septembre, M. le
ministre, je pense que j'ai déjà vu cela passer aussi. Me Lemieux
aide finalement; il agit comme expert-conseil dans le dossier de la
réforme des tribunaux administratifs. Est-ce que c'est cela?
M. Rémillard: Me Lemieux est un éminent professeur
de droit administratif de l'Université Laval, où je suis, moi
aussi, professeur, comme le député de Taillon le sait, en
congé sans solde, puisque je suis de la région de Québec.
Je suis un résident du comté de Jean-Talon, j'ai la chance de
résider dans mon comté et c'est particulièrement
intéressant pour un député, un comté où je
serai candidat encore pour les prochaines élections. Me Lemieux est un
grand spécialiste du droit administratif et je crois qu'il est un de mes
électeurs en plus. Mais il est conseiller auprès du sous-ministre
et l'aide dans tous les dossiers, entre autres celui de la réforme des
tribunaux administratifs, c'est un dossier qui est très important. La
réforme des tribunaux administratifs est un dossier qui, pour nous, est
de première importance. On a déjà de bonnes études
de faites; on continue, on est en période de consultation très
active et Me Lemieux est un conseiller très précieux dans ce
dossier comme il l'est aussi dans bien d'autres dossiers.
Le député de Taillon sait qu'un autre dossier très
important pour nous, c'est cette possibilité d'un tribunal pour
remplacer ou compléter le travail de la Commission des droits de la
personne. Je peux lui dire que je vais présenter un projet de loi; je
vais le présenter aux instances gouvernementales dans un premier temps.
Donc, j'espère pouvoir, dans un avenir prochain, procéder avec un
projet de loi qui pourra amener un complément important à la
Charte des droits et libertés de la personne du Québec en donnant
à la Commission des droits un autre aspect avec la possibilité,
donc, d'un tribunal. Lorsqu'on parlait tout à l'heure, M. le
Président, d'accessibilité à la justice, c'est donc
là un autre pas que nous allons faire. Il n'était pas facile
d'arrimer tous les cordages qu'on peut avoir dans un tel dossier, mais
maintenant nous sommes tout près d'en arriver à une solution
très intéressante pour que les droits et les libertés des
Québécois et des Québécoises soient non seulement
garantis, mais soient aussi accessibles et exerçables.
C'est dans ce contexte que je dis au député de Taillon que
je vais lui faire parvenir incessamment, dès que les instances
gouvernementales auront donné leur approbation, un projet de loi qui va
certainement l'intéresser beaucoup.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre.
M. Filion: Vérifié. Cela va.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 1 est
vérifié. L'engagement 2?
M. Filion: Vérifié.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 3?
M. Filion: Vérifié.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 4?
M. Filion: À l'engagement 3, ce sont les honoraires de Me
Décary qui agit, je pense, à titre de correspondant dans certains
dossiers?
M. Rémillard: C'est cela, exactement.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 4?
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Marcil): On passe maintenant à
septembre. Il y en avait un également, l'engagement 1...
M. Filion: Vous dites en septembre?
Le Président (M. Marcil): Oui, le ministère de la
Justice, parce qu'on vient de voir la liste révisée.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Marcil): Cela va?
M. Filion: Vérifié.
Le Président (M. Marcil): Nous passons à
octobre.
Octobre M. Filion: Pour l'engagement 1, cela va.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 1, cela va.
M. Filion: L'engagement 2, cela devrait être au
ministère du Solliciteur général, non?
M. Rémillard: Ce sont les affaires pénales, M. le
Président.
M. Filion: Ce sont les affaires pénales, d'accord.
Le Président (M. Marcil): Cela va?
Vérifié?
M. Filion: Oui. On a déjà eu l'occasion
d'étudier avec votre prédécesseur...
Le Président (M. Marcil): Donc, nous allons en
décembre.
M. Filion: Je n'ai pas terminé. On a déjà eu
l'occasion d'étudier avec votre prédécesseur le fait qu'il
n'y avait qu'un seul fournisseur de ces billets, c'est-à-dire de ces
rapports d'infraction, ce que les gens appellent couramment nos billets de
vitesse, nos billets de stationnement.
Novembre?
Novembre et décembre
Le Président (M. Marcil): Oui, novembre. Ce sont les
engagements de novembre qui ont été expédiés dans
les notes de décembre.
M. Filion: Est-ce que le ministre pourrait nous dire qui sont les
administrateurs de la firme APG, cabinet-conseil?
M. Rémillard: Oui. Voici, M. le Président, les
administrateurs sont M. André Poirier, président, et M. Jean-Paul
Pérusse, vice-président.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Donc. il faut dire que
novembre fait partie des listes de décembre. C'est drôle à
dire, mais c'est comme ça, parce qu'on les a reçus après
la date. L'engagement 1, cela va. J'appelle l'engagement 2.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 2, ça va.
