(Quinze
heures vingt-neuf minutes)
Le
Président (M. Bachand) : Bonjour, tout le
monde. À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission des institutions ouverte.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Justice des crédits budgétaires du
portefeuille Justice pour l'exercice financier 2025‑2026. Une enveloppe de
3 h 15 min a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, M.
le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
• (15 h 30) •
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Asselin
(Vanier-Les Rivières) est remplacé par Mme Tremblay (Hull)
et Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques) est remplacée par M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne).
Justice
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Nous
allons procéder, comme vous le savez, à une discussion d'ordre général, par
blocs d'environ 20 minutes, incluant les questions et les réponses. La
mise aux voix de ces crédits sera effectuée
à la fin du temps qui leur est alloué. Alors, premier bloc d'échange, M. le
député d'Acadie, pour une période de 19 min 36 s. M. le député
d'Acadie, s'il vous plaît.
Discussion générale
M. Morin : Merci,
M. le Président. Alors, M. le ministre, bon après-midi. Salutations aux
collègues de la banquette gouvernementale,
et à tous les fonctionnaires qui vous accompagnent, ainsi que les membres de
votre cabinet, M. le ministre. Je
salue également les collègues de l'opposition, pour l'instant, du deuxième
groupe d'opposition, voilà.
Alors, on va débuter
sans plus tarder, M. le Président. J'ai quelques questions, au début, en lien
avec le travail et les effectifs au bureau
du Directeur des poursuites criminelles et pénales. Le Conseil du trésor
annonçait un gel d'embauche dans la fonction publique. Est-ce que ce gel
touche le DPCP, M. le ministre?
M.
Jolin-Barrette : Oui. Alors, pour ce qui est du gel d'embauche, on a
prévu, vous savez, dans le fond, l'ensemble...
Bien, d'abord, vous
me permettrez de saluer l'ensemble des collègues des oppositions, vous, M. le
Président, de remercier également les
équipes du ministère de la Justice qui sont avec nous, de remercier également
les députés de la banquette
gouvernementale qui sont avec nous. C'est un exercice qui est important, les crédits,
et l'ensemble des gens que vous voyez avec nous, aujourd'hui, dans
chacun des organismes du ministère de la Justice, ont fait un travail, depuis
plusieurs semaines, pour répondre aux questions. Alors, c'est un exercice que
nous prenons avec rigueur.
Donc, à la question
du député de l'Acadie, le DPCP bénéficie d'une exemption. Donc, lorsque le gel d'embauche a été annoncé, le secrétaire du Conseil
du trésor peut autoriser, dans certaines exceptions, une... le fait de
combler certains postes pour assurer la mission. C'est le cas pour le Directeur
des poursuites criminelles et pénales comme
c'est le cas pour les avocats de l'aide juridique, les permanents aussi, où il
y a une autorisation... En fait, lorsqu'un gel d'embauche a été énoncé,
il y a une autorisation qui a été accordée aussi à la Commission des services
juridiques pour embaucher des avocats permanents.
Je
donne un exemple. Dans certains bureaux d'aide juridique, exemple, je pense,
Chibougamau, il n'y a qu'un seul avocat. Donc, vous comprendrez que, si
jamais l'avocat quitte, démissionne, bien là, à ce moment-là, pour éviter la
rupture de service, à ce moment-là, il faut embaucher. Donc, dans l'ensemble de
ces matières-là, il y a certaines exceptions, même chose aussi pour les
employés en termes... dans les palais de justice, qui travaillent au soutien à
l'audience, exemple, greffiers, huissiers, qui font rouler, dans le fond, le
système de justice. Bien, actuellement, là aussi, on bénéficie, au ministère de
la Justice, d'une exemption.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
député d'Acadie, oui.
M. Morin : Cependant... Merci, M. le Président. Cependant, je
constate, quand on regarde le nombre d'heures supplémentaires
enregistrées par les procureurs du DPCP du 1er avril 2023 au 3 mars
2024, on a 38 032 heures, mais, du
1er avril 2024 au 27 novembre 2024, ça tombe à 25 455. Est-ce
qu'il y a eu des directives pour qu'on réduise le temps supplémentaire
compte tenu de réduction de budget ou de gel des dépenses?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Bien, sur l'ensemble des effectifs de l'État
québécois, il y a un gel d'embauche, mais également on cherche à réduire le
temps supplémentaire. Alors, lorsque c'est vraiment nécessaire, il peut y en
avoir d'accordé, mais je crois que c'est sur autorisation du procureur...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est sur
autorisation du procureur en chef ou procureur en chef adjoint de l'équipe en
question. Donc, le temps supplémentaire doit être préalablement approuvé. Puis,
dans le fond, dans un aspect de contrôle des dépenses, bien entendu, au
ministère de la Justice, la quasi-totalité de notre budget, à l'exception du régime d'indemnisation de l'IVAC, donc, qui
représente plus de 600 millions cette année, le plus gros de nos
dépenses, ce sont la masse salariale, que ce soit la Commission des services
juridiques, au Directeur des poursuites criminelles et pénales ou au ministère
de la Justice, avec les juristes d'État.
M. Morin : Très bien. Je
comprends...
M. Jolin-Barrette : Donc, pour
contrôler les dépenses, effectivement, il y a un resserrement.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député d'Acadie.
M.
Morin : Merci, M. le Président. Cependant, et c'est vrai,
ce que vous dites, M. le ministre, le temps supplémentaire est habituellement toujours préapprouvé. C'est une
question élémentaire de saine gestion des finances publiques, sauf qu'on voit qu'auparavant...
j'imagine que ça a toujours été préapprouvé. Donc, vous aviez quand même
35 000 heures en 2022, 29 500
heures en 2023, 38 000 en 2024. Donc, j'imagine que ça a toujours été
approuvé. Puis là ça tombe à 25 455 en 2024. Est-ce qu'il y a eu
des directives qui ont été données de ne plus approuver de temps supplémentaire
ou de répartir le travail autrement?
M.
Jolin-Barrette : Bien, c'est sûr qu'on est dans un objectif
d'optimisation du budget. Alors, tous les organismes doivent respecter
leur budget. Alors, bien entendu, il faut que le temps supplémentaire soit
donné avec parcimonie et il faut faire en sorte de réaliser la mission,
notamment celle du Directeur des poursuites criminelles et pénales, à
l'intérieur du budget qui est alloué par les crédits qui sont votés ici, à
l'Assemblée nationale.
Bien, d'ailleurs, il faut le dire, hein, depuis
plus de 10 ans, dans le fond, il y a eu une forte augmentation du nombre de postes qui ont été créés au Directeur
des poursuites criminelles et pénales. Donc, depuis 2018‑2019,
il y a eu une augmentation de
27 % du nombre de procureurs, donc, depuis notre arrivée, puis le budget,
depuis 2021‑2022, au Directeur des poursuites criminelles
et pénales, a augmenté de 178,5 millions de dollars à
227,5 millions de dollars en 2024‑2025.
Alors,
l'augmentation est due au nombre de procureurs qu'on a rajoutés dans le réseau.
Vous vous souviendrez, à la grève de 2011...
M. Morin : Merci. Attendez-moi,
attendez. M. le Président, ma question était quand même précise.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y, M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Là, M. le ministre
me dit que vous avez augmenté le nombre de postes puis qu'en plus le nombre
d'heures supplémentaires a augmenté. Est-ce que c'est ce que vous dites?
M. Jolin-Barrette : Non, non, non.
Ce que j'ai dit, c'est que, depuis 2018‑2019, depuis notre arrivée au
gouvernement, le nombre de postes de procureurs a augmenté de 27 %. Donc,
c'est quand même important, puis le budget est passé de 178,5 millions à
227,5 millions. Ça, c'est entre 2021‑2022 à 2024‑2025. Ça fait que le
nombre de procureurs est passé de 695 à 842.
Si on se rapporte à la grève de 2011, au moment où les procureurs ont fait la
grève, ils étaient environ 400, 450, environ, dans ces zones-là. Ça fait que
vous comprendrez que le contingent, en 14 ans...
M. Morin : Voilà. Alors, je vous
remercie, M. le ministre.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de l'Acadie.
M.
