Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mercredi 10 février 2021
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Vol. 45 N° 117
Étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels
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Intervenants par tranches d'heure
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Bachand, André
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Tanguay, Marc
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Caire, Éric
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Caire, Éric
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Bachand, André
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Barrette, Gaétan
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Barrette, Gaétan
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Caire, Éric
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Bachand, André
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Tanguay, Marc
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Caire, Éric
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Bachand, André
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Tanguay, Marc
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Barrette, Gaétan
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Bachand, André
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Caire, Éric
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Barrette, Gaétan
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Caire, Éric
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Bachand, André
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Barrette, Gaétan
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Caire, Éric
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Bachand, André
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Barrette, Gaétan
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Lévesque, Mathieu
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Bachand, André
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Caire, Éric
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Caire, Éric
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Bachand, André
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Barrette, Gaétan
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Tanguay, Marc
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Tanguay, Marc
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Caire, Éric
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Bachand, André
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Lévesque, Mathieu
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Bachand, André
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Tanguay, Marc
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Caire, Éric
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Lévesque, Mathieu
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Caire, Éric
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Tanguay, Marc
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Bachand, André
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Lévesque, Mathieu
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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11 h (version révisée)
(Onze heures seize minutes)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
matin. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
institutions ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi
modernisant des dispositions législatives en matière de protection des
renseignements personnels.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui. M.
le Président, M. Lemieux (Saint-Jean) est remplacé par M. Poulin
(Beauce-Sud); M. Birnbaum (D'Arcy-McGee) par M. Barrette (La Pinière);
M. Fontecilla (Laurier-Dorion) par M. Nadeau-Dubois (Gouin);
Mme Hivon (Joliette) par M. Ouellet (René-Lévesque).
Le Président (M.
Bachand) : Avant d'aller plus loin, je vous rappelle qu'en
fonction des mesures de distanciation physique annoncées par la Santé publique,
vous devez conserver votre place assise en commission et respecter la
distanciation de deux mètres. Si vous souhaitez vous déplacer ou changer de
place, un page devra désinfecter votre place. De plus, s'il vous plaît, vous le
faites très bien, vous êtes disciplinés, mais je vous le rappelle, le port du
masque de procédure est obligatoire en tout temps, hormis au moment de prendre
la parole dans le cadre des travaux.
Lors de l'ajournement de nos travaux,
jeudi dernier, les discussions portaient sur l'article 9 amendé du projet
de loi et l'article 8 était suspendu. Interventions sur l'article 9?
M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui. M. le
Président, alors l'article 9, et on me corrigera si j'ai tort,
l'article 9 parle beaucoup... donc introduit un nouvel article et on
parle... qui est 53.1, et j'en étais à un échange avec le ministre, puis on
s'était laissés là-dessus abruptement, puis j'y ai pensé toute la fin de
semaine, M. le Président, on parle des qualificatifs : manifeste, libre,
éclairé, et être donné à des fins spécifiques. «Libre et éclairé», j'avais dit
au ministre : Ça, ça va de soi, là, <ça va de soi, là>, c'est
un duo, là, <qui va de pair...
M. Tanguay
: ...
abruptement,
puis j'y ai pensé toute la fin de semaine, M. le Président, on parle des
qualificatifs : manifeste, libre, éclairé, et être donné à des fins
spécifiques. «Libre et éclairé», j'avais dit au ministre : Ça, ça va de
soi, là, ça va de soi, là, c'est un duo, là, >qui va de pair pour faire
une redondance. «Manifeste», par contre, ça venait d'où? Puis je pense que le
ministre commençait à nous expliquer. Ça vient d'où, ça, «manifeste»? Parce
qu'après ça, on... j'aimerais ça savoir quelles précisions seront données aux
organismes publics tantôt, parce que 9 se reproduit, je n'ai pas l'article,
mais dans les entreprises privées. «Manifeste», ça veut dire quoi dans le
concret?
M.
Caire
:
Alors, toujours sous réserve que Me Miville-Deschênes peut corriger mes
propos, si tant est qu'il le juge nécessaire, «manifeste» s'entend par
opposition à «implicite». Donc, il faut qu'il y ait un geste qui soit posé qui
équivaut à demander et octroyer son consentement. Par exemple, si on est dans
une finalité, ça peut être, genre, une case à cocher où on case la coche comme
quoi on consent, ça peut être appuyer sur le bouton «j'accepte», donc je donne
mon consentement.
Et là je vois dans les yeux de
Me Miville-Deschênes qu'il y a des nuances à apporter. Et donc pour le
bénéfice de la commission, et avec son consentement, je passerais la parole à
Me Miville-Deschênes.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement?
Une voix
: ...
Le Président (M.
Bachand) : Pour la séance? Merci. Me Miville-Deschênes,
s'il vous plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Bonjour. Bien, en fait, le terme «manifeste»,
ça veut dire que c'est un consentement qui est certain, indiscutable, qui est
évident, mais ce n'est pas automatiquement un consentement qui va être exprès,
là, qui va nécessiter vraiment un geste actif posé par la personne qui consent.
M. Tanguay
: Donc,
«manifeste» peut ne pas être un geste actif, donc «manifeste» pourrait être
implicite?
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Ce n'est pas exclu. D'ailleurs, la Commission d'accès à l'information, dans son
dernier rapport quinquennal, pour la première fois reconnaissait que... parce
que les critères de manifeste, libre, éclairé, ça se retrouve déjà dans la loi
sur le secteur privé, l'article 14 contient déjà ces trois critères-là. Puis
la commission a reconnu, dans son rapport quinquennal, que, oui, «manifeste»,
ça veut dire qu'il faut que ça soit certain, là, qu'il n'y ait pas de doute,
mais ce n'est pas nécessairement un consentement qui est exprès ou explicite.
• (11 h 20) •
M. Tanguay
: O.K. Ce
qu'on se dit là, M. le Président, est pertinent à 9 et va l'être à 102, O.K.?
Puis ce que l'on a entendu... à 102 pour les entreprises privées. Ce que l'on a
entendu, à dialoguer avec celles et ceux qui auront à vivre avec la loi dans le
domaine privé, c'est lorsque l'on dit, bon, «manifeste, libre et éclairé»,
«manifeste», moi, j'ai encore des zones d'ombre. Vous dites : «Manifeste»,
il pourrait être implicite. Dans le jour le jour, est-ce que... donc, vous nous
dites qu'il pourrait être manifeste sans qu'il n'y ait de trace, que ce soit...
que je clique sur «je consens» ou sans que ce soit la signature d'un
formulaire, sans qu'il y ait un geste positif, vous dites qu'il pourrait être
manifeste. Comment cela est-il possible?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, c'est une bonne <question...
M. Tanguay
: ...
dans
le jour le jour,
est-ce que
... donc, vous nous dites qu'il
pourrait être manifeste sans qu'il n'y ait de trace, que ce soit... que je
clique sur «je consens» ou sans que ce soit la signature d'un formulaire, sans
qu'il y ait un geste positif, vous dites qu'il pourrait être manifeste. Comment
cela est-il possible?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe)T :
Bien, c'est une bonne >question qui a
été soulevée par les entreprises, parce que le terme «manifeste» portait à
interprétation, là, donc les entreprises soulevaient la question à savoir :
Est-ce que c'est automatiquement explicite? Mais la Commission d'accès à
l'information a reconnu que ce n'était pas nécessairement le cas. Donc, un
consentement peut être... tu peux être certain que la personne consent à une
utilisation, à une communication sans que cette personne-là ait à signer ou à
cocher une case, là. Donc, c'est plus un niveau de certitude qu'une preuve du
consentement.
M. Tanguay
: Donc,
là-dessus, on reste dans le flou quant à l'exécution, là, c'est du cas par cas,
là. Parce que je veux juste qu'il y ait des lignes directrices. Puis, encore
une fois, à 9, on fait aussi un peu le débat. Ce qu'on se dit, là, M. le
Président, à 9, on ne le répétera pas à 102, ça fait que c'est pour ça que
c'est important, parce que la rédaction, la dernière fois que j'ai regardé, est
exactement la même pour le domaine privé. Donc, «manifeste, doit être
manifeste». On peut-u avoir plus de précisions? Parce que, moi, j'aurais dit...
j'aurais arrêté ma ligne de questions si vous m'aviez dit : Non, ça va
prendre une trace à quelque part, soit dans un formulaire signé, soit sur
«j'accepte», «je consens». Manifeste, c'est poser un geste, c'est manifeste.
Manifeste est synonyme, dans mon livre, à explicite, et manifeste ne peut pas
aller de pair avec implicite, tout comme on ne peut pas l'avoir explicite et
implicite. Le ministre est-il...
M.
Caire
: Mais,
en même temps, M. le Président, puis je suis le raisonnement du collègue, sauf
que je retiens de la réponse de Me Miville-Deschênes que c'est une disposition
qui existe dans la loi. Donc, cette disposition-là existe depuis que la loi a
été adoptée, c'est-à-dire il y a 39 ans.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Elle dans la loi sur le privé, donc depuis 1993.
M.
Caire
: 1993.
Bon. Merci de cette correction, ce qui nous amène quand même dans un horizon de
27 ans d'application, alors...
M. Tanguay
: Oui, mais
la qualité de son application, c'est un peu n'importe quoi, c'est du gros
n'importe quoi, puis on l'a vu, là, dans les exemples récents, là. Alors, il
faut juste mettre un peu de chair autour de l'os.
M.
Caire
: Mon commentaire,
collègue, ne visait pas à dire que le législateur ne peut pas modifier la chose
s'il le juge à propos, mais sur l'interprétation qu'on en fait, il n'en demeure
pas moins qu'on vit avec ce libellé-là dans les 27 dernières années, là.
Ça fait que je me dis, est-ce qu'il existe déjà de par la jurisprudence ou l'application
de la loi, une notion qui est bien établie au niveau des tribunaux? Et ma préoccupation,
c'est de répondre à la préoccupation de mon collègue, qui est légitime, mais
c'est toujours aussi de ne pas réparer ce qui n'est pas <brisé...
M.
Caire
: ...de
par la jurisprudence ou
l'application de la loi, une notion qui est bien
établie au niveau des tribunaux? Et ma
préoccupation, c'est de répondre
à la
préoccupation de mon collègue, qui est légitime, mais c'est
toujours
aussi de ne pas réparer ce qui n'est pas >brisé. Alors, il faut garder
l'équilibre dans la loi. Et si une loi, dans son application, a démontré son efficacité,
je ne dis pas qu'on ne peut pas le changer, là, ceci étant, je dis juste
qu'avant de le changer soyons certains qu'on pose le bon geste et surtout qu'on
le fait pour mieux.
M. Tanguay
: La CAI, la
Commission d'accès à l'information, est venue nous dire, page 38 de son
mémoire : «Par ailleurs, comme l'indiquait la commission dans son dernier
rapport quinquennal de 2016, elle considère qu'il serait pertinent de préciser
les exigences liées au critère de validité du consentement. Qu'est-ce qu'un consentement
libre? Éclairé? Donné à des fins spécifiques? Une autre option serait de donner
à la commission le pouvoir d'émettre des lignes directrices en cette matière.
Ce pouvoir, prévu pour d'autres organismes de surveillance, notamment à
l'international, permettrait à la commission de préciser certaines notions et
de les faire évoluer avec le contexte de l'évolution technologique.»
M.
Caire
: Si je
peux me permettre, collègue, puis ça va peut-être répondre à votre
interrogation, nous sommes — et je vais y aller avec toute la
prudence que requiert la situation —nous sommes à évaluer l'opportunité de
donner suite à cette recommandation-là de la Commission d'accès à
l'information, à savoir de lui permettre d'émettre des lignes directrices,
comme effectivement ça se fait ailleurs, et <je devrais... >si
tout se passe bien, je devrais pouvoir répondre, sans présumer des décisions
qui sont prises par d'autres instances, on s'entend... mais on devrait pouvoir
répondre positivement à cette demande-là.
M. Tanguay
: Je crois
que... détrompez-moi si j'ai tort, que le projet de loi n° 64,
prévoyait déjà le pouvoir à la Commission d'accès à l'information d'émettre de
telles lignes directrices.
M.
Caire
: Non.
M. Tanguay
: Non? Pas
du tout?
M.
Caire
: Non.
Non, c'est d'ailleurs... lorsque j'ai rencontré Me Poitras, vendredi
dernier, elle a réitéré cette demande-là, que j'ai reçue positivement.
M. Tanguay
: Ce serait
important...
M.
Caire
: Bien,
le collègue est allé au gouvernement puis il sait de quoi je parle, il sait
qu'il y a un cheminement avant qu'on amène des modifications... bien, en fait,
il y a un cheminement à faire avant d'en arriver à ce qu'on puisse déposer un
amendement de cette nature-là, qui permet les discussions.
Le Président (M.
Bachand) : ...M. le député.
M. Tanguay
: Oui, rapidement.
M.
Caire
: Mais
il est... il y a une volonté certaine d'aller dans cette direction-là, collègue.
M. Tanguay
: Je vais
compléter, je vais faire une dernière intervention pour laisser les autres collègues
l'opportunité de s'inscrire. Mais, moi, je ne suis pas satisfait et rassuré à
100 %. Je vais lire l'extrait du mémoire de la Commission d'accès à
l'information qui dit : Bien, moi, j'aimerais ça avoir le pouvoir de le
préciser puis de le dire. On le sait, dans la pyramide réglementaire ou dans la
<pyramide...
M. Tanguay
: ...je
vais faire une dernière
intervention pour laisser les autres
collègues
l'opportunité de s'inscrire. Mais, moi, je ne suis pas satisfait et rassuré à
100 %. Je vais lire l'extrait du mémoire de la Commission d'accès à
l'information qui dit : Bien, moi, j'aimerais ça avoir le pouvoir de le
préciser puis de le dire. On le sait, dans la pyramide réglementaire ou dans la
>pyramide juridique ou légale, il y a la loi, il y a le règlement puis
il y a le reste qui s'appelle les directives de la Commission d'accès à
l'information. Là, on est rendu au top de la pyramide qui est la loi. Moi, je
pense, puis je conclus là-dessus, M. le Président, puis j'aurai l'occasion de
me réinscrire, de faire le débat ici au niveau de la loi, puis de le préciser,
puis peut-être même de changer des mots parce que, quand on me dit «manifeste»,
ça veut dire aussi implicite, je pense que c'est mal parti, le cas échéant,
pour le ministre de faire un règlement ou, encore pire, entre guillemets, à la
Commission d'accès à l'information de dire : Bien, ça, très large puis, à
première vue, contradictoire, ça va être ça, ça, ça. On aurait fait l'économie
ici, autour de la table, d'un débat qui doit être fait, là, puis j'aurai
l'occasion de revenir, mais je n'achète pas... oui, des directives, mais ça
passerait après la loi et les règlements.
M. Caire
:
J'entends, là, le propos du collègue. Loin de moi l'idée de faire l'économie du
débat. Au contraire, je pense que ça pourrait même éventuellement à ce que les
parlementaires exprimeront comme volonté, pourrait amener des éléments de
précision, sans nécessairement modifier le libellé. Puis je le dis encore une
fois, là, je ne suis pas hostile à changer le libellé, mais je pars du principe
que ce libellé-là existe depuis quand même un certain nombre d'années, puis je
n'ai pas l'expérience du collègue de l'application la loi, là, peu s'en faut.
Mais le sentiment que j'ai, puis en discutant avec les légistes de l'État, on a
pensé qu'il était souhaitable de garder ce libellé-là.
Maintenant, la notion supplémentaire qu'on
amènerait, c'est de permettre à ce tiers neutre, qui est la Commission d'accès
à l'information, elle, de fixer ses lignes directrices et d'avoir la souplesse
de le faire dans le respect de ce qui a quand même déjà été fait
législativement, là. Ce n'est pas... l'article est nouveau, mais ce libellé-là
n'est pas du droit nouveau, donc c'est quand même du droit qui est ancré dans
les habitudes et à partir desquelles la Commission d'accès à l'information
dit : Si vous m'en donnez le pouvoir, je serai capable d'émettre des
lignes directrices qui vont permettre de préciser ça, puis de l'ancrer
peut-être dans la réalité actuelle.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Caire
: Puis,
s'il y a des amendements, je serai tout à fait ouvert à les entendre. Je veux
juste dire que, des fois, à réparer quelque chose qui ne semble pas être brisé,
bien, on fait plus de tort que de bien.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
• (11 h 30) •
M. Nadeau-Dubois : Bien,
justement, sur la question du consentement, je ne sais pas s'il y a quelque
chose de brisé, mais il y a... en tout cas, en matière de protection des
renseignements personnels, il y a un gros défi lié à la question du
consentement parce que ça peut devenir... puis je ne dis pas que c'est
l'intention du ministre, je ne dis pas que c'est ce que fait son projet de loi,
mais le consentement peut devenir une espèce d'écran de fumée qu'on met au
visage des citoyens...
11 h 30 (version révisée)
M. Nadeau-Dubois : ...en
matière de protection des renseignements personnels, il y a un gros défi lié à
la question du consentement, parce que ça peut devenir — puis je ne
dis pas que c'est l'intention du ministre, je ne dis pas que c'est ce que fait
son projet de loi — mais le consentement peut devenir une espèce
d'écran de fumée qu'on met au visage des citoyens et citoyennes.
Et, au nom du consentement, et surtout on
peut questionner la qualité, la validité, la profondeur de ce consentement-là, on
peut devenir, comment dire, au nom de ce consentement-là, on peut faire toutes
sortes de choses, puis je pense que les législateurs peuvent aussi dire... D'une
part, on pourrait dire, puis on y reviendra dans le projet de loi, peut-être
qu'il y a certaines choses auxquelles on ne devrait pas, même, pouvoir
consentir parce que ça va manifestement à l'égard... à l'encontre du bien
commun. Puis ça, on le fait dans notre société de droit de plein de manières. On
a peu... Il y a plein de... Le consentement, ce n'est jamais absolu. Donc, par
exemple, moi, je ne peux pas vendre mes organes, même si j'y consens, par
exemple. Puis là je prends volontairement un exemple extrême, mais c'est pour
montrer que le consentement, ce n'est... Même dans une société de droit de type
libéral, ce n'est pas absolu, «A majuscule».
Et c'est vrai aussi en matière de renseignements
personnels. On ne peut pas se contenter de dire : S'il y a consentement,
tout est permis. Il faut, d'une part, faire le tri entre ce qui peut exister
comme type de consentement, puis d'autre part définir la notion de
consentement. Puis à l'article 9, il y a des éléments, quand même, de
définition de ce qui est un consentement valide. Mon collègue de LaFontaine
parlait de «manifeste», de «libre», d'«éclairé», mais, moi, c'est la deuxième. Puis
<c'est... >je partageais ses questionnements. Moi, j'ai envie de
passer à la deuxième phrase de l'article, où on dit : «Il est demandé à
chacune de ces fins, en termes simples et clairs, distinctement de toute autre
information communiquée...»
M.
Caire
:
M. le Président, si je peux me permettre d'interrompre respectueusement mon
collègue, on a amendé ce libellé-là lors de la dernière séance, collègue. Vous
allez retrouver l'amendement où, justement, après le «termes simples et clairs», il n'y a plus de virgule, il y a
un point. Donc, la phrase s'arrête là, justement parce qu'on souhaite clarifier
cette situation-là. Et je vous lis ce que nous avons aussi rajouté. Donc, après
«simples et clairs», M. le député, vous allez mettre un point au lieu d'une
virgule, et on va rajouter «Lorsque la demande de consentement est faite par
écrit, elle doit être présentée...». Puis là vous continuez avec «...distinctement
de toute autre information communiquée». Donc, on précise que... Avec
l'amendement qui a été adopté, on précise que donc c'est «en termes simples et
clairs», point, et «par écrit», là, il faut qu'il soit distinct de toute autre
forme d'information, justement pour ne pas noyer le poisson à travers des
textes qui n'en finissent plus de finir. Puis on a tous, M. le député, le même
exemple en tête. Donc, ce nouveau libellé là, je pense, vient répondre à vos
préoccupations. En tout cas, sans présumer, là, je pense que ça répond à vos
préoccupations.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
le ministre a bien fait de me <mettre…
M.
Caire
:
...
pas noyer le poisson à travers des textes qui n'en finissent plus de
finir. Puis on a tous, M. le député, le même exemple en tête. Donc, ce nouveau
libellé là, je pense, vient répondre à vos préoccupations. En tout cas, sans
présumer, là, je pense que ça répond à vos préoccupations.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois :
Bien, le ministre a bien fait de me >mettre à jour. Je ne suis pas en
mesure de suivre tous les travaux de la commission et, en effet, je n'avais pas
capté...
M.
Caire
:
Pas de faute. Il n'y a pas de faute.
M. Nadeau-Dubois : Ah!
non. Puis je le sais. Je fais, de toute façon, ce que je peux. Mais néanmoins,
moi, ce qui m'intéresse, puis tant mieux qu'on ait coupé la phrase en deux
comme ça pour vraiment séparer les deux éléments, mais j'aimerais que le ministre
nous dise concrètement, là... Admettons qu'on... Faisons l'hypothèse qu'il y a
des citoyens et des citoyennes lambda qui nous écoutent puis qui veulent
comprendre concrètement qu'est-ce que ça peut vouloir dire de demander un consentement
distinctement de toute autre information communiquée à la personne concernée.
Parce que, comment on fait pour éviter que le... Comment on fait pour que...
Comment on a l'assurance que la personne qui donne son consentement saisit
toute la portée du consentement en question? C'est quoi, les assurances dans le
texte de la loi que ce n'est pas une demande de consentement trop générale,
trop floue, trop englobante, qui fait en sorte que, oui, il y aurait consentement,
la personne signe ou la personne clique, mais, au fond, c'est un consentement tellement
général et générique qu'il n'y a pas un consentement au sens fort du terme?
Comment on met des balises pour que ce soit un consentement inefficace? Puis
comment on fait pour que ça ne génère pas un faux sentiment de sécurité auprès
de la personne?
M.
Caire
:
Bien, en fait...
M. Nadeau-Dubois : Et je
suis content d'entendre... Parce que la solution que la CAI évoque dans son
mémoire, c'est de dire : Bien, donnez-nous le pouvoir de mettre ces
éléments de définition là en place. Là, j'entends que le ministre est en
réflexion sur cette question-là, mais d'ores et déjà est-ce qu'il peut nous
dire dans quelle direction vont ses réflexions, là? C'est-à-dire, qu'est-ce
qu'on pourrait mettre en place comme balises pour que le consentement soit
véridique?
M.
Caire
: Sur
la question de la Commission d'accès à l'information, collègue, je vous le dis
en transparence, là, il y a des discussions qui vont... qui devraient trouver
un dénouement final aujourd'hui et qui devraient permettre de vous présenter,
dans les prochains jours, les différents amendements pour qu'on puisse discuter
en toute connaissance de cause. Mais sur cette question-là, de lignes
directrices, de pouvoirs de la CAI d'émettre des lignes directrices, moi, je
vous le dis, c'est une idée qui me séduit. C'est une idée qui me séduit parce que
je trouve que nous avons, là, le compromis entre une loi pour laquelle on
change un libellé sans vraiment avoir mesuré les impacts positifs, <négatifs...
M.
Caire
:
...moi, je vous le dis, c'est une idée qui me séduit. C'est une idée qui me
séduit parce que je trouve que nous avons, là, le compromis entre une loi pour
laquelle on change un libellé sans vraiment avoir mesuré les impacts positifs, >négatifs,
alors que, dans la pratique, on se rend compte qu'il n'y a peut-être pas un
enjeu, là, qui est aussi grand que celui de dire : Bien, est-ce qu'on
donne à notre tiers neutre, notre chien de garde, le pouvoir, lui, de préciser
ces éléments-là, si tant est qu'ils ont besoin d'être précisés? Parce que le
processus législatif, il est complexe, alors que la CAI...
Une voix : ...
M.
Caire
:
...avec son indépendance, avec sa compétence juridique, puis là-dessus, moi, je
le dis haut et fort, je pense que la CAI a démontré qu'elle avait une
compétence juridique que je ne questionne pas, moi, je pense qu'on aurait le
meilleur des deux mondes.
Maintenant, dans la notion du consentement,
il y a aussi dans la phrase : «Il est demandé à chacune des fins...», donc,
à chaque fois que je collecte des renseignements personnels sur vous, je dois
vous dire pourquoi, je vais faire quoi exactement avec ça et tout ce que
j'entends faire avec ça s'il y a plusieurs fins. Et chacune de ces fins-là doit
recevoir votre consentement. Puis, avec le collègue de LaFontaine, à la
dernière séance, on prenait cet exemple où on entre dans une boutique de linge,
où on achète un vêtement et où, à la caisse, on nous demande quel est notre
code postal et notre...
Une voix : ...
M.
Caire
:
Pardon?
Une voix : ...
M.
Caire
:
Adresse courriel, code postal, numéro de téléphone, et où on peut légitimement
se questionner : Quel est le lien entre cette collecte de renseignements
personnels et la fin qui est d'acheter un vêtement? Alors là, vous devez
m'expliquer quelles sont les fins, toutes les fins. Et à chacune de ces
fins-là, donc, on peut vous expliquer : Bien, écoutez, c'est parce que,
nous, on a une politique de remboursement sans présentation de facture. Donc,
si vous n'avez pas votre facture, ce n'est pas grave, on a vos informations
puis on peut vous rembourser. O.K. Ça, c'est une fin. Ça me plaît? Consentement.
On veut aussi constituer des listes d'appel pour vous envoyer des informations
sur nos produits. Ah! non. Ça, c'est une fin qui ne me plaît pas. Non. Alors,
on est capable de découper comme ça les fins puis de faire en sorte que, quand
il y a une collecte de renseignements personnels, je sais à quoi je consens.
Pour la dernière étape, la question du collègue,
comment la loi peut s'assurer que le citoyen comprend, bien, <c'est dans
la... >c'est dans le libellé où on parle effectivement qu'il est libre
et éclairé. Alors, évidemment, c'est des concepts. Là, au niveau juridique, je
ne sais pas comment ça se définit, mais je me dis que ce qui se conçoit bien
s'énonce clairement, et les mots pour le dire viennent aisément. Donc, on va,
j'imagine, s'assurer... Puis c'est ce que le texte, dans le fond, dit, <c'est
que...
M.
Caire
: ...Alors,
évidemment, c'est des concepts. Là,
au niveau juridique, je ne
sais pas comment ça se définit, mais je me dis que ce qui se conçoit bien
s'énonce clairement, et les mots pour le dire viennent aisément. Donc, on va,
j'imagine, s'assurer... Puis c'est ce que le texte, dans le fond, dit, >c'est
que ce n'est pas compliqué, là. Tu fais de la collecte pour quoi? Tu sais,
c'est-u pour politique de remboursement, c'est-u des télémarketings, c'est-u...
C'est quoi, là?
Donc, je pense qu'avec ça, de façon
raisonnable... Puis j'entends la préoccupation du député. Je ne sais pas si le
député a eu l'occasion d'aller au Musée de la civilisation pour son
l'exposition sur le numérique, où on exposait sur les murs les contrats
d'acceptation qui étaient proposés par différentes entreprises, dont nous
tairons le nom, mais dont nous savons tous de qui on parle, et qui avaient une
longueur inimaginable. C'est clair que le juriste qui a écrit ça était payé au
mot, puis il a fait une solide passe d'argent, là.
• (11 h 40) •
M. Nadeau-Dubois : Je
n'ai pas visité le musée, mais j'ai pris connaissance d'une statistique
qu'avait sortie le commissaire de la vie privée du Canada, qui disait que
l'internaute moyen au Canada devrait consacrer 244 heures par année pour
lire toutes les politiques de confidentialité. Ça fait que... Et c'est l'esprit
de ma question, noyés dans une telle quantité d'informations et de
consentements à donner, parce que c'est ça le quotidien, maintenant, numérique,
et pas seulement des citoyens et citoyennes, noyés dans une telle quantité
d'informations puis de consentements à donner, puis je sais qu'on ne peut pas
rentrer dans la tête des gens, hein, la loi ne peut pas entrer dans la tête des
gens pour vérifier que les gens ont bien compris, là, c'est un principe de base,
il y a quand même des balises qu'on peut mettre en place pour maximiser nos
chances que chacun de ces consentements-là est donné de manière pleinement
informée.
Et juste pour savoir, parce que le
ministre nous fait comprendre subtilement, mais pas tant que ça, qu'il s'en
vient avec une amélioration...
M.
Caire
:
Pas tant que ça.
M. Nadeau-Dubois : ...à
ce niveau-là, juste pour savoir, est-ce que ce sera à l'article 9? Est-ce
qu'on est mieux de le suspendre pour y revenir? Comment on fait pour... Parce
que, moi, je trouve ça très important, cette question-là du consentement. Je
vais y revenir souvent, au fur et à mesure où on va avancer dans le projet de
loi. Puis l'article 9 est quand même un des articles importants où on
traite de la notion de consentement. Le ministre, et je le comprends, il a des
travaux à faire, tout ça, puis il y a des affaires qu'il ne peut pas nous
montrer avant de pouvoir nous les montrer, je conçois ça bien. Comment on fait
pour travailler de manière productive et intelligente ensemble?
Parce que sinon, moi, je pourrais être
intéressé à déposer un amendement parce que la question du consentement, elle
est centrale, elle est essentielle. Puis, ça peut être une notion fourre-tout,
puis c'est utilisé par certains acteurs, là, comme une notion fourre-tout pour
permettre toutes sortes d'affaires. Ce projet de loi là, il ne sera pas révisé
à chaque fois. Donc, moi, l'idée qu'évoque le ministre de donner à la CAI ce
pouvoir d'établir des lignes directrices, je le trouve intéressant. Et puis il
est d'autant plus intéressant que la CAI pourra s'adapter dans le temps, tandis
que le législateur, souvent, a plus de difficulté à faire...
M.
Caire
:
C'est ça.
M. Nadeau-Dubois : Parce
que, ces lois-là, on ne les ouvre pas tout le temps. Ça fait que, moi, je suis
très ouvert aussi puis je trouve ça bien intéressant, mais, juste, comment
veut-il procéder? Comment on fait pour travailler de manière <productive...
M. Nadeau-Dubois : ...
donner
à la CAI ce pouvoir d'établir des lignes directrices, je le trouve intéressant.
Et puis il est d'autant plus intéressant que la CAI pourra s'adapter dans le
temps, tandis que le législateur, souvent, a plus de difficulté à faire...
M.
Caire
:
C'est ça.
M. Nadeau-Dubois :
...parce que, ces lois-là, on ne les ouvre pas tout le temps. Ça fait que, moi,
je suis très ouvert aussi puis je trouve ça bien intéressant, mais, juste,
comment veut-il procéder? Comment on fait pour travailler de manière >productive?
Parce que l'article 9, pour moi, tel qu'il est rédigé en ce moment, il est
imparfait s'il n'est pas complémenté, d'ores et déjà, par ce que le ministre
semble insinuer.
M.
Caire
:
Oui. Bien, j'entends parfaitement le message de mon collègue de Gouin. Comme je
lui dis, ces volontés-là ont traversé, je vous dirais, les premières étapes
qui, généralement, sont les plus névralgiques, là. Je pense que le collègue de
La Pinière sait de quoi je parle de façon peut-être un peu plus
spécifique. Ces étapes-là sont franchies. La conclusion devrait être trouvée
aujourd'hui, devrait se voir terminée aujourd'hui. Après ça, bien évidemment,
il y aura toute la mécanique par laquelle on déposera les amendements, les
10 amendements, à la commission pour que les collègues puissent évaluer de
leur pertinence.
Mais, d'entrée de jeu, je dis au collègue
que je suis à la même place que lui. Je pense que la définition que nous
donnons à l'article 9 avec 53.1 resserre quand même assez bien,
circonscrit assez bien la notion de consentement. Elle offre, oui,
effectivement, une certaine souplesse qui, je pense, est correcte dans la loi,
si et seulement si — et là je rejoins le collègue — d'une
autre façon on arrive à avoir ce resserrement-là qui offre une autorité
certaine, en fait, oui, une autorité certaine à défaut d'une certaine autorité,
mais qui a aussi cette indépendance d'action, qui a les moyens et qui, bientôt,
aura les dents pour le faire.
Puis, là où je ramène une idée que j'avais
mise au jeu, pour répondre à la question du collègue, on a collectivement
accepté de revoir un peu le fonctionnement de la CAI. Je peux vous dire que les
discussions, puis ce n'est pas des éléments confidentiels, je peux vous dire
que Me Poitras s'est montrée ouverte à l'idée aussi, je pense qu'il y a une
belle ouverture de la part de tout le monde pour s'assurer qu'on donne à la
Commission d'accès à l'information tous les outils dont elle a besoin pour
remplir l'important mandat qu'on lui confie.
Donc, il y aura cette possibilité-là, il y
aura ce souci-là de s'assurer que toutes les compétences se retrouvent à la CAI
pour remplir son mandat. Et je terminerai en disant à mon collègue, en plus,
c'est que la CAI a maintenant des dents avec... Si l'Assemblée nationale adopte
le projet de loi n° 64, la CAI aura des dents avec des sanctions
administratives <pécuniaires...
M.
Caire
:
...
de s'assurer que toutes les compétences se retrouvent à la CAI pour
remplir son mandat. Et je terminerai en disant à mon collègue, en plus, c'est
que la CAI a maintenant des dents avec... Si l'Assemblée nationale adopte le
projet de loi n° 64, la CAI aura des dents avec des sanctions
administratives >pécuniaires, avec des sanctions pénales. Évidemment,
ça, ce n'est pas la CAI, c'est un autre tribunal qui s'en occupe, mais quand
même, la CAI, avec le mécanisme de surveillance, pourra s'assurer que, si tant
est qu'on n'est pas collaboratif, bien, on va trouver d'autres moyens pour
ramener les organismes qui gèrent des renseignements personnels dans le rang.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Et
donc, sur le comment on procède, qu'est-ce que propose le ministre?
M.
Caire
:
Bien, quand on arrivera aux différents articles qui traitent de la CAI, d'une
part...
M. Nadeau-Dubois : Je
parle sur la question du consentement, là.
M.
Caire
:
Bien, en fait, moi, je vous propose un libellé. Je pense que tel qu'il est là,
dans la perspective globale de ce que la loi fait, parce que, n'oubliez pas,
là, il y a d'autres articles qui vont traiter aussi du consentement dans
d'autres aspects, là, c'est le premier article qui en traite puis ce n'est pas
le dernier article. Donc, moi, je pense que, si on regarde l'article 9,
bon, il y a l'article 14 qui s'en vient, dont on va discuter, qui traite
aussi du consentement. Il y aura d'autres articles, un peu plus loin, au niveau
du privé, qui vont aussi aborder ces questions-là. Donc, ce n'est pas la dernière
fois et ce n'est pas le dernier article qui va en traiter, mais je pense qu'il
donne une bonne idée de ce que le législateur souhaite maintenant sur la notion
du consentement puis de comment ce consentement-là doit être exercé. On pourra
préciser notre pensée dans les autres articles, M. le député, comme je
vous le disais.
Puis, sur la CAI, bien, il y aura
effectivement aussi des discussions à y avoir avec les collègues parce que j'ai
fait une proposition, mais, tu sais, on s'est entendus qu'on en discuterait. Donc,
nous en discuterons le moment opportun. Puis, on arrivera à une solution de
compromis, j'en suis sûr.
Sur la question des lignes directrices,
comme je vous dis, moi, je suis très, très positif par rapport à cette
demande-là. Il y a d'autres aménagements qu'on va faire au niveau des pouvoirs
et devoirs de la CAI, là, qui vont venir, je dirais, préciser différents
éléments aussi dont on discutera quand on sera rendu là.
M. Nadeau-Dubois : Je
vais laisser les collègues, M. le Président, puis je reviendrai.
Le Président (M. Bachand) :
Parfait. M. le député de La Pinière, s'il vous plaît.
M. Barrette : Il y a une
espèce de flou, là, dans la discussion qu'on a actuellement, puis je ne pense
pas que ce soit un flou intentionnel, là. Je ne suis pas… Ah! oui, c'est vrai,
il faut que j'enlève ça.
M.
Caire
: Drop
them
M. Barrette : Je ne pense
pas que ça soit un flou intentionnel, là, ce n'est pas ça du tout. Je ne prête
pas d'intentions, M. le Président, au ministre, au contraire. Je voudrais
juste, quand même, clarifier un certain nombre de choses. Pourquoi? Parce que
le ministre nous dit à plusieurs reprises : Pourquoi changer quelque chose
qui n'est pas brisé? Ça fait 27 ans, 29 ans qu'on fonctionne comme
ça.
Bon. Je veux juste revenir en arrière
parce que la réflexion, le débat qu'on a actuellement, il a quand même, je
dirais, une <source...
M. Barrette : ...Pourquoi?
Parce que le ministre nous dit à plusieurs reprises : Pourquoi changer
quelque chose qui n'est pas brisé? Ça fait 27 ans, 29 ans qu'on
fonctionne comme ça.
Bon. Je veux juste revenir en arrière
parce que la réflexion, le débat qu'on a actuellement, il a quand même, je
dirais, une >source, qui est ce que signifie le mot «manifeste». En
2016, là, quand on parle du rapport quinquennal, c'est celui de 2016, il y a eu
une position prise par la Commission d'accès à l'information parce que le mot
«manifeste» n'était pas assez clair. Est-ce que c'est correct, là, ce que je
dis là? Est-ce qu'on s'entend là-dessus?
M.
Caire
:
Qu'il y aurait lieu de le préciser.
M. Barrette : Et à ce
moment-là, si la CAI, elle, dit ça, c'est que les mots qu'on a utilisés depuis
27, 28, 29 ans ont posé des problèmes d'interprétation, sinon, il n'y aurait
pas eu cette prise de position là de la Commission d'accès à l'information en
2016. Là, je ne veux pas piéger personne. Je veux juste qu'on...
M.
Caire
:
Non, non. Non, mais c'est pour ça, je pense, que la CAI... Parce que ce que la
CAI dit, puis je vais faire du pouce sur ce que le député de La Pinière
amène, puisque c'est vrai, manifestement, mais ce que la CAI dit, puis, à moins
que je me trompe, là, corrigez-moi, quelqu'un, ce n'est pas utiliser tel ou tel
mot. Ce que la... Parce que, par expérience, M. le député de La Pinière,
vous et moi, on va s'entendre qu'on va utiliser un autre mot, puis là on va se
lancer dans une bataille de définitions, puis...
Ce que je dis, puis ce que je crois
comprendre de la CAI, c'est qu'elle souhaiterait être capable, par les lignes
directrices, de préciser ce que «manifeste» veut dire, et de le préciser, mais
ancré dans la pratique, ce qu'une loi peut rarement faire, dans le sens où la
loi ne va pas s'adapter à la situation. On va plutôt demander à la situation de
s'adapter à la loi. Et c'est pour ça que je dis, puis je le répète, M. le
député de La Pinière, là, je ne suis pas hostile à déposer des
amendements, mais ce que j'amène comme argument, c'est de dire : Bien, je
pense que le libellé, comme il est là, il cadre bien l'intention du
législateur. Et j'aurais plutôt tendance à donner raison à la CAI, en
disant : Bon, bien, oui, émettez des lignes directrices, puis par la
pratique, et ancré dans une pratique plus quotidienne, venez préciser ces
éléments-là, si tant est qu'ils ont besoin de l'être. C'est juste ça que je
dis.
• (11 h 50) •
M. Barrette : Et je le comprends
bien puis, là-dessus, je pense qu'on est à la même place, mais je reviens sur
la question que je pose, pas pour en faire un débat à n'en plus finir, là, mais
si la CAI, la Commission d'accès à l'information, a jugé utile et, je dirais,
impératif, dans son rapport quinquennal, de faire un commentaire, de prendre
une position sur un mot qui laissait à interprétation, bien, on peut se poser
la question : Est-ce le bon mot? Ou, en corollaire, est-ce que le mot
devrait être <clarifié dans la loi...
M. Barrette : ...
impératif,
dans son rapport quinquennal, de faire un commentaire, de prendre une position
sur un mot qui laissait à interprétation, bien, on peut se poser la
question : Est-ce le bon mot? Ou, en corollaire, est-ce que le mot devrait
être >clarifié dans la loi plutôt que dans une ligne directrice?
M.
Caire
:
La question qui se pose inévitablement suite à la réponse, c'est : O.K.,
mais quel mot? Puis c'est là où je dis, puis c'est là où je suis la CAI, je
pense, puis je ne veux pas faire dire à la CAI des choses qu'elle n'a pas dite,
là, mais c'est là où je dis, si... Compte tenu du fait qu'on reprend quand même
un libellé qui existe dans notre corpus législatif, compte tenu que la CAI
dit : Écoutez, si vous m'en donnez le pouvoir, moi, j'aurai, par les
lignes directrices, la capacité de venir préciser ça, ancré dans la pratique. Puis
je suis le député de La Pinière, manifestement, la CAI dit : Ça, ce n'est
pas très clair. Ça aurait besoin d'être précisé. Puis ça, on n'aura pas de
débat, personne, c'est clair.
Maintenant, est-ce que cette précision-là
doit venir du choix d'un autre mot qui, à mon sens, va nous amener dans le même
débat, à savoir, mais est-ce que ce mot-là est assez précis? Est-ce que... Puis
est-ce qu'il y aura lieu, dans un rapport quinquennal de la CAI, de
réécrire : Bien, finalement, le mot que vous avez mis, ça n'a pas vraiment
changé les choses. Puis, moi, c'est ce que je pense, mais, si les collègues
veulent faire des amendements, on va les regarder et puis on va évaluer ça à sa
juste mesure, mais je pense qu'on serait plus avisés de garder ce libellé-là,
que la CAI comprenne par les débats que nous avons qu'on a reçu le message que
ça doit être précisé et que nous lui donnerons, à travers les différents
pouvoirs qui vont lui échoir de par l'adoption de la loi, si tant est que c'est
la volonté de l'Assemblée nationale, qu'à travers ces pouvoirs-là, on va lui
donner le mandat, par des lignes directrices, de venir préciser l'intention du
législateur qui, à travers nos débats, je pense, m'apparaît assez clair, <puis
on souhaite... >ce qu'on souhaite par... ce qu'on comprend par un
consentement manifeste.
M. Barrette : O.K. Le
ministre ne sera pas surpris, M. le Président, si je lui dis qu'à toutes les
étapes du cheminement du projet de loi ce que je considérerais comme étant une
loi idéale, c'est une loi qui, spécifiquement, fait référence à certains
éléments. Je m'explique. C'est toujours dans le même esprit que le ministre
connaît de ma part.
Là, aujourd'hui, là, ce que le ministre
nous dit, il y a un mot qui peut prêter à certaines interprétations, à un point
tel qu'en 2016 il y a eu un rapport quinquennal de la Commission d'accès à
l'information qui venait le dire et qui demandait qu'il y ait des précisions.
