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(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Filion): Cette séance de la
commission des institutions est ouverte, il me fait plaisir de constater le
quorum. Je rappellerais notre mandat, qui est de procéder à
l'étude des prévisions budgétaires du Directeur
général des élections et de la Commission de la
représentation électorale pour l'année financière
1989-1990. Je demanderais à notre secrétaire, Mme Giguère,
d'annoncer les remplacements, s'il y en a.
La Secrétaire: II y a un seul remplacement, M. le
Président: M. Chevrette (Joliette) est remplacé par M. Gendron
(Abitibi-Ouest).
Le Président (M. Filion): D'accord. Je rappellerais qu'une
enveloppe de trois heures est prévue pour cette étude. Sans plus
tarder, j'inviterais M. le Directeur général des élections
à nous faire, s'il le juge à propos - je crois comprendre du
texte que nous avons reçu que c'est le cas - ses remarques
préliminaires et également, bien sûr, avant de faire ses
remarques, de bien vouloir nous présenter les personnes qui
l'accompagnent, que nous connaissons pour ta plupart, mais aux fins du Journal
des débats, de bien vouloir nous les identifier.
Remarques préliminaires M. Pierre-F.
Côté
M. Côté (Pierre-F.): Je vous remercie, M. le
Président. Effectivement, j'ai à ma droite, M. Yvon Desbiens,
nouvel adjoint au financement des partis politiques, qui remplace M. Jean
Lambert, maintenant vice-président de la Régie des rentes. Comme
je le mentionnais à quelqu'un tout à l'heure, on doit avoir du
trop bon personnel, ils viennent nous les voler comme ça. À ma
gauche, M. Jean Jolin, adjoint au scrutin; immédiatement à
côté, M. Jean-Luc Lemieux, adjoint à la
représentation, et, au bout de la table, M. Eddy Giguère,
conseiller cadre que vous connaissez bien.
M. le Président, comme par les autres années, j'ai un
petit texte à travers lequel je vais essayer de passer le plus
rapidement possible, mais c'est une bonne occasion pour moi de repasser un
certain nombre de sujets, d'événements au cours de
l'année.
L'année 1988-1989 aura, encore une fois, été
marquée d'un grand nombre d'activités fort importantes et fort
variées, et ce, malgré l'absence d'événements
électoraux majeurs.
Le Directeur général des élections exerce ses
fonctions en regard de plusieurs catégories d'activités et
d'événements. Par conséquent, il m'apparaît
important de commencer mes réflexions en faisant un bref rappel de
certaines activités qui se sont déroulées au cours du
dernier exercice financier. J'aborderai ensuite les prévisions
budgétaires pour la présente année et le rapport financier
préliminaire du dernier exercice.
Dans le domaine provincial, les modifications à la Loi
électorale. Le Directeur général des élections a,
tout au cours du dernier exercice financier, poursuivi sa collaboration au
processus de modification de la Loi électorale, processus amorcé
en 1987 par le ministre délégué à la Réforme
électorale.
Je suis heureux d'avoir été associé à
chacune des étapes de révision de la Loi électorale, qui
se sont déroulées dans un esprit de collaboration avec le
Secrétariat à la réforme électorale et les
parlementaires, afin d'en arriver à l'adoption d'une loi qui facilitera,
j'en suis persuadé, l'exercice du droit de vote à un plus grand
nombre d'électeurs. C'est avec plaisir que nous avons apporté
notre expertise au processus de modification de la Loi électorale.
Plusieurs des amendements furent suggérés par le Directeur
général des élections et son personnel. Les parlementaires
peuvent être rassurés, comme toujours, de ma constante
collaboration pour toute amélioration qui pourrait être
apportée à l'avenir à la législation
électorale. C'est une législation vivante qui nécessite de
constants ajustements.
La remarquable façon de procéder, par voie de consensus,
pour adopter la Loi électorale doit être mentionnée, car
elle permet de tenir compte de l'opinion de tous les membres de
l'Assemblée nationale, qui sont directement impliqués dans cette
question. L'exercice de la démocratie doit être entouré de
mille précautions, car toute démocratie qui subit une
érosion peut lentement glisser vers d'autres formes de gouvernement.
Les électrices et électeurs du Québec peuvent
être fiers de leur législation électorale et, à cet
égard, je me plais à répéter depuis quelque temps
que la Loi électorale du Québec est un produit exportable.
Le scrutin. Au cours du dernier exercice, des élections
partielles furent tenues dans les circonscriptions électorales d'Anjou
et de Roberval, à la suite d'un décret pris le 4 mai 1988. Le
scrutin s'est tenu, comme vous le savez, le 20 juin. Le Directeur
général des élections a également maintenu des
contacts réguliers et permanents non pas avec 122, mais maintenant avec
125 directeurs et directrices du scrutin, ainsi qu'avec les directeurs et les
directrices adjoints du scrutin.
Au cours des mois de février et mars 1989, nous avons tenu des
sessions de formation à Montréal et à Québec. Ces
sessions de formation,
d'une durée de deux jours et demi, auxquelles ont
participé à Montréal 20 directeurs ou directrices du
scrutin et 20 secrétaires du scrutin, et, à Québec, sept
directeurs ou directrices du scrutin et quinze secrétaires, portaient
sur les "Connaissances générales du système
électoral".
Au cours de l'année, un directeur du scrutin est
décédé et dix autres ont démissionné pour
les motifs suivants: manque de disponibilité, six; pour des raisons de
santé, trois; pour cause de déménagement, un. De plus,
deux autres directeurs du scrutin ont vu leur mandat se terminer. Au cours de
cette période, nous avons procédé à la tenue de 26
concours de recrutement pour les motifs suivants: deux concours pour avoir
laissé les directeurs du scrutin dont les mandats étaient venus
à échéance; trois pour combler les postes de directeur du
scrutin dans les trois nouvelles circonscriptions à la suite de la
nouvelle délimitation des circonscriptions électorales et 21
concours pour remplacer les directeurs du scrutin qui ont
démissionné, soit au cours de cette année ou au cours de
l'année précédente. A signaler peut-être ici qu'il
ne faut pas trop se surprendre de ce nombre, qui pourrait paraître
élevé, de changements dans les directeurs du scrutin. Il faut
dire qu'une des causes de ces changements, des démissions, à mon
avis, est que la nature de leurs fonctions est maintenant différente de
ce qu'elle était autrefois, vu qu'ils n'exercent leurs fonctions, en
fait, que lors d'un événement, étant donné qu'il
n'y a plus de recensement annuel. Cela change les perspectives de ceux qui
avaient sollicité ces emplois dans les premiers temps.
A la suite du rapport de la Commission de la représentation
électorale sur la délimitation des circonscriptions
électorales présenté en avril 1988 et de la publication
dans la Gazette officielle, le 8 juin, de la liste des 125
circonscriptions électorales, nous avons procédé à
l'assignation des directeurs du scrutin en poste à cette date. Seulement
six directeurs du scrutin ont dû être assignés dans une
autre circonscription électorale.
Par souci d'efficacité et compte tenu de la
nécessité d'obtenir rapidement l'information nécessaire
concernant le déroulement de d'un événement
électoral et, par voie de conséquence, d'informer les
électeurs, nous étudions présentement la
possibilité d'utiliser l'informatique dans tous les bureaux des
directeurs du scrutin. À cet effet, nous avons expérimenté
un premier projet lors des élections partielles du 20 juin dans les
circonscriptions électorales d'Anjou et de Roberval. Nous poursuivons
cette expérience pour les élections partielles en cours dans les
circonscriptions électorales de Hull et de Papineau. A la suite de ces
expériences, nous serons en mesure de déterminer s'il
s'avère rentable d'utiliser l'informatique dans les bureaux des
directeurs du scrutin lors d'un prochain événement
électoral.
Le financement des partis politiques. Nous avons procédé,
au cours de l'année, à la vérifi- cation et au suivi de
quelque 400 rapports financiers de tous les partis politiques et de leurs
instances autorisées. Nous ferons de même pour les rapports
financiers des partis et de leurs instances pour l'année terminée
le 31 décembre 1988, que j'ai rendus publics lors d'une
conférence de presse le 1 er mai dernier.
Au Québec, nous avons maintenant 19 partis politiques
autorisés. Deux nouveaux partis politiques ont été
autorisés tout récemment, soit le Equality Party, Parti
égalité, en date du 7 avril, et le Parti
marxiste-léniniste du Québec, en date du 5 mai. Par ailleurs,
à la demande du chef du parti, j'ai procédé au retrait
d'autorisation de sept instances du Parti progressiste conservateur du
Québec. Trois partis politiques autorisés au Québec ont
suscité, au cours du dernier exercice financier, une attention
particulière de la part du Directeur généra! des
élections. Vous me permettrez de faire brièvement le point sur la
situation de ces partis qui sont le Parti progressiste conservateur du
Québec, le Parti Vert du Québec et l'Union Nationale.
En regard du Parti progressiste conservateur du Québec, le
Directeur général des élections a suivi de près sa
situation financière en 1988. Devant l'absence d'amélioration et
le non-respect des articles 380 et 383 de l'ancienne loi, j'ai annoncé
mon intention de retirer l'autorisation de ce parti. Lors d'une audience
publique tenue le 22 mars 1989, les dirigeants du Parti progressiste
conservateur du Québec ont pris l'engagement de se conformer aux
exigences minimales de la Loi électorale avant la mi-juin. À la
suite de cet engagement, j'ai décidé de maintenir l'autorisation
de ce parti. À défaut de quoi, je procéderai au retrait de
son autorisation. Je prévois donc une audience publique dans ce cas vers
le milieu du mois de juin.
Le Parti Vert du Québec n'ayant pas produit son rapport financier
1987, ni fourni les renseignements exigés par la loi pour la mise
à jour du registre sur cette formation politique, j'ai tenu une audience
le 21 mars 1989 en vue de retirer l'autorisation de ce parti. Toutefois,
après avoir entendu les explications fournies par son chef et les
personnes présentes, j'ai reporté ma décision dans le but
de permettre à la relève du Parti Vert du Québec de
prendre les mesures nécessaires pour que les exigences minimales de la
Loi électorale soient respectées dans les plus brefs
délais.
La situation financière du parti de l'Union Nationale n'a
cessé de se détériorer au cours de l'année. Le 21
mars 1989, j'avais prévu tenir une audience en vue de retirer
l'autorisation de ce parti pour non-respect des articles 380 et 383 de la Loi
électorale. Cette audience fut annulée à la suite d'une
requête présentée à la Cour supérieure le 14
mars 1989 afin d'établir qui est le chef de cette formation politique.
Une nouvelle audience sera tenue au début de juin, le délai
d'appel du jugement dans cette cause étant
maintenant expiré depuis quelques jours. (10 h 15)
La représentation électorale. La publication à la
Gazette officielle du Québec, le 8 juin 1988, d'une nouvelle
liste des circonscriptions électorales devant entrer en vigueur au
moment de la dissolution de l'Assemblée nationale a
entraîné la réalisation de plusieurs travaux relatifs
à la délimitation des circonscriptions électorales, des
sections de vote, des secteurs électoraux et la mise à jour de
plusieurs documents, tels que les indicateurs des municipalités et des
voies de circulation. Différents documents cartographiques furent
réalisés pour la Commission de la représentation, dont une
carte murale. La cartographie des diverses circonscriptions électorales
fut également revue.
Le rapport des dépenses de la carte électorale du
Québec, transmis au président de l'Assemblée nationale le
6 septembre 1988, fut déposé le 18 octobre de la même
année, se conformant aux dispositions de l'article 39.11 de la Loi sur
la représentation électorale; évidemment, c'est l'ancien
article de la loi. Conformément aux dispositions de la loi, les
directeurs du scrutin effectuèrent une nouvelle délimitation des
sections de vote et apportèrent des modifications à certains
secteurs électoraux, conformément au tracé de la nouvelle
carte électorale.
Le personnel du Directeur général des élections a
également entrepris une nouvelle mise à jour des dossiers
socio-économiques des 125 circonscriptions électorales sur la
base des données du recensement fédérai de 1986. Ces
donnés sont fournies par le Bureau de la statistique du
Québec.
Le domaine municipal. Les responsabilités du Directeur
général des élections en regard de l'application de la Loi
sur les élections et les référendums dans les
municipalités couvrent trois domaines spécifiques, soit la
délimitation des districts électoraux, le financement des partis
politiques municipaux et l'aide apportée aux présidents
d'élection.
La délimitation des districts électoraux. En 1988, la
Commission de la représentation a été appelée
à étudier les dossiers de 54 municipalités en regard de la
délimitation de leurs districts électoraux. De ces 54
municipalités, 14 comptaient plus de 20 000 habitants. En 1989, 58
municipalités doivent diviser leur territoire en districts
électoraux en vue des élections générales
municipales de 1990. Parmi celles-ci, on compte, entre autres, des villes comme
Montréal, Longueuil, Hull et Trois-Rivières, pour n'en nommer que
quelques-unes.
