Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mardi 4 avril 2023
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Vol. 47 N° 9
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 14, Loi modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
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Bachand, André
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Bonnardel, François
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Maccarone, Jennifer
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
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Bonnardel, François
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Bachand, André
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Maccarone, Jennifer
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Bachand, André
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Maccarone, Jennifer
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
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Bonnardel, François
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Bachand, André
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Bonnardel, François
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Lamothe, Denis
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Maccarone, Jennifer
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
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Nichols, Marie-Claude
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Bachand, André
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Bonnardel, François
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Lamothe, Denis
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Bachand, André
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Schmaltz, Valérie
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Maccarone, Jennifer
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
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Bachand, André
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Bonnardel, François
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Lamothe, Denis
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Haytayan, Céline
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Morin, André Albert
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Fontecilla, Andrés
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Bachand, André
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Nichols, Marie-Claude
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Bonnardel, François
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Lamothe, Denis
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Boivin Roy, Karine
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Haytayan, Céline
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Maccarone, Jennifer
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Maccarone, Jennifer
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Bachand, André
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
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Bonnardel, François
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Bonnardel, François
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Bachand, André
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Schmaltz, Valérie
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Lamothe, Denis
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Maccarone, Jennifer
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
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Nichols, Marie-Claude
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Bachand, André
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Bonnardel, François
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Lamothe, Denis
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Bachand, André
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Lamothe, Denis
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Maccarone, Jennifer
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
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Bachand, André
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Bonnardel, François
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Lamothe, Denis
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Maccarone, Jennifer
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Bachand, André
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures quarante-six minutes)
Le Président (M.
Bachand) :Bonjour, tout le monde. Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions
ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et aux auditions publiques sur le projet de loi
n° 14, Loi modifiant diverses dispositions relatives
à la sécurité publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver des
personnes disparues.
Mme la députée... Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Lemieux (Saint-Jean) est remplacé par M. Lamothe
(Ungava); M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par M. Fontecilla <(Laurier-Dorion)...
Le Président (M.
Bachand) :
...remplacements?
La Secrétaire :
Oui,
M. le Président.
M. Lemieux (Saint-Jean) est remplacé par
M. Lamothe
(Ungava);
M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par
M. Fontecilla
>(Laurier-Dorion).
Remarques préliminaires
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Nous débutons
ce matin par les remarques préliminaires. Donc, M. le ministre, la parole est à
vous. Merci.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président. Mes salutations à vous-même, avant de débuter, à mes collègues du
gouvernement qui sont avec moi, mon adjoint parlementaire, nos collègues de
l'opposition qui sont là ce matin. On va avoir passé trois belles journées
ensemble à rencontrer des corps de police, différents organismes qui vont nous
aider à peaufiner et améliorer, s'il le faut, ce projet de loi, ce projet de
loi qui, comme vous le savez, a déjà été déposé à l'Assemblée nationale
voilà... voilà quelques mois déjà. C'est le fruit du travail du Comité
consultatif sur la réalité policière, du Groupe d'action contre le racisme et
plusieurs, plusieurs intervenants qui y ont participé depuis des mois déjà, des
organismes que j'ai aussi rencontrés avec mon collègue député... ministre
responsable de la Lutte contre le racisme après les fêtes.
Donc, on est allé chercher... On a grosso
modo le même projet de loi, ou à peu près, mais avec certaines améliorations
qui, je crois, sont importantes pour... Retenir trois points, selon moi, qui
touchent le cœur même de cette loi, c'est : outiller la police pour
retrouver les personnes disparues. Ça, je pense que tout le monde va être
d'accord que d'avoir, dans ce projet de loi, des outils additionnels pour
retrouver des personnes disparues... On sait, malheureusement, que les
premières minutes, sinon les premières heures, sont extrêmement importantes
quand on veut retrouver des personnes disparues ou même des personnes enlevées.
Donc, sur ordonnance d'un juge, bien, les policiers pourront obtenir des
informations, que ce soient les infos cellulaires, géolocalisation, les infos
santé, infos bancaires ou autres, donc tout ce qui sera disponible, qui sera
mis à la disposition des policiers pour retrouver ces personnes. Je pense que
c'est un atout non négligeable pour, on va l'espérer, sauver des vies.
Donc, outiller la police pour les
personnes disparues, moderniser la police et la déontologie est une portion de
transparence qui, pour moi, est importante dans ce projet de loi. Une des
premières choses qu'on retient ici ou quand on parle de moderniser la police,
moderniser la déontologie, c'est... on le sait, que le profilage racial a été
un sujet extrêmement important dans les... dans les derniers... derniers mois.
Et, pour nous, ce qui était important dans ce projet de loi, c'était d'établir
des lignes directrices sur les interpellations policières, sur les
interceptions routières, d'accompagner les policiers dans leur travail et que,
nécessairement, ces interpellations, interceptions ne se fassent pas sur des
motifs discriminatoires. C'est déjà une recommandation qui était du CCRP, du Comité
consultatif sur la réalité policière, excusez-moi, je vais utiliser l'acronyme
quelques fois, là, mais c'est le Comité consultatif sur la réalité policière,
recommandation 36, les pouvoirs réglementaires qui vont suivre aussi, qui
était déjà une... une recommandation des consultations.
• (9 h 50) •
Du côté de la déontologie, je me suis bien
rendu compte qu'on se devait, selon la commissaire et nous-mêmes, établir des
nouvelles fonctions de prévention et d'éducation pour le Commissaire à la
déontologie. C'est un outil important, ce sera des outils importants pour mieux
faire connaître, autant... autant du côté des citoyens... surtout du côté des
citoyens, le travail que la commissaire a à faire. C'est une recommandation
aussi qui était... qui était recommandée par le CCRP, la
recommandation 110. On va aussi permettre à la commissaire, si elle le
souhaite, comme pour elle-même, là, de débuter une enquête, un peu comme le
coroner peut le faire, permettre aussi un processus d'accompagnement aux
différentes étapes du processus déontologique pour les plaignants. Ça, c'est un
ajout au PL qui n'était pas dans l'ancien... l'ancien projet de loi, donner le
choix aussi à ces mêmes plaignants de participer ou non au processus de
conciliation. Donc, c'est un ajout, ça aussi, du côté... du côté du PL.
Je l'ai mentionné, donc, pour ce qui est
des personnes disparues, du côté... du côté transparence, on va rendre
publiques les informations des commissaires pour la libération conditionnelle.
Donc, suite à une libération conditionnelle, bien, la population, les
journalistes, toutes personnes pourraient obtenir, donc, les informations de la
décision de la libération conditionnelle pour expliquer pourquoi telle ou telle
personne, donc, a été libérée.
Donc, voilà, M. le Président. Je ne
prendrai pas trop de temps. Je sais qu'on a plusieurs personnes à entendre
aujourd'hui. Donc, je pense qu'on a trouvé, dans ce projet de loi, un équilibre
important, autant pour le travail des policiers que pour entendre les
plaignants, ceux qui sont venus nous rencontrer dans les dernières semaines,
sinon les derniers mois, les corps de police aussi, et leur dire que, dans ce
projet de loi, pour moi et pour nous, c'est de moderniser leur travail, c'est
de les accompagner. Ce n'est pas une forme de désengagement, ce qu'on met dans
ce projet de loi.
On sait que, présentement, les différents
corps de police, particulièrement la Sûreté du Québec, vivent... on vit une
situation extrêmement tragique, extrêmement triste avec la disparition de la
sergente Breau. Encore une fois, je veux envoyer mes pensées les plus profondes
et mes sympathies, je pense qu'on peut tous le faire ensemble, <à la
famille...
M. Bonnardel :
...triste avec la disparition de la sergente Breau. Encore
une fois, je veux envoyer mes pensées les plus profondes et mes sympathies, je
pense qu'on peut tous le faire ensemble, >à la famille, aux corps de
police, la Sûreté du Québec, à tous les policiers et policières du Québec.
Alors voilà, M. le Président. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, pour 3 min 36 secondes.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Bon matin, collègues. Un plaisir d'être ici avec vous. Un plaisir de
partager des échanges que je souhaite... puis je pense qu'on va être fort
constructifs en ce qui concerne ce projet de loi. Le ministre et moi, nous
avons un élément en commun, nous sommes tous les deux nouveaux dans le dossier
de sécurité publique. Je peux être nouvelle, mais ça reste que c'est un milieu
que je connais, dans le fond, que je suis une fille d'un policier. Mon père,
c'est un ancien sergent détective des crimes majeurs pour le SPVM. Alors, j'ai
été élevée dans une maison où j'ai bien connu les réalités policières. Je sais
que c'est un métier qui est très difficile. Je sais que la réalité, pour nos
policiers, ce n'est pas facile. Je sais, quand on parle de la santé mentale et
la protection de ceux qui nous protègent aussi, on a un devoir à travailler à
l'intérieur de ce projet de loi pour le bonifier, pour s'assurer qu'on
rencontre et on aide nos policiers.
Puis, quand le ministre a fait mention
pour la sergente Maureen Breau, évidemment, nous aussi, ma formation politique
partage nos sincères condoléances à sa famille, à ses proches, à la fraternité,
parce que je ne peux même pas imaginer comment c'est difficile. Et ce qui est
désolant dans ce projet de loi, c'est qu'on n'adresse pas la réalité policière
en ce qui concerne l'état mental perturbé, la fameuse porte tournante. Alors,
on a des moyens de bonifier ce projet de loi pour s'assurer qu'on protège ceux
qui nous protègent. Alors, on a l'intention d'avoir un débat constructif
là-dessus.
Je suis aussi la porte-parole en matière
de lutte contre le racisme, alors, c'est clair, je vais porter une attention,
M. le Président, en ce qui concerne la protection aussi de nos communautés. Il
faut trouver un juste milieu en ce qui concerne la protection et de bien
outiller nos corps policiers pour la sécurité publique, pour protéger notre
population, mais il faut aussi protéger les droits humains de la population.
Alors, il faut trouver un juste milieu pour ceci. Puis il ne faut pas oublier
que, chaque fois qu'on dépose un projet de loi en commission parlementaire,
j'ai beaucoup appris ça de Lise Thériault, ce n'est plus le projet de loi du
gouvernement, ce n'est plus le projet de loi du ministre, c'est le projet de
loi, maintenant, de la société.
Alors, nous avons une responsabilité
d'avoir un débat, de porter la voix de nos citoyens et de ne jamais oublier,
surtout dans un projet de loi comme celui... Le projet de loi n° 14, c'est
un projet de loi qui est très humain. Nous avons des humains derrière tout...
que nous allons en débattre, surtout quand on parle des personnes disparues. On
a les familles qui nous regardent. On a des témoignages puis des mémoires qui
ont déjà été déposés, donc nous devrons prendre en considération... Je sais que
c'est la suite d'un travail qui a été fait lors de la dernière législature.
C'est un projet loi qui est gros. C'est un projet de loi qui n'adresse pas tout
à fait toutes les recommandations. Dans le fond, c'est à peu près 22 % de
toutes les recommandations, dans le livre vert, qu'on voit intégrées dans ce
projet de loi.
Alors, le ministre... C'est la première
fois que nous aurons un projet de loi ensemble, et il verra en moi quelqu'un
qui souhaite bonifier le projet de loi, de faire un travail constructif. Je
souhaite voir un projet de loi qui sera probablement adopté, qui est une
réflexion de notre société pour le bien-être de toutes les personnes
concernées. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Laurier-Dorion, pour 1 min 12 s, s'il vous plaît.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. À mon tour de saluer M. le ministre, la partie... les députés de la
partie ministérielle, mes collègues de l'opposition. Ça me fait plaisir de vous
retrouver ce matin ici, dans l'étude de ce projet de loi en sécurité publique,
le projet de loi n° 14. C'est aussi, moi, un baptême de feu, c'est la
première fois que j'étudie un projet de loi en sécurité publique, et on va
mettre tout notre effort et notre bonne volonté. Et évidemment nous arrivons
ici avec la meilleure... la meilleure disposition pour faire avancer un certain
nombre de dossiers et étudier attentivement les différentes dispositions, là.
Le projet de loi... la pièce législative qui est devant nous est quand même
très importante, et cela se déroule dans un contexte, au Québec, tout à fait
particulier.
Moi aussi, je profite de l'occasion pour
saluer la mémoire de la sergente Maureen Breau et l'ensemble... envoyer mes
condoléances, évidemment, à leur famille, et aux communautés affectées, et à
l'ensemble de la communauté policière qui a été fortement ébranlée par cet
événement violent et d'une tristesse sans nom. Personne ne devrait mourir dans
le cadre de son travail, là. Et donc c'est dans ce contexte-là que nous
commençons ce projet de loi et pour étudier certaines propositions qui semblent
louables, d'autres plus... plus problématiques, là. Tout d'abord, la <question
d'établir...
M. Fontecilla :
...dans
le cadre de son travail, là. Et donc c'est dans ce contexte-là que nous
commençons ce projet de loi et pour étudier certaines propositions qui semblent
louables, d'autres plus... plus problématiques, là. Tout d'abord, la >question
d'établir une nouvelle philosophie, pour le travail des corps policiers, fondée
sur le principe de la concertation avec les communautés locales, avec les
milieux dans lesquels ils sont insérés...
Le Président (M.
Bachand) :...12 secondes, hein,
alors donc en terminant.
M. Fontecilla : C'est
parfait. Donc, c'est avec beaucoup de bonheur que je suis ici, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci de votre
compréhension. Mme la députée de Vaudreuil, la parole est à vous.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Oui, merci, M.
le Président. Je vais faire ça très court. D'abord, bien, je remercie... je
remercie le ministre, là, de son accueil et les différents collègues des
différents partis. Bien sûr, le projet de loi n° 14, c'est une pièce
législative assez importante. Quand on prend connaissance, là, des
137 articles, je vous dirais qu'on va avoir besoin, évidemment, de
spécifications, on va avoir besoin... Moi, ça me semble plus comme un mini-omnibus.
On parle de nomination, de formation, de déontologie, d'employés civils, de
milieu carcéral, donc on touche un peu à tout. J'apprécie les différents
groupes, particulièrement, là, les syndicats, qui vont sûrement pouvoir aussi
nous apporter beaucoup d'éclairage sur ces différents articles. Et, bien sûr,
j'assure toute ma collaboration à M. le ministre.
Auditions
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, nous
allons débuter nos auditions avec le premier groupe, la Fraternité des policiers
et policières de Montréal. Donc, on reconnaît M. Francoeur, président.
Donc, on vous souhaite la bienvenue. Donc, vous avez 10 minutes de
présentation, et, après ça, on aura un échange, mais, d'abord, je vous
inviterais à présenter les gens qui vous accompagnent. M. Francoeur.
Fraternité des policiers et policières de Montréal
inc. (FPPM)
M. Francoeur (Yves) : D'accord,
merci, M. le Président. J'aurai à parler vite. À ma gauche, Me Mario Coderre,
de Roy Bélanger Avocats, qui fait la déontologie policière des policiers,
policières de Montréal depuis 1994; à ma droite, Me Jean-François Raymond,
avocat en relations de travail aussi pour la fraternité, de Roy Bélanger Avocats;
et, à mon extrême droite, Éric Vermette, vice-président exécutif à la Fraternité
des policiers et policières de Montréal.
Donc, je vais débuter immédiatement pour
ne pas empiéter sur mon temps. M. le ministre, M. le Président, Mme la
vice-présidente et Mme, MM. les députés, membres de la Commission des
institutions, merci de nous avoir convoqués à cet exercice démocratique crucial
afin de bonifier les projets de loi et d'éviter que des erreurs aux
conséquences majeures ne viennent miner la mise en œuvre d'objectifs
gouvernementaux légitimes. Avec le projet de loi n° 14, l'État veut se
donner un cadre mieux adapté en matière policière, un cadre s'inscrivant dans
la modernité et qui permette une meilleure uniformité et une plus grande
flexibilité.
Cependant, nous vous soumettons qu'en
matière de déontologie le projet de loi n° 14 s'égare complètement quant
aux moyens d'y parvenir. En effet, les sanctions déontologiques par tous les
professionnels couverts par l'un des 46 codes de déontologie au Québec
sont de l'ordre de la réprimande, de l'amende, de la radiation temporaire ou permanente,
de la révocation de permis et, enfin, de la limitation ou de la révocation du
droit d'exercer. Or, le projet de loi n° 14 introduit un type de sanction
déontologique qui n'existerait pour personne d'autre que pour les policiers,
c'est-à-dire la soumission du policier à un examen médical, la participation à
un programme d'aide, de soutien ou une thérapie, la participation à un
programme d'engagement communautaire ou à un stage d'immersion sociale et
citoyenne. Nous estimons donc que ces sanctions nouveau genre dépassent
totalement les bornes.
• (10 heures) •
En effet, les policiers et policières
appartiennent déjà à la catégorie de travailleurs la plus surveillée par les
institutions publiques et par le public en général. En tant qu'hommes, femmes,
travailleurs et travailleuses, nous avons une mission unique qui se décline en
une variété d'interventions, des interventions d'une complexité, d'une
intensité et parfois d'une tristesse et d'une violence verbale ou physique à
laquelle le commun des mortels fait très rarement face. Assurer efficacement la
sécurité du public dans le respect des droits de tous et toutes est notre
mission. Et, si notre travail comporte son lot d'espoirs et de petites
victoires, en bout de ligne, nous demeurons toujours ceux et celles qui sont
toujours là quand il n'y a plus personne et que toutes les autres institutions,
y compris les institutions judiciaires, carcérales, médicales et sociales,
n'ont pas réussi à éviter qu'une personne ne devienne un danger pour elle-même ou
les autres.
Ce rôle comporte son lot de risques et de
décisions devant être prises très rapidement et pour lesquelles des erreurs,
somme toute, relativement rares sont néanmoins inévitables. D'ailleurs, la Cour
suprême du Canada, dans la Reine contre Nasogaluak, dans un jugement unanime
rendu en 2010, dit : «Les actes des policiers ne devraient pas être jugés
au regard de la perfection. Il ne faut pas oublier que ceux-ci accomplissent un
travail exigeant et dangereux et qu'ils doivent souvent réagir rapidement à des
situations d'urgence. Leurs actes doivent être appréciés selon ce que commande
ce <contexte difficile...
>
10 h (version révisée)
< M. Francoeur (Yves) :
...il
ne faut pas oublier que ceux-ci accomplissent un travail exigeant et dangereux
et qu'ils doivent souvent réagir rapidement à des situations urgentes. Leurs
actes doivent être appréciés selon ce que commande ce >contexte difficile»,
surtout lorsque l'on sait que, seulement à Montréal, nos policiers, policières
font 1 million d'interventions par année et que des décisions prises en
une fraction de seconde prendront ensuite des mois et des années à être
analysées. Il importe donc de traiter équitablement les hommes et les femmes
qui assument ce rôle qui les garde sur la corde raide pour que les autres
puissent dormir tranquilles en tout temps.
Malheureusement, ce n'est pas ce que fait
le projet de loi n° 14 en matière de déontologie policière. Au contraire,
il malmène sévèrement les droits des travailleurs et des travailleuses exerçant
ce rôle vital. Ce n'est certainement pas voulu, mais c'est l'effet de plusieurs
dispositions, des dispositions qui bouleverseraient l'équilibre du système
déontologique, avec des mesures permettant de traiter injustement les policiers
et policières et, à certains égards, de les traiter comme des délinquants, car
il est absolument inusité d'imposer des sanctions comme un examen médical, un
programme d'aide, de soutien, de thérapie, d'engagement communautaire ou encore
un stage d'immersion sociale.
Rien de tout cela n'est de l'ordre ou de
la nature d'une sanction déontologique. On a plutôt droit à un surprenant
mélange des genres avec des paramètres uniques et particuliers, rendant les
policiers passibles de sanctions sans équivalent pour les membres des 46 corporations
professionnelles appliquant un code de déontologie. Seuls les policiers et
policières pourraient être condamnés à des sanctions mettant en cause la
confidentialité dans leur dossier médical ou s'apparentant aux travaux
communautaires souvent imposés en droit criminel. Des types de sanctions
applicables, et j'insiste, à aucune autre catégorie de professionnels et de
travailleurs.
De plus, le projet de loi limiterait
fortement les possibilités d'appel des décisions finales du tribunal.
Actuellement, toute décision finale du comité de déontologie peut faire l'objet
d'un appel devant un juge de la Cour du Québec. Mais, dorénavant, on
permettrait d'en appeler des décisions finales seulement sur permission, ce qui
est très restrictif quand on sait que, dans les deux dernières années, près d'une
décision sur deux du comité de déontologie policière qui a été portée en appel
a été renversée par la Cour du Québec.
Maintenir un appel de plein droit est donc
une nécessité claire, surtout que le projet de loi comporte d'autres mesures
particulières. En effet, il prévoit que, dans les cas allégués de conduite
discriminatoire, le plaignant puisse, sans justification, refuser la
conciliation et surtout qu'après ce refus le commissaire doive tenir une
enquête sans possibilité d'écarter une plainte frivole, vexatoire ou portée de
mauvaise foi. Par conséquent, lorsqu'une conduite discriminatoire serait
alléguée, des policiers et des policières devraient subir des enquêtes
déontologiques, même si, à sa face même, la plainte était frivole, vexatoire ou
portée de mauvaise foi. Il est manifestement contraire à la bonne gestion de la
justice d'obliger un organisme à systématiquement enquêter sur des plaintes qui
sont, à leur face même, sans fondement.
Actuellement, le pourcentage des plaintes
jugées recevables par le Commissaire à la déontologie, la commissaire, en l'occurrence,
à la suite de l'analyse préliminaire est de 35 %. Des ressources seraient
donc investies dans des enquêtes reposant sur des allégations frivoles,
vexatoires ou de mauvaise foi. Il apparaît pourtant essentiel à la crédibilité
du système que les policiers et policières ne subissent que des enquêtes basées
sur des éléments factuels solides.
Une autre proposition périlleuse est d'éliminer
le plafond de 60 jours pour les suspensions... pardon, qui représente déjà
environ 28 000 $ d'amendes pour un policier, une policière. En d'autres
mots, on propose de permettre des sanctions monétaires illimitées, ce qui
alimenterait un sentiment d'injustice; ce n'est pas nécessaire.
De plus, il faut souligner à grands traits
que les changements proposés auraient un impact difficile à prévoir sur
diverses causes criminelles en raison de l'arrêt McNeil, qui exige que les
sanctions reçues par un policier qui témoigne, dans un procès criminel, soient
divulguées à un accusé. En découle que les nouvelles sanctions proposées
ouvriraient aussi la porte à une multitude de contestations de la part des
policiers qui, avec raison, devraient se battre pour préserver la nature
confidentielle de leur dossier médical. De leur côté, les avocats de la défense
prétendraient que l'examen médical constitue une sanction imposée par un
tribunal et qu'il s'agit donc là d'une information pertinente à la défense <de
leurs clients...
M. Francoeur (Yves) :
...prétendraient
que l'examen médical constitue une sanction imposée par un tribunal et qu'il
s'agit donc là d'une information pertinente à la défense >de leurs
clients. Vous voyez le genre de problème paralysant auquel on s'exposerait,
alors que les tribunaux débordent déjà de façon spectaculaire.
Vous aurez donc compris qu'en matière
déontologique ce projet de loi ouvre plusieurs paniers de crabes, sans compter
qu'on ne sait même pas vraiment comment, ni même par qui certaines sanctions
seraient suivies, appliquées ou financées. En somme, l'État québécois ne veut
certainement pas créer un régime particulier, dysfonctionnel et injuste qui, de
surcroît, encouragerait le désengagement policier. Au contraire, nous voulons
tous et toutes une police professionnelle moderne, motivée, efficace,
proactive, dans l'intérêt de tous les citoyens. Malheureusement, une partie du
projet de loi va dans le sens inverse en lançant un message nuisible au
recrutement et à la rétention et en alimentant, je le réitère, le désengagement
policier, de mieux en mieux documenté.
Nous ne pensons pas qu'il soit dans
l'intérêt de la sécurité du public de traiter les policiers de la sorte. Par
conséquent, considérant que ces propositions font fausse route, il nous
apparaît limpide qu'elles doivent être retirées du projet de loi afin d'éviter
d'impacter l'équilibre et la crédibilité du système. Les problèmes en sécurité
publique présentement sont relativement nombreux, notamment les problèmes de
santé, qui deviennent des problèmes de sécurité, ou encore la prolifération et
l'usage illégal des armes à feu. Nous vous soumettons donc que, dans ce
contexte, donner aux policiers l'impression que l'on priorise l'élargissement
des sanctions à leur égard représente une posture essentielle à éviter. Les
policiers et les policières du Québec n'ont pas à subir des règles
déontologiques injustes, inusitées et comportant des problèmes pratiques qui
ont visiblement échappé aux rédacteurs. J'ai presque fini, M. le Président.
Nous sommes très fiers du travail effectué
et du professionnalisme des policiers et policières de Montréal dans un
contexte particulièrement complexe, accentué par un manque d'effectifs et une
flambée inquiétante de la violence et de la violence armée. Nous espérons donc
que vous saurez éviter ce qui nous apparaît être un beau gâchis. Sur ce, merci
de nous avoir entendus, et nous sommes prêts à répondre à vos questions.
17 859
Le Président (M. Bachand) :Merci
beaucoup, M. Francoeur. Donc, M. le ministre, pour une période d'échange
avec les témoins pour 16 min 30 s
• (10 h 10) •
M.
Bonnardel
: Merci,
M. le Président. M. Francoeur, salutations. Très heureux de vous revoir
avec vos collègues et ceux qui vous accompagnent, les différents corps de
police au Québec. J'ai le goût, M. Francoeur, juste de sortir un peu du
cadre du projet de loi puis de vous poser une question sur Montréal comme
telle, sur vos... vos hommes et vos femmes qui sont dans ces... qui sont en
poste ce matin, qui seront en poste demain, après-demain. Nos corps de police,
nos policiers vivent des moments difficiles depuis le départ de la sergente
Breau. On le vit au Canada. On a eu deux policiers qui sont disparus à
Edmonton, on en a quatre qui sont disparus en Ontario. On sait que certains
corps de police... pas certains corps, mais que l'association ou les policiers
souhaiteraient que l'information circule un petit peu mieux entre... entre la
Commission d'examen des troubles mentaux, entre le ministère de la Sécurité
publique et les corps de police.
Et, la semaine passée, j'étais... j'étais
à l'École nationale de police pour la cohorte de 72 policiers, là, qui
vont... qui vont être à Montréal dans les prochains mois. On a aussi annoncé
une augmentation des cohortes de 650 à 1 000 policiers pour... pour
l'ensemble du Québec, mais qui vont répondre précisément... d'habitude,
Montréal va chercher un 30 %. Augmenter aussi le nombre d'attestations
d'études collégiales, on passe de 90 à 230, Montréal va en profiter, je pense, c'est
105, par cœur, sur ces... sur ces 230. Avant de rentrer dans le... dans le
projet de loi comme tel, dites-moi, à Montréal présentement, comment ça va, comment
ça va avec vos hommes puis vos femmes.
M. Francoeur (Yves) : Écoutez,
honnêtement, c'est difficile. J'avais un... j'avais un relevé hier. Depuis que
vous avez annoncé la subvention, là, sur cinq ans pour augmenter les effectifs,
on a presque plus encore, là, de départs à la retraite et de démissions. Et je
vais être clair, une démission, ça exclut quelqu'un qui est éligible à la
retraite. On a eu un record de 78 démissions l'année passée. On a... On en
a eu, je crois, pas loin d'une vingtaine dans les deux premiers mois de
l'année. Donc, on prend... on n'arrive pas à prendre le dessus malgré les
nouvelles embauches. Et, même si ce n'est pas... Je ne suis pas analyste en
affaires policières, mais vous comprendrez que, dans mon rôle, je suis plutôt
bien renseigné, et malheureusement on anticipe un printemps et un été chauds à
Montréal, et les policiers puis les policières, que je représente ces trois
dernières années, vivent le temps <supplémentaire obligatoire...
M. Francoeur (Yves) :
...et
malheureusement on anticipe un printemps et un été chaud à Montréal, et les
policiers puis les policières, que je représente ces trois dernières années,
vivent le temps >supplémentaire obligatoire. Nous avons 34 % de
policières à Montréal, dans nos rangs, et nous avons présentement les mêmes
horaires de travail que nous avions en 1978. Puis je ne veux pas négocier des
conditions de travail, mais je veux juste vous expliquer la réalité. Nous
avons, depuis trois ans, des horaires de travail qui donnent une fin de semaine
de congé de plus à nos gens, et on n'est pas capable d'en profiter parce que
nos gens font systématiquement cette fin de semaine là en temps supplémentaire
obligatoire.
Nos gens se font payer entre quatre et 12 congés
annuels flottants qu'ils se sont vu refuser pendant l'année, faute de personnel
pour les remplacer. Nos policiers, policières, nous autres, nos consultations,
c'est reconnu, pas pour se vanter, mais on a le meilleur programme d'aide au
personnel policier dans le milieu policier non seulement au Québec, mais au
Canada. Je suis aussi vice-président de l'Association canadienne des policiers,
et les consultations à notre programme d'aide, avec cinq psychologues à temps
plein, ont augmenté de 56 % entre 2017 et 2021. J'aimerais bien ça vous
dresser un portrait plus positif, mais disons qu'on a hâte que l'effet se fasse
sentir, justement, des nouvelles embauches du programme gouvernemental qui a
été annoncé.
M. Bonnardel : Bien, en tout
cas, M. Francoeur, je reste, en tout cas, convaincu, convaincu, j'en parlais
avec votre directeur M. Dagher vendredi dernier, qu'avec ses 72 policiers
additionnels, qu'avec l'augmentation des cohortes de 650 à 1 000,
l'augmentation des AEC, je suis convaincu qu'on va être capable de répondre aux
besoins de Montréal et de continuer de vous donner, M Francoeur, à vous, à
votre directeur M. Dagher, tous les outils possibles, tous les outils
possibles. Vous le savez, le canal de communication va toujours rester ouvert
pour être capable de contrer la violence armée et de s'assurer que vos
policières, vos policiers aient tous les outils pour combattre, combattre ce fléau
qui, malheureusement, avec l'arrivée du printemps, risque de s'accentuer. On ne
le souhaite pas, mais on va suivre ça de très près avec vous.
J'ai une première question assez... assez
simple. Vous avez parlé beaucoup de déonto, déontologie, pour moi, de ce que
j'ai entendu, d'augmenter le rôle de prévention de la déonto, de mieux faire
connaître la déonto, tant du côté des personnes qui peuvent se plaindre que du
côté des policiers. Voyez-vous ça comme une bonne chose à la base, avant
d'aller sur la portion un petit peu plus réparation, et autre là, que vous exposez
depuis... depuis quelques minutes, là?
M. Francoeur (Yves) : Oui,
honnêtement, on est ouvert et on comprend que dans une société de droit, dans
une société démocratique, les policiers, policières doivent être imputables. On
est tout à fait d'accord avec ça. Et je tiens à souligner qu'il y a une
nouvelle commissaire à la déontologie policière, je ne veux pas dire n'importe
quoi, mais je pense qu'elle est en poste depuis un an, un an et demi, Me
Mélanie Hillinger. Et justement le canal de communication n'a jamais été aussi
bon auparavant qu'il l'est présentement avec la nouvelle commissaire à la
déontologie.
Donc, oui, on est ouverts à améliorer le
processus, naturellement, dans le respect des droits des policiers, policières
que nous représentons.
M. Bonnardel : L'ajout, dans
la décision de mieux accompagner les plaignants dans... pas la conciliation,
mais dans la plainte, là, qui est faite de la part... de la part du plaignant
vis-à-vis le policier comme tel, pour vous, est-ce que c'est une chose qui est
correcte, de mieux accompagner ces plaignants qui, plus souvent qu'autrement,
je vous le dis comme je le pense, qui se sentaient un peu... un peu seuls face
à cette plainte qu'eux-mêmes ont faite face à un policier? Ce bout-là, est-ce
que vous le voyez... vous le voyez équitable, je vais le dire ainsi?
M. Francoeur (Yves) : Il y a
un terme qui est utilisé en droit, qui appelle... qui s'appelle un mur de
Chine. Et, dans le projet de loi, vous voulez constituer la déontologie
policière à un tribunal. Donc, il apparaît, en tout respect, évident qu'un
tribunal se doit d'être indépendant et impartial. Donc, si vous allez de
l'avant dans une mesure comme celle-là, il serait important que le service, le
groupe, les personnes qui seraient chargés d'accompagner les victimes, soient
retirés, soient indépendants du ...
M. Bonnardel : Je vais mieux
reformuler ma question. Au niveau de l'enquête, quand on parle de
l'accompagnement avec... la plaignante comme telle, au niveau de l'enquête,
vous trouvez ça équitable qu'on puisse aider ces plaignants qui se sentaient un
peu seuls, <comme je l'ai dit...
M. Bonnardel :
...avec...
la plaignante comme telle, au niveau de l'enquête, vous trouvez ça équitable
qu'on puisse aider ces plaignants qui se sentaient un peu seuls, >comme
je l'ai dit tantôt, là?
M. Francoeur (Yves) : Qu'on
puisse les aider, oui, je le répète, mais que ce soit directement relié au
tribunal ou au processus, alors que le tribunal se doit d'être indépendant et
impartial, moi, je pense que ça pose un problème minimalement dans les
perceptions. On ne sait pas ce que ça donnerait dans l'usage, mais,
minimalement, dans les perceptions, ça pose un problème au niveau de
l'indépendance du tribunal et de l'équité du processus. Parce que, comme je dis
toujours, pour avoir des policiers efficaces, proactifs, engagés, non seulement
les citoyens doivent avoir confiance dans le processus déontologique, les
policiers aussi doivent avoir confiance. Je le répète, j'ai cité la Cour
suprême, là, et beaucoup de sympathie pour feu la sergente Breau, là.
Mais j'étais dans une enquête publique du
coroner de trois policiers de Montréal l'automne passé, et on a une policière
qui a vécu la même situation que la sergente Breau, elle était sûre qu'elle
perdait la vie. C'est une jeune... c'est une jeune policière, sa carrière est
brisée complètement, et, j'allais dire, heureusement pour elle, malheureusement
pour l'individu, même si on ne peut pas dire ça, parce que l'individu et
décédé, mais l'individu est passé à côté d'elle, à six pouces de son nez, avec
un couteau dans les mains et a foncé sur ses deux confrères plutôt que
s'arrêter à elle. Donc, c'est des... c'est des situations qui sont vécues,
malheureusement, beaucoup trop souvent en milieu policier. Et moi, je le dis
toujours, j'ai des... j'ai des enfants, j'ai des jeunes adultes, et je serais
le premier qui voudrait vivre dans une société qui n'a pas besoin de policiers.
Malheureusement, l'humain étant ce qu'il est, je pense que ça n'arrivera
jamais.
Ça fait que c'est nos policiers,
policières, je le répète, font un travail extraordinaire, professionnel. Quand
on se compare avec le reste du Canada, quand on se compare en Amérique du Nord,
les formations sont les meilleures. L'École nationale de police du Québec jouit
d'une réputation... d'une réputation internationale, donc, je le répète, et le
désengagement policier nous guette. Je disais tantôt, un policier qui... un
policier, une policière qui a 60 jours de suspension, c'est 60 jours
travaillés, première des choses, ça représente environ 28 000 $. Nos
patrouilleurs à Montréal, patrouilleurs, patrouilleuses, je ne sais pas si ça
se dit, ou patrouilleures, mais ont, en général, moins de 15 ans
d'ancienneté. Vous donnez une amende de 28 000 $ à quelqu'un qui a
moins de 15 ans d'ancienneté et qui a encore 15 ans à faire,
qu'est-ce que vous pensez que ça va faire, ça? Ça, ça va faire que ce gars-là,
cette fille-là, les 12, 15 années qui s'en viennent à travailler, va être
comme un détenu, c'est-à-dire va faire son temps, encaisser son chèque de paie
puis va se dire : Bien, moi, c'est bien de valeur, je ne m'expose pas, je
ne veux pas revivre ça. Puis ça va avoir un impact sur ses confrères, consoeurs
aussi.
• (10 h 20) •
M. Bonnardel : Je veux vous
amener sur les mesures de réparation, vous l'avez exposé un peu... un peu
tantôt. Vous avez vu... Vous en avez parlé, là, que ce soit l'évaluation
médicale, un plan d'encadrement, un suivi administratif, vous le savez que
c'était une recommandation du CCRP, la recommandation 109. Exposez-moi un
petit peu plus votre... votre vision ou, si vous aviez à... à modifier ou à
amender, qu'est-ce que, pour vous, serait une situation acceptable ou non?
Parce que cette recommandation, vous le savez, était dans l'ancien... dans
l'ancien projet de loi. Vous dites : On donne... on devrait... Sinon,
statu quo, peut-être, si je vous écoute, là, c'était peut-être ça qui... qui
est votre avenue, là, mais peaufinez un peu plus votre réponse et une suite qui
serait acceptable.
M. Francoeur (Yves) : C'est
parce que je pense que ce qui n'a pas été mesuré, c'est les impacts juridiques.
Comme j'ai dit, avec l'arrêt McNeil, les avocats de la défense ou la
couronne... les policiers doivent déclarer s'ils ont été reconnus coupables
d'une infraction. Et donc, quand on parle d'examen médical, ça va être encadré
comment? C'est à dire est-ce qu'on a un policier, une policière qui prend des
médicaments pour un trouble anxieux, admettons, qui est la maladie du siècle,
là, présentement chez... chez les adolescents puis les jeunes adultes, est-ce
que, si la personne, le policier, la policière prend un médicament, pour un
trouble anxieux, va être obligée de le dévoiler à l'avocat de la défense qui va
s'en servir dans son argumentaire pour faire <acquitter son client...
M. Francoeur (Yves) :
...prend
un médicament, pour un trouble anxieux, va être obligée de le dévoiler à
l'avocat de la défense qui va s'en servir dans son argumentaire pour faire >acquitter
son client ou pour faire avancer sa cause? Il y a des impacts comme ça qui
n'ont pas été mesurés. Je ne sais pas si tu veux compléter là-dessus.
M. Raymond (Jean-François) : Oui,
bien... oui, en fait, si vous me permettez, effectivement, c'est des
problématiques dues au fait où elles sont placées aussi ces sanctions-là, parce
que, quand on voit, puis vous le verrez dans le mémoire, c'est de nature
administrative. Et là toute la question des suivis, comme M. Francoeur le
dit, ce n'est pas adapté à un tribunal. Un tribunal, ça part comment, le
tribunal en déontologie policière? Ça part avec une plainte. Alors, vous avez
une plainte pour un événement. Alors, vous voulez sanctionner le comportement
du policier pour qu'il modifie son comportement. Mais alors, comment on
intègre, dans un tribunal qui a ce rôle-là, de faire une évaluation médicale?
Parce que, vous le verrez, dans les ordres professionnels, ce ne sont pas ceux
qui font la déontologie qui font ce type de mesures, mais ce sont les ordres.
Et, ici, ça fait complètement double emploi. Honnêtement, il n'y a aucun besoin
de ça, avec respect pour les recommandations qu'il y avait eu, parce que, dans
les faits, toutes ces mesures-là sont du ressort de l'employeur.
Un service de police peut faire expertiser
un policier s'il considère que son état mental est perturbé puis il ne peut pas
faire son travail. Mais ça, ça n'a rien à voir avec la plainte d'un citoyen
pour un comportement, parce que, là, on est en train de se dire qu'il est
inapte au travail. C'est une illustration. Alors, les employeurs ont ces moyens-là.
Et il y a un fort corpus jurisprudentiel, en matière de relations de travail,
qui vient établir des balises pour les plans d'encadrement. L'arrêt Costco,
vous avez ça en matière de santé mentale. Alors, c'est déjà extrêmement balisé.
Aujourd'hui, ce ne l'est pas, balisé,
c'est huit lignes dans le projet de loi, et on ne sait même pas qui va faire le
suivi, par exemple, d'un plan d'encadrement. Est-ce que c'est le tribunal?
Est-ce qu'on va retourner devant le tribunal, dire : Je l'ai réussi, je ne
l'ai pas réussi? Est-ce qu'on va faire des auditions sur sanction pendant trois
ans en s'obstinant à savoir si on a réussi notre plan alors que l'employeur a
ce pouvoir-là? Je trouve que c'est un bourbier juridique.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Il reste moins de deux
minutes.
M. Bonnardel : Deux minutes.
M. Francoeur, j'ai le goût de vous entendre un peu sur le profilage,
interpellation, interception versus formation continue. Est-ce que vous voyez
ça d'un... Je sais qu'à Montréal vous en faites déjà beaucoup. Juste m'exposer
un petit peu, là, si, pour vous, là, notre volonté d'établir des lignes
directrices concernant... concernant les interpellations. Vous le savez, on est
allés en appel, je ne reviendrai pas sur ce fait comme tel, mais exposez-moi un
peu votre portrait sur notre volonté d'établir des lignes directrices versus la
formation continue que les policiers devraient ou souhaiteraient faire... ou
qu'on souhaite établir dans ce projet de loi là.
M. Francoeur (Yves) : OK.
Oui, effectivement, au Service de police de Montréal, je crois qu'il y a
environ quatre ans tous les policiers et policières ont été rencontrés, formés
pour... sur les interpellations policières, justement, qu'elles doivent être
fondées, qu'elles doivent être basées sur des infractions et non pas ce qu'on
appelle des motifs obliques, un policier ou une policière voudrait intercepter
un véhicule pour aller faire du renseignement. Mais la ligne est très mince,
comme je le dis toujours, entre la... pas le renseignement, mais l'aspect,
justement, renseignement criminel et encadrer une pratique comme celle-là,
beaucoup trop l'encadrer, c'est particulièrement dans le contexte de violence
actuelle, où ce sont, en majorité, des gangs de rue. Et puis là c'est des gangs
de rue, mais, dans le passé, on a vécu les Hell's lorsque le jeune Desrochers
était décédé, lors de l'explosion d'une bombe dans Hochelaga-Maisonneuve, je ne
veux pas me tromper là, mais dans les années 1992, mais, présentement, ce
sont les gangs de rue.
Et, oui, il est important, puis, je veux
dire, même pas pour les policiers, pour les citoyens qui sont assis dans leur
salon et qui n'écrivent pas au ministre, qui n'écrivent pas à l'opposition, qui
n'écrivent pas à la mairesse, mais eux, là, qui représentent 90 % de la
population, veulent vivre dans une société sécuritaire, veulent pouvoir
circuler partout à Montréal, peu importe l'heure, en sécurité, en sécurité.
Donc, ces gens-là s'attendent à quoi? Des policiers proactifs, s'attendent à ce
les policiers, policières, lorsqu'ils... lorsqu'ils patrouillent, et qu'il fait
noir, puis qu'ils voient un individu dans un stationnement, avec un sac à dos,
qui circule entre les véhicules ou entre des camions dans les parcs
industriels, M., Mme Tout-le-monde, il s'attend à ce que nos policiers aillent
voir la personne, peu importe sa couleur de peau, et lui dire : Tu fais
quoi, toi là, <à 2 heures du matin...
M. Francoeur (Yves) :
...des camions dans les parcs industriels, M., Mme
Tout-le-monde, il s'attend à ce que nos policiers aillent voir la personne, peu
importe sa couleur de peau, et lui dire : Tu fais quoi, toi là, >à
2 heures du matin, quand qu'il n'y a pas personne là? Ça, c'est du
renseignement policier.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci beaucoup.
Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, pour 9 min 54 s.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Francoeur. Bonjour, messieurs. Merci beaucoup pour
votre mémoire puis votre témoignage ce matin. Moi, je souhaite vous entendre :
Est-ce que les policiers ont besoin d'avoir des outils supplémentaires pour les
aider à faire maintenir le respect des lois, l'ordre sur le terrain? Est-ce que
ce projet de loi va rejoindre ce besoin? Sinon, si oui, quel serait le
mi-chemin pour rejoindre ce que le ministre souhaite faire en ce qui concerne
une réforme de la Loi sur la police, mais aussi de rejoindre vos besoins? Quel
serait le mi-chemin?
M. Francoeur (Yves) : Quel
serait le mi-chemin? Je trouve dommage, en termes de timing, la commission...
parce que je suis membre du conseil d'administration de l'École nationale de
police, donc je n'ai pas le droit d'en parler. Mais on nous a présenté jeudi,
il y a deux ou trois semaines, la troisième étape du... de l'étude qui a été
faite sur le désengagement policier. Je n'ai pas le droit de parler de la
troisième étape, mais les deuxièmes... les deux premières étapes sont
publiques, donc je peux en parler. Et l'étude de l'École nationale de police
confirme le désengagement policier.
Les deux premières étapes, c'est que
l'échantillonnage était moins grand, mais, effectivement, nous, on le vit à
Montréal avec nos policiers, policières qui se font filmer, qui se font
enregistrer. Et, nous, ça fait au moins 10 ans qu'on réclame des caméras
corporelles pour que les interventions de nos policiers, policières soient
enregistrées à partir du début et non seulement les quelques secondes où il y a
usage de la force, mais où M., Mme Tout-le-monde n'est pas en mesure de voir
tout ce qui est arrivé avant que nos policiers ont tenté de verbaliser, ont
tenté de faire comprendre, mais, malheureusement, dans le continuum de forces,
sont obligés d'en arriver justement à ce qui est moins joli. L'usage de la
force, ce n'est jamais joli. Donc, ça fait des années que l'on en veut, ça, ça,
c'est un outil.
• (10 h 30) •
Et ce qui est important, je pense, pour vous,
puis je ne veux pas vous faire la leçon, là, c'est votre travail, là, à titre
d'élus, là, de trouver le juste équilibre. Et le juste équilibre, moi, je vais
vous donner un exemple concret d'un policier qui me disait... L'été passé,
alors qu'on avait des fusillades sans arrêt, le SPVM avait créé une force
corporative sur les fusillades, qui comprenait 24, 25 duos, là,
50 polices, à peu près, les jeudis, vendredis, samedis, dimanches soir. Et
on avait des policiers, policières qui nous disaient... À Montréal-Nord, il y a
un quartier qui s'appelle le Bronx, malheureusement, et nos policiers,
policières nous disaient : On est là, on est dans le véhicule, on se fait
narguer par des gangs de rue qui font crisser les pneus. On aurait des motifs,
là, d'intervenir, mais là on se dit : On va se faire filmer, on va se
ramasser en déontologie policière. Tu sais-tu quoi? En fin de compte, là,
regarde l'heure, il me reste quatre heures à faire, puis on est payés à temps
double, là. Ça fait que je ne dirai pas le temps que j'aurais dit, mais au
diable l'intervention, puis, s'il y a un appel après, on reviendra intervenir,
puis ça, ce n'est pas bien servir le citoyen, la citoyenne.
C'est pour ça que je vous dis que votre
devoir est important, de trouver le juste équilibre, malheureusement, dans une
société qui s'en vient de plus en plus violente. Comme j'ai dit tantôt, pour
être vice-président de l'Association canadienne des policiers, je côtoie
régulièrement mes confrères de Toronto, d'Ottawa, de la police provinciale de
l'Ontario, et ça fait 10 ans que c'est commencé en Ontario. Moi,
j'aimerais ça vous dire que toutes les mesures annoncées vont faire que, dans
cinq ans, les fusillades, ça va être en arrière de nous autres, ça va être un
mauvais souvenir, mais... et je souhaite me tromper, je souhaite me tromper,
mais ça n'arrivera pas.
Mme Maccarone : Bien, je
pense qu'on a une responsabilité commune de travailler pour ceci. J'ai déposé
un mandat d'initiative hier qui a dressé un portrait assez épeurant. On sait
que, depuis 2005, on a vu une augmentation de violence, à travers la province,
de 21 %. C'est énorme. Puis, quand on parle de l'état mental perturbé,
juste pour Montréal, on a vu une croissance depuis... de 47 %. Malheureusement,
le projet de loi ne dresse pas ceci. Comment voyez-vous, peut-être, des amendements
dont on peut protéger les policiers qui n'ont aucune idée qu'est-ce qui se
passe, souvent, quand ils sont <interpelés...
