Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
mardi 10 novembre 2020
-
Vol. 45 N° 101
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 72, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant principalement des organismes du domaine de la sécurité publique
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des institutions ouverte et je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques. La commission
est réunie afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre des
consultations particulières sur le projet de loi n° 72, Loi
modifiant les dispositions législatives concernant principalement des
organismes du domaine de la sécurité publique. Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Lachance (Bellechasse) sera remplacée par M. Chassin
(Saint-Jérôme); M. Tanguay (LaFontaine), par M. Rousselle (Vimont);
et M. LeBel (Rimouski), par M. Ouellet (René-Lévesque).
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Aujourd'hui, à l'ordre du jour de cet après-midi, nous aurons...
Une voix
: ...
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, oui.
La Secrétaire
: ...par
procuration.
Le Président (M. Ciccone) :
Ah! O.K. Y a-t-il des droits de vote, Mme la Présidente... pardon, Mme la
secrétaire, par vote par procuration, s'il vous plaît?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Lévesque (Chapleau) pourra voter pour les quatre députés
suivants : M. Bachand (Richmond); Mme Lavallée (Repentigny);
Mme Lecours (Les Plaines); et M. Martel (Nicolet-Bécancour). Et
M. Rousselle (Vimont) pourra voter pour M. Birnbaum (D'Arcy-McGee).
• (15 h 30) •
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. À l'ordre du jour de cet après-midi, nous aurons la Fédération
des chambres de commerce du Québec, l'Association des brasseurs du Québec et la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Je souhaite maintenant la
bienvenue à la Fédération des chambres de commerce du Québec. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc...
15 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Ciccone) :
...l'Association des brasseurs du Québec et la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante. Je souhaite maintenant la bienvenue à la Fédération
des chambres de commerce du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter ainsi
que la personne qui vous accompagne et à procéder à votre exposé. La parole est
maintenant à vous.
M. Milliard (Charles) :
Alors, merci, M. le Président. Donc, je me présente, Charles Milliard, président-directeur
général de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Je suis accompagné
de M. Mathieu Lavigne, conseiller principal, affaires publiques et
économiques à la même fédération. Alors, je vous remercie de nous donner
l'occasion de nous entretenir avec vous, aujourd'hui, sur le projet de loi
n° 72, donc, Loi modifiant diverses dispositions
législatives concernant principalement des organismes du domaine de la sécurité
publique. Bref rappel de la FCCQ. Donc, nous sommes évidemment comme
vous le savez, je pense, une fédération de chambre de commerce et aussi une chambre
de commerce provinciale. Avec notre réseau de près de 130 chambres de
commerce et de 1 100 membres corporatifs, donc, nous représentons
près 50 000 entreprises de tous les secteurs de l'économie et sur
l'ensemble du territoire québécois.
Alors, aujourd'hui, d'entrée de jeu, je
souhaite cadrer la teneur de nos commentaires et de nos recommandations
puisque, comme vous vous en doutez, nous allons concentrer notre action sur une
partie précise du projet de loi aujourd'hui. Conséquemment, nous laisserons de
côté les chapitres I et II du projet de loi pour discuter plutôt des
mesures concernant les permis d'alcool et les boissons alcooliques contenues
dans le chapitre III. Nous aurons aussi, si vous le voulez bien, quelques
suggestions d'inclusions qui nous apparaissent essentielles pour ce même
chapitre du projet de loi.
La crise de la COVID-19 frappe fort dans
l'ensemble de la société québécoise. Et le milieu entrepreneurial n'y échappe
particulièrement pas, vraiment pas. Les restaurateurs sont au coeur de cette
tempête, recevant des coups durs de toute part. Comme vous le savez, comme tous
les Québécois le savent, ils ont dû fermer leurs salles à manger du
23 mars au 22 juin dernier, selon la région, pendant la première
vague de la COVID-19. Ils ont ensuite, nous le savons tous également, dû fermer
de nouveau leurs salles à manger depuis le 1er octobre pour répondre au défi
du premier ministre, au rythme du passage de leurs régions respectives en
niveau d'alerte maximale, donc, la fameuse zone rouge. Et les annonces qu'on a
entendues à 13 heures aujourd'hui n'améliorent évidemment pas le portrait.
Bien que la fédération appuie, évidemment,
l'imposition par le gouvernement des mesures sanitaires recommandées par la
Santé publique, nous tenons quand même à souligner aujourd'hui que les
restaurateurs s'étaient ajustés pour la très grande majorité et ont offert un
service sécuritaire pendant toute la période où ils ont été ouverts cet été.
L'industrie a notamment travaillé de concert avec la CNESST afin d'élaborer un
guide de normes sanitaires en milieu de travail pour les secteurs de la
restauration et des bars. Vous avez sûrement comme moi fréquenté des
restaurants cet été et été impressionnés par la capacité d'adaptation de nos
restaurateurs et leur ingéniosité à s'adapter et à conjuguer avec toutes ces
variables quasi impossibles.
La décision prise par le gouvernement de fermer
pour une seconde fois les salles à manger des restaurants a un impact
extrêmement important sur la viabilité financière et la santé mentale de ceux
et celles qui les dirigent. La croissance des commandes pour emporter ou livrer
chez le consommateur est loin de combler le manque à gagner causé par
l'interdiction de ce qui constitue un élément fondamental pour nos
restaurateurs, l'expérience offerte en salle à manger. Cette crise cause
évidemment...
M. Milliard (Charles) : …important sur
la viabilité financière et la santé mentale de ceux et celles qui les dirigent.
La croissance des commandes pour emporter ou livrer chez le consommateur est
loin de combler le manque à gagner causé par l'interdiction de ce qui constitue
un élément fondamental pour nos restaurateurs, l'expérience offerte en salle à
manger. Cette crise cause évidemment un effet domino, entraînant avec elle les
fournisseurs de denrées alimentaires et de produits alcoolisés qui, à leur
tour, subissent, évidemment, une baisse de leurs ventes.
Actuellement, les restaurants n'ont le
droit de livrer des produits alcoolisés, pardon, que s'il s'agit de l'un de
leurs employés qui effectue la livraison. La vaste majorité des restaurants ne
disposent pas, évidemment, de système de livraison, donc ils ne peuvent se
prévaloir de cette option.
La crise actuelle frappant durement à la
fois les restaurateurs, mais aussi les producteurs de produits alcoolisés,
l'occasion est donc belle et il apparaît plus opportun que jamais de s'attaquer
à cet enjeu. Le développement des intermédiaires de livraison de nourriture,
qu'on pense à DoorDash, SkipTheDishes, Uber Eats, au cours des dernières années
vient rendre évidente la mise en place d'une solution simple à ce
problème : mettre fin à l'interdiction de livraison de produits alcoolisés
par des tiers.
Si les nombreux restaurants faisant
affaire avec de tels intermédiaires pouvaient inclure de l'alcool dans leur
menu disponible, cela bénéficierait, évidemment, aux restaurants, aux producteurs,
aux intermédiaires, mais aussi, peut-être, surtout aux consommateurs, qui
obtiendraient une offre élargie de produits qui répondraient davantage à leurs
besoins.
La livraison d'alcool à domicile, on le
sait, est déjà permise au Québec, que ce soit auprès de la SAQ, des épiceries
ou des restaurants, comme je le mentionnais tout à l'heure, qui disposent de
leur propre service de livraison. Il n'y a donc pas vraiment de raison qui
justifierait de continuer de priver les autres restaurants de cette possibilité.
Petit
historique important : la FCCQ avait d'abord proposé d'inclure cette
mesure dans le défunt projet de loi n° 61 afin d'expédier ce changement et
d'éviter qu'une éventuelle deuxième vague de COVID-19 soit encore plus néfaste
pour les restaurants et les fournisseurs. Cette proposition avait été retenue
par le gouvernement, qui avait soumis, d'ailleurs, aux parlementaires des
amendements à cet effet. Nous avions d'ailleurs salué cette décision.
Malheureusement, comme on le sait, l'interruption de l'étude de ce projet de
loi, le 12 juin dernier, a mis sur la glace cette proposition jusqu'à la
rentrée parlementaire de cet automne.
Nous sommes
ensuite revenus à la charge, en bons soldats, en plaidant pour l'inclusion de
cette mesure dans le projet de loi n° 66, le successeur du projet de loi
n° 61, quelques jours, donc, avant la présentation du présent projet de
loi n° 72, qui répond finalement à cette demande.
Puisque cette
mesure fait consensus à l'Assemblée nationale, nous vous recommandons donc
d'adopter intégralement, et aussi rapidement, les articles 51 à 65 du
présent projet de loi, afin de permettre la livraison d'alcool par des tiers.
Nos restaurateurs ont assez attendu.
Maintenant,
puisque le gouvernement consacre le chapitre III du présent projet de loi
à la modernisation de l'encadrement de la vente de produits alcoolisés,
considérant que l'occasion est belle de discuter d'autres mesures qui
pourraient aisément être ajoutées à ce chapitre afin… d'atteindre, pardon,
l'objectif pleinement recherché par le gouvernement.
Parmi les
propositions présentées dans notre mémoire, permettez-moi de jeter l'éclairage
sur trois recommandations sur lesquelles nous serions heureux d'échanger avec
vous aujourd'hui. Premièrement, accélérer l'entrée en vigueur des…
M. Milliard (Charles) :
...discuter d'autres mesures qui pourraient aisément être ajoutées à ce
chapitre afin... d'atteindre, pardon, l'objectif pleinement recherché par le gouvernement.
Parmi les propositions présentées dans
notre mémoire, permettez-moi de jeter l'éclairage sur trois recommandations sur
lesquelles nous serions heureux d'échanger avec vous aujourd'hui. Premièrement,
accélérer l'entrée en vigueur des dispositions de la loi n° 170 adoptée en
2018 permettant de moderniser et simplifier la réglementation concernant la
vente des boissons alcooliques, mais aussi l'obtention des permis. Deuxièmement,
procéder à un changement d'indexation du prix minimum sur la bière en fonction
de l'inflation alimentaire. Et finalement permettre aux établissements
licenciés de vendre pour consommation sur place des boissons infusées au
cannabis en vue de leur réouverture post-COVID.
En somme, dans le dossier des produits
alcoolisés, nous demandons aux parlementaires une chose qui se résume assez
simplement. Si les restaurants doivent être fermés, qu'on permette au moins aux
modes alternatifs de vivre une expérience de restauration d'être les plus
ouverts possible.
Enfin, la FCCQ tient à rappeler aux
parlementaires que, lors de l'étude du projet de loi n° 61 en juin
dernier, une autre proposition importante et cruciale pour la relance
économique avait été introduite par le gouvernement via un autre amendement, la
protection des locataires commerciaux contre les évictions. Cet amendement
faisait écho à une mobilisation importante de nombreuses organisations du
milieu économique. Je me permets de les rappeler : la FCCQ, Conseil
canadien du commerce de détail, Conseil québécois du commerce de détail, la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la grappe Mmode,
Restaurants Canada, l'Association Restauration Québec. Alors, vous conviendrez
avec moi que c'est une coalition qui ratisse large et qui, je pense, mérite
d'être entendue.
Cette mesure, donc, temporaire et surtout
à coût nul pour l'État permettrait à bon nombre d'entreprises de traverser plus
facilement la crise actuelle en les protégeant contre les évictions. Elle ne
dispense pas, évidemment, les entreprises de leur obligation de payer leur
loyer, bien sûr. Mais elle vise à reconnaître que les fermetures et
restrictions imposées afin de limiter la propagation de la COVID-19 ont fait
chuter les revenus et, par conséquent, bien sûr, les réserves de liquidités de
nombreuses entreprises notamment, notamment, dans le domaine de la
restauration.
La FCCQ recommande donc d'amender le
projet de loi n° 72 afin d'intégrer les dispositions législatives
nécessaires visant la protection des locataires commerciaux contre toute
éviction et saisie de biens advenant, donc, une situation d'urgence décrétée
par le gouvernement comme aujourd'hui qui amènerait des entreprises locataires
à devoir cesser leurs activités pour respecter les directives publiques, ce que
l'on souhaite tous et toutes.
Enfin, il est difficile pour nous de se
présenter en commission parlementaire sans rappeler que la FCCQ a fait un
vibrant plaidoyer lors des consultations du projet de loi n° 66 en faveur
d'un allègement réglementaire urgent et pressant pour nos entrepreneurs.
Vraiment, pour nos entrepreneurs, le portrait aujourd'hui est d'une grande
simplicité : la tête est pleine, les coffres sont vides, les batteries
sont à terre. Alors, s'il vous plaît, tenons-en compte dans nos décisions et
laissons-leur se concentrer sur leur survie, la santé de leur organisation,
mais aussi la santé de ceux et celles qui la composent.
En conclusion, la FCCQ recommande donc
évidemment l'adoption du projet de loi n° 72 aussitôt
que possible, en incluant les amendements de bonification qu'elle soumet...
M. Milliard (Charles) : ...les
batteries sont à terre, alors, s'il vous plaît, tenons-en compte dans nos
décisions et laissons-leur se concentrer sur leur survie, la santé de leur organisation,
mais aussi la santé de ceux et celles qui la composent.
En conclusion, la FCCQ recommande donc
évidemment l'adoption du projet de loi n° 72 aussitôt
que possible, en incluant les amendements de bonification qu'elle soumet, afin
d'aider les restaurateurs qui attendent depuis longtemps cette belle nouvelle.
Les mesures contenues dans ce projet de loi, ainsi que dans le projet de loi n° 66, par ailleurs, sont essentielles et doivent être
adoptées avant la fin de la présente session parlementaire, et le temps se fait
court. L'occasion est ici donnée à l'Assemblée nationale d'envoyer un puissant
signal d'appui aux entrepreneurs de toutes nos régions. Nous comptons sur vous
et nous serons heureux de répondre à vos questions. Merci.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. Milliard, pour votre exposé. Nous allons maintenant
commencer la période d'échange avec Mme la ministre pour un temps de
17 min 30 s. À vous la parole.
Mme Guilbault :
Merci beaucoup, M. le Président. Bien, bonjour, messieurs, nos deux
représentants. Votre collègue ne s'est pas adressé à nous, mais je vous salue
tous les deux, bien sûr. Merci d'être avec nous cet après-midi. Puis comme vous
êtes notre premier groupe, cet après-midi, je vais en profiter pour saluer tout
le monde, tous ceux qui sont avec nous dans la salle, mes collègues élus, mes
collègues députés de toutes les formations politiques, le personnel qui nous
accompagne, c'est toujours un plaisir d'être en commission sur la Commission
des institutions, nos équipes respectives, et tout ça. Donc, un grand merci, la
Fédération des chambres de commerce. De toute façon, c'est toujours un acteur
très, très intéressant à entendre. De par l'amplitude de votre mission, vous
pouvez vous promener dans toutes sortes de projets de loi puis, j'imagine, dans
diverses commissions, selon la teneur du projet de loi. Puis comme vous disiez,
évidemment, vous ne venez pas ici pour nous parler de l'UPAC ou du BEI, c'est
une évidence, mais bien pour nous parler du créneau qui touche, entre autres,
l'industrie de la restauration. Donc, très, très intéressant de vous avoir. Un
gros merci d'être avec nous.
Et je vous avoue que je ne suis pas
tellement surprise, dans le sens où je tenais pour acquis que la Fédération des
chambres de commerce serait favorable à notre projet de loi, parce que la
partie qui touche la restauration, la livraison d'alcool, entre autres, et tout
ça, bien, ça partait vraiment d'une pure intention d'aider. Puis c'est des
amendements, vous l'avez dit, qu'on a traînés d'un projet de loi à l'autre ou,
en tout cas, qu'on avait mis dans le n° 61, qui, pour
toutes sortes de raisons, n'est pas allé dans le n° 66,
puis que moi, je me suis empressée de rapatrier dans mon n° 72
en en faisant justement un omnibus, pour pouvoir les mettre quelque part, parce
que ça fait plus de deux ans que le projet de loi n° 170
a été adopté, et donc qu'il n'a pas été mis en oeuvre. Donc, ça... ces
amendements-là font consensus. Puis ça, on en discute cet après-midi, mais je
m'attends même à ce que tout le monde soit pas mal d'accord sur le fondement de
ce qu'on appelait des amendements, dans le temps, mais qui sont maintenant des
articles de projet de loi en bonne et due forme. Et donc quand vous disiez que
vous aviez vivement plaidé pour les réinclure au n° 66,
bien, sachez que ça n'a pas été au n° 66, mais quand
même les plaidoyers cumulés ont fait en sorte que c'est aujourd'hui dans le n° 72, ça fait qu'on est tous très, très contents.
Sur les éléments précis, on a la
possibilité, désormais, si on adopte le projet de loi, de pouvoir servir de
l'alcool sans nécessairement servir de repas, en modifiant la notion, là... en
incluant la notion d'aliment plutôt que de repas, et la possibilité de déléguer
la livraison d'alcool...
Mme Guilbault :
…donc on tous très, très contents. Sur les éléments précis, on a la possibilité
désormais, si on adopte le projet de loi, de pouvoir servir de l'alcool sans
nécessairement servir de repas, en modifiant la notion, là… en incluant la
notion d'aliment plutôt que de repas, et la possibilité de déléguer la
livraison d'alcool accompagné d'un repas. Pour ce que vous en savez chez vos
membres qui sont directement touchés par ces nouveautés-là, est-ce que… là,
évidemment, ça fait drôle de parler de ça, de pouvoir servir de l'alcool avec des
repas, sans nécessairement servir de repas parce que les restaurants sont
fermés, pour la grande majorité, à cause du rouge qui est pas mal partout,
mais, en temps normal, disons, est-ce que vous croyez que ce sera une
modification qui pourra vraiment apporter une bouffée d'air ou vraiment une
bonne nouvelle, enfin, dans la vie de nos entrepreneurs en restauration, dans
ce contexte un peu de marasme lié à la pandémie?
M. Milliard (Charles) :
Alors, écoutez, vous n'étiez pas surpris de notre position, vous ne serez pas
surpris de ma réponse, là, évidemment, que ce sera une bouffée d'air frais. Par
contre, il ne faut jamais nous prendre pour acquis, on pourrait vous
surprendre. Je vous dis ça à la blague, mais, sérieusement, évidemment que ça
ne réglera pas toute la situation pour les restaurateurs en ce moment, vous le
savez à quel point… puis j'imagine que vos commettants dans vos circonscriptions
vous en parlent aussi. Nous, la pression est très forte de réagir et de
soutenir nos restaurateurs en ce moment. Donc, on veut se faire bon joueur avec
la Santé publique parce que c'est ce qui doit prévaloir en ce moment.
Mais, évidemment, l'image que j'utilisais tout
à l'heure, donc on peut accepter que certains restaurants ou certains commerces
soient fermés, mais on doit permettre l'expérience de restauration, à
l'extérieur des murs, d'être la plus ouverte, la plus généreuse possible, et
ça, ça va permettre de donner une bouffée d'air frais, c'est bien évident.
Mathieu, est-ce que tu aurais d'autres commentaires?
M. Lavigne (Mathieu) : Non,
mais simplement peut-être ajouter que, pour beaucoup de restaurants, l'offre
d'alcool qu'ils ont à leur carte est un élément important de leur offre de
produits. Donc, ça peut vraiment aller rechercher une partie de la clientèle
qu'ils ont perdue en raison des circonstances actuelles. Donc, il y a vraiment
quelque chose là-dedans, beaucoup de nos membres nous en parlent de cet
élément-là.
Mme Guilbault :
Oui, merci. Bien, effectivement, nous autres aussi, dans toutes nos
circonscriptions, là, c'est un problème, c'est ça, ça fait longtemps que ça
traîne et puis, tant mieux, si on peut enfin l'adopter puis le mettre en
oeuvre. Même chose pour la livraison, le fait d'avoir son propre service de
livraison, c'est lourd en 2020, pour certains restaurants qui ne sont pas
habitués de l'avoir, qui ne sont pas des Normandin, qui ne sont pas
des — j'oublie le nom, là, du restaurant — des Dominos
Pizza. D'ailleurs, j'ai moi-même été livreuse de pizza chez Dominos pendant mon
bac à l'université, et je le dis comme ça, parce que ça s'y prête, là, ça n'a
pas de rapport avec le projet de loi évidemment.
