Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance de la commission des institutions
ouverte. La commission a pour mandat de procéder à l'étude
des crédits budgétaires du ministère de la
Sécurité publique pour l'année financière
1989-1990. Me Lucie Giguère, secrétaire de la commission, est-ce
qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Chevrette (Joliette) est remplacé par Mme Vermette
(Marie-Victorin) et M. Godin (Mercier) par M. Dufour (Jonquière).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Dauphin): Merci. J'aimerais rappeler aux
membres de cette commission que nous avons une enveloppe de trois heures
prévue pour l'étude des programmes 2 à 7 et le programme
9, puisque le programme 1 a déjà été adopté
et concernait la Protection du consommateur. Nous aurons trois heures cet
après-midi pour l'étude du programme 8 qui concerne la Protection
civile. Alors, j'aimerais souhaiter la bienvenue au ministre de la
Sécurité publique et lui demander de présenter les
personnes qui l'accompagnent et, ensuite, de procéder à ses
remarques préliminaires.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président. Je veux
présenter les personnes qui m'accompagnent aujourd'hui. Tout d'abord, le
sous-ministre au ministère de la Sécurité publique, M.
Jacques Beaudoin, à ma droite; a ma gauche, Mme Suzanne Lévesque,
directrice de mon cabinet. M'accompagnent également M. Normand Carrier,
sous-ministre associé à la Direction générale des
services correctionnels; Me Serge Roberge, sous-ministre associé
à la Direction générale de la sécurité
publique et de la prévention; M. Raymond Conti, sous-ministre
associé à la Direction générale de
l'administration; M. Jean-Jacques Paradis, sous-ministre associé
à la Direction générale de la protection civile et de la
prévention des incendies. Je suis aussi accompagné, de plus, du
président de la Régie des permis d'alcool, Me Ghislain K.
Laflamme; de Mme Renée Collette, présidente de la Commission
québécoise des libérations conditionnelles; de M. le juge
Jean Marie, président de la Commission de police, de M. Robert Lavigne,
directeur général de la Sûreté du Québec et
du Dr Jean Grenier, coroner en chef, responsable du Bureau des coroners.
Voilà, M. le Président, les gens qui m'ac- compagnent pour
me permettre d'apporter tous les éléments de réponse aux
questions que pourraient me poser les membres de cette commission. Nous avons
un objectif, un but, celui de donner toute l'information que cette commission
voudra bien nous demander en fonction des programmes qui concernent ce
ministère dont les responsabilités sont importantes dans
l'organisation de notre société. On peut se rendre compte
à peu près tous les jours de l'importance de ce ministère
dans la vie de tous les citoyens et citoyennes du Québec.
C'est donc pour moi un très grand plaisir de me retrouver avec
vous ce matin pour l'étude détaillée des crédits du
ministère de la Sécurité publique pour l'exercice
financier 1989-1990. Tout d'abord, une première remarque s'impose. Le
nom du ministère a changé au cours de l'année. De
ministère du Solliciteur général qu'il était depuis
sa création, en décembre 1986, il est devenu, en août
dernier, le ministère de la Sécurité publique. Il faut
comprendre, M. le Président, que ce changement s'inscrit dans le cadre
d'une démarche de développement organisationnel qui vise à
préciser essentiellement la raison d'être du ministère, qui
vise aussi à définir clairement sa mission et à identifier
les valeurs qui la sous-tendent.
Je voudrais, dans un premier temps, parler brièvement de cette
démarche dont les principes guideront notre action dans les
années à venir en ce qui regarde le ministère de la
Sécurité publique. Le ministère a comme mission d'assurer
la protection de la population contre le crime et les menaces à sa
sécurité. Il entend réaliser sa mission et ses objectifs
dans le respect des droits et des libertés de chacun et de chacune. Dans
cette optique, le ministère favorisera les actions préventives;
il travaillera de concert avec les intervenants concernés et il
s'assurera de la contribution de la population à la
sécurité publique.
Afin d'aider le ministère à actualiser sa mission, nous
avons retenu quatre grandes valeurs de gestion, soit 1° la primauté
de la notion de service; 2° le respect de la personne; 3° la
loyauté, l'équité, le respect de ses engagements; 4°
le souci de l'excellence et de la performance dans l'action.
Le ministère de la Sécurité publique entend
également proposer à la population la mise en oeuvre d'un concept
de sécurité publique non plus essentiellement axée sur une
vision judiciaire de son rôle mais plutôt orientée de plus
en plus vers une approche de services afin de garantir une
sécurité pleine et entière aux citoyens. C'est dans cette
optique et avec un souci d'optimiser les ressources affectées à
la sécurité des personnes que le gouvernement donnait suite, en
décembre dernier, à la proposition du ministre de la
Sécurité publique de
transférer au ministère de la Sécurité
publique le Bureau de protection civile et la Direction générale
de la prévention des incendies. Par ce geste, le gouvernement permet au
ministère de la Sécurité publique de se doter d'un cadre
d'action susceptible d'offrir une gamme de services essentiels à la
sécurité collective et individuelle des citoyens du
Québec.
Les crédits qui sont aujourd'hui l'objet d'une étude
détaillée se regroupent sous quatre grands secteurs. Dans le
secteur socio-économique, nous étudierons le programme 2 relatif
au contrôle des permis d'alcool. Dans le secteur des institutions
pénales, nous étudierons le programme 3, lequel
réfère à la garde des détenus et à la
réinsertion sociale des délinquants. Les services correctionnels
et la Commission québécoise des libérations
conditionnelles sont les deux principales composantes de ce programme. Dans le
secteur de la sécurité publique, nous étudierons les
programmes 4, 5, 6 et 8 traitant respectivement de la sécurité et
de la prévention, de la normalisation et de la surveillance de
l'exercice des fonctions de police, de la Sûreté du Québec,
de la protection civile et la sécurité incendie. Le programme 7,
soit l'Administration, regroupe les diverses unités administratives qui
fournissent aux autres directions du ministère des services
spécialisés en matière de gestion des ressources humaines,
matérielles, financières et informationnelles. Finalement, M. le
Président, dans le secteur des institutions judiciaires, nous
étudierons le programme 9 qui a trait à la recherche des causes
et des circonstances des décès. Je vois qu'il n'y a pas de
programme 7.
J'ai omis, volontairement, le programme 1 relatif à la protection
du consommateur étant donné qu'il relève, depuis le 8 mars
dernier, du ministre de la Justice. Les crédits du ministère de
la Sécurité publique pour l'exercice financier 1989-1990
s'établissent à 700 970 500 $, soit une augmentation de 51 234
900 $ par rapport aux dépenses probables de 1988-1989 contenues dans le
budget 1989-1990 déposé à l'Assemblée nationale par
le ministre des Finances.
Cette augmentation s'explique principalement par les facteurs suivants.
Tout d'abord, l'indexation des salaires et de certains types de
dépenses. Deuxièmement, l'ajustement de l'enveloppe
afférente aux activités en milieu autochtone.
Troisièmement, l'ouverture du nouveau centre de détention de
Trois-Rivières. Quatrièmement, la nouvelle convention collective
des gardes du corps chauffeurs. Cinquièmement, l'intensification de la
lutte aux trafiquants de drogue et de stupéfiants. On sait, M. le
Président, que tout dernièrement, on parlait d'une importante
saisie de drogue à Saint-Férréol-les-Neiges, tout
près d'ici, effectuée par la Sûreté du Québec
dans son excellent travail contre les trafiquants de drogue.
Autre élément, l'augmentation du coût des loyers
payables à la Société immobilière du Québec.
Aussi, la mise en place d'un plan directeur des services informatiques. En
développant les services informatiques, nous pouvons développer
nos méthodes de gestion et offrir de meilleurs services. Finalement, le
redressement du budget du fonds des télécommunications est aussi
un élément important qui nous permet d'offrir des services
adéquats à la population. Au fur et à mesure de
l'étude des différents programmes, nous aurons l'occasion
d'examiner plus en détail la répartition et l'utilisation de
cette enveloppe budgétaire. Par ailleurs, je voudrais profiter de
l'occasion qui m'est offerte ce matin pour passer en revue les
différentes réalisations du ministère de la
Sécurité publique pour l'année 1988-1989 et pour vous
faire part également des orientations et priorités pour
l'exercice financier 1989-1990.
Dans le domaine des services correctionnels, l'exercice financier
1988-1989 a été témoin d'une augmentation importante de la
demande de services. C'est ainsi qu'en détention, la population moyenne
quotidienne s'est accrue de plus de 10 %, passant de 3763 en 1987-1988 à
4188 en 1988-1989, soit une augmentation de plus de 10 %. Aussi, M. le
Président, en probation et en libération conditionnelle, le
nombre de personnes surveillées chaque mois s'est accru de près
de 30 %, passant de 5402 en 1987-1988 à 6979 en 1988-1989. Enfin, le
nombre de personnes référées annuellement aux ressources
communautaires est passé de 4724 en 1987-1988 à 5646 en
1988-1989, soit une progression de près de 20 %.
Ces quelques données illustrent fort bien. M. le
Président, la pression que doit subir quotidiennement notre
réseau correctionnel. Ce phénomène n'est toutefois pas
unique au Québec. En fait, toutes les sociétés
occidentales, qu'il s'agisse des États-Unis ou des pays d'Europe, font
actuellement face à une demande qui excède la capacité du
réseau et ce, en milieu fermé, couvert. Il convient, de plus, de
souligner que le profil de la clientèle des services correctionnels
s'est modifié ces dernières années en accord avec les lois
adoptées par le gouvernement. Je pense, notamment, aux cas de violence
conjuguale, de toxicomanie et d'ivresse au volant. Face à cette
situation, M. le Président, la Direction générale des
services correctionnels a préparé et déposé au
Conseil des ministres un cadre de planification sur un horizon de six ans,
proposant une série de mesures visant à réduire
l'écart entre la demande et la production de services. Cette
planification s'inscrit dans le cadre de la mission dont se sont dotés
les services correctionnels pour les années à venir. Je veux
mentionner la responsabilité des intervenants, l'association avec les
communautés et la concertation, comme le proposait le rapport
Landreville, tant avec les intervenants du système de justice
pénale, qu'avec les autres ministères concernés.
Concrètement, au cours de la dernière année, le
ministère de la Sécurité publique a, premièrement,
procédé à l'ouverture de l'établissement de
détention de Trois-Rivières dont la
capacité est de 118 places. Nous avons aussi amorcé la
construction du nouveau centre de détention de Sherbrooke d'une
capacité de 84 places. Nous avons fait préparer les plans et
devis pour l'agrandissement du centre de détention de Hull. Nous avons
augmenté le recours aux services de probation et aux ressources
d'hébergement communautaire. Nous avons appliqué le programme
Alcofrein Plus à plus de 4000 personnes arrêtées en
état d'ivresse au volant. Nous avons signé avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux un protocole
d'entente concernant la santé physique et mentale. Nous avons
développé et appliqué aux personnes concernées un
programme pour contrer la violence conjugale.
Dans le domaine de la sécurité publique, le
ministère de la Sécurité publique, grâce, entre
autres, à fa Direction générale de la
sécurité et de la prévention, a soumis au gouvernement un
projet de loi visant une réforme de l'organisation policière. Ce
projet de loi adopté en décembre dernier reprend, en fait, les
éléments les plus positifs de l'avant-projet de loi
déposé en juin 1987 et récupère aussi les points de
vue des divers groupes qui ont présenté des mémoires
à la Commission des droits de la personne en plus de s'inspirer des
recommandations de cette même commission. Ce projet de loi propose, dans
un premier temps, une réforme de l'organisation policière en ce
qui a trait aux mécanismes de soutien et d'encadrement de l'exercice de
la fonction policière. De plus, en conférant le statut de
corporation à l'Institut de police, ce dernier sera notamment en mesure
de faire appel à divers types de ressources spécialisées
et ainsi améliorer la formation des policiers au Québec. De plus,
ce projet de loi propose une réforme de la déontologie
policière en adoptant un code de déontologie uniforme pour tous
les policiers au Québec et prévoit les instances chargées
d'appliquer le code, à savoir, entre autres, un commissaire à la
déontologie policière, des comités de déontologie
et un tribunal de déontologie policière.
De plus, le ministère a entrepris, l'automne dernier, une
tournée provinciale de consultation sur la prévention du crime et
dont l'objectif était de faire le point sur les programmes et les
services qui existent actuellement en prévention du crime et de
recueillir les suggestions des milieux concernés. Un projet
d'énoncé de politique ministérielle en matière de
prévention du crime devrait voir le jour au cours de la présente
année.
En ce qui a trait à la Sûreté du Québec,
l'embauche de 307 personnes à titre de policier a permis de
dépasser, dis-je, l'objectif établi pour 1988, atteignant le
nombre de 4325 policiers. Il faut souligner qu'avant 1986, il n'y avait pas eu
d'embauche depuis au moins huit ans à la Sûreté du
Québec. Nous avons donc ouvert ces possibilités d'embauche
à la Sûreté du Québec. C'est avec beaucoup de
plaisir que je peux souligner ces chiffres qui nous permettent, parce que nous
avons ajouté ces 307 personnes, ces 307 policiers, d'atteindre
maintenant le nombre de 4325 policiers à la Sûreté du
Québec, pour une meilleure protection des Québécois et des
Québécoises.
Cet ajout d'effectifs corrige la tendance à la baisse et à
la stagnation des effectifs qu'on avait constatée depuis le début
des années quatre-vingt. Au mois d'octobre dernier, le Conseil du
trésor consentait un ajout de 136 policiers à la
Sûreté du Québec, aux fins, notamment, d'intensifier la
lutte en matière de drogue et de stupéfiants et de prendre en
charge la . sécurité sur les ponts Jacques-Cartier, Champlain et
sur un tronçon de l'autoroute Bonaventure. Je suppose, M. le
Président, que j'aurai à revenir sur ces différents points
lorsque les membres de cette commission m'interrogeront tout à
l'heure.
L'année 1988 marquait l'Année québécoise de
la sécurité routière. Dans cette optique, la
représentation accrue aux multiples tables régionales de
concertation, associée à une participation à plusieurs
congrès et conférences, témoigne du souci de propager
l'importance de la sécurité routière et le besoin
d'engagement de tous et chacun dans la prévention des accidents.
Près de 1 000 000 d'interventions ont été
effectuées en 1988 dans le domaine de la sécurité
routière, 1 000 000, M. le Président. Les infractions au Code de
la sécurité routière, au nombre de 534 818, sont en hausse
de 6 % par rapport à l'année précédente. En
considérant spécifiquement les infractions relatives au Code de
la sécurité routière et les poursuites criminelles au
nombre total de 314 388, il y a augmentation de 3,9 % par rapport à
l'année antérieure, mais de 67 %, si nous comparons à
1985.
Au chapitre des drogues et stupéfiants. La Sûreté du
Québec s'était engagée à poursuivre son action en
vue de protéger les citoyens contre les dangers de la drogue et des
stupéfiants. C'est ainsi qu'en 1988, les membres de la
Sûreté ont saisi pour une valeur totale de 79 800 000 $ de drogue
et de stupéfiants, ce qui représente une hausse de 22 %
comparativement aux valeurs mises en cause quant aux saisies de l'année
dernière. De même, 4829 chefs d'accusation relatifs à la
possession et au trafic de la drogue et des stupéfiants ont
été portés, soit une hausse annuelle de 38 %.
La Sûreté du Québec, M. le Président, s'est
également engagée en matière de prévention dans ce
domaine et, en 1988, a eu lieu l'instauration d'un programme de lutte aux
trafiquants actifs dans les écoles secondaires. En concertation avec les
intéressés, les parents, la direction des écoles et les
professeurs, bien sûr, le programme d'intervention a été
appliqué dans les institutions. Les membres de la Sûreté du
Québec ont tenu plus de 500 séances d'information auprès
des professeurs, parents et étudiants. Et récemment, on pouvait
voir que la Sûreté du Québec
avait procédé à un important
démantèlement d'un considérable réseau de drogue
à la polyvalente Lavigne, à Lachute. C'est un résultat
concret de ce programme qui est mené par la Sûreté du
Québec en étroite collaboration - et j'insiste sur cet aspect -
avec les intervenants dont, en premier lieu, les parents, la direction des
écoles et les professeurs.
Au chapitre de la criminalité. Les infractions criminelles,
rapportées à la Sûreté ou connues d'elle en 1988,
s'élèvent à 65 789, soit une hausse de 2,6 % par rapport
à l'année 1988. À cela, il faut ajouter les 9226
assistances aux corps policiers municipaux. Finalement, il convient de
souligner les actions humanitaires enclenchées depuis quelques
années par la Sûreté du Québec et ses membres. Plus
de 340 000 $ ont été recueillis en 1988 pour soutenir diverses
organisations, telles la Fondation de la Sûreté du Québec
créée pour venir en aide aux personnes âgées,
l'Association québécoise de la fibrose kystique, l'organisme
Collaboration Santé internationale, Centraide, la Société
canadienne du cancer et bien d'autres.
Pour clore le volet des réalisations du ministère de la
Sécurité publique au cours de la dernière année, il
m'est agréable de souligner l'emphase mise par les différentes
composantes du ministère en vue d'améliorer la qualité et
la rapidité du service à la clientèle. Je me permets
notamment de souligner les éléments suivants: les délais
pour l'obtention d'un permis d'alcool sont à peu près
inexistants, grâce à l'accent mis par les autorités de la
régie à informatiser ses opérations, ce qui a
également permis de réduire de plus de 70 le nombre de ses postes
ces dernières années; les délais aussi entre le
dépôt d'une demande d'enquête auprès de la Commission
de police du Québec et le moment auquel la commission rend une
décision, à savoir si l'on va tenir ou non une enquête
publique, s'établissent présentement à trois ou à
quatre mois, ce qui représente une amélioration remarquable par
rapport aux autres années. Précisons de plus que la Commission de
police du Québec, en relation avec sa responsabilité de favoriser
l'efficacité des services de police au Québec, a
procédé à 84 inspections de corps de police, ce qui,
là aussi, est une amélioration remarquable. (10 h 45)
Enfin, au chapitre de l'administration du programme d'assistance
financière, le Bureau de la protection civile du Québec s'est
fait un devoir d'ouvrir des bureaux temporaires à Chicoutimi et à
Saint-Basile-le-Grand, à la suite respectivement du tremblement de terre
du 25 novembre et de l'incendie de l'entrepôt de BPC, le 23 août
1988. Ces quelques exemples témoignent de la volonté du
ministère de la Sécurité publique d'offrir des services de
qualité à sa clientèle.
J'aimerais attirer l'attention de cette commission sur quelques
statistiques sur la criminalité en 1988. D'abord, une très
légère hausse de 0,7 % du nombre d'infractions au Code criminel.
Ensuite, une baisse de 0,8 % des crimes contre la propriété.
C'est un élément important qu'il faut retenir. Probablement que
nous aurons à en discuter plus tard lors de notre étude programme
par programme. Ensuite, l'augmentation de l'ordre de 23,4 % des infractions
d'ordre sexuel. Une augmentation de 9,1 % des crimes avec violence. Là,
il faut bien sûr se référer à tout ce programme que
nous avons mis en place concernant la violence conjugale. Déjà,
on pouvait considérer la violence conjugale, d'une certaine
façon, comme étant privée. On avait une certaine pudeur
à intervenir dans des cas de violence conjugale, considérant
qu'il s'agissait de cas devant se régler en famille. Maintenant, on
réalise que la violence conjugale est un crime. Le programme que nous
avions mis en place a démontré que nous devons agir pour la
protection des femmes, et les résultats que nous avons ici sont
particulièrement éloquents. Le taux de solution de crimes pour
les infractions au Code criminel est passé de 30,97 % à 33,5 %.
C'est une augmentation de près de 4 %. Il y a une diminution de 1,4 % du
nombre de jeunes contrevenants impliqués dans des infractions au Code
criminel. Donc, une diminution de notre délinquance juvénile en
ce qui touche aux infractions concernant le Code criminel.
Soulignons aussi, M. le Président, parce que je me
référais tout à l'heure à la violence conjugale,
une augmentation de 23,43 % des infractions relatives à la violence
conjugale. En ce qui regarde strictement les cas de violence conjugale, il y a
eu, en 1988-1989, 8096 infractions par rapport à 6559 en 1987-1988.
Il faut rendre hommage à nos intervenants dans ce domaine et, en
particulier, à nos policiers et à nos procureurs qui ont agi avec
beaucoup de compétence en fonction d'une formation qui leur a
été donnée et de la campagne de sensibilisation fructueuse
menée auprès de la population.
En tant que ministre de la Sécurité publique, je vous
parlerai maintenant de mes priorités, en terminant, pour l'année
1989-1990. Le ministère de la Sécurité publique souhaite
contribuer à donner aux Québécois un environnement sain et
une meilleure qualité de vie. C'est là notre objectif premier, M.
le Président. La sécurité des gens signifie pour nous,
avant tout, un environnement sain et une meilleure qualité de vie. Le
ministère veut devenir, au cours des prochaines années, un
animateur et un "facilitateur" en matière d'appui et d'assistance
auprès de la société. Le ministère entend
être aussi un instrument de coordination crédible et
respecté de la population et des intervenants en tant qu'institution.
Nous désirons aussi faire la promotion auprès des
aînés d'un environnement et d'une qualité de vie
axés sur le sentiment de sérénité.
Là, M. le Président, je dois dire qu'il y a un sujet qui
m'inquiète particulièrement comme
ministre responsable de la Sécurité publique; ce sont les
cas de violence faite à nos aînés. C'est, pour moi, une
priorité comme ministre responsable de la Sécurité
publique, et je dois dire aussi comme ministre de la Justice, de voir à
ce qu'on prenne les moyens nécessaires pour faire face à cette
violence faite à nos aînés. Quand je parle de violence, je
ne parle pas simplement de l'attaque dans la rue. Cette violence se situe
à bien des plans et j'ai l'intention, avec mes collègues du
Conseil des ministres impliqués à différents niveaux, de
travailler au chapitre des soins qu'on doit apporter à nos
aînés, de sorte qu'on puisse en arriver à une meilleure
sécurité pour eux. C'est pour moi une priorité pour les
prochaines semaines et pour les prochains mois. Un comité de travail
interne a déjà été formé et je peux vous
dire que j'y accorde la plus grande attention.
Finalement, M. le Président, le ministère de la
Sécurité publique espère donner à la jeunesse
québécoise un environnement et une qualité de vie lui
permettant de s'épanouir et d'assumer la relève de demain. Nous
avons des problèmes de délinquance juvénile, comme dans
toute société. Nous avons connu, ces derniers mois, ces
dernières semaines, des situations qu'on a pu pointer du doigt, entre
autres, dans la région métropolitaine de Montréal. Nous
sommes en train d'apporter des correctifs qui pourront nous amener à
faire face à cette situation, mais il n'en demeure pas moins que nous
savons tous que le problème est beaucoup plus profond. Si nous voulons
vraiment régler ce problème de la délinquance
juvénile, c'est en nous impliquant, et en étroite collaboration
avec, premièrement, les parents qui doivent prendre leurs
responsabilités, les instituteurs, en fait, tous ceux qui sont
directement ou indirectement reliés à la vie de ces jeunes qui
aboutissent à la délinquance juvénile parce qu'ils ont
à vivre des situations difficiles qui, finalement, à bien des
égards, ne leur laissent pas beaucoup de choix.
M. le Président, pour réaliser ces objectifs, le
ministère a retenu pour les années 1989-1990 les cibles d'action
suivantes: Nous voulons mettre en oeuvre la loi 86, notamment en adoptant un
code de déontologie uniforme pour tous les policiers et la mise en place
d'un mécanisme administratif prévu dans la loi. Cette nouvelle
Loi de la police sera un élément crucial, dont il est difficile
d'exagérer l'importance, pour nous permettre de travailler ensemble en
fonction justement de cet environnement sain, de cette qualité de vie,
en respectant tous les intervenants mais en tentant de situer dans leur juste
perspective les problèmes, et en faisant en sorte que nos actions
puissent être concertées et efficaces pour les solutionner.
Nous voulons aussi assurer le suivi et l'application de la politique en
matière de violence conjugale et, à cette fin, maintenir le
programme actuel de cueillette de traitement des données reliées
à la violence conjugale ou familiale.
Nous voulons aussi, en relation avec la tournée
ministérielle sur la prévention de la criminalité qui a eu
lieu l'automne dernier, proposer au gouvernement une politique de
prévention du crime et favoriser sa mise en oeuvre. C'est une
responsabilité de ce ministère de pouvoir accorder la
première attention à tous les moyens que nous pouvons prendre
pour prévoir des situations qui pourraient nous amener à des
crimes.
Au ministère de la Sécurité publique, nous voulons
créer une fondation destinée à encourager
financièrement des projets suscités par les corps policiers, des
associations de citoyens. Nous voulons favoriser la lutte contre la drogue au
Québec, pour laquelle le Conseil du trésor a porté de 3
000 000 $ à 5 000 000 $ les crédits reliés
spécifiquement au programme d'intensification de la lutte à la
drogue et aux stupéfiants. Lorsqu'on parle de criminalité, il
faut quand même réaliser que plus de 80 % des crimes sont
reliés d'une façon directe ou indirecte à la drogue.
Nous voulons aussi mettre à la disposition des corps policiers
des politiques, des procédures et la réglementation
nécessaire pour uniformiser les méthodes de travail et ainsi
contribuer à élever les standards de la profession
policière. C'est un élément important. Nos policiers font
un travail difficile. Il y a l'évolution en ce qui regarde les droits et
les libertés en fonction de nos chartes, différentes lois aussi
qui viennent s'ajouter, mais il existe pour nous une obligation de pouvoir
donner à nos policiers les balises, si vous voulez, de leur action qui
leur permettent d'être le plus efficaces possible en respectant les
droits et les libertés de chacun et de chacune.
Nous voulons aussi, M. le Président, et j'en suis à mes
dernières remarques, doter le ministère d'une politique-cadre en
matière correctionnelle, afin d'administrer les sentences
imposées par les tribunaux, rénover les équipements des
services correctionnels, tout en développant les mesures de rechange
à l'incarcération et les programmes de réinsertion
sociale, énoncer une politique de prévention des sinistres et de
mesures d'urgence à prendre dans le cas de sinistre, mettre en oeuvre
cette politique et en coordonner l'exécution, conceptualiser une
approche intégrée en matière de sécurité
publique des zones périphériques qui tiennent compte des
opérations de police, de la prévention des incendies et de la
protection civile. Enfin, nous voulons proposer au gouvernement un code de
déontologie, qui régira les pratiques professionnelles des
coroners chargés d'appliquer la Loi sur la recherche des causes et des
circonstances des décès, notamment aux fins de veiller au respect
et à la sauvegarde des droits fondamentaux de la personne
décédée.
M. le Président, je m'excuse si j'ai peut-être
été un peu long, mais ce ministère a beaucoup
d'interventions, comme je l'ai men-
tionné au début, dans bien des aspects de notre vie
quotidienne, et j'ai voulu tracer un bilan général du
ministère et établir les grands objectifs pour que, maintenant,
dans notre étude des programmes, nous puissions les situer dans leur
juste perspective et informer cette commission de tous les
éléments dont elle a besoin.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre, pour vos
remarques. À ce stade-ci, je vais maintenant reconnaître le
porte-parole de l'Opposition en matière de sécurité
publique et député de Jonquière, pour ses remarques
préliminaires.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. Je vais essayer de
prendre moins de temps, car vous comprendrez, dans les trois heures qu'on a
à notre disposition, qu'on ne pourra toucher tous les programmes et tous
les problèmes qui nous préoccupent. On va essayer, en tout cas,
d'être le plus concis, le plus rapide possible pour faire le tour des
sujets.
Pour la quatrième fois, depuis l'accession au pouvoir d'un
gouvernement libéral, nous entreprenons aujourd'hui l'étude des
crédits du ministère de la Sécurité publique. En
cette fin de mandat, inévitablement, l'heure est au bilan. Toutefois,
avant d'entreprendre celui-ci, j'aimerais souhaiter la bienvenue au ministre de
la Sécurité publique, ainsi qu'à tous les
présidents d'organismes et hauts fonctionnaires qui l'accompagnent
aujourd'hui.
Le bilan de l'actuel gouvernement en matière de
sécurité publique se caractérise essentiellement par les
mêmes défauts qui ont gouverné l'ensemble de la gestion
libérale depuis quatre ans. On y observe nombre de promesses
électorales non respectées, une attitude
généralisée à repousser les problèmes afin
d'éviter toute espèce de remous, un manque total d'imagination et
de politiques que l'on pourrait qualifier de novatrices et quelques mauvaises
décisions sur lesquelles on a dû revenir.
Comme nous le savons tous, les responsabilités du ministre de la
Sécurité publique sont énormes. La sécurité
et la paix publiques, la garde des contrevenants et leur réinsertion
sociale, le contrôle des permis d'alcool, la recherche des causes de
décès et la protection civile sont autant de
responsabilités qui sont au coeur des fondements mêmes de
l'État. (11 heures)
Cette lourde responsabilité du ministre de la
Sécurité publique nous amène directement à la
première et à la plus importante des promesses non
respectées par l'actuel gouvernement, celle de la nomination d'un
ministre à temps plein, un ministre qui se consacrerait uniquement au
secteur de la sécurité publique. On se souviendra qu'alors que le
Parti libéral constituait l'Opposition officielle, l'ex-Solliciteur
général et député de D'Arcy-McGee n'a eu de cesse
de dénoncer l'incompatibilité fondamentale entre la fonction du
Solliciteur général et celle du ministre de la Justice. Sur
toutes les tribunes disponibles, le député s'attaquait à
ce cumul de chapeaux qui mettait en péril les fondements de la
démocratie en plaçant constamment le ministre responsable dans
une situation potentielle de conflit d'intérêts. Eh bien, depuis
ses discours enflammés prédisant l'Apocalypse, rien n'a
changé. Bien sûr, on a créé un nouveau
ministère qu'on a baptisé pompeusement de la
Sécurité publique. On a désormais deux cabinets, deux
sous-ministres et il y a une période de crédits distincts pour
chacun des deux ministères. Mais fondamentalement, et ce, à cause
de l'indécision d'un premier ministre qui préfère nommer
des ministres délégués, soit n'a pas confiance... Cela
découle du fait qu'il n'a pas confiance en ses députés
d'arrière-ban, soit qu'il estime qu'aucun d'entre eux n'a le potentiel
suffisant pour occuper les fonctions de ministre. Je laisse aux membres du
parti ministériel le soin de choisir l'option qu'ils
préfèrent. Rien n'a changé. En fait, nous n'avons toujours
qu'un seul individu qui occupe les fonctions de ministre de la
Sécurité publique et de ministre de la Justice. Les mêmes
risques de conflit d'intérêts demeurent, à moins que le
ministre n'ait abdiqué à son sous-ministre toute la
responsabilité des décisions finales et importantes, ce que je
n'ose croire. Ce n'est pas dans la gestion courante du ministère
qu'apparaissent les risques, mais plutôt dans la décision
difficile, comme celle de porter en appel une cause impliquant un policier, de
déclencher une enquête policière, alors que le Procureur
général n'estime pas opportun de déposer de poursuites,
les relations qui doivent exister entre les policiers et l'appareil judiciaire,
telles que l'utilisation d'un témoignage de délateur ou encore
des relations difficiles entre les médias et les corps policiers et
toute la question de la protection des sources.
D'ailleurs, tout récemment, nous avons eu droit à un
exemple plutôt éloquent du risque possible de conflit
d'intérêts avec le triste et rocambolesque épisode de
l'incendie aux locaux d'Alliance Québec. Nous avons pu, à cette
occasion, mesurer toute l'opposition qui existe entre les policiers et leur
appréciation d'une preuve et les substituts du Procureur
général. En tout état de cause, il faut féliciter
le Commissaire aux incendies pour sa décision de tenir une enquête
publique qui, possiblement, mettra en lumière l'incompatibilité
des deux fonctions qu'il occupe.
Bref, l'urgence de promesses électorales de 1985 a
cédé le pas devant l'indécision chronique du premier
ministre, ou bien il y a encore péril en la demeure, ou bien
l'Opposition avant 1985 faisant preuve d'une démagogie de nature
à saper la confiance des citoyennes et citoyens dans le système.