>
10 h 30 (version révisée)
<17911
Mme
Maccarone :
...de 47 %. Malheureusement, le projet de loi
ne dresse pas ceci. Comment voyez-vous, peut-être, des amendements dont on peut
protéger les policiers qui n'ont aucune idée qu'est-ce qui se passe souvent
quand ils sont >interpelés, aller sur un appel? On appelle ça les portes
tournantes. Est-ce que nous devons modifier ce projet de loi pour protéger les
policiers en ce qui concerne cette réalité? Sinon, voyez-vous un autre moyen
pour s'attaquer à cette réalité où les policiers sont non formés? On a parlé d'un
manque d'effectifs. Il y a 78 départs, juste l'année passée, 72, oui,
nouveaux arrivés, mais c'est comme une épée dans l'eau, ça ne va pas régler le
problème, surtout quand vous parlez aussi de désengagement policier. Alors, comment
voyez-vous cette difficulté dont nous faisons face comme société non seulement
pour vous, mais aussi pour protéger la société?
M. Francoeur
(Yves) : Première chose, ça prend un renfort du système de santé, des
travailleurs sociaux, des infirmiers et infirmières sur la rue.
Malheureusement, il y a des gens qui ne sont pas en mesure de prendre soin d'eux-mêmes,
de répondre à leurs besoins primaires. Donc, on a besoin de ça. Nous, le
problème, c'est qu'on est toujours là en urgence, là. Tu sais, à Montréal, c'est
1 million d'interventions, là, presque 500 000 appels par année
au 9-1-1, et presque 500 000 interventions initiées par les
policiers. Et les interventions qui touchent la santé mentale sont beaucoup
plus longues. Bien, nous autres, c'est beaucoup plus long, là, mais on est
pogné avec quelqu'un qui a un problème de santé mentale sur la rue, là, puis il
rentre une personne blessée ou une personne en train de se faire agresser sur
la radio, nos policiers sont toujours sous pression, là. Oui, je voudrais m'en
occuper, mais je voudrais m'en occuper aussi, là.
Moi, je peux
vous dire une chose, là, essayer de placer même une femme victime de violence
conjugale, qui a des tendances suicidaires, et qu'il faut la surveiller, je
vous mets au défi, moi, de trouver un centre pour la placer, la madame, là, tu
sais, qui a besoin d'aide. Mais c'est un grand ensemble puis je ne veux pas
faire de politique, ce n'est pas mon rôle, mais les libéraux, pendant leur
passage, ont coupé... Les policiers, on a besoin de travailler avec les
organismes communautaires qui s'occupent des jeunes, qui les sortent de la rue.
On a besoin de travailler, justement, coopérer avec les centres qui viennent en
aide aux femmes violentées. Il faut axer là-dessus le financement. Puis, je
sais, depuis que le gouvernement est au pouvoir, ils ont investi beaucoup
auprès de ces organismes-là, mais ces organismes-là, le financement n'est
jamais récurrent. Ils ne savent pas, là, à la fin de l'année, là, s'ils vont
fermer, s'ils vont être obligés de mettre à pied trois, quatre, cinq, six
ressources.
Ça fait qu'il faut axer, il faut mettre du
monde sur la rue qui ne sont pas des policiers, qui sont spécialisés en santé,
en travail social. Puis, je le répète, il faut les mettre sur la rue, pas dans
des bureaux. Il y a des gens... L'itinérance, le phénomène de l'itinérance, je
n'aime pas ça me le faire rappeler par l'administration municipale, mais
85 % de mes policiers et policières demeurent en banlieue de Montréal, sur
la couronne nord, sur la couronne sud. Et là, auparavant, il y avait des
itinérants juste à Montréal, à Montréal, c'était tout au sud de Sherbrooke.
Maintenant, il y en a jusqu'à Jean-Talon, pour ceux qui connaissent la ville,
au sud. Donc, c'est des problèmes sociaux qu'il faut... qu'il faut régler, parce
que ces individus-là, lorsqu'ils ne sont pas médicamentés et s'ils ont le
malheur de consommer aussi des substances, que ce soient des drogues ou de l'alcool,
souvent de l'alcool de très piètre qualité, ça fait un très mauvais mélange, ça
fait un très mauvais cocktail et ça fait en sorte que ces gens-là deviennent
une bombe ambulante pour la population.
Le Président (M.
Bachand) :Il vous reste une minute, à peu
près, pour question, réponse.
Mme Maccarone : Bon, bien,
très rapidement, est-ce que cette loi va baisser le crime violent à Montréal?
Est-ce qu'on va voir ça avec l'adoption de cette loi?
M. Francoeur (Yves) : Non, c'est
certain. Puis je ne veux pas être alarmiste, là, parce que nous, dans le fond,
je veux dire, là, nous... Vous êtes les législateurs, là, on va faire ce que
vous allez nous dire de faire. Puis, si nos policiers... Mais, je vous le dis,
je le répète, les sanctions déontologiques ne sont d'aucune commune mesure. Ça
ne fait pas de sens pour des policiers, policières qui prennent une décision en
une fraction de seconde, contrairement aux autres corporations qui ont le temps
de planifier leurs opérations...
Mme Maccarone : Je pense qu'on
pourrait aussi faire le parallèle avec les ordres que vous avez... mention...
M. Francoeur (Yves) :
Exactement.
Mme Maccarone : ...exemple, un
médecin qui fait une erreur, bien, il aura... il ne sera pas assujetti aux
mêmes critères.
M. Francoeur (Yves) : Exactement.
Puis lui, il a le temps d'y penser. Il fait une intervention dangereuse, je le
comprends, compliquée, mais il a le temps d'y penser. Nous, là, ça arrive
toujours, en bon québécois, «on the spot», tu ne sais jamais, tu es appelé à
une intervention. Et les interventions planifiées vont très bien. Tu sais,
quand on a une intervention puis on sait qu'on fait face à des <vrais
bandits...
M. Francoeur (Yves) :
...tu
ne sais jamais, tu es appelé à une intervention. Et les interventions
planifiées vont très bien. Tu sais, quand on a une intervention puis on sait
qu'on fait face à des >vrais bandits, là, nos gars de SWAT sont là puis
ils sont rarement blessés. Mais c'est notre gars, notre fille, qui patrouille
sur l'asphalte puis qui fait face à une situation inconnue qui se retrouve
toujours dans le trouble.
Mme Maccarone : Merci.
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup. M. le
député de Laurier-Dorion, pour 3 min 18 s.
M. Fontecilla : Merci,
M. le Président. Bonjour, M. Francoeur. Je salue également vos collègues,
là. Vous apportez plusieurs, plusieurs critiques, là, en particulier par
rapport au processus en déontologie. Et évidemment cela découle de... d'une
situation qui existe, en tout cas, alléguée, là, c'est la situation de
profilage racial. Moi, j'aimerais entendre votre opinion sur... sur cette
situation-là. Semble-t-il, à ce qu'on entend de... il y a une situation de
profilage racial qui existe au Québec, particulièrement à Montréal, auprès de
certaines communautés racisées, là. Et, si c'est le cas, comment qu'on pourrait
améliorer... en tout cas, baisser cette... cette situation de profilage racial?
M. Francoeur (Yves) : Écoutez,
moi, comme j'ai... j'ai dit même en entrevue, on fait 1 million
d'interventions par année, là. Est-ce qu'on est parfait? Non, on n'est pas
parfait, on ne se la cachera pas, mais 1 million d'interventions, là, moi,
à Montréal, là, j'ai, en moyenne, 20 auditions en déontologie par année.
Il y a le... il y a le processus avant l'audition, qui sont ces conciliations,
mais des policiers, policières qui se retrouvent en audition devant le comité
qui deviendrait le tribunal, j'ai à peu près 20 dossiers par année. Ça
fait qu'on s'entend-tu qu'on est pas mal meilleur qu'on est moins bons?
Des situations... Nous, mais nous, à
Montréal, c'est sûr qu'on est plus sensibles à toutes les questions qui
relèvent du profilage. On est plus familiers avec les différentes communautés
qui composent la ville comparativement à d'autres endroits, parce que Montréal
est, pas besoin de vous le dire, très cosmopolite, donc... Et il y a eu
beaucoup d'améliorations qui ont été faites, je dirais, dans les 10 ou
15 dernières années, justement, en matière de formation sur le profilage racial,
réalité vécue par les communautés. Mais, je le répète, puis je n'aime pas ça me
répéter, mais il ne faut pas mettre tout sur le dos des policiers non plus, là.
Les réalités autochtones à Montréal, on a de plus en plus d'itinérance en
matière autochtone aussi. Puis ce n'est pas nous qui devrait se retrouver avec
ce problème-là, ce n'est pas nous. Il devrait y avoir des travailleurs sociaux,
des infirmiers et des infirmières. C'est toujours nous qui se retrouve avec ce
problème-là, malheureusement.
M. Fontecilla : Concernant
plus précisément les interpellations, là, qui suscitent... bon, se retrouvent à
la source de plusieurs types de problématique, là, dont le profilage, là, est
ce que... Qu'est-ce que, selon vous, la situation actuelle... pour vous, là,
l'état actuel des choses vous permet de faire votre travail? Est-ce qu'il
faudrait encadrer davantage la pratique des interpellations, que ce soient des
interpellations routières ou sur des piétons? Quelle est votre pensée sur ce
sujet-là?
Le Président
(M. Bachand) :Très rapidement,
M. Francoeur, parce que le temps va... ça va très vite, là. Très
rapidement, s'il vous plaît, votre réponse.
M. Francoeur (Yves) : Excusez,
oui. Elle est déjà encadrée à Montréal. La façon de procéder, elle est encadrée
dans une procédure opérationnelle. Et je pense que c'est un peu ce que le
gouvernement, dans le projet de loi, veut étendre à tout le Québec alors qu'il
se donne deux mois pour établir une politique provinciale sur les
interpellations.
• (10 h 40) •
Le Président
(M. Bachand) :Parfait. Merci
beaucoup. Mme la députée de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Merci, M.
le Président. Merci d'être parmi nous. Merci des explications. Ça nous aide
vraiment à mieux comprendre certains articles du projet de loi. Je veux... Sur
l'accès à la profession, vous avez une partie dans votre mémoire, là, que vous
parlez de certaines préoccupations relativement à l'accès à la profession parce
que c'est traité dans le projet de loi. Vous avez parlé, entre autres, que
l'École nationale de police du Québec était reconnue de façon... même à
l'international, avait une excellente réputation. Pouvez-vous peut-être nous
faire part de votre position relativement à l'accessibilité, justement, à rentrer
dans la police sans nécessairement avoir passé par l'école... à l'École
nationale de police du Québec?
M. Francoeur (Yves) : Bien,
ce qui arrive présentement, puis là j'ai un blanc au niveau du projet de loi,
là, pour les entrées latérales, là, mais, présentement, les gens qui vont
chercher une attestation d'études collégiales, c'est-à-dire qui n'ont pas passé
le processus de formation usuelle pour les policiers, là, c'est-à-dire trois
ans au cégep et ensuite quatre mois à l'École nationale de police, ces gens-là
ont une formation accélérée parce qu'on présume que, compte tenu du profil que
l'on va chercher, <et des formations...
M. Francoeur (Yves) :
...au
cégep et ensuite quatre mois à l'École nationale de police, ces gens-là ont une
formation accélérée, parce qu'on présume que, compte tenu du profil que l'on va
chercher, >et des formations, et de l'expérience de vie qu'ils ont déjà...
vient compenser, mais ils doivent aller quand même sur les bancs d'école et
aller à l'École nationale de police. Donc nous, on présume, même si, je crois,
ça devra être établi par voie réglementaire, nous, on présume qu'effectivement
quand on parle d'enquête et d'entrées latérales... Parce que, moi, ça fait un
petit bout de temps que je suis là, mais, depuis... depuis 20 ans,
l'objectif, en tout cas, du Service de police de la ville de Montréal, quand on
nous parlait d'entrées latérales, c'était d'aller chercher des spécialistes,
admettons, en crime informatique qui auraient coûté moins cher qu'une police.
Et c'était juste ça, les objectifs, sauf qu'aujourd'hui essayez de trouver un
spécialiste en informatique au salaire d'une police, je vous souhaite bonne
chance ou il ne sera pas bien bon, ça fait que... mais...
Puis les entrées latérales, oui, les
enquêteurs spécialisés, que ce soit en crime économique ou quoi que ce soit, mais
il faut aussi qu'ils connaissent la réalité terrain. Tu sais, faire un dossier
de violence conjugale quand tu n'as jamais... quand tu n'as jamais répondu à un
appel de violence conjugale, les enfants qui crient, la madame qui est blessée,
qui est hystérique, le conjoint qui est violent, là. C'est bien beau, faire des
dossiers sur papier, là, puis arriver à la cour puis monter un dossier de cour,
là, mais, quand tu n'as pas vécu, puis tu n'es pas sensible à ça... Puis
d'ailleurs c'est une approche qu'ont prise les tribunaux depuis plusieurs
années, effectivement, pour avoir une approche plus humaine, là, avec les
victimes. Donc, je pense qu'il ne faut pas oublier ça. Et, si on y va d'entrées
latérales, il faudrait prévoir une formation minimale, à l'École nationale de
police, en matière de patrouille, gendarmerie, formation initiale, et ensuite,
en milieu policier, un stage en auto-patrouille aussi pour savoir c'est quoi,
la réalité, là, pour être plus sensible aux réalités.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Bien, merci
beaucoup d'avoir été avec nous ce matin. C'est très, très, très apprécié.
Cela dit, je vais suspendre les travaux
quelques instants pour accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 10 h 43)
(Reprise à 10 h 48)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux.
Alors, il nous fait plaisir...
d'accueillir, pardon, les gens de la Sûreté du Québec, dont Mme Beausoleil,
directrice générale. Alors, Mme Beausoleil, bienvenue à la commission.
Alors, je vous invite peut-être à
présenter les gens qui vous accompagnent. Et, comme vous le savez, après, on a
une période... vous avez une période d'exposé de 10 minutes, et on aura
une période d'échange, après, avec les membres. Alors, Mme Beausoleil,
bienvenue, encore une fois, à la commission.
Sûreté du Québec (SQ)
Mme Beausoleil (Johanne) : Merci
beaucoup. Alors, permettez-moi de vous présenter, à ma droite, M. Ronald
Boudreault, qui est le directeur général adjoint exécutif; maintenant, le
directeur général adjoint aux enquêtes criminelles, M. André Goulet, qui est
également à ma droite; et, à ma gauche, M. Jérôme Gagnon, qui est directeur
général adjoint aux affaires organisationnelles.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, Mme Beausoleil.
• (10 h 50) •
Mme Beausoleil (Johanne) : Oui.
Alors, M. le Président, bonjour. Bonjour, M. le ministre, mesdames et messieurs,
Mmes et MM. les députés. Avant de débuter, permettez-moi de prendre un moment
pour réitérer, en mon nom personnel et celui des membres de l'état-major, nos
sincères condoléances à la famille, aux proches et aux collègues de la sergente
Maureen Breau, décédée de manière tragique à Louiseville le 27 mars
dernier, au cours d'une intervention. Pour tous les membres policiers et civils
de la Sûreté du Québec, le décès de Mme Breau est une lourde épreuve que nous
devons traverser ensemble avec le soutien de la communauté policière et de
l'ensemble de la population. Nous déployons toutes les ressources nécessaires
afin de soutenir nos membres de la Sûreté du Québec qui en ressentent le besoin.
Je vous remercie, M. le Président.
Concernant le projet de loi à l'étude, la
Sûreté du Québec tient en premier lieu à remercier la commission de l'avoir
invitée à participer aux travaux parlementaires sur le projet de loi
n° 14. La Sûreté voit en ce projet de loi une première étape d'une réforme
majeure du système policier, faisant suite à certaines recommandations du
Comité consultatif sur la réalité policière. Aussi, la Sûreté accueille ce
projet de loi en offrant sa pleine collaboration pour participer aux travaux en
cours et à venir. Elle souhaite également profiter de l'occasion qui lui est
offerte pour mettre en lumière les éléments positifs qu'il comporte, de même
que certains enjeux liés aux modifications législatives proposées, en plus de suggérer
quelques pistes de solution.
D'entrée de jeu, il importe de rappeler le
statut unique de la Sûreté du Québec à titre de corps de police nationale. La
Sûreté est la seule organisation policière à fournir des services de
niveau 6. Ce niveau lui confère des services qui lui sont exclusifs. En
outre, elle assure un rôle supplétif lorsqu'un corps de police municipale ou
autochtone n'est pas en mesure de fournir l'un des services au niveau duquel il
est tenu. Au 31 décembre 2022, la Sûreté desservait 1 041 municipalités
réparties dans 87 MRC, soit un territoire comptant plus de
2,6 millions de citoyens. À cette même date, la Sûreté comptait
8 109 effectifs en place, soit 5 500 policiers,
332 officiers, <72 cadres civils...
Mme Beausoleil (Johanne) :
...MRC,
soit un territoire comptant plus de 2,6 millions de citoyens. À cette même
date, la Sûreté comptait 8 109 effectifs en place, soit
5 500 policiers, 332 officiers, >72 cadres civils,
de même que 2 205 employés civils.
Au niveau de la modernisation de la
mission policière, la Sûreté est favorable à la modification législative
proposée, car elle fait ressortir clairement la volonté du législateur de
mettre davantage en évidence les principes de concertation et de partenariat en
des termes qui prennent bien en compte la mission première des corps de police
et permettent d'en conserver l'essence. La Sûreté considère également que
l'amendement proposé offrira aux organisations policières la latitude
d'apporter les ajustements requis à travers leurs propres modèles de desserte
afin de mettre en place les mécanismes de concertation et de partenariat qui
lui conviennent selon les particularités du milieu desservi.
La Sûreté accueille positivement les
modifications législatives proposées ayant trait à l'indépendance des corps de
police. Puisque cela permettrait de consacrer l'indépendance des corps de
police dans leurs opérations, la Sûreté est en accord avec la proposition
précisée législativement que, dans la conduite des enquêtes et des
interventions policières, le corps de police agisse en toute indépendance et
hors de toute ingérence. La Sûreté accueille aussi favorablement le fait qu'il
serait désormais possible pour la direction générale de nommer les officiers
autres que les directeurs... autres que le directeur général et les directeurs
généraux adjoints. Cela lui conférerait l'autonomie requise dans la gestion des
processus de promotion, à l'instar des autres corps de police municipaux.
Relativement aux propositions législatives
traitant de la compétence territoriale des corps de police municipaux et
autochtones, la Sûreté souhaite porter à l'attention du législateur
l'importance de bien baliser les changements législatifs proposés aux
articles 69 et 93 de la Loi sur la police pour s'assurer d'une compréhension
commune de la portée de ceux-ci. La Sûreté comprend donc que l'objectif
poursuivi pour ces modifications est essentiellement de s'assurer que les corps
de police municipaux ont compétence pour appliquer les lois du Québec sur leur
territoire. Dans les circonstances, il est suggéré de ne plus inclure
l'extension de la compétence à toute la province pour ne conserver que celle de
prévenir et réprimer les infractions aux lois.
D'emblée, la Sûreté considère que les
modifications législatives visant l'inclusion d'un parcours parallèle d'accès à
la profession policière pour certains types d'enquêtes spécialisées auraient un
impact positif pour les corps de police. Elle estime que la mesure proposée
permettrait de favoriser un apport de compétences nécessaires pour faire face à
une criminalité en constante évolution. À cet égard, la Sûreté désire souligner
le fait qu'elle devra prévoir des mécanismes de placements distincts et qui
limiteront les possibilités de mouvement interne pour ses enquêteurs spécialisés
s'ils n'ont pas complété la formation initiale en patrouille, gendarmerie ou
toute autre formation requise.
Cela dit, la Sûreté est d'avis qu'un tel
processus d'embauche pourrait être élargi à certaines hautes fonctions
spécialisées. Ceci lui permettrait d'acquérir une expertise indispensable à sa
mission et ainsi accroître son efficacité opérationnelle tout en favorisant une
pérennité qui viendrait faire contrepoids au roulement de personnel. Une telle
mesure, si elle était déployée, nécessiterait toutefois des discussions avec la
partie syndicale afin de convenir des modalités qui pourraient s'appliquer. Par
ailleurs, la Sûreté est également d'avis qu'un recours accru au programme
d'attestation d'études collégiales, le AEC, en techniques policières
permettrait de recruter des policiers de différents profils et ayant une
formation et une expertise nécessaires à ses besoins.
La Sûreté envisage positivement la
proposition de déterminer le contenu minimal d'un règlement de discipline dans
la mesure où cette disposition favoriserait l'équité, de même que l'uniformité
du traitement de la discipline, au sein de l'ensemble des corps de police.
L'élaboration du règlement sur la discipline et son application font l'objet
d'un exercice paritaire entre la Sûreté et la partie syndicale, certains
éléments du processus disciplinaire étant intégrés au contrat de travail. La
Sûreté souhaite donc être consultée en amont de l'adoption d'un règlement du
gouvernement et offre sa pleine collaboration à cet égard.
Au niveau de la formation des membres, la
Sûreté a révisé les profils de compétence des officiers des différents niveaux
d'encadrement en s'appuyant sur le référentiel de compétences des gestionnaires
de la fonction publique, construit avec l'École nationale d'administration
publique, l'intention étant d'uniformiser les profils de compétence de son
personnel d'encadrement civil et policier appelé à travailler en étroite
collaboration au sein de la même organisation. De plus, il est à noter que la
Sûreté désire conserver son autonomie dans le choix des parcours académiques et
des expériences professionnelles admissibles à la qualification en gestion.
À titre de police nationale, la Sûreté
doit pouvoir se doter de tous les profils de gestion requis par la diversité de
ses obligations de service et la complexité de sa mission. Pour les
gestionnaires d'expérience, des clauses grand-père pourraient être accordées en
reconnaissance des acquis expérientiels. Aussi, il serait souhaitable qu'une
application progressive puisse être autorisée pour les gestionnaires qui
devront se conformer <aux nouvelles obligations...
Mme Beausoleil (Johanne) :
...expérientiels.
Aussi, il serait souhaitable qu'une application progressive puisse être
autorisée pour les gestionnaires qui devront se conformer >aux nouvelles
obligations.
En ce qui a trait aux obligations
relatives à la formation continue, la Sûreté suggère que le nombre d'heures de
formation continue puisse être adapté en tenant compte du fait que certaines
fonctions spécialisées nécessitent plus de qualification et de mise à jour des
connaissances. Au niveau de la déontologie policière, de manière générale, la
Sûreté est d'avis que les mesures d'encadrement de l'activité policière sont
déjà très complètes. Bien qu'elle comprenne que celles-ci soient appelées à
évoluer dans le temps, la Sûreté est également sensible au fait que toute autre
mesure supplémentaire est susceptible d'être perçue négativement par certains
policiers et peut, dans certaines mesures, affecter l'engagement policier, d'où
l'importance de la recherche d'un équilibre à cet égard.
En ce qui concerne le rôle de prévention
et d'éducation, en matière de déontologie policière, qui serait assumé par la
commissaire, la Sûreté accueille favorablement cette proposition en soulignant
l'importance qu'elle accorde à la prévention des inconduites policières. Quant
à la proposition d'ajouter la notion de signalement, la Sûreté croit qu'il est
important d'établir concrètement la distinction entre le processus de
traitement d'une plainte et celui d'un signalement afin que cela soit bien
compris tant par la communauté policière que par la population en général.
En ce qui concerne la proposition portant
sur la restriction du statut du plaignant, la Sûreté l'accueille positivement.
Relativement à la création d'un volet de mesures alternatives de sanction,
qu'il s'agisse de formation, thérapie, plan d'encadrement ou autres, la Sûreté
est d'avis que ces nouvelles dispositions viendraient limiter l'autonomie de
l'organisation dans sa gouvernance et ses actions de gestion en lien avec des
situations de comportements dérogatoires du personnel policier. Dans
l'éventualité où les dispositions législatives proposées sont adoptées, il est
suggéré que le choix de la mesure alternative ainsi que les modalités
d'application soient convenus entre la déontologie policière et le corps
policier.
La Sûreté accueille également
favorablement la modification proposée visant à faire en sorte que le directeur
du BEI puisse mettre fin à une enquête s'il est convaincu que l'intervention
policière n'a pas contribué au décès ou à une blessure grave. Nous comprenons
que cela s'appliquera pour le cas où il est manifeste que les policiers ont agi
à titre de premiers intervenants auprès d'une personne pour lui porter secours.
Au niveau des interpellations policières, nous accueillons favorablement la
modification proposée prévoyant que le directeur de tout corps de police doive
transmettre au ministre à chaque année un rapport faisant état des
interpellations policières effectuées, y compris les interceptions routières
effectuées en vertu de l'article 636 du Code de la sécurité routière.
Au niveau des personnes disparues, nous
accueillons très favorablement la proposition d'introduire la Loi visant à
aider à retrouver les personnes disparues. La Sûreté est d'avis que les
dispositions proposées fourniraient aux corps de police des outils
supplémentaires significatifs pour retrouver une personne disparue.
En conclusion, en définitive, la Sûreté
estime que le projet de loi proposé constitue un premier jalon important d'une
réforme majeure d'un système policier québécois. Elle espère que les
observations formulées dans le présent mémoire pourront contribuer de manière
positive aux travaux parlementaires, et ça, au bénéfice de la communauté
policière et de l'ensemble de la population. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme Beausoleil.
M. le ministre, s'il vous plaît.
• (11 heures) •
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président, Mme Beausoleil. Mes salutations à ceux qui vous accompagnent.
D'entrée de jeu, je veux, encore une fois... et je l'ai déjà fait, mais je le
refais, Mme Beausoleil, je veux vous envoyer mes pensées, nos pensées, nos
sympathies les plus sincères à vous, à vos collègues, à tous les policiers et
policières de la Sûreté du Québec suite au départ de Mme Breau. J'ai posé la
question tantôt à M. Francoeur, je vais vous la poser aussi : Comment
va... Comment vont vos policières, vos policiers présentement?
Mme Beausoleil (Johanne) : C'est
très difficile. C'est un événement tragique, M. le ministre, et j'ai eu
l'occasion de vous le dire. Tous nos efforts, présentement, sont mis à
supporter, à être là en soutien à nos équipes, à nos troupes. Je vais avoir
l'occasion de m'adresser encore à eux demain, c'est vraiment un événement très
difficile à vivre.
M. Bonnardel : Merci, Mme
Beausoleil. J'ai le goût de vous entendre sur les personnes disparues, les
outils que l'on souhaite vous donner, vous et aux différents corps de police,
sur ordonnance d'un juge, d'être capables d'avoir... que ce soient des infos de
géolocalisation, GPS, infos bancaires ou autres. On le sait, vous allez
sûrement me le confirmer, mais que les premières minutes, sinon les premières
heures sont extrêmement importantes quand on a une personne qui est disparue ou
qui pourrait avoir été même enlevée par quelqu'un, là, je veux dire, un jeune
enfant avec un adulte, et qu'on puisse retracer cet adulte rapidement. Est-ce
qu'il y a des choses dans ce... dans ces articles, dans cette nouvelle loi
qu'on édicte, dans cette loi, en réalité, que nous avons peut-être oubliées, ou
qu'on devrait améliorer, ou qu'on n'a peut-être pas pensé à savoir... On est
quand même allé chercher les pratiques, les meilleures pratiques du côté du
Manitoba et de l'Ontario, si je ne me trompe pas, qui ont mis en place ces
processus. Or, pour <vous...
>
11 h (version révisée)
<11
M.
Bonnardel :
...chercher les pratiques, les meilleures pratiques
du côté du Manitoba et de l'Ontario, si je ne me trompe pas, qui ont mis en
place ces processus. Or, pour >vous, est-ce qu'il y a matière encore à
amélioration, à revoir certaines choses, ou on est à la bonne place
présentement?
Mme Beausoleil (Johanne) : Bien,
il faut savoir qu'on a été consultés dès le... dès le départ, alors on a eu l'occasion
de pouvoir le mettre aussi en expérientiel parce qu'on avait eu certains
événements qui s'étaient passés dans le passé qui nous avaient... il nous
manquait des outils. Alors, pour nous, on pense que c'est très intéressant. J'aimerais
donner la parole, si c'est possible avec M. le Président, au DGA, André Goulet,
qui va pouvoir entrer dans le détail au niveau des enquêtes. Mais toute l'aide,
le support que ça apporte, c'est vraiment apprécié.
Le Président (M.
Bachand) :Oui. M. Goulet, s'il vous
plaît.
M. Goulet (André) : Merci
beaucoup, M. le ministre, M. le Président. Pour faire suite à la directrice
générale, vous comprendrez que... les dossiers que vous mentionniez tantôt,
mais aussi des dossiers non résolus, je tiens à le préciser, parce que le
dossier non résolu, on a beaucoup de familles qui attendent après des victimes,
de leurs familles, et on n'avait pas de moyens, notamment si ça n'avait pas...
on ne peut pas faire de lien avec une enquête criminelle. Et ce volet-là est
drôlement plus important pour nous parce qu'on a plusieurs dossiers non résolus
de disparition, ça va nous permettre d'avancer dans ces dossiers-là et d'avoir,
on espère, pour les familles qui attendent depuis de nombreuses années... bien,
de pouvoir leur donner un côté du côté... pour qu'ils fassent un deuil des
personnes disparues. C'est un avantage énorme aussi, de ce côté-là, qui est, oui,
très important aussi.
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président. Exposez-moi un peu votre vision, vous avez... vous en avez parlé un
peu dans votre préambule, sur la formation continue. On sait que les policiers
qui sortent de l'école nationale... le rôle du policier voilà 25 ans
versus aujourd'hui et dans 20 ans évolue, change, et, pour nous, il était
important d'avoir, dans ce projet de loi, une volonté, une volonté d'accompagner
le travail des policiers aux trois ans, aux cinq ans, peu importe. Quelle sorte
de... quelle sorte de... comment vous voyez cette formation en continu qui
serait... qui serait imposée aux différents corps de police, aux différents
policiers partout sur le territoire pour être capable les accompagner?
Puis je fais une parenthèse non
négligeable, je fais une parenthèse sur le profilage. Le profilage a été un
sujet d'actualité important dans les derniers mois, on a rencontré d'innombrables
groupes qui sont venus nous exposer ce qu'eux-mêmes vivent sur le terrain. Et,
au-delà de la formation comme telle, spécifique, qui est donnée à l'école
nationale, bien, comment on peut, dans un continuum... comment on peut avancer
avec ces policiers et de leur donner les... une formation qui va les exposer à
différentes situations qu'ils n'auraient peut-être pas vues à l'école nationale
quand ils sont sortis voilà sept, huit ans, 10 ans? Donc, exposez-moi un
peu votre vision face cette formation. Est-ce qu'on s'en va à la bonne place
avec ça?
Mme Beausoleil (Johanne) : Oui,
tout à fait, on est très content de cette mesure en place parce que... de cette
mesure qui est suggérée parce que la criminalité évolue. La cryptomonnaie, il y
a une vingtaine d'années, on ne parlait pas de ça. Il y a plein d'autres
formations qu'on parlait beaucoup moins de... au niveau du crime, au niveau de
choses qui sont en place. Alors, présentement, de pouvoir s'ajuster aujourd'hui,
de pouvoir toujours être actif, s'ajuster aux nouvelles mesures, s'ajuster à la
criminalité, constante évolution, s'ajuster aux phénomènes sociaux aussi qui
peuvent se produire, se passer, c'est absolument essentiel. Alors, pour nous,
on accueille très, très favorablement tout le volet de l'accompagnement au
niveau de la formation. Par contre, comme on disait, c'est important aussi de
se laisser de la place pour nos équipes qui sont surspécialisées où est-ce qu'eux
aussi pourraient avoir autres formations évidemment essentielles.
M. Bonnardel : J'aimerais ça
juste pousser un petit peu plus loin ma réflexion ou votre réflexion sur... quand
on parle de formation continue, est-ce que vous... comment vous voyez ça, là? Est-ce
que vous voyez ça sur une période de trois ans, de cinq ans ou à chaque année,
nombre d'heures x? Allez-vous avoir un enjeu de main-d'oeuvre pour être capable
de dire : Bien là, OK, on prend x nombre de policiers à telle période de l'année
pour qu'ils aillent se faire former? Ça fait que je pose une question peut-être
un peu large, là, mais, quand on parle de formation, est-ce qu'on envoie nos
policiers huit heures aux trois ans pour une journée complète? Avez-vous
pensé un peu à ça ou pas pour...
Mme Beausoleil (Johanne) : Bien,
il y a des... oui, puis il y a des formations qui sont obligatoires, tu sais,
par exemple les formations au niveau du... les requalifications. Il y a
certaines formations qui sont dans un cursus, sont nécessairement obligatoires.
À ça, on pourrait ajouter des formations qui sont complémentaires et, encore
là, je pousse la réflexion en disant : Est-ce que c'est nécessaire de
former sur un seul modèle? Tu sais, on peut <avoir des besoins...
Mme Beausoleil (Johanne) :
...et,
encore là, je pousse la réflexion en disant : Est-ce que c'est nécessaire
de former sur un seul modèle? Tu sais, on peut >avoir des besoins dans
des régions aussi particulières, avec des heures de formation, où est-ce qu'on
donne des formations requalification là également. Des fois, on peut avoir...
Comme la formation qu'on est en train de déployer, REMP, qui est la réponse à
un état mental perturbé, bien, on la déploie pour l'ensemble de nos policiers
qui sont sur le terrain, mais il y a des ajustements pour d'autres types de
formation qui ne sont peut-être pas nécessaires pour l'ensemble ou encore nos
spécialistes aux enquêtes dans différentes catégories qui, eux autres, ont des
besoins supplémentaires.
M. Bonnardel : OK. Merci pour
votre réflexion, Mme Beausoleil. Parlez-moi un peu de notre volonté, là,
d'améliorer le rôle... de mieux faire connaître le rôle de la commissaire en
termes de prévention, de sensibilisation. Est-ce qu'on est à la bonne place,
encore une fois, pour mieux faire connaître ce rôle, qui... surtout du côté des
plaignants? Surtout du côté des plaignants, on a l'impression de méconnaître ou
de mal connaître le rôle que la commissaire a. Est-ce qu'on est à la bonne
place?
Mme Beausoleil (Johanne) : Oui,
tout à fait. C'est important de bien faire connaître le rôle de la commissaire.
On s'inscrit... on travaille beaucoup aussi avec la commissaire. On est sur des
comités de travail aussi avec elle, également avec nos partenaires syndicaux
pour s'assurer... On a tous la même volonté, hein, que les interventions et que
les gens puissent avoir un endroit pour aller porter, justement, plainte si
nécessaire. Alors, on reçoit ça très... de façon très positive. Il y a le volet
aussi, au niveau de la commissaire, de la prévention. Ça fait des années qu'à
la Sûreté, au niveau de la prévention, on y travaille très fortement, très
activement. Alors, pour nous, de recevoir ça au niveau de la commissaire, de sa
volonté de travailler en prévention, on l'accueille très, très positivement.
M. Bonnardel : Est-ce que...
Deux petites questions encore rapidement, là, pour laisser la parole à mes
collègues. Les interpellations, les interceptions, colliger les informations,
est-ce que... Vous savez, j'ai toujours pensé, et je souhaite que ce ne soit
pas une forme de désengagement... mais une somme d'outils, des outils
additionnels que nous aurons dans le futur au ministère pour être capables de
colliger, une fois par année, les infos que vous allez nous envoyer.
Présentement, je sais que vous avez un formulaire qui existe, là, qui... que
vos policiers, policières doivent remplir. C'est un formulaire qui est assez succinct.
Est-ce qu'on peut dire que le policier va prendre une, deux, trois minutes
additionnelles pour être capable de remplir ce document puis de répondre aux
questions spécifiques que vous leur avez demandées?
Mme Beausoleil (Johanne) : Oui,
tout à fait. Le formulaire d'interpellation policière n'existait pas. Avec le ministère
de la Sécurité publique, on s'est questionné à savoir comment on pouvait
documenter les interpellations parce qu'il n'y avait rien qui existait. Donc, à
partir du système CRPQ, le Centre de renseignements, là, policiers du Québec
que nous gérons, on a développé un outil qu'on appelle le FIN, c'est une fiche
d'interpellation, qui est un outil très convivial, je vous dirais, où le
policier est capable d'indiquer : Je suis intervenu, par exemple, dans tel
parc, trois individus qui étaient présents, suite à une plainte de, par
exemple, trois résidents. Donc, on aurait... sans, des fois, nécessairement
avoir le volet nominatif, on saurait que le policier est allé interpeler trois
personnes parce qu'il y avait du bruit, par exemple dans la nuit dans le parc
ou quelque chose comme ça, puis des citoyens ont intervenu. Et ça, c'est un
exemple, mais je pourrais vous en donner plein d'autres où est-ce qu'on dit
dans la communauté policière maintenant : Si on prend le temps d'interpeler
quelqu'un, on a le temps avec un outil qui est, comme je vous dis, très
convivial, avec des questions qui passent à l'autre, où est-ce qu'on peut
mettre un peu de commentaires, où est-ce que, nous, ça va nous permettre aussi
de documenter les interpellations.
• (11 h 10) •
Présentement, après avoir fait les
interpellations, on est en train de regarder pour avoir également un outil qui
serait similaire pour ce qu'on appelle le 636 au niveau des interceptions policières.
Donc : J'ai intercepté monsieur pour telle, telle raison, s'il n'y a pas,
évidemment, de contravention, là, qui va, par la suite, là, avec l'interception
qui a été faite, là, donc, on pourrait aussi documenter ce phénomène-là. Et la Sûreté
a rendu disponible à l'ensemble de la communauté policière l'outil FIN, comme
je vous dis, pour les interpellations. Présentement, si je ne m'abuse, on est
autour de 18 corps de police qui l'utilisent, et, bon, au fil des
prochains mois, là, ça va augmenter.
M. Bonnardel : Merci,
Mme Beausoleil.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député
d'Ungava, il vous reste un peu moins que cinq minutes.
M. Lamothe : ...Mme Beausoleil,
je vais être rapide, j'ai deux points. Concernant les <lignes directrices
du ministre...
M. Lamothe :
...Mme Beausoleil,
je vais être rapide, j'ai deux points. Concernant les >lignes
directrices du ministre... Moi, j'ai fait carrière dans le même corps de police
que vous, là, pendant 30 ans, là, puis ma deuxième vie professionnelle,
des fois, il y a des choses que j'entends. Quand on dit : Il ne faut pas
mêler le politique et la police, moi, ce que je dis, c'est qu'il ne faut pas
mêler la politique aux enquêtes, il ne faut pas mêler la politique avec des
suivis d'enquête. Mais, quand c'est le temps des orientations policières, je
m'excuse, là, mais je pense que le gouvernement a un rôle à jouer là-dedans.
On parle du mot «uniformiser». Quand on
parle d'uniforme, c'est un uniforme, c'est partout pareil. Ce n'est pas normal...
on parle de renseignements, pour les policiers, qui sont nécessaires avant
qu'ils interviennent sur une scène, ce n'est pas normal que la police de
Gatineau, que la police de Québec, que la police du SPVM, police de Montréal
aient leur propre service, aient leur propre système d'alimentation de données
que la Sûreté du Québec ou d'autres corps policiers n'ont pas accès. C'est-tu
parce qu'ils ont les budgets pour le faire? C'est-tu parce que leurs
orientations face... policière est différente? Sauf qu'au bout de la ligne ce
système-là d'alimentation, qui est perspicace, qui est très bon, devrait être
utile à la Sûreté du Québec. Puis quand je dis l'uniformisation des réflexions
policières, des orientations policières, il faut que ce soit uniforme partout
au Québec. Alors, moi, je représente les villes de Matagami, Chibougamau, mais
le service doit être le même, autant pour la population, autant que pour les
policiers.
Tu sais, je donne l'exemple de Gatineau,
qui a un système qui s'appelle... excusez. S'ils interviennent sur une scène donnée
puis ils ont affaire avec quelqu'un un petit peu déplacé, mais qui ne fait rien
de criminel, ils alimentent dans leur système. Si cette personne-là déménage à
Chibougamau, si les policiers interviennent, ils ne seront pas au courant de
ces interventions-là qui ont eu lieu. Ce que je veux dire, c'est uniformiser
ces informations-là sur le terrain, pour les policiers, pour tout le monde. De
là, que je crois fortement que le ministre a un rôle à jouer, dire :
Écoutez, là, on donne le même service partout au Québec, que fait-on pour faire
en sorte qu'il est très légitime de le faire? Ça, c'est gouvernementalement
parlant. Je ne dis pas, comme je disais, de s'ingérer dans des enquêtes ou de
faire des suivis d'enquête, mais sur des orientations policières afin que le
service aux citoyens soit uniforme partout au Québec. Je m'excuse, mais je
pense que le politique a un rôle à jouer là-dessus. J'aimerais ça vous entendre
là-dessus.
Mme Beausoleil (Johanne) : Bien,
écoutez, je partage votre avis. Effectivement, les lignes directrices, c'est un
peu comme les procédures qu'on a au niveau du ministère, tu sais. Il y a des
procédures que le ministère nous envoie avec certaines... certaines
orientations où est-ce qu'on doit, évidemment, tendre vers, puis s'assurer que
nos systèmes, comme vous disiez tantôt, nos systèmes puissent répondre.
Effectivement, on a différents systèmes, dans quelques corps policiers, qui ne
se parlent pas. Tu sais, l'outil qui se parle présentement, c'est le CRPQ.
C'est pour ça qu'on a développé, tantôt, je disais la fiche fine, à partir du
CRPQ, pour s'assurer que tout le monde ait accès à la même information.
Donc, c'est sûr qu'au fil des orientations,
des lignes directrices qui vont nous être données, et tout ça, on a tout
intérêt... Puis c'est un peu pour ça, hein, la modernisation de la police, avec
tout le rapport du CCRP, et tout ça. Ce qu'on veut, c'est de s'en aller vers
une uniformité. Comme vous disiez, M. le député, tous les citoyens ont le droit
d'avoir les mêmes services partout où ils sont. Et, quand on intervient, un
policier doit aussi savoir à qui il a affaire, évidemment, sur son territoire,
si, par exemple, un contrevenant a déménagé, ou peu importe, puis que l'information
était dans un autre endroit. Mais on est très sensibles à ça et, pour nous, les
lignes directrices, on les accueille favorablement parce que c'est normal, sans
s'immiscer dans les enquêtes, sans s'immiscer dans le terrain, je dirais que le
gouvernement, le ministre donnent... le ministère également, appuient ces
pratiques policières sur des lignes directrices.
Le Président (M.
Bachand) : 30 secondes.
M. Lamothe : 30 secondes,
c'est vite fait. L'article 7, la modification qui vous permettrait de
nommer les sous-officiers puis... je m'excuse, les directeurs généraux adjoints.
Il est où, l'avantage, comparativement à ce qui existe déjà?
Mme Beausoleil (Johanne) : Oui.
Bien, ce n'est pas les directeurs généraux adjoints, c'est à partir de
lieutenant à aller à inspecteur-chef. Présentement, on a tout revu nos
processus, on a des... c'est à l'instar, dans le fond, des autres corps de
police, tu sais, qui nomment leurs propres officiers. On gagnerait du temps, on
gagnerait de l'efficacité. On a revu nos processus avec l'École de l'administration
publique, avec des firmes maintenant, où est-ce que nos gens vont faire des
tests psychométriques, et tout ça. Donc, on pense qu'on devrait avoir cette
autonomie-là, comme tous les autres corps de police, <au niveau de la
nomination...
Mme Beausoleil (Johanne) :
...et
tout ça. Donc, on pense qu'on devrait avoir cette autonomie-là, comme tous les
autres corps de police, >au niveau de la nomination.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Bonjour. Merci beaucoup pour votre témoignage. Si vous me permettez,
je vous demanderais si vous êtes à l'aise de déposer vos remarques, je pense
que ça nous aiderait. Vous avez lu quand même quelque chose que je pense serait
utile pour nous, si vous êtes à l'aise de le faire. Ça fait que je vous ferais
à... cette demande.
Puis, en passant, c'est un plaisir de vous
rencontrer pour la première fois, même si c'est en virtuel. Comme vous savez,
j'avais quand même envoyé une demande de rencontre. Je pense qu'on était en
train de vérifier avec M. le ministre, mais sache que la demande, pour moi,
reste toujours, surtout que nous sommes en train de parler du projet de loi
n° 14. Parce que, souvent, on n'a pas assez de temps en commission pour
poser des questions et aussi de faire valoir les points que, pour vous, sont
très importants. Ça fait que merci beaucoup pour tout ceci.
Je vais me lancer tout de suite dans le
désengagement policier ou policière. La fraternité des policiers de Montréal
ainsi que l'APPQ, ils ont déposé leur mémoire, ils dressent, quand même, un
portrait assez alarmant en ce qui concerne le désengagement policier quand on
parle des mesures en déontologie qu'on voit dans ce projet de loi. Alors...
Puis vous avez adressé un peu ceci dans vos remarques. Pensez-vous que nous
devrons scrapper le tout, recommencer? Est-ce qu'il y a un mi-chemin? Comment
voyez-vous les modifications qui sont souhaitées dans cette loi pour rejoindre
les besoins que nous avons comme société civile, mais aussi pour s'assurer
qu'on rejoint les besoins des policiers puis pour éviter, évidemment, le
désengagement policier, policière?
Mme Beausoleil (Johanne) : Merci
pour votre question. Oui, nous allons déposer un mémoire d'ici la fin de...
d'ici... avant jeudi, là, avant que vous ayez terminé, nous allons déposer un
mémoire.
En ce qui a trait maintenant au niveau du
désengagement, l'École de police, l'École nationale de police, mon collègue, M. Saint-Antoine,
va... ils sont en train de travailler avec la chaire, également, de
Trois-Rivières, de l'Université de Trois-Rivières, un document pour faire
l'analyse au niveau du désengagement. Parce qu'il y a plusieurs choses aussi
qui se sont... qui se sont dites où est-ce que la communauté policière ne
s'entend pas nécessairement sur : Est-ce que, vraiment, c'est un
phénomène, le désengagement? Est-ce que c'est concret? Est-ce que c'est un lien
avec les jeunes policiers aussi, la génération, là? Bon, il y a plein de choses
à évaluer. Donc, M. Saint-Antoine va s'assurer de nous déposer ça en 2024.
Alors, on fonde beaucoup d'espoir sur, justement, toute cette grande analyse là
dans un projet de recherche, là, sur le désengagement.
Une fois que j'ai dit ça, si je reviens à
votre question au niveau du projet de loi actuel, nous, ce qu'on dit, c'est :
Effectivement, il faut être vigilant, quand on parle de mesures alternatives,
dans le sens que, déjà, c'est une organisation... les policiers sont très
normés. Déjà, notre système... en tout cas, je vais parler pour la Sûreté,
notre système, au niveau de la discipline, est très rigide. Ça fait un
consensus. On se supporte également pendant qu'on met une mesure à quelqu'un.
On va aussi s'assurer que, oui, il a compris, parce que c'est ça, l'essence
même des mesures aussi qu'on veut mettre en place. Oui, il a compris, mais, en
même temps, on va aussi le supporter s'il vit une période difficile de sa vie,
par exemple problème de consommation, ou peu importe, à l'instar de n'importe
qui au niveau de la population.
• (11 h 20) •
Donc, ce que je vous dirais en lien avec
ça, nous, ce qu'on dit, c'est que les mesures alternatives, on devrait garder
cette mesure-là au sein de la gouvernance pour être capables également de voir
est-ce que cette mesure-là, elle est applicable. Est-ce qu'on l'envoie en
thérapie? Est-ce qu'on le suit? Parce que, nous, quand j'envoie quelqu'un en
thérapie, à l'heure actuelle, je suis l'évolution de monsieur, je suis capable
de suivre ça, d'être... de l'accompagner. Bon, alors on pense que ça devrait
rester au niveau de la gestion et non pas s'en aller sur le volet
déontologique. On pense qu'on est capable de gérer ça, là.
Mme Maccarone : Alors, avec
beaucoup de respect, je vous demanderais, s'il vous plaît, quand vous déposerez
votre mémoire, ce serait bien que vous élaborez sur toutes les mesures en
déontologie dont vous êtes en accord puis ceux que vous pensez... ne seront pas
facilement applicables ou qui... Tu sais, je comprends que ça va être
difficile, peut-être, de trouver une unanimité, mais un consensus, je pense que
c'est ça qu'on souhaite, évidemment. Ça fait que ce serait bien, pour nous, je
pense, pour la prochaine étape de nos débats, de vous entendre là-dessus.