Aujourd'hui, on sait, et on comprend, et on est <contents...
M. Barrette : ...
aujourd'hui,
là, ce que le ministre nous dit, il y a un mot qui peut prêter à certaines
interprétations, à un point tel qu'en 2016 il y a eu un rapport quinquennal de
la Commission d'accès à l'information qui venait le dire et qui demandait qu'il
y ait des précisions. Aujourd'hui, on sait, et on comprend, et on est >contents
que la CAI veuille bien aller dans cette direction-là et mette en place des
directives. Je comprends qu'aujourd'hui, là, on va avoir... Peut-être qu'on va
prendre... Au moins, le ministre va prendre connaissance de directives. C'est
ce que je comprends. Bon. C'est bon, ça. C'est une bonne nouvelle.
Maintenant, le problème que je vois puis
qui est toujours le même, c'est que la CAI arrive après le fait. Puis elle ne
peut pas arriver après le fait dans tous les cas. La CAI ne peut pas faire un
rapport, inspecter... Elle n'a pas la capacité. Elle le peut, mauvais choix de
mot de ma part, elle ne peut pas tout faire, elle peut tout faire, mais elle
n'a pas les capacités de tout faire. On s'entend là-dessus.
Alors, n'y aurait-il pas lieu, dans la
loi, d'avoir une provision du genre de «en concordance», «tel qu'édicté par les
règles, les directives de la Commission d'accès à l'information»? Je n'en fais
pas un amendement formel, là, mais n'y aurait-il pas lieu que la loi puisse,
par une provision, prendre en compte, obliger le demandeur d'un consentement
d'être conforme aux directives courantes de la Commission d'accès à
l'information, qui, elles, peuvent changer dans le temps?
Alors, ça, ça va dans le sens du ministre
qui dit que, puis je le comprends, il n'y a pas de mot parfait. La langue
française est une langue plus précise que beaucoup d'autres langues. Juste pour
vous amuser, il y a des langues où on ne conjugue pas les verbes, mais le
français conjugue tout, pour à peu près toutes les situations, là. Mais malgré
tout il y a des situations où on ne peut pas faire la perfection. Puis on est
là-dedans. Mais est-ce qu'on ne devrait pas avoir une référence dans la loi,
une obligation au demandeur de consentement d'être conforme aux directives
contemporaines de la Commission d'accès à l'information?
M.
Caire
: Bien,
en fait, ce qui va être le cas, dans le sens où le pouvoir de directive qui est
donné, qui sera donné ou, peut-être, sera-t-il donné à la CAI... Non, c'est
plate, là, mais que voulez-vous, hein? On...
M. Barrette : En effet.
M.
Caire
:
C'est ça. C'est dans ce cadre-là qu'on travaille, donc... Mais, ceci étant dit,
le pouvoir de directive n'est pas un pouvoir qui est laissé à la discrétion, et
c'est... En fait... Parce que la question du député de La Pinière est
bonne. J'ai posé la même question à la présidente de la CAI en disant :
O.K., mais vous allez émettre des guides, vous allez émettre des... Votre
pouvoir de directive, là, pourquoi vous le... Et c'est... La réponse est venue
de la présidente de la CAI : C'est qu'une directive, tu n'as pas le choix,
tu dois la <suivre...
M.
Caire
: ...
est
bonne, j'ai posé la même question à la présidente de la CAI en disant :
O.K., mais vous allez émettre des guides, vous allez émettre des... Votre
pouvoir de directive, là, pourquoi vous le... Et c'est... La réponse est venue
de la présidente de la CAI : C'est qu'une directive, tu n'as pas le choix,
tu dois la >suivre, tu dois suivre ce qu'il y a dans la directive, sans
quoi tu t'exposes à des sanctions. Puis le pouvoir de directive de la CAI, tel
qu'il est demandé, il est plus large que sur le simple consentement, là. Il y a
d'autres éléments sur lesquels la CAI souhaite pouvoir émettre des directives.
Donc, si tant est que nous donnions ce
pouvoir-là à la CAI, l'observation du député de La Pinière est très
pertinente et elle est implicite, si j'ai bien compris, au pouvoir de
directive, à savoir que l'entreprise n'aura pas le choix de s'y conformer. Et,
comme il le sait lui-même, les sanctions qui sont prévues à la loi sont, à mon
avis, de nature à inciter les entreprises à suivre les directives parce que les
sanctions administratives pécuniaires sont quand même conséquentes, là, on
s'entend. Donc, non seulement le pouvoir, éventuellement, serait clair, mais
les conséquences de ne pas s'y conformer sont lourdes.
M. Barrette : O.K. Alors,
si je comprends bien, M. le Président, c'est qu'on est en suspens,
actuellement. Je vais poser la question : Est-ce que l'article 9,
compte tenu de la conversation que l'on a actuellement, peut être adopté sans
avoir eu les informations que le ministre disposera potentiellement
aujourd'hui, dans l'esprit du commentaire que moi, je fais, là?
M.
Caire
:
Non, je comprends, puis la question est excellente. Je vais laisser les
collègues juger de l'à-propos de ça. Moi, je leur dis quelle est mon intention.
Je leur dis : Il y a un processus... Au-delà de l'intention, il y a le
processus administratif. Je leur dis : Les étapes névralgiques ayant été
franchies, je pense que la conclusion à laquelle nous allons en arriver sera
positive. Maintenant, je ne peux pas le garantir, évidemment, mais j'ai un
très, très bon espoir que cette conclusion-là serait positive. Je pense qu'il
n'y a pas d'enjeu à ne pas adopter l'article 9 tel qu'il est. Et si tant
est, et si tant est que la conclusion n'était pas positive, rien n'empêche la
commission de rouvrir l'article et de le modifier à sa satisfaction.
M. Barrette : Mais je
comprends, M. le Président, qu'aujourd'hui on va... Si tout se passe comme le
ministre nous l'a annoncé, là, puis je comprends qu'il ne puisse pas être
attaché par sa déclaration, les informations qu'il aura ou les propositions
qu'il aura, il va nous en faire part aujourd'hui, au micro ou à huis clos.
M.
Caire
:
Bien, je ne serai peut-être pas en mesure de la déposer aujourd'hui même parce
qu'il y a une question d'heure, mais je m'engage à le faire…
12 h (version révisée)
M. Barrette : ...le ministre
nous l'a annoncé, là, puis je comprends qu'il ne puisse pas être attaché par sa
déclaration, les informations qu'il aura ou les propositions qu'il aura, il va
nous en faire part aujourd'hui au micro ou à huis clos.
M.
Caire
: Bien,
je ne serai peut-être pas en mesure de la déposer aujourd'hui même parce qu'il
y a une question d'heures, mais je m'engage à le faire aussi rapidement que
possible et très certainement avant la prochaine séance de la commission.
M. Barrette : O.K., très bien.
Bien, on retient ça. Je vais revenir à la question des consentements que je
vais qualifier de spécifiques, bien, ils sont qualifiés comme ça. Là, je
comprends bien que< le ministre>, là, ma lecture, elle est bonne,
là, j'imagine, là, je ne peux pas croire, parce que c'est écrit, le ministre
souhaite que, dans le consentement, il y en ait un décliné par élément spécifique.
M.
Caire
: Oui,
à chaque fin spécifique.
M. Barrette : À chaque fin
spécifique. Donc, je comprends donc du ministre que les organisations
commerciales, de quelque nature que ce soit, qui souhaiteraient avoir un
consentement en bloc, il va être rébarbatif à ça, là.
M.
Caire
: C'est-à-dire
que je ne suis pas rébarbatif à ça, mais on va les voir plus loin. Il y aura
plus loin des... La loi va prévoir des situations où, manifestement, le
consentement peut être considéré comme implicite, mais la règle de base... En
fait, ce qu'on fait, c'est qu'on établit la règle de base. On dit : <Un
consentement... >Une fin, un consentement. Ça, c'est la règle de base.
Ça, c'est ce qu'on définit ici.
Plus tard, il y aura des articles pour lesquels
on dira : Bon, bien, écoutez, dans ce cas-là, le consentement peut être
considéré comme implicite parce que, par exemple, il est manifestement dans
l'intérêt de la personne... cette utilisation-là des renseignements personnels
est manifestement dans l'intérêt de la personne, puis... Tu sais, à un moment
donné, il y a des situations de gros bon sens, puis des situations de gros bon
sens qui vont éviter peut-être un excès.
Je m'explique. C'est qu'à un moment donné,
puis le député de Gouin amenait un peu cette notion-là, <c'est que >je
peux aussi vous noyer sous les consentements puis faire en sorte qu'à un moment
donné vous vous écoeuriez tellement de donner des consentements que vous ne
lisez plus, là, consentement, consentement, consentement, là. Donc, la règle
générale, ce qu'on établit, c'est de dire : Bien, une fin, un consentement.
Puis, plus tard, on dira : Bon, O.K.,
mais, dans ces situations-là, dans ces situations-là x, y, qui sont prévues par
la loi et dont nous discuterons dans les articles plus loin... mais je ne suis
pas hostile au consentement en bloc. Je pense que ça ne doit pas être la règle
générale, mais je pense que ça peut être la règle d'exception.
M. Barrette : Et comment on va
décider ce qui est... Je vais le placer comme ça, là : Quels sont les
incontournables qui doivent être itemisés versus ce qui peut être finalement
implicite? Puis là je fais référence... Bon, on est... Oui, malgré mon âge très
avancé, je «download» quand même, je télécharge des applications. Puis ça
m'amuse <toujours...
M. Barrette : ...comme
ça,
là : Quels sont les incontournables qui doivent être itemisés versus ce
qui peut être finalement implicite? Puis là je fais référence... Bon, on est...
Oui, malgré mon âge très avancé, je «download» quand même, je télécharge des
applications. Puis ça m'amuse >toujours, quand je regarde le
consentement, de voir la litanie d'itemisations, là, des consentements : Vous
consentez à, à, à, il y en a une quarantaine. Puis là, évidemment, on fait
comme tout le monde puis...
Une voix
: ...
M. Barrette : Non, non, c'est
parce qu'on n'a pas de choix à chaque item : J'ai lu et j'accepte. Alors,
comment ça va être... Est-ce que le ministre pense, dans sa loi, mettre des
choses incontournables à itemiser?
M.
Caire
: Bon,
alors...
M. Barrette : Puis je vais
aller... je vais dire tout de suite où je vais avec ça parce que j'ai un autre
item qui suit. Parce qu'au-delà de l'itemisation, là, il y a ce qu'on a
consenti, qui mène à un autre consentement, peut-être, qui est implicite parce
qu'il n'est jamais apparu nulle part. Puis je donnerai un exemple dans un
instant, là.
M.
Caire
: Bien,
écoutez, dans l'exemple que le collègue amène, <c'est justement... >quand
on parle d'une fin, un consentement, c'est justement pour éviter : <Je
vous demande 40... >Je vous indique 40 histoires que je vais faire
avec vos renseignements personnels, mais je vous demande un consentement en
bloc. Donc, la loi dirait : Non, non, tu ne fais pas ça. Là, c'est :
Tu demandes 40 consentements.
Ceci étant, on ne veut pas aller à l'autre
bout du spectre où, là, je vous demande votre consentement pour à peu près
n'importe quoi dans l'objectif avoué de vous écoeurer puis de vous faire cocher
toutes les petites cases sans que vous ne lisiez, hein? On peut penser que ça
peut arriver, et là il y aura des situations où on pourra dire : Bien,
dans ce cas-ci, le consentement va être implicite.
Puis je donne un exemple, mais écoutez,
là, on aborde ça à l'article 14, je pense, Me Miville-Deschênes, là,
les exceptions où le consentement est implicite? En tout cas, des articles plus
loin. Si... L'utilisation de vos renseignements personnels dans le cadre d'un
emploi : Bien, oui, comme employeur, j'ai des obligations qui requièrent
que j'utilise vos renseignements personnels, donc je considère qu'en me les
transmettant vous comprenez qu'il y a un certain nombre de choses que je dois
faire, comme employeur, avec ces renseignements personnels là, puis je ne vous demanderai
pas un consentement pour la paie, un consentement pour les retenues à la
source, un consentement pour la CNESST, un consentement pour... Bon, je fais
ça, je fais ça et je dois le faire.
Donc, il y a des situations comme
celles-là. Puis, écoutez, on les étudiera ensemble puis on aura le débat sur
ces situations-là où, effectivement, le consentement pourrait être implicite
dans le fait que l'utilisation des renseignements personnels va de soi.
M. Barrette : Bien, c'est
parfait, M. le Président, parce que c'est exactement là où je pense qu'on aura
la plus grande difficulté : le «va de soi». Ça ne sera pas défini dans la
loi, là, je l'ai regardé, là, je n'ai pas vu comment... si on définissait le
«va de <soi»...
M.
Caire
:
...renseignements
personnels va de soi.
M. Barrette : Bien, c'est parfait,
M. le Président, parce que c'est exactement là où je pense qu'on aura la plus
grande difficulté : le «va de soi». Ça ne sera pas défini dans la loi, là,
je l'ai regardé, là, je n'ai pas vu comment... si on définissait le «va de >soi».
Je vais donner un exemple, là, de mon
domaine, évidemment, là, parce que c'est toujours... peut-être pas toujours,
là, mais c'est souvent dans mon domaine qu'on voit des bizarreries comme on en
a vu quand qu'il y a eu toute l'histoire de Cambridge Analytica, là, c'est
l'espèce de consentement cascade, domino, là.
Je vais vous donner un exemple qui existe
dans mon domaine. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui va contester le fait que, pour
un médecin, d'avoir accès à des données cliniques pour suivre son patient, bien,
là, à un moment donné, il faut bien qu'il les ait, les données de laboratoire,
là? Alors, on ne peut pas demander un consentement pour la biochimie, un consentement
pour la prise de sang, un consentement pour... on ne peut pas... il y a un consentement
pour l'endoscopie, mais, pour le résultat, à un moment donné, le médecin, il
faut qu'il ait les résultats des examens.
Alors là, aujourd'hui, on va consentir, c'est
clair, mais, le médecin, lui, là, des fois, le patient ne sait pas que le
médecin va donner des données à des chercheurs de l'industrie pharmaceutique. Ça
existe dans les cabinets. Ça, est-ce que c'est implicite, que le consentement,
il va basculer chez le médecin? Ça existe.
Le consentement qui est donné dans d'autres
domaines commerciaux... Bien, c'est un peu ce qui est arrivé chez Cambridge, là,
quand bien même qu'on consent à ce que Facebook utilise certaines données,
certaines données sont allées ailleurs. Ça, là, ça... Il va être où, le «va de
soi»? Là, je prends deux exemples où la réponse va être : C'est bien
évident qu'il ne va pas de soi que Facebook doit donner nos données à gauche
puis à droite. Maintenant, du côté de la santé, c'est-u si évident que ça?
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, encore là, même sur l'utilisation des renseignements personnels
pour des fins de recherche, il y a des articles qui sont là-dessus. Puis le
débat que suggère le député de La Pinière est extrêmement intéressant. Je
veux juste nous inviter à le faire au moment où on parlera des articles qui
concernent ces éléments-là. Puis là l'idée n'est pas de faux-fuyant ou... mais,
tu sais, ce n'est pas dans l'article 9 que la réponse à cette question-là
se trouve, c'est dans les articles subséquents, mais il y a des articles qui
traitent de cette utilisation-là spécifique pour des fins de recherche ou...
Puis il y a une notion, comme je vous dis, où c'est manifestement dans
l'intérêt de la personne.
Donc, ces notions-là, on va les voir plus
loin puis on pourra les circonscrire, ou les élargir, ou les moduler, les
définitions, mais je vous dirais que l'article 9, lui, vise vraiment à
donner une idée, une règle générale, là : une fin, un consentement.
M. Barrette : Oui, mais
en même temps... Parce que 9 s'adresse à une notion qui n'est pas écrite, la
notion de l'implicité, <là...
M.
Caire
:
...les
élargir, ou les moduler, les définitions, mais je vous dirais que
l'article 9, lui, vise vraiment à donner une idée, une règle générale, là :
une fin, un consentement.
M. Barrette : Oui,
mais en même temps... Parce que 9 s'adresse à une notion qui n'est pas écrite,
la notion de l'implicité, >là, je ne suis pas sûr que c'est un mot, là, mais,
c'est-à-dire, ce qui est implicite, là. 9, quand on parle de 9, on a
l'impression ou, du moins, ça donne l'impression qu'on ne parle que de ce qui
est explicite, mais il peut y avoir des choses qui sont implicites. Alors, ou
bien donc,< est-ce que...> le ministre, est-ce qu'il
considère que 9 ne peut être considéré comme étant un article qui s'adresse à
de l'explicite, et, ce qui n'est pas explicite, on ne peut pas le faire?
• (12 h 10) •
M.
Caire
: C'est-à-dire
que ce que 9 amène, c'est la notion de la finalité, pour quoi on collecte des renseignements
personnels. Donc, il découpe cette idée-là que les renseignements personnels
sont collectés, qu'ils sont collectés dans l'objectif de faire quelque chose
avec. Et l'article 9, il dit juste : Tout ce que vous voulez faire
avec ces renseignements personnels que vous collectez,< vous devez
demander...> pour chacune de ces finalités-là, vous devez demander le consentement.
9, il fait ça.
Le reste... Puis le débat du député de La Pinière
est extrêmement pertinent, là, je ne conteste pas la pertinence de son propos,
au contraire, mais c'est juste que 9, il établit une règle générale. Donc, on a
découpé ces notions-là à l'intérieur du projet de loi pour dire : Bien, 9,
il dit : Une fin, un consentement, puis il faut que ce soit distinct du
reste, là, tu ne peux pas noyer ça... tu ne peux pas noyer le poisson dans un
long texte qui n'en finit plus.
M. Barrette : O.K.
M. Caire
: Après
ça, les autres précisions, on les discute dans les articles subséquents.
M. Barrette : O.K. Juste de
même, là, d'une façon purement théorique, là, si c'est aussi explicite, comment
peut-on avoir de l'implicite dans les articles suivants?
M. Caire
: Bien, c'est
parce que, cette notion-là, elle existe, et on va la définir. Donc, la règle
générale, c'est ça. Cette règle-là, comme toute règle, va avoir son lot
d'exceptions, mais c'est à nous, comme législateurs, de définir quelles sont
ces exceptions-là.
M. Barrette : O.K. C'est
parfait. Ça clarifie la pensée du ministre, je l'apprécie. Donc, pour le ministre,
là, l'implicite doit être une exception. Il n'y aura pas d'implicite qui n'est
pas une exception. C'est important, la nuance entre les deux, là.
M. Caire
: Oui,
oui, non, non, je... La question est pertinente.
M. Barrette : Explicite, là,
moi, je regarde ça, là, puis je me dis : Des fois, il y a des choses qui
sont implicites, hein, c'est des choses qui peuvent être implicites. Et là le ministre
nous dit : Non, non, non, l'implicite, là, on va définir ça, puis ça va
être une exception.
M. Caire
: Oui,
oui.
M. Barrette : Donc, il
n'y aura jamais de... Donc, ça va être, là aussi, itemisé, là.
M.
Caire
: Bien,
c'est parce que je veux juste être sûr que je...
M. Barrette : Les
exceptions.
M. Caire
: Non,
mais ce que le député de La Pinière amène, c'est important, puis la
réponse à ça, c'est : Oui, l'implicite, c'est l'exception. Ça, cette
affirmation-là, je dis oui. Je ne suis juste pas sûr de comprendre ce qu'il
veut dire par la définition de l'implicite, là. C'est là où je ne sais pas...
M. Barrette : Ah! bien,
non, ce n'est <pas...
M.
Caire
: ...ce
que le député de La Pinière amène, c'est important, puis la réponse à ça,
c'est : Oui, l'implicite, c'est l'exception. Ça, cette affirmation-là, je
dis oui. Je ne suis juste pas sûr de comprendre ce qu'il veut dire par la
définition de l'implicite, là. C'est là où je ne sais pas...
M. Barrette : Ah!
bien, non, ce n'est >pas tant la... Justement, c'est ça, l'idée, c'est
la définition de l'implicite, c'est exactement ça. Alors là, ça, ça veut dire...
Puis c'est correct, là, moi, j'aime ça.
M.
Caire
: Non,
mais ce que je veux dire c'est que...
M. Barrette : C'est-à-dire qu'on
va autoriser explicitement certaines choses et on va explicitement déterminer
des exceptions, et donc personne ne va pouvoir évoquer que : Oui, mais
votre consentement, implicitement, voulait dire telle affaire.
M.
Caire
: Oui.
Non, bien, écoute... Non, bien, c'est ce qu'on souhaite. Ceci étant dit, là où
je veux être sûr que je comprends, c'est : Est-ce que la nomenclature des
exceptions va être adressée à des cas extrêmement particuliers, très précis
dans la loi? Bien, je veux juste être sûr parce que ça, c'est non. Tu sais, on
va donner des lignes directrices.
Comme je disais tout à l'heure, le
principe que l'utilisation ou la communication du renseignement personnel se
fait manifestement dans l'intérêt de la personne, je pense que l'exemple que le
député de La Pinière apportait est un bon exemple, dans le sens où : Est-ce
que moi, là, qui suis traité pour x problèmes de santé, je veux que mon médecin
ait accès à tous les renseignements dont il a besoin pour assurer le meilleur
traitement? Bien, je pense qu'on peut partir du principe que la réponse, c'est
oui. On peut partir du principe que la réponse, c'est oui.
Est-ce que, dans le traitement d'un
dossier, le fait de communiquer des renseignements personnels pourrait m'amener
à bénéficier d'un avantage dont je n'ai pas connaissance? Bien, oui. Puis là je
prends l'exemple de crédits d'impôt qui n'ont pas été utilisés par des groupes
de personnes qui n'en avaient pas connaissance, puis, tu sais, manifestement,
dans leur intérêt, ça aurait été bien qu'on puisse échanger ces informations-là
puis qu'on puisse leur signaler le fait que : Oups, «by the way», vous
aviez droit à tel ou tel crédit d'impôt, puis vous ne l'avez pas utilisé, là,
puis ça vous aurait donné un remboursement de tant. Bien, tu sais, ça, c'est
manifestement dans l'intérêt de la personne, là. Alors...
Mais est-ce qu'on va dire : Bon,
bien, est-ce que telle organisation peut communiquer des renseignements
personnels à tel... puis ça, c'est considéré comme... Non, tu sais, on n'ira
pas dans cette granularité-là, mais... ou peut-être, là, je veux dire, <les
collègues... >on va le faire ensemble, là, puis les collègues me diront
comment ils voient ça, là, mais moi je pense qu'on peut donner des lignes
directrices encore là. On peut aller, je pense, à un certain niveau de
précision, mais il faut quand même...
M. Barrette : C'est correct. Je
comprends bien, M. le Président, il y a des limites à la granularité, puis on
s'entend là-dessus, là, on ne sera pas moléculaire.
M.
Caire
: Voilà.
M. Barrette : Bon. Maintenant,
il faut être suffisamment macroscopique pour avoir un effet correct, là.
M.
Caire
: Oui,
on s'entend.
M. Barrette : Bon, c'est
correct. O.K. là-dessus, ça va, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Merci.M. le député de LaFontaine, s'il vous
plaît.
M. Tanguay
: Merci, M.
le Président. Est-ce que le ministre a la <certitude...
M. Barrette : ...on s'entend
là-dessus, là, on ne sera pas moléculaire.
M.
Caire
:
Voilà.
M. Barrette : Bon.
Maintenant, il faut être suffisamment macroscopique pour avoir un effet
correct, là.
M.
Caire
:
Oui, on s'entend.
M. Barrette : Bon, c'est
correct.
O.K. là-dessus, ça va,
M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
M. le député de
LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Merci,
M.
le Président. Est-ce que le ministre a la >certitude, tel que rédigé,
qu'en aucun cas ne serait vue comme un consentement l'application du vieil
adage : Qui ne dit mot consent?
M.
Caire
: Non...
Oui, oui, à votre question : Est-ce que j'ai la certitude?, oui.
M. Tanguay
: Par quel
mot?
M.
Caire
: Parce
que, pour moi, quand on dit que le consentement doit être manifeste, libre,
éclairé, bien, pour moi, la notion de manifeste, c'est... j'ai... Puis ce que
Me Miville-Deschênes a dit, c'est que la situation me garantit que le citoyen
qui a donné son consentement a vraiment donné son consentement, là, ce n'est
pas quelque chose qui est passé en dessous du radar, puis...
M. Tanguay
: Parce que
c'est important, ce qu'on dit là, dans l'interprétation et, le cas échéant,
dans ce que mettra la CAI dans ses directives, c'est important, ce qu'on se dit
là. En aucun cas d'espèce, ici, là, pour l'application de 53.1, on ne pourrait
dire : Bien, j'ai, moi, organisme public... Puis un organisme public
pourrait être très performant et très proactif, de dire : M. X, nous
avons l'intention de faire ça avec vos renseignements personnels, puis je suis
capable de confirmer qu'il a reçu le courriel, par exemple, j'ai un accusé
réception qu'il a reçu, et, à défaut d'avis contraire, nous allons procéder
dans les 10 jours.
Est-ce qu'on s'entend qu'une telle
approche ne pourrait jamais être considérée même si je suis capable de faire la
preuve hors de tout doute raisonnable : Il l'a reçu, le courriel, il l'a
lu, il lit le français, c'était clair, à moins d'avis contraire, nous procédons
dans les 10 jours, pouf! le 11e jour, on procède? Est-ce que ça,
c'est clairement exclu, puis on ne retrouvera pas ça dans les directives?
M.
Caire
: Bien,
je vais laisser Me Miville-Deschênes compléter ma réponse, mais moi, je
vous dirais que, pour le fait que, oui, j'ai une confirmation que le courriel a
été ouvert mais du fait que je n'ai pas la confirmation que c'est bel et bien
la personne à qui il a été adressé... M. le député, j'imagine que c'est, chez
vous, la même chose que chez moi, là, les enfants ont accès aux ordinateurs
puis, bon, bien, tu sais, des fois, ou la conjointe, ou... Tu sais, un accusé
réception n'est en rien une preuve que la personne à qui le courriel était
destiné est bien la personne qui a lu le courriel.
Donc, pour moi, puis je vais laisser Me
Miville-Deschênes compléter la réponse, mais, pour moi, ce ne serait pas un consentement
manifeste, parce que je ne peux pas vous garantir que la personne qui a ouvert
le courriel, c'était <M. Untel...
M.
Caire
:
...courriel était destiné est bien la personne qui a lu le courriel.
Donc, pour moi, puis je vais
laisser Me Miville-Deschênes compléter la réponse, mais, pour moi, ce ne
serait pas un
consentement manifeste, parce que je ne peux pas vous
garantir que la personne qui a ouvert le courriel, c'était >M. Untel,
puis ce n'était pas son fils aîné par inadvertance, ou madame qui a oublié de
lui en parler, puis... Vous comprenez?
Ça fait que, pour moi, la réponse à votre question,
c'est non, ce ne serait pas un consentement manifeste, mais, avec votre
permission, M. le député, je laisserais les juristes... Peut-être la loi
a-t-elle une interprétation différente des techniciens en... des gens
d'informatique.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, juste pour compléter, sur le terme «manifeste», il faut qu'il n'y ait
aucun doute, là, sur la volonté de la personne, mais ce n'est pas
automatiquement la personne... Le consentement ne sera pas automatiquement
explicite, et la personne n'aura pas automatiquement à dire oui, là. Ce que je
veux dire par là, c'est que, dans une situation où tu es dans un organisme
public, tu demandes un service, puis il dit : Bon, bien, parfait, ce
service-là va nécessiter que je communique à telle personne. Tu sais, ça peut
être manifeste sans que la personne expressément dise : Oui, je le veux.
Il peut y avoir quand même un consentement qui est manifeste sans que la
personne ait à nécessairement verbalement, là, donner son accord.
M. Tanguay
: Donc, à ma
question, la réponse est oui. Un citoyen pourrait recevoir un courriel d'un
organisme public disant : M. X, à moins que vous nous... à moins
d'avis contraire de votre part, dans 10 jours, nous allons faire ceci avec
votre renseignement personnel. Je confirme qu'il a reçu le courriel, c'est
marqué «lu». Et j'ai même, puis je rajoute au cas du ministre, une confirmation
que c'est lui qui l'a lu. Il ne parle pas. Est-ce que, oui, ça pourra être
interprété par l'organisme public comme se qualifiant sous 53.1?
M.
Caire
: Si
j'ai l'absolue certitude que c'est lui qui a lu le courriel, je ne sais pas.
M. Tanguay
: Puis il
n'a pas parlé.
M.
Caire
:
Me Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, je ne penserais pas, non. Ce n'est pas comme la situation où tu as la personne
devant toi, là, puis tu l'informes, puis tu vois qu'elle comprend la situation,
c'est clair. Là, je... Écoutez, c'est une bonne question, mais, dans un cas
comme ça, je ne pense pas qu'on pourrait conclure, là, que c'est vraiment
manifeste et éclairé comme consentement.
• (12 h 20) •
M. Tanguay
: Vous
comprenez l'importance de ce qu'on fait là? Parce que ça, là, c'est le pain, le
beurre, c'est matin, midi, soir, 365 jours, là, dans nos organismes. Puis,
à un moment donné, trop vouloir en faire, des fois, on dessert ce qu'on veut.
On veut une efficacité de l'administration publique. Puis ça, il faudrait le
préciser, à ce stade-ci, puis ne pas laisser la CAI le déterminer.
Donc, ce que vous me dites, c'est qu'à la
fin, corrigez-moi, là, qui ne dit mot consent ne se qualifierait pas, sachant
qu'il l'a reçu puis que c'est lui qui l'a lu, ça ne se qualifierait pas, ça ne
passe pas la rampe pour nos organismes publics. C'est-u le message, M. le
ministre, qu'on envoie aujourd'hui aux organismes publics?
M.
Caire
: Bien,
moi, le <message que...
M. Tanguay
: ...qu'à
la fin, corrigez-moi, là, qui ne dit mot consent ne se qualifierait pas,
sachant qu'il l'a reçu puis que c'est lui qui l'a lu, ça ne se qualifierait
pas, ça ne passe pas la rampe pour nos
organismes publics. C'est-u le
message,
M. le ministre,
qu'on envoie
aujourd'hui aux
organismes
publics?
M.
Caire
:
Bien, moi, le >message que j'enverrais aux organismes publics, c'est...
va dans le sens de ce que vous dites. J'aimerais autant que nos organismes
publics utilisent une façon qui ne soulève aucun doute quant à l'utilisation
des renseignements personnels, comprenons-nous bien, je ne parle pas de données
en général, et toujours dans...
<
Parce que... >Puis
ça, ça va dans le sens de ce que le député de La Pinière amenait comme
élément. Parce qu'il y aura des exceptions où l'organisme public agira manifestement
dans l'intérêt du citoyen. Vous inscrivez votre enfant à l'école, bien, c'est
sûr que vous allez donner les bulletins, là. Tu sais, ça prend une preuve qu'il
a réussi son année. Ça fait qu'est-ce que je vais vous demander manifestement
votre consentement pour prendre... pour demander les bulletins de votre enfant,
pour préciser qu'il a réussi son année? Bien, non, pour moi, c'est... Comprenez-vous
ce que je veux dire? Donc, je pense que ces exceptions-là vont venir temporiser
les situations où la bureaucratie l'emporterait sur le gros bon sens. Et...
M. Tanguay
: En tout
respect... Oui?
M.
Caire
: Mais,
juste pour vraiment répondre précisément à votre question, pour ce qui requiert
un consentement manifeste, moi, je pense que, dans les organismes publics,
effectivement, on pourrait s'assurer que qui ne dit mot consent n'est pas la
règle qu'on devrait suivre.
M. Tanguay
: Qui ne dit
mot consent ne devrait, en aucun cas d'espèce, se qualifier sous 53.1.
M.
Caire
: On
s'entend.
M. Tanguay
: Bon, ça,
c'est clair. Par contre, là, on jase, là, il ne faut pas mélanger deux choses.
Je donne mon dossier médical, il y a tout là-dedans. Je suis à l'hôpital X
pour un traitement spécifiquement. Il y a une urgence x, cas d'espèce, peu
importe, je dois être transféré dans un autre hôpital, un autre département,
pour un autre traitement. Là, il ne faut pas mélanger la valide utilisation
d'une information dans un contexte qui coule de source où, lorsque je l'ai
donnée initialement, elle va pouvoir être utilisée pour la suite de la chaîne,
là, ce n'est pas vrai que de département en département... Il s'en va en
radiologie, il s'en va en cardiologie, tu sais, on change d'étage, on rentre
dans l'ascenseur, puis tout ça.
Il ne faut pas mélanger, donc, <une
utilisation... >puis je pense qu'on va en reparler, puis c'est important,
les concepts, une utilisation qui découle et qui est inclus dans le
consentement initial versus : Je suis un organisme public, j'ai ramassé le
renseignement pour une utilisation a, là j'aimerais en faire une
utilisation b. Ça, c'est un autre cas d'espèce où là je devrais me qualifier
en vertu de 53.1.
Puis c'est important, ce qu'on se dit là,
qui ne dit mot <consent. Est-ce que...
M. Tanguay
: ...
versus : Je suis un organisme public, j'ai ramassé le renseignement pour
une utilisation a, là j'aimerais en faire une utilisation b. Ça, c'est
un autre cas d'espèce où là je devrais me qualifier en vertu de 53.1.
Puis c'est important, ce qu'on se dit
là, qui ne dit mot >consent. <Est-ce que... >Parce
que ce qu'on fait là, c'est important, ça a une implication, entre autres, à
l'article 102 de la loi qui va introduire un nouvel article 14, c'est
copier-coller. Est-ce que ça serait donc aussi le même étalon de mesure, le
même nom, qui ne dit mot consent, dans le secteur privé?
M.
Caire
: Je ne
vois pas de raison qu'il y ait une différence entre les deux.
M. Tanguay
: Et là le ministre
va être peut-être d'accord avec moi, qui ne dit mot consent, il y a des fins
privées qui demandent peut-être... Puis j'aimerais l'entendre là-dessus parce
que c'est important, je ne suis pas en train de prendre position. Est-ce que
les fins privées doivent être analysées de façon plus restrictive que les fins
publiques quant à l'intérêt public, l'utilisation, on est là pour servir... ou,
dans les deux cas, public, privé, puis c'est important, ce qu'il va dire là, le
ministre, c'est les mêmes standards, les mêmes restrictions? Ça, c'est une
philosophie qu'il faut savoir avant de rédiger la loi.
M.
Caire
: Bien,
écoutez, pour moi, si on parle de 53.1, pour moi, c'est la même chose, à savoir
que chaque finalité amène un consentement qui est distinct. Puis là le député
de LaFontaine ne m'en voudra pas de réserver mon commentaire à l'article 9,
puis, quand on arrivera aux autres articles qui traitent des exceptions ou des
nuances, on refera... nous ferons le débat, mais, dans le principe général, une
finalité, un consentement explicite et distinct de d'autres informations, pour
moi, ce principe-là, il s'applique au public, il s'applique au privé.
M. Tanguay
: Une fois
qu'on a dit ça, c'est important, c'est la «footing» de notre maison, là on va
mettre le solage. Ce qu'on n'a pas au privé puis ce qu'on a au public, c'est ce
à quoi le Barreau nous faisait référence quand il disait : «...l'utilisation
de renseignements personnels sans le consentement de la personne visée», et il
faisait référence à l'article 6 du règlement européen, prévoit certaines
autres fins licites concernant cette utilisation-là. Et on parlait de la
sauvegarde des intérêts vitaux, la mission d'intérêt public, l'intérêt
légitime. Donc, j'en suis au niveau public.
Comment... Le ministre est-il d'accord
avec ça, que l'utilisation qui en découle pour d'autres fins d'intérêts publics,
vitaux, mission d'intérêt, intérêt légitime... Et comment ça, qui n'est pas une
fin commerciale... Est-ce que c'est son intention de légiférer pour que ça soit
<plus...
M. Tanguay
: …avec
ça,
que l'utilisation qui en découle pour d'autres fins d'intérêts publics, vitaux,
mission d'intérêt, intérêt légitime... Et comment ça, qui n'est pas une fin
commerciale... Est-ce que c'est son intention de légiférer pour que ça soit
>plus facile pour les fins d'intérêts publics vitaux que pour les fins
d'intérêt commercial qui, dans les deux cas, pourraient en découler, là?
M.
Caire
: Mais
on va le faire, on va le faire, on va le faire.
M. Tanguay
: On le fait
où?
M.
Caire
: Bien,
un peu plus tard, notamment quand on va parler de la recherche, notamment. Le
collègue va constater qu'il y a des éléments qui touchent le public qui ne sont
pas vrais dans le privé.
M. Tanguay
: À quel
article, s'il peut nous les indiquer?
M.
Caire
: Je ne
l'ai pas en tête, M. le député, là, pour être honnête avec vous, mais c'est
clair au niveau...
Puis on s'entend qu'au niveau des
organismes publics, il y a une mobilité de la donnée qui existe qui ne peut pas
nécessairement exister dans l'entreprise privée. Et je m'explique. Vos
renseignements personnels< sont>, par définition, sont détenus par
plusieurs organismes publics parce que, dans la prestation de ces
organismes-là, ces renseignements-là sont nécessaires. Et donc, dans un
objectif d'améliorer la qualité du service, de simplifier la vie du citoyen,
éventuellement ces transferts d'informations là vont pouvoir se faire d'une façon
plus fluide.
Puis ça, on va en parler quand on va
introduire l'article 70.3 et suivants avec le gestionnaire des renseignements
personnels. Le député de La Pinière va reconnaître l'empreinte que nous
avons mise dans le projet de loi n° 14 et pour lesquels nous en sommes
arrivés à la conclusion qu'il faudrait adopter des projets de loi à chaque fois
qu'on déploie un nouveau système puis que ce n'était pas nécessairement très
efficace.
Donc, c'est sûr que cette disposition-là
va exister au public, n'existera pas au privé, clairement, clairement. Donc,
oui, pour répondre à sa question, il y aura des dispositions qu'on va retrouver
au public qu'on ne retrouvera pas au privé, mais le principe général, une fin,
un consentement distinct de toute autre information, qui est amené par 53.1, ce
principe-là, il va s'appliquer indépendamment du public ou du privé.
M. Tanguay
: ...mon
collègue de La Pinière veut revenir, il y aura, dans le public, ce qu'on
n'a pas au privé, des atermoiements à 53.1 quand on dit «manifeste, clair»,
papi, papa.
M.
Caire
: Je
n'utiliserais pas le mot «atermoiements», j'irais plutôt pour des
assouplissements mais encadrés par ce que nous déciderons comme législateurs.
• (12 h 30) •
Le Président (M. Bachand) :
Merc i. M. le député de La Pinière, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Me Miville-Deschênes
voudrait corriger mes gaffes.
Le Président (M. Bachand) :
Oui, Me Miville-Deschênes, oui.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Rapidement. Non, c'est la maxime quand on dit : Qui ne dit mot consent,
là.
M. Tanguay
: Elle vous
turlupine, celle-là.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Elle me...
12 h 30 (version révisée)
M.
Caire
:
...mais encadré par ce que nous déciderons comme législateurs.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de La Pinière, s'il vous
plaît.
M.
Caire
: Me Miville-Deschênes,
vous voulez corriger mes gaffes?
Le Président (M.
Bachand) : Oui. Me Miville-Deschênes, oui?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Rapidement. Non, c'est la maxime qu'on dit :
Qui ne dit mot consent, là.
M. Tanguay
: Elle vous
turlupine, celle-là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Elle me turlupine parce que la loi nous dit :
Bon, je suis... une entreprise, j'informe la personne, qu'est-ce que je
communique, à quelles fins, etc. Puis, suite à ça, évidemment, il peut
consentir de façon expresse, mais aussi, on peut déduire son consentement ne
serait-ce du fait qu'il nous communique les renseignements. Tu sais, je suis...
on veut envoyer ma facture par courriel, je vous donne mon adresse courriel.
C'est une évidence que je... mon intention est manifeste.
Donc, tu sais, je ne voudrais pas qu'on
interprète le «Qui ne dit mot consent» comme nécessitant, là, vraiment un «oui,
je consens». Des fois, ça se déduit de la communication du renseignement, là.
Puis je pense que c'est important, là.
M.
Caire
: Mais
ce que je comprenais du député de LaFontaine, c'est que le fait de ne pas
répondre, le fait de rester silencieux par rapport...
M. Tanguay
: À une
question...
M.
Caire
: ...à
une situation qui nous est présentée n'est pas une preuve de consentement
manifeste. Donc, ce que vous nous amenez comme situation, Me Deschênes, il
y a quand même une interaction, il y a un geste qui est posé par la personne de
répondre, d'envoyer l'adresse courriel, de communiquer ses renseignements. Il y
a un geste qui est posé qui peut nous donner à penser que le consentement est
manifeste.
Mais ce que le député de LaFontaine
amenait comme principe, c'est de dire : Je reste muet, je ne bronche pas,
je ne donne pas signe de vie, ne prenez pas ça pour un consentement manifeste.
J'ai-tu bien compris votre pensée, M. le député?
M. Tanguay
: Oui.
M.
Caire
:
C'était plus dans ce sens-là, <je pense que... >Puis là-dessus, je
pense qu'effectivement on ne peut pas présumer que... Parce qu'il y a tellement
de situations qui peuvent expliquer le silence d'un citoyen, qui n'ont rien à
voir avec son consentement, qu'on ne peut pas dire qu'il est... je ne veux pas
utiliser les mots «hors de tout doute raisonnable», là, parce que je me sors du
contexte de la loi n° 64, mais qu'il est clair que c'est un
geste de... Ne pas poser de geste n'est pas un geste de consentement.
M. Tanguay
:
Et juste... M. le Président, 30 secondes. Certains sont venus dire :
Changez donc... Vous venez d'utiliser le mot «clair». Certains qui sont venus
dire : Changez donc «manifeste» pour «clair». Ce serait plus clair.
M.
Caire
:
Oui, «éclairé», pour moi, c'est clair. Puis, après ça, quand on dit aussi «qui
est demandé en termes clairs et distincts», je pense qu'on... le libellé, comme
tel, il couvre pas mal tous les angles morts, si tant est qu'il y en a.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de La Pinière, s'il vous
plaît.
M. Barrette :
Ah! là, je ne veux pas faire de débat de sémantique, là, mais «éclairé», ça ne
veut pas dire «clair», là. Ce n'est pas la même chose, là.
M.
Caire
:
Partant du principe qu'on ne veut pas faire de débat de sémantique...
M. Barrette : On
n'en fera pas, hein?
M.
Caire
:
...j'arrêterai ça.
M. Tanguay
:
On va en faire un...
M.
Caire
:
Je vais arrêter ça là, je vais arrêter ça là.
Des voix
: Ha,
ha, ha!
M. Tanguay
:
...
M. Barrette : Je
pense que le «clair», c'est pour...
M.
