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(Quinze heures trente minutes)
Le Président (M. Dauphin): À la suite du constat du
quorum, je déclare la séance de la commission des institutions
ouverte. Celle-ci a pour mandat de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Affaires
internationales pour l'année financière 1989-1990.
Me Giguère, secrétaire de la commission, est-ce qu'il y a
des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Filion
(Taillon) est remplacé par M. Blais (Terrebonne) et M. Marcil
(Beauharnois) est remplacé par M. Gardner (Arthabaska).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Alors,
j'aimerais rappeler aux membres de cette commission que nous avons, à la
suite de négociations, une enveloppe de quatre heures prévue pour
cette étude, soit de 15 h 30 à 18 heures et, ensuite, en
soirée, de 20 heures à 21 h 30.
J'aimerais souhaiter la bienvenue au ministre des Affaires
internationales et, avant de lui demander de procéder à ses
remarques préliminaires, j'aimerais qu'il nous présente les
personnes qui l'accompagnent à la barre des témoins et, ensuite,
de procéder auxdites remarques. Alors, bienvenue, M. le ministre des
Affaires internationales, et merci, au nom des membres de la commission, pour
ce que vous venez nous donner relativement à votre ministère.
Remarques préliminaires M. Paul Gobeil
M. Gobeil: Merci, M. le Président. M'accompagnent
aujourd'hui, à ma gauche, M. Jean-Claude Villiard, qui est le
sous-ministre en titre au ministère des Affaires internationales, et,
à ma droite, M. Jean Clavet, le directeur général de
l'administration, et aussi deux autres sous-ministres, M. Roger Paquette,
sous-ministre adjoint aux affaires bilatérales, M. Denis Ricard, le
sous-ministre adjoint aux affaires françaises et multilatérales.
Nous accompagnent aussi de nombreux autres collaborateurs qui pourraient
être appelés à répondre à certaines questions
des membres de la commission.
Alors, M. le Président, mes chers collègues,
conformément aux dispositions de notre travail parlementaire, nous
abordons aujourd'hui l'étude des crédits du ministère des
Affaires internationales. Comme vous le savez, il s'agit d'un nouveau
ministère qui a été créé par la Loi sur le
ministère des Affaires internationales, adoptée par
l'Assemblée nationale le 9 novembre, sanctionnée le 10 novembre
et mise en vigueur le 21 décembre 1988. J'aimerais vous rappeler que
cette loi a été adoptée dans un esprit d'unanimité
dont nous avons tous raison de nous réjouir.
M. le Président, je voudrais jeter un bref regard sur ce qui
s'est passé au cours des derniers mois. Ce tour d'horizon s'articulera
autour de trois points: la mise en place du ministère des Affaires
internationales, l'évaluation du réseau et, enfin,
l'évolution récente de nos affaires internationales.
Il faut se rappeler que l'objectif central de la décision du
gouvernement de créer le ministère des Affaires internationales
était essentiellement de doter le Québec d'un instrument moderne
et efficace, c'est-à-dire capable de relever les défis que
présentent les transformations rapides de la scène
internationale. Personne ne peut ignorer aujourd'hui les conséquences
qu'entraîneront pour nous des développements tels que la formation
de grands blocs économiques en Europe, en Amérique du Nord ou
ailleurs, le resserrement de la concurrence internationale,
l'internationalisation de la production et des échanges ou encore
l'évolution constante des réglementations internationales,
notamment au sein du GATT. Tous ces facteurs ont des répercussions
significatives sur l'économie, le développement et le
bien-être de notre collectivité.
De nos jours, les relations internationales dépassent nettement
les perspectives classiques de la diplomatie pour toucher des domaines comme la
culture, l'immigration, les communications, l'environnement, l'agriculture,
l'énergie, les ressources naturelles, la science et la technologie, le
tourisme, la fiscalité et, bien sûr, les échanges
économiques.
Au cours des vingt dernières années, le Québec a
été de plus en plus actif sur la scène internationale et,
toujours soucieux de renforcer, de dynamiser l'action extérieure du
Québec, le gouvernement a décidé de se doter d'un cadre
approprié permettant d'harmoniser ses activités et de leur
assurer toute l'efficacité désirée. Voilà pourquoi
la Loi sur le ministère des Affaires internationales unifie
désormais l'action extérieure du Québec sous une seule
autorité. En vertu de l'article 11 de cette loi, le ministre se voit
confier le mandat principal de planifier, d'organiser et de diriger toute
l'action du gouvernement du Québec à l'étranger ainsi que
celle de ses ministères et organismes. De plus, il doit élaborer,
en collaboration avec les ministères concernés, une politique en
matière d'affaires internationales devant favoriser le rayonnement du
Québec et son développement, notamment sur les plans commercial,
culturel, économique, politique et social.
Pour remplir ce mandat, le ministère s'est doté d'une
nouvelle organisation administrative lui permettant d'assumer l'ensemble de sa
mission. Vous comprendrez certainement qu'une politique d'affaires
internationales se définit
d'abord à partir de notre réalité interne et de
l'identification de nos intérêts sur la scène
internationale. Pour ce faire, une nouvelle direction générale
des politiques et priorités, chargée d'élaborer une
politique d'affaires internationales en coopération avec d'autres
ministères et intervenants du milieu, a été
créée. Par ailleurs, la mise en oeuvre de notre politique se fera
suivant une approche géographique. Les affaires bilatérales sont
structurées suivant un découpage géographique. D'autres
unités ont été constituées pour les affaires
francophones et multilatérales ainsi que pour les questions de politique
commerciale.
J'aimerais également souligner que chacune de nos
délégations à l'étranger est désormais
reliée de façon fonctionnelle à ces affaires
bilatérales. Par ailleurs, le personnel affecté aux
délégations relève ou relèvera sous peu, si ce
n'est déjà fait, du ministère des Affaires internationales
et sera placé sous l'autorité directe du chef de poste. Cela
constitue certes un avantage pour la gestion interne, mais a surtout pour effet
de fournir à nos interlocuteurs étrangers un canal de
communication simple et cohérent.
La mise en place de cette nouvelle structure aura permis une
rationalisation dont les effets commencent à se faire sentir et ce,
aussi bien pour la gestion du personnel et du budget que pour le
développement d'une collaboration efficace entre les diverses
unités du ministère, d'une part, et entre le ministère et
le réseau de représentation, d'autre part. Je sais pertinemment
qu'il faut une période de rodage pour que cette nouvelle structure donne
toute sa mesure. Cela dit, je ne crains pas d'affirmer que cette structure
administrative me semble tout à fait capable de remplir effectivement le
mandat qui lui est confié.
Le second point que j'aimerais aborder avec vous concerne
l'évaluation de notre réseau. À cet égard, j'ai
déjà eu l'occasion d'affirmer devant l'Assemblée nationale
que notre réseau de représentation à l'étranger
constitue, à mes yeux, un instrument essentiel pour développer
nos affaires internationales. Vous ne serez donc pas étonnés de
l'attention que je lui ai consacrée depuis que j'assume mes fonctions.
C'est ainsi que, dès ma nomination, j'ai demandé à M.
Marcel Bergeron, ancien sous-ministre des Relations internationales et du
Commerce extérieur, de préparer un rapport d'évaluation de
notre réseau. Préparé dans un délai très
court, ce rapport dresse un tableau intéressant de notre
représentation et présente un certain nombre de recommandations.
Comme je m'y étais engagé, j'ai rendu public ce rapport, ainsi
que le rapport complémentaire sur notre représentation en
Amérique latine. Je ne veux donc pas revenir sur le contenu de ces
documents qui constituent des instruments de réflexion
intéressants, bien qu'ils ne représentent pas
nécessairement la politique du ministère.
Ce qu'il importe surtout de retenir, c'est que ces travaux, ainsi que
les constatations que j'ai pu faire au cours de mes diverses missions, ont
conduit à un certain nombre de décisions. Ainsi, le premier
ministre a annoncé, au cours de son voyage en République
fédérale d'Allemagne, que notre représentation à
Düsseldorf serait élevée au niveau de
délégation et qu'on y affecterait en outre un conseiller en
science et technologie. De même, il est maintenant acquis que le
Québec sera présent à Séoul sous une forme que nous
sommes à déterminer à la suite des discussions que j'ai pu
avoir lors de mon récent passage en Corée. La forme de notre
présence en Louisiane sera modifiée et sera liée
essentiellement à nos relations en matière d'éducation et
de culture. Nous poursuivons notre réflexion en ce qui a trait aux
États-Unis, à l'Europe méditéranéenne,
à l'Asie, à l'Amérique latine et à une
représentation possible en Afrique.
En octobre dernier, j'affirmais devant l'Assemblée nationale que
c'est bien dans une perspective de développement et d'efficacité
que j'entends mieux articuler le réseau avec le ministère. Vous
me permettrez donc de dire avec une certaine satisfaction que nous avons
effectivement commencé à donner suite à cet
engagement.
Je voudrais terminer cette rétrospective en évoquant
l'évolution récente de nos affaires internationales. Comme vous
le savez, 40 % du produit intérieur brut québécois est
exporté hors de notre territoire, la moitié de nos exportations,
soit 20 % de notre produit intérieur brut, est destinée à
l'étranger. C'est dire toute l'attention qu'il faut consacrer à
cette dimension de notre activité puisque, si nous voulons
réussir dans un contexte de plus en plus concurrentiel, il faut y mettre
le savoir-faire et l'énergie nécessaire.
À cet égard, nous venons d'obtenir les données sur
les échanges commerciaux en 1988 et, sur cette base, je peux vous dire
que nos efforts connaissent des résultats encourageants. Si, nos
exportations se sont chiffrées à 22 600 000 000 $, soit une
augmentation de 11,7 % par rapport à 1987, le montant de nos
importations s'établissait à 24 800 000 000 $, en progression de
7 % par rapport à 1987. Il y a donc eu amélioration de notre
balance commerciale. Dans l'ensemble, nos échanges commerciaux
dégagent un solde positif avec les États-Unis et le Moyen-Orient
et ils sont déficitaires avec les autres régions. Il y a
là des renseignements à tirer sur la nature et la portée
des efforts qu'il faudra consacrer pour corriger cette situation.
Bien entendu, ces données ne permettent pas de dégager une
image d'ensemble de nos relations avec l'étranger. Cela dit, les mois
qui viennent de s'écouler ont été marqués par un
certain nombre d'événements majeurs. L'un de ceux-ci est certes
l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange entre le Canada
et les États-Unis. Le Québec a joué un rôle
important dans la préparation et l'acceptation de cet
accord. Il entend occuper sa place dans toutes les phases de sa mise en
oeuvre, de manière à s'assurer que nous pourrons en retirer tous
les bénéfices possibles. J'ai signifié ma position
à cet effet à mon vis-à-vis fédéral, M.
Crosbie, la semaine dernière, lors d'une conférence des ministres
du Commerce extérieur. À titre de président du
comité gouvernemental chargé des mesures d'adaptation requises
par le libre-échange, j'ai eu l'occasion de rendre publiques les
dispositions que prendra le gouvernement pour permettre aux travailleurs et aux
entreprises de répondre aux défis nouveaux et de tirer profit des
possibilités qui vont s'offrir à nous.
Aux dispositions contenues dans ce plan d'adaptation s'ajouteront les
efforts accrus que nous déploierons, notamment par le biais de nos
délégations sur le territoire américain, pour mieux
mesurer les conséquences, identifier les possibilités et assister
nos entreprises dans le développement de leurs stratégies
américaines. Ce que nous vivons avec les États-Unis doit nous
aider à nous préparer à composer avec cette
réalité importante que constituera l'Europe d'après 1992,
c'est-à-dire le plus grand marché et l'un des plus riches du
monde.
C'est afin d'assurer le développement de nos relations directes
et privilégiées avec la France et, surtout, afin de prendre les
mesures pour bénéficier davantage de l'énorme potentiel
scientifique, technologique, culturel et économique que
représentent les autres pays européens que le premier ministre a
effectué une importante mission en Europe au début de
l'année 1989. Au-delà d'un certain nombre de projets
d'investissement qui ont déjà été annoncés,
il y a eu des discussions pour amorcer des collaborations concrètes dans
plusieurs domaines avec les pays visités et, notamment, dans le cadre de
grands programmes communs mis en place par les institutions européennes.
L'entente signée avec la Bavière ouvre des perspectives
intéressantes.
Afin de favoriser les échanges économiques du
Québec avec l'étranger, j'ai moi-même effectué des
missions aux Etats-Unis, en Europe, en Asie et en Amérique latine.
Chaque fois, j'étais accompagné de représentants de
milieux québécois qui envisagent de développer des
relations suivies avec les pays visités. Les rencontres
effectuées me semblent extrêmement prometteuses non seulement par
les retombées immédiates qu'elles ont apportées, mais
peut-être surtout par les perspectives d'une collaboration plus
systématique suivant différents types d'association. Du
même coup, ces missions m'ont permis d'avoir une excellente idée
de l'importance du travail accompli par nos délégations et de
mesurer les contraintes auxquelles elles font face.
Enfin, notre participation aux activités de la francophonie a
continué de se développer. Que ce soit par notre participation au
comité du suivi du sommet, par notre rôle dans la mise en place
des cinq grands réseaux issus du sommet, par notre implication dans les
activités de l'Agence de coopération culturelle et technique ou
encore dans la préparation des propositions en vue du prochain Sommet de
Dakar, nous avons continué de nous comporter en partenaires
engagés résolument dans la mise en place d'un véritable
partenariat entre pays francophones. (15 h 45)
Voilà, M. le Président, une brève
rétrospective des faits marquants des derniers mois. Je voudrais
maintenant évoquer, tout aussi rapidement, quelques perspectives qui se
dessinent pour la prochaine année. L'un des objectifs majeurs poursuivis
par le gouvernement en créant le ministère des Affaires
internationales était de s'assurer que toutes les dimensions de
l'activité internationale du Québec soient désormais
prises en compte dans une perspective intégrée. Pour y arriver,
il ne suffit pas simplement d'augmenter les budgets ou le nombre de projets, il
faut une politique qui repose sur l'identification précise de nos
intérêts et sur des objectifs clairs. À mes yeux, une telle
politique ne doit pas prendre la forme d'un énoncé
théorique mais doit plutôt se définir en partant de nos
intérêts propres, en identifiant les nouveaux défis et en
tenant compte aussi des intérêts de nos partenaires. Somme toute,
il nous faut développer un véritable partenariat et ce, dans un
cadre cohérent.
Nous sommes entrés, dans pratiquement tous les domaines, dans
l'ère de l'interdépendance. Notre situation, notre
spécificité et notre taille nous commandent d'envisager de
développer une approche qui, tenant compte de cette grande
donnée, servira les intérêts du Québec. Or,
développer cette nouvelle approche constitue probablement l'une des
premières responsabilités du ministère des Affaires
internationales.
Pour ce faire, nous aurons à nous interroger sur un certain
nombre de questions essentielles telles que, par exemple: Comment nous situer
par rapport aux grands ensembles, Europe, États-Unis, Asie, et nous
positionner vis-à-vis des nouveaux pôles de développement?
Comment faire face à la concurrence internationale accrue? Comment
occuper notre place dans le monde des services qui prennent une importance de
plus en plus grande dans les échanges internationaux? Comment renforcer
le poids de la francophonie et de son potentiel de création dans des
secteurs aussi stratégiques que la culture, la communication, la science
et la technologie et les industries de la langue? Comment jouer un rôle
plus significatif dans le domaine de la coopération internationale et
ce, sous toutes ses formes? Comment faire face à l'évolution
démographique différentielle et aux mouvements de la population,
tout en développant notre spécificité? Enfin, comment
exprimer sur la scène internationale cette spécificité du
Québec?
Ce ne sont là, vous en conviendrez, que quelques-uns des
défis qui nous attendent. Mais ce qu'il importe surtout de retenir,
c'est que la réponse à ces défis commande une
réflexion
sérieuse pour arriver à des propositions de
véritable politique. Comme je l'ai déjà dit, nous avons
retenu une approche pragmatique qui nous semble susceptible d'aboutir à
l'élaboration de positions concrètes en collaboration avec les
divers ministères concernés et nos partenaires étrangers.
C'est dans cette perspective que j'ai indiqué, en ouvrant le
débat de deuxième lecture à l'Assemblée nationale
en novembre dernier, que les priorités actuelles nous conduisaient
à regrouper nos efforts autour de quatre pôles: les affaires
économiques, les échanges scientifiques, les industries de la
culture et de la communication et, enfin, les ressources humaines dont la
qualité fera la différence dans la compétition
internationale. Ces indications de priorités ont servi de cadre
général pour la programmation de nos activités
1989-1990.
De façon plus précise, pour chacune des unités
administratives du ministère, nous avons voulu regrouper les objectifs,
les programmes et les moyens en sept domaines d'intervention, soit: les
relations intergouvernementales et institutionnelles, l'économie, la
science et la technologie, la culture et la communication, les ressources
humaines, les questions sociales et environnementales et, enfin, ce que nous
appelons le rayonnement du Québec. Il est évident qu'en raison
des sévères contraintes de temps, nous n'avons pu encore donner
à ce processus toute sa portée. Il n'en reste pas moins que nous
avons pu dégager une vue extrêmement intéressante de
l'importance relative que prenait chaque domaine identifié.
