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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Donc, je constate le quorum à cette séance de la
commission des Institutions. Je salue, évidemment, Mme la
députée de Groulx, M. le député de Chapleau, M. le
député de Champlain et le porte-parole de l'Opposition
officielle, M. le député de Terrebonne.
Notre séance est donc ouverte. Je rappellerais notre mandat qui
est de procéder à l'étude des crédits
budgétaires concernant la protection du consommateur, programmé 1
du ministère de la Sécurité publique, pour l'année
financière 1989-1990. Je demanderais au secrétaire de la
commission de bien vouloir annoncer les remplacements, s'il y en a.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un
remplacement. M. Brassard (Lac-Saint-Jean) est remplacé par M. Blais
(Terrebonne).
Le Président (M. Filion): Je vous remercie. Il est inutile
de rappeler les règles et les ententes régissant la
répartition des temps de parole lors de l'appel des programmes, etc. Je
vous rappellerais, cependant, qu'il y a une enveloppe de deux heures
prévue pour cet exercice parlementaire de l'étude des
crédits de la protection du consommateur. Il est 10 h 14, donc cette
enveloppe continuera jusqu'à 12 h 14.
Donc, j'inviterais d'entrée de jeu le ministre responsable de la
Protection du consommateur à bien vouloir nous faire ses remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président. II me fait
plaisir d'être avec vous ce matin pour l'étude des crédits
de l'Office de la protection du consommateur. Je voudrais, tout d'abord,
souligner la présence du président de l'office, M. Gilles Moreau,
ici à ma gauche, ainsi que de M. Jacques Vignola, vice-président,
à mon extrême gauche, et de Mme Marie Bédard, aussi
vice-présidente. Je suis accompagné aussi de M. Tony Manglaviti,
de mon cabinet.
M. le Président, les crédits de l'Office de la protection
du consommateur pour 1989-1990 sont de 13 431 200 $, ce qui représente
une augmentation de 1 277 400 $ par rapport à 1988-1989,
c'est-à-dire 9,5 % d'augmentation. Je tiens à préciser
qu'au cours de l'exercice 1988-1989 le gouvernement a alloué 17 postes
supplémentaires à l'office afin qu'il puisse se charger du
dossier de l'habitation. On se souviendra que l'extension au secteur immobilier
des dispositions de la Loi sur la protection du consommateur en matière
de pratiques de commerce est entrée en vigueur le 15 juin dernier
seulement. Cette juridiction, qui s'ajoute à celle déjà
existante en regard de la rénovation, de la réparation et de
l'entretien d'un Immeuble, donne plein pouvoir d'Intervention à l'office
en ce qui a trait aux pratiques de commerce déloyales ou aux
publicités trompeuses concernant l'achat d'une maison, d'un
condomi-nium, d'un terrain, d'un contrat de vacances à temps
partagé, "time-sharing", des listes de location de logements, de
même qu'en regard de la location d'une maison de villégiature.
Par ailleurs, M. le Président, au cours du prochain exercice
financier, l'Office de la protection du consommateur maintiendra son programme
d'aide aux associations de consommateurs en allouant 719 300 $ en budgets de
subvention. Enfin, en ce qui a trait aux autres actions législatives,
rappelons qu'elles ont pour but de faire bénéficier les
consommateurs d'une meilleure protection. Les quelques modifications
apportées a la Loi sur la protection du consommateur en décembre
dernier font en sorte que, désormais, les sommes payées par les
consommateurs dans le domaine des garanties supplémentaires
d'automobiles seront contrôlées par une compagnie de fiducie.
À ce sujet, rappelons aussi la fermeture de Garanties
Internationales qui a été un dossier majeur au cours de la
dernière année pour l'office. En grande partie, ce sont les
efforts de l'office conjugués à ceux des manufacturiers qui ont
permis à environ 120 000 consommateurs québécois
d'être indemnisés grâce aux quelques 10 000 000 $ qui ont
été gelés dans des comptes en fiducie ou
réassurés par des compagnies d'assurances.
Soulignons également que les commerçants assujettis
à la Loi sur les arrangements préalables de services
funéraires et de sépulture en vigueur depuis le 1er mars 1988 ont
été l'objet de vérifications exhaustives pour s'assurer du
respect de la loi et de la sécurité financière des
consommateurs.
À ce stade-ci de mon intervention, permettez-moi, M. le
Président, de faire le point sur la philosophie d'intervention de
l'Office de la protection du consommateur. La politique mise sur pied par
l'office pour traiter les milliers de plaintes relevant de sa juridiction
s'appuie sur son rôle de conseiller pour le consommateur afin qu'y assume
la prise en charge de son propre cas. À ces fins, l'office s'assure que
les consommateurs connaissent tous leurs droits et obligations en leur
fournissant l'information pertinente pour qu'ils puissent entreprendre
eux-mêmes les démarches afin de résoudre leurs
problèmes. Si les consommateurs échouent dans leurs
démarches, c'est à ce stade que l'office interviendra, tout
d'abord au niveau régional par la concilia-
tion et la médiation, puis au niveau central si la gravité
des infractions signalées et le nombre de consommateurs
lésés justifient une telle intervention. Selon la situation,
l'intervention de l'office pourrait alors prendre la forme d'une mise en
demeure aux commerçants concernés de respecter la loi, d'une
négociation d'un engagement volontaire ou encore d'une poursuite.
En un mot, M. le Président, les interventions de l'office doivent
tenir compte des attentes légitimes de tous les partenaires en
présence et tenter, si possible, de les réconcilier. Pour ce
faire, l'Office de la protection du consommateur informe les consommateurs,
surveille la loyauté des pratiques commerciales, ainsi que l'argent que
les consommateurs confient à des commerçants en contrepartie de
services futurs. Ce rôle de surveillant, afin que les règles du
Jeu soient respectées par tous les intervenants, fixe des standards
minimaux à l'intérieur desquels s'exerce la concurrence.
Au cours de l'exercice 1988-1989, l'Office de la protection du
consommateur a continué de mettre l'accent sur l'éducation et la
prévention. En effet, M. le Président, l'office a
Intensifié sa présence dans les médias
électroniques, ce qui lui permet d'atteindre plus de 1 000 000 de
consommateurs chaque semaine. L'office a également émis de
nombreux communiqués de presse et certains dossiers ont fait l'objet
d'une mise en marché particulière auprès des
médias. Je cite, par exemple, l'élargissement au secteur de
l'immobilier des dispositions de la Loi sur la protection du consommateur
concernant la publicité et les pratiques de commerce, les occasions
d'affaires, les achats, échanges et remboursements, les acomptes et les
paiements anticipés, les ventes par recrutement en chaîne et le
pavage des entrées résidentielles.
De nouvelles publications ont vu jour, notamment deux brochures
destinées aux commerçants d'automobiles et aux agents de voyages,
et sept dépliants de vulgarisation de la Loi sur la protection du
consommateur ont été remis à jour et rajeunis. Les
magazines Protégez-vous et Protect Yourself ont aussi
contribué à l'Information des consommateurs par des articles de
fond, des tests comparatifs de produits et des cahiers spéciaux. Ces
magazines rejoignent, en moyenne, 665 000 personnes tous les mois.
Dans ses efforts d'éducation à la consommation, l'office a
élaboré un guide pédagogique pour le cours option
consommation dispensé par l'Université Lava! et publié
dans l'édition du dimanche du Soleil de Québec entre le 11
septembre et le 4 décembre 1988. II a également offert un soutien
significatif au personnel enseignant responsable du secteur de la consommation
dans les écoles primaires et secondaires. L'Opération-Pub, qui
vise à inciter les élèves du primaire et du secondaire
à développer leur esprit critique face à la
publicité, a eu lieu une troisième année
consécutive.
En 1988-1989, l'Office de la protection du consommateur a entrepris
certaines études qui portent, notamment, sur les attitudes des
étudiants face à la consommation, sur la publicité
à sensation, les garanties prolongées d'appareils ménagers
et audiovisuels, de systèmes de chauffage et de climatisation, de
même que sur certaines pratiques commerciales telles que le
crédit-bail et la conversion des prêts à
tempérament. Finalement, une enquête auprès des lecteurs
des magazines Protégez-vous et Protect Yourself a permis
d'établir les caractéristiques de ceux-ci et un sondage visant
à connaître le profil socio-économique des clients des
bureaux régionaux a été amorcé.
Par ailleurs, l'office a poursuivi ses actions d'information et
d'éducation auprès des milieux d'affaires afin que les
commerçants soient en mesure de bien respecter leurs obligations. Cette
année encore, la priorité a été accordée au
domaine de l'automobile qui constitue à lui seul 32 % des plaintes
reçues dans les bureaux régionaux. Vingt sessions d'information,
qui ont permis de rejoindre quelque 1200 commerçants de ce secteur, ont
été organisées. L'office est également Intervenu
dans le secteur de la publicité et des pratiques de commerce en faisant
parvenir à 25 médias écrits nationaux un document
d'information sur les précautions à prendre avant d'accepter la
diffusion d'une publicité à sensation.
Enfin, l'extension au secteur immobilier des dispositions de la Loi sur
la protection du consommateur concernant les pratiques de commerce et
l'entrée en vigueur de la Loi sur les arrangements préalables de
services funéraires et de sépulture ont donné lieu
à la diffusion d'Informations aux commerçants de ces secteurs,
ainsi qu'à des rencontres avec leurs principaux
représentants.
L'office a maintenu sa collaboration avec les associations de
consommateurs. Ainsi, les rencontres régulières entre les
délégués des principales associations et des
représentants de l'OPC dans le but de discuter des problèmes de
consommation et des moyens de les régler se sont poursuivies pendant
cette dernière année. Enfin, une session d'information a
été préparée à l'intention des associations
de consommateurs de la région de Québec et une campagne de
promotion a été organisée à l'intention de la
région de la Mauricie-Bois-Francs.
Au cours de la dernière année, l'office a accordé
une grande importance au dossier des personnes âgées et s'est
efforcé, notamment, de contrer les problèmes liés à
la sollicitation à domicile par le biais d'une campagne d'Information et
d'éducation réalisée en collaboration avec les clubs de
l'âge d'or et les autres regroupements de personnes âgées et
soutenue par une campagne de relations publiques dans les médias
d'information nationaux et régionaux qui s'est déroulée du
20 au 26 mars 1989. Cette offensive de l'Office de la protection du
consommateur a également donné lieu à la
préparation et à la
diffusion d'un guide d'animation dans les organismes voués
à la défense des aînés. L'office a également
maintenu des liens étroits avec les associations de personnes
âgées et participé à des émissions de radio
et de télévision destinées aux retraités et
préretraités pour les Informer sur des sujets les concernant
spécifiquement. Parmi les autres interventions de l'office auprès
de cette clientèle, mentionnons, M. le Président, la
participation au Salon des aînés de Montréal et de
Québec, la rédaction d'un guide budgétaire à
l'intention des préretraités et une collaboration
régulière à Âge d'or/Vie nouvelle, le journal
officiel de la Fédération de l'âge d'or du
Québec.
L'office s'est également préoccupé d'autres
clientèles spécifiquement vulnérables: les jeunes
étudiants, les immigrants, les communautés culturelles et les
analphabètes. Le vidéo "L'affaire est dans le sac", produit l'an
dernier avec la Commission des écoles catholiques de Montréal, a
été diffusé très largement. Ce nouveau document
audiovisuel complète le matériel pédagogique
déjà produit par l'office, soit cinq albums de bandes
dessinées portant sur les garanties, les voitures d'occasion, la vente
itinérante, le magasinage et les plaintes. Des messages publicitaires
destinés à faire connaître l'office et les services qu'il
offre à diverses catégories d'immigrants ont été
diffusés dans les médias ethniques. L'office a également
poursuivi ses chroniques régulières dans le Bulletin de
liaison de la Fédération des associations de familles
monoparentales et dans Info-Relayeurs, une publication du
ministère des Communications distribuée à une centaine de
groupes communautaires des quartiers défavorisés de l'île
de Montréal.
Le service à la clientèle constitue une priorité
pour l'office. Cette année, les bureaux régionaux ont reçu
un total de 382 716 demandes, plaintes ou renseignements provenant des
consommateurs. La majorité de ces demandes sont acheminées par
téléphone. Elles sont sans frais et concernent principalement:
les véhicules de transport, automobiles, motos, pour un total de 25 %;
l'habitation, 11 %; les services offerts par les entreprises privées, 11
%, ainsi que par les ministères et organismes publics, 9 %; et, enfin,
ce qui regarde les assurances, 5 %. Le nombre de demandes se rapportant
à des secteurs régis par l'office se compare à celui de
l'année dernière et se chiffre à 229 261 cas, soit 60
%.
À cet égard, le domaine de l'automobile se classe toujours
au premier rang avec 95 655 demandes reçues, soit 24,9 % du total. Les
consommateurs allèguent surtout des vices cachés, le mauvais
fonctionnement et le non-respect des garanties à la suite de l'achat ou
de la réparation d'un véhicule. Les demandes ayant trait à
l'habitation se chiffrent, quant à elles, à 42 600. Celles
concernant les secteurs des appareils domestiques et des meubles suivent avec
respectivement 17 011 et 17 616 demandes.
