Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
mardi 1 avril 2025
-
Vol. 47 N° 105
Étude détaillée du projet de loi n° 91, Loi instaurant le Tribunal unifié de la famille au sein de la Cour du Québec
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente et une minutes)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît!
Bonjour, tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des institutions ouverte. La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 91, Loi instaurant le Tribunal
unifié de la famille au sein de la Cour du Québec.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques) est remplacée par M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Lors de l'ajournement
de nos travaux la semaine dernière, nous en étions à l'étude de l'article 5. M.
le ministre avait lu d'ailleurs l'entièreté de l'article 5, de même que le
commentaire associé à l'article 416.1. Donc, interventions sur 416.1? M. le
député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Alors, bonjour, M.
le Président. Merci. M. le ministre, collègues députés, bonjour. À 416.1, on a
d'ailleurs... L'a-tu envoyé l'amendement...
Une voix : ...
M. Morin : On va le faire. O.K.
Parfait. Merci. Mais on va avoir un amendement. Moi, j'aurais une question pour
M. le ministre. Il est écrit que «les parties qui ont signé une telle
convention ne peuvent mettre fin au processus». Et pourquoi les parties ne
pourraient pas mettre fin au processus?
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, c'est un engagement de part et d'autre, c'est une mesure qui est
volontaire. Donc, dans le cadre de la conciliation, ils disent : On s'engage
à faire de la conciliation, dans le fond, conciliation, audience sommaire.
Donc, c'est en deux volets. Ils décident de faire trancher leurs litiges, dans
un premier temps, en conciliation, mais ce n'est pas le juge qui va trancher
lorsqu'ils sont en conciliation. Puis, deuxièmement, si la conciliation ne
donne rien le matin, ou si elle donne quelque chose, mais il reste quelques
points à trancher, mais là la cour va trancher dans l'après-midi, va les
entendre, va trancher avec un jugement dans les 30 jours. Le juge, lui, par
contre, peut mettre fin à l'audience en tout temps.
Puis, si jamais les parties ne
souhaiteraient pas, supposons, ne sont pas à l'aise de ne pas pouvoir mettre
fin à la conciliation sommaire. Ils peuvent aller en... oui, en Conférence de
règlement à l'amiable à la place.
M. Morin : O.K.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, la Conférence de règlement à l'amiable, elle existe toujours...
M. Morin : Exact.
M. Jolin-Barrette : ...avec
des règles distinctes. Là, c'est un régime particulier, conciliation, audience
sommaire, donc, les règles entourant la conciliation, audience sommaire, mais
ça vise... un moyen rapide et efficace. Ça fait que les parties connaissent les
règles du jeu au départ. Dans le fond, vous allez en conciliation, dans le
fond, vous dites : Moi, mon litige, je veux qu'il soit tranché. On est
allé en médiation, supposons, il reste des trucs à régler si ça n'a pas été
réglé. On s'en va en conciliation. Le dossier a été présélectionné par la
magistrature, considérant que ce n'est pas un dossier qui a des difficultés
insurmontables. La complexité du dossier n'est pas très grande considérant l'évaluation
du juge. Là, à ce moment-là, il va en conciliation et, dans l'après-midi, en
audition devant le juge s'ils ne se sont pas entendus en conciliation.
Ça fait que, dans le fond, les autres
modes alternatifs de règlement des différends existent toujours, comme la
Conférence de règlement à l'amiable avec les règles qui s'appliquent,
cependant, c'est un outil additionnel pour les parties.
M. Morin : Maintenant, je
comprends que, dans le cheminement d'un dossier, les parties vont pouvoir avoir
une séance d'information, j'imagine, avant, parce qu'ils ne sauront pas
nécessairement tous par coeur ou ne seront peut-être pas nécessairement au
courant de toutes les étapes, et là, j'imagine qu'on va leur proposer la séance
de conciliation. Vous dites, donc, c'est une séance de conciliation et d'une
audience sommaire, mais je comprends que, dans le cadre de la séance de
conciliation, c'est le juge qui va présider la séance. Est-ce que je me trompe?
M. Jolin-Barrette : La séance
de conciliation?
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
M. Morin : O.K. Et donc, si
jamais ils arrivent à une impasse ou que, dans le cadre de la séance de
conciliation, il y a des enjeux qui sont soulevés, que les parties n'avaient
pas prévus, ça peut arriver, alors je comprends que là ils ne peuvent pas
mettre fin au processus, mais le juge, lui, va pouvoir...
M. Morin : ...la séance
de conciliation en conférence de gestion? Est-ce que je me trompe ou...
M. Jolin-Barrette : Mais
le juge, lui, il est dans sa mission de conciliation au moment où l'audience
débute. Donc, le matin, supposons ce matin, on décide de soumettre ça à la
magistrature. La magistrature s'inscrit dans le dossier. Là, il va concilier
les parties. S'il ne réussit pas à les concilier le matin ou si, pour x, y
raisons, il constate lors de la conciliation que, un, les parties ne
s'entendent pas et ne réussiront pas à s'entendre et que, dans l'après-midi,
les enjeux relatifs au dossier ne militent pas vers une conciliation audience
sommaire, parce que c'est le nom, audience sommaire, bien, à ce moment-là, il
peut dire : Bien, écoutez, on va référer le dossier à la voie régulière.
M. Morin : Et la voie
régulière va permettre une conférence de gestion.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : O.K.
Maintenant, c'est pourquoi vous ne voulez pas...
M. Jolin-Barrette : Il
va falloir qu'il aille inscrire en instruction, tout ça, puis les autres... les
autres moyens du code sont disponibles.
M. Morin : Sont
disponibles. O.K. Je comprends que ces dossiers-là vont être sélectionnés à
l'avance par la magistrature. Ça ne sera pas le matin même, là, lors de l'appel
du rôle.
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Morin : Ils vont les
évaluer avant.
M. Jolin-Barrette : Les
parties en font la demande, puis les juges, c'est... Dans le fond, ce n'est pas
parce que vous en faites la demande que vous allez être entendus en
conciliation audience sommaire.
M. Morin : Je comprends.
M. Jolin-Barrette : La
magistrature va évaluer. Est-ce que c'est un dossier qui s'y prête bien, à la
conciliation audience sommaire? Si c'est un dossier extrêmement complexe qui a
des ramifications puis que ça prend normalement 10 jours de procès, bien,
ce n'est pas un dossier qui est prévu pour conciliation audience sommaire. Si
les parties ne sont pas loin de s'entendre en fonction des parties en litige,
tout ça, c'est fait pour plus d'efficacité. Donc, des dossiers qui n'auraient
pas besoin d'être fixés sur leur rôle... sur le rôle avec l'instruction, avec
toute la procédure qui est lourde et qui irait... Supposons que c'est des
questions simples ou qu'il n'y a que quelques questions à trancher, à ce
moment-là, les juges pourront le sélectionner.
M. Morin : O.K. Mais...
M. Jolin-Barrette :
Donc, l'admissibilité des dossiers, c'est la magistrature qui le fait.
M. Morin : Oui, je
comprends qu'en bout de piste, c'est la magistrature qui va décider si cette
porte procédurale là va s'ouvrir ou pas. Maintenant, par exemple, pour les
parties qui sont représentées par... Là, j'essaie juste de comprendre. Là, vous
avez deux procureurs qui travaillent avec leurs clients respectifs. Puis
admettons qu'ils font une demande d'aller en conciliation, avec l'expérience,
parce qu'ils estiment que le dossier simple. Ça fait que c'est sûr que la
magistrature peut toujours dire : Non, non, non. Moi, je pense que c'est
complexe, ou vice versa. Mais ça va être... Ça va être difficile, en tout cas,
je penche, pour un juge d'évaluer la complexité alors qu'ils n'ont pas
nécessairement tous les faits qui vont être amenés par les parties au moment où
ils vont prendre la décision.
M. Jolin-Barrette : Bien
non, mais les juges connaissent les dossiers. Ils savent qu'est-ce qui se
règle, qu'est-ce qui ne peut pas se régler. Et ils voient au volume de dossiers
qu'ils voient. Ils sont en mesure d'évaluer si ça, c'est un dossier pour aller
en conciliation ou non. Je vous soumets un exemple, là. Vous ne proposez pas
une conférence de règlement à l'amiable à des parties que vous savez que c'est
irrémédiable et puis que ça ne donne rien de les asseoir, là.
M. Morin : Clairement.
• (11 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Ça
fait partie... Dans le fond, ça fait partie de la discrétion judiciaire, du bon
jugement. Puis si jamais la magistrature évalue mal le dossier, puis il se dit
moi... Bien, il l'avait mis en conciliation audience sommaire, tu sais, les
parties voulaient, le juge aussi, tout ça. Et puis finalement, il se rend
compte que, non, non, ce n'est pas un dossier pour ça, il peut mettre fin à la
conciliation audience sommaire. La démarche pour les parties, c'est une
démarche d'engagement envers ça. Puis les parties visent à régler leur litige
plus rapidement de cette façon-là.
Le Président
(M. Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
s'il vous plaît.
M. Morin : Ça va. Je
vous remercie.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci,
M. le Président. Merci, M. le ministre. Je vais continuer sur ce point-là, notamment
eut égard au mémoire de l'Association des avocats et avocates en droit familial
du Québec, page 17 et suivantes, qui pose la question quand même sur le...
M. Cliche-Rivard : ...consentement
qui doit demeurer libre et éclairé. Là, je comprends que les parties vont, en
amont, émettre un consentement, ça fait qu'il y a une volonté conjointe.
Ceci dit, ce consentement-là... vous
l'avez bien exprimé, là, avec le deuxième alinéa, les parties qui ont signé une
telle convention ne peuvent mettre fin au processus. Ça fait que, du moment où
on a acquiescé, on est pris dans l'entente. Je lis quelques passages, là :
«Cependant, il y a lieu de souligner ici la teneur obligatoire du nouvel
article 426.1. Ainsi, une fois que les parties auraient accepté d'y participer,
il leur serait impossible de s'en soustraire, ce qui nous semble un non-sens et
inacceptable à plusieurs égards.» C'est ce qu'ils nous disent. «Il est sidérant
que les parties qui auraient signé une telle convention ne puissent mettre fin
au processus, puisque les modes alternatifs de résolution de conflits doivent
de par leur nature même être entrepris de façon libre et sans pression
aucune.». Pour «entrepris», ça, on s'entend. Mais, pour la continuité du
consentement, ça, ils semblent avoir un enjeu, et ils soulignent 1399,
CCQ : «Le consentement doit être libre et éclairé.» Ils nous parlent aussi
de l'article 2, CPC : «Les parties qui s'entendent dans une procédure de
prévention et de règlement des différends le font volontairement.» Ils nous
parlent aussi de 614 : «Une partie...» 614, CPC : «Une partie peut en
tout temps, selon sa seule appréciation et sans être tenue de dévoiler ses
motifs, se retirer du processus et y mettre fin.» «Il nous est facile de
penser, particulièrement en matière de violence familiale, que les changements
intervenus au dossier fassent en sorte qu'une partie décide qu'elle ne
s'engagera pas dans le processus de conciliation, contrairement à la conférence
de règlement à l'amiable, où les parties ne font qu'exposer sommairement les
points qui peuvent être l'objet d'une telle conférence.» Et : «En matière
de séances de conciliation, les législateurs... le législateur entend ici
astreindre les parties à plus qu'une forme... exposé sommaire, mais bien à la
préparation d'un minisommet... d'un miniprocès», et ça continue.
J'aimerais ça, savoir quelles
considérations, M. le ministre, vous avez eues suivant ces échanges-là et
pourquoi vous maintenez la position que vous maintenez aujourd'hui.
M. Jolin-Barrette : Mais
parce que c'est un outil qui est efficace. Les parties s'engagent, c'est une
mesure qui est volontaire. Puis ce n'est pas différent, supposons, des parties
qui décident d'aller en arbitrage. Quand les parties décident d'aller en
arbitrage, bien voici, vous ne pouvez pas vous retirer de l'arbitrage. Même
chose par voie contractuelle, si vous décidez d'aller en arbitrage, bien, il
faut aller au bout du processus. Après ça...
M. Cliche-Rivard : Et là, si
on...
M. Jolin-Barrette : ... la
décision est susceptible de contrôles. Mais là, les parties, c'est une option
supplémentaire qu'ils ont dans leur sac à procédures. Donc là, tout le monde va
en procédure... non, non, en... pardon, en médiation, donc c'est médiation
obligatoire, sauf les exceptions qu'on a vues.
M. Cliche-Rivard : Oui.
M. Jolin-Barrette : Ensuite,
ça ne fonctionne pas en médiation...
M. Cliche-Rivard : Conciliation.
M. Jolin-Barrette : ...vous
pouvez aller en conciliation, mais c'est volontaire. Les deux parties sont
d'accord. Vous...
M. Cliche-Rivard : On peut
deviner que, si la médiation n'a pas marché, ils ne vont pas nécessairement
soumettre pour conciliation, on peut deviner. Mais c'est possible.
M. Jolin-Barrette : Bien, pas
nécessairement. Honnêtement, en médiation, les parties, tu sais, elles peuvent
s'entendre sur plusieurs points. Mais il reste un point à trancher, supposons,
là, sur le... sur le patrimoine familial, supposons, ou le patrimoine d'union
parentale : supposons, là, votre belle moto, là, rutilante, là.
M. Cliche-Rivard : On va
parler de celle... de la moto du ministre, M. le Président. Si M. le ministre
pouvait faire comme d'habitude puis garder les exemples qui lui... sont siens,
ça serait plus utile pour la commission.
M. Jolin-Barrette : Je n'ai
pas de moto, M. le Président.
M. Cliche-Rivard : Bon, bien,
moi non plus. Ça fait qu'utilisez un exemple qui fonctionne avec votre exemple,
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Supposons un véhicule qui se meut par la force combustible. Alors... Puis...
Est-ce que c'est à l'usage de la famille ou non? Puis il reste juste ça à
trancher, puis en médiation ils ne se sont pas entendus. Mais tout le reste,
c'est réglé. Ça fait qu'il reste un point de droit. Les parents sont capables
de se parler puis ils disent : Bien, écoute, on va aller en conciliation
pour ça. Puis là, à la conciliation, bien, il y a un tiers qui est là, le juge
qui essaie de les concilier, puis là, bien, à la fin de la matinée, ils ne
s'entendent encore pas, mais il ne s'agit qu'un seul point en litige, à
savoir : Est-ce que la moto fait partie du patrimoine d'union parentale?
Est-ce qu'elle a servi à l'usage de la famille ou non? À ce moment-là, on s'en
va en audience sommaire, puis là le juge va trancher puis il va produire un
jugement 30 jours. Alors, c'est un outil supplémentaire qui est à la portée.
M. Cliche-Rivard : Puis je
pense que l'outil, M. le ministre, n'est pas contesté, je pense que l'outil est
utile.
Après ça, la question est au regard du
consentement qui ne pourrait pas être retiré, là, c'est là où je pose la
question, puis les groupes nous parlaient notamment d'un fait nouveau, là. Tu
sais, advenant que ça va très bien dans la relation...
M. Cliche-Rivard : ...mais
monsieur ou madame, là, tout d'un coup, fait un geste de violence ou, tout d'un
coup, devient agressif. Mme, en amont, a émis son consentement pour une
procédure de conciliation et d'audience sommaire, mais là, deux mois plus tard,
le conjoint gentil de l'époque, par exemple, n'est plus aussi gentil qu'au moment
du consentement de madame. Là, madame ne pourra pas retirer son consentement,
dans cet exemple-là. C'est exact?
M. Jolin-Barrette : Le juge
pourra toujours mettre fin à l'audience.
M. Cliche-Rivard : Mais
c'est-tu vrai ou pas vrai que Mme, dans cette situation-là, ne pourra pas
retirer son consentement?
M. Jolin-Barrette : C'est une
voie procédurale qui est prévue, où les parents, les parties, dans le fond,
s'engagent envers cette démarche-là, puis le juge, lui, il peut mettre fin.
M. Cliche-Rivard : Mais donc,
effectivement...
M. Jolin-Barrette : Donc,
s'il y a des éléments qui sont portés à l'attention du juge, on va pouvoir le
retirer.
M. Cliche-Rivard : Mais,
effectivement, Mme, elle seule, sans décision judiciaire, ne peut pas se
retirer, même si elle devient victime ou témoins ou... victime de violence
conjugale, elle ne pourra pas se retirer du processus volontairement et de sa
pleine volonté.
M. Jolin-Barrette : Le processus
qu'on offre, c'est un processus qui est volontaire, et, à ce moment-là, c'est
un engagement à suivre cette voie procédurale là. Si les parties ne s'entendent
pas, bien, le juge peut mettre fin aux procédures... pas aux procédures, peut
mettre fin à cette procédure-là.
M. Cliche-Rivard : Puis
qu'est-ce que vous répondez à l'argument, notamment, en rapport avec la
médiation, là, qu'une partie peut, en tout le temps, selon sa propre
appréciation, sans être tenue de dévoiler ses motifs, se retirer du processus?
Il y a quand même un droit là qui existe, auquel, là, on n'aura pas le droit,
en conciliation et en audience sommaire.
M. Jolin-Barrette : Bien, la
médiation est obligatoire.
M. Cliche-Rivard : Sauf
exception.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
on est dans une situation, là, où on n'est plus dans les anciens paramètres,
là, on essaie de moderniser la procédure en matière familiale, de la rendre
plus efficace. On est dans le cadre d'un nouveau régime, donc ce sera plus
efficace, plus rapide, moins de coûts. Donc, la médiation, elle est
obligatoire, sauf les exceptions. La conciliation, audience sommaire, c'est un
régime qui est volontaire.
M. Cliche-Rivard : Tout ça,
je l'entends, M. le ministre, puis je pense que ça peut très bien fonctionner
dans plein d'autres scénarios. Là où j'ai quand même un enjeu, puis je le
soutiens, puis je le maintiens, M. le Président, c'est qu'advenant un fait
nouveau, un changement de comportement, un changement dans la famille qui fait
en sorte qu'une personne voudrait se retirer puis retirer son consentement sur
des motifs tout à fait justifiés et louables... j'ai donné l'exemple d'un
conjoint, là, qui change de comportement, malheureusement, parce que lui, il a
des enjeux, quels qu'ils soient. Puis c'est notamment la position qui est
soutenue par les avocats en droit de la famille. Et moi, je soutiens puis je
maintiens, M. le ministre, qu'une personne devrait pouvoir se retirer dudit
processus. Est-ce qu'il y a une balise sur des faits nouveaux? Est -qu'il y a
des balises sur des changements de circonstances? Est-ce qu'on peut réfléchir à
des balises? Ça pourrait peut-être être intéressant, mais tous azimuts, là,
d'empêcher la soustraction, pour une personne de mettre fin au processus, je le
partage ici, là, moi, ça m'inquiète, M. le ministre, puis...
M. Jolin-Barrette : Bien, le
juge peut y mettre fin. Puis, bien, écoutez, c'est une autre voie procédurale à
suivre. Sinon, ça va juste être une CRA, ça va être la même chose qu'une
conférence de règlement à l'amiable.
M. Cliche-Rivard : Mais les
gens peuvent demeurer consentants tout le long, puis ça peut bien se passer,
là, auquel cas votre solution, elle est superutile.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais ce que vous me proposez, c'est une CRA numéro deux, là. Ce qu'on amène,
c'est une autre voie, conciliation, audience sommaire. Les parties s'engagent
comme si c'était de l'arbitrage. Donc, dès le départ, ils donnent leur
consentement puis ils disent : Bien, on va faire trancher le litige de
cette façon-là.
M. Cliche-Rivard : Mais le
consentement que vous donnez ce jour-là, il...
M. Jolin-Barrette : Le juge,
il est là, là, il est là, vous allez pouvoir exprimer... Le juge est habitué de
faire ça. Il va entendre les parties. S'il y a une partie qui est mal à l'aise,
puis il voit que ça ne fonctionne pas, il va mettre fin à l'audience.
• (11 h 50) •
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que la personne en question, là, tout d'un coup, invoque au juge : M. le
juge, je vous demanderais de rendre une décision sur la fin, là, de la
conciliation et l'audience sommaire, l'audition sommaire, les circonstances ont
changé pour a, b, c. Et là, ce qu'on a voulu éviter, là, dans la médiation, là,
ce qui est le processus contradictoire où Mme devrait alléguer, faire sa
preuve, tout ça, là, on se retrouve à avoir ça dans le processus de
conciliation si Mme, tout d'un coup, ne veut plus y participer.
M. Jolin-Barrette : N'oubliez
pas que le juge, là, il est là en tout temps, là.
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait.
M. Jolin-Barrette : Le forum
est différent de la salle de cours régulière, mais on est dans un mode
alternatif. Et là le nouveau mode...
M. Cliche-Rivard : Je ne dis
pas le contraire, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Pardon?
M. Cliche-Rivard : Je ne dis
pas le contraire de vous, là-dessus. Là où j'ai un enjeu, c'est qu'un
consentement qui peut exister au jour 1 dans...
M. Cliche-Rivard : …les deux
partis de bonne foi, là, s'engagent, ça me semble très contraignant, notamment
face à des changements de circonstances, face à des changements de
comportements. Moi, je suis inquiet, là, et j'entends que les juges pourront,
là, étudier leur demande, mais volontairement, dans la médiation, on peut se
retirer. Moi, je soumets, M. le Président, qu'on devrait pouvoir faire la même
chose puis que, si on veut limiter ça ou créer un critère de changement de
circonstance, peut-être que ça peut être utile. Moi, j'entends que… je ne veux
pas de niaisage non plus, là, Je ne veux pas des gens qui tout d'un coup
décident, sans changement de circonstance, que ça ne fait plus leur affaire,
parce que le jugement ne s'en va pas du bon sens. Ça, je… ça, je l'entends.
M. Jolin-Barrette : Vous
marquez un très bon point.
M. Cliche-Rivard : Ceci dit,
dans des changements de circonstance important et impérieux, là, on pourra le
nommer comme on voudra le nommer, je pense qu'il doit y avoir cette
possibilité-là.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
comprends votre point de vue, je le respecte. Cela étant, il y a la conférence
d'un règlement amiable et il y a la conférence d'audience sommaire, qui sont
des règles différentes. Le juge est là. Il y a sa discrétion judiciaire. Il est
là pour entendre les parties en toutes circonstances. L'idée, c'est de donner
des outils aux parties, mais la formule et la procédure qui encadrent ça, c'est
notamment pour faire en sorte… puis vous l'avez illustré dans votre propos aussi.
On ne veut pas que ça serve non plus à rallonger les procédures. Puis, en
matière familiale, il y a pas mal de stratégies rattachées à ça, notamment
c'est pour ça qu'on a inscrit dans le code, dans le projet de loi n° 56,
comme vous rappelez, la présence de violence judiciaire. Donc, les dossiers
seront présélectionnés. Si les parties ont un malaise suite à un événement,
comme vous le dites, ils vont le signifier au juge, puis le juge prendra la
décision.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Oui. Merci, M. le
Président, sauf que je comprends… toujours sur le même point, M. le ministre,
je comprends que, là, on est en train, avec votre projet de loi, de modifier le
Code de procédure civile. Vous voulez… et vous l'avez exploré, vous l'avez dit,
mettre une nouvelle procédure, mettre un nouveau régime, sauf que, dans le Code
de procédure civile, puis je vous réfère à l'article 2, les parties qui
s'engagent dans une procédure de prévention le font volontairement. Donc, je
comprends… Est-ce que votre article vient restreindre l'article 2? Parce
que… parce qu'à l'article deux, puis après ça, à l'article 614, il est
clairement dit, d'abord, à l'article 2 que les parties doivent le faire de
bonne foi, faire preuve de transparence, coopérer activement, être à la
recherche de solutions, bon, évidemment, respecter les droits et libertés de la
personne, puis, avec 614, une partie peut en tout temps se retirer du
processus.
Donc, est-ce que je comprends que, je ne
sais pas, moi, après une analyse que vous avez faite de l'utilisation de
l'article 2, vous n'êtes pas satisfait, puis vous voulez en rajouter une
couche, si je peux m'exprimer ici? Parce que, normalement, quand on parle de
médiation ou de mode alternatif des règlements, l'article 2, qui
s'applique dans l'ensemble du code, dresse les grands principes. Puis après ça,
bien, on a 614 qui vient ajouter, en période de médiation, lequel on peut se
retirer. Là, vous ne voulez pas que ça arrive. Puis je comprends que la séance
de conciliation aura lieu après la conférence de gestion. Donc, qu'est-ce qui
ne marche pas avec l'article 2?
M. Jolin-Barrette : Bien, il
n'y a rien qui ne marche pas avec l'article 2. D'ailleurs,
l'article 2 du Code de procédure civile, quand on parle de mode alternatif
de règlement des différends, ça inclut l'arbitrage. Puis, quand on va en
arbitrage, les parties décident de ne pas judiciariser le dossier puis de
choisir un arbitre. Ça fait que c'est conforme à l'article 2. C'est
conforme à l'article 2.
M. Morin : Bien… bien, pas
tout à fait, parce que...
M. Jolin-Barrette : C'est
conforme à l'article 2.
M. Morin : Mais non.
M. Jolin-Barrette : Bien oui.
M. Morin : Parce que… mais
non, parce qu'en arbitrage, justement, vous l'avez dit vous-même, M. le
ministre, quand les gens choisissent l'arbitrage, c'est qu'ils vont évacuer le
processus judiciaire, c'est ma compréhension, parce qu'ils veulent régler ça
d'une autre façon. Là, ici, c'est comme une espèce d'arbitrage avec un juge
dans le système judiciaire, avec une autre voie. Et c'est pour ça que je vous
dis : Ce n'est pas exactement la même chose, ce n'est pas… ce n'est pas
comme en arbitrage.
Quand on a fait le projet de loi qui
traitait de la Cour des petites créances, il y a une disposition que vous avez
fait adopter qui fait en sorte que si les parties ne demandent pas expressément
d'aller devant le juge, ils vont se ramasser en arbitrage, puis la décision va
être finale. Ils ne seront jamais à la cour. Ça, c'est une voie que vous avez
prise.
Ici, ce que je comprends, c'est qu'on
reste devant la cour. Mais vous voulez mettre en place une procédure que vous
qualifiez de plus expéditive. Vous voulez empêcher les parties de se retirer.
Il y a des groupes qui nous ont dit que ce n'était pas une bonne idée. Puis
moi, je vous dis : Bien, dans l'article 2, qui couvre l'ensemble des
dispositions du Code de procédure civile, il y a déjà des éléments qui parlent
de transparence, de bonne foi, etc. Donc, pourquoi vous vous sentez obligé de
dire que les parties qui ont signé une telle convention ne peuvent mettre fin
au processus? C'est ce… c'est ce bout-là que j'ai de la difficulté à…
M. Morin : ...conceptualiser.
M. Jolin-Barrette : Mais
comme je l'ai dit au collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne, sinon ça devient une
conférence de règlement à l'amiable. Donc, c'est une autre voie procédurale à
suivre. Puis les parties, tantôt vous disiez ce n'est pas volontaire, mais oui,
c'est volontaire, les parties s'engagent, puis vous l'avez à 416.1, vous
déposez un grief, une demande pour la tenue d'une séance de conciliation
accompagnée d'une convention signée relative à la tenue de celle-ci. Les
parties, elles arrivent, elles disent : Le député de l'Acadie et moi, on
est d'accord. Donc, on veut que notre litige soit tranché en fonction de
conciliation audience sommaire. Ça fait que là, on est volontaires. Mais comme
l'arbitrage, vous ne pouvez pas en cours du processus dire : Ah non,
finalement, ça ne fait pas mon affaire. Là, il y a une différence. Le juge,
dans ce cas-ci, peut y mettre fin. Puis il y a un projet pilote à la Cour
supérieure, ici, à Québec, là-dessus, ça fonctionne comme ça. En Ontario aussi,
c'est la même chose. Ça existe déjà, là, de cette façon-là.
M. Morin : Cette façon-là.
Bien. Je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Je vous rappelle qu'on
regarde les articles de... mais on peut toujours revenir, là. C'est une méthode
de travail. Donc, est ce qu'il y a d'autres interventions sur 416.1? M. le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Mais, M.
le Président, on est à préparer un amendement pour 416.1, là. Donc, avant de
l'adopter, peut-être, soit on suspend ou soit je laisse le collègue...
Le Président (M.
Bachand) :De toute façon...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Allez-y, M. le ministre. Oui, allez-y.
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, tout l'article est ouvert. Donc, on peut faire 416.2. Puis, de
toute façon, avant de réadopter l'article, on reviendra pour votre amendement.
M. Cliche-Rivard : Ça va pour
moi, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Ça va? Donc, 416.2
M. Jolin-Barrette : En tout
temps, avant l'instruction, le juge saisi d'une demande relative à l'union
civile ou à l'union parentale peut suggérer aux parties la tenue d'une séance
de conciliation et d'une audience sommaire.
Commentaires : L'article proposé
prévoit que le juge saisi d'une demande relative à l'union civile ou à l'union
parentale peut suggérer aux parties en tout temps avant l'instruction de
participer à une séance de conciliation ou une audience sommaire.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? M. le député de l'Acadie, s'il vous
plaît.
M. Morin : Alors donc, je
comprends que, dans votre processus, bien sûr, ça le dit, avant l'instruction,
ça va être au moment, quoi, de la conférence de gestion que le juge va offrir
aux parties la possibilité d'avoir une séance de conciliation?
M. Jolin-Barrette : Mais tout
au long... un coup que les parties vont avoir fait la médiation, puis, dans le
fond, la médiation n'aura pas réglé le litige en totalité ou en partie, le
dossier, par la suite, revient sur la voie régulière. Et là la magistrature va
avoir la possibilité de regarder les différents dossiers et dire : Bien,
écoutez, avant de fixer ça à procès, là, moi, je regarde votre dossier, on peut
inscrire le dossier pour instruction, mais je vous fais la suggestion d'aller
en conciliation, audience sommaire. Moi, je pense que c'est un dossier qui peut
se régler là.
M. Morin : Et ça, ça va se
faire pendant la conférence de gestion?
• (12 heures) •
M. Jolin-Barrette : Mais,
dans le fond, il peut y avoir des... soit en conférence de gestion. C'est parce
que ce n'est pas tous les dossiers... Dans le fond, en supposant qu'il y a des
interlocutoires, ou tout ça, le juge qui va être... qui va avoir le dossier va
pouvoir leur suggérer aux parties. Donc, ce n'est pas seulement en gestion. Ça
peut être en conférence de gestion, mais ça peut être aussi... supposons qu'il
y a un intérimaire, là, dans le processus, là, mais le juge qui regarde le
dossier pourrait suggérer aux parties pour dire : Bien, écoutez, peut-être
que ce serait bon dans votre cas.
M. Morin : Sauf que j'essaie
de voir dans la ligne du temps va... la procédure. Vous inscrivez un dossier,
dans le cas évidemment de ce qui touche l'union civile, l'union parentale, bon,
mettons que les parties veulent se séparer. Donc, dans un... vous suggérez,
vous demandez dans votre projet de loi qu'il y ait d'abord de la médiation
obligatoire, mais, par la suite, si je regarde 412.2 puis... 416.2 puis 416.3,
ça dit que la date de la séance de conciliation va être fixée lors de la
conférence de gestion, si ma compréhension est bonne. Donc, il va y avoir...
dans le projet de loi, les gens vont devoir aller en médiation obligatoire. Là,
si ça ne marche pas, après, ils vont se ramasser en conférence de gestion.
M. Jolin-Barrette : Non, pas nécessairement.
Dans le fond, là... puis c'est pour ça que je vous suggérais, à précédentes
séances, d'étudier le projet de loi par bloc. Puis d'ailleurs mon offre est
toujours là, là. Mais la façon dont on a construit le projet de loi, là...
puis, dans le fond, je décide de me séparer d'union parentale, O.K., j'ai trois
enfants...
12 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...une
maison, deux autos, une moto puis des meubles. Alors, je vais introduire mon
recours en dissolution d'union parentale à la cour. Ça fait que là, je dépose
mon recours au greffe. Là, à ce moment-là, s'il y a une situation où je veux
que la maison me soit attribuée, ou je veux avoir une pension alimentaire, ou
je veux avoir la garde des enfants, je peux introduire, en même temps, des
mesures provisoires, si on voulait faire en sorte que, dans la ligne du temps,
vous ne soyez pas obligé d'aller en médiation avant d'avoir vos mesures
provisoires.
Vous pouvez aller en médiation auparavant,
mais, lorsque vous introduisez le recours... On ne voulait pas empêcher aux
gens de s'adresser à la cour, en situation d'urgence ou à court terme, pour
régler l'encadrement de la famille. Les enfants, ils vont à quelle école,
temporairement, ils restent dans la maison, les enfants, il y a une pension,
bon, tout ça. Ça fait qu'on permet à la famille d'aller à la cour tout de
suite, puis là, après ça, là, vous devez aller en médiation avant d'arriver à l'instruction,
donc le procès.
M. Morin : Oui, c'est ce que
je comprends.
M. Jolin-Barrette : Donc,
vous allez en médiation. Après ça, si ça ne marche pas, là, à ce moment-là, vous
pouvez aller en conciliation audience sommaire. C'est une audition volontaire.
Si vous décidez d'y aller, là, il va y avoir une conférence de gestion pour
planifier ça, puis c'est là que le juge va débroussailler tout ça. Mais ce n'est
pas... en matière familiale, ce n'est pas tous les dossiers qui sont en gestion
particulière qui sont en conférence de gestion, si votre dossier est complexe,
et tout ça, mais il ne sera pas non plus référé par la magistrature en
conciliation audience sommaire.
Le Président (M.
Bachand) :...sur 416.2? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. M. le ministre, à 416.1, on voit que, quand les parties s'y sont
engagées, là — on en reparlait tantôt, là — il n'y a pas possibilité
de mettre fin quand c'est le juge qui en fait la demande ou la suggestion, à
416.2. Est-ce que là, il y a un droit de s'en retirer quand la demande émane du
juge, à 416.2, ou c'est la même chose qu'à 416.1?
M. Jolin-Barrette : Pour
adhérer à la...
M. Cliche-Rivard : Pour s'en...
s'en sortir?
M. Jolin-Barrette : Non, mais
le juge... c'est uniquement le juge qui peut faire en sorte de mettre fin à la
conciliation audience sommaire.
M. Cliche-Rivard : Ça fait qu'à
416.2 ça dit : «Le juge saisi d'une demande relative à l'union civile peut
suggérer aux parties la tenue d'une séance de conciliation et d'une audience
sommaire.» Ça fait que là, la demande ne vient pas des parties. La demande
vient du juge, en disant : Vous ne me l'avez pas soumis à 416.1, mais je
trouve que c'est une bonne idée, dans tel dossier, ça fait que je vous... je
vous le suggère.
M. Jolin-Barrette : Je vous
le suggère.
M. Cliche-Rivard : Je vous le
suggère.
M. Jolin-Barrette : Je vous
invite.
M. Cliche-Rivard : Auquel
cas, les mêmes procédés... le consentement des deux doit être obtenu...
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Cliche-Rivard : ...comme à
416.1, puis les mêmes règles que 416.1 s'appliquent, en ce sens où, du moment
où il avait consenti une première fois, vous êtes dans le train, là, vous ne
débarquez pas du train, là.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que 416.2, la seule distinction, c'est qui initie la suggestion.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
on dit, le code dit : le juge peut le suggérer aux parties.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
M. Jolin-Barrette : Supposons
que les parties, là, ils n'en ont pas entendu parler que c'est un...