Un autre exemple de promesse électorale non respectée est la
réforme inachevée de
l'organisation policière au Québec. On devait, en effet,
s'attaquer aux coûts exorbitants qu'entraîne la
sécurité publique au nombre trop élevé de corps
policiers et à l'inefficacité de la Commission de police. Eh
bien, tout reste pratiquement à faire à ce chapitre. D'abord,
concernant la réduction des coûts, le gouvernement fait bien
triste figure puisqu'en 1985-1986, le gouvernement précédent
allouait 586 855 000 $ en dollars constants de 1989 à la
Sécurité publique, alors que les crédits alloués
pour cette année sont de l'ordre de 697 391 000 $ ce qui
représente une augmentation de l'ordre de 19 %. L'image de bon
gestionnaire en prend d'ailleurs pour son rhume. En effet, on constate que les
coûts de l'administration du ministère sont passés de 37
062 000 $ en dollars constants de 1989 à 55 001 000 $ en termes de
crédits pour l'année 1989-1990, soit une augmentation de 48 %. On
a accepté des coûts supplémentaires qu'engendrait la
création d'un nouveau ministère. Encore, faudrait-il avoir deux
ministres pour au moins en retirer un certain bénéfice.
De plus, alors que le gouvernement se montre avare de toute concession
salariale à l'égard des employés de l'État et
restreint ses offres à 4 %, il a concédé, en début
de mandat, des augmentations salariales extraordinaires. Évidemment,
comme d'habitude, le gouvernement voulait éviter toute vague et a
abdiqué devant les demandes des policiers et ce, sans même forcer
la lutte un peu. C'est un long et bien triste exemple à donner aux
municipalités qui, souvent, n'ont pas les moyens de résister
à la pression des exigences salariales des policiers puisqu'elles
luttent à armes inégales. C'est d'ailleurs sous cet angle que
l'on constate l'état d'inachèvement de la reforme
policière. Les municipalités exigent, depuis longtemps, que soit
revu et corrigé le rapport de forces entre elles et les corps policiers
au sujet des négociations de travail. La délicate question de
l'arbitrage contre le droit de grève pas plus que la
désyndicalisation des cadres policiers n'est pas réglée.
Pourtant, ce rapport de forces inégales a pour impact direct de
créer une poussée à la hausse des coûts de la
sécurité publique.
En quatre ans de pouvoir, le gouvernement libéral n'a rien fait
préférant repousser en avant le problème. Il faut dire
à sa décharge que la question est autrement plus explosive que
celle de la couleur de la margarine. Toujours au chapitre des coûts et de
la réforme laissés en plan, on peut rappeler toute la question du
partage des coûts entre Québec et les municipalités de
moins de 5000 habitants et quant au trop grand nombre de corps policiers et de
policiers. L'Assemblée nationale n'a adopté aucune loi visant
à favoriser la fusion des corps policiers municipaux que je sache. En
fait, le seul aspect de la réforme policière qui a
progressé est celui concernant la déontologie et la Commission de
police. Trois remarques concernant cet aspect de la réforme et pour
laquelle le gouvernement voudra faire tout un plat dans une éventuelle
campagne électorale.
D'abord, le gouvernement n'avait pas le choix à la suite des
pressions populaires qui s'exerçaient en réaction à
l'affaire Gosset. Deuxièmement, les mérites que le gouvernement
veut s'attribuer, il n'y a pas droit, sauf le député de D'Arcy
McGee qui, envers et contre tous, a poussé sur le dossier. En effet,
lors de la commission parlementaire sur le projet de loi 86, nous avons pu
constater à quel point le ministre était isolé à la
suite de l'affaire des avocats d'Alliance Québec. Pratiquement seul,
accompagné d'une équipe restreinte venant de l'extérieur
du ministère, il a dû affronter les unions policières
extrêmement puissantes pour imposer un système de
déontologie où seraient présents des civils. Devant les
difficultés que représentait un tel projet, l'attitude du
gouvernement était limpide. Il a refusé de se mouiller pour
donner un appui clair et indéfectible au ministre tout en se tenant
prêt à en récolter les fruits en cas de succès ou
bien à s'en dissocier en cas d'affrontement avec les policiers.
La réforme opérée par le projet de loi 86 est
incomplète et, à bien des égards, insatisfaisante. Soyez
assurés cependant que le blâme ne va pas au ministre, mais au
gouvernement. Le projet de loi 86 est loin d'être parfait. Il fut
adopté en toute hâte, malgré les protestations de
l'Opposition qui voulait d'abord voir le code de déontologie. Il y avait
urgence, a-t-on plaidé du côté gouvernemental. Pourtant, on
attend toujours le code; et la loi ne peut entrer en vigueur sans lui. Il y a
d'ailleurs fort à parler que ce code de déontologie, qui
soulèvera bien des discussions, ne verra pas le jour avant les
prochaines élections.
Bien d'autres aspects sont critiquables, notamment la
sécurité et l'indépendance des civils qui siégeront
au comité, la complexité du processus mis en place, etc. Bref,
sans reprendre les discours de troisième lecture et tout en étant
conscient que le projet de loi fut amélioré à la suite des
remarques de l'Opposition, il n'en demeure pas moins qu'avec un appui un peu
plus solide du gouvernement l'ex-Solliciteur général aurait pu
faire mieux et surtout moins vite. Voilà donc un deuxième exemple
de promesse électorale qui tarde à venir de même que
l'illustration de la propension du gouvernement à ne point régler
les problèmes.
Le troisième exemple pour illustrer les désormais
célèbres paroles du premier ministre du Québec à
savoir que le discours n'est jamais le même avant et après les
élections est l'intégration des minorités visibles au sein
de nos corps policiers. Sans nous étendre trop longuement, disons
simplement qu'il y a un nombre restreint de candidats à Nicolet
provenant des communautés culturelles et que la Sûreté du
Québec compte en son sein un représentant des minorités
visibles. L'inaction du gouvernement à cet égard depuis quatre
ans n'a d'égal que la solennité de
ses promesses de 1985. Autre illustration de promesse électorale
non respectée, le manque d'imagination et la mauvaise gestion sous
l'administration libérale, la situation plus que préoccupante des
prisons québécoises.
On devait fermer la prison de Parthenais. Cette prison est non seulement
toujours ouverte, mais on a réutilisé les cellules du
quatrième étage qui sont invivables. On devait combattre le
surpeuplement de nos prisons en mettant de l'avant des mesures de
réinsertion sociale. Les prisons sont plus surpeuplées que jamais
et la situation est explosive, notamment a Parthenais. On a fermé des
prisons sans étudier au préalable l'impact que les transferts
dans les régions éloignées avaient sur la
réinsertion des détenus. On a coupé plus de 70 % les
dépenses de transfert allouées à la réinsertion
sociale. On n'a mis de l'avant aucune nouvelle mesure alternative à
l'emprisonnement. On a aboli la peine de prison pour un paiement d'amende. Mais
voilà pratiquement un an que le Code de procédure pénale
attend sa loi de mise en vigueur. Bref, les principales alternatives à
l'emprisonnement, travaux compensatoires, travaux communautaires,
création de la Commission de libération conditionnelle, sont des
mesures mises sur pied par un gouvernement du Parti
québécois.
Je pourrais continuer ainsi fort longtemps sur le bilan plutôt
négatif du ministère de la Sécurité publique. Comme
le temps est restreint et que j'ai beaucoup de questions à poser au
ministre, je ne mentionnerais qu'un dernier élément afin
d'illustrer une mauvaise décision de ce gouvernement. Il s'agit bien
sûr du transfert de la Direction de la protection civile sous la tutelle
du ministre des Approvisionnements et Services. Comme l'avait prédit
l'Opposition et comme l'a brillamment illustré l'épisode de
Saint-Basile-le-Grand, la place naturelle pour la protection civile,
c'était et c'est encore le ministère de la Sécurité
publique et nous sommes heureux qu'elle y soit de retour.
Effectivement, d'autres éléments ont été
ajoutés, le système de protection contre les incendies concernant
les municipalités. J'espère qu'on aura suffisamment de temps pour
y revenir. Voilà en gros mes remarques et on se déclare
immédiatement prêts à entrer dans le vif du sujet, s'il y a
lieu.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Jonquière pour vos remarques
préliminaires. Est-ce qu'on aborde immédiatement les
programmes?
M. Rémillard: M. le Président, simplement si vous
me le permettez...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...juste sur un point, parce que les points
qu'a soulevés le député de Jonquière sont des
points intéressants que nous pourrons aborder en discussions tout
à l'heure. Il me fera un très grand plaisir de discuter avec lui,
soit en ce qui regarde les prisons ou les autres aspects qu'il a
soulevés tout à l'heure. La seule chose que j'aimerais dire
à ce moment-ci, c'est concernant le fait qu'on ait une même
personne pour la justice et la sécurité publique. C'est un
élément important et je l'ai expliqué au
député de Taillon lorsqu'on a discuté des crédits
du ministère de la Justice. Au départ, je voudrais apporter quand
même certaines précisions.
Je crois qu'il est important, de fait, de distinguer ces deux
rôles, entre le rôle du ministre de la Justice, qui décide
de poursuivre, de prendre des poursuites... Le ministre est aussi responsable
de la sécurité publique et, entre autres, comme Solliciteur
général, il est responsable de la force policière ou des
enquêteurs qui font enquête sur le terrain et qui, en fonction des
éléments qu'ils ont trouvés, selon leur enquête,
s'amènent à un procureur, à un substitut du Procureur
général pour décider s'il doit poursuivre ou pas.
Le Parti libéral, lorsqu'il formait l'Opposition, a toujours
demandé que ces deux fonctions soient distinctes. C'est ce que nous
avons maintenant, les deux fonctions sont distinctes. Il y a deux
ministères: il y a un ministère de la Justice et un
ministère de la Sécurité publique. Il y a un sous-ministre
en titre à la Justice, avec ses sous-ministres associés, en
fonction des poursuites qui doivent être engagées, et aussi comme
jurisconsulte, comme Procureur général du Québec.
Au niveau de la sécurité publique, du Solliciteur
général, il y a un sous-ministre qui est complètement
différent, qui m'accompagne aujourd'hui, M. Beaudoin, avec les
sous-ministres qui ont la responsabilité de différents secteurs
de l'administration, et qui voit à l'autre aspect qui est celui
concernant la cueillette des informations, l'enquête, qui mène
ensuite à cette relation avec les procureurs du ministère de la
Justice.
Donc, en terminant - je ne veux pas être trop long sur cet aspect
- je voulais préciser qu'il y a un même ministre, oui, mais ce
ministre a deux fonctions bien distinctes dans l'appareil administratif. Le
député de Jonquière sait très bien que c'est
ça qui est très important, au niveau administratif, où les
choses se font sur le terrain même, qu'il y ait cette distinction qui
soit respectée. C'est ce que nous faisons depuis que nous formons ce
gouvernement ou à peu près, lorsque les modifications ont
été apportées pour corriger la situation
précédente qui faisait en sorte que les deux fonctions
étaient au niveau d'un même ministère.
Alors, je voulais apporter cette précision. Ensuite, le
député de Jonquière a soulevé des points que je
considère très intéressants. Il me fera un très
grand plaisir de pouvoir lui apporter des réponses et mes commentaires
au fur et à mesure de notre discussion concernant les
programmes.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
J'aimerais maintenant appeler le programme 2, puisque, comme je le mentionnais
tantôt, le programme 1, qui concernait la Protection du consommateur, a
été adopté. Je vais maintenant reconnaître le
député de Jonquière.
M. Dufour: Merci. Juste une petite remarque. C'est évident
qu'on ne met pas en cause le fait qu'il y ait deux ministères, et on
pense que c'est assez clair dans la loi. Le problème qu'on se pose,
c'est qu'en dehors des décisions régulières, normales...
Il n'y en a peut-être pas, peut-être pas là. C'est lors de
questions cruciales, importantes, c'est à ce moment qu'il y a danger de
conflit. C'était l'élément qu'on voulait faire ressortir.
On ne s'attaque pas au ministre comme tel, on sait qu'il a beaucoup de travail.
Je sais qu'il y a plusieurs députés ministériels qui
aimeraient bien être ministre, à leur tour. Je voudrais leur
donner cette chance. Là, on pourrait avoir des ministres à temps
plein. En fait, je pense que le ministre n'en disconviendra pas. J'admets ses
grandes compétences, mais disons-nous, au départ, il a deux
ministères importants plus la Protection des consommateurs, plus les
relations intergouvernementales et plus et plus, ainsi que son travail de
député. Je voudrais l'aider aussi afin qu'il fasse son travail
comme il le faut dans son comté. (11 h 15)
C'est un peu dans ce sens que nos remarques portent, et je pense que
c'est un problème important. Si on juge bon de scinder un
ministère en deux, ça veut dire qu'il y a suffisamment de travail
pour le faire. Et, à ce moment, je voudrais bien que le premier ministre
le décharge d'une partie de ses responsabilités. C'est trop pour
une personne. Et je veux aider dans le sens que... Ce n'est pas pour faire une
économie d'argent. C'est que je ne vois pas pourquoi on fait deux
cabinets, deux sous-ministres pour la même personne. Plutôt que
d'avoir des ministres délégués - j'ai tendance à
dire "délayés" - il serait peut-être mieux d'avoir des
ministres en titre qui font leur travail et qui prennent leurs
responsabilités. À ce moment-là, on peut libérer
une personne de certaines tâches et quand on s'adresse à elle,
bien là, elle a le temps de faire son travail et de bien le faire.
Cela dit, on va passer, bien sûr, au contrôle des permis
d'alcool. On va les prendre programme par programme et vous comprendrez que le
temps nous presse, et qu'on ne pourra pas aller dans tous les
détails.
Régie des permis d'alcool du
Québec
Le Président (M. Dauphin): J'appelle le programme 2. M. le
député.
M. Dufour: Est-ce que la diminution des crédits par
rapport à la hausse du nombre de permis d'alcool a un effet sur le
nombre et la qualité des contrôles effectués par la
Régie des permis d'alcool? On constate qu'en 1985-1986, il y avait 5 039
000 $ à la disposition du ministère et, en 1989-1990, il y a une
diminution, la Régie ne reçoit que 4 571 000 $, et le nombre de
permis a augmenté de 3 %.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Jonquière pose une question qui
réfère à un organisme important qui a beaucoup
évolué dans les dernières années. On se rappelle
tous qu'il n'y a pas tellement longtemps, obtenir un permis d'alcool
était tout un processus qui était très difficile à
bien des égards et qui comportait certains éléments. On ne
reviendra pas là-dessus, ici. On a vécu aussi au Québec la
question de la tolérance. Je suis un fils d'hôtelier et de
tavernier et je sais ce que ça signifie. Mais, M. le Président,
nous avons maintenant une Régie des permis d'alcool qui a pour objectif
premier la maximalisation du service à la clientèle pour
entraîner un haut niveau de satisfaction de la part du public. C'est ce
qui est important pour nous. C'est de faire en sorte que le public soit
satisfait des services qu'il reçoit de ces établissements qui ont
des permis d'alcool.
Il ne faut pas sacrifier, en aucune façon, les contrôles
indispensables qui sont prévus par la loi. Et c'est ce que nous avons
fait. Nous avons toujours accordé la plus grande attention à ces
contrôles qui sont prévus par la loi et qui doivent assurer la
qualité des services à la population. Cela peut vouloir dire
vérifier la qualité du service à bien des points de vue.
Cela veut dire la sécurité des gens qui sont à
l'intérieur de ces établissements. Cela veut dire la façon
dont le commerce peut être géré à certains
égards, pour certaines fins, en fonction du respect de nos lois, de nos
règlements et en fonction aussi, bien sûr, des lois
fédérales comme le Code criminel. Je peux assurer le
député de Jonquière que des actions ont été
prises par nos intervenants policiers, par les autres éléments de
contrôle que nous avons en fonction de la loi, qui nous ont permis de
garder un contrôle très strict sur ces endroits où l'on
peut servir des boissons alcoolisées.
Entre autres, en ce qui regarde le contrôle des jeunes pour que
ces établissements ne puissent pas servir à mettre les jeunes en
contact avec les boissons alcooliques. Lorsqu'on parle de boissons alcooliques,
on parle de criminalité. J'ai mentionné tout à l'heure que
la drogue était reliée à au moins 80 % des crimes que nous
déplorons. Mais l'alcool est relié aussi à beaucoup de
crimes. Et, en ce qui concerne notre jeunesse, il y a un problème, bien
sûr. Il faut être particulièrement attentif à ce que
ces gens, ces endroits, ces établissements qui ont des permis d'alcool
servent des majeurs et non pas
des mineurs, bien qu'il faut prendre en considération
première la responsabilité de ces jeunes parce qu'il n'est pas
toujours facile pour le tenancier de ces établissements d'avoir à
distinguer comme ça entre un jeune qui peut avoir 16 ans, 17 ans ou 18
ans. Il y a aussi la responsabilité des parents. Souvent, on a tendance
à négliger la responsabilité des parents. Bien sûr,
il arrive des cas où ces jeunes sont malheureusement dans des familles
qui n'existent plus ou qui sont en difficulté. Cependant, M. le
Président, il nous apparaît en premier lieu que nous devons
sensibiliser des parents à ces réalités. Alors, je peux
assurer le député de Jonquière que nous avons
établi cette relation étroite entre la Sûreté du
Québec et les différents corps policiers, les différents
éléments de contrôle que la loi nous fournit et les
établissements et, entre autres, pour améliorer ces
contrôles. Je dois souligner que la régie a remplacé son
propre service d'inspection par une entente avec la Sûreté du
Québec. Cette entente vise essentiellement la possibilité de
visiter des établissements et même la convocation des exploitants
qui ont commis une infraction à la loi. Donc, une entente qui nous
permet d'avoir une action encore plus concertée, directe, sur le terrain
même, dans ces établissements et aussi d'une certaine façon
tout en travaillant toujours à la prévention. C'est un
élément que je me permets de souligner. Lorsqu'on parle de
criminalité, il est important qu'on puisse punir celui qui a commis un
crime et qu'il paie sa dette envers la société. On pourra
tantôt aborder avec le député de Jonquière la
question de l'emprisonnement. Il y a beaucoup d'éléments qu'on
pourra discuter ensemble. J'aimerais aussi avoir son point de vue sur
différents aspects, mais, il faut comprendre que notre première
responsabilité, telle que nous la voyons, c'est de mettre toute
l'énergie nécessaire aux éléments de
prévention du crime. Lorsqu'on parle de prévention, on parle
entre autres d'exercer un contrôle qui soit le plus acceptable possible
dans ces débits d'alcool qui sont des endroits qui ont des permis
d'alcool. Il ne s'agit pas de tomber dans l'État policier que j'ai
vécu comme jeune garçon sous le régime Duplessis, mais il
s'agit d'agir dans une société libre et démocratique, tout
en respectant des valeurs fondamentales auxquelles nous tenons dans cette
société, en respectant nos jeunes et notre jeunesse et en ayant
des endroits conformes à nos lois et à nos règlements.
Donc, je suis particulièrement heureux de souligner cette entente qui
est intervenue entre la Sûreté du Québec et le SPCUM pour
établir un meilleur contrôle. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
Nombre et nature des plaintes
M. Dufour: Je constate que le ministre a beaucoup de choses
à nous dire. 3 heures, ce n'est pas 300 heures, et cela prendrait au
moins 30 heures pour faire le tour des programmes qu'on a à
étudier. Moi, je veux bien qu'il me dise que ça va bien et qu'il
y a des choses en marche. Voici ce qui me préoccupe surtout. Est-ce que,
vraiment, il y a diminution ou augmentation des plaintes? La nature des
plaintes, est-ce parce qu'il y a des mineurs dans les établissements ou
est-ce parce que les heures d'ouverture et de fermeture ne sont pas
respectées? Est-ce des plaintes concernant les taxes qui sont
impayées? Cela tourne un peu autour de cela. Je souhaiterais que le
ministre soit bien concis dans ses réponses sinon on va se
décourager.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Je prends bonne note de la remarque du
député et je vais tenter de raccourcir mes réponses. Je le
comprends très bien, mais il comprendra aussi que ce sont des sujets
très importants et que j'ai beaucoup de choses à mentionner. Mais
je prends bonne note de son commentaire.
Peut-être me permettrait-il de me référer à
M. Laflamme, président de la Régie des permis d'alcool, qui est
ici avec nous. Si vous le permettez, M. le Président, on pourrait
simplement demander à M. Laflamme de compléter la
réponse.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. M. Laflamme, nous
vous connaissons très bien. Vous êtes un habitué des
commissions parlementaires, mais, pour les fins du Journal des débats,
pourriez-vous, s'il vous plaît, vous identifier et donner votre
titre?
M. Laflamme (Ghislain K.): Je suis Ghislain Laflamme,
président de la Régie des permis d'alcool. À la question,
je pense qu'on peut apporter une réponse relativement simple. Les
chiffres indiquant une légère diminution au budget de la
Régie ne se rapportent pas à une diminution des moyens d'action
de celle-ci. Comme la plupart des organismes gouvernementaux, nous occupons des
locaux et nous payons des loyers à la Société
immobilière. Entre autres, pour le Palais de justice de Montréal,
nous avons remis une certaine quantité d'espace à la
Société immobilière pour qu'elle en dispose. Après
entente avec la Sûreté du Québec et la police de la
Communauté urbaine de Montréal et le remplacement de nos
inspecteurs par ces corps de police, nous avions plus d'espace que nous en
avions besoin. De plus, comme depuis deux ou trois ans nous avons
intensifié nos contrôles par informatique plutôt que par du
personnel et, évidemment, avons subi des compressions budgétaires
comme tout le monde, nous avions besoin de moins d'espace et nous avions moins
de personnel à payer. En fait, nos moyens n'ont pas diminué.
C'est simplement la transcription
budgétaire qui a été modifiée.
Quant aux interventions, en utilisant directement la Sûreté
du Québec et la police de la Communauté urbaine, les
interventions ont été vraiment plus nombreuses et elles se sont
traduites par les résultats suivants pour l'année 1988. En 1987,
nous avions imposé 9024 jours de suspension et de révocation de
permis. En 1988, nous en avons imposé 11 716, soit une augmentation
d'environ 30 %. Nous avons, grâce aux corps policiers, centré nos
interventions sur les débits de boisson qui menaçaient vraiment
la tranquillité et la sécurité publiques et, comme le
ministre vient de le mentionner, nous nous sommes préoccupés de
la présence des mineurs dans les débits de boisson. On sait que
les mineurs de 17 ans ne sont pas dans la même situation que les mineurs
de 14 ans. Nous nous sommes préoccupés d'avoir des programmes
avec les corps policiers en vue de surveiller les débits de boisson plus
criminogènes que les autres. C'est là que nous sommes intervenus
dans presque tout le Québec, avec les résultats dont je viens de
vous faire état, c'est-à-dire 30 % d'augmentation de suspensions
et de révocations de permis ou d'autorisations dans tous les
débits de boisson.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Laflamme. M. le
député de Jonquière. Ensuite, je reconnaîtrai Mme la
députée de Groulx.
M. Dufour: Pouvez-nous nous dire si la nature des plaintes a
changé pour ce qui est des suspensions de permis? Vous nous parlez des
jeunes. Quelle est la nature des infractions?
M. Laflamme: L'accent a légèrement changé
par rapport aux autres années dans le sens que, cette année, nous
nous sommes centrés sur les débits de boisson où se
faisaient des trafics de drogue. Le trafic de drogue attire évidemment
toutes sortes de clientèles, mais il attire aussi une clientèle
de jeunes qui veulent expérimenter toutes sortes de choses. Les
principaux motifs de suspension, cette année, sont le commerce de
stupéfiants, la présence de mineurs, soit comme clients, soit
comme employés, les écarts généraux à la
tranquillité publique, qui dérangent tous les voisins et, enfin,
les causes traditionnelles: ouverture après les heures, utilisation
d'alcool qui ne provient pas de la Société des alcools et autres
délits plus traditionnels et moins intéressants. (11 h 30)
M. Dufour: Est-ce qu'il y a beaucoup d'action dans les
débits clandestins? Est-ce que ça existe encore?
M. Laflamme: S'il y a beaucoup de...
M. Dufour: De débits clandestins. À un moment
donné, il n'y avait pas beaucoup de permis. Cela donnait ouverture
à cette particula- rité. Est-ce que ça existe encore?
M. Laflamme: Oui. À certains endroits, il y a des
débits clandestins parce que - c'est l'envers de l'efficacité -
plus on intervient auprès des débits avec permis, plus on se
trouve à amener des gens qui veulent faire de l'argent très
rapidement à essayer d'exploiter un commerce sans permis et à
racoler une clientèle après trois heures du matin. Cela s'est vu
dans la région de Québec. Il y a eu une opération
policière de concert avec la Régie qui a amené des
interventions importantes.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Groulx.
Délai pour l'obtention d'un permis
Mme Bleau: M. le ministre nous a dit dans son préambule
que les délais pour l'émission des divers permis d'alcool
étaient de beaucoup raccourcis. Pourriez-vous nous dire combien il faut
de temps pour obtenir un permis d'alcool?
Le Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. Laflamme: Si on regarde la variété des permis,
les délais peuvent être différents d'un type de permis
à un autre et selon la situation sur le territoire du Québec. Le
permis traditionnel de réunion que les gens nous demandent pour un
mariage ou une fête, s'obtient instantanément en arrivant au
bureau. Il suffit de téléphoner à l'avance et de
s'informer des conditions à remplir. On exige des certificats de
sécurité parce qu'on ne veut pas que les salles puissent
être dangereuses. Le permis est émis sur place. À
Québec, on considère que ça doit se faire à
l'intérieur de quinze minutes et, à Montréal, selon les
journées, à l'intérieur d'une demi-heure.
Mme Bleau: Vous parliez tout à l'heure de la concertation
entre les policiers et la Régie. Est-ce que, concernant les annulations
de permis, les saisies, tout est chapeauté par la Régie en
concertation avec la police?
M. Laflamme: En vertu de la Loi sur les permis d'alcool, le
contrôle des permis d'alcool appartient exclusivement à la
régie.
En vertu des ententes intervenues entre le Service de police de la
communauté urbaine de Montréal et la Sûreté du
Québec, la Régie est maîtresse d'oeuvre de
l'opération en vertu de programmes qui ont été
définis à l'avance. Mais c'est toujours la Régie qui donne
l'autorisation ou l'ordre d'exécuter une suspension. Les corps de police
n'ont pas cette autorité. Ils doivent passer par la Régie.
Le Président (M. Dauphin): Merci.
Garde des détenus et réinsertion sociale
des délinquants
M. Dufour: Là-dessus, on pourrait peut-être passer
au programme 3 et on les adoptera à la fin.
Le Président (M. Dauphin): Alors, vous voulez adopter les
programmes à la fin?
M. Dufour: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Laflamme. J'appelle
maintenant le programme 3.
Services correctionnels
M. Dufour: Programme 3, élément 1, Services
correctionnels. La problématique n'est pas compliquée. Au Centre
de prévention de Parthenais, il y a une surpopulation chronique. Ce
n'est pas d'aujourd'hui. Cela a été dénoncé par
tous les partis. Actuellement, on loge plus de 600 prévenus dans une
bâtisse qui, normalement, devrait en recevoir seulement 370.
Pour contrer ces problèmes, pour faire face à cette
situation, on utilise des salles de récréation où on
parque 20 personnes. Cela nous semble presque sorti de l'imaginaire, mais il
semble que ce soit le cas. Au point de vue hygiénique, il n'y a pas
beaucoup de services. On sait que cette promiscuité peut soulever tous
les problèmes imaginables. Les détenus dorment par terre, ils
appellent ça des cellules de camping. On a aussi ouvert le
quatrième étage où il y a des cellules d'isolement. C'est
évident que ce ne sont pas des criminels reconnus. Selon notre code, ils
sont présumés innocents aussi longtemps qu'ils ne sont pas
condamnés. Ces gens subissent des contraintes, des problèmes
majeurs. Ils n'ont qu'une heure de récréation ou de sortie par 24
heures. Je pense que la cour pour la promenade est située au-dessus de
la bâtisse.
Je comprends que le ministre est conscient du problème, qu'il
veut faire des choses, mais quelle est la solution qu'il envisage à
court terme? Des solutions ont été proposées et on a
l'impression qu'elles n'ont pas été retenues. C'est une situation
urgente, qui demande une réponse immédiate, même pour hier,
plutôt qu'aujourd'hui.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Jonquière pose une question très
intéressante et qui me touche beaucoup. D'abord, la question des
détenus. Il y a une surpopulation et une situation que je peux qualifier
de difficile à certains égards; on y reviendra tout à
l'heure. En ce qui regarde Parthenais, ça me touche d'autant plus qu'il
s'agit de prévenus. Ça veut dire que ce ne sont pas des gens qui
ont été condamnés, mais des gens qui sont en attente de
procès et qui sont donc présumés innocents. C'est un
principe fondamental dans notre droit, et tant que je serai impliqué en
politique, je peux vous garantir que je vais me battre avec toute
l'énergie que je peux avoir, pour faire respecter ce principe de la
présomption d'innocence. Cela cause bien des problèmes et j'aurai
l'occasion de revenir dans d'autres forums en ce qui regarde, par exemple, le
principe de la liberté de la presse et le respect de la
présomption d'innocence. Il va falloir regarder ça de
près, il y a des problèmes à ce sujet aussi.
Donc, en ce qui regarde Parthenais, j'y suis allé, j'y ai
passé un très bon moment. J'ai eu l'occasion aussi d'avoir
beaucoup de réunions, de discussions avec les gens. Il faut trouver une
solution. Pour reprendre l'expression du sous-ministre à la
Sécurité publique: Parthenais, c'est une épine dans le
pied de la justice. On a deux pieds, on peut marcher, mais ça boitille.
Il faut régler ça. Je ne suis pas le premier ministre de la
Justice qui le dise. Tous les ministres de la Justice qui sont passés,
tous les partis qui ont été impliqués ont tous dit:
Parthenais, cela a été fait en fonction de certains objectifs qui
sont maintenant dépassés; il faut faire quelque chose.
À court terme, qu'est-ce qu'on va faire? Je suis en discussion
avec mon collègue fédéral, le Solliciteur
général, M. Blais, avec lequel nous avons d'excellentes
relations. Je lui ai parlé vendredi dernier. Je vais lui parler encore
cette semaine. J'attends une réponse. Nos fonctionnaires se sont
rencontrés. Nous sommes à étudier la possibilité
d'utiliser un centre correctionnel qui n'est plus utilisé par le
gouvernement fédéral, qui nous permettrait de disposer de tout
près de 200 places et qui serait approprié moyennant quelques
modifications qu'on pourrait lui apporter. Toujours avec le gouvernement
fédéral, il y a aussi la possibilité de ce qu'on appelle
B-12 où on aurait 55 places seulement. On voudrait avoir une solution
à court terme. J'espère bien que ma prochaine conversation avec
le ministre Blais mènera à une conclusion rapide de sorte qu'on
puisse, dans un avenir très prochain, au moins faire face à la
situation difficile que nous vivons actuellement. Je comprends que nos centres
de détention ne doivent pas devenir des clubs Med, mais il y a quand
même une juste mesure pour respecter la dignité humaine. Dans ce
cadre, j'ai visité beaucoup de centres de détention depuis que je
suis ministre, mais comme je vous l'ai dit tout à l'heure, et je le
répète: Parthenais reçoit une attention toute
particulière parce qu'il s'agit de prévenus et non pas de
détenus. Ils n'ont pas été condamnés, ils n'ont pas
subi de procès. Ils sont présumés innocents.
Ces fonctionnaires du gouvernement du Québec et ceux du
gouvernement fédéral se sont rencontrés et se rencontrent
encore de sorte que, après avoir parlé à mon
collègue, le Solliciteur général du Canada,
j'espère bien être en mesure de trouver la solution qui va pallier
cette situation. Puis, ensuite, parce que c'est simplement une solution qui
peut être temporaire, il faut apporter une solution permanente. On
met
des diachylons, mais il faut bien se rendre compte qu'on ne
guérira pas la plaie avec ça. Il faut guérir cette plaie
et, pour la guérir, il va falloir que, comme société
libre, démocratique et évoluée, on regarde cette situation
en face et qu'on y apporte les correctifs qui s'imposent. Cela veut dire
l'ouverture d'un nouvel établissement. Il y a plusieurs centres de
détention qui doivent s'ouvrir. Trois-Rivières a
été ouvert au coût de 11 000 000 $ et compte 118 places. Il
y a aussi le début de la construction du centre de détention de
Sherbrooke. La vieille prison Winter date du Moyen Âge ou à peu
près. Elle a été dénoncée à plusieurs
reprises; mais le député de Sherbrooke, un gars extraordinaire, a
fait un travail remarquable; il a réussi à faire en sorte que
tous les intervenants mettent le maximum d'énergie. Avec mon
collègue, le ministre des Approvisionnements et Services et la
députée de l'endroit, responsable de l'Immigration et de la
Condition féminine, nous avons levé la première
pelletée de terre d'un centre de détention à Sherbrooke
qui va coûter 10 000 000 $ et qui va offrir 84 places de plus.