Et donc c'est ça, alors… Donc, c'est lourd
de s'instaurer comme ça un service, alors que, des fois, c'est vraiment
ponctuel comme ça, à la pièce, à toute heure, et tout ça. Alors, est-ce que ça
aussi, est-ce que vous l'entendez de plus en plus chez vos membres à mesure
qu'on évolue avec les technologies, puis avec tout ça? Les gens maintenant sont
sur leur application pour se commander du McDo, puis tout ça, ce serait
impensable de s'être fait livrer du McDo à une autre époque. Donc…
Mme Guilbault :
...un service, alors que des fois, c'est vraiment ponctuel, bon, comme ça, à la
pièce puis, bon, à toute heure et tout ça. Alors, est-ce que ça aussi, est-ce
que vous l'entendez de plus en plus chez vos membres, à mesure qu'on évolue
avec les technologies puis avec tout ça? Les gens maintenant sont sur leur application
pour se commander du McDo. Ça serait impensable de s'être fait livrer du McDo à
une autre époque. Donc, bref, est-ce que ça aussi, vous le sentez, cette
avidité-là, chez vos membres, de pouvoir enfin déléguer la livraison?
M. Milliard (Charles) : Bien,
je pense qu'en fait, ce n'est pas les employeurs qui décident, c'est les
consommateurs puis on le voit maintenant. C'était anecdotique, au départ, les
commandes via des tiers. Maintenant, je suis certain que vous le vivez tous et
toutes, les gens qui sont présents à la commission, comme nous. C'est maintenant
rendu pratiquement dans les us et coutumes, là, de plusieurs personnes, peut-être
plus en ville, mais...
Donc, les consommateurs, c'est ce qu'ils
demandent, de pouvoir, dans une même application, commander un peu partout,
hein? Je prends exemple à Montréal, c'est fou qu'est-ce qu'on peut avoir accès
comme... dans une même application, ce n'est pas très cher, ça fonctionne très,
très bien, ça fait travailler quand même plusieurs personnes aussi puis vous
l'avez dit, le modèle d'avoir ses propres voitures, puis, bon, on a nommé
Dominos, on peut en nommer d'autres, c'est extrêmement coûteux et ce n'est
certainement pas des projets d'investissement dans des coûts fixes aussi
importants que les restaurateurs vont vouloir faire dans les prochains mois,
avec l'année épouvantable qu'ils viennent de vivre.
Mme Guilbault :
Oui, tout à fait. Bien, c'est ça, ça fait que c'est pour ça qu'on allait dans
ce sens-là. J'aimerais ça vous entendre sur une autre chose qui n'est pas comme
telle dans le projet de loi, mais dont j'ai déjà parlé. Nous, en marge de ces
éléments-là, puis en marge de toute l'incidence de la COVID et tout ça, on a
fait en sorte, avec la RACJ, de faciliter l'obtention d'un permis de restaurant
pour une personne qui avait, tu sais, seulement un permis de bar, parce que les
bars, on le sait, ont dû fermer. On les a rouverts puis ils ont dû
éventuellement fermer aussi dans la deuxième vague, mais ils ont du fermer,
somme toute, plus longtemps, là, sur les huit mois de pandémie que les
restaurants, ceux qui ont juste un permis de bar.
Et on a fait en sorte, du moins, en tout
cas, c'était le souhait qu'on avait, mais peut-être que vous saurez si ça s'est
manifesté comme ça, de faire en sorte que la conversion ou l'obtention du
permis de restaurant pour ceux qui ont réussi ou qui ont décidé de s'aménager
une cuisine ou de la possibilité de servir des repas, en plus du permis de bar,
puissent rester ouverts et continuer de fonctionner.
Est-ce que ça, vous en avez entendu parler
chez vos membres? Et, si oui, est-ce qu'effectivement ça allait... parce
que ça va être votre point sur l'allègement réglementaire, là, que je trouve
très, très, très intéressant puis qui est une grande préoccupation chez nous,
sur laquelle travaille beaucoup notre collègue député de Saint-Jérôme... et
donc... puis mon collègue de l'Économie. Et donc, est-ce que, oui, ça a été
plus facile? Est-ce que ça a été plus vite? Et est-ce qu'eux aujourd'hui,
évidemment, bien je présume que oui, mais s'ils ont réussi à continuer de
fonctionner avec cette cuisine-là, ou cette possibilité de servir des repas là,
bien finalement, est-ce que ça les aura très, très concrètement aidés à
subsister?
M. Milliard (Charles) : Mathieu,
tu veux y aller?
M. Lavigne (Mathieu) : Oui,
bien, en fait, la réponse courte, c'est oui. Mais disons, pour développer un
peu plus, oui, effectivement, il y a... ça a eu un impact, ça a été très
apprécié. Ceci dit, il reste encore, d'après ce qu'on comprend, certains
éléments à ajuster sur la définition des permis, et ça vient, en fait, avec une
de nos recommandations qui est d'accélérer l'entrée...
M. Lavigne (Mathieu) : ...la
réponse courte, c'est oui. Mais disons, pour développer un peu plus, oui,
effectivement, il y a... ça a eu un impact, ça a été très apprécié. Ceci dit,
il reste encore, d'après ce qu'on comprend, certains éléments à ajuster sur la
définition des permis, et ça vient, en fait, avec une de nos recommandations
qui est d'accélérer l'entrée en vigueur des dispositions de la loi n° 170.
Il y a certains éléments dans le projet de loi, de la loi n° 170, qui sont
devancés ou accélérés. Il en reste certains autres, sur les types et les
options de permis notamment, qui pourraient être également accélérés. On
comprend que ce n'est pas évident de passer d'un régime de permis à un autre,
mais pour beaucoup de nos membres, c'est ça, justement, l'espèce d'entre-deux qui
se créait entre avoir un permis de bar, pouvoir servir un peu de nourriture,
après ça, avoir à changer de type de permis, il y avait vraiment un enjeu. Il y
a des premiers pas qui ont été faits. C'est très intéressant. On pense qu'on
peut aller encore un peu plus loin.
Ceci dit, autre chose très positive qui a
été faite, et il faut le dire, et c'est peut-être une des conséquences de la
pandémie, c'est que maintenant, les demandes de permis se font pratiquement
toutes par courriel ou en ligne, alors qu'avant le processus était beaucoup
plus lourd. C'était d'ailleurs une des demandes de la FCCQ depuis un certain
temps, de moderniser le système de traitement des permis. On est maintenant
rendus à un système en ligne qui est, selon nous, beaucoup plus efficace.
M. Milliard (Charles) : Puis
pour ajouter à votre point sur l'allégement réglementaire, effectivement, il y
a un comité qui est mis en place avec l'équipe du député de Saint-Jérôme, qui
fonctionne très bien. Mais je dois vous dire, je profite de l'occasion d'avoir
des parlementaires devant moi pour vous dire que... et je mets ma plus belle
paire de gants blancs pour vous dire que la machine est quand même difficile à
convaincre de faire des changements au niveau de l'allégement réglementaire.
Alors, je pense que c'est aux élus à donner cette impulsion-là pour s'assurer
que la fonction publique soit ouverte aussi à faire des allégements. Parce que
je pense que chaque allégement qu'on fera dans les prochains mois sera
certainement un baume, là, sur les nombreuses plaies des entrepreneurs en ce
moment. C'est très concret, là, c'est n'est pas des belles paroles.
• (17 h 50) •
Mme Guilbault :
Oui, bien, vous avez tout à fait raison. Puis d'ailleurs, justement, la
modernisation puis l'allégement du régime de permis, ça va faire partie de
toute la mise en oeuvre du 170. Et sans trop m'avancer parce qu'il reste encore
des choses à attacher, parce qu'il y avait un énorme déficit informatique à
notre arrivée pour être capables de mettre en oeuvre tout ce qui avait été contenu
dans le 170, ça fait qu'il a fallu comme essayer de redresser ça un peu puis de
mettre ça sur la voie, de manière telle qu'on soit capable effectivement de le
faire, mais ça fait partie des choses qui s'en viennent. En ne donnant pas de
date précise pour ne pas être obligée de me dédire plus tard, mais ça s'en
vient, le 170.
Une autre petite chose qu'on avait fait,
puis ce n'est pas dans le projet de loi non plus, mais c'est dans ce souci de
simplifier la vie des restaurateurs qu'on avait fait, entre autres pour cet
été, la possibilité de pouvoir s'aménager des terrasses ou d'agrandir la
terrasse existante par un processus administratif très, très simplifié avec la
RACJ, pour qu'ils puissent, évidemment, accueillir plus de monde, avec la
distanciation puis tout ça, puis profiter du fait que l'été, on a pu ouvrir.
Pendant l'été, on s'est déconfinés. Est-ce que ça aussi, vous avez eu écho que
ça les a aidés, et qu'effectivement, c'était plus simple?
M. Milliard (Charles) : Bien
sûr, ça a été très, très utile pour de nombreux restaurateurs. Maintenant, si
vous regardez la météo, je pense que c'est aujourd'hui, la dernière super belle
journée. Donc, on va entrer dans des températures saisonnières un peu plus
normales. Et c'est justement une source d'inquiétude pour les restaurateurs de
voir que tout ce bel espace-là...
M. Milliard (Charles) :
...sûr, ça a été... Ça a été très, très utile pour de nombreux restaurateurs. Maintenant,
si vous regardez la météo, je pense que c'est aujourd'hui, la dernière super
belle journée. Donc, on va entrer dans des températures saisonnières un peu
plus normales. Et c'est justement une source d'inquiétude pour les
restaurateurs de voir que tout ce bel espace là à l'extérieur va devenir à
zéro, là, dans quelques jours. Alors, oui, ça a été bien, ça a permis de
combler un certain manque, mais c'est une somme de petites choses qui vont
faire que les gens vont reprendre espoir. Et le chapitre III du présent projet
de loi fait partie de ça.
Mme Guilbault :
Oui. Merci beaucoup. Puis j'aimerais revenir sur les permis parce que tantôt
vous avez dit, c'est ça, une espèce d'entre-deux. À un moment donné, tu arrives
aux confins du permis de la restauration, du bar. Tu alternes un peu entre les
deux. Puis, là, je vous demande ça comme ça. Puis peut-être que vous n'avez pas
réfléchi à la philosophie de la chose, là, mais dans l'optique où, justement,
on souhaite moderniser, dans l'optique où, là, la pandémie a fait en sorte
qu'on est amené, des fois, à passer d'un permis à l'autre plus rapidement, ou
même, de manière inopinée. Peut-être, des gens n'avaient pas ça dans leurs… tu
sais, dans leurs projets, mais ils se disent : Regardez, ça va être une
façon de survivre.
Comment voyez-vous, à moyen… à court,
moyen ou long terme, selon votre envie, le destin, justement, des permis? Est-ce
que vous voyez qu'on continue de fonctionner avec… permis de bar, permis de
restaurant? Est-ce que vous pensez qu'éventuellement, ça pourrait finir avec un
seul et même permis? Avez-vous une idée là-dessus?
M. Milliard (Charles) :
Mathieu, est-ce que je te laisse débuter?
M. Lavigne (Mathieu) : Oui.
Bien, en fait, déjà, un élément qui était introduit dans le projet de loi
n° 170 qui allait dans ce sens-là, c'était les options de permis. Ça, ça
en fait partie, de rendre ça un peu plus flexible. Ceci dit, la réflexion est
effectivement intéressante et nous l'avons, mais dans un angle même, je vous
dirais, encore plus large.
C'est-à-dire que ce qu'on croit, c'est
qu'il est peut-être temps de faire une analyse de l'ensemble des règles de
commercialisation de l'alcool au Québec. Non seulement les permis, mais
également le système de livraison, qui peut vendre quoi, à quel moment. On a
l'impression que depuis quelques années, là, il y a des changements importants
dans le modèle d'affaires, dans beaucoup de secteurs, et on parle de la
livraison avec les applications de type Uber DoorDash et compagnie, ça en fait
partie, mais… Donc, il y a une modernisation, mais en même temps, il faudrait peut-être
prendre l'ensemble du système de commercialisation de l'alcool plutôt que d'y
aller simplement pièce par pièce, et ça pourrait en faire partie, la notion des
permis, effectivement.
M. Milliard (Charles) : Il y
a des joueurs qui poussent, entre autres les microbrasseries artisanales, là.
Donc, ça devient pratiquement un joyau économique au Québec, une fierté, mais
qu'en est-il de leur réseau de distribution puis de leur possibilité de
commercialiser leurs produits quand les gens ne peuvent même pas se rendre dans
les fameuses microbrasseries en ce moment? Donc, c'est un élément qu'on
pourrait ajouter à la réflexion globale, là, pour les mois à venir.
Mme Guilbault :
Oui, puis un élément, probablement, que vous abordez dans le comité avec mon
collègue de Saint-Jérôme, parce que tout ce qui touche la Loi sur l'alcool,
puis, tu sais, la SAQ et tout ça, puis les accords internationaux, c'est chez
mes collègues de l'Économie et des Finances. Tu sais, on est comme tripartite
un peu là-dedans, là. Il y a une partie chez nous, mais moi, c'est pas mal plus
les permis. Mais, effectivement, il y a des…
Mme Guilbault :
...que vous abordez dans le comité avec mon collègue de Saint-Jérôme, parce que
tout ce qui touche la Loi sur l'alcool, puis, tu sais, la SAQ et tout ça, puis
les accords internationaux, c'est chez mes collègues de l'Économie et des
Finances. Tu sais, on est comme tripartite un peu là-dedans, là. Il y a une
partie chez nous, mais moi, c'est pas mal plus les permis. Mais, effectivement,
il y a des réflexions intéressantes à avoir là-dessus.
Un autre petit élément sur lequel aussi
j'aimerais entendre des échos de vos membres, si vous en avez, c'est sur un
autre des éléments de notre projet de loi sur les permis saisonniers. On va
faire en sorte de moduler le tarif pour que les gens, par exemple un centre de
ski ou une cabane à sucre ou un terrain de golf, puissent payer seulement une
portion du permis annuel parce qu'ils peuvent seulement l'exploiter sur une
certaine période de l'année. Ça fait que, ça, à mon sens, ça aussi, c'est un
gain net, c'est de l'argent direct qui reste dans leurs poches, mais est-ce que
vous, vous entendez autre chose? Est-ce qu'il y aurait des enjeux qu'on
n'aurait pas vus ou est-ce que c'est du pur bonheur?
M. Milliard (Charles) : Bien,
c'est effectivement quelque chose qui était... que nous demandions et qu'on est
vraiment contents de voir dans le projet de loi. On n'a pas eu le temps d'en
parler jusqu'à maintenant dans notre présentation. Mais, effectivement, les
permis saisonniers, c'est important. Puis la nouvelle que certains centres de
ski cet hiver vont pouvoir être ouverts, ça aussi, c'est évidemment accueilli
positivement parce que... Bon, c'est sûr que... je dirais que, dans la façon
que les restaurants ont été capables de s'ajuster, on pense que les autres
entreprises sont capables de s'ajuster aussi aux normes sanitaires.
Malheureusement, les salles à manger des restaurants sont fermées, mais on est
d'accord pour se conformer à ces règles-là. Mais je pense qu'il faut faire
confiance aux entrepreneurs qui sont capables de mettre en place les normes
sanitaires appropriées.
Mme Guilbault :
Oui, puis... Est-ce que j'ai terminé?
Le Président (M. Ciccone) :
Il vous reste 1 min 45 s.
Mme Guilbault :
Ah! il me reste... Ah! O.K., bon. Bien, enfin, c'est ça. Bien, j'allais dire
que ça va un peu aussi dans le sens de la rétroaction, là, qu'on a donnée
sur... un remboursement ou, en tout cas, les 5 millions qu'on a mis
récemment, là, pour redonner une partie du coût de permis à des bars parce que,
justement, ils n'avaient pas été capables de l'exploiter pendant une bonne
partie de l'année. C'est-u 5 millions ou 15 millions? Pardon,
j'oublie mon propre chiffre. Enfin, un certain montant d'argent qu'on a redonné
pour que chacun puisse avoir une espèce de per diem sur la période inexploitée
de son permis annuel. Ça fait que c'est toutes des petites choses. Évidemment
que ce n'est pas une solution miracle, puis ça ne règle pas tout puis on est
quand même pris avec la pandémie, mais c'est des gestes qu'on souhaite poser
qui ont comme objectif d'être des gains nets pour nos entrepreneurs.
Ça fait que, donc, comme le temps s'écoule,
le temps se termine, je vais vous remercier à nouveau, messieurs. Très, très
intéressant de vous avoir aujourd'hui, puis au plaisir de vous recroiser
peut-être dans un autre projet de loi.
M. Milliard (Charles) : Où on
parlera d'autre chose.
Mme Guilbault :
Où on parlera d'autre chose.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, Mme la ministre. Alors, je cède maintenant la parole à un
membre de l'opposition officielle pour 14 minutes. Je cède la parole au
député de Vimont.
M. Rousselle : Merci, M. le
Président. Premièrement, je voudrais saluer la ministre, saluer tous mes autres
collègues députés, mais je ne voudrais pas manquer de saluer ma collègue de
Notre-Dame-de-Grâce qui m'accompagne. Donc, merci.
Écoutez, M. Milliard et
M. Lavigne, merci d'être ici, vraiment. J'ai lu votre mémoire, merci. En
peu...
M. Rousselle
: ...saluer
tous mes autres collègues députés, mais je ne voudrais pas manquer de saluer ma
collègue de Notre-Dame-de-Grâce qui m'accompagne. Donc, merci.
Écoutez, M. Milliard et M. Lavigne, merci
d'être ici, vraiment. J'ai lu votre mémoire, merci. En peu de temps... c'est sûrement
un travail de moine un peu à faire, parce que c'est rapide, puis il faut
travailler fort là-dessus. Écoutez, vous avez parlé des problèmes des
restaurateurs. Oui, effectivement, moi, je sais bien que Vimont et Auteuil,
là... le quartier Vimont, mais j'ai aussi le quartier Auteuil qui... actuellement,
les restaurateurs ont vraiment des difficultés en étant dans la zone rouge.
Donc, vraiment, mais vraiment, ils ont des difficultés. Je leur ai parlé justement
du projet de loi. Ils sont heureux d'un projet de loi semblable, sauf qu'ils me
mentionnaient comme quoi : C'est bien beau, Jean, ce projet de loi là,
mais pour le moment, moi, là, là, bien beau que j'essaie de survivre avec la
livraison que je fais actuellement... sauf que, pour certains, ce n'est pas
assez.
Et quand je regardais votre recommandation
6 — c'est là-dessus que je m'en vais — «amender justement
le projet de loi pour intégrer les dispositions législatives nécessaires visant
la protection des locataires commerciaux», vous, pouvez-vous me dire le
nombre... est-ce que vous avez à peu près une évaluation, combien de
restaurants qui vont peut-être fermer ou... qui vont fermer. Moi, je peux vous
dire, en tout cas, chez nous, il y en a qui vont fermer. Mais est-ce que vous
avez fait une analyse au niveau provincial du fait de la COVID, qu'est-ce qui
est arrivé justement à nos restaurateurs, qui, en plus, avaient investi
beaucoup sur des plexiglas comme qu'on voit ici, en commission. Donc, ils ont
investi. Malheureusement, même leur investissement n'a pas servi à cause de
qu'est-ce qu'on connaît de la COVID. Donc, dites-moi donc, là-dessus, avez-vous
fait une analyse, avez-vous regardé ça? Puis je peux remarquer que la
recommandation 6, vous y tenez beaucoup, et avec raison, on se comprend.
M. Milliard (Charles) : Bien,
je vais laisser Mathieu compléter, mais, premièrement, je n'ai pas de difficulté
à croire que, dans votre comté, particulièrement, ça ne doit pas être évident,
parce que c'est en zone rouge depuis quand même un certain temps, alors je
compatis avec eux.
Pour ce qui est... Les gens me demandent
souvent ça, des statistiques sur le nombre d'entreprises qui vont fermer.
J'adorerais les avoir, mais les gens s'en vantent rarement, qu'ils vont fermer
bientôt. C'est difficile, pour nous, d'avoir cette... Peut-être que d'autres
gens qui passeront plus tard aujourd'hui vous donneront des chiffres, mais
c'est difficile à chiffrer. Mais je vous dirais, on le voit, regardez,
avant-hier, je crois, dans les journaux, des lieux emblématiques, comme les
Deux Pierrots, à Montréal, tu sais, des entreprises qu'on pense qu'elles font
partie, hein, du tissu commercial du Québec, qui disparaissent. Je n'ai pas
besoin de vous parler des nombreux commerces de détail aussi, des grands noms
qu'on connaît. Alors, évidemment, c'est difficile.
• (16 heures) •
Et l'importance justement, au moins, de
protéger ces gens-là contre des évictions, et on en a parlé dans le cadre du
projet de loi n° 61, ça peut sembler peut-être ne pas
se conjuguer parfaitement avec le projet de loi actuel, mais on a besoin de
rassurer nos entrepreneurs pour les empêcher d'avoir des évictions commerciales
avant le temps des fêtes. Alors, nous, on est opportunistes là-dessus, tout
véhicule législatif qui va nous permettre de la faire, c'est ce qu'on souhaite.
