(Onze heures vingt-quatre minutes)
Le
Président (M. Bachand) : Bonjour, tout le monde. Ayant constaté le quorum,
je déclare la séance de la Commission des institutions ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet loi n° 40, Loi visant
notamment à réformer les cours municipales et à améliorer l'efficacité,
l'accessibilité et la performance du système de justice.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par Mme Grondin
(Argenteuil) et M. Lemieux (Saint-Jean) est remplacé par Mme Gendron
(Châteauguay).
Remarques préliminaires
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Donc, on débute avec
les remarques préliminaires. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui,
bonjour, M. le Président. Bonjour, chers collègues. Écoutez, ça me fait plaisir
d'être présent pour commencer l'étude
détaillée, avec mes collègues de la partie gouvernementale, mes collègues des
oppositions, pour faire en sorte de pouvoir faire progresser le projet
de loi n° 40, M. le Président.
J'ai deux micros, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Vous êtes en stéréo.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
On va être sûrs de capter toutes nos paroles.
Alors,
écoutez, c'est un projet de loi qui est important pour la réforme des cours
municipales. Ça se décline en deux
grands volets, soit une nouvelle structure des cours municipales pour que
celles-ci soient plus agiles, plus efficaces, et un processus plus rapide et plus simple pour faire en sorte que les
citoyens, par le biais de sanctions administratives pécuniaires, puissent avoir une justice qui est
davantage orientée vers leurs besoins, une justice sur rendez-vous, et, en même temps, ça va favoriser l'efficacité du
système de justice en faisant en sorte de libérer des juges à la cour
municipale pour traiter d'autres
types de dossiers. Alors, je pense que j'ai eu amplement l'occasion de le dire
lors de l'adoption de principe, M. le Président, je pense que c'est un projet
de loi qui est important pour les justiciables, un projet de loi qui est
important pour les municipalités, pour les cours municipales également.
Alors, l'objectif, il est toujours le même, au
ministère de la Justice, c'est plus d'efficacité, plus d'accessibilité à la justice, mais surtout plus de performance du
système de la justice. Le système de la justice, c'est un service public,
M. le Président, il doit être... avoir les meilleures pratiques, il doit être
performant et il doit également s'assurer de pouvoir
s'attaquer aux délais judiciaires tout en faisant en sorte que les droits des
citoyens soient garantis. Mais on doit changer nos façons de faire, on
doit améliorer la recette. Et ça fait des années et des années qu'on parle
toujours des mêmes problèmes du système de justice, il est temps de changer des
choses, puis c'est ce qu'on fait, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Bachand) : Merci. M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. André Albert
Morin
M. Morin : Merci.
Merci, M. le Président. Bonjour, content de vous retrouver, M. le ministre,
collègues de la banquette
gouvernementale, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, Mme la députée de Vaudreuil. Alors,
ça me fait plaisir d'étudier, de
regarder, de commenter et surtout d'avoir beaucoup de questions à poser pour M.
le ministre dans le cadre de ce projet de loi qui vise à réformer le
système de justice des cours municipales.
Je vous dirai d'emblée, évidemment, on ne peut
pas être contre l'efficacité, l'accessibilité et la performance du système de
justice, mais, comme je l'ai dit, en fait, en détail, hier, M. le Président,
lors de l'adoption de principe, il y a quand
même dans ce projet de loi plusieurs dispositions qui soulèvent beaucoup de
questions. C'est d'ailleurs la raison
pour laquelle on vient de voter, au salon bleu, contre le principe. Et donc on
aura, au fur et à mesure, ma collègue et moi, pendant qu'on va étudier
le projet de loi article par article, des questions à poser à M. le ministre.
Vous savez,
l'accessibilité, c'est hyperimportant, l'efficacité également, mais ça ne peut
pas se faire n'importe comment. Et un des éléments que j'ai soulevés, et
d'ailleurs ce n'est pas juste moi qui le soulève, là, ça a été soulevé par plusieurs groupes
pendant qu'on a entendu les différentes associations et personnes qui sont
venues en commission, il y a des
inquiétudes sérieuses en ce qui a trait à la protection de l'indépendance
judiciaire, et, je le répète, l'indépendance judiciaire, ce n'est pas
pour les juges, c'est pour les citoyens puis les citoyennes, pour s'assurer
que, quand ils auront accès, quand ils
voudront ou bien débuter un litige ou bien être amenés à la cour parce qu'ils
veulent contester, par exemple, une infraction pénale, ils seront
entendus par un acteur qui est totalement indépendant, notamment des
municipalités.
Donc, ça, évidemment, on va y veiller au fur et
à mesure qu'on va étudier les différentes dispositions du projet de loi. On aura aussi des questions à poser
à M. le ministre en ce qui a trait aux différentes répartitions des entités
ou de la superficie géographique de la nouvelle cour, tel que c'est proposé
dans le projet de loi.
On aura aussi plusieurs questions en ce qui a
trait au rôle des poursuivants et à leur indépendance. Donc, ça aussi, dans un système de justice efficace pour
l'ensemble des citoyens, il faut non seulement que le magistrat soit indépendant et impartial, mais il faut aussi que
le procureur soit indépendant et qu'il s'assure... et qu'il puisse, évidemment,
agir tout en respectant les directives du Directeur des poursuites criminelles et pénales. Donc, ça, également, on va y veiller.
Le projet de
loi amène une procédure que je qualifierais d'innovante en ce qui a trait au
traitement de certaines infractions, et, là aussi, on va s'assurer que
tout est fait selon les règles de l'art. On n'est pas contre ce nouveau
système, d'ailleurs, c'est un nouveau système qui existe dans d'autres
provinces, particulièrement en Ontario, mais, encore là, il faut s'assurer que
tout sera fait selon les règles de l'art.
• (11 h 30) •
Donc, autre
élément, aussi, que je souligne, et puis ça, on a posé des questions aux
groupes, puis, je le mentionnais hier,
lors de l'adoption du principe, les consultations ont quand même été faites
d'une façon très rapide, tellement rapide que, malheureusement, il y a
des groupes qui se sont désistés, mais, quand on a posé des questions, et ma
collègue la députée de Westmount—Saint-Louis
a aussi posé des questions à cet effet-là, en ce qui a trait aux coûts puis à l'impact sur les villes, on n'était pas capables
de nous répondre. Donc, écoutez, tu sais, on parle de performance, on parle
d'efficacité, mais, comme parlementaires, on a aussi une imputabilité. Donc, le
fait de présenter un projet de loi, puis qu'on
a de la difficulté à évaluer les coûts, puis ce que ça va représenter pour les
municipalités, bien, ça aussi, c'est un drapeau rouge qu'on va lever
puis on va essayer de voir comment ça va être financé puis ce que ça va coûter,
parce que ce sont des fonds et des deniers publics.
Alors, je
conclus mes remarques préliminaires là-dessus. Je
vous dirais qu'il y a des éléments intéressants dans le projet de loi, mais on va avoir beaucoup de questions pour M. le
ministre. Alors, je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le député de
l'Acadie.
Mme la députée de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Marie-Claude
Nichols
Mme Nichols : Merci
beaucoup. Merci, M. le Président. À mon tour de dire qu'on n'est pas contre un
projet de loi pour améliorer... pour améliorer l'efficacité,
l'accessibilité et la performance de nos cours de justice. Au contraire, s'il y en a, souvent, qui sont sur la première
ligne ou qui ont les commentaires, les citoyens qui ne sont pas nécessairement
contents, bien, c'est nous. Donc, bien contente de pouvoir participer à ce
projet de loi là.
J'en profite
d'emblée pour remercier, là, les personnes qui ont participé à la commission,
qui nous ont envoyé des mémoires, des
commentaires, qui nous ont écrit. C'est important. Je veux, entre autres... je
veux, entre autres, remercier... J'ai bien aimé la présentation... puis
là je ne veux pas faire de favoritisme, là, mais, entre autres, les greffières,
là, l'association des greffières, qui sont
venues. J'ai trouvé intéressant l'aspect qu'ils ont apporté, un aspect, je
dirais, un peu plus terrain, puis je
reconnaissais beaucoup de leurs commentaires dans les commentaires qui sont
apportés par nos citoyens. Donc, j'ai
trouvé ça... en fait, j'ai été sensibilisée par leurs propos. Puis, dans leurs
commentaires... dans leur présentation, j'ai pris beaucoup de notes,
puis il y a... une des notes que je trouvais important, peut-être, de rappeler
puis que... sur laquelle que je trouve important qu'on pourrait peut-être
travailler, entre autres en apportant certains amendements, certaines... en tout cas, il y aura des... il y
aura certainement des discussions, mais eux, ils disaient, entre autres, que
leur champ d'expertise en matière
statutaire est indéniable. Je le crois... je le crois aussi. Puis ils
soumettaient, entre autres, que, pour réduire la pression dans les
palais de justice, ce serait important d'amener toutes les infractions
statutaires dans les cours municipales,
incluant les routes numérotées, les constats d'infraction délivrés via les
photoradars ainsi qu'en matière de
lois provinciales, les lois sur la faune, les lois sur la Régie des alcools.
J'ai trouvé ça intéressant, leurs commentaires puis leur vision, puis je
trouve ça important de... que ça fasse partie du coeur des débats à venir.
Il y a...
dans les autres... dans les autres mémoires aussi, là, il y avait des aspects,
évidemment, là, très pertinents sur
lesquels on aura des échanges avec le ministre et avec son équipe. Mais tout ça
pour vous dire que vous pourrez compter, évidemment, sur la grande
collaboration de la députée de Vaudreuil dans l'étude détaillée de ce projet de
loi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
D'autres remarques préliminaires? Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone : Oui. Bien, à
mon tour, M. le Président, de partager mon grand bonheur d'être parmi vous tous et toutes aujourd'hui pour le début de
l'étude détaillée du projet de loi n° 40. Surtout, c'est un grand plaisir
pour moi d'accompagner mon collègue
le député de l'Acadie, qui fait un excellent travail en ce qui concerne l'étude
de ce projet de loi, puis je sais qu'il va aborder
beaucoup d'amendements pour bonifier le projet de loi. Puis la raison que je
le soulève, M. le Président, c'est parce
qu'à chaque fois qu'on dépose un projet de loi, je le dis chaque fois que je
fais des remarques en ce qui concerne
l'adoption du principe de chaque projet de loi que j'ai l'honneur... sur...
pour m'exprimer, c'est parce qu'au moment que c'est déposé, ça
n'appartient plus au gouvernement, mais ça appartient vraiment aux citoyens
puis citoyennes du Québec. Alors, c'est pour ça que j'espère que nous allons
avoir des échanges constructifs puis qu'on
aura l'écoute du gouvernement en ce qui concerne les amendements que nous
allons aborder, qui sont, dans le fond, beaucoup des amendements que
nous avons entendus lors des très courtes auditions.
Seulement
sept groupes ont eu la chance de venir s'exprimer en commission parlementaire.
Je peux même les nommer, écoute, c'est tellement, tellement peu de groupes qui
sont venus. On doit saluer la présence en commission parlementaire, lors des auditions, de la Fédération québécoise des municipalités, l'Union
des municipalités du Québec, l'Association
des greffiers de cours municipales du Québec, ville de Montréal, ville de
Gatineau, l'Association québécoise des
avocats et avocates de la défense et Barreau
du Québec. C'est dommage qu'on n'a pas
eu la chance d'entendre d'autres
groupes, qui ont dû désister pour plusieurs raisons : le manque de temps,
hein, pour se préparer ou consulter leurs propres membres avant de prendre des positions. Alors, j'espère que nous
allons recevoir, à l'intérieur de nos échanges lors de l'étude détaillée de ce projet de loi, des groupes qui vont
alimenter nos échanges, soit d'envoyer des commentaires ou des lettres,
des recommandations, parce que c'est l'étape de la loi où nous devons vraiment
être à l'écoute de la population puis des groupes concernés.
Alors, on a entendu
puis... des commentaires de plusieurs groupes. C'est un projet de loi qui a
besoin d'être bonifié, a besoin d'être
clarifié. On ne peut pas être contre la vertu. Désengorger les cours
municipales, c'est important. Mais,
suite aux consultations, ce que nous avons entendu, c'est qu'il y a de nombreux
points qui restent à éclairer et à préciser.
Alors, encore une
fois, M. le Président, il me fera plaisir de contribuer aux échanges. Le
ministre et tous les autres députés ainsi
que les équipes qui accompagnent le ministre peuvent compter sur ma collaboration
pour essayer de porter la voix des citoyens et citoyennes du Québec et
de s'assurer, comme mon collègue a dit, que l'indépendance judiciaire n'est pas
faite pour les juges, c'est fait pour les citoyens et citoyennes. Alors, merci
beaucoup.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
S'il n'y a pas
d'autres remarques préliminaires, nous sommes aux motions préliminaires. Y
a-t-il des motions préliminaires?
Étude détaillée
S'il n'y a pas de
motion préliminaire, nous débutons donc l'étude du projet de loi article par
article. Alors, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
Oui, M. le Président. Pour la gouverne de nos travaux, on a proposé aux
collègues de fonctionner avec... bien, en
fait, fonctionner par blocs. Donc, nos légistes nous ont suggéré une façon
optimale, donc, avec cinq blocs, on a
partagé ça. Je voudrais savoir, est-ce que mes collègues sont d'accord avec le
fait de fonctionner par blocs en regroupant, là, les articles qui
touchent sensiblement les mêmes sujets?
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de
l'Acadie.
M. Morin :
Alors, nous sommes d'accord, M.
le Président. Évidemment, dans chaque bloc, on ira article par article, mais,
oui, oui, qu'on commence par le bloc 1, ça va.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée de
Vaudreuil, ça va?
Mme Nichols :
...
Le
Président (M. Bachand) : Alors donc, je constate qu'il y a
consentement?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Bachand) : Alors, M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Jolin-Barrette : Oui. M. le Président, je
me questionne, est-ce qu'on vous a transmis cette proposition d'étude
par blocs?
Une voix :
...
M. Jolin-Barrette :
C'est merveilleux!
Le
Président (M. Bachand) : L'efficacité du
secrétariat, vous savez, M. le ministre.
Mme Maccarone : Je veux juste m'assurer
que nous allons étudier le projet de loi paragraphe par paragraphe, alinéa
par alinéa.
Le
Président (M. Bachand) : Oui, parfait,
c'est noté. Il n'y a aucun souci.
Mme Maccarone : Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Alors,
bien, écoutez, le bloc 1, M. le Président, Recommandations du Comité de la
rémunération des juges et réorganisation des cours municipales, donc, on
débuterait par l'article 9, qui touche la Loi sur les tribunaux
judiciaires, donc l'article 9 du projet de loi.
Donc : 9. Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 182, de la partie suivante :
«Partie III.2
«Des juges municipaux
«183. Les
juges municipaux sont nommés par le gouvernement, par commission sous le grand
sceau, durant bonne conduite.
«Les articles 87 à 88.1, 92.1 à 93.1, 95,
113, 118 à 121, 122 à 122.3, 127 et 129 à 134 s'appliquent, en les adaptant, aux juges municipaux et à leur
nomination. Parmi les adaptations, les fonctions dévolues au juge en chef sont
exercées par le juge municipal en chef à l'égard des juges municipaux.
«En outre,
l'article 118 est adapté pour que la référence à l'article 115 soit
remplacée par une référence à l'article 199 à l'égard des juges
municipaux.
«184. Avant
d'entrer en fonction, le juge municipal prête, devant le juge municipal en
chef, le serment prévu à l'annexe II.
«185. Chaque juge a compétence sur tout le
territoire du Québec et pour l'ensemble de la compétence d'une cour municipale,
quelle que soit la cour à laquelle il est principalement affecté.
«Le juge est d'office juge de paix pour
l'application des lois du Parlement du Canada qui lui confèrent compétence.
«186. L'acte de nomination d'un juge détermine
la cour municipale à laquelle il est principalement affecté et le lieu de sa
résidence.
«187. Toute modification à l'acte de nomination
d'un juge municipal quant à la cour municipale à laquelle il est principalement affecté ou quant au lieu de sa
résidence est décidée par le gouvernement, sur recommandation du juge municipal en chef. Le gouvernement ne peut prendre
une telle décision qu'une fois le délai d'appel prévu à l'article 189
expiré ou, s'il y a [eu] un tel appel, que si la recommandation du juge
municipal en chef est confirmée.
«188. Une
recommandation visée à l'article 187 ne peut être formulée que si le juge
visé consent à la modification à son
acte de nomination ou que si le juge municipal en chef considère que les
circonstances l'exigent; dans ce dernier cas, le juge visé doit avoir eu
l'occasion de se faire entendre à ce sujet.
«189.
Lorsqu'il fait une recommandation en vertu de l'article 187, le juge
municipal en chef doit en aviser le juge visé. Celui-ci peut, dans les 15 jours, en appeler au Conseil de la
magistrature, lequel peut alors confirmer ou annuler la recommandation.
«190. Les
juges municipaux sont placés sous l'autorité du juge municipal en chef que le
gouvernement nomme, par commission sous le grand sceau, parmi les juges
municipaux.
«191. Le mandat du juge municipal en chef est de
cinq ans et il ne peut être renouvelé.
«Toutefois, le juge municipal en chef demeure en
fonction malgré l'expiration de son mandat jusqu'à ce qu'il soit remplacé.
«Le juge
municipal en chef a droit, s'il a exercé cette fonction pendant au moins cinq
ans, à un congé rémunéré consacré à
l'étude, à la recherche ou à toute autre activité de nature juridique
compatible avec la fonction judiciaire. Ce congé est de trois mois.
«La charge de juge municipal en chef s'ajoute à
la charge de juge puîné qui doit continuer de siéger à la cour municipale à
laquelle il est affecté ou à laquelle il s'assigne.
• (11 h 40) •
«192. Le juge municipal en chef est chargé de la
direction des cours municipales.
«À ce titre,
il a notamment pour fonctions, outre celles qui lui sont conférées par la Loi
sur les cours municipales :
«1° de
coordonner, de répartir et de surveiller le travail des juges dans un souci
d'efficacité et d'assiduité de la justice;
les juges doivent se soumettre à ses ordres et directives, répondre aux
objectifs de performance et aux besoins des municipalités;
«2° de s'assurer de répondre aux besoins des
municipalités lors de l'assignation des juges, de la confection des rôles et de
la fixation des séances;
«3°
d'élaborer, en concertation avec les juges municipaux, des politiques générales
qui leur sont applicables et de voir au respect de ces politiques;
«4° de voir à l'adoption de règlements nécessaires à l'exercice de la compétence des
cours municipales et d'en surveiller l'application;
«5° de veiller au respect de la déontologie
judiciaire;
«6° de
promouvoir, en collaboration avec le Conseil de la magistrature, le perfectionnement
des juges municipaux;
«7°
d'apporter son soutien aux juges municipaux dans leurs démarches en vue
d'améliorer le fonctionnement des cours municipales.
«193. Aux
fins de la présente partie, le Québec est divisé en quatre régions de
coordination, définies à l'annexe VI.
«Le
ministre [...] peut, par règlement, modifier l'annexe VI.
«Malgré les
dispositions des articles 11 et 17 de la Loi sur les règlements, le
règlement peut être édicté à l'expiration
d'un délai de 15 jours à compter de la publication du projet de règlement
à la Gazette officielle du Québec
ou il entre en vigueur à la date de sa publication à la Gazette officielle
du Québec ou à toute date ultérieure que le règlement indique.
«194. Le
gouvernement, après consultation du juge municipal en chef, désigne, parmi les
juges municipaux, un juge coordonnateur pour chacune des régions de
coordination et détermine la durée du mandat de chacun d'eux.
«Le
mandat d'un juge coordonnateur est d'au plus trois ans et il peut être
renouvelé jusqu'à ce que la durée totale du mandat ait atteint six ans.
«Un
juge coordonnateur demeure en fonction malgré l'expiration de son mandat
jusqu'à ce qu'il soit remplacé ou désigné de nouveau.
«Le gouvernement
désigne parmi les juges coordonnateurs celui qui, en cas d'absence ou
d'empêchement du juge municipal en chef,
exerce les fonctions de ce dernier jusqu'à ce que celui-ci reprenne l'exercice
de ses fonctions ou soit remplacé. Le
juge coordonnateur ainsi désigné assure cette suppléance malgré l'expiration de
son propre mandat.
«Le juge municipal en
chef détermine la cour municipale où chaque juge coordonnateur continue de
siéger. Cette assignation tient compte de la
cour municipale à laquelle il est principalement affecté afin qu'il siège dans
celle-ci ou à proximité de celle-ci,
de façon prioritaire. Elle tient compte également des impératifs d'une bonne
administration de la justice afin que
soient maximisées les périodes durant lesquelles les cours municipales siègent
et elle tient compte d'une gestion efficace des fonds publics.
«195. Les juges
coordonnateurs ont pour fonctions :
«1° de
voir à la distribution des causes et à la fixation des séances de la cour
lorsque plus d'un juge municipal est affecté à la cour municipale;
«2° d'assigner les
juges municipaux à la cour municipale où ils exercent leurs fonctions;
«3° de soutenir le
juge municipal en chef dans l'exercice de ses fonctions;
«4° d'assumer toute
autre fonction que détermine le juge municipal en chef.
«L'assignation des
juges municipaux tient compte de la cour municipale à laquelle ils sont
principalement affectés afin qu'ils siègent
dans celle-ci ou à proximité de celle-ci, de façon prioritaire. Elle tient
compte également des impératifs d'une bonne administration de la justice afin
que soient maximisées les périodes durant lesquelles les cours
municipales siègent et elle tient compte d'une gestion efficace des fonds
publics.
«La
charge de juge coordonnateur s'ajoute à la charge régulière de juge puîné qui
doit continuer de siéger à la cour municipale à laquelle il est assigné.
«196. Les juges
coordonnateurs transmettent au juge municipal en chef, au moins deux fois par
année, un rapport d'activités établi sur une base mensuelle pour chaque région
de coordination et comprenant notamment les renseignements suivants :
«1° le nombre de
jours où il a été tenu séance et le nombre d'heures qui y a été consacré en
moyenne;
«2° le nom du juge
municipal qui a présidé chaque séance;
«3° le nombre de
causes entendues;
«4° l'état des
délais.
«Le juge municipal en
chef transmet sans délai ce rapport au ministre de la Justice.
«197.
Le gouvernement, après consultation du juge municipal en chef, peut désigner,
parmi les juges municipaux, un juge coordonnateur adjoint pour une région
de coordination et déterminer la durée de son mandat.
«Le
mandat d'un juge coordonnateur adjoint est d'au plus trois ans et il peut être
renouvelé jusqu'à ce que la durée totale du mandat ait atteint six ans.
«Les fonctions que le
juge coordonnateur adjoint exerce sont déterminées par le juge municipal en
chef.
«La
charge de juge coordonnateur adjoint s'ajoute à la charge régulière de juge
puîné qui doit continuer de siéger à la cour municipale à laquelle il
est assigné.
«198. En cas
d'absence ou d'empêchement d'un juge coordonnateur ou d'un juge coordonnateur
adjoint, le gouvernement désigne un juge
municipal pour exercer les fonctions de celui qui est absent ou empêché jusqu'à
ce que celui-ci reprenne l'exercice de ses fonctions ou soit remplacé.
«199. Le gouvernement
fixe, par décret, le traitement des juges municipaux, la rémunération
additionnelle attachée à la fonction de juge
municipal en chef, de juge coordonnateur et de juge coordonnateur adjoint et
les avantages sociaux des juges municipaux.
«200.
Le gouvernement ne peut prendre un décret conformément à l'article 199
qu'après que les prescriptions de la partie VI.4 ont été observées.
«Un
tel décret entre en vigueur à la date de sa publication à la Gazette officielle du Québec ou à toute autre date antérieure ou
ultérieure qui y est fixée.
«201. Le juge
municipal désigné pour remplacer le juge municipal en chef, un juge
coordonnateur ou un juge coordonnateur
adjoint, en cas d'absence ou d'empêchement, a droit, pendant qu'il occupe cette
fonction, à la rémunération additionnelle qui y est rattachée.
«202.
Le ministre de la Justice affecte le personnel nécessaire au bureau du juge
municipal en chef et des juges coordonnateurs ou des juges
coordonnateurs adjoints.»
C'est terminé, M. le
Président.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Alors,
l'article 9 introduit une série d'articles, alors on va y aller, les
articles introduits, un à la fois. On adoptera, à ce moment-là, le 9 à la fin.
Donc, on serait maintenant à 183. Je ne
sais pas si, M. le ministre, vous voulez lire tout simplement le
commentaire.
M. Jolin-Barrette : Oui. Le
commentaire : Cet article propose l'application aux juges municipaux des
dispositions s'appliquant déjà aux juges de la Cour du Québec qui traitent
des critères et de la procédure de nomination des juges, des conditions
d'exercice de leur charge et de leurs avantages sociaux.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Donc, interventions sur 183? M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin :
Oui, merci. Merci, M. le
Président. Alors, j'aimerais que M. le ministre nous explique plus à fond quel va être l'impact, et... compte tenu de
l'application des différents articles qui sont énumérés à 183, et qu'est-ce que
ça va faire, exactement.
M. Jolin-Barrette :
Bien, dans le fond, les juges municipaux, la procédure de nomination
demeure la même. Cependant, ce qui arrive, c'est que les juges municipaux,
actuellement, exemple les juges municipaux à titre exclusif, Montréal, Québec, Laval, eux, n'avaient
juridiction que sur le territoire, supposons, Québec-Québec, Montréal-Montréal,
Laval-Laval, ils n'avaient pas de juridiction globale sur l'ensemble du
territoire québécois.
Les
juges municipaux à la séance, eux, ils étaient désignés, ils étaient affectés,
ils étaient nommés pour une cour municipale, et là, de façon
intérimaire, ils pouvaient être affectés également à une autre cour lorsque la
juge en chef adjointe responsable des cours municipales publiait à la Gazette
officielle une assignation intérimaire.
Donc,
je vous donne l'exemple, le juge, supposons, de Mont-Saint-Hilaire, qui était
affecté à la cour municipale de
Mont-Saint-Hilaire, pouvait, s'il y avait des besoins à la cour municipale de
Beloeil, supposons, être assigné à cette cour-là, mais il fallait que la juge en chef fasse en sorte de publier à
la Gazette officielle le fait qu'elle assignait le juge en chef de Saint-Hilaire à la cour municipale de
Beloeil. Désormais, les juges municipaux, donc on transforme tous les juges municipaux à titre exclusif et les juges
municipaux à la séance en juges municipaux, il n'y a plus de distinction,
ils vont avoir compétence sur l'ensemble du
territoire québécois, comme les juges de la Cour du Québec, comme les j.c.q. à la Cour du Québec, donc une juridiction sur
l'ensemble du territoire québécois. Et donc, à ce moment-là, les coordonnateurs
vont pouvoir les assigner dans plusieurs cours municipales, le juge en chef
municipal va pouvoir les assigner dans plusieurs cours municipales en fonction
des besoins.
Donc, on apporte
vraiment une plus grande flexibilité, comme c'est le cas, exemple, quand vous
êtes nommé, supposons, juge de la Cour du
Québec à Longueuil, bien, normalement, la région de coordination, le juge coordonnateur
vous assigne en Montérégie, donc, il y a des besoins à Saint-Hyacinthe, il y a
des besoins à Sorel, il y a des besoins à Saint-Jean-sur-Richelieu, à ce
moment-là le juge organise le travail de ses juges.
Mais
ce qu'on dit dans le projet de loi, parce qu'il faut se rappeler que ce sont
les municipalités qui assument les frais associés aux séances de la cour, donc,
on a indiqué quand même clairement qu'un juge est affecté principalement
à sa cour de sa nomination. Mais notre enjeu qu'on avait, c'est que souvent on
manquait de juges dans certaines cours municipales, donc il fallait que la juge
en chef les affecte d'une façon, parce que le total d'un juge à temps plein, si
je peux dire, à la cour municipale, c'est
250 séances. Il y en a qui les atteignaient, mais, dans certaines
municipalités, ils avaient besoin de 400 séances par année, ça fait
qu'un juge municipal ne suffisait pas à siéger.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
député de l'Acadie.
M. Morin :
Et donc tous ces articles-là ne
visent au fond qu'à faire en sorte que les juges municipaux pourront désormais
être affectés dans les cours municipales sur l'ensemble du territoire
québécois.
M. Jolin-Barrette :
Bien, vous voulez dire, les articles dans 183?
M. Morin :
Oui.
M. Jolin-Barrette :
Bien, 183, c'est le processus de nomination qui s'applique, ça fait que,
exemple, 87 de la Loi sur les tribunaux
judiciaires, c'est ceux qui sont admissibles à être nommés juges, donc :
«Les juges sont nommés parmi les avocats ou les notaires ayant exercé
leur profession pendant au moins 10 ans.
«Peuvent être
considérées les années au cours»... d'expérience... au cours... du Barreau sans
que vous n'ayez été membre.
«87.1.
Toute personne qui se porte candidate à la fonction de juge doit s'engager à
suivre, si elle est nommée, le programme de perfectionnement sur les
réalités relatives à la violence sexuelle et à la violence conjugale...»
«88.
Les juges nommés sont préalablement choisis suivant la procédure de sélection
des personnes aptes à être nommées...»
Ça
fait que c'est tout le processus de nomination. Ça fait que, dans le fond, on
n'a pas reproduit, dans la section Juges municipaux de la Loi sur les
tribunaux judiciaires, toute la même procédure qu'il y a pour j.c.q., les juges
de la Cour du Québec, on fait une mesure de renvoi comme ça.
• (11 h 50) •
M. Morin : Et
je comprends que désormais, quand le projet de loi va être adopté, ça va être
la même procédure qui va s'appliquer pour une personne qui veut
appliquer à une fonction de juge municipal.
M. Jolin-Barrette :
Qu'un juge de la Cour du Québec, oui.
M. Morin : OK. Parfait.
M. Jolin-Barrette : Parce
qu'actuellement, dans la Loi sur les tribunaux judiciaires, il y avait une
distinction à cause notamment d'«à la séance». Ça fait que, par souci de
clarté, vu que, dans la Loi sur les tribunaux judiciaires, on vient créer une
section Juges municipaux au lieu de Juges des cours municipales, donc on change
le vocabulaire, mais la formule de rattachement qu'on fait plutôt que de
reproduire, c'est la même qu'un juge de la Cour de Québec.
M. Morin : Très bien. Ça, c'est
pour les nominations. Donc, tous ces articles-là ne visent que le processus de
nomination.
M. Jolin-Barrette : Bien,
exemple, à 92.1, c'est... à 70 ans, ça, à la Cour du Québec et aux cours
municipales, c'est la retraite obligatoire. Donc, la... En fait, comme juge à
temps plein, il y a, comment je pourrais dire, une tolérance administrative de la part de la cour, une pratique
à la Cour du Québec que les juges suppléants peuvent siéger jusqu'à 75 ans,
mais, dans la loi, c'est 70 ans. Vous ne pouvez plus être un membre
régulier de la cour à partir de 70 ans.
M. Morin : Puis
je comprends que, pour devenir un membre suppléant de la cour, il faut quand
même qu'il y ait une procédure qui soit faite, comme, ce n'est pas
automatique, là.
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est... dans le fond, c'est autorisé par décret du gouvernement. Donc, dans le
fond, de la façon que ça fonctionne, moi, à chaque année, le juge en
chef de la Cour du Québec m'écrit et me dit : Écoutez, j'ai tant de juges qui sont à la retraite... Mais
on s'entend que la retraite n'est pas nécessairement à 70 ans. Un juge qui
prend sa retraite à 58 ans, supposons, bien, dans le fond, il peut
décider de se prévaloir de sa retraite, mais dire : Moi, je veux continuer à donner du temps puis à...
continuer à siéger, mais à titre de juge suppléant. Donc, à chaque année, le
juge en chef nous envoie une liste pour dire... bien, il demande au
gouvernement d'autoriser ces juges à la retraite là à continuer à siéger. La
période, c'est un renouvellement annuel, dans le fond. Puis là ces juges-là,
dans le fond, ils sont payés à la journée, ça fait qu'ils ont leur pension, la
pleine pension plus le salaire du juge, d'un juge régulier, Cour du Québec, donc 310 000 $, divisé
par le nombre de jours siégés, ça fait que, dans le fond, ça revient à peu près
à, quoi, 1 500 $, 2 000 $ par jour, à peu près, de
banc, plus le délibéré en fonction du ratio.
Ça fait que,
exemple, supposons, avec le nouveau ratio, à 1-1, bien, ce que ça fait, c'est
que... bien, c'est un peu plus que
1-1, là, mais... avec l'entente qu'on a signée, mais ce que ça fait, c'est que,
supposons, vous avez une journée où vous siégez, plus la deuxième
journée, qui est le délibéré, ça fait que ça fait 3 000 $, supposons.
M. Morin : D'accord. Et parce
qu'évidemment, quand vous avez mentionné qu'un juge peut partir avant 70 ans, ça dépend, j'imagine, aussi de sa...
de son âge lors de sa nomination, parce qu'il va y avoir un facteur âge puis
années où le juge a siégé, donc il y en a
qui pourraient prendre leur retraite avant 70 ans, mais le maximum, c'est
70 ans.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Automatiquement, à 70 ans, vous êtes mis à la retraite. Pour l'âge à
laquelle vous prenez votre retraite, bien, en fonction du régime de pension des
juges, il y a une formule de calcul en fonction de l'âge puis du nombre d'années de service. Puis, si vous n'atteignez
pas ce montant-là, bien, comme dans tout régime de pension, vous êtes pénalisé
de x % parce que vous n'avez pas atteint, supposons, la pleine rente,
là.
M. Morin : Oui.
D'ailleurs, à ce niveau-là, pour les juges municipaux, parce qu'il y a une
série d'articles, là, si, par exemple,
un juge est nommé à une cour municipale, admettons, à 65 ans, alors, je
comprends qu'avec ces dispositions-là, il va devoir prendre sa retraite
à 70, ça ne va faire que cinq ans où la personne aura siégé.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Morin : Alors, à ce
moment-là, est-ce que, dans ces dispositions-là, vous faites en sorte qu'il
faut quand même qu'il siège un minimum de nombre d'années pour être éligible à
une pension ou si, peu importe le nombre d'années
qu'il siège, il aura un reliquat, évidemment, il ne pourra pas avoir sa pleine
pension, là, mais il aura quand même droit à une pension?
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
vous avez raison, ils ont le droit à une pension. Dans le fond, les règles de
calcul de pension sont fondées sur des calculs, le nombre d'années siégées, le
nombre... l'âge de la personne, pour atteindre
l'âge de la retraite, ça fait qu'il y a un certain nombre d'années. Mais on ne
touche pas au régime de pension puis...
au niveau du calcul. Mais vous vous souvenez, dans l'autre projet de loi qu'on
a fait, par contre, le projet de loi n° 34...
M. Morin : 34, c'en était un,
oui
M. Jolin-Barrette : ...oui,
bon...
M. Morin : On en a fait
plusieurs.
M. Jolin-Barrette : ...on en a fait plusieurs, mais, dans le 34, vous vous souvenez, on a
aboli le régime de retraite... bien, on ne l'a pas aboli, on a
transféré...
M. Morin : On a transféré un
régime de retraite.
M. Jolin-Barrette : ...de
retraite des juges de la cour municipale de Montréal...
M. Morin : Exact.
M. Jolin-Barrette : ...dans
le régime des juges municipaux... des juges Cour du Québec pour l'administration.
Ça fait que, dans le fond, Montréal verse dans la caisse le montant que ça
coûte en pension pour les juges, les juges municipaux.
M. Morin : Oui, ça... oui, ça,
je me souviens très bien, mais... Oui?
M. Jolin-Barrette : Mais on ne
touche pas au régime de retraite dans le cadre du présent projet de loi, là, c'est le même régime de retraite qui concerne les
juges municipaux, qu'ils ont actuellement, à titre exclusif. Parce que
ceux à la séance, ils n'avaient pas de régime de retraite, hein, c'est ça?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Donc, ceux qui étaient à la séance, le régime de retraite... ils n'avaient pas
de régime de retraite parce qu'ils étaient à
la séance. Là, ils vont avoir le même régime de retraite que les juges
municipaux à titre exclusif, donc Montréal, Québec, Laval.
M. Morin : D'accord.
Maintenant, ce que... avec mes questions, ce que je voudrais, en fait, je veux
m'assurer que, par exemple, un juge qui serait nommé, je ne sais pas, moi, à
63, 64, 65 ans ou même à 60, va quand même avoir une pension, c'est-à-dire que, compte tenu de
l'âge où il est nommé, je ne voudrais pas qu'il y ait de plafond qui dise,
par exemple : Il faut que le juge ait siégé au moins 10 ans ou
12 ans.
M. Jolin-Barrette : Non, ce
n'est pas comme ça que c'est calculé, là.
M. Morin : OK. Parfait.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas comme ça que c'est calculé. Puis, tu sais, exemple, quand vous atteignez la
totalité, là... vous me corrigerez si je me trompe, mais, exemple, là, pour le
montant total, supposons, actuellement, avec
un salaire de 310 000 $, un juge qui est nommé aujourd'hui, il a une
pension d'à peu près 200 000 $, 205 000 $ au bout du... de sa carrière, s'il atteint
les années. Puis à la Cour du Québec aussi, ça arrive qu'il y a des juges qui
sont nommés à 60, 61, 62, 63, peu importe l'âge, puis eux aussi, dans le fond,
ils reçoivent la pension en fonction du nombre
d'années siégées, en fonction du calcul du régime de retraite. Donc, si vous
êtes nommé à 69 ans et demi, bien, vous avez juste six mois de
contribution. Puis, dans le fond, la contribution, vous vous souviendrez, on en
a parlé, là, dans le projet loi n° 34, la
contribution des juges sur le fonds de pension est à 9 %. C'est
Mme Vallée qui avait changé, qui avait
fait monter ça. Et ça fait en sorte aussi que c'est pour ça qu'on a changé,
dans le 34, on a créé la fiducie de
régime de retraite parce que la cotisation, à cause du salaire, est trop élevée
par rapport au montant qui peut être cotisé...
M. Morin : Admissible, cotisé,
oui.
M. Jolin-Barrette :
...admissible en fonction des règles fiscales fédérales.
M. Morin : Exact. Tout à fait.
M. Jolin-Barrette : Ça
fait que, dans cet article-là, à 183, vous avez, dans le fond, les congés sans
traitement, l'allocation de dépenses, déplacements, allocation de
déménagement, résidence, fonctions.
M. Morin : OK. Et...
M. Jolin-Barrette : Ça
fait que c'est la... dans le fond, c'est la reproduction de ce que les juges de
la Cour du Québec ont.
M. Morin : D'accord.
Sauf que, pour l'allocation, par exemple, de dépenses de logement, etc., ma
compréhension, et corrigez-moi si je fais erreur, devra être payée par
les villes.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Mais, dans le fond, les cours municipales, les juges municipaux... En
fait, une cour municipale, c'est un service
municipal offert aux citoyens, donc l'agent payeur, ce sont les cours
municipales. Actuellement, de la façon que ça
fonctionnait, exemple, les juges municipaux à la séance, ils envoyaient le
chèque directement, par rapport au nombre de
séances, au juge. Là, pour se garder une distance, notamment pour
l'indépendance judiciaire, ce ne sera
plus la municipalité qui va payer directement le juge, c'est le trésor
québécois qui va payer les juges annuellement et qui va facturer les
municipalités pour le salaire du juge en fonction des... du nombre de séances
faites. Ça fait que, dans le fond, le montant va être séparé par municipalité
en fonction du nombre de séances, donc le coût net, en fonction du nombre de
séances, le salaire des juges.
Ça
fait que, exemple, supposons... je fais un chiffre rond, là, supposons, j'avais
une masse salariale de 1 million pour tous mes juges, puis que j'ai
100 cours municipales, bien... puis qu'en fonction du nombre de séances
qu'ils tiennent dans chacune des
cours municipales... Exemple, la ville de Montréal, eux autres, ils tiennent un
nombre fort important de séances, ça fait que c'est sûr qu'ils vont
assumer les salaires de leurs juges. Mais une cour municipale qui n'aurait pas une cour pleine, une MRC qui a une cour
régionale puis que, je ne sais pas, ils tiennent 50 séances par année, ils
vont être facturés le salaire du juge
en fonction de l'utilisation du juge de 50 séances par année, mais ce ne
sera plus le juge qui va faire sa feuille de temps puis la donner au
greffier de la ville pour dire : Bien, voici ce que vous me devez,
c'est... lui, il va recevoir son salaire
annuel de 260... 250 quelques, on était rendus... 260, ça fait que lui, le
juge, il ne se cassera pas le bicycle, il va être payé, il va recevoir
son argent...
Une voix :
...
M. Jolin-Barrette :
...expression.
Mme Maccarone :
...ce n'est pas tout à fait nouveau, mais j'ai envie de le pratiquer.
Merci. C'est noté.
M. Jolin-Barrette : Ça fait que, c'est ça, il
va être payé puis, dans le fond, il a une exclusivité de fonctions, donc,
son exclusivité de fonctions, il a une exclusivité de traitement.
• (12 heures) •
M. Morin :
Mais le juge, parce que c'est...
en fait, c'est intéressant, ce que vous dites. Si, par exemple, le juge est
assigné dans une localité où il y a une MRC, où, justement, les cours
municipales ont moins de séances, le juge, lui, va avoir le même
traitement, qu'il soit n'importe où au Québec, là, lui, son salaire ne va
pas... ne va pas diminuer, là.
M. Jolin-Barrette :
Non, lui, il est payé à l'année.
M. Morin :
À l'année.
M. Jolin-Barrette :
264 030 $.
M. Morin :
OK. Et donc, pour qu'il siège autant que les autres membres de la cour...
c'est la raison, j'imagine, pour laquelle... en divisant la cour en
différentes régions, le juge coordonnateur va pouvoir l'assigner pour qu'il
remplisse l'ensemble de ses séances, parce que j'imagine que, quand on parle
d'accessibilité puis de performance, on ne
veut pas se ramasser avec des juges, dans certains grands centres, qui vont
siéger tout le temps puis d'autres qui vont siéger moins souvent puis
qui vont recevoir le même salaire.
M. Jolin-Barrette : Exactement, c'est l'objectif, puis, dans
le fond... Exemple, parlons de Montréal,
Montréal, ils
sont en demande, ça fait que, déjà, à Montréal, il y avait des juges municipaux
à la séance qui allaient prêter main-forte à la cour municipale de
Montréal, qui étaient assignés, mais l'inverse ne se faisait pas. Alors,
l'inverse va pouvoir se faire. Exemple, je ne sais pas, il y a un surplus de
dossiers à Longueuil, bien, un juge de Montréal, même s'ils ne sont pas dans la même région de coordination, va
pouvoir être assigné à Longueuil, puis là les deux coordonnateurs vont devoir
se parler parce qu'on va avoir un coordonnateur à Montréal puis un
coordonnateur sur la Rive-Sud, Estrie. Ça fait
que, normalement, le coordonnateur de la Rive-Sud, il va regarder s'il y a un
juge à proximité, mais entre... Puis ça, je fais le commentaire, sur l'intention du législateur, mais ce n'est
pas le ministre qui va décider comment ça s'organise, ça va vraiment
être les juges coordonnateurs. Le juge coordonnateur, s'il y a un manque à
Longueuil, entre déplacer un juge de Sherbrooke ou de Mégantic puis le faire
venir jusqu'à Longueuil pour entendre une séance ou... versus prendre un juge de Montréal qui est à côté, il va
peut-être prendre le juge de Montréal. Il y a une notion de coût, de transport,
d'hébergement, tout ça. C'est pour ça que, dans le projet de loi, il y a la
question de saine gestion des fonds publics aussi. Donc, à l'impossible nul
n'est tenu, mais il y a cette optique-là aussi.
Ça fait que c'est ça
que ça fait, le projet de loi, aussi, ça fait en sorte que, vu qu'on donne la
juridiction sur l'ensemble du territoire québécois, les juges vont pouvoir
siéger partout en fonction des assignations qu'ils vont recevoir par le juge coordonnateur d'une région, puis, entre régions,
les coordonnateurs vont pouvoir se parler pour dire : Bien, j'ai
besoin, j'ai un manque.
M. Morin :
D'accord. Puis évidemment, comme
vous l'avez mentionné, les frais de déplacement, de logement, ça, ça va être à la... c'est les municipalités qui
vont payer, et j'imagine que ça va être la même formule, c'est-à-dire que
c'est le gouvernement du Québec qui va
procéder au remboursement, puis après ça le gouvernement va envoyer, finalement,
la facture aux municipalités.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Et donc ça va être à l'article 44 qu'on va le voir, tantôt, là, donc, les
sommes associées à la rémunération puis aux coûts de tenue d'une séance.
M. Morin :
D'accord. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la
députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui. Deux petites
questions. Quand... je vais donner un exemple, là, quand Vaudreuil-Soulanges
aura besoin, quand la cour municipale aura... n'importe quelle cour municipale
aura besoin de plus de séances, à qui ils vont le demander? C'est le juge régional qui va le demander au juge
coordonnateur, puis le juge coordonnateur va décider de leur donner plus
de séances ou... Comment ça va fonctionner?
M. Jolin-Barrette : Il n'y a pas de juge
régional. Dans le fond, c'est votre juge coordonnateur qui est, supposons...
on divise...
Mme Nichols :
Le juge coordonnateur ou le juge en chef.
M. Jolin-Barrette : Oui. On divise en quatre
régions, puis, dans le fond, le juge coordonnateur, lui, va assigner les juges en fonction des besoins. Puis, tu sais,
dans la mécanique, ce qu'on... dans un souci d'optimisation, là, les juges
vont être nommés à... sont nommés à une cour municipale, exemple... c'est
Vaudreuil ou MRC de...
Mme Nichols :
MRC de Vaudreuil-Soulanges.
M. Jolin-Barrette :
...bon, MRC de Vaudreuil-Soulanges, ça fait que vous avez déjà un juge. Ça
fait que ce qu'on indique dans le projet de loi, c'est que le juge est... où il
est nommé, on dit : Il est affecté à cette cour-là. Ça fait que le décret de nomination du gouvernement,
c'est : Vous êtes assigné à cette cour-là. On veut que le juge affecté à
la cour, donc qui est nommé avec lieu
de résidence à Vaudreuil-Soulanges, ce soit lui qui siège principalement à
cette cour-là parce qu'on ne veut pas commencer à déplacer les juges
partout à chaque deux jours.
C'est
un peu la même chose qu'à la Cour du Québec : quand vous soumettez votre
candidature pour être juge à la Cour du Québec, vous soumettez votre
candidature pour être juge au... dans... pour siéger dans un district
judiciaire, puis vous devez avoir votre
résidence dans le district judiciaire. Ça fait que, exemple, on ouvre un poste
à Longueuil, bien, son lieu de résidence, c'est district de Longueuil, puis son
chef-lieu, pour le juge, son assignation... il part de Longueuil puis il siège principalement à Longueuil. Ça
n'empêche pas que le juge coordonnateur de la Cour du Québec... de l'amener à
Sorel, comme je disais, à Saint-Hyacinthe, à Valleyfield...
