Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
jeudi 11 mars 2021
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Vol. 45 N° 124
Étude détaillée du projet de loi n° 84, Loi visant à aider les personnes victimes d’infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement
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Intervenants par tranches d'heure
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Weil, Kathleen
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Tanguay, Marc
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Tanguay, Marc
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Jolin-Barrette, Simon
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Weil, Kathleen
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Bachand, André
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Bachand, André
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Tanguay, Marc
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Jolin-Barrette, Simon
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Weil, Kathleen
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Lévesque, Mathieu
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Hivon, Véronique
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Jolin-Barrette, Simon
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Tanguay, Marc
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Hivon, Véronique
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Bachand, André
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Lévesque, Mathieu
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Jolin-Barrette, Simon
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Bachand, André
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Tanguay, Marc
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Hivon, Véronique
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Tanguay, Marc
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Jolin-Barrette, Simon
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Bachand, André
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Hivon, Véronique
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Hivon, Véronique
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Tanguay, Marc
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Hivon, Véronique
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Bachand, André
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des institutions ouverte.
Avant de débuter les travaux de la
commission, je vous rappelle que le port du masque de procédure est obligatoire
en tout temps, hormis au moment de prendre la parole, tel que prévu à l'ordre
de l'Assemblée du 9 mars 2021 qui encadre la reprise des travaux parlementaires.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 84, Loi visant à aider les personnes victimes d'infractions criminelles et
à favoriser leur rétablissement.
Je tiens à vous indiquer également qu'en
ce jour de commémoration liée à la pandémie, la commission suspendra ses
travaux à 12 h 25.
Je souhaite donc vous rappeler également
que l'étude des articles 3 à 9 du projet de loi a été suspendue.
Maintenant, lors de la suspension de nos
travaux mardi dernier, nos discussions portaient sur l'article 28 amendé
du projet de loi.
Interventions? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Si vous
me permettez...
Le Président (M. Bachand) :Oui, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...juste avant
d'entamer l'article 28, j'ai fait parvenir à mes collègues, hier... bien,
M. Ferland a fait parvenir, ainsi qu'au secrétariat de la commission, et
je crois qu'ils sont disponibles sur le site Greffier, des amendements dans les
articles suivants qui vont venir, afin de faire en sorte de pouvoir attribuer
un revenu aux personnes sans emploi, donc en incapacité temporaire, M. le
Président, avant l'obtention d'une somme forfaitaire. C'est une demande qui a
été formulée par de nombreux groupes, le fait que lorsqu'une personne est
étudiante, lorsqu'une personne est sans emploi, qu'on puisse lui attribuer une
portion du revenu du salaire minimum, donc à hauteur de 90 % du salaire
minimum, comme c'était le cas actuellement, de façon à faire en sorte que,
notamment, la fédération des femmes... la fédération d'hébergement… des centres
de femmes d'hébergement nous disait, 60 % de leur clientèle sont sans
revenu. Alors, l'objectif de cet amendement-là est de faire en sorte que...
d'aider les personnes victimes de violence conjugale, de violence sexuelle,
notamment dans le cas de proxénétisme, dans le cas d'exploitation sexuelle où
les revenus ne sont pas déclarés, on veut s'assurer que l'État est là pour
soutenir les personnes victimes d'agression sexuelle, de violence conjugale, de
violence sexuelle, et de soutenir l'ensemble des victimes pour qu'elles
puissent retrouver le cours normal de leur vie.
Alors, je sais, M. le Président, que
c'était une grande demande qui était formulée, c'est une demande qui <nécessite...
M. Jolin-Barrette :
...
où
les revenus ne sont pas déclarés, on veut s'assurer que l'État est là pour
soutenir les personnes victimes d'agression sexuelle, de violence conjugale, de
violence sexuelle, et de soutenir l'ensemble des victimes pour qu'elles
puissent retrouver le cours normal de leur vie.
Alors, je sais, M. le Président, que
c'était une grande demande qui était formulée, c'est une demande qui >nécessite
un grand investissement aussi, donc on parle de 10 millions... environ 10 millions
de dollars par année supplémentaires. Donc, le gouvernement fait le choix
d'investir encore plus dans la réforme de l'IVAC.
Donc, simplement souligner, M. le
Président, que les amendements ont été disponibles, et je les ai rendus
disponibles à la première occasion, M. le Président, à mes collègues ainsi
qu'aux différents groupes, donc ils sont publiés. On aura l'occasion de les
étudier, mais je pense que c'était important de le souligner que, suite aux
consultations, j'étais à l'écoute des groupes, et c'est pour ça que je souhaite
apporter ces amendements, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
s'il vous plaît.
Mme Weil
: Oui. Alors
donc, mardi dernier, en fin de journée, fin, fin, fin de journée, on était sur l'article 28,
et voici où je m'en allais avec ma question, c'est que, dans l'article 28,
et c'est pour ça que ça m'a pris du temps pour faire un virage vers la
Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs où on demande ce
recours, et j'en ai déjà parlé au ministre, et permettez-moi de lire la
recommandation pour que le ministre puisse comprendre la pertinence de ma
question, donc : «La commission recommande que le ministère de la Justice
examine la possibilité de modifier le Code civil du Québec afin d'accorder aux
victimes d'exploitation sexuelle un recours en dommages et intérêts
imprescriptible contre un établissement hôtelier qui n'a pas agi ou alerté la
police alors qu'il savait ou devait savoir qu'une personne mineure y était
sexuellement exploitée.»
Donc, on en avait parlé brièvement mardi,
le ministre a dit que oui, le gouvernement regarde toutes les recommandations,
semblait au courant que le ministère de la Justice aussi était... faisait
partie d'une recommandation, alors… et qu'il y avait célérité, il y avait
vraiment une intention du gouvernement d'aller rapidement, parce que le
ministre considérait donc le travail de cette commission bien important et
faisait partie des engagements du gouvernement.
Donc, je mentionne ça parce que dans
l'article 28, on parle du responsable du préjudice. Donc, si une victime
va <aller... >donc aller se prévaloir de ce recours imprescriptible,
cette situation n'est pas envisagée dans l'article 28, donc la subrogation
n'aurait pas lieu, il n'y aurait pas d'enjeu à cet égard, c'est ça, la portée
de... c'était la portée de mon intention, mardi, c'était d'entamer cette
question-là, la question est pour le ministre.
• (11 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Oui.
Donc, la réponse à la question : Oui, et c'est quelque chose qu'on regarde
actuellement. D'entrée de jeu, là, une action... si on reprend 2926.1, là :
«L'action en réparation du préjudice corporel résultant d'un acte pouvant
constituer une infraction criminelle se prescrit par 10 ans...» Donc là,
on a déjà fait, avec le projet de loi n° 55... la loi n° 55, le bout
à <l'encontre...
M. Jolin-Barrette :
...
quelque chose qu'on regarde actuellement. D'entrée de jeu, là, une
action... si on reprend 2926.1, là : «L'action en réparation du préjudice
corporel résultant d'un acte pouvant constituer une infraction criminelle se
prescrit par 10 ans...» Donc là, on a déjà fait, avec le projet de loi
n° 55... la loi n° 55, le bout à >l'encontre de
l'individu par rapport à une infraction criminelle. Si une institution
commettait une infraction criminelle aussi, elle pourrait être recherchée, mais,
très certainement, au sein du ministère de la Justice actuellement, on est en
train d'analyser comment est-ce qu'on peut donner suite à la recommandation du
rapport sur l'exploitation sexuelle. Donc, c'est en analyse présentement et c'est
mon souhait qu'on aille dans la direction de la recommandation du rapport.
Mme Weil
:
Donc, le recours civil imprescriptible, donc il ne serait pas compris dans
l'article 28.
M. Jolin-Barrette : Par 20, oui.
Mme Weil
:
C'est-à-dire que les sommes qui seraient adjugées à la victime, puisqu'on ne
parle pas de la personne responsable du préjudice, mais une tierce partie, ces
sommes-là, elles ne seraient pas déduites si on veut, il n'y aurait pas de...
on ne prendrait pas en considération les sommes qui seraient adjugées dans le
cas de ce recours en dommages et intérêts.
M. Jolin-Barrette : Non. Bien, par contre, dans le fond, 28, là, ce que ça fait, c'est que
le... en fait, le principe de base, là, c'est que la personne ne peut pas être
indemnisée deux fois.
Mme Weil
:
Mais si… parce que ce n'est pas prévu, la situation que je décris n'est pas
prévue dans le langage ici, donc ça serait soit un trou si l'intention du
législateur c'est de... comment dire, faire en sorte de... c'est quoi la...
fermer la brèche, l'expression ici ne conviendrait pas, donc, ça ne serait pas
juste «contre toute personne responsable du préjudice» parce que le recours
civil qui est envisagé ici évidemment, c'est contre cette personne responsable
du préjudice, mais, dans le cas d'un établissement hôtelier, c'est parce qu'il
n'a pas... et ça, c'est le droit d'ailleurs dans d'autres États, devait savoir
qu'une personne mineure... donc il n'a pas agi selon ses responsabilités qui
lui sont données, en vertu de la loi, de faire un signalement, donc ce n'est
pas le responsable du préjudice. Donc, j'essaie de voir, puisque le ministre se
montrait très ouvert, l'autre jour, à aller de l'avant, je pense qu'il faut
qu'on regarde cette question parce que... à moins qu'éventuellement le ministre
amène un amendement à cet article-là, c'est mieux peut-être de traiter... de
connaître la vision du ministre tout de suite par rapport à ça.
M. Jolin-Barrette : Bien, je vous dirais, dans un premier temps, par rapport à
l'établissement hôtelier, je ne peux pas le faire actuellement dans le projet
de loi n° 84 parce que ça demande des consultations notamment avec le
ministère du Tourisme, avec le ministère de la Justice, on est en train de
regarder tout ça présentement.
J'ai déjà évoqué la
possibilité, pour donner suite aux recommandations du rapport, d'avoir un autre
véhicule législatif éventuellement pour donner suite au rapport sur la
commission sur l'accompagnement… sur le comité d'experts sur l'accompagnement
des victimes de violence sexuelle et conjugale. Très certainement, on pourra
verser aussi des mesures législatives du rapport sur la commission <spéciale...
M.
Jolin-Barrette :
…
éventuellement pour donner suite au
rapport sur la commission sur l'accompagnement… sur le comité d'experts sur
l'accompagnement des victimes de violence sexuelle et conjugale. Très
certainement, on pourra verser aussi des mesures législatives du rapport sur la
commission >spéciale sur l'exploitation sexuelle, le point étant, dans
le fond, avec l'article 28, là, quand on dit, là : «La personne
victime peut bénéficier de l'aide offerte au présent titre ou exercer une
action civile contre toute personne responsable du préjudice qu'elle subit».
Donc, on comprend que la disposition est quand même large, là. S'il y a
plusieurs… On ne parle pas nécessairement d'une personne physique, ça peut être
une personne morale aussi, mais, si c'est par rapport au même préjudice qui est
subi, bien entendu, il y a compensation, parce que, dans le fond, le principe
de base du régime d'indemnisation de l'État, dans le fond, c'est de l'argent
public, donc l'État paie en l'absence d'indemnisation par rapport au préjudice
parce que la victime, elle, elle subit un préjudice. Et là s'il est compensé de
nature privée, que ce soit, supposons, par l'hôtelier qui aurait failli à ses
obligations ou par l'agresseur lui-même, il y aura compensation aussi par
rapport aux sommes, mais ce que 28 fait aussi, c'est qu'on dit : Si vous
poursuivez, supposons, la personne qui vous a agressé, O.K., puis votre dommage
est à hauteur de 50 000 $, O.K., la perte que vous subissez est à
hauteur de 50 000 $, mais la personne que vous poursuivez, vous
obtenez un jugement de 40 000 $, nous, ce qu'on dit, c'est :
Parfait, vous avez déjà votre 40 000 $, mais si vous étiez venu
directement à l'IVAC, on vous aurait donné 50 000 $, ça fait que le
10 000 $ manquant, on va vous le donner.
Mme Weil
: Oui, je comprends,
je comprends tout ça.
M. Jolin-Barrette : Pour
l'hôtelier, dans le fond, si on développe une disposition législative comme ça,
bien, c'est sûr qu'on va ajuster le texte aussi pour faire en sorte que les
dommages et intérêts qui seraient gagnés dans le cadre de cela…
Mme Weil
: Il faudrait
ajuster 28.
M. Jolin-Barrette : Il
faudrait ajuster 28, mais là on n'est pas rendu là, à ce niveau-là, bien
entendu.
Mme Weil
: Non, mais, je
pense, c'est important quand même d'inscrire cette recommandation comme un
article que le gouvernement est en train d'analyser, c'est très important, parce
qu'en bout de ligne ce que ça fait, ça mobilise le secteur hôtelier pour former
tous ceux qui y travaillent, être vigilant, faire des signalements, faire de la
prévention, c'est ça le bénéfice de tout ça. Et d'ailleurs, apparemment, les
hôtels, je le répète, parce que je trouve ça tellement bon comme initiative,
là, aux États-Unis, puis l'expérience est très forte, c'est que ça fait que ça
a eu un impact majeur aux États-Unis parce que les sommes sont très importantes,
très importantes, je vous le dis, parce que le ministre va trouver ça quand
même intéressant de savoir que les sommes qui sont adjugées… parce que c'est
des vies détruites essentiellement.
Bon. C'est très bien. Je ne sais pas si
d'autres ont des questions parce que j'en aurais une autre pour le…
M. Jolin-Barrette : En
complément, M. le Président, ce que je peux dire à la députée de Notre-Dame-de-Grâce
aussi, vous avez vu, hier, ma collègue la ministre de la Sécurité publique a
lancé un comité pour donner suite notamment au suivi des recommandations. Donc,
voyez-vous, on est en <action…
Mme Weil
: …détruites
essentiellement.
Bon. C'est très bien. Je ne sais pas si
d'autres ont des
questions parce que j'en aurais une autre pour le…
M. Jolin-Barrette :
En complément,
M. le Président, ce que je peux dire à
la députée
de
Notre-Dame-de-Grâce aussi, vous avez vu, hier, ma collègue la
ministre
de la Sécurité publique a lancé un comité pour donner suite
notamment au
suivi des
recommandations. Donc, voyez-vous, on est en >action
sur plusieurs volets, et ça va faire partie de la réflexion.
Mme Weil
: Oui. Puis il
restera MindGeek aussi éventuellement.
M. Jolin-Barrette : Pardon?
Il y a…
Mme Weil
: Et je suis
contente d'entendre ça, parce que la recommandation aussi qui touche MindGeek
est…
M. Jolin-Barrette : Oui. Oui,
oui.
Mme Weil
: …c'est vraiment
tellement d'actualité, puis on voit qu'ils veulent se faufiler de leurs responsabilités,
alors très contente d'entendre ça.
Moi, pour l'instant… un autre paragraphe,
mais je vais voir si des collègues ont des questions peut-être sur les premiers
deux paragraphes.
Le Président (M. Bachand) :Il n'y a pas personne? M. le député de LaFontaine, sur le même…
M. Tanguay
: Oui. J'ai
trouvé intéressant, puis j'ai lu attentivement l'article 28, puis j'ai plusieurs
petites questions de compréhension en rafale au ministre, et j'aimerais prendre
la balle au bond, vers la fin… ce n'était pas l'ordre que j'avais prévu, mais
je vais y aller tout de suite parce qu'il y a quand même un lien, le dernier
alinéa, première phrase du dernier alinéa : «En outre — puis
après ça, il y aura des questions de compréhension, mais je vais aller directement
au coeur de cela — la personne victime qui, après avoir présenté sa
demande de qualification, exerce une action civile contre toute personne
responsable du préjudice qu'elle subit, doit en aviser le ministre. Cet avis
doit être signifié — puis plus tard — Le ministre devient
alors, sans formalité, partie à l'instance». O.K.
Mon point, c'est que les causes criminelles,
c'est un écosystème, que les causes civiles… ce n'est pas du un pour un, et les
causes civiles… est un autre écosystème. Prenez l'exemple de ma fameuse
bataille de taverne, je me suis fait frapper, là, puis je me suis fait battre,
là, acte criminel, c'est M. X qui m'a frappé, il m'a battu, j'ai un recours
civil, je le poursuis, c'est lui, l'auteur, bien, je peux poursuivre le bar
aussi par ailleurs parce qu'il n'y avait pas de sécurité, il n'y avait pas de
garde du corps, ça a duré 10 minutes, je me suis fait traîner partout sur
le plancher, puis c'est… Écoute… Mais vous comprenez que l'auteur… Notre
article 13, c'est un acte criminel qui permet l'indemnisation, et la
subrogation va contre M. X, qui m'a battu, mais, si d'aventure, je poursuis M.
X et l'hôtel ou… pas l'hôtel, excusez-moi, le bar, puis c'est pour ça qu'il y a
un lien, quand même, où pourrions-nous prévoir… Parce que, tel que rédigé,
«contre toute personne responsable du préjudice», mon préjudice, je me suis
fait casser le nez puis j'ai manqué six mois de salaire, si je vais le chercher
quand même, puis il dit «oui, parfait, le bar, pas de sécurité,
50 000 $», comment pouvons-nous nous assurer… Puis je suis certain
que le ministre ne voudra pas prétendre au 50 000 $ de l'hôtel, il va
me dire : Oui, mais, dans le fond, ce qui est important, c'est le
préjudice, peu importe l'auteur périphérique. Mais, à quelque part, c'est lié,
l'indemnisation — c'est là où il y a peut-être un
paradoxe — est liée à compenser un préjudice découlant d'un acte criminel.
Là, c'est un… c'est le même préjudice, mais qui ne découle pas de l'acte
criminel. Donc, il faudrait juste que ce soit clair là-dessus.
• (12 heures) •
M. Jolin-Barrette : Bien, le
principe de base de 28, là, c'est de faire en sorte, là… Parce que, dans le
fond, on est dans le cadre d'un régime étatique. Je comprends ce que…
12 h (version révisée)
M. Tanguay
: ...un
paradoxe... est lié à compenser un préjudice découlant d'un acte criminel. Là,
c'est le même préjudice, mais qui ne découle pas de l'acte criminel. Donc, il
faudrait juste que ce soit clair là-dessus.
M. Jolin-Barrette : Mais le
principe de base de 28, là, c'est de faire en sorte, là... Parce que, dans le
fond, on est dans le cadre d'un régime étatique. Je comprends ce que le député
de LaFontaine nous dit et ce que la députée de Notre-Dame-de-Grâce nous dit
aussi. Dans le fond, il y a plusieurs défendeurs. Dans le fond, en matière
civile, il y aurait plusieurs personnes qui auraient commis des fautes. À
l'exemple qui est donné, il y a la faute du bar de ne pas avoir assuré la
sécurité du client.
M. Tanguay
: Le serveur
qui n'a rien fait, qui n'a pas appelé la police, qui a vu ça, par exemple. Oui,
c'est ça.
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est la responsabilité du bon Samaritain, puis...
M. Tanguay
: Le bar,
puis tout ça, oui.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Ensuite, il y a la responsabilité de la personne qui a fait l'acte fautif
aussi. Ça fait que ça, en matière civile, vous pouvez être indemnisé ou obtenir
des dommages relativement à ces deux défendeurs-là. Lorsque vous allez devant
la cour civile, par contre, vous ne serez pas doublement indemnisé non plus en
vertu de votre recours.
M. Tanguay
: C'est le
même dommage.
M. Jolin-Barrette : C'est le
même dommage, donc c'est le même... C'est le préjudice, c'est le même dommage,
c'est la conséquence. Le lien, ce n'est pas le même, parce qu'ils ont des
fautes différentes, mais ultimement, c'est votre même dommage. Donc, vous ne
serez pas multiples fois indemnisé pour le même dommage.
C'est un peu le même principe à 28. À 28,
là, dans le fond, c'est l'État qui vous indemnise. Donc, le régime de l'IVAC,
c'est pour dire : Nous, comme État, on fait le choix d'indemniser les
victimes d'actes criminels. Donc, vous subissez un préjudice en raison d'une
infraction criminelle, à l'occasion d'une infraction criminelle. Elle n'a pas
besoin d'être poursuivie. C'est la même règle qu'en civil selon la
prépondérance de la preuve.
Alors, la personne qui subirait... qui se
verrait octroyer des dommages et intérêts en raison d'une faute en lien avec la
conséquence d'un acte criminel, elle ne pourra pas être doublement indemnisée à
la fois par le régime d'indemnisation étatique et même à la fois... si la
personne obtenait des dommages en vertu de la faute du bar, parce que ça a un
lien par rapport... avec l'infraction criminelle. Dans le fond, son dommage est
relié à l'infraction criminelle. C'est pour ça qu'elle s'adresse...
Donc, on ne pourrait pas dire : Bien,
la partie de l'autre personne physique ou morale que vous poursuivez, pour
laquelle vous obtenez des dommages, même si l'agent payeur n'est pas la
personne qui a commis l'infraction criminelle, on ne peut pas isoler cette
somme-là pour dire que vous ne serez pas indemnisé. Dans le fond, on ne
peut pas avoir une double indemnisation. C'est plus ça, le sens.
M. Tanguay
: Je
comprends, mais ça me fait réaliser, puis je ne l'avais pas réalisé, que
l'indemnisation, la subrogation, puis les recours civils pourront permettre un
élargissement, dans le contexte civil, que l'on n'a pas, entre autres, dans notre
définition de 13, qui dit : Bien, tu es indemnisé <suite>,
très, très encadré, suite à un acte criminel contre la personne, Code criminel.
Pouf! Là, tu dis : Il y a un auteur ou il y a plusieurs auteurs.
Et ça, une fois qu'on a dit ça, puis qu'on
l'a réalisé, je pense que c'est une belle base d'assise sur le point de ma
collègue, de dire : Donc, on peut élargir <le débat...
M. Tanguay
: ...
qui
dit : Bien, tu es indemnisé suite, très, très encadré, suite à un acte
criminel contre la personne, Code criminel. Pouf! Là, tu dis : Il y a un auteur
ou il y a plusieurs auteurs.
Et ça, une fois qu'on a dit ça, puis
qu'on l'a réalisé, je pense que c'est une belle base d'assise sur le point de
ma collègue, de dire : Donc, on peut élargir >le débat dans les
cours pertinentes et les considérations pour aller chercher des fautifs, que ce
soit au sens criminel et peut-être même pas criminel, mais sens civil, périphérique
à cela. Je pense que ça donne une bonne base de lancement à l'argument de ma collègue.
M. Jolin-Barrette : Oui. Je
suis d'accord avec ça. Puis il faut dire aussi que si jamais, là, la personne
victime, là, se retourne contre l'auteur de l'infraction, l'hôtelier, le bar,
le fournisseur, supposons, bien, <si elle... >si, dans le cadre de
ses recours, elle obtient plus en dommages et intérêts que ce que l'IVAC lui
aurait donné, son régime d'options, il est plus avantageux d'aller sur sa cause
d'action civile.
M. Tanguay
: Elle
retire sa demande à l'IVAC puis elle garde 100 %.
M. Jolin-Barrette : Bien... ou
elle rembourse la partie que l'IVAC lui a versée puis elle ramasse le surplus.
Mais, dans le fond, la disposition de 28, c'est aussi pour protéger la victime.
Supposons qu'au départ la personne victime se dit : Eh! moi, je pense que
je vais aller chercher plus à la cour qu'à l'IVAC, puis finalement le juge
dit : Bien, vous aviez demandé, je ne sais pas, 200 000 $, puis
moi, je vous donne 25 000 $, puis à l'IVAC, c'est 75 000 $
qu'on lui donne, on ne veut pas pénaliser la personne victime d'avoir exercé un
recours civil.
M. Tanguay
: Elle va
aller chercher l'autre 50 000 $.
M. Jolin-Barrette : Elle va
aller chercher l'autre 50 000 $. Elle va avoir le meilleur des deux, dans
le fond.
M. Tanguay
: O.K. Je
suis en train de perdre mon idée. Donc, <la victime... >attendez,
la victime poursuit, et est-ce que la victime... La victime aura toujours
l'option, même dans le cas d'espèce où elle va chercher, exemple, une indemnisation
pour perte de revenus, elle demande 100 000 $, elle a
80 000 $, puis à l'IVAC, elle aurait eu — je dis n'importe
quoi — 40 000 $. Donc, elle dit : Non, non, perte de
revenus, je me suis fait indemniser ça au civil.
Mais est-ce qu'elle pourrait aussi être un
peu à l'IVAC, au niveau du premier chapitre, là, 2 à 10, là, au niveau de
l'aide autre que pécuniaire, elle pourrait aller chercher son pécuniaire, 11 et
suivants... c'est-à-dire 10 et suivants, pardon, en cour civile, puis elle ne refait
pas de demande sur l'aspect pécunier, mais qu'elle puisse faire une demande au
niveau de l'accompagnement psychologique dans les articles 2 à 9? Ça
peut-u se faire, ça?
M. Jolin-Barrette : Oui. Dans
le fond, là, la première partie de la loi, là, en ce qui concerne l'aide, là,
l'aide, elle est offerte, peu importe la nature de l'infraction criminelle.
Vous êtes victime d'une fraude ou vous êtes victime d'une infraction
criminelle, vous vous présentez à la... supposons, au CAVAC. La loi sur l'aide,
elle est là pour vous accompagner en termes de soutien psychologique, de vous
accompagner au niveau des différentes ressources. Nonobstant toute forme
d'indemnisation, la loi sur l'aide s'applique à tout le monde de la même façon,
peu importe que vous soyez indemnisé ou non.
M. Tanguay
: Et
croyez-vous qu'un juge pourrait... ou une juge, je pense, pourrait quand même
accueillir et analyser l'argument de la partie défenderesse qui dirait :
Bien, écoutez, on réclame, à travers la liste des...
M. Jolin-Barrette : ...nonobstant
toute forme d'indemnisation, la loi sur l'aide s'applique à tout le monde de la
même façon, peu importe que vous soyez indemnisé ou non.
M. Tanguay
: Et
croyez-vous qu'un juge <pourrait> — ou une juge, je pense — pourrait
quand même accueillir et analyser l'argument de la partie défenderesse qui
dirait : Bien, écoutez, on réclame, à travers la liste des dommages
allégués, on réclame ici remboursement des frais psychologiques? Elle a déjà
été, en vertu du chapitre II et IX, suivie par une aide psychologique. il
pourrait quand même y avoir un débat, là.
