Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
jeudi 27 mars 2025
-
Vol. 47 N° 104
Étude détaillée du projet de loi n° 91, Loi instaurant le Tribunal unifié de la famille au sein de la Cour du Québec
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13 h 30 (version non révisée)
(Quatorze heures une minute)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît!
Bonjour, tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des institutions ouverte.
La commission est réunie afin de reprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 91, Loi
instaurant le Tribunal unifié de la famille au sein de la Cour du Québec.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président, Mme Bourassa
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par M. Caron (Portneuf)
et Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques) est remplacée par
M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne).
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Nous sommes maintenant
aux remarques préliminaires. Donc, on va débuter avec M. le ministre pour une
période de 20 minutes... 20 minutes. Alors, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, M. le Président, on a entendu les groupes sur le projet de loi n° 91 sur le tribunal unifié, puis on est prêt à aller de l'avant,
M. le Président. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, c'était plus 20 secondes
que 20 minutes, si je comprends. C'est parfait.
M. Jolin-Barrette : Bien...
Le Président (M.
Bachand) :Non, non, c'est correct, l'efficacité.
M. Jolin-Barrette : L'efficacité,
c'est ce qu'on souhaite amener dans le système de justice, M. le Président,
efficacité, humanité, M. le Président. C'est ce qu'on fait avec le tribunal
unifié.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Alors, M. le député d'Acadie,
porte-parole officielle de l'opposition, alors vous avez 20 minutes,
vraiment 20 minutes.
M. Morin : Merci. Oui, bien,
c'est ça, merci, M. le Président. Là, je comprends que je n'ai pas 20 secondes,
j'ai 20 minutes.
Le Président (M.
Bachand) :Non, non, vous avez... Oui.
M. Morin : Bon, d'accord,
excellent. Eh oui, bien, évidemment, c'est sûr, on veut être concis, on veut
être efficaces, M. le Président, mais quand on légifère, il faut aussi prendre
le temps. Parce que ce que nous propose M. le ministre, avec son projet de loi n° 91, qui s'intitule Loi instaurant le Tribunal unifié de
la famille au sein de la Cour du Québec, apporte quand même des changements que
je qualifierais d'importants pour tous les justiciables qui devront s'adresser
aux tribunaux en lien avec des litiges dans le domaine de la famille.
Maintenant, c'est un projet de loi qui est
important, ça, je le concède d'emblée, et on a entendu un grand nombre de
groupes qui sont venus nous parler de ce projet de loi. Ça fait couler aussi de
l'encre dans les journaux. Et il y a plusieurs personnes, groupes,
associations, chercheurs qui s'intéressent au projet de loi n° 91
pour lequel nous travaillons présentement. Cependant, c'est un pas... et ça, je
l'ai dit au départ, c'est un pas, mais c'est un petit pas avec un long titre
pour le projet de loi, parce que, bien que ce soit une question qui soit
étudiée depuis des décennies au...
14 h (version non révisée)
M. Morin : …en fait, même, on
peut… on peut remonter à l'époque de M. Robert Bourassa et les gouvernements
qui se sont suivis, il n'y a pas eu, d'une façon très… aussi détaillée que
celle-ci, un projet de loi qui a été déposé. Cependant, cependant, c'est aussi un
sujet qui est complexe et qui entraîne évidemment une analyse pour être capable
de bien cerner non seulement les enjeux, mais les compétences
constitutionnelles qui se rattachent à tous les dossiers qui traitent du droit
de la famille, en matière de filiation, notamment, bon, c'est dans le Code
civil. La Cour du Québec a une compétence en matière d'adoption également. Sauf
que, quand on touche au mariage et au divorce, bien, ça, c'est de compétence
fédérale. Et la Constitution accorde ces compétences-là à la Cour supérieure.
Donc, je comprends… je comprends l'objectif que poursuit M. le ministre.
Je comprends aussi, en fait, qu'il veut
débuter quelque part, mais… et ça, je le salue. Mais moi, je dois aussi, comme
comme député, comme membre du Parlement, m'assurer que l'objectif ultime qui
est visé par le projet de loi, c'est-à-dire les familles et les enfants,
adolescents qui devront s'adresser aux tribunaux, soient capables d'avoir un
service qui va être efficace, qui va être de qualité, qui va faire en sorte qu'on
pourra accompagner les gens au sein du service judiciaire pour que ça puisse
avancer d'une façon efficace. Et là, il y a… Et c'est là que c'est un peu plus
compliqué, je dois dire, quand on commence, M. le Président, à regarder les
dispositions du projet de loi d'une façon plus spécifique.
D'ailleurs, il y a plusieurs groupes qui
nous l'ont dit et je tiens à remercier d'emblée tous les groupes qui sont venus
parce que plusieurs n'ont pas eu beaucoup de temps pour se préparer. Ils ont
quand même produit des mémoires, ils sont venus nous parler, ils sont venus
nous alerter aussi de certains… de certains enjeux inhérents à ce projet de loi
là et qui font en sorte que, quand on… quand on écoute attentivement ce que les
groupes sont venus nous dire, avec des… d'excellentes remarques,
recommandations, moi, en tout cas, je tends la main à M. le ministre, puis j'espère
qu'on pourra éventuellement amender des dispositions du projet de loi pour le
rendre évidemment plus efficace, plus utile pour les familles qui vont devoir
passer, évidemment, au tribunal dans le domaine, que ce soit de la filiation,
de l'adoption ou d'une séparation, dans le cas des personnes qui vivent en
union de fait.
Le ministre aurait pu décider d'agir
autrement. Il aurait pu y avoir plus de négociations avec le fédéral ou la Cour
supérieure. Ce n'est pas le modèle qui a été retenu, soit, je le conçois. D'ailleurs,
précédemment, il y a plusieurs gouvernements du Québec qui souhaitent
effectivement que la Cour du Québec ait un plus grand rôle à jouer dans le
domaine du droit de la famille. Je rappelle cependant, puis ça, je l'ai dit
pendant les consultations, la Cour supérieure est aussi une cour québécoise. C'est
la Cour supérieure du Québec. Je pense qu'il ne faut pas… il ne faut pas l'oublier.
Et le projet de loi va toucher certains couples, certaines situations, mais pas
toutes. Et là j'aurai éventuellement des questions pour le gouvernement. Il y a
évidemment des choix politiques qui ont été faits, mais, quand on regarde les
choix qui ont été faits, bien, en fait, ça soulève certaines questions,
notamment dans le domaine de la filiation ou dans le domaine, évidemment, des
couples qui vivent en union de fait, mais qui sont déjà en union de fait et non
pas qui seront en union de fait avec un patrimoine familial qui prendra effet et
qui prendra… sera en vigueur à partir de juin 2025.
Et là on peut se demander pourquoi. Je ne
parle pas ici de gens qui sont mariés. Je ne parle pas de gens qui veulent
divorcer, ça, c'est autre chose, mais là, il y a des questions… il y a des
questions qu'ils soulèvent. Et d'ailleurs, d'ailleurs, la volonté du gouvernement,
c'est de simplifier les choses, c'est de rendre la justice plus accessible. Et,
quand on regarde les choix qui ont été faits, je suis, en fait, loin d'être
convaincu que ça va simplifier les choses pour un grand nombre de couples.
Parce que, tout dépendant de l'union que vous avez, des enfants que vous avez,
les dates où vous les avez eus, vous allez devoir quand même, tout dépendant de
votre situation juridique…
M. Morin : ...vous lui
dites : Vous vous adressez ou bien à la Cour du Québec ou à la Cour
supérieure, et, pour un grand nombre d'années, ça ne changera rien. Et c'est la
raison pour laquelle je pense qu'il y a des éléments qui doivent être faits
pour bonifier le projet de loi. Je réfère, M. le Président, à un article, opinion
du juge retraité de la Cour d'appel, Jacques Chamberland, qui a publié, dans La
Presse, un article qui dit : «Un tribunal unifié de la famille, une fausse
bonne idée», puis qui mettait justement en garde le gouvernement non pas contre
l'idée même d'avoir un tribunal unifié, mais, en fait, de la façon dont c'est
fait présentement. Et évidemment, en laissant de côté la Cour supérieure, ça ne
fait pas en sorte que ça va nécessairement aider les justiciables.
D'ailleurs, M. Chamberland disait qu'il
serait important, et c'est ce qu'il écrivait, et une solution qu'il suggère au
gouvernement, dans le cadre des actions à la Cour supérieure ou à la Cour du
Québec dans les matières familiales, sans nécessairement soulever d'enjeux
constitutionnels, mais de faire en sorte qu'il pourrait y avoir des solutions
administratives qui impliqueraient les deux cours et évidemment, en soutien, le
ministère de la Justice du Québec. Il suggère une structure paritaire. Pendant
les audiences, moi, j'ai posé différentes questions aux groupes, à
savoir : Est-ce que, par exemple, un greffe unifié pourrait aider? Parce
que plusieurs groupes sont venus nous dire qu'ils avaient peur quant à la perte
d'information, manque de cohérence entre les différentes instances qui vont devoir
être représentées. Et M. Chamberland, donc, suggère ce comité-là qui pourrait
aider. Et ça, je pense qu'il faudra en discuter, il faudra voir comment on
peut, dans ce sens-là, bonifier le projet de loi.
• (14 h 10) •
L'autre élément aussi, et ça, c'est un
point, pour moi, c'est un point crucial, parce qu'il y a, dans les différents
projets de loi qu'on a faits avec le gouvernement et M. le ministre, ce dernier
a mis l'accent sur ce que j'appellerais les modes alternatifs de règlement,
donc, la conciliation, la médiation, etc., même l'arbitrage pour le tribunal...
la Cour des petites créances. Mais encore faut-il que les ressources suivent,
et là je comprends que, dans le budget qui vient d'être déposé, il y aura de
l'argent pour essayer d'aider, encadrer avec les projets de loi les nombreux
projets de loi qui ont été déposés, on parle de 24,2 millions, mais l'état de
la justice est tel que ça va prendre beaucoup d'argent pour que ça fonctionne.
Et si on fait reposer ce projet de loi sur
la médiation et la médiation obligatoire, puis ça, je pourrai vous en reparler,
M. le Président, bien, encore faudra-t-il qu'il y ait suffisamment de
médiateurs, de médiateurs accrédités. Puis on nous a même suggéré d'avoir des
médiateurs accrédités dans le domaine familial parce qu'ils reçoivent une
formation spécifique particulière pour être capables d'assister les couples
qui, évidemment, vont se séparer, qui vivent un stress, mais aussi d'être
capable de détecter la violence familiale, la violence conjugale, le contrôle coercitif,
qui sont, pour moi, des... en fait, des éléments vraiment fondamentaux sur
lesquels il faut s'attarder, ça m'apparaît tout à fait important.
Donc, ce qu'on nous a dit aussi, c'est que
la... il n'y a pas assez de médiateurs et il n'y en a pas dans toutes les
régions. Et donc c'est un enjeu, parce que si on met en place des mécanismes
qui font en sorte que déjà, au départ, il manque des gens, bien, ça ne va pas
rendre service à la population. C'est-à-dire dire qu'on va leur lancer un
message, on va leur dire : Écoutez, il y a une nouvelle procédure, mais,
au fond, quand ils vont vouloir avoir les services, ça va être beaucoup plus...
ça va être beaucoup plus difficile.
L'autre élément aussi, et ça, on n'en a
pas parlé, on aura de la chance peut-être d'avoir un échange avec M. le
ministre là-dessus, en ce qui a trait notamment à toutes les ressources. Je
comprends que, présentement, au ministère de la Justice, ils ont un service de
la performance et, selon leurs données, il y aurait présentement 8400 dossiers
qui s'ouvrent chaque année à la Cour supérieure. Et on a des hauts
fonctionnaires du ministère de la Justice qui sont avec nous, on pourra me
corriger si les statistiques... les chiffres ne sont pas...
M. Morin : ...ne sont pas les
bons. Mais, ce qu'on apprend, c'est qu'il y a 8 400 dossiers qui sont
ouverts chaque année pour des familles non mariées. Et présentement, ces
dossiers-là, ma compréhension, c'est qu'ils sont ouverts à la Cour supérieure.
Donc, si ces dossiers-là... Et, si un des impacts du projet de loi est de faire
en sorte qu'un grand nombre de ces dossiers-là se retrouve à la Cour du Québec
rapidement, bien là, on peut se poser la question. Et cette question-là... Et,
ça, je tiens à le souligner, là, parce qu'on a eu aussi des débats puis on a
entendu des experts là-dessus, ça n'a rien... pour moi, là, ça n'a rien, rien à
voir avec la compétence de la Cour du Québec, là. On est chanceux, au Québec,
nos magistrats, qu'ils soient à la Cour du Québec, à la Cour municipale, à la
Cour supérieure, à la Cour d'appel, sont tous des gens hypercompétents. La
question n'est pas là. Mais encore faut... faut-il être capables d'abattre le
travail qu'on doit abattre dans une semaine. Et donc, s'il y a un nombre
important de dossiers qui se ramassent demain matin en Cour du Québec et que
là, il n'y a pas de nouveaux juges, bien, à un moment donné, ça ne va pas faire
en sorte que les délais vont raccourcir. Ça va faire en sorte que les délais
vont allonger. Donc, ça... et, ça, pour moi, c'est une donnée... c'est une
donnée qui est... qui est importante. Et, ça, il faudra voir comment ça va...
ça va fonctionner, à un point tel où... Et, si je ne me trompe pas, c'est...
c'est le Barreau, donc c'est la bâtonnière du Québec qui suggérait, hier, je
pense, de peut-être reporter la mise en vigueur du projet de loi parce qu'elle
craint qu'avec tous ces dossiers-là et la complexité, on ne sera pas capables
d'y arriver, et donc on mettrait en place un système qui ne sera pas... qui ne
sera pas efficace.
Donc, autant... autant d'éléments qui
doivent être... qui doivent être soulevés et avec lesquels, je pense, quand on
va parler des différents articles de loi... Moi, j'ai hâte d'avoir une bonne
discussion avec M. le ministre là-dessus, pour faire en sorte qu'on puisse
s'assurer qu'effectivement les justiciables en auront, si je peux m'exprimer
ainsi, pour leur argent.
Il y a, bien sûr, des solutions qui
pourraient aussi favoriser la coopération judiciaire. Et là, on parle
essentiellement de l'administration de la justice. Donc, ça, c'est de
compétence totalement du Québec. Est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir une
meilleure communication entre la Cour supérieure, la Cour du Québec? Est-ce
qu'au niveau d'un greffe il ne pourrait pas y avoir un greffe unifié? Est-ce
qu'il ne pourrait pas y avoir un meilleur accès aux dossiers des deux
juridictions pour faire en sorte qu'on soit capables de transférer évidemment
l'information? Est-ce qu'il pourrait y avoir un seul service d'expertise
psychosociale pour accompagner les familles? Donc, autant... autant d'éléments,
je pense, qui méritent... qui méritent d'être... d'être soulevés et de faire en
sorte qu'on puisse donner un service qui est efficace pour la population.
Donc, ça, c'est au niveau... c'est au
niveau de l'organisation. Donc, comme vous le constatez, M. le Président, il ne
s'agit pas de faire vite. Il s'agit de faire bien. Et, pour moi, comme député,
c'est un souci constant que j'ai à chaque fois que j'ai à travailler dans le
cadre d'un projet de loi pour l'opposition... pour l'opposition officielle.
Donc, ça, ça m'apparaît effectivement très important.
Maintenant, il y a eu aussi plusieurs
commentaires très importants qui nous ont été donnés en ce qui a trait à la
médiation, médiation obligatoire. Et, ça, c'est revenu. Puis là, bien, il n'y a
pas un consensus, je vous le souligne, qui se dégage. Mais la majorité, je vous
dirais, des groupes nous ont dit qu'en matière notamment de séparation, où il y
a de la violence conjugale, où il y a de la violence sexuelle, c'est... ce
n'est pas une bonne idée, et de voir à ce qu'en fait il n'y en ait pas pour
s'assurer qu'on ne va pas placer le conjoint... puis, dans la majorité des cas,
c'est la conjointe qui vit une situation de violence, qu'elle soit obligée d'aller
en médiation.
C'est le processus qui est retenu dans le
projet de loi. Maintenant, on va voir l'ouverture de M. le ministre, quand on
va... quand on va en parler, de voir s'il n'y aurait pas moyen de modifier. Et,
à ce niveau-là, on aura... on aura aussi des amendements à vous présenter puis
à discuter pour faire en sorte qu'avec le pas... Parce que je le disais hier un
peu en boutade, parce qu'on a écouté Me Kirouack qui en tout cas a été très
claire avec ce qu'elle pensait du projet de loi, je lui disais : Bien, ça
m'étonnerait que M. le ministre le retire hier, là. La preuve, c'est qu'on est
ici après-midi en train d'en parler, n'est-ce pas? Et qu'on va continuer. Mais
il y a sûrement moyen de faire en sorte à ce que ce projet de loi, finalement, quand...
M. Morin : ...il va
être... quand il va être accepté, quand il va être adopté éventuellement, il
puisse véritablement faire une différence pour les parents. Et, entre autres,
il y a toute la question aussi de la filiation. Pourquoi ça ne s'en va pas
tout, directement, à la Cour du Québec dans le cadre de ce projet de loi là, on
va en parler éventuellement. C'est la même chose avec la séparation dans les
cas d'union... d'union civile, on parle d'une union civile, d'une union
parentale concernant la garde d'un enfant. Il y a plein d'autres couples qui
vivent en union civile, qui ne semblent pas être visés par le projet de loi.