Le financement des partis politiques municipaux. Actuellement, 53
municipalités sont assujetties au chapitre XIII du titre I de cette loi,
ce qui signifie que le Directeur général des élections
procède en regard de ces municipalités, entre autres, à
l'autorisation et au retrait d'autorisation des partis politiques municipaux;
à la préparation de documents de soutien aux intervenants, soit
les représentants officiels, les agents officiels, les présidents
d'élection et les trésoriers; à la formation des
trésoriers; au suivi des rapports financiers, des rapports de
dépenses électorales; au traitement des plaintes et des
problèmes propres à la remise des rapports; à
l'information publique.
Au niveau municipal, au 31 mars 1989, on dénombrait 61 partis
politiques autorisés, dont 28 des 53 municipalités assujetties
à la Loi sur les élections et les référendums dans
les municipalités.
L'aide aux présidents d'élection. En regard de cette
obligation, le Service des scrutins municipaux a répondu, en 1988-1989,
à 2873 demandes d'assistance de 580 municipalités, de même
qu'à 382 demandes de prêt de matériel. Je suis
particulièrement fier de l'aide qu'apporte le Service des scrutins
municipaux aux officiers d'élection, soit les greffiers et les
trésoriers des différentes municipalités du Québec.
La période d'élections municipales au Québec est fertile
en événements pour ce service. À l'automne 1989,
près de 1000 municipalités devront tenir un scrutin. Le soutien
qu'apporte ce service est fort apprécié des officiers municipaux
chargés de l'application d'une législation qui s'apparente,
à bien des égards, à la législation
électorale québécoise.
J'ai récemment attiré l'attention sur le fait qu'il est
impératif d'assurer l'indépendance et la neutralité des
présidents d'élection municipaux dans l'exercice de leurs
fonctions. Il y a trop souvent, à ce niveau, des ingérences
politiques municipales qui sont tout à fait inacceptables. J'aimerais
vous donner deux ou trois exemples et insister un peu sur cet aspect. C'est une
situation qui semble se détériorer plutôt que de
s'améliorer. Je pense qu'il faudrait être très vigilants et
voir à aider les présidents d'élection municipaux qui se
font trop souvent tordre le bras soit par le maire, soit par le conseil
municipal.
Par exemple, dans une municipalité, on a forcé le
président à ne pas tenir de recensement électoral. On
disait que ce n'était pas nécessaire d'avoir la liste des
électeurs. On devait avoir des bureaux de vote en nombre suffisant. Dans
un endroit, on a dit: On aura un bureau de vote de 400 électeurs pour ne
pas en former deux. Dans une autre municipalité, ce qui est un peu
étrange, le président d'élection s'est vu interdire
l'achat de bulletins de vote en nombre suffisant. Ils ont dit: II n'y aura pas
d'élection. Il y aura une élection par acclamation, on n'aura pas
besoin d'acheter de bulletins de vote, pas besoin d'en imprimer.
C'est une situation qui m'inquiète un peu. Je profite des
circonstances, ce matin, pour attirer votre attention là-dessus. Ce
n'est pas vous, évidemment, qui êtes les premiers concernés
par cette situation, ce sont les municipalités. Mais si la situation ne
s'améliore pas, je vous ferai peut-être des recommandations
assez
précises pour vraiment aider les présidents
d'élection municipaux. J'ai moi-même vécu dans ce domaine
pendant plusieurs années. Je pourrais vous donner un exemple que J'ai
encore cité hier soir, à Montréal, dans une
conférence dans le West Island, un exemple qui m'est arrivé
à moi-même comme président d'élection municipal. Je
pense que, là-dessus, il faudra être de plus en plus
vigilants.
Mandat spécial. L'élection du 10 avril au
Nouveau-Québec. Comme vous le savez, le 18 décembre 1987, par une
résolution adoptée à l'unanimité par
l'Assemblée nationale, le Directeur général des
élections s'est vu confier un mandat afin d'agir à titre de
conseiller pour la tenue d'une élection auprès des
électeurs du Nouveau-Québec. On l'appelle maintenant le Nunavik.
Le travail à accomplir pour l'organisation de cette élection
consistait à l'élaboration de règles ou dispositions
spéciales devant constituer les balises nécessaires à la
tenue d'un scrutin démocratique, à la conception et à la
supervision des opérations nécessaires à la tenue de ce
scrutin, ainsi qu'à la formation du personnel électoral et
à l'information fournie à la population en
général.
Nous avions été associés à la consultation
populaire tenue le 1er décembre 1987. À cet égard, le 16
juin 1988, fut déposé à l'Assemblée nationale le
rapport du Directeur général des élections sur le
référendum au Nouveau-Québec. J'avais déposé
ce rapport en trois langues, comme vous le savez. Cette consultation a conduit
à la tenue de l'élection du 10 avril 1989. Ce nouveau mandat m'a
amené à trois reprises, soit aux mois d'août et octobre
1988 et en février 1989 chez les résidents du
Nouveau-Québec pour la tenue de rencontres de travail dans le but
d'assurer la bonne marche et la préparation de ce grand effort de
démocratie.
Comme on peut le constater et comme on le verra plus en détail
dans le rapport qui sera déposé sous peu à
l'Assemblée nationale, beaucoup d'efforts et de travail ont
été investis pour la réalisation de ce mandat. Cette
démarche est fondamentalement l'apprentissage d'une nouvelle forme de
droits démocratiques chez une population qui possède
déjà, depuis des siècles, la nécessaire notion,
découlant de sa culture, d'agir en dégageant des consensus.
C'était autrefois, littéralement, une question de vie ou de
mort.
Il faut souhaiter que l'élection qui s'est tenue le 10 avril
dernier entraîne des conséquences positives et fructueuses dans la
recherche par les habitants d'au-delà du 55e parallèle de
l'établissement d'un gouvernement régional qui répondra
à leurs besoins.
Les relations avec l'extérieur. Le Directeur
général des élections maintient des relations avec les
autres juridictions canadiennes, entre autres lors de la Conférence
annuelle des administrateurs d'élections du Canada, qui s'est tenue en
juillet dernier à Charlottetown, à
l'île-du-Prince-Édouard. C'est également le cas à
l'occasion des ateliers de travail comme celui tenu à Québec en
février dernier, qui portait sur le financement des partis politiques,
l'intervention des tiers en période électorale, les listes
électorales, de même que sur l'informatisation des bureaux des
directeurs généraux des élections. De plus, le Directeur
général des élections a participé en
décembre dernier à la Xle Conférence annuelle du Council
on Governmental Ethics Laws. Ces rencontres annuelles permettent des
échanges fructueux en regard, notamment, du financement des partis
politiques et du contrôle des dépenses électorales.
Prévisions budgétaires et rapport financier
préliminaire. Les prévisions budgétaires. Le Directeur
général des élections a fait parvenir le 6 février
1989 au secrétariat du Conseil du trésor ses prévisions
budgétaires pour l'exercice financier 1989-1990 pour la publication du
livre des crédits. Ces renseignements se . retrouvent donc dans la
section du livre des crédits réservée aux "Personnes
désignées par l'Assemblée nationale" au programme 3,
Administration du système électoral, lequel comprend trois
éléments: élément 1, gestion Interne et soutien;
élément 2, Commission de la représentation;
élément 3, activités électorales.
Les prévisions totales du programme pour la prochaine
année financière s'élèvent à 13 150 000 $ et
sont ventilées par catégorie de dépenses à chacun
des trois éléments de notre programme. À
l'élément 1, gestion interne et soutien, les prévisions de
dépenses pour 1989-1990 totalisent 8 675 000 $ comparativement à
celles de 1988-1989 qui s'élevaient à 8 390 000 $,
représentant une augmentation de 3,4 %. Cette augmentation est
inférieure aux normes appliquées dans les autres
ministères, puisque le Conseil du trésor accepte habituellement
des majorations à peu près équivalentes à l'indice
des prix à ta consommation qui se situe à environ 4,3 %.
À l'élément 2, Commission de la
représentation, on retrouve des prévisions de 200 000 $
comparativement à 361 000 $ pour l'exercice financier 1988-1989. Cette
diminution provient du fait que, l'an dernier, il nous fallait prévoir
les sommes requises pour terminer la confection de la nouvelle carte
électorale. Tel que prévu dans la Loi électorale, ces
prévisions font l'objet d'un rapport distinct et sont
présentées dans le document intitulé "Prévisions
budgétaires 1989-1990 et rapport financier préliminaire
1988-1989, Commission de la représentation électorale".
L'élément 3 comprend toutes les sommes prévisibles
pour la tenue des activités électorales. Vous comprendrez que les
montants prévus à cet élément ne le sont
qu'à titre indicatif puisqu'ils peuvent varier considérablement
d'une année à l'autre suivant les activités tenues ou les
mandats qui me sont confiés en cours d'exercice. Pour l'exercice
financier 1989-1990, à cet élément, nous prévoyons
des dépenses qui totaliseront environ 4 275 000 $,
représentant
ainsi une augmentation de 1 026 000 $ par rapport aux prévisions
1988-1989. Cette augmentation est due, notamment, aux modifications
apportées à la Loi électorale puisqu'il nous faut
réviser une grande quantité de nos formulaires et nous
approvisionner par la suite de tout le matériel requis pour la tenue
éventuelle d'une élection générale. Une bonne
partie de ce travail, évidemment, est déjà accomplie. De
plus, la nouvelle loi nécessite inévitablement quelques sessions
de formation aux directeurs du scrutin et aux directeurs adjoints du
scrutin.
Outre ces deux dépenses, on retrouve à
l'élément 3 des prévisions pour la tenue de deux
élections partielles, les sommes requises pour le paiement des
allocations aux partis politiques et des montants pour d'autres
activités tels la délimitation des sections de vote, les concours
pour le recrutement des directeurs du scrutin, la tenue d'élections
municipales et la tenue d'élections au Nouveau-Québec.
Le rapport financier préliminaire. Les résultats que vous
trouverez à la page 11 du rapport financier préliminaire qui est
présenté à la deuxième section de votre document
sont estimés à partir des dépenses comptabilisées
au système informatique du gouvernement le 28 février 1989. Les
dépenses estimées au 31 mars 1989 pour les éléments
1, gestion interne et soutien, et 3, activités électorales,
s'élèvent à 11 084 000 $, alors que les prévisions
présentées à la commission des institutions de
l'Assemblée nationale le 11 mai 1988 étaient de 11 639 000 $.
À l'élément 1, nous estimons que les
dépenses devraient se situer à environ 7 755 000 $, alors que les
prévisions étaient de 8 390 000 $, ce qui représente un
excédent de 635 000 $ des prévisions budgétaires par
rapport à nos dépenses estimées. Cet écart provient
en partie de la catégorie 1, traitements, où un montant de 300
000 $ n'a pas été dépensé en raison de certains
délais reliés au processus pour le remplacement de postes vacants
à la suite de départs ou de mutations.
D'autre part, à la catégorie 11, autres dépenses,
nous avions prévu un montant de 300 000 $ pour le remboursement des
intérêts sur nos hypothèques, alors qu'au mois de juillet
1988 le ministère des Finances nous a recommandé de rembourser
ies deux hypothèques, puisque cette dépense avait
déjà été comptabilisée dans les comptes
à payer et capitalisée dans les actifs du gouvernement en 1987.
Cette transaction a eu pour effet de diminuer de 180 000 $ la dépense
à cette catégorie.
Outre ces deux montants, 300 000 $ à la catégorie 1 et 180
000 $ à la catégorie 11, les dépenses de fonctionnement
ont été inférieures aux prévisions pour une somme
de 155 000 $. On soustrait des 635 000 $ les 300 000 $ et les 180 000 $
mentionnés précédemment. Cet écart est
réparti dans les autres catégories de dépenses et est
ventilé dans les notes explicatives que vous avez reçues.
À l'élément 3, activités électorales,
l'estimation des dépenses au 31 mars 1989 est de 3 329 000 $, alors que
les prévisions étaient de 3 249 000 $. Comme je l'ai
mentionné précédemment dans ce rapport, les
prévisions à cet élément de programme ne le sont
qu'à titre indicatif et, à cet égard, les dépenses
à certains postes budgétaires ont dépassé les
sommes prévues, alors qu'à d'autres postes les prévisions
n'ont pas toutes été dépensées. À titre
d'exemple, j'aimerais vous souligner que nous n'avions prévu que 25 000
$ pour le remplacement des directeurs du scrutin, alors que la dépense
se situera plutôt à 190 000 $, étant donné que nous
avons dû combler 26 postes au cours de l'année.
Le rapport financier de l'élément 2, Commission de la
représentation, indique que les dépenses estimées au 31
mars 1989 s'élèvent à 441 000 $. Ce montant comprend une
somme de 246 000 $ reliée aux travaux nécessaires à la
confection de la nouvelle carte électorale qui ont été
complétés durant l'exercice 1988-1989.