Je veux vous ramener à le livre vert qui a
été déposé en 2019. On sait qu'on a eu une première mouture d'une loi <qui
a été déposée...
Mme Maccarone :
...le
livre vert, qui a été déposé en 2019. On sait qu'on a eu une première mouture
d'une loi >qui a été déposée, le projet de loi n° 18,
qui est mort au feuilleton, et là on revient maintenant avec le projet de loi n° 14. Puis on voit dans cette loi qu'il y a seulement 33
sur 138 recommandations qui ont fait le cheminement dans cette loi. Selon
vous, est-ce qu'il y a des manquements? Est-ce qu'il y a des choses qu'on
devrait se préoccuper et des amendements que nous devons apporter dans cette
loi, des 103 autres recommandations qui ne sont pas prises en
considération dans le projet de loi n° 14?
Mme Beausoleil (Johanne) : Bien,
d'entrée de jeu, c'est un peu ce que je disais tout à l'heure, tu sais, on
considère que c'est un excellent départ pour tous les rapports, le... pardon,
le rapport du CCRP. Donc, c'est... c'est vraiment une première grande étape et
c'est un message quand même assez fort dans certaines étapes. On sait qu'il va
y avoir d'autres étapes. Est-ce qu'on serait rendus, par exemple, à la carte
policière, et tout ça? Je ne pense pas, je ne pense pas qu'on soit
nécessairement rendus là. On travaille de plus en plus avec la communauté, avec
l'ensemble de la communauté policière. Donc, je pense que c'est sage, parce que
c'est un grand rapport, d'y aller par étapes, là. Donc, à ce point de vue ci,
je ne pense pas qu'on était... On trouvait que c'était quand même complet pour
un... pour une première étape.
Mme Maccarone : Ça fait
que deuxième étape, ce serait une autre loi qu'on déposerait? C'est ça?
Mme Beausoleil (Johanne) :
Bien, si ça entraîne... Parce qu'il y a plusieurs recommandations qui
n'entraînent pas nécessairement des changements législatifs. Il y en a qui sont
plus administratives. Donc, par contre, il y en a d'autres qui sont aussi
législatives. Donc, peut être un autre projet de loi, mais pas toujours, là.
Mme Maccarone : Je veux
vous ramener en ce qui concerne tout ce qui est dans le projet de loi pour vous
aider à retracer les personnes disparues. Nous avons eu un excellent mémoire
qui a été envoyé par une maman, Andrée Béchard, qui parle de la situation de sa
fille, Marilyn Bergeron, qui est disparue. Alors, dans cette loi, selon vous,
est-ce qu'on a tout ce qu'il nous faut pour vous armer, pour vous aider à
retracer les personnes disparues? Parce que, selon elle, dans son mémoire, elle
dit, comme, par exemple : Il nous manque des choses. Elle, elle pense que
le ministère de la Santé et Services sociaux peut apporter, sous toute réserve,
une contribution à la recherche pour les retrouver. Nous avons une occasion en
or chaque fois qu'une loi est déposée, puis on en fait un débat, on a une
opportunité d'ajouter tout ce qu'il nous manque aussi. Alors, selon vous,
est-ce qu'on a tout ce qu'il nous faut? Êtes-vous d'accord avec Mme Béchard,
qu'on a des lacunes puis des choses... des modifications que nous devons aussi
apporter pour s'assurer que vous, vous êtes outillés pour faire ce travail très
humain et très nécessaire?
Mme Beausoleil (Johanne) : La
grande différence dans le projet de loi avec ce qui se passait avant, c'est
tout le volet du criminel. Tu sais, quand on avait l'information qu'il y avait
un événement criminel, on avait tout le support de la santé, par exemple, pour
savoir si la personne est hospitalisée, ou si elle a un suivi, ou peu importe.
Quand on n'avait pas ça, qu'on faisait seulement que la recherche de personnes
disparues, par exemple, on a un exemple avec l'hélicoptère qui avait crashé, le
père et son fils qui étaient là, bien, on savait qu'il était disparu, mais il
n'y avait rien nécessairement de criminel parce que c'était un crash d'hélico.
Donc là, on avait de la misère à aller chercher l'information, à avoir
l'information, son cellulaire, tu sais, en temps réel, savoir où est-ce qu'il
est, tu sais, pour pouvoir mettre des mesures, on parlait tantôt de GPS, etc.
Donc, ça, le projet de loi nous permet ça.
Et, comme mon collègue le DGA Goulet disait tout à l'heure, ça va aussi nous
permettre d'entamer, au niveau des disparitions pour les familles... ça va nous
donner des outils supplémentaires où est ce qu'il n'y a pas nécessairement... en
tout cas, on n'est pas sûr qu'il y a quelque chose de criminel. Maintenant, on
a les outils pour pousser ces dossiers-là. Alors, ça va beaucoup aider les
familles.
Mme Maccarone : Ça fait
que ça veut dire, selon vous, ce qui est dans la loi, c'est complet. Ça fait
que vous, vous n'êtes pas en accord qu'il y a peut-être des éléments qui sont
manquants, qui peut nous aider à creuser encore plus.
Mme Beausoleil (Johanne) : Non,
non. Puis le fait aussi d'avoir l'obligation de transmettre aussi... Tu sais,
la Sûreté, on va pouvoir aller sur l'ensemble des dossiers qui se sont passés
au Québec après un certain délai, et tout ça. C'est très positif, là. Tu sais, on
est très, très satisfaits. Puis je pense que ça va répondre à des attentes
légitimes aussi au niveau des familles.
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup. Merci
beaucoup. M. le député de Vaudreuil... Laurier... Voyons! Excusez-moi.
Laurier-Dorion. Je vais l'avoir d'ici la fin de la semaine.
M. Fontecilla : Merci,
M. le Président. Bonjour, Mme Beausoleil. Je salue également vos
collègues. Et il y a une... Je manifeste aussi l'intérêt pour avoir <par
écrit votre allocution...
M. Fontecilla :
...Beausoleil.
Je salue également vos collègues. Et il y a une... Je manifeste aussi l'intérêt
pour avoir >par écrit votre allocution. Ça nous intéresse beaucoup. Il y
a un élément qui m'a beaucoup... qui m'a intrigué dans votre allocution, qui
nous permet d'avoir une vision beaucoup plus globale, là. Vous avez dit, je
crois, vers la fin de votre allocution, là, que le projet de loi n° 14
constitue un premier jalon vers une réforme majeure concernant les services
policiers du Québec, là. Et j'aimerais que vous nous expliquiez un peu qu'est-ce
que vous vouliez dire plus exactement par cette idée-là.
Mme Beausoleil (Johanne) : Ce
qui est en arrière du rapport du Comité consultatif sur la réalité policière,
c'était que les citoyens puissent avoir un service unique, peu importe où
est-ce qu'ils se retrouvent au Québec. Alors, l'idée en arrière du rapport, en
arrière du projet de loi n° 14 et des prochaines étapes, c'est d'avoir une
réforme au niveau policière où est-ce qu'on travaille en communauté, on travaille
tous ensemble, et le citoyen, peu importe où il est, il va avoir le même
service.
Alors, ce qu'on disait à l'essence même de
ces changements-là, c'était notamment, si on prend, par exemple, le PL n° 14 ou que je prenne les services policiers, c'est que
les petits corps policiers n'ont pas toujours la mesure, les outils pour
intervenir. Alors, ce qu'on disait, c'est : Régionalisez-vous ou
travaillons... ou intégrez la Sûreté pour vous donner cette capacité-là, pour
que M., Mme Tout-le-monde, notre citoyen, puisse bénéficier des mêmes services
partout où il est. Alors, quand on parle d'une réforme majeure, c'est une
réforme majeure, le rapport du CCRP, il nous amenait vers des réflexions de
travailler en communauté, en concertation. Et je dirais, et je suis certaine
que mes collègues vont vous dire la même chose, on n'a jamais travaillé autant
ensemble que depuis les dernières années.
La communauté policière, on se consulte,
on échange, on cherche des moyens. Tu sais, je donnais l'exemple du film tout à
l'heure où est-ce qu'on disait : OK, l'interpellation, on est conscients,
c'est une problématique, comment on peut la travailler ensemble? Nous, on est
avec l'outil, on l'a rendu le plus convivial possible, on a écouté les
collègues. Donc, c'est un peu ça, quand on parle de réforme, c'est d'offrir un
service policier à la hauteur aussi de 2023, hein, parce que ça a changé, hein?
Il y a des choses qu'on va voir ultérieurement, mais, tu sais, tout le volet du
privé, du public privé... tantôt, je donnais l'exemple de la cryptomonnaie, mais
tous ces gros dossiers là, de crimes financiers, aujourd'hui, qu'on a, qu'on
n'aurait jamais vus à l'époque, il faut s'y attaquer, et c'est la criminalité
d'aujourd'hui et de demain.
Donc, c'est pour ça que je parle d'une
réforme majeure parce que ça nous donne des outils supplémentaires. Et je sais
que ce ne sera pas terminé, on va continuer d'évoluer dans ce sens-là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Oui, merci, M.
le Président. Bonjour, merci d'être parmi nous puis d'apporter aussi plus
d'explications. J'ai compris, là, dans votre présentation, puis c'est un peu
difficile parce qu'on n'avait pas de matériel écrit, donc... mais j'ai retenu,
dans votre présentation, que vous avez parlé que vous aviez déjà un pouvoir de
gestion. Puis, pourtant, dans le projet de loi... moi, ce que je comprends dans
le projet de loi, c'est qu'on diminuerait l'encadrement du recrutement, entre
autres pour pouvoir nommer, embaucher des civils avec plus de latitude. Est-ce
que ça, c'est un besoin que vous avez à combler? Parce vous l'avez déjà, ce
pouvoir-là.
• (11 h 30) •
Mme Beausoleil (Johanne) : C'est-à-dire
qu'on est quand même limités dans certains pouvoirs parce que soit que les gens,
présentement, vont rentrer comme AEC ou encore ils vont rentrer par ce qu'on
connaît de l'école, avec leurs techniques policières et les semaines qu'ils
vont faire à l'école, plus l'induction dans les corps policiers. L'ajout que le
PL n° 14 nous donne, c'est de pouvoir embaucher
certains civils, par exemple, qui seraient très expérimentés, qui auraient, par
exemple, des formations particulières pour aller jouer dans de la criminalité
d'aujourd'hui, très complexe, où est-ce qu'un policier, avec sa patrouille
gendarmerie de base, ça va lui prendre peut-être de nombreuses années pour
acquérir cette expérience-là. Donc, cette latitude-là d'avoir... de pouvoir
embaucher en parallèle certains civils, elle est... on l'avait dit dans notre
mémoire également, elle est très positive et va nous donner des outils
supplémentaires, là.
Mme Nichols : Je n'ai pas
beaucoup de temps, ça fait que peut-être juste une dernière mini question. Vous
avez parlé des lignes directrices. Là, vous répondez au ministre puis vous <parliez
des lignes directrices...
>
11 h 30 (version révisée)
<
Mme Nichols :
...ministre
puis vous >parliez des lignes directrices. Moi, ce que je comprenais, c'est
que vous parliez des lignes directrices, entre autres, en lien avec le partage
de renseignements. Mais est-ce que vous vous attendez à avoir d'autres lignes
directrices, entre autres, sur quoi prioriser, prioriser la lutte contre la
violence armée, le vol de voiture, l'exploitation sexuelle? Qu'est-ce que vous
entendez par lignes directrices?
Mme Beausoleil (Johanne) : Non,
parce que, là, vous tombez vraiment dans l'opérationnel, et la criminalité
étant en évolution, bien, vous le savez... comme, présentement, on met
beaucoup, beaucoup d'efforts... la Sûreté, on met toujours beaucoup d'efforts
au niveau du crime organisé, mais, présentement, on est à lutter aussi beaucoup
contre la violence armée, évidemment, avec CENTAURE, et tous les découlants, et
nos partenaires. On a plein d'équipes mixtes qui sont mises en place.
Donc, les orientations, les lignes
directrices, on ne les voit pas comme... au niveau opérationnel ou au niveau
enquête, on les voit vraiment plus d'un niveau macro, là.
Mme Nichols : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme Beausoleil
et aux gens qui vous accompagnent, merci beaucoup d'avoir été avec nous. C'est
très, très, très apprécié.
Cela dit, je suspends les travaux quelques
instants. Merci. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 32)
(Reprise à 11 h 37)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Il nous fait plaisir d'accueillir les
représentants du SPVM.
Alors, M. Charbonneau, merci beaucoup
d'être avec nous. Je vous inviterais d'abord peut-être à présenter les gens qui
vous accompagnent, s'il vous plaît, et après débuter votre exposé. Merci.
Service de police de la ville de Montréal (SPVM)
M. Charbonneau (Marc) : Oui,
bien sûr. Donc, Marc Charbonneau, directeur adjoint du SPVM à la direction de
l'intégrité des normes professionnelles. Puis je vais laisser, là, mes trois
autres collègues se présenter.
Mme Massé (Isabelle) : Bonjour
à tous. Alors, Isabelle Massé, avocate, cheffe de la division Affaires
policières du service des affaires juridiques de la ville de Montréal.
M. Caron (Jean-Sébastien) : Bonjour
à tous. Jean-Sébastien Caron, commandant aux crimes majeurs au SPVM.
M. Shane (David) : Bonjour. Inspecteur
David Shane, et responsable des communications du SPVM.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, la parole est à vous, M. Charbonneau.
M. Charbonneau (Marc) : Bien,
merci beaucoup, M. le Président, Mme la vice-présidente, distingués membres de
la Commission des institutions. Donc, si c'est correct avec vous, j'irais avec
mon allocution, c'est bien ça?
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y.
M. Charbonneau (Marc) : Parfait.
Alors, c'est un honneur pour moi de représenter le SPVM ainsi que son
directeur, M. Fady Dagher, et de vous présenter les résultats de notre
réflexion quant au projet de loi n° 14. C'est avec impatience qu'on
attendait ce projet de loi qui... on y voit de nombreuses améliorations pour la
pratique policière. C'est donc favorablement, dans son ensemble, que le SPVM
accueille le projet de loi n° 14.
Certaines modifications soulèvent
toutefois des inquiétudes, des enjeux et des questions pour le SPVM. Désirant
participer activement à l'amélioration des pratiques et s'inscrire dans les
changements à venir pour les corps de police, nous tenions à vous faire part de
nos travaux quant à ce projet de loi. Le tout doit être interprété dans un
esprit collaboratif.
Dans un premier temps, mentionnons que la
concertation et le partenariat avec les intervenants des milieux concernés par
la mission policière est toujours au cœur des actions du service de police. La
complémentarité de ces partenariats contribue non seulement à bonifier notre
offre de services à toutes les populations montréalaises, mais à rendre nos
interventions plus efficaces.
C'est donc avec beaucoup d'enthousiasme
que nous accueillons la modification de l'article 48 de la Loi sur la
police. Celle-ci précise les principes spécifiques à la réalisation de la
mission policière, valeurs auxquelles nous adhérons déjà pleinement. Nous
saluons également l'ajout du principe d'indépendance des corps de police et de
leurs membres dans la conduite des enquêtes et des interventions policières, et
ce, hors de toute ingérence. Nous recommandons, par contre, que
l'article 83 soit également modifié afin d'ajouter des interventions
policières, et ce, par souci de concordance avec l'article 48.
Le SPVM émet toutefois certaines réserves
à l'égard de l'article 116, qui prévoit un encadrement par règlement des
obligations relatives à la formation continue, de même que la formation requise
pour exercer certaines fonctions. Nous croyons que les corps de police doivent
être les maîtres d'œuvre en matière de formation, et ce, en collaboration avec
le gouvernement et les municipalités, compte tenu de leur spécificité et environnement.
Nous considérons détenir, conjointement avec la municipalité, la connaissance propre
au territoire ainsi qu'aux populations desservies nécessaire à l'élaboration
des formations à dispenser à nos membres. Le SPVM souhaite donc continuer de
jouer un rôle central à ce niveau.
• (11 h 40) •
Comme vous le savez, le projet de loi n° 14
apporte également de nombreuses modifications relatives à la déontologie
policière. Certaines modifications sont des améliorations souhaitables et
contribueront positivement au lien de confiance et au respect mutuel qui
doivent unir les corps de police et les citoyens. D'autres soulèvent toutefois
certains questionnements dans un souci d'encadrement sain des pratiques
policières. Le SPVM accueille favorablement l'ajout à l'article 128 du
rôle de prévention et d'éducation au Commissaire à la déontologie policière. Ce
nouveau rôle était attendu et souhaité par le <SPVM...
M. Charbonneau (Marc) :
...au
Commissaire à la déontologie policière. Ce nouveau rôle était attendu
et souhaité par le >SPVM, qui y voit une plus-value pour les membres,
mais également pour les populations.
Par contre, nous nous interrogeons sur la
modification de l'article 143 de la Loi sur la police, qui vient établir
une distinction entre une plainte et un signalement. Bien qu'intéressante à
première vue, cette distinction soulève la question du traitement réservé au
signalement, qui n'est pas précisé dans le projet de loi et qui laisse
plusieurs questions en suspens. Nous nous demandons s'il y a un avantage
notable à faire cette distinction, advenant que les critères déterminant la
tenue d'une enquête soient les mêmes pour une plainte et pour un signalement.
Par ailleurs, nous nous demandons s'il ne
serait pas plus judicieux de circonscrire la notion de plainte à la personne
ayant fait l'objet de l'intervention policière, et ce, en respect de l'esprit
du code de déontologie policière.
De plus, l'ajout du principe d'anonymat
pour les signalements soulève certaines questions, notamment quant à la valeur
de ceux-ci, puisque l'anonymat vient en limiter l'analyse. Nous craignons aussi
un risque d'embourbement du processus par une utilisation répétitive des
signalements anonymes.
Le SPVM aimerait également souligner
certains enjeux de confidentialité liés à l'utilisation de moyens
technologiques, comme prévu à l'article 157 de la Loi sur la police. Par
exemple, nous nous demandons comment le commissaire compte s'assurer que les
conversations ne seront pas enregistrées ou que des personnes non autorisées
soient présentes lors des travaux de conciliation.
Le SPVM craint également la perception
négative que pourrait générer la nouvelle appellation du Tribunal administratif
de déontologie policière auprès de policiers. Les articles 233 et 234 de
la Loi sur la police sont également très préoccupants. Ces articles
redéfinissent non seulement à la hausse la sévérité des sanctions pouvant être
imposées aux policiers, ils permettent dorénavant d'imposer des mesures
d'encadrement par le tribunal administratif. Si le gouvernement maintient sa
volonté d'inclure de telles mesures, nous sommes d'avis qu'elles devraient être
soumises sous forme de recommandations au directeur du corps de police dont le
membre est concerné. Nous considérons que la direction d'un corps de police
détient les informations contemporaines nécessaires à l'exercice de ce pouvoir
disciplinaire et administratif, et ce, tout en évitant la double sanction.
Précisons que nous sommes actuellement à
déployer, en collaboration avec le ministère de la Sécurité publique et la
municipalité, des stratégies novatrices qui ont pour objectif d'augmenter les
effectifs du SPVM. À cet effet, nous craignons fortement que l'ajout de
mesures, en plus d'une sanction, pourrait engendrer un fort désengagement
policier ainsi qu'une diminution de l'attractivité de la profession policière.
Aux articles 264, 265 et 267 de la
Loi sur la police, le SPVM comprend bien le besoin de reddition de comptes du
ministre. Nous nous interrogeons toutefois sous la forme, l'étendue et la
fréquence de certaines de ces redditions. C'est pourquoi nous proposons de
reformuler les paragraphes 3° et 4° de l'article 267 en collaboration
avec les corps de police.
Dans le même esprit, le SPVM souhaite
établir une étroite collaboration et concertation avec le ministre quant à
l'élaboration des lignes directrices relatives à l'activité policière prévue à
l'article 307 de la loi. Nous estimons détenir une partie de la
connaissance nécessaire à l'élaboration de la planification stratégique, des
actions, initiatives et programmes adaptés aux besoins des citoyens.
Nous avons toujours été à l'avant-garde en
matière d'interpellation policière. Le SPVM contribue d'ailleurs aux actuels
travaux provinciaux en la matière. Nous souhaitons conserver ce rôle auprès du
ministre de la Sécurité publique et participer activement à l'élaboration d'une
ligne directrice incluant les interceptions routières effectuées en vertu de
l'article 636 du Code de la sécurité routière tel que précisé à l'article 307.1.
Finalement, le SPVM félicite l'édiction de
la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues. Les outils
supplémentaires prévus dans cette loi seront très bénéfiques et permettront aux
corps de police de mieux assurer leur mission et protection des personnes.
Certaines modifications sont toutefois souhaitables afin d'augmenter <l'efficacité...
M. Charbonneau (Marc) :
...et protection des personnes. Certaines modifications sont toutefois
souhaitables afin d'augmenter >l'efficacité de cette loi. Ainsi, à
l'article 3 ainsi qu'à l'article 6, nous proposons de remplacer les
termes «motifs raisonnables» par «soupçons raisonnables». En effet, l'objectif
de la loi milite en faveur d'un degré de preuve moins élevé. Les communications
courriel, ainsi que les communications via des applications Web, ainsi que
toute information pertinente permettant d'aider et de soutenir les policiers
dans la recherche d'une personne disparue devrait leur être accessible. Nous
nous demandons également comment concilier cette loi à celle de la protection
de la jeunesse lorsqu'il s'agit d'une personne mineure disparue faisant l'objet
d'une mesure de protection lorsque la communication de renseignements personnels
ou publics est nécessaire.
De plus, cette loi doit inclure la notion
d'urgence, alors que, présentement, rien n'est prévu en ce sens. Il est
primordial que les policiers puissent agir rapidement lorsque l'urgence de la
situation ne leur laisse pas le temps d'obtenir une ordonnance de communication
ou une autorisation de pénétrer dans un lieu. Le projet de loi devrait
également prévoir une autorisation judiciaire permettant aux policiers de
saisir et de fouiller eux-mêmes le cellulaire, l'ordinateur ou tout appareil de
la personne disparue.
Finalement, plusieurs modifications
apportées au projet de loi n° 14 contribueront positivement à l'accomplissement
de la mission policière. C'est pourquoi le Service de police de la ville de
Montréal souhaite participer activement à la réflexion et vous a soumis
certains enjeux ainsi que certaines pistes de solution dans un esprit de
collaboration et d'atteinte d'un objectif commun.
Au nom de mes collègues, je tiens à vous
remercier pour l'attention que vous porterez à notre mémoire. Il nous fera
plaisir d'échanger avec vous sur ces sujets et évidemment de répondre aux questions.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup,
M. Charbonneau. Je rappelle que... Je vous indique que le mémoire est
maintenant sur Greffier, le mémoire du SPVM. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président. M. Charbonneau, salutations à ceux qui vous accompagnent, madame.
J'ai quelques questions à vous poser. Peut-être que mes collègues en auront
aussi. La première, vous avez parlé de l'article 116, de la formation
continue. J'ai exposé souvent le cas actuel d'un policier qui gradue de l'école
nationale versus ceux qui ont gradué voilà 20 ans, 25 ans. Le travail
a énormément évolué, énormément changé. Il sera aussi différent, j'imagine,
dans 10, 15 ans, et on aura, je pense, toujours besoin d'une certaine
formation pour les policiers pour bien les accompagner dans leur... dans leur
travail. Puis, j'aimerais ça, que vous m'exposiez un petit peu, là, comment...
Je sais qu'à Montréal déjà vous faites de la formation. Dites-moi un peu quel
est le modus operandi, à savoir combien d'heures vos policiers font en
formation annuellement. Est-ce que c'est annuellement? Pourquoi l'école
nationale ne pourrait pas être partie prenante aussi d'un nombre d'heures sur
une période x, là? Je dis, ça peut être deux ans, ça peut être trois ans, ça
peut être cinq ans. Je pense qu'on est à la même place, où vous vous dites :
Oui, il faut accompagner, il faut mieux accompagner, dans le futur, nos
policiers parce que leur rôle change, évolue, et tout ça. Mais en quoi... en
quoi Montréal devrait être différente dans l'approche que nous souhaitons avoir
en termes de formation pour l'ensemble des corps de police?
• (11 h 50) •
M. Charbonneau (Marc) : Bien,
M. le ministre, mes salutations. Je n'avais pas remarqué votre présence, donc
on vous salue. Bien, c'est une excellente question. La formation est un des
créneaux qui est vraiment priorisé au service de police. La société est en
évolution constante, la population montréalaise également, et les phénomènes
sociaux que les policiers montréalais vivent, on doit être constamment en
adaptation. Donc, la formation a un impact majeur, puis on lui accorde une
très, très grande importance.
Donc, dans un premier temps, vous
mentionnez la collaboration avec l'ENPQ. On a une excellente collaboration avec
l'ENPQ. Donc, plusieurs formations sont dispensées par l'ENPQ, certaines par le
SPVM, mais chaque formation dispensée obtient évidemment le sceau et
l'approbation de l'ENPQ. Donc, de ce côté-là, le SPVM, là, fournit plusieurs
instructeurs à l'ENPQ. Et depuis quelques années, depuis l'administration
provisoire, on a... également, on s'est assuré que chacune des formations qui
étaient dispensées strictement par le SPVM étaient en adéquation avec les
orientations de l'ENPQ. Donc, évidemment, on a des obligations légales à
respecter. Donc, il y a un certain nombre d'heures par année que nous devons
respecter de par nos obligations légales, tant pour les policiers sur le
terrain que pour nos enquêteurs.
On a également plusieurs recommandations
de différents coroners <suite...
M. Charbonneau (Marc) :
...nos
enquêteurs.
On a également plusieurs
recommandations de différents coroners >suite à des commissions, donc on
se doit également de correspondre à ces recommandations-là.
Et, dans un dernier temps, bien, on sera
adaptés à la réalité montréalaise, ce qui fait qu'il y a la formation dispensée
spécifiquement pour le SPVM pour s'adapter à la réalité...
(Panne de son)
Le Président (M.
Bachand) :Le député d'Orford, est-ce
qu'il est proche? Non? OK. On est revenus. Allez-y. Pardon, ça a coupé.
Allez-y, M. Charbonneau.
M. Charbonneau (Marc) : Oui.
J'avais... J'avais terminé la question. Est-ce que ça répondait à la question,
M. le ministre?
M. Bonnardel : Oui, oui, oui.
Bien, concrètement, on a peut-être manqué la fin, là, dans les
30 dernières secondes, là. Dites-nous, concrètement, une policière, un
policier, présentement, qui a 10, 15 ans d'ancienneté versus ceux qui
arrivent, est-ce qu'ils ont tous un nombre d'heures x à faire année après année
ou c'est selon... Dites-nous un peu plus d'informations, là, sur cette
formation-là, que vous donnez à ces hommes et ces femmes?
M. Charbonneau (Marc) : Je
n'ai pas le nombre d'heures précises par année. On n'a pas comme un... On n'a
pas une obligation de nombre d'heures à respecter par année, mais évidemment il
y a un nombre d'heures... il y a un nombre d'heures qui est atteint et qui est
de plus en plus impressionnant. C'est d'ailleurs le défi d'un service de police
parce qu'on se doit d'avoir des policiers sur le terrain au maximum. Et on
donne énormément de formation, de un, de par nos obligations légales, de deux,
comme je le mentionnais tantôt, de par les recommandations de diverses
instances, dont les coroners, et ensuite de par les spécificités dont Montréal
fait... fait face. Ce qui fait en sorte qu'un policier reçoit quand même une
bonne quantité d'heures de formation. En fait, ils reçoivent beaucoup et
énormément de formation qui devient un défi par rapport à la disponibilité
qu'on peut... qu'on peut se permettre d'avoir sur le terrain.
Évidemment, les formations sont
différentes, tout dépendant dans quel créneau on travaille. Donc, un policier
gendarmerie va avoir des obligations... des formations différentes que de nos
enquêteurs. Donc, nos enquêteurs, également, ont des obligations qui sont
obligatoires de par la loi, mais il y a également diverses formations qui sont
dispensées soit par le MTQ soit par le collège canadien, auquel nos enquêteurs
vont également chercher à chaque année.
M. Bonnardel : Est-ce que
j'ai mal compris ou ce n'est pas une obligation pour vos policières et
policiers de suivre deux heures, trois heures, quatre heures par
année ou aux deux ans, une formation sur le profilage ou autres? Est-ce que
c'est ça que j'ai compris ou ce n'est pas une obligation pour eux?
M. Charbonneau (Marc) : Il y
a des obligations de la Loi sur la police, par exemple, là, et en adéquation avec
la... l'ENPQ. Je vais vous donner un exemple. Les qualifications de tir, bien,
il y a une obligation d'une qualification annuelle, donc, ça, c'est une
obligation. Nos enquêteurs ont des obligations légales quant au cursus de
l'enquêteur. Donc, ce sont des formations qui sont obligatoires. Ensuite, on se
donne, nous, comme organisation, on se donne également... Bien, il y a des
maintiens de compétence. Par exemple, nos policiers, là, de support et
d'intervention, ils ont un maintien de compétence, un nombre d'heures par
année, je n'ai pas le nombre d'heures exact, mais c'est une obligation qu'on
impose à nos policiers.
Et, par-dessus ça, bien... formations
qu'on va imposer à nos policiers qui ne viennent pas d'obligations légales,
donc ce n'est pas une loi ou un règlement qui l'impose. Mais vous parlez de
profilage. Bien, évidemment, on donne la formation en profilage, en
discrimination, en inclusion. Donc, il y a diverses formations par année qui
fait un grand nombre d'heures, je n'ai pas le nombre d'heures précisément avec
moi, mais il y a des nombres d'heures données par des obligations mais d'autres
par des obligations qui ne sont pas légales, mais qu'on se donne nous-mêmes.
M. Bonnardel : OK. Donnez-moi
un peu plus d'information. Vous avez tantôt dit que, lors du processus de
conciliation avec la commissaire, le plaignant ou la plaignante et le policier,
vous avez peur d'enregistrement à votre insu. C'est ça vous avez dit?
Corrigez-moi, là. C'est une crainte que vous avez ou que vous avez déjà vue, ou
confirmée, ou non, ou...
M. Charbonneau (Marc) : Non,
mais nous participons avec d'autres instances, là, à un comité stratégique en
matière de déontologie policière avec la commissaire. On a soulevé, là, les
différentes instances, un point sur... C'est sûr que la pandémie a apporté, là,
le développement des... des interventions en visio et des comparutions. La
seule chose qu'on veut s'assurer, c'est le caractère... le caractère
confidentiel, donc, qui, normalement, ne se devrait pas d'enregistrer une
audition de conciliation parce que la conciliation, le but est de s'asseoir
entre les parties et d'échanger entre nous. Ça ne doit pas être utilisé à
d'autres fins. Donc, le fait d'être enregistré ou qu'il y <ait...
M. Charbonneau (Marc) :
...d'échanger
entre nous. Ça ne doit pas être utilisé à d'autres fins. Donc, le fait d'être
enregistré ou
qu'il y >ait d'autres personnes qui soient cachées
de la visioconférence, on y voit un enjeu pour les deux parties, là, tant pour
la partie plaignante que la partie du côté des policiers. Donc, c'est seulement
de s'assurer... ce n'est pas tellement une crainte, mais le fait que de
s'assurer de l'anonymat, là, de la conciliation. Parce que, si la conciliation
n'est pas anonyme, il y a des enjeux ensuite, là, de participation, tant du
côté des plaignants que du côté des policiers. Donc, c'est l'aspect
technologique comme tel.
M. Bonnardel : Si vous le
dites, M. le président, c'est parce que vous l'avez déjà vécu?
M. Charbonneau (Marc) : Là,
je... oui, mais c'est un enjeu qu'on a quand même soulevé, là, les différentes
organisations policières.
M. Bonnardel : OK.
Parlez-moi...
M. Charbonneau (Marc) : Je ne
pense pas qu'on ait eu beaucoup de conciliation en... jusqu'à maintenant, là.
M. Bonnardel : OK. Parlez-moi
un peu... profilage, bon, je parlais de formation, profilage racial, entre
guillemets, entre parenthèses, c'est un dossier... un sujet qui a été
d'actualité à Montréal dans les dernières... les derniers mois, sinon les
dernières années. Puis, quand on parle d'établir des lignes directrices de
notre côté pour encadrer le travail des policiers versus interpellations,
versus interceptions, qu'est-ce que vous faites présentement à Montréal? Est-ce
que vous colligez des informations pour le bénéfice de tout le monde?
Puis vous avez dit tantôt, je pense, vous
avez une certaine crainte à colliger ces infos, qu'il y a une lourdeur à
colliger ces infos qu'on souhaite obtenir du côté du MSP, de l'ensemble des
corps de police, à chaque 1er avril de chaque année. Donc, veux veux pas,
veux veux pas, pour nous, il est important d'établir ces lignes directrices
pour vous accompagner. Puis le but, ce n'est pas d'alourdir, puis de désengager
le policier dans son travail, puis qu'il se dise : OK, je viens d'interpeler,
puis ça me prend une demi-heure, remplir le document. Il ne faut pas que ça
prenne une demi-heure, il faut que ça soit concis, succinct, un peu comme la
Sûreté nous l'a dit tantôt.
Donc, dans tout ça, là, l'équilibre à
trouver n'est pas nécessairement simple. Mais comment voulez-vous travailler ça
présentement, ou comment vous souhaitez le travailler, ou vous le travaillez,
présentement à Montréal, concernant ces interpellations, interceptions, là, qui
ont été un sujet d'actualité, là, assez important?
M. Charbonneau (Marc) : Oui,
tout à fait. Vous le savez, là, ces dernières années, à quel point le
profilage, l'enjeu du profilage, est une priorité aux services de police. Donc,
on a participé à diverses commissions. On a eu droit à un premier rapport des
chercheurs. On a élaboré une politique également, une première politique, là,
parmi les premières politiques au Canada, sinon la première dans laquelle on
est venus livrer un message fort sur les pratiques... des pratiques policières.
On a formé tous nos policiers. On a également mis sur le terrain des coachs en
interpellation qui viennent accompagner nos gens. Dans chacune de nos
interventions, plans d'action, mises en œuvre de stratégies policières, on
inclut toujours les enjeux de profilage, s'assurer de mettre les barrières et
éviter qu'il y ait des interventions qui pourraient donner lieu à du
profilage... du profilage racial.
Donc, depuis plusieurs années, on met
énormément d'efforts. Il en reste encore à faire, bien évidemment. On est un
service de la police très ouvert et collaborateur. D'ailleurs, depuis
l'élaboration de la politique du SPVM, on a participé très, très étroitement
avec le ministère de la Sécurité publique en vue... dans tous les travaux en
matière de profilage. Donc, les efforts ont lieu depuis plusieurs années, puis
on est un chef de file, là, au Québec, en la matière.
Pour ce qui est de... que vous parliez de
la lourdeur des données, c'est qu'en fait, comme c'est le cas pour plusieurs
organisations policières, les systèmes informatiques, tels qu'ils sont
institués présentement, tels qu'ils sont constitués, font en sorte qu'il
devient difficile, dans la quantité de données, de pouvoir sortir des données
qui... au départ, les systèmes n'étaient pas prévus pour sortir ces données-là,
et, dans un deuxième temps, c'est de pouvoir argumenter sur la donnée.
Des voix : ...
M. Charbonneau (Marc) : Donc,
quelle est l'objectivité de la donnée.
• (12 heures) •
M. Bonnardel : Pardon,
monsieur...
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, M. le ministre.
M.
Bonnardel
:
Pardon, M. le Président.
M. Charbonneau (Marc) : Le
dernier point, monsieur... un dernier point, M. le ministre, là, l'objet du
commentaire, là, dans notre mémoire et lors de l'allocution, est à l'effet que,
dans l'élaboration de ces politiques-là, justement, bien, on désire pouvoir y
collaborer avec le ministère et nos autres partenaires en matière de sécurité
publique.
M. Bonnardel : ...laisser la question
à la députée...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. J'aurais le
député d'Ungava qui m'a fait signe. Il reste quatre minutes.
M. Lamothe : Ça va être
court. Moi... Les lignes directrices concernant, là... en provenance du
ministre pour améliorer, pour uniformiser, adapter certaines pratiques, qu'en <pensez-vous...
>
12 h (version révisée)
<17901
M.
Lamothe :
...pour améliorer, pour uniformiser, adapter
certaines pratiques. Qu'en >pensez-vous?
M. Charbonneau (Marc) : Oui,
hein, c'est vraiment nécessaire. L'élaboration de... d'orientations, de
politiques, de... de plans d'action, c'est vraiment... c'est vraiment
nécessaire. On se doit de les adapter d'année en année parce que la mouvance
sociale et les pratiques policières évoluent à travers le temps. Donc, ce qu'on
mentionnait, là, d'entrée de jeu dans notre présentation est à l'effet que le...
les corps de police vivent des réalités qui sont similaires, mais vivent
également des réalités qui peuvent être spécifiques et différentes d'un service
à l'autre. Donc, notre volonté était de pouvoir collaborer et participer à ces
réflexions-là dans le cadre de... d'élaboration de... de politiques et d'orientations.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci. J'aurais
la députée de Vimont, s'il vous plaît.
Mme Schmaltz : ...M. le
Président. Merci à vous. En fait, moi, ma question concerne... sur la Loi
visant à aider à retrouver les personnes disparues.
Une voix : …
Mme Schmaltz : OK. Merci. Et
puis vous préconisez des outils de communication par courriel ou encore des
applications Web. J'aimerais vous entendre là-dessus par rapport à ces
outils-là : Quels sont-ils exactement?
M. Charbonneau (Marc) : Oui,
tout à fait. Je vais laisser mon collègue, là, qui est commandant à la section
des crimes majeurs, il va pouvoir répondre à votre question.
M. Caron (Jean-Sébastien) : Oui.
Bonjour. Jean-Sébastien Caron.
Donc, pour, dans le fond, répondre à votre
question, quand on parle des outils technologiques, on parle beaucoup des
applications, que ce soit Instagram, que ce soit n'importe quel autre outil
technologique, des courriels ou des... des applications où est-ce qu'on est
capables de parler et qu'on ne passe pas nécessairement par le réseau
cellulaire. Présentement, les jeunes qui sont principalement disparus ou les
personnes âgées de 18 à 20 ans, c'est ces personnes-là, souvent, qu'on va
avoir de la difficulté à localiser, et ils ne communiquent pratiquement qu'exclusivement
via ces applications-là.
Ça fait que c'est dans cette optique-là qu'on
veut élargir, justement, le projet de loi pour être en mesure d'aller récupérer
ces informations-là à même les compagnies de téléphone ou à même le téléphone.
Ça fait que c'est la raison pourquoi qu'on demande un élargissement, pour être
en mesure de retrouver plus rapidement ou avoir des pistes d'enquête plus
faciles pour retrouver ces personnes disparues là. C'est vraiment dans cette
optique-là qu'on demande l'élargissement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
Mme Maccarone : ...beaucoup
pour votre témoignage et votre mémoire que, je dois dire que, comme membre de l'opposition,
c'est excellent. On aime ça quand c'est très bien clarifié, tous les
amendements souhaités, ça fait que merci beaucoup pour ceci.
Alors, je veux prendre la balle au bond
des questions du ministre en ce qui concerne le profilage racial. Puis je
comprends que vous faites des avancées, vous, sur le terrain puis dans vos
dispositions de travail, mais à l'intérieur de la loi, est-ce que les mesures
qui sont inclus dans cette loi va vous aider à mettre fin au profilage racial?
Puis je vous mets au défi. Parce que, si,
par exemple, la Ligue des droits et libertés, eux, ils vont passer, ils vont
faire leur présentation cet après-midi, puis eux, ils nous diront qu'on doit mettre
fin complète à les interpellations, les... les interceptions, les «street checks»,
entre guillemets, on doit informer nos citoyens de leurs droits, par exemple,
que, s'il n'y a pas de motif valable pour l'interception, bien, on n'a pas... ils
sont à l'intérieur de leur droit de... de ne pas donner leur nom, de ne pas
partager leur carte d'identité, par exemple, que répondez-vous à ceci? Est-ce
que cette loi va vous aider, va vous armer à mettre fin à ceci puis aussi
répondre aux besoins des citoyens qui sont préoccupés?
M. Charbonneau (Marc) : Merci
pour votre question. En fait, le... le dossier de profilage racial, ce n'est
pas... ce n'est pas un dossier qui est... il est... il est complexe en soi. Donc,
ce n'est pas par le biais de seulement un outil, ou par une loi, ou par une
surveillance, ou... c'est un amalgame d'actions qui doivent être posées. Donc,
oui, la loi... En fait, là, nous souhaitons vraiment que... qu'il y ait plus de
spécifications quant à différents aspects des différents articles de la loi,
bien évidemment. Donc, c'est dans cet esprit-là qu'on... qu'on souhaite pouvoir
y collaborer.
Mais, en matière... pour revenir à votre
question, en matière de... de profilage, ce n'est pas par le biais d'une seule
chose qu'on arrive à faire évoluer tant les pratiques que les comportements, donc
on croit à un amalgame d'actions.
Donc, la première chose, c'est de pouvoir
l'adresser de manière mature en tant qu'organisation. Ensuite, c'est de... c'est
beaucoup par la sensibilisation, par la formation, par la supervision, par l'autorégulation
également. Il faut également se rapprocher de nos... de nos concitoyens,
échanger avec eux, d'être présents sur le terrain, d'entendre également ce que
les gens ont à nous dire. C'est de travailler également en partenariat avec les
autres <instances...
M. Charbonneau (Marc) :
...terrain,
d'entendre également ce que les gens ont à nous dire. C'est de travailler également
en partenariat avec les autres >instances en matière de sécurité
publique, nos partenaires de la ville de Montréal, le ministère de la Sécurité
publique, l'ENPQ.
Donc, vous voyez qu'on effectue déjà
énormément de travaux avec plein d'instances, mais ce n'est pas par le biais
d'un seul outil et en un seul moment qu'on peut faire évoluer. Donc, je crois
qu'à tout moment, et pendant des années, et de manière perpétuelle, il faudra
toujours y mettre une priorité.
Mme Maccarone : Vous
avez dans votre mémoire, puis vous l'avez aussi soulevée, la notion d'urgence
qui n'est pas prévue dans cette loi. Que voulez-vous dire par ceci? Comment
devons-nous modifier la loi pour vous rejoindre en ce qui concerne ce désir
d'avoir la notion d'urgence dans le projet de loi n° 14?
M. Charbonneau (Marc) : Je
vais laissez M. Caron.
M. Caron (Jean-Sébastien) : Au
niveau de l'urgence, c'est... dans le fond, c'est tout ce qui est... Parce que
dans le Code criminel souvent, on va mentionner le... l'aspect d'urgence qui va
nous permettre d'avoir certains pouvoirs sans nécessairement passer par un
juge. Quand on parle de la loi québécoise, justement, entourant les personnes
disparues, ce qu'on voudrait, c'est que ce soit écrit textuellement que, dans
une notion d'urgence, on puisse intervenir plus rapidement sans nécessairement
passer justement par les soupçons ou les motifs raisonnables... (panne de son)
...pour obtenir une information dans le but de retrouver la personne et ainsi
aller dans le sens de notre responsabilité au niveau de la santé et sécurité
des personnes disparues.
M. Charbonneau (Marc) : Me Massé
va également... (panne de son) ...
Mme Massé (Isabelle) : ...vous
indiquer également... (panne de son) ...proposition de libellé, notamment à l'article 6,
en fait, qui pourrait donc permettre... où, en fait, le libellé, on s'est
inspirés de ce qui existe déjà au Code de procédure pénale, là, donc, au
Québec, et on vous suggère la formulation suivante, donc :
«L'autorisation n'est pas nécessaire
lorsque les conditions de l'autorisation de pénétrer dans un lieu sont remplies
et que l'urgence de la situation en rend l'obtention difficilement réalisable.»
Donc, comme je vous dis, on s'est inspirés
des... des dispositions législatives qui sont déjà existantes au Code de
procédure pénale lorsqu'il y a cette notion d'urgence, là, qui... qui entre en
ligne de compte.
Mme Maccarone : Merci. C'est...
c'est très clair. Évidemment, vous venez tout justement de déposer votre
mémoire, ça fait que je ne l'ai pas lu dans son entièreté. Est-ce que vous...
vous avez fait mention de l'état mental perturbé puis peut-être un désir de
vouloir avoir cette information face à la tragédie que nous avons vécue
dernièrement avec le décès de Maureen Breau. Est-ce que ça, c'est quelque chose
que, pour vous, serait aussi souhaitable?
M. Caron (Jean-Sébastien) : Bien,
présentement, vous posez la question par rapport à l'état mental perturbé, c'est
sûr que, nous, le maximum d'information qu'on est capables ou en mesure
d'obtenir dans une situation donnée, le plus vite qu'on est en mesure d'avoir
cette information, le mieux on va intervenir, puis la... on va être en mesure
d'intervenir beaucoup plus rapidement. Puis, au bout de la ligne, l'esprit de
la loi, c'est vraiment d'être en mesure... santé et sécurité de la personne
disparue. Ça fait que c'est... Toutes les informations qu'on est en mesure de
récupérer, ce n'est pas dans une... dans une optique criminelle, c'est plus
dans une optique de relation d'aide. Et c'est pourquoi que le maximum
d'information possible, autant pour les personnes, état mental perturbé, que
les personnes disparues, ce qu'on milite, c'est d'avoir ces informations-là le
plus rapidement possible pour intervenir le mieux possible.
• (12 h 10) •
Mme Maccarone : Vous
avez aussi soulevé vos inquiétudes en ce qui concerne l'anonymat d'un
signalement puis... Pouvez-vous élaborer un peu votre position là-dessus pour
qu'on comprend bien? Parce qu'il y a quand même des questions, des inquiétudes,
la pertinence. Comment voyez-vous ceci?
M. Charbonneau (Marc) : Oui,
tout à fait. On croit vraiment à la confidentialité du processus. C'est
vraiment nécessaire. Donc, le processus se doit d'être confidentiel.
Ce qu'on craint, c'est que cette portion
de la loi soit utilisée à mauvais escient. Donc, la déontologie doit servir à
pouvoir signaler des événements. Donc, que ce soit via une plainte ou un
signalement, c'est important de le faire, puis de manière confidentielle.
L'anonymat, c'est qu'on craint que certaines personnes, sous ce couvert
d'anonymat, puissent en profiter pour devenir un plaignant quérulent et
adresser une multitude de plaintes envers un ou quelques policiers, et qui
pourraient venir nuire. Parce qu'on collige le nombre de plaintes par rapport à
un policier, donc on ne voudrait pas que ça nuise un policier seulement dû au
fait qu'il y a de l'anonymat. Mais l'aspect confidentiel, pour nous, nous
apparaît essentiel.
Mme Maccarone : Dernière
question avec le temps qu'il me reste. On a déjà entendu plusieurs groupes,
évidemment, nous parler de... je ne peux pas dire... «inapplicability» des
nouvelles sanctions déontologiques. Votre opinion là-dessus? Comment
devons-nous le traiter <pour...
Mme Maccarone :
...nous
parler de... je ne peux pas dire... «inapplicability» des nouvelles sanctions
déontologiques. Votre opinion là-dessus? Comment devons-nous le traiter >pour...
Je crois que vous avez aussi élaboré qu'il y a des avancées, mais
l'inapplicabilité de ceci, comment voyez-vous ceci? Puis comment devons-nous le
traiter s'il y avait des amendements à apporter dans cette loi?
M. Charbonneau (Marc) : Bien,
il y a de... il y a de très... (panne de son) ...aspects, là, dans les... dans
ce qui est proposé dans le projet de loi en matière de déontologie. Donc,
l'aspect prévention, on y croit vraiment. D'ailleurs, toutes nos actions dans
notre mission policière, on doit le passer également par des actions de
prévention. Donc, on y croit. Puis on constate également que ces actions-là, de
prévention, ont un fort impact. Donc, il n'y a pas que la répression par
rapport à un geste posé, mais la sensibilisation et la prévention nous apparaît
vraiment importantes.
