Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
mercredi 23 avril 2025
-
Vol. 47 N° 107
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 98, Loi modifiant la Loi électorale principalement afin de préserver l’intégrité du processus électoral
Aller directement au contenu du Journal des débats
11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures quarante-et-une minutes)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît.
Bonjour, tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des institutions ouverte. La commission est réunie afin d'entreprendre
les consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi no
98, Loi modifiant la loi électorale principalement afin de préserver l'intégrité
du processus électoral.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le Président.
Mme Bourassa
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par Mme Bogemans
(Iberville); M. Morin (Acadie) est remplacé par M. Derraji (Nelligan);
et Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques) est remplacée par
M. Fontecilla (Laurier-Dorion).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, nous
allons débuter ce matin par les remarques préliminaires, puis après nous
entendrons avec plaisir les représentants et représentants d'Élections Québec
et de l'Institut du Nouveau Monde. Donc, remarques préliminaires, j'invite M.
le ministre à faire ses remarques préliminaires. Vous disposez de six minutes.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Roberge : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci aux collègues qui sont sur place, peu importe leur formation
politique, M. Jean-François Lord, qui est avec nous, les équipes
ministérielles. On a la chance d'avoir le Directeur général des élections et
son équipe. Je suis très content, très fier de présenter ce projet de loi là,
qui propose de nombreuses améliorations à notre Loi électorale. Je pense que c'est
important que notre processus électoral soit ajusté fréquemment, de manière à
assurer la confiance du public, la confiance des Québécois, autant dans le
processus que dans les résultats électoraux. C'est extrêmement précieux, la
démocratie, c'est extrêmement précieux, donc, aussi, le processus électoral,
qui amène à une démocratie qui est vivante, qui amène les gens à exercer leur
droit de vote, qui amène les gens aussi à valoriser nos institutions puis à prendre
acte des résultats, toujours de manière sereine, en disant : J'ai été
correctement informé. J'ai confiance dans le système. J'ai exercé en toute
liberté sans aucune influence indue mon droit de vote et j'accepte ce résultat.
Je pense que tout ceci concourt à une société qui est paisible, qui renforce
cette espèce de contrat social, cette cohésion sociale qui est si importante.
Nous avons évidemment souvent, au Québec,
ça fait partie de notre couleur, des fois, des divergences de vues, le loisir
de les exprimer sereinement, avec pugnacité, quelquefois, la liberté d'expression,
le droit d'association, la liberté de manifester. Tout ça est extrêmement
précieux, mais c'est lié à la confiance qu'on a dans notre système électoral,
et donc, à la confiance dans nos institutions.
Le projet de loi est issu d'un processus
transpartisan, et de ça, je suis très fier. Pour ce type de projet de loi, je
pense qu'on doit travailler de manière transpartisane. Il y a le Directeur
général des élections aussi, qui a, tout au long du processus, accompagné les
différentes formations politiques, évidemment, ma formation politique, le
gouvernement. Je remercie les oppositions, les formations politiques, à la fois
leur administratif puis à la fois les membres du caucus, qui ont toujours été
au rendez-vous pour les discussions préalables, les rencontres, le partage de
documents, les discussions informelles, pour qu'on puisse trouver des terrains
d'entente, et donc protéger notre démocratie québécoise, encore, je le répète,
maintenir, renforcer la confiance des citoyens envers nos institutions.
Trois principaux objectifs de ce projet de
loi : protéger nos processus électoraux face à l'ingérence étrangère et à
la désinformation, renforcer la protection des renseignements personnels des
électeurs, c'est extrêmement important, et faciliter la participation
électorale. C'est notre devoir de prendre les devants pour s'ajuster au
contexte qui change, aux avancées technologiques qui, des fois, pourraient
résulter des reculs sociaux, des avancées technologiques qui pourraient
résulter en de la désinformation, des avancées technologiques qui pourraient
amener à des reculs démocratiques. Donc, il faut utiliser les changements dans
l'environnement social, dans l'environnement numérique, s'adapter à cette
situation-là pour qu'au fil de ces modifications-là, bien, notre processus soit
toujours à jour.
Donc, c'est dans cet esprit d'ouverture,
de collaboration transpartisane, avec l'éclairage des experts que j'ai la
chance d'avoir à mes côtés et de l'équipe du Directeur général des élections...
c'est dans cet esprit que j'aborde l'étude de ce projet de loi, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Nelligan pour...
Le Président (M. Bachand) :...3 min 47 s, s'il vous plaît. M. le député.
M. Derraji : Oui. Merci, M.
le Président. Très heureux de prendre parole dans ce début de ce projet de loi
et dans le même sens que M. le ministre. Je tiens à saluer l'excellent travail
qui a été initié par l'ensemble des formations politiques en amont, en amont de
ce projet de loi, les différents comités techniques, et je sais que notre cher
Directeur général des élections et l'ensemble de ses équipes étaient... étaient
impliqués. Merci pour votre travail, c'est très bon et c'est très important
pour la démocratie. Voir une institution indépendante qui s'assure du bon
déroulement de nos élections, on ne peut que le saluer à l'ère de ce qu'on voit
un peu partout au niveau du monde, et on doit tous être fiers, en tant qu'élus,
d'avoir une institution pareille.
Permettez-moi aussi de saluer l'ensemble
des collègues qui ont travaillé fort, à l'équipe du ministre. C'est très rare
que je vais le dire, hein, je dois jouer mon rôle, pas uniquement de s'opposer
pour s'opposer, mais de critiquer parce que ça fait partie de la game politique
pour améliorer les choses. Mais on ne critique pas uniquement pour critiquer,
c'est pour améliorer les choses. Mais sur ce point, je tiens à remercier le
ministre qui a été de bonne foi. Il nous a présenté les tableaux. Nous avons eu
la chance de discuter avec nos caucus. Il y a des points, on est d'accord, il y
a des points, on est moins d'accord. Ça fait partie de l'échange qu'on va avoir
tout au long de l'étude détaillée de ce projet de loi. Mais je tiens absolument
à remercier les équipes qui ont travaillé en amont pour arriver à ce projet de
loi.
Ceci étant dit, ce qui est très important
pour... pour nous améliorer le... améliorer la loi électorale, c'est très important.
Trois mots qui vont revenir tout au long de l'échange : confiance,
transparence et non à l'ingérence. C'est extrêmement important. On voit ce qui
se passe, et le mot «transparence» est extrêmement important. On l'a vu dans le
projet de loi, et j'ai bien hâte à entendre... à entendre tous les groupes.
Mais c'est extrêmement important, si on veut aller de l'avant, la transparence
par rapport aux dépenses, transparence des groupes tierces qui s'engagent à
jouer un rôle important au niveau des élections. La confiance du public, il ne
faut pas l'ébranler.
Nous avons besoin de notre démocratie, de
notre Parlement et on doit tous veiller à ce que cette confiance demeure. Et
bien entendu, faisons attention à tout type d'ingérence donnons les...
donnons-nous les moyens, donnons les moyens au Directeur général des élections
pour que tous ces aspects puissent trouver de l'écho pour le respect de notre
démocratie. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le député. M. le député de Laurier-Dorion,
pour une1 min 16 s. M. le député.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, bien évidemment, c'est avec beaucoup de plaisir que je
participe à ce processus extrêmement important. Ça a été nommé là. Notre
système électoral constitue l'assise et l'épine dorsale de notre système
démocratique qui garantit toutes nos institutions québécoises. Donc, on doit
s'y pencher régulièrement. C'est un système complexe qui exige des discussions
permanentes, qu'on peut peaufiner à travers... à travers... et qu'on doit
peaufiner à travers... à travers le temps. Et eu égard aux différentes
circonstances que les différentes sociétés, dont la nôtre, traversent et, par
exemple, le surgissement des médias sociaux, etc.
Donc, parmi les objectifs qui ont été
nommés, je m'aimerais souligner en particulier un point particulier, un
objectif, l'augmentation du... le taux de participation aux élections. On sait
que ça diminue de façon régulière à travers les différentes élections et c'est
un processus, c'est quelque chose qui doit nous préoccuper, et il y a là la
manifestation de... d'un message, d'un message de la part de la population qui
ne participe plus à nos processus électoraux. Donc, on doit évidemment
améliorer nos processus pour lui donner confiance, et la participation qui est
en quelque sorte de la cristallisation de la confiance de la population dans
notre système électoral. Donc, merci, M. le Président.
• (11 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député. Merci.
Alors, y a-t-il consentement pour que la députée de Terrebonne fasse des
remarques préliminaires pour une durée maximale deux minutes?
Des voix : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Consentement. Mme la députée de
Terrebonne, s'il vous plaît.
Mme Gentilcore : Merci, M. le
Président. Heureux d'être ici. Merci aux collègues d'être également.
Évidemment, la loi électorale, c'est primordial pour notre vie démocratique
parce qu'elle permet de préserver l'intégrité du processus électoral et de nos
élections. C'est important de la mettre à jour périodiquement, comme vous le
disiez, là, pour refléter non seulement l'évolution des technologies, mais
aussi la nouvelle réalité dans laquelle évolue le débat démocratique.
C'est vraiment important que les électeurs
soient bien informés et qu'ils puissent faire un choix éclairé quand vient le
moment des élections, d'où l'intérêt de s'attaquer, comme le disait M. le
ministre, au phénomène de la désinformation, particulièrement en période électorale.
Comme le dit l'adage, le diable est dans les détails, donc il va falloir
étudier attentivement ce projet de loi là. Et je remercie les groupes,
évidemment, qui... qui vont soumettre des mémoires dans le cadre de ce projet
de loi-là considérant le rôle névralgique, là, des élections sur notre vie
démocratique puis sur l'évolution de notre société dans son ensemble...
Le Président (M.
Bachand) :...merci beaucoup. Alors, on va
débuter les auditions avec un groupe qu'on connaît bien, très agréable de vous
revoir, donc les représentants, représentantes d'Élections Québec. Alors, merci
beaucoup d'être avec nous. Vous connaissez les règles, 10 minutes de
présentation, mais, d'abord, présentez les gens qui vous accompagnent, M.
Blanchet, s'il vous plaît.
M. Blanchet
(Jean-François) :M. le Président, M. le
ministre, madame et messieurs les membres de la commission, je vous remercie de
cette invitation à prendre part aux discussions concernant le projet de loi n°
98, la Loi modifiant la Loi électorale principalement afin de préserver
l'intégrité du processus électoral. Je suis accompagné aujourd'hui de Mme
Valérie Julien, adjointe au directeur général des élections et directrice des
opérations électorales, de M. Christian Mercier, directeur du financement
politique, et de Me Benoît Coulombe, avocat au service de la législation et des
mandats institutionnels.
D'emblée, je tiens à mentionner que
j'accueille favorablement ce projet de loi. Il contient certaines
recommandations visant à actualiser la loi électorale qui était incluses dans
le rapport de recommandation intitulé Pour une nouvelle vision de la loi
électorale, que mon institution a déposé à l'Assemblée nationale le 24 novembre
2024.
La loi électorale gagne à être révisée
après chaque élection générale provinciale. Puisqu'elle constitue le fondement
de la démocratie québécoise, son contenu devrait évoluer de façon constante
afin de s'adapter aux nouveaux enjeux de société qui peuvent influencer notre
système démocratique favorablement ou défavorablement. Le projet de loi
présenté contient des mesures qui répondent à ce besoin. Je profite de mon
passage ici pour proposer d'autres éléments qui pourraient le bonifier.
Je suis heureux de constater qu'une
nouvelle mesure incluse dans ce projet de loi vise les électrices et les
électeurs à mobilité réduite et ceux qui sont incapables de se déplacer pour
des raisons de santé. Ces personnes pourront faire une demande d'inscription ou
de modification à la liste électorale et voter au même moment dans le cadre de
la tenue du bureau de vote itinérant. Cette possibilité sera également offerte
aux électeurs qui sont temporairement hébergés chez leurs proches aidants.
Grâce à cette mesure, les membres du personnel électoral qui travaillent au
bureau de vote itinérant pourront cumuler les fonctions liées au vote et à la
révision de la liste électorale. Je crois même qu'une initiative comme
celle-là, qui permet la mise à jour de la liste électorale et l'exercice du
droit de vote en même temps, pourrait être élargie à d'autres jours de vote
lors des prochaines élections générales provinciales, y compris lors du vote
par anticipation et le jour du vote... le jour du scrutin.
À mes yeux, c'est important de moderniser
le processus de vote au même titre que les processus de révision et de dépôt de
déclaration de candidature qui ont été modernisés lors des élections de 2022...
lors des... de modifications législatives antérieures. Lors des élections de
2022, nous avons observé des files d'attente lors du vote par anticipation en
raison d'un fort achalandage et de difficultés de recrutement. Ces enjeux
s'intensifieront lors des prochaines élections. Je souhaite donc revoir nos
façons de faire pour limiter l'attente des électeurs lors du vote et pour
réduire nos besoins de main-d'œuvre. C'est pourquoi j'ai tenté de tenir un
projet pilote sur l'utilisation de solutions technologiques pour rendre le vote
plus fluide et l'organisation des scrutins plus efficace. L'utilisation d'une
liste électorale informatisée à chaque bureau de vote aurait facilité
l'inscription et la modification de l'inscription à la liste électorale lors
des jours de vote par anticipation et le jour de l'élection. L'utilisation de
tabulatrices, quant à elle, aurait pu automatiser le dépouillement des
bulletins de vote papier. Donc, cette technologie aurait aussi permis de
simplifier le parcours des électrices et les électeurs, de nous aider à
surmonter les défis liés au recrutement du personnel électoral, d'améliorer
l'efficacité des bureaux de vote et de faciliter la transmission des listes des
électeurs ayant voté aux partis politiques.
Toujours en lien avec la modernisation de
la loi électorale, je soutiens l'introduction de dispositions concernant les
dépenses préélectorales des partis et des tiers. Avec l'arrivée des élections à
date fixe, nous observons une hausse marquée des dépenses de publicité en
période préélectorale. Le régime proposé nous permettra de documenter davantage
ce phénomène avec des données probantes. Cependant, je suis d'avis que la date
de début de la période préélectorale des tiers devrait être la même que celle
prévue pour les partis politiques.
Par ailleurs, je rappelle ma proposition
de tenir des élections partielles à date fixe, à deux moments dans l'année, au
printemps et à l'automne. Des élections partielles à date fixe favoriseraient
l'équité entre les partis politiques, les candidates et les candidats, qui
sauraient tous quand la période électorale débute...
M. Blanchet
(Jean-François) :...l'organisation des
scrutins en serait également facilitée. À cet égard, la législation québécoise
serait à l'avant-garde par rapport aux autres provinces.
En matière de protection des
renseignements personnels, le législateur a franchi un premier pas en 2021 en
assujettissant les partis politiques provinciaux à certaines dispositions de la
Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé. Le
projet de loi n° 98 propose l'obligation de détruire
les renseignements personnels relatifs aux électeurs et aux électrices,
c'est-à-dire au contenu de la liste électorale permanente, notamment lorsqu'un
parti cesse d'être autorisé ou qu'un candidat n'est pas élu. J'accueille très
favorablement cette mesure que j'ai recommandée à plusieurs reprises dans le
passé.
Par ailleurs, je recommande d'élargir
cette obligation de destruction non seulement aux renseignements contenus dans
la liste électorale permanente, mais à tous les renseignements sur les
électeurs que les partis politiques détiennent. La démocratie est actuellement
confrontée à deux grands enjeux partout à travers le monde. L'ingérence
étrangère dans les processus électoraux et la désinformation auprès de
l'électorat. Ces enjeux sont étroitement liés. Il faut absolument instaurer des
moyens pour y faire face. À cet égard, j'appuie la nouvelle infraction pénale
proposée relativement à la désinformation et à la manipulation de l'information
en contexte électoral. Il s'agit d'un pas dans la bonne direction. Toutefois,
je vous signale les difficultés d'application de cette nouvelle infraction,
notamment quant au fardeau de preuve nécessaire pour démontrer la commission de
l'infraction. En outre, mon champ d'action risque d'être limité lorsque les
actions visées par l'infraction seront posées par des acteurs basés à
l'extérieur du Québec.
Cependant, d'autres mesures pourraient
contrer l'ingérence étrangère. Le projet... le présent projet de loi pourrait
contenir une disposition obligeant le chef et les deux dirigeants d'un parti
politique autorisés à posséder la qualité d'électeur, donc à avoir le droit de
vote. La loi électorale impose déjà cette exigence aux personnes qui posent
leur candidature à une élection provinciale ainsi qu'aux représentants
officiels et agents officiels d'un parti politique autorisé. Je pense aussi
qu'une personne devrait être domiciliée au Québec pour verser des frais
d'adhésion à un parti politique.
La loi... la Loi modifiant la Loi
électorale, adoptée en 2021, prévoyait que certaines dispositions relatives au
processus de révision de la liste électorale devaient entrer en vigueur aux
dates fixées par le gouvernement, suivant ma recommandation. Cependant, à la
suite des élections générales et provinciales de 2022, j'ai constaté que
c'était impossible d'appliquer ces dispositions dans leur forme actuelle parce
qu'elles soulèvent des enjeux par rapport aux dispositions en vigueur et à
celles prévues par le présent projet de loi.
Cela dit, les façons de faire actuelles
sont viables pour les élections de 2026 que nous pourrons tenir sans mettre en
vigueur ces articles. Après ces élections, je proposerai au comité consultatif
une modernisation globale du processus de révision afin qu'il s'harmonise mieux
aux façons de faire actuelles.
Je veux aussi vous sensibiliser au
phénomène des candidatures multiples ayant comme unique but de contester le
mode de scrutin et d'allonger indûment les bulletins de vote. Cette tendance
observée au palier électoral fédéral me préoccupe grandement. Dans ce contexte,
ce serait souhaitable de prévoir un mécanisme visant à limiter le nombre de
candidatures déposées uniquement pour le rendre... pour rendre le bulletin de
vote plus long. Par exemple, le projet de loi pour interdire à une personne
d'être l'agente officiel ou l'agent officiel de plus d'un candidat indépendant
dans une même circonscription.
Le projet de loi n° 98
propose de nombreuses améliorations qui faciliteront le déroulement des
prochaines élections générales provinciales et je salue ces améliorations. Je
souhaite que ce projet de loi soit adopté d'ici la fin des travaux
parlementaires en juin afin d'en assurer la mise en œuvre à temps pour les
élections générales de 2026. D'ailleurs, mon équipe et moi vous offrons notre
expertise en matière électorale afin de mener à bien les travaux en vue de cette
adoption. Je vous remercie de votre attention et je suis disponible pour
répondre à vos questions.
• (12 heures) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, je me
tourne maintenant vers la partie gouvernementale pour une période d'échange de
11 min 45 s. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Roberge : Merci, M. le
Président. Merci, M. le directeur général. Présentation...
12 h (version non révisée)
M. Roberge : ...extrêmement
importante. On sait que nos équipes ont collaboré tout le long du processus.
Quelques questions assez précises. Il y a la question de la désinformation qui
peut être associée à l'ingérence étrangère puisque ça pourrait être des gens de
l'extérieur du pays, de l'extérieur du Québec qui voudraient faire de la
désinformation. Donc, on aurait les deux, désinformation et ingérence. Quels
sont les défis ou quels sont les leviers qui nous permettraient, qui vous
permettraient d'agir dans le cas où ce seraient des puissances étrangères ou
des intérêts étrangers qui voudraient diffuser des informations ici incorrectes
ou influencer de manière indue notre processus de vote?
M. Blanchet
(Jean-François) :Vous mettez le doigt sur
une problématique, dans le fond, qu'on a identifiée, effectivement, la
difficulté de ne pouvoir agir, mais même d'identifier, hein? Vous savez que le
Centre de la sécurité des télécommunications du Canada émet un rapport d'une
fréquence quand même annuel qui présente les cybermenaces contre les processus
démocratiques du Canada. Là, on parle de cybermenaces, mais on peut comprendre
que ça pourrait être la même chose dans le cas de la désinformation. Il y a
49 % quand même des cybermenaces touchant le processus électoral qui sont...
qui ne sont pas... qui ne sont pas en mesure d'identifier la provenance. Donc,
si les services canadiens qui sont spécialisés dans le domaine ne sont pas en
mesure toujours d'identifier la provenance de cybermenaces, on peut comprendre
qu'on aura certaines difficultés à identifier la provenance de certaines des
informations. Donc, déjà, en partant, d'identifier la provenance, ça peut être
difficile, à partir du moment que ça vient de l'étranger, comme vous le dites.
Mais, ceci étant dit, on doit quand même
commencer à quelque part. On doit faire... on doit se baser... commencer à
faire des approches pour être en mesure de contrer ce genre de menaces. Mais on
n'est pas tout seul dans le dossier, c'est-à-dire qu'on regarde ce que nos
partenaires canadiens et les autres agences électorales du Canada font, et on
va aller dans le même sens, et on va faire équipe aussi avec des partenaires
québécois et canadiens pour nous soutenir.
M. Roberge : Merci. Je suis d'accord
avec vous, il faut d'abord se doter de règles pour voir arriver les cas d'espèce,
recevoir les plaintes, parce qu'en ce moment on n'a pas la traction nécessaire
dans la loi actuelle pour bâtir cette expertise-là, donc y aller avec des
règles, constater des choses qui seraient inquiétantes, lancer des enquêtes,
voir quelles sont peut-être les mailles dans le filet qui seront à réparer
ensuite. Mais, si on ne se lance pas à ce moment-ci, l'expertise, on ne l'aura
pas dans un an, on ne l'aura pas dans deux ans, on ne l'aura pas dans
cinq ans. Donc, il faut commencer, là, l'échafaudage législatif, mais
après, je vous dirais, peut-être, administratif et juridique qui va nous amener
à une protection qui est plus solide.
Justement, dans... sujet connexe, sur le
partage d'informations que des gens sauraient fausses dans le but de pervertir
ou d'altérer le processus électoral, c'est dans le projet de loi actuel,
comment ça marcherait, la mécanique, là, si un citoyen voit un partage d'informations
qu'il considère erronées puis il dit : Cette personne-là est sans doute
malveillante, elle sait très, très bien qu'elle diffuse quelque chose de faux
dans le but de tromper? Quel sera le recours? Le citoyen qui voit ça, qui
appelle-t-il? Qu'est-ce qui se passera une fois la loi sanctionnée, en fonction
de l'institution que vous représentez?
M. Blanchet
(Jean-François) :Bien, comme vous le
savez probablement, déjà on reçoit des plaintes pour d'autres domaines ou d'autres
infractions. Donc, le citoyen qui constaterait quelque chose de faux, archifaux
pourrait, encore là, communiquer avec notre département des plaintes. Suite à
ça, bien, il faut comprendre que c'est du pénal où... encore une fois, donc,
nécessairement, il y aurait quand même une enquête pour vérifier et dans le but
de s'assurer qu'il y a vraiment une commission d'une infraction. Mais vous
comprendrez que ça va être difficile quand même d'arriver à des conclusions
pendant la période électorale, donc c'est... Et j'imagine aussi que vous
comprenez qu'on ne commencera pas à faire de la vérification des faits comme
sur les 900 candidats si on n'a pas de plainte, là. Il faut vraiment qu'il
y ait quelque chose qui initie quand même le processus, sinon on ne prendra pas
la place des journalistes pour vérifier les faits, là, parce que la
désinformation...
M. Blanchet
(Jean-François) :...la désinformation, où
est-ce que ça commence, où est-ce que ça s'arrête, il va falloir que ce soit
très évident qu'il y ait une commission... qu'une infraction a été commise.
M. Roberge : Merci. Donc, ce
sera sur présentation de plainte documentée, il y aura enquête, analyse. On
comprend qu'on ne fait pas ça en 12 heures, mais néanmoins, même si ça arrive,
la conclusion, après le processus électoral, si on voit que... les citoyens et
la société voient que certains comportements répréhensibles sont éventuellement
sanctionnés, bien, ça pourra donner le ton pour les prochaines fois aussi pour
dire : Bien, écoutez, je ne peux pas faire n'importe quoi en toute
impunité, tenter d'induire les gens en erreur sciemment dans un processus
électoral puis m'en tirer, et recommencer au fédéral, et recommencer au
municipal, et recommencer aux provincial. Donc, on bâtit quelque chose. C'est
ce que je comprends.
M. Blanchet
(Jean-François) :Exact.
M. Roberge : Par rapport aux
dépenses préélectorales des tiers, j'ai vu certains commentaires, certains
disaient que ça brimait la liberté d'expression. Quelle est votre analyse à cet
égard?
M. Blanchet
(Jean-François) :C'est-à-dire que ce qui
est dans le projet de loi présentement, pour nous, ça ne brime pas la liberté
d'expression, étant donné qu'on n'empêche pas... on n'empêche pas... le projet
de loi n'empêche pas un tiers de faire des publicités, il doit juste le
déclarer. Dans le fond, c'est... l'objectif, c'est la transparence, tu sais.
Les gens, je pense qu'ils ont le droit de connaître qui met de l'argent pour
influencer les élections québécoises puis quels montants qui sont mis. Donc,
pour l'instant, nous, c'est juste... c'est une question de transparence, que
les gens prennent connaissance de ce qui se fait. Et surtout, bien, je pense
qu'on doit... on doit travailler à s'assurer de... qu'est-ce qui se passe au
sud de la frontière ne se passe pas chez nous. Donc, on doit rester vigilant
là-dessus. Donc, je pense que c'est juste de la transparence. On ne... on n'est
pas en train de brimer la liberté d'expression. Ils vont pouvoir continuer de
le faire dans la période préélectorale.
M. Roberge : On a vu,
récemment, qu'Élections Québec a dû renoncer au projet pilote qui aurait permis
l'utilisation de l'urne électronique. En quoi aurait consisté ce projet?
M. Blanchet
(Jean-François) :O.K., donc le projet, à
la base, tu sais... on voulait avoir une entente pour pouvoir faire un appel
d'offres, pour pouvoir présenter la solution, mais l'objectif, quand même,
c'est d'avoir des urnes électroniques déconnectées d'Internet, là, on s'entend,
d'avoir toujours un bulletin de vote papier. Donc, le bulletin de vote papier
existe encore et est recomptable à la main au besoin. Donc, ça, c'était pour le
décompte, et le reste, c'est plus la liste électorale informatisée. Donc, la
personne se présente à n'importe quelle table dans un lieu de vote, et on
scanne soit un carton avec un code barre qui l'identifie automatiquement... on
lui remet un bulletin de vote, la personne va voter sur son bulletin de vote et
ensuite, à la sortie, elle le passe dans la tabulatrice, et, à la fermeture des
bureaux de vote, on pèse sur le bouton avec un code d'accès, on a les résultats
qui sont sortis sur un ruban de caisse, ou à peu près, le primo pogne le
téléphone, donc pas de transmission par Internet, fait comme il fait
présentement et transmet l'information au bureau du directeur de scrutin par
téléphone, comme ça se fait présentement. Donc il n'y a pas de connexion
Internet pour... entre la machine qui compte et... pour transmettre les
résultats. Donc, c'était ça, le projet pilote qu'on voulait faire dans
certaines circonscriptions.
• (12 h 10) •
Je dirais qu'on est... comment... il y a
six provinces qui le font déjà, donc on est dans les retardataires, si je peux
dire, là. Élections Ontario, ça fait trois élections qu'ils ont exactement ce
système-là, trois élections, donc depuis 2018. Ils viennent de faire les
dernières élections avec ce genre de système, et ça économise quand même
30 % de personnel. On peut faire une meilleure gestion aussi de
l'affluence, parce qu'on peut retirer des tables, en ajouter au besoin. Donc,
ça a certains avantages.