Caire
:
Oui, oui, oui, mais ça lui arrive, de temps en temps, d'avoir raison, là, c'est
correct.
M. Barrette : Je
le sais, je le sais, mais qu'est-ce que tu veux. Mais le «clair», c'est pour
remplacer «manifeste»...
M.
Caire
:
Bon, c'est vrai.
M. Barrette :
...pas pour remplacer «éclairé».
M.
Caire
:
O.K., c'est correct.
M. Barrette :
Bon. Puis j'ai bien aimé la formule imprévue de mon collègue. L'implicite, ça
se traduit dans le langage courant par: Qui ne dit mot consent, là. <Ça
fait que...
M. Barrette :
Je pense que le «clair», c'est pour...
M.
Caire
:
Oui, oui, oui, mais ça lui arrive, de temps en temps, d'avoir raison, là, c'est
correct.
M. Barrette :
Je le sais, je le sais, mais qu'est-ce que tu veux. Mais le «clair», c'est pour
remplacer «manifeste»...
M.
Caire
:
Bon, c'est vrai.
M. Barrette :
...pas pour remplacer «éclairé».
M.
Caire
:
O.K., c'est correct.
M. Barrette :
Bon. Puis j'ai bien aimé la formule imprévue de mon collègue. L'implicite, ça
se traduit dans le langage courant par: Qui ne dit mot consent, là. >Ça fait quece débat-là va rester, là. Mais
ça, on l'aura plus loin.
Là, je comprends qu'à 73 et 74, on va
débattre suffisamment en profondeur de la circulation intragouvernementale de
la donnée. Donc, on s'en va vers une libéralisation dans des balises
spécifiques, spécifiées.
M.
Caire
: Bon.
M. Barrette : Non, non, mais
je suis d'accord.
M.
Caire
: Bon,
le choix de mot m'interpelle...
M. Barrette : Bien, je veux
dire...
M.
Caire
:
Libéralisation, il faudrait préciser ce qu'on entend par là, là. Mais, non...
Oui, oui, oui.
M. Barrette : Bien, je ne peux
quand même pas dire : «caquistaniser», là.
M.
Caire
: En
fait... Bien, en fait... bien, non, mais si je peux me permettre, moi, je
préfère parler... puis là on va faire un débat de sémantique, je préfère parler
de mobilité de la donnée, M. le député.
M. Barrette : Non, non, c'est
correct. Mais disons qu'on va partir de la situation actuelle qui est plus de
la nature d'un silo à une donnée qui devient fonctionnelle dans un État. Je
pensais partir là-dessus, mais...
M.
Caire
: Oui,
qui travaille autant horizontalement que verticalement.
M. Barrette : C'est correct.
Je pensais partir là-dessus à cette étape-ci, mais si le ministre nous dit, M.
le Président, qu'on va en parler en détail à 73, je vais ne pas consommer du
temps inutilement, là. Mais on en parlera à ce moment-là.
M. Tanguay
: Pour finir
l'analogie, là...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine,
oui.
M. Tanguay
: ...comme
The Sims, là, quand votre personnage... je ne joue pas à ça, mais ma fille,
elle joue à ça. Personnage, quand c'est lui qui est actif, il a de quoi
au-dessus de la tête. Quand le ministre parle de mobilité de la donnée, il y a
deux choses qu'il faut ajouter dans notre jeu The Sims, le conducteur, c'est le
consentement donné. Et le conducteur pourra tomber sur pilote automatique,
c'est la mission de l'État et la justification de ne pas avoir de consentement
conducteur. C'est important, les concepts, là, puis l'analogie, elle est
presque parfaite, là.
M.
Caire
:
Presque.
M. Tanguay
: Parce que
«mobilité», là, il y a une petite auto, puis il y a tous mes renseignements qui
se promènent, mais là je ne veux pas qu'ils se promènent n'importe où n'importe
comment, là. Je ne veux pas me dire que mon auto est rendue au Saguenay, là, je
reste à Montréal.
M.
Caire
: D'où
l'importance...
M. Tanguay
: Mon
conducteur, c'est mon consentement parce que c'est lui qui guide.
M.
Caire
: Oui,
mais d'où l'importance, dans... bien, d'abord, personnellement d'adopter 9,
donc d'établir ce principe général de base, qui est contraignant et restrictif,
et d'arriver subséquemment avec des situations où on comprend que le consentement
ou la mobilité de la donnée se fait dans l'intérêt du citoyen et dans un objectif
non pas d'abuser de l'utilisation de ces renseignements personnels, mais bien
de les utiliser pour son plus grand bénéfice. Mais ça, on le verra avec le
gestionnaire de données puis on va l'inscrire, M. le député de La Pinière,
dans le débat qu'on a eu sur 14 où, je pense que, et vous et moi, on s'est
dit : Bien, tabarouette, là! Ce n'était pas... ce n'est pas simple, là.
14, ce n'est pas simple, là. Bien, c'est ça. À court terme, c'était nécessaire,
mais là ayons une vision à <long terme...
M.
Caire
: ...va
l'inscrire,
M. le député de
La Pinière, dans le débat qu'on
a eu sur 14 où, je pense que, et vous et moi, on s'est dit : Bien,
tabarouette, là! Ce n'était pas... ce n'est pas simple, là. 14, ce n'est pas
simple, là. Bien, c'est ça. À court terme, c'était nécessaire, mais là ayons
une vision à >long terme, puis, lorsque nous tous... peut-être pas le député
de Gouin, là, parce qu'il y a un petit écart d'âge, quand même, là, mais quand
nous tous serons dans nos maisons des aînés respectives, on regardera aller ça,
le député de Gouin, puis on se dira : Eh! Une chance qu'on a fait ça.
M. Tanguay
: On a vu
que l'ex-collègue, Amir Khadir, nous a prédit où allait être le député de Gouin
à ce moment-là...
M.
Caire
: Absolument.
Absolument, absolument.
M. Tanguay
: ...en fin
de semaine passée, à la tête du Québec.
M.
Caire
:
Voilà. Bien, je lui souhaite...
M. Tanguay
: C'est une
prophétie.
M.
Caire
: ...mais
plus tard, beaucoup plus tard.
M. Tanguay
: Vous allez
vous occuper de nous. Aïe! Il va avoir des comptes à rendre parce que ça va
être nous qui vont vouloir avoir les services, là.
M.
Caire
: Non, c'est
ça.
M. Tanguay
: Livre, à
cette heure!
M.
Caire
: Nous
serons à La Joute, messieurs, nous serons à La Joute...
Le Président (M.
Bachand) :O.K. J'ai le député de La Pinière...
M.
Caire
: ...en
train d'analyser les faits et gestes du député de Gouin.
M. Tanguay
: C'est ça.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. M. le député de La Pinière,
s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Selon la
prophétie de M. Khadir.
M.
Caire
: Oui, absolument.
M. Barrette : Je ne sais pas,
M. le Président, si on avait choisi d'aller alinéa par alinéa et ainsi de
suite, là.
Le Président (M.
Bachand) : On fait ça globalement, l'article, là, finalement.
Donc, le temps est additionné.
M. Barrette : O.K. Je vais
rester dans le premier alinéa, là, pour... Je ne veux pas casser la
conversation, là, mais... L'autre élément, là, ça, c'est toujours des... c'est
quand même un voeu pieux, là, parce que ça ne dit pas vraiment exactement
jusqu'où on peut...on doit aller, pas peut, mais on doit aller. Quand on dit,
là, que lorsque la personne le requiert, «il lui est prêté assistance», là,
prêter assistance, là, pour comprendre la portée du consentement, c'est vaste.
Est-ce que le ministre a une idée plus précise de ce qu'est l'assistance?
M.
Caire
: Bien,
je pense qu'on a eu cette discussion-là dans les articles... dans l'article 1,
qui introduisait l'article 8...
M. Barrette : Je n'étais
peut-être pas là.
M.
Caire
: ...sur
les comités. On reste dans les mêmes définitions, là, de ce qui demeure
raisonnable.
M. Barrette : C'est-à-dire?
M.
Caire
: Bien,
écoutez, c'est une... Bien... Non, mais c'est parce qu'en tout respect on a eu
cette discussion-là sur les comités, l'obligation de porter assistance pour
comprendre une décision. C'est-u l'article 1?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est l'article 6.
M.
Caire
: L'article 6,
article 6 — merci, Me Deschênes — où on a, je pense,
abondamment discuté du fait que s'entend de ce qu'il est raisonnable de faire
pour qu'une personne comprenne ce que le consentement signifie, puis ça nous
amène peut-être à ce que le député de Gouin amenait comme argument. Je veux
dire, c'est des notions qui sont généralement balisées, si je ne m'abuse,
notamment dans le droit civil, là, c'est des notions qui sont balisées par la
pratique. <C'est des...
M.
Caire
: ...
à
ce que le député de Gouin amenait comme argument. Je veux dire, c'est des
notions qui sont généralement balisées, si je ne m'abuse, notamment dans le
droit civil, là, c'est des notions qui sont balisées par la pratique. >C'est
des notions qui sont balisées par la pratique, c'est des libellés qui sont
généralement reçus.
M. Barrette : Bien,
pouvez-vous m'éduquer?
M.
Caire
: Non,
ça, c'est au-dessus de mes forces, mais je peux essayer de vous renseigner, par
contre.
M. Barrette : Non, non, ne
vous gênez pas, là. Mais je le sollicite, là. Moi, je lis un consentement, là,
d'une application x, d'un logiciel x, d'un service x, puis il y
a deux paragraphes que je ne comprends pas, là. En général, je n'ai pas de
numéro de téléphone où appeler pour dire : C'est quoi que vous voulez dire
par ça, là? O.K. C'est quoi, la jurisprudence de ça, là, s'il y en a une?
Qu'est-ce que le Code civil prévoit?
Moi, je vais juste dire ça comme ça, là,
je pense m'avancer assez pour pour pouvoir affirmer... que je n'ai pas de
numéro de téléphone où appeler, moi, là, là.
• (12 h 40) •
M.
Caire
: Je
vais laisser Me Miville-Deschênes vous répondre à cette question. Mais je
le... puis je le dis, là, puis c'est correct, on va répondre à la question,
mais c'est quand même un débat qu'on a eu abondamment à l'article 6, là.
Et c'est une notion qu'on va retrouver ailleurs dans le projet de loi. Je dis
ça de même.
M. Barrette : Alors, pour
utiliser des mots qui sont appropriés dans cet article-là, éclairez-moi.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, le devoir d'assistance, à titre d'exemple,
dans la loi sur l'accès, est déjà présent quand on veut déposer une demande
d'accès. On peut s'adresser au responsable qui doit nous prêter assistance pour
nous aider à identifier le document qu'on cherche. Donc, l'objectif est
vraiment d'assurer que... Puis là, on a fait un ajout pour dire qu'une fois que
la décision est rendue, le devoir d'assistance se poursuit, là, pour aider la
personne à comprendre la décision.
Quand on lit les organismes publics, tu
sais, les coordonnées du responsable, là, sont diffusées, sont accessibles.
Donc, l'objectif, c'est de clarifier le fait que le responsable doit... si les
coordonnées sont accessibles et qu'il doit, sur demande, là, prêter assistance
pour comprendre vraiment la portée du consentement qui est demandé, là.
Dans le secteur privé, là, on crée la
fonction de responsable aussi, de par le projet de loi. On va y revenir, là.
Donc, ça sera la responsabilité de cette nouvelle personne-là, désignée par la
loi, de prêter assistance, là, à la personne pour bien comprendre, justement,
qu'est-ce qui a inclus le consentement.
M. Barrette : O.K. Donc, la
réponse, c'est, pour les organismes publics, d'après vous, il y a nommément une
personne qui a la compétence pour m'aider, disons, juridiquement. Parce que
c'est un peu le juridique, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, il y a au moins un... comment dire? Un point
de chute, c'est-à-dire le responsable de la protection des renseignements
personnels, qui peut être contacté. Puis, suite à ça, bien, là, pour le
consentement, s'il n'est pas en mesure de répondre personnellement, là, sur la
portée de ce consentement-là, bien, il va être en mesure d'aller chercher le
renseignement, là.
M. Barrette : Bien, vous allez
être d'accord avec moi que...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ... point de chute, c'est-à-dire le responsable de
la protection des renseignements personnels, qui peut être contacté. Puis,
suite à ça, bien, là, pour le consentement, s'il n'est pas en mesure de
répondre personnellement, là, sur la portée de ce consentement-là, bien, il va
être en mesure d'aller chercher le renseignement, là.
M. Barrette : Bien, vous allez
être d'accord avec moi que... bien, peut-être que je n'ai pas porté attention,
mais j'ai rarement vu, dans les organismes publics, également dans le privé,
une référence, à la fin du consentement, à côté de «J'accepte», «J'ai lu et
j'accepte que...», et «by the way», si vous avez des questions, voici la
personne que vous pouvez contacter, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, dans les politiques de confidentialité, il y a
généralement le nom d'un responsable, là. Je dis généralement, il faudrait que
je vérifie, mais il y a le nom d'un responsable dans le secteur public, là, ou,
du moins, peut-être pas son nom, mais les coordonnées ainsi qu'un numéro de
téléphone pour le contacter.
M. Barrette : Mais il n'est
pas prévu dans nos lois, là, que le demandeur de consentement, dans n'importe
quelle organisation, ait l'obligation d'afficher la personne ou le numéro de
téléphone qui donne accès à une personne responsable de... Moi, je dis juste ça
comme ça, là. Parce que, vous savez, au gouvernement, par exemple, je vais dans
une entité communément connue, là, le gouvernement, quand on cherche la
personne responsable, elle est dans le site du ministère en question. En
général, on ne le trouve pas. D'ailleurs, trouver quelque chose sur les sites
des ministères, c'est comme, en général, impossible. Ça, c'est de l'ironie, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, j'ai compris, mais je vais souligner le fait
que le Règlement de diffusion oblige tous les ministères du gouvernement du
Québec à afficher le nom du responsable dans une section dédiée à cette fin,
qu'on trouve généralement en bas de la page, avec les coordonnées, là, du
responsable de l'accès et de la protection des renseignements personnels.
Dans le projet de loi, il y a une
disposition qui va venir un peu plus tard sur les politiques de confidentialité
qui, bon, qui prévoient, de façon générale, là, l'obligation de la diffuser
puis d'informer lors d'une mise à jour de la politique, puis il y a aussi un
pouvoir réglementaire, là, qui pourrait être utilisé, notamment pour exiger,
là, que le nom du responsable apparaisse dans cette politique-là, nom du
responsable qui apparaît déjà sur le site Internet dans le cas des
120 organismes.
M. Barrette : Mais là on n'a
pas ça dans nos lois, là, cette obligation-là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, le nom du responsable...
M. Barrette : Qu'en bas, là, à
côté de «J'accepte», là, puis si vous avez des questions, là... vous appelez la
personne responsable à telle place.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Il n'y a pas cette exigence-là précise dans la loi.
M. Barrette : Non. C'est ce
que je pensais.
M.
Caire
: C'est
réglementaire. Ce n'est pas légal, mais c'est réglementaire.
M. Barrette : Ah! je le sais,
mais les règlements, hein, c'est comme les sites Internet, des fois, c'est
obscur en application.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le député. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
:
LaFontaine? Oui, merci.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, c'est vous.
M. Tanguay
: Dans le
contexte de la loi d'accès à l'information des organismes publics, «à des fins
spécifiques» est de droit nouveau... serait de droit nouveau. «À des fins
spécifiques», on ne le retrouve pas, hein?
M.
Caire
:
Me Deschênes.
M. Tanguay
:
«Spécifiques», le caractère spécifique est de droit nouveau.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, il est de droit nouveau... il est à l'article 14
du privé.
M. Tanguay
: Je parle
au public.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, au public, effectivement, il est de droit
nouveau, mais la Commission d'accès à l'information utilise déjà ces critères
du consentement là, autant dans le privé que dans le public. Donc, même s'il
n'était pas ajouté, je vous dirais qu'on fait plus... en ajoutant la <première
phrase, là...
M. Tanguay
: ...
«Spécifiques»,
le caractère spécifique est de droit nouveau.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe)T :
Bien, il est de droit nouveau... il est à l'article 14 du privé.
M. Tanguay
: Je
parle au public.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe)T :
Oui, au public, effectivement, il est de
droit nouveau, mais la Commission d'accès à l'informationT utilise déjà ces
critères du consentement là, autant dans le privé que dans le public. Donc,
même s'il n'était pas ajouté, je vous dirais qu'on fait plus... en ajoutant la
>première phrase, là, sur le «éclairé et manifeste», «fins spécifiques»,
on fait plus codifier la jurisprudence que vraiment du droit nouveau.
M. Tanguay
: Dans ma
petite automobile rouge qui contient tous mes renseignements, puis qu'il y a la
petite icône au-dessus parce qu'elle est active, elle est mobile, elle se
promène. «Spécifiques», ça veut dire qu'il va y avoir des barrages, il va y
avoir une couple de barrages sur la route, là? Qu'est-ce que ça veut dire?
M.
Caire
: Bien,
spécifiques, c'est que...
M. Tanguay
:
Spécifiques, pour moi, c'est saucissonné. Spécifiques, moi, c'est saucissonné.
M.
Caire
: Mais
spécifiques, oui, oui, spécifiques, c'est... Bien, comme je vous l'ai dit,
c'est la règle générale qu'on tente d'établir, à savoir que, quand je collecte
des informations, des renseignements personnels, vos renseignements personnels,
je dois vous dire à quelle fin je veux les utiliser. Et s'il y a plusieurs
fins, je dois les décliner, je dois décliner toutes les fins.
M. Tanguay
: O.K., mais
il faut que vous me donniez l'opportunité, s'il y a six fins, de dire :
Oui, oui, non, oui, oui, non.
M.
Caire
: C'est
ça.
M. Tanguay
: Ça, ça
ajoute. Autrement dit, mon «spécifiques» dans le contexte... je suis toujours
dans le contexte du public, là, je ne suis pas dans le contexte du privé, vous
allez acheter du maquillage, M. le ministre, et on vous demande votre adresse
courriel...
M.
Caire
: M. le
Président, on me prête des intentions, là.
M. Tanguay
: C'est bien
correct. C'est bien correct.
Le Président (M.
Bachand) : C'est légal.
M. Tanguay
: C'est très
bienvenu. Et on vous demande votre... dans le privé, c'est quand on vous
demande votre courriel pour vous envoyer la facture, c'est correct, c'est pour
envoyer la facture, mais ne vendez pas la liste de courriels pour que j'aie de
la publicité pour d'autres choses. Ça, on comprend qu'on peut le saucissonner.
Je reviens avec mon saucisson, là, je coupe des tranches.
Mais c'est un peu antinomique, puis je
pose la question, je ne suis pas en train de dire : Nous, on loge là, puis
on veut ça puis on va faire un amendement, je pose la question, spécifique dans
le contexte public, alors qu'on sait qu'il va y avoir une mobilité des données
qu'on ne retrouvera pas à l'intérieur du privé.
Puis je reviens à mon questionnement
philosophique, il faut qu'à un moment donné il y ait des petites différences
dans les articles de principe. Est-ce que, dans le contexte public, je pose la
question, manifeste, libre et éclairé, ça ne couvrirait pas et ça ne serait pas...
ne serait-il pas suffisant, ces trois qualitatifs-là, versus «à des fins
spécifiques» où dans des cas d'espèce, on risque, pour des fins de recherche...
mon commentaire du Barreau, là, on risque d'avoir une enfarge qui ne serait pas
légitime, peut-être?
M.
Caire
: Bien,
là-dessus, moi, je répondrais non. J'aime autant une règle générale qui est
claire, qui s'interprète de façon claire, simple et précise, il y a une fin, il
y a un consentement.
Après ça, où je rejoins le député de
LaFontaine... et c'est ce qu'on va faire plus loin, là, on comprend, là, qu'il
y a un contexte dans le public qui est particulier, on le comprend. <Et
c'est...
M.
Caire
: ...de
façon claire, simple et précise, il y a une fin, il y a un consentement.
Après ça, où je rejoins le député de
LaFontaine... et c'est ce qu'on va faire plus loin, là, on comprend, là, qu'il
y a un contexte dans le public qui est particulier, on le comprend. >Et
c'est là où je lui disais : Il y a des dispositions qui vont être spécifiques
au public. Puis j'entends par là, notamment, <notamment>,
le gestionnaire des renseignements personnels. Vous ne retrouverez pas ça dans
le privé, là, c'est une fonction qui va exister dans le public et dans le
public exclusivement. Parce qu'on comprend tous que vos renseignements
personnels seront partagés... En fait, actuellement, la façon dont ça
fonctionne, c'est, ils sont collectés par chaque organisme public qui vous doit
une prestation de service. Ce qui amène son lot d'erreurs, de désagrément, de
lenteurs, de bureaucratie, de toute l'hypothèque que ça amène au niveau du
citoyen, et où, là, on se dit : Bon bien, attends un peu, là. On
pourrait partager ces renseignements-là, et c'est là où... Mais ça, c'est
l'exception à la règle générale puis, cette exception-là, nous la codifierons
ici, par la loi. Et on verra à qui, et comment, et quand, et pourquoi on veut
donner ces exceptions-là. Mais la règle générale s'entend bien, s'entend
clairement, elle s'applique à tout le monde. Moi, je pense... je préfère avoir
un article 9 tel qu'il est libellé, comme ça, puis, après ça, dire :
Nonobstant à ce qu'on a dit dans l'article 9, on comprend que telle,
telle, telle situation. Regarde, il ne faut pas virer fou non plus, là.
M. Tanguay
: On va voir
à l'article 12 qu'on introduit deux autres concepts. Puis là on est à
veille d'avoir terminé, à 53.1, de retourner toutes les pierres parce que
c'est important, là. On introduit à l'article 12 du projet de loi des
amendements qui seront à 59 de la loi d'accès publique. Ce consentement, on
fait la distinction «renseignement personnel sensible», ça fait qu'on aura un
débat à un moment donné, j'imagine qu'on va le définir — qu'on me
corrige si j'ai tort, mais il y aura un article qui va nous permettre de
définir «renseignement personnel sensible».
M.
Caire
:
Est-ce qu'il est déjà défini ou est-ce qu'il va être défini?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est à même l'article 12, 59, à la fin.
• (12 h 50) •
M. Tanguay
: O.K. Ça fait
qu'on fera le débat rendu là, c'est quoi un «renseignement personnel sensible»...
pour l'application de la présente loi, est sensible... Parfait, on fera le
débat là. Mais on dit : Pour ce type de renseignements là, le consentement
doit être «manifesté de façon expresse». Alors là, il faut que je doive... je
dois lire ça comme étant plus lourd comme fardeau qu'à 53.1? Alors, que veut
dire... et quelle est la différence entre «manifeste» de 53.1 et
l'alourdissement de mon fardeau, comme organisme public, à «manifesté de façon
expresse»?
M.
Caire
: M. Me Deschêches...
subtilités juridiques.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien là, un consentement express, on est dans la
situation <où on ne...
M. Tanguay
: ...
que
veut dire... et quelle est la différence entre «manifeste» de 53.1 et
l'alourdissement de mon fardeau, comme organisme public, à «manifesté de façon
expresse»?
M.
Caire
: M.
Me Deschêches... subtilités juridiques.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe)T :
Bien là, un consentement express, on est
dans la situation >où on ne peut pas le déduire des actions ou des actes
de la personne. Donc, on ne pourra pas le déduire que j'ai consenti à une
utilisation ou à une communication parce que je communique le renseignement ou
parce que je donne l'information verbalement, il va falloir vraiment, là, qu'on
est dans une situation où je pose un geste positif...
M. Tanguay
:
...explicite...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...explicite : signature, cocher une case,
répondre expressément oui à la question par rapport au consentement.
M. Tanguay
: Et mes
autres critères de «à des fins spécifiques», pourquoi on ne les remettrait pas?
Puis on va faire le débat rendu à 12, mais on parle, là, de... Pourquoi on ne
les mettrait pas, à 12, «manifeste et spécifique»?
M.
Caire
: Bien,
je ne le sais pas, on verra ça à 12, M. le député, là. Honnêtement... Là, j'ai l'article 9
devant moi puis je ne veux pas...
M. Tanguay
: Non, non,
mais question de compréhension.
M.
Caire
: Mais
je ne le sais pas, on regardera ça. On regardera ça et je ne dis pas non, là.
Non, non, mais c'est vrai, là, je ne suis pas...
M. Tanguay
: C'est
parce que les qualificatifs, il y en a quatre.
M.
Caire
: Vous
me prenez par surprise, M. le député, là.
M. Tanguay
: Pas
possible.
M.
Caire
: Hein?
M. Tanguay
: Pas
possible.
M.
Caire
: Oui,
je vous le dis.
M. Tanguay
: Plus que
pour le maquillage de tantôt?
M.
Caire
: Ah,
non, quand même pas.
M. Tanguay
: Ça,
c'était quand même...
M.
Caire
: Quand
même pas.
M. Tanguay
: Mais mon
point, il est tout simple. On rédige 53.1 puis on a quatre qualificatifs pour
le renchausser, là, c'est-à-dire mon plant de tomates, il ne partira pas au
vent, il est renchaussé, j'ai quatre qualificatifs. Puis là on parle d'un plant
de tomates encore plus précieux, il donne des tomates en or, puis là j'ai juste
un qualificatif.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Mais je me permettrais... en fait, 53.1 va
s'appliquer à tous les consentements de la loi. Donc, c'est...
M. Tanguay
: Ah! ça
fait que ça s'ajoute.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est le minimum, c'est ça. Quand on a «express»,
là, là, on rajoute...
M. Tanguay
: Bonne
réponse.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...des tomates en or, là, ou bretelles.
M. Tanguay
: O.K. Puis
je reviens là-dessus. Je sais qu'on a fait le débat, une bataille qu'on a
perdue, mais à la fin de la journée, il y a juste un projet de loi, ça fait
qu'on va avancer. L'article 6, qui introduisait le nouveau 50, où on
disait : «Pour l'aider à comprendre la décision à motiver le refus de...»
On s'entend que ce n'est pas la même application, «pour l'aider à comprendre la
décision» versus «pour l'aider à comprendre la portée du consentement.»
M.
Caire
: Vous
parlez-vous?
M. Tanguay
: Autrement
dit, c'est d'autres contextes. Je le sais qu'il en a parlé, là, mais nous, on
voulait introduire, par un amendement à 50, l'article 6, un étalon de
mesure objectif : «d'une façon suffisante et compréhensible pour une
personne raisonnable». Mais là, pour l'aider à comprendre la portée du
consentement, ça, il va falloir, le cas échéant, aussi que ça soit précisé, peut-être
par des directives de la Commission d'accès à l'information, mais on aurait peut-être
pu souhaiter quelque chose de plus précis. Mais ça aura été dit.
Est-ce que... pour clore là-dessus en ce
qui me concerne, là, à ce stade-ci, est-ce qu'on a eu des renseignements par
rapport, vous savez, les différents régimes de protection, le tuteur aux biens
versus le tuteur?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui.
M.
Caire
: Oui?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, on a fait des vérifications.
M. Tanguay
: Ah! Puis si
je ne posais pas la question, je n'avais <pas la réponse...
M. Tanguay
: ...ça
aura été dit.
Est-ce que... pour clore
là-dessus en ce qui me concerne, là, à ce stade-ci,
est-ce qu'on a eu
des renseignements
par rapport, vous savez, les différents régimes de
protection, le tuteur aux biens versus le tuteur?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe)T :
Oui.
M.
Caire
:
Oui?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe)T :
Bien, en fait, on a fait des vérifications.
M. Tanguay
: Ah!
Puis si je ne posais pas la question, je n'avais >pas la réponse?
M.
Caire
: Non,
bien, ça, je... parce que j'avais été clair sur le fait qu'aussitôt que les
réponses étaient colligées, elles devaient vous être transmises, M. le député.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
La prochaine fois, ça va être fait sans faute.
Premier élément, en fait, c'est que tous
les mineurs sont sous la tutelle de quelqu'un, incluant la tutelle de leurs
parents, la tutelle légale, ou la tutelle d'un tiers, là, qui peut être désigné
par le tribunal. Donc, c'est le seul régime applicable aux mineurs, c'est la
tutelle, à moins d'émancipation.
Autre élément aussi que vous avez posé par
rapport à la surveillance de cette tutelle-là puis de l'exercice par le tuteur,
notamment, du consentement, bien, le mécanisme de surveillance, c'est le
conseil de tutelle pour les tuteurs, là, qui ne sont pas... pour une tutelle
qui n'est pas légale, là. Donc, c'est un... Le conseil de tutelle, c'est la nomination
de trois personnes par une assemblée de parents et d'amis, puis c'est ce
conseil-là qui a comme responsabilité de surveiller l'exercice de la tutelle
par le tuteur, incluant, là, tous ces aspects, là, donc incluant aussi la façon
qu'il va consentir et à quelle fin il va consentir à la communication ou à l'utilisation
des renseignements personnels.
M. Tanguay
: Donc,
ce que vous me dites, si je résume, corrigez-moi si j'ai tort, dans tous les
cas d'espèce, toutes les tutelles ont un conseil de tutelle.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, en fait, tous les enfants sont sous tutelle. Donc, moi, mon fils est sous
ma tutelle, c'est comme un... mais...
M. Tanguay
: Bien,
l'autorité parentale.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, effectivement. Sinon, il y a un conseil de
tutelle, là, dans les autres cas.
M. Tanguay
: Mais
c'était le cas où on avait une tutelle spécifique aux biens versus une tutelle
générale, où, là, moi, je vais dire pour le mineur : Je consens ou je ne
consens pas, versus une tutelle aux biens. Quel est le contrepoids qui nous
dirait : Ah! bien là, là, toi, va jouer ailleurs, tu ne peux pas, parce
que tu es juste aux biens, donner un consentement?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien là, ça va être le conseil de tutelle qui va
s'assurer que les actes du tuteur sont limités à tout ce qui touche au
patrimoine du mineur.
M. Tanguay
: Puis
là il y a tout un processus puis là c'est...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est ça. Puis c'est...
M. Tanguay
: C'est
un autre régime en soi, là. O.K. Puis il n'y a pas d'autre régime, donc ça
ferme la porte, là. C'est autorité parentale, le 14 ans et plus ou la
tutelle.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Exact.
M. Tanguay
:O.K. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin, s'il
vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Je
veux revenir sur la conversation que j'ai eue tout à l'heure... Quand on l'a,
il nous énerve, le masque. Puis là on finit par l'oublier. Puis, au moment où
on a fini par l'oublier, là, il faut l'enlever pour parler. Là, ensuite, on le
remet, puis ça redevient insupportable.
M.
Caire
: Il
recommence à nous énerver. C'est...
M. Nadeau-Dubois : Mais il
y a des femmes, surtout, et des hommes également qui le portent à journée
longue pendant des chiffres de 16, 17, 18 heures dans nos établissements
de santé, ça fait qu'on serait très mal placés...
M.
Caire
: De
s'en plaindre.
M. Nadeau-Dubois :
...pour chialer. Fin de la parenthèse.
M.
Caire
: Je
partage votre point de vue.
M. Nadeau-Dubois :
...j'ai commencé à chialer, puis en commençant...
M.
Caire
: Après
ça, tu t'es dit...
M. Nadeau-Dubois : ...je
me suis tout de suite senti mal, en disant : Aïe! Sérieux, il y a pas mal
pire que ça, ça fait que...
M.
Caire
: Quand
on se compare, on se console.
M. Nadeau-Dubois : Oui.
Je me suis corrigé.
D'entrée de jeu, je veux revenir sur la
discussion que j'ai eue avec le ministre tantôt sur l'article 9. Je me
demande pourquoi est-ce qu'on ne le suspend pas, tout simplement, pour mieux y
revenir lorsqu'on connaîtra la nature de l'amendement que veut faire le
ministre sur la <question du...
M. Nadeau-Dubois : ...
aïe!
Sérieux, il y a pas mal pire que ça, ça fait que...
M.
Caire
:
Quand on se compare, on se console.
M. Nadeau-Dubois :
Oui. Je me suis corrigé.
D'entrée de jeu, je veux revenir sur la
discussion que j'ai eue avec le ministre tantôt sur l'article 9. Je me
demande pourquoi est-ce qu'on ne le suspend pas, tout simplement, pour mieux y
revenir lorsqu'on connaîtra la nature de l'amendement que veut faire le
ministre sur la >question du consentement, je pense ça nous permettrait
d'avancer. Moi, je le crois quand il nous dit : Je suis en réflexion, ça
s'en vient. Je comprends aussi, là, qu'il ne peut pas nous dire ce qu'il
voudrait nous dire.
Ça fait que, juste pour écarter
l'ambiguïté, moi, je proposerais qu'on suspende l'article 9 le temps que
le ministre <soit...> ait toute la latitude de nous proposer son amendement
sur la question du consentement de la CAI, des lignes directrices, et on y
reviendra. Parce que moi, sinon, l'article tel que rédigé actuellement, j'ai
encore des questions puis il me pose encore problème. Peut-être que suspendre l'article
serait la manière d'avancer tout en revenant à cet enjeu qui nous préoccupe, parce
que je ne suis pas le seul, les collègues aussi.
M.
Caire
: Bien,
je comprends. Puis, sans qu'on ne jure personne sur la Bible, là, je comprends
que ce que le député de Gouin me demande, c'est un peu comme le député de LaFontaine
qui nous a dit : Écoutez, suspendez 8 le temps qu'on adopte 9, si on
adopte 9, 8, ça va aller de soi. Donc, je comprends que, si je dépose les amendements...
ou lorsque, si ou lorsque je déposerai les amendements qui vont dans le sens de
ce qu'on a dit au niveau des lignes directrices de ce pouvoir-là donné à la Commission
d'accès à l'information, je comprends que ça répondrait aux interrogations ou, en
tout cas, aux craintes du député de Gouin, et que, dans ce sens-là, tel que
libellé, l'article 9 s'entendrait mieux, et on pourrait l'adopter. J'ai-tu
bien compris?
M. Nadeau-Dubois : Sous
réserve, bien sûr, de lire ledit amendement en question.
M.
Caire
: Je
comprends parfaitement cette réserve-là.
M. Nadeau-Dubois : Mais, comme
dit le collègue leader du gouvernement, si d'aventure l'amendement était en
effet très, disons, très satisfaisant, bien oui, ce serait ce scénario-là qui
se déroulerait.
M.
Caire
:
Alors, M. le Président, consentement.
Le Président (M.
Bachand) :On a un consentement pour
suspendre l'article 9.
Alors, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 14 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
14 h 30 (version révisée)
(Reprise à 14 h 36)
Le Président
(M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous
plaît! Bon début d'après-midi. La Commission des institutions reprend ses
travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet
de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives
en matière de protection des renseignements personnels. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Caire
: Oui, merci,
M. le Président. Bien, conformément aux discussions que nous avons eues avec le
député de Gouin et compte tenu que l'amendement dont j'ai parlé a passé les
tests dont je parlais, je l'ai déposé sur le site du greffe de la commission. Il
est donc disponible conformément à ce que j'avais dit que je ferais, c'est
fait. À partir de là, je considère que nous pouvons revenir à l'étude de
l'article 9 et disposer, le cas échant, et de l'article 9 et,
conséquemment, de l'article 8. M. le Président, c'est comme ça que j'avais
compris que nous allions organiser nos travaux.
Le Président
(M. Bachand) : Cela dit, M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
est-ce qu'on rouvre l'article 9? C'est ce que je comprends.
Le Président (M. Bachand) :
Non, c'est un élément d'information sur l'amendement, et, si, à ce moment-là,
tout le monde est d'accord, on va effectivement retourner à l'article 9,
adoption ou modification, et après ça on ira à l'article 8. Après ça, on
procédera... vous m'avez avisé d'un amendement.
M. Nadeau-Dubois : Oui,
faisons ça, faisons ça, bien sûr.
Le Président
(M. Bachand) : Parfait.
M.
Caire
: Mais
c'était-u correct, l'amendement?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
je n'ai pas eu le temps d'en prendre connaissance, je viens de l'apprendre. On
peut peut-être suspendre le temps qu'on en prenne connaissance, M. le
Président.
Le Président
(M. Bachand) : On va suspendre quelques instants pour
s'assurer pour la suite des choses. Merci. On suspend quelques moments. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 38)
(Reprise à 14 h 40)
Le Président (M. Bachand) :
À l'ordre, s'il vous plaît, la commission reprend ses travaux. Alors donc,
l'amendement a été déposé. M. le ministre, je ne sais pas s'il y a des
choses à rajouter. Ou sinon, on peut avec consentement... Oui.
M.
Caire
: M. le
Président, en fait, l'amendement avait pour objectif de rassurer les collègues
par rapport à l'adoption ou non de l'article 9 dans sa forme actuelle, et
donc je vous dirais, M. le Président, qu'à ce moment-ci je vais valider avec
les collègues si l'amendement leur donne satisfaction et si on peut procéder
maintenant à l'étude de l'article 9.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions? M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : C'est sans
doute parce que j'avais mal compris, je comprends que c'est un amendement à l'article 41
du projet de loi, est-ce que je... Moi, je m'attendais plutôt, puis c'est sans
doute parce qu'on s'est mal compris, là, ce n'est pas plus grave que ça, à un
amendement à l'article 9, mais est-ce que je comprends que... En fait, ma
question, ce pouvoir, là, d'élaborer des lignes directrices pour faciliter
l'application de la loi, ça s'applique... Est-ce que je lis bien si je lis que
ça s'applique à l'ensemble de la loi et donc, notamment, à la question du
consentement?
Parce que moi, tantôt, je parlais
spécifiquement de l'importance pour la Commission d'accès à l'information de
venir préciser la portée puis la... de venir baliser ce concept qui est flou,
là, qui est celui du consentement, notamment pour préciser les exigences liées
aux critères de validité du consentement. Et ça, c'est un pouvoir qui est
dévolu à d'autres organismes de surveillance comme la CAI, ailleurs dans le
monde, notamment en Europe avec le RGPD. Est-ce que je comprends que cet
amendement-là couvre cette préoccupation-là? Puis peut-être que le ministre
peut m'expliquer comment cet amendement-là couvre la préoccupation que je <viens...
M. Nadeau-Dubois : ...pouvoir
qui est dévolu à d'autres organismes de surveillance comme la CAI,
ailleurs dans le monde, notamment en Europe avec le RGPD. Est-ce que je
comprends que cet amendement-là couvre cette préoccupation-là? Puis peut-être
que le ministre peut m'expliquer comment cet amendement-là couvre la
préoccupation que je >viens de résumer puis que je nommais tout à
l'heure, avant la pause.
Le Président (M. Bachand) :
Juste pour informer les gens qui nous écoutent, l'amendement, c'est pour fin de
discussion, donc il a été distribué mais non déposé officiellement. Donc, c'est
en avance des argumentaires qui ont été faits ce matin. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M.
Caire
: Bien,
je comprends, en même temps, M. le Président... puis votre remarque est tout à
fait pertinente, mais je comprends, en même temps, que l'amendement a pour but
de rassurer les collègues sur le fait que, dans sa forme actuelle, l'article 9
n'a pas nécessairement besoin de d'autres précisions.
La réponse à la question de mon collègue
de Gouin est oui. Et je vous dirais que c'est même... C'est dans le mémoire,
dans le fond, de la Commission d'accès à l'information où, à juste titre, le
député de La Pinière soulignait le fait que la Commission d'accès à
l'information soulevait un questionnement sur l'utilisation du mot «manifeste»
et la définition qu'on pouvait lui donner, mais aussi, dans la même foulée, la
Commission d'accès à l'information nous dit qu'avec ce pouvoir-là elle sera en
mesure d'émettre des lignes directrices qui pourraient avoir pour effet de
préciser cet élément-là de l'article.
Donc, la garantie que le député a, c'est
le mémoire de Commission d'accès à l'information. Et donc, en répondant à la
demande de la présidente et donc en donnant à la Commission d'accès à
l'information ce pouvoir-là, de l'aveu même de la Commission d'accès à
l'information, ça vient lui permettre de régler cette situation-là.
Le Président (M. Bachand) :
Ça va? Est-ce qu'il y a consentement pour retourner à l'étude de l'article...
Oui, M. le député de La Pinière.
M. Barrette : ...
Le Président (M. Bachand) :
Oui, allez-y.
M.
Caire
: Sur
l'article 9?
M. Barrette : Sur ce qui a été
déposé, là.
Le Président (M. Bachand) :
L'amendement. Allez-y, M. le député, oui.
M. Barrette : Non, mais je
veux dire...
M.
Caire
: Oui,
oui, vas-y.
M. Barrette : O.K., ça marche.
Alors, d'abord, M. le Président, je remercie le ministre. Bien, je pense que la
Commission d'accès à l'information, effectivement, doit être heureuse d'avoir
ce pouvoir-là.
Juste pour faire le chemin comme il faut,
là. Alors, élaborer... Bon, la loi 123, c'est la Loi de l'accès aux
documents, ça, c'est la loi de la CAI, là, c'est de ça qu'on parle, là?
M.
Caire
: Oui.
M. Barrette : Et là :
«élaborer des lignes directrices pour faciliter l'application de la présente
loi et de la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le
secteur privé», là, on parle de cette loi-ci, évidemment.
M.
Caire
: Les
deux.
M. Barrette : Les deux.
M.
Caire
: La
loi d'accès à l'information, donc la loi qui touche les organismes publics, et
la loi qui touche le privé.
M. Barrette : Alors, je vais
juste faire le commentaire suivant, là, puis peut-être même que ça pourrait
nous mener à un amendement. Je comprends que ça, là, ce qui nous est présenté,
puis j'en suis heureux, c'est une belle ouverture du ministre et de la
Commission d'accès à l'information, ça dit essentiellement que la CAI va
élaborer des lignes directrices, O.K., afin de faciliter l'application de la
présente loi et la <loi...
M. Barrette : ...ça, là, ce
qui nous est présenté, puis j'en suis heureux, c'est une belle ouverture du
ministre et de la Commission d'accès à l'information, ça dit essentiellement
que la CAI va élaborer des lignes directrices, O.K., afin de faciliter
l'application de la présente loi et la >loi, blablabla, bon. Ces lignes
directrices là, cet article-là dit que ça doit... La Commission d'accès à
l'information, elle va élaborer, il n'y a pas de «peut», il n'y a pas de
«doit».
M.
Caire
: En
fait, il faudrait lire l'amendement dans le contexte de l'article.
M. Barrette : C'est parce que
je ne l'ai pas, là, à portée de main, là.
M.
Caire
: Non,
je comprends, mais c'est parce que ça, on comprend que c'est l'alinéa 9°,
là, il s'ajoute à un certain nombre d'autres alinéas qui sont déjà prévus à la
loi.
M. Barrette : Oui, mais les
autres alinéas, là, en haut, là, avant 1°, là, c'est «peut», «doit»?
M.
Caire
: Bien,
c'est un pouvoir qui lui est donné, ce n'est pas une obligation qui lui est
faite, donc c'est...