M. Jolin-Barrette :
Bien, moi, je ne le crois pas, parce que ce sont des services de l'État public,
dans le fond, avec les CAVAC et à travers le réseau aussi. C'est le filet
social, là, vous ne pouvez pas dire... Ce n'est pas comme si, dans le cas de la
partie I de la loi, là, de 2 à 10, là, ce n'est pas comme si l'État vous
remboursait vos séances de soutien psychologique, il vous les donne. Dans le
fond, ça fait partie du filet social québécois. Vous allez être soit dirigé,
supposons, à travers les CAVAC, les CALACS, qui ont du soutien, des
criminologues, des sexologues, tu sais. Dans le fond, ça fait partie, ou dans
le cadre des CIUSSS aussi, <ça fait partie >du filet social. Donc,
dans le fond, la nature de la réclamation, si jamais vous allez au privé...
M. Tanguay
: Oui,
tu pourrais décider d'aller pour plus de soins au privé...
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien là, à ce moment-là...
M. Tanguay
: ...là
tu réclames.
M. Jolin-Barrette : ...vous
allez réclamer. C'est ça. Et là le juge pourra octroyer ces dépenses-là que
vous avez données. Mais, dans le fond, le principe de base, c'est que la partie
I de la loi, c'est offert à tout le monde, c'est un accompagnement, c'est de
l'aide. Mais, lorsqu'on parle au niveau de l'indemnisation dans le deuxième
volet, à ce moment-là, on rentre dans le mécanisme de compensation et le
mécanisme de favoriser que la victime aille chercher toujours le maximum entre
le régime d'indemnisation public puis ce qu'elle obtient dans le cadre d'une
demande au civil.
M. Tanguay
: Moi, sur
ce point-là, M. le Président, <j'ai... >comme j'ai annoncé,
pardon, sur 28, j'ai plein de petits points... pas plein, j'ai quelques petits
points, en rafale, de compréhension. Mais, sur cet aspect-là, j'aimerais
peut-être laisser la chance à ma collègue de peut-être conclure son échange
avec le ministre. À moins que c'était conclu? Je pense que le ministre a dit à
ma collègue Notre-Dame-de-Grâce qu'il allait y réfléchir ou.... So, what's
next?
Mme Weil
: ...la
partie plus tard, le troisième paragraphe, quand on regarde le temps qui coule,
mais on pourra regarder ça après, c'est-à-dire le trois ans qui coule avant de
faire ses réclamations. Donc, je voulais explorer cette question-là. Bon. O.K.
Donc, on pourrait regarder ça, le troisième paragraphe.
Donc, disons, le recours civil... C'est de
voir à quel moment la personne s'adresse... Disons que la personne ne s'adresse
pas tout de suite à l'IVAC, s'adresse... Donc, un recours civil, dans un
premier temps. Le recours civil prend plusieurs années. Quand est-ce que la
prescription du trois ans commence à courir et reçoit... Donc, le jugement
arrive. La personne est indemnisée. Dans les deux cas, c'est-à-dire un recours
civil contre la personne responsable du préjudice ou, éventuellement, dans le
cas d'une recommandation pour aller <vers les organismes...
Mme Weil
: ...
le
jugement arrive. La personne est indemnisée. Dans les deux cas, c'est-à-dire un
recours civil contre la personne responsable du préjudice ou, éventuellement,
dans le cas d'une recommandation pour aller vers >les organismes hôteliers.
Donc, c'est juste de comprendre comment ça marche, le trois ans.
M. Jolin-Barrette : Dans
le fond, M. le Président, ce que la députée de Notre-Dame-de-Grâce, dans son
hypothèse, là, si je le résume, là, si jamais... <Dans le fond... >Ne
parlons pas d'un cas où c'est une agression sexuelle, violence conjugale ou
violence survenue pendant l'enfance, prenons l'autre cas, prenons l'histoire de
taverne du député de LaFontaine. Dans le fond, une voie de fait, supposons,
simple ou une voie de fait armé, O.K., la personne fait son recours au civil,
l'entame avant la fin de son trois ans. Donc, qu'est-ce qui arrive avec sa
demande à l'IVAC? Elle n'a pas fait sa demande à l'IVAC dans le trois ans.
Mme Weil
: Elle
n'a pas encore fait de demande à l'IVAC.
M. Jolin-Barrette : À ce
moment-là qu'est-ce qui arrive?
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond... C'est ça. À 3°, ce que ça dit, c'est qu'à partir du jugement final la
personne a une année pour réclamer la différence à l'IVAC. Donc, supposons que
vos procédures s'étalent sur cinq ans... Dans le fond, j'entame... Aujourd'hui,
je vais dans la taverne, je me fais tabasser, j'ai trois ans au civil pour
poursuivre mon agresseur. J'y vais le 8 mars 2024... ou le 7 mars
2024...
Mme Weil
: C'est
trois ans pour aller au civil?
• (12 h 10) •
M. Jolin-Barrette :
C'est trois ans.
Mme Weil
: O.K. En
vertu du Code civil?
M. Jolin-Barrette : Oui,
en vertu du Code civil. Ça fait que, dans le fond, 7 mars 2024, j'entame
ma procédure. Ça prend cinq ans. C'est un jugement qui s'en va jusqu'à la Cour
suprême, sept ans. Gros débat. À partir du jugement final, j'ai une année pour
réclamer la différence à l'IVAC du jugement que j'aurais eu... dans le fond, du
montant manquant de ce que j'ai. C'est pour ça qu'on dit : «Cependant,
si la somme ainsi adjugée ou ainsi perçue est inférieure au montant d'aide que
la personne victime aurait pu obtenir en vertu du présent titre, cette dernière
peut bénéficier, pour la différence, des aides prévues au présent titre en
formulant au ministre une demande en ce sens dans l'année suivant la date du
jugement; si l'infraction criminelle concernée en est une qui implique la
violence subie pendant l'enfance, une agression à caractère sexuel ou de la violence
conjugale, cette demande peut être présentée en tout temps.»
Donc, ça veut dire, même si vous avez un
jugement, puis que c'est un des trois cas, là par contre, vous ne tombez pas
dans l'année, vous pouvez le faire 10 ans après, 15 ans après.
Mme Weil
: O.K.
Bien.
M. Jolin-Barrette : Pour
la différence que vous n'avez pas.
Mme Weil
: Oui.
Bon.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: ...puis
je comprends le point de notre collègue de Notre-Dame-de-Grâce, quand elle a
dit que c'est trois ans. Ça serait, dans ce cas-là, contre celui qui m'a
tabassé, ça serait 10 ans en vertu de 2926.1, ce qui veut dire que je
pourrais poursuivre, mettons, huit ans après, je pourrais poursuivre <en
2028...
M. Jolin-Barrette :
…pour la différence que vous n'avez pas.
Mme Weil
: Oui.
Bon.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
:
...puis je comprends le point de notre
collègue de
Notre-Dame-de-Grâce,
quand elle a dit que c'est trois ans. Ça serait, dans ce cas-là, contre celui
qui m'a tabassé, ça serait 10 ans
en vertu de 2926.1, ce qui veut
dire que je pourrais poursuivre, mettons, huit ans après, je pourrais
poursuivre >en 2028, mais là, il y aurait eu une prescription <à
qui… une prescription >extinctive de matérialisée pour l'IVAC, vu que
c'est trois ans?
M. Jolin-Barrette : Non,
parce que la disposition prévoit que c'est à partir du jugement. Dans le fond,
là…
M. Tanguay
: Je me fais
tabasser, j'ai trois ans pour faire ma demande à l'IVAC. Si j'attends plus de
trois ans, je n'ai plus de demande à faire à l'IVAC, c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: Alors, si…
trois ans, je me fais tabasser, victime d'actes criminels, c'était aujourd'hui,
je suis pleinement conscient de mes droits, je ne fais rien pendant trois ans.
J'arrive après quatre ans, l'IVAC va dire : Bien non, il aurait fallu que
vous le fassiez il y a trois ans. Mais là, O.K., parfait, je poursuis. Vous
venez de me dire ça, ça fait quatre ans, je n'ai pas de recours à l'IVAC.
Demain matin, je poursuis et, au jugement final, dans huit ans, là, par magie,
j'ai un… je peux revenir à l'IVAC.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : …M. le Président.
Parce que le point du député de LaFontaine, là, pour bien le résumer, dans le
fond, c'est de dire : Ça va inviter les gens à déposer une action civile…
M. Tanguay : …
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais je réfléchis avec vous, là. Je n'aurais pas entamé mon action en
réparation du préjudice corporel. En fait, je n'aurais pas avisé l'IVAC, dans
les trois ans, de mon préjudice corporel. Puis là je m'en vais au tribunal, une
action au civil, ça fait que j'active cela après, supposons, quatre, cinq ans. Et
donc j'aurais obtenu de l'IVAC x montant, mais, dans le jugement, j'ai moins. Donc,
un an de jugement, ça me permet d'aller… de me requalifier à l'IVAC.
M. Tanguay
: Oui.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors,
réponse, M. le Président, c'est oui. C'est un an du jugement que la personne
peut demander la différence à l'IVAC.
M. Tanguay
: C'est... D'où
la pertinence qu'on aurait pu, à mettre 10x ans, pour ce qui est des… Il y
aurait eu une cohérence, là. Donc, une fois qu'on l'a dit, vous êtes satisfait,
avec votre équipe, M. le ministre, que, tel que rédigé, c'est suffisamment
clair pour les justiciables, la loi, qu'il n'y aura pas, d'enjeu là-dessus, de
débat judiciaire, pour se le faire dire par une juge : C'est clairement
rédigé, <tel que rédigé…
M. Tanguay
: ...donc
une fois qu'on l'a dit, vous êtes satisfait, avec votre équipe, M. le ministre,
que, tel que rédigé, c'est suffisamment clair pour les justiciables, la loi, qu'il
n'y aura pas, d'enjeu
là-dessus, de débat judiciaire, pour se le faire
dire par une juge : C'est clairement rédigé, >tel que rédigé selon
nos... Y a-tu moyen, une fois qu'on l'a dit, cette possibilité-là, de resserrer
l'article, ou il n'y aura pas de débat, vous dites : Non, non, tel que
rédigé...
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, je suis assez à l'aise avec ça, là. Me Dumas-Legendre me dit
également aussi, elle est très à l'aise.
M. Tanguay
: Ah! bien
là, on peut aller dîner, M. le Président. Non, c'est parfait. Non, mais c'est
important, puis le fait de le dire...
M. Jolin-Barrette : Bien, si
c'est le député de LaFontaine qui paie le lunch, moi, je suis intéressé.
M. Tanguay
: C'est ça.
Ça va être un lunch virtuel.
M. Jolin-Barrette : Avec de
la nourriture virtuelle aussi?
M. Tanguay
: Oui, oui,
oui. Non, mais c'est important, puis le fait de l'avoir dit aussi, ça peut
éliminer tout débat judiciaire parce que je sais qu'on nous cite des fois dans
les tribunaux.
J'aimerais savoir... Des petites questions
en rafale. Premier alinéa de 28, à la dernière phrase, premier alinéa de
28 : «Toute somme ainsi adjugée et perçue, soustraction faite des montants
engagés pour obtenir celle-ci», ça, c'est tout mon temps judiciaire et
extrajudiciaire?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Donc, oui, ça inclut les honoraires extrajudiciaires, ce qui signifie les frais
d'avocat.
M. Tanguay
: C'est ça. Frais
d'avocats, qui est quand même bien, parce qu'on ne viendra pas laisser la
personne avec la facture, mais partir avec son gain.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Tanguay
: Tu sais,
c'est important de le mentionner. On l'a dit, dans notre langage, deuxième
alinéa, mais je ne sais pas s'il y aurait eu lieu de le préciser dans la
rédaction. À la fin du deuxième alinéa, qui est une phrase : «La personne
victime avise le ministre de toute somme adjugée, de toute somme perçue et de
tout montant engagé visés au premier alinéa, à la suite de l'exercice d'une
action civile.» Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu... Parce que ce que je sais en
procédure civile, c'est dit comme ça, là, «à la suite d'un jugement final donnant
droit au recours ou à la suite du jugement final»... en disant «final», ça veut
dire que le délai d'appel est passé, là. Plutôt que de dire «à la suite de
l'exercice d'une action civile», c'est comme si... moi, si je viens de faire
timbrer ma procédure puis je signifie le défendeur, je suis en train d'exercer
mon action civile. Mais «à la suite d'un jugement final», il me semble que ce
serait peut-être plus clair.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
là, dans le fond, on dit :«La personne victime avise le ministre de toute
somme adjugée — ça fait que, si vous faites timbrer votre procédure,
elle ne sera pas adjugée, là — de toute somme perçue ou de tout
montant engagé visés au premier alinéa, à la suite de l'exercice d'une action
civile.»
M. Tanguay
: Parce que
je vais avoir engagé des sommes à ce moment-là.
M. Jolin-Barrette : Vous
allez avoir engagé des sommes, bien entendu. Mais, dans le fond, ce qu'on
souhaite savoir, c'est que l'administrateur du régime sache que vous êtes dans
un litige civil, que vous avez pris une procédure.
M. Tanguay
: Que la
procédure est terminée, dans le fond.
M. Jolin-Barrette : Non, que
vous avez pris l'exercice d'une procédure, que vous avez pris le recours.
M. Tanguay
: Oui. <Mais
là vous dites... >Là, le ministre dit : Il faut le lire comme étant
un jugement final, mais là vous me dites finalement : Il ne faut pas le
lire comme étant un jugement final, il faut le lire <comme exerçant...
M. Jolin-Barrette :
...
que vous êtes dans un litige civil, que vous avez pris une procédure.
M. Tanguay
: Que la
procédure est terminée, dans le fond.
M. Jolin-Barrette :
Non, que vous avez pris l'exercice d'une procédure, que vous avez pris le
recours.
M. Tanguay
: Oui.
Mais là vous dites... Là, le ministre dit : Il faut le lire comme étant un
jugement final, mais là vous me dites finalement : Il ne faut pas le lire
comme étant un jugement final, il faut le lire >comme exerçant un recours
même si je n'ai pas de jugement final.
M. Jolin-Barrette : Mais on
veut que l'IVAC soit informée de si vous exercez un recours.
M. Tanguay
: Même si je
n'ai pas encore le jugement final, même si c'est en progression.
M. Jolin-Barrette : Même si
vous n'avez pas jugement final.
M. Tanguay
: O.K. Parce
que, quand vous me disiez «toute somme perçue», vous disiez : Il faut le
lire comme jugement final, mais là, non, non, c'est si j'introduis... Je vais
faire timbrer ma procédure, il faudrait que je vous en avise, là.
M. Jolin-Barrette : Non,
mais, exemple... Bien, idéalement, oui.
M. Tanguay
:
Idéalement, légalement, oui.
M. Jolin-Barrette :
Légalement, oui.
M. Tanguay
: O.K. Super! Je reviens à notre...
M. Jolin-Barrette : Puis
juste une précision. Tu sais, un des engagements, pourquoi est-ce qu'on ajoute
que les frais extrajudiciaires sont couverts, là, donc les frais d'avocat,
c'est parce qu'on ne veut pas décourager la personne victime de... qui prend
des procédures judiciaires. Tu sais, on ne veut pas lui dire : Bien, on va
venir capter tout ton montant, mais ça va t'avoir coûté 40 000 $
d'avocats. Tu sais, on ne veut pas la décourager d'entreprendre des procédures
judiciaires.
M. Tanguay
: Ça fait
que le 45 000 $, elle va pouvoir garder le 5 000 $ à la fin
de l'exercice, là.
M. Jolin-Barrette : Non, elle
va bénéficier de la totalité.
M. Tanguay
: Moins sa
perte, moins son avocat.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
c'est...
M. Tanguay
: Mais, non,
non, c'est juste un petit clin d'oeil sur le rapport coût-bénéfice, des fois,
dans les cours.
M. Jolin-Barrette : Ah non! Ce
que vous voulez dire... Ah! O.K. Oui, je comprends ce que vous voulez dire.
M. Tanguay
: Dernier
alinéa, j'avais des petits défis de compréhension. «En outre, la personne
victime qui, après avoir présenté sa demande de qualification, exerce une
action civile contre toute personne responsable... Cet avis...» Donc, c'est,
après, là, «qu'elle subit», «doit en aviser le ministre». Donc, évidemment, le
dernier alinéa, cette phrase-là nous réconcilie avec le deuxième alinéa, là. Je
veux dire, à la limite, ils ont le même... elles sont très complémentaires puis
beaucoup, beaucoup identiques, ces deux phrases-là.
Mais poursuivons notre lecture : «Cet
avis doit être signifié au ministre par huissier aussitôt que possible dans
l'instance, mais au plus tard 30 jours avant la mise en état de
l'affaire.» Vous savez, sur le 32, sur le 75, on a beaucoup diminué la lourdeur
de la signification par huissier. Mais là, ici, pourquoi on ne dirait pas
«notifié» au sens du Code de procédure civile pour rendre ça plus facile pour
la personne, plutôt que de s'engager un huissier puis d'aller signifier
formellement.
• (12 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
dans le projet de loi n° 75 notamment, on parlait beaucoup des petites
créances, là. Là, on est en matière civile, dans le fond, c'est en vertu de 77
du Code de procédure civile.
M. Tanguay
: Autrement
dit, ce que vous pourriez me dire, vous pourriez dire : Même dans la
nouvelle procédure allégée, il faut toujours, toujours signifier une procédure
introductive d'instance. Je dirais : Oui, mais, quant à ma relation qui
est déjà débutée avec l'IVAC, je vous dirais : Bien, <j'aimerais
ça...
M. Jolin-Barrette :
...
en
vertu de 77 du Code de procédure civile.
M. Tanguay
:
Autrement dit, ce que vous pourriez me dire, vous pourriez dire : Même
dans la nouvelle procédure allégée, il faut toujours, toujours signifier une
procédure introductive d'instance. Je dirais : Oui, mais, quant à ma
relation qui est déjà débutée avec l'IVAC, je vous dirais : Bien, >j'aimerais
ça prendre fait et cause du fait que je suis déjà en relation avec l'IVAC. J'ai
déjà un dossier d'ouvert. Je pourrais-tu le notifier — je suis déjà
en contact avec eu — plutôt que de considérer ça comme une requête
introductive d'instance que je dois lui signifier par huissier?
M. Jolin-Barrette : Bien, pas
vraiment, parce que, dans le fond, le Procureur général, il va falloir qu'il
reprenne fait et cause ou qu'il soit informé, tu sais.
M. Tanguay
: Par
l'IVAC.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
c'est parce qu'à partir du moment... C'est une autre partie, alors on veut
s'assurer d'avoir les actes de procédure. Il faut que l'IVAC ait la totalité du
dossier, là.
M. Tanguay
: Mais là
ils vont être sous votre égide, les deux, là, ils peuvent se parler.
M. Jolin-Barrette : Oui, ils
peuvent se parler, mais ils sont dans une organisation distincte, puis ça va
être par contrat de services. Alors, <on souhaite que... >puisqu'il
s'agit d'un régime public, on souhaite que formellement le Procureur général
doit être signifié... doit être, c'est ça, signifié par huissier.
M. Tanguay
: O.K. Ça...
«Mais au plus tard 30 jours avant... il doit être accompagné de tous les actes
de procédure déjà versés au dossier», donc, déjà là, je veux dire, on n'aide
pas beaucoup, quand même, notre personne victime, là. Il faut le signifier, il
faut lui faire... il faut lui envoyer toute une copie des actes de procédure. En
tout cas, je trouve ça un peu lourd. Ça aura été dit.
M. Jolin-Barrette : Bien, la
personne va déjà avoir entamé ses démarches et va déjà avoir son dossier, ses
procédures, tout ça, ou par le biais de son avocat.
M. Tanguay
: Oui, mais c'est
ça, l'avocat va charger une heure et demie pour faire ça, là, ou une heure.
C'est juste ça, là, je trouve ça lourd un peu. «Le ministre devient alors, sans
formalités, partie à l'instance et, s'il y a lieu, il peut soumettre ses
conclusions.» Pourquoi le ministre devient alors, sans formalités, partie à
l'instance? C'est comme si on l'engageait dans un... «devient partie à
l'instance». Moi, je pense que le ministre doit être notifié, puis il doit être
stand-by, si vous me permettez l'expression, pour dire : Ah! bien là, je
veux, de façon proactive, m'engager dans un processus de subrogation, et je
veux me faire reconnaître partie à l'instance, ou je veux juste regarder ça
aller puis, à la fin, lorsqu'il y aura jugement final, bien, je vais opérer
compensation, puis je vais voir à faire les calculs qui s'imposent.
Mais là, c'est comme si on prenait déjà...
on avait déjà établi le rôle du personnage qu'est le ministre. Il devient
alors, sans formalités, partie à l'instance. Il a le statut de partie à
l'instance. C'est ça que je trouve comme... c'est comme s'il était codemandeur
puis...
M. Jolin-Barrette : En fait :
«Le ministre devient alors, sans formalités, partie à l'instance et, s'il y a
lieu, il peut soumettre ses conclusions sur lesquelles le tribunal doit se
prononcer.» On va faire des petites vérifications, M. le Président.
M. Tanguay
: O.K. Et
dernière petite question, une fois qu'on aura clarifié cela : Quelles sont
les conséquences <pour la personne...
M. Jolin-Barrette :
…on va faire des petites vérifications, M. le Président.
M. Tanguay
: O.K. Et
dernière petite question, une fois qu'on aura clarifié cela : Quelles sont
les conséquences >pour la personne victime de ne pas… de manquer une
étape, là, dans le 30 jours, dans ces affaires-là? C'est quoi, la conséquence?
(Consultation)
M.
Jolin-Barrette : Ça, on va vérifier sur le plan procédural.
Le Président (M. Bachand) : Très rapidement,
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Weil
: Bien, pendant qu'on y est, là, au lieu de tourner la page,
quel est le sens de «il peut soumettre ses conclusions sur lesquelles le
tribunal doit se prononcer»? Sur quels enjeux, quel type de conclusion? Donc,
la conclusion du ministre, c'est ça?
M.
Jolin-Barrette : Bien, moi, je vous dirais, supposons, peut-être, sur
le montant du quantum de la personne sur… si c'est pour ajuster la procédure
aussi. Dans le fond, si, dans les conclusions recherchées, il devrait être
recherché d'autres conclusions. Parce que, dans le fond, si le Procureur
général se subroge, supposons, à la personne, ça se peut que la procédure,
telle que rédigée, il y ait des ajustements à faire sur les conclusions
recherchées.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Compte tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à
14 heures. Merci.
(Suspension
de la séance à 12 h 25)
14 h (version révisée)
(Reprise à 14 h 4)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon après-midi. La Commission des
institutions reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet
de loi n° 84, Loi visant à aider les
personnes victimes d'infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement.
Lors de la suspension de nos travaux, nous
étions rendus à l'étude de l'article 28 tel qu'amendé. Interventions?
M. Tanguay
: M. le
Président...
Le Président (M. Bachand) :
Oui, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: ...je ne
sais pas si le ministre a eu l'occasion de vérifier réponses aux deux questions
qui étaient en suspens. Pour le bénéfice de nos travaux, je pourrais reformuler
les deux dites questions, à savoir pourquoi il y avait le statut... le ministre
avait de facto, après notification, signification, avait le statut de partie à
l'instance. Moi, ça m'amenait une réflexion par rapport à son... c'est comme
s'il commençait la subrogation ou pas, ou, en tout cas, il faisait ça, mais il
était formellement partie à l'instance, de un. Et, de deux, quelles étaient les
conséquences du non-respect du dernier alinéa?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, sur cette question-là bien précise, dans le fond, le ministre, dans le
fond, va être... va pouvoir exercer la discrétion au moment où ça va lui être
signifié, il pourra décider de ne pas être partie à l'instance. Donc, c'est un
choix, mais, dans le fond, c'est là pour faciliter le recours subrogatoire pour
le ministre d'être là. Donc, le ministre aura toujours la possibilité de
renoncer au fait qu'il soit partie à l'instance.
M. Tanguay
: Et tel que
rédigé... parce qu'on dit : «Le ministre devient alors...», donc il
devient alors, sans formalité, partie à l'instance, est-ce qu'il y aurait lieu,
justement, de dire que c'est optionnel au ministre, de rephraser?
M. Jolin-Barrette : On
pourrait mettre «peut».
M. Tanguay
: «Peut»,
oui, ça, on peut mettre «peut», comme ça, pour les instances, les tribunaux, il
n'y aura pas d'ambiguïté, là.
M. Jolin-Barrette : Donc, on
va préparer l'amendement.
M. Tanguay
: Le petit
amendement. Et quelles sont, donc, les conséquences, mettons que la victime ne
respecte pas le délai de 30 jours, ça, c'est un exemple qu'on avait,
est-ce qu'elle perd des droits en vertu de l'IVAC?
M. Jolin-Barrette :
<Ce
n'est pas... >Le 30 jours, ce n'est pas un délai de rigueur.
M. Tanguay
: O.K.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, il n'y a pas de conséquence à... bien, il n'y a pas de conséquence...
bien, il n'y a pas de sanction à ne pas respecter le délai de 30 jours
parce que ce n'est pas un délai de rigueur, sous réserve de l'article 27,
relativement au fait de perdre des droits au Procureur général.
M. Tanguay
: O.K. ça
fait que s'il y a des conséquences qui font en sorte que le procureur a moins
de...
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, là, à ce moment-là, le procureur va pouvoir aller rechercher les
sommes avec la victime.
M. Tanguay
: Je
comprends. Ça complète pour moi, je pense, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la <députée...
M. Jolin-Barrette :
…
de perdre des droits au Procureur général.
M. Tanguay
: O.K. ça
fait que s'il y a des conséquences qui font en sorte que le procureur a moins
de...
M. Jolin-Barrette :
Bien, dans le fond, là, à ce moment-là, le procureur va pouvoir aller
rechercher les sommes avec la victime.
M. Tanguay
: Je
comprends. Ça complète pour moi, je pense, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :
Mme la >députée de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît.
Mme Weil
: Oui, merci,
M. le Président. C'est juste pour comprendre, donc, à la lumière de ce que le
ministre vient de nous dire, il peut soumettre ses conclusions sur lesquelles
le tribunal doit se prononcer, quel type de conclusion? C'est-à-dire juste pour
la récupération des sommes, c'est vraiment ça, pas sur le fond du litige.