Morin : Alors, M.
le Président, je note également qu'il
y a une augmentation des départs et des démissions au sein du DPCP, 53 démissions notamment de
fonctionnaires en 2022‑2023, démissions de procureurs, de
professionnels, 84 démissions en 2023‑2024, dont 61 au niveau des
fonctionnaires. Il y en a eu plus au niveau des procureurs parce qu'il y en a qui ont été nommés juges, mais ces
démissions-là sont en hausse. Qu'est-ce qui explique qu'il y ait autant
de fonctionnaires qui démissionnent? Et, quand on calcule l'ensemble des
postes, il y a présentement 95 postes vacants au DPCP. Pourquoi y en
a-t-il autant et que faites-vous pour combler ces postes?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez,
le Directeur des poursuites criminelles et pénales est un employeur de choix et
il offre de très bonnes conditions. En plus d'avoir créé une multitude de
postes au procureur aux poursuites criminelles
et pénales, si on parle de procureurs, là, au cours des dernières années, il
n'y a jamais eu autant de procureurs... l'autre élément, l'échelle
salariale, quand vous regardez ça, là, au 1er avril 2026, donc, au
1er avril l'an prochain, le niveau expert, c'est-à-dire après 16 ans de Barreau... donc, un
procureur qui finit à 22 ans puis qui se retrouve, supposons, à
38 ans, où il a été deux ans, le salaire est de 192 424 $, si
vous êtes un procureur qui n'est pas... supposons, un procureur qui est à Montréal, au palais de justice. Cependant, il y a
des primes additionnelles, entre 5 %, 10 %, peut-être
15 %... jusqu'à 15 % lorsque...
Une voix : ...
M.
Jolin-Barrette : Bon,
15 % de plus, si vous êtes à la cour itinérante, 13 % avec un cumul,
si vous êtes basé dans le Nord. Au
Bureau de la grande criminalité, à Montréal, niveau expert,
211 666 $, sur une semaine de 37,5 heures. Donc, les conditions salariales où est-ce qu'on a
donné suite au dernier comité de rémunération sont attractives. Alors,
comme dans n'importe quelle organisation, il y a des départs, il y a des
arrivées, et on n'est pas à l'abri, bon, des retraites et des mouvements de
personnel. Cependant, le taux de démission chez les procureurs est stable et
c'est inférieur au taux de démission chez les fonctionnaires.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, c'est ça, parce que
M. le ministre me parle des procureurs, mais le plus grand nombre de
démissions, ce sont chez des fonctionnaires, pas des procureurs. Est-ce que
vous avez un problème pour maintenir en poste vos fonctionnaires et est-ce que
les salaires sont attractifs? Parce que, quand on regarde la majorité des
départs, les démissions, c'est au niveau des fonctionnaires, 61 démissions en 2023‑2024.
Il y a eu également 18 mutations.
• (15 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez,
comme dans n'importe quelle organisation, ce sont des postes de fonction
publique. Alors, nos salaires sont compétitifs. Ils ont bénéficié des mêmes
augmentations que la fonction publique, alors, le 17,4 % pour la fonction
publique. Alors, nous, on assure de doter les différents services régaliens de
l'État, notamment la justice, du personnel approprié.
Donc, je ne vous cacherai pas qu'il y a eu
quelques années difficiles, suite à la pandémie, dans le système de justice en général, là, je ne parle pas du Directeur
des poursuites criminelles et pénales, mais, supposons, au niveau des
greffiers, mais ça s'est stabilisé, puis on a fait beaucoup preuve
d'innovation, avec les services de justice, pour faire en sorte qu'on modernise
nos façons de faire.
Je donne un exemple. Sûrement que vous avez vu,
au cours des dernières années, M. le Président, que, parfois, avec les greffiers, c'était plus difficile. Donc, on a bâti des
équipes volantes de greffiers, on a bâti des greffiers à distance aussi, et on a fait un reclassement
également, et puis, suite aux augmentations aussi, ça a permis de
stabiliser.
M. Morin : Parfait. Merci. Parlons
maintenant, M. le Président, des absences en invalidité plus de cinq jours consécutifs, en maladie. On voit qu'en 2022‑2023,
chez les fonctionnaires, c'était 61 absences; en 2023‑2024, ça passe à
85; chez les procureurs, c'est de 104 à 112; les cadres, de neuf à 11, pour un
total, en fait, de 220.
Est-ce qu'il y a un problème de surcharge de
travail? Est-ce qu'il y a un problème au niveau des conditions de travail?
Parce que ça fait quand même beaucoup de journées d'absence en maladie et c'est
en croissance.
M. Jolin-Barrette : Peut-être juste,
pour la suite de nos travaux, si le député de l'Acadie avait la gentillesse aussi de nous référer, supposons, à quelle
question il est dans son cahier au même moment pour que je puisse m'y
référer.
M. Morin : ...suite à des demandes
d'accès à l'information. Ça fait que ça vient de votre ministère.
M.
Jolin-Barrette : Ah! O.K., oui. Donc, vous savez, le crime n'arrête jamais,
hein? On lutte contre le crime, mais, par contre, il faut toujours être
vigilant, puis c'est un travail qui est constant. Alors, les équipes au
Directeur des poursuites criminelles et
pénales, autant les procureurs aux poursuites criminelles et pénales que les
gens de la fonction publique qui travaillent au soutien de la mission de
poursuite, ce sont des gens qui sont dévoués, mais ce sont des... un travail
qui est exigeant. L'objectif, il est noble de s'engager pour la fonction
publique, mais aussi dans cette mission-là du Directeur des poursuites
criminelles et pénales.
Alors, bien entendu que, parfois, il y a des
départs, parfois, il y a des maladies, mais on cherche à offrir un
environnement qui est motivant, qui est stimulant également, pour le personnel.
Alors, il y a des mesures également qui ont
été mises de l'avant par l'organisation, notamment 15 heures de congés annuels
à titre de répit, des mesures en matière
de santé mentale, une allocation annuelle de 325 $ pour un compte de
gestion de santé, un dégagement également d'un budget annuel de 750 000 $, donc, 3 millions sur
quatre ans, pour la mise en oeuvre de recommandations du comité
paritaire sur la charge de travail découlant du dernier Comité sur la
rémunération des procureurs aux poursuites criminelles et pénales, puis c'est
ça.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de l'Acadie, oui.
M. Morin : On apprenait récemment
qu'il y a une formation qui est donnée par les procureurs, qui s'appelle La Cour d'école, et cette formation-là est
particulièrement appréciée parce qu'en fait c'est 8 646 enfants qui ont
bénéficié du projet pilote. Je comprends que la décision a été prise de faire
une pause pour ce programme-là. Est-ce qu'il y a une raison particulière?
Est-ce que c'est par manque d'effectifs?
M.
Jolin-Barrette : Pouvez-vous spécifier le début? J'ai manqué, là...
M. Morin : Oui. Je vous parle d'un programme qui avait été
initié par le DPCP, qui s'appelait La Cour d'école, et ce programme-là a bénéficié à 8 646
enfants. C'est un exercice important de formation et de prévention. Le
programme a été mis sur pause. Est-ce que c'est parce que c'est un manque
d'effectifs?
M. Jolin-Barrette : Alors, on continue à
l'appliquer en matière autochtone et, présentement, on est en termes de
réévaluation de programmes, donc, pour les matières... les moments... qui sont
les plus pertinentes à la diffusion de la connaissance. Alors, c'est un
programme qui a été mis en place de cela... il y a quelques années, où est-ce
que les procureurs vont, durant toute l'année, en classe pour expliquer comment
se déroule le cheminement d'une poursuite et là font participer les enfants. Ça
fait partie de la vocation sociale du Directeur des poursuites criminelles et
pénales et du volet éducatif aussi auprès des enfants. Cela étant, on est en
cours de réévaluation, puis c'est important aussi que le DPCP se concentre sur
sa mission première en termes de poursuites.
M. Morin : M. le Président, effectivement, pour le volet
autochtone, le programme de formation est maintenu pour une raison simple, c'est que le ministère a
reçu un financement pour ça. Donc, évidemment, il faut qu'il continue.
Il ne semble pas y avoir de financement comme tel pour le DPCP. Alors, si le
programme a été annulé, est-ce que c'est par manque de fonds ou manque de
procureurs?