Donc autant de... autant de questions,
autant de questions que j'aurai pour l'étude article par article du projet de
loi pour faire en sorte, au fond, que ça devienne véritablement quelque chose
qui va être efficace, puis qui va faire en sorte, comme le souhaite M. le
ministre, qui va simplifier le processus. Parce que, là, ce que je comprends,
c'est que tout dépendant quand on a eu des enfants ou pour quel dossier on
s'adresse, on pourrait s'adresser à la Cour du Québec, Chambre civile, Chambre
de la jeunesse, Chambre de la jeunesse en matière criminelle ou à la cour ou à
la Cour supérieure. Et donc voir s'il n'y aurait pas moyen de faire en sorte
que ce soit plus simple pour l'ensemble des justiciables puis pour que les
justiciables soient aussi accompagnés adéquatement quand ils s'adressent aux
tribunaux. Je vous ferai remarquer que la question du manque de ressources est
revenue à plusieurs reprises dans le cadre des consultations que nous avons
eues. D'où d'ailleurs l'importance de tenir ces consultations-là avant de
commencer évidemment l'étude et l'analyse article... article par article. Je
vais vous demander juste un instant.
• (14 h 20) •
Une voix : ...
M. Morin : Parfait.
Donc... Donc ça... Ça, c'est un volet qui est... qui est hyper, qui est hyper
important, hyper important pour moi. Et puis d'être capable aussi d'informer
les gens. Parce que, ça aussi, les groupes nous en ont parlé. On a vécu dans le
domaine de la famille une série de modifications importantes. Quand, moi, je
parle à des gens sur le terrain, je ne suis pas convaincu que tout le monde est
bien au courant de tous les changements qui sont survenus. Mais là, avec ce
projet de loi là, évidemment, quand on parle éventuellement de séparation, ça
entraîne, bien sûr, un stress important. D'ailleurs, il y a des groupes qui
nous l'ont dit. Donc, il faudrait que les gens soient capables d'être
accompagnés adéquatement puis de faire en sorte qu'ils puissent, bien sûr, être
accompagnés puis aller à la bonne cour et ne pas perdre... ne pas perdre de
temps.
Donc, autant d'éléments pour lesquels on
va... on va devoir... on va devoir réfléchir, on va devoir dialoguer dans le
cadre de cette étude article... article par article et voir s'il n'y aurait pas
moyen, effectivement, de bonifier le projet de loi, puis de faire en sorte aussi,
puis on verra l'ouverture de M. le ministre, si peut être que ce projet de loi
là ne devrait pas entrer en vigueur plus tard pour s'assurer qu'évidemment, au
sein des différents organismes, les ministères et greffes, tous les gens soient
prêts. Alors, sur ce, ceci complète mes remarques préliminaires. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup, M. le
député de l'Acadie... d'Acadie, pardon. M. le député Saint-Jean.
M. Lemieux : Merci
beaucoup, M. le Président. Je vais essayer de faire presque 20 secondes,
mais je... Inquiétez-vous pas, je n'irai pas à 20 minutes. Seulement pour
souligner qu'on ne peut pas dire que notre ministre de la Justice n'a pas de
suite dans les idées et la séquence des projets de loi et même des réformes
qu'il nous amène, je voulais simplement préciser que j'ai accueilli ce projet
de loi n° 91, non seulement avec enthousiasme, mais que je le salue dans
sa vision presque politique de la chose, mais justice, mais surtout à la défense
et à un accompagnement des victimes. Et je suis très fier de pouvoir procéder à
la suite des choses jusqu'à l'adoption de cette pièce législative. Merci, M. le
Président.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Merci, M.
le Président. C'est un véritable plaisir pour moi de participer dans cette
commission. Je sais que le ministre sait comment que j'aime ça, travailler avec
lui en commission parlementaire par rapport à ces projets de loi. Alors, j'ai
hâte de faire les débats ensemble pour bonifier ce projet de loi. C'est un
projet de loi important. C'est un projet de loi qui est attendu depuis très
longtemps, je dirais. C'est des demandes. Ça fait partie d'une réforme collective.
Alors, je salue l'initiative parce que je comprends l'initiative pour... Nous
changeons. Pourquoi nous faisons ceci? Parce que, souvent, le parcours pour les
couples qui se séparent, par exemple, ça peut être très long, ça peut être très
complexe, ça peut engendrer des délais souvent inutiles. Puis ce que, si je
comprends bien, l'orientation du gouvernement, c'est d'avoir ce tribunal...
Mme Maccarone : ...unifié
pour remédier à ces problèmes. Alors, comme je dis, c'était recommandé depuis très
longtemps puis ça faisait partie aussi de nos recommandations de la Commission
spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, présidée
par Mme Régine Laurent, qui l'a clairement souligné dans son rapport, que ce
serait une avancée et très importante pour nous pour éviter l'accès complexe à
la justice puis de trouver des résolutions.
Alors, encore une fois, je salue
l'initiative, mais j'avoue que je suis perplexe que le gouvernement a fait le
choix de laisser côté... à côté la chambre supérieure. Ça, c'est quelque chose
que je ne comprends pas honnêtement en termes d'une vraie avancée. Beaucoup de
groupes, beaucoup d'experts, beaucoup de professeurs ont dit la même affaire,
ça manque un peu de cohérence puis saluent l'initiative, mais ce n'est comme
pas complété, et je suis encore plus perplexe parce que ça fait tellement
longtemps qu'on en jase de cette réforme, qu'on passe à côté d'une opportunité
d'avoir un vrai tribunal unifié.
Je ne comprends pas, je ne comprends pas
comment ça se fait que nous sommes arrivés ici, aujourd'hui, en commission
sans... sans avoir vraiment terminé tout ce qui nous prenait pour assurer que
toutes les personnes qui vont passer par ce nouveau tribunal vont vraiment être
protégées parce que ça va être sincèrement un vrai tribunal unifié.
Parce que je suis troublée par le fait que
le projet de loi exclue des dossiers familiaux de discussion. Alors, on dit que
ça ne s'applique pas aux familles qui sont des parents, mettons, mariés parce
qu'on sait tous que le mariage et le divorce sont des compétences fédérales par
le biais de l'article 91 de la Constitution canadienne. Ça fait que ça, ça
signifie qu'on va avoir des couples qui vont devoir passer à travers plusieurs
tribunaux quand on arrive à la rupture de leur... de leur couple. Alors, ça
signifie que des parents, ou des familles, mariés doivent toujours passer par
la Cour supérieure, alors que les familles non mariées seront dirigées par le
nouveau tribunal unifié. Mais la conséquence de ça me semble qu'on est en train
de créer deux systèmes de justice. C'est une complexité, selon moi, inutile
dans le système judiciaire québécois, surtout que nous savons qu'on a une
solution à cette complexité, et c'est de trouver une entente avec le
gouvernement fédéral pour éviter qu'on a ces deux systèmes de justice à deux
vitesses, parce que, moi, il me semble, si le but, c'est vraiment d'avoir un
meilleur accès à la justice, puis de réduire les délais, on est en train de
faire le contraire. On est vraiment en train de créer des délais probablement
supplémentaires, des conflits de compétence au lieu de régler des problèmes et
l'engorgement dans notre système judiciaire, puis il me semble que ce n'est pas
l'esprit de ce projet de loi. Ce n'est pas ça qu'on souhaite faire
collectivement. Il me semble que ce n'est pas ça que nous voulons faire ici
comme membres de cette commission.
Je suis en train d'imaginer un couple qui
est en train de se séparer, puis on doit trancher sur les questions de garde ou
de pension alimentaire, mais ils ne seront pas entendus par la même juge.
Alors, ils vont être soumis à plusieurs procédures. Ça amène quand même une
inégalité qu'encore une fois je ne comprends pas. Ça fait que j'ai hâte que le
ministre nous explique pourquoi il a fait ce choix puis pourquoi cette
orientation.
Quand j'ai entendu la présentation en
consultation de la CAVAC, ils ont parlé très concrètement de leur crainte de la
revictimisation des personnes très vulnérables. On peut imaginer, encore une
fois, un couple où on a une femme qui est peut-être victime d'un viol conjugal,
par exemple, puis ils ont des enfants, puis elle va passer par la Cour
supérieure pour son divorce. Mais elle doit aussi passer maintenant par le
Tribunal unifié, puis elle va peut-être aussi passer par le DPJ. Ça peut être
un cas, mais ça veut dire, selon la CAVAC, qu'on peut avoir trois témoignages
différents qui peuvent être utilisés, un, contre la victime en question. Ça
fait qu'ils ont soulevé cette préoccupation. Puis je peux imaginer si, eux, ils
pensent que c'est un cas qui peut nous arriver, je leur crois parce qu'ils
amènent cette expertise. Alors, encore une fois, on se retrouve avec une
inégalité que je pense que ce n'est pas nécessaire puis je pense qu'on pourrait
mettre fin si on peut trouver un passage avec le gouvernement fédéral parce
qu'on est vraiment entrain de traiter différemment non seulement les enfants,
mais les familles, les personnes selon le statut matrimonial.
Mme Maccarone : ...puis si on
veut vraiment avoir un tribunal unifié, M. le Président, bien, dans le fond, on
devrait le faire sans exception. Ça devrait être le même traitement pour tous
les Québécois et Québécoises qui vont malheureusement passer par cette étape
dans leur vie si ça fait partie de leur choix. Puis on sait qu'on peut se baser
sur les autres provinces, on sait que ça existe ailleurs, les autres provinces
qui ont fait ce choix de procéder avec un tribunal unifié, mais eux, ils ont eu
une entente avec le gouvernement fédéral. Ça fait que c'est des vrais tribunaux
unifiés, puis le nôtre, ça va être à part, on va être à part, ça va être
différent. Puis on va peut-être faire partie des études parce que les gens vont
vouloir savoir : C'est quoi, ce tribunal hybride? Est-ce que ça
fonctionne? Ça fragmente la justice familiale. Puis pourquoi qu'on n'a pas
suivi l'exemple des autres provinces en implantant un tribunal véritablement
unifié en négociant avec le gouvernement? Ça fait que ça fait partie des
questions que moi, j'ai pour le ministre puis j'espère qu'on va avoir de la
clarté pour qu'on comprend pourquoi on a fait ce choix-là.
Puis si... Il y a aussi la recommandation
de faire des évaluations, peut-être dans cinq ans, comment ça fonctionne, mais
j'ai hâte à savoir si ça, ça peut faire partie d'une bonification du projet de
loi, parce que... est-ce que ça va vraiment être efficace comme système
judiciaire si on n'a pas tous les compétences sous un tribunal?
• (14 h 30) •
Mon collègue le député de l'Acadie a parlé
beaucoup, non seulement en consultation, mais aussi cet après-midi, par rapport
à l'importance de la médiation. Certes, c'est très important, mais, encore une
fois, on a beaucoup de groupes qui ont passé en parlant d'obligation de cette
médiation, surtout que... c'est important que ce soit accessible, bien encadré,
certes, je pense que ça fait partie d'une étape très importante quand on parle
de ce tribunal, mais si on n'a pas des vraies exemptions qui sont prévues et
aussi peut-être une formation... Parce que, comme mon collègue a dit, comment
pouvons-nous vraiment déterminer s'il y a une victime d'un contrôle coercitif?
Comment est-ce que le juge va pouvoir déterminer que c'est le cas? Puis là,
nous sommes en train de dire que tout le monde va passer par un système de
médiation. Je ne sais pas si le mur-à-mur est vraiment la façon de poursuivre,
puis je comprends qu'on a quand même une exception, mais, encore une fois,
comment appliquer l'exception? Puis, est-ce qu'on va manquer plein de victimes
potentielles dans ce projet de loi?
Puis je partage aussi sa préoccupation en
ce qui concerne peut-être les ressources insuffisantes pour assurer le succès
d'un tribunal unifié, mais pas vraiment unifié, parce que, d'appliquer ce
projet de loi sans avoir les ressources, bien là, on débute tout de suite avec
un échec, c'est clair. Pour que ça fonctionne, on doit avoir les ressources
humaines et financières nécessaires pour que ça fonctionne. On a vu trop
souvent des réformes ambitieuses de la CAQ, des promesses de la CAQ qui
manquent des moyens. C'est des promesses rompues. Alors, j'espère que ça ne
sera pas le cas ici, M. le Président, parce qu'encore une fois, je répète, je
pense que c'est une réforme attendue qui date depuis très longtemps, les gens
sont conscients de ceci. Puis, encore une fois, je répète, c'est une étape
importante, mais ce n'est pas complet. Et si on n'a pas aussi une confirmation
du ministre que les ressources seront au rendez-vous, que ce soit financières
ou humaines, j'ai des craintes que cela va fonctionner. Puis quand on fait face
à un déficit budgétaire de pas loin de 14 millions de dollars, j'ai
des craintes...
Une voix : Milliards.
Mme Maccarone : Milliards,
c'est ça, j'ai dit milliards, oui? Est-ce que j'ai... Bien, 14 milliards
de dollars, j'ai des craintes, j'ai des craintes très importantes. Puis ça,
c'est... pas parler de formation parce que ça va aussi nécessiter la formation
pour assurer... Encore une fois, quand on parle de... ou autre, ça va prendre
la formation, ça va prendre la formation de nos juges. On a des juges qu'on ne
peut pas nécessairement revenir pour adresser la formation, ça fait que comment
est-ce que nous allons adresser ceci? Parce que ça va être important. Alors,
moi, j'espère que le gouvernement va s'engager à assurer un financement stable
et prévisible, parce que, ça aussi, c'est important pour le tribunal afin qu'il
puisse vraiment réaliser sa mission.
Alors, je dirais, en conclusion, M. le
Président, ce qui est important pour moi, c'est que le ministre fait preuve
d'ouverture. C'est un projet de loi qui a besoin d'être bonifié. Je sais que
nous avons des amendements qui sont importants, importants pas nécessairement
uniquement par l'opposition officielle, mais je sais que c'est des...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Maccarone : ...les
amendements qui sont importants pour tous les Québécois et Québécoises. Parce
qu'encore une fois, je réitère, si on n'a pas un vrai tribunal unifié, on ne va
pas simplifier l'accès à la justice, malheureusement, on ne va pas nécessairement
protéger les enfants dans un système, que je sais que le ministre souhaite...
soit plus accessible, mais je ne crois pas qu'on va faire ceci si on n'attache
pas tous les éléments qui sont dans les airs, parce qu'on veut vraiment créer
plusieurs étapes, l'accès à la justice, puis ça va juste être plus compliqué. J'ai
de... malaise à comprendre pourquoi il a choisi cette avenue.
Puis je pense aussi que le gouvernement a
une responsabilité d'écouter les experts qui ont passé en commission, les
familles, les intervenants sur le terrain, pour corriger les lacunes qui sont
déjà présentes dans ce projet de loi avant son adoption définitive et puis
avant de le mettre à l'oeuvre, pour s'assurer que tout le monde a le même
accès.
Ça fait qu'on a une occasion, honnêtement,
unique pour transformer la justice familiale au Québec, et j'espère que nous n'allons
pas passer à côté. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Cela dit,
est-ce qu'il y a des motions préliminaires? S'il n'y a pas de motion
préliminaire...
M. Morin : J'appellerais l'article
245, M. le Président, pour passer à l'étude article par article.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. C'est bien noté, donc,
245 va s'appliquer à l'étude détaillée du projet de loi. Alors, nous allons
maintenant débuter l'étude article par article, et, par conséquent, je prends
maintenant en considération l'article 1 du projet de loi. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président, je vais lire l'article 1. Simplement informer cette commission qu'hier
soir nous avons déposé trois ou quatre amendements qui sont déjà disponibles
sur le site Greffier pour que mes collègues puissent les consulter, d'ailleurs,
afin de faciliter nos travaux. Également, M. le Président, et à la discrétion
de mes collègues, on a déposé un plan d'étude du projet de loi, donc, où est-ce
qu'on a regroupé par blocs les sujets du projet de loi. Donc, si jamais les
collègues des oppositions souhaitent procéder selon l'étude du plan, à tout
moment, juste m'en informer, s'ils souhaitent le faire.
Donc l'article 1, M. le Président :
L'article 45 du Code de procédure civile
est modifié par la suppression, dans le premier alinéa, de «autres que l'adoption».
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Ah! j'ai
dit 45?
Le Président (M.
Bachand) :Oui, c'est ça.
M. Jolin-Barrette : Pardon. L'article
35, l'article 35. Commentaires : L'article 35 du Code de procédure civile
prévoit une exception aux règles de compétence monétaire de la Cour du Québec,
notamment pour les matières familiales autres que l'adoption.
Alors, l'article 1, c'est, je vous
dirais... Quand le code a été adopté, il y avait eu... on avait indiqué l'adoption.
Or, on est dans la compétence monétaire de la Cour du Québec, et ça n'aurait
pas dû se retrouver là, parce qu'en matière d'adoption, il n'y a pas de
compétence monétaire. Donc, on vient ajuster le texte sur un élément qui n'aurait
pas dû être là en 2013-2914, quand le nouveau Code de procédure civile a été
adopté.
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Morin : Bien, pour ce
volet-là, effectivement, l'adoption, ça ne se monnaie pas, ce n'est pas... il n'y
a pas de volet monétaire rattaché à ça, alors moi, je n'ai pas, d'autre
question, je n'ai pas d'enjeu, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. L'article
2, M. le Président :
Ce code est modifié par l'insertion, après
l'article 37, des suivants :
«37.1. La Cour du Québec connaît, à l'exclusion
de la Cour supérieure, des demandes en matière de filiation d'un enfant issu d'un
projet parental impliquant une grossesse pour autrui.
«37.2. La Cour du Québec connaît, à l'exclusion
de la Cour supérieure, des demandes relatives à l'union civile ou à l'union
parentale concernant la garde d'un enfant, les aliments dus à un enfant ou à un
conjoint, le partage du patrimoine familial ou d'union parentale et les autres
droits patrimoniaux résultant de la vie commune, ainsi que la protection de la
résidence familiale.»