Comme je l'ai dit précédemment, j'ai transmis au
président de l'Assemblée nationale, le 6 septembre 1988, un
rapport financier complet faisant état des dépenses encourues
pour la confection de la nouvelle carte électorale. Ces dépenses
sont réparties sur deux années financières, soit 239 000 $
en 1987-1988 et 246 000 $ en 1988-1989, totalisant une somme de 485 000 $.
Voilà l'essentiel des explications justifiant les
prévisions budgétaires pour le prochain exercice financier et les
dépenses effectuées en 1988-1989. En complément de tout ce
qui précède, je vous ai transmis des notes explicatives qui vous
aideront à comprendre les écarts apparaissant à chaque
poste budgétaire.
En terminant, j'aimerais mentionner qu'au cours des dernières
semaines j'ai eu l'occasion de prononcer quelques conférences portant
sur les nouvelles dispositions de la Loi électorale. Toutes les
personnes rencontrées s'accordent à dire que la démocratie
est un bien précieux qu'il faut préserver même si notre
système électoral a atteint une qualité à nulle
autre pareille grâce aux lois que vous avez adoptées.
M. le Président, Mmes et MM. les membres de la commission, je
vous remercie de votre attention et je demeure, évidemment, à
votre disposition pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, M. le
Directeur général des élections. La parole est maintenant
à M. le ministre responsable.
Période de questions
M. Gratton: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier
le Directeur général des élections de sa
présentation et surtout de nous avoir fourni les informations, qui nous
ont été acheminées, sur les prévisions
budgétaires pour
l'exercice financier en cours. Il nous semble qu'effectivement la
formule des notes explicatives, de même que les modifications
apportées à la présentation, par exemple, des trois
tableaux comparatifs sont de nature à répondre beaucoup mieux aux
besoins des parlementaires de connaître les tenants et aboutissants des
prévisions budgétaires. Quant à moi, M. le
Président, Je suis très satisfait de la façon dont on
présente maintenant ces prévisions budgétaires, qui nous
permet d'en avoir une bonne compréhension.
Résidence au moment du scrutin
Avant d'aborder les prévisions budgétaires comme telles,
j'aimerais poser certaines questions au Directeur général des
élections, qui ont trait à l'application de la Loi
électorale, notamment en ce qui concerne les élections partielles
qui se poursuivent présentement dans les comtés de Hull et de
Papineau. On a attiré mon attention sur un communiqué émis
par le Directeur général des élections, lequel touche, de
façon générale, la révision des listes
électorales. (10 h 30)
Je note, à la deuxième page du communiqué, en ce
qui a trait aux travailleurs, étudiants et personnes
hospitalisées qui, comme on le sait, peuvent choisir de s'Inscrire, au
moment de la révision, à une adresse autre que celle de leur
résidence permanente, que, dans les conditions qui sont
énumérées - on les retrouve au premier paragraphe de la
deuxième page du communiqué - on indique que le travailleur,
l'étudiant ou la personne hospitalisée, qui désire
s'inscrire et voter dans une section de vote autre que celle où elle
réside peut le faire - c'est la dernière partie du paragraphe -
si elle résidait à cet endroit le 12 avril dernier,
c'est-à-dire à la date du déclenchement des
élections.
Cela veut dire qu'on exige de la personne qui voudrait se
prévaloir des dispositions de la loi qui lui permettent de s'inscrire
dans une circonscription autre que celle où se situe sa résidence
permanente, qu'elle soit déjà résidente de sa nouvelle
résidence au moment du déclenchement des élections. Or, le
texte de la loi n'indique pas cela. Quant à moi, l'interprétation
que j'en ai toujours faite était que la personne qui réside
ailleurs au moment de la révision peut exercer son droit à
s'inscrire à cet endroit. On voit bien ce qui pourrait découler
d'une interprétation telle celle qui me semble apparaître dans le
communiqué. il pourrait se produire des situations où il n'y
aurait presque personne qui pourrait se prévaloir de ces dispositions en
supposant qu'une élection serait déclenchée au cours de
l'été. C'est évident que tout étudiant qui ne
serait pas déjà déménagé là où
il fait ses études pourrait être privé d'exercer son droit
de vote à une élection qui aurait été
déclenchée en août et qui aurait lieu en septembre ou en
octobre.
La question que je voudrais poser, c'est de savoir si
l'interprétation qu'on retrouve dans le communiqué est bien celle
du Directeur général des élections et est bien celle qui
répond non seulement à l'esprit, mais à la lettre de la
Loi électorale.
M. Côté (Pienre-F.): Malheureusement, M. le
ministre, je n'ai pas en main le communiqué de presse auquel vous faites
référence, mais, si je ne me trompe pas, ce sont les articles 59
et 60 de l'ancienne Loi électorale qui s'appliquent dans ce cas. Ce
n'est pas la nouvelle loi, c'est l'ancienne loi, à moins que je n'aie
mal compris la question. Je vois que l'article 59 dit: "Pour exercer son droit
de vote, une personne doit posséder la qualité d'électeur
le jour du scrutin et être inscrite sur la liste électorale de la
section de vote où elle a son domicile le jour de la prise du
décret. Elle exerce son droit de vote au bureau de vote de cette section
de vote." Après, l'article 60 dit que le choix peut être fait par
cet électeur, mais aux conditions exprimées à l'article
59.
M. Gratton: J'avais compris, à l'article 59, qu'on
consacre le principe qu'une personne a le droit de vote à condition
d'avoir la qualité d'électeur le jour du scrutin. A l'article 60,
c'est là qu'on prévoit l'exception. On dit: La personne qui
répond à certaines conditions... Il me semble que le
libellé de l'article 60 ne fait pas d'exigence que la personne soit
déménagée à sa nouvelle résidence au moment
de la prise du décret. On n'en parle pas.
M. Côté (Pierre-F.): Écoutez, M. le ministre,
je vérifie avec mes gens. Il a pu se produire une erreur, il faudrait
que je vérifie. Il me semble que ce que vous nous soulignez est plein de
bon sens. La personne qui est dans une section de vote dans une circonscription
électorale et qui change parce qu'elle est hospitalisée, si elle
veut faire ce choix de changement... Peut-être est-ce la façon de
rédiger le communiqué qui n'est pas suffisamment claire? Je ne
sais trop. Je ne l'ai malheureusement pas en main.
M. Gratton: II y a les personnes qui se font hospitaliser.
Effectivement, il y a plusieurs exemples auxquels on pourrait penser. La
personne qui est en attente d'une place à l'hôpital, qui, au
moment du déclenchement des élections, n'avait pas
été avertie que la place était disponible et qui est
avertie après cela; tout à coup, on vient de l'empêcher
d'exercer son droit de vote, à toutes fins utiles, surtout si cette
personne est placée dans une institution où il lui est absolument
impossible de se déplacer. Ce qui est encore plus grave, et je le dis
même devant le député de Louis-Hébert qui
n'était pas nécessairement d'accord avec les décisions
qu'on a prises quant à ces dispositions, mais on pourrait
systématiquement... Ce n'est pas nous qui décidons, c'est le
premier ministre. Le premier
ministre a indiqué qu'il aurait tendance à
déclencher des élections pour l'automne prochain. Prenons le cas,
qui est fort plausible, d'une élection déclenchée en
août et qui aurait donc lieu soit en septembre ou en octobre prochain. Il
y a de fortes chances que, dans le cas des étudiants, par exemple,
plusieurs d'entre eux soient encore à leur résidence familiale au
moment du déclenchement de l'élection et ils seront
sûrement rendus là où ils étudient au moment du
vote. L'interprétation qu'on retrouve dans le communiqué fait en
sorte qu'ils ne pourraient pas se prévaloir des dispositions de la loi
qui leur permettent de s'inscrire là où ils résident au
moment du vote.
Je ne pense pas que cela puisse porter à de très graves
conséquences dans le cas des élections partielles de Hull et de
Papineau qui se déroulent présentement. On est encore durant la
période des études, quoique, au niveau universitaire et
secondaire, c'est moins sûr.
Je fais remarquer, M. le Président, que la question n'est pas
nouvelle. Elle avait été soulevée par Me Jean Allaire,
dans une correspondance datée du 23 décembre 1985. C'est
effectivement la même interprétation, apparemment, qu'on avait
faite à l'élection générale de 1985. Je cite Me
Allaire: "On semble interpréter cet article - parlant de l'article 60 -
très restrictivement et prétendre que quelqu'un ne peut pas, lors
de la révision, se faire inscrire sur une liste électorale
différente de celle du domicile occupé le jour du décret,
ce qui me semble aller à l'encontre de l'article 60."
Si le Directeur général des élections m'indique
qu'il y a lieu de réviser cette interprétation, je serais
plutôt intéressé à connaître le point de vue
de l'Opposition sur cette question. Effectivement, au moment de la
révision de la Loi électorale, on a modifié quelque peu la
forme des articles 59 et 60, qu'on retrouve aux articles 2 et 3, si je ne
m'abuse, de la nouvelle loi. Mais je ne pense pas que les changements de forme
qu'on a apportés ont changé quoi que ce soit à l'esprit,
au fond des articles 59 et 60. Je ne pense pas qu'on n'ait jamais
indiqué nulle part qu'on croyait devoir restreindre la portée de
ces articles pour limiter davantage la possibilité de voter. Au
contraire, toute la démarche qu'on a faite dans la révision de la
Loi électorale a été d'ouvrir les possibilités
à l'exercice du droit de vote. J'apprécierais connaître le
point de vue de l'Opposition là-dessus.
Le Président (M. Filion): M. le leader de
l'Opposition.
M. Gendron: Ce sera assez précis et succinct. J'estime et
l'Opposition estime que toute personne qui est convenablement et
légitimement inscrite au moment de l'émission des brefs,
indépendamment de la teneur des articles - je ne parlerai pas en langage
juridique - sur une liste électorale, lors de la révision, doit
pouvoir exercer très librement un choix réel de voter à
l'intérieur de la circonscription où elle a son domicile
principal ou dans la circonscription électorale où, comme
étudiant, elle souhaite que son vota soit comptabilisé. Autrement
dit, qu'il y ait véritablement l'exercice d'un choix réel, mais
que le seul critère pour pouvoir l'exercer, c'est; Est-ce que oui ou
non, au moment de l'émission des brefs, ces personnes étalent bel
et bien inscrites sur la liste électorale? Si oui, à ce
moment-là, la révision leur permet d'exercer librement une ou
l'autre des alternatives potentielles que nous souhaitions. Là, je parle
de la nouvelle loi, M. le ministre délégué à la
Réforme électorale. Il me semble que c'est l'esprit, la lettre,
et il n'y a pas de restriction. Moi, c'est toujours comme cela que j'ai
souhaité qu'à la prochaine élection on permette ce libre
exercice. Est-ce que ça répond?
M. Gratton: Oui, ça répond et j'en prends bonne
note. La question que je pose au Directeur général des
élections maintenant, c'est: Est-ce qu'on peut tenir pour acquis que
l'article 3 de la nouvelle loi qui touche le même sujet est suffisamment
clair pour qu'on puisse l'interpréter de la façon que nous
semblons l'interpréter de part et d'autre?
M. Côté (Pierre-F.): Je suis très content que
vous ayez soulevé cette question. Il semble s'être glissé,
à tout le moins, une difficulté d'interprétation dans le
communiqué que vous signalez. Je vais revoir ça très
sérieusement. J'espère, comme vous l'avez mentionné, qu'il
n'y a pas eu de préjudice, en aucune façon, de causé
à qui que ce soit pendant les élections partielles. Ce que je
verrais comme solution... Parce que vous répondre immédiatement,
ce serait un peu osé de ma part, je pense qu'on va étudier
attentivement la question. Je pense qu'il y a une directive pour l'application
de ces articles. On va la revoir attentivement et, s'il y a lieu, si ce n'est
pas dans la ligne de ce que vous dites l'un et l'autre, on va consulter le
comité consultatif. On va revoir très attentivement cette
question. Un point sur lequel vous insistez - je trouve que vous avez raison -
c'est que l'esprit, en tout cas, de la nouvelle loi, c'est bien
l'élargissement. Si on a des dispositions ou des façons de
procéder qui ont tendance à rétrécir cette
facilité d'exercice du droit de vote, ça irait vraiment à
l'encontre des nouvelles dispositions. Je pense qu'on va regarder ça
attentivement dans les prochains jours. Comme je vous le dis, si nos directives
actuelles et nouvelles sont conformes à ce que vous mentionnez, on va
vous en faire part. Si jamais elles n'étaient pas conformes, on va en
discuter avec les membres du comité consultatif pour être certains
d'avoir une application de la loi qui donne satisfaction à tout le
monde.