M. Cliche-Rivard : C'est ça,
la différence.
M. Jolin-Barrette : ...c'est
une procédure à leur... qui... à leur portée, puis que le juge, quand il les
entend... Supposons que c'est un dossier qui est en gestion, là, puis le juge regarde
le dossier, puis il dit : Bien là, il me semble que c'est un dossier qui
contient les éléments pour aller en conciliation audience sommaire. Comme quand
le juge dit : Aux petites créances avant? Il me semble que vous devriez
aller vous parler avant que je rende ma décision.
M. Cliche-Rivard : Dans la
conciliation puis dans l'audience sommaire, là, pour ceux qui nous écoutent, qu'est-ce
qui va être différent de ce que le juge va faire dans son rôle de conciliateur?
Puis qu'est-ce qui va être différent dans son... dans son rôle d'audience
sommaire? Puis est-ce que ça va être le même juge?
M. Jolin-Barrette : C'est le
même juge.
M. Cliche-Rivard : C'est le
même juge?
M. Jolin-Barrette : C'est le
même juge. Et qu'est-ce qui est différent, bien, le juge essaie de concilier
les parties, donc essaie de les rapprocher, de leur faire voir le point de vue
de l'autre, de rapprocher les parties. Il essaie de les concilier, c'est la
différence. Quand il va être sur le banc, bien, il va agir comme juge décideur.
Donc, les parties vont présenter leurs points, puis, après ça, il tranche. À la
conciliation, ce n'est pas lui qui tranche.
M. Cliche-Rivard : À la
conciliation, il ne tranche pas, il essaie d'aller obtenir un consentement.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
ça. Il peut déposer une hypothèse de règlement...
M. Jolin-Barrette : ...tout ça
pour dire au parti : Bien, voici, tout ça, regardez.
M. Cliche-Rivard : Et ça, il
n'y a pas de... parce que je pense, si je ne me trompe pas, il y a des partis,
là, qui ont soumis des... pas des partis, mais des groupes qui ont soumis des
questionnements, à savoir le juge qui gère la conciliation du matin et
l'audition sommaire de l'après-midi, vous avez étudié cette question-là,
j'imagine, de votre côté. Vous, vous ne voyez pas d'enjeux éthiques.
M. Jolin-Barrette : Il n'y a
pas d'enjeu, en Ontario, c'est comme ça.
M. Cliche-Rivard : C'est
comme ça. Puis...
M. Jolin-Barrette : Puis ce
n'est pas une conférence de règlement à l'amiable, là, hein?
M. Cliche-Rivard : C'est ça,
la différence.
M. Jolin-Barrette : C'est un
autre moyen alternatif, donc dans le sac à procédure, c'est une procédure
supplémentaire pour donner des outils aux partis, pour dire : Bien,
écoutez, voici une façon qui est plus simple, qui est plus rapide de régler un
litige si le dossier s'y prête. Donc, les partis sont volontaires d'aller vers
cette voie-là, c'est un outil supplémentaire qu'ils ont.
M. Cliche-Rivard : Donc, si
je ne me trompe pas, c'est l'Association des avocats en droit de la famille qui
nous dit : Le même juge ne peut pas, au sens de 165 CPC, instruire
l'affaire quand il a participé à un mode alternatif de règlement. Puis là,
donc, vous dites : Ce n'est pas un mode alternatif de règlement, c'est ça,
l'explication?
M. Jolin-Barrette : Non, ce
que j'ai dit, c'est que c'est différent...
M. Cliche-Rivard : C'est
différent.
M. Jolin-Barrette : ...de la
conférence de règlement à l'amiable.
M. Cliche-Rivard : Exact.
M. Jolin-Barrette : Mais là
vous me citez beaucoup la mémoire de l'Association des avocats en droit de la
famille.
M. Cliche-Rivard : Je vais
vous en citer plusieurs, vous allez voir.
M. Jolin-Barrette : Mais,
pour rappel, pour les membres de cette commission, lorsqu'on les a entendus, ma
première question, c'était, à Me Kirouac : Êtes-vous d'accord avec quelque
chose dans le projet de loi? Puis sa réponse a été : Non.
M. Cliche-Rivard : Bon,
mais...
M. Jolin-Barrette : Ça fait
que...
M. Cliche-Rivard : ...ça
n'empêche pas...
M. Jolin-Barrette : C'était
clair, limpide et assumé.
M. Cliche-Rivard : M. le
ministre, ce n'est pas parce que les gens ne sont pas d'accord avec vous qu'ils
ne soulèvent pas des hypothèses ou des questionnements intéressants au bénéfice
de la commission, là.
M. Jolin-Barrette : Ah! non,
non, je fais juste vous soumettre que si vous continuez de regarder le
mémoire...
M. Cliche-Rivard : Je vais
regarder tous les mémoires, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais celui-là, vous ne trouverez rien de favorable au projet de loi. Je veux juste
vous en informer.
M. Cliche-Rivard : J'ai
beaucoup lu de... beaucoup de choses puis beaucoup de questions dans beaucoup
de mémoires qui étaient favorables, mais beaucoup d'autres choses qui étaient
aussi moins favorables. C'est l'exercice démocratique du droit participatif des
experts et du milieu. Vous êtes habitué, je pense.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
commence à être habitué.
M. Cliche-Rivard : Donc, sur
ce volet là précis, là, sur le fait qu'un juge ne devrait pas instruire en
audition sommaire une procédure auquel il a participé à la séance de
conciliation, qui n'ont quand même pas les mêmes objectifs, hein? En
conciliation, on cherche à aller chercher un consensus, on cherche à amener les
parties vers un... disons, un deal commun, là, un jugement duquel on s'entend,
puis, en audition sommaire, bien, on tranche. C'est moi qui décide. Vous, de
manière déontologique et éthique, que le juge A participe à la conciliation
puis que ce soit le même juge A en audition sommaire, vous ne voyez pas
d'enjeu?
M. Jolin-Barrette : Les juges
sont impartiaux, ce sont des professionnels. Si jamais il y avait un enjeu
déontologique de leur part pour une question de partialité, ils pourront se
récuser du dossier, mais il faut voir, là, on est dans une procédure pour
alléger, pour être plus efficace, pour que ça coûte moins cher pour le citoyen,
et toute l'information est disponible auparavant. Les parties vont savoir qu'il
va y avoir conciliation, audience sommaire dans la même journée, que c'est
volontaire, que c'est le même juge du début à la fin. Ça fait que c'est un
outil supplémentaire.
M. Cliche-Rivard : À prendre
ou à laisser dans son entièreté. Il pourrait dire : Moi, ça ne m'intéresse
pas, effectivement, ça, vous l'avez bien déterminé.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Cliche-Rivard : On
s'entend qu'il y a des éléments, des discussions, les points autour de la
conciliation sont supposés être à huis clos, en ce sens où ça appartient
seulement aux partis puis ça ne peut pas leur être préjugé ou retenu contre eux
à l'étape de l'audience sommaire.
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est à huis clos.
• (12 h 10) •
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que, là, on est plutôt en mode exploratoire, on avance des choses qui ne sont
pas nécessairement recevables dans le sens de la preuve précise pour l'audition
sommaire. Il y a des discussions un peu moins, disons, classiques. Le juge va
quand même être informé de choses qui pourraient ne pas être recevables dans le
cadre d'une audition sommaire, on s'entend, là.
M. Jolin-Barrette : En
matière d'audience sommaire, c'est les règles de preuve qui s'appliquent.
M. Cliche-Rivard : Exact.
Donc, vous, vous dites : Le juge va faire la part des choses dans son
esprit, de ce qui a été allégué ou poussé ou analysé, qui n'est pas
nécessairement recevable à l'audience sommaire, qui a reçu, lui, à l'étape de
la conciliation...
M. Cliche-Rivard : ...en
tant que juge qui traite la conciliation, il va la traiter, il va l'exclure de
son cerveau, là, comme il fait en voir dire ou ailleurs. Puis il va le traiter
de cette façon-là. C'est comme ça que vous entrevoyez les choses.
M. Jolin-Barrette :
C'est une belle illustration que le député de Saint-Henri—Sainte-Anne fait
état.
M. Cliche-Rivard : Et
les inquiétudes, notamment, parce que je vais vous en citer un autre,
Me Costanzo, je vais la citer, qui est de l'Association des avocats en
droit de la famille. Elle aussi invoquait cet enjeu-là, là, du juge du matin
versus le même juge d'après-midi, là. Encore une fois, vous maintenez que,
vous, vous ne souscrivez pas aux inquiétudes.
M. Jolin-Barrette : Non,
j'ai confiance aux juges, puis ce sont des professionnels, puis c'est un outil
supplémentaire qui est confié dans le sac à procédures des parties pour
simplifier le parcours judiciaire.
M. Cliche-Rivard : Une
belle citation, ça, M. le Président, de M. le ministre, qu'on pourra utiliser
un petit peu plus tard.
M. Jolin-Barrette : Le
sac à procédure?
M. Cliche-Rivard : Non.
J'ai confiance aux juges. Ce sont des professionnels. Ils prennent les bonnes
procédures...
M. Jolin-Barrette :
Bien, tout à fait. Tout à fait. Puis écoutez, c'est l'occasion de le réitérer
dans le système de justice. Les juges des cours municipales...
M. Cliche-Rivard : Par
exemple.
M. Jolin-Barrette :
...de la Cour du Québec, de la Cour supérieure et de la Cour d'appel, ce sont
tous des professionnels qui agissent avec impartialité au bénéfice des
justiciables du Québec.
M. Cliche-Rivard : J'en
suis. J'ai maintenu une position similaire dans le cadre d'un débat extérieur à
cette commission qui nous occupe. Puis je pense qu'il faut travailler très fort
pour préserver la confiance envers nos institutions. Et toute attaque ou remise
en question de ces institutions-là me semble nocive à notre démocratie. Donc,
je le passe comme message, moi également.
Le Président
(M. Bachand) :M. le ministre, autres
interventions?
M. Jolin-Barrette :
Sachant que la règle de droit est édictée au Parlement.
M. Cliche-Rivard :
Évidemment, sous réserve des règles constitutionnelles et déontologiques.
Le Président
(M. Bachand) : Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention
au 416.2... Oui? Bien, allez-y, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
pardon.
Mme Maccarone : Merci.
Moi, je souhaite juste comprendre. Je crois qu'on a besoin d'avoir une
suggestion écrite en noir et blanc dans la loi. Le juge n'a pas toute la
liberté de faire toutes sortes de suggestions? Alors, pourquoi qu'on a besoin
de mettre ça écrit dans une loi?
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, c'est notamment pour rétablir... Bien, en fait, pour pour
informer la cour et informer les parties que c'est... ça peut faire partie du
mandat du juge de voir qu'un dossier est propice à la conciliation audience
sommaire, mais il peut le suggérer aux parties.
Mme Maccarone : Mais il
peut avoir plusieurs autres suggestions, n'est-ce pas du juge, tu sais. C'est
pour ça que j'essaie de comprendre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, il peut suggérer aux parties d'aller en conférence de règlement à
l'amiable aussi.
Mme Maccarone : Ça fait
que pourquoi qu'on n'a pas un article pour ça?
M. Jolin-Barrette :
Bien, il faudrait voir dans le code s'il y en a un. Il y en a probablement un.
On me dit qu'il y en a un aussi pour la conférence de règlement à l'amiable.
Mme Maccarone : Ça fait
que chaque fois que le juge peut faire une...
M. Jolin-Barrette : Non,
mais c'est un message, c'est un message du législateur pour dire : Bien,
écoutez, si les dossiers se prêtent prête, pour l'efficacité du système de
justice, ça serait peut-être une bonne idée de le suggérer à l'appréciation du
juge.
Mme Maccarone : Mais il
n'est pas limité.
M. Jolin-Barrette : Non,
non, il n'est pas limité.
Mme Maccarone : Il n'est
pas limité. C'est juste qu'on met quelques aspects qu'on souhaite voir...
M. Jolin-Barrette :
Bien, ce qu'on dit, c'est que le législateur, là, et puis le ministre de la
Justice, l'exécutif, ils ne disent pas comment... On ne gère pas au quotidien
comment ça se passe dans les salles d'audience. Puis ça, c'est le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
qui va m'appuyer là-dessus en raison de l'indépendance judiciaire. Ce n'est pas
le ministre qui assigne les juges puis ce n'est pas le ministre qui dit quelles
décisions rendre. Alors, le législateur dit : Bien, voici un outil à votre
portée, puis vous pouvez le suggérer parce qu'on pense que ça pourrait aider
des familles, mais il n'est pas lié par ça, là. On ne dit pas : Vous devez
le suggérer.
Mme Maccarone : Non, non,
mais je comprends que c'est quand même une suggestion que nous faisions
nous-mêmes. Tu sais, je... On suggère que, lui, il fait, ou elle, elle fait
parce que nous sommes en train de le mettre dans la loi, mais on sait que ce
n'est pas une obligation. Puis il y a plein d'autres suggestions. C'est juste
ça que j'essaie de comprendre. Dans le fond, nous, on est en train de faire une
suggestion pour qu'eux ils peuvent suggérer. Ça fait que, pour moi, je vois ça
un peu... Puis je vous fais confiance dans cet aspect-là. Je le vois comme limitatif
parce que si on écrit en noir et blanc, on a telle suggestion, puis on a
peut-être d'autres suggestions, est-ce que ça veut dire toutes les suggestions,
nous devons avoir dans la loi parce que sinon, pourquoi ne pas juste radier
toutes ces suggestions puis avoir un genre de règlement?
M. Jolin-Barrette :
Bien, est-ce que le législateur... le législateur parle pour dire : Bien,
écoutez, c'est un moyen qui pourrait être utilisé. C'est 131 du Code de
procédure civile pour la conférence de règlement à l'amiable où le juge a la
possibilité de le dire aux parties.
Mme Maccarone : C'est
quand ils ont terminé cette étape? Parce que je comprends, ils ne peuvent pas
se retirer, chose que peut-être j'ai manqué ça, mais je ne comprends pas pourquoi
qu'ils ne peuvent pas se retirer. Peut-être dans votre réponse, vous pourriez
l'expliquer.
M. Jolin-Barrette :
Bien, comme je l'ai dit tantôt, c'est le juge qui peut mettre fin à la
procédure. Sinon, c'est un engagement volontaire de choisir cette voie
procédurale là. Donc, les parties s'engagent...
Mme Maccarone : …mais on trouve
un… mais, on trouve… On se concilie entre nous, pendant que le processus est
déclenché, je ne peux pas juste dire : Ah! regarde, on n'a plus besoin de
ça?
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est comme l'arbitrage.
Mme Maccarone : Et après qu'on
a terminé cette étape…
M. Jolin-Barrette : À moins
que les parties se soient entendues, là.
Mme Maccarone : Mais ça, c'est
après le…
M. Jolin-Barrette : Bien, pas
nécessaire, là, d'un coup que les parties se sont entendus, bien, puis qu'il
n'y a plus de litige, il n'y a plus rien à trancher.
Mme Maccarone : Puis, quand on
a terminé ce processus, est-ce qu'on retourne à médiation obligatoire?
M. Jolin-Barrette : Non, non,
non, là. Conciliation, audience sommaire, audience sommaire, il y a un
jugement, là, dans les 30 jours, ça met fin au litige.
Mme Maccarone : O.K. Puis on
fait ce choix, si je vous ai bien compris, c'est parce qu'on a des décisions
plus rapides que nous avons besoin de prendre comme la charge des enfants.
M. Jolin-Barrette : Bien, le
dossier va… le dossier va être évalué par le juge pour dire : Est-ce que
c'est un dossier qui se prête à aller en conciliation audience sommaire? Ce ne
sera pas tous les dossiers. Quand C'est un dossier fort complexe, les juges ne
sélectionneront pas ce dossier-là pour aller en conciliation audience sommaire,
mais, pour les dossiers qui ne restent pas beaucoup de questions à trancher ou
pour un dossier de peu d'importance… bien, peu d'importance, pas peu
d'importance, peu complexe, à ce moment-là, il va pouvoir aller en...
Mme Maccarone : Comme on
s'entend déjà, on a une idée de… où nous souhaitons y aller.
M. Jolin-Barrette : Bien,
supposons que la garde est réglée, la pension est réglée, les autos sont
réglées…
Mme Maccarone : Entre nous.
M. Jolin-Barrette : Oui,
entre vous, là.
Mme Maccarone : Entre nous,
O.K.
M. Jolin-Barrette : Puis il
reste, supposons, la valeur de la maison assujettie au patrimoine de l'union
parentale, il reste juste ça à calculer, supposons, les parties ne
s'entendent pas là-dessus.
Mme Maccarone : O.K., puis ça,
c'est quelque chose qui dure une journée, deux jours?
M. Jolin-Barrette : La
conciliation judiciaire, une journée.
Mme Maccarone : Juste une
journée. Est-ce qu'il y a des frais associés à ça?
M. Jolin-Barrette : Il n'y a
pas de frais. Dans le fond, c'est le système de justice, là.
Mme Maccarone : O.K. Ça fait
que les parties n'ont aucun frais à assumer, tu n'as pas besoin de…
M. Jolin-Barrette : Bien, à
moins qu'il soit représenté par avocat, il faut qu'ils paient leur avocat.
Mme Maccarone : Mais ce n'est
pas obligatoire.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas obligatoire.
Mme Maccarone : Puis je n'ai
pas besoin d'avoir un document notarié ou quelque chose comme ça quand j'y
vais.
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme Maccarone : Non. O.K.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Alors, on continue à 416.3, Interventions? M.
le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : M. le
Président, avant d'aller à 416.3, j'ai soumis sur Greffier…
Le Président (M.
Bachand) : …des commentaires à 416.3, M. le ministre.
Excusez-moi, M. le député.
M. Cliche-Rivard : Bien sûr.
M. Jolin-Barrette : L'article
proposé prévoit que le juge désigné doit convoquer les parties à une conférence
de gestion.
Le Président (M.
Bachand) : Aussi simple que ça. M. le député.
M. Cliche-Rivard : Oui, oui,
bien sûr. Je proposais, là, qu'on regarde l'amendement à 416.1, déposé sur
Greffier, avant d'entamer 416.3.
Le Président (M.
Bachand) : …de le recevoir. Alors, on va mettre ça à l'écran.
O.K. Alors, M. le député, pour la lecture, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. L'article 416.1, tel qu'introduit par l'article 5 du
projet de loi, est modifié par l'ajout, à la fin du deuxième alinéa, des mots
«sauf lorsqu'une partie invoque l'une des exceptions prévues au deuxième alinéa
de 419.2».
À 419.2, M. le ministre, les exceptions
que vous aviez créées, eu égard à la médiation obligatoire, deuxième alinéa,
sont exemptées de participer à la médiation les personnes qui ont déposé au
greffe une déclaration dans laquelle elles affirment qu'elles ont déjà
participé à une médiation ensemble ou invoquent un motif sérieux, notamment la
présence d'une situation de violence familiale, conjugale ou sexuelle.
La logique vient notamment, là, suivant
les arguments qui ont été présentés sur la question du contrôle coercitif,
notamment, là, au fait que madame pourrait… je dis «madame», là, mais, M. le
Président, ça peut être monsieur, là, j'utilise ça à titre d'exemple
aujourd'hui, là, ça pourrait être… avoir été… le consentement pour avoir été
obtenu, et malheureusement, sous la forme ou sur la… disons, la force du
contrôle coercitif, madame pourrait par la suite ne plus être d'accord avec
ledit consentement.
• (12 h 20) •
Alors, moi, ce que je soumets, c'est que,
si on peut se retirer d'une médiation obligatoire sur la base de ces motifs
sérieux là, on pourrait également demander dans le même régime d'être retiré de
la conciliation et de l'audience sommaire quand ces motifs-là sont invoqués. Je
pense que ça pourrait aussi rassurer et peut-être même encourager, M. le
ministre, l'utilisation du mécanisme par certaines femmes qui se diraient que, si
les circonstances venaient à changer, notamment, elles auraient au moins la
capacité volontaire de retirer leur consentement.
Je pense qu'on pourrait même y voir là un
effet bénéfique, M. le ministre, où on solidifierait la confiance de certaines
face au processus, donc en invoquant desdits motifs sérieux, qui seraient
relatifs et corollaires à ce que vous prévoyez de toute façon…
M. Cliche-Rivard : ...à 419.2
me semblerait tout à fait à propos, là, et je pense qu'on pourrait rassurer
beaucoup de gens et faire œuvre utile de manière positive, qui, je pense,
faciliterait aussi la confiance envers le processus que vous voulez mettre de
l'avant.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...une
courte suspension.
Le Président (M.
Bachand) :Suspendre quelques instants?
Alors, on va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 21)
(Reprise à 12 h 29)
Le Président (M.
Bachand) :Merci, ça fait qu'on va reprendre.
À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux, mais compte tenu
de l'heure, la commission suspend ses travaux, puis on se voit plus tard,
possiblement. À tantôt. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 19)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
début d'après-midi. On reprend nos travaux. Donc, la commission est réunie afin
de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 91, Loi instaurant le
Tribunal unifié de la famille au sein de la Cour du Québec.
Lors de la suspension de nos travaux cet
avant-midi, nous en étions à l'étude de l'amendement à l'article 5, présenté
par le député de Saint-Henri-Sainte-Anne. Je pense qu'il y a eu des
développements. Alors, je laisserais peut-être M. le ministre, expliquer vers
où on s'en va pour l'amendement. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez.... M. le Président, suite aux discussions que nous avons eues tout à l'heure,
le député de Saint-Henri-Sainte-Anne disait : On ne souhaite pas qu'une
personne victime de violence sexuelle, conjugale ou familiale se retrouve dans
une situation à ne pas pouvoir se retirer de la conciliation. Pour moi, vous
savez, pour le gouvernement, on a une sensibilité à cet effet-là. Alors, je
crois que le député de Saint-Henri-Sainte-Anne va avoir... a des... Je ne veux
pas anticiper ses gestes, M. le Président, mais j'anticipe des actions de sa
part.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Alors, n'étant
pas un geste ni une action, je vais vous suggérer, M. le Président... Je vais
vous demander de retirer l'amendement que j'ai préalablement soumis pour qu'on
en lise un nouveau.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a consentement?
Consentement. Donc, l'amendement préalablement déposé est retiré. M. le député
de Saint-Henri-Sainte-Anne, la parole est à vous.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Et je remercie par ailleurs les équipes qui ont travaillé et aidé
à l'amendement. Je lis : Article 5. Ajouter, à la fin du deuxième alinéa
de l'article 416.1 du Code de procédure civile, introduit par...
M. Cliche-Rivard : ...5 du
projet de loi la phrase suivante :
«Toutefois, après avoir signé une telle
convention et avant la date fixée par la tenue d'une séance de conciliation,
une partie peut mettre fin au processus lorsqu'elle invoque la présence d'une
situation de violence familiale, conjugale ou sexuelle.»
Donc, M. le Président, ça fait égard aux
discussions préalables que nous avions eues, le ministre en parlait il y a
quelques minutes, eu égard au fait que, comme on a relevé un petit peu plus tôt
à 416.1, une fois le consentement, en fait, accordé pour entamer une procédure
de conciliation et d'audience sommaire, le deuxième alinéa de 416.1 fait en
sorte qu'on ne peut pas mettre fin au processus. On a discuté, et le ministre y
faisait référence, de situations où, malheureusement, là, il pourrait y avoir
un changement de comportement ou des nouveaux faits en lien, là, puis...
précisément en lien avec une situation de violence familiale, conjugale ou
sexuelle, qui feraient en sorte qu'une personne qui aurait préalablement émis
son consentement pour participer à une telle procédure de conciliation et
d'audience sommaire ne souhaiterait plus en faire part. Donc, cette
personne-là, advenant l'adoption de l'amendement, aurait quand même une
possibilité de s'en retirer tant et aussi longtemps que ladite procédure n'a
pas été entamée, donc jusqu'au début de ladite procédure, là.
Ça fait en sorte, et le ministre en
parlait aussi, si je comprends bien... c'est qu'évidemment on ne peut pas
nécessairement deviner, à ce stade-ci, ou établir la durée ou le temps qui se
passera peut-être entre ledit engagement au sens de 416.1, procéder à une
conciliation-audience et, finalement, ladite date. Donc, évidemment que plus le
temps passe, plus il y a possibilité ou risque d'effritement, des fois, de la
relation, alors on veut créer des opportunités où une personne qui se serait
commise ou qui aurait déclaré son engagement au sens de 416.1 pourrait
s'en retirer, advenant la présence de ce qui est cité là, violence familiale,
conjugale et sexuelle.
Dans nos discussions préalables, il était
clair, ceci dit, qu'après le début desdites procédures, le juge lui-même
pourrait être appelé à trancher sur la fin des procédures si jamais lui ou elle
devait constater, là, suivant un allégué ou non, ladite présence de ces
éléments-là, mais là c'est le juge qui trancherait, alors qu'en amont du début
de la procédure, là, une personne pourrait tout simplement retirer son
consentement. Voici la proposition.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions sur
l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci beaucoup. Donc,
on continue. On était à 416.2. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Point 3, excusez-moi. 416.3. S'il n'y a pas de commentaire, on irait à
416.4. Interventions? Oui, M. le ministre, pour les commentaires à 416.4, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
l'article proposé prévoit que les parties doivent déposer au greffe et
communiquer à l'autre partie.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : ...M. le
Président, alors je comprends que, ce qu'ils doivent communiquer, c'est un
exposé, toutes les pièces, les déclarations sous serment, les extraits en
interrogatoire. Donc, je comprends que lors des procédures préalables, il
pourrait aussi y avoir des interrogatoires au préalable, tous les autres
éléments de preuve. Donc, au fond, comme certains groupes nous ont dit, c'est
comme un mini procès avant le procès. Est-ce que je comprends bien?
M. Jolin-Barrette : Bien non,
ce n'est pas un mini procès avant le procès parce que ça met fin à l'instance,
ça met fin au litige. Dans le fond, là, la conciliation audience...
M. Morin : Ça peut mettre fin
au litige.
M. Jolin-Barrette : Non, ça
va mettre fin au litige. À partir du moment... Le seul moment où ça ne met pas
fin au litige, c'est si le juge disait : Bien, je mets fin à la
conciliation audience sommaire.
M. Morin : Exact. Donc, ça
peut... si le juge dit : Non, non, moi, je ne terminerai pas ça, donc il
va y avoir un procès. Donc, je comprends que, dans votre évaluation, pour vous,
la majorité des cas, ça va se terminer là, mais ça pourrait ne pas se terminer
là aussi.
M. Jolin-Barrette : C'est une
possibilité.
M. Morin : Bon, exactement.
Donc, alors, je comprends que... et ça, c'est pour la... en fait, l'étape de la
conciliation, c'est ce que je comprends. Est-ce que...
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais c'est conciliation audience sommaire, là. C'est les deux, là, ce n'est pas
juste la conciliation.
M. Morin : O.K., mais je
comprends que vous allez commencer avec la conciliation.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
quand vous dites : Ça, c'est pour la conciliation, dans le fond, c'est
conciliation audience sommaire. La transmission des pièces puis tout ça, c'est
conciliation audience sommaire.
M. Morin : D'accord. Lors de
la conciliation...
M. Morin : ...est-ce que
le juge peut entendre d'autres informations, d'autres renseignements, d'autres
éléments de preuve, ou s'il est astreint à ce qui est déposé à 416.4?
M. Jolin-Barrette : Bien
là, il concilie les parties en fonction de ce qu'elles lui disent, les parties.
M. Morin : Donc ça peut
être plus que ça.
M. Jolin-Barrette :
Donc, dans le cadre de la conciliation, oui.
M. Morin : Donc, ça peut
être plus que ça.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : O.K. Parfait.
Je vous remercie.
Le Président
(M. Bachand) :Intervention? M. le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : C'est
le... Merci, M. le Président. Là, M. le ministre, juste pour bien comprendre.
Ici, on a parlé du matin puis de l'après-midi. Considérant, tu sais... Puis là,
c'est quoi le jeu ou la marge de manœuvre advenant qu'on est très proche en
conciliation, ou on est quand même bien avancé, mais on voit que ça va
effectivement probablement déborder. Le juge a quand même la discrétion de
rester en conciliation, puis d'aller œuvrer vers l'obtention de la conciliation
en après-midi, ou si vraiment, là, au bout des trois heures, il doit absolument
balancer en audience sommaire? J'aimerais ça que vous nous expliquiez un petit
peu quand est-ce qu'on entre dans le régime d'affaires sommaires.
M. Jolin-Barrette :
Alors, bien entendu, le juge va gérer l'instance, c'est-à-dire la conciliation.
Donc, le juge pourra prévoir plus de temps. Donc, ça rentre dans la mission des
tribunaux de favoriser la conciliation des parties si les circonstances s'y
prêtent. Donc, si c'est possible de régler. Supposons qu'il manque une
demi-heure, 45 minutes, une heure, bien, ils vont prolonger pour régler.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette :
Ouais, c'est ça. Le juge a ses pouvoirs de gestion. Ça fait qu'il peut étirer. S'il
voit qu'il pourrait arriver à concilier les parties, bien, il va...
M. Cliche-Rivard : Il va
les favoriser.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça.
M. Cliche-Rivard :
Est-ce que le juge va posséder cette même discrétion-là au-delà de la journée
de conciliation ou si, de facto, là, à 17 heures, ça, ça doit être réglé
avec... avec une ou l'autre des propositions?
M. Jolin-Barrette : Il
a... Il conserve toujours sa discrétion judiciaire.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Donc, le juge avance bien, là, dans un cas, dans la conciliation. Ça va bien.
Il décide qu'il empiète sur l'après-midi, ça. Il ne fait pas son audience
sommaire. Il est assez convaincu qu'on s'en va vers l'avant. Mais là, il arrive
la fin de la journée. Il dit : Bon, revenez demain, là, puis demain on va
finir la conciliation. C'est quand même possible, ça, de ne pas basculer vers
l'audience sommaire, là. Ça, c'est le juge qui prend sa décision, à
savoir : Bon. Là, j'ai l'intention... En fait, j'ai l'impression, selon ma
discrétion judiciaire, qu'on arrive au bout de la médiation. Je bascule en
audience sommaire. Si c'est le cas, ma question existe aussi dans l'autre sens.
Tu sais, si au bout d'une heure il sent qu'on n'y arrivera pas à la
conciliation à matin ni aujourd'hui, il peut immédiatement aussi basculer en
audience sommaire. C'est comme une discrétion qui lui appartient de verser dans
l'autre procédure quand il le souhaite. C'est ça?
M. Jolin-Barrette : Oui,
vous avez bien raison.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Vous...
M. Jolin-Barrette :
Donc, vous renversez le 649 du Code de procédure civile.
M. Cliche-Rivard : Ah!
le 649.
M. Jolin-Barrette : Puis
le juge a tous les pouvoirs à l'exercice de leur compétence.
M. Cliche-Rivard :
Parfait
M. Jolin-Barrette : Ça
fait que c'est sûr que si vous me demandez généralement...
M. Cliche-Rivard : Oui.
M. Jolin-Barrette :
Généralement, c'est conciliation le matin, audience sommaire l'après-midi. Mais
effectivement, s'il arrive en conciliation puis il voit qu'il ne sera pas
capable de les concilier, là, bien, on va aller en audience sommaire tout de
suite.
M. Cliche-Rivard : Et
ça, physiquement, ça se fait-tu à la même place? Est-ce qu'il y a un
déplacement des parties?
M. Jolin-Barrette : Au
palais de justice.
M. Cliche-Rivard : Dans
la même salle?
M. Jolin-Barrette : Eh
bien, c'est en fonction des salles disponibles.
M. Cliche-Rivard : Où là
il descend du trône, j'imagine, pour la conciliation. Puis il monte...
M. Jolin-Barrette :
Bien, je pense...
M. Cliche-Rivard :
...sur le trône où il préside l'audience.
M. Jolin-Barrette : Sur
le banc?
M. Cliche-Rivard : Sur
le banc.
M. Jolin-Barrette : Ou
le trône.
M. Cliche-Rivard : En
droit, j'ai procédé en Cour fédérale surtout, hein? Ça fait qu'on avait ça
comme procédure, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Le
trône?
M. Cliche-Rivard : Le
trône, oui. Ceci étant dit, ma question demeure.
• (15 h 30) •
M. Jolin-Barrette :
C'est des reliques, n'est-ce pas?
M. Cliche-Rivard : Oui,
bien sûr.
M. Jolin-Barrette : ...
M. Cliche-Rivard : Je
vous pose quand même la question sur le fond, là.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, en fonction de l'assignation des juges, parce que vous le savez,
c'est le juge en chef ou les juges coordonnateurs qui assignent. Dans le fond,
on a des salles où il n'y a pas de trône ou de banc. Alors, oui. Et d'ailleurs,
fait intéressant, saviez-vous qu'au Conseil privé, donc à Londres, à la Cour
suprême également, il n'y a pas de banc ou de trône supérieur? Dans le fond,
les juges de la Cour suprême du Royaume-Uni sont assis au même niveau que les
parties.
M. Cliche-Rivard : Fort
intéressant.
M. Jolin-Barrette :
C'est parlant quand même.
M. Cliche-Rivard : Quand
même. Je vous vois déjà opérer...
15 h 30 (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : …une
réforme, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, si
c'est comme l'article tout à l'heure, puis vous m'en faites une suggestion, je
vais la prendre en considération.
M. Cliche-Rivard : Tout à l'heure,
vous parliez d'une procédure où le juge a la discrétion de mettre fin à la
procédure de conciliation, disons, sommaire. Est-ce que vous avez la
disposition, là? C'est… ce pouvoir-là, c'est toujours 49 CPC, ou c'est… c'est
ailleurs où le juge peut mettre fin à la conciliation?
M. Jolin-Barrette : Alors, on
va le voir un petit peu plus loin, 416.5, troisième alinéa. Donc : «Le
juge peut toutefois décider de ne pas tenir d'audience sommaire, notamment en
raison de la durée estimée pour… celle-ci, lorsque le dossier soulève une
question complexe ou lorsqu'un tiers est impliqué. Il peut également décider d'y
mettre fin.»
M. Cliche-Rivard : O.K. Et
donc c'est ce dernier élément, là où il peut décider de mettre fin, qui inclut
sa discrétion, intégrant des violences conjugales ou tout autre élément
allégué. C'est là que… c'est là qu'il aura sa discrétion.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Cliche-Rivard : Quand les
pièces sont déposées à 416.4, les cinq pages, l'exposé, les pièces, les
déclarations. Est-ce qu'il est bien identifié ou est-ce qu'il doit
préalablement être identifié, ce qui fait office du dossier de conciliation, de
ce qui fait office ou ce qui constitue le dossier d'affaires sommaire? En ce
sens où, on en a parlé tantôt, les règles de preuve puis ce qui est admis n'est
pas nécessairement la même chose.
M. Jolin-Barrette : C'est le même
dossier.
M. Cliche-Rivard : C'est le
même dossier. Et là, s'il y a des arguments à faire au niveau de l'audition
sommaire, sur ce qui est recevable ou pas, ça se fera rendu là, mais de facto…
M. Jolin-Barrette :
Exactement. Exactement, conciliation, c'est plus souple.