Et aussi il faut comprendre que,
présentement, les gens qui travaillent travaillent pour un bureau de vote.
Donc, si une personne doit s'absenter un certain temps, en principe, oui, il y
a quelqu'un qui peut la remplacer, mais c'est-à-dire que ces gens-là
travaillent des 12, 13 heures, ils n'ont pas de pause, ils mangent sur le coin
de la table. Tandis que, là, avec le système proposé, ce serait facilitant,
donc les gens... les équipes pourraient se remplacer. Donc, il y a plein
d'avantages. Si on se projette dans le temps aussi, encore là, la main-d'œuvre,
bien, c'est sûr que ça va être de plus en plus difficile.
M. Roberge : Et pour quelle
raison on n'a pas pu aller de l'avant avec ce...
M. Roberge : ...projet
pilote à l'élection qui vient en 2026?
M. Blanchet
(Jean-François) :Pourquoi qu'on ne peut
pas aller de l'avant? Parce que l'article 489 de la loi électorale stipule
qu'on doit avoir l'accord des chefs des quatre partis politiques, chose qu'on
n'a pas eue, mais ça, c'est... L'article 489, dans le fond, exige que les
partis représentés à l'Assemblée nationale soient tous d'accord.
Donc, là-dessus, je peux dire que, quand
même, il y a un exemple quand même qui est flagrant. Élections Saskatchewan
n'ont pas cette... n'ont pas l'obligation d'avoir une entente avec les partis
politiques dans le cas des élections partielles. Donc, le DGE de la
Saskatchewan peut faire des projets pilotes lors de l'élection partielle sans
avoir l'entente avec les partis politiques, sans avoir à préciser.
Le Président (M.
Bachand) :35 secondes,M. le
ministre.
M. Roberge : Merci. En
terminant, bien, je vous remercie pour votre éclairage aujourd'hui. Et est-ce
que vous pensez... parce qu'on n'a pas parlé de mesures qui vont dans ce
sens-là, mais est-ce que vous pensez qu'il y a des mesures intéressantes... ou
laquelle pour favoriser la participation électorale dans notre projet de loi?
Le Président (M.
Bachand) :En 30 secondes, M. le... s'il
vous plaît. 30 secondes.
Une voix : ...
M. Blanchet
(Jean-François) : Ah! oui, c'est-à-dire qu'encore là... moi, ce
que j'aime, c'est quand que les choses sont normalisées d'un palier à l'autre.
C'est-à-dire que, pour l'électeur, si on se place... l'électeur, il y a le
scolaire, il y a... il y en a qui votent au scolaire... les gens votent au
municipal, au provincial, au fédéral. Donc, l'électeur, lui, là, il devient
mêlé avec le temps. Donc, il y a des mesures qu'on devrait normaliser. Donc, le
vote à partir... une semaine après le décret, comme ça se fait au fédéral, que
les gens puissent aller voter, ça...
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
M. Blanchet
(Jean-François) : On a déjà...
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
M. Blanchet
(Jean-François) : C'est bon.
Le Président (M.
Bachand) : Maintenant, je cède la parole au représentant de
l'opposition officielle, M. le député de Nelligan, pour 7 min 24 s, s'il vous
plaît.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Bienvenue, encore une fois.
Ma première question, c'est par rapport à
l'encadrement de la publicité pour les tiers. Vous avez bien répondu par
rapport à la question de liberté d'expression. Concrètement, c'est quoi, vos
attentes? Parce que, là, on voit beaucoup de ce genre de publicité, là.
Écoutez, je viens de voir, encore une fois, sur mon fil Twitter... j'ai des
choses que je sais que ce n'est pas fait au Canada. Il y a probablement des
gens qui sont derrière, je suis capable de faire la différence, mais
concrètement comment on va aider les gens à faire la différence? Parce que
c'est de la publicité qui vise nos élections. Là, c'est... maintenant, c'est
pendant l'élection fédérale, mais on n'est pas à l'abri aussi pour l'élection
provinciale prochaine en 2026.
M. Blanchet
(Jean-François) :Ah! une bonne question.
Si je comprends bien, vous demandez qu'est-ce qu'on... qu'est-ce qu'on peut
faire dans le cas, encore une fois, que, dans le fond, la publicité vient de
l'externe, c'est des gens à l'externe qui paient pour influencer le processus.
M. Derraji : En fait, ce que
je veux aujourd'hui, là... je pense que les débats sur l'encadrement de la
publicité pour les tiers, il est déjà entamé, et on est tous d'accord. Vous
avez même mentionné qu'ils doivent déclarer la publicité, le public doit le
savoir.
M. Blanchet
(Jean-François) :Ils doivent savoir que
c'est une publicité. Je reviens, c'est... dans le fond, c'est important pour
les Québécois de savoir qui met de l'argent dans les élections pour tenter
d'influencer et quel montant. Donc, c'est sûr qu'on est... on a, encore une
fois, la difficulté si l'argent vient de l'extérieur ou si les gens passent par
l'extérieur puis qui ne seraient pas...
M. Derraji : Mais je vous
donne un exemple, parce que c'est très grave. Un groupe qui n'a pas les moyens
ici, qui reçoit de l'argent de l'extérieur, il n'y a aucun moyen au Québec de
savoir que le groupe a reçu de l'argent de l'extérieur pour influencer une
élection locale, parce qu'on sait, acheter de la publicité, c'est beaucoup,
beaucoup, beaucoup d'argent, mais, si le groupe n'a pas d'argent... Donc, il
n'y a aucun moyen de savoir la provenance de l'argent?
M. Blanchet
(Jean-François) :Effectivement, c'est...
il y a du travail à faire pour être capable de prouver d'où vient l'argent.
M. Derraji : O.K.Une
autre question. Il y a des syndicats qui mènent des campagnes. Ils ont le
droit. L'argent vient des travailleurs. Là, on peut le savoir. Là, ce que vous
dites aujourd'hui : Transparence, transparence, transparence. Si un
syndicat décide d'entamer une campagne contre un parti ou contre des idées,
vous, vous insistez aujourd'hui, vous voulez des leviers dans la loi, que ça
soit public, connu l'année électorale. Genre, on parle de 2026. À partir de
janvier, si un syndicat décide de faire de la publicité électorale, ça doit
être reconnu publiquement.
M. Blanchet
(Jean-François) :Je... Dans mon
allocution, je parle que ça devrait être aligné avec les dépenses
préélectorales des partis politiques, parce que, là, de limiter... là, on
serait en train de limiter, quand même, de brimer la liberté d'expression. Si
on commence au 1er janvier, ça veut dire que n'importe quel tiers... là vous
parlez de syndicats, mais n'importe quel tiers ne...
M. Blanchet
(Jean-François) :...ne pourrait pas,
comment dire, commenter qu'est-ce qui se passe à l'Assemblée nationale ou faire
des... Et là je pense qu'on est dans... on est on est en train de brimer
vraiment le droit d'expression. Donc, l'année électorale, ça veut dire que plus
personne à partir du 1er janvier ne pourrait faire des dépenses. Là, on va
peut-être un peu loin, présentement.
M. Derraji : Non. Mais ce
n'est pas ça, ce que j'ai dit. Ce n'est pas...
M. Blanchet
(Jean-François) :Bien, c'est parce que
dans...
M. Derraji : Non, non, non.
C'est... Non, non. Mais je n'ai aucun problème, là, s'il veut... Ce n'est pas
ce que je viens de dire.
M. Blanchet
(Jean-François) :O.K.
M. Derraji : Il a le droit.
Mais on doit le savoir. Si un groupe, peu importe le groupe, décide de faire
une campagne... bien, pas une «campagne», une publicité dans le sens de
favoriser X ou Y dans l'année électorale, on doit le savoir. Je ne dis pas
qu'il n'a pas le droit. C'est juste, on doit le savoir. Vous devez le savoir.
Parce que ces de là ma... question du début. Le problème que j'ai, et
j'aimerais bien vous entendre, d'où vient l'argent? Parce que pour les
syndicats, je comprends, c'est le fonds des travailleurs, c'est l'argent du
syndicat. Mais les autres organismes, comment aujourd'hui, je peux savoir d'où
vient l'argent? J'ai un groupe qui veut défendre des intérêts au Québec, qui
finance un organisme... organisme au Québec, que cet organisme puisse faire de
la publicité, mais il ne justifie pas la provenance de l'argent. La publicité,
ça coûte cher, très cher. Vous le savez.
M. Blanchet
(Jean-François) :Oui, mais à quelque
part, quand même, le montant est limité à 1 000 $, tu sais, là, à partir
du moment qu'ils vont devoir rendre publique la dépense. Après ça, bien, ce
sera quand même aux gens de juger l'argent qui est mis pour tenter de favoriser
ou défavoriser un parti politique, là. Tu sais, si quelqu'un, si un tiers
décide d'investir ou de mettre 500 000 $ dans une campagne de publicité
pour désavantager ou avantager un parti politique, bien, ça va être public.
C'est ça, l'idée, à quelque part. Puis les gens, bien, se feront une tête, à
savoir si c'est valable ou pas, là. Nous, on... dans le fond, ce qu'on... ça va
être publié sur notre site Web, là, les gens qui vont... les les tiers qui vont
faire ce genre de dépenses.
M. Derraji : O.K. Parlons de
l'ingérence. Vous avez beaucoup insisté sur l'ingérence, l'ingérence. Est-ce
que vous avez répertorié des cas d'ingérence au Québec?
M. Blanchet
(Jean-François) :Vous me demandez si nous
on a... on a déjà détecter des cas d'ingérence au Québec lors d'élections
passées?
M. Derraji : Oui. Absolument.
M. Blanchet
(Jean-François) :Non. Il n'y a pas eu de
cas de plaintes non plus par rapport à ça. Donc, est-ce que ça veut dire, parce
qu'on n'en a pas détecté, qu'il n'y en a pas eu, ça, on ne peut pas non plus...
Mais, s'il n'y a personne ici qui en a pris connaissance non plus, nous, de
notre côté, on n'en a pas détecté.
M. Derraji : O.K. Vous avez
suivi ce qui s'est passé au fédéral avec le rapport?
M. Blanchet
(Jean-François) :J'ai... Oui.
M. Derraji : Pensez-vous que
le Québec est à l'abri?
M. Blanchet
(Jean-François) :Il faut comprendre que
le rapport, quand même, touche quand même la cybersécurité, les cybermenaces,
l'utilisation de l'intelligence artificielle, dans le cas de la désinformation,
donc. Mais, oui, quand même, il y en a à l'année, des tentatives quand même
de... par rapport aux institutions électorales. Et il y a quand même 49 %
effectivement qui ne sont pas identifiables, la provenance, donc.
M. Derraji : Mais, par
rapport à vous, en tant que DGEQ?
M. Blanchet
(Jean-François) :C'est-à-dire qu'on a...
on a les systèmes de détection, de tentative d'intrusion ou de... par rapport à
nos installations, qui fonctionnent très bien. Mais, encore là, effectivement,
il y a des pays pour lesquels il y a des tentatives d'attaques qu'on n'est pas
en mesure de dire de quel pays ça vient.
M. Derraji : Qui sera chargé
de la dénonciation de la mésinformation? Est-ce que c'est vous? C'est qui?
M. Blanchet
(Jean-François) :La... C'est-à-dire que,
de dénoncer la désinformation, qui sera responsable, bien là, selon le projet
de loi, c'est... c'est nous, mais par des enquêtes, par des résultats
d'enquêtes qui vont être effectuées. Donc, ce ne sera pas, comment dire,
instantané. Et, en même temps, il faut quand même être sûrs de notre coup,
parce que là, on pourrait être instrumentalisés d'une certaine façon.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député de
Nelligan. Alors, M. le député de Laurier-Dorion pour deux minutes 28 s,
s'il vous plaît.
• (12 h 20) •
M. Fontecilla : Merci.
Bonjour, M. Blanchet. Bonjour, Messieurs Dame. Merci beaucoup d'être ici avec
nous.
Je veux aller tout de suite à la question
des dépenses préélectorales pour le tiers. En ce moment, si je comprends bien,
il y aurait deux dates. Vous, vous proposez d'aligner les deux... les deux
dates?
M. Blanchet
(Jean-François) :Oui. Exactement.
M. Fontecilla : Une pour les
tiers, une autre pour les partis politiques, là?
M. Blanchet
(Jean-François) :C'est-à-dire,
présentement, c'est deux dates différentes. Nous, on propose qu'il y ait une
seule... une seule date.
M. Fontecilla : Parfait.
M. Blanchet
(Jean-François) :Qu'elle soit alignée,
là, la date, elle sera mise en fonction, mais pour nous, ce serait important
quand même que ce soit équitable quand même.
M. Fontecilla : Pour les...
M. Fontecilla : ...parti
politique, c'est le 1er juillet?
M. Blanchet
(Jean-François) :1er juillet.
M. Fontecilla : Et, pour les
tierces, c'est le 1ᵉʳ janvier de l'année en question.
M. Blanchet
(Jean-François) :Exact.
M. Fontecilla : Et vous, vous
proposez... Est-ce qu'il faudrait, par exemple... Quelle est la date que vous
proposez? Est-ce que c'est d'allonger... de rallonger la date des partis
politiques en période pré-électorale ou de raccourcir la date des tiers? Quelle
est votre opinion?
M. Blanchet
(Jean-François) :C'est à dire que ça
pourra faire l'objet de discussions plus tard. Mais idéalement, pour nous, ça
devrait être la même date. Donc, si... En principe, après la fin des travaux
parlementaires, l'année électorale devrait être la date visée. Donc, c'est pour
ça que je pense qu'il a été question du 1ᵉʳ juillet parce que les travaux
parlementaires se terminent habituellement, en tout cas, au début juin. Là, c'est
difficile à dire : Bien là, ça va être le 6 juin, le 7 juin,
donc on parlait du 1ᵉʳ juillet, donc, qui serait une date quand même de
référence qui serait plus facile, je pense aussi qui serait plus justifiable
par rapport à l'encadrement.
M. Fontecilla : Mais est-ce
que, pour vous, le 1er janvier, ce n'est pas un peu excessif, 10 mois
avant la période électorale? Est-ce qu'il y aurait lieu de raccourcir cette
période-là pour les tiers?
M. Blanchet
(Jean-François) :Bien, c'est pour ça
qu'on propose d'aligner les deux dates, donc idéalement le 1ᵉʳ juillet.
Oui, on trouve ça un peu excessif.
M. Fontecilla : Très bien. Je
voudrais clarifier davantage la notion de dépenses préélectorales, là,
notamment pour des activités syndicales, là, qui ont été... devant la
commission, par exemple, faire une manifestation pour dénoncer l'action du
gouvernement à l'intérieur... Est-ce que, pour vous, c'est de la publicité?
M. Blanchet
(Jean-François) :C'est vraiment... Le
projet de loi, l'article parle de publicité, donc vraiment, c'est des dépenses
publicitaires. Donc, l'achat de publicité à la télé, achat de publicité sur des
panneaux qui vont devoir avoir la mention, encore là que c'est une adresse
préautorisée.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Le temps passe
rapidement. Mme la députée de Terrebonne, pour 1 min 53 s, s'il
vous plaît.
Mme Gentilcore : Oui, merci.
Je vais faire du pouce là-dessus. En fait, moi, je me demandais, on parle de la
publicité des partis politiques en période préélectorale, mais qu'en est-il du
gouvernement? Un gouvernement qui ne ferait pas de publicité à proprement dite
électorale, mais qui en profiterait pour mousser des annonces, tu sais,
d'infrastructures ou au niveau des différents ministères? Est-ce que ça fait
partie aussi de ce qui doit être annoncé et prévu?
M. Blanchet
(Jean-François) :Pas actuellement.
Mme Gentilcore : O.K. Puis,
est-ce que ça a été exploré? Est-ce que c'est quelque chose qui est sur la
table? Est-ce que c'est une discussion qu'on doit avoir?
M. Blanchet
(Jean-François) :Mais, c'est-à-dire que
je pense qu'encore là, c'est toute dépense faite par un parti politique dans le
but... en prévision d'une élection, c'est ce qui...
Mme Gentilcore : Donc, le
budget du gouvernement pour faire de la publicité sur tout autre sujet qui
serait purement électoral ne fait pas parti en ce moment de cette...
M. Blanchet
(Jean-François) :Bien, c'est une autre
problématique qui n'est pas visée présentement par le projet de loi.
Mme Gentilcore : O.K., merci.
J'avais une autre petite question sur, en fait, l'élection à date fixe, là, les
partis à date fixe. Pourriez-vous me dire un peu au niveau de l'organisation
quels impacts négatifs ça a en ce moment de manquer de prévisibilité puis quels
impacts positifs, peut être au niveau des budgets ou autre, ça aurait d'avoir
plus de prévisibilité?
M. Blanchet
(Jean-François) :Dans le fond,
présentement, il y a un député qui a démissionné il y a quelques semaines.
Donc, nous, à partir de ce moment-là, à toutes les semaines... on a un
calendrier, à toutes les semaines, il y a une possibilité que l'élection
partielle soit déclenchée. Donc...
Mme Gentilcore : Pendant six
mois.
M. Blanchet
(Jean-François) :Oui, pendant six mois.
Le directeur de scrutin a trouvé son bureau, a commencé à regarder pour son
personnel électoral, regarde pour les lieux de vote et doit constamment
vérifier que les lieux de vote sont disponibles. Donc, ça, c'est la répétition
qu'on doit s'assurer de faire de façon constante jusqu'au décret, donc, qu'on
ne connaît pas à l'avance, comme les partis politiques.
Mme Gentilcore : Donc, au
niveau de...
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Merci beaucoup, ça passe
rapidement. Désolé. M. Blanchet et votre équipe, merci beaucoup d'avoir
été avec nous. Sur ce, je suspends les travaux pour quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
(Reprise à 12 h 28)
Le Président
(M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux. Il me fait plaisir d'accueillir
Mme Malorie Flou... Flon, pardon, directrice générale de l'Institut du
Nouveau Monde. Merci beaucoup de temps avec nous. C'est très apprécié! Alors,
vous connaissez les règles. 10 minutes de présentation. Après ça, on aura
une période d'échange avec des membres de la commission. Donc. la parole est à
vous. Merci beaucoup.
Mme Flon (Malorie) :
Merci beaucoup. Bonjour, tout le monde. Je m'appelle donc Malorie Flon. Je suis
directrice générale de l'INM. J'aimerais d'abord remercier les membres de la
commission pour l'invitation. En tant qu'organisation à but non lucratif,
indépendante et non partisane, nous travaillons à accroître la participation
des citoyens et citoyennes à la vie démocratique. Ça fait donc partie de notre
mission et ça nous tient à cœur de suivre et de contribuer à améliorer les
conditions d'exercice de la démocratie. Comme nous avons reçu une invitation à
participer à cette audience dans un délai très court, nous n'avons pas été en
mesure de vous partager notre mémoire à l'avance, j'en suis désolée, mais il
suivra dans des délais très courts.
Je tiens d'abord à saluer la démarche de
consultation qui a été menée par Élections Québec en amont de ce projet de loi.
Elle a déjà et son équipe ont documenté les enjeux, posé les bonnes questions
et sont allé chercher une diversité de points de vue d'experts de la société
civile et du public. Et par souci de transparence et de clarté, je précise que
l'INM a soutenu un volet de cette consultation en animant en février 2024 une
journée de réflexion avec des spécialistes. Notre évaluation, donc, du projet
de loi n° 98 s'inspire des apprentissages de cette journée et de, mais
surtout de nos observations puis de notre expérience des 20 dernières
années concernant la démocratie au Québec.
D'emblée, nous soulignons que ce projet de
loi là, de manière générale, actualise de façon heureuse et judicieuse la loi,
de façon à préserver la confiance envers l'élection, envers Élections Québec,
en s'adaptant aux nouveaux défis de notre environnement informationnel qui
bouge vite. Et ça envoie le bon signal, comme le disait M. le ministre en
introduction, celui d'une démocratie qui est vivante et qui est attentive aux
enjeux de son temps pour s'actualiser et se moderniser. Je vais passer
rapidement sur quatre points que nous saluons, qui sont importants avant de
passer aux améliorations possibles.
• (12 h 30) •
D'abord, la création d'une infraction pour
la diffusion de fausses informations, c'est un bon point. Un environnement
informationnel sain avec des informations véridiques, c'est essentiel au fonctionnement
de notre démocratie. Et donc nous saluons, là, la création de cette infraction.
La meilleure protection des renseignements
personnels. Donc, on sait que les gestes d'agressivité ou d'intimidation envers
les personnes qui jouent un rôle dans le processus démocratique sont un frein à
la démocratie. On appuie donc la volonté de mieux protéger la vie privée de ces
personnes. Nous appuyons le retrait du pouvoir des partis de nommer le
personnel électoral et le remboursement partiel des frais de dépouillement
judiciaires. Ça renforce aussi l'indépendance du processus et d'Élections
Québec.
Et nous appuyons les mesures qui
facilitent la participation électorale, donc la révision de la liste électorale
et le vote au même moment, là, dans les installations d'hébergement au domicile
de...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Flon (Malorie) : ...de l'électeur
chez les proches aidants.
Un élément qui mérite des précisions
importantes, selon nous, est la création de la période préélectorale avec
encadrement des dépenses pour les tiers. L'environnement informationnel, donc,
qui a beaucoup changé, on sait que les partis politiques et toutes sortes de
groupes n'attendent pas le déclenchement d'élections pour influencer mais aussi
pour informer des électeurs. On comprend l'encadrement des dépenses dans un but
de transparence, et c'est un aspect intéressant, parce que ça facilite,
effectivement, l'identification par les électeurs de qui a tenté d'influencer
leur vote ou de les informer et par quels moyens. Toutefois, nous craignons que
la façon dont cet encadrement est libellé nuise, voire empêche les
organisations de la société civile, donc des tiers comme nous, comme l'INM, de
jouer un rôle d'information du public en période préélectorale. Je m'explique.
Est considérée comme dépense électorale,
actuellement, toute publicité diffusée pendant la période électorale ayant pour
objet de favoriser ou défavoriser indirectement ou directement l'élection d'un
candidat. N'est toutefois pas considéré comme une dépense électorale un
ensemble de dépenses, puis là il faut se référer à l'actuel projet de loi. Il y
a 14 activités qui décrivent un peu les exclusions, par exemple des
publications ou chroniques faites sans paiement ou récompense, mais ce n'est
pas si clair, si ça doit être par des médias accrédités ou si ça peut être dans
le cadre d'une intervention ponctuelle d'un tiers par ses propres moyens de
communication. Il y a aussi, qui seraient exclus comme dépenses électorales,
les frais d'organisation d'une assemblée pour le choix d'un candidat dans une
circonscription. Donc, on comprend, un débat. Et il est dit que ça ne serait
pas considéré comme dépense électorale si tant est qu'il n'y ait pas de
publicité pour cette assemblée et que ça coûte moins de 4 000 $. Or,
pour avoir organisé plusieurs débats de candidats par le passé, on sait qu'il
faut faire des publicités pour promouvoir l'événement et que ça puisse
atteindre ses objectifs d'information du public et ça peut coûter plus de 4 000 $.
Donc, la réalité, c'est qu'en ce moment plusieurs activités d'information du
public en période électorale pour faire... bon, peu importe, que ce... surtout
pour informer le public, c'est ça, mon point, sont susceptibles d'une
interprétation restrictive de la loi, comme d'ailleurs l'avait fait le DGE aux
élections générales de 2022.
Et, pour rappel, en 2022, plusieurs
organisations de la société civile avaient reçu des mises en demeure pour avoir
contribué à faire connaître les positions de différents partis politiques sur
des enjeux sociétaux précis en les comparant, donc en faisant valoir que
certains partis pouvaient avoir sur un enjeu précis, environnement, éducation,
santé, jeunesse, peu importe, des positions plus robustes que d'autres.
Donc, pour informer le public, nous
croyons que des tiers devraient pouvoir faire des communications qui peuvent
favoriser directement ou indirectement des mesures proposées par un parti pour
aider les électeurs à s'y retrouver et à faire leur choix.
Donc, nous, puis en résumé, ce qu'on voit,
c'est que le projet confirme et élargit, finalement, à une période
préélectorale, la possibilité déjà de cette interprétation restrictive en
période électorale. Alors, on aimerait suggérer que le projet de loi inclut une
reconnaissance du rôle d'information du public des organisations tiers en
période préélectorale, mais pourquoi pas aussi en période électorale? Les
paramètres qui pourraient baliser ce rôle pourraient s'inspirer de ceux qui
balisent déjà le travail des médias pour, donc, que les initiatives d'information
du public ne soient pas considérées comme des dépenses électorales ni comme des
publicités partisanes qui, par exemple... un exemple de balise, c'est le
traitement... un traitement équitable et une exposition équitable aux positions
des différents partis. Une autre option que je soumets à votre réflexion serait
d'exclure les OBNL, les organisations à but non lucratif, qui poursuivent des
missions d'intérêt public et/ou prévoir un régime distinct pour ces
organisations.
Alors, à défaut de pouvoir reconnaître et...
Bien, en tout cas, on espère que c'est quand même un article important sur l'encadrement
des dépenses préélectorales, mais on sent qu'il y a vraiment besoin d'ajouter
un peu de clarté puis de mieux baliser cette question du rôle d'information
publique par les tiers, dont on a besoin en cette période de surinformation
souvent, pour les citoyens et les électeurs.
Maintenant, un point qui nous semble aussi
manquant dans l'actuel projet de loi, ce serait d'en profiter pour donner au DGE
un mandat...
Mme Flon (Malorie) : ...un
mandat plus général d'éducation à la démocratie pour soutenir la participation
électorale et s'assurer que les initiatives actuelles sont pérennisées. Parce
qu'actuellement, Élections Québec mène des activités d'éducation à la
démocratie. Ça témoigne de la compréhension que le vote n'est pas un geste
isolé, mais qui prend son sens dans un ensemble de connaissances sur la
citoyenneté, la démocratie, nos institutions politiques. C'est d'ailleurs une
vision qui est appuyée par la recherche. Et nous sommes chanceux que l'actuel
DGE, comme d'ailleurs son prédécesseur, ait cette interprétation large de leur
mandat et voie l'importance d'agir en renforcement de la citoyenneté auprès des
jeunes pour, à terme, soutenir leur participation électorale.
Donc, afin de se prémunir contre des
interprétations plus courtes ou restreintes de leur mandat de la part de futurs
directeurs généraux des élections, nous aurions aimé voir, dans le projet de
loi, inscrit ce mandat d'éducation à la démocratie. Ça nous semblerait cohérent
et important pour entretenir notre culture démocratique et développer des
réflexes de participation citoyenne, dont l'exercice du vote.
Bon, nous avions d'autres points, mais je
manque un petit peu de temps, ils seront inscrits dans notre mémoire.
Notamment, la loi aurait pu, là, rapidement, confier au DGE le mandat de
présenter une information minimale sur les partis autorisés, par exemple, un
énoncé de vision, puis des liens vers les plateformes des candidats, toujours
dans cette perspective de mieux informer le public sur ses options.
