Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
jeudi 6 avril 2023
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Vol. 47 N° 11
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 14, Loi modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues
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Intervenants par tranches d'heure
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Bachand, André
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Fontecilla, Andrés
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Bachand, André
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Bonnardel, François
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Lamothe, Denis
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Schmaltz, Valérie
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Lemieux, Louis
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Maccarone, Jennifer
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Maccarone, Jennifer
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Bachand, André
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
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Bonnardel, François
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Maccarone, Jennifer
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Bachand, André
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
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Bachand, André
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Bonnardel, François
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Lamothe, Denis
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Maccarone, Jennifer
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Maccarone, Jennifer
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Bachand, André
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
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Bonnardel, François
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Maccarone, Jennifer
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Bachand, André
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
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Bachand, André
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Bonnardel, François
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Bachand, André
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Maccarone, Jennifer
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Fontecilla, Andrés
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Nichols, Marie-Claude
11 h 30 (version révisée)
(Douze heures)
Le Président (M.
Bachand) :Alors, bonjour, tout le monde.
La commission est réunie... Je déclare que la séance de la Commission des
institutions est ouverte. Je vous souhaite encore une fois la bienvenue.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le projet
de loi n° 14, Loi modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité
publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Bourassa
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par M. Lamothe (Ungava)
et M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par M. Fontecilla
(Laurier-Dorion).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Avant de nous
tourner vers nos témoins, M. le député de Laurier-Dorion, s'il vous plaît. Vous
avez la parole.
Document déposé
M. Fontecilla : ...nous avons
tous et toutes remarqué hier l'absence d'un groupe, là, d'un témoignage
important pour les travaux de la commission. Et j'aimerais qu'un document
provenant, justement, de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du
Labrador soit distribué aux membres de la commission. Il m'apparaît important
que les membres de cette commission en prennent connaissance dès maintenant, et
j'aurai l'occasion d'y revenir lors de mes remarques préliminaires. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Consentement? Alors, le document est déposé.
<Merci beaucoup...
>
12 h (version révisée)
<17859
Le Président (M. Bachand) :>
Merci
beaucoup.
Auditions (suite)
Alors, je cède maintenant la parole aux
représentantes, représentants de la Fraternité des policiers et policières de
la ville de Québec. Merci beaucoup d'être ici. Merci de votre patience, hein? Vous
savez, au Parlement, là, on ne sait pas... on sait comment ça commence, mais on
ne sait pas quand ça finit. Alors, la parole est à vous. Merci beaucoup.
Fraternité des policiers et policières de la ville
de Québec (FPPVQ)
Mme Fortier (Martine) : ...si
je peux me permettre. Donc, merci de nous recevoir. Je me présente, mon nom est
Martine Fortier, et je suis la présidente de la Fraternité des policiers
et policières de la ville de Québec. Je suis accompagnée de deux membres
de mon équipe de la fraternité, deux directeurs : ici, à ma gauche,
Stéphane Paré, qui est directeur représentant le personnel en civil, et, à
l'autre bout, Danny Beaudoin, qui est directeur représentant en
déontologie et discipline. Ici, à ma droite, j'ai Me De Blois, qui m'accompagne,
dans le fond, qui est notre... un de nos procureurs avec qui on traite à la
fraternité.
Donc, avant de débuter, dans le fond, je
tiens à offrir nos condoléances à la famille et aux collègues de la sergente Breau
et je désire leur témoigner notre plus grand soutien à la fraternité. Je tenais
à le faire tout comme mes collègues l'ont fait.
La Fraternité des policiers et policières
de la ville de Québec étant la troisième organisation syndicale en importance
au Québec et représentant plus de 900 membres, nous vous sommes
reconnaissants de nous permettre de vous exprimer aujourd'hui nos observations
et préoccupations relatives au projet de loi n° 14, car il en va de l'avenir
de la profession que nous avons choisie et chérie, pour ma part, depuis plus de
20 ans.
Tel qu'il vous a été présenté par nos
homologues de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, par l'Association
des policiers provinciaux du Québec ainsi que la Fédération des policiers
municipaux du Québec, dont je suis membre du comité exécutif, les policières et
policiers sont soumis à un nombre extraordinaire d'entités visant à surveiller,
enquêter, sanctionner et corriger leur comportement. Bien que la protection du
public soit un incontournable en ce qui a trait aux comportements abusifs qui
pourraient survenir dans le cadre de la profession policière, le constat, sans
équivoque, du désengagement policier mérite qu'une réflexion soit enclenchée et
que certains aspects du projet de loi soient réévalués. À l'instar de ce que
nos collègues vous ont présenté mardi dernier, nous tenons à vous rappeler la
vulnérabilité des policiers relativement aux plaintes frivoles, de mauvaise
foi, voire abusives, motivées parfois par la vengeance de la part de personnes
mal intentionnées. C'est pourquoi il nous est apparu essentiel de vous faire l'actuelle
présentation.
Il semble unanime que la formation
continue des policières et policiers est un incontournable. Cet élément a d'ailleurs
fait partie de nombreuses recommandations du coroner au cours des dernières
années. Le projet de loi n° 14 allant même jusqu'à prévoir des sanctions
pour les membres qui n'atteindraient pas les objectifs en matière de formation,
il nous apparaît cohérent que ce même projet de loi propose l'embauche d'enquêteurs
civils ne possédant pas la formation policière de base. Tel qu'il vous a été
exprimé par mes collègues, il nous apparaît important de vous rappeler que les
attentes légales et déontologiques envers les policiers sont de plus en plus
élevées, pour ne pas dire que le droit à l'erreur n'existe plus dans ce domaine
d'emploi.
Nous sommes d'avis que la multiplication
des mesures et des sanctions prévues dans l'actuelle mouture du projet de loi
n° 14 impactera significativement la motivation des policières et des
policiers qui sont, malheureusement, déjà en proie à un désengagement massif.
Tel que nous vous l'avons exprimé dans notre mémoire, l'équilibre entre la
carotte et le bâton aurait intérêt à être rétabli si l'on veut assurer la
pérennité de la profession policière au Québec.
Nous nous expliquons d'ailleurs
difficilement pour quels types de fautes une corrélation pourrait être établie
avec l'état de santé du policier pour que le comité puisse imposer... lui
imposer de subir une évaluation médicale ou encore une thérapie. Quant à l'établissement
de sanction en lien avec l'atteinte d'objectifs de formation, nous sommes d'avis
que les responsabilités des organisations policières ne devraient pas être relayées
dans la cour des policières et des policiers.
Pour maintenir des connaissances et
compétences de leurs membres à jour, les services de police doivent notamment
pouvoir compter sur des effectifs en nombre suffisant ainsi que sur des budgets
réalistes et adéquats. Les sommes investies, et je souligne ici le mot
«investies», pour déployer des effectifs en nombre suffisant permettront non
seulement de bonifier les services en matière de prévention, mais elles
permettront également la diffusion de formations continues, en plus que de
préserver la santé physique et mentale des troupes. C'est à partir de cette
prémisse que toute modification à la loi devrait être envisagée en matière de
sécurité publique dans le cadre d'une planification stratégique.
Tel que <vous...
Mme Fortier (Martine) :
Tel
que >vous avez pu le constater, nous avons soulevé dans notre mémoire
plusieurs autres préoccupations qui, en plus de brimer les policières et
policiers, auront certainement un impact quant à l'administration de la justice,
notamment, la possibilité pour une personne qui n'est pas présente lors d'une
intervention policière d'effectuer un signalement de façon anonyme, sans
qu'aucune mesure de contrôle ne soit mise en place et sans que des règles
claires ne rendent la prescription applicable; l'absence de transmission de la
plainte à la policière ou au policier visé par celle-ci, le brimant
potentiellement de son droit à une défense pleine et entière; le traitement
distinct des plaintes alléguant une conduite discriminatoire d'une policière ou
un policier, et, la conciliation devenant optionnelle, est présumée refusée
après 30 jours sans réponse du plaignant; la possibilité pour le plaignant
d'être accompagné d'un membre du personnel du commissaire pour lui prêter
assistance lors de la procédure de conciliation impactant les apparences de
neutralité et d'impartialité du processus; le droit du commissaire, de sa
propre initiative, de décider de tenir une enquête, sans restriction
temporelle, laissant une perpétuelle épée de Damoclès au-dessus de la tête des
policières et des policiers; la possibilité pour le comité de tenir des séances
virtuelles en toutes circonstances; la possibilité qu'un membre puisse ordonner
que soit communiquée toute information, ce qui risque d'impacter le droit de la
policière ou du policier à une défense pleine et entière; le remplacement de
l'appel de plein droit par une requête pour permission d'appeler à un juge
imposant un traitement distinct aux policières et aux policiers du Québec; le
caractère exécutoire de la décision du comité jusqu'au moment où le jugement
accueillant la permission d'appeler sera rendu, tout en demeurant conditionnel
à l'absence d'une ordonnance provisoire; et l'instauration de sanctions
minimales afférentes à certains manquements constituant une faute disciplinaire
sans égard aux circonstances de l'événement.
Certaines lacunes et problématiques que le
législateur tente de corriger avec le projet de loi n° 14 semblent avoir
pour origine la notion de confiance du public. Cependant, nous tenons à vous
exprimer qu'elles ont une portée beaucoup plus grande que celles qui semblent
actuellement perçues et interprétées. Nous désirons donc vous exposer la
réalité de terrain vécue par les policiers et policières que nous représentons
afin que vous soyez en mesure d'évaluer leurs effets systémiques.
Au fil du temps, les fusions de services
de police et la centralisation de certains services ont permis de réduire les
effectifs présents sur le terrain et de faire des économies substantielles. Ce
type de gestion présente certes des avantages, mais elle peut s'avérer risquée,
considérant que le domaine de la sécurité publique revêt un caractère des plus
imprévisible et nécessitant des ajustements constants.
Les services de protection incendie sont
d'ailleurs soumis à un schéma de couverture encadrant les effectifs et le
nombre de casernes minimaux sur le territoire, et ce, dans le but de s'assurer que
soient respectés les temps de réponse sécuritaires. Nous en profitons pour vous
rappeler qu'un tel encadrement origine de recommandations soumises lors
d'enquêtes publiques du coroner. Il existe d'ailleurs, sur le territoire de
l'agglomération de Québec, une disparité importante entre la desserte policière
et celle du service de protection des incendies. À certains moments de la
journée, les policiers du Service de police de la ville de Québec, répondant
aux appels urgents, représentent 25 % du nombre de pompiers présents sur
le même territoire au même moment.
Une telle réduction des effectifs n'est
pas sans conséquence. Elle aura notamment un impact sur le temps de patrouille
préventive et le taux de criminalité, le temps de réponse aux appels, le taux
d'occupation des patrouilleurs, l'exposition aux événements traumatiques,
l'épuisement professionnel, la santé physique et mentale des policiers, la
capacité de prise de décision, la confiance de la population envers les
policiers, la capacité organisationnelle de maintenir des standards de
formation requis et le désengagement.
• (12 h 10) •
En résumé, on exige que les policières et
policiers possèdent plus de connaissances et de compétences et qu'elles soient
constamment mises à jour. On exige qu'ils prennent toujours la bonne décision
en une fraction de seconde, on leur demande de prendre le temps nécessaire pour
intervenir irréprochablement auprès d'une clientèle grandissante ayant des
problèmes de santé mentale, et ce, avec un effectif terrain considérablement
réduit. Mais, dans tout cela, ce que l'on semble oublier, c'est que les
policières et policiers sont des femmes et des hommes, et non pas des robots.
Il n'existe, au Québec, aucune profession
qui soit soumise à autant d'organismes de surveillance ayant le pouvoir de
sanctionner. Les policières et policiers interviennent constamment en situation
d'urgence dans un environnement qui leur est inconnu et doivent, de surcroît,
prendre la bonne décision en une fraction de seconde. Une mauvaise évaluation
de la situation menant à la commission d'une <erreur...
Mme Fortier (Martine) :
...d'une
>erreur n'est pas permise, pour deux raisons. La première, c'est qu'elle
peut soit causer des blessures physiques ou la mort des policiers, et la
deuxième, c'est qu'elle peut soit causer leur mort professionnelle ou les
conduire en prison.
À titre de comparatif, un urgentologue qui
reçoit un patient dans un état critique et qui n'obtient que des informations
partielles pour décider, en une fraction de seconde, quels soins il prodiguera
au patient ne se verra pas suspendu pendant de longs mois, enquêté par un bureau
des enquêtes indépendantes, par son ordre professionnel, en plus de subir un
procès criminel dont les procédures mettront sa vie sur pause pendant plusieurs
années. Pourquoi une telle disparité de traitement? Probablement parce que la
société a compris que ces gens, les urgentologues, les médecins, sont des
professionnels et qu'ils exercent leur profession de bonne foi.
Le métier de policier n'a désormais guère
d'attrait; les salaires sont comparables avec ceux de nombreux domaines
d'emploi qui sont des plus sécuritaires et pourvus d'horaires standards et qui
n'impactent pas leur santé ni leur espérance de vie. La majorité des policières
et policiers voient leur santé psychologique détruite par des traumatismes à
répétition, sans compter que certains se retrouvent même en prison pour avoir
effectué leur travail.
Le Président (M.
Bachand) :En terminant, s'il vous plaît,
Mme Fortier, parce que le temps va tellement rapidement.
Mme Fortier (Martine) : Oui,
j'ai pratiquement terminé.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y.
Mme Fortier (Martine) : Et
que reste-t-il comme avenir à une personne qui possède un diplôme en techniques
policières lorsqu'elle se voit destituée en vertu de la loi de police?
J'ai mon dernier paragraphe, je termine
là-dessus. Le désengagement policier est des plus perceptible, et,
malheureusement, l'adoption du projet n° 14... du projet de loi n° 14
ne fera, à notre avis, qu'alimenter le sentiment d'amertume auquel les
policiers et policières sont actuellement soumis. De là l'importance de
demeurer à l'écoute des besoins exprimés par les différentes organisations
représentant ces travailleurs. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme Fortier. M.
le ministre, s'il vous plaît.
M. Bonnardel : ...M. le
Président. Mme Fortier, salutations à messieurs, aussi, qui vous accompagnent.
Je vous envoie aussi toutes nos pensées. Même si la tragédie ne frappe pas vos
policiers et policières, là, je pense que c'est l'ensemble des corps de police
québécois et, sinon, canadiens, là, qui sont touchés, avec tout ce qui se passe
depuis moins d'un an, là, avec les policiers à Edmonton, en Ontario, et la
sergente Breau qui est disparue.
Et vous avez, dans votre préambule... ma
première question, vous l'avez soulevé, là, un petit peu, là, c'est les entrées
parallèles. Je veux juste vous... bien comprendre votre positionnement
là-dessus. Les entrées parallèles, là, pour les enquêteurs spécialisés, c'est
une question qui a quand même été posée par d'autres fraternités hier, depuis
mardi, puis je veux... je veux vous rassurer là-dessus et je veux comprendre
votre position. Pour moi... Pour nous, ce n'est pas d'empêcher des policiers,
policières qui ont un certain nombre d'années d'expérience qui veulent
progresser dans l'organisation. Ça, c'est... on veut que ça continue de cette
façon. Mais vous comprenez qu'il peut y avoir des spécialités plus nichées,
plus nichées qui pourraient ne pas répondre, je dis bien «pourraient», là, ne
pas répondre... Et c'est là qu'autant du côté de l'association... bien, de
certaines fraternités, hier, que de l'ENPQ, ou autres, d'être capable de ne pas
le faire tout seul dans notre cour, là, mais de travailler avec vous pour être
capable de dire : OK, dans quels secteurs, là, il pourrait y avoir des
demandes plus spécifiques, là, qui pourraient ne pas correspondre au profil...
je le dis quand même humblement et respectueusement, au profil que certains
policiers et policières pourraient avoir? Donc, est-ce que vous êtes à la même
place ou pas du tout que moi là-dessus, là?
Mme Fortier (Martine) : Bien,
écoutez, comme je l'ai mentionné, il n'y a rien de tel que d'avoir exercé le
travail de base pour être en mesure, justement, de se perfectionner et de... tu
sais, de s'acquitter de tâches spécialisées. Je comprends que ce que désire le
législateur, c'est vraiment de baliser puis à... de limiter ça à certains
domaines très, très spécifiques et pointus. Malgré cela, veux veux pas, un
enquêteur demeure un policier et se doit de maîtriser, quand même, certaines
notions, se doit d'être capable d'intervenir. Puis l'expérience acquise lors de
la patrouille, au fil d'une carrière, ça, ça ne s'enseigne pas, là, tu sais,
c'est quelque chose qu'il faut vivre pour acquérir ces compétences-là.
Mais, tu sais, je comprends que c'est très
restreint, mais nous, c'est sûr que ça nous inquiète d'ouvrir une porte comme
celle-là, parce qu'évidemment ça risque de s'élargir au fil du temps, là. Puis
l'expérience passée nous a démontré que, parfois, tu sais, ça peut prendre des
proportions non désirées.
M. Bonnardel : Bien, je veux
vous rassurer qu'on ne souhaite pas... comme je l'ai répété, souhaiter le faire
seul dans notre coin. On va participer avec vous à bien établir le règlement,
et l'exercice va être de trouver les professions ou les besoins les plus
nichés, sans empêcher vos collègues, là, qui souhaitent monter dans
l'organisation.
Je me suis fait dire... Puis là je vais
vous parler un petit peu d'interpellations, les interpellations, les
informations, les lignes directrices qu'on souhaite émettre concernant les
interpellations policières. Puis je le sais que, chez vous... je me suis fait
dire que vous le faites très bien, pas que ça a été <nécessairement...
M. Bonnardel :
...pas
que ça a été >nécessairement simple au début, j'utilise les mots, là, de
certains membres de votre état-major, sinon... sinon votre état-major comme
tel, puis qui m'ont dit qu'aujourd'hui le modus ou les façons de faire... Puis
j'ai toujours voulu dire et expliquer aux membres ou à l'Assemblée nationale :
Ce but, ce n'est pas d'alourdir le travail. Puis, pour moi, il ne faut pas
qu'une interpellation se fasse, puis que le policier rentre dans son auto, puis
qu'il y ait un fichier Excel de 35 minutes à remplir, puis qu'il se dise :
Là, ça ne sert plus à rien, là. On se comprend, je pense qu'on est tous à la
même place. Puis l'exercice doit être assez simple, assez succinct puis que ça
prenne une minute, une minute, deux minutes. Puis je pense que,
de ce côté-là, en tout cas, de ce qu'on m'a dit, vous êtes un exemple, comme
corps de police, du côté des informations que vous colligez. Est-ce que vous
êtes à la même place que moi là-dessus ou...
Mme Fortier (Martine) : Oui.
Bien, c'est des méthodes de travail, je vous dirais, là, qu'au Service de
police de la ville de Québec on adoptait déjà d'une façon informelle, là, je
veux dire. Donc, c'est... Pour la plupart des policiers, on avait déjà un
fichier comme une interpellation, mais qui n'était pas nécessairement
obligatoire et... dans le fond, et qu'on n'avait pas nécessairement à justifier
de tous les détails, là. Mais nous, c'était une pratique qu'on avait déjà mise
en place pour justement colliger des informations dans le but de pouvoir
alimenter nos banques de données puis être capable de faire des liens entre des
personnes en... en tout cas. Donc, c'est ça.
M. Bonnardel : ...aujourd'hui,
qui est bien encadré avec vos membres puis qui est assez simple.
Mme Fortier (Martine) : Bien,
oui, absolument. C'est sûr que l'obligation vient comme s'ajouter à tous les autres
formulaires à remplir, à tous les autres rapports, à toutes les autres obligations.
Évidemment, c'est... tu sais, c'est une petite minute de plus là, une autre
petite minute de plus là. Bien, c'est sûr que ça, à la fin d'un quart de
travail, bien, c'est quand même du temps. Mais je pense que c'est... étant
donné que la pratique était déjà ancrée d'une façon informelle, c'est quelque
chose qui... l'adaptation, je pense, qui a été plus facile.
M. Bonnardel : Non, mais je
le souligne parce que je...
Mme Fortier (Martine) : OK.
Merci.
M. Bonnardel : ...je suis
content de voir que vous êtes à la même place que votre état-major, là, parce
qu'on... J'ai vu que c'était un modèle comme tel, du côté du Service de police
de la ville de Québec, là, de colliger ces infos puis de nous donner au
ministère, par la suite, ces renseignements qu'on va demander à
l'administration une fois par année. Puis je pense que, là-dessus, c'est juste normal
qu'on soit capables de mesurer puis de prendre les renseignements importants
pour être capables d'améliorer autant... autant, dans le futur, le travail que
vous faites que les informations qu'on pourrait recevoir.
Je veux vous demander aussi, vous
parlez... Formation continue, là, ça a été un sujet assez important, puis le
temps que vos policiers... vos membres prennent année après année, là, pour
bien se faire former, le concept de requalification versus la formation
continue pour améliorer vos connaissances sur le terrain... J'ai souvent dit :
Un policier qui sort de l'école nationale aujourd'hui versus vous qui avez
20 ans d'expérience, ce n'est pas la même... ce n'est pas le même travail.
On voit que les cas ont changé, les cas sont plus lourds. Vous êtes... Des
fois, on vous demande presque à vous de vous transformer en travailleur social,
ce qui n'est pas le cas, vous n'avez pas été formé pour ça, puis on essaie de
vous accompagner en prévention là-dessus. Mais comment vous voyez cette
approche de formation qui, je crois, peut être bénéfique dans votre travail
dans le futur? Puis comment la ville... comment vos membres le perçoivent présentement,
là?
• (12 h 20) •
Mme Fortier (Martine) : Bien,
en fait, il y a deux aspects à ça. Effectivement, pour nous, la formation
continue, tu sais, c'est un incontournable, c'est quelque chose qui est
nécessaire à notre profession.
Je vous donne un exemple. Moi, je suis
présidente de la fraternité depuis 2020. Je retournerais dans une voiture de
patrouille, j'aurais besoin d'une mise à jour, tu sais, des connaissances parce
qu'évidemment tout change constamment, ne serait-ce que les logiciels utilisés,
et tout ça. Donc, oui, c'est très important. Nous, notre convention collective
prévoit un nombre d'heures de formation à remettre dans des journées de congé.
Bon, je ne vous cacherai pas que, tu sais... bien, ça, c'est une portion de
négociation là-dedans, c'est sûr que ça ne plaît pas nécessairement toujours au
policier de sacrifier une journée de congé à titre de formation.
Par contre... puis le service de police ne
se limite pas seulement qu'à ces heures obligatoires de remise de formation là,
nous. Chez nous, dans le fond, il y a les qualifications de tir qui peuvent se
faire sur le temps de travail, on a des formations qui vont se donner sur le
temps de travail également. Par contre, je ne vous cacherai pas que l'effectif
en place, la diminution d'effectifs avec la réorganisation, et tout ça, fait en
sorte... puis il y a aussi l'avènement de différentes cohortes de recrues qui
arrivent, tu sais, tout au long de l'année. Ça fait en sorte qu'à un moment
donné il n'y a peut-être pas assez de monde pour être capable de bénéficier de
toute la formation qui devrait être donnée, parce qu'il ne faut pas oublier
que, pour donner de la formation, ça prend des formateurs, des moniteurs. Il
faut les dégager, il faut... tu sais, il faut que ces personnes-là soient
disponibles pour donner la formation, il faut que les patrouilleurs puissent
être dégagés aussi pour aller suivre la formation. Or, <parfois...
Mme Fortier (Martine) :
Or,
>parfois, avec l'effectif qui est en place, ça peut devenir difficile.
Donc, évidemment, c'est certain que, quand on parle de l'effectif en place puis
de bonifier l'effectif en place, bien, ça vient alléger un petit peu, là, tout
le processus de formation continue puis la nécessité, justement, d'avoir de la
formation continue puis d'avoir les requalifications.
Mes collègues parlaient, mardi, justement
de la formation au Taser. Tu sais, nous, à Québec, ce n'est pas 50 % des
policiers, là, qui sont formés Taser. Il y en a, mais... sauf que c'est certain
qu'idéalement il faudrait qu'il y en ait plus, parce que, bon, je veux dire, ça
peut arriver qu'une fin de semaine, bon, on se trouve à avoir un effectif qui
est plus jeune, qui a moins d'expérience, et tout ça, qu'il y a moins de
personnes qui sont formées. Donc, c'est sûr que c'est un outil de travail, puis,
des outils de travail, on en a besoin parce qu'évidemment ce genre d'outils là,
d'arme intermédiaire, bien, nous permettent, justement, d'intervenir d'une
façon efficiente et d'éviter, justement, de blesser ou de... des personnes.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député
d'Ungava, s'il vous plaît.