Plus important encore, nous en avons tenu compte dans les
décisions d'affectation des ressources budgétaires puisque
l'intégration des objectifs a constitué l'un des facteurs de
décision. Vous avez sous les yeux les données budgétaires
pour l'exercice 1989-1990. Je ne veux pas reprendre ici les divers
éléments de ce budget. On aura l'occasion d'en discuter. Je me
limiterai à signaler quelques aspects de notre stratégie
d'affectation budgétaire. Permettez-moi simplement de préciser
que le montant de 93 173 000 $ représente une augmentation de 3 500 000
$, soit 3,9 % de plus par rapport à une base comparable en
1988-1989.
Dans l'affectation de ces crédits, une fois pris en compte les
montants prévus pour les traitements, nous avons choisi de
privilégier le développement des activités du
ministère et, en particulier, celles du réseau. Nous avons
également décidé d'assurer le maintien des paiements de
transfert consacrés au soutien des activités de promotion
économique à l'étranger. Enfin, nous avons tenu à
identifier certains montants qui seront consacrés à des projets
bien structurés qui correspondent aux priorités
identifiées. Ces choix se traduisent dans les données suivantes:
les traitements représentent 36 % du budget; les dépenses de
fonctionnement, 45 %; les dépenses de transfert, 18 %; et, enfin, les
dépenses de capital, 1 % du budget. En ce qui a trait à notre
réseau de représentation à l'étranger, son budget
s'établit à 35 600 000 $, représentant environ 38 % de
notre budget.
Ayant ces quelques données à l'esprit, j'aimerais vous
préciser que nous avons amorcé, à l'occasion de la
programmation, un processus sans précédent, aussi bien à
l'intérieur du ministère qu'avec les autres ministères et
les divers milieux intéressés, afin de préciser les
objectifs à poursuivre dans chaque domaine, de les traduire dans des
programmes qui permettront de concentrer nos moyens et d'en accroître
l'impact. Cette collaboration systématique aura l'occasion de recevoir
une impulsion politique, notamment lors des réunions du nouveau
comité ministériel aux coordinations des affaires
internationales. Au cours de ses trois réunions annuelles, ce
comité sera appelé à se pencher sur les orientations, sur
la programmation des activités et, enfin, sur l'évaluation des
résultats. Ce comité, qui réunit sept de mes
collègues, a tenu sa première réunion le 6 avril pour
adopter son mode de fonctionnement. Lors de la prochaine réunion, il
examinera les divers éléments d'orientation qui auront pu
être proposés dans la voie des indications que je viens de
donner.
La collaboration étroite que nous entendons entretenir avec les
ministères et les organismes publics touchera également les
divers milieux concernés par les Affaires internationales du
Québec: artistes, professeurs, chercheurs, entrepreneurs et industriels.
C'est, je crois, un signe de partenariat réel avec les véritables
acteurs de nos affaires internationales. L'une de mes convictions les plus
profondes est que nous ne pourrons réussir à occuper notre place
dans les affaires internationales qu'à la condition de conjuguer tous
les efforts. Voilà pourquoi le ministère accordera un soin
particulier à susciter et à rendre efficace la collaboration avec
nos partenaires des divers milieux.
C'est d'ailleurs dans ce même esprit que notre collaboration devra
également s'étendre aux divers organismes du gouvernement
fédéral oeuvrant sur la scène internationale. La
complémentarité des rôles et, même, la
différence de certains points de vue nous commandent de travailler a
développer une relation qui permettra à chacun d'accroître
l'impact de son action. L'une des tâches les plus importantes, en
même temps que la plus difficile, consistera à bien analyser les
implications pour le Québec des nouvelles données qui
apparaissent sur la scène mondiale afin d'adapter notre action aux
nouvelles exigences qui se font jour. Voilà, par exemple, pourquoi il
nous faudra continuer à attacher une grande importance au forum
où se définissent les règles du jeu internationales, comme
le GATT, ou encore suivre de près les négociations qui entourent
la mise en place de l'Europe en 1992. Ce faisant, il faudra également
s'assurer que nos préoccupations soient partagées par nos gens
d'affaires, nos universités, nos industries de la culture et de la
communication, etc.
Vous comprendrez maintenant pourquoi il
est impératif de développer chez nos ressources humaines
cette expertise internationale qui constitue désormais une clé
indispensable au succès dans tous les domaines. Vous aurez
également compris que le ministère des Affaires internationales
aura un rôle de catalyseur à jouer pour tenter de susciter des
consensus sur les objectifs à poursuivre et les moyens d'y arriver.
C'est l'un des défis que nous tenterons de relever au cours des mois qui
viennent.
En terminant, M. le Président, j'aimerais vous dire un mot sur
les mesures de modernisation de l'appareil administratif des Affaires
internationales. La création du nouveau ministère nous fournit
une excellente occasion d'instaurer un système intégré de
gestion qui touche aussi bien l'administration interne que les relations entre
le ministère et notre réseau à l'étranger. Nous
avons amorcé la modernisation de l'équipement informatique du
ministère. Nous avons dégagé des ressources pour
poursuivre cette opération qui se traduira, notamment, par un nouveau
plan de gestion de l'information et un système de courrier
électronique avec nos bureaux à l'étranger. Nous serons
ainsi en mesure de faire bénéficier nos diverses
clientèles des données que nous pouvons recueillir et analyser
tant au Québec qu'à l'étranger et accroître ainsi
notre efficacité.
Mais cette efficacité passe d'abord par le développement
et l'utilisation des compétences de nos ressources humaines. Maintenant
que les nouvelles structures sont en place, j'ai demandé que l'on me
présente, au cours des prochains mois, une proposition visant à
assurer une meilleure mobilité du personnel à l'intérieur
du ministère, avec les autres ministères et, surtout, entre le
ministère et le réseau. Grâce à la collaboration du
Conseil du trésor et de l'Office des ressources humaines, je suis
convaincu que nous pourrons nous donner un cadre qui favorisera la mise en
place et l'utilisation optimale des diverses compétences oeuvrant dans
les affaires internationales.
Voilà, M. le Président, les observations que je souhaitais
vous soumettre, ainsi qu'aux membres de la commission, en ouvrant le
débat sur l'étude des crédits du ministère des
Affaires internationales pour l'exercice 1989-1990. J'ai voulu, tout comme lors
de débats entourant l'adoption de la loi 42, situer la discussion du
travail de ce qui me semble constituer les véritables enjeux de nos
affaires internationales. C'est dans cet esprit d'ouverture et de collaboration
que je répondrai aux questions que souhaiteront soulever mes
collègues.
Dans ce contexte, j'aimerais souligner que nous avons soumis aux membres
de la commission une importante documentation comprenant, d'abord, un cahier
explicatif des crédits qui précise le bilan des activités
du ministère des Affaires internationales pour l'exercice 1988-1989 et
les orientations de l'exercice 1989-1990 pour chacune des unités
administratives du ministère.
Deuxièmement, les membres ont également reçu les
réponses écrites et détaillées aux 24 questions
écrites formulées par l'Opposition officielle, dont certaines
font référence aux quatre exercices antérieurs.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre.
Je demanderais maintenant au porte-parole de l'Opposition officielle, le
député de Lac-Saint-Jean, de procéder également
à ses remarques préliminaires.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: M. le Président, je vous signale d'abord que,
comme un collègue de Terrebonne est responsable, pour l'Opposition, en
ce qui concerne le commerce extérieur, on va fonctionner en deux
parties. La première portera sur les relations internationales comme
telles et les délégations au sommet de la francophonie et, dans
un deuxième temps, mon collègue de Terrebonne se joindra à
moi. Il aura sans doute quelques remarques préliminaires à faire
concernant le commerce extérieur, en particulier le libre-échange
et tout ce qui concerne les exportations. Cela va?
Le Président (M. Dauphin): D'accord.
M. Brassard: Quant à moi, j'aurais quelques remarques
préliminaires à faire durant quelques minutes. On se rend compte,
d'abord, que cela fait maintenant trois ans et demi que les libéraux
sont au pouvoir. Dès leur accession au pouvoir - je l'ai
mentionné à plusieurs reprises et je le répète de
nouveau - ils ont relégué aux oubliettes la politique
internationale définie et élaborée à l'occasion
d'un sommet, le sommet Le Québec dans le monde, sans en
développer une nouvelle. Je reviens là-dessus; cela
m'apparaît essentiel.
Il est d'ores et déjà presque certain ou presque
assuré que les libéraux vont compléter un mandat sans
politique connue, affichée et articulée en matière
d'affaires internationales. Cela nous semble évident. Je ne pense pas
que ce soit dans les quelques semaines ou les quelques mois qui restent avant
une élection possible que le gouvernement rende public un
énoncé de politique en matière d'affaires internationales.
C'est assez curieux, étonnant et même, il faut le dire,
déplorable qu'en matière d'affaires internationales on ne puisse
pas se référer à un énoncé de politique et
qu'on ne puisse pas évaluer les gestes et les actions posés en
s'appuyant sur un ensemble d'orientations, de principes, de champs
d'intervention définis dans une politique en matière d'affaires
internationales.
Le ministère des Affaires internationales a été
créé il y a maintenant plusieurs mois - cela va faire presque un
an - et on sait de moins en moins où le ministre veut en venir en
matière d'affaires internationales. Au début, il avait
laissé entendre, après sa nomination - peut-être
qu'à ce moment-là il était encore conditionné par
son rôle de président du Conseil du trésor - qu'il y aurait
des compressions, qu'il sabrerait un peu partout, qu'il réduirait le
personnel, le réseau de représentation. Or, quelques semaines,
quelques mois après, virage majeur, on apprend qu'il a l'intention de
s'étendre dans toutes les régions du monde, de s'épivarder
un peu partout, y compris même à la Barbade. (16 heures)
Le rapport Bergeron, tome 1 et tome 2, s'inscrit dans ce contexte. Le
premier rapport, on le sait, était assez réducteur en
matière d'affaires internationales. Il véhiculait la conception
affairiste, que certains ont même qualifiée
d'étriquée, du ministre en matière d'affaires
internationales, puisqu'il réduisait l'action internationale du
Québec à trois éléments. À la page 16, on
indiquait, et je cite le rapport Bergeron: "Les ressources étant
limitées, il convient de cibler beaucoup mieux les interventions de nos
représentations à l'étranger, de resserrer et de recentrer
les mandats de chaque représentation vers des objectifs prioritairement
économiques, renforcement des échanges commerciaux, prospection
des investissements, développement technologique." Ce premier rapport
laissait entrevoir, d'ailleurs, le pire à la représentation du
Québec en Amérique latine.
Encore là, revirement complet en moins de quatre mois. Le second
rapport Bergeron sur l'Amérique latine est beaucoup plus ouvert aux
dimensions politique et culturelle de la représentation du Québec
à l'étranger. Que dire qu'il dresse un portrait pas mal plus
complet, aussi, de la situation que le premier rapport. Le pire qu'on
envisageait quant à la présence du Québec en
Amérique latine, dans le premier rapport, se transforme en espèce
d'Eldorado, c'est le cas de le dire puisqu'on parle de l'Amérique
latine, puisque là, en plus de la représentation officielle
déjà en place, il faut maintenant s'étendre au
Brésil, en Argentine, au Chili et à la Barbade.
Cette absence d'orientation précise et de contenu de la politique
Internationale du Québec de ce gouvernement s'exprime également
par le changement qu'on est en train d'apporter, la nature de la
présence du Québec à l'étranger. La présence
substantielle qu'apportaient les délégations et les bureaux du
Québec semble faire place maintenant à des présences
diffuses, plus ou moins visibles, inodores,
désintéressées, dépouillées de contenu,
nébuleuses, ce que j'appellerais la stratégie des antennes que le
ministre veut instaurer. On n'en sait pas plus. C'est nouveau. C'est apparu
dans le décor récemment. Quand on ne pourra pas implanter des
bureaux ou des délégations, on va éparpiller comme
ça, dans le décor: des antennes, la stratégie des
antennes. Ce n'est pas très clair, ce n'est pas très
précis, ce n'est pas très défini et ça n'a pas
beaucoup de saveur non plus. C'est comme l'eau: c'est incolore, inodore et sans
saveur, la stratégie des antennes. Je pense que ça
mériterait d'être clarifié pour savoir où on s'en va
avec ces antennes qu'on plante un peu partout sur le territoire ou qu'on veut
planter un peu partout sur le territoire.
Donc, en matière de politique internationale, il faut le
déplorer, malheureusement, on ne peut pas, encore une fois, se
référer à une véritable politique connue, publique,
adoptée par le gouvernement. Ce qui fait que les questions que se posait
tout à l'heure le ministre sont tout à fait pertinentes. Ce sont
d'excellentes questions, aux pages 11 et 12 de son intervention, de son
discours. Les bonnes questions: Comment nous situer par rapport aux grands
ensembles et nous positionner vis-à-vis des nouveaux pôles de
développement? Comment faire face à la concurrence internationale
accrue? Comment occuper notre place dans le monde des services? Comment
renforcer le poids de la francophonie? Comment jouer un rôle plus
significatif dans le domaine de la coopération internationale? Comment
faire face à l'évolution démographique
différentielle? Comment exprimer sur la scène internationale
cette spécificité du Québec? Ce sont de bonnes questions.
Mais, après trois ans et demi, maintenant quatre ans, après un
mandat presque complet, il serait temps qu'on commence à avoir des
réponses.
Je vous signale que dans l'énoncé de politique de
relations internationales "Le Québec dans le monde", rendu public en
1985, on répondait très largement à la plupart de ces
questions. On apportait des réponses souvent très
détaillées à la plupart de ces questions, là
où il semble qu'on revienne, encore une fois, à des questions
qui, pour le moment, demeurent sans réponse. Il nous semble qu'en
matière de relations internationales, il serait impérieux que le
gouvernement du Québec puisse enfin se doter d'une véritable
politique. Ce n'est pas le cas présentement. Le plus bel exemple, c'est
la série de questions fort bien posées, tout à fait
pertinentes, mais avec des points d'interrogation. Les réponses ne sont
pas encore là. Les réponses tardent à venir. Il serait
plus que temps qu'on commence à pouvoir se référer
à des réponses à ces questions dans un
énoncé de politique.
Quant aux moyens financiers, aux ressources budgétaires
impliquées, je signale que de 1985-1986 à 1989-1990, le budget
des relations internationales est passé, si on le mesure en dollars
constants, de 85 000 000 $ à 77 000 000 $. En quatre ans, le
gouvernement libéral a consacré 42 000 000 $ de moins aux
relations internationales que l'ancien gouvernement si on transforme en dollars
constants. C'est un indicateur de l'importance que ce gouvernement, accorde aux
relations internationales, aux affaires internationales.
On s'en rend compte également, si on examine son attitude face au
gouvernement fédéral, dans le dossier des relations
internatio-
nales. Mon collègue de Terrebonne abordera toute la question du
libre-échange et du comportement du gouvernement du Québec face
à Ottawa dans tout le dossier du libre-échange, de même que
dans le dossier des programmes d'adaptation. Quant à moi, je me
contenterai d'un dossier où l'attitude du gouvernement libéral
devant le gouvernement fédéral en a été une de, je
dirais, véritable défaitisme, attitude d'abandon: c'est le
dossier des Jeux de la francophonie, où le Québec a subi un recul
inacceptable par rapport à son statut, par rapport au statut qu'il a au
sein des institutions francophones, par rapport aux Jeux de l'amitié en
1985.
Le gouvernement libéral s'est comporté, dans ce dossier,
comme un être inanimé. Il s'est laissé anesthésier
et endormir par la stratégie fédérale qui consistait
à épuiser le temps et à gagner du temps. Ce n'est pas
encore réglé actuellement. La date des jeux approche. On ne
connaît toujours pas le statut du Québec lors de ces jeux. On sait
qu'il y a des reculs. On l'a appris par les journaux. Mais il n'y a aucune
annonce officielle sur le statut du Québec dans le cadre de ces jeux.
Tout semble indiquer, cependant, que le Québec a capitulé, encore
une fois, devant le fédéral. Il n'est pas question
d'équipe distincte et ses athlètes ne pourront même pas
arborer, semble-t-il, les couleurs du Québec.
Dans ce dossier, le ministre a failli tout à fait à sa
tâche. Si, au moins, il avait adopté l'attitude de son
collègue du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui, lui, au
moins, a dénoncé l'attitude du fédéral. Le ministre
des Affaires internationales, au contraire, s'est plié de bonne
grâce au diktat et aux intentions du gouvernement fédéral,
il a d'ailleurs tellement failli à la tâche qu'on apprenait
récemment que le dossier lui avait été retiré et
que c'était maintenant M. Jean-Claude Rivest, du bureau du premier
ministre, qui avait l'affaire en main. Cela arrive souvent. Il est là
pour ça. Quand un ministre est incapable de s'acquitter correctement de
sa tâche, M. Rivest est là comme frappeur de relève pour
prendre le relais et reprendre le dossier.
Ce sont là les quelques remarques, Mme la Présidente, que
j'avais à exprimer concernant les affaires internationales. Je
souhaiterais aborder, dans l'ordre, les dossiers suivants: d'abord, des
questions d'ordre général en matière de relations
internationales; ensuite, le sommet francophone, les Jeux de la francophonie,
le rapport Bergeron, le dernier voyage du premier ministre en Europe et
l'Office franco-québécois pour la jeunesse.
La Présidente (Mme Bleau): M. le ministre. M. Paul
Gobeil (réplique)
M. Gobeil: Mme la Présidente, encore une fois, on se
retrouve à cette commission avec un membre de l'Opposition qui veut
absolument politiser le débat plutôt que de poser les questions
appropriées et faire des remarques sur les orientations, les objectifs
ou l'administration du ministère. Dès le départ, on
politise le débat en disant: II n'y a pas de politique, donc, cela ne
vaut rien. On s'est appliqués depuis maintenant plusieurs mois... Quand
je dis "on", c'est la très grande majorité des fonctionnaires qui
oeuvrent au sein de ce nouveau ministère des Affaires internationales et
qui, pour la plupart, étaient là même du temps du
gouvernement péquiste et qui sont, dans l'ensemble, d'excellents et
dévoués fonctionnaires qui ont à coeur le rayonnement et
le développement du Québec sur le plan international.