M. Cliche-Rivard : C'est plus
souple. Et donc ce sera le même dossier qui sera soumis pour les deux, mais est-ce
qu'on peut choisir qu'on va soumettre des éléments à la conciliation qu'on ne
veut pas voir être soumis à l'audition sommaire?
M. Jolin-Barrette : Quel est
l'intérêt de la partie à faire ça?
M. Cliche-Rivard : Bien, il y
avait des discussions, notamment sur des admissions ou des éléments de
discussion, négociation qui étaient peut-être en dehors du cadre préétabli pour
favoriser un règlement. Là, il y a des gens qui parlaient justement qu'ils ne voudraient
pas que tout ce qui avait été discuté ou tout ce qui avait été allégué dans le
huis clos de la conciliation soit nécessairement directement versé au dossier
de fond. Et donc, tu sais, la partie qui veut aller plus loin dans sa
discussion de conciliation, elle est quand même contrainte à voir tout le
dossier versé.
M. Jolin-Barrette : Ils vont
être à… ils vont aller en… en conférence de règlement à l'amiable, à ce
moment-là.
M. Cliche-Rivard : Dans ce
cas-là. Donc, quand il y a… quand il y a plutôt des éléments de cette nature-là,
c'est la conférence à l'amiable qui est privilégiée à la conciliation, audition
sommaire. Dans quelle autre circonstance? Puis là peut-être juste nous clarifier,
pour ceux qui nous écoutent, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, n'oubliez
pas que la séance de conciliation, elle est confidentielle.
M. Cliche-Rivard : La
conciliation est complètement confidentielle. Ceci dit…
M. Jolin-Barrette : Elle est à
huis clos.
M. Cliche-Rivard : Elle est à
huis clos. Ceci dit… que toutes les pièces versées à la conciliation seront
versées à l'audience sommaire. Parce que vous me dites que c'est les mêmes
dossiers, c'est le même dossier.
M. Jolin-Barrette : Par
contre, comme je vous dis, c'est plus souple.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que c'est sous réserve de l'admissibilité de certains éléments de preuve, au
sens de ce qui est recevable, mettons, mais pas nécessairement au sens du fond.
M. Jolin-Barrette : Il n'y a
pas d'administration de preuve au niveau de la conciliation.
M. Cliche-Rivard : Exact.
M. Jolin-Barrette : Exemple,
il pourrait y avoir du ouï-dire, tu sais.
M. Cliche-Rivard : Exact,
exact, puis ce même ouï-dire là ne pourrait pas être…
M. Jolin-Barrette : Admissible,
après ça.
M. Cliche-Rivard : …admissible,
mais ici, s'il le fait… mettons, le ouï-dire émane d'un affidavit qui est
déposé au soutien du dossier conciliation audience sommaire, il appartiendra
aux parties, quand on serait rendu à l'étape de l'audience sommaire, d'invoquer
la non-recevabilité dudit affidavit issu du ouï-dire.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
M. Cliche-Rivard : O.K. et/ou
tout autre moyen de… Est-ce que quelqu'un pourrait décider de retirer une
pièce? Essentiellement dit, là, quelqu'un ne peut pas avancer une pièce, ou un
élément, ou une preuve...
M. Jolin-Barrette : La pièce
est au dossier de la cour.
M. Cliche-Rivard : Elle est au
dossier, là. Qu'elle soit au dossier en conciliation, elle va être au dossier sur
le fond, là, ça, ça ne change rien.
M. Jolin-Barrette : Vous
pouvez décider de ne pas produire la pièce.
M. Cliche-Rivard : Exact, et
puis simplement l'alléguer.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. J'aurais d'autres interventions…
M. Cliche-Rivard : Oui, bien
sûr.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Moi, ma
question, c'est plus sur le pratico-pratique. Comment avez-vous choisi le cinq
pages? Peut-être que ça existe déjà quelque part, puis le 10 jours.
M. Jolin-Barrette : Alors,
quand on a fait le projet de loi n° 8, avec le collègue de l'Acadie,
notamment, dans le fond, sur la procédure simplifiée à la Cour du Québec,
désormais, en matière civile, c'est cinq pages de demande, deux pages en
défense, parce qu'il pourrait… il pouvait y arriver, disons, que les demandes…
M. Jolin-Barrette : ...les
requêtes étaient très fort volumineuses, ça fait qu'on a voulu réduire les
coûts pour les citoyens. Donc, cinq pages en demande, deux en défense.
Mme Maccarone : Puis les
10 jours avant, ça aussi, c'est basé...
M. Jolin-Barrette : C'est
pour laisser le temps de prendre connaissance à l'autre partie, déposer au
greffe également, c'est des délais communs, là.
Mme Maccarone : Mais ça,
c'est basé aussi sur quelque chose qui était déjà adopté ailleurs ou on vient
tout juste d'introduire le 10 jours maintenant.
M. Jolin-Barrette : Non,
c'était déjà là. Peut-être que c'est 20 jours aux petites créances. C'est
plus vague dans mon esprit, là, mais c'est des délais quand même fréquents.
Mme Maccarone : Moi, ma
question, c'est : Est ce que 10 jours, c'est assez? Parce que je ne
sais pas la limite de cas qu'un juge peut prendre, ça fait que est-ce que
10 jours c'est assez pour elle ou pour lui de faire le tour de tous les
documents qui ont reçu des deux bords, incluant toutes les pièces jointes, les
déclarations, etc., s'ils ont 50 cas?
M. Jolin-Barrette : C'est au
plus tard 10 jours.
Mme Maccarone : Excusez-moi?
M. Jolin-Barrette : C'est au
plus tard du jour 10 jours. Ça peut être avant, là. Donc, quand on arrive
à 10 jours, il faut déposer... il faut avoir déposé les documents.
Mme Maccarone : Puis si tout
le monde dit : Bon, bien, j'ai jusqu'à telle date, ça fait que je respecte
le 10 jours. Ça veut dire que le juge a uniquement 10 jours pour
valider tous les documents.
M. Jolin-Barrette : Il y a du
monde organisé, il y a du monde non organisé aussi. Mais c'est un délai qui est
raisonnable. Puis ce n'est pas des dossiers complexes, là, qui s'en vont en
conciliation, audience sommaire.
Mme Maccarone : Ce n'est pas
des audiences complexes, mais on va les limiter à cinq pages.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas beaucoup, cinq pages.
Mme Maccarone : Mais c'est ça
pour moi, je trouve que cinq... mettons, si tout le monde vient avec les cinq
pages, les pièces, les déclarations, les extraits, interrogatoires et les
autres éléments des deux bords, et puis un juge peut avoir combien de dossiers
à sa charge?
M. Jolin-Barrette : Ah, bien,
ça, c'est le juge en chef qui assigne les dossiers puis qui gère la charge de
travail des juges, ce ne n'est pas le ministre de la Justice, ce n'est pas
l'exécutif à cause l'indépendance judiciaire.
Mme Maccarone : Mais
avez-vous une idée? Est-ce qu'il y a une étude pour mieux comprendre, c'est
quoi la charge? Comme... Parce que nous, on est en train d'adopter de la
législation qui peut avoir un impact sur la charge de travail. Malgré que je
comprends : ce n'est pas le gouvernement qui décide, mais le juge en chef.
M. Jolin-Barrette : C'est
impossible, impossible d'avoir ces renseignements-là, parce que la magistrature
dit : ça relève de l'indépendance judiciaire. Donc, ce ne sont pas des
renseignements qui sont communiqués sur la charge de travail des juges, sur
leur volumétrie, sur le nombre de dossiers traités par juge. Alors, moi, ce que
je vous dis, c'est que nous cherchons comme gouvernement à rendre le système de
justice plus efficace, plus accessible, plus humain, mais on ne s'immisce pas
dans la gestion des rôles, dans l'assignation des juges puisqu'il s'agit d'un
principe d'indépendance judiciaire. Peut-être, voudriez-vous me demander :
Est-ce que vous trouvez qu'on devrait informer la population du nombre de
dossiers traités par les tribunaux. Peut-être, voudriez-vous me dire :
nous devrions avoir des indicateurs de performance dans le système de justice.
À ça, je répondrais : Bien, je trouve que votre suggestion est
intéressante. Alors, ça fait partie de l'État. Alors, il faut rendre une
justice de qualité. Ce n'est pas uniquement quantitatif, c'est qualitatif
effectivement aussi, mais tout le monde doit s'astreindre à donner un rendement
qui est en fonction de l'investissement des citoyens dans le système de
justice. Donc, tout le monde doit mettre l'épaule à la roue et tout le monde
doit être performant.
Mme Maccarone : Merci pour la
réponse. Moi, je voulais juste savoir, le 10 jours, ça, ça sort d'où,
est-ce que c'est une recommandation suite à une conversation que vous avez eue
avec quelqu'un, peut-être. Parce que je comprends, je comprends tout ce que
vous avez dit, mais, pratico-pratique, on va adopter la législation que je
souhaite ne va pas causer des problèmes de l'autre côté.
• (15 h 40) •
M. Jolin-Barrette : C'est
suffisant, 10 jours.
Mme Maccarone : Et qu'est ce
qui arrive si quelqu'un arrive après 10 jours, mais il a quelque chose qui
est très pertinent d'une partie ou l'autre qui souhaite amener comme preuve?
Qu'est-ce qui arrive dans un cas comme ça? Parce que là, le 10 jours est
écoulé maintenant.
M. Jolin-Barrette : Si
quelqu'un va amener de la preuve après?
Mme Maccarone : Par la suite,
quelque chose arrive dans leur vie, je ne sais pas, on peut penser la violence
conjugale, mais quelque chose arrive, qu'est-ce qu'on fait?
M. Jolin-Barrette : Le juge
et gestionnaire du dossier, donc c'est lui qui va gérer le tout.
Mme Maccarone : Ça fait que
ce serait le juge qui décidera si on peut accepter une autre preuve, mais
aussi...
M. Jolin-Barrette : Oui, ou
s'il va remettre l'audience, ou s'il va remettre la conciliation.
Mme Maccarone : O.K. O.K.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Merci, M. le
Président. Effectivement, M. le ministre, c'était, je pense, dans le projet de
loi n° 8, où la procédure a été modifiée pour le cinq jours et le deux
jours en réponse. Depuis ce temps, est-ce que...
M. Morin : ...obtenu des
statistiques ou des commentaires des greffes disant que c'est suffisant, que ça
fonctionne, ça va bien, ça ne va pas bien, la mise en œuvre de ces
dispositions-là, qui remontent il y a...
M. Jolin-Barrette : ...
M. Morin : Oui, entre autres?
M. Jolin-Barrette : Oui, ça
va bien, ça va bien. Honnêtement, on a des bons taux de succès en médiation
puis en...
M. Morin : Non, je parle du
cinq jours et du deux jours, donc, pour produire ces documents-là. C'est
suffisant?
M. Jolin-Barrette : Du cinq
pages puis du deux pages?
M. Morin : Oui, cinq pages,
pardon, cinq pages et deux pages, oui.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui,
c'est suffisant.
M. Morin : O.K., parfait.
Dans... Je veux juste... Vous soulignez, dans le rapport... Dans le mémoire, en
fait, de l'Association des avocats et avocates en droit familial du Québec, on
soulignait, à la page 18, les coûts qui... que pourraient entraîner de telles
conditions préliminaires à la tenue d'une séance de conciliation, l'ampleur de
ce qu'il faille produire au dossier, bon, le juge... le temps de juge pour
qu'il en prenne connaissance, ce qui va amputer son temps pour siéger dans
d'autres affaires. Est-ce que c'est quelque chose que vous avez considéré? Puis
on a vu aussi qu'il y a plusieurs personnes qui se représentent seules. Est-ce
qu'ils vont être capables de rencontrer ces exigences? Le juge, évidemment, a
fait de la conciliation, ce n'est pas le conseiller juridique des parties. Est-ce
que c'est quelque chose que vous avez considéré ou évalué avant de rédiger la
disposition telle quelle?
M. Jolin-Barrette : Bien oui.
Mais je vous rappelle que c'est une mesure qui est volontaire par les parties,
c'est une mesure d'accès à la justice supplémentaire. Alors, je suis un peu
interloqué parce que... par le commentaire de l'association des avocats en
droit familial, parce que ces informations-là, elles sont nécessaires lorsque
vous tenez un procès pour régler une question, supposons, en union parentale,
éventuellement. Alors, je m'explique mal que... si la preuve est produite à la
conciliation audience sommaire versus si elle est produite au procès, je
m'explique mal leur commentaire.
L'idée, là, c'est d'avoir un processus
plus simple, qui est volontaire. C'est un ajout au système de justice,
justement, pour que ça coûte moins cher pour les citoyens, qui est plus simple.
Je comprends que l'association des avocats en droit familial est contre ça.
M. Morin : Enfin, bref, ils avaient
un questionnement, sur cette disposition, que j'entendais soulever. Alors, je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a d'autres
interventions ou... On peut continuer à 416.5, pour le commentaire, M. le ministre,
s'il vous plaît.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, la nature du
commentaire à l'article 416.5.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article proposé prévoit que la séance de conciliation a lieu à huis clos et
que, si un règlement intervient, le juge peut homologuer l'entente sur demande.
Il prévoit également la tenue d'une audience sommaire si aucun règlement
n'intervient. Il prévoit enfin que le juge peut décider de ne pas tenir
d'audience sommaire ou décider d'y mettre fin.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Acadie, s'il
vous plaît.
M. Morin : Alors, à 416.5, je
comprends que ce qui va être dit dans la séance de conciliation, bon, ça, ça a
lieu à huis clos. Mais, après, j'imagine que, quand on parle de l'audience
sommaire, ça, ça va se faire en public?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est du droit familial. Du droit familial, c'est...
M. Morin : C'est-tu tout le
temps à huis clos partout?
M. Jolin-Barrette : C'est
accès restreint, en droit familial.
M. Morin : Mais ce n'est pas
à huis clos.
M. Jolin-Barrette : Non.
Accès restreint, ça veut dire, si vous êtes membre du Barreau... Bien, dans le
fond, les parties, si vous êtes membre du Barreau, c'est...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Ah! c'est
huis clos. C'est le dossier qui est à accès restreint.
M. Morin : Le dossier.
Donc...
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Le dossier, ça veut dire que c'est les avocats qui peuvent l'avoir, plus les
parties, plus le greffe, là. Mais les audiences...
M. Morin : Et les notaires
aussi?
M. Jolin-Barrette : Pardon?
M. Morin : Et les notaires
aussi, j'imagine?
M. Jolin-Barrette : Les
notaires, en fonction... Avocats et notaires.
M. Morin : O.K., parfait. Et
là je comprends que, selon le processus ou la procédure que vous voulez mettre
en place, le juge va tenir la conciliation le matin. Donc, quand on regarde
416.4, le juge va avoir tous les éléments qui sont prévus là, il va rencontrer
les parties, il va tenter une conciliation. Bon, évidemment, s'il y a... s'il y
a un règlement, il n'y a pas de souci, parce que vous dites qu'il va homologuer
l'entente. Donc, ça, il n'y a pas de problème, il... Mais ça, il va le faire à
la cour l'après-midi. C'est ce que je comprends ou...
M. Jolin-Barrette : Pour
l'homologation...
M. Morin : L'homologation...
M. Jolin-Barrette : ...il va
le faire dans le cadre de ses pouvoirs... Est-ce qu'il peut le faire dans son
bureau ou...
Des voix : ...
M. Morin : O.K. Bon, là, on
va voir.
M. Jolin-Barrette : Donc, il
peut le faire directement dans la salle de conciliation avec les parties.
M. Morin : Avec les parties.
O.K., parfait. J'imagine qu'après ça la décision homologuée va être déposée au
dossier de la Cour.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : Puis là il va
rendre un jugement, ou si l'homologation, la décision, c'est le jugement?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est un... c'est un jugement, c'est ça.
M. Morin : C'est le jugement,
O.K., parfait. Puis à ce moment-là, est-ce que c'est toujours uniquement les
parties qui vont avoir accès, ou là si c'est plus accessible pour l'ensemble du
public, une fois qu'il a homologué puis il a rendu sa décision?
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, c'est les mêmes règles qui s'appliquent qu'un jugement en matière
familiale. Donc, c'est un accès restreint, les décisions qui sont rapportées,
supposons, et les noms des parties, ils ne sont pas là, là, c'est comme...
M. Morin : Oui, c'est
anonyme.
M. Jolin-Barrette : Ça va
être...
M. Morin : Comme A contre B
ou... puis contre quelque chose.
M. Jolin-Barrette : ...ou SJB
contre...
M. Morin : Voilà, c'est bon,
on... j'ai bien saisi. Parfait.
M. Jolin-Barrette : GCR.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, alors je
continue. Maintenant, dans votre... dans la procédure que vous mettez en place,
c'est le même juge qui... s'il n'arrive pas à homologuer l'entente, lors d'une
rencontre avec les parties, il peut décider de tenir une audience sommaire et
ça, il va le tenir en après-midi. C'est ce que je comprends, donc, dans cette
journée, là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
si... Vous voulez dire : S'il n'y a pas d'entente en conciliation?
M. Morin : Exact.
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est ça. Il va s'en aller en audience sommaire.
M. Morin : Alors, donc,
l'après-midi, il va présider l'audience comme juge, puis vous voulez, d'après
la procédure, qu'il y ait une rencontre en conciliation le matin puis qui... en
fait tienne l'audience l'après-midi. Le fait qu'avec la procédure, vous
assignez un juge le matin en conciliation et l'après-midi la cour en audience,
est-ce que vous ne venez pas pour gérer la cour?
M. Jolin-Barrette : Il
pourrait le mettre le lendemain matin.
M. Morin : Oui, sauf que, là,
ce que vous écrivez...
M. Jolin-Barrette : Tout à
l'heure, là... tout à l'heure, là, le député de Saint-Henri-Sainte-Anne nous
disait : Qu'est-ce qui arrive s'il voit qu'ils sont sur le bord de régler,
là, la conciliation, là, puis il prolonge ça, là? Bien, le juge est tout de
même maître de son horaire aussi, là.
M. Morin : Oui. Au niveau de
la conciliation, je vous suis, sauf que, de la façon dont c'est rédigé à 416.5,
si le juge tient une audience sommaire en après-midi et rend jugement, il n'a
pas l'air à avoir une grosse discrétion sur la gestion de son horaire. À moins
que je lise mal, là.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
il est écrit «en après-midi». Cela étant, si, en après-midi, il est rendu 3 h
30, puis la cour suspend à 4 h 30, bien, s'il a besoin de temps supplémentaire
pour compléter, puis, je ne sais pas, la greffière, elle doit quitter, à
l'impossible, nul n'est tenu, là.
• (15 h 50) •
M. Morin : Non, mais ça,
c'est... non, mais ça, c'est sûr, M. le ministre, parce que les tribunaux ont
des horaires, puis, effectivement, quand on arrive à la fin d'une journée,
16h30 ou 17 heures, bien, c'est toujours la même affaire, si on veut procéder,
bien, on demande évidemment l'autorisation, le juge demande l'autorisation par
la greffière, parce que ces gens-là ont des horaires. Ça, il n'y a pas... il
n'y a pas de souci, là, mais la façon dont vous le rédigez, ça semble dire que,
dorénavant, les juges, quand ils vont présider ce type de séance là, vont faire
la conciliation le matin et puis ils vont rendre jugement l'après-midi, point
final, point barre.
Ça fait que, là, j'essaie de voir comment
le juge en chef va gérer sa cour, compte tenu de ce que vous imposez dans votre
projet de loi. Ça fait que ça, c'est ma première, première question. Parce que
vous ne dites pas, par exemple : Le juge qui tient une audience sommaire
va, éventuellement, avant le jugement... ce n'est pas rédigé comme ça. Alors,
ça, c'est mon premier... mon premier point. Parce que vous nous avez dit à
plusieurs reprises depuis qu'on a commencé à regarder ces dispositions-là, que
vous ne gérez pas la cour. Oui, alors, oui, je vous écoute.
M. Jolin-Barrette : Bien non,
je ne gère pas la cour, à moins que vous m'en fassiez la suggestion.
M. Morin : Je n'ai jamais
suggéré ça, moi. On a des juges très compétents, des juges en chef compétents,
au Québec, qui gèrent leur cour. Moi, ça me rend heureux comme ça, M. le
ministre, mais c'est à vous que je pose la question.
M. Jolin-Barrette : Bien, on
s'entend là-dessus, on s'entend là-dessus. Alors, faut lire le projet de loi
dans son ensemble. Exemple, à 3, là, l'article 324 de ce code est modifié par
l'insertion...
M. Jolin-Barrette : ...après
le paragraphe 3 du premier alinéa du paragraphe suivant :
«3.1. un mois à compter de la prise en
délibéré à la suite d'une audience sommaire en matière d'union civile ou
d'union parentale.»
Donc, s'il ne l'a pas pris en délibéré
encore, son délai ne commence pas à courir. Donc, exemple, là, la majorité des
dossiers et le modèle qui est créé, en termes d'accès à la justice,
c'est : le matin, conciliation, l'après-midi, audience sommaire. Les juges
vont présélectionner les dossiers et ils vont dire : Bon, bien, ce type de
dossier là, on peut l'envoyer en CAS, conciliation-audience sommaire, il s'y
prête. Ils ne savent pas ce qui va arriver dans la conciliation. Supposons
qu'il y a des bonnes discussions, tout ça, ils voient que ça peut se régler,
finalement, ça déborde après la pause dîner, puis ils continuent en
conciliation parce qu'ils pensent pouvoir arriver là. Finalement, pour x, y
raisons, les parties ne réussissent pas à se concilier. Arrive 15h30, commence
l'audience sommaire, mais là il y a juste une heure de cour, supposons...
Malgré que, dans certains États, comme en France, supposons, ils siègent
jusqu'à 22, 23 heures. Et là, bien, ça se pourrait que rendu à 16h30, il n'y
ait qu'une partie qui ait fait sa preuve. Alors le juge va avoir la possibilité
de remettre le dossier, en fonction de sa disponibilité, en fonction de la
disponibilité de la cour, et, après ça, va pouvoir rendre son jugement,
lorsqu'il aura pris en délibéré, à l'intérieur de 30 jours.
Donc on envoie des grandes indications à
la cour pour dire : Voici, là, si vous allez en conciliation-audience
sommaire semaine, généralement, ça se passe en une journée : conciliation
le matin, audience sommaire l'après-midi. Il pourrait arriver, puis ça les
juges ont le pouvoir, en vertu de leur pouvoir gestion, de dire : Bien,
j'ai besoin d'un peu plus de temps pour finir la preuve. Mais ce n'est pas des
procès qui vont durer une semaine, supposons, de temps de cour, parce qu'ils
ont identifié les procès, ils savent que c'est des questions simples puis qu'ils
peuvent le régler rapidement.
Donc, à votre question, dans l'absolu,
est-ce que tous les dossiers vont se terminer à 16h30, la journée même où il y
a eu la conciliation? La réponse, c'est : Peut-être pas, mais le juge a la
liberté pour le faire. Mais le législateur indique : Bien, le matin, c'est
la conciliation, l'après-midi, c'est l'audience sommaire. Après ça, le pouvoir
de gestion des juges en vertu du code s'applique.
M. Morin : Oui. Bien, je vous
écoute attentivement, puis, dans les explications que vous avez données,
justement, vous l'avez dit : Généralement, ce que vous voulez faire, c'est
dans une journée, parce que c'est censé être des dossiers moins complexes qui
ont été identifiés par le juge, ça devrait se régler dans une journée, bon. Ça
va. Ça, j'ai bien entendu. Sauf que ce n'est pas ça que vous avez écrit dans
votre projet de loi.
M. Jolin-Barrette : Bien oui.
M. Morin : Ça fait que ce que
vous avez écrit dans votre projet de loi, ça semble être un peu plus restreint,
comme marge de manœuvre. Mais, ceci étant dit, j'ai... Oui, allez-y.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est... Avec égards, M. le Président, c'est comme quand on dit : Un
dossier doit être inscrit après six mois ou après un an, tu sais, supposons.
Dans le code, on prévoit ça. Bien, ils ont des pouvoirs de gestion quand même,
là. Supposons, là, qu'on fait... la conciliation n'a pas marché le matin, on
commence à l'heure prévue, là, supposons, à 13h30 ou a 14 heures, puis, je ne
sais pas, M. fait un malaise cardiaque, là, le juge, il ne dira pas : M.,
on va finir l'audience sommaire parce que le législateur a dit, dans le code,
c'est cet après-midi que ça se passe, tu sais.
M. Morin : Clairement, M. le
Président. Ça, on est d'accord là-dessus, là, ce n'était pas... ce n'était pas
mon point.
Maintenant, autre élément, vous prévoyez,
dans votre projet de loi, que c'est le même juge qui va traiter de la séance et
de la confidentialité de la séance, le matin, entre les parties pour la
conciliation, mais c'est le même juge qui va tenir l'audience sommaire, qui est
dans un cadre, ce que je comprends plus structuré, moins souple. À une question
précédente, vous m'avez dit, effectivement, si je vous ai bien compris :
Lors de la séance de conciliation, il pourrait même y avoir du ouïe dire,
d'échanger entre les parties, le juge va sûrement poser des questions. Donc là,
l'après-midi, on revient avec des règles plus formelles et...
M. Morin : ...le juge,
évidemment, il peut difficilement faire abstraction, bien que ce soient des
professionnels, de tout ce qu'il a entendu. D'ailleurs, dans le Code de
procédure civile, corrigez-moi si je fais erreur, mais quand on parle de modes
alternatifs de règlement des différends, ce n'est pas le même juge qui, à la
fin, va entendre l'audience s'ils ne sont pas capables d'en arriver à un
règlement, à moins que je me trompe. Donc, pourquoi, dans ce cas-ci, vous
donnez la compétence au même juge? D'ailleurs, et je sais que j'ai écouté vos
commentaires, M. le ministre, sur le mémoire de l'Association des avocats et
avocates en droit familial au Québec, mais c'est un des éléments qui soulève en
référant à l'article du Code de procédure civile et qui, règle générale, dit
qu'effectivement c'est un autre juge qui va... qui va entendre... qui va
entendre l'affaire. Et ça fait une référence à l'article 165 du Code de
procédure où on dit, à la page 20, par la suite, dans un cas où il n'y a
pas de règlement, le juge peut prendre des mesures de gestion appropriées ou,
avec le consentement des parties, convenir... convertir le tout en conférence
de règlement à l'amiable ou en conférence de gestion. Il ne peut cependant par
la suite instruire l'affaire ou décider d'une demande incidente à celle-ci. Donc
là, je comprends que vous voulez mettre en place un nouveau mécanisme, mais
c'est le même juge qui va... qui va tout entendre. Puis je vous dirai qu'il y a
plusieurs groupes qui ont soulevé cet, en fait, cet enjeu-là, appelons-le comme
ça. Donc, j'aimerais ça savoir pourquoi... bien, si vous avez considéré ça et
puis pourquoi vous tenez absolument à ce que ce soit le même juge.
M. Jolin-Barrette :
Bien, les commentaires qui sont formulés, ils sont formulés avec une vision
puis je vous dirais, en regard de quel est l'état du droit actuellement
Exemple, en conférence du règlement à l'amiable, le code prévoit, comme le député
de l'Acadie l'a dit, qu'effectivement ce n'est pas le même juge qui entend
l'affaire. Si les gens veulent ça, ils vont aller en conférence de règlement à
l'amiable, c'est une voie qui existe, comme ils pourraient aller en arbitrage,
conférence de règlement à l'amiable. Là, on vient mettre en place la médiation
obligatoire, ce qui est nouveau. Et là on offre aussi une autre voie,
conciliation audience sommaire qui n'est pas la conférence de règlement à
l'amiable. C'est nouveau, là, puis je suis conscient, ce n'est pas comme le
reste. Par contre, là, les parties décident ensemble. Ils consentent. Ils
disent : D'accord. Moi je veux régler mon litige plus rapidement. Il ne
reste que quelques... C'est un dossier simple, où il ne reste que quelques
éléments à régler. Et donc je sais que ça va se faire le matin, conciliations
et l'après-midi en audience sommaire. Je le sais que ça va être le même juge et
je ne peux pas me retirer sous réserve de violence conjugale, sexuelle et
familiale, ou que la juge puisse y mettre fin, et ça sera le même juge. Alors
les parties y consentent, ils le savent déjà. Donc oui, c'est un nouveau
véhicule procédural, mais c'est un nouveau véhicule procédural pour aller plus
rapidement pour régler le dossier, puis en termes de célérité de la justice, je
pense qu'on doit prendre toutes les mesures alternatives qui sont là. Mais on
ne l'impose pas, là. Les gens sont libres de consentir ou non à ça.
M. Morin : Je comprends.
Je comprends, sauf que vous avez des parties, là, qui se parlent le matin, là.
Le juge est partie prenante à ça, là, en fait. Parce que, je veux dire, il va
concilier. Ça fait que ce n'est pas... Ce n'est pas comme un juge dans un
rôle... En fait, ma compréhension, ce n'est pas comme un juge dans un rôle plus
traditionnel, où il est à la cour, il entend les parties qui déposent des
éléments de preuve et il tranche.
• (16 heures) •
M. Jolin-Barrette : Mais
ça change beaucoup, là. Le juge sphinx, comme on disait, c'est de moins en
moins dans la technique de la magistrature. Et là, la différence aussi avec la
conférence de règlement à l'amiable, c'est que la conciliation se fait avec les
deux parties en tout temps. En conférence de règlement à l'amiable. Il peut
rencontrer les parties individuellement, ce qui n'est pas le cas dans cette
situation.
M. Morin : Je vous
fais... Je ne fais pas référence nécessairement au juge sphinx, mais un juge,
ce qu'on attend de lui, c'est qui tranche entre les parties, ce n'est pas le
conseiller des parties. En conciliation, j'imagine qui va avoir un rôle, une
intervention qui va être beaucoup plus soutenue. Sinon ça ne donne rien.
M. Jolin-Barrette :
Bien, comme quand les conférences de règlement à l'amiable sont arrivées...
M. Morin : Oui...
16 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...bien,
ça a complètement changé aussi. Puis ça ne faisait pas l'unanimité. Mais quand
ils ont parti ça à Cour d'appel, là, je pense que c'est la juge Otis qui a
parti ça à la Cour d'appel. Puis d'ailleurs le ministre Dupont-Moretti, quand
il est venu ici, là, il s'est fortement inspiré de ce qui était développé au
Québec. Eux autres, ils appelaient ça l'ARA, je pense. Alors... Mais dans le
système français, c'était... C'est une hérésie, là, tout ça, Mais on... On
innove.
M. Morin : Oui. Tu sais...
Le Président (M. Bachand) :M. le député d'Acadie.
M. Morin : ...c'est
parce que je n'avais pas terminé. Oui, mais c'est parce que... Je suis... Je
suis très au courant des projets à l'époque de ce que Mme la juge Otis a fait. J'en
étais partie prenante. C'est la même affaire à l'époque où on a commencé en
droit criminel à avoir des juges qui pouvaient faire de la facilitation. Puis
ça aussi c'était nouveau. Puis au début...
M. Jolin-Barrette : Ou
de la super facilitation.
M. Morin : Puis au début,
il y a des gens qui se demandaient : Bien voyons, ça n'a pas de bon sens.
Alors, on a innové. Sauf que, dans ces cas-là, le juge qui fait la
facilitation, là, ce n'est pas le juge qui entend le procès, là. Alors, mon
point, il est là-dessus. Puis les comparaisons avec le système français, c'est
bon, ils ont un code civil aussi, mais leur système ne fonctionne pas
véritablement comme on fonctionne ici. Puis quand vous parlez des règlements à
l'amiable ou des conférences de gestion, bien, c'est ça mon point avec le Code
de procédure civile, ce n'est pas le même juge qui va entendre la preuve après,
s'il y a un procès. Donc, je comprends que vous dites que les parties sont
libres d'y adhérer, mais il me semble que ça permettrait aux parties d'échanger
beaucoup plus librement et puis peut-être même d'arriver à plus d'ententes si
vous donnez une plus grande marge de manœuvre au juge en conciliation, sachant
qu'il n'entendra pas le procès au fond s'il y a des différences, étant entendu
que vous pourriez très bien amender votre projet de loi pour faire en sorte que
ce qui a été réglé pendant la conciliation, les parties ne pourront pas revenir
là-dessus. Donc, ça vous donne en fait d'avoir une voie de passage. Ça vous
permet en fait d'avoir des partis qui vont être capables de parler, puis ça, il
y a plusieurs mémoires qui en parlent, qui vont pouvoir parler de toute façon
très candidement, ouvertement au juge, sachant que ça ne sera pas le même juge
à la fin, qui va sceller l'entente, ou le sort, ou la décision entre les
parties.
Le Président (M. Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mais
on perd de l'efficacité. On rentre un autre juge dans le processus. Puis je
vous réitère qu'en Ontario c'est le même juge. Puis ici au Québec, il y avait
un projet pilote avec la Cour supérieure, puis c'est la même juge. Puis les
juges sont sensibles à leur devoir d'impartialité. Puis, s'ils sentent, ou il y
a des... ou il pourrait y avoir des enjeux de partialité, ils vont se récuser.
Ils le savent. Il faut leur faire confiance.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci,
M. le Président. Tout à l'heure, M. le ministre, vous parliez qu'en
conciliation, en ce moment, le juge peut y mettre fin, là. Vous le mentionnez à
416.5, troisième alinéa, mais que ça implique vraiment l'audience sommaire. Il
y a ce même pouvoir-là pour la conciliation? Il peut mettre fin aussi à la
conciliation où il doit... Il ne peut pas mettre fin à la conciliation puisque
je lis : Le juge peut toutefois décider de ne pas tenir d'audience
sommaire, notamment en raison de la durée estimée pour la tenue de celle-ci.
Lorsque le dossier soulève une question complexe ou lorsqu'un tiers est
impliqué, il peut également décider d'y mettre fin. Mais là, on est encore dans
l'audience sommaire. Est-ce qu'il avait ce même pouvoir-là de mettre fin à la
conciliation?
M. Jolin-Barrette : Oui,
il a le même pouvoir en vertu de l'article 9 du CPC.
M. Cliche-Rivard : 9,
CPC. Parfait. Donc, il l'avait aussi implicitement, sans le 9, pour la phase sommaire,
ou ça, c'est vraiment cette disposition-là qui vient le confirmer?
M. Jolin-Barrette : Alors,
c'est en vertu de la disposition, parce que le 9, c'est la conciliation.
M. Cliche-Rivard : 9, c'est
spécifiquement la conciliation. Parfait. Le collègue en parlait, le collègue de
l'Acadie en parlait tantôt, matin et après-midi, ce sont des suggestions, là.
La cour va gérer comme elle veut bien gérer.
M. Jolin-Barrette :
Bien, le législateur dit que c'est le matin, puis que l'audience sommaire, c'après
l'après-midi.
M. Cliche-Rivard :
Advenant que le juge en chef veut placer une conciliation l'après-midi, ce n'est
pas la fin du monde, là.
M. Jolin-Barrette : Ce
ne sont pas des délais de rigueur.
M. Cliche-Rivard : C'est
ça.
M. Jolin-Barrette : Cela
étant, voici l'indication que le législateur envoie à la cour.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Mais dans le cas où il y a une annulation, quelle qu'elle soit, je ne sais... je
ne sais trop.
M. Jolin-Barrette : Mon
monsieur... Mon monsieur qui a un malaise cardiaque, là...