M. Lamothe : Bonjour. Bien,
j'ai été policier de carrière. Je crois beaucoup aux corps policiers
municipaux, à la Sûreté du Québec, puis je crois beaucoup aux lignes
directrices gouvernementales qu'on voudrait arriver, pas à imposer, mais à
suggérer. Exemple, on parle de formation, bien, uniformiser la formation, que
ce soit efficace pour tout le monde.
Comment faire pour faire en sorte que tout
le monde puisse la suivre au maximum, tu sais? Décentraliser... hier, je
parlais à M. St-Antoine qui était ici, de l'ENPQ, décentraliser la formation,
aller en région, aller en ville puis se faire former par... tu sais, ce que je
veux dire là-dedans, c'est que, les lignes directrices gouvernementales, moi,
j'y crois pour ça, dans le sens uniformiser la communication, la formation,
diffuser les informations.
Je voudrais vous entendre là-dessus, ce
que vous en pensez, ces lignes directrices qui viendraient du gouvernement.
C'est quelque chose de nouveau, mais que moi, je crois beaucoup. Comme je vous
dis, j'ai fait ce métier-là. Puis, à un moment donné, il y a des gens qui sont
venus témoigner, tu sais, on... puis je le vis moi-même, j'ai encore des
connexions un petit peu, on travaille en silo, tu sais, puis... sans nécessairement
méchamment, mais ces lignes directrices là pourraient uniformiser, puis, au
bout de la ligne, c'est la population sur le terrain qui aurait un meilleur
service.
Mme Fortier (Martine) : Absolument.
Mais je suis entièrement d'accord avec vous, tu sais, d'avoir des lignes
directrices, d'avoir des orientations claires puis, tu sais, d'avoir des
pratiques uniformisées, tout le monde en bénéficierait. Vous savez,
présentement, on voit beaucoup de policiers qui vont être embauchés par un
corps de police, qui vont, finalement, décider de démissionner puis d'aller
dans un autre service de police, et tout ça. L'uniformisation va venir
simplifier beaucoup les processus d'embauche puis les processus d'induction
aussi de ces policiers-là quand ils arrivent, là, effectivement.
M. Lamothe : Quand je parle
de décentralisation de la formation, comment verriez-vous ça, vous, tu sais,
avec des moniteurs donnés, que ce soit... peu importe... qui viendrait donner
des cours ou bien un formateur attitré en région que, exemple, Québec pourrait
donner un cours à un autre corps de police municipal aux environs à vérifier
pour avoir une meilleure desserte? Vous en pensez quoi?
Mme Fortier (Martine) : Bien,
je vous dirais qu'à Québec on est quand même autonome à ce niveau-là. On a des
moniteurs, on a des instructeurs également, on a des gens qui ont énormément de
qualifications, qui ont énormément de formation. Il y en a qu'on a perdu, évidemment,
parce que... en tout cas, pour différentes raisons, là. Donc, je vous dirais
que, de ce côté-là, je... tu sais, je veux dire, on est déjà quand même
autonome, là. Tu avais-tu quelque chose à rajouter...
M. De Blois (Robert) : Un
effectif.
Mme Fortier (Martine) : Oui.
M. Lamothe : Pardon?
M. De Blois (Robert) : En
fait, c'est qu'on ne peut pas déshabiller... D'abord, je me présente, Robert De Blois,
alors je suis procureur en matière policière et en pratique privée, mais dont comme
client, la Fraternité des policiers et policières de la ville de Québec.
Évidemment, l'idée est extrêmement
intéressante. Maintenant, si vous prenez le formateur de Québec puis vous
l'envoyez en... je ne sais pas, moi, à Saguenay, bien, il y a... évidemment, il
arrive quoi à Québec? Et le problème, il va toujours rester le même, un
problème d'effectifs. Et, compte tenu de certaines contraintes budgétaires, bien,
c'est... ça crée une problématique sérieuse de ce côté-là, et je pense qu'on
l'a constaté. En tout cas, personnellement, je pense que des... certains autres
corps de police ont des problèmes à former leur monde, là, parce qu'il n'y a
pas le temps de libération nécessaire pour aller suivre ces formations-là, et
ça, c'est extrêmement regrettable, surtout en domaine déontologique, dans
lequel moi, j'agis plus souvent.
M. Lamothe : ...possible, ça
serait faisable, vous <savez...
M. Lamothe :
...vous
>savez, une ouverture, je parle, intercorps municipaux, tu sais, pour
faire en sorte que la formation soit uniforme, mais surtout la maximiser, là,
sur le terrain. Dans ce sens-là, je veux dire...
M. De Blois (Robert) : Tout
à fait.
M. Lamothe : OK. Merci
beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. J'avais la députée de
Vimont, s'il vous plaît.
Mme Schmaltz : Bonjour.
Bonjour à vous quatre. Merci de votre présence.
Je voudrais revenir sur la
requalification. Tantôt, vous avez mentionné que c'était nécessaire, notamment
pour une formation au Taser, là, et tout ça. Une fois... Est-ce qu'il y a un
laps de temps pour requalifier quelqu'un dans le sens que... je suppose qu'il
doit y avoir... mais, si on... là, on parle de manque d'effectifs aussi. Une
fois qu'on dépasse ce laps de temps, qu'est-ce qui arrive?
Mme Fortier (Martine) : ...effectivement,
il y a quand même des barèmes à respecter, autant au niveau de l'arme à feu
que... à laquelle on doit être qualifié à chaque année. Évidemment, c'est des
outils de travail et... Écoutez, pour l'instant, il n'y a pas nécessairement de
conséquences qui vont être... qui vont découler, mettons, du dépassement, là,
de la qualification. Tu sais, à la limite, je vous dis... ce qui découlerait,
possiblement... Je n'ai pas eu connaissance que ce soit arrivé, là, au Service
de police de la ville de Québec, mais, à la limite, la personne pourrait se
voir retirer, mettons, le droit d'utiliser ou d'être utilisateur, là, de Taser.
Tu sais, ça, ça pourrait être une chose qui pourrait être... dans le fond, qui
pourrait arriver, là.
Le Président (M.
Bachand) :...M. le député de Saint-Jean,
1 min 47 s, questions, réponses.
M. Lemieux : Merci, M. le
Président, Mme Fortier, messieurs. Le ministre a essayé de... bien, j'ai
considéré ça comme essayer de vous rassurer par rapport à l'utilisation
d'enquêteurs civils éventuellement. Je comprenais vos échanges, mais pas que je
suis déçu, mais je suis surpris parce que, pour les coroners, on l'a fait, pour
l'UPAC, pour le BEI, et, à chaque fois, on sentait une espèce de vent de
fraîcheur, dire : Bien oui, ça peut juste nous aider.
En fait, ce que je vous demande, c'est moi
qui trouve que vous manquez d'enthousiasme, mais est-ce que c'est parce qu'il y
a quelque chose que je ne comprends pas aussi dans votre réserve, si ce n'est
que vous avez des membres qui attendent pour devenir enquêteurs? Mais ça ne
veut pas dire qu'ils vont attendre, ça veut juste dire peut-être qu'il va y
avoir des enquêteurs hyperspécialisés que vos membres n'auraient pas pu être.
Alors, faites juste me préciser un peu au-delà de l'échange avec le ministre,
là.
Mme Fortier (Martine) : Bien,
écoutez, en fait, c'est certain que, bon, oui, il y a l'aspect de dire... tu
sais, ça enlève les opportunités de... tu sais, de promotion ou de progression
de carrière, évidemment. Mais moi... ce qui nous importe principalement, c'est
le fait que les exigences, les attentes envers les policiers sont extrêmement
élevées. Puis on considère que la formation policière de base et l'expérience
terrain viennent justement permettre aux policiers d'acquérir, tu sais, puis
d'être à la hauteur des attentes, puis... dans le fond, de la population, du
gouvernement et de toutes les entités auxquelles on est soumis. Donc, c'est là
qu'on se trouve à avoir une réserve.
Mais, vous savez, dans la police, il y a des
gens qui ont eu une carrière ailleurs avant aussi, là. On a des gens qui ont
travaillé dans d'autres domaines, qui ont de la formation, de l'expérience dans
d'autres domaines puis qui vont s'en servir à titre de policiers
éventuellement, là, tu sais. Et on a des gens qui vont suivre des formations
aussi dans des domaines complètement distincts puis qui vont utiliser ça, là,
dans le cadre de leur travail de policier ou d'enquêteur.
M. Lemieux : Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
• (12 h 30) •
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Bonjour. Un plaisir de vous avoir avec nous aujourd'hui.
Me De Blois, si... à moins que je me
trompe, je pense que vous avez une grande expérience en déontologie. J'aimerais
vous entendre en ce qui concerne les mesures qui sont incluses dans le projet
de loi n° 14 et votre opinion là-dessus, si ça va créer plus de
désengagement policier ou bien est-ce que ça va nous aider à aider nos
policiers qui sont là pour nous.
M. De Blois (Robert) : Bien,
merci pour votre question. Bien, en fait, je me... je vais rester humble dans
mon propos. Je suis Barreau 1971 et j'ai assisté à la mise sur pied, comme
procureur de pratique privée, du système déontologique le 1er septembre
1990. Depuis ce temps-là, j'ai pu... on a travaillé dans à peu près... près de
900 dossiers. Et je plaide régulièrement devant le Comité de déontologie
policière, également devant la Cour du Québec. J'ai également écrit un volume
sur la déontologie policière et la Loi sur la police pour les étudiants en
techniques policières et le public aussi. Alors, j'ai toujours été passionné
par ça. J'ai fait des commissions parlementaires, j'ai fait des enquêtes du
coroner. Je participe actuellement à l'enquête du coroner sur le drame qui est
arrivé avec la famille Carpentier.
Alors, au niveau déontologique, j'aurais <plein
de choses à dire...
>
12 h 30 (version révisée)
< M. De Blois (Robert) :
...j'aurais
>plein de choses à dire, malheureusement, le temps nous est compté, j'en
suis conscient. J'ai surtout porté mon intérêt sur le rapport de la coroner et
j'ai sourcillé sur certaines choses.
À titre d'exemple, il faut se rappeler que
nous, nous accompagnons les policiers souvent à la fin du processus, qui est l'audition
devant le Comité de déontologie policière. Et, je veux vous rassurer, tout le
monde ici, après avoir fait ce champ de pratique là pendant 33 ans, là, depuis
1990, je peux vous dire que les policiers et les policières ont du respect pour
le système déontologique au Québec, et ne laissez-vous pas tromper par cela. Et
les policiers comprennent que la déontologie est aussi essentielle que peut l'être,
disons, le syndic du Barreau pour les avocats. Moi, quand un avocat a un
mauvais comportement, je suis content qu'il y ait un organisme qui vienne
régulariser la situation. Alors, je peux vous dire que le message, il est
constant, et les policiers en sont conscients. C'est un besoin essentiel que l'on
puisse s'assurer... que la population, les collègues de travail, les plaignants
sachent que le système fonctionne.
Ceci étant, à titre d'exemple, il y a des
irritants. On... dans le projet de loi, une demande. Je vais en cibler les
principales, parce que je sais que j'ai peu de temps. La permission d'appeler...
Le commissaire... la commissaire vous dit : Il sera opportun d'avoir une
permission d'en appeler. Moi, je peux vous dire que le système déontologique
faisait en sorte auparavant que, lorsqu'on voulait aller à la Cour du Québec,
il fallait faire une requête spéciale, parce que, même si la loi parlait d'un
appel, en réalité, c'était ce qu'on appelle une mesure de contrôle judiciaire. Il
fallait démontrer que la décision était déraisonnable. Depuis décembre 2019, l'arrêt
Vavilov de la Cour suprême, ce n'est plus le cas maintenant, c'est vraiment un
véritable appel.
Mais, si le commissaire, pour sa part...
la commissaire considère, pour sa part, qu'il y a trop d'appels, eh bien, il y
a un mécanisme déjà prévu dans la loi qui permet de faire une demande au
tribunal immédiatement, lorsqu'un policier veut en appeler ou le commissaire
veut en appeler, pour faire arrêter le processus en disant que c'est futile ou
dilatoire. Il existe, ce processus-là, mais les arguments à l'effet que ça
coûte des sous puis ça coûte du temps... Je pense que la justice requiert que l'on
prenne le temps nécessaire et le droit de faire des choses.
Je suis également interpelé, et j'étais
donc sur l'article 71 du projet de loi, je suis interpellé par 63 de l'article...
du projet de loi, qui traite de la communication, du pouvoir de celui qui gère
les audiences de devoir transmettre... de demander aux parties de transmettre toute
information, non seulement tout rapport, mais également toute information. Le
système déontologique est conçu pour donner au commissaire des pouvoirs hors de
l'ordinaire. Il a le pouvoir d'aller chercher tout renseignement dans tout
corps de police, les rapports, les audios des échanges, etc., la vidéo lorsqu'elle
existe, etc., et il peut demander à plein de citoyens la collaboration. Le
policier n'a pas les mêmes pouvoirs.
Mais cette espèce de déséquilibre a fait
en sorte qu'on a permis, par législateur, ce qu'on appelle le droit de
non-coopérer à l'enquête, l'article 192 — je suis heureux de
voir que c'est maintenu et je pense que ce n'est que justice — et la
loi prévoit également le droit à une défense pleine et entière. Et ça veut dire
qu'en droit disciplinaire, on n'est pas obligé de faire valoir notre défense et
de communiquer notre preuve. Pourquoi est-ce qu'on exigerait maintenant que le
décideur qui va entendre la cause nous oblige... fasse une demande à ce qu'on
transmette toute l'information? Il m'apparaît que c'est une anicroche au devoir
ou au droit à une défense pleine et entière et d'attendre de voir la preuve du
commissaire pour pouvoir réagir, de notre côté, devant l'organisme.
Je reviens sur la permission d'en appeler.
Il m'apparaît qu'il y a une coquille dans le rapport de la commissaire. Elle
dit que le Tribunal des professions... ça prend une permission d'en appeler des
décisions du Tribunal des professions, mais il m'apparaît que c'est mal évaluer
la situation, parce que le Tribunal des professions, il siège en appel des
décisions d'un comité de discipline. Dans notre loi, le comité de discipline, c'est
le Comité de déontologie policière, de sorte qu'un comité de discipline peut
aller en appel sans permission au Tribunal des professions, mais nous, ça
prendrait une permission pour aller à la Cour du Québec. Je m'interroge
également sur cet objectif-là. Alors, grosso modo...
Et évidemment, dernière représentation, à
l'article 31 du projet de loi, qui concerne les plaintes alléguant...
conduite discriminatoire, je pense que madame le souligne, Mme la Présidente,
dans son document, dans son mémoire, la discrimination, je vous informe que c'est
l'âge, c'est le sexe, c'est l'origine ethnique, c'est... Alors, tout peut
devenir sujet de discrimination. Si l'objectif du législateur est de viser plus
particulièrement la discrimination au niveau de la race, bien, écrivez-le, puis
on saura évidemment se... en conséquence.
Alors, c'était, je pense, mon modeste
apport à vos délibérations, et je demeure disponible à vos questions, <si
besoin est...
M. De Blois (Robert) :
...alors,
c'était, je pense, mon modeste apport à vos délibérations, et je demeure
disponible à vos questions, >si besoin est.
Mme Maccarone : Merci
beaucoup. Pour continuer dans cet échange, Mme Fortier, est-ce que cette
loi va mettre fin au profilage racial? Puis, dans votre réponse, juste pour
faire le lien avec ce que Me De Blois vient de dire, est-ce que ça va
mettre fin au profilage racial? Puis, dans votre réponse, si vous pourriez
préciser la différence entre profilage racial puis profilage criminel.
Mme Fortier (Martine) : Bien,
exactement, c'est vraiment dans ce sens-là que je comptais vous répondre, parce
qu'il faut vraiment faire la distinction entre le profilage racial et le
profilage criminel. Je vous dirais, moi, j'ai travaillé sur... dans le fond,
sur le terrain pendant une vingtaine d'années, et, lorsque l'on décide
d'interpeler une personne, ce n'est pas en fonction de sa race. Quand on décide
d'interpeler une personne, c'est parce qu'il y a un ensemble de facteurs qui
fait en sorte que notre expérience policière nous indique qu'il y a quelque chose
qui ne fitte pas, il y a quelque chose qui mérite justement d'être vérifié.
Donc, souvent, il y a comme une constellation de faits, dans le fond, qui nous
permet d'identifier une personne.
Par exemple, je vous donne l'exemple, en
pleine nuit, dans un quartier résidentiel, un homme qui circule à pied avec
un... tout vêtu de noir, avec un sac à dos, alors qu'il n'y a pas d'arrêt
d'autobus... il n'y a plus d'autobus à cette heure-là, alors que, tu sais, on
est loin du centre-ville, et tout ça, bien, ce n'est pas normal. Donc, c'est ce
genre d'incident là qui va faire en sorte qu'on va aller interpeler une
personne.
Puis c'est... Je veux dire, bien souvent,
ce qui va se passer, c'est que le... Dans le fond, tout ce qui entoure le
profilage racial, le registre des interpellations, tu sais, qui est relatif à
ça, à un moment donné, c'est que, si on tombe dans l'excès, ce qui va se
passer, c'est que les policiers vont décider de ne pas interpeler une personne,
justement, parce que c'est une minorité visible. Puis ça, on ne veut pas ça.
Puis, je vous le dis par expérience, il y
a beaucoup de personnes, des minorités visibles qui se servent de ça pour
intimider les policiers, pour ne pas se faire interpeler, pour ne pas répondre
aux questions. J'ai travaillé à la détention au parc Victoria, au Service de
police de la ville de Québec pendant plusieurs années et je vous dirais que ça
m'est arrivé à plusieurs reprises, à 3 heures du matin, de voir une
personne de race noire être arrêtée, être amenée au bloc cellulaire, puis,
avant même que j'ouvre la bouche, avant même que je parle à cette personne-là,
de me faire regarder par cette personne-là puis de me faire dire : Aïe!
vous êtes tous des racistes, vous êtes tous des racistes, alors que je n'avais
même pas ouvert la bouche, je n'avais pas souri, je n'avais pas réagi, tu sais,
je n'avais eu aucune réaction.
Donc, c'est... je pense que...
malheureusement, de tomber dans l'excès, d'un côté comme de l'autre, je pense
que c'est de nuire, justement, au travail policier et c'est de nuire, justement,
à la paix sociale, hein? Parce que ce qu'on... la dernière chose qu'on veut,
c'est de laisser le champ libre à des groupes criminalisés, à des gangs de rue
sous prétexte, dans le fond, qu'ils sont des personnes de minorités visibles ou
audibles.
• (12 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci beaucoup.
M. le député de Laurier-Dorion, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci
beaucoup, M. le Président. Messieurs dames, merci beaucoup d'être ici avec
nous, là. Je profite de l'opportunité pour vous manifester mes condoléances,
toutes mes sympathies pour la mort tragique de la sergente Breau. Ce n'est évidemment
pas une de vos collègues, là, mais vous êtes particulièrement affectés.
Écoutez, j'aimerais y aller plus dans le
détail pour bien comprendre votre pensée, là, et en particulier sur la
question... sur l'apport de la nouveauté apportée par le projet de loi n° 14, sur les signalements en particulier. Et on sait
qu'aujourd'hui, là, toute personne au Québec peut porter plainte. Donc, on
introduit la notion de signalement pour que toute... et les plaignants
doivent... on restreint les droits de porter plainte, là, aux personnes qui ont
assisté à un événement, soit une personne qui se dit victime ou un témoin.
Toutes les autres personnes peuvent signaler. Donc, c'est... ça suscite
beaucoup de débats, cette question-là.
Mais vous, vous allez encore plus loin. On
devrait non seulement... on devrait restreindre les pouvoirs de signaler, la
capacité de signaler, seulement aux personnes qui ont été témoins, là. Et qu'arrive-t-il
lorsqu'il n'y a pas de témoin, par exemple? Je vous pose cette question-là. Comment
on pourrait signaler une conduite qui paraît abusive, là, pour... lorsqu'il n'y
a pas de témoin ou certains... ou pour les cas de la famille, par exemple?
J'aimerais bien comprendre <votre pensée à ce sujet-là.
M. Fontecilla :
...comprendre
>votre pensée à ce sujet-là.
Mme Fortier (Martine) : En
fait, le processus déontologique régit les relations avec le public. Donc, s'il
n'y a pas de témoin, il y a une personne, nécessairement, qui a été impliquée
dans l'intervention, tu sais. Ça fait que, a priori, je veux dire, les
policiers doivent interagir avec quelqu'un pour qu'il y ait, dans le fond, des
reproches adressés... qui puissent leur être adressés, sinon on parle vraiment
du processus disciplinaire à l'interne au niveau de l'employeur, et tout ça.
Donc, nous, la problématique qu'on voit à
ça, c'est qu'une personne, par exemple, qui va regarder une vidéo sur YouTube
ou, tu sais, qui va voir une vidéo qui a été postée, dans le fond, va pouvoir
faire un signalement de cette intervention-là, alors que peut être que cet
événement-là remonte à deux, trois ou quatre ans. Peut-être qu'il a déjà fait
l'objet d'une enquête, peut-être que... Puis la possibilité de faire des
signalements d'une façon anonyme va venir ouvrir une grande porte à des gens,
justement, qui... tu sais, qui sont mal intentionnés et qui veulent faire du
tort à certains policiers.
Parce qu'on ne se le cachera pas, ce n'est
pas tout le monde qui aime la police, puis il y a des gens qui, quand ils
reçoivent un constat d'infraction, il y a des gens quand, dans le fond, se font
arrêter, en veulent aux policiers qui les ont arrêtés. Il y en a. Puis il y en
a, des gens qui vont essayer de faire, dans le fond, des démarches,
entreprendre des démarches pour nuire à ces policiers-là puis donner du trouble
parce qu'ils sont conscients, tu sais, de l'impact que ça peut avoir sur
l'avenir du policier.
Alors, oui, des fausses allégations, il y
en a. Oui, des faux... tu sais, des plaintes frivoles, il y en a. Nous, ce
qu'on prétend, c'est qu'il devrait y avoir minimalement un mécanisme de mis en
place, justement, de mécanisme de contrôle pour éviter que ça tombe dans
l'excès puis que les policiers aient toujours à se débattre puis à se défendre.
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup. Mme la
députée de Vaudreuil, s'il vous plaît. Excusez le retard. Merci.
Mme Nichols : ...M. le
Président. Merci d'être parmi nous aujourd'hui. J'ai deux questions par rapport
à l'arrivée des civils. Le ministre parle que ça serait dans des spécialités
nichées. Moi, je me disais, est-ce que ça ne serait pas intéressant de prévoir
que, un, on doit tenter de recruter d'abord auprès des policiers puis que, deux...
puis, si on recrute, même de leur offrir la formation, puis que, deux, bien,
que ça soit une exception d'engager un civil?
Mme Fortier (Martine) : Bien,
effectivement, à l'heure actuelle, il y a des processus de promotion. Donc, les
gens doivent poser leur candidature et doivent respecter certains critères qui
sont exigés pour accéder à ces postes-là. Donc, présentement, oui, il y a des
postes, il y a des enquêteurs qui sont au crime informatique et qui sont au
front, puis c'est des domaines assez pointus. Donc, il y a quand même des
critères qui sont prédéterminés. Et, par la suite, ces gens-là sont formés pour
la spécialité pour laquelle, dans le fond, ils devront travailler. Donc... Mais
oui, je suis d'accord avec vous que c'est...
Mme Nichols : ...en lien
avec vos réticences, parce que, dès le début, vous avez mentionné avoir des
réticences quant à l'arrivée des civils. Ça fait que j'essayais de trouver,
peut-être, le compromis pour...
Mme Fortier (Martine) : Oui,
absolument.
Mme Nichols : ...prévoir
des spécificités. Je reviens, là, parce que je n'ai vraiment pas beaucoup de
temps, je reviens sur les lignes directrices. Moi, ça m'embête un peu, les
lignes directrices parce que, un, ce n'est pas défini, hein? On ne sait pas
c'est quoi, des lignes directrices. On en parle depuis trois jours, mais ce
n'est pas défini, c'est flou, hein? On dit qu'on est d'accord puis qu'on n'est
pas d'accord, mais on est d'accord ou pas d'accord sur quoi? On ne le sait
toujours pas.
Selon moi, les forces de l'ordre doivent
être indépendantes. Là, si les lignes directrices s'en viennent donner une
orientation précise à vos policiers, qu'est-ce que vous en pensez de ça? Parce
que c'est le politique qui va s'en mêler, là.
Mme Fortier (Martine) : Bien,
les lignes directrices, on s'entend, tu sais, ça dépend toujours en quelle
matière. Je veux dire, tout à l'heure, on parlait en matière...
Mme Nichols :
...limites.
Mme Fortier (Martine) : Comment?
Mme Nichols : Quelles
limites vous verrez?