Le député de Lac-Saint-Jean, cela lui passe six pieds par
dessus la tête. Il veut nous faire de la petite politique, même en
commission parlementaire. C'est son droit. Je le déplore. Je ne ferai
pas de politique dans le cadre de nos discussions de cet après-midi.
C'est plus important que cela. Pour moi, le rayonnement, le
développement et l'avancement du Québec sur les plans
économique, culturel, politique et social passent avant toute petite
partisanerie politique. Si le député de Lac-Saint-Jean veut
préparer sa campagne électorale, qu'il le fasse. S'il veut le
faire sur mon dos, qu'il le fasse. Tant mieux pour lui si cela l'aide. Je pense
que cela va plutôt lui nuire.
Le député de Lac-Saint-Jean sait très bien - je
pense que cela fait plusieurs fois qu'on l'explique - qu'une approche a
été définie dans ce nouveau ministère des Affaires
internationales. Cette approche lui a déjà été
expliquée au moment où j'ai énoncé les orientations
du ministère à l'Assemblée nationale, le 26 octobre
dernier. Notre programmation 1989-1990 tient compte d'une approche pragmatique
fondée sur ce qui a déjà été
déclaré et basée sur les acquis du passé en
intégrant l'ensemble des préoccupations du nouveau
ministère, basée sur la mise en place de mécanismes qui
permettront éventuellement de formuler des éléments de
politique dans des champs d'activité du domaine international et
basée sur les objectifs que nous poursuivons et qui sont
regroupés autour de sept têtes de chapitre que le
député de Lac-Saint-Jean connaît très bien, soit:
les relations intergouvernementales et institutionnelles, l'économie, la
science et la technologie, la culture, la communication, les ressources
humaines, les questions sociales et environnementales et, finalement, le
rayonnement du Québec, je l'ai dit et je le répète.
Il y a une définition d'une politique qui en est à
l'élaboration. On ne pense pas qu'on doive en toute hâte,
dès maintenant, énoncer de grands principes qui seront
difficilement applicables. L'évolution qu'on a connue, les orientations
qu'on a données à ce ministère depuis quelques mois
suivent un cheminement bien précis, bien défini. Nous sommes
convaincus, et je ne suis pas le seul... Je sais que la majorité des
fonctionnaires qui travaillent avec moi dans ce
ministère ont aussi cette conviction qu'on a fait de grands pas
dans les derniers mois et qu'on en fera encore dans les prochaines
années parce qu'on est en train de bâtir des bases solides pour le
Québec sur le plan international.
Le député de Lac-Saint-Jean me parle d'une diminution de
42 000 000 $ du budget, en dollars constants. Je regrette de lui dire qu'il n'a
sûrement pas fait le même cours de comptabilité que j'ai
fait. J'ai fait le mien à l'Université de Sherbrooke. Je suis un
diplômé de 1964. Je suis un comptable agréé et je
n'arrive pas aux chiffres qu'il nous mentionne. De 1987-1988 à
1989-1990, il y a eu une augmentation de 85 000 000 $ à 92 000 000 $.
C'est une augmentation raisonnable, compte tenu des limites budgétaires
du gouvernement du Québec. Dans les chiffres que je viens de vous
mentionner, il y a eu une augmentation pour les représentations à
l'étranger. De 1985-1986 à 1988-1989, on est passé de 26
000 000 $ à 30 000 000 $; cette année, 1989-1990, à 35 000
000 $, c'est suffisant pour le moment pour être bien
représenté à l'étranger, pour bien faire
connaître et aimer le Québec à l'étranger. (16 h
15)
Les réalités économiques changent et il faut suivre
ces changements. On vit dans une ère de grands changements. Les grands
ensembles sont à la porte de grands changements, en Europe
principalement, aux États-Unis ou en Amérique du Nord, dans le
contexte du libre-échange, et il y a l'Asie qui change aussi. Quand on
parle du plan économique, la concurrence internationale des
dernières années, des derniers mois même est beaucoup plus
intensive. Il est difficile d'arriver dès maintenant avec une politique
finale. On suit cette évolution, l'élaboration est en cours et en
temps propice, d'une façon applicable, le député de
Lac-Saint-Jean, s'il est encore là, verra comment on définit
cette politique pour le plus grand avancement du Québec.
Évidemment, la démagogie peut porter le
député de Lac-Saint-Jean à faire toutes sortes de
déclarations, dire qu'on va ouvrir à la Barbade; jamais on n'a
dit qu'on ouvrait à la Barbade ou au Chili. Il y a une recommandation
d'un comité, qu'on appelle le comité Bergeron, qui suggère
qu'on regarde la possibilité d'ouvrir dans certains autres pays du monde
où on n'est pas représentés, mais jamais - sauf pour
Séoul - le ministre des Affaires Internationales ou un fonctionnaire en
autorité dans ce ministère n'a déclaré qu'il y
aurait une représentation au Chili ou à la Barbade. Ce sont des
choses sur lesquelles il faut se pencher, des choses dont il faut être
conscient. Ce sont des lieux qu'il faut regarder pour l'avancement du
Québec.
M. Rivest, pour l'information du député de Lac-Saint-Jean,
n'a jamais même regardé le dossier des Jeux de la francophonie,
à ma connaissance. Il ne l'a jamais eu sur son bureau, on ne lui a
jamais confié, de quelque façon que ce soit, même une
partie du dossier des Jeux de la francophonie. Alors, prière au
député de Lac-Saint-Jean de s'informer et d'arrêter de
colporter des faussetés. À partir du mois de décembre,
j'ai pris charge de la partie protocolaire du dossier des Jeux de la
francophonie. Il y a une autre chose que je dois dire au député
de Lac-Saint-Jean, je comprends que, cet après-midi, il a pris part
à des travaux parlementaires - cela fait partie de son rôle, il
était à la période de questions, il est maintenant ici -
mais je lui suggère de regarder les personnes qui l'entourent, ses
conseillers, et de voir la possibilité d'en engager, à même
les budgets qui lui sont consacrés, des plus efficaces. À 13 h
30, M. le député de Lac-Saint-Jean - je parle pour que vous
m'écoutiez, je vais attendre que le député ait fini parce
que je pense que c'est très important, c'est un renseignement qu'il
devrait déjà connaître, malheureusement il ne le
connaît pas - il y a un communiqué de presse conjoint qui a
été émis et il vient de me le montrer, à 16 h 15,
alors ses conseillers ne sont pas vite...
M. Brassard: On en parlera tantôt.
M. Gobeil: II aurait avantage à voir la possibilité
d'améliorer...
M. Brassard: C'est encore une...
M. Gobeil: ...l'efficacité de ses conseillers.
M. Brassard: ...plus grosse faillite que je ne le pensais.
M. Gobeil: Encore une fois, je lui répète que M.
Rivest n'était pas au dossier, il aurait été le bienvenu
si le premier ministre l'avait mis au dossier, mais ce n'est pas le cas, alors
qu'il arrête de colporter des choses.
Il a mentionné que le ministre des Affaires internationales
était porté vers l'économie. Oui, bien sûr, parce
que c'est une base importante, mais je veux juste redire au
député de Lac-Saint-Jean, en passant, qu'à
l'intérieur des 93 000 000 $ de budget environ les deux tiers viennent
de l'ex-ministère des Relations internationales, c'est-à-dire pas
tellement du volet économique, et un tiers vient de l'ancien
ministère du Commerce extérieur, donc d'un volet plus
économique. Si cela peut le rassurer, même dans le budget de
1989-1990, on peut dire que, dans l'ensemble, le volet économique
représente à peu près le tiers seulement du budget.
Donc, j'aurais pu, comme ministre des Affaires internationales, faire un
renversement de la situation si, comme il le dit, tout ce qui
m'intéressait était la partie économique. Je peux le
rassurer et lui dire que c'est absolument faux. Les autres parties
m'intéressent encore plus que la partie économique parce qu'il
faut, en même temps, associer au développement économique
du Québec, bien sûr, à l'international bien sûr
aussi, nos spécificités sur divers volets, prin-
cipalement sur le volet culturel. Il n'est pas obligé de me
croire, mais je peux lui redire que j'y porte une attention très
particulière et que j'ai un très grand intérêt pour
tout ce qui s'appelle volet culturel, volet social, volet politique.
Voilà, M. le Président, pour les réponses aux
remarques qui, encore une fois, sont - et je le déplore - beaucoup plus
négatives que constructives. Et ça me fait un peu de peine pour
le Québec, pas pour moi, évidemment. Comme politicien, je suis
là pour les critiques. Mais j'apprécierais que le cadre de ces
discussions permette, par des questions pertinentes des membres de la
commission, tant du côté ministériel que du
côté de l'Opposition, au ministre bien sûr, et aussi
à ceux qui l'entourent, d'apporter un éclairage nouveau, et tout
ça dans un seul but: un meilleur rayonnement du Québec sur le
plan international.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Discussion générale
M. Brassard: Premièrement, je m'étonne que le
ministre joue à la vierge offensée parce que je donne une
coloration politique à mes propos. Ce n'est pas parce qu'il est ministre
des Affaires internationales qu'il a un statut particulier et qu'il est exempt
de toute remarque à caractère politique. Il fait partie d'un
gouvernement, il est député, membre de l'Assemblée
nationale, alors qu'il arrête de s'offusquer parce que je fais des
remarques à caractère politique. Le dossier des Affaires
internationales ne bénéficie pas d'un statut à part, d'un
statut privilégié et il n'est pas exempt de remarques à
connotation politique. Franchement, je trouve ça un peu
déplacé comme propos de la part du ministre.
Deuxièmement, je n'ai jamais, à l'occasion de mes
remarques préliminaires qui étaient courtes d'ailleurs, mis en
doute la compétence des fonctionnaires du ministère des Affaires
internationales. J'aimerais bien qu'il me cite les phrases exactes de mes
propos où je mets en doute la compétence des fonctionnaires en
matière d'affaires internationales. Jamais. C'est la compétence
du gouvernement que je mets en doute. C'est l'absence de politique du
gouvernement que je remets en question. C'est ça que je mets en
évidence. Cela n'a rien à voir avec la compétence des
fonctionnaires. Il ne faudrait pas confondre les choses.
Troisièmement, le communiqué sur telbec, nos
conseillers... Quoique ce ne soit pas le cas du ministre à
l'égard des conseillers de l'Opposition. Si je n'ai pas mis en doute
d'aucune façon la compétence des fonctionnaires des Affaires
internationales, lui, il est allé pas mal loin dans ses propos en
mettant en doute la compétence des conseillers de l'Opposition. Parce
qu'ils n'ont pas le sens... ce ne sont pas des devins. Le telbec sur les Jeux
de la francophonie est arrivé à 15 heures 47 minutes 42 secondes.
On vient de me l'apporter. L'affaire a peut-être été
entendue avant, la conférence de presse aussi, mais nous ne sommes pas
des devins, personne. On ne devine pas les communiqués et les ententes
entre gouvernements. On se fie sur ce qui nous arrive par le biais de telbec.
Et c'est 15 heures 47 mimutes 42 secondes. On était déjà
ici, en commission, au moment où c'est arrivé sur telbec.
J'aborde le premier sujet. Cela concerne justement les crédits
globaux consacrés aux Affaires internationales. Le ministre met en doute
les affirmations que j'ai faites relativement aux crédits. Quand je dis
qu'il y a 42 000 000 $ de moins sous le gouvernement libéral que sous
l'ancien gouvernement, je pars des données suivantes: en 1985-1986, les
dépenses étaient de 85 367 000 $; en 1986-1987, les
dépenses - première année du gouvernement libéral -
étaient de 74 563 000 $, en dollars courants. Si on les mesure en
dollars constants, ça tombe à 71 506 000 $ parce qu'en 1986 le
taux d'inflation était de 4,1 % et en 1987 de 4,4 %, en 1988 de 4,1 %,
en 1989 de 4,5 %. En 1987-1988, les dépenses en dollars courants,
étaient de 83 450 000 $, en dollars constants, cela devient 76 000 000
$; en 1988-1989, 84 988 000 $ en dollars courants, en dollars constants, 74 280
000 $, ce qui nous fait dire que, si on regarde ça en dollars constants,
il y a une diminution des crédits consacrés et des
dépenses effectuées par le gouvernement du Parti libéral
en matière de relations internationales.
Il y a un autre élément qui m'apparaît assez curieux
également, c'est la hausse considérable des crédits
périmés. C'était insignifiant en 1985-1986, il y avait 22
000 $ de crédits périmés. En 1986-1987, la première
année du gouvernement libéral, il y a eu 4 327 000 $ de
périmés; 2 791 000 $ de périmés en 1987-1988; l'an
dernier, 4 388 000 $ de périmés. Ma première question est
celle-ci: J'aimerais savoir comment expliquer le niveau si élevé
des crédits périmés depuis 1986?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: On peut faire une bataille de chiffres et on peut
s'obstiner longtemps, M. le député de Lac-Saint-Jean, sur
ça. Je pense qu'il faut regarder ça et je pense avoir
répondu à la question. Dans l'ensemble, en 1986-1987, selon le
livre des crédits - et je prends la lecture du budget qui a
été déposé a l'Assemblée nationale tout
récemment, les crédits de 1989-1990 - à la page XXVII. On
a le budget par secteur de programme. Relations intergouvernementales,
Promotion et développement des Affaires internationales. On voit que la
dépense de 1986-1987 était de 74 500 000 $; en 1987-1988, 83 400
000 $; en 1988-1989, 84 980 000 $; en 1989-1990, 376 000 000 $ et, en
1991-1992, 872 000 000 $. Il y a eu une progression cons-
tante et ce sont des dépenses réelles sauf pour 1988-1989
et 1989-1990 où c'est en matière de crédits. Donc, il y a
eu une augmentation. On peut faire parler les chiffres et le
député de Lac-Saint-Jean a choisi de les faire parler en disant
qu'il y a eu une diminution de 42 000 000 $. Moi, je ne crois pas qu'il y ait
eu une diminution, je crois qu'il y a eu une augmentation, depuis 1987-1988, et
on pourrait relever, antérieurement, qu'il y a eu des augmentations de
crédits, mais je ne les ai pas devant moi. C'est une augmentation
raisonnable étant donné le contexte économique du
Québec et étant donné l'orientation du gouvernement,
dès son entrée au pouvoir, le 2 décembre 1985.
Les crédits périmés sont le résulat, au
cours des années, de cette politique gouvernementale à laquelle a
participé chacun des ministères dans un souci de diminution du
déficit, ce qui était l'un des mandats et l'un des objectifs de
ce gouvernement. On peut dire aujourd'hui que le gouvernement actuel a
réussi à atteindre l'objectif qu'il s'était fixé en
diminuant ce déficit. Dois-je rappeler au député de
Lac-Saint-Jean que, selon un énoncé de politique publié
par le ministre des Finances le 4 mars 1986, l'exercice 1985-1986 nous laissait
prévoir un déficit d'au-delà de 4 000 000 000 $ et qu'il
fallait réagir vigoureusement à ce déficit pour ne pas
transférer aux générations futures un fardeau de dette.
Comme l'a dit mon collègue, le ministre des Finances, il faut
arrêter enfin d'emprunter pour payer l'épicerie. Dans le cadre de
cette politique globale gouvernementale, nous avons contrôlé les
dépenses gouvernementales et réussi à diminuer le
déficit qui, aujourd'hui, se situe autour de 1 500 000 000 $,
représentant sensiblement les dépenses en capital du gouvernement
du Québec, ce qui, sur le plan des résultats, sur le plan d'une
gestion financière, démontre que le gouvernement a pris ses
responsabilités. Le ministère des Affaires internationales et les
ministères qui, antérieurement, avaient les
responsabilités qu'a actuellement le ministère des Affaires
Internationales ont collaborés à la réalisation de cet
objectif. (16 h 30)
II ne faut pas oublier non plus qu'il y a, à l'intérieur
des chiffres, des éléments qui ne démontrent pas
nécessairement l'inefficacité gouvernementale, au contraire. Par
exemple, cette année, à l'intérieur des crédits
périmés, il y a un montant de 1 500 000 $ qui est
périmé parce que les taux de change - puisqu'on oeuvre dans
plusieurs pays étrangers - n'ont pas augmenté. Alors, tant mieux
si les taux de change n'ont pas augmenté. Cela a permis de
réaliser des économies de dépenses de 1 500 000 $.
Une autre chose aussi, nous avions projeté des dépenses
pour le Sommet de Québec, en 1987. On peut dire - et je pense bien que
le député de Lac-Saint-Jean sera d'accord avec moi -qu'on a eu un
excellent sommet, en tout cas, selon les constatations que j'ai pu faire et que
les observateurs ont pu faire, et je sais que le député de
Lac-Saint-Jean a pu faire les mêmes observations. Mais, malgré le
fait qu'on ait eu un excellent sommet, on a, dans le cadre des dépenses
reliées au sommet, périmé un montant de 1 700 000 $. Ce
sont des choses que le député de Lac-Saint-Jean ne peut reprocher
à l'administration gouvernementale ni à l'administration que font
les fonctionnaires des dépenses gouvernementales.