Les plaintes se rapportant à des secteurs régis se
chiffrent à 100 703 et constituent 66,2 % de l'ensemble des 152 005
plaintes reçues. Globalement, les plaintes constituent 40 % de toutes
les demandes reçues par les bureaux régionaux comparativement
à 60 % pour les demandes de renseignements. 53,9 % des demandes de
renseignements, dont le total se chiffre à 230 711, concernent un
domaine régi par les lois sous la responsabilité de l'office. On
note également de nombreuses demandes de documentation concernant les
lois administrées par l'Office de la protection du consommateur et
divers autres sujets de consommation.
Une attention particulière a été accordée
cette année encore, M. le Président, au processus d'indemnisation
des consommateurs. Diverses mesures, comme l'utilisation d'un formulaire de
plainte que le consommateur envoie lui-même au commerçant et la
médiation faite par les bureaux régionaux auprès des
commerçants, ont permis à plusieurs milliers de consommateurs
touchés d'être indemnisés. Le taux d'indemnisation
s'établit à quelque 77 % et se compare à celui de l'an
dernier. D'ailleurs, 97 % des consommateurs se disent très satisfaits
des services offerts par l'office. (10 h 30)
Une autre responsabilité importante confiée à
l'office est la surveillance de l'application des lois. L'office a donc
poursuivi ses interventions visant à assainir les pratiques commerciales
particulièrement dans les secteurs faisant l'objet d'un grand nombre de
plaintes. Dans les secteurs de l'automobile et des appareils domestiques, les
opérations auto-témoin et les enquêtes regroupées en
région ont été maintenues. Des enquêtes d'envergure
ont également été menées concernant les pratiques
abusives de certains remorqueurs et les commerçants qui vendent des
plans d'alimentation. Enfin, des compagnies qui vendent des garanties
prolongées sur les véhicules neufs ou d'occasion ont
été l'objet d'une surveillance accrue.
Au cours de 1988-1989, l'office a également poursuivi ses efforts
de sensibilisation auprès des milieux d'affaires en les conseillant sur
la légalité de leurs pratiques commerciales et sur la
conformité de leurs contrats à la loi. Dans le domaine de la
publicité et des pratiques de commerce, l'accent a été mis
sur les diverses entreprises et sur les médias qui diffusent des
publicités trompeuses et frauduleuses. Les principaux secteurs de
plaintes concernent les voyages, les régimes amaigrissants et autres
produits miracles, la vente de franchises, les offres d'emplois. Pour
l'ensemble des secteurs régis par l'Office de la protection du
consommateur, on dénombre 1187 enquêtes et 295 poursuites qui ont
donné lieu à des amendes totalisant 534 850 $. Un contrôle
particulier a été exercé sur les commerçants
faisant affaire dans les secteurs du voyage, des garanties
supplémentaires sur les véhicules automobiles et
les appareils électroménagers, des arrangements
préalables de services funéraires et de sépulture, du
commerce itinérant, des studios de santé, du prêt d'argent
et du recouvrement de créances. La loi les oblige à
posséder un permis et à déposer un cautionnement, sauf
dans le cas des prêteurs d'argent; le cautionnement garantitl'exécution d'un jugement obtenu en vertu de la loi par un
consommateur à l'égard d'un commerçant.
Des paiements de 399 860 $ pour 892 consommateurs dans 39 dossiers ont
été effectués à la suite de l'annulation de permis
d'agents de voyages, de commerçants Itinérants, de marchands de
meubles et d'opérateurs de studios de santé. Dans le secteur du
voyage seulement, l'office, en plus de gérer les cautionnements
individuels et les fonds collectifs, a assuré le départ et le
retour ordonnés de 613 consommateurs à la suite de la
déconfiture de sept agences de voyages. Il a également poursuivi
son programme d'inspection préventive dans ce domaine.
Il me fera donc maintenant plaisir, M. le Président, de
répondre, avec les responsables de l'office, aux questions des membres
de la commission.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, M. le ministre
responsable de la Protection du consommateur. La parole est maintenant au
porte-parole de l'Opposition officielle en matière de protection du
consommateur, M. le député de Terrebonne.
Absence de protection collective
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. J'ai bien
aimé les notes de présentation du ministre responsable. J'aurais
une question dès le départ. Si on regarde la Loi sur la
protection du consommateur en général au Québec, iI
semblerait que toutes nos lois sont là pour protéger les
individus consommateurs et nous n'avons aucune loi protégeant les
consommateurs comme collectivité. Y a-t-il quelque chose dans ce
sens-là qui est préparé par le ministre, une espèce
de loi protégeant les droits de la collectivité plutôt que
les individus consommateurs?
M. Rémillard: M. le Président, la question du
député de Terrebonne est fort pertinente. Lorsqu'on parle de
protection des droits des consommateurs, il faut le voir Individuellement. Il
faut le voir aussi, bien sûr, en fonction de la protection que la
société doit s'assurer dans son ensemble. Il y a les droits des
Individus, mais ils n'ont de pertinence et d'application que dans la mesure
où on peut les situer en fonction d'un ensemble. Lorsqu'on décide
de vivre ensemble et de partager un bien commun dans une société,
c'est parce qu'on accepte de partager des principes qui nous sont communs,
entre autres, des principes de justice et d'équité. Dans ce
cas-ci, ce sont des principes qui ont leur application, puisqu'on se
réfère à la vie de tous les jours, à des contrats,
à des échanges de services que nous faisons comme membres d'une
société avec nos semblables, à tous les niveaux et
même à tous les instants de notre vie. Donc, c'est
particulièrement Important.
Il s'agit, dans un premier temps, pour l'office de protéger le
consommateur, de voir à ce que l'application des lois se fasse
correctement pour protéger le consommateur et iI y a aussi une action
auprès des corporations, des organismes, des compagnies, des groupes
commerciaux, des commerçants qui sont impliqués.
Je me permets d'Insister sur un aspect des quelques remarques que j'ai
faites tout à l'heure en introduction concernant le rôle de
l'office. C'est la responsabilité de l'office aussi de prévenir
les cas qui pourraient causer des problèmes quant à la protection
du consommateur. Dans ce contexte, l'office, dans la dernière
année en particulier, a développé ses relations avec les
commerçants pour leur donner des conseils, pour répondre à
leurs questions et pour faire en sorte qu'ils puissent agir en
conformité avec l'application de la loi, en conformité avec le
respect des lois des consommateurs. Il ne s'agit pas simplement de voir
l'office comme cette espèce de chien de garde prêt à mordre
immédiatement. Oui, c'est un chien de garde qui doit se faire
particulièrement vigilant, mais l'office a aussi cette
responsabilité de prévenir et de travailler en collaboration avec
les commerçants sur différents éléments qui
pourraient mettre en cause, justement, la protection du consommateur.
Il y a des règlements globaux, faits par l'office, qui vont
porter sur le rôle du commerçant, sur sa possibilité d'agir
pour un ensemble de consommateurs. Dans ce sens, si je comprends la question du
député de Terrebonne, il y a vraiment une préoccupation de
l'office de voir, non seulement au niveau Individuel, mais au niveau collectif,
à l'application de tous ces éléments qui font en sorte que
le consommateur puisse être protégé. Quand je parle de ces
éléments de la protection du consommateur, je me
réfère au travail que l'office fait auprès des
corporations, oui, mais je me réfère aussi au travail qu'il fait
dans l'application des lois, parce que la loi n'est pas simplement
individuelle, elle est globale, en fonction des principes qui nous guident dans
notre société. Dans ce contexte, c'est un travail
particulièrement intéressant que fait l'office. Je ne sais pas si
je réponds vraiment à la question du député. S'il
veut me poser d'autres questions, il me fera plaisir de tenter d'y
répondre.
M. Blais: Oui. On voit qu'en général, M. le
ministre, le consommateur est protégé, devant toute une gamme de
vendeurs, de compagnies ou d'organismes, contre la fausse
représentation, la publicité trompeuse, l'achat de maisons avec
des vices cachés, de terrains impropres aux fonctions
de construction qui, à cause de fausses représentations,
sont quand même achetés; c'est protégé. On a toutes
sortes de choses. Les gens qui vendent, par exemple, des épurateurs
d'eau et disent: Mettez ça à votre lavabo, vous allez voir que
votre eau sera parfaite comme l'eau d'Évian. Dans les cas de fausses
représentations, cela va. Les organismes, par exemple, qui ont vendu -
on en a vu des exemples - des bébés pour adoption; on en a vu
vendre le même bébé à différentes familles
15, 20, 25, 30 fois. Il y a dans la loi la protection des individus, mais il
demeure que certains organismes, et des grands, sont complètement
exempts de tout recours parce qu'ils s'adressent à la
collectivité. Je me demande si ces organismes-là ne devraient pas
être visés éventuellement par la protection, parce qu'il
n'y a pas de protection collective dans notre Loi sur la protection du
consommateur. C'est dans ce sens-là. Il y a des organismes et des
associations qui sont complètement exclus et on ne peut pas faire de
recours. C'est pour ceux-là que je me demande s'il y a quelque chose qui
viendrait.
M. Rémillard: Je pourrais dire simplement au
député que le droit qui nous occupe présentement, c'est le
droit du consommateur à la justice et à l'équité
dans ses rapports avec un commerçant. C'est un droit individuel, mais,
comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est un droit qui doit être
situé au niveau de la collectivité. Je ne sais pas si le
député de Terrebonne pourrait me donner des exemples d'organismes
qui sont exempts ou qui ne sont pas compris dans la loi. Pourrait-il nous
donner des exemples plus précis?
M. Blais: Oui, avec plaisir. Il arrive ceci. Le but du
législateur est de protéger le consommateur comme tel pour qu'il
n'y ait pas de publicité trompeuse, de publicité
mensongère par quelque organisme que ce soit au Québec. C'est
ça, le but visé et c'est à ça qu'on tient du
côté des Individus. Mais, du côté collectif, pour
donner un exemple très concret, prenons le Parti libéral en
campagne électorale: il y a eu une tromperie collective. Pour prendre
quelques exemples, on a dit aux consommateurs, avant l'élection surtout:
Partout au Québec, nous aurons du bilinguisme. C'est une
publicité mensongère. On a dit aussi que la femme au foyer aurait
une rente: publicité mensongère. On a parlé aussi de
l'augmentation des bourses pour les étudiants: publicité
mensongère. On trompe les consommateurs comme collectivité. Je
pourrais en nommer des tonnes. Vous faites partie de cet organisme et vous
savez à quel point la campagne a été mensongère.
Quels sont les recours des consommateurs comme collectivité devant un
programme d'un organisme reconnu avec une influence énorme? On ne peut
pas revenir et annuler une élection. Quels sont les recours des
consommateurs comme collectivité devant une campagne aussi
trompeuse?
M. Rémillard: M. le Président, je comprends mieux
maintenant la question du député. Je vois très bien
à quoi il veut en venir et, pour ma part, je m'abstiendrai de faire mes
commentaires en fonction du programme du Parti québécois ou quoi
que ce soit. Je ne suis pas ici pour ça. Cependant, je peux lui dire
que, dans ce cas-ci, lorsqu'il se réfère à un parti
politique, la protection du citoyen vient de notre constitution et du principe
démocratique qui veut que nous soyons tous ici des élus. Dans la
mesure où nous nous présentons devant nos concitoyens pour
solliciter le mandat de les représenter en cette Assemblée, pour
gouverner, nous avons un mandat qui est en conformité avec nos principes
démocratiques, ce qui veut dire que nous sommes là pour autant
que nos citoyens veulent bien que nous soyons là.
Je veux simplement dire au député de Terrebonne que, dans
un avenir quand même pas tellement lointain, les citoyens du
Québec auront à se pencher sur ces mandats et que l'exercice de
ce principe démocratique devra se faire; peu importe quand ça se
fera, mais ça se fera. À ce moment-là, les citoyens seront
en mesure de décider qui est capable de les représenter en
fonction des principes qui nous guident et qu'on veut être aux fondements
de la société québécoise.
Alors, la meilleure protection que nous pouvons avoir dans ce domaine -
je peux vous dire que je suis en politique parce que je respecte
fondamentalement et essentiellement ce grand principe démocratique,
comme le député de Terrebonne le respecte aussi - c'est ce choix
qui se fera par nos concitoyens dans un avenir pas tellement lointain et qui
déterminera de la volonté des citoyens.