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, ça, là, à partir du moment où il y a une poursuite civile qui est
entamée par la personne victime, le Procureur général est informé à un moment
ou un autre, et lorsqu'il décide de se joindre à l'action, souvent, ça va être
dans un cas, supposons… bien, souvent, ça pourrait être un cas où il va exercer
un recours, il va prendre un recours à titre de recours subrogatoire, et là, à
ce moment-là, il pourrait lui arriver que, supposons, les conclusions telles
que rédigées à la base, ce ne sont pas les conclusions complètes qui devraient
y être. Donc, on dit, bien, écoutez, il peut se joindre au recours, il peut
prendre le recours comme… dire : Bien, je vais exercer le recours. Et il
peut ajouter des conclusions par rapport à la personne. Ça fait que, exemple,
supposons que les conclusions recherchées au départ démontraient une incapacité
permanente de, je ne sais pas, de 15 % de la personne, puis que
finalement, suite aux différents rapports, tout ça, c'est 30 %, donc il y
a lieu d'amender la procédure et de joindre les conclusions…
Mme Weil
: Donc,
vraiment, excusez-moi…
M. Jolin-Barrette : …donc,
amender la procédure, en fait.
Mme Weil
: Donc,
vraiment, sur les questions de conséquences de l'acte, des dommages, c'est<
sur>, vraiment, sur cet enjeu des dommages, pas sur d'autres enjeux.
M. Jolin-Barrette : Pour
recouvrer les sommes versées.
Mme Weil
: Oui, c'est
vraiment, strictement, pour…
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme Weil
: …c'est ça,
récupérer les sommes versées parce qu'on est dans ce chapitre-là.
M. Jolin-Barrette : Parce
que… c'est ça, puis le lien…
Mme Weil
: On est dans
la subrogation.
M. Jolin-Barrette : Le lien
de droit qui est exercé par l'IVAC, dans ce cas-ci, c'est en fonction de ce
que, eux… Tu sais, ils sont joints au recours. Pourquoi ils sont joints au
recours? L'IVAC est joint au recours, parce que l'IVAC paye, en tant que régime
public, des sommes à monsieur x ou madame x, et là, dans le fond, son lien de
droit se retrouve à être parti à l'instance, parce que le régime public paye
des sommes à la victime. Donc, la personne qui avait entrepris un recours contre
la personne qui a commis l'infraction criminelle, dans le fond, on vient
reprendre sa position, mais la source du droit d'action de l'IVAC est à cause
du fait qu'elle débourse pour la personne, elle lui donne des aides
financières.
Mme Weil
: Mais, sur
les actes fautifs et les conséquences de ces actes fautifs qui créent des
dommages, le ministre… il n'y a pas de situations où, peut-être, l'IVAC aurait
indemnisé en… parce que l'IVAC regarde l'état de situation globale… je ne
connais pas toutes, évidemment, tous les montants ou toutes les <sommes…
Mme Weil
: …
le
ministre… il n'y a pas de situations où, peut-être, l'IVAC aurait indemnisé en…
parce que l'IVAC regarde l'état de situation globale… je ne connais pas toutes,
évidemment, tous les montants ou toutes les >sommes en vertu de tous les
critères de l'IVAC, est-ce que ça peut arriver que la cour rejette, par exemple,
une des… un aspect de la demande, mais d'autres aspects de la demande, basés
sur la preuve, et que le ministre… que l'IVACaurait déjà reconnu peut-être que,
oui, tout ça fautif, sur le tout, et qu'il y ait un lien entre les sommes
versées à la victime et les actes fautifs, plus que fautifs, mais très
dommageables, les préjudices, les actes qui ont causé les préjudices? Est-ce
que le ministre pourrait… mais, le ministre, le gouvernement, le ministère ne
s'ingère pas dans ces aspects-là, vraiment, il va aller juste sur la question
même si ça veut dire moins d'argent ou moins de récupération parce que certains
actes ne seront pas reconnus par le tribunal.
• (14 h 10) •
M. Jolin-Barrette :
Exactement, c'est séparé. Là, dans le fond, ce qu'il faut comprendre, là, puis
de ce que… la question de la députée de Notre-Dame-de-Grâce, là, ça ne sera pas
préjudiciable à la personne victime qui entame un recours. Donc, dans
l'éventualité où le tribunal disait «je ne vous crois pas», mais que le régime
d'indemnisation indemnise, le régime d'indemnisation prend sa propre décision,
il n'est pas lié par la décision du tribunal, c'est ça.
Mme Weil
: C'est ça.
Non, jamais. C'est juste peut-être l'IVAC aurait été plus généreux que le…
M. Jolin-Barrette : …que le
tribunal, c'est ça.
Mme Weil
: …que le
tribunal, c'est surtout ça qui est…
M. Jolin-Barrette : Mais
c'est pour ça qu'on dit plus haut dans l'article, si le tribunal donne,
supposons, 40 000 $ puis l'IVAC donne 50 000 $, on préserve
le droit de la personne victime d'aller chercher le 10 000 $ restant
à l'IVAC.
Mme Weil
: C'est ça. O.K.
Merci.
M. Jolin-Barrette : Parce
que — juste si je fais un aparté — vous savez, en matière
québécoise, en matière de dommage et intérêt, tout ça, ça n'a rien à voir
comparativement aux États-Unis ou dans d'autres juridictions où c'est des
sommes très élevées, là.
Mme Weil
: Oui.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Merci.
Donc, dans l'attente de l'amendement, il y a une chose intéressante qui vient
de surgir à mon esprit, bien, je ne sais pas si elle est intéressante, mais,
moi, je la trouve intéressante.
M. Jolin-Barrette : C'est une
appréciation subjective.
M. Tanguay
: Oui, in
concreto. La créance qui découle du jugement dans ce contexte-là, qui est dû à
la victime et qui est dû à l'État, n'est pas prioritaire en vertu de 26.51, ou
autres, n'est-ce pas, du Code civil du Québec? Donc, l'État serait un créancier
ordinaire?
M. Jolin-Barrette : Un
créancier chirographaire comme on dit.
M. Tanguay
:
Chirographaire, oui.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Bien, pas le chiro pour le dos, là.
M. Tanguay
: Non, ça,
c'est l'article 2 à 9, le chiro, hein.
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
on va vérifier à savoir est-ce que ça constitue une créance prioritaire le fait
de la réclamation.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : O.K.
Alors, il ne s'agit pas d'une créance <prioritaire…
M. Jolin-Barrette :
...
vérifier à savoir est-ce que ça constitue une créance prioritaire le
fait de la réclamation.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette :
O.K. Alors, il ne s'agit pas d'une créance >prioritaire parce que ça
résulte d'un jugement. Donc, je ne me souviens plus ce que dit 2651...
M. Tanguay
: C'est
les créances en vertu d'une loi fiscale, mais ce n'est pas ça.
M. Jolin-Barrette : Non,
ce n'est pas ça.
M. Tanguay
: Puis
deuxième, le volet de cela, je n'ai pas en tête... puis j'essayais, là... je ne
sais même pas si j'avais la bonne expression, l'ordre de collocation des
codemandeurs en justice, on pourrait-u faire passer la victime avant? Parce
qu'il serait triste, si le fruit du jugement... Par exemple, la victime se fait
octroyer 60 000 $, l'État, 40 000 $, donc condamnation pour
100 000 $, l'auteur est insolvable, mais jusqu'à concurrence de
20 000 $, par exemple, puis on peut le saisir puis vendre des biens
pour 20 000 $, j'aimerais ça que le premier 20 000 $ aille
à la victime avant que l'État n'ait... ou plutôt que ça fasse
10 000 $-10 000 $. Alors, on est dans l'ordre de
collocation, puis on n'a pas besoin d'avoir la réponse là, là, mais si on
pouvait avoir une réflexion là-dessus, moi, je ferais passer, dans ce
contexte-là, la victime avant... vous comprenez, là, parce que bien souvent il
n'y a pas personne qui va se mettre riche là-dessus, là, je prioriserais la
victime dans l'ordre de collocation.
M. Jolin-Barrette :
J'entends bien, on va y réfléchir puis on va regarder, il faut juste garder à
l'esprit que souvent une personne qui, supposons, va se placer à l'abri de ses
créanciers n'a pas nécessairement seulement deux créances, là. Donc, les règles
applicables au code s'appliquent aussi, là, en termes de créance prioritaire,
là.
M. Tanguay
: Oui,
tout à fait, par contre, une personne peut être solvable jusqu'au moment où
elle a un jugement contre elle et… c'est-à-dire, elle est en état d'insolvabilité,
elle ne peut pas rembourser la totalité du jugement, mais elle se fait saisir
des biens, puis il y a des ventes en justice, ça existe, là, <et le fruit
de... >la personne peut ne pas être en faillite, <peut ne pas... >et
le fruit de cela, bien, ça soit distribué d'abord pour la victime et après ça,
le reliquat pour l'État parce qu'une personne peut...
M. Jolin-Barrette : Mais,
dans l'exemple que le député de LaFontaine présente, là, ça voudrait dire que, dans
un premier temps, la personne victime a exercé son recours en matière civile et
que, là, par la suite, elle a obtenu jugement, donc ça met fin à l'instance.
M. Tanguay
: Ce n'est
pas cet exemple-là, c'est l'exemple où là, soit par subrogation, l'État
poursuit et la victime se joint, ou la victime poursuit et l'État se joint, le
«peut» qu'on va amender, il y a deux demandeurs puis ils ont un jugement, bien,
que la victime passe avant dans l'ordre de collocation.
M. Jolin-Barrette : Mais
c'est sur le 90 %-10 % de salaire, supposons, là.
M. Tanguay
: Oui,
sur quelque chose où l'État... autrement dit, l'État peut se faire octroyer un
40 000 $, la <victime...
M. Tanguay
: ...
ou
la victime poursuit et l'État se joint, le «peut» qu'on va amender, il y a deux
demandeurs puis ils ont un jugement, bien, que la victime passe avant dans
l'ordre de collocation.
M. Jolin-Barrette :
Mais c'est sur le 90 %-10 % de salaire, supposons, là.
M. Tanguay
:
Oui, sur quelque chose où l'État... autrement dit, l'État peut se faire
octroyer un 40 000 $, la >victime un 60 000 $, et ça
m'est arrivé dans une autre vie, M. le Président, à l'époque, on faisait un
interrogatoire après jugement, c'était un 548, parce que la personne... Des
fois, c'est triste, là, tu as un jugement, là, puis la personne dit :
Bien, pauvre monsieur, pauvre madame, vous pouvez l'encadrer, votre jugement,
parce que... Alors, on faisait un interrogatoire pour connaître les biens de la
partie qui doit payer maintenant puis, des fois, on récupérait des sommes, on
récupérait un 1 000 $ là, un 5 000 $ là, puis la personne
ne faisait pas faillite, mais, que dans l'ordre de collection, que si... Puis
il arrivera beaucoup de cas où ça va être des quelques milliers de dollars
qu'on pourra effectivement récupérer, moins les frais qui doivent être couverts
pour cela, bien, que ce soit la victime qui passe avant.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Bien, ce que je vais faire, je vais le prendre en délibéré.
M. Tanguay
: O.K.
M. Jolin-Barrette : On va
vous revenir aussi. Puis, lorsqu'on aura terminé l'article 28 aussi, j'ai
une réponse pour vous relativement au nombre de dossiers, là, sur les
expertises, les contre-expertises.
M. Tanguay
: O.K.
Le Président (M. Bachand) :
Merci.
M. Tanguay
: …l'amendement.
M. Jolin-Barrette : Bien, on
va être prêts pour l'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
On ne l'a pas encore reçu. On l'attend... dans la machine, là.
M. Jolin-Barrette : Dans les
Internets, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Oui, haute vitesse.
M. Jolin-Barrette : Ah! ça,
je ne sais pas, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Pas sûr.
M. Jolin-Barrette : Je ne
sais pas avec qui vous êtes branché.
Le Président (M. Bachand) :O.K., on va suspendre quelques instants, s'il vous plaît.
Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 17)R
>
(Reprise à 14 h 19)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux.
Donc, l'amendement va être sur Greffier dans les secondes qui suivent. Peut-être,
M. le ministre, en faire une lecture.
M. Jolin-Barrette : Oui. À
l'article 28 du projet de loi, remplacer, dans le dernier alinéa «devient»
par «peut devenir».
Alors, ça se lirait ainsi : «Le
ministre peut devenir alors, sans autre formalité, partie à l'instance et, s'il
y a lieu, il peut soumettre ses conclusions sur lesquelles le tribunal doit se
prononcer.»
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions sur l'amendement? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui, c'est
correct, M. le Président, on essaie de rafraîchir, là, mais on a écouté… On est
sur les Internets. Moi, ça me va, là, je ne sais pas s'il y a des commentaires,
mais, pour ma part, ça me va.
Le Président (M. Bachand) :
O.K. S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux
voix de l'amendement. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
• (14 h 20) •
La Secrétaire
:
Pour, contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Merci. On revient sur
l'article 28 tel qu'amendé. Interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'article 28 tel qu'amendé est adopté. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
avant de passer à l'article 29, en complément d'information, M. le
Président, à une question du député de LaFontaine sur… lorsqu'on était dans la
question des expertises puis des contre-expertises. Dans le fond, on a les
données pour les trois dernières années, donc, le nombre d'expertises demandées
puis on… c'est déposé sur le Greffier, M. le Président, donc le nombre
d'expertises demandées par la Direction générale de l'IVAC par année… et ça ne
vise pas seulement les contre-expertises, mais peuvent également être des
expertises demandées lorsque le bureau médical de la DIVAC n'est pas en mesure
d'évaluer les séquelles sur dossier dans les situations de cas complexes, ça
veut dire, à la base, pas le fait de <dire…
M. Jolin-Barrette :
...d'expertises demandées par la Direction générale de l'IVAC par année… et ça
ne vise pas seulement les contre-expertises, mais peuvent également être des
expertises demandées lorsque le bureau médical de la DIVAC n'est pas en mesure
d'évaluer les séquelles sur dossier dans les situations de cas complexes, ça
veut dire, à la base, pas le fait de >dire... à l'interne, dans la
boîte, là, à la DIVAC, lorsqu'ils n'ont pas l'aptitude pour voir c'est quoi, la
séquelle véritable de la personne, donc ça inclut ça, en plus des
contre-expertises, en 2018 on est à 372, en 2019 à 232, puis en 2020 à
103 demandes d'expertise ou de contre-expertise sur un nombre de dossiers,
à peu près... on me disait que c'est à peu près 9 000 en 2020,
9 000 dossiers, donc 100 sur 9 000. 2019, là, il faudrait sortir
les chiffres des autres années. Donc, c'est quand même infime, là, le nombre de
contre-expertises ou d'expertises.
Le Président (M. Bachand) :
Ça va être sur Greffier dans quelques secondes.
M. Tanguay
: Oui,
merci beaucoup. Puis, M. le Président, là-dessus, je ne sais pas, là, je nous
pose la question collectivement, là, je devrais le savoir, j'avais soulevé le
point, puis je ne sais pas ce qu'il en est advenu, que, pour la
contre-expertise, ça soit aussi une possibilité pour la victime de choisir, par
exemple, si elle veut un homme ou une femme. Vous savez, on prévoit déjà ça à
l'expertise principale, puis, quand elle venait... je sais que c'est peu de
cas, là, c'est... donc, sur 103, ça va peut-être être... en tout cas, c'est en
bas de 100, c'est sûr... qu'il puisse y avoir un choix. Est-ce qu'on avait
déposé un amendement? Est-ce qu'on avait regardé ça?
M. Jolin-Barrette :
...souvenir, on a eu la discussion, je pense qu'on avait déposé un amendement,
est-ce que ça vous dit quelque chose?
M. Tanguay
: Non.
M. Jolin-Barrette : Non?
Ce n'était pas le professionnel de...
M. Tanguay
: On
allait y réfléchir.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette :
Bien, on va vous revenir, mais, nous aussi, ça nous sonne des cloches, mais...
M. Tanguay
: Puis
je pense qu'on avait dit : On va y réfléchir.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: Puis
on dit que c'était peut-être un débat que nous pourrions, le cas échéant, à 66,
rouvrir, et le fait d'être dans l'attente des chiffres participe de la
réflexion qui est en cours aussi, là. Ça fait que, là, on a les chiffres, c'est
peu, mais, quand même, si, sur le principe, on peut le permettre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, là-dessus, je peux m'engager tout de suite, là, quand qu'on va être rendus
à l'article, je n'ai pas d'enjeu à faire en sorte que, dans le cas d'une
contre-expertise, on... dans le fond, ça demeure au choix de la DIVAC, mais,
pour le sexe de la personne, du professionnel, que ça soit au choix de la
personne victime, ça, je n'ai pas d'enjeu.
M. Tanguay
: Oui,
c'est ça, puis on pourra regarder s'il y a d'autres critères, mais je pense que
le choix du sexe est principal, là, mais... O.K., c'est bon, merci pour les
infos.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Alors, M. le ministre, sur l'article 29.
M. Jolin-Barrette : «29.
L'aide financière à laquelle a droit un enfant mineur est versée à son parent,
au titulaire de l'autorité parentale de cet enfant, à son tuteur ou à son
curateur, sauf si l'enfant de 14 ans ou plus a présenté seul sa demande de
qualification.
«Lorsque ce parent, ce titulaire de
l'autorité parentale, ce tuteur ou ce curateur est l'auteur de l'infraction
criminelle qui est à l'origine du droit à l'aide financière, celle-ci est alors
versée uniquement à l'autre parent ou à un autre titulaire de l'autorité
parentale ou à défaut, elle est versée à une autre personne majeure désignée
par le ministre. La <personne...
M. Jolin-Barrette :
...
sa demande de qualification.
«Lorsque ce parent, ce titulaire de
l'autorité parentale, ce tuteur ou ce curateur est l'auteur de l'infraction
criminelle qui est à l'origine du droit à l'aide financière, celle-ci est alors
versée uniquement à l'autre parent ou à un autre titulaire de l'autorité
parentale ou à défaut, elle est versée à une autre personne majeure désignée
par le ministre. La >personne désignée a, à l'égard de l'administration
de cette aide, les pouvoirs et les devoirs d'un tuteur ou d'un curateur, selon
le cas.
«Lorsqu'une personne majeure inapte a
droit au versement d'une aide financière, celle-ci est versée à son tuteur ou à
son curateur, selon le cas, ou, à défaut, à une personne que le ministre
désigne; cette personne a les pouvoirs et les devoirs d'un tuteur ou d'un curateur,
selon le cas.
«Avis est donné au curateur public de tout
versement d'une aide financière à l'égard d'une personne inapte ou d'un enfant
mineur.»
L'article 29 établit le principe que
si un enfant mineur a droit à une aide financière, celle-ci serait versée à son
parent, au titulaire de l'autorité parentale, à son tuteur ou à son curateur,
sauf si cet enfant avait présenté seul sa demande.
En outre, l'article prescrit que lorsque
le parent, le tuteur de l'autorité parentale, le tuteur ou le curateur à qui
une aide financière serait versée est l'auteur de l'infraction criminelle, l'aide
financière serait alors versée à l'autre parent ou à l'autre titulaire de
l'autorité parentale, le cas échéant ou à défaut, elle serait versée à une
personne que le ministre désignerait. Cette disposition vise à assurer qu'en
aucun cas l'auteur de l'infraction criminelle contre un enfant ne reçoive l'aide
financière destinée à cet enfant.
Finalement, la disposition prévoit le
versement, à un tuteur ou à un curateur, de l'aide financière qui serait
désignée à un majeur inapte.
Le Président (M. Bachand) :
Je crois que vous avez un amendement, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : Oui, j'ai
un amendement, M. le Président. Vous êtes davantage dans la précipitation que
moi, M. le Président. Donc : À l'article 29 du projet de loi :
1° dans le premier alinéa, remplacer
«enfant, à son tuteur ou à son curateur» par «enfant ou à son tuteur»;
2° remplacer le deuxième alinéa par
le suivant :
«Lorsque ce parent, ce titulaire de
l'autorité parentale ou ce tuteur est l'auteur de l'infraction criminelle qui
est à l'origine du droit à l'aide financière, celle-ci est alors versée
uniquement à l'autre parent, à un autre titulaire de l'autorité parentale ou à
un autre tuteur ou à défaut, elle est versée à une autre personne majeure
désignée par le ministre. La personne désignée a, à l'égard de l'administration
de cette aide, les pouvoirs et les devoirs d'un tuteur.»;
3° dans le troisième alinéa,
remplacer «tuteur ou à son curateur» par «tuteur, à son curateur ou à son
mandataire».
Cet amendement propose de supprimer la
mention qui réfère au curateur d'un mineur, ce dernier ne pouvant pas être
représenté dans l'exercice de ses droits civils que par un tuteur.
L'amendement propose également de préciser
que l'aide financière peut être versée à un tuteur, autre que celui qui serait
l'auteur de l'infraction criminelle qui est à l'origine du droit à cette aide
financière. En effet, plusieurs tuteurs peuvent représenter un mineur.
L'amendement propose enfin de préciser que
l'aide financière à une personne majeure inapte peut être versée à son
mandataire puisqu'une personne majeure peut parfois être représentée par un
mandataire désigné aux termes d'un mandat de protection.
Donc, l'amendement… en fait, l'article se
lirait ainsi, si tel qu'amendé : 29. L'aide financière à laquelle a droit
un enfant mineur est versée à son parent, au titulaire de l'autorité parentale
de cet enfant ou à son <tuteur...
M. Jolin-Barrette :
…mandataire puisqu'une personne majeure peut parfois être représentée par un
mandataire désigné aux termes d'un mandat de protection.
Donc, l'amendement… en fait, l'article
se lirait ainsi, si tel qu'amendé : 29. L'aide financière à laquelle a
droit un enfant mineur est versée à son parent, au titulaire de l'autorité
parentale de cet enfant ou à son >tuteur, sauf si l'enfant de
14 ans ou plus a présenté seul sa demande de qualification.
Lorsque ce parent, ce titulaire de
l'autorité parentale ou ce tuteur est l'auteur de l'infraction criminelle qui
est à l'origine du droit à l'aide financière, celle-ci est alors versée
uniquement à l'autre parent, à un autre titulaire de l'autorité parentale ou à
un autre tuteur ou à défaut, elle est versée à une autre personne majeure
désignée par le ministre. La personne désignée a, à l'égard de l'administration
de cette aide, les pouvoirs et les devoirs d'un tuteur.
Lorsqu'une personne majeure inapte a droit
au versement d'une aide financière, celle-ci est versée à son tuteur, à son
curateur ou à son mandataire, selon le cas, ou, à défaut, à une personne que le
ministre désigne; cette personne a les pouvoirs et les devoirs d'un tuteur ou
d'un curateur, selon le cas.
Avis est donné au curateur public de tout
versement d'une aide financière à l'égard d'une personne inapte ou d'un enfant
mineur.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui. Le
curateur…
Des voix
: …
M. Tanguay
: Oui, le
curateur, excusez mon ignorance, là, mais en droit de la famille, le curateur
peut être privé, il n'y a pas juste le Curateur public, hein, c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Mais là
il y a eu la réforme qui a été faite récemment par mon collègue de la Famille,
c'est ça?
M. Tanguay
: Le 18, le projet
de loi n° 18.
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est ça, le projet de loi n° 18, et là il n'y a pas de curateur pour les
mineurs, c'est bien ça? Il n'y a plus de curateur pour les mineurs, mais il
peut y en avoir pour les majeurs.
Une voix
: …
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Tanguay
: O.K. Puis
qu'est-ce qu'il y a pour, anciennement, ce qui était un curateur pour le mineur,
il y a un tuteur avec pleine administration?
Une voix
: …
M. Jolin-Barrette : O.K. Il y
avait un seul tuteur à la personne, mais plusieurs tuteurs aux biens.
M. Tanguay
: Il y
avait… Et là, il y aura?
M. Jolin-Barrette : Il y a…
il y a…
Une voix
: …
M. Tanguay
: On peut
entendre madame, si…
Une voix
: …
M. Jolin-Barrette : O.K. Il y
avait des curateurs pour les mineurs, hein?
Une voix
: …
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Bon. Pour les mineurs, il y avait, dans le Code civil, une curatelle aux mineurs,
avant, désormais, ça va être supprimé, la curatelle, ou c'est supprimé… C'est-u
en vigueur?
Une voix
: …
M. Jolin-Barrette : Ça va
rentrer en vigueur, et donc il n'y aura plus de curatelle au mineur, ça va être
uniquement des tuteurs. Donc, un tuteur à la personne et des tuteurs pour… un
ou des tuteurs pour les biens. Donc, la notion de curatelle ne s'applique plus
aux mineurs, mais je comprends qu'elle s'applique toujours aux majeurs.
Une voix
: …
M. Jolin-Barrette : À
l'inapte, au majeur inapte, la curatelle va continuer de s'appliquer.
M. Tanguay
: Et la
curatelle peut-elle être privée ou elle est publique?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Une voix
: …
M. Jolin-Barrette : C'est ça
que… c'est soit… La curatelle peut être exercée par un proche, donc privée,
privément, ou c'est la curatelle publique, puis là, c'est le régime public.
• (14 h 30) •
M. Tanguay
: O.K. Quand
on dit, à la fin, là, puis il y a des petits éléments, là, à la fin, le dernier
alinéa, «Avis est donné au curateur public de tout versement d'une…
14 h 30 (version révisée)
M. Jolin-Barrette : …que…
c'est soit la curatelle peut être exercée par un proche, donc privée, privément,
ou c'est la curatelle publique, puis là c'est le régime public.
M. Tanguay
: O.K. Quand
on dit, à la fin, là, puis il y a des petits éléments, à la fin, le dernier
alinéa : «Avis est donné au curateur public de tout versement d'une aide
financière à l'égard d'une personne inapte ou d'un enfant mineur», dans ce cas-là,
la gestion par le Curateur public des biens financiers d'un majeur ou d'un
mineur, est-ce que j'ai raison de croire que ça tombe dans le fonds consolidé, dans
le fond? Parce qu'on n'aura pas… Le Curateur public ne va pas, de façon
particulière, faire bénéficier la personne sous curatelle d'une aide financière
particulière.