M. Gratton: Oui, ça me satisfait, M. le
Président, sauf que je ferai remarquer que ce n'est pas seulement
la préparation de ce dernier communiqué pour les élections
partielles de Papineau et de Hull qui fait problème. On avait fait la
même interprétation, semble-t-il, selon les allégations de
Me Allaire, en décembre 1985, dans certains endroits, peut-être
pas de façon générale. Donc, ce que j'apprécierais,
M. le Président, si effectivement on se rend compte qu'il n'y a pas de
problème avec le libellé de la loi tel qu'il existe, c'est que
vous nous en avisiez formellement et qu'on laisse les choses telles quelles. Je
présume que vous pourriez nous faire part de toute
nécessité d'amendement à la loi pour en arriver à
ce que la lettre de la loi, si ce n'est pas le cas, traduise bien l'esprit dont
on vient de parler, qu'on puisse en être avisés. Je pense pouvoir
compter sur la collaboration de l'Opposition à ce moment-là pour
qu'on puisse déroger aux règles et faire les amendements à
la loi qui pourraient s'imposer, le cas échéant.
M. Côté (Pienre-F.): Je suis aussi content que vous
mentionniez ça, M. le ministre. Ce qui m'a fait hésiter ou ce qui
me rend prudent dans ma réponse, c'est la référence exacte
que vous avez faite à ce qui s'est passé en 1985. On va regarder
ça attentivement pour voir si c'est le même libellé. Est-ce
qu'on peut l'interpréter de la même façon, ce qui
semblerait un peu restrictif selon la perspective dans laquelle vous
étiez placés lors de l'élection sous la nouvelle loi?
Certainement, si on arrivait à la conclusion qu'à notre avis la
loi n'est pas suffisamment explicite, on vous proposerait quelque chose.
M. Gratton: Moi, ça me va, M. le Président.
Le Président (M. Filion): M. le leader de
l'Opposition.
M. Gendron: Est-ce que M. le ministre a terminé?
M. Gratton: Non, j'ai encore des questions. M. Gendron:
Faire un petit bout. M. Gratton: Oui, allez-y.
M. Gendron: Rapidement, deux phrases, M. le Directeur
général des élections. Je veux vous remercier pour votre
présentation. Je pense qu'on doit convenir que vous avez fait un bon
tour de piste, un bon tour d'horizon des principales questions et des sujets
par lesquels votre personnel et vous-même avez été
préoccupés au cours de l'année. (10 h 45)
Cas de l'Union Nationale
Avant d'aller dans des questions plus précises, sur votre
rapport, il y en a deux que j'aimerais toucher rapidement. Ce qui m'a
frappé, c'est ce que je vais appeler, entre guillemets, le
règlement de l'Union Nationale, mais ce n'est pas péjoratif, je
ne leur en veux pas, ce ne sont pas mes problèmes, je trouve juste que
ça prend du temps en étoile pour voir clair et pour régler
cette situation-là. Alors, j'aurais aimé savoir, compte tenu du
délai d'appel, parce que je ne pensais pas qu'il y avait un délai
d'appel pour eux, compte tenu du fameux bref d'évocation qui a
été présenté pour déterminer qui
était le vrai "boss" de l'Union Nationale, en termes de chefferie, si
ça avait comme conséquence d'annuler l'audience prévue,
pour que vous puissiez, une dernière fois, les entendre...
M. Côté (Pierre-F.): La poursuite intentée en
Cour supérieure pour déterminer qui était le nouveau chef
m'a amené, par respect, je dirais, pour la Cour supérieure,
à suspendre l'audience et à la remettre.
M. Gendron: Mais c'est vous qui avez décidé
ça.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, oui.
M. Gendron: II n'y avait pas d'obligation.
M. Côté (Pierre-F.): Non, non. Formellement, il n'y
avait pas d'obligation. J'aurais pu passer par-dessus, mais c'était pour
éviter des difficultés, il aurait pu y avoir une autre
série de procédures. Cela aurait prolongé encore. J'aurais
pu m'opposer aux procédures. Je me suis dit: On va attendre, comme c'est
un bref et que ça doit être entendu assez rapidement, ça ne
tardera pas trop. Effectivement, cela a été entendu rapidement
par un juge de la Cour supérieure. Le jugement a été rendu
et il y avait possibilité d'appel dans un délai de 30 jours. Ce
délai d'appel est expiré depuis le 14. Hier, est partie une
lettre au chef inscrit dans nos registres, M. Lebrun, et à l'autre chef
également - parce que vous savez, mais je vous dirai ça
après - leur disant: Je tiens une audience publique à
Montréal le 1er juin. Mais, après le jugement, il y a eu ce que
j'appelle la valse à mille temps, une autre réunion d'un autre
exécutif me disant: On dénomme M. Lebrun et on en nomme un autre.
Alors, là, j'ai dit: Une minute, on va voir. C'est à ce
moment-là que j'ai précipité les choses en disant. On va
tenir l'audience au 1er juin, sans recommencer ce jeu incroyable de nommer,
dénommer, renommer et rechanger nos registres. On va tenir une seule
séance.
Le problème est assez simple. Dans le cas de l'Union Nationale,
il y a des dettes pour près de 400 000 $ et des intérêts
impayés pour des milliers et des milliers de dollars chaque
année. Le but de l'audience, vous savez, c'est la première fois
que cela va se tenir dans ce sens-là, c'est de venir me dire: Non, vous
avez tort de vouloir retirer l'autorisation de l'Union
Nationale. Ce sera de me convaincre que je ne dois pas le faire. S'ils
réussissent à me convaincre, je ne le ferai pas, mais s'ils ne me
convainquent pas, quelque temps après, l'autorisation sera
retirée.
M. Gendron: M. le directeur général, je voulais
évaluer un peu et très rapidement... J'ai beaucoup de respect
pour les partis politiques; je n'ai pas d'intérêt particulier dans
leurs dettes.
Une voix: Ah, non? M.Gendron: Non. M.Gratton: Le leadership, par exemple?
M. Gendron: Non, le leadership ne me dérange pas. Je
voulais au moins mesurer votre volonté d'en finir une fois pour toutes
afin de ne pas tenir une audience chaque fois qu'il y aura un changement de
chef ou d'exécutif ou une nouvelle adresse, parce qu'il me semble qu'il
y a des coûts à ça. Il y a également ce que
j'appellerais une espèce de jugement dépréciatif. Il y a
une dépréciation un peu de nos institutions quand, pendant un an
et demi ou deux ans, on se promène avec des situations comme
celles-là, et qu'on se les fait corroborer, et qu'on ne sent pas un
couloir qui nous mène à une décision finale. Ils sont
corrects ou ils ne le sont pas, on les garde inscrits ou pas inscrits,
enregistrés ou pas.
M. Côté (Pierre-F.): Vous avez raison, mais je dois
vous dire là-dessus que cela fait deux ou trois ans que je parle de
ça. La première et la deuxième année,
c'était dans l'idée de laisser une chance au coureur. Même
si la loi me permettait d'agir beaucoup plus rapidement, j'ai cru
préférable ne pas le faire trop vite pour vraiment laisser une
chance à toutes les personnes intéressées, parce que c'est
un parti qui a fait sa marque, qui a eu une existence assez longue, et le
reste, et beaucoup de gens y sont encore attachés sentimentalement.
C'est pour ça que j'en ai parlé à plusieurs reprises
publiquement. J'ai dit: Si vous êtes capables de régulariser la
situation, d'organiser vos affaires et de repartir, très bien. Mais,
franchement, il faudra qu'ils aient de fichus arguments pour me convaincre
qu'ils sont capables de redresser la situation sur le plan de l'administration
et sur le plan financier.
Recrutement des directeurs du scrutin
M. Gendron: Deuxième question, au sujet de votre rapport,
M. le directeur, j'ai été un peu surpris, pas
passionnément ou a la folie, mais un peu surpris que le taux de
roulement, soit aussi élevé pour les postes de directeur du
scrutin. Encore là, il y a des incidences financières, vous
l'avez dit vous-même, vous aviez prévu 25 000 $ pour le
remplacement des directeurs du scrutin et ça a coûté 200
000 $. Ce n'est pas sur les chiffres, c'est plus sur les mesures qui pourraient
éventuellement être prises pour s'assurer ce que ce n'est
qu'après qu'ils ont eu le poste, donc, après la tenue du
processus qui est quand même assez exigeant... Je suis content que ce
soit comme cela. Je ne veux pas que les directeurs du scrutin soient des gens
qui n'étaient pas conscients, avant d'assumer la responsabilité,
de ce qu'elle était exactement. Mais en lisant cela, je n'en ai pas
acquis la conviction, puisque l'une des raisons qui reviennent souvent, c'est
le manque de disponibilité parmi ceux qui décident de
lâcher. Il me semble qu'ils auraient dû être informés
de ça préalablement. Je veux savoir si le DGE a l'intention de
baliser de façon un peu plus serrée les nouveaux concours de
recrutement, afin que les éventuels postulants soient très
conscients de ce que ça comporte, de ce que ça exige.
Il y a également le fait que le gouvernement a pris la
décision d'annuler tout recensement autre que postdélimitation ou
pour une électorale. Vous dites que c'est l'une des raisons pour
lesquelles il y a moins d'intérêt, il y a moins de travail concret
étant donné que, pendant deux ou trois ans, cela peut être
juste des ajustements et une réunion de temps à autre, sauf pour
les années où on fait une modification importante de la toi.
Là, j'ai l'impression qu'ils sont informés et qu'ils sont dans le
coup, selon les documents que vous nous envoyez - je suis content de ça
également - pour être capables de suivre l'affaire.
Ma question précise: Est-ce que, pour l'avenir, il y aura
certaines mesures qui seront prises pour s'assurer, premièrement, que
ces gens connaissent un peu mieux la disponibilité requise pour exercer
la fonction, puisqu'ils invoquent le manque de disponibilité, et,
deuxièmement, pour essayer de réduire un peu le taux de roulement
qui est très élevé?
M. Côté (Pierre-F.): Vous avez raison. On a un vrai
problème de ce côté-là. Il va falloir être
beaucoup plus explicite sur l'exercice de la fonction, surtout qu'à
l'avenir les gens vont être nommés pour une dizaine
d'années au lieu de cinq. Ce qu'on réalise, je pense, c'est qu'il
y a un certain nombre de personnes qui posent leur candidature lorsqu'il se
tient un concours et celles qui arrivent les premières vous savez, je
dois les nommer.
Parmi ces gens, souvent, on rencontre la situation suivante, ce sont des
gens très capables, mais qui ont une fonction qui n'est pas
définitive ou qui ont une fonction temporaire et qui, à un moment
donné, décident de changer de travail. Tout d'un coup, Ils ne
sont plus disponibles, parce qu'ils sont trop accaparés ou qu'ils
déménagent de circonscription électorale.
Je pense que ce problème va toujours être difficile
à régler totalement, parce qu'il faut s'en
remettre à la déclaration des gens et à leurs
intentions au moment où ils posent leur candidature et au moment
où ils sont nommés. Dans la vie, les situations changent parfois
plus souvent qu'on ne le voudrait. Je ne crois pas qu'il y ait de mauvaise
volonté, cependant.
Ce qu'on appelle le taux de roulement dans ce domaine est sensiblement
le même tous les ans, soit environ 10 %. Ce n'est pas énorme.
Évidemment, ça paraît peut-être plus cette
année, parce qu'on en a eu 26 à cause des démissions ou
des départs de l'an dernier, qu'on a cumulés. On a attendu un
certain temps avant de tenir des concours de directeurs du scrutin. L'an
dernier, on en avait neuf pour lesquels il fallait tenir des concours et on a
attendu a cette année pour les tenir à cause de la nouvelle loi
et de la possibilité d'une nouvelle élection, et le reste, ce qui
donne l'impression que, cette année, c'est considérable.
Mais l'un portant l'autre, chaque année, je dirais que ce n'est
pas si pire. Mais vous avez raison. On devra à l'avenir attirer un peu
plus l'attention des gens sur le moment où ils doivent être
disponibles et sur la disponibilité qui est requise de leur part.
M. Gendron: Quant à des questions, M. le Président,
je ne veux pas... Je peux alterner, je peux en poser une et...
Le Président (M. Filion): Vous connaissez les
règles habituelles.
M. Gendron: On s'arrange bien.
Le Président (M. Filion): Je vous laisse aller. Vous vous
arrangez bien.
M. Gendron: J'aurais peut-être une question sur des aspects
que vous n'avez pas traités dans votre rapport. J'en ai d'autres, mais
je commencerai par une question. Après ça, on pourra alterner;
c'est ça que j'allais dire. J'aimerais, M. le DGE, que vous preniez
quelques minutes pour faire le point sur la mise en oeuvre de la nouvellee Loi
électorale, en particulier sur trois aspects précis. À
partir du moment où on a une nouvelle Loi électorale, il est
certain que cela requiert une formation particulière des directeurs du
scrutin. Même chose pour ce qui est du personnel de votre direction
générale. Alors, je voudrais juste savoir où c'en est
rendu, si cela va bien, si vous êtes avancé, si vous êtes
prêt, si tout le monde a ce qu'il faut, sur le premier aspect que je
viens de souligner.