Mathieu, est-ce que tu as des...
16 h (version non révisée)
M. Milliard (Charles) : ...ça
peut sembler peut-être ne pas se conjuguer parfaitement avec le projet de loi
actuel, mais on a besoin de rassurer nos entrepreneurs pour les empêcher
d'avoir des évictions commerciales avant le temps des fêtes. Alors, nous, on
est opportunistes là-dessus. Tout véhicule législatif qui va nous permettre de
le faire, c'est ce qu'on souhaite.
Mathieu, est-ce que tu as des compléments?
M. Lavigne (Mathieu) : Oui,
bien, juste pour compléter, là, sans prendre trop de temps. C'est ça, une
partie de l'enjeu, et pourquoi les statistiques, aussi, on n'a pas le chiffre
magique qui permettrait de répondre parfaitement à la question, c'est aussi
l'incertitude. C'est qu'on ne sait pas exactement combien de temps les
restaurants vont demeurer fermés. Ils sont peut-être capables d'absorber x
semaines de fermeture, mais là ils ne savent pas si ça va durer encore un mois,
deux mois, trois mois. Donc, c'est difficile d'évaluer ça. D'où l'importance
d'avoir une protection dans la loi contre les expropriations et la saisie de
biens, pour que, peu importe les circonstances et le temps que ça prendra,
bien, qu'il y ait au moins cette protection-là pour eux.
M. Rousselle : Merci. Bien, en
tout cas, je peux vous dire que les restaurateurs de Saint-Sauveur...
J'écoutais le maire de Saint-Sauveur. Il reçoit beaucoup de gens de la zone
rouge. Et juste à regarder l'autoroute, c'était effrayant, c'est incroyable.
Puis il demande de l'aide, justement.
Écoutez, M. Milliard, tout à l'heure, vous
avez parlé de revoir la distribution de l'alcool. Est-ce qu'il y a... Est-ce
que vous avez mesuré l'impact sur les bars, dépanneurs et épiceries là-dessus?
M. Milliard (Charles) : Sur
la redistribution... Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Rousselle : Bien, tout à
l'heure, j'ai entendu vous dire... j'ai entendu dire que vous souhaitiez que la
distribution de l'alcool soit repensée au Québec. Est-ce que vous avez pensé,
justement, à mesurer l'impact qu'il y aurait sur les bars, sur les dépanneurs
et les épiceries?
M. Milliard (Charles) : Oui,
oui, oui, d'accord, dans l'échange avec la ministre. Je suis d'accord, je
comprends.
M. Rousselle : Oui. On pouvait
dire, je suis attentif, hein?
M. Milliard (Charles) : Oh!
je n'en ai jamais douté, M. le député. Ceci étant dit, je pense que ça, c'est
un grand chantier qui, probablement, ne se réglera pas évidemment dans le cadre
du projet de loi actuel. Et évidemment, il faut que les gens dans la chaîne, si
on veut, donc les épiceries, les dépanneurs, continuent d'y trouver leur
compte, là. Donc, nous, on ne veut pas du tout escamoter cette chaîne-là. Mais
on pense qu'il y a des gens... Et je reprends mon exemple, parce que je trouve
que c'est le plus parlant. Les microbrasseurs artisanaux, qui, oui, existaient
avant, mais jamais dans l'ampleur qu'on connaît actuellement, n'ont pas de
débouchés en ce moment parce que les gens ne peuvent pas aller dans les microbrasseries,
ils ne peuvent rien faire avec leur stock. Alors, ça, c'est un exemple clair
qui mérite qu'on se penche sur ce dossier-là.
Mais il n'est pas question pour moi de
virer à l'envers la chaîne de valeur, finalement, de la distribution de
l'alcool. Il faut simplement colmater les brèches, justement.
M. Rousselle : Je veux juste,
avant de passer la parole à ma collègue... Vous avez parlé, justement, de
restaurants qui... on pourrait livrer, justement, avec de la boisson, mais
d'ailleurs... mais avec un tiers, comme on parlait tantôt, comme DoorDash,
UberEats, ou quoi que ce soit. Vous, servir un repas comme... au restaurant,
sans manger, ou de la livraison avec de l'alcool, est-ce que vous voyez une
heure de terminaison là-dessus, ou vous voyez ça... un restaurant qui serait
ouvert jusqu'à, mettons, 1 heure du matin, il pourrait livrer jusqu'à 1 heure
du matin de la boisson? Est-ce qu'il pourrait… Selon vous, là, vous, dans votre
tête à vous, là, ce serait quoi, le… Parce que là, il faut toujours...
M. Rousselle
: …ou la
livraison avec de l'alcool, est-ce que vous voyez une heure de terminaison,
là-dessus, ou vous voyez ça, un restaurant qui serait ouvert jusqu'à, mettons,
1 heure du matin, il pourrait livrer jusqu'à 1 heure du matin de la
boisson? Est-ce qu'il pourrait… selon vous, là, vous, dans votre tête à vous,
là, ça serait quoi le… parce que là, il faut toujours penser aux bars, donc
est-ce que vous avez fait… eu une réflexion là-dessus?
M. Milliard (Charles) :
Mathieu.
M. Lavigne (Mathieu) : Bien,
nous, ce qu'on croit, c'est que cet encadrement-là doit demeurer le même pour
tous. C'est-à-dire qu'un restaurant qui livre de l'alcool et un restaurant qui
sert de l'alcool sur place, les mêmes règles devraient s'appliquer parce qu'en
fait, c'est le même repas et c'est la même expérience qu'on offre aux gens,
qu'on l'offre à la maison ou qu'on l'offre sur place. On a déjà un encadrement
sur les heures de service pour l'alcool. D'ailleurs, quand on veut commander en
ligne un repas accompagné d'alcool, pour les entreprises qui ont un service de
livraison actuellement, c'est limité en fonction des heures déjà.
Donc, cet encadrement existe déjà et on
pense qu'il doit demeurer équitable pour tout le monde, et donc, le même pour
tout le monde.
M. Rousselle
: Mais
manger au restaurant sans commander de nourriture, est-ce que vous voyez une
terminaison?
M. Milliard (Charles) :
Écoutez, je dois vous… Non, oui, c'est parce qu'on ne dit rien. On ne s'est pas
penchés sur cette question-là, je dois être bien honnête avec vous, là.
M. Rousselle
: Bon. Merci,
je vais passer la parole à ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour un temps de
6 min 25 s.
Mme Weil
: Bonjour,
bienvenue, M. Milliard, M. Lavigne. C'est… en fait, c'est assez
technique, hein, tout ça? Je suis juriste, mais ce n'est pas souvent qu'on a
l'occasion de se pencher sur… règlementations qui touchent la vente d'alcool,
la distribution, etc. Je voudrais en venir à vos recommandations très précises.
Vous dites… donc vous êtes pour le projet de loi et vous accueillez très
favorablement, dans le contexte actuel… nous invitez à aller rondement et
rapidement.
Donc, juste quelques précisions par rapport…
Vous dites : Adopter intégralement, c'est une de vos recommandations, le
projet de loi, mais avec — qui touche, donc, les permis
d'alcool — avec quelques modifications. Donc, c'est page… écoutez, il
n'y a pas de pagination ici, donc c'est section IV, la livraison d'alcool
par des tiers. Bon, c'est quelques noms, «les tiers» au lieu de «délégataires»,
«délégataires» au lieu de «tiers». Vous parlez d'«avoir» et «prévoir».
Pourriez-vous expliquer ces précisions dans l'usage de… ce que vous entendez par
l'usage de l'un ou l'autre, les expressions?
M. Lavigne (Mathieu) : Oui, en
fait, c'est que dans le projet de loi actuel, le projet de loi est pratiquement
un calque intégral des amendements qui avaient été déposés dans le projet de
loi n° 61, à l'exception de certains changements dans le libellé qu'on
mentionne dans le… qu'on relève dans le mémoire, là. Donc, «tiers»,
«délégataires», certains libellés qui ont changé mais qui, pour nous, après
analyse, ne changent pas le sens des articles comparativement à ce qu'il y
avait dans…
M. Lavigne (Mathieu) : ...des amendements
qui avaient été déposés dans le projet de loi n° 61, à
l'exception de certains changements dans le libellé qu'on mentionne dans le...
qu'on relève dans le mémoire, là, dont «tiers», «des légataires», certains
libellés qui ont changé, mais qui pour nous, après analyse, ne changent pas le
sens des articles comparativement à ce qu'il y avait dans les amendements du
projet de loi n° 61. Donc, pour nous, c'est pour ça
qu'on indique «appliquer intégralement», c'est-à-dire que les articles tels que
proposés dans le projet de loi correspondent à ce qu'il y avait déjà dans le 61
et qui faisait déjà consensus.
Mme Weil
: Et,
finement... Le projet de loi n° 61, je n'étais pas là-dedans.
Donc, le mot, c'est «tiers» au lieu de «des légataires», ou c'est l'inverse que
vous recommandez, par exemple?
M. Lavigne (Mathieu) : Il y
avait des légataires, et ce sont maintenant tous des tiers.
Mme Weil
: ...«avoir»,
donc de prendre le mot «avoir» au lieu de «prévoir». Vous parlez aussi des...
la modernisation du régime juridique, mais aussi les pénalités, qu'il faudrait
revoir. Mais, si je comprends bien, la première section de votre mémoire, c'est
que vous dites : Il faut adopter intégralement. Allez-y. Mais, pendant que
vous y êtes, réfléchissez à des modifications plus larges. Vous nous invitez,
je pense... J'essaie de bien comprendre comme parlementaire. Vous dressez un
portrait plus global des problématiques que les restaurateurs vivaient par
ailleurs avant. La lourdeur de la réglementation, je sais qu'il y a beaucoup de
progrès qui a été fait ces 10 dernières années, même que le Québec avait reçu
quelques prix à l'échelle du Canada parce que le Québec avait fait plus
d'avancements que d'autres provinces. Mais ça continue d'être, donc, un
problème. Donc, vous soulignez ces éléments-là.
Donc, vous ne nous invitez pas
nécessairement à inclure ces mesures dans le projet de loi. Ou est-ce que vous
avez des mesures que vous voudriez qu'on rajoute à ce projet de loi?
M. Milliard (Charles) : Vous
avez raison, il y a des choses urgentes, il y a des choses qu'on veut semer des
graines, si on veut, pour 2021. Donc, ce qui est urgent, c'est d'octroyer la
livraison d'alcool par des tiers. Nous, ce qu'on croit, c'est d'ajouter la
protection contre les évictions commerciales, parce que Noël s'en vient, là, la
fin de la session s'en vient, alors ça nous apparaît urgent. Et, pour ce qui
est de la réflexion sur l'ensemble de la distribution et de la vente d'alcool,
évidemment qu'on ne réglera pas ça dans le cadre de 72, mais je pense que les
parlementaires que vous êtes auraient à se pencher là-dessus; même chose sur la
question des boissons infusées au cannabis. Donc, on aura une révision de la
loi ou de l'instauration, justement, du cannabis l'année prochaine, alors il
faudra réfléchir aussi à l'arrivée de ces nouvelles options là qui sont là.
Mais, évidemment, on ne réglera pas tout ça dans 72, mais déjà, d'accepter ce
qui est là, ça serait déjà majeur.
Mme Weil
: ...c'est ça.
Donc, je pense que l'important pour ceux qui vont travailler ce projet de loi,
c'est de savoir qu'il y a un... Pour vous, vous êtes plus qu'à l'aise, vous
recommandez qu'on agisse rapidement. Il y aura d'autres intervenants. Mais,
quand même, c'est intéressant que vous dressiez ce portrait, qui est
vraiment...
Mme Weil
: ...mais,
c'est ça, donc, je pense que l'important pour ceux qui vont travailler ce projet
de loi, c'est de savoir qu'il y a un... pour vous, vous êtes plus qu'à l'aise,
vous recommandez qu'on agisse rapidement. Il y aura d'autres intervenants. Mais
quand même, c'est intéressant que vous dressiez ce portrait qui est vraiment très,
très difficile. Je pense qu'on... tout le monde le ressent. Tout ce qui
pourrait aider, on vous a posé la question. Mais donc vous sentez, votre
impression, parce que vous êtes vraiment là-dedans, l'économie, on vous connaît
bien, on a tous eu l'occasion de travailler avec vous, avec nos projets de loi
au fil des années, vous sentez que ça va quand même donner de l'oxygène, ces
mesures. Difficile à prévoir ou est-ce que vous avez quand même un sens de...
vous êtes capable de confirmer que vous pensez ça va faire une différence?
• (16 h 10) •
M. Milliard (Charles) :
Mathieu.
M. Lavigne (Mathieu) :Ah! il y a clairement de l'appétit.
C'est difficile de quantifier à l'avance l'impact chiffré de ce que ça va
avoir, mais ce qu'on peut vous vous dire, c'est qu'il y a clairement de
l'appétit de la part des membres de la fédération et dans les chambres de commerce.
Sûrement, dans vos circonscriptions aussi, vous le vivez, il y a beaucoup de
restaurateurs qui seraient intéressés, souvent qui livrent déjà avec des
applications, et qui pourraient maintenant ajouter un élément de plus à leur
offre. Il y a clairement un appétit pour ça. Et ça enverrait le signal qu'on
écoute leurs doléances et qu'on est prêts à donner un petit peu plus d'air à
leur secteur.
Mme Weil
: Oui, non, je
suis d'accord avec vous, nous sommes tous très, très sensibilisés dans chacun de
nos comtés. C'est difficile de voir cette souffrance, mais on la comprend.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît, Mme la députée.
Mme Weil
: Alors, je...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant.
Mme Weil
: Oui. Merci, M.
le Président. Donc, je vous remercie de votre participation.
Une voix
: Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Et je cède maintenant la parole au député de
René-Lévesque pour un temps de parole de 3 min 30 s.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
M. le Président. Donc, à mon tour de vous saluer M. Lavigne et
M. Milliard. Dans ce projet de loi là, on va permettre effectivement la
livraison par un tiers. Ce qu'on entend, malheureusement, c'est qu'il y a des
entreprises qui trouvent que les frais sont très élevés, justement, par ces
tiers-là. On peut charger jusqu'à 30 % pour des livraisons. Et pour
certaines entreprises, certains restaurateurs, c'est un frein à l'utilisation
de ces tiers-là. Est-ce qu'on devrait, comme législateur, selon vous, légiférer
sur des frais dits raisonnables pour ces tiers-là? Est-ce qu'il faudrait qu'on
s'y penche?
M. Milliard (Charles) :
Mathieu.
M. Lavigne (Mathieu) : Bien,
pour nous, ce n'est pas, comme vous l'avez dit, ce n'est pas une recommandation
qu'il y a dans notre mémoire, ce n'est pas une réflexion qu'on a eue, ne
serait-ce que parce qu'il y a beaucoup d'enjeux là-dedans. Mettre en place un
système en place avec une flotte, avec des chauffeurs, c'est compliqué. Il y a
des coûts associés à ça. Il y a de plus en plus aussi de concurrence dans ce
domaine-là. Donc, souvent on parle tout le temps de l'exemple d'un joueur, que
nous appellerons ici Uber, mais il y en a plusieurs autres aussi qui émergent,
qui tendent à se développer. Puis ce qu'on veut, nous, c'est que la concurrence
fasse son oeuvre et qu'on ait... et que tout le monde y trouve son compte,
autant les restaurateurs que les consommateurs, que les intermédiaires...
M. Lavigne (Mathieu) : ...donc,
souvent on parle tout le temps de l'exemple d'un joueur, que nous appellerons
ici Uber, mais il y en a plusieurs autres aussi qui émergent, qui tendent à se
développer. Puis ce qu'on veut, nous, c'est que la concurrence fasse son oeuvre
et qu'on ait... et que tout le monde y trouve son compte, autant les
restaurateurs, que les consommateurs, que les intermédiaires.
M. Ouellet : Je comprends que
vous dites : La concurrence devrait faire son oeuvre, et les meilleurs
services devraient être les services choisis ou les services gagnants dans
cette course à la concurrence. Cela étant dit, les frais sont quand même aujourd'hui
similaires entre les différents joueurs. Je ne dis pas que c'est un complot ou
du moins que c'est une espèce de monopole, mais c'est un peu le modèle
d'affaires qui existe.
Vous ne trouvez pas que le gouvernement du
Québec pourrait effectivement donner une indication claire, dans une autre
législation, pour permettre, oui, l'apparition de ces livraisons par des tiers
mais avec un coût raisonnable, là. Prendre 30 %... On sait que la marge de
profit, là, elle est entre quatre, maximum 5 % pour les restaurateurs.
Alors, si en plus on doit ajouter un 30 % là-dessus, on a beau dire que la
livraison peut sauver des entreprises pendant cette pandémie, mais il y en a
plusieurs qui vont se poser la question s'ils ne vont pas couler s'ils utilisent
effectivement les tiers comme service de livraison, là.
M. Milliard (Charles) : Bien,
je pense que c'est un élément importance que vous apportez, il faut le
considérer. Mais, en même temps, nous, à la fédération, on travaille par comité
de travail, donc on a des entrepreneurs qui viennent pour nous aider alimenter
nos politiques, nos prises de position, et ils nous disent tous qu'ils veulent
avoir, justement, cette libéralisation-là d'alcool parce que ça va grandement
les aider.
Maintenant, est-ce que... La livraison par
des intermédiaires, c'est vraiment un changement complètement d'hygiène de vie
pour plusieurs Québécois, là. C'est une nouvelle façon de se commander à
manger. Et c'est tellement en effervescence en ce moment que je ne pense pas que
ce soit le temps déjà de légiférer, il faut laisser place un peu au marché.
Vous parlez tantôt que les frais se ressemblent. Moi, j'ai quand même... je
suis un consommateur aussi puis je vois quand même une certaine différence.
Évidemment que les restaurateurs ont une autre partie de la facture à payer,
bien évidemment. Mais pour l'instant, je ne pense pas que c'est ce qui est
urgent.
M. Ouellet : Juste en
terminant, j'aimerais utiliser mon temps de consultation pour consulter la
ministre sur la recommandation 3, à quel moment les décrets vont être appliqués
nécessairement pour les nouveaux permis et les deux nouvelles options pour les
permis de restaurant? C'est une de vos recommandations, trois.
Le Président (M. Ciccone) : À
vous la parole, madame...
Mme Guilbault :
...parce que je n'ai pas le chiffre précis sous les yeux. Mais je m'engage à
lui... Oups! Je m'engage à lui répondre en aparté un peu plus tard.
M. Ouellet : Parfait, merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. C'est ce qui met fin à cet échange. Je vous remercie pour votre
contribution aux travaux de la commission.
Je suspends donc les travaux quelques
instants afin de permettre aux représentants de L'Association des brasseurs du
Québec de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 15)
(Reprise à 16 h 18)
Le Président (M. Ciccone) :
Nous reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants
de l'Association des brasseurs du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter, ainsi
que la personne qui vous accompagne, et à procéder à votre exposé. La parole
est maintenant à vous.
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
MM., Mmes les députés, bonne fin d'après-midi. Merci du temps que vous nous
consacrez aujourd'hui. Alors, mon nom est Patrice Léger-Bourgoin, je suis le directeur
général de l'Association des brasseurs du Québec et je suis accompagné pour
l'occasion de mon collègue Olivier Cauchon, analyste aux stratégies et politiques.
Le paysage québécois, en matière de réglementation
de boissons alcooliques, apparaît, à bien des égards, comme appartenant à un
autre siècle. C'est pourquoi l'ABQ réagit positivement aux modifications législatives
proposées dans le projet de loi n° 72. Celui-ci
apporte ainsi des modifications au cadre réglementaire qui ont le mérite de
faciliter la vie des détenteurs de permis, sans toutefois impacter les
conditions de marché.
Une réflexion s'impose toutefois sur les
conditions de fabrication et de commercialisation de l'alcool au Québec pour
tenir compte du contexte moderne de la concurrence, tout en assurant un
encadrement adéquat de la vente d'alcool pour prévenir les dérives, assurer la
prévention des méfaits et tenir compte de la santé publique. Ce vaste chantier
devrait débuter en s'attaquant à l'épine dorsale du corps réglementaire, avec
la Loi sur la SAQ, et ce, de manière impartiale, en ne privilégiant pas des
parties prenantes au détriment d'autres.