Lorsque la Cour du Québec est déjà saisie
d'une demande relative à l'union civile ou à l'union parentale, elle peut se
prononcer sur les demandes qui y sont liées concernant l'émancipation, la
tutelle légale ou la tutelle supplétive.
La Cour du Québec connaît également, à l'exclusion
de la Cour supérieure, des demandes relatives à l'autorité parentale présentées
par les parents ainsi que celles relatives aux éléments réclamés par un enfant
majeur lorsque les pères et mères ou les parents forment ou ont formé une union
civile ou une union parentale.
Et, M. le Président, on a deux
amendements, un à 37.1, 37.2, qui sont des précisions, M. le Président. Ils
sont déjà sur le site Greffier. Alors, voulez-vous que...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Nous avons aussi
envoyé un amendement qui devrait être sur le site Greffier pour le même
article.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, on va d'abord débuter
avec celui du ministre.
M. Morin : Oui, bien sûr.
Tout à fait.
M. Jolin-Barrette : Donc,
article 2, 37.1 du Code de procédure civile : Insérer, à la fin de l'article
37.1 du Code de procédure civile proposé par l'article 2 du projet de loi, «et
de changements de noms qui y sont liés».
Commentaires : L'amendement prévoit
que la Cour du Québec sera compétente pour entendre les demandes de changement
de nom qui sont liées aux demandes en matière de filiation d'un enfant issu d'un
projet parental...
M. Jolin-Barrette : ...impliquant
une grossesse pour autrui. Donc, au moment de la rédaction du projet de loi,
c'était une omission. Bien entendu, lorsque la filiation... lorsqu'on est en
matière de grossesse pour autrui, c'est lorsque le tribunal se prononce sur
l'attribution de la filiation en matière de grossesse pour autrui, bien, il
faut que le tribunal puisse également modifier le nom de l'enfant, s'il y a une
demande de changement de nom. Donc, c'est accessoire à la demande. On est venu
le préciser.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie, s'il
vous plaît.
M. Morin : Pour ce volet-là
spécifiquement, je n'ai pas de... je n'ai pas de question. Ça m'apparaît clair.
Le Président (M.
Bachand) :Et, s'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'amendement est adopté? Adopté. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, à l'article 2, 37.2, à l'article 37.2 du Code de procédure
civile proposé par l'article deux du projet de loi :
1° dans le premier alinéa :
a) insérer, après «un conjoint» «, la
dissolution de l'union civile»;
b) insérer, après «résultant de» «, union
civile ou de»;
2° insérer, dans le troisième alinéa et
après «par les parents», «et aux changements de nom qui y sont liés».
Commentaires : l'amendement précise
notamment que la Cour du Québec sera compétente pour entendre la dissolution de
l'union civile. Il donne suite à un commentaire de l'Association des avocats et
avocates en droit familial du Québec concernant le partage du régime de l'union
civile.
• (14 h 40) •
L'amendement prévoit également que la Cour
du Québec sera compétente pour entendre les demandes de changement de nom qui y
sont liées aux demandes relatives à l'autorité parentale présentées par les
parents. Donc, on fait un peu le pendant aussi à 37.1.
Et donc essentiellement, quand on lisait
l'article, le Barreau aussi nous a dit la même chose, ils croyaient qu'on ne
conférait pas la dissolution de l'union civile, alors que c'était l'intention
aussi dans le texte. Donc, puisqu'on transfère la compétence en matière d'union
civile entre la Cour supérieure et la Cour du Québec afin de le dissoudre,
bien, on vient le préciser clairement. Parce que déjà qu'il y avait la
compétence en matière d'union civile, les commentaires de ces deux organismes
là croyant que ça restait à la Cour supérieure, alors que l'intention est de
tout mettre à la Cour du Québec relativement à l'union civile, donc on est venu
préciser l'union civile, que sa dissolution... Et, une des conditions associées
à l'union civile, quand on fait le partage, c'est lorsque vous êtes mariés,
vous pouvez faire le partage du patrimoine sans divorcer. Tandis que l'union
civile, vous devez faire le partage, ça amène directement à la dissolution.
C'est la différence avec le mariage.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député
de... vous voulez revenir sur 37.1, M. le député de l'Acadie?
M. Morin : Oui, bien, c'est
ça. Parce qu'à 37.1, en fait, je comprends qu'avec le projet de loi vous
n'incluez pas toutes les formes d'union civile.
M. Jolin-Barrette : Toutes
les formes d'union civile. Dans le fond, l'union civile qui a été créée en 2002
par Paul Bégin, à l'époque, dans le fond, se retrouvait à la Cour supérieure
d'une façon accessoire. Et là, l'union civile va être traitée par la Cour du
Québec. Donc, tout le régime de l'union civile va être traité à la Cour du
Québec. Donc, le projet de loi sur le tribunal unifié, ce qu'il fait en termes
de première étape, c'est de confier l'union parentale, l'union civile et la
grossesse pour autrui au tribunal unifié.
Puis juste un commentaire générique aussi,
M. le Président, sur la grossesse pour autrui. On se souviendra que la voie
principale de la grossesse pour autrui, c'est la voie de la convention notariée.
Tu sais, dans le fond, ce que prévoit le code, quand on l'a étudié ensemble,
c'est... on envoie ça chez le notaire. Donc, c'est une convention puis c'est le
notaire qui la fait. Si jamais il y a un vice... en fait, que les parties ne
sont pas allées chez le notaire, donc il y a un vice, ils doivent avoir
l'autorisation judiciaire. Puis là, à ce moment-là, le tribunal va... va
recevoir cette demande-là pour voir, est-ce que, oui, je peux entériner la
convention de grossesse pour autrui. Puis on se rappellera aussi que, dans la
convention de grossesse pour autrui, il y a des éléments qui sont d'ordre
public que le tribunal ne peut pas passer outre aussi. Donc, la voie
judiciaire, c'est la voie accessoire. La voie principale, c'est chez le
notaire. Donc, c'est ça.
M. Morin : Oui. Tout à fait.
Maintenant, on a... il y a plusieurs groupes qui sont venus nous dire que
finalement, ce n'étaient pas tous les régimes d'union civile qui étaient
couverts par votre projet de loi.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
c'est ça que je vous expliquais, parce que, dans le fond, les familialistes
puis le Barreau croyaient que la dissolution de l'union civile restait à la
Cour supérieure. Alors, c'est pour ça qu'on vient le préciser dans le cadre de
l'amendement, parce que c'était de notre intention. Quand on dit «les demandes
relatives à l'union civile», nous, dans nos termes, c'est inclus parce qu'on
dit «les demandes relatives à l'union civile», mais on vient le préciser aussi.
On est... On est venu apporter une précision de clarification pour qu'il n'y
ait aucune ambiguïté avec l'amendement qu'on étudie présentement.
M. Morin : Oui. Donc là, je
comprends qu'avec votre amendement, finalement, en termes de gens qui vivent
ensemble, ce serait...
M. Morin : ...juste les
gens qui sont mariés, s'ils divorcent, qu'ils devraient se retrouver devant la
Cour supérieure.
M. Jolin-Barrette : Pour
ceux qui ont une union officialisée, si je peux dire, parce qu'exemple,
présentement, dans le fond, suite à l'adoption du projet de loi, les dossiers
qui vont continuer d'être à la Cour supérieure, pour l'instant, parce qu'il
s'agit d'une première étape, ça sera les gens qui sont mariés et les gens qui
sont en union de fait, qui ont des enfants, supposons pension alimentaire, ça
va être entendu en Cour supérieure pour l'instant.
M. Morin : Puis pourquoi
les gens qui sont en union de fait, qui ont des enfants, qui ne sont pas
mariés, alors, pourquoi vous les laissez à la Cour supérieure? Tant qu'à faire
une réforme, pourquoi ne pas évidemment les envoyer à la Cour du Québec? Parce
que ma compréhension, c'est que, constitutionnellement parlant, la Cour du
Québec pourrait entendre ces dossiers-là.
M. Jolin-Barrette :
C'est la première étape. Avec la création du Tribunal unifié, on vient mettre
en place la structure. On confie dans un premier temps, pour le démarrage du
Tribunal unifié, l'union civile, l'union parentale et la grossesse pour autrui.
Éventuellement, l'ensemble des matières familiales va être rapatrié au Tribunal
unifié.
M. Morin : Oui, mais
pourquoi vous ne le faites pas maintenant, tu sais? En fait, c'est parce que le
mariage, le divorce, je comprends, hein? Bon. Les gouvernements du Québec,
depuis, je le disais dans mes remarques préliminaires, depuis même Robert
Bourassa, souhaitaient avoir un tribunal unifié, puis confier plus ces
compétences-là à, notamment, la Cour du Québec, là. Bon. Soit. Alors, vous vous
insérez dans cette continuité-là. Alors, mariage, divorce, on n'y touche pas.
Maintenant, tous les autres types d'union,
il n'y a pas d'impératif, il n'y a pas d'empêchement constitutionnel. Alors,
pourquoi ça ne serait pas la Cour supérieure... la Cour du Québec, pardon, qui
pourrait s'en occuper dès maintenant? Parce que je comprends l'objectif que
vous recherchez, tu sais. Vous vous dites : Moi, je veux simplifier le
processus. Mais là, une fois que la loi va être adoptée, les couples, tout
dépendant de leur statut, ils vont se ramasser devant des tribunaux différents.
Puis avec des enfants, bien, ça risque aussi d'être dans des instances
différentes. Alors, pourquoi vous ne décidez pas dès maintenant de donner cette
compétence-là, qu'elle peut avoir de toute façon, à la Cour du Québec
immédiatement?
M. Jolin-Barrette :
Bien, comme je vous l'ai dit, dans le fond, avec le projet de loi qu'on étudie
présentement, on crée le Tribunal unifié. C'est la première étape. Donc, on y
va étape par étape. Donc, c'est quand même, et vous en conviendrez avec moi,
probablement, M. le Président, c'est quand même une réforme qui chamboule les
choses dans le domaine juridique. Alors, je pense que c'est important d'y aller
progressivement, étape par étape à la Cour du Québec. Dans un premier temps,
c'est sûr qu'on a décidé de choisir, pour la première étape, les... Bien, en
fait, les nouveaux régimes récemment mis en place par le législateur. Donc,
grossesse pour autrui, régime d'union parentale qui va rentrer en vigueur,
également l'union civile qui était le dernier régime à avoir été créé, si je
peux dire, en 2002, à l'époque, pour les conjoints de même sexe, principalement
parce qu'à l'époque le mariage gai n'était pas permis par le fédéral, puis le
Québec avait fait œuvre de précurseur. Donc, les régimes qu'on met en place,
c'est des régimes qui répondent aux préoccupations contemporaines puis qui ont
nécessité la... la nécessité d'instaurer des nouveaux régimes juridiques.
Exemple l'union parentale, on en a abondamment discuté dans le projet de loi
n° 56, il y avait une nécessité d'agir là-dessus. Alors, on confie ça en
premier, c'est un nouveau régime, à la Cour du Québec, avec la grossesse pour
autrui que ça fait un an également. Alors, c'est par étapes. Mais j'ai eu
l'occasion de le dire, le Tribunal unifié, puis pour répondre à la députée de Westmount—Saint-Louis
tout à l'heure, ultimement, l'ensemble des matières familiales vont se
retrouver au Québec sous le même tribunal.
Le Président
(M. Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci,
M. le Président. Je vais y aller dans le même sens, M. le ministre. C'est le
Barreau qui a parlé de d'autres éléments. Là, vous précisez sur... sur la
dissolution de l'union civile. Tant mieux! Il y en a d'autres. Je ne sais pas
si vous les avez regardés ou étudiés, là. Le Barreau nous disait l'ensemble des
demandes en matière de filiation, incluant celles ne découlant pas d'un projet
parental impliquant une grossesse pour autrui. Le Barreau nous disait
l'ensemble des demandes découlant de la séparation des parents d'enfants nés
avant le 30 juin 2025. C'était la garde...
M. Cliche-Rivard : ...la
garde d'enfants et les aliments, et le Barreau nous disait : L'ensemble
des demandes relatives à la garde d'un enfant ou les aliments lorsque les
parents n'ont pas fait vie commune. Donc est-ce que ça aussi, éventuellement,
vous comptez le rapatrier pas aujourd'hui, mais ça fait partie de vos
intentions? J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
M. Jolin-Barrette : Oui,
ultimement, l'ensemble des matières vont se retrouver à la Cour du Québec, puis
c'est une réforme qui est majeure, puis on laisse le temps à l'ensemble des
acteurs du système de justice, incluant les citoyens, de s'adapter à cette
nouvelle réalité-là. Donc, ça a pris 50 ans avant que l'idéation du projet de
Tribunal unifié de la famille voie le jour. Là, on vient poser les bases, les
jalons, l'assise. On confie à la Cour du Québec certaines responsabilités, puis
ultimement, puis on est clairs là-dessus, l'ensemble du droit familial se
retrouvera à la Cour du Québec.
M. Cliche-Rivard : Pour ce
qui est de la question... puis là, le Barreau en parle ici, la garde et
aliments pour les couples qui ont un enfant né avant le 30 juin 2025, là,
évidemment, les enfants actuels avant l'union parentale, ça, ça va rester à la
Cour supérieure.
M. Jolin-Barrette : Pour
l'instant.
M. Cliche-Rivard : Pour
l'instant. Par contre, pour les enfants nés d'union en union parentale après
30 juin 2025, eux, la Cour du Québec va avoir compétence tant pour les
questions de garde que pour les questions d'aliments.
• (14 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
l'ensemble de tout ce qui est régi...
M. Jolin-Barrette : Tous les
enfants nés...
M. Cliche-Rivard : Après.
M. Jolin-Barrette : ...après
le 30 juin 2025, dans le cas de litige familial, vont se retrouver au
Tribunal unifié de la famille.
M. Cliche-Rivard : Sans égard
à leur décision de «opt out» une partie du patrimoine de l'union parentale.
M. Jolin-Barrette : Même si
les parents s'étaient exclus, ils vont se retrouver à la Cour du Québec.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Alors que l'ensemble des couples mariés, eux vont... puis les enfants issus de
ces couples mariés vont demeurer de compétence de la Cour supérieure.
M. Jolin-Barrette : Pour
l'instant.
M. Cliche-Rivard : Pour
l'instant.
M. Jolin-Barrette : Parce que
vous savez que ça prend des négociations...
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
M. Jolin-Barrette : ...avec
le gouvernement fédéral.
M. Cliche-Rivard : Donc, la
question, elle est essentiellement constitutionnelle pour l'instant, pour la
question du mariage.
M. Jolin-Barrette : Comme le
soulevait la députée de 3wsl.
M. Cliche-Rivard : Pour la
question de... des unions de fait. Donc, actuel, les enfants, c'est ce qu'on
vient de dire pour boucler la boucle, là, eux vont demeurer donc toujours des
questions pour l'instant de compétence de Cour supérieure.
M. Jolin-Barrette : Pour
l'instant, à la Cour supérieure. Éventuellement, tout comme le mariage et le
divorce, notre objectif, c'est que ça soit au Tribunal unifié de la famille.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Alors, si je
comprends bien, le ministre a l'intention d'avoir une négociation avec le
gouvernement fédéral, c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Maccarone : Puis,
l'échéancier, on parle de quoi? Parce que le ministre dit qu'on commence avec
ceci. Ça fait que, pour le moment, c'est ceci, ça fait que ça va être quand le
moment où on va avoir un vrai tribunal unifié?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, moi, je suis disponible dès le moment où on adopte le projet de loi.
Je suis en fonction. J'attends d'avoir un interlocuteur au fédéral. Ils sont présentement
en campagne électorale. Mais le 29 avril... Bien, généralement, c'est deux
semaines avant de former le gouvernement, là. Mais, mi-mai, M. le Président, je
suis prêt. D'ailleurs, on en avait déjà discuté avec le précédent gouvernement
fédéral.
Mme Maccarone : Ça fait que
ma question d'abord, c'est : Pourquoi pas dans les dispositions
transitoires, dans ce projet de loi, si on... je vous ai entendu, vous
dites : C'est vrai, c'est une grande reforme. Pour donner la chance aux
gens de s'adapter, on veut peut-être faire ça aussi en deux temps. O.K.
Pourquoi pas d'abord l'inclure tout de suite maintenant dans ce projet de loi,
puis avoir des articles dispositoires pour dire que, l'application, ça va se
faire un an après qu'on débute avec étape 1. Étape 2 va suivre 12
mois plus tard, ça vous donne du temps pour négocier si vous êtes convaincus
que cette négociation va porter fruit.
M. Jolin-Barrette : Mais,
écoutez, moi, je suis convaincu qu'on va réussir à s'entendre avec le
gouvernement fédéral dans l'objectif d'offrir un service de proximité et
d'efficacité aux familles du Québec. Alors, lorsque le prochain ministre de la
Justice fédéral sera désigné, ça fait partie de mes priorités.
Puis, en complément de la réponse au
député de Saint-Henri—Sainte-Anne aussi pour les... en fait, tous les enfants
nés après le 30 janvier 2025 vont être à la Cour du Québec. Donc, il y a
une phase de transition naturelle aussi que vous me direz sur plusieurs
années...
M. Jolin-Barrette : ...donc,
tout le monde va s'en aller à la Cour du Québec à partir du moment où il y aura
des naissances.
Mme Maccarone : Merci de la
part de le député. Mais vous n'avez pas répondu à ma question :
Pourquoi... Pourquoi ne pas l'intégrer tout de suite dans le projet de loi,
mais avoir une application plus tard?
M. Jolin-Barrette : Le
mariage et le divorce?
Mme Maccarone : Oui.
M. Jolin-Barrette : Mais
c'est parce qu'actuellement on n'a pas la compétence.