Sur la sévérité des peines, on est inquiets
sur l'abandon d'un maximum de jours pour une suspension. L'impact pour un
policier est vraiment... est vraiment majeur. Et nous, nous ne croyons pas
qu'il existe beaucoup d'ordres professionnels où il y a de... de sanctions
aussi sévères qui peut également avoir un impact sur... financier très, très
important pour un policier. Donc, déjà, 60 jours, si on va au-delà de
60 jours, au delà d'avoir une sanction disciplinaire qui est publique et
qui suit le policier dans son dossier personnel, il y a également un impact
monétaire qui est très, très, très important.
Il y avait également la portion de mesures
qui étaient nouvelles, associées à la discipline. Bien que plusieurs de ces
mesures puissent être appropriées, nous sommes d'avis que ça devrait relever du
service de police. Donc, nous croyons que les mesures devraient être sous forme
de recommandations. Mais un policier, l'état du policier, son pedigree, son
historique, tout l'aspect ressources humaines, son accompagnement, on sait, là,
on connaît notre policier... on sait quel type de formation qu'il a suivi,
l'encadrement, l'accompagnement, donc il nous apparaît que le service de police
est le mieux placé pour donner... (panne de son) ...qui est la plus... (panne
de son) ...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Laurier-Dorion, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Charbonneau. Je salue également vos... vos
collègues, là. Merci d'être... d'être ici avec nous aujourd'hui.
Dans les quelques minutes que... dont je
dispose, là, j'aimerais approfondir sur vos... vos questionnements assez
soutenus, là, je... si je lis votre... votre... vos propos, là, sur la question
de la distinction entre... en cas de déontologie policière, là, entre plainte
et signalement, une nouvelle disposition qui est mise de l'avant dans le projet
de loi n° 14, vous semblez douter beaucoup de cette distinction-là. Et je
crois comprendre que vous vous posez des... même des questions sur le... sur l'utilité
de cette question-là. Et vous allez même jusqu'à dire que ça pourrait... ça
pourrait aboutir au... Et c'est ça que je... je voudrais comprendre : Dans
le cas d'une... du suivi d'un signalement, est-ce que c'est le même suivi
qu'une plainte? J'aimerais comprendre votre... votre pensée sur ce sujet-là.
M. Charbonneau (Marc) : Oui,
tout à fait. Écoutez, notre... notre commentaire est à l'effet qu'il manque
beaucoup d'information. Donc, à première vue, de distinguer une plainte d'un
signalement peut nous apparaître vraiment intéressant. Mais maintenant nous ne
possédons pas d'information sous quelle procédure va fonctionner un
signalement. Donc, est-ce que c'est le même processus que va suivre un
signalement qu'une plainte? Si c'est le cas, on ne voit pas de différence entre
une plainte et un signalement.
Donc, il manque de l'information dans la
nature même de l'élaboration du projet de loi. Donc, c'était le... l'élément
qu'on... qu'on soulevait par rapport à un signalement.
M. Fontecilla : ...ne
serait-il pas plus judicieux de distinguer la plainte du signalement sous
l'unique critère de la personne ayant fait l'objet d'une intervention
policière? Est-ce que cette formulation-là ne vous amène-t-il pas à dire que...
le signalement et la plainte devraient aboutir au même processus?
M. Charbonneau (Marc) : En
fait, c'est que, présentement, la loi, ce qu'elle dit, c'est que toute personne
peut porter une plainte. Et, dans ce cas-ci, au niveau de la plainte, il est
spécifié que ce sont les personnes présentes qui peuvent porter une plainte. Et
toute autre personne peut faire un signalement. Et on rajoute l'aspect anonymat
à travers la plainte et le signalement, donc une personne anonyme pourrait
signaler. Mais, si le processus demeure... demeure le même entre une plainte et
un signalement, bien, il n'y a pas de différence entre ce qu'est la loi
aujourd'hui et ce que sera la loi lorsqu'elle sera en <fonction...
M. Charbonneau (Marc) :
...de
différence entre ce qu'est la loi aujourd'hui et ce que sera la... la loi
lorsqu'elle sera en >fonction.
Donc, il nous apparaissait... la
recommandation qu'on formulait était à l'effet que nous trouvions approprié que
la personne qui porte plainte soit la personne impliquée dans l'événement, la
personne qui est impactée dans l'événement, et que toute autre personne
présente, tout autre témoin, puisse faire un signalement. Donc, c'était la
recommandation qu'on apportait.
M. Fontecilla : Très bien.
Vous avez fait mention, et j'aimerais mieux comprendre, sur... si j'ai bien
compris, là, sur la nécessité d'un meilleur encadrement sur la présence de
personnes non autorisées lors des conciliations, là, en cas de déontologie
policière. Est-ce que... Qu'est-ce que vous avez voulu dire par cette
affirmation-là?
Le Président (M. Bachand) :Rapidement, s'il vous plaît, M. Charbonneau. Merci.
M. Charbonneau (Marc) : Oui,
rapidement. C'est qu'une conciliation, c'est très important que ce soit
seulement les parties en cause qui soient présentes. Et le but est d'en arriver
à une entente, de... de s'écouter, d'échanger ensemble, et que ce soit
proactif. Qu'il y ait toute autre personne, on enlève l'aspect confidentialité
à laquelle les gens adhèrent lorsqu'on fait une... une conciliation.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Merci, merci,
M. le Président.
Dans votre mémoire, là... on... il y a un
endroit où vous parler du Tribunal administratif de déontologie policière puis
vous dites que ça pourrait avoir une perception négative. Est-ce que c'est
juste au niveau de la terminologie où vous accrochez ou il y a quelque chose au
niveau du contenu aussi qui vous agace?
M. Charbonneau (Marc) : C'est
vraiment au niveau de la terminologie. Depuis plusieurs années, la commission
de déontologie policière a fait énormément de travaux et d'actions pour
sensibiliser au rôle de la déontologie. Les policiers y adhèrent et
collaborent... et collaborent au processus à cause de ces travaux-là. Donc, il
existe présentement un comité en déontologie, et les policiers le connaissent
tel quel.
Le «tribunal», le mot, terminologie «tribunal»
est associée à quelque chose de plus sévère, de plus... donc, nous sommes
inquiets de la perception que pourraient avoir les policiers strictement sur
l'aspect terminologie du mot «tribunal».
Mme Nichols : Très bien.
C'est clair. Le ministre, là, parle beaucoup de lignes directrices. Moi, ce
n'est pas très clair pour moi, en fait, qu'est-ce qu'est une ligne directrice.
Précédemment, on nous a dit que ça n'allait pas dans l'opérationnel. Mais, dans
votre mémoire, entre autres, vous dites vouloir «établir une étroite
collaboration puis concertation pour établir les lignes directrices.» C'est
quoi, les lignes directrices? Ça ne va pas jusqu'à l'opérationnel, là. Pour
vous, c'est quoi, la définition d'une ligne directrice?
M. Charbonneau (Marc) : Bien,
le commentaire était justement à cet effet, qu'il manque de l'information.
Donc, le... la formulation, elle est un peu vaste. Ce qu'on souhaite,
justement, c'est qu'on puisse demeurer dans les généralités, les grandes
orientations, les grandes pistes d'actions dans lesquelles les services de
police devraient s'orienter et s'engager. Donc, évidemment, non, de ne pas...
de ne pas aller jusque dans les... les orientations opérationnelles, mais nous
souhaitons vraiment pouvoir collaborer avec le ministère puis nos autres
partenaires de la sécurité publique dans l'élaboration de grandes stratégies
policières.
Mme Nichols : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Sur ce, M. Charbonneau, à
vous et à votre... aux gens qui vous accompagnent, merci beaucoup d'avoir été
avec nous. C'est très, très, très apprécié.
Cela dit, la commission suspend ses
travaux jusqu'après les avis touchant les travaux des commissions. Merci. Bon
lunch! À tantôt.
(Suspension de la séance à 12 h 20)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 23)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît. Bon
après-midi. La Commission des institutions reprend ses travaux. Nous
poursuivrons donc les consultations particulières et auditions publiques sur le
projet de loi n° 14, Loi modifiant diverses dispositions relatives à la
sécurité publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver des personnes
disparues.
Cet après-midi, on débute nos auditions
avec des représentantes de la Ligue des droits et libertés, que je salue.
Alors, je vous invite d'abord à vous présenter et, par la suite, à débuter
votre exposé. Encore une fois, merci d'être avec nous.
Ligue des droits et libertés (LDL)
Mme Guénette (Laurence) : Merci,
merci beaucoup de l'invitation. Donc, mon nom est Laurence Guénette, je suis
coordonnatrice à la Ligue des droits et libertés, et Lynda Khelil, ma collègue,
qui est responsable de la mobilisation à la ligue également. Donc, merci de
nous entendre aujourd'hui devant cette commission.
La Ligue des droits et libertés travaille,
depuis 60 ans maintenant, à promouvoir et défendre les droits humains au
Québec. Elle a été active dans de nombreux mouvements pour la protection des
droits humains, notamment dans l'élaboration et l'adoption de la charte
québécoise en 1975, donc, et la ligue a fait aussi un travail très important,
et depuis de nombreuses décennies déjà, sur les enjeux policiers et aussi sur
les enjeux carcéraux, dont on reparlera brièvement aujourd'hui à la lumière des
droits humains.
Donc, d'emblée, on tient à souligner que
les délais, qui sont extrêmement courts entre le moment où le projet de loi a
été déposé et le moment où on a l'occasion de déposer notre mémoire et de nous
exprimer, ne sont pas tout à fait propices à l'exercice démocratique auquel on
essaie de se vouer aujourd'hui. Mais, malgré tout, c'était très important pour
la Ligue des droits et libertés de venir se prononcer sur le projet de loi n° 14
qui annonce, à notre avis, des reculs en matière de droits humains et un statu
quo à certains endroits où des changements sont requis depuis longtemps déjà.
Donc, les éléments centraux qu'on aborde
dans notre mémoire puis dont on va vous parler brièvement aujourd'hui sont en
lien direct avec les efforts que le gouvernement doit absolument déployer dans
la lutte contre le racisme et ils sont aussi directement liés à la confiance
que la population est susceptible de ressentir envers la police et envers les
mécanismes de surveillance des pratiques policières.
Donc, à la Ligue des droits et libertés, c'est
sûr que les droits humains, c'est notre cadre d'analyse, mais ça devrait aussi
être le cadre d'analyse du législateur, du gouvernement. Et nous ne tolérons
plus qu'une fausse opposition soit invoquée entre les droits et libertés et le
besoin d'assurer la sécurité publique, d'autre part. Nous, quand on vous parle
de droits humains et des changements qu'il faut apporter aux pratiques
policières, on vous parle aussi de la sécurité des personnes et des
communautés.
Donc, après cette introduction générale,
les quelques éléments centraux dont on va vous parler aujourd'hui sont liés d'abord
aux changements législatifs qui sont nécessaires pour mettre fin au profilage
racial et au profilage social, ensuite à quelques considérations en ce qui
concerne le système de déontologie policière au Bureau des enquêtes
indépendantes et finalement quelques mots sur le système correctionnel.
Donc, je vais commencer. Excusez, je
surveille un peu le temps. Voilà, je vais commencer par... Donc, la Ligue des
droits et libertés est très active en ce qui a trait à la lutte contre le
racisme et, plus spécifiquement, profilage racial et au profilage social, et
donc on y va depuis une perspective systémique, c'est-à-dire que, pour nous, ça
ne fait pas de sens de s'intéresser à ces <questions-là...
Mme Guénette (Laurence) :
...c'est-à-dire
que, pour nous, ça ne fait pas de sens de s'intéresser à ces >questions-là
comme si c'étaient des problèmes, des incidents individuels de discrimination,
mais bien depuis une perspective systémique. Ça suggère plutôt des
interventions qui s'attaquent au système, et donc à la source de certaines lois
et certains règlements qui donnent lieu à des pratiques de profilage par les
policiers.
Dans cette optique-là, il y a deux choses
dont on parle dans notre mémoire. Donc, d'une part, on demande que le
gouvernement interdise les interceptions routières qui sont possibles en vertu
du Code de sécurité routière à l'article 636. On n'en parlera pas plus
longuement aujourd'hui, mais je le mentionne pour bien distinguer les
interceptions routières d'avec les interpellations policières au sens de
«street check», donc dans l'espace public, auprès de piétons, par exemple. Et
la Ligue des droits et libertés exige aussi que les interpellations policières,
donc au sens de «street check», soient interdites, donc non pas encadrées, mais
bien interdites. D'abord parce que c'est une pratique policière qui est
attentatoire aux droits humains. Elle est attentatoire aux droits humains de
toute personne interpellée et non simplement de certaines interpellations qui
seraient peut-être discriminatoires, comme le dit plutôt le ministre.
Donc, ça porte atteinte au droit à la
liberté, au droit à la vie privée et à l'anonymat, au droit à la protection
contre les détentions arbitraires et au droit à l'égalité qui sont protégés
dans nos chartes québécoise et canadienne. Donc, en plus d'être attentatoire
aux droits de toute personne interpellée, on l'a déjà dit, elle est à la source
de situations qui génèrent beaucoup de profilage racial et social, donc des
personnes racisées, autochtones, noires, et aussi on rappelle l'insécurité que
ça génère chez ces personnes qui sont surinterpellées dans l'espace public. Et
finalement la Ligue des droits et libertés, riche de son analyse sur la
question des interpellations, soutient qu'elles n'ont pas de fondement
juridique. En fait, les interpellations se situent à l'extérieur des pouvoirs
policiers qui sont octroyés en vertu de la loi et de la common law.
Donc, on a lancé une campagne à la
mi-février dernier ainsi qu'une déclaration exigeant l'interdiction des
interpellations policières. À ce jour, il y a près de 90 groupes qui
exigent avec nous la fin des interpellations policières, dont des groupes...
des associations de juristes, des cliniques juridiques, des groupes
antiracistes, des organismes qui travaillent en itinérance, des groupes de
défense de droits, des groupes de femmes, et j'en passe, donc qui exigent que
les interpellations soient bel et bien interdites et non encadrées...
encadrées, pardon. Donc, il semble que, dans le cadre d'un État de droit, un
état démocratique, c'est une demande plutôt légitime que d'exiger des policiers
que, pour faire leur travail, ils restent à l'intérieur des limites de leurs
pouvoirs policiers et également que le législateur fasse tout ce qui est en son
pouvoir pour assurer le respect des droits humains.
Je cède la parole à ma collègue Lynda
Khelil.
Mme Khelil (Lynda) : Merci.
Donc, je vais poursuivre sur trois enjeux : la déontologie policière, le
Bureau des enquêtes indépendantes ainsi que le système correctionnel. Peut-être
que tu pourras me dire combien de temps? D'accord.
• (15 h 30) •
Donc, je vais y aller assez brièvement. La
Ligue des droits et libertés déplore que le projet de loi n° 14 prévoie de
limiter le droit de porter plainte auprès du Commissaire à la déontologie
policière en créant un système à deux vitesses, l'un de plaintes et l'autre de
signalements. Cela équivaut concrètement à retirer à de nombreuses personnes le
droit de porter plainte et à amoindrir encore davantage les capacités de
surveillance et de contrôle des citoyens et citoyennes sur les interventions
policières et sur le Commissaire à la déontologie lui-même.
Actuellement, donc, toute personne peut
porter plainte auprès du commissaire, mais, si le projet de loi n'est pas
modifié, ce que nous souhaitons ardemment, le projet de loi prévoirait donc que
seules les personnes suivantes pourraient porter plainte : une personne
présente lors d'un événement ayant fait l'objet d'une intervention policière et
une personne à l'égard de qui la conduite d'un policier est susceptible de
causer... de constituer un acte dérogatoire.
Donc, concrètement, les membres de la
famille d'une personne décédée lors d'une intervention policière, s'ils
n'étaient pas présents sur les lieux de l'événement, ne pourraient pas porter
plainte, l'ami d'une victime de brutalité policière ne pourrait plus porter
plainte, un citoyen ou une organisation préoccupée par les enjeux de brutalité
policière et de violation de droits ne pourrait plus non plus porter plainte.
Et, tout en réduisant ce droit de porter
plainte, le projet de loi propose de rediriger vers un nouveau régime de
signalement toutes les personnes à qui ce droit, donc, est retiré. Et,
concrètement, l'effet que ça aura, c'est de retirer aux personnes qui
deviendraient des signalants des droits de révision des décisions du
commissaire qui sont fondamentaux pour assurer le contrôle aussi et la...
assurer des mécanismes, là, de reddition de comptes des actions ou des
inactions du Commissaire à la déontologie.
Et la ligue a constaté, dans le mémoire du
commissaire auprès du Comité consultatif contre... sur la réalité policière,
pardon, que le <commissaire...
>
15 h 30 (version révisée)
<
Mme Khelil (Lynda) :
...auprès
du comité consultatif contre... sur la réalité policière, pardon, que le >commissaire
fondait, en grande partie, cette proposition de retirer à plusieurs personnes
le droit de porter plainte sur un mythe qui est entretenu par les policiers à l'effet
que les plaignants tiers, donc les personnes qui ne sont pas présentes lors d'une
intervention policière et qui portent plainte, sont... font des plaintes
frivoles et sans fondement. Et donc ce n'est pas le cas, et, dans le mémoire,
on a pu étayer une étude de l'Université de Montréal, de chercheurs de l'Université
de Montréal à cet égard. Et je vois que le temps file, donc, brièvement. Donc,
ce que nous demandons, c'est le retrait des dispositions qui limitent le droit
de porter plainte dans le projet de loi n° 14.
En ce qui concerne le processus de
conciliation, nous demandons également que le projet de loi n° 14 soit
modifié afin que toute personne puisse... en fait, que le processus de
conciliation soit volontaire pour toute personne qui porte plainte auprès du
commissaire. En ce qui concerne le délai de prescription pour porter plainte,
nous demandons que ce délai soit augmenté à un délai de trois ans, actuellement
il n'est que d'un an, et qu'également le délai pour... en vertu de la Loi sur
les cités et villes, soit également augmenté à trois ans, actuellement il n'est
que de six mois.
Vous comprendrez que le temps file, donc
je vais aller assez rapidement. En ce qui concerne le Bureau des enquêtes
indépendantes, nous constatons que ce bureau n'est pas indépendant, transparent
et impartial, donc n'est pas indépendant du milieu policier, je le précise, et
nous déplorons que le projet de loi n° 14 ne contienne aucune réforme en
profondeur de cet organisme d'enquête sur la police et qu'en fait il perpétue,
en son sein, des enquêtes de la police sur la police. Par ailleurs, nous avons
également constaté que le projet de loi n° 14 ne répond pas aux constats
accablants qui ont été mis en lumière en 2017 par Me Michel Bouchard, dans son
rapport d'enquête administrative sur la division des affaires internes du SPVM,
donc, qui montrait de nombreuses problématiques... d'allégations d'infraction à
caractère criminel qui étaient mises de côté concernant un policier pour
favoriser, par exemple, sa promotion. Donc, on considère que l'Assemblée
nationale doit prendre au sérieux la problématique des enquêtes de la police
sur la police et y mettre fin.
Également, dans le projet de loi n° 14....
Le Président (M.
Bachand) :...
Mme Khelil (Lynda) : Oui.
Donc, dans le projet de loi n° 14... Peut-être que j'irais rapidement sur
le système correctionnel. Nous faisons plusieurs...
Le Président (M.
Bachand) :Écoutez, parce qu'on est
tellement serrés...
Mme Khelil (Lynda) : Serrés
dans le temps.
Le Président (M. Bachand) :...en termes de temps. On va y aller avec une période d'échange,
alors...
Mme Khelil (Lynda) : Oui.
Donc, voilà.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
Mme Khelil (Lynda) : On pourra
échanger à ce sujet.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président. Mesdames, bienvenue cet après-midi. J'ai plusieurs questions, mais
je vais essayer d'en laisser pour mes collègues, qui, eux aussi, en ont. Ma
première, vous venez juste de l'énumérer, là, comment vous pouvez affirmer que
le... Vous dites, là, spécifiquement en noir, en caractères gras : «Le BEI
n'est pas un bureau d'enquête indépendant du milieu policier, impartial, transparent.»
Sur quelles preuves vous affirmez ceci?
Mme Khelil (Lynda) : Oui.
Donc, en 2020, la Ligue des droits et libertés, avec la Coalition contre la
répression et les abus policiers, ont publié un rapport, un premier rapport par
la société civile sur les activités du BEI. Donc, je pense qu'il y a aussi des
copies qui ont été... qui ont été distribuées. En ce qui concerne l'indépendance,
le BEI, actuellement, permet à d'anciens policiers de travailler en son sein.
Donc, on considère... et on évoque plusieurs autres raisons qu'il n'est pas
indépendant à cet égard.
En ce qui concerne l'impartialité,
également l'indépendance, dans le mémoire, on fait état d'une décision de la
Cour supérieure récemment, de la famille de M. Koray Kevin Celik, qui a
donc poursuivi le BEI en raison d'un communiqué qui était... qui faisait le
bilan de l'enquête sur le décès de leur fils qui a eu lieu à leur domicile
familial, et le communiqué éclipsait complètement la version des parents. Donc,
c'est extrêmement rare qu'il y ait des témoins lors d'une intervention
policière, là, des témoins proches de la victime, là. Donc, les parents étaient
témoins de l'intervention, et leur version était éclipsée. Et ce que le juge a dit...
Donc, je vais juste vous référer à certains passages qui se trouvent à la
page...
Une voix : ...
Mme Khelil (Lynda) : Merci.
Merci à la personne qui m'a référée. Donc, le juge est assez clair à l'effet qu'il
n'en ressort aucune indépendance ni même impartialité dans les communications
du BEI à l'égard du public quant à son bilan sur cette enquête. Également, en
ce qui concerne la transparence, le BEI ne fait pas une action qui est faite
par plusieurs autres organismes similaires au Canada, c'est-à-dire de publier
un rapport détaillé exhaustif, qui sera anonymisé, évidemment, également sur
ses enquêtes indépendantes en vertu de l'article 289.1, et on considère
que c'est une mesure de transparence qui est nécessaire. À cet égard, Me Fannie
Lafontaine, l'observatrice indépendante dont on relate également les propos
dans le mémoire, a qualifié <le BEI de cancre...
Mme Khelil (Lynda) :
...de transparence qui est nécessaire. À cet égard, Me Fannie
Lafontaine, l'observatrice indépendante, dont on relate également les propos
dans le mémoire, a qualifié >le BEI de cancre, en matière de
transparence au Canada en tant que bureau d'enquête sur des interventions
policières.
M. Bonnardel : M. le
Président, ma deuxième question : Avez-vous confiance au commissaire
déontologie?
Mme Khelil (Lynda) : En fait,
ce qu'on soumet, ce que la Ligue des droits et libertés soumet, c'est de se
positionner du point de vue des citoyens et citoyennes qui sont victimes, qui
considèrent avoir été victimes de brutalités policières, de violations de droit
par la police, qui veulent dénoncer une conduite en vertu du code. Ce qu'on
sait, c'est qu'il y a beaucoup de personnes qui n'ont pas confiance dans
l'institution du Commissaire à la déontologie policière, qui... en raison
notamment... par le fait que l'étape de la conciliation soit obligatoire
actuellement. Également, les personnes qui n'ont pas confiance dans un
mécanisme qui est censé surveiller les interventions policières, c'est
extrêmement préoccupant.
C'est pour ça aussi qu'on propose, dans le
mémoire, qu'il y ait une consultation pour vraiment entendre qu'est-ce que les
citoyens et citoyennes qui ont eu recours au commissaire ou qui n'y ont pas eu
recours... qu'est ce qu'elles pensent véritablement et qu'une réforme de ce
mécanisme soit ensuite menée à partir du point de vue des citoyens, parce que
ce mécanisme a quand même été créé pour répondre à des besoins citoyens.
M. Bonnardel : Est-ce que
c'est une bonne nouvelle, madame, de donner le choix au plaignant d'avoir une
conciliation ou non? C'est un ajout, ça, qui est dans le projet de loi. Est-ce
que c'est une bonne nouvelle pour vous?
Mme Khelil (Lynda) : Oui.
Donc, le projet de loi... Donc, j'ai dû aller assez rapidement, donc, tout à
l'heure, mais merci de la question. Donc, le projet de loi propose que les
personnes qui portent plainte concernant une intervention policière pour un
motif de discrimination aient le choix de la conciliation. Et nous, ce qu'on...
ce qu'on soumet, c'est que le législateur devrait aller au bout de cette
logique et mettre... faire en sorte que la conciliation soit volontaire pour
toute personne qui porte plainte.
M. Bonnardel : Est-ce que
c'est une bonne nouvelle d'accompagner ces personnes qui ne l'étaient pas avant
face aux policiers qui... soit à qui on a porté plainte?
Mme Khelil (Lynda) : Encore
là, on ne pourrait pas être en désaccord, mais évidemment ça va dépendre un peu
des besoins des personnes qui portent plainte.
M.
Bonnardel
:
...
Mme Khelil (Lynda) : Mais, en
fait, ce qu'on... Pardon.
M. Bonnardel : Non, non. Allez-y,
allez-y.
Mme Khelil (Lynda) : Ce qu'on
constate, c'est simplement que ce n'est pas des mesures qui viennent renforcer
durablement de manière ferme ce mécanisme. Donc, c'est sûr qu'également on a
constaté, dans le projet de loi, une disposition qui donne au commissaire le
pouvoir de déclencher une enquête de sa propre initiative. C'est également une
bonne mesure. Mais, en ce moment, le fait de changer le régime de plaintes et
de créer un régime de signalements, c'est vraiment un extrêmement grave recul.
Et la conciliation, comme vous l'avez dit, la conciliation devrait être...
parce qu'il y a des personnes qui ne portent pas plainte parce que la
conciliation est obligatoire.
M. Bonnardel : Donc, vous,
vous dites : Il faut mettre fin aux interpellations. Je vous donne
l'exemple, ce matin, de M. Francoeur de la Fraternité des policiers, qui disait :
Est ce que la population veut voir une police qui n'intervient pas, qui
n'interpelle pas sur une personne X qui est dans un stationnement à trois
heures du matin avec un sac à dos, qui se promène entre les véhicules et qu'on
ne va pas lui demander qu'est-ce qu'il fait à trois heures du matin dans un
stationnement? Donc, pour vous, ça, c'est... ça devrait être interdit au
Québec.
• (15 h 40) •
Mme Guénette (Laurence) : Ce
qu'on souligne à travers notre analyse, premièrement, c'est que les
interpellations ne font pas partie des pouvoirs policiers qui sont prévus par
la loi puis par la common law. Ce qu'on soutient, c'est que les autres pouvoirs
policiers qui, eux, existent sont légaux et doivent être pratiqués dans le
respect des droits humains, évidemment, mais que ces pouvoirs qui existent sont
suffisants pour permettre aux policiers de faire leur travail. Après ça, il y a
toute une série de critères pour qu'un policier puisse entrer en interaction
avec une personne, et ça prend des critères spécifiques, là. Donc, le fardeau,
là, de démontrer que les interpellations en tant que pratiques qui n'ont pas de
fondement juridique, mais qui sont effectuées par les policiers sur le terrain,
le fardeau de démontrer que c'est une pratique nécessaire à faire leur travail,
à assurer la sécurité publique, le fardeau appartient aux policiers.
Mme Khelil (Lynda) : Si vous
permettez, sur ce sujet, donc, les interpellations policières, il y a beaucoup
de confusion aussi dans le débat public sur ce qu'est une interpellation
policière, donc, peut-être, si vous permettez, prendre quelques instants pour
le clarifier. Une interpellation... puis on réfère à la page 4 de notre
mémoire, à l'encadré et également à la brochure 10, questions-réponses,
qu'on a publiée en février dernier à la Ligue des droits et libertés. Je ne
sais pas si j'ai le droit de la montrer à la caméra, OK, donc, pour démystifier
un peu, là, la confusion autour de cette pratique. Donc, une interpellation,
essentiellement, c'est quand un policier fait une tentative — donc,
c'est vraiment... le mot «tentative» est important — d'obtenir des...
l'identité d'une personne ou des informations en lui posant des questions,
alors qu'on est dans un contexte où la personne interpelée n'a aucune
obligation de s'identifier ou de répondre aux questions. Également,
l'information qui y est recueillie peut être ensuite enregistrée dans une base
de données à des fins de renseignement. Donc, on parle ici aussi — c'est
une dimension <qui est peu abordée...
Mme Khelil (Lynda) :
...l'information qui y est recueillie peut être ensuite
enregistrée dans une base de données à des fins de renseignement. Donc, on
parle ici aussi
— c'est une dimension >qui est peu
abordée dans le débat public — mais d'une collecte d'informations qui
est abusive.
Donc, également, une interpellation, ce
n'est pas une arrestation, ce n'est pas une détention, donc c'est à l'extérieur
de la sphère de ces deux pouvoirs policiers. Ce n'est pas non plus une
détention aux fins d'enquête qui est basée sur une norme juridique du soupçon
raisonnable. Et ce n'est pas non plus une enquête policière, donc c'est à
l'extérieur de toutes ces dimensions du travail policier. Et ce qui est
important également de comprendre, c'est la dynamique d'interaction entre une
personne interpelée et un policier qui fait une interpellation. Quand on parle
du phénomène de surinterpellation des personnes racisées, des personnes
autochtones et des personnes en situation de marginalité, dans cette
interaction, la personne n'est pas en mesure d'exercer ses droits et de
réellement informer... de quitter les lieux, de faire valoir son droit de ne
pas... de ne pas répondre aux questions du policier.
Et ce qu'on veut aussi mettre en lumière,
c'est que l'encadrement, actuellement, qui est proposé par le ministère et par
le Service de police de la ville de Montréal est un encadrement qui n'oblige
même pas les policiers à informer la personne interpelée qu'elle n'est pas
tenue de répondre et qu'elle peut quitter les lieux. Et ça mène à des
situations... on réfère également à ces situations dans le mémoire. Le
Commissaire à la déontologie policière a mis en ligne une page Web qui montre
que les policiers, quand une personne va exprimer ses droits, lorsque la
personne interpelée, on va prendre un jeune homme racisé, fait valoir ses
droits et dit qu'elle va quitter, ça peut escalader. Donc, c'est des situations
qui ont été documentées. Le policier peut mal réagir, et ensuite la personne interpelée
se retrouve dans une situation où elle se ramasse avec un constat d'infraction,
une accusation criminelle. Donc, ça crée une escalade et... Et donc ça, c'est
extrêmement problématique.
Et plus fondamentalement également... en
fait, dans la lignée, c'est qu'en vertu de la common law, il y a donc un avis
juridique qui a été indépendant par un ancien juge de la Cour d'appel de la
Nouvelle-Écosse, qui a été rendu public en 2019, et qui concluait que les
policiers n'ont pas le pouvoir de common law. Et on constate souvent, quand la
question est posée, comme cet avant-midi, à des corps de police ou à des
syndicats de policiers, qu'est-ce qu'une interpellation, on a l'impression que,
des fois, la réponse élude un peu la question de, vraiment, ça se situe où dans
la sphère des pouvoirs policiers, une interpellation.
Donc, c'est un peu pour cette raison que
la ligue et 85 organisations, nous exigeons l'interdiction de cette
pratique, tout comme en Nouvelle-Écosse, et c'est la seule mesure qui prenne au
sérieux l'enjeu des droits et libertés.
Le Président
(M. Bachand) :M. le député d'Ungava,
s'il vous plaît.
M. Lamothe : Bien,
merci. Je suis un petit peu préoccupé. J'ai été policier dans une autre vie.
Puis l'exemple que M. le ministre disait tantôt, que M. Francoeur a dit ce
matin, là, tu sais, c'est déjà arrivé, là, que je travaillais de nuit, là, puis
qu'à un moment donné qu'il y avait des secteurs donnés où est-ce qu'il y avait
des problématiques de sécurité publique, que ce soient des introductions par
effraction, que ce soient des voies de fait simples dans un secteur donné.
C'est drôle, mais, quand j'arrivais, puis j'étais avec un «partner», puis qu'il
y avait quelqu'un qui traînait là, si je ne vais pas voir, c'est qui, c'est
quoi qu'il fait là à cette heure-ci, je ne fais pas ma job, là. Je ne la fais
pas, ma job, tu sais. C'est une question de sécurité publique.
Ça fait que, tu sais, je comprends qu'il y
en a peut-être qu'à un certain point, tu sais, qui ambitionnent peut-être sur
l'interpellation, mais il y a un minimum, là, à rencontrer. Puis l'exemple que
je vous donne, bien, c'est de l'expérience professionnelle que j'ai. Si je ne
vais pas vérifier, voir c'est qui, c'est quoi, puis ce qu'il fait là à cette
heure-là, à savoir c'est quoi qui se passe face à des problématiques qui sont
vraiment spécifiques dans ce secteur-là, je ne fais pas ma job.
Mme Khelil (Lynda) : Peut-être
la question que j'aimerais vous poser, c'est : Est-ce que, dans l'exemple
qui est donné... Parce qu'évidemment c'est un peu difficile de répondre à
partir d'un exemple où on n'a pas tous les éléments du contexte, là. Donc...
M. Lamothe : Bien là,
je...
Mme Khelil (Lynda) : ...est
ce que... est-ce qu'il y a un soupçon raisonnable qui incite le policier? Donc,
qu'est ce qui motive le policier à... Parce que, si on est sérieux aussi dans
les enjeux de droits et libertés et de lutte au profilage, bien, il faut... il
faut adresser de manière directe cette question des interpellations, et donc
ramener les... les interventions policières dans leur sphère, dans la sphère
des pouvoirs qui sont quand même conférés par la loi, par les tribunaux. Puis
la problématique, en même temps, on a déjà eu comme réponse par le SPVM,
d'ailleurs, pas plus tard que la semaine dernière, que, bien, les policiers
peuvent... peuvent aller parler à toute personne dans l'espace public,
évidemment. Mais la question ensuite, c'est : Quel est le rapport qui...
qui se produit avec la personne surtout quand, dans l'encadrement actuel, on
n'informe pas la personne qu'elle n'est pas obligée de répondre puis qu'elle
peut quitter les lieux?
M. Lamothe : Bien, c'est
parce qu'à un moment donné, tu sais, si je pose la question : Vous faites
quoi ici, là?, comme je l'ai déjà fait, je parle par expérience, là, pas plus
smatte qu'un autre ici, là, mais ça a été mon métier... si je ne pose pas la
question, <je ne fais pas ma job...
M. Lamothe :
...je pose
la question : Vous faites quoi ici, là? Comme je l'ai déjà fait, je parle
par expérience, là, pas plus smatte qu'un autre ici, là, mais ça a été mon
métier. Si je ne pose pas la question, >je ne fais pas ma job. Si je ne
vérifie pas c'est qui, cette personne-là, pour faire en sorte... elle peut-tu
être le danger, justement, qui insécurise le milieu où est-ce que je travaille,
je ne fais pas ma job, là, je veux dire. Je ne peux pas arriver avec un
bouquin, dire : Check, check, ça, je peux-tu lui dire, ça, je ne peux-tu
pas lui dire? Tu sais, c'est une question de jugement. Je comprends que ce
n'est pas tout le monde qui a le même jugement, puis souvent ça cause des
problèmes, mais, au bout de la ligne, je pense qu'il y a un minimum que le
policier, tu sais, a le droit de travailler en fonction des problématiques, tu
sais, qu'est-ce qui se passe dans le milieu à 2 h 45 le matin, en
plus dans des heures spécifiques où est-ce qu'on a un problème.
Tu sais, c'est juste, à un moment donné,
je comprends qu'à un moment donné c'était là, puis là on veut ramener ça là,
mais il y a un juste milieu, à un moment donné, qu'il faut s'ajuster là-dessus,
là. Ça prend une ouverture, une compréhension, puis ne pas penser que tout le
monde, c'est des pas bons, je m'excuse, mais ce n'est pas tout le monde. Tu
sais, c'est dans n'importe quel métier, il y en a des bons, il y en a des très
bons, les meilleurs sont retraités. Mais ce que je veux dire, au bout de la...
ce que je veux dire, au bout de la ligne, c'est : Il y a un jugement qu'il
faut faire confiance aux policiers là-dedans puis il y a une ouverture que vous
devriez avoir face à ça.
Mme Khelil (Lynda) : Peut-être,
peut-être préciser qu'on n'aborde pas la question du point de vue du policier,
mais plutôt de l'institution et la question des pouvoirs policiers. Donc, on a
des lois qui encadrent le travail policier, on a des décisions de common... de tribunaux,
la common law qui encadre. Et donc, en vertu du test, comme je vous parlais, de
l'avis juridique en Nouvelle-Écosse, l'enjeu de la sécurité est important.
Donc, dans le test de common law, la doctrine des pouvoirs accessoires, on
pondère, on fait la balance entre les violations de droit d'une pratique
policière et sa nécessité pour la sécurité publique. Et là ce qu'on vous dit,
c'est que cette pratique... cette pratique porte atteinte au droit, est source
de profilage, c'est avéré, c'est documenté, ça se perpétue avec le temps. La
nécessité, en regard de la sécurité publique, elle n'est pas démontrée.
Donc, nous, ce qu'on soumet, c'est que...
mais il faut prendre acte. Quand le gouvernement dit vouloir lutter contre le
profilage racial et social, nous, de manière très claire, l'encadrement qui est
actuellement proposé ne permet absolument pas de lutter contre le profilage
racial et social, l'encadrement des... des interpellations, j'entends bien.
Mme Guénette (Laurence) : De
plus, juste...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Il reste... il
reste très peu de temps. Mme la députée de Laval-des-Rapides,
1 min 50 s, question et réponse.
Mme Haytayan : Merci, M.
le Président. Bonjour. Merci d'être là. Croyez-vous qu'il soit important de
moderniser la mission des corps de police? Pouvez-vous nous en dire un peu plus
là-dessus, rapidement, en quelques secondes?
Mme Khelil (Lynda) : Donc,
on a pris connaissance rapidement des dispositions, mais, avec le court délai,
je ne serai pas en mesure de... on ne sera pas en mesure de commenter plus
amplement aujourd'hui, en ce moment.
Mme Haytayan : OK. Merci.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Bachand) :Merci. M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci...
merci, M. le Président. Bonjour, Mmes Khelil et Guénette. Merci pour
votre... votre témoignage et votre mémoire, c'est un... Évidemment, dans votre
mémoire, vous parlez... vous parlez beaucoup d'interpellation, de profilage
racial, c'est un... c'est un domaine qui m'intéresse beaucoup, parce qu'avant
d'être député, j'ai eu le privilège d'enseigner le droit criminel pendant
26 ans aux universités d'Ottawa et de Montréal, donc la charte, les
pouvoirs policiers, etc. Donc, c'est vraiment... c'est vraiment bien fait, et
vous... et vous en parlez beaucoup. Puis je me demandais, parce qu'on voit, là,
puis on le voit avec les échanges, que c'est... c'est un sujet qui est
important pour vous, et je me demandais si, en rédigeant votre mémoire, où vous
souhaitez que l'interpellation soit interdite, vous vous étiez... vous vous étiez
inspirées d'un document du gouvernement du Québec, de décembre 2020, qui
s'appelle Le racisme au Québec : tolérance zéro. C'est le rapport
du Groupe d'action contre le racisme, et c'est signé par plusieurs
parlementaires, dont le ministre délégué à la Santé, aux Services sociaux, le
député d'Ungava, etc.
Et la première recommandation de ce
document-là, c'est de rendre obligatoire l'interdiction des interpellations
policières aléatoires. Et je me demandais si vous aviez basé vos travaux et
votre mémoire sur ce document du gouvernement du Québec, qui veut interdire, en
fait, les interpellations aléatoires.
Mme Khelil (Lynda) : Oui,
en fait, nos travaux ont été basés sur une longue... donc, une longue période
de recherche, documentation, à la fois au Québec, partout au Canada. Ça a été
grandement basé sur la... l'encadrement qui est proposé par le ministère, la
pratique policière 2.1.7 et la politique du SPVM, dont on a pris
connaissance, ainsi que le document dont vous parlez du GACR. À ce sujet, on
tient à préciser que la recommandation du GACR est d'interdire les interpellations
policières aléatoires. Donc, c'est un peu comme si les interpellations, pour
faire le plus simple, là, étaient dans une boîte. Nous, ce qu'on dit, c'est que
c'est l'ensemble de la boîte qui <doit être interdite...
Mme Khelil (Lynda) :
...interpellations
policières aléatoires. Donc, c'est un peu comme si les interpellations, pour
faire le plus simple, là, étaient dans une boîte. Nous, ce qu'on dit, c'est que
c'est l'ensemble de la boîte qui >doit être interdite. Et là la
proposition, à notre sens, elle éludait fondamentalement, là, l'enjeu des
violations de droit, et du profilage, et du fondement juridique en voulant
extraire certaines des interpellations, donc. Mais, oui, on a pris connaissance
de tous ces documents. Et, à cet égard, si je peux rapidement me permettre,
l'encadrement proposé par le ministère est assez évocateur, là. Le mot
tentative, ce n'est pas nous qui l'inventons, là, c'est dans l'encadrement du
ministère.
Et, quand on voit ce qui rentre dans le
registre d'une interpellation et ce qui n'y est pas, ce sont tous les pouvoirs
policiers qui se retrouvent à l'extérieur du contexte d'une interpellation.
Donc, c'est assez évocateur, là, quand on lit la... même la politique
d'encadrement du ministère lui-même, là.
M. Morin : Et je regardais
dans votre mémoire, au niveau des interpellations, que les femmes autochtones
ont 11 fois plus de risques d'être interpelées que des femmes blanches. Je
pense que c'est à la page 5 de votre mémoire.
Maintenant, j'ai une question pour vous,
parce que je comprends, je comprends la... en fait, ce document-là du
gouvernement qui semblait vouloir l'interdire. Je regarde maintenant le projet
de loi qui semble l'encadrer d'une certaine façon, mais donc le permettre, puis
j'aimerais... j'aimerais avoir votre éclairage. Si je vous disais tantôt que
j'ai enseigné, je disais tout le temps à mes étudiants : Vous savez, si
vous marchez sur la rue, là, vous avez le droit absolu de garder le silence.
Vous n'êtes pas obligés de parler. Mais, par ailleurs, le travail de la police,
c'est aussi de poser des questions, donc ne soyez pas surpris, des fois, si un
policier vous pose des questions.
Alors, avez-vous des suggestions pour le
législateur? Parce qu'évidemment un des avantages d'être en commission
parlementaire c'est que, pour l'opposition, à tout le moins, ça permet de faire
des suggestions puis souvent de bonifier le travail du gouvernement. Avez-vous...
avez-vous une réflexion là-dessus? Avez-vous des suggestions à faire pour
comment, si ce n'est pas interdit, on pourrait l'encadrer davantage pour éviter
évidemment qu'il y ait un profilage racial? Avez-vous réfléchi à ça?
Mme Guénette (Laurence) : Bien,
peut-être un élément qu'on a soulevé, c'est l'expression — tu me
corrigeras... pas tu me corrigeras, mais tu renchériras si tu veux — mais
cette expression d'interdire les interpellations discriminatoires, pour nous,
c'est vraiment de la poudre aux yeux, là, en ce sens où les discriminations,
les traitements discriminatoires, toute personne est déjà protégée contre ça
par nos chartes. Donc, si vraiment on veut agir pour mettre fin au profilage,
ou, en tout cas, à, au moins, une pratique qui est très, très génératrice de
profilage, c'est les interpellations, point, qu'il convient d'interdire. Et
donc on est vraiment en faveur d'une interdiction complète. J'entendais
tout à l'heure monsieur.... l'ancien policier, nous dire : Si je ne peux
pas interpeler une personne, je ne fais pas ma job. Ce qu'on est en train
d'entendre, c'est que les policiers ne seront pas capables de faire leur job en
respectant les limites des pouvoirs policiers qui leur sont conférés dans la
loi, donc, ça, c'est problématique.
Mme Khelil (Lynda) : Oui. Et,
en respectant les droits et libertés, donc c'est un peu le message qu'on entend
et qui... qu'on considère être vraiment extrêmement problématique. Puis ce
qu'on propose aussi dans le mémoire... Donc, on a constaté, le projet de loi n° 14
propose d'émettre une ligne directrice, donc, sur les interpellations. Ça
pourrait être un moyen tout indiqué pour interdire la pratique, mais en ce sens
où il y aurait une consultation publique.
Donc, évidemment, quand on parle
d'interdire l'interpellation, ce n'est pas une ligne, on interdit... Qu'est-ce
qu'une interpellation? Et, quand on est dans cette zone un peu floue qui se
situe à l'extérieur des pouvoirs policiers reconnus, le texte ne peut pas se
tenir en une ligne. En Nouvelle-Écosse, par exemple, bien, c'est trois pages, la
directive du ministre de la Justice qui interdit les interpellations, donc...
Et c'est ce à quoi on appelle les parlementaires, donc, d'interdire, dans la
loi, la pratique. Ça peut être via une ligne directrice, et qu'il y ait une
consultation publique, là, sur le texte et les modalités ensuite, parce qu'il
ne suffit pas d'interdire l'interpellation sur papier, mais comment, sur le
terrain, on s'en assure. Parce qu'on rappellera que c'est une collecte
d'informations, une collecte de données et de renseignements personnels qui est
abusive. Les informations se retrouvent dans une banque de données à des fins
de renseignement policier, là.
Mme Guénette (Laurence) : Donc,
dans cette optique d'une consultation, pour répondre à votre question,
M. Morin, qui permettrait d'entendre les communautés racisées et
marginalisées qui subissent le profilage, donc, de tenir compte de ce que
vivent ces personnes-là surinterpellées nous paraît être vraiment au cœur de la
recherche d'une solution adéquate.
M. Morin : Puis est-ce qu'une
directive est suffisante ou si ce ne serait pas mieux d'y aller par un texte
réglementaire? Avez-vous songé à ça pour encadrer?
Mme Khelil (Lynda) : On pense
que le... l'important est d'avoir un moyen qui va assurer la pérennité de cette
interdiction. Donc, on a constaté la proposition d'une ligne directrice. Nous,
ce qu'on dit, c'est que la ligne directrice qui vise à encadrer
l'interpellation ne répond absolument pas <à la problématique...
Mme Khelil (Lynda) :
...on
a constaté la proposition d'une ligne directrice. Nous, ce qu'on dit, c'est que
la ligne directrice qui vise à encadrer l'interpellation ne répond absolument
pas >à la problématique. Donc, est-ce que c'est une ligne directrice, un
texte réglementaire ou un autre moyen? Ça, c'est aux parlementaires de
déterminer le meilleur moyen.
M. Morin : D'accord. Vous
parlez aussi, dans votre mémoire, de la réforme du Bureau des enquêtes
indépendantes, et vous dites, entre autres, à différents endroits qu'il faut
inclure le principe d'indépendance. Mais, encore là, avez-vous des suggestions
pour s'assurer que ce bureau-là va quand même avoir besoin d'enquêteurs, puis
souvent, les enquêteurs, bien, c'est aussi, à un moment donné, dans leur
carrière, des policiers? Donc, avez-vous des suggestions sur la façon dont ça
pourrait fonctionner pour qu'ils soient vraiment indépendants, mais évidemment
qu'ils puissent embaucher des gens qui sont compétents, avec les compétences
pour faire le travail d'enquêteurs?
Mme Khelil (Lynda) : Bien,
actuellement, dans... au BEI, au Bureau des enquêtes indépendantes, il y a des
enquêteurs qui n'ont jamais travaillé dans une... dans un corps de police, donc,
c'est possible d'avoir des enquêteurs civils dans... au sein du Bureau des
enquêtes indépendantes. Nous, ce qu'on dit, c'est un objectif, après, l'horizon
est à déterminer, mais c'est d'atteindre, peut-être, ça peut être cinq ans,
comme dans d'autres provinces, mais se donner un objectif pour atteindre un
bureau entièrement civil d'enquêteurs.
Puis on... si je peux me permettre,
vraiment, aussi à court terme, donc, nous, notre rapport de 2020 contient
46 recommandations qu'on soumet à votre attention pour une base de réflexion
pour cette réforme du BEI. Mais, à très court terme, on pense qu'il serait
vraiment souhaitable que le projet de loi n° 14 intègre une obligation
pour le BEI de rendre publique, lorsqu'une enquête en vertu... donc, une
enquête sur une intervention policière où une personne est soit décédée ou
blessée ou lors d'une détention par un corps de police, mais qu'elle rende
public, lorsque le DPCP ne rend pas d'accusation, un rapport détaillé,
exhaustif, anonymisé, parce qu'on ne peut pas prétendre être transparents et
fournir très sommairement des informations.