M. Blais: M. le ministre, je comprends très bien votre
réponse, mais il demeure le principe que si, la collectivité a
été trompée, nous n'avons dans nos lois aucun recours. Si
quelqu'un s'achète une voiture quelconque - pour parler d'une voiture
connue comme étant assez citron, disons une Lada - il y a de la
protection pour le consommateur. La vie d'une voiture est de quatre ou cinq
ans, comme la vie d'un gouvernement. Pendant ce temps-là, on dit:
L'individu a droit à un recours, parce qu'il a été
trompé. Quand il s'agit d'une formation politique élue sous une
fausse représentation pendant les quatre ou cinq ans de
longévité gouvernementale, la collectivité n'a aucun
recours. Si nous parlons des principes de protection du consommateur pour la
voiture, cela va. Quand nous parions de principes de protection des
consommateurs, comme collectivité, nous n'avons aucun recours. Il faut
attendre que la voiture gouvernementale soit épuisée et changer
de compagnie. (10 h 45)
C'est là-dessus que J'en suis. Comment se fait-il qu'en ce qui
concerne les droits collectifs, contre la fausse représentation, nous
n'ayons
comme collectivité aucun recours? C'est d'une importance capitale
indépendamment de la constitution. C'est là-dessus que porte ma
question. Comment une collectivité peut-elle, si elle a
été dupée par une instance - comme le Parti libéral
aux dernières élections - revenir et faire respecter, comme
consommateurs en groupe collectif, certaines promesses?
Ne parlons que du bilinguisme C'est, tout de même,
intéressant pour le moment. Cela, c'est comme parti politique qui se
fait élire; comme gouvernement, on y reviendra. Comme parti politique,
collectivement, comment peut-on revenir là-dessus? On peut dire: On les
mettra dehors, mais on pourrait s'acheter une autre voiture après quatre
ou cinq ans? Le même principe vaut si la voiture n'était pas
bonne. Vous n'avez qu'à changer de compagnie. Comment se fait-il que,
comme individu, le droit du consommateur est protégé par la loi,
tandis que le droit collectif des consommateurs n'est pas protégé
par notre loi contre la fausse représentation?
M. Rémillard: M. le Président, je crois comprendre
que le député de Terrebonne reproche au gouvernement actuel, le
gouvernement libéral, de ne pas avoir appliqué le bilinguisme,
c'est-à-dire de ne pas avoir conservé la loi 101
intégralement. C'est cela que me reproche le député de
Terrebonne. De fait, le député de Terrebonne a raison de dire que
la loi 101 signifie le bilinguisme incontrôlé et
incontrôlable. Ce que nous avons fait avec la loi 178, c'est mettre fin
à ce bilinguisme Incontrôlé et Incontrôlable pour
respecter les droits de la collectivité québécoise
d'exprimer pleinement, entièrement, notre culture française et
pour respecter les droits de la minorité anglophone d'avoir une
situation claire. Je suis parfaitement d'accord avec le député de
Terrebonne pour dire que, de fait, nous avons mis fin à un bilinguisme
incontrôlé et incontrôlable, tel qu'on le retrouvait dans la
loi 101. Dans ce contexte, nous ferons face à l'électorat et
c'est l'électorat qui pourra venir juger de la situation.
M. Blais: M. le ministre, il n'y a pas de loi contre cela, non
plus, des interventions trompeuses. On n'a pas de protection là-dessus.
Dire que la loi 101 est du bilinguisme Intégral, il faut le faire.
M. Rémillard: M. le Président, une question de
règlement. Que le député de Terrebonne fasse les remarques
qu'il voudra, c'est le rôle de l'Opposition, je le respecte
entièrement, et iI le sait. Simplement, j'aimerais qu'on s'en tienne
à un certain niveau. Je n'ai pas l'Intention de tromper la population,
comme je sais que lui-même n'a pas l'intention de tromper la population.
S'il y a des remarques que je fais et qu'il n'est pas d'accord, c'est le jeu
d'une démocratie de le mentionner comme tel.
M. Blais: M. le ministre dit que la loi 101 est du bilinguisme
intégral, I faut tout de même le faire, quand même! Je ne
vais pas relever cela pendant une heure, ce n'est pas la question qu'on discute
aujourd'hui, mais, quand même, dire que la loi 101 c'est du bilinguisme
intégral et que le Parti libéral a mis fin à cela! Un
instant! Ce n'est pas ma question aujourd'hui, on ne pariera pas de cela. Je
parle de la protection du consommateur.
M. Rémillard: M. le Président, si vous le
permettez, ce n'est pas moi qui ai soulevé la question du bilinguisme au
départ, c'est le député de Terrebonne. Je peux lui dire
juridiquement, sur le strict plan juridique, que, dans la loi 101, pour plus de
68 % des commerces, il s'agissait d'un bilinguisme qui était
Incontrôlé et incontrôlable.
Le Président (M. Filion): Puis-je vous répondre, M.
le ministre?
M. Blais: Ce n'est pas nécessaire, je peux y aller
moi-même, si vous voulez en discuter. Même la remarque que vous
faites sur les 68 % des commerces qui avaient droit au bilinguisme
intérieur, et extérieur à certains endroits.
Intégral et 68 % - supposons que le chiffre est bon - est-ce que cela
coïncide, est-ce que c'est logique? On ne peut pas dire intégral si
cela regarde 68 %. Dans ces 68 %, savez-vous qu'il y avait 77 % des commerces
qui étaient francophones? Ceux-là n'avalent pas l'intention de
mettre d'autre langue que le français. Je vous dis que vos 68 %
baissent. Ce n'est pas là-dessus qu'est notre discussion, mais, quand
même, il ne faut pas exagérer.
La discussion porte sur la protection de la collectivité devant
un organisme, comme un parti politique, qui trompe le consommateur. C'est
là-dessus que j'en suis: on n'a aucune loi pour se protéger
contre cela. Pis encore, un gouvernement. Un parti politique, cela va, on en a
parlé, rien pour protéger le consommateur. Un gouvernement
élu, qui trompe le consommateur, on a encore moins de ressources.
Un exemple que vous connaissez bien, juste un, je n'en donnerai pas
beaucoup. Je ne parlerai pas de la loi 178, que vous faites croire meilleure
que le loi 101 en disant que c'est une amélioration alors que c'est une
détérioration, je ne veux pas parler de cela. Supposons, par
exemple, qu'un gouvernement, soit le Parti libéral, est élu et
qu'il fait croire à la collectivité que la société
distincte donne des pouvoirs énormes à la province de
Québec. Je trouve personnellement que c'est de la publicité
mensongère. Quels sont les recours collectifs des consommateurs pour
pallier à cette fausse représentation?
M. Rémillard: M. le Président, là, c'est le
critère de la société distincte et le lac Meech
que le député de Terrebonne évoque. Ce que je peux
lui dire, c'est que le critère de la société distincte,
qui sera une règle d'interprétation, permettra au Québec
d'exprimer sa culture francophone d'une façon encore plus
complète face à l'ensemble de la fédération
canadienne. Nous avons ce critère depuis 1867 d'une façon
implicite dans la constitution et, enfin, par l'entente du lac Meech, nous
avons la reconnaissance de cette société distincte directement
dans la constitution canadienne, lorsque le Nouveau-Brunswick et le Manitoba
auront sanctionné l'entente du lac Meech, et cela se fera dans un avenir
quand même pas tellement lointain, j'en suis persuadé.
Et, en plus, M. le Président, iI y a ce rôle de
l'Assemblée nationale, ce rôle du gouvernement du Québec de
protéger et de promouvoir cette société distincte. Je me
souviens des débats que nous avons eus dans cette Chambre concernant
l'entente du lac Meech où nos amis de l'Opposition nous disaient: II
faut définir "société distincte", il faut la
définir, il ne faut pas la laisser en termes vagues, etc. Nous disions.
Il ne faut pas définir "société distincte" parce que qui
définit restreint. Or, la société distincte est
fondamentalement en fonction d'une langue, d'une culture mais c'est aussi en
fonction de beaucoup d'autres éléments qui composent notre
façon d'être tant au point de vue social, politique,
économique et culturel. Dans ce contexte, M. le Président, le
Conseil de la langue française, quand il a fait son avis sur l'entente
du lac Meech, a dit: Vous avez bien fait, il ne fallait pas définir
"société distincte". Et c'est là, je pense, un
élément très Important. Avec l'entente du lac Meech, avec
ce critère de société distincte, nous avons là une
assise qui pourra nous permettre d'exprimer encore plus complètement ce
que nous sommes et ce que nous sommes particulièrement fiers
d'être: des Québécois dans une fédération
canadienne capable de nous représenter et d'exprimer toute notre
fierté.
M. Blais: M. le ministre, quels pouvoirs la société
distincte apporte-t-elle à la collectivité? Quels pouvoirs
supplémentaires le lac Meech apporte-t-il? Ou, une autre façon de
poser la question, on pourrait indiquer à côté: Les
Italiens forment une société distincte, les Grecs forment une
société distincte, les autochtones forment une
société distincte, on pourrait mettre tout cela, parce que ce qui
suit n'apporte aucun pouvoir à ce terme. Donc, c'est là-dessus
que je dis: Si un gouvernement fait croire à une collectivité une
chose qui n'existe pas, il fait de la fausse représentation et nous
n'avons aucune loi de recours collectif pour que la vérité soit
rétablie. Y a-t-il dans l'intention du législateur une loi qui
vient pour le respect des consommateurs comme collectivité? C'est
là-dessus que j'en suis.
M. Rémillard: La député de Terrebonne me
pose deux questions en ce qui regarde la société distincte. La
société distincte est reconnue, pour le Québec, comme une
règle d'Interprétation qui va s'appliquer à toute la
constitution, pas simplement à la Charte des droits et libertés,
mais à l'ensemble de la constitution. Dans ce contexte, M. le
Président, lorsqu'il y a une ambiguïté... Et on sait
à quel point il y a des ambiguïtés parce que, lorsqu'on
rédige une constitution, malgré tous les efforts que l'on peut
faire, il est impossible de prévoir précisément,
exactement, l'ensemble des situations auxquelles nous pouvons faire face
ensuite dans l'application de cette constitution. Donc, il y a des
ambiguïtés et nous avons besoin de règles
d'interprétation. Il y en a une maintenant qui sera fondamentale: c'est
celle de reconnaître le Québec comme société
distincte et de reconnaître l'Assemblée nationale et le
gouvernement du Québec comme ayant ce rôle de protéger et
de promouvoir cette société distincte dans tout ce qu'elle peut
comprendre.
M. le Président, le député de Terrebonne fait aussi
cette relation entre Québec, société distincte à
l'intérieur de la fédération canadienne, de la
dualité canadienne, et d'autres groupes, d'autres communautés
culturelles qui peuvent exister au Québec. Je dois vous dire que c'est
un apport considérable pour la société
québécoise de pouvoir avoir dans notre société des
groupes culturels, des communautés culturelles qui peuvent conserver et
exprimer leur culture, dans la mesure où ils l'expriment en fonction des
biens communs déterminés par l'ensemble de la population
québécoise et canadienne.
Ce qu'il est important de bien comprendre dans ce contexte, M. le
Président, c'est que, d'une part, vous avez un pays qui a
été créé par deux grandes communautés
linguistiques: des francophones et des anglophones. Des francophones qui se
retrouvent en très grande majorité dans une province, le
Québec, et qui ont une façon d'être, de vivre, à
tous les niveaux, qui fait en sorte qu'ils sont distincts. Cette distinction se
situe, dans la fédération canadienne, comme une
originalité de cette fédération. Mais, dans la
société québécoise, il y a des communautés
formées de gens qui sont venus de partout au monde, qui sont venus ici,
qui ont choisi le Québec pour y vivre, pour partager les valeurs qui
sont nôtres et qui sont les fondements de notre vie en
collectivité.
M. le Président, le gouvernement du Québec ne veut pas
assimiler ces communautés culturelles; il veut les intégrer. Je
voudrais souligner au député de Terrebonne tous les efforts que
le gouvernement a faits depuis les dernières années pour
intégrer ces communautés et ces gens des communautés
culturelles à la vie québécoise. Je veux lui mentionner un
autre élément extrêmement important de l'entente du lac
Meech, concernant l'immigration, nous allons avoir la
possibilité de récupérer des compétences qui
vont nous permettre d'intégrer ces immigrants à la
société québécoise en leur donnant des cours de
français par exemple, en leur donnant des cours sur la façon de
se comporter et d'être dans notre société
québécoise.
En terminant, je ne veux pas parler trop longtemps sur ce sujet, je sais
que le député a d'autres questions à poser, aussi
Intéressantes, et je m'en réjouis. Ce que je veux vous dire, M.
le Président, c'est que l'entente du lac Meech nous permettra de donner
encore plus de force à cette caractéristique fondamentale que
nous retrouvons au Québec en fonction de l'expression de notre culture
française et d'intégrer nos immigrants à la
société québécoise.
Quant au contrôle qu'on peut avoir sur un parti politique ou sur
un gouvernement, ce contrôle vient d'une loi - M. le Président, le
député de Terrebonne a raison - qui est la plus importante, la
plus fondamentale du pays, c'est la constitution canadienne et la constitution
du Québec. Parce que le Québec a une constitution. Ce n'est
peut-être pas une constitution formelle, il n'y a pas un document qui
nous dit: II y a une constitution du Québec. Mais iI y a juridiquement
une constitution québécoise, avec des fondements juridiques
respectant la démocratie, la liberté, la justice,
l'équité. Cette constitution se situe à l'intérieur
de la constitution fédérale canadienne qui aussi consacre ces
grands principes démocratiques, comme vous le savez, M. le
Président. Dans ce contexte...