M. Jolin-Barrette : Bonne
question. Oui, on va poser. Mais, quand vous êtes sous la curatelle publique,
c'est qu'il n'y a personne pour s'occuper de vous, mais, comme les sommes que
vous avez, quand même, elles sont administrées par le Curateur public, là. Ils
ont des…
M. Tanguay
: Je ne
crois pas qu'il y ait de façon distincte, parce que prenez le cas où vous êtes
en institution, sous curatelle, que vous ayez une somme de l'IVAC, vous n'allez
pas en bénéficier, je veux dire, le curateur…
M. Jolin-Barrette : Non, je
ne vous dirais pas ça.
M. Tanguay
: Comment ça
fonctionne?
M. Jolin-Barrette : On va
faire des vérifications, parce que le Curateur public… Là, je vous parle, à mon
souvenir, là, mais, dans le fond, il n'y a personne pour s'occuper de la
personne. Dans le fond, là, moi, je deviens un majeur inapte, là, s'il n'y a
personne qui se manifeste dans mon cercle proche ou on ne peut pas m'attribuer
une curatelle privée, là, à ce moment-là, c'est le Curateur public qui
administre mes biens. Mais mes biens, supposons que j'avais un patrimoine bien
doté comme celui du député de LaFontaine, donc, il y aurait de quoi à administrer,
là. Alors, voyez-vous, alors, le Curateur public ne noie pas le patrimoine d'un
majeur inapte dans le fonds consolidé, là.
M. Tanguay
: Il y a une
gestion distincte.
M. Jolin-Barrette : Il y a
une gestion distincte, à mon souvenir, je peux me tromper, là, mais…
M. Tanguay
: O.K. Parce
qu'il pourrait y arriver des cas, peut-être rarissimes, où une personne
pourrait ne plus être sur la curatelle publique, ça peut arriver, j'imagine.
M. Jolin-Barrette : Bonne
question, bonne question. Ça peut arriver. La députée de Joliette peut
peut-être nous renseigner.
Mme
Hivon
: J'ai
eu le bonheur de participer au projet de loi n° 18, donc… bien oui, ça
peut arriver. Votre état peut changer, donc il n'y a rien qui est immuable en
termes de…
M. Jolin-Barrette : Parce que
la curatelle, ça n'a pas un effet permanent nécessairement.
Mme
Hivon
: Justement
avec la réforme, en plus, il va y avoir des évaluations plus fréquentes, et
tout. Je ne me substituerai pas à toutes les explications que pourrait nous
donner le Curateur public, mais c'est sûr que c'est réversible.
M. Jolin-Barrette : Peut-être
que Me Marsolais suit nos travaux assidûment, puis on pourra lui poser la
question. Mais on va <faire…
Mme
Hivon
:
...je ne me substituerai pas à toutes les explications que pourrait nous donner
le
Curateur public, mais c'est sûr que c'est réversible.
M. Jolin-Barrette :
Peut-être que Me Marsolais suit nos travaux assidûment, puis on
pourrait lui poser la
question. Mais on va >faire les vérifications
puis on vous revient.
Le Président (M.
Bachand) :…
M. Tanguay
: Puis là on
voit un peu... Je fais une analogie qui est imparfaite, là. Par définition,
toute analogie est imparfaite, mais je fais une analogie avec, dans le cas de
l'enfant de 14 ans, lorsque le tuteur ou le parent bénéficiant de
l'autorité parentale ne dépose pas une demande d'admission à l'IVAC, on
dit : Un tiers qui peut être la voisine de palier, parce qu'on
disait : Ce n'était pas un tiers significatif. Là, je vois la même chose,
où le ministre va confier à une personne majeure désignée par le ministre.
J'aimerais savoir : Est-ce que ça,
c'est nouveau? Est-ce que ça se fait? Parce qu'on est assez, dans le bon sens
du terme, là, intrusif dans la vie très particulière d'une personne, et c'est
le ministre qui sera apte, qui sera capable, devrais-je dire, de cibler la
bonne personne pour le cas du mineur. Elle est versée, cette somme, à une personne
majeure désignée par le ministre. Comment le ministre va se faire conseiller?
Quand on dit «le ministre», ce n'est pas lui en sa personne, là, ce sera
l'administration, là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Attendez-moi juste un instant.
Bon. Si je reviens juste à votre question précédente,
là, au niveau du patrimoine des personnes qui sont sous la curatelle, donc
c'est l'article 43. Donc : «Le Curateur public doit maintenir une
administration et une comptabilité distinctes à l'égard de chacun des
patrimoines dont il est chargé de l'administration. Il n'est responsable des
dettes relatives à un patrimoine qu'il administre que jusqu'à concurrence de la
valeur des biens de ce patrimoine.»
M. Tanguay : …du Code civil.
M. Jolin-Barrette : Est-ce
que c'est du Code civil? Non…
Une voix : …
M. Jolin-Barrette : De la Loi
sur le curateur. O.K.
M. Tanguay
: La Loi sur
le curateur… O.K. Loi sur le curateur public.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bon.
Et puis, à l'article 29 de la Loi sur le curateur public : «Dès que
des biens sont confiés à son administration, le Curateur public, comme
administrateur du bien d'autrui, procéder à la confection d'un inventaire
conformément au titre septième du livre quatrième du Code civil relatif à
l'administration du bien d'autrui.
«L'inventaire est fait sous seing privé;
l'un des témoins doit, si possible, faire partie de la famille, de la parenté
ou de l'entourage du propriétaire des biens.»
Alors, ça, ça n'a pas changé avec la
réforme. Donc, ça signifie, là, qu'il y a des patrimoines distincts. Puis, dans
le fond, le Curateur public, lorsqu'il ouvre sa curatelle, il fait un
inventaire et il doit gérer tout ça de façon indépendante. Ça fait que ça,
c'est le premier volet de la réponse.
Ensuite, la question du <député
de LaFontaine, la...
M. Jolin-Barrette :
…dans le fond, le Curateur public, lorsqu'il ouvre sa curatelle, il fait un
inventaire et il doit gérer tout ça de façon indépendante. Ça fait que ça, c'est
le premier volet, la réponse.
Ensuite, la question du >député
de LaFontaine, la deuxième, c'était… peut-être juste me rappeler, M. le député
de LaFontaine.
M. Tanguay
: …
M. Jolin-Barrette : Comment
je vais choisir le majeur?
M. Tanguay
: Oui,
comment ça va s'orchestrer, pour qu'on puisse dire, le cas échéant : Bien,
la bonne personne, ça serait la voisine de palier? Parce que, dans l'autre
article…
M. Jolin-Barrette : Dans
l'autre article, on voulait permettre, exemple, à un tiers, de faire la demande
pour le mineur. Donc, dans le fond, pour présenter la demande à l'IVAC, donc
on… notamment à la DPJ. Tu sais, supposons, qu'ils pourraient faire la demande
au nom du mineur. Par la suite, la question, c'est de savoir à qui est-ce qu'on
confie les sommes pour le mineur, pour les administrer, là, à la personne que
je désigne, qui sera la personne que je vais désigner.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Si vous
voulez, on est en train de faire des vérifications, donc je pourrais répondre à
d'autres questions aussi.
Le Président (M.
Bachand) :…Mme la députée de Joliette,
pardon. Sur ce…
Mme
Hivon
: Je
ne veux pas couper l'inspiration de mon collègue, je pensais qu'il avait
terminé son point, mais j'aurai une question après.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Merci. M. le député de LaFontaine
M. Tanguay
: Juste en
lien de ça. Merci beaucoup, collègue de Joliette. Juste en lien de ça,
l'article dont on parle, c'était l'article 21 : «Lorsque le parent
d'un enfant victime âgé de moins de 14 ans ou le titulaire de l'autorité
parentale d'un tel enfant refuse ou néglige de le faire…», là, on disait<
par… >, elle peut être faite par une autre personne majeure. Le débat
que l'on a sur… Je comprends. O.K., je viens de comprendre. Ça fait qu'il n'y a
pas de curateur, O.K. Projet de loi n° 18, pas de curateur pour les
mineurs.
M. Jolin-Barrette : Puis,
pour votre information, dans le fond, l'article 29, actuellement, du projet
de loi qu'on introduit, <on… >ça reprend l'article 51 de la
Loi sur les accidents du travail. Donc, pas la LATMP, mais l'autre loi d'avant
qui… par mécanisme de renvoi, on y faisait référence.
M. Tanguay
:
<On
aurait pu
… p>Puis je viens d'avoir un «glitch», là, on aurait pu
avoir le même amendement qu'on a là, à 29, à 21, retirer «curateur». Mais 21 a
été bien rédigé en vertu de la loi n° 18, mais pas 29. C'est là où je me
suis autopiégé, là, parce qu'on aurait pu mettre «curateur»
à 21 aussi, puis dire, on fait un amendement à cause de n° 18,
comme on fait là, à 29, on enlève «curateur» pour les mineurs. Mais ça, c'est
du théorique, du théorique, du… Je ne sais pas si le ministre m'a suivi.
M. Jolin-Barrette : Il n'y a
pas de «curateur» à 21, là.
M. Tanguay
: C'est ça.
Mais <on a fait… >on a mis «curateur» à 29, on aurait pu le mettre
dans la mouture de rédaction à 21, mais il n'était pas là. Ça fait qu'on a eu
une prescience à 21 qu'on n'a pas eue à 29. Puis c'est là où je m'en allais,
parce que, là, je veux dire, bien, comment ça qu'on n'a pas «curateur» à 21?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est pour ça qu'on présente l'amendement, pour corriger l'article.
M. Tanguay
: Mais pas
le 21, c'est là où c'est «twilight zone».
Une
voix : …
M. Jolin-Barrette : Comme on
dit…
M. Tanguay
: Entre la
rédaction du 21 puis du <29, le…
M. Tanguay
:
...pas «curateur» à 21?
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est pour ça qu'on présente
l'amendement, pour corriger
l'article.
M. Tanguay
:
Mais pas le 21. C'est là où c'est «twilight zone».
Une voix
: ...
M. Jolin-Barrette :
Comme on dit...
M. Tanguay
:
Entre la rédaction du 21 puis du >29, le... En tout cas...
M. Jolin-Barrette :
...les mystères de la foi.
M. Tanguay
: C'est
bon. C'est beau, M. le Président.
M. Jolin-Barrette : Les
grands mystères de la foi, hein, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :Vive le séminaire. Autres interventions
sur l'amendement du ministre? Mme la députée de Joliette, s'il vous plaît.
• (14 h 40) •
Mme
Hivon
:
Oui. Bien, justement, vu que j'ai eu le bénéfice d'assister à une partie des
travaux sur le projet de loi n° 18, je me demandais pourquoi on garde la
référence à curateur. Parce que le projet de loi, là… puis je relis les notes
explicatives parce que je voulais être sûre que je n'avais pas eu une
hallucination, mais «le projet de loi propose de supprimer les régimes de protection
du majeur que sont la curatelle au majeur et le conseiller au majeur.» Donc, on
supprimait. Maintenant, c'est une tutelle qui peut avoir différentes
intensités, mais j'imagine que, pour ce qui est du majeur inapte, on garde la
référence à curateur parce que ça peut être le Curateur public?
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
Alors, à juste titre, le commentaire de la députée de Joliette est pertinent. Dans
le fond, la curatelle au mineur, ça n'existe pas. Et pourquoi est-ce qu'on a toujours
le terme «curateur» avec l'article qu'on insère? Avec l'amendement puis avec l'article
qu'on insère, pourquoi est-ce qu'on fait toujours référence à curateur? Parce
que les dispositions du projet de loi n° 18 ne sont pas encore en vigueur.
Donc, il y a une disposition transitoire dans le projet de loi n° 18, qui
est la loi qui a été adoptée, qui prévoit que, dans l'ensemble du corpus législatif,
«curatelle» va être enlevé.
Donc, actuellement, on est comme dans une
fiction entre les deux, là. Le projet de loi qu'on étudie présentement, il
n'existe pas. Dans le fond, le n° 84, il est en
étude. Quand le n° 84, supposons, arrive en vigueur,
puis, si le n° 18 n'est pas... n'a pas force de loi
encore, même s'il est sanctionné, parce que j'imagine qu'il y avait un délai
dans le n° 18, là, pour l'entrée en vigueur, ça va faire
en sorte que, lorsque le n° 18 va rentrer en vigueur,
toutes les dispositions associées à la curatelle vont être changées.
Mme
Hivon
:
Donc, ça veut dire... Là, on n'est pas rendu à nos dispositions transitoires,
mais l'article 29, assurément, entre en vigueur avant le projet de loi
n° 18. Parce que sinon on serait déjà périmé.
M. Jolin-Barrette : Parce
que ce qu'on me dit, c'est que le n° 18 va probablement
entrer en vigueur l'année prochaine uniquement. Donc, par la fiction, là, dans
le fond...
Mme
Hivon
:
C'est beau.
M. Jolin-Barrette :
...tu sais, le n° 84 va rentrer en vigueur avant. Ça
va s'appliquer, puis là le n° 18 va rentrer. Ça fait
que ça va comme venir effacer...
Mme
Hivon
:
Puis automatiquement, avec les dispositions qu'on a adoptées...
M. Jolin-Barrette : Dans
le n° 18.
Mme
Hivon
:
...dans le n° 18, on va venir effacer dans le n° 84, à cet <article...
M. Jolin-Barrette :
…Donc, par la fiction, là,
dans le fond…
Mme
Hivon
:
C'est beau.
M. Jolin-Barrette :
…tu sais, le
n° 84 va rentrer
en
vigueur avant. Ç
a va s'appliquer, puis là le
n° 18
va rentrer. Ça fait que
ça va comme venir effacer…
Mme
Hivon
:
Puis automatiquement, avec les
dispositions qu'on a…
M. Jolin-Barrette :
Dans le
n° 18.
Mme
Hivon
:
…adoptées dans le
n° 18, on va venir effacer
dans
n° 84, à cet >article-là, la
référence à curateur.
M. Jolin-Barrette : C'est ce
qu'on me dit.
Mme
Hivon
: O.K.
Bon, bien, c'est bon. Je n'avais pas une hallucination, je suis rassurée.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions sur l'amendement? M. le député
de LaFontaine.
M. Tanguay
: Je ne sais
pas si le ministre m'a répondu, je devais penser à d'autres choses, sur comment
ça va se faire, la désignation de la personne. C'était-u en réflexion, ça?
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est en réflexion.
M. Tanguay
:O.K., pardon. O.K. Sur l'amendement comme tel, moi, je n'ai pas
d'autre question sur l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. D'autres interventions sur
l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise
aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : On est
sur l'amendement?
Le Président (M.
Bachand) : Oui, sur l'amendement.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement à l'article 29
est adopté. On revient à l'étude de l'article 29 tel qu'amendé. M. le
ministre, oui.
M. Jolin-Barrette : Oui. J'ai
la réponse pour la question du député de LaFontaine. Donc, la Direction de
l'indemnisation des victimes d'actes criminels nous indique qu'actuellement
elle verse qu'exceptionnellement l'aide financière d'un mineur à une personne
autre que le titulaire de l'autorité parentale. La situation de l'enfant est toujours
analysée pour déterminer la meilleure personne à qui le verser dans son
intérêt. Par exemple, un enfant en famille d'accueil, on va le verser à sa
famille d'accueil, le montant. Ça fait que, dans le fond, c'est analysé au cas
par cas.
M. Tanguay
: O.K. <Et
j'ai… >Est-ce que j'ai bien compris? Il y a juste un cas à l'heure où on
se parle? Non. J'ai-tu bien compris, au début?
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est exceptionnellement. Ça arrive rarement…
M. Tanguay
: Ah! O.K.
M. Jolin-Barrette : …ça
arrive rarement. Mais, quand ça arrive… Exemple : ça, c'est un cas dans
lequel ça peut arriver.
M. Tanguay
: Et donc
l'analyse est faite sur le terrain par les gestionnaires du…
M. Jolin-Barrette : De la
DIVAC.
M. Tanguay
: Et c'est
une décision… ça reste une analyse et une décision administrative, là, je veux
dire, le…
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, je n'en ai jamais signé, là, ça fait que… Oui, c'est administratif.
M. Tanguay
: O.K.
Est-ce que… J'imagine aussi… puis là on peut faire un pont avec 21 in fine
aussi, j'imagine que l'administration va également effectuer une telle analyse
lorsqu'elle dira : O.K., d'accord, une autre personne peut présenter la
demande pour cet enfant, s'assurer que la personne le fait strictement dans
l'intérêt de l'enfant puis que ce n'est pas quelqu'un qui se cherchait une
cause dans la vie, là.
M. Jolin-Barrette : Ça, c'est
sûr, mais c'est aussi le fait que ce n'est pas parce que la demande, elle est
présentée par une personne majeure <qu'elle est… >que la somme
d'argent est versée à cette demande.
M. Tanguay
: Non, non,
c'est ça, c'est ça, elle est au patrimoine de l'enfant.
M. Jolin-Barrette : De
l'enfant.
M. Tanguay
: Puis
évidemment il y a tout l'aspect, parlant de patrimoine, quand on parle des
familles d'accueil, bien, à ce moment-là, famille d'accueil aussi, ça peut
changer dans le temps, ça peut changer dans six mois, dans un an. À
ce <moment-là…
M. Jolin-Barrette :
…que la somme d'argent est versée à cette demande.
M. Tanguay
: Non,
non, c'est ça, c'est ça, elle est au patrimoine de l'enfant.
M. Jolin-Barrette :
De l'enfant.
M. Tanguay
: Puis
évidemment il y a tout l'aspect, parlant de patrimoine, quand on parle des
familles d'accueil, bien, à ce moment-là, familles d'accueil aussi, ça peut
changer dans le temps, ça peut changer dans six mois, dans un an. À
ce >moment-là, j'imagine que les familles d'accueil aussi sont
encadrées, ce qu'on ne voit pas là, mais elles sont encadrées quant à la
gestion du patrimoine de l'enfant qu'ils accueillent, et tout ça, là. O.K.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions sur l'article 29 tel qu'amendé?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix.
Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
:
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 29, tel qu'amendé,
est adopté. Merci beaucoup.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Avant d'aller
à 30, M. le Président, je veux juste informer les collègues que je vais avoir
un amendement à l'article 29.1. Dans le fond, on va insérer un article à
29.1.
Je vais vous expliquer. Dans le fond, c'est
lié à l'incapacité temporaire. Donc, dans le fond, hier, les amendements que je
vous ai fait parvenir pour le fait d'attribuer un revenu à une personne qui n'a
pas de revenu ou qui est sans emploi, dans le fond, c'est un petit peu plus
loin, ces articles-là, mais il va falloir revenir à 29.1.
Ça fait que ça dépend si vous voulez avoir
la discussion… Dans le fond, moi, ce que je vous proposerais, c'est qu'on
continue avec le projet de loi, quand on va être rendus à l'incapacité
temporaire, qu'on va expliquer les amendements, on va les voter,
éventuellement, et après on revienne à 29.1. 29.1, je vais vous le
lire, là, je pourrais le mettre sur Greffier, mais pour qu'on puisse faire le
débat après, là : «Les aides financières versées en vertu du présent titre
ou en vertu du titre IV sont incessibles et insaisissables.
«Toutefois, l'aide financière palliant une
perte de revenu ou l'aide financière compensant certaines incapacités versée à
une personne victime est réputée être son salaire et est saisissable à titre de
dette alimentaire conformément aux articles 694 et suivants du Code de
procédure civile, avec les adaptations nécessaires.».
Donc, on dit que l'aide financière versée
à titre de remplacement de revenu, lorsque c'est une attribution de
remplacement de revenu, alors que la personne n'avait pas de revenu, ça devient
insaisissable, incessible, sauf en ce qui concerne l'aide alimentaire. Exemple,
vous avez une… vous êtes…
Une voix
: …
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est
ça, puis <vous avez… >il faut payer une pension alimentaire pour
vos enfants, à ce moment-là, ça, ça peut être saisi.
Ça fait que soit que je le dépose tout de
suite, on le traite, ou soit que je ne le dépose pas, puis on traite de l'incapacité.
Le Président (M.
Bachand) : …déposer sur Greffier à votre demande.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le Président (M.
Bachand) : Mais, à ce moment-là, on peut tout simplement, avec
consentement, le suspendre…
M. Tanguay
: Oui, oui.
Le Président (M.
Bachand) :…puis aller à l'article 30.
Donc, il est sur Greffier présentement. Oui, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui, c'est
ça, puis je pense que c'est intéressant de commencer des aspects d'un projet de
loi en ayant une introduction, un <développement puis une…
M. Jolin-Barrette :
…puis on traite de l'incapacité.
Le Président (M.
Bachand) : …déposer sur Greffier à votre demande.
M. Jolin-Barrette :
Oui.
Le Président (M.
Bachand) : Mais,
à ce moment-là, on peut
tout
simplement, avec
consentement, le suspendre…
M. Tanguay
: Oui,
oui.
Le Président (M.
Bachand) : …puis aller à
l'article 30. Donc, il est
sur Greffier
présentement. Oui,
M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui,
c'est ça, puis
je pense que c'est
intéressant de commencer des
aspects d'un
projet de loi en ayant une introduction, un >développement
puis une conclusion. Alors, effectivement, on pourra aborder la série d'amendements
avec le début pour qu'on comprenne. Puis, comme on a déjà suspendu des articles
pour aller plus loin puis revenir, c'était bien… il y a… Puis, dans la
réflexion du ministre, je saisis la balle au bond pour saluer le fait qu'il y a
des notions telles que l'insaisissabilité et «n'est pas cessible», non plus ce
type d'indemnité là pour galvaniser un peu la réflexion ou l'idée qu'on avait
dans l'ordre de collocation de faire passer la victime avant le PG dans un
contexte de compensation judiciaire. Je ferme la parenthèse.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée Joliette.
Mme
Hivon
: Oui,
j'avais une demande générale. Parce que, là, le ministre nous a déposé ce matin
quelques amendements, parce qu'il voulait annoncer, donc, ce changement-là. Là,
il nous annonce 29.1.
Moi, je réitère ma demande que l'on puisse
avoir tous les amendements que le ministre a de prévu à ce moment-ci. Là, on
s'en va pour quelques jours, on va reprendre mardi. Je pense que ça nous
aiderait vraiment, là. Nous, on n'est pas dans la tête du ministre, donc on ne
sait pas tout ce qui s'en vient, puis ça serait bon d'avoir de la
prévisibilité. Donc, c'est une demande que je lui fais à nouveau. Si on veut
collaborer puis que les choses avancent le mieux possible, je pense que ce
serait vraiment aidant pour les oppositions de pouvoir avoir tous les amendements.
Donc, s'il pouvait nous les déposer, tout ce qu'il a déjà de prévu. Parce que,
là, je vois qu'il y a 29.1 qui arrive ce matin, on a eu les amendements à 36, à
37, il en a sûrement d'autres. <Il nous a fait… >Il nous a
mentionné mardi qu'il n'y aurait plus d'obligation de collaboration. Donc,
c'est sûr qu'il y a plein de choses qui s'en viennent.
Donc, je réitère ça de manière générale,
M. le Président, que ce serait vraiment, vraiment aidant pour les oppositions
pour pouvoir continuer à bien travailler. Première chose. Je ne sais pas si le
ministre veut répondre tout de suite, oui, à ma demande.
• (14 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, M. le Président, je vais dire à la députée de Joliette que j'essaie de
les communiquer le plus rapidement possible, les amendements. Et d'ailleurs
c'est ce que j'ai fait hier avec l'amendement relativement à l'incapacité
temporaire, le fait d'attribuer un revenu. Alors, je l'ai fait quelque temps
après <que ce soit… >que ça a été approuvé par le Conseil des
ministres.
Mme
Hivon
: Mais
j'imagine que le ministre ne laisse pas entendre qu'il n'a aucun autre
amendement de prêt pour l'ensemble des autres articles qui suivent, et donc que
les seuls amendements qu'il a sont ceux qu'il nous a déposés ce matin, parce
que j'aurais un peu de difficulté <à prendre ça… >à tenir ça pour
acquis, puisque, mardi, lui-même nous a dit qu'il y aurait un amendement qui
s'en viendrait, notamment pour le devoir de coopération, puis tout ça. Donc,
j'imagine… Puis c'est normal qu'il y ait plein d'amendements qui s'en viennent.
Ça fait que je lui demande de nous les déposer.
M. Jolin-Barrette : Bien, on
fait l'exercice. Ce que je peux déposer, je vais les <déposer…
Mme
Hivon
:
...à prendre ça... tenir ça pour acquis, puisque, mardi, lui-même nous a dit
qu'
il y aurait un
amendement qui s'en viendrait,
notamment
pour le devoir de coopération, puis tout ça. Donc, j'imagine... Puis c'est
normal qu'
il y ait plein d'
amendements qui s'en viennent.
Ça
fait que je lui demande de nous les déposer.
M. Jolin-Barrette :
Bien, on fait l'exercice. Ce que je peux déposer, je vais les >déposer.
Mme
Hivon
: En
tout cas, de nous déposer tout ce qu'il peut nous déposer.
Puis l'autre chose, là, ça m'amène à une question,
en fait, que tantôt je n'ai pas soulevée, mais, à 29, là, quand on parle de
l'aide financière, on ne vient pas spécifier que c'est l'aide... moi, j'appelle
ça l'aide financière, financière, là, c'est-à-dire ce qu'on perçoit logiquement
comme de l'aide financière, qui soit soit une indemnité forfaitaire, qui soit
soit un remplacement de revenu, puis tout ça, versus de l'aide psychologique, par
exemple. Mais je sais que le ministre, dans la nouvelle philosophie de la loi,
il met tout ça sous le vocable «aide financière».
Mais< est-ce que>, par
exemple, dans un article comme 29, quand on parle de l'aide qui est versée, est-ce
qu'on ne devrait pas préciser le type d'aide financière pour qu'on comprenne de
quel type d'aide peut être... à quoi on peut faire référence, ou, pour lui, évidemment,
ça va de soi parce que de l'aide psychologique ne sera pas versée, là? Mais je
ne sais pas si le ministre suit ce que je veux dire, c'est qu'on ne vient pas
distinguer, alors qu'il y a des circonstances... évidemment, la subrogation,
quand on parle de l'aide financière pour un enfant mineur, on n'est pas en
train de parler de la forme d'aide... réadaptation ou aide psychologique. Oui?