Il y a aussi le problème de Hull. Je suis allé visiter la
prison de Hull. Là aussi, il existe une situation qu'on peut qualifier
de difficile à bien des égards. M. le Président, je veux
vous dire à quel point j'ai été sensible au travail que
font les administrateurs des centres de détention et les gardiens, qui
travaillent dans des situations difficiles et qui font un travail remarquable
avec beaucoup de conscience professionnelle.
En terminant, M. le Président, je voudrais simplement dire au
député de Jonquière qu'on va trouver des solutions. Pour
le moment, je parle de solutions à court terme. Elles ne
règleront pas tous les problèmes de Parthenais, mais je peux
l'assurer qu'on veut les régler. Je comprends que je ne suis pas le
premier ministre. D'autres ministres de la Justice l'ont dit aussi, mais j'ai
des gens avec moi, des fonctionnaires, qui sont également
déterminés. On va travailler ensemble et on va essayer de
régler ce problème. Je m'engage à sensibiliser mes
collègues, entre autres, mon collègue du Conseil du
trésor, qui a souvent des décisions difficiles à prendre.
Nous devons avoir un plan pour régler le problème de
surpopulation dans nos centres de détention.
Je ne veux pas prendre trop de temps, mais je voudrais simplement
ajouter ceci. Dans ses remarques, le député de Jonquière a
mentionné la Loi sur la réforme du Code de procédure
pénale. Il a dit que cette loi n'était pas encore en vigueur. Je
peux l'informer qu'elle va l'être dans un avenir prochain, dès le
printemps. Il y a eu des ajustements administratifs à faire, mais c'est
un élément important, parce que cette loi est fondée sur
une approche complètement différente du centre de
détention. L'emprisonnement, M. le Président, est une mesure pour
protéger la société. C'est ça, un centre de
détention: protéger la société. On ne doit pas
emprisonner des gens qui n'ont pas payé leurs contraventions. Il faut
que ce soit pour protéger la société de quelqu'un qui est
violent, qui a commis un crime impliquant une violence, qui peut être
dangereux pour la société, ou lorsqu'on veut punir quelqu'un en
fonction de la gravité d'un cas qu'on peut pointer du doigt. (11 h
45)
M. le Président, je suis allé visiter des centres de
détention. Je suis allé à la prison de Bordeaux. J'ai vu
des gens qui, manifestement, devraient payer leur dette d'une façon
beaucoup plus profitable à la société, d'abord, et
profitable à eux-mêmes, au lieu de leur faire perdre leur travail,
de leur causer des problèmes avec leur famille et que l'État
doive payer 85 $ par jour, ce qu'un détenu coûte à
l'État, en moyenne. Finalement, qu'est-ce que cela donne, en particulier
en ce qui regarde nos jeunes? Vous mettez en prison un jeune qui a volé
un système de son et, ensuite, quand il en sortira, il y a de grandes
chances qu'il aille faire une banque. Il faut penser en termes de
réinsertion dans notre société, de possibilité de
travailler avec ces gens du milieu carcéral pour les
réintégrer dans notre société et en faire des
citoyens de pleins droits. Il y a des dettes qui doivent être
payées. Quand on a fait des erreurs, quand on a commis un crime, on doit
payer sa dette. Il y a une vieille mentalité qu'il faut mettre de
côté, et cela aiderait beaucoup. On parle de surpopulation dans
nos prisons. Il va quand même falloir qu'on réalise que
l'emprisonnement, c'est là, en premier lieu, pour la protection de la
société. Quand on aura compris ça, quand on aura
appliqué ce principe, à ce moment-là, on aura une
situation autre que celle que nous vivons présentement, avec les moyens
que nous allons mettre en place pour la construction de nouveaux
établissements.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: J'ai compris que le ministre a dit qu'il avait
passé un bon moment à la prison de Parthenais. J'imagine qu'il
voulait dire un long moment. Bon, c'est dans le sens de la durée plus
que dans celui du plaisir à voir ce qui s'y passe.
M. Rémillard: Je remercie le député de
Jonquière de souligner cet aspect. De fait, il a raison, il ne
s'agissait pas d'un bon moment, agréable, mais de me rendre compte de la
situation.
M. Dufour: II est évident que c'est toujours le temps qui
crée... Une voix:...
M. Dufour: Oui, toujours sur le même sujet. Mais le temps
nous dérange beaucoup. On parle de surpeuplement des prisons. Vous avez
soulevé un certain nombre de points.
M. Rémillard: M. le Président. Je ne sais pas si le
député de Jonquière...
M. Dufour: Oui.
M. Rémillard: Je voudrais simplement dire que, si le
député de Jonquière veut empiéter sur les trois
heures que nous avons pour la protection civile ensuite, je n'ai pas
d'objection. S'il juge à propos qu'une question...
Une voix:...
M. Rémillard: On m'informe que ce n'est pas le même
critique. Je n'aurais pas eu d'objection à ce que...
Le Président (M. Dauphin): Le porte-parole est
différent.
M. Rémillard: Si le député jugeait certains
éléments plus importants...
Surpeuplement des prisons
M. Dufour: II y aura peut-être lieu, en dehors des
informations formelles, à un certain moment, de continuer ces
discussions.
Toujours sur le surpeuplement des prisons, le Protecteur du citoyen a
déclaré: L'un des problèmes s'est manifesté de
façon brutale au cours de 1987: la surpopulation endémique dans
toutes les prisons du Québec. Au printemps 1986, on a
procédé à la fermeture de six centres de détention,
ceux de Trois-Rivières, Joliette, Cowansville, Mont-Laurier,
Saint-Georges-de-Beauce et Matane. Ces fermetures se sont faites de
façon précipitée, sans que l'on se préoccupe des
inconvénients qui pouvaient en résulter dans l'immédiat.
Donc, c'est une analyse qu'on fait à ce moment-ci.
Je veux poser une question directe. Est-ce que le ministre partage
l'opinion du Protecteur du citoyen qui disait, dans le même rapport:
Depuis environ trois ans - on m'informe que c'est plutôt une directive
interne du ministère - le système carcéral provincial et,
spécialement, notre institution, faisons face à un
problème de surpopulation de plus en plus complexe. Ce problème
de surpopulation crée des inconvénients très
sérieux tout d'abord à l'incarcéré qui est l'objet
de transfert au moment où il s'en attend le moins. Ces transferts
créent également de sérieux problèmes face à
la famille de l'incarcéré, face à son procureur, à
son agent de probation ou encore à son agent de libération
conditionnelle. Ici, nous pourrions également faire mention de tous les
problèmes que cela occasionne au niveau du personnel, tant
fonctionnaires qu'aux agents de la paix. Cette problématique entrave de
beaucoup tous les programmes que l'on tâche d'implanter chez notre
clientèle. Cette situation ne finit pas de s'amplifier.
C'est là une directive interne du ministère de la Justice
qui a été émise le 23 février 1987. Donc, vous me
dites: Oui, je suis conscient qu'il y a des problèmes, il faut trouver
des solutions. On sent bien, par exemple, que les budgets ne suivent pas
nécessairement la volonté ou le désir du ministre.
Concernant cette surpopulation, même si des constructions sont en cours,
il y en aurait sûrement d'autres à prévoir, quand cela se
concrétisera-t-il? Quand va-ton donner des réponses
concrètes aux problèmes qu'on vit actuellement? Est-ce que vous
avez de l'argent disponible pour ça? Je ne veux pas m'immiscer dans les
relations fédérales-provinciales mais, à venir
jusqu'à maintenant, ça ne me rassure pas. Je voudrais bien savoir
quand ça va se régler. Puisque vous en avez discuté la
semaine passée, j'imagine bien avant ça aussi; mais, là,
vous nous avez informé que, la semaine passée, vous en avez
discuté, ainsi que cette semaine, encore probablement après la
commission parlementaire. Quand prévoyez-vous obtenir une réponse
qui pourra rassurer tout ce beau monde? Il n'y a pas seulement les
prévenus, il y a aussi les agents de la paix qui sont dans le milieu, il
y a aussi tout le système judiciaire qu'on remet en cause avec les
problèmes qu'on a actuellement.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, tout d'abord, je
dois dire qu'on a fermé, de fait, des centres de détention et il
fallait les fermer. Je veux rendre hommage au député de Chambly,
entre autres, qui a été Solliciteur général pendant
un bon moment, et qui a agi en fonction de ses responsabilités comme
ministre responsable afin qu'un minimum de dignité humaine soit
respecté. Dans ce cadre-là, il fallait qu'il ferme certaines
prisons. Je ne mentionnerai pas ici de cas, mais nous les avons tous à
l'esprit, ils étaient inacceptables.
Par le fait même, cela a occasionné le fait que ces
détenus ou prévenus, dans certains cas, devaient être
détenus dans des centres de détention autres. C'est ainsi que
nous avons construit celui de Trois-Rivières qui nous permet de pallier
cette situation. Nous avons le plan. Comme je le mentionnais tout à
l'heure, il y a le centre de Sherbrooke qui va être construit;
également, d'autres centres seront construits. De fait, nous avons un
cadre de planification de la capacité correctionnelle. Nous avons,
présentement, un plan de planification qui est en étude avec le
Conseil du trésor. Cela devrait nous amener, dans un avenir prochain,
à vraiment résoudre le problème que nous avons toujours
dans la philosophie que nous avons. Nous avons une surpopulation, mais j'ai
mentionné, tout à l'heure, que cela n'a pas de bon sens qu'on
mette en prison des gens qui ont des problèmes d'infractions qu'on peut
toujours considérer comme mineures au Code de la route. Je ne parle
pas de conduite en état d'ébriété où
ça peut se situer, dans certains cas, à un autre niveau. À
un moment donné, j'ai même eu l'occasion, comme je vous l'ai
mentionné tout à l'heure, en allant visiter Bordeaux, de me
rendre compte que des gens étaient là pour de simples infractions
au Code de la route. Il me semble qu'il y a d'autres moyens. Si ces gens ne
peuvent pas payer leur contravention, qu'on les pénalise d'autre
façon, soit par des travaux communautaires qui peuvent être
profitables pour la société, ou qu'on leur fasse payer leur
amende en saisissant certains biens qui ne sont pas essentiels ou même
à un niveau bien accessoire, mais qu'on prenne d'autre moyen que
l'emprisonnement.
Pour compléter ma réponse, si vous me le permettez, M. le
Président, je pourrais me référer à M. le
sous-ministre Normand Carrier, qui est le responsable de la Direction
générale des services correctionnels. Il pourrait nous apporter
des éléments précis en ce qui regarde notre cadre de
planification de la capacité correctionnelle.
Le Président (M. Dauphin): M. Carrier.
M. Carrier (Normand): Bonjour. Ce que je veux préciser,
c'est que le problème de surpopulation n'est pas un problème qui
est très original au Québec, c'est un problème qui se
situe, actuellement, au Québec et dans toutes les autres provinces du
Canada qui vivent un phénomène à peu près du
même genre. C'est aussi un phénomène qui se retrouve, de
façon beaucoup plus importante, aux États-Unis et en Europe.
Donc, chacune des sociétés essaie de trouver les meilleures
solutions à cette problématique.
Les autorités du ministère nous ont demandé, il y a
un certain temps, de faire une étude globale pour régler ce
problème à moyen et à long terme. Ce que nous avons fait,
à toutes fins utiles, a été de faire une évaluation
de la situation dans tout le Québec. Nous avons étudié, de
façon très systématique, le nombre de demandes qui nous
sont faites par les tribunaux judiciaires. Nous avons étudié
notre capacité correctionnelle, tant en milieu de détention qu'en
milieu ouvert et en centres résidentiels communautaires. On a
essayé d'établir un écart. On a établi la
problématique en mesurant l'écart entre la demande des tribunaux
et notre capacité. On s'est aperçu que cet écart
n'était pas identique dans toute la province. Ensuite, on a tenté
de faire un modèle prévisionnel pour les six prochaines
années, parce qu'on ne peut pas faire des projets de construction
d'établissements de détention uniquement en fonction de la
situation actuelle. Je pense qu'il faut faire un portrait de la situation aussi
pour les prochaines années. Par la suite, on l'a présenté
aux autorités ministérielles et M. Rémillard a
déposé au Conseil des ministres, le 19 février, le cadre
de planification pour les années à venir. Je ne sais pas si je
peux entrer ici dans le détail du cadre.
Si je peux le faire, ça ne me pose pas de problème.
Une voix: Allez, oui.
M. Carrier: Ce cadre prévoit trois types de mesures.
D'abord, un type de mesure pour influencer sur la demande. Comme M. le ministre
le disait tout à l'heure, il faut tenter de faire en sorte que la mesure
de détention soit utilisée comme moyen ultime. Aussi, on a une
série de mesures pour tenter d'influencer la demande des tribunaux et
mettre sur pied, développer d'autres alternatives que celles qui
existent déjà. On a aussi un autre type de mesures qui sont des
moyens à court terme pour combler assez rapidement l'écart qui
existe actuellement, et on a le plan de six ans qui nous permettrait de combler
complètement l'écart qui peut exister actuellement, tout en
mettant sur pied certaines mesures alternatives à
l'incarcération.
L'exécution de ce plan corrigerait complètement le
problème dans les trois prochaines années. Il est utopique de
penser qu'on peut corriger le problème en prenant une ou deux mesures,
c'est une série, un amalgame de mesures qui vont faire en sorte
qu'à moyen terme on n'aura plus le problème de surpopulation,
tant en milieu ouvert qu'en milieu fermé et semi-ouvert.
Le Président (M. Dauphin): ...M. le député
de Jonquière. Quels sont les phénomènes qui ont
occasionné cette augmentation de 10 % du nombre
d'incarcérés? Je sais qu'on entend souvent parler des mesures
gouvernementales en matière de violence conjugale. Est-ce que c'est
uniquement ça ou s'il y a autre chose?
M. Carrier: Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce
phénomène. J'emploie le terme "hypothèse" parce qu'on est
en train d'essayer de vérifier et de bien comprendre ce
phénomène d'accroissement qui a été beaucoup plus
important au cours de la dernière période. Parmi ces
phénomènes-là, on constate que le gouvernement, entre
autres, a pris une mesure pour contrôler certains comportements
déviants, notamment la violence conjugale. La violence conjugale est un
phénomène qui existait dans les années soixante-dix, mais
qui n'était à peu près pas sanctionné. Or,
actuellement, c'est un phénomène qui est sanctionné. Donc,
les actions des policiers, les actions des procureurs font en sorte que les
services correctionnels sont obligés de faire plus d'interventions, tant
sur le plan de l'incarcération que sur le plan de la probation. Donc,
ça peut être là un des phénomènes.
Un autre phénomène peut être le fait qu'on
contrôle davantage, par exemple sur les routes, la conduite en
état d'ébriété. Au cours de la dernière
année, on a eu plus de 25 000 arrestations pour conduite en état
d'ébriété, dont entre
5000 et 8000 étaient des cas de récidive. Donc, ce
phénomène fait en sorte que ça apporte plus de boulot aux
policiers, aux tribunaux judiciaires et au secteur correctionnel.
Il y a, par ailleurs, le phénomène de l'efficacité
policière qui a augmenté. On le voyait tout à l'heure. M.
le ministre le disait, le taux d'efficacité des policiers a
augmenté au cours des dernières années. (12 heures)
On a eu aussi le phénomène de la
désinstitutionnalisation. On essaie de voir si ce
phénomène a eu un impact sur notre système, en ce sens
qu'on constate qu'il y a un peu plus de personnes dans nos prisons et dans
notre secteur correctionnel qui ont des problèmes psychiatriques. Cela a
peut-être eu un certain effet. Ce sont ces facteurs qu'on est en train
d'étudier pour essayer de comprendre cet accroissement. Par ailleurs,
aussi, il y a le vieillissement de la population qui va et qui commence
à faire en sorte que les gens ressentent un plus grand besoin de
sécurité. Cela va peut-être faire en sorte que les normes
sociales ou les moyens de contrôle de la société ou de
protection de la société pourraient augmenter. Je tiens à
dire ici que cette réflexion n'est pas actuellement le résultat
d'une étude. Ce sont des hypothèses qu'on est en train de
vérifier.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Carrier. Si le
député de Jonquière nous le permet, Mme la
députée de Groulx a une courte question.
Mme Bleau: Une courte question sur le même sujet.
M. Dufour: C'est bien sûr que si vous ne parlez pas en
dehors des commissions parlementaires entre vous autres, il n'y aura plus de
place pour l'Opposition tantôt pour poser des questions. Je veux bien
collaborer, mais...
Le Président (M. Dauphin): Sans vouloir faire un
débat, M. le député de Jonquière...
M. Dufour: Je n'en ferai pas, je n'ai pas le temps d'en
faire.
Le Président (M. Dauphin): ...j'ai le recueil de la
jurisprudence en ce sens qu'on peut respecter l'alternance. Il n'y a pas
d'entente entre les leaders.
M. Dufour: Je m'excuse, non pas dans la question des
crédits.
Le Président (M. Dauphin):... M. Dufour: Non,
non.
Le Président (M. Dauphin): Dans la jurisprudence, en tout
cas, je pourrai vous le montrer tantôt. Vous ne voulez pas perdre de
temps. M. Dufour: Je vous mets au défi de le...
Le Président (M. Dauphin): Je vais essayer d'être
équitable. Mme la députée de Groulx, une courte question
avec une courte réponse.
M. Dufour: Ce n'est pas l'équité, ce n'est pas
ça.
Mme Bleau: Je voulais juste savoir si la libération
conditionnelle, comme mesure de réinsertion sociale, peut nous aider
à vider un peu les prisons et si le taux de récidive est
élevé ou non.
M. Rémillard: C'est une excellente question. M. le
Président, très rapidement, de fait, on sait que selon notre Loi
sur la probation et sur les établissements de détention, il est
toujours possible que le directeur général des services
correctionnels, sur recommandation d'un comité institutionnel, permette
à une personne qui a été condamnée de s'absenter
temporairement de l'établissement de détention. C'est fait pour
faciliter justement la réinsertion sociale de celui qui a
été condamné et qui doit payer sa dette à la
société, mais qui doit devenir aussi un citoyen à part
entière. Alors, il y a, de fait, ces moyens. Dès qu'un
détenu arrive dans l'établissement de détention, on lui
fait un plan de séjour basé sur sa réinsertion sociale. En
fonction de consultation que peut faire le directeur de l'institution en
relation avec le comité que je mentionnais tout à l'heure, il
peut y avoir absence temporaire, soit pour la réinsertion sociale, soit
encore pour des raisons humanitaires, des raisons médicales, par
exemple. C'est facile à comprendre, quelqu'un qui est malade. Dans ce
cas, je peux dire que nous favorisons ces libérations conditionnelles
pour des gens qui ne sont pas dangereux, parce que je reviens toujours à
mon principe de la sécurité du public. La prison est là
pour protéger la société, premièrement, contre les
gens qui sont dangereux et, ensuite, pour moi, en deuxième lieu, c'est
pour faire en sorte que certains aient à payer à la
société en fonction de crime qu'ils ont commis, mais à un
niveau qu'on doit bien situer et qui ne doit pas être étendu,
comme on peut le connaître dans certains cas présentement. En
fonction de cela, le taux de réussite des libérations
conditionnelles sans récidive est de 92 %. Je pense que c'est assez
éloquent comme chiffres.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Le sous-ministre nous informe qu'ils ont posé
un certain nombre d'éléments devant le Conseil des ministres, au
mois de février. Est-ce que ces mesures représentaient des sommes
d'argent supplémentaires ou si c'était
juste une mécanique en ce sens qu'on pouvait améliorer la
situation? Combien de temps cela va-t-il prendre pour que vous ayez une
réponse pour pouvoir déposer ces directives ou ce programme?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, nous sommes toujours
en négociation et en discussion. Le plan a été fait chez
nous et déposé au Conseil des ministres en février. Nous
sommes maintenant en discussion avec le Conseil du trésor pour voir de
quelle façon nous pourrons échelonner la réalisation de ce
plan. La première année, c'est 20 000 000 $ au départ;
donc, c'est considérable. Tout ça doit s'inscrire aussi dans la
philosophie dont je vous parlais, mais, sur six ans, c'est plus de 200 000 000
$ qu'on devrait considérer. Ce sont des projets qu'on peut
échelonner sur une certaine période de temps. Mais une chose est
certaine, M. le Président, et je me permets d'insister là-dessus,
nous avons, entre autres, Sherbrooke qui sera aussi ouvert dans deux ans et qui
nous permettra également... On m'informe que c'est en février
1990 qu'on pourra ouvrir le nouveau centre de détention de Sherbrooke.
Cela nous aidera considérablement.
En ce qui regarde le plan soumis au Conseil du trésor à la
suite du dépôt au Conseil des ministres, dans une première
année, 20 000 000 $ sont nécessaires.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière, sur le même programme.
M. Dufour: Donc, à court terme, vous avez ce programme, et
vous êtes conscient qu'il y a un problème; D'un autre
côté, j'ai écouté le sous-ministre tout à
l'heure et j'ai bien compris qu'on n'était pas une société
distincte au point de vue du crime et des problèmes soulevés, si
on se compare aux autres provinces. Mais, quant à moi, cela ne me
satisfait pas pleinement qu'on dise qu'on est...
M. Rémillard: Je ne voudrais pas...
M. Dufour: ...un peu dans la même situation que les
autres.
M. Rémillard: Je ne voudrais pas que le
député de Jonquière confonde le Code criminel avec
l'entente du lac Meech.
M. Dufour: Non, mais j'aurais bien voulu que...
M. Rémillard: Ce n'est pas la même chose.
M. Dufour: ...à un certain moment, on puisse se distinguer
par notre travail positif vis-à-vis de nos détenus. Vous nous
faites la preuve que, vous l'avez dit depuis ce matin, comme la
sécurité publique, le service de police est plus efficace et plus
rationnel, cela veut dire qu'il y a plus de plaintes et qu'on aura plus de
problèmes auxquels on devra faire face. Si on n'a pas de solution...
Dans le fond, à quoi va nous mener l'efficacité? Devant un mur?
Le sous-ministre nous dit qu'il faudrait peut-être trouver des
alternatives, et vous nous dites qu'on est obligé de mettre des gens en
prison pour certaines causes et qu'ils ne devraient pas être là.
Si vous n'avez pas d'autre solution rapide, quant à l'efficacité
de la police, où va-t-on se ramasser? Il va y avoir plus de
problèmes sans solution. Ce que je cherche, et je pense que vous en
êtes conscient d'abord par votre formation, je ne parie pas de votre
formation politique, mais de votre formation personnelle de juriste qui vous
amène à penser, à croire et à constater que, s'il
n'y a pas une réponse rapide... Ça aussi, c'est une forme de
violence faite aux gens. Je veux bien qu'on parle de violence physique, mais il
y a toutes sortes de violence et je pense qu'on pourrait en parler toute la
journée sans épuiser tout le sujet. Mais, actuellement, si on
découvre et on constate que plus de gens ont besoin de mesures soutenues
pour qu'on puisse exercer cette justice et qu'on n'y trouve pas de
réponse rapide, toute la société va en souffrir, y compris
les agents de la paix, parce que cela devient frustrant même pour eux.
Ils font bien leur travail et ils se ramassent avec la personne qu'ils ont
arrêtée quelque part, sans aucune raison. Même eux sont
frustrés par rapport à ça. C'est clair que vous allez
faire des pressions pour obtenir l'accord, mais, en dehors du discours,
j'attends une réponse rapide puisque c'est un fait connu. On ne vient
pas de découvrir ça ce matin.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, en fait, c'est
intéressant d'entendre les préoccupations du député
de Jonquière. Je les partage aussi comme ministre et je peux vous dire
que c'est notre préoccupation. Quand je mentionnais tout à
l'heure la prévention comme l'une de nos grandes préoccupations,
c'était dans ce contexte-là. On me donne ici une statistique
intéressante, M. le Président, entre autres; c'est le taux
d'incarcération au Québec qui, par exemple, est trois fois
moindre qu'aux États-Unis. Si on le compare aux autres provinces
canadiennes, il est aussi moindre que celui des autres provinces canadiennes.
Donc, notre approche est différente. Nous pouvons être fiers et du
travail des policiers et de la façon que nos tribunaux fonctionnent. Ils
font en sorte que la détention soit utilisée, comme je le
mentionnais tout à l'heure, dans un premier temps surtout, en fonction
de la protection du public.
M. le Président, il y a aussi des programmes alternatifs qui sont
utilisés. Il faut souligner
ces programmes parce qu'ils jouent un rôle important. Vous avez,
entre autres, le programme Alcofrein qui est en pleine phase de
développement. Certaines étapes de ce programme sont
complétées. Il y a une clientèle évidente pour ce
genre de programme. Les résultats sont évidents aussi. On me dit
que plus de 4000 ordonnances ont été faites par les tribunaux en
fonction de ce programme Alcofrein. Il y a Alcofrein I et il y aura Alcofrein
II qui viendra éventuellement compléter ce programme qui
connaît manifestement beaucoup de succès. Il nous aide
énormément dans la prévention autant que dans les mesures
que nous devons prendre pour faire en sorte que des gens qui ont commis une
faute, un crime, n'aient pas nécessairement à être
incarcérés, mais que l'on puisse recourir à d'autres
moyens alternatifs afin qu'ils paient leur dette à la
société, et aussi, qu'ils redeviennent des citoyens à part
entière, capables d'apporter leur apport à l'évolution de
notre société.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je vais donner au
député de Jonquière une pochette, très bien faite
d'ailleurs, du ministère avec tous ces programmes alternatifs. Je suis
certain que ça pourra l'intéresser.
M. Dufour: Bien sûr, on va se faire un plaisir d'examiner
cette pochette.
En plus du discours que vous me tenez, je trouve que c'est un bon
discours, c'est correct, j'ai l'impression que ces discours ont
déjà été faits avant. Je vous dis que par rapport
à la réinsertion sociale, ça me préoccupait. Je
suis convaincu que c'est une opération économiquement rentable.
C'est aussi et surtout, ça devrait être une opération
humaine. Mais les deux sont reliées. Quand j'examine
l'élément 1 du programme 3, en 1985-1986, on investissait 1 650
000 $ pour faire de la réinsertion sociale. C'était du dollar
courant. Je ne parle pas du dollar constant. En 1989-1990, vous consacrez 542
000 $, le tiers. Si je parle des dollars constants, c'est le quart. Et on a
adopté une loi pour pouvoir avoir des libérations conditionnelles
supplémentaires. Donc, plus de réinsertion sociale et moins de...
Cela est tout en opposition.
J'écoutais très attentivement votre discours de base, vous
nous disiez que vous étiez préoccupé par la
sécurité des citoyens. Donc, s'il y a des gens qui reviennent
dans la société, vous devez avoir un suivi plus près. Pour
le transfert aux organismes, il y a aussi moins d'argent. Est-ce que des
phénomènes nous permettent de dire que c'est du
bénévolat qui va s'exercer là-dedans? Je ne crois pas trop
que le bénévolat va suppléer au manque de ressources
quelconques. Ce n'étaient pas des montants faramineux, 1 500 000 $ pour
faire de la réinsertion sociale. Là, on est rendu à 500
000 $. Avez-vous une réponse à ça?
M. Rémillard: Oui. M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...il faut bien comprendre que lorsqu'on
parle de réinsertion sociale, on ne doit pas faire
référence seulement au ministère de la
Sécurité publique. Le ministère de la
Sécurité publique a ses responsabilités. Entre autres,
j'ai ici Mme Collette, qui est présidente de la Commission
québécoise des libérations conditionnelles. Mais ce n'est
pas directement relié à ces différents aspects de la
réinsertion sociale qui sont plus en fonction de différents
mécanismes et institutions que nous avons, et qui permettent à
ces personnes qui ont été détenues, ou qui sont toujours
détenues et qui sont absentes du centre de détention d'une
façon temporaire, de pouvoir se réinsérer dans notre
société comme partenaires à part entière de notre
société. (12 h 15)
M. le Président, ce que je voudrais dire, c'est: Attention, il
faut aussi prendre en considération les budgets à cet effet que
nous pouvons trouver dans d'autres ministères, entre autres, en ce qui
regarde le ministère de la Santé et des Services sociaux, et
c'est un élément important. En ce qui regarde simplement la
violence conjugale, par exemple, nous avons procédé à
l'engagement de 18 agents de proba-tion le plus simplement et nous avons
investi plus de 1 000 000 $. J'ai mentionné, dans mes notes
d'introduction, à quel point la violence conjugale était pour
nous une priorité. Déjà, on disait: Ah oui, tel monsieur
bat sa femme, mais écoutez, c'est bien dommage, elle fait pitié,
mais on n'allait pas se mêler trop trop de ça, parce qu'il y avait
une certaine retenue disant que c'étaient des affaires de famille.
C'était une vieille mentalité. Maintenant, c'est très
clair. La mentalité est changée.
La violence conjugale, c'est un crime. Par conséquent, nous avons
engagé des agents, nous avons aussi donné à nos policiers,
à nos procureurs des cours spéciaux, une formation
spéciale pour faire face à cette situation. Cela a
été aussi un investissement très considérable.
Mais, il faut comprendre aussi que nous devons travailler avec la
communauté elle-même. Il y a plusieurs groupes de
communautés qui sont présents, je pense. Concernant la Justice,
par exemple, nous travaillons ici, à Québec, avec le YMCA pour ce
centre de victimes d'actes criminels qui travaille en étroite
collaboration avec le bureau qui a été créé au
ministère de la Justice, pour aider ces gens à tous les points de
vue. C'est vraiment un centre qui fait un travail remarquable et qui travaille
directement sur le terrain. Il est impliqué avec des
bénévoles, qui travaillent à différents niveaux
dans un organisme communautaire comme le YMCA.
Je pourrais donner d'autres exemples. Il y a
les maisons pour les femmes. Il y a les maisons des jeunes aussi. Ce
sont des budgets qui ne relèvent pas de nous, mais qui sont là.
Nous travaillons en étroite collaboration avec mes collègues
intervenants pour permettre, justement, que nous puissions avoir une action la
plus concertée, la plus efficace possible, j'insiste sur cet aspect, M.
le Président, en étroite collaboration avec le milieu, et c'est
très important. Il ne s'agit pas que le gouvernement ou que
l'État construise ses propres structures en ignorant ce qui se fait
déjà dans le milieu. Il y a des organismes
bénévoles qui ont fait un travail pendant des années et
des années, un travail extrêmement intéressant. Ils ne
peuvent plus maintenant suffire à la tâche et c'est le devoir de
l'État de travailler avec eux. Moi, comme ministre, je peux vous dire
que je favorise énormément le fait de travailler en relation
conjointe, comme partenaire de ces organismes qui sont sur le terrain. Vous me
permettrez en terminant, M. le Président, de rendre un hommage
particulier à tous ces hommes et ces femmes qui s'impliquent pour
favoriser la réinsertion, entre autres, de nos détenus dans la
société. Il font un travail remarquable. J'ai pu le constater
à plusieurs égards.
Le Président (M. Dauphin): Merci M. le ministre. Si le
député de Jonquière me le permet, j'aurais une petite
question sur le programme 3 qui concerne la loi 83.
M. Dufour: Je vais enchaîner tout de suite, parce que je
trouve que le ministre a un discours, je ne sais pas si c'est la fièvre
électorale qui le lui suggère. Je vous dis carrément qu'on
ne peut identifier ses mots sur le terrain. Depuis trois ou quatre ans, tous
les groupes que vous me citez ont subi des coupures draconiennes et,
actuellement, on est en train de détruire, ou en tout cas, de se
questionner terriblement sur le bénévolat parce que non seulement
le bénévole va fournir son temps mais il est obligé de
fournir son argent. Je pense qu'on en demande un peu trop. Je veux bien croire
que le discours dise oui, on fait des choses. Il a parlé des maisons des
jeunes. Parlons-en des maisons des jeunes. On pourra en parler. Elles crient
toutes famine. Les maisons de femmes crient aussi qu'il y a des gens qui
souffrent de maladies mentales, de discrimination. Elles ont des
problèmes, mais il n'y a pas plus d'argent. Je suis obligé de
constater que même les groupes qui travaillent directement avec la
justice au lieu d'avoir 1 500 000 $, ils sont rendus à 500 000 $. Je
veux bien qu'on dise aux bénévoles qu'ils sont fins, qu'ils sont
beaux et qu'on va les reconnaître, mais pas seulement en paroles. Il faut
que ça se traduise quelque part et je ne le sens pas à moins
qu'on ne vive pas dans les mêmes milieux. Je vous dis que les perceptions
que j'ai actuellement de ces groupes communautaires, des groupes qui se
dévouent, c'est qu'ils ont la langue pas mal étirée et
ça va peut-être s'accorder avec ce que quelqu'un donnait comme
définition du bénévole: le bénévole est
quelqu'un qui travaille à l'ombre et qui sort de là
brûlé. Il n'a pas besoin d'aller dans le Sud pour avoir du soleil.