M. Cliche-Rivard : Bien
oui. Puis là, on décide de placer d'autres choses cet après-midi-là, parce qu'on
pourrait régler un dossier, on ne s'obstinera pas.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas le ministre de la Justice qui gère le rôle.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Ensuite, parce que vous...
M. Jolin-Barrette : À
moins que vous me suggériez le contraire.
M. Cliche-Rivard : Non,
non, non, pas du tout. Vous connaissez très bien la réponse à cette question. Tout
à l'heure...
M. Cliche-Rivard : …vous
donnez l'exemple… Tout ça, c'est dans une volonté d'accélérer. Êtes-vous à même
de nous informer à peu près des délais moyens actuels qui feraient en sorte
que, vraiment, les citoyens, citoyennes seraient rassurés ou, en fait, non,
seraient tentés d'utiliser le nouveau processus de conciliation audience
sommaire, plutôt que le processus régulier? Autrement dit, on va-tu leur dire
que vous… ils pourraient potentiellement sauver trois fois le temps? Est-ce que
c'est plutôt deux fois le temps? Ça ressemble à quoi, à peu près comme délai
moyen?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, actuellement, on va être dans un nouveau régime, notamment. Il y aura…
c'est une courbe qui va monter, puis ça va permettre à la Cour du Québec de
s'organiser, mais justement, au lieu d'attendre de faire toutes les différentes
étapes puis d'arriver à l'instruction pour fixer, on va pouvoir régler le
dossier plus rapidement, d'autant plus que ce sont des dossiers qui demandent
peu de temps de cour. Donc, vous savez, souvent, ce qui est difficile à fixer,
c'est des dossiers qui prennent plusieurs journées.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
qu'on pense…
M. Jolin-Barrette : C'est un
outil supplémentaire en amont pour régler les dossiers, mais, encore une fois,
pour la question des délais, du calendrier, les assignations, ça ne relève pas
du ministre de la Justice en raison de l'indépendance judiciaire.
M. Cliche-Rivard : Mais
l'espoir, c'est que ce soit si simple, rapide et efficace que les gens
privilégient le nouveau véhicule.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
M. Cliche-Rivard : C'est
votre souhait, c'est l'intention.
M. Jolin-Barrette : Si ça s'y
prête, oui, parce que n'oubliez pas que la médiation est obligatoire, peut-être
que…
M. Cliche-Rivard : Sous
réserve des exceptions.
M. Jolin-Barrette : Sous
réserve des exceptions. Puis n'oubliez pas qu'on va pouvoir avoir traité…
avancé, à tout le moins, dans les différents dossiers en médiation, puis que,
là… que peut-être qu'après ça, un tiers juge qui arrive dans le dossier, bien,
ça aide à concilier.
M. Cliche-Rivard : Parce que,
possiblement…
M. Jolin-Barrette : Il ne
faut pas négliger la tierce partie.
M. Cliche-Rivard : Parce que,
comme vous l'expliquez bien, on a probablement, possiblement été en médiation
obligatoire en amont, on ne s'est pas entendus, mais on s'est dit : Ah! tu
sais quoi, on n'est pas loin d'un règlement. Saisissons l'instance à 416.
Avançons. Ça fait qu'il y a déjà là une deuxième, troisième en affaire
sommaire, puis là on règle.à faire soi-même.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Cliche-Rivard : C'est le
souhait.
M. Jolin-Barrette : Mais je
vous dirais, là, ne voyons pas ça comme Picsou, là. Mon coffre-fort est à
moitié vide, ça fait qu'on s'en va, là. Voyons-le plutôt comme on s'est
entendus sur le trois quarts des éléments en médiation. Donc, il ne nous reste
que 25 % de notre litige à régler. Puis on est assez mature pour discuter,
puis dire : Bien, on va aller en conciliation avec un juge, c'est la
prochaine étape à moindre coût, plus rapide, puis audience sommaire, un coup
que mon audience sommaire va être terminée, 30 jours après, je vais avoir
un jugement. C'est… c'est une procédure supplémentaire dans le sac à procédure.
M. Cliche-Rivard : Et, si on…
le juge décide : Finalement, Question trop complexe, ce qui est écrit, là,
ça prend un tiers davantage, là, bien, il remet ça sur le rôle normal, là, sur
le… sur la liste d'attente des dossiers qui sont en attente d'instruction de
manière régulière.
M. Jolin-Barrette : La
procédure régulière, effectivement.
M. Cliche-Rivard : Puis il
perd le «fast track», entre guillemets, la procédure rapide.
M. Jolin-Barrette : Bien, il
retombe dans la procédure régulière.
M. Cliche-Rivard : Normale,
régulière. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de l'Acadie.
• (16 h 10) •
M. Morin : Oui. Toujours la
même question. J'attire également votre attention, M. le ministre, sur le
mémoire qu'a produit la Pre Costanzo, qui traitait justement de la question et
qui soulevait le fait que ça pourrait être effectivement problématique si c'est
un même Juge qui demeure saisi du dossier. Elle ajoutait également que ce type
de gestion requiert des effectifs importants. Il faut alors… il faut alors
s'attendre à des mesures budgétaires conséquentes.
Donc, est-ce que c'est quelque chose que
vous avez prévu? Puis, quand on regarde sur le site de la cour de la famille,
en Ontario, quand on parle d'une conférence ou d'un règlement à l'amiable, à
moins… ce qu'on lit sur leur site d'une façon sommaire, là, ça ne semble pas
être le même juge. Donc, il y a un juge qui pourrait suggérer des façons de
régler les litiges, il va pouvoir informer les parties, mais c'est un autre
juge qui pourrait trancher les questions en litige lors du procès, alors que
vous, ici, ça va être le même juge.
M. Jolin-Barrette : Ça va
être le même juge qui va conseiller les parties et qu'en après-midi va faire la
conciliation audience sommaire.
M.
Morin :Bien.
Le Président (M.
Bachand) : D'autres interventions sur l'article 416.5? Donc,
on revient à l'article cinq avec l'amendement du député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
est-ce que l'article 5, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté…
Le Président (M.
Bachand) :...adopté. Merci. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Alors,
l'article 6. Juste vérifier, est-ce qu'il y a une volonté d'aller par bloc
ou...
M. Morin : Je vais avoir des
amendements à vous suggérer, alors, j'aimerais qu'on procède avec 6 maintenant.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Ce code
est modifié par l'insertion, avant l'article 420, des suivants :
«419.1. La médiation obéit aux principes
généraux inscrits au présent code et suit le processus qui y est prévu.»
«419.2. Dans toute affaire relative à
l'union civile ou à l'union parentale, s'il s'agit d'une première demande
introductive d'instance et qu'il existe un différend entre les conjoints
concernant la garde d'un enfant à l'exercice de l'autorité parentale, les
aliments dus à un enfant ou à un conjoint, ainsi que le partage du patrimoine
familial ou de l'union parentale ou les autres droits patrimoniaux résultant de
la vie commune, l'instruction de l'affaire ne peut avoir lieu à moins que les
parties n'aient entrepris une médiation auprès d'un médiateur accrédité
qu'elles choisissent.
Sont exemptées de participer à la
médiation les personnes qui ont déposé au greffe une déclaration dans laquelle
elles affirment qu'elles ont déjà participé à une médiation ensemble ou
invoquent un motif sérieux, notamment la présence d'une situation de violence
familiale, conjugale ou sexuelle. Lorsque les circonstances l'exigent,
pour assurer la saine gestion de l'instance et son bon déroulement ou pour
éviter un préjudice à l'une des parties ou à ses enfants, le tribunal peut
instruire l'affaire sans que les parties aient entrepris une médiation. Si le
juge a connaissance qu'une partie a fait une fausse déclaration concernant la
participation à une médiation... motifs sérieux ou s'il considère qu'une partie
a invoqué un motif insuffisant ou a agi de mauvaise foi dans le but de retarder
la médiation ou l'instruction, il peut lui ordonner de payer ses frais de
justice engagés par l'autre partie. Il peut également, s'il considère que la
personne a agi de mauvaise foi, retarder la médiation ou l'instruction, lui
ordonner le versement à l'autre partie selon ce qu'il estime juste et
raisonnable, une compensation pour le paiement des honoraires de son avocat ou,
si cette autre partie n'est pas représentée par avocat, une compensation pour
le temps consacré à l'affaire et le travail effectué.»
Alors, le commentaire à 419.1 :
L'article proposé reprend le dernier alinéa de l'article 420 du Code de
procédure civile.
Le Président (M.
Bachand) :...le commentaire, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette : 419.2.
L'article proposé prévoit la médiation obligatoire dans toute affaire relative
à l'union civile ou à l'union parentale s'il s'agit d'une première demande
introductive d'instance et qu'il existe un différend entre les conjoints.
Il prévoit également des exemptions à
l'obligation d'entreprendre une médiation et la possibilité pour le tribunal
d'ordonner le paiement de certains frais de justice ou honneur. Enfin, il
prévoit que le tribunal peut instruire l'affaire sans que les parties n'aient
entrepris une médiation.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député
d'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Alors, je
comprends que c'est avec cet article-là du projet de loi, M. le ministre, que
vous voulez rendre la médiation obligatoire dans le cas de ces litiges en
matière familiale.
M. Jolin-Barrette : Excusez-moi,
c'est... médiation obligatoire?
M. Morin : Oui, c'est ça.
Donc, c'est en vertu de cette disposition-là.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : Et vous prévoyez
un mécanisme pour, éventuellement, exempter de la médiation les personnes qui
auraient déposé une déclaration. Vous faites référence à des motifs sérieux,
mais, également, vous précisez «situation de violence familiale, conjugale ou
sexuelle». Puis c'est une disposition qui, je trouve, je vous le soumets, a
fait couler quand même beaucoup d'encre lors des consultations particulières et
qui se retrouve dans plusieurs mémoires. Ça n'a pas fait l'unanimité, mais il y
a quand même énormément de groupes qui l'ont souligné.
Et je vais vous faire... je vais vous
référer à certains mémoires, notamment l'Association nationale Femmes et
droits, où on a... on s'interroge sur cette question de la médiation
obligatoire et où on soulève que la médiation obligatoire soulève de graves
inquiétudes, je suis à la page, en fait, 2 de leur mémoire, particulièrement
pour les victimes de violence conjugale. Je comprends que ce que vous voulez
faire, c'est de favoriser des ententes à l'amiable, mais, évidemment, il faut
que le consentement soit libre et éclairé puis que les parties soient sur un
pied d'égalité. Et c'est ce que plusieurs groupes nous ont dit : Pour des
personnes, puis c'est souvent des femmes qui sont victimes de contrôle
coercitif, de violence sexuelle, de violence conjugale... ce qu'on nous disait,
et je me fie aux groupes d'experts qui sont venus nous rencontrer, que, dans
certains cas, ils veulent acheter la paix et donc ils vont... ils vont y aller,
en médiation. Ils ne vont pas nécessairement soulever l'exemple et l'exemption
que vous énoncez à l'alinéa 2, mais qu'évidemment ça va...
M. Morin : ...et une situation
où les deux parties ne seront pas à égalité. Et on dit, entre autres, que la
médiation obligatoire présente des problèmes suivants : risque de pression
et de coercition, multiplication des étapes, entente systématique défavorable
aux victimes et une pression à la dénonciation forcée. Alors, ça, c'est des
éléments précis qu'on retrouve dans le mémoire de l'Association nationale
Femmes, Femmes et droits.
La chambre, la Chambre des notaires nous
met aussi en garde. Et donc il propose même de modifier le libellé du nouvel
article 419.2. Et donc, eux, ils suggéraient même qu'il y ait une première
séance, une espèce de préséance de médiation pour s'assurer que les parties
donnent un consentement qui est vraiment libre et éclairé.
L'Association des médiateurs familiaux du
Québec, eux, nous parlait de s'assurer que ce soient des médiateurs familiaux
accrédités parce qu'ils ont une formation particulière. Et je vous souligne
également que l'Alliance MH2, regroupement des maisons pour femmes
victimes de violence conjugale, nous soulignait que ça pose un véritable
problème. Et c'est la raison pour laquelle je vais avoir un amendement à
proposer — je ne sais pas si tu l'as envoyé dans le Greffier — là-dessus,
à 419.2 de votre projet de loi.
Je souligne également que l'Association
des avocats en droit de la famille ont soulevé des préoccupations, Association
Femmes et droits, la professeure Costanzo, les centres d'aide aux victimes, les
maisons d'hébergement, l'Association des médiateurs et la Chambre des notaires.
Donc, ça fait beaucoup de monde. En fait, moi, je pense sincèrement que cette
disposition-là devrait être amendée pour faire en sorte que si les gens veulent
y aller, ils peuvent. Vous avez déjà dans votre projet de loi des mécanismes
volontaires où les gens vont pouvoir aller avec une procédure accélérée. Mais
compte tenu de ce que plusieurs groupes nous ont dit, puis comme je vous dis,
il n'y a pas une unanimité sur la question, mais il y a quand même un large
consensus, ça m'apparaît que votre disposition risque de créer beaucoup plus
d'embûches pour les femmes qui sont victimes de violence que d'avoir finalement
un élément réparateur.
• (16 h 20) •
Et l'autre chose, avant d'y aller avec
l'amendement, j'avais une question pour vous, parce que vous prévoyez un
mécanisme d'exemption à l'alinéa 2°, mais vous allez obliger, puis ce que les
groupes nous ont dit c'est que c'est surtout des femmes, vous allez les obliger
à déposer au greffe une déclaration dans laquelle elles vont devoir affirmer
qu'elles ont déjà participé à une médiation ensemble, elles vont être obligées
d'invoquer un motif sérieux ou encore invoquer une situation de violence
familiale, de violence conjugale, de violence sexuelle. Et ce que les groupes nous
ont dit, puis j'ai reparlé aussi à des groupes même aujourd'hui, pour toutes
sortes de raisons, il y a des femmes qui ne sont pas prêtes à divulguer. Il y a
des femmes qui ont peur. Et là vous allez les forcer à divulguer si elles
veulent éviter une médiation. En plus dans votre disposition, vous ne parlez
pas de médiateur familial accrédité, vous parlez de médiateur accrédité. Je
comprends que ça, ça peut être n'importe quel médiateur, même théoriquement
quelqu'un qui est un expert en médiation commerciale et donc qui n'a pas
nécessairement toutes les habiletés pour traiter ce genre de dispositions là.
Donc, ça, c'est quelque chose qui m'inquiète. Je tenais à le souligner. Mais
j'ai un autre élément pour vous. J'ai une question pour vous, M. le ministre.
Une fois que la personne a déposé une déclaration au greffe, admettons qu'elle
le fasse puis qu'elle dise : Écoutez, moi, je ne veux pas...
M. Morin : …en médiation avec
un médiateur accrédité, parce que je suis victime de violence sexuelle. J'imagine
qu'il y a quelqu'un au greffe qui va lire la déclaration. Qu'est-ce qu'ils vont
faire avec après? Est-ce que qu'ils vont dialoguer avec la victime? Est-ce
qu'ils vont l'envoyer vers des ressources qui vont l'aider? Est-ce que… est-ce
qu'ils gardent ça scellé ça dans le dossier de la cour? Qu'est-ce qui va
arriver? Et ça, c'est un élément aussi qui m'inquiète particulièrement. Ça, je
voulais vous en faire part.
L'autre élément aussi que je veux vous
souligner, parce qu'au niveau de la procédure, ce n'est pas… ce n'est pas très
clair, présentement, avec la procédure actuelle, quand quelqu'un va… Ma
compréhension, c'est que, quand quelqu'un va en médiation, ou qu'il y a une
étape de médiation qui est faite dans un dossier, il y a une note qui apparaît
au plumitif. Ça fait que dans ce… on ne sait pas c'est quoi, mais on sait que
l'étape a été franchie. Donc, dans votre… dans votre projet de loi, si la
personne est exemptée, est-ce qu'il va y avoir une note quelque part? Est-ce
que les gens vont pouvoir le voir?
Je vous donne… je vous donne un exemple.
Par exemple, au plumitif, ici, exemption, séance de coparentalité. Alors,
évidemment, l'information que j'ai obtenue était anonyme, c'est clair. Mais
donc, dans votre processus ici, est-ce qu'il va y avoir une note au plumitif?
Parce que, là, les gens vont savoir… ils ne sauront pas le nom des partis, mais
ils vont avoir une indication qu'il s'est passé quelque chose. Puis, dans une
situation où il y a du contrôle coercitif, où il y a de la violence, bien, ça
va peut-être juste faire en sorte que l'autre partie va être encore plus
violente contre la victime. Et ça, j'avoue que c'est quelque chose qui
m'inquiète. Donc, je vous dirais que, dans un premier temps, si vous pouviez
m'éclairer avec ces questions, j'apprécierais. Puis, après ça, M. le Président,
je vais vous demander une suspension avant qu'on puisse traiter de
l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Bon,
alors, réglons la question tout de suite des médiateurs familiaux. Donc, dans
le fond, la disposition dans le Code civil, elle est sous le titre deux,
relativement aux demandes en matière familiale puis du code de procédure aussi.
Alors, par le truchement de l'article 616 du Code de procédure civile, qui
dit que c'est les médiateurs familiaux qui doivent traiter les demandes, là,
116, là, par un médiateur accrédité conformément au règlement pris en
application de l'article 619. 619 indique c'est quoi que les médiateurs… bien,
que le gouvernement désigne les personnes, organismes ou associations pouvant
accréditer un médiateur en matière familiale, il détermine par règlement les
normes auxquelles ceux-ci doivent se conformer. Puis le règlement qui est pris
en vertu de 619, bien, ça réfère aux obligations rattachées aux médiateurs
familiaux.
Ça fait que, tu sais, quand les groupes
sont venus dire : C'est… c'est un médiateur, puis un médiateur en matière
civile, un médiateur en matière de petites créances. Ce n'est pas le cas, là, c'est
déjà un médiateur familial. Ça fait que la boucle est bouclée par les articles
du titre, avec les deux articles, puis le règlement en matière familiale. Ça
fait que ceux qui vont œuvrer en médiation familiale continuent d'être des
médiateurs accrédités en matière familiale. Ça fait que ça, c'est le premier
élément.
Pour ce qui est de la médiation
obligatoire, oui, on veut aller en médiation obligatoire. Les taux de succès en
médiation sont extrêmement élevés. Ce qu'on veut faire, c'est amener une transformation
dans le processus judiciaire, notamment, pour que les parties puissent régler
une partie de leurs litiges entre eux ou la totalité de leurs litiges,
d'asseoir les gens. Je suis extrêmement sensible à la réalité des personnes qui
ont été victimes de violence sexuelle, conjugale, sexuelle ou familiale. Et
c'est pour ça qu'on a prévu le fait qu'une personne sur simple allégation
puisse dire : Bien, écoutez, la médiation ne sera pas pour moi,
considérant que je suis une victime de ces types de violence là.
Là, j'entends… j'entends les critiques qui
ont été faites relativement au projet de loi. Je suis ouvert à en discuter avec
vous, je pense que vous aurez un amendement, mais, à partir de ce moment-là, je
pense que c'est important d'instaurer la médiation obligatoire justement pour
que le système soit plus efficace, qu'il y ait moins de coûts, que les parties
participent au règlement de leurs litiges. Ça reste anonyme aussi, cette
information-là. Alors, le plumitif, il est anonymisé aussi. Et, et je vous
dirais que…
M. Jolin-Barrette : ...à votre
dernier argument qu'il va... vous dites... M. le Président, le député de
l'Acadie dit : Il va... il pourrait y avoir davantage de violence. Bien,
c'est la même chose, on ne souhaite pas qu'il y ait davantage de violence.
Première chose, il y a des mesures de protection pour les personnes victimes,
mais c'est aussi, supposons, quand on est en télétémoignage aussi. Pour pouvoir
demander le télétémoignage aussi, il y a des motifs qui sont invoqués aussi.
Donc, vous comprenez ce que je veux dire, dans le sens où l'auteur de la
violence ne doit pas faire de la violence, premier élément. Au ministère de la
Justice, on soutient les personnes victimes. On est en train de transformer les
tribunaux spécialisés justement pour faire en sorte d'avoir des locaux
accueillants, de l'aide au témoignage, davantage de soutien avec les
organismes... collaboration. Alors, on met cette bulle de protection là autour
des personnes victimes.
Puis justement, on voulait avoir un
mécanisme simple et facile pour que la personne victime puisse se retirer du
processus de médiation. C'est pour ça, notamment, qu'on la fait rentrer en
vigueur par décret, la médiation, pour s'assurer d'ajuster les différents
outils informatiques, les formulaires aussi, que ça puisse être complété en
ligne aussi, pour s'assurer que les personnes victimes ne soient pas
confrontées.
Le Président (M.
Bachand) :Juste avant, peut-être, la
suspension, le député de Saint-Henri-Saint-Anne, s'il vous plaît... Oui...
allez-y, allez-y, allez-y.
M. Morin : ... question à M.
le ministre pour laquelle il n'a pas répondu, alors je voulais lui laisser la
chance. La déclaration au greffe, si la personne invoque qu'elle est victime de
violence sexuelle, qu'est-ce qui va arriver? Le greffier ne va pas laisser ça
dans le dossier, j'imagine, puis il va dire : Bon, bien oui, elle est
exemptée.
M. Jolin-Barrette : Au
ministère de la Justice, notamment au greffe, souvent, les gens viennent
demander de l'information. On travaille en collaboration, notamment avec les
centres d'aide aux victimes d'actes criminels. Puis dans tous nos palais de
justice, il y a des intervenants qui sont présents aussi. Donc, on a... on est
sensible à la réalité des personnes victimes et de leur offrir du soutien
aussi. Donc, les services sont disponibles aussi. Puis il y a de l'information
qui est disponible au greffe aussi. Alors, vous comprendrez que l'objectif du
ministère de la Justice, aussi, c'est que les victimes se sentent à l'aise dans
le système de justice. Donc, on travaille dans cette direction-là.
M. Morin : Ça, je comprends,
mais là je vous parle d'un cas très, très concret. Dans un cas comme ça, est-ce
que le personnel, par exemple, du greffe, va s'assurer de rencontrer la
personne puis va l'envoyer ou va la référer à des services où elle va pouvoir
avoir de l'aide?
M. Jolin-Barrette : Bien, on
peut divulguer de l'information sur les ressources qui sont disponibles, mais
on ne peut pas forcer quelqu'un à aller dans un centre d'aide de victimes
d'actes criminels. Toutes les informations sont disponibles.
M. Morin : Ça, je le
comprends, mais moi, ma crainte, c'est que, justement, il n'y aura pas de
service, puis que la personne qui va l'avoir divulgué ne sera pas
nécessairement rencontrée, puis que, là, elle va rester toute seule. Alors,
c'est là ma crainte.
M. Jolin-Barrette : On ne
peut pas forcer la personne victime à rencontrer qui que ce soit. On fait des
campagnes de publicité, on a de l'information au palais de justice, les
intervenantes sont présentes au palais de justice. Écoutez, dans tous les
palais de justice, on bonifie les services du CAVAC.
M. Morin : Bien, j'en
conviens avec vous, vous ne pouvez pas forcer la personne, mais mon point n'est
pas là. Quels sont les mécanismes que vous allez mettre en place si jamais ça
arrive, pour s'assurer, au moins, qu'elle va avoir l'information, la victime,
d'une part, puis, d'autre part, une fois que l'exemption va être donnée, vous
donnez aussi une indication à l'autre partie, parce que la plupart des
motifs...
M. Jolin-Barrette : C'est un
motif sérieux.
M. Morin : Oui, mais c'est
aussi violence familiale, conjugale ou sexuelle, donc...
• (16 h 30) •
M. Jolin-Barrette : Non, non,
on a écrit... J'ai souhaité qu'il soit écrit «notamment»...
M. Morin : Oui, j'ai compris.
M. Jolin-Barrette : ...pour
que ce soit très clair qu'il s'agit d'un motif sérieux, mais ça n'exclut pas
d'autres motifs sérieux.
M. Morin : Je comprends. Ce
n'est pas ce que je dis. Sauf que vous prenez aussi la peine de rajouter
«notamment une situation de violence familiale, conjugale ou sexuelle». Vous
n'avez pas juste écrit «motif sérieux».
M. Jolin-Barrette : Non, et
c'est à escient qu'on a fait ça.
M. Morin : Bien, c'est ça,
donc ça donne une indication aussi à l'autre partie.
M. Jolin-Barrette : Non, pas
nécessairement. Ce qu'on dit, c'est qu'il n'y a pas d'ambiguïté sur le motif
sérieux. Dans le fond, on dit : Si vous alléguez avoir été victime de
violence sexuelle, de violence conjugale ou de violence familiale, c'est un
motif sérieux. On envoie un message aux victimes pour dire : Si vous
êtes... vous avez été victime de ça, vous n'avez simplement qu'à l'alléguer, ne
vous posez pas la question à savoir est-ce que c'est, oui ou non, un motif
sérieux...
16 h 30 (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...on
vient de le nommer très clairement pour dire : C'est un motif sérieux. Le
législateur, il est clair, là. Il dit : Vous êtes victime de violences
sexuelles conjugales? C'est un motif sérieux. Vous pouvez l'alléguer. Vous n'aurez
pas à vous questionner à savoir si la violence conjugale c'est un motif sérieux
ou non? On vient le spécifier.
M. Morin : Merci.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : merci
beaucoup, M. le Président. M. le ministre, j'aimerais ça vous entendre sur un
petit peu le pratico-pratique de cet élément-là, notamment sur la déclaration.
Tout à l'heure, vous disiez, là, que c'est... Ça ne fait l'objet d'une
déclaration assermentée parce que c'est un allégué. J'aimerais ça, peut-être
juste qu'on revoit l'ABC. Il y a plusieurs éléments pratico-pratiques qui ont
été soulevés, des questions notamment dans le mémoire de Me Costanzo. Ça
fait que j'aimerais peut-être ça vous entendre. J'en soulève quelques-unes,
puis je vous laisse peut-être me répondre en bloc sur les questions. Bon,
déclaration sous serment, oui ou non?
M. Jolin-Barrette : ...déclaration
sous serment.
M. Cliche-Rivard : Pas
de déclaration sous serment. Parfait. Qu'est-ce que... Qui détermine si la
déclaration est suffisante? Essentiellement dit, là, la personne déclare un
motif sérieux? Est-ce qu'il faut qu'elle l'étaye, son allégation ou si elle s'en
déclare tout simplement sans détail.
M. Jolin-Barrette : Sans
détail.
M. Cliche-Rivard : Sans
détail. Donc, on peut voir l'image d'une boîte qu'on coche, là. Je suis.
M. Jolin-Barrette : Je
suis victime de violence sexuelle conjugale.
M. Cliche-Rivard : O.K. Est-ce
que la partie adverse peut exiger un interrogatoire sur cette question-là?
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Cliche-Rivard : Non.
Par contre, on voit un petit peu plus tard qu'on pourrait contester ou on
pourrait alléguer une fausse déclaration.
M. Jolin-Barrette : Alors,
c'est pour ça que peut-être qu'on devrait entendre l'amendement du collègue de
l'Acadie.
M. Cliche-Rivard : Bien,
je suis ouvert à ça. Vous avez vu l'amendement que je n'ai peut-être pas vu.
Alors, je...
M. Jolin-Barrette : Non,
je ne l'ai même pas vu. Mais je présume que peut-être que cette discussion-là
serait plus...
M. Cliche-Rivard : Judicieuse...
M. Jolin-Barrette :
Bien, en termes d'efficacité.
M. Cliche-Rivard : Bien,
allons-y, M. le député d'Acadie.
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : Loin
de moi l'idée de vous enlever votre élan, là.
M. Cliche-Rivard : Bien,
entendant l'ouverture du ministre face à un possible amendement, je ne peux qu'acquiescer.
Le Président (M. Bachand) :O.K. Alors, on va suspendre quelques instants. Merci beaucoup.
Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 33)
(Reprise à 16 h 41)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le député de l'Acadie, je crois, vous avez
un amendement.
M. Morin : Oui. Merci. Merci,
M. le Président. Alors, donc l'amendement que je propose est le suivant :
article 6, 419.2 du Code de procédure civile, modifier l'article 419.2 du
code de procédure civile (chapitre C-25.01), tel qu'introduit par
l'article 6 du projet de loi par : 1° le remplacement, dans son
premier alinéa de «l'instruction de l'affaire ne peut avoir lieu, à moins que
les parties n'aient entrepris une médiation auprès d'un médiateur accrédité
qu'elles choisissent» par «le tribunal propose aux parties la tenue d'une
médiation auprès d'un médiateur familial accrédité qu'elles auront choisi»; 2°
la suppression des alinéas 2° à 4°.
Donc, l'article 419.2 se lirait
ainsi : Dans toute affaire relative à l'union civile ou à l'union
parentale, s'il s'agit d'une première demande introductive d'instance et qu'il
existe un différend entre les conjoints concernant la garde d'un enfant,
l'exercice de l'autorité parentale, les aliments dus à un enfant ou à un
conjoint, ainsi que le partage du patrimoine familial ou d'union parentale et
les autres droits patrimoniaux résultant de la vie commune, le tribunal propose
aux parties la tenue d'une médiation auprès d'un médiateur familial accrédité
qu'elles auront choisi — et les autres alinéas seraient supprimés.
Alors, pourquoi je propose cet amendement,
M. le Président? C'est parce que, bien qu'il n'y ait pas eu d'unanimité, il y a
eu quand même un très large consensus par les groupes qui sont venus en
commission et qui nous en ont parlé, à plusieurs reprises, des enjeux qui sont
soulevés par l'article du projet de loi tel qu'il est rédigé présentement. On
nous a parlé, et je vais je vais entrer dans les détails un peu plus tôt, mais
d'une façon... un peu plus tard, mais d'une façon globale, on nous a parlé de
toute la situation des violences faites aux femmes, du contrôle coercitif de la
question des violences sexuelles et de toute la question de l'enjeu pour les
femmes d'abord de participer à une médiation obligatoire puis, pour en être
exemptée, d'être obligée de déposer au greffe une déclaration où elles vont
affirmer qu'elles ne veulent pas y participer pour un motif sérieux. Puis, dans
le motif sérieux notamment, le législateur prévoit dans le libellé actuel qu'il
s'agirait d'un cas où il y aurait présence d'une situation de violence
familiale, conjugale ou sexuelle. Donc, c'est un enjeu, c'est un enjeu de
taille. Et, pour moi, je pense que, dans le projet de loi, le ministre a déjà
mis en place plusieurs mécanismes pour faire en sorte que le système aille plus
vite. On a parlé précédemment de toute la question du juge qui va faire de la
conciliation. Je comprends que ça va être offert aux parties, mais il y a il y
a déjà beaucoup de mécanismes. Puis, dans ce cas-ci, plusieurs groupes nous ont
dit que la question de la médiation obligatoire était effectivement
problématique.
Et permettez-moi de citer plusieurs
mémoires qui nous ont parlé de l'article 6 et de la médiation obligatoire.
Il y a bien sûr l'Association des avocats et avocates en droit familial du
Québec, on nous dit évidemment des personnes qui seraient exemptées, ce serait
déjà des gens qui ont participé à une médiation ou qui invoquent un motif, un
motif sérieux. On dit ici, à la page 21 : «pour légitime que soit la
volonté d'exempter des personnes victimes de violence, de la médiation
obligatoire, dans les faits, leur imposer l'obligation de dénoncer — puis
c'est ce que je disais précédemment, M. le Président — la violence
rend à toutes fins pratiques cette...
M. Morin : ...intention
théorique. De fait, toute femme sait, et ceci est écrit dans leur mémoire,
qu'en voulant se prémunir de l'exception, elle ouvrira le débat de savoir si de
la violence il y a effectivement eu, et dans ce cas-là, les femmes sortent
rarement gagnantes, c'est ce qu'on nous dit, et cela exacerbe le risque de
violences répétées malgré la séparation. Donc, on dit que ça pose un problème,
effectivement. Et on dit également qu'en matière d'union civile et d'union
parentale, la loi acculerait la femme victime de violence à un dangereux
paradigme, c'est-à-dire de dévoiler la violence dont elle a été l'objet.
Et ça, je l'ai souligné précédemment, M.
le Président... Je comprends la situation. Pour toutes sortes de raisons, de
bonnes raisons, il y a des femmes qui ne veulent pas divulguer, ou encore, il y
a des victimes qui vont divulguer mais ça prend beaucoup de temps. Je le
comprends, puis ces raisons-là leur appartiennent. Donc, on dit : Dévoiler
la violence dont elle a été l'objet et avoir à subir l'odieux d'un procès
portant sur cette question ou, pire, sur ces intentions et, dans les pires cas,
et c'est ce qu'on nous dit, se voir accusé d'aliénation parentale ou encore
subir la médiation avec un conjoint qui a été violent. Si jamais, si jamais la
femme, pour toutes sortes de raisons, ne veut pas divulguer, donc, à ce
moment-là, elle va devoir subir ça, et ce n'est pas évident, ça, on nous l'a
dit, il y a plusieurs groupes qui nous l'ont dit. Ce n'est pas évident, d'être
capable d'identifier, par exemple, s'il y a des situations de contrôle
coercitif ou autre.
La même association nous dit : Même
en l'absence de violence, la médiation obligatoire part de la prémisse selon
laquelle toute personne est bonne à négocier, ce qui nous semble erroné. Et
évidemment la supposée égalité de chacune des parties en regard des moyens de
négociation en médiation fait l'objet de critiques, présentement, et on cite
une réflexion, Violence de genre et médiation familiale, qui a été publiée dans
la Revue des sciences sociales. Donc, ça, c'est un élément et ça, ça nous
provient de l'Association des avocats et avocates en droit familial du Québec.
L'Association nationale Femmes et droits
en a également parlé. Et, en fait, leur mémoire portait en grande partie
là-dessus, sur toute la question de la médiation obligatoire, et ils l'ont même
décrit comme étant une menace pour les victimes de violence conjugale. Et je
cite leur mémoire : La médiation obligatoire soulève de graves
inquiétudes, puis je pense que ça doit être dit, M. le Président,
particulièrement pour les victimes de violence conjugale. Je comprends
l'objectif poursuivi par le ministre. Il veut favoriser des ententes à
l'amiable, mais, effectivement, tout ça va fonctionner si les parties y
consentent librement.
Et là, dans le cas actuel, bien, il va se
passer deux choses : ou bien une des parties ne donnera pas un
consentement éclairé, donc ça va obliger une des parties, parce que la
médiation est obligatoire, à rentrer dans un processus où elle ne peut que
sortir perdante, ou encore elle va devoir en faire une déclaration pour dire
qu'elle veut en être exemptée, puis, à ce moment-là, bien, évidemment, dans la
pratique, si vous avez un conjoint qui dit : Bien, c'est curieux...
prenons l'hypothèse suivante, c'est curieux, moi, je voulais y aller en
médiation obligatoire. Admettons que c'est un conjoint violent ou c'est
quelqu'un qui exerce du contrôle coercitif, puis ah! par hasard, woup!, on
n'ira pas parce qu'il y a quelqu'un qui a invoqué un motif sérieux, ça va être,
évidemment, l'autre conjoint, sincèrement, je ne vois pas comment ça va aider
puis je ne vois pas comment les conjoints ou les deux parties vont être
capables de négocier d'égal à égal dans un cas... dans un cas semblable.