M.
Jolin-Barrette : On est dans une situation où il faut assurer la
mission de poursuite de l'État. Donc, le programme est un bon programme. Cela
étant, on est dans une situation où, vous savez, la volumétrie de dossiers, elle est importante. La charge de travail, elle
est importante aussi. Puis la mission de poursuite, elle doit continuer.
Donc, actuellement, on révise le programme, mais le programme n'est pas annulé.
M. Morin : Bien.
On me souligne également qu'il y aurait des procureurs qui auraient de la
difficulté... ou se verraient refuser l'achat de volumes de droit, évidemment,
pour faire leur travail. Dans certains cas, ce serait même allé jusqu'à des
codes criminels. Est-ce que vous êtes au courant?
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez, les outils
sont normalement fournis aux procureurs pour réaliser leur travail.
Donc, tout le monde a eu un Code criminel cette année, à ce qu'on me dit.
M. Morin : Parfait.
Je vous remercie. Est-ce que vous savez combien de jours de formation continue
ont été complétés par les procureurs dans la dernière année?
M. Jolin-Barrette : On a investi
400 000 $ en accès en ligne aussi pour le matériel, les outils de
travail didactiques. Pour... Votre question, elle était sur la
formation...
M. Morin : Sur
la formation continue des procureurs, pour 2024‑2025, combien de jours ont été
donnés? Est-ce que tous les procureurs ont été en mesure de compléter leur
formation obligatoire par le Barreau?
M.
Jolin-Barrette : Ce qu'on m'indique, c'est que plus de
600 procureurs ont complété leurs 30 heures et plus... plus que
30 heures de formation continue.
Une voix :
...
M.
Jolin-Barrette : O.K. Alors, tout le monde, tous les procureurs, donc,
les 842 procureurs, ont suivi leurs 30 heures de formation, et, parmi ces
842 là, il y en a 600 de ces 842 là qui ont suivi plus que le minimum prévu au
règlement de formation continue du Barreau, donc, plus de 30 heures.
M. Morin : Et
est-ce que la majorité de ces heures de formation là sont données dans le cadre
de l'école des procureurs?
M.
Jolin-Barrette : La réponse est oui.
M. Morin : Parfait.
Merci. Dans le cas de certains dossiers, on a entendu, dans les journaux, que
certains dossiers avaient été réglés rapidement. Êtes-vous au courant? Il est
clair que la négociation de plaidoyers existe, là, mais est-ce que, selon vous,
les procureurs ont assez de temps pour bien préparer leurs dossiers puis, après
ça, être en mesure de négocier des sentences qui sont les plus appropriées dans
les circonstances?
M.
Jolin-Barrette : Bien, la mission de poursuite et la conduite du
dossier des procureurs, ils le font d'une façon
qui est indépendante. Alors, on a ajouté beaucoup de ressources au Directeur
des poursuites criminelles et pénales depuis qu'on est arrivés en
fonction. Vous avez pu le constater. Le nombre d'infractions criminelles, il
est moindre qu'à une certaine époque aussi.
Alors, on est dans une situation où, comme je
vous le disais tantôt, les infractions criminelles se renouvellent à chaque
année, hein? Ce n'est pas quelque chose... Bien, idéalement, dans notre
société, on viserait à ce qu'il n'y en ait pas, mais on
n'a pas trouvé encore la recette pour qu'il y en ait zéro, et je pense que, M.
le Président, le député de l'Acadie le sait très bien comme par son activité
professionnelle antérieure. Cela étant, les procureurs aux poursuites
criminelles et pénales ont les outils pour mener leur charge de travail à bien.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
M. Morin : Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, pour 13 min 4 s,
s'il vous plaît.
M.
Cliche-Rivard : Merci beaucoup, M. le Président. Merci au
ministre. Merci aux équipes. Merci aux collègues de l'opposition
officielle.
Première
question, M. le ministre, sur l'IVAC et les cas spéciaux, j'aimerais ça vous
entendre là-dessus. Depuis la réforme de l'IVAC, on voit qu'il y a
différents cas qui nécessiteraient une attention particulière, mais qui se
butent aux paramètres de la loi. On peut penser au cas d'Anne-Sophie, là, vous
avez commenté là-dessus récemment, la grande soeur de Jacob, l'une des deux
victimes de la tragédie de la garderie de Sainte-Rose à Laval, qui n'aurait
droit qu'à 30 séances de
psychothérapie. Je pense aussi à Mme Amélie Lemieux, la mère des jeunes
filles Carpentier, assassinées par
leur père en 2020. Je pense aussi aux autres victimes qui se mobilisent depuis
des années. Vous vous êtes souvent montré très à l'écoute des personnes
victimes. Pour Anne-Sophie, vous avez déclaré récemment que vous regardiez ce
qui pouvait être fait dans ce dossier-là.
Alors, ma question est la suivante. Pour
Anne-Sophie, là, vous disiez être à la recherche d'une solution. Pouvez-vous
nous donner un petit peu d'informations là-dessus? Et est-ce que ça vous fait
réfléchir ou évaluer la possibilité d'offrir des alternatives pour celles et
ceux qui vivent avec des séquelles particulièrement graves après un incident
malheureux?
• (15 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Alors, il faut
savoir d'où on part là-dedans. Lorsqu'on a décidé, notre gouvernement, de faire la réforme de l'indemnisation des victimes
d'actes criminels, il y avait une liste d'infractions, et plusieurs
n'étaient pas couvertes. Alors, vous vous
souviendrez, vous comme moi, il y avait des cas fréquents où les personnes
n'étaient pas considérées comme des personnes victimes. Donc, on a
élargi la notion de victime.
Exemple, dans le cas spécifiquement des parents
d'Anne-Sophie, ils n'auraient pas été considérés comme victimes à l'époque.
Alors, maintenant, ils sont couverts à cause de la réforme de 2021. Pour le cas
d'Anne-Sophie, comme je l'ai dit publiquement, et je l'ai écrit également aux
parents, on est à la recherche d'une solution. Alors, j'ai mandaté le ministère de la Justice de regarder
avec l'indemnisation des victimes d'actes criminels qu'est-ce qu'il
était possible de faire dans des situations comme ça, parce que c'est vrai que,
lorsqu'on a... on est d'âge mineur puis on a un frère ou une soeur qui est
assassiné, bien, c'est sûr que ça a des conséquences, puis ça fait qu'on est en
train de regarder les différentes avenues.
M. Cliche-Rivard : Mais ça vous
démontre quand même qu'il y a des situations, puis vous l'avez dit, qui sont
particulièrement exceptionnelles et dramatiques. Est-ce qu'il n'y n'aurait pas
lieu de réfléchir à un mécanisme exceptionnel discrétionnaire que vous pourriez
encadrer avec des balises claires, mais qui donnerait des alternatives à certaines
personnes?
M. Jolin-Barrette : Bien, vous
savez, un pouvoir discrétionnaire du ministre, c'est toujours sensible, parce
que des cas comme ceux-là surviennent... peuvent survenir dans toutes sortes de
circonstances. Alors, on analyse les différentes solutions. Donc, quand on a
fait la réforme de l'IVAC, en termes d'indemnisation, en 2019, il y avait
136 millions en indemnisations, et, cette année, projeté pour le budget de
cette année, je pense qu'on est à...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui, mais, pour 2025‑2026,
on est à plus de 650 millions cette année. Ça fait qu'on n'est pas loin de
400 quelques millions de plus qu'au moment de la réforme, puis ça, c'est de
l'argent qui est directement dans les poches des personnes victimes.
M. Cliche-Rivard : Une somme grave
pour les situations particulièrement graves, pour les séquelles graves comme
Amélie, comme les autres, pour l'instant, sur votre radar, il n'y a pas la
création d'un genre de mécanisme spécial pour ces gens-là?
M. Jolin-Barrette : Bien, pour le
cas d'Anne-Sophie, comme je vous ai dit, on est en train de regarder les
alternatives. Là, cette année, c'est 661 millions en indemnités projetées
qui vont être données versus 136 millions. Vous m'avez parlé notamment de
Mme Lemieux. Le dossier est devant les tribunaux actuellement.