Mme Fortier (Martine) : Bien,
tu sais, présentement, on a quand même l'École nationale de police, tu sais,
qui est là pour chapeauter certaines normes, là, tu sais, au niveau des
qualifications, au niveau de la formation et tout ça. Mais effectivement, je
veux dire, c'est des gens qui sont spécialisés, c'est des gens qui sont déjà
dans le milieu, qui sont déjà en place, et tout ça. Mais effectivement, je suis
entièrement d'accord avec vous que le politique et la police doivent garder
chacun leur carré de sable. C'est d'une importance capitale, là.
Mme Nichols : Merci.
Le Président (M. Bachand) :Merci. Merci beaucoup d'être... d'avoir été avec nous. Puis,
encore une fois, désolé du retard. Merci beaucoup. Et donc je suspends les
travaux quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 46)
(Reprise à 12 h 48)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Avant d'aller à notre... avec le Bureau du
coroner, j'aurais besoin d'un consentement pour ajouter 45 minutes à la
séance de travail. Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Consentement. Merci beaucoup.
Donc, le Bureau du coroner est avec nous. Encore une fois, désolé du retard.
Alors, Me Descary, je vous cède la parole. Peut-être présenter la personne
qui vous accompagne et, après ça, débuter par votre exposé. Merci beaucoup
d'être avec nous.
Bureau du coroner
Mme Descary (Pascale) : Oui, certainement.
Bonjour. Merci beaucoup de cette invitation au Bureau du coroner, bien
apprécié. Alors, je me présente, je suis Pascale Descary, Coroner en chef du
Québec, et je suis accompagnée par Me Dave Kimpton, qui est coordonnateur
aux affaires juridiques au Bureau du coroner et procureur aux enquêtes
publiques.
Donc, un merci de nous permettre, là, de
nous exprimer aujourd'hui et répondre aux questions, là, des membres de la
commission. D'entrée de jeu, je souhaiterais également, en mon nom personnel et
au nom de l'ensemble de l'équipe du Bureau du coroner, offrir toutes nos
sympathies à la famille et aux proches de la sergente, Mme Breau. Le
ministre Bonnardel, comme vous le savez, m'a demandé cette semaine d'ordonner
une enquête publique dans ce dossier pour faire la lumière sur les causes et les
circonstances de ce décès tragique, ce que j'ai fait le jour même. Donc, j'ai
ordonné une enquête publique qui sera présidée par Me Géhane Kamel. Donc,
Me Kamel va... donc fera toute la lumière sur ce décès et permettra à divers
intervenants clés, là, de venir s'exprimer devant elle pour qu'éventuellement
des recommandations puissent ressortir de cet exercice pour éviter des décès
semblables dans le futur.
• (12 h 50) •
Donc, ce qui m'amène à la mission du Bureau
du coroner. Donc, notre mission, c'est de protéger, protéger la vie humaine.
Notre devise, d'ailleurs, c'est : Pour la vie. Alors, on travaille avec la
mort, bien sûr, avec des décès tragiques, difficiles, mais pour que ressorte de
ça la possibilité d'éviter des décès similaires dans le futur, protéger la vie
humaine. Donc, c'est dans cette perspective-là qu'on est ici aujourd'hui devant
vous, en lien avec la loi qui vise à aider à retrouver des personnes disparues.
Alors, j'ai peu de commentaires, je ne
peux que me réjouir de voir en l'édiction de cette loi-là une suite favorable à
une recommandation qu'a émise la coroner Denyse Langelier dans ses deux
rapports, là, signés en mars 2021, qui visaient à faire la lumière sur la cause
et les circonstances des décès de M. Stéphane Roy ainsi que son fils
Justin, à la suite d'un accident d'hélicoptère en juillet 2019. On se
rappellera de ce drame également. Alors, la coroner Langelier, à l'issue de son
investigation, avait formulé une recommandation fort pertinente que je vais
vous lire rapidement. Donc, qui était : «Afin de protéger la vie humaine,
je recommande au ministre responsable de l'Accès à l'information et de la <Protection
des renseignements personnels...
Mme Descary (Pascale) :
...je
recommande au ministre responsable de l'Accès à l'information et de la >Protection
des renseignements personnels, en collaboration avec la Sûreté du Québec, la
création de dispositions législatives visant à outiller les policiers dans le
cadre de la recherche de personnes disparues qui seraient nécessaires pour
permettre aux policiers d'exiger d'avoir accès aux renseignements sur des
communications téléphoniques et des renseignements sur les signaux liés à
l'emplacement d'une personne. Les dispositions législatives devraient également
s'étendre à d'autres dossiers, tels ceux contenant des coordonnées et autres
renseignements d'identification, photos, vidéos et autres dossiers [concernant...]
contenant des représentations visuelles, comptes de réseaux sociaux, dossiers
médicaux, dossiers bancaires, RAMQ, pour ne nommer que ceux-là.»
Alors, on avait reçu une réponse favorable
du ministre responsable de l'Accès à l'information, qui avait aussi mis dans la
boucle, bien sûr, le ministre de la Sécurité publique. Et je vois, donc, dans
l'édiction de cette loi, aux articles 117 et suivants, une réelle volonté
de faciliter la recherche des personnes disparues, et, dans notre perspective à
nous, évidemment, c'est dans le but de sauver des vies. Si, dans le cas de cet
accident dramatique de M. Roy et de son fils, les policiers avaient pu avoir
accès à des informations plus rapidement au moyen, bien sûr, de... d'une
ordonnance d'un juge, bien, peut-être qu'on aurait pu sauver ces vies-là. S'ils
avaient pu avoir accès à des renseignements plus rapidement, on aurait pu les
localiser possiblement plus rapidement et les retrouver saines et sauves. Donc,
on est... on salue cette initiative. On pense que c'est une excellente chose,
là, pour nous aider, nous, à mener à bien notre mission.
Un autre point que je souhaiterais
signaler, c'est par rapport au chapitre III du projet, qui est la
communication au public, donc l'article 9, qui se lit comme ci... j'aurais
une observation à vous faire. Donc, on dit : «Lorsque la personne disparue
est retrouvée, le directeur du corps de police ou la personne qu'il désigne
peut communiquer au public qu'elle a été retrouvée ou est décédée.» Alors,
je... on prend connaissance de cet article, et je voudrais juste souligner
peut-être la pertinence de faire un ajout à cet article-là, parce que, selon la
Loi sur les coroners et dans notre législation, c'est le coroner qui a
l'expertise et le pouvoir d'identifier les personnes décédées. Et ce n'est
qu'après que le coroner ait pu bénéficier, dans bien des cas, d'expertises très
poussées, avec l'aide d'experts, notamment du Laboratoire de sciences
judiciaires et de médecine légale, que le coroner... En fait, il a comme
obligation de s'assurer de l'identité de la personne décédée dans son... dans
sa mission, dans son travail, et c'est lui, donc, qui est l'expert pour le
faire.
Donc, il serait pertinent certainement
d'ajouter à cet article-là une mention que les corps de police peuvent
effectivement confirmer qu'une personne a été retrouvée ou qu'elle est décédée.
Par contre, il serait bien d'ajouter «après validation avec le coroner au
dossier», quand il s'agit d'un décès violent, obscur, et il y a de fortes
chances qu'il s'agisse de décès violents et obscurs lorsqu'on est en matière de
personnes qui étaient recherchées. Alors, je voulais passer ce message. Je
pense qu'il serait pertinent d'ajouter cet élément à cette disposition-là
simplement pour être cohérents et conséquents par rapport à notre législation
et notre obligation légale.
Alors, voilà. Donc, je suis disponible
pour répondre à vos questions, si vous en avez.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Me Descary.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président. Mme Descary, merci d'être là. Me Kimpton, merci d'être là.
Et, encore une fois, désolé pour le retard.
Je vais me concentrer moi aussi
rapidement, là, sur la portion des personnes disparues. On est très contents,
dans cette loi, de donner des outils aux policiers. Vous l'avez mentionné, puis
je l'ai mentionné, puis je ne pense pas que vous allez me contredire, les premières
heures sont les plus importantes. Je pense qu'on peut qualifier que les deux
premières, trois premières, peu importe, là... vous l'avez dit, pour la
disparition et la tragédie de M. Roy et son fils, avec l'hélicoptère, si
on avait eu cette possibilité de donner des infos rapidement en termes juste de
géolocalisation, bien, rapidement, les... l'armée ou autre ou la Sûreté du
Québec auraient pu intervenir rapidement.
Puis ma première question, vous le savez,
vous l'avez mentionné, c'est que... bon, dans la loi, on dit que, sur
ordonnance d'un juge, on puisse donner des informations, avoir accès à certains
renseignements, mais qui pourraient être aussi protégés par le secret
professionnel. Est-ce qu'on s'en va à la bonne place malgré ce secret professionnel
aussi?
Mme Descary (Pascale) : Ma
perception, c'est oui, mais je pense que j'aimerais bien entendre notre
juriste, Me Kimpton, à ce sujet.
M. Kimpton (Dave) : Oui,
pardon. Bonjour à tous. Donc, juste peut-être réitérer la question, s'il vous plaît,
M. Bonnardel. <Il y avait de l'écho dans la salle...
M. Kimpton (Dave) :
Donc,
juste peut-être réitérer la question, s'il vous plaît, M. Bonnardel. >Il
y avait de l'écho dans la salle.
M. Bonnardel : Bien, quand
on... dans la loi, on dit que, seulement sur ordonnance d'un juge, les
policiers pourront obtenir des informations qui pourraient être protégées par
le secret professionnel. Donc, dans la loi, on met de côté les avocats et
notaires, mais, pour le reste, est-ce qu'on est à la bonne place, d'être
capables d'obtenir le plus de renseignements possible pour obtenir des infos
qui pourraient nous permettre de retrouver un enfant qui est enlevé, avec
quelqu'un ou, peu importe... un décès ou un événement tragique, comme celui de
M. Roy et de son fils?
M. Kimpton (Dave) : Bien,
tout à fait. Puis évidemment, mon commentaire va s'inscrire dans le cadre de la
Loi sur les coroners, bien entendu. Évidemment, comme vous le savez
probablement, les coroners ont la capacité et le pouvoir d'émettre des
ordonnances, notamment pour obtenir des dossiers médicaux d'une personne
décédée. Mais pour ce faire, évidemment, comme la Coroner en chef l'a
mentionné, la personne... on doit prendre avis, et il doit y avoir décès d'une
personne, donc un décès obscur, violent ou suite à une négligence. Donc, dans
le cadre d'une recherche de personne disparue où il n'y a pas encore de personne
décédée, à ce moment-là, le coroner ne serait pas justifié d'utiliser son
pouvoir d'ordonnance, bien entendu, pour l'obtention d'un dossier médical.
Donc, je ne sais pas si ça répond à votre
question, M. Bonnardel, mais effectivement, pour ma part, en fonction de
la réalité de Bureau du coroner, bien, votre disposition législative est tout à
fait justifiée pour obtenir ce genre d'information, effectivement.
M. Bonnardel : J'imagine...
Mme Descary (Pascale) : Oui,
puisqu'on ne peut pas l'obtenir. C'est ça, puisqu'on ne peut pas l'obtenir via
ordonnance du coroner, puisqu'il n'y a pas encore décès, ça prend l'ordonnance
d'un juge, hein? C'est un peu le résumé.
M. Kimpton (Dave) : C'est ça.
Tout à fait, tout à fait.
M. Bonnardel : Exact, exact.
Est-ce qu'il y a des éléments, dans la loi pour les personnes disparues, que...
selon votre expérience, que nous avons oubliés, qu'on devrait penser à ajouter?
Puis je reviens, je ne l'ai pas dit, là, sur votre... le chapitre III,
vous avez mentionné le «retrouvé ou décédé», là, je prends bonne note avec mon
équipe, là, pour répondre à votre inquiétude.
Mais au-delà de tout ça, là, pour la loi
comme telle, est-ce qu'il y a des choses qu'on aurait... qu'on devrait revoir
ou qu'on aurait... qu'on devrait ajouter ou on est... On est allés quand même
chercher, je crois, les meilleures pratiques quand on s'est comparés avec
l'Ontario et le Manitoba, si je ne me trompe pas. Donc, avec votre expérience,
est-ce qu'on est encore une fois à la bonne place pour cette nouvelle loi?
Mme Descary (Pascale) : Moi,
il m'apparaît... En fait, on a passé à travers, effectivement, le projet, qui
nous apparaissait fort, fort intéressant, en fait, pour nos besoins à nous, Bureau
du coroner, et pour les besoins des coroners dans le cas des personnes
disparues, tout à fait. Je pense que ça fait un tour d'horizon intéressant.
M. Bonnardel : Et l'ajout
d'informer le... et de donner le plus d'informations possible au public, est-ce
qu'il y a une limite là-dedans? Parce qu'on dit, là, qu'on veut communiquer le
plus de renseignements publics... le plus de renseignements possible au public,
qui, pour moi, serait bénéfique, nécessairement. Donc, j'imagine... Je connais
peut-être votre réponse déjà, là, mais je veux vous entendre, là, quelques
secondes, là.
Mme Descary (Pascale) : Absolument,
absolument. Le plus qu'on peut donner de l'information pour aider à retrouver
les personnes... Et, s'il faut avoir l'ordonnance d'un juge pour avoir accès et
avoir l'autorisation de transmettre des informations personnelles et
confidentielles, certainement. Dans la perspective du Bureau du coroner, il n'y
a pas de malaise par rapport à ça.
M. Bonnardel : Je vais quand
même sortir des personnes disparues. J'ai une dernière question. La formation
continue des policiers... Avec l'expérience que vous avez acquise aussi, les
cas spécifiques, est-ce que cette formation en continu qu'on souhaite... Puis
là je fais la ligne entre la requalification et la formation en continu du
travail du policier, policière qui évolue dans le temps. Pour vous, j'imagine
que c'est une bonne chose aussi, là. Êtes-vous à contre-courant de nous ou vous
pensez la même chose?
• (13 heures) •
Mme Descary (Pascale) : Bien,
c'est sûr, les coroners ont régulièrement, soit dans leurs rapports
d'investigation ou d'enquête publique, émis des recommandations à cet égard-là
afin que la formation des policiers soit en tout temps mise à jour, et
peaufinée, et ciblée, notamment en matière de désescalade. Parce qu'il y a
malheureusement des décès qui surviennent dans des situations où il y a eu
escalade et que la désescalade aurait probablement pu apaiser les choses et
peut-être éviter un décès. Donc, c'est certain que le Bureau du coroner, dans
la mesure où les dispositions vont dans le sens de ce qui a été recommandé par
des coroners pour faciliter ces aspects-là, bien, on est très confortables avec
cette idée.
M. Bonnardel : Merci à vous
deux. Merci à vous deux.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Ça va du côté
gouvernemental? Donc, je passerais à la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui, bonjour.
Un plaisir de vous avoir avec nous aujourd'hui. Merci beaucoup pour votre
témoignage. J'aurais des questions pour vous en ce qui concerne... vous avez
parlé de le partage de l'information. Puis article 117, chapitre II,
article 4, alinéa 2, l'ordonnance ne semble pas viser les comptes des
médias sociaux.
Êtes-vous d'avis que c'est quelque chose
que nous devons améliorer en ce qui concerne <le projet de loi n° 14...
>
13 h (version révisée)
<17911
Mme
Maccarone :
...en ce qui concerne >le projet de loi n° 14?
Mme Descary (Pascale) : Oui,
bien, je viens de vous lire la recommandation de la coroner Langelier, qui
élargissait aux réseaux sociaux sa recommandation, certainement, parce que c'est
un média très utilisé et qui permettrait sans doute d'obtenir beaucoup plus d'information.
Alors, ça va exactement dans le sens de la coroner Langelier, dans son rapport.
Mme Maccarone : Parfait. Et
nous savons que la coroner mène actuellement une enquête en ce qui concerne la triste
disparition des petites filles Carpentier. Comme le projet de loi sera
probablement étudié avant la fin de l'enquête, est-ce qu'il y a des leçons que
nous avons à tirer, des éléments, peut-être des lacunes, dont vous faites face
actuellement, qui ne sont pas compris dans cette loi, que nous devons prendre
en considération avant que la loi soit éventuellement adoptée, si on arrive à
cette étape-là avant vous?
Mme Descary (Pascale) : Je
comprends très bien votre question et votre intérêt par rapport à cette
question-là. Malheureusement, j'ai un énorme devoir de réserve. Je ne peux du
tout commenter une enquête qui est en cours d'aucune façon. Je ne peux pas m'immiscer
dans les travaux du coroner Malouin, malheureusement.
Mme Maccarone : Des
recommandations plus générales, d'abord. Est-ce qu'il y a des choses qui sont
peut-être... qui sont manquantes dans la loi? Parce que, comme que vous savez
sans doute, ouvrir des lois puis modifier des lois, ce n'est pas quelque chose
qu'on fait au quotidien. Alors, est-ce que vous avez d'autres recommandations
que... ce qui n'est pas inclus actuellement dans la loi, que vous souhaitez
voir?
Mme Descary (Pascale) : Bien,
comme je l'ai mentionné à M. Bonnardel tout à l'heure, le projet qui est
là nous semble tout à fait intéressant, semble répondre aux préoccupations que
nous avions et à des recommandations que des coroners ont formulées dans le
passé. Encore une fois, dans mon rôle, je dois avoir une réserve et maintenir
une certaine indépendance. Donc, je ne peux pas me prononcer sur des
recommandations. C'est aux coroners de le faire dans leurs dossiers.
Alors, je vais répondre de façon générale,
comme je l'ai fait tout à l'heure, que le projet, tel que soumis, semble bien
répondre, selon nous, là, aux recommandations qu'ont formulé dans le passé des
coroners, et c'est satisfaisant pour moi à cet égard.
Mme Maccarone : Entendu. En
ce qui concerne l'état mental perturbé, j'ai déposé un mandat d'initiative
cette semaine, parce que nous avons vu quand même une hausse assez importante,
depuis 2018, en ce qui concerne les cas, qui varient entre 9 % puis
127 %, à travers la province, des interpellations pour nos policiers qui
font face à très peu d'information. C'est des interventions qui sont souvent
très longues, puis, comme on a vu, malheureusement, dans le cas de sergente
Maureen Breau, ça a mené à un décès qui soulève beaucoup de questionnements en
ce qui concerne ce que nous pouvons faire pour s'améliorer en ce qui concerne
ceci.
Dans le projet de loi, est-ce que vous
êtes confiante que nos policiers qui vont faire face, encore une fois, à la
fameuse porte tournante puis l'état mental perturbé... qu'on a ce qu'il nous
faut pour protéger nos policiers et la population en ce qui concerne... C'est
rendu un fléau.
Mme Descary (Pascale) : Je
suis d'accord avec vous, c'est un enjeu de société majeur. Encore une fois, je
me réfère à nos travaux, à notre mission. Donc, on a des coroners qui ont été
mandatés. Je le disais d'entrée de jeu, dans le cas de la sergente Breau, il y
aura une enquête publique qui permettra d'entendre... bien, d'abord, de faire
la lumière de façon très fine, là, sur ce qui s'est passé, faire le... de refaire
le fil des événements pour bien comprendre ce qui s'est passé, et ensuite en
tirer des leçons, et la coroner Kamel, qui a été mandatée, va pouvoir faire
entendre divers experts en la matière, et ce sera une belle occasion de
réfléchir à comment on... quelle est la situation au Québec par rapport à ça et
comment on peut améliorer la situation.
On a aussi une autre enquête publique à
venir prochainement sur les événements qui sont survenus à Montréal et Laval l'été
dernier, où un agresseur s'en est pris de façon aléatoire à trois personnes, et
c'était une personne qui était dans des circonstances... dans un contexte
similaire en termes de problèmes de santé mentale et questionnement quant à son
suivi.
Donc, nous, c'est vraiment dans notre rôle
qu'on peut jouer, hein, un rôle de levier, pour faire changer les choses, ce n'est
pas au niveau législatif. C'est avec le pouvoir qui est le nôtre de faire la
lumière sur les causes de décès et de recommander des améliorations des
pratiques, des politiques, des procédures, des lois, et autres, qu'on joue
notre rôle.
Mme Maccarone : Tout à fait,
d'où l'alignement de la questionnement, c'est parce qu'évidemment on a beaucoup
de respect pour ce que vous faites et on a une opportunité de mettre... d'effectuer
des changements au sein de cette loi pour s'assurer que ça répond non seulement
à vos recommandations, mais aussi à la <notion de protéger...
Mme Maccarone :
...s'assurer
que ça répond non seulement à vos recommandations, mais aussi la >notion
de protéger la population ainsi que nos policiers.
On a entendu Andrée Béchard, qui est une
maman qui a perdu sa fille, qui est disparue, sa fille qui s'appelle... excusez-moi,
Marilyn. Alors, elle, elle nous a fait quand même deux recommandations dont
j'aimerais savoir si vous êtes d'accord que c'est des modifications que nous
devons apporter dans cette loi... dit : «Pour les familles, ce serait
important d'avoir la création d'un fichier unique pour les personnes disparues.»
Parce qu'on peut comprendre que ça varie d'une municipalité à l'autre, un
service de police à l'autre, et, pour les policiers, elle dit que ce serait
également important d'avoir une création d'un fichier unique pour les personnes
disparues, alors, pour les familles et ainsi pour les policiers.
Que pensez-vous de cette recommandation?
Et, selon vous, est-ce que ça vous aiderait aussi dans vos démarches de suite,
s'il y avait une suite, dans un tel cas, par exemple?
Mme Descary (Pascale) : Vous
allez me trouver plate, mais malheureusement j'ai un petit peu de difficulté à
répondre à votre question. Je dois laisser mes coroners s'exprimer par leur
travail, par leurs recommandations. En tant que Coroner en chef, j'administre
le bureau, je donne le soutien aux coroners pour les aider à faire du mieux
qu'ils le peuvent leur travail, mais je ne peux formuler des recommandations ou
me prononcer formellement sur des politiques, des idées. Bien que ça me semble
fort intéressant, mais ce n'est pas à moi à le faire, ce sera à nos coroners,
éventuellement, à formuler des recommandations ou à se positionner. Je dois
avoir ce devoir et maintenir ce devoir de réserve. Je m'en excuse.
Mme Maccarone : Il n'y a pas
de souci. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme la députée.
M. le député de Laurier-Dorion, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci, bonjour.
Merci beaucoup d'être avec nous. Écoutez, je veux aller... Pour bien comprendre
vos recommandations, là, tout d'abord, vous avez utilisé les termes «outiller
les policiers» afin d'obtenir des signaux liés, conversations téléphoniques,
etc., là. Je veux bien comprendre la portée de vos termes, «outiller les
policiers», là. Vous référez à les outiller sur le plan légal ou les outiller
sur le plan de la formation, là? Je veux comprendre votre propos.
Mme Descary (Pascale) : En
fait, je lisais tout à l'heure la recommandation formulée par la coroner Me Denyse
Langelier dans le cadre de ses investigations sur les décès de M. Roy et de son
fils Justin dans cet accident d'hélicoptère. Alors, c'est la formulation de la
coroner que je vous lisais, et elle disait : «La création de dispositions
législatives visant à outiller les policiers.» Ça, pour moi, ça réfère
exactement à ce qui est prévu dans ce projet de loi, actuellement, là,
c'est-à-dire de permettre d'élargir, en fait, à beaucoup de situations, à
beaucoup d'information, avec, bien sûr, un jugement d'un juge, soit d'un juge
de la Cour du Québec ou d'un juge de paix. C'est ça, pour moi, outiller les
policiers, c'est qu'ils puissent, à l'aide d'une ordonnance d'un tribunal,
aller chercher toutes ces informations qui, autrement, ne seraient pas accessibles,
et qui ne l'ont pas été dans le passé, et qui ont malheureusement eu des
conséquences probablement assez dramatiques, là.
• (13 h 10) •
M. Fontecilla : Très bien, et,
lorsque vous... Encore une fois, me réexpliquer peut-être votre
12e recommandation, là, d'utiliser les ressources du coroner pour
l'identification. Pourriez-vous approfondir cette proposition-là?
Mme Descary (Pascale) : Oui,
oui, certainement. La Loi sur les coroners prévoit qu'il est de la
responsabilité des coroners d'identifier une personne. Lorsqu'on est face à une
personne disparue, là... Lorsqu'on est face à une personne décédée dans des
circonstances obscures, violentes, etc., le coroner doit répondre à cinq
questions, essentiellement, et ça, c'est prévu dans la loi qui nous gouverne,
qui est la Loi sur les coroners. La première de ces questions-là, c'est qui est
décédé, et ça, c'est donc la responsabilité du coroner, que lui confère la loi,
de déterminer l'identité de cette personne décédée.
Alors, quand on est face à une personne
qui était disparue et qui est retrouvée... et qui est retrouvée,
malheureusement, décédée, il appartient... donc un coroner va, bien entendu,
être mandaté pour faire son travail d'investigation pour répondre aux cinq
questions, la première étant qui est décédé; la deuxième quand, à quel moment
elle est décédée; la troisième, le lieu du décès; la quatrième, c'est la cause
probable du décès; et la cinquième, c'est quelles sont les circonstances
entourant ce décès-là.