Mme Maccarone : Oui, mais ça
prend une négociation, ça, je comprends, puis j'y crois, comme vous, qu'on va y
arriver, parce qu'on a les autres provinces qui ont passé par le même chemin
puis ont pu faire cette négociation. Ça fait que pourquoi pas pour nous, je
peux imaginer que tout le monde souhaite avoir le même processus, un vrai
tribunal unifié.
M. Jolin-Barrette : Bien,
parce qu'il y a une différence, les autres provinces, ils ont confié ça à la
Cour supérieure. Nous, on ne confie pas ça à la Cour supérieure, on confie ça à
la Cour du Québec.
Mme Maccarone : Vous avez des
doutes que peut-être ils ne seront pas en accord.
M. Jolin-Barrette : Je ne
vois pas pourquoi ils ne seraient pas en accord. Moi, je n'ai aucun doute,
parce que c'est bon pour les familles du Québec, c'est bon pour les citoyens,
c'est bon pour l'efficacité du système de justice. Ce que l'on souhaite dans
notre système de justice, c'est que le système de justice soit le plus simple
possible, soit le plus facilitant possible. Et c'est pour ça qu'on va aussi
vers les modes alternatifs de règlement des différends aussi pour faire
participer les citoyens au règlement du conflit puis aussi qu'on apaise le plus
possible les tensions et que ça soit au meilleur coût possible pour les
familles aussi. Parce que quand les parents dilapident leur patrimoine durant
des années devant des instances, ultimement, qui n'a pas l'argent, qui ne
bénéficie pas d'une meilleure qualité de vie, mais c'est les enfants dans le
couple, là. Ça fait que, tu sais... Le Tribunal unifié, ça s'inscrit là-dedans
pour justement faire en sorte de centrer ça sur l'intérêt de l'enfant, comme
les trois autres projets de loi qu'on a faits, pour réfléchir en fonction des
enfants.
Vous savez, il y en a des conflits puis il
y en aura toujours entre les parents, on ne peut pas empêcher ça. Mais si on
adapte notre système de justice en fonction des besoins puis des particularités
des familles, on s'en va dans la bonne direction.
Mme Maccarone : Et c'est pour
ça, même dans mes remarques préliminaires, je dis que je comprends le sens,
puis je trouve l'initiative très intéressante, surtout que ça fait longtemps
depuis qu'on en discute. Ça fait que là le Québec ne va pas suivre le même
processus que les autres provinces, parce que les autres provinces, tout est au
Cour supérieure. Mais, pour nous, ça va être au Cour du Québec. Ça fait que
quelle est... C'est quoi, le passe-droit? Qu'est-ce que nous avons besoin de
faire ici, en termes de négociation? Le gouvernement fédéral doit accepter quoi
exactement pour que nous puissions poursuivre avec ce tribunal unifié sous la
responsabilité entière du Cour du Québec?
M. Jolin-Barrette : Mais vous
l'avez bien dit, dans le fond, le mariage, le divorce est de juridiction
fédérale pour l'instant. Alors, il faut que le Québec puisse obtenir cette
compétence.
Mme Maccarone : Mais,
mettons, le fédéral a juste à dire : Oui, pas de problème, on vous cède
cette compétence, parce que l'inverse, c'est que la province, c'est les
compétences au Cour supérieure, c'est ça, dans les autres provinces.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, les tribunaux, supposons, qui sont de nomination des États fédérés,
exemple, comme la Cour du Québec, dans le fond, ils doivent se voir attribuer
une compétence précise par la loi. Donc, exemple. Lorsqu'il n'existe pas de
tribunal qui sont de nomination québécoise... O.K., supposons que la Cour du
Québec n'existerait pas, mais, par défaut, le pouvoir résiduaire de la Cour supérieure
fait en sorte que c'est eux qui captent les matières. Mais, lorsque le
législateur décide d'attribuer certaines compétences à des tribunaux, que ce
soit tribunaux judiciaires ou tribunal administratif, mais, à ce moment-là, ça
décharge la Cour supérieure de cette compétence-là.
À titre d'exemple, exemple, le Tribunal
administratif du logement, mais le législateur est venu créer un tribunal
administratif pour traiter des baux, des évictions, des expulsions des litiges
entre locataires et locateurs. Donc là, c'est une compétence qui est dévolue.
Même chose quand on a fait la Cour du Québec, c'est la fusion de trois cours,
notamment la Cour des sessions de la paix, le Tribunal de la jeunesse. Alors,
c'étaient des compétences qui avaient été attribuées par loi. Donc là, on fait
la même chose, on attribue par loi la compétence en matière d'union parentale,
d'union civile, de grossesse pour autrui, qui sont des lois québécoises. Et,
ultimement, lorsqu'on aura la compétence en matière de divorce et de mariage,
on va faire la même chose, le législateur va l'attribuer à la Cour du Québec.
Mme Maccarone : Donc, ça veut
dire qu'il n'y a aucun changement nécessaire au niveau de la législation
fédérale. Ils ont juste à dire : Quand vous aurez les discussions avec le
nouveau ou nouvelle ministre de la Justice, voici la négociation, c'est ça
qu'on souhaite. Eux, ils ont juste à dire oui. Puis, de leur côté, c'est ça, ma
question : Eux, ils doivent faire quoi...
Mme Maccarone : …pour que
nous, on peut… puis que vous, vous pouvez déposer votre prochain projet de loi,
mettons, pour dire : Mais voilà, on procède à la prochaine étape.
Qu'est-ce qui nous manque entre les deux?
M. Jolin-Barrette : Bien, il
y a différentes modalités qui peuvent être négociées avec le gouvernement
fédéral. Alors, comme je comprends que vous souhaitez, notamment, me donner
votre appui pour nous mandater pour négocier avec le gouvernement fédéral, je
ne souhaite pas divulguer la nature des négociations qu'il y aura avec le
gouvernement fédéral.
Mme Maccarone : Ce n'est pas
ça que je… ce n'est pas ça, ma question. Ma question, c'est, mettons, le
meilleur scénario, vous, vous souhaitez avoir quoi? Vous allez négocier pour
avoir quoi, exactement? C'est un… eux, ils doivent adopter de la législation?
Ils doivent faire quoi pour qu'on puisse procéder à la prochaine étape.
M. Jolin-Barrette : Bien, ils
vont devoir adopter ce qui doit être adopté en fonction de leurs droits et du droit
applicable. Cependant, il faut régler notamment la question des litiges… pas
des litiges, mais des demandes financières associées, parce que, dans les
autres juridictions des États fédérés, le gouvernement fédéral a financé ces
tribunaux-là. Alors, le Québec doit pouvoir avoir sa part aussi. Alors, on va
s'entendre avec eux que le mariage et le divorce sont traités à la Cour du
Québec. Et, suite à cette entente-là, bien, chacune des parties adoptera ce
qu'il est nécessaire de faire.
Mme Maccarone : Ça fait que
ça veut dire : On s'attend à avoir de l'argent, puis eux, ils ont de la
législation à adopter, qu'on puisse poursuivre.
M. Jolin-Barrette : Probablement.
Mme Maccarone : O.K. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
• (15 heures) •
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Il y en a un, je sais bien que, M. le ministre, vous avez dit
qu'il était en campagne fédérale, mais il y a un ministre quand même qui occupe
les fonctions. Donc, vous pourriez, je suis sûr, déjà, commencer, faire vos
approches, puis notamment profiter de ladite campagne pour faire vos demandes,
les demandes du gouvernement du Québec afin de rapatrier ces pouvoirs-là. Ça me
semble une… un moment fort désigné pour le faire. Puis je vous appuierais dans
cette optique-là. Donc, je vous invite à informer la presse dès que possible de
votre intention de faire ces demandes-là pour un vrai tribunal unifié pour la
famille.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, j'apprécie l'appui et le support du député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
mais d'ailleurs, j'ai informé la presse au moment de la conférence de presse
que c'étaient des négociations. D'ailleurs, j'avais déjà eu des échanges avec
M. Virani à ce sujet-là. Vous comprendrez que je constate que mes homologues au
gouvernement fédéral, présentement et jusqu'au 28 avril, sont un peu
occupés.
M. Cliche-Rivard : Très bien.
M. Jolin-Barrette : Alors,
nous, notre priorité, c'est les familles pour l'instant. Eux, ils ont d'autres
priorités pour les deux, trois prochaines semaines.
M. Cliche-Rivard : Pour bien
vous entendre, là, tout à l'heure, là, vous avez parlé effectivement que la
question du mariage, c'est notamment une question constitutionnelle.
L'explication, par contre, pour l'union de fait puis les enfants nés avant
l'application des dispositions liées au patrimoine de l'union parentale, ça,
c'est plutôt une question d'y aller graduellement. Parce que vous pourriez le
faire, là, juridiquement, sans contestation avec le fédéral.
M. Jolin-Barrette : On y va
graduellement, étape par étape.
M. Cliche-Rivard : Donc, non,
sur ce volet-là, vous n'y voyez pas d'enjeu constitutionnel. Vous pourriez le
faire légalement dès demain.
M. Jolin-Barrette : On y va
étape par étape.
M. Cliche-Rivard : J'en
comprends ce que j'en comprends. Sur la question de la filiation, le barreau
disait, sur cet autre élément là, puis j'aurais voulu vous entendre, là, Le
Barreau disait : L'ensemble des demandes en matière de filiation, incluant
celles ne découlant pas d'un projet parental impliquant une grossesse pour
autrui, ça, c'est la même chose, spécifiquement, c'est une question d'intention
et non pas de compétence.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Ultimement, tout va se diriger vers la Cour du Québec, vers le tribunal unifié.
C'est une question de transition pour les dossiers. Donc, pour l'instant,
première étape, on vient créer l'assise du tribunal unifié. On lui confie les
derniers régimes qui ont été développés par le législateur. Et ultimement, on
aura un tribunal unifié qui regroupera l'ensemble des dossiers en matière de
droit de la famille au Québec.
M. Cliche-Rivard : Donc,
ultimement, il sera unifié. C'est… là, vous l'appelez tribunal unifié, mais il
le deviendra plus qu'il l'est actuellement, là.
M. Jolin-Barrette : Je vous
dirais une unification complète et insoluble.
M. Cliche-Rivard : Parce que
je reviens aux propos, quand même, de Me… notamment, à la discussion sur la
Chambre de la famille versus le tribunal unifié de la famille, j'imagine que
vous avez réfléchi, suivant les interventions de différents acteurs sur ce
volet-là?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, le tribunal unifié de la famille va comprendre les dossiers en matière
jeunesse aussi. Alors, je comprends qu'on est dans la sémantique de chambre
puis aussi il y a une question de ne pas alourdir aussi la structure à la Cour
du Québec. Parce que, quand vous créez une chambre, il y a un autre juge en
chef adjoint. Alors, on n'est pas dans les structures, on est plus…
15 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...plus
dans l'efficacité, pour faire en sorte que les dossiers puissent cheminer
rondement, puis les juges qui vont y être affectés, c'est, notamment, les juges
de la Chambre civile et de la Chambre de la jeunesse. Donc, le législateur
indique ça dans le projet de loi, mais il revient au juge en chef et aux juges
coordonnateurs de faire les assignations. Lorsqu'on est nommé juge à la Cour du
Québec, on est juge de la Cour du Québec, donc ça inclut toutes les chambres.
La pratique, à la Cour du Québec, c'est d'être affecté à certaines chambres.
Plus les districts sont gros, plus, généralement, vous êtes dans une seule
chambre, mais, par contre, quand les districts ont une volumétrie moindre, ça
arrive fréquemment que les juges sont assignés aux trois chambres.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que quand... Je reviens sur Me Costanzo qui nous dit, là : «Ainsi, la
structure proposée n'unifie pas les procédures qui concernent les matières
familiales, au contraire, elle morcelle davantage le système judiciaire en
retirant à la Cour supérieure les litiges relatifs aux unions civiles, aux
unions parentales et aux conventions de grossesse pour autrui.» Vous, vous
dites : C'est peut-être vrai pour l'instant, mais, à terme, votre intention,
c'est d'en faire un vrai tribunal unifié.
M. Jolin-Barrette : Ah non,
je ne dis pas... Je suis en désaccord complet avec Me Costanzo. Au contraire,
on vient unifier, on vient unifier puis on vient ramener tout sous la même
instance. Écoutez, je pense que 98 ou 99 % des dossiers en matière
criminelle sont à la Cour du Québec, parce que, quand ça s'en va à la Cour
supérieure, puis là peut-être que le député de l'Acadie va m'aider...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : 469 du
Code criminel, c'est la juridiction exclusive de la Cour supérieure?
M. Morin : Oui, c'est ça.
468.
M. Jolin-Barrette : 468.
M. Morin : C'est la
compétence d'une cour supérieure de juridiction criminelle. Au Québec, c'est la
Cour supérieure. 469 leur donne, pour une liste de crimes, une compétence qui
est exclusive. Le crime le plus connu, là-dedans, c'est le meurtre, parce qu'intimider
le Parlement en haute trahison, c'est moins poursuivi au Québec.
M. Cliche-Rivard : On se le
souhaite.
M. Jolin-Barrette : Je
croyais que vous alliez me dire que le crime était alerter Sa Majesté.
M. Morin : Ah bien, il y a
celui-là aussi, oui, mais ça, je laisse ça au DPCP, c'est de sa compétence.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Alors, écoutez, la majorité, bien, en fait, la très, très, très grande majorité
des dossiers en matière criminelle sont traités à la Cour du Québec, à part les
dossiers devant jury, également, qui sont à la Cour supérieure, aux Assises. Et
donc là, on va se retrouver, avec le tribunal unifié, à avoir les dossiers de
jeunesse et d'union parentale au sein de la même instance. Donc, justement, on
vient décloisonner.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Bachand) :Merci. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Alors... on a
envoyé un amendement dans le Greffier.
M. Jolin-Barrette : Il faut
juste statuer sur 37.2.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, mais je... Là, il y a un amendement,
mais on discute sur un amendement, déjà, alors ça pourrait devenir un
sous-amendement, éventuellement.
M. Morin : O.K., un
sous-amendement à l'amendement, d'accord, mais là on... mais nous, c'est à
37.1.
M. Jolin-Barrette : O.K.,
bien, réglons le 37.2, on pourra revenir à 37.1...
M. Morin : O.K., c'est bon.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de
Westmount-Saint-Louis.
Mme Maccarone : J'ai juste
une autre question, parce que le ministre a fait référence à la DPJ puis moi,
ma compréhension en lisant les mémoires, c'est... il y avait des grandes
préoccupations par rapport à ceci, qu'on va avoir des écarts, encore une fois,
un témoignage à une place puis un témoignage à une autre place, puis ça peut être
utilisé contre une personne victimisée.
Ça fait que, quand on parle de chambre de
jeunesse, justice familiale, protection de... de la DPJ, comment ça va
fonctionner? Qu'est-ce qui va être transféré?
M. Jolin-Barrette : Il
pourrait, dans le fond, y avoir enquête commune. Dans le fond, le même juge...
Puis vous vous rappellerez que... je ne sais pas si vous étiez là, sur le
projet de loi no 56, là, en matière familiale...
Mme Maccarone : Une part, là.
M. Jolin-Barrette : ...mais
on est venu indiquer notre souhait. Puis il y avait beaucoup de groupes qui
étaient venus nous dire ça, dans le projet de loi no 56, le fait que ce soit le
même juge qui suit le dossier. Ça fait qu'on avait mis ça à la fois pour la Cour
supérieure, le fait que le juge en chef favorise le fait qu'il y ait un même
juge pour tous les dossiers familiaux. On l'avait mis également à la Cour du
Québec, en matière de protection de la jeunesse, donc. Et c'est l'objectif du
tribunal unifié.
Donc, dans le fond, lorsque les parties
vont être à la cour... Parce qu'il faut le savoir, en matière jeunesse, ce n'est
pas exactement les mêmes parties qu'en matière...
Mme Maccarone : ...
M. Jolin-Barrette : En
matière jeunesse ce n'est pas les mêmes intervenants qu'en matière familiale.
Donc, dans le dossier jeunesse, vous allez avoir les... supposons, les
procureurs de la DPJ.
Mme Maccarone : O.K., là,
vous allez donner un exemple. O.K. C'est bon.
M. Jolin-Barrette : ...vous
le dire là, là.
Mme Maccarone : Oui. Oui, c'est
ça, ça va aider.
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est
ça. Dans le fond, quand vous êtes en jeunesse, les parties impliquées, il y a
les enfants, il y a les...
M. Jolin-Barrette : ...mais il
y a aussi également la DPJ qui est représentée par les avocats. En matière
familiale, exemple l'union parentale, la DPJ n'est pas dans le dossier parce
que c'est un litige de nature privée. Donc, lorsqu'il y a un signalement de DPJ
puis c'est traité, le juge qui va être au tribunal la famille va avoir son
dossier DPJ avec les acteurs DPJ, puis il va y avoir aussi l'autre dossier qui
est le litige en matière familiale. Ça fait que ça va être le même juge, mais
il va ouvrir le dossier en matière DPJ et ils vont pouvoir faire une enquête
commune. Donc, sur les faits, donc la preuve va pouvoir être... va pouvoir être
dans les deux dossiers pour simplifier le tout, mais il va statuer dans le
premier dossier, demande en tribunal unifié puis ensuite traite du second
dossier, exemple, sur le partage du patrimoine de l'union parentale. Parce que
la DPJ n'a pas à intervenir sur le partage de la maison, sur la liquidation de
la maison puis sur les autos. Donc, c'est pour ça que ça permet de simplifier
le tout. Ça va être le même juge à l'intérieur de la même instance. Il a son
dossier DPJ, il a son dossier familial, mais il va pouvoir les faire,
supposons, à la suite de l'autre ou va pouvoir faire l'enquête commune et il va
pouvoir simplifier le tout. Donc, ça vient répondre aux demandes, notamment des
groupes.
Mme Maccarone : Est-ce que ça
veut dire que c'est un juge qui peut uniquement travailler maintenant au
tribunal unifié?