Donc, je ne souhaite pas aborder les questions
de dossiers individuels, mais un des éléments... puis je ne me souviens plus si c'est vous ou, très certainement,
le député de l'Acadie, on a eu l'occasion d'échanger, lors des périodes
de questions, sur la période transitoire de trois ans. Dans le fond, comme on
l'a dit, l'ensemble des personnes qui est admissible continue de recevoir
leur... une indemnité, s'ils sont inaptes au travail, dans une situation où ils
ne sont pas capables de faire leurs tâches quotidiennes,
donc, pas capables de se nourrir, de se laver, tout ça, et le bassin de
personnes qu'on a couvert est beaucoup plus large et le régime est beaucoup
plus généreux.
M. Cliche-Rivard : Parfait, merci.
Je change de sujet. Vous avez vu récemment... J'ai un sujet sensible que je veux discuter avec vous de manière délicate. La
semaine dernière, la Cour supérieure a rendu une décision importante sur
un sujet qui nous a occupés, notamment en commission avec le p.l. n° 12, soit le fait qu'un enfant devrait avoir le droit d'avoir plus d'un parent dans certaines
situations très particulières... plus de deux, pardon. J'ai le souvenir que
nous avions échangé... Nous avions eu des
échanges intéressants, notamment avec les groupes. Je serais très intéressé,
moi, M. le ministre, à travailler avec vous là-dessus très rapidement pour
qu'on s'ajuste et qu'on donne suite au jugement de la Cour supérieure. Je
voulais savoir si vous êtes intéressé à ce qu'on travaille ensemble dans les
délais impartis pour modifier le Code civil en ce sens.
M. Jolin-Barrette : Bien, première
chose, on a pris acte du jugement rendu par le juge Andres C. Garin de la Cour
supérieure, donc, qui a été rendu le 25 avril 2025. Donc, présentement, le
ministère de la Justice est en analyse du
jugement. Alors, je vais réserver mes commentaires pour la suite des choses,
lorsque le Procureur général du
Québec aura complètement analysé le jugement et en aura pris compte.
Sur votre autre proposition, de travailler en
collaboration avec vous sur d'autres projets de loi, bien, je saisis votre offre
et puis je pense qu'on aura l'occasion de faire quelques autres projets de loi
ensemble.
M.
Cliche-Rivard : Donc, vous n'êtes pas prêt à vous avancer, là,
aujourd'hui, parce que le Procureur général, je l'ai quand même ici, en
cette salle, vous en êtes. Je vous pose la question, vous êtes là. On est aux
études de crédits. Il y a des fonds publics engagés dans un appel devant la
Cour d'appel. Le cas échéant, j'aimerais ça savoir si votre intention,
aujourd'hui, c'est de poursuivre en appel ou d'appliquer la modification au
Code civil.
M.
Jolin-Barrette : Bien, comme je vous le dis, aujourd'hui, on est le
29 avril. Je pense que, sur un jugement d'importance comme ça, il
faut prendre le temps de l'analyser, et c'est ce qu'on va faire avec les
équipes du ministère de la Justice, équipes,
d'ailleurs, qui sont extrêmement compétentes. Vous avez vu les quatre projets
de loi qu'on a faits, au cours des trois dernières années, en matière de
réforme du droit de la famille. Je vous rappellerais qu'on a fait le projet de loi n° 2, le projet de loi
n° 12, le 56 et, le dernier, le 91, donc, sur la création du Tribunal
unifié de la famille. Alors, le
législateur est intervenu en matière de droit de la famille. Il n'était pas
intervenu depuis 1980. Et puis ça appartient au législateur québécois de
définir quels sont les rapports de droit privé en matière familiale dans notre
société.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
M. Cliche-Rivard : ...quand même des
orientations. Là, on a déjà eu des échanges sur le sujet. Vous étiez quand même sceptique. Je ne veux pas vous mettre
des mots dans la bouche, là, mais vous n'alliez pas nécessairement...
Vous n'alliez pas nécessairement en ce sens quand on a fait des propositions
puis des discussions en commission parlementaire. Donc, je vous entends plutôt
dubitatif, là, ou réfractaire, et je ne veux pas vous mettre des mots dans la bouche,
je vais vous laisser le dire, mais vous semblez avoir un appétit politique à
poursuivre en appel.
M. Jolin-Barrette : Moi, ce que je
vous dis, c'est que, présentement, j'analyse le jugement. Alors, ne me mettez
pas rien dans la bouche.
M. Cliche-Rivard : Des mots...
M.
Jolin-Barrette : Donc, ne me mettez pas des mots dans la bouche...
à cet effet que nous allons analyser le jugement et on fera connaître la
décision du gouvernement du Québec d'aller ou non en appel relativement au
jugement. Bien, écoutez, c'est un jugement de plus de 100 pages. Alors, on
est en train de l'analyser.
M.
Cliche-Rivard : Merci, M. le ministre. Question suivante,
poursuite pour possession simple, la possession simple de drogue ou sur
la possession dans l'intention d'en faire le trafic, qui est déjudiciarisé, de
facto, depuis 2023, évidemment, sauf quelques exceptions, c'était une bonne
décision, évidemment. En juin 2022, là, il y a eu C-5, vous l'avez suivi, on
l'a commenté. On voudrait savoir s'il y a un portrait des effets de cette
directive. Est-ce que vous l'avez évaluée? Qu'est-ce qu'il en est deux ans
après son application? Et dans quelle proportion les poursuites, finalement,
ont diminué, pour possession simple?
Le Président (M. Bachand) : Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Je pense qu'il y a eu un peu de la confusion,
là. Dans le fond, ce n'est pas déjudiciarisé. C-5 a amené un changement
du paradigme, et ensuite nous avons, au ministère de la Justice, donné des
directives sur quelle façon... Donc, c'est
ça. Alors, dans la Gazette officielle du 24 avril 2023, donc, à la
page 1303a, on a donné des orientations lorsque... en vertu de C-1,
de la Loi sur le ministère de la Justice, donc, et en fonction...
M. Cliche-Rivard : On connaît le
cadre, M. le ministre, là.
M.
Jolin-Barrette : Pardon?
M. Cliche-Rivard : Avec respect, là,
on le connaît, le cadre. On vous demande l'évaluation d'impact des deux
dernières années. Est-ce que vous avez une évaluation d'impact? Est-ce que les
poursuites ont diminué?
M. Jolin-Barrette : Bien, on est
dans un régime où le fédéral a modifié C-5 et a obligé les poursuivants des États fédérés à agir. Nous, on s'est assurés
d'avoir un cadre strict, mais ça ne demeure pas moins qu'on a été forcés
d'agir à cause de l'action du gouvernement
fédéral. Et d'ailleurs, dans C-5, aussi, on se rappellera que les peines avec
sursis sont désormais permises pour trafic d'armes à feu, trafic de
drogue et agression sexuelle. Alors, il y a eu une motion...
M. Cliche-Rivard : À l'Assemblée
nationale, tout à fait.
M. Jolin-Barrette : Mais on demande
au gouvernement fédéral d'agir sur les agressions sexuelles, mais également
sur les autres dossiers, parce que, si on veut avoir des communautés qui sont
sécuritaires, si on veut s'assurer de lutter efficacement contre la
criminalité...
• (16 heures) •
M. Cliche-Rivard : Je suis d'accord,
mais là je vous parle de possession simple. Est-ce qu'il y a une évaluation de
la directive puis de l'application des deux dernières années ou il n'y en a
pas? S'il n'y en a pas, je vais passer à la prochaine question, mais est-ce que
vous l'avez évalué?
M. Jolin-Barrette : Bien, cette
année, il y a eu 290 dossiers en Programme de mesures de rechange général
puis 243 en postaccusatoire.
M. Cliche-Rivard : Puis ça, c'est
une augmentation. On ne voyait pas ces chiffres-là avant?
M. Jolin-Barrette : On va vérifier
et on vous revient.
M. Cliche-Rivard : Parfait. M. le
Président, juste noter l'engagement de fournir les données.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, merci. M. le ministre,
vous allez donner l'information à la commission, bien sûr? Merci.
M. Cliche-Rivard : Sur l'évolution
depuis 2023.
Le Président (M.
Bachand) : Parfaité. C'est bien noté. M.
le député.
M.