Mais je vais... je vais conclure, parce
que je vois que le temps file, en disant que je pense que nous pouvons être
fiers de notre Loi électorale, en particulier, ses dispositions sur le
financement des partis politiques, qui nous protègent contre l'influence indue
des grandes fortunes sur les élections. Donc, il n'est pas... il n'y avait pas
de changement à cet égard là, mais je le nomme aussi pour le bénéfice du public
qui suit cette commission, parce que c'est une particularité qui nous... qui
nous distingue, là, notamment, de nos voisins du Sud. Et, bien, voilà, je vais
conclure en remerciant le gouvernement du Québec d'avoir agi promptement pour
répondre aux recommandations d'actualisation législative, là, proposées par Élections
Québec, considérant l'importance de l'élection et de la confiance des électeurs
en l'élection pour notre démocratie. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le ministre,
pour 10 min 30 s, s'il vous plaît.
M. Roberge : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup pour votre présentation. Effectivement, je sais que
vous avez été peut- être un peu pris de court avec les délais, mais, néanmoins,
votre présentation était très intéressante, puis c'est sûr qu'on va lire votre
mémoire. Merci aussi pour votre travail au quotidien pour l'animation de notre
vie démocratique, des consultations citoyennes, des débats. Je pense que c'est
très important. La démocratie, ce n'est pas simplement voter une fois aux
quatre ans, puis je pense que l'INM joue ce rôle-là de belle manière.
Vous avez parlé de l'encadrement des
dépenses des tiers dans la période préélectorale. Je le vois davantage, moi,
comme de la transparence, plutôt que de l'encadrement, parce que de
l'encadrement, on donnerait des balises, tu as le droit, tu n'as pas le droit à
un montant maximal, alors qu'il me semble qu'il s'agit simplement de
divulgation et d'information. Est-ce que vous voulez préciser davantage de
quelle manière vous trouvez que, dans la loi... dans le projet de loi...
parlons du projet de loi, là... on encadre les dépenses et donc on pourrait,
d'une certaine manière, empêcher des dépenses? Pouvez-vous préciser ce que vous
voulez dire?
• (12 h 40) •
Mme Flon (Malorie) : Bien,
vous avez raison, il est question de transparence. Cependant, qu'est-ce qui
constitue une dépense électorale, surtout quand on a des objectifs
d'information du public? C'est peu clair actuellement, c'est peu clair dans
l'actuelle loi, et c'est plus clair aussi dans le projet de loi n° 98. Donc,
c'est difficile... Pour qu'on puisse répondre à cet objectif de transparence,
je pense qu'il faut clarifier déjà qu'est-ce qui tient lieu vraiment de
dépenses relatives notamment, à de la publicité ou dépenses électorales, et de
distinguer, donc, ce qui pourrait être une motivation ou un objectif
d'information du public. Ça fait que...
Puis, tu sais, c'est sûr qu'il faut aussi
garder en tête que... Ma compréhension, c'est que, par exemple, les médias,
actuellement, ne... n'ont pas de divulgations à faire, parce qu'ils jouent ce
rôle d'information du public. Donc, est-ce que... Je me questionne. Je vous
pose la question. Je n'ai pas nécessairement la réponse, mais est-ce que des
organisations à but non lucratif doivent aussi divulguer, de la même façon que
des tiers qui ont plus un rôle d'influence ou...
Mme Flon (Malorie) : ...est-ce
qu'ils ne devraient pas être traités selon un régime plus similaire à celui des
médias, étant donné leur rôle, et en particulier ceux donc qui visent une
mission d'intérêt public? Donc, c'est... c'est la question aussi que je pose
aux membres de cette commission, parce que... Puis, pour la transparence, bien,
on pourrait effectivement, là, demander au tiers de divulguer, mais il faut
garder en tête que les tiers n'ont pas tous les mêmes moyens également, et bien
les montants sont... sont... sont... assez bas, là, finalement. Donc, pour des
OBNL qui ont très peu de moyens pour monter des registres, est-ce que c'est les
bons... est-ce que c'est les bons niveaux là aussi? Donc, peut-être qu'on
pourrait traiter distinctement. Ça, c'était mon premier point, les
organisations sans but lucratif à mission publique qui ont des initiatives
d'information du public.
Puis ensuite... puis si on va dans la voie
de leur demander de divulguer leurs initiatives, bien là, il y a d'autres
ajustements, parce que, par exemple, l'avis d'intention produit trois mois
avant le début de la période préélectorale, pour un organisme comme le nôtre,
c'est impossible. Ce n'est pas réaliste de demander ça. On prévoit rarement
trois mois à l'avance les initiatives de communication puis d'information du
public qu'on sera en mesure de faire.
Et il faut se rappeler aussi que les... Je
vais nous nous décrire comme étant petits, mais donc des organisations souvent
à but non lucratif, à mission publique, qui sont relativement petits, qui ont
relativement peu de ressources sont souvent les meilleurs moyens de rejoindre
toutes sortes de populations éloignées de la participation, qui ne suivent...
qui suivent moins les médias traditionnels et qui ont... tu sais, qui doivent
être informés aussi, là.
Donc, ils ont un rôle particulier, ces
organisations-là, par exemple nous, l'INM, moi, je pense que la plupart d'entre
vous, vous le savez, on travaille beaucoup auprès des jeunes. C'est un public
qu'on peut rejoindre de manière plus intentionnelle. Il y a d'autres OBNL qui
peuvent rejoindre d'autres types de publics plus éloignés de la participation.
Et si on met trop de contraintes ou on réfléchit mal à leur encadrement ou aux
balises qu'on leur donne, ça peut nuire à leur rôle. Puis, en ce moment, on le
voit parce qu'en période électorale, plusieurs organisations n'osent pas jouer
ce rôle-là, parce qu'elles ont peur de devoir se taper sur les... se faire
taper sur les doigts ou ne pas répondre aux différentes balises.
M. Roberge : Merci pour votre
réponse. Juste pour dire, est-ce que les OSBL ou les OBNL pourraient être
touchés? Donc là, à 127.30, on dit : «est un tiers toute personne
physique, toute personne morale de droit privé, toute société, toute
association, tout autre groupement sans personnalité juridique à l'exception
d'une entité autorisée, donc d'un député, d'un candidat. Donc, tout le monde
serait visé parce que l'idée...
Mme Flon (Malorie) : Oui.
M. Roberge : ...c'est que les
Québécois soient informés de qui souhaite les influencer et à quelle hauteur,
qui souhaite influencer le vote. Puis ce n'est pas mal d'essayer d'influencer
le vote, ce n'est pas quelque chose qu'on veut empêcher, mais je pense que la
transparence, en tout cas, c'est l'intention que nous avions, j'ose dire, nous
les formations politiques. C'était ça l'intention. Puis quand vous dites :
De quoi on parle? C'est quoi? On dit : «Est une publicité préélectorale
partisane toute publicité diffusée pendant la période préélectorale pour
favoriser ou défavoriser directement l'élection d'un candidat ou d'un parti.
En tout cas, mon interprétation, je
verrais mal un débat entre quatre candidats ou cinq candidats de formations
politiques différentes être qualifié de publicité préélectorale visant à
favoriser directement l'élection d'un candidat ou d'un parti. Mais écoutez, on
va continuer de débattre, puis j'ai un collègue qui aimerait vous... vous
questionner ou poursuivre la discussion avec vous. Je vous remercie beaucoup
pour votre présentation puis je laisse la discussion se poursuivre.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, M. le député
de Saint-Jean, pour 3 min 45 s
M. Lemieux : 2 min 45 s?
Le Président (M.
Bachand) :3 min.
M. Lemieux : 3 min 45 s
Merci, M. le Président. Bonjour, Mme. Je voudrais reculer un peu parce que j'ai
toujours été impressionné par la capacité de l'Institut du Nouveau Monde, dans
mes années de médias et dans mes années d'observateur, de la capacité que vous
avez à faire le tour des questions et à les projeter dans la société pour
qu'elles soient débattues.
On arrive aujourd'hui avec... avec un
projet de loi qui, théoriquement... pas théoriquement, qui est en fait et
largement consensuel et qui est fait en collaboration aussi avec le DGEQ pour
être certain qu'on s'entende. Alors, pour nous, c'est un peu de la cuisine, on
est en train de mettre nos affaires pas mal en place pour la prochaine
campagne. Mais pour vous c'est un moment...
M. Lemieux : ...exceptionnel
de nous dire comment ça va. La démocratie telle que vous la percevez, vous, au
Québec, dans le contexte qu'on vit, là, avec Trump de l'autre côté puis une
élection fédérale qui est presque prise en otage par le président américain. On
est dans une drôle de période en ce moment. Je ne sais pas ce qui nous attend
dans un an et demi, mais vous, de votre point de vue, vous auriez mis quoi,
dans ce projet de loi là, si ce n'est ce que nous, on a réussi à s'entendre
pour mettre dedans, pour, idéalement, mieux faire les choses et mieux protéger
le public et la démocratie?
Mme Flon (Malorie) : Bien,
comme je vous le disais, je pense qu'effectivement, dans le contexte actuel de
pressions multiples sur notre démocratie, que ce soit la polarisation, que ce
soit la désinformation, la montée aussi des inégalités sociales, notamment, on
aurait... on peut en faire plus, parce qu'il y a une clé qui va être
l'éducation à la citoyenneté et à la démocratie. Et ça aurait été bien, c'est
un des éléments, d'inclure, d'inscrire dans la loi le mandat d'éducation à la
démocratie d'Élections Québec.
Puis je pense qu'il faut... il faut être
lucide quant aux éventuels angles morts. C'était ça aussi, l'objectif de ma
réaction par rapport aux balises qui concernent les dépenses publicitaires
préélectorales. L'information du public, ça devient une clé parce que, pour
faire des choix collectifs judicieux, le public doit être informé. Donc, il
faut voir c'est quoi, les angles morts, en termes d'information du public de
l'actuel projet de loi, qui est de manière générale, très bien, et je le vois,
assez consensuel. Donc, ça aurait été intéressant aussi, de la même façon que,
maintenant, il y aura... pour être autorisé, un parti va devoir présenter deux
candidats. D'exiger un énoncé politique aussi pour... comme critère
d'autorisation, puis de permettre au DGE de présenter une information de base
sur les candidats. Comme ça, les électeurs ont un lieu, qu'ils reconnaissent
pour aller chercher une information. Donc, je pense qu'on doit, dans ce projet
de loi, dans notre contexte, être très, très soucieux des dispositions qui vont
favoriser l'information du public pour protéger notre démocratie. Ensuite, on aurait...
Le Président (M.
Bachand) :30 secondes.
Mme Flon (Malorie) : Bien, je
vais finir...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, M. le député de
Saint-Jean, 30 secondes. Allez-y, M. le député de Saint-Jean, pour finir.
M. Lemieux : Il reste juste
30 secondes, je voudrais juste être certain d'une chose. Vous avez... vous
semblez craindre l'idée d'avoir des comptes à rendre quand on fait de la
publicité. Mais vous, en aucun cas vous ne faites de la publicité, sinon que
pour inviter les citoyens à jaser, là.
Mme Flon (Malorie) : Bien, ce
n'est pas si clair que ça, dans le sens où... Je faisais référence à 2022, je
vais vous donner un exemple très, très concret, une organisation avait reçu une
mise en demeure de DGE, puis ce n'est pas... puis je ne prends pas un débat
comme exemple...
Le Président (M.
Bachand) :En terminant, s'il vous plaît.
Rapidement, merci. En terminant.
M. Lemieux : Désolé, j'aurais
dû commencer par cette question-là. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Désolé. Je dois passer la
parole au député de Nelligan pour... M. le député de Nelligan, pour 7min 24 s,
s'il vous plaît.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Premièrement, je vais vous remercier parce que, oui, vous jouez un
rôle important. Et j'ai bien noté que vous c'est informer le public, et c'est
ça, la nuance que vous voulez qu'on ramène dans le projet de loi, corrigez-moi
si je me trompe.
Je vais faire un résumé, et, après, prenez
votre temps parce que c'est un point important. Vous avez mentionné que louer
une salle, faire un débat... moi-même, j'ai assisté à des débats où j'étais
invité, et je sais que la salle... au-delà de 4000. Le moindrement que tu
organises des événements, tu sais que ça coûte cher, une salle. Ramener les
membres, les informer, ça coûte. Ça coûte de l'argent, ce que vous, vous voulez
ramener sur la table aujourd'hui.
Le collègue l'a mentionné à l'instant,
vous ne faites pas de la publicité électorale, ce que vous voulez faire, c'est
que le projet de loi ne limite pas votre action. Vous, votre rôle, c'est
informer, et non pas influencer. Est-ce que j'ai bien résumé ce que vous avez
dit tout à l'heure?
• (12 h 50) •
Mme Flon (Malorie) : Oui, je
pense que oui, parce que, dans ma compréhension actuelle de la loi, incluant le
projet de loi no 98, même un débat comme ceux qu'on fait, on devrait les
divulguer puis remplir un registre. Et je me questionne. Nous l'INM, à la
limite, on peut peut-être avoir la capacité de faire cette divulgation-là, mais
il y a d'autres OBNL qui ont encore moins de capacité pour répondre aux
exigences de transparence. Et je me questionne à savoir si c'est nécessaire de
demander cette divulgation-là puis un registre pour des activités telles
qu'organiser des débats de candidats, par exemple. Puis, encore là, c'est...
là, M. le député disait que, selon lui, d'organiser un débat de candidats
n'était pas une publicité électorale, mais moi, quand je lis la loi, j'ai
l'impression que c'en est une. Donc, il y a quelque chose, peut-être, à
clarifier.
M. Derraji : Écoute, je me
pose la même question, mais je veux juste comprendre, parce que vous avez très
bien clarifié...
M. Derraji : ...le public
versus influencer. Mais c'est quoi l'enjeu de divulguer le coût de la salle
et... D'ailleurs, avant d'organiser un événement, vous avez un budget. Vous ne
pouvez pas se lancer à organiser un événement où vos membres vont payer le
prix, parce qu'on le sait comment ça marche, le financement de la plupart des organismes.
Donc, vous avez déjà un budget, vous planifiez l'événement, que ça vous coûte
4 000 $, 5 000 $ ou 2 000 $, c'est des coûts
associés. C'est quoi l'enjeu de ne pas divulguer? Est-ce que c'est une...
J'essaie de trouver le pourquoi.
Mme Flon (Malorie) : On n'a
pas toujours le budget à l'avance. Ça nous arrive, comme OBNL, de voir qu'il y
a un enjeu d'actualité, un peu, sur le coup, qui devient important, puis de
sentir le besoin de le traiter. Donc, je ne pense pas qu'on... Puis surtout
qu'il y a très peu d'OBNL comme nous. Par exemple, on ne reçoit pas de
financement à la mission. Donc, on a toujours des financements plutôt par
projets. Alors, ça, c'est un premier élément. Après, comme je vous dis, on
pourrait divulguer, il faudrait juste qu'on soit traités peut-être plus
équitablement, notamment si on se réfère aux règles qui régissent le travail
des médias.
M. Derraji : Oui. Mais je
vous comprends. Écoutez... Et je salue votre travail. Ce n'est pas si facile
que ça, travailler à la tête d'un organisme à but non lucratif. Donc, mon
rôle... je ne veux pas parler au nom de tout le monde, mais mon rôle, ce n'est
pas alourdir la tâche. Là, maintenant, je vous donne la possibilité de
sensibiliser l'ensemble des collègues. Le ministre vient de me dire : Il
n'y a aucune obligation pour trois mois. Moi, je n'ai pas de problème, si le
ministre ne veut pas. Non. C'est... C'est vraiment... Non, non. Mais je n'ai
vraiment aucun problème. Parce que c'est important, ce qu'elle ramène, la collègue.
Donc, il n'y a pas d'obligation de trois
mois, un. Il vient de me le confirmer. Deux, vous avez déjà un budget. Et je
comprends la réalité. Moi... là, je ne pense pas que l'INM, aujourd'hui, il est
contre la transparence. Ce qu'on veut, c'est juste être transparents. Et je
sais que votre mission, on la salue tous. D'ailleurs, on a fait une motion il
n'y a pas longtemps unanime sur le rôle de l'INM. C'est très, très important et
sérieux. Donc, on salue ça. La transparence, c'est pour tout le monde. On ne peut
pas avoir deux classes, des groupes transparents, d'autres groupes moins
transparents. Mais si on peut...
Une voix : ...
M. Derraji : Oui. Je... M. le
ministre, la page 11, «l'avis d'intention est produit au plus tôt trois
mois avant le début de la période électorale». Donc...
Le Président (M.
Bachand) :...député de Nelligan...
M. Derraji : Non, non, non.
Mais ce n'est pas grave. Non, non. J'ai...
Le Président (M.
Bachand) :Non, non, non. Mais c'est moi
qui... Allez-y. Allez-y.
M. Derraji : Ah oui. Mais
est-ce que... Mais je n'ai pas de problème. S'il peut...
Le Président (M.
Bachand) :On va avoir du temps cet
après-midi encore aussi. Allez-y, M. le député de Nelligan, il reste deux
minutes 55 s.
M. Derraji : Mais j'ai...
Mais je veux juste qu'il me clarifie. Parce que j'ai le groupe...
Le Président (M.
Bachand) :Non, mais on a une témoin qui
est ici, alors la priorité est au témoin, s'il vous plaît.
M. Derraji : Oui, oui. Mais,
le témoin, M. le Président, en tout respect, je l'ai fait dans pas mal de
consultations, c'est important, ce que le témoin comprend de la loi, et sa
présence est importante. Moi, je n'ai pas de problème à ce que le ministre
clarifie. Il n'a pas eu le temps. Moi, j'ai...
Le Président (M.
Bachand) :Rapidement, M. le ministre.
Rapidement, M. le ministre. Il reste deux minutes 30 s.
M. Derraji : C'est l'avis
d'intention.
M. Roberge : Ça va?Je ne veux
pas... Je ne veux pas causer...
Le Président (M.
Bachand) :Oui. Allez-y, allez-y,
rapidement.
M. Roberge : On est à la
page 11 du projet de loi, dans Dépenses des tiers, le 127.32. On
dit : «L'avis d'intention est produit au plus tôt trois mois avant le
début de la période électorale.» Donc, ce n'est pas qu'il faut aviser trois
mois d'avance, c'est «au plus tôt». Tu ne peux pas faire ton annonce de
publicité 18 mois d'avance.
M. Derraji : O.K.
M. Roberge : Mais tu peux le
faire à 24 h d'avance. Comprenez-vous ce que je veux dire? Voilà. Merci.
Merci, M. le Président, pour votre flexibilité.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Nelligan, s'il
vous plaît.
M. Derraji : Aïe! Merci, M. le
Président. Est-ce que c'est clair? Parce que, même moi, j'avais la même
compréhension que le ministre. Mais est-ce que ça vous rassure?
Mme Flon (Malorie) : Oui. Ça
me rassure. Je vous remercie de la précision. C'est déjà un point important.
M. Derraji : Bien, voilà.
Bien, voilà, on avance. Parce que, écoute, je pense, il n'y a personne autour
de la table qui veut alourdir. Au contraire. Et on veut que vous puissiez jouer
votre rôle. Là, maintenant, là vous dites qu'on ne peut pas vous mettre dans le
même panier, ceux qui influencent versus ceux qui informent. Avez-vous d'autres
commentaires qui vous laissent croire qu'on vous met tous dans le même panier,
ceux qui influence versus ceux qui informent?
Mme Flon (Malorie) : Bien, je
pense pour vrai que la ligne est difficile aussi à naviguer entre l'information
et l'influence. Parce que parfois il s'agit de présenter les différentes
positions d'un parti sur un sujet, et donc on pourrait interpréter que c'est
dans le but de favoriser une option. Donc, il n'y a pas de... il n'y a pas de
solution facile à ça. Puis, comme je vous dis, ayant eu peut-être deux jours
d'avis, là, pour l'analyse du projet de loi, je n'ai pas la solution aussi
toute bien concoctée pour l'ajustement aux articles. Mais c'est un angle mort
que je souhaitais amener à votre attention, que, tel que présenté, il pourrait
y avoir une incidence sur la capacité des OBNL à jouer leur rôle d'information
du public, soit à cause des ressources limitées dont ils disposent pour répondre
aux exigences de transparence, soit à cause de la clarté de l'interprétation de
la loi, en fait.
M. Derraji : Il me reste
30 secondes. Ce n'est pas trop tard. Prenez votre temps d'analyser le
projet de loi...
M. Derraji : ...on va commencer
l'étude détaillée minimum d'ici trois semaines. Donc, c'est très important que
vous preniez le temps, parce que vous ramenez un point important, j'ai les
mêmes questions que vous, de mettre dans le même panier ceux qui influencent
versus ceux qui informent. On a besoin de ceux qui informent parce qu'au bout
de la ligne vous voulez augmenter la participation démocratique des jeunes et
des moins jeunes. La mésinformation, l'ingérence étrangère, avez-vous des mots
à dire par rapport à ça?
Le Président (M.
Bachand) :Malheureusement, le temps
s'écoule très rapidement, mais effectivement le député de Nelligan a raison, si
vous avez d'autres choses à ajouter, faites parvenir ça à la commission, et on
va le partager avec les membres avec immensément de plaisir. M. le député de Laurier-Dorion
pour deux minutes 28, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci. Merci
à vous, madame, et à l'Institut du Nouveau Monde de participer à cet exercice
fort utile. Écoutez, tantôt vous n'avez pas eu le temps de répondre à mon
collègue de Saint-Jean. Ça va être un précédent, là, d'une mise en demeure
envers un OSBL, là, et je pense que c'est important de... comment dire,
démontrer des cas concrets, là, de ce que ça pourrait vouloir dire.
Pourriez-vous... enfin, finaliser votre explication?
Mme Flon (Malorie) : Oui.
Bien, c'était le cas où c'était une organisation environnementale qui avait...
qui avait communiqué, finalement, en présentant les différentes positions de
différents partis sur des questions environnementales, et donc ça avait été
jugé, en période électorale, comme une tentative d'influencer le vote parce
qu'il ressortait forcément que certaines... certains partis pouvaient avoir des
positions plus favorables à la protection de l'environnement.
Donc, ça, c'est un exemple, justement, où
c'est un outil d'information du public parce que ça informe le public sur les
positions du parti sur un enjeu de société important. Mais je comprends aussi
l'interprétation selon laquelle c'est un outil d'influence de la part d'une
organisation qui a une mission de protection de l'environnement. Donc, vous
voyez, c'est un exemple concret, là, d'un cas que je me demande comment il
serait traité aujourd'hui avec ce projet de loi. J'ai le sentiment que... parce
que ça avait été l'effet après 2022, que plusieurs OBNL se retiendraient de
faire ce genre d'exercice. Or, je juge que la population du Québec a besoin du
soutien des OBNL pour faire ce genre d'exercice et pouvoir s'y retrouver
parfois entre les différentes positions des partis.
M. Fontecilla : Merci. Fort
éclairant.
Le Président (M.
Bachand) :45 secondes, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Très bien.
Écoutez, je veux revenir avec la question que j'ai posée tantôt sur la période de...
pour comptabiliser les dépenses préélectorales. Pour les tiers, c'est neuf mois
avant ou 10 mois avant les élections. Pour les partis politiques, c'est au mois
de juillet, là. Est-ce que ça vous paraît pertinent, cette distinction-là?
Mme Flon (Malorie) : Je n'ai
pas vraiment de commentaire là-dessus. Je pense que... J'écoutais le DGE avant
moi, puis c'est vrai que ça pourrait être aligné. Donc, voilà. Je pense
qu'en... pour informer le public, peu importe la période, je pense qu'il faut
que les règles soient claires, qu'on sache comment pouvoir jouer un rôle
d'information du public, ce qui est autorisé, ce qui ne l'est pas, ce qu'on
doit divulguer, dans quelle période.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
M. Fontecilla : Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Terrebonne pour une minute 53,
s'il vous plaît.
Mme Gentilcore : Je vais
faire ça vite. Donc, j'ai eu l'occasion d'organiser deux débats avec l'INM
quand j'étais au Devoir à l'époque, et ce qui m'impressionnait, c'était
votre capacité de mobilisation et de fédération. Donc, j'aimerais ça que vous
me disiez : Est-ce qu'on a des angles morts par rapport à la
participation? Comment l'INM voit ça? Comment on peut favoriser la
participation démocratique de nos jeunes, leur participation électorale? Puis
comment on peut faciliter votre travail par rapport à ça?
• (13 heures) •
Mme Flon (Malorie) : Bien,
merci. C'est un bon exemple, parce que, souvent... En période électorale, on
s'associe au Devoir pour organiser des débats, encore aujourd'hui, parce
que c'est un média accrédité et qu'il a le droit, selon notre interprétation,
lui, pendant la période électorale, de faire ce genre de démarches, tandis que
nous, INM, qui ne sommes pas un média accrédité, notre... l'interprétation,
c'est qu'en période préélectorale, actuellement, on pourrait le faire mais pas
en période électorale. Et pourquoi c'est important que nous, INM, on organise
des débats? Parce qu'on a cette capacité de rejoindre différents publics, avec
toutes sortes de moyens, avec notre capital relationnel, des nombreuses
activités qu'on mène notamment auprès des jeunes, mais auprès des personnes
aînées aussi. Désormais, on mène des activités d'éducation à la citoyenneté du
Québec. Et les OBNL du Québec sont proches de ces différents types de publics,
comme je le disais, qui sont difficiles à rejoindre par les médias
traditionnels. Donc, il faut vraiment leur permettre de jouer ce rôle
d'information du public.
J'entends, là, la... toutes les questions
qui se posent sur comment ils peuvent le jouer en faisant preuve de la
transparence requise, en adoptant des pratiques de divulgation. On va pouvoir
peut-être donner plus de détails, là, dans notre mémoire par rapport à ça. Mais
votre question, c'est ça, c'est un bon exemple. Je pense que c'est vraiment
important, surtout dans ce contexte où il n'y a plus une plateforme
d'information commune, de miser sur le rôle de relais d'information...
13 h (version non révisée)
Mme Flon (Malorie) : ...des
OBNL si on veut, bien, ne pas trop atomiser cette société dans toute sorte de
bulles informationnelles.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Merci infiniment d'avoir été avec nous. C'est
très, très, très apprécié. Et compte tenu de l'heure, la commission suspend ses
travaux. 15 h 50. Merci. À tantôt.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M.
Bachand) :Bonjour, tout le monde. À l'ordre,
s'il vous plaît! Bon après-midi. Alors, la commission reprend ses travaux. Il
nous fait plaisir d'accueillir le premier groupe de l'après-midi,
représentantes et représentants de la... de la CSN. Merci beaucoup d'être avec
nous, c'est très, très, très apprécié. Vous connaissez les règles, 10 minutes
de présentation, après ça, on aura un échange avec les membres de la
commission. Donc, je vous invite d'abord à vous présenter et débuter votre
échange... votre présentation, pardon. Merci beaucoup d'être avec nous.
Mme Senneville (Caroline) : Merci.
Donc, Caroline Senneville. Je suis la présidente de la Confédération des
syndicats nationaux. Je suis...
Mme Senneville (Caroline) : ...de
Me Catherine Quintal, qui est conseillère syndicale au service juridique de la
CSN, de Samuel Courtemanche, qui est conseiller syndical au service de
recherche et de condition féminine de la CSN, et de Jean-François Lapointe, qui
est conseiller politique auprès du comité exécutif de la CSN.