• (15 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Non. Les
juges de la Cour du Québec sont assignés en fonction d'où le juge coordonnateur
et d'où le juge en chef soit y travaille. Donc, généralement, ils traitent les
dossiers plus en fonction de leur champ d'expertise. Mais quand vous êtes nommé
juge à la Cour du Québec, vous pouvez traiter de toute matière, vous êtes
compétent sur tout. Là, ça revient d'une régie interne de la cour qui est
maître d'oeuvre de l'assignation de ses juges, comme c'est le cas en matière de
Cour supérieure où est ce qu'ils font différents types de droits. Comme à la
Cour du Québec, ils font différents types de droits. Comme je vous le disais,
dans certaines régions, les juges sont principalement affectés à trois
chambres, parfois c'est à deux chambres, parfois, c'est uniquement qu'à une
chambre.
Mme Maccarone : Est-ce que ça
veut dire qu'il y a une formation prévue parce qu'on va avoir des juges avec
des compétences spécifiques qui ne seront pas nécessairement spécifiques dans
un autre dossier maintenant que tout va être unifié?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, première chose, tous les juges désormais qui sont nommés depuis le
tribunal spécialisé à la Cour du Québec doivent suivre une formation en matière
de violence sexuelle et conjugale. Par la suite, pour le type de formation,
c'est le Conseil de la magistrature qui est compétent, qui est responsable de
la formation des juges.
Mme Maccarone : Alors, est-ce
que vous avez eu un entretien avec eux en ce qui concerne cette étape, pour
s'assurer qu'on a une compréhension commune puis que ce type de formation va
être nécessaire?
M. Jolin-Barrette : Les
juges, lorsqu'ils sont nommés, ils sont compétents. Ils peuvent avoir du
perfectionnement, puis, c'est comme dans n'importe quel domaine, il peut y
avoir de la formation continue.
Mme Maccarone : Ça fait
qu'ils sont au courant et ils sont d'accord, ils savent qu'il y a du
perfectionnement à venir pour s'assurer...
M. Jolin-Barrette : Bien, à
chaque année, pour l'ensemble de la magistrature, que ce soit par le Conseil
canadien de la magistrature, que ça soit par le Conseil de la magistrature du
Québec, c'est eux qui sont chargés de la formation des juges. L'État... le
gouvernement, pardon, le gouvernement, ce n'est pas le gouvernement qui forme
ou qui perfectionne les juges, c'est le principe de l'indépendance judiciaire.
Ce sont eux qui sont chargés de la formation.
Mme Maccarone : Sauf pour la
nomination des nouveaux juges, là, on peut avoir des obligations de compétence
avant qu'ils débutent leurs travaux.
M. Jolin-Barrette : Il y a un
engagement de suivre la formation en matière de violences sexuelles et
conjugales, puis, dans le cadre du règlement de sélection des juges, bien, les
trois meilleurs candidats sont recommandés en fonction des critères qui sont
prévus au règlement. Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement à 37.2 de l'article 2? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Je... Vous avez présenté votre amendement, M. le ministre, je
n'étais pas tout à fait arrivé. Alors, je me demandais si vous aviez expliqué
l'ajout, là, le deuxième, sur la question de... le changement de noms qui sont
liés.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien, parce qu'on avait l'amendement à 37.1 aussi. Donc là, on a l'amendement
au deuxième lorsque c'est en lien avec l'autorité parentale. Donc, s'il y a
l'autorité parentale, il y a une demande de changement de nom. On veut qu'ils
puissent être compétents à la cour pour le faire. C'est comme...
M. Cliche-Rivard : Je
comprends. La question, vous en avez glissé un mot un petit peu plus tôt dans
les...
M. Cliche-Rivard : ...la
Cour supérieure se voit donc dépourvue de certaines juridictions, de certains
pouvoirs. Est-ce que vous avez établi ou discuté d'éléments de comment ils...
comment ils réagissaient ou comment... Vous avez discuté de ça avec eux, ou il
n'y a pas d'éléments là-dessus à la connaissance de la commission?
M. Jolin-Barrette : Je
constate qu'il n'y a pas d'éléments qui sont portés à la connaissance de la
commission.
M. Cliche-Rivard : Et
vous, vous avez eu des discussions avec la Cour supérieure?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Cliche-Rivard : Et
quelle en était la nature que vous pouvez nous révéler, là?
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, c'est des conversations privées.
M. Cliche-Rivard : Mais
on constate comme vous qu'il n'y a pas de dépôt de communication.
M. Jolin-Barrette : Je
constate, tout comme vous, la constatation.
M. Cliche-Rivard : Donc,
vous ne voulez pas ajouter, ou commenter, ou informer la commission de la
teneur de ces discussions-là?
M. Jolin-Barrette :
C'est des discussions de nature privée.
M. Cliche-Rivard : Je
n'ai pas compris. Pardon.
M. Jolin-Barrette : J'ai
dit : Ce sont des discussions de nature privée.
M. Cliche-Rivard : Donc,
dans d'autres circonstances, on a reçu des communications, vous le savez très
bien. Donc, on peut s'attendre à ce que les choses se passent mieux?
M. Jolin-Barrette :
Qu'est ce que vous voulez dire par «mieux»?
M. Cliche-Rivard : Que
dans des circonstances précédentes.
M. Jolin-Barrette : Ça
se passe toujours bien en commission parlementaire.
M. Cliche-Rivard : Non,
non. Je veux dire...
M. Jolin-Barrette :
D'ailleurs, moi, j'adore travailler avec vous. Et ma grande inquiétude, c'est
que vu que vous êtes nommé co-porte-parole, c'est que vous ne viendrez plus
ici, là.
M. Cliche-Rivard : Oui.
Bien, vous voyez que je suis là. Ça fait qu'à défaut, votre inquiétude...
M. Jolin-Barrette : Vous
êtes fidèle au poste.
M. Cliche-Rivard : Votre
inquiétude me semble... Je la comprends, mais pour l'instant, elle n'est pas
fondée. On verra où ça nous mène.
M. Jolin-Barrette :
Est-ce que vous...
M. Cliche-Rivard : Ceci
dit, je vous ai posé une question relative à la réceptivité de la cour face à
votre projet de loi. J'en comprends que le tout s'est réglé dans l'ordre et
l'harmonie.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, moi, ce que je peux dire, c'est que je suis fier de déposer un
projet de loi qui va simplifier la vie des familles québécoises et qui va faire
en sorte que, comme je l'ai dit, on va rendre le système de justice qui est
plus efficace, plus humain, en pensant au parcours des justiciables. Puis
ultimement d'avoir l'ensemble du droit familial sous la même juridiction, je
pense que c'est juste une simplification. D'ailleurs, tous les rapports nous
disent ça depuis 50 ans.
M. Cliche-Rivard : J'en
suis. Là, ma question, c'est : Est ce qu'on risque de se retrouver d'ici
quelques mois dans un litige qui complexifie la mise en œuvre de votre réforme?
M. Jolin-Barrette :
Bien, je ne le souhaite pas. Parce que pourquoi est-ce que l'État québécois,
pourquoi est-ce que le gouvernement du Québec dépose un projet de loi pour la
création du Tribunal unifié? C'est justement pour les familles du Québec. Et
c'est justement pour faire en sorte que ça soit plus simple. Alors, le choix
qui a été pris par le gouvernement, c'est d'aller de l'avant avec un tribunal
unifié à la Cour du Québec. C'est une posture constitutionnelle québécoise qui
a été défendue à la fois par le gouvernement du Parti québécois, à la fois par
le gouvernement du Parti libéral du Québec. Puis notre gouvernement s'inscrit
dans la même lignée que les gouvernements précédents. Donc, s'il y avait un
tribunal unifié, ça se ferait à la Cour du Québec. Puis on va de l'avant.
M. Cliche-Rivard : Et
vous n'entrevoyez donc pas à ce stade-ci d'éléments qui vous permettent de
croire qu'on se lancera dans une... dans un débat de juridiction.
M. Jolin-Barrette : Je
trouve qu'un débat de juridiction ne servirait personne. Je pense que l'ensemble
des cours au Québec sont très lucides, le comprennent. Et vous savez, ce n'est
pas un vote de non-confiance envers la Cour supérieure. Tout simplement, nous
voulons faire en sorte que l'ensemble du droit familial se retrouve sous la
même instance. Alors, ce n'est pas un désaveu en faveur des juges de la Cour
supérieure, aucunement. L'État québécois a choisi de consolider l'ensemble de
la juridiction familiale sous un même... sous un même chapeau, sous une même
instance. Donc, le gouvernement du Québec a décidé de le... de confier la
responsabilité à la Cour du Québec. On y va par étapes, graduellement, pour
l'instauration du Tribunal unifié, dans un souci d'objectif social, pour servir
les familles, l'intérêt des enfants, pour éviter le ping-pong entre les
différentes juridictions. Moindre coût, plus facile, plus accessible, c'est
l'intention qui est derrière ce projet loi.
M. Cliche-Rivard : Vous
exprimez clairement votre intention, M. le ministre, mais vous... Il n'y a
aucun élément, donc, qui vous permet d'entrevoir, ça, vous me l'avez
semi-expliqué, vous ne l'excluez pas, par contre. C'est possible qu'il y ait
une contestation sur la juridiction? C'est une possibilité?
M. Jolin-Barrette :
Toutes les lois québécoises sont susceptibles...
M. Cliche-Rivard :
Exact.
M. Jolin-Barrette :
...de contestation. Parfois...
M. Jolin-Barrette : …M. le
Président, je reçois des demandes d'injonction sur des lois qui ne sont pas
adoptées.
M. Cliche-Rivard : Puis souvent
les tribunaux donnent gain de cause à ces gens-là. On a déjà joué dans ce
film-là, vous et moi.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
ne dirais pas «souvent»…
M. Cliche-Rivard : Bien, je
dirais…
M. Jolin-Barrette : Ça peut
arriver, puis c'est le rôle des tribunaux d'exercer leur contrôle judiciaire.
On respecte ça, comme c'est le rôle du Parlement d'adopter des lois et
d'édicter le droit. Parce que la règle de droit émane du Parlement, puis ça
relève de la souveraineté parlementaire.
M. Cliche-Rivard : Une fois
la loi adoptée, on ne s'obstinera pas là-dessus.
M. Jolin-Barrette : La
source… la source de droit.
M. Cliche-Rivard : Dernier
élément, si vous permettez, M. le Président, sur un autre élément, est-ce que
la difficulté ou voire le retard indu du gouvernement fédéral de nommer les
juges auprès de la Cour supérieure, comme vous l'avez demandé, comme on l'a
revendiqué avec vous, a motivé votre décision de rapatrier ça, ces dossiers-là
notamment, mais pas que, à la Cour du Québec? Est-ce qu'il y a là quand même un
message que vous envoyez au fédéral de vous respecter puis de respecter le
Québec?
• (15 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Bien, mes
propos ne sont pas sur la nomination des juges. Mes propos sont sur les champs
de compétence québécois. Alors, oui, bien entendu, il faut que le gouvernement
fédéral respecte les champs de compétence québécois. Cela étant, puis vous
faites bien de le rappeler, on a modifié la Loi sur les tribunaux judiciaires
ensemble, en février, l'an passé, 2024, février ou mars, dans le projet de loi
n° 64… 54, 64? 54, hein? Oui, 54, on est venu créer sept postes de plus.
Donc, à 164 postes. À ce jour, on est rendus à 160 postes autorisés.
Donc, il y en manque toujours quatre, non comblés et non autorisés par le
gouvernement fédéral. Donc, on travaille encore en ce sens-là. Donc, récemment,
on en a eu quatre de plus. Pardon, 159, on est à 159. Il en manque cinq. Donc,
on est à 159, il en manque cinq.
M. Cliche-Rivard : Est-ce
qu'il en manque dans les autres juridictions, en appel ou…
M. Jolin-Barrette : En appel,
on a… à la cour d'appel, on avait créé un poste de plus pour être à 24. Ça fait
que je crois qu'on en a 23. Il y a peut-être une vacance, là, présentement en
Cour d'appel. Je pourrais vous revenir avec…
M. Cliche-Rivard : …moins
dramatique qu'à la Cour supérieure.
M. Jolin-Barrette : Bien, on
était à 22. On avait créé un poste à Montréal, un poste à Québec à la cour
d'appel. Il y a un poste qui a été créé à… qui a été comblé à Montréal. Ça fait
que… Mais je pense qu'il y a aussi une vacance pour une retraite, mais je
pourrais vous revenir avec l'information exacte sur il y a combien de juges en
fonction présentement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de l'Acadie, s'il vous
plaît.
M. Morin : Oui. Merci, M. le
Président. M. le ministre, je vous réfère au mémoire de la Chambre des notaires
à la page 22, ils soulignaient, et à juste titre, là, c'est avec des
statistiques, que 43 % des Québécois se déclarent conjoints de fait. Donc,
dans la mouture actuelle du projet de loi, un grand nombre de dossiers d'unions
de fait échapperaient à l'autorité du tribunal que vous voulez créer. Donc, la
Chambre des notaires recommandait de modifier le libellé de 37.2 pour refléter
la situation. Avec l'amendement que vous nous proposez, est-ce que vous allez
dans le même sens que la Chambre des notaires? Et donc vous allez vous assurer
que le libellé soit modifié pour refléter la situation, à savoir que 43 %
des Québécois sont en… sont des conjoints de fait, finalement.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est la discussion qu'on a eue tout à l'heure, je pense, avec votre
collègue aussi, à l'effet qu'on y va par étapes. Puis, dans le fond, ce serait
de viser tous les conjoints en union de fait. Alors, pour l'instant, nous, on y
va par étapes avec les derniers régimes qu'on a mis en place, union parentale,
union civile, grossesse pour autrui. Comme je l'expliquais tantôt, tous les…
Dans le fond, tout le monde qui est en union parentale, ultimement, chaque
nouvel enfant né de la famille ira à la Cour du Québec et ultimement, on va
aller sous le chapeau de la Cour du Québec.
M. Morin : Mais je…
M. Jolin-Barrette : Mais là,
juste, M. le Président, l'amendement, c'est sur l'union civile. Ça fait que
voulez-vous qu'on ferme l'amendement puis ensuite on…
M. Morin : Non, bien, c'est
ça, alors, donc, votre amendement ne répond pas à ce qui est écrit dans le
mémoire de la Chambre des notaires.
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Morin : Parfait. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Autres interventions à
l'amendement 37.2? S'il n'y a pas d'autre d'intervention, est-ce que l'amendement
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Donc, d'autres interventions? M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Bien, en fait,
j'ai envoyé dans Greffier, M. le Président, un amendement. D'abord, il y en avait
un à 37.1, si mon souvenir est bon. Alors…
Le Président (M.
Bachand) : Oui… donc, on comprend que ce serait un
sous-amendement.
M. Morin : Ce serait un
sous-amendement, en fait.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Alors, le voici.
M. Morin : En fait, quand je
l'ai envoyé, c'était un amendement, mais là c'est devenu un sous-amendement.
Des voix : …
M. Morin : C'est un
amendement, bon…
Le Président (M.
Bachand) :...oui. Mais vous pouvez faire
la lecture, M. le député.
M. Morin : Oui, tout à fait.
Alors, article 2, 37... Woups! O.K. Article 2, 37.1, CPC, modifier
l'article 37.1 du Code de procédure civile (chapitre C-25.01)...
Woups! ça bouge. C'est normal? D'accord. C'est parce que c'est difficile à
suivre un peu pour la lecture. On va attendre que l'écran soit stabilisé. C'est
stabilisé, d'accord.
Donc, article2, 37.1, CPC : Modifier
l'article 37.1 du Code de procédure civile (chapitre C-25.01) tel
qu'introduit par l'article 2 du projet de loi par la suppression après
«filiation» de «un enfant issu d'un projet parental impliquant une grossesse
pour autrui».
37.1 se lirait ainsi : «La Cour du
Québec connaît, à l'exclusion de la Cour supérieure, des demandes en matière de
filiation, de changement de nom qui y sont liées.».
Donc, au fond, le but de l'amendement,
c'est... c'est de mettre en application concrète la majorité... enfin un nombre
important de recommandations, M. le Président, qui nous ont été faites par
différents groupes, qui feraient en sorte que, dans les domaines finalement où
il n'y a pas d'intervention comme telle obligatoirement de la Cour supérieure
pour des motifs constitutionnels, la Cour du Québec pourrait effectivement
entendre ces... ces litiges-là à condition qu'on leur donne la compétence.
Comme l'a souligné M. le ministre
précédemment, la Cour supérieure du Québec, bon, c'est le tribunal de droit
commun, mais c'est aussi une cour, et c'est la seule d'ailleurs qui a une...
qu'on... en fait, qui a une compétence inhérente. Donc, quand il y a... Dans
notre droit, quand il n'y a pas spécifiquement de compétences qui sont données
à un tribunal, bien. Évidemment, la Cour supérieure, elle peut l'entendre. Il
faut effectivement qu'il y ait un tribunal qui puisse l'entendre.
Moi, ce que... ce qu'on propose, nous,
l'opposition officielle, pour assurer une cohérence puis finalement, bien,
aider le ministre dans l'objectif qu'il poursuit, c'est de faire en sorte que,
dans tous les domaines, notamment en matière de filiation, qui ne relèvent pas
de la Cour supérieure exclusivement, bien, la Cour du Québec pourrait connaître
ces dossiers-là. Ce qui fait que ça simplifierait la procédure. Et donc, pour
les justiciables, quand ils ont une demande en matière de filiation, ils pourraient
donc s'adresser à la Cour du Québec. Et donc ça permettrait finalement à la
Cour du Québec d'entendre l'ensemble de ces dossiers-là. Et c'est ce que
plusieurs groupes nous ont... nous ont suggéré, M. le Président.