Parfait.
M. Jolin-Barrette : Oui,
parce que ce sont toutes des aides financières. Donc, s'il y a des sommes qui
sont versées spécifiquement pour l'aide psychologique, supposons... Parce qu'on
va le voir, tu sais, il y a l'aide financière pour l'indemnité forfaitaire, ça,
ça constitue des aides financières. L'aide financière pour soutien
psychologique, l'aide financière pour de la réadaptation, ça fait partie du
vocable «aide financière». Donc, dans le fond, la subrogation ou la réclamation
rattachée, ça touche toutes les aides financières qui ont été octroyées par
l'État.
Mme
Hivon
: …qu'il
n'y a aucune distinction, jamais.
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme
Hivon
: O.K.
Ça va.
Le Président (M.
Bachand) : Ça va? Alors donc, avec votre accord, encore une
fois, <on consentirait...> avec votre consentement, on suspendrait
l'article 29.1. Consentement.
Alors, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Article 30,
M. le Président. Donc là, on est dans le chapitre II, Somme forfaitaire,
section I, les personnes victimes admissibles.
«Les personnes victimes qualifiées
suivantes sont, conformément au règlement du gouvernement et sous réserve de
l'article 31, admissibles au versement d'une somme forfaitaire;
«1° la personne qui subit une atteinte à
son intégrité en raison de la perpétration d'une infraction criminelle à son
égard;
«2° le parent d'un enfant mineur qui est
décédé en raison de la perpétration d'une infraction criminelle contre cet
enfant ou la personne qui, à l'égard de cet enfant, est titulaire de l'autorité
parentale;
«3° le parent d'un enfant majeur qui est
décédé en raison de la perpétration d'une infraction criminelle contre cet
enfant si ce dernier, au moment de son décès, n'a aucun conjoint ni aucun
enfant ou, malgré qu'il ait un conjoint ou un enfant, ce parent survenait à
plus de 50 % de ses besoins;
«4° l'enfant d'un parent qui est décédé en
raison de la perpétration d'une infraction criminelle <contre...
M. Jolin-Barrette :
...
le parent d'un enfant majeur qui est décédé en raison de la
perpétration d'une
infraction criminelle contre cet enfant si ce
dernier,
au moment de son décès, n'a aucun conjoint ni aucun enfant ou,
malgré qu'il a un conjoint ou un enfant, ce parent subvenait à plus 50 %
de ses besoins;
«4° l'enfant d'un parent qui est décédé
en raison de la perpétration d'une infraction criminelle >contre ce
parent ou l'enfant à l'égard de qui une personne décédée en raison de la
perpétration d'une infraction criminelle était titulaire de l'autorité
parentale;
«5° le conjoint d'une personne décédée en
raison de la perpétration d'une infraction criminelle contre cette personne;
«6° une personne qui est à la charge d'une
personne décédée en raison de la perpétration d'une infraction criminelle
contre cette dernière;
«7° l'intervenant visé au
paragraphe 1° ou 2° de l'article 11;
«8° le parent d'un enfant mineur qui est
décédé alors qu'il est l'intervenant visé au paragraphe 1° ou 2° de
l'article 11 ou la personne qui, à l'égard de cet enfant, était titulaire
de l'autorité parentale;
«9° le parent d'un enfant majeur décédé
alors qu'il est l'intervenant visé au paragraphe 1° ou 2° de
l'article 11 si cet enfant, au moment de son décès, n'a aucun conjoint ni
aucun enfant ou, malgré qu'il ait un conjoint ou un enfant, ce parent subvenait
à plus de 50 % de ses besoins;
«10° l'enfant d'un parent décédé alors
qu'il est l'intervenant visé au paragraphe 1° ou 2° de l'article 11
ou l'enfant à l'égard de qui un intervenant décédé était titulaire de
l'autorité parentale;
«11° le conjoint d'une personne décédée
alors qu'elle était l'intervenant visé au paragraphe 1° ou 2° de
l'article 11;
«12° une personne qui est à la charge d'une
personne décédée alors que cette dernière était l'intervenant visé au
paragraphe 1° ou 2° de l'article 11.
«Le conjoint visé au paragraphe 5° ou
11° du premier alinéa ou la personne à charge visée au paragraphe 6° ou
12° de cet alinéa est celui qui remplit, au moment du décès de la personne
mentionnée à ces paragraphes, les conditions de ‘‘conjoint'' ou de ‘‘personne à
charge'' prévues au premier alinéa de l'article 13.
«Pour l'application de la présente
section, un enfant à naître au moment du décès est considéré un enfant qui a
droit à la somme forfaitaire en vertu du paragraphe 4° ou 10° de...», «ou
10°», c'est peut-être, «du premier alinéa», ou «de premier alinéa», «du», «…du
premier alinéa, selon le cas, en raison du décès de la personne mentionnée à
ces paragraphes, si cet enfant naît vivant et viable.
«Une personne victime admissible a droit à
la somme forfaitaire établie conformément au règlement du gouvernement, selon
les conditions, les normes, les montants et les modalités qui y sont prescrits.»
Alors, le chapitre II prévoit le
versement d'une aide financière sous forme de somme forfaitaire.
L'article 30 établit qu'une telle
somme serait versée à une personne victime qui subit l'atteinte à son intégrité…
(Interruption) Pardon, excusez-moi.
L'article 30 établit qu'une telle somme serait versée à une personne
victime qui subit l'atteinte à son intégrité en raison de la perpétration d'une
infraction criminelle à son égard. Il établit également qu'elle serait versée
également aux survivants d'une personne décédée à cause de la perpétration de
l'infraction criminelle. Ainsi, le parent d'un enfant décédé, l'enfant,
incluant l'enfant à naître qui naîtra vivant et viable, d'un parent décédé, le
conjoint de même que les personnes à charge d'une personne décédée auraient
droit à ces sommes en raison du décès, sous réserve de certaines conditions.
Cette disposition habilite le gouvernement
à décréter, par règlement, les conditions, les normes, les <montants...
M. Jolin-Barrette :
...à cause de la perpétration de l'infraction criminelle. Ainsi, le parent d'un
enfant décédé, l'enfant, incluant l'enfant à naître qui naîtra vivant et viable,
d'un parent décédé, le conjoint de même que les personnes à charge d'une
personne
décédée auraient droit à ces sommes en raison du décès, sous réserve de
certaines conditions.
Cette
disposition habilite le
gouvernement
à décréter, par
règlement, les conditions, les normes, les >montants
et les modalités de la somme forfaitaire.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui.
J'aimerais ça que le ministre... Puis j'en suis encore, à ce stade-ci, à une
compréhension de base, là. Bon. Sur le régime actuel, il y a rente viagère qui
est possible. Autrement dit, ça peut être cinq ans, 10 ans, à la vie
de la personne. Ça, c'est la rente viagère.
M. Jolin-Barrette : Non.
Dans le fond, la rente viagère, c'est à vie.
M. Tanguay
: À
vie.
M. Jolin-Barrette : C'est
à vie.
M. Tanguay
: O.K.,
oui, oui, tout à fait. Oui, O.K. Rente viagère, il a tout à fait raison, tout à
fait. Rente «viagère», ça le dit.
M. Jolin-Barrette : Si
vous voulez, M. le Président, là, juste pour faire un résumé, là, du régime
actuel, là. Le...
Mme
Hivon
:
...juste renchérir, si c'est possible, M. le Président, pour dire que j'aimerais
beaucoup ça que le ministre, pour la compréhension globale et ceux qui suivent
nos travaux aussi, nous explique le système actuel, en quelques éléments de fonctionnement,
versus ce qu'il propose, parce que, là, on rentre dans le «crunch».
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, pour faire ça simple, le plus vulgarisé possible, M. le Président, actuellement,
vous êtes victime d'une infraction criminelle. Dans l'ancien régime, donc dans
le régime de la loi actuelle, vous avez droit, dans un premier temps, à une
indemnité temporaire, donc une indemnité temporaire qui n'avait pas de limite
de durée, de temps, donc, pour remplacer votre revenu, une indemnité temporaire
de remplacement de revenu, jusqu'au moment où vous aviez une consolidation,
donc jusqu'au moment où l'IVAC était capable de dire : Votre préjudice,
que vous avez subi relativement à l'infraction criminelle, il est de x pourcentage
sur votre capacité. Je vais faire ça simple, là. Supposons qu'une
personne, elle est victime de voie de fait, O.K? Avant, elle travaillait cinq jours
semaine. Suite à l'agression, la personne est en arrêt complet de maladie
pendant une année. Donc, elle est sur l'incapacité temporaire. Donc là, elle
avait un versement, 90 % de son revenu jusqu'à concurrence du montant
maximal, 83 000 $ à peu près, là. Alors, durant cette
année-là, la personne n'est pas consolidée encore. Ça veut dire quelle n'a pas
été... Le médecin n'est pas capable de dire : Voici votre pourcentage
d'incapacité, donc on ne sait pas encore combien de jours vous allez pouvoir
aller travailler. O.K.? Ça fait que, durant ce moment-là, elle avait une
indemnité de remplacement de revenu.
• (15 heures) •
À partir du moment où le médecin ou la Direction
de l'indemnisation des victimes d'actes criminels est capable de dire :
Ah! bien, votre préjudice permanent, il est à hauteur de 20 %, supposons,
donc...
15 h (version révisée)
M. Jolin-Barrette : ...combien
de jours vous allez pouvoir aller travailler. O.K. Ça fait que, durant ce
moment-là, elle avait une indemnité de remplacement de revenu. À partir du
moment où le médecin ou la Direction de l'indemnisation des victimes d'actes
criminels est capable de dire : Ah! bien, votre préjudice permanent, il
est à hauteur de 20 %, supposons. Donc, pour faire ça simple, quelqu'un
qui travaillait cinq jours par semaine, maintenant, avec une incapacité à
hauteur de 20 %, elle peut seulement travailler quatre jours par semaine
maintenant.
Donc, si on prend les cinq jours, c'était
100 %, on enlève une journée, ça fait 20 %. Donc, elle va subir une
perte de 20 % d'incapacité. Alors, sa rente viagère était calculée de
cette façon-là, donc elle recevait un montant mensuel basé sur son incapacité
avec un calcul au niveau salarial, puis ça fixait par rapport à son préjudice
physique, puis tout ça. C'est des calculs assez complexes. Et là on établissait
sa rente viagère d'un montant de, supposons, 400 $ par mois, parce qu'elle
manquait une journée de travail par semaine en raison du préjudice qu'elle a
subi. À partir du moment où la rente viagère, elle était versée, le montant de
l'incapacité temporaire, il cessait. Donc là, vous aviez une rente à vie par
rapport à ce pourcentage-là. Donc, ça, c'est pour le volet des rentes viagères.
Maintenant, avec le nouveau régime, vous
allez — lorsque vous aviez un emploi, la même situation — bénéficier
de trois ans de remplacement de revenu de façon temporaire, jusqu'à un maximum
de trois ans. Donc, si vous n'êtes pas consolidé à l'intérieur de trois ans,
vous avez également deux ans supplémentaires pour de la réorientation et de la
réhabilitation. Donc, le principe de base, c'est trois ans, et on ajoute des
aides pour une période de deux ans supplémentaires. Donc, ça veut dire, ça peut
aller jusqu'à cinq ans, mais le régime de base, il est à trois ans plus deux
ans.
Après ce moment-là, ou au cours de ce
moment-là, vous avez le versement d'une somme forfaitaire au lieu d'avoir une
rente viagère. Ça veut dire que le montant, au lieu qu'il soit étalé sur
plusieurs années et à vie, à ce moment-là vous avez une somme, tout de suite,
forfaitaire en fonction de votre incapacité, qui est établie. Donc, le
20 %, du fait que vous ne pouvez plus aller travailler, bien, il va être
versé à un seul moment où vous êtes consolidé au lieu de l'étaler dans le
temps.
L'objectif de tout ça, parce que c'était
le seul régime qu'on avait avec l'IVAC au Canada, où il y avait encore des
rentes viagères, l'objectif est de faire en sorte que la personne ait, tout de
suite, la somme puis qu'elle puisse réintégrer le plus rapidement possible le
marché du travail. On veut s'assurer que les gens puissent retrouver le cours
de leur vie, et c'est jumelé au fait avec toutes les autres aides de
réhabilitation sur le marché du travail, aides de soutien psychologique. On
veut faire en sorte le plus possible de rapprocher la victime de sa vie
normale, donc on veut la prendre le plus tôt possible, à partir du moment où il
arrive l'événement.
C'est pour ça qu'on dit maintenant :
Même avant que vous soyez... même avant que votre dossier soit analysé, votre
demande de qualification, on vous offre des séances de psychothérapie, on vous
donne de l'aide tout de suite, et on veut vous remettre en marche le plus
possible... le plus rapidement possible, <en vous...
M. Jolin-Barrette :
...
la victime de sa vie normale, donc on veut la prendre le plus tôt
possible, à partir du moment où il arrive l'événement.
C'est pour ça qu'on dit
maintenant : Même avant que vous soyez... même avant que votre dossier
soit analysé, votre demande de qualification, on vous offre des séances de
psychothérapie, on vous donne de l'aide tout de suite, et on veut vous remettre
en marche le plus possible... le plus rapidement possible, >en vous donnant
toutes ces aides-là. Donc, ce sont les différences entre l'ancien régime et le
nouveau régime qu'on met en place.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Merci pour
l'explication. Des petites questions de suivi pour compléter ma compréhension.
Dans l'actuel, il y a consolidation, une décision finale sur l'incapacité
permanente, une consolidation. Dans le 84, il y a toujours cette étape aussi de
consolidation qui va nous mener vers l'évaluation de la somme forfaitaire,
n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: O.K. Quand
on dit «consolidation», c'est dans le langage courant ou c'est marqué dans la
loi, que «consolidation», c'est un peu autour des articles 70 du p.l. n° 84 où là, il y a une décision. J'imagine que, les
articles 70 et suivants, «décision», c'est ça, «consolidation»?
(Consultation)
Le Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Alors, oui, la consolidation, c'est quand le médecin
dit : Il n'y a plus de possibilité d'amélioration. Et ça se retrouve dans
la loi, je vais vous trouver l'article. <Et là, à partir du moment où il
y a... >C'est 33, alinéa 1°. Et là, à partir du moment... C'est ça,
33 : «La somme forfaitaire est établie après qu'une évaluation de santé
confirme les séquelles des préjudices pour lesquelles il n'y a aucune
possibilité d'amélioration significative ou que le décès est constaté ou
présumé.»
Donc,
le terme «consolidation», c'est plus en accident de travail, là. Mais dans le
fond, c'est là où le médecin dit : Bien, voici, je vous évalue, j'évalue
votre état de santé, et je constate qu'il n'y aura plus de possibilité que
votre état de santé s'améliore ou très peu. Alors, à partir de ce moment-là,
vous pouvez rendre une décision.
M.
Tanguay
: Une petite question toujours de compréhension. Ce
n'est pas de l'argumentaire, mais c'est de la compréhension. Dans le régime
actuel, la beauté de la consolidation, c'est qu'elle n'était pas compressée
dans le temps. Là, je sens qu'elle est compressée, soit dans le trois ans ou
dans le cinq ans. Comment pouvons-nous nous assurer que «consolidation», d'un
point de vue médical, pourra, dans 100 % des cas, se faire dans trois ans
ou dans cinq ans?
M.
Jolin-Barrette : Il n'y a pas de garantie, mais la majorité des
dossiers se fait à l'intérieur <de ces... >de ce temps-là.
M.
Tanguay
: O.K. Ça fait que je note les réponses du ministre. Je
ne fais pas dans l'argumentaire, je fais juste... Puis on reviendra sur le «pas
de garantie». La somme forfaitaire, je reprends son exemple d'une incapacité,
après consolidation, évaluée à 20 %. Le régime actuel, vous avez 20 %
du salaire, je résume, viager jusqu'à... Là, ça va être une évaluation du
20 %, par rapport au revenu que vous avez, <actuellement...
M. Tanguay
: …
son
exemple d'une incapacité, après consolidation, évaluée à 20 %. Le régime
actuel, vous avez 20 % du salaire, je résume, viager jusqu'à... Là, ça va
être une évaluation du 20 %, par rapport au revenu que vous avez, >actuellement,
basé sur votre espérance de vie. Il y aura des calculs savants, actuariels pour
calculer tout ça, là, c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
c'est la même formule que la SAAQ prend. Oui, bon, c'est la même formule que la
SAAQ a, actuellement, pour la somme forfaitaire qui est versée. Parce qu'à la
SAAQ, eux aussi, ils fonctionnent, je pense, depuis les années 80, avec une
somme forfaitaire, puis la CNESST, ça fait… ça fait une trentaine d'années
qu'ils fonctionnent de cette façon-là.
M. Tanguay
: Mais, dans
les deux cas, ils continuent d'avoir du viager, la rente viagère, n'est-ce pas,
dans CNESST et SAAQ?
M. Jolin-Barrette : Non, ce
qu'eux ont… Dans le fond, ils n'ont pas de viager dans aucun des trois régimes,
si le 84 est adopté, il n'y aura plus de viager. La différence avec la CNESST,
le régime des accidents de travail puis le régime de la Société de l'assurance
automobile du Québec, c'est qu'eux le remplacement de revenu de travail, il est
poursuivi jusqu'à 68 ans, je crois, oui, jusqu'à 68 ans.
M. Tanguay
: Après ça,
c'est RRQ, là.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
tandis que nous… mais, eux, les régimes, dans le fond, à la fois…
Mme
Hivon
:
…tandis que nous…
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
tandis que nous, dans le fond, c'est un régime d'indemnisation public, dans le
fond, c'est pour à la fois la SAAQ et la CSST, c'est des caisses d'assurance,
donc c'est des régimes… Une caisse d'assurance, là, c'est un régime
d'indemnisation public. Alors, nous, dans ce cas-ci, c'est après trois ans où
est-ce que le remplacement de revenu, il est fourni. Dans le fond, il y a une
fin après trois ans ou cinq ans dans certaines circonstances.
M. Tanguay
: …ça, on
pourrait peut-être argumenter. Le bouquet de ce qui est disponible, par rapport
au p.l. n° 84, il y a un maximum de trois ans, à
titre d'indemnité de remplacement de revenu temporaire, il y a une limite de
trois ans. Après ça, le ministre dit : Il y a une possibilité d'un deux
ans additionnels d'aide supplémentaire. Ce n'est pas la même aide ou c'est une
sorte de régime qui fait en sorte que ce serait la même aide, mais après trois
ans, date d'anniversaire, on refait une évaluation, puis la même aide pourrait
être modelée, ou là on perd des affaires après trois ans?
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : C'est le
même type d'aide, sauf qu'avec des conditions différentes, dont notamment au
niveau de la réinsertion professionnelle, le fait de suivre une formation pour
se réorienter vers le marché du travail.
M. Tanguay
: Des
exigences supplémentaires.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
des exigences supplémentaires.
M. Tanguay
: Mais on
pourrait prétendre à recevoir la même somme, ceci dit. Les sommes ne sont pas
coupées systématiquement, là.
M. Jolin-Barrette : Non, <les
sommes…
M. Jolin-Barrette :
…
différentes, dont notamment au niveau de la réinsertion
professionnelle, le fait de suivre une formation pour se réorienter vers le
marché du travail.
M. Tanguay
: Des
exigences supplémentaires.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça, des exigences supplémentaires.
M. Tanguay
: Mais on
pourrait prétendre à recevoir la même somme, ceci dit. Les sommes ne sont pas
coupées systématiquement, là.
M. Jolin-Barrette :
Non, >les sommes ne sont pas coupées. C'est 53 et suivants. C'est les mêmes
sommes.
M. Tanguay
: O.K.
M. Jolin-Barrette : Mais, dans
le fond, si la personne, après trois ans, la personne, qui a subi l'infraction,
n'a pas réussi à être consolidée, on va pouvoir prolonger de deux ans avec des
aides de réinsertion. Elle va bénéficier des mêmes montants, des mêmes sommes,
mais avec de l'aide pour se réorienter. Parce que l'idée, là, toujours, là,
c'est d'accompagner la personne pour qu'elle redevienne autonome suite au
préjudice qu'elle a subi, pour faire en sorte qu'elle puisse reprendre le cours
de sa vie. Donc, c'est de lui donner les outils pour qu'elle puisse retourner à
une vie normale.
M. Tanguay
: O.K.
• (15 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Mais elle
ne va pas… Dans le fond, elle va recevoir son remplacement de revenu encore,
elle va pouvoir poursuivre ses aides psychologiques également, là, son soutien
psychologique.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette. Excusez-moi.
Mme
Hivon
: Oui.
Donc, juste pour résumer, là. En ce moment, la partie indemnité temporaire de
remplacement de revenu, ce qui existe, en ce moment, versus ce qui va exister
si le projet de loi est adopté, tant que la consolidation, que le ministre
appelle, même si on…
M. Jolin-Barrette : Mais c'est…
Mme
Hivon
: ...j'imagine,
c'est plus la fixation du pourcentage, là.
M. Jolin-Barrette :
<C'est…
>Dans le fond, c'est l'évaluation de santé…
Mme
Hivon
:
C'est ça. Pendant que l'évaluation est faite, là, de la perte ou du préjudice,
ou tout ça, là. Donc, ça, ça se ressemble. Après, on va voir qui se qualifie,
puis tout ça, pour ça, là. Mais ça se ressemble en termes de philosophie que
c'est que, tant que l'évaluation n'est pas faite, n'est pas conclue, on donne
une indemnité temporaire de remplacement de revenu, en termes de philosophie,
ancien régime, nouveau régime.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme
Hivon
:
Donc, avant c'était tant que ce n'était pas fixé, ça fait qu'il n'y avait pas…
J'imagine que, dans le régime actuel, il n'y avait pas de moment… on ne parlait
pas de trois ans ou de… C'est ça. Donc, ça pouvait prendre plus ou moins de
temps. Maintenant, on fixe comme un horizon de trois ans, mais si jamais
on n'en est pas arrivé à la conclusion…
M. Jolin-Barrette : Il y a un
deux ans supplémentaires.
Mme
Hivon
: …il
y a un deux ans supplémentaires. Ça, en termes de philosophie, ça se
ressemble un peu parce qu'on remplace le revenu avec une indemnité temporaire.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme
Hivon
: O.K.
Mais là, après, il y a un énorme changement qui est quand on tombe... une fois
l'évaluation qui est faite. Dans le régime actuel, on est dans la logique de la
rente viagère établie sur le pourcentage de l'incapacité, tout ça, alors que
là, on va tomber dans… on va vous donner une somme forfaitaire pour dire :
Voici, ça fait que là, vous vous débrouillez avec ça, on a évalué notre affaire
puis… alors que... Et puis ça, cette somme forfaitaire là, bien, évidemment,
elle est fixe dans le temps, elle ne s'étend pas sur le temps. Puis là, si on
compare aux autres régimes de la SAAQ <puis de la CNESST...
Mme
Hivon
: …on
va vous donner une somme forfaitaire pour dire : Voici, ça fait que là,
vous vous débrouillez avec ça, on a évalué notre affaire puis… alors que... Et
puis ça, cette somme forfaitaire là, bien, évidemment, elle est fixe dans le
temps, elle ne s'étend pas sur le temps. Puis là, si on compare aux autres
régimes de la SAAQ >puis de la CNESST, c'est qu'eux autres, dans le
fond, ça se prolonge, en termes d'indemnité de remplacement de revenu, jusqu'à
l'âge qu'on pourrait dire, à peu près, de 65, 68 de retraite.
M. Jolin-Barrette : De la
retraite.
Mme
Hivon
:
Donc, c'est quand même une différence très, très significative entre les
régimes. Je comprends que le ministre va dire : Ce n'est pas la même
chose. Il y en a un qui est contributoire, puis… Mais, en termes de
philosophie, c'est très différent, puis tout va dépendre, évidemment, de
l'évaluation qu'on va faire après de la somme forfaitaire, puis c'est quoi, les
critères, puis comment on détermine les sommes, mais on peut s'attendre à ce
que ça fasse une énorme différence.
M. Jolin-Barrette : Mais,
pour ce qui est des sommes forfaitaires, ça va être sensiblement la même chose
de… des sommes forfaitaires qui sont versées, au niveau des calculs, versées à
la SAAQ. Donc, le régime sera pratiquement similaire à celui de la SAAQ, donc
au niveau des indemnités forfaitaires.
Ce qu'on doit dire aussi, c'est qu'avec la
réforme du projet de loi n° 84, bien entendu, il n'y aura plus de rente
viagère, on transforme ça en somme forfaitaire, mais on élargit beaucoup le
nombre de bénéficiaires qui bénéficient du régime aussi. Donc, en augmentant le
nombre de bénéficiaires, ça fait en sorte que l'assiette est divisée pour faire
en sorte qu'on puisse offrir du soutien, oui, à la personne qui est victime,
mais aussi à son entourage<, aussi>. Donc, il y a des coûts
importants rattachés à ça aussi.
Mme
Hivon
: Non,
c'est ça. Là, on se comprend qu'on est dans la philosophie de la réforme puis
on va en discuter amplement, parce que le ministre ramène ses arguments. Donc,
il va y avoir plus de monde, mais ils vont se partager une assiette qui va être
un petit peu plus importante en termes de sommes, mais qui, évidemment, ne
compensera pas pour ce qu'une personne aurait pu recevoir dans la situation x
d'il y a deux ans, qui serait la même situation x après l'adoption, par
exemple, parce qu'elle n'aura plus de rente viagère, puis la somme forfaitaire
qu'elle va recevoir va refléter le fait qu'il y a maintenant des milliers de
personnes de plus qui sont potentiellement admissibles. Donc, elle peut être
indemnisée de manière beaucoup moins généreuse que ce qui était le cas, ou
beaucoup plus stricte.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous dirais, il faut faire attention, parce que la rente viagère, c'est propre
à la situation de chaque personne. Donc, ça signifie que vous pourriez vous
retrouver dans une situation où, pour une victime, ça serait beaucoup plus
avantageux d'avoir la somme forfaitaire. Parce que dépendamment de l'âge de la
personne, dépendamment de la durée de vie de la personne aussi, quelqu'un qui
reçoit une rente à vie, mais qui décède six mois après, à ce moment-là...
ou deux ans, ça… Tu sais, dans le fond, tous les cas sont des cas d'espèce
aussi, puis ça doit être évalué à la lumière de chacun des cas, ça fait que…
Mme
Hivon
: Mais
on se comprend qu'en théorie, oui, ça peut arriver, c'est comme quand tu es
Gagnant à vie! puis tu choisis d'avoir de l'argent à chaque année, mais si tu
meurs d'un accident d'auto deux semaines après, tu n'auras pas fait le bon
choix. Mais on se comprend, qu'en général les gens vont continuer à vivre quand
même <longtemps…
M. Jolin-Barrette :
...cas
d'espèce aussi, puis ça doit être évalué à la lumière de chacun des cas, ça
fait que…
Mme
Hivon
:
Mais on se comprend qu'en théorie, oui, ça peut arriver, c'est comme quand tu
es Gagnant à vie! puis tu choisis d'avoir de l'argent à chaque année, mais si
tu meurs d'un accident d'auto deux semaines après, tu n'auras pas fait le
bon choix. Mais on se comprend, qu'en général les gens vont continuer à vivre
quand même >longtemps pendant leur vie, là.