Donc, la première question, c'est sa
première obligation, le coroner, qui est décédé, et cette obligation, il la
fait avec beaucoup de diligence et de rigueur, en s'adjoignant les services
d'experts, dans certains cas, que sont <des pathologistes, des
odontologues...
Mme Descary (Pascale) :
...en
s'adjoignant les services d'experts dans certains cas que sont >des
pathologistes, des odontologues, qui sont des spécialistes de la dentition,
pour faire des liens entre une personne et son dossier dentaire.
Alors, il appartient au coroner
d'identifier et d'annoncer également qu'il confirme que la personne qui est
retrouvée, c'est bien la bonne personne et telle est son identité. Alors, quand
on lit l'article 9, le projet, on dit que le corps de police peut
communiquer au public que la personne a été retrouvée ou qu'elle est décédée.
Moi, j'estime qu'il faudrait ajouter une mention... Il peut communiquer cette
information, effectivement, c'est correct, au public, mais peut-être après
avoir validé l'identité auprès du coroner.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
Mme Descary (Pascale) : C'est
tout simplement ça.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de
Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Bien, je comprends, là, toute la notion, là, de confidentialité avec
laquelle vous devez travailler, là, même, aujourd'hui, là, on comprend que vous
ne pouvez pas aller trop loin parce qu'il y a des...
Mme Descary (Pascale) : Malheureusement,
oui.
Mme Nichols : Ça, ça va, puis
je ne veux pas rentrer dans ces données-là précisément, là, mais il y a
beaucoup d'enquêtes... vous avez beaucoup de coroners, là, qui font des
enquêtes. Dans les dernières années, est-ce que vous voyez ou vous êtes en
mesure de constater l'augmentation reliée à soit la santé mentale, à la
violence armée?
Mme Descary (Pascale) : Oui,
on le constate comme tous les citoyens, hein? Malheureusement, c'est un enjeu,
disons, de société majeur, auquel, bien sûr, il faut s'attarder, auquel le
gouvernement s'attarde, assurément, et auquel nous, on s'attarde avec notre
prisme à nous, qui est notre juridiction pour éclaircir les causes de décès et
éviter qu'ils surviennent à nouveau, là, dans les mêmes circonstances, mais
oui, c'est une problématique majeure, et les enquêtes publiques qui s'en
viennent, j'en ai nommé deux, vont aborder ces thématiques-là, assurément.
Mme Nichols : Parfait. Puis,
quand il y a des.... quand vos coroners ou vos enquêteurs le constatent, qu'il
y a soit... qu'il manque des outils, ou qu'il y a des lacunes, ou... vos
coroners, là, l'indiquent dans leurs rapports ou il y a une autre façon à...
Mme Descary (Pascale) : Bien,
tout à fait, oui, oui.
Mme Nichols : Est-ce qu'il y
a une autre façon, à l'extérieur des rapports, où vous pouvez en faire part au
ministre, aux politiques ou... pour qu'on puisse s'ajuster?
Mme Descary (Pascale) : Nos
outils d'intervention principaux sont l'investigation et l'enquête publique.
Alors, l'investigation, c'est le décès d'une personne enquêtée par un coroner,
donc un décès, un coroner, et ça se fait de façon privée, tout au long de
l'exercice, jusqu'à la diffusion du rapport qui, lui, est public. L'enquête
publique commencée, c'est un forum public où on entend des témoins, on peut les
interroger, contre-interroger. Donc, ce sont nos deux leviers principaux
d'intervention, et c'est par ces principaux leviers d'intervention qu'on peut
arriver à nos constats, formuler des recommandations.
On a également des comités d'examen de
décès, notamment celui sur la violence conjugale, ça, c'est une autre manière
d'exercer notre rôle, en invitant différents experts, intervenants qui
réfléchissent à la question et qui peuvent aussi formuler des recommandations.
Puis on travaille de très, très, très près avec des chercheurs, avec des
intervenants de la santé publique, qui... à qui on partage énormément de
données très, très précieuses que l'on recueille dans le cadre de notre travail
et qui peuvent ensuite être utilisées à des fins de prévention, recherche, etc.
Le Président (M.
Bachand) :Sur ce, Mme la Coroner en chef,
Me Kimpton, merci beaucoup d'avoir été avec nous. C'est très, très
apprécié.
Cela dit, la commission suspend ses
travaux jusqu'à 14 heures. Merci. À tantôt.
(Suspension de la séance à 13 h 15)
14 h (version révisée)
(Reprise à 14 h 02)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon après-midi à tout le monde.
La Commission des institutions reprend ses travaux...
(Interruption)
Le Président (M. Bachand) :
...avec une belle petite sonnerie. Ah! c'est la... Pâques s'en vient bientôt.
Un petit lapin qui saute.
Alors, nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 14, Loi
modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la
Loi visant à retrouver des personnes disparues.
Donc, on débute notre après-midi avec les
représentants de l'Union des municipalités du Québec. Alors, M. Angers, M. Létourneau,
merci beaucoup d'être avec nous. Alors, la parole est à vous.
Union des municipalités du Québec (UMQ)
M. Angers (Michel) : Ah!
bien, merci beaucoup. Alors, M. le ministre de la Sécurité publique, M. le
Président de la commission, Mmes, MM. membres de la commission, alors, je
souhaite d'abord vous remercier de nous donner l'opportunité de vous présenter
les principales préoccupations des municipalités du Québec en matière de
sécurité publique. On aurait bien aimé être avec vous. Le temps nous a manqué,
mais je... grâce à au virtuel, on est en mesure de pouvoir quand même y aller
de nos préoccupations. Je suis accompagné, comme vous l'avez mentionné tout à l'heure,
de M. Yves Létourneau qui est conseiller stratégique aux politiques à l'Union
des municipalités du Québec.
J'aimerais avant tout vous rappeler que
depuis maintenant plus de 100 ans, l'Union des municipalités du Québec
rassemble les gouvernements de proximité de toutes les régions du Québec afin
de mobiliser l'expertise municipale, accompagner ses membres dans l'exercice de
leurs compétences et valoriser la démocratie municipale. Je dois aussi rappeler
que l'Union des municipalités représente les municipalités de toutes les
tailles et de toutes les régions du Québec et regroupe par celles-ci pas moins
de 85 % de la population québécoise et du territoire du Québec. Nous
représentons notamment toutes les municipalités du Québec ayant leur propre
corps de police municipale et la vaste majorité des municipalités membres d'une
régie de police. Nous regroupons aussi près de 200 municipalités
desservies par la Sûreté du Québec.
Les présentes audiences sur le projet de
loi n° 14 sont l'occasion pour l'Union des municipalités du Québec de
rappeler les enjeux importants pour les municipalités associées aux deux
principales lois modifiées par ce projet de loi, soit la Loi sur la police et
la Loi sur la sécurité incendie.
En matière de services policiers, la
volonté du gouvernement est de mettre en oeuvre certaines recommandations
émises par le Comité consultatif sur la réalité policière, notamment en ce qui
concerne la gouvernance des services policiers. Nous constatons avec
satisfaction que ce projet de loi ne touche pas à l'organisation policière et à
la nomination des directeurs des services de police municipaux et nous en
sommes très heureux.
Nos préoccupations relatives au présent
projet de loi concernent essentiellement les pouvoirs donnés au ministre de la
Sécurité publique d'établir les lignes directrices à tout sujet relatif à l'activité
policière. Nous comprenons la volonté du ministre d'avoir davantage de flexibilité
et de se donner la possibilité d'agir plus rapidement sur différents aspects d'application
des différentes lois touchant la sécurité publique. Cependant, la gestion par
règlement nous préoccupe grandement, ne connaissant pas, évidemment, les détails
qui seront abordés dans ces différents règlements.
Ainsi, les modifications proposées à l'article 14
du projet de loi qui modifie l'article 116 de la Loi sur la police permettent
au gouvernement de fixer les obligations minimales relatives à la formation
continue auxquelles les policiers doivent se conformer, permettant au ministre
et au ministère d'intervenir par règlement sur des dossiers ayant des impacts
que je dirais catastrophiques pour les finances municipales.
Tous conviennent que la formation est un
outil essentiel afin de permettre à un service de police d'optimiser son
efficacité. Toutefois, avant d'imposer de nouvelles formations, il faut d'abord
s'assurer de prendre en considération les conséquences pour les organismes
municipaux. Vous savez, dans un contexte de <pénurie de main-d'œuvre...
M. Angers (Michel) :
...organismes
municipaux. Vous savez, dans un contexte de >pénurie de main-d'œuvre,
ces mesures se répercutent sur la gestion des effectifs et surtout les finances
municipales. Pour les municipalités, et les régies de police, et certainement
aussi pour la Sûreté du Québec, le coût de la formation dépasse largement le
coût de l'École nationale de police du Québec. Les frais de déplacement,
d'hébergement et de remplacement des policiers en formation doivent être
considérés et compensés financièrement par le gouvernement. C'est la même chose
pour l'article 96 du projet de loi qui dit... qui permet au ministre
d'établir des lignes directrices à l'égard de toute question relative à l'activité
policière et les rend publiques. Ces lignes directrices peuvent porter
notamment sur la collaboration et la concertation entre les corps de police, de
même qu'entre ces derniers et les différents intervenants concernés.
L'UMQ est préoccupée par la tendance de
donner le pouvoir au ministère de fixer les grandes lignes directrices dans un
projet de loi dont les modalités seront définies par des règlements à venir. Le
ministère se donne le pouvoir d'agir rapidement dans divers domaines qui
pourraient avoir des impacts majeurs sur la gestion et les finances des
municipalités. Nous recommandons donc d'obliger le ministère de la Sécurité
publique d'analyser les impacts financiers sur les municipalités de tout
règlement et de prévoir des mesures compensatoires, si c'est le cas.
Nous devons revenir sur les aspects
financiers des services policiers, même si ces commentaires dépassent le cadre
du présent projet de loi. Les municipalités doivent faire face à de nouvelles
problématiques avec lesquelles les services policiers doivent composer,
notamment en matière d'itinérance et de santé psychologique. Ce sont les
municipalités qui doivent assumer les conséquences de la prolifération de ces
phénomènes, et, pour répondre à ces problématiques, et depuis plusieurs années,
les services policiers ont mis en place un modèle de police communautaire et de
proximité. Ce type de relation avec les citoyens et citoyennes doit être
conservé et amélioré.
À court terme, le gouvernement ne doit pas
uniquement dicter les lignes directrices, mais il doit surtout contribuer
financièrement aux services policiers municipaux qui se voient obligés de
pallier l'insuffisance des services gouvernementaux. Le gouvernement du Québec
doit dégager des financements afin de donner des services de proximité aux
clientèles à risque. Et ces commentaires s'appliquent également à la Sûreté du
Québec qui, rappelons-le, est financée en moyenne à 50 % par les
municipalités.
Par ailleurs, le projet de loi propose
d'encadrer les communications entre les services de police et les élus de ces
municipalités. Nous comprenons l'objectif visé d'assurer une indépendance entre
les services de police et les élus, mais nous souhaitons nuancer cette
proposition du projet de loi. Toutefois, les mesures qui visent la communication
concernant une enquête ou une intervention policière en particulier, doivent
permettre la communication entre la direction des services policiers et les
élus locaux concernés lorsqu'il s'agit d'une crise majeure ayant des impacts
directs à la population. On peut penser aux cas récents des drames à Laval,
Amqui et à Louiseville, plus récemment, où les mairesses et les maires locaux
doivent et devaient être informés de certains détails de l'enquête. Pour ces
raisons, nous proposons de clarifier les articles visés afin de préciser que la
divulgation d'informations concernant une enquête est permise en cas d'une
crise majeure et particulièrement médiatisée.
• (14 h 10) •
Maintenant, j'aimerais vous parler aussi
des modifications à apporter en matière de services incendie. L'UMQ et sa Commission
sur la sécurité publique ont déjà fait part de leur inquiétude concernant la
hausse importante des coûts des services incendie au sujet de l'augmentation
des exigences des schémas de couverture de risque. L'UMQ est donc en accord
avec les modifications proposées visant à prolonger la période de validité des
schémas de couverture de risque de cinq à huit ans et elles permettent...
celles permettant d'alléger les étapes d'approbation et d'application des schémas
de couverture de risque.
Aussi, le projet de loi n° 14
propose de mettre en place un mécanisme d'arbitrage sous l'égide de la
Commission municipale du Québec dans le cas de mésentente concernant le
financement de la mise en commun entre les services incendie. L'arbitrage se
ferait à la demande d'une des municipalités visées par le litige. Nous sommes
d'accord avec ces mesures. Nous devons cependant émettre les mêmes réserves que
précédemment sur les pouvoirs d'intervention du ministre visant à modifier
unilatéralement le schéma pour le rendre conforme aux orientations
ministérielles. Le ministère doit évaluer les impacts financiers pour
l'organisme municipal et prévoir des mesures d'atténuation et de compensation.
Alors, nous recommandons d'obliger le ministère de la Sécurité publique
d'analyser les impacts financiers sur les municipalités lors de modifications
imposées au schéma et de prévoir des mesures d'atténuation et de compensation.
Enfin, l'UMQ a soulevé... voudra soulever
différentes... les différences importantes dans l'application des <schémas
de couverture...
M. Angers (Michel) :
...les
différences importantes dans l'application des >schémas de couverture de
risque par les municipalités selon leur taille. Les municipalités mieux
organisées ont l'obligation de desservir les plus petites municipalités
avoisinantes sans que ces dernières aient l'obligation de les dédommager
adéquatement. Selon nous, la coopération intermunicipale est la solution
permettant l'optimisation des ressources. Cette approche permet d'établir une
équité et une justice fiscale pour le partage des équipements supralocaux où la
population sera la première gagnante, permet aux municipalités comptant moins
d'habitants d'être en mesure d'offrir des services pour lesquels elles ne
détiennent pas les ressources financières et humaines.
Alors, voilà. Bien, merci beaucoup de
votre écoute. Nous sommes maintenant disponibles pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup, M. le maire. M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bonnardel : Merci, M.
le Président. M. Angers, M. Létourneau, merci d'être là cet
après-midi. Première question, j'en ai deux, trois qui m'interpellent. Vous
avez parlé de formation versus ça nous prend des sous. Vous semblez mettre en
opposition un peu la formation en continu... formation continue versus comment
on va accompagner les municipalités.
Corrigez-moi, mais avec ce que j'ai
entendu dans les deux dernières journées, la majorité, sinon, j'ose croire, la
totalité de vos corps de police municipaux font déjà de la formation. Puis là
je veux mettre... Il y a la requalification, vous êtes bien au fait, là, versus
peut-être un certain nombre d'heures. Puis là je sais que ce n'est pas des
politiques mur à mur dans tous les corps de police, mais vous payez déjà ces formations
à vos policiers. Puis je pense que c'est sain de le faire. Puis ça, je vous
dis... je vous dis bravo.
Puis le but derrière cette formation
continue, qu'on soit avec tous les aléas puis les... pas l'information, mais ce
qu'on voit, ce que les policiers vivent sur le terrain depuis des semaines,
sinon des mois et sinon des années, je pense que vous ne pouvez pas me contredire,
à savoir, le travail du policier aujourd'hui, je l'ai répété maintes et maintes
fois, est bien différent de celui de voilà 20 ans et sera peut-être
différent de celui dans 20 ans. Donc, vous le faites déjà, je pense, vous
financez bien vos corps de police. Et la formation est partie prenante aussi de
l'accompagnement que vous, j'ose croire, en tout cas, que vous offrez à
vos hommes et vos femmes qui protègent vos rues, là.
M. Angers (Michel) : Oui,
oui, tout à fait d'accord avec vous, M. le ministre, sur le fait qu'évidemment
on donne déjà de la formation, de la formation en continu, une formation
obligatoire et en continu. La seule petite préoccupation que nous avons... Bon,
moi, je préside la Commission de la sécurité publique avec les grandes villes,
Montréal, Québec, les petites municipalités, et la question du financement est
toujours au cœur de nos propres discussions. On sait que les pertes policières
municipales grugent beaucoup, beaucoup, beaucoup du budget des municipalités
qui ont ces corps de police-là, mais en même temps aussi... puis on est
toujours un peu inquiets ou ces grandes municipalités sont un peu plus
inquiètes du fait que le ministère pourra éventuellement imposer des niveaux de
formation qui sont en dehors des cadres qui sont là présentement.
Alors, ce qu'ils veulent simplement se
prémunir, c'est que, si dans l'éventualité où il y a des formations spécifiques...
puis je vous en donne un exemple, M. le ministre. Là, présentement, vous l'avez
dit, on a... il y a des problèmes de santé mentale. Alors, le travail des
policiers aujourd'hui est très différent d'il y a 15 ou 20 ans, beaucoup
de temps, beaucoup d'interventions. Alors, supposons que le ministère, le
gouvernement exige des policiers qu'il y ait une formation très spécifique sur
les problèmes de santé mentale, bien qu'il y ait une certaine formation qui se
donne... mais si on voudrait avoir une formation de plus haut niveau, à ce
moment-là, qui occasionnerait des coûts importants au niveau des municipalités,
ce que ces grandes villes là nous disent : Bien, évidemment, on est prêts
à faire la formation continue, mais évidemment, si on nous exige beaucoup plus,
est-ce que le gouvernement est en mesure de nous accompagner, ne serait-ce que
pour compenser souvent une partie des engagements au niveau de la santé, de la
santé mentale et des interventions des policiers? C'est essentiellement le
cadre dans lequel on voulait vous interpeler, M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, je
pense que vous amenez un bon point, puis l'École nationale de police le
mentionnait hier. Puis l'exercice qu'on veut faire dans le futur, c'est d'être
novateur dans tout ça, à savoir qu'on ne va pas nécessairement toujours prendre
un certain nombre de policiers... on en prend, exemple, cinq ailleurs, puis on
dit : OK, tu t'en vas à l'École nationale de police pendant trois, quatre
jours. Il y a des coûts, c'est certain. Et, si on est capables de le faire par
visioconférence... Hier, M. Saint-Antoine disait : Bien, écoutez, là,
avant que le quart de travail commence, il y a un vidéo de 15, 20 minutes
qui est explicative sur des situations x, y, là, que les policiers vivent en
Amérique du Nord ou ailleurs dans le monde. On va essayer de rendre ça le plus
simple possible pour que les coûts soient le moins possible.
Puis vous n'avez peut-être pas la réponse
à ma question, mais je serais curieux de savoir, dans les différents corps de
police municipaux, la proportion de gros budgets qui sont dédiés à la
requalification et à la formation, sinon les deux combinés. Si c'est une
information que vous avez, dans le futur, que vous pourriez faire valoir à la
commission, je pense que ça serait intéressant juste qu'on ait ce chiffre comme
tel.
Mon deuxième point qui... deuxième point
qui m'interpelle, c'est le fait que, dans la loi, on dit que le directeur d'un
corps de police doit <refuser de communiquer un renseignement...
M. Bonnardel :
...que,
dans la loi, on dit que le directeur d'un corps de police doit >refuser
de communiquer un renseignement dont la divulgation serait susceptible de nuire
à une enquête. Puis là vous dites, au point 1.3, les communications entre
la municipalité et le service de police : «Clarifier l'article 86 du
projet de loi qui crée les articles 263.4 et 263.6 de la Loi sur la police
afin de préciser que la divulgation d'informations concernant une enquête est
permise en cas d'une crise majeure.»
M. Angers (Michel) : Alors,
écoutez...
M. Bonnardel : Pour moi,
M. le maire... en quoi si moi, je ne souhaite, je ne veux pas obtenir puis je
ne souhaite pas intervenir sur une enquête en cours, comment de votre côté,
vous dites : Pour nous les municipalités, maire comme tel, il arrive un
cas de crise majeure... Donnez-nous un petit peu plus de... votre pensée face à
cela, parce que ça, c'est contraire, selon moi, à ce que... La ligne est mince,
et surtout le mur doit être ça d'épais entre le politique et, nécessairement,
la police.
M. Angers (Michel) : Alors,
on sait pertinemment que, bon, au niveau des orientations, bon, chacune des
municipalités et des villes donne des grandes orientations. C'est vrai aussi à
la Sûreté du Québec. Même si les villes sont couvertes par la Sûreté du Québec,
il y a des comités de sécurité publique qui donnent les grandes orientations
sur lesquelles... Ça, on en est.
Mais toutefois, évidemment, qu'on le
veuille ou pas, je vous ai donné l'exemple de Laval, Amqui, Louiseville, par la
force des choses, les élus, ce qu'ils veulent, ce n'est pas nécessairement
d'être au courant des éléments de l'enquête, mais minimalement d'avoir les
grandes lignes des orientations qui vont être prises parce que, par la force
des choses, vous êtes interpelé, M. le ministre, dans des cas comme ça, pour
intervenir. Vous allez sur place, mais les premières personnes qui ont à
répondre de façon médiatique et presque immédiatement, ce sont les différents
élus.
Alors, ce qu'on souhaite, c'est qu'il y
ait une certaine communication qui existe, M. le ministre, qui existe entre les
chefs de police et les élus municipaux. Bien, ce qu'on veut juste s'assurer,
c'est qu'il... Si on a des chefs de police qui refusent systématiquement ou que
la ligne, elle est très... le mur est très, très, très épais, puis il n'y a pas
moyen de communiquer de quelque façon que ce soit, bien, juste s'assurer que
les élus qui auront à intervenir sachent au moins quelles orientations ils
peuvent éventuellement prendre en fonction d'une réalité.
Bon, écoutez, j'ai entendu ce qui s'est
passé du côté de Louiseville, tout près de chez moi. Le maire était là sur
place. Présentement, on fait un certain nombre de déclarations. Bon, c'est ce
genre de choses là... Sous le coup de l'émotion... Sous le coup de l'émotion, alors,
on souhaite d'abord et avant tout qu'il y ait une communication sur des cas qui
peuvent être majeurs pour éviter, justement, que les élus municipaux s'en
aillent dans une direction qui serait différente probablement de l'orientation
du ministre et du ministère aussi comme tel. Donc, s'assurer qu'on ne blinde
pas tout ça puis qu'on soit capables de se parler dans ces éventualités. Rien à
voir avec les enquêtes, rien à voir avec quoi que ce soit là, on s'entend bien,
sur les détails, qui a fait quoi, mais simplement que les élus municipaux
soient informés des orientations comme telles qui seront prises, là, par les corps
de police, les orientations majeures, les grandes lignes seulement, pour juste
s'assurer qu'on s'en aille dans la bonne direction. C'est juste une
collaboration qu'on vise.
• (14 h 20) •
M. Bonnardel : Vous
m'excuserez, M. Angers, là, soit que je comprends mal ou... J'ai un
malaise. J'ai un malaise, et, si je lis bien ce que vous dites, vous souhaitez
la divulgation d'informations concernant une enquête qui est permise en cas d'une
crise majeure. En quoi les conseillers, avec tout le respect que je vous dois,
M. le maire, en quoi le maire devrait être informé, si même le ministre ne
souhaite pas et ne veut pas intervenir dans le cadre d'une enquête? En quoi les
élus municipaux devraient être informés d'une enquête en cours, pourraient
intervenir ou pourraient nuire, excusez de le dire ainsi, nuire à une enquête?
Êtes-vous à la même place que... Est-ce que je comprends bien ce que vous dites
ou...
M. Angers (Michel) : Bien,
écoutez, quand il arrive un cas majeur, évidemment, vous êtes avisé, informé,
et il n'est pas de l'intention d'aucun élu d'intervenir dans une enquête puis
d'avoir des détails d'une enquête. Ce qu'on veut simplement... puis bon, c'est
écrit comme ça. Prenez ce que je vous dis, là, l'objectif poursuivi, c'est
qu'on soit capable de collaborer avec la police, avec le chef de police sur les
orientations qui seront prises pour la suite des choses, juste pour s'assurer
qu'il n'y ait pas, justement, d'intervention de la part des élus qui vont nuire,
justement, à l'enquête. On est beaucoup plus de l'autre côté en disant :
Faisons attention aux différents propos, faisons attention à ce qu'on va
mentionner. Dans le cas de Laval, bon, le maire de Laval est intervenu aussi. Et
j'imagine qu'il y a eu une petite discussion qui s'est faite au préalable, la
mairesse d'Amqui aussi qui est intervenue aussi dans le débat.
On souhaite simplement qu'on puisse être
capable de se parler pour ne pas que le mur soit érigé de façon hermétique,
systématique, et que le chef de police dise à la mairesse : Non, on ne te
parle pas, on ne te dit <rien ni quoi que ce soit...
M. Angers (Michel) :
...de
police dise à la mairesse : Non, on ne te parle pas, on ne te dit >rien
ni quoi que ce soit. Elle aura, d'une façon ou d'une autre, à intervenir sur
une base personnelle. Alors, mieux vaut s'assurer qu'on soit capable de
collaborer en ayant les grandes lignes, pas de l'enquête, mais de
l'orientation. Alors, si c'est écrit aussi comme tel, peut-être, Yves
Létourneau, peut-être une précision supplémentaire, mais ce qu'on veut, d'abord
et avant tout, c'est qu'il y ait une discussion. Peut-être, Yves...