Donc, moi, j'invite... Je comprends que le
ministre veut procéder par étapes. Je comprends qu'il y a des étapes qui sont
plus difficiles que d'autres à atteindre. Mais, celle-ci, c'en est une qui
pourrait être faite. Et, parmi les groupes qui sont venus exprimer leur
opinion, qui ont partagé avec nous leur opinion, plusieurs disaient :
Bien, écoutez, ce n'est pas véritablement un tribunal unifié, ça a le nom mais
ça n'a pas la compétence, etc. Donc, au fond, nous, ce qu'on veut faire, c'est
de s'assurer que, dès l'adoption du projet de loi, la Cour du Québec pourra
évidemment exercer sa compétence dans tous les domaines qui ne relèvent pas
exclusivement de la Cour supérieure, d'où l'amendement qui est proposé.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, je ne suis pas en désaccord avec l'idée, la proposition du député
de l'Acadie. Cependant, on a décidé, en créant le Tribunal unifié de la
famille, d'y aller étape par étape. Donc, on crée l'assise du tribunal unifié,
on confie les plus récents régimes développés par le législateur québécois,
l'union parentale, l'union civile, la grossesse pour autrui. Donc, c'est la
première phase et la première étape du tribunal unifié. Et, par la suite,
éventuellement, bien, il y aura l'ensemble des juridictions qui seront à la
Cour du Québec, au tribunal unifié.
Donc, pour cette raison-là, je n'appuierai
pas l'amendement qui a été déposé par mon collègue. Bien que l'esprit,
l'objectif et le sens, je le partage, on va y arriver, mais on y va... on est
dans une démarche graduelle.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : M. le
ministre, est-ce que les... On parlait tantôt des discussions que vous voulez
ou ne voulez pas révéler, là, avec la Cour supérieure. Est-ce que la
possibilité puis les éléments de... graduellement un retour dans la Cour du
Québec ont fait partie de la discussion?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, comme je vous l'ai dit d'une façon... avec grande gentillesse, je ne
dévoilerai pas le contenu des discussions que j'ai eues ou que je n'ai pas eues
avec la Cour supérieure.
M. Cliche-Rivard : La Cour
supérieure était, ceci dit, d'accord de préserver cette compétence-là pour
l'instant?
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
je vais réitérer ce que je viens de vous dire, je ne vous révélerai pas les
discussions de nature confidentielle...
M. Jolin-Barrette : ...que
j'ai eu ou pas avec la Cour supérieure.
M. Cliche-Rivard : Mais vous
en avez eu. Vous nous avez dit que vous avez eu des discussions avec la Cour
supérieure. Vous en avez eu aussi avec la Cour du Québec?
M. Jolin-Barrette : J'ai
informé la Cour du Québec.
M. Cliche-Rivard : La Cour du
Québec a, j'imagine, reçu ça quand même positivement?
M. Jolin-Barrette : Encore
une fois, je ne commenterai pas les discussions que j'ai eues avec la Cour du
Québec, également.
M. Cliche-Rivard : On note
quand même que la Cour du Québec non plus ne nous a pas fourni de communication
comme ils l'ont fait dans précédents projets de loi. Donc, on ne peut pas en
tirer de conclusions, mais on devine bien qu'ils n'ont pas d'opposition
manifeste à l'adoption du projet de loi.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous dirais, M. le Président, puis le député de Saint-Henri-Sainte-Anne sera
d'accord avec moi, le législateur québécois n'a pas à recevoir l'approbation
des tribunaux, des différentes cours lorsqu'on adopte un projet de loi. C'est
aux législateurs, ensemble, vous, moi et les collègues, à exercer notre
prérogative de législateurs à l'abri de toute influence.
M. Cliche-Rivard : ...d'une
disposition liée à l'indépendance judiciaire. On va être d'accord tous les
deux. Évidemment.
M. Jolin-Barrette : Sous
réserve de la séparation des pouvoirs et surtout de la souveraineté
parlementaire qui est générateur de la règle de droit.
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait. Rien...
M. Jolin-Barrette : Et, par
la suite, il peut y avoir un dialogue interinstitution qui s'applique.
M. Cliche-Rivard : Exact.
M. Jolin-Barrette : Et on
n'oublie pas qu'on est dans un régime britannique de type Westminster. Et
ultimement, c'est le Parlement qui est maître des lois et du droit applicable.
M. Cliche-Rivard : Rien
n'empêche, ceci dit, qu'on puisse recevoir leurs avis dans ces dialogues-là et
discussions comme on l'a fait dans la dernière année ou deux. Mais j'en suis
que c'est aux législateurs d'adopter les lois du Parlement du Québec. Mais rien
ne nous empêche de recevoir et de solliciter, au cas échéant, le commentaire ou
l'avis des tribunaux, si on le souhaite.
Ceci dit, j'entends que vous avez
effectivement eu des discussions avec la Cour du Québec.
M. Jolin-Barrette : J'ai eu
des discussions et j'ai informé la Cour du Québec.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président.
M. Jolin-Barrette : Comme
j'ai eu des discussions avec la Cour supérieure.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions sur
l'amendement du député de l'Acadie? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce
que l'amendement est adopté?
M. Morin : ...appel nominal,
s'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Vote par appel nominal. M. le
secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
Le Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
Le Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
Le Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire : M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
Le Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. M. le député d'Acadie, vous aviez un autre amendement, je crois.
M. Morin : Oui. Avant de
présenter l'autre amendement, est-ce que je peux vous demander une courte
suspension, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Alors, on suspend
quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 31)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 36)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux.
Alors, M. le député d'Acadie, s'il vous plaît!
M. Morin : Voilà! Donc...
Alors, on a envoyé un amendement, finalement, à l'article amendé. Donc, je vais
en faire la lecture.
Le Président (M. Bachand) :S'il vous plaît.
M. Morin : Donc, article 2
du projet de loi, 37.2 du Code de procédure civile : Modifier l'article 37.2
du Code de procédure civil (chapitre C-25.01) tel qu'introduit par
l'article 2 du projet de loi par l'insertion dans son premier alinéa « ou
à l'union parentale » de « ou aux unions conjugales non formalisées ».
«37.2. La Cour du Québec connaît, à
l'exclusion de la Cour supérieure, des demandes relatives à l'union civile ou à
l'union parentale ou aux unions conjugales non formalisées concernant la garde
d'un enfant, les aliments dus à un enfant ou à un conjoint, le partage du
patrimoine familial ou d'une union parentale et les autres droits patrimoniaux
résultant de la vie commune ainsi que la protection de la résidence familiale.
«Lorsque la Cour du Québec est déjà saisie
d'une demande relative à l'union civile ou à l'union parentale, elle peut se
prononcer sur les demandes qui y sont liées concernant l'émancipation, la
tutelle légale ou la tutelle supplétive.
«La Cour du Québec connaît également, à
l'exclusion de la Cour supérieure, des demandes relatives à l'autorité
parentale présentées par les parents ainsi que celles relatives aux aliments
réclamés par un enfant majeur lorsque les père et mère ou les parents forment
ou ont formé une union civile ou une union parentale.»
Voilà! Alors, en fait la raison qui motive
le dépôt de cet amendement, M. le Président, c'est suite justement aux consultations
que nous avons eues, les consultations particulières, qui sont, comme je le
disais au début des... en fait un apport très important, je trouve, aux travaux...
aux travaux de la commission. Et notamment à la chambre... à la Chambre des
notaires, on nous soulignait dans leur... dans leur mémoire qu'ils ont déposé,
qu'ils veulent, et la chambre appuie le fait que les demandes concernant l'union
parentale, et je cite leur mémoire, soient attribuées au sein de la Cour du
Québec...
M. Morin : ...toutefois, la
chambre tient à rappeler que l'union parentale demeure à la base une union de
fait à laquelle le législateur rattache des conséquences juridiques en raison
de la présence d'un enfant commun. En somme, l'union parentale n'est pas un
type d'union, mais un régime juridique, c'est ce que soutient la chambre. Ce
faisant, dans la situation actuelle proposée par le projet de loi no 91, les
demandes relatives à l'union parentale seraient entendues devant le tribunal
unifié de la Cour du Québec, alors que les demandes concernant l'union de fait
seraient entendues devant la Cour supérieure. La chambre voit une certaine
incohérence dans cette situation, le type de conjugalité, donc, union de fait,
et le régime juridique, union parentale, seraient traités dans deux cours
différentes.» D'ailleurs, quand les représentants de la chambre sont venus en
commission parlementaire, ils nous ont soulevé ce fait.
Comme je le soulignais précédemment, près
de 43 % des Québécois se déclarent conjoints de fait. Ce sont des
statistiques de Statistique Canada en 2022, couples en union libre, un portrait
des tendances récentes. Donc, c'est quand même un nombre important, on parle de
43 % des Québécois qui se déclarent conjoints de fait. C'est presque la
moitié. «Ce faisant, dans la mouture actuelle du projet de loi, un grand nombre
de dossiers en union de fait échapperaient à l'autorité du tribunal unifié de
la famille. La chambre croit donc que, pour réellement porter ses fruits et
donner des résultats concrets aux citoyens, les demandes concernant l'union de
fait devraient être attribuées au Tribunal unifié de la famille. Ainsi, outre
l'union civile, dont le formalisme est manifeste, l'ensemble des demandes
relatives aux unions conjugales non formalisées, d'où le nom, se verraient
entendues par le Tribunal unifié de la famille. La chambre recommande donc de
modifier le libellé du nouvel article 37.2 du Code de procédure civile afin de
refléter cette situation.» Et c'est la recommandation 4 du document de la
Chambre des notaires, et c'est la raison pour laquelle, compte tenu de
l'expertise des notaires dans ces domaines, que nous reconnaissons d'emblée, on
a utilisé évidemment le même vocable, la même rédaction, finalement.
• (15 h 40) •
Mais ce n'est pas tout, M. le Président,
puis je me permets... je me permets d'insister parce que la Chambre des
notaires a fait cette recommandation-là, mais l'Association professionnelle des
notaires du Québec, qui n'est pas la chambre, mais qui est une association de
notaires, allait dans le même sens, c'est-à-dire, et je cite leur mémoire à la
page 5, en fait, on disait qu'il y avait «peut-être un risque de créer une
disparité inutile entre des catégories d'enfants». Et on ajoute : «De
surcroît — et je cite leur mémoire — toujours dans
l'optique de centraliser la compétence judiciaire en droit de la famille vers
le même tribunal, puis je comprends que c'est l'objectif que poursuit M. le
ministre, tous types de dossiers confondus. Alors, sachez que l'Association
professionnelle des notaires du Québec témoignera son appui au gouvernement, et
elle est prête, évidemment, à en discuter, même discuter du transfert fédéral,
de la délégation vers la Cour du Québec.» Cependant, ils ajoutent : «Nous
croyons que, puis c'est souligné en caractère gras, donc ils voulaient vraiment
qu'on voie leur recommandation, nous croyons que tous les couples, peu importe
la forme juridique de leur union, de même que leurs enfants, méritent de
bénéficier de l'approche innovante du Tribunal unifié de la famille.»
Et ce n'est pas tout. Dans le mémoire du
Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, on
souligne également, à la page 11 de leur mémoire, que «le tribunal unifié de la
famille, dans la forme qu'il a présentement, n'est accessible que pour deux
types d'union.» Et donc il rappelle, selon ce groupe, que «le projet maintient
différentes catégories d'enfants, ce qui a pour but de les discriminer». Donc,
il voudrait effectivement qu'ils puissent, les couples, s'adresser au même
tribunal.
Donc, compte tenu de l'apport important
des groupes qui sont venus nous parler, qui ont pris le temps de réfléchir à la
situation et qui sont venus partager avec nous leurs connaissances dans le
cadre des consultations particulières, moi, je pense que, si on veut faire
preuve de cohérence, il serait important... puis de simplification aussi, pas
uniquement de la cohérence. La cohérence... c'est important d'être cohérent
puis d'être efficace, mais simplifier les recours, donc que ça vise,
finalement, également, les unions conjugales non formalisées. Et c'est la
raison pour laquelle, au nom de l'opposition officielle, je présente cet
amendement. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions?
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président. Bien, j'ai eu l'occasion de le dire, tout à l'heure, on y va par
étapes. Donc, non pas que je sois en désaccord avec l'intention, l'objectif du
député de l'Acadie, mais on y va par étapes. Donc, pour les conjoints de fait
qui ne sont pas...
M. Jolin-Barrette : ...union
parentale. Ce n'est pas du Tribunal unifié de la famille. Donc, on vise l'union
parentale, l'union civile et la grossesse pour autrui, qui sont des régimes
récemment développés par le législateur québécois, M. le Président. Alors, on
va poser les assises, on va mettre les bases, et éventuellement l'ensemble du
droit familial québécois, M. le Président, se retrouvera au Tribunal unifié de
la famille. Donc, pour cette raison-là, on va voter contre l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Allez-y, M. le député.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Ça fait suite, effectivement, aux discussions préalables qu'on a
eues, là, desquelles on a appuyé notamment sur la question précédente. Je
l'appuie également sur cet élément-là. Donc, je pense que c'est un amendement
qui est tout à fait justifié puis qui a fait l'objet de beaucoup de mémoires
puis de beaucoup de réflexion de la part des principaux intéressés puis de ceux
qui appliquent notamment ces dispositions-là. Je vais l'appuyer puis j'aurais
une question après pour le ministre sur un autre élément, mais je vais vous
laisser, M. le député.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Acadie, s'il
vous plaît.
M. Morin : Oui. En fait,
j'aurais une question pour M. le ministre, parce que M. le ministre nous
dit : Bien, écoutez, il comprend, mais il ne veut pas appuyer mon
amendement parce qu'il dit : Je veux procéder par étapes. Dans vos étapes,
vous... c'est quoi, votre échéancier? Comment vous vous prévoyez de temps pour
passer d'une étape à l'autre?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : La
première étape qu'on a à faire, c'est d'adopter le présent projet de loi et
c'est tout nouveau à la Cour du Québec. Donc, sur le volet administratif des
choses, notamment pour s'organiser avec les greffes. Alors, par la suite, les
premiers dossiers vont cheminer à la cause du Québec. Puis, vous me connaissez,
les étapes, j'aime ça que ce soit des étapes rapides, alors je ne prendrai pas
des engagements avec vous sur des échéanciers précis. Cependant, on a réussi à
faire ensemble la réforme du droit de la famille en trois ans avec trois
projets de loi. Là, c'est le quatrième. Alors, j'ai bon espoir qu'on va
continuer à travailler ensemble. Il nous reste du temps avant 2026.
M. Morin : Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : M. le
ministre, c'est quand même des pouvoirs additionnels puis des dossiers
additionnels qui vont se rendre à la Cour du Québec. Est-ce qu'il y a une
prévision ou une discussion pour des postes de juges additionnels, pour des...
du personnel additionnel pour être capables... Il y a beaucoup de gens qui nous
ont parlé des délais, notamment, là. Donc, j'aimerais ça vous entendre sur cet
élément précis.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, puisque vous avez grandement apprécié le budget que mon collègue le
ministre des Finances a déposé hier...
M. Cliche-Rivard : Vous ne me
prêterez pas d'intentions quand même, là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, selon le Parti libéral du Québec, c'est un budget que vous devriez
apprécier. Alors...
M. Cliche-Rivard : Je ne sais
pas si les libéraux acceptent de se faire prêter de telles intentions, mais...
M. Jolin-Barrette : Mais là
c'est ce qu'ils ont dit au salon bleu aujourd'hui... rouge, salon rouge. Je
verse ce que j'ai entendu aujourd'hui. Alors, écoutez, je vous invite à
consulter la page 77 du budget 2025-2026, plan budgétaire, où le
ministre des Finances...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : ...donc,
prévoit un montant de 24,2 millions de dollars pour l'implantation du
Tribunal unifié en droit de la famille.
M. Cliche-Rivard : Et donc
certaines... une partie de ces fonds, vous prévoyez, servira à faire la
création de postes de juges ou pas nécessairement, plutôt la coordination, ou
de l'ouverture de salles, ou comment vous en trouvez si.
M. Jolin-Barrette : C'est
pour l'implantation du tribunal unifié, donc la page 77, C77, nous
dit : «Le gouvernement a simplifié le parcours judiciaire pour les familles
québécoises. Le gouvernement a mené ces dernières années une vaste réforme du
droit de la famille avec le projet de loi n° 2 adopté en juin 2022, le
projet de loi n° 12 adopté en mai 2023, le projet de loi n° 56 adopté
en mai 2024, plaçant toujours l'intérêt de l'enfant au cœur de ses décisions. À
ce chapitre, le gouvernement propose, avec le projet de loi n° 91 déposé
le 25 février 2025, d'instaurer le Tribunal unifié de la famille au sein
de la Cour du Québec. Le projet de loi propose une gestion plus efficace, moins
coûteuse et surtout plus humaine des litiges familiaux par l'implantation d'un
parcours judiciaire simplifié comprenant la médiation obligatoire, la
conciliation judiciaire et permettant aux familles de participer activement au
règlement de leurs conflits. Il s'agit d'un premier pas important vers un
guichet unique qui permettra ultimement aux familles du Québec de régler tous
leurs litiges devant la même instance soit le Tribunal unifié de la famille.
Ainsi, dans le cadre du budget 2025-2026, le gouvernement prévoit une
somme de 24,2 millions de dollars sur quatre ans afin de simplifier
le parcours judiciaire pour les familles québécoises». Donc, c'est...
M. Jolin-Barrette :
...pour l'implantation du Tribunal unifié. Donc, le ministre des Finances a
attribué les sommes.
M. Cliche-Rivard : Donc,
pour l'implantation, donc, on parle véritablement, là, de structure, on parle
de simplification, on parle d'un greffe, on parle de... Mais on ne parle pas
d'éléments nécessairement de nomination ou d'ajout de juges à la Cour du
Québec.