Deuxième aspect, sur la conception et l'impression des documents
électoraux. Est-ce fini? Est-ce très avancé? Ça va
bien? Y a-t-il des problèmes?
Et le troisième aspect, c'est votre campagne de sensibilisation
pour les résidents hors Québec. J'aimerais qu'on puisse avoir
l'occasion de faire une petite évaluation aujourd'hui. Cela ne marche
pas du tout. Oui, ça va. Vous sentez qu'il y a des gens à
l'extérieur du Québec qui sont sensibles à ça, et
on risque d'avoir 3 ou 50 000 personnes hors Québec qui vont voter
à la prochaine élection? Je ne veux pas nécessairement
qu'on me dise ça aujourd'hui et surtout pas les résultats, mais,
en gros, comment, sur ce nouvel élément, se comporter dans le
travail que vous avez fait, la campagne de sensibilisation auprès des
électeurs potentiels qui sont actuellement à l'extérieur
du Québec?
M. Côté (Pierre-F.): Si vous me donnez juste une
minute, M. le député, j'ai demandé qu'on me fournisse le
tableau pour la dernière question et, pendant ce temps-là, je
vais répondre aux deux autres.
Au sujet de votre première question, M. Gendron, la formation des
directeurs du scrutin, voici ce que nous avons fait jusqu'à
présent. Il y a eu des sessions de formation de trois jours qui ont
été tenues entre le 3 et le 24 avril. Huit groupes ont
été rencontrés. C'étaient des sessions qui
réunissaient une trentaine de personnes: directeurs du scrutin et
directeurs adjoints ou directrices adjointes. L'objectif de ces trois
journées - c'était très intensif, très concret,
très pratique - portait sur les nouvelles dispositions de la Loi
électorale et sur leurs incidences administratives, et aussi sur la
façon de réaliser des activités lors d'un
événement électoral en fonction des dispositions de la
nouvelle loi, mais de façon très concrète. C'était
la méthode qu'on appelle par cas ou d'exercice. Ils ont tous
été bons. Sur 250, je pense qu'il y en a deux qui n'ont pas pu
venir. Alors, on s'est rencontrés pendant tout le mois d'avril, dans un
hôtel près de Québec, un hôtel bien ordinaire, je
tiens à vous le dire; on nous a fait la remarque d'ailleurs que
l'ordinaire était assez ordinaire, mais on les a tenus là pareil,
et ça a bien été. Et cela a été des sessions
de formation vraiment profitables, vraiment intensives.
Vous me demandiez si le personnel de mon bureau était prêt.
J'ai l'intention de tenir une ou deux journées d'information pour
l'ensemble du personnel, parce que, évidemment, un bon nombre est
déjà impliqué, mais, de ce côté-là, il
n'y a pas de difficultés majeures.
À l'égard de la conception et de l'impression des
documents requis pour une nouvelle élection, je dois vous dire qu'en
date du 24 avril nous étions prêts. Avec de gros efforts et,
passez-moi l'expression, du travail "à la planche" de notre personnel,
dès le 24 avril, nous étions prêts, si des élections
avaient été déclenchées. Donc, je dirais que nous
sommes présentement plus que prêts. On a un entrepôt
considérable que j'ai fait visiter à des journalistes; ils
étaient même assez surpris de voir cet entrepôt et le
matériel qu'il y a là, matériel, évidemment,
adapté à la nouvelle Loi électorale. Alors, si des
élections étaient déclenchées n'importe quand, je
peux affirmer que nous sommes prêts. Vous savez
qu'en l'espace de 43 heures on est capables d'acheminer dans les 125
circonscriptions électorales près de 200 tonnes de
matériel. Alors, on est pas mal prêts. Par exemple, vous savez
qu'on a publié, vous les avez reçus ou vous allez les recevoir,
des exemplaires de la codification administrative de la Loi électorale
qui est faite de façon assez spéciale. On en a des milliers
d'exemplaires parce qu'on a déjà des demandes de tous les partis.
On a publié la nouvelle Loi électorale avec l'article actuel,
évidemment, et le nouvel article, et quand il y a
référence à un article, il est reproduit en dessous, c'est
un outil de travail qui peut être bien intéressant. (11
heures)
M. Gendron: Donc, vous êtes prêts?
M. Côté (Pierre-F.): Je peux affirmer que nous
sommes prêts à toute éventualité.
M. Gendron: II reste le troisième volet.
Vote des Québécois hors
Québec
M. Côté (Pierre-F.): Il reste le troisième
volet, celui du vote des Québécois hors Québec. Juste pour
vous donner encore quelques chiffres, le 15 mai - on me donne des chiffres
assez précis - on avait reçu 418 demandes qui ont
entraîné l'envoi de 2361 formulaires. Le formulaire, c'est la
brochure qu'on a qui contient une formule d'inscription. On en a adressé
au Québec, évidemment, au Canada, hors du Canada et pratiquement
dans tous les pays du monde, je dirais. J'ai la liste de tous les pays, y
compris le Burkina-Faso, le Cameroun, etc. Tous les pays du monde ont
reçu à ce jour ou vont recevoir ces formules. Dans notre
façon de procéder et à votre demande, on a limité
notre publicité à la province de Québec. Vous aviez
demandé en commission parlementaire d'essayer de faire de la
publicité dans tout le Canada et dans le monde entier. On a fait notre
publicité en demandant aux gens: Connaissez-vous quelqu'un, un parent,
un ami, un employé? Jusqu'à présent, ça semble
donner d'assez bons résultats. Au Québec, on a fait quelque chose
comme 280 000 $ de publicité dans les journaux et à la radio. Par
ailleurs, j'ai donné au-delà d'une quarantaine d'entrevues
à tous les médias possibles et impossibles, à travers le
pays, en particulier à Toronton à Vancouver, à
Régina, dans l'Est, dans l'Ouest, à Terre-Neuve, etc. J'ai
rarement vu une telle avalanche, dans une période d'un mois, de demandes
d'entrevues sur cette question.
Je voudrais peut-être signaler juste un point, une question qui
revient souvent, qui m'a encore été posée hier soir. Je
veux vous dire de quelle façon j'y réponds parce que ça
m'intrigue qu'on pense à ça. On me dit: Quelle est la raison
fondamentale pour laquelle les législateurs ont pris cette
décision? Est-ce qu'ii y a un motif caché? Y a-t-il des raisons
spéciales pour lesquelles on donne le droit de vote aux
Québé- cois hors Québec? La réponse que je fais est
celle contenue dans les débats, les discussions que vous avez eues:
C'est relié à l'origine au projet de loi C-79. Cela a
commencé comme ça et, après, c'est dans l'esprit de
l'élargissement du droit de vote au plus grand nombre de gens possible.
Je mentionne évidemment que, maintenant, les incapables ont droit de
vote et le Directeur général des élections aussi, dans le
respect de la Charte des droits et libertés. J'ai dit très
clairement, hier soir, que, pour ma part, je ne connais pas de motifs
cachés ou de raisons spéciales autres que celles que je leur
fournis. C'est ça qui est la situation à l'égard de la
campagne de sensibilisation.
J'oubliais un détail. Ces (ours-ci, va paraître un
dépliant dans le journal Le Soleil de Miami. Il y a,
paraît-il, un minimum de 200 000 Québécois qui sont
là et c'est le seul endroit où on n'avait pas de contacts par
l'intermédiaire, par exemple, d'une délégation. Parce que
- c'est une autre chose que j'ai oublié de vous mentionner, on a des
ententes avec le ministère des Affaires internationales et toutes les
délégations du Québec collaborent avec nous pour
distribuer l'information. Tous les bureaux et toutes les
délégations collaborent. On en est rendus là pour le
moment. Je ne sais pas si vous avez des réflexions ou des suggestions
à me soumettre, je l'apprécierais.
M. Gendron: Pour conclure là-dessus, M. le
DGE, je voudrais savoir si cette affaire est plus grosse qu'attendu ou
souhaité. Est-ce que vous découvrez que ça pourrait avoir
un impact bien plus important qu'on ne l'avait estimé ou si, pour vous,
c'est conforme. Je ne parle pas des gens qui se demandent s'il y a de quoi
derrière ça.
M. Côté (Pierre-F.): Une des difficultés dans
ce secteur, pour répondre de façon définitive, c'est qu'on
n'a pas d'idée - et c'est une question qui m'a été
posée souvent - du nombre de Québécois à
l'extérieur du Québec. Pour le moment, le rythme avec lequel les
choses entrent, je trouve ça assez normal. Il n'y a pas de chiffres
absolument renversants mais on va savoir, finalement, au bout de quelques mois,
ce que ça va dire réellement.
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
M. Gratton: Pour abonder dans le même sens que le
député d'Abitibi-Ouest, on a parlé des séances
d'information à l'intention des directeurs du scrutin. Vous avez aussi
mentionné que des partis politiques vous avaient demandé la
codification administrative de la loi. Est-ce que vous avez eu des demandes des
partis politiques de tenir des séances d'information ou de formation en
ce qui a trait aux nouvelles dispositions qu'on a introduites dans la Loi
électorale?
M. Côté (Pierre-F.): On a des sessions de
formation, vous savez, pour les agents officiels ou les
représentants assez régulièrement, mais je n'ai pas eu de
demandes des partis politiques pour la nouvelle Loi électorale. Je ne
vous cache pas que, si j'en avais, je les accueillerais avec plaisir. Si des
partis politiques m'exprimaient le désir d'avoir des sessions
d'information sur la nouvelle Loi électorale, son application ou les
directives, on se ferait un plaisir de répondre à une demande
comme celle-là parce que c'est normal; il y a plusieurs nouvelles
dispositions et, leur mise en application relevant de nous, on serait à
même certainement de donner beaucoup d'informations pertinentes. Si on en
avait, on y répondrait avec plaisir.
Scrutin dans les institutions
M. Gratton: On sait aussi que la nouvelle loi introduit de
nouvelles façons de faire, notamment, par exemple, le recensement dans
les foyers d'accueil ou dans les Institutions. On a interdit de faire ce qui se
faisait assez couramment, c'est-à-dire de faire la liste
électorale à partir de consultations avec le directeur
général de l'établissement. Au contraire, on exige
maintenant dans la loi qu'il y ait un contact direct avec l'électeur
lui-même. De même, en ce qui a trait à la tenue du
scrutin dans ces établissements, sûrement que cela va
nécessiter de conclure des ententes, d'avoir des discussions avec les
directions de ces institutions. La question que je voudrais poser, c'est:
A-t-on commencé à contacter les responsables de ces
endroits-là pour commencer à déblayer le terrain et voir
comment, dans la pratique, les nouvelles dispositions de la loi vont
s'appliquer?
M. Côté (Pierre-F.): Non, M. le ministre. La
première démarche - on vient de la terminer, c'était un
peu compliqué, un peu long - a été de voir et de
déterminer avec le ministère de la Santé et des Services
sociaux, de la façon la plus précise possible, la liste des
endroits, des centres hospitaliers et des centres d'accueil, ce qui, dans les
centres hospitaliers, totalise 254 institutions et dans les centres d'accueil,
728, pour un total de 982 au Québec. Après cela, il a fallu qu'on
répartisse ces 982 institutions dans les 125 circonscriptions et qu'on
les fasse parvenir à chaque directeur du scrutin. On vient tout juste,
il y a à peine une semaine ou dix jours, de faire approuver par le
comité consultatif la directive de l'application de ces dispositions
concernant les ententes non seulement pour - ce que vous avez mentionné
- le recensement, mais également pour le vote itinérant, le
bureau de dépôt itinérant et le bureau de vote
itinérant, en plus des bureaux de vote ordinaires. Alors, le nombre de
lits ou de chambres susceptibles d'être touchés par cela, c'est 60
344. Évidemment, ce que je vous signale là a été
dit aux directeurs de scrutin lors des sessions de formation.
Un point important sur lequel on insiste et qui est compris dans la
directive approuvée par le comité consultatif, c'est qu'il y aura
l'organisation ou la mise sur pied d'un bureau de vote ordinaire dans un centre
hospitalier ou un centre d'accueil compris dans la liste, donc approuvé
par le ministère, dans les cas où deux conditions seront
remplies: qu'il y ait l'espace suffisant pour le tenir et, deuxièmement,
que cela puisse comprendre tous les électeurs d'une section de vote. Il
n'est pas question, par exemple, si on a 36 ou 40 lits, d'avoir un bureau de
vote là pour 40 personnes seulement. Il faut que, dans la section de
vote au complet où est localisé ce centre hospitalier ou ce
centre d'accueil, les gens puissent aller voter, ce qui veut dire près
de 300 électeurs.
Les démarches auprès des institutions elles-mêmes,
les derniers arrangements seront faits seulement au début du
déclenchement des élections.