Alors, merci beaucoup de nous accueillir.
La CSN s'est toujours intéressée à nos institutions démocratiques. Elle est,
elle-même, une organisation qui a une démocratie interne, donc on s'intéresse à
celle aussi dans laquelle on vit dans notre société et aussi au mode de
scrutin. Donc, je dirais, on est contents de parler de ce projet de loi là. Et,
évidemment, il y a beaucoup d'éléments avec lesquels on est en accord et dont
on... On ne soulignera pas nécessairement chacun des détails, là, je pense, par
exemple, au lieu de votation d'un proche aidant ou d'une personne en
difficulté, là, on... ce sont toutes de bonnes mesures. On va plutôt mettre la
lumière sur certaines modifications qu'on aimerait qu'elles soient apportées au
projet de loi. Je vous dirais, le premier volet est plus politique, le deuxième
volet sera un peu plus technique.
Pour nous, d'un côté politique, je dirais,
on a été déçus de voir pas tant ce qu'il y avait dans le projet de loi que ce
qu'il n'y avait pas. On pense qu'on rate, en effet, un peu la cible en voyant
qu'il n'y a pas de véritable réforme de mode de scrutin prévu dans ce projet de
loi. On sait que ça fait partie des travaux que la CAQ avait faits, ça fait
partie de ses promesses. Il avait même présenté des travaux à cet effet-là, on
avait avancé. Notre démocratie, elle est démocratique. Cette méthodologie, elle
fonctionne bien mais elle pourrait être vraiment perfectible. Il y a eu
beaucoup de travaux qui ont été faits en ce sens-là. Il y a même un certain
consensus qui a été dégagé entre les partis, et on ne peut qu'être déçus du
manque de volonté politique de ne pas pouvoir aller plus loin parce que notre
mode de scrutin, bien, c'est le reflet de la volonté populaire, et, malheureusement,
notre vote... notre façon de voter uninominal à un tour fait en sorte qu'après
chaque élection il y a les deux tiers de la population du Québec qui ont perdu
leurs élections à cause de notre mode électoral, et on pourrait vraiment
pouvoir le voir perfectionné par rapport à ça.
Notre deuxième déception, c'est aussi, je
dirais, un trou dans la loi, un manque, quelque chose qui n'y apparaît pas,
c'est par rapport à l'égalité hommes-femmes. Alors, bien sûr, dans la société
québécoise, on est privilégiés, on a une société où il y a une égalité de
droits entre les hommes et les femmes, mais ça serait faux de croire à cette
idée préconçue que la lutte, elle est terminée, qu'on a l'égalité de fait et
puis que maintenant, bien, on a juste à regarder ça aller et que tout va bien
aller, ça va cheminer et les femmes vont être de plus en plus présentes en
politique. Malheureusement, ça ne fonctionne pas comme ça. Nous devons encore
faire face à des discriminations comme moitié de l'humanité et le présent
gouvernement en a... et les gouvernements précédents en ont tenu compte en
votant des lois essentielles pour la société, comme celle sur l'équité
salariale, celle sur le régime québécois de droits parentaux, le présent
gouvernement a voté des lois fort importantes sur la violence conjugale, contre
harcèlement sexuel, le harcèlement psychologique. On a vu aussi dans d'autres
sociétés voir les droits reproductifs reculer. Donc, on est déçus qu'il n'y ait
pas dans le projet de loi, à tout le moins, l'obligation pour les partis
politiques de faire leur devoir et de présenter des candidatures dans une zone
paritaire entre 45 % et 55 %. On parle bien de candidatures. Après
ça, le jeu électoral a lieu, on est élu ou on n'est pas élu, mais... en tout
cas, on trouve... on est déçus que les partis ne soient pas obligés de le faire
parce que, bien que la situation soit dans une zone paritaire actuellement, les
reculs sont toujours possibles. Et, quand on regarde d'autres législatures,
c'est ce qu'on voit, il y a des avancées, mais des fois il y a des reculs.
Donc, ça, c'étaient les aspects plus
politiques que je voulais couvrir. Maintenant, sur des aspects peut-être plus
techniques. Dans le projet de loi, on prévoit une période préélectorale
maintenant que les élections ont lieu à date fixe. Bien sûr, on vit de facto
une période préélectorale et on comprend que le projet de loi, en soi, le
reflète. Par ailleurs, on n'est pas tout à fait d'accord, pour vous dire, avec
le fait que cette période préélectorale là ne soit pas la même pour tout le
monde. Elle n'est pas la même pour les partis politiques et pour les tiers,
«les tiers», c'est-à-dire n'importe qui d'autre qui n'est pas un parti
politique. Pour les partis politiques, c'est en date du 1er juillet qui
précède les élections qui ont lieu à l'automne et, pour les tiers, c'est à
partir du 1er janvier, ce qui est une très longue période. Ça veut dire
que, pour les tiers, il y a une année sur quatre à peu près qui se retrouve en
régime préélectoral. Pour nous, ça pose vraiment problème. Et je vous dirais
qu'on a vu aussi...
Mme Senneville (Caroline) :
...hasard veut peut-être que certains gouvernements font plus de publicité
gouvernementale dans une période préélectorale. Alors, on pense que ce qui est
bon pour pitou devrait être bon pour minou. Et comme le DGE nous l'a mentionné
de ce matin même, on pense que la date du 1ᵉʳ juillet devrait être retenue
pour tout le monde parce que cette période préélectorale là nous oblige à faire
vraiment le décompte de toutes les activités qu'on fait. Ce n'est peut-être pas
un problème pour la CSN, mais il y a d'autres organisations qui ne seront pas
entendues ici aujourd'hui parce qu'elles sont petites et pour qui ça peut
imposer, je dirais, un fardeau différent et inéquitable.
Deuxième truc dont on veut parler,
toujours dans cette période préélectorale, c'est tout le volet sur la
publicité. Pour nous, on comprend du projet de loi qu'on parle vraiment de
publicité, c'est-à-dire quelque chose qui est diffusé largement et qu'on paye
justement pour que ça soit diffusé largement. Donc, ça exclut les
communications qui seraient de type plus interne, pour nous, quand on parle à
nos membres. Ça exclut des activités de réunion, probablement de manifestation
aussi. Les syndicats sont reconnus pour en faire quelques-unes. Ça adonne comme
ça. Donc... Et pour nous, il faut vraiment distinguer le discours critique
d'une publicité. Et, en tout cas, c'est ce qu'on comprend du projet de loi.
Pour nous, bon, c'est un moindre mal, mais on croit que, pour la période
électorale, on doit prévoir que les tiers puissent pouvoir dépenser pour tenir
compte d'une décision récente de la Cour suprême. Probablement que le projet de
loi a été rédigé avant cette décision-là, mais la Cour suprême nous dit qu'il
ne faut pas qu'un quelconque acteur politique ou un tiers ait un poids
disproportionné, évidemment, dans le débat politique et surtout en période
électorale, mais il ne faut pas non plus priver les électeurs d'un vaste
éventail de points de vue, de perspectives sur des questions sociales et
politiques, ni étouffer les voix des tiers. Alors, on peut bien les contrôler,
mais pas les étouffer. Donc, à la lumière de cette récente décision là, nous,
on croit qu'on devrait modifier le projet de loi pour permettre au tiers des dépenses
électorales qui sont proportionnelles aux plafonds prévus pour les partis
politiques.
Donc, je dirais, de façon générale, les
objectifs de la loi qui visent à protéger l'intégrité de notre système
électoral, ce sont des objectifs auxquels nous adhérons fortement. Je tiens
quand même à préciser, parce que peut-être vous allez poser une question, mais
j'ai le temps, donc je vais le préciser. À la CSN, nos statuts et règlements
nous interdisent de faire de la politique partisane. Donc, c'est... on... et
c'est long... Ça fait depuis longtemps qu'on a ça. Donc, jamais la CSN ne va
prendre parti pour un parti. On s'inscrit dans le dialogue politique, dans les
enjeux politiques. Donc, tout ce qui protège cette intégrité-là, on va... on va
y adhérer. On vous a suggéré des pistes d'amélioration politique, mais on va
vous en... On va terminer en vous en suggérant une dernière.
On trouve que tout ce qui encadre la
période préélectorale et électorale, oui, l'objectif de protéger l'intégrité de
notre système, mais on sent que les dangers sont souvent grandissants,
notamment par rapport à l'ingérence étrangère, par rapport aux moyens aussi qui
existent maintenant, aux réseaux sociaux, à l'intelligence artificielle. Et on
aurait aimé voir, dans le projet de loi, peut-être, cette dimension-là, qu'on
puisse la confronter, là, frontalement pour s'assurer vraiment de l'intégrité.
Puis, bon, les voies d'amélioration qu'on vous a proposées, c'est au-delà de
l'intégrité, de faire que notre système électoral puisse être... vraiment
permette la meilleure expression de la volonté populaire parce que, bien sûr,
c'est ce qui est prévu dans toute démocratie.
• (16 heures) •
Le Président
(M. Bachand) : Merci beaucoup de votre présentation, Mme
la Présidente. Je me tourne maintenant vers le gouvernement pour une période de
17 minutes, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Roberge : Merci
beaucoup. Merci beaucoup pour votre présentation. Merci de vous être déplacés.
C'est toujours intéressant d'avoir des rencontres en vrai. On les apprécie plus
depuis la fin de la pandémie, ces rencontres en vrai. Vous avez mentionné
plusieurs éléments. Vous avez parlé de la représentation, là, puis des
candidatures féminines ou... des fois on appelle ça la zone paritaire, quelque
chose comme ça, suggéré de, recommandation 2, que le gouvernement du
Québec inscrive dans la Loi électorale l'obligation pour les partis politiques
de présenter entre 45 % et 55 % de candidatures féminines. La
question à ça, c'est toujours : Sinon quoi? Comment on fait, une fois
qu'on met ce seuil...
16 h (version non révisée)
M. Roberge : ...notre cible, qu'adviendrait-il
d'un parti qui présenterait 44 % de candidatures féminines ou 57 % de
candidatures féminines?
Mme Senneville (Caroline) : Écoutez,
c'est intéressant parce que la CSN est membre de la Confédération des syndicats
internationaux, et, quand on va au congrès, notre délégation doit être
paritaire. Si elle ne l'est pas, notre inscription est refusée, carrément.
Donc, je le mentionne pour dire que les règles qu'on demande, on se les fait
imposer aussi, mais c'est sûr qu'il pourrait y avoir... Bien, d'abord, le fait
de l'inscrire dans la loi, là, ça a un effet, ça donne une indication et je
pense que ça fait en sorte que les partis vont viser cette zone paritaire là.
Après ça, tu sais, est-ce que c'est 40 %? Est-ce que c'est 45 %?
Est-ce qu'il peut y avoir une marge de manœuvre? On verra. Puis, des
pénalités... je pense qu'il faut qu'il y ait des conséquences pénales quand on
ne respecte pas une loi. Je ne sais pas si mes amis ont des ajouts à faire, là.
M. Roberge : Mais ce n'est
pas une bonne ou mauvaise réponse, je voulais simplement avoir un peu plus d'information
puis votre perspective.
M. Lapointe (Jean-François) : Peut
être, si vous me le permettez...
Le Président (M.
Bachand) :...M. le ministre...
M. Roberge : Ah! bien sûr,
allez-y.
M. Lapointe (Jean-François) : Tu
sais, en fait, c'est peut être reprendre un peu une formule comme vous avez
dans votre projet de loi à l'article 9, là, tu sais, il y a une obligation
d'avoir minimalement deux candidats par parti politique. Bien là, c'est un
seuil minimum de candidatures féminines qui serait exigé. Alors, c'est un peu d'aller
dans ce sens-là pour s'assurer d'avoir un éventail de candidatures féminines
satisfaisantes pour les Québécois.
M. Roberge : Bien, c'est
intéressant que vous souleviez ça, dans le projet de loi, on parle de ça. Parce
que viennent, avec le statut de parti politique, certains avantages fiscaux,
pécuniers, d'organisation, de soutien, etc. Puis, bon, ce qu'on voit, c'est qu'au
fil des années, il y a des des partis qui ont de parti le nom, mais qui ne
présentent aucun candidat ou un... présentent comme un parti, mais n'ont qu'un
seul candidat, alors une sorte d'indépendance, d'une certaine manière, mais ils
bénéficient davantage. Et, dans la loi, dans le projet de loi, on propose de
dire : Bien, en bas de deux sur 125, c'est le seuil minimum du minimum,
bien, il ne serait pas reconnu comme un parti. Donc là, si on voulait avoir
quelque chose sur l'espèce de parité de candidatures masculines féminines, on
pourrait, mais il faut tenir compte du fait qu'il y a des gens qui formalisent
leur candidature pendant la campagne, or ils sont déjà présents. Enfin, je jase
avec vous, là, je ne m'oppose pas à ce que vous dites, je regarde la
possibilité de l'appliquer ou non, mais c'est intéressant.
Je veux revenir sur un autre élément que
vous avez mentionné, qui est la fameuse question des dépenses pré-électorales,
qui est quand même importante dans le projet de loi, parce que, là, c'est
nouveau, on amène ça, ce n'est pas un encadrement à sens ou on interdit, mais c'est
plutôt une transparence en matière de dépenses électorales. Il l'a pour les
partis, il l'a pour les tiers. Vous avez noté qu'il y a une différence dans le
délai pour les partis, pour les tiers. Et vous dites : Bien, dans le fond,
ça devrait être la même chose, donnons la même période, puisqu'on crée la
notion de période pré-électorale. Je vous soumets un argument pour avoir votre
réflexion là-dessus. Les deux n'ont pas les mêmes conditions dans la loi. Parce
que si vous dites : Ah! bien, ce qu'on fait au parti, il faut le faire
pour les tiers, mais pour les partis, c'est plus exigeant quand même dans la
loi. Eux doivent rendre publiques leurs dépenses pré-électorales, oui, en
matière de publicité, mais aussi en matière d'autres organisations, en matière
de sondages, en matière de ciblage d'électeurs, de catégorisation d'électeurs,
tandis que, pour les tiers, on est juste... puis je pense que ça vous rassure
que je le mentionne, d'ailleurs dans votre... j'ai vu dans votre mémoire, on
parle de publicité seulement.
Donc, effectivement, pour les tiers, dans
le projet de loi, le délai ou la période électorale est plus grande, mais je
veux vous dire que le niveau d'exigence est moins élevé. Alors, si vous nous
dites : Ce qui est bon pour pitou est bon pour minou, je vais vous dire :
Très bien, mais on peut aussi augmenter les exigences pour les tiers. On a
choisi de traiter différemment les parties, les tiers pour le délai, mais aussi
pour le niveau d'exigence. Puis est-ce que vous pouvez considérer ça dans votre
analyse pour dire : Bien, peut-être qu'on ne veut peut-être pas que tout
le monde soit traité de la même manière finalement. Et là, je vous écoute.
Mme Senneville (Caroline) : Je
vais vous faire une première réponse, puis, Catherine, prépare-toi, je vais...
Mme Senneville (Caroline) : ...on
comprend la différence, mais... Deux choses. Dans votre mémoire, vous
dites : On ne demande rien aux tiers parce qu'on n'a pas de données. Là,
dans le projet de loi, vous allez en avoir, des données, si ça fonctionne.
Alors, nous, on s'est... ça nous a mis comme la puce à l'oreille, je vous dis
ça. Ça, c'est le premier élément.
Le deuxième élément, ça a l'air simple,
comme ça, mais tout comptabiliser ce qu'on fait en période préélectorale,
c'est-à-dire une année sur quatre, quand tu es le comité logement Centre-Sud
par exemple, ce n'est pas rien. Ça veut dire qu'à chaque fois que tu as une
adjointe administrative qui fait un téléphone quelque part et... ou, tu sais,
que tu fais quelque chose, là, que tu publies, par exemple, un document... puis
on l'a vu, là, mais tu publies un document sur l'accès au logement... et, juste
comptabiliser tout ça, ça peut déjà être un frein à ces organisations-là. Puis
on... vraiment, le 1er janvier, quand les élections ont lieu au mois de...
au mois d'octobre, pour nous, là, c'est quand même... Comme je le disais, là,
c'est une année sur quatre. Alors, ça a l'air simple, mais on pense que le
projet de loi pave la loi à ce que, plus tard, ce ne sera pas si simple que ça.
Puis, bon, il y a des choses que la CSN
est plus capable de faire, mais que d'autres ont... Je pense qu'on est le seul
syndicat à être présent en commission parlementaire, et d'ailleurs ça nous fait
toujours plaisir de venir, puis on le sait qu'il y a d'autres organisations qui
n'ont pas les moyens non plus, même, de venir, en commission parlementaire,
vous le dire, et qui nous ont parlé. Ça fait que, je ne sais pas, Catherine, si
tu veux rajouter des éléments?
Mme Quintal (Catherine) : Bien,
je voudrais juste rajouter le fait que ce que vous avez ciblé, en fait, pour
les partis politiques, c'est des choses qui s'appliquent vraiment aux partis
politiques. Tu sais, on parle de sondages, là, de ciblage des électeurs. C'est
des choses qui ne s'appliquent pas vraiment aux tiers. Puis nous, c'est
vraiment la question de la publicité, là, qui nous... tu sais, qui nous
concerne. Donc, pour moi, c'est quand même deux choses différentes, là, ça ne
s'applique pas exactement.
Puis, tu sais, je comprends qu'il n'y a
pas de plafond pour l'instant, mais tu sais, ça pourrait arriver, plus tard,
qu'il y ait un... qu'il y ait un plafond qui s'ajoute. C'est d'ailleurs, tu
sais, dans votre... Dans votre mémoire, là, dans votre mémoire, vous parlez du
fait que vous n'avez pas assez encore, tu sais, comme, d'informations qui vous
permettent d'arriver à la conclusion qu'il faut mettre un plafond. Mais ça, on
ne sait pas ce qui va arriver dans le futur. Donc, si la période est très
longue, puis qu'éventuellement vous vous... tu sais, vous ajoutez un plafond,
bien là, tu sais, il va être un peu tard. À ce moment-là, on va être habitués à
faire une très longue période, et avec, peut-être, éventuellement, un plafond.
Donc là, nous, on voit aussi venir un peu les choses puis on préférerait que la
période soit la plus courte possible.
M. Lapointe (Jean-François) : Puis
peut-être un dernier élément, si on peut se permettre. La vocation d'un parti
politique et des tiers est quand même différente. Les tiers qui vont
intervenir, dans la période préélectorale, en matière de publicité, ne sont pas
là pour remplacer le gouvernement. Les partis politiques sont là pour tenter de
remplacer le gouvernement. Alors, il y a quand même une petite différence à cet
égard là, à notre avis, qui mérite d'être... d'être gardée en tête quand on
fait cette réflexion-là. Mais pour la publicité, elle vise les mêmes citoyens,
alors c'est pour ça qu'on préfère avoir une même... une même période
préélectorale, mais, compte tenu de la vocation qui est différente entre les
partis politiques et les tiers, on ne pense pas qu'on peut avoir les mêmes...
les mêmes contraintes qu'un parti politique.
• (16 h 10) •
M. Roberge : Bien, merci,
merci. C'est un échange intéressant, effectivement. Bien, en fait, pour les
partis, on a compté la publicité puis d'autres éléments d'organisation propres
aux partis. Pour les tiers, on aurait pu compter la possibilité... et d'autres
éléments propres aux tiers, par exemple, les locations d'autobus, les achats de
pancartes, toutes sortes de trucs. On a choisi de prendre juste la publicité.
C'était ça que je voulais dire tout à l'heure. Effectivement, je comprends que
vous ne faites pas la même chose, mais on a choisi d'aller... de couvrir, dans
les deux cas, publicité, puis, dans un autre cas, organisations, dans un autre
cas, de ne pas le faire. C'était plus le sens de mon propos. Mais j'apprécie
votre commentaire.
Si vous me... vous permettez, M. le
Président, je pense que j'ai des collègues qui voudraient poursuivre l'échange.
Merci beaucoup pour votre présentation.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
M. le député de Saint-Jean, pour 6 min 50 s, merci.
M. Lemieux : 6 min 50 s?
Merci beaucoup, M. le Président. Mme Senneville, madame, messieurs, je suis
curieux... Parce que là, vous êtes allés direct sur le poteau, là, parce que
c'est là que vous vouliez aller, puis c'est correct, par rapport à la
divulgation, puis la durée, puis tout ça, mais sur le principe, le simple
principe des tiers... de la participation des tiers en publicité...
M. Lemieux : ...moi, je pense
plus à la publicité, là, le libellé est plus large que ça, puis c'est un peu ce
qui est votre... pas problème, mais votre préoccupation, puis on est là
justement pour l'entendre. Mais, sur le principe, quand on voit les campagnes
parallèles à la campagne électorale, en tout cas, ça a pris beaucoup d'ampleur,
puis vous l'avez répété, dans le mémoire le ministre le dit, on ne le sait pas.
Alors, je ne vous demanderai pas combien
vous, vous avez dépensé, mais est-ce que, vous, ça vous interpelait aussi, dans
le sens que, bien là, c'est comme un bar ouvert, personne ne divulgue rien,
fait la pub qu'il veut, organise comme il veut? À quelque part, est-ce
qu'encadrer ça... Puis là, bien, je sais que vous avez peur qu'on dise :
On commence par ça puis, après ça, on va mettre un maximum. Je ne suis pas sûr
que c'est là qu'on s'en va, mais l'important c'est de voir si on s'entend sur
le principe.
Mme Senneville (Caroline) : Si
la définition de publicité est bien encadrée, mais ça fait plus d'un an qu'on
est en campagne, je vais dire ça comme ça, pour qu'on ait un système de santé
vraiment public, est-ce qu'il... puis on... ça n'a pas fait l'objet de tant
d'argent que ça, la publicité, on a fait plus de choses que de la publicité,
mais mettons qu'il y en a eu, on va arrêter de le faire une année sur quatre?
M. Lemieux : Bien, pas s'il
n'y a pas de plafond. Là, il n'y en a pas, là.
Mme Senneville (Caroline) : Là,
il n'y en a pas. Il n'y a rien qui l'empêche non plus.
M. Lemieux : O.K.Bien,
on verra, quand on fait l'étude détaillée, jusqu'où ce que vous êtes en train
de dire... C'est pour ça que vous êtes là...
Mme Senneville (Caroline) : Tout
est fait. Tout à fait.
M. Lemieux : ...pour qu'on
puisse entendre les nuances, les subtilités. Vous alliez rajouter?
M. Lapointe (Jean-François) : Oui.
Bien, c'est parce que ce qui est intéressant de garder à l'esprit, c'est :
nous, on est la CSN, on est une grande organisation avec une... avec des
capacités, des moyens, mais des plus petites organisations, on peut penser à
des groupes environnementaux, le 22 avril, c'était hier, Journée de la Terre,
si on est en campagne préélectorale, dès qu'on dépasse 1 000 $, ils
doivent comptabiliser leur publicité, ça devient des fois plus difficile pour
des plus petits groupes d'être capables de faire leur publicité. Alors, c'est
pour ça aussi que la préoccupation, c'est d'avoir cette période-là la plus
courte possible pour que les groupes citoyens aient toujours leur voix dans la
société.
Mme Senneville (Caroline) :
Mais, ceci étant...
M. Lemieux : Oui.
Mme Senneville (Caroline) : ...si
vous voulez voir les états financiers de la CSN, ils sont sur notre site Web.
Alors, on est tout à fait pour la transparence financière, là, il n'y a pas de
difficulté avec ça.
Puis je dirais, de façon générale, la CSN
est dans la position où il ne faut pas que ce soit un bar ouvert, parce que ce
n'est pas tout le monde qui a les mêmes moyens économiques, mais, en même
temps, il faut aussi que les voix puissent s'exprimer, puis il y a toutes
sortes... ça fait partie de la richesse du Québec, il y a toutes sortes de
groupes communautaires qui existent, des groupes de protection du consommateur,
des groupes environnementaux, des groupes de femmes, etc., puis il faut aussi
que ces voix-là puissent s'exprimer, et c'est ce que dit aussi le jugement de
la Cour suprême, y compris en période électorale.
M. Lemieux : Je voulais
revenir... parce que j'ai bien noté votre plaidoyer, en passant, mais, quand
même, vous l'avez fait, et c'est de bonne guerre de le faire quand vous avez
l'opportunité de parler à la commission, pour le mode de scrutin. Ce n'est pas
du tout l'objet de ce projet de loi là, mais je note que vous insistez et que
vous continuez d'insister. Je note ça parce que c'est important, dans le contexte
actuel... C'est un peu fou, là, surréel, le contexte, là. Juste la dernière
campagne fédérale, qui n'est même pas finie, il n'y a pas personne qui se
retrouve là-dedans, puis tout le monde a des problèmes.
Est-ce que... Est-ce que ce n'est pas important,
ce contexte-là, pour regarder ce qu'on est en train de mettre dans la loi pour
justement rendre la démocratie plus robuste? Et puis là vous, vous allez dans
le mode de scrutin, c'est de bonne guerre, nous, on ne s'en va pas là, mais
est-ce que notre démocratie a besoin de ces tours de vis puis, en même temps,
de cette modernisation-là? Il était question avec le DGEQ, ce matin, je ne sais
pas si vous entendiez, par rapport à d'autres modes que le mode papier. Vous
en... Vous êtes où là-dedans? Est-ce que... Est-ce que notre démocratie est en
santé?
Mme Senneville (Caroline) : Il
faut que... Il ne faut pas la prendre pour acquise, jamais. Et ça fait partie
des raisons pour lesquelles on a voulu être invités à la commission
parlementaire et pour laquelle aussi on est venus. Et il faut périodiquement se
poser des questions. La société change, les moyens technologiques changent.
Puis, en tout cas, il y avait quand même un consensus au sein des partis pour
que notre mode de scrutin soit changé et...
Mme Senneville (Caroline) : ...ça
fait partie, je pense, un scrutin... un mode de scrutin qui reflète mieux la
volonté populaire, c'est une façon de lutter contre le cynisme politique, c'est
une façon de redonner ses lettres de noblesse à la démocratie, puis vous avez
raison, qui est mise à mal ailleurs. Alors, pour... et on a passé proche, on
trouve ça dommage, puis on aimerait ça que ça ne soit pas enterré.
M. Lemieux : On est d'accord
au moins sur le cynisme. Je n'y trouve pas la même solution que vous ni la même
vertu. Mais, par rapport au cynisme, on s'est fait dire ce matin : Bien,
on est limités. Le DGEQ, en tous cas, qui est limité par rapport à ce qu'il est
capable de faire pour voir d'où viennent les coups qui sont des mauvais coups,
c'est nécessaire de continuer de gratter ça?
Mme Senneville (Caroline) : Absolument.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
M. Lemieux : Merci beaucoup,
M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de Nelligan
pour 12 min 45 s, s'il vous plaît.
M. Derraji : Oui. Merci, M.
le Président. Bonjour, bonjour, bonjour. Merci d'avoir pris le temps de rédiger
un mémoire, merci d'être là, et surtout merci pour vos recommandations.
Le point soulevé depuis ce matin, c'est en
lien avec la transparence, et vous l'avez.... vous avez très bien fait de le
mentionner. Il ne faut pas prendre pour garantie ce qu'on a comme acquis. On le
voit un peu partout au monde. Regardez, même en Europe, la Roumanie, regardez
ce qui se passe au Sud. Il y a des choses qui handicapent la vie démocratique.