Et, dans le mémoire, on met en note de bas
de page des liens vers plusieurs autres organismes similaires au BEI où,
vraiment, les rapports sont très détaillés, là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Il reste
20 secondes. Ça va? M. le député de Laurier-Dorion, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci.
Bonjour, mesdames. Merci beaucoup d'être ici avec nous. Très, très intéressant,
votre mémoire.
D'emblée, là, je vais vous poser tout de suite
les deux questions, là. D'emblée, vous partez d'une prémisse qui est un pavé
dans la marée, là : il n'y a pas de fondement juridique pour les
interpellations policières, que ce soit sur la rue, des piétons, ou des
conducteurs de véhicules automobiles, là. Est-ce à dire que, par exemple,
l'article 636 du Code de la sécurité routière n'a pas de validité
juridique, selon vous? Et, deuxième question, là, j'ai été attiré par...
intéressé par vos remarques concernant le régime de signalement. En quoi, un
régime de signalement, s'il est adopté, va nuire à la fin des... du profilage
des forces policières au Québec?
• (16 heures) •
Mme Guénette (Laurence) : Pour
répondre à la première partie de votre question, nous, ce qu'on dit, c'est que
les interpellations policières au sens de «street check», donc vraiment
interpeler une personne piétonne, là, dans l'espace public, n'ont pas de
fondement juridique. Les interceptions routières sont faites en vertu de
l'article 636 du Code de sécurité routière, et donc elles sont prévues par la
loi. On demande également qu'elles soient interdites, un peu comme le fait le
juge Yergeau dans la décision Luamba, l'automne dernier. Le gouvernement a
porté en appel cette décision, et on attend la suite comme tout le monde, mais
on déplore que le gouvernement ait fait appel de ça.
Donc, ce sont deux choses différentes. On
n'est pas en train de dire que les interceptions routières ne sont pas fondées
juridiquement. Au contraire, il y a un article très précis de loi qui devrait
être abrogé, selon nous, alors que les interpellations policières, elles, n'ont
pas de fondement juridique, elles se situent à l'extérieur des pouvoirs
policiers qui sont établis par la loi et la common law, par les décisions des
tribunaux. Puis je vais laisser ma collègue répondre à la question sur les
signalements.
Mme Khelil (Lynda) : Oui.
Donc, en ce qui concerne le régime de signalement, notre compréhension, c'est
que ce régime-là serait créé afin... dans la foulée du retrait du droit de porter
plainte à plusieurs catégories de personnes. Et on parle là ici de... des
plaignants tiers, donc, les personnes qui ne sont pas directement impliquées
dans un événement qui mène à une plainte. Et donc le commissaire reconnaît que
les plaignants tiers ne portent pas, loin de là, des plaintes frivoles. Au
contraire, leurs plaintes sont très fondées et, souvent, ce sont elles qui
mènent le plus à des citations devant le tribunal, le Comité de déontologie
policière, qui va devenir... dont le nom va changer.
Et donc c'est un peu... c'est une
tentative du commissaire de répondre à des pressions, il l'a dit clairement, à
des pressions, à un mécontentement du milieu policier, du fait qu'une personne qui
n'est pas directement impliquée dans une intervention puisse porter <plainte...
>
16 h (version révisée)
< Mme Khelil (Lynda) :
...tribunal,
donc dont le nom va changer, et donc c'est un peu... c'est une tentative du
commissaire de répondre à des pressions, il l'a dit clairement, à des
pressions, à un mécontentement du milieu policier du fait qu'une personne qui n'est
pas directement impliquée dans une intervention puisse porter >plainte.
Nous, ce qu'on dit, c'est que la
responsabilité d'assurer la surveillance des pratiques policières, elle est
collective, donc elle appartient à l'ensemble de la collectivité, à l'ensemble
de la société, c'est pour ça que toute personne doit pouvoir porter plainte
auprès du commissaire. Et donc ce régime de signalement, il vient amoindrir le
contrôle citoyen sur les interventions policières, mais sur le commissaire
lui-même, parce qu'ensuite tout organisme chargé de surveiller la police, on ne
peut pas lui donner un pouvoir discrétionnaire et une carte blanche. Il faut
aussi que les citoyens aient des recours pour valider les décisions, faire des
demandes de révision.
Et, si je peux me permettre de donner un
exemple assez rapide... Le temps file, hein?
Le Président (M.
Bachand) :Le temps file, et je dois
passer à Mme la députée de Vaudreuil,
Mme Khelil (Lynda) : D'accord.
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît.
Mme Nichols : Oui, merci, M.
le Président. Merci de votre présence. Malgré le court laps de temps, là, vous
avez quand même produit un mémoire assez, assez complet. On voit que vous êtes
habitués de traiter... de traiter du sujet.
Je reviens sur le BEI. J'ai lu... j'ai lu
les... les recommandations. Dans le fond, ce qu'on comprend, c'est que le
problème du BEI, c'est que ça se trouve à être les mêmes procureurs qui
traitent des dossiers, des dossiers de quand il y a une enquête du BEI ou quand
c'est des dossiers des policiers qui se font viser par des enquêtes du BEI. C'est
ça que je comprends de la problématique que... que vous soulevez?
Mme Khelil (Lynda) : Bien, moi,
je pense que, là, vous faites référence à notre rapport ou à notre mémoire.
Mme Nichols : Oui, dans votre
rapport.
Mme Khelil (Lynda) : Dans
notre rapport de 2020.
Mme Nichols : Oui, dans le
rapport. Puis, dans le fond, ce que vous voudriez, c'est que ça soit totalement
indépendant, que ça ne sera pas les mêmes procureurs. Ça pourrait être une
façon que ça soit totalement indépendant puis que ça pourrait peut-être même
relever, mettons, de l'Assemblée nationale comme le Vérificateur général ou,
encore, comme le... comme le Protecteur du citoyen?
Mme Khelil (Lynda) : Bien, en
fait, c'est qu'il y a deux dimensions. Il y a le BEI en lui-même qui mène des
enquêtes et qu'il faut absolument réformer. Mais ensuite ce qu'on expose dans
notre rapport, c'est que, lorsque le BEI a conclu une enquête, il remet son
rapport au DPCP. On souligne des préoccupations entre la proximité
institutionnelle entre le milieu policier, donc le BEI, et le DPCP. Mais là,
donc, on est vraiment dans un autre registre de réflexion auquel l'Assemblée
nationale devrait... devrait se pencher. Mais, à court terme, là, ce qu'on
soumet, c'est vraiment la réforme du BEI en lui-même en tant qu'organisme
chargé de mener des enquêtes, à la fois des enquêtes lorsqu'il y a décès ou une
blessure grave et, également, des enquêtes pour des allégations d'infraction à
caractère... des allégations criminelles.
Mme Nichols : Puis
peut-être... Je ne sais pas si... Oui, j'ai... OK. J'ai envie de dire :
Est-ce que c'est difficile de penser qu'un civil qui est non-enquêteur possède
l'expérience, l'expertise pour enquêter sur des policiers? Si c'est détaché du
MSP, est-ce que ce serait plus indépendant, ce qu'on recherche?
Mme Khelil (Lynda) : Bien, en
ce moment, il y a... il y a des civils au sein du BEI. Donc, est-ce que ça veut
dire qu'on a... que l'Assemblée nationale n'a pas confiance dans les enquêteurs
civils actuels? Il y a un nombre de civils. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'il
faut atteindre un corps complètement indépendant, donc qu'il n'y ait pas ce
lien de proximité avec le milieu policier.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci beaucoup
d'avoir été avec nous.
Alors, je suspends les travaux quelques
instants. Merci beaucoup, à bientôt.
(Suspension de la séance à 16 h 05)
(Reprise à 16 h 07)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux.
Ça nous fait plaisir d'accueillir les
représentants de la Fédération québécoise des municipalités, M. Demers, son
président, et Me Lepage, qui est directeur général. Merci beaucoup d'être avec
nous. Alors, ce n'est pas votre première fois en commission parlementaire, vous
connaissez les règles. Alors, M. le président, je vous laisse la parole.
Fédération québécoise des municipalités (FQM)
M. Demers (Jacques) :Merci, M. Bachand. Je commencerai par présenter
vitement la Fédération québécoise des municipalités. On représente plus de 1 000 municipalités
et municipalités régionales de comté, des MRC. On est ici devant vous
aujourd'hui, oui, en sécurité publique, c'est notre rôle, c'est un rôle qui
est... qui, oui, on a beaucoup de règlements, beaucoup de choses qu'on veut
présenter dans ce dossier-là. C'est une approche du citoyen, c'est un coût
énorme aussi, c'est tous ces éléments-là qu'on veut mettre en ligne aujourd'hui
pour exprimer de quelle façon on pourrait, au niveau de notre territoire,
encore améliorer ça.
Je vais laisser Me Lepage présenter les
grandes lignes, puis, après ça, je serai ouvert pour toutes les questions.
M. Lepage (Sylvain) : Alors,
bonjour, tout le monde. Je vous remercie beaucoup de prendre du temps
aujourd'hui pour nous recevoir concernant le projet de loi n° 14. Alors,
rapidement, si vous me permettez, je vous ferai nos commentaires, puis ensuite
nous pourrons répondre, évidemment, à vos questions.
Première chose, nous allons concentrer nos
commentaires sur l'aspect schéma de couverture de risque. Vous savez
qu'évidemment le projet de loi concerne plusieurs aspects, notamment eu égard
aux aspects policiers. De notre côté, nous avons fait le choix, compte tenu de
c'est ce qui interpelle le plus directement nos membres, de focusser, si je
peux m'exprimer ainsi, nos commentaires, là, sur l'aspect sécurité incendie.
• (16 h 10) •
Dans un premier temps, je dois vous dire
que la fédération est très satisfaite, et c'est le bout où nous sommes très
satisfaits — vous allez voir où il y a un bout où nous sommes
vraiment moins satisfaits — mais nous sommes très satisfaits de la
prolongation de la durée des schémas de couverture de risque. En fait, la loi
prévoit... le projet de loi prévoit, pardon, à son article 30, une
prolongation, là, des... à son article 29, pardon, une prolongation de la
durée des schémas de six ans à 10 ans. Je vous signale que c'est sans
aucun doute une nécessité puisqu'au moment où je vous parle il y a 50 % des
schémas de couverture de risques au Québec, et j'ai les statistiques, au moment
où je vous parle, en date du 21 mars 2023, il y a 50 % des schémas de
couverture de risques qui sont expirés, OK, et il y en a très exactement
6 % qui sont dans leur sixième année en révision, et il y en a 44 %
qui sont en cours. Alors, vous voyez qu'il y a plus de schémas qui sont soit
terminés, soit sur le point de se terminer que de schémas en vigueur. Alors
évidemment, ça démontre que la durée actuelle de six ans est totalement
inappropriée et devait être révisée. Alors, on est très satisfaits, là, de
cette modification législative là.
Où nous sommes moins satisfaits,
cependant, c'est sur les dispositions suivantes, et notamment l'article 3
qui, essentiellement, fait en sorte que, malgré le fait que les schémas seront
prolongés, dans la réalité, le texte législatif fait en sorte qu'ils devront
être révisés au fur et à mesure des modifications aux — et là je veux
prendre le terme exact, là — exigences du ministère. Alors,
notamment, là, l'article 30 dit : «Une fois en vigueur, le schéma
doit être modifié en fonction de l'évolution technologique, d'une modification
du territoire, d'une augmentation des risques ou [de] tout autre motif valable
afin de le maintenir à jour.
«Il doit, de plus, être modifié en
fonction des nouvelles orientations ministérielles auxquelles il ne serait pas
conforme.»
Alors, quand on regarde, pratico-pratique,
ce que ça veut dire, c'est que, malgré le fait que vous ayez investi des sommes
considérables pour vous conformer aux orientations ministérielles en vigueur,
vous pouvez vous retrouver une année plus tard avec un schéma qui n'est plus à
jour et qui doit être modifié de <nouveau...
M. Lepage (Sylvain) : ...pouvez
vous retrouver une année plus tard avec un schéma qui n'est plus à jour et qui
doit être modifié de >nouveau. Vous comprendrez que ce que nos membres recherchent,
c'est de la stabilité. L'exercice de confection d'un schéma est un exercice
extrêmement difficile et extrêmement lourd, je le répète, à preuve, il y a
50 % des schémas au moment où on se parle qui ne sont pas à jour. Et donc
nous sommes totalement en désaccord, si je peux m'exprimer ainsi, avec la
nécessité de mettre à jour ces schémas-là en fonction de critères qui sont
parfaitement vagues et généraux.
Même chose au niveau des orientations
ministérielles. Nous comprenons bien la nécessité de nous conformer aux
orientations ministérielles, mais, de la façon dont le texte légal est rédigé,
ça veut dire à toutes fins utiles qu'on... les MRC et les municipalités vont se
faire imposer de nouvelles orientations sans aucun contrôle parlementaire. Vous
savez que, lorsqu'il y a une modification législative, on a la chance de
s'exprimer et de vous expliquer ce qui fait... ce qui ne fait pas notre
affaire. Lorsqu'il y a une modification réglementaire, c'est la même chose, on
a l'occasion de s'exprimer et d'expliquer ce qui ne fonctionne pas. En
pratique, les orientations ministérielles relèvent d'une absolue discrétion,
et, pour cette raison-là, nous vous soumettons qu'il est excessif de prévoir
une telle obligation. Ce n'est pas que la fédération est contre la nécessité,
là, de mettre à jour les fameux schémas, mais nous vous soumettons qu'avant
d'en venir à une situation où il n'y aura aucun schéma complet, terminé, et
pour une période de 10 ans, peut-être qu'on devrait se concentrer sur la
finalisation des 50 % des schémas qui n'ont toujours pas été mis à jour.
Et, lorsque tout cet ensemble de schémas là sera enfin à jour, peut-être qu'on
pourra discuter ou voir comment on peut faire en sorte, là, de les réviser de
façon périodique.
Alors, encore là, le deuxième alinéa de
l'article 30 prévoit, toujours dans la même veine, là, que tout schéma
doit être modifié dans les 12 mois qui suit la publication d'une nouvelle
orientation ministérielle. Nous considérons encore là que ce délai de
12 mois là nous apparaît déraisonnable, d'autant plus que le même délai
fait en sorte qu'il peut avoir une ordonnance ministérielle. Je vous pose en
tout respect la question, sachant qu'aujourd'hui il y a 50 % des fameux
schémas qui ne sont pas à jour, comment raisonnablement pouvons-nous penser
que... Nous terminons un schéma aujourd'hui. Dans une année, on nous impose une
nouvelle révision et que, comme par magie, dans l'année qui suit, ces
schémas-là pourront être remis à jour. En toute honnêteté, nous pensons que
c'est irréaliste de faire une demande comme celle-là dans le contexte que je
vous ai exposé ou même dans des circonstances beaucoup plus faciles. Les
municipalités, les MRC sont incapables, là, de se conformer aux délais actuels
de la loi. Alors, je le répète, pour les municipalités et pour les MRC, la
prévisibilité des exigences sont... des exigences ministérielles et
gouvernementales sont des éléments essentiels à la réussite d'un schéma. Les
MRC et les municipalités ne peuvent pas naviguer dans un contexte où ils ne
savent pas où ils s'en vont.
Je vous ai déjà glissé un mot, là, sur les
nouveaux pouvoirs d'ordonnance du ministre, un mot sur les rapports d'activité.
Vous vous rappellerez que le gouvernement, et peu importe les couleurs du
gouvernement, nous a répété à de nombreuses reprises qu'il n'y aurait pas ajout
de bureaucratie sans que des sommes soient transférées aux municipalités pour
assumer, là, les nouvelles responsabilités. Nous vous soumettons que d'exiger
des rapports annuels de suivi, c'est une exigence qui, encore là, en elle-même,
peut apparaître très simple, mais, lorsqu'on la... la superpose, pardon, à
l'ensemble des nouvelles responsabilités municipales qui s'ajoutent depuis un
certain nombre d'années, c'est une exigence qui est considérable, et, pour
cette raison-là, nous vous soumettons que les rapports en question devraient
être faits à chaque deux ans.
Dernier mot extrêmement important,
l'exonération de responsabilité. Pour ceux qui sont familiers avec le dossier
des schémas de couverture de risques, vous saurez probablement
qu'historiquement les municipalités n'étaient pas tenues de fournir des
services incendie. Les municipalités, il y a maintenant plusieurs années, ont
accepté de fournir des services incendie dans la mesure où elles pouvaient
bénéficier d'une exonération de responsabilité si elles <mettaient...
M. Lepage (Sylvain) :
...elles
pouvaient bénéficier d'une exonération de responsabilité si elles >mettaient
en place des schémas de couverture de risques. En pratique, le texte actuel qui
est devant vous est conjugué avec le fait que les schémas devront être révisés
maintenant en cours de... en cours de validité, si je peux m'exprimer de cette
façon-là, fait en sorte qu'il y a une incertitude importante sur l'effet de
l'exonération. Et il faut comprendre que ce qui vient avec l'exonération, c'est
aussi souvent une protection d'assurance responsabilité puisqu'une chose que
les assureurs font, hein, c'est qu'ils fixent la prime en fonction notamment du
risque, et donc de l'exigence... Parfait, je termine là-dessus. Je termine
bientôt.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, Me Lepage, rapidement.
Merci.
M. Lepage (Sylvain) : Je
m'excuse, c'est de l'écho. Alors donc, ce que je vous disais, c'est
qu'évidemment, pour nous, l'exonération ne peut pas être à géométrie variable,
si je peux m'exprimer de la sorte, il doit y avoir une certitude pour que nous
puissions dire à nos assureurs et à nos réassureurs que, pendant une période de
temps fixe et de façon certaine, nous bénéficierons de l'exonération qu'on nous
a promise, hein, lorsque ce régime-là a été mis en place, et, en ce qui nous
concerne, de revenir de l'arrière en transformant une exonération en
exonération variable, c'est encore là une situation qui est contraire aux
promesses qui nous ont été faites, et nous vous invitons donc à revoir cet
aspect-là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Lepage (Sylvain) : Alors,
je vous remercie...
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. Demers, Me
Lepage. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bonnardel : Oui, merci, M.
le Président. Bonjour, Messieurs. Merci d'être à la commission cet après-midi.
Petite question fort simple. Le premier point, la recommandation 1, là,
vous avez évoqué, vous dites : «De plus, le deuxième alinéa du nouvel
article 30 propose que tout schéma doit être modifié dans les 12 mois
suivant la publication de nouvelles orientations ministérielles, et ce, même si
un schéma a été autorisé par le ministre depuis peu. Nous considérons ce délai
déraisonnable.» Est-ce que vous avez... Puis ça, c'est une disposition qui
existe depuis 20 ans. Avez-vous des exemples concrets à nous expliquer, à
savoir que ça a été pénalisant pour vous ou non?
M. Demers (Jacques) :Bien oui. On pourrait prendre l'exemple de chez nous, où
est-ce qu'on est en train de refaire le schéma. Ça fait déjà quatre ans qu'on
travaille dessus puis qu'on ne réussit pas, avec le ministère, à s'entendre...
ce qui serait correct comme schéma parce qu'il y a des choses à l'intérieur qui
ne nous convient pas, dont, vous savez, le mot «optimisation».
On regarde tellement le territoire comme
un tout à l'intérieur d'un schéma en se disant... Puis l'idée de base était
sûrement excellente, de dire : On va regarder ça, c'est l'ensemble de la
MRC. Maintenant, ce n'est plus juste l'ensemble de la MRC, c'est le territoire
au complet. Malheureusement, chacun de ces services-là, eux, travaille de façon
individuelle. Il y avait un schéma qui était conforme. Tout le monde a amélioré.
Certains ont fusionné 10 municipalités ensemble. Des villes ont rajouté
des pompiers à temps plein à l'intérieur. Mais, malgré toutes ces
améliorations-là, ils ne sont plus conformes. C'est ce qui ne marche pas.
• (16 h 20) •
Puis, pendant quatre ans, on explique aux
gens du ministère qu'on vient de s'améliorer de façon incroyable, mais il dit :
Non, il y a un mot sur lequel vous ne convenez pas, c'est l'optimisation.
Voyons, on vient d'investir 20 millions sur une période. On a convaincu
les municipalités d'embarquer à l'intérieur, puis, malgré ça, vous nous dites :
On n'est pas conformes. C'est là, là, qu'on s'accroche, puis on essaie
vraiment, sur ce principe-là, de faire du mur-à-mur.
C'est... Ça va prendre plus qu'un an dans
bien des cas, puis, s'il faut rajouter dans ces normes-là parce qu'on
s'aperçoit... il arrive quelque chose au Québec du jour au lendemain, puis on
doit rajouter un équipement, mais de ce temps-là, là, si on a besoin d'un
nouveau camion de pompiers, on ne l'aura pas en l'espace de deux ou trois ans
de toute façon. Ça fait que de mettre ça à l'intérieur du schéma mais ne pas le
réaliser, bien, on ne sera pas conformes.
C'est pour ça que de mettre des laps de
temps... ou on devrait... dans un temps raisonnable. Là, si jamais c'est jugé,
bien, le juge aura à décider si le temps... parce qu'il y a des choses qui vont
se faire très rapidement, on n'aura pas besoin d'un an, mais il peut y avoir
d'autres dossiers qui peuvent être très longs. Ça fait que de mettre un laps de
temps pour correspondre à ça, il y a un risque à ça qu'on n'est pas d'accord.
M. Bonnardel : Merci, M. Demers.
Autre question, puis une petite réflexion par la suite. Au point 3, là, à
la... vous demandez de modifier l'article 31.1. Êtes-vous d'accord quand
on parle, de notre côté, d'attribuer une compétence à la CMQ, à la commission
municipale, afin qu'elle puisse trancher, là, dans un désaccord entre les
municipalités ou des régies intermunicipales? Là-dessus, ça vous va, je pense,
hein?
M. Demers (Jacques) :Oui, oui. Oui, je pense, c'est correct.
M. Lepage (Sylvain) : M. le
ministre, je pense, c'est important de <souligner
M. Lepage (Sylvain) :
M.
le ministre, je pense, c'est important de >souligner que, et on l'a dit,
d'ailleurs, aux autorités du ministère, nous sommes très satisfaits de l'écoute
que nous avons eue sur la prolongation du schéma, parce que c'était notre but
premier, compte tenu des difficultés actuelles que nous rencontrons et que le
ministère compte. Et, sur cette question-là, effectivement, comme vous le
soulignez, on était d'accord avec le ministère. Nous comprenions la
préoccupation du ministère de faire en sorte de régler les schémas. Puis on
pense que le 31.2, même si vous le savez qu'habituellement on ne favorise pas
l'imposition, dans la mesure où c'est un processus d'arbitrage, on s'est ralliés
à la position du ministère. Alors, on est tout à fait d'accord, je le répète,
avec ces orientations-là. C'est avec les autres aspects où on a de fortes
réserves, là, qu'on vous... a d'ailleurs eu l'occasion de vous exprimer.
M. Bonnardel : Merci. Dernier
point juste avant de passer la parole à mon collègue d'Ungava, la
recommandation 4, là, je prends acte de votre... vos doléances, là, c'est
assez... de réduire un peu la production de rapports d'activités, là. Je
comprends que, pour vous, vous dites : Un an, les municipalités,
présentement, deux ans, les MRC, vous voulez doubler de deux à quatre, là,
c'est ce que je comprends. Donc, je prends note, je prends bonne note.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député
d'Ungava, s'il vous plaît
M. Lamothe : Je veux juste
revenir sur les schémas de risques. Vous dites que 50 % sont conformes,
50 % sont expirés. C'est un sur deux, là, que ce soit sur un bord ou sur
l'autre. C'est quoi qui fait que c'est si élevé que ça? Dans le sens que je
comprends que la bureaucratie étouffe peut-être à un moment donné, sûrement,
là, mais c'est 50-50 pareil, là.
M. Demers (Jacques) :Oui, c'est ça, puis sur une période de cinq, six ans. Si on
le met sur 10 ans, bien, on s'aperçoit déjà qu'on devrait être capable, en
deux ans, normalement, de tourner ça dans ce qui est présenté. Ça fait que la
problématique, où est-ce qu'elle est, c'est qu'on ne s'adonne pas avec les
fonctionnaires une fois qu'on tombe sur le terrain. On aura beau me donner
encore trois ans chez nous pour le régler, la problématique est à dire :
On a trop du mur-à-mur à l'intérieur du schéma, puis ça, on ne peut pas
l'accepter. On veut défendre nos citoyens, on veut avoir des forces de frappe
qui sont meilleures. On a tout amené ça. Malgré ça, on nous refuse notre
schéma. Bien, on va peut-être nous le refuser longtemps sur ce cadre-là.
M. Lamothe : Je comprends que
le ministère, là, ça peut être problématique, mais j'ai travaillé dans une MRC
pendant des années, là, puis, souvent, 18 municipalités n'ont pas
nécessairement les mêmes orientations puis les mêmes visions. C'est-tu un
problème, ça, les municipalités entre eux autres, là, qui puissent retarder,
là, cette production de schéma là?
M. Demers (Jacques) :Bien, dans le cadre de ce que je vous présente, pas du
tout, puisque cette décision-là est unanime puis c'est, justement, sur
17 municipalités. Ça fait qu'il n'y a pas personne qui se déchire sur ce
dossier-là dans l'exemple que je prends aujourd'hui. Au contraire, tout le
monde est d'accord qu'on s'est tous améliorés. Malgré ça, on nous dit :
Vous n'êtes pas conformes. Pourtant, avant ça, on était beaucoup moins
performants, mais là on correspondait au schéma. Il faudrait être capable de se
parler puis de voir que, d'une région à l'autre ou d'une MRC à l'autre,
c'est... ce qui est important, c'est le citoyen. Puis, à un moment donné, il y
a une limite, quand on demande aux gens d'investir aussi, il faut... il faut
s'entendre là-dessus, là, puis il faudrait être capable de se parler, puis on
s'accroche.
M. Lepage (Sylvain) : Si je
peux me permettre aussi, M. le député.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, M. Lepage.
Allez-y.
M. Lepage (Sylvain) : Oui.
C'est justement pour ça, M. le député, qu'avec raison nous sommes en accord
avec l'article 31.2 puisque les situations que vous soulevez, où il peut y
avoir des difficultés entre certaines municipalités locales, pourront se régler
par le biais de l'article 31.2, là. Et, je le répète, quand on a discuté
de cette question-là avec le ministère, le ministère nous a sensibilisés à sa
réalité avec des exemples concrets, puis on s'est rallié à cette proposition-là
justement pour la raison que voit... que vous soulevez, qu'un matin il faut
arriver avec un schéma. On est d'accord là-dessus. Mais 50 % des schémas,
je suis obligé de vous dire, ce n'est pas vrai que c'est 50 % des
municipalités locales qui ne s'entendent pas, c'est que la mécanique est
extrêmement lourde, hein? Puis, si on rajoute en plus des modifications en
cours de fonctionnement, bien, c'est simple, je serais prêt à vous gager de
l'argent qu'on va revenir voir des députés dans cinq, 10... cinq ou 10 ans,
puis ça ne sera pas 50 %, ça va être 70 % des schémas qui ne seront
pas à jour. Dans la vraie vie, l'objectif initial de la loi, c'était :
Nous allons donner une exonération en contrepartie d'un engagement de réaliser
un schéma, OK? Alors, ce n'est pas... c'était un contre l'autre. Et là, ce
qu'on nous dit aujourd'hui, bien : Ça va être un contre l'autre, mais,
dans le milieu du schéma ou un peu n'importe quand, ça pourra changer. On ne
voit pas comment ça peut se faire dans la vraie vie, là, terrain, terrain, là,
avec la façon dont ça <fonctionne...
M. Lepage (Sylvain) :
...peut
se faire dans la vraie vie, là, terrain, terrain, là, avec la façon dont ça >fonctionne
aujourd'hui. À moins que... si le gouvernement nous annonce qu'il est prêt à
investir des millions pour renforcer les équipes dans les municipalités puis
les MRC. Ça n'arrivera pas.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée
d'Anjou-Louis-Riel.
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
Président. Merci pour les points de vue partagés aujourd'hui. Si je vous ramène
sur le projet de loi de manière générale, est-ce que vous pensez que le projet
est susceptible de renforcer la confiance du public envers les institutions
policières?
M. Lepage (Sylvain) : Ah!
bien, les institutions policières... Voulez-vous répondre, M. Demers, ou
je peux répondre? Je peux répondre. Oui, de façon générale, on est assez
satisfaits, là, du volet policier. C'est pour ça d'ailleurs qu'on n'a pas fait
de commentaire ni positif ou négatif. Mais normalement, quand ça doit être
négatif, vous pouvez le voir avec les commentaires qu'on a faits relativement
aux incendies. On les communique aux autorités ministérielles et on les
communique devant cette Assemblée. Donc, oui, de façon générale, on accueille
assez favorablement, là, les autres dispositions.
Mme Boivin Roy : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de
Laval-des-Rapides, s'il vous plaît.
Mme Haytayan : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous deux, merci pour votre temps. Quel serait le nombre
d'heures minimum de formation continue pour chaque policier et policière, à
votre avis? Un estimé.
M. Lepage (Sylvain) : Je vous
mentirais dans mon cas si je répondais à cette question-là. Je n'ai pas... je
n'ai pas... Je n'ai malheureusement pas la compétence pour vous répondre. Ceci
dit, je n'ai pas analysé, et je le répète, là, le projet de loi de ce côté-là
de façon très attentive. Mais je peux vous dire qu'un des problèmes... Parce
que j'ai été procureur des villes de Québec et de Lévis pendant de... et de la
Sûreté du Québec, côté patronal, pendant de nombreuses années, et un des
irritants que posait à l'époque, là, toute la question de la formation
policière, c'étaient les coûts extraordinairement élevés de la formation,
puisque tu... les gens sur les corps de police se retrouvaient dans des
situations où ils devaient payer des quantités monstrueuses de temps supplémentaire
pour réussir à former leurs gens.
Alors, évidemment, ce que je vous dis là,
ça fait sept ans que je ne suis plus en pratique privée, mais je serais fort
étonné que la situation ait beaucoup changé. Et, si j'étais assis dans l'un de
vos fauteuils, je m'interrogeais beaucoup sur l'imposition, là, de quotas,
excusez l'expression, là, de formation, puisqu'il vient avec ça une facture
assez extraordinaire. Ceci dit, je n'ai pas fait l'étude détaillée, et il y a
d'autres corps... il y a d'autres municipalités qui se sont présentées devant
vous, probablement, pour faire des représentations à ce sujet-là. Est-ce que
pour ma réponse vous convient, Mme la députée?
Mme Haytayan : Oui. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de Westmount–Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup pour votre témoignage et votre mémoire. Nous allons
le lire avec un grand intérêt plus tard parce qu'on vient tout juste de prendre
connaissance. Pour le commun des mortels, pouvez-vous expliquer un peu, en ce
qui concerne principalement le schéma, ce qui nécessite des changements aussi
rapidement?
• (16 h 30) •
M. Demers (Jacques) :Bonne question. Dans le fond, le schéma, pour ceux qui
travaillent avec, c'est des temps réponse, c'est de la façon... de notre force
de frappe, que chacun de nos citoyens peut savoir sa résidence, à quelle
vitesse qu'on va y arriver. À cet endroit-là, il va-tu y avoir rupture d'eau?
Pour être sûrs que, s'il y a à s'équiper autrement, s'il y a besoin des
réservoirs, s'il y a besoin des gicleurs, s'il y a besoin des choses, c'est ces
choses-là que, dans le milieu rural, on retrouve qui est le plus important.
Puis de comprendre l'entraide part à quel moment pour être sûrs qu'on a une
force de frappe qui convient sur le terrain. C'est... Vraiment, le schéma
couvre ces éléments-là. Souvent, quand on a à rajouter quelque chose en cours
de route, j'ai souvent l'impression, c'est rattaché à une tragédie ou quelque
chose qui s'est passé quelque part où est-ce qu'on se rend compte, là, on a une
problématique, comment qu'on la règle? Puis j'ai toujours un peu peur, des fois
qu'une tragédie qui arrive, une fois qu'on n'a jamais vu ça, mais qu'on se
mette en place quelque chose qui n'arrivera peut-être plus jamais, puis
l'incendie, c'est payé à 100 % par les municipalités. Certains me diront :
Vous avez des subventions pour les bâtiments, puis certaines choses. Ils ont
raison. Présentement, on a eu de l'aide intéressante de ce côté-là au niveau
des bâtiments. Mais, historiquement puis dans le fonctionnement, c'est
100 % de l'argent municipal taxé sur des taxes foncières. C'est important
quand on en parle puis quand on impose.
Mme Maccarone : Ça fait que, chaque
fois qu'il y a une révision, c'est vous qui êtes responsable, c'est ça que vous
êtes en <train de dire...
>
16 h 30 (version révisée)
<17911
Mme Maccarone :
...vous êtes en >train de dire.
M. Lepage (Sylvain) : Exact.
On a...
Mme Maccarone : OK. Puis
les schémas non à jour, c'est quoi, les conséquences de ceci? Vous...
M. Lepage (Sylvain) : C'est
la perte de l'exonération dont on vous a parlé. Autrement dit, lorsqu'il y a
perte de l'exonération, on se retrouve dans une situation où quelqu'un qui
poursuit une municipalité, la municipalité ne bénéficie pas de l'exonération,
même si elle est parfaitement conforme au schéma. Le schéma se termine le 31 décembre
et il n'a pas été renouvelé, bien, le 1er janvier, tu perds ton exonération, tu
sais. Alors, c'est beaucoup plus facile de tenir responsables les
municipalités.
Alors, normalement, le monde idéal, c'est
que... C'est pour ça qu'on a demandé... puis on a accueilli très favorablement
la prolongation, c'est que ça va nous laisser le temps de travailler, de mettre
à jour nos schémas et de faire en sorte, dans un monde idéal, qu'il n'y en ait
plus, de schémas ou de périodes de temps où il n'y a pas de schéma, parce que
le but du schéma, c'est la sécurité du public. On le comprend bien, on est d'accord
avec ça, mais on considère qu'on est encore une fois dans une situation où le
mieux est l'ennemi du bien. Avant d'arriver à mieux, est-ce qu'on ne pourrait
pas se concentrer à faire en sorte que tous nos schémas soient à jour? Quand
ils seront à jour, on passera au mieux. Là, on est dans une situation où on a
50 % des schémas, au Québec, qui ne sont pas en vigueur, et donc où les
municipalités n'ont pas d'exonération et qui n'ont pas été renouvelés, où, donc,
les citoyens peuvent se dire : Moi, mon Dieu! dans ma MRC ou dans ma
municipalité, le schéma n'est pas à jour.
Alors, c'est ce qu'on répète : Pourquoi
ne pouvons-nous pas mettre en place un processus pour ramener tous les schémas
de façon à ce qu'ils soient à jour? Et, ce jour-là, on viendra voir l'Assemblée
pour dire : Bien, on est prêts à passer à une autre étape, tu sais.
M. Demers (Jacques) :Peut-être un élément important à savoir au niveau des
schémas aussi, à quoi que sert le schéma puis pourquoi qu'on a une immunité, c'est
quand on dit le temps de réponse puis le temps de personnes qui vont aller
intervenir, là. C'est ce qui est important parce que c'est que c'est à l'intérieur
du schéma, mais, à l'intérieur du schéma, on a aussi des pourcentages. Il faut
avoir cette force de frappe là sur une base de 80 %, 90 %, 95 %.
C'est ces éléments-là qui est important puis qui se retrouvent à l'intérieur du
schéma puis c'est pour ça qu'il y a une immunité. Parce que ça peut arriver une
fois que, pour mille et une raisons, que ce soit une route qui brise ou que les
pompiers qui travaillent beaucoup dans la même usine ne puissent pas se rendre,
le contact ne s'est pas fait, mais, à un très haut pourcentage, la force de
frappe doit... ça doit arriver, mais c'est une exception dans l'exception, là,
ce n'est quasiment jamais ce qui doit se produire. C'est pour ça que le schéma
couvre ces éléments-là puis permet de dire aux assureurs : Non, on peut
les assurer, parce que, de façon générale, la force de frappe, elle va être
correcte.
Mme Maccarone : Est-ce
que ça veut dire que nous ne devons pas prôner des solutions mur à mur, mais on
a besoin d'avoir du sur mesure? Parce que je présume que votre réalité va être
vastement différente d'une grande municipalité, par exemple.
M. Demers (Jacques) :Oui, vous avez raison là-dessus. Puis ce qui est important
aussi, c'est de faire attention, parce que chacun essaie de s'améliorer. Puis
là on s'aperçoit présentement, entre autres quand certains mettent des hommes
en caserne, bien là ils ont un temps de réponse tellement supérieur à d'autres,
puis là ça agrandit le territoire sur un principe d'optimisation qu'il devrait
défendre. Mais, quand l'autre territoire vient de convaincre sa population, à
10, 12 municipalités ensemble, qu'il allait investir des millions sur une
période de 10 ans, ils sont en train de déployer ça, mais, du jour au
lendemain, un grand pourcentage de leur territoire, ils sont... ce n'est plus
eux selon le schéma qu'ils veulent desservir, mais c'est l'autre. En plus de
leur investissement qui ne changera pas, ils vont devoir payer à la
municipalité voisine des coûts parce que, là, c'est eux qu'ils devraient
desservir, puis cette municipalité-là ne veut pas les desservir parce qu'ils
vont découvrir leur territoire. Les gens vont quitter ce territoire-là pour se
rendre sur l'autre, alors donc il faut qu'ils remplacent pendant cette
période-là. Là, il y a un coût supplémentaire pour tout le monde. Pourtant,
tout le monde vient d'améliorer leur service incendie. Moi, c'est ça que je dis,
il faut regarder un peu sur le terrain puis voir de quelle façon on peut réellement
s'améliorer, là.
Mme Maccarone : En
parlant de couvertures, pour ramener ça aux services policiers que vous avez,
êtes-vous satisfait de la couverture que vous avez actuellement? Parce que ce
que vous venez de décrire, on peut imaginer que, faute d'assez d'effectifs,
bien, une municipalité va prêter pour assurer qu'il y a une couverture dans une
autre municipalité, ce qui va dégager la couverture dans une autre
municipalité. Est-ce que vous êtes satisfait de couvertures que vous avez
actuellement? On a assez de policiers qui peuvent venir aider?
M. Demers (Jacques) :Bien, ça, j'imagine qu'il va <toujours y avoir du
monde...
Mme Maccarone :
...actuellement?
On a assez de policiers qui peuvent venir aider?
M. Demers (Jacques) :
Bien, ça, j'imagine qu'il va >toujours y
avoir du monde, puis peu importe que ça soit la Sûreté du Québec ou municipal,
parce que j'ai à travailler, moi, avec les deux. Chez nous, c'est municipal,
mais, en tant que préfet de la MRC, j'ai à gérer aussi Sûreté du Québec. Je
peux dire : Peu importe la couleur de la chemise, tout le monde dit qu'il
n'y en a jamais assez, de policiers sur le territoire. Il n'y a pas une
municipalité au Québec qui m'a dit qu'il y en avait trop. En même temps qu'on
dit ça, les municipalités disent : On en a assez de payer. Il y a une
limite dans notre capacité aussi d'en rajouter, on les paie. Ça fait que, là,
c'est comme l'incendie. Bien faire, tout le monde aurait un camion puis des
pompiers voisins de sa maison s'il arrive quelque chose. Il faut décider
qu'est-ce qui est tolérable, le risque zéro n'existe pas. Il faut aussi, à un
moment donné, dire : Bon, bien, ça convient ou, du moins, c'est les moyens
qu'on a pour se desservir.
C'est ce qu'on fait au niveau incendie. Il
y a des endroits que ça va prendre 45 minutes, 1 heure, 1 h 30 min
à se rendre. Il faut s'entendre que, si le feu est important, on arrive puis il
est trop tard, mais, au moins, il faut que ça soit connu pour que les gens
puissent prendre en main leur situation et l'améliorer. Puis il y a des moyens,
des gicleurs, des réservoirs ou différentes choses, là.
Mme Maccarone : Dans leur
communiqué, l'Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du
Québec ont dit, et je leur cite : «Contrairement à d'autres secteurs
aussi impactés par la pénurie, le manque de main-d'oeuvre pose des risques
réels en matière de sécurité incendie pour une municipalité [...] est petite et
plus les défis sont grands. 65 % des municipalités de
50 000 habitants et moins ont des enjeux de relève. 75 % des
municipalités de 10 000 habitants et moins ont des enjeux de relève.
Au cours des 20 dernières années, le nombre de pompiers volontaires à
temps partiel a chuté de 19 % au Québec.»
Est-ce que vous êtes d'avis que cette loi
va apporter des changements positifs pour confronter cet enjeu? Et, sinon, que
devrons-nous mettre dans la loi pour améliorer la situation pour nos petites
municipalités?
Le Président (M.
Bachand) :Très rapidement, parce qu'il
reste 45 secondes.
M. Demers (Jacques) :OK. Bien, vitement, oui, le schéma couvre quand même
certains de ces éléments-là, et ce que ça appelle beaucoup, c'est à des
regroupements. Parce qu'évidemment ce que vous dites là est vrai, beaucoup de
petites municipalités... mais, quand qu'on en met plusieurs ensemble, ça leur
crée une force de frappe, puis, avec l'entraide, on est capables de couvrir ces
territoires-là. Je pense que de... Avant ça, on travaillait beaucoup plus en
silos. Maintenant ces régies-là... puis de fusionner des services, ça permet un
service vraiment supérieur.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Laurier-Dorion, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Oui. Bonjour,
messieurs. Merci beaucoup d'être ici et nous expliquer un peu ce monde méconnu,
pour moi, de schémas de couverture de risques. Écoutez, si je comprends bien,
vous allez me le dire, là, ce qu'il fait, le PL n° 14,
c'est fondamentalement passer de cinq à 10 ans, et, après huit ans, il y
aura un processus de révision. Mais, pendant ce temps-là, il y a un processus
de modification en permanence. Moi, j'aimerais savoir, là... là, on utilise...
après huit ans, c'est un processus de révision. Ensuite, c'est... le schéma doit
être modifié en fonction de plusieurs critères. Et la question que je me pose,
là... c'est comme s'il y avait un processus de révision permanent, là.
M. Lepage (Sylvain) : Vous
avez tout à fait raison, M. le député, et c'est contre ça qu'on en a.
• (16 h 40) •
M. Fontecilla : Donc...
M. Lepage (Sylvain) : Parce
que ça veut dire que ça devient des schémas théoriques, parce que, dans le
fond, ils ne sont jamais terminés, ils ne sont jamais finis.
M. Fontecilla : Donc, le
processus de révision, notamment ce qui est écrit dans l'article 132 du PL
n° 14, est superflu puisqu'il est comme un processus
de révision permanent?
M. Lepage (Sylvain) : Nous,
c'est ce qu'on pense. Oui, c'est tout à fait ce qu'on pense. On pense que,
lorsqu'on termine un schéma, il devrait être, je vais dire immuable, mais c'est
exagéré, mais ça prend des circonstances un peu extraordinaires pour qu'il soit
révisé, tu sais, et que ça ne peut pas être un processus continu en fonction de
nouvelles orientations ministérielles sur lesquelles on n'a aucun contrôle.
Alors, ce qu'on vous dit, c'est : L'article devrait au minimum être
modifié pour bien encadrer les circonstances où le schéma peut être appelé à
être modifié de façon à ce que ce soit l'exception plutôt que la règle. Quand
on lit l'article 30, ça va devenir la règle, ça va être un processus
continu.
M. Fontecilla : Dites-moi,
vous allez m'éclairer, là. Ça peut être... je conçois que ça peut être très
lourd de réviser les schémas de couverture, mais c'est comme... c'est après
huit ans ou 10 ans et c'est comme manger un éléphant d'une bouchée ou
manger l'éléphant par <petites bouchées...
M. Fontecilla :
...mais
c'est comme... c'est après huit ans ou 10 ans, et c'est comme manger un
éléphant d'une bouchée ou manger l'éléphant par >petites bouchées.
Qu'est-ce qui vous... Parce qu'à la fin la quantité de travail, il va falloir
l'investir quand même, là.
M. Lepage (Sylvain) : Non,
mais c'est une révision. Alors, normalement, au jour un, lorsqu'il est
approuvé, là, le schéma devrait normalement être à la fine pointe des
orientations gouvernementales, OK? Alors, évidemment, au fil du temps, il est
possible que l'évolution, comme l'article le dit, d'ailleurs, technologique ou
les orientations ministérielles évoluent. Ce qui était souhaité et ce qui est
toujours souhaité, c'est que, lorsqu'on arrive à six, sept ou huit ans, que la
MRC et les municipalités se mettent en marche de façon à avoir révisé le schéma
pour qu'il soit terminé avant l'expiration de 10 ans. L'objectif, qui est
louable, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus de période de temps où il
n'y ait pas de schéma mis à jour. Comprenez-vous? D'où le fait que, dans le
projet de loi, on dit : On passe de six à huit, parce que six, on se rend
compte que c'est vraiment trop court. Vous le voyez, il y en a la moitié qui ne
sont pas faits. Alors... Et que, deux ans avant le 10 ans, là, le.... parce
que c'est un travail lourd. Voyez-vous, on prévoit un délai de deux ans de
travail pour mettre à jour le schéma de façon à ce qu'il soit prêt à
l'expiration de 10 ans.
Alors, je pense que la preuve que c'est un
exercice très lourd et très difficile, je le répète, tu sais, les faits parlent
puis les chiffres ont la tête dure, c'est qu'il y a 50 % des schémas qui
ne sont pas à jour.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. Lepage. Je dois
céder la parole à la députée de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Oui. Merci, M.
le Président. Bonjour, bonjour à vous deux. Bienvenue à la Commission des
institutions. C'est différent, on se voit souvent à la CAT.
Moi, j'ai deux questions. La première, ça
concerne, bien, évidemment, les coûts associés à tout ça, là, parce que, tu
sais, au début, qu'on... que les municipalités... là, je dis «on», les
municipalités se sont fait imposer des schémas de couverture de risque
incendie, évidemment, là, il y a eu des coûts associés à tout ça. Puis... Mais
ça s'est fait étape par étape, là, il faut le dire quand même, là, hein? Les
délais de réponse, les temps de réponse, tout ça, ça s'est... petit peu par...
peu, il y a eu des partenariats dans différentes municipalités justement pour
être capable d'y arriver. La même chose pour le personnel en caserne, hein, ça
ne s'est pas fait instantané, ça nous prend quatre personnes... quatre
personnes à temps plein, à temps plein à la caserne. Ça s'est fait étape par
étape.
La révision, il y a des coûts aussi, là,
associés à tout ça. Est-ce que ces coûts-là, c'est peut-être une des raisons
pour lesquelles ils ne sont pas adoptés encore, les schémas?
M. Demers (Jacques) :Bien, d'après moi, oui, il y a peut-être un bout là-dessus,
mais ce qui est intéressant dans un schéma puis de l'asseoir, c'est en plus ce
que vous dites là, c'est de dire : Une fois qu'on l'a fait, notre schéma,
il y a plusieurs éléments à l'intérieur qu'on va faire. Il y a le plan de nos
casernes, à quel endroit, lesquelles on va modifier, les camions qui vont
s'ajouter, les forces de frappe. Il y a plein d'éléments dans un schéma qui... qu'on
à travailler. Là, on dit : Minute, le schéma, on va passer notre temps à
le refaire; il ne faut pas. Il faut être capable de comprendre sur quelle base
on va travailler puis il ne faut pas le voir comme quelque chose qui se
travaille juste dans un bureau par un individu. On travaille souvent avec une
vingtaine de municipalités puis avec plusieurs services incendie. C'est
compliqué, là, on prend les données de tout le monde, puis c'est très lourd.
Mme Nichols : C'est un beau
défi. Puis, relativement à l'exonération, je comprends votre recommandation n° 6, tu sais, que vous ne voulez pas que la municipalité
ou la MRC perde son exonération. Mais, si on ne fait pas ça, on va encourager
le contraire. Je veux dire, s'il n'y a pas de... Ça fait que qu'est-ce qu'on
pourrait... qu'est-ce qu'on pourrait prévoir? Auriez-vous des suggestions,
mettons une gradation de sanctions? Est-ce qu'il y aurait d'autres choses qu'on
pourrait prévoir? Parce que l'exonération, c'est la totale, là, on s'entend.