M. Jolin-Barrette :
Présentement, à la Cour du Québec, on ouvre district par district conformément
au projet de loi n° 8, dans le fond, la médiation obligatoire et
l'arbitrage automatique pour les petites créances. Donc ça, ça fait en sorte de
libérer des juges. Actuellement, c'est 5 000 $ et moins, et ça
représente 50 % des dossiers des petites créances. Donc, à chaque fois
qu'on ouvre un district, lorsqu'on est prêt, bien, ça libère du temps juge. Et
également, on prévoit augmenter cette médiation obligatoire là et arbitrage
automatique jusqu'à 15 000 $, donc la totalité des différends. Donc,
ça va nous libérer du temps de juge...
M. Cliche-Rivard : O.K.
Donc, vous êtes confiant que les ressources actuelles en termes de juges seront
suffisantes pour vous permettre d'accomplir pour l'instant les pouvoirs
nouvellement dévolus à la Cour du Québec.
• (15 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Oui.
Et d'ailleurs on a augmenté d'une importante façon le nombre de juges depuis
les 10, 12 dernières années. On est passé de 291 juges à
333 juges à la Cour du Québec. Notamment en matière de jeunesse, on en a
rajouté huit en 2020, 2021, 2022, dans ces années-là, 14 notamment avec le
projet de loi no° 54. Alors, on en avait rajouté également deux sur...
pour les... trois sur les comparutions de fins de semaine aussi. Alors, la Cour
du Québec a des ressources importantes.
M. Cliche-Rivard : En
termes de juges, vous avez bien répondu. En termes de ressources pour faire
rouler le palais de justice, notamment les greffiers, les greffiers spéciaux.
Ça, par contre, il y a des parties du budget qui pourraient aller là.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, vous voyez, dans le cadre du projet de loi no° 91, on
prévoit de la médiation obligatoire...
M. Cliche-Rivard :
Exact.
M. Jolin-Barrette :
...puis l'arbitrage automatique, et également, ça n'a pas été beaucoup abordé,
cette question-là, malheureusement, par les différents groupes, mais le service
d'aide à l'homologation...
M. Cliche-Rivard :
Exact.
M. Jolin-Barrette :
...qu'on veut bien le bonifier. Puis le service d'aide à l'homologation, ça
existe déjà pour les gens qui avaient déjà un jugement. Mais là on vient encore
une fois déjudiciariser parce que lorsque les parties s'entendent, ils vont
pouvoir faire homologuer leur entente, puis que ça soit en clé en main dans le
fond, puis le faire entériner pour valoir comme jugement. Et puisque ça va
valoir comme jugement et qu'ils vont s'entendre sur la pension, ça veut dire
qu'ils vont pouvoir la faire passer au SARPA pour le prélèvement automatique.
D'où l'importance, parce qu'auparavant les gens, même s'ils s'entendaient, ils
s'en allaient devant le juge quand même, parce qu'ils voulaient avoir le
jugement pour faire exécuter la pension alimentaire. Ça fait qu'en utilisant
des mesures administratives comme ça, puis en investissant là-dedans, bien, ça
permet justement de décharger le système de justice.
M. Cliche-Rivard : Mais
ça, ça va nécessiter l'appui du greffier spécial.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Cliche-Rivard : Donc,
oui, en ressources non-juge, mais en ressources greffier et greffier spécial
pour faire rouler les salles. Ça, il y a des investissements là-dedans.
M. Jolin-Barrette :
Bien, certainement que le 24,2 millions de dollars sert à financer le
fonctionnement du Tribunal unifié de la famille. Puis c'est 47 juges de
plus depuis les 10 dernières années qui ont été ajoutés.
M. Cliche-Rivard : La
question... Merci, M. le ministre. La question de la prestation compensatoire,
enrichissement injustifié qu'on établit dans l'union parentale, ça, ça veut
donc aussi être de compétence de la Cour du Québec?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Dans le fond, l'union parentale, tout ça s'en va au Tribunal unifié.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Et ça, c'est ce qu'on entend par la fin, là, de l'alinéa, avec les autres
droits patrimoniaux résultant de la vie commune? Parce que ça spécifie quand
même bien, là, la garde d'enfants, les aliments dus aux enfants, le partage du
patrimoine familial, l'union parentale et les autres droits parentaux résultant
de la vie commune.
M. Jolin-Barrette :
Patrimoniaux, oui, ainsi que de la protection de la résidence familiale.
M. Cliche-Rivard : C'est
ça. C'est là où on entend cette disposition-là?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Donc, à titre d'exemple, un couple qui se serait exclu du régime d'union
parentale, lorsqu'il y a une mesure associée à la protection de la résidence
familiale, ça va être la Cour du Québec qui va tout planifier.
M. Cliche-Rivard : Parce
que ça, ils ne peuvent pas en déroger?
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
M. Cliche-Rivard :
Exact. Mais même s'ils en sont exclus, donc, les prestations de droit public
liées à la protection de base que vous avez établie là-dedans vont demeurer.
C'est comme si de facto l'union parentale s'applique à eux autres pareillement.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Cliche-Rivard : En
tout cas, les obligations minimales, le droit public.
M. Jolin-Barrette : On
ne peut pas s'exclure de l'union parentale, on ne peut que s'exclure du
patrimoine.
M. Cliche-Rivard : C'est
ça, certains éléments.
M. Jolin-Barrette : Mais
vous ne pouvez...
M. Jolin-Barrette : ...nous
exclure de la totalité...
M. Cliche-Rivard : ...de la
totalité.
M. Jolin-Barrette : Ou en
partie.
M. Cliche-Rivard : Mais il y
a la résidence familiale qui, elle...
M. Jolin-Barrette : Bien, la
protection associée...
M. Cliche-Rivard : Mais c'est
la protection du droit à la résidence familiale et non pas....
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
c'est ça, mais vous pourriez exclure la résidence familiale...
M. Cliche-Rivard : Exactement.
M. Jolin-Barrette : ...mais
pas le fait de...
M. Cliche-Rivard : D'être
protégé, lié à ladite résidence.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Cliche-Rivard : Exact. Le
même corollaire pour ce qui est de ceux qui ne sont pas en union parentale, en
union de fait, sur notamment... ça, ça va rester à la Cour supérieure.
M. Jolin-Barrette : Donc, on
y va par étapes.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Je veux
revenir sur l'amendement de mon collègue député de l'Acadie. Le ministre dit
qu'on procède par étapes. Je pense qu'on l'a bien entendu, il l'a dit plusieurs
fois, mais il a aussi dit qu'il y a l'intention de poursuivre avant la fin de
cette législature. Alors, pourquoi ne pas l'adopter puis mettre aussi une
disposition transitoire qui dit que cet article viendra à l'oeuvre à partir de
juin 2026?
M. Jolin-Barrette : Bien,
parce que, comme je vous le dis, c'est un nouveau projet, c'est une nouvelle
instance. On y va graduellement pour assurer la transition. Ça fait qu'à ce
stade-ci, on y va avec une première étape. Je comprends votre intention, mais
quand on va être rendu là, on va déposer un autre projet de loi puis on va
l'étudier.
Mme Maccarone : Je comprends,
juste... il me semble que ce serait efficace parce qu'on est déjà ici puis même
si... Parce que je comprends que, si on modifie cet article puis on l'attend
pour l'amener en vigueur, bien, on va retarder autre chose. Ça fait que je suis
en train de penser pourquoi pas juste déposer un nouvel article pour traiter
ceci, ainsi que le dernier amendement qui était abordé avec une date limite
pour... Puis ça vous donne la liberté de prendre le temps nécessaire, peut être
ça va éviter qu'on ait le prochain projet de loi qui va être lourd ou... c'est
ça, on va être encore plus avancé en ce qui concerne... Puis, pour moi, je vois
ça aussi comme une confirmation qu'on va y arriver aussi, un engagement formel,
concret dans la loi, qu'on veut vraiment avoir un tribunal unifié. Sans avoir
ça, j'ai l'impression qu'on a toujours le risque de : Ça ne va pas arriver
parce qu'on n'a pas la deuxième étape.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, moi, j'ai assez confiance dans les parlementaires que la deuxième
étape va arriver parce que je pense que c'est le souhait qui est partagé par
tout le monde ici, autour de la table, donc... Puis, bien entendu, mes
collègues du Parti québécois ne sont pas là, mais je crois qu'ils sont en
faveur également du projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :...vous savez qu'on ne peut pas
parler en l'absence des...
M. Jolin-Barrette : Mes
excuses, M. le Président, mes excuses.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Jolin-Barrette : Cela
étant, je pense que ça fait consensus de vouloir attribuer l'ensemble des
compétences pour le parcours des familles au sein de la même institution. Donc,
chacune des formations politiques pourra le faire si d'aventure.
Mme Maccarone : Ce n'est pas
ça, ma préoccupation. Honnêtement, moi, ma préoccupation, c'est en lien avec
les négociations qui devront avoir lieu pour procéder à cette prochaine étape,
au dépôt d'un nouveau projet de loi qui va compléter, qui va s'assurer qu'on a
un tribunal unifié. Si je peux faire un parallèle avec le projet de loi n° 11 qui a fait la réforme pour les soins de fin de vie,
nous avons procédé sans avoir cette validation du gouvernement fédéral. On a
quand même procédé sans avoir la négociation, sans voir leur approbation. Ça
fait qu'on a toujours un écart entre notre cadre législatif et celui du
gouvernement fédéral, parce qu'on a procédé avec nos demandes anticipées, mais
on n'avait pas cet accord, mais on a quand même poursuivi. Ça fait que je ne
comprends pas pourquoi qu'on ne fait pas le même processus ici.
M. Jolin-Barrette : Bien, les
dossiers sont distincts, les dossiers sont distincts, là. Dans le dossier de
l'aide médicale à mourir, c'est deux compétences qui s'entrechoquaient, puis on
a agi avec le pouvoir de directive que le ministre de la Justice...
d'orientation, pardon, que le ministre de la Justice a envers le DPCP. Pour
cette question-ci, comme je vous le disais, on y va par étapes. Donc, la
première étape, l'assise du tribunal unifié, c'est qu'on confie les nouveaux
régimes et, éventuellement, l'ensemble des matières va se diriger vers la même
essence, vers le tribunal unifié.
Mme Maccarone : Sauf qu'on
est arrivé ou vous, vous êtes arrivé avec votre directive auprès du DPCP après
l'adoption de la loi. Ça fait qu'on a quand même poursuivi, ‘ai voté en faveur
de ceci, mais on a quand même poursuivi sans avoir cette négociation au niveau
fédéral. C'est pour ça que si vous êtes certain que nous pouvons poursuivre
avec la prochaine étape, bien, pourquoi ne pas débuter les travaux tout de
suite? Peut-être, ça... Je comprends que c'est deux dossiers distincts, mais le
processus est le même...
M. Jolin-Barrette :
...bien,
il exerce quelques nuances, là, M. le Président. Mais je comprends votre
intention. Pour l'instant, dans le cadre du projet de loi, nous, on va y aller
en fonction des éléments qui y sont, qui sont des nouveaux régimes. On va
laisser le temps aux acteurs judiciaires de s'adapter graduellement aux
changements. Puis l'objectif est de faire en sorte d'avoir un tribunal unifié
qui va regrouper l'ensemble des compétences sur les différents sujets sous le
même tribunal unifié.
Mme Maccarone : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
Oui, merci,
M. le Président. Alors, effectivement, vous avez... vous avez fait remarquer au
collègue que, dans le cadre du budget, vous avez obtenu 24,2 millions, au
collègue de Saint-Henri-Sainte-Anne, sur quatre ans, donc c'est à peu près un
peu plus que 6 millions par année. C'est un budget... C'est un budget dans le
rouge. C'est un budget déficitaire. C'est un budget où à peu près tout le monde
est coupé sauf vous. Moi, ce qui m'intéresserait pour qu'on puisse suivre ce
que vous allez faire avec ça, c'est, au fond, comment vous avez ventilé vos
demandes pour que vous puissiez arriver à 24.2 millions. Parce qu'il y a
plein... il y a plein d'éléments qui manquent dans le système de justice. Les
groupes me l'ont dit. Moi, je veux juste m'assurer que ce qu'on est en train de
faire là, ça va bien fonctionner. Donc, j'aimerais ça vous entendre là-dessus,
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien
oui, ça va bien fonctionner. Puis je comprends que le député de l'Acadie me
félicite d'avoir un investissement de près de 25 millions dans le système de
justice supplémentaire.
• (16 heures) •
M. Morin :
Je n'ai pas
dit «féliciter», M. le Président. J'ai dit : C'est un budget abyssal dans
le rouge. Mais vous, vous avez tiré votre épingle du jeu, contrairement à vos
collègues qui ont été coupés à peu près partout. Donc, moi, ce que je veux
savoir, c'est comment vous avez ventilé ça pour que ça arrive.
M. Jolin-Barrette :
Bien,
M. le Président, il y a des augmentations dans le budget. Alors, on répond aux
besoins puis aux services publics des Québécois. Donc, c'est un contexte
budgétaire difficile face aux menaces du président Trump, cependant, on
investit quand même dans les services à la population. Puis, le tribunal
unifié, c'est un service à la population, un service de proximité, d'efficacité
dans la vie des familles québécoises. Alors, c'est une priorité de l'État
québécois, puis c'est pour ça que ça se reflète dans le budget.
M. Morin :
Mais ça
pourrait inclure... Tu sais, parce qu'à un moment donné on a parlé du greffe
unifié, on a parlé de la transformation numérique des greffes dans le domaine
du droit de la famille. Puisque vous êtes en train de jumeler, en fait, des
dossiers... des dossiers qui, à un moment donné, allaient probablement à la
Cour supérieure, ou s'ils vont aller à la Cour du Québec, donc, allez-vous...
M. Jolin-Barrette :
C'est
un... C'est un budget séparé, là, la transformation numérique. Cependant, il y
a des sommes dans le 24 millions pour ajuster certains petits éléments du
système informatique, là, sur la codification des dossiers.
M. Morin :
D'accord.
Je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement du député d'Acadie? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce
que l'amendement est adopté?
M. Morin :
...s'il
vous plaît.
Le Président (M.
Bachand) :Vote par appel nominal. M. le
secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin :
Pour.
Le Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
Le Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Contre.
Le Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
Le Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire : Et M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. Donc, on revient à l'article deux tel qu'amendé. Interventions? M.
le député de l'Acadie.
M. Morin :
C'est ça.
Il y a un autre amendement. Il faut vous envoyer. Il n'est pas envoyé encore.
Donc, je vais vous demander de suspendre parce qu'on va vous envoyer un autre
amendement qui pourrait être 37.3. Alors, je vous demande une suspension.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Parfait. On va
suspendre quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 02)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 05)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Parfait. Alors,
est-ce que vous avez reçu l'amendement? Il est là. Parfait. Excellent. Donc,
article 2, 37.3 du Code de procédure civile, insérer, à la fin de l'article 2
du projet de loi, le suivant :
«37.3. La Cour du Québec connaît des
demandes relatives à l'allocation de pension alimentaire ou de prestation
compensatoire.»
«37.3. La Cour du Québec connaît des
demandes relatives à l'allocation de pension alimentaire ou de prestation
compensatoire.»
En fait, si je propose cet amendement, M.
le Président, c'est en lien avec une recommandation qui avait été faite dans le
rapport Rebâtir la confiance. Si vous vous rappelez, c'est un rapport du comité
d'experts sur l'accompagnement des victimes d'agressions sexuelles et de
violence conjugale. Ce rapport-là a été coprésidé par Mme Élizabeth Corte, qui
était juge à la Cour du Québec, et Mme Julie Desrosiers.
Puis j'aimerais, j'aimerais, pour que les
gens qui nous écoutent comprennent puis qu'ils suivent pourquoi je dépose cet
amendement-là... Dans le rapport, Rebâtir la confiance, c'est une de leur
recommandation, la 151, et ça disait, entre autres : «Au Québec, dans les
matières qui nous concernent, le partage implique que pour les couples mariés,
une demande en divorce relève de la Cour supérieure, de même que le partage du
patrimoine familial et les ordonnances de garde d'enfants et de pension
alimentaire. Pour les couples non mariés, la Cour supérieure entend les
demandes en séparation et les demandes de garde et de pension alimentaire.
Notons que la Loi sur le divorce ne s'applique qu'aux gens mariés en processus
de séparation, excluant les 39 % de couples qui sont en union libre au
Québec, contrairement à 21 % pour le reste du Canada.» Le rapport,
évidemment, date de quelques années. Donc, vous aurez constaté que les statistiques
ont changé. Le rapport a été déposé en 2021, on parlait de 39 % des
couples. Les dernières statistiques, celles que je soulignais tout à l'heure,
parlent maintenant de 43 % des couples. Donc, «les demandes en matière de
protection de la jeunesse, lorsque la santé ou le bien-être d'un enfant est
compromis ou en matière d'adoption relèvent exclusivement de la Chambre de la
jeunesse de la Cour du Québec. Évidemment, les dossiers de criminels d'agression
sexuelle sont entendus en grande majorité par la Chambre criminelle de la Cour
du Québec. Jusqu'à tout récemment, c'était à peu près 94 % de tous les
dossiers», Mme la sous-ministre pourra corriger, «sauf quelques-uns qui
procèdent devant jury à la Cour supérieure. Les dossiers de violence conjugale
sont entendus à la chambre criminelle de la Cour du Québec, partout en
province, sauf à Montréal, où ces dossiers sont partagés entre la chambre
criminelle de la Cour du Québec et la Cour municipale».
Alors donc, il y a un partage de champs de
compétence, et donc des victimes de violence conjugale ou même d'agression
sexuelle vont donc devoir présenter des demandes devant différentes instances.