M. Derraji : Et la notion...
Et vous l'avez fait dans votre recommandation n° 4,
vous avez dit : «Modifier la loi électorale pour permettre aux tiers de
faire... non pas vous, vous, là. Ça, ça a été, ça a été, ça a été la
recommandation modifier la loi électorale pour permettre aux tiers de faire des
dépenses électorales proportionnellement au plafond prévu pour les partis
politiques et leurs candidats. Vous avez dit que vous êtes. C'est une
recommandation que vous saluez, de même que les communications à leurs membres
et clientèles ne se... Vous ne voulez pas que les communications aux membres et
la clientèle ne soient pas visées par la période pré-électorale. Pourquoi?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
parce qu'on parle à nos membres tout le temps.
M. Derraji : Non, mais je...
je... non, non, mais...
Mme Senneville (Caroline) :
Alors donc , surtout avec une période électorale... préélectorale qui
commencerait le 1ᵉʳ janvier. Ça veut dire qu'on ne peut pas communiquer
avec nos membres pour dire : «Bien, par exemple, bien, le... On a dépensé
tant d'argent en main-d'œuvre indépendante de plus en 2023 qu'en... en 2024
qu'en 2023. Alors, je veux dire, pour... ça brimerait totalement la discussion
des affaires publiques, hein? C'est ça la politique, là, c'est la chose...
c'est la chose publique, mais pas juste pour nous, pour l'ensemble de la
société. Alors, qu'une démocratie, c'est tout à fait l'inverse. La démocratie,
c'est le débat.
Les gens pensent que la démocratie, c'est
aller voter. C'est juste une petite partie. La démocratie, c'est pouvoir
débattre, c'est la liberté d'expression, c'est la liberté, alors pour nous. Et
puis c'est intéressant. Puis là, tu me donneras un coup de coude. Catherine, si
je me trompe, mais le jugement de la Cour suprême, ce qu'il est venu dire
aussi, c'est : Vous ne pouvez pas éteindre les tiers voix, vous ne pouvez
pas éteindre les autres voix pendant le débat, y compris électoral. C'est sûr
que le jugement de la Cour suprême dit. Et là, Dieu merci, on a compris du
ministre, puis c'est ce qu'on comprenait du projet de toute façon. Mais le
ministre l'a redit tout à l'heure, c'est... en période préélectorale, c'est
seulement la publicité. Si c'était plus large que ça, à mon sens, ce serait
anticonstitutionnel.
• (16 h 20) •
M. Derraji : Oui, mais vous
avez raison. Je voulais juste entendre de vous des clarifications parce qu'on a
eu un débat aussi tout à l'heure avec un autre groupe. On parlait le pouvoir
d'informer et l'autre pouvoir d'influencer. C'est, les gens, ils ont le droit,
là, de... vous communiquez avec vos membres. Mais, quand on parle de publicité,
là, c'est autre chose, là. Quand une organisation s'engage à faire des dépenses
publicitaires, je pense que si on veut être transparents, la moindre des choses
que ces dépenses soient divulguées. Là, on ne parle pas de ne pas le faire, on
parle d'être transparents dans la divulgation. Sur ce point, vous êtes
d'accord?
Mme Senneville (Caroline) : Si
c'est le 1ᵉʳ juillet.
M. Derraji : Ah! Pourquoi?
Oui, c'est excellent. Pourquoi vous insistez uniquement sur le 1ᵉʳ juillet?
Mme Senneville (Caroline) : Parce
que du 1ᵉʳ janvier au 1ᵉʳ juillet, là, ça nous fait six mois. Quand
on rajoute la période électorale qui est de trois mois et demi, c'est comme je
vous dis, là, ça veut dire que pendant presque un an, une année sur quatre, il
n'y a aucune... chaque publicité qu'on pourrait acheter pourrait être scrutée à
la loupe, puis on pourrait décider que ça marche ou ça ne marche pas, ou que
c'est... la dépense suffisante, pas suffisante. Alors, pour nous, c'est ça qui
pose problème, c'est que... c'est comme de présumer que les tiers...
Mme Senneville (Caroline) : ...font
des choses qui seraient permises au gouvernement. Puis là, je le dis, là, le
gouvernement, lui, peut faire toutes les publicités qu'il veut entre le
1er janvier et le 1er juillet. Il n'a pas... tu sais. Puis il peut...
tu sais. Et, nous, il faudrait rendre compte de ça. On se pose des questions.
M. Derraji : Oui. Bien, moi,
je vous dis...
Mme Quintal (Catherine) : Bien,
je voudrais juste... Tu sais, Working Families, qui est la décision, là, de la
Cour suprême, tu sais, elle est venue justement regarder la durée. C'est
quelque chose qu'ils regardent aussi. Donc, il faut que les choses soient
proportionnelles entre les partis politiques et entre les tiers. Donc, quand il
y a une disproportion entre les deux, bien, à ce moment-là, c'est là que la
Cour suprême juge qu'il peut y avoir une problématique.
Je comprends qu'actuellement il n'y a pas
de plafond. Puis on vous dit... on ne vous dit pas qu'on ne serait pas d'accord
pour éventuellement qu'il y ait des plafonds, là, tant que c'est... c'est
proportionnel entre... entre chacun des groupes. Mais, éventuellement, s'il y
en a, tu sais, ça pourrait créer vraiment... ça va créer une disproportion, là,
entre les partis politiques et entre les tiers. Et c'est ça qu'on... dans le
fond, qu'on dénonce, hein? Il ne doit pas y avoir de disproportion entre les
deux.
Donc là, présentement, la période
électorale, là, c'est complètement interdit, là, pour nous de faire... Puis là,
la définition est beaucoup plus large en période électorale que pendant la période
préélectorale. Durant la période électorale, là, c'est presque n'importe quoi,
là. Tout ce qui est indirect, qui touche... puis là, on parle de favoriser,
défavoriser, c'est très, très large, la définition, là, qui est pour une
dépense électorale. Puis là, ça crée, à notre sens, vraiment un problème qui
maintenant est clair avec la décision de Working Families. Par le passé, la
Cour suprême en avait déjà parlé un peu dans Harper, mais n'avait pas été aussi
loin, là. Alors que là, dans Working Families, c'est vraiment clair. Donc,
c'est pour ça qu'on vous demande d'intervenir tout de suite avant qu'il y ait
des recours constitutionnels. Vous êtes, là, dans la loi, donc profitez-en, là,
tout de suite, là, pour le corriger avant qu'on se retrouve avec des problèmes,
dans le fond, qu'on se retrouve en cour, là.
Mme Senneville (Caroline) : Et,
là-dessus, on va être d'accord avec le Directeur général des élections qui, ce
matin même, a dit... a fait la même suggestion, là, que ce soit la même période
de temps préélectorale pour les tiers et pour les partis politiques, là.
M. Derraji : Donc, ce que
vous demandez clairement, c'est que... bien, je l'ai lu, très bien, et c'était
très... très bien dit par rapport au cas... l'interprétation que vous faites du
cas du procureur général de l'Ontario. C'est qu'on ne parle pas de publicité ou
l'arrêt des publicités avant le 1er juillet. C'est qu'en tant
qu'organisation, si vous voulez mener des actions, y compris publicitaires,
vous voulez continuer à le faire. Donc, 2026, vous voulez mener une campagne.
Je sais que c'est le gouvernement qui est en face qui est là encore en 2026.
Mais, peu importe le gouvernement, dans une année électorale à date fixe, vous
voulez continuer à faire ce que vous faisiez toujours avant le début de la
campagne préélectorale. Est-ce que j'ai bien résumé?
Mme Senneville (Caroline) : Oui.
M. Derraji : C'est bon?
Mme Senneville (Caroline) : Oui.
M. Derraji : O.K. Merci. Vous
parlez aussi d'un point que vous avez soulevé, que vous recommandez
l'inscription dans la Loi électorale de l'obligation de parité encadrée entre
45 % et 55 % de candidatures féminines. Moi, j'ai le goût de vous
poser une question parce que c'est un débat qui revient souvent. Je ne dois pas
vous cacher une chose, que c'est un débat qu'on a toujours à l'intérieur de
notre formation politique. Mais la question c'est qu'à votre avis, quelles
autres mesures seraient nécessaires pour assurer que cette obligation ait un
impact réel sur la représentation des femmes à l'Assemblée nationale?
Mme Senneville (Caroline) : Il
faut commencer quelque part.
M. Derraji : Vous comprenez
le sens de ma question. Parce qu'admettons le cas...
Mme Senneville (Caroline) : Oui,
oui. Puis, pour avoir parlé à des femmes candidates, ce qu'elles demandent,
c'est non seulement d'être candidates, mais qu'on leur donne des bons comtés.
Hein? On va... En langage clair, c'est ça. Mais nous, ce qu'on propose, c'est
la première étape, c'est de dire : Disons aux partis politiques, là :
Vous voulez être reconnus comme partis, non seulement ça vous prend deux
candidats, mais soyez sérieux aussi, parce que la moitié de l'humanité, elle
est féminine, et il faudrait que dans vos candidatures, ça paraisse. Et c'est
en termes de démocratie, de lancer ce signal-là et de faire en sorte qu'il y
ait une obligation et éventuellement des pénalités. Puis je dis ça comme ça,
là, mais moi, j'ai une déformation professionnelle. À chaque fois que je vais
quelque part, je compte le nombre de femmes autour de la table.
M. Derraji : ...mais c'est...
c'est un excellent réflexe. Ma...
M. Derraji : ...question...
Mme Senneville (Caroline) : ...vous
salue.
M. Derraji : Et, bravo! Vous
représentez fièrement votre organisation, et, sérieux, c'est un bon débat à
avoir aujourd'hui. Et je saisis l'occasion que vous êtes là, vous êtes à la
tête d'une organisation, ce que vous avez vécu, probablement, pour arriver là
où vous êtes... J'en suis sûr et certain, si je vous pose la question de nous
partager vos défis de votre réalité, ce serait quelque chose qu'on doit
nous-mêmes s'inspirer en tant qu'élus. D'ailleurs, vous êtes paritaire en face
de moi, aujourd'hui, donc vous êtes dans la zone du 50 %, et non pas du
55 %, ce qui est bien. Je ne dis pas que... ce qui est mauvais, mais ce
débat arrive et revient à chaque fois.
Le problème, et c'est là où j'aimerais
vous entendre, parce que vous l'avez très bien dit... là, il y a la zone
paritaire et, après, ça vient, la sous-question, les comtés prenables. Il y a
des gens qui vont vous dire : Il n'y a plus de comtés prenables, à part
quelques châteaux-forts, mais comment on peut garantir aujourd'hui que viser la
zone paritaire encadrée, entre 45 et 55 %, va avoir une obligation, un
impact réel sur la représentation des femmes à l'Assemblée nationale?
Mme Senneville (Caroline) : Ah
bien, il faut... Écoutez, s'il n'y a pas la moitié de candidatures, c'est sûr
que ça devient difficile de se faire élire, hein, quand on n'est pas
candidat... La meilleure façon de ne pas être élu, c'est de ne pas être
candidat. Donc, à la source même, ça crée une obligation. On pense aussi que...
qu'une fois que le message va être envoyé, ça va être de plus en plus difficile
pour les parties de ne pas souscrire à ça et de faire en sorte que, finalement,
la moitié des comtés que tu donnes, tu les donnes à des femmes, les comtés
perdants, tu les donnes à des femmes. Ça va devenir de moins en moins possible.
Nous, on a fait le choix, là, de ne pas dire : On veut des quotas de ci et
de ça. On pense que c'est déjà un bon pas dans la bonne direction pour qu'il y
ait des candidatures féminines.
Puis, vous savez, un parti politique qui
n'est pas capable d'aller chercher autour de 40 % de femmes, là, il envoie
le message, là, qu'il n'y a pas assez de femmes intéressantes pour être
candidates dans leur parti. Je pense que les partis politiques ont tout intérêt
à ne pas envoyer ce message-là.
M. Derraji : Vous avez
raison. Et je me rappelle d'un vieux sage qui obligeait les sociétés d'État
d'avoir des femmes, Jean Charest, et on lui a dit : Ça va être impossible.
Et, quand ça a été une obligation... regardez nos sociétés d'État et la
présence des femmes. Je suis 100 % d'accord avec vous. Merci pour cette
clarification.
Troisième point, il ne me reste pas
beaucoup de temps, la désinformation. Est-ce que vous souffrez en tant
qu'organisation, vous-même, de la désinformation?
Mme Senneville (Caroline) : J'imagine
que oui. J'imagine que oui, mais les enjeux sont beaucoup plus importants en
termes de démocratie...
M. Derraji : ...vous ramener
avec ma sous-question. Pensez-vous que, dans le cadre de ce projet de loi, le
législateur doit prendre le temps nécessaire d'avoir les outils nécessaires
pour contrer la désinformation?
Mme Senneville (Caroline) : Le
plus possible, oui.
M. Derraji : Avez-vous en
tête des exemples? Parce que, de plus en plus, on le voit. Moi, aujourd'hui,
j'ouvre mon fil Twitter, j'ai des vidéos que je sais que ce n'est pas vrai,
mais ils sont... c'est de la publicité achetée par rapport à l'élection
fédérale, j'ai la capacité de voir que c'est une publicité trompeuse, mais
concrètement, comment vous voyez ça? Est-ce qu'on doit agir beaucoup plus, je
dirais, avec fermeté?
Mme Senneville (Caroline) : Oui,
puis je dirais en collégialité aussi, voir ce que les autres provinces font, ce
que le gouvernement fédéral font, travailler avec les villes, faire en sorte
que l'ensemble des processus électoraux dans notre cher pays soient protégés le
plus possible et s'assurer... travailler avec le ministère de la Transformation
numérique, faire en sorte que... tu sais, il y a plein de choses que je pense
qu'on peut faire...
• (16 h 30) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Laurier-Dorion, pour 4min 15s, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président, Mme Senneville, messieurs, dame, merci beaucoup d'être ici, avec
nous. Tout d'abord, j'aimerais vous remercier d'apporter des points qui ne
figurent pas au projet de loi, la question de la parité, la question du mode de
scrutin. Effectivement, bon, on n'est pas tous... on n'est pas... on a
différentes façons de fonctionner, dans les partis politiques. Nous, c'est une
obligation qu'on se donne. Effectivement, la difficulté... on affronte... la
difficulté qui vient après, c'est de ne pas cantonner les femmes dans des
comtés moins favorables, on va le dire, on va se dire, là, mais la question de
la réforme du mode de scrutin viendrait certainement aider à une plus grande...
à une parité, à atteindre la parité, là, pour l'ensemble des partis politiques,
là. Donc, c'est important de garder ces thématiques, certainement, en
discussion, là, dans le débat public, là.
Et j'aimerais bien comprendre votre
mémoire. Je crois comprendre que votre principal...
16 h 30 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...comment
dire, le point de désaccord avec le projet de loi tel qu'il est présenté, c'est
la question du... des dépenses préélectorales à partir du 1ᵉʳ janvier. Parce
que je lisais... je lisais votre mémoire, et c'est ce qui me semble le plus
important. Et comme deuxième point, c'est la question, et peut être que ça vous
concerne moins, si j'ai bien compris, la question de la reddition de comptes
des différents groupes peut-être d'organisations syndicales plus petites ou d'organisations
environnementales. Est-ce que je me trompe?
Mme Senneville (Caroline) :
Il y a ça et le fait que les tiers puissent intervenir pendant la période
électorale parce que, comme ma collègue le disait, pendant la période
électorale, on a... Là, c'est plus que la publicité, là, vraiment, on a les
deux mains attachées. Et bon, bien, à notre avis, le projet de loi risque d'être
contesté, notamment sur la base du dernier jugement de la Cour suprême, «family
size»?
Une voix : Non. «Working
families».
Mme Senneville (Caroline) :
«Working families». Merci. Alors, à la lumière de ça, effectivement, bien, prenons-en
acte et faisons en sorte que le projet de loi puisse permettre à des tiers d'intervenir,
et à l'encadrer, bien sûr.
M. Fontecilla : Donc,
pour vous, ce n'est qu'une question de temps, là, avant que les dépenses
électorales des tiers soient admises dans le processus électoral québécois...
Mme Senneville (Caroline) :
C'est probable.
M. Fontecilla : ...et
qu'on devrait déjà, peut-être, inclure cet élément-là dans la Loi électorale
québécoise.
Mme Senneville (Caroline) :
Tout à fait.
M. Fontecilla : Très
bien. Quelles sont les... Il y a des organisations qui sont venues nous dire
que l'obligation de la reddition de comptes et aussi du préavis des dépenses
préélectorales, ça devient lourd pour un certain nombre d'organisations et,
éventuellement, ça pourrait les empêcher de s'exprimer. Est-ce que vous êtes d'accord
ou vous pensez que ces dépenses-là, la façon dont dans traité dans le projet de
loi, c'est justifié, c'est pertinent, là?
Mme Quintal (Catherine) :
Bien, en fait, le préavis en tant que tel, nous trouvons, tu sais, nous sommes
d'avis, là, dans le fond, que c'est quand même assez. On permet trois mois à l'avance.
On ne demande pas de... On ne demande pas d'éléments spécifiques, là. Il ne
faut pas indiquer ça va être quoi notre publicité, puis sur quoi. Donc, c'est
quand même assez facile. C'est juste que... Ce n'est juste que pour certaines
organisations. O.K. Une organisation comme la CSN, on est quand même mieux
organisé, mais pour certaines organisations, ça peut être un petit peu plus
difficile. C'est surtout sur la durée, tu sais. S'ils doivent commencer à
calculer, là, ça peut devenir un peu plus difficile pour eux. Mais le préavis
en tant que tel, lui, on n'a pas de... on n'a pas de difficulté avec comment il
est... comment il est libellé, là, dans la loi, là, dans le projet de loi
plutôt.
M. Lapointe (Jean-François) :
On peut rajouter que la CSN et ses affiliés, c'est presque 700 salariés
qui travaillent à temps complet dans cette organisation-là. Évidemment, ça va
faire en sorte qu'on va consacrer du budget à comptabiliser des sommes pour la
reddition de comptes, mais sur un grand lot de salariés, en est... on va être
capables de remplir cette obligation-là. Mais les petites organisations où est-ce
qu'il y a peut-être cinq à 10 personnes qui travaillent, 1 000 $,
ça arrive vite. Bien, évidemment, ça va être un frein à pouvoir agir pendant la
période préélectorale. C'est ça, la préoccupation.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée de Terrebonne, pour 2 min 43 s.
Mme Gentilcore : Merci
beaucoup. Pardonnez pour mon retard. J'étais prise au salon rouge. Merci d'être
là aujourd'hui. Mon collègue me glisse à l'oreille que vous avez parlé, donc,
des dépenses préélectorales et vous disiez qu'il y a comme un double standard
parce que le gouvernement, lui, allait pouvoir faire toutes les dépenses qu'il
voulait dans cette année-là et que, vous, vous alliez devoir rendre des
comptes. Et donc, est-ce que vous trouvez qu'il y a une espèce de déséquilibre?
Est-ce que je pourrais vous entendre un peu plus là-dessus, sur cette situation-là?
Mme Senneville (Caroline) :
Bien, c'est un manque d'équité, on dirait. Puis on va être d'accord, comme je
le disais avec le Directeur général des élections, pour dire qu'on pourrait
ramener la date en même temps pour les partis politiques et pour les tiers. C'est
le 1ᵉʳ juillet.
Mme Gentilcore : Oui, je
comprends.
Mme Senneville (Caroline) :
Parce que le 1er janvier...
Mme Gentilcore : Mais en
fait est-ce que vous... Parce qu'on a eu une discussion un peu ce matin, mais
est-ce que vous pensez qu'on devrait mieux encadrer, en fait, les dépenses du
gouvernement pendant cette période-là aussi? Est-ce que vous pensez qu'il y a
des mesures qui devraient être appliquées, là, aussi également aux dépenses du
gouvernement? Même si ce n'est pas des dépenses publicitaires à proprement
dites pour la campagne électorale, est-ce qu'il y a un encadrement plus large
qui serait fait par rapport aux dépenses publicitaires plus larges du
gouvernement?
Mme Senneville (Caroline) :
Pas nécessairement. Bon, à la date du 1ᵉʳ juillet, là, pour dire on est en
campagne électorale et c'est maintenant que ça commence puis c'est là qu'il
faut compter, là, nous, on vit avec ça très bien, et pour le gouvernement. Et c'est
ce qu'on demande qui soit appliqué au tiers aussi...
Mme Gentilcore : ...je
comprends très bien. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Merci beaucoup. Mme
Senneville et ceux que vous accompagnent, merci beaucoup d'avoir été avec nous
cet après-midi. C'est un grand privilège. Sur ce, je vais suspendre les...
Pardon?
Mme Senneville (Caroline) : Est-ce
qu'il me reste 30 secondes?
Le Président (M.
Bachand) :Oui. Allez-y.
Mme Senneville (Caroline) : Je
veux juste... parce que c'est un sujet qui me tient à cœur. Sur la parité,
peut-être que ça ne règle pas tout, mais ce n'est pas parce que ça ne règle pas
tout que ça nous empêche de faire un pas dans la bonne direction.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme Senneville.
Alors, sur ce, je suspends les travaux
quelques instants pour accueillir le prochain invité. Merci beaucoup!
(Suspension de la séance à 16 h 37)
(Reprise à 16 h 40)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. Ça nous fait plaisir d'accueillir le Dr Bridgman de l'Observatoire
de l'écosystème médiatique. Merci beaucoup d'être avec nous encore une fois.
Alors, vous connaissez les règles, 10 minutes de présentation, après ça,
on aura un échange avec les membres de la commission. Donc, la parole est à
vous.
(Visioconférence)
M. Bridgman (Aengus) : Merci
beaucoup. Merci, tout le monde, pour l'invitation. Je suis très heureux de
participer en ça pour améliorer l'état de démocratie ici au Québec. Donc, oui,
je suis... je suis prof à l'Université McGill. Je suis prof en politiques
publiques et je dirige l'Observatoire de l'écosystème médiatique.
En fait, je vais juste faire un petit
résumé de ce qu'on fait et pourquoi je suis ici aujourd'hui un peu et après je
vais parler un peu de l'élection fédérale actuelle, qu'est-ce qui se passe et
pourquoi j'ai certaines petites inquiétudes autour de la loi proposée. Et je
vais... je vais partager mes suggestions, et après, on va avoir, j'espère, une
bonne discussion, tout que... tout qui passe en ligne.
Donc, l'Observatoire de l'écosystème
médiatique, en fait, on fait une veillée constante sur l'écosystème
d'information ici, au Canada. On regarde qu'est-ce qui se passe sur les réseaux
sociaux, surtout côté désinformation et ingérence étrangère. On fait des grands
projets sur les élections, donc on fait les élections fédérales, mais on a...
on a aussi fait les... plusieurs élections provinciales, incluant la dernière
élection ici, au Québec. On a publié un rapport sur le rôle de...
M. Bridgman (Aengus) : ...de
mésinformation pendant les dernières élections. Ce qu'on fait, c'est qu'on fait
une collecte énorme des données sur les réseaux et on fait des analyses de...
les narratives, les thèmes, les acteurs principales et on essaie de partager
avec le grand public qu'est-ce qui se passe en ligne et c'est quoi, les enjeux
majeurs pour avoir une population mieux informée de... sur la démocratie et sur
notre état comme pays.
Bon, donc nous, on est en train, en ce
moment, de faire une veille pendant l'élection fédérale, il y a quelque chose
qui se passe qui semble quand même intéressant pour vous, pour ce projet de
loi, qu'il faut y penser. La chose la plus majeure qui est vraiment un
changement depuis le début des autres actes électoral ici, au Canada, qui a été
changé pour inclure les amendes et tout ça pour la mésinformation est la
présence maintenant de l'IA et les changements autour de tout ça. Ce qu'on a vu
maintenant pendant l'élection fédérale, c'est qu'il y a un peu en masse les
contenus en ligne utilisent l'IA pour faire des... pour faire... pour créer les
contenus autour des politiciens. Et certains... il y a une exception en ce
moment dans la loi pour la satire, mais il y a quand même plusieurs
utilisations de ça. Et on voit ça surtout sur les promotions sur Facebook, X, Instagram
et les autres plateformes. Donc, ça, c'est comme une chose très inquiétante et
c'est quelque chose de nouveau et difficile de donner la législation, la
capacité de prédire l'avenir, d'agir vite et dans une façon assez flexible.
Mais je pense... je suggère fortement de
considérer c'est quoi... Est-ce que l'IA change ou est-ce qu'il y a des
considérations en sachant que l'IA est capable maintenant de créer en masse les
contenus et aussi créer des contenus qui ne sont pas nécessairement intentionnellement...
faire comme une problématique du côté de cette loi, mais quelqu'un qui utilise
un système d'IA pour créer des contenus et le système lui-même crée des
contenus qui utilisent des images des politiciens, qui propagent les fausses
informations autour de l'élection, mais ce n'était pas avec intention,
c'était... au lieu de ça, c'était un moment où l'auteur de ce programme ou de
ce système ne regarde pas les contenus qui sortent. Donc, ce n'est pas avec
intention, mais c'est un peu une inaction ou c'est comme une façon de regarder
ailleurs ou de fermer les yeux à qu'est-ce qui se passe. Donc, ça, c'est comme
une chose qu'on voit beaucoup en ce moment.
La deuxième chose que je veux souligner,
c'est, pendant l'élection, surtout maintenant, il y a tout le temps de la
désinformation autour du vote autour de la... processus du vote autour des
candidats. En fait, c'est devenu normal que ça existe en ligne.
Donc, si cette loi existe comme comme
écrite en ce moment, ça va être vraiment une question difficile de dire :
O.K., cet individu a créé des contenus, qu'il faut le poursuivre pour une
amende, mais les centaines d'autres, on va les laisser continuer ce qu'ils
font. Donc, la capacité de faire l'implémentation d'une loi et la capacité
d'Élections Québec ou un autre organisme de comme vraiment faire une bonne
veille et d'identifier tout le monde qui partage les contenus comme... qui sont
problématiques, ça va être difficile parce que ça, c'est le nouveau normal
pendant une élection.
La troisième chose que moi, je trouve
comme intéressante dans tout ça, c'est, de plus en plus, on est dans un
écosystème d'information globale où il n'y a pas vraiment des frontières pour
tous les Américains, mais aussi les autres pays. Ils partagent souvent des
informations, des mésinformations autour du Canada, autour du Québec. On voit
ça souvent. Mais ils sont un peu à l'extérieur des lois électorales actuelles.
Donc, tout ce côté promotion, tout côté comme les «spending limits», les
limitations sur ce que les les tiers partis peuvent... c'est bon, mais c'est
problématique dans un monde où les...
M. Bridgman (Aengus) : ...les
influenceurs étrangers ont un microphone beaucoup plus large que les médias
ici, beaucoup plus large que le monde qui habite ici. Donc, ça, c'est quand
même un autre point que je voulais comme partager de cette élection actuelle.
La dernière chose que je voulais dire, que
c'est vraiment... J'encourage au maximum de penser comment on va faire
l'implémentation de cette loi. C'est très bien, la capacité d'élection au
Québec. Pendant l'élection de 2022, il y avait une très bonne équipe, mais
quand même une petite équipe pour faire de la veille comme ça. Et c'est quand
même... C'est quand même un vrai défi de trouver les ressources et la capacité,
la transparence des plateformes, tout ça pour faire un bon travail côté
mésinformation. Donc, il faut prendre ça en considération et juste être
conscient de ça.