M. Jolin-Barrette : Mais tout
ça, ça dépend de l'âge de la personne victime, ça dépend de ses facteurs de
morbidité. Il y a plein d'éléments à prendre en considération. Mais, pour ce
qui est du montant versé, <ça sera, >au niveau des indemnités
forfaitaires, ça sera sensiblement les mêmes montants que les régimes de la
SAAQ puis de la CNESST. Mais c'est sûr qu'à partir du moment où...
Puis l'autre point aussi, tantôt, la députée
de Joliette, M. le Président, disait : Dans le fond, c'est versé par mois.
Nous, on a prévu, dans le projet, de loi, que la personne victime qui reçoit
une indemnité forfaitaire pourra l'étaler jusqu'à 24 mois aussi. Donc, on
prévoit une période transitoire.
Mme
Hivon
: Mais
je voulais juste faire ressortir que c'est quand même, je veux dire, un
changement de philosophie majeur, puis c'est important qu'on en soit
conscients, là. Parce que la rente viagère versus la somme forfaitaire, oui, il
y a plein de calculs actuariels qui vont être derrière ça, on comprend toute la
complexité, mais c'est quand même très différent.
Puis évidemment on n'a pas les règlements,
mais j'ai bon espoir qu'on va les avoir quand on va rentrer dans les prochains
articles, que les projets, que les orientations que le ministre va mettre dans
ses règlements, on va les voir, parce que c'est extrêmement difficile de juger
de ce à quoi ça va ressembler quand on n'a aucune idée des critères de la
hauteur des montants de remplacement, puis tout ça.
M. Jolin-Barrette : Mais sur
la hauteur des montants, je pourrais vous les faire parvenir, là, sur les
indemnités, là. On pourrait les déposer.
Le Président (M.
Bachand) :Ça va?
Mme
Hivon
: On comprend
qu'on déblaie, là, donc évidemment on va y revenir.
M. Jolin-Barrette : Mais
l'autre point, c'est que, tu sais, ce changement de philosophie là avait aussi
été adopté par l'Assemblée nationale en 1993. Dans le fond, lorsque... La loi
que Gil Rémillard a fait adopter, à l'époque, il y avait la fin des rentes
viagères également, donc... Et finalement le projet de loi n'est jamais entré en
vigueur parce que les crédits associés n'ont jamais été fournis. Mais il faut
dire que c'est le seul régime qui fonctionne encore avec des rentes viagères.
Dans le rapport Lemieux aussi de 2008, dans le fond, il proposait également de
mettre fin aux rentes viagères.
Mais tout ça vise à faire en sorte de
permettre à la personne d'avoir les outils le plus rapidement possible pour
retrouver sa vie.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette. Ça va pour
l'instant, Mme la députée?
Mme
Hivon
:
Bien, pour l'instant, oui, puis on va revenir sur le détail, là.
Le Président (M.
Bachand) :Bien sûr. Merci. M. le député
de LaFontaine.
M. Tanguay
: M. le
Président, <avec votre...
Le Président (M.
Bachand) : ...merci.
Mme la députée de
Joliette.
Ça
va pour l'instant,
Mme la députée?
Mme
Hivon
:
Bien, pour l'instant, oui, puis on va revenir sur le détail, là.
Le Président (M.
Bachand) :
Bien sûr. Merci.
M.
le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
:
M.
le Président, >avec votre permission, je demanderais une suspension
courte pour qu'on puisse déposer un amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. On va suspendre quelques instants.
M. Tanguay
: Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 18)
(Reprise à 15 h 29)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Merci
beaucoup, M. le Président. Je vais rafraîchir mon écran. Alors, on est dans le
contexte de l'article 30, et j'aimerais déposer l'amendement suivant.
Alors, amendement à l'article 30 : Dans le premier alinéa de l'article 30,
insérer, après «admissibles au versement», les mots «d'une rente viagère ou».
Ainsi, M. le Président, se lirait ainsi le premier alinéa de l'article 30 :
«Les personnes victimes qualifiées
suivantes sont, conformément au règlement du gouvernement et sous réserve de
l'article 31, admissibles au versement d'une rente viagère ou d'une somme
forfaitaire.»
• (15 h 30) •
Alors, M. le Président, puis on pourrait
faire grief, puis je plaide coupable, là : Ah! bien, ce n'est pas là, ça
devrait être où? Cet amendement-là, évidemment, impliquerait ou impliquera,
lorsque le ministre aura voté avec nous pour adopter cet amendement-là,
plusieurs amendements dans d'autres articles plus loin, parce qu'évidemment la
loi, qui est quand même 190 articles, a une...
15 h 30 (version révisée)
M. Tanguay
: ...là :
Ah! bien, ce n'est pas là, ça devrait être où? Cet amendement-là, évidemment,
impliquerait, ou impliquera lorsque le ministre aura voté avec nous pour adopter
cet amendement-là, plusieurs amendements dans d'autres articles plus loin parce
qu'évidemment la loi qui est quand même 190 articles a une... remplace la Loi
sur l'aide et la Loi sur l'indemnisation, remplace les deux lois en vigueur par
une toute nouvelle loi, donc, qui a sa logique interne, alors on pourrait
facilement me faire grief, oui, mais faites attention, puis j'aimerais ça que
le ministre puisse me le dire. Oui, qu'il me fasse grief, ça, il n'y a pas de
problème, on est capable d'en prendre, mais qu'il nous dise pourquoi, parce que
ça nous aiderait dans notre compréhension, pourquoi il y aurait un écueil à le
mettre là, ou à le mettre plus tard, ou, ainsi de suite. Bon.
On s'est même posé la question en toute
transparence et en toute candeur, on s'est dit au départ, bien, on veut que
le... la rente viagère ne soit pas annulée complètement parce qu'on la remplace
par le n° 84, par une somme forfaitaire, alors on va
dire, on va remplacer, à l'article 30, «somme forfaitaire» par «rente viagère»,
mais on s'est dit non, attention, gardons quand même, puis on pourrait avoir
une discussion avec le ministre, gardons quand même la possibilité d'avoir une
somme forfaitaire pour< des>, par exemple, des dossiers qui sont
tout à fait clairs ou même, je vous dirais, si la victime qui demande
indemnisation, elle, dans son cas très particulier, aimerait… et ce serait
justifié qu'elle ait une somme forfaitaire, bien, pourquoi s'en priver? Alors,
c'est pour ça que l'amendement est rédigé de façon à permettre les deux, rente
viagère ou somme forfaitaire.
Premier élément, on veut garder les deux. Deuxième
élément, puis peut-être première question au ministre, sur le régime actuel,
les sommes forfaitaires, est-ce que c'est un concept qui existe sur le régime
actuel?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Dans le fond, lorsque la... Lorsque le préjudice est évalué à moins de
227 $ par mois, il s'agit d'un montant forfaitaire qui est versé à la
personne victime.
M. Tanguay
: À
l'heure actuelle, dans le régime actuel?
M. Jolin-Barrette : À
l'heure actuelle, dans le régime actuel, donc ce n'est pas dans tous les cas
qu'il y a une rente viagère. Donc, lorsque c'est moins de 227 $ par
mois, c'est une somme forfaitaire qui est versée.
M. Tanguay
: Et là,
j'imagine, je présume que c'est basé sur une logique...
M. Jolin-Barrette :
Excusez-moi, quand c'est plus que 227 $ par mois, c'est versé en somme
forfaitaire... en rente viagère.
M. Tanguay
: En
rente viagère, c'est ça. Puis j'imagine que c'est tout simplement pour une
économie de la gestion du système, autrement dit, émettre des chèques ou faire
des transferts de montants inférieurs à 227 $ par mois requiert une
énergie, une attention et une administration... Parce que j'imagine que c'est
ça, la logique, par efficacité administrative qu'on fait ça comme ça?
Notamment. Notamment.
M. Jolin-Barrette :
Bien, le montant, il est plus bas, il est plus petit ultimement.
M. Tanguay
: C'est
ça, c'est parce qu'au ministère du Revenu, je pense qu'ils n'envoient pas de
chèque, là, pour 0,56 $, et ainsi de suite. Ce n'est pas des sous, c'est
de l'argent, 227 $, là, entendons-nous bien.
M. Jolin-Barrette :
Parce que le montant, il est petit, là, à 227 $ par mois.
M. Tanguay
: C'est
ça, c'est par efficacité administrative.
M. Jolin-Barrette : Ça
veut dire... Ça fait 2 000 $ par année, là.
M. Tanguay
: C'est
par efficacité administrative qu'on ne va pas faire un viager à moins de
227 $, j'imagine, c'est ça, la logique.
Une voix
: ...
M. Jolin-Barrette :
Parce que, <parfois...
M. Tanguay
: …
entendons-nous
bien.
M. Jolin-Barrette :
Parce que le montant, il est petit, là, à 227 $ par mois.
M. Tanguay
: C'est
ça, c'est par efficacité administrative.
M. Jolin-Barrette :
Ça veut dire... Ça fait 2 000 $ par année, là.
M. Tanguay
: C'est
par efficacité administrative qu'on ne va pas faire un viager à moins de
227 $, j'imagine, c'est ça, la logique.
Une voix
: ...
M. Jolin-Barrette :
Parce que, >parfois, les montants, ça peut être, supposons, 4,50 $.
M. Tanguay
: Non, c'est
ça, c'est ça. C'est ça, on se comprend, mais, par ailleurs, dans le régime
actuel, le concept de somme forfaitaire, le ministre est-il d'accord que ça
aurait pu être une avenue, d'ajouter, dans la loi actuelle, la possibilité, en
gardant la rente viagère, d'avoir des sommes forfaitaires au-delà de la règle
du moins de 227 $ par mois? Puis l'amendement que l'on a déposé garde
cette possibilité-là. Puis il pourrait y avoir des cas, pour des montants,
encore, au-delà de 227 $ par mois, puis de la logique administrative
derrière ça, l'efficience aussi, de garder le concept de somme forfaitaire pour
une victime qui dirait : Bien, moi, oui, dans mon cas, j'aimerais ça avoir
la somme forfaitaire, je vais pouvoir l'administrer, je vais pouvoir faire ci,
puis reprendre contrôle de ma vie.
M. Jolin-Barrette : Juste
pour être certain, là, M. le Président, vous voulez dire garder la rente
viagère, pas la somme forfaitaire.
M. Tanguay
: Garder la
rente viagère et la somme forfaitaire.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
vous, vous voulez que, dans le projet de loi n° 84, on mette les deux.
M. Tanguay
: Oui,
exactement, autrement dit, puis je revire ça de bord, le ministre a-t-il
considéré d'élargir l'arrivée de la somme forfaitaire selon certains dossiers — puis
là ça pourrait être complexe de savoir, bien, où on met la ligne — mais
d'élargir du forfaitaire et… mais en gardant le viager également? Là, le
forfaitaire va remplacer complètement le viager, a-t-il songé à avoir les deux?
Parce que le viager pèse lourd, ça, je le comprends, là, financièrement.
M. Jolin-Barrette : En fait,
on remplace le viager par la somme forfaitaire, c'est le choix que nous faisons
pour faire en sorte qu'on puisse offrir à plus de personnes victimes du
soutien. On fait un choix de faire en sorte… Puis c'est un changement de
philosophie, aussi, pour faire en sorte que la personne ait tout de suite son
montant, aussi, pour retrouver le cours de sa vie. Donc, c'est pour ça qu'on
lui verse une somme forfaitaire, mais cette somme forfaitaire là peut être versée
sur 24 mois.
M. Tanguay
: Non, c'est
ça.
M. Jolin-Barrette : Alors, je
vais voter contre l'amendement parce que l'économie générale… la loi que nous
présentons est de faire en sorte de transformer le viager en somme forfaitaire,
donc je ne ferai pas vivre les deux régimes ensemble. Cela étant dit, pour
toute personne qui a une rente viagère, actuellement, elle la conservera, là.
Là, le changement de la fin de la rente viagère en somme forfaitaire, c'est
uniquement pour le futur. Donc, toutes les personnes qui ont déjà été
indemnisées par l'IVAC, qui sont sous l'ancien régime, le régime de la Loi sur
l'indemnisation des victimes d'actes criminels, va se poursuivre, là. Ça, c'est
pour les nouveaux dossiers après la sanction de la loi.
M. Tanguay
: Après la
sanction de la loi. Donc, juste sur cet aspect technique là, il n'y aura pas,
évidemment, rétroactivité là-dessus.
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Tanguay
: C'est les
nouveaux dossiers. Sur les nouvelles… sur les dossiers pendants — parce
que c'est un aspect technique mais on va au moins le préciser — sur
les dossiers qui sont en attente de consolidation, lors de la sanction de la
loi, ça ne s'appliquera pas aux dossiers qui ont été <déposés…
M. Tanguay
: ...technique
là, il n'y aura pas, évidemment, rétroactivité là-dessus.
M. Jolin-Barrette :
Non.
M. Tanguay
: C'est
les nouveaux dossiers. Sur les nouvelles… sur les dossiers pendants
— parce
que c'est un aspect technique mais on va au moins le préciser
— sur
les dossiers qui sont en attente de consolidation, lors de la sanction de la
loi, ça ne s'appliquera pas aux dossiers qui ont été >déposés?
M. Jolin-Barrette : Ça, on va
le voir dans les dispositions transitoires sur le projet de loi, c'est assez
complexe, mais...
Une
voix : …
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Alors, ceux qui vont avoir eu leur évaluation de santé, ceux qui vont être
consolidés avant la sanction de la loi, ça va être l'ancien régime. Pour ceux
qui seront consolidés après, ça va être le nouveau régime, puis ça va être un
forfaitaire.
M. Tanguay
: Wow! Ça,
on aura un amendement là-dessus pour permettre aux gens qui l'ont déposé sous l'ancien
régime de pouvoir bénéficier après consolidation, même si ça vient après la
sanction de la loi, qu'ils puissent au moins bénéficier d'une rente viagère, mais
ça, on fera le débat rendu là, mais, pour la compréhension, c'est bon de le
savoir aujourd'hui.
M. Jolin-Barrette : Bien,
comme je dis — puis la discussion qu'on avait avec la députée de Joliette
tantôt — c'est vraiment du cas par cas, dans le fond, la prémisse de
base est à l'effet que c'est plus avantageux d'avoir une rente viagère, mais ce
n'est pas le cas nécessairement, ça dépend vraiment de toutes les situations,
tous les cas d'espèce.
M. Tanguay
: Oui. C'est
pour ça que c'est plus avantageux, mais c'est du cas par cas, c'est pour ça
qu'en conservant les...
M. Jolin-Barrette : Non, mais
je ne dis pas que c'est plus avantageux, ce que je dis, c'est que ça dépend, c'est
une situation d'analyse in concreto propre à chaque personne.
M. Tanguay
: C'est ça.
Dans certains cas, ça pourra l'être, dans d'autres, non.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Tanguay
: D'où l'intérêt
de conserver les deux. Est-ce qu'on a reçu... parce que je sais que ça a fait
partie de nos discussions tôt dans notre analyse article par article, est-ce
qu'on a reçu, puis je l'aurais manqué, là, le poids que pèsent — le
poids, entre guillemets — les rentes viagères aujourd'hui sur
l'IVAC...
M. Jolin-Barrette : Je ne
sais pas, on peut peut-être...
M. Tanguay
: ...en
termes de nombre de personnes y admissibles, et le coût annuel de ce que ça
représente?
M. Jolin-Barrette : On va
chercher, je pense, c'est dans le rapport annuel.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la députée de Joliette, en attendant, oui.
Mme
Hivon
: Je
vais laisser aller. J'avais une autre question aussi qui est...
M. Jolin-Barrette : Oui. Dans
le fond, là, à la page 23 du rapport annuel, en vertu de la Loi sur
l'indemnisation des victimes d'actes criminels, quand vous regardez, au cours
des années, là, incapacité permanente des victimes et rentes aux personnes à
charge, pour l'année 2015, c'est 38 293 508 $; 2016,
40 717 955 $; 2017, 42 032 101 $; 2018,
43 835 647 $, et 2019, 42 190 283 $.
M. Tanguay
: Et ça — je
veux juste compléter sur ce point-là, je sais que vous voulez aller, puis c'est
bien correct, à la collègue — c'est sur l'enveloppe 2019‑2020,
qui est de 155 millions?
M. Jolin-Barrette : Oui,
154 877 279 $.
M. Tanguay
: Alors, il
y a peut-être, là, vite de même, là…
M. Jolin-Barrette : Bien, le
tiers, quasiment le tiers, bien, un petit moins que le <tiers...
M. Tanguay
: …
c'est
sur l'enveloppe 2019‑2020, qui est de 155 millions?
M. Jolin-Barrette :
Oui, 154 877 279 $.
M. Tanguay
: Alors,
il y a peut-être, là, vite de même, là…
M. Jolin-Barrette :
Bien, le tiers, quasiment le tiers, bien, un petit moins que le >tiers.
M. Tanguay
: Oui,
25 %.
M. Jolin-Barrette : Mais ça
dépend des années parce que l'année 2018, supposons, si on arrondit, là,
c'est 44 millions sur un 138 millions; l'année 2017, c'est
42 millions sur 119 millions; l'année 2016, c'est
41 millions sur 125 millions; puis l'année 2016, c'est
38 millions sur 126 millions.
M. Tanguay
: Oui, il y
a beaucoup de variations, mais on voit que c'est dans ces eaux-là. O.K. Je vais
laisser la collègue de…
Le Président (M. Bachand) :Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Non,
moi, c'était juste pour avoir une indication qui nous permettrait d'illustrer.
Tantôt, le ministre a dit qu'en ce moment la somme forfaitaire existe dans
certains cas, quand on est à une indemnité mensuelle en bas de 227 $.
• (15 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme
Hivon
: O.K.
Je voulais juste savoir s'il peut nous dire quand on est, donc, dans ce cas de
figure là où, mettons, on était à 226 $ ou 227 $ et que le couperet
tombe, la somme forfaitaire qui est remise à la personne qui est indemnisée,
elle ressemble à quoi, ça nous donnerait une idée.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Si vous
permettez…
Le Président (M. Bachand) :
Oui, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je vais
laisser la parole à Me Catherine Geoffroy.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a consentement?
Mme
Hivon
: Oui,
il y a consentement.
Le Président (M. Bachand) :
Consentement. Me Geoffroy, s'il vous plaît.
Mme Geoffroy (Catherine) : …
(Panne de son)
Le Président (M. Bachand) :
…en pandémie, on n'est pas supposés changer de place. Alors, on va suspendre
quelques instants pour faire un test de son.
Une voix
: …
Le Président (M. Bachand) :
Pardon?
Une voix
: Ça
fonctionne.
Le Président (M. Bachand) :
Ça fonctionne? Bon, allez-y, Me Geoffroy.
Mme Geoffroy (Catherine) :
O.K. J'espère ne pas avoir perdu le fil de votre question, là, en fait, c'est
que le calcul va dépendre du pourcentage puis va dépendre du revenu de la personne,
donc c'est difficile de… Je ne peux pas vous donner un montant fixe de… à quoi
pourrait ressembler le montant capitalisé parce que ça va dépendre du revenu,
ça va dépendre du pourcentage puis ça va dépendre aussi, là, des facteurs
actuariels qui sont faits pour les calculs.
Mme
Hivon
: Tout
pour nous simplifier la vie, mais donc, évidemment, ça veut dire que, même si
on arrive par différents chemins à un montant de 227 $, <justement…
Mme Geoffroy (Catherine) :
...fixe de… à quoi pourrait ressembler le montant capitalisé parce que ça va
dépendre du revenu, ça va dépendre du pourcentage puis ça va dépendre aussi,
là, des facteurs actuariels qui sont faits pour les calculs.
Mme
Hivon
:
Tout pour nous simplifier la vie, mais donc,
évidemment, ça veut dire
que, même si on arrive par différents chemins à un montant de 227 $, >justement,
le chemin va être déterminant pour savoir à quel niveau va se situer la somme
forfaitaire. Donc, si on y arrive parce que, par exemple, on a un plus faible
revenu, mais on a un préjudice évalué à 60 %, ce n'est pas le même chemin
que si on a un plus haut revenu avec...
Mme Geoffroy (Catherine) : Exactement.
Mme
Hivon
: O.K.
Donc, on arrive à 227 $ par différents chemins, mais ça ne fera pas que notre
somme forfaitaire va être équivalente.
Mme Geoffroy (Catherine) : Exactement.
Mme
Hivon
: Ça
fait que vous n'êtes pas capable de me donner, par exemple... Moi, j'aimerais
ça, avoir un exemple, ça m'éclairerait beaucoup, je ne sais pas, là, un cas, quelqu'un
avait un revenu de 50 000 $, son préjudice a été évalué à x… Là, je
comprends que c'est dur à dire, là, mais de savoir à quoi ça peut ressembler,
la somme forfaitaire qu'on va lui donner, est-ce que, tu sais, s'il avait, en
rente viagère de 227 $ par mois, mettons, sa somme forfaitaire, je dis
n'importe quoi, là, mais elle est de 20 000 $, mettons, là, on est
capable de se projeter que ça veut dire que c'est comme s'il avait 10 ans
de rente viagère, mettons, mais c'est ça que j'aimerais puis que je pense qui
va être très difficile dans nos débats, puis je comprends, là, qu'on n'aura pas
l'évaluation actuarielle pour chaque cas d'espèce, mais c'est comme important
de comprendre à quoi ça va ressembler, la différence. Donc là, moi, je le
demandais parce que le ministre nous éclaire, il nous dit : À l'heure
actuelle, ça existe, des sommes forfaitaires. Ça fait que, justement, j'aurais
aimé ça, avoir un ordre de grandeur, quand, plutôt que de donner une rente
viagère, on dit : On va le donner en somme forfaitaire. Ça peut ressembler
à quoi, tu sais, si on le projetait en rente viagère, par exemple. Juste un...
Je veux dire, si on pouvait avoir une couple d'exemples qui nous donnent du
concret, là.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Bien, en fin de semaine, on va travailler là-dessus.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Intervention? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, ma question était, puis le ministre, il n'est
pas obligé de répondre, là, je veux dire, le ministre pourrait dire :
Bien, vous avez le fruit de ma réflexion qui est finale, qui est le projet de
loi n° 84. Mais, quand même, a-t-il considéré de
conserver les deux systèmes en parallèle, ou ça n'a jamais fait partie de son
analyse du tout?
M. Jolin-Barrette : Non, ça
ne fait pas partie de l'analyse, dans le fond, parce qu'en élargissant le
nombre de personnes victimes, dans le fond, il faut s'assurer de pouvoir...
puis avec les sommes supplémentaires qu'on a mises en place, en termes de
prévisibilité, entre autres aussi, pour le régime, on a fait le choix, comme
dans les autres régimes, d'avoir une somme forfaitaire et de ne plus avoir de
rente viagère.
M. Tanguay
: O.K. La
rente viagère aurait pu être, ne croit-il pas, analysée? Autrement dit, oui, je
comprends qu'il dit : Non, on n'a pas considéré politiquement — je
le dis de même, ce n'est pas réducteur — saine gestion des finances
publiques, <on n'a pas considéré >d'avoir les deux régimes, ça va
être du forfaitaire puis ça va être... la prévisibilité va être là, comme il
vient de le <dire...
M. Tanguay
: ...
viagère
aurait pu être, ne croit-il pas, analysée? Autrement dit, oui, je comprends
qu'il dit : Non, on n'a pas considéré politiquement — je le dis
de même, ce n'est pas réducteur — saine gestion des finances
publiques, on n'a pas considéré d'avoir les deux régimes, ça va être du
forfaitaire puis ça va être... la prévisibilité va être là, comme il vient de
le >dire, mais n'est-il pas d'accord qu'il y aurait eu lieu, si
d'aventure on avait voulu conserver les deux régimes, il y aurait eu lieu, s'il
avait voulu limiter le 43 millions puis qu'il monte puis qu'il monte, il y
aurait eu lieu d'établir des critères qui auraient pu peut-être... on aurait
voté contre, mais les critères auraient pu limiter l'octroi de rente viagère
dans des cas qui sont beaucoup plus marquants? Je pense à Mme Lili Rochon
qui est venue nous parler puis qui disait : Écoutez, moi, je ne pourrais
jamais travailler, j'ai essayé souvent, mais c'est impossible. Donc, dans des
cas réellement marquants, tu dis : O.K., oui, il y aura moins de viagers,
mais on va resserrer les critères. N'est-il pas d'accord avec moi que ça, ça
aurait pu objectivement être fait, ce travail-là?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est un changement de philosophie du régime, entre autres, là, on veut
se sortir de la rente viagère, justement pour faire en sorte de pouvoir
indemniser, de pouvoir aider les gens rapidement avec une somme forfaitaire et
aussi d'élargir la notion de personne victime aussi, on est dans un régime qui
est très généreux pour les personnes victimes, on fait en sorte aussi
d'apporter des aides financières pour les victimes qui entourent également la
personne victime elle-même qui a subi l'infraction criminelle, alors pour
s'assurer de pouvoir faire en sorte de couvrir davantage de victimes, pour
couvrir le noyau familial parce qu'elles aussi elles ont des conséquences, le
choix a été fait d'y aller avec la somme forfaitaire.