M. Blais: C'est effrayant!
M. Rémillard: ...je répéterai simplement ce
que j'ai dit tout à l'heure, en terminant. Dans un avenir quand
même pas tellement lointain, les Québécois et les
Québécoises auront à se prononcer sur la qualité
des gens qui les gouvernent et en fonction du respect démocratique qui
gouverne notre société.
M. Blais: Merci, M. le ministre, de ne pas avoir répondu
à la question. Il n'y a donc aucun pouvoir dans la société
distincte. C'est ce que Je voulais savoir. (11 heures)
On va tomber dans les crédits de façon plus directe. Les
crédits 1989-1990 s'établissent à 13 431 200 $, soit une
augmentation de 9,5 % par rapport aux crédits 1988-1989. En fait, c'est
5 % par rapport aux dépenses probables. Par rapport au budget 1985-1986
de 11 100 000 $, la croissance est de 21 %, soit environ 5 % en dollars
constants par année. L'augmentation de 5 % reflète des ajouts de
postes consécutifs à l'entrée en vigueur de certains
articles de la Loi sur le bâtiment, le 15 juin dernier. Le budget avait
d'ailleurs été majoré de 470 000 $ à cette fin au
cours de l'année, dont 140 000 $ ont été
périmés en cours de route. L'Office de la protection du
consommateur subit, par ailleurs, des compressions de 170 000 $ en
1989-1990.
Nouveaux postes dus à la Loi sur le
bâtiment
Voici maintenant ma question: Combien de nouveaux postes ont
été ouverts à la suite de l'entrée en vigueur des
articles de la Loi sur le bâtiment? On va commencer par
celle-là.
M. Rémillard: M. le Président, je remercie le
député de Terrebonne de cette question qui met en relief une
responsabilité nouvelle et très importante de l'Office de la
protection du consommateur concernant l'habitation. Donc, depuis le 15 juin
dernier, c'est une responsabilité qu'assume, pour une première
année, l'office et il y a beaucoup de travail à y faire pour la
protection du consommateur. De fait, des postes nouveaux ont été
créés et ce sont 17 postes nouveaux qui ont été
créés pour faire face à cette nouvelle
responsabilité de l'office.
M. Blais: Comment expliquez-vous les crédits
périmés de 140 000 $ en 1988-1989? Il y avait 470 000 $ de
prévus; nous n'en avons appliqué, durant l'année, que 330
000 $. Comment explique-ton les 140 000 $ périmés?
M. Rémillard: M. le Président, il s'agit de sommes
qui proviennent de salaires pour des postes qui n'ont pas été
comblés dans l'année. Ce sont des postes qui sont vacants.
M. Blais: Manque de personnel, pas eu le temps d'en engager, pas
besoin de plus de personnel que ça?
M. Rémillard: C'est le roulement normal de personnel.
Mais, si M. le Président le permet, je pourrais demander au
président de l'office de répondre à cette question
strictement administrative et d'expliquer la situation.
Le Président (M. Filion): Certainement. M. Moreau, la
parole est à vous.
M. Moreau (Gilles): M. le Président, effectivement, au
cours de l'année, un certain nombre de postes se libèrent et
doivent être comblés par des concours, parfois de promotion ou
encore par mutation. Très souvent, avant qu'un poste soit comblé,
cela prend quelques mois, de sorte qu'il y a un taux de roulement normal qui
crée parfois un surplus à la masse salariale.
M. Blais: Cette zone tampon d'engagement, etc. qui nous
amène des crédits périmés de 140 000 $, est-ce un
ordre du Conseil du trésor de conserver 140 000 $ ou 150 000 $ de
crédits périmés ou si c'est le hasard des engagements?
M. Moreau: C'est, habituellement, le hasard des engagements,
surtout dans la deuxième partie
de l'année; à ce moment-là, on s'aperçoit
que des postes qui n'étaient pas complétés dans la
première partie de l'année font qu'il peut se dégager des
surplus. Si les postes ne sont pas comblés rapidement, c'est ainsi qu'on
sait qu'on en arrivera à des crédits périmés. Il
faut dire, cependant, que des crédits périmés de 140 000 $
sur une masse salariale comme celle-là, c'est quand même
très mineur. Je n'ai pas fait le pourcentage, mais la masse
salariale...
M. Blais: C'est 1 % ou 2 %, 1,5 %.
M. Moreau: ...est quand même de 8 500 000 $ et on a 140 000
$ de crédits périmés.
M. Blais: En dehors des crédits périmés, si
on voit qu'on est obligé d'augmenter le budget à cause de ces
nouveaux Inspecteurs, il demeure qu'en soustrayant ces inspecteurs on effectue
des compressions de 170 000 $ cette année dans le budget. Quels sont les
postes qui subissent 170 000 $ de coupure?
M. Moreau: Les 170 000 $ de compression seront pris, en bonne
partie, aux traitements; 110 000 $ aux traitements et 60 000 $ au
fonctionnement. Lorsqu'on impute une grosse partie de cette compression aux
traitements, ceci nous permet, par le jeu normal des postes vacants dans le
courant de l'année, d'assumer cette compression de 110 000 $.
L'expérience à l'office nous indique que, bon an mal an, ce
mouvement de personnel nous permet, plutôt que de périmer des
sommes, à ce moment-là, de le supporter en compression. Autrement
dit, comme les 110 000 $ sont affectés en compression à ce poste,
il est à prévoir, à ce moment-là, qu'il n'y aura
pas de crédits périmés à la fin de l'année
par ce jeu des postes.
M. Blais: Bon, c'est dans les traitements, les 170 000 $,
malgré que l'on passe de zéro cadre intermédiaire à
douze durant l'année?
M. Moreau: Oui, voilà, ces cadres intermédiaires
sont des directeurs de bureaux régionaux qui, auparavant, étaient
des attachés d'administration et qui, par une nouvelle
réglementation gouvernementale, occupent maintenant un nouveau corps
d'emploi. Ce sont les mômes personnes dont le corps d'emploi change tout
simplement. Autrement dit, tout ça...
M. Blais: Avant, c'étaient des professionnels qui
faisaient ça.
M. Moreau: Avant, c'étaient des professionnels qui
étaient des attachés d'administration et maintenant tous ceux qui
occupent des fonctions de gérance sont reclassés dans des postes
d'administrateur.
M. Blais: Le mandat étant élargi par le Code du
bâtiment, avec les inspecteurs en bâtiments, malgré que vous
ayez été obligé de périmer 140 000 $ à cause
du manque de personnes, est-ce que le budget que vous avez suffit
réellement à la nouvelle demande? Malgré qu'il y ait eu un
peu de crédits périmés - je comprends que ce n'est pas
beaucoup, c'est 1,7 % - est-ce que les effectifs répondent à la
demande dans ce domaine?
M. Moreau: Oui, absolument. Nous avons reçu, cette
année, un montant supplémentaire de 496 000 $ pour ajuster notre
masse salariale. Si l'on décortiquait les 979 000 $, on les
décortiquerait de la façon suivante: 496 000 $ ont
été ajoutés à l'enveloppe de base et, à
ceci, on ajoute 255 $ pour tenir compte du coût des conventions
collectives, ainsi qu'une somme de 337 000 $ comme ajustement mécanique
afin de combler un déficit récurrent à la masse salariale.
C'était une difficulté qu'on avait à la masse salariale et
qui a été corrigée par le Conseil du trésor, de
sorte qu'on arrive à un surplus annuel de 979 000 $, ce qui permet
effectivement de faire face à nos responsabilités.
M. Blais: Pardon? Qu'est-ce que vous voulez dire par "surplus
annuel"?
M. Moreau: Cette année, au fonctionnement-personnel, nous
avons reçu 979 000 $ de plus et, quand on essaie de voir comment se
répartissent ces 979 000 $, ce sont trois blocs principalement. C'est un
bloc de 496 000 $ qui a été ajouté à l'enveloppe de
base principalement pour les postes en habitation et ce qu'on appelle le
vieillissement du système, le fait que plus les gens avancent en
expérience, plus ils coûtent cher en termes de salaire. Donc, cela
fait 496 000 $. À ceci, on ajoute 255 000 $ pour tenir compte du
coût des conventions collectives et on ajoute un dernier montant de 337
000 $ pour tenir compte, si vous voulez, d'un ajustement qui a
été fait à notre masse salariale puisqu'on avait un
problème de déficit récurrent, ce qui fait un total de 979
000 $.
Subventions aux associations de consommateurs
M. Blais: D'accord. Maintenant, on va parler des subventions aux
associations de consommateurs. En fait, par rapport aux crédits
1988-1989, les fonds alloués aux organismes de protection sont à
peu près gelés: en 1985-1986, c'était 646 600 $ et, en
1988-1989, c'est censé être 724 300 $. En quatre ans, les
subventions ont augmenté de 12,5 %. Cela veut donc dire que cela n'a pas
augmenté au même rythme que l'inflation pure et simple. C'est donc
une diminution. Il faut ajouter l'augmentation de 56 000 $ de l'année
dernière qui était factice puisqu'elle correspondait à une
récupération des sommes
allouées par le biais des contrats de recherche aux associations.
Tenant compte de cet élément, la croissance nette est, en fait,
de 3 % depuis l'arrivée de votre gouvernement au pouvoir. Ensuite,
certaines associations se retrouvent pourtant en situation très
précaire. L'ACEF de Québec a dû fermer deux mois, l'an
dernier, faute de ressources financières suffisantes. De son
côté, le fédéral accordera, cette année, 1
800 000 $ aux associations de consommateurs. Je n'ai pas besoin de vous
rappeler ici que les associations québécoises s'estiment
lésées, depuis plusieurs années, par ce programme car
elles ne sont pas reconnues au même titre que l'ACC, l'Association des
consommateurs canadiens, comme associations nationales.
J'aurais trois brèves questions à poser. La
première: comment le ministre justifie-t-il le gel des subventions aux
organismes cette année? Deuxièmement, reconnaît-il que
l'aide aux organismes n'a même pas suivi le rythme de l'inflation depuis
quatre ans, ce qui représente donc des compressions?
Troisièmement, a-t-il fait des représentations auprès de
son homologue fédéral concernant l'accès des associations
de consommateurs du Québec au programme fédéral,
même si elles n'en font pas partie, surtout qu'il prêche la
société distincte?
M. Rémillard: M. le Président, en ce qui regarde
ces subventions aux organismes sans but lucratif, je dois dire qu'ils font un
travail très souvent remarquable dans le domaine de la protection du
consommateur, ils permettent de sensibiliser nos consommateurs à leurs
droits, de les sensibiliser à certaines situations parfois difficiles.
Ils font un travail magnifique. Ce sont des bénévoles qui donnent
de leur temps et qui se consacrent à une cause et je dois, tout d'abord,
leur rendre hommage, comme ministre, de ce travail qu'ils font.
Pendant ces dernières années, l'augmentation des
subventions à ces organismes sans but lucratif a été faite
sans aucune compression budgétaire, contrairement à d'autres
secteurs où nous en avons appliqué, en fonction de cette saine
administration qui caractérise le gouvernement actuel, en ce qui regarde
les subventions aux organismes sans but lucratif, il n'y en a eu aucune. Il y
a, bien sûr, des demandes de faites, qui nous arrivent tous les jours, M.
le Président. Ces organismes nous demandent de plus en plus d'argent, et
je les comprends; c'est parce qu'ils veulent faire du travail et il y a du
travail à faire. Si on répondait à toutes les demandes, ce
serait quasiment sans fin. Alors, iI faut, à un moment donné,
quand même, savoir respecter des critères, des normes qui nous
permettent d'atteindre des objectifs que nous avons, tout en respectant nos
contraintes budgétaires. Dans ce contexte, ce que je puis dire, pour
rassurer le député de Terrebonne, c'est qu'il n'y a eu aucune
compression budgétaire en ce qui regarde les subventions
accordées à ces organismes sans but lucratif.
M. Blais: M. le ministre, comment peut-on dire qu'il n'y a pas eu
de compression quand l'augmentation de l'inflation, dans les quatre ans, se
situe à près de 17 %, tandis que les augmentations des budgets de
subvention aux associations n'ont été que de 12,5 %? Comment
appelle-t-on ça, de 17 % à 12,5 %? Quel mot peut-on choisir, si
ce n'est pas une compression? Quel est le mot idéologique du ministre
devant cette coupure?
M. Rémillard: M. le député, je pense que
vous comprenez aussi que ces organismes ont leur administration. Ce sont tous
des bénévoles, comme je l'ai mentionné tout à
l'heure...
M. Blais: Oui.
M. Rémillard: ...qui font un travail remarquable. Ces
organismes ont tous leur administration et ils doivent aussi faire leurs
efforts pour que leur administration soit la moins lourde possible. Ils doivent
être capables d'assumer leurs responsabilités, d'atteindre les
objectifs qu'ils se fixent et que nous reconnaissons, puisque nous les
subventionnons, mais ils doivent aussi faire leur effort pour que leur
administration soit la plus légère possible et qu'elle se fasse
avec le moins d'argent possible, parce que le but est qu'il y ait le plus
d'efficacité possible pour Informer et protéger le consommateur.