M. Létourneau (Yves) : Oui.
Bien, je pense, vous l'avez bien résumé, M. Angers. Ce qu'on souhaite,
c'est que l'élu, qui, souvent, doit répondre aux médias, ait un minimum
d'information pour sécuriser aussi les citoyens dans différentes situations
exceptionnelles, là, on s'entend, de ce qui se passe sur le terrain au moment
de la crise, quand c'est ponctuel.
M. Bonnardel : Merci
pour la clarification, là. Je comprends que ce n'est peut-être pas
nécessairement de la façon qu'il est libellé ou... versus ce que vous avez en
tête. Ça me rassure. Merci.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Allez-y, M. Létourneau, oui.
M. Létourneau (Yves) : Oui,
je ne sais pas si je peux revenir à votre question — peut-être,
M. Angers, si vous fermez votre micro — pour... concernant les
coûts de formation pour les municipalités. Je n'ai hélas pas le chiffre en ce
moment, mais je sais que les différents services policiers estiment ces
coûts-là, puis les coûts ne sont pas, comme on le dit dans le mémoire,
seulement le coût de l'école nationale, là, c'est tous les coûts de
remplacement, de déplacement, d'hébergement. Puis donc je n'ai pas le chiffre,
mais je pourrais faire peut-être une petite enquête auprès de nos membres et
services policiers puis vous informer de combien ça peut représenter. Et c'est
beaucoup plus... À vrai dire, c'est une partie moins importante, le coût de la
formation, que le coût... surtout dans un contexte qui est très différent qu'il
y a 10 ans, en termes de pénurie de main-d'œuvre et où il manque de
main-d'œuvre. Donc, quand on en remplace un, c'est en temps supplémentaire. Ça
fait que je pourrais peut-être essayer de trouver des réponses dans les
prochains jours.
Le Président (M. Bachand) :
Merci, M. Létourneau. Et d'informer la commission, bien sûr. M. le député
d'Ungava, s'il vous plaît.
M. Lamothe : Je veux
juste revenir sur le... pas le mur, mais la barrière, là, entre le politique
puis les enquêtes. Quand il arrive une enquête où est-ce que c'est vraiment,
là, «big time», là, que, tu sais, il y a des médias alentour puis qu'il y a des
gens qui parlent, à moins que je me trompe, mais chaque corps policier, que ce
soit MRC, Sûreté du Québec, que ce soit MRC ou corps policier municipal, a des
agents de communication pour communiquer avec les médias. Puis normalement, les
communications se font et verbales et écrites.
Ça fait que je ne pense pas qu'à un moment
donné... Je pense que je partage vraiment l'opinion, là, du ministre, ayant
moi-même été dans ce métier-là, mais ce que je peux dire, c'est qu'on ne peut
pas arriver puis dire... Je pense ça met autant le directeur général du corps
de police dans une mauvaise... le directeur de police, je m'excuse, une
mauvaise situation autant que l'élu. Ça fait que je pense que les agents de
communication qui sont issus des corps de police sont mandatés pour faire cette
job-là, puis, jusqu'à preuve du contraire, ils font une bonne job. Ça fait que
ça, là-dessus, s'immiscer dans les enquêtes puis avoir le plus d'informations
possible, je peux comprendre le directeur d'avoir certaines réticences, là. Il
faut être prudent, je pense.
M. Angers (Michel) : Bien,
si vous permettez, on n'a jamais mentionné de s'ingérer dans aucune enquête de
quelque façon que ce soit. S'il y a des cas, la plupart des corps de police ont
leurs propres informateurs, des gens qui vont communiquer à la population.
L'important, c'est d'être en mesure de pouvoir aussi partager, là, bien avant,
souvent... parce que, bon, il arrive des événements importants.
Alors, ce qu'on veut d'abord et avant
tout, c'est qu'il y ait une communication entre les élus municipaux et le corps
de police pour s'assurer qu'on soit capables d'avoir le même discours, qu'on
soit capables d'avoir la même orientation. Nullement, il n'y a pas un seul élu,
et on le sait, et ça, ça a été clair à notre commission, personne ne veut
s'immiscer dans une enquête. Qu'est-ce qui est arrivé? Quels sont les détails
de cette affaire? Ça, ce n'est pas ça. Ce qu'on veut, là, c'est d'éviter que
des élus se mettent les pieds dans les plats en faisant des affirmations ou en
disant des choses sous le coup de l'émotion, parce que, vous savez, bon, il y a
des élus municipaux qui sont plus habilités au niveau des médias, d'autres
moins. Et quand un événement important, majeur arrive dans un endroit où les
élus sont peut-être moins outillés pour être capables de répondre à la presse
nationale qui arrive, bien, il faut certaines... Il faut certaine collaboration
qui va permettre, justement, de ne pas s'insérer dans l'enquête, de ne pas
nuire à l'enquête pour nous assurer que tout se passe dans les règles de l'art.
Alors, c'est ça, donc, n'ayez crainte, d'aucune façon on ne veut s'immiscer de
quelque façon que ce soit dans le détail.
M. Lamothe : Ah! je n'ai
aucune crainte. La seule chose, c'est qu'il y a des agents de communication
dans un corps de police qui existent pour justement communiquer avec les
médias. Puis, à partir de là, une collaboration avec l'agent de communication,
je comprends, ça peut être très bon, là, dans le sens que, tu sais, il y a un
communiqué qui est émis puis on y va avec le communiqué, puis pas d'autre
commentaire, là. Je lance ça de même, là, mais au bout de la ligne, c'est
peut-être juste le niveau, là, d'arriver sur une <enquête puis s'informer
sur l'enquête...
M. Lamothe :
...juste
le niveau, là, d'arriver sur une >enquête puis s'informer sur l'enquête.
Je comprends le malaise, là, des différents, là, corps de police là-dessus, là.
M. Angers (Michel) : On
est d'accord.
M. Lamothe : J'ai-tu le
temps encore?
Le Président (M. Bachand) :Deux minutes, oui.
M. Lamothe : Deux
minutes. Les formations, on parlait... On a discuté avec différents
intervenants sur la décentralisation de la formation pour être plus efficace,
que ça soit au niveau de Nicolet, qu'ils peuvent décentraliser avec des
formateurs locaux, des formateurs régionaux. Ça a moindre... Les coûts seraient
moindres. L'efficacité serait augmentée. Vous en pensez quoi, vous?
M. Angers (Michel) : Bien,
moi, je pense que... Bien, je pense que l'idée du ministre aussi est fort
intéressante également, là, en ce sens où... Est-ce qu'on peut regarder par
vidéoconférence, est-ce qu'il y a des possibilités d'avoir de la formation? Ça
se fait partout, partout. Est-ce qu'on peut éviter les déplacements, éviter des
séjours, en particulier dans des différents endroits?
Et votre idée de décentralisation, de
prendre un formateur qui, lui, va être décentralisé vers la municipalité, vers
la ville, c'est une excellente idée. Bon, on n'est pas toujours obligé de
concentrer les choses toujours à la même place, particulièrement pour les
villes qui sont éloignées passablement du centre de formation.
Alors, tout ce qui pourra permettre une
plus grande efficacité... Bien, évidemment, s'il y a une personne qui se
déplace pour toucher à 20 policiers, policières, vous comprenez que c'est
pas mal plus économique que 20 policiers qui vont se déplacer deux, trois
jours pour suivre une formation spécifique. Il y a 20 ans, c'était une
chose. Aujourd'hui, les technologies nous permettent autre chose. Alors, je
suis d'accord avec vous, là, sur cette orientation.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup.
M. Lamothe : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci.
Bonjour, M. Angers, M. Létourneau. Un plaisir de vous avoir avec nous
aujourd'hui. Je souhaite retourner à... au sécurité incendie dans votre mémoire
puis votre recommandation 3, obliger le ministère de la Sécurité publique
à analyser les impacts financiers sur les municipalités lors de modifications
imposées au schéma et de prévoir des mesures d'atténuation ou de compensation.
Pouvez-vous nous expliquer un peu la
complexité derrière les schémas, comment ça fonctionne et... parce que je
comprends que vous êtes quand même contents du changement de cinq ans à huit
ans en ce qui concerne le renouvellement. Mais expliquez-nous pourquoi vous
faites cette demande en particulier. Quel genre de coût est-ce que ça peut
engendrer puis est-ce que ça peut amener une certaine instabilité puis aussi
peut-être un manque de sécurité envers la population face à ce type de
changement?
M. Angers (Michel) : Bien,
tout à fait. Écoutez, à la Commission de sécurité publique, on a eu de longues
discussions. On a rencontré la sous-ministre également sur cette question.
Écoutez, les schémas de couverture de risque, c'est à géométrie variable un peu
partout à travers le Québec. Alors, ce qu'on demande à Montréal est de niveau 1.
Ce qu'on demande aux municipalités avoisinantes, ça peut être de niveau 1, 2.
On se retrouve dans des villes de 50 000 habitants, le schéma de
couverture de risque avec les pompiers en caserne 24 heures sur 24, le
nombre requis à quatre, etc. Il y a une autre réalité. Et, quand on tombe dans
des municipalités, alors, le temps d'intervention, au lieu d'être 10 pompiers
en 10, alors, on peut être de 10 en 15, huit en 20. Alors, c'est à géométrie
variable, passablement, tout ça. Et ce qui est demandé à des... à certaines
municipalités d'envergure, c'était un schéma de couverture de risque qui ne
laisse à peu près pas passer.
On est d'accord sur le fait qu'il faut
absolument se donner le meilleur schéma de couverture de risque, mais, quand on
regarde à travers le Québec, c'est très différent d'une place à l'autre. Il y a
des schémas de couverture de risque qui ont été adoptés et qui donnent un
minimum, je veux dire, d'intervention en termes de sécurité.
• (14 h 30) •
Alors, ce qu'on dit, c'est qu'il y a des
villes... c'est particulièrement des villes de plus grande envergure un peu qui
peuvent éventuellement être capables de donner un certain nombre de services à
des municipalités tout autour. Ce n'est pas évident, madame, de pouvoir
discuter parce que, bon, il y a des plus petites municipalités qui ne veulent
pas nécessairement payer pour les services de qualité qu'une ville-centre peut
donner tout autour.
Alors, ce qu'on dit, c'est qu'on veut bien
que les schémas de couverture de risque soient égaux, équitables un peu
partout. Ce serait utopique de penser qu'on va appliquer le schéma de
couverture de risque de Montréal à la municipalité d'Amqui ou autres. On est
conscients de tout ça, des enjeux de Montréal, Laval, Longueuil, Drummondville,
Shawinigan, peu importe. Mais il reste qu'en même temps aussi il y a une
certaine iniquité, disparité entre les différents schémas de couverture de
risque.
Alors, est-ce qu'à travers cette
proposition-là on serait en mesure d'obliger, entre guillemets, à... Si on a un
schéma de couverture de risque ou une opportunité schéma de couverture de
risque d'une ville à proximité, bien, c'est qu'il y ait un véritable montant qui
soit déboursé pour le véritable service qui est donné.
Alors, le monde parfait, on aurait tous
des schémas de couverture de risque équivalents, égaux, 10 pompiers en <10 minutes,
comme c'est le cas...
>
14 h 30 (version révisée)
< M. Angers (Michel) :
...équivalent,
égal, 10 pompiers en >10 minutes, comme c'est le cas à Montréal,
comme c'est le cas à Shawinigan, comme c'est le cas un peu partout. La réalité
est toute autre. Alors, il faudra juste regarder tout ça, puis, avant de se
donner... ou d'aller un petit peu plus loin, alors regardons la base d'équité
et regardons le concept supralocal, là, qui peut être... qui peut sous-tendre
des interventions des villes centres.
Mme Maccarone : Vous devez
avoir des membres ou municipalités où les schémas ne sont pas à jour. Est-ce
que ça vous empêche de fonctionner?
M. Angers (Michel) : Bien,
écoutez, ça n'empêche pas de fonctionner. Ça n'empêche pas de fonctionner quand
même. On s'entend bien qu'il faut des interventions, il faut fonctionner, mais
il reste que, quand vient le temps de mettre en place puis d'adopter un schéma
de couverture de risques, bien, il y a un certain nombre de paramètres et d'exigences
qui ne peuvent pas nécessairement passer au côté. Et quand les municipalités...
Vous savez, les plus petites
municipalités, souvent, elles veulent avoir leur propre corps de pompiers, le
chef de pompier. Bien, alors on parle de regroupement, ce n'est pas simple. Il
y a des montants d'argent qui sont soit alloués pour favoriser le regroupement
comme tel, sur une base MRC ou autre, d'interventions pour qu'on se rapproche
le plus possible d'un schéma de couverture de risques qui est à la hauteur de
ce que le gouvernement, et le ministère de la Sécurité publique, veut et
souhaite.
Ceci étant dit, présentement, il y a du
travail qui est à faire aussi. Alors, c'est ce qu'on tente de faire à l'Union
des municipalités du Québec, c'est ce qu'on tente d'inculquer auprès de nos municipalités,
mais, des fois, un petit coup de pouce, un petit coup de... un petit coup de
pouce pourrait probablement être salutaire.
Mme Maccarone : Combien
est-ce que ça peut coûter? Je comprends que ça va être à géométrie variable,
tout dépendamment de la grandeur de la municipalité, mais pouvez-vous me donner
une idée de les coûts? Parce que vous demandez de s'assurer qu'il y a quand
même une étude d'impact, par exemple, avant que le ministre prend une décision.
Ça fait qu'on s'attend à quoi comme coûts?
M. Angers (Michel) : Bon,
alors, écoutez, pour reprendre mon propre exemple, bon, à Shawinigan, là, sans
nécessairement évaluer les coûts, moi, je suis obligé d'avoir huit pompiers en
caserne 24 heures sur 24, sept jours par semaine, avec un temps d'intervention
de 10 minutes, alors que la municipalité au côté va avoir des pompiers à
temps partiel, des pompiers qui vont pouvoir intervenir. On va donner beaucoup
plus de temps d'intervention. Les citoyens chez nous paient la totale pour
avoir un service de première qualité, et on est d'accord avec ça, mais, en même
temps, quand on regarde l'étude d'impact, il faut aussi être en mesure de
pouvoir voir s'il n'y a pas des possibilités de regroupement.
Bon, quand on a regroupé des
municipalités, pour donner l'exemple de Shawinigan, on en a regroupé sept avec
une force de frappe qui est maintenant capable d'intervenir à la hauteur des
attentes de ce que le ministère veut et souhaite. Et souvent, dans le cas des
services d'incendie, quand on laisse ça toujours à la bonne volonté de tout le
monde, bien, des fois, il faut donner des incitatifs. Il y a des impacts
financiers. À partir du moment où on dit : Bien, tu dois respecter tel, et
tel, et tel critères, si la municipalité n'a pas nécessairement la capacité
financière de pouvoir le faire, à ce moment-là, c'est là qu'on incite le
regroupement pour qu'on soit capables de cumuler des forces pour avoir une
véritable force de frappe.
Mme Maccarone : Une dernière
question pour moi. Vous demandez d'être consultés en ce qui concerne le
renouvellement de ceci, mais est-ce que vous êtes d'avis, pour les règlements
aussi puis les lignes directrices, que vous devez aussi faire partie d'une
consultation? Parce qu'actuellement on sait qu'il y a beaucoup de pouvoirs qui...
suite à une adoption d'une loi dans sa forme actuelle, dans les mains du
ministre. Êtes-vous d'avis que vous devrez faire aussi partie d'une
consultation en ce qui concerne ces deux enjeux puis ces deux outils, qu'on
comprend qu'il y a quand même une place pour ces outils mais peut-être avec des
balises?
M. Angers (Michel) : Bien, tout
à fait. Vous savez, le gouvernement actuel nous reconnaît comme étant des
gouvernements de proximité, donc des partenaires à part entière, alors il est
tout à fait normal que le gouvernement québécois soit capable et soit...
souhaite consulter ses partenaires municipaux pour l'élaboration des différents
règlements, ou autres. Vous savez, il n'y a rien de pire que d'y aller puis d'imposer
un règlement sans nécessairement en avoir discuté au préalable. On a toujours
été ouverts avec ça.
Alors, le ministre a des pouvoirs, des
pouvoirs importants, on le voit, on le sait, mais, en même temps aussi, il n'y
a rien de mieux que de travailler en collaboration, en partenariat et en
concertation pour s'assurer que ces règlements-là reflètent la réalité. Parce
que je n'ai aucun doute que le gouvernement du Québec sait ce qui se passe dans
chacune de nos municipalités, mais je peux vous dire que nous, on est vraiment
sur le plancher, au cœur et on est en mesure, à ce moment-là, de bien orienter
différents règlements, différents projets de loi, différentes choses. On l'a
toujours fait, on est à proximité de nos citoyens et on a tout intérêt à
travailler ensemble.
Mme Maccarone : <
Tout...
Mme Maccarone : >
Tout
à fait. Je comprends la nature de ce que vous faites. Sache que j'ai une grande
admiration pour la gouvernance au niveau municipal. C'est vrai, la proximité
que vous avez envers vos citoyens, c'est très important. Puis on souhaite, je
pense... bien, en tout cas, moi-même, je souhaite respecter le principe de
subsidiarité le plus possible pour vous donner les moyens de faire... d'occuper
et faire votre rôle à la hauteur dont nos citoyens méritent, avoir des élus sur
le terrain qui s'occupent de leurs enjeux. Alors, merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme la députée.
M. le député de Laurier-Dorion, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Monsieur, merci beaucoup d'être ici avec nous aujourd'hui.
Écoutez, j'aimerais vous entendre
davantage, là, sur la question de la concertation et le partenariat entre les
forces policières. Le projet de loi n° 14 est directement inspiré du
rapport du comité sur la réalité policière, là, qui place ces principes-là, de
partenariat et concertation. Donc, vous avez soulevé le... dans votre
présentation, un cas limite, là, les crises majeures, là. Mais, au-delà de ces
cas bien précis, là, comment vous voyez, là, les... cette vision de partenariat
et concertation, là, qui inspire le... qui devrait inspirer dorénavant le
travail des services policiers, là, avec des nouvelles problématiques, là, qui
vous concernant plus précisément, là? Par exemple, vous l'avez nommé, là, l'itinérance,
les problématiques de santé mentale, etc., là, comment vous articulez cette
nouvelle vision avec votre réalité sur le terrain?
M. Angers (Michel) : Bien,
écoutez, je ne vous cache pas que la réalité, particulièrement, de
l'itinérance, particulièrement les problèmes de santé mentale impactent
directement, là, nos corps de police, qui nous demande un temps... un temps
énorme, un temps important. Alors évidemment, la collaboration entre les corps
de police, entre la Sûreté du Québec, les corps municipaux et évidemment les
intervenants de la santé, parce que, là, je touche... vous touchez
spécifiquement, là, l'itinérance ou les problèmes de santé mentale, on se doit
de travailler de façon concertée.
Je le mentionnais tout à l'heure, les
corps de police sont de plus en plus des intervenants sociaux qui sont en
mesure, à ce moment-là, de pouvoir accompagner les policiers et les policières
dans l'ensemble de leur intervention. J'écoutais hier la directrice générale,
qui mentionnait que c'est important, pour un policier, d'être en mesure de
pouvoir savoir, avant de faire une intervention, s'il y a des risques... bien,
je reviens encore sur le cas de Louiseville, s'il y a des risques potentiels et
importants, alors mieux outiller, mieux collaborer, mieux outiller les
différents corps de police, les différents ministères pour s'assurer qu'on soit
capables de faire les meilleures interventions possibles et dans la plus grande
sécurité possible. On a tout intérêt à collaborer de quelque façon que ce soit,
et c'est un peu dans ce sens-là, là, qu'on souhaitait, justement, faire ce lien
spécifique et particulier.
Je ne sais pas, Yves, si on veut rajouter
quelque chose.
M. Létourneau (Yves) : Sur
les deux dossiers en particulier, là, qui sont la santé mentale et
l'itinérance, c'est sûr que la collaboration va au-delà des corps policiers,
parce que ce n'est pas qu'un problème policier, donc c'est une collaboration
également avec les ministères concernés. D'ailleurs, on y travaille. En ce
moment même, là, il y a une activité à Québec, là, municipale sur l'itinérance.
Donc, c'est un problème qui dépasse l'activité policière. C'est sûr que nous,
dans les municipalités, les services policiers sont impactés mais la
collaboration doit être aussi avec les autres intervenants du domaine,
notamment au niveau du ministère de la Santé.
M. Fontecilla : Est-ce que
vous...
Le Président (M.
Bachand) :Très rapidement. Il reste
quelques secondes. Allez-y, M. le député. Ça va?
M. Fontecilla : C'est bon.
• (14 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci de votre... Merci
beaucoup. Mme la députée de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Merci, M. Angers, merci, M. Létourneau, d'être parmi nous. La
formation continue, là, personne ne peut être contre, là. On le sait que les
enjeux changent, puis il faut mettre nos policiers à jour. Puis il y a des...
il y a des nouvelles méthodes. On regarde partout à travers le monde. On dit,
comme, on ne peut pas être contre la vertu.
Moi, ce que je comprends de vos
représentations, c'est qu'il y a des coûts associés à tout ça, puis je l'ai
compris aussi hier des différents corps de police. Tu sais, tout le monde nous
disent : Bien, ça me coûte quelque chose en temps, tu sais, de faire... de
le remplacer le temps qu'il va en formation. Des fois, les conventions
collectives aussi sont un enjeu. Ça fait que les coûts, les coûts reliés, les
coûts qui sont reliés à tout ça, ce que je comprends, c'est que, votre
inquiétude, c'est qu'à la fin, bien, ça se retrouve encore à être certaines... dans
la cour des municipalités à payer.
Puis je tiens à faire la spécification,
là, que, tu sais, il y a des... il y en a qui ont des polices municipales puis
il y en a qui ont la Sûreté du Québec. Puis les... Ce n'est pas... Les
subventions ne sont pas les mêmes là, pour... auprès des municipalités. Donc,
j'imagine qu'à l'UMQ, là, il y en a qui le soulèvent aussi, là. Ce n'est pas
tout le monde qui a la Sûreté du Québec. Donc, c'est l'enjeu principal, c'est
ça? C'est que vous ne voulez pas que la facture soit refilée aux municipalités,
puis, à la fin, c'est <le...
Mme Nichols :
...puis,
à la fin, c'est >le citoyen qui paie?
M. Angers (Michel) : Bien,
vous savez, je suis au cœur de ce débat-là depuis que j'ai accédé à cette
présidence de Commission de sécurité publique. Alors, les enjeux entre les
villes qui possèdent leurs propres corps municipaux, qui paient 100 %, et
ceux qui sont couverts par la Sûreté du Québec, qui, en moyenne, ont 50 %...
Bon, évidemment, au niveau de l'information, les enjeux sont aussi les mêmes, mais,
je le dis très ouvertement, on mentionne, au conseil d'administration de l'UMQ,
que, bon, s'il y a des revendications des grandes villes, évidemment, il ne
faut pas que ça vienne impacter les plus petites municipalités, qui, eux, sont
couverts par la Sûreté du Québec, qui n'ont pas nécessairement les moyens. Ça a
été un choix qui a été fait à une certaine époque. 50 000, 100 000 habitants,
tout a été... tout a été là, mais il reste qu'en termes de formation il faut
que les formations soient aussi adaptées, autant pour les policiers municipaux
que la Sûreté du Québec.
Et évidemment je ne vous cache pas qu'à
chacune des fois qu'il y a des montants d'argent qui s'ajoutent en termes de
formation, ou autres, ou des nouvelles directives au niveau de la police
municipale, bien, c'est le citoyen direct qui l'absorbe, puis il n'y a pas
d'autre chose que la taxe foncière pour l'assumer.
Mme Nichols : Ah! je suis
d'accord. M. Angers, par curiosité, ça représente combien, dans le budget de
Shawinigan, tout qu'est-ce qui est Sûreté du Québec, en pourcentage?
M. Angers (Michel) : Oh! ça
coûte à peu près... C'est à peu près 5 à 6... C'est autour de 6 millions de
dollars...
(Panne de son)
Mme Nichols : Sur un budget
de... Ça a coupé.
M. Angers (Michel) : Oui.
Alors, écoutez, c'est environ...
Mme Nichols : 6 millions
de dollars sur un budget de...
M. Angers (Michel) : 6 millions
sur un budget de 120 quelques millions. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'avec la
facturation, la facture à payer au niveau de la police, la Sûreté du Québec,
bien, il y a un élément important qui s'appelle la richesse foncière ou la
pauvreté foncière. Plus une ville est riche, qui est couverte par la Sûreté du
Québec, plus ça monte vers le 70 %, plus la...