Dans le cadre des ententes avec l'ACDI, des paiements se sont faits plus
lentement que prévu, ce qui a résulté en des
crédits périmés. Il y a aussi eu, à
l'intérieur de l'appareil gouvernemental, plus de postes vacants que
prévu. L'efficacité administrative peut néanmoins
être qualifiée de modèle car les fonctionnaires en poste se
sont bien acquittés de leur travail et ont mis l'épaule à
la roue lorsqu'il le fallait pour remplir les fonctions qui auraient autrement
été remplies par d'autres personnes s'il n'y avait pas eu de
postes vacants. Alors, je ne vois pas pourquoi le député de
Lac-Saint-Jean trouve aberrant qu'il y ait des crédits
périmés. Cela fait partie d'un bon système de gestion.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Place du Québec dans la francophonie
M. Brassard: M. le Président, j'aborderai les choses sous
un autre angle. Le programme du Parti libéral en matière de
relations internationales se résume - on l'a examiné - en un
thème: l'ouverture du Québec sur francophonie, et en trois points
qui touchent les relations d'abord, les relations avec les
Franco-Américains; deuxièmement, le renforcement des liens avec
la France et, troisièmement, la coopération avec l'Afrique
francophone.
Depuis 1986, le moins qu'on puisse dire, c'est que les actions de ce
gouvernement ne rejoignent pas son programme politique rendu public à
l'occasion des élections de 1985. Prenons-les un à un. Le premier
point, c'était de tisser des relations avec les
Franco-Américains. On se rend compte que le seul bureau du
ministère qui se trouve en territoire franco-américain, celui de
Lafayette, est menacé sinon de fermer, du moins de voir ses
activités réduites. Deuxièmement, accentuer ses relations
avec la France; là non plus, les gestes ne correspondent pas à
l'intention parce que - et on en parlera tout à l'heure - l'Office
franco-québécois pour la jeunesse a vu ses budgets réduits
considérablement depuis quatre ans. Des dossiers importants s'enlisent
comme, en particulier, le dossier du doublage des films qui est
carrément enlisé. Troisièmement, développer des
relations avec l'Afrique francophone; à ce sujet-là, on se rend
compte que, malgré les engagements de son prédécesseur, le
Québec ne semble pas envisager sérieusement l'ouverture d'une
véritable déléga-
tion en Afrique francophone.
Par conséquent, lorsqu'on examine le programme libéral en
matière de relations internationales, on se rend compte que les gestes
et les actions du gouvernement depuis trois ans et demi n'ont en aucune
façon reflété ce discours et ce programme. Si on ajoute
à ça les Jeux de la francophonie... parce qu'on peut en parler
maintenant; je voulais aborder ce dossier un peu plus tard, mais on peut en
parler maintenant étant donné que le communiqué vient de
nous tomber sur la table. Je l'ai lu à deux reprises. Ma conclusion est
très simple et très nette: C'est la consécration de
l'effondrement du gouvernement libéral sur ce dossier, ou, il y a un
terme encore plus vulgaire: L'"effoirement" - ce serait encore plus juste - du
gouvernement sur ce dossier. C'est un recul considérable sur tous les
plans. Unicité de la participation traditionnelle du Canada à la
francophonie. L'unicité. La société distincte, qu'est-ce
que c'est que cette bibite? C'est un mot. Cela ne veut rien dire du tout. Ce
qui compte, c'est l'unicité, la participation du Canada à la
francophonie.
En matière de sports collectifs, il était question
qu'à tout le moins le Québec puisse avoir une équipe dans
un des deux sports collectifs. On parlait du basketball mais ce n'est plus le
cas maintenant. Le football, c'est le Canada et le basketball, c'est
Canada-Québec. On n'a même pas le droit d'avoir une équipe.
Les uniformes identiques. Oh oui! La société distincte va
s'exprimer. Excusez-moi! Un écusson distinctif. On va avoir un
écusson sur le T-shirt ou le short, je ne sais pas trop, quelque part
sur l'uniforme. Un écusson. De quelle grosseur? Je suppose qu'il va y
avoir un règlement pour déterminer la grosseur de
l'écusson. C'est ça, la société distincte dans
l'entente sur les Jeux de la francophonie.
En cas de victoire, c'est le drapeau du Canada qui va être
hissé, c'est l'hymne national qui sera joué. On évoquait,
ces dernières semaines, la possibilité qu'au moins les deux
drapeaux soient hissés, celui du Québec également. Non,
maintenant, c'est celui du Canada seulement. Une concession tout à fait
extraordinaire, c'est sans doute une victoire phénoménale: Oui,
le drapeau va être sur un pieu de trois mètres en arrière
de l'athlète. Il défile avec le drapeau du Canada en tête.
En plus, c'est absolument effarant, tout à fait savoureux, ce sont les
Jeux de la francophonie mais la langue du participant ne constitue pas un
critère de sélection. On peut se retrouver avec des
athlètes, des entraîneurs et des "coaches" qui ne savent pas
parler français. Ce sont les Jeux de la francophonie. Un "effoirement",
un effondrement total.
Après ça, vous viendrez nous parler du statut du
Québec au sein des institutions francophones. C'est une farce
monumentale. Vous statut de régresser en termes de place et de statut du
Québec. C'est absolument suave comme communiqué et comme entente.
Quand je pense que le ministre nous disait: écoutez, moi, les querelles
de drapeaux, je ne ferai pas ça. Il n'en fait pas mais il tombe dans la
niaiserie. Il sombre dans la niaiserie: l'écusson et le drapeau du
Québec sur un pieu de six pieds en arrière de l'athlète
pendant qu'on hisse le drapeau du Canada. J'espère que vous êtes
conscient que vous venez de faire reculer le Québec au sein des
institutions francophones et au sein de la francophonie et qu'en matière
de Jeux de la francophonie on a tellement reculé qu'on ne peut plus
espérer un jour y participer pleinement, avec une
délégation distincte. Cela, c'est mort et enterré, c'est
fini, il n'y a plus aucune possibilité, dans l'avenir, de revenir
là-dessus.
Quand je pense que le programme libéral en matière de
relations internationales - le ministre ne veut pas que je fasse des remarques
à caractère politique, ça ne me fait rien, j'en fais quand
même - c'était l'ouverture du Québec sur la francophonie.
Qu'on regarde les gestes posés dans ce domaine qui était le seul
secteur privilégié, mis en évidence le seul engagement en
matière de relations internationales lors de la campagne de 1985, cette
ouverture du Québec sur la francophonie, et qu'on regarde ce qui se
passe: l'OFQJ est coupé; le bureau de Lafayette, on n'est pas sûr
s'il va ouvrir, s'il va fermer ou pas; les dossiers avec la France sont
entièrement enlisés; en Afrique francophone, il n'est pas
question encore sérieusement d'ouvrir une délégation sur
ce continent, et le comble, la cerise sur le "sundae", c'est cette
espèce de loufoquerie dans laquelle on est tombé en ce qui
concerne les Jeux de la francophonie.
Alors, je n'ai pas de félicitations à vous faire, M. le
ministre. Vraiment aucune félicitation. Vous avez sombré dans la
niaiserie. Vous auriez dû... Il aurait été
préférable de tout laisser tomber et de laisser le Canada aller
se promener au Maroc avec une délégation purement canadienne.
Cela aurait été préférable que de sombrer dans de
pareilles insignifiances, de pareilles niaiseries.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: M. le Président, je ne m'attendais pas que le
député de Lac-Saint-Jean me fasse des félicitations parce
qu'au niveau où il veut situer le débat, évidemment,
à un niveau presque exclusivement politique...
M. Brassard: M. le Président...
M. Gobeil: ...je ne m'attendais pas...
M. Brassard: ...je le situe là où il doit se
situer, au niveau de la place et du statut du Québec au sein de la
francophonie. Actuellement, on est en train de reculer gravement
là-dessus.
M. Gobeil: M. le Président, je pensais que
c'était à moi à parler.
Le Président (M. Dauphin): Un instant! Un instant!
M. Gobeil: J'ai laissé parler le député de
Lac-Saint-Jean, M. le Président, c'est à mon tour.
Le Président (M. Dauphin): Une seule intervention à
la fois et un seul intervenant à la fois. M. le député de
Lac-Saint-Jean, on vous a écouté tantôt très
attentivement. Le ministre vous a écouté. Alors, j'espère
que de la même façon vous écouterez la réponse du
ministre. M. le ministre.
M. Gobeil: M. le Président, je ne reprendrai pas les
propos du député de Lac-Saint-Jean, je ne pense pas que ça
vaille la peine que je perde mon temps. Il a passé quelques remarques,
au début, concernant l'implication du gouvernement actuel dans la
francophonie, en invoquant toutes sortes d'énoncés dans ses
grandes envolées démagogiques. Je veux lui dire, d'abord, que
pour ce qui touche Lafayette, il n'est pas menacé. Nous voulons
strictement changer la façon de faire notre intervention à
Lafayette, très bientôt, parce que nous croyons qu'en ayant un
représentant du Québec à l'intérieur d'une
organisation francophone qui oeuvre dans la communauté francophone de la
Nouvelle-Orléans, ce représentant aura des données qui lui
permettront d'être plus présent dans l'ensemble de la
francophonie. C'est strictement une façon de faire qui, croyons-nous,
lui permettra d'être plus au fait de ce qui se passe. Pour ce qui touche
les États-Unis, je dois lui dire aussi que nous avons, au cours des
dernières années entre autres, intensifié nos relations
avec différentes communautés francophones américaines,
principalement les communautés francophones de la région de
Boston.
Pour ce qui touche la francophonie, là où semble-t-il,
selon le député de Lac-Saint-Jean, on aurait diminué nos
budgets, je dois lui dire que c'est le secteur où les budgets ont le
plus progressé depuis 1986. On a consacré, entre autres, 2 000
000 $ de plus au fonds multilatéral de l'ACCT. On a aussi
consacré 600 000 $ par année à TV5. Il y a eu une
augmentation des budgets pour les institutions francophones et une augmentation
du personnel dans le domaine de la francophonie au ministère des
Affaires internationales. On a maintenant 18 personnes à Québec
même, sans compter les personnes qui oeuvrent principalement à la
délégation générale de Paris. Donc, on a 18
personnes ici. Du temps du député de Lac-Saint-Jean, selon mes
informations, il y en avait 9. Donc, de 9 à 18, je ne pense pas que ce
soit une diminution. 2 000 000 $ de plus, 600 000 $ de plus, augmentation
globale des budgets, voilà pour la francophonie. (16 h 45)
En ce qui concerne l'Afrique, je ne sais pas où veut en venir le
député de Lac-Saint-Jean. Je voudrais lui demander combien lui,
son gouvernement, de 1976 à 1985, a ouvert de représentations en
Afrique, pendant ces neuf ans. Que je sache, la représentation du
Québec à Abidjan, en Côte-d'lvoire, a été
ouverte en 1970. Je ne pense pas qu'on en ait ouvert d'autres depuis ce temps.
Je lui ai dit la dernière fois et je lui redis que c'est une
préoccupation pour nous et que nous regardons la possibilité de
changer notre statut de représentation en Afrique. Je ne suis pas
obligé de faire ça ce matin ou demain matin. Ils ont eu neuf ans
pour le faire et ils n'ont rien fait. C'est une préoccupation. Je pense
qu'ils n'avaient pas cette préoccupation. Si on veut situer ça
dans un débat politique, on va le faire. Nous, nous avons cette
préoccupation. On observe et il y a des gestes qui sont posés et
des analyses qui sont faites très concrètement.
En ce qui concerne les Jeux de la francophonie, je veux lui rappeler,
d'abord et je le lui ai dit la dernière fois qu'il vivait dans le
passé - que nous sommes en 1989. Le référendum de 1980, je
pense, a été très clair. Le Québec fait partie de
la Fédération canadienne. On est
Canadiens-Québécois. Je dois vous dire que, personnellement, je
suis très fier d'être un Canadien et aussi très fier
d'être un Québécois. Je ne vois pas pourquoi il s'indigne
de la désignation Canada-Québec, c'est son premier ministre, en
1985, qui a négocié cette appellation pour le premier sommet de
la francophonie. C'est M. Pierre Marc Johnson, alors premier ministre, qui a
négocié avec les autorités fédérales cette
appellation, dans le cadre de la francophonie, qui s'est continuée
jusqu'à maintenant et qui se continue dans les Jeux de la
francophonie.
Que je sache, à l'ACCT, depuis longtemps, on utilise les mots
Canada-Québec pour identifier la participation du Québec comme
gouvernement participant. Son collègue, Claude Morin, qu'il
connaît bien - je suis sûr qu'il a lu le livre L'art de
l'impossible - a lui-même repris cette expression plusieurs fois dans
son livre, entre autres à la page 457. La négociation qui a eu
lieu avec le fédéral concernant les Jeux de la francophonie et le
résultat de cette négociation donnent au Québec le
même statut que celui que le Québec a eu jusqu'à maintenant
à l'intérieur de l'ACCT et des sommets francophones, avec la
même désignation. Le Québec pourra, dans le cadre des Jeux
de la francophonie, présenter son équipe, une constituante de la
délégation canadienne, avec une identification sous la forme d'un
écusson, avec la présence de son drapeau, avec des dirigeants
québécois pour les athlètes et les autres personnes
composant la délégation. Le Québec aura aussi - et je
pense que c'est quelque chose qu'il faut souligner - une équipe
féminine de basketball, l'équipe Canada-Québec,
composée d'athlètes du Québec.
Je ne vois pas ce que le député de Lac-Saint-Jean a
à dire contre ça. On est dans la
continuité de ce qui a été fait depuis
l'établissement de la participation du Québec dans le cadre de
l'ACCT, depuis le premier sommet de la francophonie, à Paris, qui s'est
continué. Le même statut de gouvernement participant s'est
continué au deuxième sommet et se continuera au Sommet de Dakar,
au mois de mai qui vient. Nous croyons que, sur les plans national et
international, cette entente avec le fédéral permettra de faire
voir à tous que le Québec est un gouvernement participant aux
Jeux de la francophonie, que le Québec est, à l'intérieur
de la Fédération canadienne, en harmonie avec les gestes
posés dans le cadre du développement de la francophonie,
principalement pour ce qui touche cette grande compétition, les Jeux de
la francophonie. C'est fini, 1980. On est en 1989 et on a continué ce
que son gouvernement a entrepris pour le statut du Québec dans le cadre
de la francophonie.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Le ministre devrait être cohérent et
logique avec lui-même. Si c'est fini, 1980, si le Québec n'a pas
opté, comme c'est le cas, pour un statut d'État souverain,
à ce moment-là, qu'il soit cohérent et logique et qu'il
laisse au complet tout le domaine des relations internationales au gouvernement
fédéral. Qu'il soit conséquent aussi avec lui-même,
parce qu'il se réfère au référendum et à la
décision qui a été prise, à l'occasion du
référendum, de ne pas faire du Québec un État
souverain. Un État souverain assume pleinement et entièrement ses
relations avec les pays étrangers. Qu'il soit cohérent avec
lui-même, qu'il abandonne tout simplement son poste et qu'il laisse au
gouvernement fédéral tout le champ d'action en matière
d'affaires internationales. Cela relève du gouvernement
fédéral, c'est de la responsabilité du gouvernement
fédéral, c'est de sa compétence. Alors, que le
Québec se retire au grand complet de ce secteur, quant à
être cohérent et logique. Sauf qu'il est évident que ce
n'est certainement pas l'intention du Québec et du peuple
québécois de se retirer totalement du secteur des affaires et des
relations internationales.
Comment peut-il sérieusement prétendre que cette entente
sur les Jeux de la francophonie respecte le statut et la place du Québec
dans les institutions francophones, alors que le Québec jouit au sein de
ces institutions d'un statut de gouvernement participant, que le premier
ministre du Québec, à l'occasion des sommets de la francophonie,
les deux qui se sont tenus et le troisième qui va se tenir à
Dakar, est là à titre de premier ministre du Québec, de
chef du gouvernement du Québec? Il a toute sa place à ce titre.
Il n'est pas là sous la tutelle du premier ministre
fédéral; il est là pleinement et entièrement
à titre de chef du gouvernement du Québec. C'est la même
chose au sein de l'Agence de coopération culturelle et technique; il a
un statut de gouvernement participant. C'est la même chose au sein de la
Conférence des ministres de l'Éducation nationale, la CONFEMEN.
C'est la même chose au sein de la Conférence des ministres
responsables de la jeunesse et des sports, la CONFEJES. Le Québec est
partie prenante, à part entière, puisqu'il a un statut de
gouvernement participant. Il n'est pas en tutelle. Il n'est pas
intégré à une délégation, je le sais car
j'ai déjà participé aux travaux de la CONFEJES. Le
ministre québécois n'est pas en tutelle par rapport à
celui du fédéral; il n'a pas d'ordre à recevoir de celui
du fédéral. Il est là et il occupe une place à part
entière. C'est la même chose pour l'agence et pour le sommet de la
francophonie.
Là, vous arrivez avec une entente, une espèce de solution
bâtarde, et vous allez prétendre que ça s'inscrit en droite
ligne, que ça s'inspire de la place et du statut du Québec au
sein des Institutions francophones. Il n'y a personne qui va vous croire; vous
n'êtes pas crédible en disant ça. Il y a tout de même
des limites. C'est clair, à la lecture du communiqué, qu'il y a
un recul, une régression par rapport à la place occupée
par le Québec au sein des institutions francophones. Vous pouvez bien
vous satisfaire de ça, de cette espèce de compromission
bâtarde, mais ne venez pas nous dire que ça respecte
scrupuleusement la place et le statut du Québec au sein des institutions
francophones. Ce n'est pas vrai!