Mme Nichols :
Montérégie, oui, Montérégie.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça. Ça fait qu'on fait... on reprend ce même modèle-là de la Cour du
Québec, et le juge, dans le fond... puis,
pour la conception des rôles puis des séances, là, ça, c'est important, ça va
être ce juge-là, quand il est... quand il y a seulement lui d'affecté à
la cour, OK, qui va bâtir le rôle puis le calendrier avec le greffier de la cour municipale. Le juge coordonnateur va
intervenir pour fixer le calendrier quand il y a plus qu'un juge affecté à la
cour municipale, exemple, Longueuil, exemple, Gatineau, exemple, Montréal,
exemple, Québec, exemple, Laval, mais on veut que la connaissance du
terrain... parce que, tu sais, les intervenants sont venus nous le dire aussi,
tu sais, il y a une relation... il y a une justice de proximité, il y a une
relation de proximité, puis la connaissance de la cour, puis c'est... actuellement,
c'est déjà comme ça, tu sais, leur rôle est bâti entre le juge municipal à la
séance, qui est affecté avec le greffier
pour organiser le nombre de séances, mais, quand le juge va avoir atteint son
maximum de séances, à 250 séances, bien, le juge coordonnateur va pouvoir envoyer un autre juge pour
compléter les séances ou, même, le juge coordonnateur va pouvoir décider aussi, dans un souci de...
comment je pourrais dire, parfois ça peut être une bonne chose que le juge, aussi,
siège à plus d'une cour, ça fait qu'ils vont organiser leurs choses avec des
cours municipales à proximité.
Ça fait qu'on
dit : Le juge qui est affecté à la cour, il est affecté principalement,
donc la majorité de son temps, ça va être
dans son lieu de résidence, là, mais ça n'empêche pas le juge coordonnateur de
dire : Écoute, toi, tu es affecté à Laval principalement, mais je
t'envoie à la cour municipale de Saint-Jérôme puis à la cour municipale... je
pense que c'est la cour municipale de la Matawinie, qui est dans le coin du nord.
Ça fait qu'il pourrait l'assigner, lui faire
faire trois cours pour qu'il y ait une certaine rotation de juges, tout en
s'assurant... dans l'objectif d'optimiser les ressources financières
puis de faire en sorte que le juge siège principalement à son lieu
d'assignation... d'affectation.
Mme Nichols :
Moi, je voulais juste m'assurer... Merci pour les explications. Je voulais
aussi m'assurer que, si une cour municipale
a besoin de plus de séances, tu sais, qu'elle n'ait pas à supplier le juge pour
dire : Bien, tu sais, on en a jusque-là, on manque de séances, ça
nous prendrait plus de séances.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça, l'objectif, dans le fond, avec cette mobilité-là, dans le fond,
quand ils ont besoin de plus de séances...
un coup qu'il a atteint son nombre de séances maximal, bien, le fait de
répondre aux besoins, notamment, des municipalités, bien, il faut qu'il
prenne en considération... besoin de plus de séances, mais... c'est la responsabilité du judiciaire, du coordonnateur
puis du juge en chef d'offrir les assignations dans les cours, mais ce n'est pas
l'exécutif qui va ouvrir les séances.
Mme Nichols :
Non, j'ai compris.
M. Jolin-Barrette : Puis
l'autre point aussi, dans le...
Mme Nichols : Puis ça pourrait
être un autre juge qui vienne que ça, si je comprends.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Dans le projet de loi, vous pouvez être affecté... votre lieu de nomination,
là, au départ... Supposons, on a... puis ça arrive, là, on a trois cours
municipales qui ont 50 séances par année chacune, ça va arriver que votre juge va pouvoir être affecté au moment
de la nomination, quand on nomme le juge, à ces trois cours-là. Ça fait
que, exemple, on ouvre un concours de
juge — c'est
déjà le cas, actuellement — on dit : Bien, le juge va être appelé à siéger à la cour municipale de Beloeil, à la cour
municipale de Saint-Hilaire, à la cour municipale de MRC Marguerite-D'Youville, supposons, ça fait que, dès
le départ, il est déjà à trois cours parce qu'ils ont, supposons,
50 séances par année.
Mme Nichols : OK. Est-ce qu'on
sait déjà... parce que, là, il va y avoir des changements, évidemment, mais on sait... est-ce qu'on sait déjà combien de juges
municipaux ça va prendre, ou de... ou, tu sais, est-ce qu'on va travailler avec
ce qu'on a, là, présentement, comme juges, ou est-ce qu'on va devoir... Bien
là, je comprends, là, qu'au niveau de la structure, là, qu'il va y avoir des changements, mais qu'est-ce que ça
va changer? Ça va prendre plus de juges municipaux?
M. Jolin-Barrette : Non, ça ne
prend pas plus de juges municipaux parce qu'en faisant en sorte que les juges
municipaux à la séance soient à temps plein, ça va permettre d'optimiser encore
plus. Puis, déjà, presque tout le monde était... bien, en fait, c'est presque
tous les juges qui atteignaient le maximum des séances, et je pense qu'il y en avait deux ou trois qui n'atteignaient pas,
vous me corrigerez, Me Labrecque, là, ceux qui n'atteignaient pas le nombre
maximal de séances...
Mme Nichols : 250 séances, le
maximum?
M. Jolin-Barrette : Oui, oui.
Ça fait qu'on est correct en termes de juges par rapport aux besoins. Puis,
dans certaines situations aussi, tu sais, la flexibilité n'était pas là, ça
fait que, là, il va y avoir davantage de flexibilité pour organiser les rôles,
organiser les façons de fonctionner.
Mme Nichols : Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Autres interventions sur
183?
Alors, on poursuit. 184, M. le ministre.
• (12 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Peut-être
juste une précision, là. Tu sais, normalement, les juges font 250 séances,
c'est la moyenne, mais lorsque vous êtes...
Mme Nichols : C'est le maximum
ou c'est la moyenne?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'est la
moyenne, c'est la moyenne.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est ça. Dans le fond, à la séance... Actuellement, dans le régime actuel, à
la séance, le maximum de séances, c'est 250 séances, puis ça donne
260 000 $, parce que le 260 000 $, il est divisé en
250 séances. Par contre, quand
vous êtes un juge à titre exclusif, supposons, comme à la ville de Montréal, on
ne peut pas le calculer comme ça. Ça
fait que, tu sais, à la ville de Montréal, ça se peut qu'il y en ait qui
siègent plus que 250 séances, mais, eux, c'est en fonction de leur
organisation interne du travail à la cour municipale parce que tous les juges
de la cour municipale de Montréal sont à
titre exclusif, ça fait que ce n'est pas calculé, à Montréal, sous forme de
séance, c'est en fonction de leur système d'assignation qu'eux ont. Ça fait
que, quand tout le monde va être à temps plein, bien, c'est le coordonnateur
puis le juge en chef qui vont déterminer, OK, ils vont bâtir leur horaire. Ce
n'est pas bâti sur des séances, ça va être bâti sur comme...
Mme Nichols : L'ensemble.
M. Jolin-Barrette : ...sur
l'ensemble.
Mme Nichols : Mais ça ne change
pas pour Montréal.
M. Jolin-Barrette : Non, ça ne
change pas pour Montréal, mais ça change pour les juges à la séance.
Mme Nichols : Oui,
ça, j'ai compris, que ça changeait pour les juges à la séance, mais que ça ne
changeait pas pour les juges pour Montréal.
M. Jolin-Barrette : OK.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Alors, je vous rappelle
qu'on peut revenir, au besoin, sur les articles introduits.
M. Jolin-Barrette : Mais on
n'est pas obligés.
Le Président (M.
Bachand) : On n'est pas obligés, mais on
peut le faire. M. le ministre, 184.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Cet article prescrit le serment que le juge municipal prêterait avant d'entrer
en fonction.
M. Morin : Je n'ai pas de
commentaire.
Le Président (M. Bachand) : S'il n'y a pas d'intervention, on continue. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : 185. Cet
article confère à tous les juges municipaux une compétence sur l'ensemble du territoire du Québec, bien que ceux-ci seraient
principalement affectés à une cour ou des cours municipales. L'objectif est de pouvoir assigner ces juges dans les cours
municipales où les besoins se font le plus sentir afin de mieux répondre aux
besoins des municipalités et des justiciables. L'article confère également aux
juges municipaux la compétence du juge
de paix pour l'application des lois fédérales, tel que le prévoit
l'article 44 de la Loi sur les cours municipales, abrogé par le
présent projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions?
M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci. Merci, M. le
Président. J'ai une question pour M. le ministre. Donc, avec cet article-là, je
comprends que le juge de la cour municipale
va donc avoir le statut d'un juge de paix. Donc, il pourra entendre des procès
pour des infractions sommaires, notamment
prévues par la partie XXVII du Code criminel, donc troubler la paix, voie
de fait simple, des infractions en matière
de conduite avec des facultés affaiblies que ce soit par l'alcool ou par la
drogue, mais, si mon souvenir est
bon, les juges municipaux de Québec et de Montréal ont aussi la compétence d'un
juge d'une cour de juridiction criminelle en vertu du Code criminel.
Donc, je comprends que vous voulez leur enlever ça?
M. Jolin-Barrette : Bonne
question. Je vais aller aux renseignements. Sur votre réponse... dans le fond,
sur la question, 44 de la Loi sur les cours
municipales, qui est abrogé : «Le juge est d'office juge de paix dans le
district où est situé le territoire relevant de la compétence de la cour, pour
l'application des lois du Parlement du Canada qui lui confèrent
compétence.» Donc, c'était déjà le cas pour les juges municipaux à la séance,
ils l'avaient déjà. Là, vous, votre question, c'est : Dans le Code
criminel, ça prévoit déjà que les juges municipaux ont compétence en matière
criminelle?
M. Morin : Bien,
c'est-à-dire que, dans le Code criminel, ma compréhension, c'est que, pour la
partie XXVII, qui traite des infractions sommaires, bien, la
personne qui est compétente, c'est un juge de paix. Donc, si...
M. Jolin-Barrette : Mais 44
couvre ça, par exemple, l'ancien 44 couvre ça.
M. Morin : Oui, OK, mais là ça
va être couvert par 185.
M. Jolin-Barrette : Oui, parce
que c'est les lois du Parlement du Canada, le Code criminel réfère à ça.
M. Morin : Exact. Donc, ça,
c'est... Ma compréhension, c'est que ça, c'est la même chose, mais, dans le Code criminel, à l'article 2, dans la définition
d'une cour de juridiction criminelle, on retrouve la cour municipale de Québec
et de Montréal. Donc, eux, ils ont une
compétence plus étendue. Et là je comprends que, ça, vous allez leur enlever
parce que, là, vous ne faites plus
référence à un juge d'une cour de juridiction criminelle, mais uniquement à un
juge de paix.
M. Jolin-Barrette : Bien, je ne
pense pas que ça change le statut parce que le Code criminel vient dire ce que vous dites, là — il faudrait sortir l'article 2 — puis on reprend ce qui est indiqué à la Loi
sur les cours municipales. Donc, on ne touche pas à rien, là,
relativement à la question criminelle, à la partie XXVII.
M. Morin : Non,
ça, la partie XXVII, je comprends que ça va rester pareil, mais je veux
juste... en fait, je veux voir avec vous, au fond, quelle est votre intention
en ce qui a trait à l'article 2 et à la cour municipale de Québec et de
Montréal.
M. Jolin-Barrette : Oui,
ça, ça ne change pas, mais on peut suspendre une minute, puis je vais
consulter, puis vous revenir.
M. Morin :
Oui, bien sûr.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, on va suspendre quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 16)
(Reprise à 12 h 17)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre! La commission
reprend ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, comme je disais, on a fait des vérifications, c'est la même chose
qu'il y avait actuellement. Ça fait que, exemple, quand le gouvernement du
Québec conclut une entente avec une cour
municipale pour traiter de la partie XXVII... exemple, supposons que la
cour municipale de Beloeil voulait faire de la partie XXVII, le juge municipal avait déjà la compétence en vertu
de 44, était déjà un juge d'office, de paix, pour entendre la
partie XXVII en fonction des lois du Parlement du Canada.
Là, on abroge 44 de la Loi sur les cours
municipales pour le mettre dans la Loi sur les tribunaux judiciaires. Ça fait
que c'est un transfert, tout ça, mais on ne touche pas à ce qui existe déjà.
Donc, le Code criminel demeure pour Montréal, Québec, à ce que c'est spécifié,
mais ça demeure le statu quo. Ça fait que, si on fait des ententes avec certaines cours municipales, qu'elles prennent la
partie II, d'office, les juges, lorsqu'ils sont nommés, ils sont juges de
paix et donc peuvent entendre les infractions criminelles.
M. Morin : D'accord.
Et vous avez besoin d'une entente avec la municipalité pour qu'ils entendent
des causes sous la partie XXVII?
M. Jolin-Barrette : Oui, parce
qu'actuellement je n'ai pas de pouvoir habilitant pour leur imposer.
M. Morin : D'accord.
M. Jolin-Barrette : Mais ça
pourrait être une de vos suggestions.
M. Morin : Si on veut être
efficaces. Ceci étant...
M. Jolin-Barrette : Non,
mais vous comprenez que le législateur ne s'est jamais donné ce pouvoir-là de
le faire, mais, si vous me le suggérez, je vais vous écouter.
M. Morin : OK. Maintenant, si
on revient à la cour municipale de Québec et de Montréal et que le statu quo
demeure, donc, vous allez... C'est parce que, là, vous unifiez la cour
municipale, mais, au sein de votre cour, vous allez
avoir des juges qui vont avoir des pouvoirs plus étendus que d'autres. Et, à ce
moment-là, quand ils vont avoir la compétence en vertu de la définition
de l'article 2 du Code criminel, est-ce que c'est parce qu'ils vont être,
dans leur acte de nomination, nommés à
Montréal et Québec? Qu'est-ce qui va arriver d'un juge... Par exemple, un juge coordonnateur, là, dit : Écoutez, à Montréal,
Québec, là, ils ont un surplus de causes, là, ça, ça ne fonctionne pas, donc
je vais envoyer quelqu'un, par exemple, je ne sais pas, moi, de... un juge de
Trois-Rivières à Québec, est-ce qu'à ce moment-là, parce qu'il siège à Québec,
il va avoir la compétence étendue du Code criminel? Puis, si vous voulez désengorger la Cour du Québec, si vous voulez
désengorger la Cour du Québec, est-ce qu'il y a... dans vos négociations
avec les villes, est-ce que vous pourriez également
négocier le fait qu'ils vont devoir entendre des dossiers en vertu de cette
partie-là du Code criminel, qui est la partie XIX, de mémoire, là, si je
ne me trompe pas?
• (12 h 20) •
M. Jolin-Barrette : C'est une
bonne suggestion, que les municipalités aussi contribuent au désengorgement de
la Cour du Québec en chambre criminelle et pénale, alors je retiens votre
suggestion.
Pour ce qui
est du juge lui-même, le juge, avec l'article 185, a sa compétence comme
juge de paix magistrat... comme juge de paix. Donc, lui, à partir du
moment où... supposons qu'il est nommé à Beloeil mais qu'il va siéger à Montréal, il va pouvoir entendre les dossiers en
matière criminelle parce que la compétence le suit, lui, l'individu, de par
la loi, ça fait qu'il est habilité à entendre les dossiers de nature
criminelle.
M. Morin : Oui, mais en tant
que juge de paix. Sauf que la différence pour Montréal et Québec, c'est que le juge qui est nommé là n'a pas uniquement la
compétence d'un juge de paix, il a la compétence d'un juge d'une cour de
juridiction criminelle, qui, elle, est
beaucoup plus étendue. Donc, ces juges-là peuvent entendre des procès,
notamment, par acte criminel, c'est
ma compréhension, et non pas des infractions sommaires, donc ils sont plus que
des juges de paix.
Et là ma question, c'est : Comment, au
niveau de votre cour, ça va s'organiser? Puis allez-vous avoir deux catégories
de juges? Puis est-ce que les municipalités... Parce que c'est vous qui avez
parlé de l'accessibilité puis de la réduction des délais. Dans ces cas-là,
est-ce qu'ils vont en entendre? Parce que c'est sûr que, s'ils se mettent à entendre plusieurs dossiers par acte criminel...
Puis je vous pose la question parce que, dans votre loi, il y a aussi une
section qui traite du nouveau régime des infractions, puis, ça, vous
nous avez dit que ça va dégager du temps de juge. Donc, si ça dégage du temps de juge puis qu'ils sont à
Montréal et à Québec, ma compréhension, c'est qu'ils pourraient entendre
des dossiers par acte criminel, donc qui
pourraient venir de la Cour du Québec, donc désengorger la cour, mais pas s'ils
sont à Trois-Rivières.
M. Jolin-Barrette : Montréal
a toujours entendu... bien, entend des dossiers par voie sommaire. Puis
l'entente qu'on a avec Montréal, par
acte criminel, avec le poursuivant, parce que les ententes qu'on fait, c'est
pour le poursuivant, c'est par voie sommaire. Donc, exemple, à Montréal,
ils ont certaines juridictions, supposons, par voie sommaire sur l'ancien
territoire de la ville de Montréal, mais pas sur l'ensemble du district
judiciaire de Montréal. Donc, il pourrait y
avoir de la marge de manoeuvre, notamment par voie sommaire, à la cour
municipale, de faire plus de sommaire par voie criminelle.
M. Morin : Oui, mais c'est
parce que c'est le poursuivant qui décide si ça va sommaire ou criminel, ce
n'est pas le juge. Donc, quand le
poursuivant a un choix, c'est lui qui fait le choix. Puis pour certains crimes,
il n'y a pas de choix parce que c'est juste par acte criminel. Donc,
moi, je ne parle pas des infractions sommaires, là.
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais, généralement, de la façon que ça fonctionne, exemple, à la cour
municipale de Montréal, les policiers, le SPVM, orientent le dossier. Donc,
généralement, ils l'envoient aux procureurs aux poursuites criminelles et pénales, au palais à Montréal,
quand ils pensent que ça va être un criminel, puis sinon, par voie sommaire,
à la cour municipale de Montréal. Mais il
peut arriver, vous avez raison, que, dans l'éventualité où le procureur regarde
ça, le dossier peut être transféré au
palais de justice, aux procureurs aux poursuites criminelles et pénales, par
acte criminel.
M. Morin : Puis pourquoi ils ne
les font pas la cour municipale? Parce qu'ils peuvent.
M. Jolin-Barrette : Par acte
criminel?
M. Morin : Bien oui.
M. Jolin-Barrette : Bien, il y
a une question d'organisation du système de justice. Tous les actes criminels,
historiquement, ont été faits au palais de justice de Montréal par les
procureurs aux poursuites criminelles et pénales, puis la cour municipale fait des dossiers de poursuite par voie sommaire
en matière... pour le Code criminel. C'est des dossiers, souvent, moins lourds, donc, en termes de justice de
proximité, avec des programmes alternatifs aussi. Je ne pense pas qu'il
y a un grand appétit non plus pour la ville de Montréal de faire des dossiers
par acte criminel.
M. Morin : Puis
pourquoi? Parce que, là, ici, avec le projet de loi, on parle d'accessibilité,
on parle d'efficacité, on parle de performance, puis ça, là, c'est un
domaine où, tu sais, il n'y en a pas, là, d'ingérence de l'exécutif dans le
judiciaire. Tu sais, ils ont la compétence, ça fait que pourquoi ils n'en
feraient pas? Puis ça désengorgerait la Cour du Québec.
M. Jolin-Barrette : Bien, il
n'y a jamais d'ingérence de la part de l'exécutif dans le judiciaire, là,
mais...
M. Morin : Ça, c'est parfait.
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais il y a une question de coût associée à ça aussi. Il y a une question de
coût, parce que les dossiers en
matière d'actes criminels, ce sont des dossiers beaucoup plus lourds. Bien
souvent, ce sont des dossiers où... le coût net de ces dossiers-là est
plus élevé.
Les
municipalités qui assument les coûts de leurs cours municipales n'ont pas
nécessairement un intérêt financier à traiter des dossiers d'actes criminels.
Puis déjà, en matière de poursuites sommaires, c'est des coûts importants
pour les municipalités. Il y a un engagement
de certaines municipalités de le faire pour leurs citoyens, mais c'est des
coûts qui sont importants.
Donc, il faut comprendre, une cour municipale,
normalement... la base d'une cour municipale, c'est de faire appliquer la
réglementation en matière pénale. Donc, en matière pénale, lorsqu'il y a le
produit de l'infraction, il est versé à la
municipalité, donc la cour municipale constitue notamment un poste budgétaire
pour la municipalité. Ça fait que, généralement, les municipalités, ce qu'elles
essaient de faire avec une cour municipale relativement à leurs coûts, c'est
au moins de ne pas être en déficit, parce que les municipalités, sinon, peuvent
décider de dire : Bien, nous... ou les
MRC qui se regroupent avec une cour municipale régionale, elles vont
dire : Bien, écoutez, nous, on n'assume pas ce service-là de proximité aux citoyens, ça... les coûts sont trop
élevés. Et donc, à ce moment-là, quand il n'y a pas de cour municipale,
ça se retrouve au palais de justice québécois du district judiciaire.
Ça fait que,
quand je vous parlais que c'est un service de proximité, les cours municipales,
c'est un service public, puis c'est important de gérer efficacement et
adéquatement les ressources qui y sont consacrées, notamment financières,
dans un souci d'assiduité de la justice puis de la saine gestion des fonds
publics. Il y a ça aussi, parce qu'ultimement le
payeur, c'est le payeur contribuable municipal. Ça fait qu'il y a un objectif
qui est louable dans le fait d'avoir une cour municipale, c'est un
service de proximité aux citoyens, mais il y a des choix budgétaires associés à
ça, puis le pénal, puisque ça constitue des
amendes, ça permet d'assurer le financement de la cour, notamment. Mais, à
partir du moment où vous tombez en
matière criminelle, vous le savez, et ce n'est pas nécessairement... les
sanctions ne sont pas nécessairement des amendes, les sanctions peuvent être de
l'emprisonnement dans la collectivité, des travaux communautaires, des peines
de prison aussi, et là, à ce moment-là, c'est un coût net pour les...
pour le fonctionnement de la cour municipale.
Nous, en tant
qu'État québécois... La justice est une responsabilité étatique, donc, moi...
Au ministère de la Justice, on n'est... je vais vous dire ça en bon
québécois, là, on n'est pas rentables, financièrement. Le poste budgétaire du ministère de la Justice n'est pas autofinancé et
ne constitue pas une rentrée d'argent, c'est un service, dans une démocratie,
qui est important d'être là, d'assumer, mais
c'est un coût net pour tous les citoyens québécois. Ce n'est pas... il n'y a
pas de rentrée d'argent au ministère de la Justice, là. Les timbres
judiciaires ne couvrent pas le 1,3 milliard de dépenses qu'on a pour
offrir des services de justice à la population, mais... Nous, c'est notre rôle,
en tant que gouvernement national, d'avoir
ça, de faire en sorte que les gens puissent accéder à la justice, mais c'est un
service public déficitaire.
M. Morin : Bien, je vous écoute
très attentivement, puis c'est très intéressant, puis là j'ai des questions. Je
ne vois pas ça tout à fait comme vous. Moi,
je pense que, pour un État, un système de justice, ce n'est pas une dépense,
parce qu'avec un système de justice,
éventuellement, l'État va assurer une paix sociale, et ça, ça n'a pas de prix.
Donc, ce n'est pas juste une dépense.
M. Jolin-Barrette : On
peut être sur la sémantique des choses, là, mais... je suis d'accord avec vous
que c'est un investissement pour la société, mais, au plan comptable,
quand vous regardez les livres, là, est-ce que j'ai des rentrées d'argent pour financer le système de justice, est-ce que le
système de justice se finance lui-même? La réponse, c'est non, comme le
système de santé ne se finance pas lui-même, comme le système d'éducation ne se
finance pas lui-même. Mais, comme État, on
décide de consacrer des sommes considérables au système de justice parce que
c'est fondamental que les citoyens puissent avoir justice, mais ce
n'est...
M. Morin : Et là on se rejoint.
M. Jolin-Barrette : ...
ce n'est pas une rentrée d'argent nette, c'est ça que je vous dis. Je vous fais
le parallèle avec... L'État assume ses responsabilités relativement à
ses missions régaliennes, notamment de rendre justice. La question, c'est : Pourquoi est-ce que les
municipalités ne font pas de dossiers par acte criminel? Le coût de dossier par
acte criminel est beaucoup plus
élevé, et ce n'est pas possible de financer la tenue d'une cour municipale par
le biais d'infractions de nature... d'actes criminels.
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : Vous
comprenez?
• (12 h 30) •
M. Morin : Ah! bien ça, ça, je
vous comprends très bien, mais là, la question qui me monte à l'esprit, c'est de dire : Attendez, là, là on est en train de
réformer l'ensemble des cours municipales pour faire en sorte qu'il y ait, sur
tout le territoire québécois, des juges municipaux qui vont rendre justice,
bon, c'est hyperimportant, mais ce qui m'inquiète un peu, par ailleurs, c'est qu'éventuellement... puis on
va le voir, c'est dans le même bloc, le fameux article 192, le juge municipal
en chef doit répondre aux besoins de performance, et aux objectifs de
performance, et aux besoins des municipalités.
Je ne veux pas vous prêter des intentions, M. le
ministre, mais là je vous écoute, puis ça veut-tu dire que, par exemple, une municipalité pourrait dire... je ne
dis pas que ça existe, là, hypothèse, là, mais on est... on travaille
là-dessus, une municipalité pourrait
dire par exemple : Ah! non, non, non, moi, là, des actes criminels, des
infractions sommaires, je n'en veux
pas parce que je n'aurai pas de revenus de ça? Si c'est ça, bien là, là, pour
l'indépendance judiciaire, pour le fonctionnement de la justice puis de
la société en général, ça devient peut-être plus problématique.
M. Jolin-Barrette : Bien non,
parce que cette situation-là, on est déjà dans une situation... puis vous avez
eu les municipalités — puis
je pense que la députée de Vaudreuil est une ancienne élue municipale — ils
ont des budgets à respecter, notamment, alors c'est un choix de la
collectivité locale de dire : Est-ce qu'on a une cour municipale, oui ou
non? Puis vous remarquerez qu'il n'y a pas... il y a, quoi, 1 400
municipalités au Québec environ, il y a 89 cours municipales environ, il n'y a
pas 1 400 cours municipales. Ce n'est pas dans chacune des villes qu'il y
a une cour municipale parce que, les
municipalités, ce qu'elles font, notamment, c'est de se regrouper, souvent,
pour faire en sorte que, bon, ça va
être fait à la MRC pour assumer les coûts de cette justice de proximité là.
Mais il y en a d'autres qui n'ont pas de cour municipale, puis ça s'en
va aux palais de justice québécois.
Alors, il
faut juste comprendre la logique que les municipalités ne sont pas obligées
d'avoir une cour municipale. Et ce
que je vous dis, c'est que... puis là je vous ai posé la question :
Voulez-vous qu'on impose aux municipalités le fait de devoir prendre des
dossiers en matière d'infractions criminelles, qu'ils soient sommaires ou par
acte criminel? Actuellement, ce n'est pas le
cas, qu'ils agissent à titre de poursuivants dans ce type de dossiers là. Notre
souhait, c'est d'avoir des cours
municipales de proximité. Les cours municipales, à la base, elles sont, là,
créées pour traiter les dossiers statutaires, les dossiers des
infractions pénales.
Il y a des cours municipales qui traitent des
infractions criminelles, notamment par voie sommaire, puis c'est une bonne chose, puis elles le font bien,
notamment à Montréal et à Québec, parce qu'il y a un historique de ça. Mais les
municipalités pourraient décider de cesser de faire ce genre de dossiers
là, mais ça leur appartient, ce n'est pas au législateur
québécois à leur dire comment gérer leurs postes budgétaires associés à ça.
Nous, ce sont des partenaires, et on les compense financièrement
relativement aux dossiers en matière criminelle, mais il y a des coûts
importants associés à
ça, à l'infrastructure, aux procureurs, aux greffiers, tout ça. Alors, c'est un
choix des élus municipaux, puis moi, je ne veux pas venir dire aux élus
municipaux quoi faire dans ce domaine-là, ça leur appartient. Mais nous, comme
État, s'il n'y a pas de cour
municipale, on assume le fait, dans nos palais de justice... d'entendre ces
dossiers-là dans nos palais de
justice, justice est rendue. Bien, si c'est plus de services publics pour les
citoyens, on va l'encourager par le biais des municipalités, c'est ce
que je vous dis.
M. Morin : Non, ça, je vous
comprends. Puis je ne vous dis pas que vous devez forcer les municipalités, ce n'est pas mon propos. Mais, quand vous avez parlé
de la réforme des cours municipales, vous avez parlé d'efficacité, de
performance, d'accessibilité, et là, ici, il y a une discussion... en tout cas,
il y a une opportunité à avoir, d'où mon propos.
M. Jolin-Barrette : Dans
le fond, pour les cours municipales de Montréal et Québec, il faut que le
poursuivant, donc le Directeur des poursuites criminelles et pénales, donne son accord à ce qu'il y ait des poursuites
par acte criminel. Malgré le fait qu'au Code criminel ils aient la
juridiction, c'est le poursuivant qui le détermine. Et actuellement le
poursuivant municipal de Montréal, donc, par le biais de Me Gallant, qui
est le Directeur des poursuites pénales et criminelles,
dans le fond, il a uniquement la juridiction en matière de poursuites
criminelles par voie sommaire, parce que c'est l'entente... c'est la
délégation, dans le fond, du pouvoir du poursuivant national, qui est le
Directeur des poursuites criminelles et pénales.
M. Morin : Et c'est la même
chose à Québec?
M. Jolin-Barrette : C'est la
même chose à Québec.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie.
Le Président (M.
Bachand) : Autres interventions sur 185?
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui,
bien, je trouve l'échange très édifiant, ça fait que je veux, premièrement,
remercier le ministre pour ses
explications, parce que j'apprends avec tout le monde ici, en commission. Mais
je veux juste comprendre deux choses,
si j'ai bien suivi. Quand on parle des infractions sommaires, ça peut amener
une amende de 5 000 $, ça fait que ça peut quand même défrayer
les coûts qui vont être engendrés si les cours ont cette possibilité, n'est-ce
pas?
M. Jolin-Barrette : Oui,
sauf que le juge, là... puis ça... votre commentaire est intéressant, parce
que le juge, lui, il n'est pas lié par ça puis, quand il rend des sentences, il
ne doit pas se préoccuper de la rentabilité d'une cour municipale. Ce
n'est pas ça qu'il fait, puis ce n'est pas ça qu'ils font, puis ce n'est pas ça
qu'ils vont faire. Dans le fond, il rend la sentence
en fonction de la gravité du crime, du dossier qu'il a devant lui, des parties
qu'il a devant lui. Mais, oui, c'est vrai,
parfois ils peuvent être condamnés à une amende, comme ils peuvent être
condamnés avec prison avec sursis, ou il peut être condamné à la
détention.
Mme Maccarone : Ou les deux. Il
peut avoir les deux, n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : Il peut
avoir les deux, travaux communautaires, tout ça, mais ce n'est pas... ce n'est
pas l'exécutif ou l'exécutif municipal qui
va venir le dire : Vous devez imposer des amendes plutôt que de
l'emprisonnement. Le juge doit imposer la peine qu'il croit la plus
adéquate pour le contrevenant.
Mme Maccarone : Puis, quand
vous avez dit que, bien, dans le fond, ça amène quand même une lourdeur fiscale pour les municipalités, c'est qui qui
subventionne, juste par curiosité? Parce que tout ce qui est criminel... Parce
que, c'est vrai, des fois ça n'engendre pas
des amendes, mettons, quand on parle des meurtres, par exemple. C'est qui qui défraie le coût? Parce que c'est un coût pour
le citoyen. Ça, c'est subventionné par nos impôts provincials, par le fédéral? C'est-tu
les municipalités qui paient pour ça, avec les...
M. Jolin-Barrette : ...la tenue
d'une cour municipale?
Mme Maccarone : Oui.
M. Jolin-Barrette : La tenue
d'une cour municipale, c'est les municipalités.
Mme Maccarone : Même quand
c'est criminel?
M. Jolin-Barrette : Quand c'est
criminel, on a des ententes avec... dans certaines situations, avec certaines
municipalités.
Mme Maccarone : Ça fait que
c'est le provincial qui subventionne.
M. Jolin-Barrette : Pas dans...
pas pour tous les types d'infractions.
Mme Maccarone :
Par exemple?
M. Jolin-Barrette :
Je vous donne un exemple. Exemple, à Montréal, on a une...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Donc, le principe de
base, c'est que, lorsqu'ils se prévoient de la partie XXVII puis qu'on
a une entente avec eux ils vont traiter la juridiction au criminel.
Mme Maccarone :
Désolée, moi, je ne sais pas c'est quoi, la partie XXVII.
M. Jolin-Barrette :
C'est les infractions sommaires, c'est les infractions sommaires. Ça fait
que... Exemple, à Blainville. À Blainville, on a une entente avec eux autres,
ils peuvent faire des poursuites par voie sommaire. Par contre, il n'y a pas de subvention québécoise du gouvernement du Québec
pour faire ça. C'est la ville qui assume qu'on va offrir un service de justice de proximité pour la partie XXVII,
pour faire ce type de dossier là. Un coup que la personne...
Le
produit de la sentence, si elle est financière, c'est la ville qui la conserve.
Mais à cause de ce que je vous ai expliqué
tantôt, le juge, en matière criminelle, il peut condamner à une amende, mais il
peut condamner à autre chose. Ça fait que, généralement, une cour
criminelle, ce n'est pas rentable financièrement par rapport au coût que vous investissez pour ce service public là, par rapport
au produit que vous récupérez par rapport aux amendes. Ce n'est pas comme
en matière pénale, où, en matière pénale, toutes les sentences sont
financières.
Là, je fais un
commentaire général, puis là je vois le député de l'Acadie qui me corrigerait
parce que, dans certaines lois pénales, il peut y avoir un emprisonnement, avec
certaines exceptions, alors j'applique cette nuance-là. Je sens que je suis
soumis à un examen de droit criminel, ici, alors je vais apporter toutes les
nuances qu'il faut. D'ailleurs, je tiens, M.
le Président, à dire, on est chanceux d'avoir la compétence puis l'expérience
du député de l'Acadie avec nous en matière... en matière pénale et criminelle.
Alors, ce que je disais, c'est que, c'est ça, en matière pénale, généralement, c'est de l'argent, ultimement, la
peine, ça fait que c'est sûr que, pour la cour municipale, c'est plus rentable.
Mme Maccarone :
Oui, je comprends le principe.
M. Jolin-Barrette : Elle va réussir à faire ses
frais, généralement, versus... ou à arriver égal qu'en matière criminelle, où, en matière criminelle, on ne sait
pas... même si la personne est condamnée, ce ne sera pas nécessairement de
l'argent.
Mme Maccarone : Sauf que les
municipalités ne sont pas carrément toutes seules en ce qui concerne la
subvention de ce service, pour les citoyens, de l'accès à...
M. Jolin-Barrette :
La réponse à cette question-là, c'est : Oui, ils sont seuls.
• (12 h 40) •
Mme Maccarone :
Pour tout ce qui est criminel?
M. Jolin-Barrette :
Lorsqu'elles décident... Mais en fait que ce soit pénal ou criminel, elles
sont seules. Dans le fond, nous, on ne les
paie pas pour faire du criminel. Si elles veulent faire de la juridiction
criminelle, elles peuvent prendre la partie XXVII, généralement.
C'est un...
Mme Maccarone :
Ça fait que c'est les taxes municipales qui subventionnent ça.
M. Jolin-Barrette :
Et les amendes associées à une condamnation.
Mme Maccarone :
Et les amendes. OK, merci.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup...
M. Jolin-Barrette :
Ça fait que, vous comprenez, quand je dis que c'est un choix des élus
locaux, c'est un choix d'offrir à leur population une juridiction en matière
criminelle sur leur territoire.
Mme Maccarone : Mais oui, c'est très
clair, puis je comprends, pour les plus petites municipalités, ce n'est pas une
possibilité, puis je comprends le besoin de se regrouper. C'est plus une
question de comment c'est subventionné quand ce n'est pas en lien avec le
pénal, parce que... Je vous écoute, je trouve les explications très
intéressantes.
M. Jolin-Barrette : Il n'y a pas de
subvention. Puis l'autre aspect, c'est que, quand vous décidez de vous prévaloir
de la juridiction sommaire, vous devez aussi avoir les infrastructures
nécessaires en matière de détention.
Mme Maccarone :
Ah oui, c'est vrai.
M. Jolin-Barrette :
Ça fait que, exemple, vous avez certaines cours municipales au Québec que
la cour municipale se passe dans la salle du conseil municipal, tu sais. On
vire les meubles à l'envers, puis là le... ça peut arriver que le juge occupe le bureau du maire temporairement, puis là,
quand la cour arrive, bien... un peu comme la cour itinérante, puis tout
ça.
Mme Maccarone : Parfait, merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Alors, si ça va, on
continue. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui :
«186. L'acte de nomination d'un juge détermine...»
Ah! excusez,
c'est le commentaire : Cet article prescrit que l'acte de nomination d'un
juge municipal détermine son lieu de résidence de même que la cour
municipale à laquelle il siège principalement.
Le Président (M.
Bachand) : ...Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Comment ça
fonctionne dans... Est-ce qu'il y a une limite de kilométrage quand on parle de régions, de distance de la cour? Mettons, si on
est dans le Grand Nord, puis c'est un... Le collègue qui... il n'est pas
ici avec nous aujourd'hui, ce n'est pas sa commission, mais Ungava, par
exemple, c'est gros, là, comme territoire. Est-ce que c'est encadré?
M. Jolin-Barrette : Mais en
fait, là... Je vous donne un exemple, avec l'exemple québécois des juges de la Cour du Québec. Quand on publie l'avis pour soumettre la candidature à un juge,
exemple, à Longueuil, ça va être... vous m'appelez à siéger au palais de
justice de Longueuil, vous devez siéger dans le district judiciaire de... vous
devez résider dans le district judiciaire de
Longueuil. Donc, c'est résider dans le district ou dans son voisinage immédiat.
Ça fait que, exemple, supposons que
vous êtes juge à Longueuil, vous ne pouvez pas habiter à Québec. Il faut que ce
soit dans le voisinage immédiat.
Mme Maccarone : Je comprends.
M. Jolin-Barrette : Donc,
ça va être la même chose, mais là ça va être à la... dans la ville. Dans le
fond, le lieu de résidence va être défini et la cour municipale. Ça fait que,
exemple, supposons que vous êtes nommé à Saint-Hyacinthe, bien, dans le fond, dans l'acte de nomination, ça
va dire : le juge est nommé à la cour municipale de Sainte-Hyacinthe
et doit résider à Saint-Hyacinthe ou dans... à proximité.
Mme Maccarone : À proximité, ça
veut dire quoi? C'est ça, ça peut être grand, quand on parle d'un grand territoire. Tu sais, on parle des villes qui sont
quand même populées, mais, quand on parle des régions, on a beaucoup moins
de citoyens, puis ça peut engendrer des distances assez importantes de la cour.
Puis là vous parlez de la ville, mais en proximité... en proximité, est-ce que
c'est 100 kilomètres, 150 kilomètres?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
le voisinage immédiat.
Mme Maccarone : C'est
flou un peu, je ne sais pas. Parce que, si le but, ici, c'est de s'assurer de
la saine gestion des fonds, que je salue, je trouve que c'est bien...
C'est juste une question de compréhension.
M. Jolin-Barrette : Mais
généralement le voisinage immédiat, c'est aux alentours. Vous ne pouvez pas
être... habiter à Sherbrooke puis
siéger à Longueuil si votre lieu de résidence est fixé à Longueuil. Mais ça,
c'est un engagement de la part du juge. Il sait, dans ses conditions de
nomination, qu'il doit résider dans le district judiciaire ou dans le voisinage
immédiat. Là, à partir du moment où il est nommé, ça devient une question de
gestion interne de la cour, donc c'est la cour... c'est le juge en chef de la
cour municipale ou le juge en chef de la Cour du Québec qui gère cet élément-là. Le souci que nous avons, notamment,
pour les cours municipales, c'est de faire en sorte que... comme on l'a dit, puis que c'est le cas pour un juge à la Cour du
Québec, c'est qu'il puisse connaître son district, notamment, puis qu'il
réside dans le voisinage immédiat.
Mme Maccarone : OK, merci.
Le Président (M.
Bachand) : Autres interventions? Mme la
députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Est-ce que c'est
un critère d'embauche? Puis je vous donne un exemple, là...
M. Jolin-Barrette : Mais
vous, vous faites référence avant, les municipalités, quand vous étiez obligés
d'habiter dans la ville, oui. Non, mais, dans le fond, tu sais, exemple,
ça arrive que, supposons, dans les... Lorsqu'un candidat à la fonction à la magistrature soumet sa
candidature, exemple, c'est clair dans l'avis de sélection que le juge va
être... son poste va être affecté, supposons, au palais de justice de Montréal,
puis, supposons, il habite à Drummondville, mais au moment de déposer sa
candidature, il est à Drummond, bien, le candidat sait qu'il doit s'engager à
résider dans le voisinage... dans le district judiciaire
de Montréal ou dans le voisinage immédiat. Ça fait
que, par le dépôt de sa candidature, s'il
est nommé par le Conseil des
ministres, bien, il s'engage à, mais
ce n'est pas un critère d'embauche. Mais c'est un... À partir du
moment...
Tu sais, supposons,
quand moi, je fais la recommandation au Conseil des ministres, là il habite à
Drummond, mais il sait que les exigences du poste sont là. Ça fait qu'au moment
de la nomination il habite peut-être encore à Drummond...
bien, il habite fort probablement encore à Drummond, parce qu'il n'a pas
déménagé, à moins qu'il ait la certitude d'être... en tout cas, mais vous
comprenez ce que je veux dire. Après ça, à partir du moment où il est nommé,
bien là, ça devient la responsabilité du juge en chef de faire appliquer ça,
puis là il y a une question d'un frais de remboursement de transport, aussi,
associé à ça.
Mme Nichols :
Bien oui, c'est ça.
M. Jolin-Barrette : C'est pour ça que, dans la Loi sur les cours
municipales, on reprend le modèle des juges de la Cour du Québec pour
dire : Bien, le lieu de la résidence, il est fixé dans la ville ou dans le
voisinage immédiat.
Mme Nichols : ...ce n'est pas discriminatoire?
C'est-à-dire que, si quelqu'un — je
donne un exemple — habite
à Drummondville, mais veut appliquer à Montréal, il peut appliquer à Montréal,
puis on ne pourra pas dire : Bien non, parce que tu n'habites pas à
Montréal ou dans le voisinage immédiat, qui n'est pas nécessairement défini,
là. Ça peut être un voisinage immédiat, Drummondville, là, c'est au coeur du
Québec.
M. Jolin-Barrette :
Non, mais...
Mme Nichols :
Mais, je veux dire, ça ne peut pas être un élément, en disant : Tu ne peux
pas appliquer parce que c'est à Montréal puis tu n'habites pas là? Tu sais,
oui, je fais référence, entre autres, à...
M. Jolin-Barrette :
Non. Bien, prenons un exemple qu'on connaît tous hein?
Mme Nichols :
Il y en a plein, d'exemples qu'on connaît tous.
M. Jolin-Barrette : Un exemple vécu.
Supposons que le ministre de la Justice ouvrait un concours à Sept-Îles, OK?
Mme Nichols :
Oui, je ne voulais pas le donner, mais, si vous en parlez...
M. Jolin-Barrette :
Non, mais ouvrait un concours à Sept-Îles et que le Conseil des ministres
désignerait, pour être nommé juge à Sept-Îles puis résider là-bas, un avocat de
Longueuil, supposons, OK, bien, cette personne-là ne garderait pas son domicile à Longueuil. Mais au moment de soumettre
sa candidature, il travaille à Longueuil comme avocat, il est membre du Barreau
à Longueuil, sa famille est à Longueuil, mais il soumet sa candidature à
Sept-Îles. Ça fait que lui, un coup qu'il
est nommé il ne nolisera pas un avion à chaque matin pour s'en aller siéger à
Sept-Îles puis faire payer la facture
aux contribuables parce qu'il sait que le poste puis le lieu de résidence est
dans le district judiciaire de Mingan, à Sept-Îles, ça fait qu'il va
déménager à Sept-Îles.
Mme Nichols : Ça fait qu'il y aura la
possibilité d'élire un domicile dans un... Tu sais, dans le fond, là, c'est
parce qu'on va... la notion du
domicile, là, elle est importante pour déterminer les frais ou pour déterminer,
tu sais, les coûts reliés aux déplacements, mais...
M. Jolin-Barrette : C'est exactement pour ça
qu'on se colle sur la notion de ce qu'il y a pour les juges de la Cour du
Québec, parce que les municipalités, elles, puisqu'elles paient le kilométrage,
on veut que le juge élise domicile à proximité de la cour municipale à
laquelle il est affecté.
Mme Nichols : Parfait, mais en autant
que ça n'empêche pas quelqu'un qui reste à Vaudreuil de faire application à
Montréal parce qu'il n'est pas dans le même district, il n'est pas dans le...
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme Nichols :
Parfait.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
D'abord, est-ce que ça veut dire que ça prend une précision? Parce que, là,
on parle de plusieurs résidences, ça se peut. Ça fait que... est-ce qu'il faut
que ce soit précisé que c'est une résidence principale? Parce que, si, mettons, dans le cas de Sept-Îles puis Longueuil... Bien,
moi, ma famille va quand même rester à Longueuil, je ne déménage pas mon
conjoint, conjointe et mes enfants, mais je vais quand même tenir une deuxième
résidence, qui est ma résidence secondaire, ce n'est pas ma résidence
principale.
M. Jolin-Barrette :
Bien, ce n'est pas écrit comme ça dans la Loi sur les tribunaux
judiciaires, puis c'est la cour qui le gère.
Mais, si vous êtes juge à Sept-Îles, je pense que vous êtes mieux de déménager
votre famille à Sept-Îles, parce que vous ne la verrez pas souvent, là,
si vous la laissez à Longueuil, là.
Mme Maccarone : Même si c'est
250 séances maximum?
M. Jolin-Barrette : Non,
non. Oui, mais ça, c'est pour les juges à la séance. Là, comme je disais
tantôt, ils sont à temps plein, puis c'est le juge coordonnateur qui va vous
assigner combien de jours.
• (12 h 50) •
Mme Maccarone : Ça fait que, si
je comprends bien, c'est parce que c'est vraiment... Bien, mettons, si on se donne l'exemple de nous, ici, comme élus, on
voyage, des fois, on est ici trois, quatre jours par semaine, mais c'est une résidence
secondaire si on loue quelque chose, mais ce n'est pas ma résidence principale.
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais... oui, oui, je suis d'accord. Mais pour les juges, c'est différent
lorsqu'on parle de résidence. Bien, écoutez,
je ne veux pas rentrer dans la vie personnelle des juges, s'ils veulent avoir
deux maisons, ça leur appartient.
Mais, quand on parle de lieu de résidence à proximité, c'est de là que va être
calculé le kilométrage.
Mme Maccarone : Le kilométrage
chaque fois qu'eux se déplacent pour aller...
M. Jolin-Barrette : Bien,
supposons, là, que vous êtes à... votre poste est à Saint-Hyacinthe, OK, puis
votre lieu de résidence est à Saint-Hyacinthe, puis le juge
coordonnateur vous assigne à Longueuil, OK, bien, ça va être calculé à partir de Saint-Hyacinthe. Mais, si vous
résidiez... dans les faits, vous partez, je ne sais pas, là, de... vous avez un
chalet à Magog, supposons, bien, votre kilométrage ne sera pas calculé à
partir de Magog si vous être assignée à Longueuil, ça va être à partir de votre
point de chute de Saint-Hyacinthe. Tu sais, c'est votre choix, là.
Mme Maccarone : Ça fait qu'il
ne se cassera pas le bicycle, hein?