J'appelle l'engagement 3.
M. Filion: On sait qu'il y a un comité spécial qui
a été mis sur pied sur la question de la
rémunération et des avantages sociaux des juges de la Cour du
Québec. Est-ce que le rapport a été reçu par le
ministre? C'est l'engagement 3 sur les nouvelles formules. On a ça pour
novembre et décembre. Il s'agit d'un "Contrat de services professionnels
dans le cadre du comité d'étude sur la rémunération
et les avantages sociaux des membres de la Cour du Québec, 55 500 $, Me
Louise Fecteau, de Montréal. Ma question était: Est-ce que le
rapport a été reçu?
M. Rémillard: Oui. Ce comité a été
formé de M. Jean-Denis Vincent, qui en a accepté la
présidence et je voudrais l'en remercier, de M. Charles-Albert Poissant
et Me René Paquet. Ce sont trois membres d'un comité qui ont
accepté de donner de leur temps pour se pencher sur cette situation
très Importante concernant notre magistrature. Ils ont demandé
d'engager Me Louise Fecteau comme secrétaire du comité
d'étude et on m'a informé que, le 7 avril prochain, je devrais
recevoir le rapport.
M. Filion: C'est le dernier dossier sur lequel je voulais
Interroger le ministre à cette séance des engagements financiers.
Vous avez dit tantôt que les membres du comité avaient
accepté de donner de leur temps; est-ce qu'il s'agissait d'un travail
rémunéré ou pas?
M. Rémillard: Bénévole. M. Filion:
Bénévole
M. Rémillard: Ah! Bien, oui! M. Jean-Denis Vincent, le
président de L'Industrielle-Alliance, M. Charles-Albert Poissant, le
président de Donohue et René Paquet, un éminent avocat
juriste et membre de plusieurs conseils d'administration du Québec, sont
des gens qui ont beaucoup de choses à faire et qui ont quand même
bien voulu accepter cette responsabilité. Je dois les remercier, comme
ministre, d'avoir accepté cette responsabilité d'une façon
tout à fait bénévole.
M. Filion: Me Fecteau, elle, agissait à titre conseil
pour...
M. Rémillard: De secrétaire du comité.
M. Filion: Secrétaire du comité.
M. Rémillard: C'est ça.
M. Filion: Est-ce qu'on peut avoir le
curriculum vitae de Me Fecteau?
M. Rémillard: Me Fecteau a été
engagée à la demande de MM. Jean-Denis Vincent, René
Paquet et Charles-Albert Poissant, et son curriculum vitae peut être
déposé.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Marcil): Allez chercher son curriculum et
faites-le photocopier, s'il vous plaît.
M. Filion: En terminant, pour faire suite à notre
conversation... J'ai terminé les engagements financiers.
Le Président (M. Marcil): Si vous le voulez, je vais
immédiatement dire que l'engagement 3 est vérifié.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Marcil): Et les engagements 4 à 12
de novembre, apparaissant à la liste de décembre, sont-ils
vérifiés?
M. Filion: Oui. Je voulais juste signaler quelque chose
concernant l'engagement 11. On parlait tantôt de CGI inc. L'engagement 11
est un renouvellement de contrat pour une "entente sur la fourniture de
services Informatiques pour le centre de traitement du ministère de la
Justice pour une durée de six mois", du 1er octobre au 31 mars, pour un
montant de 1 131 000 $".
M. le Président, je voudrais remercier la présidence, car
on a eu plusieurs présidents. Je remercie le ministre et son
équipe d'avoir bien voulu se prêter à cette séance
de vérification des engagements financiers.
Le Président (M. Marcil): Donc, tous les engagements sont
vérifiés. Voulez-vous ajouter un mot, M. le ministre?
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Je voudrais
remercier le député de Taillon, de l'Opposition, son conseiller,
Mme la secrétaire, vous-même, M. le Président, et ceux qui
ont présidé, la députée de Groulx qui est toujours
très active dans cette commission et qui a encore posé des
questions très pertinentes, le député de Marquette qui est
l'ajoint parlementaire au ministre. Il a montré sa grande connaissance
du dossier par les interventions qu'il a faites aussi. On remercie tous ces
gens et leur souhaite un bon congé pascal.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup. Donc, je
déclare que la vérification des engagements financiers du
ministère de la Justice des mois de décembre...
M. Rémillard: M. le Président, vous me permettrez,
évidemment, de souligner l'excellent travail qu'a fait l'équipe
du ministère de la Justice sous la direction du sous-ministre, M.
Chamberland. Je voudrais les remercier très sincèrement pour le
travail qu'ils ont fait.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Donc, je reprends. Je déclare que la vérification des engagements
financiers du ministère de la Justice pour les mois de décembre
1985, février 1988 à décembre 1988 est terminée
sous réserve de l'obtention des réponses aux questions prises en
note et j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 19 h 27)