M. Lepage (Sylvain) : Bien,
honnêtement, nous avons dit que nous étions d'accord pour qu'après 10 ans,
hein, on a un schéma de 10 ans, on... si, au bout de 10 ans, la MRC
ou la municipalité, hein, n'ont pas fait leur travail, on peut vivre avec le
fait qu'ils perdent l'exonération. Tu as 10 ans, entre guillemets. Je
comprends que les cinq premières années, c'est beau, c'est tout nouveau, puis,
les trois dernières, tu te mets en action, mais ce qu'on ne souhaite pas, puis
là c'est ce que le texte dit, c'est qu'on perde l'exonération en cours... en
cours de schéma qui a été approuvé. Là, moi... on a un schéma approuvé, on l'a
fourni à notre assureur, on a fait tout ça, mais, comme par magie, quelqu'un va
décider qu'une nouvelle orientation gouvernementale sort, vous n'avez pas pu
vous confirmer... vous conformer, peu importent les raisons, peu importent les
exigences... M. Demers a donné l'exemple d'un camion de pompier, là, c'est
vrai, un camion de pompier, ça prend trois ans aujourd'hui. Alors, la MRC puis
la municipalité vont perdre leur exonération avec les coûts qui viennent avec. <Je
pense que ce n'est pas acceptable...
M. Lepage (Sylvain) :
...leur
exonération avec les coûts qui viennent avec. >Je pense que ce n'est pas
acceptable.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Sur ce, le temps va très rapidement, M. Demers,
Me Lepage, merci beaucoup d'avoir été avec nous.
Sur ce, je suspends les travaux quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 47)
(Reprise à 16 h 49)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Merci. La commission
reprend ses travaux.
Alors, il nous fait plaisir de recevoir en
commission l'association... les représentants, pardon, des associations... de
l'Association des policières et policiers provinciaux du Québec. Alors,
bienvenu. Alors, je vous inviterais d'abord à vous présenter puis à commencer
votre exposé. Merci d'être avec nous.
Association des
policières et policiers provinciaux du Québec (APPQ)
M. Painchaud (Jacques) :
Merci. Avant de débuter mon exposé, j'aurais une requête
spéciale auprès de vous, M. le Président, et l'ensemble des membres de la
commission. J'aimerais qu'on puisse souligner, honorer la situation très
difficile, là, que nous avons, qu'on a observée, puis de rendre un hommage à la
sergente Maureen Breau, qui est décédée le 27 mars. Est-ce qu'une minute
de silence serait possible?
Le Président (M.
Bachand) :Il faut que ça se fasse dans le
temps. C'est un ordre du Parlement. Alors, il faut que ce soit dans le temps
qui est dévolu. Mais sauf que... M. le ministre, soit prêt à... On va prendre
le temps du côté gouvernemental, M. le ministre, c'est ce que je comprends?
Alors, allez-y.
M. Painchaud (Jacques) :
Merci.
• (16 h 50
— 16 h 51
)
•
M. Painchaud (Jacques) :
Alors, je commence. M. le Président, l'APPQ tient à
remercier la commission de l'opportunité qui lui est donnée de faire valoir son
point de vue concernant le projet de loi n° 14.
Nombreux sont les éléments de ce projet de loi qui touchent directement le
travail d'encadrement des policières et policiers de Québec. Il va donc de soi
que nos <préoccupations se situent à ce niveau....
M. Painchaud (Jacques) :
...qui
touchent directement le travail d'encadrement des policières et policiers de
Québec. Il va donc de soi que nos >préoccupations se situent à ce
niveau.
L'introduction, dans le cadre du projet de
loi, de dispositions permettant l'embauche d'enquêteurs civils sans expérience
policière n'est pas une surprise en soi dans la mesure où plusieurs
intervenants avaient eu l'occasion de s'exprimer sur le sujet lors de la
consultation portant sur la réalité policière au Québec. Ce qui ressort des
commentaires des différents intervenants proposant l'intégration de civils au
sein des équipes d'enquête ne concerne que l'apport d'une expertise
particulière. C'est donc avec scepticisme que nous avons pris connaissance que
l'intégration civile concerne des postes d'enquêteurs qui relèvent d'un domaine
sans autre précision. Il est souhaitable de qualifier ce domaine de spécialisé
ou avec une expertise particulière.
L'article 14 du projet de loi nous
semble nettement insuffisant, c'est-à-dire qu'il ne fixe aucune norme concrète
ni d'obligation précise de formation continue chez les policiers, encore moins
pour les organisations policières. Tous ces éléments sont plutôt relégués au
rang d'un règlement à venir. L'expérience a démontré que la voie réglementaire
se transforme parfois en voie de garage.
Par ailleurs, le deuxième alinéa de
l'article 14 du projet de loi spécifie que le règlement doit prévoir les
sanctions découlant du défaut de se conformer à ses obligations. L'absence ou
l'insuffisance de formation continue est et doit demeurer la responsabilité de
l'employeur. Quant à la Sûreté du Québec, nous préconisons un minimum de
36 heures de formation par année.
Toujours au niveau de la formation, il est
à noter que le modèle provincial sur la conduite d'un véhicule de police n'est
toujours pas adapté à la réalité de terrain. Cette incohérence a pourtant été
maintes fois décriée, sans résultat, comme élaboré dans notre mémoire. La
formation est, à notre avis, l'enjeu le plus important et incontournable de cet
aspect de la réforme proposée. Le législateur serait bien avisé de s'assurer
que ces organisations soient au même rendez-vous s'il ne veut pas que la
formation continue demeure un vœu pieux. Pour le moment, le projet de loi ne
prévoit pas, pour les organisations policières... ce n'est que l'obligation de
transmettre annuellement un rapport d'activité sur le sujet. Évidemment, les
sanctions, les contrôles, les conséquences sont uniquement pour les policiers
eux-mêmes, comme toujours.
Au niveau de la formation, la réalité
terrain nous a rattrapés avec violence très récemment. Nous ne pouvons passer
sous silence certains propos que nous avions formulés dans notre mémoire soumis
au Comité consultatif sur la réalité policière. Les policiers disent être mal
outillés afin de répondre adéquatement à un appel d'une personne dont l'état
mental est perturbé, connue pour être potentiellement dangereuse. Il est à
noter qu'aujourd'hui, en 2023, moins du tiers des policiers sur le terrain ont
reçu cette formation à la Sûreté du Québec.
Concernant la déontologie policière, le
projet de loi a pour effet de circonscrire davantage la question de savoir qui
peut déposer une plainte contre un policier. Le changement à cet égard est en
soi une bonne nouvelle, cependant, la création du mécanisme de signalement
n'est pas un pas dans la bonne direction, d'autant plus que le signalement
anonyme ne permettra pas d'identifier la quérulence. De plus, il nous semble
que cette mesure est exagérée et ne manquera pas d'être très mal perçue dans la
communauté policière.
L'article 65 du projet de loi
introduit le pouvoir pour le tribunal administratif de déontologie d'imposer,
en plus des autres sanctions déjà énumérées, certaines mesures. Habituellement,
les questions portent sur les coûts et les modalités d'une évaluation médicale,
d'une formation, d'une thérapie, d'un programme d'aide, et ça, c'est déjà prévu
par les parties au moment de la présentation de ces recommandations devant un
comité de discipline. Cela devrait rester dans la juridiction exclusive de
l'employeur. Laisser le pouvoir au Tribunal administratif et de déontologie de
décider seul de ce type de mesures est non seulement voué à l'échec, mais
donnera également ouverture à maintes contestations judiciaires.
Nous sommes consternés par l'article 70
du projet de loi qui vise à restreindre le droit d'appel chez les policiers. Ce
n'est pas la première fois que le commissaire tente d'arriver à ses fins lors
d'une révision de la Loi sur la police avec toujours cette même demande.
Présentement, il revient surtout au commissaire de démontrer si un appel est
abusif ou dilatoire. Or, malgré cette disposition, le commissaire ne s'est pas
servi de cette disposition ou très peu. La première fois qu'il l'a fait a été
durant la période stratégique des consultations sur la réalité policière. Nous
en déduisons donc, à tout le moins, que les appels à la Cour du Québec faits
auparavant par les policiers n'étaient pas en soi abusifs ou dilatoires.
Par ailleurs, il est intéressant de
constater que, depuis les dernières années, nous avons relevé en moyenne une
dizaine de requêtes en appel à la Cour du Québec chaque année, soit par les
policiers ou encore par le commissaire. De ce nombre, dans une bonne proportion
des dossiers, la Cour du Québec a donné raison en tout ou en partie aux
policiers, d'où l'utilité manifeste de cette procédure. Alors, pourquoi vouloir
restreindre un appel de plein droit pour les policiers <en soumettant
cette procédure...
M. Painchaud (Jacques) :
...d'où l'utilité manifeste de cette procédure.
Alors, pourquoi vouloir restreindre un appel de plein droit pour les policiers >en
soumettant cette procédure à une requête? Soulignons d'emblée qu'une
uniformisation des codes de discipline interne chez les policiers est une
mesure logique. Toutefois, si nous sommes en accord pour que les devoirs et
normes de conduite soient identiques, il en est tout autrement lors de la
présence des sanctions minimales et de l'imposition d'une procédure
disciplinaire. Les sanctions minimales sont, à notre avis, un obstacle
important à une sanction adaptée à l'ensemble des circonstances, de même qu'à
la gravité objective de chaque cas. Les milieux de travail des policiers et
leur culture propre diffèrent grandement d'une organisation policière à
l'autre, voire d'une localité à l'autre, ce qui peut influer de manière non
négligeable sur l'appréciation d'une situation.
Cette ingérence du législateur dans la
gestion interne du comportement des policiers va trop loin. En fait, plutôt
qu'une équité apparente des sanctions, nous préférons de loin une décision
juste, propre à chaque cas, qui ne soit pas désincarnée d'une réalité locale.
Il en est de même des éléments essentiels portant sur la procédure
disciplinaire. Certaines organisations plus importantes que d'autres, comme la
Sûreté du Québec, se sont dotées d'une procédure bien adaptée à leur réalité,
laquelle a été établie de façon paritaire, comportant également des garanties
essentielles acquises de chaude lutte. Nous voyons difficilement comment une
solution uniforme pourrait être applicable partout.
L'article 97 du projet de loi prévoit
que le ministre doit établir des lignes directrices aux organisations
policières, entre autres sur les interpellations policières. À ce chapitre,
nous réitérons que nous ne devons absolument pas restreindre ou décourager
l'initiative des policières et policiers sur le terrain. Il s'agit de l'un des
meilleurs outils que possède la société québécoise à l'encontre de la
criminalité dans ses rues.
Puisque, depuis le début, des débats de
société sur le sujet portent sur les fiches d'interpellation, soulignons
d'emblée que nous sommes d'avis qu'il serait tout à fait contre-productif
d'implanter ces fiches. Nous tenons à préciser que cette pratique est loin
d'avoir été un succès chez nos voisins ontariens. Une telle pratique, si elle
devait être instaurée, serait interprétée par les policiers comme étant
l'équivalent d'un vote de non-confiance remettant en cause systématiquement
leur professionnalisme. Cette dynamique s'ajouterait, sans aucun doute possible,
au phénomène de désengagement policier, de plus en plus présent dans la
communauté policière. Il démontre avant tout que le dévouement et la présence
d'initiative des policiers sur le terrain sont désormais fragilisés par le
traitement social, médiatique et juridique qu'on leur réserve.
Cela étant précisé, il faut être conscient
que les formations sur le racisme et le profilage racial existent. Il ne reste
qu'à en faire le déploiement. Nous sommes d'avis que le MSP devrait commencer
par la prévention et la formation.
En guise de conclusion, soulignons que
l'initiative portant sur la possibilité d'introduire des civils à titre
d'enquêteur devrait être limitée à l'apport d'une expertise particulière dans
un domaine spécialisé en support aux équipes d'enquête en place. Créer
l'obligation pour les policiers d'effectuer un certain nombre d'heures de
formation par année est une bonne chose en soi. Il est décevant qu'aucune
obligation à ce sujet n'ait été proposée dans le projet de loi à l'égard des
employeurs, lesquels ont pourtant un rôle clé à jouer dans la diffusion de ces
formations. Au niveau de nouvelles sanctions, celles-ci devraient demeurer dans
le giron des employeurs. Si elles doivent être mises en place, les nouvelles
mesures ne doivent être applicables que lorsque le contenu fait partie de
recommandations communes entre les parties.
L'introduction d'une requête pour
permission d'en appeler ne saurait se justifier par un besoin réel ou par une
démonstration d'une abondance d'inscriptions en appel inutiles et abusives. Il
suffit d'écouter nos consœurs et confrères, leur découragement, leur détresse
et leur perte de motivation pour se convaincre de l'existence du phénomène du
désengagement. Les hommes et les femmes qui exercent cette profession le font,
dans la très grande majorité, pour les bonnes raisons, pour le bien public. Ils
méritent mieux que ce que leur réserve le législateur présentement.
Ce projet de loi démontre à quel point la
société est toujours prête à en exiger davantage de ses policiers et policières
en termes de reddition de comptes, sans pour autant remettre en question cette
position. Il est plus que temps qu'un plus grand support de la population, des
médias et surtout de nos organisations policières se fasse sentir, pas juste
lors du décès d'un de nos membres. D'ailleurs, tous devraient pourtant avoir
compris que le maintien d'effectifs policiers adéquats est la meilleure façon
de s'assurer que les troupes ne soient pas épuisées, donc moins susceptibles de
commettre des erreurs de bonne foi et ainsi assurer un meilleur service à la
population qu'elles sont chargées de protéger. En terminant, je désire
remercier la commission pour son attention.
• (17 heures) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Puis merci
beaucoup d'avoir pris l'initiative de souligner le décès tragique de la
policière. Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bonnardel : M. Painchaud,
mes salutations officielles, messieurs, tous ceux qui vous accompagnent. Je
veux encore une fois, M. Painchaud... je vous ai envoyé un message, là,
toutes mes pensées, mes sympathies les plus sincères, au nom de l'Assemblée
nationale, au nom du Québec, à vos membres.
M. Painchaud (Jacques) :Merci.
M. Bonnardel : Je le sais que
le travail des policiers est extrêmement difficile. Il est difficile partout au
Canada présentement. On a vu deux de vos collègues d'Edmonton... deux qui
sont... qui ont été tués. Quatre ont été tués en Ontario dans les derniers
mois. La sergente <Breau...
>
17 h (version révisée)
<11
M. Bonnardel :
...quatre qui ont été tués en Ontario dans les derniers mois, la
sergente >Breau. J'ai entendu vos récriminations ou vos doléances dans
la pétition que vous avez mise en place. Je veux vous dire, au-delà de mesurer
votre inquiétude puis de vous donner des outils, je veux vous dire que, dès
demain, pour le cas de la sergente Breau, pour le cas de cet homme qui était
chez lui avec des problèmes qu'on ne nommera pas, mais qu'on... qu'a exposés
dans les médias, je veux vous dire que, dès demain, mon sous-ministre Marc
Croteau va être en rencontre avec le ministre... le sous-ministre de la
Justice, le sous-ministre des Services sociaux pour être capable d'évaluer, puis
je dis bien d'évaluer, de quelle façon, légalement ou non, on pourrait
transmettre des informations pour des cas particuliers de santé x, y. Donc,
vous... donnez-moi un peu de temps. Demain, les trois sous-ministres vont
commencer une discussion sur ce partage d'information. Je sais que, pour vos
policiers, policières, partout, ce serait un outil plus que fort pour être
capables d'analyser : Quand l'appel au 9-1-1 vient, je me dirige chez une
personne X, j'ai ses antécédents. Je mesure très, très bien jusqu'à quel point
ça... ça aurait pu changer la donne, ça aurait pu changer la donne pour la
sergente Breau.
Donc, on commence le travail. Vous le
savez, la Commission d'examen des troubles mentaux, c'est... les décisions qui
sont rendues, c'est sous juridiction fédérale, mais on va aller évaluer tout ce
qu'on peut faire le plus rapidement possible pour vous donner des éléments...
des éléments, des outils additionnels pour... pour votre travail.
Je veux vous rassurer sur un autre point.
Vous avez parlé tantôt de l'entrée latérale de civils. Le but de ce point est d'aller
chercher une expertise très nichée. Puis je ne le ferai pas seul, là. Ce
règlement-là, on ne va pas l'écrire ensemble, là, on va l'écrire avec vous, là.
Quand je dis ça, je suis sérieux, à savoir que le but, ce n'est pas d'aller
empêcher un homme, une femme qui... qui travaille depuis 10, 12 ans chez vous,
puis qui a de l'ambition, puis qui veut devenir enquêteur spécialisé un jour
dans un domaine x. Il se peut, il se peut, dans ce que nous souhaitons, que
certaines expertises ne soient pas pourvues dans le... dans vos... dans vos
hommes et vos femmes. Donc, le but, ce n'est pas d'empêcher ça, mais c'est d'être
capables de donner... Je pourrais donner l'exemple de la cybercriminalité ou
autre. Donc, on va aller être capables, j'espère, de s'entendre entre vous et
moi, d'autres organisations, pour définir dans ce règlement de quelle façon on
va... on va... on va définir, définir ces... ces... ces personnes qui vont, je
le souhaite, un jour, participer avec vous à contrer... à contrer la violence,
ou autre, ou autre, ou autre.
Je veux vous dire aussi, on a financé,
dans les derniers mois... il y a un plan interministériel sur la santé mentale.
Puis là je fais mon dernier point, là, mon dernier petit laïus sur les travailleurs
sociaux dans les différents corps municipaux ou chez vous. J'ai rencontré des...
des directeurs, directrices qui m'ont expliqué que c'est un... j'allais dire un
maudit bon pas, mais un bon pas, un bon pas pour ces intervenants psychosocials
qui sont dans vos... dans vos postes, qui vont travailler en amont, ou en aval,
ou même en présence dans une équipe mixte. Donc, dites-vous que ce financement
de 60 millions, sur un horizon de cinq ans, on va aller au maximum pour
vous donner des outils le plus possible.
Puis ces... ces intervenants, je pense, en
tout cas corrigez-moi, peut-être... peut-être... peut-être, première petite
question, sont bien reçus par vos... par vos collègues, à savoir que c'est une
aide non négligeable pour encore une fois mieux... mieux définir l'approche qu'on
devrait avoir avec... avec... Puis malheureusement je donnais la statistique,
plus souvent qu'autrement, quand tu dis qu'aujourd'hui un appel sur deux sur le
9-1-1, au Québec aujourd'hui, revient à un cas de santé mentale, bien, le
travail que vous faites, aujourd'hui versus 25 ans puis dans 25 ans,
est bien différent. Donc, il faut vous équiper, il faut vous outiller. Puis
vous n'êtes pas nécessairement des intervenants psychosocials. Vous n'avez pas
étudié pour ça, là. Vous avez étudié dans la police, donc vous donner des
outils, pour moi, c'est archi, archi important. Donc, là-dessus, je veux vous
rassurer qu'on va continuer de le faire. Avez-vous une petite réflexion là-dessus
ou ça va?
M. Painchaud
(Jacques) :Bien, écoutez, mon commentaire,
c'est : Je vous remercie beaucoup de ces mots et de ces pistes d'action
que vous voulez commencer dès demain. Néanmoins, on va maintenir la pétition
puis on va...
M. Bonnardel : Ah! oui,
oui!
M. Painchaud
(Jacques) :...on va faire en sorte que
tout le monde soit là pour vous... que vous soyez excessivement très motivé à
poursuivre l'effort dans la bonne voie.
M. Bonnardel : Je
corrige, M. Painchaud. Le but, ce n'était pas de vous dire d'arrêter la
pétition. Ça, je suis capable...
M. Painchaud
(Jacques) :Pas de problème, mais on... Il
n'y a pas mieux que de clarifier les choses. Merci infiniment.
M. Bonnardel : Non, non.
C'est ça. Je suis capable d'en prendre sur mes épaules, vous... ne vous
inquiétez pas. Mais je...
M. Painchaud
(Jacques) :Oui.
M. Bonnardel : ...je
voulais vous dire... puis vous dire qu'au-delà de tout ça c'est un premier
outil, pour moi, là, qui était... qui est archi important pour donner suite, et
que... et que...
M. Painchaud
(Jacques) :Merci. Merci beaucoup, merci
beaucoup, M. le ministre.
M. Bonnardel : ...que
Mme Breau ne soit pas tombée au combat... ne soit pas tombée pour rien.
M. Painchaud
(Jacques) :Je vous remercie beaucoup de
prendre le temps de... de vouloir me rassurer, de nous rassurer surtout. Je
pense, c'est important, et je vous en suis reconnaissant.
M. Bonnardel : Oui. Je <parlais...
M. Painchaud (Jacques) :
...Je pense, c'est important, et je vous en suis reconnaissant.
M. Bonnardel :
Oui.
Je >parlais... Puis je sais que mes collègues ont des questions, là. Je
parlais tantôt, bien, du travail des policiers voilà 25 ans versus
aujourd'hui. Vous avez pas mal d'expérience. Puis, dans 15, 20 ans... Vous
parlez de formation, puis je suis content de voir que vous êtes à la même place
que nous, que la formation doit être partie prenante du travail puis
d'accompagner les policiers. Vous parlez de 36 heures. C'est-tu...
36 heures, c'est presque une semaine de travail. Vous considérez que c'est...
c'est le nombre d'heures idéal pour être capable d'accompagner les policiers
dans...
M. Painchaud (Jacques) :Oui. Je peux... Je peux vous l'expliquer.
M. Bonnardel : Oui? Oui, allez-y.
M. Painchaud (Jacques) :Bien, écoutez, c'est qu'actuellement il y a un ensemble de
formations. Puis la formation, il y en a de multiples, il y en a qui se
rajoutent chaque année. En fin de compte, c'est que vous avez ce qu'on appelle
le continuum de force. Dans le continuum de force, le policier, policière
doivent avoir une stratégie pour intervenir, puis ça rentre maintenant dans ce
qu'on appelle la formation REMP. Je vous le signale, que la formation Réponse à
l'état mental perturbé, c'est une formation de deux jours avec des simulations
aussi. Et, dans ce cadre-là, deux jours, c'est déjà pris sur quatre jours. Vous
me suivez? Il est essentiel aussi qu'il y ait des... des rappels, donc des...
un rafraîchissement de ces formations-là annuellement.
Et s'inscrit aussi dans cette intervention
de stratégie... on parle, intervention stratégique planifiée de l'intervention
policière, une incorporation des autres options à la force. Donc, le policier...
il y a le.... il y a le verbal, oui, puis on va essayer de désescalader, mais,
sinon, dans ses options, il y a le poivre de cayenne, il y a le bâton
télescopique, il y a l'arme Taser, il y a effectivement le contrôle articulaire
ou les... les techniques d'amener, il a aussi d'autres armes, l'arme longue,
qui est la C8. C'est des mises à jour qui doivent être faites. Et, à ce
moment-là, le quatre jours, évidemment... est... est loin, loin, loin d'être...
d'être... d'être excessif ou abusif, au contraire.
Et, encore une fois, je vais vous donner
juste un exemple. Posez-vous la question : Pourquoi les organisations
policières n'ont pas donné de formation pour le profilage racial? Ils n'ont pas
le temps, ils ne sont pas capables. Et là, après, on se demande... puis on veut
mettre d'autres mesures, on veut contrôler l'activité policière par d'autres
moyens parce qu'on ne prend pas la base. Il faut de la formation continue. Les
gens... Le travail est complexe, la population est en droit d'avoir une...
l'excellence en matière policière. Et là on l'a très... C'est excellent, la
formation de base, quand... avant de rentrer dans la police. C'est... C'est le
top. Mais, une fois qu'on est dedans, là, on est laissés à nous-mêmes pas mal.
Et, dans ce cadre-là, bien évidemment, il
y a d'autres différentes formations qui vont s'ajouter. Je vous donne juste un
exemple. On veut aller vers la caméra corporelle, c'est deux jours de formation
avec la rédaction de rapports, et autres, puis l'appareil, les règles. Donc,
vous voyez, si on dirait : Bien, on amène la caméra corporelle, bien, il y
a deux jours de formation qui s'ajoutent. Alors, c'est pour ça que ce que je
vous dis, si vous avez des interventions selon les... certains... certains types
d'interventions qui s'ajoutent, ou autres sur les pouvoirs et devoirs, exemple,
bien, c'est... c'est exactement toujours des... des formations.
Alors, moi, là, honnêtement, je vous dis,
là, le comité... le comité de la réalité policière vous a recommandé... tu
sais, une commission que vous avez demandée, consultation, ils ont arrivé avec
une recommandation de 30 heures. Nous, on dit 36 heures parce que
c'est des quarts de travail de neuf heures. On pense, une semaine de quatre
jours, on ne débordera pas sur le cinq jours. Mais je veux juste vous
expliquer, là, c'est essentiel d'avoir ça, les organisations policières. Quand
le... le comité a fait son tour, ils savent que les organisations policières,
la formation, c'est l'enfant pauvre. Il ne faut pas négliger ça. C'est de la
prévention.
C'est la raison pour laquelle on pense que
d'ajouter des mesures coercitives en déontologie ou autre, on manque la cible.
On a des gens qui ont le cœur à la bonne place, qui ont le goût de réussir, qui
veulent répondre du mieux qu'elle peut à tous les défis puis les missions, imaginez-vous
qu'on ne puisse pas leur donner ces outils-là. C'est épouvantable!
C'est la raison pour laquelle, M. le
ministre, vous avez le pouvoir aujourd'hui de faire quelque chose. N'allez pas
par la voie réglementaire, donnez un coup de barre tout de suite. On en a
besoin. Vous avez tendu la main à la Sûreté du Québec avant-midi, j'ai compris
que vous n'avez pas eu nécessairement un retour clair, moi, je vous le donne.
J'ai 33 ans de police à la Sûreté du Québec, j'ai fait 22 ans au
service juridique, avec tout ce qui est discipline, déonto; croyez-moi.
• (17 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Bonnardel : Bien reçu, M.
Painchaud. Je vais laisser mes collègues.
Le Président (M. Bachand) :...Mme la députée de Vimont.
Mme Schmaltz : Merci, M. le
Président. Bonjour, messieurs.
Au niveau de la formation, vous avez quand
même sondé beaucoup de vos membres. Et ce qui en ressort, là, c'est quand même
des chiffres assez imposants, notamment tout ce qui a trait à la santé mentale,
le manque de formation, les... la conduite de véhicules d'urgence aussi. Ma
question est la suivante : Si on veut agir en amont de tout ça, est-ce que
vous pensez que, peut-être au niveau de l'École nationale de <police...
Mme Schmaltz :
...est
la suivante : Si on veut agir en amont de tout ça, est-ce que vous pensez
que, peut-être au niveau de l'École nationale de >police... est-ce qu'il
ne faudrait pas peut-être rajouter de la formation? Je sais qu'il y a déjà, je
pense, de la... de la conduite qui se fait, et je pense que des policiers sont
déjà formés, mais, étant donné que ça revient, puis il semble, de ce que...
peut-être que je... je lis mal, là, mais de ce qui ressort du mémoire, c'est
que vraiment les policiers, les membres expriment un besoin, là, de... d'en
savoir plus, est-ce qu'il ne faudrait peut-être pas avoir une formation dès le
début?
M. Painchaud (Jacques) :Non. En fait, votre... Merci de votre question. En fait,
c'est que les formations existent en raison des recommandations qui ont été...
l'école nationale a suivies. Et les corps de police ont suivi des
recommandations des divers coroners. Et le problème, puis je vous invite à
consulter et... M. le ministre, là, le dernier rapport Coriolan, pour lequel il
y a des recommandations pour le SPVM, mais pour la Sûreté du Québec aussi, c'est
incroyable, là : juste pour les... les formations en désescalade pour les
personnes en état mental perturbé, là, pour faire le tour des patrouilleurs, on
parle de cinq ans... quatre, cinq, six, sept ans. C'est... Ça n'a pas de sens.
Et alors là, actuellement, ça veut dire
quoi? Il faut faire une distinction entre est-ce que le produit de formation est....
est à faire. La réponse est non, il existe. Est-ce qu'il est... tu sais,
compressé au mieux pour être efficace puis donner vraiment les meilleures
aptitudes actualisées pour le faire? La réponse est oui. Mais, pour le déployer,
c'est un problème de ressources.
Et là, actuellement, il y a deux choses, et
l'école nationale ne peut pas suffire à tout. Donc, ça veut dire qu'on doit
maintenir une expertise de formation, c'est-à-dire des formateurs policiers
doivent être maintenus dans les organisations policières respectives, ils
connaissent leur culture organisationnelle, le terrain, et autres, mais il
faut... parce que l'école nationale ne peut pas suffire à tous, surtout avec
l'élargissement des différents groupes qu'elle enseigne, alors, dans les
formateurs internes, il faut augmenter le nombre de moniteurs. Juste en
Ontario, là, l'OPP, là, on parle de 100 moniteurs pour 6 000 policiers,
une semaine de formation par année. Nous, à la Sûreté du Québec, c'est 25 moniteurs.
Et là, actuellement, la détresse, là,
c'est qu'on... En plus, là, on a des requalifications obligatoires puis on
n'est pas au rendez-vous. Alors là, les moniteurs sont obligés de retourner
vers les requalifications obligatoires, et là on... ça vient remettre en question
ce qui est donné sur la désescalade. Parce qu'on... on tente, là, de... de jouer
à patcher, là. On patche, on met des «plasters» partout, puis l'eau rentre dans
le bateau, là. C'est... Ce n'est pas tenable, là. Alors, vous comprendrez
que... Et... et aussi, bien, il faut penser aussi, c'est l'expertise : l'expertise,
ça se perd, ça prend des années. Il faut les reconnaître, ces formateurs-là, il
faut. Ils sont là, ils ont... C'est important. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. J'ai M. le
député d'Ungava. Il reste deux minutes pour question-réponse. Merci.
M. Lamothe : Moi aussi, j'ai
fait le saut quand on a parlé de l'enquêteur, là, engagé à l'extérieur de la
boîte. Sauf que les propos du ministre, que j'entends depuis un certain temps,
puis ce qu'il dit aujourd'hui, c'est... c'est dret sur la coche. Dans le sens
que je ne pense pas qu'il y ait à s'inquiéter, l'expertise qu'on n'a pas dans
la boîte, bien, si on peut aller la chercher ailleurs, on peut aller la
chercher.
M. Painchaud (Jacques) :Bien, c'est sûr que c'est... c'est enregistré, là, ça fait
que, c'est sûr, on va prendre les segments. Mais, mais cela dit, non, en tout
respect, hein, en tout respect... Mais le... Des petits mots de précision dans
le texte de loi pourraient se faire, puis on serait encore bien plus contents.
Ce serait rassurant.
M. Lamothe : Moins du tiers
des policiers... je ne suis pas habitué d'aller là. Moins du tiers des
policiers n'ont pas eu la formation REMP.
M. Painchaud (Jacques) :Oui.
M. Lamothe : Pourquoi?
M. Painchaud (Jacques) :Bien, écoutez, actuellement c'est à cause du peu de
moniteurs de l'emploi de la force qu'on a puis la capacité organisationnelle à
libérer des membres. C'est-à-dire que, là, à un moment donné, on est tellement
en dessous de nos effectifs. Actuellement, depuis les huit dernières années, on
est moins de 200 effectifs en dessous des effectifs autorisés. Ça n'a pas
de bon sens. On est en demande pour enlever... ouvrir le plafond qui est avec
les 3 414 patrouilleurs dans... J'ai d'ailleurs une rencontre à l'UMQ,
FQM pour ça. Il faut absolument remonter un peu le niveau d'effectifs pour être
capables de permettre justement de... d'adresser la réponse aux besoins de
formation. Ça va ensemble, cette problématique-là, et ça répond aussi pourquoi
ce n'est pas fait.
Et là, ce que je veux vous dire, là,
là-dedans, c'est que la formation REMP, bien là, actuellement, bien, parce
qu'il y a eu la pandémie puis il y a eu des retards, exemple, sur la
requalification au tir, bien là, parce que c'était obligatoire, bien là on
arrive puis on va miser... toute l'énergie est mise sur la... la
requalification au tir. J'ai seulement... j'ai... j'ai quoi, là, j'ai deux
tiers des membres requalifiés au tir actuellement. Trouvez-vous ça normal?
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
M. Painchaud (Jacques) :Ça n'a pas... Ça n'a pas... Ça n'a pas de sens. Le
sentiment de mes membres, c'est qu'à la Sûreté du Québec on est abandonnés. On
nous dit : Ah! c'est du provincial. Bien, je m'excuse, là, mais ce n'est
pas... ce n'est pas une réponse que je suis capable de donner à mes membres. Vous
comprenez?
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
M. Painchaud
(Jacques) : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : ...bonjour,
M. Painchaud, <monsieur...
Le Président (M.
Bachand) :
...de
Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone :
...bonjour,
M. Painchaud, >monsieur... M. Roberge, Me Rousseau et Me Fiset. Un
plaisir de vous avoir avec nous aujourd'hui. Merci pour votre témoignage très
éloquent ainsi que le mémoire que vous avez déposé.
D'emblée j'aimerais vous entendre en ce
qui concerne l'état mental perturbé. Vous savez que j'ai déposé un mandat d'initiative,
j'ai entendu les paroles du ministre, alors je pense que c'est un bon pas en ce
qui concerne votre demande, surtout en lien avec la pétition qui sera bientôt
en ligne et disponible. Mais est-ce que cela va régler les difficultés dont
vous faites face en ce qui concerne les portes tournantes? Puis si vous
pourriez expliquer, parce que je pense que c'est plutôt vous qui devrez faire
l'explication de c'est quoi, la réalité puis qu'est-ce que nous devons faire
pour améliorer la situation pour la réalité policière.
Et est-ce que vous... appuiera un mandat
d'initiative pour étudier la cause pour mieux vous outiller puis mettre fin à
ceci?
M. Painchaud (Jacques) :Bon, c'est... c'est plusieurs questions. Je vais y aller
dans l'ordre.
Alors... premièrement, oui, on... j'ai
pris connaissance de votre mandat déposé et je pense que c'est une initiative
excessivement bonne, qui va permettre d'aller plus au fond de certaines choses avec
toutes les... les personnes que vous interpelez pour la consultation, dont
nous-mêmes, alors je vous remercie beaucoup. Cette initiative, on va l'appuyer...
on l'appuie, je veux dire.
Et, pour... pour ce qui est des... des enjeux,
bien, écoutez, c'est plusieurs axes. Là, actuellement, la pétition, c'est au
niveau des ministères, et M. le ministre l'a bien compris. Je suis content par
rapport à ça, il faut améliorer les choses.
Maintenant, autre chose : le
ministère au niveau de la santé. Là, au niveau de... de l'encadrement, là,
l'encadrement, là, et les suivis, est-ce que c'est fait adéquatement? Elle est
où, la reddition de comptes de... des gens qui ont le mandat de le faire? Donc,
il y a des réponses à donner.
Et, quand on arrive en troisième lieu,
dans la pétition sur la révision des pratiques décisionnelles concernant la
Commission d'examen des troubles mentaux du Québec, on peut avoir une
perception. Et on est... Là, là, je veux... on ne veut pas blesser personne,
dans ces... ces endroits-là, on... dans les institutions, les médecins, et
autres... c'est... on ne veut pas rien, il n'y a pas de procès d'intention,
mais simplement vous dire que, pour peut-être plein de raisons, les critères
qui sont là et qui sont multiples, qui doivent faire une prépondérance de
preuve avec la... puis pondérés avec la sécurité du public, vont décider s'il
est libéré avec ou sans conditions. Je pense qu'il y a des décisions qui sont
portées sur la gestion du risque, et ça, ça peut être parfois élastique. Et je
pense qu'on n'a pas tous les détails. Et, si on les avait, peut-être qu'on
serait fortement en désaccord au niveau de la population. Regardez le constat.
Ça fait que je... je ne sais pas. Si
l'institution arrive puis elle dit : Oui, oui, libérez avec conditions,
après ça, bien, eux autres, c'est correct, les conditions sont là, là c'est qui
d'autre après qui va... qui va... qui va suivre? Il y a... La personne, elle
est-tu laissée à elle-même? Et là, s'il y a des rechutes de la personne, est-ce
qu'il y a vraiment des plans d'intervention? Ou, sinon, ils attendent que ce
soit la déchéance puis que c'est la police qui doit arriver avec une personne
qui est un danger imminent pour tout le monde puis pour elle-même?
• (17 h 20) •
Moi, je vous rappelle, là, qu'il y a des
études qui ont été données, là, puis ils datent, ça fait que ça ne doit pas
être amélioré, mais l'école nationale a sorti que, de 2006 à 2015, dans les
enquêtes indépendantes, 42 % des suicides étaient en présence policière,
et 20 %, ça a été des suicides par policier interposé. Vous imaginez? Alors,
le... Et là, quand, nous, il y a une... une augmentation... Et vous en avez,
dans votre mandat, là, des... des pourcentages effarants au niveau provincial. Bien,
nous, à la Sûreté du Québec, 2018 à 2022, 35 % de cas de... d'appels
d'état mental perturbé. C'est incroyable!
Alors, évidemment, là c'est un axe pour
arriver à des solutions autres. La pétition y répond. Ensuite de ça, on va
avoir le coroner avec une enquête publique, qui est un expert. Sa mission
ultime, là, c'est d'améliorer les choses puis que les choses qui se... sont
arrivées ne se reproduisent plus et que leurs recommandations, qui ne sont pas
exécutoires, j'espère qu'ils vont être écoutés à la lettre.
Mais, du coup, ne vous fiez pas juste à
mes bonnes paroles, regardez les six, sept, huit rapports des coroners depuis
les sept dernières années, c'est éloquent : il n'y a pas, il n'y a pas du
tout de formation continue adéquate pour répondre aux problèmes. Et c'est
consternant. Et c'est la raison pour laquelle... Aujourd'hui, vous me dites :
Quelle serait l'autre solution? Un 36 heures minimal obligatoire par année
pour les policiers au Québec.
Mme Maccarone : Merci.
J'espère que c'est noté. Dans... J'aurais dû vous offrir mes... mes sincères
condoléances, évidemment, lors du décès de sergent Maureen Breau, puis en
particulier pour vous, M. Rousseau, parce que je sais que Louiseville est
en Mauricie, puis c'est là où vous oeuvrez.
Une voix : Oui. <Merci...
Mme Maccarone :
...que
je sais que Louiseville est en Mauricie, puis c'est là où vous oeuvrez.
Une voix : Oui. >Merci.
Mme Maccarone : Alors,
vraiment, on est très sensibles à ceci. Puis, si on vous pose des questions de
cette façon, c'est parce qu'on souhaite éviter que ça se reproduit.
Une voix : Je suis d'accord.
Mme Maccarone : Alors,
j'entends l'émotion que vous partagez avec nous.
Là, je veux vous ramener sur la notion de
requalification. Vous avez parlé beaucoup de formation, vous avez eu beaucoup
de questions en ce qui concerne la formation, et je constate que, oui, on a une
responsabilité puis un devoir de mettre beaucoup d'emphase sur la formation,
mais aussi la requalification. Ça fait que, si vous pourriez nous répondre de
comment vous voyez ça, à part le 35 heures, parce que... Puis je souhaite,
dans votre réponse, que vous m'expliquez comment vous allez faire ça. Quand on
a un manque d'effectifs, les gens qui font du temps supplémentaire, comment
allez-vous trouver le temps pour aller faire la requalification?
Une voix : ...
M. Painchaud (Jacques) :Oui, c'est ça. C'est qu'actuellement... bien, vous donner
juste un portrait, là, actuellement, à la Sûreté du Québec, là, en 2022, là, on
était en... à... pour l'impulsion... les Taser, Taser, il... il n'y a pas de
diffusion générale, on en a un peu partout dans les unités, mais il n'y a pas
assez de... l'outil n'est pas assez disponible pour chaque équipe de relève :
un tiers des gens formés. L'arme de support, on est à... aux deux tiers. Puis
là, écoutez, il y a les enquêteurs...
Une voix : ...
M. Painchaud (Jacques) :Oui, dans la requalification. Puis, au niveau de la... la requalification,
vous savez qu'au niveau des enquêtes on a effectivement des obligations
légales. Il y a 30 mois pour... Tu sais, un nouvel enquêteur, il a
30 mois pour acquérir tout son... son bloc de formations. Actuellement, on
est à 50 % formés. Trouvez-vous ça normal, avec toute l'imputabilité, puis
que, là...
Mme Maccarone : ...ça... ça me
fait peur.
M. Painchaud (Jacques) :...puis que, là... là, on a un projet de loi qui vise des
sanctions encore plus sévères en déontologie, on veut nous enlever le droit
d'appel automatique. Je... Je le sais, là, là, écoutez, on n'est pas dans la
bonne cible. Puis c'est clair que mes policières, policiers, ils ont besoin
d'un signal clair positif du ministre sur la formation continue.
Malheureusement, les organisations policières, en tout cas, la... la nôtre, je
vous dis, on a demandé, ça fait longtemps qu'on demande puis on sollicite de
l'ajout.
Et, en passant, la conduite d'urgence, il
y a eu des redéploiements incroyables de formations, de nouvelles mesures. Ça a
pris l'affaire Ouellet pour bouger, là. Trouvez-vous ça normal? Puis la
conduite d'urgence, là, mes policières, policiers, là, avec les véhicules
d'urgence, il y a un... il y a... il y a un modèle de... un modèle qui est
enseigné, proposé, et ce modèle-là, ça fait partie d'une petite portion qui
serait donnée dans le cadre du requalification au tir. Wow! C'est sérieux, hein?
Alors, moi, là, je vous dis, là, c'est...
c'est ça qui est difficile. Alors... Et évidemment vous allez me dire :
Bien, comment on fait pour y arriver? Les effectifs! Parce qu'on ne veut pas
mettre plus de moniteurs en... en intervention policière, et autres, parce
qu'on les enlève de la patrouille pour faire de la formation à plein temps, ça
fait qu'ils se disent : Bien, on ne peut pas. Puis, de l'autre côté, bien,
on ne peut pas dégager assez de monde pour aller donner... à suivre des
formations parce qu'on n'a pas assez de monde.
Puis moi, je m'aperçois qu'on est, depuis
des années en... en plus, on est en bas des effectifs autorisés. Et c'est pour
ça qu'on pense qu'il faudrait avoir, en plus des effectifs autorisés, une
augmentation minimum de 200 patrouilleurs sur... sur notre territoire pour
être capables, à ce moment-là, de pouvoir trouver un équilibre pour libérer les
gens à faire les formations qui doivent être faites puis augmenter notre ratio
de... d'enseignants en matière policière à la Sûreté du Québec, qui va
effectivement faire une concertation avec l'école nationale. Et là, à ce
moment-là, on va sentir qu'on s'en va dans un plan, un plan d'intervention dans
la bonne direction.
Mais là, actuellement, là, je ne la vois
pas, la vision. Il n'y en a pas, de proposition, à part de dire que ça va
prendre des années, et des années, et des années. Et ça ne finit plus. Alors,
on est consternés de ça. Pour nous, c'est vraiment excessivement éprouvant et
difficile. Et c'est très désengageant, en passant.
Mme Maccarone : Il nous
reste...
Le Président (M.
Bachand) :...secondes pour un petit
commentaire, peut-être.
Mme Maccarone : Bien,
j'aurais voulu vous entendre en ce qui concerne le désengagement puis les
règles déontologiques qui sont proposées ici ainsi que le registre. Est-ce que
tout ça, ça va mettre fin au profilage racial? Parce que nous savons que vous
faites face aussi à cette réalité. Puis comment devons-nous le confronter?
M. Painchaud (Jacques) :Là, actuellement, il faut absolument qu'il y ait une belle
sensibilisation puis de l'information donnée à nos policiers et policières,
avec des règles claires, des directions, formations, webinaires ou équipes de
travail. Et je pense que c'est la voie pour... dans un premier pas. Et par la
suite... Et voir pour la suite. Mais c'est clair qu'il y a des enjeux là-dedans
pour lesquels, nous, actuellement, je pense que ce n'est pas la bonne approche.
Et je pense que la prévention passe par la formation, la formation continue.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Laurier-Dorion, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci, M. le...
le Président. Bonjour, M. Painchaud, monsieur également. Merci de votre
présence. À mon tour de manifester toute ma... mes <sympathies...
M. Fontecilla :
...M.
le... le Président. Bonjour, M. Painchaud, monsieur également. Merci de votre
présence. À mon tour de manifester toute ma... mes >sympathies envers ce
qui s'est passé, le sergent Maureen Breau. Écoutez, toute ma solidarité avec le
deuil qui couvre votre profession, c'est tout à fait compréhensible. Je pense
que l'ensemble de la société partage votre... votre douleur. Merci encore une
fois d'être... d'être ici, là.
J'entends et je pense que le message est
passé, là, auprès de l'ensemble des... des parlementaires ici présents, y
compris le ministre, sur la nécessité de la formation. Évidemment, on ne va pas
s'opposer à une telle... à une telle volonté. Vous allez même plus loin, là, de
ce qui est... de ce qui est proposé, là. Je n'irai pas là-dessus, je... je partage
tout à fait votre... votre point de vue, là. Mais tantôt on a... on parlait des
entrées parallèles, mais je ne rentrerai pas dans ce sujet-là, là. Mais un
autre type de... de parallèle, là... vous en... vous en fait mention dans votre...
dans votre mémoire, là, c'est la... c'est... c'est le constat que vous faites qu'il
y a un grand nombre de... de répondants à vos sondages, là, sur la présence des
intervenants sociaux autres que policiers, là. Comment... Comment vous prenez
cette... cette avenue-là, cette stratégie-là, qui est relativement nouvelle,
là? Et comment ça pourrait vous aider, là, plus concrètement?
M. Painchaud (Jacques) :Nous, on pense qu'actuellement il y a une complexité dans
l'intervention policière. Puis les personnes qui... qui ont des problèmes
d'état mental perturbé ne sont pas tous des... de cas judiciaires. Vous me
suivez? Donc, ce n'est pas nécessairement des criminels, c'est des... c'est des
parents, c'est des pères, des mères, des frères, des sœurs, de la... de la
famille. Alors, vous comprendrez que, là, actuellement, je pense que ce n'est
pas la réponse policière qui devrait toujours être là. Là, actuellement, encore
une fois, là, parce que, là, la santé, là, puis les... les réseaux sociaux,
pour x raisons, ils ne répondent pas à la demande ou aux problèmes, bien, ça va
dans la cour de la police. Puis ce n'est pas normal.
Ça fait qu'à quelque part c'est clair que,
si on doit gérer la situation, bien, la police demande de l'aide. Puis toute
aide fournie de la santé, des réseaux sociaux va être la... bien accueillie. On
a besoin d'aide, là, c'est clair.
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Fontecilla : Pardon?
Le Président (M.
Bachand) :...question-réponse.
M. Fontecilla : Le projet de
loi met de l'avant, là, une nouvelle philosophie de partenariat, concertation.
Est-ce que vous pensez qu'il faut approfondir davantage sur ce partenariat-là
avec des services de santé, par exemple, en prévention?
M. Painchaud (Jacques) :C'est... Exactement. Quand on parle... dans la pétition
puis on veut le partage des... des instances, on veut aussi, là, que la santé
s'assoit aussi avec le judiciaire, là. Il y a des... Il y a des écueils, il y a
des problèmes d'information puis d'échange, puis il faut que le système
judiciaire, avec Santé, Services sociaux et les services de police, que ça
aille ensemble, que ce soit... il y ait une bonne synergie pour avoir les
réponses adaptées à ces gens-là. Parce qu'à partir du moment où il y a un... un
tribunal qui dit qu'il n'est pas criminellement responsable parce qu'il a des
problèmes de santé mentale puis que, là, ça se retrouve dans la Commission
d'examen des troubles mentaux du Québec, et avec des évaluations, bien là c'est
clair que cette personne-là, si elle est libérée, avec ou sans conditions,
bien, si elle présente un danger... un potentiel de danger important, il faut
qu'on soit capables tous ensemble de... de donner les réponses adéquates. Et,
pour ça, ça prend une bonne communication, des échanges d'information, de la
sensibilisation. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Réciproquement, je vous souhaite mes sincères condoléances à vous,
vos collègues. Puis on constate, là, depuis ce matin, que vous êtes une grande
famille. Donc, à l'ensemble de... de votre très grande famille, sincères
condoléances.