Cette personne est en train de se détruire. Je veux bien qu'on fasse
appel à elle, mais je pense que de ce côté-là, il y
a de l'abnégation. On parle de bénévolat. On ne parle pas
d'abnégation purement et simplement. On ne demande à personne
dans la société de faire ses voeux perpétuels. Si c'est
vrai ce qu'on dit, il va falloir aussi que le gouvernement agisse non seulement
dans les paroles mais aussi dans les gestes précis.
Je constate depuis trois ans, et on peut le prouver hors de tout doute,
que les groupes communautaires - ce doit être aussi vrai dans vos
comtés, à moins qu'il y ait des choses que je n'ai pas encore
découvertes - sont pénalisés. Ils n'ont pas ce qu'il faut
pour faire avancer ce programme de réinsertion sociale. Je ne pense pas,
à moins qu'on ait de nouvelle formule. Le ministre ne peut me convaincre
que ces ressources qui existaient auparavant, à cause d'un meilleur
budget, en tout cas un meilleur soutien, je ne dirai pas meilleur budget parce
que c'est de la folie de parler de budget, parlons plutôt d'un soutien
financier un peu meilleur dans les circonstances, puissent donner un meilleur
ou un plus grand service. De ce côté, la réponse que j'ai
eue, à savoir que la réinsertion sociale des détenus se
ferait mieux à cause de ces événements, est difficilement
acceptable. Au contraire, je pense qu'on n'a pas été suffisamment
à fond. On utilise peut-être beaucoup trop les ressources, on les
pressure. Je pense qu'après quatre ans, il va falloir que quelqu'un
décide que pour ces ressources, en dehors du discours, il faut que des
actes concrets se fassent. Il ne faudrait pas attendre que les élections
soient déclenchées pour faire des promesses, il faut que cela se
fasse au moment où le gouvernement dit que la situation
économique est bonne et qu'il y a un peu d'argent de disponible.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Je voudrais rassurer le député
de Jonquière. On me donne les chiffres officiels. L'an dernier, nous
avions 619 100 $ pour le développement communautaire. En 1988-1989, dans
le budget, vous avez 680 800 $. Je vois là une augmentation et non pas
une diminution. Pour nous, cet aspect est très important, c'est pourquoi
j'y ai insisté. Je ne vois pas de diminution dans le budget de cette
année, pas plus qu'il n'y en a eu en 1986-1987 ou en 1987-1988. Au
contraire, il y a eu des augmentations considérables à tous les
niveaux. Dans ce contexte, comme je le disais tout à l'heure, il faut
travailler en étroite collaboration avec les ministères et
les
organismes impliqués qui ont aussi leurs programmes dans des
institutions, dans des organismes directement reliés à la
réinsertion sociale et insister sur la part de l'élément
privé, c'est-à-dire des organismes et des groupes de personnes
déjà impliqués avec lesquels nous pouvons travailler et
cela apporte d'autant plus d'efficacité. Donc, je veux dire au
député de Jonquière que, selon les chiffres qu'on me
montre ici et qui apparaissent dans nos crédits, il n'y a pas
diminution, mais bien augmentation de ce budget concernant le
développement communautaire.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Jonquière, sur le même sujet.
Réinsertion sociale
M. Dufour: Je voudrais parler du sommaire des crédits de
transfert, à la page 27-11 : Organismes sans but lucratif - c'est cela
dont je parlais tout à l'heure - la réinsertion sociale. En
1988-1989, 520 000 $, en 1989-1990, 542 400 $ et, en 1985-1986, à ce
moment-là, le gouvernement investissait 1 650 000 $. On ne parle pas
tout à fait des mêmes montants. Il me semblait que l'OSBL,
ça ressemble à ça, organisme sans but lucratif, et la
réinsertion sociale, je ne sais pas si vous avez le dossier.
M. Rémillard: Voulez-vous me le situer, s'il vous
plaît, j'ai de la difficulté à me retrouver.
M. Dufour: C'est la page 27-11, c'est intitulé Sommaire
des crédits de transferts. En fart, on croit que c'est l'argent qu'on
remet aux groupes, au milieu pour travailler avec le ministère de la
Sécurité publique en ce qui concerne la réinsertion
sociale.
M. Rémillard: Alors, attendez. Je vais tout simplement
demander à... Alors, si vous me permettez, on a les chiffres pour
répondre à votre question. M. Carrier va répondre à
votre question en fonction des chiffres, parce que ce n'est pas la même
lecture, et je voudrais que vous puissiez avoir la réponse la plus
complète possible.
Le Président (M. Dauphin): M. Carrier.
M. Carrier: Je pense que je comprends bien la question.
Effectivement, il n'y a eu aucune diminution. On doit faire une lecture un peu
différente du budget parce que des transferts ont été
faits, mais toujours à l'intérieur des programmes de
réinsertion sociale.
Pour illustrer cela, je vous donne un exemple. Du côté des
ressources communautaires dont on parle, c'est-à-dire les centres
résidentiels communautaires, on a environ 500 places au Québec.
On a des centres d'hébergement communautaires. On a aussi des foyers
d'accueil. Les budgets consacrés à ces organismes sont
passés, en 1984-1985, de 9 036 000 $ à 10 739 000 $. Il y a donc
eu des augmentations importantes dans ce secteur. Si on regarde de 1983-1984
à 1985, c'est une augmentation de 19 %; de 1984-1985, c'est une
augmentation de 15,3 % et, cette année, on aura une augmentation de 16,7
%. Par ailleurs, au cours de la dernière année, il y a eu une
augmentation de 30 %, de 20 % des jours-séjour du côté des
centres résidentiels communautaires et une augmentation de 30 % du
côté de la probation.
Alors, au cours des dernières années, il y a eu une
augmentation importante quant à l'utilisation de l'ensemble des
programmes en milieu ouvert. Si on veut parler de travaux communautaires, on a
eu, cette année, plus de 30 % de sentences de travaux
communautaires.
Quant aux travaux compensatoires, on a eu 11 000 dossiers au cours de la
dernière année, ce qui signifie qu'il s'est fait, au cours de la
dernière année, plus de 400 000 heures de travaux communautaires
et compensatoires dans l'intérêt de la communauté et ce,
bénévolement, par des contrevenants.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Dufour: Je ne sais si je suis dans l'erreur, mais je comprends
que vous avez des prix de journées. Ce sont des coûts directs.
Mais ce dont je parlais, ce sont des subventions. Le ministre, tout à
l'heure, a fait allusion à plusieurs groupes: YMCA, des groupes, des
maisons de jeunes et cela n'est pas là-dedans. Mais il y a des
organismes sans but lucratif qui sont subventionnés directement par le
ministère. Cela existait avant, en 1985-1986, et je pense que c'est
clair. C'est dans le budget, je ne peux pas... Je comprends que vous pouvez
m'arriver avec toutes sortes de choses qui se sont faites ailleurs, mais
là je vous dis que pour les organismes sans but lucratif qui parlent de
réinsertion sociale, le montant d'argent disponible est de 542 400 $. Il
n'y a aucune augmentation de la subvention aux organismes oeuvrant dans le
domaine de la consommation. Ces montants d'argent dont je parlais tout à
l'heure, j'ai bien l'impression que c'est pour les organismes sans but
lucratif. La personne qui tient une maison et à qui vous envoyez des
détenus qui peuvent y dormir, c'est peut-être sans but lucratif
mais pas dans l'esprit d'un organisme qui travaille à la
réinsertion ou au travail compensatoire. Ce sont des dépenses
directes. (12 h 30)
M. Rémillard: M. le Président, je veux redonner la
parole à M. Carrier. Mais je voudrais simplement donner cette
information au député de Jonquière à savoir que
depuis 1985-1986, il y a eu la distinction des deux ministères,
Sécurité publique et Justice. Donc, certains organismes sont
demeurés au ministère de la Justice. Que ce
soit des organismes pour les hommes violents, que ce soit le bureau qui
a été formé pour les victimes d'actes criminels, en ce qui
regarde la violence conjugale, beaucoup de ces organismes sont demeurés
au ministère de la Justice. Alors, on l'a distingué et,
maintenant, on a la Sécurité publique qui est là. Mais
pour compléter ma réponse, si vous me permettez M. le
Président, voici M. Carrier.
Le Président (M. Dauphin): M. Carrier.
M. Carrier: Je comprends bien votre interrogation, parce que je
viens d'identifier exactement l'explication de cet écart. C'est que, une
des façons de financer les organismes communautaires
antérieurement et la façon qui a été
privilégiée, c'était par mode de subvention. Alors,
à partir de cette année-là, on a procédé
tout à fait différemment, ce qui a fait passer le budget de
transfert à opérations régulières. Maintenant, on
paie les organismes communautaires à l'acte. Autrement dit, on les paie
sur une base de per diem. Si les organismes communautaires gardent 20 personnes
par jour, on leur paie un per diem d'environ 40 $ pour ces
personnes-là.
C'est donc une modalité de financement qui est différente,
mais les budgets n'ont pas diminué, au contraire, au cours des
dernières années, les budgets ont augmenté de façon
importante.
M. Dufour: C'est pour une information. Peut-être que vous
touchez un point qui peut réajuster la discussion qu'on a. Est-ce que
vous pouvez nous identifier les montants qui sont donnés un peu partout
à des groupes en fonction? On peut faire des points de comparaison.
Parce que je pense que si on rétablit ça, on le fait pour
l'avenir, pour ne pas qu'on ait d'imbroglio. Cela nous semblait, en tout cas,
une coupure drastique et ce que vous nous dites, l'information... Il y a eu une
division de ministère. Cela, je pense qu'il faut bien le comprendre.
J'accepte ça aussi.
M. Carrier: Ce que je vous donnais tout à l'heure, c'est
que les budgets... Prenons l'exemple de la dernière année. Le
budget qui est attribué à la Direction des politiques
correctionnelles et du développement communautaire passe de 9 198 000 $
à 10 739 000 $, ce qui signifie une augmentation de 16,7 %. Alors, les
différents contrats octroyés aux organismes communautaires, il y
en a quatre sortes: les centres résidentiels communautaires, les centres
d'hébergement communautaires, les foyers d'accueil et les organismes qui
s'occupent des travaux compensatoires.
Pour ces quatre éléments, il y a eu une augmentation de
budget. Si vous voulez avoir le détail, on pourrait préparer pour
M. le ministre une note qui vous donnerait le détail de l'augmentation
de ces budgets depuis le nombre d'années qui vous préoccupe.
M. Dufour: À partir de 1985-1986, si c'est possible. C'est
sûr que ça pourrait nous satisfaire.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Est-ce qu'il y a
d'autres questions des membres de cette commission sur le programme 3?
M. Dufour: Oui, il y en a encore. Le Président (M.
Dauphin): Oui, allez-y.
Maison Gomin
M. Dufour: La maison Gomin. Cela vous dit quelque chose, M. le
ministre?
M. Rémillard: Oui.
M. Dufour: La prison des femmes. Cela aussi a été
dénoncé, parce qu'il y a surpopulation. Il y a des
problèmes de promiscuité. Est-ce qu'il y a des actions que vous
avez entreprises concernant cette maison et est-ce que vous allez le faire
rapidement?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, oui. On en a
beaucoup parlé et ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on parle de la maison
Gomin. La maison Gomin, d'architecture intéressante à
l'extérieur, mais à l'intérieur, qui peut nous amener
à poser certaines questions. Mais il ne faut pas dramatiser la situation
concernant la maison Gomin qui est située dans le beau comté de
Jean-Talon, que j'ai l'honneur et le plaisir de représenter. Il ne faut
donc pas exagérer la situation de la maison Gomin. Je crois qu'on peut
travailler là, comme dans d'autres endroits aussi, à
améliorer la situation. Le personnel qui y oeuvre présentement
met tout en place pour limiter des contraintes et rendre les conditions de
détention les moins pénibles possible. J'ai déjà
mentionné que... Qu'est-ce que vous voulez? Un centre de
détention, ce n'est pas un club Med et je pense que les clubs Med, ce ne
sont pas des centres de détention, paraît-il, non plus. Mais ce
que je veux dire, c'est qu'il y a respect minimum de la dignité humaine,
oui, et je veux toujours m'assurer comme ministre que ces normes soient bien
respectées. En ce qui regarde la maison Gomin, on m'a fait rapport. J'ai
pu voir la situation par les rapports qu'on m'a faits. Certains
réaménagements sont envisagés et même des
hypothèses concernant une nouvelle construction sont également
envisagées. Mais ces hypothèses se retrouvent dans notre cadre de
planification dont on a parlé tout à l'heure pour corriger
peut-être certains aspects qui peuvent exister et qui peuvent nous amener
à demander qu'il y ait amélioration sur certains points.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Y a-t-il
d'autres questions sur le programme 3?
M. Dufour: Ce ne sont pas tes questions qui manquent, c'est le
temps. Je passerais au programme 4 avec votre permission.
Sécurité et prévention
Le Président (M. Dauphin): Selon l'entente, nous
adopterons les programmes à la fin. J'appelle maintenant le programme 4
qui traite de Sécurité et prévention.
M. Dufour: L'an dernier, on avait parlé, lors de la
commission parlementaire, des revolvers à double action. Il semblait que
c'était un montant minime, qu'il n'y avait pas nécessairement de
problème. Votre prédécesseur s'était engagé
à étudier la question et à donner réponse par
rapport à cela. Y a-t-il eu effectivement des actions d'entreprises et,
aussi, des décisions de prises? C'est toujours action et
décision.
M. Rémillard: M. le Président, à ce propos,
un comité a été formé par la Commission de police
pour étudier ce sujet-là. J'attends toujours le rapport.
M. Dufour: Eh! Mon doux! Alors je ne peux pas dire que cela a
fait l'objet de vos préoccupations, très fortement.
M. Rémillard: Je pense que c'est un sujet important, qu'il
faut regarder, mais il faut aussi donner à la Commission de police tout
le temps de le voir. Il y a différents aspects à étudier.
La Commission de police devra nous faire son rapport. Il y a plusieurs
questions techniques, de technologie, de perception. Elle a dû se rendre
aux États-Unis; elle a dû se rendre dans différents
endroits pour avoir des éléments de comparaison et
préciser certains points. J'espère avoir ce rapport le plus
tôt possible.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Jonquière.
Institut de police du Québec
M. Dufour: Oui. Il y a la question de l'Institut de police du
Québec à Nicolet. Il semblerait, en tout cas, qu'il y a encore
là des problèmes de grandeur de bâtisse et des
problèmes de formation, en fin de compte. On ne répond pas
à la demande; il y a des difficultés. Pour s'inscrire, il faut
presque que les jeunes aient une promesse d'engagement. Il faut presque les
déclarer bons avant qu'ils aient terminé leur cours. Il y a
certainement un problème. J'écoutais les propos du
député de Nicolet qui disait: C'est un problème de
crédits, c'est un problème de grandeur de bâtisse, non pas
d'utilisation comme d'accommodation. Avez-vous devant vous un projet concernant
l'institut de Nicolet?
M. Rémillard: Oui, M. le Président. En ce qui
regarde l'Institut de police du Québec à Nicolet qui a
été créé en 1968, l'expérience nous a
démontré qu'il est urgent de pouvoir développer une
nouvelle dynamique. Il faut qu'on pense à des modes de financement et de
gestion qui nous permettraient de répondre probablement plus
adéquatement aux besoins soulevés par notre clientèle.
Aussi, des études nous ont démontré qu'il n'est plus
possible de s'ajuster à ces besoins dans un environnement d'unité
administrative qui est strictement gouvernemental. C'est pour cela, M. le
Président, que l'hypothèse de la transformation de l'Institut de
police en corporation autonome, qui serait gérée par un conseil
d'administration, a finalement retenu notre attention et a été
adoptée dans le cadre du projet de rénovation policière
qui a été entrepris en 1986 et qui a finalement été
adopté par l'Assemblée nationale au mois de décembre
dernier.
M. le Président, il est important que nos policiers puissent
recevoir la formation la plus complète possible. Pour ma part, c'est une
autre de mes préoccupations. Lorsque je parlais de la
sécurité publique de nos Québécoises et
Québécois, je parlais d'un environnement sain. Je parlais de
qualité de vie. Cela repose sur des gardiens de la paix qui ont une
formation adéquate. Il faut souligner, M. le Président, à
quel point il est difficile, très difficile d'exercer le métier
de policier, de gardien de la paix, que ce soit en fonction des
différentes lois qui existent ou en fonction des chartes des droits et
des libertés qui sont là pour le respect des droits et des
libertés de la personne.
M. le Président, j'ai eu l'occasion, il y a à peine
quelques jours... Lundi dernier, je réunissais, à
Montréal, pour une deuxième fois consécutive, les
principaux intervenants concernant cette situation de violence chez les jeunes.
Une situation qui n'est pas nouvelle, mais qui a été
portée à notre attention depuis les quelques derniers mois et
à laquelle il faut accorder toute l'attention nécessaire, parce
que c'est un problème qu'on doit solutionner le plus rapidement
possible. Dans ce cadre, vous savez que nous avons un projet de
règlement qui a été travaillé par le
ministère de la Justice, avec le contentieux de la ville de
Montréal et celui de la Communauté urbaine de Montréal. Ce
projet de règlement permettra à nos gardiens de la paix et
à nos policiers d'avoir un meilleur contrôle sur le port d'armes
blanches dans la mesure où elles sont destinées à
l'agression. On pourra donc faire adopter ces règlements par les 29
municipalités membres de la Communauté urbaine de
Montréal.
Cependant, M. le Président, à juste titre, on s'est
interrogé à bien des égards sur les
possibilités de mettre ce règlement en exercice. Entre
autres, on s'est interrogé sur le fait qu'on devait aussi
protéger les libertés et les droits. Il ne s'agit pas d'instaurer
un État policier, loin de là. Il s'agit d'accorder à nos
citoyens et citoyennes un maximum de sécurité dans les moyens de
transport, en particulier, mais pas seulement dans les moyens de transport. Et
c'est un élément important là aussi, parce que je voudrais
bien mentionner que ce règlement, qui sera adopté par les 29
municipalités de la Communauté urbaine de Montréal, va
pouvoir s'appliquer non seulement dans les moyens de transport mais aussi dans
les parcs et les endroits publics. Pour notre part, on pense aussi avoir un
règlement de cette nature qui pourra s'appliquer aux différentes
institutions ou aux établissements privés. Tantôt, on
parlait des débits de boisson; ceux qui ont des permis de boisson
alcoolisée. Ce serait un élément important pour nous de
pouvoir contrôler aussi le port d'armes blanches dans ces débits.
Ce que je veux dire, c'est que nous allons aussi avoir un guide d'utilisation
pour que nos policiers et nos gardiens de la paix puissent mettre en
application correctement ce programme, qu'ils puissent savoir à quoi
s'en tenir et quelle est leur marge de manoeuvre.
Lorsqu'on parle de l'Institut de police du Québec qui date de
1968, on parle de la formation de nos policiers, formation qu'ils peuvent
acquérir après avoir terminé leur cégep, lors d'un
stage à l'institut de police. De fait, il y a eu un problème,
parce qu'on manquait de place à un moment donné, et ces jeunes,
qui ont fait leur cours, étaient en attente de pouvoir faire leur stage
pour pouvoir terminer leur cours. On a un besoin de ces gens. On a de la place.
Au point de vue travail, il y a une demande. On recrute présentement des
policiers et des gardiens de la paix. Donc, il y a une demande pour eux. Alors,
avec mon collègue, le ministre responsable de l'Éducation, nous
avons établi une politique commune pour régler cette situation
qui est devant le Conseil du trésor. Cela devrait se régler dans
les prochains jours.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
Contrôle des armes blanches
M. Dufour: En écoutant les propos du ministre, je me
demandais si j'avais posé la bonne question ou si j'avais posé
une deuxième question sans m'en rendre compte. J'en avais, bien
sûr, sur les armes blanches parce que ça réfère aux
jeunes. Il a fait à peu près tout le tour du débat
à ce sujet. C'est la seule question que je vais poser concernant les
armes blanches. Est-ce que le Québec a juridiction pour adopter une loi
prohibant des armes? (12 h 45)
M. Rémillard: M. le Président, d'une part, il y a
la compétence du gouvernement fédéral sur le Code criminel
qui couvre bien des aspects et, quand on parie de crime, on parie de droit
criminel, on parle du gouvernement fédéral qui a juridiction. Il
faut faire la distinction entre le droit pénal, parce que toutes les
lois ou à peu près contiennent la possibilité
d'établir des pénalités lorsqu'on va enfreindre ou
lorsqu'on ne respecte pas ces lois... Il serait intéressant de vivre
dans une société où on n'aurait pas besoin d'agir de la
sorte, mais ce n'est peut-être pas pour demain. En attendant, il faut
prévoir que nos lois, pour les faire respecter, on doit en avoir les
moyens. Dans ce cadre, les provinces ont aussi leur juridiction au point de vue
pénal. Elles ont aussi leur juridiction en ce qui regarde la paix
publique, la sécurité publique, et c'est une juridiction qui leur
est accordée par la constitution canadienne. Il n'est pas toujours
facile de tracer la ligne de démarcation entre ce qui est de droit
criminel, ce qui est du domaine pénal, ce qui regarde le crime, ce qui
regarde aussi la sécurité publique en fonction de la
responsabilité de la province, ce qui regarde l'ordre public.
Dans notre cas, M. le Président, le règlement peut se
situer dans le cadre de ces compétences législatives provinciales
en ce qui regarde la paix publique, la sécurité publique. Que ce
soit dans des endroits, en particulier, par exemple, dans les moyens de
transport, ou que ce soit dans des établissements où il y a des
permis d'alcool, il y a une juridiction provinciale qui est évidente et
qui nous permet, par la Loi sur les cités et villes, le Code municipal,
de déléguer une partie de cette responsabilité aux
cités et villes, aux municipalités qui ont la
responsabilité - je sais que le député de Jonquière
sait de quoi je parie parce qu'il a déjà occupé des
responsabilités importantes au niveau municipal - de maintenir la paix,
la sécurité publique. Donc, cette paix, cette
sécurité publique implique qu'on prenne les moyens
nécessaires pour y faire face. On sait toujours que l'accessoire suit le
principal. Or, le principal, c'est que la municipalité doit voir
à la paix publique, à la sécurité sur son
territoire. Cela fait partie de sa responsabilité et de sa juridiction.
Par conséquent, au niveau provincial, nous avons cette
responsabilité mais nous devons toujours composer avec la juridiction du
gouvernement fédéral en matière de droit criminel. C'est
pour cette raison, M. le Président, que j'ai demandé à mon
collègue fédéral et ministre de la Justice, M. Lewis, de
discuter de cette question à la rencontre des ministres de la Justice
qui aura lieu en juin prochain. Déjà, les fonctionnnaires et, au
mois de mai, les sous-ministres, se rencontreront pour préparer cette
rencontre des ministres, en juin, et nous avons déjà inscrit
à l'ordre du jour cette question du contrôle des armes
blanches.
La question n'est pas facile, parce qu'il faut qu'on puisse s'entendre
sur une possibilité de contrôle de ces armes blanches en
n'exagérant pas, ni en créant des contrôles
inacceptables,
mais en protégeant les honnêtes citoyens qui veulent
être protégés. Je pense que le député de
Jonquière peut facilement comprendre que ce n'est peut-être pas
toujours facile à faire, mais il faudrait revoir les articles du Code
criminel qui sont pertinents. Je veux lui dire que, en ce qui nous concerne,
nous sommes prêts à les revoir et en discuter au mois de juin.
Nous savons que des provinces comme la Colombie britannique, par exemple, sont
aussi très préoccupées par cette situation, de même
que l'Ontario.
Ce qui veut dire que, dans un premier temps, les 29 municipalités
de la Communauté urbaine de Montréal pourront voter ce
règlement qui nous permettra de contrôler le sort des armes
blanches. Un guide également sera rédigé par le
ministère de la Justice et de la Sécurité publique. Ce
guide donnera des balises à nos policiers, à nos gardiens de la
paix sur l'utilisation non seulement de ce règlement, mais d'une
façon générale sur les lois et règlements que nous
avons et qui nous permettent de garantir aux honnêtes citoyens leur
sécurité. Aussi, dans une deuxième étape, qui est
aussi prochaine, parce que je parle de mai, de juin, aura lieu une
réunion des ministres de la Justice, préparée par des
réunions de sous-ministres. Nous allons y étudier alors la
possibilité de revenir sur différentes dispositions du Code
criminel pour les rendre plus actuelles afin qu'on donne à nos policiers
et à nos gardiens de la paix la possibilité de faire respecter
l'ordre.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
ministre.
M. Dufour: Selon votre information, vous me dites que la
Communauté urbaine de Montréal va adopter un règlement qui
va permettre d'appliquer... Mais on n'a pas encore les balises sur la longueur
des couteaux. Il va certainement falloir qu'on trouve certaines normes.
J'espère que ce ne seront pas les mêmes problèmes que pour
la loi 178. Il va falloir que ce soit quelque chose de précis et concis.
Il va falloir le mesurer. Moi, je sais qu'il y a un problème. Mais le
fait qu'il y a eu quelques articles dans les journaux qui ont dit: II faudrait
réglementer... Le ministère semble également avoir dit: II
faudrait réglementer. Moi, je sais qu'il y a également des
conseils municipaux qui ont le même langage, même où il n'y
a pas nécessairement d'attaques au couteau. Le fait qu'ils en entendent
parler...
Je connais des municipalités qui s'apprêtent à
adopter un règlement. Mais vous me dites que l'accessoire suit le
principal ou le principal suit l'accessoire. D'une façon ou de l'autre,
quand j'examine ce qui se passe actuellement sur le terrain, à quoi
peut-on s'attendre? Est-ce qu'actuellement, une municipalité qui
adopterait un règlement - je ne parle pas de la Communauté
urbaine de Montréal - pour prohiber... Est-ce que vous pensez que ces
municipalités peuvent décemment adopter ça actuellement,
avec les pouvoirs qu'elles ont?
M. Rémillard: Nous avons regardé les 29
municipalités de la Communauté urbaine de Montréal et le
règlement qui a été proposé est un règlement
qui, selon nous, respecte la juridiction du gouvernement
québécois ou du gouvernement d'une province pour faire face
à sa responsabilité d'assurer l'ordre public et la
sécurité des gens. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas
prendre en considération ce que nous avons dans le droit criminel. Bien
au contraire, et c'est pour ça que nous avons ces rencontres qui vont
permettre de préciser les éléments que nous avons dans le
Code criminel et les rendre plus actuels.
Mais ce que nous disons, c'est que la réglementation peut se
situer dans le cadre de la législation provinciale. C'est, pour nous,
d'une première importance. Vous savez, ce qui est important pour nous,
c'est d'avoir un résultat concret, efficace, afin de donner à nos
policiers et aux agents de la paix les moyens pour faire face à la
situation. Pour ça, je pense qu'on est tout à fait,
légitimement et légalement dans nos compétences d'agir et
de dire à nos municipalités: Voici les possibilités que
vous avez et on vous encourage fortement à agir.
J'ai réuni, à deux reprises, les intervenants de la
Communauté urbaine de Montréal, que ce soit le directeur
exécutif, que ce soit le directeur de la police de la Communauté
urbaine de Montréal, Mme la directrice de la Société des
transports de la Communauté urbaine de Montréal, tous ces
intervenants et les représentants de la ville de Montréal, entre
autres, et d'autres municipalités, le maire Décarie aussi, qui
est responsable de cette Commission de la sécurité publique pour
la Communauté urbaine de Montréal. On s'est rencontrés
à plusieurs reprises au bureau du ministre de la Justice à
Montréal et je leur déclarais: II faut qu'on travaille ensemble
pour qu'on puisse avoir une action concertée sur le terrain, et c'est ce
qu'on a fait. Cela n'a pas pris trop de temps avant d'avoir un résultat.
Je peux vous dire qu'on va continuer à travailler ensemble pour rendre
ce règlement le plus effectif possible. Il y a le guide que nous allons
mettre en place pour permettre à nos policiers et aux gardiens de la
paix de voir toutes les possibilités qu'ils ont. J'insiste sur le fait
que ce ne soit pas simplement en fonction du règlement que nous allons
faire, mais un guide aussi sur les autres lois que nous devons faire appliquer
pour que la paix soit assurée et que la sécurité, dis-je,
soit garantie non seulement dans le territoire de la Communauté urbaine
de Montréal, mais dans l'ensemble du territoire du Québec.
Maintenant, M. le Président, il faut bien comprendre qu'il ne
faut pas exagérer la situation de violence à Montréal,
loin de là. Il ne faut pas l'exagérer, tout est
maîtrisé. Entre autres, lundi dernier, lors de notre
dernière
réunion, on m'a fait part des dernières statistiques qui
sont extrêmement encourageantes. Le taux de criminalité diminue,
mais on a augmenté considérablement la présence de
policiers dans le métro, en particulier, parce que le métro est,
au départ, un élément important de sécurité
non seulement parce qu'il sert au transport de nos gens, mais parce qu'il y a
le fait qu'on descend sous terre; il y a le fait aussi qu'il peut être,
l'hiver, dans nos temps froids, fréquenté à bien des
occasions. Cela veut dire qu'il faut lui accorder une importance
particulière. Je mentionnais tout à l'heure aussi qu'en ce qui
regarde nos aînés, comme nos tout jeunes aussi qui sont
agressés par des gens un peu plus vieux, mais nos aînés qui
veulent prendre le métro en toute sécurité, il faut qu'on
leur assure pleine sécurité. Je peux vous dire qu'à ce
sujet-là, M. le Président, le gouvernement a pris ses
responsabilités. On a agi rapidement; on a agi en collaboration avec les
intervenants de la Communauté urbaine de Montréal, les
résultats sont là. On suit maintenant le processus qui devrait
nous amener, dans les quelques mois qui vont suivre, à avoir vraiment
une action concertée en fonction de tous les paliers de gouvernement qui
va nous permettre de maîtriser la situation à 100 %. Elle est
déjà maîtrisée, et bien maîtrisée, mais
elle va l'être encore plus entièrement lorsque nous allons pouvoir
donner des outils à nos gardiens de la paix et à nos policiers
pour faire respecter nos lois, nos règlements non seulement à
l'intérieur des moyens de transport, mais aussi dans tous les endroits
publics.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Avant de
céder la parole au député de Champlain, j'aimerais dire
que nous avons commencé nos travaux ce matin à 10 h 19
précisément. Le député de Jonquière propose
à cette commission que nous terminions à 13 h 15. M. le ministre,
est-ce que 13 h 15 vous conviendrait?
M. Rémillard: M. le Président, cela me convient
très bien pour satisfaire le député de
Jonquière.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Je constate
l'entente. Je cède maintenant la parole au député de
Champlain.
Code de déontologie
M. Brouillette: Je voudrais savoir de la part du ministre quels
sont les nouveaux pouvoirs administratifs qui seront conférés au
ministère lors de l'entrée en vigueur de la loi 86.
M. Rémillard: M. le Président, je remercie le
député de Champlain pour cette question, question importante
parce qu'elle touche une pièce législative majeure en ce qui
regarde la sécurité publique, la Loi de police qui a
été adoptée par l'Assemblée nationale au mois de
décembre dernier et qui sera en vigueur dans les prochains mois. M. le
Président, nous sommes présentement à mettre la
dernière main à un code de déontologie. Vous savez que
selon cette loi 86, cette nouvelle Loi de police, on va pouvoir établir
un code de déontologie qui va s'appliquer à tous les corps
policiers. Présentement, les corps policiers ont leur code de
déontologie, mais ce sont des codes qui peuvent varier selon le corps
policier. Il y aura un code de déontologie pour l'ensemble des corps
policiers. Nous parlions tantôt de l'Institut de police du Québec;
cet institut deviendra une corporation qui nous permettra donc de voir non
seulement à la formation, mais aussi à l'évolution de
cette formation chez nos policiers.