Cliche-Rivard : Parfait, merci beaucoup. J'aimerais ça vous
entendre, M. le ministre, aussi... Dans le cadre temps du mémoire prébudgétaire du Barreau, il y avait des
recommandations, vous les connaissez, notamment, eu égard à l'aide
juridique, poursuivre les investissements en faveur de l'aide juridique en
prévoyant une enveloppe budgétaire supplémentaire d'au moins 60 millions,
opérer un élargissement du chapitre III de la Loi sur l'aide juridique
afin d'inclure les personnes atteintes de troubles de santé mentale.
Je vais vous donner l'occasion de commenter.
Qu'en est-il pour l'augmentation du budget de l'aide juridique puis du mémoire
prébudgétaire du Barreau?
M. Jolin-Barrette : Bien, à chaque
année, le budget de la Commission des services juridiques est un budget qui est
important pour le ministère de la Justice du Québec, à hauteur de plusieurs
centaines de millions pour la CSJ, donc, par voie de transferts. Donc, on a vu
les demandes du Barreau. À chaque année, le Barreau demande certaines mesures
qui sont des demandes qui sont soutenues par le Barreau et qui sont entendues
par le ministère de la Justice et le ministère des Finances. Cette année, vous
comprendrez que le budget a été, je vous dirais... Vous connaissez la situation
budgétaire de l'État québécois, notamment en raison...
M.
Cliche-Rivard : ...on est à combien pour l'aide juridique? Le
Barreau demandait 60 millions. Finalement, votre cadre financier,
ça accorde combien à l'aide juridique?
M. Jolin-Barrette : Bien, l'aide
juridique, c'est... Commission des services juridiques, 244,3 millions,
donc, sur 1,9 milliard de dollars qui
est consacré au ministère de la Justice... bien, en fait, à l'enveloppe
Justice. De ça, vous avez 600 millions qui s'en vont à l'IVAC, à
l'indemnisation. Vous avez...
M. Cliche-Rivard : M. le Président,
ma question est claire, là. Le Barreau demandait 60 millions de plus. Vous
accordez combien de plus pour l'aide juridique?
M. Jolin-Barrette : À la Commission
des services juridiques?
M. Cliche-Rivard : Pour l'aide
juridique, le Barreau demandait 60 millions.
M.
Jolin-Barrette : Bien, il y a des mesures qui vont aussi en termes
d'accès à la justice.
M. Cliche-Rivard : O.K., mais
combien?
M. Cliche-Rivard : Et notamment on
vient de faire une entente, avec le Barreau et la Chambre des notaires, de
80 millions de dollars qui nous permet de réinvestir des sommes en
matière de justice. Donc, ce n'est pas des bassins versants directement, mais
on dégage l'argent supplémentaire d'une façon innovante. Et d'ailleurs vous
devriez nous saluer... de l'entente avec deux partenaires importants du système
de justice qui...
M. Cliche-Rivard : Donc, vous ne
l'avez pas, le montant, là, directement parlant, avec la demande...
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de
l'Assemblée... de l'opposition officielle, le député de l'Acadie, pour
19 min 36 s, s'il vous plaît.
M. Morin : M. le Président, parlons
maintenant...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : 9,7 l'an passé
et 8,7 cette année.
M. Cliche-Rivard : Merci, parfait.
M.
Morin : En janvier dernier, le 21 janvier 2025, le
palais de justice à Mont-Joli a dû fermer ses portes. Ce qu'on a appris
par la voix des journaux, c'est que les conditions de travail étaient
dangereuses. Est-ce que vous pouvez nous dire si le ministère ou le
gouvernement a investi de l'argent dans le palais de justice de Mont-Joli avant
sa fermeture et combien?
M. Jolin-Barrette : Combien
d'argent, avant, on a investi à Mont-Joli préalablement? Ce que je peux vous
dire, c'est qu'on avait des frais de loyer d'environ 34 000 $,
35 000 $, 36 000 $ par année à Mont-Joli. J'ai indiqué, notamment au maire, à M. Soucy, au député de
Matane-Matapédia également, que nous devions relocaliser les activités
parce que, notamment, il y a... Bien, en fait, la commission de la santé... la
CNESST a fait des inspections, a fait des rapports.
Notamment, les organismes, également, le CAVAC, le centre d'aide aux victimes
d'actes criminels, souhaitait que ça
soit déménagé en raison, notamment, de l'absence de blocs cellulaires,
l'absence d'aires de circulation sécurisées pour les juges, l'absence
d'un parcours sécuritaire pour les personnes victimes qui doivent parfois
patienter dans le corridor, où peut se
retrouver leur présumé agresseur, l'accès limité aux outils de témoignages,
l'absence d'espaces sécurisés pour la
tenue de rencontres entre les procureurs du Directeur des poursuites
criminelles et pénales et les personnes victimes.
Donc, il faut
comprendre, le bâtiment appartient à la ville de Mont-Joli. Alors, nous, on a
dit à la ville : Écoutez, on souhaite
retourner à Mont-Joli. Cela étant, il faut que l'offre de service soit
sécuritaire pour l'ensemble des utilisateurs.
M. Morin : Et donc je comprends, à
la lecture du rapport... D'ailleurs, est-ce que vous pouvez déposer le rapport
de la CNESST auprès de la commission?
M. Jolin-Barrette : Je ne le sais
pas. On va vérifier s'il est confidentiel.
M. Morin : Parfait. Et, si c'est
possible, j'apprécierais qu'il soit déposé à la commission. Je comprends, de la
lecture que vous faites, probablement d'extraits ou d'un condensé du rapport,
qu'il y avait des enjeux de sécurité. Ces enjeux-là étaient connus combien de
temps avant la fermeture?
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez,
la CNESST, il y avait des mesures de correction à faire pour respecter la
décision de l'inspecteur dans ces zones-là, là, autour du moment où on a annoncé
le transfert des activités. Mais le bâtiment n'était pas une option viable en
termes de coûts et d'argent à investir par rapport à l'espace, par rapport à...
lorsqu'on veut que la justice soit rendue
d'une façon qui soit... enfin, qui soit aux normes pour pouvoir rendre...
Alors...
M.
Morin : Est-ce que ce sont, M. le Président, les employés
qui ont demandé une inspection par la CNESST? Comment c'est arrivé?
Parce qu'ils sentaient qu'ils n'étaient pas en sécurité?
M. Jolin-Barrette : Je ne me
souviens plus exactement de quelle façon l'inspecteur est venu, mais il faut
comprendre qu'il y a des services municipaux, dans ce bâtiment-là, le conseil
municipal siège là. Le CAVAC, de la façon que c'était organisé, dans le fond...
(Interruption)
M.
Jolin-Barrette : C'est soit des travaux ou soit le tonnerre, un ou
l'autre,ou c'est... O.K. Alors, c'est ça, exemple, le bloc cellulaire
où les détenus étaient débarqués, ils débarquaient sur le côté, mais c'était la
même porte où est-ce
que les victimes rentraient pour aller au local du CAVAC. Ça fait que ce
n'était vraiment pas un point de service qui était optimal et surtout
avec ce qu'on veut faire pour les tribunaux spécialisés, donc, d'où le
transfert à Rimouski.
M. Morin : Ça,
je le comprends. Ça, je le comprends, M. le Président. Mais ma question est la
suivante : Cette situation-là a perduré
combien de temps? Parce que le bloc cellulaire devait être à la même place, ils
devaient utiliser la même porte. Donc, ils ont fait ça pendant combien
de temps avant qu'il y ait un rapport de la CNESST qui vous dise : C'est
dangereux, puis que, là, vous avez décidé de le fermer?
M. Jolin-Barrette : Bien, lorsque vous avez,
supposons, une inspection de la CNESST, vous avez des mesures correctrices à apporter pour se conformer. Dans le
cas qui nous occupe, les mesures correctrices devaient être, je crois, effectuées pour le mois de février, janvier ou
février, et j'ai pris la décision, considérant l'ensemble des coûts,
l'ensemble de l'oeuvre du bâtiment, de faire en sorte de déménager les
activités.