Avec ça, je conclus ma présentation, mais
je vais rester ici, je pense, 35 minutes pour répondre à des questions si
vous avez... si vous les avez.
Le Président (M.
Bachand) :Dr Bridgman, merci beaucoup.
Avec votre consentement, les membres de la commission, on interchangerait
l'ordre des... des périodes d'échange. Alors, Monsieur le député de Nelligan,
de l'opposition officielle, s'il vous plaît.
M. Derraji : Merci, Monsieur
le président. Merci, Monsieur le ministre. Je vais prendre cinq minutes. Merci
pour votre présentation et votre rapport. J'ai... Vous avez mentionné trois
conclusions dans le rapport. La mésinformation est demeurée concentrée au sein
des communautés spécifiques. La mésinformation a eu relativement peu d'impact
sur les élections. L'environnement d'information au Québec devient plus
fragmenté. Ça, c'est ce que, donc, vous publiez et vous avez publié en mars
2023 sur les élections provinciales de 2022, bon. Il y a quelqu'un qui va vous
dire : Écoutez, quatre ans plus tard, 2026, pensez-vous que la mésinformation
est restée uniquement confinée à certaines communautés? Et, quand vous dites
«communautés», est-ce que vous pouvez expliquer d'une manière beaucoup plus
explicite pourquoi c'est confiné, cette mésinformation?
M. Bridgman (Aengus) : Oui,
certainement. Je suis content que vous ayez lu le rapport en détail. Bon, donc,
pendant la dernière élection, oui, c'était comme... Quand on dit «isolé dans
des communautés», c'est qu'il y a du monde en ligne qui sont très passionnés
par les politiques, qui passent beaucoup de temps, en fait énormément de temps
en ligne et ils se parlent beaucoup en ligne, comme, vraiment beaucoup, mais
l'information, dans cette communauté, elle ne sort pas. Ça ne sort pas dans les
autres... sur les autres plateformes, sur les autres communautés et... donc ça
reste comme un peu isolé. Et, en fait, c'est ça qu'on veut un peu sur... côté
mésinformation. Ça existe, on peut trouver les mésinformations en ligne, mais,
si ça existe seulement dans une communauté, donc il y a une centaine ou des
milliers de personnes qui se parlent et c'est... c'est isolé, ça n'affecte pas
l'élection, ça n'affecte pas M. et Mme tout le monde. Donc, ce n'est pas un...
c'est ça un peu qu'on...
M. Derraji : Donc, c'est
marginal.
M. Bridgman (Aengus) : Oui,
c'est marginal, exactement.
M. Derraji : C'est marginal.
O.K. Bon, une autre question. Vous proposez une obligation d'agir de manière
responsable pour les plateformes sociales. Dans ce cas, quel rôle le
gouvernement devrait avoir ou... Est-ce que vous avez une idée? Ça m'a
interpellé, «agir de manière responsable». Écoutez, on a de la misère à
empêcher les cellulaires dans les écoles, ça a pris toute une commission pour
arriver à la conclusion, d'ailleurs que je salue, très beau travail de nos
collègues, mais agir de manière responsable comment?
• (16 h 50) •
M. Bridgman (Aengus) : Il y a
énormément que les plateformes peuvent faire pour améliorer qu'est-ce qui se
passe, comme, sur les plateformes, les grandes compagnies, il y a énormément.
Mais ils ont réussi un peu à convaincre le monde entier que l'action des
gouvernements, des populations, des parents sont... ils sont inutiles ou c'est
une violation de la liberté d'expression ou des choses comme ça, mais c'est
certain, il y a des choses qu'ils peuvent faire. Par exemple, on voit
maintenant, pendant l'élection, il y a en masse, il y a des contenus qui
circulent sur les plateformes, il y a... ils prennent les visages des chefs des
partis politiques. Facebook, X reçoivent de l'argent pour faire ces promotions
et ils ne travaillent pas assez fort pour enlever ces contenus parce qu'ils en
profitent. Donc, c'est certain, ils peuvent agir responsablement. Même les
plateformes sont en accord avec ça. Ils vont dire publiquement : On fait
tellement des choses, et voilà, on fait les six choses pour agir
responsablement. Ils pensent qu'il faut, mais les résultats ne sont pas là. On
voit, à ce moment...
M. Bridgman (Aengus) : ...les
plateformes, il y a énormément de problèmes côté mésinformation, énormément de
problèmes de privilégier les contenus émotifs, évocatifs. Donc, oui, il y a...
on a une capacité, comme société, de dire: Écoute, dans nos frontières, oui, on
peut avoir des plateformes, c'est le fun, il y a beaucoup des contenus qui sont
supers, que c'est bon pour les petites entreprises, oui, tout ça peut être
vrai, mais en même temps, on peut agir un peu plus responsablement.
Moi, je pense, pour vrai, ça commence avec
la transparence. Ça, c'est la base. S'il y a de la transparence, s'il y a accès
aux données pour les chercheurs, pour les... pour la politique publique, on est
capable de mieux gouverner et comprendre ce qui se passe. Mais, en ce moment,
on est dans un moment où il y a le moins de transparence depuis que j'ai
commencé ce travail.
M. Derraji : Malheureusement,
je n'ai pas beaucoup de temps, mais ça m'interpelle, quand vous dites qu'il n'y
a pas assez de transparence. Pas assez de transparence par rapport à quoi,
exactement?
M. Bridgman (Aengus) : Donc,
je vous parle des données, je vous parle des promotions qui sont...
M. Derraji : Quelles données?
Quelles données?
M. Bridgman (Aengus) : Bien...
Oui, ok, donc, mettons, je peux procéder, par exemple, mais s'il y a des
décomptes... des... sur les plateformes, il y en a combien? On a vu, en Europe,
il y a maintenant beaucoup plus de transparence parce qu'il y a l'acte à
l'Europe qui fait un mandat, il faut donner de la transparence, mais on n'a pas
ça ici, au Canada. Donc, on n'a vraiment pas de transparence. Je parle des
données comme... ce que le monde disent, peut-être pas tout le monde, mais
surtout les politiciens, les influenceurs, les voix importantes sur une
plateforme, mais aussi c'est quoi, les promotions, c'est quoi, les acteurs
d'ailleurs qui parlent des... canadiens, c'est quoi, la coordination qui se
passe sur ces plateformes. Il y a une énorme capacité pour plus de
transparence. Et on a vu ça dernièrement. Il y avait une plateforme... sur
Meta, mais ils ont enlevé ça.
M. Derraji : Ok Vous parlez
de la publicité électorale, si j'ai bien compris.
M. Bridgman (Aengus) : Oui,
oui.
M. Derraji : Ok Je vais
revenir à un point et je termine ma question, parce que ça m'a interpellé quand
vous avez dit: La mésinformation est demeurée concentrée au sein des
communautés spécifiques. J'ai le goût de vous dire c'est comme... Est-ce que vous
avez constaté qu'il y a de la méfiance envers le système? Je ne veux pas que
vous nommez les communautés... il y en a beaucoup que vous avez étudiées, mais
le législateur ou bien le DGEQ, comment il doit combattre cette méfiance?
Est-ce que c'est des stratégies pour atteindre ces groupes? Est-ce que ces
groupes... ne parlent pas, quoi, le français ou l'anglais? Ils ne comprennent
pas ce qui se passe par rapport à nos élections? Ça m'a un peu interpellé de
dire qu'il y a de la mésinformation, mais elle est confinée dans certaines
communautés. Mais on ne veut pas qu'il y ait dix communautés, il y a une seule
communauté, c'est la communauté québécoise, et l'élection, c'est une élection
démocratique. Comment vous voyez le tout?
M. Bridgman (Aengus) : C'est
une très bonne question, et certaines... communautés ici, géographiquement,
mais en ligne, ça n'existe pas, une communauté.
M. Derraji : Est-ce que vous
m'entendez?
M. Derraji : Oui, oui, oui,
je vous entends très bien.
M. Bridgman (Aengus) : Oui,
ok, ok il n'y a pas juste une communauté en ligne. En fait, c'est un système
très fracturé, en ligne, et ça devient en... plus en plus en voie de
segmentation sur les plateformes, en voie de segmentation entre plateformes.
Donc, quand on parle d'une communauté géographique, oui, il y en a, mais, en
ligne, il n'y a vraiment pas... il n'y a pas un débat central, il n'y a pas
un... les plateformes essaient d'être un espace public pour avoir une
conversation, mais de moins en moins, c'est une bonne description de ce qui
passe en ligne, parce que ce n'est pas ça.
M. Derraji : Très apprécié.
Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député de
Nelligan. Monsieur le ministre, pour une période de 17 minutes, svp.
M. Roberge : Merci beaucoup
pour votre présentation. Vous amenez un angle que les autres acteurs en
commission, les autres experts n'apportent pas. Je dois dire que c'est un peu
déprimant de vous entendre. Je ne tirerai pas sur le messager, ce n'est pas
vous qui êtes déprimant, du tout, du tout, vous êtes très éloquent, mais c'est
comme le syndrome de Frankenstein, on a créé une bête qu'on est incapable de
contrôler en ce moment.
Vous avez parlé de négligence,
c'est-à-dire des personnes, des programmeurs, des organisations qui créeraient
de l'intelligence artificielle puis, après, l'intelligence artificielle ferait
d'elle-même des publications et propagerait des fausses informations. Est-ce
que j'ai bien compris?
M. Bridgman (Aengus) : Oui,
oui, exactement. Il y a plusieurs façons, ça peut arriver, mais c'est...
normalement, c'est pour un objectif pas politique, nécessairement. Donc,
mettons, tu es une agence de marketing, tu veux faire une promotion, donc tu
fais une collecte des nouvelles qui se...
M. Bridgman (Aengus) : ...à ce
moment et transforme ça dans un produit de marketing. Et c'est une IA qui va
faire ça et qui va prendre les nouvelles de cette journée, qui vont essayer
d'un peu être sur la vague de conversation, de l'attention sur cet enjeu, mais
qui va aussi ajouter des autres contenus, du marketing, d'essayer de promotion
de quelque chose. Donc, il y a un système qui est comme bien intentionné dans
le sens que je veux vendre un produit, mais qui, en faisant son propre travail,
inclut les contenus politiques, inclut les personnages politiques. Donc, c'est
un peu ça qui est comme... c'est... c'est très possible que ça va arriver. On
voit beaucoup maintenant une émergence, sur surtout les plateformes Facebook et
Instagram parce qu'il n'y a pas les vraies nouvelles sur ces plateformes, des
chaînes qui partagent comme un peu les nouvelles, un peu les contenus culturels
et qui utilisent les IA pour générer les contenus. Donc, c'est comme on dirait
en anglais «incidental». C'est comme : Oui, je parle de politique, mais
juste pour vendre un produit, pas pour parler de la politique. Donc, ce n'était
pas mon intention d'impersionner Mark Carney ou Pierre Poilievre ou Legault,
mais ah, finalement, c'est arrivé pour vendre un produit. Et moi... cet acte,
comme proposé, je n'ai pas l'intention, mais ça arrive quand même. Il y a quand
même des... en masse à ce moment pendant l'élection fédérale qui font ça. Donc,
on voit ici une petite tension. C'est... Ce n'est pas une intention, mais il y
a un problème ici.
M. Roberge : Mais on s'entend
que l'entreprise qui est derrière ça est pleinement responsable. On ne peut pas
créer quelque chose, lui donner vie, entre guillemets, puis après ça
dire : Ah bien, si cette personne-là, numérique, crée des dommages, je
m'en déresponsabilise. Il faut... C'est important qu'il y ait une imputabilité.
Est-ce qu'on est d'accord?
M. Bridgman (Aengus) : ...mais
pas juste eux. Pour vrai, pas juste eux, parce qu'étant... peut-être ils ne
sont pas incorporés ici, au Canada. Donc, c'est une question : Est-ce
qu'ils font de la promotion sur les plateformes? Quelles plateformes? Est-ce
que les plateformes profitent? Est-ce qu'il y a assez en masse pour qu'en fait
on commence à dire : Écoute, c'est peut-être les plateformes qui donnent
une voix à ça, qui profitent de ça. Je sais que je parle beaucoup de cet
exemple, mais c'est parce que moi, je trouve ça comme... Si vous avez écouté
Black Mirror, c'est un peu ça. C'est comme les nouvelles, les vraies nouvelles
ne sont pas... donc, ces plateformes, mais en même temps, on a ça. Et c'est...
c'est inacceptable côté démocratie.
M. Roberge : Et, par rapport
aux hypertrucages, qu'on appelle les «deepfakes», qu'est-ce que vous observez
dans le cadre de l'élection fédérale actuelle? Est-ce que ça prend beaucoup de
place d'après vous? Est-ce que vous trouvez que ça a un impact sur le vote des
Canadiens?
M. Bridgman (Aengus) : Jusqu'à
ce moment, non, je ne pense pas, s'il y a un vrai impact. Et, quand on parle de
ça, il y a comme plusieurs façons de les utiliser. La façon vraiment
problématique, qui est de... c'est d'utiliser la personne, le visage, la voix
comme un vidéo de quelqu'un pour produire des désinformations vraiment
intentionnées à changer les idées des Canadiens ou des Québécois. Mais, ça,
c'est rare. Jusqu'à ce moment, il n'y a pas beaucoup. Et quand c'est créé, il y
a beaucoup de monde qui comme disent en ligne : Aïe! Écoute, ce n'est pas
vrai. Il y a comme un peu une transparence par «consensus». Donc, ça... plutôt,
les «deepfakes», tout ça, sont utilisés pour la comédie, comme, mettons, je vais
mettre un politicien dans un habit, habillement un peu drôle dans un contexte
un peu drôle. Et ça donne de la visibilité à mon point de vue. Mais ce n'est
pas assez de convaincre tout le monde que c'est une vraie image. C'est juste
pour... C'est comme une bande dessinée politique un peu. Donc, ils jouent avec
ça. Donc, jusqu'à ce moment, on a dû plutôt ça que les choses comme vraiment
méfiantes, essayer de vraiment convaincre le monde que, mettons, un politicien
a dit quelque chose horrible et donc il ne faut pas voter pour lui.
• (17 heures) •
M. Roberge : Parce que la
nuance qui est importante, puis vous y allez, là, avec un politicien qui serait
habillé avec un... déguisé en fruit ou je ne sais pas quoi, il n'y a personne
qui va croire que c'est vrai, là. Mais, pour préserver la liberté d'expression
puis le droit de faire de la parodie, il faut considérer ça comme une forme
d'art puis voir ça comme une caricature. Donc, l'équivalent, j'ouvre le
journal...
17 h (version non révisée)
M. Roberge : ...dans une
caricature, je me vois parodié, habillé d'une façon bizarre et disant quelque
chose que je n'ai pas dit. Puis on comprend que c'est de la satire, que c'est
une parodie. Il y a une petite partie de vérité, mais exagérée, pour prendre un
petit peu... ridiculiser quelque chose. Mais tout le monde voit bien que c'est
un dessin. Puis on sait que c'est dans le cadre d'un journal puis on sait que c'est
à la page Caricature.
Mais si je suis sur une plateforme sur
laquelle il y a, parfois, des nouvelles puis des photos réelles, que je vois
passer une photo de quelqu'un... ce n'est pas écrit... ce n'est pas écrit,
parodie, ou blague, ou LOL... puis que je vois une photo de quelqu'un, ou la
mienne, transformée, en train de faire quelque chose que je n'ai pas fait... La
personne pourrait dire : Ah! oui, mais moi, je faisais ça pour rire. Bien,
comment on ferait, d'après vous, pour tracer la ligne entre ceci et une
utilisation frauduleuse d'une image, dans l'objectif de tromper, versus, ceci
est une utilisation artistique d'un logiciel de transformation d'une image dans
le but de faire sourire ou de parodier quelque chose? Est-ce qu'il y a d'autres
personnes que vous, d'autres spécialistes que vous qui se penchent sur ce type
de question?
M. Bridgman (Aengus) : Oui.
On le sait, il y a des chercheurs qui penchent exactement sur ça. Plusieurs
plateformes ont dit qu'ils vont mettre une étiquette, je pense que c'est le
mot, mais les mots, plutôt, c'est «contenu», pour être clair. Ça, c'est comme
une façon. Ce qu'on voit, en ce moment, en ligne, ce n'est... ce n'est pas bien
implémenté, donc on voit souvent des images qui n'ont pas cette étiquette. Mais
il y a... par exemple, il y a le laboratoire CRIM, ici, à Montréal, qui ne fait
que... comme, qui sont vraiment bons à ça, identifier les images fausses et...
Mais la rapidité et juste la réalité de... Le discours en ligne, ça roule
tellement vite que, même s'il y a une correction... 12 heures après, c'est trop
tard, la plupart du monde ont déjà vu ce contenu, vont peut-être déjà être
convaincus. Donc, certain que c'est un problème énorme.
Mais, encore, jusqu'à ce moment et, je
pense, probablement pour l'avenir proche, on va continuer de voir ça comme
parodie, ça va être plutôt parodie, et moins méfiant, et les choses méfiantes
vont être comme de... moins employées, elles ne sont pas superutilisées. Et le
monde disent, quand ils le voient en ligne : Aïe! écoute, ce n'est pas
vrai, ça. Donc, on n'est pas rendus à un point comme... Je pense, il y a un an,
il y avait vraiment une crise, où on pensait : Ah! ça va être l'enfer
pendant l'élection, on ne va... on ne va rien savoir de la vérité. On n'a pas
encore vu ça, et, je pense, quand même, le système, on est un peu loin de ça.
M. Roberge : Merci beaucoup
pour vos réponses. Je pense que j'ai des collègues qui vont poursuivre la
conversation avec vous. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
M. le député de Saint-Jean, pour 7 min 40 s, s'il vous plaît.
M. Lemieux : C'est parti.
Merci, M. le Président. Professeur...excusez, je viens de perdre votre nom, je
vais le retrouver... voilà, Pr Bridgman, c'était un peu ésotérique, avec le
ministre, mais, quand même, j'essayais de suivre. Mais j'ai accroché... non,
mais c'est vrai que c'était ésotérique, M. le ministre, mais c'était
intéressant pareil... j'ai accroché quand vous avez dit : C'est bien
intentionné... puis là on recule, là, ça fait il y a 10 minutes, avec l'autre
collègue... vous avez dit : Non, mais ça peut être bien intentionné, une
compagnie de marketing... là. Est-ce que c'est déjà rendu presque mal
intentionné? Parce que c'est ça, le problème, là. Est-ce que... est-ce qu'on
est vulnérables, dans la mesure où là, on trouve ça cute, là, bon, puis ça fait
ce que c'est supposé faire, puis, des fois, ça dévie un peu, puis... Mais
est-ce qu'on commence à trouver du monde qui sont capables de mettre l'IA, les
bots... pas les bots, excusez, les robots au service de leurs mauvaises
intentions dans un contexte électoral chez nous?
M. Bridgman (Aengus) : Oui...
Je dirais que le terrain est fertile pour ça à ce moment, c'est ça que je
dirais. Nous, on fait vraiment un grand projet de veille, on regarde tout ça,
on a une grande équipe. On ne peut pas tout voir, mais on fait une veille. Et,
jusqu'à ce moment, même si le terrain est fertile, on n'a pas encore vu en
masse les robots plus l'IA pendant une période d'élection. Mais ça se peut, ça
se peut très bien, et on a vu... on a vu, dernièrement, qu'il y a du monde...
M. Bridgman (Aengus) : ...capable
de... et c'est les robots en masse et la IA en masse en X, sur la plateforme X.
Ce n'est pas cher de le faire... Donc, oui, c'est une vulnérabilité, et je veux
juste ajouter, les plateformes sont zéro transparence sur ça, vraiment zéro.
Donc, on ne va même pas savoir s'il y avait une chose. Et on en a vu en
Roumanie avec TikTok dernièrement, on a vu ça il y a deux mois avec leurs
élections présidentielles. On a vu ça sur TikTok avec des robots en masse.
Donc, ça m'inquiète énormément.
M. Lemieux : Bien, c'est là
où je voulais aller, c'est : On écrit un projet de loi, on va adopter une
loi, mais ils ne sont pas transparents, ils ne sont pas chez nous, puis on
va... même si on ne les voit passer. Qu'est-ce qu'on peut faire? Bon, on peut
peut- être faire quelque chose, parce que, dans le fond, le secret de la
Caramilk, dans ce cas-ci, c'est de comment lutter contre la désinformation
quelle qu'elle soit, qu'elle arrive par un robot ou qu'elle arrive par de
l'intelligence artificielle, de la désinformation et de la désinformation, ça
va rester de la désinformation.
Je suis en train de militer pour ceux qui
font de l'information avec qui j'ai passé toute ma carrière. Est -ce que je me
trompe, ou de votre point de vue très privilégié — là, je vais être
méchant pour ma profession — mais est-ce que de votre point de vue
très privilégié, on sent que les médias sociaux et ce qui s'y passe que vous
nous décrivez, qui nous fait peur depuis tout à l'heure, est en train de tirer
vers le fond les médias traditionnels? Quand je dis «vers le fond», c'est
qu'ils sont en train de compétitionner pour le même steak, puis il est dans la
cave, là, il est dans la bouette en ce moment.
M. Bridgman (Aengus) : Oui, ils
sont dans la bouette et en fait je pense qu'ils gagnent un peu. C'est ça qu'on
a vu, on a un petit remontant d'intérêt des Canadiens à les nouvelles comme
plus traditionnelles pendant l'élection. On a vu ça un petite tendance à...
Mais la tendance en général, c'est vraiment clair que les Canadiens commencent
à utiliser les réseaux sociaux. Moi, je vois ça comme plutôt complémentaire. On
a la capacité d'avoir les deux qui coexistent. Mais c'est certain qu'en ce
moment, dans la bouette, les réseaux gagnent. Moi, je me demande très
précisément, c'est vrai qu'il y a du monde d'ailleurs qui peut faire ça à ce
moment, même si l'on a cet «act», il ne va pas avoir de contrôle, il ne va pas
avoir une capacité de délimiter ça parce qu'il n'existe pas dans notre juridiction.
Donc, qu'est-ce qui existe? Mettons, si
c'est sur un Nuovo ou TVA, il y avait une vidéo de Legault, puis générée par IA
qui parle d'une cryptomonnaie. En ce moment, imagine ça... ça... ça va... ça va
rouler pendant une seconde avant d'être retiré, ça ne va jamais passer, mais
on... on est comme juste confortable avec ça sur les plateformes sur les
réseaux sociaux, pour moi, c'est tellement bizarre. Ça représente une peur
énorme des plateformes, du pouvoir des plateformes.
M. Lemieux : Il y a deux
jugements de valeur traditionnels, jugements de valeur médias sociaux, puis à
quelque part, on est en train de les voir se fondre.
Je voulais vous amener avant que je manque
de temps. Désolé, je vous ai interrompu, mais je voulais
M. Bridgman (Aengus) : Non,
c'est que...
M. Lemieux : Je voulais vous
amener sur l'autre distinction que vous avez faite tout à l'heure en
disant : Vous savez, c'est marginal encore. C'est dans des chambres d'écho
qui sont toutes petites, de quelques centaines, quelques milliers de personnes.
Est-ce que le danger, ce n'est pas que tout le monde se retrouve dans une
chambre d'écho à quelque part, puis qu'on ne soit plus là, là?
• (17 h 10) •
M. Bridgman (Aengus) : Oui,
il y a ce danger et il y a un autre danger aussi qu'en fait, ça ne prend pas
beaucoup de monde qui est fasciné par les politiques qui sont dans ces chambres
pour vraiment avoir une influence énorme sur les politiques. On a vu ça comme
je passe, le plus grand exemple dans le contexte canadien, c'est avec les
Truckers, les Truckers for Freedom qui sont allés Ottawa ou qui est allé sur le
Freedom Bridge, la frontière entre Canada et les États-Unis. Il y avait un
50 personnes, là, qui ont arrêté le commerce. Donc, ça ne prend pas
beaucoup de monde qui sont très passionnés.
Donc, le fait que ça existe dans certaines
communautés en ligne seulement, et ça ne nous protège pas en masse. Et c'est
une observation qu'en général il n'y a pas tout le monde qui croit en ça. Ce
n'est pas... Il y a de la mésinformation partout, mais c'est vraiment qu'on
se... dans certains comités, c'est une observation, mais ce n'est pas un
commentaire de la capacité de cette mésinformation-là d'avoir un impact très
réel sur notre société et sur notre démocratie.
M. Lemieux : Sur ces belles
paroles, je vais rajouter que la recette pour vaincre le...
M. Lemieux :
...désinformation, c'est de faire de l'information. Mais je suis d'accord avec
vous, il y a de moins en moins de monde qui prennent leur information dans les
réseaux d'information. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il y a un problème
quand la jeune génération ou la génération des plus jeunes en tout cas,
s'informe plus sur les médias sociaux que sur les médias d'information. Quelque
part, on est en train de perdre la course puis on est tout seul en piste.
Le Président
(M. Bachand) : Merci beaucoup, M. le député de Saint-Jean.
M. le député de Laurier-Dorion pour 6 min 41 s, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Merci, M.
le Président. Bonjour, M. Bridgman. Merci beaucoup d'être avec nous avec
un point de vue décoiffant. Et écoutez, en même temps vous nous alertez. Vous
nous rassurez, mais vous nous inquiétez en même temps, là. Puis vous nous dites
que ce n'est pas... ce n'est pas si grave, mais attendez voir, ça va être
encore très grave dans quelques... dans quelques minutes, dans quelques jours,
en tout cas très bientôt. Et écoutez, concernant des informations, bon,
l'objectif de l'exercice, aujourd'hui, c'est de rendre les interventions... les
interventions, en période d'élection, transparentes pour savoir qui intervient
et, etc. Et là, avec les réseaux sociaux, on a de plus en plus de difficultés.
L'effet, par exemple, qu'une personne... une personne, Jean-Guy Tremblay, on va
l'appeler comme ça, utilise l'intelligence artificielle pour produire une vidéo
avec de la désinformation, je ne sais pas si c'est problématique ou pas. Et le
problème, c'est lorsqu'il y a une... Vous l'avez... Je pense que vous l'avez
mentionné, c'est lorsqu'il y a une coordination en vue de faire des... en vue
de, comment dire, d'intervenir dans un processus électoral et de faire changer
les comportements, là, des individus qui vont concrètement voter par un acte
physique, là. Donc, c'est parce qu'il y a des milliers de Jean-Guy Tremblay qui
font la même chose, qui transmettent la même chose. Et en même temps vous nous
avez dit que c'est difficile d'agir, là. Mais je voudrais vous poser la
question : Lorsqu'on... Un, si c'est possible de détecter une coordination
en vue d'intervenir dans un processus électoral? Et des deux... Et donc,
déceler, et de deux, contrôler. Est-ce possible de contrôler?