M. Barrette : O.K. Bien, c'est
exactement là où je veux aller, là. Alors, ça, essentiellement, ça nous est
présenté comme étant une réponse aux arguments qu'on a développés, tout le
monde, moi en particulier, à savoir que moi, j'aurais souhaité que ce soit
clair dans 53. La réponse du ministre, M. le Président, a été :
Faites-vous-en pas, on va avoir un amendement de la Commission d'accès à
l'information qui va établir les directives. Alors, j'ai après contre-argumenté
bien gentiment que : Est-ce une obligation? Vous avez répondu : La
loi est construite d'une telle manière que, s'il y a des directives, ils sont
obligés d'appliquer la directive.
Maintenant, la directive ici, là, n'a pas
de référence spécifique à 53.1, n'a pas de référence spécifique au
consentement. Alors, est-ce qu'on ne pourrait pas avoir un sous-amendement qui
dit que... là, je suis en train de... là, je réfléchis à haute voix, là, on est
en train d'écrire ça, là, qui dit : Oui, oui, vous avez le pouvoir
d'élaborer des directives, mais vous devez en faire eut égard, mettons, là, ce
n'est peut-être pas le bon langage, là, au consentement tel que prévu à 53.1?
Parce que là ce que ça dit, c'est qu'on
donne le pouvoir à la CAI de déterminer les directives, ce qui est une
excellente nouvelle, mais ce qui serait encore mieux, pour moi, c'est que, dans
toutes les directives qu'elle a le pouvoir de mettre en place, <c'est qu'>il
y ait spécifiquement une obligation de mettre en place des directives en regard
de 53.1, le consentement. Moi, là, ça me ferait tellement plaisir, là, parce
que ça, c'est une grosse sécurité.
On donne à la CAI un pouvoir, là, puis ce
qui nous occupe, là, depuis ce matin, c'est la signification puis la portée des
provisions, dans la loi, du consentement. Parfait. On donne un pouvoir à la CAI :
Regardez, vous avez un pouvoir, là, mais assurez-vous de l'utiliser pour le
consentement. On ne leur dit pas quoi faire, on leur dit : Vous avez un
pouvoir, utilisez-le comme bien vous semble, mais on vous donne une figure
imposée, là, faites des directives pour le consentement.
M.
Caire
: Bien,
oui, M. le Président, on en discutera lorsque ce sera... lorsqu'on sera rendus
là. Je n'ai aucun problème à avoir ces discussions-là avec mon collègue de <La Pinière...
M. Barrette : ...vous
avez
un pouvoir, utilisez-le comme bien vous semble, mais on vous donne une figure
imposée, là, faites des directives pour le consentement.
M.
Caire
:
Bien, oui, M. le Président, on en discutera lorsque ce sera... lorsqu'on sera
rendus là. Je n'ai aucun problème à avoir ces discussions-là avec mon collègue
de >La Pinière, là.
Le Président (M. Bachand) :Parce que je vous rappelle que l'amendement déposé est pour fin
de discussion générale sur l'ensemble du projet de loi. Donc...
M.
Caire
: On ne
discute pas de l'amendement, là, M. le Président, moi, je veux être bien clair,
on n'est pas en train de faire le débat sur l'amendement, là.
M. Barrette : Non, je
comprends, là.
M.
Caire
: O.K.,
O.K. C'est correct.
M. Barrette : Mais il est là,
là, je veux dire, je saisis l'occasion de non pas faire simplement le débat,
là, mais demander au ministre s'il y a une ouverture dans son esprit pour faire
ça.
M.
Caire
: Ah!
oui, absolument. Oui, oui, absolument.
M. Barrette : Parfait. Alors,
où est-ce...
M.
Caire
: Je
veux dire, on regardera avec... Puis, en même temps, le député sait dans quel
contexte je travaille, mais moi, de prime abord, je n'ai pas l'a priori, là.
M. Barrette : C'est parfait.
Alors, juste parce que ça m'est déjà arrivé, dans ma vie parlementaire, de
passer dans le vide, dans la mite, où est-ce que ça sera le bon moment d'en
parler?
M.
Caire
: Bien,
lorsqu'on discutera de cet amendement-là. Je ne sais pas... L'article 41, c'est
à l'article 41.
M. Barrette : C'est à 41. Parfait.
Ça me va très bien, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Barrette : L'après-midi
commence bien.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député de Gouin.
• (14 h 50) •
M. Nadeau-Dubois : Donc,
lorsqu'on parlera de l'article 41, on parlera de l'amendement à
l'article 41.
Mais le ministre parlait de la
recommandation de la CAI dans son mémoire. J'ai juste eu besoin de quelques
instants pour le retrouver. Puis, à la page 39, la commission, à sa
recommandation 21, dit : «La commission recommande de préciser les
exigences liées aux critères de validité du consentement...» Donc, ça, c'est ce
dont je parlais dans le cas de l'article 9, puisque l'article 9,
c'est l'article sur... un des articles sur le consentement. La commission fait
deux recommandations dans son mémoire. Une de celles-ci, c'est : «en
donnant à la commission le pouvoir d'émettre des lignes directrices en la
matière.» Je comprends que l'amendement projeté du ministre va répondre à cette
recommandation-là de la commission.
Par contre, la recommandation qui
l'accompagne est la suivante : «en les explicitant directement dans le
projet de loi». Donc, la commission dit : Donnez-nous le pouvoir d'émettre
des lignes directrices sur la question du consentement. On y viendra puisque
c'est à l'article 41 qu'on fait la liste des fonctions de la commission.
Puis là je comprends que le ministre veut ajouter à cet article-là la fonction
ou le pouvoir d'émettre des lignes directrices, puis on regardera si on vient
mettre un «notamment sur», on verra à ce moment-là, mais là, quand même, sur
l'enjeu qui nous occupait dans le cas de l'article 9, il y a quand même
une recommandation de la CAI qui dit : «en les explicitant directement
dans le projet de loi». Je me demandais qu'est-ce que le ministre a l'intention
de faire avec cette recommandation-là en particulier de la Commission d'accès à
l'information.
M.
Caire
: Bien,
de mon point de vue, c'est ce qu'on a fait avec l'amendement qui a été apporté
à l'article qui lui-même est une reformulation de l'article. Donc, avec
l'amendement, on vient effectivement, je pense, préciser et clarifier cette
situation-là.
M. Nadeau-Dubois : Juste pour
qu'on se comprenne bien, quel amendement?
M.
Caire
:
<Bien...
M.
Caire
: ...avec
l'amendement qui a été apporté à l'article qui lui-même est une
reformulation de l'article. Donc, avec l'amendement, on vient effectivement, je
pense, préciser et clarifier cette situation-là.
M. Nadeau-Dubois : Juste
pour qu'on se comprenne bien, quel amendement?
M.
Caire
:
>Bien, l'amendement dont je vous parlais ce matin, notamment, qui dit,
là... en fait, qui ferait qu'on lit l'article en disant, bon : Il est demandé
à chacune de ces fins en termes simples et clairs. Donc, ça, on arrête ça là.
Et là on reprend en disant, c'est ça : Lorsque la demande de consentement
est faite par écrit, elle doit être présentée distinctement de toute autre
forme... de toute autre information communiquée à la personne concernée. Donc,
je pense que cette reformulation-là, dans notre esprit, répondait à cette
demande de la CAI.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : C'est une
reformulation somme toute légère, quand même, là, le ministre en conviendra, de
la version originale de l'article. Et la commission, dans son mémoire, mémoire
qui portait sur la version non amendée, bien sûr, du projet de loi, là, insiste
quand même, là, sur l'importance de donner des critères de validité du
consentement qui soient explicitement décrits dans le projet de loi. Donc, je
ne suis pas sûr...
Puis là j'ai ressorti le fameux amendement
à l'article 9 dont parlait le ministre ce matin. De faire cette
reconfiguration-là de l'amendement, il se lit mieux, il est plus précis, mais
c'est... on ne vient pas, par cet amendement-là, je pense, en toute sincérité,
là, <on ne vient pas >inscrire de manière explicite des critères
de validité du consentement. On reste très général, on dit : Ça doit être
clair, ça doit être donné à des fins spécifiques. On n'est pas plus explicite
dans cette version-là de l'amendement... de l'article amendé, en fait, qu'on ne
l'était avant que l'article soit amendé, pas significativement.
Donc, j'aimerais bien avoir la Commission
d'accès à l'information ici pour trancher la question, mais ça m'apparaît
périlleux de dire qu'avec cet amendement-là on a pleinement rempli la
recommandation de la commission qui parlait d'expliciter directement, dans le
projet de loi, les critères de validité du consentement. Parce qu'ils ont
formulé cette recommandation-là avec, grosso modo, le même article sous les
yeux. Le ministre comprend ce que je veux dire.
M.
Caire
: Mais,
quand même, je pense que l'amendement amène plus qu'une modification cosmétique
sur la clarification du consentement. Puis là où, peut-être, je prends une
petite distance avec ce que mon collègue dit, c'est que je pense que cet
article-là, tel que libellé, avec l'amendement, il se lit bien, là. Tu sais,
dans le fond, ce qu'on dit, c'est quelque chose qui est relativement simple. Si
vous collectez des renseignements personnels, vous devez dire à quelle fin et,<
vous devez recevoir...> pour chacune des fins, vous devez recevoir un
consentement, consentement qui doit être manifeste, libre et éclairé.
Alors, moi, <personnellement...
M.
Caire
:
…qui
est relativement simple. Si vous collectez des renseignements
personnels, vous devez dire à quelle fin et, vous devez recevoir... pour
chacune des fins, vous devez recevoir un consentement, consentement qui doit
être manifeste, libre et éclairé.
Alors, moi, >personnellement, monsieur...
Puis j'entends la commission puis je pense que c'est notre rôle de prendre en
compte ce que la commission dit, mais moi, comme législateur, je pense que
l'article, il fait le travail. Rajouter à ça la possibilité pour la commission
d'élaborer des lignes directrices, moi, je pense que l'article fait vraiment...
Puis, à ce moment-ci du projet de loi, là, parce que le projet de loi, là, on
va reparler du consentement, on va ramener toutes sortes d'éléments dans le
consentement, mais, pour moi, cet article-là fait ce pour quoi il a été rédigé,
c'est-à-dire écrire une règle de base sur le consentement qui est claire.
En tout cas, moi, personnellement, je m'en
déclare satisfait tel qu'amendé et dans la perspective où il y a ce nouveau
pouvoir là qui est donné à la commission. Personnellement, je pense qu'on... je
m'en déclare satisfait. Maintenant, je peux comprendre que les collègues ne
soient pas d'accord avec moi puis je vais écouter attentivement ce qu'ils ont à
dire.
Le Président (M. Bachand) :
Si vous êtes d'accord... Parce que là on parle maintenant de l'article 9
sans le réouvrir, on a parlé de l'amendement à l'article 41. Si vous êtes d'accord
de revenir à l'article 9, consentement? Donc, on revient à l'article 9.
M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
l'affaire, c'est que le ministre, dans les exemples qu'il me donne, il me dit :
Là, on est venu préciser que c'est un consentement manifeste, c'est un
consentement libre, c'est un consentement éclairé, donné à des fins spécifiques,
mais tous les exemples qu'il me donne, c'est des exemples qui étaient déjà dans
la formulation initiale de l'article 9 qui ne satisfaisait pas la Commission
d'accès à l'information. Là, il me donne ces exemples-là pour appuyer sa
conviction d'avoir répondu à la commission, mais il me donne des exemples que
la commission n'a pas jugé satisfaisants parce qu'ils ont fait le commentaire
que ce n'était pas assez explicite.
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, là, je vais apporter une subtile nuance. Je ne sais pas si cet
article-là donne satisfaction à la commission. Ce que je dis à mon collègue, c'est
que moi, comme législateur, je le trouve satisfaisant. Et en aucun temps je ne vais
me dédouaner de ma responsabilité de législateur qui est de trancher. J'entends
la commission, on écoute la commission, mais nous sommes le législateur et nous
décidons de ce qui doit être dans la loi et de ce qui ne doit pas y être.
Nous sommes conseillés par des professionnels,
par des juristes, par la commission, ça, je l'entends. Puis, dans la mesure où
on écoute ces avis-là puis que ça trouve écho, on donne suite, mais tout ce que
je dis, je n'en dis pas plus, mais je n'en dis pas moins : Tel que libellé
avec l'amendement, cet article-là, moi, comme législateur, me satisfait. Et je
dis qu'avec ces nouveaux pouvoirs d'élaborer des lignes directrices,<
la commission a tout ce qu'il lui faut...> à mon avis, la commission
a tout ce qu'il lui faut entre les mains pour faire son travail <adéquatement...
M.
Caire
:
...avec l'
amendement, cet article-là, moi, comme
législateur, me
satisfait. Et je dis qu'avec ces nouveaux pouvoirs d'élaborer des
lignes
directrices, la
commission a tout ce qu'il lui faut...
à mon avis,
la
commission a tout ce qu'il lui faut entre les mains pour faire son
travail >adéquatement. C'est juste ça que je dis.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : La raison
pour laquelle je présentais cet argument, M. le Président, c'est que le ministre
m'a dit il y a quelques instants... c'est lui qui a fait allusion à la recommandation
de la commission en me disant : Avec cet amendement-là, parlant de l'amendement
éventuel à l'article 41, avec ça, on vient pleinement satisfaire. Et là je
suis allé voir puis je constate quand même que ça peut être discuté, ça, cette
allégation de pleinement satisfaire.
Je ne suis pas en train de dire que c'est
la commission qui devrait écrire la loi à sa place, je fais juste dire que je
pense qu'il y a moyen de poser des questions sur l'idée selon laquelle
l'éventuel amendement à 41 viendrait répondre complètement au mémoire de la commission
puisque la commission, dans son mémoire, fait deux recommandations sur la question
du consentement, dont celle d'expliciter directement dans le projet de loi les
critères de validité du consentement.
Une des inquiétudes qui est soulignée par
la commission, c'est ce que la commission appelle les formules tout ou rien.
Ça, c'est des modes de consentement qu'on voit de plus en plus, là, où on nous
présente en bloc une série de dispositions qui peuvent aller de ce qu'on va
récolter comme données à ce qu'on va en faire en passant par à qui on va les
transmettre puis pendant combien de temps on va les garder. Puis il y a comme
une espèce de salade de fruits de dispositions juridiques parfois particulièrement
opaques ou difficilement compréhensibles pour les gens qui ont une littéracie
moyenne, normale, mettons.
La commission nous dit : Attention,
cette formule-là tout ou rien, là, qu'on pourrait assimiler... Ils disent :
«assimilable à un contrat d'adhésion», là, comme si c'était un grand contrat
avec une série de dispositions, on coche ou on signe en bas, puis là on vient
de consentir à toute une série de choses. La commission nous dit : Ça,
bien, ce n'est pas un consentement qui est satisfaisant. <Est-ce
que... >Selon le ministre, avec l'article 9 tel qu'on le discute en
ce moment, est-ce que ce type de consentement là tout ou rien serait encore
légal?
• (15 heures) •
M.
Caire
: Bien,
en fait, il ne serait plus possible. Parce qu'où je suis tout à fait le député
de Gouin c'est qu'effectivement, avec un consentement, on acquiesce à une série
de finalités toutes plus disparates les unes que les autres.
Donc, ce que la loi vient dire, c'est que
le consentement, il est demandé à chacune des fins en termes simples et clairs et
que, si jamais ce consentement-là est donné par écrit, bien, il doit être
distinct de toute autre information. Donc, tout ce qui ne relève pas du
consentement qu'on donne à une finalité, tu ne peux pas mettre ça à travers un
autre paquet de patentes qui n'ont pas rapport, de un. Donc...
15 h (version révisée)
M.
Caire
: ...en
termes simples et clairs et que, si jamais ce consentement-là est donné par
écrit, bien, il doit être distinct de toute autre information. Donc, tout ce
qui ne relève pas du consentement qu'on donne à une finalité, tu ne peux pas
mettre ça à travers un autre paquet de patentes qui n'ont pas rapport, de un.
Donc, déjà là, ça, c'est une partie de la
réponse au député de Gouin. Et, quand on dit «chacune des fins», donc, chaque
chose que j'entends faire avec les renseignements personnels que je collecte, <je
dois... >d'abord, je dois les nommer, je dois t'en informer et, pour
chacune de ces fins-là, je dois te demander ton consentement. Et c'est là où je
prenais l'exemple de : on achète un vêtement, on nous demande courriel,
code postal, numéro de téléphone. Alors : Parfait. Pourquoi vous collectez
ces renseignements personnels là? Bien, parce qu'on a une politique de
remboursement sans facture, parce qu'on veut être capables de vous envoyer des
promotions sur nos produits, parce que, soit dit en passant, on peut peut-être
vendre ça à des entreprises qui font du télémarketing. Mais, ça, <c'est...
>ce sont toutes des fins spécifiques, et toutes ces fins-là doivent
recevoir le consentement de la personne de qui on collecte les renseignements
personnels, et aucune de ces fins-là — évidemment, si elles sont par
écrit — ne doit être amalgamée à quelque autre information que ce
soit.
Donc, pour répondre plus simplement à la
question du député, effectivement, la situation qu'il nous décrit, avec
l'adoption de l'article 9, donc, 53.1 viendrait mettre fin à ces
pratiques-là.
M. Nadeau-Dubois : En
fait, l'autre exemple qui est donné par la commission dans son mémoire puis
dans le chapitre de son mémoire qui porte sur les conditions de validité du
consentement, puis là je sais que je vais donner un exemple qu'on voit plus
dans le secteur privé, mais ce n'est pas impossible de penser qu'un organisme
public pourrait avoir recours à une sollicitation du consentement similaire, là,
la commission, dans son mémoire, donc, page 37, parle de comment le
caractère libre du consentement peut être fragilisé par certaines méthodes et
moyens par lesquels on demande le consentement. La commission donne l'exemple
de sites Internet qui vont, par exemple, demander l'obtention du consentement
pour recueillir par exemple des — j'essaie de trouver le mot français — des
«cookies», des...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Je dirais «fichiers témoins».
M. Nadeau-Dubois : ...des
fichiers témoins. Puis on va présenter à l'internaute une bande, une certaine
mise en page, là, puis là on va mettre un énorme bouton écrit «J'accepte», et
puis en tout petit, en bas : «Si vous voulez en savoir plus sur <ce
que vous...
M. Nadeau-Dubois : ...
puis
on va présenter à l'internaute une bande, une certaine mise en page, là, puis
là on va mettre un énorme bouton écrit «J'accepte», et puis en tout petit, en
bas : «Si vous voulez en savoir plus sur >ce que vous acceptez,
cliquez ici». Puis là c'est des stratégies de, tu sais, de présentation de l'information
qui, on s'entend, là, puis, tu sais, on le voit bien, là, tu sais, c'est pour
faciliter l'obtention du consentement, puis ça prend une certaine volonté
d'investigation de la part de l'internaute pour cliquer puis aller faire
dérouler l'information.
Ce type-là de... Puis là, encore une fois,
je sais que je prends un exemple qui est surtout dans le domaine privé. Le
ministre pourrait me dire : Là, on est sur un article qui parle de la loi
sur le public, mais ce n'est pas impossible non plus, ça ne serait pas
impossible qu'un organisme public utilise des méthodes comme celle-là. Ça ne
m'apparaît pas farfelu de faire l'hypothèse, là. Donc, dans l'hypothèse où un
organisme public utiliserait une méthode comme celle-là pour aller chercher le
consentement, est-ce que l'article 9, tel que libellé actuellement,
empêche un organisme public de procéder de la sorte, c'est-à-dire solliciter le
consentement. Puis là je prends un exemple. Je ne peux pas en donner tous les
détails, mais, tu sais, un grand icone où on demande de cliquer ou de cocher,
avec des dispositions, par la suite, qu'il faut aller dérouler, en cliquant sur
un lien et où, là, on a une litanie ou pas une litanie. Hein, ça pourrait être
seulement quelques indications. Moi, ce que j'essaie de venir cerner, ici,
c'est à quel point... Parce que le ministre me dit : Cet article-là, selon
moi, il vient répondre à la préoccupation fondamentale de la commission.
M.
Caire
:
Bien, à la règle de base.
M. Nadeau-Dubois : Ça
fait que, là, j'essaie de dialoguer avec lui pour voir, dans le fond...
M.
Caire
:
Oui, oui, oui.
M. Nadeau-Dubois : ...en
prenant les exemples que prend la commission dans son propre mémoire, qu'est-ce
qui devient impossible maintenant. Puis là je donne cet exemple-là.
M.
Caire
:
Bien, c'est...
M. Nadeau-Dubois : Est-ce
que cet exemple d'un gros bouton «J'accepte», avec ensuite un lien où
l'utilisateur doit lui-même faire le geste d'aller chercher l'information pour
savoir ce qu'il accepte, cette méthode de sollicitation du consentement, est-ce
que c'est encore permis si on adopte l'article 9, tel que libellé
actuellement?
M.
Caire
: Bien,
c'est-à-dire que ce n'est pas à l'article 9 qu'on règle cette question-là,
le qui collecte quoi, de quelle façon. Comme j'ai dit, il y a d'autres articles
subséquents où on va traiter de cette information-là. Comme je le dis, ce que
l'article 9 fait, c'est de jeter les bases du comment on...
Le consentement, il est nécessaire, il est
requis pour quoi? Bien, pour chacune des fins auxquelles j'entends utiliser les
renseignements personnels que je collecte. Donc, ça amène cette obligation de
ne pas faire ce <que le député de Gouin... >dont le député de
Gouin parlait tout à l'heure, à savoir de faire une espèce de grand
consentement fourre-tout où j'accepte, puis là j'ai accepté un paquet
d'affaires qui n'avaient pas rapport entre elles. Donc, ça, c'est ce que
l'article 9 va faire.
Sur les politiques qui doivent être
élaborées, sur la sécurité, bien, c'est-à-dire, le respect de la vie privée par
défaut, sur les autres mesures qui doivent être prises pour <s'assurer
que le...
M.
Caire
:
...
affaires qui n'avaient pas rapport entre elles. Donc, ça, c'est que
l'article 9 va faire.
Sur les politiques qui doivent être
élaborées, sur la sécurité, bien, c'est-à-dire, le respect de la vie privée par
défaut, sur les autres mesures qui doivent être prises pour >s'assurer
que le consentement n'est pas donné ni à tout vent ni collecté pour ou par des
façons qui sont litigieuses, il y a d'autres articles du projet de loi qui
viennent préciser ces éléments-là.
M. Nadeau-Dubois : Bien
sûr que l'exemple que je donne, par son essence même, concerne plusieurs dispositions
du projet de loi. Ça, j'en conviens. Néanmoins, c'est à l'article 9 qu'on
vient, je vais le dire dans mes mots, puis je ne suis pas juriste, mais qu'on
vient définir de quoi on parle quand on parle de consentement.
Puis l'intervention de la commission,
c'est de dire : Bien, il faut réfléchir à qu'est-ce qui est un
consentement valide puis qu'est-ce qui est un consentement invalide. Puis moi,
c'est cette question-là très spécifique qui m'interpelle, puis c'est sur cette
considération très spécifique que je pose des questions au ministre. Parce que,
bien sûr, ça engage d'autres considérations : qu'est-ce qu'on peut
demander, qu'est-ce qu'on ne peut pas demander, combien de temps on peut le
garder. Bon. Mais ça, on y viendra. Mais, sur ce qui est un consentement valide,
la commission nous dit quand même : Il faudrait le définir plus
explicitement.
Puis elle donne des exemples de ce qu'elle
considère comme étant des modes de sollicitation du consentement qui sont
inadéquats. <Et elle parle... >Puis dans le paragraphe où la
commission parle de l'exemple que je viens de donner, donc des boutons, là,
surdimensionnés, puis ensuite un hyperlien discret où il faut cliquer pour
découvrir le paramétrage du consentement, la commission mentionne que c'est
d'ailleurs documenté que ce type de méthode pour solliciter le consentement a
tendance à amplifier le taux de consentement. Puis je pense que le sens commun
nous permet de toute façon d'arriver à cette conclusion-là, mais la commission
nous dit que c'est appuyé par de la littérature scientifique. Ma question pour
le ministre, c'était : Est-ce que ce mode-là, assez répandu, de
sollicitation du consentement, est-ce qu'un organisme public pourrait
l'utiliser si on adopte l'article 9? Je ne suis pas certain d'avoir eu de
sa part un oui ou un non clair.
M.
Caire
:
Bien, en fait, c'est que la réponse...
M. Nadeau-Dubois : Juste
sur la question du consentement.
M.
Caire
:
La réponse, c'est non, parce que 9 n'a pas cette finalité-là. L'article 9,
puis je le dis en tout respect, ne règle pas toutes les questions relatives à
tous les aspects du consentement. On a découpé dans différents articles du projet
de loi et, le projet de loi, il s'entend dans sa globalité. Donc, on va en
reparler à 14, on va en reparler à 102, il y a...
Parce que ce que le député de Gouin
illustre à merveille, c'est que, le consentement, il a toutes sortes de
facettes. Si on veut que le projet de loi se lise et s'entende, bien, on ne
peut pas faire une espèce d'article de 100 pages juste sur le consentement
qui... Alors, il y a toutes sortes de, puis je le dis sans dérision aucune, je
vous le jure, mais il y a toutes sortes d'articles qui vont venir. Bien, on a
parlé du comité, par exemple, du <comité...
M.
Caire
: ...Si
on veut que le
projet de loi se lise et s'entende, bien, on ne peut pas
faire une espèce d'article de 100 pages juste sur le consentement qui...
Alors,
il y a toutes sortes de, puis je le dis sans dérision aucune, je
vous le jure, mais
il y a toutes sortes d'articles qui vont venir. Bien,
on a parlé du comité,
par exemple, du >comité d'accès à l'information
et de protection des renseignements personnels. Déjà, le comité, il va avoir
des prérogatives, des responsabilités, notamment d'élaborer des politiques sur
l'utilisation des renseignements personnels, et donc, in extenso, sur la façon
de solliciter le consentement. Il y a des obligations de faire connaître ces
politiques-là.
Donc, il y a différentes mesures qu'on va
voir plus tard dans les autres articles qui viennent répondre, chacun à leur
façon, chacun dans leurs spécificités, <chacun dans... >ce pour quoi
ils sont rédigés, aux différents aspects de la demande de consentement, à quoi
ils s'appliquent, qui le demande, c'est quoi, la finalité, etc., etc., etc.
Donc, 9, je le ramène dans son contexte,
établit une règle de base. Pour chaque fin, il y a un consentement qui est
demandé, puis ce consentement-là ne peut pas être mélangé avec d'autres
informations. Il ne fait que ça, mais il fait tout ça en même temps.
• (15 h 10) •
M. Nadeau-Dubois : Je ne
veux pas fétichiser non plus l'avis de la commission, néanmoins c'est un acteur
central incontournable...
M.
Caire
:
Je suis tout à fait d'accord avec vous.
M. Nadeau-Dubois : ...dans
le débat qu'on a. Puis son avis, il est aussi pertinent que tous les autres
qu'on a entendus dans les consultations particulières, puis il est même particulièrement
pertinent dans la mesure où...
M.
Caire
:
Une petite coche de plus.
M. Nadeau-Dubois : ...cette
loi-là, c'est eux qui vont l'appliquer au jour le jour. Puis la commission, ce
qu'elle nous dit, c'est : La commission recommande au législateur de
revoir le libellé du nouvel article 53.1. <Ça fait qu'il y a quand
même... >Là, c'est spécifique sur le 53.1, qui est l'article modifié par
l'article 9. Donc, il y a quand même lieu de s'interroger spécifiquement
sur : Est-ce que l'article 9 va suffisamment loin ou pas?
Est-ce qu'il y a des exemples de
législation où on a donné des critères plus explicites sur la validité du
consentement? Ma question, là, c'est : Est-ce que je poursuis quelque
chose en ce moment — puis je la pose avec toute la candeur dont je
suis capable — est-ce que...
M.
Caire
:
Oui, absolument.
M. Nadeau-Dubois : ...je
poursuis quelque chose qui n'existe pas nulle part?
M.
Caire
:
Puis je vais...
M. Nadeau-Dubois : Et si
la réponse, c'est oui, ce sera oui. Puis s'il y a des exemples ailleurs,
j'aimerais bien que peut-être les juristes nous disent qu'est-ce qui existe
ailleurs comme définition encore plus explicite que ce qu'on a en ce moment sur
ce qui est un consentement valide.
M.
Caire
:
Je vais écouter la réponse de Me Miville-Deschênes avec la même candeur.
Le Président (M. Bachand) :
Me Miville-Deschênes, s'il vous plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, par rapport aux critères de validité du
consentement, écoutez, je n'ai pas fait le tour du monde, là, mais ce qu'on a
mis comme critère, évidemment, le «manifeste» puis l'«éclairé», ça, ça se
retrouve dans tout type de consentement. Pour ce qui du consentement par
finalité et ainsi distingué des autres renseignements, là, on s'est inspiré
vraiment de, à ma connaissance, là, des législations qui sont allées plus loin
dans le détail pour s'assurer que le consentement soit spécifique, là, à une
finalité puis qu'il puisse être distingué. C'est ce que je peux dire. Je
regarde le projet de loi fédéral, là, en ce moment, qui a été <déposé,
mais...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe)T :
...
à ma connaissance, là, des
législations qui sont allées plus loin dans le détail pour s'assurer que le
consentement soit spécifique, là, à une finalité puis qu'il puisse être
distingué. C'est ce que je peux dire. Je regarde le projet de loi fédéral, là, en
ce moment, qui a été >déposé, mais pas adopté, là.
Une voix : ...la C-11.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Puis il y en a... Bien, le député de LaFontaine en
parlait, là, eux autres, ils prennent, comment dire, le critère de la personne
raisonnable qui s'attendrait à une telle collecte ou à une telle utilisation.
Mais sinon...
M. Nadeau-Dubois : C'est
moins sur le consentement, ça, que sur ce qui peut être collecté, en fait.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Je ne vois pas honnêtement de... Je n'ai pas en
tête des législations qui allaient plus loin, là, dans des détails, ou des catégories,
ou des critères, là.
M. Nadeau-Dubois : Merci
de la réponse. Je peux peut-être passer la parole au collègue de La Pinière
s'il a des commentaires à faire. Puis, de toute façon, on y reviendra parce que
ça va être important pour moi, lorsque le temps viendra puis lorsqu'on
discutera de l'article 41, qu'on vienne préciser que, les lignes
directrices, qu'on invite la commission ou, en tout cas, on donne le pouvoir à
la commission d'en faire, des lignes directrices, bien, que ça porte notamment
sur la question du consentement, parce que c'est une question absolument
centrale...
M.
Caire
:
On est d'accord.
M. Nadeau-Dubois : ...en
matière de protection des renseignements personnels parce que c'est
tellement... Ça peut, tellement, facilement devenir un écran de fumée derrière
lequel se cachent certains acteurs, et c'est bien important, puis le ministre a
dit souvent lui-même : On ne rouvre pas cette loi-là à chaque année.
M.
Caire
:
Non.
M. Nadeau-Dubois : Je
suis bien d'accord. Ça va être bien important d'envoyer un message qu'on
s'attend à ce que la commission surveille bien des choses, notamment les
pratiques des acteurs en matière de consentement.
M.
Caire
:
Oui, je suis d'accord.
M. Nadeau-Dubois : Parce
qu'on sait qu'il y a de l'abus. Puis, si on ouvre cette loi-là, c'est notamment
pour venir baliser ce genre de choses.
M.
Caire
:
Puis je vais juste avoir ce très court commentaire. Je suis d'accord avec le collègue
qu'il y a de l'abus, mais il y avait... Disons qu'il y avait une législation
qui n'était pas très adaptée non plus, là.
M. Nadeau-Dubois : L'abus
était notamment facilité par le fait qu'il y avait un flou législatif, j'en
conviens.
M.
Caire
:
Oui, c'est ça. Mettons qu'il n'y avait pas de berger. Ça fait que... Mais c'est
justement pour ça que je pense que cette refonte-là, elle est majeure et extrêmement
attendue.
M. Nadeau-Dubois : Et
d'où la pertinence de s'occuper de la question du consentement avec attention.
M.
Caire
:
Absolument. Oui, oui, tout à fait.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Interventions? M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Oui. Je me
sens obligé, là...
M.
Caire
:
Ah! sentez-vous pas obligé.
M. Barrette : Non, non,
je me sens obligé, sérieusement, là. C'est assez important, là. Bon, je suis d'accord,
évidemment, avec les propos qui ont été tenus par le collègue de Gouin. Ce que
l'on vit actuellement, là, c'est que, depuis hier matin, on tourne autour essentiellement
du même concept qui, lui, vient des mêmes circonstances. Alors, la circonstance,
c'est que les consentements sont, je vais les qualifier comme ça, là, sont
forcés dans une certaine mesure. Oui, en effet, les consentements sont forcés
dans une certaine mesure, sont enrobés, pour le <moins, pour...
M. Barrette : ...qui,
lui, vient des mêmes circonstances. Alors, la circonstance, c'est que les
consentements sont, je vais les qualifier comme ça, là, sont forcés, dans une
certaine mesure, oui, en effet. Les consentements sont forcés, dans une
certaine mesure, sont enrobés, pour le >moins, pour amener une certaine
confusion qui amène le signataire à, en général ou par habitude, à aller
directement en bas de la liste et cliquer «Je consens», «J'accepte». Bon.
Et là, on essaie, tout le monde, le
collègue de Gouin, moi, mon collègue de LaFontaine, on essaie, tout le monde,
de trouver une manière. Puis, on n'a pas la manière idéale, là, personne, là,
parce qu'on tombe dans le vocabulaire. Ça fait qu'on tombe dans le vocabulaire
pour essayer d'avoir quelque chose de plus, j'allais dire structuré, ce n'est peut-être
pas le bon mot, mais de plus charnu pour le consentement.
Le commentaire fait dans le mémoire de la
Commission de l'accès à l'information, là, il est très clair, là. Lorsque lui
dit que ça doit être plus explicité, le consentement, et qui, à la suite, il
lit le texte, puis il conclut, à la fin, une deuxième fois en disant :
Bien, il faut réécrire 53.1. Bien, force est de constater qu'on le fait peu. Je
comprends qu'actuellement, avec ce qui a été déposé aujourd'hui, ça répond à la
deuxième question. Mais comment peut-on, aujourd'hui, prétendre que ça répond à
la première question?
M.
Caire
: Bien,
parce que...
M. Barrette : Ce n'était
pas une question. La première remarque. Oui, c'est ça.
M.
Caire
: O.K.
Bien, parce que, comme je l'ai dit, M. le Président, puis en tout respect
pour la commission, puis je vais répéter ce que j'ai déjà dit, là,
l'article 9, pour moi, il est d'une simplicité déconcertante, là. Et ce
qu'il vient dire, il le fait avec beaucoup de précision, surtout tel qu'amendé,
je veux dire. Ce n'est pas compliqué, là. Tu collectes des renseignements
personnels? Tu dois dire à la personne de qui tu collectes les renseignements
personnels qu'est-ce que tu vas faire avec, tout ce que tu vas faire avec. Et
chacune des choses que tu entends faire avec, tu dois lui demander son
consentement. Puis, pour être bien sûr, là, qu'il comprend ça, là, puis qu'il a
une équation d'égal à égal, là, tu ne peux pas mélanger ça avec aucune autre
information, dans le cas du consentement écrit. Moi, je veux bien réécrire
l'article, là, mais qu'est-ce qu'il peut dire de plus, de plus précis, que ce
qu'il dit là?
Moi, je pense, puis je le redis,
l'article, il se lit dans la globalité du projet de loi. Donc, il y a d'autres
articles, et je sais que les collègues en ont pris connaissance puis qu'ils ont
pris le temps de les analyser, il y a d'autres articles qui traitent du
consentement, donc qui viennent parler des différentes situations d'exception,
de collecte, d'utilisation, de transmission, de communication, dans quels cas. <Alors,
9...
M.
Caire
: ...les
collègues en ont pris connaissance puis qu'ils ont pris le temps de les
analyser, il y a d'autres articles qui traitent du consentement, donc qui
viennent parler des différentes situations d'exception, de collecte,
d'utilisation, de transmission, de communication, dans quels cas. >Alors,
9, le réécrire? O.K. Pourquoi? Qu'est-ce qu'il y a là-dedans qui n'est pas
clair? Qu'est-ce qu'il y a dans le fait qu'on dit qu'il est demandé à chacune
des fins en termes simples et clairs... À chaque fois que tu veux faire quelque
chose avec les renseignements personnels, il faut que tu demandes le consentement.
Puis, s'il est écrit, là, il doit être écrit distinctement de toute autre information
communiquée à la personne concernée. Tu ne peux pas mélanger ça avec une
macédoine de n'importe quoi.
Je le dis en tout respect pour les
collègues, pour moi, cet article-là, tel qu'amendé, à mon sens à moi, puis je comprends
qu'on a des divergences d'opinions, puis c'est bien correct, faisons le débat,
mais, pour moi, il fait le travail tel qu'il est écrit là. Puis, si j'avais à
le réécrire, M. le Président, je le réécrirais tel qu'amendé. Alors...
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Ça puis «je
suis bon», ça se rapproche pas mal.
Une voix : Ce n'est pas lui
qui l'a écrit non plus.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Nadeau-Dubois : ...il
est le troisième à passer.
M. Barrette : Tellement
bon que...
M. Nadeau-Dubois : ...je
l'écrirais de la même manière.
M.
Caire
:
Je n'étais même pas là. Je n'étais même pas là.
M. Nadeau-Dubois : Tu
n'étais même pas là.
Le Président (M. Bachand) :
O.K. S'il vous plaît! M. le député de La Pinière.
M. Barrette : C'est
tellement bon que je le referais de la même manière.
M. Nadeau-Dubois :
Écoute, je dirais à ma collègue de l'écrire de la même manière.
M. Barrette :
Sérieusement, M. le Président! Bon, manifestement, le ministre nous l'a
confirmé à plusieurs reprises, là, il est quand même en communication régulière
pendant l'étude détaillée avec la Commission d'accès à l'information. Ce que je
dis n'est pas un reproche. Maintenant, j'imagine qu'il a peut-être eu,
peut-être que oui, peut-être que non, une conversation sur ce sujet-là avec la
CAI. Si... Puis je vais faire confiance à la réponse du ministre. Est-ce qu'ils
ont vu ça, est-ce qu'ils ont commenté ça, est-ce qu'ils sont contents de ça?
• (15 h 20) •
M.
Caire
:
C'est-à-dire que non, M. le Président. Sur cet...
M. Barrette : Non? Non à
quoi?
M.
Caire
:
Non. Bien, en fait, sur l'article 9, donc l'introduction à
l'article 53.1, je n'ai pas eu de discussion spécifique avec la Commission
d'accès à l'information ni eu de commentaires sur l'amendement qui a été adopté
par cette commission la semaine dernière.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de Gouin, là-dessus.
M. Nadeau-Dubois : Je
suis allé voir dans le RGPD, parce que c'est une inspiration, même pas, comment
je dirais ça, une inspiration assumée de ce projet de loi là. Quand le ministre
l'a écrit, il s'en est inspiré ouvertement. Mais, <sérieusement, le...
M. Nadeau-Dubois : ..
.inspiration,
même pas, comment je dirais ça, une inspiration assumée de ce projet de loi là.
Quand le ministre l'a écrit, il s'en est inspiré ouvertement. Mais, >sérieusement,
le gouvernement a dit, à maintes reprises, que le RGPD était officiellement une
inspiration. Puis, dans le RGPD, je me permets de lire un extrait un peu long,
là. On dit :
«Le consentement devrait être donné par un
acte positif clair par lequel la personne concernée manifeste de façon libre,
spécifique, éclairée et univoque son accord au traitement des données à
caractère personnel la concernant, par exemple au moyen d'une déclaration
écrite, y compris par voie électronique, ou d'une déclaration orale. Cela
pourrait se faire notamment en cochant une case lors de la consultation d'un
site Internet, en optant pour certains paramètres techniques pour des services
de la société de l'information ou au moyen d'une autre déclaration ou d'un
autre comportement indiquant clairement dans ce contexte que la personne
concernée accepte le traitement proposé de ses données à caractère personnel.
Il ne saurait dès lors y avoir de consentement en cas de silence, de cases
cochées par défaut ou d'inactivité. Le consentement donné devrait valoir pour
toutes les activités de traitement ayant la ou les mêmes finalités. Lorsque le
traitement a plusieurs finalités, le consentement devrait être donné pour
l'ensemble d'entre elles. Si le consentement de la personne concernée est donné
à la suite d'une demande introduite par voie électronique, cette demande doit
être claire et concise et [elle] ne doit pas inutilement perturber
l'utilisation du service pour lequel il est accordé.»
Il y a quand même là-dedans, disons, un
peu plus de, puis je le dis, ça me semble factuel, là, plus de chair autour de
l'os que ce qui est sous nos yeux en ce moment dans le cas de l'article 9.
Est-ce qu'il n'y a pas, là-dedans, des notions dont on pourrait s'inspirer?
M.
Caire
:
Oui. Maintenant, je dis, en tout respect, que la loi n° 64 et le RGPD sont
effectivement des... Il y a des inspirations, mais la loi, ici, n'est pas
rédigée de la même façon et donc n'est pas découpée de la même façon. Donc... Et
aussi l'organisation de la loi et l'application dans les différents pays
européens, on comprend que ça ne se fait pas non plus tout à fait de la même
façon parce que le RGPD doit être appliqué par les États membres de l'Union
européenne, puis qui ont quand même une certaine latitude dans l'application.
Donc, ce n'est pas...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Mais c'est le préambule, ça.
M.
Caire
:
Hein?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est le préambule.
M.
Caire
: Puis,
bon, puis Me Miville-Deschênes me dit que c'est le préambule. Ce n'est pas
l'article de loi, mais ce que je dis au député de Gouin, de toute façon, c'est
un petit peu ce que je dis, essentiellement, à savoir que, sur le consentement,
j'invite mes collègues à considérer le projet de loi dans sa globalité. Tout <ne
sera pas...
M.
Caire
:
...
mais ce que je dis au député de Gouin, de toute façon, c'est un petit
peu ce que je dis, essentiellement, à savoir que, sur le consentement, j'invite
mes collègues à considérer le projet de loi dans sa globalité. Tout >ne
sera pas dit dans l'article 9, j'en suis conscient, c'est comme ça qu'on
rédige les projets de loi, c'est comme ça que nos projets de loi sont rédigés.