M. Morin : Oui.
Maintenant, avec respect, je vais reposer ma question. Moi, ce que je veux
savoir... Il y en a eu un, rapport de la CNESST, il y avait des mesures
correctives. D'accord, ça, je comprends bien. Moi, ce que je veux savoir,
c'est : Cette situation-là existait depuis combien de temps, avant? Là, je
comprends que vous ne savez pas qui a appelé
la CNESST pour qu'ils fassent une inspection. Mais ça a duré combien de temps?
C'était là depuis un an? Deux ans? Est-ce qu'il y a plusieurs... Est-ce
qu'il y a d'autres personnes qui se sont plaintes? C'est ça que j'aimerais
savoir.
M.
Jolin-Barrette : Bien, la situation du palais... bien, pas du palais,
du point de service était problématique depuis plusieurs années. À titre
d'exemple, il faut comprendre qu'on n'est pas propriétaire du bâtiment, mais,
quand je dis qu'on n'est pas propriétaire...
Exemple, prenez le palais de justice de Québec, ici. C'est la Société québécoise des infrastructures qui
est propriétaire, puis le ministère de la Justice loue. Mais, quand c'est un
bâtiment public, c'est la SQI qui est
dans... qui en est propriétaire. Dans ce cas-là, comme certains points de
service que nous avons au ministère de la
Justice, on était locataires, donc c'est au propriétaire à faire les travaux,
donc, en l'occurrence, la ville, pour le rendre adéquat en fonction des
besoins du ministère de la Justice puis de la cour. Alors, dans ce cas-ci, en
fonction des coûts associés, en fonction de
l'espace, ce n'était pas un bâtiment qu'il était opportun de modifier et
d'investir cet argent-là.
M. Morin : Et
ça, je le comprends. Mais vous aviez des employés du ministère de la Justice
dans ce point de service là?
M.
Jolin-Barrette : En fait, il y avait des employés du centre d'aide aux
victimes d'actes criminels, il y avait également... Dans le fond, il y a des
procureurs qui s'y rendaient sur place. Mais on ne fait aucun compromis pour la
sécurité des usagers, alors c'est pour ça que j'ai décidé de transférer les
activités.
M. Morin : Et
là je comprends que le point de service est fermé complètement, il n'y a plus
personne?
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait...
M. Morin : Bien,
sauf pour les fins municipales, évidemment, là, parce que je comprends que
c'est l'hôtel de ville.
M.
Jolin-Barrette : ...le centre d'aide aux victimes d'actes criminels a
un autre point de service, à Mont-Joli, pour rencontrer les victimes. Là,
est-ce que tout est fermé?
• (16 h 10) •
Une voix :
...
M.
Jolin-Barrette : Oui. Toutes les activités sont transférées à
Rimouski, sauf les employés du CAVAC, qui ont
une place d'affaires. Puis on assume les frais de transport, notamment pour les
victimes au niveau du... de la taxation des témoins. Donc, s'il y a une
personne victime, qu'il faut qu'elle se déplace au palais de justice de
Rimouski, elle est remboursée de son kilométrage.
M. Morin : Et
après la fermeture...
M.
Jolin-Barrette : Puis peut-être un élément additionnel.
M. Morin :
Rapidement.
M.
Jolin-Barrette : Quand le point de service était ouvert, les employés
venaient aussi. Il y a certains employés qui venaient de Rimouski pour
travailler au greffe du palais de Mont-Joli, parce qu'il n'y avait pas des
activités judiciaires à tous les jours.
M. Morin : D'accord, je comprends.
Maintenant, j'imagine qu'en fermant le local vous avez aussi arrêté de payer le
loyer.
M.
Jolin-Barrette : Bien, on était liés par voie contractuelle. Donc, on
va payer jusqu'à la fin du bail.
M. Morin : Et la fin du bail, c'est
quand?
M. Jolin-Barrette : Il reste un an.
M. Morin : Donc, vous allez payer
encore 35 000 $ pour l'année qui reste?
M. Jolin-Barrette :
36 000 $.
M.
Morin : 36 000 $.
Parfait. Merci. Bien, je comprends que vous avez transféré les dossiers au
palais de justice de Rimouski. À la
question en lien avec des renseignements particuliers, la question 83, on
apprend que c'est 324 causes criminelles, 26 causes pénales
actives, mais ça, c'est en date du 22 janvier 2025. Avez-vous eu une mise
à jour du nombre de causes qui ont été transférées, autant en matière
criminelle qu'en matière civile? Et est-ce que ça a occasionné des délais en
matière criminelle?
M. Jolin-Barrette : Bien, on va
demander si on a le détail, là, mais, dans le fond, c'est les mêmes juges, les mêmes procureurs qui allaient à Mont-Joli. On
avait de la disponibilité de salles, aussi, au palais de justice de
Rimouski, qui est pratiquement neuf. D'ailleurs, c'est le ministre St-Arnaud
qui avait lancé la construction, à l'époque.
M.
Morin : Bien, vous nous avez dit que... bien, en fait,
vous venez de le dire, en ce qui a trait aux victimes d'actes criminels,
si elles sont de Mont-Joli, on assure leur transport aux frais de l'État. J'ai
bien compris?
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
lorsqu'elles sont assignées. Puis, dans le fond, pour les victimes, elles
peuvent recevoir les services avant l'audition puis même le suivi directement à
Mont-Joli. Le CAVAC a une place d'affaires, pour les services dits courants, à
Mont-Joli.
M.
Morin : Parfait. Je vous remercie. Maintenant, toujours en
lien avec les palais de justice et leur état, je crois comprendre que le
palais... mais vous le savez sûrement, M. le ministre, ils sont classifiés,
avec des lettres, quant à leur état de... en
fait, leur mise en état. Le palais de justice de Saint-Jérôme est passé de A à
D en peu de temps. Est-ce que vous pouvez expliquer qu'est-ce qui s'est
passé à Saint-Jérôme et quel est votre plan pour le ramener à un niveau
supérieur à D?
M. Jolin-Barrette : Donc, le palais
de justice de Saint-Jérôme est passé de A à D. Donc, si vous voulez poser une
autre question en attendant, je vais revenir avec la réponse.
M. Morin : Oui, bien, en fait, j'en
ai quelques-unes dans le même ordre d'idée. Par ailleurs, il y a eu des
rénovations qui ont été faites aux palais de justice de Saint-Hyacinthe,
Gatineau et Longueuil. Est-ce que vous avez la date de la fin des travaux?
Est-ce que les travaux vont bon train? Quel est l'échéancier et le coût?
M. Jolin-Barrette : Mais là, pour
Saint-Hyacinthe, le palais, les travaux qu'ils ont faits, c'est qu'ils l'ont
fait exploser, là, il est démoli. Donc, ils
sont en train de construire un nouveau palais de justice sur le site, et
actuellement on loue un ancien... C'est un Super C?
Des voix : ...
M.
Jolin-Barrette : Oui. Dans
le fond, le palais de justice temporaire est présentement dans un ancien Super
C désaffecté. Puis, dans le fond... Bien,
honnêtement, c'est très bien. C'est très bien, ce qui a été fait au niveau des
salles pour... d'une façon temporaire, parce
qu'on ne pouvait pas rebâtir directement sur le site, à Saint-Hyacinthe, avec
l'ancien palais, donc, parce qu'il fallait
creuser, puis l'espace où est situé le site de l'ancien palais, ce n'est pas
possible de mettre le nouveau. Donc,
le ministère de la Justice a contracté avec un édifice qui était déjà vacant,
puis il y a des aménagements intérieurs qui ont été faits, puis c'est
très bien.
M. Morin : Et quel est votre
échéancier pour les travaux à Saint-Hyacinthe?
M.
Jolin-Barrette : Bien là,
les grues sont là, ça fait que 2027, je crois... Oui, donc, ça devrait ouvrir
en 2027, comme les... supposons, les
palais de justice qu'on a en construction. Il y a Saint-Hyacinthe, Roberval
également, où... il avait été annoncé sous
le gouvernement de M. Couillard, mais il est arrivé un incendie, alors ça
a retardé la construction du palais,
donc il y a eu des coûts supplémentaires aussi. Puis là il devrait être prêt,
pour Roberval, pour l'automne prochain. Et l'autre palais, aussi, qu'on a au PQI, c'est celui de Rouyn-Noranda
également, où on est au début, là, de l'appel d'offres.
M. Morin : Rouyn. Donc, Rouyn, bien,
si mon souvenir est bon, il y avait un incendie, n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : Roberval.