M. Gratton: Je me suis mal exprimé, ce n'était pas
tellement avec les électeurs des institutions elles-mêmes comme
peut-être avec les fédérations ou les associations. On sait
que certaines d'entre elles sont venues nous rencontrer durant la consultation
en commission parlementaire, je pense à l'Association des centres
d'accueil du Québec et à la Fédération de
l'âge d'or, etc., qui, d'ailleurs, nous avaient fait des
représentations à l'appui de ces choses et qui pourraient
peut-être, avec leur expertise, contribuer à faciliter la mise en
place de ces dispositions.
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse, j'avais mal saisi,
M. le ministre. À ce point de vue là, on attendait - et, comme je
vous l'ai dit, cela vient juste de se finaliser - pour savoir à quoi
s'en tenir exactement sur la localisation et sur la directive. C'est dans nos
projets pour les prochaines semaines d'établir des contacts avec ces
différentes associations.
M. Gratton: Alors, on tient pour acquis qu'à moins que le
premier ministre ne déclenche cet après-midi une élection
générale pour le 3 juillet - j'ai vérifié, ce
serait le 3 juillet - on a de fortes chances que vous ayez tout le temps voulu
au cours de l'été... Mais je dis bien "à moins", parce que
cela dépend du premier ministre. Il pourrait, cet après-midi,
déclencher des élections pour le 3 juillet, mais, à
défaut de cela, normalement, vous ne prévoyez pas de
difficultés insurmontables pour mettre en application les dispositions
de la loi à l'égard de ces institutions.
M. Côté (Pierre-F.): Non, je ne crois pas, d'autant
plus que dans ... Je dois vous dire que l'accueil qu'on a eu au
ministère a été très positif, très
Intéressant. On ne sent pas de réticence et actuellement on a le
nom non
seulement de toutes les intitutions, mais du responsable de chacune des
intitutions, et, quand on va approcher les différents groupements
intéressés - vous avez mentionné l'âge d'or, les
associations de malades, etc., - je ne prévois pas qu'on ait de
difficultés. On va essayer de l'établir avec la meilleure
collaboration possible, mais, pour le moment, je ne vois pas de
difficultés majeures.
M. Gratton: Si on me permettait une remarque sur ce sujet, M. le
Président. Je vous entendais dire, M. Côté, qu'il faudra,
pour qu'un bureau de scrutin soit installé dans un centre d'accueil, par
exemple, que deux conditions soient réunies, notamment que l'espace
suffisant puisse permettre non seulement que les gens de l'institution puissent
voter, mais également l'ensemble des électeurs d'une section de
vote. Je me permets de dire, à titre strictement personnel, que je
souhaiterais qu'on ne voie pas une rigidité à toute
épreuve prévaloir et faire en sorte que des centres d'accueil se
voient refuser l'implantation d'un bureau de scrutin. Je trouve que c'est tout
à fait légitime de votre part de vouloir concentrer l'ensemble
des électeurs d'une section de vote dans un seul bureau de scrutin, mais
je ne souhaiterais pas, en tout cas, qu'on soit à ce point rigide qu'on
s'aperçoive qu'au bout de la démarche il y a un pourcentage
très élevé de centres d'accueil où on n'implante
pas de bureau de scrutin parce qu'il y a des exigences qu'on a peut-être
surévaluées par rapport aux électeurs à
l'extérieur.
Ce qu'on a voulu faire dans la loi, je pense que l'esprit en est
manifeste, c'est donner le maximum de possibilités à des
personnes qui ont des handicaps ou des difficultés de déplacement
d'exercer leur droit de vote le plus facilement possible. Il ne faudrait pas
que, strictement par souci d'efficacité et d'économie, on impose
des normes tellement rigides qu'on se retrouve avec 50 % des centres d'accueil
qui n'ont pas de bureau de scrutin sur les lieux parce qu'on n'a pas pu trouver
une façon d'accommoder l'ensemble des électeurs de la section de
vote.
M. Côté (Pierre-F.): Je ferais deux observations
à ce sujet, si vous me le permettez, M. le ministre. Je pense qu'une des
préoccupations qu'on doit avoir, c'est de faire bien attention pour que,
selon l'expression qu'on emploie dans le milieu, le vote ne soit pas
noyé. Il faut faire attention, car s'il y a une trentaine
d'électeurs, par exemple, si on a un bureau de vote là, vous
savez comment ça fonctionne, on peut identifier le vote dans une
institution. La première réponse à ça, c'est la
possibilité de voter par l'intermédiaire du bureau de vote
itinérant. Ces gens ne seront pas dépourvus, ne seront pas
laissés pour compte. Dans les endroits où on ne pourra pas le
faire, on recommandera le bureau de vote itinérant. Donc, ça
devrait régler la question. (11 h 15)
L'autre observation que j'aimerais faire, c'est que là où
je m'attends qu'on ait certaines difficultés et il faudra que les gens
soient bien éveillés à cet aspect... Ce sont uniquement
les quelque 900 institutions dont j'ai parlé tantôt qui vont
être visées et non pas d'autres. Ce qui va nous arriver, je pense,
c'est qu'il y a des gens qui vont dire: J'ai un centre d'accueil ou j'ai une
maison pour personnes âgées et ce n'est pas reconnu en vertu de la
liste établie par le ministère. Alors, c'est une liste que je
considère comme étant une liste officielle à laquelle on
va coller, parce qu'il faut qu'il y ait une limite un moment donné, et
en accord avec le ministère, c'est celle qu'on a choisie.
Le Président (M. Filion): Est-ce que cela va, M. le
député?
M. Gendron: Sur cet aspect...
Le Président (M. Filion): C'est sur la même
question?
M. Gendron: Oui. C'est parce que M. le ministre
délégué à la Réforme électorale a
fini par une ou deux remarques à une question posée. Je me sens
obligé d'en faire également une générale. Je pense
que le ministre avait raison de dire qu'il ne faudrait pas en faire une
interprétation très tatillonne, mais je vais être
obligé de dire l'inverse aussi. Il faut absolument que la
confidentialité du vote vous guide, que l'idée d'assurer la
confidentialité du vote soit un des aspects qui vous guident.
Deuxièmement, j'ai toujours dit, et je ne change pas d'avis: Pour
qui que ce soit, i ne faut pas que le jour du scrutin ait été
affaibli par toutes sortes d'autres dispositions de sorte qu'à un moment
donné le vote, le jour du scrutin, ce sera ça qui sera
l'exception. Trois, quatre personnes iront voter le jour du scrutin - je
caricature, je le sais - et toutes les autres auront eu toutes sortes de
dispositions: anticipation, constipation ou toutes sortes de choses. Cela ne
marche pas. Je suis contre cela parce qu'il y a toujours un bout. Le jour du
scrutin doit demeurer le jour du scrutin.
J'ai surtout apprécié votre dernière remarque. Les
centres d'accueil, on s'est bien entendus, il y a une liste et ce sont les
centres d'accueil autorisés. Alors, on ne commencera pas à
déguiser des centres d'accueil sur le coin des rues et un peu partout
qui sont des "influenceurs" forts auprès du DGE ou d'autres personnes.
Je ne marcherais pas là-dedans. Je veux que cela soit très clair,
que tout cela doit être évalué avec équilibre et
jugement. Je pense qu'il faut prendre la remarque du ministre dans ce sens. Il
ne faut pas que cela soit trop serré, mais, d'un autre
côté, il ne faut pas oublier toutes les discussions qu'on a eues
sur d'autres aspects comme la confidentialité du vote, donner
des aspects sécuritaires là-dessus et,
deuxièmement, que le jour du scrutin, c'est censé être la
grande générale. Ce n'est pas supposé être
l'exception. Il faut rester dans ces créneaux. J'y tiens.
Il me reste une question, à moins que... Vous continuez?
M. Gratton: J'en aurais une... M. Gendron: D'accord.
M. Gratton: ...qui toucherait le vote des Québécois
hors Québec. Vous avez mentionné, et on l'a tous vue, la campagne
d'information que vous avez faite ici, au Québec, pour attirer
l'attention des gens sur la possibilité, maintenant, pour les
Québécois temporairement absents du Québec de voter par
correspondance. On a, d'ailleurs, reçu à nos bureaux le
dépliant qui s'intitule "Parce qu'un vote ça compte, la distance
ne compte plus", qui est fort bien fait, d'ailleurs, et qui, quant à
moi, donne toutes les explications voulues. Il y a seulement une question que
cela m'inspire.
Lorsqu'on parle de qui peut faire une demande d'inscription au Directeur
général des élections, on sait que les conditions sont -
j'en fais la lecture, c'est peut-être la façon la plus rapide de
le faire - peut faire une demande d'inscription au Directeur
général des élections toute personne qui est à
l'extérieur du Québec depuis moins de dix ans, possède la
qualité d'électeur au moment de son départ,
c'est-à-dire avait 18 ans accomplis au moment où la personne a
quitté le Québec, et est de citoyenneté canadienne, cela
va sans dire. Là où la question survient, c'est quand on dit: "a
été domicilié au Québec pendant au moins six mois
immédiatement avant son départ." C'est vrai maintenant pour les
personnes qui ont quitté le Québec depuis le 24 avril,
c'est-à-dire depuis l'entrée en vigueur de la loi qui
prévoit qu'est électeur une personne qui a six mois de
résidence au Québec. Mais jusqu'au 24 avril, l'exigence de
résidence était de douze mois.
La question que je pose: Est-ce qu'on n'a pas, en utilisant ce
libellé, élargi la portée de la loi comme telle? Si,
effectivement, la loi avant le 24 avril exigeait, pour avoir la qualité
d'électeur, d'avoir douze mois de résidence, est-ce qu'en disant
que c'est six mois dans le fascicule on n'est pas en train d'accréditer
un certain nombre de gens qui n'étaient pas électeurs au moment
où ils ont quitté, s'ils n'avaient pas douze mois de
résidence, mais qu'ils avaient six mois?
M. Côté (Pierre-F.): Là-dessus, vous avez
raison. Il s'est posé à nous un problème
d'interprétation de l'application de la loi. On a opté pour six
mois plutôt que douze mois. Une des raisons, c'était aussi que,
dans une perspective administrative, il y aurait eu des catégories de
gens qui, avant le 24 avril, auraient été sujets à cette
période de douze mois, l'autre catégorie, après le 24
avril, de six mois et il y aurait eu des complications.
D'autre part, on s'est dit que, dans l'esprit de la nouvelle loi, la
réduction de la période de temps était dans la perspective
de faciliter le droit de vote au plus grand nombre de personnes. On a
opté pour ce choix. Est-ce qu'on a fait une erreur? Je ne le pense pas
parce qu'on a pris la décision. Mais si vous croyez qu'on a fait une
erreur, on peut essayer de la corriger, mais ce serait un peu difficile. On a
plutôt pensé agir dans la perspective de la nouvelle loi, en
appliquant l'article 1 de la nouvelle loi qui parle de la qualité
d'électeur.
M. Gratton: Ce n'est pas à moi de juger, non plus, si cela
porte à conséquence, mais je peux imaginer qu'il pourrait y avoir
contestation. Dans une élection serrée où
l'élection est décidée par quelques voix, cinq ou six, et
où effectivement il y a un certain nombre de Québécois
hors Québec qui auraient été inscrits pour voter dans une
circonscription électorale, on pourrait toujours contester la
qualité d'électeur des gens qui, au moment de leur départ
du Québec, n'avaient pas leurs douze mois de résidence.
M. Côté (Pierre-F.): En fait, si jamais il y avait
contestation, je vous dirais très franchement que je serais
disposé à y faire face sans trop de crainte. Il y a un
problème d'interprétation de l'article 5 qui permet...
M. Gratton: C'est le candidat défait, lui, qui ne serait
peut-être pas...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Pierre-F.): Je pense en termes juridiques,
si jamais on va en cour avec cela. C'est un problème
d'interprétation ou d'application de l'article 5 qui dit "possède
au moment où il quitte le Québec la qualité
d'électeur". Or, c'est une nouvelle disposition et, quand on applique
cette nouvelle disposition, pour savoir ce qu'est: la qualité
d'électeur, il faut se référer à l'article 1.
L'article 1 dit que la qualité d'électeur, c'est un délai
de résidence de six mois. Alors, cette idée de revenir...
À part cela, l'ancienne loi est remplacée. Il y a seulement
certaines dispositions qui continuent à avoir effet, mais elle est
remplacée par cette nouvelle loi. Enfin, je ne suis pas un avocat
pratiquant, mais ma première réaction serait de ne pas trop
craindre une contestation basée sur un fait comme celui-là. Je
pense que c'est défendable.
M. Gratton: Est-ce qu'on ne pourrait pas demander au Directeur
général des élections de commander des avis juridiques sur
la question et de nous les fournir pour qu'on puisse les évaluer? Aussi
bien prévenir que guérir, quant à
moi.
M. Côté (Pierre-F.): Certainement, M. le ministre.
On a déjà consulté là-dessus et on pourra vous
fournir une opinion dans le sens de ce que je viens de vous donner.
Le Président (M. Filion): Sur le même sujet, Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: C'est plutôt technique et peut-être
enfantin, mais je veux savoir: les personnes qui seront autorisées
à voter, dans quel comté s'inscriront-elles? Est-ce qu'elles
votent dans un comté en particulier? Comment cela va-t-il
s'arranger?