M. Jolin-Barrette : Il
ne se cassera pas le bicycle. Donc, ça va être à partir de leur... Tu sais, le
kilométrage, là... Dans l'acte de
nomination, on dit : le poste est à Saint-Hyacinthe, le lieu de
résidence, c'est Saint-Hyacinthe, ça fait que son kilométrage va être fixé
à partir de ce lieu de résidence là. On n'a pas besoin de dire si c'est sa
résidence principale ou non. Ce lieu de
résidence là, c'est là. Ça fait que, s'il se bâtit un camp de chasse à
Mégantic, puis il dit : Moi, je pars de là puis je retourne là le
soir pour aller siéger à Longueuil, bien, son kilométrage va être facturé à
partir de Saint-Hyacinthe.
Mme Maccarone : Oh! là, je
comprends. Ça, c'était plus une question de quand on parle de résidence, parce que, on peut imaginer, il y a toutes sortes de
familles, puis, si la décision... bien, c'est quand même... ça ne va pas être ma résidence principale. Dans l'exemple,
peut-être, que vous avez donné, là, je ne connais pas la famille ou la
personne, mais ça peut être que je vais garder quand même une résidence
principale à Longueuil, puis ce serait ma deuxième... résidence secondaire.
M. Jolin-Barrette : Ça
pourrait, mais son kilométrage va être calculé à partir de Sept-Îles, de
Sept-Îles.
Mme Maccarone : De la
proximité, celui qui est le plus proche.
M. Jolin-Barrette : Oui. Puis,
exemple, pour les cours municipales, supposons, dans l'Est du Québec, bien, ils ont des grands territoires aussi, donc ça fait
en sorte qu'il faut savoir d'où il part le juge, tu sais, pour calculer. Ce
n'est pas un point... ce n'est pas un
point mobile. C'est autant de la prévisibilité pour le juge, puis autant de la
prévisibilité aussi pour l'agent payeur, les municipalités.
Mme Maccarone : OK, merci.
M. Jolin-Barrette : Puis
toujours dans une optique d'avoir une saine gestion.
Mme Maccarone : Une saine
gestion de fonds, je comprends.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Alors,
je comprends que, quand, dans l'acte de nomination, il y a le lieu de
résidence, si je comprends bien,
c'est beaucoup plus pour une évaluation de remboursement, éventuellement, de
frais, que de la validité de l'acte de nomination du juge.
M. Jolin-Barrette : Je vous
dirais non, je vous dirais c'est les deux, OK? Le principe que le législateur souhaite, c'est, quand on dit «lieu de résidence»,
que c'est le lieu du domicile, OK? Là, la problématique associée avec ça,
c'est le contrôle associé à ça, puis c'est pour ça que c'est le juge en chef
qui est responsable de ça, parce que, lorsque le Conseil des ministres entérine la
recommandation, le candidat sait que son lieu de résidence doit être tel
endroit, donc c'est son lieu de rattachement. À partir du moment où le
juge est nommé, le conseil ne peut pas intervenir sur... dire : Vous aviez dit que vous alliez résider
à Longueuil, mais vous avez décidé de rester à Saint-Hyacinthe. Mais votre... la conséquence associée à ça, c'est que vous ne
chargerez pas du kilométrage à partir de Saint-Hyacinthe, c'est à
partir de votre lieu de résidence dans le district. Je dis Saint-Hyacinthe,
là, mais ça pourrait être Drummond, puis tout ça.
Mais,
si vous me demandez de quelle façon faites-vous en sorte... pour vous assurer
qu'il siège... bien, qu'il réside, actuellement...
qu'il dorme, supposons, dans le district ou dans le voisinage immédiat, moi, je
n'ai pas ce pouvoir-là, là, puis je ne... C'est la prérogative du juge
en chef de contrôler ça.
M. Morin :
Oui, ça... non, ça, je le comprends.
Une fois qu'il est nommé par le Conseil des ministres, ce n'est pas le Conseil
des ministres, après, qui va commencer à vérifier. Mais je comprends que le
juge en chef, normalement, devrait avoir une responsabilité, parce que ce n'est
pas juste une question de kilométrage. Tu sais, si on veut que des juges demeurent dans un district judiciaire, c'est
pour, aussi, un accès à la justice, puis avoir suffisamment de magistrats
répartis sur le territoire. Je vous donne un exemple, en matière criminelle, si
vous avez un agent de la paix qui a besoin
d'un mandat, puis c'est urgent, bien, il y a le télémandat, là, mais, si on
n'est pas dans les conditions du télémandat, il ne veut quand même pas
faire 300 kilomètres pour aller chercher un mandat, là.
M. Jolin-Barrette :
... mais, je vous donne un autre exemple, il arrive que le juge en chef de la
Cour du Québec m'écrive pour demander au
Conseil des ministres de changer le lieu de résidence d'un juge sous différents
motifs. Parfois, ça peut être des
motifs d'ordre personnel, parce que les circonstances de la vie font en sorte
que... peut-être que vous allez trouver l'amour à la cour.
M. Morin :
Apparemment, ça arrive.
M. Jolin-Barrette :
Ça peut arriver. Donc, dans un souci de favoriser la famille, le ministre
de la Justice est sensible à faire des accommodements pour rassembler les
coeurs.
M. Morin :
Oui, je comprends.
Le
Président (M. Bachand) : ...alors, si ça
va, on continue. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
187, M. le Président : «Toute modification à l'acte de nomination d'un
juge municipal quant à la cour municipale à laquelle il est principalement
affecté ou quant au lieu de sa résidence est décidée par le gouvernement, sur
recommandation du juge municipal en chef. Le gouvernement ne peut prendre une
telle décision qu'une fois le délai d'appel prévu à l'article 189 expiré ou,
s'il y a un tel appel, que si la recommandation du juge municipal en chef est
confirmée.»
Commentaire :
Cet article prescrit la procédure de modification de l'acte de nomination d'un
juge municipal. Il s'agit de la même
procédure que celle prévue à l'article 108 de la Loi sur les tribunaux
judiciaires pour les juges de la Cour du Québec.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions?
M. Morin :
...juste brièvement. On parle du délai d'appel. Je comprends que ça fait
référence à l'article 108 de la Loi sur les tribunaux judiciaires. De quel
délai d'appel, exactement, parle-t-on, ici?
M. Jolin-Barrette :
On va le voir un petit peu plus loin dans les articles, mais, dans le fond,
je vous faisais le parallèle que, parfois,
le juge en chef m'écrit suite à une demande d'un juge pour changer son lieu de
résidence. Là, à ce moment-là, la
demande origine de la part du juge puîné qui veut changer de résidence. Ça fait
que, ça, dans ce cadre-là, il n'y a pas de problématique.
Si
le juge en chef disait : Bien, écoutez, moi, je manque de juges à
Sherbrooke, OK, puis j'ai un surplus de juges à Drummondville ou à
Longueuil, puis je veux affecter... je veux changer le lieu de résidence d'un
juge, je veux le transférer à Sherbrooke parce que les besoins des justiciables
sont à Sherbrooke, on ne peut pas faire ça d'une façon unilatérale; avant
d'adopter le décret, il faut que le juge visé par le transfert puisse être
entendu par le Conseil de la magistrature.
Donc, dans la Loi sur les tribunaux judiciaires, à 108 et suivants, cette
mécanique-là existe pour les juges de
la Cour du Québec. Donc, on fait la même chose pour les juges municipaux parce
que, là, les juges municipaux, ils vont être à titre exclusif puis
compétents sur l'ensemble du territoire. Ça fait que, si jamais, exemple, le
juge était à Saint-Hyacinthe, puis il n'y a plus de volume de dossiers à
Sainte-Hyacinthe, puis maintenant, je ne sais pas, ce serait à la cour municipale de Sherbrooke, justement, bien, ce serait la
même mécanique : si le juge municipal en chef veut le transfert du juge à Sherbrooke, il y a un
délai d'appel; supposons que le juge n'est pas d'accord, bien là, c'est le Conseil
de la magistrature qui l'entend.
M. Morin :
Et, quand on fait une référence
au Conseil de la magistrature pour les juges municipaux ou pour les
juges de la Cour du Québec, ça va être le même Conseil de la magistrature, il
va n'y en avoir qu'un.
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est
le...
M. Morin :
Et la décision du conseil n'est pas appelable.
M. Jolin-Barrette :
Je ne crois pas.
M. Morin :
Bien, je vous pose la question, parce que 15 jours, ce n'est quand même pas
long, là.
M. Jolin-Barrette :
Non, bien, c'est le juge qui doit faire appel à la décision dans les 15
jours.
M. Morin :
Oui. Ah! dans les 15 jours seulement, OK.
M. Jolin-Barrette :
C'est l'article...
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Sur ce, sur ce, on va suspendre les travaux jusqu'à
15 heures. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 13
heures)
(Reprise à 15 h 08)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! Bon après-midi à tout le monde. La Commission des institutions
reprend ses travaux.
Nous poursuivons donc
l'étude détaillée du projet du loi n° 40, Loi visant
notamment à réformer les cours municipales et à améliorer l'efficacité,
l'accessibilité et la performance du système de justice.
Lors
de la suspension de nos travaux, nous étions à l'étude de l'article 187.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur 187?
M. Morin :
187, bien, c'est-à-dire qu'on
s'était laissés, M. le Président, avec une question, à savoir s'il y avait un
appel possible et les délais.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette :
Est-ce qu'il y a un appel possible au code... bien, en fait, au Conseil de
la magistrature?
M. Morin :
Oui, c'est ça.
• (15 h 10) •
M. Jolin-Barrette :
Dans la Loi sur les tribunaux judiciaires, je ne le crois pas, mais on va
me le confirmer. Par contre, j'ai votre
réponse par rapport à l'article 2 du Code criminel sur cour municipale de
Québec et cour municipale de
Montréal. Alors, je me fais le porte-voix, et on me corrigera, de ce que
m'ont... l'on a... ce qu'on m'a dit, je voulais dire «relaté», mais ce qu'on m'a dit. Alors, à l'époque, en Angleterre,
en fonction du type d'infraction, certaines infractions de moindre importance étaient entendues par des...
un seul juge de paix, et parfois, pour les infractions de plus grande importance, elles devaient être entendues par deux
juges de paix en même temps. Alors, je comprends que ça a été incorporé en droit canadien. Et là ce qui demeure à
l'article 2 dans le Code criminel, c'est un reliquat de la compétence qu'il y
avait, à l'époque, de ces villes-là, parce que le Code criminel n'a pas
été amendé, mais, dans le fond, il y a eu une perte de compétence rattachée à
ça parce que la cour, elle est créée... En fait, la cour...
Je
reprends. La ville de Montréal et la ville de Québec ont été créées par des
chartes sous la forme de projets de loi
privés, donc des chartes privées. Lorsqu'il y a eu les fusions municipales, les
chartes, à la fois de la ville de Montréal et de la ville de Québec, qui
prévoyaient la création des cours municipales, ont été abrogées et ont été
remplacées par la Charte de la Ville de
Montréal et la Charte de la Ville de Québec, qui sont des lois publiques de
députés ou du gouvernement. Donc, on a abrogé les anciennes chartes, et
le pouvoir associé à la tenue d'une cour est présent dans les chartes, mais ce
n'est pas défini comme la cour municipale de Montréal. Donc, il y a eu un
rapport au début des années 2000, on me dit le rapport Bellemare, qui
recommandait d'ajuster tout ça. C'est ce qui a été fait. Donc, le pouvoir des cours municipales tire sa source de la
Loi sur les cours municipales, notamment, puis de ce qui est prévu dans leur
charte à eux.
Donc,
le code... le pouvoir du Code criminel rattaché à ça est comme en désuétude. Le
Code criminel n'a pas été adapté en
fonction de ça. Ça fait que ce que je disais tantôt sur la compétence du juge,
elle suit le juge, qui est un juge de paix, puis on n'a pas besoin de deux
juges de paix pour entendre les types d'infractions à ce niveau-là. Puis ce qu'on
me disait aussi, c'est que le poursuivant,
pour pouvoir y aller par acte criminel, il doit avoir l'autorisation du poursuivant
national, le DPCP, donc, à ce moment-là, la
cour ne pourrait pas entendre ça si le poursuivant ne délègue pas son autorité
de le faire. Donc, globalement, l'article 2 est en désuétude, du Code
criminel, en fonction de tout le régime législatif entourant ça. C'est la
réponse.
M. Morin :
Parfait.Merci.
M. Jolin-Barrette : Et,
sur l'article 112 de la Loi sur les tribunaux judiciaires, il n'y a pas
d'appel possible de la part... de la
décision du Conseil de la magistrature. Par contre, en fonction des pouvoirs
inhérents à la Cour supérieure, il y a toujours la possibilité de faire
un pourvoi en contrôle judiciaire.
M. Morin :
D'accord, parfait. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Ça va pour 187?
Alors, merci. On poursuit, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui : «188. Une
recommandation visée à l'article 187 ne peut être formulée que si le juge
visé consent à la modification à son acte de nomination ou que si le juge municipal...»
Excusez-moi, je lis
la disposition, je l'ai déjà lue.
Commentaire :
Cet article précise dans quelles mesures une recommandation peut être formulée.
Il s'agit des mêmes mesures que celles prévues à l'article 110 de la Loi
sur les tribunaux judiciaires pour les juges de la Cour du Québec.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions?
M. Morin :
Parfait. Moi, je n'ai pas d'intervention.
Le
Président (M. Bachand) : S'il n'y a pas
d'intervention, on continue. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
189 : Cet article prescrit qu'un juge municipal qui ne consent pas à
la modification de son acte de nomination pourrait soumettre la question au
Conseil de la magistrature, de la même manière que celle prévue à l'article 112
de la Loi sur les tribunaux judiciaires pour les juges de la Cour du Québec.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Interventions?
S'il n'y a pas
d'intervention, ça va, on continue. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : 190 : Cet article
place les juges municipaux sous la gouverne d'un juge municipal en chef, lequel
serait nommé parmi les juges municipaux.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions? M.
le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin :
Merci, M. le Président. Donc,
comment serait-il nommé, ce juge en chef? Quelle serait la procédure?
M. Jolin-Barrette : Le juge en chef municipal
va être nommé par le Conseil des ministres sur recommandation du
ministre de la Justice.
M. Morin :
D'accord. On aurait un amendement à vous soumettre pour la nomination du
juge en chef.
M. Jolin-Barrette : D'accord. Comme... Vous avez vu probablement que le
Conseil des ministres a désigné, hier, un juge en chef associé, un juge en chef
adjoint à la chambre criminelle et pénale puis un juge en chef adjoint à la
chambre jeunesse.
M. Morin :
Oui, et j'ai lu que, pour la
chambre criminelle et pénale, ce serait M. le juge Marco LaBrie qui a été élu?
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
M. Morin :
Voilà, oui, tout à fait, voilà.
Alors, bien, écoutez, est-ce qu'on peut vous demander une suspension et
puis on va...
Le
Président (M. Bachand) : Oui, bien sûr.
M. Morin :
Parfait.
Le
Président (M. Bachand) : Parfait. On va faire une courte en
suspension. Merci.
M. Morin :
Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15
h 15)
(Reprise à 15 h 22)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission reprend ses travaux.
M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin :
Oui, merci. Merci, M. le Président. Alors, on vous a envoyé l'amendement
qui est proposé. Le but de l'amendement est,
évidemment, de faire preuve de plus d'impartialité et de transparence possible
et d'aider le ministre de la Justice
dans le cadre de ses fonctions quand vient le temps de procéder ou de faire une
recommandation au Conseil des ministres pour la nomination d'un juge en
chef. Alors, ce qu'on propose, c'est que, au fond, ce soit un comité consultatif
composé de magistrats...
Le Président (M. Bachand) : Avant de discuter, est-ce que vous pourriez le lire, l'amendement, s'il
vous plaît? Merci beaucoup.
M. Morin :
Ah! vous avez tellement raison.
Je le voyais au tableau, M. le Président, c'était évident, mais procédons
à la lecture.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
M. Morin :
Merci bien, merci pour le rappel.
Article 9,
donc : L'article 190, tel qu'introduit par l'article 9 du projet de
loi, est modifié :
1° par l'ajout, après
le mot «nomme», des mots «, sur recommandation d'un comité consultatif»;
2° par l'ajout, à la
suite du premier alinéa, de l'alinéa suivant :
«Le
comité consultatif est composé de juges de la Cour supérieure, de la Cour du
Québec et de la Cour d'appel ainsi
que du juge en chef sortant de la Cour municipale du Québec et a pour mission
de solliciter les candidatures, de tenir des entrevues et de recommander
deux candidats.»
L'article modifié 190
se lirait comme suit — ici,
on peut peut-être déplacer le texte, s'il vous plaît, ça va me permettre d'en
compléter la lecture, ou je peux le faire ici :
«190. Les juges
municipaux sont placés sous l'autorité du juge municipal en chef que le
gouvernement nomme, sur recommandation d'un
comité consultatif, par commission sous le grand sceau, parmi les juges
municipaux.
«Le comité
consultatif est composé du juge en chef de la Cour supérieure, de la Cour du
Québec, de la Cour d'appel ainsi que du juge
en chef sortant de la Cour municipale du Québec et a pour mission de solliciter
les candidatures, de tenir des entrevues et de recommander deux
candidats.»
Alors,
comme je le soulignais, M. le Président, donc, dans le but d'aider le ministre
de la Justice et le gouvernement quand vient le temps de procéder à des
nominations très importantes — les nominations à la magistrature le
sont, la nomination d'un juge en chef
également — et puis pour s'assurer, évidemment, de toute
indépendance et d'impartialité, c'est
la recommandation que l'opposition officielle vous fait aujourd'hui et propose
au ministre. Ce n'est pas une procédure qui est lourde ou qui prend du
temps, mais ça permet, évidemment, entièrement de véritablement dépolitiser le
débat.
Et d'ailleurs,
d'ailleurs, il y avait, dans le comité du rapport Bastarache, une
recommandation semblable quant à la nomination, notamment, du juge en chef de
la Cour du Québec. Alors, puisqu'on regarde l'ensemble de la cour municipale et
qu'on est en train d'étudier une loi qui vise à réformer les cours et à
améliorer son efficacité dans le but,
justement, d'aider le gouvernement et d'aider le ministre, c'est l'amendement
que nous proposons, M. le Président. Je vous remercie.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez, je
remercie le député de l'Acadie pour sa proposition. Elle a pour résultante
de faire en sorte que le député de l'Acadie
est cohérent avec lui-même parce qu'il nous avait proposé la même proposition
dans le cadre du projet de loi n° 26, mais
là relativement à la nomination du juge en chef de la Cour du Québec. Alors,
on apprécie sa proposition, mais on n'ira pas de l'avant avec la proposition.
Le Président (M. Bachand) : Interventions? Sur l'amendement, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Bien, c'est sûr, M. le Président, comme vous pouvez imaginer, j'appuie
l'amendement qui est proposé par mon collègue. Je ne suis ni avocate et ni juge
et je n'ai pas cette expérience, mais ce que je suis, c'est une citoyenne du Québec, et, quand on parle de transparence et
indépendance, je vois comment ça, ça peut bonifier le projet de loi. Depuis le début des échanges,
que ce soit ce que nous avons entendu lors des auditions ou bien ce que
nous avons partagé lors de nos remarques pour l'adoption du principe du projet
de loi, on a parlé de l'indépendance. Puis, si je comprends bien... je n'ai pas
lu le rapport du juge Bastarache, mais ce que j'imagine, c'est qu'on cherche de
dépolitiser, comme mon collègue a dit, le choix des juges, chose qui est quand
même importante.
Une voix :
...
Mme Maccarone :
Bien, c'est à mon tour de parler, n'est-ce pas, M. le Président? Oui, voilà.
Le
Président (M. Bachand) : ...vous a interrompu.
Mme Maccarone :
Alors, je dis...
Une voix : ...
Mme Maccarone :
Après, quand j'ai terminé.
Je ne comprends pas pourquoi on ne voterait pas
en faveur d'un tel amendement que, comme je dis, peut juste bonifier, peut juste s'assurer qu'il y a une indépendance en ce
qui concerne la sélection des juges. Si c'est fait par un comité qui est complètement à part, un comité
consultatif, bien, ça peut juste assurer que tous les choix respectent les
choix du public, et non nécessairement d'une
personne, et non d'un conseil des ministres, et non... puis pour éviter que le
ministre de la Justice se trouve dans l'eau chaude, chose qu'on veut surtout
éviter, puis il serait inattaquable parce que ce serait fait par une
recommandation d'un comité consultatif à part.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, à quoi fait référence
la députée de Westmount—Saint-Louis
lorsqu'elle dit «il ne faudrait pas que le ministre se retrouve dans
l'eau chaude»?
Mme Maccarone : Bien,
on veut surtout s'assurer que les recommandations qui seront faites par le
ministre ne sont pas des connaissances, par exemple. Je fais
attention...
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je fais un rappel à l'ordre. J'invite la députée de...
Mme Maccarone : Il m'a demandé
de répondre à une question.
M. Jolin-Barrette : Non,
j'invite la députée de Westmount—Saint-Louis...
Mme Maccarone : Je réponds à la
question posée par le ministre. C'est ça que je fais.
M. Jolin-Barrette : J'invite la
députée de Westmount—Saint-Louis
à lire le rapport de la Commissaire à l'éthique Mignolet, qui a été déposé le
12 septembre dernier, dans lequel sa formation politique a fait du
salissage à mon endroit.
Le Président (M.
Bachand) : OK, merci.
Mme Maccarone : Pas du tout,
pas du tout.
M. Jolin-Barrette : Oh que oui!
Oh que oui! C'est ce à quoi vous faites référence.
Le Président (M.
Bachand) : OK, on arrête!
Mme Maccarone : M. le Président,
c'est le ministre qui est...
Le Président (M.
Bachand) : On arrête! On arrête tout de
suite! OK, M. le ministre...
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît! Alors, je vous demande... je vous rappelle à l'ordre, s'il
vous plaît. On est sur un amendement. Alors, M. le ministre, sur l'amendement,
intervention?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
pense, le député de l'Acadie voulait intervenir.
Le Président (M. Bachand) :
Oui, mais vous m'avez fait signe avant.
M. Jolin-Barrette : Je vais
parler après le député de l'Acadie.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, merci. M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Oui, parfait. Merci,
M. le Président. Alors, j'ai noté... Évidemment, le ministre a fait référence à
la cohérence dans mes propos. Il a raison.
Effectivement, c'est un amendement que j'ai déjà proposé dans un projet de loi
antérieur pour, justement... Quand on a, au Québec, des commissions ou
différents comités d'experts qui font des recommandations, bien, évidemment,
c'est pour aider à l'ensemble de la situation. L'amendement vise à aider le gouvernement, vise à aider le ministre dans le
cadre des nominations importantes qui ont à être faites maintenant. Maintenant, j'ai bien écouté M. le ministre, il
dit : Le député de l'Acadie est cohérent, il l'a déjà présenté, mais, non,
on ne l'acceptera pas. Soit, bien, c'est le ministre, bon, mais
j'aimerais, par exemple, qu'il m'explique pourquoi.
M. Jolin-Barrette : Oui,
très certainement. Bien, écoutez, moi, je suis un peu toujours interloqué de la
part de certains collègues lorsqu'ils
disent qu'il faut dépolitiser le processus parce qu'il n'est pas question, ici,
de partisanerie ou
de politique, il est question de la séparation des pouvoirs. Du côté du Parti
libéral, on semble vouloir dire que ceux qui devraient nommer les juges, ça devrait être les juges eux-mêmes.
La tendance du Parti libéral à ne pas assumer ses responsabilités, en
tant qu'élu du peuple québécois, je trouve ça extrêmement problématique.
Des voix : ...
Le
Président (M. Bachand) : M.
le ministre... M. le ministre, non, je vous arrête. Je vous arrête. Je vous
arrête. Vous connaissez les règlements, là. Alors donc, vous avez été un peu
loin, alors, mais continuez la réponse pour l'intérêt de la commission,
mais en faisant très attention à vos propos, s'il vous plaît. Merci.
• (15 h 30) •
M. Jolin-Barrette : Moi, M. le
Président, je n'accepterais pas qu'on impute au gouvernement du Québec de nommer des juges pour des motifs politiques
partisans, ce qui n'est pas le cas. Les juges en exercice ont été recommandés
par un comité de sélection, et c'est la prérogative de l'État québécois de
nommer ses juges. On ne dit pas aux juges quoi écrire dans leurs
jugements. De tout temps, ça a été l'exécutif qui nomme les membres de la
magistrature.
Alors, la proposition que le député de l'Acadie
fait, c'est de faire en sorte de limiter le pouvoir du législatif, de limiter
le pouvoir de l'exécutif et, en plus, de recommander uniquement deux
candidatures. Alors, est-ce qu'il ne faudrait pas que ce soient les meilleurs
candidats qui soient recommandés, que toute personne puisse soumettre sa
candidature lorsqu'ils sont déjà juges au poste de juge en chef municipal? Moi,
je le crois, et d'autant plus que, et nous le constatons, le député de l'Acadie
souhaite que ce soient des juges, notamment, de nomination fédérale qui siègent
sur le comité, désignés par Ottawa, désignés par le gouvernement fédéral. Et je
rappellerais au député de l'Acadie que la procédure de sélection des juges, au
Québec, elle est irréprochable comparativement à la nomination de... la
sélection des juges du gouvernement fédéral.
Ça fait qu'avant de dire que nos façons de
faire, au Québec, ne sont pas appropriées, je me garderais une petite gêne. Puis, pour les commentaires de la
députée de Westmount—Saint-Louis,
madame... M. le Président, je trouve complètement inacceptable de faire
référence à ça, parce que, lorsqu'elle fait ça, elle ne respecte pas nos
institutions, dont la Commissaire à l'éthique.
Le Président
(M. Bachand) : Merci.
M. Jolin-Barrette : Alors,
s'ils veulent lancer de la bouette, M. le Président...
Le Président
(M. Bachand) : Merci, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...ils vont
me trouver sur leur chemin.
Le
Président (M. Bachand) : On arrête. On arrête ça.
On arrête ça. On arrête ça là. Et je redonne la parole au député
d'Acadie sur l'amendement.
M. Morin : Oui. Alors, M. le
Président, je n'ai jamais dit... contrairement à ce que soutient le ministre,
je n'ai jamais dit que le processus de
sélection des juges au Québec n'était pas bon. Au contraire, il est bon, on
peut en être fiers. Je n'ai pas
proposé qu'il y ait un seul candidat, il y en a deux. La proposition, c'est
pour le juge en chef. Donc, dans ce
cas-ci, le juge en chef serait nommé parmi les juges qui ont déjà été nommés
suite au travail d'un comité de sélection. Donc, il n'y a pas de souci
là, là.
Et ce qu'on
dit, c'est que c'est un mécanisme. Puis, si le ministre aime mieux avoir trois
candidats ou quatre candidats, je
n'ai pas de difficulté à proposer un sous-amendement à mon amendement. La
question n'est pas là. La question,
c'est de dire : un comité pourrait regarder parmi les candidatures et en
proposer au gouvernement, le ministre pourra
faire une recommandation au Conseil des ministres. Et, dans un cas comme ça,
bien évidemment, il n'y aura pas de souci, ça va être totalement
impartial.
Maintenant, quand M. le ministre nous dit que,
dans la proposition, il y a des juges qui seraient nommés par le fédéral, c'est un fait, mais les juges qui sont
nommés par le fédéral, dans les cours qu'ils sont nommés, là, ce sont des cours
gérées par la province, par la Cour supérieure du Québec, la Cour d'appel du
Québec. On est au Québec, au sein de la nation québécoise.
Et je ne
commenterai pas sur le processus de nomination des juges fédéraux. Ce que je
dis, c'est que le processus de nomination ou de sélection des juges ici
se fait très bien. Maintenant, on peut toujours bonifier la façon dont on
travaille, et c'est le but de la proposition qui est déposée, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. S'il n'y
a pas d'autre intervention, on procéderait à la mise aux voix. Est-ce
que l'amendement est adopté?
Des voix : ...
M. Morin : Est-ce que je peux
vous demander un vote par appel, s'il vous plaît?
Le Président
(M. Bachand) : Merci. Bien sûr, c'est
un plaisir. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour,
contre, abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
Le Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire : Mme Boivin Roy
(Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
Le Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
Le Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
Le Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
Le Secrétaire : Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
Le Secrétaire : Et M. Bachand
(Richmond)?
Le Président
(M. Bachand) : Abstention. Donc,
l'amendement est rejeté.
Donc, on revient à 190. Autres interventions? Ça
va?
M. Morin : Pas d'autre intervention.
Le Président
(M. Bachand) : Donc, on continue.
Merci beaucoup. Alors, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : 191 :
Cet article détermine le mandat du juge municipal en chef.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Oui.
Alors, j'ai des questions pour M. le ministre, et puis on aura aussi, par la
suite, des propositions d'amendement pour cet article.
La question
est la suivante : Dans le projet de loi, on dit que le mandat du juge municipal
en chef est de cinq ans et qu'il ne peut être renouvelé, pourquoi cinq ans?
Parce que, quand on regarde le mandat, par exemple, du juge en chef de la Cour
du Québec ou le mandat d'autres, comment dirais-je, employés, ou directeurs, ou
dirigeants qui participent à l'administration
de la justice au Québec à des niveaux supérieurs, que ce soit, par exemple, le
directeur de l'UPAC ou le DPCP, habituellement, les mandats sont
toujours de sept ans, alors pourquoi là on arrive à cinq ans?
M. Jolin-Barrette : En fait,
vous avez raison, les mandats des postes de juge en chef à la Cour du Québec,
juge en chef associé ou juge en chef adjoint, ce sont des mandats de sept ans.
Par contre, dans le reste du Canada, les mandats varient entre trois et huit ans
relativement à certains postes. La durée de sept ans est une durée qui avait
été déterminée dans le passé. Là, on est dans une situation où on a un nouveau
poste, une nouvelle entité. Cinq ans est l'équivalent
de ce qu'il y a à Île-du-Prince-Édouard; aux Territoires
du Nord-Ouest, c'est huit ans; au
Yukon, c'est trois ans.
C'est
important que le juge en chef puisse avoir la latitude pour mener à bien les
réformes qu'il souhaite faire, mais pour faire en sorte aussi que le
leadership reste actif. Alors, avec cinq ans, ça permet d'assurer des nouvelles
idées, ça permet d'assurer une mobilité... pas une
mobilité, une... une mobilisation de la cour, et ça permet d'assurer également
que la cour soit toujours en mouvement.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député
de l'Acadie.
M. Morin :
Oui, je veux bien, sauf que, M. le ministre, vous dites que, si on regarde,
par exemple, les autres provinces de la fédération, la fourchette est entre
trois et huit ans.
M. Jolin-Barrette :
Oui.
M. Morin :
Donc, avec la proposition, l'amendement qu'on va déposer, on se situe en
plein dans la fourchette. Puis, quand vous parlez de mobilisation, de la
possibilité de remplir un mandat, bien, évidemment, entre cinq et sept ans, les deux ans, ce n'est pas une
période qui est très, très longue, et ça permettrait, je pense, d'avoir une
espèce d'équivalence puisque, de toute façon, avec le projet de loi, on
va mettre en place une nouvelle cour qui va en fait couvrir l'ensemble du
territoire québécois, alors pourquoi opérer une distinction?
Où
je vous rejoins sur la mobilité, c'est sûr que cinq ans, ça va être plus mobile
que sept. Il ne va pas... il va partir avant sept ans.
M. Jolin-Barrette :
Mobilisation.
M. Morin :
D'accord. Mais pourquoi ne pas, en fait, instaurer ou implanter une période de
nomination qui va correspondre au...
notamment au juge en chef de la Cour du Québec? Puis, de toute façon, comme je
vous le disais, entre cinq puis sept, ce n'est quand même pas une
période excessivement ronde... longue, puis on se retrouve dans la fourchette des autres cours canadiennes. Alors,
pour cette raison-là, on va, M. le Président, déposer un amendement à 191.
Le
Président (M. Bachand) : Je vois que
c'est en train d'être écrit.
M. Morin :
Oui. Si...
Le
Président (M. Bachand) : Alors, on va
suspendre quelques instants.
M. Jolin-Barrette :
Pour... pour... Juste une...
Le
Président (M. Bachand) : Oui, M. le
ministre. Avant, oui?
M. Jolin-Barrette :
Oui. Pour la bonne marche de nos travaux, là, ce que je suggérerais,
c'est... Le député de l'Acadie peut rédiger
ses amendements à l'avance ou, suggestion, si jamais l'amendement vient sur
l'instant du moment suite aux
discussions, qu'on puisse... supposons, pendant que le recherchiste rédige
l'amendement, qu'on puisse continuer à progresser puis revenir à
l'article par la suite. Ça serait ma suggestion.
Mme Maccarone :
M. le Président, je dois avouer, c'est... Je remercie le ministre pour la
recommandation, mais c'est vraiment
impossible. Nous avons seulement un recherchiste, puis on a besoin de lui pour
suivre nos travaux puis nous
aider à rédiger les rapports.
Le Président (M. Bachand) : Mais, dans la mesure du possible, je pense que les amendements devraient
être préparés d'avance. Effectivement, lors de la...
Mme Maccarone :
Tout à fait.
Le
Président (M. Bachand) : ...des
discussions, il peut y avoir des amendements qui arrivent. Alors, je vous demande d'être... avec célérité de la...
l'écriture des amendements, simplement. Donc, alors, on suspend quelques
instants. Merci.
M. Morin :
Merci.
(Suspension de la séance à 15
h 39)
(Reprise à 15 h 45
)
Le
Président (M. Bachand) : Alors, s'il
vous plaît, la commission reprend ses travaux.
Avant d'aller plus loin, je voudrais juste vous
dire qu'il y a eu une entente entre les leaders des différents groupes
parlementaires et la députée de Vaudreuil pour que les travaux débutent plus
tôt, donc à 19 heures au lieu de 19 h 30 ce soir, pour terminer
une demi-heure plus tôt, à 22 heures plutôt qu'à 22 h 30. Donc,
on débute à 19 heures ce soir. Merci.
M. le député de l'Acadie, pour votre amendement.
M. Morin : Merci.
Merci, M. le Président. Alors, je vais lire l'amendement, donc,
l'article 9, 191 : L'article 191, tel qu'introduit par l'article 9 du projet de loi, est modifié,
dans son premier alinéa, par le remplacement du mot «cinq» par le mot
«sept».
L'article
modifié : «191. Le mandat du juge municipal en chef est de sept ans et il
ne peut être renouvelé.
«Toutefois,
le juge municipal en chef demeure en fonction malgré l'expiration de son mandat
jusqu'à ce qu'il soit remplacé.
«Le juge municipal en
chef a droit, s'il a exercé cette fonction pendant au moins cinq ans, à un
congé rémunéré consacré à l'étude, à la recherche ou à toute autre activité de
nature juridique compatible avec la fonction judiciaire. Ce congé est de trois
mois.
«La
charge du juge municipal en chef s'ajoute à la charge [du] juge puîné qui doit
continuer à siéger à la cour municipale à laquelle il est affecté ou à
laquelle il s'assigne.»
Alors, pour les
explications, M. le Président, alors, j'ai posé quelques questions à ce sujet à
M. le ministre. Donc, pourquoi cinq ans
alors que, par exemple, le mandat du juge en chef de la Cour du Québec est de
sept ans? Il y a plusieurs hauts fonctionnaires qui occupent des
fonctions quasi judiciaires qui ont des mandats de sept ans. Je pense entre autres au DPCP, je pense entre autres à la
personne qui dirige l'UPAC, le BEI. Alors, il me semble qu'à tout le moins,
pour le monde judiciaire, si on veut être
cohérents avec les cours où le gouvernement du Québec nomme les magistrats,
on pourrait très bien augmenter la période
de cinq à sept ans. D'autant que, lorsque j'ai posé des questions à M. le
ministre sur pourquoi le cinq ans, M.
le ministre répondait que, dans l'analyse qu'ils ont faite, le gouvernement,
les périodes de nomination des juges de cours municipales à travers le
Canada, la fourchette est de trois à huit ans. Alors, avec cet amendement,
on s'insère à l'intérieur de la fourchette, on n'est pas hors norme, d'une
part, et d'autre part ça permet, évidemment,
à un juge en chef de faire son travail; s'il veut mettre en place certaines
mesures, apporter certains changements,
une période de sept ans va lui permettre de le faire, d'autant que la loi
indique clairement qu'elle ne peut être renouvelée.
Alors, par souci de
cohérence et d'efficacité, c'est la raison pour laquelle, M. le Président, je
propose cet amendement. Je vous remercie.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Intervention, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette :
Je comprends la proposition de M. le député de l'Acadie, mais nous, on est
à l'aise avec notre texte.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Autres interventions sur l'amendement du député de l'Acadie? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Bien, j'ajoute aux
excellents arguments de le député de l'Acadie en ce qui concerne la cohésion que nous avons déjà avec les autres
postes qui sont nommés pour sept ans que, il me semble, ça amènerait de la
stabilité puis de l'expérience. C'est quelque chose qui est quand même nouveau,
que nous sommes en train de créer, alors je pense que d'avoir plus
d'expérience, de stabilité et pour développer une compréhension plus
approfondie des problèmes locaux... On a
parlé, tout à l'heure, en ce qui concerne les engagements communautaires, on veut
quelqu'un qui connaît le territoire.
Ça fait qu'avec un mandat plus long, bien, les juges peuvent avoir plus de
temps pour interagir avec la communauté pour bien comprendre la
communauté, les besoins, les préoccupations locales. Je pense que ça peut aussi aider avec des cas plus complexes. Une
courbe d'apprentissage, il doit y avoir ça aussi, surtout si on revient
à l'exemple du ministre, de quelqu'un qui
habite Longueuil, qui va se déplacer à Sept-Îles. Bien, c'est un apprentissage
d'une nouvelle communauté. Je dirais aussi, peut-être, la rentabilité. Quand on
parle d'un mandat plus long, ça réduit la fréquence et le roulement des
juges. On peut imaginer une continuité de l'application des décisions
juridiques. Alors, moi, je dirais que je
trouve que c'est un bon exemple de la promotion de la stabilité qu'on
souhaiterait et l'expérience qu'on souhaite aussi avoir en ce qui
concerne la nomination de ces juges.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
député de l'Acadie.
• (15 h 50) •
M. Morin :
Oui, brièvement, M. le Président.
Quand je regarde l'ensemble de 191, avec tous ses alinéas, il y a une disposition qui dit : «Le juge municipal
en chef a droit, s'il a exercé cette fonction pendant au moins cinq ans[...]. Ce
congé est de trois mois.» Donc...
Une voix : ...
M. Morin :
Oui. Non, pas tout de suite.
Mais donc, à moins
que je comprenne mal ou que j'interprète mal le projet de loi et sa
disposition, ça semble laisser croire qu'il pourrait occuper la fonction
pendant plus de cinq ans. C'est certain que le législateur vient dire «jusqu'à ce qu'il soit remplacé», mais
habituellement, pour ce type de fonction là, le gouvernement agit rapidement.
Donc, c'est comme si, au fond, on
disait qu'il pourrait être là pendant plus de cinq ans, mais que son mandat est
de cinq ans. Donc, encore là, par souci de cohérence, il me semble que,
si on acceptait l'amendement que je viens de proposer à sept ans, bien, à ce
moment-là, quand on dit, après, le juge municipal en chef a droit, s'il a
exercé pendant au moins cinq ans sa
fonction, bien, ce serait encore plus cohérent. Donc, je voulais simplement
ajouter cet élément-là à l'appui de ma proposition d'amendement.
Le
Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Juste en
réponse là-dessus, là, pour les congés rémunérés associés à ça, dans le fond, c'est la même chose dans les lois sur les
tribunaux judiciaires, il faut avoir complété son mandat révolu. Donc, si vous
démissionnez après quatre ans et demi, vous n'avez pas le droit aux avantages
associés à la fin du mandat. Donc, c'est
pour ça que c'est «au moins cinq ans». Dans le fond, il faut avoir complété la
totalité du mandat; si vous démissionnez en cours de route, vous ne pouvez pas bénéficier des avantages associés à
ça. C'est déjà ce qui est prévu dans la Loi sur les tribunaux
judiciaires.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : ...
Le Président
(M. Bachand) : Vote par appel
nominal. M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
Le Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire : Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Schmaltz (Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
Le Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron :
Contre.
Le Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
Le Secrétaire : Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
Le Secrétaire : Et M. Bachand
(Richmond)?
Le Président
(M. Bachand) : Abstention. Donc,
l'amendement est rejeté.
On revient à l'article 191. Interventions?
M. le député de l'Acadie?
M. Morin : Oui.
Le Président
(M. Bachand) : OK. Allez-y.
M. Morin :
Donc, quand on continue dans la lecture de 191, donc, il y a une disposition
qui permet que le juge municipal en chef
demeure en fonction malgré l'expiration de son mandat jusqu'à son remplacement.
Et, par la suite, on parle d'un congé «consacré à l'étude, à la
recherche ou à toute autre activité de nature juridique compatible avec la fonction judiciaire. Ce congé est de trois mois.» Et ma
question pour M. le ministre est de savoir, quand le juge en chef ou un juge en chef associé de la Cour du
Québec termine son mandat, est-ce que le même avantage d'un congé de
nature juridique pour une activité de nature juridique de trois mois est
également prévu?
M. Jolin-Barrette :
Lorsqu'il s'agit du juge en chef de la Cour du Québec, c'est un mandat de
sept ans avec une année de congé payé; lorsqu'il s'agit d'un juge en chef
adjoint, un mandat de sept ans, c'est six mois.
M. Morin :
D'accord. Et c'est à quel article de la Loi sur les tribunaux judiciaires?
M. Jolin-Barrette : Je vais vous dire ça. 92
de la Loi sur les tribunaux judiciaires. Donc, juge en chef, juge en chef
associé, c'est un an, et juge en chef adjoint, criminel, jeunesse ou civil,
c'est six mois.
M. Morin :
Et donc, ma question... Alors
donc, pourquoi c'est juste trois mois pour le juge municipal en chef?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est une nouvelle
structure, hein? Le juge municipal en chef doit continuer de siéger. C'est cinq ans, la période est moins longue, et
puis on se retrouve dans une situation où, quand vous mettez un juge en congé pendant un an, bien, c'est un an de moins
qu'il siège, là. Ça amène à un trou pendant un an dans le système de justice.
Vous
savez, toutes les ressources judiciaires sont importantes. Et c'est une
nouvelle structure. On a 72, 73 juges en cour municipale. Il faut pouvoir bénéficier de l'expertise de tous
les juges. Alors, un coup que vous terminez votre charge de cinq ans,
c'est un délai qui est raisonnable, trois mois de congé.
M. Morin :
Sauf que, par exemple, je comprends qu'à la Cour du Québec le mandat est un
peu plus long. On aurait bien souhaité qu'il soit de sept ans, mais ça n'a pas
été accepté. Mais c'est sûr qu'à la Cour du Québec aussi le juge, il ne sera pas là pour siéger pendant son
congé. En fait, c'est clair, mais pourtant il va avoir un congé d'un an ou de six mois. Et donc j'ai de la difficulté à
comprendre pourquoi le juge municipal en chef, qui va quand même être le juge
municipal d'une nouvelle cour qui va couvrir
l'ensemble du territoire québécois, et donc pourquoi lui ou elle ne pourraient pas
avoir accès à un congé, par exemple, de six mois, si on veut faire une association
avec un juge en chef adjoint ou juge en chef
associé de la Cour du Québec. Mettons qu'un an, c'est trop long, mais,
sincèrement, trois mois, je comprends que
le juge ne sera pas là pour siéger, ils ne seront pas plus là, à la Cour du
Québec, après leur mandat pour siéger pendant six mois puis un an, là.
M. Jolin-Barrette : Est-ce que le député de
l'Acadie me demande de défendre le congé de six mois ou le congé d'un an
d'un juge en chef adjoint ou associé à la Cour du Québec?
M. Morin : Je m'en vais plus vers le congé de... Non, non, mais c'est... je ne
vous demande pas de le défendre, je trouve que c'est une bonne chose. Ce
n'est pas... Ce n'est pas ça, la question.
M. Jolin-Barrette :
Bien, voyez-vous, moi, on ne touche pas à la Cour du Québec, là. Mais vous
êtes juge en chef ou juge en chef adjoint,
vous exercez un mandat de juge, là, vous ne siégez probablement pas, là. Puis
là, au bout de votre mandat, OK, vous êtes payé plein salaire, OK?
M. Morin :
Oui.
M. Jolin-Barrette : Puis là, vous n'allez pas
retourner avec les autres, vous n'avez plus cette charge-là, là, vous
n'êtes plus juge en chef, vous n'êtes plus juge en chef adjoint, et là vous
avez six mois de ressourcement, un an de ressourcement. En connaissez-vous
beaucoup, vous, des emplois qu'il y a des conditions à ce niveau-là?
Écoutez, un poste de
juge, là, c'est une fonction qui est importante, qui vise le service public
dans notre société. La rémunération, elle est bonne, les avantages sont bons,
puis c'est des excellentes conditions, OK, puis ça fait partie de
l'indépendance judiciaire. Mais là dites-moi pas qu'un coup que vous terminez
un mandat de cinq ans vous avez trois mois
de congé puis que vous n'êtes pas sur le banc, c'est exagéré, là, que ce n'est
pas suffisant. Trois mois, c'est long, trois mois, là. Trois mois, c'est
un été au complet, là.
M. Morin :
Bien là, il y a quelque chose que je ne comprends pas, M. le Président,
parce que, là, le ministre vient de dire
«vous avez trois mois de congé». Moi, quand je lis la loi, évidemment, le mot
«congé» est là, mais le congé est là
pour être consacré à l'étude, à la recherche ou à toute autre activité de
nature juridique, ce n'est pas des vacances. Donc... Puis, si...
M. Jolin-Barrette :
...congé.
M. Morin :
Oui, oui. Mais, si le législateur, si le ministre veut inclure ce congé-là,
il doit avoir une raison. Ce n'est pas pour
rien, sinon ça ne se serait pas là. Et je me dis, bien, compte tenu du rôle que
le juge municipal en chef va avoir à jouer, l'ensemble des juges qu'il
va avoir à superviser, puis je comprends que, dans le cas du juge en chef ou du juge municipal en chef, l'article 191
dit «la charge de juge municipal en chef s'ajoute à la charge de juge puîné qui
doit continuer
de siéger à la cour municipale à laquelle il est affecté ou à laquelle il
s'assigne», donc je comprends que l'intention du gouvernement, c'est que
le juge municipal en chef continue de siéger.
• (16 heures) •
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
M. Morin : Donc, il va sûrement
avoir des responsabilités de gestion de la cour plus les audiences qu'il va ou
qu'elle va présider. Puis là le législateur dit, le ministre dit : Bien,
on serait prêt à lui accorder un congé pour compléter
une activité de nature juridique. Je comprends que le traitement... et le
traitement, le salaire d'un juge, c'est quelque chose qui est élevé, et il y a un comité, d'ailleurs,
de sélection qui fait des recommandations au gouvernement là-dessus, puis, vous l'avez évoqué vous-même, ça
fait partie de l'indépendance judiciaire. Je pense que ça, c'est une bonne
chose. Sauf que, pour ce type de congé d'étude là, il me semble qu'une période
de six mois serait appropriée, et c'est l'amendement que je vais proposer.
M. Jolin-Barrette : D'accord.
Si le député de l'Acadie veut rajouter du temps de congé pour les juges qui ne siégeront pas pendant ce trois mois-là, ça lui
appartient. Nous, on veut un service aux justiciables, on veut de la disponibilité,
on veut de l'efficacité. Trois mois, ça
m'apparaît raisonnable comme congé d'étude, de recherche ou à toute autre
activité de nature juridique, ça m'apparaît être des excellentes
conditions.
Le Président
(M. Bachand) : Donc, M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : On peut vous
demander une suspension?