Alors, c'est notre devoir de travailler avec ces organismes et de faire en
sorte qu'ils puissent assumer leurs responsabilités, atteindre leurs
objectifs, en ayant l'administration la plus légère possible afin
que notre argent, celui de l'ensemble des Québécois que nous
administrons, dans ce cas-ci, pour la protection du consommateur et que nous
donnons par des subventions à certains organismes puisse être le
plus efficace possible pour atteindre le but recherché. (11 h 15)
Alors, il se peut - et le député va le comprendre
facilement - que certains organismes aient, au cours des années,
quelquefois développé des méthodes administratives qui
peuvent être revues et corrigées. En ce sens, c'est notre devoir,
pour nous du gouvernement qui administrons les fonds publics et qui donnons ces
subventions, de regarder l'administration de ces organismes qui
reçoivent de l'argent, des subventions pour protéger les
consommateurs dans l'action qu'ils font; il est de notre devoir quelquefois de
les conseiller et de leur suggérer des méthodes moins
coûteuses. Cet effort a été fait et on peut dire qu'il n'y
a pas eu de compression budgétaire parce que les subventions n'ont pas
été diminuées et qu'on a aussi travaillé avec ces
organismes pour qu'il y ait le maximum d'efficacité.
M. Blais: D'accord, M. le ministre, j'essaie
de comprendre votre explication. Il demeure, quand même, qu'on est
passé de 17 % à 12,5 % et j'appelle ça une coupure. Quand
vous dites que l'Association des consommateurs du Québec fait un travail
extraordinaire, Je suis complètement d'accord avec vous
là-dessus. Mais que ce sont tous des bénévoles, bien
là, il faut faire attention. Il y a, tout de même, un minimum de
gens payés à l'intérieur de ça. Ce n'est pas
beaucoup, mais il y a, tout de même, du monde payé aussi. La
plupart sont des bénévoles qui travaillent, mais, dans chacune
des régions, il y a des gens payés. À l'ACEF, il y a du
monde payé, quand même. Ces gens-là ont un loyer à
payer, s'ils ont des locaux, ils ont des publications, des réclames
publicitaires et des réunions à faire, etc.
La consommation de ces associations-là subit l'inflation: le
loyer, la réclame publicitaire et les publications subissent
l'inflation. Si, indirectement, au lieu de donner près de 17 %
d'augmentation à ces organismes-là, ce qui équivaut
à l'inflation, on ne donne que 12,5 % d'augmentation de leur budget,
qu'on le veuille ou non, il y a des compressions, des coupures, appelons
ça comme on voudra, elles n'ont pas le même montant cette
année qu'en 1985-1986.
M. Rémillard: M. le Président, il y a
peut-être un élément que je dois ajouter pour
compléter les informations que je donnais tout à l'heure au
député, c'est que ces organismes bénévoles,
à but non lucratif, pour la majorité sont composés de
bénévoles. Je suis d'accord, bien sûr, avec le
député de Terrebonne pour dire que certains des dirigeants, des
administrateurs de ces organismes peuvent être
rémunérés, mais, là encore, c'est modeste et je
n'en connais pas vraiment qui exagèrent. Mais il faut aussi comprendre
que nous avons insisté sur un autre point concernant le financement de
ces organismes: c'est la possibilité pour ces organismes à but
non lucratif de diversifier leurs sources de financement. Qu'ils ne se fient
pas seulement et exclusivement à la subvention gouvernementale, mais
qu'ils puissent aller aussi à d'autres sources. Bien sûr, leur
possibilité de financement est limitée, puisqu'ils doivent faire
leur travail sans conflit d'intérêts, mais ils en reçoivent
d'autres sources et il y a là des possibilités
Intéressantes. Plusieurs organismes à but non lucratif,
d'ailleurs, dans les dernières années, ont, de fait,
diversifié leurs sources de financement avec des résultats
particulièrement intéressants.
De plus, il y a aussi l'autre aspect de la question du
député de Terrebonne concernant le gouvernement
fédéral. Le député de Terrebonne sait à quel
point je suis soucieux, comme ministre de la Justice et aussi comme ministre
responsable des relations fédérales-provinciales, de
protéger les compétences législatives du Québec.
Dans le domaine de la consommation, en très grande partie, il s'agit
d'un champ de juridiction provinciale. D'ailleurs, l'article 92.13° a
été ajouté dans la constitution de 1867: les
Pères de la Confédération l'ont mis en 1867 pour
que les provinces aient compétence en matière de
propriété et de droits civils. Quand le député de
Terrebonne faisait référence tout à l'heure à la
société distincte, je lui disais que oui, mais ça
débutait. On a quelque chose de concrétisé maintenant dans
la constitution par l'entente du lac Meech, qui fera éventuellement
partie de la constitution, qui était implicitement dans la constitution
du Canada depuis 1867.
C'est un exemple, l'article 92.13°. Pourquoi l'article 92.13°
a-t-il été inscrit dans la constitution canadienne?
C'était pour le Québec, parce qu'on avait un droit civil
différent, parce qu'on avait une méthode de vivre en ce qui
regarde tous ces aspects des citoyens entre eux qui sont différents.
Quand on regarde le bilan des discussions des Pères de la
Fédération, on s'aperçoit que l'article 92.13° a
été inscrit strictement pour le Québec.
Dans ce contexte, M. le Président, c'est important de
réaliser que ce qui regarde la consommation est de compétence
provinciale. Là encore, je me permets de revenir sur une question que me
posait le député de Terrebonne au tout début. L'entente du
lac Meech, oui, mais en ce qui regarde un autre point de l'entente du lac
Meech. On a parlé de société distincte, de dualité
et d'immigration. Je vais vous donner un autre point également. C'est
l'encadrement du pouvoir fédéral en ce qui concerne le pouvoir de
dépenser. Pour nous, il n'est pas question que le gouvernement
fédéral prenne ce pouvoir pour venir modifier les
compétences législatives des provinces. C'est notre
responsabilité. La protection du consommateur, c'est la protection du
Québec. C'est nous qui allons faire en sorte que nos consommateurs
soient protégés en fonction des compétences
législatives du Québec.
Le gouvernement fédéral peut avoir certaines
compétences en fonction de ses champs de compétences. Donc,
est-ce que le député de Terrebonne voudrait que je recoure
à certaines lois fédérales qui ont été
dénoncées - je n'ose pas les mentionner - pour pouvoir aider ces
consommateurs, ces organismes de consommation? Pour ma part, je pense que nous
avons nos responsabilités et il faut les assumer. Cela comprend la
possibilité pour ces organismes à but non lucratif de se fier
à une subvention gouvernementale, mais aussi de développer et de
diversifier leurs sources de financement.
M. Blais: Mais la question, M. le ministre, est la suivante:
c'est que le gouvernemental fédéral a un budget de 1 800 000 $
pour soutenir les associations de consommateurs du Canada. Le Québec est
à peu près exclu de toutes ces sommes d'argent. Les associations
ne reçoivent à peu près rien. Notre part devrait
être de 25 %, disons, ou de 26 % de ces 1 800 000 $. Nous ne l'avons pas
depuis belle lurette. Quelles sont les démarches que le ministre a
faites pour que cette société distincte n'en ait pas que le
nom,
mais reçoive les rétributions du gouvernement
fédéral auxquelles nous avons droit? C'est ça qui est le
problème. Est-ce que vous avez des discussions avec votre homologue
fédéral pour qu'une partie de ces 1 800 000 $ qui nous
appartiennent nous revienne? C'est juste ça, la questlon.
M. Rémillard: Tout d'abord, je dois dire que je suis
parfaitement d'accord avec le député de Terrebonne pour dire que
nous avons à nous battre pour aller chercher la partie de cette richesse
nationale qui nous revient Nous formons ici plus de 25 % de la population et je
veux l'assurer que c'est ma responsabilité comme ministre d'y voir et je
le fais avec mes collègues tous les jours. Nous nous battons pour aller
chercher la partie de la richesse nationale de cette fédération
à laquelle nous sommes fiers d'appartenir. Nous allons aller chercher
cette richesse qui nous revient.
Dans ce cas-ci en particulier, j'ai mentionné le souci que nous
avons de respecter les compétences législatives du Québec:
premier souci. Deuxième souci, c'est de pouvoir aller chercher notre
part de ce montant d'argent. Mais en ce qui regarde les organismes qui ont une
action nationale au niveau canadien, il faut comprendre qu'une bonne partie de
cet argent va, par exemple, à une revue canadienne sur la protection du
consommateur, revue qui est en circulation partout au Canada.
Pour notre part, ce n'est pas tout à fait la même chose. Je
peux dire au député de Terrebonne que, pour nous, il est
Important de respecter la compétence du Québec et de faire en
sorte que les organismes qui peuvent bénéficier de subventions du
gouvernement fédéral le fassent en respectant la
compétence du Québec et dans le cadre de leur action qui pourrait
s'exercer au niveau de la fédération, par le biais d'associations
ou de confédérations de protection du consommateur qui existent
dans l'ensemble canadien.
M. Blais: En fait, Je comprends la réponse qui est qu'une
revue canadienne pourrait se promener au Québec. Mais on sait que la
revue au Québec, c'est Protégez-vous. C'est elle qui fait
foi et c'est nous qui la payons seuls. Un instant, là! Il y a 450 000 $
au minimum qu'on doit aller chercher au gouvernement fédéral pour
la protection du consommateur. Je conclus qu'il n'y a pas d'entente, qu'il n'y
a pas de discussion, qu'il n'ira pas le chercher. C'est encore un prix à
payer pour être une société distincte qui ne l'est pas.
Éventuelle taxe de vente
fédérale
Dans le même ordre d'idées, prenons la taxe de vente qui
s'en vient, face à la protection du consommateur. A ce que je sache, la
taxe de vente est de juridiction exclusive du Québec. Le
fédéral viendrait Imposer aux consommateurs une autre taxe. De
quelle façon le ministre qui protège les consommateurs
réagit-il devant la venue éventuelle de cette taxe?
M. Rémillard: M. le Président, le
député soulève une autre question très pertinente,
Importante. Il y a eu une conférence des ministres des Finances la
semaine dernière, si ma mémoire est bonne. Là encore, il
est pour nous de première Importance de protéger la
compétence du Québec en matière flscale Le Québec a
eu à livrer des batailles Importantes depuis son existence et, en
particulier, si on s'en souvient, après le deuxième conflit
mondial, pour protéger cette responsabilité qu'il a en
matière de fiscalité. C'est une chose que d'avoir des
responsabilités législatives, comme nous en donne la constitution
canadienne, et c'est une autre chose que d'avoir les ressources
financières qui correspondent à ces responsabilités. Pour
nous, je veux rassurer le député de Terrebonne, il est essentiel
et primordial que cette capacité fiscale du Québec soit
respectée Intégralement. Il n'est pas question pour nous de
céder quoi que ce sort de la juridiction du Québec en
matière fiscale. On sait que le gouvernement fédéral pense
à une taxe ajoutée, une espèce de TVA, une taxe qui
apporterait des changements considérables dans notre façon de
percevoir les taxes de vente, entre autres, en taxant certains biens qui ne le
sont pas, en en détaxant d'autres. En fait pour nous, il est important
que les droits du Québec soient respectés et, dans ce cadre, ce
que le Québec possède comme juridiction fiscale, il n'est pas
question de le céder, ni directement, ni Indirectement. Nous sommes
prêts à revoir des principes de taxation avec le gouvernement
fédéral. Nous sommes prêts à nous asseoir et
à discuter, à parler, bien sûr, mais en acceptant ce
premier principe du respect de la juridiction québécoise en
matière fiscale.
M. Blais: M. le ministre, M Wilson dit qu'il promet de prendre
une décision assez bientôt - c'est une belle expression - et il
réaffirme qu'il agira unilatéralement si le Québec ne veut
pas. Le fédéral peut-il imposer cette taxe aux consommateurs sans
l'appui du Québec? Quel est l'avis du ministre, protecteur des
consommateurs, devant cette déclaration de M. Wilson: Si Québec
ne veut pas, j'agirai unilatéralement? Quelle serait la réaction
de votre gouvernement?
M. Rémillard: M. le Président, je peux dire au
député de Terrebonne que nous allons veiller au respect de la
compétence législative du Québec il doit comprendre que je
ne lui donnerai pas une opinion juridique aujourd'hui sur la compétence
législative du Québec et la compétence législative
fédérale en matière de fiscalité Je ne donnerai pas
cette opinion, mais Je peux vous dire que le ministère de la Justice, le
Secrétariat aux affaires intergouvernementales
canadiennes, le ministère des Finances, en particulier, le
ministère du Revenu et tous les autres ministères,
concernés, nous travaillons ensemble. On a déjà eu
plusieurs réunions. On aura d'autres réunions, autant au niveau
ministériel qu'au niveau des sous-ministres et de nos fonctionnaires.
Pour nous, je peux vous dire que rien n'est laissé au hasard.
Lorsqu'on parle d'agir unilatéralement, il faudrait
peut-être situer ces paroles de M. Wilson dans leur contexte. M. Wilson
peut décider d'agir en fonction de ses propres compétences, mais
dans la mesure où il respecte la compétence du Québec.