• (16 h 20) •
Tout changement profond dans les
paramètres légaux de la commercialisation doit aussi s'accompagner d'une
refonte des autres lois et règlements. Ces pièces législatives et réglementaires
sont imbriquées les unes aux autres comme des briques et du mortier dans les
murs d'un édifice. Une multitude d'autres lois fédérales et un partage complexe
des compétences se rajoutent. Aussi, le respect des accords commerciaux dont le
Canada est signataire ajoute aux ramifications légales. Au moment de signer la
première mouture de l'accord de libre-échange entre les États-Unis et le
Canada, les négociations portant sur la bière n'avaient pas été chose aisée, en
raison des impacts économiques importants. Plus récemment, nous avons tous
constaté que la commercialisation du vin faisait l'objet de divergences devant
l'Organisation mondiale du commerce.
Pour toutes ces raisons, il faut donc agir
avec prudence lorsque vient le temps de changer en profondeur l'encadrement
juridique sur la fabrication et la commercialisation de l'alcool. Ainsi, dans
un exercice de modernisation du cadre réglementaire, il pourrait être tentant
d'isoler une composante du marché d'une autre juridiction et de faire siens ces
avantages, sans toutefois prendre compte des réalités du marché québécois. Il
faut éviter le piège de l'arbre qui cache la forêt et prendre le temps d'avoir
une vision globale dans la prise de décision...
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
...du cadre réglementaire, il pourrait être tentant d'isoler une composante du
marché d'une autre juridiction et de faire siens ces avantages, sans toutefois
prendre compte des réalités du marché québécois. Il faut éviter le piège de
l'arbre qui cache la forêt et prendre le temps d'avoir une vision globale dans
la prise de décision. Olivier.
M. Cauchon (Olivier) : Nous le
réitérons, l'ABQ voit d'un bon oeil les changements proposés dans le projet de
loi n° 72.
Abordons le Règlement sur la promotion, la
publicité et les programmes éducatifs en matière de boissons alcooliques. En
abrogeant les articles 6 et 8 du règlement, le projet de loi vient corriger
deux problématiques qui n'ont aucun impact à l'égard de la protection du public
et ne provoquent aucun effet néfaste sur l'équilibre du marché. Nous sommes
satisfaits de ces premiers pas dans la modernisation du cadre réglementaire.
Plusieurs autres dispositions du règlement relèvent toutefois d'une autre
époque et méritent elles aussi d'être révisées.
Passons quelques minutes sur la question
des permis d'alcool. Les modifications proposées à la loi modernisant le régime
juridique sont accueillies favorablement pas l'ABQ. Ses membres ne sont
toutefois pas sans savoir que d'autres intervenants inciteront le législateur à
aller plus loin et à ouvrir des brèches importantes du cadre réglementaire
actuel. À cela, l'industrie brassicole rappelle la nécessité de ne pas créer
d'iniquité. Voici un exemple auquel pourrait être confronté le législateur. Les
fabricants de spiritueux vont arguer que si une boisson aromatisée à base de
malt avec une teneur en alcool de moins de 7% peut être vendue dans les
épiceries, et les dépanneurs, et par les restaurants, il devrait en être de
même pour les produits similaires à base de spiritueux. Dans les faits, cette proposition
induirait une concurrence déloyale dans le contexte réglementaire actuel. Par
exemple, les spiritueux ne sont pas assujettis à quelconque prix minimum,
contrairement aux produits brassicoles vendus dans les canaux de
commercialisation privée. Les règles liées à la distribution sont elles aussi
différentes. Une guerre de prix aurait donc pour conséquence de désavantager
indûment une catégorie de produits, la bière.
Intéressons-nous maintenant au domaine de
la restauration. Au nom de l'équité envers les établissements qui opèrent leurs
propres services de livraison, il est primordial que des principes impartiaux
s'appliquent, peu importe le modèle opérationnel retenu. L'ABQ appuie donc la
proposition du projet de loi n° 72 à l'effet que la
délégation des activités de livraison doit faire l'objet d'une entente écrite
entre les titulaires de permis et le tiers. L'ABQ appuie aussi les changements
proposés au Règlement sur les droits et les frais payables. La volonté de
revoir le mode tarifaire des permis se présente comme une bonne approche qui
aura pour effet de donner un peu d'air à une industrie sous haute pression.
Parlons maintenant du marquage. Des
mécanismes de traçabilité sont requis pour assurer l'intégrité du système
fiscal et l'innocuité des produits. À cet égard, le marquage des contenants de
boissons alcooliques s'impose visiblement comme la solution la moins coûteuse
et la plus efficace. L'ABQ est donc rassurée de voir que le projet de loi n° 72 réitère l'utilisation dudit marquage des contenants
de boissons. Les produits alcooliques font toujours l'objet de convoitise sur
les marchés illicites. Le Québec n'est pas à l'abri des dérives, comme nous le
démontre l'histoire récente, notamment avec le cas précis des produits Four
Loko, qui ont été fabriqués et distribués illégalement dans la province pendant
plusieurs mois. L'ABQ et ses membres ne peuvent qu'enjoindre le législateur à
la plus grande prudence dans ce domaine.
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Pour l'avenir, discutons d'équité. Issue autrefois d'une volonté de protection
des consommateurs, la SAQ adopte aujourd'hui une approche commerciale qui est
bien loin de son rôle de régulateur social. Par exemple, la société d'État à
vocation commerciale propose des promotions centrées sur la gestion par
catégorie tout en bénéficiant d'une exemption de l'application du prix minimum,
et ce, même sur la bière. Cette situation mène à un traitement plus favorable...
M. Léger-Bourgoin (Patrice) : ...une
approche commerciale qui est bien loin de son rôle de régulateur social. Par
exemple, la société d'État à vocation commerciale propose des promotions
centrées sur la gestion par catégorie tout en bénéficiant d'une exemption de l'application
du prix minimum, et ce, même sur la bière. Cette situation mène à un traitement
plus favorable à l'égard de la SAQ qui ne semble plus justifié. La SAQ a des
pratiques en matière de promotion qui ne sauraient pas être acceptées par la
RACJ si elles étaient mises de l'avant par les autres joueurs de l'industrie.
Le programme de fidélité Inspire représente un exemple tangible de ce constat.
Plusieurs types de rabais substantiels ne seraient pas autorisés dans le réseau
privé de la vente de détail.
Pour répondre à cette iniquité, il ne
s'agit de proscrire le programme de Inspire. L'ABQ croit plutôt qu'un prix
minimum devrait être appliqué à toutes les catégories d'alcool. Conséquemment,
la mécanique de ristourne des points Inspire ne devrait pas permettre la vente
d'un produit en dessous du prix minimum pour la catégorie d'alcool concerné. La
SAQ se comporte dans le marché selon les mêmes paramètres commerciaux et
financiers qu'une entreprise privée de détail. Il est donc équitable qu'elles
soient soumises aux mêmes règles d'encadrement du marché.
Par ailleurs, les enjeux de distribution
sont nombreux au Québec. Pour les membres de l'ABQ, le principal enjeu ne
réside pas dans la pertinence ou non d'établir des paramètres stricts de
fonctionnement au nom de la santé et de la sécurité publique. En fait, la
réponse, c'est oui. Par contre, le temps est venu de se questionner, d'adapter
l'encadrement en fonction du contexte de commercialisation et des percées
technologiques. Dès lors, il faut établir les règles du jeu de manière
équitable et prévisible pour garantir un environnement commercial propice à la
saine compétition. Il est déplorable de constater que les producteurs et
distributeurs de bières évoluant dans le marché du Québec ne soient pas
toujours égaux selon la provenance de leurs produits. En vertu de la règle du
traitement national en matière commerciale, des produits similaires doivent
être traités de manière équitable.
L'ABQ et ses membres saluent le travail
qui a été entamé à la fois par la RACJ et le comité-conseil sur l'allègement
réglementaire et administratif du ministère de l'Économie et de l'Innovation
pour moderniser le cadre réglementaire. À cet égard, si on permet d'élargir les
canaux de distribution des différents alcools et que de nouveaux privilèges
soient accordés, il serait de mise d'aller au fond des choses. Alors, pourquoi
les membres de l'ABQ ne pourraient-ils pas, par exemple, assurer une vente
directe aux consommateurs?
En somme, il faut donc retenir que les
membres de L'Association des brasseurs du Québec accueillent favorablement le
projet de loi n° 72, insistent sur la nécessité d'entamer une réflexion
sur l'encadrement réglementaire de la fabrication et de la commercialisation
d'alcool au Québec selon les principes d'équité, de prévisibilité et de saine
concurrence en privilégiant une refonte de la Loi sur la SAQ, proposent
également de soumettre au même encadrement réglementaire de commercialisation
tous les commerces... tous les fabricants et distributeurs, et ce, peu importe
qu'ils choisissent le réseau public de commercialisation, soit la SAQ, ou les
réseaux privés d'épiciers et de dépanneurs...
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
...en privilégiant une refonte de la Loi sur la SAQ. On propose également de
soumettre au même encadrement réglementaire de commercialisation tous les
commerces... tous les fabricants et distributeurs, et ce, peu importe qu'ils
choisissent le réseau public de commercialisation, soit la SAQ, ou les réseaux
privés d'épiciers et de dépanneurs.
Mon collègue Charles Milliard tantôt
parlait d'indexation du prix minimum. Évidemment, nous sommes d'accord avec
cette mesure. Et on propose également d'assujettir toutes les catégories
d'alcool à un prix minimum, en fonction de leur teneur en alcool, au nom de
l'équité réglementaire, bien évidemment, mais aussi, et surtout, au nom de la
santé publique. La question n'est plus de savoir s'il y a trop ou pas assez...
pour favoriser l'essor du secteur des produits alcooliques, mais bien de
comment assurer que la réglementation soit adaptée au contexte contemporain de
manière équitable et cohérente, et, bien sûr, dans un souci de santé et de
sécurité publique.
Alors, merci pour votre attention. Nous
sommes disponibles pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, merci de votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période
d'échange. Et on débute avec la ministre pour une période de
17 min 30 s.
Mme Guilbault :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci, messieurs, d'être avec nous. Très, très
intéressant aussi, on est dans un autre registre aujourd'hui. C'est un projet
de loi qui aborde des choses tellement différentes. Puis on était, la dernière
fois, complètement dans autre chose, plus dans les affaires policières, puis
aujourd'hui, on est dans ce beau volet qui touche notre industrie de la
restauration, et, dans votre cas, l'industrie brassicole. Alors, gros merci de
vous être joints à nous cet après-midi.
Et je comprends de votre propos que vous
êtes essentiellement favorable à tout ce qui est dans notre projet de loi, bien
que ce ne sont pas toutes les mesures qui vous touchent directement, mais quand
même pas mal, indirectement, quand on pense à la possibilité pour les
restaurants désormais de pouvoir servir de l'alcool sans nécessairement servir
un repas — imaginons des gens qui vont faire un 5 à 7, puis c'était
toujours un peu de dire : Si je veux commander ma bière, il faut que je me
commande quelque chose. Tu te commandes une entrée pour dire que tu as commandé
quelque chose, mais, dans le fond, tu bois de la bière puis... Bon, on voit
tous... on se fait tous le portrait de ça — et aussi, la possibilité
de pouvoir livrer de l'alcool avec un repas. Ça fait que donc, ça, je présume
que vos membres se réjouissent de ces mesures-là dans l'optique où ça va vous
permettre de vendre, finalement, plus de produits.
• (16 h 30) •
Et, bon, puis c'est toujours un peu
embêtant pour nous, les politiciens, d'avoir ces discours-là, parce que...
bien, je vais parler pour moi, du moins, parce que c'est toujours l'équilibre
aussi avec la santé publique. Tu sais, on ne veut pas se réjouir de faire de
l'argent avec de l'alcool. L'important, c'est aussi de préserver la santé, mais,
tu sais, je le dis toujours, moi, dans la plus grande préoccupation de ne pas
vouloir avec de gens qui pourraient avoir des problèmes et tout ça, mais
vraiment de se... à une saine consommation. Donc, c'est toujours dans
l'équilibre aussi, là. Puis on aurait Éduc'alcool plus tard qui va venir nous entretenir
de l'importance de la modération, et tout ça, puis je trouve ça important de le
préciser puis de placer ce message-là. Mais néanmoins, pour vous, ce sont des
articles qui, je pense, sont bénéfiques pour vos membres. Alors, est-ce que
vous sentez, justement, cet intérêt-là et cette satisfaction-là chez vos
membres par rapport à ce qu'on a...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Guilbault :
...entretenir de l'importance de la modération, et tout ça, puis je trouve ça important
de le préciser, puis de placer ce message-là. Mais néanmoins, pour vous, ce
sont des articles qui, je pense, sont bénéfiques pour vos membres. Alors, est-ce
que vous sentez justement cet intérêt-là et cette satisfaction-là chez vos
membres par rapport à ce qu'on a mis dans le projet de loi?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Tout à fait, Mme la députée de Louis-Hébert. Pour les
membres de l'ABQ, c'est une excellente nouvelle. Nous avions été déçus que,
dans le précédent projet de loi, ces mesures-là ne puissent pas passer la
rampe. Alors, évidemment, aujourd'hui, que vous reveniez à la charge est une
excellente nouvelle.
Mme Guilbault :
Oui, d'autant plus que... Puis quand on regarde la teneur de ce que vous venez
de nous exposer, il y a plusieurs choses là-dedans qui touchent d'autres lois,
qui touchent d'autres ministères, certains de mes collègues. Puis c'est un...
La remarque que je faisais à ceux qui vous ont précédés, la Fédération des
chambres de commerce, c'est très tripartite, toute cette industrie-là. Il y a
moi, chez nous, pour la RACJ, mais il y a aussi l'Économie, il y a les
Finances, pour la SAQ, toute la question des accords internationaux, et tout
ça. Vous en avez parlé, d'ailleurs. À partir du moment où tu signes des
accords, le Canada signe des accords, on est contraints dans une certaine façon
de faire. Donc, c'est très, très complexe.
Mais effectivement, il y a une réflexion à
y avoir, il y a certainement des choses à moderniser qui dépassent le strict
ministère de la Sécurité publique et, bien sûr, mon projet de loi, mais que je
trouve très intéressantes. Je voulais le noter ici, même si je ne l'aborderai
pas comme tel parce qu'effectivement ce n'est pas dans le projet de loi. Mais
donc c'est ça, on a quand même ce grand souci de moderniser les choses. J'y ai
fait référence aussi tout à l'heure, toute la mise en oeuvre de la loi n° 70, qui nécessitait beaucoup d'améliorations et
d'arrimage informatique, qui, malheureusement, n'avaient pas été faits avant
notre arrivée.
Mais donc on pense bien pouvoir mettre le
tout en oeuvre au printemps, donc ce qui implique aussi des modifications pour
les permis, de la modernisation, et tout ça, qui... Encore là, ce n'est pas
tout ça qui vous touchent directement, mais je veux le dire ici parce que, que
ce soit directement ou indirectement, ça a quand même une incidence
intéressante pour toute l'industrie, le fait de dire : On est dans des
actions concrètes pour moderniser, puis au moins, s'intéresser au fait de
moderniser notre industrie. Ça fait que ça, je voulais vous le faire valoir
aussi.
Et un élément que vous avez abordé, puis
qui est très intéressant, puis sur lequel, d'ailleurs, vous le savez, on est en
travailler, c'est tout ce qui touche le règlement sur la promotion... la
promotion, les programmes, là, par rapport à l'alcool, le règlement, pour le
nommer, Règlement sur la promotion, la publicité et les programmes éducatifs en
matière de boissons alcooliques, un règlement qui a été étudié et analysé par
un comité dont je pense que vous faisiez partie, un comité piloté par la régie
de l'alcool, des courses et des jeux, où il y avait plusieurs intervenants qui
ont fait valoir un certain nombre de points de vue sur plusieurs éléments, qui
a conduit à un rapport, d'ailleurs, qui nous a été récemment déposé.
Et un des consensus qu'il y avait, puis
qu'on a mis dans le projet de loi, c'est l'abrogation des articles 6 et 8 de ce
règlement-là, parce que ça faisait longtemps que les gens étaient intéressés,
de toute façon, à ce qu'on l'élimine. On l'a mis dans le projet de loi. Donc,
ça, j'imagine que, ça aussi, vous êtes favorable, ce qui touche la publicité
conjointe, puis tout ça? C'est une bonne chose?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Bien oui, tout à fait, Mme la députée. Vous avez tantôt vous-même touché, là,
les enjeux entre l'équilibre commercial et celui de la santé publique...
Mme Guilbault :
...parce que ça faisait longtemps de toute façon que les gens étaient
intéressés à ce qu'on l'élimine. On l'a mis dans le projet de loi, donc ça
aussi, j'imagine que vous êtes favorable, ce qui touche la publicité conjointe
puis tout ça, c'est une bonne chose.
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Bien oui, tout à fait, Mme la députée. Vous avez tantôt vous-même touché, là,
les enjeux entre l'équilibre commercial et celui de la santé publique. L'un des
articles qu'on va abroger, si évidemment il y a consentement de l'Assemblée
nationale, c'est de faire en sorte... je vous donne un exemple concret,
là : Vous êtes un brasseur, vous voulez commanditer ou donner à un
restaurateur des parasols pendant la saison estivale pour sa terrasse. Bien,
dans le règlement actuel, vous ne pouvez pas avoir 10 parasols aux mêmes
couleurs et dessinés pour la même marque de bière. Ça vous prend neuf parasols
pour une marque de bière et un parasol pour une autre marque. Vous conviendrez
avec moi que ce n'est pas ce genre de mesures qui se traduisent par des enjeux
de santé publique.
Alors, cette mesure-là peut sembler
simpliste, mais, par contre, en gestion d'inventaire, en gain d'efficacité pour
l'industrie, pour les restaurateurs, pour les brasseurs, ce sont des
embêtements dont on n'aurait plus besoin par la suite. Même chose pour l'autre article
auquel vous faisiez référence. Un restaurateur et un brasseur peuvent faire de
la publicité conjointe à l'intérieur de l'établissement, mais pas à l'extérieur
de l'établissement. Alors, ce genre de façon de procéder, qui remonte aux
années 60, je pense que les Québécois collectivement, on est rendus ailleurs et
surtout dans une période où les restaurateurs vont avoir besoin d'aide pour
relacer leurs opérations.
Alors, dans ce contexte-là, je pense que
l'assouplissement du type de mesures auxquelles vous faites référence va...
c'est un pas dans la bonne direction pour faire en sorte que le Québec soit
prêt à la relance des restaurations... de la restauration dès que le
gouvernement jugera approprié d'y procéder.
Mme Guilbault :
Oui, tout à fait. Bien, ça, je pense que ça, ça va faire consensus aussi. Je ne
veux pas parler pour mes collègues autour de la table, là, mais je pense bien
qu'une fois l'étude détaillée, on devrait être tous d'accord là-dessus,
d'autant plus que, comme vous dites, ça fait longtemps qu'on aurait dû abroger
ça, c'est un peu d'une autre époque, là. Donc, ça, ça va être une belle avancée
ou, en tout cas, quelque chose de pratico-pratique pour nos bars, nos
restaurants, qui vont pouvoir enfin, comme vous dites, mettre les parasols
qu'ils veulent sans s'embêter dans des contraintes qui, finalement, ne sont pas
vraiment utiles en termes de santé publique.
Un autre élément qui touche le règlement,
le même règlement sur la promotion, la publicité, les programmes éducatifs,
c'est l'idée d'un guide, parce que vous nous dites, puis là, j'ai vu un élément
que j'ai trouvé intéressant : prévoir une prévisibilité quant aux
décisions prévues par la régie en matière d'approbation publicitaire. Donc,
peut-être l'opportunité d'avoir des clarifications ou de mieux comprendre des
fois certains éléments de ce qu'on entend par la publicité en matière d'alcool.
Donc, je voulais... bien, si vous voulez ajouter quelque chose là-dessus, vous
pouvez le faire, mais je voulais aussi surtout vous signifier qu'il y a un
guide qui est en préparation pour, justement, vous aider à mieux, évidemment,
apprécier puis mieux comprendre...
Mme Guilbault :
...mieux comprendre des fois certains éléments de ce qu'on entend par la
publicité en matière d'alcool. Donc, je voulais... bien, si vous voulez ajouter
quelque chose là-dessus, vous pouvez le faire, mais je voulais aussi surtout
vous signifier qu'il y a un guide qui est en préparation pour, justement, vous
aider à mieux, évidemment, apprécier puis mieux comprendre, des fois, le
concept puis vous aider toujours à pouvoir vous gouverner, finalement, à
l'intérieur des paramètres les plus appropriés possible.