Le Président
(M. Bachand) : Une courte suspension. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 01)
(Reprise à 16 h 03)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre! La commission reprend
ses travaux. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, merci, M. le
Président. Donc, écoutez, après réflexion, je ne déposerai pas d'amendement. Cependant, je veux que ce soit bien clair, parce
que c'est le gouvernement qui veut accorder un congé de trois mois, là, puis
c'est un congé qui doit être consacré à de la recherche, à de l'étude, à une
activité de nature juridique compatible avec la fonction judiciaire, ce n'est pas trois mois de congé, là,
«congé» dans le sens trois mois de vacances, puis ça, je voudrais que ce
soit bien compris.
D'autant plus que ma compréhension de la loi,
c'est que la charge du juge municipal en chef va s'ajouter à la charge d'un juge. Donc, l'intention du
gouvernement, c'est que le juge en chef ou municipal en chef continue de
siéger. Donc, pendant tout le mandat de cinq ans, là, ma compréhension,
c'est que la société ne va pas être privée d'un juge parce qu'il va continuer à siéger. Et donc, en tout cas, à tout le
moins, le trois mois, là, ce n'est pas des vacances puis ça m'apparaît être, en ce qui me concerne, un
minimum, là, parce qu'on parle d'activité de nature juridique, et de recherche,
et d'étude, alors donc, je pense que, ça, il faut que ce soit quand même dit
clairement, puis ce juge-là va quand même continuer à siéger pendant
tout son mandat de cinq ans. Alors, je vous remercie.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. D'autres interventions sur
190? Alors, on continue. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : C'était 191, je
crois?
M. Jolin-Barrette : On était à
191, on s'en va à 192.
Le Président (M.
Bachand) : Excusez-moi. Oui, pardon,
désolé. Merci, M. le député de l'Acadie.
M. Jolin-Barrette : Oui.
192 : Cet article précise les fonctions du juge municipal en chef.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Donc,
interventions sur 192? M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît, oui.
M. Morin : Oui.
Alors, écoutez, pour moi, l'article 192 pose un problème. D'ailleurs, j'en
ai déjà parlé au départ, j'ai posé des questions à plusieurs groupes
pendant qu'on a entendu des membres ou des experts en commission parlementaire.
J'en ai parlé lors de l'accord ou enfin lors de l'étape du principe. Il y a
d'ailleurs plusieurs mémoires, pas tous, pas
tous, mais plusieurs mémoires qui nous ont soulevé qu'il y a une rédaction,
dans cet article-là, qui peut poser problème en ce qui a trait à l'indépendance
de la magistrature, donc il y a... on va vouloir vous proposer un amendement.
Mais avant j'aimerais
donner quelques explications sur la raison pour laquelle je pense que cet
article-là est problématique. Quand on
regarde la Loi sur les tribunaux judiciaires et qu'on regarde le rôle du juge
en chef de la Cour du Québec, il y a effectivement des fonctions de
coordination, d'assigner le travail, mais il n'y a pas d'équivalent, quand on dit «répondre aux objectifs de
performance et aux besoins des municipalités». Et j'ai écouté très
attentivement M. le ministre, plus tôt aujourd'hui, qui parlait
justement des villes puis de la façon... et du travail que font les cours municipales, donc il faut... je veux juste
m'assurer que, quand on parle du besoin des municipalités, là, ce n'est pas les
besoins du conseil municipal.
Moi, je n'ai
aucune difficulté, M. le Président, à ce que la cour soit là, et c'est le rôle
de la cour d'être là pour les citoyens et les citoyennes, de faire en
sorte que la cour soit accessible, qu'elle soit totalement impartiale,
totalement indépendante et qu'elle réponde
aux besoins des citoyens et des citoyennes, mais j'avoue qu'«aux besoins des municipalités», ça, ça m'inquiète, puis je ne suis
pas le seul à être inquiet. Évidemment, si j'étais tout seul, tu sais, des fois, on peut se dire : Bon, est-ce que c'est
moi qui est dans le champ gauche? Mais, quand on regarde les différents
mémoires qui ont été déposés... et je
réfère notamment au mémoire de la juge en chef adjointe de la Cour du Québec responsable des cours municipales, et, dans son mémoire, elle
fait référence à l'article 192 de la Loi sur les tribunaux judiciaires et elle écrit, entre autres, «s'assurer de répondre
aux besoins des municipalités lors de l'assignation des juges, de la confection
des rôles, s'assurer de répondre aux objectifs de performance et aux besoins
des municipalités». Donc, elle écrit : «Cette
obligation imposée aux juges municipaux expulse l'essentielle distance à
maintenir entre l'administration municipale, le pouvoir exécutif et la
Cour municipale, le pouvoir judiciaire. Elle mine l'étanchéité
constitutionnellement requise du tribunal
par rapport aux influences extérieures. Cette obligation brime l'autonomie des
juges et du juge municipal en chef
ainsi que l'indépendance dont ce dernier doit bénéficier dans la prise des
décisions ayant eu une influence sur le travail des juges.»
Le mémoire de la Conférence des juges municipaux
fait aussi référence à l'article 192, et, dans leur mémoire, on dit que «192 pose un problème puisque son
libellé peut laisser croire que le juge municipal en chef devra, en plus de répondre
aux besoins des municipalités, atteindre des cibles de performance».
Le Barreau du Québec soulève également que ça peut poser un problème à l'indépendance de la
magistrature.
Donc, moi, comme porte-parole de l'opposition en
matière de justice puis ici, bien, comme législateur, je ne peux pas faire autrement que de soulever ces
appréhensions-là, et dont je ne suis pas le seul à les partager, au ministre
de la Justice quant à son libellé de 192.1. Je vais avoir également,
éventuellement, des commentaires sur 192.2, mais c'est la raison pour laquelle
moi, je veux proposer un amendement à 192.1, M. le Président.
• (16 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a des
interventions avant le dépôt d'amendement? M. le ministre, non?
Alors, on va suspendre quelques instants pour
l'amendement. Merci.
Une voix : Merci.
Le Président (M.
Bachand) : On suspend quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 11)
(Reprise à 16 h 20)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Bachand) :
On va mettre l'amendement — ce
ne sera pas tellement long — à
l'écran. Merci.
M. Morin : Oui. Parfait.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Donc, si vous
êtes... Vous êtes prêt pour la lecture, M. le député de l'Acadie?
M. Morin : Oui, M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait.
M. Morin : Je
vais le lire. Je peux le lire... Bien, il est affiché là, en partie, mais je
pense que ça va être plus simple ici.
Donc, l'article 192 tel qu'introduit par
l'article 9 du projet de loi est modifié, dans le premier paragraphe de son deuxième alinéa, des mots «aux objectifs de
performance et aux besoins des municipalités» par les mots «à l'intérêt
supérieur de la justice et des justiciables...»
«192. Le juge municipal en chef est chargé de la
direction des cours municipales.
«À
ce titre, il a notamment pour fonctions, en outre celles qui lui sont conférées
par la Loi sur les cours municipales :
«1° de coordonner, de répartir et de surveiller
le travail des juges dans un souci d'efficacité et d'assiduité de la justice;
les juges doivent se soumettre à ses ordres et directives, répondre à l'intérêt
supérieur de la justice et des justiciables;
«2° de
s'assurer de répondre aux besoins des municipalités lors de l'assignation des
juges, de la confection des rôles et de la fixation des séances;
«3° d'élaborer, en concertation avec les juges
municipaux, des politiques générales qui leur sont applicables et de voir au
respect de ces politiques;
«4° de voir à
[l'abandon] de règlements nécessaires à l'exercice de la compétence des cours
municipales et d'en surveiller l'application;
«5° de veiller au respect de la déontologie
judiciaire;
«6° de
promouvoir, en collaboration avec le Conseil de la magistrature, le
perfectionnement des juges municipaux;
«7°
d'apporter son soutien aux juges municipaux dans leurs démarches en vue
d'améliorer le fonctionnement des cours municipales.»
Et donc, M.
le Président, je propose cet amendement pour qu'il soit très clair qu'il va y
avoir une indépendance entre l'exécutif et le judiciaire au niveau des cours
municipales. L'article de loi ou du projet de loi tel qu'il est libellé,
de «répondre aux [besoins] de performance et
aux besoins des municipalités», entraîne une confusion qui, quant à moi, n'est
pas saine, dans une société où on vit dans un État de droit.
Je ne suis
pas tout seul à penser ça, et je vais vous expliquer pourquoi cet
amendement-là, à mon avis, est important. Dans le mémoire de la juge en chef adjointe de la Cour du Québec responsable des cours municipales, il y a une référence spécifique qui
est faite à cette disposition-là du projet de loi, à savoir «répondre aux
[besoins] de performance et aux
besoins des municipalités», puis la modification touche uniquement cette
partie-là du... de la phrase, et permettez-moi de citer le
rapport :
«Cette
obligation imposée aux juges municipaux expulse l'essentielle distance à
maintenir entre l'administration municipale,
le pouvoir exécutif et la cour municipale, le pouvoir judiciaire. Elle mine
l'étanchéité constitutionnellement requise du tribunal par rapport aux
influences extérieures. Cette obligation brime l'autonomie des juges et du juge
municipal en chef ainsi que l'indépendance dont ce dernier doit bénéficier dans
la prise des décisions ayant eu une influence sur le travail des juges. Qui
plus est, qu'est-ce qu'un objectif de performance? S'agit-il d'un nombre précis
de dossiers à entendre par jour, sans égard
à leur contenu et à leur complexité? S'agit-il d'un seuil d'amendes à atteindre
pour alimenter les coffres de la
municipalité? Vise-t-on des quotas quant au nombre d'acquittements ou de
condamnations souhaité? Ces objectifs et besoins varieront-ils d'une
municipalité à l'autre?» Et je rappelle que ceci provient du mémoire de
la juge en chef adjointe de la Cour du Québec.
Donc, on souligne qu'«il y aurait beaucoup à
écrire sur les conséquences néfastes d'une telle approche. Pour l'heure, nous souhaitons mettre en garde le
législateur — c'est-à-dire
nous — relativement
aux risques réels que comporte une gestion de tribunaux teintée par des
objectifs de performance et les besoins des municipalités. Dit autrement, nous y voyons un accroc à la garantie dont doit
bénéficier chaque justiciable d'être jugé, dans les faits et en apparence,
par un décideur à l'abri de toute ingérence ou influence administrative.
«L'efficacité de l'administration de la justice
est un objectif tout à fait légitime. Elle fait d'ailleurs partie des préoccupations des juges, et ce, depuis longtemps.
Cependant, les moyens pour l'atteindre ne doivent pas ébranler les principes
fondamentaux de notre système démocratique.» Alors, ça, c'est le mémoire de la
juge en chef adjointe de la Cour du Québec.
Dans le
mémoire de la Conférence des juges municipaux du Québec et de la Conférence des
juges municipaux à titre exclusif du Québec, il y a aussi un commentaire sur le
libellé actuel du projet de loi n° 92 et qui se lit comme
suit : «Selon nous, l'article 192 pose un problème puisque son
libellé peut laisser croire que le juge municipal en chef devra, en plus de répondre aux besoins des municipalités, atteindre
les cibles de performance fixées par ces dernières, ce qui contrevient
au principe de l'indépendance judiciaire.»
Et je cite : «Nous reconnaissons que
l'efficacité de l'administration de la justice est un objectif légitime. Cela dit, pour y arriver, le juge en chef doit être
totalement indépendant de toute influence externe, tout comme chaque juge,
individuellement, doit être exempt de toute influence externe lorsqu'il rend
une décision. Or, tel que libellé, cet article
pourrait être interprété comme assujettissant les cours municipales à une
supervision directe par les municipalités dans un but de performance
financière ou autre. Il pourrait également être interprété comme donnant la possibilité
aux municipalités d'exercer une pression ou un contrôle sur les activités d'une
cour municipale.» Et ça, le rapport souligne que c'est «clairement incompatible
avec indépendance judiciaire. D'ailleurs, à ce propos — il y
a une référence — en
2022, le Conseil de la magistrature du Québec a produit une brochure intitulée La
Cour municipale — Un
tribunaljudiciaire indépendant et impartial, et le Barreau du Québec, en 2023, a publié un guide rappelant l'importance de
l'indépendance judiciaire aux administrations municipales.»
Et, quand on a entendu des groupes, M. le
Président, notamment le mémoire du Barreau du Québec, dans son mémoire, le Barreau, aux pages 2 et suivantes,
rappelle l'importance de la confiance du public par l'indépendance judiciaire. Et
le Barreau rappelle que l'indépendance judiciaire est un principe fondamental
d'un État de droit. Et nous sommes privilégiés, M. le Président, de vivre
dans un État de droit et du système de justice.
Dans le
renvoi, une décision de la Cour suprême, relatif à la rémunération des juges de
la Cour provinciale, la Cour suprême
rappelle qu'un des objectifs est le maintien de la confiance du public dans
l'impartialité de la magistrature. L'indépendance de la magistrature
permet de renforcer la perception que justice est rendue dans les litiges dont
sont saisis les tribunaux, et donc c'est quelque chose de fondamental.
Le Barreau du Québec rappelle ce
que la Cour suprême nous a enseigné, dans l'arrêt Valente sur l'indépendance judiciaire, à savoir l'importance de
l'inamovibilité des juges, la sécurité financière et également l'indépendance
administrative. Et donc c'est excessivement
important, puisqu'on va parler d'une nouvelle cour municipale qui va être
unifiée pour l'ensemble du Québec, de s'assurer que ses juges et le juge
municipal en chef vont être indépendants. D'ailleurs,
dans l'arrêt Lippé, la Cour suprême rappelle et consacre le principe de
l'indépendance des cours municipales au même titre que les tribunaux de
l'ordre judiciaire, et donc c'est particulièrement important.
Et,
comme je le souligne, l'indépendance des tribunaux inclut également leur
indépendance administrative ou institutionnelle
que l'on doit, évidemment, respecter et préserver. Le Barreau souligne :
«L'indépendance institutionnelle exige
que l'on doive donner aux tribunaux le contrôle des décisions administratives
qui portent directement sur l'exercice des fonctions judiciaires.» Donc,
c'est particulièrement important, et l'article 192, tel qu'il est libellé,
peut porter, justement, ombrage à ce principe si important.
La Cour suprême nous
le rappelait dans l'arrêt Valente en nous disant que la troisième condition
essentielle de l'indépendance judiciaire, pour
les fins de l'alinéa 11d de la Charte
canadienne des droits et libertés,
est, à mon avis, l'indépendance institutionnelle du tribunal
relativement aux questions administratives qui ont directement un effet sur
l'exercice de ses fonctions judiciaires. Le degré de contrôle que le pouvoir
judiciaire doit idéalement exercer sur l'administration des tribunaux est un
point majeur de l'indépendance judiciaire aujourd'hui.
• (16 h 30) •
Et la Cour d'appel
fédérale, dans Girouard contre Procureur général du Canada, nous rappelait
également que l'indépendance administrative,
l'inamovibilité et la sécurité financière des tribunaux font partie de
l'indépendance judiciaire et qu'elles ont pour objet de donner confiance
au public dans l'administration de la justice, d'assurer la primauté du droit
et la séparation des pouvoirs. La Cour d'appel rappelle que l'indépendance
judiciaire, et c'est ce que je mentionnais au début, existe au profit non pas
des juges, mais du public. Et donc, quand on fait état... quand on réfère à l'ensemble de ces principes
fondamentaux qui fait qu'on a la chance de vivre dans une société où la primauté
du droit existe, bien, je pense qu'il faut être vigilants, puis, tout libellé
d'un texte législatif qui pourrait porter atteinte à cette indépendance
judiciaire, je pense qu'il faut le soulever.
C'est la raison pour
laquelle je propose un amendement. Et je vous dirai qu'avec le libellé qui est
proposé, à mon avis, on va entrer dans les paramètres que les tribunaux
supérieurs nous donnent pour que l'indépendance judiciaire soit respectée. Je
vous remercie, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions? M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Bien, écoutez, je comprends la proposition du député de l'Acadie. Cela
étant, je crois que, dans notre système de
justice, on doit, oui, être mieux, plus performants. Puis, quand on décortique
l'article, là, c'est important de le
dire, là, ce n'est pas parce qu'on met le mot «performance» que ça porte
atteinte à l'indépendance judiciaire, M. le Président. Ce n'est pas
parce qu'on dit «besoins», «répondre aux besoins» que ça porte atteinte à
l'indépendance judiciaire, M. le Président, hein? C'est normal, dans n'importe
quel service public, il doit y avoir des objectifs,
et on vise à ce que les services publics soient performants. Ça ne veut pas
dire que la municipalité va venir dire combien de jugements ils doivent
rendre, qu'est-ce qu'ils doivent écrire, est-ce qu'ils doivent condamner les
gens. Ce n'est pas ça du tout dont il est
question. Et surtout ce n'est pas l'administration à qui est confié ce
pouvoir-là, c'est plutôt le juge en chef des cours municipales, parce
que ça, là, c'est l'article, là, qui assoit l'autorité du juge en chef sur ses propres juges, c'est l'article 192,
c'est : «Le juge municipal en chef est chargé de la direction des cours
municipales. À ce titre, il a
notamment pour fonctions, outre celles qui lui sont conférées par la Loi sur
les cours municipales», 1° à 7°, M. le Président, ce sont ses pouvoirs.
Ce n'est pas le maire de la ville, là, qui va dire au juge quoi faire, c'est
plutôt les pouvoirs qui sont conférés par la loi au juge municipal en chef sur
ses propres juges à lui, M. le Président.
Alors,
lorsqu'on est juge en chef, M. le Président, on n'est pas uniquement juge comme
un juge puîné, «puîné» en voulant dire «ordinaire», M. le Président, un
juge qui siège, on est un juge gestionnaire, on est un juge en autorité, M. le Président, puis vous avez une rémunération
supplémentaire pour ça, puis vous avez le devoir, dans les soucis... dans
le souci des objectifs de performance,
d'accessibilité, d'efficacité du système de justice, à jouer un rôle
d'administrateur, M. le Président.
Malgré le fait que ce soit de la justice, M. le Président, là, il faut que
ça soit performant, il faut que le juge
en chef ait ce souci-là de rendre... que ses juges puissent rendre une justice
de qualité en temps opportun, qu'ils puissent la rendre avec célérité.
On ne dit pas comment le faire, M. le Président, on lui confère ce pouvoir-là
puis on lui dit : Quand on vous confère
ce pouvoir-là, en tant que législateurs, sachez que, dans les... dans votre
analyse, dans votre gestion, vous devez prendre en considération ces
facteurs-là, notamment de répondre aux besoins des municipalités.
Honnêtement,
je suis ouvert à ce que le député de l'Acadie m'a dit : Écoutez, on
devrait peut-être mettre — ce
que je comprends de son intervention — notamment
«le besoin des justiciables». Je trouve ça intéressant. J'ai fini mon
intervention.
Le
Président (M. Bachand) : Mon Dieu! On
était tous... on vous écoutait, là...
M. Jolin-Barrette :
Il n'y a pas de punch, M. le Président, il n'y a pas de punch.
Le
Président (M. Bachand) : OK, d'accord.
Merci pour l'intervention. M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
Oui. Alors, dans l'amendement que je présente... parce que j'ai écouté le
ministre attentivement, et je l'ai dit et je
vais le redire, on n'est pas contre l'efficacité, on n'est pas contre
l'assiduité, on n'est pas contre l'accessibilité. C'est tellement vrai que, dans l'amendement que je
présente, les mots «surveiller le travail des juges dans un souci d'efficacité et
d'assiduité de la justice» sont là, sont restés. Là-dessus, il n'y a pas de
débat avec M. le ministre, on veut que les juges soient efficaces, on
veut que les tribunaux soient efficaces.
D'ailleurs, quand on
reprend le mémoire de la juge en chef adjointe de la Cour du Québec qui
s'occupe des cours municipales, elle le souligne : «L'efficacité de
l'administration de la justice est un objectif tout à fait légitime.» On est d'accord, on n'est pas contre ça. «Elle
fait d'ailleurs partie des préoccupations des juges, et ce, depuis longtemps.»
Point. Il n'y a pas de débat là.
Le problème du projet
de loi tel qu'il est libellé, c'est quand on vient parler ou qu'on fait
référence aux objectifs de performance et aux besoins des municipalités, puis
ce n'est pas clair. Et, dans le droit, M. le Président, ce n'est pas comme des
mathématiques, tu sais, on fait une équation, on a une réponse, puis la
réponse, c'est celle-là. En sciences, c'est
assez clair. On laisse le libellé comme il est présentement, comment les
tribunaux vont l'interpréter? Je ne peux pas vous garantir, cet après-midi,
que ça va être invalidé ou pas, je n'ai pas de science infuse, mais ce que je dis, ce que je dis, cependant, c'est qu'il y a
un risque, puis ça donne l'impression, tout dépendant de qui le lit... Puis, encore
là, on a entendu plusieurs groupes en commission parlementaire, M. le
Président. Il y a des villes, l'Union des municipalités qui nous ont dit :
Il n'y a pas de souci. La ville de Montréal nous a dit : Il n'y a pas de
souci. Par contre, il y a d'autres groupes
qui nous ont dit : Oui, il y a peut-être un problème. Alors, moi, je me
dis, comme législateur, bien, j'ai un devoir à faire, donc je vais le
faire. Puis, avec le libellé que je propose, bien, c'est sûr, non seulement qu'il n'y a pas de problème, mais je rejoins en
partie les objectifs de M. le ministre en ce qui a trait à coordonner,
surveiller le travail dans un souci d'efficacité et d'assiduité de la
justice, et j'en suis.
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Est-ce que le député de l'Acadie... Est-ce que, lorsque le député de
l'Acadie fait la lecture de l'article...
est-ce que... lorsqu'on dit «répondre aux objectifs de performance», est-ce
qu'il le lie aux objectifs de performance des municipalités? C'est juste
pour question de compréhension... de sa compréhension.
M. Morin :
Bien, présentement, le libellé dit «répondre aux objectifs de performance
et aux besoins des municipalités», donc moi, je le lis comme étant les deux.
Mais c'est M. le ministre qui est le législateur, ça fait que j'aimerais savoir
aussi de sa part comment M. le ministre lit ça.
M. Jolin-Barrette :
Parce que les... C'est le juge en chef qui fixe les objectifs de
performance à ses propres juges, OK? Puis ensuite, vous avez «et aux besoins
des municipalités», donc il faut qu'il réponde aux besoins des municipalités. Mais ce n'est pas la performance
des besoins des municipalités. Je veux juste qu'on s'entende là-dessus, là.
M. Morin :
Bien, c'est-à-dire...
M. Jolin-Barrette :
Est-ce que... Ma question, c'est, pour le député de l'Acadie : Est-ce
que, si on met... si on distingue «performance» et «besoins», il est plus à
l'aise avec ça? Parce que, là, je sentais peut-être... Moi, dans mon esprit,
c'est clair, là, mais est-ce qu'il le perçoit comme étant «performance des
besoins municipaux»?
M. Morin :
Moi, ma perception, c'est que le
juge municipal en chef va devoir répondre aux besoins des municipalités dans le cadre d'obtenir des
objectifs de performance des municipalités. Moi, c'est comme ça que je le lis.
M. Jolin-Barrette : Non,
ce n'est pas ça. Ce n'est pas l'objectif de performance des municipalités,
c'est les besoins des municipalités.
M. Morin :
Alors, vous voyez, M. le Président, c'est fascinant, on est deux juristes,
on s'en parle depuis une vingtaine de
minutes puis on n'arrive pas à la même interprétation. Moi, je me dis : Il
vaut peut-être mieux ne pas prendre de chances.
M. Jolin-Barrette :
C'est plus vous qui m'en parlez que moi qui vous en parle, là.
M. Morin :
Non, mais là je vous écoute.
M. Jolin-Barrette :
OK. Suspendons quelques instants.
M. Morin :
Oui. Parfait.
Le
Président (M. Bachand) : On suspend
quelques instants. Merci beaucoup. Merci.
(Suspension de la séance à 16
h 40)
(Reprise à 17 h 05)
Le
Président (M. Bachand) :
À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui.
Alors, merci, merci, M. le Président. Donc, avant la suspension, en fait, j'ai
parlé longuement de l'importance, finalement, de proposer cet amendement-là
pour s'assurer qu'il y aura une véritable indépendance des cours municipales,
et donc c'est la raison pour laquelle j'ai proposé l'amendement. Et, à ce
moment-là, je ne sais pas si M. le ministre a quelque chose à rajouter.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Là, on est
sur votre amendement, M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, exact.
M. Jolin-Barrette : Alors,
je comprends votre objectif, mais moi, je pense que c'est important que la performance puis les besoins des municipalités
soient pris en considération, ça fait qu'on va voter contre l'amendement.
M. Morin : Parfait. Donc, je
vais vous demander un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Bachand) : Avec plaisir. M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
Le Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire : Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
Le Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
Le Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron :
Contre.
Le Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
Le Secrétaire : Et M. Bachand
(Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
Mme Nichols :
Woups, woups, woups!
Le Président (M. Bachand) : Ah! excuse-moi, excuse-moi, madame... OK. Juste à... On est d'accord
pour que... enregistrer le vote de la députée de Vaudreuil?
Consentement. Alors, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Aïe! J'espère. Je
suis quand même bien membre de cette commission-là.
Le Président (M.
Bachand) : Excuse... Non, non. Aïe! On va
vite. C'est efficace ici, en commission.
Mme Nichols : Oh oui, oui, oui.
C'est bon. Tellement vite, hein?
Le Président (M. Bachand) : Alors, M. le
secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols :
Oui, pour.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Une voix :
...
Le Président (M. Bachand) : Oui, c'est ça. Alors donc, l'amendement est
rejeté. M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin :
Merci, M. le Président. Donc, le
sujet revêt, je vous dirais, pour moi, une importance particulière. Pendant la suspension, on a parlé avec M. le
ministre, et je voudrais déposer un autre amendement, compte tenu du rejet
du premier amendement, toujours, évidemment, pour le même article. Alors, je
vais le lire...
Le
Président (M. Bachand) : Juste, on va
attendre de le mettre sur le...
Des voix :
...
M. Morin :
Donc, c'est bien celui-là. Parfait. Merci.
Donc, article 9,
article 192 de la Loi sur les tribunaux judiciaires.
Dans le deuxième
alinéa de l'article 192 proposé par l'article 9 du projet de
loi :
1°
remplacer, dans le paragraphe 1°, «performance et aux besoins des
municipalités» par «performance des cours municipales et considérer les
besoins des municipalités et des justiciables»;
2°
remplacer, dans le paragraphe 2°, «répondre aux besoins des municipalités»
par «considérer les besoins des municipalités».
Commentaire :
L'amendement vise à remplacer les objectifs de performance et les besoins des
municipalités par des objectifs de
performance des cours municipales et la considération des besoins des
municipalités et des justiciables.
Donc, c'est la raison
pour laquelle le texte proposé à 192 se lirait comme suit :
«192. Le juge
municipal en chef est chargé de la direction des cours municipales.
«À
ce titre, il a notamment pour fonctions, outre celles qui lui sont conférées
par la Loi sur les cours municipales :
«1° de coordonner, de
répartir et de surveiller le travail des juges dans un souci d'efficacité et
d'assiduité de la justice; les juges doivent se soumettre à ses ordres et
directives, répondre aux objectifs de performance des cours municipales et
considérer les besoins des municipalités et des justiciables;
«2° de s'assurer de
considérer les besoins des municipalités lors de l'assignation des juges, de la
confection des rôles et de la fixation des séances;
«3° d'élaborer, en
concertation avec les juges municipaux, des politiques générales qui leur sont
applicables et de voir au respect de ces politiques;
«4° de voir à
l'adoption de règlements nécessaires à l'exercice de la compétence des cours
municipales et d'en surveiller l'application;
«5° de veiller au
respect de la déontologie judiciaire;
«6°
de promouvoir, en collaboration avec le Conseil de la magistrature, le
perfectionnement des juges municipaux;
«7°
d'apporter son soutien aux juges municipaux dans leurs démarches en vue
d'améliorer le fonctionnement des cours municipales.»
Donc,
avec cet amendement, et si on peut revenir au libellé... Et, comme je le disais
au début... Et évidemment les
discussions avec M. le ministre ont permis d'en arriver à un amendement de
l'article 9 qui va amender l'article 192 de la Loi sur les tribunaux
judiciaires. Comme je l'ai dit depuis le début, je n'ai jamais été contre
l'efficacité et l'assiduité de la justice, bien au contraire.
D'ailleurs, l'amendement, le premier amendement que j'ai proposé, qui a été
rejeté, conservait les mots «efficacité» et
«assiduité de la justice». Cependant, ce qui posait problème, c'était de
répondre aux besoins des municipalités. Le libellé actuel va mettre
l'accent ou l'importance, bien sûr, sur l'efficacité et l'assiduité de la
justice, tout en permettant de répondre aux objectifs, donc, de performance des
cours municipales, donc, à ce moment-là, cela reste littéralement dans le giron
des cours municipales, donc dans le domaine judiciaire, et de considérer non pas uniquement les besoins des
municipalités, mais également des justiciables. Le mot «considérer», quant à
moi, est beaucoup moins fort et contraignant que «de répondre», et donc c'est
la raison pour laquelle, je pense, «considérer» va permettre de respecter les
principes de l'indépendance judiciaire et évidemment de s'assurer que la cour municipale, qui est une cour de proximité,
c'est ce que tous les intervenants nous ont dit... de faire en sorte que cette
cour pourra répondre, évidemment, à des objectifs en ce qui a trait aux
intérêts de la justice et, deux, de s'assurer de considérer les besoins des
municipalités et non pas de répondre.
Donc, encore là, le
juge en chef ne sera pas obligé de répondre à ce que la municipalité veut, ce
qui, à mon avis, posait un problème quant à l'indépendance judiciaire, il
pourra le considérer, et donc de répondre... et donc de considérer les besoins
des municipalités lors de l'assignation des juges, de la confection des rôles
et de la fixation des séances. Alors, c'est l'essence de l'amendement qui est
proposé, M. le Président.
• (17 h 10) •
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, je pense que l'amendement qui est déposé par le député de
l'Acadie constitue une voie de passage, donne une grande ouverture. M. le
Président, on souhaite répondre aux préoccupations — qui, à notre avis,
étaient non avérées — de
certains groupes.
Cependant, il faut se rappeler que la notion de
performance dans le système de justice, M. le Président, elle est extrêmement
importante. On doit avoir un changement de culture dans le système de justice.
Et ce n'est pas parce qu'on est performants, ce n'est pas parce qu'on a des
indicateurs puis ce n'est pas parce qu'on est efficaces qu'on rend la justice
avec célérité, M. le Président, que ça porte atteinte à l'indépendance
judiciaire, hein? On peut avoir de l'indépendance, mais être performants en
même temps, avoir des objectifs, des cibles. C'est comme ça dans n'importe
quelle organisation qu'on mesure la performance. Puis pourquoi c'est important,
la performance? Ce n'est pas de la
performance pour avoir de la performance, c'est pour faire en sorte d'offrir un
service efficace aux citoyens, une justice de qualité, une justice
efficace, M. le Président.
Alors, j'accueille favorablement l'amendement
qui est proposé. Je pense qu'on atteint l'objectif commun, donc la performance
des cours municipales et considérer les besoins des municipalités et des
justiciables. Ça rejoint l'objectif. On a
trouvé un chemin. Alors, je remercie le député de l'Acadie, et vous me
permettrez de dire un gros merci également
aux légistes de l'État québécois qui sont avec nous, qui ont souvent les mots
justes pour nous aider dans nos travaux.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Autres interventions sur l'amendement? Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui,
je veux juste réitérer que moi aussi, j'appuie l'amendement préparé par mon
collègue le député de l'Acadie. Je trouve... évidemment, les arguments qu'il
lui avait proposés sont très justes, puis j'espère que ça va rejoindre les préoccupations que nous avons
entendues sur le terrain, surtout ceux du Barreau du Québec. Eux, ils
ont dit dans leur mémoire que «le projet de
loi oblige le juge municipal en chef à "répondre aux objectifs de
performance et aux besoins des municipalités", ce qui semble faire un
amalgame entre l'administration municipale — qui
est le pouvoir exécutif — et
la cour municipale en tant que telle (pouvoir judiciaire)».
Alors, je trouve que c'est une voie de consensus
municipal en tant que tel pour essayer de rejoindre les préoccupations que nous
avons entendues, et je salue le travail des deux équipes.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Autres interventions? S'il
n'y a pas d'autre... M. le député de l'Acadie, oui.
M. Morin : Oui, brièvement,
permettez-moi également de remercier les légistes et les juristes du ministère.
Ils font toujours un travail avec assiduité,
performance, il faut le dire, et donc... Ils ont été très performants, et on
est pour ça, mais on est pour ça dans tous les niveaux de l'État
québécois, M. le Président.
Vous savez, la performance, la... la célérité,
pardon, l'assiduité, l'efficacité, c'était déjà dans la disposition. Ce qu'il faut s'assurer, c'est qu'évidemment on
va, dans les trois piliers de l'État, s'assurer que ces éléments-là seront
rencontrés, démontrés, demandés par les bonnes personnes, puis qu'il n'y aura
pas de confusion de rôles. Voilà.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Donc, s'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Jolin-Barrette : Adopté.
Mme Maccarone : Un vote par
appel nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Bachand) : Vote par appel nominal. M. le
secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
Le Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Pour.
Le
Secrétaire : Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin
Roy : Pour.
Le
Secrétaire : Mme Schmaltz (Vimont)?
Mme Schmaltz :
Pour.
Le
Secrétaire : Mme Gendron (Châteauguay)?
Mme Gendron :
Pour.
Le
Secrétaire : M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin :
Pour.
Le
Secrétaire : Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols :
Pour.
Le
Secrétaire : Et M. Bachand (Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) : Abstention. Donc,
l'amendement est adopté.
Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur 192? S'il n'y a pas d'autre intervention,
M. le ministre, pour la suite des choses.
M. Jolin-Barrette :
Oui. 193, commentaire : Cet article divise le Québec en quatre régions
de coordination.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Alors, bien, en
fait, pourquoi quatre régions et comment en êtes-vous arrivés à ces quatre
régions-là?
M. Jolin-Barrette :
Bien, dans un premier temps, on a une région de coordination pour Montréal,
pour le district judiciaire de Montréal. Le
district judiciaire de Montréal, c'est le plus populeux. Il y avait déjà un
juge-président, un juge-président
adjoint, qui vont devenir coordonnateur, coordonnateur adjoint. La plus grande
masse critique de juges sont à la
cour municipale de Montréal, 31, donc nécessitant en partant d'avoir une région
de coordination pour Montréal, vu le volume de dossiers, vu également
le... le volume de dossiers, mais le volume de juges aussi.
Ensuite, les autres
régions, dans le fond, c'est un objectif de faire en sorte... Puis tout à
l'heure je vous ai expliqué que, dans le
cadre des cours municipales où qu'il n'y a qu'un seul juge d'affecté, c'est ce
juge-là qui va faire en sorte de
prévoir, de planifier le calendrier de la cour et des séances puis le rôle des
dossiers, donc on n'a pas besoin d'un nombre de régions de coordination
comme... à 10 régions de coordination comme à la Cour du Québec. Le rôle du juge coordonnateur va être moins engageant que
celui, supposons, d'un juge coordonnateur d'une région à la Cour du
Québec, donc...
Et
on a fait des regroupements, dans le fond, pour faire en sorte que,
géographiquement, ça soit logique. Donc, exemple, la région de
coordination de la Montérégie, de l'Estrie, ensemble, avec le Centre-du-Québec,
vous avez ensuite la région de coordination, en raison de la proximité
géographique, Québec, la Côte-Nord, l'Est du Québec et vous avez la région de coordination qui vise plus l'ouest du Québec,
donc Laval, l'Outaouais, l'Abitibi et les Laurentides. Puis il faut dire aussi une chose, vous avez déjà
un juge-président à Québec, vous avez déjà un juge-président à Laval aussi.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de
l'Acadie.
M. Morin :
Oui. Je comprends très bien la préoccupation puis la réponse du... Oui?
M. Jolin-Barrette :
Excusez-moi. Est-ce que je peux compléter aussi?
M. Morin :
Oui.
M. Jolin-Barrette :
Dans le souci de la répartition, là, par rapport, aussi, aux municipalités
puis aux régions, on a essayé de faire en
sorte de répartir, aussi, équitablement le nombre de cours municipales, le
nombre de juges puis le volume de dossiers aussi.
M. Morin :
OK. Donc, avez-vous des
informations sur le volume de dossiers qu'ils ont à la cour municipale de
Québec par comparaison à la cour municipale de Montréal?
M. Jolin-Barrette : C'est
beaucoup plus à Montréal. On pourrait vous sortir les chiffres par rapport au
nombre de dossiers.
M. Morin : OK. Puis à
Trois-Rivières?
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : On va...
Québec, on l'a. Trois-Rivières, on va vous... on va vérifier si on l'a.
M. Morin : Parce
que, dans les districts... ou dans les régions, en fait, que vous avez
énoncées, quand je regardais les
différents endroits, en fait, Québec, qui ont quand même, bon, une cour
municipale avec un juge-président, vous les mettez avec toute la Côte-Nord, les
Îles-de-la-Madeleine puis l'Administration
régionale Kativik. Donc, le
territoire me semble immense, si on le compare, par exemple, à la
région 2 ou même à la région 1.
M. Jolin-Barrette : Bien, la
région 1, c'est...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est l'ouest, c'est Laval. Donc, dans le fond, vous avez, dans la
région 1, dans l'ouest, quatre cours.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est
ça, vous avez 24 cours municipales.
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : 24 cours
municipales, 16 juges dans la région 2, qui est l'Estrie, ça... ou
Québec?
Des voix : ...
• (17 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Oui,
Montérégie et Estrie, donc là il y a 32 cours municipales, 11 juges; pour
la région 3, qui est Québec et le nord et l'est, 32 cours
municipales, 15 juges; puis la région 4, Montréal, une cour
municipale, 31 juges. Donc, au total, 89 cours municipales,
73 juges.
Un des objectifs qu'on a... Il faut se rappeler,
là, dans les cours municipales, pour la confection, comme je le disais, c'est
le juge local qui fait le rôle quand qu'il y a juste un juge. Puis la majorité
des cours municipales n'ont seulement qu'un
juge parce que les seules cours municipales où il y a plus d'un juge, c'est
Gatineau, Longueuil, où là il y a des juges responsables, outre les
juges à titre exclusif, Montréal, Laval puis... Montréal, Laval puis Québec.
M. Morin : Sauf que, quand vous
avez parlé de l'assignation des dossiers, du fait qu'un juge municipal pourrait être appelé à aller dans une autre région
et du rôle des juges coordonnateurs, quand on regarde le territoire de la région 3, c'est immense. Puis, dans cette
région-là, par rapport aux autres régions, est-ce que c'est toujours les
municipalités qui vont avoir à payer pour les déplacements des juges?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, oui, puis c'est déjà le cas, sauf que... Je vous donne un exemple, actuellement, vous aviez... les juges qui sont là,
ils ne bougent pas, tu sais, dans le fond, leur acte de nomination va être
sur... puis on va voir la disposition transitoire à la cour municipale à
laquelle ils étaient déjà affectés principalement ou à plusieurs cours municipales auxquelles ils étaient affectés, mais
on va fixer leur lieu de résidence aussi pour être clairs sur où... d'où
ils partent pour calculer leurs frais de déplacement.
Mais c'est
sûr que, le juge, supposons qu'il était dans l'est puis qu'il avait plusieurs
cours municipales, ça demeure lui qui continue à les faire. On ne fera
pas en sorte de prendre, sauf... bien, quand je dis, «on ne fera pas en sorte»,
là, le juge coordonnateur ou le juge
municipal en chef, dans le souci d'une saine gestion des fonds publics, ne fera
pas exprès de prendre un juge de Portneuf puis de l'envoyer à Gaspé si
vous avez un juge à Rimouski. Mais ça, ce n'est pas moi qui gère ça, mais c'est le juge coordonnateur qu'il faut qu'il ait ce
souci-là, que les juges, régionalement, soient optimisés par rapport à
leurs assignations. Mais déjà... tu sais, les juges, c'était déjà comme ça,
que, normalement, de façon intérimaire, ceux
qui faisaient plusieurs cours, ils ne partaient pas de l'autre bout du Québec
pour aller à une autre cour, là.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui. Exemple, là, dans l'Est du Québec, là, c'est le même juge
qui fait la cour municipale de Rivière-du-Loup, de Rimouski, de la MRC
de La Mitis, de Sept-Îles, de La Pocatière, de la MRC de L'Islet, de Montmagny
puis de Baie-Comeau.
M. Morin : OK. Ils ont un juge
municipal qui couvre tout ce territoire-là?
M. Jolin-Barrette :
Oui, oui. Dans le fond, parce que les cours municipales n'ont pas, pour
avoir une charge complète, le... Bien, en fait, le volume par cour municipale
n'est pas assez élevé pour que le juge fasse juste une ou deux cours municipales, donc qui couvrait
toutes ces cours-là. Je donne un exemple, au... il y a un juge qui fait
Côte-de-Beaupré, Saint-Raymond, Donnacona, Alma. Le juge qui est plus au Saguenay—Lac-Saint-Jean, il fait Saint-Félicien, Chibougamau, La Tuque, Roberval,
Dolbeau-Mistassini, les Îles-de-la-Madeleine.
M. Morin :
Les Îles-de-la-Madeleine, c'est comme loin du Lac-Saint-Jean.
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais il doit y aller en avion.
M. Morin :
Bien oui, bien, j'espère pour lui, parce que sinon c'est long. Mais c'est
curieux...
M. Jolin-Barrette :
Mais c'est beau, les Îles. C'est beau, les Îles.
M. Morin :
Ah! ce n'est pas juste beau, c'est magnifique.
M. Jolin-Barrette :
Mais, voyez-vous, aux Îles-de-la-Madeleine, il y a trois séances de cour
municipale par année.
M. Morin :
OK. Mais ils ne sont pas
rattachés à la Gaspésie, parce qu'il me semble que c'est pas mal moins loin.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, c'est... Oui, c'est ça, c'est la juge en chef adjointe qui
décide.
M. Morin :
Qui décide. OK.
M. Jolin-Barrette :
L'indépendance. Ce n'est pas nous autres qui assignent les juges.
M. Morin :
Non, non, je comprends, je comprends.
M. Jolin-Barrette :
Vous ne voulez pas que j'aille là?
M. Morin :
Non, absolument pas.
M. Jolin-Barrette :
Non? OK. Je veux juste être sûr.
M. Morin :
Ah! on est sûrs là-dessus.
Mme Nichols :
Ça agrandit la notion de voisinage.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée de
Vaudreuil, oui, allez-y.
Mme Nichols :
Oui, merci. Là, je dis, ça agrandit beaucoup la notion de voisinage
immédiat.
M. Jolin-Barrette : Non, parce que, son
voisinage immédiat, on va fixer son lieu de résidence avec le décret. Tu
sais, il est principalement affecté à une cour, mais on va venir fixer son lieu
de résidence aussi.
J'ai
votre réponse pour Trois-Rivières. Trois-Rivières, il y a 22 956 dossiers,
donc, pénal, criminel, civil; Québec, il y a 79 489 dossiers;
puis Montréal, 898 404.
M. Morin :
Donc, Québec, c'est 79 000 dossiers, puis Montréal, c'est
898 000?
M. Jolin-Barrette :
Oui, oui.
M. Morin :
OK. Puis Trois-Rivières, c'est?
M. Jolin-Barrette :
22 956.
M. Morin :
Et ils ont combien de juges permanents à Québec?
M. Jolin-Barrette :
Huit, je crois, ou sept. Québec, il me semble, c'est sept ou huit. Ah!
c'est huit.
M. Morin :
C'est huit?
M. Jolin-Barrette :
Oui.
M. Morin : Puis,
dans le cas de la réforme, en termes de régions de coordination, avez-vous
songé à créer une région pour Québec et les environs, genre région de la
Capitale-Nationale, et une région du Grand Nord, ou si la région 3...
Parce que la région 3 comprend tout ça.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
il faut comprendre, tu sais, que les régions... Un, c'est une suggestion de la juge en chef adjointe des cours municipales.
Actuellement, il n'y en a pas, de juge coordonnateur. Bien, il y a des
juges-présidents, sauf que le juge municipal en chef, lui aussi, il est là. Ça
fait que les juges s'autoassignent déjà dans les
cours où il n'y a qu'un seul juge, ça fait qu'il ne faut pas non plus augmenter
la lourdeur administrative puis aussi les coûts associés aux fonctions supplémentaires. Donc, à quatre juges
coordonnateurs, on va pouvoir couvrir le territoire adéquatement, le
juge municipal en chef aussi est là. Donc, c'est une structure qui est allégée,
là. On ne veut pas... on ne va pas alourdir la structure.
M. Morin : Mais je pensais,
entre autres, notamment aux frais de déplacement. Puis je comprends que... je
comprends qu'il y a déjà, présentement, des juges municipaux qui couvrent ces
municipalités-là. Ce n'est pas comme s'il y
avait un ajout d'une trentaine de juges, là, ce n'est pas ça, là, mais, si les
frais de déplacement, bon, éventuellement et à la toute fin, vont être payés par les villes, et compte tenu de la
région 3, particulièrement, c'est sûr qu'il y a une ville qui se
retrouve là-dedans. Puis je comprends que le juge coordonnateur ou le juge
en... municipal en chef ne fera pas exprès,
là, de faire voyager les juges sur les plus longs délais possible. Des fois, ça
peut arriver, par maladie ou autre, là, tu sais, quelqu'un tombe malade, bon, mais, pour ces villes-là, le fardeau
va être beaucoup plus lourd que les autres, puis, si l'État québécois ne
compense pas... parce que je comprends que ce n'est pas l'idée...
M. Jolin-Barrette : Mais juste
un point, là.
M. Morin : Oui.
M.
Jolin-Barrette : On conserve... dans le fond, on conserve le système
actuel, qui fonctionne bien, sur l'assignation
des juges à la séance, parce que, tu sais, quand le juge a plus qu'une cour,
c'est la juge en chef adjointe, par une assignation intérimaire, qui le fait,
mais ça fonctionne déjà comme ça. Mais ce qu'on fait, par contre, c'est qu'on lui amène plus de souplesse encore dans le
régime, dans l'assignation, parce que, là, dans le fond, il va y avoir moins,
je voudrais dire... je pourrais dire, de
bureaucratie pour dire la publication, tu sais, parce que, là, actuellement,
demain matin, elle ne pouvait pas prendre un juge, supposons, de
Portneuf puis l'envoyer à la cour municipale de Québec s'il n'avait pas eu sa désignation intérimaire; là, elle va pouvoir le
faire. Mais déjà les juges sont... restent à leur place où ils sont, dans leur cour municipale. Mais le fait de
créer des régions de coordination, c'est de... le fait, notamment, de pouvoir
avoir une vue régionale, je vous dirais, sur l'ensemble des cours, grandes
régions, mais ça leur permet d'avoir la flexibilité, aussi, de prendre des
juges à titre exclusif de Québec, supposons, puis de les sortir de Québec, puis
de les amener à Lévis. Supposons, vous avez un besoin à Lévis, là,
actuellement, vous ne pouviez pas prendre un juge de Québec, l'envoyer à Lévis. Donc, ils ne font pas exprès de prendre,
comme je vous disais, le juge à l'autre bout de la région pour le faire
amener, parce qu'il y a une logique de déplacement, mais c'est pour ça qu'on a
mis les critères de saine gestion des fonds publics, tout ça. Mais il faut
aussi laisser aux juges coordonnateurs puis au juge en chef municipal de la
flexibilité dans son bassin de juges. C'est ça qu'on fait, là.