Les articles vont adresser des situations qui sont plus spécifiques, et il y a
des considérations qui sont apportées par mon collègue de Gouin qui sont tout à
fait pertinentes, ceci étant, je ne dis pas le contraire, qui vont se retrouver...
qui vont trouver écho dans d'autres articles. Et il y aura lieu aussi
d'appliquer la loi au Québec, parce qu'on est dans un contexte nord-américain
aussi, là, il ne faut pas de désincarner de notre univers, et il y aura des
articles qui seront appliqués, mais dans le contexte nord-américain, là. Mais
sur les finalités, là, j'entends ce que le député de Gouin dit, puis moi je
suis d'accord, là, je suis d'accord, mais pour ce qu'il a à faire, je pense que
l'article 9 fait bien le travail, même si ce n'est pas moi qui l'ai écrit.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : La
notion d'acte positif clair me semble une notion importante. Est-ce qu'en ce
moment, dans le libellé de 53, bien, de 53.1 modifié par 9, là, mais est-ce que,
dans le libellé actuel, il y a, peut-être que les juristes peuvent répondre à
ma question, est-ce qu'il y a dans ce libellé-là l'équivalent dans notre
langage juridique, dans notre culture juridique, de la notion d'acte positif
clair?
Et je pose la question parce que ça me
permet, ça me semble permettre, puis je ne suis pas juriste, mais cette notion
d'acte positif clair me semble permettre de venir bloquer certaines pratiques
en matière de consentement, notamment de présumer d'un consentement, notamment
que certaines cases soient cochées par défaut. Est-ce qu'il y a l'équivalent
dans 53.1?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, l'acte positif clair au sens du
projet de loi n° 64, c'est un consentement exprès. C'est un consentement
exprès, c'est-à-dire un consentement, justement, où il faut qu'il y ait un acte
positif, là, pour valider le fait que tu donnes ton consentement. Donc, c'est
un peu l'approche du RGPD, qui est différente dans la mesure où il demande un
consentement exprès d'emblée, mais par contre ils ont plus, je dirais,
d'exceptions au consentement, là, ou d'autres bases sur lesquelles tu peux
traiter les renseignements personnels.
M.
Caire
: Bien,
c'est le consentement implicite.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, l'approche est différente parce que, chez eux,
tu peux traiter des renseignements avec les consentements, mais tu peux les
traiter aussi, si c'est nécessaire, au respect des obligations légales, la
sauvegarde des intérêts vitaux, les intérêts légitimes du responsable. Donc, il
y a plus d'exceptions au consentement et, par conséquent, leur consentement est
toujours, de la façon qu'ils l'exigent, exprès.
M. Nadeau-Dubois : Et
l'approche qui a été choisie par le gouvernement, c'est <plutôt...
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe)T :
...
aussi, si c'est nécessaire, au respect des obligations légales, la
sauvegarde des intérêts vitaux, les intérêts légitimes du responsable. Donc, il
y a plus d'exceptions au consentement et, par conséquent, leur consentement est
toujours, de la façon qu'ils l'exigent, exprès.
M. Nadeau-Dubois : Et
l'approche qui a été choisie par le gouvernement, c'est >plutôt de
distinguer plus fortement deux types de consentement, le consentement exprès
puis le consentement défini à l'article 9.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Effectivement. Là, il y a le consentement à
l'article 9 puis il y a le consentement exprès dans les cas où, puis là,
ça va être plus tard dans le projet de loi, dans les cas où on est avec des renseignements
sensibles.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce
que, pour des renseignements qui ne sont pas sensibles, puis on reviendra aux
enjeux de définitions qui s'en viennent par ailleurs bientôt, là, mais, est-ce
que, dans le cas de renseignements personnels qui ne sont pas jugés sensibles,
il serait possible pour un organisme public, en vertu de 53.1, tel que libellé
comme il l'est actuellement, de récolter des renseignements personnels, par
exemple, par le fameux phénomène d'une case qui serait cochée par défaut puis
que l'utilisateur devrait décocher?
M. Caire
: Non
parce qu'on va arriver plus loin dans le projet de loi et on va demander que
les mesures de protection relatives à la vie privée et aux renseignements
personnels soient des mesures mises en place par défaut. Donc, c'est l'inverse,
c'est-à-dire que, si votre application collecte de l'information d'une façon x,
y, mais qu'il y a un moyen de désactiver ça, par défaut il doit être désactivé.
Et si votre application collecte des renseignements personnels et que ça
requiert un consentement, bien, le consentement doit être demandé de façon
manifeste. Donc, nous, on fait l'inverse, c'est qu'on oblige l'organisme
public, puis on va faire la même chose avec le privé, à activer la mesure qui a
la plus haute valeur en matière de protection des renseignements personnels.
Donc, c'est ça que la loi va dire. C'est pour ça que je vous dis, là...
M. Nadeau-Dubois : Oui,
je...
M. Caire
: Je
comprends ce que vous me dites, mais... Puis, dans d'autres articles, on va
arriver avec ces éléments-là.
M. Nadeau-Dubois : Puis
est-ce que le ministre peut me dire c'est à quel article est-ce que ça sera
fait?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est un amendement qu'on n'a pas...
M. Caire
: Oui,
c'est un amendement qu'on va apporter. C'est un amendement qu'on va apporter.
M. Nadeau-Dubois : C'est
pour ça que je posais la question parce qu'on se demandait de quel article.
C'est un amendement qui va être déposé.
M. Caire
: Je vais
être d'une totale candeur avec vous, M. le député, cet amendement-là, nous
venons de l'amener et nous venons de le... justement parce que cette
préoccupation-là trouvait écho chez nous, et qu'on voulait s'assurer que ça se
reflète dans le...
M. Nadeau-Dubois : Donc,
il y a un amendement qui s'en vient sur la notion de plus haut niveau de
confidentialité par défaut...
M. Caire
: Oui, de
vie privée par défaut.
M. Nadeau-Dubois : ...que
certains appellent «privacy by design», là.
M. Caire
: O.K.
M. Nadeau-Dubois : C'est
ça. Je posais la question parce que je ne me rappelais pas l'avoir lu. Mais là je
comprends que c'est parce que ce n'est pas déposé. Et...
15 h 30 (version révisée)
M.
Caire
: …et
qu'on voulait s'assurer que ça se reflète dans le…
M. Nadeau-Dubois : Donc, il y
a un amendement qui s'en vient sur la notion de plus haut niveau de
confidentialité par défaut.
M.
Caire
: Oui,
de vie privée par défaut.
M. Nadeau-Dubois : Ce que
certains appellent «privacy by design», là.
M.
Caire
: C'est
ça.
M. Nadeau-Dubois : O.K. C'est
ça, je posais la question parce que je ne me rappelais pas l'avoir lu, mais là
je comprends. C'est parce que ce n'est pas déposé. Et donc, ça, ça s'en vient
autour de… Un amendement à quel article? Article 100?
M.
Caire
: Je
vais vous dire ça.
Une voix : …
M.
Caire
: C'est
14. Voilà, c'est ça que je disais. 14.
M. Nadeau-Dubois : 14, donc
tout bientôt. O.K.
M.
Caire
: Ce
n'est pas loin, mais, en même temps, ça peut être très loin.
M. Nadeau-Dubois : Et donc,
quand on viendra à 14, il y aura amendement pour venir boucher, bloquer cette
possibilité de demander des renseignements personnels par défaut, avec, par
exemple, une case qui est… quand on a une interface, là.
M.
Caire
: Oui,
oui, tout à fait. Absolument.
M. Nadeau-Dubois : On ouvre
l'interface, la coche est déjà cochée, il faudrait la décocher. Ce sera rendu
impossible par un amendement à venir à l'article 14.
M.
Caire
:
Voilà.
M. Nadeau-Dubois : Et donc, si
je comprends bien l'argument du ministre, ce n'est pas nécessaire de venir le
préciser dans la définition du consentement.
M.
Caire
: Non, parce
que cette mesure-là va être adoptée plus tard. Bien, en fait, adoptée… Je ne
veux pas présumer de la décision de la commission, mais je militerai fortement
pour que nous adoptions cet amendement-là.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Bien,
c'est une conversation productive.
M.
Caire
: Nous
n'avons que des conversations positives, collègue.
M. Nadeau-Dubois : C'est une
affirmation, ça, audacieuse.
M.
Caire
: Même
quand vous parlez de mes talents de rédacteur.
M. Nadeau-Dubois : C'est une
affirmation audacieuse. O.K. <Je… >Pour le moment, ça répond à mes
questions. Bien hâte de discuter de l'article 14, parce qu'en effet c'est
une pratique qu'il faut baliser.
M.
Caire
: On
est deux.
M. Nadeau-Dubois : Et
d'ailleurs, si l'amendement est prévu pour le public, je présume que
l'amendement similaire est prévu pour le privé?
M.
Caire
: Oui,
mais est-il déjà dans la loi pour le privé?
Une voix : …
M.
Caire
: Il
est déjà dans la loi pour le privé.
M. Nadeau-Dubois : Ah! il
l'était déjà, voilà.
M.
Caire
: Oui,
c'est ça. C'est ça que…
M. Nadeau-Dubois : C'est ça, il
était là pour le privé, mais il n'était pas là pour le public.
M.
Caire
: C'est
que c'est le public qui n'avait pas cette disposition-là. Le privé l'avait
déjà.
M. Nadeau-Dubois : Vous
m'excuserez. C'est un projet de loi qui est touffu puis où il y a des fois des
effets miroir, mais pas toujours, alors je voulais juste préciser
l'information.
M.
Caire
: On
comprend ça.
M. Nadeau-Dubois : Mais, M. le
Président, ça fait le tour pour moi pour le moment.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions? M. le député de La Pinière?
M. Barrette : Non, ça va.
Le Président (M. Bachand) :
S'il n'y a pas d'autre intervention à l'article 9.1, nous allons procéder
à sa mise aux voix. Alors, Mme la secrétaire, s'il vous plaît. Tel qu'amendé.
La Secrétaire
: M.
Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du… Pour les membres du groupe parlementaire, pardon, formant le
gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette : Pour.
La Secrétaire
: M.
Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
: M.
Bachand (Richmond)?
Le Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'article 9, tel qu'amendé, est adopté. Et, suite aux conversations, je crois qu'il y avait
consentement pour revenir à l'article 8. Donc, article 8.
Interventions? Interventions sur l'article 8? Une fois, deux fois, trois
fois. S'il n'y a pas d'autre intervention sur l'article 8, nous allons
procéder à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous <plaît.
La Secrétaire
: M.
Caire (La Peltrie)
?…
Le Président (M.
Bachand) : …
et, suite aux conversations, je crois qu'il
y avait consentement pour revenir à l'article 8. Donc, article 8.
Interventions? Interventions sur l'article 8? Une fois, deux fois, trois
fois. S'il n'y a pas d'autre intervention sur l'article 8, nous allons
procéder à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous >plaît.
La Secrétaire
: M.
Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette : Pour.
La Secrétaire
: M.
Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
: M.
Bachand (Richmond)?
Le Président (M. Bachand) :Abstention. Donc, l'article 8 est adopté. Merci beaucoup.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui.
Merci, M. le Président. Donc, l'article 10 se lit comme suit :
L'article…
Le Président (M. Bachand) :…le député de Gouin m'avait informé d'un amendement.
M.
Caire
: Oui, 9.1.
Excusez, M. le député. C'est de sa faute.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de Gouin, pardon. Désolé.
M. Nadeau-Dubois : Pas de
problème. On a fait quelques allers-retours dans le projet de loi depuis qu'on
s'était parlé, M. le Président. J'aimerais déposer un amendement pour ajouter un
article 9.1. Et on pourrait suspendre, le temps qu'on le fasse parvenir
aux membres de la commission.
Le Président (M. Bachand) :
Parfait. Alors, on va suspendre quelques instants. Merci infiniment.
(Suspension de la séance à 15 h 34)
(Reprise à 15 h 40)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. M.
le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Alors, amendement à l'article 9.1 : Insérer, après l'article 9
du projet de loi, l'article suivant :
«9.1. Cette loi est modifiée par le
remplacement de l'article 54 par l'article suivant :
"54. Sont personnels les
renseignements qui concernent une personne physique qui peut être identifiée
directement ou indirectement, notamment par référence à un identifiant, tel
qu'un nom, un numéro d'identification, des données de localisation, un
identifiant en ligne, ou à un ou plusieurs éléments spécifiques propres à son
identité physique, physiologique, génétique, psychique, économique, culturelle
et sociale, ainsi que toute inférence produite tirée d'un renseignement à
l'aide de systèmes automatisés qui concerne une personne physique et permet de
l'identifier."»
Alors, cet amendement, il est, certes,
touffu, mais il a un objectif bien clair : moderniser la définition même
de ce qu'est un renseignement personnel.
Le projet de loi, le ministre l'a dit,
c'est un projet de loi qui est ambitieux, qui est vaste, qui, à plusieurs
égards, représente une avancée, mais c'est un projet de loi qui fait le choix
particulier de ne pas moderniser la définition même de ce qu'est un
renseignement personnel. Le projet de loi va venir, plus loin, introduire deux
nouvelles catégories de renseignement. Donc, plus loin, on va intégrer la
notion de renseignement dépersonnalisé et de renseignement anonymisé. C'est
bien, c'est perfectible, on y viendra. Mais le projet de loi, qui se veut un
projet de loi de modernisation, puis ça m'a <surpris…
M. Nadeau-Dubois : …
nouvelles
catégories de renseignement. Donc, plus loin, on va intégrer la notion de
renseignement dépersonnalisé et de renseignement anonymisé. C'est bien, c'est
perfectible, on y viendra. Mais le projet de loi, qui se veut un projet de loi
de modernisation, puis ça m'a >surpris quand je l'ai lu avec mon équipe,
fait le choix de ne pas toucher à la définition de base de ce qu'est un
renseignement personnel.
Or, c'est une définition qui, je n'ai pas
besoin de le dire, a été écrite à une époque bien différente de la nôtre du
point de vue des capacités technologiques d'identifier des gens à partir de
certains renseignements. Et donc c'est une… La définition actuelle de ce qu'est
un renseignement personnel, elle est pour le moins incomplète, et il y a même
certains acteurs qui sont venus, puis ce n'est pas mes mots, là, en commission
parlementaire, nous dire que c'est une définition qui est même déficiente à l'égard
des nouvelles possibilités technologiques.
En ce moment, on dit : «Dans un
document, sont personnels les renseignements qui concernent une personne
physique et permettent de l'identifier.» Point. C'est un peu… Bien, c'est bref
dans le nouveau contexte qui est le nôtre. Et <il y a beaucoup de… >il
y a plusieurs législations qui ont, à cause des évolutions technologiques
récentes, cherché à préciser cette notion de renseignement personnel pour mieux
cerner sa portée, puis…
Et c'est une question qui est fondamentale
parce que, et je me rappelle les gens de la Commission de l'éthique en science
et technologie qui sont venus nous le dire, puis il y a un juriste, également,
de l'Université d'Ottawa qui était venu nous en parler, la définition de
renseignement personnel, c'est la fondation sur laquelle est construite tout le
projet de loi. Puisque c'est une loi qui vise la protection des renseignements
personnels, la question de ce qu'est ou ce que n'est pas un renseignement
personnel, c'est une question absolument fondamentale.
La définition que je soumets au ministre
dans cet amendement-là, elle n'est pas sortie de mon chapeau. C'est une
définition qui est fortement, fortement inspirée de celle qui est dans le RGPD,
RGPD qui, le ministre en convenait avec moi il y a quelques instants, est une
des inspirations fortes du gouvernement pour ce projet de loi là. Ceci étant
dit, ce n'est pas seulement une inspiration du RGPD. La loi californienne nous
a également inspirés.
Et, au-delà de tout ce qu'il y a dans cet
amendement, moi, je veux insister sur un aspect. Cette définition de
renseignement personnel que je soumets au ministre, elle vient introduire un
élément, là, qui est sans doute celui qui va le plus monopoliser nos
conversations dans les prochaines minutes parce qu'il est essentiel, elle vient
inclure, dans la définition de renseignement personnel, les renseignements
qu'on appelle inférés. Et ça, c'est essentiel parce qu'on sait que les
renseignements personnels sont de plus en plus traités par des systèmes
automatisés, certains diraient des algorithmes, des protocoles d'intelligence <artificielle…
M. Nadeau-Dubois : …vient
inclure, dans la définition de renseignement personnel, les renseignements
qu'on appelle inférés. Et ça, c'est essentiel parce qu'on sait que les
renseignements personnels sont de plus en plus traités par des systèmes
automatisés, certains diraient des algorithmes, des protocoles d'intelligence
>artificielle, qui peuvent, à partir d'un renseignement spécifique,
inférer d'autres renseignements.
En ce moment, la loi qui est incluse dans
la Loi sur l'accès, <elle est… >elle n'inclut pas les
renseignements inférés. Et donc je m'appuie sur, à cet égard, une recommandation
de la Commission d'accès à l'information et de la Commission de l'éthique en
science et technologie, qui ont toutes deux dit : Il faut préciser la
définition même de ce qu'est un renseignement personnel notamment pour y
inclure les renseignements inférés et les renseignements qui non seulement
identifient quelqu'un, mais permettent de l'identifier directement ou
indirectement.
Donc, c'est une recommandation, je le répète,
de la CAI et de la Commission d'éthique en science et technologie. Alors, ça
m'apparaît un élément important. Je ne pense pas que ce soit un amendement
frivole, loin de là, et j'aimerais savoir ce que le ministre en pense.
Le Président (M. Bachand) :
Merci, M. le député. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui.
Bien, merci, M. le Président. Comme vous pouvez le constater, <on… >disons
qu'on discute. Parce qu'à la base je dois dire qu'effectivement la définition
n'avait pas été revue pour la raison qu'on en était arrivés à la conclusion
qu'une définition large servait mieux l'intérêt public, au sens où ça
permettait d'inclure plus d'éléments que moins d'éléments. C'était la
conclusion à laquelle on en arrivait.
J'ajoute à ça qu'au niveau de la
jurisprudence il y a quand même déjà pas mal d'éléments qui ont été intégrés et
reconnus justement sur la base du fait que la définition est large. Puis je
concède d'emblée au député de Gouin que la définition actuelle, elle est très
large, mais il y a une jurisprudence qui a amené, quand même, les différents
acteurs à se prononcer et à inclure des éléments propres à ce qui devrait être
un renseignement personnel notamment, notamment, plus récemment, notamment via
l'utilisation des technologies de l'information. Je lui concède, effectivement…
Écoutez, moi, je ne suis pas hostile, là,
ceci étant, je ne suis pas hostile à ce qu'on modifie la définition. Je fais
juste me questionner sur <la pertinence…
M.
Caire
: …je
lui concède, effectivement…
Écoutez, moi, je ne suis pas
hostile, là, ceci étant, je ne suis pas hostile à ce qu'on modifie la
définition. Je fais juste me questionner sur >la pertinence d'être aussi
détaillé puis de ne pas en arriver à la finalité non souhaitée, ni par moi ni
par le député de Gouin, qu'on puisse exclure des éléments parce qu'ils ne sont
pas dans la liste précisément. Donc, des fois, trop de précision, <c'est…
>ça dessert l'intérêt public… que pas assez. Mais je ne suis pas
hostile, là, je ne suis pas hostile du tout à revoir cette définition-là. Je me
demande juste si la nomenclature n'est pas trop détaillée, si on ne peut pas y
aller avec des concepts plus larges qui nous permettraient de garder ce que la jurisprudence
nous a donné, les acquis de la jurisprudence, puis peut-être d'amener les
futures décisions à se pencher, peut-être, sur des éléments où, là, il y aura
effectivement des lacunes ou des zones d'ombre.
Ça fait que je ne veux pas dire non à
l'amendement de mon collègue, mais peut-être qu'on pourrait réfléchir à
travailler peut-être plus sur des concepts, des lignes directrices qui nous
permettraient, qui permettraient à la CAI, qui permettraient aux tribunaux <d'avoir…
>d'abord de conserver les assises qu'ils ont avec la jurisprudence actuelle,
donc de ne pas éliminer des éléments qui ont déjà été l'objet de décisions,
puis de guider, puis, effectivement, peut-être, d'être un peu plus précis. Mais
je ne sais pas.
M. le Président, à ce moment-ci, je
demanderais peut-être à la commission une courte suspension...
M. Nadeau-Dubois : Peut-être,
juste avant…
• (15 h 50) •
Le Président (M. Bachand) :
Allez-y, M. le député.
M. Nadeau-Dubois : Parce que
je sens, en fait, j'espère sentir qu'on… Je pense qu'on partage un objectif,
hein? C'est-à-dire que mon objectif ici n'est pas d'arriver avec une définition
précise au sens de limitative. Mon objectif, c'est qu'elle soit précise au sens
d'englobante et de ne pas… En fait, ce que je ne veux pas, c'est qu'elle soit
trop vague. Parce qu'il y a une différence entre large et vague.
Et ce que la Commission d'accès à
l'information et la Commission d'éthique en science et technologie viennent
nous dire, c'est : Il faut s'assurer qu'au fondement de notre projet de
loi, là, on met une définition de renseignement personnel qui va résister à
l'épreuve du temps puis qui va inclure les nouvelles possibilités, offertes par
la technologie, d'inférer des renseignements.
Puis, dans son mémoire, la Commission
d'éthique en science et technologie donne deux exemples <qui, moi, m'ont…
M. Nadeau-Dubois : ...
de
renseignement personnel qui va résister à l'épreuve du temps puis qui va
inclure les nouvelles possibilités, offertes par la technologie, d'inférer des
renseignements.
Puis, dans son mémoire, la Commission
d'éthique en science et technologie donne deux exemples >qui, moi, m'ont
renversé, puis c'est des exemples véridiques, notamment d'entreprises privées
qui ont inféré, du comportement en ligne d'internautes, que l'internaute en question
était enceinte. Puis évidemment l'internaute n'a jamais volontairement transmis
ce renseignement personnel là. Ce n'est pas un renseignement qui a été
transmis, il n'y a pas eu de... mais, par inférence du comportement en ligne,
par un algorithme, on vient inférer que la personne est enceinte. Ça devient un
renseignement et ça peut être vendu à un tiers.
M.
Caire
:
<Ça
peut être... >Ça, ça peut être l'orientation sexuelle...
M. Nadeau-Dubois :
L'orientation sexuelle, c'est l'autre exemple qui est dans le mémoire de la
commission.
M.
Caire
:
...l'orientation politique, les convictions religieuses. J'entends ça,
j'entends ça.
M. Nadeau-Dubois : Et ce
renseignement-là, si on ne le fait pas... Ce renseignement inféré, si on ne
l'inclut pas, si on n'est pas sûrs et certains de l'inclure dans notre
définition de renseignement personnel, il peut tomber à côté du champ de
protection du projet de loi. Ça fait que, moi, mon objectif, c'est de
m'assurer... Puis c'est l'objectif de la Commission d'accès puis de l'éthique
en science et technologie. C'est eux qui nous ont mis sur cette piste en disant :
Attention, il ne faut pas que ces renseignements-là tombent à côté.
M.
Caire
: D'où
l'idée...
M. Nadeau-Dubois : C'est mon
objectif.
M.
Caire
: D'où
l'idée de garder peut-être le principe de concepts plutôt que d'éléments
précis.
M. Nadeau-Dubois : Moi, ce que
j'ai fait dans l'amendement, c'est que je me suis inspiré de la source d'inspiration
du projet de loi, je suis allé... on est allé voir dans le RGPD. Puis c'est une
inspiration pas mal directe, là. S'il faut échanger pour trouver une
formulation peut-être plus conforme au vocabulaire juridique du Québec et du
reste du projet de loi, j'en suis. Peut-être que faire une liste... Moi, tu
sais... Peut-être que faire une liste, ce n'est pas la bonne manière de
procéder. Moi, je suis ouvert à ces discussions-là.
Mon objectif, je veux qu'il soit bien
compris, ce n'est pas de faire une liste infinie, d'ailleurs, c'est le risque
qu'on oublie quelque chose dans la liste, c'est d'avoir une définition de
renseignement personnel qui fasse entrer dans la définition les renseignements
inférés, c'est mon objectif ici, ou les renseignements qui pourraient
indirectement permettre d'identifier. C'est deux cas légèrement différents. Et
on peut suspendre s'il faut prendre le temps d'y réfléchir et d'en discuter.
M.
Caire
:
...couple de minutes, pas long. Juste...
Le Président (M. Bachand) :
Parfait. On va suspendre quelques instants. Merci infiniment.
(Suspension de la séance à 15 h 54)
16 h (version révisée)
(Reprise à 16 h 7)
Le Président (M. Bachand) :
À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. M. le
député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Oui, merci,
M. le Président. On a eu des discussions hors micro, puis j'ai refait
rapidement certaines lectures. Ce que je comprends, c'est que le ministre
partage une, en tout cas, de mes intentions, là, certainement, l'intention de
venir inclure dans la définition de renseignement personnel les renseignements
qui permettent d'identifier une personne même indirectement. Est-ce que j'ai
bien compris l'intention du ministre?
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : Et, par la
notion d'indirectement, moi, ce que je souhaite, c'est qu'on vienne englober
l'utilisation de certaines technologies où, notamment par des algorithmes
d'intelligence artificielle, de l'inférence, on recoupe des données qui, prises
isolément, ne permettent peut-être pas d'identifier la personne, mais, quand on
les recoupe entre elles, on acquiert une capacité d'identifier. Cet
objectif-là, donc, le ministre le partage aussi.
M.
Caire
: Je le
partage.
M. Nadeau-Dubois : Parfait.
J'ai peut-être une autre version de mon amendement à présenter, M. le
Président. Donc, avec le consentement, on pourrait retirer celui-ci puis en
déposer un autre.
Le Président (M. Bachand) :
Consentement? Consentement. Donc, on va suspendre quelques instants pour
préparer le nouvel amendement?
M. Nadeau-Dubois : Oui, pour
faire circuler le...
Le Président (M. Bachand) :
Merci, on va suspendre quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 8)
(Reprise à 16 h 17)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. Alors,
M. le député de Gouin, s'il vous plaît. M. le député de Gouin, vous avez la
parole.
M. Nadeau-Dubois : Oui, merci,
M. le Président. Alors, donnez-moi un instant, je vais... On a tellement parlé
de l'amendement, mais je ne l'ai pas ressorti, je ne l'ai pas sous les yeux, donnez-moi
un petit instant.
Alors, amendement : Insérer, après l'article 9
du projet de loi, le suivant :
9.1 L'article 54 de cette loi est
modifié par l'insertion, après «permettent», de «, directement ou
indirectement,».
Donc, on est passé d'une première version d'amendement
qui est extrêmement touffue à une deuxième beaucoup plus succincte, c'est le
moins qu'on puisse dire, mais on va y aller étape par étape pour s'assurer
d'aboutir, à la fin du processus, avec la définition la plus englobante qui
soit de renseignement personnel, parce que c'est mon objectif. J'aimerais... Et,
bien sûr, je vais poser une série de questions au ministre, parce que ce qu'on
dit ici, c'est déterminant pour la manière que les tribunaux vont interpréter
la loi que nous sommes en train de rédiger.
L'objectif, ici, de l'amendement, là, c'est
de venir inclure, dans la définition de renseignement personnel, les renseignements
qui sont inférés, c'est-à-dire les <renseignements...
M. Nadeau-Dubois : ...que les
tribunaux vont interpréter la loi que nous sommes
en train de rédiger.
L'
objectif, ici, de
l'amendement,
là, c'est de venir inclure, dans la définition de
renseignement
personnel,
les
renseignements qui sont inférés,
c'est-à-dire les >renseignements
qui, de prime abord, peuvent sembler anodins mais qui, après avoir été traités
par des systèmes informatiques, permettent d'inférer d'autres renseignements
qui, eux, peuvent être très précis, très sensibles. Autrement dit, on fait des
corrélations entre différents renseignements puis, à partir de ces
corrélations-là, on génère un nouveau renseignement. Donc, c'est un renseignement
qui n'est pas collecté auprès de l'individu directement mais qui est le produit
de l'organisation qui détient les renseignements.
La définition actuelle de renseignement
personnel, selon plusieurs acteurs, ne couvrait pas ces renseignements inférés.
<Est-ce que... >En parlant de renseignements qui permettent directement
ou indirectement d'identifier, est-ce qu'on vient couvrir ces renseignements
inférés?
M.
Caire
: Oui,
et en fonction des technologies présentes mais aussi en fonction des possibilités
futures, parce que toute notion d'indirectement peut faire référence à des évolutions
technologiques qui permettraient d'arriver au résultat qui est décrit par le
député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Dans la loi
californienne, on a opté pour une définition plus touffue de renseignement
personnel, et on dit notamment que... En fait, les renseignements personnels
sont définis, donnez-moi un instant, comme tout renseignement qui non seulement
concerne une personne physique, mais également qui décrit une personne physique
ou qui est raisonnablement susceptible d'être associé à une personne physique,
ou un renseignement... on dit également, pourrait raisonnablement être lié à
une personne physique.
Est-ce qu'en disant, comme je propose de
le faire... Est-ce qu'en définissant, comme je propose de le faire, les
renseignements personnels comme des renseignements qui permettent d'identifier
une personne directement ou indirectement<, est-ce qu'>on va
couvrir aussi large que la définition que je viens de citer?
• (16 h 20) •
M.
Caire
:
Clairement. Clairement parce que, dans le fond, la conclusion à laquelle on
doit en arriver, c'est : Est-ce que, de façon directe ou indirecte, j'ai
été en mesure d'identifier quelqu'un? Donc, à partir de là, peu importe le
moyen, peu importe le processus, peu importe la quantité, la qualité des
informations qui ont été colligées, agrégées, si la finalité, c'est <d'identifier...
M.
Caire
:
...on
doit en arriver, c'est : Est-ce que, de façon directe ou
indirecte, j'ai été en mesure d'identifier quelqu'un? Donc, à partir de là, peu
importe le moyen, peu importe le processus, peu importe la quantité, la qualité
des informations qui ont été colligées, agrégées, si la finalité, c'est >d'identifier
quelqu'un, à ce moment-là, on tombe sous le coup de la définition d'un renseignement
personnel.
M. Nadeau-Dubois : Donc, bien
sûr, un nom est un renseignement personnel...
M.
Caire
: Le
nom. Ça peut aller, comme on l'a dit, jusqu'à l'opinion politique, ça peut...
M. Nadeau-Dubois : O.K. Est-ce
qu'une donnée... J'ai envie qu'on procède, comme, de manière structurée pour
être sûr qu'on couvre large ensemble, là. Est-ce qu'une donnée de localisation
est un renseignement personnel en vertu de cette définition, de la définition
que je propose?
M.
Caire
: Si
elle est utilisée à des fins où elle permet d'identifier un individu, donc,
selon la méthode dont on a discuté, la réponse est oui.
M. Nadeau-Dubois : Sauf
que là notre définition à 54 ne parle pas de la finalité, de l'utilisation, on
parle de la nature du renseignement. On ne dit pas...
M.
Caire
: C'est-à-dire
qu'on dit que, dans un document, document au sens très large qu'on doit lui donner,
sont personnels les renseignements qui concernent une personne physique et
permettent de l'identifier. Et, avec l'amendement que vous apportez, se lirait :
«permettent de l'identifier, directement ou indirectement».
M. Nadeau-Dubois : Mais il
n'y a pas, dans cette définition de renseignement personnel, d'allusion à la
finalité ou à l'utilisation. Il s'agit de la nature même du renseignement. Ça
fait que, moi, ma question, c'est : La donnée de localisation, en soi,
est-ce que c'est une donnée personnelle en fonction de cette définition-là?
M.
Caire
:
Écoutez, je... pas comment le tribunal l'interpréterait, mais, dans la mesure
où elle ne me permet pas d'identifier quelqu'un... Je ne sais pas. J'aurais
tendance à courageusement passer la puck, en bon français, à Me Miville-Deschênes,
là.
Parce que, moi, ce que j'en comprends, c'est
que, dans un document, là, quand je collige toute l'information, si ça, ça me
permet d'identifier quelqu'un, ça devient un renseignement personnel.
Maintenant, votre question, c'est : Est-ce que de façon éclatée c'est un
renseignement personnel? Bien, je vais aller plus loin que ça : Est-ce
qu'on veut que ce soit un renseignement personnel? Est-ce qu'on le souhaite? Je
ne sais pas, je pose la question.
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
l'objectif de mon amendement initial était de couvrir ces éléments-là parce que
la nature des avancées technologiques fait en sorte qu'on peut, à un moment a,
collecter une donnée, mettons, en 2004... Et c'est des pratiques qui existent
chez certaines entreprises du Web. On peut, à un moment donné, mettons, un
moment a, collecter une donnée et, au moment où on la collecte, cette
donnée, on ne dispose pas des capacités technologiques qui nous <permettent...
M. Nadeau-Dubois : ...
moment a,
collecter une donnée, mettons, en 2004... Et c'est des pratiques qui existent
chez certaines entreprises du Web. On peut, à un moment donné, mettons, un
moment a, collecter une donnée et, au moment où on la collecte, cette donnée,
on ne dispose pas des capacités technologiques qui nous >permettent de
faire l'inférence.
Et, par exemple, chez Google, c'est des
pratiques qui ont été documentées. Google, pendant des années, a collecté des
données personnelles en n'ayant pas les capacités technologiques de faire des
inférences puis de les rendre monétisables ou de les recouper avec d'autres
pour créer des profils d'utilisateur à des fins publicitaires, mais on
collectait les données quand même en faisant le pari, vérifié finalement par
l'histoire, qu'un jour on aurait les capacités technologiques nous permettant
de traiter ces données-là et d'en faire quelque chose, que ce soit à des fins...
D'ailleurs, on pourrait dire, au-delà des fins commerciales, ça pourrait être
d'autres finalités, de recherche, bon, de politique publique même, bon.
Ce qu'il faut s'assurer puisqu'on ouvre
aujourd'hui la loi sur les renseignements personnels puis qu'on ne la rouvrira
pas pendant un petit bout, c'est d'être sûr qu'aujourd'hui, des acteurs, bien
ou mal intentionnés, là, peu importe, ne puissent pas collecter aujourd'hui une
donnée qui aujourd'hui ne permet pas d'identifier quelqu'un parce
qu'aujourd'hui on n'a pas encore trouvé la technologie qui permet de le faire,
et que, dans 15 ans, il y ait un nouvel algorithme d'apprentissage profond
ou d'intelligence artificielle qui fait que, dans 15 ans, finalement, ce
qu'on a collecté en 2020, là c'est devenu utilisable. Puis, en 2020, on ne
pouvait pas en inférer une identification d'une personne, mais, 20 ans
plus tard, la technologie ayant avancé, là ça devient possible d'identifier. Et
donc comment on fait pour que, dès le moment où on collecte, ce soit déjà un
renseignement personnel? Et parce que...
M.
Caire
: Bien,
c'est là où la notion d'indirectement...
M. Nadeau-Dubois : Juste pour
finir. Parce que c'est à cette définition de renseignement personnel qu'est
suspendu tout le reste des dispositions du projet de loi, notamment le
consentement.
M.
Caire
: Mais
c'est là où le «indirectement» entre en ligne de compte et fait en sorte que la
réponse à votre question devient oui.
M. Nadeau-Dubois : O.K., mais
c'est parce que, tout à l'heure, j'ai posé... j'ai demandé : Est-ce qu'une
donnée de géolocalisation, c'est une donnée personnelle? Le ministre semblait
dire non.
M.
Caire
: C'est
parce que, dans le contexte où vous placez cette information-là, elle prend un
sens différent. Donc, si moi, je collecte les informations de géolocalisation,
si je les collecte,< puis que...> bien, puis que là je m'en sers
et je finis par vous identifier, faire du traçage ou faire toutes sortes de
choses qu'on ne souhaite pas, c'est un renseignement personnel.
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
ce que je veux...
M.
Caire
: Mais,
si cette donnée-là n'est pas collectée... Comprenez-vous ce que je veux dire? C'est
que moi, je me sers de mon GPS, là, bon, est-ce que... via de la
géolocalisation, évidemment, bon. Pour cette finalité-là, est-ce que c'est
considéré comme un renseignement personnel?
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
ce que... L'objectif de mon amendement, c'est que l'entreprise d'application
devrait vous demander votre consentement.
M.
Caire
: Si
elle les collecte, mais on ne veut pas qu'elle les collecte, mais, si elle les
collecte, je vous suis. Ce que je veux dire, c'est que...
M. Nadeau-Dubois : Oui, mais
pour qu'elle demande... pour qu'elle soit obligée par la loi de demander mon <consentement...
M. Nadeau-Dubois : …moi, ce
que... L'objectif de mon
amendement, c'est que l'entreprise
d'application devrait vous demander votre consentement.
M.
Caire
: Si
elle les collecte, mais on ne veut pas qu'elle les collecte, mais, si elle les
collecte, je vous suis. Ce que je veux dire, c'est que...
M. Nadeau-Dubois : Oui,
mais pour qu'elle demande... pour qu'elle soit obligée par la loi de demander
mon >consentement, il faut que la donnée en question soit considérée
comme un renseignement personnel. Il faut que notre définition soit bonne,
parce que, si on fait une mauvaise définition, l'entreprise pourrait dire :
Ce n'est pas une donnée personnelle, donc je n'ai pas besoin de lui demander
son consentement.
M.
Caire
: Mais
je pense qu'on dit la même chose. Et oui, la réponse à votre question, dans ce
contexte-là, oui. Est-ce qu'une entreprise, avant de collecter mes données de
géolocalisation, devrait me demander mon consentement? La réponse à ça, c'est
oui. Parce que cette donnée-là...
M. Nadeau-Dubois : Est un
renseignement personnel.
M.
Caire
: ...avec
d'autres informations, va certainement servir à m'identifier. Donc, la réponse
à votre question, c'est oui.
M. Nadeau-Dubois : Donc, une
donnée de localisation, c'est un renseignement personnel?
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : Un
identifiant en ligne, est-ce que c'est un renseignement personnel?
M.
Caire
: Oui. <Ça
a été... >D'ailleurs, Me Miville-Deschênes me disait que ça a déjà
été statué en cour que l'adresse IP, notamment, là... puis différents
éléments que vous allez retrouver dans les métadonnées sont des renseignements
personnels. C'est pour ça, tantôt, je vous disais : Il ne faut pas jeter
le bébé avec l'eau du bain, là, il y a une jurisprudence qui nous donne déjà
des contours puis des assises juridiques sur les renseignements personnels.
M. Nadeau-Dubois : Oui, mais
là l'objectif, comme législateurs, c'est d'aller chercher une définition qui...
M.
Caire
: Qui
englobe ça et plus.
M. Nadeau-Dubois : ...englobe,
et qui met la barre assez haute,, puis qui
met le standard juridique...
M.
Caire
: Qui
ne rejette pas ça, qui l'inclut mais qui va en chercher un peu plus large. On s'entend.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Un
élément propre à mon identité physique, mettons, la couleur de mes yeux, est-ce
que c'est un renseignement personnel?
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : Puis ma
question, c'est toujours en fonction de la définition qu'on est en train de
rédiger ensemble. Mettons, mon revenu?
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : Ma
situation sociale, mettons, je suis célibataire ou marié?
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Je
pourrais continuer longtemps, là, mais je voulais faire juste... je voulais qu'on
fasse l'exercice ensemble.
M.
Caire
: Non,
je vous suis, je comprends, absolument.
M. Nadeau-Dubois : Pour qu'on
établisse ensemble c'est quoi, le périmètre de cette nouvelle définition là.
Parce que, je le répète, c'est absolument essentiel, parce qu'il faut que <des...
il faut que >tout renseignement, pas juste aujourd'hui mais dans un
avenir prévisible, puisse par inférence, corrélation, traitement automatisé, un
jour, peut-être devenir source d'identification.
M.
Caire
: On s'entend.
M. Nadeau-Dubois : Il faut
que, dès aujourd'hui, on soit très clairs dans la loi qu'on écrit, que tout ça,
d'entrée de jeu, aujourd'hui, c'est déjà un renseignement personnel selon la
loi, et donc que ce renseignement-là est couvert par la loi.
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : Avec tout
ce que ça implique de consentement.
M.
Caire
: Mais,
dans les exemples que vous venez de me donner, ça, c'était déjà statué.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Bien,
en tout cas, on... pas indirectement. Par exemple, un code postal...
M.
Caire
: Non, non,
c'est ça, pas indirectement.
M. Nadeau-Dubois : C'est ça.
Un code postal, c'est un renseignement personnel?
M.
Caire
: Oui.
• (16 h 30) •
M. Nadeau-Dubois : O.K., parce
que ça permet directement ou indirectement d'identifier quelqu'un.
M.
Caire
: Voilà...
16 h 30 (version révisée)
M. Nadeau-Dubois : ...bien, en
tout cas, on... pas indirectement. Par exemple, un code postal...
M.
Caire
: Non.
Non, c'est ça, pas indirectement.
M. Nadeau-Dubois : C'est ça.
Un code postal, c'est un renseignement personnel?
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : Parce que
ça permet, directement ou indirectement, d'identifier quelqu'un.
M.
Caire
: Voilà.
M. Nadeau-Dubois : Dans la loi
californienne, on parle d'un renseignement qui décrit quelqu'un. Est-ce que,
dans notre culture juridique, puis en fonction de la jurisprudence puis des
précédents, est-ce que la notion de... Quand on dit, en ce moment, «un
renseignement concerne quelqu'un», est-ce que c'est plus englobant qu'une loi
qui dirait «un renseignement qui décrit quelqu'un»?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, oui. Là, tout renseignement qui te concerne,
là, je... Il me semble que le terme «décrire», c'est vraiment d'expliquer un
peu, comment dire, de décrire le physique ou la personnalité d'une personne,
tandis que «qui concerne», là, on couvre tous les aspects, là, de la
personnalité, là. Ça fait que «qui concerne», ça peut être l'adresse, ça peut
être les métadonnées, ça peut être tout renseignement de nature financière,
santé, etc., là.
M. Nadeau-Dubois : Donc, un
historique de navigation, est-ce que c'est un renseignement personnel?
M.
Caire
:
Solide question.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, juste pour mettre en contexte, tu sais, c'est toujours qu'il faut qu'il
puisse être lié à la personne physique. Donc, si je prends l'exemple de votre
code postal, ou homme, 31 ans, cheveux bruns, ce n'est pas un
renseignement personnel de la minute où <il n'est pas... >il ne
peut pas être lié à une personne physique. Ça fait que c'est un peu là.
Ça fait qu'une donnée de géolocalisation,
ça va, presque dans tous les cas, être un renseignement personnel, mais il y a peut-être
des cas où il ne sera pas lié à une personne physique. Bien, il y en a,
évidemment, quand c'est une donnée sur un drone ou je ne sais quoi d'autre, là.
M. Nadeau-Dubois : Mais là on
est au coeur de l'enjeu, là, de mon amendement. Parce que, homme, 31 ans, cheveux
bruns, au moment où, moi, je suis un acteur d'une entreprise publique ou
privée, au moment où je collecte ce renseignement, je peux, en effet, le
collecter dans une volonté qui n'est pas celle d'identifier la personne. Et ça
peut être le cas pendant de nombreuses années. Mais une fois que j'ai acquis le
renseignement, si, dans 10 ans, une nouvelle technologie fait son
apparition et maintenant, comme organisation... J'ai acquis le renseignement
personnel il y a 10 ans. À l'époque, ça ne me permettait pas d'identifier.