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Je vous dirais, Mme la députée, cette initiative-là serait une excellente
initiative, mais elle doit être accompagnée également d'un autre volet. Lorsque
la Régie des alcools, des courses et des jeux refuse une initiative, que ce
soit un concours publicitaire ou une publicité, qu'elle nous explique les
raisons pour lesquelles ce refus-là est prononcé. Ça nous permet de nous
amender, ça nous permet, de manière plus proactive, de vaquer à nos
occupations, à s'assurer de protéger l'intérêt public. Alors, avoir un guide,
c'est un pas dans la bonne direction, pouvoir mieux comprendre l'esprit des
décisions rendues par le volet administratif de la RACJ. Évidemment, lorsqu'on
est devant le tribunal, la décision est motivée. Lorsqu'on est dans une
situation d'échange avec le volet administratif, les décisions ne sont pas
toujours motivées. Il faut parfois lire entre les lignes. Et cette façon de
faire là avait certes sa place... pour l'industrie brassicole où, il y a
20 ans, là, il y avait une trentaine de permis. Aujourd'hui, il y a
230 permis de brasseurs au Québec. Alors, être capable de comprendre
pourquoi telle situation est permise et telle autre situation n'est pas
permise, je pense que ça permettrait à tout le monde de sauver du temps. On dit
souvent que le diable est dans les détails, et lorsqu'on a une réglementation
aussi complexe, aussi importante que celle de l'alcool au Québec, bien,
comprendre l'évolution du cadre réglementaire et des décisions administratives
de la RACJ, je pense que c'est dans l'intérêt de tous.
Mme Guilbault :
Oui, merci. C'est bien noté, c'est bien noté. Commentaire très, très
constructif, merci. Donc... Mais on a ce guide-là qui est en préparation, mais
on va tenir compte de ce que vous venez de nous avancer.
J'aimerais ça... parce que je vais laisser
un petit peu de temps à mon collègue de Saint-Jean, mais j'aimerais ça,
peut-être, aborder un dernier point avec vous qui n'est pas quelque chose qui
fait l'unanimité selon à qui on parle, donc je voudrais vous entendre
là-dessus, qui est le timbrage. Donc, le timbrage, selon à qui on parle, il y a
des gens pour, il y a des gens contre. L'objectif du timbrage, évidemment, c'en
est un de sécurité publique, ça aide la traçabilité, ça aide le travail de nos
policiers, et il y avait été décidé antérieurement de mettre fin au timbrage,
mais, finalement, on s'est aperçu encore là en arrivant que nos prédécesseurs
n'avaient pas nécessairement réfléchi à une solution de rechange...
Mme Guilbault :
...évidemment, c'en est un de sécurité publique. Ça aide la traçabilité, ça
aide le travail de nos policiers. Et il avait été décidé antérieurement de
mettre fin au timbrage, mais finalement on s'est aperçu, encore là, en
arrivant, que nos prédécesseurs n'avaient pas nécessairement réfléchi à une
solution de rechange. Ce qui fait qu'on a maintenu le timbrage, parce que c'est
quand même important d'avoir un minimum de contrôle, en souhaitant néanmoins le
simplifier puis essayer de le rendre un petit peu moins désagréable pour
certains qu'il peut l'être actuellement. Donc, vous, que pensez-vous du
timbrage?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Écoutez, pour nous, le timbrage est un élément qui doit être... demeurer en
place. Lorsque, dans le précédent gouvernement, on avait choisi de mettre fin
au timbrage, on invoquait que l'Ontario... on n'est pas plus imbéciles, au Québec
qu'Ontario, et la réponse est vraie.
• (16 h 40) •
Le Président (M. Ciccone) :
M. Bourgoin, on a un problème de connexion. Êtes-vous capable de juste fermer,
en attendant, votre vidéo? On va vous entendre quand même.
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Tout à fait. Encore... voilà...
Le Président (M. Ciccone) :
Êtes-vous toujours là?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Oui. Est-ce que vous m'entendez?
Le Président (M. Ciccone) :
Oui. Allez, continuez, M. Bourgoin.
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Alors qu'effectivement lorsqu'on regarde l'Ontario, on n'est pas plus imbéciles
que les Ontariens. Par contre, ce qu'on avait oublié de mentionner, à l'époque,
c'est que le modèle de commercialisation de l'alcool, et particulièrement de la
bière, est totalement différent en Ontario qu'au Québec et que les mécanismes
de contrôle sont appliqués en fonction d'une structure de fabrication et de
commercialisation de l'alcool. C'est pour ça tantôt que je mettais en garde le
législateur de faire attention aux bonnes idées invoquées de d'autres
juridictions sans vraiment comprendre ou de mettre de l'avant les distinctions
entre les modèles de commercialisation du Québec et des juridictions que l'on
mentionne.
Je complèterais avec deux éléments, très
rapidement. Mon collègue, tantôt, Olivier, parlait de la dérive de Four Loko.
Je puis vous dire une chose, que le Québec n'est pas à l'abri de ce genre de
dérive là. Il n'y a pas une semaine, à l'ABQ, à travers nos membres, que nous
ne collaborons pas à des enquêtes policières et de l'Agence du revenu. Et le
timbre est un outil de traçabilité, tant pour des raisons d'innocuité de
produits que pour des raisons de traçabilité lorsqu'il y a des collaborations à
des enquêtes policières.
Je complèterais en vous disant, très
rapidement, qu'à travers les ramifications de l'Association des brasseurs, on a
regardé les autres technologies à travers le monde, parce qu'on vend de la
bière partout à travers le monde, et je puis vous dire une chose, les méthodes
de timbrage, au Québec, sont parmi les plus efficaces et les moins coûteuses
pour l'industrie.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole au député
de Saint-Jean. Il vous reste 3 min 50 s.
M. Lemieux : Merci beaucoup,
M. le Président. Messieurs, bonjour. M. Léger-Bourgoin, je pense que la
dernière fois qu'on s'est parlé dans un contexte comme...
M. Léger-Bourgoin (Patrice) : ...coûteuses
pour l'industrie.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole au député de Saint-Jean.
Il vous reste 3 min 50 s.
M. Lemieux : Merci beaucoup, M.
le Président. Messieurs, bonjour. M. Léger-Bourgoin, je pense que, la
dernière fois qu'on s'est parlé dans un contexte comme celui-ci, vous nous
parliez des problèmes à venir avec les bouteilles et le recyclage. J'avoue que
la pandémie vous a donné raison au moins sur ce point-là. On travaille
là-dessus.
Je voudrais vous entendre sur... C'est la recommandation
n° 2 dans votre mémoire. Vous dites : «Entamer
une profonde réflexion de l'encadrement réglementaire entourant la fabrication,
commercialisation...», bon, on comprend où vous allez avec ça. Ce que je
voudrais comprendre, c'est ce qui va rester à faire après ce projet de loi là,
après que le 170 soit... pas réglé, mais qu'on ait fait en sorte que tout ce
qui avait de prévu dans le 170 devienne réalité. On s'en va où, au juste?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Bien, vous savez, M. le député, l'alcool au Québec est fortement encadré, et je
pense qu'il faut continuer dans ce sens. Ce n'est pas un produit de consommation
comme les autres.
Par contre, la réglementation étant
complexe, le principal enjeu, c'est d'arriver à arrimer, dans une refonte
réglementaire, près de 17 lois et règlements. Et souvent ce défi-là, c'est
qu'il y a des ramifications entre les lois et règlements au Québec. Donc, vous
prenez une loi ou un règlement, et il y a un lien avec une autre loi, un autre
règlement, ainsi de suite. Et comme je le disais un peu tantôt, l'épine dorsale
de toute cette réglementation-là, c'est la Loi sur la SAQ.
Sauf erreur, la dernière grande réforme de
la Loi sur la SAQ date d'à peu près 1991, 92, là, dans la foulée des accords
commerciaux du libre-échange avec les États-Unis. Alors, vous conviendrez avec
moi qu'en 30 ans la société a évolué, les technologies sont arrivées, les
gens, la plupart du temps, sont plus sensibles à la consommation responsable
qu'on pouvait l'être il y a 40 ans. Alors, je pense qu'il est sain d'avoir
une réflexion sur la question.
M. Lemieux : Depuis
30 ans aussi, les microbrasseries, les distilleries aussi, mais les
microbrasseries sont plus populaires que jamais. Les oreilles m'ont retroussé
tantôt quand je vous ai entendu dire : Pourquoi ne pas penser que nos
membres, chez nous, à L'Association des brasseurs du Québec, puissent vendre
éventuellement directement aux consommateurs? Si on met tout sur la table, il
va falloir que... Puis je comprends que votre grosse compétition, c'est
beaucoup plus avec les boissons alcoolisées aux fruits et ces choses-là par
rapport à la bière que de la microbrasserie. Mais vous risquez un peu de faire
bouger les colonnes du temple en faisant ça. Vous êtes certain de sortir
gagnant de ça, vous?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Bien, écoutez, on va prendre un exemple de votre comté, M. le député. Lagabière
a annoncé, la semaine dernière, un investissement de 8 millions. Lagabière
peut vendre directement aux consommateurs...
M.
Lemieux : ...vous risquez un peu de faire bouger les colonnes du
temple en faisant ça. Vous êtes certain de faire sortir gagnant de ça, vous?
M.
Léger-Bourgoin (Patrice) : Bien, écoutez, on va prendre un exemple de
votre comté, M. le député. Lagabière a annoncé, la semaine dernière, un
investissement de 8 millions. Lagabière peut vendre directement au
consommateur grâce à son commerce dans le Vieux-Saint-Jean. Alors, elle a déjà
un avantage compétitif sur beaucoup de brasseurs, pouvant vendre directement au
consommateur. Mais, de surcroît, je vous dirais que les restaurateurs qui
fabriquent leur bière ne sont même pas assujettis au prix minimum sur la bière
au Québec. Alors, pourquoi, lorsque moi, je vends de la bière à travers,
disons, chez Pasquier chez vous, je suis assujetti à un prix minimum et le
consommateur peut aller dans le Vieux-Saint-Jean, à Lagabière, acheter un
cruchon de bière, et Lagabière peut vendre de la bière au prix qu'elle le
souhaite, sans prix minimum.
Le
Président (M. Ciccone) : En terminant, s'il vous plaît.
M.
Léger-Bourgoin (Patrice) : Alors, c'est une question, je vous dirais,
de cohérence et d'équité réglementaire.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, M. Léger.
On
va suspendre quelques instants pour faire des vérifications avec la vidéo.
Merci.
(Suspension
de la séance à 16 h 46)
(Reprise
à 16 h 48)
Le
Président (M. Ciccone) : Nous sommes de retour. Nous allons maintenant
céder la parole au député de Vimont. Mais avant de céder la parole, juste vous
mentionner, chers collègues, que nous avons redistribué le temps de façon
équitable. Alors, c'est pour ça que le gouvernement a eu plus de temps, et vous
aurez également, M. le député, plus de temps également. Pour une période de
14 minutes, à vous la parole maintenant.
M. Rousselle
: Merci, M.
le Président, de votre générosité, merci beaucoup...
Le Président (M. Ciccone) :
...cher collègue, que nous avons redistribué le temps de façon équitable.
Alors, c'est pour ça que le gouvernement a eu plus de temps. Et vous aurez également,
M. le député, plus de temps également, pour une période de 14 minutes. À vous
la parole maintenant.
M. Rousselle : Merci, M. le
Président, de votre générosité, merci beaucoup. M. Léger-Bourgoin, bonjour à
vous. On s'est vus à quelques reprises. M. Cauchon aussi, merci d'être là. Écoutez,
j'ai lu attentivement votre mémoire, mais aussi, comme la ministre le mentionnait,
vous avez fait partie justement du comité qui regardait justement la réglementation
sur la promotion, publicité, programmes éducatifs en matière de boissons
alcoolisées. Donc, j'ai... là, j'ai entendu la ministre disant comme quoi que
le rapport était... maintenant, qu'elle avait reçu le rapport. Je ne sais pas
si la ministre va nous en faire parvenir une copie. Ce serait intéressant d'en
avoir une copie.
Écoutez... Je n'ai pas eu de retour, là.
Est-ce qu'on va avoir une copie, pensez-vous?
Mme Guilbault :
On va l'évaluer. Je l'ai reçu très, très récemment.
M. Rousselle : Vous allez
l'évaluer? Bon, parfait. Écoutez, vous avez parlé beaucoup d'équité, puis je
vous comprends. D'ailleurs, vous l'avez mentionné tantôt. Il y a... Le groupe
qui était avant vous ont parlé justement de... je parle de la Fédération des
chambres de commerce du Québec, là, qui parlait justement de procéder à un
changement d'indexation du prix minimum sur la bière en fonction de l'inflation
alimentaire. Donc, actuellement, il y a une inflation qui est donnée sur la
bière, mais ce n'est pas sur l'inflation alimentaire. Dites-moi, pour les gens
qui nous écoutent, là aussi, est-ce que c'est la même règle qui se passe au
niveau des microbrasseurs ou des microdistilleries au niveau du prix, de
l'inflation?
• (16 h 50) •
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Non. Bien, oui et non, M. le député de Vimont, dans la mesure où il y a un seul
prix minimum sur l'alcool actuellement au Québec, et ce prix minimum là
s'applique pour la bière vendue dans les épiceries et dépanneurs. Alors, si
vous êtes une microbrasserie et que vous vendez de la bière pour emporter...
Donc, vous vous présentez à la microbrasserie et vous achetez, sur place, de la
bière, il n'y a pas de prix minimum. Si vous allez à la SAQ et que vous achetez
de la bière, il n'y a pas de prix minimum. Et sur les spiritueux, quelque forme
de spiritueux que ce soit, et de vin, au Québec, il n'y a pas de prix minimum.
Et je vous dirais, M. le député de Vimont,
en 1990, c'était normal, cette situation-là. Aujourd'hui, ce n'est plus normal
parce que les volumes d'alcool sont beaucoup plus distribués à travers les
différents canaux aujourd'hui qu'en 1990, et les habitudes de consommation sont
également fort différentes. Alors, c'est pour ça que je fais un vibrant
plaidoyer pour mettre à jour le mécanisme sur le prix minimum de l'alcool au
Québec. En fait, il y a l'Alberta et le Québec, là, qui, essentiellement, dans
les provinces les plus importantes, là, n'ont pas de prix minimum sur toutes
les catégories d'alcool.
M. Rousselle : Vous avez parlé
tantôt... Je vous écoutais, j'entendais parler justement concernant les
parasols, neuf...
M. Léger-Bourgoin (Patrice) : ...le
mécanisme sur le prix minimum de l'alcool au Québec. En fait, il y a l'Alberta
et le Québec, là, qui essentiellement, dans les provinces les plus importantes,
là, n'ont pas de prix minimum sur toutes les catégories d'alcool.
M. Rousselle
: Vous
avez parlé tantôt... je vous écoutais, j'entendais parler justement concernant
les parasols, neuf parasols d'une couleur, là, ça prend un autre parasol qui
vient d'une autre compagnie pour rentrer dans la réglementation. Je suis d'accord
avec vous justement qu'à un moment donné c'est des règlements qu'il faut qui
soient revus, repensés, dans le fond, ça, je suis bien d'accord.
Vous parlez aussi, là, à la page 6 de
votre mémoire, au niveau de la dégustation. La dégustation doit être tenue par
un tiers, par exemple. Donc, j'aimerais ça que vous parliez... Parce que, là,
on parle de promotion tout le temps, donc là, je lâche les parasols pour m'en
aller dans la dégustation. Vous semblez avoir un problème là-dessus aussi, là.
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Bien oui, et je joins ma voix à mes collègues des microbrasseurs, des
distilleries, des... peut-être pas les distilleries, mais des différents
produits artisanaux vendus dans les épiceries. On prévoit que les dégustations
doivent être faites par un tiers, et, de mémoire, dans la réglementation, on
précise même par une compagnie de sondage. Alors, un employé d'une grande
chaîne d'épicerie pourrait très bien faire dégustations, après évidemment que
la personne ait reçu une formation en termes de consommation responsable. Encore
une fois, permettez-moi un comparable avec la société d'État à vocation
commerciale. Pourquoi à l'intérieur d'une succursale de la SAQ, un employé peut
faire une dégustation, puis lorsqu'on se retrouve en épicerie, bien, ça prend
un tiers pour faire le même type de dégustation? Alors, encore une fois, c'est
une question de cohérence et d'équité réglementaire. Et je ne crois pas que ce
genre d'assouplissement là fasse en sorte de changer l'équilibre des marchés et
que ça puisse constituer, là, un enjeu de santé publique, là. Je ne penserais
pas, là, qu'avec deux gorgées ou une gorgée de bière, là, les gens fassent la
queue à répétition là, au point de se rendre saouls, là. Cette pratique-là, on
ne la voit pas à la SAQ, alors je ne pense pas qu'on la verrait davantage dans
une épicerie, là.
M. Rousselle
: Vous
avez... dans la page 8, vous parlez justement au niveau de la livraison, là, de
boissons alcoolisées. Donc, c'est sûr que vous, la livraison de... un exemple,
Molson Coors, Labatt et Sleeman est différente d'un microbrasseur qui,
lui-même, peut aller livrer. Donc, j'aimerais ça que vous alliez un petit peu
plus loin dans votre réflexion là-dessus.
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Bien, ce qui nous apparaît essentiel, c'est que, bon, il y a encore une fois de
nouvelles plateformes, là, comme Uber, pour ne pas nommer les autres, là, qui
maintenant offrent un service. Alors, je pense qu'il faut être de son temps,
cette application technologique là permet de nouvelles innovations. Et encore
une fois, c'est susceptible de donner un coup de main à nos collègues de la
restauration. Par contre, vous êtes un ancien policier, il faut que ce soit
fait dans l'ordre et la mesure, dans la perspective où il y ait un lien de
responsabilité entre le chauffeur, l'organisation comme UberEats et...
M. Léger-Bourgoin (Patrice) : …et,
encore une fois, c'est susceptible de donner un coup de main à nos collègues de
la restauration. Par contre, vous êtes un ancien policier, il faut que ce soit
fait dans l'ordre et la mesure dans la perspective où il y ait un lien de responsabilité
entre le chauffeur, l'organisation comme UberEats, et le titulaire de permis qui
doit, en bout de piste, être imputable du mandat qu'il donne à un tiers. Bon.
Les grandes chaînes de restauration ont leur propre service de livraison. Ils
sont imputables du comportement de leurs livreurs. Alors, la même situation
devrait s'appliquer pour les autres services de livraison.
Je compléterais, M. le député de Vimont,
encore en faisant référence à votre expérience de policier, le timbre, le
marquage devient important dans ce genre de situation là pour s'assurer qu'en
cours de route un produit qui part du titulaire de permis, donc du
restaurateur, ne soit pas substitué par un produit d'une autre origine. Alors,
le marquage du produit permettra aux policiers d'assurer la traçabilité adéquate
des produits.
M. Rousselle : Parlant de
livraison justement de restaurateur et quoi… je voudrais aussi peut-être, je ne
sais pas, vous avez réfléchi là-dessus, mais, moi, je commande une pizza… puis
d'ailleurs aussi je suis un ancien livrer de pizza aussi, mais à Place Vimont,
donc pas besoin de vous dire que j'ai resté dans ma circonscription dans
Vimont. Et puis je me rappelle justement… je me rappelle aussi qu'il y avait
des jeunes qui commandaient, des fois, des pizzas à minuit ou à 1 heure du
matin, là maintenant, ils vont pouvoir commander aussi de la boisson.
Pensez-vous que le livreur devrait avoir une formation, aussi un engagement de
s'assurer que la personne à l'autre bout qui soit vraiment majeur?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Tout à fait. Je le précise dans mon mémoire, M. le député de Vimont, là, il
faut demander des cartes d'identité. Il faut s'assurer que l'endroit de
livraison, là, soit le même que celui qui est inscrit sur la facture. Il faut
que le produit soit marqué et, évidemment… et je n'ai pas la réponse, là, M. le
député, là, mais je vous donne un exemple, là. Il faut s'assurer que… comment
on fait pour s'assurer que le client qui reçoit le produit soit dans un état
normal, là, qui ne soit pas déjà en état d'ébriété.
Le problème existe pour les produits de la
SAQ qui sont livrés à la maison, mais existe également pour nos produits vendus
à travers la restauration et existe également pour les produits vendus à
travers les dépanneurs. Cet enjeu-là n'est pas nouveau, et il faut s'assurer
que les employés et les employeurs se parlent pour ne pas que des impairs
soient commis.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, à vous la
parole. Il vous reste cinq minutes.
Mme Weil
: Oui,
j'aimerais revenir sur cette question justement de… parce que vous dites, dans
votre conclusion, que c'est bien important tout ça, l'équité, la provenance,
etc., mais vous soulevez la question de la sécurité publique aussi dans votre
conclusion. Donc, il faut regarder le tout…
Le Président (M. Ciccone) :
...Notre-Dame-de-Grâce, à vous la parole. Il vous reste cinq minutes.