• (17 h 30) •
M. Morin : Et ça, je le
convie... ça, j'en conviens, puis je suis aussi tout à fait d'accord pour dire
que le fait, par exemple, que le
gouvernement ou le ministre de la Justice ne soit pas obligé d'émettre un
décret à chaque fois pour qu'un juge se promène d'un district à l'autre,
c'est... ça, c'est une avancée. Mais ce que je dis, c'est qu'au niveau des frais de déplacement... Puis je comprends que les
juges ne le feront pas exprès, là, pour envoyer quelqu'un du point a au point le plus loin, au point z, mais, quand on
regarde, par exemple, la région 4, bien, à moins de circonstances
exceptionnelles, les juges, ils vont se promener dans l'agglomération de
Montréal, ça ne fera pas beaucoup de frais de déplacement. Puis, si jamais il y
en a un qui se déplace ou une, ça va être, je ne sais pas, Longueuil, Laval.
Mais, quand vous regardez la région 3 puis vous regardez les différentes
villes, même s'ils ne le feront pas exprès, mais, tu sais, que, s'il y en a un qui manque dans Eeyou Istchee, sur la
Baie-James, ou dans l'Administration régionale de Kativik, ça va être un
coût énorme.
M. Jolin-Barrette : Lui, il
n'est déjà pas là, sa résidence, là. Quand il va faire, là, le Nord comme ça, là...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, M. le député de l'Acadie,
en attendant, oui.
M. Morin : Est-ce
que M. le ministre aurait objection à déposer son document? Ça pourrait nous
aider à suivre avec lui.
M. Jolin-Barrette : ...
M. Morin : Ah! d'accord.
M. Jolin-Barrette :
Non, c'est ça, il n'y a pas de cour municipale dans le Nord, genre à
Kuujjuaq.
M. Morin :
Donc, il n'y a pas... donc, dans
l'Administration régionale de Kativik, il n'y a pas de cour municipale.
M. Jolin-Barrette :
C'est ce qu'on m'indique.
M. Morin :
Mais alors pourquoi est-ce qu'on prévoit... Éventuellement, il va y en
avoir une?
M. Jolin-Barrette :
Il pourrait, mais on couvre l'ensemble du territoire québécois.
M. Morin :
OK, bon, mais il y en a une à la Baie-James, à Eeyou Istchee?
M. Jolin-Barrette : Alors, la plus au nord,
cour municipale, que nous avons, c'est celle de Chibougamau ou, bien, oui,
la Côte-Nord.
M. Morin :
Donc, ce serait Chibougamau, la plus au nord, et il n'y en a pas à Fermont.
M. Jolin-Barrette :
Sinon, c'est Sept-Îles.
M. Morin :
C'est Sept-Îles?
M. Jolin-Barrette :
Oui.
M. Morin :
OK. Puis il y en a une dans la communauté maritime des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais à trois séances par année, ça fait que pour un long séjour.
M. Morin :
Puis à Chibougamau, ils siègent combien de fois par année?
M. Jolin-Barrette :
10 séances.
M. Morin :
OK, donc, 10 séances. Puis il y a un juge permanent à Chibougamau? Il
y en a un qui réside à Chibougamau, ou il se promène?
M. Jolin-Barrette : Non, non, lui, il couvre
Saint-Félicien, Chibougamau, La Tuque, Roberval, Dolbeau-Mistassini puis les Îles, oui, puis, lui, c'est le juge
Lalancette. Son acte de nomination prévoit qu'il est à... qu'il est fixé à deux
cours, Saint-Félicien et Chibougamau.
M. Morin :
OK. Donc, est-ce qu'il y aurait lieu de créer une autre région?
M. Jolin-Barrette :
Bien, si on crée une autre région, ça veut dire qu'il y aurait un autre
poste de juge coordonnateur, puis ce
seraient des coûts supplémentaires pour les municipalités. Tu sais, plus on
grossit, bien, plus ça amène des coûts supplémentaires.
M. Morin :
Mais le juge coordonnateur continue de siéger, par ailleurs?
M. Jolin-Barrette :
Oui, sauf qu'il y a une prime pour être juge coordonnateur.
M. Morin :
Puis rappelez-moi c'est combien, la prime?
M. Jolin-Barrette : Coordonnateur, c'est
8 %, 10 %. Il me semble que c'est autour de 8 %, selon mon
souvenir.
M. Morin :
OK, de son salaire, OK. Puis il n'y avait pas de... il n'y a pas eu de
réflexion sur la création, par exemple, d'une cour municipale pour la région de
la Capitale-Nationale comme il y en a une pour Montréal.
M. Jolin-Barrette :
Excusez-moi, pour le pourcentage additionnel de la rémunération, c'est
6 % à 8 %.
M. Morin :
OK.
M. Jolin-Barrette :
Pour votre question sur une cour nationale...
M. Morin :
Oui, bien, en fait, une cour...
parce qu'il y en a une à Montréal. Donc, est-ce qu'il y a eu une réflexion
sur la création, par exemple, d'une cour municipale pour la région de la
Capitale-Nationale du Québec?
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, le volume de dossiers... Tu sais, on l'a dit tantôt, c'est
10 fois plus gros à Montréal, la cour municipale, en termes de volume de
dossiers, que Québec. Ça fait que, tu sais, Québec, oui, ils ont huit juges,
mais à Montréal ils en ont 31 à la cour municipale. Donc, tu sais, pour être
logique, c'est la région... mais, tu sais,
Montréal... il y a une particularité précise à Montréal en raison du volume
d'activité judiciaire. Ça fait que, tu sais, l'objectif, quand on a fait
des travaux avec la Cour du Québec, c'était notamment un désir d'avoir quatre
régions de coordination à ce niveau-là, logiquement, puis, tu sais, dans la
répartition... la répartition, par rapport au nombre de cours municipales, est pas mal égale en fonction du territoire aussi. Tu
sais, il faut le dire, les juges vont pouvoir assigner partout... vont pouvoir être assignés partout sur
le territoire québécois, mais, quand même, plus vous connaissez votre région,
bien, plus vous allez être à proximité aussi.
M. Morin :
Merci.
Le
Président (M. Bachand) : ...
Mme Maccarone : Oui, juste une question
de compréhension. Est-ce que les juges vont pouvoir aller d'une région à
l'autre?
M. Jolin-Barrette :
Oui, parce qu'il y avait... il y a un groupe qui est venu nous dire ça, il
dit : Il faudrait qu'ils puissent
migrer d'une région à l'autre, mais, oui, ils peuvent le faire, il n'y a rien
dans la loi qui l'interdit. Dans le fond, ils sont nommés à leur cour
dans une région de coordination, mais, puisqu'ils ont compétence sur l'ensemble
du territoire, ils vont pouvoir aller dans une autre région, sauf que le...
Exemple, supposons, le juge coordonnateur de Montréal
voudrait avoir un juge de la Rive-Sud, bien, il va prendre le téléphone, il va
appeler le juge coordonnateur de la Rive-Sud, il va dire : J'ai des
besoins, peux-tu m'envoyer quelqu'un?
Mme Maccarone :
Puis ça va être Montréal qui va payer pour ça?
M. Jolin-Barrette :
Oui, pour ses séances, parce que, lui, c'est ses séances de la cour.
Mme Maccarone :
Puis le juge coordinateur de... ça, c'est la région...
M. Jolin-Barrette :
1, Montréal.
Mme Maccarone :
Ça, c'est la région 4, Montréal, mais, la région 1, lui, va dire soit oui
parce que... Est-ce qu'il y a une exigence?
Parce qu'on a dit que les juges... bien, un maximum de... on a dit... c'est
combien de séances, 250? Ça fait que...
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais ça, c'était pour les juges municipaux à la séance. Là, ils sont
rendus à titre exclusif, tous les juges sont à titre exclusif, ça fait que ce
n'est pas calculé comme ça pour les juges municipaux à titre exclusif.
Mme Maccarone :
Parce qu'ils sont à temps plein?
M. Jolin-Barrette :
Parce qu'ils sont à temps plein.
Mme Maccarone :
Ça fait qu'il n'y a pas de limite?
M. Jolin-Barrette : Il n'y a pas de limite.
C'est le juge en chef puis les juges coordonnateurs qui vont fixer les
paramètres des assignations.
Mme
Maccarone : Mais est-ce que ça peut arriver, parce qu'il y a un juge
dans une région qui est moins occupé, puis,
dans cette région de coordination, que le juge coordinateur dit : Moi,
j'ai des juges qui sont disponibles, mettons,
ça fait qu'on peut prêter main-forte dans une autre région? Parce que, exemple,
Montréal, pas loin de Laval, ce n'est
vraiment pas loin comme région. Est-ce que ça, c'est quelque chose qui va être
pris en considération? On a parlé de performance pour les
justiciaires... justiciables.
M. Jolin-Barrette : Justiciables, oui. Bien,
la réponse, c'est oui. C'est l'objectif, dans le fond, d'optimiser les
ressources parce que, tu sais, exemple, actuellement, supposons qu'il y avait
des besoins à Longueuil, le juge de Montréal ne pouvait pas y aller parce que
le juge de Montréal était à titre exclusif puis il était assigné... son acte de
nomination était juste Montréal, pouvait juste... il était juste compétent à la
cour municipale de Montréal. Maintenant, c'est bien moins loin... bien
moins long, bien moins loin, bien moins cher de prendre un juge de Montréal
puis l'envoyer à la cour municipale de
Longueuil, dans Le Vieux-Longueuil, que de prendre un juge de Sherbrooke puis
de l'envoyer à Longueuil.
Mme Maccarone : Est-ce que ça arrive, de
temps en temps, qu'on envoie des juges d'une région à l'autre à cause de
leur expertise?
• (17 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Ça,
je ne pourrais pas répondre à votre question parce que ça relève plus de la
cour, mais les... comment je pourrais
dire, c'est beaucoup du pénal qu'ils font, mais ça pourrait arriver que,
exemple, supposons, une cour municipale qui a... qui fait de la
partie XXVII, donc du droit criminel, puis qu'il manque de juges, donc,
bien entendu, si, j'imagine, qu'il y avait un juge qui est dans sa pratique ou
dans la cour à laquelle il siège qui fait du droit criminel, puis c'est un spécialiste là-dedans, puis il a des dossiers
complexes, le juge peut... le juge en chef pourrait l'assigner en fonction de la nature du dossier. C'est à la
discrétion du juge en chef puis des juges coordonnateurs d'assigner les juges. Ça fait que, bien entendu, un juge qui a vraiment
une expertise pointue, supposons, en droit criminel ou... Supposons, on va
voir tantôt, là...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : ...oui,
urbanisme, oui, ça peut être urbanisme, sur le pénal, ou... j'allais dire, on
rajoute le pouvoir à la cour municipale de faire de la fiscalité municipale. Ça
fait que supposons que vous avez un juge, je ne sais pas, qui a fait sa carrière en fiscalité, qui est rendu juge
municipal ou en évaluation foncière, bien, ça, ce n'est pas le ministre
qui assigne.
Mme Maccarone : Non, mais c'est
juste une question que, si c'est quelque chose qui arrive puis si c'est une
possibilité qui reste...
M. Jolin-Barrette : C'est une
possibilité, puis j'imagine que ça arrive déjà.
Mme Maccarone : Puis, si,
mettons, la ville de Montréal ou la région 4... le juge coordinateur de la
région 4 décide que... dit : Moi, j'ai
besoin d'aide, je souhaite faire déplacer un juge de Sherbrooke, là, on va
trouver quelque chose de Longueuil,
comme le ministre a dit, ou à Laval pour venir prêter main-forte, est-ce
qu'eux, ils doivent consulter avec la municipalité parce que ça va
engendrer des coûts? Parce que, quand on a parlé de performance, dans l'article
192, est-ce que ça, c'est un peu les besoins des municipalités?
M. Jolin-Barrette : C'est
la municipalité qui tient la séance qui assume les frais. Ça fait que, exemple, supposons que le juge, normalement, est à Laval, ce n'est
pas la ville de Laval qui va payer pour la séance qui va être faite à Montréal.
Mme Maccarone : Bien,
l'inverse, d'abord, c'est la municipalité qui doit payer parce qu'ils ont
besoin d'aide, ça fait qu'il dit : Juge coordinnateur de la région 2, j'ai
besoin d'aide, pouvez-vous nous envoyer... mais le juge coordinnateur de la
région 1 qui a fait la demande, c'est eux qui vont assumer les frais parce
qu'eux, ils ont fait la demande. Est-ce qu'eux, ils doivent consulter, mettons,
le conseil municipal, les élus, pour dire : On a besoin d'un supplément
budgétaire, je souhaite faire ça? Ça, ça ne prend pas une approbation?
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme Maccarone : Ça fait qu'il
n'y a pas de vote. Ça fait qu'il y a comme un budget illimité?
M. Jolin-Barrette : Bien non,
mais c'est pour ça que, dans la loi, on dit que la responsabilité du juge en
chef... puis, notamment, on va voir l'article sur les assignations, ça doit
être fait dans un souci d'une saine gestion des fonds publics. Donc, pour
les...
Mme Maccarone : Oui, mais, moi,
ma question, c'est plus le pratico-pratique, comment ça fonctionne, cette modalité, parce que, si la ville doit adopter un
budget avec une règle budgétaire, moi, j'attribue je ne sais pas combien de
millions de dollars pour ça...
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
le greffier de la cour municipale qui, en fonction du nombre de dossiers, quand il construit le rôle puis les séances, les
calendriers des assignations, le fait en collaboration avec le juge local. Donc,
s'ils ont besoin de plus de séances, bien,
c'est la cour qui doit assigner un juge. Lorsqu'ils assignent un juge, ils
font... je souhaite qu'ils ne fassent pas exprès de prendre un juge de
l'autre bout du Québec pour l'amener siéger.
Mme Maccarone : Non, mais moi,
je parle des régions qui sont vraiment proches, Laval, Montréal, parce que j'ai vraiment besoin de désengorger, puis je
sais que vous, par exemple, vous avez des juges qui sont disponibles. Je ne parle pas d'aller dans une région super
loin, c'est le pratico-pratique de comment ça fonctionne. Puis on peut faire
l'inverse : Montréal a beaucoup de
juges, Laval a un besoin, on a trois juges qui sont disponibles, est-ce que
Laval doit tenir une séance de
conseil pour dire : Écoute, on a besoin d'un budget supplémentaire? Ça
fait que c'est la décision seule et unique du juge coordinateur de la
région?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, là, ils ont des calendriers de séances. Ça fait que, lorsque le juge, il
est plein, il n'est pas disponible puis il
ne peut pas siéger, ils le savent, à la cour municipale. Les juges
coordonnateurs vont savoir où est-ce qu'il leur manque des juges, où
est-ce qu'ils ont un surplus de dossiers. Ça fait que c'est leur responsabilité d'assigner le juge en fonction du nombre de
dossiers. Bien, c'est eux qui font les rôles, ce n'est pas la municipalité. Ce
n'est pas le poursuivant qui dit : On va mettre 500 dossiers sur le rôle,
là. La fixation des séances et le rôle est fait en collaboration entre le
greffier de la cour puis, après consultation du greffier, par le juge local.
Mme Maccarone :
Puis la ville est consultée avant pour le... je présume, parce qu'il doit
mettre un budget à quelque part pour ça. C'est ça que je souhaite comprendre,
comment il détermine combien ça va coûter.
M. Jolin-Barrette : Non, mais eux autres, ils
ont un inventaire de dossiers, là, eux autres, les dossiers... La cour municipale, là, supposons, il y a 1 000
constats d'infraction dans l'année, bien, ils veulent que les 1 000
constats d'infraction procèdent dans des délais raisonnables.
Mme Maccarone : Puis, pour les sanctions
administratives pécuniaires, est-ce que ça va fonctionner de la même
façon?
M. Jolin-Barrette :
Bien là, ça, c'est différent. On va y arriver par... tantôt, au bloc 4, là,
mais les sanctions administratives pécuniaires, dans le fond, elles ne passent
pas à la cour municipale. Les sanctions administratives pécuniaires, le citoyen
va recevoir son constat, et là, s'il le conteste, il va s'adresser à un agent
réviseur de la ville, supposons. Là, l'agent
réviseur va regarder la preuve puis les documents soumis par le citoyen pour
dire : Bien, pourquoi est-ce que vous voulez qu'on annule votre
constat d'infraction? Et là, après ça, si jamais il n'est pas satisfait de la décision de l'agent administrateur, donc, il
maintient la contravention, à ce moment-là, il va pouvoir en appeler à un
décideur administratif, ça fait que ça ne se passe pas du tout à la cour
municipale.
Mme Maccarone :
OK. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Autres
interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
...parce que vous nous avez parlé du nombre de dossiers des différentes
villes, mais vous avez souligné, M. le ministre, que, dans certaines régions, il pouvait y avoir, comme, dans certaines
villes, trois séances ou quatre
séances. Je comprends que l'idée, avec des juges qui vont être permanents,
c'est que, normalement, ils devraient faire, quoi, 250 séances par
année?
M. Jolin-Barrette :
En moyenne, là.
M. Morin :
Bon, puis, dans les régions, est-ce que vous avez tenu compte aussi du
nombre de séances pour lesquelles ils vont devoir siéger pour établir les
régions?
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais, tu sais, à chaque année, le volume, il change. Tu sais, parfois,
ça arrive que, supposons... Comment ils disaient ça? Par chez nous, mon
ancienne mairesse disait : Les corps de police doivent donner une
prestation minimale de travail, supposons, sur l'équipe de la circulation. Ça
peut arriver que la prestation minimale de travail sur l'équipe de
circulation... Parfois, ils ne seront pas là quand, supposons, ils sont en
moyens de pression une année.
M. Morin :
Oui, bon, mais, règle générale,
là, donc, dans la région 3, par exemple, les juges vont quand même
être capables de faire 250 séances par année.
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais, s'ils ne le font pas, ils vont venir prêter main-forte aussi
parce que, tu sais, les municipalités
demandent des séances, ils en veulent, des séances. Je donne l'exemple de
Gatineau, là, eux autres, ils en veulent,
des séances, là. Ils vous l'ont dit, 14 semaines par année, ils n'ont pas
de séances, puis ils voudraient en tenir. Ça fait qu'eux autres, ils...
et le volume de dossiers est là.
M. Morin :
Puis est-ce qu'ils ont des délais dans leurs dossiers?
M. Jolin-Barrette : Bien, ils ont certains
délais, mais ce que ça fait, sinon, c'est que ça compresse les activités
judiciaires en moins de mois.
M. Morin :
Oui. Non, ça, c'est clair. D'ailleurs, on les a entendus, là, quand ils
sont venus nous parler, mais est-ce que ça fait, par exemple, qu'ils ont des
délais qui sont supérieurs à d'autres cours municipales à cause de leur mode de
fonctionnement?
M. Jolin-Barrette : Il faudrait regarder
c'est quoi, les délais à Gatineau, il faudrait que je vous revienne, mais c'est
sûr que, quand vous ne siégez pas 14 semaines par année...
M. Morin : OK. Bien,
normalement, ils... normalement, quand on les compare à d'autres cours
municipales, évidemment, tout dépendant du
volume, là, on ne parle pas de Montréal, là, ils ont 898 000 dossiers, là,
on est ailleurs, là, mais donc est-ce qu'on voit un écart ou...
M. Jolin-Barrette :
Je n'ai pas l'information.
M. Morin : OK, c'est bon. Je
vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : C'est
quoi, le plan du gouvernement pour mettre à l'oeuvre cette nouvelle
régionalisation? Tu sais, la ville de Montréal, ils ont dit... dans leur
mémoire, ils posent des questions : Comment est-ce que ceci va mettre à
l'oeuvre... Est-ce qu'il y a un échéancier? On propose de mettre ça à l'oeuvre
d'ici six mois, un an?
M. Jolin-Barrette : Bien, on a
coordonné l'entrée en vigueur des juges municipaux à la séance à... parce que
c'est le changement, principalement, là, à titre de juges exclusifs, au 1er
juillet prochain parce que l'année de paiement, pour le paiement des juges, est
du 30 juin au 1er juillet.
Mme Maccarone : Puis tout le
monde va être prêt de mettre tout ça à l'oeuvre d'ici les sept prochains mois?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, tout le monde est déjà là. Les juges sont déjà là. Tu sais, ce n'est pas
des nouveaux juges, là, à part les juges coordonnateurs, puis même, encore là,
les juges coordonnateurs sont déjà là parce que,
exemple, le juge-président de Montréal devient juge coordonnateur de la
région 1, le juge-président adjoint de Montréal devient le juge
coordonnateur adjoint région 1. Ça fait qu'il y a une transition, déjà,
qui est prévue.
• (17 h 50) •
Mme Maccarone : Puis, pour les
villes, côté administratif, un accompagnement... parce que, comme on a entendu, il y a des préoccupations en ce qui
concerne les coûts qui peuvent être engendrés, puis on n'a aucune idée de
l'impact, ça fait que, d'ici six mois, est-ce qu'on va faire un...
M. Jolin-Barrette : Oui, on va
publier le règlement, mais ça va être plus simple pour eux parce que,
maintenant, les villes... avant, il y avait du personnel qui traitait,
supposons, le remboursement des demandes du juge pour le stationnement, pour le
kilométrage, pour le nombre de séances. Ils devaient calculer ça. Maintenant,
les municipalités n'auront plus à calculer ça. Ça va être... Le personnel qui
faisait ça... ça va être Québec qui va les payer
puis qui, ensuite, va envoyer la facture aux municipalités par rapport au
nombre de séances qu'ils vont avoir faites.
Mme Maccarone : Ça fait
qu'est-ce qui arrive à ces personnels... ces employés?
M. Jolin-Barrette : Bien, ils
vont pouvoir faire autre chose dans la municipalité.
Mme Maccarone : On présume?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, moi, je pense qu'il ne manque pas de travail dans les municipalités.
Mme Maccarone : Non,
mais, côté expertise, formation, c'est... En tout cas, est-ce qu'il va y avoir
un rapport d'impact qui sera fait en ce qui concerne les coûts que ça
peut engendrer ou bien les épargnes?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, le nouveau régime qu'on met en place vise à faire en sorte, justement, de simplifier la procédure pour que le paiement soit
fait sur le fonds consolidé du gouvernement du Québec pour, justement, enlever ça, le lien entre le juge puis la
municipalité, que le juge, tu sais... dire : Bien, je facture la
municipalité par rapport à mon nombre
de séances. Tu sais, comme... on enlève toute, là, cette apparence, peut-être
problématique, d'indépendance là.
Mme Maccarone : Sauf
qu'il y a toujours la préoccupation que ça va coûter plus cher parce que les
juges vont être en place à temps plein puis pas payés à la séance.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
les municipalités vont être facturées à la séance... du nombre de séances utilisées. Tu sais, lui, le juge, là, il reçoit
son plein traitement. Le juge, là, quand il va partir son année, là, il ne se
posera pas la question : Aïe!
Moi, il faut que je me remplisse 250 séances pour toucher mon
260 000 $. Lui, il part l'année au 1er janvier, il sait qu'au 31 décembre il va avoir fait
260 000 $. Là, c'est son juge qui l'assigne, son juge coordonnateur,
ou lui-même par rapport au calendrier, mais, pour le reste, c'est le juge
coordonnateur qui l'assigne. Ça fait que lui, le juge, là, il n'a plus d'enjeu.
Je vous donne un exemple, là, dans la pandémie, là, quand tout a fermé, les
cours municipales aussi ont fermé, ça fait
que, là, moi, j'avais une série de juges en chef... juges à la séance qui n'ont
pas reçu... qui n'ont pas été payés pendant trois mois. Ça fait que, là,
le dernier Comité de rémunération des juges nous a dit : Écoutez, ça ne marche pas parce que le juge, en
fonction de son indépendance financière, il ne peut pas ne pas être sans
revenus même s'il ne siège pas.
Mme Maccarone : Mais c'est le
gouvernement qui va absorber la balance des jours comme... Si je comprends bien
ce que le ministre est en train d'expliquer, c'est que le juge est payé à temps
plein, le 260 000 $ par année...
M. Jolin-Barrette :
Peu importe ce qui arrive, là, il y aurait une autre pandémie...
Mme Maccarone : Exact, puis
c'est le gouvernement qui va subventionner ceci, puis on va rembourser les
municipalités uniquement pour les jours où les juges ont siégé?
M. Jolin-Barrette : Non, c'est
les municipalités qui remboursent le gouvernement du Québec.
Mme Maccarone : Ça fait que,
pour eux... ça fait que c'est eux qui absorbent la balance?
M. Jolin-Barrette : Non, mais
c'est nous qui les payons, les juges, puis nous, on facture les municipalités
en fonction du nombre de séances qu'ils ont prévues.
Mme Maccarone : Ça fait que
c'est le gouvernement qui absorbe la balance?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
nous autres qui les payons, puis nous, on les facture.
Mme Maccarone : Mais je parle
de comme... Mettons, ils siègent 100 jours, ils sont payés pour le 250?
M. Jolin-Barrette : Mais là on
ne veut pas qu'ils siègent 100 jours.
Mme Maccarone : Non,
mais je... mettons, ça arrive... ça peut arriver... je ne sais pas combien de
juges que nous avons à travers la province, mais quelque chose qui
arrive, un juge qui siège seulement 100 jours.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais,
dans la mécanique, là, c'est en fonction du nombre de séances. Les
municipalités, là, généralement, ils savent leur volume, là, grosso modo, là.
Ça fait que, là, ils vont transmettre leurs prévisions
pour dire : Bien, écoutez, nous, on va avoir de la cour municipale tant de
séances par année, ça fait qu'on va répartir le budget comme ça, la
facturation, puis, s'il y a eu plus de séances, bien, ça va être ajusté en fin
d'année pour les municipalités. Donc,
ce qu'il faut retenir, c'est que les juges sont payés à temps plein. Eux
autres, ils ne se cassent pas le bicycle, OK?
Mme Maccarone : Ils ne se
cassent pas le bicycle?
M. Jolin-Barrette : Ils ne se
cassent pas le bicycle. Ça fait que, là, par contre, les municipalités vont se
faire facturer par le Trésor québécois pour dire : Bien, vous avez eu tant
de séances, c'est ça, le coût par séance d'un juge, ça fait que voici.
Mme Maccarone : Ça fait que
pourquoi les villes sont tant préoccupées? Parce que toutes les villes ont dit :
Nous sommes préoccupées par les coûts que ça
peut engendrer. Ici, ce que le ministre est en train de nous dire, c'est que,
dans le fond, c'est le gouvernement qui va absorber s'il y a un écart.
M. Jolin-Barrette : Bien,
exemple, le salaire... la différence de salaire du juge municipal en chef va
être répartie sur les municipalités, parce
qu'actuellement le salaire de la juge municipale en chef adjointe, Cour du
Québec, est assumé par l'État québécois, tandis que, là, maintenant,
c'est un juge municipal en chef. Donc, la partie d'extra de son salaire entre juge municipal en chef et...
dans le juge puîné puis le juge municipal en chef va être répartie à travers
toutes les municipalités.
Mme Maccarone : Est-ce qu'il va
y avoir une entente entre toutes les municipalités dans une région?
M. Jolin-Barrette : Qu'est-ce
que vous voulez dire?
Mme Maccarone : Bien, dans le
sens que, si je regarde la région 1, puis on dit : On a plus de demandes à
Rivière-du-Nord, mais le Témiscamingue, eux
aussi, ont autant de demandes, comment qu'on va s'assurer qu'on respecte
tous les besoins si on a...
M. Jolin-Barrette : Bien,
annuellement, la municipalité fait part de ses besoins pour dire : Nous,
on va avoir besoin de tant de séances par année dans la planification de nos
affaires. Ça fait que la responsabilité de la cour, c'est d'assigner des juges
pour tenir ces séances-là.
Mme Maccarone : Puis les coûts
des juges, qui vont être facturés par le gouvernement, bien, dans le fond, ils
vont le savoir d'avance.
M. Jolin-Barrette : Oui, parce
que ce sont eux qui disent combien de séances ils ont de besoin.
Mme Maccarone : Ça fait qu'ils
vont pouvoir planifier. C'est juste que ça va coûter plus cher à cause de...
M. Jolin-Barrette :
Le besoin part d'eux autres.
Mme Maccarone : Puis
est-ce qu'il va avoir autres employés qui vont être engagés pour aider? On a
les juges coordinnateurs puis on a les juges adjoints coordinnateurs.
M. Jolin-Barrette : Les
employés en soutien au bureau du juge en chef puis du juge... des juges
coordonnateurs sont assumés par les municipalités.
Mme Maccarone : Tout ça, c'est
assumé par eux? Ça fait que, si on a des besoins supplémentaires...
M. Jolin-Barrette : C'est les
municipalités.
Mme Maccarone : ...c'est les
municipalités. Nous, on est...
M. Jolin-Barrette : Bien, la
facture est répartie en fonction du volume. Ça fait que vous comprenez que le
volume de paiements est plus élevé à Montréal qu'à la cour municipale de
Beloeil.
Mme Maccarone : Puis ça, c'est
quelque chose... le remboursement, ça va se faire une fois par année?
M. Jolin-Barrette : Là,
sur la mécanique, quand est-ce que le gouvernement du Québec va facturer aux municipalités,
il faudrait que je vous revienne avec cette réponse-là.
Mme Maccarone : ...que je
présume, pour eux, ils souhaitent avoir une planification ou... Je présume,
pour une ville comme Montréal, ça ne se fera pas une fois par année, ça fait
que ça va se faire quatre fois par année? Je ne sais pas, j'essaie juste de comprendre la mécanique de comment ça va...
Est-ce qu'ils vont être consultés de la façon que ça va fonctionner
parce que c'est nouveau pour eux?
M. Jolin-Barrette : Oui,
dans le fond, on va le faire par voie réglementaire, puis ils vont être
consultés pour le... sur le règlement.
Mme Maccarone : OK,
puis le règlement va être déposé après l'adoption de la loi. Est-ce qu'il y a
une orientation du gouvernement en ce qui concerne ceci?
M. Jolin-Barrette : Bien,
on va consulter les unions, la FQM, l'UMQ, pour voir comment est-ce qu'on va
fonctionner.
Mme Maccarone : OK. Merci.
Le
Président (M. Bachand) :
Compte tenu de l'heure, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 19 heures. On se voit
tantôt. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 19 h 03)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
début de soirée. La Commission des institutions reprend ses travaux.
Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 40,
Loi visant notamment à réformer les
cours municipales et à améliorer l'efficacité, l'accessibilité et la
performance du système de justice.
Lors de la suspension de nos travaux, nous
étions à l'étude de l'article 193. M. le député de l'Acadie, s'il vous
plaît.
M. Morin : Merci.
Merci, M. le Président. Quand vous avez réparti les différentes régions... Puis
là je comprends que les juges, maintenant, donc, sont moins permanents,
il faut qu'ils siègent 250 séances. Alors, comment ça va fonctionner? On
va... Le juge coordonnateur va s'assurer que chaque juge... Parce que, là, ils
vont avoir leur salaire de l'année, là, donc
ils vont s'assurer qu'ils vont équilibrer le nombre de séances pour que les
juges siègent toujours leurs 250 séances, ou il y en a qui vont en
siéger plus, d'autres moins, ou... Comment ça va fonctionner?
M. Jolin-Barrette : Ça, c'est à
la discrétion du juge en chef puis des juges coordonnateurs. Dans le fond, ils sont payés à temps plein, pour une tâche pleine,
ça fait qu'en fonction de leur calendrier d'assignation des juges ce sont
eux qui le déterminent. Mais, dans le fond,
l'enjeu avec l'ancienne façon de fonctionner, selon le Comité de rémunération
des juges, c'était d'amener de la
prévisibilité puis le fait que le juge ne soit pas... le salaire du juge ne
soit pas tributaire du nombre de
séances qu'il travaille ou de la durée des séances pour qu'il reçoive son traitement.
Ça fait que, dans le fond, vous êtes juge, vous êtes juge à temps plein au Québec dans un tribunal,
alors vous recevez votre plein traitement. Donc, dans le fond, si une
année il y a... le coût net va être réparti en fonction du nombre de séances qu'il
y a eu.
M. Morin : OK. Et... Oui?
M. Jolin-Barrette : Donc, tous
les salaires des juges sont assumés par les cours municipales, ça fait que
c'est réparti en fonction du nombre de séances. Supposons que vous avez
1 million de masse salariale — ce qui est fictif, là — puis
il y a 100 séances, bien, le million est réparti en 100 séances. S'il
est réparti... s'il y a 120 séances, total, bien, c'est réparti en
120 séances. Dans le fond, c'est le coût moyen de la séance.
M. Morin : OK. Puis, au niveau
du volet plus administratif, c'est le juge ou le personnel judiciaire qui l'accompagne qui va acheminer toute la
documentation, maintenant, au... bien, éventuellement, au ministère de la
Justice?
M. Jolin-Barrette : Oui. Puis,
tu sais, il y a des mesures, maintenant, d'économie qui sont prises en charge par le ministère de la Justice, là, notamment le
traitement de la paie, la gestion des invalidités, la gestion des retraites.
Donc, les municipalités qui faisaient
ça avant ne le feront plus. Ça fait que, nous, c'est la partie que l'État
québécois assume.
M. Morin : Puis notamment au
niveau des régimes de retraite, parce qu'on a modifié, entre autres, le régime
de retraite dans des lois précédentes, notamment pour les juges des cours
municipales, entre autres à Montréal. Donc, maintenant, ils vont rentrer dans
le système de pension géré par le gouvernement pour l'ensemble des juges.
M. Jolin-Barrette : Ils
rentrent dans... pardon, dans le régime de retraite des juges de la Cour du
Québec.
M. Morin : Puis là, dans la
loi, il va y avoir un juge municipal en chef?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : Mais présentement il
y a un juge-président à Montréal, il y en a un à Québec.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : Il va y en avoir un
à Laval, j'imagine. Alors...
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien,
il y en a un à Laval.
M. Morin : Il
y en a un à Laval. Bon. Ces juges-là, est-ce qu'ils vont... bien, ils vont perdre
leur poste? Ils ne seront plus... Bien, il y en a juste un, juge
municipal en chef, ça fait qu'ils ne seront plus juges-présidents?
M. Jolin-Barrette : Non, ils ne
perdent pas... ils ne perdent pas leur poste. Dans le projet de loi, on va le
voir plus tard, le juge-président à Montréal devient... c'est ça, la transition
que j'expliquais à la députée de Westmount—Saint-Louis tantôt, le
juge-président à Montréal devient juge coordonnateur, le juge-président adjoint
devient juge coordonnateur adjoint, le juge-président à Québec devient juge
coordonnateur.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui, dans
les dispositions transitoires.
M. Morin : OK. Et donc ils
n'auront... eux, ils n'auront pas de différence de traitement?
M. Jolin-Barrette : Non.
C'est... on va le voir aussi dans la transition, tout est protégé.
M. Morin : OK. Parfait. Je vous
remercie.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui, merci, M. le
Président. Je reviens juste sur la partie, là, avant qu'on parte pour la pause pour le souper, on parlait, là, la facturation,
comment c'était pour fonctionner. Je le comprends, là, que c'est le... Tu sais,
je le comprends, comment les juges vont avoir, là, un salaire qui est bien
déterminé depuis le début puis que ça va être...
ça va être réparti, mais je ne comprends pas comment on va... tu sais, comment
vous allez faire pour arriver kifkif, je ne sais pas comment, tu sais.
Je me dis, à un moment donné, c'est quoi, c'est... Tu sais, on comprend, on
sait c'est quoi, la rémunération, on sait
que ça va être réparti en nombre de séances qu'ils vont utiliser, mais, tu
sais, tout d'un coup, on est... tu sais, ce n'est pas... ce n'est pas
fixe, on ne sait pas exactement le nombre de séances, ça va être au prorata du nombre de séances utilisées. Ça fait que, bon,
bien, le salaire... le salaire reste le même, mais les séances peuvent varier.
Ça fait que c'est... c'est quoi? C'est, à la fin de l'année, on fait un...
M. Jolin-Barrette : Dans
le fond, au début de l'année, pour le budget municipal, il y a une prévision.
Exemple, MRC de Vaudreuil pense avoir besoin de 200 séances,
historiquement, ils ont besoin de 200 séances par année, OK, ça fait que
c'est budgété en fonction de ça, 200 séances par année. Finalement, MRC de
Vaudreuil en a 50 de plus cette année parce qu'ils ont eu plus de constats
d'infraction, ils en ont eu plus. À la fin de l'année, il va y avoir un
ajustement, il va y avoir une facturation à la MRC pour dire : Bien, vous
avez utilisé 250 séances de... 50...
Mme Nichols : Oui, mais le
salaire du juge reste le même?
M. Jolin-Barrette : Oui, oui.
Ça, ça ne change pas.
Mme Nichols : Bien,
c'est ça. Mais les 50 séances, elles vont être facturées, ça fait que vous
allez faire de l'argent?
M. Jolin-Barrette : Non, non,
parce que le coût... à la fin de l'année, on va avoir un ajustement sur le coût
moyen de la séance, annuellement. S'il y a
eu plus de séances, le montant par séance va diminuer. A contrario, supposons
qu'il y avait moins de séances, le montant va être plus élevé. Mais, grosso
modo, c'est pas mal stable, annuellement, le
nombre de séances. Mais il peut arriver qu'il y a un coût qui est donné,
supposons, par une municipalité, supposons, sur son inventaire de
dossiers, à ce moment-là ça aurait un impact. Ça fait que, s'il y a moins de
séances, c'est plus cher par séance, s'il y a plus de séances, c'est moins
cher.
Mme Nichols : Puis
c'est le... Ce qui est réparti, là, c'est le... tu sais, oui, le salaire du
juge, mais tous les coûts autour de ça aussi, là?
M. Jolin-Barrette : Associés.
Mme Nichols : Donc, ses
déplacements, ses... c'est tous les...
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Nichols : OK. C'est parce
que j'essaie juste de voir. Je veux dire, tu sais, on le sait, là, il y en a,
des problématiques, là. Des cours qui sont déjà déficitaires, là, tu sais, ça
va occasionner des coûts de plus, de moins ou... puis ça va peut-être être un peu plus représentatif parce que, à la
limite, c'est utilisateur-payeur. Mais, tu sais, ce n'est pas
vraiment...
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme Nichols : Oui. Oui puis non,
là.
M. Jolin-Barrette : Bien
oui, c'est l'utilisateur-payeur. Dans le fond, là, la... il y a le coût moyen
de la séance, OK, mais c'est sûr, si
la municipalité, elle, elle prend 50 séances dans l'année, elle est
facturée pour 50 séances, le coût moyen va varier sur le montant
total des séances qu'on va voir. Mais on va le voir à l'article 44 tantôt.
• (19 h 10) •
Mme Nichols : OK.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui.
Pour le salaire du juge municipal en chef, donc là, il y a un écart de
traitement. Cette personne-là va faire plus.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : Est-ce que la
différence va être répartie sur l'ensemble des municipalités où ils ont des
cours municipales ou...
M. Jolin-Barrette : Oui, ça va
être entré dans le coût des séances.
M. Morin : Dans le coût des
séances de l'ensemble des cours municipales?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : Donc, finalement,
pour chaque municipalité, ça ne devrait pas coûter beaucoup plus cher?
M. Jolin-Barrette : Non,
effectivement. Dans le fond, toutes les municipalités sont dans la piscine, si
je peux dire, là. Ça fait que, dans le fond, c'est réparti à travers la
piscine. C'est sûr qu'une ville comme Montréal, sa quote-part est plus élevée
parce qu'il y a beaucoup plus de séances.
M. Morin :
Oui, alors, je comprends, donc d'où la référence aux séances. C'est-à-dire
que ce n'est pas juste le nombre de cours municipales, c'est...
M. Jolin-Barrette : Non. Bien, tu peux
avoir... Une cour municipale, aux Îles-de-la-Madeleine, ils ont trois séances.
M. Morin :
C'est ça. Donc, à ce moment-là, pour que ce soit équitable pour tout le
monde, ça va être réparti entre les cours municipales, compte tenu du nombre de
séances. Donc, Montréal devrait normalement être la ville qui va payer le plus.
M. Jolin-Barrette :
Oui.
M. Morin :
OK.
Le
Président (M. Bachand) : La députée de
Vaudreuil.
M. Jolin-Barrette :
Et...
Le
Président (M. Bachand) : Oui, M. le
ministre, allez-y.
M. Jolin-Barrette : Juste un complément
d'information. C'est déjà le cas, actuellement, ils ont déjà la charge de
31 juges à temps plein, la cour municipale de Montréal. Et, même, à
Montréal, des fois ils manquent de juges, ça fait qu'ils en font venir de
l'extérieur pour le volume. Ça fait qu'ils paient déjà ça aussi, ça fait que
c'est déjà le cas.
M. Morin :
OK.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée de
Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui. Bien, vous, vous
allez avoir à engager. Tu sais, vous allez faire de la gestion de tout ça, là,
ça fait qu'il va falloir engager plus de personnel pour pouvoir... tu
sais, pour pouvoir... Parce que ça va être tout centralisé puis, après ça, ça
va être facturé directement aux cours... aux cours municipales. Mais pour... Tu
sais, il y a des coûts supplémentaires, là.
Ces coûts supplémentaires là, c'est qui qui va les assumer? Parce que, là, on
parle, mettons, du salaire, on parle des frais de déplacement du juge.
Là, on parle de tout qu'est-ce qui est autour de ça, mais sinon, là, les frais
d'administration, là?
M. Jolin-Barrette :
Mais les... Mais il n'y a pas de coûts supplémentaires pour les municipalités
en termes de déplacements, de séances, OK,
puis les coûts à la séance, si ce n'est dans les coûts supplémentaires moyens,
le salaire supplémentaire du juge en
chef, le personnel affecté au bureau du juge en chef puis des juges en... des
juges coordonnateurs. La différence, elle est là.
Dans le fond, moi,
avant, là, j'avais la juge en chef adjointe des cours municipales, OK, qui
était payée... c'est une juge, Cour du Québec, elle avait du personnel, là, ça
fait que c'était assumé par l'État québécois. Là, la juge municipale en chef...
non, la juge adjointe à la... la juge en chef adjointe responsable des cours
municipales à la Cour du Québec, elle va
éventuellement revenir siéger à la Cour du Québec, OK? Là, on a un nouveau...
on va avoir un nouveau juge municipal en chef, qui, lui, est un juge
municipal qui était déjà payé. C'est son excédent salarial.
Mme Nichols : Oui, mais moi, je parle,
là, l'État québécois, là. Comme on... Tu sais, l'État québécois, là, c'est lui
qui va gérer tout ça, là, de facturer les cours municipales, ou de faire de la
reddition de comptes, ou d'envoyer... puis je vais dire «quotes-parts», là, mais ce n'est pas des quotes-parts, là,
mais en fonction du nombre de séances, en fonction de... Ça fait que l'État québécois va devoir
engager des... devoir engager du staff, là, pour faire ça, là. Ça fait que cette
facture...
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est ça. Les
charges qu'on a, supposons, au ministère de la Justice, sont facturées aux municipalités.
Mme Nichols :
C'est ça, oui, au ministère.
M. Jolin-Barrette :
Oui.
Mme Nichols : En plus du salaire des
juges puis de tout qu'est-ce qui entoure, là, les déplacements, les frais des
juges?
M. Jolin-Barrette : Oui, mais, tout ça, ils
assumaient déjà ça, là. Dans le fond, une cour municipale, il y a un coût
associé à ça. Ça fait que, là, on prend en charge le salaire des juges parce
que... justement, pour ne pas faire en sorte que le juge aille porter sa
feuille de temps au greffier de la ville pour dire : Aïe! J'ai siégé trois
séances cette semaine, là, envoie-moi mon
chèque. Parce que c'était un des reproches, notamment par rapport à
l'indépendance judiciaire, de dire que le juge à la séance, qu'il
fallait qu'il aille porter sa feuille de temps à la ville, tu sais, le...
Mme Nichols : Ça
fait qu'à part ce coût-là il n'y aura pas de frais nouveaux pour la cour ou les
cours... les cours municipales?
M. Jolin-Barrette :
Bien, les frais, c'est salaire du juge en...
Mme Nichols :
Oui, du juge, oui.
M. Jolin-Barrette :
...le supplément du salaire du juge en chef, le personnel affecté au bureau
du juge en chef et bureau, juge en chef coordonnateur, puis les frais que nous,
on a pour gérer ça pour les municipalités, parce qu'on les gère pour lui... bien, pour lui... pour eux, pour les cours.
Mais, tu sais, l'objectif, tu sais, supposons, pour les séances de
cours, c'est justement qu'on souhaite que le juge en chef puis les juges
coordonnateurs gèrent ça le plus serré possible parce que plus ils gèrent ça
serré — puis
c'est pour ça qu'on a mis «saine administration des fonds publics» dans le
projet de loi — plus
ils vont gérer ça solide, moins il y a des frais pour les municipalités, pour
les citoyens, ultimement. Donc, ça signifie
que — puis
on parlait de l'assignation des juges — ils
les assignent comme ils veulent, sauf
que de prendre le juge de Sherbrooke pour l'envoyer, supposons, siéger à
Gatineau, ce n'est pas optimal.
Mme Nichols :
Je comprends, mais, M. le ministre...
M. Jolin-Barrette :
Je ne vous dis pas que ça... je ne vous dis pas que ça n'arrivera pas,
parce qu'ils ont peut-être des besoins, là.
Mme Nichols :
Ah non, ça peut arriver. On a... Ça, je... Ça, on l'a compris. Mais, M. le
ministre, dans les... tu sais, dans les... tu sais, c'est une nouvelle façon de
fonctionner, là. Est-ce qu'il y a des scénarios qui ont été faits? Tu sais,
est-ce qu'on est capables... Est-ce que ça va... de prévoir que ça va coûter
plus cher à nos cours municipales? Est-ce qu'on est capables de... Il doit y avoir
des scénarios qui ont été faits qui ont...
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais ça dépend du nombre de personnes pour les besoins que la cour va
avoir, supposons, pour engager au bureau de la juge en chef. Tu sais, nous, on
est dans une répartition où est-ce que, par... Tu sais, les juges municipaux, quand il y a un seul juge municipal, il
gère pas mal le rôle lui-même, les déplacements, il n'y a pas vraiment de différence, ça fait que
c'est le coût d'assumer les charges, la gestion des coûts des municipalités
pour le remboursement des dépenses, pour le remboursement aux... bien, pour que
les municipalités remboursent pour la facturation. Honnêtement, c'est dur à
l'évaluer précisément, présentement, tant que c'est... ce n'est pas mis en
place, mais ce n'est pas... ce n'est pas des éléments substantiels. Tu sais,
par séance, je pense qu'on calculait peut-être une trentaine de dollars de plus par séance, mais ça
dépend du nombre de séances aussi, là. Ça fait que je ne peux pas vous
répondre précisément le coût tant qu'on ne l'a pas vécu, puis comment la cour
va s'organiser aussi.
Mme Nichols :
Oui, mais c'est parce que, tu sais, on le sait, des fois, que, quand la
cour... la cour municipale est... est
déficitaire, bien, on... Puis, on ne se le cachera pas, là, on en appelle... Tu
sais, on... comme le disait votre mairesse, là, votre ancienne mairesse, là, tu sais, on veut avoir trouvé quelque
chose pour qu'elle soit rentable, cette cour municipale là.
M. Jolin-Barrette :
Mais je veux juste vous amener une réflexion, parce que, si on fait
référence à la lettre de la juge en chef municipale... non, la juge adjointe...
la juge en chef adjointe...
Mme Nichols :
On est fatigués, hein?
Une voix :
...