M. Bridgman (Aengus) :
Oui, c'est possible de faire de la détection. On le fait. C'est ça qu'on fait,
que mon centre de recherche fait. On n'a pas les données parfaites. En fait,
c'est vraiment problématique, mais on essaie. Et c'est certain, il y a
plusieurs signes de coordination qu'on peut regarder. Et on peut transmettre ça
au grand public. Donc, oui, ça se fait. Contrôler, c'est comme une question un
peu plus difficile. Moi, dans mon avis, dans mon opinion sur ça, c'est qu'il ne
faut pas le contrôler. Il faut être au maximum transparent de ce qui arrive en
ligne, ce qui arrive sur ces plateformes. La pire chose et on a vu ça avec la
commission Hogue, c'est elle qui a parlé de ça aussi, la transparence, en fait,
dans le domaine de l'information, c'est ça, l'objectif. Il faut être
transparent au max. Donc, sil y a de la coordination entre les influenceurs
américains ou les influenceurs chinois qui essaient d'influencer les élections
puis on sait que ça arrive, on peut... on peut prendre ça en conscience quand
on fait nos votes. On peut avoir une conversation de l'influence étrangère sur
nos politiques. On peut, comme société, avoir une meilleure compréhension du
monde. Oui, c'est optimiste, mais en fait c'est la seule chose qui va
fonctionner. On ne peut pas essayer de contrôler nos narratifs, de supprimer le
discours des Québécois. On ne peut pas faire ça. Ça ne va pas fonctionner, ça
va juste les renforcer, ça va juste leur dire que, maintenant, l'État essaie de
vous silencier. Mais non, on ne veut pas faire ça. Mais si vous êtes en
coordination, si vous recevez de l'argent d'ailleurs, si vous essayez
d'utiliser les robots ou l'IA pour promoter ton cause et ça va... ça les
intéresse, on veut savoir ça, on veut parler de ça, on veut avoir de la
transparence. Et avec ça, c'est un peu le médicament pour ça.
M. Fontecilla : Très
bien. Donc, la transparence. Vous apportez une voie de... une voie, une piste
de travail, là, mais quel est le rôle... On sait qu'il y a un débat, là, très
fort, ici et ailleurs, particulièrement aux États-Unis, concernant les
responsabilités des plateformes. Quel est le rôle des plateformes dans ce...
dans cet effort de transparence?
M. Bridgman (Aengus) :
Ils ont... Ils ont un rôle très important à jouer et, à ce moment, ils ne le
jouent pas. On est vraiment dans un moment, en 2025, où on a le pire accès
aux...
M. Bridgman (Aengus) : ...ils
ne partagent vraiment pas leurs données.
Je vais donner un exemple. L'année passée,
il y avait des robots sur X qui parlaient en masse de... comme un événement
politique de Pierre Poilievre à Kirkland Lake, une petite ville en Ontario, il
y avait des robots en masse. Il y avait quatre députés du fédéral qui ont écrit
à X pour demander de transparence, pour demander ça venait d'où, qui a fait ça,
est-ce que vous pouvez nous fournir avec de l'information? Zéro réponse. Ça,
c'est quatre députés de notre gouvernement fédéral qui ont écrit à une
plateforme pour demander de la transparence sur un enjeu d'intérêt national et,
en fait, de la sécurité nationale. Ils n'ont pas eu une réponse.
Ça, c'est un peu les cas où on se trouve à
ce moment. On a Facebook, Instagram, TikTok, Google avec YouTube et X, ça,
c'est comme les cinq plateformes majeures. Il y a aussi Blue Sky qui commence à
augmenter un peu dans notre pays. Mais, sur ces six plateformes, il y a
vraiment peu de transparence. C'est le pire depuis 10 ans pour cette
transparence. Donc, ils ne sont pas, à ce moment... ils ne nous aident pas.
Pendant les élections, pendant, mettons,
l'élection récente en Colombie-Britannique, ils ont dit : Oui, s'il y a
des contenus qui sont en violation de votre acte électoral, on va l'enlever,
mais c'est à vous de nous le dire, on ne va pas être proactifs. Et la question
de proactivité, moi, je pense, c'est intéressant dans ce contexte. Est-ce qu'il
y a juste une obligation pour le monde... pas partager ou à ne pas partager les
contenus ou est-ce qu'il y a une obligation sur les plateformes, sur les
médias, sur les endroits où on peut partager cette information... est-ce qu'il
y a une obligation proactive de dire : Écoute, on ne va pas... on ne va
pas aider le monde à partager ces contenus faux qui sont en contradiction de
cet acte électoral? Et, à ce moment, il n'y en a pas dans... c'est à
l'individuel qui produit le contenu. Ce n'est pas les plateformes ou l'autre
monde à être proactives à mettre des mesures en place pour aider l'élection.
C'est tout volontaire à ce moment.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Merci beaucoup. Merci, M.
le député de Laurier-Dorion. Mme la députée de Terrebonne pour deux minutes 43,
s'il vous plaît.
Mme Gentilcore : Merci. Je
veux parler un peu de fausses nouvelles, là, sur les fils d'actualité. Tu sais,
on a tous vu les encadrés, là, bon : Cette nouvelle pourrait mettre fin à
la carrière du ministre des Institutions démocratiques, par exemple... oui,
c'est ça, une nouvelle choquante. Mais on a vu ça circuler beaucoup. Je voulais
savoir... Je voulais savoir... Je sais que ce n'est pas facile des fois de les
déceler, ce n'est pas facile non plus d'avoir de la transparence au niveau des
réseaux sociaux pour pouvoir adéquatement, là, lever le drapeau par rapport à
ça, mais est-ce qu'on a un portrait global des intérêts derrière ce genre
d'offensives là? Quels sont les intérêts qui sont les plus défendus? Est-ce
qu'il y a des sujets qui reviennent de manière plus répandue? Tu sais, vers quoi
pointe l'horizon, là, l'avenir par rapport à ce qu'on voit actuellement dans
les tendances?
M. Bridgman (Aengus) : Les
tendances surtout, comme, on parle des promotions sur les plateformes comme ça
ou juste en général?
Mme Gentilcore : Vraiment
des... Tu sais, vraiment, là, les faux carrés Web, mettons, aux fausses... aux
couleurs de La Presse, mais ce n'est pas La Presse, c'est un faux
média, par exemple, ou Le Revoir, ou des trucs comme ça. On utilise ces
couleurs-là pour accrocher l'oeil, pour faire penser que c'est Le Journal de
Montréal, par exemple. Finalement, c'est un autre journal. Et là on met des
gros titres par rapport à ça, tu sais, pour vraiment faire des clics. Mais je
voulais savoir : Est-ce qu'on voit des tendances par rapport aux sujets,
par rapport à ce qui a le plus de succès dans les clics, justement, sur ces
sujets-là?
• (17 h 20) •
M. Bridgman (Aengus) : Tout
ça, c'est clairement une entreprise centralisée qui essaie de faire de l'argent
sur le monde qui clique et qui partage dans leurs investissements incroyables
de cryptomonnaie ou quelque chose comme ça. Donc, il y a... c'est certain, il y
a une campagne assez sophistiquée derrière tout ça. Notre théorie
opérationnelle à ce moment, c'est que ce groupe utilise les nouvelles actuelles
pour produire des contenus pour être... être utiles pour le monde qui sont sur
ces plateformes.
Donc, mettons, pendant l'élection ou quand
le monde font plus attention à l'élection, on va avoir... on va utiliser
l'élection comme sujet, mais, après l'élection, ça va retourner à Tout le
monde en parle ou à...
Mme Gentilcore : Véronique
Cloutier.
M. Bridgman (Aengus) :
...oui, c'est ça, une chanteuse ou quelqu'un comme ça. Donc, c'est probablement
ce qui va arriver. On verra. C'est... C'est vraiment... Encore, ce n'est pas
transparence... transparent de plateforme. Meta a sorti un... a fait un
commentaire sur ça, et ils ont dit : Écoute, c'est un problème pour
l'industrie...
M. Bridgman (Aengus) : ...si
on fait tout ce qu'on peut, bla bla bla. Bien, écoute, là, c'est ridicule. Tu
peux donner une image... Il y a maintenant un modèle... comme un modèle d'IA
que je peux mettre sur mon ordi, actuellement, je peux mettre une image et je
peux dire : Est-ce que ça concerne la politique, oui ou non? Si oui, ah!
il faut être dans le «add registry» de Facebook ou il faut avoir un... Tu peux
le faire, j'ai fait le codage, ça prend cinq minutes, mais Facebook, il n'est
pas capable.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci beaucoup,
Mme la députée de Terrebonne. Dr Bridgman, ça a été très intéressant. On a
sorti de la zone de confort de bien du monde, cet après-midi, avec vous, alors,
effectivement.
Alors, sur ce, on se dit à très bientôt,
et je suspends les travaux quelques instants pour accueillir nos prochains
invités. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
(Reprise à 17 h 23)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Il me fait plaisir d'accueillir les
représentantes du Réseau québécois et québécois des groupes écologistes.
Mesdames, merci beaucoup d'être avec nous. Alors, je vais vous laisser vous
présenter, mais, comme vous savez, vous avez 10 minutes de présentation, après
ça, on aura un échange avec les membres de la commission. Merci encore d'être
avec nous aujourd'hui.
Mme Levert (France) : Bien,
merci infiniment de nous recevoir, de nous écouter. Alors, courte présentation.
Vous vous trouvez avec deux représentantes de la famille Levert, mais on n'a
pas de parenté. Alors, moi, je suis France Levert... sauf une parenté qu'on a
découverte, qui remonte comme au 17ᵉ, donc, les premiers Levert qui sont
arrivés ici. Fin de la parenthèse. Alors, moi, je suis France Levert, je suis
présidente du conseil d'administration du Réseau québécois des groupes
écologistes et, bien, je vais... Je suis aussi active en environnement, en
transition socioécologique dans d'autres organismes à but non lucratif depuis
plusieurs années. Donc, pour moi, c'est un engagement de cœur là-dedans. Et
puis je vais donner la parole à ma collègue Chantal pour qu'elle se présente.
Mme Levert (Chantal) : Oui,
bonjour. Mon nom est Chantal Levert. Je suis coordonnatrice générale du Réseau
québécois des groupes écologistes. Je suis à ma 10ᵉ année, mais je suis aussi
une vieille militante, une vieille coordonnatrice. J'ai été notamment en charge
des affaires environnementales à la MRC de la Rivière-du-Nord durant plusieurs
années. Voilà.
Mme Levert (France) : Donc,
on va procéder de la façon suivante, donc, une courte introduction sur ce que
c'est, le Réseau québécois des groupes écologistes, et, par la suite, donc...
que je vais faire, personnellement, et par la suite ma collègue Chantal va
aller dans le contenu du mémoire, que vous avez reçu, selon l'information qu'on
nous a communiquée.
Donc, le Réseau québécois des groupes
écologistes, c'est une instance de réseautage pour ses groupements, ses alliés,
ses partenaires, évidemment, vouée à la protection de l'environnement et à
l'émergence d'une société écologique. Le réseau, donc, le RQGE, si on y va
rapidement, là, existe depuis plus de 40 ans. D'ailleurs, il y a un portrait
des groupes écologistes qui a été publié récemment sur ses 40 ans de vie, qui
était une republication puisqu'il y avait eu déjà une publication pour les 30
ans du Réseau québécois des groupes écologistes. Le mandat premier du RQGE,
c'est la revendication d'une reconnaissance pour les quelque 300 groupes qui
constituent le mouvement écologiste québécois, cela pour faire mieux
reconnaître, effectivement, le rapport divers à la protection du patrimoine
naturel, la conservation des ressources, la santé, la sécurité civique publique
ainsi qu'au mieux-être de la société québécoise en général. En plus de toutes
sortes de publications à chaque année, en fait, le RQGE présente et dépose un
mémoire sur les besoins des groupes...
Mme Levert (France) : ...écologistes
au ministère des Finances puisque les groupes écologistes pourraient être
financés de façon beaucoup plus importante, pourraient avoir... reconnaître
tout le travail qui se fait et avoir un impact plus grand.
Le Réseau québécois des groupes
écologistes aussi travaille énormément en partenariat. Donc, il travaille avec
d'autres groupes, d'autres grandes ONG environnementales mais aussi avec des
groupes de la société civile, des groupes communautaires en défense de droits
sur les inégalités, sur le logement, sur les droits humains, je donne quelques
exemples, il y en a d'autres. Donc, comme partenaire, comme je le disais, avec
des ONG environnementales dans divers mouvements, par exemple, le RQGE
participe à des mouvements, comme Pour la suite du monde ou Vire au vert au
provincial. Le RQGE a aussi été membre fondateur et très actif dans des grands
collectifs sectoriels en environnement mais aussi en transition
socioécologique, comme le Front commun pour la transition énergétique ou la
Coalition Éducation, Environnement et Écocitoyenneté.
C'est important de souligner aussi que le
RQGE, c'est le seul regroupement d'organismes communautaires autonomes qui font
partie du grand regroupement québécois qui est le Réseau québécois de l'action
communautaire autonome, c'est le cas de le dire. Donc, c'est le seul
regroupement environnemental reconnu par le RQ-ACA, donc, en défense de droits
des groupes environnementaux qui ont le statut... qui travaillent en action
communautaire autonome.
Dans ses mandats, dans sa façon de faire,
le RQGE prône des principes de démocratie citoyenne non partisane. Entre
autres, pour soutenir ces principes-là, il y a toutes sortes d'activités
auxquelles le RQGE a participé ou a organisé, notamment un forum et réaliser
des analyses critiques sur l'acceptabilité sociale, participer au chantier sur
le droit de manifester et au mouvement Mon OSBL n'est pas un lobbyiste et le
Mouvement démocratie nouvelle.
En conclusion de cette partie, c'est
important de dire aussi que le RQGE est reconnu et financé depuis plus de
15 ans par le fonds, justement, d'action communautaire autonome, volet
Promotion des droits, du ministère de l'Emploi et de la Sécurité sociale, et
qu'à cet effet c'est une organisation citoyenne non partisane, et qu'elle
effectue des activités aussi non partisanes. On voulait signer ça d'entrée de
jeu. Puis, bien, Chantal, si t'as d'autres choses à dire qui concernent le
RQGE, tu es la bienvenue de la faire, effectivement. Sinon, on va rentrer dans
le mémoire comme tel, les divers éléments qui y sont contenus.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
• (17 h 30) •
Mme Levert (Chantal) : Merci,
France. Bien, l'introduction pour présenter le RQGE était assez longue pour
vous démontrer qu'on est vraiment investi et on est privilégié, témoin et
engagé dans l'action communautaire, environnementale et la société civile.
Alors, c'est pour ça qu'on a tenu... merci de nous avoir invités, puis qu'on a
tenu à écrire notre mémoire et à vous faire part de nos... de nos analyses.
Bien, voilà. Bien, c'est comme, dès qu'il contient... des propositions
superintéressantes et très belles propositions. Quant à l'accessibilité pour
les électeurs et les électrices vulnérables ou pour combattre, ça, c'est un
fait assez intéressant mais assez troublant, la désinformation, ce n'est pas
tant notre expertise, ça, mais on l'a vu, là, qu'il y avait des bons points par
rapport à ça, ce qui nous préoccupe dans le projet 98 tel que présenté
maintenant à l'Assemblée nationale puis qu'on... dont on parle en ce moment, il
comprend de nombreuses nouveautés qui mettent en danger la liberté d'expression
de la société civile, par l'insertion de la notion des dépenses électorales et
préélectorales surtout faites par des tiers, par l'absence de définition de ce
qu'est un acte avantageux ou désavantageux par une... pour une... voyons,
entité politique, ce qu'on dit, «entité politique», ça veut dire un parti ou un
candidat, candidate en élection, en imposant une période plus longue au tiers,
le tiers état, la société civile, que pour les entités politiques, les entités
en élection, le tout assorti de mécanismes et de lourdeur bureaucratique et
amendes salées...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Levert (Chantal) : ...très
salée pour le tiers état.
Le RQGE est très inquiet face à ces
assertions pouvant décourager, voire judiciariser et appauvrir des citoyens et
citoyennes ou des groupes citoyens, citoyennes de la... ou encore de la société
civile qui, de bonne foi et de façon... c'est ça, ils pourraient être punis de
façon disproportionnée dans un encadrement, en plus, législatif qui est mal
défini à certains points puis pouvant porter interprétation et même à l'arbitraire.
De façon plus soutenue, on explique un peu
plus, dans notre mémoire, dès la page 5, c'est assez succinct, qu'est-ce
qu'on explique, c'est... là, il y a le chapitre 2, mais on a oublié de
marquer aussi le chapitre 3, sont très problématiques dans leur ensemble.
C'est ça qui est nouveau, là, par rapport aux dépenses pré-électorales puis les
documents qu'on doit fournir. L'article 127.29, c'est la période
électorale qu'on trouve... pour les tireurs. Pourquoi c'est le 1ᵉʳ janvier
pour les tiers? Et pourquoi que c'est en juillet seulement pour les... pour les
entités politiques en élections?
Favoriser... Ensuite, au 1.2, toujours la
page à la page 5, le 1.2, l'article 127.31, favoriser ou défavoriser,
c'est mal défini, ce n'est même pas défini du tout. Puis, comme on le souligne,
or, cette notion de favoriser ou de défavoriser une entité politique en
élection n'a pas de définition juridique et porte... on l'a vu, aux élections
fédérales de 2019, canadiennes, on ne pouvait plus parler de climat parce qu'il
y avait un parti qui disait que c'était parler contre lui, ça le défavorisait
parce qu'il était en négation par rapport aux problèmes climatiques, ça fait
que... mais c'est encore pire aux élections. Comme vous le savez, il y en a eu
des tonnes américaines, 2024, ça porte à des interprétations arbitraires, voire
farfelues, sinon même autoritaires. Là, on parle, c'est sûr, plus aux
États-Unis.
Ce n'est pas qu'on pense que les partis
vont faire ça de façon systématique ou qu'il va y avoir des plaintes
systématiques, mais ça peut jouer du coude dans les... pendant les élections
puis ça pourrait aller jusque là. On ne voudrait pas que des citoyens de bonne
foi qui n'ont juste pas pensé... qui ont juste... qui se mettent à mal à cause
de ça.
Ensuite, il y a l'article 127.31 et l'autre 127.39
et leurs suivants. C'est là que toutes les contraintes qu'on trouve vraiment
abusives pour le commun des mortels, s'enregistrer, après ça, avant, si on ne
le fait pas, on peut l'oublier, on ne sait pas, on n'est pas au courant comment
il faut le faire, s'adresser... La plupart ne le sauraient pas. Et ensuite,
après, c'est comme tout le reste, là, faire des redditions de compte, 90 jours,
sept ans, des affaires de même, ça fait qu'à un moment donné, c'est beaucoup
pour... beaucoup d'entités qui... pas d'entités, mais de personnes ou d'organisations
de la société civile qui voudraient juste faire quelque chose et mettre quelque
chose dans une période et de façon... qui ont mal compris ou qui ne le savent
pas. Ces contraintes nous inquiètent particulièrement au RQGE, que 84 %
des groupes... on vous parlait, là, que nous, on est comme les représentants,
les interlocuteurs de 300 groupes écologistes, bien, ils ne reçoivent pas
aucun financement, ils n'ont pas d'employés, eux autres, là, pour aller checker
ça, toutes ces choses-là puis voir à toute la mise à jour de tout ça, déjà qu'il
y a le...
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
Mme Levert (Chantal) : Ah! j'ai
fini déjà? Bon, c'est ça, bien...
Le Président (M. Bachand) :
Oui, mais... bien non, mais il vous reste beaucoup de temps. C'est la période d'échange
qui débute, faites-vous-en pas. Alors, M. le ministre, pour 17 minutes, s'il
vous plaît.
Mme Levert (France) : ...10 minutes.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, c'est très court, ça passe
vite en bonne compagnie. M. le ministre.
M. Roberge : Merci, M. le
Président. Merci bien, Mesdames, pour votre présentation. On va avoir le temps
de jaser. On va avoir le temps de vous écouter, faites-vous-en pas, on veut
vous entendre aujourd'hui. Puis ce qui m'intéresse vraiment... bien, en fait,
il y a beaucoup de choses qui m'ont... que vous avez dites qui m'intéressent,
mais parlons des dépenses des tiers.
Vous étiez là-dessus, d'une certaine
manière, chapitre 2, puis les articles 127 et ceux qui suivent. Vous
semblez vous inquiéter de ce qu'il y a d'indiqué ici. L'intention de tout ça
dans ce consensus ou ce qu'on retrouve dans le projet de loi, c'est issu des
travaux avec le Directeur général des élections, issu aussi des conversations
entre les quatre formations politiques représentées à l'Assemblée nationale. Il
n'y a personne là-dedans qui veut bâillonner la société civile quand on regarde
toutes les personnes qui sont autour de la table, c'est certain. Donc, on est
sensibles à ce que vous dites. Et on a tous des profils différents, on a tous
été impliqués avant de se rendre ici. Moi-même de fonder un OSBL au départ,
j'ai milité, j'ai été sur des C.A., sur des comités...
M. Roberge : ...exécutif bénévole,
pendant des centaines d'heures, là. Je sais ce que vous voulez dire quand on
parle de lourdeur, quand on fait du bénévolat, pour animer une cause.
Ceci dit, j'ai une préoccupation par
rapport à la transparence lorsque des gens bien intentionnés, des Québécois
regroupés en association veulent interpeler les Québécois pour leur faire part
de leur point de vue via une publicité. Ils tentent d'influencer les Québécois.
Et ce n'est pas un problème quand je dis ça, là. Ce n'est pas... Il n'y a rien
de malveillant là-dedans, là. Ce sont des Québécois mobilisés qui, souvent,
font des contributions, d'eux-mêmes à un organisme, un regroupement quelconque,
cet organisme-là prend l'argent, et les bénévoles, puis achètent une publicité
pour influencer le vote des Québécois. Tout ça est correct. Rien de ça n'est
interdit. Ce que nous pensons, c'est que les Québécois devraient être informés
de qui tentent de les influencer et avec quels moyens. Est-ce que c'est une
publicité de 2 000 $ dans un petit hebdo régional, une publicité de
20 000 $, une publicité 200 000 $... 10 millions de dollars, et
que les gens puissent le savoir.
Vous avez mentionné dans votre
présentation, tu sais, un citoyen qui veut s'impliquer. En tout cas, j'ai été
impliqué toute ma vie dans toutes sortes d'organismes. Avant de faire de la
politique active, là, j'étais... j'étais enseignant dans une école primaire,
impliqué, bénévole dans toutes sortes de... Je n'ai jamais eu un ami qui,
spontanément, prenait 1 000 $ de ses poches puis achetait une publicité en
période électorale de sa poche, là, pas dans un OSBL, là, lui-même. C'est assez
rare, là. Je ne dis pas que c'est impossible, mais c'est assez rare. Et, si tel
est le cas, bien, il communiquera avec le DGEQ puis il dira : J'ai le goût
de faire une publicité électorale. Je ne vois pas d'atteinte à la liberté
d'expression. Je vois une transparence. Je vois une information auprès des
Québécois sur qui tentent de les influencer et avec quels moyens. Ceci dit,
dans la manière, il faut que ce soit facile. Il ne faut pas qu'il y ait une
contrainte excessive.
Et là je vous rejoins absolument sur la
simplicité du processus. Est-ce que vous voyez dans la loi quelque chose, un
article qui ferait que ce serait coûteux ou excessivement long et donc que ça
restreindrait réellement la capacité des gens de faire cette publicité? Parce
qu'on ne veut pas interdire ou empêcher. On veut transmettre l'information.
Donc, je vous écoute.
Mme Levert (Chantal) : Je
pourrais y aller. On sait qu'il n'y a pas de mauvaises intentions, qu'il n'y a
pas de : on veut vous empêcher. Mais là vous parlez de publicité comme
exemple. Mais, des dépenses électorales, ça peut être autre chose que des
publicités. Ça fait que là, c'est acheter dans un journal, par exemple. Les dépenses,
ça peut être beaucoup de choses, dont les réseaux sociaux. C'est bien mentionné
dans la loi aussi. Ça fait qu'il pourrait y avoir... Ce n'est pas que ça, là,
le problème, la publicité achetée à 1 000 $ dans un journal. Donc, il
y a cet aspect-là.
Ensuite, il y a aussi une évaluation qui
peut être arbitraire. Si on l'a fait de notre... gratuitement, et tout ça,
bien, ça peut être évalué. Admettons qu'on fait un visuel pour faire une... si
on fait un visuel, bien, on va faire comme si c'était un graphiste, là, qu'il
aurait pris. Ça va vite, 1 000 $. Ça, en partant, c'est la première des
choses.
• (17 h 40) •
Ensuite, votre question... répondre à
votre question. Bien oui, on l'a dit, c'est où dans la loi qu'on trouve que ça
pourrait être trop long, trop long, c'est 127.31 à 127 et 127.39, et leurs
suivants. C'est toute la reddition de comptes, garder des choses pendant sept
ans, c'est toutes des choses que beaucoup n'ont pas la capacité de faire. Vous
prenez comme exemple un grand collectif qui paie dans le journal 1 000 $
pour publicité, avez-vous...
M. Roberge : Oui, allez-y,
allez-y. Je vous écoute.
Mme Levert (Chantal) : Oui.
Il faut conserver pendant sept ans, selon le projet de loi, les archives, là,
de dépenses. Ça fait que ça, c'est... il y a beaucoup d'organisations qui n'ont
pas la capacité de faire un tel suivi, et tout ça. Et ensuite... Puis là, vous
donnez comme exemple un grand collectif. Et puis ce n'est pas ça qui nous
inquiète, nous autres, ça, les grands collectifs. C'est les petits groupes,
c'est les... on vous l'a mentionné...
Mme Levert (Chantal) : ...98 %
des groupes font des choses puis qu'ils n'ont pas une cent, là, ils font ça de
leur poche, poches. Ils ne dépensent pas... Puis c'est aléatoire de dire aussi
qu'on va estimer combien ça vaut, si tu le fais de façon bénévole, tu sais. Ça
fait qu'il y a cet aspect-là aussi. C'est de la lourdeur pour beaucoup de
choses, beaucoup, beaucoup de choses. Déjà qu'on est obligé d'avoir... de... le
p.l. no 25, là, qui a été adopté voilà deux ans, il est déjà très lourd,
là, ça s'ajoute à nos petits OSBL. Juste vous dire... par année, ce n'est pas
beaucoup pour employer des gens, puis faire des choses. Ça fait qu'on peut
faire des omissions de bonne foi puis payer très cher une amende pour un oubli,
pour... c'est ça, pour ne pas être capable de faire... il faut avoir des
gens... être capables de faire ça, là, ce suivi-là.
M. Roberge : Si je peux...
Mme Levert (France) : Pour
avoir, moi aussi, contribué à de nombreux OBNL, alors il y en a qui sont très
importants, l'Ordre des ingénieurs du Québec, c'est un OBNL, alors que la FGE,
c'est autre chose, des organismes de défense de l'environnement, il y en a...
ce sont des citoyens qui se mettent ensemble pour protéger un lac ou un milieu,
par exemple. Donc, il y a une grande variété. Ça fait que tenir compte aussi de
cette variété-là.
Puis, bien, aussi l'aspect de... Attendez
que je retrouve la définition de ce qui est un acte avantageux ou
désavantageux. Ça aussi, ça peut prêter à interprétation, même si les
intentions sont très valables, là. Donc, sans doute qu'il y aurait moyen de
préciser dans ce sens-là pour éviter que certains types de prises de position
soient considérées comme désavantageuses, alors que c'est des points de vue
forts différents qui ne se rencontrent pas, par exemple.
M. Roberge : Bien, à cet
égard-là, vous me parlez des articles 127 et plus, là. Dans 127.31 :
"Un tiers doit, avant la diffusion d'une publicité préélectorale..."