M. Tanguay
: O.K.
Alors, juste pour compléter avec... Je comprends, je comprends que c'est un
choix, puis le ministre comprend pourquoi, nous, on dépose l'amendement qui
permettrait d'avoir les deux avenues, donc, bonifier, dans le système actuel,
le forfaitaire au-delà du 227 $ ou moins, et peut-être resserrer le viager
également, et en permettant plus de forfaitaires, et...
Donc, je veux juste mentionner, M. le
Président, parce que je pense que c'est important, à ce stade-ci, de faire écho
du témoignage de Mme Lili Rochon, témoignage très important en consultations,
victime de crimes très graves qui, pleine d'émotions, nous a dit qu'elle était
déchirée, démolie de voir que d'autres victimes comme elle ne pourraient pas y
voir… avoir accès à cette aide-là par rente viagère. Je pense qu'à ce stade-ci de
nos délibérations, M. le Président, c'est important pour moi, pour nous, de
référer au témoignage très senti de Mme Rochon. Je suis certain que le ministre
a été touché par ce qu'elle a dit et je suis certain, M. le Président, que le
ministre, dans le cas de Mme Rochon, ne peut pas contester que, pour elle,
une rente viagère, comme elle en témoigne, c'est ce que ça lui prend, puis
qu'une somme forfaitaire, ce n'est pas un élément qui aurait pu l'indemniser à
la hauteur de ce qu'elle a présentement sur le régime actuel. N'est-il pas
d'accord, à la lumière du témoignage de Mme Rochon, que c'est la
conclusion à laquelle on doit en <arriver...
M. Tanguay
: ...
ne
peut pas contester que, pour elle, une rente viagère, comme elle en témoigne, c'est
ce que ça lui prend, puis qu'une somme forfaitaire, ce n'est pas un élément qui
aurait pu l'indemniser à la hauteur de ce qu'elle a présentement sur le régime
actuel. N'est-il pas d'accord, à la lumière du témoignage de Mme Rochon,
que c'est la conclusion à laquelle on doit en >arriver?
M. Jolin-Barrette : Mais en
fait, vous savez, le témoignage de Mme Rochon a été livré avec... empreint
d'émotion puis tout le monde a été touché par là, mais je ne suis pas prêt à
dire que, dans toutes les circonstances, la somme forfaitaire n'aurait pas fait
le travail non plus.
M. Tanguay
: Mais dans
le cas de Mme Rochon?
M. Jolin-Barrette : Mais je ne
peux pas analyser son dossier pratique, c'est un dossier qui est personnalisé,
et elle a livré le témoignage par rapport à sa situation personnelle, mais vous
me demandez de porter un jugement sur quel est l'impact d'avoir une somme
forfaitaire, dans le cas de Mme Rochon, versus la rente viagère, alors que
je ne connais pas le montant qu'elle reçoit, je ne connais pas son pourcentage
d'incapacité, je ne connais pas non plus le montant forfaitaire qui lui aura
été versé aussi.
Puis le fait qu'on veuille aider les
personnes victimes rapidement, puis qu'on veuille aussi leur apporter le
soutien pour la réhabilitation, puis la réhabilitation sur le marché du travail
aussi, ces aides-là, je pense, c'est des avancées significatives.
Et on se retrouvera toujours dans des
situations difficiles pour les personnes victimes parce qu'on souhaite que ça
n'arrive pas, mais le rôle de l'État, c'est de limiter le plus possible les
impacts par rapport à leur événement, dans les limites qui sont possibles par
l'État. Et là on fait le choix d'accompagner les personnes victimes,
d'accompagner leur entourage aussi, parce qu'au-delà de tout ça, il y a beaucoup
de personnes victimes, actuellement, qui n'étaient pas couvertes parce que vous
étiez victime directe ou pas pantoute. Là, aujourd'hui, le noyau familial
aussi, de ceux qui subissent les conséquences de l'agression, l'infraction, va
être couvert aussi.
M. Tanguay
: Le ministre
me concéderait-il, à tout le moins, sans faire du cas par cas... Moi, je crois
que le témoignage de Mme Rochon était suffisamment étoffé et convainquant
pour se convaincre que la rente viagère était, dans son cas, la meilleure chose
qui pouvait lui arriver, en comparaison avec une somme forfaitaire, mais le
ministre va-t-il au moins nous accorder que, dans des cas, la rente viagère
fait mieux que le forfaitaire?
• (15 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Oui, dans
certains cas, comme dans certains cas, le forfaitaire va faire mieux que la
rente viagère.
M. Tanguay
: Comment
collectivement pouvons-nous vivre avec ça, que dans certains cas où la rente
viagère ferait mieux l'affaire, ils n'auront pas accès?
M. Jolin-Barrette : Mais
l'ensemble des régimes d'indemnisation, et c'était le dernier régime à avoir
une rente viagère, <l'ensemble des régimes d'indemnisation> a
aboli les rentes viagères parce que, si on veut également soutenir le régime
puis faire en sorte d'élargir la notion de personne victime, il faut faire en
sorte que le régime puisse être soutenable financièrement, entre autres, aussi.
Donc, <l'idée...
M. Jolin-Barrette :
...
et c'était le dernier régime à avoir une rente viagère, l'ensemble
des régimes d'indemnisation a aboli les rentes viagères parce que, si on veut
également soutenir le régime puis faire en sorte d'élargir la notion de
personne victime, il faut faire en sorte que le régime puisse être soutenable
financièrement, entre autres, aussi. Donc, >l'idée est de faire en sorte
de mieux accompagner les personnes victimes, de leur offrir davantage d'aide
aussi, et aussi qu'il y est le montant dès le départ, dès le moment où la personne,
elle est victime.
Puis, quand qu'on se réfère au témoignage
de Mme Rochon aussi, elle a dit qu'elle était très insatisfaite du régime
actuel de l'IVAC, puis elle a même dit, je crois, que ça a même contribué à son
préjudice relativement à l'IVAC. Alors, nous, ce qu'on veut faire au lieu que
ça soit difficile à l'IVAC, puis qu'elle ait à se battre, puis je me souviens
du témoignage de Mme Rochon, elle disait aussi : Vous savez, il faut
attendre toute la journée un appel d'un agent à l'IVAC, le dossier change de
main, il faut réexpliquer les choses. C'est tous des éléments qu'on va changer
à l'IVAC. Donc, au-delà du financier, c'est au niveau de l'accompagnement des
personnes victimes, notamment d'agression sexuelle, puis je pense que ce changement
de mentalité là... Il y a des changements financiers qui sont apportés, mais il
y a un changement d'orientation puis un changement au niveau de l'accompagnement
des personnes victimes aussi. Ça fait que c'est ça qu'on fait avec le projet de
loi n° 84, on veut être davantage à l'écoute des personnes victimes puis
adapter le système à leurs besoins.
M. Tanguay
: Puis
ça, le besoin d'être meilleur en termes d'écoute et d'humanité quant à la
gestion de l'IVAC, ça, nous en sommes tous, le système actuel doit être
amélioré, il est perfectible, mais, au-delà de ça, doit être amélioré, ça, on n'a
pas à s'en convaincre, nous en sommes tous, puis Mme Rochon au premier
titre, mais, ce qu'elle soulignait dans son témoignage, c'est que, dans son
cas, basé sur son témoignage, la rente viagère l'aura à tout le moins soutenu,
la soutient encore et la soutiendra, contrairement à ce que ferait une somme
forfaitaire.
Quand le ministre dit «dans les deux
autres régimes, accidents de la route et incidents au travail, il n'y a pas de
rente viagère», cette affirmation-là est théorique parce qu'il y a une
assistance jusqu'à 68 ans, et après ça vous tombez sur le RRQ. Alors,
techniquement, il a raison, ce n'est pas à vie, à 68 ans, vous changez de
régime, mais, comme solution mitoyenne, on prendrait ça, nous, que ça soit une
rente non viagère, mais qu'elle soit jusqu'à 68 ans à l'IVAC, puis
qu'après ça il y ait d'autres choses, notamment pour le RRQ, alors le ministre
comprend qu'on… L'IVAC retire le viager, l'IVAC n'ira pas, contrairement aux
deux autres, à 68 ans, et l'IVAC va arrêter maximum après cinq ans.
M. Jolin-Barrette :
Effectivement, mais ce n'est pas le même régime non plus. Les autres régimes, c'est
un régime d'une caisse d'assurance, tandis que celui-ci, c'est un régime qui
est financé par l'ensemble des Québécois et des Québécoises. À la SAAQ, ils
donnent 1 milliard par <année...
M. Tanguay
: …
après
cinq ans.
M. Jolin-Barrette :
Effectivement, mais ce n'est pas le même régime non plus. Les autres régimes, c'est
un régime d'une caisse d'assurance, tandis que celui-ci, c'est un régime qui
est financé par l'ensemble des Québécois et des Québécoises. À la SAAQ, ils
donnent 1 milliard par >année en indemnité, alors c'est complètement
différent.
Et, avec égard, M. le Président, je
comprends que la position du collègue de LaFontaine, elle est celle-là aujourd'hui,
mais, à l'époque où ils étaient au gouvernement, ce n'était pas ça leur
position, M. le Président. Alors, voyez-vous, quand on fait la réforme, il y a
des choix à faire, puis les précédents gouvernements n'ont pas réformé l'IVAC en
fonction des différentes critiques qu'il y avait à l'IVAC. Alors, nous, on fait
le changement par rapport à l'IVAC, et ça amène la fin des rentes viagères
comme c'était le cas en 1993 avec le projet de loi libéral de Gil Rémillard,
comme c'est recommandé par le rapport Lemieux également.
M. Tanguay
: C'est
parce qu'on a l'intérêt des victimes à coeur, M. le Président, puis on a
l'intérêt du ministre aussi, on ne voudrait pas qu'il s'arrête en si bon chemin,
c'est uniquement ça qui… dans cet ordre-là, très important, nous faits nous
lever le matin puis nous guide, M. le Président.
J'aimerais savoir… question technique, puis
je ne devrais pas faire ça, normalement on pose les questions pour lesquelles
on connaît les réponses, quand on peut, là, je ne connais pas la réponse, est-ce
que les régimes assurance automobile et CNESST, accidents de travail, est-ce
qu'ils sont autofinancés à 100 %?
M. Jolin-Barrette : Je crois
que oui parce que, le régime de la CNESST, c'est uniquement la cotisation des
employeurs, puis, celui de la SAAQ, c'est les permis puis les plaques, hein, donc,
c'est financé à 100 %. C'est financé à 100 %.
M. Tanguay
: Autrement
dit, ce qui est dans la caisse détermine ce que les requérants recevront.
M. Jolin-Barrette : La
capacité de payer.
M. Tanguay
: O.K.
J'aimerais savoir, M. le Président, le ministre, lorsqu'on a entendu… il a
entendu le témoignage de l'Association des juristes progressistes…
L'Association des juristes progressistes sont venus dire, sont venus parler de
reculs majeurs, notamment quant à l'abandon de la rente viagère. Il y a ici…
j'aimerais citer, puis entendre le ministre là-dessus, je pense, c'est les
toutes dernières personnes que nous avons entendues, Me Louise Langevin et…
qui est professeure titulaire de la Chaire de recherche Antoine-Turmel à
l'Université Laval, et Mme Rachel Rochon du Département des sciences
juridiques qui sont venues nous dire, et je cite, l'extrait suivant de leur
mémoire, page 15 : «Il faut souligner que les montants forfaitaires
risquent d'être passablement moins généreux que les rentes viagères qui
existent présentement. En effet, dans son rapport de 2016, le Protecteur du
citoyen démontre que le choix de la rente viagère peut s'avérer beaucoup plus
avantageux pour la personne bénéficiaire dépendant de son âge au moment de son
agression et de son espérance de vie. Dans la mesure où on parle ici d'un
préjudice qui affectera la personne tout au long de sa vie et qu'on constate
que plus de 50 % des bénéficiaires du régime ont 35 et moins, il y a lieu
de souhaiter que ces <indemnités…
M. Tanguay
: ...
la
personne bénéficiaire dépendant de son âge au moment de son agression et de son
espérance de vie. Dans la mesure où on parle ici d'un préjudice qui affectera
la personne tout au long de sa vie et qu'on constate que plus de 50 % des
bénéficiaires du régime ont 35 et moins, il y a lieu de souhaiter que ces >indemnités
ne soient pas négociées à rabais.»
Alors, on avait ce témoignage-là, j'aimerais
maintenant entendre le ministre quand il a dit, un peu plus tôt… Donc, il y a
deux volets qui s'ouvrent à la discussion, il y a le volet aspect... dans
certains cas, puis le ministre l'a dit, l'obligation formelle de consolider
dans le cinq ans ou dans le trois ans, dans certains cas, est-il d'accord avec
moi, ça ne sera pas possible, là? Même si c'est une minorité des cas, il y a
des cas où ça ne sera pas possible, mais il va falloir le sortir, n'est-ce pas?
Le Président
(M. Bachand) :M. le ministre, mais
après j'aurais la députée de Joliette.
M. Tanguay
: O.K., oui,
oui.
Le Président (M. Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, effectivement, dans le fond, il y aura certains cas, qui sont une
minorité de cas, qui ne seront pas consolidés après cinq ans, effectivement.
M. Tanguay
: Et
qui devront l'être de toute façon, il va falloir qu'ils soient consolidés pour
déterminer une somme forfaitaire.
M. Jolin-Barrette :
Mais, oui, éventuellement pour être... pour obtenir la somme forfaitaire, il va
falloir qu'ils soient consolidés.
M. Tanguay
: Donc,
on va être dans une impossibilité, mais on devra, en vertu de la loi,
consolider. A-t-il pensé, le ministre, à ce qu'il y ait une possibilité sur ce
point-là, M. le Président — puis je sais que vous voulez aller avec
la collègue de Joliette — mais, sur ce point-là, à ce qu'il y ait un
moment dans le temps où, après cette première consolidation-là, on puisse
ouvrir, que ça soit un an, deux ans, trois ans... pas sur le délai, une fenêtre
pour réévaluer la somme forfaitaire? Y aurait-u moyen d'avoir un îlot, dans
l'avenir, qui nous permettrait de rouvrir?
M. Jolin-Barrette : …s'il
se dégrade, si l'évaluation...
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Oui,
<il y a... >en fait, dans le projet de loi, il y a des articles qui
prévoient que, s'il y a une aggravation des séquelles après la consolidation, c'est
réévalué.
M. Tanguay
: O.K.
Puis on pourra nous référer tantôt, peut-être les articles, s'il vous plaît,
auxquels on fait référence. O.K.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le Président
(M. Bachand) : Merci beaucoup, M. le député. Mme la
députée de Joliette, s'il vous plaît.
• (16 heures) •
Mme
Hivon
:
Oui. Mais je veux dire que je pense que c'est une bonne idée de considérer et
d'adopter éventuellement l'amendement du député de LaFontaine parce que ça
n'empêche rien, mais ça garde toutes les portes ouvertes, et ça fait donc en
sorte que, si le ministre souhaitait garder éventuellement un régime mixte, si,
dans le règlement, on voulait faire des distinctions, on aurait la possibilité
de le faire parce qu'on n'enlève pas complètement de la loi toute référence à
des rentes viagères. Donc, je trouve qu'on devrait vraiment adopter
l'amendement.
Puis je reviens au fait que je trouve
qu'on débat, là, puis je me dis «il va falloir qu'on ait du concret» parce que
c'est extrêmement difficile d'avancer dans ce débat-là où on change clairement
les termes de la loi, puis...
16 h (version révisée)
Mme
Hivon
: ...on
devrait vraiment adopter l'amendement. Puis je reviens au fait que je trouve
qu'on débat, là, puis je me dis : Il va falloir qu'on ait du concret,
parce que c'est extrêmement difficile d'avancer dans ce débat-là, où on change
clairement les termes de la loi, puis pas juste les termes techniques, mais la
philosophie, là, en passant de la rente viagère, ce que souhaiterait le
ministre, à uniquement la somme forfaitaire, quand on n'est pas capables
d'avoir un ordre de grandeur.
Puis effectivement, je veux dire, on peut
se référer à plein de rapports qui vont nous dire que ça va créer une
différence importante, que ça va être beaucoup moins avantageux pour beaucoup
de victimes, puis le ministre lui-même ne s'en cache pas. Je veux dire, il l'a
dit lui-même que, vu qu'on augmente le nombre de victimes potentielles qui vont
pouvoir être indemnisées, bien, on doit réduire un peu le montant que chacune
de ces personnes-là va avoir parce que l'assiette n'est pas infinie. Donc,
lui-même, il admet ça.
Mais nous qui devons débattre de ça puis
défendre les droits des victimes, puis le ministre veut sûrement aussi qu'on
soit capables d'avoir un débat éclairé, moi, je suis vraiment inconfortable
qu'on débatte de tout ça sans avoir des exemples concrets, parce que c'est
évident que le ministre, il a ses scénarios, il a ses règlements, il a son
cadre financier, puis c'est évident aussi qu'il a fait plein de calculs, puis
il y a plein de calculs actuariels. Quand il nous dit, par exemple, qu'il va y
avoir 4 000 victimes de plus, bien là, il a fait des cas de figure.
Quand il nous dit : Ça va coûter tant de plus, bien, il a fait des
évaluations. Donc, moi, je suis très inconfortable qu'on ne puisse pas avoir
les documents, évidemment, des règlements qui sont envisagés, mais aussi des
cas, là, puis c'est un peu ce que je demandais tantôt.
Mais je voudrais… là, je le demandais
parce que je pensais qu'on pouvait peut-être me fournir ça rapidement avec un
cas actuel où on dit : Bien, dans ces petits cas là, où c'est moins de
227 $ par mois, on y va par somme forfaitaire. Mais j'aimerais vraiment
qu'on me prenne un cas, là, de 2020, où la personne a une rente viagère avec
ces circonstances à elle, puis qu'on me dise : O.K. Exactement ce même cas
là avec le règlement qui est anticipé, voici ce qu'elle aurait en somme
forfaitaire. Puis qu'on me donne une dizaine de cas de figure. Puis là le
ministre va dire : Chaque cas est un cas de figure, mais c'est important.
Parce que c'est évident que les victimes vont avoir moins dans plein de
circonstances. Puis là le ministre va dire : Mais là ça dépend s'ils
vivent jusqu'à 88 ans ou si elles meurent à 48 ans, on comprend tout
ça. Moi, je veux un cas d'espèce, puis qu'on me montre la différence.
Parce que je pense que c'est important d'avoir
un débat transparent, puis le sentiment qu'on a tous, c'est que, dans la
majorité des cas, ça va être moins favorable. Ce n'est pas pour rien que le
ministre, il change, puis qu'on ne sera plus dans un régime de rentes viagères,
qu'on va être dans un régime de somme forfaitaire, c'est que le régime de
rentes viagères a été jugé onéreux par l'État, et donc il veut resserrer les
choses en augmentant le nombre de personnes admissibles. Ça fait que moi, je me
disais juste : C'est important, il me semble, qu'on puisse comparer un cas
x dans les circonstances actuelles, versus dans <les nouvelles
circonstances…
Mme
Hivon
: …somme
forfaitaire, c'est que le régime de rentes viagères a été jugé onéreux par
l'État, et donc il veut resserrer les choses en augmentant le nombre de
personnes admissibles. Ça fait que moi, je me disais juste : C'est
important, il me semble, qu'on puisse comparer un cas x dans les circonstances
actuelles, versus dans >les nouvelles circonstances du projet de loi
n° 84.
Ça fait que je lui demande vraiment, parce
que je ne sais pas comment on va pouvoir avancer correctement, en ayant toute
l'information, si on n'est même pas capables d'avoir des bases de comparaison.
Parce qu'on change significativement le régime puis, je veux dire, le fait est
que, sinon, c'est de donner un chèque en blanc au ministre, de dire : Ah!
bien... Bien oui, complètement. On n'a pas les critères du règlement, on n'a
pas les montants potentiels du règlement. On n'a rien de tout ça, puis là on
dirait : Ah! bien, c'est correct, on va passer d'un régime de rente
viagère à un régime de somme forfaitaire, puis on va espérer que ce n'est pas
trop plate comme recul pour les victimes. On ne peut pas faire ça, là, comme
élus.
Donc, je lui demande, là, la semaine
prochaine, on va être dans le coeur de ça, qu'on puisse avoir ce qui est
projeté comme réglementation, puis aussi des cas très concrets, pour voir
l'avant de l'après.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
comme j'ai dit tout à l'heure, M. le Président, on va travailler sur des
scénarios en fin de semaine, mais il faut juste comprendre qu'il y a autant de
situations qu'il y a de personnes victimes. Puis, dans le fond, ce qui est
important aussi, c'est qu'il faut prendre en considération qu'on élargit la
notion de «personne victime». Donc, là, on parle beaucoup de la victime qui a
subi l'infraction, mais on ne parle pas de toutes les autres personnes victimes
qui, avec l'ancien régime, étaient laissées pour compte aussi. Ça fait que ça,
c'est à prendre en considération aussi dans la réforme globale que nous avons.
Alors, sur la question des cas individualisés, on va travailler là-dessus, sauf
que, dans chacune des situations, ça dépend de toutes les circonstances, du
pourcentage d'incapacité, du salaire de la personne, du nombre d'années de vie,
c'est… dans le fond, c'est propre à chaque individu. Mais on va faire
l'exercice, puis on va vous revenir.
Pour ce qui est des sommes au niveau
forfaitaire, dans le fond, c'est les mêmes montants que ce qu'il y a à la SAAQ
présentement. Donc, ça va être une duplication du régime, mais on pourra vous
revenir aussi avec les montants pour la semaine prochaine, en début de semaine.
Mme
Hivon
: …je
comprends que c'est plein de cas d'espèce, mais moi, ce que je lui demande,
c'est : Faites-nous une comparaison avant, régime actuel, nouveau régime,
avec des cas réels. Puis si la personne meurt à 88 ans, bien, voici ce que
ça fait, puis voici ce que ça faisait dans le régime actuel. Elle avait une
rente viagère jusqu'à 88 ans, bien là, elle va avoir une somme
forfaitaire, puis voici ce que ça représente. Donc, tu sais, je comprends ce
que le ministre nous dit, là, mais on est tout à fait capables de dire :
Voici, avec un cas x, en ce moment, ce que ça fait, puis voici ce que ça fait
avec le nouveau régime.
Ça fait que ça, je pense que ça serait
aidant, mais je n'ai pas eu de réponse sur les projets de règlement. Parce que
j'espère que le ministre, il est conscient que, je veux dire, tout le détail de
ce qui va revenir aux victimes en termes d'aide financière, il est <dans
les règlements…
Mme
Hivon
:
...puis voici ce que ça fait avec le nouveau régime.
Ça fait que ça, je pense que ça serait
aidant, mais je n'ai pas eu de réponse sur les projets de règlement. Parce que
j'espère que le ministre, il est conscient que, je veux dire, tout le détail de
ce qui va revenir aux victimes en termes d'aide financière, il est >dans
les règlements. Donc, je veux dire, il y a toujours un équilibre, là, puis il y
a des projets de loi où il y a plus de pouvoirs réglementaires, moins de pouvoirs
réglementaires, il y a des éléments plus fondamentaux, moins fondamentaux qui
se déterminent par règlement. Mais là, dans ce cas-ci, on est dans le
fondamental.
Ça fait que moi, je demande vraiment, je
ne vois pas comment on va pouvoir avancer sinon dans le détail de ces grands
changements là que propose le ministre. Puis je pense que, si c'est vers ça
qu'il veut aller, bien, il faut qu'il soit très transparent puis qu'il nous
dise : Voici, ça va être ça, les critères. Comme je l'ai déjà fait ressortir,
les critères ne sont même pas énumérés dans la loi. Les critères de
détermination vont même être prévus par règlement. Donc, ça, c'est fort, là, je
veux dire, c'est fou, tout ce qui est remis entre les mains du ministre, là,
puis de l'Exécutif.
Ça fait que moi, je lui demande vraiment,
puis j'aimerais ça qu'il réponde oui à ma demande aujourd'hui, qu'il va nous
dire qu'il va nous déposer des projets de règlement. Même si c'est un document
de travail, là, moi, je peux vivre avec ça.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends. Alors, ce que je peux faire, M. le Président, c'est déposer quelles
seront les aides associées aux personnes victimes qui vont se retrouver dans
les règlements, donc, dans le fond, pour détailler quelles seront les sommes
envisagées, quelle seront les aides envisagées également pour chacune des
catégories de victime. Ça, je vais pouvoir vous produire ça mardi.
Mme
Hivon
: Oui,
mais moi, je veux dire, il faut qu'on ait un aperçu de ce que ça va vouloir
signifier concrètement, là. Ça va être quoi, les critères? Ça va être quoi, la
hauteur des remplacements? Ça va être quoi, les bases de référencement pour les
sommes forfaitaires, puis tout ça?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme
Hivon
: O.K.
Mais moi, j'espère qu'on va avoir un niveau de détail important.
M. Jolin-Barrette : Mais ce
que je veux dire, M. le Président, je ne déposerais pas le projet de règlement
à la commission. Mais on va faire un document de travail pour la commission
pour faire en sorte que vous ayez le détail des aides financières pour les
personnes victimes.
Mme
Hivon
: Le
ministre peut nous déposer, c'est ça, un document de travail qui est très
détaillé et dont va s'inspirer grandement l'éventuel règlement.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends le souhait de la députée de Joliette, M. le Président. Je vais
travailler en ce sens-là, dans la mesure de ma capacité, M. le Président.
Mme
Hivon
:
Parfait.
Le Président (M.
Bachand) : Ça va? Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Pour appuyer la demande de ma collègue de Joliette,
l'article 30, là, qui est un article, là, je dirais, fondateur dans la
réforme du ministre...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, excusez-moi, M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Si je
peux apporter une précision, tout à l'heure, à votre précédente intervention,
là. C'est l'article 35, relativement au fait que, si une personne, dans le
fond, une fois qu'elle est consolidée, un coup que son évaluation de santé a
été évaluée, que sa somme forfaitaire est versée, la personne <peut... >si
ses conséquences, ses séquelles s'aggravent, elle peut refaire évaluer. C'est 35 :
«Lorsque les séquelles des préjudices qui sont confirmées en vertu de l'article 33
s'aggravent, la personne victime peut faire reconnaître cette aggravation et
demander la réévaluation de l'établissement <de la somme forfaitaire...