M. Jolin-Barrette :
Oui. La juge en chef adjointe responsable des cours municipales,
actuellement, en Cour du Québec...
Mme Nichols :
Parfait.
M. Jolin-Barrette :
...bon, elle vous a écrit, aux membres de la commission, elle milite pour
une quatrième chambre à la Cour du Québec pour les juges. Ça, ça signifie que,
les juges, pour les municipalités, si on avait fait ça, n'auraient pas été payés 260 030 $, mais auraient été payés
310 000 $. Donc, voyez-vous, ça aurait été 50 000 $ de plus
par juge qui aurait été facturé aux municipalités.
Mme Nichols :
Oui, mais ce n'est pas... ce n'est pas cette hypothèse-là que je mets en
jeu. J'essaie juste de faire des prévisibilités pour... tu sais, pour les cours
municipales, là, présentement, avec...
M. Jolin-Barrette :
Non, mais je fais... je fais juste les scénarios.
Mme Nichols : C'est ça, oui,
mais c'est un scénario qui ne s'appliquera pas, là. Vous ne direz jamais oui à cette... même s'il y avait un amendement qui était
déposé, on le sait bien, qu'on n'ira pas là. Sauf que moi, j'essaie de prévoir
avec, tu sais, le projet de loi que vous nous déposez, là...
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais c'est parce que...
Mme Nichols : ...ça
va être quoi, le scénario pour la cour municipale. C'est sûr que moi, je dis Vaudreuil-Soulanges, là, mais...
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
l'enjeu qui est difficile, c'est que les coûts associés aux séances sont connus
par les municipalités. Donc, ce n'est pas
nos coûts à nous, là, c'est les coûts des municipalités, ça fait que c'est dur
de projeter combien. Tu sais, chaque cour municipale a ses coûts
associés, ça fait que, tu sais, il n'y a pas d'uniformité. Ça fait que, là...
Mais au moins c'est clair, tu sais, c'est : l'État québécois paie le
salaire des juges, puis on divise ça entre
le nombre de séances qu'il y a annuellement pour les municipalités. Ça fait
qu'au début de l'année financière les municipalités
projettent le nombre de séances qu'elles vont tenir, puis il y a un ajustement
par la suite, à la fin de l'année.
• (19 h 20) •
Mme Nichols : Puis
il va être rétroactif l'année d'après, parce que, tu sais, on le fait pour
l'année, mais après ça il va y avoir un... Un peu comme les services de
police dans les municipalités.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
l'article 44, tantôt, va peut-être nous éclairer là-dessus parce que c'est
sur... c'est... toutes vos questions sont... vont être sur l'article 44. Mais
vous comprenez notre objectif. Nous, notre objectif,
ce n'est pas de faire supporter un fardeau financier important aux
municipalités, c'est pour ça que, dans le projet de loi, on a tout mis
les balises pour faire en sorte qu'elles soient gérées efficacement.
Mme Nichols : Oui, mais il y a
quand même un... Tu sais, j'ai quand même une inquiétude pour certaines cours
municipales. C'est parce qu'on n'est pas capables de... on n'est pas capables
de... tu sais, on n'est pas capables de le
prévoir, de faire d'hypothèses. Mais, tu sais, je le... je comprends. Non,
mais, c'est ça, je comprends le principe, mais on n'est pas capables de
le chiffrer.
M. Jolin-Barrette : Tant qu'on
ne l'aura pas vécu, c'est plus difficile, mais c'est à la marge, quand même, sur le coût total, tu sais, pour les
municipalités, là. Il n'y a pas... il n'y a pas d'explosion des coûts pour les
municipalités, c'est un système qui existe déjà. Mais à cause du Comité
de rémunération des juges, on ne peut pas laisser chacune des villes payer les juges à titre exclusif, là,
ils diraient... ils ne pourraient pas faire eux-mêmes la répartition. Ils ne
pourraient pas dire : Aïe! Moi,
j'ai un juge 62 % du temps, toi, 15 %, toi, 18 %. Ça fait que,
là, ils s'arrangent entre eux autres puis ils disent : Bon, bien, toi, tu paies tant, après ça... surtout
avec les assignations, parce que, tu sais, le fait qu'on décloisonne puis qu'on amène une flexibilité pour, justement,
optimiser les séances de cour... Là, le juge fait... ferait quoi, là? Il
dirait : Aïe! Moi, j'ai siégé
51 % à cette cour-là, là, après... parce qu'il n'y aura plus de séances,
là, tu sais, comme... comme c'était...
Mme Nichols : Oui, bien, c'est
parce qu'il y a des cours qui sont déficitaires, là, puis les cours qui sont
déficitaires, là, ce n'est pas à cause... Tu sais, ça ne viendra pas
régulariser la situation des cours qui sont déficitaires. Ça ne viendra peut-être pas leur nuire non plus,
mais ça ne viendra pas les aider, là, puis ça ne réglera pas leur situation.
M. Jolin-Barrette : Mais
le projet de loi n'est pas là pour faire faire de l'argent aux cours
municipales. Il faut juste qu'on en soit conscients, là. Tantôt, le
député de l'Acadie me l'a dit, là.
Mme Nichols : Bien, j'espère
que non, là, mais...
M. Jolin-Barrette : Moi, mon
souci, c'est que les coûts soient les plus faibles pour les municipalités, mais
que justice puisse être rendue. Puis c'est
sûr que c'est un service public, donc c'est un investissement. Il y a des cours
municipales, souvent, elles essaient à tout le moins que ça... qu'il n'y ait
pas de coût puis que ce soit à coût nul. Mais il y a des années que ça coûte de
quoi. Puis, lorsque vous offrez la partie XXVII, donc les infractions en
matière criminelle, la cour est fort
probablement déficitaire, mais c'est un service de justice de proximité aux
citoyens que... vous voulez le faire pour vos citoyens.
Le Président (M. Bachand) : Merci. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, bien, juste sur la
dernière phrase de M. le ministre, mais même en vertu de la partie XXVII pour les infractions sommaires, dans bien des
cas... pas la majorité, mais dans bien des cas, c'est quand même une amende
qui va être imposée, là. La réalité, c'est
ça, là. Et l'amende, à ce moment-là, est-ce qu'elle va aller à la municipalité
ou si ça va au gouvernement du Québec, au Bureau des infractions et
amendes?
M. Jolin-Barrette : Non. Quand
il y a partie XXVII, ça va à la municipalité.
M. Morin : OK.
M. Jolin-Barrette : Mais ce
qu'il faut dire, c'est que les dossiers en matière criminelle sont plus
complexes, il y en a moins qui sont
entendus, ça prend plus de temps, tu sais, c'est pour ça que je vous dis que
c'est un coût. Même s'il y a une
amende au bout du compte, l'amende ne répercute pas le coût associé au
fonctionnement de la cour municipale. Tu sais, ce qu'il faut dire, plus les cours vont
être efficaces, bien, plus ça va réduire leurs coûts. Là, n'oubliez pas que,
dans le projet loi, il y a les sanctions
administratives pécuniaires aussi, puis ça, ça va permettre aux cours
municipales d'économiser aussi.
M. Morin : Absolument, tout à
fait.
Maintenant, toujours à 193, parce qu'on a... tu
sais, on a parlé, tout à l'heure, des annexes, je vous ai demandé comment vous
en étiez arrivés aux quatre régions, finalement. Bon, vous m'avez dit que ça
avait été étudié puis... avec la juge en
chef adjointe responsable des cours municipales puis c'est... c'était le plus
logique. Mais l'article dit que vous
pouvez modifier l'annexe par règlement. Pourquoi? Puis qu'est-ce que vous avez
en tête? Qu'est-ce que vous voudriez modifier puis pourquoi?
M. Jolin-Barrette : En
fait, un, c'est pour avoir de la souplesse. Puis, deux, je vous donne le
comparatif à quand on a fait le projet de loi avec la ville de...
M. Morin : Kazabazua.
M. Jolin-Barrette : ...Kazabazua.
M. Morin : Dans la Gatineau,
dans l'Outaouais.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'était
dans le projet de loi n° 8? Oui. Bon, voyez-vous, on est... on est venus
changer la façon de modifier le district
judiciaire parce qu'avant, les districts judiciaires, supposons, québécois, il
fallait modifier la loi pour le
faire. Mais, quand on se retrouvait avec des situations comme ça, où il y avait
des municipalités qui souhaitaient avoir
des compétences concurrentes, on l'a mis par arrêté ministériel du ministre,
maintenant, pour ne pas être obligés à chaque fois de modifier la loi pour
faire en sorte, supposons, que les villes aient des compétences concurrentes
dans le cadre des districts.
Au même titre, dans ce cas-ci, pourquoi est-ce
qu'on se donne le pouvoir par voie réglementaire du ministre sur arrêté? C'est pour faire en sorte que, si
jamais on se rend compte que le volume diminue ou que, géographiquement,
finalement, la ville... Supposons qu'il y
a... je ne sais pas, il y a une ville qui change de MRC puis qu'elle veut être
avec la cour municipale de l'autre,
bien, il faut faire en sorte qu'on puisse ajuster les choses. Puis, dans un
souci d'optimisation, tu sais... Là, c'est nouveau, les régions de
coordination. Si jamais il y a une cour municipale qu'on envoie dans une autre région de coordination, il faut pouvoir le
faire aussi, c'est un souci de flexibilité puis de pouvoir s'ajuster. Tu sais,
l'idée, c'est de partir comme ça, mais à la longue puis par rapport aux régions
de coordination, par rapport aux juges, puis
tout ça, le volume peut changer aussi. La population change, la démographie
peut changer, ça fait qu'il faut avoir une
certaine souplesse, éventuellement, si on change de région de coordination une
cour municipale. Ça fait que c'est pour ça qu'il est comme ça.
M. Morin : D'accord.
Maintenant, pour revenir aux questions que posait la collègue, la députée de
Vaudreuil, vous avez quand même dû faire des scénarios quant aux coûts,
tu sais. Vous nous dites, là, que c'est super important, là, la saine gestion
des fonds publics, on est tous d'accord, mais je ne peux pas croire qu'on s'en
va dans ce projet-là, qui est, par ailleurs, ambitieux, puis que, là, on va
voir au fur et à mesure comment ça va marcher, parce qu'il y a des... il y a des municipalités... puis entre
autres l'Union des municipalités nous ont dit : Écoutez, nous, les coûts,
on n'a aucune idée, ça... Tu sais,
ils n'ont pas dit... ils n'ont pas utilisé le mot «ça nous inquiète», mais ils
ont dit : On ne le sait pas, on aimerait le savoir. Ça fait que vous avez
dû faire des scénarios — je
ne peux pas croire — le
pire et le moins pire.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
nous, on estime que c'est environ une trentaine de dollars de plus par séance que ça pourrait engendrer de coûts, parce que vous
avez, bon, le salaire du juge en chef, vous avez les salaires au ministère
de la Justice, qui sont à peu près de
quatre, cinq ETC, vous avez... pour faire la facturation pour les
municipalités, donc c'est les coûts associés à ça.
M. Morin : OK. Donc...
M. Jolin-Barrette : Mais
il va falloir aussi, quand on va développer le règlement, faire en sorte de
consulter les municipalités, les
unions, parce que les coûts associés aux cours municipales, ils sont
internalisés par les municipalités pour chacune des cours municipales. Ça fait
que nous, on a une partie de l'information : on sait, le salaire du juge
en chef, c'est combien; nous, à MJQ, c'est quatre, cinq personnes; puis le
personnel qui va être au bureau du juge en chef.
M. Morin : Puis vos quatre,
cinq ETC, c'est des employés à temps complet, j'imagine?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : Ils sont...
Vous les avez déjà à votre emploi, parce que je comprends que c'est le... c'est
gouvernement, donc c'est le ministère de la Justice qui va gérer, finalement,
la facturation. C'est... Ce n'est pas vous qui l'assumez, là, vous la refilez
aux municipalités.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
M. Morin :
Mais vous allez gérer la
facturation. Ces employés-là, vous allez les embaucher ou vous les avez déjà?
Puis après ça, puisqu'ils vont faire la facturation pour les municipalités,
est-ce que vous allez aussi refiler la note de ces quatre, cinq employés aux
municipalités au prorata des séances?
M. Jolin-Barrette :
Oui, oui.
M. Morin :
Puis est-ce qu'ils travaillent déjà pour le ministère de la Justice?
M. Jolin-Barrette :
Oui, c'est déjà... ils travaillent déjà pour le ministère de la Justice.
M. Morin :
Donc, pour vous, c'est avantageux.
M. Jolin-Barrette :
Bien non, parce que...
M. Morin :
Bien oui, vous ne les payez plus.
M. Jolin-Barrette : Bien non, parce que
probablement qu'on va être obligés d'embaucher. Supposons, en fonction
de nos besoins, ils vont faire des tâches à temps complet, on ne prendra pas...
Quand je vous dis quatre, cinq ETC, supposons
qu'on a juste deux personnes qui... à temps plein pour faire ça, finalement, à
la lumière du volume qu'on a, ça va
être juste deux personnes qu'on va charger, mais ce n'est pas à l'État
québécois à assumer le coût du fonctionnement des cours municipales.
M. Morin :
OK. Donc, c'est vraiment...
M. Jolin-Barrette :
Puis, par la bande, les municipalités qui avaient du personnel qui faisait
ça, eux, leur personnel va pouvoir faire autre chose.
M. Morin :
Oui, s'ils les gardent à leur emploi.
M. Jolin-Barrette :
Bien, s'ils ne les gardent pas leur emploi, pour la municipalité, c'est une
économie.
• (19 h 30) •
M. Morin :
Non, mais je le sais, mais ça
fait aussi des gens qui vont aller sur le chômage ou qui vont perdre leur job.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais on est pas mal
dans une situation de plein-emploi. Je doute que, quand il y avait un juge
chez eux, c'était une tâche complète, de gérer la facturation d'un juge, là.
Vous comprenez ce que je veux dire?
M. Morin :
Oui.
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est pour ça que je vous dis : les coûts nets fixes, il y a
une... tu sais, la façon dont les cours municipales sont gérées, il y a des
coûts intrinsèques qui ne sont pas rattachés à nous, là. C'est des cours municipales, elles sont dans les municipalités.
Mais, bref, dans le pire scénario, ce n'est pas dramatique, là, comme coûts,
là, puis surtout, avec les SAP, il va y avoir des économies substantielles pour
les municipalités.
M. Morin :
Il devrait y avoir des rentrées de fonds?
M. Jolin-Barrette :
Théoriquement.
M. Morin :
OK.
M. Jolin-Barrette : Ça fait que la réforme, elle n'est pas... du
point de vue municipal, elle n'est pas
perdante, là.
M. Morin :
Oui, mais là ça va être à suivre parce que, là, on ne le sait pas.
M. Jolin-Barrette :
Bien, à suivre, bien, j'ai pas mal répondu, là, aux questions.
M. Morin :
Quand vous dites «quatre ou cinq employés», c'est quatre, ou cinq, ou c'est
les deux?
M. Jolin-Barrette : Bien,
comme je vous dis, ce n'est pas en place. Ça fait que nous, on s'est dit quatre
ou cinq, mais tant qu'on n'a pas le volume, c'est au pire, le cinq, là.
Ça fait que... Mais tant qu'on n'a pas le volume...
M. Morin : Vous
ne savez pas. OK.
M. Jolin-Barrette : Bien, il
faut vivre l'expérience. Et je vous soumets que, si c'est géré efficacement
puis il y a plus de séances, bien, c'est possible que les municipalités fassent
des gains monétaires.
M. Morin : Ou dépendant des
causes qui sont entendues, oui.
M. Jolin-Barrette : Mais il y a
plus de flexibilité pour les juges, et on va avoir plus de disponibilités, donc
ils vont pouvoir tenir plus de séances. Ça fait que, s'il y a plus de séances,
c'est plus rentable pour les municipalités.
M. Morin : Oui, sauf que vous
avez dit aussi, au début, qu'il y avait un engorgement à la Cour du Québec,
puis il y a des groupes qui sont venus dire que peut-être ça pourrait être une
façon de délester la Cour du Québec. Bien, la Cour du Québec, en matière de
poursuites sommaires, ils ne font pas de contraventions de gens qui n'ont pas
fait leur arrêt, ça va être du pénal. Là, s'ils envoient ça à la cour
municipale, vous venez de dire que ça prend plus de temps, c'est plus compliqué, ils ne feront peut-être pas beaucoup plus
d'argent. Mais ils peuvent délester la Cour du Québec, par ailleurs,
mais ça ne va pas nécessairement se traduire par une augmentation de revenus
pour la municipalité.
M. Jolin-Barrette : Au début de
la séance d'aujourd'hui, je vous ai demandé : Est-ce que vous me suggérez d'imposer le fait que les cours municipales soient
obligées de prendre des dossiers en matière criminelle? Bon, c'est ça.
M. Morin : Mais c'est vous qui
avez parlé du délestage, ce n'est pas moi.
M. Jolin-Barrette : Non, moi,
je pense, vous l'avez abordé.
M. Morin : Oui, suite à ce que
vous avez dit. Mais moi, là, je ne suis pas le ministre, là.
M. Jolin-Barrette : Ça pourrait
être une option.
M. Morin : C'est vous.
M. Jolin-Barrette : Mais,
moi je ne peux pas imposer, je n'ai pas de pouvoir, dans la loi, d'imposer que
les cours municipales prennent des dossiers en matière criminelle.
Est-ce que vous souhaitez me proposer un amendement en ce sens-là?
M. Morin : Je n'ai pas proposé
d'amendement.
M. Jolin-Barrette : OK.
M. Morin : C'est vous qui avez
la responsabilité, ce n'est pas moi.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends.
M. Morin : C'est ça.
M. Jolin-Barrette : Mais
vous déposez des amendements de temps en temps, je me demandais si ce n'était
pas un de vos amendements.
M. Morin : Non.
M. Jolin-Barrette : OK. Si vous
changez d'idée, vous me le direz.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Bien, j'imagine
qu'on va le voir à l'article 44 aussi, là, mais je me demandais, tu sais,
la première année, là, vu qu'on ne sait pas trop où est-ce qu'on s'en va, puis
là je prends de l'avance pour y réfléchir parce qu'on n'est pas à la veille
d'arriver à 44, là, mais...
M. Jolin-Barrette : ...de
l'espoir.
Mme Nichols : Ah! moi aussi,
j'ai de l'espoir. On va y arriver, là, on est persévérants. Mais, tu sais,
est-ce qu'on ne pourrait pas s'entendre que, la première année, il y ait un
montant... tu sais, qu'il y ait un montant assumé, peut-être, par l'État ou...
pour une certaine...
M. Jolin-Barrette : ...
Mme Nichols :
Non, mais ça va venir dans l'article 44. Mais, tu sais, je veux...
C'est parce qu'ils n'ont a pas de
prévisibilité pour les cours municipales, ça fait que je me dis... Tu sais, on
dit : Ah, à peu près... On n'a pas de scénario, on n'a pas de...
Puis là on se dit : Bien, c'est à peu près, mettons, 30 $ de plus par
séance, mais tout d'un coup que c'est plus
que ça, tout d'un coup que c'est... ça prend plus d'employés que prévu pour
gérer toute la facturation, gérer la transition,
aussi, de tout ça. Ça fait que je me dis, la première année, est-ce qu'on ne
pourrait pas se mettre un montant maximum, qu'on ne refilera pas tout ça
dans nos cours municipales?
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas un scénario exact. Les municipalités vont bénéficier de cette
efficacité-là, du fait d'avoir, en termes de
volumétrie de juges, plus de juges pour tenir plus de séances. Plus de séances,
on ne parle pas en matière criminelle, en matière pénale, plus de
séances en matière pénale égale plus de revenus. Donc, le coût du
fonctionnement des cours municipales, ce sont des cours municipales, donc c'est
aux municipalités à les assumer. Mais moi,
je peux vous dire, pour ce qui est de la partie du ministère de la Justice, on
va être très pointilleux pour réduire les coûts au maximum, au ministère
de la Justice, là, pour le traitement.
Mme Nichols : Bien, mon
inquiétude, puis l'inquiétude, tu sais, des gens qu'on a entendues des diverses
cours municipales, c'est que, tu sais, on ne sait pas où est-ce que ça s'en va.
Ça fait que c'est pour ça que je le soumets d'avance, là, peut-être qu'on
pourra voir, à l'article 44, si on ne peut pas penser à un...
M. Jolin-Barrette : On verra à
l'article 44.
Mme Nichols : Parfait. Bien,
j'ai compris la position, mais, oui, on le verra à l'article 44, mais un
montant maximum qu'on ne pourrait pas...
parce que, là, on va leur refiler l'entièreté de la facture, puis on s'entend
que la première année... ayoye, là!
M. Jolin-Barrette : Non, non,
il n'y a pas d'ayoye, là, il n'y a pas d'ayoye.
Mme Nichols : Bien oui, il va y
avoir du ayoye.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
il n'y a pas d'ayoye.
Mme Nichols : Aïe! Moi, je suis
sûr que ça va être plus que 30 $ par séance, là.
M. Jolin-Barrette : Il n'y a
pas d'ayoye. Moi, je vous le dis, s'il y a plus de séances, les municipalités
vont bénéficier financièrement de cela.
Mme Nichols : C'est noté.
Le Président (M.
Bachand) : Ça va? Alors, si ça va pour
193, on continue, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
194 : Cet article prévoit la désignation d'un juge coordonnateur pour
chacune des régions de coordination.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions?
M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, merci, M. le
Président. Le libellé de 194, ça dit «le gouvernement, après consultation du
juge municipal en chef, désigne, parmi les juges municipaux, un juge
coordonnateur», donc il y a une consultation, alors que, quand on regarde la
Loi sur les tribunaux judiciaires, puis je comprends que cette loi-là a été
aussi utilisée pour jeter un cadre au projet de loi qu'on est en train de
regarder et d'étudier, à l'article 103, ça dit «le juge en chef désigne parmi les juges de la Cour, avec
l'approbation du gouvernement, dix juges coordonnateurs». Alors, pourquoi
vous n'utilisez pas la même formule de rédaction?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
une nouvelle structure, puis le gouvernement va consulter le juge en chef avant
de nommer les juges coordonnateurs et, par la suite, va procéder à la nomination.
M. Morin : ...une
nouvelle... Je comprends que c'est un nouveau cadre, mais ça ne change pas les
principes. Alors, pourquoi vous n'utilisez pas la même chose? Ça
donne... l'impression que ça donne, la perception que ça donne, c'est que le
gouvernement veut absolument gérer les cours municipales. Moi, je vous le dis,
c'est comme ça que je l'ai reçu. Puis
peut-être que je suis dans l'erreur, là, mais, quand je lis 103, là, bien, je
me dis : OK, c'est sûr, c'est... il faut l'approbation du gouvernement,
c'est le gouvernement qui les nomme, c'est évident, mais c'est le juge en chef
qui est capable de gérer sa cour puis qui les désigne. Pourquoi vous ne faites
pas la même chose?
M. Jolin-Barrette : Parce
que c'est une nouvelle structure, puis là on va avoir des nouveaux juges
coordonnateurs, puis la procédure de nomination, on a prévu que c'est le
gouvernement qui va les désigner comme on désigne le juge municipal en chef,
mais après consultation de ce dernier.
M. Morin : Oui,
je comprends, mais, dans la Loi sur les tribunaux judiciaires, ils en ont aussi
des nouveaux juges coordonnateurs, puis vous fonctionnez en vertu de 103, ça
fait que j'ai de la misère à saisir... en tout cas, vous n'avez pas convaincu.
M. Jolin-Barrette : Vous
suggérez de modifier 103 pour faire comme l'article 194?
M. Morin : Non,
bien au contraire, je vous suggérerais de modifier 194. Non, 103, il est
parfait. D'ailleurs, ça fait combien d'années que 103 a été adopté?
M. Jolin-Barrette : Attendez,
je vais vous dire ça. La dernière modification législative, je crois, date de
1995.
M. Morin : Et la première?
Parce que c'est au début, ça, je pense que ça date des années 60, donc
ça... Puis même 1995, pour la dernière, ça a
sûrement fait le test de la constitutionnalité devant les tribunaux, ça n'a pas
été contesté, c'est encore là, c'est bon. Alors, pourquoi prendre le
risque, à 194?
M. Jolin-Barrette : Est-ce
que votre régime puis votre cadre d'analyse, c'est : si ça n'a pas été
contesté par les tribunaux, c'est bon... devant les tribunaux, c'est
bon?
M. Morin : Non.
M. Jolin-Barrette : Est-ce
qu'une disposition législative, parce qu'elle n'est pas contestée, elle est
bonne?
M. Morin : Mais non, vous savez
bien que ce n'est pas ça.
M. Jolin-Barrette : OK.
• (19 h 40) •
M. Morin : Ça,
c'est évident. Mais ce que je dis, c'est que, tout dépendant des modifications
que le législateur peut apporter, ça peut soulever des questions, des
inquiétudes et ça peut entraîner des contestations. Quand on... Puis
j'imagine que vous avez fait... j'imagine, avec vos légistes puis vos
constitutionnalistes, là, vous avez fait une analyse,
là, quand vous présentez un projet de loi, là, c'est quoi, les chances qu'il va
être conforme à la constitution, aux lois. Tu sais, habituellement, là, au ministère
de la Justice, cette analyse-là est faite, là. Bien, c'est ça, alors, vous la
faites, l'analyse.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : Donc, la loi, là,
est en vigueur. 103, à ma connaissance, n'a pas été contesté, ça fonctionne
bien. Ça fait que pourquoi vous n'utilisez pas le même libellé? Et puis là
votre réponse, c'est : Parce que c'est nouveau. Oui, mais je vous écoute,
là, mais c'est... Vous ne voulez pas prendre le même libellé.
M. Jolin-Barrette : Non, c'est
une nouvelle structure, c'est une structure qui est... cour municipale, qui est
près des gens, près des citoyens. Honnêtement, on est dans une situation où les
juges coordonnateurs... être désignés par le
gouvernement après consultation du juge en chef. Puis, comme le juge en chef
est désigné par le gouvernement, le pouvoir de nomination est au
gouvernement.
M. Morin : Puis, en quoi...
C'est quoi, le lien avec le fait que c'est plus proche ou moins proche des
gens, la façon dont ils sont nommés? La
proximité qu'ils vont avoir avec les gens, c'est en lien avec les modifications
qu'on a apportées, entre autres, avec 192, puis le travail qu'ils vont
faire. Ça n'a rien à voir avec leur régime de nomination.
M. Jolin-Barrette : Les
juges-présidents, là, actuellement, dans les cours municipales, là, étaient
nommés par le gouvernement. L'équivalent du juge-président, actuellement, c'est
le juge coordonnateur. Donc, c'est la reconduction du juge-président, 25
de la Loi sur les cours municipales.
Le Président (M.
Bachand) : Autres interventions sur 194?
Alors, on continue, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. 195
précise les fonctions des juges coordonnateurs.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de l'Acadie.
M. Morin : À
195, si mon souvenir est bon, en ce qui a trait à la fixation des séances, les
greffiers nous ont dit que c'était
important qu'ils soient inclus dans ce travail-là avec les juges
coordonnateurs. Les greffiers, normalement, devraient être des officiers de la cour. On ne parle pas, ici, du
greffier de la municipalité, là, qui peut être un secrétaire de la
municipalité, là, mais je ne vois pas, ici, qu'ils ont un rôle à jouer.
M. Jolin-Barrette : ...cet
article-là, on le prévoit plus loin.
Des
voix : ...
M. Morin : Oui, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : C'est 60 du
projet de loi, 30 du règlement... 61 du projet de loi, article 30 du règlement,
donc, du Règlement sur les cours municipales : «Fixation des séances. Les
séances de la cour sont fixées par le juge assigné à la cour municipale,
lorsqu'un seul juge y est affecté.
«Dans les cours municipales où plus d'un juge
est affecté, les séances sont fixées par le juge coordonnateur.
«Dans tous les cas, le greffier est consulté
lors de la fixation des séances et il collabore à celle-ci.».
Donc, dans le fond, le greffier, il est consulté
puis il collabore à celle-ci.
M. Morin : Ça va. Je vous
remercie.
Le Président (M.
Bachand) : Ça va? Merci beaucoup. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Je crois que ça
s'en vient, mais je me questionne pourquoi on ne peut pas ajouter aussi l'élément
des greffiers dans cet article, tu sais, est-ce que... ça peut éviter toute
ambiguïté.
M. Jolin-Barrette : Ça,
c'est un article sur les juges coordonnateurs. On vient définir c'est quoi, les
fonctions des juges coordonnateurs.
Mme Maccarone : Oui, mais ça
parle de la fixation des séances de la cour.
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est
eux qui le font, c'est eux qui le font.
Mme Maccarone : Oui, mais,
présentement, c'est les greffiers qui le font.
M. Jolin-Barrette : Non.
Actuellement, le libellé de 30 du règlement, c'est l'ancien article 30, je
pense, c'est juste «consulté». Exemple, à
Montréal, à Québec, à Laval, actuellement, c'est le juge-président qui fixait
les causes, OK? Là, les juges-présidents sont remplacés par des juges
coordonnateurs, la région de coordination va être plus grande que le rôle de
juge-président.
Ce que je
vous ai expliqué tantôt, quand il n'y a qu'un seul juge à la cour municipale,
lui, il continue de faire le calendrier de séances, la fixation, avec le
greffier de la cour municipale. Quand il y a plus qu'un juge qui est affecté à la cour municipale et non pas assigné, là, à ce
moment-là, c'est le juge coordonnateur qui intervient, exemple, Montréal,
Laval, Longueuil, Gatineau. Puis là, quand il fait ça, 30 du règlement :
«Dans tous les cas, le greffier est consulté lors de la fixation des séances et
il collabore à celle-ci.»
Là, l'enjeu que nous avons avec votre
proposition, c'est que vous me dites : Ça devrait être le greffier qui fixe. Or, là je défends l'indépendance judiciaire,
et c'est le juge qui est supposé fixer. Il peut le faire en collaboration puis
en consultation avec le greffier, mais ultimement ça relève du pouvoir
judiciaire, normalement. Mais, si vous voulez qu'on change ça, je vais vous
écouter.
Mme Maccarone : Juste
parce que, lors des auditions, quand ils ont passé faire leur témoignage, ils
ont aussi parlé de leur indépendance puis le rôle qu'ils jouent
administrativement, où ils connaissent tous les acteurs, tu sais, les... que ce soit le calendrier, la disponibilité. Ça
fait que c'est pour ça que... Je ne nie pas que le rôle des juges
coordonnateurs ne peut pas être en
lien avec la fixation des séances, mais ce que je ne comprends pas, c'est
pourquoi qu'on ne peut pas ajouter une mention des greffiers, comme ce
qui est écrit, dans le fond, dans le règlement. Pourquoi qu'on ne peut pas
répéter ça comme exemple, ici?
M. Jolin-Barrette : Parce que,
là, on est vraiment dans les pouvoirs des juges coordonnateurs. Dans le fond,
quand on va voir la mécanique, la mécanique va être dans le règlement sur la
fixation des séances.
Mme Maccarone : Puis, sur le
terrain, la façon que ce sera interprété, ça va être bien compris que les
greffiers ont toujours leur rôle à jouer en ce qui concerne l'administration
puis la planification des séances?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est pour ça qu'on a renforcé l'article 30, parce que, dans l'ancien
article 30, c'était uniquement consultation, hein?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui. À
l'ancien article 30, c'était uniquement...
Des voix : ...
Mme Maccarone : Est-ce qu'il y
a un article qui s'en vient dans...
M. Jolin-Barrette :
Ça, ça va être l'article — excusez...
Mme Maccarone : C'est
61.
M. Jolin-Barrette : ...l'article 61,
l'ancien libellé de 61, là, c'était : «Fixation [...] des séances. Les
séances de la Cour sont fixées par le juge-président, le juge responsable ou le
juge, dans tous les cas, après consultation [du] greffier.» Ça, c'est le
libellé actuel.
Moi, ce que j'ai rajouté, dans le fond,
maintenant, c'est : «Les séances de la cour sont fixées par le juge assigné à la cour municipale, lorsqu'un seul juge
y est affecté.» Ça fait que ça, c'est mon cas de, supposons, à Beloeil, il
n'y a qu'un juge, c'est lui qui fixe, OK?
«Dans les cours municipales où plus d'un juge
est affecté — exemple,
Montréal, Québec, Laval, Longueuil, Gatineau — les séances sont fixées par
le juge coordonnateur.»
Dans tous les cas, donc à la fois lorsqu'il y a
un seul juge affecté ou qu'il y en a plus qu'un, le greffier de la cour municipale est consulté, donc,
comme avant, et donc : «Dans tous les cas, le greffier est consulté lors
de la fixation des séances et il collabore à celle-ci.» Donc, à la
fixation, donc, on est venus rajouter l'obligation...
Mme Maccarone : ...
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
de collaborer à celle-ci.
Mme Maccarone : ...au-delà de
la consultation.
M. Jolin-Barrette : Mais vous
savez que, dans le fond, c'est une ligne, parce que la fixation des séances...
en fait, la composition du rôle, OK, ça relève du pouvoir judiciaire, mais
c'est sûr que la nécessaire collaboration qui doit exister avec
l'administration de la cour municipale, justement, parce que ce sont... oui,
c'est vrai que ce sont les greffiers qui connaissent plus le volume de
dossiers, la nature des causes, le fonctionnement de la cour, ce sont eux, les spécialistes, mais on doit les faire
participer tout en préservant ce qui relève du pouvoir judiciaire, notamment la
fixation des rôles.
Mme Maccarone : OK, OK.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de
Vaudreuil.
Mme Nichols : Mais
c'est sur le calendrier, entre autres, là, qu'ils voulaient être consultés, là.
Ce qu'elle disait, là, c'est que c'était surtout elle, là, qui élaborait
le calendrier.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
mais on est sur la fixation des séances.
Mme Nichols : Oui, je
comprends. Puis, dans l'article 195, on est dans la fonction des juges
coordonnateurs, «assigner les juges
municipaux à la cour municipale où ils exercent leurs fonctions», en lien avec
l'assignation des juges. J'imagine qu'ils vont avoir une entente entre
eux, ou un règlement entre eux, ou un pouvoir entre eux, là, si un juge
pourrait refuser une assignation ou un juge pourrait en...
• (19 h 50) •
M. Jolin-Barrette : ...ils sont
sous l'autorité du juge en chef. Dans le fond, là, il y a deux choses. Il y a l'affectation du juge, donc, l'affectation du
juge, c'est quand le juge, il est nommé, et son point de... il est nommé à une cour
municipale. Donc, ça, c'est l'affectation.
Mme Nichols : Il est affecté à
une cour municipale, c'est ça, oui.
M. Jolin-Barrette : Il est
affecté à une cour municipale. Ça fait que, quand le gouvernement le nomme, il
est affecté à une cour municipale. Donc, exemple, vous allez avoir
31 juges affectés à la Cour municipale de Montréal; à Beloeil, vous allez avoir un juge affecté à la
cour municipale de Beloeil; à Longueuil, vous allez avoir deux juges affectés
à la Cour municipale de Longueuil. Ça, c'est, l'état actuel. Après ça...
Mme Nichols : Ils sont
assignés.
M. Jolin-Barrette : Après ça,
ils sont assignés. Exemple, à Beloeil, il y a plus qu'un juge qui est assigné parce que supposons que le juge n'est pas capable,
le juge affecté ne fait pas toutes les séances, mais là, à ce moment-là, il
y a une assignation du juge coordonnateur à la cour municipale de Beloeil.
Mme Nichols : Mais la même
chose... C'est parce que, quand il va y avoir des cours municipales, ils vont
dire : Bien, moi, je veux des séances supplémentaires, ils vont demander
aux juges coordonnateurs de leur assigner un juge pour les séances
supplémentaires. Moi, ma question, c'est en lien avec le juge municipal qui va
être assigné. Lui, il peut refuser ou il
peut dire : Non, parce que je ne suis pas... C'est parce qu'on a parlé,
tantôt, des régions, on a parlé des quatre régions
pour le faire intrarégion, mais est-ce que le juge de cour municipale pourrait
dire : Non, moi, cette assignation-là, c'est non?
M. Jolin-Barrette : Non. Le
juge, le juge en chef a les mêmes pouvoirs que le juge en chef de la Cour du Québec. Un juge ne peut pas refuser une
assignation qui est faite par son juge en chef. Ultimement, il a le pouvoir
de... sur sa cour. Dans le fond, on est dans une situation où... Puis c'est
pour ça qu'on a mis dans le projet de loi que le juge qui est affecté à une cour municipale doit siéger
majoritairement à cette cour-là où, lui, il est affecté, mais on n'a pas dit
«exclusivement», dans un souci de faire en sorte que ça peut être une bonne
chose, aussi, que les juges ne soient pas toujours à la même cour, tu sais,
dans les endroits où il y a moins de volume.
Mme Nichols : Puis que ça
permettrait à avoir certaines...
M. Jolin-Barrette : Il y a des
spécialités, puis des choses comme ça, oui.
Mme Nichols : Il y a des
spécialités, ça, on en a parlé.
M. Jolin-Barrette : Ça
fait que c'est ça, l'objectif. Ça fait que, dans le fond, on dit : Vous ne
pouvez pas les bouger à chaque
semaine, vous ne les bougez pas, parce qu'on veut réduire les coûts, mais, d'un
autre côté, il y a une certaine flexibilité
aussi pour que le juge en chef puisse composer son rôle puis faire en sorte
d'avoir une certaine rotation aussi.
Mme Nichols : Quand
il y a un refus, un refus d'assignation de la part d'un juge municipal, c'est
le juge coordonnateur qui va gérer ça?
M. Jolin-Barrette : Bien,
théoriquement, le juge en chef peut aller en discipline au Conseil de la
magistrature. C'est un... Les juges exercent sous l'autorité du juge en chef,
ils doivent se conformer à ses ordres, comme à la Cour du Québec. Ça
fait que, quand il y a un tannant, bien... le Conseil de la magistrature.
Mme Nichols : Le coordonnateur
peut devenir un tannant aussi, hein...
M. Jolin-Barrette : Ils sont
sous l'autorité du juge en chef.
Mme Nichols : ...parce
qu'il peut décider que c'est toujours le même qu'il veut assigner à la même
place, puis il sait que le juge ne peut pas.
M. Jolin-Barrette : Les juges
coordonnateurs sont sous l'autorité du juge en chef municipal.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Bien, je souhaite
savoir qu'est-ce que le ministre répond... le mémoire de la juge en chef adjointe de la Cour du Québec, qui est quand même
écrit, leur page 7, pour ceux qui suivent, il y a des préoccupations
en ce qui concerne la façon que nous avons
travaillé avec les juges coordonnateurs. Et je le dis, avec le premier
paragraphe, de voir que la distribution des causes et la fixation des
séances de la cour, lorsque plus d'un juge municipal est affecté à la cour municipale, la préoccupation,
ils disent que «cela signifie que le juge municipal est affecté seul à une cour, fixe lui-même les séances de cette cour sans
égard aux décisions du juge coordonnateur qui, lui, doit assigner les autres
juges dans les cours avoisinantes, en tenant compte des séances qui auront déjà
été fixées, sans avoir été consulté».
Ça fait que
le ministre répond quoi à ça? Est-ce que c'est une préoccupation exacte? Si
oui, que devons-nous faire pour assurer qu'on rejoint cette
préoccupation?
M. Jolin-Barrette : Oui, mais,
dans le fond, c'est la continuité de la pratique actuelle. Actuellement, là, le
calendrier de la cour pour la fixation des séances, c'est fait avec le juge municipal
qui est affecté à la cour. Alors, ça, on ne
change pas ça. Puis pourquoi on ne change pas ça? Parce que le juge qui est
nommé à la cour municipale locale, c'est lui qui connaît le mieux les
greffiers, qui connaît le mieux l'environnement, qui connaît mieux le
fonctionnement de la cour municipale à laquelle il est affecté. Alors,
on veut s'assurer que ce juge-là conserve le pouvoir qu'il a déjà, actuellement, de faire la fixation. Donc, cette
façon de procéder là, ça assure que ça soit simple, mais que ça soit aussi
décentralisé. Et actuellement c'est comme ça que ça fonctionne, donc on ne
change pas cette méthode-là.
Exemple, le juge qui est à Saint-Hyacinthe, qui
est affecté à cette cour-là, mais c'est lui qui connaît le mieux la cour, qui connaît le volume de dossiers, tout
ça, ça fait que c'est lui qui va fixer, c'est le seul juge. Pour pallier, par
la suite, supposons qu'il y a des
séances supplémentaires, bien là, à ce moment-là, le juge coordonnateur va
pouvoir assigner un autre juge, mais c'est lui qui va avoir fait le calendrier,
le juge local qui est affecté à la cour municipale de Saint-Hyacinthe.
Il ne faut pas perdre la spécificité locale, la
connaissance du terrain. Ça fait que c'est sûr que le juge coordonnateur, lui, dans le mémoire de la juge
Bélanger que vous avez, c'est le fait de dire : Bien, les juges... les
juges municipaux ne devraient plus jamais fixer de calendrier, puis ça
devrait juste être un juge coordonnateur qui, vous conviendrez avec moi, connaît un peu moins bien chacune des cours.
Alors, c'est pour ça qu'on ne va pas dans ce sens-là.
Mme Maccarone :
Dans le même mémoire, il y a une autre problématique qui est soulevée, puis
ça provient de l'alinéa quatre de le
même article, qui prévoit que «la charge de juge coordonnateur s'ajoute à la
charge régulière de juge puîné qui doit continuer de siéger à la cour
municipale à laquelle il est assigné». La même exigence se retrouve à
l'article 191 de la Loi sur les tribunaux judiciaires, à la section qui
concerne le juge municipal en chef. Alors, encore une fois, est-ce que nous
avons quelque chose à modifier ou... C'est quoi, les explications pour
rejoindre les préoccupations qui ont été citées dans leur mémoire?
M. Jolin-Barrette : ...la
réponse ouverte, c'est que les juges coordonnateurs continuent de siéger. On ne
veut pas se retrouver dans une situation où,
quand vous êtes juge coordonnateur, vous arrêtez de siéger. Donc, c'est un
souci d'efficacité de la justice, ça s'ajoute à la charge de juge puîné.
Notre objectif, c'est de faire en sorte que le juge coordonnateur n'arrête pas de siéger. Tu sais, on a 73 juges
municipaux, 74, si on en perd quatre qui arrêtent de siéger, ça ne fonctionne pas, ça, il va y avoir des coûts
supplémentaires pour les municipalités, alors on veut qu'ils continuent
à siéger.
Mme Maccarone : Est-ce que le
ministre a un estimé, en termes de distribution de nombre d'heures, que le juge
coordonnateur va allouer dans son administration et le temps qu'il va siéger?
Est-ce qu'on prévoit ça va être 50 % de son temps? Comment ça serait...
C'est quoi, les prévisions?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, dans chacune des cours où il n'y a qu'un seul juge d'affecté, vous l'avez
vu, c'est le juge local qui fixe les séances
de la cour. Le juge coordonnateur va intervenir quand il y a plus d'un juge.
Les seules cours où il y a plus d'un
juge d'affecté, c'est Montréal, Québec, Laval, Longueuil puis Gatineau. Le juge
coordonnateur va intervenir quand il y a un problème, notamment, avec la
fixation des rôles, avec certains enjeux de non-respect des directives, ou tout
ça. Donc, il peut continuer à siéger.
Mme Maccarone : Mais la seule
chose qu'il va faire, on vient dire qu'aussi cette personne, ce juge va voir à
la distribution des causes et la fixation des séances, il va assigner les juges
municipaux, soutenir le juge municipal, comme vous venez de dire, et il y a
aussi d'assumer toute autre fonction. C'est quoi, «toute autre fonction»?
M. Jolin-Barrette : Les autres
fonctions qui lui sont conférées par le juge en chef.
Mme Maccarone : Comme?
M. Jolin-Barrette : Aller faire
un discours à l'ouverture des tribunaux judiciaires.
Mme Maccarone : Une
présentation aux élus de l'Assemblée nationale, un an après l'adoption de la
loi, pour nous dire comment ça fonctionne.
M. Jolin-Barrette : Là, on a un
petit peu un enjeu de séparation des pouvoirs, là.
Mme Maccarone : Mais même pas
pour nous donner une présentation pour expliquer l'efficacité ou les améliorations qui sont souhaitées, on a un
meilleur accès à la justice pour... tu sais, comme on fait à la CAP pour faire
une présentation.
M. Jolin-Barrette : Mais je
vous rappelle qu'il y a le pouvoir judiciaire, le pouvoir législatif, puis il y
a le pouvoir exécutif. Ici, c'est le pouvoir
législatif qui s'exprime et s'exerce dans notre institution, l'Assemblée
nationale.
Mme Maccarone : OK, mais ça ne
répond toujours pas la question de... on prévoit quoi, en termes de pourcentage
d'heures qu'ils vont allouer, comme juges qui siègent, puis aussi le rôle
administratif, parce que c'est beaucoup dans le...
• (20 heures) •
M. Jolin-Barrette : Il n'y en a
pas, là, d'évaluation concrète, ça dépend des événements qui surviennent pour
les juges coordonnateurs, mais il y a un supplément salarial associé à cette
charge-là.
Mme Maccarone : Mais le
ministre dit qu'il a toujours une attente que les juges coordonnateurs vont
quand même siéger, mais on n'a aucune idée
combien d'heures en administration ou dans leurs tâches et toute autre fonction.
C'est nouveau, vous dites, de la...
M. Jolin-Barrette : Non, mais
ce que je veux...
Mme Maccarone : Je le soulève
parce que c'est un nouveau rôle, on est en train de mettre en place quelque
chose qui est totalement différent de qu'est-ce que nous avons, actuellement.
M. Jolin-Barrette : Ce que je vous dis, c'est que l'administration de la cour relève de la cour. Tu sais, ce n'est pas le ministre
qui gère les assignations, là.
Mme Maccarone :
Non, mais c'est quand même le projet de loi du ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
nous, là, comme législateurs, on dit : Écoutez, on veut que... même si
vous exercez une fonction en autorité comme juge coordonnateur, on veut que
vous continuiez à siéger. Ce n'est pas parce que
vous devenez juge coordonnateur que vous n'allez plus aller sur le banc puis
que vous n'allez plus entendre des causes. Ça, je pense que c'est important. Puis surtout quand on est juge en
autorité, il faut savoir ce qui se passe dans sa cour. Puis d'ailleurs
le juge-président de Montréal et le juge-président de Laval siègent,
actuellement.
Mme Maccarone : Puis qu'est-ce
qui arrive dans l'éventualité que la charge régulière prend beaucoup de place? C'est ça, la préoccupation, dans le fond,
que la charge régulière de ce rôle va être très occupant, on va être à un juge
de moins.
M. Jolin-Barrette : Bien, la
charge régulière, vous voulez dire la... Nous, ce qu'on a mis, c'est qu'on a
fait en sorte que le juge coordonnateur...
que le juge coordonnateur continue à siéger d'une façon régulière comme juge
sur le banc. Mais, écoutez, si c'est «régulière» avec lequel vous avez
un enjeu... Moi, ma préoccupation, là, c'est qu'on ne perde pas de temps de juge pour les citoyens sur le banc parce qu'on
occupe des fonctions administratives. Puis, si le juge-président de la cour municipale de Montréal,
aujourd'hui, malgré le fait qu'il gère la plus grosse cour municipale du Québec, avec 31 juges, trouve le temps de
siéger, je trouve que ça démontre de sa part une implication dans sa cour et une volonté de participer à l'exercice judiciaire,
de faire fonctionner sa cour, mais aussi d'entendre des dossiers, d'entendre
les justiciables. Je pense que c'est
important, là. Puis les mandats, ils sont longs, là, cinq ans sans être sur le
banc, sans participer, sans entendre des dossiers. Je pense qu'il faut
envoyer un signal clair que les juges coordonnateurs sont connectés sur le
terrain puis ils entendent les justiciables aussi. Alors, je vous le dis d'une
façon transparente, si c'est «régulière», l'enjeu, moi, ma préoccupation, c'est
que les juges continuent de siéger, mais...