C'est d'autant plus faux que lors des Jeux de l'amitié, qui se
sont déroulés à Yamoussoukro en Côte-d'Ivoire, en
juillet 1985, jeux qui étaient sous le parrainage de la CONFEJES, de la
Conférence des ministres responsables de la jeunesse et des sports de la
francophonie, le Québec avait une délégation parfaitement
autonome et distincte, qui a défilé dans le stade de Yamoussoukro
avec son drapeau du Québec en tête. Alors, cela était
conforme au statut et à la place du Québec dans les institutions
francophones, lors des Jeux de l'amitié de Yamoussoukro. C'était
vraiment conforme à la place du Québec au sein des institutions
francophones, mais pas ce qui va se passer au Maroc en juillet prochain.
Là, c'est une nette régression. C'est un net recul. C'est
même une véritable débandade et, je le
répète, un effondrement. Vous ne ferez croire à personne
que vous avez respecté la place que le Québec occupe au sein de
la francophonie depuis des années.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Je crois que juste avant
de laisser la parole au ministre, nous allons suspendre une minute et demie,
deux minutes. Voulez-vous répondre tout de suite? Allez-y.
M. Gobeil: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: M. le Président, je vais répondre et
merci pour cette suspension.
M. le Président, le député de Lac-Saint-Jean n'est
pas sérieux quand il dit que le Québec pourrait se retirer du
champ des relations internationales. Je pense que, déjà, depuis
le début des années soixante, le Québec a bâti avec
les pays étrangers, dans ses champs d'autorité et de
responsabilités, des relations qui, aujourd'hui, portent leurs fruits
sur divers plans: économique, social, politique et culturel. Et d'autres
provinces ont suivi l'exemple. L'Ontario, entre autres, la Colombie britannique
et l'Alberta, pour n'en nommer que quelques-unes, ont aussi des
délégations, des bureaux à l'étranger et font aussi
la promotion de leur province. Je pense qu'on peut être fier de voir
où en est rendu le Québec avec 26 représentations à
travers le monde qui sont, me semble-t-il, généralement
efficaces, appuyées par une équipe en place, à
Québec et à Montréal. Je pense que ça mérite
d'être souligné et d'être continué.
Le député de Lac-Saint-Jean me parle d'un recul. Le recul,
M. le Président - si recul il y a et je ne pense pas qu'il y en ait - il
y a longtemps qu'il a été fait. Parce que déjà,
comme je l'ai mentionné, même au premier sommet de la
francophonie, à Paris, on avait trois composantes dans la
délégation canadienne. Le Canada était identifié
comme tel. Canada-Québec. A Paris, la délégation
québécoise était identifiée Canada-Québec,
comme celle du Nouveau-Brunswick était identifiée
Canada-Nouveau-Brunswick. Le premier ministre du Québec et le premier
ministre du Nouveau-Brunswick étaient près du premier ministre
canadien. Et, comme gouvernement participant, il a joué le rôle
qu'il devait jouer à ce sommet, comme il jouera le rôle qu'il doit
jouer dans le cadre des Jeux de la francophonie. D'autant plus que, je l'ai
déjà mentionné et je le répète, le
Québec aura une pleine délégation, c'est-à-dire
jusqu'à 120 personnes. Le Canada aura aussi une pleine
délégation, jusqu'à 120 personnes, de même que le
Nouveau-Brunswick. C'est un choix que ces trois composantes peuvent faire.
Et comment le député de Lac-Saint-Jean peut-il parler de
perte d'autonomie quand, par exemple, à l'article 12 de l'entente, on
parle d'un comité fédéral-provincial, composé d'un
représentant du ministère des Affaires extérieures du
Canada, du ministère des Affaires internationales du Québec et du
ministère des Affaires internationales du Nouveau-Brunswick, qui est mis
sur pied? Ce comité est responsable d'assurer toutes les concertations
requises entre les composantes sur la base du consensus avant et pendant les
Jeux de la francophonie, tel que statutairement pratiqué au sein des
institutions francophones. Comment le député de Lac-Saint-Jean
peut-il parler d'une perte d'autonomie quand le Québec doit, avec le
Nouveau-Brunswick et le Canada, par ce comité, obtenir un consensus?
Cela veut dire que le Canada seul ne peut rien faire, que le Nouveau-Brunswick
seul ne peut rien faire, que le Québec seul ne peut rien faire, parce
qu'on fait partie de cette délégation-là. Nous sommes tous
des Canadiens et il faut, face aux autres pays, face aux autres gouvernements
participants, se tenir debout et ne pas avoir l'air de sa chamailler et de se
faire concurrence. Nous faisons tous partie du même pays.
Le député de Lac-Saint-Jean sait très bien que les
Jeux de l'amitié de 1985 n'étaient pas des jeux officiels. Ce
n'étaient pas des jeux de gouvernements. C'étaient des jeux
pilotés par la CONFEJES et, dans ce sens-là, ce qui a
été fait en 1985 ne peut servir de modèle, tout comme les
Jeux du Commonwealth ne peuvent servir de modèle aux Jeux de la
francophonie où ce sont les gouvernements qui y participent.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. À
ce stade, nous allons suspendre deux minutes pour aller passer un test avant de
poursuivre sur les jeux.
(Suspension de la séance à 17 h 1 )
(Reprise à 17 h 11)
Le Président (M. Dauphin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons reprendre nos travaux. Je cède
immédiatement la parole au député de Lac-Saint-Jean.
Sommet de Dakar
M. Brassard: J'aimerais aborder, on l'a évoqué
à plusieurs reprises, le dossier du sommet francophone, le prochain,
celui de Dakar qui aura lieu à la fin de mai. Le ministre a
déclaré à ce sujet que le Québec allait
prêcher la modestie à Dakar. Il faudrait peut-être savoir de
quoi il retourne à ce sujet-là, qu'est-ce qu'il entend par cette
expression. Est-ce qu'il indique en disant cela qu'il faudra réduire le
nombre de projets devant être examinés et adoptés à
l'occasion du sommet? D'abord, je pense que la première question
à poser au ministre au sujet du Sommet de Dakar est celle-ci. On est
tout près, c'est dans un mois. J'imagine qu'une entente a
été signée avec le gouvernement fédéral
concernant la participation du Québec à ce sommet, sa
participation financière en particulier. Quelles sont les grandes lignes
de cette entente conclue avec le gouvernement fédéral
relativement au Sommet de Dakar?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: D'abord, si je comprends bien la question du
député de Lac-Saint-Jean concernant l'entente, c'est la
continuité, c'est l'entente dans la continuité,
c'est-à-dire que le Québec aura à jouer au Sommet de Dakar
le même rôle qu'il a joué au Sommet de Paris,
principalement
et en quelque sorte au Sommet de Québec, quoique pour celui-ci il
y ait eu des différences compte tenu que le sommet se tenait à
Québec. C'est la continuité. Le sommet coûtera,
semble-t-il, autour de 82 000 000 de francs français,
c'est-à-dire entre 15 000 000 $ et 16 000 000 $, en dollars canadiens,
et sera financé principalement par la France, le Canada et le
Sénégal, dû au fait qu'il se tient au
Sénégal. Le Québec, lui, participe aux préparatifs
par un transfert de son expertise. Il a reçu ici quelques missions
sénégalaises qui sont venues voir comment s'était
organisé le Sommet de Québec. On a envoyé quelques
missions au Sénégal aussi et on a des fonctionnaires qui ont
été prêtés. Il y en a actuellement deux qui sont
là-bas. L'une de ces fonctionnaires est auprès du
président du comité du suivi pour agir à titre de
documentaliste et l'autre est auprès de l'organisation centrale.
Donc, le statut du Québec à Dakar est le même qu'il
avait à Paris. La délégation officielle du Québec
sera composée de cinq personnes sous la présidence
évidemment du premier ministre. Cette délégation
officielle sera assistée d'une délégation
d'accompagnement, composée de quelques ministres, d'experts techniques
reliés aux différents dossiers qui feront l'objet de discussions.
Nous sommes en train de finaliser la composition officielle et la composition
d'accompagnement. C'est, à toutes fins utiles, quasi
décidé, sauf pour quelques ajustements qui pourraient survenir
très bientôt.
Juste pour revenir aux fonctionnaires, nous avions accepté que
quatre fonctionnaires puissent aider l'organisation du Sommet de Dakar. Il y en
a déjà deux là-bas et deux autres fonctionnaires iront
pour de courts séjours très bientôt. C'est notre
participation au Sommet de Dakar, à la suite de la continuité de
l'entente que nous avons avec le fédéral.
En ce qui touche les projets, il y a eu une première
réunion préparatoire des ministres responsables, à Paris
les 30 et 31 mars. J'ai assisté à cette première
réunion préparatoire. La deuxième se tiendra à
Dakar, le 22 mai, c'est-à-dire deux jours avant le sommet qui se tiendra
les 24, 25 et 26 mai. À cette réunion préparatoire, on
fixera les sujets qui seront discutés dans le cadre des trois jours
officiels du sommet. Déjà, à la réunion des 30 et
31 mars à Paris, les discussions d'ensemble ont eu lieu et l'orientation
a été définie concernant les domaines d'intervention qui
sont suggérés aux chefs d'État et de gouvernement.
M. Brassard: L'ordre du jour est-il arrêté?
M. Gobeil: Non, il n'y a pas d'ordre du jour officiel qui ait
été adopté. Ce n'est pas officiellement adopté; ce
le sera le 22 mai, à Dakar.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Brassard: Si je comprends bien, il y a une entente de conclue
avec le gouvernement fédérai relativement au Sommet de Dakar.
Pour celui de Québec, il y avait eu une entente de conclue par le
premier ministre du Canada et le premier ministre du Québec en
février 1986 pour le Sommet de Québec, laquelle prévoyait,
en particulier, le financement du sommet et le rôle des deux premiers
ministres. Évidemment, cela sera différent à Dakar,
étant donné qu'à Québec nous étions les
hôtes. À Dakar, cela sera sans doute différent. Est-ce que
cela a donné lieu à une entente comme telle, une entente formelle
entre les deux gouvernements ou si l'on se réfère à
l'entente de novembre 1985, étant donné que là c'est un
peu comme le premier, celui de Paris?
M. Gobeil: Le rôle du Québec sera le même et
le rôle du premier ministre du Québec sera le même que celui
qu'il a joué à Paris au moment du premier sommet. Il n'y a pas eu
de nouvelle entente formelle entre le Québec et le Canada concernant le
Sommet de Dakar.
M. Brassard: II n'y en a pas eu? M. Gobeil: II n'y en a
pas eu.
M. Brassard: Est-ce qu'il va y en avoir une ou n'y en a-t-il pas
besoin?
M. Gobeil: II n'y en aura probablement pas.
M. Brassard: C'est l'entente première qui va
prévaloir?
M. Gobeil: Exactement, selon ce qu'on connaît
jusqu'à maintenant.
M. Brassard: D'accord. Concernant les projets adoptés
à celui de Québec, en particulier celui de TV5, il semble que le
réseau TV5 connaisse des difficultés d'expansion et qu'en France,
en particulier, cette diffusion soit très limitée. Toutes
proportions gardées, il y a plus de foyers québécois qui
ont accès à TV5 que de foyers français. Cela vient du fait
évidemment de l'état très peu avancé du
réseau de câblodistribution en France mais est-ce que le
réseau TV5 va devenir assez rapidement un véritable réseau
francophone couvrant l'ensemble des pays francophones et rejoignant, dans une
très large proportion, les familles francophones, les citoyens et
citoyennes francophones?
M. Gobeil: Enfin, M. le député de Lac-Saint-Jean,
on se rejoint. Je suis aussi d'accord avec vous et aussi anxieux que vous de
voir TV5 s'étendre à tous les pays de la francophonie. Vous avez
touché le point. Déjà, nous avons la possibilité de
rejoindre, par TV5 Québec-Canada, environ 1 800 000 foyers alors que,
selon les informations que nous avons, il n'y aurait que 30 000 foyers qui
pourraient être atteints en
France dû au non-câblage des foyers français.
Cette situation a été soulevée lors de la
première rencontre des ministres à Paris les 30 et 31 mars
et...
M. Brassard: Est-ce un sujet qui va revenir...
M. Gobeil: ...tout comme vous, nous espérons que
les...
M. Brassard: ...à l'ordre du jour à Dakar?
M. Gobeil: Pas nécessairement. Je ne pense pas que cela
revienne directement sur le problème de la France. Je pense que la
France est consciente de ce problème-là et on peut espérer
qu'elle cherchera à le résoudre. Ce qui pourrait revenir à
Dakar - et cela a déjà été mentionné - c'est
qu'il y a une volonté que le réseau TV5 ait une composante pays
du Sud et qu'il soit plus accessible aux pays francophones du Sud. Cette
volonté a été exprimée et je pense que l'ensemble
des pays membres de la francophonie est d'accord avec cette situation. De toute
façon, le ministre des Communications, qui a la responsabilité
directe technique de TV5, a d'ailleurs assisté à une
réunion à Bruxelles à la fin de la semaine dernière
- je sais qu'il est de retour, mais je n'ai malheureusement pas eu l'occasion
d'en discuter avec lui - si ma mémoire est bonne, c'était jeudi
ou vendredi dernier, je pense que c'était vendredi dernier, à
laquelle ont participé des pays. Comme je n'ai pas vu mon
collègue, le ministre des Communications, je n'ai pas le
résultat. Comme vous, j'ai lu ce matin ou hier matin, un compte rendu
dans un journal.
M. Brassard: Concernant l'Afrique? Est-ce que, concernant
l'Afrique, TV5 est accessible maintenant?
M. Gobeil: Non. M.Brassard: Non?
M. Gobeil: Non, sauf, et je le dis sous toutes réserves,
dans certains continents ou dans les îles proches de l'île de la
Réunion, je sais qu'un captage se fait, mais je ne pourrais pas vous en
donner tous les détails techniques. Mais assurément, pour une
fois, le Québec est de beaucoup en avance par son réseau TV5
Québec-Canada sur tous les autres pays de la francophonie.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je suppose que vous comptez aussi insister
auprès des partenaires de la francophonie...
M. Gobeil: Ah!
M. Brassard: ...pour que l'extension de TV5 se fasse dans les
plus brefs délais, sinon toute sa vocation est carrément remise
en question.
M. Gobeil: Vous avez raison, M. le député de
Lac-Saint-Jean, et nous appuyons l'extension du réseau TV5 dans les
autres pays. Nous voudrions d'abord voir la France faire un effort
supplémentaire pour que beaucoup plus de foyers français puissent
capter TV5.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Brassard: Un autre projet est aussi issu du Sommet de
Québec, l'Université des réseaux d'expression
française une université sans murs, un projet très cher
à votre prédécesseur. Est-ce que le ministre pourrait me
dire où en est rendue la mise en oeuvre de ce projet?
M. Gobeil: Le réseau UREF existe. Il est sous
l'autorité de l'AUPELF. Il semble qu'il y ait des problèmes
d'ajustement entre l'AUPELF et l'UREF. Ce problème a été
abordé à la réunion des 30 et 31 mars et,
subséquemment, je ne me souviens pas par qui, mais une
vérification comptable a été demandée de l'UREF;
elle est en cours et elle devrait parvenir très bientôt à
l'ACCT. On verra comment on peut agencer et ajuster AUPELF-UREF dans le
meilleur intérêt du développement du réseau avec,
évidemment, pour nous Québécois, un souci particulier de
voir le siège social s'installer au Québec, à
Montréal, parce que, si ma mémoire est bonne, le siège
social de l'AUPELF est à Montréal alors que le siège
social de l'UREF est à Paris. Il y a des problèmes de
communications entre les deux. Nous voulons nous assurer qu'effectivement le
siège social de l'AUPELF, physiquement et de par ses décisions,
soit toujours bien à Montréal.
M. Brassard: Quant à L'Institut de l'énergie,
est-ce qu'il est maintenant opérationnel?
M. Gobeil: II est pleinement opérationnel, avec un
directeur général en poste à Québec, avec un
directeur général adjoint qui est un fonctionnaire
québécois, M. Yvon Tremblay, quiest aussi en poste
à Québec avec un personnel en place. C'est encore un
début, mais je pense que c'est efficace et que ça remplit bien le
rôle pour lequel ça a été formé à la
suite du deuxième sommet, celui de Québec.
M. Brassard: Pour celui de Dakar qui aura lieu bientôt,
quels sont les objectifs du Québec? Je pense que c'est vous ou votre
ministère qui avez parlé de projets structurants dans le cadre du
Sommet de Dakar. Quels sont les objectifs que le Québec poursuit pour
Dakar en termes de décisions à prendre, d'orientations à
adopter, de projets à mettre en évidence?
M. Gobeil: D'abord, ça a été discuté
à Paris les 30 et 31 mars. Tous les pays ont été d'accord.
Ils ont vu la nécessité de rationaliser et, en quelque sorte, de
rentabiliser davantage la programmation et l'organisation de la
francophonie.
Pour le Québec et pour d'autres pays, soutenus en cela entre
autres par le Canada, la clé de cet enjeu réside dans une plus
grande intégration des réseaux à l'Agence de
coopération culturelle et technique, la prise en charge de la
préparation de la programmation des sommets par l'agence et aussi la
coordination de leur suivi. Cela a été unanime. Il n'y a eu aucun
commentaire négatif à l'endroit de l'exposé de cette
idée.