M. le Président, la loi 86 crée, entre autres, un tribunal
de la déontologie comme elle crée aussi trois comités de
déontologie qui vont s'occuper, dans un premier comité, de la
Sûreté du Québec, dans un autre, de la Communauté
urbaine de Montréal, et dans un troisième, des autres corps
policiers. Trois comités, avec un commissaire à la
déontologie que nous allons nommer et qui verra à ce que le
travail des policiers se fasse en tout respect de ce code de déontologie
que nous sommes à terminer. Cela veut dire que dans un avenir
très prochain, j'espère l'été prochain, nous serons
en mesure de mettre en vigueur cette loi 86, cette loi sur l'organisation
policière qui va nous permettre d'asseoir sur une base beaucoup plus
solide l'organisation policière en établissant des normes qui
vont s'appliquer à l'ensemble des corps policiers de la province. (13
heures)
M. le Président, je veux rassurer le député de
Champlain. Je sais que c'est un sujet qui l'intéresse au plus haut
point, parce qu'il est concerné par le travail que peuvent faire nos
policiers pour la sécurité de nos gens. Je veux l'assurer que
c'est une question qui devrait aboutir dans les prochains mois. Dès que
le code de déontologie sera fait, nous allons pouvoir procéder
à l'entrée en vigueur de la loi elle-même.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Champlain.
M. Brouillette: C'est bien.
Le Président (M. Dauphin): Vous avez terminé? M. le
député de Jonquière, sur le même sujet.
M. Dufour: Je voulais juste faire une remarque parce qu'on avait
changé de programme sans que le 4 soit épuisé.
J'étais rendu au code de déontologie. Je voulais juste ajouter un
élément tout à l'heure concernant la question des armes
blanches. J'écoutais avec beaucoup d'intérêt les propos du
ministre concernant les juridic-
tions provinciale et fédérale et son assurance mais, par
expérience, j'ai aussi une interrogation. Je ne la pose pas; je vais
juste donner un point de vue par rapport à cela. Souvent, quand on
touche deux lois, il y a d'autres sortes de problèmes qui se
soulèvent, même quand on pense qu'on est dans nos droits. On a
beaucoup constaté cela de notre côté. Il arrive souvent que
la deuxième loi ou la deuxième juridiction vienne causer des
problèmes. Souhaitons qu'il n'y ait pas de contestation, que vous soyez
dans le droit chemin et qu'on puisse régler ces problèmes. Je
suis bien d'accord là-dessus, à l'exception que j'ai moins
d'assurance que vous. Quand on va avec la double juridiction, on marche
toujours sur des oeufs et l'expérience me dit que ce n'est jamais aussi
clair que cela en a l'air à première vue. Je souhaite, par
exemple, que votre prise de position et celle des municipalités ne
causent pas de problème et qu'on réussisse à régler
cette question des armes blanches pour une meilleure sécurité de
'a population.
Le code de déontologie, avez-vous dit, va être prêt
dans quelques mois. Qu'est-ce qui empêche... Parce que cela n'est pas
nouveau. Le code de déontologie, vous m'avez dit tout à
l'heure... Comme maire, bien sûr, j'ai exercé des
responsabilités et je connais un peu les codes de déontologie et
toute la responsabilité, le fonctionnement des corps policiers.
Qu'est-ce qui empêche le... Parce qu'il y a eu une promptitude à
dire: On va mettre la loi en vigueur. En décembre 1988, c'était
une question urgente. Donc, on a adopté la loi 86. Vous l'avez
très bien expliqué. J'aurais peut-être pu me risquer
à en faire autant que vous concernant ce projet de loi, parce qu'on a
passé quelques heures là-dessus et je pense que cela a
donné un certain résultat. Par contre, l'entrée en vigueur
de la loi est attachée au code de déontologie. Que vous me disiez
qu'il y a un commissaire à la déontologie qui va faire telle
chose pour la police, cela prend trois mots, j'étais bien conscient de
cela. Mais pourquoi ce code n'est-il pas déposé? Pourquoi nous
parlez-vous encore de quelques mois, parce que de décembre à
presque la fin d'avril, il y a déjà quatre mois
d'écoulés? Il me semble que pendant que le législateur le
préparait, ce ne sont pas les mêmes personnes qui ont fait
nécessairement la loi. Il me semble qu'on devrait être beaucoup
plus avancé. On ne fait pas du droit nouveau. Un code de
déontologie, même la ville de Montréal en a un. La
communauté urbaine a des codes de déontologie et il y a d'autres
municipalités qui en ont. Mais comme on parle d'un code unique, quelle
est la difficulté? Est-ce que vous avez, quelque part, des
problèmes avec les corps policiers, les unions syndicales, les
élus? Quel est le problème dans tout cela?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de
Jonquière souligne à juste titre qu'il y a plusieurs corps
policiers qui ont leur code de déontologie. La Communauté urbaine
de Montréal a son code de déontologie, son service des plaintes;
la Sûreté du Québec a le sien; à Québec, ici,
ils ont le leur et c'est cela qui est particulièrement
intéressant dans la loi 86. Le député de Jonquière
la connaît très bien parce qu'il a participé à la
discussion et il me permettra de souligner le très grand travail qu'a
fait le ministre de la Sécurité publique à ce
moment-là, le député de D'Arcy McGee. Le grand apport,
donc, de cette loi sera l'établissement d'un code de déontologie
unique, le même pour l'ensemble des corps policiers. Cela n'est pas
facile, parce qu'on veut avoir un code de déontologie qui colle à
la réalité vécue par nos policiers dans le champ, dans
l'exercice de leurs fonctions.
Ce n'est pas quelque chose de théorique qu'on pourrait
élaborer, puis on dirait: Cela n'a pas de maudit bon sens! Cela n'a pas
de bon sens, cette histoire-là. On veut avoir quelque chose de pratique.
On veut avoir quelque chose aussi qui se situe vraiment dans l'éthique
en ce qui regarde le droit de chaque individu d'avoir une protection
adéquate par les corps policiers, le respect de ces gens dans leurs
libertés, dans leurs droits et le respect aussi du travail que doit
faire le policier, travail qui n'est pas toujours facile, qui se situe parfois
dans des conditions très difficiles.
Donc, M. le Président, qu'est-ce que tout cela veut dire? Cela
veut dire qu'il a fallu faire des consultations, et on a consulté. On en
est à une deuxième version au moins, si ma mémoire est
bonne, si ce n'est pas à une troisième, de ce règlement de
déontologie policière. J'y accorde la plus grande attention.
C'est très important qu'on ait un code de déontologie qui va
être fait selon les principes que j'ai émis tout à l'heure.
Nous avons d'excellents juristes qui y travaillent, en étroite
collaboration avec différents intervenants dans le milieu, ce qui veut
dire que nous espérons que, pour le mois de juin, on ait ce code de
déontologie, que ce soit terminé, qu'on puisse dire: Voici le
code qui, pour nous, nous apparaît comme étant le fondement de
l'éthique de l'action policière au Québec.
À partir de là, ce code doit être fait aussi, si
vous me permettez en terminant, en fonction de l'action qu'aura le tribunal de
déontologie, parce que, là, vous allez avoir un tribunal de
déontologie, donc, un organisme de contrôle direct plus les trois
comités qu'on expliquait tout à l'heure. Vous en connaissez
très bien la structure. Or, le code de déontologie doit
être quelque chose d'applicable, de cernable dans ses différentes
applications sur l'action qu'on peut prendre face à un agissement
quelconque de la part de nos policiers, ce qui veut dire qu'il faut être
méticuleux.
Je peux vous dire, M. le député, que j'y accorde la plus
grande attention. Le sous-ministre, M. Roberge, y travaille attentivement.
C'est son gros dossier. Je regarde ça de très près,
parce que ça me préoccupe beaucoup d'avoir un code de
déontologie par lequel on respecte les droits des citoyens et des
citoyennes et on respecte aussi la difficulté du travail du
policier.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je comprends qu'il faut être méticuleux,
il faut être prudent. Par contre, je retiens ceci et j'insiste: pourquoi
a-t-on adopté la loi 86? C'était pour enlever la Commission de
police qui n'avait pas de pouvoir. Durant ce temps-là, la Commission de
police agit encore dans le territoire. On ne l'a pas enlevée. Elle
continue d'agir. Actuellement, ça ressemble un peu à des
parodies. Pourquoi tout le monde se plaignait-il à la Commision de
police? Ce n'est pas parce qu'elle n'était pas bonne ou qu'elle ne
faisait pas un bon travail.
On lui a donné un remède de cheval, en disant: On va
l'enlever, parce que ce n'est pas bon. Mais le problème exact de la
Commission de police, c'est qu'elle n'avait pas de pouvoir sur le territoire.
Malheureusement, la loi 100, la Loi modifiant la Loi sur la protection du
territoire agricole que le ministre de l'Agriculture a passée, elle fait
la même chose.
Ce qu'on vient d'enlever dans une loi, on l'a remis dans une autre.
J'appelais ça le comité de "mémérage" sur la place
publique. On vient écouter ce qui se passe; on vient regarder et on dit:
Ce n'est pas correct, ce que vous faites là et ça n'a pas grand
bon sens. Les gens se retirent et le diable est aux vaches et, là,
ça fait perdre la crédibilité à des organismes
comme la Commission de police qui va s'appeler, tantôt, commissaire aux
plaintes pour le zonage agricole.
Dans le fond, si ce n'était bon - je pense que ça doit
avoir été fait avec beaucoup de lucidité - d'avoir la
Commission de police, et on n'a pas voulu lui donner des pouvoirs
supplémentaires et on a tout chambardé, bien, ça ne presse
pas seulement de dire: On espère que ça va être au mois de
juin, mais ça presse que votre commissaire à la
déontologie soit nommé et qu'il ait des instruments pour
travailler. Sans ça, on a beau se gargariser et dire: On a fait quelque
chose.
Je vous dis: On n'a rien fait. On a suscité de l'espoir. On
crée des attentes et on ne répond pas aux problèmes qui
existent. Regardez ce qui se passe dans la région de Québec et
ailleurs, la Commission de police est obligée d'agir. Il y a des
problèmes avec les policiers comme tels; la Commission de police est
obligée de... Alliance Québec, écoutez un peu. Quand on a
confié l'enquête d'Alliance Québec, on l'a confiée
à la Commission de police. J'ai cru comprendre cela quelque part dans le
temps des fêtes. Quelqu'un qui venait d'adopter la loi 86 et qu'on avait
dénoncé avait dit: Ce n'est pas tout à fait prêt et
ce n'est pas mûr. Je me disais: Le ministre a trouvé un bonne
porte de sortie. Mais dans le fond, la Commission de police... Vous savez ce
qu'on a fait, on a donné quelque chose, un instrument qui aurait pu
être valable et on ne lui a donné aucun pouvoir, on attendait tout
et on n'a rien obtenu. Tout le monde s'est mis à dénoncer cela,
avec raison, parce qu'on ne peut pas permettre de créer toutes sortes
d'organismes, sans aucun pouvoir nulle part. C'est ce que j'appelais mon
comité de "mémérage" sur la place publique. Il ne faut pas
que ce soit comme cela. La justice ni les problèmes de relations de
travail ne se règlent dans un salon de barbier. Si c'était cela,
ce serait trop facile et encore, je ne suis pas sûr, ces gens ont des
armes blanches eux autres. Il ne faudrait pas que cela se règle comme
cela, il faudrait que cela se règle à la place où cela
doit se régler. De ce côté-là, je veux attirer votre
attention. Si je prends ce que vous me dites, cela devrait être pour le
mois de juin. J'insiste fortement pour que ce soit prêt le plus tôt
possible et avant le mois de juin si c'est possible. Sans cela, c'est de la
parodie et on s'expose... Je ne voudrais pas être dans la peau des gens
de la Commission de police aujourd'hui qui savent que c'est presque
l'incarnation de l'esprit. Cela n'existait plus et cela existe encore. En tout
cas, il y a un vide quelque part, je ne sais pas si c'est un vide juridique,
mais il y a un vide quelque part qui n'est pas acceptable. Chaque fois,
à partir du mois de décembre jusqu'à ce que vous ayez
adopté votre code de déontologie, je vous dis qu'on se sert de la
Commission de police comme d'un paravent, c'est seulement de la fumée,
il n'y a rien là. Je trouve que c'est malheureux, je trouve que c'est
presque ridiculiser la justice, malheureusement.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Le député de Jonquière
a raison d'insister pour qu'on puisse mettre en application la loi 86 le plus
tôt possible. Mais je pense qu'il va comprendre aussi ma grande
préoccupation visant à ce que ce code de déontologie soit
le plus adéquat possible aux principes que j'ai émis. En fonction
de cela, j'ai préféré ne pas brusquer les choses parce que
j'ai voulu qu'on ait vraiment un code de déontologie dont on pourra
être fier et qui sera une pierre d'assise pour nous en ce qui regarde la
sécurité publique. Il fait référence à la
Commission de police et, là encore, il a raison de dire qu'elle n'avait
pas de pouvoir. Il faut souligner l'excellent travail qu'elle a fait. Comme
ministre, je lui ai donné un mandat qu'elle termine concernant justement
un cas qui a pu se produire dans le cadre de l'enquête sur Alliance
Québec. Je lui ai donné le mandat de faire le point sur
les différents moyens que nos policiers peuvent avoir pour faire
enquête et interroger. Là encore, comme je l'ai mentionné
à plusieurs reprises, M. le Président, nos policiers doivent
savoir ce qu'ils peuvent faire et ce qu'ils ne peuvent pas faire. Ce n'est pas
toujours facile. Ils font face à des situations très difficiles
parce que la jurisprudence évolue énormément selon les
différentes chartes, comme évoluent aussi nos lois à cause
de l'interprétation qu'on leur donne. À un moment donné,
ce qui pouvait très bien être acceptable il y a à peine
quelques années ou même quelques mois, dans certains cas, on se
retrouve en disant que c'est maintenant inacceptable, d'où la
nécessité pour nos policiers, de recevoir une formation
adéquate. J'ai donc demandé en particulier, à la
Commission de police de faire le point, de me dire ce que nous pouvons faire
dans une enquête. Que pouvons-nous faire pour interroger? Et, en fonction
des réponses que nous aurons, nous pourrons compléter, si nous
avons besoin de le faire, et éventuellement nous aurons un guide qui va
nous permettre de parfaire la formation de nos policiers en fonction de ce que
nous allons y retrouver.
Mais il est évident, M. le Président, que la Commission de
police pouvait aboyer, oui, mais elle ne pouvait pas mordre. Il faut qu'on ait
un organisme qui a des dents. C'est ce que nous allons trouver au tribunal de
déontologie, un commissaire à la déontologie, des
comités qui vont être là pour voir au respect des droits
des Québécoises et Québécois et qui
répondent aussi aux difficultés que nous pouvons facilement
imaginer en ce qui regarde le travail des policiers qui ont à faire face
à des situations difficiles.
Le Président (M. Dauphin): Merci M. le ministre. M. le
député de Jonquière, en dix secondes, avez-vous des
questions sur les programmes 6, 7 et 9?
M. Dufour: Malheureusement, le temps nous a pris de court. Il y
avait certainement des points que j'aurais aimé soulever. Cela
s'appelait le service secret à la Sûreté du Québec,
le service des renseigements. Il y avait un certain nombre de questions que
j'aurais pu poser à savoir: les effectifs, le budget, le mandat, le
nombre d'enquêtes par année, le nombre d'organismes ou d'individus
sous surveillance, qui en sont responsables. Est-ce qu'on ne pourrait pas,
à partir de ça... je pourrais peut-être poser la question.
Je la laisse en suspens. Ne pourrait-il pas y avoir une commission
parlementaire concernant cette question? Je pense qu'on aurait des suggestions
à faire, parce qu'on sait qu'à Ottawa, au fédéral,
il y a un service qui n'est pas soumis à une commission publique. Cela
peut être une commission à huis clos. Ce dossier, pour les
questions qu'il a soulevées dans le public, mériterait
certainement une plus grande attention que celle réservée
à une simple commission parlementaire comme on en fait en ce moment, et
qu'on passe à la surface. C'est un des points. J'ai constaté
aussi les recommandations des coroners. On parle de la police de la route, par
exemple, que le ministre des Transports veut avoir. Je ne connais pas votre
position par rapport à ça. On regarde les recommandations des
coroners. On sent qu'il y a des frictions par rapport à certaines
recommandations. Est-ce que cette attitude de non-réception de ces
plaintes est justifiée? Est-ce que les coroners exagèrent dans
leurs recommandations? Je pense que ce sont des points que, malheureusement,
nous ne pourrons pas soulever. On pourrait parler des causes de
décès. Je pense que nous aussi allons avoir notre propre
réflexion à faire parce que j'ai l'impression qu'on ne met pas
assez d'importance et de temps sur le travail qui s'effectue au
ministère de la Sécurité publique qui est un
ministère important à mes yeux, qui touche les relations des
citoyens, le public et aussi tout ce qui s'apparente à la justice.
A ce moment-ci, je vous dis déjà que l'an prochain, si on
a l'occasion de refaire ces mêmes exercices, je recommanderai
sûrement qu'on mette plus de temps à notre disposition.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre de la Justice,
vous avez le mot de la fin.
M. Rémillard: Je voudrais simplement dire que je partage
les préoccupations du député de Jonquière à
bien des points de vue. Malheureusement, ce sont ces gens qui ont
demandé trois heures. Je suis prêt à répondre
à bien des questions et discuter avec le député parce que
j'aime bien son approche et il me pose des questions importantes, je pourrais y
répondre. Il y a aussi des périodes de questions qui existent,
mais je sais que c'est moins facile de le faire que dans le contexte où
nous sommes présentement. Je peux lui dire que je suis à son
entière disposition de même que le sont nos fonctionnaires. Ce
sont des sujets importants, difficiles et je peux lui dire le plus
sincèrement possible qu'on est là pour essayer de répondre
à toutes ces questions avec le maximum de transparence.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre de la
Sécurité publique. Avant de se quitter, il faudrait effectivement
adopter les différents programmes qui ont fait l'objet de notre
discussion de ce matin. Est-ce que les programmes 2 à 7 et le programme
9 sont adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'ensemble des
crédits budgétaires? Excusez-moi. Il y a la Protection civile cet
après-midi. Donc, l'ensemble des crédits budgétaires sera
adopté ce soir. Je remercie le ministre de la Sécurité
publique et ministre de la Justice, je remercie également les
hauts fonctionnaires qui l'accompagnent de même que la directrice de
cabinet.
Nous reprendrons plus tard. Nous suspendons nos travaux jusqu'à
15 h 30.
(Suspension de la séance à 13 h 19)
(Reprise à 15 h 22)
Protection civile et sécurité
incendie
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons reprendre l'étude des crédits
budgétaires du ministère de la Sécurité publique.
Il nous reste un seul programme à étudier, soit le programme 8
relatif à la Protection civile et sécurité incendie.
À ce stade-ci, j'aimerais demander au ministre de la
Sécurité publique s'il veut nous présenter les personnes
qui l'accompagnent et, également, nous faire des remarques
préliminaires relativement au programme 8. Alors, M. le ministre de la
Sécurité publique.
Remarques préliminaires
M. Rémillard: Merci, M. le Président. Je voudrais
tout d'abord vous présenter les personnes qui m'accompagnent à la
table ici: À ma gauche, Me Daniel Lavoie, de mon cabinet et Me Anne
Lebel, également de mon cabinet. À ma droite, M. Jean-Jacques
Paradis, sous-ministre associé au ministère de la
Sécurité publique et responsable du dossier de la Protection
civile.
Ce matin, nous avons eu l'occasion de discuter de certains programmes
concernant le ministère de la Sécurité publique. J'ai
mentionné que l'objectif premier du ministère était
d'assurer à tous nos citoyens et nos citoyennes un environnement sain,
un contexte de vie sain, une qualité de vie fondée en premier
lieu sur une sécurité.
Le nouveau ministère de la Sécurité publique a
maintenant la responsabilité de la Protection civile et aussi de la
prévention des incendies. Nous avons joint ces deux programmes
gouvernementaux dans le but d'avoir une action plus concertée et plus
efficace. Nous savons que lorsque nous devons agir dans les cas de sinistre,
que ce soit en fonction d'un incendie majeur, d'un tremblement de terre ou
d'inondation, comme nous avons déjà eue à Montréal,
il y a peu de temps, un an et demi à peine, et comme nous avons eu aussi
et que nous avons encore présentement dans certains cas concernant la
crue du printemps, il est important qu'on puisse concerter nos efforts et
travailler avec un maximum d'efficacité.
Le Bureau de la protection civile du Québec et la Direction
générale de la prévention des incendies exercent donc tous
deux, auprès des municipalités, un rôle de sensibilisation
et aussi de conseil afin que les ressources municipales, humaines et
matérielles dont nous disposons puissent répondre le plus
adéquatement possible aux risques inhérents au territoire. Donc
la fusion du Bureau de la protection civile du Québec et de la Direction
générale de la prévention des incendies nous permettra de
mieux coordonner l'ensemble des ressources dont nous disposons en vue d'assurer
la protection des personnes et des biens contre tout risque de sinistre et
d'augmenter les services aux municipalités et à l'ensemble des
citoyens du Québec.
Ce programme qui regroupe un effectif régulier de 123 postes et
un budget de 6 785 400 $ devrait, au cours de l'année, faire l'objet
d'une réorganisation administrative étant donné cette
fusion et cette expérience que nous devrons vivre en fonction de cette
nouvelle fusion et certains correctifs que nous devrons apporter à
l'administration de ces programmes.
M. le Président, je suis certain, à la suite des questions
que les membres de cette commission voudront me poser, que nous aurons
l'occasion de mettre l'accent sur différents aspects de l'action de
notre Direction de la protection civile et de la prévention des
incendies pour répondre aux questions des membres de la commission.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre de la
Sécurité publique. Je demanderais maintenant à Mme la
députée de Marie-Victorin de faire ses remarques
préliminaires.
Mme Vermette: M. le Président, permettez-moi de saluer et
de souhaiter aussi la bienvenue aux membres du ministère qui s'occupent
aussi du Bureau de la protection civile. Sans plus tarder, je vais commencer
par vous faire un préambule avant de poser les questions et de voir un
peu avec vous le résumé de ma pensée, en ce qui concerne
le Bureau de la protection civile, du point de vue de l'Opposition.
L'étude des crédits nous permet, chaque année, de
faire le point en matière de Protection civile. J'aimerais tout d'abord
profiter de cette occasion pour féliciter le nouveau ministre
responsable de la Sécurité publique. Ce poste ne semble pas
porter chance à ceux qui l'occupent puisque vous êtes le
troisième à l'occuper en l'occurrence. Je vous souhaite
réellement bonne chance en espérant que vous aurez le temps de
marquer l'empreinte de votre passage.
Non seulement le ministre a-t-il changé, mais le ministère
aussi. On est revenu à la situation qui existait sous le gouvernement du
Parti québécois, quand la Protection civile relevait des
ministères de la Justice et de la Sécurité publique, alors
regroupés en un seul ministère comme aujourd'hui.
Après avoir critiqué ce regroupement, quand II
était dans l'Opposition, le Parti libéral a maintenant
changé d'opinion. Après avoir placé le Bureau sous la
juridiction d'un autre ministère
pendant trois ans, on revient à la case de départ.
Remarquez que ce n'est pas vraiment très grave. Tout le monde peut se
tromper. L'important, c'est de savoir reconnaître ses erreurs et de les
corriger. Le seul regret est qu'une administration aussi pragmatique et aussi
pratique ait pu perdre autant de temps et d'argent à faire des
changements aussi inutiles. M. le ministre, saviez-vous que lorsque l'on
regarde de plus près la situation en matière de protection
civile, on finit par se demander qui défend les crédits au
Conseil du trésor? Parfois, j'ai même l'impression que c'est
l'Opposition qui doit se lever en Chambre pour les défendre. Si l'on
prend le cas du Bureau de la protection civile, une coupure budgétaire
de 15,3 % est proposée, ce qui veut dire en dollars pour l'année
1989-1990, 5 191 600 $ comparativement à l'année 1988-1989 qui se
résumait au montant de 6 131 906 $ indexés au taux de 4,1 % de
l'inflation.
Si vous jetez un regard sur les comptes publics, vous constaterez qu'en
1985-1986, c'est-à-dire sous le dernier budget du Parti
québécois, le Bureau de la protection civile versait 3 $
d'annuité pour chaque dollar qu'il consacrait à son propre
fonctionnement. Quel contraste, si on compare ces données et les
résultats en 1986-1987 et en 1987-1988. Durant ces deux années
financières, le Bureau de la protection civile a payé 1 $ pour
chaque dollar qu'il dépensait lui-même. Vous savez, dans le cas
des levées de fonds, s'il fallait qu'autant d'argent soit
dépensé pour l'administration, on se poserait de sérieuses
questions parmi le public parce que généralement, c'est pour les
bonnes oeuvres et c'est pour les bonnes causes que l'on déverse
l'argent.
Pour être plus précis, les dépenses de
fonctionnement ont même dépassé celles des
indemnités de 500 000 $ en 1986-1987, 495 000 $. Et de près de 1
000 000 $ pour 1987-1988, 924 000 $. Or, tout le monde sait que le Parti
libéral, en arrivant au pouvoir, était obsédé par
le déficit et qu'il voulait faire des coupures partout. Voilà le
résultat. Il ne s'agit sûrement pas d'un hasard. Durant ce temps,
le gouvernement a préparé une nouvelle politique d'aide
financière aux victimes de sinistres. Cette politique est basée
sur un document que le gouvernement lui-même a commandé en 1987,
le rapport Gauvin. L'an passé, à pareille date, l'avant-dernier
prédécesseur du ministre actuel déclarait que cette
politique devait en priorité viser les plus démunis. Comment? Par
l'augmentation de la franchise, en moyenne à 2500 $? Elle était
auparavant de 500 $. Cette approche ne favorise pas plus les démunis,
elle les pénalise. Pour que la franchise soit de 500 $ comme avant,
comme la méthode utilisée est basée sur la valeur de la
maison du requérant, celle-ci ne devait pas excéder la somme de
22 361 $. Soyons honnêtes, M. le ministre, existe-t-il, à
Montréal par exemple, une maison de cette valeur? J'en conclus donc que
la moyenne des personnes admissibles est très faible, sinon inexistante
dans certaines régions. En un mot, selon la politique du gouvernement,
tout le monde paye plus cher pour se faire aider, les démunis comme les
autres.
J'ai parlé des années 1986-1987 et 1987-1988.
Arrivé en 1988-1989, on a dépassé la moitié du
mandat et il faut penser aux élections qui approchent. Alors le
gouvernement se réajuste un peu. Il n'a d'ailleurs pas le choix. Les
inondations causées par le déluge de 1987 à
Montréal ont été un événement si
exceptionnel qu'il faut bien réagir. Il y a aussi le désastre de
Saint-Basile, et finalement le tremblement de terre qu'on a connu dans la
région de Chicoutimi.
Malgré ce constat, le gouvernement persiste quand même a
défendre une politique qui oublie presque tout le monde. L'an
passé, devant cette même commission, l'Opposition
démontrait, chiffres à l'appui, que le programme
québécois actuel est le moins généreux au Canada.
Même le Nouveau-Brunswick fait mieux que nous. Le Québec aurait pu
corriger son tir, mais il ne l'a pas fait. Pourtant, il avait une marge de
manoeuvre. Au lieu de répondre aux critiques venues de tous les milieux
- pas seulement de l'Opposition, cette fois-ci, mais de vraiment tous les gens
qui étaient concernés - il a préféré
économiser sur les crédits permanents; résultat, on a des
crédits périmés de 9 398 698 $ qui auraient pu mieux
servir, 29,5 % des crédits qui sont restés inactifs pour
l'année du premier désastre écologique et des pires
inondations de notre histoire. Il faut vraiment le faire.
Je conclus en soulignant le double langage du gouvernement face aux
victimes de sinistres. On leur dit: Si vous avez une assurance, le montant que
vous recevrez de la compagnie sera déduit de l'indemnité que vous
pourriez avoir. Mais d'un autre côté, si vous n'avez pas
d'assurance, ne comptez pas sur le gouvernement pour combler la
différence. Pile, je gagne, face, je perds. Cette façon de
traiter les gens est révoltante. On voit que le gouvernement prend tous
les moyens pour échapper à ses responsabilités. On peut
voir à quel point ce raisonnement est faux quand on compare ce que cela
donnerait si on prenait un autre exemple. Dans le cas d'un accidenté du
travail qui ne peut reprendre son emploi et qui a pris une assurance-maladie,
est-ce que la CSST va couper son chèque? Et s'il n'a pas pris
d'assurance, la commission va lui payer sa rente quand même. Je termine
en invitant M. le ministre à réfléchir aussi
là-dessus.
À partir de cela, il est assez difficile de faire l'étude
parce que nous n'avons pas pu avoir la ventilation en ce qui concerne l'aide
financière aux sinistrés. Il aurait été fort
intéressant d'avoir cette partie aussi. Cela nous aurait
éclairés davantage. On aurait peut-être pu entamer plus
vite la conversation.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. M. le ministre, est-ce
que vous avez une réplique à faire?
M. Rémillard: M. le Président, je suis parfaitement
d'accord avec Mme la députée de Marie-Victorin sur le rôle
de l'Opposition. C'est important qu'on ait une Opposition compétente.
J'ai toujours pensé, pour ma part, qu'une bonne Opposition fait un bon
gouvernement. Lorsqu'on voit la grande qualité du gouvernement, on sait
à quel point l'Opposition est compétente. Dans ce contexte, entre
autres, sur des sujets qui nous occupent cet après-midi, je pense qu'on
part du même point. C'est-à-dire qu'en ce qui regarde les
inondations, il est certain que ce que nous voulons de part et d'autre, c'est
aider les gens qui ont dû subir les conséquences d'un sinistre.
Par le fait même, il est certainement de notre responsabilité
gouvernementale d'aider ces gens. Maintenant, reste à savoir de quelle
façon on va les aider, quels sont les principes qui doivent nous guider.
C'est là-dessus peut-être qu'on peut se distancer quelque peu. Le
principe qui nous a guidés dans l'élaboration du règlement
- je m'arrêterai là parce qu'on aura l'occasion d'en discuter plus
avant tout à l'heure - c'est de pouvoir aider adéquatement les
plus démunis.
Je sais que la députée de Marie-Victorin n'a pas tous les
chiffres, elle le déplore et je le déplore aussi. Je ne les ai
pas plus, j'en ai quelques-uns qu'on pourra discuter ensemble pour essayer de
voir la réelle application du règlement. Je peux lui dire que M.
le sous-ministre Paradis est ici et qu'on va regarder ça très
ouvertement, parce qu'il n'y a pas de cachette là-dedans. Ce qu'on veut,
c'est d'avoir le règlement le plus équitable possible pour qu'on
puisse apporter le plus d'aide possible aux gens qui ont à subir un
sinistre. Évidemment, on part du principe qu'on ne peut pas les
rembourser à 100 %, au départ. À partir de là,
comment compose-t-on et qu'est-ce qu'on fait? On a un règlement, il est
fondé sur des objectifs et sur des principes. On pourra en discuter,
mais je veux rassurer la députée de Marie-Victorin que tous les
chiffres dont on peut disposer, on va essayer de les sortir au fur et à
mesure. J'ai demandé à M. Paradis d'être ici justement pour
que, comme fonctionnaire, il nous donne toute l'information nécessaire.
Il n'y a pas de cachette. Toutes les questions que vous voulez poser, vous nous
les poserez et on va essayer d'y apporter des réponses.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Alors,
on va commencer la période de questions. Mme la députée de
Marie-Victorin.
Tremblement de terre
Mme Vermette: Ce qui me permet d'enchaîner, M. le ministre,
sur les tremblements de terre dans la région de Chicoutimi. Je me
souviens très bien que vous avez répondu, lors de la
période de questions... On va prendre l'ensemble des crédits et
on les adoptera après, parce que je n'ai pas d'ordre établi, si
cela vous va.
Alors, je me souviens, lorsque mon collègue de Lac-Saint-Jean
vous a posé une question à l'Assemblée nationale
concernant votre politique et vos critères, vous aviez
déclaré que votre politique était beaucoup plus
généreuse que celle du gouvernement précédent parce
que vous pouviez donner un maximum de 50 000 $ au lieu de 9500 $. Par contre,
ce que vous aviez oublié de dire, c'est que la majorité des gens
ont eu une augmentation de leur franchise et, à ce moment-là, la
majorité des demandes, des réclamations ont été
rejetées. Je pense qu'il y avait un peu plus de 8000 demandes, et c'est
seulement pour 1000 de ces demandes qu'on a pu recevoir une indemnité,
si les chiffres publiés dans les journaux reflètent la
vérité.
Actuellement, au Saguenay-Lac:Saint-Jean, on peut s'apercevoir que la
moyenne de la contribution personnelle est probablement supérieure
à la moyenne des demandes. Pourtant, c'est la région qui a
été la plus secouée par le séisme.