Aujourd'hui, ça me permet parce qu'il y a une nouvelle technologie.
Donc, quand vous me dites : Ça ne
permet pas d'identifier, ça, c'est comme au moment où la donnée est collectée.
Moi, ce que je veux, c'est que notre définition des renseignements personnels,
elle s'étire à tout ce qu'on peut faire avec cette donnée-là, et donc que, dès
le premier jour, ce soit considéré comme un renseignement personnel.
M.
Caire
: Mais
c'est ce que l'amendement vient faire.
M. Nadeau-Dubois : Mais, ce
que l'exemple de... de Me Miville-Deschênes, j'imagine.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Miville-Deschênes.
M. Nadeau-Dubois : Mais c'est
Me Miville-Deschênes, là?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui.
M. Nadeau-Dubois : L'exemple
de Me Miville-Deschênes était de dire «homme, 31 ans, cheveux bruns»,
ce n'est pas un renseignement personnel parce que ça ne permet pas
d'identifier. Mais si on le recoupe avec une autre donnée, ça permet
d'identifier. Donc, indirectement, ça permet d'identifier. Donc, c'est un
renseignement personnel.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, effectivement. Bien, quand il va être collecté,
il va assurément être lié à une <autre donnée...
M. Nadeau-Dubois : ...c'est
Me Miville-Deschênes, là?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe)T :
Oui.
M. Nadeau-Dubois :
L'exemple de Me Miville-Deschênes était de dire «homme, 31 ans,
cheveux bruns», ce n'est pas un renseignement personnel parce que ça ne permet
pas d'identifier. Mais si on le recoupe avec une autre donnée, ça permet
d'identifier. Donc, indirectement, ça permet d'identifier. Donc, c'est un
renseignement personnel.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe)T :
Oui, effectivement. Bien, quand il va être
collecté, il va assurément être lié à une >autre donnée. Donc, ça va
être un... Ce que je veux dire, c'est que, ça, ça va être lié, soit à adresse
IP, ça va être lié à d'autres éléments. Et effectivement, de la minute qu'on va
pouvoir identifier une personne, ça va être un renseignement personnel, ou le
lier à un identifiant quelconque.
M. Nadeau-Dubois : Mais, au
moment où l'acteur ou l'entreprise fait la collecte, est-ce qu'à ce moment-là,
le renseignement «homme, 31 ans, cheveux bruns» est un renseignement
personnel au sens de la loi?
M.
Caire
: Oui.
Oui.
M. Nadeau-Dubois : O.K.
M.
Caire
: Non, mais
c'est parce que... Je comprends.
M. Nadeau-Dubois : C'est parce
que...
M.
Caire
: Je
comprends...
M. Nadeau-Dubois : ...j'ai
l'impression d'entendre, un peu, deux réponses ou c'est peut-être juste qu'on
se comprend mal. Mais, dans le fond, moi, je veux qu'on... Bien, mon objectif,
là, c'est qu'au moment où la donnée est collectée, elle est déjà considérée
comme un renseignement personnel, pas après son traitement par l'organisation.
M.
Caire
: Non,
non, non. Mais c'est juste que...
M. Nadeau-Dubois : Dès le
moment où on la collecte...
M.
Caire
: C'est
juste...
M. Nadeau-Dubois : ...même si,
à ce moment-là, elle ne permet pas directement d'identifier.
M.
Caire
: Ce que
Me Miville-Deschênes dit c'est qu'éventuellement cette information-là peut
être anonymisée et donc ne plus être un renseignement personnel. Donc, si je
décide dans une idée de dire : Bon bien, moi, je veux tous les hommes de
30 ans, na, na, na, dans un projet de recherche, puis j'arrête ça là, donc
je n'ai pas la capacité de vous identifier, j'ai anonymisé ma... Parce qu'il ne
faut pas perdre de vue, puis c'est important, collègues, là, parce qu'il y a
d'autres éléments aussi, là, qui doivent être... que nous, législateurs,
devrons prendre en compte, c'est la possibilité d'anonymiser une donnée.
M. Nadeau-Dubois : Puis ça
viendra plus loin dans le projet de loi par ailleurs, là.
M.
Caire
: Puis
ça viendra plus loin. Mais c'est... Ce que je veux dire au collègue, c'est que
la réponse à sa question, c'est oui. Ceci étant dit, cette information-là, dans
un processus d'anonymisation de la donnée, <peut ne plus... >peut
faire en sorte qu'elle n'est plus un renseignement personnel.
M. Nadeau-Dubois : Mais, ça...
Bien, c'est-à-dire on y viendra plus loin. Il y a des dispositions, puis c'est...
M.
Caire
: Oui.
Mais c'était... Je pense que c'était ça qui était l'enjeu, là.
M. Nadeau-Dubois : Ça va être
une nouveauté dans la loi, on va introduire cette notion-là de donnée
anonymisée. J'aurai, à ce moment-là, aussi des... Il y aura des discussions
puis des amendements parce que ça pose... Il y a tout un débat sur
l'anonymisation. Ça marche, ça ne marche pas, un peu, beaucoup, passionnément,
mais ça viendra plus loin. Et c'est sûr que la donnée... Une donnée
personnelle, au moment où elle est collectée, on la traite d'une certaine
manière. Moi, je ne suis pas... Tu sais, je comprends bien que, si on
l'anonymise ensuite, il peut y avoir des nouvelles obligations juridiques, soit
plus serrées, soit plus... ou, soit moins serrées sur cette donnée maintenant
anonymisée. Ça, moi, j'en conviens. Moi, je parle du processus exactement
inverse, c'est-à-dire une donnée qui, au moment où on la collecte, peut sembler
anonyme, elle peut être anonymisée, parce que «homme brun, cheveux blancs»,
mettons...
M.
Caire
: Non,
mais...
M. Nadeau-Dubois : ...<«homme...
M. Nadeau-Dubois : ... sur
cette donnée maintenant anonymisée. Ça, moi, j'en conviens. Moi, je parle du
processus exactement inverse, c'est-à-dire une donnée qui, au moment où on la
collecte, peut sembler anonyme, elle peut être anonymisée, parce que «homme
brun, cheveux blancs», mettons...
M.
Caire
:
Non, mais...
M. Nadeau-Dubois : ...>«homme,
âge moyen, cheveux bruns». Ici, on est plusieurs, quand même, qui pourraient
correspondre à ce renseignement-là. Donc, ce n'est pas un renseignement, au
moment où on le collecte, qui permet d'identifier une personne. Mais, lorsqu'on
va... Lorsque l'organisation va traiter la donnée, ça peut devenir un renseignement
qui permet d'identifier.
M.
Caire
:
Exact.
M. Nadeau-Dubois : Moi, ce que
je veux savoir, c'est, au moment où on le collecte, le renseignement «homme,
âge moyen, cheveux bruns», c'est-u déjà considéré comme un renseignement personnel?
M.
Caire
: Oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Ça va l'être s'il est en mesure, plus tard, de le
lier ou de l'inférer avec un autre. C'est qu'il a... C'est qu'il détient ou il
va détenir d'autres renseignements, qui vont permettre de lier le renseignement
à l'individu et donc qui va le concerner.
M. Nadeau-Dubois : Et donc,
même pris séparément, ces renseignements-là ont le caractère de renseignement personnel
en vertu de la loi.
M.
Caire
:
Personnel.
M. Nadeau-Dubois : Même pris
séparément...
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : ...pas
juste quand ils sont corrélés les uns entre les autres. Est-ce que je comprends
bien?
M.
Caire
: Oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui.
M.
Caire
: Oui. Puis
on ne s'est même pas regardé, puis on a répondu en même temps.
M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est
important parce que, tu sais, je...
M.
Caire
: C'est...
Oui.
M. Nadeau-Dubois : Je ne suis
pas ici pour couper les cheveux en quatre, c'est juste si...
M.
Caire
: Non,
non, non, je comprends.
M. Nadeau-Dubois : C'est des
enjeux extrêmement importants.
M.
Caire
: Je
voulais juste amener la notion, puis on aura ce débat-là parce que je comprends
la préoccupation du collègue puis je la partage, mais, moi, j'ai aussi une
préoccupation qui est, puis je ne veux pas faire le débat maintenant, on le
fera plus tard quand ça sera le temps, là, qui est de tellement protéger la
donnée qu'on la rend complètement inutile. Ça ne donne plus rien. On a
tellement mis ça dans un coffre-fort, qui lui-même est dans un autre
coffre-fort, qui lui-même est dans une forteresse, qui lui-même est protégé. Puis
là, là, on est sûr que c'est protégé. Puis c'est tellement bien protégé, là,
que je ne peux plus rien faire avec.
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
n'en est pas là, là.
M.
Caire
: Non,
non, non.
M. Nadeau-Dubois : On est à la
définition...
M.
Caire
:
...c'est pour que je...
M. Nadeau-Dubois : ...de c'est
quoi un renseignement personnel.
M.
Caire
: C'est
pour ça qu'on amène les nuances qu'on amène, collègue. Ce n'est pas parce que
je ne suis pas d'accord avec vous, je suis d'accord avec vous. Puis j'aime
mieux que ce soit un peu plus large qu'un peu moins large, mais n'oublions
jamais que, si ces données sont collectées, il y a un but...
M. Nadeau-Dubois : Non, mais...
M.
Caire
: ...qui
est de rendre... Puis, dans le cas du public, parce que, là, on parle de la loi
sur les renseignements personnels dans le public, qui est de servir la
population. Et la loi actuelle est tellement hypothéquante sur l'utilisation
des données que les citoyens du Québec vivent des aberrations au quotidien dans
leur relation avec le gouvernement. Puis ça, je pense qu'on a aussi le devoir
de mettre fin à ça.
M. Nadeau-Dubois : Oui, mais
on y vient. Oui, puis on y viendra. C'est juste que ce qu'il faut éviter, c'est
que, par imprécision de la définition, il y ait des renseignements qui tombent
juste carrément à côté de la loi.
M.
Caire
:
J'entends ça.
M. Nadeau-Dubois : Puis ça il
y a un juriste, je pense, qui était de l'Université d'Ottawa, et la commission
de la science <éthique...
M. Caire
: ...
avec
le gouvernement. Puis ça, je pense qu'on a aussi le devoir de mettre fin à ça.
M. Nadeau-Dubois : Oui,
mais on y vient. Oui, puis on y viendra. C'est juste que ce qu'il faut éviter,
c'est que, par imprécision de la définition, il y ait des renseignements qui
tombent juste carrément à côté de la loi.
M.
Caire
:
J'entends ça.
M. Nadeau-Dubois : Puis ça
il y a un juriste, je pense, qui était de l'Université d'Ottawa, et la
commission de la science >éthique et technologique qui est venue nous le
dire : Attention! Si des renseignements tombent à côté de la définition,
ils ne tombent pas juste à côté de la définition, ils tombent à côté de la loi
et de tout ce qui peut être à la fois interdit et permis en vertu de la loi.
• (16 h 40) •
M.
Caire
:
D'où l'idée d'avoir quelque chose qui est un peu plus large, beaucoup plus
englobant, puis qui va permettre, je pense, d'arriver à l'objectif qui est visé
par la commission en fait.
M. Nadeau-Dubois : Et si
on ajoutait... Je me demande, parce que nos échanges sont instructifs pour les personnes
qui nous écoutent, peu importe s'ils sont nombreux ou pas, là, mais ils vont
rester dans le procès-verbal puis ils vont être une référence pour comprendre
l'intention du législateur. Mais nos échanges témoignent quand même de la
complexité de cet enjeu-là puis des potentielles confusions autour de ce qui
est vraiment un renseignement personnel. C'est des enjeux qui vont être
vivement... qui sont déjà vivement discutés puis qui vont continuer à l'être
devant les tribunaux. Pourquoi ne pas, pour mettre la ceinture et les bretelles,
comme on dit des fois, pourquoi ne pas non seulement conserver «directement et indirectement»,
mais pourquoi ne pas venir préciser, par exemple, par l'utilisation de «notamment»,
là, «notamment, toute inférence produite tirée d'un renseignement à l'aide d'un
système automatisé»? Quelque chose qui viendrait vraiment préciser, hors de
tout doute, que le législateur, en adoptant cette loi, veut inclure
manifestement, là, pas juste par une interprétation juridictionnelle de «indirectement»,
là, pourquoi ne pas carrément dire puis envoyer le message que ça inclut les
renseignements inférés?
M. Caire
: Bien,
parce que la précision qui est apportée... Parce que, déjà, l'amendement est
une précision à ce qui existe, dont l'objectif est justement de s'assurer que
le moyen soit direct ou indirect. Donc, l'inférence est, par définition, un
moyen indirect. Donc, par définition, elle est incluse dans la précision que
nous apportons. Donc là, on viendrait préciser la précision.
M. Nadeau-Dubois : Mais
c'est une précision qui élargit. Mon amendement est une précision qui vient
élargir.
M. Caire
: Bien,
ça englobe plus de possibilités et donc notamment l'inférence. Et l'inférence
est un moyen. Par définition, c'est un moyen indirect. Donc, en disant qu'on ne
peut pas le faire ou quand c'est utilisé par un moyen indirect, ça tombe dans
la catégorie des renseignements personnels, on vient déjà de préciser... le
législateur vient déjà de préciser que <l'inférence...
M.
Caire
: ...
Et
l'inférence est un moyen. Par définition, c'est un moyen indirect. Donc, en
disant qu'on ne peut pas le faire ou quand c'est utilisé par un moyen indirect,
ça tombe dans la catégorie des renseignements personnels, on vient déjà de
préciser... le législateur vient déjà de préciser que >l'inférence, ce
qui est fait par inférence, c'est... ou ce qui est utilisé dans l'inférence, ce
sont... deviennent, par le fait même, des renseignements personnels. Donc, on a
déjà apporté une précision à l'article, tel qui est rédigé dans la loi
actuelle.
M. Nadeau-Dubois : Je ne sais
pas s'il y a des collègues...
M.
Caire
: Mais
je comprends la préoccupation du collègue puis je pense que les discussions
qu'on a eues sont utiles aussi, parce que, comme il l'a mentionné, ça permet
aussi, éventuellement, de préciser la pensée du législateur, mais je pense que l'amendement,
tel qu'il a été rédigé et discuté, pour moi, il couvre l'ensemble des cas de
figure.
M. Nadeau-Dubois : Puis ce
serait quoi le danger, le risque de venir le préciser, juste... bien, pas... en
fait, ce n'est pas une précision, de venir... de faire apparaître dans la loi
la notion d'inférence pour avoir la ceinture et les bretelles puis être bien
sûr que, comme législateur, on envoie un signal qui soit bien compris par les
acteurs, que l'inférence ou on pourrait parler de traitement du renseignement
par des systèmes automatisés, en quoi faire apparaître cette notion-là vient
affaiblir le caractère général de la définition?
M.
Caire
: Ce
n'est pas...
M. Nadeau-Dubois : Parce que
je ne suis pas juriste, mais il me semble, faire apparaître la notion pour
dire : Elle est... On insiste là-dessus, comme législateur, puis on veut
que ce soit clair que ça implique ces renseignements-là, en quoi ça vient
affaiblir la généralité de ce qui précède, où on dit «directement ou
indirectement»?
M.
Caire
: Bien,
ça n'affaiblit pas. La question, n'est pas de savoir si ça affaiblit. Le
«notamment» viendrait donner un exemple. C'est juste que c'est une précision
qui n'est pas utile. Ce n'est pas de savoir est-ce que ça nuit. La question,
c'est de savoir est-ce que c'est utile? Puis la réponse à ça, c'est non. Puis
ce n'est pas utile parce que.... Puis, croyez-moi, M. le député, quand tous les
juristes sont d'accord, ça doit être ça. Alors, quand tous les juristes vous
disent : Oui, cette définition-là, elle englobe l'inférence, ça doit être
ça. Donc, ce que je veux dire, en terminant, par ailleurs, mes collègues
juristes, ce que je veux dire, c'est qu'on vient préciser ce qui a déjà été
précisé, et il n'y a pas d'utilité à dire qu'un moyen qui, à sa face même, est
indirect est inclus dans la notion d'indirect.
M. Nadeau-Dubois : Peut-être
laisser les collègues, puis revenir.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? M. le député de La Pinière, s'il vous
plaît.
M. Barrette : Oui. Regardez, M.
le Président, je dois féliciter les collègues pour les échanges qui viennent
d'avoir lieu. C'est plus que pertinent, mais je dirais qu'il y a peut-être... Ça
soulève chez moi un certain nombre d'interrogations qui <vont dans...
Le Président (M.
Bachand) :...
M. le député de
La
Pinière,
s'il vous plaît.
M. Barrette : Oui.
Regardez,
M. le Président, je dois féliciter les
collègues pour
les échanges qui viennent d'avoir lieu. C'est plus que pertinent, mais je
dirais qu'il y a
peut-être... Ça soulève chez moi un certain nombre
d'interrogations qui >vont dans le sens du ministre, là. Le ministre ne
sera pas surpris. On est partis d'un premier amendement qui a été retiré, qui
était extrêmement large parce qu'il détaillait tout, un peu le reproche que me
faisait, à plusieurs reprises, le ministre en me disant, dans des articles
précédents : On ne peut pas tout mettre dans le projet de loi.
M.
Caire
:
Reproche. Reproche, des grands mots, tout ça.
M. Barrette : Bien, reproche
amical. Amical, amical. Le collègue de Gouin a fait essentiellement la même
démarche que la mienne, mais sur ce sujet-là, puis je ne le lui reprochais certainement
pas. Ça fait que je trouvais ça bon. La première mouture, je la trouvais bonne
parce qu'elle était contemporaine. C'est ça qu'on a aujourd'hui, là, dans les
collectes de données. Bon.
Là, à la suite des commentaires que le ministre
a faits en ondes et hors d'ondes, puis c'est correct, là, ce n'est pas ça — ça,
je ne le qualifie pas — on est revenu à quelque chose de plus
général. Bon. Moi, je le regarde, le général, là, puis je vais commencer par
cette question-ci, là : Pensez-vous vraiment, là, vraiment — et
ça, je pense que le collègue de Gouin va vouloir entendre la réponse à ça, là, je
pense — pensez-vous vraiment que ce texte-là va passer le test de la
cour dans n'importe quelle cause? Pourquoi je pose cette question-là? Bien,
c'est parce qu'essentiellement, de la manière que l'amendement est écrit, tout,
absolument tout, aujourd'hui ou dans le futur, va être un renseignement
personnel. Puis je reprends les arguments qui ont été évoqués. Aujourd'hui, on
n'a pas la technologie, mais, à un moment donné, on va peut-être l'avoir. Et
ça, c'est parfaitement vrai. O.K.
Il faut avoir travaillé, dans des bases de
données, pour comprendre qu'aujourd'hui... c'est-à-dire qu'il y a 10 ans...
peut-être pas 10 ans, il y a 15 ans, on ne la voyait pas, l'intelligence
artificielle, faire le cheminement qu'elle a fait. Puis on ne voyait pas le
«machine learning», là, passez-moi l'anglicisme, là, l'apprentissage
automatisé, là, on ne le voyait pas comme ça. Puis je vais vous faire une
caricature de la chose. Je ne voyais pas, un jour, un ordinateur lire mon
écriture. Bon. C'est parce que je l'ai testé, là, pour m'amuser avec quelqu'un
qui était là-dedans, là, puis les ordinateurs sont rendus bons en titi, là. Ils
apprennent. Ils apprennent, caricaturalement parlant, l'écriture du docteur. Et
c'est bon. Moi, j'ai vu des logiciels, dans certaines entreprises, parce que
l'entreprise fait exactement ce que nos Bengio font à l'université, là. Ils ont
des Bengio, là, dans les compagnies, là. À 80 % d'exactitude, là, ils
lisent une écriture manuscrite laide. C'est plate, là, <mais c'est...
M. Barrette : ...
entreprises,
parce que l'entreprise fait exactement ce que nos Bengio font à l'université,
là. Ils ont des Bengio, là, dans les compagnies, là. À 80 % d'exactitude,
là, ils lisent une écriture manuscrite laide. C'est plate, là, >mais
c'est comme ça. Alors, moi, je peux vous dire qu'on m'aurait dit ça il y a
15 ans, là, j'aurais ri, là, aux éclats.
Alors, ceci étant dit, ce que je viens de
dire là, bien, quand on regarde l'amendement, là, l'amendement nous attache aujourd'hui
et dans le futur, parce qu'à cause, potentiellement, d'un développement,
n'importe quoi peut devenir ou va devenir un renseignement personnel. Ah! là,
je vois le ministre dire non de la tête. Attention! Je viens de le dire, là,
c'est exactement ça que je disais, moi, j'aurais dit, il y a 15 ans :
Aie! un ordinateur, là, on va prendre une feuille dans un dossier médical de
notre clinique quotidienne, avec des abréviations, là, puis il va être capable
de le lire, le transposer en texte, le texte va être analysé... Bien, je vous
annonce qu'aujourd'hui, là, ça, ça se fait à 80 % d'exactitude. Je vous
concède qu'à un moment donné il faut avoir une lettre reconnaissable, mais ça
se fait, bon.
Moi, je regarde 54, là. Alors, si, comme
c'est écrit là, là, dans un document, sont personnels les renseignements qui
permettent une identification directement ou indirectement, là, je vais
reprendre l'exemple que vous avez tous pris, 31 ans, homme, cheveux bruns,
bien ça, peut-être qu'indirectement, par la question de l'inférence, va pouvoir
être... va pouvoir permettre d'identifier quelqu'un. Alors, moi, je vois très
bien une corrélation d'homme, 31 ans, cheveux bruns, à telle adresse, à
telle place régulièrement et qui, après, s'en va à telle autre place, pouvoir
faire l'identification parce que j'ai aussi la donnée de ses «cookies» quand il
est dans son salon puis qu'il regarde l'Internet.
Alors, moi, je pose la question, là. Si
vous me dites, là, que ça, ça passe le test des tribunaux séquentiellement, là,
aujourd'hui, dans cinq ans, dans 10 ans, bien ça, ça veut dire que tout,
toujours, est un renseignement personnel. Alors, je pose cette question-ci :
Là, vous pensez vraiment, là, que ça, ça passe le test des tribunaux?
M.
Caire
: Bien,
je vais laisser Me Deschênes...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, si vous le
permettez, le député de La Pinière a parlé d'un premier amendement déposé
par le député de Gouin. Il avait été distribué, non déposé.
M. Barrette : Oui. Bon...
Le Président (M. Bachand) :
Juste pour... Non, non, mais juste pour les gens qui nous écoutent...
M. Barrette : Vous avez
raison, M. le Président. Vous faites raison...
Le Président (M.
Bachand) : ...qui nous écoutent.
M. Barrette : Vous avez tout à
fait raison de faire cette correction-là. Je pense que les collègues ont
compris ce que...
Le Président (M.
Bachand) :C'est juste pour les fins de
ceux qui nous écoutent.
M. Barrette : Mais vous avez tout
à fait raison, M. le Président.
• (16 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Bien,
je vais laisser...
Le Président (M.
Bachand) : M. Miville... Me Miville-Deschênes.
M.
Caire
: Sur
la question du test des tribunaux, je vais laisser notre spécialiste répondre à
cette question-là.
M. Barrette : Moi, je n'ai pas
de...
M.
Caire
: Sur
le fait... Juste un petit commentaire. Où, là, je ne suis pas d'accord avec le
député de La Pinière que tout va devenir... Non, ça, je pense que c'est
exagéré. Mais l'avenir nous le dira. Mais sur le test des tribunaux, je vais
laisser Me Miville-Deschênes répondre.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, moi, je n'ai pas de doute, là, à l'effet que
ça va être... ça va passer le test des tribunaux. Ça doit toujours être lié à
une personne physique, quand même. C'est directement ou indirectement lié à une
personne <physique, là...
M.
Caire
: ...avec
le député de
La Pinière que tout va devenir... Non, ça, je pense que
c'est exagéré. Mais l'avenir nous le dira. Mais sur le test des tribunaux, je
vais laisser Me Miville-Deschênes répondre.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe)T :
Bien, moi, je n'ai pas de doute, là, à
l'effet que ça va être... ça va passer le test des tribunaux. Ça doit
toujours
être lié à une personne physique, quand même. C'est directement ou
indirectement lié à une personne >physique, là, à l'origine, qui a créé
ou... En tout cas, le renseignement découle de lui. Donc, je ne vois pas de problème
constitutionnel ou autre avec cette définition-là, là. Puis c'est un peu vers
là que la jurisprudence s'en allait aussi, de reconnaître qu'un renseignement, exemple,
une empreinte digitale qui est transformée numériquement en un code, bien, ce
code-là est un renseignement personnel qui concerne la personne à qui
appartient l'empreinte digitale. Donc, c'est le type de renseignements personnels,
je pense, qu'il faut... de renseignements qu'il faut reconnaître qu'ils sont personnels
de par la loi, là.
M. Barrette : O.K. J'ai
des doutes, moi, personnellement, là, mais ce n'est pas grave... Et je le dis
dans l'esprit de : Est-ce que ça paralyse la donnée, là? Ça, c'est dans le
sens de ce que le ministre a... En même temps, je suis d'accord qu'il y a une définition
qui soit la plus claire possible. Maintenant, est-ce que ça paralyse la donnée?
Ça, c'est une autre affaire.
M.
Caire
: ...me
permettre là-dessus, puis je... Le député de La Pinière m'ouvre une porte
dans laquelle je voudrais entrer.
M. Barrette : Mais soyez
le bienvenu.
M.
Caire
: Le
fait qu'une donnée soit un renseignement personnel, puis mon appel à la commission
était justement sur le fait que... Moi, je n'ai pas d'enjeu à ce qu'on donne
une définition large au renseignement personnel. Je vais avoir un enjeu si,
avec cette définition-là, vient un sentiment de paranoïa qui fait en sorte que
notre seule préoccupation, c'est de tellement la protéger qu'il n'y a plus rien
à faire avec.
Alors, moi, je n'ai pas d'enjeu à dire :
C'est un renseignement personnel. Il faut traiter ça avec un certain respect
puis avec un niveau de responsabilité. Et on ne peut pas se déresponsabiliser par
rapport à l'utilisation qu'on en fait. Mais, une fois qu'on a dit ça, là, il
faut qu'on puisse l'utiliser, le communiquer, le renseignement personnel parce
que, si on l'a collecté, là, il y a une raison, il y a une finalité, là, qui
peut être très positive et qui, dans la grande majorité des cas, va être très
positive pour le citoyen.
Ça fait que c'est dans ce qu'on va faire
avec après dans la loi, de ce que la loi va nous permettre de faire avec, c'est
là où on a une réflexion à faire comme législateurs. Puis on ne peut pas sortir
d'ici : Moi, les renseignements personnels sont superprotégés. Regarde, il
n'y a rien là-dedans qui peut être utilisé par personne. J'ai fait ma job.
Non, on n'a pas fait notre job. Puis je
sais que le député de La Pinière, là-dessus, on s'entend quand même assez
bien, là. On n'a pas fait notre job parce qu'on a tellement attaché ça qu'il
n'y a plus rien à faire avec. On n'a pas fait notre job, justement. On n'a pas
une bonne loi entre les mains si on fait ça.
M. Barrette : Là-dessus,
on est d'accord. M. le Président, je veux juste poser une question, là, au ministre,
là. Dans son esprit, là, <est-ce que les...
M.
Caire
: ...fait
notre job,
justement. On n'a pas une bonne loi entre les mains si on
fait ça.
M. Barrette :
Là-dessus,
on est
d'accord.
M. le Président, je veux juste poser une
question,
là, au
ministre, là. Dans son esprit, là, >est-ce que les renseignements
dits personnels, dans l'amendement qui est présenté ici, est-ce que ça comprend
les renseignements qui sont acquis, on va dire, sans consentement de la part de
l'individu?
M.
Caire
: Il
faudrait que j'aie un exemple en tête, là, à quoi le député de La Pinière
fait référence, parce qu'à date je vous dirais que les...
M. Barrette : Ah! bien là, le
plus évident, c'est la géolocalisation.
M.
Caire
: Bien,
encore là, il va y avoir une notion de consentement. Bien oui. Parce que, puis
c'est là où on avait... Je veux dire, si j'utilise... <Si j'utilise
une... >Si j'utilise une application de géolocalisation, je sais qu'elle
fait de la géolocalisation, là. J'ose croire que je n'apprends rien à personne,
là.
M. Barrette : Non. Mais est-ce
que, M. le Président, le ministre a consenti à ce que quelqu'un les recueille?
M.
Caire
: Ça,
c'est la question qu'on posait avec... au député de Gouin. Puis plus tard... Mais
plus tard, on pourra jaser, dans les dispositions sur la collecte, on pourra
avoir ces discussions-là, là.
M. Barrette : Alors, moi, je
prends cet exemple-là, parce que 31 ans, brun, homme, là, 31 ans, homme brun,
aux cheveux bruns, là, bien, tout seul, ça n'identifie personne. C'est parce
que... C'est la corrélation de d'autres données qui permet d'identifier une
personne, là.
M.
Caire
: Le
collègue a raison. Puis c'est la même chose pour la géolocalisation. Toute
seule...
M. Barrette : Bien, c'est... La
géolocalisation permet ça, ce genre de chose là.
M.
Caire
: Mais
on a dit oui pour l'homme, 31 ans, brun. Donc, c'est oui pour la
géolocalisation.
M. Barrette : Oui, mais je
n'ai jamais... Moi, je ne me souviens pas avoir consenti. Peut-être que j'ai
mal lu mes affaires, là. Est-ce que...
M.
Caire
: Oui. Non,
mais... O.K., je vous ramène à l'article 9 qu'on a adopté. Quelle est la
finalité du renseignement?
M. Barrette : Ah! O.K.
M.
Caire
: Et le
consentement... Si, moi, ma finalité n'est pas de vous indiquer qu'entre le
point a et le point b vous devez passer par là. Ça, là, c'est ce que
l'application fait, puis quand j'utilise l'application, elle me géolocalise,
puis je pense que c'est assez implicite que j'accepte qu'elle me géolocalise si
je lui demande de m'amener du point a au point b. Maintenant, si l'application
veut faire un autre usage de l'information, ce que l'article 9 vient de faire,
c'est justement de dire : S'il y a une autre finalité, il doit y avoir
consentement. Là, Me Deschênes, corrigez-moi si je me trompe, mais «il doit».
C'est ce qu'on vient de dire dans l'article 9 que nous avons adopté. Si tu t'en
sers pour d'autre chose que ce pour quoi tu m'as dit que tu t'en servais, qui
est de me permettre d'aller du point a au point b, là, ça va prendre un
consentement. Puis si tu t'en sers juste pour ça, moi, j'utilise <l'application...
M.
Caire
: ...
me trompe, mais «il doit». C'est ce qu'on vient de dire dans l'article 9 que
nous avons adopté. Si tu t'en sers pour d'autre chose que ce pour quoi tu m'as
dit que tu t'en servais, qui est de me permettre d'aller du point a au point b,
là, ça va prendre un consentement. Puis si tu t'en sers juste pour ça, moi,
j'utilise >l'application. Donc, c'est sûr que je consens à ce que tu me
géolocalises, c'est une application de géolocalisation. Alors, M. le Président,
on est en plein dans l'article 9.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M.
Caire
: Je
comprends que le député a été tellement satisfait de ma réponse.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le ministre. M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Barrette : ...
M. Tanguay
: Oui. Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Bien, je trouve ça intéressant dans la
discussion qu'on a, mais je pense qu'on mélange, ici, certains concepts. Puis
là vous pourrez me dire : Aïe! en vertu de 211, ce n'est pas pertinent. L'article 8,
il a été adopté. Il a été fermé, le 53. On n'a pas à y retourner. Mais, quand
même, on est à 54, ici.
On parle de trois choses : personnel,
confidentiel, consentement. Et j'aurais eu une question, mais je suis hors
d'ordre parce que ce n'est plus pertinent, ce n'est plus l'objet du débat.
L'article 53 dit : «Les renseignements personnels sont
confidentiels — donc personnels et confidentiels — sauf
dans les cas suivants :
«1° la personne consent à leur
divulgation...»
Donc, on parle du consentement à la
divulgation. Ne devrions-nous pas, dans le débat qu'on fait, faire la
distinction entre un renseignement personnel, confidentiel, dont partie de la
confidentialité est levée découlant du consentement spécifique qui a été donné?
M.
Caire
: Bien
là, M. le Président, en tout respect pour le collègue, là, c'est vrai qu'il est
hors d'ordre. Je suis désolé, là. C'est parce que, là, on était dans l'article 54.
Le collègue de...
M. Tanguay
: L'amendement.
M.
Caire
: Oui, l'amendement.
C'est ça, c'est parce que...
M. Tanguay
: Mais là on
parle d'identification, là. On parle de l'identification, là.
M.
Caire
: O.K.
Bien, je n'ai peut-être pas compris ce que vous vouliez dire, d'abord.
M. Tanguay
: Directement
ou indirectement, là. Sur les concepts, là, sur les concepts, si le ministre me
suit, sur les concepts, le ministre est-il d'accord que ce n'est pas parce que
j'ai donné... J'ai un renseignement personnel qui est confidentiel, renseignement
personnel qui est confidentiel. Je donne à une certaine personne, pour une
certaine utilisation, un consentement pour qu'il soit utilisé, donc pour qu'il
soit transféré à tiers à utiliser. J'en suis sur le concept. Ce n'est pas parce
que je donne mon consentement d'utiliser un renseignement qu'il n'est plus, par
ailleurs, pour le reste de la planète, confidentiel. Est-ce que le ministre me
suit là-dessus?
M.
Caire
: ...tout.
Parce que, là, l'article se lit comme suit : «Dans un document, sont
personnels les renseignements qui concernent une personne physique et
permettent de l'identifier.» Donc, on est dans la définition de ce qu'est un
renseignement personnel.
M. Tanguay
: Je suis d'accord
avec lui. Je suis à 53.
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: S'il veut,
on pourra rouvrir le 53, là.
M.
Caire
: Non.
M. Tanguay
: Je suis à
53. Non, pas le rouvrir, mais avoir une discussion par rapport au concept.
C'est ce à quoi je l'invitais à faire. Puis c'est important, la compréhension
que l'on a. Le ministre est-il d'accord avec moi qu'un renseignement personnel,
à la base, est confidentiel, oui ou non?
M.
Caire
: Bien,
c'est parce que, M. le Président, là, puis là j'essaie d'être...
17 h (version révisée)
M. Tanguay
: ...on
pourra rouvrir le 53, là.
M.
Caire
: Non.
M. Tanguay
: Je suis à
53. Non, pas le rouvrir, mais avoir une discussion par rapport au concept.
C'est ce à quoi je l'ai invité à faire. Puis c'est important, la compréhension
que l'on a. Le ministre est-u d'accord avec moi qu'un renseignement personnel,
à la base, est confidentiel, oui ou non?
M.
Caire
: Bien,
c'est parce que, M. le Président, là, puis là j'essaie d'être aussi ouvert que
possible, mais là on parle... on est dans une discussion sur 54, qui vise à
définir qu'est-ce qu'un renseignement personnel, puis là mon collègue de
LaFontaine m'invite à rouvrir l'article 53 pour parler d'un autre concept.
Le Président (M.
Bachand) : Bien, M. le ministre, je pense que c'est de bon
aloi, là, il n'y a pas personne qui...
M. Tanguay
: ...M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) : Mais... M. le député de LaFontaine, je pense...
M.
Caire
: Bien,
ça se peut, Marc, que je ne comprenne pas, là, mais...
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre. M. le ministre, s'il vous plaît. À
l'occasion, d'autres membres de cette commission citent des articles déjà
adoptés, alors je pense qu'il faut faire ça... On y va chronologiquement, mais
on fait souvent...
M.
Caire
:
...avec ça, c'est juste que je ne comprends pas, compte tenu qu'on est à
définir qu'est-ce qu'un renseignement personnel. Là, on est sur le
consentement, mais le consentement n'a rien à voir avec la définition qu'on
donne d'un renseignement personnel. Je veux dire, je ne suis pas hostile, là, à
discuter du consentement, on va en rediscuter, du consentement, mais ce que le
député de Gouin amène comme discussion, puis qui n'est pas complétée, puis qui
est pertinente, et qui est très utile, c'est quand on parle de directement,
indirectement, est-ce qu'on inclut l'inférence, est-ce que... qu'est-ce que cet
impact-là — puis la discussion qu'on a eue avec le député de
La Pinière — qu'est-ce que ça a comme impact sur la définition
de ce qu'est un renseignement personnel. Ça fait que c'est la notion de
consentement puis de données confidentielles que je ne vois pas en quoi ça vient...
bien, peut-être, puis comme je dis, peut-être que je ne comprends pas, je vais
laisser le député de LaFontaine m'expliquer, puis je ne veux surtout pas,
surtout pas l'empêcher d'expliquer son point de vue, là, mais...
M. Tanguay
: Il n'y a
pas de problème, M. le Président, puis il a raison, puis c'était ça, mon... en
début d'intervention, je ne suis pas là-dessus. Alors, pas de problème. À
l'article 10, j'annonce au ministre que j'aurai cette discussion avec lui
lorsqu'on traitera du caractère public d'un renseignement personnel.
M.
Caire
: Ah!
avec un immense plaisir, là, sérieux. Puis j'espère qu'il ne voit rien
d'hostile dans mon intention, au contraire, là, c'est juste que disposons de
l'amendement de mon collègue de Gouin et éventuellement, bon, de l'amendement à
l'article 9.1, puis ça va me faire plaisir de... De toute façon, il y a
plusieurs autres articles où on va discuter du consentement puis on pourra
discuter des préoccupations du député avec plaisir.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. D'autres interventions sur l'amendement du
député de Gouin? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons passer à la
mise aux voix de... Oui, M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Je vais
solliciter l'avis des juristes qui accompagnent le ministre sur une question
que j'ai posée tantôt, puis ce n'est pas parce que je n'ai pas apprécié la
réponse du ministre, mais, juridiquement, j'ai peut-être besoin de l'entendre
de la bouche de spécialistes, là. Ma question, c'était : En quoi le fait
de venir ajouter la notion, de la faire apparaître explicitement, là,
d'inférence... juste m'expliquer en quoi ça viendrait amoindrir le caractère
général qu'on cherche à atteindre avec notre <définition ici, là...
M. Nadeau-Dubois : ...
ajouter
la notion, de la faire apparaître explicitement, là, d'inférence... juste
m'expliquer en quoi ça viendrait amoindrir le caractère général qu'on cherche à
atteindre avec notre >définition ici, là, puis que je cherche à
atteindre par mon amendement.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, oui, en termes juridiques, en fait, il y a une
règle d'interprétation qui prévoit que si on rajoute un terme générique dans
une loi, bien ça... je vais le dire un peu comme elle se lit, là, ça limite la
nature de la définition qui la précède aux termes qui sont de même nature.
C'est-à-dire que, si on met «inférence» ou on mettrait un «notamment par
inférence,» bien il y a quand même un risque d'interprétation que la définition
soit du indirectement ou du renseignement personnel, soit limitée à des termes
qui sont de même nature que l'inférence. C'est pour ça qu'on essaie, de façon
générale, là, d'éviter, quand on a une définition qu'on considère claire,
d'ajouter des éléments qui sont déjà... qu'on estime qui sont déjà inclus.
M. Nadeau-Dubois : Et notre
compréhension commune, comme commission, c'est que la notion d'inférence ou de
traitement automatisé des données est déjà clairement incluse quand on dit
indirectement.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Oui, je n'ai pas de doute que les renseignements inférés, à partir d'autres
renseignements personnels ou d'autres informations, sont inclus dans cette
définition-là, là, qui est proposée.
M. Nadeau-Dubois : Et même des
renseignements inférés, à partir de renseignements qui ne sont pas des
renseignements personnels, sont inclus.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Ça va être inclus si c'est lié, évidemment... ça
peut être lié, d'une façon ou d'une autre, à une personne physique, là.
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien
sûr. Si c'est des renseignements à propos d'une route, ce n'est pas un
renseignement personnel.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, on se comprend.
M. Nadeau-Dubois : Là-dessus,
on... bien je voulais juste qu'on cerne bien l'enjeu ici puis qu'on s'assure
qu'on a une compréhension commune, parce que je passais d'un amendement très
touffu à quelque chose de plus succinct, parce que je veux que ça soit adopté
puis je veux atteindre mon objectif. Mais je veux juste être sûr que l'objectif
est atteint, puis j'ai atteint un niveau suffisant de certitudes à cet égard.
Merci, M. le Président, ça va être tout pour moi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix de l'amendement introduisant le nouvel
article 9.1. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour
La Secrétaire
:
M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Merci,
beaucoup. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui,
merci, M. le Président. Donc, l'article 10 se lit comme suit :
«L'article 55 de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin du premier
alinéa, de la phrase suivante: «N'est pas non plus soumis à ces règles un
renseignement personnel qui concerne l'exercice par la personne concernée d'une
fonction au sein d'une entreprise, telle que son nom, son titre et sa fonction,
de même que l'adresse, l'adresse de courrier électronique et le numéro de
téléphone de son <lieu de travail.»»
M.
Caire
: ...est
modifié par l'ajout, à la fin du premier alinéa, de la phrase suivante: «N'est
pas non plus soumis à ces règles un renseignement personnel qui concerne
l'exercice par la personne concernée d'une fonction au sein d'une entreprise,
telle que son nom, son titre et sa fonction, de même que l'adresse, l'adresse
de courrier électronique et le numéro de téléphone de son >lieu de
travail.».
Donc, M. le Président,
l'article 55 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et
sur la protection des renseignements personnels est modifié afin de prévoir
qu'un renseignement personnel qui concerne l'exercice par la personne concernée
d'une fonction au sein d'une entreprise n'est pas soumis aux règles de
protection des renseignements personnels prévus par le chapitre III de
cette loi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine, s'il vous
plaît.
M. Tanguay
: Il
n'allait pas sans dire pourquoi il est important de le mentionner, ici.
M.
Caire
: Avec
la permission, je vais laisser Me...
M. Tanguay
: Parce
qu'on précise le principe de la première phrase, là, en ajoutant ça, mais on
règle quoi, dans le fond?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, le fait qu'une personne travaille au
sein d'une entreprise, la fonction d'une personne au sein d'une entreprise,
c'est un renseignement personnel, bon, de prime abord.
Effectivement, de plus en plus, en
jurisprudence, la Commission d'accès à l'information a reconnu que... mais ce
n'est pas... je dirais que ce n'est pas une jurisprudence constante, a reconnu
qu'un renseignement personnel qui ne porte que sur le fait que je suis
président-directeur général, bien, ce n'est pas un renseignement confidentiel,
ou ce n'est pas un renseignement personnel, tout dépendant des décisions, parce
que, bon, ils se fondent sur le fait qu'il n'y a pas une expectative de vie
privée importante là-dessus, puis ça ne porte pas vraiment sur des caractères
personnels de la personne, là, ou... Donc, c'est un peu de reconnaître cette
jurisprudence-là et de donner suite à une recommandation de la Commission
d'accès à l'information de clarifier le fait que ce n'est pas un renseignement
personnel.