Nous croyons aussi qu'au Sommet de Dakar on verra l'adoption, parce que
ça semble être une volonté des pays ou des gouvernements
participants, de deux nouveaux domaines d'intervention stratégique en
francophonie, soit l'éducation formation - on sait que c'est là
un souhait qui a été formulé depuis déjà
quelque temps par le président Abdou Diouf, du Sénégal -
et l'intensification d'un domaine qui est déjà mentionné
mais sur lequel on a peu travaillé, c'est-à-dire l'environnement.
Ce domaine est appuyé principalement par le premier ministre du
Québec. Bien sûr, pour nous du Québec, on veut aussi
s'assurer, sans négliger les autres domaines d'intervention, que le
réseau d'énergie continue de bien fonctionner et de servir la
communauté française.
Il y aura évidemment les demandes des pays africains, mais il
semble s'être dégagé de la réunion des 30 et 31 mars
à Paris de ne pas laisser indûment miroiter, principalement pour
les pays africains, des projets qui, finalement, ne pourront être
réalisables faute de temps, faute de moyens aussi ou peut-être
aussi faute de volonté politique. Évidemment, on aura des
demandes et certains projets seront acceptés, mais je pense que la
réunion de Paris des 30 et 31 mars a été bien comprise par
tous les participants, y compris les participants du Sud, et que
l'expérience des deux premiers sommets, celui de Paris et celui de
Québec, sera prise en considération dans l'élaboration des
domaines d'intervention et des domaines qui seront mis sur la table pour
réalisation à la suite du Sommet de Dakar. (17 h 30)
M. Brassard: Concrètement, le Québec entend-il
privilégier un ou quelques projets précis?
M. Gobeil: Le Québec entend privilégier
assurément le champ d'intervention de l'environnement. Il entend appuyer
aussi, selon certaines conditions, par contre, le champ d'intervention
éducation et formation et il entend insister pour une continuation du
domaine de l'énergie de par l'Institut de l'énergie,
spécifiquement. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'autres projets.
On va continuer d'appuyer TV5, etc. Mais ce sont, nous semble-t-il, les
principaux domaines que le Québec appuiera fortement.
M. Brassard: Cela va-t-il se traduire par des projets concrets en
matière environnementale?
M. Gobeil: C'est la décision des chefs d'État et de
gouvernement. On verra le soir du 26 mai.
Aide au Liban
M. Brassard: II y avait un dernier point, parce que je ne veux
pas prendre trop de temps, je veux aussi laisser le temps à mon
collègue de Terrebonne d'aborder des questions plus précises
concernant le commerce extérieur, le libre-échange. Une question
très actuelle, c'est celle du Liban qui est déchiré
actuellement par la guerre. Beyrouth est en ruines à la suite des
bombardements incessants de part et d'autre. On sait que la France a
parrainé ou envoyé une mission à caractère
humanitaire. Au dernier Sommet de Québec, les dirigeants de la
francophonie avaient créé un fonds spécial d'aide à
la reconstruction du Liban. Le travail va être plus considérable
qu'on ne le prévoyait, avec ce qui se passe là-bas.
Le Québec compte-t-il participer à une forme ou l'autre
d'aide à caractère humanitaire soit seul, comme cela a
été le cas pour l'Arménie, si je me souviens bien, ou avec
le Canada? Le Canada entend-il faire quelque chose en termes d'aide pour le
Liban? Le Québec compte-t-il y participer? Le Québec
envisage-t-il de faire quelque chose de façon autonome?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: On se rappellera, M. le Président, qu'au cours
du deuxième sommet tenu à Québec le gouvernement du
Québec avait versé 350 000 $ au fonds de reconstruction du Liban,
qui est un fonds spécial à l'ACCT. D'autres pays ont
participé aussi et selon ce qu'on connaît, il y aurait
actuellement 1 500 000 $, en dollars canadiens, dans ce fonds, à
l'intérieur de l'ACCT, selon ce qu'on sait. Ils n'ont pas
été versés au Liban. La décision de les verser n'a
pas été prise à cause de la situation du Liban.
Semble-t-il qu'on attendrait un plus grand calme au Liban avant de les verser
pour la reconstruction du Liban. Cette question n'a pas été
abordée dans le cadre de la réunion ministérielle des 30
et 31 mars. Que l'on sache, il n'y a pas eu de nouvelle demande officielle,
mais il reste toujours que, selon les informations qu'on a, ces 1 500 000 $
deviendront disponibles un jour. Au besoin, nous regarderons la
possibilité d'une meilleure contribution sur le plan humanitaire.
Je dois mentionner aussi que nous avons décidé, la semaine
dernière, d'envoyer à Chypre nos représentants à
l'immigration de Damas, de
façon qu'ils puissent recevoir des demandes d'immigration pour
des Libanais qui voudraient immigrer au Québec. Nos représentants
à l'immigration qui sont maintenant basés à Damas, qui
allaient antérieurement à Beyrouth, ne peuvent plus entrer
à Beyrouth pour analyser les demandes d'immigration, mais le font
à partir de Chypre. Nous sommes conscients du problème du Liban
et prêts à accepter des immigrants libanais, entre autres, comme
contribution humanitaire aux problèmes du Liban.
M. Brassard: M. le Président, je comprends bien que le
fonds soit gelé, d'une certaine façon, parce qu'on ne sait pas
trop à quel gouvernement on va le donner - il y en a deux - et qu'il y a
des forces d'occupation, en plus. L'aide humanitaire ponctuelle
immédiate est une chose un peu similaire à ce que fait la France
présentement, peut-être avec moins d'éclat, sans aucun
doute, mais est-ce que vous êtes informé que le Canada compte agir
dans ce sens et de façon similaire à la France, et est-ce que
vous comptez vous associer au Canada? Je pense à l'Arménie, au
moment du séisme qui l'a ravagée et qui a fait des milliers et
des milliers de victimes; il y avait eu un mouvement international d'aide et le
Québec y avait participé selon ses moyens, la communauté
arménienne aussi, évidemment, et le Canada. Dans le cas du Liban,
ça ne semble pas vouloir prendre forme. Cela fait pourtant plusieurs
semaines, que les Libanais vivent sous les bombes. Alors, il n'y a rien
d'envisagé ni du côté d'Ottawa, actuellement, concernant le
Liban, ni de votre côté, au sujet du fonds. Je comprends qu'on ne
puisse pas se servir du fonds présentement, parce qu'à quel
gouvernement le donner, au gouvernement du général Aoun ou au
gouvernement musulman? Cela peut prendre une autre forme, mais ce n'est pas
envisageable pour le moment.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: Effectivement, comme vous le rappelez, M. le
député de Lac-Saint-Jean, le Québec, à la suite des
événements malheureux survenus en Arménie au début
de décembre, a versé une somme de 100 000 $ en soutien aux
sinistrés de l'Arménie; la communauté arménienne de
quelque 30 000 personnes localisées à Montréal a aussi
fait une grande contribution et les citoyens du Québec aussi.
C'était par suite de cet événement, dans le cadre d'une
reconstruction. Je pense que si on situe le contexte pour le Liban on n'est pas
au moment de la reconstruction, comme vous l'avez souligné...
M. Brassard: C'est le moment de la destruction,
présentement.
M. Gobeil: ...on est au moment de la destruction. Il n'y a pas eu
de discussion avec le gouvernement fédéral dans ce
sens-là, il n'y a eu, en tout cas pour ma part, aucune indication du
gouvernement fédéral, mais je suis sûr que, que ce soit par
le déblocage du fonds, qui est déjà à la
société, ou par de nouvelles contributions s'il y a lieu, en
temps opportun le Québec analysera la situation et verra si et comment
il doit poser un geste humanitaire, face aux sinistrés du Liban.
M. Brassard: M. le Président, j'aurais une suggestion
à faire au premier ministre du Québec. S'il veut s'illustrer
à Dakar, il pourrait, d'ici ce temps, trouver un moyen pour faire en
sorte que le fonds pour la reconstruction du Liban puisse servir le plus
rapidement possible comme aide aux Libanais. La dernière fois, à
Paris, il s'était illustré concernant la dette internationale. Il
avait fait une sortie relativement à la dette internationale, les pays
du tiers monde. Il y a peut-être moyen de s'illustrer concernant l'aide
au Liban.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: Je remercie le député de Lac-Saint-Jean
de sa suggestion et j'en ferai part au premier ministre, mais je lui
demanderais, d'ici là, de ne pas en parler, s'il vous plaît, si
l'on veut faire un coup d'éclat.
M. Brassard: Cela veut dire que vous retenez la suggestion?
M. le Président, je céderais la parole à mon
collègue de Terrebonne, qui doit faire quelques remarques
préliminaires, comme on s'était entendus au départ, sur la
question du commerce extérieur.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, alors je cède
maintenant la parole au député de Terrebonne, pour le volet du
commerce extérieur.
Commerce extérieur
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. J'ai
écouté avec grand plaisir, soit ici, soit à mon bureau sur
le perroquet, ce qui se disait ici. Il y a une chose qui m'a bien surpris:
c'est que les gouvernements à Québec et dans les autres
parlements du monde se succèdent, souvent se ressemblent, mais souvent
ne se ressemblent pas. Les différents gouvernements qui se
succèdent dans un parlement ont, selon les partis politiques qui
occupent le pouvoir, des politiques à défendre. Ces politiques
sont simples. Il n'y a pas beaucoup de façons de voir de quelle
façon ils veulent concrétiser les politiques qu'ils ont. On le
voit par les crédits et par le budget.
J'ai été un peu ébahi et surpris d'entendre le
ministre actuel dire tantôt: Je ne suis pas venu ici pour parler de
politique. À quel endroit un gouvernement parle-t-il de politique, si ce
n'est à l'occasion qui nous est présentée quand on parle
de crédits et quand on parle de budget,
parce qu'ils sont la manifestation chiffrée d'une politique d'un
gouvernement? Vous comprenez bien, vous et moi, et tous ceux qui se
présentent autour d'une table comme celle-ci, que quand on parle de
chiffres la concrétisation des programmes gouvernementaux qui sont
appuyés par une politique, quels que soient les gouvernements qui sont
en place, porte de façon intrinsèque une marque de la politique
qui sied au gouvernement qui est en place et dont le ministre fait partie.
Alors, j'ai été un peu ébahi, un peu surpris de
l'entendre dire qu'il ne voulait pas être ici pour parler de politique.
Je sais bien que je vais tout de même en parler un peu. C'est un peu
normal, je vais demander au gouvernement et au ministre qui est là de
défendre des chiffres qui sont la concrétisation des politiques
que son ministère met en place via le programme de son parti. C'est bien
sûr que, comme vous me connaissez, je ne ferai pas de partisanerie
mesquine, par exemple; c'est une autre chose. Si on veut parler de partisanerie
mesquine à l'intérieur des chiffres que l'on voit là, Dieu
m'en garde! Et si le ministre, par politique, voulait dire qu'il n'était
pas là pour faire de la partisanerie mesquine, il s'est certainement mal
exprimé, et j'aimerais l'entendre là-dessus pendant quelques
minutes. Il n'y a pas beaucoup de...
M. Gobeil: ...M. le député de Terrebone...
M. Blais: Non, je vous ai entendu parler pendant une heure et
demie. Je trouve que vous avez une très belle voix, mais j'adore aussi
la mienne.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gobeil: Votre montre avance rapidement, M. le
député.
M. Blais: II arrive ceci, c'est qu'il demeure quand même
que les deux points chauds du commerce extérieur sont les exportations
mêmes et le libre-échange. Je pense que ce sont les deux points
les plus importants qu'on doit discuter ensemble. Il demeure quand même
que, quelle que soit la politique chiffrée d'un gouvernement et quel que
soit le gouvernement, les chiffres qui apparaissent doivent être le
reflet de ce qu'on a annoncé avant de chiffrer. Je croirais ainsi que,
dans le libre-échange, les promesses faites durant cette campagne du
libre-échange et la concrétisation avec les crédits que
nous avons ne sont nullement correspondantes. Ceci est pour dire que la
politique qui avait été annoncée avant que nous voyions
les crédits et la concrétisation de la politique annoncée
par les crédits ne sont pas les mêmes. Autrement dit - ce sera ma
première question le gouvernement libéral actuel avait
posé comme une des grandes conditions pour son adhésion au
libre-échange qu'il y ait des programmes d'adaptation pour la
maln-d'oeuvre et pour les entreprises. Si on regarde dans les crédits,
on ne voit aucune somme réelle différente des programmes
déjà existants avant l'entrée en vigueur du
libre-échange; il n'y a pas de sommes additionnelles pour les
entreprises, ni pour la main-d'oeuvre. Quand le rapport de Grandpré est
arrivé, la réaction de Québec a été à
peu près nulle. La première question là-dessus est: Est-ce
que le ministre actuel, responsable du commerce extérieur, et partant,
du libre-échange, croit que son gouvernement donnera suite à ses
exigences en demandant d'abord à Ottawa d'avoir des programmes
d'adaptation autant pour la main-d'oeuvre que pour les entrepreneurs, les
entreprises? Est-ce que Québec fera sa part, comme promis, dans ce
domaine? (17 h 45)
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: Merci, M. le député de Terrebonne. Je
dois d'abord vous dire qu'il me fait plaisir de vous revoir ici en commission.
C'est toujours agréable de répondre à vos questions qui
sont posées avec parcimonie et avec intérêt. Si j'ai
utilisé les mots "parler de politique" - je vérifierai les
galées - je pense que ce que je voulais dire, de toute façon,
c'était de faire de la politique et, vous l'avez mentionné, faire
de la politique partisane. Effectivement, je pense que le gouvernement doit
avoir des objectifs, le ministère des Affaires internationales doit
avoir des objectifs. J'ai expliqué à votre collègue de
Lac-Saint-Jean l'orientation que le ministère des Affaires
internationales prenait pour qu'elle débouche rapidement,
espérons-le, sur une politique et que, maintenant, nous étions
dans la poursuite d'objectifs qui se concrétiseraient à moyen
terme par des politiques. Voilà pour la première partie de votre
question.
Pour la deuxième, concernant les programmes d'adaptation,
probablement qu'un communiqué de presse qui a été
émis en date du 7 mars 1989 vous a échappé. Il expliquait
l'orientation du Québec concernant les mesures d'adaptation au
libre-échange. Par ce communiqué de presse, nous
dévoilions que les programmes existants, tant pour la main-d'oeuvre que
pour les entreprises, seraient ajustés et élargis, que nous
mettions en place un comité ministériel sur l'adaptation,
présidé par le ministre des Affaires internationales, que nous
mettrions à contribution les sociétés d'État dans
le programme de développement économique du Québec, qu'il
y aurait aussi la mise en place de guichets spécialisés au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et un bureau d'information au ministère de l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie et que nous affecterions, si besoin était,
jusqu'à 50 000 000 $ pour les programmes d'adaptation pour la
main-d'oeuvre et pour les industries.
Donc, obligatoirement, on ne retrouvera pas de crédits
supplémentaires au ministère des
Affaires internationales. On pourrait en retrouver au ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et/ou au
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Je dis bien
"on pourrait", et vous aurez, vous ou vos collègues, dans la
défense des crédits à une des commissions qui existent
pour cette défense des crédits, l'occasion de questionner les
ministres responsables, sauf que je peux vous dire dès maintenant que
l'orientation qu'a prise ce gouvernement, c'est de ne pas comptabiliser ou
budgétiser ces 50 000 000 $, mais plutôt de s'assurer, dans le
cadre de la comptabilité gouvernementale, que s'il y avait un besoin
jusqu'à 50 000 000 $ les ressources puissent être puisées -
je vous donne deux sources potentielles et ça ne veut pas dire que ce
soit les seules - soient à même le fonds de suppléance du
ministère des Finances, soit à même une réduction
des crédits périmés qu'on connaît, bon an mal an,
dans les crédits budgétaires de tout gouvernement.
M. Blais: M. le Président, si vous avancez - vous l'avez
fait dans une conférence de presse - une somme qui peut-être
viendrait si nécessité il y avait, si, par hasard, on pensait un
programme, si, par hasard, un programme était pondu, si jamais l'oeuf
crevait, etc., et j'en passe et des meilleurs, si jamais ça venait,
voulez-vous me dire sur quelle étude vous avez fondé que 50 000
000 $ seraient suffisants et qu'aujourd'hui vous pensez que zéro ferait?
Entre zéro et 50 000 000 $ et jusqu'à 50 000 000 $, si les
besoins se faisaient sentir, vous consentiriez à ce que les 50 000 000 $
soient versés; quelle est l'étude, quelle est l'analyse qui vous
dit que 50 000 000 $, si jamais il y avait besoin, entre guillemets, seraient
suffisants? Pourquoi fixer 50 000 000 $, parce que je crois qu'il n'y a pas
d'étude pour fonder un tel chiffre? Il est lancé au hasard dans
les forêts du Texas.
M. Gobeil: D'abord, M. le député de Terre-bonne,
vous avez oublié de dire dans votre énoncé
préliminaire s'il faudrait que la poule ait son oeuf avant qu'on le
casse. Ceci dit, nous avons demandé à treize ministères ou
organismes, qui sont plus directement impliqués dans des mesures
possibles d'adaptation au libre-échange, de faire des analyses en
fonction de la situation, en fonction du traité de libre-échange
signé entre Canado-Américains et en fonction de la
possibilité d'affectation des travailleurs des industries. De ces
études, nous avons déterminé qu'une quarantaine de
programmes pourraient éventuellement nécessiter des ajustements
ou des élargissements et nous avons chiffré aussi qu'une somme
jusqu'à 50 000 000 $ pourrait être nécessaire pour ajuster
ou élargir ces programmes.