Mme Weil
: Oui,
j'aimerais revenir sur cette question justement de... Parce que vous dites,
dans votre conclusion, que c'est bien important tout ça, l'équité, la
provenance, etc., mais vous soulevez la question de la sécurité publique aussi
dans votre conclusion. Donc, il faut regarder le tout. Demain, on entendra
Éducaloi, qui va nous en parler un peu plus.
Donc, parlant de cette question de
mineurs, vous dites qu'il faudrait bonifier le projet de loi, selon vous, pour
bien indiquer comment est-ce qu'on peut contrôler l'âge de la personne qui
reçoit non seulement à une adresse, mais la personne qui reçoit le produit,
donc par une carte d'identité. Donc, la personne qui est investie avec ce
mandat de livrer devra faire cette vérification. C'est comme ça que vous le
voyez?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
On est d'avis que cette personne, la personne qui reçoit les... devrait avoir
18 ans et plus.
Mme Weil
: Qu'est-ce
que vous dites de... aussi, ça arrive, donc une deuxième commande, une
troisième commande de cette même résidence? Avez-vous pensé à ça, une limite de
livraison d'alcool en une soirée, par exemple?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Bien, je vous dirais que c'est une grande question, parce qu'encore là il y a
un enjeu de cohérence réglementaire. La plupart des bières vendues par les
membres de l'ABQ ont moins de 5 % de taux d'alcool, alors que les produits
vendus à travers, par exemple, Purolator à la SAQ ont entre 12 % et
40 % de taux d'alcool. Alors, ultimement, les règles de livraison de
produits et les règles de commercialisation des produits devraient être plus
respectives au fur et à mesure que le degré d'alcool est plus élevé. À l'heure
actuelle, c'est l'inverse au Québec. La bière, dont le degré d'alcool est le
moins élevé, est le plus réglementée en termes de consommation responsable,
alors que les produits à 12 % et 40 % d'alcool le sont pas mal moins.
Et je pense que... Et on se doit de faire une très grande réflexion sur la
question.
Mme Weil
: Bien, merci
de vos commentaires parce qu'on n'a pas eu l'occasion encore de discuter de cet
enjeu important. Donc, c'est quand même intéressant que vous ayez réfléchi à ça
et vous avez mentionné justement cette question de ne pas livrer à un mineur,
et donc il y aura une bonification qui ira dans ce sens. Il faudrait bonifier,
comme vous le dites.
Pour revenir, si j'ai une minute, M. le
Président?
Le Président (M. Ciccone) :
2 min 45 s.
Mme Weil
: Deux
minutes. Donc, juste une question sur la réglementation, le règlement sur la
promotion de la publicité des programmes éducatifs, etc. Donc, vous êtes bien
contents si ces huit qui sont... il y a une proposition de les abroger, mais
vous dites aussi que 12 et 15 sont d'une autre époque pour plusieurs raisons,
mais pour vous, ce serait... votre recommandation, c'est qu'on y réfléchisse
comme parlementaires, évidemment, que le gouvernement y réfléchisse
éventuellement, dans un deuxième temps.
• (17 heures) •
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Oui, tout à fait, Mme la députée. L'article 12, c'est l'article auquel
faisait référence le député de Vimont avec la dégustation. L'article 15,
ça serait de permettre, par exemple, à une compagnie brassicole de fournir les
équipements de bière en fût à...
17 h (version non révisée)
Mme Weil
: ...que le gouvernement
y réfléchisse éventuellement, dans un deuxième temps.
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Oui, tout à fait, Mme la députée. L'article 12, c'est l'article auquel
faisait référence le député de Vimont avec la dégustation. L'article 15,
ça serait de permettre, par exemple, à une compagnie brassicole de fournir les
équipements de bière en fût à un restaurateur. Vous savez, le marché s'est
complexifié avec le type de produit, et souvent, la bière en fût, c'est un
produit très sensible au niveau de la qualité. Et nous aimerions avoir la
possibilité d'avoir, je dirais, un plus grand contrôle sur la qualité des
équipements, l'entretien des équipements. Et, dans le contexte actuel de la
restauration, je suis convaincu que les restaurateurs seraient très heureux de peut-être
voir cette mesure-là s'assouplir, parce que ça l'a, évidemment, des impacts
économiques pour eux.
Mme Weil
: Très bien,
merci, merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, Mme la députée. Nous passons maintenant la parole au député de René-Lévesque.
Votre groupe parlementaire détient un temps de parole de
3 min 30 s.
M. Ouellet : Merci. À mon
tour de vous saluer M. Bourgoin. Je veux juste être sûr de bien avoir
compris. Vous remettez en question le principe du prix minimum, notamment pour
la bière vendue dans les épiceries, dans les dépanneurs. C'est bien ça?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Il y a déjà un prix minimum sur la bière vendue dans les épiceries et les
dépanneurs. C'est le seul endroit où il y a de la bière vendue à un prix
minimum au Québec actuellement.
M. Ouellet : Il se
pourrait-u... est-ce qu'il se pourrait que votre industrie a tenté, par le
passé, de contourner cette obligation-là en offrant des promotions à travers
des cartes remises cadeaux suite à l'achat d'une ou deux caisses de bière où on
se faisait remettre une carte remise? Est-ce que ça, ça a été fait dans
l'industrie? Est-ce que ça se fait encore?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
À quelle décision de la Régie des alcools, des courses et des jeux vous faites
référence?
M. Ouellet : Bien, j'ai entre
les yeux une promotion qui date, là, de novembre 2016, à savoir qu'à l'achat de
deux caisses de 24, on obtenait une carte-cadeau de 10 $ pour le dépanneur
en question. Est-ce que ça, ça existe encore ce genre de promotion là?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Je n'ai pas vu la promotion auquel vous faites référence. Alors, je vous
relance la question, si on a contrevenu à des lois sur le prix minimum,
assurément, il doit y avoir une décision du tribunal de la Régie des alcools,
des courses et des jeux et, si vous me soumettez une décision rendue,
défavorable à l'égard d'un des membres de l'ABQ, assurément, là, je serai en
mesure de vous la commenter.
M. Ouellet : Dites-moi, le
fait que vous demandez d'autres modifications, notamment pour les permis de
réunion... Si je comprends bien, la loi comme elle est faite présentement, j'ai
un permis de réunion pour un mariage quelconque, la bière qui devrait être
servie devra avoir été achetée dans des endroits où est-ce qu'il y a
effectivement des détenteurs de permis, tels qu'ils sont stipulés dans la loi,
soit des détenteurs de permis d'épicerie ou de producteur artisanal. Vous
demandez qu'on modifie la loi pour qu'on puisse s'approvisionner notamment,
peut-être même directement auprès des brasseurs comme vos entreprises. C'est
bien ça?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Bien, je vous dirais, la demande d'assouplissement qu'on ferait, on va
commanditer le club de hockey x, y, z, de telle localité, actuellement, nous,
on est détenteurs de permis de brasseur, on est détenteurs de permis
d'entrepôt, et le...
M. Ouellet : ...comme vos
entreprises. C'est bien ça?
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Bien, je vous dirais, la demande d'assouplissement qu'on ferait, on va
commanditer le club de hockey xyz de telle localité. Actuellement, on est
détenteurs de permis de brasseurs, on est détenteur de permis d'entrepôt et la
personne qui tient l'événement pour lequel on commandite ne peut pas venir
chercher la bière directement à notre entrepôt. Elle doit aller faire une
transaction avec une épicerie et nous, après ça, rembourser l'épicerie pour
cette transaction-là puis ça devient compliqué pour tout le monde, là. Je fais
une commandite pour un club de hockey amateur, ligue de garage senior d'une municipalité
x, je permets un don de bière pour l'événement. Pourquoi je n'aurais pas le
droit tout simplement de permettre à la personne de venir chercher deux caisses
de bière à l'entrepôt le plus près de sa localité? Je pense que ça
simplifierait la vie de tout le monde, là.
M. Ouellet : Bien, c'est un
petit peu différent, là. Vous me parlez d'un don, moi, j'avais dans la tête,
c'était une transaction, donc, il y avait paiement de la bière en question. Là,
vous tournez ça comme étant une... je ne dis pas que c'est une mauvaise chose,
là. Mais là, ce serait une commandite que finalement, ça vous donne des tracas
administratifs d'être obligé de rembourser le dépanneur qui a donné la commandite.
J'essaie de voir un peu la nuance entre...
Le Président (M. Ciccone) : S'il
vous plaît, il reste 10 secondes.
M. Léger-Bourgoin (Patrice) :
Bien, j'aurais dû parler de transaction... Je parlais de transaction avec
l'épicier, alors il peut y avoir une transaction avec un entrepôt. On fait des
transactions avec les restaurateurs et les épiceries à tous les jours, alors on
est capable de faire une transaction avec un troisième détenteur, qui a été
chercher... troisième partenaire, qui a été chercher un permis à la RACJ, là.
Je pense qu'on est capables de faire ça aujourd'hui.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Léger-Bourgoin. Merci également à M. Cauchon pour votre
contribution aux travaux de la commission. Je suspends donc maintenant les
travaux quelques instants afin de permettre aux représentants de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 5 )
(Reprise à 17 h 9)
Le Président (M. Ciccone) :
Alors, nous reprenons les travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole est maintenant
à vous. À vous la parole.
M. Vincent (François) : M. le
Président, je vous remercie. Mme la vice-première ministre du Québec, Mmes et
MM. les députés membres de la Commission des institutions, bonsoir. Je me nomme
François Vincent, je suis vice-président pour le Québec...
Le Président (M. Ciccone) :
...vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole est maintenant à
vous. À vous la parole.
M. Vincent (François) : M. le
Président, je vous remercie. Mme la vice-première ministre du Québec, Mmes et
MM. les députés membres de la commission des Institutions, bonsoir. Je me nomme
François Vincent, je suis vice-président pour le Québec de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, la FCEI. La FCEI, ça regroupe
110 000 PME au Canada et 24 000 au Québec. Au Québec, on regroupe
plus de 1 700 établissements dans le secteur de l'hébergement et de la
restauration. On compte aussi parmi... on compte 1 200 restaurateurs qui
sont membres puis plus de 100 bars et propriétaires de bars et tavernes. Au nom
de ces entreprises, je vous remercie de nous recevoir pour commenter le projet
de loi n° 72, plus spécifiquement les modifications
qui sont proposées par son chapitre III.
• (17 h 10) •
La FCEI milite depuis plusieurs années
pour voir moderniser les lois entourant l'alcool pour les mettre au goût du
jour. M. le Président, la pandémie n'aura fait qu'augmenter l'importance et
l'urgence de cette réforme. Donc, aujourd'hui, je ne peux cacher mon
appréciation, l'appréciation de notre organisation de voir le chapitre III et
de constater que nous sommes si près du but. À titre aussi, également, de coprésident
du comité-conseil sur l'allégement administratif et réglementaire du ministère
de l'Économie, je tiens à rappeler que le comité en a fait la recommandation,
donc très heureux aussi.
Je ne peux pas vous cacher non plus que
nous sommes heureux que le dossier soit porté par la vice-première ministre du
Québec. Nous savons, à la FCEI, qu'elle sait mener à bon port des réformes et
des allégements réglementaires lorsque nécessaire. La FCEI, on lui a décerné un
prix au début de l'année pour souligner son efficacité pour avoir amené à terme
un allégement de nombreuses formalités administratives non réglementaires pour
le secteur du divertissement.
Alors, comme je disais, c'est une réforme
qui est très attendue, et depuis longtemps. Puis avec le confinement de mars et
la fermeture des commerces indépendants de proximité, des salles à manger des
restaurants, des bars, des microbrasseries de quartier qui ne pouvaient pas
accueillir leurs clients, l'enjeu de la livraison est redevenu d'actualité.
Depuis le début de la pandémie, la FCEI a fait des demandes répétées. Puis en
relations gouvernementales, M. le Président, puis comme dans la vie, on arrive
souvent à bon port en pratiquant le marathon plutôt qu'en pratiquant le sprint,
mais dans le contexte actuel, les entreprises ont besoin de ces changements dès
maintenant. Il faut à tout prix arriver à les entériner pour que les PME
puissent bénéficier de la période des fêtes, qui sera pour elle névralgique. M.
le Président, c'est très dur pour les PME, actuellement. En date du
3 novembre, c'est 69 % des PME qui sont complètement ouvertes au
Québec, 46 % qui ont retrouvé la totalité de leur personnel puis seulement
32 % qui ont retrouvé... revenus normaux.
Maintenant, au niveau sectoriel...
M. Vincent (François) :
...c'est très dur pour les PME actuellement. En date du 3 novembre, c'est
69 % des PME qui sont complètement ouvertes au Québec, 46 % qui ont
retrouvé la totalité de leur personnel puis seulement 32 % qui ont
retrouvé... revenus normaux.
Maintenant, au niveau sectoriel, on a des
données canadiennes par rapport à la marge d'erreur. Le secteur de
l'hébergement et de la restauration au Canada, c'est 89 % des PME qui
n'ont pas retrouvé leur niveau de vente normal. L'impact de la COVID-19 au
Québec, ça pourrait faire fermer 18 000 PME, on pourrait même
atteindre 30 000 fermetures. Ça représente entre 8 % et
14 % de l'ensemble des entreprises du Québec. Pour le secteur de
l'hébergement et de la restauration au Canada, on évalue à 27 % les
possibles fermetures. Enfin, il faut mentionner que la présente crise a aussi
endetté lourdement les PME. Selon notre évaluation publiée cette année... cet
été, dis-je, la dette moyenne contractée par les PME en raison de la COVID-19,
je le précise, est de 135 000 $.
Comme vous pouvez le constater, M. le
Président, c'est un secteur durement touché, mais c'est aussi un secteur qui
est très important pour notre économie. Selon une compilation qui a été faite
par le ministère de l'Agriculture du Québec de données de Statistique Canada,
la restauration et les débits de boisson représentaient 45 % de l'emploi
du secteur bioalimentaire en 2018. On parlait de 231 388 emplois.
Mais ces commerces entrent dans de nouvelles phases de restriction. Je ne peux
pas vous cacher que de nombreux membres... incompréhension, leur frustration
croissante quant au fait que les salles à manger doivent être fermées. Donc,
des avenues pour leur donner des possibles ventes aideront tout comme
l'amélioration de l'aide du gouvernement du Québec.
M. le Président, les entreprises veulent
rejoindre leurs clients et les entreprises veulent les servir. En permettant la
livraison de l'alcool, le projet de loi n° 72 offrira la possibilité
justement de rejoindre les clients et de pouvoir générer des ventes. Nous
sommes particulièrement satisfaits qu'on permette de passer par un tiers pour
faire la livraison. Le petit restaurant de quartier, le petit bar, ils n'ont
pas nécessairement... puis ils ne veulent pas nécessairement non plus prendre
ça à leur charge. Donc, en permettant la livraison par un tiers, on vient
démocratiser la mesure. Nous encourageons donc les députés à adopter ces
dispositions.
Et nous pensons aussi que c'est une si
bonne idée qu'on devrait la permettre et l'élargir plus largement qu'au permis
restaurateur. Parce que, selon le projet de loi, la livraison de
l'article 34.1.1 réfère au permis de restauration qui est défini par
l'article 57 du projet de loi. Il est vrai que certains restaurants puis
certains bars ayant une cuisine pourront changer de permis et s'ouvrir à la
livraison. Cependant, qu'en est-il des petits bars...
M. Vincent (François) : ...projet
de loi, la livraison de... l'article 34.1.1 réfère au permis de restauration
qui est défini par l'article 57 du projet de loi. Il est vrai que certains
restaurants puis certains bars ayant une cuisine pourront changer de permis et
s'ouvrir à la livraison. Cependant, qu'en est-il des petits bars de quartier ou
des petits microbrasseurs qui n'ont pas de cuisine? Ils ne pourront malheureusement
pas, selon notre compréhension, faire l'obtention d'un permis de restauration.
Ils doivent transmettre à la régie le menu qu'ils envisagent mettre à la
disposition de la clientèle puis aussi, je cite le projet de loi, «maintenir
l'équipement fonctionnel et opérationnel, et avoir le personnel nécessaire pour
assurer le service de préparation et de vente d'aliments durant les heures et
les jours où ils effectuent la vente ou le service de boissons alcooliques.»
Donc, les bars fermés, qui n'ont pas de cuisine,
qui n'ont pas l'intention de s'en construire une ne pourront pas avoir une
option de livraison pour permettre à leurs clients de les encourager. Pourtant,
la Société des alcools du Québec est en mesure de livrer chez les citoyens de
la bière, du vin, de l'alcool fort, mais pas le bar, pas le microbrasseur, pas
le distilleur. Pourquoi, M. le Président? Parce qu'ils n'ont pas de cuisine.
Puis selon mon souvenir, je n'ai pas remarqué qu'il y avait des cuisines à la
SAQ. Vous comprendrez que nous pensons qu'il est possible de faire mieux, et
nous suggérons à la vice-première ministre et aux députés de prendre cela en
considération.
Je tiens à mentionner aussi que la FCE a
fait des demandes concernant les brasseurs, les microbrasseurs, aussi touchés
par les fermetures des restaurants et des débits de boisson, conçoivent des
produits qui sont périssables et ont de la difficulté à rejoindre les clients.
Alors, on vous invite à prendre en considération cela, puis également les
demandes des distillateurs, qui ont des demandes similaires, de pouvoir livrer
par un tiers, surtout les petits, qui n'ont pas nécessairement... qui ne
veulent pas nécessairement établir un service de livraison maison. Nous avons
de plus en plus d'excellents artisans. Donnons-leur la possibilité de rejoindre
leurs clients.
Comme j'ai dit, la période des fêtes est
un moment à ne pas manquer. Comme cadeau de Noël cette année, si je veux
acheter un gin québécois à mon père puis des bières de microbrasseries à mon
beau-frère, bien, je pourrais le faire par la livraison, en encourageant une
PME d'ici. J'espère sincèrement que je pourrai le faire. Puis j'espère que mon
père ne m'écoute pas parce que j'aimerais ça quand même lui garder une
surprise.
La FCE tient à souligner les améliorations
pour prendre en considération la différence des prix entre les produits
consommés sur place et achetés pour emporter et pour la livraison. On salue
également la prise en considération du caractère saisonnier à certaines
entreprises pour l'établissement du prix du permis. Ça, c'est vraiment quelque
chose de très intéressant, et également, les notions de publicité.
Maintenant, je veux conclure en parlant
des évictions commerciales. Étant donné que nous sommes encore entrés dans des
restrictions économiques dans plusieurs régions et pour plusieurs commerces...
M. Vincent (François) : …pour l'établissement
du prix du permis, c'est vraiment quelque chose de très intéressant et également
des notions de publicité.
Maintenant, je veux conclure en parlant
des évictions commerciales. Étant donné que nous sommes encore entrés dans des
restrictions économiques dans plusieurs régions et pour plusieurs commerces, l'amendement,
précédemment, qui avait été introduit par le gouvernement pour stopper les
évictions commerciales dans le projet n° 61, selon nous,
redevient d'actualité. La moitié des PME craignent ne pas pouvoir passer une
deuxième vague de restrictions, il faut donc donner tous les outils pour les
aider à passer ce dur moment et être encore présentes avec nous lorsque la
crise sera derrière nous.
Nous tenons à apporter à
votre attention que l'Ontario a annoncé, le 5 novembre dernier, qu'elle
renouvelait sa disposition pour empêcher les évictions commerciales, puis
l'Ontario, M. le Président, a des restrictions économiques moins strictes
qu'ici.
Le Président (M.
Ciccone) : En terminant, M. Vincent. Cinq
secondes.
M. Vincent
(François) : Je vous remercie de votre écoute
puis je vais être heureux d'échanger avec vous.
Le Président (M.
Ciccone) : O.K. Merci beaucoup. Alors, merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant passer à la période
d'échange et nous débutons avec Mme la ministre pour une période de
17 min 30 s.
Mme Guilbault :
Merci beaucoup, M. le Président. Bien, merci beaucoup, M. Vincent, pour votre
exposé. Vous et moi, j'irais jusqu'à dire qu'on se connaît, mais pas dans le
sens d'intime, pas du tout, là, mais ça fait quelques fois qu'on travaille
ensemble sur certaines choses, certains dossiers. Puis récemment on était
ensemble chez Kettö ici, à Québec, dans votre campagne pour promouvoir puis
encourager l'achat local puis le soutien à nos PME locales. Donc, c'est un
travail très, très important que vous faites de proximité depuis même avant la
pandémie, mais, depuis la pandémie, on vous voit très, très présent, porte-voix
pour nos PME. Donc, un grand merci pour votre travail.