• (16 h 50) •
Et donc, dans leur mémoire, Femmes et
droits... l'association dit : La médiation obligatoire présente les
problèmes suivants : un risque de pression et de coercition, donc, en
situation de violence conjugale, la partie violente dispose d'un ascendant sur
sa victime, qui peut être poussée à accepter des ententes inéquitables; une
multiplication des étapes, parce qu'ajouter une obligation préalable, par
exemple, à la saisine des tribunaux, allonge le processus et peut donner... et
donne à l'agresseur une nouvelle occasion d'exercer son contrôle et d'utiliser
des stratégies dilatoires; il peut y avoir des ententes systématiquement défavorables
aux victimes, et c'est ce qu'on a dit des femmes, les victimes de violence
conjugale sont plus enclines...
M. Morin : ...à faire des
concessions pour garantir leur sécurité et celle de leurs enfants, ce qui les
place dans une situation de grande vulnérabilité — c'est ce qu'on
retrouve dans le mémoire présenté par Association nationale Femmes et Droit — et
finalement une pression à la dénonciation forcée. Donc, si la loi prévoit une
exemption pour les victimes de violence conjugale, celles-ci devront tout de
même le déclarer — et c'est ce qu'on nous dit — ce qui peut
les exposer à des représailles ou à des accusations de fausses allégations.» Ce
qu'on nous souligne, c'est que «nombreuses sont celles qui préféreront se taire
plutôt que de subir les conséquences.» Et ça, quand on a entendu les groupes et
ce groupe-ci en consultations particulières, mon souvenir est très, très frais,
Me Zaccour a été très claire à ce sujet-là.
J'aimerais également, M. le Président,
faire référence au mémoire du professeur Costanzo, qui nous parlait également
et qui nous invitait, comme législateurs, à repenser la médiation obligatoire,
la séance de conciliation, l'audience sommaire et la gestion d'instance. Elle
écrit dans son mémoire, sur la médiation obligatoire, que «le parcours proposé
par le projet de loi ne semble pas simplifié et qu'il introduit des étapes
supplémentaires, comme une médiation obligatoire, sans garantir nécessairement
la disponibilité des services nécessaires», et elle nous invite à la prudence,
parce que «le caractère obligatoire de la médiation mérite d'être longuement
réfléchi et discuté, particulièrement dans un contexte de violence
intrafamiliale. Le projet de loi prévoit une exemption — j'en ai
parlé — pour les situations de violence familiale, conjugale ou
sexuelle. Mais, pour ce faire, la partie doit déposer une déclaration au greffe
du tribunal invoquant un motif sérieux.» Et le professeur Costanzo nous invite
à la prudence, parce qu'elle dit : «Voilà qui soulève des questions. S'agit-il
d'une déclaration sous serment?» On dit : «L'article 5 du projet n° 91
prévoit le dépôt d'une déclaration, puis il y a le nouvel article 416.4 du Code
de procédure civile également. Qui détermine si la déclaration est suffisante?
La partie adverse pourra-t-elle exiger un interrogatoire au préalable à ce
sujet? Le projet de loi n'est pas clair non plus. Bon. Pourquoi on ne reprend
pas le principe de l'article 7, alinéa quatre, du Code de procédure civile?
Donc, autant de questions qui restent sans réponse.»
Elle nous invite à la prudence aussi en
disant que «la médiation obligatoire et l'exemption paraissent particulièrement
épineuses en la présence de contrôles coercitifs», et ça, il y a plusieurs
groupes, M. le Président, qui sont venus nous parler particulièrement de la
situation du contrôle coercitif et des difficultés à détecter que cela existe.
«À la lumière des pratiques à la chambre familiale de la Cour supérieure,
les... — c'est ce que le professeur Costanzo nous dit — les
juges ont une réticence à reconnaître des enjeux de violence conjugale si la
preuve complète n'a pas encore été effectuée.» Donc... «Ainsi, à un stade
provisoire, sur la base d'une seule déclaration, à moins d'être la victime
parfaite, les survivantes parviennent difficilement à obtenir l'attention
judiciaire nécessaire.» On n'a pas de cadre législatif qui définit ce qu'est la
violence familiale et conjugale. On nous dit également que ça pourrait être
instrumentalisé, puis il y a aussi toutes les inquiétudes soulevées par la fin de
la phase 2 du programme Rebâtir. Donc, autant d'éléments importants que je
tenais absolument, absolument à soulever.
Il y a aussi les CAVAC qui ont parlé
effectivement d'avoir essentiellement des exemptions, bon, puis il y a ici
toutes les exigences liées à l'émission d'attestations ou de nouvelles
démarches administratives, et là ça ne repose pas sur des ressources d'aide aux
personnes victimes comme les CAVAC sans un financement adéquat. Et ça, on en a
parlé beaucoup aussi, M. le Président, puis je pense que ça vaut la peine de le
mentionner. Il y a aussi toute la question de l'entrée en vigueur du projet de
loi, puis le Barreau du Québec, entre autres, nous demandait de la retarder
pour toutes ces raisons-là.
Le Regroupement des maisons pour femmes
victimes de violence conjugale parlait effectivement dans leur mémoire de la
même chose, la médiation obligatoire, et ils voulaient absolument se pencher
sur cette question-là. Je leur ai reparlé à nouveau ce matin, et...
M. Morin : …effectivement, ils
ne sont pas d'accord à ce que ce soit rendu obligatoire. Et on nous rappelait,
puis ils l'ont écrit dans leur mémoire, que la médiation obligatoire va créer
une pression sur les femmes victimes de violence conjugale qui seront ainsi
incitées à participer au processus. Et ça, c'est une crainte que j'ai, que je
tiens à exprimer, malgré l'exemption qui leur est proposée.
Bon, après ça, on nous dit ensuite, c'est
la voie qui sera privilégiée par les professionnels du droit et l'obligation de
participation deviendra un puissant outil de contrôle pour les auteurs de
violence. En fait, ce que le groupe nous… l'association nous rappelait, c'est
que la… ils craignent que ça va devenir la norme. Et donc il va y avoir une
pression qui va être mise sur des femmes pour qu'elles y participent. Et donc
on nous dit : «Le regroupement et l'alliance MH2 s'assurent que la
médiation ne soit en aucun cas rendue obligatoire.»
Et d'ailleurs on nous dit que, d'après…
d'après ce regroupement, plusieurs victimes pensent de façon illusoire, apaiser
la véhémence et la violence de leur ex-conjoint s'ils optent pour la médiation
familiale dans l'espoir de trouver plus rapidement la paix. Puis il y a toute
la question aussi de payer des frais d'avocat, et donc ça va augmenter la
pression si ça devient obligatoire.
Ils sont effectivement inquiets pour la
sécurité des victimes. Et ça, c'est une inquiétude qui est soulevée. On nous
rappelle également qu'en médiation la victime continue d'être soumise au
rapport de force de son ex-conjoint pendant le processus lors duquel elle peut
continuer, ou il peut continuer à la terroriser, donc soit subtilement, à
l'insu du médiateur ou de la médiatrice, soit encore plus directement en posant
des gestes, en haussant la voix, etc.
On nous rapporte également, et c'est ce
que… ce que l'association nous dit, des situations où la médiation est un
échec, parce que ça peut arriver, et où la victime doit se tourner par la suite
vers des tribunaux pour déterminer des droits d'accès et d'autres arrangements,
ce qui risque de cristalliser ou ce qui cristallise une situation qui ne tient
pas compte du contexte de violence conjugale. Et on nous donne, après ça,
différents… différents exemples.
On nous parle aussi de tout l'enjeu des
fausses… des fausses déclarations liées à des situations de violence conjugale,
familiale ou sexuelle. Puis c'est la raison aussi pour laquelle, M. le
Président, dans l'amendement que j'ai présenté, je souhaite que cet alinéa soit
enlevé, parce qu'on nous dit, et c'est ce que… ce que cette association nous
dit, d'après elle, la médiation est un processus qui profite aux auteurs de
violence, lesquels s'y sentent confortables, car en position de pouvoir, le
processus leur laissant toute la latitude possible pour exercer un contrôle,
leur donne évidemment une voix. La femme victime se retrouve alors en position
d'infériorité, tentant de faire valoir ses droits et ses besoins, quoique
victime d'agression perpétuelle dans le cadre du processus. Et ça, on nous dit
évidemment que c'est des cas qui arrivent et c'est… que c'est documenté, et
donc ça va faire en sorte que ça ne va pas du tout aider les victimes.
• (17 heures) •
Donc, c'est autant… autant d'éléments qui
sont… qui sont importants, M. le Président, et que je tenais absolument à
souligner. L'Association des médiateurs familiaux du Québec nous parlait de
l'importance d'avoir des initiateurs qui sont bien formés. La Chambre des
notaires du Québec nous disait, quant à… quant à eux, que c'était important
d'avoir même une étape préalable pour s'assurer qu'il n'y aurait pas de
contrôle coercitif. Et donc ils proposent également de modifier 419.2. Et puis
ils reviennent aussi sur le terme de médiateur accrédité. Donc, quand on… quand
on regarde une majorité de groupes qui sont… qui sont venus nous parler,
Association des avocats en droit de la famille, Association Femmes et droits,
le professeur… ou la professeure Costanzo, les centres d'aide aux victimes, les
maisons d'hébergement, l'Association des médiateurs, la Chambre des notaires,
donc tous ces groupes nous ont mis en garde…
17 h (version non révisée)
M. Morin : ...contre la
médiation obligatoire. Puis ils nous ont mis en garde aussi contre le mécanisme.
Et je comprends, je comprends que M. le ministre veut trouver une situation
pour exempter des femmes, par ailleurs, qui pourraient vivre des situations de
violence. Mais ce qu'on nous dit, c'est que le mécanisme qui est retenu ne
risque pas d'améliorer la situation, mais risque en fait de faire en sorte que
ces femmes-là ou bien vont avoir peur de divulguer, ou bien, si elles le font,
ça risque évidemment d'envoyer un message chez l'autre partie et ça ne risque
pas d'endiguer ou de diminuer la violence ou le contrôle coercitif dont ces
victimes-là pourraient évidemment avoir à faire face. Et que finalement, en ce
qui a trait à la fausse déclaration, ce qu'on nous a dit, c'est que ce genre de
situation là, c'est excessivement rare, d'une part, puis d'autre part, ça ne va
pas du tout, ça ne va pas du tout aider les victimes, les victimes de violences
familiales, les victimes de violences conjugales ou sexuelles, et qu'au fond ça
va juste mettre un poids de plus sur les épaules, sur les épaules des victimes.
Donc, c'est la raison pour laquelle, M. le
Président, ce projet de loi là fait en sorte qu'on propose différentes options.
Mais, en ce qui a trait à la médiation obligatoire, ce n'est pas, ce n'est pas
une bonne idée, je le dis avec respect. L'exemption visée, ce qu'on nous dit, c'est
que ça va mettre uniquement de la pression sur les femmes qui sont victimes, ça
va améliorer... ça va augmenter leur fardeau. Donc, ce n'est pas ce qu'on veut.
Et la question de la fausse déclaration, ou bien c'est quelque chose qui arrive
très peu souvent, puis encore là, quand ça arrive, bien, ça va être encore sur
les épaules de la victime de demander bien sûr des frais, des frais de justice
qui risquent évidemment d'aggraver la situation dans laquelle la victime... la
victime se retrouve. Alors, je voulais prendre le temps, parce que c'est quand
même un amendement qui est important, d'expliquer exactement pourquoi j'y
tiens. Puis je pense qu'avec l'amendement que je propose, au fond, ça n'empêche
pas la médiation, mais elle ne sera pas obligatoire. Donc, les gens vont être
véritablement sur un pied d'égalité, ils vont être libres d'y aller ou pas.
Puis à ce moment-là, bien, ça va permettre, d'une certaine façon, d'accélérer également
le processus. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Merci, M. le député d'Acadie. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, M. le Président, je remercie le député de l'Acadie pour son amendement.
Cependant, le fait de retirer la médiation obligatoire, ça va à l'encontre de l'esprit
même du projet de loi, justement, d'amener une voie différente, une voie
accélérée, pour faire en sorte que les parties puissent participer au règlement
de leurs litiges. La médiation, elle est déjà optionnelle actuellement. La
différence avec le projet de loi, c'est qu'on amène la médiation obligatoire
dans le processus familial, M. le Président. Et je suis extrêmement sensible à
la réalité des personnes victimes, et c'est pour ça qu'on a prévu nommément une
exclusion, puis j'ai partagé avec mes collègues que je suis ouvert à donner un
outil supplémentaire en termes d'exclusion, parce qu'on ne souhaite pas qu'une
personne victime de violence sexuelle, conjugale ou familiale se retrouve en
médiation avec l'auteur de la violence. Alors, j'en suis. Le gouvernement en
est également. Alors, il y a déjà un mécanisme qui est prévu, M. le Président,
et je pense qu'on a atteint l'objectif. Cela étant, je suis ouvert à d'autres
outils supplémentaires, mais, pour cette raison, je ne donnerai pas suite à l'amendement
du collègue de l'Acadie parce que, notamment, il vient enlever la médiation
obligatoire, alors que c'est pas mal le cœur du projet de loi, M. le Président,
de faire en sorte d'avoir des moyens alternatifs d'améliorer, de faire
participer et de judiciariser, et surtout que ça soit plus rapide, plus humain
et à moindre coût pour le citoyen.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
avez-vous une intervention?
M. Cliche-Rivard : Oui. Merci,
M. le Président. Pour bien fixer et contextualiser, parce qu'avant que M. le
député de l'Acadie dépose son amendement, on était sur quelques questions d'appréciation,
là, du mécanisme. Puis, considérant que le collègue d'Acadie suggère de retirer
les deuxième à quatrième alinéas, si je ne m'abuse, là, je voudrais peut-être
juste finir cette discussion-là avec vous, M. le ministre. Vous étiez à me dire
donc qu'un formulaire avec une boîte, c'est ça, essentiellement, là. Puis là,
bien, la victime alléguée va tout simplement se dire visée par une des
exemptions.
M. Jolin-Barrette :
Exact...
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Cliche-Rivard : C'est
ça. Et on était à discuter si, oui ou non, il pourrait y avoir interrogatoire
ou contre-interrogatoire de la part de la partie adverse ou en tout cas de
l'autre conjoint, là, face à cette déclaration-là.
M. Jolin-Barrette : Non,
il n'y a pas d'interrogatoire.
M. Cliche-Rivard : Sous
réserve... Dans l'état actuel du projet de loi, là, sous réserve de si une
personne devait invoquer que c'était un faux allégué, là.
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est ça. Et...
M. Cliche-Rivard : À
l'étape de l'audition sommaire.
M. Jolin-Barrette : Et
peut-être voudriez-vous me demander si je suis ouvert à retirer la sanction
pour faux témoignage.
M. Cliche-Rivard : C'est
ce que j'allais faire, M. le ministre, là.
M. Jolin-Barrette : Je
vous laisse poser votre question.
M. Cliche-Rivard : Vous
êtes bien aimable. Alors je note d'emblée votre ouverture, mais allons la
confirmer sur le micro. J'entends donc, M. le ministre, et corrigez-moi si je
me trompe, votre ouverture à retirer la sanction possible qui est prévue à
419.2 au quatrième paragraphe eut égard aux victimes alléguées, là, payer des
frais, etc., pour les victimes de violences conjugales, sexuelles ou
familiales. C'est ce que je comprends de votre intervention?
M. Jolin-Barrette : Vous
lisez dans mes pensées. Alors, j'ai une ouverture à ne pas sanctionner les
personnes victimes qui feraient une allégation à l'effet qu'elles sont victimes
de violences sexuelles, conjugales ou familiales et, pour x, y raisons, ça ne
serait pas fondé, bien, qu'on ne puisse pas les pénaliser relativement à cette
déclaration-là. L'idée, et c'est pour ça qu'on avait prévu aussi la sanction,
c'était pour éviter les fausses déclarations. Mais loin de nous l'idée de faire
en sorte qu'une personne victime hésiterait à dénoncer ou hésiterait à se
prévaloir de l'exclusion parce qu'elle se dit : Bien, peut-être que ce
n'est pas... J'ai un doute à savoir si c'est de la violence ou non. Alors, on
ne peut pas prendre de chance. Une personne qui se sent violentée, qui s'estime
violentée, on veut qu'elle puisse le faire, l'allégué, et qu'il n'y ait pas de
conséquences. Alors, j'ai une ouverture relativement à ça.
M. Cliche-Rivard :
Parfait. Donc, je vais mettre cette ouverture-là en banque, M. le ministre. On
y reviendra un petit peu plus tard, mais je vous remercie de cette
ouverture-là. Je vais quand même laisser le député d'Acadie procéder à son
amendement. Ceci dit, ça, c'est eut égard aux sanctions, M. le ministre. Là,
quelqu'un qui voudrait contester la décision, là, ou en tout cas l'allégué à
l'effet qu'il n'y aurait pas de médiation, donc le conjoint, lui, se fait
opposer la boîte, là. Donc, madame coche : Moi, je me sens... Puis elle
n'a pas à dire pourquoi, mais elle dit : Moi, je saisis les exemptions.
D'aucune façon est-ce qu'il y a possibilité pour l'autre partie de contrer
cette allégation-là.
M. Jolin-Barrette : Non,
il n'y a pas de possibilité d'aller... de contrôler cette décision-là.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Donc, une fois qu'elle est faite, surtout devant votre ouverture successive
potentielle à retirer les sanctions, de toute façon, on ne forcera pas, après
ça, en disant : Madame, vous avez menti. Vous avez, de manière alléguée,
menti sur votre allégation sur violences conjugales. Puis quelqu'un ne viendrait
pas exiger au tribunal de forcer madame à saisir la médiation alors qu'elle
s'est alléguée elle-même comme étant victime, là. On s'entend que ça n'a pas de
sens.
M. Jolin-Barrette : Non.
Et effectivement vous avez raison. Donc, l'allégation fait en sorte de ne plus,
là-dessus, justifier la médiation obligatoire.
M. Cliche-Rivard : Donc,
Plaidoyer-Victimes nous parle aussi qu'une déclaration doit être convaincante.
C'est non applicable parce que, finalement, ladite déclaration, elle suffit, elle
est suffisante.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
• (17 h 10) •
M. Cliche-Rivard : Et la
déclaration, de la manière qu'elle va être écrite, j'en comprends, elle va être
de type à couvrir l'ensemble des exceptions incluant le motif sérieux, ce qui
fait en sorte que la raison précise pour madame, est-ce que c'est violences
conjugales, est-ce que c'est violences familiales, est-ce que c'est un autre
motif sérieux, ça ne sera pas particulièrement identifié ou ça va l'être dans
votre lecture?
M. Jolin-Barrette : Pour
le motif sérieux, il va devoir être identifié.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Ce qui fait que madame va...
M. Jolin-Barrette :
Parce que l'effet de contrôler le motif sérieux, lui, va toujours être
disponible. Donc, on doit indiquer s'il y a de la violence, supposons, en
présence de violence, on va cocher, supposons, sur le formulaire, mais ce n'est
pas nécessaire de préciser les détails de la nature de l'infraction, les
détails de l'agression sexuelle ou conjugale.
M. Cliche-Rivard : Donc,
on peut imaginer, puisque votre libellé prévoit notamment la présence de
violences familiales, conjugales ou sexuelles, on peut donc...
M. Cliche-Rivard : ...parce
que ça, c'est des «notamment», là. Le thème, en amont, c'est motifs sérieux,
puis, ensuite, il y a une déclinaison de «notamment». Si la personne déclare
motif sérieux, elle va devoir... qui est autre que le «notamment», là, violence
sexuelle, familiale ou conjugale, elle va devoir le qualifier...
M. Jolin-Barrette : Elle va
devoir le nommer, quel est le motif sérieux.
M. Cliche-Rivard : O.K. Et là
il y aura une appréciation? Et, si oui, de la part de qui?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, si ce n'est pas un motif sérieux ou s'il y a mensonge relativement au
motif sérieux, c'est le tribunal qui va l'apprécier.
M. Cliche-Rivard : Mais
l'appréciation que le motif est sérieux...
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
M. Cliche-Rivard : C'est le
greffe? C'est le tribunal?
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est le tribunal.
M. Cliche-Rivard : O.K. Ça
fait qu'on devine que, de facto, quand c'est coché violence familiale,
conjugale ou sexuelle, c'est bon, mais, sur les motifs autres que ces trois-là,
il y aura une appréciation de la part du tribunal avant de lever l'obligation
de médiation. C'est là où je ne suis pas sûr de vous comprendre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
chaque cas est un cas d'espèce, mais effectivement, le tribunal va l'analyser.
M. Cliche-Rivard : O.K., tout
cas autre que celui de violence familiale, conjugale ou sexuelle.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Parce que, dans le fond, le tribunal, c'est lui qui fixe la date. Donc, avant
de fixer la date, il va regarder le motif sérieux.
M. Cliche-Rivard : O.K., et
là va dire... Mais là on peut deviner qu'à ce moment-là, des allégués un petit
peu plus fournis ou une déclaration un petit peu plus fournie que cocher une
boîte va être nécessaire pour les motifs autres que violence familiale,
conjugale ou sexuelle.
M. Jolin-Barrette : Bien, ils
vont expliquer le contexte.
M. Cliche-Rivard : Dans ce
cas-là. Puis dans le cas où c'est un peu plus fourni que de cocher une boîte,
ça, ça demeure confidentiel?
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
C'est dans l'accès restreint. Donc, c'est les parties puis les avocats qui
peuvent l'avoir.
M. Cliche-Rivard : Dans le
cas du motif sérieux qui est autre que violence sexuelle, conjugale et
familiale.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
dans ce cas-là, il pourra effectivement y avoir contestation de l'autre partie
sur le motif sérieux en disant : Non, non, non, ça, ce n'est pas un motif
sérieux, là, tu fais une allégation. Mais ça, on parle vraiment de l'étape de
l'exception de la médiation obligatoire, là, je ne vous parle pas de la sanction,
là.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que, dans les motifs autres que violence sexuelle, conjugale et familiale, il
existera une possibilité de contester le motif sérieux.
M. Jolin-Barrette : Oui,
parce que le tribunal, lui, au moment de fixer, bien, il regarde c'est quoi, le
motif. Donc, un motif sérieux...
M. Cliche-Rivard : O.K. Et
donc la personne...
M. Jolin-Barrette : Parce
que, sinon, ça ouvre la porte à des fausses déclarations. Dans le fond, vous
voulez faire... étirer les affaires, vous ne voulez pas y aller, en médiation,
là, ça fait que j'invoque n'importe quel...
M. Cliche-Rivard : J'invoque
motif sérieux.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Cliche-Rivard : O.K.,
mais, de facto, qu'est ce qui fait, dans votre lecture actuelle du libellé, que
pour violence sexuelle, familiale ou conjugale, là c'est bon, là, on ne va pas
aller demander un allégué ou un détail?
M. Jolin-Barrette : Bien, parce
que, dans le formulaire qu'on va mettre en place, il ne va seulement y avoir
qu'une boîte pour cocher présence de violence.
M. Cliche-Rivard : O.K. Puis
là ça va être...
M. Jolin-Barrette : Parce
qu'on est dans des situations où, là, supposons qu'il y a un parent qui veut le
régler, le dossier, puis l'autre fait des déclarations frivoles, puis étire...
On a déjà connu ça, là, en matière familiale, d'étirer les procédures. Donc,
l'idée... Il faut toujours se ramener à la base. Dans le régime, on instaure la
médiation obligatoire. Vous devez aller en médiation obligatoire. Puis là on
prévoit une exemption pour motif sérieux. Quand c'est violence sexuelle,
conjugale ou familiale, c'est automatique, et il n'y a pas de conséquences à
ça. Vous l'alléguez, présence de violence, vous passez tout de suite à
l'instruction.
M. Cliche-Rivard : Puis si
c'est autre?
M. Jolin-Barrette : Si c'est
autre, c'est un autre motif, bien là, à ce moment-là, c'est susceptible de
contrôle. Ça se peut que l'autre partie dise : Bien, effectivement...
M. Cliche-Rivard : Mais elle
a la possibilité de le contrer, puis vous dites à accès restreint, ça fait que,
là, la personne, pour autre, serait quand même... ce serait judicieux qu'elle
dépose un petit peu plus que juste une ligne sur le formulaire. Ce serait
judicieux qu'elle l'explique un peu, là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
elle va l'expliquer parce qu'il est susceptible de contestation.
M. Cliche-Rivard : Et là le
tribunal peut, soit d'office, lui-même, dire : Non, non, ça, ce n'est pas
un motif sérieux, ou peut accepter une preuve...
M. Cliche-Rivard :
…contradictoires pour déterminer ou saisir des arguments ou des observations de
l'autre partie pour le trancher.
M. Jolin-Barrette : Le juge
administre la preuve, puis.
M. Cliche-Rivard : Puis là le
juge détermine : Bon, finalement, je suis d'avis que ce n'est pas un motif
sérieux. Allons-y sur le fond, mais ça, c'est dans tous les cas autres que ceux
de violence qu'on a discutés tout à l'heure.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
M. Cliche-Rivard : Et, dans
ce cas-là, également, tout ce qu'on a établi ou discuté préalablement, comme
une déclaration sous serment, toutes ces affaires-là, là, c'est possible de le
faire. Là, finalement, si tu veux invoquer un motif autre, c'est à toi de faire
la preuve pour te sortir de l'exemption.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
la partie la lègue par la suite, si c'est contesté.
M. Cliche-Rivard : Si c'est
contesté, là, elle pourra compléter sa preuve avec un affidavit, le cas
échéant.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Cliche-Rivard : O.K. Et il
y aura comme…
M. Jolin-Barrette : Ah! oui,
c'est ça, si elle dépose une déclaration sous serment, elle peut se faire
interroger sur ça.
M. Cliche-Rivard : Exact,
exact, sur les motifs sérieux autres que la violence conjugale, sexuelle,
familiale. Ça va pour moi sur ce point-là. Je reviendrai au principal, évidemment,
là, M. le Président, avant de terminer, là, je fais miens les commentaires du
député de l'Acadie, là, et l'ensemble des mémoires qui ont été déposés. Il les
a quand même explicités de manière assez limpide, notamment les inquiétudes du
Conseil du statut de la femme, de l'Alliance des maisons d'hébergement de
deuxième étape, du Pre Costanzo, des avocats et avocate en droit de la famille.
Donc, les inquiétudes eu égard à la question de la violence conjugale nous est
importante. Je quand même salue la future ouverture du ministre, mais
n'empêche, les éléments qui ont été soulevés sont d'une importance capitale
pour nous aussi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Bien,
évidemment, M. le Président, j'ai… je vais appuyer l'amendement déposé par mon
collègue le député de l'Acadie. Et, comme le collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne
a dit, c'est vrai, il a fait un exposé limpide de tous les mémoires que nous
avons reçus puis le commentaire que nous avons reçu aussi en consultation, et
je le félicite parce que c'est ce type de rigueur, je pense, qui va nous aider
à bonifier un projet de loi qui… évidemment, il y a des inquiétudes, surtout en
lien avec cet élément qui m'amène à avoir des questions si, mettons, on rejette
cet amendement. Moi, je souhaite savoir : Est-ce que autres provinces où
on a de la médiation qui est obligatoire ailleurs? Et, si oui, est-ce qu'on
sait si ça fonctionne? Est-ce qu'il y a eu des préoccupations? On s'inspire d'où,
dans le fond?
M. Jolin-Barrette : Je pense
qu'il est important aussi de rappeler à ce moment-ci, M. le Président, que
l'Association professionnelle des notaires du Québec est d'accord… en fonction
de la médiation obligatoire, La Chambre des notaires aussi, Le Barreau du
Québec aussi, et Régine Laurent aussi, qui sont d'accord avec la médiation
obligatoire. La médiation, ça fonctionne, exemple, en matière de petites
créances.
Mme Maccarone : Je sais que la
médiation fonctionne. Moi, ma question, c'est la médiation obligatoire. Est-ce
que… on sait que c'est que… un élément qui est en fonction ailleurs au Canada,
par exemple, dans une autre province, puis c'est de là qu'on s'inspire? Parce
que ce n'est pas une question de ne pas avoir de la médiation. Moi, je veux
juste savoir pourquoi aller obligatoire. Est-ce qu'on a vu que ça fonctionne en
Ontario, en Manitoba, Colombie-Britannique, par exemple?
M. Jolin-Barrette : On me dit
qu'en Colombie-Britannique, c'est obligatoire.
Mme Maccarone : C'est
obligatoire pour tout, ou est-ce qu'il y a des éléments…
M. Jolin-Barrette : Bien, on…
Je vais demander à l'équipe de faire de plus amples vérifications sur
l'étendue.
Mme Maccarone : O.K. Puis,
chez nous, mettons, pendant qu'ils sont en train de faire la recherche, est-ce
qu'on a autres places où on utilise la médiation obligatoire comme dans la cour
civile?
• (17 h 20) •
M. Jolin-Barrette : …ça
fonctionne très bien depuis qu'on a instauré ça.
Mme Maccarone : Mais il doit y
avoir une limite. Ce n'est pas pour tous les cas.
M. Jolin-Barrette : C'est
pour tous les cas.
Mme Maccarone : Peu importe le
montant?
M. Jolin-Barrette : Tous les
dossiers de 5 000 $ et moins passent en médiation obligatoire.
Mme Maccarone : O.K. mais…
Puis, si c'est 5 000 $ et plus?
M. Jolin-Barrette : Bien là,
oui, c'est volontaire actuellement, mais là on se dirige… là, on ouvre district
par district, dans le fond, la médiation obligatoire, parce que l'idée, c'est
de décharger aussi les juges, puis que les… les gens participent à la solution
de leur litige, puis éventuellement on va monter à la totalité des petites
créances. Donc, les petites créances, c'est 15 000 $, à peu près,
indexables. Et donc, aux petites créances, ça va être automatiquement médiation
obligatoire. Puis, quand la médiation ne marche pas, ça va… aux petites
créances, c'est un arbitrage automatique…
Mme Maccarone : ...C'est juste
pour ceux qui sont 5 000 et moins, c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Oui, qui
représentent 50 % des dossiers qui sont ouverts aux petites créances.
Mme Maccarone : O.K. Puis
d'abord... l'autre question que j'ai, encore une fois parce que je comprends
l'orientation puis je comprends très bien les préoccupations puis je présume
vous aussi vous comprenez très bien les préoccupations, dans les autres
articles précédents, on avait parlé que le juge peut suggérer, encourager, mais
pourquoi qu'on n'a pas adopté ça ici en principe? Parce qu'ils ont beaucoup de
pouvoir et ils peuvent bien voir si c'est un couple qui a absolument besoin
d'aller en médiation ou bien la personne, le juge en question peut aussi
déterminer ce n'est peut-être pas un cas où nous avons besoin, ça fait que
pourquoi ne pas choisir ce chemin-là, étant donné qu'on a beaucoup de
préoccupations sur le terrain?
M. Jolin-Barrette : Parce
qu'on est au début du processus judiciaire. Dans le fond, là, ce que l'on
souhaite, c'est que les dossiers familiaux puissent se régler rapidement,
efficacement, humainement et à faible coût, puis que les parties participent à
la solution puis au règlement du litige dans l'intérêt des enfants. Donc, quand
on est rendu avec le juge, on est plus loin. À moins qu'il y ait eu dépôt de
demande au départ, puis des mesures provisoires, puis une pension, puis tout
ça, ça peut arriver, mais ça ne fait pas en sorte que la médiation n'est pas
opportune par la suite. Mais on est au tout début du processus pour dire aux
gens : Mais vous allez vous asseoir puis vous allez tenter de faire de la
médiation. Ça se peut que ça ne marche pas, mais, au moins, ça va être une
mesure d'alternative de règlement des différends pour déjudiciariser, de donner
des outils aux parties pour qu'ils puissent se parler, changer. Puis même, il y
a peut-être des éléments qui vont se régler en médiation, peut-être ce n'est
pas la totalité, mais, au moins, il y aura une partie du litige qui aura été
réglée. Cinq heures de médiation gratuite qui sont offertes par l'État pour les
couples avec enfants, donc...
Mme Maccarone : Oui. Encore
une fois, ce n'est pas une question de questionner le processus de médiation,
je suis pour puis je comprends que ça fonctionne très bien, puis c'est ça qu'on
souhaite parce qu'on veut enlever la lourdeur que nous faisions face puis
accélérer l'accès à la justice. Ça fait que ce n'est vraiment pas ça, c'est
juste une question du choix, parce que si on dit à nos juges dans les autres
articles qu'on vous fait confiance de suggérer, puis c'est évidemment le chemin
qu'on souhaite que vous preniez, mais pourquoi qu'on ne l'a pas fait, ce
choix-ci, étant donné que c'est...
M. Jolin-Barrette : Par
contre, c'est déjà... M. le Président, dans le Code de procédure civile, c'est
déjà prévu que le juge peut référer les gens à la médiation, en général en
procédure civile.
Mme Maccarone : Ça fait que
pourquoi qu'on a besoin de faire ça ici d'abord, si le juge a aussi le pouvoir
d'envoyer gens en médiation?
M. Jolin-Barrette : Parce que
quand vous êtes rendus devant le juge, là, généralement, là, vous avez dépensé,
supposons que vous êtes représenté par avocat, ou que vous ne soyez pas
représenté par avocat, vous avez dépensé de l'énergie, là, à travers tout le
processus judiciaire, là, quand vous voyez le juge pour la première fois, là,
généralement, là, vous êtes rendu pas mal avancé dans le processus, puis ça a
pris pas mal de temps, puis peut-être que le fait de s'asseoir avec l'autre
partie au début du processus, là, mais ça aurait facilité bien des choses dans
la vie des enfants puis dans la relation des parties en amont. Ça fait que
c'est sûr que, exemple, dans un litige commercial, là, qui est présenté devant
le juge, là, le juge peut dire aux parties, là : Bien, écoutez, je regarde
votre dossier, peut-être vous auriez intérêt à aller en médiation sur un
dossier. Mais là, nous, comme législateurs, ce qu'on dit, c'est : Là, dans
le système de justice, là, ça touche les enfants, on veut amener les gens à participer
au règlement de leur litige dès le départ.
Mme Maccarone : Oui, puis
c'est ça, comme je dis, ça, ça m'amène toujours à l'obligation, parce que
j'aurais voulu avoir un chemin que nous pouvons prendre ensemble pour mieux
protéger les victimes puis aussi respecter les choix des Québécois aussi, parce
que même... là, on parle beaucoup des victimes qui ont des grandes craintes,
c'est ça que nous avons entendu, puis je sais que tout le monde est sensible de
ceci, mais il doit y avoir aussi autres personnes qui disent : Mais moi,
ça ne tente pas de prendre ce chemin-là, mais là c'est obligatoire. Ça fait
qu'à quelque part je questionne aussi est-ce que...
M. Jolin-Barrette : Bien, si
vous voulez vous séparer, puis... vous risquez de pas mal être dans une
situation obligatoire, mais devant la cour. Là, on vous dit : avant
d'aller à la cour, vous avez une opportunité de régler votre litige.
Mme Maccarone : Oui, mais ça
fonctionne déjà, ce qui nous place, le 5 heures, mais on est obligé
d'aller...
M. Jolin-Barrette : À la
séance de parentalité.
Mme Maccarone : ... à la
séance de parentalité et de parentalité, mais il me semble, ça, ça fonctionne.
C'est pour ça que...