Pour nous, je peux vous assurer, et je veux le faire le plus
énergiquement possible, que nous allons prendre les moyens pour faire
respecter la compétence du Québec en matière de
fiscalité. (11 h 30)
Nous sommes prêts à discuter. Nous sommes prêts
à faire l'évaluation de nos moyens de taxation, Nous sommes
prêts à voir comment on pourrait améliorer la situation, en
respectant les droits de nos citoyens et de nos citoyennes, en respectant aussi
les obligations des gouvernements qui doivent faire face à un fardeau de
plus en plus lourd au point de vue des dépenses budgétaires. On
connaît les problèmes qu'engendre le déficit
budgétaire fédéral. On sait à quel point le
déficit est rendu important. Nous comprenons qu'ils doivent, bien
sûr, s'attaquer à ce problème, c'est à peu
près temps qu'on le fasse. Maintenant, ils ne viendront pas, si vous me
permettez cette expression, M. le Président, pelleter leur neige dans
notre cour. Je peux vous dire qu'on va veiller au grain.
M. Blais: Le mot "unilatéral", vous semblez vouloir
l'interpréter de deux façons. L'autre façon, ce serait une
surtaxe à la manufacturation, si on peut dire. Comme le gouvernement
fédéral en imipose déjà une, il l'augmenterait, ce
qui est impossible à cause du libre-échange. On voit bien que
c'est à cause du libre-échange qu'on va enlever cette taxe et la
placer à la consommation. C'est clair comme de l'eau de roche. À
l'office et à votre ministère, est-ce qu'on a fait des
études pour savoir, si Québec reconnaît - et vous le
reconnaissez - que la taxe à la consommation est exclusivement de
compétence provinciale, quelle serait la façon compensatoire de
cet unilatéralisme fédéral pour imposer une taxe aux
consommateurs du Québec? Quel serait le deuxième volet ou les
autres volets?
M. Rémillard: Tout à l'heure, j'ai
mentionné, M. le Président, dans ma réponse que rien
n'était laissé au hasard. Je peux dire au député de
Terrebonne que, de fait, des études ont été faites par le
ministère des Finances ou par d'autres ministères qui sont
concernés sur toutes les conséquences que pourrait
entraîner cette nouvelle façon de percevoir la taxe par, comme on
le mentionnait tout à l'heure, une TVA. Nous avons ces études;
nous sommes à compléter ces études; nous discutons, nous
nous rencontrons. Il y a eu cette rencontre des ministres des Finances, que je
mentionnais tout à l'heure, la semaine dernière à Ottawa
ainsi que les commentaires de M. Wilson.
Pour nous, il est important de respecter la compétence du
Québec en matière de taxation. Cela ne veut pas dire que nous ne
sommes pas prêts à discuter avec le gouvernement
fédéral sur les différents moyens qu'on pourrait prendre
pour avoir une taxation plus efficace, nous permettant d'avoir une meilleure
performance comme gouvernement, comme gestionnaires des fonds publics. Oui,
nous sommes prêts à le faire, mais toujours sous la
réserve, extrêmement importante pour nous, de respecter la
compétence québécoise. Comme je l'ai mentionné tout
à l'heure aussi, M. le Président, si nous avons des juridictions
qui nous sont données par l'article 92 et par d'autres articles
spécifiques dans la constitution canadienne qui nous donnent des
responsabilités législatives, on doit avoir les ressources
financières qui viennent avec ces responsabilités
législatives. Pour nous, il n'est pas question de céder quoi que
ce soit, en ce qui a trait au partage de l'assiette fiscale, tel qu'il existe
et tel qu'il correspond aux compétences législatives du
Québec. Dans ce cadre-là, nous pouvons discuter.
M. Wilson peut décider de procéder unilatéralement.
Mais l'assiette fiscale ne peut se composer qu'en fonction aussi des provinces
qui ont leur propre assiette fiscale. On ne peut pas, quand même,
doublement taxer les consommateurs. Il doit y avoir une relation harmonieuse
entre les deux ordres de gouvernement pour qu'il n'y ait pas de double taxation
et que les citoyens et citoyennes canadiens n'aient pas à subir les
préjudices d'un désaccord dans les relations
fédérales-provinciales. C'est pour cela qu'il y a des relations
entre les deux ordres de gouvernement. Il y a eu cette conférence des
ministres des Finances la semaine dernière et il y en aura d'autres qui
auront lieu avec les fonctionnaires. Je peux vous dire que, pour nous, c'est un
dossier majeur que nous suivons très attentivement.
M. Blais: II y a une phrase dans ce que vous avez dit qui m'a
frappé. Vous avez ajouté: M. Wilson peut agir
unilatéralement.
M. Rémillard: Oui.
M. Blais: Cela voudrait dire que M. Wilson pourrait venir, dans
une compétence exclusive du Québec, imposer quelque chose?
M. Rémillard: Non. Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'il ne
faut pas, justement... Je m'adresse à quelqu'un qui connaît
particulièrement bien toutes les techniques de la phraséologie.
Il sait
très bien qu'on ne peut pas isoler un bout de phrase de
l'ensemble de la communication qu'on a faite. Ce que j'ai dit, au tout
début, c'est: Premièrement, le principe qui nous guide, c'est le
respect de la compétence législative du Québec en
matière de taxation. Donc, lorsqu'on dit: Capacité pour le
fédéral d'agir unilatéralement, c'est dans son champ de
compétences, pour autant qu'il ne vienne pas toucher à nos champs
de compétences. S'il touche à nos champs de compétences,
on va réagir, je peux vous le dire, énergiquement, promptement,
pour faire respecter les droits du Québec.
M. Blais: Quelle est l'ouverture à une TVA qui pourrait
venir du fédéral, qui ne toucherait pas la compétence
provinciale? Il n'y en a pas. Alors, je ne comprends pas pourquoi vous dites
que vous étudiez de quelle façon le fédéral
pourrait imposer une taxe aux consommateurs tout en respectant la
conpétence de la province de Québec. Il n'y a pas d'ouverture
dans la constitution.
M. Rémillard: Le député de Terrebonne doit
comprendre que ce n'est pas si simple que cela. La TVA, dans différents
éléments de son application, peut s'appliquer à
différents secteurs d'activités. Tout dépend de l'ampleur
et de l'application qu'on lui donne. Tout dépend aussi de
l'évolution qu'on veut lui donner. C'est cela qu'il faut discuter entre
les provinces et le gouvernement fédéral. Il faut bien comprendre
que le gouvernement fédéral a cette possibilité de taxer,
oui, mais en respectant aussi cette assiette fiscale qui a déjà
été déterminée en fonction de la compétence
du Québec et des autres provinces de taxer d'une façon directe.
C'est dans ce contexte que nous devons nous asseoir et travailler ensemble.
Vous savez, cette discussion concernant un nouveau mode de taxation est
particulièrement significative quant à l'esprit du
fédéralisme. Celui-ci est beaucoup plus qu'un système
juridique: c'est une philosophie, une façon de voir les choses. C'est
essentiellement un compromis qui doit s'adapter en fonction des circonstances,
des principes et des règles qui existent dans la constitution. Une de
ces règles est le partage des compétences législatives. Le
gouvernement a des responsabilités. La province a des
responsabilités. Si on a décidé qu'on fonctionnait comme
cela, parce qu'on a vraiment réalisé, dès 1867, que le
Canada était un immense pays - il était faiblement peuplé
à ce moment et il l'est toujours - et que la seule façon de
pouvoir gouverner efficacement ce pays, c'est par une méthode
fédérative décentralisée. Il est intéressant
de noter, M. le Président, que notre régime fédéral
est l'un des plus décentralisés au monde. Ce n'est pas un luxe,
c'est par nécessité. Donc, dans ce contexte, M. le
Président, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il doit y avoir harmonie
entre les deux niveaux de gouvernement, rela- tions harmonieuses, efficaces,
pour que nous puissions atteindre ce compromis, dans ce secteur comme dans
d'autres, qui sera en fonction de l'intérêt de la
fédération tout entière, tout en respectant les
spécificités de chacune des provinces et leurs juridictions.
M. Blais: Ah, mon Dieu! Qu'en termes galants ces choses-là
sont mises. M. le Président, je vois bien que, sur cela, je n'aurai pas
de réponse, non plus. Ils vont se plier au bon vouloir d'Ottawa au sujet
de cette taxe et on va encore plier l'échine devant les revendications.
On va laisser tomber cette question à laquelle Je n'ai pas eu de
réponse.
Vente sous pression de préarrangements
funéraires
Les arrangements funéraires, pour passer d'un mort à
l'autre. Le Parti québécois avait voté, à l'automne
de 1987, la loi 162. Nous nous étions, cependant, opposés, et de
façon formelle, à ce qu'il y ait des Itinérants qui
visitent les centres d'accueil, les personnes âgées, pour leur
vendre sous pression des préarrangements funéraires. On trouve
cela illogique. L'Association des consommateurs, la FADOQ, les personnes
âgées et d'autres déplorent, de façon excessivement
tangible et palpable, cette sollicitation des itinérants, vendeurs de
tombeaux avant la mort. C'est inacceptable. Est-ce que le ministre a, dans sa
liste de lois à amender, cette proposition, qui a été
faite par les différents consommateurs et par le Parti
québécois, d'empêcher les Itinérants de faire de la
sollicitation avant la mort des personnes âgées? Quand ils les
rencontrent, ces personnes sont souvent dans des situations difficiles et elles
se laissent terriblement influencer pour se débarrasser plus ou moins de
quelqu'un qui est fatigant.
Une voix: Après?
M. Blais: Après, ce serait une bonne chose.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Terrebonne a raison de souligner ce sujet. C'est un
sujet délicat et difficile. L'office a accordé beaucoup
d'attention, au cours de la dernière année, à ce dossier;
il a sensibilisé les intervenants à ce dossier concernant
certaines pratiques qui seraient Inacceptables. Il a fait un travail
très Important au cours des dernières années. Il a
mentionné qu'il est Important de respecter le fait qu'un droit de
résolution de 30 jours, sans frais et sans pénalité, doit
être accordé à l'acheteur si la vente a été
effectuée par un commerçant Itinérant. Il y a aussi le
fait que l'acheteur dispose de ce délai de résolution de 30
jours, même s'il a expressément demandé au vendeur de se
rendre à domicile et ça, c'est un aspect aussi très
important. Il y a une formule de résolution simple qui doit
être
annexée au contrat. Le contrat doit aussi contenir des mentions
informant l'acheteur de son droit de résoudre le contrat et des
modalités pour ce faire, en caractères suffisamment gros pour
être lus par une clientèle de personnes âgées.
Le député de Terrebonne, bien sûr, soulève le
problème qui se pose souvent avec nos personnes âgées qui
peuvent être induites en erreur à la suite de pressions abusives
de la part de certains commerçants. Môme après le
délai de résolution de 30 jours, dans le cas de la vente
itinérante, le contrat d'arrangements préalables de services
funéraires, M. le Président, est annulable en tout temps par
l'acheteur, moyennant une pénalité de 10 %. L'acheteur est alors
remboursé du montant des services non rendus avec indexation au
coût de la vie. Dans les dix jours de la conclusion du contrat, le
vendeur doit transmettre une copie du contrat à une tierce personne
désignée par l'acheteur. Les proches peuvent donc discuter de
cette question avec l'acheteur et l'inciter, le cas échéant,
à se prévaloir de son droit de résolution. Cela c'est un
point particulièrement important.
Finalement, M. le Président, un dernier point sur lequel je veux
Insister: le chapitre de la Loi sur la protection du consommateur relatif aux
pratiques déloyales s'applique aux contrats régis par la Loi sur
les arrangement préalables de services funéraires et de
sépulture. Les sanctions peuvent aller jusqu'à la
révocation du permis de directeur de funérailles. Donc, il y a
quand même des aspects extrêmement Importants.
Je dois mentionner, M. le Président, pour l'information du
député, que, récemment, à l'occasion de
difficultés éprouvées par un thanatologue - je ne
mentionnerai quand même pas les différents endroits - on a
relancé le débat sur la vente itinérante dans ce secteur
d'activités. On invoque principalement qu'il s'agit d'un domaine
très particulier dont la clientèle, constituée surtout de
personnes âgées, est plus vulnérable. Selon les ACEF et
l'aide juridique, l'absence de plaintes, d'une part, par le fait que cette
clientèle ne se plaint pas de façon générale et,
d'autre part, par les techniques de vente raffinées que constitue en soi
une pression indue. On reproche aussi aux vendeurs d'utiliser un
prétexte pour prendre rendez-vous avec leurs clients éventuels,
de dire qu'il s'agit d'un sondage sur l'incinération ou un sujet connexe
ou bien d'offrir un cadeau Ce sont des moyens qui sont pris par certains
commerçants itinérants dans ce domaine particulièrement
difficile.
Si vous me le permettez, M. le Président, je demanderais au
président de l'office de compléter ma réponse sur le
travail qui a été fait en particulier dans ce domaine.