Quand on pense dépenses, là, on ne parle que de publicité préélectorale. Donc,
"un tiers doit, avant diffusion d'une publicité préélectorale
partisane--donc, partisane--à l'égard de laquelle il a fait ou engagé une
dépense d'une valeur supérieure à 1 000 $..." Donc, ce dont on parle,
ici, c'est d'une dépense supérieure, égale ou supérieure à 1 000 $ pour
une publicité. Plus loin, on précise : "Est une publicité
pré-électorale partisane toute publicité diffusée pour favoriser ou défavoriser
directement l'élection d'un candidat ou d'un parti. Donc, il faudrait, pour
être assujetti aux articles dont on parle, qu'une personne ou un regroupement
de personnes, que ce soit une grande organisation, une micro-organisation de
cinq bénévoles, pas de locaux, pas de permanents, puis ils utilisent leur
imprimante, là, chez leur beau-fils, là, peu importe... O.K., on parle de
micro, micro, micro, il faudrait que ce monde-là ait à tout le moins
1 000 $ à mettre puis qu'ils contactent un média, puis qu'ils dépensent
plus de 1 000 $, puis qu'ils aient une facture de ça. Et c'est là... Au
minimum, là, au minimum. En bas de ça... Et il faut qu'il y ait une facture,
donc on parle d'une publicité diffusée.
Les autres... les autres éléments ne sont
pas visés, là, puis j'ai vérifié avec l'équipe qui m'accompagne, on ne parle
pas de toutes les dépenses de cet OSBL ou de ce petit organisme. Quand on parle
des dépenses des tiers, ici, ce n'est pas de toutes les dépenses, on parle
d'une publicité dans le moment préélectoral, avec facture d'un média, publicité
diffusée qui aurait l'intention de favoriser ou de défavoriser directement
l'élection d'un candidat ou d'un parti. Donc, dans l'intention d'influencer le
vote, on a le droit de faire ça, mais si on a le droit de dépenser de l'argent
dans un média avec une publicité, oui, mais les citoyens ont le droit de le
savoir.
Mais je veux juste comprendre. Je veux
juste préciser quelque chose. Ne voyez pas ici, là, la mainmise de l'État pour
alourdir la gestion de tous les OSBL du Québec. Ce n'est pas tous les OSBL du
Québec qui font de la publicité diffusée dans «médias à plus de 1 000 $
pour favoriser ou défavoriser directement l'élection d'un candidat.» On est
très pointus ici.
Mme Levert (Chantal) : Est-ce
que c'est vraiment par médias? Parce que c'est aussi sur toute plateforme
numérique. Et si... Est-ce que la facture...
Mme Levert (Chantal) : ...oui.
Est-ce que la... Est-ce qu'on doit faire une facture nécessairement de
1 000 $? Non. Si on n'a pas de facture, c'est fait à nos propres... selon
nos moyens, ça va être selon... l'évaluer selon le marché. Ça fait qu'on n'a
pas besoin d'avoir une facture.
M. Roberge : Bien, quand on
parle d'un média sociaux, c'est un média, là. Bref, on achète quelque chose. Si
je fais une publication, là, une publication sur Facebook, ou sur X, ou sur
Instagram, ou sur je ne sais quelle autre plateforme, ça ne compte pas ici, là.
Il faut quelque chose qui a une valeur supérieure à 1 000 $. Donc, il faut
avoir fait ce qu'on appelle une... je ne sais plus, là, comment qu'ils
appellent ça, là, faire la promotion d'une publication. On fait une publication
puis, après ça, on prend de l'argent puis on dit : On rajoute 1000 $,
ou 1500 $, ou 2000 $, ou 3000 $, là, pour propulser
artificiellement, disons, cette publication-là pour qu'elle soit vue. Donc,
c'est de ça dont on parle.
Mme Levert (Chantal) : C'est
ça que vous interprétez. La loi ne le dit pas, par exemple, nommément. Ça fait
que ça pourrait jouer à l'interprétation. Ça fait que le côté qu'on n'ait pas
besoin d'avoir une facture, ça peut être évalué sur...
Et juste vous dire, là. Un visuel,
admettons qu'il y a une campagne visuelle qui se fait, ça peut se faire «home
made», là, tout le kit. Mais, un graphiste, ça coûte tant, ça va être évalué
par c'est quoi que ça coûte. Ça va vite, 1 000 $, là, tu sais. De
faire quatre... quatre petits encarts qu'on publie, na, na, na, ça y est, le
1000 $ est parti. Ça fait que... Parce que c'est souvent... Il y a des
outils maintenant comme Canevas, vous devez savoir un peu, en tout cas des
choses, d'outils. Donc, c'est... c'est juste de dire : Il faut vraiment
que ce soit... En tout cas il y a ce...
Et on le souligne, on n'a pas dit qu'on
parlait de tout... le budget de toutes les organisations, pas du tout. On
faisait juste dire qu'une de nos activités est de faire, entre autres, des
activités non partisanes. Le problème est dans l'interprétation. C'est-à-dire,
on l'a vu, il y a... en 2019, il y a un parti fédéral, c'est au fédéral, ça se
faisait, mais ça s'est vu, c'est très canadien, américain, cette façon de
faire-là, c'est que lui a décidé que... il a décidé que parler de climat,
c'était parler... c'était nommément contre son parti. Parce que ça existe, ça,
au Canada, là, ce truc-là, de... Puis... Et là, ça a été un gros problème.
Ça fait que ce n'est pas une question de
transparence. C'est une question plutôt de... La transparence, il n'y a aucun
problème face à ça. C'est plutôt la conséquence d'oublier quelque chose qui
peut être très lourde à des organisations qui ne seraient pas comme bien
nanties pour connaître les... La Loi électorale n'est pas simple, hein? On en
parle à plein de gens, là, puis ils ne savent pas trop au juste c'est quoi
qu'ils ont le droit. On doit les avertir de façon régulière, les groupes. Pendant
la période électorale, il ne faut pas prendre parti... faire partie... voyons,
prendre... faire... être preneurs, partisans. Ça peut être très salé pour une
petite organisation de bonne foi. Et là, on rajoute, là. Ça n'existait pas. On
a quand... On est quand même issus du Code civil. On a le Code civil le plus
vieux de l'Amérique du Nord, dans une société distincte, puis c'était tout
conforté. Avec ça, là, on s'en vient avec quelque chose à l'américaine, ça fait
que... qui est dans le...
Puis ce n'est pas... ça n'a pas rapport
avec être transparents ou pas transparents. Ça, on est pour, la transparence.
C'est plutôt les conséquences qui pourraient arriver avec... En avez-vous vu
beaucoup des groupes écologistes payer 1 000 $ de leur poche pour acheter
1 000 $ dans une revue? Non, pas tant que ça, tu sais, il n'y en a pas eu.
Je n'en ai pas connu, France, je ne pense pas que tu en as connu toi non plus,
pour... directement. C'est plutôt l'interprétation des entités en élection,
partis ou candidats, candidates, qui peuvent aller faire une plainte au DGEQ,
puis là, on est pris avec ça. C'est plus ce côté-là qu'il faut voir.
• (17 h 50) •
M. Roberge : Bien, écoutez,
on est là pour écouter vos préoccupations puis s'assurer que, dans le libellé,
ce soit clair, ce soit précis, qu'on se comprenne. Vous nous dites :
Plusieurs organismes, vous me parlez... environnementaux, puisque c'est
votre... c'est votre dossier en ce moment, n'ont pas tendance à dépenser de
l'argent pour acheter de la publicité. Bien, alors ils ne seraient pas visés
par cette disposition-là.
Vous nous dites : C'est américain.
Mais, ce que je vois, c'est que, dans le reste du Canada, il y a des
dispositions semblables qui sont en... et le seuil est entre 500 $ et
2 500 $. Nous, on a choisi de mettre le seuil à 1 000 $, donc
1 000 $ et plus, il faudrait une divulgation, une transparence. Mais, en
Alberta aussi, c'est 1 000 $, au Manitoba, c'est 2 500 $,
et je vois, quoi, cinq, six autres provinces qui ont déjà des dispositions
semblables. Donc, quand on fait ce geste...
M. Roberge : ...on n'arrive
pas avec un espèce de geste innovateur en sortant des sentiers battus. En fait,
on rattrape les autres provinces canadiennes en matière de transparence.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. M. le député de Nelligan pour 10 min 43 s, s'il
vous plaît.
M. Derraji : Oui, merci, M.
le Président. Merci d'avoir pris le temps d'écrire un rapport, de venir en
commission parlementaire. C'est toujours apprécié. Et vous l'avez mentionné
même dans votre rapport, que c'est un peu précipité, vous n'avez pas eu le
temps de tout voir, mais moi, je tiens à vous féliciter parce que quand même,
malgré le peu de temps, vous avez réussi à nous envoyer un excellent rapport
avec... très bien documenté, vous avez pas mal de groupes membres chez vous.
Donc, je sais qu'il n'y a pas de lien entre Mme Levert, que ce soit Chantale ou
France, mais je tiens à vous féliciter vous deux. Bravo! Bravo pour ce travail.
Permettez-moi d'aller directement dans la
section des recommandations, et j'étais en train de voir les problématiques et
j'essaie de voir en quoi ce projet de loi va vous empêcher de continuer à... ce
que vous voulez faire. Parce que c'est, comme, j'ai vu une contradiction, vous
dites que ça risque d'appauvrir des citoyens aux groupes de bonne volonté dans
un cadre mal défini et inique. Vous dites que ça va empêcher la liberté
d'expression pour la société civile en imposant des normes plus strictes. Et,
un peu plus loin, vous parlez des contraintes abusives. Donc, la série des
points procéduraux suivants les articles 127.31.39 et suivants concernant
l'enregistrement des tiers quant à ses intentions, budgets et reddition de
comptes liés à des dépenses préélectorales présumées sur... sont des
contraintes démesurées. Bon.
Je pense que vous voyez ça de votre angle,
je le comprends, mais d'un autre angle, est-ce que ce n'est pas sain pour une
société démocratique, pour plus de transparence, d'avoir ce genre de
renseignements.
Mme Levert (France) : Bon, on
l'a déjà mentionné qu'on est en faveur de la transparence. Puis, bien, c'est
dans les modalités qui sont décrites et qui nous semblent quand même assez...
mettons, imposantes entre... je ne sais pas exactement quel qualificatif, importantes
peut-être par rapport à ce qu'on veut faire avec cette... ces modalités-là,
donc, de transparence par rapport à une certaine partie de la société qui ont
des moyens relativement réduits, mais, dans certains cas, qui peuvent se
regrouper, comme on disait, on fait partie de... on participe aussi à des
collectifs qui, dans certains cas, comme collectifs, vont se regrouper pour
mettre des moyens ensemble pour faire de l'information parce qu'on parle de
publicité, mais on peut parler d'information aussi qui pourrait
éventuellement... donc, on a parlé de danger, peut-être d'interprétation de
tout ça. Donc, nous, c'est plus une vision de prévention. Donc, puis,
peut-être, essayer de voir avec des cas similaires, en fait, des cas que ma
collègue Mme Levert a cités, donc, le cas au niveau fédéral, pour
s'assurer qu'on soit vigilant. Donc, c'est une question de vigilance aussi.
Donc, quand on regarde les conséquences possibles pour que des situations de ce
type-là ne se présentent pas, donc que ça ne touche pas des... certains
citoyens, ou intervenants, ou groupes qui ont de bonnes intentions, mais qui
pourraient se retrouver à avoir à vivre avec les règles qui ont été mises là en
termes d'amendes ou même ce genre de mesures là.
Mme Levert (Chantal) : Je
voudrais rajouter pour la transparence, pour les groupes qui ont du staff, là,
qui ont du personnel pour faire les choses. On est déjà obligé de faire des
redditions de comptes au ministère de l'Emploi, de la Solidarité pour toutes
nos activités qu'on fait, ça fait que c'est à chaque année qu'on le fait. Et la
transparence est là. On dit : chaque sou qu'on fait est déjà mis dans des
rapports, des redditions de comptes de façon très claire. Ça, il n'y a pas de
problème avec ça. Pour nous autres, le RQGE, puis tous les regroupements, et
tous les groupes qui sont financés, je ne peux pas parler pour... on ne peut
pas parler pour tous les groupes de la société civile, mais tous les groupes
sont financés de l'action communautaire...
Mme Levert (Chantal) : ...de
l'action communautaire en général, c'est-à-dire, il y en a vraiment beaucoup,
là, en défense des droits, et tout ça, c'est plus de 5 000 groupes
communautaires qui sont obligés de faire des redditions de comptes à travers le
Québec, qui sont financés par... et qui font... ils font de la sensibilisation
pendant les campagnes électorales, selon leur... selon leur secteur, là, leur
secteur d'activité, que ce soient les femmes, ils vont parler de parité, ils
vont dire : Bien là, tel groupe ou tel groupe... tel parti, tel parti
n'est pas paritaire, ça fait que, là, ils font de la pression pour que les
partis politiques fassent des débats sur la parité, l'égalité des femmes, des
choses comme ça, nous autres, c'est l'environnement, mais il y a
56 secteurs d'activités différentes dans l'action communautaire autonome.
Il y a 5 000 groupes qui font ce genre d'activités là, mais ils sont
souvent menés par des gens de cœur, tout ça. Puis là, ça nous... La
transparence est là pour les gens pour qui qu'on parle. Et, c'est-à-dire,
l'action communautaire autonome, nous autres, c'est le secteur environnement,
on est investi dans l'action communautaire autonome. Ça fait que la
transparence est là. Ça fait qu'il n'y a pas de problème, on le sait très bien.
Puis on est obligés de le faire en plus, le gouvernement nous demande de faire
des analyses critiques. Ça fait que ça, c'est déjà là.
C'est la lourdeur qui s'ajoute à faire nos
redditions de comptes en plus de nouvelles activités qui nous inquiètent et les
erreurs de bonne foi. Là, je ne parle pas... comme dans tout, là, là, de... on
oublie quelque chose, tout ça. Les amendes pour une entité est de 10 000 $
quand même, là, pour un oubli, là, que, si jamais une... dans les... si on
déroge à la loi, là. C'est quand même assez salé. Une petite organisation, là,
pour des choses qui... On s'entend-tu, là, on n'est pas en train de conduire en
état d'ébriété sur l'autoroute 40 à 120 000, là, tu sais, c'est comme...
on est... il y a peut-être juste une publicité. Et, quand on dit «publicité»,
là, juste la transmettre sur notre Facebook, avoir fait un... avoir fait, comme
j'ai dit, du graphiste, des choses comme ça, ça va vite, 1 000 $, ça
fait que... ça va très vite. Ce n'est pas nécessairement d'avoir payé un média,
la loi ne dit pas ça. La loi dit avoir fait des dépenses pour faire une
diffusion sur les plateformes et... Ce n'est pas nécessairement payer Facebook,
ça peut être avoir payé un graphiste pour poster sur Facebook. Ça peut être ça
aussi.
M. Derraji : Mais je pense
qu'on est d'accord. Et je ne pense pas que j'ai... À la lecture du projet de
loi, vous avez dit beaucoup de choses par rapport à la reddition de comptes. Je
suis d'accord avec vous, la plupart des gens qui sont issus du milieu
communautaire, environnemental, c'est des gens de cœur qui ont à coeur une
mission, ils vont continuer. Il n'y a personne qui va les empêcher de continuer
à jouer leur rôle d'informer le public. Il n'y a personne qui dit ça autour de
la table. Là, là, je veux juste qu'on clarifie les choses. Du moment que la
personne prend la décision de faire une publicité, il y a un processus à
l'intérieur de chaque organisation. Qui dit publicité, vous-même, vous l'avez
mentionné, des budgets graphistes... il y a une réflexion derrière. Je vois mal
comment aujourd'hui on va me convaincre que c'est une lourdeur d'avoir pensé à
un budget ou à un infographiste. Ce qu'on doit dire, c'est juste, bon, plus de
transparence. Je comprends, quand il s'agit d'une petite organisation, il faut
être prudent. Vous avez raison, on va le prendre en considération.
Vous avez dit aussi : Les erreurs de
bonne foi, ça n'a bon aucun sens de se ramasser à payer 10 000 $ d'amende
pour une petite organisation. Je vous l'accorde, mais est-ce qu'on... On doit
au moins s'entendre aujourd'hui sur une chose extrêmement importante. Tout le
monde peut continuer à informer. Bravo! Vous avez dit 56 affaires, c'est ce que
j'ai retenu, 56, il y a pas mal de choses pour sensibiliser les gens, mais
est-ce qu'on peut s'entendre pour plus de transparence une fois la décision est
prise de faire la publicité pendant la... pendant le préélectoral, bien, au
moins, le divulguer avec l'avis d'intention?
• (18 heures) •
Mme Levert (Chantal) : L'avis
d'intention, il faut la faire dès le mois de janvier, à partir du mois de
janvier.
M. Derraji : Bien, tout à
l'heure, si vous avez suivi la commission, je ne sais pas, la question a été
posée, on parle... on parlait avec le ministre, c'est... L'intention, c'est
trois mois, là, avant... C'est ce que j'ai compris, moi aussi, là, ce n'est pas
trois mois avant... avant l'événement. C'est ce que j'ai compris tout à l'heure
de mon échange. Donc, pour vous, là, c'est que le temps avant la campagne électorale
pour le mois de janvier, c'est ça qui pose un problème?
Mme Levert (Chantal) : Entre
autres. Entre autres, on ne peut pas, tu sais... On fait beaucoup d'activités
du mois de janvier, dans une année électorale, jusqu'à la fin, puis... c'est
ça, de tous les groupes comme ça. Mais vous focussez puis vous insistez sur la
transparence, alors que c'est une non-discussion. Nous, on est pour la
transparence. Ce n'est pas ça du tout, le problème. On est transparent, c'est
comme... on a des redditions de comptes à faire. Ce n'est pas ça, le problème.
On...
18 h (version non révisée)
Mme Levert (Chantal) : ...
M. Derraji : Excusez-moi...
excusez-moi de vous interrompre. Je ne parle pas de vos redditions de comptes.
Je parle de la publicité pendant la campagne électorale, préélectorale. La
reddition de comptes avec le gouvernement, ça, c'est autre chose. Là, on parle
d'une campagne électorale, on parle du préélectoral. J'essaie de vous poser une
question pour que vous puissiez sensibiliser tous les collègues : En quoi
c'est lourd pour vous? Parce qu'on n'a pas encore commencé l'étude détaillée.
Donnez-nous des arguments pour qu'à la... quand on va commencer à lire les
articles, on va garder ça en tête. Je ne veux pas que ce soit lourd pour vous,
là, ce n'est pas ça, mon but, là. Je veux que ce soit facile pour vous.
Le Président (M.
Bachand) :Très rapidement. Il reste très
peu de temps.
Mme Levert (Chantal) : Bien,
on focusse beaucoup encore sur des choses, là. Le... Pourquoi c'est lourd pour
nous? On va encore... Merci beaucoup de votre écoute, M. le député de Papineau.
Alors...
Le Président (M.
Bachand) :Nelligan. Mais ce n'est pas
grave, c'est un bon député.
Mme Levert (Chantal) : Nelligan?
Bien, je suis désolée. C'est parce qu'on ne l'a pas l'écran, nous autres. Je
suis vraiment désolée, monsieur.... de Nelligan, vous avez été mal nommé sur
notre écran, ça fait que... c'est... monsieur de Papineau, O.K., je le vois,
là, c'est comme... En tout cas, il y a un mélange, je suis désolée. Mais, sans
farce, là, c'est comme... on n'est pas contre la transparence. Vous nous
demandez de répondre qu'est-ce qu'il y a... c'est quoi, la lourdeur. On vous l'explique,
vous ne l'entendez pas. On ne peut pas rien dire... La reddition de comptes 90
jours après, il faut... après tant de temps, il faut regarder les choses. Je ne
sais pas comment de... comment qu'on peut expliquer plus de phrases... Et
savoir c'est quoi... à quel point qu'on est déjà, déjà surmenés.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je dois... je
dois donner la parole au député de Laurier-Dorion. Juste vous rappeler que c'était
le député de Nelligan, à l'intérieur de la salle Papineau, à l'Assemblée
nationale du Québec. Alors, M. le député de Laurier-Dorion, pour 3 min 34 s,
s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Je vais
essayer de ne pas me mélanger avec tout ça. Bonjour, Mme Levert et Mme Levert.
Écoutez, je vais aller dans l'ordre de vos... des éléments que vous... que vous
avancez, là. Vous dites, là, que c'est, pour vous, tout d'abord, la période...
la période de dépenses préélectorales pour la société civile, et vous parlez...
unique, là. Moi, j'aimerais... j'aimerais connaître votre... quelle est la
bonne période, là, pour vous, là. Est-ce que... tout d'abord, est-ce qu'il
devrait y en avoir une, une période, là... où les dépenses préélectorales sont
régies ou... Et, si oui... quelle devrait être la bonne période pour vous, là?
Mme Levert (Chantal) : Bien,
au moins, en même temps que les entités politiques, les partis, minimalement,
les partis. Pourquoi qu'il y a une différence entre le tiers état, la
communauté... la société civile, au 1er janvier, et les entités politiques
en élection, c'est-à-dire partis politiques et/ou candidats, candidates en
élection? Eux autres, c'est le 1er juillet. Ça fait que c'est comme...
notre période est beaucoup plus longue pour nous, la société civile, à être en
alerte, puis on n'a pas les mêmes moyens non plus, là, tu sais. Ça fait qu'être
en alerte, faire toutes les redditions de comptes, l'avis d'intention, des
choses comme ça... C'est ça.
Ça fait que, minimalement, minimalement...
C'est sûr qu'on préférerait ne pas en avoir puis... recommencer... continuer
avec seulement pendant la période électorale. Ça, ça allait. Mais là c'est comme...
avant la période électorale, faire des débats, ces choses-là, ça a déjà été
interprété comme étant une dépense électorale. La production d'un film, en
2011, d'un jeune cinéaste avait été vue comme une dépense électorale. En tout
cas, bref, ce serait vraiment un problème, ce serait... Nous autres, on
demanderait, au moins, tu sais... au moins... on demande que ce soit ça en même
temps que les entités politiques, partis et/ou candidates, au 1er juillet,
que ce soit... pas d'inéquité. On a beaucoup plus de temps où est-ce qu'on doit
faire de la paperasse puis il y a... faire de la comptabilité, extra de nos
redditions de comptes.
M. Fontecilla : Très bien,
donc la même période que les partis politiques. Mais, idéalement, pour vous,
là, c'est jusqu'au jour des élections, là, mais... Mais j'aimerais ensuite
aller sur la question de favoriser ou défavoriser. Je sais que les groupes
écologistes ont l'habitude de faire des comparatifs entre les différents
programmes et, ensuite, les noter, et il y a un parti qui a des meilleures
notes que d'autres, etc., là. Est-ce que vous avez déjà eu des problèmes par
rapport à cette pratique-là?
Mme Levert (Chantal) : Avec
tout respect, M. le député... je ne sais pas, là, monsieur... de quelle
circonscription que vous êtes déjà, je ne me souviens plus, mais, en tout
cas...
M. Fontecilla : Laurier-Dorion.
Mme Levert (Chantal) : Laurier-Dorion...
parce qu'on ne l'a pas à l'écran... bien, j'ai perdu... j'ai perdu mon fil...
oui, on ne fait pas des notes, ce n'est pas des bulletins. On pose des
questions. C'est Vire au vert qui fait ça, entre autres, là, c'est un collectif
qu'on... puis on fait des débats suite à ça. On pose des questions au... à
chaque parti, les partis répondent à ce questionnaire-là, et on fait juste...
il n'y a pas de note, il n'y a pas de cotation, on fait juste donner le
résultat des réponses. Les citoyens et citoyennes...
Mme Levert (Chantal) : ...feront
bien leur tête avec ça, mais c'est assez clair, là, sur la... c'est... L'idée
est comme un débat virtuel si vous voulez, mais on ne donne pas de note,
aucune. Jamais.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Fontecilla : Merci
beaucoup!
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée de Terrebonne pour
2 min 43 s, s'il vous plaît.
Mme Gentilcore : Oui. Merci
beaucoup.
Écoutez, je suis très sensible, là,
évidemment, à la surcharge de travail, de votre côté, à ne pas ajouter de
tâches supplémentaires sur vos épaules. Ça fait que je vais me concentrer sur
la reddition de comptes, puis là, là, c'est une idée que je lance comme ça,
pour réflexion seulement. Je n'ai pas mûrement réfléchi ce concept-là. Mais si
par exemple, c'étaient les médias ou les réseaux... les réseaux sociaux qui
étaient imputables de produire les rapports de vos dépenses publicitaires,
est-ce que déjà ça, ce serait une piste de réflexion? Puis là, je...
évidemment, je ne m'engage à rien, là. Mais est-ce que ce serait le genre de...
le genre de mécanisme qu'on pourrait mettre en place qui déjà allégerait un
petit peu la lourdeur de la tâche?
Mme Levert (Chantal) : Potentiellement.
Partiellement. Il y a toujours la notion que, si on l'a fait par nos propres
moyens, ça va être sans facture du média qu'on aurait payé ou pas, parce qu'on
les utilise gratuitement, les réseaux sociaux, là. On n'est pas obligés de
payer des publicités. Si c'est dit aussi que si ça pourrait... Une entité
politique en élection, parti, ou candidat ou candidate, mécontent de quelque
chose pourrait arriver puis dire, avec comment que la loi est faite,
dire : Vous n'avez peut-être pas payé, vous l'avez fait par vous autres
mêmes, mais on considère que ça nous nuit, que ça nous... et donc il
faudrait... il faudrait démontrer que ce n'est pas une publicité ou encore
donner un prix aléatoire de qu'est-ce que ça a coûté selon le marché.
Mme Gentilcore : Oui, oui.
Mais là vous parlez des publications, mais moi, je parle vraiment et
strictement de la publicité payée, donc, par exemple, une page ou une demi-page
dans un Devoir, par exemple, ou une publication où on aurait mis un
certain montant d'argent sur un réseau social, quel qu'il soit, là. Donc, je
parle, tu sais, vraiment, cette portion-là, si jamais le fardeau de la
reddition de comptes n'était pas sur vos épaules, mais elle était... Bon. C'est
une petite partie, évidemment, je sais que ce n'est pas l'ensemble de la chose,
mais.
Mme Levert (Chantal) : Ça
serait une idée, ça serait... ouais.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme la députée
de Terrebonne, Mmes Lévert... Levert, merci beaucoup d'avoir été avec nous.
C'est un grand privilège. Et vous avez un très beau chat aussi qui a voulu
participer à la discussion de cet après-midi. Ça fait que...
Mme Levert (Chantal) : Bien,
désolée.
Le Président (M.
Bachand) :...on est très ouverts, la
Commission des institutions...
Mme Levert (Chantal) : On
avait fermé notre porte, mais elle a réussi à passer.
Le Président (M.
Bachand) : ...alors on accepte tout le monde ici. O.K., merci
beaucoup, et avant de compter les auditions, je procède au dépôt des mémoires
des personnes et organismes qui n'ont pas été entendus lors des auditions
publiques. Et compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au
vendredi 25 avril, à 10 heures, où elle va entreprendre un autre
mandat. Merci, à bientôt. Bye-bye.
(Fin de la séance à 18 h 09
)