M.
Morin : Oui. Puis pas à Rouyn, non?
M.
Jolin-Barrette : Non, pas d'incendie.
M.
Morin : D'accord. O.K. Roberval. Bien...
M.
Jolin-Barrette : En fait, le palais de Rouyn fonctionne encore, mais
on a décidé de choisir un autre site, de construire à neuf, plutôt que de
rénover le palais de justice actuel.
M. Morin : Parfait.
Dans la liste de vos palais de justice, il y a Victoriaville qui est passé de B
à E, vous avez Laval, qui n'est pas un très vieux palais, qui a la cote... qui
avait la cote E, qui l'a toujours, et Bonaventure qui est passé de C à E. Donc,
est-ce que vous avez un plan pour revitaliser et réorganiser ces palais de
justice là? Parce que vous en avez, là, de plus en plus qui ont la note E.
M. Jolin-Barrette : Alors, c'est... comme je
vous le disais tout à l'heure, dans le fond, sur les bâtiments publics
qui sont possédés par l'État, dans le fond, le ministère de la Justice, en
propre, n'est pas propriétaire, dans le fond, le bâtiment appartient à la Société
québécoise des infrastructures. Puis
annuellement on loue à la Société
québécoise des infrastructures. Puis, exemple, supposons qu'on fait des
améliorations locatives dans les palais de justice, bien là, c'est ajouté sur le coût du loyer pour payer les
travaux. Je vous donne un exemple, comme Victo. À chaque fois qu'on
déploie... Bien, on ne l'a pas encore annoncé à Victo, mais, pour le tribunal
spécialisé...
Une voix :
...
M.
Jolin-Barrette : C'étaient les petites créances. En fait, je vous
donne un exemple. Supposons, Granby... Granby,
on a annoncé... C'est un district où le tribunal spécial a été déployé. De la
façon que le palais de justice, à Granby, est fait, il date de plusieurs années, d'au moins une quarantaine, je
vous dirais, si je ne me trompe pas, il y a deux entrées de part et d'autre, la salle des pas perdus est au
deuxième étage puis, le local du CAVAC, il était entre les deux salles.
Ça ne fonctionnait pas vraiment d'envoyer les victimes dans le milieu, ça fait
qu'on a rénové un local à l'avant du palais de
justice. Comme ça, les personnes victimes vont avoir une entrée sécurisée pour
eux, à l'avant, puis ils peuvent se diriger.
Donc, quand on fait
des travaux, bien, c'est sûr qu'on modernise une partie du palais de justice,
mais le parc immobilier, en général, des
palais de justice, il est vieillissant. Si vous êtes allé récemment au palais
de justice de Montréal, on est en train de faire le mur rideaux, sur le
côté, là, où le mur de briques, là... Je ne suis pas un spécialiste de ça, mais
ce sont des infrastructures qui ont été ouvertes dans les années 70 aussi,
donc il y a une mise aux normes, un maintien. Comme le palais de justice de
Québec aussi, il y a des éléments qui sont faits.
Ça
fait que, dans chacun de nos districts judiciaires où on a un palais de
justice, on essaie de l'entretenir, mais ils n'ont pas toujours été
entretenus d'une façon optimale au cours de leur histoire. Mais notre objectif
est d'assurer la plus grande durée de vie des palais de justice mais toujours
en ayant le souci... Puis j'en profite, à chaque fois que je suis en région,
pour aller visiter les palais de justice pour s'assurer que les palais de
justice, désormais, surtout en matière criminelle et pénale, répondent aux
besoins des victimes, notamment.
Prenez l'exemple de
Victoriaville. À Victoriaville, le local du CAVAC était au bout d'un corridor
où vous devez passer par la salle des pas perdus, puis il y a deux cubicules...
M. Morin :
Mais, si vous me permettez, M. le Président...
M. Jolin-Barrette :
...réservés aux avocats de la défense. Donc, on change ces façons de faire là,
on adapte.
M. Morin :
Oui, je comprends. À Victoriaville,
ça a été réparé, mais vous avez quand même... Puis je comprends que vous
les louez, les palais de justice, mais c'est quand même vos employés qui sont
dedans. Vous avez un nombre important qui ont la cote E. Est-ce que vous avez
un plan global qui va faire en sorte que ces cotes-là vont changer, dans un avenir rapproché, ou si vous allez les
laisser comme ça? Parce qu'évidemment ils vont continuer de dépérir,
puis ça risque de coûter davantage plus
cher. Donc, avez-vous un plan global où vous allez, finalement, modifier ces
cotes-là? Et comme je vous dis, à Laval, le palais n'est pas très vieux, mais
là, lui, ça fait depuis des années qu'il a la cote E.
M. Jolin-Barrette : Bien là je suis content que
vous me parliez de Laval, parce que l'eau, elle rentre, à Laval, hein?
Puis ça a été construit, quoi, en 1988... en 1990, à peu près, à Laval, dans
ces années-là?
M. Morin :
1991.
M.
Jolin-Barrette : 1992?
M. Morin :
1991, je pense, autour de ça, oui.
M. Jolin-Barrette : 1991. Entre vous puis moi, ce n'est pas normal que quelque chose qui a
été bâti en 1991...
M. Morin : Oui, mais ma question,
c'est : Allez-vous faire quelque chose?
M.
Jolin-Barrette : Non, mais on se dit les vraies affaires...
M. Morin : Allez-vous
poursuivre le contracteur, je ne sais pas, moi...
M.
Jolin-Barrette : Oui...
• (16 h 20) •
M. Morin :
Qu'est-ce que vous avez dans vos carnets pour vous assurer que vos employés...
parce que, quand on regarde l'État
québécois, là, il y a plusieurs bâtiments où il pleut. On peut vous parler de
Maisonneuve-Rosemont aussi, ça pleut
là-dedans pas mal, puis ce n'est pas agréable pour les employés. Donc, à Laval,
qu'est-ce que vous allez faire pour corriger la situation?
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, il y a un plan de maintien des actifs. Également, parfois,
on construit des nouveaux palais de justice,
quand ils sont rendus en fin de vie utile. Prenez le cas de Saint-Hyacinthe,
c'était le cas. Je ne sais pas si
vous l'avez visité antérieurement, à l'époque où il était là, mais... C'est ça.
Alors, on investit annuellement. La SQI
est chargée de l'entretien des palais de justice, elle doit le faire, puis on
provisionne, sur le budget, annuellement, des sommes pour assurer le maintien des actifs. Et, par ailleurs, il y a des
palais de justice qui sont très bien entretenus, là. J'en ai visité
plusieurs, il y en a que c'est très bien.
M. Morin : D'accord.
Parlons maintenant du palais de justice de Québec. On a... Dans un projet de
loi, précédemment, vous avez fait adopter une disposition où vous voulez que
tous les renvois soient à la Cour d'appel, à Québec, donc dans la capitale
nationale. Vous vous souviendrez de ça. Et là je comprends que vous êtes en
train de construire... bien, pas vous
personnellement, mais le gouvernement, l'État construit une salle d'audience,
au palais de justice de Québec, pour la Cour d'appel.
M.
Jolin-Barrette : Oui. En réponse à votre question précédente, c'est
600 millions pour les 10 prochaines années, qui sont dans le PQI pour
le maintien d'actifs.
M. Morin : 600 millions.
Et ça, c'est uniquement pour les palais de justice?
M.
Jolin-Barrette : Oui, maintien d'actifs. Justice, maintien d'actifs,
600 millions.
M. Morin : O.K.
Parfait. Merci. Revenons maintenant à la Cour d'appel. Il y a une salle
d'audience qui est en construction. Quel est l'échéancier? Quels sont les
coûts?
M.
Jolin-Barrette : Alors, c'est un investissement de
5 millions de dollars pour une salle à cinq juges à la Cour d'appel
puis pour les locaux du CAVAC pour le tribunal spécialisé. Donc, c'est une
demande historique de la Cour d'appel,
d'avoir une salle, parce que vous savez que la Cour d'appel peut siéger en
formation d'un banc de cinq juges.