Et on entend bien votre
plaidoyer aujourd'hui qui va exactement justement dans le sens de soutenir nos
PME, d'aider nos PME dans la COVID, mais même indépendamment de la COVID, là,
quand on pense à tout l'allègement réglementaire. Puis vous faisiez référence
tout à l'heure à ce qu'on a fait dans le passé avec aussi la Régie des alcools,
des courses et des jeux pour les gens qui avaient des appareils d'amusement, et
tout ça, là, donc énormément de simplification administrative.
• (17 h 20) •
Et sur la question de
l'allègement réglementaire, je voudrais en profiter pour mentionner le travail
colossal qu'accomplit le député de Saint-Jérôme qui est ici, nouvellement, à
nos côtés et donc qui s'est joint à nous, qui était occupé à une autre
commission tout à l'heure. Donc, je veux vraiment reconnaître son travail,
c'est lui qui pilote toute cette opération d'allègement réglementaire qu'on
souhaite au gouvernement. Il le fait en collaboration avec le ministre de
l'Économie et avec moi-même, mais c'est vraiment lui qui est le plus
participatif dans ce dossier-là. Donc, je veux lui rendre hommage avec vous,
tous ici présents. Donc, un grand merci au député de Saint-Jérôme, et qui,
d'ailleurs, va utiliser une partie du temps aussi tout à l'heure pour pouvoir
s'adresser à vous.
Et donc sur ce bel hommage,
je vais enchaîner avec… je ne suis pas étonnée non plus, puis c'est un peu ce
que j'avais dit à M. Milliard de la Fédération des chambres de commerce, je ne
suis pas nécessairement étonnée d'entendre que vous êtes favorable au projet de
loi, du moins, au chapitre III qui vous concerne, parce que ce sont…
Mme Guilbault :
...une partie du temps aussi tout à l'heure pour pouvoir s'adresser à vous.
Et donc sur ce bel hommage, je vais
enchaîner avec... Je ne suis pas étonnée non plus, puis c'est un peu ce que
j'avais dit à M. Miller de la Fédération des chambres de commerce, je ne
suis pas nécessairement étonnée d'entendre que vous êtes favorables au projet
de loi, du moins au chapitre III qui vous concerne, parce que ce sont des
mesures, puis on l'a dit cet après-midi déjà, qui avaient été prévues au projet
de loi n° 61 qui, pour toutes sortes de raisons, n'a
pas pu continué, qui n'a pas été placé au projet de loi, son successeur, le 66,
parce qu'on en a fait vraiment plus un projet orienté vers les infrastructures.
Alors donc, moi, je tenais à ce qu'on puisse le mettre dans cet omnibus de
sécurité publique parce que ça fait longtemps que, entre guillemets, ça traîne
et que nos restaurateurs, nos entrepreneurs attendent ces modifications-là.
Donc, quand on pense, par exemple, à
pouvoir livrer, servir... livrer de l'alcool avec les repas et déléguer cette
livraison-là, de manière tout à fait moderne en 2020, et pouvoir servir aux
tables sans être obligé de servir nécessairement un repas, est-ce que vous...
puis je me doute de la réponse, là, mais donc... puis je vous pose la même
question que j'ai posée aux chambres de commerce, est-ce que vous pensez que ça
va être une bouffée d'air pour nos restaurateurs quand ils pourront rouvrir, évidemment,
là? Là, en ce moment, ça ne changera pas grand-chose, malheureusement, sauf
pour ce qui est de la livraison. Mais donc pensez-vous que, vraiment, ça va les
aider de façon très, très directe et concrète?
M. Vincent (François) : Bien,
une des meilleures choses pour aider ces entreprises-là, c'est de leur
permettre de faire des ventes. Puis comme je l'ai dit, le secteur de
l'hébergement puis de la restauration, c'est un des secteurs qui est le plus
durement touché, 11 % de ventes actuellement au Canada. Puis selon une
étude qu'on avait faite sur les fermetures d'entreprise, c'était 27 % des
entreprises qui pouvaient venir à fermer dans ce secteur-là. Donc, leur donner
une option de pouvoir livrer un nouveau produit, faire des ventes
supplémentaires, c'est certain que ça peut aider ces entreprises-là. C'est pour
ça que j'ai mentionné dans mon allocution l'importance de ce projet de loi là
puis l'importance de l'adopter, ce projet de loi là pour pouvoir permettre aux
entreprises d'en bénéficier pendant la période des fêtes. Donc, j'invite vraiment
l'ensemble des députés à appuyer les dispositions pour... Oui, c'est une
bouffée d'air frais. Je vous dirais qu'ils préféreraient pouvoir ouvrir, là, je
ne vous cacherai pas ça, là, mais si on peut leur donner une option de pouvoir
rejoindre leurs clients par la livraison, c'est une voie à prendre,
certainement.
Mme Guilbault :
Oui, bien, absolument. C'est sûr que si on pouvait se débarrasser du virus puis
se débarrasser de la pandémie, tout le monde serait plus heureux. Mais,
malheureusement, on est pris encore avec le rouge pour au moins deux semaines.
Mais donc... effectivement. Et par rapport à ça, parce que nous, on cherche...
c'est ça, à les aider le plus directement possible puis le plus, tu sais...
c'est ça, directement possible avec des liquidités concrètes et immédiates.
Puis là je vous amène à une autre chose,
qui n'est pas tout à fait dans le projet de loi, mais récemment on a consenti
5,3 millions pour pouvoir rembourser ou pour pouvoir, finalement, créditer
une partie de la facture annuelle du permis de plusieurs exploitants, entre
autres des bars, des gens qui, finalement, peuvent servir de l'alcool. Donc,
ça, c'est un 5,3 millions direct qu'on réinjecte en créditant ça sur la
facture, qui n'avait...
Mme Guilbault :
...dans le projet de loi, mais récemment on a consenti 5,3 millions pour
pouvoir rembourser ou pour pouvoir, finalement, créditer une partie de la
facture annuelle du permis de plusieurs exploitants, entre autres des bars, des
gens qui, finalement, peuvent servir de l'alcool. Donc, ça, c'est un
5,3 millions direct qu'on réinjecte en créditant ça sur la facture, qui
n'avait pas été envoyée, d'ailleurs, encore cette année, pour le permis annuel
et en conjonction avec ce qu'on a mis dans le projet de loi pour les permis
saisonniers dont on vient moduler le tarif annuel pour que les gens qui
exploitent sur une base saisonnière seulement n'aient pas à payer l'entièreté
du prix du permis.
Donc, ça, est-ce que vous considérez aussi
que c'est des bonnes mesures? Puis est-ce que vos membres vous ont dit :
On est contents, tant mieux? C'est sûr que ça ne fait de miracle, là, ça ne
règle pas tous les problèmes. Mais est-ce qu'au moins, ça, ils en sont
satisfaits?
M. Vincent (François) : Ce
sont d'excellentes nouvelles. Dans un premier temps, le remboursement au
prorata, on en avait fait la demande dans une lettre. On est très contents de
l'écoute du gouvernement puis du fait que vous ayez mis en place cette
modification. Tu sais, c'est du concret, là, que vous avez fait. Parce qu'un
entrepreneur ne peut pas avoir accès à son local, mais doit payer une partie de
son permis, tandis que, là, tu sais, il y a une certaine logique là-dedans,
puis c'était vraiment une action qu'on a reconnue publiquement et qui était
appréciée par les entrepreneurs qui ont eu cette réduction-là.
Maintenant, sur le permis saisonnier,
c'est... disons que c'est de la réglementation intelligente. Pourquoi je
facturerais pour l'année une entreprise qui ne fonctionne pas pour l'année? On
a des revendications similaires pour le taux d'imposition au Québec qui prend
en considération les heures rémunérées puis qui va défavoriser les plus petits.
Bien, ça, c'est une démonstration que vous amenez une sensibilité pour une
réalité saisonnière d'entreprise.
Puis comme je disais, tu sais, si... J'ai
entendu une partie d'un intervenant précédent sur certaines modifications qu'on
demande qui sont peut-être plus difficiles à cause d'accords internationaux,
etc. Mais si vous pouviez évaluer la possibilité de pouvoir ouvrir ça pour les
bars qui n'ont pas nécessairement de permis de cuisine, disons que ça pourrait
justement aussi envoyer un message d'espoir à nos petits bars de quartier qui
nous permettent de nous rassembler entre nous, là, quand... Puis je suis persuadé
qu'on va être contents d'avoir ces établissements-là quand le virus va être
derrière nous puis qu'on va vouloir retourner fraterniser entre nous.
Mme Guilbault :
Oui, bien, vous m'amenez justement sur un point que je voulais aussi aborder avec
vous qui est les permis, les permis de bar, les permis de restaurant. Dans la
foulée de la pandémie, il y a des gens, des entreprises qui n'avaient pas de
permis de restaurant, qui avaient seulement le permis de bar, puis qui ont
décidé de se faire une cuisine ou, en tout cas, de faire en sorte de pouvoir
servir de la nourriture pour pouvoir avoir aussi le permis de restaurant, et
donc ouvrir, à l'époque où seulement les bars étaient fermés. Et nous, on
souhaitait faire en sorte de faciliter cette...
Mme Guilbault :
...des entreprises qui n'avaient pas de permis de restaurant, qui avaient
seulement le permis de bar, puis qui ont décidé de se faire une cuisine ou, en
tout cas, de faire en sorte de pouvoir servir de la nourriture pour pouvoir
aussi avoir le permis de restaurant, et donc ouvrir, à l'époque où seulement
les bars étaient fermés. Et nous, on souhaitait faire en sorte de faciliter
cette obtention de permis là d'un point de vue administratif, là, avec les
instances qui sont concernées par ça. Et à ma connaissance, il y a quand même
un certain nombre, là, de bars qui se sont prévalus, là, de la possibilité
d'avoir un permis de restaurant, moyennant, comme je l'ai dit, quand même
d'avoir une cuisine ou d'être capable de servir de la nourriture, là.
Mais est-ce que vous, vous avez de
l'information là-dessus chez vos membres, que ce soit des données ou, si vous
n'avez pas des données comme telles, des témoignages que vous auriez en
mémoire, là, à travers vos divers contacts, de gens qui ont fait ça? Et est-ce
que, oui, ça a été plus simple, plus rapide pour eux de pouvoir devenir aussi
un restaurant et donc de pouvoir opérer à la période, là, où il y avait
seulement les bars qui étaient fermés? Et donc c'est ça. Et qu'est-ce qu'encore
une fois, ça a été apprécié par vos membres, cette possibilité-là?
M. Vincent (François) : Oui.
Je vous dirais que oui, toute adaptation réglementaire qui permet, justement, à
plus d'entreprises possibles d'avoir accès à un allégement réglementaire, c'est
une bonne chose. C'est une bonne chose. Maintenant, la problématique que j'y
vois, c'est dans la définition de ce que doit inclure, justement, le permis de
restauration. De l'équipement nécessaire à la vente d'aliments, un endroit
organisé pour la clientèle sur place, un équipement fonctionnel opérationnel
pour assurer la préparation ou vente d'aliments, donc, ça veut dire quoi, ça?
Tu sais, admettons, si un entrepreneur veut faire des sandwiches sur son
comptoir ou, s'il veut vendre un sac de chips, est-ce qu'il va pouvoir envoyer
une grosse Laurentide en même temps? Tu sais, peut-être pas.
En Ontario, par exemple, ils ont apporté
des modifications similaires pour la livraison, puis, par exemple, les
distilleries, eux autres, doivent absolument avoir un item de nourriture. Mais
mon collègue de l'Ontario disait qu'il pouvait juste ajouter un sac de chips ou
des biscuits puis que ça permettait aux distilleries de pouvoir envoyer leur
fort. Donc, tu sais, c'est bon avec des chips, là.
Ça fait que, tu sais, s'il pouvait avoir
une modification comme ça pour que, O.K., bon, vous pouvez être permis comme un
permis de restaurant, mais ça ne veut pas nécessairement dire qu'il faut que tu
aies un four, etc., là. Je suis en train de rénover la cuisine chez nous, puis
ce n'est pas donné faire une cuisine, là. Ça fait que disons qu'un bar qui
voudrait avoir accès à ça... Si vous pouvez apporter un certain allégement à l'article 57,
ça serait vraiment apprécié.
Mme Guilbault :
Oui. Bien, est-ce que vous avez connaissance... Parce que nous, c'est ça, on
parle d'une cuisine fonctionnelle avec du personnel sur place, là, qui fait la
nourriture. Est-ce que ça, vous avez eu connaissance de problèmes ou...
M. Vincent (François) : Non,
mais moi, je...
Mme Guilbault :
Sur quelle base vous dites ça?
• (17 h 30) •
M. Vincent (François) : Oui.
Mais là, admettons, moi, si j'ai une petite... dans mon quartier, là, j'ai un
petit bar...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Guilbault :
...cuisine fonctionnelle avec du personnel sur place, là, qui fait la
nourriture. Est-ce que, ça, vous avez eu connaissance de problèmes ou... Sur
quelle base vous me dites ça?
M. Vincent (François) : Non,
mais moi, je me... Oui. Mais là, mettons, moi, si j'ai une petite... dans mon
quartier, là, j'ai un petit bar spécialisé en cocktails qui vit des temps vraiment
difficiles, puis, si moi, je voulais commander de l'alcool là-bas pour
l'encourager, puis je suis prêt à payer un petit de... quelques dollars de
plus, bien, il ne pourrait pas, parce qu'il n'en a pas, de cuisine. Puis il a peut-être
des vins importés, il a peut-être... Peut-être, aussi, je pourrais même acheter
ma bière là-bas, juste parce que pendant la pandémie je veux faire un acte de
bon citoyen et choisir ce commerce-là. Mais là, lui, il n'est pas accessible à
ça, puis il n'aurait pas accès à cette modification réglementaire là. Ça fait
que c'est pour ça que, nous, on suggère à ce que, bon, bien, on puisse le
permettre tant aux bars sans permis MAPAQ puis ceux qui ont des permis MAPAQ.
Mme Guilbault :
Oui. Oui, bien, merci. Bien, effectivement, là, c'est deux choses
distinctes : il y a les gens qui ont le permis de bar seulement puis qui
choisissent d'avoir un permis de bar puis d'opérer avec les conditions qui
viennent avec un permis de bar, tu sais, les heures d'ouverture puis tout
ça — il y a quand même des avantages aussi; mais là, je parlais de
ceux qui avaient décidé de se prendre un permis de restaurant.
Puis peut-être un dernier petit point
avant de laisser la parole à mon collègue. Justement,
avez-vous — puis je l'ai posé aussi aux chambres de commerce — avez-vous
une réflexion sur, un peu, l'avenir des permis, du fait que, justement, là, on
a assisté à des gens qui ont décidé de passer d'un seul bar à quelqu'un... un
hybride, là, avec de la restauration? Est-ce qu'à court, moyen ou long terme,
vous voyez qu'on pourrait finalement avoir un seul et même permis ou est-ce
que... Puis d'autant plus que vous nous disiez qu'on devrait élargir la
possibilité de livrer de l'alcool à des bars qui ne font pas de nourriture.
Donc, là, est-ce que ça ne vient pas effriter encore plus la distinction
actuelle entre les deux permis? Et qu'est-ce qui finalement les distinguerait à
partir de là?
M. Vincent (François) : Moi,
je pense qu'on a... je suis très... on est très ouverts à entamer une réflexion
pour moderniser encore plus le système d'alcool et le système de permis. Tout
qu'est-ce qui peut représenter un allégement réglementaire et qui respecte les
réalités des secteurs économiques, c'est quelque chose de bienvenu. Maintenant,
on pense qu'on va... la livraison, c'est quand même quelque chose qui devrait
bénéficier aux autres secteurs d'activité économique. Quand on regarde en
Ontario, bien, ils l'ont permis, de pouvoir livrer de l'alcool pour les
restaurants, pour les bars. Pour les microbrasseurs également, ils peuvent
envoyer leurs bouteilles de bière directement aux consommateurs, et aux
distilleries. Là, on... il y a peut-être un bon enseignement là de notre
province voisine. On peut regarder comment on peut améliorer encore plus la
bonne voie dans laquelle vous nous amenez, Mme la vice-première ministre.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, Mme la ministre.
Mme Guilbault :
Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) :
Je cède maintenant la parole au député de Saint-Jérôme. Il vous reste
3 min 45 s.
M. Chassin :
Merci, M. le Président. Bonsoir à tous. Je suis heureux de me joindre à vous à
la CI en ces temps particuliers sur un projet de loi qui m'intéresse beaucoup.
Bonsoir, M. Vincent. On a eu évidemment des échanges nombreux...
Le Président (M. Ciccone) :
...je cède maintenant la parole au député de Saint-Jérôme. Il vous reste
3 min 45 s.
M. Chassin :
Merci, M. le Président. Bonsoir à tous. Je suis heureux de me joindre à vous, à
la CI, en ces temps particuliers, sur un projet de loi qui m'intéresse beaucoup.
Bonsoir, M. Vincent. On a eu évidemment des échanges nombreux sur ce sujet-là,
on a pu y travailler. D'ailleurs, permettez-moi de dire que je suis flatté des
éloges de la vice-première ministre, ça fait bien plaisir. Mais je voulais
revenir peut-être sur le début de votre présentation, où vous parliez du fait
que c'étaient des mesures attendues depuis longtemps, là. Je me rappelle d'une
rencontre où vous étiez aussi, où on nous encourageait à aller dans ce sens-là,
mais peut-être avec une certaine incrédulité, là, où on y mentionnait que ces
mesures-là étaient attendues depuis plusieurs années, si ce n'est depuis plusieurs
décennies.
Quand on parle évidemment d'un contexte
comme celui qu'on vit actuellement, est-ce que c'est seulement dans ce
contexte-là que vous le voyez ou est-ce que vous pensez que la réflexion
sociale, elle est rendue là, de pouvoir, par exemple, permettre à un
restaurateur de servir de l'alcool sans nourriture, vu que c'est attendu depuis
longtemps? Est-ce que c'est parce qu'on a évolué dans notre réflexion, comme
société, au Québec?
M. Vincent (François) : Bien,
je dirais, les deux. D'abord, je pense qu'on a évolué par rapport à notre
réflexion, mais aussi je crois que la pandémie a juste fait accélérer le fait
de... Ah bien, c'est quelque chose qui aurait fortement aidé des entreprises
et... qui se retrouvent à être contraintes de fermer. Donc, ça a juste accéléré
l'importance du changement.
Vous mentionnez, c'est qu'on en parlait
depuis longtemps. Moi, j'ai fait un... je suis revenu à la FCEI par la grande
porte, mais j'étais, avant ça, dans une association dans la construction, mais
j'étais à la FCEI avant, sept ans, pendant... ça faisait 10 ans, à peu près,
que je suis là, puis on en parle... je me rappelle qu'on en parlait à mes
débuts à la FCEI. J'ai fait une recherche pendant que je préparais mon
allocution puis j'ai vu qu'en 2016 on mentionnait, dans le communiqué, qu'il
fallait réformer, dépoussiérer les lois d'alcool, qui dataient de la
prohibition, bon... style différent, là, mais, tu sais, on était quand même sur
le dossier en 2016. En 2018, il y a eu des modifications aussi, puis également
sous votre leadership, M. le député de Saint-Jérôme. Je tiens aussi à vous
rendre hommage pour tout le travail que vous faites pour l'allégement
réglementaire, puis... que vous menez, actuellement.
Oui, je pense que la société est rendue là
puis qu'on est capables de faire ça responsablement puis, tu sais, si la
société d'État peut livrer chez les individus, je vois mal comment on ne
pourrait pas permettre ça à nos artisans d'ici.
M. Chassin :
Évidemment, vous l'avez vu... bien, je vous remercie pour vos bons mots, bien
sûr, mais vous l'avez vu, dans la question de la vice-première ministre, cette
réflexion. Est-ce que ça va...
M. Vincent (François) : …de
faire ça responsablement, puis si la société d'État peut livrer chez les
individus, je vois mal comment on ne pourrait pas permettre ça à nos artisans
d'ici.
M. Chassin :
Comment vous l'avez vu… bien, je vous remercie pour vos bons mots bien sûr,
mais vous l'avez vu dans la question de la vice-première ministre, cette
réflexion, est-ce que ça va vraiment aider concrètement? Est-ce que je me
trompe en disant que, pour les restaurateurs en particulier, la vente de
boissons alcooliques représente des marges bénéficiaires élevées, qui peut
faire la différence en termes de rentabilité?
Le Président (M. Ciccone) :
En 15 secondes, s'il vous plaît, M. Vincent.