Mme Maccarone : Oui,
bien, je dirais, c'est la préoccupation qui était soulevée, quand même, comme
j'ai dit, par le juge. Puis la façon
que c'est écrit, c'est «en toute connaissance de la fonction — chose
que je n'ai pas, évidemment, je ne
suis pas juge — ce
scénario n'est pas viable et comporte des risques reliés, entre autres, aux
devoirs déontologiques des juges, tels que le maintien de leur
compétence professionnelle, l'obligation de remplir utilement et avec diligence
leurs devoirs judiciaires et d'autres considérants reliés». Alors, si le
ministre a quand même une ouverture pour un amendement pour modifier
«régulière» pour une autre formulation, nous pourrons suspendre, mais, je
dirais, c'est quelque chose que peut-être je
demanderais plutôt au ministre : Il serait confortable avec quoi, comme
modification de libellé, s'il y a une ouverture?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, moi, je serais ouvert à un libellé où on pourrait supprimer
«régulière», comme ça, on dirait «la charge du juge coordonnateur s'ajoute à la
charge de juge puîné».
Mme Maccarone : Moi, ça me va.
Est-ce qu'on peut suspendre pour écrire ceci puis procéder?
Le
Président (M. Bachand) :
Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur cette discussion, juste pour être sûrs? Mme la députée
de Vaudreuil.
Mme Nichols : Bien, ce n'est
pas nécessairement en lien avec l'amendement qui va être déposé. Là, on parlait
que le... celui-là qui va... qui aura la charge de juge coordonnateur va avoir
une augmentation en conséquence, de... c'est
quoi, 8 % à 10 %, peut-être, qu'on parlait, ou 6 % à 8 %.
Présentement... Honnêtement, ce n'est pas beaucoup, là, ça fait que j'imagine
que la charge ne doit pas être excessive pour que ça représente un 6 % à
8 %. Mais présentement le juge-président a... c'est quoi, son... il
a-tu aussi 6 % à 8 %?
Des voix : ...
Mme Nichols : Est-ce qu'on
s'est fié à ce que le juge... Est-ce qu'on a copié le même pourcentage pour le
juge-président puis le juge coordonnateur? Est-ce qu'il va y avoir une
différence ou...
M. Jolin-Barrette : Bien, ce qu'on me dit, c'est que le
juge-président, c'est 6 % à 8 % de plus qu'il, a actuellement.
Mme Nichols : Ça fait que ça va
être la même chose pour le juge coordonnateur, ça fait que ça va être une
continuité.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui.
Dans le fond...
Mme Nichols : Ça fait que, pour
une charge de coordination, là, c'est 6 % à 8 % de plus.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais à
260 000 $, 6 % à 8 %...
Mme Nichols : Oui,
oui, oui, mais, je veux dire, tu sais, ce n'est pas représentatif, je veux
dire, ça... c'est 6 % à 8 %.
Le Président (M. Bachand) : Donc,
M. le ministre, pour l'amendement?
M. Jolin-Barrette :
Oui. Bien, peut-être qu'on peut suspendre une minute.
Le
Président (M. Bachand) : On va suspendre
quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 20
h 07)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Alors, M. le Président...
Des voix : ...
Le
Président (M. Bachand) : S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Oui, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Vous devriez dire «à l'ordre!», M. le Président, «order!».
Le
Président (M. Bachand) : Je vous rappelle
que la commission est repartie, alors je vous demanderais votre collaboration.
Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Oui, madame... M. le Président, je crois que la députée de Westmount—Saint-Louis
a un amendement à déposer.
Mme Maccarone :
C'est-tu projeté sur l'écran?
Le
Président (M. Bachand) : Oui. On va
peut-être baisser le... parfait. Merci.
Mme Maccarone :
Merci.
Une voix : ...
Mme Maccarone : Oui, merci. Alors, je
propose, à l'article 9, de supprimer le troisième alinéa de
l'article 195 de la Loi sur les tribunaux judiciaires proposé par
l'article 9 du projet de loi, «régulière», puis pour tous les arguments
que nous venons de mener, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Est-ce
qu'il y a des interventions sur l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis?
S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Mme Maccarone :
Un vote par appel nominal, s'il vous plaît, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Vote par appel
nominal. M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone :
Pour.
Le
Secrétaire : M. Morin (Acadie)?
M. Morin :
Pour.
Le
Secrétaire : M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le
Secrétaire : Mme Vimont... Mme Schmaltz (Vimont)?
Mme Schmaltz :
Pour.
Le Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin :
Pour.
Le Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
Le Secrétaire : Et M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement
est adopté. Donc, on revient à 195.
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Non, juste pour quelques...
Donc, le député de Jean-Talon est ici, il peut participer, mais il n'a pas de
droit de vote. Il peut proposer des amendements, il a le même temps le temps de
parole, mais il ne peut pas voter. Voilà.
Donc, on revient à 195. D'autres interventions?
M. Jolin-Barrette : À moins, M.
le Président, de devenir membre de la commission.
Le Président (M.
Bachand) : Et on est ouverts, on est
ouverts. Le membership n'est pas dispendieux, faites-vous-en pas.
OK, donc, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur 195? S'il n'y a pas d'autre intervention, M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
196 : Cet article prévoit que les juges coordonnateurs transmettraient au
juge municipal en chef, au moins deux fois par année, un rapport
d'activité.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Merci. Merci, M. le
Président. Donc, les juges coordonnateurs vont transmettre un rapport au juge
municipal en chef, ce qui m'apparaît tout à fait logique parce qu'il a la
responsabilité de la gestion de la cour, donc au moins deux fois par année,
donc ça peut être plus, ce qui est tout à fait bien. Et là vous énumérez une
série d'éléments que doit contenir son rapport : le nombre de jours où il
a été tenu séance et le nombre d'heures qui y a été consacré en moyenne, le nom
du juge municipal qui a présidé la séance, le nombre de causes, le délai...
l'état des délais, puis le juge municipal
transmet sans délai ce rapport au ministre de la Justice. Donc, je peux
comprendre le nombre de jours, mais pourquoi vous voulez avoir le nom du
juge municipal qui a présidé la séance?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est déjà une information qui est publique, actuellement. Quand vous allez
dans une salle de cour, là, la justice est rendue publiquement, on sait
c'est qui, le juge sur le banc.
M. Morin : C'est vrai que, si
vous vous rendez dans une cour, vous allez voir le nom du juge, ça, c'est sûr, puis c'est sûr que la salle de cour est ouverte au
public. Sauf que, pour avoir l'ensemble et tous les noms des juges qui ont présidé des séances, vous allez devoir faire
le tour de toutes les cours municipales. Peu de gens font ça, là. Alors, quel
est le but? Pourquoi vous, en tant que ministre de la Justice, vous voulez
avoir cette information-là?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
une information qui est déjà publique, actuellement, donc, c'est public sur les rôles. Et, même, saviez-vous que le rapport
annuel des cours municipales permet également d'obtenir cette information
pour les juges rémunérés à la séance? Donc, si on ne le met pas, ça veut dire que
ça va disparaître avec la venue des changements législatifs proposés. Donc,
c'est déjà dans le rapport annuel.
M. Morin : D'accord. Il y a
plusieurs groupes qui ont soulevé que ça présentait un problème, notamment la Conférence des juges municipaux du Québec. Alors,
on dit, entre autres, à l'article 196, qu'il ne leur apparaît pas utile,
ni nécessaire, ni pertinent que le nom de chaque juge qui siège à une séance
soit clairement identifié et qu'il y ait une obligation de transmettre sans
délai au ministre de la Justice un rapport contenant ces informations.
Cependant, la conférence souligne qu'il est
pertinent, dans un souci d'une saine administration de la justice, bien sûr, que des données soient colligées,
qu'elles soient transmises au ministre de la Justice à intervalles réguliers.
La conférence ajoute : «D'ailleurs, depuis plusieurs années, les
cours municipales fournissent des données permettant de connaître le nombre de dossiers contestés en matière pénale, criminelle
et civile. De plus, elles fournissent le nombre de dossiers ouverts et fermés dans ces matières en
plus du nombre de séances siégées», et ça, c'est déjà inclus dans le rapport
des cours municipales et c'est disponible sur le site des cours municipales du
Québec, et je présume que c'est ce rapport-là auquel vous faites référence. Sauf qu'à
lire le mémoire de la Conférence des juges municipaux, il y a déjà de
l'information qui est transmise au ministre de la Justice à intervalles
réguliers, mais, d'après ce qui est écrit ici, ça ne semble pas inclure le nom de chaque juge qui siège à une séance, puis il
n'y a pas non plus d'obligation de vous le transmettre sans délai.
Et
d'ailleurs, dans le mémoire de la juge en chef adjointe de la Cour du Québec responsable des cours municipales, il y a également une référence à la même chose. La juge en chef n'est pas
contre, bien au contraire, le fait de transmettre au juge en chef un
rapport d'activité, mais elle s'interroge sur le nom du juge municipal puis le
fait de le transmettre au ministre sans délai et elle souligne que cet article
de la loi s'inspire d'une disposition applicable à la Cour du Québec qui dit
que «les juges coordonnateurs transmettent au juge en chef, au moins deux fois
par année, un rapport d'activités établi sur une base mensuelle pour chaque
membre et chaque district judiciaire et comprenant notamment les renseignements
suivants» : le nombre de jours, le nombre de causes et l'état des délais.
Mais ce que je comprends pour la Cour du Québec,
enfin, c'est ce que souligne la juge en chef adjointe responsable des cours
municipales, c'est que ce sont ces renseignements-là qui sont soumis, ils ne
sont pas transmis au ministre de la Justice, puis vous n'avez pas non plus le
nom du juge. La juge en chef adjointe ajoute : «Il nous apparaît tout à
fait concevable que le juge coordonnateur d'une région doive rendre compte au
juge municipal en chef...» D'ailleurs, vous l'avez mentionné vous-même, c'est
le juge municipal en chef ou le juge en chef d'une cour qui émet les directives,
et ces juges doivent suivre les directives du juge en chef; il est donc normal,
pour la gestion de sa cour, qu'il ait accès à des données pouvant le guider
dans ses fonctions de dirigeant de la cour. Pourquoi «sans délai»? Pourquoi exiger le nom de chaque juge qui
a présidé une séance? Et elle pose une question : «N'est-ce pas ouvrir
la porte à la possibilité que le juge se
sente redevable, encore une fois, envers le pouvoir exécutif de l'État, avec le
risque, réel ou apparent,
d'influencer la façon dont il rend jugement? [...]Nous l'avons mentionné
d'emblée, la réforme des cours municipales est un sujet complexe à propos
duquel il y aurait beaucoup à écrire. Compte tenu du délai imparti, nous terminons [le] mémoire en soulignant un
questionnement sur deux autres aspects du projet de loi», et ça, on y reviendra
plus tard.
Sauf que,
présentement, il y a une structure... Puis vous allez dire que c'est une
nouvelle loi, parce que je vous ai déjà posé la question, puis c'est ce
que vous avez dit. Je comprends que c'est une nouvelle loi... bien, en fait, ce
n'est pas encore une loi, c'est un projet de loi, mais qu'est-ce que vous allez
faire avec ça, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : Bon,
premièrement, si vous prenez le rapport des cours municipales des juges à la
séance 2021, vous avez le nom de tous les juges en fonction de
chacune des cours, OK, puis ça, c'est à la page 34. À la page 36, cour municipale par cour municipale, vous
avez : en matière pénale, nombre de règlements municipaux, combien de
dossiers contestés, combien de
défauts; circulation et stationnement, contestés, défauts; Code de la sécurité
routière, contestés, défauts; statutaire provincial, contestés, défauts; le
total; en matière criminelle, dossiers ouverts Code criminel; dossiers fermés Code criminel; infractions personnes
mineures; matière civile; nombre de séances siégées. Vous avez déjà
toutes ces informations-là.
• (20 h 20) •
M. Morin : Puis,
avec votre rapport, parce que moi, je n'ai pas l'information devant moi, là,
mais vous avez aussi le nom du juge qui a présidé chaque séance?
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, il n'y a qu'un seul juge pour la majorité des cours municipales. Ça
fait que, si je sais que le juge à Beloeil, c'est lui qui préside les
séances, vous vous retrouvez avec l'information.
M. Morin : Oui, c'est sûr que,
si vous n'en avez qu'un, oui, mais il y a des cours municipales où il y en a
plus qu'un.
M. Jolin-Barrette : Il y en a
juste deux...
M. Morin : Trois.
M. Jolin-Barrette : Gatineau,
Longueil...
M. Morin : Québec.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
c'est à...
M. Morin : Montréal?
M. Jolin-Barrette : ...c'est à
titre exclusif.
M. Morin : Oui, mais là ils
vont tous devenir à titre exclusif, avec votre projet de loi, là.
M. Jolin-Barrette : Oui,
effectivement, mais ils vont être principalement affectés à la cour municipale,
à leur cour.
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : Mais,
vous, votre enjeu, vous ne voulez pas avoir ces données-là? Parce qu'un des
enjeux...
M. Morin : Non, non, non, ce
n'est pas ça que j'ai dit.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
c'est la question que je vous pose.
M. Morin : Oui, bien, j'ai
répondu.
M. Jolin-Barrette : Un des
enjeux fondamentaux dans le système de justice, c'est les données, hein, les
statistiques puis les données. Les cours municipales, ça va relativement bien,
mais il y a place à l'amélioration. Pourquoi est-ce que, dans le système de
justice, on n'est pas capables... ou à chaque fois qu'il est question d'avoir des données, de transparence des données, c'est
toujours une situation qui est complexe? Vous vous souviendrez, ensemble,
on a fait un projet de loi pour faire en sorte que... Je pense que c'était
ensemble. C'était-tu avec vous ou...
M. Morin : Bien, c'est parce
que je ne sais pas de quoi vous allez me parler, là, ça fait que je ne peux
pas...
M. Jolin-Barrette : Sur
le rapport annuel du Conseil de la magistrature. Non, ce n'est pas avec vous.
C'est-tu avec vous?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Aïe!
On en fait, des choses. Bon, bien... Ah! c'est avec votre ancien collègue de La
Pinière, ça se peut-tu? Non?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'était
lequel, celui-là?
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
On en a quelques-uns.
Le Président (M.
Bachand) : ...Commission des institutions,
les numéros, là.
M. Jolin-Barrette : Je
suis désolé, je pensais que c'était avec vous. Je m'entends tellement bien avec
vous que je vous transpose des bons souvenirs dans notre relation.
M. Morin : Bon, c'est bien, ça.
M. Jolin-Barrette : C'est comme
si vous aviez toujours été là, M. le député de l'Acadie, dans mes souvenirs
politiques.
M. Morin : Eh là là!
M. Jolin-Barrette : Alors,
écoutez, le rapport annuel du Conseil de la magistrature, ça faisait comme
quatre ou cinq ans qu'il n'avait pas été publié. On avait...
M. Morin : Non, ça, c'était...
ça, on en a parlé. Ça, c'était dans cette législature-ci.
M. Jolin-Barrette : Ça, c'était
dans cette législature-là?
M. Morin : Oui, exact.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'était le
26?
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : Ah oui?
M. Morin : Oui, oui.
Une voix : ...
M. Morin : Exact.
Puis on avait...
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
on l'avait fait une autre fois préalablement, dans le 8.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Morin : Bien, dans le 8,
c'était ici aussi.
M. Jolin-Barrette : Bon, le 8,
le 26.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Bon, ça
fait que je ne suis pas fou, savez-vous, j'ai fait ça.
M. Morin : Oui, exact.
M. Jolin-Barrette : Bon,
OK. Donc, quand il était question d'avoir des données du Conseil de la
magistrature, on a été obligés
d'intervenir législativement pour dire : Aïe! Dans un rapport annuel, vous
allez dire aux citoyens quel est l'état des choses.
Ça me surprend un peu, le fait que les critiques
soient à l'effet qu'un rapport de données pour dire le nombre de jours où il a
été tenu séance, le nombre d'heures consacrées en moyenne, le juge qui a présidé
la séance, c'est une information qui est publique, le nombre de causes
entendues, l'état des délais... puis qu'on dise : Écoutez, aïe, on va transmettre ces informations-là au ministre de la
Justice, qui est responsable de l'administration de la justice au Québec, c'est
dramatique, des informations que les citoyens devraient avoir en toute
transparence, on va envoyer ça au ministre. Le ministre, c'est lui qui répond sur l'état des délais judiciaires, sur
le fonctionnement des tribunaux, sur l'administration de la justice,
l'efficacité, la performance du système de justice, puis le ministre ne devrait
pas avoir ces données-là? Le ministre ne devrait pas les avoir? L'Assemblée
nationale ne devrait pas les avoir? Les citoyens ne devraient pas les avoir? C'est un service public, la justice,
là. Pourquoi est-ce qu'à chaque fois qu'il est question de se comparer,
d'évaluer, de s'assurer de l'accessibilité et de l'efficacité du système
de justice, ça soulève un tollé? Je vous pose la question.
M. Morin : Bien, en fait, si
vous permettez, ça va me faire plaisir de répondre. Sincèrement, je comprends
très mal l'étonnement de M. le ministre. On n'a jamais dit qu'on ne voulait pas
que les citoyens aient ces données-là. Je
n'ai jamais dit que je ne voulais pas qu'il y ait de données statistiques. Je
n'ai jamais dit que ce n'était pas important de se comparer. Je n'ai jamais dit qu'il ne fallait pas qu'on ait un
système performant. Alors, M. le ministre, avec respect, je vous écoute, ce n'est pas de ça dont je parle,
ça fait que je ne sais pas où vous vous en allez. Moi, ce que je vous dis...
M. Jolin-Barrette : ...
M. Morin : Oui. Moi, ce que je
vous dis, c'est : ce qui semble poser problème, avec les mémoires qu'on a
obtenus puis la réflexion... Écoutez, moi, la juge en chef adjointe de la Cour
du Québec responsable des cours municipales, je ne la connais pas, mais
j'imagine que ça doit faire quelques années qu'elle a été nommée, si elle est
juge en chef adjointe, puis elle a pris la peine de nous écrire, à la
commission, alors j'imagine qu'elle a réfléchi avant d'écrire. Après ça, je
regarde, puis je lis attentivement le mémoire...
M. Jolin-Barrette : ...
M. Morin : Non, non, mais juste
un instant...
M. Jolin-Barrette : ...intervention.
M. Morin : ...juste un instant.
Conférence des juges municipaux du Québec, alors, ils soulèvent un élément. Je ne vous ai jamais dit que les statistiques
n'étaient pas importantes. Je n'ai jamais dit ça. Je n'y ai jamais pensé. Je
n'ai jamais dit que ce n'est pas important d'avoir le nombre de jours où il a
été tenu de séance et le nombre d'heures qui a été consacré en moyenne
puis je ne vous ai jamais dit que l'état des délais, ce n'était pas important
parce que c'est hyperimportant, parce que, d'abord, ici, comme législateurs, la
dernière chose qu'on veut faire, j'imagine — puis, si quelqu'un n'est pas
d'accord, bien, il pourra le dire — c'est d'adopter des
dispositions législatives qui vont faire en sorte
que les délais vont s'accroître dans le système de justice. Je pense que vous
allez être le premier, M. le ministre, de convaincre avec moi que ce
n'est pas ça qu'on veut. Puis je pense que c'est superimportant d'avoir aussi
le nombre de jours où il a été tenu séance
et le nombre d'heures qui a été consacré en moyenne. Ça m'apparaît fondamental.
Il faut avoir le nombre de causes entendues aussi.
Le questionnement que ces groupes-là ou cette
personne-là posent, c'est sur le nom du juge municipal qui a présidé la séance.
Moi, je vous demande qu'est-ce que... pourquoi vous voulez ça, parce qu'au fond
j'imagine que, comme ministre, ce qui est important pour
vous, c'est qu'il n'y ait pas de délais supplémentaires ou qu'il n'y ait pas de
délais qui s'allongent. Que ce soit Pierre, Jean, Jacques, Arthur ou Alfred ou
George, ça change quoi?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre. Après, je vais
avoir le député de Jean-Talon. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Est-ce que
c'est le fait que le juge municipal qui a présidé la séance soit identifié ou c'est le fait que le rapport est transmis au
ministre? Est-ce que, dans leur mémoire, à la fois pour la Conférence des juges
municipaux puis le mémoire de la juge Bélanger, on indique que c'est
problématique que ce soit transmis au ministre de la Justice?
M. Morin : En fait, ce qui est
problématique dans le mémoire de Mme la juge Bélanger, c'est effectivement les
deux, donc le nom et que ce soit transmis au ministre de la Justice sans délai.
Et, dans le mémoire des juges de la Conférence
des juges municipaux, ce qu'ils disent, c'est... eux autres, ce qui pose
problème, c'est «sans délai», alors, c'est le «sans délai». Alors, ça ne semble pas être que ce soit transmis au
ministre ou que ce soit déposé à l'Assemblée nationale, c'est le «sans délai». Puis d'ailleurs,
honnêtement, il faut que ça soit transmis sans délai... je veux dire, c'est
crucial au point où là vous l'attendez, et puis, je ne sais pas, vous avez
hâte? Je ne le sais pas, là, mais pourquoi «sans délai», dans la loi? Tu
sais, ça peut être transmis à l'Assemblée nationale, on peut vous demander de
le déposer à l'Assemblée nationale, ça, je
n'ai pas de problème avec ça. Que ce soit rendu public, je n'ai pas de problème
avec ça, j'ai toujours été pour la transparence. Pourquoi «sans délai»?
M. Jolin-Barrette : Mais vous
ne pensez pas que, théoriquement, le ministre de la Justice, qui est chargé de l'administration de la justice au Québec, qui est
la personne avec le ministère qui doit s'assurer du bon fonctionnement
du système de justice ne devrait pas avoir des informations en temps opportun,
en temps contemporain?
M. Morin : Ah! en temps
opportun, je n'ai pas de problème.
M. Jolin-Barrette : Mais
pourquoi est-ce que...
M. Morin : Je n'ai pas de
problème. «Sans délai», on dirait qu'il y a une urgence d'agir. Où est
l'urgence? Mais en temps opportun... D'ailleurs, d'ailleurs, dans d'autres...
M. Jolin-Barrette : Est-ce
que...
M. Morin : Oui, oui.
M. Jolin-Barrette : Question
d'opérationnel.
M. Morin : Oui?
M. Jolin-Barrette : Pensez-vous,
là, que, quand j'ai une salle au palais de justice de Montréal où il manque un greffier le matin ou, supposons, on manque de
juges, il y a des séances annulées, je devrais être informé à rebours,
ou c'est important qu'on trouve une solution?
• (20 h 30) •
M. Morin : Bien, c'est parce
que, là, on parle de deux choses différentes, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
je... La question que je vous pose, c'est ça.
M. Morin : Non.
M. Jolin-Barrette : Parce
que l'information, c'est important. Écoutez, la juge Bélanger dit dans son
mémoire, là : «Il nous apparaît
tout à fait concevable que le juge coordonnateur d'une région doive rendre
compte au juge municipal en chef de certaines données pouvant le guider
dans ses fonctions de dirigeant [de cour]. Mais quel est l'objectif d'un envoi "sans délai" dans ce rapport au
ministre de la Justice? [...]aussi, le risque est grand d'y voir ingérence du
politique, réelle ou apparente, dans l'administration des cours.»
Savez-vous quoi? Vous, là, vous êtes un député
élu par les gens de l'Acadie, hein, vous êtes un politicien qui avez des convictions. Vous avez dit un jour :
Moi, je décide de m'impliquer en politique parce que c'est noble, parce que
je crois que l'institution de l'Assemblée nationale, là, elle vise à
représenter les gens. Ils me font confiance, j'ai été élu par la population, ils m'envoient au Parlement pour faire des lois,
puis, dans ce cas-ci, avec le ministre de la Justice. Vous exercez votre
rôle de législateur.
C'est quoi, le problème du politique? Le
ministre de la Justice, là, bien oui, il a été élu sous une bannière politique.
Est-ce que les politiciens sont toxiques? Est-ce que, quand vous exercez une
charge ministérielle dans votre rôle
d'exécutif et dans votre rôle de législateur, vous n'avez pas de
responsabilités? Qui répond au peuple à tous les jours? Qui répond aux
Québécois d'avoir un système de justice performant, efficace quand il y a des
arrêts des procédures
quand il y a des femmes qui ont été agressées sexuellement puis que le procès
n'a pas lieu parce qu'il n'y a pas de
date de cour? C'est le politique. Le politique, ce n'est pas lui qui dit aux
gens quand siéger, le politique, ce n'est pas lui qui contrôle les
procès, mais c'est le politique qui prend ses responsabilités, c'est le
politique qui travaille à tous les jours
pour faire en sorte de donner des ressources au système de justice, d'essayer
de moderniser les façons de faire puis de faire en sorte d'améliorer le
système de justice. C'est le politique qui fait ça.
Puis aujourd'hui tous les députés qui sont
autour de la table, c'est le politique qui travaille à améliorer le système des cours municipales. Est-ce que le
politique est disgracieux? Est-ce qu'on doit traiter le politique avec dédain? Est-ce
qu'on doit dire au politique dans des mémoires à l'Assemblée nationale :
Vous êtes toxiques pour le milieu de la justice? Est-ce que les politiques
doivent se faire dire ça, quand ce sont eux qui font les lois, qui ont été élus
par la population puis qui veulent améliorer
les choses? Est-ce que le fait que le ministre de la Justice ait l'information
de savoir l'état des délais, le
nombre de causes entendues dans le système de justice va faire en sorte
d'influencer les tribunaux? Absolument pas. On doit tous collaborer
ensemble, mais l'information doit circuler, il doit y avoir de la transparence.
Je m'explique
mal cette critique envers le politique parce que, quand on parle de politique,
on parle des ministres, on parle des députés, on parle des législateurs,
on parle de vous, de moi, de la députée de Westmount—Saint-Louis, qui avons
décidé de faire du service public pour améliorer les choses pour notre collectivité.
Alors, je
peux convenir avec vous que le nom du juge n'est peut-être pas nécessaire. De
toute façon, l'information, elle est publique. Si ça affecte certaines
susceptibilités, j'en suis, moi, je suis ouvert à retirer le nom du juge.
Cependant, quand on reçoit des mémoires à la
Commission des institutions disant qu'il va y avoir une ingérence politique
parce qu'un... parce que des données
sur l'état du système de justice sont transmises au ministre de la Justice,
c'est fort un peu en café.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de
Jean-Talon, s'il vous plaît.
M. Paradis : Merci. Cet
article-là, 196, c'est comme 192, hein, c'est les principaux, là, qui ont fait
l'objet de commentaires sur une question
vraiment fondamentale, celle de l'indépendance judiciaire et l'équilibre entre
l'indépendance judiciaire puis l'efficacité de notre système, dont le
ministre parle de manière éloquente, disons.
Ici, moi...
Les trois principaux mémoires qui parlent de l'article 196, et notamment
de la question du nom des juges municipals...
des juges municipaux, c'est celui du Barreau du Québec. Le Barreau du Québec,
lui, dit : Bien, ce n'est pas... pour la Cour du Québec, la Loi sur
les tribunaux judiciaires ne prévoit pas que le juge en chef doive transmettre
des rapports d'activité au gouvernement, donc
c'est principalement sur la question de la transmission du rapport au
gouvernement qu'il y a des questions, puis il ne se prononce pas tant
que ça.
La Conférence
des juges municipaux du Québec, elle, écrit ceci : «Il ne nous apparaît
aucunement utile, nécessaire, ni pertinent que le nom de chaque juge qui
siège à une séance soit clairement identifié.» Mais «utile, nécessaire et pertinent», ça ne fait pas référence, ça, à
l'indépendance judiciaire. Se demander si c'est utile, si c'est nécessaire ou
c'est pertinent, ce n'est pas la même chose que se demander si ça
respecte ou non l'indépendance judiciaire.
Celui qui semble le plus sévère, c'est celui...
ou inquiet, c'est celui de la juge en chef adjointe de la Cour du Québec, qui dit — on l'a cité, mais je vais le reciter quand
même : «Pourquoi exiger le nom du juge ayant présidé chaque séance?
Quelle est l'utilité d'inclure ce renseignement au rapport? N'est-ce pas ouvrir
la porte à la possibilité que le juge se
sente redevable, encore une fois, envers le pouvoir exécutif de l'État, avec le
risque réel», etc. «Poser la question, c'est y répondre.»
Moi, j'aurais aimé ça, en fait, qu'on ne se
contente pas de dire «poser la question, c'est y répondre», mais qu'on dise «voici c'est quoi, nos réponses à ces
questions-là et pourquoi on est inquiets pour l'indépendance judiciaire».
Donc, moi, ce n'est pas encore clair dans ma tête en quoi d'inclure le nom des
juges qui ont présidé, qui président les séances, c'est une attaque ou c'est un
risque important pour l'indépendance judiciaire.
Et là, ici, je voudrais qu'on fasse une
distinction assez claire entre le premier alinéa de l'article 196, hein, le paragraphe introductif, avec les paragraphes 1°,
2°, 3°, 4°, et le deuxième alinéa. Et là je me demande si, en faisant cette
distinction-là, on ne se simplifie pas la vie. Est-ce qu'on serait d'accord, M.
le ministre — puis
là je ne sais pas si je peux, mais je
serais intéressé, aussi, d'entendre le député de l'Acadie là-dessus — que
les juges coordonnateurs transmettent l'information
au juge en chef? Là, on est à l'intérieur de la magistrature, on est à
l'intérieur du judiciaire. Donc là, il me semble que les risques pour
l'indépendance judiciaire sont moins élevés.
Donc, dans la partie du premier alinéa, M. le
ministre, il me semble que, là, on reste à l'intérieur de l'appareil judiciaire et que, ça, les risques dont on parle, de
transmission du nom, il me semble, c'est une question de ressources
humaines, là. On parle... il y a 70 ou un peu plus que 70 juges, maintenant,
qui vont être concernés. Je pense que c'est simplement une question de bonne
administration interne que le nom des juges... le nom du juge soit connu.
Donc là, il me semble que c'est le deuxième
alinéa qui cause le plus de problèmes, et moi, je serais intéressé à savoir du
ministre... Puis là, vous voyez, là, moi, je n'ai pas une position, là, ferme
là-dessus, mais peut-être que, si on avait une partie de réponse encore un peu
plus détaillée aux questions du député de l'Acadie sur est-ce qu'il y a un plan
de match au ministère... Parce que c'est vrai, ça, que la question des données,
elle est importante, puis là c'est une information publique, là, elle est déjà
connue. Sérieusement, il n'y a aucun secret là-dedans, là, puis on l'a vu, si... elle pourrait être colligée autrement,
l'information. Là, on se simplifie la vie pour l'obtenir, mais, s'il y a déjà
un plan de match, s'il y a déjà une intention de dire : Oui, ça va
nous servir, puis on a prévu quelque chose, donc, ce n'est pas... Moi, ce n'est pas les mêmes questions, c'est :
Pourquoi? C'est qu'est-ce qu'on veut faire avec? Puis est-ce qu'on a
déjà prévu quelque chose? Là, on connaîtrait mieux l'intention derrière ça puis
on pourrait peut-être réduire les
inquiétudes des gens qui se disent : Bien là, est-ce qu'il y a un plan
machiavélique derrière ça? Non, il n'y en a pas, on veut des meilleures
données pour améliorer le système. Donc, ça, c'est la première question.
Puis
le ministre, lui... Est-ce que vous voyez, vous-même... Est-ce que vous vous
êtes posé la question? Est-ce que, quand vous étudiez le projet de
loi... Est-ce que vous vous êtes posé cette question-là : Ah oui, est-ce
qu'il y a des risques pour l'indépendance
judiciaire en faisant ça? Puis, si vous avez répondu non parce que l'article
est là, pour quelle raison avez-vous
répondu non en disant : Bien, on a les garde-fous suffisants, finalement,
en ayant l'information, non, on juge qu'il n'y a pas de risque pour
l'indépendance judiciaire?
Donc, vous voyez, c'est vraiment des questions
ouvertes, moi, que j'ai sur cet article-là, parce que je ne sais pas si on
devrait laisser... Merci pour votre ouverture, parce que je pense que ça
pourrait être une voie de passage qui ferait
en sorte qu'on serait tous d'accord. Mais avant de dire : Laissons tomber
la transmission au ministre, est-ce que, par ailleurs, il y a vraiment
des bonnes raisons pour le garder, cet alinéa-là?
• (20 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est surtout des mesures de transparence, notamment sur la question du nom du juge en chef... du nom du juge affecté à la
séance. Ce que ça permet de savoir, notamment, c'est combien de juges
ont été affectés durant un laps de temps, deux fois par année, à une cour
municipale. Ça fait en sorte d'être capables de monitorer, notamment, combien
de juges sont affectés... pardon, sont assignés par cour municipale. Je pense
que c'est pertinent que cette information-là, également, soit rendue publique
pour dire : Bien, écoutez, dans la période de six mois, il y a environ... il y a quatre, ou cinq, ou six juges qui ont
siégé à la cour, notamment, puis ça permet également de savoir où les
juges siègent, notamment.
Alors, tout à l'heure, on a parlé beaucoup, dans
le cadre des séances qu'on a eues cet après-midi notamment, sur le fait qu'on
veut, qu'on souhaite, notamment de la part des oppositions, que les coûts
soient les plus réduits possible pour les municipalités, et donc on veut
éviter... Puis c'est pour ça qu'on a mis dans le projet de loi le fait qu'il
doit y avoir une saine gestion des fonds publics dans l'assignation des juges,
pour savoir quels juges sont où aussi, pour ne pas nécessairement prendre un
juge de Sherbrooke puis l'envoyer siéger à Gatineau fréquemment. Donc, l'information par rapport au nombre de
juges, ça permet également de constater ça dans le cadre du rapport, donc, d'où
la pertinence.
Il n'est aucunement question d'affecter le
travail des juges, de mettre une pression, d'intervenir dans leurs délibérés.
C'est ça, l'indépendance judiciaire, hein? Vous avez deux choses : vous
avez l'indépendance individuelle du juge, le fait de pouvoir décider librement
des faits qui sont devant lui, le fait d'avoir une sécurité financière, le fait
d'avoir la sérénité pour rendre ses jugements, vous avez l'indépendance
institutionnelle rattachée à la cour aussi, gestion
des rôles, fixation des séances. Alors, le ministre qui a cette information-là
par rapport au nombre de jours, par rapport
au nom du juge, le nombre de causes entendues, l'état des délais, moi, je pense
que c'est de l'information pertinente, également, qui devrait être
rendue publique annuellement.
Ce que l'on
constate, c'est que c'est rendu public sur le rapport annuel, mais je vous
rappellerais que, l'expérience qu'on a eue avec le Conseil de la
magistrature, il a fallu légiférer pour faire en sorte que toutes les
différentes données soient publiques sur le site Web par le biais d'un rapport
annuel parce que, durant des années, on n'a pas eu de données, on n'a pas eu
d'informations qui avaient été rendues publiques. Alors, il m'apparaît tout à
fait opportun que ces informations-là soient
rendues disponibles et d'autant plus au ministre de la Justice, au ministère de
la Justice.
Alors, écoutez, moi, je suis en désaccord avec
le fait de dire, puis je pense que je l'ai exprimé clairement, que le politique
va intervenir. Le politique, il est légitime. Le politique, c'est des élus du
peuple qui sont chargés de la saine administration de la justice. Je pense que
c'est important d'avoir ces données-là. Il ne faut pas voir des plans
machiavéliques où il n'y en a pas, puis tout n'est pas à chaque fois de
l'indépendance judiciaire. Ce que je constate dans un certain mémoire, c'est
que c'est beaucoup ça.
Alors, j'espère que j'ai répondu à votre
question, mais l'objectif, c'est d'avoir les données. Alors, moi, écoutez, le
plus de données on a, le plus c'est utile, ça s'appelle la transparence. Alors,
pour le fonctionnement des tribunaux, le fonctionnement des cours municipales,
je pense qu'il serait opportun que ces informations-là soient publiques.
M. Paradis : Est-ce que le
traitement de ces données-là que vous attendez, là, c'est un souhait,
actuellement, ce que vous souhaitez faire avec, ou vous avez déjà... Tu sais,
moi, si on me dit : Aïe! On a déjà une banque de données, là, puis on
attend juste d'avoir l'information, ça va nous permettre d'être plus efficaces,
de faire plus de choses, de mieux allouer
les ressources, etc., est-ce que ça fait vraiment partie d'un plan de match?
Parce que la réponse à cette
question-là peut aider à réduire aussi les doutes sur l'intention, sur
l'utilisation de ces données-là. Est-ce qu'il y a déjà quelque chose?
Est-ce que vous attendez ces informations-là avec une infrastructure prête à
les accueillir, et à les traiter, et en faire bon usage?
M. Jolin-Barrette : Je vous
dirais qu'on travaille très fort à développer, notamment, des tableaux de bord
pour faire en sorte d'être en mesure... Je donnais l'exemple, supposons, des
salles dans les palais de justice, donc, relativement aux délais, relativement
à la présence des greffiers, relativement, également, au nombre de dossiers. Si
on veut être en mesure d'être performants, il faut être en mesure d'être
capables de mesurer, mesurer les données qu'on
a. Puis, lorsqu'on est sur une base commune, à ce moment-là, on est capables
d'évaluer le rendement du système de justice.
Puis il ne faut pas voir dans mes propos,
lorsque j'utilise le terme «rendement», quelque chose de préjudiciable.
Qu'est-ce qu'on vise? On vise à avoir les meilleurs délais possible. Bien
entendu, le juge doit prendre le temps qui lui est nécessaire pour rendre sa décision
en toute sérénité, mais il faut être capables de se mesurer. On investit dans
le système de justice des sommes considérables, des ressources supplémentaires
aussi, il ne faut pas, à chaque deux, trois ans, se
ramasser dans la même situation que deux, trois ans plus tôt, puis souvent
c'est ça qui arrive. L'histoire des 30 dernières années dans le système de
justice, c'est ça. Ça fait que moi, je pense que c'est important d'avoir les
données.
M. Paradis :
La deuxième partie de ma question, c'était : Est-ce que vous vous êtes
vous-même posé cette question-là — puis
j'imagine que oui — sur
les risques potentiels à l'indépendance judiciaire? Est-ce que cet article-là,
selon vous... Qu'est-ce que vous avez répondu à cette question-là quand vous
vous l'êtes posée, puis est-ce qu'il y a suffisamment de garde-fous à
l'intérieur de la disposition, actuellement, pour contenir d'éventuels risques?
M. Jolin-Barrette :
Selon le ministère de la Justice, il n'y a pas de risque à l'indépendance
judiciaire en lien avec le fait de transmettre un rapport au ministre de la
Justice qui indique le nombre de jours de séances, le nombre d'heures, le nom du juge, le nombre de causes
entendues, l'état des délais. D'ailleurs, sur Internet, il y a certaines cours
municipales qui indiquent le nom des juges,
quand est-ce qu'ils siègent selon les calendriers de séances, ça fait qu'une
recherche sur Internet permet de trouver ça. Notamment à la ville de Lévis,
cette information-là est disponible, il y a déjà
un calendrier. Alors, ce n'est pas parce qu'à chaque fois que ça touche le
ministre de la Justice, qui est responsable du système de justice, on
doit crier à l'indépendance judiciaire, mais je peux comprendre, je peux
comprendre qu'il peut être inconfortable que le nom de la personne soit
indiqué.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
député de l'Acadie.
M. Morin :
Avec les dernières paroles de M. le ministre, on a peut-être une voie de
passage qui se dessine. Je veux juste revenir sur le plaidoyer vigoureux et
passionné de M. le ministre. Écoutez, je vais me répéter, il est certain que
c'est important pour un ministre de la Justice d'avoir le nombre de jours ou le
nombre de séances, ça m'apparaît bien clair, le nombre de causes entendues puis
l'état des délais. C'est clair, parce qu'on veut un système efficace, d'ailleurs il y a des dispositions du
projet de loi qui le disent, ça fait qu'on n'est pas contre ça, bien au contraire.
D'ailleurs,
d'ailleurs, le document de la Conférence des juges municipaux puis le document
de la juge en chef adjointe aux cours municipales ne dit pas le contraire non
plus, il y a simplement un ou deux éléments. Mais à chaque fois qu'on cite ou
qu'on traite d'un mémoire qui émane de la Cour du Québec, ça crée toujours
comme, je ne sais pas, un sentiment bizarre
ou un plaidoyer foudroyant de la part du ministre. J'ai de la misère, parfois,
à comprendre. On n'a jamais parlé de gens toxiques, ici, M. le
Président, là, on n'est pas là, là. Puis c'est sûr qu'on veut, comme
législateurs, qu'il y ait une saine administration de la justice, c'est
évident, mais il ne faut pas faire un amalgame de tout. Tu sais, M. le ministre parlait des victimes, des greffiers qui ne
sont pas là, c'est deux choses différentes. C'est sûr... En fait,
j'espère, j'espère, M. le Président, que... quand, dans un palais de justice,
un matin, il manque des greffiers, il manque
des huissiers, il y a des victimes qui ne sont pas entendues, il y a des
procureurs qui ne sont pas là, j'espère que M. le ministre est au
courant, parce que c'est vraiment dans ses responsabilités.
M. Jolin-Barrette :
Je rajouterais, collègue de l'Acadie, que, s'il manque de ressources
judiciaires mais qu'elles ne sont pas imputables au ministère de la Justice,
est-ce que vous croyez que je devrais en être informé?
M. Morin :
Bien, moi, ce que je pense, c'est que, pour les... D'abord, je vais
répondre autrement, là. Le ministre m'ouvre la porte, je vais finir par la
prendre, là. Bien, je pense que, pour éviter qu'il vous manque des ressources
judiciaires, dont lesquelles vous avez la responsabilité, vous pourriez
commencer par mieux les payer, avec votre
collègue au Trésor, ce serait déjà une chose qui vous permettrait de retenir
votre personnel. Ça, c'est de un.
Maintenant, on l'a
dit depuis le début, le juge en chef a une responsabilité pour la gestion de sa
cour, vous l'avez reconnu. On va lui laisser faire son travail. Puis je pense
que vous l'avez dit aussi, il y a des choses qu'il ne faut pas confondre. Vous avez parlé de la noblesse du politique.
Évidemment, c'est sûr que c'est noble d'être politicien, c'est noble de
travailler à l'Assemblée nationale. D'ailleurs, on travaille pas mal fort, je
vous le dirais, tout le monde, tous mes collègues députés.
Une voix : ...
• (20 h 50) •
M. Morin :
Bien oui, effectivement, puis on va continuer de travailler, ça, il n'y a
pas de problème, il n'y a pas de souci. Mais vous le savez aussi bien que moi,
il y a une distinction entre l'exécutif — ça, c'est vous — le législatif — ça,
c'est moi, ici, puis l'opposition, puis tous les députés — puis
le judiciaire — et
c'est vous également. Ça, il n'y a pas de... puis là, bien, là-dessus, il ne
faut pas qu'il y ait de confusion, et c'est tout, et c'est ça que je dis.
Alors, pour revenir à
notre article 196, si M. le ministre a une ouverture, moi, je serais prêt
à déposer un amendement pour faire en sorte que le ministère ait accès à des
données. Vous l'avez vous-même souligné, ça peut soulever un inconfort, le fait
d'envoyer le nom du juge municipal qui a présidé la séance. Il y a plein
d'autres données intéressantes qui vont vous permettre de suivre le cours de
cette nouvelle cour qui est en train d'être créée. Et que vous ayez copie de ce rapport... comme je vous l'ai mentionné,
l'élément sur lequel je vous ai questionné, ce n'est pas que vous ayez
le rapport, c'est le «sans délai», c'est uniquement ça.
Alors, si M. le
ministre a une ouverture, M. le Président, on peut vous demander une
suspension, on pourra discuter d'un amendement qu'on va envoyer, et puis après
ça, avec votre permission, nous reprendrons la séance.
Le
Président (M. Bachand) : Parfait. On va
suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 20 h 52)
(Reprise à 21 h 03)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. 197...
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Allez-y.
M. Jolin-Barrette : Avec un
amendement. 197 : Cet article prévoit la possibilité, pour le
gouvernement, de désigner un juge coordonnateur adjoint dans une région de
coordination.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Donc,
interventions sur 197? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, merci, M. le
Président. Alors, écoutez, je vais faire le même commentaire que j'ai fait précédemment — c'était à 194, si mon souvenir est bon — à
savoir : je pense qu'il serait préférable que le juge en chef ou le
juge municipal en chef désigne et qu'après ça la personne soit nommée avec
l'approbation du gouvernement.
En ce qui a trait au mandat de trois ans, je n'y
vois pas de difficulté, mais ça serait cohérent avec ce qu'on a présentement
dans la Loi sur les tribunaux judiciaires. Et je souligne également qu'il
faudra aussi amender, pour raisons de
cohérence, la fin de 197, parce que «la charge de juge coordonnateur adjoint
s'ajoute à la charge régulière de juge puîné qui doit continuer de
siéger à la cour municipale à laquelle il est assigné», si mon souvenir est
bon, on avait enlevé le vocable «régulier», précédemment. Donc, ce seraient mes
commentaires.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
M. le Président, on a un amendement de concordance pour enlever «régulière»,
qu'on envoie à M. le secrétaire.
Des voix : ...
M. Morin : Puis quant à mon
premier argument?
M. Jolin-Barrette : Même
réponse que tantôt : non.
M. Morin : Vous ne changez pas
d'idée?
M. Jolin-Barrette : Je suis
cohérent avec mes idées.
M. Morin : Oui, vous être
cohérent, on n'accorde pas de voie de passage possible.
M. Jolin-Barrette : C'est
important, la cohérence.
M. Morin : Ah! je vois ça, de
part et d'autre.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Donc, on va mettre à
l'écran l'amendement du ministre.
M. Jolin-Barrette : C'est pour
mon amendement, M. le Président, c'est ça?
Le Président (M.
Bachand) : Juste attendre quelques
instants, M. le ministre, on va le mettre à l'écran.
M. Jolin-Barrette : OK.
Le Président (M.
Bachand) : Voilà. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, 197, M. le Président : Supprimer, dans le quatrième alinéa de
l'article 197 de la Loi sur les tribunaux judiciaires proposé par
l'article 9 du projet de loi, «régulière».
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a des
interventions?
S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci.
Donc, on revient à 197. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires?
S'il n'y a pas d'autre commentaire, on continue.
M. le ministre.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui. Est-ce
que vous avez reçu, M. le Président, l'amendement?
Le Président (M.
Bachand) : On va vérifier.
M. Jolin-Barrette : OK.
Sinon...
Le Président (M.
Bachand) : On a reçu. Donc, on reviendrait
à 196?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. On va mettre ça à
l'écran.
M. Jolin-Barrette : Alors,
je pense que le député de l'Acadie a un amendement, dans un souci de concilier
et de trouver une voie de passage pour satisfaire tout le monde.
M. Morin : Voilà. Exact. Alors,
si on peut l'afficher.
Le Président (M.
Bachand) : Donc, on y va avec celui de...
du député de l'Acadie d'abord. C'est ce que je comprends?
Une voix : ...
M. Morin : En fait, celui que
les légistes ont rédigé par la suite, d'où la voie de passage.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait.
M. Morin : Donc, avez-vous...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y, M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Ah! ça va être
affiché. Parfait. Donc... Woups!