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, je pense qu'on peut grandement améliorer le système de justice. C'est bien
la séance de parentalité, mais ce n'est pas suffisant, là, il faut aller plus
loin. Puis là on va de l'avant parce que ça va réduire les délais, ça va être
plus efficace, plus humain, les gens vont participer à solution de leur
litige...
Mme Maccarone : ...je vous
entends, mais, comme je disais, respectueuses, je pense que je...
M. Jolin-Barrette : Parce
que, sinon, on va être dans un statu quo encore, on n'avancera pas, là. On a
une situation, dans le système de justice, où les gens, bien, ils trouvent que
les délais sont longs, que ça coûte cher, que c'est plus ou moins humain. Là,
la solution qu'on a pour les citoyens, c'est qu'on a un nouveau régime d'union
parentale. Par rapport à ça, on rajoute des outils pour régler leurs litiges
avant de se retrouver à la cour.
Mme Maccarone : Ça va coûter
plus cher.
M. Jolin-Barrette : Pour qui?
Mme Maccarone : Pour l'État.
N'est-ce pas? Parce que, là, avec l'obligation de médiation dès le départ,
c'est sûr, ça coûte plus cher. Parce que vous dites : Ce n'est pas tout le
monde qui suit le processus de médiation. Est-ce que nous avons budgété pour ça
aussi?
M. Jolin-Barrette : Dans le
dernier budget, 24,2 millions $ pour la mise en œuvre du projet de loi du
tribunal unifié.
Mme Maccarone : Et cet
article, est-ce que ce sera mis en œuvre suite à l'adoption de la loi ou est-ce
qu'il y a une période d'attente avant qu'on va le mettre en vigueur, pour
donner de la chance aux groupes de se préparer, donner de la formation aussi
sur le terrain? On a des groupes qui sont en processus.
M. Jolin-Barrette : Sur
décret du gouvernement.
Mme Maccarone : Ça, ça va se
faire sur décret. Ça fait que ça se peut qu'on peut avoir un délai puis donner
du temps aussi...
M. Jolin-Barrette : On va
s'assurer...
Mme Maccarone : Ça, c'est
peut-être pour ce... l'autre question...
M. Jolin-Barrette : On va s'assurer
que tout le monde est prêt.
Mme Maccarone : Pourquoi
qu'on le met dans la loi puis pas dans un règlement ou pas dans un décret du
gouvernement? Ça donne plus de souplesse, peut-être, de prendre une décision,
parler avec encore plus de groupes, les rassurer. Parce que c'est un changement
qui, de toute évidence, fait peur, surtout à des personnes très vulnérables. Ça
fait que pourquoi dans le biais de la loi, et non par un autre outil
parlementaire?
M. Jolin-Barrette : Bien,
parce que l'habilitation, on vient la créer dans la loi, puis, dans le fond, le
nouveau régime rentre en vigueur le 30 juin, donc la compétence de la Cour du
Québec, puis ça, on va le mettre en vigueur sur décret quand on va être prêt.
Mme Maccarone : Puis vous
prévoyez un an, six mois, deux ans?
M. Jolin-Barrette : Bien,
rapidement. On va prendre... on va prendre le temps de bien faire les choses,
comme les formulaires, l'informatique, la gestion des greffes.
Mme Maccarone : Mais votre
but, c'est d'aller le plus rapidement possible.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est un outil qui est très bon pour régler des litiges, pour faire en sorte
que les gens puissent régler leur dossier familial dans un délai raisonnable.
Mme Maccarone : Sauf que ça
cause des difficultés pour des personnes, encore une fois, vulnérables. Puis je
partage les préoccupations de mon collègue quand il parle des difficultés de
détecter le contrôle coercitif. Ça se peut que ça va instrumentaliser des victimes,
la peur de représailles. Avez-vous quelque chose de planifié, d'abord? Parce
que, mettons, je comprends...
M. Jolin-Barrette : Les
médiateurs sont formés. C'est des médiateurs familiaux formés. Ils nous l'ont
dit, ils ont des formations sur la violence.
Mme Maccarone : Mais ce n'est
pas tous les juges, nécessairement, qui vont avoir une formation. C'est ce que
vous m'avez dit, je pense, la semaine...
M. Jolin-Barrette : Tous les
nouveaux juges ont suivi la formation en matière de violence sexuelle et
conjugale à la Cour du Québec.
Mme Maccarone : Mais pas ceux
qui siègent déjà.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, ça, ça appartient au Conseil de la magistrature d'offrir cette
formation-là. Ce n'est pas le ministre qui assigne les juges en formation.
• (17 h 30) •
Mme Maccarone : En tout cas,
je pense que ce n'est pas juste la formation qui est nécessaire. Je dirais
qu'en connaissant quelques victimes, moi-même, malheureusement, c'est quelque
chose qui est facile à cacher. Ça fait que, même avec la formation, ça se peut
que ça va être difficile pour la personne avec la formation de pouvoir détecter
et protéger la victime, surtout des représailles. Ça fait que je partage quand
même les préoccupations. Je n'irai pas dans tous les mémoires, parce qu'il a
vraiment fait un excellent exposé, mais j'aurais voulu trouver peut-être un
autre chemin, un autre... Tu sais, je comprends qu'il y a une ouverture pour
faire des modifications à cet article en question, mais ça reste que je partage
vraiment toutes les préoccupations de ces personnes et... suite à une
allégation, peut-être que c'est une avancée, puis aussi qu'on enlève les
sanctions, parce que les sanctions, ça peut porter aussi à des contestations,
il me semble, si on a ça aussi. Ça fait que... est-ce que c'est toutes les
sanctions que vous proposez que nous allons enlever ou c'est juste une portion
de le paragraphe 4?
M. Jolin-Barrette : Bien, comme
j'ai dit, c'est celles relatives à la violence sexuelle, conjugale et
familiale.
Mme Maccarone : O.K., bien,
M. le Président, moi, je souhaite appuyer cet amendement puis j'espère que tous
les gens qui sont en train de nous regarder puis nous écouter avec une grande
attention ont vraiment apprécié la rigueur du travail de mon collègue, qui est
vraiment allé en détails minutieux pour partager leurs points de vue puis leurs
voix...
17 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Bachand) :
…merci. Est-ce qu'il y aurait d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention…
Mme Maccarone : …
Le Président (M. Bachand) :
Vote par appel nominal. Merci. M. le secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
Le Secrétaire
: M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire
: M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
Le Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
Le Secrétaire
: M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
Le Secrétaire
: Et M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M. Bachand) :Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Donc, on revient à l'article 6.
Interventions? M. le ministre.
Des voix : …
Le Président (M. Bachand) :
Alors, on va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 32)
(Reprise à 17 h 39)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne, s'il
vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Je le lis et je commenterai par la suite. À l'article 419.2
du Code de procédure civile proposé par l'article six du projet de loi :
1° insérer, dans le premier alinéa et
après «résultat», «de l'union civile ou»;
2° ajouter, à la fin du deuxième alinéa,
les phrases suivantes :
«Sont également exemptées de cette
participation les personnes qui ont déposé au greffe une attestation qui
confirme qu'elles se sont présentées à un service d'aide aux personnes victimes
reconnu par le ministre de la Justice en invoquant être une personne victime de
violence conjugale... familiale, conjugale ou sexuelle. L'attestation est
confidentielle.»;
3° insérer, dans le quatrième alinéa et
après «motifs sérieux», «à l'exception de la présence d'une situation de
violence familiale, conjugale ou sexuelle.»
Commentaires : L'amendement fait
suite à des commentaires reçus lors des consultations particulières concernant
le partage du régime de l'union civile et de l'exemption de la participation à
la médiation obligatoire pour les victimes de violence conjugale.
Alors, M. le Président, ça a fait l'objet
de discussions qu'on a eues tout à l'heure. Considérant la position du ministre,
là, eut égard aux récents amendements du député de l'Acadie, on soumet cette
proposition-là en l'instance en trois points, bon, l'union civile, c'est une
question de concordance avec ce qui a été...
M. Cliche-Rivard : …un petit
peu plus tôt pour boucler la boucle de ce qu'on a discuté aux articles
précédents. Le deuxième volet, c'est eu égard aux présentations qui nous ont
été faites, notamment par différents groupes sur 417, deuxième alinéa du CPC,
qui permet qu'il y ait une attestation qui soit… qui puisse être déposée, là,
dans le cadre où il y a déjà une séance d'information qui aurait été suivie. Le
ministre a quand même bien clarifié qu'à ce stade-ci les victimes alléguées
vont pouvoir cocher une case qui invoque la justice… la violence conjugale,
familiale ou sexuelle, mais quand même suivant les demandes qui nous avaient
été faites à l'effet d'ouvrir le même régime puis de le calquer à 417, on
pensait que c'était important de le mettre. Je note que l'attestation va demeurer
confidentielle. C'est ce qui a été rapporté, demandé aussi par différents
groupes.
Finalement, dans un troisième temps, comme
le député de l'Acadie en parlait tout à l'heure un petit peu, ce qui a fait
beaucoup couler d'encre, c'est aussi la question des sanctions, notamment eu
égard à la contestation d'une allégation. Alors là, on vient exempter les
victimes alléguées de violence familiale, conjugale ou sexuelle d'une
potentielle déclaration qui viendrait leur ordonner de payer les frais de justice
engagés par l'autre partie. C'est ce qui nous avait été soumis par plusieurs
groupes, là, que la question de la sanction pour fausses dénonciations devrait
être retirée du projet de loi, devant, là, notamment ce que Pre Constanzo a
dit, le Conseil du statut de la femme et également d'autres groupes, notamment,
Me Zaccour, on pense qu'il serait plus judicieux de prévoir une exemption pour
les personnes qui ont allégué violence familiale, sexuelle ou conjugale, tout
en préservant, là, la possibilité d'être condamné dans le cas où on retarde
indûment des procédures, notamment. Voilà. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, écoutez, je pense que ça fait suite aux discussions que nous avons eues.
Je comprends que mes collègues auraient souhaité que la médiation ne soit pas
obligatoire. Je l'ai énoncé pour plusieurs motifs que c'était le cœur du projet
de loi, notamment de faire en sorte d'avoir une voie rapide, accessible et
humaine pour l'ensemble des justiciables, qu'ils puissent participer au
règlement de leurs litiges, en termes de déjudiciarisation, notamment. Je pense
qu'on leur donne les outils, tout en ayant une préoccupation importante et
qu'on s'assure d'avoir les outils pour qu'une personne victime de violence
sexuelle, ou conjugale, ou familiale puisse s'exclure de la médiation
obligatoire, ce que nous avons. Donc, nous avons deux options, telles que le
propose le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, c'est-à-dire le fait de l'alléguer,
le fait d'avoir une attestation. Et il n'y aura pas de sanction pour les
victimes de violence sexuelle, conjugale ou familiale, qui soit font une
allégation, soit une attestation.
Cela étant, pour les autres motifs, c'est
sujet au contrôle de la cour, puis on a voulu également mettre en place, dans
le cadre de l'article, si jamais il y avait une des parties qui retardait
l'instruction… bien, en fait, qui retardait la médiation ou l'instruction, en
vue de retarder l'instruction, bien, c'est pour faire en sorte que le juge ait
des pouvoirs, ait des outils pour dire : Bien, écoutez, vous avez fait
perdre le temps de monsieur ou de madame, l'autre partie, le temps des enfants.
Ça… ça s'inscrit dans la lignée de la violence judiciaire qu'on avait nommée
dans le projet de loi n° 56 aussi. Donc, on donne des outils aux juges, ça
ne veut pas dire qu'ils vont s'en servir, mais ça fait partie de leur coffre à
outils pour que les comportements délinquants, de mauvaise foi, les
comportements où on n'est pas dans un souci d'efficacité de la justice, de
régler le litige ou ne pas agir de bonne foi... Je pense que c'est important,
parce qu'on a entendu tellement de témoignages en matière familiale que le
système était utilisé pour retarder le règlement du litige. Puis, au final,
dans les familles, ce sont souvent les enfants qui en souffrent. Ce sont
souvent les familles qui en souffrent. Ça coûte parfois des milliers de dollars
aussi. Alors, je pense qu'on se doit de donner des outils au magistrat, de
donner des outils aux partis pour faire en sorte qu'ils soient outillés pour
régler leurs litiges.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Oui, merci, M. le
Président. Donc, écoutez, effectivement, comme… là-dessus, je suis d'accord
avec M. le ministre. On est au cœur du projet de loi, sauf qu'on ne s'entend
pas sur le cœur et l'état du cœur du projet de loi. Le ministre tient à la
médiation obligatoire, puis pas tous des groupes, mais une majorité de groupes
sont venus nous dire que ce n'était pas une bonne idée. Alors, j'ai proposé un
amendement dans ce sens-là, ça a été rejeté. Là, on essaie une voie de passage,
mais la médiation va rester obligatoire, donc, et je tiens à dire, M. le
Président, tout à l'heure, quand on débattait…
M. Morin : ...que j'ai
présenté. À un moment donné, M. le ministre a dit : S'il y a un motif
sérieux qui est évoqué pour exempter des personnes, ce serait possible de
contrôler le motif sérieux. Donc, même avec l'amendement que l'on a là, le
motif sérieux est là, il y a... il n'y a rien qui dit qu'une partie ne pourra
pas poser des questions sur le motif sérieux qui est invoqué et faire un débat
là-dessus. Alors, je ne vois pas... Honnêtement, là, puis plusieurs groupes
nous ont dit également que, dans bien des cas, une victime, elle ne veut pas
participer à de la médiation obligatoire, pas parce qu'elle ne veut pas, parce
qu'elle a peur. Ça, ce n'est pas moi qui l'invente, M. le Président, c'est des
groupes qui sont venus nous le dire, mais on s'entête à vouloir rendre la
médiation obligatoire alors qu'il y en aurait peut-être d'autres pistes de
solution. D'abord, on pourrait l'offrir carrément. Je ne dis pas que ça ne doit
pas avoir lieu, mais on pourrait procéder différemment. Si on pense qu'il y a
une personne qui veut retarder indûment le processus, le ministre fait
référence... Avec le projet de loi n° 56, on a adopté une disposition qui
traite de la violence judiciaire. Donc, les juges ont présentement des moyens
qui leur permettent de contrôler un abus de procédure. Puis rappelez-vous, M.
le Président, la prémisse et le principe énoncé par l'article 2 du Code de
procédure civile à l'effet que les parties doivent collaborer, et ils doivent
s'assurer qu'évidemment les litiges ne vont pas traîner. Si le législateur l'a
mis dans l'article deux du Code de procédure civile, ça doit avoir une bonne
raison. Puis le législateur ne parle pas pour ne rien dire. Donc, évidemment,
il faut s'en... il faut s'en inspirer. Il faut. Il faut le mettre en pratique.
Ça m'apparaît important, d'ailleurs, c'est tout l'esprit, c'est tout l'esprit
du Code de procédure civile, donc, axer sur la collaboration.
Là, il y a plusieurs groupes qui sont
venus nous dire que les femmes victimes de violences conjugales ont peur. Puis,
si c'est obligatoire, ça va créer une pression sur ces femmes-là. Je ne sais
pas combien de fois il faut que je le dise, M. le Président, puis le ministre,
il veut quand même rendre ça obligatoire, alors qu'on aurait pu explorer
d'autres possibilités, d'autres voies de passage. Puis, écoutez... Puis ce
n'est pas moi qui l'invente, là. Tu sais, je pense que plusieurs groupes ont
été très, très clairs là-dessus, entre autres le Regroupement des maisons pour
femmes victimes de violences conjugales. Je leur ai encore parlé ce matin. Ils
nous ont dit : Ce n'est pas une bonne idée. Ce n'est pas une bonne idée.
Et on disait... On demandait même ce matin, on posait la question : Quel
est notre intérêt comme société à obliger des gens à aller en médiation si la
violence est présente puis si elles ont peur? Puis donc elles vont en faire le
processus, mais ils vont... elles vont subir un contrôle, un contrôle coercitif
puis elles ne seront pas nécessairement en mesure de travailler dans la
médiation, comme ça devrait se faire entre les parties.
Alors, écoutez, c'est assez, comment dirais-je,
c'est assez étonnant. Permettez-moi de m'exprimer, de m'exprimer ainsi.
• (17 h 50) •
On nous dit également : Certains
n'ont pas les moyens de se payer des frais d'avocats, vont y aller sans avocat.
Et on dit également, puis on soulignait clairement dans leur mémoire, à la
page 13 : «D'autres, admissibles à l'aide juridique, s'y engageront
parce qu'elles n'arrivent pas à trouver un avocat qui acceptera de prendre leur
dossier, que ce soit via des bureaux d'aide juridique ou au privé via un mandat
d'aide juridique. Certaines se feront même conseiller d'aller en médiation en
attendant que l'aide juridique puisse prendre en charge leur dossier. Ces situations
ne feront qu'augmenter si la médiation devient obligatoire». Ce n'est pas moi
qui l'invente. On prend la peine, quand on a des... en fait, consultations
particulières, d'entendre des groupes qui ont une expertise dans plusieurs
domaines. Et effectivement, c'est ce qu'ils sont venus nous dire. Le
regroupement puis l'alliance recommandaient que la médiation ne soit pas rendue
obligatoire, puis que l'article 417 du Code de procédure civile
s'applique, peu importe le type d'union ou le tribunal qui entend la cause.
Alors, écoutez, le professeur Costanzo
était exactement au même effet. Quand on regarde par la suite...
M. Morin : ...nous a dit, dans
le mémoire de l'Association nationale Femmes et Droit, ça revient toujours à la
même chose. Donc, je comprends qu'on essaie ici de trouver une voie de passage,
sauf qu'on est au cœur du problème puis le cœur du problème ne change pas. Puis
on va quand même forcer des gens à aller en médiation obligatoire.
Puis la crainte que plusieurs groupes de femmes
nous ont dit, puis je suis évidemment à leur écoute, c'est : Il y en a,
des femmes... puis je me fie à ces groupes-là, parce que moi, je n'ai pas cette
expertise-là, je le reconnais, mais on les a écoutés, qui sont venus nous
dire : Écoutez, il y en a qui vont se sentir obligés d'y aider. Même que
ce matin, on nous disait : Si ça devient obligatoire puis qu'il y a
évidemment beaucoup de publicité qui est faite là-dessus, il y a effectivement
des gens qui vont se sentir obligés d'y aller, en médiation obligatoire, puis
ça ne va pas donner des résultats escomptés. Puis, en plus, bien, ils vont être
capables d'invoquer une exception, puis on ne sait pas si, ça, ça ne pourra pas
être contesté éventuellement par l'autre partie. Parce qu'on n'a pas de garantie.
On dit que c'est confidentiel, très bien, mais, à un moment donné, s'ils n'y
vont pas, en médiation obligatoire, parce qu'ils ont invoqué un motif sérieux,
que va faire l'autre partie? Est-ce que l'autre partie va être capable de
contester ça puis de faire en sorte qu'il y aura juste plus de pressions qui
vont être mises sur ces femmes-là? Je ne le sais pas. Honnêtement, M. le
Président, je ne le sais pas. On ne sait pas ce que ça va donner mais ça me
semble être courir un gros risque.
Puis je comprends le ministre, qui veut
aller vite, puis qui veut que ce soit efficace, puis... sauf que, ce qu'on nous
a dit, la majorité des groupes, c'est que ce n'était pas une bonne idée. Puis
là, bien, on a un amendement où c'est exactement ce qu'on va imposer. Alors,
moi, ce que je crains, c'est qu'il y a des gens qui vont se ramasser avec des
pressions, qui vont y aller pareil, et que ce ne sera pas efficace. Et donc ils
vont se ramasser avec des ententes ou une médiation qui va faire en sorte que
les femmes vont être défavorisées. Et, écoutez, c'est malheureux mais je ne
pense pas que ce soit ce que le législateur vise en mettant en place un
tribunal... un tribunal unifié. Alors, voilà.
Écoutez, je n'en dirai pas plus, M. le
Président. Je pense que je me suis exprimé là-dessus. J'aurais souhaité qu'on
trouve une autre voie de passage, qu'on soit capables d'explorer d'autres
mécanismes qui auraient permis de trouver une solution à ce qu'on est venu nous
dire pendant les consultations particulières. Ce n'est pas le cas. Alors, je
vais... je vais arrêter, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député de
l'Acadie. M. le ministre, s'il vous plaît. Ça va. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement proposé par le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'amendement est adopté? Adopté sur division. Merci. Maintenant, on revient à
l'article six tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
député de Saint-Henri-Sainte-Anne, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Juste une petite tarification, M. le ministre. Les médiateurs
qui, eux, constatent, là, ladite violence, eux peuvent mettre fin à la
médiation?
M. Jolin-Barrette : Tout à
fait. Puis les médiateurs familiaux sont formés en cette matière. Puis, dans le
fond, on a répondu à l'interrogation, tout à l'heure, qui avait été soulevée
par mon collègue sur ce n'est pas n'importe quel type de médiateur. C'est
vraiment les médiateurs familiaux par le truchement des articles avec le
règlement sur la médiation familiale.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Merci. J'aimerais porter à votre attention une lettre qu'on a reçue de la
CSSSPNQL, notamment eut égard à la médiation et aux perspectives, là, plus
sécurisantes sur le plan culturel pour la mise en œuvre, notamment suggestion
d'une entente avec les acteurs du système de justice pour la mise en place de
dispositions qui permettent un processus de médiation qui ait lieu dans les communautés
des Premières Nations et auprès de médiateurs accrédités par la communauté à
cet effet. C'est à la page quatre de la communication qu'on a reçue récemment.
Ils nous disent : «Il faudrait par la suite faire en sorte d'augmenter la
sensibilisation des médiateurs aux réalités des Premières Nations de même
qu'aux lois des Premières Nations établies par les communautés par le biais de
formations.» J'aimerais ça vous entendre sur cet aspect-là, particulier, M. le
ministre, du contexte de la médiation obligatoire, mais spécifique à la
question des Premières Nations et Inuit.
M. Jolin-Barrette : On a pris
acte de leur lettre qu'on a... qu'on a reçue aujourd'hui.
M. Cliche-Rivard : Mais
avez-vous un commentaire préliminaire ou...
M. Jolin-Barrette : Non. Pas
pour l'instant.
M. Cliche-Rivard : J'entends,
là, que, pour aujourd'hui, vous n'en avez pas. On pourrait vous relancer
peut-être demain à cet effet-là, pour que vous ayez peut-être un petit peu plus
de substance... là, je comprends, là, on l'a reçue, nous aussi, ce matin, ce
n'est pas une critique, là, un petit peu plus de chair autour de l'os de votre
réponse. Je peux vous relancer demain?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous invite à me poser la question de nouveau demain, si d'aventure nous nous
voyons...
M. Cliche-Rivard : ...je pense
qu'on va se voir demain, sans préjuger des travaux de ladite commission. Il y a
un même point, là, pendant qu'on y est, puis vous l'avez lu, dans la même
communication, là, eu égard à ce qu'eux voudraient ou ne voudraient pas
déléguer comme compétence, entre la Cour supérieure et la Cour du Québec. Donc,
je vous poserai ladite question, également. Je sais qu'on a déjà discuté de
37.2, mais considérant la communication de la CSSS-PNQL qui vient
d'aujourd'hui, je pense que, M. le ministre, vous pourriez peut-être aussi
fournir un commentaire, si d'aventure il vous plaît, demain.
M. Jolin-Barrette : Bien, on
verra demain si cela me plaît, comme vous dites.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Acadie, s'il
vous plaît.
M. Morin : Oui, merci, M. le
Président. Bien, en fait, il y avait... il y avait aussi, je pense, une
question d'un amendement où, M. le ministre, vous avez dit... je pense qu'ils
devaient être consultés, au Conseil des ministres. Je ne sais pas si ça a été
fait.
M. Jolin-Barrette : Le
conseil, c'est le mercredi.
M. Morin : Voilà. Donc, il
est peut-être possible qu'on se revoie mercredi. Donc, on verra.
M. Jolin-Barrette : Il est
possible, mais moi ça me fait plaisir à tous les jours.
M. Morin : Moi aussi. Je suis
ici tous les jours, je suis ici tous les jours, même, récemment, on a été ici
la nuit.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : Bien oui, hein,
c'est ça. Enfin.
M. Jolin-Barrette : C'est des
moments agréables, n'est-ce pas?
M. Morin : Bien, en fait, ça
dépend pourquoi on est ici la nuit. Ce moment-là, avec le projet de loi qu'on a
regardé, ne l'était pas, partez-moi pas là-dessus.
M. Jolin-Barrette : Non?
M. Morin : Donc, pour
revenir à notre projet de loi, M. le Président, bien, en fait, la Commission de
la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador
vous adressaient cette communication, hier, en fait, et parlait, bien sûr, de
la sécurisation culturelle, et parce que, là... un amendement qui fait en sorte
que la médiation est obligatoire, je veux simplement attirer l'attention de M.
le ministre au fait que, dans leur document, à la page 4, on souligne que la
médiation obligatoire constitue pour les Premières Nations une avenue plus
sécurisante sur le plan culturel, par la mise en œuvre d'une entente avec les
acteurs du système de justice. D'abord, il doit y avoir mise en place de
dispositions permettant que le processus de médiation ait lieu dans la
communauté des Premières Nations et auprès de médiateurs accrédités par la
communauté à cet effet. Il faudrait par la suite faire en sorte d'augmenter la
sensibilisation des médiateurs aux réalités des Premières Nations, de même
qu'aux lois des Premières Nations établies par les communautés par le biais de
formations. Et donc je comprends que c'est un élément qui est important.
Moi, j'aimerais ça, entendre M. le
ministre là-dessus. Est-ce que vous avez l'intention. Parce que, là, on vient
de parler de médiateurs accrédités. Le code de procédure en prévoit, vous nous
l'avez expliqué, en matière familiale, mais je ne crois pas que le code de
procédure prévoie, je peux me tromper, des médiateurs qui sont accrédités et
des processus de médiation qui ont lieu dans les communautés des Premières
Nations avec des médiateurs accrédités par la communauté. Et je voulais voir
votre ouverture, M. le ministre, pour aller vers ça, pour s'assurer,
évidemment, que... Là, on n'est pas uniquement dans un volet de médiation
obligatoire. Je ne vous répéterai pas tout ce que je vous ai dit, avec les
différents enjeux, mais là on a une question... en fait, on a un élément supplémentaire,
donc : tenir compte de la réalité que vivent les Premières Nations. Donc,
est-ce que vous seriez prêt à ce qu'il y ait des médiateurs accrédités par les
communautés des Premières Nations?
• (18 heures) •
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien, actuellement, je prends connaissance de la correspondance qui nous a été
envoyée, puis je vais réserver mes commentaires pour la suite.
M. Morin : O.K., donc vous
allez nous revenir là-dessus.
M. Jolin-Barrette : Bien,
comme je vous dis, je prends connaissance de la correspondance puis je réserve
mes commentaires pour la suite. C'est une question qui est complexe. Je
comprends que la Commission de la santé et des services sociaux des Premières
Nations du Québec et du Labrador nous a écrit. Alors, on va étudier la question
d'une façon appropriée au ministère de la Justice.
M. Morin : Et avez-vous
l'intention d'en discuter avec votre collègue qui est responsable des relations
avec les Premières Nations et les Inuits?
M. Jolin-Barrette : On est
constamment en discussion, le ministre député de Vachon et moi.
M. Morin : D'accord. Parce
qu'évidemment je pense que c'est un élément qui est important à soulever pour
faire en sorte que, puisqu'il y aura, n'est-ce pas, de la médiation
obligatoire, que les Premières Nations puissent avoir un accès...
18 h (version non révisée)
M. Morin : …en termes de
justice, mais qui correspond à leur réalité. Donc, on va attendre la réponse de
M. le ministre, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
D'autres interventions à l'article 6 tel qu'amendé? S'il n'y a pas d'autre
intervention… M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne? Oui, allez-y.
M. Cliche-Rivard : Appel
nominal, M. le Président. Un vote par appel nominal.
Le Président (M. Bachand) :
Parfait. Alors, vote par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Pour.
Le Secrétaire
: M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Pour.
Le Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
Le Secrétaire
: M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Contre.
Le Secrétaire
: M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
Le Secrétaire
: Et M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'article 6, tel que… qu'amendé, pardon, est adopté.
Donc, M. le ministre, pour la suite des choses.
M. Jolin-Barrette : Oui, 7, M.
le Président : L'article 420 de ce code est modifié par la
suppression du troisième alinéa.
Commentaires. L'article proposé supprime
le dernier alinéa de l'article 420 du Code de procédure civile. Cet alinéa
est repris à l'article 419.1 du Code de procédure civile introduit par l'article 6
du projet de loi. Donc, c'est de la concordance, on l'a déplacé.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Donc, interventions à l'article 7? S'il n'y
a pas d'intervention, est-ce que l'article 7 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bachand) :Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : 8 :
L'article 421 de ce code est modifié par l'insertion, dans le deuxième
alinéa du texte anglais et après «chief Justice» de «or chief Judge».
Commentaires. Cet… l'article proposé
modifie le texte anglais de l'article 421 du Code de procédure civile afin
d'inclure le juge en chef de la Cour du Québec pour les mêmes raisons que la
modification proposée à l'article 4 du projet de loi. Donc, article 409.1
du Code de procédure civile, donc on l'avait fait plus tôt dans le projet de
loi.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Interventions à l'article 8? S'il n'y a
pas d'intervention… M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, oui, Pardon.
M. Cliche-Rivard : M. le
Président, je ne sais pas sur ça, mais je veux juste placer, là, qu'il y a des
amendements qui pourraient être placés là, indépendamment ou dépendamment de la
décision du ministre, quand il aura consulté la communication de l'APNQL, juste
le placer là, pour la… fins de la discussion, peut-être un petit peu plus tard,
demain, ou si on a besoin d'aller…
Le Président (M. Bachand) :Parce que, si ça adopte l'article, pour réouvrir, ça va
reprendre le consentement.
M. Cliche-Rivard : C'est ça, mais
je le soumets à l'attention de la commission. Je suis sûr que le ministre va
faire l'objet d'une ouverture à cet effet, considérant qu'on risque de revenir
sur ce point-là demain, je voulais quand même le placer à l'attention de la
commission.
Le Président (M. Bachand) :C'est noté. Merci. S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce
que l'article 8 est adopté? Adopté. Merci. M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette : L'article 4255
de ce code est modifié par l'insertion, dans le premier alinéa et après «supérieur»,
«et de… et de… et de la Cour du Québec».
Commentaires. L'article proposé en est un de
concordance avec l'attribution des nouvelles compétences à la Cour du Québec.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Bien, en fait, la
seule… bien, la seule intervention que je ferais, c'est en lien avec,
évidemment, la lettre qu'on a reçue de la Commission de la santé et des
services sociaux des Premières Nations, Québec, Labrador, et voir comment ça va
s'insérer là-dedans, éventuellement quand M. le ministre aura terminé sa
réflexion.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y
a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 29 et adopté? Adopté. M.
le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : 10 :
L'article 86 de ce code est modifié par l'insertion, dans le texte anglais
et après le «chief Justice» de «or chief Judge».
Commentaires. L'article proposé modifie le
texte anglais de l'article 426 du Code de procédure civile afin d'inclure
le juge en chef de la Cour du Québec.
Le Président (M. Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a une intervention? S'il n'y a pas d'intervention,
est-ce que l'article 10 est adopté? Adopté. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : 11 :
L'article 428 de ce code est modifié par le remplacement, dans le texte
anglais, de «chief Justice or» par «chief Justice or chief judge or two».
Commentaires. L'article proposé modifie le
texte anglais de l'article 428 du Code de procédure civile afin d'inclure
le juge en chef de la Cour du Québec.
Le Président (M. Bachand) :Merci. Interventions? S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que
l'article 11 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bachand) :
Adopté. Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : 12 :
L'intitulé de la section un de la partie trois de la Loi sur les tribunaux judiciaires
est modifié par le remplacement de «et chambre de la Cour» par «chambre de la
Cour et tribunal unifié de la famille».
Commentaires. L'article proposé en est une
concordance avec la création du Tribunal unifié de la famille.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Interventions? M. le député de l'Acadie, oui.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Donc, le seul commentaire, il y a plusieurs groupes, M. le Président,
qui nous ont dit qu'au fond ce n'était pas un tribunal unifié de la famille.
Donc, je comprends que, probablement, M. le ministre va vouloir insister pour l'appeler
Tribunal unifié de la famille, mais, en fait, c'est plus une chambre de la Cour
du Québec, qui va traiter des dossiers de la famille. Alors, c'est le
commentaire que je voulais faire à cet article.
Le Président (M. Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article 12?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 12 est adopté? Adopté.
Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : 13 :
L'article 79 de cette loi est modifié par l'insertion, à la fin du premier
alinéa, de «et dans les matières familiales».
Commentaires. L'article proposé en est un de
concordance avec l'attribution de nouvelles compétences à la Cour du Québec.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Donc, interventions? S'il n'y a pas d'intervention,
est-ce que l'article 13 est adopté? Adopté. Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : 14 :
L'article 80 de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«La cour compte… comporte également le tribunal unifié de la famille.»
Commentaires. L'article proposé en est un de
concordance avec la création du tribunal…
M. Jolin-Barrette : ...de
la famille.
Le Président
(M. Bachand) : Merci beaucoup. Intervention? M. le député
de l'Acadie
M. Morin : Bien, merci,
M. le Président. Je vais faire le même... Je vais faire le même commentaire. Il
y a plusieurs groupes, plusieurs personnes qui nous ont dit qu'au fond ce
n'était pas un tribunal unifié. J'aimerais savoir de M. le ministre pourquoi il
utilise ce titre-là plutôt que d'une chambre de la famille de la Cour du
Québec, ce qui aurait pu être fait. La Cour du Québec a déjà d'autres chambres.
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, le Tribunal unifié de la famille traite des dossiers, notamment
en matière jeunesse et également en matière familiale. Donc, tout ce qui est
régime d'union parentale va se retrouver là. Puis les dossiers d'adoption, les
dossiers en termes de protection de la jeunesse vont se retrouver à l'intérieur
du Tribunal unifié de la famille. Les juges vont provenir notamment de la
Chambre de la famille et de la Chambre civile, ce qui ne signifie pas que le
juge en chef ne peut pas assigner des juges de la Chambre criminelle dans cette
chambre-là. Notamment, c'est le cas en région. Les juges sont affectés aux
trois chambres. On ne voulait pas créer une nouvelle chambre, parce qu'une
nouvelle chambre, ça veut dire également un nouveau juge en chef adjoint. Donc,
l'idée est de simplifier le processus judiciaire, pas d'augmenter la structure
de la cour. Alors, le tribunal, lui, va regrouper ces juridictions-là. On l'a
confié. Puis n'oubliez pas que c'est le premier pas vers le Tribunal unifié de
la famille. Donc, on place l'assise. Et comme je l'ai dit, on a eu la discussion
à 37.1 et .2 aussi, c'est la première étape vers la dévolution vers l'ensemble
des matières familiales au Tribunal unifié de la famille.
M. Morin : Mais donc
c'est le juge en chef qui va gérer le Tribunal unifié?
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, les assignations, de la façon que la Loi sur les tribunaux
judiciaires est faite, c'est le juge en chef qui fait les assignations avec les
juges coordonnateurs.
M. Morin : O.K. Donc,
pour ce tribunal-là, il n'y aura pas de juge en chef adjoint. Il y aura le juge
en chef puis des juges coordonnateurs.