Je voudrais attirer votre attention sur le fait qu'il y a beaucoup de
biens dont la perte n'est pas compensée. Je me souviens que dans le
journal Le Soleil du 14 avril, M. Pierre Champagne parlait de toutes vos
exclusions. Il y avait tellement d'exclusions qu'il ne restait plus grand-chose
à indemniser finalement. Ce serait peut-être intéressant
que vous en preniez connaissance aussi. Bref, tous les dommages moins graves
mais qui sont aussi parfois très coûteux et qui deviennent un bien
essentiel, parce que, si j'ai compris votre politique, c'était d'assurer
les biens essentiels à la population. J'aimerais bien connaître,
à un moment donné, votre notion de biens essentiels. Qu'est-ce
que ça veut dire? J'en ai conclu que si le toit ne s'effondrait pas et
que les fenêtres ne volaient pas en éclats, ça ne valait
pas tellement la peine de réclamer parce qu'il ne restait plus
grand-chose à réclamer. Donc, dans ces conditions, comment
peut-on affirmer que votre politique est plus généreuse, puisque,
finalement, moins de gens peuvent se prévaloir de l'indemnisation parce
qu'il y a beaucoup d'exclusions et parce que les franchises ont
été énormément augmentées?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre de la Justice et
responsable de la Sécurité publique.
Indemnisation
M. Rémillard: Merci, M. le Président. Je crois que
c'est bon qu'on ait une bonne discussion de fond là-dessus pour qu'on
fasse le point. La députée de Marie-Victorin soulève des
questions. Elle se réfère aux questions et réponses que
nous avons eues en Chambre. Souvent, en Chambre, on a très peu de temps.
Les possibilités
de réponses et de questions que nous pouvons avoir sont
très limitées. Donc, ici, on est dans un contexte beaucoup plus
facile. Et, comme je l'ai mentionné tout a l'heure, on va essayer de
mettre cartes sur table, et je veux le garantir au départ.
Le principe de base pour nous, c'est d'aider le plus adéquatement
possible les plus démunis face à un sinistre, que ce soit un
tremblement de terre ou une inondation. Je pense qu'on est d'accord
là-dessus. C'est ce qu'il faut faire. Maintenant, comment le faire?
La première option, c'est d'établir une norme universelle.
Tout le monde est payé de la même façon, un riche comme un
pauvre. Il dit: J'ai 2000 $ de dommages. Et, en fonction des
éléments qu'on peut fixer comme gouvernement pour
dédommager, on dirait: Voici, monsieur qui êtes millionnaire, vous
recevez 500 $, et madame, qui êtes actuellement
bénéficiaire de l'aide sociale, vous recevez également 500
$, cela, sans aucune distinction selon la capacité de payer des gens.
C'est une première solution: universalité, sans aucune
distinction en fonction de la capacité de payer des gens.
On n'a pas retenu cette première solution. On a dit: En ce qui
regarde ces sinistres, c'est très souvent des personnes démunies,
des personnes à revenu modeste et moyen qui ont a subir les pires
conséquences. Pour réussir à acheter leur résidence
ces gens ont dû accumuler les fonds nécessaires ou souvent la
construire eux-mêmes, et tout à coup un sinistre arrive et les
touche directement. C'est là qu'est notre devoir, en tant que
gouvernement, d'intervenir.
Pour nous, donc, un premier principe: aider adéquatement les plus
démunis. Cela signifie qu'on ne peut pas appliquer la même
règle à tout le monde, les riches et les pauvres. Il faut qu'il y
ait une discrimination positive en faveur des plus démunis et de ceux
qui ont une capacité de payer inférieure. Voilà
essentiellement la philosophie du règlement. Ceux qui sont capables de
payer vont le faire, ceux qui en sont moins capables paieront moins.
Un autre principe, sur lequel on s'entend je crois: on ne peut pas
rembourser à 100 %. C'est impossible. D'ailleurs, on ne rembourse
à 100 % dans aucun domaine d'assurances. Il faut donc que le citoyen et
la citoyenne fassent leur part. Reste maintenant à déterminer
cette part. Quelle est la partie qui va leur revenir? Ici aussi, je reviens au
principe que plus on a la capacité de payer, plus on doit payer, ce qui
permet à l'État d'accorder des fonds plus importants à
ceux qui en ont réellement besoin. (15 h 45)
On ne peut pas tout garantir. On ne peut pas garantir qu'on va payer
à 100 % tous les dommages. Il faut bien comprendre aussi, M. le
Président, qu'on ne peut pas donner une garantie sur tout ce qui peut
être affecté. Il faut faire un choix. Si l'aquarium et ses
poissons ont été touchés, qu'est-ce que vous voulez? Je
comprends que votre aquarium peut être ébranlé par un
tremblement de terre, mais vous donner des dédommagements dans ce cas,
vous en conviendrez, ce serait peut-être un peu difficile. Comme il
serait bien difficile de payer des dédommagements pour une
cuisinière, un réfrigérateur, par exemple, dans le cas
d'un tremblement de terre. Habituellement, un tremblement de terre, comme ceux
que nous pouvons en subir, ne cause pas de dommages de cet ordre. Il faudrait
que ce soit très haut à l'échelle de Richter pour qu'il y
ait vraiment des dommages à l'ameublement. On n'en est pas encore
là, Dieu merci!
En fonction de toutes ces considérations, il faut donc en arriver
à l'application d'un règlement qui soit le plus juste possible
pour tout le monde. Le règlement tel que nous l'appliquons... Je donne
des exemples. Dans la région du lac Saint-Jean et du Saguenay, comme
dans ma région de Charlevoix et aussi de Québec, c'est là
qu'on a eu le plus de dégâts à la suite du tremblement de
terre du 25 novembre 1988. Voici un exemple pour illustrer l'application de
notre règlement. Dans la municipalité de La Baie, pour une
évaluation municipale de 20 615 $ - car, selon notre règlement,
pour déterminer la capacité de payer on fait
référence à l'évaluation du bien,
c'est-à-dire de l'immeuble - alors, pour une évaluation de 20 615
$, dis-je, les préjudices admissibles à ceux du sinistre ont
été de 5059 $. L'aide qu'on a donnée en application du
règlement a été de 4630 $, ce qui veut dire que, dans ce
cas-là, on a donné 91,5 % de dédommagement. Voyez-vous,
sur une évaluation de 20 000 $, des dommages de 5000 $, un remboursement
de 4630 $, cela représente 91 %. Je donne un autre exemple. J'essaie de
voir des cas moyens. Regardons les cas qu'on a ici. Chicoutimi: une
évaluation municipale à 37 947 $; les préjudices
admissibles, qui ont été retenus: 19 850 $; et l'aide que le
gouvernement a donnée, 18 410 $; donc on a donné 92 % de la
réclamation. Où cela pose des problèmes, cependant, et
là je peux le dire, il y a d'autres cas comme cela... Si vous me
permettez pour finir d'illustrer mon propos, j'essaie de voir des cas plus
élevés. Saint-Ubald: 48 840 $ d'évaluation - c'est
vraiment un revenu moyen - préjudices: 6125 $; aide accordée:
3740 $; donc, 61 % d'aide. Par contre, il y en a un ici que je peux bien vous
citer. Cap-de-la-Madeleine: évaluation: 327 120 $; préjudices:
2100 $. Il n'a rien eu. Si on avait appliqué la règle universelle
et dit: Tout le monde sur le même pied, la femme ou l'homme qui est
propriétaire de cette magnifique résidence de 327 120 $ aurait
reçu le même montant en fonction des préjudices subis de
2100 $ que d'autres qui ont une résidence modeste de 42 000 $ ou de 48
000 $. Voilà te choix qu'on a fait. J'ai des chiffres et il n'y a pas de
cachette. Cela arrive à des résultats très
intéressants pour les plus démunis et pour le citoyen moyen -
j'ai cité un cas de 50 000 $, de 55 000 $ - cela donne 55 %, 60 % ou 65
% de dédommagement.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je remercie beaucoup le ministre de ses exemples
marginaux. Dans le cas de Chicoutimi, par exemple, il y a finalement à
peine 5 % des réclamations qui pourraient être satisfaites.
Seulement 5 %. Cela voudrait dire qu'il y aurait beaucoup de gens très
riches à Chicoutimi. Ce doit être une nouvelle façon de
voir le Québec. Ces gens-là doivent être très
heureux de savoir qu'aujourd'hui ils sont très très riches. Si je
me souviens bien, sur environ 8000 demandes seulement 1000 répondaient
vraiment aux critères et ont pu être indemnisées.
L'autre aspect que vous... Je vais aller plus succinctement, parce qu'on
a beaucoup de choses à faire et je sais que vous aimez beaucoup vous
étendre lorsque vous parlez. On va essayer de le faire plus
succinctement pour toucher vraiment l'ensemble des problèmes. Pour ce
qui est des franchises, je pense qu'on parle... Vous me citiez l'exemple d'un
cas... Trouvez-moi des maisons qui valent actuellement 20 000 $? Plus souvent
qu'autrement, ce sont des chalets ou des maisons d'un tout autre ordre qui
permettent de réclamer autant. Ce que je veux vous dire, c'est que la
classe moyenne, oui, ces gens, les plus démunis, bien sûr, vous
savez que, quand on leur enlève toutes les exclusions, vous parliez
justement des accessoires ménagers, on est deux fois moins
généreux que le Nouveau-Brunswick. En tout cas, je ne
considère pas qu'on essaie actuellement de favoriser les plus
démunis avec une telle politique. Il y a tellement de choses exclues,
que ces gens-là ne pourront jamais récupérer ni
espérer retrouver le même environnement ou la qualité de
vie à laquelle vous faisiez allusion dans votre préambule.
Je ne crois pas, malgré le beau discours que vous avez tenu, que
vous faites vraiment un effort substantiel pour aider les plus démunis.
La preuve nous est faite que les demandes sont à la hausse, mais que les
indemnisations sont de plus en plus à la baisse. Il y a beaucoup moins
de gens indemnisés qu'auparavant et, antérieurement aussi, tout
le monde était traité sur le même pied, et la franchise
était de 500 $. Finalement, cela allait et on indemnisait selon la
valeur qui était estimée, qui était
réclamée. Le ministre pourrait-il dans le cas de toutes les
demandes qui ont été rejetées, utiliser l'article 3.3 du
programme pour réviser justement ces demandes, si la situation des
demandeurs pouvait être prise en compte, parce que c'est cette classe
moyenne qui, en somme, vous avez vu à quel point, par exemple 48 000 $,
50 000 $, est la plus pénalisée? C'est vraiment la classe
moyenne. Pouvez-vous faire comme cela a été fait dans certains
cas, par exemple dans celui des inondations de Montréal, où on
s'est prévalu de l'article 3.3 du règlement pour faire
reconsidérer les demandes?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je veux apporter des
éclaircissements parce que je pense qu'il le faut. Il y a quelque chose
qui ne marche pas. Je ne comprends pas les chiffres de la députée
de Marie-Victorin. Je veux vraiment qu'on s'entende sur ce point. Elle semble
avoir des chiffres que je n'ai pas. Éclaircissons cela d'abord.
Comme ministre responsable je peux lui dire que nous avons reçu
à ce jour 80 demandes du bureau de Chicoutimi. Nous en attendons 4000.
On a évalué à environ 4000 les réclamations qu'on
va avoir. Quand vous me dites que les demandes ont été
refusées, qu'elles sont inacceptables, je ne sais pas où vous
allez chercher ça. Je peux vous dire que j'ai 80 demandes seulement, et
les sinistrés ont jusqu'au 25 mai, si ma mémoire est bonne, pour
faire une demande. Mais, moi, je vous le dis en toute sincérité,
vérifiez. On va vous montrer nos chiffres. Que voulez-vous? Il y a 456
municipalités qui se sont engagées par résolution à
accepter les modalités prévues au programme. Ils ont jusqu'au 25
mai. Dans le cas de Chicoutimi, nous avons reçu 80 demandes sur les 4000
que nous devrions avoir. Je voudrais bien qu'on s'entende sur cela.
Un autre aspect, M. le Président, que je veux préciser,
c'est l'évaluation municipale moyenne pour Chicoutimi. Selon les
chiffres que j'ai ici, elle est de 37 252 $. C'est la moyenne. Tantôt je
vous ai donné un exemple parmi les 80 demandes qu'on a eues de
Chicoutimi. L'évaluation: 37 947 $; les préjudices: 19 830 $; et
ce ou cette propriétaire a reçu 18 410 $; donc, 92 %. Cela, c'est
moyen, et c'était là le but du règlement: aller en
fonction des plus démunis de la moyenne. Ceux qui sont plus en mesure de
réparer les dégâts par leurs propres moyens, il faut qu'ils
le fassent. L'État n'a pas les moyens de payer à 100 % pour tout
le monde. Cela n'a pas de bon sens.
Que fait-on alors? On essaie d'avoir le règlement le plus
équitable possible pour nous permettre d'indemniser d'abord le petit,
celui qui est vraiment touché dans son élément premier de
citoyen, sa résidence, qui est modeste et qu'il a réussi à
s'offrir, et qu'un séisme comme celui-là vient toucher fortement.
Il faut qu'on soit capable de l'aider. Voilà ce qu'on fait avec le
règlement. Ensuite, il y a le moyen, qui est aussi touché et que
l'État va aider, mais en lui laissant encore une part à payer de
son côté.
À la députée de Marie-Victorin, je dis, bien
gentiment, que je n'ai vraiment pas les mêmes chiffres qu'elle et que,
lorsqu'on aura les 4000 cas ou a peu près qui doivent nous parvenir, je
pourrai lui faire part de la situation réelle. Je voudrais aussi lui
dire que 50 % environ des demandes qui nous viennent de Chicoutimi sont d'une
valeur de moins de 1000 $. Comprenons-nous bien, M. le Président.
L'évaluation moyenne
à Chicoutimi est de 37 947 $. C'est l'évaluation moyenne
d'une résidence. D'autre part, prenons en considération que 50 %
des demandes en provenance de Chicoutimi, au moment où l'on se parle,
sont de moins de 1000 $, et que 80 demandes sont entrées. (16
heures)
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, je ne voudrais pas faire
une bataille de chiffres. Effectivement, M. le ministre, les 1000 qui ont
été indemnisés, c'était lors des inondations
à Montréal le 14 juillet, ce qui est une autre chose. C'est assez
particulier ces déluges qu'on a eus dernièrement. Vous avez tout
à fait raison, donc je ne voudrais pas qu'on dise que je voulais vous
induire en erreur ou que je voulais en mettre plus que le client n'en demande.
Ce n'était pas mon intention. De toute façon, le cas demeure le
même. À Montréal, puisque très peu de gens ont pu
être indemnisés, il a été possible pour ceux dont
les demandes avaient été refusées de se prévaloir
de l'article 3.3, pour refaire une étude de ce que les gens avaient
demandé et de prendre en considération la situation
financière des individus. Est-ce que, dans le cas de Chicoutimi et du
séisme qui a touché cette région, vous avez l'intention de
vous prévaloir de cet article pour tous les cas qui pourront faire appel
à une revérification de leur demande?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Vous pouvez être certaine, Mme la
députée, qu'on va traiter ces cas avec la plus grande attention
et que, si on a besoin de recourir à cet article, on le fera
certainement, parce que chaque citoyen et chaque citoyenne ont le droit de voir
leur dossier traité le plus adéquatement possible. Comme
ministre, ce que je recherche dans cela, c'est l'équité, c'est
qu'on puisse vraiment appliquer nos règles d'équité en
toute justice. Je peux vous assurer qu'il y a toujours possibilité, dans
un cas particulier, de le regarder, mais toujours en fonction des principes
qu'on retient. On ne peut pas traiter 4000 cas particuliers. Quand vous parlez
de Chicoutimi, je vous rappelle que nous avons 80 cas en main
présentement et qu'on espère avoir, le plus tôt possible,
les 4000 cas environ qui devraient nous arriver. Je peux vous assurer que nous
allons traiter avec beaucoup d'attention tous ces cas, en utilisant les
articles de la loi qui pourraient nous permettre de voir toutes les
implications et de situer dans leur dimension réelle les
réclamations qu'on peut nous faire.
Mme Vermette: M. le ministre, lorsque vous parliez de la valeur
moyenne, est-ce que c'était... Si je me reporte à ce qui est
publié dans Le Quotidien du vendredi 31 mars 1989, on disait
qu'à Chicoutimi seules les maisons mobiles ont une valeur
foncière d'environ 30 000 $, alors que la valeur uniformisée des
13 421 propriétés atteint une moyenne de 56 238 $.
M. Rémillard: Mme la députée...
Mme Vermette: Donc, en principe, la moyenne de la franchise
revient à peu près à 3162 $. Je fais une moyenne, moi
aussi, puisqu'on parie de moyenne. Je ne parie pas de cas particuliers. Je ne
parie pas des camps ou des maisons de campagne ni des maisons mobiles. Je parle
en général d'une bonne maison, bien constituée,
unifamiliale.
M. Rémillard: Voici: selon les chiffres que j'ai devant
moi, aujourd'hui, et qui viennent des municipalités concernées,
il est bien mentionné que l'évaluation municipale moyenne pour
Chicoutimi est de 37 252 $. En fonction de cela, je vous ai donné des
cas tout à l'heure et même un cas qui était de 37 947 $;
c'était pas mal dans la moyenne. Vous voyez comment peut s'appliquer le
règlement. Voyez-vous, on a probablement exagéré les
conséquences de l'application de ce règlement. Il est certain
que, si vous n'avez que 500 $ ou que vous n'avez même pas 1000 $ de
dommages et que vous avez une évaluation de 50 000 $, je peux vous dire
que vous ne recevrez pas grand-chose, même rien. Par contre, ceux qui en
ont vraiment besoin et qui ont vraiment subi de lourds dommages, il n'y a pas
de plafond au montant qu'ils peuvent recevoir. Il y a des gens qui vont
recevoir des montants considérables. Le citoyen de Chicoutimi dont je
pariais tout à l'heure, qui a une évaluation municipale de 37 947
$, va recevoir 18 410 $ parce qu'il a vraiment subi de gros dommages
évalués à 19 830 $.
C'est cela, le jeu du règlement. Voyez-vous, essentiellement, le
règlement est fait pour aider ceux qui en ont le plus besoin. Et le
plafond n'est pas le même que dans d'autres règlements, le plafond
est de 50 000 $. Avec un plafond de 50 000 $, on peut vraiment aider les gens.
Tout à l'heure, j'ai donné l'exemple d'une résidence de
358 000 $. Il est bien certain que le propriétaire d'une telle
résidence n'aura pas beaucoup d'aide de l'État, il n'en aura
même pas du tout pour réparer les dégâts. Il est
dommage que cela lui arrive, comme à tous les autres citoyens, mais
l'État doit faire un choix et il a choisi d'aider les plus
démunis.
Mme Vermette: Est-ce qu'il ferait partie de vos intentions de
créer un fonds spécial d'aide aux victimes pour atteindre votre
objectif, c'est-à-dire favoriser l'ensemble de la population, sans
discrimination?
M. Rémillard: Je peux vous dire que le fonds
d'indemnisation, c'est le fonds dont nous allons disposer à la suite de
notre intervention auprès du Conseil du trésor.
C'est-à-dire que le
gouvernement a un règlement et on applique ce règlement.
Les municipalités qui participent au programme nous l'ont fait savoir
par une résolution. Les réclamations nous parviennent. Chaque cas
est traité. Nous évaluons ces réclamations. Ensuite, nous
allons au Conseil du trésor pour demander les sommes nécessaires.
Je peux vous dire qu'en date du 20 avril 1989, en ce qui regarde les
inondations du 29 mars, par exemple, il y a entre 22 et 25 municipalités
qui sont touchées et qui vont demander de participer au programme.
À peu près 700 résidences sont touchées, ont des
dommages qu'on peut évaluer entre 7 000 000 $ et 8 000 000 $. On va
appliquer notre règlement pour qu'au Conseil du trésor il y ait
approbation de l'aide financière le plus possible en fonction de cette
évaluation. Pour nous, notre responsabilité consiste à
faire l'évaluation des dommages, à recevoir l'estimation et
à procéder pour que le Conseil du trésor débloque
les fonds nécessaires.
M. le Président, si vous me permettez de donner une information
complémentaire, on sait que c'est le Conseil des ministres qui
établit un programme d'assistance financière. Il est
établi par un décret. C'est ce que nous avons fait avec le
règlement que nous avons. C'est le gouvernement qui confie au Bureau de
la protection civile le soin d'administrer le programme, c'est ce que nous
avons fait. Il y a des formulaires qui sont expédiés dans les
municipalités pour les citoyens qui ont subi des dommages. Le citoyen,
après avoir rempli son formulaire, l'expédie au Bureau de la
protection civile, soit au bureau central ou au bureau temporaire ouvert
spécifiquement pour un programme; on a ouvert des bureaux
spécifiques sur le terrain, il y en a un, entre autres, à
Chicoutimi, un bureau spécial qu'on a ouvert pour avoir accès
directement à la population.
Il y a une étude administrative du dossier qui est faite et un
chèque qui est émis et expédié aux sinistrés
en fonction de l'étude du règlement. C'est comme ça que
ça fonctionne.
Mme Vermette: Alors, en fait...
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Vermette: ...pour clore un peu la discussion sur la zone de
Chicoutimi et de toute cette région, comment se fait-il, M. le ministre,
le programme étant fait pour les démunis, comme vous le
mentionnez, que les municipalités de Jonquière, de l'Ascension,
d'Alma, de La Baie, la MRC du Fjord et de Chicoutimi s'opposent à votre
programme, même si elles sont obligées de participer pour avoir
mieux que rien?
M. Rémillard: Écoutez, j'ai de la difficulté
peut-être à comprendre votre question. Est-ce que vous pourriez me
la reformuler, s'il vous plaît?
Mme Vermette: Oui. Tantôt, vous me disiez que votre
programme était fait en fonction des démunis et pour les aider.
Alors, comment se fait-il que la majorité des municipalités - je
vais vous les nommer - soit Jonquière, l'Ascension, Alma, La Baie et la
MRC du Fjord et Chicoutimi, s'opposent à votre programme, même si
elles sont obligées de participer pour avoir mieux que rien?
M. Rémillard: Mme la...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...députée, vous savez, je
comprends très bien ces municipalités. Si j'étais maire de
ces municipalités, j'agirais probablement dans le même sens parce
que je dirais: On va essayer d'en avoir plus pour nos gens. Il faut les
comprendre, c'est normal qu'ils disent que le règlement n'est pas assez
généreux. On ne paie pas à 100 %. Si on payait à
100 % tout le monde, les gens nous diraient: Parfait, magnifique; voici, j'ai
10 000 $ de dommages, je reçois un chèque de 10 000 $ du
gouvernement. On n'aurait pas de problème, je peux vous le garantir.
Mais du moment où nous en sommes à la conclusion évidente
qu'on ne peut pas payer à 100 % les dommages reçus, il faut faire
des choix. Il est normal que les élus municipaux, auxquels nous nous
référons en premier lieu dans l'application de cette politique,
parce qu'il doit y avoir une résolution des municipalités, nous
disent: Ce n'est pas assez généreux. C'est normal qu'ils nous
disent ça. Mais la réalité des choses, en ce qui regarde
la capacité de l'État de pouvoir payer, en ce qui regarde aussi
la responsabilité du citoyen de pouvoir assumer aussi une partie des
dégâts qu'il a subis, qu'est-ce que vous voulez, cela fait partie
de notre vie de terrien, les tremblements de terre et les inondations. On me
mentionne la ville de La Baie. Je l'ai mentionné tantôt, j'ai
donné des évaluations moyennes avec les résultats que
ça donne, des résultats, je pense, qui confirment l'objectif de
notre règlement: aider le plus démuni, pouvoir aider vraiment
ceux qui ont de gros dommages, qui ont des dommages à leur
propriété et faire en sorte que ceux qui ont la capacité
de payer puissent en payer plus que ceux qui n'ont pas cette
capacité.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Mme la
députée.
Mme Vermette: Alors, M. le Président, je voudrais tout
simplement rappeler au ministre qu'entre payer à 100 % ou a peine 5 %
des réclamations qui sont déjà présentées et
qui pourraient être satisfaites dans le cas de la région de
Chicoutimi, c'est sûr qu'il y a tout un écart. Effectivement,
peut-être qu'on pourrait tendre vers une moyenne.
Je voudrais terminer là-dessus, en montrant, toujours dans Le
Quotidien, qui a paru le mardi
21 février 1989: "Tremblements de terre: La Baie dénonce,
à son tour, l'aide de Québec." Donc, il faut croire que, quelque
part, les gens ont réagi fortement à vos appréciations. Et
il y en a d'autres. Je pourrais vous dire qu'Aima proteste avec le
député Brassard. Alors il faut croire qu'il y a plein de gens
qui... Encore une fois, même si vos préoccupations sont pour les
démunis, je pense que les municipalités sont inquiètes par
rapport justement à cette clientèle et aussi à la
clientèle moyenne qu'on étrangle de plus en plus et pour qui
c'est de plus en plus difficile de s'en sortir. (16 h 15)
M. Rémillard: Ce que je peux vous dire, Mme la
députée, c'est qu'à ce chapitre-là, nous voulons
appliquer le plus adéquatement possible les principes que nous avons
énoncés. On a reçu seulement 80 réclamations. On va
voir. On devrait en recevoir 4000. Si on reçoit ces milliers de
réclamations et si jamais on s'aperçoit qu'il y a quelque chose
qui ne marche pas quelque part, on va être les premiers à se poser
des questions et à s'interroger, parce que nous avons nos objectifs et
nous voulons les réaliser. Mais au moment où nous nous parlons,
ces municipalités ont manifesté, de fait, un certain
mécontentement, au départ. Mais attendons. Voyons. Ce n'est pas
beaucoup 80 réclamations sur 4000. Je ne suis pas capable, vraiment,
d'établir un jugement là-dessus. Maintenant, je peux vous dire
que le gouvernement veut agir de très bonne foi là-dedans et
très sincèrement. On ne paiera pas à 100 %, c'est certain.
On ne mettra pas ça en régime universel, c'est certain aussi. Ce
qui me préoccupe, ce sont les gens qui sont touchés. Et moins ils
ont la capacité de payer, plus ils devraient avoir l'aide de
l'État. Cela devrait être le principe, au départ. Mais
donnez-nous un petit peu de temps pour qu'on puisse recevoir les
réclamations et ensuite on sera en mesure de juger le
règlement.
Mme Vermette: Oui, sauf, M. le ministre, que je vous ferai
remarquer que le séisme est arrivé au mois de novembre. On est au
mois d'avril et il leur reste à peine un mois pour faire une
réclamation. Durant toute cette période-là, vous n'avez eu
que 80 demandes et vous espérez, pour combler les 4000 demandes, que
tout ça va se faire dans l'espace d'un mois. Est-ce que vous allez
mettre de l'argent supplémentaire à ce moment-là pour la
publiciser et pour favoriser que les gens puissent accélérer leur
demande à vos bureaux puisqu'il y en a un justement à
Chicoutimi?
M. Rémillard: Vous savez, on a l'expérience de
Montréal en fonction de l'inondation du 14 juillet, où on a eu 10
000 réclamations dans une semaine. Cela se peut fort bien. On attend, de
fait, de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, beaucoup de
réclamations dans un avenir prochain. Les gens ont fait faire
l'évaluation. Ils ont regardé ça. Les municipalités
ont voté leurs résolutions. Là, ça devrait
démarrer et, jusqu'au 25 mai, on va recevoir ces
réclamations.
Le Président (M. Dauphin): Merci, je vais maintenant
reconnaître le député de Drummond.
M. Saint-Roch: Merci, M. le Président. M. le ministre,
tantôt, dans votre exposé, vous avez mentionné les
inondations du 29 mars. Or, trois des municipalités parmi les 22
auxquelles vous référiez sont dans ma circonscription, dont une
entre autres, Saint-Nicéphore, qui sera probablement responsable pour la
presque totalité des montants que vous avez prévus. Mes questions
sont celles-ci, M. le ministre: Est-ce qu'il est possible d'imaginer que ces
trois municipalités seront admissibles à l'aide financière
gouvernementale? Si oui, est-ce qu'on pourrait avoir un
échéancier possible ou si on pourrait donner à nos
citoyens concernés une idée, pour leur permettre de commencer et
d'accélérer la rénovation? Quand la politique
pourrait-elle s'appliquer?
Et, avant de répondre, vous me permettrez de conclure en
félicitant, M. le ministre, les fonctionnaires de la division
régionale du Bureau de la protection civile qui ont fait un boulot
impeccable, agissant avec promptitude dès le 29 mars.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Je prends bonne note, pas pour nous, mais
pour les fonctionnaires qui font, de fait, un travail remarquable. Certains
sont avec moi aujourd'hui. Et, M. le député, soyez assuré
que vos commentaires sont très bien reçus, avec beaucoup de
plaisir de la part du ministre aussi.
Je peux vous dire que, de fait, ces trois municipalités devraient
être reçues comme participantes. Les résolutions ont
été envoyées et sont reçues. Une évaluation
sera faite dans chacun des cas où il y a des dommages. Je peux vous
assurer qu'on va les traiter avec toute la célérité
nécessaire. Dès que les réclamations nous parviendront, on
va les traiter immédiatement en fonction du règlement que nous
avons. Cela devrait procéder très rapidement. Comme je vous l'ai
mentionné tout à l'heure, il y a de 22 à 25
municipalités qui sont touchées, dont les trois que vous avez
mentionnées. Il y a donc environ plus ou moins 700 résidences,
ça signifie environ 7 000 000 $ à 8 000 000 $ de dommages. On est
vraiment favorables à l'approbation d'une politique d'assistance
financière et c'est ce que nous allons proposer au gouvernement qui
pourra s'exprimer par décret pour faire son aide financière. Je
n'ai pas à parler avant que le gouvernement se décide par
décret, mais je peux vous dire que, comme membre du gouvernement, comme
ministre responsable, ma recommandation sera de rendre ces municipalités
accessibles à
l'application du programme.
M. Saint-Roch: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Dauphin): Si on me permet, Mme la
députée de Marie-Victorin, je vais reconnaître la
députée de Groulx qui m'avait demandé la parole.
Mme Bleau: Est-ce que vous aviez d'autres questions sur les
inondations? C'est sur un autre sujet.
Mme Vermette: Non.
Fusion de la protection civile et de la
sécurité incendie
Mme Bleau: Bien. Quand vous avez décidé
l'intégration du Bureau de la protection civile et la prévention
des incendies, j'ai trouvé que c'était une idée
excellente, puisque ce sont deux choses qui vont bien ensemble.
Mme Vermette: ...PQ.
Mme Bleau: Je voudrais savoir si le sous-ministre associé
responsable de ces deux organismes a un plan d'action pour la prochaine
année 1989-1990?
M. Rémillard: Oui, Mme la députée de Groulx,
nous avons fait cette fusion du Bureau de la protection civile du Québec
et de la Direction générale de la prévention des incendies
pour être plus efficace, comme j'ai dit tout à l'heure, avoir une
action plus concertée sur le terrain et nous avons un programme qui va
être très intéressant. Si vous me permettez, je pense que
l'occasion serait intéressante que je demande au sous-ministre, M.
Paradis, d'expliciter un petit peu le programme, avec la permission de la
présidence.
Le Président (M. Dauphin): Avec plaisir, M. le ministre.
M. Paradis, si vous voulez, pour les fins du Journal des débats,
votre nom, on vient de le mentionner, mais préciser également
votre titre, s'il vous plaît.
M. Paradis (Jean-Jacques): Bonjour. Jean-Jacques Paradis,
sous-ministre associé au Bureau de la protection civile et de la
sécurité incendie. Tout le monde sait que la fusion est tout
à fait récente. Les objectifs à partir desquels on va
fonctionner vont être les cibles de l'action définie par le
ministère sur lesquelles on aura à travailler comme cadre de
référence. Je vous cite les énoncés qui sont
à la base d'un plan d'action. Évidemment, il va sans dire qu'on
ne peut pas répondre aujourd'hui sur ce que sera le plan d'action, parce
qu'on est en train d'essayer de définir ces mécanismes à
partir de grandes orientations. Toutefois, je suis en mesure de vous dire,
même si le ministère n'est en fusion que depuis le 1er avril 1989,
que les énoncés à partir desquels on va travailler sont
les suivants.