M. Jolin-Barrette :
…
évaluation de santé a été évaluée, que sa somme forfaitaire est versée,
la personne peut... si ses conséquences, ses séquelles s'aggravent, elle peut
refaire évaluer. C'est 35 : «Lorsque les séquelles des préjudices qui sont
confirmées en vertu de l'article 33 s'aggravent, la personne victime peut
faire reconnaître cette aggravation et demander la réévaluation de
l'établissement >de la somme forfaitaire.»
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Puis on
fera le débat à l'article 35. Par contre, de ce que je constate, c'est que
c'est si et uniquement si les séquelles des préjudices s'aggravent, s'il y a
aggravation. Mais, si d'aventure, pour x raison, l'évaluation basée sur les
critères, dans le règlement, n'aurait pas été adéquate, et cinq ans, 10 ans,
15 ans après, la personne… visiblement, la somme forfaitaire n'a pas eu
l'effet escompté, qui était la réinsertion, et ainsi de suite. Ça, si c'est
pour quelque autre motif qu'aggravation des préjudices, il n'y aura pas possibilité
de rouvrir l'analyse sur une somme forfaitaire additionnelle, n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : Bien non,
mais le principe de base de la somme forfaitaire, elle est donnée en fonction
du préjudice subi, l'incapacité. Alors, si les séquelles rattachées à l'événement
n'ont pas été évaluées, ou ça s'est dégradé relativement à cet événement-là, c'est
ça qui va être réévalué. Ce n'est pas la… C'est la blessure qui est évaluée.
• (16 h 10) •
M. Tanguay
: Oui. Mais,
si on avait…
M. Jolin-Barrette : C'est
comme en santé-sécurité, là.
M. Tanguay
: Oui. Mais,
si on avait évalué à X l'incapacité de générer ses revenus et qu'on voit à la
pratique, à l'usage que la personne n'a pas eu un niveau de vie similaire après
le cinq ans, par exemple, indépendamment de la non-aggravation ou de
l'aggravation de ses préjudices… Je veux dire, l'objectif de la somme
forfaitaire, c'est de faire en sorte que la personne puisse maintenir le même
niveau de vie, puisse se réinsérer, et ainsi de suite. Si elle était capable de
faire la preuve que, finalement, la somme forfaitaire a manqué la cible, est-ce
qu'il y aurait lieu, à ce moment-là, d'ouvrir et d'élargir?
M. Jolin-Barrette : Mais le
critère, c'est de venir compenser la personne par rapport aux séquelles. Donc,
c'est une évaluation de son cas en fonction du calcul de son incapacité, c'est…
Exemple. Supposons que vous étiez à 20 % au niveau de la consolidation,
mais que, finalement, votre état de santé continue à se dégrader en lien avec
la blessure qui a été subie de l'infraction criminelle, puis finalement vous
êtes à 40 %, là, ça va être réévalué. C'est en lien avec la blessure… avec
l'atteinte.
M. Tanguay
: Mais, par
contre… Puis on a cité les juristes progressistes tout à l'heure, on a cité Me
Langevin et Mme Chagnon, par rapport à la difficulté, pour une somme
forfaitaire, d'avoir la même efficience qu'une rente viagère, parce que là, il
faut actualiser le tout. Notamment — je vais prendre ce seul critère là — ça
va être basé, puis que le ministre me détrompe si j'ai tort, <ça va être
basé, >entre autres, sur l'espérance de vie attendue par la personne.
Mais on va essayer d'évaluer son espérance de vie, n'est-ce pas? Ça va être un
des critères, forcément.
M. Jolin-Barrette : Sur la
somme forfaitaire?
M. Tanguay
:
<Oui…
M. Tanguay
: ...
parce
que là, il faut actualiser le tout. Notamment — je vais prendre ce
seul critère là — ça va être basé, puis que le ministre me détrompe
si j'ai tort, ça va être basé, entre autres, sur l'espérance de vie attendue
par la personne. Mais on va essayer d'évaluer son espérance de vie, n'est-ce
pas? Ça va être un des critères, forcément.
M. Jolin-Barrette :
Sur la somme forfaitaire?
M. Tanguay
: >Oui.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : On va vérifier
si l'espérance de vie est calculée dans le montant forfaitaire.
M. Tanguay
: Oui, moi,
je vous soumets bien humblement, sans être expert en la matière, que ça va être
un des critères premiers qui va être mis en compte. Si vous dites qu'il y a une
incapacité de 20 %, basée sur tel salaire admissible, la prochaine chose,
la prochaine donnée qui va être importante, ça va être : O.K. Sur combien
d'années, l'espérance de vie? Dans in concreto, le cas de monsieur X, quelle
est son espérance de vie, puis la somme forfaitaire va être calculée là-dessus.
On ne va pas la calculer sur... Il faut calculer cela, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est la même méthode de calcul qui est appliquée pour le régime de la
SAAQ. Donc, on va faire les vérifications, mais juste vous dire que le Pr Daniel
Gardner, quand il est venu en commission parlementaire, était favorable à ce
qu'on prenne le modèle de la SAAQ, et même Me Marc Bellemare aussi était
favorable à ce qu'on prenne le modèle de la SAAQ. Donc, sur ce point-là, on va
s'entendre.
M. Tanguay
: Je sais
que vous aimez ça le citer.
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
je ne ferais que ça si j'étais en pratique privée.
M. Tanguay
: Ah! c'est
bon. Bien...
M. Jolin-Barrette : Ce qu'il
ne faut pas faire, c'est se citer soi-même, par contre, sur un article qu'on a déjà
écrit devant la cour. <Ça... >Avez-vous déjà connu ça?
M. Tanguay
: Je sens une
pointe, M. le Président, pas par rapport à moi.
M. Jolin-Barrette : Ah non! Pas
pour vous, mais...
M. Tanguay
: Non, non, je
le sais.
M. Jolin-Barrette : ...ça
m'est déjà arrivé en pratique et j'avais trouvé ça curieux.
M. Tanguay
: Curieux!
C'est bon. M. le Président, puis on va voir donc, dans le fond, plusieurs
éléments, là. Je soumets qu'on va nous revenir par rapport au modèle qui... Il
est clair que les gens qui sont venus témoigner, dont Me Gardner, entre autres,
si d'aventure il dit : Bien, si vous voulez aller avec une somme
forfaitaire, je vous recommande d'aller avec la façon de calculer le forfaitaire
dans les autres régimes. C'est une chose de dire ça, mais c'en est une autre de
dire que le forfaitaire va toujours être, systématiquement, plus généreux que
le viager. Ça, c'est là où nous en sommes, et c'est là où l'amendement, nous
prétendons, est pleinement justifié. Je ne sais pas si le ministre avait une
réponse. Non.
Je vous soumets bien humblement, M. le
Président, que, pour l'argument que je suis en train de faire, moi, je prends
pour acquis, puis on me dira : Non, non, non, en aucun cas, il va avoir
l'espérance de vie. Moi, je suis à 99,9 % sûr qu'il va avoir un calcul,
une évaluation de l'espérance de la vie de la personne, puis que ça va être une
des premières données <qui va être...
M. Tanguay
: …j
e
vous soumets bien humblement, M. le Président, que, pour l'argument que je suis
en train de faire, moi, je prends pour acquis, puis on me dira : Non, non,
non, en aucun cas, il va avoir l'espérance de vie. Moi, je suis à 99,9 %
sûr qu'il va avoir un calcul, une évaluation de l'espérance de la vie de la
personne, puis que ça va être une des premières données >qui va être mise
en cause dans la multiplication pour savoir de combien sera fait son montant.
Puis on va même ajouter là-dedans une indexation type. Une indexation type en
dollars d'aujourd'hui, qu'est-ce que ça veut dire dans cinq ans,
10 ans, 30 ans, basé selon l'indemnisation? Je ne suis pas actuaire,
mais… Je ne suis pas en train de faire l'exercice illégal de la profession
d'actuaire, mais, chose certaine, ça fera partie des critères et des éléments.
Une fois qu'on a dit ça, je reviens à mon
argument de 35. On fera le débat à 35, mais si vous ne permettez pas… Si
l'espérance de vie est autre — c'est ça, la pertinence — si
l'indexation est autre, si tel, tel, tel critère, qui est un critère… On fait
un travail actuariel puis on veut se projeter dans l'avenir, ça, si on manque
la cible, on ne pourra pas revenir en arrière, là, basé sur ces critères-là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, sur
la fin de la question, dans le fond, on va revenir sur l'évaluation de la
méthode de calcul, comment c'est formulé à la SAAQ, puis on va pouvoir vous
répondre là-dessus précisément.
M. Tanguay
: O.K. Qu'en
est-il… Et, encore une fois, je reviens là-dessus… Je voulais…
M. Jolin-Barrette : Si vous
me permettez, là, ça ne tient pas compte de l'espérance de vie. Dans le fond,
un enfant va recevoir le même montant qu'un adulte. Donc, dans la formule de
calcul, ça ne tient pas compte de l'espérance de vie. C'est la blessure qui est
évaluée, le pourcentage de la blessure. On vient compenser pour la blessure.
M. Tanguay
: Mais si — O.K.,
c'est important, ce que le ministre... — <si >la
personne a une perte de revenus dans le régime actuel, il peut avoir une rente
viagère. Êtes-vous en train de me dire que...
M. Jolin-Barrette : Non, mais,
même dans le régime actuel, ce n'est pas l'espérance de vie qui est calculée.
Dans le fond, c'est la blessure qui est calculée.
M. Tanguay
: Oui. Mon
point — oui, je suis d'accord — <puis mon point, >c'est,
dans le régime actuel, si vous êtes sur du viager, ça va être du un pour un. Si
je décède à 60 ans, à 95 ans, là va s'arrêter la viagère. Mais dans
le contexte d'une somme forfaitaire, il va nécessairement falloir que j'ajoute
l'ingrédient, de dire : Bon, on évalue votre espérance de vie à 68 ans,
par exemple.
M. Jolin-Barrette : Non, ce
n'est pas ce qu'on me dit, on me dit : Les séquelles ne sont pas versées
en fonction de son salaire.
M. Tanguay
: D'accord,
mais si vous voulez... O.K. Ëtes-vous en train de me dire... Sous le régime 84,
là, on va indemniser la perte de revenus, n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : Nous, ce
qu'on indemnise, c'est les séquelles de la blessure.
M. Tanguay
: Et vous
n'indemniserez plus, au-delà de cinq ans, les pertes de revenus? Si c'est le
cas, je tombe en bas de ma chaise, là.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine, il reste à peu près deux
minutes sur l'amendement.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre. Me Geoffroy?
M. Jolin-Barrette : Si vous
permettez, je céderais <la parole...
Le Président (M.
Bachand) : …
M. le député de
LaFontaine, il reste
à
peu près deux minutes sur
l'amendement.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre. Me Geoffroy?
M. Jolin-Barrette :
Si vous permettez, je céderais >la parole à Me Geoffroy.
Le Président (M.
Bachand) : Me Geoffroy, s'il vous plaît.
Mme Geoffroy (Catherine) :
Est-ce qu'on m'entend bien? Catherine Geoffroy, du ministère de la Justice.
En fait, c'est que le calcul n'est pas
fait de la même façon. Actuellement, on verse un pourcentage d'incapacité permanente
qui comprend deux pourcentages. On a un pourcentage de séquelle, donc de
déficit anatomophysiologique, et un pourcentage d'IRT, qui est une inaptitude à
reprendre le travail. Donc, il y a un pourcentage qui est évalué en fonction de
l'incapacité de la personne à reprendre son travail. Donc, c'est pour ça que...
Puis on va aussi faire le montant qui va être calculé au niveau de l'annexe… au
niveau des facteurs actuariels, pardon, va tenir en compte de l'espérance de
vie en fonction de ce qui est évalué.
Par contre, dans le régime prévu dans le projet
de loi n° 84, c'est vraiment une somme forfaitaire. Donc, un enfant va
recevoir le même montant qu'un adulte, par exemple, pour la même blessure.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. J'aurais... Mme la députée de Joliette, s'il
vous plaît.
Mme
Hivon
:
...va être basé uniquement sur le premier des deux critères sur lesquels on se
base en ce moment. En ce moment, vous avez le préjudice puis vous avez l'IRT.
Puis là dans le nouveau, pour la somme forfaitaire, ce serait juste sur le
premier élément? Non.
Mme Geoffroy (Catherine) :
Non. Parce qu'en fait l'IRT va être évaluée aussi en fonction des limitations
fonctionnelles. Puis le nouveau barème, en fait, le nouveau... la somme
forfaitaire va aussi tenir en compte les limitations fonctionnelles puis les
séquelles. Donc, c'est évalué, mais c'est que <ce n'est pas le même... >ce
n'est vraiment pas le même mécanisme puis la même méthode de calcul, mais c'est
la même chose qu'on va venir évaluer, mais c'est calculé différemment.
Mme
Hivon
:
On vient évaluer la même chose, la même chose étant?
Mme Geoffroy (Catherine) :
Bien, les limitations fonctionnelles, donc les séquelles puis les limitations.
Sauf que c'est vraiment séparé, c'est-à-dire que l'évaluation ne se fait pas de
la même façon. Donc, l'évaluation pour les... en ce moment, l'incapacité
permanente, comme je disais tantôt, c'est un pourcentage qui est en fonction du
barème de la Loi sur les accidents du travail, là, donc qui est un barème qui
date de quelques années. Donc, on va évaluer un pourcentage pour les blessures.
• (16 h 20) •
Puis, à ça, va s'ajouter une évaluation
d'inaptitude à reprendre le travail, mais ça, c'est en fonction des limitations
fonctionnelles. Puis ça, c'est quelque chose qui se retrouve dans les
directives de la D.G. de l'IVAC, donc ça ne se retrouve pas, là, dans... Tu sais,
ça ne fait pas partie, là, de la loi, ou d'une annexe, là, ou d'un calcul, là,
donc c'est un pourcentage qui est ajouté.
Puis l'ensemble de cette évaluation-là, ça
va être la même évaluation qui va être faite dans le nouveau régime, sauf que
ça ne sera pas... ça va être sur des classes de gravité sur lesquelles on va
venir s'appuyer, dans le fond, qui va prendre en considération les mêmes
facteurs, les mêmes limitations, les mêmes séquelles.
Mme
Hivon
:
Les mêmes facteurs, mais l'évaluation n'est pas faite <sur les mêmes
bases....
Mme Geoffroy (Catherine) :
...p
uis l'ensemble de cette évaluation-là, ça va être la même évaluation
qui va être faite dans le nouveau régime, sauf que ça ne sera pas... ça va être
sur des classes de gravité sur lesquelles on va venir s'appuyer, dans le fond,
qui va prendre en considération les mêmes facteurs, les mêmes limitations, les
mêmes séquelles.
Mme
Hivon
:
Les mêmes facteurs, mais l'évaluation n'est pas faite >sur les mêmes
bases.
Mme Geoffroy (Catherine) :
C'est ça. C'est que ce n'est pas... C'est ça. Je m'excuse, ce n'est pas évident
à expliquer, mais...
Mme
Hivon
:
Non, non, mais c'est correct, c'est correct. On va comme... On va se réchauffer
puis on va devenir meilleur.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Si je
comprends bien, rappelez-moi votre nom, déjà. Excusez-moi.
Le Président (M.
Bachand) : Me Geoffroy.
M. Tanguay
:
Me Geoffroy. Préjudice et IRT... O.K. Dans le régime actuel, est-ce qu'on
compense... on peut compenser dans une rente viagère la perte de revenus?
Mme Geoffroy (Catherine) :
Bien, en fait, je ne ferais pas le même parallèle, là. C'est vraiment une évaluation
de... Ce n'est pas une perte... En fait, c'est une évaluation des incapacités
de retour au travail. Je veux juste regarder, là, pour être sûre que j'ai le
bon terme, là, si vous me laissez deux petites minutes.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Au
niveau de la formule actuelle de calcul, là, au niveau de la rente mensuelle,
c'est 90 % du revenu net, fois le pourcentage d'incapacité permanente,
divisé par 12 mois. C'est ça, Me Joncas?
Mme Joncas (Sophie) : Oui.
M. Jolin-Barrette : O.K.
C'est beau.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine, il reste très peu de
temps.
M. Tanguay
: Oui,
je sais, il reste quelques secondes. Donc, on calcule le revenu puis on vous
donne la rente viagère, jusqu'à la fin de vos jours, pour indemniser le revenu,
à l'heure actuelle.
M. Jolin-Barrette : …en
fonction du pourcentage d'incapacité permanente.
M. Tanguay
: Exact.
M. Jolin-Barrette : Puis
l'incapacité permanente est constituée du déficit anatomologique et de
l'inaptitude au retour au travail.
M. Tanguay
: Parfait.
Et ça, c'est offert viager jusqu'à la vie de la personne.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
c'est une rente.
M. Tanguay
: Le
forfaitaire va nécessairement avoir prétention de couvrir aussi cette
logique-là, donc de vouloir indemniser la perte de revenus... ou on
n'indemnisera pas la perte de revenus.
Mme Geoffroy (Catherine) : Bien,
ce n'est pas vraiment une perte. Oh! je m'excuse.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y.
Mme Geoffroy (Catherine) :
C'est que ce n'est pas une perte de revenus, c'est qu'on garde vraiment les
incapacités de la personne. Oui, actuellement, on parle de l'IRT, l'inaptitude
de retour au travail, mais ça va être aussi pris en considération, parce que ça
va faire partie des limitations de la personne. Donc, ce n'est pas une perte de
revenus, ça fait partie des séquelles, dans le fond, qui vont découler de son
atteinte.
M. Tanguay
: O.K. Et
qu'est-ce que je dois comprendre? Est-ce que… On nous a dit qu'un mineur aurait
le même montant qu'un majeur… pourrait avoir le même montant qu'un majeur.
Mme Geoffroy (Catherine) :
Oui, parce que ça va être un pourcentage… Je m'excuse.
M. Tanguay
: Oui.
Le Président (M.
Bachand) : Allez-y.
Mme Geoffroy (Catherine) : Je
m'excuse, là, vous me regardiez. Mais ça va être le même pourcentage pour les
deux.
M. Tanguay
: En termes
de forfaitaire, là?
Mme Geoffroy (Catherine) :
Bien, c'est-à-dire… <Je m'excuse, là…
M. Tanguay
: ...
pourrait
avoir le même montant qu'un majeur.
Mme Geoffroy (Catherine) :
Oui, parce que ça va être un pourcentage… Je m'excuse.
M. Tanguay
: Oui.
Le Président (M.
Bachand) :
Allez-y.
Mme Geoffroy (Catherine) :
Je m'excuse, là, vous me regardiez. Mais ça va être le même pourcentage pour
les deux.
M. Tanguay
: En
termes de forfaitaire, là?
Mme Geoffroy (Catherine) :
Bien, c'est-à-dire… >Je m'excuse, là. Je ne sais pas si je peux parler,
je m'excuse.
M. Tanguay
: Oui, oui.
Le Président (M.
Bachand) : Me Geoffroy.
Mme Geoffroy (Catherine) : O.K.
En fait, c'est qu'on va regarder l'ensemble des limitations. C'est sûr que là, peut-être
que le... je ne sais pas comment... Un médecin va venir évaluer, va regarder
l'ensemble des séquelles que l'enfant va avoir, puis l'ensemble des séquelles
que l'adulte va avoir, puis ça va être calculé à partir d'un montant
forfaitaire, donc d'un montant fixe.
M. Tanguay
: Mais,
rassurez-moi, par règle de trois, l'enfant va recevoir plus pour une incapacité
permanente de 20 % à cause de son espérance de vie qu'un adulte de 40 ans
ne recevrait, ayant, par ailleurs la même incapacité permanente.
Mme Geoffroy (Catherine) :
Bien, ça va être... Non. Dans le fond, on ne prend pas en considération l'âge.
M. Tanguay
: Ça fait
qu'ils risquent d'avoir le même montant pour la même incapacité permanente?
Mme Geoffroy (Catherine) :
Oui.
M. Tanguay
:
<Là,
je… >Il doit me rester trois secondes. Là, je tombe en bas de ma chaise,
là, je tombe en bas de ma chaise. Puis je termine là-dessus, je n'ai plus de
temps, je pense.
Le Président (M.
Bachand) : Exact.
Mme
Hivon
: M.
le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Joliette, s'il
vous plaît.
Mme
Hivon
: Moi,
je trouve que ça vient confirmer toutes les inquiétudes qui nous ont été
manifestées par les gens, parce que là, il y a un monde de différence entre une
rente viagère puis une indemnité qui va partir du même montant, que vous ayez 16 ans,
28 ou 67 quand le crime arrive, là. Donc, il me semble qu'il y a vraiment
matière à inquiétude, là. Donc, moi aussi, je trouve ça extrêmement surprenant.
Ça fait que je ne sais pas si je comprends bien. Mais, je veux dire, si vous
subissez une incapacité permanente, je ne sais pas, de 30 % à l'âge de 16 ans,
qui va vous suivre toute votre vie, qui va amputer votre capacité de gagner un
revenu, de pouvoir vivre décemment, versus si ça vous arrive à 60 ans ou
65 ans, on se comprend que ça n'a pas le même impact sur votre vie, votre
capacité à pouvoir aller amasser des revenus, là.
Donc, moi, je trouve que c'est extrêmement
inquiétant, puis je me dis qu'il doit nous manquer un élément, là, pour
comprendre.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Juste
pour clarifier les choses, là, dans le fond. Ce n'est pas un remplacement de
revenu, là, la rente viagère, puis, dans le fond, là, c'est des facteurs
similaires, mais ça va être calculé différemment, comme c'est calculé à la SAAQ
pour établir l'indemnité forfaitaire. Mais l'objectif de l'indemnité
forfaitaire n'est pas de constituer un remplacement de revenu la vie durant. Donc,
<ce n'est pas la… >ce n'est pas la même chose. <Dans
le fond... >Puis même dans la rente viagère actuelle, on calculait déjà,
dans le fond, l'incapacité de retour au travail aussi. Donc, c'est ça qui est
évalué, mais…
Mme
Hivon
:
<Je
comprends…
M. Jolin-Barrette :
...
remplacement de revenu la vie durant. Donc, ce n'est pas la… ce n'est
pas
la même chose. D
ans le fond... Puis même dans la rente
viagère actuelle, on calculait déjà,
dans le fond, l'incapacité de
retour au travail aussi. Donc,
c'est ça qui est évalué, mais…
Mme
Hivon
:
>Je comprends, je comprends la nuance que fait le ministre, mais on se
comprend que ton incapacité à retourner au travail, elle n'a pas le même impact
si cette incapacité-là, tu commences à la vivre à 16 ans, 30 ans,
60 ans. On se comprend? Dans le sens que, si ça fait en sorte que tu ne
peux même pas commencer à gagner ta vie, parce que ton incapacité est trop
forte, donc on peut appeler ça une incapacité à retourner au travail, là. Puis je
comprends que ce n'est pas une indemnité de remplacement de revenu, là, je
comprends la nuance, mais c'est quand même fondamental comme impact, et ça va
être beaucoup plus lourd de conséquences que si ça arrive à la fin de ta vie.
Ça fait qu'il me semble que la logique
même veut que, dans la somme forfaitaire, ça doit être pris en compte, parce
que tu vas être beaucoup plus gravement affecté par le crime que tu as subi,
pendant toute ta vie durant, si c'est une incapacité permanente, dont tu es
affublé à 16 ans, que si ça t'arrive à 70 ans, là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Dans
le fond, ce n'est pas l'âge qui un impact sur le pourcentage d'incapacité. Dans
le fond, même avec la rente viagère actuellement, ce n'est pas fait en sorte
pour vivre sur la rente viagère. Dans le fond, ce n'est pas la finalité du
régime. Même chose aussi avec l'indemnité forfaitaire, elle vise à venir aider
la personne en fonction du coup du sort qu'il a subi, en fonction de
l'événement qu'il a subi. Donc, c'est un événement x pour ça. Puis le rôle de
la société, c'est <de dire... >de venir donner un coup de main à
cette personne-là, pour dire : Voici, vous avez subi un pourcentage
d'incapacité. Voici. Mais c'est la...
Puis je comprends ce que la députée de
Joliette dit. Si ça arrive à 25 ans ou à 65 ans, vous auriez gagné
plus d'argent, entre 25 puis 65, que la personne, 65, qui s'en va à la
retraite. Mais le but du régime n'est pas de compenser ça, le but du régime est
de faire en sorte d'accompagner la personne pour essayer de la réhabiliter puis
de lui retrouver une vie normale. Mais ce n'est pas un remplacement de revenu à
la fois la rente viagère ni l'indemnité forfaitaire. C'est un montant pour
l'aider à travers cette épreuve-là, mais il ne faut pas le voir comme étant un
remplacement de revenu. C'est ça, la nuance qu'il faut apporter.
• (16 h 30) •
Mme
Hivon
:
Je comprends la nuance, mais, quand le ministre fait référence à la notion de
retrouver une vie normale, la vie normale pour les gens normaux, c'est de
pouvoir travailler. Donc, je comprends la nuance, là, que ce n'est pas une
indemnité pour remplacer le revenu. Mais une vie normale, c'est de pouvoir être
actif, c'est de pouvoir gagner sa vie, c'est de pouvoir avoir des activités,
donc...
16 h 30 (version révisée)
Mme
Hivon
:
...notion de retrouver une vie normale, la vie normale, pour les gens normaux,
c'est de pouvoir travailler. Donc, je comprends la nuance, là, que ce n'est pas
une indemnité pour remplacer un revenu. Mais une vie normale, c'est de pouvoir
être actif, c'est de pouvoir gagner sa vie, c'est de pouvoir avoir des
activités, donc, une santé physique et mentale. Donc, c'est tout ça, là. <Ça
fait que… >C'est sûr que je comprends la nuance qu'il nous apporte, mais
l'impact sur la capacité d'avoir une vie normale, si tu es en début de vie, où
tu n'auras jamais de vie normale, ou si tu es en fin de vie, je veux dire, il
est complètement différent.
Ça fait que, là, je comprends clairement
ce qu'on est venu nous dire...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme la députée.
La commission ajourne ses travaux jusqu'au
mardi 16 mars, à 9 h 30, où elle va poursuivre son mandat à la salle
du Conseil législatif. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 31)