M. Jolin-Barrette :
Bien, dans le fond, les juges en chef adjoints, civil et jeunesse, vont se
parler aussi. Mais autant... Puis ça, c'est un élément, là, les juges en chef
adjoints, Chambre criminelle et pénale, Chambre civile et Chambre de la
jeunesse, ils n'ont pas de pouvoir d'assignation. Donc, le juge en chef adjoint
en matière criminelle, ce n'est pas lui qui assigne les juges. Même si c'est
lui, le juge en chef adjoint, il n'a aucun pouvoir d'assignation. Puis les
seuls qui ont des pouvoirs d'assignation, c'est le juge en chef et le juge en
chef associé parce qu'il est l'alter ego du juge en chef, donc par l'effet de
la loi il dispose des mêmes pouvoirs, puis les juges coordonnateurs. Donc, le
juge en chef adjoint ne peut pas dire : Vous, M. le juge, vous allez
aller dans la salle 5.01 pour siéger de telle heure à telle heure. Ils
n'ont pas ce pouvoir-là. La loi est construite comme ça. Ils ont... Les juges en
chef adjoints un pouvoir de conseil auprès du juge en chef. Donc, le Tribunal
unifié, c'est une structure souple qui fait en sorte que les juges pourront
provenir à la fois de la Chambre de la jeunesse et à la fois la Chambre civile.
Mais notamment, tous les juges de la Cour du Québec pourraient y siéger, mais
le législateur indique que c'est notamment ils viennent de ces deux chambres.
M. Morin : Puis est-ce
que vous avez l'intention de nommer un juge... d'amender la loi pour qu'il y
ait un juge coordonnateur au Tribunal unifié?
M. Jolin-Barrette : Ça
va dépendre des demandes du juge en chef.
M. Morin : O.K. Mais ce
n'est pas prévu maintenant.
• (18 h 10) •
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, il y a un bassin de juges en chef. Le nombre de postes de juges
coordonnateurs, coordonnateurs adjoints, il est prévu à la Loi sur les
tribunaux judiciaires. Je vous donne un exemple. Le juge en chef m'a demandé de
désigner un juge coordonnateur adjoint responsable de la Cour municipale, ce
que nous avons fait à l'intérieur. Alors, nous aurons des discussions avec la Cour
du Québec.
M. Morin : Mais donc,
présentement, il faudrait que, pour l'assignation des juges au Tribunal unifié,
ce soient des juges coordonnateurs, Chambre civile, Chambre jeunesse qui se
parlent, qui se coordonnent pour assigner des juges au Tribunal unifié.
M. Jolin-Barrette :
Bien, dans certaines régions, il n'y a plus un seul juge coordonnateur. Ils
n'ont pas personne.
M. Morin : Puis dans
certaines régions, il y a un seul juge. Ça fait que ça, dans ces cas-là, c'est
assez simple, c'est parce que le juge, il va partout, là, où la juge. Mais dans
les endroits où il y en a plusieurs, à ce moment-là, ça va procéder comment?
M. Jolin-Barrette : Ça
va être la cour qui, dans sa gestion interne, qui va gérer ça.
M. Morin : O.K.
Le Président
(M. Bachand) :Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 14? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce
que l'article 14 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président
(M. Bachand) : Adopté. Merci. M. le ministre...
M. Jolin-Barrette : ...15.
Cette loi est modifiée par l'insertion après l'article 82 du
suivant : 82.1. En matière familiale, la Cour a compétence dans les
matières relatives à la filiation d'un enfant issu d'un projet parental
impliquant une grossesse pour autrui et celle relative à l'union civile ou à
l'union parentale dans les limites prévues par le Code de procédure civile ou
par toute autre loi. Cette compétence est exercée notamment par les juges
affectés à la Chambre de la jeunesse ainsi que ceux affectés à la Chambre
civile et, sauf dans les cas prévus par la loi, elle est exclusive à la Cour.
Commentaires : L'article proposé
modifie la Loi sur les tribunaux judiciaires de façon concordante avec les
modifications apportées au Code de procédure civile en lien avec l'attribution
de compétences à la Cour du Québec. Il prévoit également quels juges pourront
exercer cette compétence.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions? M. le député
d'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Oui. Donc là, je
comprends qu'avec cet article-là, vous allez donner expressément la compétence,
donc, à la Cour du Québec, mais je comprends qu'on a vu dans différents
tableaux qui nous ont été soumis par différents groupes que vous ne vouliez
pas, par exemple, donner présentement à la Cour du Québec toutes les
attributions ou toute la compétence en matière de filiation, etc. Donc, je
comprends que vous restez sur votre position. Vous ne voulez pas étendre à
d'autres champs, parce que c'est... vous voulez procéder par étapes?
M. Jolin-Barrette : Vous
voulez dire pour la juridiction de la Cour du Québec?
M. Morin : Oui, exact.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
c'est les nouveaux régimes, comme je l'ai expliqué, les régimes les plus
récents : grossesse pour autrui, union civile, union parentale.
M. Morin : O.K. Donc, vous
voulez vraiment laisser ça comme ça, ne pas l'étendre davantage.
M. Jolin-Barrette : Pour
l'instant, non.
M. Morin : O.K.
M. Jolin-Barrette : C'est la
première étape.
M. Morin : je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre... M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : J'aimerais
ça vous entendre, M. le ministre, sur des éléments qui ont été portés à notre
attention, notamment sur la spécialisation des juges. Il y a même des
questions... la question... Me Costanza parlait de la formation des juges. Les
CAVAC appuyaient ça aussi. Toute la question eut égard aux nouvelles
compétences. Il y avait des discussions, même potentielles, sur repousser un
petit peu l'application de la réforme. Avez-vous des commentaires à faire sur
ces propositions-là?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, les juges de la Cour du Québec sont compétents en ces matières, ils sont
tous formés en matière de violences sexuelles et conjugales pour les nouvelles
nominations. Ensuite, le Conseil de la magistrature est chargé de la formation
des juges. Pour ce qui est de l'entrée en vigueur, mais c'est une entrée en
vigueur qui est progressive, 30 juin 2025, c'est... Les gens qui sont
assujettis à l'union parentale, donc les gens qui auront des enfants à partir
du 30 juin 2025. Donc, vous comprendrez qu'il y aura plus de dossiers en
juillet 2025, là.
M. Cliche-Rivard : Il
faudrait effectivement...
M. Jolin-Barrette : Ça peut
arriver, là, ça peut arriver.
M. Cliche-Rivard : Ça se peut
que très rapidement il y ait des enjeux. Oui, c'est ça. Mais auquel cas vous
dites que ce sera une... Ils vont se roder, comme on dit, de manière...
M. Jolin-Barrette : Non, mais
il y en a... il y a beaucoup de juges de la Cour du Québec qui ont une
expertise en droit familial déjà par leur passé, ont fait de la jeunesse
également. Alors, énormément de magistrats qui sont compétents, qui ont les
aptitudes, les compétences, comme c'est le cas à la Cour supérieure, la Cour
d'appel et dans les cours municipales.
M. Cliche-Rivard : Vous avez
quand même entendu les mêmes choses que moi, là, notamment l'absence de
formation des juges à la Chambre familiale de la Cour supérieure est identifiée
depuis des années comme problématique. On va entendre ça quand même dans... pas
mes mots, là, ce sont les mots des mémoires qu'on a lus. Ça s'applique aussi
comme inquiétude sur la future chambre... mais en fait sur le futur tribunal
unifié pour la famille. Il y a des enjeux où il y avait des discussions de
recommandations de nommer des juges dédiés avec une expérience pratique en
droit familial. Il y avait des discussions sur reporter l'entrée en vigueur de
la loi. Il y avait des discussions évidemment du Barreau. Donc, quand même, là,
j'entends ce que vous dites, mais le constat du terrain puis des experts, c'est
que tout n'est pas particulièrement parfait non plus, là.
M. Jolin-Barrette : N'oubliez
pas non plus que, désormais, les notaires sont admissibles à être nommés à la
fonction de juge à la Cour du Québec. Les notaires sont des spécialistes en
droit de la famille. Alors, éventuellement, peut-être qu'on aura des notaires
également à la Cour du Québec.
M. Cliche-Rivard : J'en suis.
Mais le sur le portrait dressé, vous n'avez pas plus de commentaires sur ce que
les...
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, sur le portrait dressé, le Conseil de la magistrature est là pour assurer
la formation des juges, notamment sur l'union parentale, l'union civile, la
grossesse pour autrui qui est un nouveau régime. Les juges de la Cour du Québec
ont déjà de la compétence en matière de droit de la famille, notamment en
matière d'adoption, en matière de protection de la jeunesse. Donc, écoutez, la
formation des juges, j'en suis. Cependant, comme on a eu notre discussion à de
nombreuses reprises entre vous et moi, ce n'est pas le ministre de la Justice
qui n'est chargé ni de l'assignation ni de la formation en fonction de
l'indépendance judiciaire.
M. Cliche-Rivard : Sur la
question de juges dédiés, là...
M. Cliche-Rivard : ...au TUF,
vous en parliez un peu avec le collègue tout à l'heure, vous faisiez référence
au fait que ça va dépendre évidemment du volume, ça va dépendre des projets...
des palais de justice, ça va dépendre évidemment de l'assignation du juge
coordonnateur.
M. Jolin-Barrette : Bien,
pour les juges dédiés, encore une fois, ce n'est pas le ministre de la Justice
qui assigne les juges ou qui affecte les juges, c'est le juge en chef qui est
responsable de cela. Les juges, lorsqu'ils sont nommés à la Cour du Québec,
c'est comme à la Cour supérieure, ils sont nommés à la Cour du Québec et ils
sont compétents en toutes matières.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Donc, si je comprends bien, M. le ministre, pour les juges qui sont
nouvellement nommés à la Cour du Québec, eux ont l'obligation de suivre une
formation.
M. Jolin-Barrette : En
matière de violence sexuelle et conjugale. Dans le fond, lorsqu'ils signent
leur formulaire de candidature : Je m'engage à suivre une formation en
matière de violence sexuelle et conjugale.
M. Morin : O.K. Donc,
c'est... c'est à l'étape même du processus, là, avant... avant même que vous
ayez à nommer quelqu'un. Donc, quelqu'un qui s'engage dans le processus doit
signer ce formulaire-là?
M. Jolin-Barrette : C'est
dans le formulaire de candidature. Même chose pour les juges qui partent à la
retraite à la Cour du Québec et qui deviennent des juges suppléants. Moi, avant
de les autoriser à siéger comme juges suppléants, je reçois l'attestation du
Conseil de la magistrature à l'effet qu'ils ont suivi une formation en matière
de violence sexuelle et conjugale, où je n'ai aucun contrôle. C'est
relativement aux juges en exercice.
M. Morin : D'accord.
M. Jolin-Barrette : C'est le
Conseil de la magistrature. Mais vous vous souvenez, quand on a fait le projet
de loi n° 23, on a mis des mesures de transparence, dans le rapport annuel
du Conseil de la magistrature, qui n'avait pas été publié, vous vous rappelez,
depuis, je pense, cinq ou six ans.
M. Morin : Oui. Je me
souviens.
M. Jolin-Barrette : C'est des
bons souvenirs.
M. Morin : Sur le nombre de
juges qui ont... qui ont été nommés et qui ont suivi la formation, à comparer à
l'ensemble des juges, on est rendu à combien de juges qui sont formés?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, ça, c'est au Conseil de la magistrature à poser la question parce que
je ne... l'engagement de suivre la formation, il est contrôlé par le Conseil de
la magistrature et le juge en chef. Ce n'est pas le ministre de la Justice. À
partir du moment où le candidat à la magistrature, il est désigné juge, je n'ai
plus compétence sur ce candidat-là. C'est le... C'est le Conseil de la
magistrature qui est chargé du suivi de cela. Donc, bien candidement, je n'ai
pas cette information-là. Il faudrait s'adresser au Conseil de la magistrature.
M. Morin : Mais, vous savez
le nombre de personnes que vous avez nommées qui avaient signé le formulaire,
par exemple.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, tous les juges que le Conseil des ministres a nommés depuis le, quoi,
14 novembre 2021... 14, 15, en tout cas dans ces zones-là, le moment de
sanction de la loi, ont dû s'engager à suivre la formation.
M. Morin : O.K. Puis, ça, il
y en a combien de ces juges-là?
M. Jolin-Barrette : Il
faudrait calculer, là. Je ne sais pas combien.
M. Morin :
O.K. O.K.
M. Jolin-Barrette : Il
faudrait voir, dans le rapport annuel, le gouvernement a désigné combien de
juges depuis 2021.
M. Morin : Depuis 2021. O.K.
Parfait. C'est bon. Alors, je vous... je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 15 est adopté? Adopté. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Est-ce
qu'on peut prendre une courte suspension, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :Oui. Nous allons suspendre
quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 18 h 19)
(Reprise à 18 h 27)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît. La
commission reprend ses travaux. Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions à
l'article 16?
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Oui. Est-ce que... non, vous
avez lu... M. le ministre, est-ce que vous avez lu le 16? Je ne me souviens
pas.
M. Jolin-Barrette : Je ne
m'en souviens plus.
Le Président (M.
Bachand) :O.K., alors.... Merci. Alors,
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : L'article 83
de cette loi est modifié par l'insertion, dans le deuxième alinéa et après
«jeunesse et», de «pour les paragraphes 2 et 4 du premier alinéa, elle est
également exercée par les juges affectés à la chambre civile».
Commentaires : L'article proposé
prévoit que les gens affectés à la chambre civile pourront également exercer
certaines compétences en matière de jeunesse, au même titre que pour les
matières visées à l'article 82.1 de la Loi sur les tribunaux judiciaires,
introduit par l'article 15 du projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc,
interventions à l'article 16? S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que
l'article 16 est adopté? Adopté. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : 17, M. le
Président. Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 83.0.1,
du suivant :
«83.0.2. Est créé, au sein de la Cour du
Québec, le Tribunal unifié de la famille. Le tribunal a compétence dans les
matières civiles prévues à l'article 37.2 du Code de procédure civile dans
les matières relatives à la famille prévues au premier alinéa de
l'article 82.1 et dans les matières à la jeunesse prévues aux paragraphes
deux et quatre du premier alinéa de l'article 83. Peuvent siéger au
tribunal notamment les juges affectés à la Chambre civile et ainsi que ceux
affectés à la Chambre jeunesse.»
Commentaires : L'article proposé crée
le Tribunal unifié de la famille au sein de la Cour du Québec et lui attribue
certaines compétences. Il prévoit aussi les juges qui pourront y siéger.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions?
M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, je vous
remercie, M. le Président. Puisqu'on parle bien sûr du tribunal unifié, qu'on
parle de la compétence du tribunal puis qu'on est dans la Loi sur les tribunaux
judiciaires, il y a différents groupes qui nous ont suggéré... qui vous ont
suggéré, M. le ministre, de voir comment il pourrait y avoir une meilleure
coordination ou coopération judiciaire entre la Cour du Québec et la Cour
supérieure.
L'essence du projet de loi est... est
d'accorder une compétence élargie à la Cour du Québec. Maintenant, il y a
présentement, évidemment, un nombre de dossiers importants qui sont devant la
Cour supérieure, et vous nous avez dit que c'était une première étape. Donc,
est-ce qu'il y a... il y a moyen, au sein de ce que vous appelez le Tribunal
unifié de la famille, d'amender la loi pour qu'il y ait des mécanismes de
coordination ou qu'il y ait à tout le moins un coordonnateur ou un juge
coordonnateur qui soit nommé pour faire en sorte qu'il pourrait y avoir partage
d'information?
• (18 h 30) •
Parce que vous vous rappellerez, il y a
plusieurs groupes... pas tous des groupes, mais il y a plusieurs groupes qui
sont venus nous dire qu'ils étaient inquiets quant au partage de l'information,
au cheminement des dossiers. Puis je comprends que l'objectif que vous
poursuivez, c'est d'accélérer le processus. Alors, ce serait, je pense, une
bonne chose de prévoir un mécanisme qui ferait en sorte qu'au niveau de la
gestion il n'y ait pas de délai à cause justement des dossiers qui sont arrêtés
en quelque part ou qu'un juge n'a pas assez... n'a pas assez d'information. À
un moment donné, j'ai parlé peut-être d'un greffe unifié, mais est-ce qu'il y
aurait lieu en tout cas à tout le moins de favoriser la coopération judiciaire
pour que le tribunal que vous voulez mettre en place soit vraiment efficace?
Et, à ce moment-là, est-ce qu'on devrait le prévoir dans la Loi sur les
tribunaux judiciaires?
M. Jolin-Barrette : Bien,
alors, bien entendu qu'on est favorables à un maximum de coopération et de
collaboration entre les cours. Il y avait des enjeux, notamment sur l'accès à
l'information de...
18 h 30 (version non révisée)
M. Jolin-Barrette :
…dossiers. On en a réglé une partie dans le cadre du projet de loi n° 56,
pour faire en sorte que les juges de la Cour supérieure puissent prendre
connaissance des dossiers en matière de protection de la jeunesse, parce que l'enjeu
était à l'effet que, si les parties n'alléguaient pas ou ne déposaient pas la
décision, le juge de la Cour supérieure n'avait pas moyen d'accéder. Ce qui est
un peu un illogisme aussi. Même chose, on a… on a le pendant pour faire en
sorte que les juges de la Cour du Québec vont pouvoir avoir la même chose de la
Cour supérieure. Pour ce qui est des ressources conjointes sur les greffes,
administrativement, on pourrait réaliser des gestes en ce sens-là, sous réserve
que, comme je vous l'ai dit, le tribunal unifié, c'est la première étape. Donc,
on souhaite que tout soit à la Cour du Québec en matière familiale. Donc, c'est
l'assise qui est là. Mais oui, davantage de collaboration, et… va être favorable,
va être favorable. Puis, bien, il ne faut pas oublier qu'en termes de
coopération entre les autres chambres, bien, les tribunaux doivent collaborer
entre eux aussi.
M. Morin : Oui, sauf que c'est
certain qu'à la Cour du Québec, par exemple, bien, il y a une facilité, bien
sûr, de partager l'information, c'est la même cour, il y a une gestion des
greffes, puis surtout si… dans les districts où il y a juste un juge, bien là,
c'est assez facile de partager, n'est-ce pas? Il est tout seul, mais où il y en
a plusieurs…
M. Jolin-Barrette : Et d'où
le poste de coordonnateur judiciaire aussi, qu'on a créé avec le tribunal
unifié. Il y a eu certaines critiques, mais on est en rodage sur le poste…
bien, sur le tribunal unifié, mais notamment, le poste de coordonnateur
judiciaire, c'est de faire le pont entre la chambre criminelle et pénale, les
dossiers en matière… familiaux, les dossiers en matière de DPJ aussi. Ça fait
que ça aussi, c'est facilitant.
M. Morin : Donc, le… je
comprends que le tribunal unifié de la famille n'est pas créé, mais vous avez
déjà créé le poste de coordonnateur judiciaire.
M. Jolin-Barrette : Non, le
poste de coordonnateur judiciaire était dans le cadre du tribunal en matière de
violence sexuelle et conjugale… le tribunal spécialisé.
M. Morin : Ah! O.K.
Donc, O.K., parce que j'avais cru comprendre… vous avez dit : Tribunal
unifié. Ça fait que, là, j'essayais de voir, mais c'est…
M. Jolin-Barrette : …je suis
désolé, c'est moi qui ai fait une erreur.
M. Morin : C'est… donc, c'est
dans le cadre du tribunal spécialisé.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Morin : O.K., mais ce
coordonnateur-là, c'est un rôle de quoi, de greffier, de commis, de… comment…
M. Jolin-Barrette : C'est un
coordonnateur judiciaire pour s'assurer de transmettre les informations de
dossiers criminelles aux parties dans une instance en matière familiale
jeunesse, notamment, c'est pour le faire le pont entre les différentes
chambres. Puis c'était une des demandes du rapport rebâtir, notamment pour
assurer la fluidité de l'information.
M. Morin : Donc, est-ce qu'avec
le tribunal unifié de la famille vous avez l'intention d'augmenter les
responsabilités de ce coordonnateur-là ou de créer d'autres postes de
coordonnateur?
M. Jolin-Barrette : Bien là,
au fur et à mesure où on déploie le tribunal spécialisé, il y a des postes de
coordinateur qui voient le jour, et l'objectif, c'est de faire le pont. Alors,
oui, ce poste-là pourrait être bonifié, notamment, tu sais, exemple, sur les
ordonnances de remise en liberté, si c'est un dossier de violence conjugale.
Puis, en plus, il y a une séparation, puis les gens vont être en union parentale.
C'était un des manquements qu'il y avait entre les différentes chambres puis avec
les différents dossiers de pouvoir faire le pont. Alors, c'est un personnel… c'est
un employé administratif. Ça fait qu'on travaille avec les organismes et le
système de justice pour faire en sorte que ce poste-là soit le plus complet
possible.
M. Morin : Et, ce poste-là,
vous l'avez créé sous le ministère de la Justice en vertu de la loi du
ministère de la Justice ou sous la loi sur les tribunaux judiciaires?
M. Jolin-Barrette : Non, tous
les employés du ministère de la Justice relèvent de la loi sur la fonction
publique. Donc, c'est tous les employés dans les greffes et les employés qui se
retrouvent aussi au soutien à la magistrature, ce sont des employés de l'État.
M. Morin : Oui, oui,
clairement. Mais ils ne sont pas nécessairement sous le ministère de la
Justice. Ils sont… Oui?
M. Jolin-Barrette : Bien oui,
leur employeur… exemple, je vous donne un exemple, les recherchistes du service
de recherche de la Cour du Québec ou de la Cour supérieure, ce sont quand même
des employés MJQ. Administrativement, il… Ce n'est pas… leur gestionnaire
quotidien, ce n'est pas... ce n'est pas le sous-ministre, là, c'est le juge
avec qui ils collaborent.
M. Morin : Clairement, là, mais
ils relèvent à ce moment-là du MGQ, puis leur employeur, c'est le Conseil du
trésor, officiellement.
M. Jolin-Barrette : Bien,
quand on est embauché, on est embauché par le ministère, là. Par le ministère.
M. Morin : O.K. Donc, pas le Conseil
du trésor.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, la paie, elle vient peut-être du Conseil du trésor, oui, la paie est
centralisée, mais l'employé provient du ministère.
M. Morin : O.K., provient du
ministère. O.K. Donc… Puis alors, ce n'est pas... ce n'est pas exclu...
M. Morin : ...qu'il y ait des
postes comme ça de créés, mais, pour l'instant...
M. Jolin-Barrette : Bien,
actuellement, on en a un. Dans le fond, on est en train de déployer un par
district judiciaire.
M. Morin : Pour,
éventuellement, le Tribunal unifié de la famille ou pour le tribunal...
M. Jolin-Barrette : Non. On
est dans le cadre du tribunal spécialisé, mais...
M. Morin : Oui, spécialisé,
c'est ça.
M. Jolin-Barrette : ...ça va
faire partie des tâches aussi, parce que là on veut une nouvelle juridiction,
ça fait qu'il va pouvoir faire le pont aussi en matière familiale. Parce que
l'objectif était de faire le pont aussi avec la Cour supérieure, mais là il y a
des dossiers qui ne seront plus à la Cour supérieure, donc, ils vont être à la
Cour du Québec.
M. Morin : Mais il y en a qui
vont rester à la Cour supérieure.
M. Jolin-Barrette : Certains,
pour l'instant.
M. Morin : Non, non, je
comprends. Mais oui, j'ai bien compris, mais, quand le Tribunal unifié va
prendre forme, il va rester encore des dossiers à la Cour supérieure.
M. Jolin-Barrette : Pour
l'instant.
M. Morin : Oui, donc, cet
employé de l'État là aura aussi...
M. Jolin-Barrette : Mais il
faisait déjà le pont aussi avec la Cour supérieure actuellement, dans les
dossiers familiaux à la Cour supérieure.
M. Morin : O.K.
M. Jolin-Barrette : Il
faisait le pont, dossiers jeunesse, dossiers familiaux, Cour supérieure.
M. Morin : D'accord. Je vous
remercie.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député
Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. M. le ministre, je voudrais vous entendre justement sur la
compétence à l'article 83, vous faites référence en matière relative à la
jeunesse, paragraphe 2° et paragraphe 4°, de 83. Donc, 2°, c'est à l'égard de
la protection de la jeunesse, conformément à la Loi sur la protection de la
jeunesse, donc, dossier DPJ notamment, puis 4°, c'est l'adoption, mais donc
vous excluez 1° et 3°. Ça, c'est-tu aussi une question, pour l'instant, pour le
TUF ou c'est une question que ça va demeurer comme ça dans votre intention, là.
Donc, 1°, c'est exercer les attributions du tribunal pour adolescents
conformément à la LSJPA, puis 3°, c'est à l'égard de poursuites prises en vertu
du Code de procédure pénale lorsque le défendeur est âgé de moins de 18 ans ou
était âgé de moins de 18 ans au moment de la commission de l'infraction.
M. Jolin-Barrette : Oui, dans
le fond, le pénal va continuer à la Chambre de la jeunesse.
M. Cliche-Rivard : O.K. Pour
toujours, dans votre intention.
M. Jolin-Barrette : Bien là,
pour l'instant, c'est ça...
M. Cliche-Rivard : Pour
l'instant, mais il n'y a pas...
M. Jolin-Barrette : ...parce
que c'est d'autres partenaires qui sont là, c'est le poursuivant aussi, puis
c'est en matière... c'est en matière pénale, criminelle. Donc, ça va rester à
la Chambre de la jeunesse pour l'instant.
M. Cliche-Rivard : Pour
l'instant ou dans un avenir prévisible, c'est ça, l'intention.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Pour la famille, ça s'en va au TUF. Donc, jeunesse plus union parentale, union
civile...
M. Cliche-Rivard : Mais là...
cette compétence, c'est exercé notamment par les juges affectés à la chambre de
la jeunesse pour tout ce qui est 83 et, sauf dans les cas prévus par la loi,
elle est exclusive à la cour. Ça fait que, dans le fond, pour les deux autres
éléments que là on n'inclut pas au TUF, c'est chambre de la jeunesse ou chambre
criminelle et pénale.
M. Jolin-Barrette : Non.
Chambre de la jeunesse.
M. Cliche-Rivard : Chambre de
la jeunesse. Et là, vous dites, à 83.0.2, «peuvent siéger au tribunal,
notamment, les juges affectés à la chambre civile ainsi que ceux affectés à la
chambre de la jeunesse». Ça fait qu'il y a des juges qui vont quand même faire
les deux.
M. Jolin-Barrette : Les
deux...
M. Cliche-Rivard : Les
juges...
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, les juges en jeunesse, un juge qui est, supposons, être affecté à
la chambre de la jeunesse, lui, va faire des dossiers de jeunes
contrevenants...
M. Cliche-Rivard : ...oui,
mettons. Il va faire des infractions pénales aussi. Puis il va... quand il va
avoir son chapeau de TUF, il va faire de la DPJ puis il va faire de la famille,
donc, union parentale. Le juge en civil, lui, va pouvoir faire des litiges de
50 000, mais jusqu'à 100 000. Il va faire des gardes, santé mentale, va pouvoir
aussi siéger au TUF, faire de la DPJ puis faire de l'union parentale, l'union
civile, grossesse pour autrui.
• (18 h 40) •
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
l'intention de tout garder ce qui est jeunes contrevenants à la GPA, ça, ça va
rester en jeunesse.
M. Jolin-Barrette : En
jeunesse, c'est ça. Et je le réitère, le juge de la Cour du Québec, qui est
nommé à la Cour du Québec, est compétent en toutes matières à la Cour du Québec
et a une juridiction sur l'ensemble du territoire québécois.
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait. Mais, habituellement...
M. Jolin-Barrette : Bien, la
pratique à la Cour du Québec, c'est généralement d'affecter les juges à une
chambre en fonction du territoire desservi, en fonction du district. Ça fait
que j'ai des juges qui sont affectés par le juge en chef uniquement dans une
chambre. J'en ai qui sont dans deux chambres, j'en ai qui sont dans les trois
chambres.
M. Cliche-Rivard : Mais, a
contrario, ceux qui sont affectés à la chambre...
M. Cliche-Rivard : ...mais les
pénales, eux, ne pourront pas être affectés au TUF.
M. Jolin-Barrette : Ils
pourraient.
M. Cliche-Rivard : Ils
pourraient? Parce que ça dit «peuvent siéger au tribunal, notamment les juges
affectés», ça fait que c'est le «notamment», là, les juges affectés à la
Chambre civile ainsi que ceux affectés à la Chambre de la jeunesse.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
qu'en gros ce que vous dites, c'est que n'importe qui peut siéger au TUF?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, les juges de la Cour du Québec ont juridiction en toute matière de la
compétence de la Cour du Québec, mais nous, on envoie un message à la Cour du
Québec pour dire : Bien, le Tribunal unifié de la famille, les juges
doivent venir principalement de la Chambre civile et de la Chambre de la
jeunesse, ce qui signifie qu'à l'exclusion un juge qui est normalement affecté
en Chambre criminelle et pénale pourrait quand même siéger en...
M. Cliche-Rivard : Pourrait
le faire quand même.
M. Jolin-Barrette : ...en
Chambre de la famille... pardon, au Tribunal unifié de la famille.
M. Cliche-Rivard : Mais ce
n'est pas nécessairement ce qui est privilégié, mais dépendamment de là aussi
de la compétence puis la disposition de...
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, comme je vous dis, ça relève de l'indépendance judiciaire,
l'assignation des juges comme à la Cour supérieure, il y a des juges qui
siègent en criminel, qui entendent des dossiers de famille.
M. Cliche-Rivard : Exactement.
Parfait. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions sur
17? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 17 est
adopté?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : 18, M. le
Président, l'article 135 de cette loi est modifié par l'insertion, après
«Cour» de «ou Tribunal unifié de la famille.
Commentaires : L'article proposé en
est un de concordance avec la création du Tribunal unifié de la famille.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions?
S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'article 18 est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : 19.
L'article 137 de cette loi après l'insertion après «Chambre» de «pour
Tribunal unifié de la famille».
Commentaires : L'article proposé en
est un de concordance avec la création du Tribunal unifié de la famille.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions? M.
le député d'Acadie.
M. Morin : Merci. Donc, je
comprends qu'à 19 donc l'article 137 traite des différentes chambres, mais
vous ne voulez pas que ce soit une chambre de la famille, donc vous ajoutez
Tribunal unifié de la famille par la suite, c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Oui, ce
n'est pas une chambre.
M. Morin : Non, c'est ça.
M. Jolin-Barrette : C'est
plus flexible qu'une chambre.
M. Morin : Donc 137 traite
des chambres, mais là, donc, vous le rajoutez pour marquer cette
distinction-là, finalement.
M. Jolin-Barrette : Mais en
fait c'est la création, c'est un tribunal qui existe au sein de la Cour du
Québec, comme le Tribunal des droits de la personne, comme le Tribunal de la
jeunesse. C'est un tribunal qui existe, mais qui ne fait pas partie d'une
chambre.
M. Morin : Tribunal de la
jeunesse ou Chambre de la jeunesse.
M. Jolin-Barrette : Non...
pardon, Tribunal des droits de la personne.
M. Morin : Oui, Tribunal des
droits de la personne et de la jeunesse, mais Chambre de la jeunesse.
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Morin : À la Cour du
Québec, il y a quand même la Chambre de la jeunesse?
M. Jolin-Barrette : Oui, oui,
oui, il y a la Chambre de la jeunesse, mais le tribunal n'est pas dans la
Chambre de la jeunesse, c'est ça que je veux vous dire.
M. Morin : Exact. O.K.
Parfait. Excellent. Je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'article 19 est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. 20.
L'article 146 de cette loi est modifié : 1° dans le premier
alinéa : a) par l'insertion après «Cour» de «ou des juges qui peuvent
siéger au Tribunal unifié de la famille; b) par l'insertion à la fin de «ou de
la compétence du Tribunal unifié de la famille»; 2° par l'insertion dans le
deuxième alinéa et après «Chambre» de «ou des juges qui peuvent siéger au
tribunal.»
Commentaires : L'article proposé en
est un de concordance avec la création du Tribunal unifié de la famille.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions.
S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'article 20 est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : 21, on
est dans la Loi sur l'aide juridique et la prestation de certains autres
services juridiques. 21. L'article 4 de la Loi sur l'aide juridique et
la... et sur la prestation de certains autres services juridiques est modifié
par le remplacement, dans le deuxième alinéa, de «au paragraphe» par «au
paragraphe 1.01 et».
Commentaires : L'article proposé en
est un de concordance avec les modifications proposées à l'article 4.7 de
la Loi sur l'aide juridique et sur la prestation de certains autres services
juridiques par l'article 22 du projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Pouvez
vous nous l'expliquer celui-là, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : Alors, à
22, on va le voir plus tard, là, l'article proposé, ça, c'est 22, permet que
l'aide juridique soit accordée lorsqu'il s'agit de fournir à des parties les
services professionnels d'un avocat ou d'un notaire pour l'obtention d'un
jugement relatif à une entente présentée dans une demande conjointe en matière
d'union parentale et portant règlement complet de cette demande et ainsi
élargir... d'élargir l'accès aux services d'aide à l'homologation SAH. Il
propose également qu'un notaire puisse offrir les services couverts dans le
cadre du SAH.
Donc, essentiellement, ça, c'est la
troisième partie du projet de loi. Le service d'aide à l'homologation
actuellement existait, mais ce n'était pas pour une demande originale. Donc, le
service d'aide à l'homologation, c'est quand vous avez une entente... Mais en
fait, actuellement, si vous aviez un jugement, de la cour, supposons une
pension alimentaire, et puis vous étiez, supposons, avocat, O.K., puis là vous
devenez directeur du contentieux, ça fait que là, votre pension alimentaire
était basée sur votre salaire d'avocat. Puis là vous devenez directeur du
contentieux, puis c'est une grosse augmentation de salaire. Puis là vous allez
voir votre ex-conjoint puis là pour dire : Bien, écoute...
M. Jolin-Barrette : ...revenus
supplémentaires, donc, le calcul des barèmes de la pension alimentaire va
changer. Actuellement, vous pouviez aller au Service d'aide à l'homologation,
puis faire modifier, puisque les deux parties y consentaient, dans le fond, la
pension qui était prélevée par le SARPA, notamment, automatiquement.
Là, par contre, si vous n'aviez pas de
jugement, actuellement, vous pouviez avoir une entente, mais elle ne pouvait
pas être entérinée, dans le fond, par... Dans le fond, elle ne pouvait pas être
exécutoire par le SARPA, parce que ça prenait un jugement. Exemple, supposons
que vous alliez en médiation puis vous ne la faisiez pas entériner, homologuer
par le tribunal. Là, ce qu'on va faire, c'est un processus plus simple, dans le
fond, on vient bonifier le SAH pour faire en sorte que, dès la première
entente, si les parties s'entendent sur la garde, sur la pension, tout ça, mais
ils vont pouvoir la faire homologuer par le greffier spécial, donc, on
simplifie le processus. Là, à 22... à 21, 22, ce qu'on a, c'est que le service
est couvert, que ce soit fait par un notaire, que ça soit fait par un avocat,
dès la première... pour le premier jugement, alors qu'avant...
M. Cliche-Rivard : Ça, c'est
le service d'homologation.