Je... J'ai lu votre mémoire. Vous
faites... Il y a une section où vous parlez de l'enquête sur l'initiative du
commissaire. Puis vous... vous dites que vous vous interrogez sérieusement sur
l'opportunité du changement législatif. Je ne suis juste pas certaine de
comprendre la... la position, parce que vous dites, entre autres, que «depuis
la mise sur pied du système de déontologie policière, le commissaire n'a jamais
eu le pouvoir d'entamer une procédure contre un policier». Puis, un peu plus
loin, vous dites qu'«il n'y a aucune démonstration de plus-value ou d'un
véritable besoin qui a été faite pour justifier cette mesure». C'est à la
page... à la page 14, là, sur l'enquête sur l'initiative du commissaire.
• (17 h 30) •
M. Fiset (André) : Avec votre
permission, M. le Président, André Fiset.
Mme Nichols : Oui, bien sûr.
M. Fiset (André) : Depuis que
la loi a été adoptée et entrée en vigueur, le commissaire n'a jamais eu
l'opportunité d'ouvrir un dossier contre un policier sur quelque allégation que
ce soit s'il n'était pas saisi d'une plainte. Tout le monde pouvait faire des
plaintes, mais ça prenait une plainte pour que le commissaire ouvre un dossier
et entreprendre soit une conciliation ou mandate un de ses enquêteurs pour
enquêter la conduite d'un policier. Et c'est toujours l'état du droit
actuellement.
Le commissaire a demandé, à mon souvenir,
lors de la dernière modification ou dans un des rapports annuels qu'il dépose à
l'Assemblée nationale, la possibilité d'ouvrir des dossiers proprio motu. Mais,
à... jusqu'à ce jour, le... le législateur n'a jamais permis cela. C'est ainsi
que la loi a été adoptée et est en vigueur depuis 30 ans.
Mme Nichols : OK, OK, c'est
pour ça que vous soulevez le... le... vous vous <interrogez sur le...
>
17 h 30 (version révisée)
<
M. Fiset (André) :
...vigueur
depuis 30 ans.
Mme Nichols :
OK. OK.
C'est pour ça que vous soulevez le... le... vous vous >interrogez sur l'opportunité,
justement, d'apporter ce changement législatif là au niveau...
M. Fiset (André) : On est rendus
à peu près à au-dessus de 2 000 plaintes par année. Il y a 15 000 policiers
dans la province de Québec. Si on évacue ceux qui n'ont pas de contact avec le
public parce que la déontologie vise les rapports des policiers avec les
citoyens... si on... ceux qui ne sont pas en contact avec le public, je parle
des officiers, l'état-major de la Sûreté du Québec, les spécialistes comme
celui qui est technicien en explosif, sur les 15 000 policiers, il y
en a peut-être 10 000 qui sont visés par ces 2 000 plaintes qui
sont déposées chaque année. Ça fait qu'un policier sur cinq a la possibilité d'être
visé par une plainte à chaque année de sa carrière. C'est lourd.
Mme Nichols : Très bien.
Merci. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Sur ce, merci
beaucoup d'avoir été avec nous cet après-midi. C'est très, très, très apprécié.
Et je suspends les travaux quelques
instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 32)
(Reprise à 17 h 37)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux.
Alors, il nous fait plaisir d'accueillir
les représentants de la Fédération des policiers et policières municipaux du
Québec. Alors, bienvenue. Alors, vous connaissez les... les règles, bien sûr.
Donc, je vous invite à débuter votre exposé, puis, après ça, on aura une
période d'échanges avec les membres. Puis merci beaucoup d'être avec nous
aujourd'hui, très apprécié.
Fédération des policiers et policières municipaux
du Québec (FPMQ)
M. Lemay (François) : Bonjour.
Est-ce que vous voulez que je procède à la présentation?
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît. S'il vous
plaît, vous seriez gentil, oui.
M. Lemay (François) : Oui. OK.
Alors, à ma... à ma gauche, Me Mario Coderre, spécialiste... avocat
spécialisé en déontologie. À ma droite, M. Danny Venditti, qui est le
conseiller de la fédération, avocat, et M. Louis Lesage, qui est
vice-président de la fédération des policiers municipaux du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Lemay (François) : Alors,
M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, on vous remercie de
nous avoir invités pour les consultations particulières concernant le projet de
loi n° 14. Au nom de mon organisation, au nom des policiers que je
représente, en mon nom... et en mon nom personnel, j'aimerais prendre un moment
pour offrir mes plus sincères sympathies à la famille, amis et collègues de la
sergente Maureen Breau, malheureusement décédée en service la semaine dernière.
Nous nous souviendrons toujours de son ultime sacrifice.
La FPMQ est un regroupement d'associations
syndicales composé d'environ 5 060 policiers et policières
municipaux, auxquels s'ajoutent les 4 460 policiers représentés par
la Fraternité des policiers et policières de Montréal, qui est partenaire de la
fédération avec un statut particulier exclusif d'associé. Les policiers
municipaux desservent 98 municipalités et environ 70 % de la
population québécoise. Pour la fédération, il est essentiel qu'un service de
police soit moderne et efficient, qu'il ait la confiance de la population et
l'engagement des hommes et des femmes qui revêtent l'uniforme tous les jours.
Vous savez, faire de la police aujourd'hui
revêt un caractère particulièrement complexe, et la fonction est attaquée de
toutes parts. Il faut s'assurer de ne pas perdre l'engagement de ceux qui
l'exercent, d'adapter le service à la population selon la réalité d'aujourd'hui
et argumenter... augmenter, pardon, la confiance de la population à l'égard des
policiers. C'est dans cette optique que la fédération invite le gouvernement à
apporter des améliorations décrites dans le mémoire que nous présentons
aujourd'hui. D'ailleurs, nous saluons l'effort du gouvernement de vouloir
atteindre les objectifs par ce projet de loi, tout en soulignant qu'il reste du
travail à faire, notamment au niveau de l'inexistence du financement récurrent
des corps de police municipaux et de la santé mentale... pour des programmes de
santé mentale des policiers et des policières municipaux au Québec.
• (17 h 40) •
Le présent mémoire traitera
essentiellement de trois points qui préoccupent la fédération et ses membres.
D'abord, le projet de loi modifie les sanctions qui peuvent être imposées lorsque
les policiers seront cités devant le Tribunal administratif de déontologie
policière et introduit des mesures administratives. Ensuite, le projet de loi
remplace l'appel de plein droit d'une décision rendue par l'actuel Comité de
déontologie policière par un droit d'appel sur permission lorsque la question
en jeu en est une qui devrait être soumise à la cour. Enfin, le projet de loi
voit à retirer les pouvoirs discrétionnaires du commissaire d'ordonner la tenue
d'une conciliation et de décider de la tenue d'une enquête lorsque le plaignant
allègue une conduite discriminatoire de la part d'un policier ou d'une
policière.
Ces trois modifications ont pour effet de
créer un régime de droit déontologique particulier pour les policiers
comparativement à d'autres professions exercées au Québec. Ces modifications
affectent sévèrement le moral des policiers et des policières sur le terrain et
s'ajoutent aux multiples situations qui provoquent le désengagement maintenant
bien documenté.
Il existe pourtant des différences
fondamentales dans l'exercice de la fonction des policiers. Le policier et
policière travaillent dans des conditions souvent périlleuses et hostiles. Au
péril de leur vie, ils doivent prendre des décisions qui risquent d'altérer non
seulement la vie d'un citoyen, mais également leur vie dans une fraction de
seconde. À notre avis, il faut user d'une très grande <prudence...
M. Lemay (François) :
...décisions
qui risquent d'altérer non seulement la vie d'un citoyen mais également leur
vie dans une fraction de seconde. À notre avis, il faut user d'une très grande >prudence
avant d'occulter ces considérants dans le cadre des travaux pour moderniser les
services de police.
Le projet de loi va créer un régime de
lois déontologiques plus sévères pour les policiers que n'importe quel autre
travailleur au Québec. Je tiens à le redire, c'est quand même un élément
important. Nos policiers ne comprennent pas actuellement ce qui amène le
gouvernement à s'en aller dans ce sens. L'impact direct de ce type de décision
nous amènera inévitablement vers un plus grand désengagement. Cela aura
assurément un effet pervers. Les policiers auront à faire et à commettre sans
doute des erreurs. Pourquoi? Parce que le fait d'avoir... de réfléchir lors
d'une intervention qui parfois demande une réaction immédiate, bien, le temps,
ils ne l'ont plus, compte tenu qu'ils ont réfléchi et ne procèdent pas à
l'intervention qu'ils doivent faire.
Alors, se faire imposer de telles règles
sévères... que la meilleure façon de ne pas les subir, ce n'est pas
d'intervenir. Et c'est un petit peu là que je veux vous amener, M. le ministre,
par l'effet que ça peut avoir directement, ce type... ce type de loi là ou ce
type de... où est-ce qu'on veut amener les policiers. Et soit on n'interviendra
pas ou soit les gens vont naturellement avoir un doute au moment de leur
intervention. Le doute chez un policier qui se questionne, ça ralentit sa prise
de décision.
Ensuite, les effets des sanctions sont
dévastatrices... dévastateurs, pardon. Comment expliquer à un policier qu'il
fera des travaux communautaires dans le cadre de la déontologie? Honnêtement,
je suis incapable. On s'entend que c'est un principe qu'on voyait dans les lois
criminelles, mais jamais on n'a pensé qu'on imposerait ce type de sanction en
déontologie. Qu'il sera soumis à des amendes de plus de 35 000 $?
C'est déjà le système qui nous a amenés à 60 jours, et maintenant on
pourrait dépasser fortement, compte tenu qu'il n'y aura plus de minimum.
L'effet est dévastateur pour le policier qui serait pris dans une décision
comme ça, mais il faut penser aussi à toutes ses partenaires de travail qui se
questionneront avant de prendre une initiative ou bien de prendre une décision
en quelques secondes.
Maintenant, évidemment, ces policiers-là
devront aussi se soumettre à des thérapies dans le contexte déontologique.
Jamais on n'a pensé qu'on se rendrait là. Et là c'est la réflexion... Poussons
la réflexion plus loin. Dans le cadre d'un tribunal administratif public, il
faudrait faire la preuve, hein, parce que, là, les gens débattraient de... de
quel genre de thérapie. Imaginez, devant un tribunal administratif public, on
se retrouverait à faire la preuve de la santé mentale du policier qui est
intervenu. Si on veut détruire nos policiers, commençons à faire ça.
Maintenant, on le refuserait, l'appel de
plein droit. Je vous rappelle que, depuis... en 2021-2022, c'est un dossier sur
deux qui a été renversé par la cour. Alors, pour nous, l'appel de plein droit
est très important pour nos policiers, nos policières, c'est une question
d'équité, c'est une question de justice. D'ailleurs, devant ces tribunaux-là,
l'ensemble des tribunaux administratifs, c'est un appel de plein droit qui est
prévu. Alors, pourquoi être plus sévère avec les policiers? C'est la question
qu'on se pose actuellement.
Et déjà les policiers, on ne se le cachera
pas, c'est la... une des fonctions les plus normées. Alors, je pense que, là,
on dépasse quelque chose sur lequel... on s'en va à un endroit qu'il ne
faudrait peut-être pas aller. Et c'est pour ça qu'on tente de sensibiliser le
gouvernement à ne pas aller à cet endroit-là.
Alors, membres du comité, pour réussir
notre mission de servir et protéger, nous avons besoin de votre support, de
votre aide. Alors, votre aide, plutôt que de créer un régime de droit
déontologique plus sévère, on a besoin de vous pour nous outiller, nous
outiller, premier volet, la formation, formation continue de nos gens et aussi
de l'aide pour la santé <psychologique...
M. Lemay (François) :
...un
régime de droit déontologique plus sévère, on a besoin de vous pour nous
outiller, nous outiller, premier volet, la formation, formation continue de nos
gens et aussi de l'aide pour la santé >psychologique de nos gens. M. Francoeur
était ici ce matin, il parlait d'un service d'aide aux policiers de Montréal.
C'est vrai, ils ont un service de qualité. Tous les autres policiers municipaux
au Québec n'ont pas un service d'aide de qualité. On fait face aux mêmes
dangers sur la route. Nos gens ont besoin d'aide.
Alors, dans ce contexte-là, je les
remercie, les policiers, d'être dévoués, de continuer à faire leur travail au
quotidien. Nos policiers, nos policières sont des gens de cœur. Mais on vient
ici vous dire simplement : Investissons-nous avec nos policiers. On a
besoin de votre aide, on a besoin de votre support. Les élus, c'est important,
vous n'avez pas idée comment on a besoin de vous sentir en arrière plus que
jamais aujourd'hui. Et c'est le message qu'on vient vous livrer.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. Lemay.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président. Merci, M. Lemay, d'être là aujourd'hui avec votre équipe. Vous
savez, ce n'est pas simple de trouver un équilibre, un équilibre dans le... le
travail de la déonto versus le travail que vous devez faire, qui est énorme,
qui est énorme, énorme. Je l'ai mentionné maintes et maintes fois, votre
travail a immensément évolué dans les dernières années, est complètement changé.
On vous en demande beaucoup pour ce que vous avez été formés à l'école
nationale versus les cas x, y qu'on pourrait nommer, là, toute la soirée
ensemble, pour ne pas nommer la santé mentale, troubles mentaux ou autres.
Ma première question, c'est sur la déonto.
Vous savez qu'on veut... qu'on veut donner, comment dire, des outils de
prévention, de sensibilisation de la déonto pour mieux la faire connaître. Vous
l'avez dit, je pense, vous l'avez dit, on veut ajouter aussi l'accompagnement
des plaignants, bon, le libre choix en ce qui a trait à la conciliation. Puis
vous dites dans votre mémoire, la conclusion, puis je veux essayer de
comprendre la portée de votre... de cette phrase, vous dites : «Il réduit
l'importance du rôle du Commissaire à la déontologie policière pour la
protection du public, mais aussi pour exercer des fonctions qui ont pour
objectif la sécurité des citoyens.» Qu'est-ce que vous voulez dire quand vous
évoquez ça? Parce que j'ai comme l'impression qu'on réussit, en tout cas, à
trouver un équilibre, parce que, bon, je me l'ai fait dire, il y a maintes, et
maintes, et maintes personnes qui disent : On n'a pas confiance à la
commissaire, au commissaire, à la commissaire, peu importe, au travail, et tout
ça, qu'il y a un parti pris x, y. Donc, il y a outiller, prévenir, mieux faire
connaître versus ce que je lis là. Comment vous expliquez ce... ce commentaire,
ces phrases que vous... que vous évoquez dans votre conclusion? Je veux juste
essayer de comprendre, là.
M. Lemay (François) : Je vais
y aller en deux volets. Le premier volet, à notre avis, que les gens soient
accompagnés. On n'est pas contre la vertu. Nos policiers, nos policières sont
accompagnés lorsqu'on va en déontologie. On n'a pas de problème. Ce qu'on vient
dire, par exemple, c'est qu'il... il y a une ligne fine, il faut s'assurer que
les gens qui vont accompagner les gens à la déontologie, soit les plaignants, soit
les demandeurs, appellent-le... il ne faudrait pas qu'ils soient associés à la
déontologie pour s'assurer de garder un mur de Chine, pour s'assurer que ce ne
soit pas l'enquêteur, que ce ne soit pas la personne qui représente la
commissaire, qu'il y ait absolument... parce que la commissaire, lorsqu'elle
aura une décision à prendre de citer ou non citer, bien, écoutez, si c'est ces
mêmes travailleurs là, donc, de notre côté, on n'est absolument pas contre.
Qu'on parle de prévention, qu'on parle...
qu'on tente de faire de la publicité, personne ne peut-être contre la vertu, ça
va. Mais il y a une chose qui est sûre, c'est qu'on veut s'assurer que les gens
qui représenteront, qui se présenteront ne soient pas des gens du bureau du
commissaire, bien évidemment, pour éviter qu'ils soient juges et parties. C'est
dans ce sens-là qu'on amenait le commentaire par rapport à l'accompagnement.
• (17 h 50) •
M. Bonnardel : Donc, vous
dites, vous voulez des personnes formées, ce que je souhaite aussi, des
personnes formées pour être capable de... Vous l'avez dit, là, vous n'êtes pas
contre que ces personnes, ces plaignants soient accompagnés, mais qu'il n'y ait
pas de lien direct avec la commission... avec la commissaire.
M. Lemay (François) : Exact.
M. Bonnardel : OK.
M. Lemay (François) : Me Coderre
va juste rajouter peut-être un petit élément.
M. Bonnardel : Oui, oui,
allez-y.
M. Coderre (Mario) : Bien, en
fait, si vous permettez, pour avoir fait, sans prétention, des milliers de
séances de conciliation en carrière, c'est vraiment un processus,
effectivement, qui vise à rétablir des ponts avec des citoyens. Ce n'est pas
juste un processus pour disposer et fermer un dossier, c'est... il y a vraiment
une valeur pédagogique. J'ai donné une conférence à Paris l'année passée
là-dessus parce que ce n'est pas quelque chose qui se fait régulièrement dans
le monde de la police. Et donc il y a des échanges, il y a des discussions qui
sont faites en tant que telles, et d'avoir un tiers qui n'est pas relié,
commissaire à la déontologie policière, ça rajoute au... au caractère fructueux
des <échanges...
M. Coderre (Mario) :
...échanges,
il y a des discussions qui sont faites en tant que telles, et d'avoir un tiers
qui n'est pas relié, commissaire à la déontologie policière, ça rajoute au... au
caractère fructueux des >échanges. Les gens ne sont pas... ils ne lèvent
pas nécessairement la garde, ils parlent librement. Indépendamment du privilège
de confidentialité, il y a un bel échange qui se fait, OK?
Et... et on parlait de formation, parce
que ça prend de la formation, c'est clair, dans le domaine de la police, c'est
clair, ça leur prend de la formation, mais il y a déjà une portion de formation
qu'on donne là, OK, et, s'il y a quelqu'un qui découle ou qui est relié avec
la... le... la déontologie, le problème, c'est que ça va aller en enquête. Et
là il y a toute une question de murets, justement, qui va faire en sorte que
l'information, les gens ne se sentiront pas en confiance d'en discuter, et je
parle notamment pour le côté policier.
M. Bonnardel : Merci pour
votre intervention. Je ne peux pas m'empêcher, M. Lemay, de vous...
vous... revenir sur la formation. Je suis un fervent. Quand on va... le projet
de loi, j'ai dit à la gang : Il faut absolument qu'on ait un... qu'on
donne des outils le plus possible aux policiers pour les accompagner dans leur
formation future. Êtes-vous à la même place, êtes-vous à la même place que vos
collègues provinciaux versus les policiers municipaux, à savoir que la formation
doit être aussi importante puis que... Puis là il y a des... il y a des...
mesures peut-être différentes ou des formations différentes dans les différents
corps de police. Je pourrais nommer chez nous, là, vous en connaissez
quelques-uns aussi, là. Comment vous évaluez votre... la portée de ces
formations chez vous versus ce que vos collègues provinciaux disent?
M. Lemay (François) : Bon,
évidemment, je ne ferai pas la nomenclature des... des 33 services qu'on
représente puis l'ensemble de tout ça, mais, pour nous autres, la formation,
c'est fondamental. Puis, si vous me permettez de peut-être rajouter, parce
qu'on a assisté au débat tout à l'heure, et, pour moi, il y a un élément, tu
sais, on se dit toujours que la formation de base de nos policiers lorsqu'ils
arrivent au service, très bonne, c'est le suivi, c'est l'après. Alors, c'est la
formation continue qu'on... qu'on aborde beaucoup plus avec vous.
Il y a beaucoup d'enjeux sur le terrain,
il y a beaucoup de besoins, alors c'est clair que, pour nous, de toute façon,
la formation continue est ultra importante actuellement. Et... et si on... si
on passe... on veut imposer des sanctions, pour nous, là, ce n'est pas là qu'il
est... qu'il est urgent d'agir. Où est-ce qu'il est urgent d'agir, c'est de
s'assurer que nos gens seront formés, seront en mesure d'intervenir, et on leur
donne dans le sens... tout le coffre d'outils nécessaires. Je vais vous donner
un exemple, on parlait de caméras corporelles. Ça fait quand même 10 ans
qu'on en parle, la possibilité d'avoir l'ensemble des... des images qui
seront... Alors, on a besoin de vous, on a besoin d'outiller nos policiers.
Et je suis bien d'accord avec une chose,
la formation, c'est aussi prévenir. Et, quand nos gens sont formés, nos gens
sont en mesure encore plus de performer, et je le dis, j'utilise le mot «performer»,
d'être meilleurs parce qu'on est dans le parfait, il faudrait être parfait. La
réalité des choses, c'est que c'est impossible d'être toujours parfait. Il faut
être bon et, pour être bon, il faut être formé. Alors, pour moi, c'est... on
est... on est tellement dans les mêmes... dans les mêmes eaux, mais s'il y a
des attentes à la perfection, alors que c'est une intervention, des fois, qui
se passe en quelques secondes où c'est... ça se passe immédiatement, c'est
impossible, la perfection, mais il faut être bon. Alors, pour être bon, il faut
s'assurer de maintenir une formation, s'assurer d'avoir une formation à jour.
On parle de... on parle de Taser. Moi,
j'ai assisté, dans mes 10 premières années, où est-ce qu'on disait :
Oui, le Taser, ça peut être mortel. Mais je vous dis une chose, c'est que
c'était peut-être mortel, mais, dans les faits, même s'il y a une personne sur
10 000 qui décédait, je vous annonce qu'il y en a beaucoup plus qui vont
décéder si on a juste l'arme à feu comme outil. Alors, la question, elle était
là. Donc là, ce qu'on sait, c'est qu'on est 10, 15 ans plus tard, et le
déploiement du Taser, c'est un policier sur quatre, un policier sur cinq, tout
dépendant du service, il y en a qui ne l'ont pas sur une relève. Alors, on
n'est... on n'est pas là en termes d'outils pour nos policiers et on n'est pas
là d'être à la hauteur. Si on veut être à la hauteur, la formation, bien
outiller nos policiers, nous apparaît vraiment l'endroit où est-ce qu'il
faudrait travailler dans les prochains mois, dans les prochaines années. Et
c'est pour ça qu'on vous dit : Mais toutes les mesures coercitives, qu'on
se retrouve là, là, si on ne veut pas que nos policiers deviennent totalement
désengagés, parce que le désengagement, c'est quelque chose qui existe, il ne
faut pas aller dans ce sens-là, il faut... il faut s'assurer de donner
l'ensemble des outils que nos policiers, nos policières ont besoin sur le
terrain actuellement.
M. Bonnardel : J'ose vous
poser la question. Sans vous rendre mal à l'aise, là, le nombre d'heures, selon
vous, idéal pour vos policiers municipaux sur le territoire, là, êtes-vous...
êtes-vous à l'aise de me le dire ou... tu sais, je vous la pose pareil, là,
mais...
M. Lemay (François) : Mais, écoutez,
tu sais, j'ai entendu les recommandations. Vous savez, juste pour le tir, il y
a des services que c'est une fois avec l'examen de qualification, alors que
d'autres services, c'est deux fois par <année...
M. Lemay (François) :
...j'ai
entendu les recommandations. Vous savez, juste pour le tir, il y a des services
que c'est une fois avec l'examen de qualification, alors que d'autres services c'est
deux fois par >année. Et c'est vrai sur tout. Qualification de Taser,
c'est une fois par année. Alors, il y a une tonne de qualifications, et là on
n'a pas... on n'a pas parlé des... des formations sur les... les sujets de
l'heure, sur la santé mentale, sur... sur... en tout cas, l'ensemble des sujets
sur lesquels on fait face. Alors, on n'aura pas le choix, on n'aura pas le
choix de former nos policiers si on veut les maintenir à la hauteur de ce qu'on
a au Québec.
Parce qu'on va se le dire, au Québec, on a
une bonne police. Et je ne vous parle pas des États-Unis. Savez-vous pourquoi?
Parce que souvent on se compare aux États-Unis parce que, bon, souvent, il y a
plus d'études, mais, en même temps, on n'arrête pas de dire que c'est
différent, la police au Québec et la police aux États-Unis. Alors, je ne vous
amène pas des statistiques des États-Unis, je tente de rester sur le Québec,
mais c'est clair qu'il y a moins... un peu moins d'études, un peu moins
d'éléments qu'on peut vous transmettre en termes de chiffres. Parce qu'on
aimerait bien ça vous parler en termes de chiffres, mais on n'a pas toujours la
capacité.
Mais la réalité de ce qui se passe sur le
terrain actuellement, nos gens ont besoin, ont besoin de vous, ont besoin
d'être outillés. Et ce n'est pas en allant... en rajoutant, en ayant le... le
régime le plus sévère, qu'on va atteindre l'objectif. Et c'est ça, le message
qu'on vient vous porter, M. le ministre, aujourd'hui.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Ungava, s'il
vous plaît.
M. Lamothe : Combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :Six minutes.
M. Lamothe : Ah! tabarouette!
Moi, je crois beaucoup à la sécurité publique au Québec. Je crois beaucoup
que... J'ai vécu des expériences antérieures, je parle par expérience, que des
corps de police... travailler en silo, ce n'est pas bon. Bon, ce n'est pas bon
dans le sens... c'est le service à la population qui en souffre.
Moi, ce que je dis, c'est que j'ai des
échanges régulièrement avec les gens du ministère, moi, ce que je dis, c'est
qu'à un moment donné il y a-tu moyen qu'on puisse uniformiser certains services
qui vont être efficaces pour tous tout en gardant une certaine autonomie au
niveau des corps de police municipale? J'y crois. Les villes qui veulent garder
leur corps municipal, moi, je n'ai rien contre ça, au contraire, M. le
ministre, je lui en ai déjà discuté, puis la même chose au niveau de la sûreté,
les MRC, bon, tu sais, s'ils décident de s'en aller avec la Sûreté, peu importe.
Mais il y a-tu moyen, exemple, à court terme, moyen terme, d'uniformiser
certains services, la formation? Un Taser à la police municipale de Gatineau,
c'est la même chose que la Sûreté du Québec à Chibougamau, à moins que je me
trompe. Ça fait qu'il y a-tu moyen de faire... tu sais, d'uniformiser des
services pour être plus efficace?
Puis, au bout de la ligne, je pense que
l'objectif commun qu'on doit avoir, quand je dis «on», je me vois encore dans
la peau, là, de... déjà, mais c'est le service à la population. Puis la
formation, M. Painchaud l'a dit tantôt, puis vous le dites, la formation
est importante. Puis, moi, ce que je cherche, à moins qu'il y ait des éléments
bien, bien précis que j'échappe, mais les formations, que ce soit au niveau
municipal ou provincial, sont les mêmes, en étant adaptées peut-être à
certaines réalités, mais la base de la formation comme telle, si je parle du Taser,
si je parle de la conduite automobile, si je parle de peu importe, vous avez
peut-être des idées que je n'ai pas, là, que je suis dans le champ, mais il y
a-tu moyen d'arriver, à un moment donné, puis se conscientiser, dire : Il
faut donner un service à la population de façon correcte, puis on va le faire
ensemble tout en gardant une certaine indépendance au niveau des corps
municipaux ou au niveau de la Sûreté du Québec? Il faut être meilleurs, puis ce
n'est pas en travaillant chacun son bord... Puis, si on a un problème de
formateurs, comme M. Painchaud disait, qu'ils en ont 25, puis vous, vous
en avez un, il y a-tu tout moyen d'arriver, à un moment donné, dire :
Regardez, là, on va faire en sorte que... Je lance l'idée comme ça.
• (18 heures) •
M. Lemay (François) : Moi, je
vais vous faire réfléchir, parce que je dis toujours qu'être à la fédération,
hein, c'est un peu... on a 33 services, mais la beauté de la chose...
Puis, en même temps, je l'ai tourné de façon positive. Chacun des services ont
développé avec leur communauté ce qui... ce qui s'attendait. Évidemment, il y a
un corps, il y a un corps qui est sans doute le même, là. Un policier... on a
tous été formés à l'École nationale de police. Lorsqu'on arrive dans nos
services, là, on a tous la même formation. Ça va? Mais chacune des communautés
a mis de l'impact sur qu'est-ce qu'ils désiraient de leurs services de police. Mais
moi, je le dis souvent, c'est un peu un «success story» de nos services de
police municipaux parce que, souvent, les gens, ils ne veulent pas quitter, là,
les services, là. On vient de voir Thetford-Mines, ils ne voulaient pas
quitter, là. Le maire était clair : Pas de financement, je pars, mais,
dans la vraie vie, je gardais ma police. Il l'a dit en consultation publique.
Où est-ce que je veux vous amener, c'est
que la formation, de toute façon, le déploiement des formations passe souvent
par l'École nationale de police, puis après ça nos formateurs sont formés, là,
on ramène ça dans nos services. Mais, je vous le dis, il y a quelque chose à
sortir par le nombre de services de police qu'on représente, parce que chacun a
un peu pris l'image de leur service de police qu'ils voulaient bien avoir dans
leur communauté. Puis ce qu'on a vu pendant la pandémie nous a permis un peu de
confirmer ça, plus c'était gros plus, c'était difficile à tourner, les choses,
plus on se retrouve dans des situations. Il y a des services, là, qui se sont
investis dans la <formation...
>
18 h (version révisée)
<
M. Lemay (François) :
...nous
a permis un peu de confirmer ça : plus c'était gros, plus c'était
difficile à tourner les choses, plus on se retrouve dans des situations où...
Il y a des services, là, qui se sont
investis dans la >formation puis qui les forment, leurs policiers, comme
il y en a d'autres, on prend du retard. Alors, moi, je dis toujours : Maintenant,
c'est la capacité d'évaluer, la capacité de voir ce qu'on a en avant de nous.
Alors, il y a des gens qui s'investissent pour le faire. Il y a des gens qui
ont pris les bouchées doubles et qui l'ont fait. Alors, il y en a, de la
formation.
Maintenant, chacun de ces services-là ont
une façon de faire. Puis, je vous dirais, j'écoutais le président de l'APPQ :
Bien, est-ce que ça, c'est la base minimale? Peut-être que je représente des
services où qu'il y en a même plus, de formation. Alors, c'est pour ça qu'il
faut faire vraiment bien attention. Moi, je ne vois pas les services travailler
en silo, mais je vois des services qui s'investissent plus que d'autres, on va
le dire comme ça.
Et est-ce que la Sûreté du Québec... Bien,
ça, ça sera aux gens de la Sûreté du Québec de venir vous expliquer comment ils
s'investissent avec toutes les raisons qu'ils ont. Mais, moi, ce que je
constate sur le terrain actuellement, les gens s'investissent, mais il faut
faire plus. On a des grands objectifs, on veut maintenir un haut standard. Je
vous l'ai dit, la perfection n'existe pas. Il faut arrêter de viser la
perfection. C'est un stress. À tous les jours, on peut la viser, mais il faut s'attendre
qu'on n'aura pas la perfection. Mais ça, si on veut se donner un haut standard,
il faut maintenir ce standard et continuer à s'investir.
Le Président (M.
Bachand) :Une minute.
M. Lamothe : ...vous parliez
tantôt que les policiers réfléchissent avant de faire toute intervention.
Faites-vous un lien avec les interpellations raciales? Il est où, le lien? Ce n'est
pas tout le temps, là?
M. Lemay (François) : Non, ce
que je disais, c'est qu'essentiellement... c'est que, lors d'une intervention
x, y, z, là, on prenait... on prenait un événement, clairement. Vous savez, l'intimidation,
là, il n'y a pas... on en vit comme policiers. Et il y a des jours où, si j'avais
une caméra corporelle sur moi, là, je me sentirais pas mal plus appuyé de l'intimidation.
Alors, est-ce qu'un jour, moi... un policier qui se fait intimider, là... Parce
qu'il y a des gens qui cherchent la confrontation, on ne se le cachera pas. On
les voit, là : ils intimident par un geste, voient l'autre qui veut filmer
l'intimidation, puis on passe à côté de ça parce qu'à un moment donné il faut
bien décider comment on va faire notre journée de patrouille avec les
obligations qu'on a dans cette journée-là.
Donc, où est-ce que je veux en venir, c'est
que, cet effet-là, est-ce qu'on a des gens qui vont réfléchir avant d'intervenir?
C'est normal. La police, c'est fait par des êtres humains. Alors, un être
humain qui fait face à des éléments comme je vous disais... Écoutez, là, en
déontologie, d'aller faire... de se retrouver et de faire face à ce qu'on... on
pourrait faire face selon le projet de loi, il n'y a pas personne qui va aller
là, là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Lemay (François) : Alors...
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup, M. Lemay. Désolé, je dois passer de la
parole à la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Bonjour, messieurs. Bienvenue chez vous.
M. Lemay (François) : Merci.
Mme Maccarone : M. Lemay,
je souhaite vous entendre parler en ce qui concerne l'état mental perturbé. Je
pense que même vous, dans votre parcours personnel, vous avez été confronté à
ce phénomène, les fameuses portes tournantes. On dit qu'un policier va avoir...
bien, les policiers vont avoir un appel, ils vont se présenter, ils vont amener
la personne à l'hôpital, puis ça peut être quelques heures plus tard, mais la
personne est déchargée, mais vous, vous n'avez pas accès à l'information. On a
entendu les échanges précédents avec l'APPQ. On comprend que peut-être il y a
une portion de ceci qui serait à adresser.
Seriez-vous... Appuieriez-vous, dans le
fond, le mandat d'initiative que j'ai déposé hier pour étudier non seulement le
phénomène de la croissance de violence... On a vu, depuis 2005 jusqu'à 2022,
une croissance de 21 % à travers la province. Puis on sait que ce
phénomène de violence, les crimes violents, ça arrive le jour, le soir, dans
nos écoles, autour de nos écoles, à l'épicerie. J'ai peur de laisser sortir mes
enfants, de prendre le métro à Montréal. J'ai vraiment des craintes
importantes.
Seriez-vous un appuyeur d'une telle
initiative? Puis comment voyez-vous... que devons-nous faire pour, vous, vous
aider quand vous faites face à cette fameuse porte tournante puis les personnes
qui ont des besoins en santé mentale en ce qui concerne l'état mental perturbé?
M. Lemay (François) : Je vois
deux volets à votre question. Je vais répondre au premier... au premier volet.
Écoutez, en 2019, la première sortie... la première sortie que j'ai faite comme
président aura été sur le dossier des portes tournantes, et ce que je
demandais, c'est qu'on doit arrêter de travailler en vase... en silo puis de
commencer à travailler, l'ensemble des intervenants alentour, donc c'est autant
le ministère de la Sécurité publique, autant le ministère de la Santé, puis de
chercher des solutions <avec...
M. Lemay (François) :
...c'est
autant le ministère de la Sécurité publique, autant le ministère de la Santé,
puis de chercher des solutions >avec l'ensemble des intervenants sur
lequel... Donc, toute initiative qui sera prise en ce sens, non seulement on va
l'appuyer, on va s'impliquer. Alors, soyez clairs qu'on va s'impliquer dans ça.
Qu'est-ce qu'on peut faire? C'est un sujet
qui est extrêmement compliqué. Quelqu'un qui arriverait avec la recette
magique, là, je suis vraiment inquiet parce qu'on pense que c'est un paquet de
petites choses qui va faire qu'on aura une meilleure réussite. Et là, bien, ces
actions-là...
Écoutez, ça fait 20 ans qu'on ne
finance pas nos services de police municipaux chez nous. C'est extrêmement dur
d'améliorer l'offre de services qu'on devrait donner. On le voit, on voit des
initiatives, tout le monde essaie, tout le monde prend des initiatives, mais je
pense que ça va prendre un genre de tronc commun ensemble, de décider où... ce
qu'on veut faire, où on veut amener nos services dans le futur. Puis c'est un
peu dans ce sens-là qu'on s'implique dans ce sujet-là, mais le financement...
Maintenant, on parlait d'outiller nos
policiers. Nos policiers, ça fait des années, des années qu'on demande la
caméra corporelle. Alors, quand on disait : On veut être outillés pour
être capables d'intervenir sans se casser la tête à savoir s'il y a une
conséquence, moi, sur ma vie, sur mon travail, alors c'est un petit peu... c'est
un des éléments. On a toujours été ouverts à avoir ou, en tout cas, depuis que
je suis là, à travailler et d'amener, si vous voulez... Tu sais, j'avais des
discussions avec les services, c'est qu'on demande de plus en... Il y a une
augmentation des appels, et, en plus, ce qu'on a réalisé, c'est que les appels
durent de deux à quatre fois plus longtemps, alors ça a un double effet sur nos
services de police d'avoir des nombres d'appels en augmentation.
Donc, dans ce contexte-là, c'est beau d'avoir
des intervenants avec nous, on a été ouverts à ces idées-là, mais... on a
démontré de l'ouverture, mais il faut savoir une chose, c'est que, lorsqu'on se
présente, l'intervenant rentre une fois que la scène est sécurisée. Ça ne vous
empêchera jamais... Vous allez toujours avoir besoin, dans un premier temps, du
policier et de la policière qui vont intervenir pour sécuriser. Après ça, l'intervenant,
dans une deuxième phase, vient, amène l'application de la désescalade et l'ensemble
de tout. Alors, un, on a besoin de travailler ensemble.
Deux, il y a une tonne de petites
solutions. Moi, je dis toujours : Hein, tu sais, il y a des gens qui, au
baseball, là, ils veulent gagner toujours avec un circuit, mais aussi c'est
aussi bon d'avoir plusieurs petits coups sûrs, puis finalement on va marquer
autant de points. Et je pense que c'est dans ces mesures-là, ensemble, avec le
ministère de la Santé et les autres ministères, qu'on va réussir à faire ce qu'on
a à faire.
Je reviens toujours à la prémisse de base.
On est ouverts, on est ouverts à s'améliorer, on est ouvert à la formation, on
démontre une ouverture dans tout, on veut s'impliquer. On a ce message-là. En
tout cas, moi, depuis que je suis arrivé, en 2019, je parle de l'implication,
puis il faut travailler tous ensemble, là. La sécurité publique, là, c'est
vous, c'est nous, c'est l'ensemble. Vous m'avez dit : Bien, bienvenue chez
vous. Je pense la même chose. On a la même façon de se comporter quand on
regarde nos organisations, puis c'est M. et Mme Tout-le-monde. Puis moi, j'ai
toujours pensé que bien représenter nos policiers, c'est aussi représenter M.
et Mme Tout-le-Monde, qui, souvent, lui, on n'entend pas sa voix. Alors, pour
moi, il y a vraiment un lien entre les deux, et c'est un paquet de petites
mesures, mais c'est ensemble qu'on va les réaliser.
• (18 h 10) •
Mme Maccarone : En parlant de
paquet de petites mesures, peut-être on peut revenir sur les règles
déontologiques. Est-ce qu'il y en a là-dedans que vous trouvez justes puis qui
seront facilement applicables ou est-ce que nous devrons recommencer à zéro,
consulter encore pour voir comment nous pouvons évoluer? Parce que ce qu'on
comprend, en faisant la lecture de cette loi, ça prend beaucoup de place, ça
prend beaucoup de place dans tous les mémoires qu'on reçoit. Puis j'entends ce
que vous dites, c'est les règles les plus sévères, puis j'avais déjà fait
mention que, si, mettons, un médecin fait une erreur, ils ne seront pas
assujettis à des telles normes ou des telles règles ou pénalités.
M. Lemay (François) : Exact.
Mme Maccarone : Alors, est-ce
qu'il y en a là-dedans, selon vous, que nous pourrions garder? Et, sinon, est-ce
que c'est une question de recommencer total? Puis, dans votre réponse, parce
que je sais que vous allez utiliser tout mon temps qui reste, pourriez-vous
aussi faire une mention spéciale en ce qui concerne la sensibilité des
renseignements de nature médicale?
M. Lemay (François) : OK.
Alors, la première chose, on parle d'un paquet de petites choses. Le milieu
était déjà en action. On a rencontré la commissaire, et je pense qu'on était capables
de mettre en avant plusieurs choses avec la commissaire, soient les services de
police, soient les représentants et <l'ensemble...
M. Lemay (François) :
...en
avant plusieurs choses avec la commissaire, soient les services de police,
soient les représentants et >l'ensemble du milieu, où on était capables
de se prendre en main en termes de discussion qu'il devait y avoir. C'est sûr
que les mesures qui sont dans le projet de loi nous a... Et là je ne commente
pas. Tu sais, on n'est pas contre la vertu quand... quelqu'un qui accompagne. On
est... Ce n'est pas ça, là. C'était vraiment sur les conséquences. Et, sur ça,
bien là, c'est clair, on ne peut pas vivre avec ça.
Puis le message, là, essentiellement, là,
c'est que, nous, là, ça ne nous avantage pas ou ça ne nous désavantage pas, le
désengagement. Ça, je tiens à le dire. On avait une discussion avec... avec
quelqu'un du ministère qui disait : Ça fait votre affaire. Je m'excuse, ça
ne fait pas mon affaire, ça ne fait pas l'affaire de nos policiers, de nos
policières, le désengagement, mais c'est un phénomène, c'est la réalité de ce
qui se passe sur le terrain. Et moi, je dis toujours : Pour prendre les
bonnes décisions, M. le ministre, pour prendre les bonnes décisions, il faut
certainement avoir le bon briefing.
Essentiellement, où est-ce que je veux en
venir, c'est que, s'il y a des gens proches de nous ou dans nos équipes qui,
eux, ne croient pas à ça, nécessairement, le désengagement, ou, en tout cas,
banalisent le désengagement, bien, toutes les décisions ou les pistes de
solutions qu'on va mettre en place, si on ne fait pas la bonne analyse, on va
peut-être être à côté.
Alors, dans ce sens-là, c'est là que je
veux en venir à dire : Ce qui est important, c'est de comprendre où on en
est, de bien se situer où est-ce qu'on en est puis de prendre les bonnes
décisions. Alors, c'est dans ce contexte-là.
La deuxième partie de votre question, vous
manquez peut-être de temps, là.
Mme Maccarone : Bien, parce
que vous avez abordé beaucoup la sensibilité des renseignements de nature
médicale aussi dans votre mémoire, ça fait que si vous pouvez aller plus en
profondeur de ceci.
Le Président (M.
Bachand) :Une petite minute, s'il vous
plaît.
Mme Maccarone : Je savais.
M. Lemay (François) : À notre
avis, la meilleure personne pour appliquer, c'est les organisations policières.
Ce n'est pas vrai que de se retrouver dans un dossier devant un tribunal
public, ça sera la place pour venir faire une preuve de nature psychologique du
policier. Et ça, si on veut détruire nos policiers puis nos policières,
commençons à faire ça.
Et c'est là... Parce qu'il faut faire
vivre, hein? Oui, c'est un projet de loi, mais personne ne le fait vivre. Puis
c'est quoi, la conséquence? C'est que, demain matin, on se retrouverait devant
un tribunal à faire une preuve dans un... dans le contexte d'un tribunal
public. Alors, ça n'a aucun sens. Ce n'est pas la bonne place.
Puis, de toute façon, si, nos gens, on a
besoin de prendre soin de nos policiers, d'un policier ou d'une policière, c'est
l'organisation qui est la meilleure personne, la meilleure personne placée à
s'occuper de cette personne-là et après ça d'appliquer et de faire le suivi. De
toute façon, ça nous apparaît... ça nous apparaît logique. Plutôt que tout le
monde commence à s'interposer dans la situation de l'autre, maintenons... La
meilleure personne, c'est qui? C'est le service de police pour ça.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Laurier-Dorion, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Comme le disait ma collègue de Westmount, une partie substantielle
de ce projet de loi concerne la déontologie, etc., là, qui... Et le problème de
fond, là, derrière tout ça, là, c'est toute la problématique de profilage
racial qui se manifeste à travers les interpellations, là. C'est là-dedans
qu'on joue, là. J'entends... J'entends votre discours sur la nécessité
d'éduquer, de former, etc., là, et c'est très bien. D'autre part, les
conséquences que pourrait avoir un... comment dire, un alourdissement, là, de
tout l'appareillage, là, de déontologie, là, sur le travail des policiers, là,
ça a été à maintes fois exprimé, là.
Mais moi, je serais tenté de vous... de
vous questionner, là, sur le phénomène en lui-même, la question du profilage
racial, qui est le fruit des interpellations, là, c'est étroitement relié, là,
donc une situation et, comment dire, un moyen, là, qui mène à ça. Quelles
seraient vos pistes, ou votre réflexion, ou vos stratégies pour lutter contre
le phénomène du profilage?
M. Lemay (François) : Oui,
vous savez, c'est une question qui est quand même lourde de sens. Mais, pour
nous... on regardait nos voisins, ça fait quand même plusieurs années, l'Ontario
a décidé un peu de s'immiscer dans cette question-là bien avant nous, au
Québec, ou, en tout cas... et on a vu l'impact que ça a eu en Ontario. On ne
pense pas que, demain matin, on va résoudre l'ensemble avec les moyens qu'on
nous offre actuellement. On va être respectueux des moyens que l'Assemblée
nationale décidera de mettre en place sur 636, l'application. Est-ce qu'il y a
un danger? Oui, on le croit sincèrement, qu'il y a un danger pour nos
policiers, nos policières, parce que c'est M. et Mme Tout-le-monde, la sécurité
dont chacun a le droit au Québec qui est mise en jeu. On va se conformer à
nos... à ce que les gens nous demanderont ou ce que le législateur <va...
M. Lemay (François) :
...mise
en jeu. On va se conformer à nos... à ce que les gens nous demanderont ou ce
que le législateur >va nous demander, mais je pense que c'est
intéressant de regarder ce qui s'est fait quelques années avant nous puis
l'effet direct qu'on a eu en Ontario, et je pense qu'une partie de la réponse
sera là.
Maintenant, moi, ce que je peux vous
offrir, par exemple, c'est la connaissance de tout ça... bien, passe par la
formation. Alors, aujourd'hui, on sait des choses, comme toute société, on
évolue, et ça, bien, l'évolution est aussi suivie par la formation. Alors, pour
moi... C'est pour ça que je dis : On croit vraiment à la formation, et il
y a plusieurs choses. Parce qu'il faut donner les outils à nos policiers. Il ne
faut pas les placer dans une situation où est-ce qu'avant ça on appelait ça de
la police puis, avant ça, c'était correct. Parce que moi, je l'ai souvent dit,
je crois fondamentalement... Est-ce qu'il y a des gens de racistes? Oui. Est-ce
qu'on a un racisme systémique? Ça, c'est une autre grande question. Mais je
suis loin de penser qu'on avait un racisme systémique dans nos organisations.
Mais ce qui est important demain matin,
c'est qu'est-ce qu'on veut offrir comme services. C'est pour ça que... C'est là
qu'on se retrouve. Et pourquoi on se retrouve à cet endroit-là? C'est de dire :
Parfait, qu'est-ce qu'on veut de nos policiers puis de nos policières, bien, il
va falloir toujours bien aller les... leur dire, aller les former. Et... Et,
plutôt que de parler de sanction, moi, je pense qu'on devrait s'investir sur la
voie d'où est-ce qu'on veut amener nos services pour dans quelques années, dans
cinq ans, dans 10 ans, en termes d'évolution.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. Lemay.
Merci. Mme la députée de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Oui. Merci, M.
le Président. J'ai deux questions puis je n'ai pas beaucoup de temps, ça fait
qu'on va faire des questions courtes, des réponses courtes. J'en profite... je
profite du fait que vous êtes ici, là... la formation, on en a parlé beaucoup
aujourd'hui, puis là tout le monde semble enclin à la formation. Puis vous
mettez beaucoup l'accent, là, sur l'importance de la formation. J'y crois, moi
aussi. Puis le ministre vous a rassuré en vous disant qu'il était pour en
avoir, de la formation, que c'est un outil indispensable, particulièrement en
2023.
Je vais un peu plus loin, je pousse un
peu, peut-être, je pousse un peu ma... ma chance, ma luck, moi, ce que je
comprends, là, c'est il y a de la formation pratique, mais il y a de la
formation théorique. Seriez-vous prêt à dire que ça prend moitié-moitié ou...