Article 9, article 196 de la Loi sur
les tribunaux judiciaires :
À l'article 196 de la Loi sur les tribunaux
judiciaires proposé par l'article 9 du projet de loi :
1° remplacer le paragraphe 2° du premier alinéa
par le suivant :
«2° le nombre
de juges qui ont présidé les séances de chaque cour municipale et le nombre de
séances présidées par un même juge à cette même cour;»;
2° remplacer, dans le deuxième alinéa, «sans
délai» par «dans les plus brefs délais».
Et donc l'article se lirait ainsi :
«196. Les juges coordonnateurs transmettent au
juge municipal en chef, au moins deux fois par année, un rapport d'activités
établi sur une base mensuelle pour chaque région de coordination et comprenant
notamment les renseignements suivants :
«1° le nombre de jours où il a été tenu séance
et le nombre d'heures qui y a été consacré en moyenne;
«2° le nombre
de juges qui ont présidé les séances de chaque cour municipale et le nombre de
séances présidées par un même juge à cette même cour;
«3° le nombre de causes entendues;
«4° l'état des délais.
«Le juge municipal en chef transmet dans les
plus brefs délais ce rapport au ministre de la Justice.»
Donc, M. le
Président, cet amendement, après discussion avec M. le ministre et avec,
évidemment, ma collègue députée de Westmount—Saint-Louis
et le député de Jean-Talon, je pense, permet de trouver une solution à des préoccupations qui ont été soulevées par
différents groupes qui ont produit des mémoires, notamment la Conférence des juges municipaux du Québec. Et je cite
également la juge en chef adjointe de la Cour du Québec responsable des cours
municipales et le Barreau du Québec, alors
que la bâtonnière est venue nous parler avec un de ses collègues : «En
fait, on reconnaît qu'il est important, pour avoir un système de justice
performant, que, d'abord et avant tout, le juge municipal en chef obtienne ces informations-là puisqu'il a la
gestion de sa cour et que les juges coordonnateurs travaillent avec le juge municipal
en chef pour bien gérer la cour municipale.»
Cependant, compte tenu de certains éléments qui
ont été soulevés, il nous apparaissait important de modifier ou de proposer une modification quant à la
divulgation du nom du juge municipal qui a présidé la séance, ce qui est
compris, inclus, inséré dans
l'amendement, et de venir modifier, en fait, je vous dirais, pour un plus grand
souci d'efficacité, d'une certaine façon, puis d'éviter toutes sortes de débats d'interprétation
sur le «sans délai», donc «dans les plus brefs délais», ce qui va permettre au ministre de la Justice,
rapidement et de façon contemporaine, d'avoir accès aux différentes données, mais, évidemment, qui va donner une flexibilité au
juge municipal en chef quant à la transmission du rapport au ministre de
la Justice. Voilà.
Le
Président (M. Bachand) : Autres
interventions?
S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté.
M. Morin :
Avec un vote nominal, s'il vous plaît. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Appel nominal. M.
le secrétaire, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Schmaltz (Vimont)?
Mme Schmaltz :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Grondin (Argenteuil)?
Mme Grondin :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols :
Pour.
Le Secrétaire :
Et M. Bachand (Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) : Abstention. Donc,
l'amendement est adopté.
Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur 196? S'il n'y a pas d'autre intervention,
M. le ministre, s'il vous plaît.
• (21 h 10) •
M. Jolin-Barrette : 198, M. le
Président : Cet article prévoit la nomination d'un remplaçant en cas
d'absence ou d'empêchement d'un juge coordonnateur ou d'un juge
coordonnateur adjoint.
Le
Président (M. Bachand) : Donc,
interventions sur 198?
M. Morin :
Oui.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le Président. Alors, je comprends que,
s'il y a un empêchement d'un juge coordonnateur ou coordonnateur
adjoint, c'est le gouvernement qui va désigner un autre juge. Et, dans le cas
de 198, il ne semble pas y avoir même aucune consultation avec le juge
municipal en chef, et j'aimerais savoir pourquoi.
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
En fait, c'est une situation qui est temporaire.
M. Morin :
Sauf que ce n'est pas évident, à la lecture même de l'article. On dit «un
empêchement»...
M. Jolin-Barrette :
Bien : «En cas d'absence ou d'empêchement d'un juge coordonnateur ou
d'un juge coordonnateur adjoint, le gouvernement désigne un juge municipal pour
exercer les fonctions de celui qui est absent ou empêché jusqu'à ce que
celui-ci reprenne l'exercice de ses fonctions ou soit remplacé.»
M. Morin :
Oui, sauf que ça peut quand même être un délai. Je veux dire, on ne parle
pas nécessairement d'une semaine ou deux, là, ça peut être des mois, six mois
ou huit mois. Donc, dans ce cas-là... Puis, même si c'était pour trois semaines, pourquoi il n'y aurait aucune
consultation avec le juge municipal en chef? C'est lui qui... ou elle qui
est chargée de la gestion de sa cour, ça va être un de ses coordonnateurs. Il
me semble que ça serait un minimum.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais c'est la
reprise de l'article de la loi actuelle : «En cas d'absence ou
d'empêchement du juge-président, il peut être remplacé par le juge-président
adjoint ou, à défaut, par un autre juge municipal nommé par le gouvernement,
parmi les juges affectés à la même cour, pour exercer les fonctions de
juge-président jusqu'à ce que celui-ci reprenne l'exercice de ses
fonctions ou qu'il soit remplacé.»
M. Morin :
Oui, mais là on a la chance d'améliorer le produit, et, dans les autres
articles, vous avez insisté, contrairement à
la Loi sur les tribunaux judiciaires, que ce soit le gouvernement qui nomme,
puis là vous parlez d'une consultation. Il me semble... En tout cas, en
pratique, est-ce que ça vous est arrivé de nommer, présentement, un juge coordonnateur ou un coordonnateur adjoint pour une
période de, je ne sais pas, deux semaines, trois semaines, quatre jours, ou
si c'est pour des délais qui sont plus longs, d'habitude?
M. Jolin-Barrette :
Ça ne m'est jamais arrivé en trois ans et demi.
M. Morin :
Ce n'est jamais arrivé?
M. Jolin-Barrette :
C'est en cas d'absence ou d'empêchement.
M. Morin :
OK. Puis, même dans un cas comme
ça, alors que vous l'avez dit tantôt, c'est une nouvelle loi, donc, alors
là, on ne pourrait pas la bonifier, cette nouvelle loi?
M. Jolin-Barrette :
Mais moi, je suis à l'aise avec la disposition. C'est la disposition.
M. Morin :
Je vois ça.
M. Jolin-Barrette :
Oui.
M. Morin :
Je vois ça. Mais parce que c'est fascinant, des fois vous dites :
Bien, c'est la loi actuelle, donc on laisse
ça de même, puis il y a des fois où vous dites : Ah! bien non, on va le
changer, c'est la nouvelle loi. Alors là, je me dis : C'est la
nouvelle loi, alors pourquoi on ne l'améliore pas puis qu'on ne la change pas?
M. Jolin-Barrette :
Je suis à l'aise avec la disposition qu'on a rédigée.
M. Morin :
D'accord.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. D'autres
interventions? Alors, M. le ministre, on continue.
M. Jolin-Barrette : 199 : Cet article
habilite le gouvernement à fixer, par décret, le traitement des juges municipaux
ainsi que la rémunération additionnelle
associée à une fonction de gestion, tel que prévu pour les juges de la Cour du
Québec à l'article 115.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Interventions sur 199? M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin :
...donc, évidemment, ça, c'est le résultat final, vous allez le fixer par
décret. Maintenant, quel est le mécanisme? Est-ce que vous recevez un rapport?
C'est un... Oui?
M. Jolin-Barrette : Oui.
En fait, c'est à la fois pour les juges... les JCQ, les juges de Cour du
Québec, les JPM, juges de paix
magistrats, les juges des cours municipales auparavant... bien là... bien, auparavant,
juges cour municipale à titre exclusif, juges cour municipale à la
séance, ça se passait tout au comité... au même Comité de rémunération des juges, qui est sur une formule de quatre ans.
Alors, c'est suite au rapport sur la rémunération des juges. Vous connaissez
le processus, dans le fond, il y a un comité qui est formé et qui a des
auditions, le comité rend son rapport, le rapport doit être déposé à l'Assemblée nationale, et le rapport entre en vigueur
si... bien, en fait, le gouvernement dépose sa réponse, puis par la
suite ça entre en vigueur, et par la suite le traitement des juges est fixé par
décret.
M. Morin :
OK. Merci.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. S'il n'y a pas
d'autre intervention, M. le ministre, on continue.
M. Jolin-Barrette :
200 : Cet article prescrit qu'un décret fixant le traitement des juges
municipaux devrait avoir été précédé d'une évaluation du Comité de la
rémunération des juges, tel que prévu pour les juges de la Cour du Québec aux
articles 122.4 et 123, LTJ. Donc, c'est ce que je vous expliquais.
M. Morin :
Tout à fait.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
Non, ça va, c'est très clair. Je vous remercie.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette :
201 : Cet article prescrit qu'un juge municipal chargé du remplacement
d'un juge en situation de gestion aurait
droit, durant ce remplacement, à la rémunération additionnelle attachée au
poste de gestion, tel que prévu pour les juges de la Cour du Québec à
l'article 117 de la LTJ, Loi sur les tribunaux judiciaires.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions?
S'il n'y a pas d'intervention, on poursuit. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
202 : Cet article prescrit que c'est le ministre de la Justice qui
doterait en personnel le bureau des juges en situation de gestion.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions?
Des voix :
...
M. Morin :
...202?
Le
Président (M. Bachand) : 202, oui.
M. Morin :
Donc, «le ministre de la Justice affecte le personnel nécessaire», c'est
ça?
Le
Président (M. Bachand) : Oui.
M. Morin :
Parfait. Oui. Alors donc...
Le
Président (M. Bachand) : Excusez-moi, M.
le député, j'étais un petit peu dans la lune. Désolé.
M. Morin :
On parle bien de 202, là? Parfait. Excellent. Donc, oui, effectivement,
j'en ai, des questions. Dans le mémoire de la ville de Montréal, si mon
souvenir est bon, il y a un questionnement à propos de cette disposition-là, et
j'attire votre attention à la page 3 de leur mémoire, et c'est bien celui
de la ville de Montréal. La ville nous
dit : «Le projet de loi, à son article 9, instaure
l'article 202. Il y est donc prévu que le ministère de la Justice
affecte le personnel au bureau du juge municipal coordonnateur et du
coordonnateur adjoint. À l'heure actuelle, c'est la cour municipale de Montréal
qui emploie 31 juges, neuf employés permanents.
«Ayant déjà les
employés en fonction, la ville souhaite obtenir des précisions sur le terme "affecter"
qui est utilisé dans le projet de loi.
«Devant une telle
structure déjà en place, la ville s'interroge sur la part de responsabilité qui
sera dévolue au ministère de la Justice ainsi que les implications d'une
éventuelle réorganisation sur les ressources humaines et matérielles de la cour
municipale.»
Donc, j'ai le même
questionnement, alors j'aimerais savoir comment ça va fonctionner.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
M. le ministre
M. Jolin-Barrette :
Oui. Alors, juste pour le fonctionnement, là, c'est en vertu de
l'article 8 de la Loi sur le ministère de la Justice qu'on dote le
personnel au Bureau du juge en chef. Pour le juge-président à Montréal, son
bureau, je vous reviens.
Des voix :
...
M. Jolin-Barrette :
On vaavoir une entente avec les municipalités, les municipalités
vont pouvoir continuer, c'est au Bureau de
la juge en chef. Si les municipalités souhaitent qu'on dote le bureau des juges
coordonnateurs, à ce moment-là, on va être dans une situation où le ministère
va agir, mais on va discuter avec eux.
M. Morin :
Donc, vous allez doter aussi le
personnel des juges coordonnateurs puis des juges coordonnateurs
adjoints.
M. Jolin-Barrette :
...
M. Morin :
Mais présentement il y a une juge en chef adjointe de la Cour du Québec qui est
responsable des cours municipales. Cette personne-là a combien d'employés ou
d'employées temps complet qui travaillent avec elle pour la gestion... bien,
des juges municipaux, j'imagine?
M. Jolin-Barrette :
Il y a quoi, six, sept personnes? Il y a deux personnes qui travaillent
avec la juge en chef adjointe des cours municipales.
• (21 h 20) •
M. Morin :
Donc, c'est deux personnes. Donc,
est-ce que c'est deux employés temps complet ou deux personnes?
M. Jolin-Barrette :
Actuellement, il y a deux ressources, donc une adjointe exécutive puis une
secrétaire.
Une voix :
...
M. Jolin-Barrette :
Ah oui, puis, dans le fond, ça, c'est sous la juridiction exclusive de la
juge en chef adjointe. Mais ce qu'on me dit, c'est qu'il y a un partage de
ressources sur les ressources de la Cour du Québec. Ça fait que le Bureau de la
juge en chef a ces deux personnes-là, mais, au niveau de la direction de la
Cour du Québec, il y a un partage qui est fait aussi. Donc...
M. Morin :
Quand vous dites «partage»,
«partage d'employés», donc, il y a plusieurs employés qui travaillent
pour la cour puis qui peuvent travailler aussi pour la juge en chef adjointe?
M. Jolin-Barrette : Exactement. Donc, ce
qu'on prévoit pour le juge en chef municipal, c'est ces deux employés-là
avec cinq ressources additionnelles, pour un total de sept.
M. Morin :
Donc, les deux employés temps complet de la juge en chef adjointe vont
aller travailler pour le juge en chef municipal?
M. Jolin-Barrette :
Ça va être sept employés temps complet.
M. Morin :
Plus cinq.
M. Jolin-Barrette :
Non, pas sept plus cinq, sept total.
M. Morin :
Non, non, deux, deux plus cinq.
M. Jolin-Barrette : Deux plus cinq,
exactement. Donc, ce qu'on prévoit, c'est que... actuellement, c'est doter les...
le Bureau du juge en chef des cours municipales de sept personnes.
M. Morin :
OK. Et, quand vous parlez des cinq personnes, c'est cinq employés temps
complet?
M. Jolin-Barrette :
Oui. Mais, si les besoins sont moindres, ça va être moins.
M. Morin :
Oui. Ah oui, parce que, là,
évidemment, on se ramasse dans la situation qu'on a discutée plus tôt,
c'est-à-dire que vous ne le savez pas.
M. Jolin-Barrette :
Mais, au quotidien, ce qu'ils vont avoir à faire, ça va être le juge
municipal en chef qui va devoir déterminer il a besoin de combien de personnes.
Nous, on a estimé que c'est sept, mais ça pourrait être moins. Peut-être qu'ils
vont fonctionner à trois à quatre, puis les coûts vont être réduits pour les
municipalités.
M. Morin : Parce
qu'on comprend qu'avec l'article 192, qui a été modifié, le juge en chef
des cours municipales doit élaborer
des politiques générales, il doit voir à l'adoption des règlements nécessaires,
il doit veiller à la déontologie judiciaire, promouvoir le
perfectionnement et apporter le soutien aux démarches pour le fonctionnement
des cours municipales. Donc, vous estimez qu'une équipe de sept personnes...
M. Jolin-Barrette :
Au maximum.
M. Morin :
...au maximum, va être suffisante pour faire ça.
M. Jolin-Barrette :
Oui.
M. Morin :
OK. Et ça, ils vont aussi aider,
ces sept personnes-là, les juges coordonnateurs et les juges coordonnateurs
adjoints?
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette :
Excusez-moi, j'ai manqué votre...
M. Morin :
Oui, je vais recommencer. Ces sept
personnes-là vont aussi aider ou travailler pour les juges coordonnateurs
et les juges coordonnateurs adjoints?
M. Jolin-Barrette :
Oui.
M. Morin :
OK. Puis qui va les payer?
M. Jolin-Barrette :
Les cours municipales.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette :
Les municipalités.
M. Morin :
OK. Donc, c'est vous qui les employez, c'est vous qui les affectez?
M. Jolin-Barrette : Ils sont nommés en
fonction de la Loi sur la fonction publique. Ils sont rendus disponibles
pour le Bureau de la juge en chef, mais... ou le juge en chef.
M. Morin :
Ou le juge en chef.
M. Jolin-Barrette : Ils sont disponibles, ils
sont sous l'autorité du juge en chef, mais c'est le Trésor qui les paie,
puis on se fait rembourser par les municipalités.
M. Morin :
Ah! OK, c'est ça. Donc, vous les payez, puis après vous envoyez la facture?
M. Jolin-Barrette :
Exactement. Donc, c'est des membres de la fonction publique, ils sont
nommés en vertu de la Loi sur la fonction publique. Cependant, leur salaire,
leur rémunération est assumée par les municipalités parce qu'ils sont affectés
au bénéfice des cours municipales.
M. Morin :
OK. Puis quelle est la garantie que ces personnes-là vont toujours
rester... évidemment, tout dépendant des besoins, on s'entend, puis du travail
qu'il y a à faire, là, mais qu'elles vont toujours rester, en fait, affectées — parce
qu'on utilise le mot «affecte» — au
Bureau du juge en chef des cours municipales pour qu'il puisse faire ou
qu'elle puisse faire son travail?
M. Jolin-Barrette :
Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Morin :
Bien, ce que je veux dire, c'est
que c'est quoi, la garantie qu'ils vont toujours... Parce que, là, ce n'est pas
le juge en chef qui les embauche, c'est des employés de la fonction publique,
donc...
M. Jolin-Barrette :
Non, mais nulle part, il n'y a jamais de juge qui embauche du personnel,
là. Dans tout l'État québécois, c'est tout le temps du personnel de la fonction
publique, c'est du personnel de la fonction publique qui est mis à la
disposition des tribunaux, des cours. Que ce soit à la Cour d'appel, que ça
soit à la Cour supérieure, à la Cour du
Québec, c'est des fonctionnaires. Ça fait que les personnes qui occupent ces
postes-là peuvent migrer dans la fonction publique, là. Ils peuvent
soumettre leur candidature pour aller travailler au ministère de
l'Environnement.
M. Morin : Ça, c'est correct,
je n'ai pas de problème. Moi, je veux juste m'assurer que le juge en chef des
cours... Parce que, après, le fonctionnaire qui a travaillé là, s'il a une
promotion ailleurs, c'est parfait, là. Ça, ce n'est pas un souci. S'il veut faire une carrière dans la
fonction publique, c'est parfait, je n'ai aucune difficulté avec ça, mais je veux juste m'assurer que le juge en chef des
cours municipales va avoir assez de monde pour faire son job. C'est juste
ça, ma question.
M. Jolin-Barrette : Bien oui.
M. Morin :
OK.
M. Jolin-Barrette : Mais vous
comprenez qu'il y a un coût pour les municipalités.
M. Morin : Oui, oui.
M. Jolin-Barrette : Dans
la loi, on a mis la saine gestion des fonds publics, l'optimisation,
l'efficacité, la performance.
M. Morin : C'est
très clair. Puis je comprends que, évidemment, leurs salaires, leurs avantages
sociaux, leurs fonds de pension, tout ça, la facture va être refilée aux
municipalités.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Morin : Puis donc, quand on
lit le mémoire de la cour municipale de Montréal, est-ce que vous avez consulté
les différentes autorités des villes avec votre système où la facture va leur
être refilée? Ils sont au courant? Parce
que, quand on a parlé aux villes et qu'on les a reçues, ils semblaient être
inquiets du coût puis de ce qui allait arriver. Ça fait qu'il y a-tu eu
des consultations avant?
M. Jolin-Barrette : Bien, il y
a eu des discussions, ils nous ont sensibilisés à l'importance qu'ils voulaient
payer le moins possible. J'en suis, mais un
système de cour municipale, pour les municipalités, il y a des afférents à ça,
et ils vont être le plus bas possible, ces
coûts-là, mais il y a des coûts nécessaires; un juge en chef, ça prend du
personnel au juge en chef puis pour les juges coordonnateurs. Mais, comme je
vous dis, ça va permettre, justement, d'avoir une optimisation des cours municipales, puis
éventuellement, s'il y a plus de séances, plus de revenus pour les
municipalités.
M. Morin : Oui,
ça, c'est toujours dans l'hypothèse où il y aura plus de séances, là, on est
d'accord, puis il y a le nouveau fonctionnement pour les contraventions,
là, on s'entend.
M. Jolin-Barrette : Là, à ce
moment-là, vous savez, c'est l'optimisation, l'affectation puis des
assignations.
M. Morin : Puis
qu'est-ce que vous allez faire s'il y a des villes qui vous disent : Non,
non, nous, on pense que deux employés temps plein, là, c'est bien en
masse avec ce que ça nous coûte, puis c'est bien beau comme ça?
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est en fonction... Il faut que le juge en chef puisse exercer... puisse avoir
les outils pour faire son travail.
M. Morin : Oui, ça, on est
d'accord. Idéalement, c'est ça, là.
M. Jolin-Barrette : S'il
demande 30 personnes, il n'aura pas 30 personnes.
M.
Morin : Oui, mais ma question, ce n'est pas ça, ce n'est
pas les demandes du juge en chef, c'est si des villes, elles vous
disent : Non, non, sept, oh, oh! on ne paie pas ça, nous, deux, on pense
que c'est assez. Ça fait que, vous, comment
vous allez fonctionner? Vous entrez dans des négociations avec un contrat avec
les villes pour qu'éventuellement vous puissiez leur envoyer,
évidemment, la facture? Parce que c'est de ça dont on parle.
M. Jolin-Barrette : Non, c'est
par voie réglementaire, là, c'est réparti à travers les 89 cours
municipales. Dans le fond, là, le juge en
chef va nous dire : Bien, écoute, moi, je fonctionne à quatre, je veux
voir quatre ressources; ça me prend cinq ressources, bon, cinq
ressources, pour autant que c'est raisonnable puis les besoins sont démontrés.
M. Morin : Ça, je n'ai pas de
problème avec ça. Ma question, c'est : Qu'est-ce qui arrive si les villes
ne veulent pas payer ou si elles
disent : Non, non, il y en a trop, ça nous coûte trop cher? Ça fait que,
vous, avez-vous un moyen ou vous allez négocier, vous allez avoir un
contrat, ça va être par règlement? Comment vous allez faire puis comment vous
allez le prévoir? Parce que...
M. Jolin-Barrette : Non, mais
c'est... le remboursement des coûts va être par voie réglementaire. Mais, dans le fond, tout ce qui touche la structure des cours
municipales, c'est à la charge des municipalités. Ça fait que, si ça coûte 200 000 $ ou 400 000 $ en masse salariale
au Bureau du juge en chef, le 400 000 $ va être calculé dans le coût des
séances total avec le salaire des juges des cours municipales.
M. Morin :
Donc, vous utilisez la même technique...
M. Jolin-Barrette :
C'est ça.
M. Morin :
...c'est-à-dire le nombre de
séances, et là vous divisez par, finalement, bon, cours municipales où ils
sont assignés.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
M. Morin :
Parfait. Je vous remercie.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée de
Vaudreuil, s'il vous plaît.
• (21 h 30) •
Mme Nichols :
Un peu sur la dernière partie. Tantôt, on parlait de quatre de plus qui
vont être affectés à l'État québécois, là, pour la refacturation en fonction du
salaire des juges, des dépenses, tout ça, là. Puis là, dans le fond, il y aura aussi sept employés, parce que ça
va être le maximum, là, pour doter le personnel des bureaux des juges en
situation de gestion. Ça fait que ça aussi, ça va s'additionner aux quatre
autres. Puis on évalue à 30 $ de plus, peut-être, par séance. Mais c'est
ça, c'est le cumul de ces deux-là qui vont être à transférer dans les...
M. Jolin-Barrette :
Puis le salaire du juge en chef.
Mme Nichols :
Oui, plus le salaire du juge en chef. OK.
Le
Président (M. Bachand) : Est-ce que ça va
pour 202? M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
Alors, quand on relit le mémoire
de la ville de Montréal où la ville dit qu'elle s'interroge sur sa part de
responsabilité qui sera dévolue au ministère de la Justice ainsi que les
implications d'une éventuelle réorganisation
sur les ressources humaines et matérielles de la cour municipale, parce
qu'évidemment il y a le Bureau du juge en chef ou de la juge en chef, mais, par exemple, à Montréal, j'imagine qu'ils
ont toute une structure. Ça fait qu'ils ont combien d'employés à la cour
municipale, présentement? Je ne parle pas des juges, là, je parle du personnel
judiciaire.
M. Jolin-Barrette :
Bien, à la cour municipale de Montréal, il y a des greffiers, il y a des
procureurs. Il y a du monde, à la cour municipale de Montréal.
M. Morin :
C'est ça. Donc, tous ces gens-là...
M. Jolin-Barrette :
Non, ça...
M. Morin :
Non?
M. Jolin-Barrette : Non, ça, c'est toujours à
la charge des municipalités, eux autres, ils les paient directement. Ce qui est
payé par Québec, c'est les juges, le personnel au ministère de la Justice qui
s'occupe de la facturation des municipalités, puis ceux qui sont le
Bureau du juge en chef, et le salaire du juge en chef.
M. Morin :
OK. Alors...
M. Jolin-Barrette :
Les greffiers dans la salle de cour, là, à Beloeil, ou à Montréal, ou à
Québec, c'est les villes qui continuent à
payer leur personnel, là. Ce n'est pas Québec qui paie le greffier de la cour
municipale. Ce n'est pas Québec qui va payer le loyer de la salle, là.
M. Morin :
Non, ça, c'est... ça, c'est clair. D'ailleurs, en fait, ce que je
comprends, c'est que, dans le fond, Québec,
dans le système, ne va pas payer grand-chose parce que Québec va gérer la
facture qu'il va envoyer à la ville.
M. Jolin-Barrette :
Québec ne paie rien.
M. Morin :
C'est ça.
M. Jolin-Barrette : Ce sont des cours
municipales, c'est un service municipal, c'est les municipalités qui paient.
M. Morin :
C'est ça. Alors donc, pour Québec, là, pour le gouvernement du Québec, il
ne devrait pas y avoir beaucoup d'augmentation des coûts avec le système qu'on
est en train de regarder.
M. Jolin-Barrette :
...
M. Morin : C'est
ça. D'accord. OK. Donc, en fait, la réorganisation, pour répondre à leur
question, ça ne devrait pas avoir un gros impact.
M. Jolin-Barrette :
Non, ça n'aura pas un gros impact.
M. Morin :
Sauf... Bien, en fait, il va y avoir une quote-part plus grande parce
qu'ils ont plus de séances, puis vous les calculez à la séance, ces coûts-là.
M. Jolin-Barrette :
Bien, s'ils ont plus de séances, ils vont ramasser plus d'amendes.
M. Morin :
Ça devrait aussi, oui.
M. Jolin-Barrette :
Plus les sanctions administratives pécuniaires.
M. Morin :
Exact.
M. Jolin-Barrette :
4 millions, Montréal, d'économie.
M. Morin :
OK.
Mme Nichols :
...
M. Jolin-Barrette :
...
Mme Nichols :
4 millions...
M. Morin :
Non.
Mme Nichols :
Le 4 millions.
M. Jolin-Barrette :
Les SAP, en économies.
Mme Nichols :
Ah! je m'excuse.
Le Président
(M. Bachand) : D'autres interventions sur
202? M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
Sur 202 directement, non, mais, puisqu'on est en lien avec une discussion
avec l'affectation du personnel nécessaire,
j'aimerais savoir quelle est l'ouverture du ministre en ce qui a trait aux
postes et à l'indépendance des greffiers.
M. Jolin-Barrette :
Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Morin :
Bien, en fait, quand on a entendu les greffières qui sont venues nous parler,
et ils ont produit, par la suite, un mémoire de leur association, si j'ai bien
compris, elles semblaient dire que, dans certaines municipalités, la question
de leur indépendance pouvait être soulevée. Et là je ne parle pas du greffier
de la ville, qui est comme le secrétaire qui occupe différentes fonctions,
parfois c'est un avocat ou une avocate qui, même, parfois, plaide, semble-t-il,
devant la cour municipale, je parle véritablement du greffier, greffière qui
vont participer à la confection des rôles, donc qui ont un rôle plus
judiciaire. Et, dans leur mémoire, ces personnes-là soulignent que ce serait
important que les responsabilités du greffier de la cour municipale soient
codifiées au projet de loi pour éviter toute ambiguïté quant à son rôle et à
ses responsabilités, que l'indépendance judiciaire du greffier de la cour
municipale soit reconnue, qu'il y ait des incompatibilités de fonctions qui
soient prévues et évidemment qu'on utilise le mot, dorénavant, «greffier de la
cour municipale» afin d'éviter toute ambiguïté avec ce que je viens de dire,
donc le greffier de la municipalité. Et je pense que c'est un élément ou c'est
des recommandations qui méritent considération puis réflexion, parce que,
normalement, elles vont jouer un rôle véritablement associé au judiciaire. Je
comprends que les municipalités paient déjà ces personnes-là, donc ce n'est pas
un coût supplémentaire pour le ministère de la Justice, mais, puisqu'on parle
du personnel qui va être affecté, notamment, au juge en chef, juge
coordonnateur ou juge coordonnateur adjoint, c'est un élément, à ce stade-ci,
que je voulais soulever pour, en fait, voir avec le ministre s'il y aurait un
intérêt pour codifier dans le projet de loi certaines de leurs responsabilités
puis leurs titres.
M. Jolin-Barrette :
Je les ai entendus. Ça demande davantage de réflexion, alors on va étudier
la question. À ce stade-ci, non, pas dans le cadre du projet loi, mais je
m'engage à étudier la question.
M. Morin :
Mais pas dans le cadre du projet de loi.
M. Jolin-Barrette :
Non, pas là, ça demande plus d'analyse. Puis c'est une demande qui est
faite de leur part, mais ça demande plus
d'analyse. Ils veulent se voir conférer un statut, ils ont des raisons pour ça,
alors ça demande plus d'analyse.
M. Morin : Sauf
que, le statut, ils l'ont déjà en partie parce qu'ils exercent déjà leur rôle.
Ce que j'ai compris, c'est qu'ils voulaient éviter toute ambiguïté quant
au rôle qu'ils doivent jouer et puis en plus qu'on... Oui?
M. Jolin-Barrette : ...peut-être,
l'article 59 de la Loi sur les cours municipales prévoit déjà que les
greffiers «ne peuvent en outre exercer les
fonctions que le gouvernement peut déclarer par règlement incompatibles avec
celles de greffier ou de greffier adjoint d'une cour municipale». Donc,
on a déjà un pouvoir habilitant de fixer des fonctions incompatibles.
M. Morin : OK. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce que ça va pour
202?
Alors, est-ce qu'il y a des interventions sur
l'intitulé introduit par l'article 9?
S'il n'y a
pas d'intervention, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 9 tel qu'amendé? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui.
Je souhaite juste nous ramener à l'article 193, s'il vous plaît. J'ai
révisé les mémoires, puis on a eu une
recommandation de la Fédération
québécoise des municipalités qui nous
demande d'aborder un amendement
que les régions seront révisées après une période d'essai de quatre ans, juste
pour valider que le tout fonctionne. Ça fait que je voulais savoir qu'est-ce
que le ministre pense de cette recommandation.
M. Jolin-Barrette : Dans
le fond, je leur avais répondu dans
le cadre de l'échange : Puisqu'on se donne le pouvoir de modifier
la liste par arrêté ministériel, on n'a pas besoin de le prévoir. Dans le fond,
ce qu'ils veulent, on a déjà le pouvoir de le faire.
Mme Maccarone : Puis
est-ce que le ministre prend un engagement de revoir ceci après une période de,
je ne sais pas, un minimum de deux ans, quatre ans?
M. Jolin-Barrette : Non, mais,
si...
Mme Maccarone : Parce que je
comprends leur préoccupation.
M. Jolin-Barrette : On va
écouter les gens du terrain, on a le pouvoir de le faire. Ça fait que, s'il y a
quelque chose qui ne fonctionne pas par rapport aux régions, comme j'expliquais
tantôt... parce que le député de l'Acadie me disait :
Mais pourquoi vous ne mettez pas ça dans la loi puis vous le mettez par
l'arrêté? C'est justement pour ça, pour avoir la flexibilité. Ça fait que, si jamais il y a des enjeux pour
bouger certaines cours municipales de région, bien, on va le faire, là. L'objectif, tu sais, c'est de faire en
sorte que ça soit le plus optimal possible. Donc, si jamais on voit qu'il y a quelque
chose qui ne marche pas, on va le... on va modifier le territoire.
Mme Maccarone : Parfait. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'article 9, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
• (21 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Adopté. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, selon le plan de travail, je vous proposerais de retourner à
l'article 1, 1 à 8, et ensuite 10 à 33.
Donc, article 1 : Les
articles 5.3 et 5.3.1 de la Loi sur les tribunaux judiciaires sont
abrogés.
Commentaire :
Les articles 5.3 et 5.3.1 concernent le traitement et le régime de retraite des
juges des cours municipales de Montréal, de Québec et de Laval qui
siègent à titre exclusif sous l'autorité d'un juge-président.
Puisque le
projet de loi propose que tous les juges municipaux exercent désormais leurs
fonctions à titre exclusif et qu'ils relèvent tous du juge municipal en chef,
ces articles ne visant que certaines cours doivent être abrogés.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Donc,
interventions sur l'article 1? M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît,
oui.
M. Morin :
Merci. Donc, dans la Loi sur les
tribunaux judiciaires, présentement, effectivement, à 5.3, on parle des
cours municipales de Montréal, Laval et Québec. Donc, je comprends qu'en
abrogeant ces articles-là on dit : «Elle peut également confier — à
5.3.1 — l'administration
du régime d'avantages sociaux des juges de sa cour ou à la personne ou
l'organisme chargé», donc il n'y aura aucun changement dans le régime des
juges, mais c'est simplement une adaptation parce que dorénavant les
cours municipales de Montréal, Laval ou Québec telles qu'on les connaît
n'existeront plus.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est parce que
tous les juges... Dans le fond, la structure de la Loi sur les tribunaux
judiciaires, il y avait une différence entre les juges à titre exclusif puis à
la séance. Là, pour les juges de ces trois cours municipales là, on
faisait une distinction parce que c'était à titre exclusif. Mais là, dans la
loi — puis,
vous allez voir, c'est pas mal la
concordance partout — vu
qu'on change... on... bien, en fait, on élimine le statut... la distinction de
juge à titre exclusif puis juge à la séance, on met «juge municipal»
partout. Ça fait que la distinction qu'il y avait, elle n'a plus lieu d'être,
relativement à ça, notamment pour ceux-là.
M. Morin :
Je vous remercie.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Autres
interventions sur l'article 1?
S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci.
M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
2. L'article 85 de cette loi est modifié par le remplacement de «quatre»
par «trois».
L'article 85, qui
prévoit la composition de la Cour du Québec, est modifié pour refléter
l'abolition du poste de juge en chef adjoint responsable des cours municipales.
Ce poste serait remplacé par un nouveau poste de juge municipal en chef.
Donc, à la Cour du
Québec, vous avez quatre postes de juge en chef adjoint. Puisque le juge en
chef adjoint devient juge en chef des cours municipales, il reste juste trois
postes de juge en chef adjoint à la Cour du Québec.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions sur l'article 2? M. le député d'Acadie.
M. Morin :
En fait, effectivement, c'est logique. Mais la juge en chef des... la juge
en chef, donc, adjointe de la Cour du Québec qui est en charge des cours municipales ou responsable des cours
municipales, je comprends, bon, que
son poste va disparaître, mais en vertu du projet de loi est-ce qu'elle devient
la juge en... est-ce qu'elle devient la juge en chef des cours
municipales, ou c'est un autre concours totalement différent, ça va être un
autre processus...
M. Jolin-Barrette :
...disposition transitoire du projet de loi prévoit que, jusqu'à la nomination
d'un juge municipal en chef, c'est la juge
en chef adjointe responsable des cours municipales de la Cour du Québec qui continue à exercer sa charge.
M. Morin :
OK. Mais, après ça, ça pourrait être quelqu'un d'autre?
M. Jolin-Barrette :
Oui.
M. Morin :
Donc...
M. Jolin-Barrette :
Quand le gouvernement va nommer un juge municipal en chef, ça va être
quelqu'un d'autre. Par contre, on assure la
protection du traitement de la juge en chef adjointe responsable des cours
municipales.
M. Morin :
OK. Bon, ça, c'était ma prochaine question. Alors, c'est bien. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Jolin-Barrette :
OK, l'article 3 : L'article 90 de cette loi est modifié,
dans le...
Le
Président (M. Bachand) : Je n'ai pas
entendu personne me dire «adopté», alors...
M. Jolin-Barrette :
Adopté. Adopté. Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Merci.
M. Morin :
Je n'avais pas...
M. Jolin-Barrette : Tout est
adopté, M. le Président.
M. Morin :
Je n'avais pas entendu non plus. Je ne savais...
M. Jolin-Barrette :
3.
Le
Président (M. Bachand) : Alors, 3, M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette :
L'article 90 de cette loi est modifié, dans le premier alinéa :
1° par le...
Des
voix : ...
M. Jolin-Barrette :
L'article 90 de cette loi est modifié, dans le premier alinéa :
1° par le
remplacement, après «un juge en chef associé», de «,» par «et»;
2° par la suppression
de «et un juge en chef adjoint responsable des cours municipales».
Commentaire : La
présente modification vise à retirer le poste de juge en chef adjoint
responsable des cours municipales au sein de la Cour du Québec.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Donc, interventions sur l'article 3?
M. Morin :
Non.
Le
Président (M. Bachand) : S'il n'y a pas
d'intervention, est-ce que l'article 3 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
4. L'article 98 de cette loi est modifié par la suppression du troisième
alinéa.
Commentaire : La
présente modification retire les fonctions du juge en chef adjoint responsable
des cours municipales de la disposition qui traite des mandats des juges en
situation de gestion au sein de la Cour du Québec. Ces fonctions sont reprises
dans les fonctions du nouveau juge en chef municipal en chef.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions sur l'article 4?
M. Morin :
Oui. Parmi...
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de
l'Acadie.
M. Morin :
Merci, M. le Président. Parmi les responsabilités qu'avait le juge en chef
adjoint responsable des cours municipales,
il y en a plusieurs dans la Loi sur les tribunaux judiciaires. Vous avez fait
un copier-coller ou il y en a qui ont été modifiées, qui ont été
changées, qui...
M. Jolin-Barrette :
Je crois qu'on a fait pas mal un copier-coller. On pourra me dire si...
Une
voix : ...
M. Jolin-Barrette : Les pouvoirs sont à 192,
puis, vous vous souviendrez, on faisait le renvoi notamment pour dire
qu'il a les mêmes pouvoirs que le juge en chef de la Cour du Québec. On avait
l'article 192.
M. Morin :
Donc... Alors, oui, on a «élaborer, en concertation avec les juges
municipaux, des politiques générales», «de voir à l'adoption de règlements
nécessaires», «de veiller au respect de la déontologie judiciaire», «de
promouvoir, en collaboration avec le Conseil de la magistrature, le
perfectionnement», «d'apporter son soutien», et évidemment il y a les deux
premiers qui ont été modifiés.
Des voix : ...
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre,
oui.
M. Jolin-Barrette :
Dans les différences, là, que vous avez, là, il n'y a plus — 26 de
La loi sur les tribunaux judiciaires — «assister le juge en chef»
parce que c'est un juge en chef lui-même maintenant. 98 : «[agir] comme conseillers dans les matières qui sont du ressort
de la chambre à laquelle ils sont rattachés», autres fonctions déterminées
par le juge en chef, parce que c'est lui qui
est juge en chef. Bon, 4°, une autre partie de 98, ça a été repris pour «chargé
de la direction des cours municipales». Ça, ça a été repris.
Des voix : ...
Le Président (M. Bachand) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, on a repris
substantiellement, là, tout ce qu'il y avait comme types de pouvoirs, là.
M. Morin :
Parfait. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Autres
interventions à l'article 4?
S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'article 4 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci.
M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
5. L'article 101 de cette loi est modifié :
1° par la
suppression, après «les fonctions de juge en chef adjoint,» de «soit»;
2°
par la suppression de «, soit un juge de la Cour du Québec s'il s'agit du juge
en chef adjoint responsable des cours municipales».
Commentaire : La
présente modification vise à retirer le poste de juge en chef adjoint
responsable des cours municipales au sein de la Cour du Québec.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions sur l'article 5?
M. Morin :
Je n'ai pas de commentaire.
Le
Président (M. Bachand) : S'il n'y a pas
d'intervention, est-ce que l'article 5 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci. M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette :
6. L'article 122 de cette loi est modifié, dans le quatrième alinéa :
1° par le
remplacement de «ou de l'article 175» par «, de l'article 175 ou de l'article
199, selon le cas»;
2° par l'insertion,
après «sept ans», de «ou, s'il s'agit de la fonction du juge municipal en chef,
si ce juge a exercé cette fonction pendant au moins cinq ans»;
3°
par l'insertion, après «coordonnateur adjoint,», de «à un juge municipal
coordonnateur, à un juge municipal coordonnateur adjoint,».
Commentaire :
L'article 122 prévoit la possibilité, pour le gouvernement, d'établir un régime
prévoyant des prestations supplémentaires de
retraite. Aux fins du calcul des prestations de ce régime et sous réserve d'une
disposition contraire, le traitement annuel du juge qui doit être
considéré est celui fixé par décret du gouvernement.
Comme cet article
s'applique aussi aux juges municipaux, il y a lieu de l'ajuster pour viser le
traitement de ces derniers ou le traitement des juges municipaux en situation
de gestion.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions?
Mme Maccarone :
Juste une minute pour la lecture, M. le Président. C'est très long comme
article, malgré que les modifications sont mineures.
Des voix : ...
Le
Président (M. Bachand) : On va suspendre
quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 21
h 50)
(Reprise à 21 h 55)
Le Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. Donc,
interventions sur l'article 6? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : C'est juste une précision
que je souhaite savoir. À l'article 17, qui propose d'insérer le 246.16.1,
on parle de «lorsqu'il y a cessation
de la vie commune entre un juge ou un ancien juge et son conjoint de sexe
différent ou de même sexe et que ce dernier remplit»...
M. Jolin-Barrette : ...parce
qu'on était à 6.
Mme Maccarone : Oui,
il y a un lien. C'est juste... la raison que je pose cette question, c'est
parce que la façon que c'est écrit, le libellé, quand on parle de
conjoint, on parle de conjoint de sexe différent ou de même sexe, puis, quand
on regarde l'article en question, 6, à l'intérieur de le texte dans le deuxième
alinéa, on parle uniquement des conjoints puis on n'a pas cette précision. Ça
fait que je me demandais pourquoi on avait besoin d'avoir la précision de son conjoint de sexe différent ou de même sexe
dans l'article 17, mais qu'on ne fait pas la modification dans cet article.
M. Jolin-Barrette : On l'a
écrit de cette façon-là à l'article 7 parce que la recommandation du
Comité de rémunération était écrite.
Mme Maccarone : L'article 17,
vous voulez dire?
M. Jolin-Barrette : Non, 7, 7.
Le Président (M.
Bachand) : ...
Mme Maccarone : On est à 6.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
vous, vous m'avez posé une question sur l'article 7.
Mme Maccarone : 17,
à l'article 17, qui est modifié par l'insertion de 246.16.1, ça dit
«lorsqu'il y a cessation», on parle d'ancien juge et son conjoint de
sexe différent ou de même sexe.
Une voix : 122.1, il parle aussi
de... du même sexe. Ils reprennent la même formulation, ici...
Mme Maccarone : Voilà. OK. Ça
fait que 122 ou 122.1, là.
M. Jolin-Barrette : Ça
donne suite à la recommandation qui a été faite par le Comité de rémunération
des juges, puis la recommandation était formulée, écrite comme cela.
Mme Maccarone : Ça
va, mais, je suis désolée, ça ne répond pas à ma question. Je comprends que
c'est formulé par eux, c'est ce
qu'ils souhaitent, mais d'abord pourquoi qu'on ne réutilise pas la même
formulation à l'article 17? Pourquoi qu'on fait le choix dans
quelques articles dans la loi?
La raison que je pose la question maintenant,
c'est parce qu'après que ce sera voté, en arrivant à 17, peut-être on va allumer puis on va dire : On aurait dû,
puis on l'aura fait, puis pour éviter de rouvrir un article. Juste pour avoir
une concordance dans le langage à l'intérieur, il me semble...
Évidemment, ça me plaît, la façon que c'est... le libellé de l'article 17,
ça fait que je me demande pourquoi on a fait le choix de ne pas l'aborder...
avec le respect pour la recommandation que nous avons eue pour le libellé, je
n'ai rien contre ça, mais il me semble ce serait bien d'avoir une cohérence à
l'intérieur des deux articles, celui que nous sommes en train d'en débattre
puis celui qui s'en vient.
M. Jolin-Barrette : Je vous
reviens avec une réponse. Est-ce que vous aviez d'autres questions, monsieur...
M. Morin : ...question.
M. Jolin-Barrette : Écoutez, le
temps qu'on réfléchisse, on peut peut-être aller à l'article 7 en attendant. On
va suspendre 6.
Le
Président (M. Bachand) :
Est-ce qu'on est d'accord pour
suspendre 6? Consentement? OK. M. le ministre, s'il vous plaît, 7.
M. Jolin-Barrette : Oui :
7. L'article 122.1 de cette loi est modifié par l'insertion, après la première
phrase, de la suivante : «Les droits au
titre du même régime accumulés durant la vie commune entre un juge ou un ancien
juge et son conjoint de sexe
différent ou de même sexe qui remplit les conditions du paragraphe 2° de
l'article 224.14 peuvent être partagés lorsqu'il y a cessation de la vie
commune.»
Commentaire :
L'article 122.1 prévoit que les droits accumulés au titre du régime de
prestations supplémentaires de retraite des juges font partie du patrimoine
familial en vertu du Code civil et, en conséquence, ces droits sont partagés
au moment de la séparation des conjoints mariés ou unis civilement.
L'article est modifié afin d'inclure la
possibilité de partager ces mêmes droits entre un juge et son conjoint lorsque
ces derniers n'ont pas été mariés ni unis civilement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions
sur 7?
M. Morin : Oui. Alors, je
comprends que, par la modification, on veut s'assurer que les juges des cours municipales vont avoir le droit, parce qu'ici on
parle de leur... finalement, de leur régime de retraite, donc, ils vont avoir
le droit au même régime de retraite que les juges de la Cour du Québec.
M. Jolin-Barrette :
Mais en fait l'addition qui est ajoutée, ça fait suite aux recommandations
du rapport sur le Comité de rémunération, puis c'est plus pour le partage avec
le conjoint. Donc, ça a été ajouté.
M. Morin : OK. Donc...
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, ça touche les droits accumulés pendant le mariage ou l'union civile, puis
il y avait une recommandation du comité
relativement au partage du fonds de pension avec le conjoint ou l'ancien
conjoint. Ça fait que c'est ce qu'on rajoute.
M. Morin : Incluant
ceux qui sont en union civile, pour couvrir tous les cas de figure, c'est ce
que je comprends.
M. Jolin-Barrette : Oui
M. Morin : Sinon, ils seraient
exclus, présentement?
M. Jolin-Barrette : La
modification donne suite à la recommandation 2 du rapport du Comité de la
rémunération des juges 2019‑2023,
le comité Laplante, donc, c'est la page 44 du rapport : «Le comité
recommande, tant pour les juges de la
Cour du Québec, les juges de cour municipale, les JPM, d'introduire
la possibilité de partager le régime de retraite entre conjoints de fait
qui se séparent et qui en feraient conjointement la demande.»
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
Alors, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup. À plus tard.
(Fin de la séance à 22 heures)