Ces études, M. le député de Terrebonne, existent
bel et bien et le travail a été bien fait par les fonctionnaires
et gestionnaires de ces ministères et / ou organismes. Ces études
ont été regardées et analysées par les ministres
responsables et aussi présentées au CMPDE et on peut vous dire,
M. le député - je ne veux pas vous faire de peine - que cette
somme de 50 000 000 $ n'est pas basée sur rien mais bien sur des
études très sérieuses. Et on connaît
l'efficacité et la compétence du personnel gouvernemental pour ce
genre d'études.
M. Blais: M. le ministre, je ne doute pas de la compétence
de tous ceux qui sont derrière vous comme soutien, ne fût-ce que
par oeillade. Je tiens à vous dire que les fonctionnaires, hauts ou bas
fussent-ils, n'appliquent que ce qu'on leur demande et ils ont la
compétence d'appliquer ce qu'on leur demande. Si on leur demande une
chose, ils ont la compétence pour le faire, cela est sûr, comme
ils ont eu la compétence pour couper 157 000 000 $ dans les trois
ministères impliqués pour la première année du
libre-échange. On a les ministères de l'Industrie et du Commerce,
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et des Affaires
internationales. Vous avez une coupure de 157 943 000 $, c'est-à-dire
158 000 000 $. C'est bien sûr que s'il y avait 50 000 000 $ de
nécessaires, même si vous l'appliquiez, cela demeurerait quand
même qu'il y aurait encore au-delà de 108 000 000 $ de coupure la
première année du libre-échange.
Ceci est un préambule à la question qui suit. Comment se
fait-il que votre attitude soit de vous retirer devant les revendications que
vous aviez avant la signature du libre-échange devant Ottawa en disant:
Nous n'agirons pas, nous ne l'appuierons pas si Ottawa ne nous donne pas une
garantie forte et substantielle qu'il y aura des programmes directs de soutien,
autant à la main-d'oeuvre qu'aux entreprises? C'est une des cinq
conditions de la signature du Québec sur le traité de
libre-échange. Si Ottawa ne respecte pas sa parole là-dessus -
elle disait qu'elle n'en ferait pas - Québec aujourd'hui, regardant
Ottawa faire, a au moins ce qu'on peut appeler une mollesse en n'exigeant pas
qu'Ottawa ait des programmes là-dessus, parce que le rapport de
Grandpré dit qu'il n'y aura pas de programme et conseille au
gouvernement de ne pas en faire. M. Crosbie, encore plus fort, ne veut
même pas que les provinces aillent discuter des implications du
libre-échange. Alors, quelle est votre attitude? Il semblerait qu'un
gouvernement qui se tient va demander avant la signature qu'Ottawa ait des
programmes autant pour respecter la main-d'oeuvre du Québec que les
industries du Québec et aujourd'hui, après la signature, ne
revendique plus rien et dit que lui-même n'injectera rien pour soutenir
les industries et la main-d'oeuvre devant le libre-échange. C'est tout
de même un peu curieux, M. le ministre.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: M. le député de Terrebonne,
permettez-moi de vous instruire en cette matière et de vous dire
que vous êtes complètement dans les patates.
M. Blais: Pouvez-vous me dire dans quelle rangée de ma
phrase j'étais dans les patates? Et je vais l'accepter, parce que, quand
l'on sème, je veux bien que l'on récolte. J'ai semé une
question, répondez-y.
M. Gobeil: Avec plaisir.
M. Blais: N'amenez pas la récolte avant que les patates ne
commencent à pousser. En conclusion, avant que vous ne commenciez une
réponse, c'est très malsain et je n'aime pas ça. J'essaie
d'être poli et j'aimerais que vous fassiez pareil. Merci!
M. Gobeil: Avec plaisir, M. le député de
Terrebonne, et je répète que vous êtes dans les patates
mais il me fait plaisir de vous instruire en la matière et de vous dire
qu'effectivement c'était une des conditions que le Québec avait
posées au fédéral pour son adhésion...
M. Blais: Là-dessus je ne suis pas dans les patates,
merci.
M. Gobeil: Pour une fois, M. le député, vous
pourriez me laisser vous répondre. On a exigé, et on exige
toujours du fédérai qu'il participe à des programmes
nécessaires pour des mesures d'adaptation au libre-échange. Il y
a des négociations au fédéral dans le cadre de la
renégociation des programmes de main-d'oeuvre qui sont
administrés conjointement par le fédéral et le
Québec. Nous négocions pour que l'accent soit mis plus
particulièrement dans le domaine de la formation professionnelle et
aussi plus de fonds dans les programmes de recyclage des adultes. On veut
améliorer les modalités d'accessibilité et
d'applicabilité des programmes. On participe aussi à des
discussions avec le fédéral dans le cadre de l'entente de
développement économique régional, l'EDER, pour que le
fédéral mette des fonds supplémentaires dans le cadre de
l'EDER pour que ce véhicule privilégié que constitue
l'EDER permette aux entreprises et/ou aux employés de s'adapter, s'ils
devaient le faire, dans les champs ou dans les secteurs qui seraient
affectés par le libre-échange.
Le Québec a pris et prend toujours ses responsabilités
dans ce domaine-là. Une preuve tangible qu'il prend ses
responsabilités: nous avons annoncé que nous le ferions si le
fédéral ne le faisait pas, mais que nous continuerions en
même temps d'exiger du fédéral qui le fasse de sorte que
si, pour une raison ou pour une autre, le fédéral refusait de le
faire, négligeait de le faire ou retardait ses gestes, nos entreprises,
nos travailleurs et nos travailleuses soient protégés et que le
Québec lui-même y mette les fonds nécessaires et qu'ensuite
la responsabilité du Québec consisterait à percevoir ces
fonds du fédéral s'il y avait lieu. Alors, je suis surpris, M. le
député, d'entendre de votre bouche que le Québec n'a pas
pris ses responsabilités. Non seulement il a pris ses
responsabilités, il a pris le devant à la promesse
fédérale de contribuer aux mesures d'adaptation au
libre-échange.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Blais: Votre réponse n'est pas sortie du sillon pourri
de mes patates parce qu'elle était incomplète, elle était
plus proche du poisson pourri. Comment le ministre, du même souffle et
dans la même phrase, peut-il dire: Des programmes d'adaptation, on n'en a
pas besoin, et deuxièmement, il me dit qu'il prend encore ses
responsabilités devant Ottawa en lui demandant des programmes
d'adaptation? Comment dans une même phrase un ministre peut-il dire:
Écoutez, M. le député de Terrebonne, vous êtes dans
les patates - virgule - des programmes d'adaptation, nous n'en avons pas besoin
- point d'exclamation. Cependant, nous prenons nos responsabilités, nous
demandons toujours à Ottawa d'en implanter - point d'interrogation,
point de suspension ou point "pantoute". Je trouve vraiment qu'on ne peut pas
dans la même phrase dire qu'une personne pèse 180 livres, a les
yeux bleus et est chauve, et continuer de dire: Si on la regarde de dos, elle
est très chevelue, elle pèse 118 livres et elle a les yeux verts.
Ce n'est pas possible, vous me dites cela dans la même phrase. Est-ce que
je suis dans les patates avec ma question ou si vous êtes dans le poisson
pourri avec votre réponse?
M. Gobeil: Vous êtes dans les patates avec votre question
parce que vous n'avez pas entendu. Je vous ai dit que le Québec...
M. Blais: J'ai entendu. Dites que je n'ai pas compris
peut-être, ce serait déjà plus précis.
M. Gobeil: Non, je pense que vous n'avez pas entendu. Si vous
aviez entendu, je suis sûr que vous auriez compris. Alors, je
répète.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gobeil: Le Québec ne pense pas devoir mettre en place
de nouveaux programmes mais pense que des ajustements et des
élargissements des programmes existants - près de 40 programmes -
suffiront dans le cadre des orientations d'adaptation au libre-échange
à soutenir les sociétés québécoises et les
travailleurs et les travailleuses québécois. Du même
souffle, nous disons aussi: II y a un coût qui peut être
jusqu'à 50 000 000 $ dans ce cadre d'ajustement et
d'élargissement. Nous le mettons mais nous croyons que le
fédéral devrait participer, sinon payer ce coût
supplémentaire s'il y avait lieu. C'est pour cela et c'est dans ce
sens-là qu'il y a
des négociations fédérales-provinciales dans les
programmes de main-d'oeuvre administrés conjointement par le
fédéral et Québec et dans le cadre de l'entente de
développement économique régional, l'EDER. Je pense que
là, M. le député de Terrebonne, vous avez bien entendu. Je
suis sûr que vous avez compris.
M. Blais: C'est bien possible, j'ai entendu.
M. Gobeil: Ne me dites pas que vous n'avez pas compris. (18
heures)
M. Blais: Non, je comprends très bien que vous êtes
sur la corde raide entre deux positions et que votre verbalisation ne peut que
refléter ce qui règne dans votre esprit. C'est normal. Mais si je
n'ai pas compris de la façon dont vous voulez que je comprenne, je ne
suis pas le seul, beaucoup de chefs d'entreprise sont furieux de l'attitude
gouvernementale actuelle. Une des personnes les plus furieuses est M. Serge
Racine, de Shermag - vous l'avez certainement lu - qui le dit lui-même:
Figure de proue canadienne du libre-échange, le P.-D.G. de Shermag, M.
Serge Racine, est aujourd'hui en colère, une colère noire - pas
une colère rouge, il n'est pas partisan; il aurait pu dire une
colère bleue, il y a des colères rouges, mais lui c'est une noire
- à cause de l'attitude du gouvernement actuel devant ses exigences
avant la signature, ses promesses avant la signature - et il a acquiescé
à la signature du fédéral lors de la dernière
élection - et son attitude aujourd'hui.
Si je suis un type qui est dans les patates et qui ne comprend pas,
beaucoup de chambres de commerce et de chefs d'entreprise ne comprennent pas
non plus cette attitude du gouvernement qui devrait être un peu plus
visionnaire et avoir ne fût-ce que des plans d'incidence pour que les
compagnies québécoises aient une percée
supplémentaire dans le marché nord-américain. Et cela, les
chefs d'entreprise, les chambres de commerce ne comprennent pas cette attitude,
je ne suis pas le seul. Alors, comment expliquez-vous que beaucoup de chefs
d'entreprise, de chambres de commerce, d'industriels, de manufacturiers ne
comprennent pas non plus l'attitude actuelle du gouvernement dans ce
dossier?
M. Gobeil: M. le député de Terrebonne, vous...
Le Président (M. Dauphin): Un instant, M. le ministre,
pour fins réglementaires, est-ce que j'ai le consentement des membres de
cette commission pour dépasser 18 heures?
Une voix: Accordé.
Le Président (M. Dauphin): Accordé. M. le ministre,
la parole est à vous.
M. Gobeil: Merci, M. le Président. Je dois dire d'abord
que le député de Terrebonne n'a pas cité la source du
renseignement sur M. Racine, que je connais très bien, qui est
d'ailleurs un honorable citoyen et homme d'affaires prospère de
Sherbrooke. S'il lisait l'article jusqu'au bout, je pense qu'il
découvrirait que les commentaires de M. Racine concernaient surtout le
rapport de la commission de Grandpré et non pas les mesures d'adaptation
ou les orientations que le Québec a dévoilées concernant
l'adaptation au libre-échange. Je pense qu'il faudrait lire l'article
jusqu'au bout.
M. Blais: Le rapport de Grandpré et le non-respect des
exigences que le Québec avait devant le fédéral mettent M.
Racine dans une colère noire. Donc, c'est indirectement l'actuel
gouvernement du Québec, par sa mollesse devant Ottawa, qui est à
blâmer. Il faut tout de même lire les mots.
M. Gobeil: M. le Président, arrêtez le
député de Terrebonne, s'il vous plaît, c'est rendu que,
quand on blâme le gouvernement fédéral, il faut que le
Québec en prenne une partie. Je veux bien croire qu'on représente
une des dix provinces canadiennes, qu'on forme avec les neuf autres la
Fédération canadienne, mais je ne vois pas pourquoi il faudrait
prendre le blâme d'un ou de plusieurs hommes d'affaires face à une
commission fédérale ou un organisme fédéral. Il ne
faudrait pas qu'on prenne le blâme.
Ce que je vous ai dit - je pense que c'est disponible, c'est public,
d'ailleurs, je vais vous en donner une copie - le communiqué de presse
du 7 mars est très clair là-dessus, j'ai eu l'occasion de
discuter quelquefois avec M. Racine des mesures d'adaptation. M. Racine, comme
homme d'affaires, a un point de vue que je respecte et que j'ai
écouté avec une grande attention. Vous m'avez mentionné
seulement M. Racine en disant plusieurs chambres de commerce, plusieurs autres
industriels, je n'en ai malheureusement pas entendu. On sait maintenant que,
dans la province de Québec, le ministre des Affaires internationales est
responsable des mesures d'adaptation au libre-échange et il me ferait
plaisir de discuter avec les membres de toute chambre de commerce, toute
organisation, tout professionnel qui auraient des plaintes. D'après ce
que je vois, M. le député de Terrebonne, vous en avez eu plus que
moi. On peut les rencontrer ensemble, ça me ferait plaisir, je suis
disponible pour discuter et essayer de faire valoir le point de vue du
Québec dans le cadre de ses orientations face aux mesures d'adaptation
au libre-échange. Je vous répète, M. le
député de Terrebonne, que le Québec a pris ses
responsabilités, est allé au-delà de ses
responsabilités face aux exigences premières...
M. Blais: C'est très bien!
Le Président (M. Dauphin): M. le député
de
Terrebonne, s'il vous plaît!
M. Gobeil: ...qu'il avait posées au gouvernement
fédéral et, voyant l'inactivité du gouvernement
fédéral ou la lenteur du gouvernement fédéral
à réagir, il a pris les devants, dès avant la publication
du rapport de la commission de Grandpré, et a dévoilé ses
orientations. Il me semble, M. le député de Terrebonne, que vous
devriez au moins reconnaître ça. Que vous me questionniez, que
vous me disiez que ces mesures ne sont pas suffisantes ou que d'autres mesures
pourraient être prises, je suis tout à fait prêt et vous
savez, M. le député de Terrebonne, le grand respect que j'ai pour
vous, je suis prêt à prendre vos conseils, à discuter avec
vous et à voir comment vous et moi, ensemble, on peut aider les hommes
d'affaires et les travailleurs et travailleuses du Québec. Mais si on
doit ajouter aux mesures qu'on a déjà dévoilées, M.
le député, je suis tout a fait prêt à prendre en
considération toute bonne suggestion que vous pourriez me faire.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre,
je retiens de ce que vous m'avez dit qu'il n'y a aucun programme actuel
spécifique pour appuyer la main-d'oeuvre et les industries
manufacturières sur le libre-échange. Vous allez vous servir des
programmes qui existaient déjà, autant à Québec
qu'au gouvernement fédéral et, devant l'attitude de ce dernier,
vous avez la même au Québec, alors, vous ne pouvez certainement
pas blâmer le gouvernement fédéral de ne rien faire lui non
plus.
Cependant, au fédéral la réforme de
l'assu-rance-chômage va certainement un peu nuire en
général au Québec, mais ce n'est pas le plus grave, il y a
aussi la réforme fiscale qui s'en vient. C'est bien sûr, ne
fût-ce que la taxe à la consommation, on sait que nos fabricants
ici, si on leur parle de libre-échange, ont une taxe à la
fabrication qui vient du gouvernement fédéral. Les
États-Unis n'ont pas ça et les autres pays en
général ne, l'ont pas. C'est bien sûr qu'une réforme
fiscale va dans le sens de laisser les manufacturiers, les industriels de
chaque côté des frontières avoir à peu près
la même base de prix et tout serait basé sur la production de la
main-d'oeuvre plutôt que sur des taxes supplémentaires qui
viendraient grossir les coûts, autant ceux de la masse salariale devant
aussi les systèmes sociaux qu'on a au Québec et au Canada en
général qui sont plus forts que ceux des Américains.
Alors, devant cette réforme fiscale qui pourrait favoriser ou pas
la production et l'accès des produits québécois au
libre-échange, pour parler de ce qui nous regarde, les produits
québécois, quelle est l'attitude du ministre en charge du
libre-échange devant cette intrusion fédérale dans un
champ de juridiction provinciale?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: D'abord, M. le Président, je m'inscris en faux
contre la première affirmation de M. le député de
Terrebonne qui dit que le Québec n'a aucun programme d'adaptation. Au
contraire, le Québec a 200 programmes pour supporter les entreprises et
les travailleurs et travailleuses et consacre déjà au-delà
de 1 200 000 000 $ auxquels pourraient s'ajouter 50 000 000 $. Voici la
réponse à sa première question.
Pour ce qui touche sa deuxième question, on sait qu'il y a un
budget fédéral qui sera dévoilé par le ministre
fédéral des Finances jeudi, dans deux jours, on va traverser le
pont au moment opportun. On a eu ce matin une panique dans les journaux. Cela
ne veut pas dire à ma connaissance que les journalistes n'ont pas eu
accès au budget fédéral. Donc, on verra avec le ministre
des Finances comment, si le gouvernement fédéral devait, dans le
cadre de son budget, imposer des mesures qui diminueraient la
compétitivité des produits québécois sur le
marché américain, on verra, dis-je à faire les
représentations nécessaires et je suis convaincu que le ministre
des Finances verra aussi à faire les ajustements nécessaires dans
le cadre de son budget, c'est-à-dire le budget québécois
qui suivra de quelques semaines le budget du ministre fédéral des
Finances. Maintenant, on pose une question hypothétique et je remercie
le député de Terrebonne de la soulever, je veux l'assurer qu'on
usera de vigilance là comme ailleurs pour s'assurer que nos entreprises,
nos travailleurs et nos travailleuses soient protégés.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Blais: Merci. M. le ministre, vous avez dit qu'en
préambule à ma question j'avais dit que le gouvernement du
Québec n'avait pas de programme de soutien de la main-d'oeuvre. Je n'ai
pas dit ça. J'ai dit que le gouvernement actuel avait promis et aurait
exigé aussi d'Ottawa d'avoir des programmes nouveaux d'adaptation et
qu'il n'en a pas fait et que le gouvernement fédéral n'en a pas
non plus. Mais on va arrêter de discuter de ça parce que c'est
toujours la même chose. La question, on n'y répond pas de
façon directe, on va parler de n'importe quoi.