Mme Nichols : Ça, c'est une
boîte de Pandore, ça. Oui, le calcul, hein? C'est la fameuse formule, là.
M. Angers (Michel) : Eh, bien
oui, exactement.
Mme Nichols : Très bien.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, M.
Angers, maire de Shawinigan, merci beaucoup d'avoir été avec nous, M.
Létourneau aussi. Ça a été très intéressant.
Et puis je suspends les travaux quelques
instants. Merci beaucoup. À bientôt.
(Suspension de la séance à 14 h 43)
(Reprise à 14 h 45)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Alors, il nous fait plaisir d'accueillir M.
Alexandre Popovic, qui est le porte-parole de la Coalition contre la répression
et les abus policiers. Merci beaucoup d'être avec nous. Alors, comme vous
savez, vous avez 10 minutes de présentation. Après ça, on aura un échange
avec les membres de la commission. Alors, la parole est à vous. Merci.
Coalition contre la répression et les abus
policiers (CRAP)
M. Popovic (Alexandre) : Merci.
M. le ministre, il faut que je sois honnête avec vous, votre projet de loi
n° 14, je ne l'aime pas. Je ne l'aime vraiment pas. J'ai toute la misère
du monde à trouver de quoi de positif là-dedans. Peut-être, et je dis bien
peut-être, que j'aurais plus de chance si j'utilisais un microscope. Mais je ne
suis pas monté de Montréal aujourd'hui pour venir vous parler de choses qui
sont microscopiques, je suis venu ici parce que moi, ça fait des années <que...
M. Popovic (Alexandre) :
...pour
venir vous parler de choses qui sont microscopiques, je suis venu ici parce
que, moi, ça fait des années >que je milite contre les abus policiers.
Ça fait des années que j'apporte du soutien à des familles qui ont perdu un
proche aux mains de la police. Puis une des façons que j'apporte ce soutien-là,
c'est en faisant des plaintes en déontologie policière pour soutenir ces
familles-là dans leur recherche de vérité et de justice. Puis là, avec votre
projet de loi n° 14, vous allez m'enlever le droit de porter plainte en
déontologie policière, puis ça, je ne l'accepte pas pantoute.
Puis là je vous parle de moi, mais je le sais
qu'il y en a d'autres qui en font, des plaintes en déontologie policière, sans
avoir été présents sur les lieux de l'intervention policière. Je le sais qu'il
y en a d'autres qui font des plaintes en déontologie policière sans avoir été
directement victime de la conduite reprochée. Puis je le sais qu'il y en a bien,
des policiers, qui sont bien tannés de voir que du monde comme moi se permet de
faire des plaintes de même. Puis je le sais que la Commissaire à la déontologie
policière, elle est du bord de la police dans cette histoire-là. Puis je le
sais que son prédécesseur, Marc-André Dowd, puis l'autre qui était avant lui,
Paul Larochelle, ils ont tous les deux dit qu'il fallait changer la loi pour
faire taire ceux qu'on appelle les plaignants tiers.
Mais, pour moi, c'est juste la preuve
qu'on a un méchant problème avec la déontologie policière au Québec, parce que,
la déontologie policière, ils ne sont pas assez du bord des victimes, ils ne
sont pas assez du bord des plaignants. Ils passent plus de temps à rejeter des
plaintes plutôt qu'à essayer de trouver les policiers fautifs. Moi, ça fait des
années que je le dis, la déontologie policière, c'est rendu une machine à
rejeter les plaintes, puis les statistiques des rapports annuels sont là pour
le prouver. Puis, avec votre projet de loi n° 14, vous allez juste les
aider à en rejeter encore plus, de plaintes.
Puis moi, je suis venu ici aujourd'hui
pour vous dire que vous faites une grave erreur, M. le ministre, quand vous
proposez d'enlever le droit à toute personne de porter plainte. Votre projet de
loi n° 14, c'est un recul historique pour les droits des plaignants, M. le
ministre. Puis quand je dis «historique», c'est parce que j'ai fait mes devoirs
puis je l'ai lu, l'histoire sur la déontologie policière au Québec.
Puis vous allez le voir dans le mémoire
que je vous ai soumis, que les ministres qui faisaient votre job avant vous,
les ministres qui ont pensé et qui ont conçu le système de déontologie
policière au Québec dans les années 80, ils voulaient un régime universel,
ils voulaient un régime accessible à tout le monde. Ils voulaient que n'importe
quel citoyen puisse porter plainte, même ceux qui n'étaient pas présents sur
les lieux de l'intervention policière. C'est pour ça que c'est là, dans la loi,
puis le législateur, il est réputé de ne pas parler pour rien dire.
Mais la déontologie policière, là, elle a
commencé à devenir moins accessible quand le ministre Robert Perreault a décidé
de rendre la conciliation obligatoire, parce qu'au début ça prenait le
consentement des parties. Il l'a rendue moins accessible en réduisant le délai
pour porter plainte de moitié, parce qu'au début la prescription était de deux
ans au lieu d'un an. Puis ces reculs-là sont arrivés avec le gros discours sur
le déficit zéro.
Puis depuis ces changements-là, la
déontologie policière n'est plus que l'ombre d'elle-même. Mais, avec votre
projet de loi n° 14, M. le ministre, vous allez miniaturiser un modèle qui
est déjà réduit, vous allez empêcher des gens comme moi d'aider des familles de
victimes dans leur recherche de vérité puis de justice. Puis je suis venu ici
aujourd'hui pour vous dire : Ne faites pas ça, M. le ministre, ne soyez
pas du mauvais côté de l'histoire de la déontologie policière.
Bon, là, mon mémoire, il parle juste de
déontologie policière, puis ça, c'est parce que j'ai manqué de temps pour
écrire sur les autres sujets, parce que, quand je décide d'écrire un mémoire
pour la Commission des institutions de l'Assemblée nationale, j'en mets du
temps, j'en mets du cœur à l'ouvrage, pour essayer de faire la meilleure job
possible. Mais j'ai tellement manqué de temps parce qu'on ne nous a tellement
pas donné assez de temps. Les délais sont tellement courts dans cette
consultation-ci, ça n'a vraiment aucune espèce d'allure. Ça fait que je vais
profiter de ce qu'il me reste de mon 10 minutes pour vous dire les autres
affaires que je n'aime pas dans votre projet de loi n° 14.
• (14 h 50) •
Vous voulez permettre au Bureau des
enquêtes indépendantes de ne pas compléter leur enquête sur des morts d'hommes
puis des blessures graves survenues aux mains de la police. Mauvaise idée, très
mauvaise idée, M. le ministre. Le BEI, ça va déjà assez mal de même, il ne faut
surtout pas leur dire qu'ils vont pouvoir tourner les coins ronds quand ils
enquêtent sur des cas aussi graves que des morts d'hommes aux mains de la
police, surtout que cette proposition est complètement incompatible avec l'idée
que la mission du BEI, c'est de faire toute la lumière sur un événement donné.
Posez-vous la question, M. le ministre :
Pourquoi est-ce qu'on a un BEI au Québec? Réponse : Parce qu'il y a bien
du monde qui ont perdu confiance dans les enquêtes de la police sur la police,
sur les morts d'hommes, de citoyens aux mains de la police. Ça fait qu'imaginez
deux secondes le BEI qui va aller dire à des familles de victimes qu'ils ont
décidé de tirer la plug sur leur enquête. Comment vous pensez qu'ils vont
prendre ça? Ils n'auront plus aucune confiance envers le BEI. Puis le BEI, il
ne sert plus à rien, s'ils ne sont même pas capables de donner de la confiance
aux familles, qui sont les plus concernées par leurs enquêtes.
Moi, je dis au gouvernement, arrêtez de
faire les choses à moitié. <Donnez-nous...
M. Popovic (Alexandre) :
...choses
à moitié. >Donnez-nous un vrai BEI, une vraie police des polices qui est
à la recherche des infractions, parce que c'est ça, la vraie job des vraies
polices, c'est de chercher les infractions puis de trouver les coupables. Puis
le BEI, il n'est pas en train de chercher bien fort, parce que, depuis qu'ils
sont là, il n'y a pas eu un seul policier qui a été accusé pour une mort
d'homme aux mains de la police au Québec, zéro.
Maintenant, je vais terminer en parlant
des interpellations. Dans mon livre à moi, les interpellations, c'est du
harcèlement policier, parce que le policier, quand il fait une interpellation,
il n'en a pas de motif raisonnable, il n'en a pas de motif de soupçonner une
infraction, parce que, s'il en avait, il ferait une arrestation. Le policier,
quand il fait une interpellation, il fait une partie de pêche. Mais le vrai
problème avec les interpellations, c'est que plus que ta peau est foncée, plus
que tu risques de te faire interpeler. Parce qu'à chaque fois qu'il y a eu une
collecte de données raciales, que ce soit n'importe où à travers le Canada,
c'est toujours les personnes noires, les personnes arabes, des Premières
Nations autochtones et d'autres minorités qui sont interpelées de façon
disproportionnée. Puis ça, c'est les chiffres qui disent ça.
Alors, il faut dire à la police :
Arrêtez une fois pour toutes avec vos interpellations, parce que les minorités
racisées, elles n'en peuvent plus de vivre dans la peur du harcèlement policier.
Il faut dire à la police : Si vous n'avez rien de précis à reprocher au
citoyen, laissez-le tranquille, point final. C'est ça que le gouvernement a dit
à la police en Nouvelle-Écosse, puis le ministre qui leur a dit ça, c'est un
ancien de la GRC.
Mais ce que vous proposez, M. le ministre,
c'est des lignes directrices qui vont dire à la police qu'ils n'ont pas le
droit de faire des interpellations basées sur le profilage racial et social.
Mais le profilage racial et social, c'est déjà interdit par les deux chartes,
c'est déjà interdit par le code de déontologie. Au SPVM, le profilage racial et
social, c'est déjà interdit dans une politique interne. Ça fait que ça va
changer quoi d'arriver avec une ligne directrice qui va interdire aux polices
ce qui est déjà interdit, qui va les obliger de faire qu'est-ce qui est déjà
obligatoire?
C'est pour ça que moi, je vous dis que vos
lignes directrices, c'est une fausse solution qui va juste permettre au fléau
du profilage social et racial de continuer à empoisonner la société, parce que
le vrai problème, c'est les interpellations. Puis c'est ça qu'il faut interdire,
si on veut arrêter de tourner en rond à un moment donné.
C'est vous, le ministre de la Sécurité
publique. Alors, moi, aujourd'hui, je vous dis : Envoyez un message clair
aux policiers, puis je suis sûr qu'ils vont être capables de comprendre, si
vous leur parlez clairement. Puis, s'il y en a qui ne veulent pas comprendre,
alors passez de la parole aux actes. S'il faut en mettre quelques-uns au
chômage pour mieux faire passer le message, gênez-vous pas, parce qu'on va être
plusieurs à être derrière vous pour vous backer, parce que vous aurez fait
votre job de ministre de la Sécurité du public. Je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président. Bienvenue, M. Popovic. Si je vous suis, là, vous avez dit : La
déonto est du bord de la police. Vous avez dit : La déontologie est du
bord de la police. Donc, vous n'avez pas... Donc, donc, donc...
M. Popovic (Alexandre) : Bien,
dans cette histoire-là, dans ce dossier-là...
M. Bonnardel : Excusez. Vous
n'avez pas confiance en la déonto depuis, j'imagine, son existence.
M. Popovic (Alexandre) : Non,
ce n'est pas ça que j'ai dit.
M. Bonnardel : OK. Bien,
quand vous dites : Elle est du bord de la police, je crois comprendre, de
votre côté, que vous n'avez pas confiance en la déonto.
M. Popovic (Alexandre) : J'ai
bien de la misère. J'ai bien de la misère.
M. Bonnardel : Bien de la
misère. OK.
M. Popovic (Alexandre) : J'aimerais
ça avoir confiance, mais la déontologie, comme je l'ai expliqué, le système
qu'on a actuellement, ce n'est pas le système qu'on avait au début. C'est un
système qui a été affaibli par la réforme du ministre Robert Perreault. Puis
ça, c'est les syndicats policiers qui sont arrivés devant le ministre. Ils
avaient sept revendications; le ministre, il a exaucé six de leurs sept
revendications.
Mais moi, quand je dis que la déontologie
policière est du côté de la police, c'est qu'au niveau de la question d'enlever
le droit à tout citoyen de porter plainte, la déontologie policière et les
corps policiers parlent d'une même voix, juste pour être clair, là.
M. Bonnardel : Donc,
trouvez-vous que d'augmenter le rôle de prévention et d'éducation de la
commissaire, c'est une bonne chose, pour mieux la faire connaître et vous...
j'espère, vous donner un petit sentiment de confiance qui augmenterait? Parce
qu'on veut quand même mieux faire connaître...
Puis j'ai entendu comme vous, là, d'autres
groupes, là, dans mes discussions dans les dernières semaines, qui me disent :
François, on n'a pas confiance, là. Donc, dans l'exercice que j'ai puis dans
l'exercice que nous avons eu, c'est de se dire : Comment on redonne un peu
plus de confiance? Je ne dis pas que tout le monde va faire : Ah! on a
100 % confiance. Mais de leur donner des sous pour augmenter leur rôle de
prévention, et mieux les faire connaître, et l'éducation, est-ce que c'est une
bonne chose ou non?
M. Popovic (Alexandre) : Je
ne le sais pas. Je ne le sais pas parce que ce n'est pas une question à
laquelle... que j'ai eu suffisamment de temps à réfléchir. Par contre, ce que
je peux vous <dire...
M. Popovic (Alexandre) :
Par
contre, ce que je peux vous >dire, c'est que le rôle de prévention, il
est déjà prévu dans la Loi sur la police avec l'article 187. Le Commissaire
à la déontologie policière peut faire des recommandations, ça fait que ce n'est
pas quelque chose qui est totalement nouveau.
Mais selon moi, pour avoir un système de
déontologie policière vraiment efficace, qui va vraiment donner la confiance,
c'est qu'il faut penser au plaignant. Puis le rôle de prévention, pour moi,
c'est une autre histoire, ça. Moi, je pense au plaignant qui a vécu, selon lui,
un abus policier, qui se tourne vers la déontologie policière puis qui se fait
dire : Va-t'en en conciliation, c'est obligatoire. Puis le plaignant, là...
puis ça, ça ressort du mémoire même de la Commissaire à la déontologie
policière. Ce n'est pas ça, leurs attentes. Quand ils ont été victimes d'abus
policiers, la plupart des plaignants, ce qu'ils veulent, c'est des sanctions.
Ils veulent que le policier soit puni.
La conciliation, ce n'est pas ça. La
conciliation, c'est : On s'assoit chacun du côté d'une table puis on
essaie de régler ça en discutant. Ça peut être efficace pour certaines
personnes, pour certaines situations, mais quelqu'un qui a vécu une situation
grave... Puis il y en a eu, des situations graves, qui sont passées en
conciliation, qui n'avaient pas d'affaire là. Ça fait que, c'est ça, moi, le
problème que j'ai, c'est avec le fait de rendre la conciliation obligatoire.
Puis quand on parle de confiance puis de
lien de confiance, la question que je me pose, c'est : Comment qu'on le
mesure, ce lien de confiance là? De quelle façon? Est-ce qu'il y a quelqu'un,
au ministère de la Sécurité publique, qui fait des enquêtes d'opinion, qui va
sonder les plaignants pour leur demander : C'est quoi... C'est comment que
vous vous sentez après avoir passé dans le système de déontologie policière?
Est-ce que vous êtes heureux de vous être fait imposer une conciliation
obligatoire ou est-ce que vous vous sentez encore plus désabusés par le système
parce que votre plainte a été mise sur une voie de garage, puis le policier, il
n'a aucune trace à son dossier? C'est qui qui s'intéresse de savoir comment que
les plaignants se sentent après avoir vécu leur expérience dans le système de
déontologie policière? C'est qui qui fait des enquêtes d'opinion là-dessus?
M. Bonnardel : Bien, M.
Popovic, avec tout le respect que je vous dois, là, j'ai rencontré pas mal de
gens dans les dernières semaines qui ont porté plainte puis qui se sont sentis
un peu seuls, un peu seuls face aux policiers sur lesquels ils ont porté
plainte.
Puis il y a deux éléments dans... sur
lesquels je voulais intervenir puis répondre dans cette loi. Vous l'avez dit
tantôt, la conciliation. La conciliation, là, ce ne sera pas obligatoire. Est-ce
que c'est un gain pour vous? Puis le deuxième point, les gens qui me disaient :
François, je me sens seul, OK, on va vous accompagner, on va former des gens, à
la commissaire en déonto, on va former des gens, là, qui vont accompagner la
personne qui porte plainte pour qu'elle ne se sente pas seule, est-ce que c'est
un gain, ça, pour vous aussi, pour ces plaignants? Ah non?
M. Popovic (Alexandre) : Je
n'ai rien à dire contre ça.
M. Bonnardel : OK.
Dernier point, dernière question, les interpellations policières. Je pense que
vous êtes conscient que... puis vous défendez ces plaignants depuis des
années et des années. Il y a plusieurs corps de police qui ont commencé à
avoir... à remplir des fiches sur lesquelles on va pouvoir aller chercher de
l'information, colliger des infos qui vont être importantes pour le ministère,
pour encadrer le travail des policiers, pour que les interpellations ne se
fassent pas avec des motifs discriminatoires. Ça, pour moi, c'est immensément
important.
Est-ce que, pour vous, c'est une bonne
chose, c'est un avancement, qui peut sembler minime pour vous, mais que c'est
un avancement important dans le travail des policiers, et que, le ministère de
la Sécurité publique, pour la première fois, soit capable de colliger des infos
annuellement, où les corps de police vont nous donner ça, vont nous donner leurs
infos à chaque 1er avril de chaque année?
• (15 heures) •
M. Popovic (Alexandre) : Moi,
ce que je pense, c'est qu'on le sait qu'il y en a un, problème. S'il n'y en
avait pas de problème, on ne serait pas en train de parler de ça aujourd'hui,
vous n'auriez pas fait un projet de loi qui parle principalement de ça.
Ça fait que moi, la question que je me
pose, c'est : Pendant combien d'années qu'il va falloir en faire, de la
collecte de données? Puis la collecte de données, là, il faut aussi être
conscient d'une affaire, c'est qu'on ramasse des renseignements personnels, on
fiche des citoyens. Ça fait qu'il y a aussi cet aspect-là, là, qu'il faut
réfléchir.
Moi, je trouve que le problème a été
suffisamment démontré avec les interpellations. C'est pour ça que je viens ici
pour vous dire : Écoutez, les policiers, s'ils ont un motif d'arrêter
quelqu'un, s'ils ont un motif de soupçonner une infraction, OK, ils donnent un
ticket, ils passent les menottes. Mais les interpellations, ce n'est pas ça.
C'est ça, mon problème, moi.
M. Bonnardel : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Oui. Autres questions du côté
gouvernemental? Ça va pour l'instant? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Bonjour,
M. Popovic.
M. Popovic (Alexandre) : Bonjour.
Mme Maccarone : Merci
d'être avec nous aujourd'hui. J'ai entendu l'échange que vous avez eu avec M.
le ministre en ce qui concerne la conciliation obligatoire, mais j'aimerais
vous entendre en ce qui concerne la discrétion laissée au commissaire. Que
pensez-vous que nous devons changer dans cette loi pour rejoindre plus le sens
que vous avez... ce que vous avez partagé avec nous, dans votre témoignage, puis
ce qui est inclus aussi dans votre mémoire?
M. Popovic (Alexandre) : Bien,
moi, je <pense...
>
15 h (version révisée)
< M. Popovic (Alexandre) :
Bien,
moi, je >pense que la conciliation, elle doit être... elle doit se faire
avec le consentement dans tous les cas, dans toutes les plaintes. Ça n'empêche
pas que la Commissaire à la déontologie policière peut essayer de vendre la
conciliation aux plaignants, de l'approcher puis d'essayer d'y faire valoir les
mérites : Écoute, ton problème, ta situation que tu as vécue, là, tu sais,
si tu t'assoyais avec le policier, peut-être que tu vas comprendre.
Bon, tu sais, je l'ai lu, le mémoire de la
Commissaire à la déontologie policière. J'ai moi-même participé à des
conciliations. J'ai moi-même accompagné des gens en conciliation, puis, oui, c'est
vrai que, dans certains cas, ça fonctionne. Dans certains cas où est-ce que j'ai
accompagné des gens en conciliation, les gens, ils voulaient cette
conciliation-là, ils voulaient avoir cette opportunité-là d'avoir un dialogue
avec le policier, parce que, quand ils ont eu cette interaction-là avec le
policier, c'était sur la rue, puis c'était une mauvaise expérience, puis c'est
vrai qu'en conciliation c'est... le contexte, il est tout à fait différent.
Ça fait que, oui, dans certains cas...
Moi, tout ce que je dis, c'est que la conciliation, c'est beaucoup plus fructueux
quand c'est volontaire, quand c'est les deux parties qui sont prêtes à s'asseoir
ensemble, puis OK, on va se parler.
Mme Maccarone : Est-ce qu'il
y a trop de discrétion laissée au commissaire dans les décisions? Si oui, que
devons-nous faire de cette loi pour rejoindre plus vos attentes?
M. Popovic (Alexandre) : Quand
vous dites discrétion, c'est au niveau de...
Mme Maccarone : On a déjà
entendu... Mettons, la Ligue des droits et libertés, eux, ils croient que la
commissaire a beaucoup trop de discrétion en ce qui concerne les décisions qui
seront prises, soit qu'on poursuit, la façon qu'on va traiter des plaintes, par
exemple. Quelle est votre opinion là-dessus?
M. Popovic (Alexandre) : Oui,
si on parle du mécanisme de signalement, bien, moi, le problème que j'ai, c'est
que le ministre, au fond, au lieu de définir le mécanisme, au lieu de définir
la procédure qu'il introduit avec son projet de loi, il dit à la commissaire...
Au fond, il délègue cette responsabilité-là à la commissaire : Bon, bien,
c'est à vous d'écrire la procédure. Puis moi, je regrette, mais la Commissaire
à la déontologie policière... en fait, cet organisme-là, trop souvent, comment
dire, trop souvent, là, tu reçois... tu fais une plainte, tu reçois la décision
de rejet, puis tu as l'impression qu'au fond, eux autres, là, tout ce qu'ils
ont essayé de faire, c'est de trouver une excuse pour rejeter ta plainte.
Moi, des fois, là, je fais des plaintes,
je reçois la décision puis je suis comme : Bien, ils n'ont pas répondu à
plusieurs de mes allégations. Ça fait que c'est pour ça que, des fois, je vais
en révision. Tu sais, moi, des fois, je reçois des plaintes... des décisions de
rejet, puis là je lis la décision, puis la décision, c'est : Le policier a
écrit telle chose, telle chose, telle chose dans son rapport, puis, à la fin, le
commissaire... la commissaire, elle dit : Bien, nous autres, on a un
fardeau de preuve prépondérante puis on ne sera pas capables de le faire,
merci, bonsoir. Je ne trouve pas ça très.... Je ne trouve pas ça très
convaincant.
Commissaire à la déontologie policière, ça
fait des années qu'ils se plaignent qu'ils sont sous-financés. Ça, c'est un
problème, le sous-financement chronique. C'est un problème, ça fait des
décennies, même, que c'est de même. En fait, c'est depuis le début que le
Commissaire à la déontologie policière ne se bat pas à armes égales avec les
corps policiers. Ça, c'est une réalité qui fait en sorte que, je trouve, trop
souvent, il y a un manque de volonté de vouloir être du côté du plaignant.
Moi, je trouve que la déontologie
policière, pour que ça puisse vraiment jouer son rôle de créer un lien de
confiance solide avec les citoyens, il faudrait que la déontologie policière
prenne véritablement parti pour les plaignants au lieu d'avoir une espèce de
rôle de neutralité comme ils ont actuellement. Vous voyez ce que je veux dire?
Mme Maccarone : Pour le BEI?
M. Popovic (Alexandre) : Bien,
le BEI, j'en aurais long à dire, là, c'est...
Mme Maccarone : Il me reste
quelques minutes, je pense. Cinq minutes, on a cinq minutes d'échange. Ça fait
que...
M. Popovic (Alexandre) : Bon,
d'accord. La première chose que je vous vais dire, c'est que, je parle avec
plusieurs familles qui ont perdu un proche durant un événement qui fait l'objet
d'une enquête du BEI ou qui a fait l'objet d'une enquête du BEI, je n'ai jamais
entendu aucun membre de ces familles-là me parler en bien du BEI, personne.
Tout le monde est super déçu. Puis là je vous parle de citoyens, là, je ne vous
parle pas, là, d'activistes, là. Tu sais, je vous parle de gens, des citoyens,
bon, qui, du jour au lendemain, qui vivent un événement totalement
traumatisant, totalement inattendu, puis là ils découvrent comment le système
fonctionne, puis ils sont complètement déçus.