M. Tanguay
: O.K. Et
quels seraient les autres... puisqu'on les précise ici, la fonction au sein de
l'entreprise, nom, titre, numéro de téléphone, quels seraient les autres que
l'on connaît? La première phrase réfère à quoi? Parce qu'on pourrait, à
première lecture, dire : Bien, dans le fond, ce qui est ajouté comme
amendement, c'est la liste complète des renseignements personnels à caractère
public. Mais dans le contexte d'organismes publics, ça seraient quoi, d'autres
types de renseignements personnels à caractère public?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, l'article 55, dans le fond, c'est la
règle générale qui dit qu'un renseignement personnel qui a un caractère public
n'est pas sous les règles de protection. Mais il y a d'autres lois qui vont
prévoir des caractères publics, je pense à des registres, entre autres, là,
évidemment, les registres en ligne, registres des entreprises, des choses comme
ça. Il y a la Loi sur les cités et villes qui prévoit le caractère public, là,
des...
M. Tanguay
: Les
registres fonciers, j'imagine. Les propriétaires.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Les registres fonciers, effectivement. Donc, il y a
certaines dispositions comme ça dans des lois sectorielles. C'est souvent des
registres, là, mais il peut y en avoir d'autres qui reconnaissent le caractère
public des renseignements personnels, exemple, permis de construction. Le
permis de construction a été reconnu à caractère public parce qu'il est affiché
lors de la construction. Donc, les informations personnelles qui s'y retrouvent
sont à caractère public.
M. Tanguay
: O.K. C'est
là où j'aimerais ça avoir, M. le Président, avec le ministre, une
discussion qui met en lien 55 avec «renseignement personnel qui a un
caractère public». Parce qu'on joue avec des concepts, puis on veut s'assurer <que>,
parce qu'on revisite la loi, qu'on est corrects sur nos concepts puis nos <compréhensions...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe)T :
...personnelles qui s'y retrouvent sont à
caractère public.
M. Tanguay
: O.K.
C'est là où j'aimerais ça avoir, M. le Président, avec le ministre, une
discussion qui met en lien 55 avec «renseignement personnel qui a un
caractère public». Parce qu'on joue avec des concepts, puis on veut s'assurer
que, parce qu'on revisite la loi, qu'on est corrects sur nos concepts puis nos
>compréhensions. Les renseignements personnels, on dit à 53, sont
confidentiels, sauf : «La personne concernée par ces renseignements
consent à leur divulgation.» Mon point, ce que je dirais davantage mon étonnement — puis
j'aimerais ça que le ministre me précise sa compréhension de ce qu'on fait, là,
comme législateurs — c'est qu'un renseignement personnel, là, on
vient de constater qu'il y en a qui sont à caractère public, et, s'ils ne sont
pas à caractère public, sont confidentiels, j'imagine. Est-ce que cette
affirmation-là est exacte?
• (17 h 10) •
M.
Caire
: Je
vais laisser Me Miville-Deschênes le confirmer pour être bien sûr de vous
donner la bonne information. Je vous dirais que oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, effectivement, mais il y a comme deux... il y
a des renseignements qui sont à caractère public puis il y en a d'autres, comme
ceux qui sont désignés à 53, qui sont non confidentiels. Le résultat est
similaire, en fait. Mais, à caractère public, c'est des renseignements qui sont
désignés publics parce qu'ils sont vraiment là pour informer la population, là.
Donc, c'est bon.
M. Tanguay
: O.K.
Autrement dit, il y a renseignements personnels, il y a deux catégories, à
caractère public et confidentiel, puis je comprends que 53 va donner des
atermoiements : renseignements personnels confidentiels; 53, 1° et 2°, va
donner des atermoiements. Mais ça ne reste pas qu'au départ, c'étaient des
renseignements confidentiels.
M.
Caire
: Je
comprends qu'ils peuvent être aussi non confidentiels, mais n'ont pas nécessairement
un caractère public, dans le sens...
M. Tanguay
: À cause de
53, dans les exceptions. O.K.
M.
Caire
: C'est
ça, et du fait que ce n'est pas des renseignements qui sont diffusés de façon
large, telle la fonction que vous occupez, M. le député, qui a un caractère
public.
M. Tanguay
: Mon
point : Est-ce qu'ici on veut faire référence... Dans la rédaction de la
loi, à 53, là, puis je pars du principe de caractère public de 54, mon point,
c'est : Est-ce qu'on veut dire, à 53, qu'un renseignement personnel est
confidentiel? Ça veut dire que, si le ministre est dépositaire d'un
renseignement personnel et qu'il est confidentiel, il y a juste lui qui est
dépositaire, il ne peut pas le donner à un autre? Mais, si je lui donne mon
consentement — puis on revient à tout le débat qu'on a eu sur les
consentements spécifiques, papi, papa — il peut le transférer à son
voisin de gauche, mais ce n'est pas parce que le consentement spécifique de le
transférer au voisin de gauche enlève le statut de, par ailleurs, confidentiel,
vous comprenez, du renseignement.
M.
Caire
:
Exact. Oui. Oui.
M. Tanguay
: Oui, j'ai
raison ou...
M.
Caire
: Oui,
vous avez raison. Oui, vous avez raison.
M. Tanguay
: O.K. Donc...
M.
Caire
:
<Le
fait... >Le traitement que je vais faire du renseignement... En fait, le
caractère confidentiel va m'indiquer le traitement que je peux faire de l'information.
Le traitement que je fais de l'information ne le dédouane pas de son statut, à
savoir : s'il était confidentiel, il reste confidentiel.
M. Tanguay
: Et le
consentement sera limité, sera une brèche à la confidentialité sur la
spécificité du consentement : Vous pouvez le dire au voisin de gauche.
M.
Caire
: Bien,
c'est ça.
M. Tanguay
: Parfait.
M.
Caire
: C'est
que <son caractère...
M.
Caire
: ...de
l'information. Le traitement que je fais de
l'information ne le
dédouane pas de son statut, à savoir : s'il était confidentiel, il reste
confidentiel.
M. Tanguay
: Et le
consentement sera limité, sera une brèche à la
confidentialité sur la
spécificité du consentement : Vous pouvez le dire au voisin de gauche.
M.
Caire
:
Bien,
c'est ça.
M. Tanguay
:
Parfait.
M.
Caire
:
C'est que >son caractère confidentiel va me prescrire comment je...
comment et sous quelles conditions... bien, en fait, est-ce que je peux le
communiquer, premièrement. Si oui, à qui, de quelle façon.
M. Tanguay
: C'est
balisé, là.
M.
Caire
: Puis
est-ce qu'il y a des... Et là il y a une série de choses...
M. Tanguay
: C'est
balisé.
M.
Caire
: ...du
fait qu'il est confidentiel. Versus il est public. Donc, évidemment, à partir
de là, les règles de communication ne sont pas les mêmes.
M. Tanguay
: Il est de
caractère public.
M.
Caire
: Parce
qu'il y a un caractère public, c'est ça.
M. Tanguay
: Bon, c'est
ça. Mon point, <mon point>, il est juste b.a.-ba. A plus B égale
C. C'est ben, ben simpliste, là. 53, tel que rédigé, je le lis, puis ça se
redit, on ne va peut-être pas l'amender : «Les renseignements personnels
sont confidentiels, sauf dans les cas suivants : 1° la personne concernée
par ces renseignements consent à leur divulgation». Je ne voudrais pas que,
quand le ministre est dépositaire de mes renseignements personnels, et que je
consens de façon spécifique à ce que son voisin de gauche y ait accès, que, ce
faisant, pour tout le reste de la planète, il perde son caractère confidentiel.
M.
Caire
: On
s'entend, on s'entend.
M. Tanguay
: Je sais
que ce n'est pas ça, mais tel que rédigé, il faut le lire comme ça. On veut-u
aller l'amender ou pas? Probablement pas, mais au moins, si ça aura été dit
dans les transcrits...
M.
Caire
: Mais,
si je peux me permettre...
M. Tanguay
: Parce que,
tel que rédigé, c'est ça que ça dit.
M.
Caire
: Bien,
je ne sais pas. Je vais laisser Me Miville-Deschênes... Mais ce que ça
dit, c'est que... Bon, je relis l'article : «Les renseignements personnels
sont confidentiels, sauf dans les cas suivants: la personne a consenti à leur
divulgation. Donc là, c'est la personne elle-même qui a levé la
confidentialité. Parce que c'est la personne elle-même qui m'a dit : Vous
pouvez la diffuser. Donc, ce n'est pas la divulgation qui lui fait perdre sa
confidentialité, c'est le consentement de la personne qui lève cette
confidentialité-là.
M. Tanguay
: Mais pas
entièrement.
M.
Caire
: Bien,
dans la mesure où...
M. Tanguay
: Uniquement
dans les mesures du consentement.
M.
Caire
: Dans
la mesure où... Dans la mesure du consentement.
M. Tanguay
: Mais tel
que rédigé, ça sous-tend que la... il perd sa confidentialité, parce que j'ai
consenti à lever partie de la confidentialité. Tel que rédigé, c'est ça que ça
dit, là. Puis en français, le sujet, verbe, complément... «Les renseignements
personnels sont confidentiels, sauf». Donc, il perd son caractère de
confidentialité...
M.
Caire
: Oui,
dans le cas suivant.
M. Tanguay
: ...quand
la personne consent à ce qu'ils soient divulgués. Mais ce n'est parce que je
consens à ce qu'ils soient divulgués à monsieur de gauche que je consens que
tous les autres l'aient.
M.
Caire
: Non,
non, non. Quand on parle d'une divulgation, on ne parle pas de... Puis là je ne
veux pas m'embarquer, là. Alors, je ne parle pas... Quand vous dites qu'ils
soient divulgués, vous ne dites pas : Je vous consens... Je consens à ce
que vous les communiquiez à Me Miville-Deschênes. Je consens à ce que vous
les divulguiez. Je consens à ce que vous les rendiez publics. C'est une
divulgation. Ce n'est pas une communication.
M. Tanguay
: Donc, je
reviens à ma question initiale. Il ne faut pas lire ça...
M.
Caire
: Puis
là, si je dis des niaiseries, Me Deschênes…
M. Tanguay
: Parce que
là, vous m'aviez dit oui, tantôt, à ma question initiale, quand je disais... Ce
à quoi on fait référence ici, c'est-u le consentement dont on a parlé tantôt?
Vous m'avez dit : Oui, le consentement manifeste, <libre...
M.
Caire
: ...
je
consens à ce que vous les rendiez publics. C'est une divulgation. Ce n'est pas
une communication.
M. Tanguay
: Donc,
je reviens à ma question initiale. Il ne faut pas lire ça...
M.
Caire
:
Puis là, si je dis des niaiseries, Me Deschênes…
M. Tanguay
: Parce
que là, vous m'aviez dit oui, tantôt, à ma question initiale, quand je
disais... Ce à quoi on fait référence ici, c'est-u le consentement dont on a
parlé tantôt? Vous m'avez dit : Oui, le consentement manifeste, >libre,
éclairé et spécifique. Quand il est manifeste, libre, éclairé et spécifique, il
est balisé, là. Je vous dis : O.K., vous voulez communiquer, pourquoi?
Voisin de gauche, O.K., parfait, consentement. Il ne vient pas de perdre son
caractère de confidentialité, là, n'allez pas la mettre sur Internet. Vous
aviez le consentement juste de le dire à votre voisin de gauche.
M.
Caire
: Oui,
j'entends ça.
M. Tanguay
: C'est ça.
À moins que vous me disiez, puis c'est correct, parce que c'est de même que je
le lis... si vous me dites : Non, non, non, 53, ça ne réfère pas à
manifeste, libre, éclairé et spécifique, ça réfère à : au cas où je
dis : Bien, il est confidentiel, mais je lève entièrement la
confidentialité, il peut aller public, faites ce que vous voulez avec, il est
public, public, public.
M.
Caire
: Oui,
mais je vais apporter une nuance importante, parce que vous parlez de 9, donc
de 53, puis : «Un consentement prévu à la présente loi doit être
manifeste, libre, éclairé et être donné à des fins spécifiques.» Ça fait que,
le consentement de 53.1, il est à des fins spécifiques. Quand on parle du
consentement à 53, on parle du consentement à divulguer les renseignements
personnels, donc une divulgation. Donc là, là...
M. Tanguay
: «At
large», il perd totalement... C'est ça que je veux savoir.
M.
Caire
: Bien,
vous venez… bien oui, c'est ça.
M. Tanguay
: Alors, 53,
je ne sais pas si Me Miville-Deschênes est d'accord avec ça.
M.
Caire
: C'est
53.1, il y a une notion de la finalité. Parce que je vous dis... M. le député,
je vous dis : Vos renseignements personnels, j'en ai besoin pour votre
formulaire de paie. Bien, O.K. prends-les pour les formulaires de paie, donc
j'ai une finalité spécifique, puis ils servent à ça. Dans le cas qui est ici,
on dit : Bien, un renseignement, il est confidentiel, sauf si tu
m'autorises à les divulguer. Il n'est plus confidentiel, tu viens de
m'autoriser à les divulguer. Ça fait qu'il y a une incompatibilité entre la
divulgation puis la confidentialité.
M. Tanguay
: Là, on va
faire de légistique, là, bien simple. On a tout dit ça : Spécifique,
manifeste, libre et éclairé, à 53.1. Dans la légistique, 53.1 vient-il tout de
suite après le titre : Caractère confidentiel des renseignements
personnels? Parce que, s'il est dans cette section-là, on ne peut pas dire ça...
M.
Caire
: Non.
M. Tanguay
: ...ou il
vient avant?
M.
Caire
: Bien,
il vient après.
M. Tanguay
: Il vient
avant.
M.
Caire
: 53.1
vient après 53.
M. Tanguay
: Ah! ça
fait que... vous avez tout à fait raison, tout à fait raison. Donc, comment
pouvez-nous dire... Donc, le consentement de 53.1 n'est pas le même
consentement que 53 parce que 53, ça serait un consentement général et complet
pour la confidentialité. Comprenez-vous mon point?
M.
Caire
: 53,
quand on parle du consentement à la divulgation...
M. Tanguay
: C'est «at large».
M.
Caire
:
Effectivement, c'est un... bien, c'est un consentement à la divulgation, ça le
dit, là, je dis : La personne...
M. Tanguay
: Public.
M.
Caire
: Bien,
c'est parce que, là... oui. Bien, en fait, il perd son caractère confidentiel.
M. Tanguay
:
Totalement.
M.
Caire
: Bien
oui, parce que, là, vous dites : Là, je vous dis, M. le député, je vais
prendre vos renseignements personnels puis je vais mettre ça sur le site Web de
l'Assemblée. Vous me dites : Il n'y a pas de problème, allez-y.
M. Tanguay
: Si c'est
ça, c'est correct.
M.
Caire
: Vous
venez de consentir à ce que je divulgue vos renseignements. Donc, ils <ne
peuvent plus...
M.
Caire
: ...il
perd son caractère confidentiel.
M. Tanguay
:
Totalement.
M.
Caire
:
Bien oui, parce que, là, vous dites : Là, je vous dis, M. le député, je
vais prendre vos renseignements personnels puis je vais mettre ça sur le site
Web de l'Assemblée. Vous me dites : Il n'y a pas de problème, allez-y.
M. Tanguay
: Si
c'est ça, c'est correct.
M.
Caire
:
Vous venez de consentir à ce que je divulgue vos renseignements. Donc, ils >ne
peuvent plus, par définition, avoir un caractère confidentiel.
M. Tanguay
:
Parfait. Je voulais juste m'assurer de cela, puis je ne sais pas si Me
Miville-Deschênes confirme qu'on parle ici de deux consentements. Et mes
critères de...
M.
Caire
:
J'espère, parce que je me trouvais brillant en maudit, là.
M. Tanguay
: Mais
il y a une logique, mais je veux juste être sûr qu'on a la bonne logique. 53.1,
c'est : Manifeste, libre et spécifique. Cet étalon de qualification là
quadruple ne s'applique pas au consentement de 53.
M.
Caire
: Non.
53, là, quand on parle du consentement à 53, c'est sur la...
M. Tanguay
: Il
n'est pas spécifique, manifeste...
M.
Caire
: Non,
non, non.
M. Tanguay
: ...c'est-à-dire,
il n'est pas spécifique «at large».
M.
Caire
: Non,
c'est sur la divulgation. C'est sur la divulgation. Puis je veux... Mais, on
s'entend, là...
M. Tanguay
: Je ne
sais pas.
M.
Caire
: Non,
mais c'est un consentement à la divulgation parce que ça touche la
confidentialité. Et il y a incompatibilité entre divulguer quelque chose et le
garder confidentiel.
M. Tanguay
: Oui,
dans la mesure de mon consentement, qui est spécifique. C'est ça, ma question.
M.
Caire
: Oui,
spécifique à la divulgation.
M. Tanguay
: Alors,
êtes-vous... Là, je peux-tu poser la question à Me Miville-Deschênes?
M.
Caire
: Vous
le pouvez.
M. Tanguay
:
Êtes-vous d'accord, Me Miville-Deschênes, que je... Quand je dis que je consens
en vertu de 53, ce n'est pas spécifique, c'est «at large», puis je perds totalement
ma confidentialité?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, je suis d'accord pour les consentements de 53
et un consentement de divulgation, donc, public. Donc, tu perds la
confidentialité si tu veux consentir à une communication, c'est plus en vertu
de 59. Puis là, évidemment, quand on consent uniquement à une communication,
c'est limité, là, à la portée du consentement.
Par contre, 53.1 s'applique quand même à
tout consentement prévu par la loi. Ça fait que, tu sais, le consentement de 53
à la divulgation doit quand même être libre, éclairé. Tu sais, la personne doit
savoir à quoi elle consent, là. Mais c'est sûr que la finalité, ça va être la
divulgation. Donc, ce n'est pas à certaines finalités, mais le 53.1 s'applique
au consentement prévu à la loi. Donc, le consentement doit tout de même
demeurer libre, éclairé, manifeste, même si, au final, on divulgue des
renseignements.
M. Tanguay
: Mais
on s'entend que l'aspect spécifique, on vient de le perdre en chemin, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, là, le compteur de divulgation...
M. Tanguay
: C'est
juste ça que je veux savoir, moi.
M.
Caire
: Bien,
je veux juste qu'on s'entende. Le consentement, il est spécifique à la
divulgation. Je consens à ce que vous les divulguiez. Ça ne veut pas dire que
je consens à ce que vous mettiez ça dans une liste de télémarketing puis que
vous m'appeliez à tous les dimanches matin pour me vendre je ne sais pas quoi,
là.
• (17 h 20) •
M. Tanguay
: Non,
ça, je comprends ça. Mais le ministre est toujours en paix avec l'affirmation
qu'il a faite il y a trois minutes quand il m'a dit : Quand il y a
consentement en vertu de 53, il perd, ceci dit, toute confidentialité.
M.
Caire
: Oui,
je suis à l'aise avec ça.
M. Tanguay
: Il ne
pourra pas dire : Parce que tu... Oui, j'ai consenti à ce que tu le mettes
sur le site. Mais, depuis que tu l'as mis sur le site, Pierre, Jean, Jacques
m'en parlent, ils sont tous au courant, ça n'a pas de bon sens. Vivez avec les
conséquences. Il n'y a plus aucune protection de confidentialité parce que, si
8,5 millions de Québécois sont allés voir votre site, «that's it».
M.
Caire
: Bien,
je ne peux être plus d'accord avec ce que le député de LaFontaine vient de
dire. Mais c'était juste que je voulais être sûr <parce que...
M. Tanguay
: ...
Pierre,
Jean, Jacques m'en parlent, ils sont tous au courant, ça n'a pas de bon sens. Vivez
avec les conséquences. Il n'y a plus aucune protection de confidentialité parce
que, si 8,5 millions de Québécois sont allés voir votre site, «that's it».
M.
Caire
:
Bien, je ne peux être plus d'accord avec ce que le député de LaFontaine vient de
dire. Mais c'était juste que je voulais être sûr >parce que, quand on
disant consentement «at large», moi, je voyais : je les utilise à toutes
sortes de finalité qui... Puis c'est là où je me disais : Non, non, non,
ce n'est pas un... c'est un consentement à la divulgation. Mais sur ce que M.
le député vient de dire, c'est oui totalement.
M. Tanguay
: Alors, il
y aura... c'est deux analyses distinctes, 53 et 53.1, je vais résumer ça de
même. Peut-être pas deux analyses distinctes, mais deux applications
distinctes.
M.
Caire
: Oui,
ça, c'est clair.
M. Tanguay
: Parce qu'à
53, on a les quatre mêmes critères...
M.
Caire
: C'est
clair. Puis les finalités...
M. Tanguay
: ...mais
plutôt que de consentir à donner ça au voisin de gauche, là, je consens à... il
perd sa confidentialité. Parce que ce n'est pas parce que, de façon spécifique,
53.1, je vous dis : Vous pouvez le communiquer au voisin de gauche, que
là, vous dites : Bien, oui, bien, je l'ai communiqué à Pierre, Jean,
Jacques, Monique, Huguette.
M.
Caire
: Non,
non, au contraire, 53.1 est clair là-dessus, sur le fait que, s'il y a une
autre finalité pour laquelle j'ai donné mon consentement, un nouveau consentement
est requis, là.
Le Président (M.
Bachand) : ...
M. Tanguay
: Oui, oui,
merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin, s'il
vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Le Barreau, lors des consultations particulières, a porté à notre
attention l'existence de débats de jurisprudence sur...
M.
Caire
: Hum!
je salive déjà.
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
M.
Caire
: Je
salive déjà.
M. Nadeau-Dubois : Mais moi
aussi. Je suis content que le ministre ait l'appétit pour en discuter... a
soulevé des préoccupations, c'est ça, sur... le Barreau a soulevé des
préoccupations sur des débats de jurisprudence. Moi, j'en ai appris, je ne
savais pas que ces débats-là existaient, sur la question des opinions qui sont
émises dans le cadre de fonctions professionnelles. Il semblerait que certaines
décisions de la CAI concluent qu'une opinion émise dans le cadre de fonctions
professionnelles est un renseignement personnel concernant la personne qui a
émis l'opinion et, qu'a contrario, il y a d'autres décisions de la CAI qui
iraient dans un sens inverse, c'est-à-dire qui auraient déterminé que l'opinion
émise dans l'exercice des fonctions n'est pas un renseignement personnel
concernant la personne qui émet l'opinion. Donc, on a comme des décisions de la
CAI, et je me réfère au Barreau, qui iraient dans les deux sens. Et, par
conséquent, le Barreau suggère de modifier l'article qu'on étudie présentement
pour préciser...
M.
Caire
:
L'article 55?
M. Nadeau-Dubois : Oui,
l'article 55... pour mettre fin à cette ambiguïté et, dans le fond, mettre
fin aux débats jurisprudentiels qui ont cours. La question notamment a
été tranchée au fédéral, si mes <informations sont...
M.
Caire
:485
M.
Caire
:
L'article 55?
M. Nadeau-Dubois : Oui,
l'article 55... pour mettre fin à cette ambiguïté et, dans le fond, mettre
fin aux débats jurisprudentiels qui ont cours. La question notamment a
été tranchée au fédéral, si mes >informations sont bonnes. On dit
notamment, dans la Loi sur la protection des renseignements personnels, au
niveau fédéral, on dit : Les renseignements, quelle que soit leur forme et
leur support concernant une entité identifiable, notamment... et là il y a un
petit e), ses opinions ou ses idées personnelles à l'exclusion de celles qui
portent sur un autre individu.
Bref, le Barreau recommande de préciser,
dans l'article 55, qu'une opinion qui est émise dans le cadre de fonction
professionnelle, n'est pas un renseignement personnel sur la personne qui émet
l'opinion, mais que ce serait plutôt un renseignement personnel pour la
personne à propos de laquelle l'opinion a été émise.
Je mentirais si je disais au ministre que
c'est une... que c'est quelque chose qui m'empêche de dormir, mais c'est quand
même une recommandation du Barreau. Et je me demandais s'il en avait pris
connaissance, ce qu'il pensait de cette recommandation du Barreau et s'il avait
l'intention d'y donner suite.
M. Caire
:
Écoutez, pour être très honnête, j'ai eu des décisions à prendre récemment sur
d'autres sujets plus polarisants. On aura l'occasion d'en discuter. Je n'ai
pas... de la part des juristes, je n'ai pas eu de recommandation d'aller dans
ce sens-là. Je vous dirais que j'apprends même certains éléments de la bouche
même du député de Gouin, à savoir qu'il y avait un débat jurisprudentiel
là-dessus. Je n'ai pas... je ne vois pas non plus un appétit démesuré par mes
collaborateurs d'aller dans ce sens-là, ça fait que je vous dirais que...
M. Nadeau-Dubois : Je
comprends. En même temps, si le Barreau prend la peine de formuler une
recommandation, ce ne doit... tu sais, moi, je fais la présomption que c'est
parce que ça doit être sérieux. J'imagine quand même que l'équipe du ministre
s'est au moins penchée sur la recommandation. Peut-être qu'il y a un membre de
l'équipe qui peut peut-être juste prendre la parole rapidement, nous dire
qu'est-ce qui motive le fait qu'on n'ait pas retenu cette recommandation du
Barreau. Parce que, sans avoir une opinion ferme et arrêtée sur le fond de la
question, ce que je lis, c'est qu'il y a une même instance, la CAI, qui, en ce
moment, rend des décisions qui vont dans les deux côtés. Et est-ce que ce n'est
pas le travail du législateur, à l'occasion qu'on a d'ouvrir la loi, de venir
donner le la...
M.
Caire
:
Bien, je vais laisser...
M. Nadeau-Dubois : ...à
la commission pour s'assurer qu'au moins on mette fin à ce qui semble être un <flottement,
là, dans...
M. Nadeau-Dubois : ... dans
les deux côtés. Et est-ce que ce n'est pas le travail du législateur, à
l'occasion qu'on a d'ouvrir la loi, de venir donner le la...
M.
Caire
:
Bien, je vais laisser...
M. Nadeau-Dubois :
...à la
commission pour s'assurer qu'au moins on mette fin à ce qui
semble être un >flottement, là, dans l'interprétation du cadre juridique
actuel?
M.
Caire
: Oui.
Je vais laisser Me Miville-Deschênes compléter ma réponse. Mais, de mon
côté, je peux vous dire que, d'une part, dans ses écrits, la CAI n'a pas
soulevé cet élément-là. D'autre part, dans la rencontre que j'ai vu... que j'ai
eue, pardon, avec Me Poitras, ce n'est pas un sujet qu'elle a porté à ma
connaissance. Et croyez-moi que je ne pense pas prêter d'intentions en disant
que si ça avait été une préoccupation, Me Poitras me l'aurait laissé
savoir très certainement.
En plus, je vous dirais, le fait que la
commission rende des jugements qui vont dans certaines directions, bien, le
propre même d'un jugement, c'est de s'ancrer dans une réalité puis de tenir
compte de tous les éléments. Puis je ne pense pas que ça traduise
nécessairement un vide juridique. Maintenant, je vais laisser Me Deschênes
compléter cette excellente réponse.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bon, par rapport aux opinions, il y a une chose qui est... Bien, pour ma part,
je trouve que la jurisprudence est assez claire, là. L'opinion d'une personne
qui est rendue dans le cadre de l'exercice, de sa profession, dans le cadre de
ses fonctions, n'est pas un renseignement personnel. Puis l'inverse serait
absurde parce que tout employé de l'État qui aurait une opinion sur
l'admissibilité d'une personne ou quoi que ce soit, on ne pourrait pas
prétendre que c'est un renseignement personnel inaccessible. Donc, au niveau de
l'opinion... dans le cadre de ses fonctions, c'est assez clair que ce n'est pas
un renseignement personnel qui la concerne.
Là, où est-ce que... puis je vais aller
dans le deuxième volet, les... Souvent, la jurisprudence de la commission a à
se pencher sur des opinions. Dans un contexte, exemple, de harcèlement en
milieu de travail, où là il y a une enquête, puis là il y a y a un témoin qui
dit : Bien, lui, je pense que ta ta ti, puis l'autre témoin dit :
Oui, lui, je pense que ta ta ta, puis là ce n'est pas une opinion qui est faite
dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions, mais c'est plus une opinion
personnelle de deux individus au sujet d'un autre. Puis dans ce cas-là la
jurisprudence de la commission puis la loi sur l'accès dit que les
renseignements concernent les deux personnes, donc sont accessibles aux deux
personnes, à moins... puis là, ça, c'est un article spécifique, mais à moins
que ça... il y a un risque, là, de nuisance sérieuse, là.
Donc, c'est un cas par cas, la commission
pourrait déterminer que je ne rends pas accessible l'opinion d'une personne à
mon sujet parce qu'il pourrait y avoir un risque, là, dans le cas de... comment
dire, de harcèlement psychologique, là, il pourrait y avoir un risque de... pas
de récidive, mais de conséquence. Mais je... ça fait que je ne vois pas de
débat jurisprudentiel tant que ça, j'ai l'impression que c'est plus une... S'il
y a eu une décision de la commission, là, qui est citée dans le rapport, j'ai
l'impression que c'est plus une anomalie, parce que, moi, ce que j'ai vu, ce
que j'ai lu, puis la façon qu'on le présente, là, aux autres organismes quand
on a des formations, ou quoi que ce soit, c'est que c'est assez clair, là, que
l'opinion émise par une personne dans le cadre de ses fonctions, ce n'est pas
un renseignement personnel.
M. Nadeau-Dubois : Quand vous
dites, Me Miville-Deschênes, que ce n'est pas une opinion personnelle, ce
n'est pas une opinion personnelle sur...
17 h 30 (version révisée)
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
...moi, ce que j'ai vu, ce que j'ai lu, puis la façon qu'on le présente, là,
aux autres organismes quand on a des formations, ou quoi que ce soit, c'est
assez clair, là, que l'opinion émise par une personne dans le cadre de ses
fonctions, ce n'est pas un renseignement personnel.
M. Nadeau-Dubois : Quand vous
dites, Me Miville-Deschênes, que ce n'est pas une opinion personnelle, ce
n'est pas une opinion personnelle sur la personne qui émet l'opinion.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, dans le cas... Exact, ce n'est pas... Si je suis un employé d'un organisme
public puis je rends une décision, là, sur l'admissibilité d'un programme, ou
quoi que ce soit, ce n'est pas un renseignement personnel qui concerne
l'employé, c'est bien ça que je veux dire, effectivement.
M. Nadeau-Dubois : Exactement,
voilà. Est-ce que... Parce que mettons qu'on parle... Puis c'est un bon exemple
que vous donnez, là, une décision relative à l'admissibilité d'une personne à
un programme gouvernemental, disons l'aide sociale, par exemple, ça tombe... Je
ne suis pas un spécialiste, mais le sens commun, là, en effet, me semble aller dans
votre sens, c'est-à-dire la personne qui émet l'opinion : Cette personne
n'est pas admissible, cette opinion-là n'est pas un renseignement personnel
concernant la personne qui est l'auteur, disons, de l'opinion, mais est-ce que
ça pourrait constituer un renseignement personnel pour la personne à propos de
laquelle l'opinion a été émise?
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Ah! ça, c'est certain. C'est certain qu'aussitôt qu'il y a une décision qui est
prise à mon sujet, avec des recommandations, un avis ou une opinion sur
l'admissibilité, ça me concerne.
M. Nadeau-Dubois : Et c'est un
renseignement personnel.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Un renseignement personnel sur la personne qui est l'objet de la décision ou de
l'opinion.
M. Nadeau-Dubois : Et,
là-dessus, la loi est claire, selon vous.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Oui, oui, oui, ça, c'est... La définition de renseignement personnel actuelle
et à venir est limpide à l'effet que ça concerne la personne qui est l'objet de
l'opinion.
M. Nadeau-Dubois : Et donc
l'invitation du Barreau à clarifier une fois pour toutes cette question-là ne
vous apparaît pas... ce n'est pas nécessaire d'y donner suite, selon vous,
parce que c'est déjà clair que c'est un renseignement personnel qui concerne la
personne à propos de laquelle l'opinion a été émise, mais ce ne l'est pas pour
la personne qui émet l'opinion.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Exact. Ça, c'est clair, je ne vois pas de doute.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Bien,
au moins, l'échange nous aura permis de clarifier cet élément-là.
J'ai une autre question. Dans l'article
proposé par le projet de loi, la notion qui est utilisée, c'est la notion d'entreprise.
Pourquoi est-ce que c'est la notion d'entreprise qu'on a retenue plutôt que... et
là je dis... par exemple, la notion d'organisme public, puisqu'on est ici, à
moins que je me trompe, en train de modifier la loi qui concerne les organismes
publics? <Est-ce que ce sont des notions... >Encore une
fois, je ne suis pas juriste, est-ce que ce sont des notions interchangeables
ou est-ce qu'il n'y a pas possibilité d'une confusion ici?
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, en fait, l'article 57, là, qui vient plus loin, prévoit depuis longtemps
que le nom, les coordonnées, les titres des employés d'organismes publics, ça,
c'est un renseignement à caractère public. L'enjeu puis la demande de la
commission, c'est <quand il...
M. Nadeau-Dubois : ...ou
est-ce
qu'il n'y a pas
possibilité d'une confusion ici?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) :
Bien, en fait, l'article 57, là, qui
vient plus loin, prévoit depuis longtemps que le nom, les coordonnées, les
titres des employés d'organismes publics, ça, c'est un renseignement à
caractère public. L'enjeu puis la demande de la commission, c'est >quand
il y a beaucoup de renseignements qui concernent des entreprises qui sont
détenus par les organismes publics. J'ai un renseignement sur une demande dans
les villes, là, que ça soit une demande de...
M. Nadeau-Dubois : De permis.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
...de permis, etc., puis ces renseignements-là, il y a beaucoup de
renseignements personnels, sur un ingénieur, peu importe, là, qui concernent la
personne dans l'exercice de ses fonctions. Ça fait que c'est l'organisme public
qui va traiter cette demande-là. Il va y avoir une demande d'information, une
demande de permis, puis, grâce à la modification à 55, l'information sur le
représentant de la compagnie, le représentant de... l'arpenteur, ça va être des
renseignements qui vont pouvoir être communiqués à tout demandeur.
M. Nadeau-Dubois : Donc, en
fait, c'est justement... ça ne concerne justement pas les organismes publics.
On utilise le terme «entreprise» ici parce que l'objectif est de parler des
renseignements qui justement ne sont pas des renseignements relatifs à des gens
qui ont une fonction dans un organisme public mais dans une entreprise privée.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Exact, mais qui sont détenus, dans ce cas-là, par les organismes publics.
M. Nadeau-Dubois : Mais qui
sont détenus par un organisme public. Bien, ça répond, ça aussi, à ma question.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Bachand) :
Merci, M. le député de Gouin. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: ...la FQM
est venue nous parler de l'aire grandissante du télétravail. La frontière entre
le lieu de travail et le lieu de résidence est devenue quelque peu floue.
Est-ce que le numéro de téléphone et le lieu de travail réfèrent également au
numéro de cellulaire fourni par l'employeur d'un fonctionnaire qui travaille à
la maison ou même, à défaut, au numéro de téléphone de sa résidence, désormais
son lieu de travail? Autrement dit, oui, les renseignements pour des
entreprises que détiennent les organismes publics, mais je l'appliquerais même
à des renseignements sur les employés de l'organisme public qui font du
télétravail.
Je vais vous donner un exemple, M. le
Président, là, puis je ne nommerai pas la personne, une personne qui travaille
à l'Assemblée nationale, je vais arrêter aux ressources humaines. Puis, durant
la pandémie, ça fait un an, puis tout ça, puis je l'appelais, je l'appelais,
puis on se parlait, puis c'était correct, on se parlait entre 9 heures
puis 5 heures. Puis, à un moment donné, j'ai réalisé que je l'appelais sur
son téléphone à la maison. Aïe! je vous dis que j'ai filé cheap. J'ai dit :
O.K., je vais me calmer les nerfs, là. Parce que, quand tu appelles au bureau,
elle est partie dîner ou elle n'est pas là, mais là j'appelais à
12 h 48, puis elle répondait, puis j'entendais les couteaux puis les
fourchettes. Là... Puis elle dit : Oui, oui, je fais du télétravail, tout
ça. Puis je filais tellement mal.
Tout ça pour vous dire... Puis je sais que
le gouvernement, peut-être... jusqu'à quel point considère d'augmenter le
télétravail, puis tout ça. On pourrait-u mettre, comme dit... un atermoiement,
l'adresse et le numéro de téléphone autre que celui de la résidence?
M.
Caire
: En
fait, c'est une excellente question. Parce qu'effectivement j'entends la
préoccupation, puis le télétravail va très certainement prendre racine pour un
certain temps, puis c'est certainement des questions qu'il faut se poser ici et
dans d'autres lois.
M. Tanguay
: Il me
semble que je protégerais <ça...
M.
Caire
: ...parce
qu'effectivement j'entends la préoccupation, puis le télétravail va très
certainement prendre racine pour un certain temps, puis c'est certainement des
questions qu'il faut se poser ici et dans d'autres lois.
M. Tanguay
: Il me
semble que je protégerais >ça, je le protégerais, ça.
M.
Caire
: Le
téléphone et l'adresse...
M. Tanguay
: Et
l'adresse résidentielle.
M.
Caire
:
J'aurais tendance à vous dire oui, mais, en même temps, nos adresses, ils ont quand
même...
M. Tanguay
: Parce que
ce n'est pas public, ça. Je veux dire, moi, je ne voudrais pas que la personne
sache, ça peut se trouver, où est-ce que je demeure.
M.
Caire
: Bien,
Canada 411, on en trouve pas mal, hein, vous seriez surpris, collègue, de
voir comment est-ce qu'on en trouve encore.
M. Tanguay
: Je pense
que je n'ai même plus de fixe, je pense que je n'ai même plus de fixe.
M.
Caire
: Oui, bien,
dans ce cas-là...
M. Tanguay
: En tout
cas, si vous appelez sur mon fixe, là, vous allez vous ramasser dans le bas du
mur au bout du fil, puis vous ne sortirez pas du fil ,
parce qu'il y a un fil qui sort du bas du mur. Je ne sais même pas c'est
quoi, mon téléphone, mais le cellulaire, par exemple...
M.
Caire
: Je
veux juste que le collègue comprenne mon a priori, c'est qu'il y a des... puis peut-être
que c'est son cas, mais j'en ai, des employés, qui me disent : Écoute, au
lieu de me fournir un cellulaire, paie mon forfait, parce que j'aimerais ça
garder mon numéro puis j'aimerais ça pouvoir m'en servir, mais, à partir de là,
ça devient-u, ça... Moi, je considère que ça devient son travail.
M. Tanguay
: Non, le
cellulaire de travail, je l'exclus, mais je parle... il y en a qui ont encore
des fixes. Alors, quand je parle de téléphone de résidence, ce n'est pas un
cellulaire. Un téléphone de résidence, c'est, contrairement à moi, quand le fil
sort dans le bas du mur, il y a un téléphone au bout, puis il y a 1-450, ou 1-514,
ou 1-418. Je dirais : Autre que le téléphone ou l'adresse de la résidence.
M.
Caire
: Vous
voulez dire que... puis je veux juste être sûr que je vous comprends...
M. Tanguay
: Ça, ce
n'est pas public.
M.
Caire
: Vous
diriez que le téléphone et l'adresse de la résidence peuvent avoir un caractère
public puisque...
M. Tanguay
: Je les
exclurais de ce qui pourrait être mis dans la liste de ce qui est un caractère
public. Je protégerais la résidence qui deviendrait le lieu de travail. Parce
que là ça, c'est des questions intéressantes, parce que le ministre dit : Écoutez,
on veut libéraliser... Puis on est tous là, là, plutôt que de payer des locaux,
puis tout ça, puis on veut que les propriétaires de building puissent vivre
aussi, mais ils loueront ça à d'autres personnes, tu sais... Puis le
télétravail, pas tout le temps, tu sais, c'est comme le macaroni, c'est bon le
lundi soir, mais, à un moment donné, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, c'est...
alors télétravail deux jours semaine.
Il y en a plus qu'hier, moins que demain,
le télétravail, là. Puis je connais du monde même qui sont en train de
regarder, là... ils sont en train de regarder pour changer d'emploi, je connais
du monde, puis ils ont mis ça : Écoute, moi, je vais demander un deux
jours semaine télétravail. C'est rendu... La COVID aura eu ceci, de changer des
mentalités, mais je ne voudrais pas que cette personne-là, qui est mon ami, sa
maison soit un caractère public puis son téléphone soit un caractère public. Le
cellulaire, quand il... Écoute, le cellulaire, là, ça, c'est le travail, c'est
un outil de travail, ça, il pourrait être public, mais la résidence, le foyer...
M.
Caire
:
<C'est
parce que... >Puis on jase, là, <c'est parce... >dans la
mesure où l'employé donne son adresse comme lieu de <travail...
M. Tanguay
: ...travail,
c'est un outil de travail, ça, il pourrait être public, mais la résidence, le
foyer...
M.
Caire
:
C'est parce que... Puis on jase, là, c'est parce... dans la mesure où l'employé
donne son adresse comme lieu de >travail, c'est parce qu'à un moment
donné...
M. Tanguay
:
C'est-à-dire, techniquement, l'adresse serait le bureau-chef, l'adresse...
adressée à X, j'envoie une lettre, puis... Maintenant, je dirais, même si on
fait renvoyer le courrier ou... Parce que le lieu de travail ne sera jamais
l'adresse personnelle d'un employé, ça ne sera pas le lieu de travail, ça va
être le chef-lieu, comme on dit.
Si on peut y penser. Moi, j'ajouterais
juste, à quelque part dans la phrase, autre... Donc, on dit : «N'est pas
soumis à ces règles de renseignements personnels», donc a un caractère public,
papi, papa, adresse, téléphone, autre que l'adresse ou le numéro de téléphone
de sa résidence.
• (17 h 40) •
M.
Caire
:
<Mais...
>Puis je ne suis pas hostile à l'idée, là, on en jasera, mais c'est
juste qu'effectivement le téléphone à la résidence, ça ne sera jamais le
téléphone au travail. Donc, de par la loi, il n'y a pas un caractère public.
Donc, il demeure dans le giron de ce qu'on fait tous avec nos numéros de
téléphone.
Puis, ceci étant dit, je recommande à mon
collègue de se faire installer un téléphone fixe. Pour tous les achalants de
télétravail, c'est parfait.
M. Tanguay
: Non, je ne
veux pas payer pour ça.
M.
Caire
: Vous
savez, quand c'est ce téléphone-là qui sonne, vous n'y répondez pas, c'est parfait.