M. Jolin-Barrette : Oui,
alors qu'avant la modification qu'on fait, c'est, quand vous aviez déjà un
jugement, qu'ensuite vous pouviez aller au SAH. Dans le fond, ça amène de la
déjudiciarisation quand les parties s'entendent, si les deux sont d'accord,
mais là, à ce moment-là, vous allez pouvoir obtenir un premier jugement. Me
suivez-vous?
M. Cliche-Rivard : Les
discussions préalablement qui mènent à cette entente-là, donc médiation,
conciliation, tout ça, c'est quand même déjà couvert par l'aide juridique.
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais, exemple, médiation, c'est gratuit. Exemple, quelqu'un qui est admissible
à l'aide juridique va pouvoir bénéficier du Service d'aide à l'homologation
couvert par les services d'aide juridiques. C'est la modification.
M. Cliche-Rivard : C'est la
modification. Sinon il n'avait pas... Il avait droit en amont, mettons, sur la
médiation...
M. Jolin-Barrette : Mais la
médiation...
M. Cliche-Rivard : ...mais il
n'avait pas le droit pour l'homologation de son jugement.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
parce que, dans le fond, il devait s'adresser à la cour pour faire homologuer
l'entente, tandis qu'avec...
M. Cliche-Rivard : C'est ça,
puis ça, cette demande-là n'était pas admissible.
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : Parce
que, dans le fond, c'était possiblement couvert l'homologation quand vous étiez
déjà admissible à l'aide juridique, mais là le Service d'aide à l'homologation,
c'est la première demande. Il faut que ça soit couvert par l'aide juridique
aussi, vu que c'est la création d'une bonification du service.
M. Cliche-Rivard : Je ne suis
pas sûr que je vous suis, pour être bien honnête.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, actuellement, là, la personne qui est admissible financièrement,
supposons, elle allait en médiation., là elle s'entendait avec son ex-conjoint,
elle voulait faire homologuer son entente pour que ça vaille jugement. Alors
là, votre question, c'est : Est-ce qu'il était couvert pour faire le
jugement par l'aide juridique? Oui, il était couvert.
M. Cliche-Rivard : O.K.
M. Jolin-Barrette : Là, ce
qu'on vient apporter comme modification dans le projet de loi, c'est que,
puisqu'on crée le Service d'aide à l'homologation... bien, pas qu'on le crée,
on bonifie le service d'aide à l'homologation pour que les gens n'aillent plus
besoin d'aller à la cour pour obtenir un premier jugement.
M. Cliche-Rivard : Ça aussi,
c'est...
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Là, ce qu'on vient faire, c'est qu'on vient dire : Mais, écoutez, quand
vous allez aller au SAH, puis vous êtes admissible à l'aide juridique, vous
allez être couvert. C'est ça, mais aussi ceux qui ne sont pas admissibles à
l'aide juridique, le service est disponible.
M. Cliche-Rivard : Il est
disponible, mais il n'est pas couvert à l'aide juridique.
M. Jolin-Barrette : Oui,
exactement. Il y a certains coûts.
M. Cliche-Rivard : Et là ce
qui est nouveau...
M. Jolin-Barrette : C'est le
fait que vous pouvez y aller...
M. Cliche-Rivard : ...c'est
le fait d'accorder le SAH pour la première fois.
M. Jolin-Barrette : Pour la
première fois, pour le premier jugement.
M. Cliche-Rivard : Pour le
premier jugement, avant ça, ça n'existait pas. Donc, comme on crée la
possibilité, on crée la possibilité analogue d'être couvert à l'aide juridique
pour ce nouveau mécanisme là.
M. Jolin-Barrette : Vous avez
compris.
M. Cliche-Rivard : Merci,
M.... Mais, en fait, la médiation, elle, elle était couverte...
M. Jolin-Barrette : Cinq
heures, avec enfants.
M. Cliche-Rivard : Cinq
heures, puis ça, ce n'est pas une bonification, ça, c'était comme ça puis ça
reste comme ça.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
trois heures, sans enfant.
M. Cliche-Rivard : Trois
heures, sans enfant, cinq heures, avec, dans le cadre où elle n'était pas
obligatoire, c'était la même chose. Là, elle est obligatoire, mais c'est le
même cinq heures.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Cliche-Rivard : O.K. La
médiation fonctionne... Mettons, elle ne fonctionne pas, puis là on se rend sur
le mécanisme de conciliation, audience sommaire, ça, c'est-tu admissible à l'aide
juridique?
M. Jolin-Barrette : Pour les
personnes admissibles financièrement, oui.
• (18 h 50) •
M. Cliche-Rivard : Pour les
personnes admissibles financièrement, ça ne l'était pas, parce que ça
n'existait pas dans cette logique-là ou dans cette perspective-là. On va aller
l'élargir, là aussi, dans quelques instants, ou c'est parce que c'est sous
compétence... en matière familiale.
M. Jolin-Barrette : Ça fait
déjà partie du panier de services en matière familiale.
M. Cliche-Rivard : ll faisait
partie... La conciliation, audience sommaire était déjà prévue.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
ce que je veux dire, le fait d'être représenté devant les tribunaux était déjà
couvert en matière familiale.
M. Cliche-Rivard : O.K. On
n'a pas besoin de nommer...
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Cliche-Rivard : ...ou de
modifier le règlement...
M. Cliche-Rivard :
...pour ce qui est effectivement couvert en type d'instance?
M. Jolin-Barrette :
C'est ça.
M. Cliche-Rivard : C'est
inclus de facto.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Cliche-Rivard : C'est
ça. Puis c'est la même chose bien, comme sur le fond. Comme si jamais on ne
s'entend pas et/ou que le juge lève en disant : Non, on ne pourra pas
aller en audience en ce moment, et on va sur le fond. Bien ça, c'était déjà
prévu puis ça ne change rien.
M. Jolin-Barrette :
Quand la personne est admissible financièrement, elle est admissible.
M. Cliche-Rivard : Donc,
dans les nouveaux recours, mécanismes ou autres instruments, là, que vous créez
par le projet de loi, TUF, etc., tout, tout sera admissible pour une personne
admissible à l'aide juridique. On va... Vous ne voyez pas d'exemption, de trou
ou de non-couverture à l'aide juridique, là?
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Cliche-Rivard : Ça
fait que la seule affaire qu'il manquait, c'était ça. L'homologation SAH pour
une... pour une nouvelle instance ou pour une nouvelle entente.
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais avec le SAH, ce qu'on introduit, c'est ceux qui ne sont pas admissibles en
ce moment à l'aide juridique. Puis là, eux, maintenant, vont pouvoir accéder au
SAH pour un premier jugement.
M. Cliche-Rivard : C'est
exact.
M. Jolin-Barrette :
C'est un volet contributif, sauf qu'ils vont quand même pouvoir les faire
homologuer à moindre coût que s'ils se prenaient un avocat, puis ils allaient
devant la cour, puis ils allaient chercher un jugement.
M. Cliche-Rivard : Donc
ça, c'est effectivement un nouveau service élargi, mais pour la question de la
couverture à l'aide juridique, là, on est blindé, là.
M. Jolin-Barrette : Oui.
C'est ça.
M. Cliche-Rivard : On
est protégé sur l'aide juridique.
M. Jolin-Barrette : Ça
fait qu'exemple, si on avait des parties qui s'entendaient en médiation, puis
qui se disaient : Bien, écoute, on ne fera pas homologuer ça, là, parce
que ça ne nous tente pas de nous embarquer à la cour puis tout ça. Bien là, ils
ne pouvaient pas faire exécuter la pension alimentaire, supposons, parce qu'il
n'y avait pas de jugement. Là, désormais, ils vont s'entendre puis vont pouvoir
le faire homologuer au SAH. Ça fait que, comme ça, il va y avoir un jugement,
puis la pension va pouvoir être prélevée directement dans le compte pas Revenu
Québec. Et là, si jamais M. ou Mme change d'emploi, diminue son revenu, tout
ça, puis les deux sont d'accord, bien là, deuxième étape, encore SAH. Ça fait
qu'honnêtement c'est vraiment un bon service.
M. Cliche-Rivard :
Parfait! Merci.
Le Président
(M. Bachand) :M. le député de
l'Acadie.
M. Jolin-Barrette : Puis
il paraît que l'Association des avocats en droit criminel se bataille.
Le Président
(M. Bachand) :M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci. Merci,
M. le Président. Mais le service dont vous parlez, M. le ministre, il va être
offert, mais ce que je comprends, c'est indépendamment que les gens aient
recours à l'aide juridique ou pas.
M. Jolin-Barrette :
Bien, dans le fond, c'est un service qui va être offert, mais si vous n'êtes
pas admissible à l'aide juridique, bien, vous allez devoir payer le volet
contributif.
M. Morin : Je comprends,
mais... Mais pour ce service-là, qui va être offert finalement à tout le
monde...
M. Jolin-Barrette : À
tout le monde.
M. Morin : Bon. Il faut
modifier la Loi sur l'aide juridique pour ça?
M. Jolin-Barrette :
Parce que...
M. Morin : Parce que...
Bon, allez.
M. Jolin-Barrette : On
va aller modifier la loi sur l'aide juridique pour dire, vu qu'on écrit, là, en
premier jugement, là...
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette :
...bien, on dit que c'est un service qui est couvert à l'aide juridique, le
SAH.
M. Morin : D'accord,
puis...
M. Jolin-Barrette : Parce
qu'on vient rajouter le premier jugement. Dans le fond, les personnes
admissibles à l'aide juridique, là, avant, ils pouvaient faire homologuer leurs
choses, mais ils allaient à la cour pour faire homologuer le premier jugement.
Le SAH n'existait pas pour le premier, il existait pour le deuxième. Là, on
vient dire dans la Loi sur l'aide juridique que, pour le premier jugement, le
SAH est là pour les personnes admissibles financièrement.
M. Morin : O.K.
M. Jolin-Barrette : Et
ceux qui ne sont pas admissibles aussi.
M. Morin : D'accord. Et
ce premier jugement là, les gens vont l'obtenir après une séance de médiation?
M. Jolin-Barrette :
Bien, si les parties s'entendent puis veulent faire homologuer leur entente, à
ce moment-là ils vont au SAH.
M. Morin : Ils vont
directement au SAH. Donc, ils ne passeront pas nécessairement par le tribunal.
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Morin : Et donc...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette :
Quand ils sont homologués, c'est le greffier spécial qui va l'homologuer de
toute façon.
M. Morin : C'est ça.
Donc... Mais...
M. Jolin-Barrette : Mais
c'est un clé en main.
M. Morin : O.K.
M. Jolin-Barrette : Le
SAH, là, ils signent leur entente.
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : Puis
là l'avocat ou... C'est l'avocat ou le notaire?
Une voix : C'est le notaire...
M. Jolin-Barrette :
L'avocat ou le notaire va les aider à compléter les papiers puis, dans le fond,
il se charge d'aller faire homologuer l'entente par le greffier spécial.
M. Morin : En fait, au
greffe par le greffier spécial.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça. C'est une procédure non conventionnée.
M. Morin : O.K. D'accord. Et donc là, après ça, ça rentre en vigueur
et...
M. Jolin-Barrette : Et
là Revenu Québec... Dans le fond, le jugement, exemple, le député de l'Acadie
me verse 100 $ par semaine pour mon enfant. Alors...
M. Morin : ... D'accord.
M. Jolin-Barrette :
Bien, ça peut être 500 $, là, mais en fonction des revenus...
M. Morin : Eh, là, là!
Ceci étant, admettons, là, que deux...
M. Jolin-Barrette : Ceci
étant, bien, vous comprenez mon illustration.
M. Morin : Oui, je
comprends votre illustration. Donc, admettons que... C'est ça. Donc, les gens
sont en médiation. Donc, si par exemple, là, on prend...
M. Jolin-Barrette : Mais
ils n'ont pas besoin d'aller en médiation, là. Supposons qu'ils s'entendent.
M. Morin : Oui...
M. Jolin-Barrette : ...ils
peuvent faire homologuer leur entente mais ou... et ça peut faire suite à la
médiation aussi.
M. Morin : O.K. Donc
effectivement ils peuvent aller rencontrer un professionnel du droit, notaire
ou avocat. Ils peuvent s'entendre complètement sans même médiation, là. Et, à
ce moment-là, le professionnel se chargera d'aller voir le greffier spécial qui
va homologuer l'entente. Et, à ce moment-là, par la suite, les différents
organismes, ou ministères, ou agences du gouvernement qui auront à faire
quelque chose, notamment Revenu Québec, vont pouvoir agir. Et, tout dépendant
de l'entente, il y a une des personnes qui pourra se voir, par exemple,
prélever sur son salaire directement la pension qui pourrait être versée à
l'autre conjoint. Bon. Ça, c'est... Ça, c'est fait. Très bien.
Maintenant, quand on regarde votre projet
de loi, s'il y a une entente suite à la médiation, qui va être obligatoire, le
même processus va s'appliquer?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : O.K. Donc,
première décision, premier jugement ou pas.
Puis, pour la médiation obligatoire, les
gens vont avoir accès à un service gratuit et fourni par l'État pendant
5 h, s'il y a des enfants. C'est ce que je comprends?
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Morin : O.K. Puis, s'ils
sont capables d'avoir une entente, ça va. S'ils ne sont pas capables, ils vont
être obligés de payer pour les heures supplémentaires parce que la médiation va
peut-être prendre plus que 5 h.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
C'est au tarif gouvernemental.
M. Morin : Oui, oui, exact.
Tout à fait. Mais donc, avec votre médiation obligatoire, là, les gens vont
devoir y aller. Puis, si ça prend plus que 5 h, ils vont aussi devoir
payer pour ce service-là. Et, s'il y a une entente après...
M. Jolin-Barrette : Non. S'il
n'y a pas...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
C'est une obligation de moyens, là. Il n'y a pas d'obligation de résultat, là.
S'ils ne s'entendent pas après 5 h, on ne les force pas à régler.
M. Morin : Non. Je comprends.
Mais, s'il y a du travail qui a été fait pendant les premières 5 h, ça, je
comprends que vous ne les forcez pas à régler. Puis je comprends que ce n'est
pas une obligation de résultat. Une obligation de moyens, clairement, là. Mais
le travail qui a été fait, là, ça reste en plan, puis après ça, les gens s'en
vont à une autre étape? Bien non. Ils vont sûrement... Ils vont probablement
continuer, si vous voulez que ce soit efficace, non?
M. Jolin-Barrette : Probablement.
Puis ils peuvent aller voir le SAH pour faire homologuer leur entente.
M. Morin : Oui. S'il y en a
une. O.K. Parfait. Je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Vaudreuil,
s'il vous plaît.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Je me demandais c'est quoi, le parallèle avec la SARPA, avec le
service administratif de réajustement des pensions alimentaires.
M. Jolin-Barrette : Je vais
céder la parole à Me Labecque.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a consentement
pour que Me Labrecque prenne la parole? Consentement. Me Labrecque, s'il vous
plaît.
Mme Labrecque (Élise) : Bonjour.
Élise Labrecque, ministère de la Justice.
Donc, le parallèle, c'est qu'en fait le
SARPA c'est une révision administrative. Une fois qu'on a un jugement, donc là,
on va... ça va pouvoir... on va pouvoir passer à l'étape du SARPA, là. Ce n'est
pas... Ce n'est pas la même chose du tout. Ça fait que le SAH, c'est vraiment
l'homologation d'une entente entre les parties. Là, on s'en va chercher un
jugement. Ce jugement-là peut être exécuté. Puis là, si on veut le revoir par
la suite, dans certaines limites seulement, parce que le SARPA ne peut pas le
faire quand il y a de la discrétion judiciaire, mais dans certaines limites, il
y a un service de réajustement administratif, c'est ça, le SARPA, qui se fait
par la suite. Donc, si on ne veut pas devoir revenir...
Mme Nichols : Dans le fond,
c'est que ça prend déjà un jugement?
Mme Labrecque (Élise) : Ça
prend un jugement. On a fait une modification dans un autre cas où on n'aurait
pas besoin de jugement, mais celui-là ne serait pas exécutable. On l'a fait
dans un autre projet de loi, là, c'est peut-être ça qui sonne des cloches à vos
oreilles. Mais, dans ce cas-ci, après une homologation, si on voulait le faire
changer ce jugement-là, on pourrait, dans... puis là, je mets des gros
guillemets, là, dans certaines circonstances, le faire réajuster, s'il n'y a
pas de discrétion judiciaire, si c'est assez clair. Donc, il y a des critères
pour entrer dans le SARPA.
Le Président (M.
Bachand) :D'autres questions? Autres
interventions? Une fois, deux fois, trois fois. M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne.
• (19 heures) •
M. Cliche-Rivard : Bien,
peut-être juste nous l'expliquer, là. Vous donniez justement cet exemple-là,
là, dans d'autres circonstances. Peut-être juste nous expliquer, là, le
réajustement. Parce que là, j'ai homologué, par exemple.
Mme Labrecque (Élise) : Par
exemple.
M. Cliche-Rivard : Là, par
contre, je veux modifier. Parce que le ministre donnait l'exemple aussi qu'on
pourrait demander à modifier pour avoir une deuxième homologation. C'est-tu
dans ce cas-là? Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris cet élément-là, en
fait.
Mme Labrecque (Élise) : Bien,
si on veut faire réajuster... Admettons qu'on obtient, là, un jugement
homologué... Le SARPA, il faut s'en souvenir, c'est juste sur la pension, là,
donc...
Une voix : ...
Mme Labrecque (Élise) : Ce
n'est pas la garde. Non. Si on veut faire changer la garde, ça, c'est une autre
histoire. Mais le SARPA, si on veut... par exemple, il y a un changement, là...
M. Cliche-Rivard : De
salaire, là, comme?
Mme Labrecque (Élise) : ...de
salaire, par exemple, bien là, on va aller au SARPA pour le faire réajuster de
manière administrative. Mais, les contraintes, c'est qu'il ne faudrait pas...
19 h (version non révisée)
Mme Labrecque (Élise) : ...qu'il
y ait une appréciation, là, des circonstances, là, par exemple un revenu de
travailleur autonome ou des choses comme ça, où c'est compliqué, donc...
M. Cliche-Rivard : O.K. Il
faut que ça soit limpide, là.
Mme Labrecque (Élise) : ...il
faut que ça soit facile, parce que comme ça c'est administratif. S'il y a une
discrétion ou s'il y a une appréciation d'une preuve, par exemple, bien là on
est plus du côté judiciaire. Bien, dans ce cas-là, le SARPA n'est pas le bon
endroit. Donc, il faudrait retourner avec par exemple une nouvelle entente ou
devant le tribunal pour faire modifier le jugement.
M. Cliche-Rivard : Puis là,
la nouvelle entente qu'on obtiendrait, là, il faudrait la refaire ré-homologuer...
Mme Labrecque (Élise) : Exact.
M. Cliche-Rivard : ...et là
on utiliserait le processus actuel...
Mme Labrecque (Élise) : Le
SAH, ce qui était déjà possible.
M. Cliche-Rivard : ...actuel
du SAH.
Mme Labrecque (Élise) : C'est
ça. Avant, c'était déjà possible quand on avait déjà un jugement. Là, on
introduit le premier jugement pour le SAH pour tout le monde.
M. Cliche-Rivard : Puis,
quand on a un premier jugement homologué puis qu'on utilise le SARPA, il ne
faut pas le faire ré-homologuer après, il est de facto...
Mme Labrecque (Élise) : Non.
C'est ça, ça fonctionne.
M. Cliche-Rivard : ...il
tient de facto.
Mme Labrecque (Élise) : Exact.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions à l'article
21? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 21 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : 22. L'article
4.7 de cette loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le paragraphe
1°, de «du paragraphe» par «des paragraphes 1.01 et»;
2° par l'insertion, après le paragraphe
1°, du suivant :
«1.01° lorsqu'il s'agit de fournir à des
parties les services professionnels d'un avocat ou d'un notaire pour l'obtention
d'un jugement relatif à une entente présentée dans une demande conjointe en
matière d'union parentale et portant règlement complet concernant, par exemple,
la garde des enfants, l'exercice de l'autorité parentale, les pensions
alimentaires pour enfants ainsi que le partage du patrimoine d'union parentale
et les autres droits patrimoniaux résultant de la vie commune;»;
3° par l'insertion, dans le paragraphe
1.1° et après «avocat», de «ou d'un notaire».
Commentaire. L'article proposé permet que
l'aide juridique soit accordée à... lorsqu'il s'agit de fournir à des parties
les services professionnels d'un avocat ou d'un notaire pour l'obtention d'un
jugement relatif à une entente présentée dans une demande conjointe en matière
d'union parentale et portant règlement complet de cette demande et ainsi d'élargir
l'accès aux services d'aide à l'homologation. Il propose également qu'un
notaire puisse offrir les services couverts dans le cadre du SAH.
Donc, c'est ce dont on vient de discuter.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions? M. le
député d'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. J'aurais juste une question : Donc, dans le cadre de la
médiation comme telle, est-ce que les parties peuvent être représentées?
M. Jolin-Barrette : Par
avocat?
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : Non, pas
en médiation.
M. Morin : Non. Pas en
médiation. Ni par un notaire.
M. Jolin-Barrette : Non. La
médiation, c'est les parties.
M. Morin : O.K.
M. Jolin-Barrette : Par la
suite, supposons qu'ils ont l'entente...
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : ...là ils
peuvent aller au SAH la faire homologuer.
M. Morin : Donc, si les
parties ne vont... Admettons, là, qu'ils réussissent à s'entendre entre les
parties avant d'aller en médiation, là, est-ce qu'ils vont pouvoir être
représentés par avocat? Puis est-ce que...
M. Jolin-Barrette : Là, vous
parlez d'une personne qui est admissible à l'aide juridique?
M. Morin : Oui. Admettons,
là, quelqu'un, là, qui est admissible à l'aide juridique, puis...
M. Jolin-Barrette : Bien, au
SAH, dans le fond, ils fournissent un avocat ou un notaire qui est là pour
aider les parties à rédiger, puis à prendre le dossier, puis aller le faire
homologuer.
M. Morin : O.K. Donc, s'il y
a des parties qui s'entendent, mais qui veulent effectivement... Admettons que
c'est deux salariés, là, puis qu'ils veulent éventuellement qu'il y ait une
prestation ou en fait un prélèvement qui soit fait automatiquement puis versé à
l'autre, donc, puis qu'ils s'entendent sur l'ensemble des éléments de leur
séparation, ils peuvent y aller.
M. Jolin-Barrette : Ils
peuvent s'en aller direct au SAH.
M. Morin : Au SAH. Et là,
bien, s'ils sont admissibles, évidemment, il y a un notaire ou un avocat qui va
pouvoir les aider, et ils vont pouvoir homologuer leur entente. Non?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, même s'ils ne sont pas admissibles financièrement à l'aide juridique, ils
ont accès au SAH, mais par contre eux vont être dans le volet contributif, ça
fait qu'ils vont devoir payer pour avoir le service, tandis que la personne qui
est financièrement admissible à l'aide juridique, elle, c'est couvert.
M. Morin : Exact. Mais ils
vont pouvoir bénéficier des services d'un professionnel.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Morin : Alors que s'ils ne
s'entendent pas, ils s'en vont en médiation, mais là c'est le médiateur qui va
les conseiller, puis ils n'auront pas nécessairement accès aux services d'un
professionnel?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, lorsqu'il y a la médiation obligatoire, il ne faut jamais oublier qu'il y
a eu l'introduction d'une procédure judiciaire. Ce n'est pas tous les couples
qui passent par la voie judiciaire.
M. Morin : Exact.
M. Jolin-Barrette : Donc, c'est
ça, la différence. Tu sais, il y a des gens qui ne s'entendent pas, mais qui ne
judiciarisent pas leur dossier. Lorsqu'il y a judiciarisation du dossier, c'est
là que la médiation obligatoire embarque.
M. Morin : O.K. Alors...
M. Jolin-Barrette : Les
parties, supposons, là...
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : ...qui se
séparent, là...
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : ...puis
qu'il n'y a personne qui a introduit de recours, là, bien, ils peuvent aller en
médiation d'office eux-mêmes volontairement...
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : ...puis
là, bien, ils s'entendent, ils ne s'entendent pas. S'ils s'entendent, après ça,
bien, ils vont pouvoir aller au SAH pour faire homologuer leur entente...
M. Jolin-Barrette : …supposons
qu'ils vont en médiation, ils ne s'entendent pas, puis là, après ça, bien, ils
décident d'introduire un recours devant le tribunal, bien là, à ce moment-là,
ils ne retourneront pas en médiation, parce qu'ils ont déjà fait de la
médiation.
M. Morin : O.K. Donc…
M. Jolin-Barrette : Ils
pourraient aller en conciliation audience sommaire, par contre.
M. Morin : Mais à ce
moment-là, s'ils décident d'intenter un recours et s'ils sont éligibles à
l'aide juridique, ils pourraient être représentés lorsqu'ils intentent le
recours.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : Bon. Et là, vous
dites que, s'ils sont déjà allés en médiation, avant d'intenter le recours,
parce qu'ils pensaient régler leur affaire, mais finalement ça n'a pas marché,
dans le cadre du processus judiciaire, ils ne seront pas obligés d'aller en
médiation obligatoire, parce qu'ils vont être capables de démontrer qu'ils ont…
qu'ils ont déjà été en médiation.
M. Jolin-Barrette :
Exactement. C'était à 419.2. On l'a vu tantôt.
M. Morin : O.K., parfait.
M. Jolin-Barrette : Puis
l'autre élément, un couple point qui s'entend, puis qu'il y a une entente, il
n'est pas obligé de faire homologuer son entente aussi, là, mais c'est un
service supplémentaire qu'on offre justement à cause du prélèvement par Revenu
Québec. Parce que les gens, ils veulent avoir un jugement, supposons, mais ce
n'est pas tout Le monde, là, qui a un jugement.
M. Morin : Je comprends.
M. Jolin-Barrette : Les…
parfois, les parties s'entendent en médiation, c'est comme ça, on regarde la
grille, tout ça, puis les gens ont à payer ce qui… ce qu'il faut qu'ils paient.
Puis il y a du… il y a une bonne relation, puis il y en a qui peuvent être
25 ans comme ça, là. Puis, à un moment donné, ils peuvent rouler pendant
10 ans, puis à un moment donné, bien, ça ne marche plus, puis là, bien,
ils introduisent un recours.
M. Morin : O.K. Maintenant,
s'ils ne sont pas allés en médiation, mais ils intentent un recours judiciaire,
et qu'ils sont éligibles à l'aide juridique, là, ils vont aller en médiation
obligatoire
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : Mais, pendant la
médiation obligatoire, même s'ils sont représentés par l'avocat admissible à
l'aide juridique, les avocats ne seront pas là pendant la médiation.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
M. Morin : O.K. Parfait.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions à
l'article 22? Député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Ça indique bien, là, que tout ça doit avoir lieu quand il y a un
règlement complet, ça fait qu'il faut… tu sais, on ne peut pas avoir une partie
d'entente en médiation qui continue à aller en conciliation audience sommaire
ou une partie qui, elle, après ça, va aller sur le fond en instruction. Il faut
vraiment… le service est uniquement disponible quand il y a un tout, là, quand
garde est réglée, pension est réglée, toute la patente est réglée.
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est ça. Quand tout est réglé.
M. Cliche-Rivard : O.K. Ça
fait que, s'il y avait entente préalable, pour le temps, mettons qu'on s'est
entendu, là, sur la pension, mais on ne s'est pas entendu sur les droits de
garde, en attendant, on roule… on fonctionne avec la bonne entente sur les
versements, on ne peut pas prélever à Revenu Québec, mais quand on aura,
mettons, le jugement sur garde en plus, bien, celui-là, on ira le faire
homologuer avec votre nouveau régime de SAH, c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Bien là,
vous vous êtes entendus sur la garde? Devant la cour ou…
M. Cliche-Rivard : Oui. Avec
un… Ah! bien là, il y a un jugement, là, il y a un jugement.
M. Jolin-Barrette : Mais là
vous êtes devant la cour, c'est ça.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que ce jugement-là, il n'a pas besoin d'être homologué, il existe. Puis le
jugement, c'est ça, ce ne sera pas un problème. S'il y a une entente préalable
sur un volet, mais que ça finit devant la cour, il y a un jugement «anyways».
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
C'est… Ça fait que, dans tous les cas, si ça ne se rend pas jusqu'au fond,
c'est parce qu'il y aura eu une entente.
M. Jolin-Barrette : À la
cour?
M. Cliche-Rivard : Bien non,
en médiation, parce que sinon il y a un jugement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est ça.
M. Cliche-Rivard : Si c'est
conciliation audience sommaire, il y a un jugement, si c'est instruction sur le
fond, il y a un jugement.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que, dans le fond, en médiation, qui mènera à l'homologation, de facto, ça va
toujours être sur un règlement complet.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 22 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
• (19 h 10) •
M. Jolin-Barrette : 23 :
L'article 4.11.1 est modifié :
1° dans le premier alinéa :
a) par le remplacement de «au paragraphe»
par «au paragraphe 1.01» — et;
b) par l'insertion, après «l'avocat» de
«ou le notaire»;
2° Par l'insertion après dans… par
l'insertion, dans le deuxième alinéa et après «l'avocat» de «ou le notaire».
Commentaires. L'article proposé en est un
de concordance avec les modifications proposées à l'article 4.7 de la Loi
sur l'aide juridique et sur la prestation de certains autres services
juridiques par l'article 22 du projet de loi. Donc, c'est de la
concordance.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions? S'il n'y a pas
d'intervention, est-ce que l'article 23 est adopté? Adopté. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : 24 :
L'article 5.1 de cette loi est modifié dans le premier alinéa par
l'insertion après «avocat» de «ou d'un notaire»;
2° par le remplacement de «au paragraphe»
par «au paragraphe 1.01 et».
Commentaires. L'article proposé en est un
de concordance avec les modifications proposées à l'article 4.7 de la Loi
sur l'aide juridique et sur la prestation de certains autres services
juridiques par l'article 22 du projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions à l'article 24?
S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'article 24 est adopté? Adopté.
Merci. M. le ministre…
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Jolin-Barrette : 25. L'article 62
de cette loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «au paragraphe» par «au paragraphe 1.01 et»;
2° par le remplacement, dans le quatrième
alinéa, de «au paragraphe» par «au paragraphe 1.01 et».
Commentaires : L'article proposé en
est un de concordance avec les modifications proposées à l'article 4.7 de
la Loi sur l'aide juridique et sur la prestation de certains autres services
juridiques par l'article 22 du projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions à
25? S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'article 25 est adopté?
Adopté. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : 26.
L'article 66 de cette loi est modifié par le remplacement, dans le
deuxième alinéa, de «au paragraphe» par «au paragraphe 1.01 et».
Commentaires : Par... L'article
proposé en est un de concordance avec les modifications proposées à
l'article 4.6 de la Loi sur l'aide juridique et sur la prestation de
certains autres services juridiques par l'article 22 du projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions?
S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'article 26 est adopté? Adopté.
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : 27. Et il
y a un amendement qui est déjà sur le Greffier, M. le Président, depuis au
moins deux semaines ou une semaine. L'article 80 de cette loi est modifié
par le remplacement, dans le paragraphe a) neuf du premier alinéa de «au
paragraphe» par «au paragraphe 1.01 et».
Commentaires : L'article proposé en
est un de concordance avec les modifications proposées à l'article 4.7 de
la Loi sur l'aide juridique et sur la prestation de certains autres services
juridiques par l'article 22 du projet de loi. Et... Ah! excusez-moi. C'est
27.1.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Donc, interventions sur
27, article 27? M....
M. Morin : ...amendement de
27.1, là.
Le Président (M.
Bachand) :Non, l'amendement, c'est un
nouvel article qui va être créé.
M. Morin : C'est un nouvel
article complètement. O.K. C'est bon. Sur 27, non, je n'ai rien.
Le Président (M.
Bachand) :Ça va. S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 27 est adopté? Adopté. Donc, M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Article 27.1 :
Insérer, après l'article 27 du projet de loi, l'article suivant :
«27.1. L'article 25 de la Loi sur les
aspects civils de l'enlèvement international interprovincial d'enfants est
modifié par l'insertion, après "supérieure" de "ou la Cour du
Québec, selon le cas"».
Commentaires : L'amendement proposé
en est un de concordance puisque la Cour du Québec sera aussi compétente pour
statuer sur la garde d'enfants en matière d'union civile ou d'union parentale,
nouvel article 37.2 du Code de procédure civile, introduit par l'article
deux du projet de loi. Donc, s'il y a un enfant qui est déplacé en vertu de la
Loi sur un enlèvement civil des enfants, c'est la Cour supérieure, mais là, vu
qu'elles sont compétentes pour statuer sur la garde en matière d'union
parentale, bien, il faut... il faut faire le pendant pour conférer la
compétence.
M. Morin : ...en fait, si
vous permettez, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, M. le député de
l'Acadie. Pardon.
M. Morin : Donc, je comprends
que, donc, l'enfant a été déplacé ou est retenu illicitement au Québec, donc
là, vous allez... la compétence va être à la Cour supérieure ou la Cour du
Québec?
M. Jolin-Barrette : Oui, en
fonction de si c'est prévu par le régime d'union parentale, c'est la Cour du
Québec. Si, supposons, les parents sont mariés, c'est la Cour supérieure.
M. Morin : Ça va être la Cour
supérieure, O.K.., compte tenu de la compétence que vous avez accordée à la
Cour du Québec en matière par exemple de garde d'enfants, dans l'Union, par
exemple?
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Morin : O.K. C'est bien.
Je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention,
est-ce que l'amendement introduisant le nouvel article 27.1 est adopté?
Donc, article 27.1 est adopté. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : L'article 28
de l'article deux de la Loi sur l'exécution réciproque d'ordonnances
alimentaires est modifié :
1° par l'insertion, dans le premier alinéa
et après «supérieure», de «ou au greffier de la Cour du Québec, selon le cas»;
2° par l'insertion, dans le deuxième
alinéa et après «supérieure», de «ou au greffier de la Cour du Québec, selon le
cas».
Et le commentaire, M. le Président :
L'article proposé est en un de concordance avec l'attribution de nouvelles
compétences à la Cour du Québec.
Le Président (M. Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a une intervention sur
l'article 28?
M. Morin : Oui, M. le...
Donc, au fond, vous venez modifier la Loi sur l'exécution des ordonnances
alimentaires, parce que, présentement, c'est uniquement la Cour supérieure qui
a compétence pour régler ce genre de situation là?
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'exécution réciproque avec les autres provinces.
M. Morin : Avec des autres...
Et donc là, la Cour du Québec pourrait le faire?
M. Jolin-Barrette : Oui,
parce que, dans le fond, c'est sur la pension alimentaire.
M. Morin : O.K. Donc, vous
accordez... c'est une compétence que vous accordez au greffier de la cour ou à
la Cour? Parce que là, l'amendement, c'est «ou au greffier de la Cour du
Québec».
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
parce que c'est «la transmet au greffier de la Cour supérieure ou au greffier
de la Cour du Québec». Parce qu'on indiquait où ils la transmettaient.
M. Morin : O.K.
Le Président (M.
Bachand) :Ça va?
M. Morin : O.K.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Merci beaucoup. Alors,
compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die. Merci
beaucoup!
(Fin de la séance à 19 h 15)