Parce que, quand vous parlez... Vous avez parlé du Taser. C'est pratique,
j'imagine, comme...
M. Lemay (François) : Non, il
y a aussi des examens théoriques, là. Il y a une formation complète. Mais il y
a... Il y a une formation. C'est plus complet que juste penser que c'est juste
de la pratique. Il y a aussi... aussi toute la littérature qui vient avec, en
termes de formation, on revoit ça. Souvent, dans le premier deux, trois heures,
on revoit toute la formation théorique puis après ça on s'en va dans des
pratiques.
Alors, les formations qui sont mises en
place ont deux volets, là : il y a un volet théorique, il y a un volet de
connaissances, bien évidemment, puis il y a un volet pratique. Puis il y a des
formations que c'est seulement des volets théoriques et... et documentés, là,
qui est sans des pratiques.
Mme Nichols : Bien, c'est
parce que j'essaie déjà... je vois... Tu sais, on va arriver à l'étude
détaillée, là, puis on va arriver à la partie formation, puis j'imagine qu'il
va y avoir, là, des débats, des propositions. Puis moi, je pense à différents
ordres professionnels, comme, par exemple, le Barreau. Il y en a deux, là, qui
sont assis avec vous, là. Bien, tu sais, le Barreau, c'est de la formation
continue, c'est 30 heures par deux ans avec 3 heures en éthique et
déontologie, là. On le sait, hein? On vient de... On vient de compléter le
31 mars, là. On a payé aussi, mais, bon, ça, c'est un bon sujet. Mais
c'est pour ça que je me demandais... Tu sais, nous, on n'a pas... il faut la
faire, la formation, mais il n'y a pas de test à la fin, là, réussi, pas
réussi, là. Tu sais, c'est de la formation qui est certifiée par le Barreau.
Pratique, on n'en a pas, tu sais...
M. Venditti (Danny) : Je ne
vous invite pas à vous inspirer des formations du Barreau.
Mme Nichols : Bon, bien,
parfait. C'est... Bien là, j'en prends... j'en prends bonne note. Mais, tu
sais, on pourra regarder les autres ordres professionnels aussi. Mais c'est
pour ça que j'allais un peu plus loin, là, puis je tentais ma chance, là...
• (18 h 20) •
M. Lemay (François) : Bien,
écoutez, il y a diverses formations, hein? Vous savez, à l'École nationale de
police, ils appelaient ça la mise à jour des connaissances. Alors, mise à jour
des connaissances, il y a une partie théorique et il y a une partie pratique.
Alors, il y a beaucoup de nos formations policières qui contiennent les deux,
là, je vous rassure.
Sauf qu'il y a une chose qui serait
importante, c'est que, souvent, on voit «à la pige», tu sais, les gens vont
choisir à la pige, on ne peut pas s'en aller dans ce modèle-là au niveau de la
police. Je veux dire, nos organisations vont nous dicter, et vient... et
évidemment vient avec la pratique, ensemble, sur nos équipes de travail. Tu
sais, c'est important de... que nos travailleurs non seulement ils ne soient
pas juste dans une auto de police, mais qu'ils soient en mesure aussi de
pratiquer ensemble, de se retrouver dans une situation où est-ce qu'on évolue
aussi comme policier avec nos connaissances en fonction de la réalité sur le
terrain.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup d'avoir été avec
nous. Très, très, très constructif, instructif.
Alors, je suspends les travaux quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 21)
(Reprise à 18 h 28)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Il nous fait plaisir de recevoir les
représentants de la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse.
Alors, M. le président Tessier, content de
vous revoir. Vous êtes un fidèle de la Commission des institutions. C'est
toujours un plaisir de vous recevoir. Donc, vous connaissez les règles. La
parole est à vous. Peut-être, présenter les gens qui vous accompagnent d'abord,
s'il vous plaît.
Commission des droits de la personne et des droits
de la jeunesse (CDPDJ)
M. Tessier (Philippe-André) : Oui.
Merci, M. le Président. M. le ministre, Mmes et MM. les députés. Donc,
Philippe-André Tessier, président de la Commission des droits de la personne et
des droits de la jeunesse. Je suis accompagné de Mme Myrlande Pierre, qui
est vice-présidente responsable du mandat charte, de Me Evelyne Pedneault et de
M. Mathieu Forcier, tous deux de la Direction de la recherche.
Le projet de loi sous étude interpelle la
commission, qui, je le rappelle, a pour mission d'assurer le respect et la
promotion des principes énoncés dans la Charte des droits et libertés de la
personne. Nos commentaires, évidemment, se fondent également sur nos missions
que nous confère la Loi sur la protection de la jeunesse ainsi que la Loi sur
l'accès à l'égalité en emploi dans les organismes publics.
Dans le cadre de cette présentation, nous
désirons nous concentrer sur trois enjeux traités dans le mémoire de la
commission et nous souhaitons plus particulièrement porter à votre attention
ces enjeux qui sont directement liés aux travaux de la commission et qui ont
contribué à la reconnaissance du profilage racial, du profilage social et des
autres profilages discriminatoires, notamment dans le secteur de la sécurité
publique.
Et, sur ce, je cède la parole à ma
collègue.
• (18 h 30) •
Mme Pierre (Myrlande) : Alors,
premièrement, la commission souhaite réitérer l'importance de mettre en œuvre,
de mettre de manière uniforme à travers le Québec, les mesures systémiques
nécessaires pour prévenir et lutter contre toutes les formes de discrimination.
À ce propos, le projet de loi propose de conférer au ministre l'obligation
d'établir des lignes directrices. Il prévoit aussi de nouveaux pouvoirs
réglementaires. Cela pourrait assurer une application uniforme et systémique
des mesures visant à lutter contre le profilage racial, le profilage social et
les autres profilages discriminatoires dans le secteur de la sécurité publique.
Alors, pour ce faire, il faut... il faudra
cependant tenir compte de toutes les formes de discrimination. Ces lignes
directrices et règlements doivent permettre de cibler l'ensemble des
manifestations du profilage discriminatoire, alors c'est pourquoi la commission
tient à rappeler que la discrimination interdite par la charte peut prendre
trois formes. La discrimination directe est la forme la plus flagrante. Elle se
produit lorsqu'une distinction, une exclusion ou une préférence se fonde
directement sur un des 14 motifs de discrimination prohibés par la charte.
Même si elles sont moins facilement identifiables, d'autres formes de
discrimination ont un impact tout aussi grave, tout aussi délétère sur les
populations qui en sont victimes, sur leurs propres... sur leurs proches et sur
l'ensemble de la société québécoise.
Ainsi, la discrimination peut aussi être
indirecte. C'est le cas lorsqu'elle repose sur une conduite ou une règle qui
est en apparence neutre, qui s'applique à tout le monde, mais qui a des effets
préjudiciables pour un individu ou un groupe en fonction d'un motif de
discrimination. Une mesure peut donc être discriminatoire, même si elle ne vise
pas directement une personne en fonction d'un motif de discrimination.
Il est nécessaire... Il n'est pas nécessaire,
en fait, non plus, d'avoir l'intention de discriminer. Une règle ou une
conduite peuvent <avoir été...
>
18 h 30 (version révisée)
< Mme Pierre (Myrlande) :
...il
n'est pas nécessaire, en fait, non plus d'avoir l'intention de discriminer. Une
règle ou une conduite peuvent >avoir été guidées par la bonne foi et
néanmoins entraîner une discrimination indirecte. On doit s'attarder non pas
sur l'intention, mais à l'effet qu'elle produit.
La troisième forme que peut prendre la
discrimination est systémique, donc, dite systémique. Pour l'identifier, il ne
faut pas seulement s'attarder à l'effet isolé d'un acte ou d'une norme. On doit
plutôt tenir compte de la somme des effets d'exclusion disproportionnée. Alors,
ces effets discriminatoires résultent de la conjugaison d'attitudes empreintes
de préjugés souvent inconscients, mais aussi de pratiques individuelles ou
institutionnalisées, ainsi que de politiques qui se renforcent et s'alimentent
mutuellement.
Alors, le profilage discriminatoire peut
être directement fondé sur un motif, mais il prend, la plupart du temps, des
formes subtiles, insidieuses, pernicieuses. Alors, il peut être non
intentionnel ou basé sur des stéréotypes ou des préjugés inconscients. La
commission tient donc à rappeler la nécessité de viser toutes les formes de
discrimination pour lutter efficacement contre le profilage discriminatoire
dans le domaine de la sécurité publique. Dans une approche globale, on doit se
pencher sur les décisions et les actions prises à l'échelle individuelle, mais
il faut aussi s'attarder aux effets discriminatoires d'une norme et pratique
institutionnelle.
M. Tessier (Philippe-André) : Cela
m'amène au second point que la commission souhaite aborder, qui concerne les
interpellations et les interceptions routières. La commission réitère sa
recommandation sur l'interdiction des interpellations policières des piétons et
passagers de véhicules qui sont dites sans fondement. On parle ici des
interpellations qui sont aussi appelées «contrôles de routine» ou «street
checks» en anglais. Il s'agit d'interventions initiées par un policier, menées
hors du cadre d'une enquête et qui donnent lieu à l'identification et à l'enregistrement
des renseignements d'une personne.
La pratique policière 2.1.7, qui est
en vigueur, établit qu'une interpellation ne peut reposer sur l'un des motifs
discriminatoires qui est énuméré. Cependant, elle n'interdit pas toute
interpellation policière ou contrôle de routine. Les recherches ont pourtant
bien démontré que, même si elles sont en apparence neutres, ces interventions
policières ont des effets préjudiciables disproportionnés sur les minorités
noires, les autres minorités racisées, les personnes autochtones et les
personnes en situation d'itinérance en ce qui a trait au profilage social.
La commission recommande donc de modifier
l'article 97 du projet de loi afin de prévoir que le ministre doive
établir une ligne directrice interdisant toute interpellation dite de routine
telle que définie dans notre mémoire. Elle recommande également que cette ligne
directrice aille de pair avec la révision des politiques et des pratiques
policières relatives aux incivilités, qu'elle prévoie l'obligation pour les
policiers d'informer la personne interpelée qu'elle n'a pas l'obligation de s'identifier
et qu'elle précise les sanctions applicables pour les policiers en cas de
contravention.
Le projet de loi propose, par ailleurs, d'obliger
le ministre à établir une ligne directrice à l'égard des interceptions
routières aléatoires effectuées, celles-ci, en vertu de l'article 636 du Code
de la sécurité routière, dont vous avez entendu parler aujourd'hui, j'en suis
sûr. La commission a contribué à la reconnaissance par les tribunaux et l'impact...
de l'impact disproportionné et discriminatoire de ces interceptions routières
sur les personnes noires.
Elle a aussi salué le jugement rendu par
la Cour supérieure en octobre dernier dans l'affaire Luamba. Cette décision
historique a déclaré inopérant l'article 636 en raison des impacts
discriminatoires qu'il emporte. La commission prend acte de la décision du Procureur
général de faire appel de ce jugement. Elle invite néanmoins le législateur à
donner suite aux conclusions de celui-ci et à amender le projet de loi n° 14
afin qu'il prévoie une modification à l'article 636 plutôt que l'établissement
de lignes directrices concernant les interceptions routières.
Mme Pierre (Myrlande) : Alors,
le troisième point de ce mémoire sur lequel la commission souhaite mettre l'accent
a trait à la reddition de comptes et la collecte de données désagrégées selon
les motifs de discrimination interdits par la charte. Le projet de loi propose,
entre autres, de modifier les articles 265 et 267 de la Loi sur la police.
Le directeur de tout corps policier devrait ainsi transmettre au ministre,
annuellement ou sur demande, certaines données pour faire état des
interpellations policières effectuées ou, plus largement, de l'efficacité de l'action
policière.
S'il faut saluer ces mesures, la
commission s'interroge néanmoins sur la possibilité de les mettre en œuvre sans
collecte de données adéquate. La commission recommande depuis plusieurs années
que le législateur fixe des balises relatives à la définition d'indicateurs
ainsi qu'à une collecte de données désagrégées selon les motifs de
discrimination pertinents. Or, ni <le projet de loi...
Mme Pierre (Myrlande) :
...désagrégées
selon les motifs de discrimination pertinents. Or, ni >le projet de loi
ni le cadre produit par le ministère de la Sécurité publique à ce sujet ne
répondent à cette recommandation. La commission recommande de fixer dans la loi
les balises permettant de telles collectes de données.
Elle porte à votre attention que c'est ce
qu'ont fait, par exemple, l'Ontario, la Colombie-Britannique et la
Nouvelle-Écosse au cours des dernières années. Ces balises devraient permettre
une mise en œuvre d'une collecte de données effectuée dans le but explicite de
lutter contre la discrimination et le profilage discriminatoire. Elle devrait,
en outre, permettre de dresser un état des lieux de l'impact des pratiques
policières à différentes étapes de l'action policière en fonction des
différents motifs de discrimination pertinents.
La mise en œuvre d'une telle collecte de
données est essentielle pour identifier et définir les actions à prendre pour
lutter contre la discrimination, le profilage racial, le profilage social et
d'autres profilages discriminatoires. Elle devrait aussi permettre de corriger
les normes, les règles, les pratiques... les politiques, les pratiques
policières qui induisent des effets discriminatoires. Une telle collecte est
aussi nécessaire pour mesurer les résultats obtenus, le cas échéant, et rendre
compte des mesures prises et de l'impact... et de leur impact, et, en ce sens,
elle devrait contribuer à une meilleure mise en œuvre des principes de
transparence et d'imputabilité au sein des corps de police.
Alors, nous vous remercions de votre
attention et nous sommes disposés pour échanger avec vous.
Le Président (M.
Bachand) :Merci infiniment. M. le
ministre.
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président. M. Tessier, mesdames monsieur, merci d'être là ce soir.
J'ai deux sujets qui m'interpellent, la
déonto et les lignes directrices du profilage racial, puis je veux commencer
par la déonto. J'ai quand même regardé votre mémoire puis, je vous le dis, je
vous le dis, vous le savez aussi, j'ai rencontré plusieurs personnes, plusieurs
groupes qui nous ont fait part du peu de confiance qu'ils ont face à la
déontologie. Je pense que vous êtes un peu d'accord avec ça aussi et je veux
juste vous entendre sur le pas que nous faisons, à savoir de... rôle de
prévention, d'éducation que nous souhaitons donner à la commissaire pour mieux
faire connaître... améliorer la confiance vis-à-vis la population, vis-à-vis
les plaignants. Est-ce qu'on fait un bon pas? Puis, là-dessus, bien, de voir
les gains additionnels, je crois, gains pour ce qui est de la conciliation, de
l'accompagnement, comment vous voyez ces... je crois, là, humblement, là, ces
gains pour les plaignants?
M. Tessier (Philippe-André) : Alors,
merci, M. le ministre, pour la question. Donc, effectivement, donc, la commission
a fait plusieurs recommandations dans son mémoire qui a été déposé, qui faisait
suite, d'ailleurs, au projet de loi n° 18, qui est mort au feuilleton à la
dernière législature... et peut-être de revenir sur le fait que le système de
déontologie policière, son origine prend source aussi dans des événements
tragiques des années 80. Donc, on a mis en place un système de déontologie
policière au Québec justement parce qu'il y avait eu, malheureusement, des cas,
des abus. Et donc on est venus à mettre en place un système pour
professionnaliser... pour faire en sorte que les policiers, à travers le
commissaire et le comité, qui est le tribunal administratif qui est chargé
d'entendre les décisions du... les recours pris par le commissaire...
Donc, pour nous, ce qui est important,
c'est de rappeler qu'un des éléments que la commission a recommandés, qui va
au-delà de ce qu'il y a dans le projet de loi aujourd'hui... donc, oui, des
bons éléments, dans le projet de loi, par rapport à la déontologie policière,
mais la commission aussi a déjà rappelé et le rappelle dans son mémoire... sur
la nécessaire coopération des policiers au processus, et, pour la commission,
le droit au silence qui est prévu par la déontologie policière, pour nous, ça
nous apparaît contradictoire. Lorsqu'on compare les processus déontologiques
d'autres professions, le droit au silence n'est pas présent. Alors, c'est sûr
et certain que cet élément-là, pour nous, c'est un élément qu'on est venus
recommander, dans notre mémoire, d'ajouter, mais, peut-être, je vous laisserai
poursuivre avec vos autres questions.
• (18 h 40) •
M. Bonnardel : Est-ce que
c'est une bonne idée d'autoriser les enquêtes à l'initiative du commissaire?
M. Tessier (Philippe-André) : Pour
ce qui est de notre position par rapport à ces éléments-là, tout à fait, le... Donc,
de donner des pouvoirs additionnels à la Commissaire à la déontologie policière,
la commission voit ça d'un bon oeil, effectivement, pour lui permettre
d'enquêter lorsqu'elle remarque qu'il y a des situations particulières, de fait,
qui nécessitent une enquête de sa propre initiative.
M. Bonnardel : Vous le savez
bien, le profilage, vous l'avez mentionné, ça a été un sujet d'actualité assez
important dans les derniers mois, sinon les dernières... les dernières années,
et ce qui était important pour nous, c'était d'établir des lignes directrices
pour empêcher ces interpellations avec motif discriminatoire, mieux outiller <les
policiers...
M. Bonnardel :
...directrices
pour empêcher ces interpellations avec motif discriminatoire, mieux outiller >les
policiers, leur permettre de faire le travail de sécuriser nos rues, et, là-dessus,
où je veux vous entendre, c'est... Vous dites dans la recommandation 2 :
«Être accompagnés d'indicateurs de même que de mécanismes rigoureux de collecte
de données dépersonnalisées, de suivi systématique des interpellations
enregistrées en regard de tous les motifs de discrimination pertinents et de
reddition de comptes, tel qu'abordé dans la partie 5 du présent mémoire.»
Donc, c'est une question assez large que j'ai
pour vous, là, de colliger des données, ce qui ne se fait pas présentement au
ministère, qui ne s'est jamais fait, en réalité, là, d'avoir cette reddition de
comptes, je vais le dire ainsi, là, de colliger ces données une fois par année.
Donnez-moi un peu plus de... Comment vous définissez les indicateurs, les
mécanismes de collecte de données dépersonnalisées? Donnez-moi un peu plus d'information
sur ce libellé que vous avez à la page 81 de votre recommandation n° 2.
Mme Pierre (Myrlande) : Bien,
je peux vous proposer quelques éléments de réponse, M. le ministre. Il est vrai
que la collecte des données désagrégées selon les motifs de discrimination
prohibés par la charte n'est pas une fin en soi, mais c'est un outil qui nous
apparaît essentiel justement pour non seulement documenter... C'est un outil
qui devrait viser tout particulièrement et explicitement à lutter contre la
discrimination ainsi que le profilage racial, le profilage social et les autres
profilages discriminatoires auxquels on a fait référence lors de notre
présentation, et la collecte de données devrait viser, donc, l'ensemble des
étapes de l'action policière. Différentes initiatives de collecte de données
dans le domaine de la sécurité publique ont été mises en œuvre au Canada, comme
ailleurs dans le monde. Donc, il existe plusieurs modèles de collecte de
données, et la commission n'a pas nécessairement un modèle parfait à
recommander, mais plusieurs de ces initiatives incluent, par exemple, des
modalités d'opérationnalisation dont le législateur québécois pourrait s'inspirer.
M. Bonnardel : Est-ce que
vous avez déjà travaillé ou défini une fiche que les policiers pourraient
utiliser quand ils font une interpellation, interception? Est-ce que vous avez
déjà travaillé ça ou ce n'est pas le cas?
M. Tessier (Philippe-André) : Le
rôle de la commission, en vertu de la charte, n'est pas d'élaborer les outils...
M. Bonnardel : Non, non, je
vous pose la question comme ça, là...
M. Tessier (Philippe-André) : C'est
simplement pour dire que ça ne fait pas partie de notre mandat, élaborer ce genre
d'outil là. Cela dit, si de tels outils étaient élaborés, tout à fait, on
pourrait y contribuer. Peut-être pour ajouter à ce que ma collègue vous a
mentionné également, c'est sûr et certain que des exemples, maintenant,
existent ailleurs, et donc on peut aussi s'en inspirer et de voir... On ne sera
pas les premiers à mettre ça en place. Donc, on peut voir ces différents
outils-là, puis là je parle des autorités gouvernementales qui auront à élaborer
ça de concertation avec les corps policiers, puis nous, par la suite, on pourra
évaluer ces éléments-là.
M. Bonnardel : On sait qu'il
y en a d'autres qui existent ailleurs, là, vous l'avez dit. Est-ce que vous
avez un modèle à préciser ou pas du tout?
M. Tessier (Philippe-André) : Ça
ne fait pas partie de notre mandat de vous préciser un modèle.
M. Bonnardel : Non, non, je
pose la question, je comprends ça. Pour ce qui est de la formation continue, ça
a été un sujet important avec les policiers provinciaux, municipaux. Je pense
que vous êtes d'accord avec le fait que les policiers ont besoin d'être formés
en continu parce leur rôle évolue, change, et tout ça. Comment vous voyez ces
formations, dans le futur, ou le nombre d'heures? Puis là les policiers
parlaient quand même d'un nombre d'heures assez important, là, assez important.
Êtes-vous à la même place qu'eux?
Mme Pierre (Myrlande) : Bien,
d'ailleurs, j'aimerais parler du protocole d'entente, là, qui existe entre le
ministère de la Sécurité publique, le Commissaire à la déontologie policière et
l'École nationale de police du Québec, qui travaillent, là, justement, à
développer un cursus de formation qui prend en compte le cadre de la charte,
donc les droits et libertés, mais qui comprend aussi des éléments qui touchent
spécifiquement le profilage racial et également le racisme. La commission a
plusieurs fois constaté que la formation initiale et continue des policiers et
policières ne sont pas... ne sont ni suffisantes ni adéquates en regard des
enjeux que pose l'activité policière quant à l'exercice des droits et libertés
protégés par la charte.
Alors, on pense que d'avoir réuni ces
trois interlocuteurs clés autour de la table pour réfléchir à une formation qui
serait, en fait, diffusée sur tout le territoire du Québec va permettre une
approche justement plus uniforme, qui prend des éléments visant à lutter... et
à améliorer la pratique policière. Donc, cette entente, elle est <en
œuvre avec...
Mme Pierre (Myrlande) :
...améliorer
la pratique policière. Donc, cette entente, elle est >en œuvre avec les
partenaires clés dont j'ai nommés... et qui nous apparaît, du point de vue de
la commission, comme étant quelque chose d'essentiel, justement, pour continuer
l'amélioration des pratiques policières. Et ce qui est historique aussi dans
cette entente de collaboration avec des interlocuteurs clés, qui comprend aussi
l'École nationale de police du Québec, c'est d'avoir une approche uniforme qui
va permettre de prendre les éléments, de nommer les problématiques et s'assurer
qu'il y ait une formation continue qui va être accompagnée aussi d'une
composante évaluative pour permettre de mesurer la portée de cette formation.
M. Tessier (Philippe-André) : Peut-être
juste ajouter que notre recommandation 6, aussi, insiste sur cet
élément-là, sur l'importance de la formation continue et que le ministre, à
travers le ministère de la Sécurité publique, qui est un des partenaires de
cette entente-là aussi, puisse élaborer, encore une fois, par règlement des
obligations relatives à cette autre formation continue là. On pense que c'est
une clé dans le succès de la lutte contre les phénomènes discriminatoires dont
on vient de parler.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Ungava, s'il
vous plaît.
M. Lamothe : Je ne veux pas
être répétitif pour mes collègues. Ce matin, j'ai amené un point concernant les
interpellations. Là, vous dites : Il faut éliminer les contrôles de
routine. Bon, ce que je dis, c'est qu'à un moment donné, à x heures le matin,
3 heures, 3 h 30, 2 h 45, dans un secteur donné, où
est-ce qu'il y a des problématiques de sécurité publique, deux patrouilleurs
patrouillent, voient un individu louche qui traîne. Si on élimine ça, vous
conseillez quoi? Qu'il n'y ait plus d'interpellation, on laisse aller le gars
puis on prend une chance au risque de la sécurité publique?
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
il faut comprendre que les policiers disposent de plusieurs outils. Par
exemple, si cet individu-là est assis dans un parc, bien, il y a un règlement
municipal qui interdit d'être dans un parc la nuit. Donc, les policiers, à ce
moment-là, ont le droit d'interpeler la personne et de s'assurer de pourquoi
cette personne-là est là.
Cela dit, c'est sûr et certain qu'il faut,
encore une fois... Puis ça, c'est les travaux des différentes commissions, que
ce soit le juge Tulloch en Ontario, que ce soit le Pr Wortley en
Nouvelle-Écosse, les différents travaux qui ont été mis en place... On n'a pas
vu d'adéquation, puis ça, c'est la recherche, là, la littérature, la science, on
n'a pas vu d'impact, entre les interpellations aléatoires et la prévention, ou
la baisse du taux de criminalité, ou autre.
Et donc, s'il n'y a pas de lien entre les
deux et que cette interpellation-là, tout ce qu'elle fait... Puis, on s'entend,
on parle de contrôle de routine, donc c'est d'aborder quelqu'un, et on lui
demande des questions, son nom, il est qui, et tout, c'est des informations de
nature privée, et donc, à ce moment-là, ce qu'on vient faire, c'est qu'on vient,
sans motif, sans aucun soupçon, sans aucun motif raisonnable, interpeler
quelqu'un simplement pour collecter de l'information.
M. Lamothe : Je répète, là,
parce que j'ai été... je ne veux pas parler de moi, mais j'ai été policier 30 ans
en milieu rural, où est-ce que pas nécessairement toutes les municipalités vont
de l'avant avec les règlements de la région, c'est libre à eux de les appliquer
ou ne pas les appliquer, bien, ce que je dis au bout de la ligne, c'est... Je
reviens à mon exemple, là. Dans un secteur donné, il y a des problèmes de
sécurité publique, introductions par infraction, agressions sexuelles, peu
importe, voies de fait, les policiers voient quelqu'un à 2 h 45... je
veux dire, moi, je vous parle avec mon instinct professionnel, bien, si je ne
le fais pas, comme je disais à matin, je ne fais pas ma job, là.
• (18 h 50) •
M. Tessier (Philippe-André) : Je
comprends.
M. Lamothe : Puis je suis
payé pour faire ça, là.
M. Tessier (Philippe-André) : Ce
qui arrive, c'est que ce qui est démontré par, encore une fois, les données,
c'est que ce pif-là, cet instinct-là, ce qu'il entraîne, c'est des profilages
discriminatoires. Il entraîne des violations aux droits des citoyens parce
qu'il y a une surreprésentation, puis à chaque fois puis à tous les rapports
qui sont sortis, puis il y en a encore qui viennent de sortir à Ottawa puis qui
viennent de sortir à Toronto, sur la collecte de données, à chaque fois qu'on a
ces rapports-là, qui sont tout nouveaux, là, ils viennent juste de sortir,
2022, là, à chaque fois, ce qu'on voit, c'est qu'on voit une cause à effet, on
voit même... au contraire du «underpolicing» que plusieurs craignent, on voit
du «overpolicing» sur certaines communautés.
Et donc ce qui arrive, c'est de dire :
Lorsqu'on veut... Puis là je vous donne un exemple très simple. Si on veut
faire des interpellations aléatoires pour ce qui est d'infractions routières,
par exemple, vérifier les permis, on a beaucoup entendu parler de ça, on ne
pourra plus vérifier la validité des permis, mais il n'y a rien qui empêche,
puis le jugement du juge Yergeau est très clair à cet effet-là, pour un service
de police de dire : Aujourd'hui, patrouilleurs et patrouilleuses, vous
interpelez toutes les plaques qui ont un W dans la plaque. Ça, c'est
l'opération policière du jour, c'est complètement neutre, c'est complètement
aléatoire, mais il n'y a aucun profilage discriminatoire. Pourquoi? Parce que
le motif d'interpellation, c'est de s'assurer de la conformité des plaques, mais
on a juste...
Donc, on prend ces mécanismes-là, neutres,
on fait un barrage routier pour intercepter le conducteur au volant, qu'est-ce
qui arrive? Tout le monde est pogné dans la file puis il passe, ça fait qu'il y
a... c'est aléatoire, mais tout le monde y passe un après l'autre. Donc, on se
fie à des règles neutres aussi et qui font en sorte d'évacuer...
Malheureusement, ce qu'on constate, ce que la science constate, c'est <qu'il
y a une prévalence...
M. Tessier (Philippe-André) :
...d'évacuer.
Malheureusement, ce qu'on constate, ce que la science constate, c'est >qu'il
y a une prévalence de profilage discriminatoire lorsqu'on laisse ça au bon
jugement des policiers.
M. Lamothe : Bien, moi, ce
que je peux dire, c'est... par expérience, c'est un outil de travail que, s'il
est utilisé à bon escient... qui est vraiment efficace pour la sécurité
publique des gens dans un secteur donné où est-ce qu'il y a des problématiques.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de
Westmount — Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. J'ai écouté avec beaucoup d'attention. Merci beaucoup pour votre
témoignage et ainsi que votre mémoire. Est-ce que cette loi va mettre fin au
profilage discriminatoire? De la façon que c'est écrit actuellement, là, son
état actuel, est-ce que ça va mettre fin à ce phénomène?
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
je pense que ce serait présomptueux de quiconque de dire qu'on va mettre fin à
une pratique comme ça, comme... Il n'y a pas de recette magique, il y a un
ensemble de mesures. Maintenant, est-ce qu'il y a des bonnes mesures dans ce
projet de loi là? Oui, la commission le dit, on le reconnaît et on l'indique
dans notre mémoire. Maintenant, on pense qu'il y a d'autres éléments
additionnels dont on... par exemple, l'exemple que je viens de vous donner, qui
devraient être mis en place si on veut vraiment y mettre une couche de plus
puis s'assurer qu'effectivement ces pratiques-là sont moins présentes.
Je ne sais pas si ma collègue...
Mme Pierre (Myrlande) : Bien,
je rajouterais que ce n'est pas une mesure isolée, ce n'est pas une action
isolée qui va permettre de lutter contre ce phénomène qui est complexe, hein, alors
c'est dans un continuum de mesures. Tu sais, on parlait de la formation, il y a
des dispositions, effectivement, qui sont prévues si c'est mis en application
de manière optimale, parce qu'entre... Le cadre normatif, c'est une chose,
l'application en est une autre. Alors, il faut vraiment compter sur une
approche intégrée, globale pour pouvoir lutter contre ce phénomène qui a des
impacts, hein, qui a des impacts sur les populations qui sont cibles de ces
pratiques-là.
Je pense qu'il faut aussi, tu sais, dans
cette enceinte, que l'on prenne en considération les effets délétères sur les
jeunes, les jeunes noirs, les jeunes racisés, les familles. Et moi, je vous
dirais que, dans les communautés noires, les parents doivent aviser leurs
jeunes avant de sortir, et ça, ce n'est pas normal. On parle de Québécois
natifs d'ici, scolarisés dans le système québécois, et ce n'est pas normal que
des parents... que ces jeunes se préoccupent du fait qu'ils se retrouvent dans
l'espace public. Ils sont des citoyens à part entière, et je pense qu'il faut
prendre en considération les effets sur le plan humain. Il y a des coûts
sociaux au profilage racial, et ça, ça m'apparaît fondamental dans cet
exercice.
Mme Maccarone : Merci.
Pouvez-vous élaborer... Dans votre mémoire, vous parlez de traitement d'une
plainte à l'égard de la discrimination puis vous n'avez pas touché là-dessus
dans votre témoignage. Je comprends que vous aviez seulement 10 minutes.
Pouvez-vous élaborer en ce qui concerne vos recommandations pour cet élément
qui est dans la loi?
M. Tessier (Philippe-André) : Sur
le traitement d'une plainte à la commission?
Mme Maccarone : Non, le
traitement de plaintes à l'égard de la discrimination. Vous touchez là-dessus
dans votre mémoire.
M. Tessier (Philippe-André) : Ah!
auprès de la déontologie policière?
Mme Maccarone : Oui.
M. Tessier (Philippe-André) : Oui,
OK, pardon, excusez-moi. Peut-être, je pourrais laisser ma collègue, Me
Pedneault...
Mme Pedneault (Evelyne) : Oui,
bien, effectivement, puis, dans le mémoire, on salue qu'il y ait cette
distinction-là, avec les mesures qui vont accompagner la distinction, notamment
la formation des conciliateurs désignés pour ces plaintes-là, le fait que la
conciliation ne soit plus obligatoire, également, pour ces plaintes-là. Ce
qu'on ajoute, c'est que la commission recommande, depuis plusieurs années, en
fait, que la commission soit volontaire dans tous les cas de plaintes au
Commissaire à la déontologie. On ajoute également qu'en plus de cette
distinction-là pour les plaintes en discrimination à la déontologie, de façon à
favoriser l'accès à la justice et l'information sur les recours, je pense que
c'est un des objectifs du projet de loi, d'obliger le Commissaire à la
déontologie à informer du recours à la commission dans les cas de ces
plaintes-là, c'est une des recommandations de la commission également.
Mme Maccarone : OK. Mme
Pierre, vous avez fait mention, quand vous avez parlé de... dans le fond, le
registre, je pense que vous avez fait référence à ceci, des balises, des
indicateurs que nous avons besoin pour la collecte de données, comme quoi...
Que devons-nous avoir dans ces balises? Quelles sont vos recommandations comme
indicateurs que nous devons avoir, qui sont présentement manquants?
Mme Pierre (Myrlande) : Bien,
en fait, la commission présente des paramètres pour cette collecte de données
qui vont permettre non seulement de documenter, mais c'est surtout aussi en
fonction... alors les données soient collectées de façon désagrégée, ça, on
insiste là-dessus, désagrégée, c'est-à-dire en fonction des motifs de
discrimination pertinents. Bon, en vertu de la charte, il y a 14 motifs,
mais, lorsqu'on parle de profilage racial, c'est la <notion de race...
Mme Pierre (Myrlande) :
...en
vertu de la charte, il y a 14 motifs, mais lorsqu'on parle de profilage racial,
c'est la >notion de race. Bon, on s'entend que c'est un construit
sociologique, mais qui est aussi une condition sociale, par exemple. Donc,
c'est d'avoir cette approche qui prend en compte, de manière désagrégée,
différents motifs de discrimination... et des modalités complémentaires de
suivi en matière de discrimination, le profilage racial et social et autres
profilages discriminatoires soient prévus, entre autres, afin de documenter,
comme je le mentionnais, mais de manière qualitative, l'expérience des
populations concernées avec les services de police.
Et, en termes de collecte de données, on
pense aussi qu'une bonne collecte de données adéquate va permettre une
meilleure reddition de comptes, donc, qui va rendre, finalement, les corps de
police imputables aussi de ces pratiques et faire état des résultats obtenus
grâce aux modalités complémentaires de suivi de mise en œuvre. Donc là, c'est
un élément important, parce que, collecter des données, il faut qu'il y ait une
finalité à ça, et c'est aussi dans le but d'une mise en œuvre afin de
documenter l'expérience des populations ciblées aussi par le profilage
discriminatoire. Donc, cette collecte de données, on pense que c'est un outil
essentiel pour vraiment lutter contre le profilage racial et social.
Mme Maccarone : Parce que
vous faites aussi des... Je vais juste aller le trouver... parce que vous
faites aussi des recommandations pour rapprocher des citoyens et citoyennes.
Est-ce que c'est avec ces données que nous allons pouvoir faire ceci, des
stratégies de rapprochement? Est-ce que c'est par l'entremise de la collecte de
ces données, si elles sont faites comme il faut, bien là la population va mieux
comprendre qu'est-ce qui se passe, puis ça démontre la bonne volonté de tout le
monde, parce que nous sommes en train de documenter... Est-ce que...
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
c'est sûr qu'il y a une question de confiance, hein? Donc, tout le système dont
on parle... Puis je pense que le ministre y faisait référence tout à l'heure,
l'idée ici, c'est d'avoir un système dans lequel la population a confiance,
donc un système tant au niveau déontologique, au niveau de la formation, au
niveau de l'expertise, mais ce qu'il faut aussi, c'est qu'il faut que les
citoyens aient confiance envers le système de sécurité publique au Québec. Il
doit être respectueux des droits et libertés. Pour nous, un système qui n'est
pas respectueux des droits et libertés, bien, ce que ça a, c'est que ça
exacerbe des discriminations, des... bien conscients des éléments de discrimination
qui sont prévus et qui sont interdits par notre loi... par notre droit.
Donc, si ce qu'on veut se doter, comme société,
et ce qui est la promesse de notre Charte des droits et libertés de la personne
adoptée en 1975 à l'unanimité par l'Assemblée nationale, si on veut donner
plein effet à cette promesse-là, d'égalité entre les citoyens du Québec, les
citoyennes, les citoyens, bien, à ce moment-là, il faut mettre ces mesures-là,
par la pratique policière... pour venir l'encadrer, pour s'assurer que tout le
monde est traité de la même façon.
Ce qui se passe présentement,
malheureusement, c'est qu'on voit qu'il y a des pratiques, encore une fois,
avec aucune mauvaise intention... Ce n'est pas la question de l'intention qui
compte dans ce système-là, c'est l'effet sur les populations, c'est l'effet, et,
à chaque fois qu'on est venus collecter des données... Rappelez-vous le rapport
du SPVM, Armony-Hassaoui-Mulone, à quel point on en parle encore parce que
c'était la première fois qu'on avait un peu de la donnée, et là tout le monde a
dit : Bien, mon Dieu! C'est donc bien intéressant! On a enfin de la
donnée.
Donc, nous, ce qu'on dit, c'est que, comme
politiques publiques... quand on adopte des politiques publiques, c'est le fun
d'avoir des faits, c'est le fun d'avoir de la donnée, parce que, comme ça, tu
adoptes des meilleures politiques publiques dans l'intérêt de tous les
citoyens.
• (19 heures) •
Mme Maccarone : Et on discute
beaucoup, dernièrement, d'état mental perturbé, surtout suite au décès de la
sergente Maureen Breau, et on essaie de trouver une solution pour mieux
outiller les policiers, puis une des discussions que nous avons, c'est le
partage des données puis de l'information en ce qui concerne la personne avant
que les policiers arrivent, parce que, souvent, ce qui arrive avec les portes
tournantes, c'est qu'ils vont arriver à l'endroit en question sans aucune
information. Puis une des solutions qui est partagée, c'est d'outiller les
policiers en leur donnant de l'information personnelle en ce qui concerne la
personne dont ils vont interpeler... Quelle est votre opinion là-dessus? Est-ce
que c'est le respect envers le droit de garder votre vie privée, mais aussi
comment outiller nos policiers pour éviter qu'ils font face à un autre drame
comme nous avons vu avec sergente Breau...
M. Tessier (Philippe-André) : Oui,
tout à fait, bien...
Le Président (M.
Bachand) :Cinq secondes, Me Tessier.
M. Tessier (Philippe-André) : OK,
bien, ce n'est pas bien difficile, je vais vous inviter à lire la partie 2
de notre mémoire, qui traite expressément de ça. Je sais que ça a été couvert,
donc, la réponse adéquate aux problèmes sociaux, la nécessité des partenariats.
Je comprends qu'il y a d'autres intervenants, aujourd'hui, qui sont venus devant
vous pour le dire. Puis il faut rappeler qu'il existe un cadre légal présentement
dans lequel un partage d'information est possible, encore faut-il s'assurer que
ce partage-là est <effectif...
>
19 h (version révisée)
<
M. Tessier (Philippe-André) :
...présentement, dans lequel un partage d'informations est possible.
Encore faut-il s'assurer que ce partage-là est >effectif. Il faut le
faire dans le respect, effectivement, du droit à la vie privée puis ces
éléments-là, mais il y a plein d'exceptions qui sont prévues : l'article 60.4
du Code des professions qui permet un partage de renseignements, on pourrait en
faire une... donner d'autres exemples. Mais ce qu'il faut redire, c'est que c'est
sûr par contre que ces éléments-là de partage d'information, ils sont
essentiels si on veut effectivement assurer que la... les policiers, en
collaboration avec les équipes multi, soient en mesure d'intervenir dans ces
situations-là.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de Laurier-Dorion, s'il vous
plaît.
M. Fontecilla : Merci, M.
le Président. M. Tessier, Mme Pierre, merci beaucoup d'être ici avec
nous à nous apporter votre éclairage, là.
Écoutez, je n'ai pas beaucoup de temps,
là, mais j'aimerais... Tantôt, M. Tessier, vous avez mentionné l'importance
d'avoir des données, là. Et donc, sur la base qu'on... D'autres l'ont dit, là,
la motivation n'est pas importante, là, c'est l'effet que ça a sur des
populations concrètes et des gens... des gens en chair et en os. Mais, selon
vous, quelle est... quelle est la... comment dire, quels sont les... Est-ce que
ce projet de loi va produire des données concrètement, là? Et comment, selon
vous, là, comment ces données-là... Ce serait quoi, l'idéal pour produire ces
données?
Mme Pierre (Myrlande) : Bien,
en fait, la recommandation de la commission, c'est vraiment de s'assurer que
cette collecte de données se fasse adéquatement. Adéquatement, c'est-à-dire qui
prend en compte les différents motifs de discrimination et de consigner dans un
système ces collectes-là, mais à des fins d'amélioration continue également et
de reddition de comptes. Et finalement rendre aussi... Quelque part, lorsqu'on
parle d'imputabilité, on parle, tu sais, d'une reddition de comptes efficace. Comment
peut-on rendre compte sans avoir des données pour soutenir cette reddition de
comptes? Alors, la collecte de données nous apparaît, là, essentielle dans ce
contexte-là.
M. Tessier (Philippe-André) :
Puis, dans le chapitre V de notre mémoire quand vous regardez ce
chapitre-là, vous verrez que... Évidemment, on sait qu'il y a certaines... Il y
a certains amendements au projet de loi, que le projet de loi amène, qui
viennent dans ce sens-là, mais ce qu'on dit, c'est qu'il faut aller un peu plus
loin, encore une fois, pour justement s'assurer qu'on ait des indicateurs
uniformes, une vraie collecte de données, une réelle... Là, ce qu'on a ici, c'est...
c'est un début, c'est une amorce, mais ce n'est certainement pas ce dont on a
besoin pour assurer une véritable collecte de données.
M. Fontecilla : Donc, on
pourrait aller plus loin dans... dans cette collecte des données là et dans le
projet de loi qu'on étudie. Et j'aimerais vous entendre aussi sur la question
de la reddition de comptes. Devrait-elle être publique, est-ce que ça devrait
être publié, etc.?
Mme Pierre (Myrlande) : Bien,
si je reprends la recommandation n° 7 de la
commission, donc, qui recommande donc de modifier le projet de loi afin de
prévoir la fixation des balises relatives à la définition d'indicateurs
uniformes ainsi qu'une collecte de données désagrégées, comme mon collègue l'a
mentionné, respectueuse de l'ensemble des droits et libertés de la personne,
notamment de discrimination systémique, et à toutes les étapes également de l'action
policière, alors ces balises devraient porter sur la collecte, mais aussi sur l'utilisation,
quelle utilisation on fait de ces données, parce qu'on ne collecte pas des
données juste pour collecter des données, il faut que ça puisse être utile dans
l'amélioration continue de la pratique policière, donc la gestion et la
disposition également de ces données-là.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M.
le Président. Vous êtes dans la... Vous êtes efficaces parce que vous êtes dans
la production des mémoires ces temps-ci. Moi, j'ai des petites questions en rafale,
là, sur les différentes recommandations parce que je n'ai pas beaucoup de temps
puis je ne pourrai pas rentrer dans les détails, mais la recommandation n° 8 où vous demandiez, entre autres, que le... la commission...
que le Commissaire à la déontologie policière ait l'obligation d'informer le
plaignant, puis qu'il peut... qu'il peut aussi porter plainte à la commission. Ça
ne se fait pas automatique, ça?
M. Tessier (Philippe-André) :
Non, pas nécessairement, là. L'idée, c'est de le prévoir explicitement. L'exemple
que je peux vous donner, c'est qu'il existe une passerelle dans la charte, à l'article 75,
entre le Protecteur du citoyen... Lorsque quelqu'un fait une plainte au
Protecteur du citoyen puis qu'il paraît qu'il y a un cas de discrimination, le
protecteur peut, en vertu de l'article 75, nous transférer la plainte.
Même chose pour le nouveau Protecteur national de l'élève. Donc, ce qu'on
demande, c'est la même disposition pour le Commissaire à la déontologie
policière.
Mme Nichols : OK. Bien,
je savais qu'il n'avait pas l'obligation, mais je pensais que ça se faisait
quand même. OK, parfait. C'est une excellente recommandation.
Il y avait la recommandation... Il y avait
9 et 10 sur les prescriptions... sur la prescription.
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui, tout à fait. Bien, effectivement. Donc, ça, c'était quelque chose qui
était <intéressant, qu'on réclame également...
M. Tessier (Philippe-André) :
...effectivement. Donc ça, c'était quelque chose qui était >intéressant,
qu'on réclame également. C'est de s'assurer que, donc, les délais du Code
civil, qui sont de trois ans pour la prescription, soient applicables dans les...
dans le cas de l'application de la charte, parce qu'il faut savoir que,
présentement, en vertu de la Loi sur les cités et villes et du code des... du
Code municipal, il y a une courte prescription de six mois pour les villes. Donc,
les villes et les municipalités, au Québec, sont les seuls acteurs qui ne sont
pas sujets à la prescription régulière de trois ans pour ce qui est des
plaintes en vertu de la charte.
Mme Nichols : OK. Donc,
on va venir à... On retient cette recommandation-là aussi. Puis la
recommandation n° 11 sur le processus de
conciliation, que ça soit sur une base volontaire?
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui. Bien, tout à fait. Bien, écoutez, pour la commission, c'est sûr, la
commission, nous-mêmes, on administre des plaintes, comme vous le savez, puis
on a un processus de médiation. Puis ça, c'est extrêmement important lorsqu'on
est un système de... qui reçoit ce genre de plaintes là, que ce soit le Commissaire
à la déonto ou nous. Et, pour la commission, si on parle de... Quand on parle
de médiation, quand on parle de conciliation, c'est un rapprochement entre deux
parties. Donc, c'est un accord de volontés non judiciaire de deux parties, mais
encore faut-il que ces parties-là le désirent ou le souhaitent. D'imposer une
médiation, c'est comme un peu... c'est une anomalie linguistique, on va dire ça
comme ça. Une médiation, ça prend le consentement des deux parties,
normalement. On comprend pourquoi c'est dans le projet. Ce qu'on dit, c'est que,
pour nous, une conciliation, ça devrait être de nature volontaire. C'est ce
qu'on recommande.
Mme Nichols : Parfait.
C'est beaucoup plus clair. Puis est-ce qu'il me reste un petit 30 secondes?
Le Président (M. Bachand) :36.
Mme Nichols : 36. Heille!
Je suis... On n'est pas pires, on est en rafale. La recommandation n° 13, que le... que... que la majorité des membres du...
Vous savez où je m'en vais avec ça, hein? Vous y voyez quoi? Des conflits...
des conflits d'intérêts? Quand vous dites, entre autres, que... Parce que c'est
composé de civils qui ne sont pas des ex-policiers ou des ex-policières. Parce
que, là, présentement, il y a trop de conflits d'intérêts ou... Ce n'est pas
là, hein?
M. Tessier (Philippe-André) :
Ce n'est absolument pas un blâme, ou une critique, ou un reproche
quelconque envers la Commissaire à la déontologie policière puis son équipe,
c'est simplement pour dire qu'encore une fois c'est toujours la même chose, on
est des instances qui viennent enquêter sur des situations, dans le cas du BEI,
ou qui vont regarder ce qui se passe en déontologie policière. Donc, ce qu'on
dit, c'est qu'il n'est pas interdit qu'il y ait des ex-policiers et des
ex-policières. Ce qu'on dit, c'est que ça ne soit pas une question...
Mme Nichols : De
majorité.
M. Tessier (Philippe-André) :
La majorité. Donc, c'est peut-être plus une question de dosage, on va dire
ça comme ça.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup.
Mme Nichols : Merci.
Merci, c'est beau.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup d'avoir été avec nous, c'est très, très,
très apprécié.
Cela dit, la commission ajourne ses
travaux au mercredi 5 avril, après les avis touchant les travaux des
commissions. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 19 h 09)