M. Moreau: M. le Président, à la suite de ces
griefs fort légitimes qui ont été logés, entre
autres, par les ACEF, nous avons rencontré ces groupes et nous les avons
assurés que nous sensibiliserions les groupes de commerçants
concernés. Nous avons donc rencontré les commerçants ou
leurs représentants qui font de la vente itinérante dans ce
domaine. Il faut dire que la plupart d'entre eux ont des pratiques, je crois,
très correctes. Mais au sujet des griefs que l'on nous a soumis, qui
sont fondés et qui sont sérieux, nous leur avons demandé
de prendre des moyens pour les corriger et de nous indiquer, par la suite,
quels moyens ont été pris pour corriger ceux-ci. (11 h 45)
Entre autres, l'association des cimetières, qui regroupe tous
ceux qui font de la vente itinérante, s'est récemment
donné un code d'éthique qui nous semble sérieux. Nous
l'avons examiné et l'association des cimetières a
rencontré certains groupes de consommateurs, entre autres le groupe des
personnes âgées, la FADOQ, afin de leur indiquer quels moyens elle
prenait à l'avenir pour corriger ces situations. Ils ont demandé
également à ces groupes de consommateurs et de personnes
âgées de leur signaler toute infraction à l'avenir, de
façon qu'ils puissent corriger les attitudes
répréhensibles de certains d'entre eux. Nous attendons maintenant
de voir comment ce dossier va se finaliser entre les commerçants
impliqués et les groupes de consommateurs et principalement la FADOQ, ce
qui nous permettra, par la suite, d'aviser et de faire rapport au ministre, si
nécesaire.
M. Blais: Bon, de tout ça, je vais retenir qu'il n'y aura
pas d'amendement là-dessus. En défendant la loi telle qu'elle
est, votre réponse veut dire non. Si vous m'aviez dit non, cela aurait
été plus simple, mais voilà, cela veut dire non. Vous ne
voulez pas apporter d'amendement à cette loi. Les itinérants
continueront à visiter les centres d'accueil et continueront à
faire de la pression. Voilà.
Maintenant, on va parler des factures d'Hydro-Québec.
M. Rémillard: Le député me permettra
simplement de lui dire que le président de l'office vient bien de
mentionner qu'il fera rapport au ministre. Alors, on pourra apprécier,
à la lumière de son rapport, ce que l'on doit faire. Je poursuis
les mêmes objectifs que le député, et que nous poursuivons
tous ici. Nous voulons que nos aînés, qui sont
particulièrement touchés par ce genre de commerce, soient bien
protégés. Alors, je veux voir le rapport que va nous faire
l'office et je peux vous dire qu'en fonction de ça, on pourra prendre
les décisions qui s'imposent.
M. Blais: Quand le rapport va-t-il être
déposé?
M. Moreau: Nous attendons présentement de voir quel est le
résultat des rencontres entre cette association des cimetières
et, entre autres,
la fédération des personnes âgées.
J'espère bien être en mesure, dans les prochaines semaines ou au
plus tard d'ici deux mois, de faire un rapport sur cette question.
M. Rémillard: Je peux simplement dire au
député de Terrebonne qu'à la suite de ce rapport il ne
faut pas éliminer un amendement, si c'est nécessaire et si on
arrive à la conclusion qu'il faut amender la loi pour protéger le
consommateur au sujet des arrangements préalables de services
funéraires et de sépulture. Soyez assuré qu'on va
procéder et qu'on va modifier la loi, s'il faut la modifier, mais on va
attendre le rapport avant.
Erreurs de facturation d'Hydro-Québec
M. Blais: Si on parlait un petit peu de facturation
d'Hydro-Québec. Hydro-Québec a été récemment
prise à partie par les consommateurs, à la suite de nombreuses
erreurs de facturation. II s'agissait beaucoup plus de comptes estimatifs,
faits un peu à l'oeillomètre", que de factures réelles.
L'office est-il intervenu auprès d'Hydro-Québec, à la
suite d'erreurs de facturation et a-t-il reçu beaucoup de plaintes de la
part des consommateurs à ce sujet?
M. Rémillard: M. le Président, en ce qui concerne
Hydro-Québec et les erreurs de facturation qui ont pu se produire, je
vais donner la parole au président de l'office pour répondre aux
questions particulières du député de Terrebonne. Avant,
j'aimerais mentionner que le ministre responsable du dossier, le ministre de
l'Énergie et des Ressources, a déjà mentionné -
j'ai eu l'occasion d'en discuter longuement avec lui et nous sommes à
finaliser ce projet - qu'il serait nécessaire d'avoir un ombudsman, un
protecteur du citoyen en ce qui regarde, Justement, Hydro Québec. Nous
sommes à discuter de cette possibilité quant à la
création d'un tel poste: de quelle façon on devrait le faire et
comment on pourrait le faire pour que ce soit le plus efficace possible.
Je vais laisser la parole au président de l'office pour
compléter la réponse à la question du député
de Terrebonne.
M. Moreau: M. le Président, c'est un problème tout
à fait récent. Nous avons reçu, depuis environ une dizaine
de jours, des plaintes ou plutôt des appels téléphoniques
de consommateurs qui ne réussissaient pas à rejoindre
Hydro-Québec, parce que ses lignes téléphoniques
étaient occupées, et qui nous demandaient ce qu'il fallait faire
pour vérifier s'il y avait des erreurs de facturation dans leur cas.
Chaque fois, nous les avons informés qu'il fallait communiquer avec
Hydro-Québec, puisque aucune de ces plaintes n'indiquait
qu'Hydro-Québec n'y avait pas donné suite, mais plutôt
qu'ils n'avaient pas rejoint le service téléphonique
d'Hydro-Québec, qui était, à ce moment,
surchargé.
M. Blais: Est-ce que l'ombudsman ferait partie de l'Office de la
protection du consommateur?
M. Moreau: C'est en dehors de la juridiction de l'office et c'est
une décision gouvernementale.
M. Rémillard: Ce n'est pas une possibilité qu'on
doit rejeter du revers de la main. C'est un élément qu'on peut
considérer.
M. Blais: Aussi, quand on parle de publicité trompeuse,
par exemple, vous avez certainement souvenance, M. le Président, qu'il y
a quelques années Hydro-Québec a fait une publicité
extraordinaire sur la biénergie. Cela nous coûtait 1600 $ de
transformation, en moyenne, au Québec. On disait que
l'électricité était beaucoup moins chère que
l'huile. Il y a eu une publicité énorme là-dessus.
D'ailleurs, il y a eu 800 $ fournis par le Québec et Hydro-Québec
et 800 $ fournis par Ottawa dans le temps et les 800 $ du Québec
n'étaient pas exempts d'Impôt. Le consommateur a été
brimé, il y en a des milliers qui ont été obligés
de payer une surtaxe là-dessus.
Je reviens sur la protection collective dont je parlais au début.
Aujourd'hui, c'est l'huile qui coûte moins cher que
l'électricité pour le chauffage. Quel recours la
collectivité québécoise a-t-elle devant une
publicité trompeuse comme ça? Quand on a procédé
à l'installation du système biénergie, il y avait une
certaine subvention, en disant que l'électricité coûtait
moins cher au consommateur. Dès que les installations ont
été finies, Hydro-Québec a augmenté ses prix
à un point tel que cela coûte plus cher de chauffer à
l'électricité qu'à l'huile. Quel recours collectif
avons-nous devant un organisme gouvernemental qui, en fait, a fait une
publicité trompeuse?
M. Rémillard: Le député de Terrebonne a une
autre bonne question, je dois le dire. Si on se réfère à
la loi 72, Loi sur la protection du consommateur, sanctionnée le 22
décembre 1978, on voit à l'article 5: "Sont exclus de
l'application du titre sur les contrats relatifs aux biens et aux services et
du titre sur les comptes en fiducie: b) un contrat de vente
d'électricité ou de gaz par un distributeur au sens où
l'entend la Loi sur la Régie de l'électricité et du gaz,
par Hydro-Québec créée par la Loi sur Hydro-Québec,
par une corporation municipale ou une coopérative constituée en
vertu de la Loi de l'électrification rurale." Alors, le problème
est qu'Hydro-Québec n'est pas soumise à la Loi sur la protection
du consommateur.
M. Blais: Le gouvernement, non plus.
M. Rémillard: C'était en 1978.
M. Blais: C'est un "nonobstant", quoi!
M. Rémillard: Est-ce qu'on devrait réviser ce qui a
été fait en 1978? En fait, le député de Terrebonne
sait que c'est un gouvernement péquiste qui a pris cette
décision. Mais je le dis simplement parce que parfois, lorsque les lois
évoluent, il faut les revoir, c'est tout à fait normal, et les
principes qui les gouvernaient. Serait-il opportun de la revoir? Je dis que
oui. Je ne suis pas prêt à me prononcer comme ministre parce qu'il
faudrait que J'aille voir les motifs qui nous ont poussés à
exclure les organismes de l'État.
Vous savez, c'est le grand débat, à savoir si un agent de
la couronne est soumis à des lois d'application générale.
Pour ma part, je peux vous dire que, comme ministre, je considère qu'on
doit être toujours extrêmement soucieux lorsqu'on crée un
agent de la couronne du fait qu'on lui donne par le fait même
également des prérogatives de la couronne. En lui donnant des
prérogatives de la couronne, on lui crée un régime
exorbitant du droit qui s'applique à l'ensemble des autres corporations.
C'est le cas d'Hydro-Québec.
Je dois dire que la pensée en droit administratif, comme aussi la
pensée politique concernant ces organismes, a beaucoup
évolué. Pour ma part, ça m'amène à me poser
beaucoup de questions sur le statut qu'on accorde à ces corporations
publiques déclarées agents de la couronne et sur les
prérogatives et immunité qu'elles peuvent recevoir de par ce
titre en fonction de l'application générale des lois.
Alors, est-ce qu'il faudrait se pencher sur ces différents
aspects? Je pense que ce serait intéressant de pouvoir étudier la
situation et la revoir.
M. Blais: Vous seriez prêt à discuter si les
sociétés de la couronne, comme on le dit, seraient incluses. Je
comprends qu'elles sont exclues actuellement, dans la loi. Mais, un parti
politique, ce n'est pas une société de la couronne, pour revenir
à ma question du début. En ce qui concerne un parti politique
trompeur, qu'est-ce qu'on a comme loi pour essayer de protéger les
consommateurs? Là-dessus, je n'ai pas eu de réponse non plus.
Est-ce que vous envisageriez de regarder si des formations politiques
pourraient subir les foudres de la loi pour publicité trompeuse?
M. Rémillard: Un parti politique qui se présente en
faisant des promesses ou un parti politique qui soumet une question pour un
référendum, par exemple, en fonction de l'avenir d'une
société, d'un peuple, il faut qu'il respecte ce peuple, cette
société à laquelle il s'adresse et qu'il pose une question
claire, sans ambiguïté quant à son avenir. Il faut aussi
qu'un parti politique puisse respecter ses engagements politiques. C'est le
sens de notre régime démocratique. Si cette question est
ambiguë, n'est pas claire, porte à différentes
interprétations, qu'on ne l'explique pas tout à fait clairement,
il y aura une sanction. S'il y a un parti politique qui ne respecte pas ses
engagements électoraux, il y aura une sanction. Je l'ai mentionné
tout a l'heure et j'y reviens. Cette sanction vient d'une loi. Elle vient de la
première loi qui nous gouverne, c'est-à-dire notre constitution.
Quand je dis "notre constitution", c'est la constitution canadienne aussi bien
que la constitution québécoise.
M. Blais: J'y reviens encore une fois, car cela me fatigue trop.
Je vous parlais d'une Lada tantôt. Nos lois protègent les
consommateurs de façon individuelle. La vie d'un gouvernement et la vie
d'une voiture, c'est à peu près la même vie. Pendant la vie
de la voiture, on a une protection pour le consommateur qui se fait avoir, qui
a subi une publicité trompeuse et mensongère. On peut lui dire,
à lui aussi, sans faire de loi: Si tu n'es pas content de la Lada que tu
as comme gouvernement, tu n'as qu'à changer et à prendre une
autre sorte, une Chrysler ou une Buick ou n'importe quoi après. Mais,
pendant qu'il l'a, il subit un outrage comme consommateur. On a des lois pour
protéger les gens qui s'achètent un citron, mais, quand a un
gouvernement citron, il n'y a pas de loi pour protéger les consommateurs
de façon collective s'il a fait de la fausse représentation
durant sa campagne. Ce n'est pas une société de la couronne. Cela
couronne, des fois, le gouvernement. Est-ce que le ministre envisage que le
consommateur comme collectivité pourrait avoir une protection devant
cela? C'est ça, ma question; c'est très simple.
M. Rémillard: M. le Président, je vais me
référer à la Loi sur la protection du consommateur, loi de
1978. Peut-être que le député n'était pas
député. Est-ce qu'il était député en
1978?