M. Côté (Pierre-F.): Dans la loi, il est dit,
à l'article S, que la personne a le choix. C'est soit l'adresse de sa
résidence antérieure au Québec, soit celle de son conjoint
ou celle d'une personne à charge ou d'un parent. Il y a en fait quatre
possibilités. C'est au choix de l'électeur lui-même qui, en
remplissant la formule qu'on retrouve ici, nous indique à quel endroit
il veut que son vote soit comptabilisé.
Le Président (M. Filion): Cela va, Mme la
députée de Groulx? M. le député
d'Abitibi-Ouest.
Irrégularités dans le financement des
partis politiques
M. Gendron: J'aurais quelques questions maintenant, M. le
Directeur générai des élections, sur le financement des
partis politiques. C'est un aspect important de la loi qui vous concerne. Le
premier cas que j'aimerais vous souligner, c'est qu'en mars dernier on a appris
que la section des crimes économiques de la Sûreté du
Québec enquêtait sur de présumées contributions
illégales à la caisse électorale du Parti libéra)
lors de la campagne électorale de 1985. L'information, que vous
connaissez sans doute, est que quatre cadres, et possiblement l'ami de l'un de
ces quatre cadres, également de l'entreprise Agrinove, auraient
versé le maximum autorisé en vertu de la Loi régissant le
financement des partis politiques, à savoir une contribution de 3000 $
au Parti libéral, mais se seraient remboursés à même
les fonds de l'entreprise, c'est-à-dire à même les fonds
d'Agrinove, en falsifiant les comptes de dépenses.
J'aimerais savoir de votre part, d'abord, êtes-vous, comme
Directeur général des élections, au courant de cette
affaire? Deuxièmement, est-ce que vous avez été d'une
quelconque façon associé à l'enquête que la
Sûreté du Québec a menée, selon les informations que
nous en avons? Et est-ce que vous êtes en mesure, à ce moment-ci,
de faire le point, comme Directeur général des élections
et responsable de l'application des dispositions prescrites dans la Loi
régissant le financement des partis politiques, sur le
déroulement de cette enquête, ses conclusions, où ça
en est, est-ce qu'il y a des suites prévues?
M. Côté (Pierre-F.): M'accordez-vous 30 secondes,
s'il vous plaît?
M. Gendron: Minimum. M. Côté (Pierre-F.):
Merci.
Le Président (M. Filion): Est-ce que ça va, M. le
Directeur générai des élections?
M. Côté (Pierre-F.): Oui, M. le Président.
À la suite de la question posée, voici ce que nous avons fait.
Quand on a pris connaissance de cette nouvelle parue dans les journaux - c'est
comme ça qu'on a été mis au courant de cette situation -
nous sommes entrés en relation avec la Sûreté du
Québec. Il n'y a eu que des échanges d'informations. En ce qui
nous concerne, avec la connaissance qu'on a actuellement du dossier, s'il y a
eu infraction et le reste - parce que l'enquête de la Sûreté
du Québec n'est pas terminée, je le comprends - en vertu de
l'ancien titre VIII et des dispositions de la Loi électorale, nous ne
pourrions pas intervenir, parce que, sur ce qui se serait produit à
cette époque - je mets des conditionnels, parce que c'est toujours
encore conditionnel - à notre égard, il y aurait prescription,
parce que tous les événements se seraient passés à
une période, au moment où on en a pris connaissance, trop
reculée dans le temps pour qu'on puisse intervenir. On en est là
pour le moment. On a su de la Sûreté du Québec qu'elle nous
tiendrait au courant de l'évolution de son enquête, mais je n'en
sais pas plus pour le moment.
M. Gratton: Est-ce qu'on me permettrait...
Le Président (M. Filion): Sur la même question?
M. Gratton: Pour la bonne compréhension de tout le monde
et peut-être pour tester ma compréhension des choses, ces gens
auraient contribué de façon légale, dans la mesure
où les chèques encaissés par le parti étaient des
chèques tirés sur leur compte personnel. Là où la
présumée illégalité aurait pu se produire, c'est
que ces individus auraient été remboursés par leur
employeur de ces contributions. Est-ce que c'est exact?
M. Côté (Pierre-F.): C'est ça, M. le
ministre, oui.
M. Gendron: Pas tout à fait, mais avec la...
M. Côté (Pierre-F.): À même des comptes
de dépenses.
M. Gendron: ...nuance que ce sont les
mêmes personnes physiques et non morales qui, selon nos
informations, auraient falsifié la justification, vu qu'elles
travaillent chez Agri-nove, pour prétendre que...
M. Gratton: Oui.
M. Gendron: Elles ont produit, autrement dit, un compte de
dépenses ou une pièce quelconque pour se justifier un
remboursement équivalant à la somme ou à la contribution
qu'elles ont versée au Parti libéral. Dans ce sens, ce n'est pas
juste l'employeur qui aurait été d'accord. Que l'employeur fasse
ça, Je prétends que c'est... Non, le point que je veux marquer,
ce n'est pas que l'employeur fasse ça. Je comprends un peu plus la
réaction du Directeur général des élections de
dire: Moi, que voulez-vous, je ne peux pas être dans ce coup, parce que
c'est la Sûreté du Québec et tout ça. Mais fa loi
dit "une contribution de l'électeur". Alors, quand l'électeur
dit: J'ai fait ce geste, présumément, je suis d'accord. Supposons
qu'il a fait le geste qu'on lui reproche, d'avoir lui-même
falsifié des données pour que ça ne devienne plus une
contribution à même ses fonds propres, mais à même
les fonds de l'employeur, il me semble qu'il y a là un aspect qui
regarde le Directeur général des élections relativement au
financement des partis politiques. (11 h 30)
M. Côté (Pierre-F.): Vous avez raison. Il y a deux
aspects à la question. Il y aurait ou il pourrait y avoir, dans ce cas,
une question de fraude. Si c'est une question de fraude, ça
relève du Code criminel ou du Code pénal; ça ne
relève pas de nous. S'il y a une contribution qui a été
versée contrairement aux dispositions de la Loi électorale, vous
avez raison, ça relève de nous, sauf que, si c'est le cas, dans
des cas comme celui-là, ce qui est prévu dans la Loi
électorale, ce sont des délais d'intervention où on peut
le faire, nous. Alors, évidemment, passé certains délais,
même si on en arrivait à la conclusion qu'ils n'ont pas agi
correctement, on ne pourrait rien faire, sauf le regretter. Mais c'est
là où l'on en est rendu dans ce cas-là.
M. Gendron: On va parler d'un cas qui s'en vient. Alors,
là, il n'y aura pas de prescription de délai. Le 15 septembre
prochain, on a annoncé qu'il y aurait un événement
d'envergure au club de golf Le Portage dans le comté de L'Assomption,
puisque des entrepreneurs en construction routière organisent un tournoi
de golf au profit du financement du Parti libéral du Québec.
M. Gratton: Est-ce que le député d'Abitibi-Ouest me
permettrait de l'empêcher de commettre une bourde? Il faut lire la
lettre. Vous avez une copie de la lettre?
M. Gendron: Vous avez annulé tout ça?
M. Gratton: Non, non, non. Cela a eu lieu en 1988.
M. Gendron: Oui.
M. Gratton: Alors, ce n'est pas à venir.
M. Gendron: Donc, l'information...
M. Gratton: Le 15 septembre 1988, le tournoi a eu lieu au club de
golf Le Portage.
M. Côté (Pierre-F.): C'est une erreur du
journaliste. Le journaliste a pensé que cela aurait lieu au mois de
septembre...
M. Gratton: Ah! Se fier aux journalistes, vous voyez quelle sorte
d'Opposition ça donne!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Pierre-F.): Je vais vous dire que le
journaliste en question était très malheureux et qu'il m'a
téléphoné pour me dire: D'accord.... Il était
malheureux d'avoir fait l'erreur de projeter plutôt que de parler du
passé.
M. Gendron: Mais j'ai l'impression que la question demeure quand
même. La différence...
M. Gratton: La différence, c'est que... M. Gendron:
...c'est que cela a eu lieu.
M. Gratton: ...là, c'est prescrit, oui. Ha, ha, ha!
M. Gendron: Non, ça ne peut pas être prescrit, si
c'est en 1988 et que le délai est de deux ans.
M. Gratton: Mais ce n'est pas à venir. M. Gendron:
C'est ça.
M. Gratton: En fait, c'est à venir, mais ce n'est pas
nécessairement le 15 mars. On n'a pas choisi la date pour celui de
1989.
M. Gendron: Non, mais on va parler de celui qui a eu lieu. Alors,
très sérieusement, sur celui qui a eu lieu, la seule question que
je veux poser, et là je trouve qu'elle est très pertinente,
c'est: Est-ce que vous croyez que c'est conforme ou non aux dispositions de la
Loi électorale, vous, comme Directeur général des
élections, que des personnes morales, en l'occurrence des entrepreneurs
de construction, des compagnies, puissent faire la promotion et l'organisation
d'une activité de financement d'un parti politique? Alors, la question
que je vous pose: Est-ce que vous: croyez que c'est conforme ou non aux
dispositions de la Loi électorale que des entrepreneurs de construction,
qui ne sont pas des
personnes physiques, à moins que je ne me trompe, puissent faire,
par leur nom de compagnie, la promotion et l'organisation d'activités de
financement?
M. Côté (Pierre-F.): Je vais vous dire que nous
avons évidemment pris connaissance de ce cas au moment où il a
été soulevé à l'Assemblée nationale par un
de vos collègues. On a eu les copies des documents qui ont
été déposés et, immédiatement après,
nous avons étudié ce problème. Nous avons entrepris
d'abord, ce que j'appelle une recherche des faits et ensuite une enquête.
J'aurais cru être en mesure aujourd'hui de vous donner le résultat
de notre réflexion là-dessus, mais, malheureusement, j'ai
réalisé ces jours derniers que nos recherches doivent être
poursuivies. Nous ne sommes pas capables d'en arriver à une opinion et
à une décision définitives. Je me plais à dire que,
dans ces cas-là - évidemment, ma réponse ne fera
peut-être pas plaisir, on aura l'impression que j'essaie de contourner,
mais je crois qu'il faut être bien correct - dans ces questions, il faut
savoir se hâter lentement, parce qu'il y a toujours beaucoup de gens
d'impliqués, souvent des organisations ou des corporations. Si on arrive
à la conclusion qu'il y a eu infraction, on va prendre des poursuites,
mais si on en arrive à la conclusion qu'il n'y en a pas eu, on va le
faire savoir aussi. Dans ce cas-là, je m'en voudrais d'émettre
quelque opinion que ce soit tant que notre enquête n'est pas
terminée. Je dois vous dire que, ces jours derniers encore, on a
étudié attentivement cette question et qu'on doit poursuivre
notre enquête.
M. Gendron: Mais vous êtes bien conscient que, sur cette
question, c'est vraiment votre responsabilité de Directeur
général des élections de faire enquête et de
conclure sur l'aspect que des personnes morales, contrairement aux dispositions
de la loi, ont été associées à un
événement de financement de parti politique.
M. Côté (Pierre-F.): C'est assurément de
notre responsabilité, de notre juridiction de regarder attentivement ce
qui s'est produit dans ce cas comme dans d'autres. Nous allons sous peu prendre
les décisions qui s'imposent. Si on arrive à la conclusion, comme
je l'ai dit, qu'il y a infraction à la loi, on va intenter des
poursuites. S'il n'y en a pas, on va le dire et on dira pourquoi, dans notre
esprit, il y en a ou il n'y en a pas.
M. Gendron: D'ores et déjà, on peut conclure qu'il
y aura une décision dans ce dossier de la part du Directeur
général des élections, pour dire s'il y a infraction ou
pas.
M. Côté (Pierre-F.): Oui et, j'espère, dans
les plus brefs délais. J'espère que c'est dans les semaines
à venir au plus tard qu'on aura une décision qui sera
communiquée publiquement à ce moment-là.
Le Président (M. Filion): La saison de golf commence.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Filion): M. le ministre, la saison de
golf commence.
M. Gratton: Oui.
M. Gendron: Un autre cas qui...
Le Président (M. Filion): Sur le même sujet.
M. Gratton: M. le Président, sur celui-là. Il me
semble que le député d'Abitibi-Ouest y va de façon un peu
superficielle. Je suis bien placé pour en parler. Il s'agit du tournoi
de golf CGP, C pour Charlesbourg, G pour Gatineau, P pour Portneuf ou pour
Côté, Gratton, Pagé. Il s'agit effectivement d'un tournoi.
C'était organisé pour la deuxième année l'an
dernier. Effectivement, il y a un comité organisateur dont sont membres
des individus, pas des entreprises, qui, dans deux cas, sont des gens
associés; en tout cas, dans un cas, un était associé
déjà. Il s'est départi de son entreprise, donc n'est plus
associé à une compagnie de construction routière. Dans
l'autre, c'est une compagnie de construction routière et, dans le
troisième, c'est une compagnie de produits qui ne fait pas affaire avec
le gouvernement, mais qui fait affaire avec ces deux autres personnes.