Maintenant, vous me dites: On va attendre le budget pour parler de
l'intrusion dans le domaine de la production de nos manufacturiers ici. Je
m'excuse. Le budget qui va venir, cela va être le budget 1989-1990 -
c'est cela qui va venir - et M. Wilson, en dehors de la Chambre, a
annoncé qu'il y aurait une taxe à compter de janvier 1991. Rien
à voir avec le budget qui vient. Ce n'est pas un secret que j'aurais su.
Tout le monde le sait et cette taxe s'appliquerait
en Janvier 1991. Je demande au ministre responsable de nos exportations
de quelle façon il envisage cette intrusion du gouvernement
fédéral dans la fabrication face aux gens qu'il se doit de
protéger avec le ministère qu'il a.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: Je réponds au député de
Terrebonne, critique de l'Opposition en matière de commerce
extérieur, que le Québec prendra ses responsabilités et,
comme vient de le mentionner le député de Terrebonne, si cette
nouvelle taxe entrait en vigueur en janvier 1991, nous aurons le temps de
réagir et de voir à ce que nos champs de juridiction, d'abord,
soient protégés et ensuite voir à ce que nos industries,
nos travailleurs et nos travailleuses soient aussi protégés.
M. Blais: Je l'espère. Très bonne
réponse!
M. Gobeil: Avec votre permission, on va laisser cette question en
suspens pour au moins deux jours et on verra, d'autant plus qu'on ne
connaît pas tous les détails. Je comprends que M. Wilson, il y a
deux jours - en fait, c'était hier, si ma mémoire est bonne - a
fait cette déclaration, c'est-à-dire a abordé ce sujet,
mais aussi il est bien possible que cette taxe ne s'applique pas aux produits
à l'exportation. Alors, commençons par voir les détails.
C'est dans deux jours et je suis tout aussi anxieux que vous, M. le
député de Terrebonne, de voir ce que nous promet le ministre
fédéral des Finances dans le cadre de son budget 1989-1990.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Cela coule de source que cela n'ira pas aux produits
d'exportation. C'est une TVA sur notre territoire. C'est une
vérité de La Palice. Mais je suis content, j'ai eu une
réponse. Vous avez dit que vous essayez de faire respecter les
juridictions du Québec et vous vous y engagez. Cela me fait plaisir
d'entendre cela. J'aime quelqu'un qui se tient et qui répond de
façon directe. Parce que non, c'est une réponse. On peut
répondre non, on peut répondre oui. Ce sont les "peut-être"
qui me font souffrir.
M. Gobeil: Vous savez bien, M. le député de
Terrebonne, que je réponds toujours directement à vos questions
si pertinentes.
M. Blais: La dernière, oui. Pour la dernière vous
avez répondu.
Maintenant, une autre question sur nos exportations. Nous sommes les
voisins des États-Unis. C'est notre seul voisin et quel voisin, bien
sûr. On est chanceux et on est malchanceux de n'en avoir qu'un. Nos
exportations, en fait, sont assez stagnantes depuis quelques années.
Depuis 1984, elles n'ont pas augmenté énormément. Elles
ont augmenté avec les États-Unis, mais de façon totale, ce
n'est pas énorme. Ce n'est pas cela qui est l'enjeu de la question.
L'enjeu de la question est celui-ci. Depuis 1983, c'était 69,6 % qu'on
exportait aux États-Unis, en 1984, 75 %, en 1985, 75,8 %, en 1986, 77,5
% et cela va en grossissant. Vu que c'est notre seul voisin et que le total de
nos exportations est de plus en plus concentré sur les Etats-Unis... Je
ne dis pas que c'est un tort d'avoir beaucoup d'exportations aux
États-Unis. Je ne voudrais pas qu'on me dise que je dis qu'exporter aux
États-Unis, ce n'est pas une bonne chose. Cependant, la diversification
serait aussi une bonne chose. Nos exportations en Europe, en Amérique
latine ou en Afrique sont portées à diminuer depuis quelques
années plutôt qu'à augmenter. Alors, comme pays et comme
ministre de l'exportation, il me semblerait que la diversification, appliquer
des sommes pour une plus grande diversification, serait bénéfique
pour le Québec. Ce n'est pas une colle. Je veux seulement demander de
quelle façon et, pour parler de politique parce qu'on est là, les
chiffres parlent, quelle est la politique de votre ministère pour que la
diversification de nos exportations se fasse de façon plus
percutante?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: M. le député de Terrebonne, je vous
remercie de la question. C'est une très bonne question. Cela me donne
l'occasion de situer les exportations du Québec et de vous dire que le
Québec, pour l'année 1988, a augmenté ses exportations de
11,7 %, ce qui est supérieur à la moyenne canadienne et à
la moyenne des pays développés. Je pense qu'on doit en être
fiers. En même temps, il a diversifié ses exportations pour une
moins grande dépendance à l'endroit des États-Unis, les
exportations du Québec aux États-Unis passant de 77 % à 75
% de l'ensemble, alors qu'en Europe... (18 h 15)
M. Blais: C'est entre 1986 et 1988?
M. Gobeil: ...entre 1987 et 1988. M. Blais: En 1987, quel
est le chiffre?
M. Gobeil: En 1987, on exportait 77 % de nos exportations hors
Canada aux États-Unis. En 1988, on exportait 75 %.
M. Blais: D'accord.
M. Gobeil: Alors que l'Europe a vu une augmentation de 1 %,
c'est-à-dire de 13 % à 14 % - je pense que c'est à
souligner - l'Asie de 5 % à 6 % et, quant à l'Amérique
latine, une stagnation de 3 % de même qu'en Afrique et au Moyen-Orient.
Malgré le contexte du libre-échange, nous croyons que nous devons
travailler à une moins grande dépendance à l'endroit des
États-Unis en termes de pourcentage, le total
des exportations, tout en favorisant évidemment l'accroissement,
en chiffres absolus, de nos exportations. Permettez-moi de vous souligner, par
exemple, que parmi les pays autres que les États-Unis avec lesquels nous
avons eu des exportations on a augmenté nos exportations vers le Japon
de 32 % en 1988. Je pense que c'est significatif, la valeur en millions de nos
exportations au Japon s'établissant maintenant, en 1988, à 448
000 000 $. J'ai d'autres chiffres, en Allemagne fédérale, une
augmentation de 26 %, aux Pays-Bas, évidemment le chiffre est aussi
significatif, maintenant 616 000 000 $ d'exportations, une augmentation de 75
%. Aux États-Unis, l'augmentation a été de 8,7 % et je
pense que ça démontre que, par nos programmes, nous voulons
évidemment continuer à développer avec les
États-Unis, en chiffres absolus, mais nous voulons changer la proportion
en pourcentage de nos augmentations totales et diminuer cette dépendance
à l'endroit des États-Unis en pourcentage.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre, c'est une bonne réponse. C'est
clair, vous avez répondu exactement à ce que je vous ai
demandé. Je vous félicite. Cela fait deux de suite.
M. Gobeil: Merci, M. le député.
M. Blais: J'aurais une dernière question un peu plus
"sexy". Il y a des sondages que vous avez faits dans votre ministère, il
s'en est fait dans les ministères avant, ce n'est pas la première
fois qu'il y en a un et c'est de bon aloi que les ministères fassent des
sondages. Dans ce sondage-là, il y a eu une question en particulier que
j'aimerais vous poser. Le ministère du Québec, devant les
manufacturiers et les industriels, a un très bon nom et de beaucoup
meilleur que celui du ministère d'Ottawa devant les compagnies. Ceci est
flatteur et c'est un peu de tout temps que Québec a eu un meilleur nom
devant les industriels au Québec depuis longtemps. Devant ça,
est-ce que le ministre aurait l'intention ou le désir, au moins, de
demander à son homologue fédéral de faire un transfert de
fonds plutôt à son ministère à lui, à
Québec, de tous les plans d'aide des industriels et des manufacturiers
pour l'exportation à l'étranger que de le donner lui-même,
vu qu'il est beaucoup moins aimé, qu'il fasse affaire lui-même
avec ces manufacturiers-la pour le mieux-être des compagnies et pour une
plus grande fructification de nos exportations?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: Je vous remercie, M. le député de
Terrebonne, de vos commentaires. Effectivement, la perception du
ministère des Affaires internationales dans son volet économique
de par l'ancien ministère du Commerce extérieur est très
bonne parmi les industriels et je me suis laissé dire qu'elle
s'était améliorée dans les derniers mois. Je pense que
c'est tout à l'honneur du Québec de voir que nos hommes
d'affaires ont confiance au travail de l'équipe du ministère des
Affaires internationales, secondée évidemment... Le ministre
compte pour un huit-centième, finalement, de ses collaborateurs. Il y a
800 personnes qui travaillent au ministère si on inclut le personnel des
délégations, au-delà de 800 et, comme ministre, je
constitue un huit-centième de l'effectif, le sous-ministre constitue
également un huit-centième; à nous deux, ça fait
deux huit-centième ou un quatre-centième et nous continuerons
à travailler pour le développement du Québec en affaires
internationales.
Le fédérai a aussi ses champs d'activité,
d'opération avec son ministre. La perception du ministère
fédéral est aussi, je pense, bonne. Je reprends vos termes. Vous
dites qu'elle est moins bonne que la perception du ministère provincial.
Je ne suis pas en mesure de commenter ça, mais une chose que je peux
vous dire, c'est que de plus en plus nous travaillons avec le ministère
fédéral du commerce extérieur pour nous assurer
qu'ensemble nous pourrons travailler pour le développement
économique des sociétés canadiennes, bien sûr, et en
ce qui nous concerne, nous, québécoises, et de plus en plus nous
travaillons en collaboration et peut-être qu'un jour le gouvernement
fédéral nous offrira de nous transférer de l'effectif ou
des champs de responsabilité. Nous sommes prêts à en
discuter.
M. Blais: Vous avez eu un petit bout très partisan disant:
Dans les derniers mois, c'est une bonne équipe. Vous m'aviez dit que
vous ne le feriez pas, mais que voulez-vous, c'est...
M. Gobeil: C'est vous qui l'avez dit, M. le
député.
M. Blais: ...plus fort que vous; vous vous bombez le torse avec
des programmes qui ont été installés par M. Bernard Landry
du Parti québécois. Je suis capable d'en faire de la partisanerie
moi aussi. Il ne faut pas se bomber le torse tant qu'on en pétât
comme la grenouille. Il ne faut tout de même pas exagérer.
M. Gobeil: M. le député, vous ne pouvez pas me
reprocher de donner un appui à l'équipe qui me seconde.
M. Blais: Non, mais vous dites que vous ne faites pas de
partisanerie. Vous en faites, là.
M. Gobeil: Je n'ai pas dit ça pour moi, M. le
député, je l'ai dit pour l'équipe qui est derrière
moi qui travaille ici même à 18 h 20, un mardi soir. Ils sont tous
là, présents, écoutant vos questions avec
intérêt et étant fiers de voir
que vous aussi prenez les intérêts du Québec
à l'international.
M. Blais: Vous essayez d'être très gentil, mais on
dirait que ça vous force.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gobeil: Pas du tout, ça me fait plaisir.
M. Blais: Je ne veux pas que la phrase que j'ai dite aille
derrière vous, je veux qu'elle vous aille en pleine figure. Vous avez eu
quelques phrases très partisanes et vous vous êtes bombé le
torse avec des programmes pour aider à l'exportation qui ont
été faits de toutes pièces, APEX, etc., par Bernard Landry
et beaucoup de gens du Parti québécois. Alors, c'est pour vous
répondre dans le même sens et vous avez probablement d'autres
programmes qui tardent à arriver et qui viendront pour aider le
libre-échange. Si jamais vous avez un jour à décider d'en
faire, vous avez 50 000 000 $ en réserve. Vous êtes toujours en
réserve sur vos programmes.
Cela dit, M. le Président, cela me tente d'en poser une petite
encore.
M. Gobeil: Est-ce que je peux répondre, M. le
député de Terrebonne, en trente secondes?
M. Blais: Vous répondrez quand vous voudrez. On a
jusqu'à 22 heures, si vous voulez. J'ai une petite question: M. Bourassa
est allé en Europe pour essayer de préparer le Québec
à l'avènement de l'Europe de 1992. C'était ça qui
semblait être le but du voyage. J'aimerais bien, vu que ça regarde
beaucoup le commerce extérieur, savoir quelles sont les choses positives
qui ont été rapportées pour aider à nos
exportations et, surtout, aider a la préparation du Québec devant
l'avènement de l'Europe 1992?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gobeil: Encore, M. le député de Terrebonne, je
dois vous dire que je ne suis surtout pas en mesure de juger le travail qu'a
fait votre collègue, M. Landry. Je dois vous dire que le programme APEX,
même sous un autre nom, a existé avant M. Landry. Je suis
convaincu que ce n'est pas le ministre du temps qui les a
élaborés, ce sont les fonctionnaires qui ont
suggéré des programmes pour le soutien et le développement
des exportations, comme ils l'ont sûrement fait aussi dans le cas de M.
Landry, comme ils l'ont fait aussi récemment parce que nous avons
adapté nos programmes à la réalité de 1989, et
c'est tout à fait normal. Je ne pense pas que ce soit le ministre, qu'il
s'appelle Landry ou Gobeil ou n'importe quel nom, qui peut se vanter d'avoir
établi les programmes; c'est fait en collaboration avec une
équipe et, en ce qui me concerne, ce que je vous ai dit tout à
l'heure, ce n'était pas pour moi personnellement, parce que c'est
l'équipe qui a fait les suggestions et je suis fier de voir que
l'équipe prend à coeur les intérêts du
développement international du Québec. Quand je vous ai dit que
ça s'était amélioré, c'est que les nouvelles
structures du ministère des Affaires internationales permettent
maintenant une meilleure visibilité et permettent de rendre de plus
grands services aux industriels québécois. Tous ensemble, nous
essayons de développer le Québec à l'international et je
suis fier de le souligner, je suis fier de moi et je le redis que,
récemment, dans cette nouvelle structure, la visibilité est
meilleure et le service est meilleur.
Quant à votre deuxième question concernant la visite du
premier ministre en Europe, j'aurais préféré que vous
posiez cette question-là directement au premier ministre, mais pour ce
qui touche la partie économique, parce que aussi, il y avait une partie
économique dans le cadre de cette visite, je dois vous dire qu'une
visite ministérielle bien planifiée, bien organisée et
bien orientée ne peut que faire avancer les dossiers du Québec
à l'international et une visite du premier ministre encore plus. Je suis
convaincu, parce que j'ai aussi assisté à toutes les
réunions, j'ai suivi le premier ministre dans sa tournée
européenne du 15 janvier au 2 février 1989 et les
résultats ne sont pas obligatoirement immédiats,
c'est-à-dire que le but de ces visites n'est pas d'aller chercher des
signatures, les entrepreneurs, les industriels peuvent signer des ententes
entre des parties privées sans la présence du premier ministre ou
d'un ministre, mais le fait qu'un premier ministre et un ministre assistent et
supportent les entreprises, cela permet de faire avancer les dossiers, cela
permet souvent d'ouvrir les portes aussi et cela permet au Québec, aux
industriels québécois de développer leur commerce
international.
Le premier ministre aussi, dans le cadre de cette visite-là, a
permis à plusieurs sociétés de continuer des discussions.
Il y a eu quelques résultats concrets, mais je ne pense pas qu'on doive
en faire une mesure pour qualifier une visite de premier ministre ou de
ministre de succès ou d'échec. Au contraire, je pense que la
présence de ces personnages politiques, quel que soit le gouvernement
qu'ils ou qu'elles représentent, est avantageuse pour une
société qui veut se développer sur le plan
économique à l'international.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député.
M. Blais: D'accord. Moi, ce sont toutes les questions que j'avais
à vous poser, M. le Président. Je remercie le ministre d'avoir
répondu à deux questions sur quinze. Cela lui donne une moyenne
de 13,3 % et c'est meilleur que ses performances habituelles. Je vous remercie
beaucoup, M. le Président.
M. Gobeil: Est-ce que je peux répondre?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, oui,
allez-y.
M. Gobeil: Évidemment, on peut juger des réponses
en fonction des questions.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Oui. Je suis très heureux et j'espère que
ceux qui vont nous lire vont juger les réponses en fonction des
questions qui ont été posées pour justifier que c'est 13,3
% de réponses. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Madame, messieurs...
M. Gobeil: ...la force comptable du député de
Terrebonne.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que le programme...
M. Gobeil: ...pas dans les chiffres.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que le programme 1 du
ministère des Affaires internationales est adopté?
M. Gobeil: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est-ce que les
crédits budgétaires du ministère des Affaires
internationales pour l'année financière 1989-1990 sont
adoptés?
M. Gobeil: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Nous ajournons nos travaux
à demain matin dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 28)