Puis, sur vos formulaires, vous mettez un numéro de téléphone, puis ils vous
sacrent patience.
M. Tanguay
: Mais je
suis certain, je suis comme le ministre, là, quand j'ai un message, là, je ne
peux pas souper, je vais l'écouter, mon message.
M.
Caire
: Non,
mais je ne réponds pas, là. Ça, c'est le téléphone que je donne à ceux à qui je
ne veux pas parler.
M. Tanguay
: Mais, si
je ne réponds pas dans 15 minutes, je vais filer cheap puis je vais le
prendre, le message, là. Tu veux être disponible, là.
M.
Caire
: Oui,
je comprends, mais fermez le son, ça marche. «Anyway».
M. Tanguay
: C'est ça.
M.
Caire
:
<Ceci
étant... >Puis on pourra regarder, là, ce que le député propose. Ceci
étant, à sa face même, là, on parle, quand même, là, du numéro de téléphone de
son lieu de travail. Le télétravail, on travaille de la maison. La maison ne
devient pas le lieu de travail officiel, c'est-à-dire que le lieu de travail
officiel, c'est le chef-lieu de l'organisme qui vous embauche.
Puis, dans le cas de l'administration
publique, on demeure avec l'obligation de fournir un environnement de travail à
nos employés. Le télétravail devient une option qui est offerte aux employés,
selon certains paramètres qui vont devoir évoluer dans le temps, au fur et à
mesure de l'utilisation, puis on est en train de travailler là-dessus, mais il
n'en demeure pas moins qu'un travailleur du public, bien, son lieu de travail,
il est défini par l'employeur. Et, même s'il travaille de la maison, la maison
ne devient pas son lieu de travail au sens de ce qui est prévu dans 55. Et je
vais me valider.
M. Tanguay
: Je
voudrais juste m'en assurer dans la loi.
M.
Caire
: Oui, bien,
c'est pour ça que <je...
M.
Caire
: ...bien,
son lieu de travail, il est défini par l'employeur. Et, même s'il
travaille de la maison, la maison ne devient pas son lieu de travail au sens de
ce qui est prévu dans 55. Et je vais me valider.
M. Tanguay
: Je
voudrais juste m'en assurer dans la loi.
M.
Caire
:
Oui, bien, c'est pour ça que >je vais faire un 90° dans ce sens-là.
M. Tanguay
: Parce que,
si on ajoutait «, autre que l'adresse ou le numéro de téléphone de sa
résidence», ça le dirait dans la loi. Donc, en aucun cas d'espèce, parce que
vous acceptez puis vous avez une entente avec l'employeur, organisme public ou
privé, ou privé parce qu'on dit que ça touche le privé aussi, de travailler de
la maison...
M.
Caire
: Pas
55. 55 touche-tu le privé, non?
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
55, ça déclare le caractère non confidentiel des renseignements... N'importe
quel représentant d'une entreprise.
M.
Caire
: O.K.,
je comprends.
M. Tanguay
: Des
publics et des privés, c'est ça?
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, 55, c'est les privés. 57, c'est là qu'on dit que les renseignements...
M. Tanguay
: O.K., O.K.
Donc, ça s'applique dans les deux cas. Il y a du télétravail au privé que... Parce
que je ne voudrais pas qu'à l'inverse, justement, vous m'embauchez, je suis
content, je vais faire du télétravail puis, à un moment donné, je réalise :
Aïe! Tu as mis sur le site Internet mon adresse personnelle, là, moi, je ne
veux pas que le monde, parce que je tonds ma tondeuse le dimanche matin, vienne
me voir, là. Tu sais, j'ai mon expectative de confidentialité chez nous.
Une voix
: ...
Le Président (M. Bachand) :...suspendre quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 43)
(Reprise à 17 h 53)
Le Président (M. Bachand) :
À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. M. le ministre.
M.
Caire
: Oui, bien,
merci, M. le Président. <Je pense... >Je vais laisser, de toute
façon, mon collègue le dire lui-même, mais je pense qu'on s'entend pour dire qu'on
ne souhaite évidemment pas qu'un travailleur en télétravail voie son adresse de
résidence considérée comme son lieu de travail ni même son téléphone à la
résidence.
Ceci étant dit, <il y a des cas où...
>clairement, puis c'est la discussion qu'on avait à micro fermé et que
nous aurons à micro ouvert, il y a des cas où ces travailleurs-là ont comme
adresse de travail leur adresse personnelle. Et, dans le cas qui nous préoccupe,
on ne peut pas les exclure parce que là on va à contresens de ce l'article
souhaite faire, mais la conclusion est que le pouvoir d'élaborer des directives
que nous allons donner à la CAI subséquemment pourrait servir à la CAI à,
effectivement, clarifier cette zone d'ombre où, dans un cas spécifique... Donc,
laisser la loi dans l'état actuel, tel que proposé, mais demander à la CAI
qu'elle clarifie, avec son pouvoir de <directive...
M.
Caire
:
...donner
à la CAI subséquemment pourrait servir à la CAI à,
effectivement, clarifier cette zone d'ombre où, dans un cas spécifique... Donc,
laisser la loi dans l'état actuel, tel que proposé, mais demander à la CAI
qu'elle clarifie, avec son pouvoir de >directive, ces zones d'ombre là.
C'est essentiellement les discussions qu'on avait avec le député de LaFontaine
et le député de Gouin.
M. Tanguay
: Puis pour
le dire pour être sûr, là, puis ce ne sera pas long, juste pour que ce soit
fait à double trait, autrement dit, le souhait... puis mes collègues me
détromperont si j'ai tort, le souhait de la Commission des institutions, tel
qu'exprimé, serait que la Commission d'accès à l'information, lorsqu'elle aura,
le cas échéant, le pouvoir d'émettre des directives, des bulletins d'interprétation
suite à l'adoption du projet de loi n° 64,<...
que la Commission d'accès à l'information> aille dans le sens du
souhait exprimé par les membres de la Commission des institutions qui analysent
et qui rédigent le projet de loi n° 64 de manière à
protéger et de prévoir les cas d'espèce, parce qu'on ne fera pas ça dans la loi,
mais de protéger le travailleur qui fait du télétravail et qui aurait une
expectative de conserver confidentiel son numéro de téléphone de résidence
personnel et son adresse de résidence personnelle. Puis ce n'est pas parce que
vous faites du télétravail un, deux, trois, quatre, cinq jours semaines que, de
facto, vous renonceriez à cette confidentialité-là de votre téléphone, numéro
de téléphone à la maison, à la résidence et de votre adresse à la maison, à la
résidence.
Ça, c'est appliqué uniquement dans le cas
bien spécifique des gens qui font du télétravail et qui ne seraient pas, par
ailleurs, des travailleurs autonomes qui ont pignon sur rue dans un quartier
résidentiel et aussi à zonage commercial, qui font des déductions d'impôt parce
qu'ils sont travailleurs autonomes à la maison, et ainsi de suite. Là, c'est
réellement leur lieu de travail, alors là il y a une perte de l'expectative de
protection de ces renseignements-là, mais que ce soit prévu dans un bulletin
par la CAI et que ça soit vécu comme ça sur le terrain. Voilà. C'est bien ça,
M. le ministre?
M.
Caire
: Tout
à fait, entièrement d'accord. Je souscris entièrement, M. le député.
M. Tanguay
: Super.
Merci.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Intervention sur l'article 10? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Nadeau-Dubois
(Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'article 10 est adopté. M. le ministre, s'il vous
plaît.
M.
Caire
:
Merci, M. le Président. Donc, article 11, qui se lit comme<... qui
se lit, pardon, comme> suit :
L'article 57 de cette loi est modifié :
1° dans le premier alinéa :
a) par l'insertion, dans les paragraphes
premier alinéa et deuxième alinéa, après «l'adresse», de «, l'adresse de
courrier électronique» — j'ai dit alinéa, M. le Président, mais je
précise, ce sont des paragraphes, désolé;
b) par le remplacement,
dans le texte anglais du paragraphe 1°, de «a member, the board of
direction of the management personnel of a public body» par «a member of a
public body, its board of directors or its management <personnel»...
M.
Caire
:
...
désolé;
b) par le
remplacement, dans le texte anglais du paragraphe 1°, de «a member, the
board of direction of the management personnel of a public body» par «a member
of a public body, its board of directors or its management >personnel»;
2° par
l'insertion, dans le deuxième alinéa et après «travail», de «d'une personne
ou».
M. le Président, donc,
l'article 57 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et
sur la protection des renseignements personnels est modifié en raison d'une
demande du Service de traduction en ce qui concerne le texte anglais.
Il est également modifié compte tenu du
fait qu'il est communément admis que l'adresse de courriel électronique fait
désormais partie des coordonnées professionnelles d'une personne et afin de ne
pas conférer un caractère public à ces renseignements si leur divulgation est
de nature à nuire ou à entraver le travail d'une personne ou d'un organisme
qui, en vertu de la loi, est chargé de prévenir, détecter ou réprimer le crime.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Le
collègue de Gouin nous a emmenés à avoir un débat et à faire préciser que 55...
et je pense... Corrigez-moi si j'ai tort, mais c'est réellement uniquement par
le truchement de l'amendement qu'on a adopté à 55. On disait : «au sein
d'une entreprise», ça, c'était pour les privées, 55. Puis on disait : Vous
allez voir, à 57, on est là. Ça, c'est pour les organismes à caractère public.
C'est ça?
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: Vous allez
me le dire, c'est où, à 57? 55, je le vois, «une entreprise». 57, ça serait où?
Vous allez pouvoir me l'indiquer rapidement, j'imagine, que c'est 57, au
public.
M.
Caire
: Que
ça s'adresse aux organismes publics.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
En fait, c'est les alinéas 1 et 2 qui prévoient le caractère public du
nom, du titre, de la fonction, des coordonnées des membres des organismes
publics, mais là on ne le modifie pas...
M.
Caire
: Oui,
c'est ça, dans le cas d'un ministère, ou d'un sous-ministre, ou de ses adjoints,
ou de son personnel d'encadrement. Si vous allez à la fin
du 1° paragraphe, M. le député, vous allez le voir, là, qu'on
parle spécifiquement... Puis, dans le fond, dans le... à la fin
du 2° paragraphe, on parle aussi d'un membre du personnel d'un
organisme public. Donc, c'est 1° et 2° qui le précisent.
M. Tanguay
: O.K. Avant
aujourd'hui, on ne prévoyait pas, donc, l'adresse de courrier électronique,
hein?
M.
Caire
: Non,
c'est ça. Le reste était déjà défini, mais là on ajoute le courrier
électronique.
M. Tanguay
: Puis, la
dernière fois que le législateur, nos prédécesseurs... c'était en 2006, ils ne
l'ont pas ajouté. Parce que l'article 57, sa dernière modification, c'était
en 2006, ils auraient pu l'ajouter, mais là, on... j'allais dire : On se
réveille. Je ne veux pas être méchant.
M.
Caire
: On a
passé droit, mais ce n'est pas grave, on se rattrape là.
M. Tanguay
: L'adresse
de courrier électronique... On les ajoute comme de quoi que c'est public.
M.
Caire
: C'est
ça. Ça fait partie de l'adresse, mais, tu sais, sur les cartes d'affaires,
maintenant, c'est ajouté systématiquement.
• (18 heures) •
M. Tanguay
:
<Et
les... >Est-ce que le ministre peut m'expliquer, donc, pourquoi on vient
toucher à la version anglophone, l'anglaise? J'essaie de voir.
M.
Caire
:
Écoutez, ma connaissance de la langue de Shakespeare étant relativement limitée,
pourquoi il était nécessaire de faire...
18 h (version révisée)
M.
Caire
: …cartes
d'affaires, maintenant, c'est ajouté systématiquement.
M. Tanguay
:
<Et
les… >Est-ce que le ministre peut m'expliquer, donc, pourquoi on vient
toucher à la version anglophone… anglaise? J'essaie de voir.
M.
Caire
:
Écoutez, ma connaissance de la langue de Shakespeare étant relativement
limitée… Pourquoi il était nécessaire de faire ces modifications-là? Tout ce
que je peux vous dire, c'est que c'est une demande du service de traduction.
J'imagine que la traduction qui avait été faite initialement n'était pas
suffisamment précise.
M. Tanguay
: On va se
fier à eux autres, là, mais tous les mots <sont… >ont l'air à être
là, mais c'est juste… le casse-tête est fait différemment.
M.
Caire
: Oui,
moi, je les ai prononcés, ne me demandez pas de les traduire.
M. Tanguay
: Non, non,
c'est ça, mais… C'est bon. Puis là je ne ferai pas mon laïus sur l'adoption des
lois québécoises en version anglaise, là. D'habitude, à tous les projets de loi,
quand on tombe sur ces articles-là, je pars 10 minutes, hein, cinq
minutes. Je peux le faire en deux minutes aussi. Moi, je ne comprends pas. Puis
c'est correct. Il y a eu un débat avec le Barreau du Québec. À un moment donné,
il y avait un litige. Parce que les deux lois ont force de loi, M. le Président.
Ça y est, je suis parti. Deux minutes… faire ça en deux minutes.
M.
Caire
: Bien,
moi, je vous dis juste : Je ne l'ai jamais entendu.
M. Tanguay
:
10 minutes. Vous avez droit au «long play». Je vais vous faire ça.
Rapidement…
M.
Caire
: Bien,
la version en deux minutes pourrait me plaire, par exemple.
M. Tanguay
: Ah! très
clair. Il a été jugé… Parce que la première mouture de la loi 101 faisait
en sorte que de modifier… Je pense, c'est l'article 133 de la Constitution
canadienne. L'article 133 de la Constitution canadienne dit que, dans
toutes les assemblées législatives, vous pouvez parler en français, en anglais,
les lois sont en français, en anglais, et il y a d'autres garanties
constitutionnelles, également, en matière de justice. Première mouture, Camille
Laurin, on en a parlé récemment, de la loi 101, a dit : Loi 101,
toutes les lois du Québec uniquement en français, puis tous les débats
judiciaires puis les procédures uniquement en français. La Cour suprême a dit :
Bien non, vous ne pouvez pas, article 133 de la Constitution canadienne.
Donc, ils ont cassé ça, ce qui fait en sorte qu'au Québec, la loi en français,
vous la plaidez devant les tribunaux, et la version anglaise, elle a aussi
force de loi, même titre, même force que la version française, devant les
tribunaux.
Mais, moi, M. le Président, on ne
travaille, les législateurs, puis on n'écrit exclusivement que les versions
françaises. On n'adopte jamais, jamais la version anglaise. Mais la version
anglaise, par fiction, elle est adoptée de nuit, quand la traduction est
terminée par je ne sais pas qui. Mais, à un moment donné, quand la traduction
est finie, la traduction est finie, <vous pouvez partir avec la version… >elle
est sanctionnée, vous pouvez partir avec la version anglaise, aller devant le
tribunal : Je poursuis monsieur, qui est d'expression anglaise, moi, je
suis d'expression anglaise, on veut un procès en anglais, c'est notre choix,
puis on ne va plaider que la loi anglaise. Puis là on se rend compte, au fur et
à mesure qu'on avance : Bien là, il faut aller amender la traduction.
Parce qu'une fois que la traduction s'est faite durant la nuit suivant la
sanction du lieutenant-gouverneur… On en parlait lui aussi. On a parlé de
Camille Laurin, on a parlé du lieutenant-gouverneur, il y a un fil conducteur.
M.
Caire
: On
est partout.
M. Tanguay
: On est
là-dedans. Puis je conclus là-dessus. Je l'aurai fait en cinq minutes. Bien, à
un moment donné, on se dit : Ah! il y a eu des erreurs de traduction, mais
ça prend nous autres, à ce moment-là, pour <aller corriger…
M. Tanguay
: ...parce
qu'une fois que la traduction s'est faite durant la nuit suivant la sanction du
lieutenant-gouverneur… On en parlait lui aussi. On a parlé de Camille
Laurin, on a parlé du
lieutenant-gouverneur, il y a un fil conducteur.
M.
Caire
: On
est partout.
M. Tanguay
: On est
là-dedans. Puis je conclus là-dessus. Je l'aurai fait en cinq minutes. Bien, à
un moment donné, on se dit : Ah! il y a eu des erreurs de traduction, mais
ça prend nous autres, à ce moment-là, pour >aller corriger la
traduction.
Ça fait que j'ai toujours eu un malaise de
dire : C'est correct, on va faire... Puis on vient d'avoir un échange
assez surréel : Que c'est qu'on fait? Je ne le sais pas. On semble changer
des mots. Mais ça, <demain... >quand ça va être sanctionné, ça
pourra être plaidé devant les tribunaux uniquement dans la version anglophone.
Puis les mots ont un sens, mais ça, on ne joue jamais là-dedans.
Alors, voilà. C'est juste mon... Il y a
une fiction dans le parlementarisme québécois, puis c'est ça, puis ça fait du
bien de le dire une fois de temps en temps.
M. Caire
: Bien,
moi, je l'ai aimé, votre laïus, M. le député.
M. Tanguay
: Eh! …fait
en cinq minutes, je pense.
M. Caire
: Ah!
oui, absolument. Est-ce que <le projet... >l'article 11 est adopté?
M. Tanguay
:
Avez-vous fini? L'avez-vous fini à cette heure? À cette heure, l'avez-vous fini,
c'est ça?
Le Président
(M. Bachand) :Interventions sur l'article 11?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme
la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M. Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Nadeau-Dubois
(Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président
(M. Bachand) :Abstention. Donc, l'article 11
est adopté. Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Caire
: Oui,
merci, M. le Président. Donc, l'article 59... pardon, l'article 12 se
lit comme suit : L'article 59 de cette loi est modifié :
1° par l'ajout, à la fin du premier
alinéa, de la phrase suivante :
«Ce consentement doit être manifesté de
façon expresse dès qu'il s'agit d'un renseignement personnel sensible.»;
2° dans le deuxième alinéa :
a) par le remplacement, dans ce qui
précède le paragraphe 1°, de «tel renseignement sans le consentement de
cette personne» par «renseignement personnel sans le consentement de la
personne concernée»;
b) par l'insertion, au début du
paragraphe 3°, de «à une personne ou»;
c) par la suppression du
paragraphe 5°;
d) par le remplacement, dans le
paragraphe 8°, de «61, 66, 67, 67.1, 67.2, 68 et 68.1» par «61, 63.7, 66,
67, 67.1, 67.2, 67.2.1, 68 et 70.5»;
3° par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Pour l'application de la présente loi,
est un renseignement... pardon, un renseignement personnel est sensible
lorsque, de par sa nature ou en raison du contexte de son utilisation ou de sa
communication, il suscite un haut degré d'attente raisonnable en matière de vie
privée.»
Pourquoi je sens qu'on va en parler, de
celle-là? Prêt à accepter... Oups! Pardon. Alors, M. le Président, voilà ce qui
constitue l'article 12.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui, M.
le Président. Je suis content qu'on pourra bénéficier de l'éclairage de mon
collègue de La Pinière, parce qu'on va parler beaucoup de sensibilité ici,
puis je sais qu'il est capable d'en faire preuve.
M. Caire
: C'est
un homme très sensible, effectivement...
M. Tanguay
: Il
est capable d'en faire preuve à <tous les jours et...
M.
Caire
: …oups!
Pardon. Alors,
M. le Président, voilà ce qui constitue
l'article 12.
Le Président (M.
Bachand) :
M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
:
Oui,
M. le Président. Je suis content qu'on pourra bénéficier de
l'éclairage de mon collègue de La Pinière, parce qu'on va parler beaucoup
de sensibilité ici, puis je sais qu'il est capable d'en faire preuve.
M. Caire
:
C'est un homme très sensible,
effectivement...
M. Tanguay
: Il
est capable d'en faire preuve à >tous les jours et en témoigner.
M.
Caire
: Dans
l'intimité.
M. Tanguay
: M. le
Président, in fine, in fine du nouvel article 59, cette définition-là… Parce
que, là, on voit qu'il y a lieu… il y a urgence. Première question : Dans
la loi actuelle, l'état des choses, on oublie 64, est-ce que le corpus
juridique québécois fait cette distinction-là, ce qui est sensible, haut degré
d'atteinte… ce qui est… un renseignement personnel sensible… Est-ce que la loi
actuelle fait cette distinction-là?
M.
Caire
: Je
pense que… Bien, en fait, la loi actuelle, non.
M. Tanguay
: C'est du
droit nouveau.
M.
Caire
: Mais
cette notion-là de «haut degré d'attente raisonnable», elle a été définie
ailleurs, notamment par la CAI, il me semble. C'est-u la CAI ou les tribunaux?
Je vais peut-être laisser Me Deschênes vous renseigner là-dessus…
M. Tanguay
: Puis ma
question…
M.
Caire
:
…parce que ce n'est pas un concept… C'est un concept qu'on a repris dans le 14,
qui avait déjà été élaboré <dans... >ailleurs, là, qu'on retrouve
maintenant.
M. Tanguay
: O.K. Dans
le 14. Ça, c'était un projet de loi sur quoi? Parce que ça m'intéresse.
M.
Caire
: 14,
c'était le projet de loi qui nous permettait, par décret, d'amener des
organismes publics à s'échanger des renseignements personnels dans le cadre de
la réalisation d'un projet en technologie de l'information d'intérêt
gouvernemental.
M. Tanguay
: O.K. Et,
le débat, vous l'aviez fait, sous le 14, avec la même définition de «sensible»?
M.
Caire
: Oui,
oui, c'était cette définition-là qui a été utilisée.
M. Tanguay
: Vous
importez ça ici, là?
M.
Caire
: Qui
était importée elle-même d'une autre… d'une décision, donc qui a été reprise
dans 14 et qu'on reprend dans 64.
M. Tanguay
: O.K. Et
est-ce que, tel que rédigé, les décideurs, décideuses vont savoir où mettre la
ligne? C'est ça, ma question, là. C'est quoi…
M.
Caire
: Bien,
là-dessus, c'est ça, je vais peut-être laisser Me Miville-Deschênes nous…
me rafraîchir la mémoire, parce que, dans mon cas, il me l'a déjà expliqué,
puis je me suis dépêché à l'oublier… et, dans votre cas, peut-être vous
indiquer, là, <d'où… >l'origine de cette définition-là.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, en fait, le terme «haut degré d'attente raisonnable», en matière de vie
privée ou de… est une notion qu'on retrouve dans la jurisprudence
constitutionnelle, là, sur l'article 8 de la Charte canadienne des droits
et libertés, puis elle permet de désigner des renseignements, en fait, qui,
compte tenu du degré d'intimité pour la personne, là, puis du contexte, là,
bien, nécessitent une protection… Il y a des attentes plus importantes en
matière de vie privée, puis, dans notre contexte, là, nécessitent une
protection plus importante.
Compte tenu que c'est très contextuel, c'est-à-dire
qu'il y a des renseignements qui peuvent généralement, comme des renseignements
de santé, être considérés comme sensibles, mais, dans certaines circonstances
ou pour certains d'entre eux, peut-être moins, et, à l'inverse, il y a des
renseignements qui ne sont généralement pas sensibles, comme l'adresse d'une
personne, qui ne sera pas nécessairement considérée <très sensible…
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
…c
ompte tenu que c'est très contextuel, c'est-à-dire qu'il y a des
renseignements qui peuvent généralement, comme des renseignements de santé,
être considérés comme sensibles, mais, dans certaines circonstances ou pour
certains d'entre eux, peut-être moins, et, à l'inverse, il y a des
renseignements qui ne sont généralement pas sensibles, comme l'adresse d'une
personne, qui ne sera pas nécessairement considérée >très sensible mais
qui pourrait l'être pour certaines personnes, des juges, une personne victime
de violence conjugale, bien, de là l'importance, là, <de… >pour
nous, de maintenir une définition qui renvoie vraiment au contexte et de ne
pas… Bien, voilà. C'est un peu ma réponse.
M. Tanguay
: …vous avez
parlé de l'article 8 de la charte canadienne?
• (18 h 10) •
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Oui, sur les fouilles abusives.
M. Tanguay
: Mais l'article 8,
c'est les garanties judiciaires. 7 et 15… 7 à 15.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
L'article 8, c'est l'article de protection contre les fouilles abusives, qui,
pour déterminer si la fouille est abusive… On doit voir quelle était l'attente en
matière de vie privée de la personne pour juger si la fouille est abusive…
M. Tanguay
: O.K. Puis
c'est dans ce contexte-là que… Parce qu'on est loin d'une fouille abusive, là,
mais c'est dans ce contexte-là que les termes se sont définis. O.K.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Oui, effectivement.
M. Tanguay
: O.K. Et le
Barreau du Québec disait, il référait, lui, à l'article 10 de la Charte
des droits et libertés de la personne, donc la charte québécoise : «Nous
saluons l'ajout d'une définition de la notion "renseignements sensibles",
mais nous proposons qu'elle soit complétée par une liste non exhaustive de
renseignements qui sont de façon… qui sont faits de renseignements sensibles.
Les motifs interdits de discrimination, à l'article 10 de la charte
québécoise, constituent une avenue de réflexion intéressante.»
Autrement dit, l'article 10 liste :
Vous ne pouvez pas discriminer notamment basé sur le sexe, l'âge, la grossesse,
le ci, le ça. C'est «notamment», ce n'est pas limitatif. Est-ce qu'on pourrait
considérer d'avoir une telle liste : notamment papi, papi, papa? Le
Barreau le suggérait.
M.
Caire
: On
pourrait.
M. Tanguay
: Ça nous
tente-tu?
M.
Caire
: Bien,
je… Puis je vous soumets juste le commentaire que Me Miville-Deschênes a
fait tout à l'heure, quand on rajoute un «notamment», puis moi, j'entends son
appel à la prudence. Est-ce qu'on n'amène pas une notion où on va avoir une
interprétation plus restrictive? Parce que le «notamment» nous donne des
critères ou définit des critères qui pourraient avoir pour effet de restreindre
l'interprétation plutôt que de la laisser plus large. Et, si oui, est-ce que
c'est ce qu'on veut faire, comme législateurs, ou on souhaite plutôt que la
jurisprudence se construise avec une idée que le législateur souhaite peut-être
une définition plus large? Mais je… On jase, là.
M. Tanguay
: Oui, oui. Parce
que mes amis qui le disent, cette analogie-là de l'article 10 de la charte québécoise, vous l'avez noté, c'est le Barreau du
Québec, c'est la FQM puis c'est Fasken, qui chantent en choeur là-dessus, sur
cette proposition-là d'avoir une liste non exhaustive pour nous aider à mieux
illustrer ce qu'on entend par un concept qui est somme toute assez <abstrait,
là, puis qui…
M. Tanguay
: ...
charte
québécoise, vous l'avez noté, c'est le Barreau du Québec, c'est la FQM puis
c'est Fasken, qui chantent en choeur là-dessus, sur cette proposition-là
d'avoir une liste non exhaustive pour nous aider à mieux illustrer ce qu'on
entend par un concept qui est somme toute assez >abstrait, là, puis qui,
peut-être, peut ne pas vouloir dire la même chose dans la tête de l'un versus
de l'autre.
Première question, on jase : On
serait-u capables de faire une telle liste ou vous dites… Oui, ils nous
proposent de faire une liste, mais est-ce que nous serions capables d'en faire
une, telle liste? Puis je vous pose la question : Que contiendrait une
telle liste d'exemples?
M.
Caire
: Bien,
pour en avoir jasé, puisqu'on l'a lue aussi, la recommandation, puis on s'est
posé la question, on en est arrivés à la conclusion que… En tout cas, moi, je
pense que c'est un terrain mou, là, on n'est pas sur le dur. On ne s'y est pas
risqués parce qu'on aurait... sinon, on aurait déposé l'amendement. On ne s'y
est pas risqués.
Par contre, puis, à visière levée, je vous
le dis, là, on n'était pas hostiles à l'idée non plus. Mais moi, j'ai plutôt
tendance à aller du côté de Me Miville-Deschênes, en disant : Bien,
si on fixe des critères, ces critères-là vont amener des caractéristiques, ces
caractéristiques-là vont amener peut-être une conception contraignante et
restrictive de ce que c'est, un «haut degré d'attente raisonnable en matière de
vie privée», puis là, bien, peut-être qu'on va avoir l'effet contraire de ce qu'on
souhaite.
Donc, la conclusion à laquelle nous, on en
est arrivés, c'est : On le laisse comme ça. De toute façon, c'est une
notion qui est en train de s'installer dans le corpus législatif québécois, là.
Je vous l'ai dit, on l'a fait à 14. On n'a pas mis cette liste exhaustive là à
14 parce qu'on est arrivés à cette conclusion-là que la définition pouvait être
autoportante présentement. On la ramène de façon plus large en toute cohérence
avec ce qu'on a fait dans 14, qui, je rappelle, n'a pas une telle liste
exhaustive.
Donc, je ne suis pas fermé à l'idée, mais,
à la question que le collègue pose, ma réponse, c'est : Bien, moi, je ne
me sens pas à l'aise de faire cette liste-là et j'aurais peut-être l'a priori
d'établir des critères qui vont aller à contresens de ce qu'on souhaite, à mon
avis, mais...
M. Tanguay
: Puis
j'ouvre une parenthèse, pour la refermer immédiatement, puis on pourrait me
dire : Oui, c'est cosmétique, là, mais, in fine, là, je ne l'aurais pas
mis à 59. Je l'aurais mis plus à 54 ou à 53, ça, parce qu'on dit...
M.
Caire
: La
description?
M. Tanguay
: «Pour l'application
de la présente loi…» Ça fait que je me sors de 59, qui parle d'une expectative,
là, renseignement personnel <sensible...
M. Tanguay
: ...mais,
in fine, là, je ne l'aurais pas mis à 59. Je l'aurais mis plus à 54 ou à 53,
ça, p
arce qu'on dit...
M.
Caire
: La
description?
M. Tanguay
: «Pour
l'
application de la présente loi…»
Ça fait que je me sors de 59,
qui parle d'une expectative, là,
renseignement personnel >sensible...
En tout cas, je ne l'aurais peut-être pas mis là. Je l'aurais mis plutôt...
M.
Caire
: Oui,
mais, en même temps...
M. Tanguay
: J'aurais
défini «renseignement personnel sensible»...
M.
Caire
: C'est
parce que 59 amène la notion de ce qu'est un renseignement sensible, notion que
vous ne retrouvez pas à 53, 54.
M. Tanguay
: Oui, O.K.
Je suis d'accord. O.K. «Haut degré d'attente raisonnable en matière de vie
privée», est-ce qu'on peut me donner des exemples auxquels vous avez pensé puis
qu'on ne mettrait peut-être pas?
M.
Caire
: Oui,
bien oui. Comme Me Miville-Deschênes disait, là, vous allez jouer dans mon
cellulaire, je pense que, là, vous êtes en train de jouer dans ma vie privée
pas si pire. <Vous... >Mon automobile... Tu sais, de façon
arbitraire, là, vous commencez à... Ça ne fonctionne pas, là. Je fais référence
à un événement où des documents ont été...
M. Tanguay
:
<Est-ce
que... >J'introduis un nouveau concept... Est-ce que le type de
renseignement qui pourrait faciliter un vol d'identité pourrait être déclaré
comme sensible?
M.
Caire
: Comme
étant... appartenant… Clairement.
M. Tanguay
: Genre, le
numéro d'assurance sociale?
M.
Caire
: Ça,
c'est clair. Ça, c'est clair.
M. Tanguay
: Numéro
de... Ça, c'est hautement sensible?
M.
Caire
: Ça,
c'est clair, clair, clair.
M. Tanguay
: Moi, je
fais cette adéquation-là. Parce que moi, si... Écoute, l'homme brun, 31 ans,
puis tout ça... Mais, des renseignements hautement sensibles, moi, je le lis :
Si ça te prend ça, ça et ça, puis tu es capable de voler mon identité, bien,
ça, ça et ça, c'est sensible.
M.
Caire
: Ah!
puis je vous dirais, je me lance, là, un identifiant, un mot de passe qui...
Pour moi, c'est sûr que, là, tu t'en vas dans des sphères de ma vie privée où
tu n'as pas d'affaire, là.
M. Tanguay
: Tout ce
qui touche à l'intégrité physique aussi, dossier médical...
M.
Caire
:
Clairement. Dossier fiscal.
M. Tanguay
: Dossier
fiscal, l'assurabilité ou non.
M.
Caire
:
Dossier bancaire.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. J'aurais le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. C'est une question importante, parce que, là, on en parle
maintenant, mais on va y revenir lorsqu'on va parler du secteur privé
également. Quand même, la Commission d'éthique en science et technologie et le
Barreau, qui sont, grosso modo... qui ont fait des recommandations plutôt
convergentes, là, qui vont dans le sens de la réflexion que vient de lancer le
collègue de LaFontaine, c'est-à-dire de compléter la définition de
renseignement sensible... J'ai été témoin de l'échange. Je comprends qu'il y a
de la jurisprudence. Néanmoins, je ne peux pas m'empêcher de trouver ça quand
même extrêmement <général et flou...
M. Nadeau-Dubois : …
la
définition de renseignement sensible... J'ai été témoin de l'échange. Je
comprends qu'il y a de la jurisprudence. Néanmoins, je ne peux pas m'empêcher
de trouver ça quand même extrêmement >général et flou.
Et le Barreau fait une recommandation sur
laquelle j'aimerais entendre le ministre, c'est-à-dire, si on veut compléter
cette définition-là, pourquoi ne pas le faire par une liste non exhaustive, on
s'entend, non exhaustive? Parce qu'il faut garder la flexibilité de s'adapter
au contexte, puis c'était déjà une préoccupation que j'avais, puis les propos
de Me Miville-Deschênes <me confirment… >confirment cette
intuition-là que j'avais. Ça fait que, tout en gardant la flexibilité, aller
ajouter une liste non exhaustive de renseignements qui sont, par nature,
sensibles, comme, au-delà du contexte. C'est-à-dire, il y a comme un genre… On
pourrait, dans cet article, définir qu'il y a un certain nombre de règlements
qui, par nature, sont sensibles tout en se gardant la flexibilité d'en désigner
d'autres comme sensibles en fonction du contexte.
• (18 h 20) •
Puis le Barreau propose un point de
départ, moi, qui m'apparaît intéressant puis objectif. Le Barreau nous dit :
Pourquoi ne pas partir des motifs interdits de discrimination prévus à
l'article 10 de la Charte des droits et libertés de la personne? Pourquoi
ne pas utiliser… <Si c'est des… >Si on juge déjà dans notre Charte
des droits et libertés de la personne que ce sont des motifs interdits de
discrimination, est-ce qu'il n'y a pas là une base objective et solide pour
déterminer que les renseignements qui sont relatifs à ces motifs de
discrimination là sont, par nature, sensibles puis que, par nature, ils
méritent d'être traités différemment? Puis je trouve ça intéressant parce que
c'est un appui solide. Ce n'est pas une liste qu'on ferait ici, en commission
parlementaire, à la va-vite ou de manière ad hoc. Puis les…
Dans la Charte des droits et libertés de
la personne, là, l'article 10, on dit : «Toute personne a droit à la
reconnaissance et à l'exercice, en pleine égalité, des droits et
libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur — et là on fait une liste de motifs interdits, donc — la race, la couleur, le sexe, l'identité ou l'expression de genre, la
grossesse, l'orientation sexuelle, l'état civil, l'âge sauf dans la mesure
prévue par la loi, la religion, les convictions politiques, la langue,
l'origine ethnique ou nationale, la condition sociale, le handicap ou
l'utilisation d'un moyen pour pallier à ce handicap.»
Pourquoi ne pas s'inspirer
de cette liste-là pour venir préciser que les renseignements… Puis on pourrait
préciser, là, tu sais, à titre <d'exemple, que les…
M. Nadeau-Dubois : …
pallier à ce handicap.»
Pourquoi ne pas
s'inspirer
de cette liste-là pour venir préciser que les renseignements… Puis on pourrait
préciser, là, tu sais, à titre >d'exemple, que les renseignements qui
sont relatifs à ça sont, par nature, sensibles. Est-ce que ça a fait partie des
réflexions du ministre suite aux consultations en commission?
M.
Caire
: Bien,
en fait, quand on… Les discussions qu'on a eues… Puis je comprends l'argument
du collègue de Gouin, mais la conclusion à laquelle on en arrive… Puis, comme
je dis, si les collègues souhaitent se lancer dans l'élaboration d'une telle
liste, moi, je ne suis pas hostile, là. Mais nous, de notre côté, on ne l'a pas
fait parce qu'on s'est dit : Bon, d'une part, il y a effectivement
certaines évidences, mais, d'autre part, puis c'est là où je pense
qu'inévitablement on va aller, il y a les trucs moins évidents, qui, par
définition, vont amener une interprétation, puis c'est un peu ça que
Me Miville-Deschênes expliquait tantôt. Inévitablement, ça va amener une
interprétation. Cette interprétation-là va avoir un caractère plus restreint,
plus contraignant que plus large.
Alors, la conclusion à laquelle nous, on
en est arrivés, c'est de se dire : Bon, bien, je ne suis pas sûr que c'est
au bénéfice de nos concitoyens de se lancer dans l'élaboration de cette
liste-là. Puis, si les collègues veulent se livrer à l'exercice, comme j'ai
dit, moi, je ne suis pas hostile, mais je pense que… D'abord, il y a les trucs
qui sont évidents, là, puis qu'à leur face même vont… puis je pense que le
député de LaFontaine et moi, on en a nommé quelques-uns qui… oui, on peut les
mettre dans la liste, mais c'est tellement évident que ça, c'est un
renseignement sensible que le mettre, ne pas le mettre, pour moi, ça n'a pas
d'effet, puis ce n'est pas là que la liste va gagner en intérêt. Ce n'est pas à
énoncer des évidences que la liste gagne en intérêt, c'est lorsqu'on s'en va
dans le terrain, peut-être, là où la frontière est moins claire. Puis c'est là
où je dis : On veut-u aller là? Moi, personnellement, la réponse, c'est :
Bien, on a choisi de ne pas le faire. Si la commission fait un autre choix,
moi, je suis prêt à me rallier à ça. Mais, je le répète, là, ce n'est pas dans
les évidences, là.
Tu sais, c'est sûr que les renseignements biométriques de mon collègue de Gouin
sont des renseignements sensibles, il n'y a personne qui va contester ça, puis,
devant un tribunal, là, ça ne prendra pas des heures à délibérer, là. C'est sûr
que les renseignements de santé, les renseignements financiers, les
renseignements bancaires sont des renseignements confidentiels… personne qui va
s'ostiner longtemps <là-dessus…
M.
Caire
: …
les
renseignements biométriques de mon collègue de Gouin sont des renseignements
sensibles, il n'y a personne qui va contester ça, puis, devant un tribunal, là,
ça ne prendra pas des heures à délibérer, là. C'est sûr que les renseignements
de santé, les renseignements financiers, les renseignements bancaires sont des
renseignements confidentiels… personne qui va s'ostiner longtemps >là-dessus,
là. Puis on peut bien le mettre dans la liste, mais c'est… excusez le
pléonasme, là, mais c'est une évidence évidente. Puis je ne suis pas sûr que,
quand le Barreau nous interpelle, c'est à ce niveau-là. Parce que, pour moi, c'est
évident… C'est tellement évident pour tout le monde que je pense que le Barreau
nous invite à aller plus loin. Et la question que je pose aux collègues :
Sont-ils prêts à y aller?
Le Président (M. Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Bien, ça
mérite au moins qu'on en discute et qu'on évalue cette possibilité-là. Et, tu
sais, il m'apparaît que… Tu sais, si, dans cette loi fondamentale, là, la Charte
des droits et libertés de la personne, on affirme que ces dimensions-là de la
personne sont des dimensions sur la base de laquelle c'est interdit de faire de
la discrimination, c'est parce que c'est des caractéristiques de la personne
qui sont relatives à sa dignité, puis à son intimité, puis à… oui, je dirais,
en fait, à sa dignité, en fait. C'est pour ça qu'on dit : Sur ces
caractéristiques-là, notre société ne peut pas discriminer. Si ces
caractéristiques de la personne sont à ce point sacrées, est-ce que, comme
législateurs, ce n'est pas juste logique et cohérent de dire : En vertu de
ce principe-là, fondamental, les renseignements personnels de cette nature-là,
ils sont, par nature, sensibles, au-delà de l'utilisation qu'on voudrait en
faire?
Et le Barreau fait cette proposition-là. <Je
la trouve… >Je trouve qu'elle porte à réflexion. Puis le Barreau ajoute
également la question des données biométriques en soulignant que, dans la Loi
concernant le cadre juridique des technologies de l'information, il y a déjà
une disposition, à l'article 44, qui porte spécifiquement sur les
caractéristiques et les mesures biométriques, là, je l'ai sous les yeux.
Donc, il y a quand même des précédents, on
peut dire, dans certaines lois, où on vient dire : Ça, ce n'est pas des
informations comme les autres, puis on les nomme. On prend la peine de les
nommer pour dire : Ce n'est pas comme un code postal, par exemple,
l'identité de genre ou la religion, c'est d'une nature telle, puis ça se
rapporte à la dignité <de la personne…
M. Nadeau-Dubois : ...ce
n'est pas comme un code postal, par exemple, l'identité de genre ou la
religion, c'est d'une nature telle, puis ça se rapporte à la dignité >de
la personne, donc on le traite particulièrement.
Ça fait que moi, je pense que l'exercice
est intéressant puis je pense que, si ce n'est pas une liste qui est fermée, ça
peut être un socle, une fondation qu'on met dans le projet de loi pour envoyer
ce message-là que... puis l'envoyer aux organismes publics, mais je vais faire
la même proposition quand viendra le temps des organismes privés, envoyer le
message, donc, à ces acteurs qu'on s'attend d'eux que ces informations-là
soient traitées différemment. Parce que je pense que les lois, ça sert aussi à
ça, là, à parler puis à dire les choses importantes.
Ça fait que je pense, si on est prêts, que
je vais déposer un amendement, ne serait-ce que pour qu'on ait l'occasion d'en
discuter. Et puis on peut peut-être suspendre, M. le Président, pour qu'on le
fasse circuler.
Le Président (M. Bachand) :…suspendre rapidement. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 28)
(Reprise à 18 h 29)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. M.
le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Un
instant. <Je prends... >Je dois avoir la version finale. Ça venait
d'être envoyé par courriel, mais on va faire ça à la bonne franquette. Alors, amendement,
article 12 :
Insérer, après «vie privée», dans le dernier
alinéa proposé par l'article 12 du projet de loi : «dont, à titre
d'exemple, la race, la couleur, le sexe, l'identité ou l'expression de genre,
la grossesse, l'orientation sexuelle, l'état civil, l'âge, la religion, les
convictions politiques, la langue, l'origine ethnique ou nationale, la
condition sociale, le handicap ou les caractéristiques biométriques.»
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Donc, on va retrouver cet amendement sur
Greffier.
Et, cela dit, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 30)
18 h 30 (version révisée)
(Fin de la séance à 18 h 30)