M. Vincent (François) : Ça,
je n'ai pas les détails exacts là-dessus. Pour un bar, là, oui, c'est des
marges élevées pour les bars. Pour les restaurants aussi, quand on parle d'un
bon repas avec quelqu'un, souvent, on va accompagner ça d'une bouteille de vin.
Donc, certainement que ça fait partie des ventes qui peuvent être perdues si je
peux juste faire de la livraison.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Vincent. Nous sommes maintenant rendus à l'opposition officielle
avec un temps de parole de 14 minutes. M. le député de Vimont, vous avez la
parole.
M. Rousselle : Merci, M. le
Président. Bien, bonjour, M. Vincent. Heureux que vous soyez là. Écoutez, j'ai
lu, avec attention, justement votre mémoire. Justement, vous en parlez là-dedans,
puis, moi, je peux vous en parler. Je suis député de Vimont et puis mes
restaurateurs justement, actuellement — puis j'ai dit «mes», vous
pouvez voir que je suis possessif — mais les restaurateurs de mon
secteur justement ont mal au ventre actuellement. Effectivement, en étant dans
la zone rouge, ça ne va vraiment pas bien surtout la deuxième vague. La
première vague, ils pouvaient comme vivre un peu, mais là la deuxième vague
vient tout simplement les détruire complètement.
Puis je sais que… puis vous avez parlé
tantôt des fermetures ou des commerces qui vont fermer, bien, moi, je peux vous
dire qu'à Vimont ça va être le cas, parce qu'il y a beaucoup de restaurateurs,
restaurateurs et bars que vous avez parlé, vont fermer. Et je leur parlais
justement, le fait de faire de la livraison avec la boisson, eux me
mentionnaient, oui, ça va leur donner une possibilité supplémentaire de faire
de l'argent, mais ce ne sera pas suffisant pour nous de survivre dans une
période qu'on vit actuellement, la COVID-19.
Et là je m'en vais chercher justement le
bout que vous avez marqué, là, d'inclure, dans le projet de loi, un amendement
pour protéger les petits commerçants des évictions et des saisies commerciales,
et la même chose a été recommandée par la Fédération des chambres de commerce
du Québec. Vous, si vous aviez à prioriser des choses, est-ce que vous
priorisez cet article-là comparativement à la livraison d'alcool? Je ne vous
dis pas qu'on met de côté la livraison d'alcool, là, mais en priorité, parce
que, moi, en tout cas, qu'est-ce que je peux sentir sur mon terrain,
les gens, ils ont besoin absolument d'une sécurité ou encore ils ont besoin
justement… parce que vous le savez comme moi, les frais fixes sont là, bien
beau qu'on a fait des… bien, on a fait des arrangements concernant les permis
d'alcool, puis tant mieux, ça a été fait, mais les frais fixes et les autres
frais fixes sont toujours là, donc…
M. Rousselle
: ...ont
besoin absolument d'une sécurité ou encore ils ont besoin justement... Parce
que vous le savez comme moi, les frais fixes sont là. Bien beau qu'on a fait
des améliorations puis on a fait des arrangements concernant les permis
d'alcool, puis tant mieux, ça a été fait. Mais les frais fixes, les autres
frais fixes sont toujours là. Donc, dites-moi qu'est-ce que vous en pensez qu'est-ce
que je viens de dire, là.
• (17 h 40) •
M. Vincent (François) : Bien,
moi, je pense qu'on peut prioriser les deux. L'amendement... je pense que
c'était l'amendement 35.1 qui avait été amené... l'article 35.1 qui
avait été amené au projet de loi n° 61, a été déposé par le gouvernement
dans un moment où il y avait des fermetures, puis on commençait même à voir de
la lumière au bout du tunnel à ce moment-là. Donc, on revient dans une période
similaire. Alors, je vois mal en quoi ça ne serait plus nécessaire d'adopter un
tel article, surtout que des provinces comme l'Ontario l'ont fait pour protéger
les entreprises qui étaient touchées par les arrêts obligatoires de l'économie.
Mais je pense que c'est possible d'amener
l'amendement puis d'adopter... dans le 72 en même temps que les allègements
pour l'alcool. Je suis persuadé... Moi, je suis un grand optimiste, puis je
suis persuadé que c'est possible, puis je vous en fais la suggestion. Mais
maintenant, bon, ça prend de l'aide aussi pour les entreprises qui sont
touchées. Ça, c'est clair.
M. Rousselle
: Je me
suis peut-être mal exprimé, parce qu'effectivement je ne suis pas contre la
livraison d'alcool, là, comprenez-vous, là? Ça, c'est... Je comprends, puis ça
fait partie du projet de loi, c'est bien correct. Mais moi, qu'est-ce que
j'entends sur le terrain, justement, c'est que les gens attendent du
gouvernement, justement, une aide financière rapide pour justement... pour
pouvoir, justement, survivre, pour être capable, justement, de pouvoir livrer
de l'alcool pendant un repas. Parce qu'on me disait : Jean, si on ne me
donne pas de l'argent pour que je puisse vivre encore, bien, je ne pourrai pas,
justement, profiter de ce projet de loi là pour pouvoir livrer l'alcool.
Écoutez, on parlait aussi d'un... toujours
en restant dans la livraison d'alcool, une tierce partie, justement, va pouvoir
livrer maintenant. Vous, selon vous, on devrait-u responsabiliser un petit peu
plus ces tierces parties là. Parce que, là, on s'entend, je peux avoir
16 ans — ça fait longtemps — mais je peux avoir
16 ans, et puis commander une pizza, et puis commander aussi vin et bière,
mais j'ai 16 ans. Donc, est-ce que vous avez eu une réflexion là-dessus
pour responsabiliser, justement, les tierces parties?
M. Vincent (François) : Je
pense que... tiens, je dirais : Quand mon fils va avoir 16 ans, il va
pouvoir prendre de la bière dans le frigidaire, puis je ne les compte pas à
tous les jours, les bières dans mon frigidaire, M. le député, puis ça se peut
que je ne le remarque pas, hein? Il pourrait prendre mon ordinateur puis être
capable de rentrer dans mon compte à la SAQ, se faire livrer une boîte de la
SAQ puis le boire. Je veux dire, c'est possible, ça existe. Maintenant, je suis
persuadé que le gouvernement, dans la mise en place de ses règlements puis dans
son suivi, va être en...
M. Vincent (François) :
...remarque pas, hein, mais il pourrait prendre mon ordinateur puis être
capable de rentrer dans mon compte à la SAQ, se faire livrer une boîte de la
SAQ puis le boire. Je veux dire, c'est possible, ça existe. Maintenant, je suis
persuadé que le gouvernement, dans la mise en place de ses règlements puis dans
son suivi, va être en mesure de s'assurer qu'il y ait un processus pour
s'assurer que les mineurs n'en profitent pas d'une manière détournée, mais je
pense qu'il faut avoir confiance aussi dans les individus puis que si un jeune
a vraiment l'intention de... il va réussir à arriver à ses fins sans
nécessairement... sans que ça augmente drastiquement le fait que les jeunes
vont consommer de l'alcool, là. Ça, ça ne m'inquiète pas trop, trop.
M. Rousselle
: Bien,
ça, je comprends. Je vous comprends là-dessus, j'ai déjà eu 16 ans. D'ailleurs,
je ne vous conterai pas tout, là, mais j'ai déjà eu 16 ans, donc... Mais
l'affaire, c'est qu'au restaurant, on s'assure justement... ou dans un bar, on
s'assure que la personne soit majeure. Donc, là, on veut extentionner le
restaurant à la maison, et c'est correct, il n'y a pas de problème, mais vous
ne trouvez pas que le règlement devrait suivre aussi cette prolongation-là du
bras du restaurant ou... parce que là... Faites-vous-en pas, c'est une question
que je vais poser à Éduc'alcool, ça, c'est certain, quand ils vont venir nous
voir, là.
Le Président (M. Ciccone) :
M. Vincent.
M. Vincent (François) : Oui.
Il me semblait que j'avais vu de quoi dans les articles, mais je suis... Il me
semblait que j'avais vu quelque chose dans les articles, là. Je ne les retrouve
pas, mais, je veux dire, il y a des mesures qui sont possibles à faire, là. Il
va d'autant... Il va avoir besoin de la carte de crédit, il peut demander une
carte qui confirme l'âge de la personne puis, je veux dire, dans les permis de
conduire, puis dans les cartes d'assurance maladie, on est capables de le voir,
puis il me dit : Bien, tu sais, c'est plate, tu n'as pas 18 ans. Ça fait
que moi, je repars avec la bière, puis tu vas avoir ta pizza, puis c'est
faisable...
Je suis persuadé que c'est faisable
d'arriver à cela puis ce serait triste de bloquer cela. En Ontario, ils le font
puis je ne pense pas que les jeunes boivent plus d'alcool en prenant la
livraison que nous, qu'on est rendus là, puis qu'on est capables de faire
confiance aux marchés et aux entreprises qui vont accepter les... qui vont
accepter les commandes et celles qui vont livrer.
M. Rousselle
: Je ne
vous parle pas de bloquer ça, je parle tout simplement de regarder voir qu'on
mette un processus pour vérifier, là. Je n'ai jamais parlé de bloquer.
Dites-moi aussi, dans un restaurant, là maintenant,
avec le projet de loi, le projet de loi s'enligne sur tu vas pouvoir commander
de la boisson sans commander un repas. Est-ce que vous, vous voyez... pour ne
pas venir en confusion ou en compétition avec les bars... est-ce que vous voyez
une heure que le restaurateur devrait arrêter de faire la... servir de la
boisson, pour ne pas être en confusion ou en compétition avec le bar?
M. Vincent (François) : Bien
non...
M. Rousselle
: ...et de
la boisson sans commander un repas. Est-ce que vous, vous voyez... pour ne pas
venir en confusion ou en compétition avec les bars... est-ce que vous voyez une
heure que le restaurateur devrait arrêter de faire la... servir de la boisson,
pour ne pas être en confusion ou en compétition avec le bar?
M. Vincent (François) : Bien
non, on est vraiment d'accord avec cette disposition-là. Puis, tu sais, on
dirait que ça fait une éternité, là, mais, tu sais, dans le temps qu'on pouvait
aller entre amis dans un restaurant ou dans un bar, là, faire des 5 à 7, moi,
je me rappelle, des fois, j'avais soupé puis, bon, bien : Je ne peux pas
te servir de bière parce qu'il faut que tu achètes une frite, tu sais, ça fait
que, bon, bien, tu sais... les autres vont tous manger. Mais c'est juste une flexibilité
normale qui va permettre aux gens de se rassembler puis de bien répondre aux
besoins de la clientèle. Je ne pense pas nécessairement que ça va retirer ou
sortir les gens complètement des bars, là, ce sont des... ils ont des mandats
différents. Puis s'il y a des gens qui veulent aller ensemble dans une
microbrasserie, dans une distillerie ou dans un restaurant, bien, c'est le
choix qu'ils vont faire entre groupes, puis on va pouvoir leur... répondre à
leurs besoins en tant que clients. C'est comme, si je suis dans une petite
brasserie qui n'a pas de restaurant, pas de cuisine, je pourrais bien me faire
livrer de la pizza puis boire ma bière, puis, je veux dire, je vais-tu faire
compétition à la pizzeria? Bien non. Ça fait que je pense qu'il faut... je
pense qu'on est rendu là, puis je vous encourage fortement à adopter cette disposition-là.
M. Rousselle
: Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de
Notre-Dame-de-Grâce. Il vous reste 4 min 25 s.
Mme Weil
: Oui, bien,
bonjour. Plaisir de vous voir. Je pense que, d'entrée de jeu, il faut dire
qu'on est pour ce projet de loi. Il ne faut pas s'inquiéter.
M. Vincent (François) : Oui,
je sais.
Mme Weil
: Mais la
réflexion doit être profonde, quand même. On vient toucher un sujet qui est
délicat, dans le sens de la... plus de consommation, possiblement, d'alcool.
Éducaloi... Éduc'alcool va venir demain nous en parler, donc, d'autres
juridictions parlent de formation, comment assurer la sécurité publique,
assurer de l'âge. Il y a... Tout gouvernement, toute société doit regarder ces
questions-là. Moi, ma question, c'est de savoir, et peut-être que vous n'avez
pas de réponse, c'est correct, on est juste là pour voir à bonifier le projet
de loi, hein? C'est toujours la question de bonifier pour que ce projet de loi
soit gagnant-gagnant. Gagnant-gagnant, ça veut dire modération. Et on est tous
extrêmement, comment dire, perturbés par la situation des restaurants. On
comprend les restrictions, la fermeture, on est tous solidaires de ça, mais
c'est surtout ça qui les dérange. Alors, si ça, ça peut aider, évidemment, on
est pour. Mais comme législateurs, on doit être soucieux aussi du reste.
Alors, est-ce que votre organisation a eu
l'occasion de penser à la formation qui pourrait venir avec... Il y aura des
enjeux légaux, c'est sûr. La responsabilité qui vient avec la livraison d'un
produit qui n'est pas de la nourriture, donc combien de livraisons...
Mme Weil
:
...l'occasion de penser à la formation qui pourrait venir avec... Il y aura des
enjeux légaux, c'est sûr, la responsabilité qui vient avec la livraison d'un
produit qui n'est pas de la nourriture, donc combien de livraisons, etc. Mais
est-ce que votre... Vous êtes là pour... en soutien, donc, aux entreprises,
dépendant du projet de loi et de la réglementation qui va suivre. Est-ce que
vous avez pensé, réfléchi à cet aspect-là aussi?
Parce qu'avec cette ouverture vient une
responsabilité, qui est aussi importante. Parce que, s'il y avait échec, s'il y
avait abus, s'il y avait plus de violence conjugale, s'il y avait toutes sortes
de... Parce que la sécurité publique est très occupée, hein, donc... Non, mais,
je vous dis, c'est les enjeux qu'on voit dans les débats ailleurs, dans
d'autres provinces, quand ils en ont parlé. C'est normal quand on parle de
consommation d'alcool, et c'est pour ça que la société québécoise est
responsable. C'est juste de s'assurer que toutes les parties prenantes soient
conscientes des obligations, je vous dirais ça comme ça.
M. Vincent (François) : Bien,
je serais curieux de voir c'est quelle formation a Purolator pour livrer
l'alcool que la SAQ vend aux clients qui vont aller sur son site Internet.
Juste avant, là, j'ai fait un test pour voir qu'est-ce que je pouvais me faire
livrer chez nous, là. Je peux me faire livrer de La Chouffe, je pourrais me
faire livrer du fort, je pourrais me faire livrer de la bière. Ça me coûtait
une quinzaine de dollars l'avoir chez nous. Est-ce qu'ils font de la formation?
Et puis est-ce que Purolator le fait aussi? Pour la livraison, bon, je veux
dire, si je commande des sushis avec de la bière locale, bien, il n'y a pas
trop de problèmes, là. Je veux dire... on ne parle pas d'explosifs, là. On
parle d'alcool.
Donc, je comprends toute la notion, là,
de... que ça peut engendrer des problèmes sociaux, puis, etc., mais c'est là,
puis on a toujours été capables de bien balancer les investissements qu'on fait
en sensibilisation aux citoyens. Puis la société d'alcool, comme... je vais le redire,
permet la livraison, alors, si... je pense que ça devrait être un bon modèle.
Si l'État peut le faire, bien, les entreprises privées devraient pouvoir le
faire aussi.
• (17 h 50) •
Mme Weil
: C'est juste
qu'Éduc'alcool vous invite à réfléchir pour que ce soit un succès de A à Z.
C'est tout simplement... Je voulais savoir si vous, comme organisation qui
représente l'économie du Québec et les entrepreneurs... Vous avez tout à fait
raison dans vos réponses, mais on nous invite à y réfléchir. Merci.
M. Vincent (François) :
Excellent.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, Mme la députée, et je passe maintenant la parole au député de
René-Lévesque pour 3 min 30 s.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
M. le Président. Donc, à mon tour de vous saluer, M. Vincent. Je suis content
de vous voir en personne, bien, en tout cas, du moins, à l'écran. On a eu
l'opportunité d'échanger ensemble par téléphone beaucoup pendant la pandémie,
justement, pour qu'on trouve ensemble des solutions à cette crise qui touchait
nos restaurateurs, nos petites entreprises. Et je tiens à le rappeler aussi que
votre organisation représente aussi beaucoup de petites et très petites
entreprises, des cinq employés et moins.
J'ai posé la question à la fédération
canadienne des chambres de commerce, je vais vous la poser à vous aussi, à
votre...
M. Ouellet : ...pandémie
justement pour qu'on trouve ensemble des solutions à cette crise qui touchait
nos restaurateurs, nos petites entreprises. Et je tiens à le rappeler aussi,
que votre organisation représente aussi beaucoup de petites et très petites entreprises
des cinq employés et moins.
J'ai posé la question à la fédération
canadienne des chambres de commerce, je vais vous la poser à vous aussi, à
votre organisation. Le projet de loi va permettre, dans certains cas, à la
livraison par un tiers, et on sait que, présentement, il existe des grands
joueurs, et cette livraison-là par un tiers est extrêmement coûteuse pour les entreprises
et notamment les petites entreprises. Il y a des frais qui peuvent être chargés
jusqu'à 30 %. Et lorsqu'on sait, le taux de profit avant livraison est
autour de 4 %-5 % du chiffre d'affaires, il ne reste pas grand-chose
si on fait affaire avec ces joueurs-là. Trouvez-vous opportun que les
législateurs se poseraient la question, à savoir si on devrait légiférer pour
minimalement encadrer des frais raisonnables quant à la livraison faite par un
tiers ici, au Québec?
M. Vincent (François) : Bien,
je vous dirais que la... on comprend cette réalité-là puis que, souvent, il y a
des petites entreprises qui peuvent se faire prendre en otage quand il n'y a
pas assez d'acteurs sur le marché. La FCEI, d'habitude, est allergique à la
réglementation. Mais nous, on considère que si on permet ça puis ça augmente le
marché, bien, ça peut permettre à ce qu'il y en ait plus qui se créent pour
être capable de répondre à cela. Puis, bien, dans l'économie, justement,
collaborative, comme vous avez parlé, là, des services de livraison, bien,
probablement qu'il peut y avoir des projets d'ici qui vont se créer pour
pouvoir faire une compétition et baisser le coût à la base. Donc, ce serait mon
analyse à...
M. Ouellet : Donc, si je
comprends bien, le marché devrait s'équilibrer avec d'autres joueurs si,
effectivement, avec cette disposition-là... de ces dispositions-là, pardon,
dans le projet de loi, ça va permettre à d'autres entreprises d'avoir accès à
de la livraison. De ça, je peux comprendre que le capitalisme devrait s'opérer.
Cela étant dit, il y a quand même une
certaine hégémonie, il y a des grands joueurs qui, dans certains cas, imposent
des tarifs. C'est surtout là. C'est que je trouve qu'il n'y a pas 15 choix,
il y a... bon, on connaît Uber, il y a Dish , il y en a quelques-uns qui sont
déjà présents et, déjà, les tarifs sont comme un peu la porte d'entrée,
notamment pour ce qui est de l'accès à la technologie. Donc, je voulais être
certain que la FCEI est sensibilisée au fait qu'on donne accès à une nouvelle
faction d'entreprise pour la livraison, mais ça représente un coût et plusieurs
petites entreprises vont tout simplement dire, malgré les dispositions, vont
dire : Non, parce que je n'y arriverai pas, malgré le fait que je vais
pouvoir livrer parce que le 30 % qu'on me charge, ça ne couvre même pas
mes frais.
M. Vincent (François) : Oui,
mais il y a des dispositions qui permettent d'établir un prix différent pour la
livraison. Donc, oui, le prix va être plus cher. Maintenant... j'ai dit, c'est
la position traditionnelle de la FCEI. Maintenant, si le législateur décide
d'évaluer cette question-là puis d'aller de l'avant avec certaines
dispositions, on commentera lorsque ça sera arrivé. Mais, nous autres, on a
quand même bon espoir devant ce qui est proposé actuellement.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
M. Vincent.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. Vincent. Je vous remercie pour votre...
M. Vincent (François) :
...d'évaluer cette question-là puis d'aller de l'avant avec certaines
dispositions. On commentera lorsque ça sera arrivé, mais, nous autres, on a
quand même bon espoir devant ce qui est proposé actuellement.
M. Ouellet : ...beaucoup,
M. Vincent.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Vincent. Je vous remercie pour votre contribution à nos
travaux.
La commission ajourne ses travaux au
mercredi 11 novembre 2020, après les affaires courantes. Bonne soirée,
tout le monde.
(Fin de la séance à 17 h 54)