Moi, je fais partie de ceux qui se sont
battus pour mettre fin aux enquêtes de la police sur la police. Je suis passé <en
commission parlementaire...
M. Popovic (Alexandre) :
Je
suis passé >en commission parlementaire, quand il y a eu le projet de
loi n° 12, qui a été adopté à l'unanimité en 2013, puis je trouve qu'on
n'est pas plus avancés, malheureusement.
Ça fait que je trouve que... Puis c'est ça
que j'essayais d'expliquer dans mon introduction tantôt, là, la plupart des
corps de police, OK, ils font une enquête puis ils remplissent un formulaire,
demandent d'intenter des procédures, ils soumettent ça au DPCP. Le BEI ne fait
pas ça. Le BEI se contente de ramasser la preuve puis de donner ça au DPCP, alors
que, si on regarde en Ontario, par exemple, le Special Investigations Unit, eux
autres, ça fait partie de leur mandat de porter des accusations. Ça fait que,
leur orientation, c'est vers la recherche d'infractions. Moi, le BEI, là, je ne
trouve pas que c'est normal... on appelle ça un corps de police, puis ils ne
sont pas à la recherche d'infractions. Ça fait que c'est toute l'orientation,
c'est tout le mandat du BEI qui, selon moi, est problématique.
Puis là ce que je lis dans le projet de
loi n° 14, c'est qu'on dit : Bien, le BEI, mettons qu'il commence une
enquête, OK, puis mettons que, bon, à première vue, il semble que les
policiers, par exemple, ils n'ont pas utilisé la force... La personne est
décédée, par exemple, dans une cellule de police, il n'y a pas de trace de
violence, il n'y a pas de sang. Ça fait que pourquoi on enquêterait? Moi, c'est
ça, le problème que j'ai. C'est que ce projet de loi là va donner... va changer
le mandat du BEI pour leur dire : Vous pouvez énoncer des conclusions de
fait, alors que c'est dans la juridiction du DPCP, mais la seule conclusion de
fait qui va leur être... permettre de faire, c'est de dire : Ah! il n'y a
pas d'accusation, il n'y a même pas matière à enquête. Ça fait que c'est comme
s'il y avait un formulaire avec une seule case, puis la seule case qu'ils
peuvent remplir, c'est : On ferme le dossier.
Puis ce que je trouve encore plus absurde,
c'est qu'on dit : Ah! bien, ça, c'est dans le projet de loi aussi. Ah!
bien, si jamais le BEI apprend un élément qui n'était pas à sa connaissance au
moment de l'enquête, bon, bien, ils vont pouvoir ouvrir l'enquête. Mais c'est
complètement à contresens du fonctionnement du BEI, parce que... puis des
enquêtes, en général... parce qu'une enquête, pour que ce soit efficace, il
faut ramasser les éléments d'enquête le plus rapidement possible. C'est pour ça
que le corps de police impliqué, il y a une obligation, dans la Loi sur la
police, d'aviser le BEI sans délai, parce que les éléments de preuve, parce que
la mémoire, les témoins, ça peut se contaminer, puis tout ça. C'est pour ça que
les témoins, ils doivent être rencontrés le plus rapidement possible.
Ça fait que, si on applique ce bout-là du
projet de loi, puis que là le BEI, bon, il commence une enquête en juin, puis
là, en décembre, il y a un citoyen qui leur dit : Non, non, non, mais vous
êtes passé à côté de quelque chose... Ça fait que, là, il rouvre l'enquête,
mais là les témoins, leur mémoire est moins fraîche. Il y a des témoins, ils
ont pu se contaminer dans leur version, il y a des éléments de preuve qui sont
perdus.
Mme Maccarone : ...il faut
que ce soit des témoins directs, seulement, n'est-ce pas? On peut...
• (15 h 10) •
M. Popovic (Alexandre) : Oui,
oui. Bien, forcément, il faut que ce soit des gens qui puissent dire : J'ai
vu ça, j'ai entendu ça, etc., oui. Ça fait que ça, ça va juste, selon moi,
affaiblir le BEI, si on adopte cet élément-là du projet de loi.
Mme Maccarone : Puis les lignes
directrices, est-ce qu'elles devront être assujetties à une consultation?
M. Popovic (Alexandre) : Bien,
je vais vous dire de quoi, c'est que j'ai vu c'est qui, les organismes qui sont
entendus dans la présente consultation particulière, puis elles sont où, les
communautés racisées? On est là puis on parle de profilage racial. Ils sont où,
les gens qui subissent le profilage racial, dans cette consultation-là? C'est
comme... il y a comme des voix qui manquent, là. Je veux dire, moi, bon, j'en
ai parlé du profilage racial, mais, je veux dire, visiblement, je n'en ai pas
vécu, là. Ça fait que ça, c'est une affaire qui me dérange.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Laurier-Dorion, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Merci, M. Popovic, d'être ici avec nous, d'avoir rédigé un mémoire
quand même très étoffé.
Écoutez, j'aimerais aborder le sujet, là,
dans sa globalité, là. Le projet de loi n° 14, là, c'est une réponse du
ministre de la Sécurité publique, là, à travers la directive, notamment, là,
pour contrer le profilage racial. D'autre part, on a le jugement Yergeau de la
Cour supérieure, là, qui dit, dans son jugement, qu'il n'y a rien de plus
difficile et presque impossible de prouver en cour les motivations ou les biais
discriminatoires ou racistes, là, d'une <interpellation, concrètement,
là...
M. Fontecilla :
...racistes,
là, d'une >interpellation, concrètement, là. Est-ce que vous pensez que
ce projet de loi apporte la bonne réponse en déontologie policière, là, pour
contrer le profilage racial?
M. Popovic (Alexandre) : Bien,
si on parle de l'élément, là, la disposition qui va faire en sorte que le
plaignant qui allègue être victime de profilage racial, la conciliation ne sera
plus obligatoire pour lui, je ne sais pas si vous faites référence à cet
élément-là. Bon, bien, écoutez, on saute une étape, mais ça ne va pas
nécessairement garantir que le plaignant, en bout de ligne, il va avoir justice
puis il va avoir satisfaction. D'ailleurs, c'est ce qui ressort même du mémoire
de la Commissaire à la déontologie policière.
Et, oui, c'est une réalité que c'est
difficile, c'est un sacré défi de démontrer l'intention discriminatoire, parce
qu'au fond, quel policier va arriver puis va dire : J'ai arrêté ce monsieur-là
à cause de la couleur de sa peau? Bon, ça, c'est un problème. Puis une des
façons possibles de démontrer, si je me fie à la jurisprudence, de faire une
preuve prépondérante de profilage racial, c'est, par exemple, de faire une
comparaison de traitement, OK. Ça fait que mettons que les policiers débarquent
dans un parc, puis il y a deux tables à pique-nique où est-ce qu'il y a des
jeunes qui boivent de la bière, puis les jeunes qui ont la peau blanche boivent
leur bière, tranquilles, les jeunes qui ont la peau foncée, ils se font donner
des tickets par les policiers. Bon, ça, c'est un exemple, OK.
L'autre façon de démontrer le profilage
racial, selon... toujours selon la jurisprudence, puis là j'y vais avec mes
mots, là, je ne suis pas un juriste ou quoi que ce soit, là, mais c'est,
lorsque le policier, OK... mettons qu'on prend un cas d'interception, là, OK,
sur la route, OK, il intercepte un conducteur qui a la peau noire. Il fouille
son char, il trouve de la cocaïne, OK, puis ça, c'est des cas que j'ai déjà vus
dans les journaux. Puis le policier, il témoigne, puis les raisons qu'il donne
pour avoir intercepté ce char-là, ce n'est tellement pas crédible aux yeux du
tribunal, que le tribunal, il en vient à la conclusion que, bien, au fond, le
policier, il n'a pas dit la vérité sur ses véritables intentions. Ça fait que
probablement que sa véritable intention d'avoir collé ce char-là, c'est à cause
que le gars qui chauffait ce char-là, il avait la peau noire. OK, ça, c'est la
jurisprudence, dans mes mots à moi.
Mais cela dit, moi, quand je lis le
mémoire de la Commissaire à la déontologie policière, je vois que le problème
est là, le manque de volonté. Il y a... Je trouve qu'il y a un manque de
volonté dans la déontologie policière, de... un manque de combativité. Moi,
c'est ça que je trouve, tu sais, puis, je veux dire, je ne dis pas qu'ils sont
mauvais, là, ou corrompus, ou quoi que ce soit, là, mais j'aimerais ça qu'ils
soient plus de notre bord, du bord des citoyens.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Merci d'être parmi nous, là. Je ne sais pas si on dit Popovic ou
Popovitch.
M. Popovic (Alexandre) : C'est
plus simple de dire Popovic.
Mme Nichols : OK. Merci, M.
Popovic. J'ai deux questions, rapidement, parce que je n'ai pas beaucoup de
temps. Mais j'ai pris connaissance aussi que vous avez déposé un mémoire au
Comité consultatif sur la réalité policière, là, en octobre 2020. Est-ce qu'il
y a certaines de vos recommandations qui ont été retenues? Puis, dans ce
mémoire-là, est-ce qu'il y en a certaines que vous voulez, que vous
souhaiteriez qu'on mette dans le projet de loi n° 14?
M. Popovic (Alexandre) : Écoutez,
moi, au fond, là... puis je viens ici, puis on me pose des questions, puis il y
a certaines questions que j'arrive à répondre, puis d'autres questions que j'ai
un petit peu plus de misère. Mais moi, mon idée principale, quand j'ai déposé
ce mémoire-là, c'est que je trouve que ça prendrait une consultation à la
grandeur du Québec, au niveau du mécanisme de déontologie policière, parce que
ça n'a jamais été fait dans toute l'histoire de la déontologie policière.
Puis je me base sur une expérience qui a
été faite en Ontario. Ils ont mandaté un juge de la Cour d'appel qui s'appelle
Michael Tulloch, ça, c'est il y a cinq ou six ans. Il a fait une consultation à
la grandeur de l'Ontario, sur les... sur tous les mécanismes de surveillance de
la police, sur tous les mécanismes de déontologie policière, d'enquête
indépendante. Il a fait la tournée de la province, tout le monde qui avait
quelque chose à dire, puis ça, ça inclut tant les policiers que les citoyens,
les victimes, les familles, etc. Ils ont tous pu s'exprimer là-dessus.
Ça fait que moi, je me dis, si on la veut
vraiment, cette confiance-là, il faut savoir qu'est-ce que les gens pensent et
c'est quoi, leur expérience avec ça. Est-ce qu'on est vraiment intéressé à le
savoir? Si on est vraiment intéressé à le savoir, bien, <c'est là qu'on
va trouver...
M. Popovic (Alexandre) :
...savoir,
bien, >c'est là qu'on va trouver c'est quoi qui ne fonctionne pas. Parce
que moi, j'arrive ici puis je ne suis pas celui-là qui a la solution à tous les
problèmes, mais je trouve qu'une bonne façon de les trouver, ces solutions-là,
c'est de faire une consultation puis c'est demander aux autres utilisateurs du
système : Qu'est-ce que vous pensez qu'on pourrait améliorer là-dedans, de
donner une tribune à tout le monde?
Mme Nichols : Oui, il
manque... Je suis d'accord avec vous qu'il manque peut-être que... des
représentations autour de la présente consultation.
Les interpellations, je me demandais, si
on mettait qu'il faut des motifs ou si on mettait un libellé... parce qu'on se
souvient que la... il y a la MRC... la GRC a déjà fait des recommandations,
entre autres, là, puis ils ont donné un... Avec un libellé type, quand il y a
une interpellation ou il y a une arrestation qui est faite, là, de façon
aléatoire, s'il y avait un libellé qui disait «les droits à la personne»,
est-ce que c'est quelque chose... est-ce que vous changeriez un peu d'avis ou
vous...
M. Popovic (Alexandre) : Non,
non, parce que, quand on donne les droits, là, habituellement, c'est quand on
est mis en état d'arrestation.
Mme Nichols : Oui, mais on
dit quelque chose, là, qui dit plus... Je vais vous lire celui-là de la GRC, là,
il dit : Il s'agit d'une interaction volontaire, vous êtes libre de partir
à n'importe quel moment. Je vous demande — puis là on dit la nature
du renseignement demandé — afin de — puis là on dit la
raison de la vérification sur place. Vous n'avez pas à me fournir ces
renseignements. Si vous choisissez de ne pas fournir ces renseignements, vous
ne serez ni arrêté, ni détenu. Vos renseignements personnels... Ça fait que, tu
sais, c'est un petit libellé comme ça.
M. Popovic (Alexandre) : Bien,
écoutez, je ne vais pas parler à tort et à travers, parce qu'au fond vous me
posez une question, puis moi, je n'arrive pas ici avec...
Mme Nichols : Oui, je
comprends.
M. Popovic (Alexandre) : ...je
ne peux pas vous dire : J'ai réfléchi à ça. Mais ce que je peux vous dire,
OK, c'est que, tu sais, les policiers, là, ils arrivent, ils sont en uniforme,
ils sont armés, puis, des fois, juste ça, OK... Puis, si je pense à des gens
qui ont déjà eu des mauvaises expériences avec la police, des gens qui ont eu
des expériences traumatisantes avec la police, juste ça, là, de se faire
approcher, là, ça a un effet, là. Tu gèles, tu sais, quand tu as vécu un traumatisme.
Ça fait que là, que le policier, il lise, là, il dise : Ah! puis tu as
droit de ci puis tu as droit de ça, je ne suis pas sûr...
Mme Nichols : On ne serait
pas attentif puis on n'écouterait pas, là.
Le Président (M.
Bachand) :Sur ce, M. Popovic, je voudrais
vous remercier d'avoir été avec nous cet après-midi, et je suspends les travaux
quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 19)
15 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 43)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, la commission reprend ses travaux. Il nous fait plaisir d'accueillir les
représentants et représentantes du Comité consultatif sur la réalité policière.
Alors, M. Côté, je pense que vous avez le
leadership de la présentation. Alors, je vais vous laisser présenter les gens
qui vous accompagnent.
Comité consultatif sur la réalité policière
M. Côté (Louis) : Merci
beaucoup. Vous allez constater rapidement que c'est un leadership qui est
partagé. D'abord, bonjour, M. le Président. Bonjour, M. le ministre Bonnardel,
et à vous ici présents. Nous sommes très heureux d'être avec vous ici aujourd'hui.
Dans un premier temps, nous voulons
souhaiter nos plus sincères condoléances à la famille de Mme Maureen Breau,
policière à la Sûreté du Québec, et ainsi qu'à toute la communauté policière.
Aussi, prompt rétablissement à son confrère lors du même événement.
Permettez-moi de vous présenter les
membres du Comité consultatif sur la réalité policière, comme vous avez
mentionné : Mme Marlene Jennings, monsieur... Mme Nicole Gibeault, M.
Alexandre Matte et moi-même, Louis Côté. M. Bernard Sévignys'excuse
sincèrement de ne pas être capable d'être avec nous ici aujourd'hui.
En premier lieu, je vais vous faire un
bref résumé des travaux du comité dans le livre vert qui nous avait été remis
le 19 décembre 2019, et nous avions 21 axes sur lesquels nous devions
travailler. Pour y arriver, nous avons rencontré une vingtaine d'experts, tous
domaines confondus, fait une quarantaine de rencontres de parties prenantes à
huis clos avec des organisations et intervenants, rencontré 147 citoyens
et intervenants de première ligne dans le cadre de huit forums en collaboration
avec l'Institut du Nouveau Monde, reçu 79 mémoires et accueilli 54 groupes
en 10 jours d'audiences publiques, commandité une recherche réalisée par l'Université
de Sherbrooke auprès de 4 000 policiers, gestionnaires et civils, analysé
d'autres démarches de modernisation et de services policiers au Canada et
ailleurs dans le monde. Le rapport consultatif comporte 138 recommandations.
De plus, comme nos discussions comme
groupe... il se peut que plus d'un d'entre nous répondent à vos questions. C'est
une habitude que nous avions prise lors de nos discussions et cela nous a bien
servis. Nous allons prendre quelques minutes chacun pour vous donner quelques
détails reliés aux articles de la présente loi. D'abord, Mme Jennings va vous
parler de la déontologie, suivie de M. Matte, Mme Gibeault et
moi-même.
Mme Jennings (Marlene) : Merci.
Merci beaucoup. Et bonjour, M. le président du comité, MM. et Mmes les députés
et M. le ministre. Au nom du Comité consultatif sur la réalité policière, j'aborderais
l'axe de notre rapport final, lequel porte sur l'imputabilité en général et
spécifiquement sur la déontologie policière. Notre comité s'est réjoui, en
lisant le projet de loi n° 14, de constater que, sur nos 15 recommandations
portant sur la déontologie policière, le gouvernement en a retenu 12. Ces 12 se
retrouvent au sein... à l'intérieur du projet de loi n° 14.
Le projet de loi n° 14 met en
application, comme j'ai dit, plusieurs de nos recommandations, que ce soit l'élargissement
du pouvoir du Commissaire à la déontologie policière à plusieurs niveaux, l'établissement
de mesures de... réhabilitatifs pouvant s'ajouter aux sanctions existantes
lorsqu'un policier est reconnu coupable d'une <violation...
Mme Jennings (Marlene) :
...réhabilitatifs
pouvant s'ajouter aux sanctions existantes lorsqu'un policier est reconnu
coupable d'une >violation au code de déontologie, sans oublier la
nouvelle responsabilité du Commissaire à la déontologie policière d'élaborer et
dispenser des programmes de prévention pouvant adresser aux policiers, mais
également aux autres acteurs de ce milieu.
Les trois recommandations qu'à l'heure
actuelle le gouvernement n'a pas incluses dans son projet de loi n° 14
sont les suivantes : les recommandations n° 103, 105 et 107. La
recommandation n° 103 du CCRP portait sur la circonscription de la
possibilité de demander la révision d'une décision rendue par le commissaire à
deux situations, soit lorsque le Commissaire à la déontologie policière ne
s'était pas prononcé sur une allégation dans... d'une plainte, soit lorsque le
plaignant soulevait des faits ou des éléments nouveaux.
La deuxième recommandation, 105, qui ne se
trouve pas dans le projet de loi n° 14, était de passer le délai de
prescription, pour porter une plainte en déontologie ou signaler un incident en
déontologie, d'un an à deux ans. Et finalement la troisième recommandation
qui ne se trouve pas dans le projet de loi n° 14 est celle numérotée 107,
soit d'ajouter à l'article 5 du code de déontologie policière le motif de
l'identité ou de l'expression du genre à l'énumération des situations où des
actes et des propos injurieux sont à proscrire de la part des policiers.
Je vous remercie de votre attention. Et
maintenant je cède la parole à ma collègue.
Mme Gibeault (Nicole) : Alors,
bonjour à tous. Merci de l'invitation, c'est très apprécié. Alors, oui, moi, je
vais vous entretenir, pas sur quelque chose que vous allez retrouver dans le...
dans notre rapport, mais sur une recommandation que nous avons faite, qui, à
mon avis, est absolument nécessaire, et ce sera sur la nouvelle loi pour les
personnes disparues.
Forts des explications reçues par les
différents corps policiers, les personnes, l'association des personnes
disparues, enfin, toutes les personnes qui ont été rencontrées, pendant toute
l'année où nous avons siégé avec ce comité, c'était évident qu'il y avait un
manque criant de... pour cette loi. Et c'est avec fierté, on est très heureux,
M. le ministre, que vous... que cette loi soit mise à l'avant par
l'article 117, là, que vous avez dans le PL n° 14.
• (15 h 50) •
Cette loi va permettre quoi? Cette loi va
permettre... Bien, on n'a pas besoin de faire un résumé beaucoup, là. On a vu,
dernièrement, qu'évidemment avec les personnes disparues il y a des outils,
mais on n'en avait pas assez, d'outils. Et non seulement les policiers
n'avaient pas assez d'outils, mais c'est parce que tout le monde veut
travailler dans le même sens. Et la rapidité d'exécution pour obtenir des
renseignements est majeure, cinq minutes, 15 minutes, 30 minutes est
trop long, des fois. Et malheureusement, on s'apercevait que... dans toutes les
discussions que tout le monde a eues autour de la table pendant un an sur cette
question-là, c'est qu'il y avait des barrières. Pas nécessairement que les gens
étaient de mauvaise foi, mais... non, on ne peut pas, la loi de l'accès à
l'information, non, on ne peut pas, on n'a pas cette possibilité-là, non, on ne
peut pas vous parler.
Tu sais, les portes se fermaient, mais on
s'entend que c'était majeur, parce qu'on veut retrouver une personne disparue.
Que ce soient des enfants, et on sait très bien que... on se souvient du
terrible drame qui est arrivé et qu'évidemment, malheureusement, les petites
filles sont retrouvées décédées, et... Mais aussi il y a des gens, par exemple,
qui sont partis en hélicoptère et qu'on n'a pas retrouvés parce qu'on n'a pas
été capables d'obtenir les autorisations ou on bloque. C'est tout le temps des
portes qui sont fermées pour obtenir des autorisations, pour obtenir les... La
technologie, où ils étaient, comment faire le... tout le système pour retracer.
Les policiers, et tout ça, sont capables de le faire, mais ça prend un mandat
ici, un mandat là. Non, il manque ci, il manque ça.
Donc, le projet de loi qui est suggéré
pour ces motifs-là tente d'ouvrir les valves, si vous me permettez
l'expression. On ouvre, on ouvre la machine dans un but extrêmement <ultime...
Mme Gibeault (Nicole) :
On
ouvre, on ouvre la machine dans un but extrêmement >ultime, c'est-à-dire
de retrouver les personnes disparues, que ce soit un enfant, que ce soit un
adulte, que ce soit une personne avec des problèmes cognitifs. On peut penser aux
personnes plus âgées, aux personnes avec Alzheimer. On peut penser aussi aux
jeunes filles, malheureusement extrêmement vulnérables, qui sont prises par des
proxénètes et amenées un peu partout. Il y a plein de situations.
L'agir rapide, avec un projet de loi qui
va encadrer puis qui va faire en sorte que le tribunal... Et là c'est quelque
chose que je connais plus, c'est probablement la raison pour laquelle on a
divisé un petit peu nos... notre présentation comme ça à vous. C'est que la Cour
du Québec pourrait, sur mandat, une demande de mandat, même les juges de paix
magistrats pourraient autoriser... par télémandat, etc. Puis il y a des
critères, mais les critères sont assez larges. Écoutez, c'est... je ne crois
pas qu'on peut dire qu'avec cette nouvelle loi on l'a limité.
J'ai vu un article qui permettait, à la
toute fin ou dans le cadre de l'autorisation de mandat... parce qu'on sait
combien c'est important, lorsqu'on cogne à une porte et qu'on se fait répondre...
puis ça, je... vous le savez très bien, les policiers le savent : Non,
vous n'avez pas le droit d'entrer, pas de mandat, pas de ci, pas de droit de
ci, et qu'on se retrouve à la cour, et que c'est contesté, puis on perd des
causes. Ce n'est pas ce qu'on veut. Alors, il y a une espèce de clause, je
dirais, large pour dire que, si tout autre motif ou tout autre... Tu sais, on
l'ouvre encore plus large par un non-limitatif, là, à la... dans le projet de
loi comme tel...
Le Président (M.
Bachand) :Merci, Mme Gibeault. Écoutez,
le 10 minutes est passé, mais le... je ne sais pas si M. Matte avait une
présentation à faire aussi, ou on peut aller dans la période d'échange
immédiatement avec la ministre et les membres? Parfait. Alors, M. le ministre,
pour la période d'échange.
M. Bonnardel : Bien, merci,
M. le Président. Mesdames, messieurs, merci d'être là. Vous l'avez mentionné,
ce projet de loi un peu... est un peu le fruit de votre travail des derniers
mois, sinon des dernières années. Je veux vous remercier pour ce que vous avez
fait, pour les recommandations que vous nous avez exposées et données pour
améliorer le travail de la déonto, des policiers, et autres, et répondre aussi
aux plaignants. C'est aussi le travail du Groupe action contre le racisme, qui
a émis aussi des recommandations importantes pour nous. J'ai rencontré, avec
mon collègue responsable de la Lutte contre le racisme, je ne peux pas le
nommer, là, mais mon collègue... on a rencontré plusieurs groupes après les
fêtes qui nous ont fait part aussi...
Puis je veux... je vais peut-être axer
peut-être plus mes questions sur la déonto puis à Mme Jennings. On a voulu
répondre le plus possible aux plaignants ou à l'inquiétude et au peu de
confiance, je vais le dire poliment, au peu de confiance que les plaignants ont
et ont vécu avec la déonto ces dernières années. Puis je me réjouis, là, du
côté prévention, du côté éducation, je pense que c'est ça que vous souhaitiez
aussi, on va y mettre des sommes pour les accompagner, pour mieux faire
connaître leur travail et que la confiance revienne. Puis je ne dis pas que
tout le monde va avoir confiance à 100 %, mais, si on réussit à gagner
quelques points avec ce travail de prévention et d'éducation, on va le gagner.