Donc, énoncer une politique de prévention des sinistres et
des mesures d'urgence à prendre en cas de sinistre et mettre en oeuvre
cette politique et en coordonner l'exécution. Deuxième cible
d'action, conceptualiser une approche intégrée en matière
de sécurité publique, des zones semi-urbaines et rurales qui
tiennent compte des opérations de police et de la prévention des
incendies et de la protection civile. Ces deux grands points vont faire
qu'à partir de maintenant, la tâche à laquelle on va
travailler surtout, c'est l'intégration des deux services qui sont, pour
l'instant, l'objet de deux lois séparées, à savoir la
prévention des incendies. Donc, il y a un groupe de personnes qui
travaille là, qui intervient dans le monde municipal, qui intervient
dans les MRC, qui intervient auprès des gouvernements ou
différents groupes préoccupés par ce sujet et le Bureau de
la protection civile qui intervient également, mais pour d'autres
raisons. Donc, les raisons, à la rigueur, pourraient être
compatibles dans la mesure où on peut faire une fusion entre les deux
organismes qui vont permettre au gouvernement d'atteindre à la fois une
plus grande qualité de service. Donc, on va offrir un meilleur service
à la population tout en ne surchargeant pas la structure, tout en
diminuant les coûts de fonctionnement, parce qu'il y aura une meilleure
concertation, parce que ces deux blocs de travail sont sous la même
direction maintenant.
Mme Bleau: Une question. Les groupes qui se forment dans les
comtés ou dans les régions, qui vont s'occuper de la protection
civile et de la protection des incendies, vous voyez ça d'un bon
oeil?
M. Paradis (Jean-Jacques): Au moment où on se parle, le
Bureau de la protection civile a neuf bureaux régionaux. Ils sont
déjà physiquement installés dans les régions, donc
sur le terrain. L'ancienne, la défunte Direction générale
de la prévention des incendies, fait également de l'intervention
mais elle le fait à la pièce, elle ne le fait pas par des bureaux
régionaux parce que sa structure est trop légère pour
l'instant. Il s'agira éventuellement, dans un plan de
développement à définir, de voir dans quelles mesures on
interviendra sur le plan régional en ce qui a trait aux incendies comme
en ce qui a trait à la protection dans le cas de sinistres. À cet
égard, il va falloir être capable de peser dans la fusion comment
on peut améliorer la situation et comment on peut se rapprocher des
services à la clientèle.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Moi, j'ai un groupe de protec-
tion civile et de protection contre les incendies, qui travaille sur le
terrain, qui voudrait aussi s'occuper éventuellement de la protection de
l'environnement. Je pense que tout cela se tient quand on parle d'une
région ou d'un comté: protection de l'environnement, protection
civile. Je pense que cela a une connotation régionale ou même par
comté. Est-ce qu'ils vont pouvoir obtenir de l'aide de votre bureau
pour...
M. Paradis (Jean-Jacques): Est-ce que je peux
répondre?
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. Paradis.
M. Paradis (Jean-Jacques): Moi, je peux vous assurer que je n'ai
pas de tiroirs dans l'esprit, c'est-à-dire que je ne suis pas
propriétaire de la Protection civile. L'intention que j'ai vise à
développer tout simplement la capacité de se rapprocher des gens,
de se parler. Les fonctionnaires ont tous le même employeur. Je ne crois
pas qu'il doive y avoir des cloisons étanches entre un ministère
et un autre ministère. Les responsabilités qui nous sont
indiquées par la loi actuelle ne doivent pas concourir à m'isoler
mais doivent plutôt me permettre de voir dans quelles mesures je peux
établir des relations avec d'autres qui sont susceptibles de faire face
à des problèmes similaires aux miens. Dans un premier temps, ce
qu'on va essayer de faire, ce sont des tables de concertation parce qu'on veut
se définir non pas comme des intervenants directs avec de
l'équipement sur le terrain, mais on voudrait que les gens finissent par
nous définir comme des experts-conseils, ce que nous devrions
être, de façon à garantir aux municipalités qu'on va
les aider à assumer leurs propres responsabilités plutôt
que d'agir à leur place. Donc, à ce moment-là, nous allons
viser à favoriser le développement des plans d'urgence partout
où on va devoir le faire, y compris à d'autres niveaux que celui
du monde municipal immédiatement.
Mme Bleau: Je vous remercie, cela répond bien à ma
question.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Paradis. Je vais
maintenant reconnaître Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Moi, je suis toujours
heureuse quand on constate des bons coups. Je me souviens de l'époque
où la protection civile et le ministère de la Justice faisaient
partie des visions du Parti québécois et vous revenez à
cela. C'est heureux de voir que vous nous donnez raison, tout compte fait. Ce
qui m'inquiète, c'est quand vous n'aurez plus de modèle,
qu'est-ce que vous allez faire? Mais ça, c'est une autre paire de
manches, on y verra.
M. Rémillard: II faut garder notre Opposition, il faut la
garder. Il ne faut surtout pas la changer. Il ne faut surtout pas changer
l'Opposition, elle est trop bonne.
Saint-Basile-le-Grand
Mme Vermette: Non, c'est parce que vous épuisez tout ce
qu'on avait mis de l'avant; ce n'est pas ce que vous pouvez penser.
Mais si on revenait à des choses assez sérieuses et
notamment à ce qui s'est passé à Saint-Basile-le-Grand
où, à la page 20.1 des renseignements qu'on a reçus, en
particulier, votre gros livre, on voit qu'il y a trois décrets qui ont
couvert la situation, mais un seul comprend une estimation des montants qui
seront payés. Donc, est-ce qu'on peut savoir combien? Est-ce qu'il y a
eu des dérogations? Qu'est-ce qui s'est passé avec les autres?
Est-ce seulement le premier décret qui a été mis en
application et les deux autres décrets n'ont pas été mis
en application? Pourquoi d'ailleurs ne peut-on pas avoir d'autres montants? (16
h 30)
M. Rémillard: M. le Président, au départ,
c'est important de préciser que le programme d'assistance
financière établi par le gouvernement à la suite de
l'incendie de l'entrepôt de BPC à Saint-Basile-le-Grand,
contrairement aux autres programmes habituellement adoptés par le
gouvernement, est un programme universel qui ne prévoit pas une
participation financière du sinistré. C'est un cas bien
spécial. Cela signifie que tous les citoyens admissibles à
recevoir une aide sont traités sur le même pied, peu importent
leurs capacités de faire face aux préjudices qu'ils ont subis
à la suite de l'incendie ou pendant l'évacuation.
Cette situation particulière s'explique par le fait que
l'incendie de Saint-Basile-le-Grand est fort différent des sinistres qui
se produisent habituellement au Québec Pourquoi est-il différent?
Tout d'abord, par l'ampleur de l'impact potentiel de l'incident
écologique de Saint-Basile-le-Grand sur la santé de toute une
région. C'était considérable comme ampleur. Ensuite,
l'évacuation première décidée par les
autorités municipales; autre motif, le maintien de l'évacuation
qui a été décidé par le gouvernement; c'est le
gouvernement qui a décidé de maintenir l'évacuation et de
ne pas permettre aux résidents de réintégrer leur demeure
et, finalement, il faut comprendre que les préjudices qu'ont subi les
citoyens portent sur des frais, des pertes de revenus, des pertes de stocks
périssables occasionnés par l'évacuation, des pertes de
récoltes occasionnées par une destruction ordonnée par le
gouvernement et des dépenses de mesures d'urgence encourues par les
municipalités lors du sinistre.
Pour toute l'opération de Saint-Basile-le-Grand, M. le
Président, le gouvernement a donc adopté une attitude très
prudente pour que les citoyens n'aient pas à subir de préjudices
à leur santé. La première préoccupation du
gouverne-
ment était la santé, le bien-être des gens. On n'a
pas voulu prendre de risques. On aimait mieux retarder la rentrée de ces
gens dans leur demeure plutôt que de mettre en cause leur santé.
Alors le gouvernement a établi un programme d'assistance
financière universel parce qu'il a voulu assumer pleinement son choix de
ne pas prendre de risque dans l'incertitude et d'assurer aux citoyens un
environnement sécuritaire avant de leur permettre de
réintégrer leur foyer. Il faut bien comprendre que la situation
était tout à fait différente en ce qui regarde
Saint-Basile-le-Grand que, par exemple, en ce qui regarde le tremblement de
terre ou les inondations.
Mme Vermette: Je comprends très bien tout ce dont vous
venez de nous faire lecture. Mais ma question ne concernait pas
nécessairement la mise en cause de l'aide que vous avez apportée
aux citoyens de Saint-Basile, mais tout simplement, si je m'en tiens à
la page 20.1 du document, il n'y a qu'un décret pour lequel on peut voir
une estimation et, pour les deux autres décrets, il n'y a aucun montant.
Pourquoi ne voit-on aucun montant? Qu'est-ce qui se fait? Pourquoi, si je le
compare... Je ne sais pas si vous avez différentes méthodes de
travail, puisque cette formule est plus universelle, mais dans le cas du
tremblement de terre du 25 novembre 1988, on a cette estimation. Alors comment
se fait-il, dans le cas de Saint-Basile, qu'on ne l'ait pas? C'est
arrivé bien avant.
M. Rémillard: Je vais vous donner les informations que
j'ai ici. Au 31 mars 1989, le Bureau de la protection civile du Québec
avait traité 3695 dossiers sur un total de 3856. À cette
même date, donc au 31 mars 1989, le bureau a versé 12 729 314 $ en
aide financière. Les derniers chèques seront émis
très prochainement. Des chèques de 1 700 000 $ seront émis
très prochainement. J'ai demandé au Bureau de la protection
civile de communiquer avec toutes les instances gouvernementales qui sont
intervenues à Saint-Basile-le-Grand pour nous indiquer l'impact
financier de leur action à ce moment-là et je serai en mesure,
d'ici l'été prochain, d'indiquer toutes les dépenses
encourues par les différents ministères concernés. Au
moment où nous nous parlons, nous avons versé 12 729 314 $ et
nous pourrions émettre des chèques très prochainement pour
1 700 000 $.
Mme Vermette: Ce que je trouve très surprenant, M. le
ministre, c'est que vous émettez des chèques au montant de 1 700
000 $ alors que c'étaient les montants prévus et que les
dépenses sont de beaucoup supérieures aux dépenses
initiales. Vous êtes rendu à 12 729 000 $. J'essaie de comprendre.
Ça arrive pile avec vos prévisions, finalement, le montant des
chèques que vous allez faire.
M. Rémillard: Non. Le premier CT ne couvrait pas
l'ensemble des dédommagements. Les 1 700 000 $ étaient
strictement pour l'hébergement de ces gens qui ne pouvaient pas rester
à leur résidence. Ensuite, il y a eu deux autres CT qui sont
venus compléter le dossier.
Mme Vermette: Oui. On n'a pas les montants, on n'a pas les
estimations des deux autres CT. Ce n'est pas possible de les avoir non plus,
pas pour le moment?
M. Rémillard: Peut-être parce que c'est trop
récent du point de vue administratif. Attendez, je vais m'informer, si
vous me le permettez. M. le sous-ministre Paradis va vous répondre, si
vous le permettez.
Le Président (M. Dauphin): M. Paradis,
M. Paradis (Jean-Jacques): Quand les documents ont
été préparés, il n'y avait, à ce moment, de
disponible que le CT de 1 500 000 $ qui a finalement donné l'impression
aux gens qu'il s'agissait d'un estimé de ce qu'allait coûter
l'événement, alors qu'il s'agissait d'un CT ponctuel pour
être capable de faire face à un événement. Les deux
autres CT qui sont venus par la suite, on va vous les fournir. Ils n'ont pas
été déposés, à ce moment, semble-t-il, par
erreur. Je serai en mesure de vous les fournir. Je vais essayer de les trouver
avant la fin de la journée. Mais il y a eu deux autres CT pour deux
autres interventions au moment où le gouvernement a pris action.
Quand il a pris action, contrairement à ce qui s'est passé
à Montréal ou à Chicoutimi, on a pu faire faire une
évaluation par des spécialistes en sinistres, alors qu'à
Saint-Basile, la situation fluctuait d'heure en heure, de jour en jour. On
était donc en train de la vivre et non pas de l'examiner ou de
l'évaluer. Pour l'hébergement, on a calculé tant de
personnes, multiplié par tel coût, ça va donner plus ou
moins 1 500 000 $ et on a émis un CT. Dans un autre cas, on a
appliqué la procédure des fonctionnaires, à 30 $ par jour,
et à tant pour coucher, multiplié par tant de personnes. Je vous
fournirai les deux autres CT. C'est par erreur qu'ils ne se trouvent pas dans
ce document.
Mme Vermette: De quel ordre de grandeur étaient les
estimations. Avez-vous des chiffres? Y a-t-il des estimations, à savoir
le nombre de personnes qui ont pu être touchées par rapport au
montant que vous auriez à débourser?
M. Paradis (Jean-Jacques): La seule chose qu'on pouvait savoir,
c'est le nombre de personnes susceptibles d'être touchées
très tôt. Par la suite, aucun estimé ne pouvait être
fait en début de sinistre par rapport aux événements qui
allaient suivre. La seule norme mathématique qu'on pouvait appliquer,
c'était: On fait ça dans ce cas, pour tant de personnes et c'est
tout ce
qu'on pouvait faire. On n'a pas pu estimer le reste, ce qui fait qu'au
fur et à mesure que le gouvernement se prononçait sur tel type
d'intervention et ses conséquences, on émettait un CT.
Mme Vermette: Ça va. Il n'y a pas eu de clause
dérogatoire à ce moment, il n'y a rien eu de tout cela?
M. Paradis (Jean-Jacques): II ne pouvait y avoir de clause
dérogatoire. Comme c'était un cas d'exception, comme il
s'agissait de la santé, comme c'était une première, le
gouvernement a choisi d'appliquer une procédure particulière
à cet événement qu'il ne pouvait contrôler. À
ce moment, personne ne pouvait se plaindre; c'est tout à fait
évident. Les montants couvraient des frais réels.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Paradis. Mme la
députée.
Inondation de juillet 1987 à
Montréal
Mme Vermette: On peut passer aux inondations du 14 juillet 1987,
à Montréal. On se souvient qu'au mois d'août 1987, les
prédécesseurs du ministre déclaraient que selon une
estimation des dommages à 200 000 000 $, le programme d'aide pourrait
verser 20 %, en compensation soit 40 000 000 $. Si on regarde maintenant
à la page 24.1, aux renseignements, on se rend compte qu'il n'y a que
100 000 000 $ de dommages, qui représentent une aide de 10 %. En fin de
compte, on arrive à 10 000 000 $, c'est-à-dire à 9 464 946
$, au lieu de 40 000 000 $. Vous avez fait de bonnes estimations ou de bonne
prévisions, à ce moment. Il me semble que ça fait gros un
peu, aussi gros qu'à l'époque du Stade olympique, où il en
coûte quatre fois plus cher en certaines circonstances et dans d'autres
circonstances quatre fois moins cher. Cela dépend. Est-ce que vous avez
une explication à nous fournir à ce sujet?
M. Rémillard: M. le Président, je ne vois pas
quelle comparaison la députée de Marie-Victorin fait entre le
Stade olympique et les inondations à Montréal.
Mme Vermette: Je veux dire que dans certains cas ça ne
nous fait rien de voir grand et dans d'autres cas on préfère voir
petit.
M. Rémillard: De toute façon, ce n'est pas un sujet
très rigolo, remarquez, pour les gens qui en ont subi les
conséquences. Je peux vous dire où on en est présentement.
Au 11 avril 1989, il y a 13 382 dossiers qui ont été reçus
dans le cadre du programme des inondations de Montréal. Il y a eu
approximativement 3351 sinistrés qui ont demandé une
révision. Le Bureau de la protection civile a payé des
indemnités à 3227 sinistrés, pour une somme de 8 015 287
$. C'est jusqu'au 11 avril 1989. Il reste, M. le Président, environ 78
dossiers à analyser, pour un montant estimé à environ 750
000 $. Ce qui veut dire, M. le Président, qu'il y a 16 733 dossiers qui
ont été traités. C'est quand même très
considérable; à ce jour, 8 015 287$ ont donc été
payés.
Mme Vermette: Oui, mais ma question est pour indiquer, M. le
ministre, que malgré tout on est finalement loin des sommes
projetées. Il y a encore une énorme différence. Comment se
fait-il qu'on avait projeté autant d'argent, alors que les sommes que
vous aurez données vont être entre 15 000 $ et 20 000 $? Il y a au
moins 50 % de plus qui a été....
M. Rémillard: M. le Président, je ne suis pas au
courant de ces prévisions qui ont été faites. Vous savez,
quand ces sinistres arrivent on peut peut-être, au début, croire
que de fait il peut y avoir beaucoup de dégâts. Ensuite, on peut
voir par les réclamations la juste perspective des choses, mais je ne
pourrais pas me prononcer à ce sujet parce que je ne suis pas au courant
de ce qui avait été dit ou de ce qui avait été
fait. Je suis au courant de ce qui se fait présentement et de ce qui
s'est fait dans ce dossier en fonction de ce que nous avons payé. Ce que
je peux vous dire, c'est que 8 015 287 $ ont été payés et
qu'il nous reste encore environ 750 000 $ à payer. Ce qui veut dire
qu'on aura payé près de 9 000 000 $ pour ces cas d'inondation du
14 juillet 1987. C'est quand même considérable. Cela veut dire que
des gens ont subi des conséquences sérieuses de ces
inondations.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée.
(16 h 45)
Mme Vermette: M. le Président, je vais relever le fait que
mes affirmations ne sont pas tout à fait gratuites. Je me
réfère souvent au Soleil, mais je sais que Le Soleil
a beaucoup de bonnes informations privilégiées de la part du
gouvernement, donc je me dis que ça doit être assez bien. C'est
écrit, le jeudi 6 août 1987: Selon les dernières
évaluations faites par l'ensemble des municipalités de la
région de Montréal, la totalité des dommages encourus
s'élève à 229 000 000 $. Dans La Presse du 8
août 1987, on dit: Le ministre responsable du Bureau de la protection
civile, M. Gilles Rocheleau, convoquait la presse pour lui expliquer que dans
le seul cas du déluge du 14 juillet, dans la région de
Montréal, Québec verserait quelque 40 000 000 $ aux 21 000
victimes en dédommagement de la perte de leurs biens essentiels, meubles
ou immeubles.
Vous me disiez que vous ne saviez pas d'où provenaient les
chiffres que j'avançais. Je vous fais état maintenant de mes
sources d'information. Comment, à ce moment-là, faisait-on de
telles projections? Cela justifiait le fait de faire
ces estimations parce que cela répondait aux besoins. Même
l'ensemble des municipalités annonçait que c'était de
l'ordre de 222 000 000 $.
M. Rémillard: M. le Président, de fait, les sources
de la députée de Marie-Victorin sont bonnes. Le Soleil est
un bon journal.
Mme Vermette: Vous en savez quelque chose.
M. Rémillard: Je tiens à la féliciter pour
ses bonnes lectures. Maintenant, quant aux chiffres qu'elle mentionne, je dois
dire que je n'ai jamais été informé de ces chiffres. Je ne
pourrais pas vraiment me prononcer là-dessus. Tout ce que je peux lui
dire, c'est que ce sont des montants que nous avons payés. Quant aux
dossiers que nous avons reçus, il y en a qui ont été
refusés parce qu'ils ne correspondaient pas aux normes du programme
gouvernemental. Je ne suis vraiment pas au courant des chiffres qui ont
été avancés et qu'elle cite à bon droit, avec une
bonne référence. Je ne pourrais pas l'informer plus que cela.
Je n'ai pas la connaissance et on sait à quel point la
connaissance est importante lorsqu'on veut exprimer une idée. Trop de
gens expriment des idées sans avoir la connaissance. On pourrait
évidemment élaborer beaucoup sur la connaissance en fonction de
la perception aussi. Il faut faire une distinction entre la perception et la
connaissance. Ceux qui perçoivent ne connaissent pas
nécessairement, alors qu'il y a des gens qui pensent connaître et
qui perçoivent très mal. Il y a peut-être eu
ambiguïté quelque part dans la perception ou la connaissance.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: J'ai presque l'impression d'assister à un
cours de philo. Il me semblait que j'avais terminé cette étape de
ma vie. On pourrait peut-être faire un cours sur la raison pure aussi,
sur Descartes, pourquoi pas? Cela vous va bien, je trouve, mais il y avait
plutôt l'enseignement didactique.
Moi, non, mais ce que je trouve un peu particulier, malgré vos
questions de perception, M. le ministre, c'est quand on occupe un poste et
qu'on a la responsabilité de cette fonction, je pense qu'il y a une
certaine forme d'information qu'on est en droit de s'approprier pour
répondre justement le plus adéquatement possible à ses
responsabilités. Je ne voudrais pas faire un discours sur la
responsabilité parce qu'on va perdre du temps. Je pense que ce qui est
important, c'est ce que les citoyens vont recevoir comme indemnisation et c'est
ce que je voudrais savoir. Est-ce qu'à un moment donné on avait
surestimé la valeur des demandes? Est-ce qu'il y a eu moins de demandes?
Est-ce que les munici- palités voyaient d'une façon trop
généreuse la problématique? Il y a sûrement des
points de référence quelque part pour partir de 200 000 000 $ et
arriver à 20 000 000 $. On est très loin du compte.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
Mme Vermette: Je n'ai pas l'impression que vous êtes un
gouvernement qui lance des chiffres en l'air. C'est pour cela que je vous pose
des questions. Comme vous êtes un homme qui aime avoir une bonne
connaissance des choses, être au fait des choses, il me semble que c'est
inévitable, vous devriez être au courant.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Encore une fois, la députée de
Marie-Victorin a raison, on n'est pas un gouvernement qui lance, comme cela,
des chiffres en l'air. En ce qui regarde ce dossier en particulier, on
m'informe que, de fait, il y a eu beaucoup moins de demandes, de
réclamations qu'on avait estimé au départ. Peut-être
que se situe là un certain niveau, la différence de
l'appréciation en fonction de la réalité que nous avons
aujourd'hui. Mais il ne faut quand même pas être peiné, il
ne faut pas pleurer sur le fait qu'il y ait eu moins de dégâts
qu'on croyait. Alors, tant mieux, bon Dieu, s'il y a eu moins de
dégâts. Tant mieux!
Mme Vermette: Écoutez, à moins qu'un de vos
prédécesseurs n'ait eu une grande fringale du côté
des dépenses, peut-être que vous, vous êtes plus restrictif.
On ne sait jamais. De toute façon, il est parti à Ottawa,
peut-être que ça va être plus large à Ottawa.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Tornade dans la région de Louiseville
Mme Vermette: Oui. M. le Président, il y a un autre
ministre, j'imagine, qui doit être tout aussi coloré ou qui doit
sentir qu'il a beaucoup de poids au Conseil des ministres. Je sais que,
physiquement, il a déjà beaucoup de poids. Tout ce qui touche les
propos énoncés après la tornade qui est survenue le 20
juin dans la région de Louiseville - vous connaissez très bien le
ministre de cette région - qu'est-il advenu de ça? Le ministre
avait pris des engagements envers sa population. En fin de compte, il avait dit
qu'il convaincrait ses collègues. Je ne sais pas si vous faites la
sourde oreille ou si c'est plus difficile de vous convaincre, mais qu'est-il
arrivé des déclarations du ministre Picotte? Est-ce que le
Conseil exécutif ou le Bureau de la protection civile a pris d'autres
mesures à l'endroit des gens qui avaient subi des dommages lors de la
tornade du 20 juin?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre de la
Sécurité publique.
M. Rémillard: M. le Président, je ne connais pas
les déclarations de mon collègue qui, je dois le dire, fait un
excellent travail comme ministre au ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche; on peut s'en rendre compte à différents
égards par l'ardeur qu'il met à administrer son ministère
et par les politiques qu'il a mises de l'avant depuis les dernières
années, puisqu'il est là depuis le début. Je veux saluer
son travail. Le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche fait un
travail tout à fait exceptionnel, c'est tout à l'honneur des
Québécois et des Québécoises. On sait à quel
point ça peut avoir des conséquences sur notre industrie
touristique, entre autres, en plus de nous permettre, à nous, d'avoir
des loisirs. Nous aimons la chasse et la pêche, nous, les
Québécois. Je ne manquerai pas l'occasion de souligner
l'excellent travail que fait le ministre dans ce domaine, pour nous permettre
de profiter pleinement de notre beau pays. C'est le printemps qui arrive. La
députée de Marie-Victorin a vu le printemps qui arrivait et cela
lui a fait penser à mon collègue. Sa question lui est
arrivée concernant un aspect qui va nous arriver aussi. Qu'est-ce que
vous voulez? Avec l'été et le printemps, ce sont les orages et
les tornades. En ce qui concerne les orages et les tornades, ce sont des
séismes, oui, mais qui sont assurables par les compagnies d'assurances
à un prix raisonnable, en fonction des normes appliquées par les
compagnies d'assurances. Donc, ce qui est assurable, ce n'est pas ce qu'on
appelle, en termes juridiques, les "act of God", mais la tornade et l'orage
sont assurables. En conséquence, l'État ne se voit pas
obligé de pallier la compagnie d'assurances, comme dans les cas de
l'inondation et du tremblement de terre où nous avons des cas qui ne
sont pas assurables. Dans ce cas-là, M. le Président, je ne crois
pas que ce soit le devoir de l'État d'agir, c'est le devoir de chacun
des citoyens et citoyennes de se protéger par une police d'assurance
adéquate.
Mme Vermette: J'aimerais rappeler au ministre les propos qu'a
tenus, à l'époque, son collègue: À la suite de la
décision rendue par la Direction des programmes d'assistance
financière du Bureau de la protection civile du Québec de ne pas
venir en aide aux nombreux sinistrés de la tornade du 20 juin courant
dans l'agglomération louisevilloise et de Yamachiche, le
député de Maskinongé et ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche et ministre délégué aux
Pêcheries du Québec, M. Yvon Picotte, a affirmé qu'il
entendait convaincre ses collègues du Conseil des ministres à
assister financièrement les victimes de pertes non couvertes par les
compagnies d'assurances. Et on sait que ça touche
particulièrement aussi les agriculteurs. Donc, ma question est: Est-ce
que vous vous êtes laissé convain- cre?
M. Rémillard: Si j'ai bien compris, M. le
Président, cette citation que fait la députée de
Marie-Victorin d'une déclaration de mon collègue, le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, l'est en regard des dommages qui ne
seraient pas couverts par les assurances. Et ces dommages, nous les regardons
toujours de près pour voir s'ils sont significatifs. Dans le cas, par
exemple, des inondations et des tremblements de terre, si ma mémoire est
bonne, je pense qu'il pouvait y avoir certaines parties qui pouvaient
être couvertes par les assurances, à certains égards. De
fait, si ma mémoire est bonne, il faudrait que je revienne à nos
dossiers, il me semble qu'on a même reçu, des compagnies
d'assurances, près de 1 000 000 $ de ce qu'on a payé parce que
ces gens-là étaient assurés. Est-ce que c'est ça?
Sur Saint-Basile? On me dit plus de 1 000 000 $.
Mme Vermette: Cela c'est Saint-Basile.
M. Rémillard: Alors pour plus de 1 000 000 $.
Mme Vermette: Pour Saint-Basile, vous avez exclu, finalement, la
couverture des assurances tandis que dans les autres cas, ce n'est pas
nécessairement ça qui a été appliqué.
M. Rémillard: C'est une question bien technique et, si
vous le permettez, M. le Président, je pourrais me référer
au sous-ministre, M. Paradis.
Le Président (M. Dauphin): M. Paradis.
M. Paradis (Jean-Jacques): Premièrement, dans
l'énoncé de politique du 5 août 1987 qui avait
été approuvé par le gouvernement pour l'application
à Montréal pour les dommages, il y avait, comme pour celui de
Chicoutimi, dans un décret, une clause qu'on appelle la clause 8, je
crois, de subrogation indiquant que s'il y avait un dédoublement ou un
paiement qui était fait et qui était objet d'assurances, la
personne s'engageait automatiquement à rembourser le gouvernement.
À ce moment-là, c'est prévu dans les règlements
pour l'application et le paiement du sinistre en question ou dans le
décret.
Mme Vermette: C'est dans le décret. C'est ça.
M. Paradis (Jean-Jacques): C'est dans le décret.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Vermette: Mais Saint-Basile n'a pas la même...
M. Paradis (Jean-Jacques): On l'a appliquée quand
même pour Saint-Basile parce qu'il y avait des décrets ponctuels.
On a appliqué cette clause-là de façon que, pour
Saint-Basile spécifiquement, il y ait de rentrés chez nous pour
plus de 1 000 000 $ - je pourrais avoir le montant très précis,
des compagnies d'assurances - qui sont revenus à nos bureaux à
l'occasion de Saint-Basile même si l'application de cette clause
n'était pas écrite dans les règlements. C'est automatique
pour nous.
Mme Vermette: De toute façon, est-ce qu'on peut dire qui
va pouvoir annoncer les bonnes nouvelles dans le comté de
Maskinongé? Est-ce que le ministre Picotte va pouvoir dire qu'il a
été capable de toucher le coeur de ses collègues et de
favoriser ses électeurs ou les gens qui ont été
sinistrés dans son comté? Ou si ça sera le ministre de la
Protection civile qui pourra annoncer qu'il fera du cas par cas et qu'il
adjugera cela selon l'étude qu'il en déduira?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, mon collègue,
le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et moi-même
allons pouvoir travailler en étroite collaboration dans ce dossier pour
le mieux-être de nos citoyens et citoyennes.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Vermette: En fait, tout ce que j'espère, c'est que
pour ces citoyens-là, qui attendent depuis le mois de septembre, on
puisse, à un moment donné, se brancher sur leur situation, que
vous puissiez vraiment trouver un temps à votre agenda où vous
pourrez parler avec le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et
puissiez avoir une entente.
J'aurais une autre...
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée,
toujours. (17 heures)
Mme Vermette: Sur la publicité des programmes d'aide,
à la page 5.1 des renseignements généraux, sur les
sondages et publicités, on voit que pour donner un avis public au
programme d'aide pour les inondations, les 14, 15 et 16 août 1988, 4340 $
ont été dépensés. À la même page, pour
donner un autre avis public, cette fois au programme d'aide aux victimes du
séisme de novembre 1988, 3996 $ ont été
dépensés. Si on lit à la page 20.1 des renseignements
particuliers, on voit que l'estimation de l'aide financière aux victimes
de ces inondations est quatre fois moins grande. Comment expliquer cela, alors
que la publicité de ce programme coûte plus, c'est quatre fois
moins important que dans l'autre cas?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, si vous me
permettez, pour ces questions très techniques je me
référerai toujours au sous-ministre Paradis qui va nous permettre
d'avoir une réponse adéquate.
Le Président (M. Dauphin): M. Paradis.
M. Paradis (Jean-Jacques): Merci. La réponse ne sera pas
très longue. C'est que le décret nous oblige à publiciser.
Donc, s'il s'agit d'une municipalité ou deux, cela coûte moins
cher que s'il y en a 30, 40 ou 50, c'est évident. À ce
moment-là, la publicité qu'on a à faire, ce sont des avis
publics. C'est ce qui fait qu'il y a des différences entre les montants,
selon les événements et l'écart n'est pas
nécessairement raisonnable d'un événement à
l'autre. Cela dépendra du nombre de touchés, mais il faut le
faire partout.
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Merci.
Mme Vermette: Donc, il y a eu plus de gens qui ont
été touchés par les inondations que par les tremblements
de terre. Est-ce que c'est cela que ce que ça veut dire?
M. Paradis (Jean-Jacques): C'est le nombre de
municipalités qui font la demande quand elles veulent participer
à un programme d'aide financière qui fait que ça va
agrandir notre périmètre d'information ou d'avis à
donner.
Mme Vermette: Cela dépend des municipalités qui en
font la demande uniquement. Tout ça repose sur la responsabilité
des municipalités?
M. Paradis (Jean-Jacques): Ce que je veux dire, c'est que le
décret nous y oblige, dans un premier temps. On pourrait bien
décider qu'on pourrait accentuer à la rigueur notre propre
information si on apprenait que l'information n'est pas rendue à
destination. Mais a priori, on donne une information obligatoire en fonction du
décret quand il y a décret.
Mme Vermette: S'il y a une petite municipalité qui prime
et qui ne fait pas la demande, elle risque de ne pas être couverte?
M. Paradis (Jean-Jacques): Le problème c'est que si une
municipalité ne fait pas la demande, on ne peut que dire que c'est
triste pour les gens de cette municipalité qui auraient aimé que
la municipalité le fasse.