Et ça, ça entraîne évidemment des coûts supplémentaires. Ça entraîne, bien sûr,
des délais, ça entraîne du stress et puis ça peut même entraîner ce qu'on ne
souhaite pas, mais des incohérences au niveau des ordonnances qui sont rendues.
Donc, on dit même que...
M. Morin : ...ça pourrait même
évoquer... Il est même évoqué que des personnes victimes de violence conjugale
pourraient être compromises dans la mesure où les impératifs de sécurité ne
sont pas pris en compte.
Donc, le groupe de travail faisait
différentes recommandations. Puis parce qu'évidemment il y a une compétence qui
est fragmentée, ça peut rendre la situation plus difficile pour les conjoints.
Et donc, en modifiant l'article 37 à la Cour du Québec, on pourrait lui donner
le pouvoir d'octroyer une pension alimentaire en contexte, évidemment, de
compromission. Ça éviterait parfois aux familles de s'adresser et à la Cour du
Québec et à la Cour supérieure, chambre de la jeunesse. C'était une
recommandation. Donc, la recommandation 151 du document qui s'appelle Rebâtir.
Et c'est toujours la même optique, M. le
Président, si je propose au ministre... puis là, ici on ne parle pas... En
fait, je n'ai pas fait d'analyse statistique poussée, mais je ne crois pas
qu'on parle de milliers de dossiers. Et ça, c'est un volet qui permettrait aux
personnes qui ont à vivre de ces situations-là de pouvoir s'adresser à un seul
tribunal. Donc, on diminue la possibilité d'incohérence, on augmente
l'efficience, on augmente l'efficacité, on raccourcit les délais. Puis, bien,
moi, je tends la main à M. le ministre. Je pense que ce sont aussi des
objectifs qu'il poursuit avec son projet de loi, d'où le dépôt de cet
amendement. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député.
M. le ministre.
• (16 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Bien, il
y a peut-être un petit enjeu avec l'amendement sur la question de la prestation
compensatoire, parce que, lorsque le rapport Rebâtir la confiance a été mis en
œuvre, le régime de l'union parentale n'avait pas été créé encore. Et là, le
régime de l'union parentale va prévoir la prestation compensatoire pour les
gens en union parentale. Alors, la Cour du Québec va déjà être compétente
puisqu'on... à l'intérieur du régime de l'union parentale, pour les conjoints
de fait en union parentale, la prestation compensatoire va être prévue, donc
par l'effet des dispositions, la prestation compensatoire, elle est là. Donc,
on va voter contre l'amendement pour cette raison-là.
L'autre élément de l'amendement que le
député de l'Acadie propose, c'est le fait que, lorsqu'il y a une situation de
compromission en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse, le député de
l'Acadie souhaite confier la possibilité pour la Cour du Québec de statuer sur
la pension alimentaire d'un enfant dont la Chambre ou le tribunal unifié aurait
statué sur la garde, parce que la Cour du Québec est compétente en matière de
protection de la jeunesse pour statuer sur la garde de tous les enfants, mais
elle n'est pas actuellement compétente pour statuer sur la pension alimentaire.
O.K.
Je trouve que cette proposition-là, elle
est intéressante. Alors, ce que je propose au député de l'Acadie, c'est que,
bien, on puisse voter son amendement. Nous allons voter contre en raison de ce
que je vous ai expliqué, pourquoi, relativement à la prestation compensatoire,
mais je lui demanderais de me permettre de réfléchir à son idée sur la question
de confier le pouvoir à la Cour du Québec de statuer sur la pension
alimentaire, puis je lui reviendrais dans le cadre d'une séance ultérieure.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Bien, écoutez,
vous comprendrez que l'objectif, ici, c'est de faire en sorte que, pour les
parents puis les enfants, la situation soit plus... soit plus facile pour eux.
Effectivement, la Cour du Québec peut traiter de toute la question de la
protection, mais, comme vous l'avez dit, M. le ministre, pas de la pension,
comme telle. Ça fait que, là, les gens sont obligés, après ça, d'aller
s'adresser à la Cour supérieure.
Je comprends que ce que vous visez avec
votre projet de loi, c'est de faire en sorte qu'il y ait le plus de dossiers
devant un seul tribunal, bon. Je comprends pour la prestation compensatoire.
Maintenant, de deux choses l'une, je comprends que M. le ministre va voter
contre, je peux aussi déposer un autre amendement qui traiterait uniquement des
demandes d'allocation de pension alimentaire, sans faire référence à la
prestation compensatoire, et, après ça, bien, M. le ministre pourrait regarder,
étudier ultérieurement cet amendement-là et voir, dans une séance ultérieure,
s'il accepte ou non l'amendement que je propose.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, si le député de l'Acadie veut procéder de cette façon-là, moi, je suis
ouvert. Je lui demanderais, par contre, qu'on puisse suspendre l'amendement
qui...
M. Jolin-Barrette : ...il le
déposerait de façon à ce que je puisse y réfléchir.
M. Morin : Oui, ça, ça
m'apparaît, ça m'apparaît tout à fait logique.
Le Président (M. Bachand) :Automatiquement, si l'amendement s'adresse à l'article 2,
il faudrait suspendre aussi l'article 2.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez...
Le Président (M.
Bachand) :On peut toujours réouvrir un
article aussi. Vous pouvez adopter l'article puis le réouvrir.
M. Jolin-Barrette : C'est
comme vous voulez, là, moi, je... On va revenir sur, de toute façon, sur cet
article-là. Qu'on le ferme ou qu'on le suspende, je n'ai pas d'enjeu à la
laisser suspendu.
M. Morin : D'accord. Donc...
Bien, à ce moment-là, pour l'amendement tel qu'il est... Bien, on pourrait, à
ce moment-là procéder au vote. Je vais vous demander un vote par appel nominal.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Donc, s'il n'y a pas
d'autre intervention sur l'amendement tel quel... M. le ministre, oui.
M. Jolin-Barrette : ...pour
une seconde, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, on va suspendre les
travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 14)
(Reprise à 16 h 17)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Non, on n'est plus suspendu. M.
le député de l'Acadie, oui.
M. Morin : Oui. Bon. Alors
donc, écoutez, hors micro, parce que là les gens nous entendent, ce dont on a
discuté, puis je pense que c'est important, là, il y a un enjeu avec
l'amendement que je présente. Donc, je comprends que M. le ministre va avoir
des vérifications à faire, et vous allez revenir après compte tenu de
l'amendement que je vais présenter, donc, en fait, qui dit que la Cour du
Québec connaît des demandes relatives à l'allocation de pensions alimentaires
et que, par la suite, peut-être que le meilleur endroit, ce n'est pas à
l'article 2, mais ce serait plutôt à 1.1 du projet de loi, et qu'on pourra
éventuellement réouvrir cet article...
M. Morin : ...M. le
Président, pour l'insérer à ce moment-là, étant entendu que l'objectif qui est
poursuivi, c'est de permettre à la Cour du Québec de traiter de ces
demandes-là. Est-ce que je résume bien votre pensée, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, on dirait que le député de l'Acadie est dans ma tête.
Le Président (M.
Bachand) :Ça va. Alors, si je comprends
bien, on doit d'abord disposer de l'amendement du député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, exact.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, s'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Morin : On avait demandé un
vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Bachand) : Un vote par appel nominal, M. le secrétaire, s'il
vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
Le Secrétaire : M.
Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
Le Secrétaire : M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
Le Secrétaire : M. Caron (Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire : Mmde Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
Le Secrétaire : Mne Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
Le Secrétaire : Et M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. Donc on revient à l'article 2 tel qu'amendé. Y a-t-il d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'article 2, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. M. le ministre, s'il
vous plaît.
• (16 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, l'article 3. M. le Président : L'article 324 de ce code
est modifié par l'insertion, après le paragraphe 3° du premier alinéa, du
paragraphe suivant : «3.1° un mois à compter de la prise en délibéré à la
suite d'une audience sommaire en matière d'union civile ou d'union parentale;».
Commentaire : l'article proposé
prévoit un délai d'un mois pour un jugement à la suite d'une audience sommaire
en matière d'union civile ou d'union parentale.
Donc là, M. le Président, puisqu'on ne
suit pas le plan, on est rendus en conciliation audience sommaire.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Oui. Alors, bien,
moi, j'ai une question pour M. le ministre. Pourquoi un mois et pas deux?
M. Jolin-Barrette : Parce
qu'on souhaite un donner un délai rapproché pour que les parties aient leur
jugement, et c'est un des objectifs de la célérité de la justice qu'on amène
donc avec les modes alternatifs de règlement des différends, avec la médiation
obligatoire, avec l'audience... avec conciliation audience sommaire. L'objectif
est de faire en sorte d'outiller les parties et que ça puisse être effectué
d'une façon à ce que la justice puisse être rendue avec célérité.
Donc, dans ce modèle-là, le matin, les
parties rencontrent le juge. Donc, c'est volontaire, donc, et les juges vont
regarder quels... quel type de dossiers peuvent cheminer devant eux. Des
dossiers à haut potentiel de conflit ne seront pas sélectionnés par la
magistrature pour aller en conciliation audience sommaire. Ça va être des
dossiers où les juges, en fonction de leur expérience, vont regarder la nature
du dossier, puis vont dire : Bien oui, ce dossier-là, c'est un dossier qui
peut être sélectionné, vont procéder à la conciliation le matin. Si les parties
ne réussissent pas à s'entendre sur la totalité du dossier ou en partie, mais
là, à ce moment-là, dans l'après-midi, les parties vont être entendues devant
le juge, puis le juge tranche les questions à l'intérieur de 30 jours.
M. Morin : O.K. Puis vous
pensez qu'un mois, ça va être suffisant? Parce que, en fait, je ne sais pas
exactement combien il va y avoir de dossiers puis, tu sais, quand on regarde le
document, là, effectivement, on en a reparlé, rencontre le matin, tient une
audience l'après-midi, rend le jugement, ça, ça a l'air... ça va aller super
vite. Mais... mais, tu sais.
M. Jolin-Barrette : C'est
lorsqu'il y a des questions simples. Dans le fond, c'est pour ça que les juges
vont regarder le dossier avant. Un dossier d'une grande complexité, supposons
que vous êtes multimilliardaire puis qu'il y a neuf résidences, un immense
patrimoine, une gestion de la vie quotidienne complexe, ça ne sera probablement
pas un dossier qui va cheminer en conciliation audience sommaire.
M. Morin : Mais souvent, dans
ces dossiers-là, M. le Président, ce n'est pas juste une question de biens,
parce que, si les gens ont beaucoup de biens, mais qu'ils s'entendent pour les
séparer, il peut y avoir théoriquement un montant pour l'ensemble du patrimoine
qui est élevé, mais la séparation des biens peut se faire rapidement. Des fois,
les gens ont moins d'argent, mais il y a beaucoup déjà d'animosité ou
d'incompréhension. Donc là, ce n'est pas une question uniquement d'argent, ça
peut être... ça peut devenir aussi difficile pour plein d'autres raisons.
M. Jolin-Barrette : Vous avez
raison.
M. Morin : Puis je veux dire,
les... les juges sont... sont efficaces, ils font... tu sais, mais ils sont
occupés aussi. Puis... puis je pense que c'est aussi ce qu'on s'attend de la
magistrature qu'ils travaillent fort puis... Alors, tu sais, je me dis, si le
juge entend plusieurs dossiers puis qu'il a un mois pour rendre ses décisions,
alors...
M. Morin : ...dans d'autres
discussions du code, on a deux mois. Je comprends qu'on veut être efficace,
mais ce que je voudrais éviter, c'est qu'après ça on se ramasse dans une
situation où, si le juge n'est pas capable de rencontrer le délai d'un mois,
qu'est-ce qui va arriver?
M. Jolin-Barrette : Non, mais
il y a une obligation de rendre jugement à l'intérieur d'un mois. On veut un
délai qui est raisonnable, mais le délai est au bénéfice des parties, avec
l'obtention d'un jugement rapidement, et ce sont des dossiers où les questions
qui vont être dirigées là ne seront pas complexes. Donc, il faut le dire, il va
y avoir une présélection des dossiers. Donc, ce n'est admissible si ce n'est
pas simple, là, conciliation, audience sommaire.
M. Morin : Oui, à condition
que toutes les évaluations qui ont été faites pour évaluer la simplicité du
dossier soient correctes. Tu sais, ça peut arriver qu'on commence avec un
dossier simple et ça finit complexe.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
le juge peut mettre fin à l'audience sommaire. Donc, c'est prévu dans la loi
que le juge a pouvoir de mettre fin. Puis, honnêtement, ce qu'on vise, c'est la
célérité de la justice, ça fait que c'est un outil supplémentaire dans le
parcours.
M. Morin : Oui, ça, je
comprends, puis je comprends qu'en matière familiale, on ne veut pas qu'un
jugement soit rendu à moins que ce soit un dossier excessivement complexe sept,
huit, neuf, 10 mois après, là. Ça, je pense que ça, tout le monde, tout le
monde comprend ça. Mon questionnement est à l'effet que, parfois, dans le code,
on trouve un délai de deux mois, là, c'est un délai d'un mois. Je comprends que
vous voulez que ça aille vite, mais compte tenu que c'est quand même... ça va
être des nouveaux dossiers pour la cour puis qu'on ne sait pas exactement
combien il va y en avoir, je me dis : Bien, malheureusement, des fois, un
mois c'est vite passé. Puis je ne voudrais pas qu'on se ramasse dans une
situation où effectivement... je comprends que c'est au bénéfice des parties,
mais qu'on ne soit pas capable de rencontrer le délai d'un mois.
M. Jolin-Barrette : Vous avez
raison, mais, moi, j'ai confiance, c'est un délai qui est raisonnable puis
surtout que les dossiers vont être présélectionnés.
M. Morin : Je n'ai pas
d'autre question.
Le Président (M. Bachand) :M. le ministre, oui, allez-y.
M. Jolin-Barrette : Pour
rassurer le député de l'Acadie aussi, là, c'est à 324 du Code de procédure
civile. Puis le juge en chef a toujours la possibilité d'extensionner le délai
à la demande du juge saisi du dossier, comme c'est le cas pour les autres
délais prévus à 324.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 3? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'article 3 est adopté? Adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : 4.
L'article 409.1 de ce code est modifié par l'insertion, dans le texte anglais
et après «chief justice», de «or chief judge».
Commentaire. L'article proposé modifie le
texte anglais de l'article 409.1 du Code de procédure civile afin fin d'inclure
le juge en chef de la Cour du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. D'autres
interventions à l'article 4? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Bien, en fait,
brièvement, je comprends qu'en anglais, quand on réfère à la Cour du Québec, on
parle de «chief judge» et non pas de «chief justice». C'est la raison pour
laquelle vous voulez modifier la loi en conséquence.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Morin : Parfait. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 4 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : 5. Ce
code est modifié par l'insertion, après l'article 416, du chapitre
suivant :
«Chapitre I.1
«La tenue d'une séance de conciliation et
d'une audience sommaire
«416.1. Les parties à une instance
relative à l'union civile ou à l'union parentale peuvent, en tout temps avant
l'instruction, déposer au greffe une demande pour la tenue d'une séance de
conciliation et d'une audience sommaire, accompagnée d'une convention signée
relativement à la tenue de celles-ci.
«Les parties qui ont signé une telle
convention ne peuvent mettre fin au processus.
«416.2. En tout temps avant l'instruction,
le juge saisi...
M. Morin : Est-ce qu'on peut
y aller... En fait, vous le lisez au complet...
Le Président (M.
Bachand) :Ce qu'on va faire, d'abord, on
va lire l'article au complet. Après ça, on pourrait étudier par paragraphe.
M. Morin : ...le libellé par
paragraphe. D'accord, c'est plus... En fait, c'est plus compréhensible comme
ça. Je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Donc, M. le ministre,
continuez la lecture, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. «Les
parties qui ont signé une telle convention ne peuvent mettre fin au processus.
«416.2. En tout temps avant l'instruction,
le juge saisi d'une demande relative à l'union civile ou à l'union parentale
peut suggérer aux parties la tenue d'une séance de conciliation et d'une
audience sommaire.
«416.3. Le juge désigné par le juge en
chef convoque les parties à une conférence de gestion et fixe alors la date de
la séance de conciliation.
«416.4. Chaque partie dépose au greffe et
communique à l'autre partie son exposé comptant au plus cinq pages, les pièces,
les déclarations sous serment, les extraits d'interrogatoire et les autres
éléments de preuve au moins 10 jours avant la tenue de la séance de
conciliation.
«416.5. La séance de conciliation a lieu à
huis clos. Tout ce qui est dit, écrit ou fait au cours de la séance est
confidentiel. Si un règlement intervient, le juge peut, sur demande, homologuer
l'entente.
«Si aucun règlement n'intervient sur une
ou plusieurs questions lors de la séance de conciliation tenue le matin, le
juge tient une audience sommaire en après-midi et rend jugement.
«Le juge peut toutefois décider de ne pas
tenir d'audience sommaire, notamment en raison de la durée estimée...
M. Jolin-Barrette : ...pour la
tenue de celle-ci lorsque le dossier soulève une question complexe ou
lorsque... ou lorsqu'un tiers est impliqué. Il peut également décider d'y
mettre fin. Dans ces cas, le juge peut poursuivre l'instruction de l'affaire.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Juste une question de...
Il y a différents commentaires, donc on va faire les commentaires, au fur et à
mesure des...
M. Jolin-Barrette : Oui. O.K.
416.1. Commentaires : L'article proposé prévoit que les parties à une
instance relative à l'union civile ou à l'union parentale peuvent en tout
temps, avant l'instruction, déposer au greffe une demande pour la tenue d'une
séance de conciliation et d'une audience sommaire.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Écoutez, entre
vous et moi, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au mardi
1er avril 2025 à 11 h 30. Merci beaucoup!
(Suspension de la séance à 16 h 29)