Puis je voulais vous entendre sur deux
ajouts, deux ajouts, là, qui est la conciliation, qui était obligatoire avant et
qui ne le sera plus, et l'accompagnement. L'accompagnement, c'est une chose
aussi que j'ai entendue maintes et maintes fois, où on me disait :
François, on se sent assez seul, très seul, même, quand on s'en va... on porte
plainte puis on est face à un policier, on est face au syndicat qui
l'accompagne, et... Bon, je pense que... drôle de mot, de trouver un équilibre,
mais de les accompagner, ces plaignants, et aussi de former, du côté de la
déontolo, les personnes qui vont accompagner ces plaignants, un petit
commentaire, peut-être, pour nos... pour notre propre gouverne, de votre part,
là?
Mme Jennings (Marlene) : Je
peux vous dire que moi, personnellement, ayant été commissaire adjointe à la
déontologie policière quand la réforme, en 1990, a été mise sur pied, c'est moi
qui ai élaboré le système de conciliation, c'est moi qui avais mis en place un
système d'accompagnement que la réforme de 2000 a complètement changé.
Donc, je vous donne un exemple. Lorsque la
conciliation se faisait, pendant mes mandats, la personne qui était la
plaignante pouvait être accompagnée par la personne de leur choix. Souvent,
c'était quelqu'un qui représentait un organisme comme... par exemple. Cette représentante
du plaignant, entre guillemets, était dans la salle où la conciliation se
faisait. Le <policier...
Mme Jennings (Marlene) :
Le
>policier pouvait se faire accompagner. Si c'était son... un membre de
son syndicat, tant mieux, si c'était un autre policier également. Et ça a
tellement bien fonctionné que toutes les données que nous avons compilées,
pendant les neuf ans que j'étais commissaire adjointe, démontraient un taux de
réussite de 90 %, alors que votre projet de loi n° 14 revient à ce système.
Je dis bravo et je suis confiante que mes collègues du comité diraient la même
chose. Voilà.
M. Bonnardel : Il y a... il y
en a certains qui ont soulevé une inquiétude sur l'indépendance de ceux qui
vont accompagner ces plaignants versus le travail, là, des... de la commissaire
comme tel. Donc, êtes-vous à la même place, à savoir qu'il devrait y avoir une
ligne ou un mur entre ces personnes qui accompagnent pour assurer leur
indépendance versus le travail, le reste du travail de la commissaire
là-dessus? C'est un peu ce que certains nous ont soulevé. Avez-vous déjà...
Bien, vous me démontrez, là, qu'on réagit, je pense, à une erreur du passé, je
vais le dire ainsi, là, pour être capable de redonner ces éléments de confiance
aux plaignants et de retrouver un certain équilibre. Donc, là-dessus, êtes-vous
à la même place que moi ou de nous?
Mme Jennings (Marlene) : Je
pense, et je... et, si vous me permettez, lorsque... C'est moi qui ai tenu la
très grande majorité des conciliations entre 1990 et 1997, quand j'ai changé de
profession, on le dirait comme ça. Les personnes qui accompagnaient, que ce
soit le représentant du policier ou le représentant du plaignant, n'avaient pas
le droit de parler lors des... lors de la séance, sauf si l'autre partie
donnait son accord. Ça, c'est la première chose.
Deuxièmement, moi, en tant que... C'était
moi, le conciliateur. Il fallait que je sois neutre, donc... et les gens
croyaient que la conciliateur était neutre. Donc, quand le conciliateur pensait :
Oh! peut-être que je devrais avoir un... glisser un petit mot avec le plaignant
et son représentant, on allait dans une autre salle pour garder la
confidentialité. Et là je pouvais me permettre de dire : Je pense que
votre demande est exagérée pour telle et telle raison, donc, si vous êtes
vraiment intéressé à la conciliation, vous allez peut-être moduler votre
demande et même votre ton, etc. Et je faisais la même chose du côté policier.
• (16 heures) •
M. Bonnardel : ...dernière
question, Mme Jennings. Pourquoi c'était important pour vous... C'est la
recommandation n° 3, là, si je ne me trompe pas, là. Pourquoi c'est
important pour vous d'établir des lignes directrices pour mieux accompagner le
travail des policiers en termes de profilage racial? Et c'est une des
recommandations quand même importantes, là, de votre travail, qu'on donne suite
aujourd'hui et qu'on répond aussi à des cas qu'on a entendus, qu'on a vus, qui
ont été d'actualité dans les dernières années, là.
Mme Jennings (Marlene) : Vous
parlez de notre recommandation n° 132 sur le profilage racial?
M. Bonnardel : Oui, d'établir
des lignes directrices sur les interpellations, oui.
Mme Jennings (Marlene) : Oui,
on croit que c'est important, parce que, un, les policiers, pour bien faire
leur travail, ont besoin de preuves, et de données, et de l'information qui est...
qui peut être... à laquelle il peut se fier.
Alors, je vais simplement vous lire un
paragraphe dans notre rapport : «Pour le comité, il est inacceptable que
les populations racisées et autochtones fassent l'objet de surveillance
particulière du simple fait de leurs origines culturelles. Si le renseignement
criminel est une nécessité, et le comité le croit profondément, sa pertinence
est directement liée à la rigueur avec laquelle il est recueilli. Par [conséquence],
aucun service de police au Québec n'a intérêt à baser son travail sur des
informations recueillies sans fondement ou sur la base de facteurs
d'appartenance raciale, ethnique ou religieuse, réelle ou présumée.» Je pense
que ça, ça dit tout. Les policiers veut mener des enquêtes de qualité, il veut
pouvoir se fier sur les renseignements sur lesquels ils font leurs enquêtes, et
le <profilage racial ne permet pas ce genre de garantie...
>
16 h (version révisée)
< Mme Jennings (Marlene) :
...les
policiers veulent mener des enquêtes de qualité. Ils veulent pouvoir se fier
sur les renseignements sur lesquels ils font leurs enquêtes, et le >profilage
racial ne permet pas ce genre de garantie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Bonjour à
vous toutes et toutes. Merci d'être parmi nous aujourd'hui. Je souhaite revenir
sur... Vous avez dit : Il y a 15 des 12... excusez-moi, 12 des 15 recommandations
qui ont été retenues. Et vous avez souligné 103, 105 et 107 qui n'ont pas été
retenues : circonscrire la révision de décisions, délai de prescription,
ainsi que 107, que je suis d'avis... d'avoir des données qui sont plus
catégorisées pour mieux savoir qu'est-ce qui se passe aussi. Ça fait que le
107...
Pourquoi, selon vous, c'était important d'avoir
ces recommandations incluses dans la loi? Puis pensez-vous que nous devons
avoir des amendements pour les inclure?
Mme Jennings (Marlene) : On
croyait que la recommandation 103 était importante parce que nous avons entendu
beaucoup le fait que le droit de demander une révision d'une décision du Commissaire
à la déontologie, de fermer une enquête, par exemple, et fermer le dossier,
était tellement large que ça portait... il n'y avait aucune limite. Ça portait
un fardeau de travail que l'organisme ne pouvait pas répondre de façon
efficace.
Donc, suite aux discussions, tant avec le Commissaire
à la déontologie qu'avec d'autres acteurs dans le milieu, et je parle également
des recherchistes universitaires, etc., nous avons cru bon de circonscrire ce
droit de demande de révision d'une décision du commissaire à deux situations :
première situation, lorsque le commissaire, dans sa décision motivée, a omis de
traiter une ou plusieurs allégations contenues dans la plainte même; deuxième
situation, lorsque le plaignant soulève des faits ou des éléments nouveaux. Et
on croit que ça, c'est tout à fait raisonnable.
Deuxième recommandation, non incluse dans
le projet de loi, c'est la 105, et ça, c'était de remettre la prescription pour
porter une plainte d'un an, actuellement, à deux ans. En le faisant, ça revient
au délai de prescription qui existait dans la première Loi de police, la partie
déontologie, en 1990. Quand ce système a été mis en place, le délai était deux
ans, et on croit qu'un peu comme... Il y a certaines victimes que ça peut leur
prendre du temps avant de se sentir mentalement assez fortes pour traverser
tout le processus. Alors, on a cru que deux ans serait vraiment un délai
raisonnable qui ne mettrait pas un fardeau additionnel sur le commissaire.
Troisième recommandation, la 107, on sait
qu'est-ce qui se passe dans notre société aujourd'hui. Le comité l'a entendu de
la part de plusieurs organismes des droits de la personne, des personnes
vulnérables à cause de leur orientation sexuelle, leur identité ou expression
de genre, etc., et on a cru bon de recommander que, dans le... d'ajouter, à l'article
5 du code de déontologie policière, le motif de l'identité ou de l'expression
du genre à l'énumération des situations ou des actes et des propos injurieux...
de proscrire, tout simplement.
Et, je peux vous dire, le comité
consultatif est très fier du travail que nous avons fait. Notre rapport final,
il n'y a pas un mot dans lequel on changera... Si on était demandé à un autre
mandat, il y a des choses qui ont changé, il y a... depuis deux ans, mais le
rapport final qu'on a soumis, «we stand by it».
Mme Maccarone : Beaucoup de
travail, 138 recommandations, seulement 38 qui ont été retenues dans cette
loi. Ça fait que <je comprends que vous êtes...
Mme Maccarone :
Ça
fait que >je comprends que vous êtes contents, mais est-ce qu'il y a une
certaine déception aussi?
Mme Jennings (Marlene) : Non,
parce que, regardez... Non, mais les recommandations que nous avons faites,
qu'on a su... On savait que le gouvernement ne pouvait pas nécessairement tout
mettre en place d'un même instant. C'est comme bâtir une maison. On ne peut pas
mettre le toit avant de mettre les murs. On ne peut pas mettre les murs avant
de creuser et construire la fondation. Avec ce que le gouvernement a mis dans le
projet de loi n° 14, nous croyons que ça va créer une
bonne fondation pour pouvoir, par la suite, mettre en application nos autres
recommandations.
Mme Maccarone : On a des
attentes pour le futur, message reçu. Pour la conciliation, on a entendu beaucoup
de groupes qui ne sont pas contents avec le fait que c'est obligatoire dans la
loi, puis ils demandent pour l'avoir facultatif. Votre opinion là-dessus?
Mme Jennings (Marlene) : Le
comité ne s'est pas penché sur la nécessité de rendre la conciliation
facultative ou la laisser obligatoire telle quelle. Nous n'avons fait aucune
recommandation sur cela.
Mme Maccarone : Et je sais
que, M. Côté et M. Matte, vous n'avez pas eu l'occasion de partager vos
remarques dans vos 10 minutes. Il me reste quatre minutes. Alors, je vous
cède chacun deux minutes, que M. le Président pourra peut-être gérer pour vous,
si vous gérez... important de partager vos remarques, parce que j'ai hâte de
savoir qu'est-ce que vous étiez pour partager avec les membres de la
commission.
M. Côté (Louis) : Bien, moi,
si vous permettez, je vais vous parler d'abord des interpellations policières. Puis,
vous savez, lorsqu'on a rencontré des groupes racisés, ils nous ont clairement
mentionné qu'ils ne voulaient pas moins de police. Je reprends leurs propres
mots. Ils veulent vivre en sécurité, dans un quartier sécuritaire, et surtout
traités avec respect et dignité, puis, vous savez quoi, ils le méritent. Autre
chose aussi, les policiers avancent eux-mêmes que les relations pourraient être
meilleures avec les groupes racisés.
À une étude qu'a faite l'Université de
Sherbrooke pour nous, 4 000 gestionnaires et policiers ont été interrogés,
15,7 % d'entre eux, par contre, ils ont observé une forme de profilage
lors des arrestations. Vous savez, en plus de ça, d'un autre côté, on se
retrouve dans un cursus où il y a des gens qui disent : On n'en veut pas.
Puis il y a des gens qui disent : Laissez les policiers travailler. Une
grande ville canadienne, vous savez, a mis des contraintes très strictes par
rapport aux interventions policières. Ils sont passés de 200 000
interpellations à presque plus rien. C'est une des villes où, je vous dirais,
on peut même qualifier... les conflits armés sont les plus importants au
Canada.
Donc, on se retrouve dans une situation...
On se retrouve dans... Je vous dirais, c'est une vraie belle complexité à
naviguer entre les gens qui n'en veulent pas et les gens qui en veulent avec le
moins de contraintes possible, puis trouver une façon de faire... Cette loi-là,
je pense, c'est un grand pas dans cette direction-là. En plus, on parle
d'amener des lignes directrices, puis j'ai écouté les autres personnes, dès
qu'ils ont témoigné devant la commission, parler de consultations pour établir
ces lignes-là. On va voir avec le temps, mais, pour conclure, pour laisser la
chance à mon confrère Alexandre, il va falloir aller plus loin, par rapport, je
vous dirais, aux recherches scientifiques, pour aller trouver le comment et le
pourquoi de, je vous dirais, ces craintes, ces méfiances-là, les partenariats
difficiles à établir. La police doit être près de la population et aussi la
population doit être près de la police. Donc, il faut vraiment avoir de
meilleures recherches là-dedans.
Je vais laisser Alexandre...
• (16 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) :OK. M. Matte, vous avez 1 min 30 s.
M. Matte (Alexandre) : Oh! je
vais me dépêcher, merci. Donc, moi, je... particulièrement au niveau du
recrutement du personnel civil en enquête que j'aimerais vous faire part...
De plus en plus, les enquêtes sont
complexes. On parle de beaucoup... de plus en plus de cybercriminalité, et on
s'est montrés d'accord, suite aux représentations qu'on a reçues au comité,
pour promouvoir l'embauche, comme ça s'est fait pour l'UPAC dernièrement... à
l'intérieur des organisations policières, d'arriver à développer l'expertise
pour de la criminalité très pointue, entre autres, comme la cyber, ça prend des
années et ça prend une formation académique antérieure, ce qui n'est pas
toujours possible pour le personnel en place. Si, dans les organisations
policières, le personnel répond aux critères de la nécessité de ces enquêtes-là,
tant mieux, ils pourront le recruter à cet endroit-là, mais c'est pour ça qu'on
s'est montrés favorables à l'embauche de civils pour des enquêtes à caractère
plus pointu. Et une des choses qui... Moi, j'ai été un peu plus de 30 ans dans
la police. Tu sais, la mobilité du <personnel dans la police...
M. Matte (Alexandre) :
Tu
sais, la mobilité du >personnel dans la police, ça change beaucoup. Ça
change beaucoup. Les gens ne restent pas en place très longtemps, et former du
personnel pour des enquêtes très pointues, qui ne va rester en place que
quelques années ou quelques mois, bien, c'est... on repart à zéro, et ça coûte
très cher.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Vous avez
respecté votre temps à la seconde. M. le député de Laurier-Dorion, s'il vous
plaît.
M. Fontecilla : Merci
beaucoup. Bonjour, messieurs dames. J'aimerais, bien, tout d'abord, vous
remercier pour l'énorme travail que vous avez fait avec le comité sur la
réalité policière. Je pense que ça va donner lieu à beaucoup de choses.
Je veux aller tout de suite à une question
sur une de vos recommandations, la 132. Est-ce que vous croyez que votre
recommandation, qui va dans le sens d'interdire explicitement les
interpellations policières des piétons et des passagers des véhicules basées
sur un motif discriminatoire partout au Québec, là, concernant cette
recommandation, est-ce que vous croyez que le projet de loi n° 14
répond adéquatement à cette recommandation-là?
M. Côté (Louis) : Bien, on
dirait que la loi comme telle, qu'est-ce qui est présenté, c'est de donner des
pouvoirs pour, après, faire un règlement. Quand on regarde la façon de faire, c'est
qu'il y aura des lignes directrices. On donne deux mois ou 60 jours, si ma
mémoire est fidèle, puis, à écouter les intervenants qui sont passés...
exigeant une consultation pour s'assurer qu'on en arrive à la même vision des
choses. Puis d'ailleurs, si on rajoute à ça... Je pense, si on réussit ça, ce
serait un grand pas en avant, mais on comprend tout de suite qu'il y aurait un
suivi constant de la situation et il y aura probablement des ajustements à
faire avec le temps. Cette banque... ces données-là vont donner beaucoup d'information,
mais, comme je disais tantôt, il va falloir aller beaucoup plus loin qu'une
simple statistique.
Vous savez, lorsqu'on arrive puis qu'on
dit : Il y a 2,67 chances, pour un homme d'origine arabe, d'être arrêté,
plus qu'un blanc, et quatre fois plus un noir, par contre, d'un autre côté,
dans le côté... on voit que c'est 0,9 pour un Asiatique. Il a moins de chances
de se faire arrêter qu'une personne blanche au Québec. Pourquoi ça arrive? De
la donnée sèche comme ça, c'est toujours intéressant, mais le sujet est
tellement hypersensible qu'il va falloir qu'il soit suivi pendant un certain
temps. Et nous, nous croyons fermement, puis on l'a amené dans d'autres
recommandations dans notre rapport, qu'il doit y avoir vraiment des recherches
plus approfondies parce que c'est trop sensible pour laisser ça uniquement à
une statistique qui dit des chiffres semblables.
Par après, les gens, dans certains cas, en
ont fait un spectacle, et personne ne mérite ce genre de chose. Comme je disais
tantôt, on veut de la sécurité dans un quartier sécuritaire et des bonnes
relations avec la police. Donc, il va falloir continuer non seulement à faire
de la cueillette de données, mais de faire pousser encore ce qu'on appelle la
donnée probante en recherche, là, pousser encore plus loin pour comprendre
pourquoi ces choses-là sont en place, pour mieux saisir l'essence même, pour
mieux agir puis interagir dans l'avenir.
M. Fontecilla : Oui.
Concernant votre recommandation 96, ça suscite beaucoup, beaucoup de débats
dans les auditions : «Accorder uniquement aux personnes directement
impliquées dans un événement le droit de porter plainte en déontologie.»
Historiquement, c'était tout le monde... c'était un régime universel, et là,
maintenant, c'est seulement... vous proposez que ce soient seulement les
personnes directement impliquées, là. On sent qu'il y a comme un rétrécissement
à travers les années, là, du droit de porter plainte. Qu'est-ce qui a motivé
cette décision-là?
M. Côté (Louis) : Je pense, Mme
Jennings l'a soulevé tout à l'heure, par rapport à la quantité de travail,
hein, c'est que... puis, quand vient le temps de faire un suivi, on fait un
suivi à une personne qui n'était pas impliquée et, en même temps, lors de l'enquête,
on finit par identifier les personnes qui l'étaient, on fait le suivi.
Donc, c'était... On ne dit pas que ce n'était
pas fondé dans certains cas, pas du tout. Ce qu'on dit, c'est que, dans l'ordre
actuel des choses, ça nécessitait un travail colossal et puis ça faisait en
sorte que les ressources n'étaient pas toujours appliquées au bon endroit.
Donc, ce qu'on voulait, c'est une gestion plus fluide, mais, en même temps,
avoir l'opportunité de recevoir toutes les plaintes puis de les traiter. Marlene
en a parlé tantôt, elle pourra préciser encore plus, là, mais c'est des
discussions qu'on avait à l'intérieur du comité, là, tout au long de notre
réflexion.
Le Président (M.
Bachand) :OK. Rapidement, Mme Jennings, s'il
vous plaît.
Mme Jennings (Marlene) : Très
rapidement, le monde a changé beaucoup... des années 90. On a le phénomène des
réseaux sociaux. Ce qui arrive, c'est que... La réalité, c'est que des
personnes qui n'ont pas été impliquées ne sont pas des présumées victimes d'un
acte, une violation, voient quelque chose sur les réseaux sociaux et portent
plainte, actuellement. Nous, après toutes les consultations, on a cru bon de
séparer ça. La plainte, c'est le droit de la présumée <victime, point à
la ligne. Toute tierce personne peut signaler...
Mme Jennings (Marlene) :
...de
la présumée >victime, point à la ligne. Toute tierce personne peut
signaler ses préoccupations relativement à un incident ou une intervention, et
le commissaire sera habilité à faire des vérifications.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je dois céder
la parole à Mme la députée de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Jennings (Marlene) : Parfait.
Mme Nichols : Oui, merci.
Merci. Bravo! C'est un travail très exhaustif que vous avez fait. Entre autres,
là, le rapport, là, c'est beaucoup d'heures de travail. Merci pour certains
éclairages.
Une petite question sur les lignes
directrices. Je l'ai déjà dit, je ne sais pas si vous avez écouté, là, les
groupes précédemment, mais l'importance, selon moi, que les forces de l'ordre
soient indépendantes... Je suis préoccupée un peu par le fait que le ministre
va pouvoir établir des lignes directrices par règlement. Peut-être, là, il y a
une juriste, là... Le fait que ça soit par règlement, est-ce qu'il y a une
problématique? Puis il va y avoir quelque chose de plus complexe quand on va
arriver à l'interprétation, mais, du fait que les lignes directrices vont
pouvoir porter sur l'activité policière, ou sur la formation, ou sur comment
faire les choses, est-ce qu'il n'y a pas des limites qu'on devrait... ou est-ce
qu'on ne devrait pas encadrer les lignes directrices?
M. Matte (Alexandre) : Le
problème, actuellement, c'est qu'il n'existe pas de ligne directrice. Il
n'existe pas de loi formelle qui limite les barrières entre le politique et la
police, et ce qu'on a recommandé, c'est que cette barrière-là soit inscrite
pour permettre aux policiers de faire leur travail au niveau des enquêtes et
des opérations.
Maintenant, la ligne directrice, bon, tout
dépendant, comme vous l'avez mentionné, de son contenu, bien, il faut
absolument garder l'indépendance des policiers par rapport aux enquêtes et aux
opérations policières, tout en étant conscient que le monde politique a besoin
de donner des orientations aux services de police, ils travaillent avec des
budgets, ils travaillent avec les ressources humaines, etc., mais ça va prendre
une barrière qui n'existe pas actuellement.
Mme Nichols : Merci. Mon
autre question, bien, à la lumière, là, des représentations que vous avez
faites, du rapport, est-ce qu'on doit comprendre, entre autres, que... ou
est-ce que, vous, vous comprenez que le projet de loi n° 14, là, va faire une
grosse différence pour répondre à la lutte, entre autres, sur la violence
armée, à la... pour contrer le racisme?
M. Côté (Louis) : Vous savez,
on le disait tantôt, hein, vous avez une décision à prendre, au niveau de la
loi, comme législateurs, où on place le cursus par rapport aux demandes d'un
par rapport à l'autre, est-ce qu'on ne veut vraiment plus aucune interpellation
ou est-ce qu'on veut qu'elles soient encadrées, parce qu'à un moment donné... La
problématique, on la connaît, présentement. Est-ce qu'on peut accepter la
situation présente, sur le territoire du Québec, par rapport à la violence
armée? Poser la question, c'est y répondre. Est-ce qu'on doit garder
toujours...
Puis, vous savez, en parallèle à votre
question, on voit des études, présentement... qu'il y a du désengagement
policier, OK, des études quand même assez sérieuses, scientifiques. Est-ce
qu'on veut s'assurer que nos policiers aient tout ce qu'il faut pour
travailler? Parce que la pire chose qui peut arriver à un policier, c'est
douter lors d'une intervention. Lorsqu'un policier est appelé, lorsqu'il quitte
l'endroit, la solution doit être à portée. La police n'appelle pas la police, OK?
Donc, il doit avoir les outils en main, dans le respect de tout ce que la
société lui demande, ce que le législateur lui demande, dans le respect des
individus aussi, pour pouvoir faire son travail.
Une des pires choses qui pourrait arriver,
c'est le désengagement, puis, encore pire que ça, la sécurité des citoyens
pourrait être... Comme je disais tantôt, on a... Nous sommes vraiment devant
une super de belle complexité. On a la chance de placer le curseur pour... je
vous dirais, entre ceux qui n'en veulent pas et ceux qui en veulent à peu près
sans contrainte pour faire en sorte que le travail puisse continuer à se faire.
La loi, je pense, dans l'ordre actuel des choses, puis on en a tellement
discuté entre nous, répond, au moment où on se parle, à ça, mais il reste à
voir maintenant quelle sera la ligne directrice, puis les gens ont demandé à être
consultés pour établir ces lignes-là. Bien, je pense que c'est une avenue de
dialogue qui est particulièrement intéressante.
• (16 h 20) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Cela dit, je
vous remercie, tous les quatre, du travail que vous avez fait puis de votre
présence aujourd'hui en commission. Ça a été... On termine avec une bonne gang,
comme on dit. Alors, merci beaucoup.
Mémoires déposés
Alors, cela dit, je procède au dépôt des
mémoires des personnes et organismes qui n'ont pas été entendus lors des
auditions publiques.
Cela dit, la commission, ayant accompli
son mandat, ajourne ses travaux sine die. Et bon congé pascal à tout le monde.
Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 16 h 21)