Causes possibles de sinistre
Mme Vermette: Parfait. L'étude sur les causes de
désastre au Québec, c'est quelque chose de nouveau, je pense. Si
ma mémoire est
fidèle, au bulletin de nouvelles du 17 avril dernier, à la
radio de CBF 980, on apprenait qu'une étude du Bureau de la protection
civile dévoilait que les tremblements de terre et la présence de
produits dangereux étaient les principales causes potentielles de
sinistre pour le Québec. Une étude a été
entreprise. Est-ce qu'il est possible de déposer cette étude
à la commission? Est-ce qu'on peut être mis au courant des
résultats de cette étude, puisque c'est si important, ce sont les
principales causes de sinistre pour le Québec?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, de fait, nous avons
un projet que nous allons concrétiser très prochainement d'une
étude que nous allons faire conjointement avec l'Université Laval
et l'Université de Sherbrooke pour faire le point là-dessus. Il
ne faut pas exagérer la situation. Le Québec n'est quand
même pas sur du "jello", mais il faut quand même réaliser
qu'il se peut qu'on soit ici dans une zone où on est plus susceptible
d'avoir des tremblements de terre, et il faut être prudent. Nous allons
faire les études nécessaires. Entre autres, j'ai demandé
à mes fonctionnaires de faire le nécessaire pour vérifier
tous les barrages au Québec. Vous savez qu'il y a beaucoup de barrages
au Québec. Quand on avait l'électricité privée, il
y avait plusieurs barrages comme cela au Québec. Ces barrages existent
encore en très grand nombre. Combien y a-t-il de barrages, M.
Paradis?
M. Paradis (Jean-Jacques): 200.
M. Rémillard: 233, je pense.
M. Paradis (Jean-Jacques): Oui, 230 ou 233.
M. Rémillard: 233 barrages et c'est important de les
vérifier. Je sais bien que, chez moi à Baie-Saint-Paul, il y en a
un qui appartenait avant aux Petites Franciscaines de Marie et qui appartient
maintenant à un particulier. Il y en a un peu partout dans la
région du Lac-Saint-Jean et de Chicoutimi, dont plusieurs sont
désaffectés, c'est-à-dire ne servent plus vraiment. Quand
on parle de tremblements de terre, d'inondations et de tout cela, pour nous il
est très important qu'on puisse vérifier la qualité de ces
barrages en vue de protéger adéquatement la population. Alors,
j'ai demandé à ce qu'on fasse ce travail et nous allons
entreprendre très prochainement, en étroite collaboration avec le
ministère de l'Énergie et des Ressources, une étude sur
ces barrages afin de nous assurer qu'ils respectent bien les normes de
sécurité. Pour moi, je peux vous dire, en ce qui regarde la
sécurité publique, la protection civile, que ce sera une
priorité dans les prochains jours et les prochains mois que de s'assurer
que les quelque 230 barrages du Québec sont sécuritaires et en
bon état. Quand cela éclate - on a déjà eu des
exemples - ça fait des dégâts et ça entraîne
des pertes de vie, ça fait quelque chose d'épouvantable. On n'a
pas besoin de penser toujours à la Manic ou à la Baie-James, mais
il y a des barrages de moyenne grandeur, même de petits barrages et,
lorsque cela éclate, c'est la boue et c'est l'eau qui descendent. M. le
sous-ministre me suggère Saint-Joseph-de-la-Rive, dans mon patelin et
chez moi, à Baie-Saint-Paul, il y a eu des dégâts
épouvantables. Donc, on va vérifier cela et c'est un
élément important à vérifier.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Vermette: Je considère que, dans votre petit patelin,
il y a beaucoup de barrages et j'espère qu'il y a des endroits où
on peut circuler à l'air libre aussi sans qu'il y ait trop de
barrages.
M. Rémillard: Venez, on vous invite. Venez voir comme
c'est beau chez nous.
Mme Vermette: Est-ce un état d'esprit? Je ne sais pas,
c'est une question de perception probablement. Je voulais vous demander, du
moins ma question ne portait pas nécessairement sur l'état des
barrages au Québec. Je sais que c'est effectivement important. Je n'ai
rien contre, mais je voulais vous demander quelque chose au sujet d'une
étude qui a été entreprise en fait par le Bureau de la
protection civile. Sans vouloir dramatiser et sans vouloir créer de
panique sur l'état des causes, en ce qui concerne les sinistres au
Québec on dit que les deux grandes causes potentielles sont la
présence de produits dangereux et les tremblements de terre. Donc, il y
a une étude sur cela. Est-ce qu'elle est terminée? Si oui,
avez-vous les résultats et êtes-vous prêt à les
déposer?
M. Rémillard: Je vais vous dire personnellement que vous
m'apportez un élément nouveau. Je ne connais pas du tout cette
étude, mais peut-être qu'au niveau sous-ministériel on
connaît cela. Avec la permission de la présidence, je vais me
référer toujours à M. le sous-ministre Paradis pour savoir
s'il est au courant de cette étude.
Le Président (M. Dauphin): M. Paradis. M. Paradis
(Jean-Jacques): Merci.
Mme Vermette: M. le ministre, je comprends que c'est depuis assez
récemment que vous êtes titulaire de ce ministère. Je
m'aperçois qu'il y a beaucoup de données sur lesquelles vous
n'êtes pas en mesure de nous donner de réponses, parce que vous
n'avez pas l'information ou soit que vous êtes plus ou moins au
courant...
M. Rémillard: Non, je regrette. M. le
Président, un instant!
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: Mentionnez-moi les données pour
lesquelles vous n'avez pas réponse là! Cela fait deux heures que
vous me parlez du règlement sur les inondations et les tremblements de
terre. Je réponds à toutes vos questions. Il y a quelques
questions techniques que j'ai transmises au sous-ministre. Envoyez-moi vos
questions, je vais vous donner les réponses. Si vous n'avez pas
celles-ci tout de suite, vous les aurez demain. Mais jusqu'à
présent, je ne me souviens pas avoir laissé une question sans
réponse. Quand vous parlez de cette étude - vous me pariez d'une
étude - moi, je peux vous dire que je ne la connais pas. Je ne vous
dirai pas que je la connais, je ne la connais pas cette étude. Je vais
m'adresser aux sous-ministres pour voir si eux la connaissent. Moi, je ne la
connais pas cette étude.
Mme Vermette: De toute façon, je peux sûrement poser
la question au sous-ministre. Pour autant que j'aie une réponse, c'est
ce qui est important. C'est cela, que je dis.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée,
de toute façon, j'avais reconnu M. Paradis tantôt.
Mme Vermette: C'est bien.
Le Président (M. Dauphin): Juste avant que vous
n'interrompiez...
Mme Vermette: Vous êtes très clairvoyant, M. le
Président. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): ...M. Paradis. Alors, M.
Paradis, la parole vous a été donnée il y a deux
minutes.
M. Paradis (Jean-Jacques): Merci. La réponse que je peux
vous donner, c'est que je ne la connais pas non plus. Ce que je crois par
contre, c'est qu'il ne s'agit pas d'une étude commandée par le
bureau. Beaucoup de gens font des travaux pour nous: il peut s'agir de rapports
sur des substances, des produits ou de rapports sur différents types
d'interventions, mais, à ma connaissance, le bureau n'a pas fait
d'étude au sens où la question m'est posée. Je ne connais
pas cette étude. La seule chose que je sais, c'est qu'on a
rencontré des universitaires, à leur demande, pour que des
études soient entreprises et c'est ce à quoi faisait allusion le
ministre tout à l'heure. Ce sont deux chercheurs qui veulent faire des
études dans ce secteur, sauf qu'à ma connaissance, on n'a pas
commandé d'étude. Alors, je ne comprends pas. Je m'en excuse,
mais je ne peux pas vous répondre.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Vermette: Cela va. L'information venait d'une revue de presse
radio, en fait, de la station CBV 980. Il y a peut-être eu une erreur ou
certaines gens considéraient la nécessité d'une telle
chose.
M. Paradis (Jean-Jacques): Ou des gens qui nous font faire des
études.
Maison de jeunes
Mme Vermette: Voilà. Toujours concernant les maisons de
jeunes, s'il y a un sinistre actuellement, elles ne peuvent ni directement ni
indirectement réclamer de dommages. Quand je dis directement, c'est en
tant que maison de jeunes et, indirectement, c'est par l'entremise des
municipalités. En effet, en tant qu'organismes subventionnés par
le gouvernement, l'article 5.4 du programme établi après le
tremblement de terre fait qu'elles n'ont pas le droit de présenter une
demande. De plus, l'annexe c du même programme a pour effet qu'une maison
de jeunes n'est pas considérée comme un bien municipal essentiel.
Il y a la même chose dans le programme établi pour les inondations
de juillet 1987. Pourtant, on sait que les maisons de jeunes sont
oubliées du gouvernement et qu'elles ont beaucoup de difficulté
à survivre. En comparaison, l'article 5.2 a pour effet que les pertes
des compagnies de gestion sont admissibles. Je trouve qu'on est beaucoup plus
large dans nos interprétations vis-à-vis des compagnies de
gestion que vis-à-vis des maisons de jeunes. Autrement dit, cela se
résume un peu comme ça pour les jeunes quand on les consulte: si
tu as de l'argent, tu as le droit d'en recevoir, mais, si tu n'en a pas, tu
t'en passes. Est-ce qu'y y a des possibilités de corriger ça?
J'ai l'impression que les jeunes sont victimes d'une injustice.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, d'abord les maisons
de jeunes sont très importantes. Il y en a une dans mon comté, le
comté de Jean-Talon, qui fonctionne très très bien et qui
fait un travail magnifique. La députée de Groulx en a aussi une
dans son comté, elle en a même deux qui font un travail
remarquable et je sais que la députée de Groulx est très
proche de ces jeunes et travaille très souvent en étroite
collaboration avec ces gens. Elles se préoccupe de la situation de ces
maisons de jeunes. Cela ne relève pas de ma juridiction, mais d'un autre
ministère, le ministère de la Santé et des Services
sociaux.
En ce qui regarde le problème posé par des dommages que
pourraient subir ces maisons de jeunes, j'ai ici une information qui me vient
d'un décret du gouvernement du Québec du 25 janvier 1989
concernant une demande d'aide financière
relative au tremblement de terre survenu au Québec le 25 novembre
1988. Je peux vous dire en passant, M. le Président, que ce n'est pas
tout le monde qui peut se dire que la terre a tremblé le jour de son
anniversaire de naissance. Donc, je lis ce... Pardon?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Pardon?
M. Dufour: II faut faire une demande de rançon pour
payer... (17 h 15)
M. Rémillard: Non, non. Alors, voici l'article de ce
décret: 7.1.5. Pour un immeuble appartenant à un organisme
privé, la participation financière de base du sinistré est
égale à 2 % de la valeur que l'évaluation municipale
normalisée reconnaît à sa propriété.
Bâtisse seulement. Cela veut dire qu'il y a donc possibilité.
Avant c'était impossible, mais maintenant il y a possibilité.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Marie-Victorin.
M. Rémillard: M. le Président, avant. Là
encore, c'est une bonne Opposition qui a permis au gouvernement de se surpasser
et de faire en sorte qu'à l'avenir on pourra avoir dans notre politique
la possibilité d'indemniser ces organismes.
Mme Vermette: Vous en convenez?
M. Rémillard: Je conviens qu'on a une très bonne
Opposition, comme vous convenez qu'on est un excellent gouvernement.
Mme Vermette: On pourrait discuter de cela. Comme on fait
à l'heure actuelle, en tout cas, on relève certaines petites
coches mal taillées ou même pas nécessairement. Des
petites, on pourrait voir ça d'une façon un peu plus
particulière. Je prends bonne note de ce qui concerne les maisons de
jeunes. Je pense qu'on pourrait peut-être les en avertir. Pourriez-vous
reprendre les demandes de celles qui en ont fait et les assurer que maintenant
elles pourront avoir droit à une forme d'indemnisation en fonction de la
reprise de l'étude de leurs demandes?
M. Rémillard: C'est vrai, M. le Président. Quand on
témoigne ici et qu'on parie de sécurité publique, de
séisme, qu'on lève la tête et qu'on voit cet immense lustre
juste au-dessus de nos têtes, ça nous met dans une situation de
réflexion.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): La présidence en prend
bonne note, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Vermette: On me fait remarquer qu'à l'annexe c du
programme d'assistance financière relative au tremblement de terre
survenu au Québec le 25 novembre 1988 - donc, c'est vraiment
spécifique à un événement - on a une liste non
exhaustive des biens municipaux considérés non essentiels aux
fins de ce programme. Si on va un peu plus loin, il est bien inscrit en
quinzième, les maisons de jeunes. On fait une définition des
maisons de jeunes.
M. Rémillard: On fait une...
Mme Vermette: La définition des maisons de jeunes en
annexe c de votre programme, spécifiquement pour le séisme du 25
novembre. On y fait mention des exclusions au niveau des fins des
municipalités et donc sont exclues les maisons de jeunes.
M. Rémillard: Oui, voici, M. le Président,
l'explication est très simple. Lorsque la maison de jeunes, la
bâtisse appartient à une municipalité, et dans certains cas
ça appartient à la municipalité, elle n'est pas
admissible. On sait que les municipalités sont déjà assez
subventionnées, qu'il y a d'autres programmes à part cela et
qu'elles sont assurées en plus, etc. Elles n'ont donc pas besoin de
l'aide gouvernementale là-dessus. Cela devient plus privé
là. Mais, lorsque c'est une bâtisse qui appartient à la
maison de jeunes, ça tombera dans le programme. Lorsque c'est public
dans le sens que ça appartient à la municipalité, il n'y a
pas de dédommagement possible.
Mme Vermette: Cela veut dire finalement, les maisons de jeunes
étant considérées comme une des responsabilités des
municipalités, qu'on risque qu'elles se retrouvent avec beaucoup de
difficultés pour pouvoir se permettre d'avoir un toit ou, en tout cas,
d'en avoir le pouvoir, parce que ce n'est pas toujours facile de trouver un
autre local adéquat et répondant aux besoins de ces jeunes. En
fait, elles sont un peu habituées à être obligées de
se battre pour avoir ce qui leur est dû.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, à ce sujet,
je partage certaines des observations de la députée de
Marie-Victorin, à l'effet que souvent ces maisons de jeunes doivent
travailler fort pour avoir leur place au soleil, leurs locaux, etc. Mais,
lorsque ces locaux appartiennent à une municipalité, je pense que
tout le monde conviendra que le gouvernement n'a pas à dédommager
la municipalité. Celle-ci est déjà subventionnée,
elle a déjà des fonds publics qui existent et on ne peut prendre
la place de la municipalité, laquelle doit aussi, bien sûr, faire
face à ses
obligations. Je crois qu'il est assez facile à comprendre,
lorsque ces maisons de jeunes appartiennent à des municipalités,
que le programme du gouvernement n'a pas à s'appliquer.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
M. Rémillard: Quoiqu'on m'informe, et je pense que la
précision est importante, que certains éléments qui
appartiennent aux municipalités peuvent être dans le programme
dans la mesure où c'est admissible.
Édifices religieux
Mme Vermette: J'avais voulu faire passer cette remarque
finalement: quand tu es une compagnie de gestion, que tu gères de gros
immeubles, tu peux être indemnisé, mais dans l'autre cas,
même si je comprends la complexité de la question de qui
relèvent les maisons de jeunes, cela devient beaucoup plus difficile.
C'était vraiment le message que je voulais faire passer.
Il semble y avoir une autre exclusion dans votre programme, soit
l'indemnisation des édifices religieux. C'est inclus, mais en fait c'est
aussi un genre de camouflage. Si on regarde l'article 5.6 du programme d'aide
établi après le sinistre de novembre 1988, on dit que les
dommages aux édifices du culte sont admissibles. C'est bien gentil de
les reconnaître, mais de quelle façon les reconnaît-on?
L'article 7.1.6 a pour effet que la franchise d'une paroisse ou d'une
église est égale à 1 000 000 $. Si vous prenez les
règles de comptabilité, si vous faites le calcul, j'ai
apporté ma calculatrice pour vous démontrer qu'avec 1 000 000 $
il en coûte finalement aussi 1 000 000 $ en franchise à la
paroisse, de sorte qu'elle est exclue.
Dans ces conditions, pourquoi ne pas dire tout simplement que tous les
édifices religieux ne peuvent pas faire partie de votre programme,
puisque, de toute façon, cela revient tout simplement à leur
faire perdre leur temps? Ce sont des casse-tête et des maux de tête
perdus à calculer pour en arriver à comprendre qu'ils n'auront
rien, en fin de compte.
M. Rémillard: Avez-vous fait vos calculs?
Mme Vermette: Non, mais je peux aller vous montrer, si vous le
voulez, quel est le calcul.
M. Rémillard: Non, mais excusez-moi.
Mme Vermette: Mais la question n'était pas à ce
niveau. Probablement que vous ne m'avez pas tout à fait suivie, parce
que j'ai continué, même si je calculais, de parler.
M. Rémillard: Madame!
Mme Vermette: Ce que je vous demandais, c'est vu justement ces
calculs qui les excluent, s'il ne serait pas préférable de les
exclure automatiquement pour les empêcher de penser qu'ils pourraient
avoir droit à une forme d'indemnisation, alors que ça devient
tout simplement une farce ou du camouflage.
M. Rémillard: Madame, si je vous ai perdue, permettez-moi
de vous retrouver et de vous dire que les communautés religieuses ou les
biens appartenant à une communauté religieuse sont soumis au
règlement au départ, comme on vous l'a mentionné.
Maintenant, le problème qui peut se poser, c'est que, dans ce cas, on va
souvent comprendre l'ensemble des biens de la communauté et non pas
simplement le pavillon ou la partie des biens, la bâtisse qui a
été spécifiquement touchée par le séisme. On
essaye de travailler là-dessus, c'est un point sur lequel on veut
travailler pour bonifier notre règlement. Vous savez, les
communautés religieuses ont tellement fait pour le Québec et
continuent à faire beaucoup, entre autres dans le domaine de
l'éducation, dans le secteur privé, par exemple. On sait que Mme
la députée de Marie-Victorin n'est pas en faveur de
l'école privée elle-même, c'est son option, je respecte
cela. Son parti politique n'est pas en faveur de l'école privée,
mais nous considérons que les écoles privées sont un
apport à notre société. On dit toutes sortes de choses sur
les écoles privées. On dit que ça fait deux classes de
citoyens, deux types d'éducation, mais c'est complètement faux.
Dans mon comté, Jean-Talon, il y a plusieurs écoles
privées qui font un travail tout à fait magnifique. C'est un
choix qu'on fait, à un moment donné, comme parents. Parce qu'on
veut donner un genre d'éducation particulier à nos enfants, on
décide de les envoyer à l'école privée. Cela
coûte des sous, cela coûte même - je le sais
d'expérience - plusieurs sous, mais on se prive d'autre chose. C'est un
choix. Pour un même prix, les gens vont envoyer leurs enfants à
l'école publique... On a un excellent système d'écoles
publiques, très bon, très performant, qui donne une excellente
éducation à nos jeunes. Il faut aussi souligner la grande
compétence du ministre de l'Éducation qui fait un travail
remarquable.
Mme Vermette: Je dirai au ministre que notre province est la
seule qui fournisse autant d'argent aux écoles privées. L'Ontario
n'en donne pas du tout. Notre province est la seule qui donne autant d'argent
au système privé. La question n'était pas de faire la
différence entre le secteur privé et le secteur public. Comme
vous avez un grand intérêt pour les démunis... Je parle non
pas des communautés religieuses, mais je parle - si vous le connaissez -
de l'état des fabriques, des lieux du culte de la plupart de nos
églises. Vous savez que celles-ci ont beaucoup de difficulté
à survivre actuellement. Ce n'est plus tout le monde qui paie
automatiquement la dîme. Donc, en faisant le constat de la situation
des églises, je vous parlais des immeubles et je ne vous partais
pas non plus des communautés religieuses. Là encore, on a pris
une autre voie, complètement. Vous étiez sur la voie des
communautés, alors que je vous parlais des édifices. Les dommages
sont imputés non pas aux communautés, mais aux lieux du culte,
à différentes églises. Pourquoi avez-vous établi
cette règle pour les indemniser? N'y a-t-il pas lieu de changer cette
règle au-delà de vos belles paroles? Ce serait beaucoup plus
pratico pratique dans les circonstances que l'on connaît en ce qui
concerne le séisme de novembre 1988, notamment pour la fabrique
d'Iberville au Lac-Saint-Jean, qui s'est fait répondre par le Bureau de
la protection civile qu'elle ferait mieux de penser qu'elle n'aura pas
grand-chose.
M. Rémillard: Je peux vous dire que vous me donnez un cas
particulier et je vais demander qu'on le regarde d'une façon
particulière. Je veux que les gens soient traités
équitablement. Entre autres, quand vous vous référez
à ces catégories de personnes et de biens, celles-ci
bénéficient d'un droit de révision. Tantôt, on a
parlé du droit de révision de l'article 3. Vous me soulignez un
point. Je dis que c'est d'une bonne Opposition, j'en ai encore une preuve. Vous
me mentionnez un point particulier et vous pouvez être assurée que
M. Paradis va le vérifier. On va voir ce qu'on peut faire.
S'il y a moyen de bonifier notre règlement, soyez assurée
qu'on va le faire. Dans la mesure où on respecte les principes auxquels
on croit profondément, vous pouvez être certaine qu'on va agir et
qu'on va le bonifier. Et s'il y a un trou, on va le boucher. Vous me mentionnez
un cas et je veux vous dire qu'on va certainement le vérifier.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Mme la
députée.
M. Rémillard: M. le Président.
Accroissement de la sécurité
Mme Vermette: Certaines questions sont plus importantes que
d'autres. Elles sont toutes importantes, mais il y a un ordre de
priorité. Donc, je voudrais garder cet ordre de priorité.
En fait, si j'ai bien compris, lorsque Mme la députée de
Groulx posait sa question et faisait aussi un peu comme...
M. Rémillard: C'est un lapsus, mais à peine. (17 h
30)
Mme Vermette: ...à l'Assemblée nationale quand on
pose des questions, ce genre de questions ou comme on dit souvent dans notre
langage une question plantée ou préparée pour vanter vos
mérites, finalement, concernant les situations de besoin d'intervention
qualifiées de cas d'urgence, on s'aperçoit que de plus en plus
l'environnement jouit d'une sécurité très fragile. Avec
tout ce qu'on a vécu dernièrement, les événements
majeurs qu'on a vécus, on a vu que les gens ont été
obligés de s'organiser tant bien que mal. Dans ces conditions, est-ce
que le ministre ne croit pas qu'il pourrait, justement pour la
sécurité du Québec - je ne sais pas si c'est jusque
là qu'il veut aller ou aussi loin que ça - enrichir les rangs de
la Sûreté du Québec d'un corps spécial
d'intervenants en sécurité, comme le sont les policiers, les
pompiers et les ambulanciers?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui. Je crois qu'il faut se rendre compte de
nos capacités et de nos lacunes. En ce qui regarde les séismes
auxquels nous devons faire face, les dernières années nous ont
démontré - on a eu un séisme d'ordre écologique de
grande importance, on a eu des séismes en inondations comme celle de
Montréal qui nous a pris complètement par surprise ce 14 juillet,
fête nationale de nos amis Français... On a eu aussi ce
tremblement de terre qui est survenu un 25 novembre. Avec tous ces cas, on a pu
accumuler une expérience et des éléments de
réflexion. Je peux vous dire que nous avons créé un
comité interministériel, il y a à peine deux semaines, qui
implique les ministères de la Sécurité publique, des
Transports et de l'Agriculture, la Sûreté du Québec, la
Protection civile, et même le ministère des affaires sociales pour
définir des orientations et tirer des priorités. C'est un
comité au niveau sous-ministériel qui sera même
présidé par le secrétaire du gouvernement. C'est donc
significatif de l'importance qu'on donne à ce comité pour qu'on
puisse planifier ensemble l'action qu'on doit prendre pour faire face à
un séisme.
Nous avons à composer avec des situations difficiles. Nous devons
agir rapidement. Cela commande une préparation adéquate. Alors,
avec ce comité sous-ministériel et ministériel aussi, au
besoin, nous allons pouvoir définir les orientations, fixer nos
priorités et établir le cadre d'action que l'on doit avoir pour
faire face à tout genre possible de séisme. Maintenant, il y aura
toujours des choses qu'on ne pourra pas prévoir, mais on va essayer de
prévoir tout ce qu'on peut prévoir. On aurait pu discuter, ce
matin, d'autres choses qui regardent la sécurité publique. On a
discuté de bien des points et il y en a plusieurs qui ont
été laissés en suspens. Je pense aux centres de
détention, aux établissements de détention. On a
parlé longuement de Parthenais, par exemple. Je disais à quel
point j'étais soucieux de régler un problème
immédiat que nous avons, celui de la surpopulation. J'aurais eu aussi
des informations à donner sur la sécurité à
Parthenais, en ce qui regarde, par exemple, les questions d'incendie qui me
préoccupent beaucoup. Alors, j'ai demandé à M. le
sous-ministre de faire le nécessaire pour s'as-
surer qu'en cas d'incendie il y ait les moyens d'évacuation
nécessaires pour que tout se passe correctement.
On pourrait parler comme ça de bien des domaines où nous
devons prendre les moyens nécessaires pour assurer un maximum de
sécurité. J'ai mentionné, au tout début de cette
étude des crédits, ce matin, que nous devons - c'est un
élément important - non seulement faire face à la musique,
à un moment donné, lorsqu'elle arrive et qu'elle est très
forte, mais aussi prévoir, non seulement "goaler" donc, mais jouer
à l'avant un petit peu. Cela nous permettra de prendre des actions
préventives qui pourraient nous aider à faire face à des
situations difficiles, comme celles que nous avons vues et d'autres que nous
pourrions, bien sûr, vivre dans un avenir, on l'espère, le plus
éloigné possible.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres questions?
Mme Vermette: II y aurait quelques dernières questions, M.
le Président. Si vous me permettez, c'est assez spécial. Il est
rare qu'on trouve lors de l'étude des crédits qu'il n'y a aucun
crédit périmé. Est-ce qu'il n'y en a vraiment aucun? M. le
ministre, cette fois-ci m'avez-vous perdue à nouveau?
M. Rémillard: Je serai heureux de vous retrouver,
madame.
Mme Vermette: Je vous posais cette question: c'est très
rare, lors de l'étude des crédits, qu'on n'ait pas de
crédits périmés. Dans nos renseignements, on ne voit aucun
crédit périmé. Est-ce que c'est réellement
l'état de la situation? Vous n'avez aucun crédit
périmé?
M. Rémillard: Oui. Nous n'avons aucun crédit
périmé. On doit être en mesure d'administrer dans ces
circonstances. Cependant, si vous me permettez, pour vous donner une
réponse complète en ce qui regarde la Protection civile, je vais
demander encore à M. Paradis de vous expliquer dans quelles
circonstances ça se fait.
Le Président (M. Dauphin): M. Paradis.
M. Paradis (Jean-Jacques): Merci. C'est une technicité, au
fond. C'est que déjà, il y a quelques mois, le gouvernement
avait, comme pour d'autres ministères, prélevé 600 000 $
dans notre budget. Ce qui fait qu'à partir de ce moment-là, on
savait exactement où on allait et on s'est rendu au nouveau budget sans
avoir besoin de rien périmer, parce qu'on avait réagi tout
simplement à la compression. Donc, ce furent des réajustements
budgétaires et il n'y a effectivement aucun crédit
périmé.
Mme Vermette: Vous aviez donc fait une planification juste en ce
qui concerne tout ce qui relevait de votre gestion, l'administration et tout
ça. Vous êtes arrivés pile dans les chiffres.
M. Paradis (Jean-Jacques): Ce que je viens de vous dire, c'est
qu'il y a quelques mois un ajustement mécanique a été fait
au gouvernement à la suite d'une compression. Après la
compression, on a réajusté le budget de façon à
être capable d'arriver en fonction du budget qui nous était
alloué. C'est ce qui est arrivé.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Paradis. Alors, c'est
terminé. D'autres questions, Mme la députée?
Mme Vermette: J'aurais deux autres questions avant de terminer,
M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Deux autres dernières.
Allez-y.
Mme Vermette: Deux autres dernières. C'est au chapitre des
contrats de moins de 25 000 $ à des professionnels dans le cahier des
renseignements généraux, aux pages 7.62 et suivantes. On remarque
les noms et les montants qui ont été payés à des
experts en sinistres. Il serait trop facile de dire que les désastres
sont un drame pour tout le monde. Je voulais seulement savoir comment ces
contrats-là ont été attribués. Quelles sont les
règles? Mais, de toute façon ce sont des contrats de 25 000 $ et
moins.
M. Rémillard: Oui.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Ces contrats sont donnés de deux
façons. La première façon est en fonction d'une expertise
spécifique dont on a besoin. Lorsqu'on a besoin d'une expertise
très spécifique ou particulière, par exemple en
géotechnique, c'est certain qu'il est assez facile de comprendre ce qui
peut se passer. Maintenant, en ce qui regarde l'expertise en
géotechnique, les firmes d'ingénieurs spécialisés
en mécanique des sols ont été sélectionnées
à partir du fichier central des fournisseurs du gouvernement du
Québec selon la procédure administrative prévue pour
l'adjudication des contrats de services professionnels.
En ce qui regarde les experts en sinistres, des experts en sinistres
sont mandatés pour certains dossiers lorsque le bureau le juge opportun.
Un appel de candidatures est diffusé par le truchement de l'Association
des experts en sinistres, et le choix est arrêté par un
comité de sélection mandaté par le bureau.
M. Paradis (Jean-Jacques): C'est dans les meilleures
règles de l'art.
Mme Vermette: Alors, tout est conforme au
cahier de charges. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Vermette: Je terminerais, M. le Président, en fait sur
une note en disant qu'au chapitre des renseignements généraux sur
le personnel politique et sur le bureau du sous-ministre les
éléments suivants n'ont pas été fournis. Je ne veux
pas que le ministre se sente offusqué, mais je veux tout simplement
souligner qu'en ce qui concerne son personnel politique pour les années
1986-1987 - je sais que vous n'étiez pas en place, mais ça
faisait partie de nos demandes de toute façon - 1987-1988, 1988-1989
inclusivement, II manque la date d'entrée en fonction, le salaire et la
classification du personnel. Pour le bureau du sous-ministre, on demande les
mêmes informations, c'est-à-dire les noms, les prénoms et
les fonctions pour les années 1986, 1987, 1988, 1989, et celles-ci
manquent aussi.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: On peut vous transmettre ces informations.
On me dit qu'on vous les avait transmises pour les années
antérieures et que c'est exactement la même situation pour cette
année, mais on va vous les transmettre.
Mme Vermette: Avec les mêmes personnes et les mêmes
fonctions, y incluant les noms, les prénoms et les fonctions. C'est donc
la même chose. Rien n'a été changé, ni en ce qui
concerne le personnel politique, ni au bureau du sous-ministre?
M. Rémillard: Écoutez, on pourra vous fournir ces
indications très prochainement.
Mme Vermette: Les dates d'entrée en fonction, tout est
pareil, c'est immuable. C'est comme votre budget qui est fait sur mesure, c'est
un habit fait sur mesure. C'est extraordinaire.
M. Rémillard: Nous prévoyons tout, nous, les
tremblements de terre, enfin, bref.
Le Président (M. Dauphin): La touche finale, M. le...
Mme Vermette: ...crédits périmés pour les
tremblements de terre, je vous le ferai remarquer.
M. Rémillard: Oui, quoiqu'il y avait quelqu'un à
Baie-Saint-Paul, chez moi, qui était très doué pour
prévoir ces choses-là. Il est décédé,
remarquez, le père Tremblay.
Mme Vermette: J'espère que vous n'entendez pas des
voix.
M. Rémillard: M. le Président, je veux simplement
remercier les membres de cette commission. Je veux mentionner l'Opposition,
mentionner aussi la très bonne collaboration de Mme la
députée de Groulx, celle du député de Champlain et
la vôtre, M. le Président. Je remercie Mme la secrétaire et
les fonctionnaires qui m'ont accompagné cet après-midi comme ce
matin et qui m'ont permis de donner à l'Opposition et aux membres de
cette commission les réponses les plus complètes possible. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Cela
m'amène à poser deux questions aux membres de cette commission.
Est-ce que le programme 9 des crédits budgétaires du
ministère de la Sécurité publique est adopté?
Adopté.
Mme Vermette: Le programme 8.
Le Président (M. Dauphin): Le programme 8, dis-je?
Excusez-moi. Est-ce que l'ensemble des crédits budgétaires du
ministère de la Sécurité publique pour l'année
financière 1988-1989 est adopté?
Mme Vermette: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Nous ajournons
nos travaux au mardi 25 avril 1989, après les affaires courantes pour
l'étude des crédits du ministère des Affaires
internationales. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 43)