L'en-tête de lettre est imprimé au nom du tournoi et non au nom
des entreprises. Les coûts d'impression sont défrayés par
l'organisation du tournoi. Finalement, ce que ces trois personnes font, elles
le font bénévolement. Moi, je suis tout à fait à
l'aise, car, quand on connaîtra les conclusions de l'enquête du
Directeur général des élections, tout ça va
ressortir. Donc, il n'y a absolument aucune contribution
détournée, indirecte, d'entreprises, si ce n'est que des
individus, qui sont actionnaires ou employés d'entreprises, mettent
leurs efforts bénévolement au service du Parti libéral
dans le cadre de l'organisation d'un tournoi de golf qui, soit dit en passant,
est un succès tout à fait extraordinaire.
M. Gendron: Je n'en doute pas, avec le spécialiste golfeur
qu'est le leader du gouvernement.
M. Gratton: En plus, oui. Tout le monde veut le voir jouer,
à défaut de le voir patiner.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: M. le Président, je ne partage pas
l'allégation du leader du gouvernement selon laquelle on y va
superficiellement, quand on
sait, par exemple, que dans ces beaux papiers sous l'étiquette du
Parti libéral, il n'en demeure pas moins que tous les numéros de
téléphone pour s'inscrire, pour ceux qui le désirent, ce
sont les numéros de téléphone des entreprises de
construction.
M. Gratton: On n'était quand même pas pour mettre
les numéros de téléphone de l'Assemblée
nationale.
M. Gendron: Non, je suis d'accord. Sauf que, quand ce sont les
numéros de téléphone des entreprises de construction, vous
avez bien beau interpréter qu'il s'agit des personnes physiques, moi, je
ne suis pas d'accord. Quand on dit: Appelez chez Beaver Asphalt, Beaver
Asphalt, c'est une entreprise de construction. Si le numéro de
téléphone est le numéro de la firme et non plus de
l'individu...
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président.
Le numéro de téléphone de la firme, d'accord, mais quand
il dit: Appelez chez Beaver Asphalt... D'abord, Beaver Asphalt n'est pas
impliquée.
M. Gendron: Non, je sais. J'ai donné ça comme
exemple.
M. Gratton: II n'y a aucun nom de compagnie qui apparaît,
nulle part. Évidemment, les gens qui se connaissent peuvent dire: Oui,
c'est M. X de telle compagnie. C'est vrai de n'importe qui qui gagne sa vie
honorablement quelque part au Québec. Il n'y a absolument aucune
mention, aucune allusion directe ou indirecte faite à des entreprises.
Toutes les dépenses qui sont rendues nécessaires par
l'organisation du tournoi sont défrayées à partir des
revenus du tournoi. C'est ainsi que, si 160 personnes participent au tournoi de
golf à raison de 1000 $ par personne, les revenus nets de
l'activité ne sont pas de 160 000 $, mais sont de 160 000 $ moins les
dépenses qui n'incluraient pas les frais pour le jeu et les
dépenses d'organisation qui incluent les services
téléphoniques, la poste, les timbres, etc.
M. Gendron: Le leader du gouvernement va sans doute - je vais
conclure là-dessus - convenir avec moi que ça aurait
été probablement plus prudent de mettre le numéro de
téléphone de la permanence du Parti libérai que celui des
entreprises concernées. À ce moment-là, il y aurait eu
moins d'associations potentielles.
M. Gratton: Écoutez, je ne sais pas comment le Parti
québécois organise ses tournois de golf. Il faut savoir que
ça en prend au moins quatre pour organiser un tournoi de golf. C'est
peut-être pourquoi on n'en voit pas du côté du Parti
québécois. S'il vous plaît, laissez-nous le soin
d'organiser nos choses de la façon qu'on choisit.
M. Gendron: Et nous, laissez-nous le soin de demander au
Directeur général des élections de fouiller cela parce
qu'on trouve qu'il y a là un aspect qui n'est pas conforme à
l'esprit de la Loi régissant le financement des partis politiques. Les
entrepreneurs de construction sont impliqués; la preuve, c'est qu'ils
enquêtent et on verra les conclusions de l'enquête.
L'autre cas, c'est l'association libérale de Rosemont. On
annonçait, le 3 avril 1989, que l'association du Parti libéral de
Rosemont tenait une soirée partisane à la salle Le National du
centre sportif Paul-Sauvé et on disait à la population, qui a
été invitée à plusieurs reprises par la voie des
journaux locaux, par le représentant de Rosemont à
l'Assemblée nationale, le Dr Guy Rivard, que tout serait gratuit. Une
Invitation gratuite qui était vraiment très signalée. On
sait que, lors de cette soirée, des personnes se sont vu remettre, pour
une soirée gratuite, des prix de présence fournis par des
commanditaires dont, par exemple, une caméra de 35 mm par la Pharmacie
Mayrand, un miroir de qualité - selon ce qu'on a comme information - par
la Vitrerie Masson, etc.
Le 13 avril dernier, l'exécutif du Parti québécois;
du comté de Rosemont vous avait demandé de statuer sur cette
affaire. Sans faire tout le tour des questions, est-ce que la Pharmacie Mayrand
ou la Vitrerie Masson ou Rosemont Sports peuvent être des
électeurs au sens de la loi? Je ne le pense pas. L'article 365 dit
très clairement que cela ne peut pas être des électeurs au
sens de la loi. J'aimerais que vous fassiez le point dans ce dossier. Est-ce
qu'une enquête a été instituée? Si oui, est-elle
terminée? Quelles sont vos conclusions? Si vous avez institué une
enquête et que vous en êtes arrivé à la conclusion
qu'encore là il n'y avait pas matière à reprocher à
l'association de comté du Parti libéral de Rosemont d'avoir
procédé illégalement, il y a une série d'articles,
que ce soit 365, 367, 368, 373, 377, qui nous permettent de douter de
l'application intégrale non seulement de l'esprit, mais également
de la lettre du financement des partis politiques. J'aimerais avoir vos
commentaires à ce sujet, M. le Directeur général des
élections.
M. Côté (Pierre-F.): Ma réponse sera la
même que la précédente, M. le député. J'avais
comme objectif ce matin d'essayer d'arriver avec des réponses sur ce
dossier également. De fait, on a été saisis de cette
question. On a fait la recherche des faits. On procède à une
enquête qui n'est pas encore terminée complètement. Il nous
reste des compléments d'information à obtenir. Dès qu'on
aura terminé, on procédera à l'analyse minutieuse de tous
les résultats de nos recherches et on verra s'il y a lieu de poser
encore des gestes, comme je l'ai dit tout à l'heure, soit sous forme de
lettre de réflexion
qu'on pourrait soumettre aux gens concernés ou de poursuite, si
on en arrive à cette conclusion.
Le Président (M. Filion): Cela va?
M. Gendron: Cela va. J'ai d'autres questions sur les
crédits comme tels. Je ne sais pas si le ministre en a d'autres.
Le Président (M. Filion): M. le ministre?
M. Gratton: Non.
Le Président (M. Filion): Non?
M. Gratton: On peut poursuivre.
Le Président (M. Filion): Allez-y, M. le leader de
l'Opposition.
Adoption des prévisions
budgétaires
M. Gendron: Rapidement, sur les crédits, M. le Directeur
général des élections, ce n'est pas majeur, mais, dans le
chapitre traitements 1, vous indiquez qu'en 1988-1989 cela avait
coûté 5 400 000 $ alors que, pour l'année en cours, vous
estimez que 5 100 000 $ seront suffisants, donc, un écart de 300 000 $
en moins. J'aimerais avoir une explication. Comment se fait-il que vous
pourriez économiser 300 000 $ au chapitre des traitements, à la
rubrique fonctionnement-personnel? Est-ce parce qu'il y a des postes qui vont
se libérer, que vous n'entendez pas être en mesure de les combler
et qu'en conséquence cela vous permet d'envisager une économie
potentielle de 300 000 $?
M. Côté (Pierre-F.): Je n'ai peut-être pas
très bien saisi, mais il faut bien voir les chiffres. Ce que vous
mentionnez, c'est que les prévisions budgétaires de 1988-1989
étaient de 5 400 000 $ et l'estimation des dépenses de 5 100 000
$. Il y a un écart de 300 000 $ sur l'an dernier, pas sur les
prévisions à venir.
M. Gendron: Non, non. C'est 1988-1989.
M. Côté (Pierre-F.): C'est ça. La note 10
vous indique que l'écart provient de la difficulté de doter
certains postes réguliers devenus vacants en cours d'exercice. C'est un
peu normal comme chiffres, il y a eu sept ou huit postes vacants au cours de
l'exercice. Ce sont des postes vacants qu'il faut combler. On peut le faire
pendant l'exercice ou on ne le fait pas, on le fait un peu plus tard. Cela
tombe dans un autre exercice. De fait, je pense qu'actuellement il reste deux
postes vacants. C'est ce qui explique qu'on n'a pas dépensé ces
300 000 $.
M. Gendron: D'accord. À la page 13 du document "Directeur
général des élections, Prévisions
budgétaires, Rapport financier prélimi- naire",
élément 3, activités électorales, il y a une
catégorie 11 qui s'appelle autres dépenses. Dans autres
dépenses, les prévisions 1988-1989 étaient de 2 130 000 $
et les estimations de dépenses au 31 mars sont de 2 210 000 $. Donc, il
y a un écart de 80 000 $ à la catégorie 11, autres
dépenses. Est-ce que cela va, juste pour se situer?
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
M. Gendron: J'aimerais savoir encore comment vous expliquez les
coûts supplémentaires de l'ordre de 80 000 $ à la
catégorie autres dépenses. C'est une catégorie tellement
large. Comment s'expliquent les 80 000 $ dans autres dépenses?
M. Côté (Pierre-F.): Il y a certaines
activités qui ont entraîné des dépenses plus
élevées que prévu, comme les élections partielles,
et surtout le concours de recrutement des directeurs du scrutin. À
l'intérieur de cette catégorie, on a fait des virements. Par
contre, les dépenses en réapprovisionnement de matériel
électoral ont été moindres parce qu'on a attendu
jusqu'à la dernière minute l'adoption de la loi et les nouvelles
formules. Par exemple, en réapprovisionnement, on avait prévu
dépenser une somme de 500 000 $ et, en fait, on n'en a
dépensé que 242 000 $. C'est comme cela que s'explique finalement
l'écart de 80 000 $.
M. Gendron: M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions à poser au Directeur général des
élections sur ses prévisions budgétaires.
Le Président (M. Filion): Cela va. M. le ministre.
M. Gratton: Comme je l'avais indiqué au début, M.
le Président, la façon de présenter les informations est
tellement agréable et facile à suivre que les questions qu'on
aurait pu avoir ont déjà trouvé réponse dans les
documents.
Je remercie le Directeur général des élections et
les personnes qui l'accompagnent en leur souhaitant un bon été
1989. Je ne pense pas qu'on ait l'occasion de se revoir ici avant la fin de la
session, à moins que vous ne nous signifiiez qu'il faille amender la Loi
électorale, comme on en a parlé tantôt, ce que je ne
souhaite pas plus qu'il ne le faut, pour tout vous dire.
Le Président (M. Filion): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Rapidement, je voudrais remercier le Directeur
général des élections ainsi que son personnel.
J'espère que vos activités estivales ne seront pas
perturbées par une quelconque décision qui viendrait vous
empêcher...
Une voix: Ah! Mon Dieu, il ne veut pas d'élection.
M. Côté (Pierre-F.): Si vous me le permettez, juste
un mot de remerciement, pour vous dire jusqu'à quel point
j'apprécie cette rencontre annuelle avec vous et la façon dont
cela se déroule. Je suis d'autant plus heureux si les documents qu'on
vous a présentés sont bien faits et clairs. J'ai toujours dit
qu'il fallait qu'on ait une administration transparente. Il semble que ce soit
le cas. Je pense qu'on n'a qu'à s'en féliciter, tout le monde,
comme vous l'avez souligné. J'apprécie beaucoup vos remarques
à cet égard.
M. Grattoir. Est-ce que je peux me permettre d'ajouter quelque
chose?
Le Président (M. Filion): Oui, je vous en prie, M. le
ministre.
M. Gratton: J'espère que, de votre côté, vous
trouverez tout aussi claire et facile à interpréter la nouvelle
Loi électorale qu'on a adoptée avec votre concours, bien
sûr.
M. Côté (Pierre-F.): Jusqu'à maintenant, il
n'y a pas de problème.
Le Président (M. Filion): Avant de lever notre
séance, est-ce que la commission approuve les prévisions
budgétaires du Directeur général des élections et
de la Commission de la représentation pour l'année
financière 1989-1990? Approuvé.
Nos travaux sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 11 h 50)