M. Blais: Bien non, je n'étais pas député.
M. Rémillard: Bon. Alors, moi, non plus.
M. Blais: J'aurais voté pour, de toute façon. (12
heures)
M. Rémillard: Je n'étais pas député
à ce moment-là. En 1978, à l'article 2, donc de cette loi,
on dit bien que "la présente loi s'applique à tout contrat conclu
entre un consommateur et un commerçant dans le cours de son commerce
ayant pour objet un bien ou un service." Vous avez délimité,
à ce moment-là, l'application. Mais, M. le Président - et
je voudrais simplement terminer là-dessus - il demeure qu'il y a une loi
pour protéger les citoyens et les citoyennes du Québec contre un
abus qui serait commis par un parti
politique. Il y a les lois électorales, oui, mais, en plus, cette
loi, c'est la loi du pays, la constitution qui Impose des élections. Par
conséquent, ce sont les électeurs et les électrlces qui
décident si un gouvernement doit demeurer au pouvoir, si un parti
politique mérite la confiance, en fonction des déclarations qui
ont été faites, en fonction des promesses qui ont
été faites, en fonction de cette demande de renouveler un mandat
qui est faite. J'ai mentionné tout à l'heure que, dans un avenir,
quand même, pas tellement lointain, les Québécois et les
Québécoises auront à se prononcer sur la qualité de
l'administration du gouvernement qui les gouverne depuis le 12 décembre
1985. C'est là, la sanction. Il n'y a pas une sanction plus implacable,
plus directe et avec des conséquences plus évidentes sur le
respect d'une démocratie que celle qui nous vient d'élections
tenues démocratiquement.
Le Président (M. Filion): M. le ministre, au-delà
de la constitution et de l'exercice démocratique du droit de vote,
est-ce que vous me permettriez de vous faire remarquer, à l'article 292
de la Loi sur la protection du consommateur qui fixe les devoirs, les objets de
l'Office de la protection du consommateur, qu'il est bel et bien
stipulé... D'ailleurs, cette commission a eu l'occasion, lors du mandat
qu'elle a exercé à l'égard de l'Office de la protection du
consommateur, de le relever. J'attire votre attention sur l'article 292 d),
mais surtout 292 g). La question porte sur Hydro-Québec. Je pense
qu'elle est très pertinente de la part du député de
Terrebonne. L'article 292 nous dit: "L'office est chargé de
protéger le consommateur et à cette fin: d) de faire des
études concernant la protection du consommateur et, s'il y a lieu, de
transmettre ses recommandations au ministre; g) de promouvoir les
intérêts des consommateurs devant un organisme gouvernemental dont
les activités affectent le consommateur." On pourrait, d'ailleurs,
utiliser d'autres articles de la loi, créant, entre autres, l'Office de
la protection du consommateur, pour relever le fait que, dans le mandat
général de l'Office de la protection du consommateur, dans la
mesure, encore une fois, des moyens et des ressources de l'Office de la
protection du consommateur, qui, on l'a vu tantôt, sont loin d'être
illimités, l'office pourrait intervenir et étudier un secteur
d'activité qui affecte les consommateurs dans leur vie quotidienne et
faire des recommandations. On pourrait aussi noter au même effet
l'article 292 i) "de coopérer avec les divers ministères et
organismes gouvernementaux du Québec en matière de protection du
consommateur et de coordonner le travail accompli dans ce but par ces
ministères et organismes." Bref, on peut utiliser plusieurs portes.
Lors du mandat exercé par cette commission des Institutions, il y
a déjà deux ans, je crois, nous avions discuté avec
l'office sur cet aspect plus général de l'activité de
l'office. L'office nous avait signalé que, bien sûr, il
était bien prêt à faire des représentations sur le
prtx du sucre ou sur, par exemple, une augmentation des tarifs de
téléphone auprès de la régie ou même, dans ce
cas-ci, possiblement à regarder toute la question des tarifs
d'électricité, mais que ces dossiers demandaient des moyens
humains et financiers qui n'étalent pas faciles, compte tenu des
activités générales de l'office.
M. Rémillard: M. le Président, vos remarques sont
intéressantes. Je voudrais, tout d'abord, faire la réserve
suivante. Je ne suis pas ici ce matin pour donner une opinion juridique comme
ministre de la Justice, je veux bien qu'on me comprenne, mais simplement pour
discuter. Je pense qu'on poursuit le même objectif, celui de
protéger le consommateur, entre autres, en ce qui regarde des services
publics, que ce soient les services de santé, que ce soient les services
de communication, comme la téléphonie, par exemple, ou dans des
domaines aussi Importants que l'électricité.
Un service public doit être un service qui est offert à la
population, qui est accessible à l'ensemble de la population, un service
de qualité, qui est sûr et qui est offert d'une façon
universelle, sans discrimination. Ce sont les quatre grandes qualités
qu'on reconnaît normalement à un service public. Si on applique
ces qualités en ce qui regarde nos services publics, il est
évident, M. le Président, qu'on doit avoir un moyen de faire en
sorte que le consommateur soit protégé face à ces
organismes de services publics qui sont dans des situations de monopole,
très souvent, et qui peuvent, à ce moment-là, alors,
être dans un contexte qui les porte à porter moins d'attention
qu'ils ne devraient le faire en ce qui regarde la protection des consommateurs.
Dans certains domaines des services publics, nous avons des régies: au
niveau fédéral, on connaît le CRTC pour la
téléphonie; au niveau provincial, il y a la
téléphonie provinciale, il y a l'ancienne Régie des
services publics qui fait maintenant partie de la Régie des
communications, donc un organisme qui est là comme chien de garde et qui
doit voir au respect des droits des consommateurs en fonction de
l'intérêt public.
C'est dans ce contexte, M. le Président, qui faut lire les
articles de la Loi sur la protection du consommateur de 1978, l'article 5 b),
que j'ai lu tout à l'heure et les différents paragraphes que nous
avons à l'article 292, en ce qui regarde l'office et ses
responsabilités d'une façon générale. Il est
évident que l'office doit "promouvoir les Intérêts des
consommateurs devant un organisme gouvernemental dont les activités
affectent le consommateur" et devant un organisme de surveillance et de
contrôle, comme, par exemple, une régie. J'ai été,
quand j'étais avocat, avocat de régie dans le domaine des
communications. On favorisait la représenta-
tion de consommateurs devant les régies.
Cependant, M. le Président, vous comprendrez très bien
qu'une disposition aussi générale que celle de l'article 292 g)
ne peut aller à l'encontre de la disposition que nous retrouvons
à l'article 5 b) et qui est très claire, puisqu'elle exclut de
l'application de la loi des contrats de vente d'électricité. Dans
ce contexte, M. le Président, ce que je voudrais vous dire, c'est que je
suis bien prêt à revoir tous ces aspects. J'ai mentionné
tout à l'heure qu'il était dans l'intention du ministre
responsable du ministère de l'Énergie et des Ressources et aussi
dans mon intention comme responsable de la Protection du consommateur, de
créer un ombudsman, un protecteur du consommateur face, justement,
à Hydro-Québec. C'est notre intention, c'est ce que nous voulons
faire. Nous sommes à mettre la dernière main actuellement
à un projet qui pourrait donner au consommateur cette protection face
à cet organisme qui est considérable, qui est dans une situation
de monopole, qui bénéficie aussi des Immunités qu'on
accorde à des agents de la couronne et qui est une société
de la couronne provinciale. Donc, nous voulons, de fait, développer ces
possibilités du consommateur de faire respecter ses droits face à
un organisme qui s'appelle Hydro-Québec. De quelle façon on devra
le faire? La discussion que nous avons ce matin va certainement m'aider
à réfléchir sur différentes possibilités, M.
le Président.
M, Blais: Bon! Je vais vous poser une question sur la
publicité destinée aux enfants. Comme préambule, je tiens,
cependant, à dire que, si les entreprises gouvernementales ou les
ministères sont exclus de la Loi sur la protection du consommateur, il
demeure quand même que, dans certains cas, comme celui des chasseurs dont
on a parlé hier à l'Assemblée nationale et dont on parle
depuis quelques jours, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche avait donné un permis pour aller sur un certain territoire,
indépendamment de la bataille juridique territoriale. Les gens ont
été accusés d'être sur un mauvais territoire et le
ministère a admis, pour protéger le consommateur, qu'il devrait
payer les avocats. Dans le cas d'Hydro-Québec, si elle a fait une fausse
représentation, il faudrait peut-être que la même chose
arrive.
Publicité destinée aux enfants
La question sur la publicité destinée aux enfants à
la télévision: en septembre 1986, la Cour d'appel invalidait les
dispositions de la Loi sur la protection du consommateur interdisant la
publicité destinée aux enfants à la
télévision. Vu que le temps court, je vais poser la question
rapidement. Si vous perdons en cour, est-ce que le ministre prévoit
recourir à la clause "nonobstant' pour que cette loi soit applicable et
qu'il n'y ait pas de publicité pour les enfants à la
télévision avant une certaine heure?
M. Rémillard: M. le Président, dans cette cause,
nous attendons le jugement. Donc, je m'abstiendrai de tout commentaire sur le
contenu, mais je veux simplement dire au député de Terrebonne
qu'il y a deux grands aspects. Il y a question des droits et libertés,
oui, de la liberté d'expression, bien sûr, mais il y a aussi la
question concernant le partage des compétences législatives entre
le gouvernement fédérai et les gouvernements provinciaux en ce
qui regarde certains moyens de communication comme la radio et la
télévision en particulier. Donc, il y a deux grands aspects et,
si l'on peut utiliser la clause 'nonobstant" en ce qui regarde les droits et
libertés, bien sûr, on peut le considérer et voir ce que
nous pourrons faire. La clause "nonobstant" est là, justement, lorsque
le gouvernement décide qu'il doit agir pour la protection des citoyens
en limitant la portée de certains droits lorsque c'est dans
l'intérêt public. Il faudrait l'apprécier à ce
moment-là et je ne dis pas qu'on l'utiliserait, absolument pas. Je ne
dis pas qu'on ne l'utiliserait pas, non plus. Je ne me prononce pas sur cet
aspect parce qu'il faut d'abord attendre le jugement. Voyons le jugement, parce
que la question du député est très hypothétique.
Mais ce que je peux lui dire, c'est qu'il y a donc deux aspects, en
particulier, dans ce jugement. En ce qui regarde les droits et libertés,
on peut toujours penser à la clause 'nonobstant*. En ce qui regarde le
partage des compétences législatives, il n'y a pas de clause
"nonobstant" là-dedans.
M. Blais: En attendant que la cour rejette cette loi ou ne la
rejette pas, elle est applicable, c'est sûr. Cependant, il y a beaucoup
d'annonceurs qui n'en tiennent pas compte. Y a-t-il beaucoup de plaintes qui
sont entrées à l'Office de la protection du consommateur à
ce sujet et quelle est la position de l'office et du ministre devant ces
plaintes qui entrent?
M. Rémillard: Le député de Terrebonne a
raison de dire que la loi s'applique jusqu'à ce que la Cour
suprême déclare qu'elle est inconstitutionnelle. La
présomption de constitutionnalité des lois s'applique donc, ce
qui veut dire que la loi est en application. Nous veillons à son
application et, lorsqu'il y a une plainte, l'office voit si cette plainte est
fondée. On m'informe que la loi est respectée présentement
par les médias, c'est ce qu'on vient de me dire.
M. Blais: J'ai vu moi-même des réclames
publicitaires s'adressant aux enfants à des heures non permises par la
loi. Il y a certainement des plaintes. J'en ai eu à mon bureau,
moi-même.
M. Rémillard: Si vous me le permettez M. le
Président, j'aimerais me référer au président de
l'office.
M. Moreau: M. le Président, M peut arriver effectivement
que l'on voie de la publicité commerciale destinée aux enfants
à la télévision à une heure d'écoute,
finalement, qui ne fait pas l'objet d'une défense en vertu de la loi
parce qu'il faut se rappeler que la loi n'interdit pas la publicité
à certaines heures. Ce serait de compétence
fédérale s'il fallait que le texte de loi précise à
quelles heures la publicité est permise et à quelles heures elle
est interdite. Dans les émissions pour enfants, la publicité
destinée aux enfants n'existe pas. Dans les émissions familiales
dont l'écoute est principalement le fait des adultes et non pas des
enfants, on peut voir de la publicité, mais les critères qui sont
retenus par l'office pour déterminer si une publicité est
illégale ou non ne sont pas remplis à ce moment-là puisque
la plupart ou la majorité des gens à l'écoute ne sont pas
des enfants. Il peut arriver qu'il y ait des enfants, mais lorsque
l'émission s'adresse principalement à des adultes, il peut y
avoir une publicité commerciale destinée aux enfants qui n'est
pas illégale à ce moment-là et qui ne pourrait pas
être sanctionnée comme telle par les tribunaux s'il y avait une
poursuite.
Mais vous ne verrez jamais, Je crois, une publicité
destinée aux enfants dans une émission adressée aux
enfants. Cela n'existe pas. À notre connaissance du moins, cela n'existe
pas.
Le Président (M. Filion): Merci. Alors, le temps qui nous
était Imparti pour procéder à l'étude du programme
1 des crédits du ministère de la Sécurité publique
est terminé. Est-ce que le programme 1 des crédits du
ministère de la Sécurité publique est adopté?
Adopté.
En remerciant le ministre et les membres de la commission, nos travaux
sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 12 h 15)