Les représentations de la cour d'appel étaient à l'effet qu'au palais de
justice la salle... les salles qui leur étaient destinées, à la Cour
d'appel, n'étaient pas suffisamment grandes pour siéger dans une formation de
cinq juges. Alors, nous avons acquiescé à la
demande de la Cour d'appel, dans la modernisation du palais de justice de
Québec, de prioriser la mise en place d'une salle à cinq juges à la Cour
d'appel, puis on prévoit la livraison à l'automne 2026 et...
Le
Président (M. Bachand) : Merci, M. le
ministre. Merci. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, pour 13 minutes
4 s, s'il vous plaît.
M.
Cliche-Rivard : Merci, M. le Président. M. le ministre, j'aimerais ça
vous entendre sur la table Jeunesse-Justice. Ça fait un petit moment qu'on a eu
des informations là-dessus. On a parlé, dans la dernière année, de la DPJ, évidemment, du rapport Laurent, de la CDPDJ, du Commissaire au bien-être et aux droits des enfants, des réformes. Donc, voilà, je vous la pose, là, très globalement, pour
savoir où est-ce que c'en est rendu, le travail de la table jeunesse-justice.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Peut-être juste vous dire, là, en réponse au
député de l'Acadie, le CAVAC et Cour d'appel,
c'est 5 millions, juste pour la Cour d'appel; avec CAVAC, ça arrive à
11 millions. Celui-là, il est important. Sur la table
justice-jeunesse, dans le fond, c'est une table avec laquelle j'ai démarré, en
collaboration avec mon collègue le ministre des Services sociaux. Donc, on
s'est rencontrés à 11 reprises depuis sa création. La prochaine rencontre
est prévue le mois prochain, puis on devrait être en mesure de produire le plan
d'action.
M.
Cliche-Rivard : Le mois prochain, on devrait être en mesure de
produire, donc on devrait s'attendre à voir un plan d'action d'ici juin,
mettons?
M.
Jolin-Barrette : On est dans la phase finale.
M. Cliche-Rivard : Dans la phase finale. Ça
fait que, dans les prochains mois, on aura un plan d'action Services
sociaux-Justice sur la table?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M.
Cliche-Rivard : Il y a possibilité que ceci amène des modifications
législatives?
M.
Jolin-Barrette : Ça pourrait.
M.
Cliche-Rivard : Ça pourrait? Il y a des bonnes chances? Notamment, l'article 23
en lien avec la CDPDJ?
M.
Jolin-Barrette : Bien, sur votre dernier commentaire, je ne le
commenterai pas, mais c'est dans l'univers des possibles qu'il y ait nécessité
de faire des modifications législatives.
M.
Cliche-Rivard : Qui toucheraient Justice ou qui toucheraient la LPJ?
M. Jolin-Barrette : Bien, qui toucheraient...
Dans le fond, on est en table jeunesse pour la Loi sur la protection de la jeunesse. Donc, il y a des sections de la
Loi sur la protection de la jeunesse qui relèvent du ministre de la
Justice, il y a des sections de la Loi sur la protection de la jeunesse qui
relèvent du ministre responsable des Services sociaux.
M.
Cliche-Rivard : Autrement dit, un projet de loi que vous porteriez ou
que votre collègue le ministre des Services sociaux porterait, autrement dit?
M. Jolin-Barrette : Vous savez, peu importe
qui est le porteur, le gouvernement peut désigner n'importe quel
ministre pour porter cela, l'objectif, c'est de réduire les délais, d'améliorer
les pratiques et, notamment, de limiter la judiciarisation.
Parce qu'on l'a vu, là... vous savez, depuis 2015, il y a beaucoup
d'intervenants du réseau de la DPJ qui ont
quitté à cause de la fusion des CISSS et des CIUSSS. D'ailleurs, le ministre
des Services sociaux en parlait, à la période des questions, suite à une
question, ce que ça a amené comme phénomène, notamment, c'est une
surjudiciarisation de certains dossiers, et là ça a créé un embâcle au niveau
de la cour.
Alors, comment est-ce
qu'on peut faire pour travailler d'une façon où, avant la réalisation des
dossiers... ou, s'il y a judiciarisation, comment est-ce qu'on fait pour qu'il
y ait de la médiation, conférence de règlement, d'autres méthodes alternatives?
Ce n'est pas tout qui a besoin de passer au tribunal.
M. Cliche-Rivard : Merci, M. le Président.
Donc, on sera dans l'attente du plan d'action de la table. Question
tableau de bord en délais, M. le ministre, je vous ai parlé de ça l'année
passée, du fait qu'on devrait se doter... vous devriez vous doter d'un tableau de bord pour avoir différents
indicateurs, notamment eu égard aux délais, là, pour obtenir une date dans différentes causes ou le nombre
dont... vous en avez parlé, vous, là, du taux de fermetures, suite à
l'entente avec la juge Rondeau, etc. Où
est-ce que c'en est, ça? Parce que c'est très utile au dossier de la Famille,
par exemple. Moi, j'avais le dossier de la Famille, on voyait exactement
le nombre de places créées, mois par mois. On voit ça aussi dans le réseau de
la santé, le ministre de la Santé s'y réfère souvent. Vous et votre
gouvernement, vous êtes quand même friands de tableaux de bord, alors je me
demandais quand est-ce qu'on allait l'avoir, notre fameux tableau de bord en
justice.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez,sur le tableau de bord, on y travaille toujours. Ce qui
est important, c'est qu'en collaboration
avec les tribunaux on est dans une situation de moderniser le système de
justice pour faire en sorte de réduire le plus possible les délais,
d'amener de la célérité, de l'efficacité pour réduire autant les délais en
matière criminelle qu'en matière civile. Puis les différentes réformes
législatives qu'on met en place vont dans ce sens-là : médiation obligatoire, petites créances.
D'ailleurs, exemple, à la Cour du
Québec, en matière criminelle et
pénale, ils axent beaucoup, notamment avec la nomination du juge Labrie,
sur la facilitation, la superfacilitation. Chacun des districts est mis à contribution,
mais notre plus grand enjeu, c'est bien souvent Montréal, où il y a le plus de
dossiers, où il y a le plus d'activités judiciaires.
M.
Cliche-Rivard : Donc, on n'a pas, pour l'instant... Vous dites que
vous travaillez là-dessus, là. Question : Qui travaille là-dessus,
directement, à votre ministère? Puis est-ce qu'on a un échéancier, là? On va-tu
voir ça d'ici la fin de votre mandat, 2026?
C'est-tu quelque chose qui est vraiment sur les cartons ou c'est plus une idée
que vous étudiez, mais pas vraiment?
M. Jolin-Barrette : Dans le rapport annuel,
on publie les données. Alors, on travaille aussi, avec les tribunaux, à développer des indicateurs, aussi, pour faire en
sorte d'identifier adéquatement. Nos systèmes informatiques, au ministère
de la Justice, aussi, sont, je dirais, expérimentés, alors...
M.
Cliche-Rivard : Autrement dit, pas tout de suite, là. Je ne retiendrai
pas mon souffle pour le tableau des délais judiciaires.
M.
Jolin-Barrette : Bien, exemple, on travaille avec les tribunaux, puis
ce qui est surtout important, c'est qu'il n'y ait pas de bris de service, puis
l'ensemble des données sont publiées dans le rapport annuel.
M. Cliche-Rivard : J'aimerais ça vous
entendre sur le suivi de l'entente que vous aviez eue avec la juge
Rondeau. Vous nous avez parlé des objectifs que vous aviez, à l'époque :
taux de fermeture, 1,1, délai médian. Vous avez une mise à jour, j'imagine,
pour nous, sur où est-ce qu'on en est rendus, suivant l'entente que vous avez
conclue.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, on a procédé à la nomination de l'ensemble des juges. Il y a une très
bonne collaboration de la part de la Cour du Québec. Je pense que tout le monde
est conscient que c'est une responsabilité qui
est partagée, la question des délais, alors, à la fois par la magistrature, par
le DPCP, par les avocats de la défense mais également par le ministère de la Justice, puis il faut travailler
ensemble à titre de partenaires. Donc là, on est présentement en train
de déployer. Vous vous souvenez, quand on a fait le projet de loi n° 54, les pôles de coordination régionaux et notamment le
fait que la Cour du Québec va pouvoir confier aux juges de paix magistrats les
enquêtes sur mise en liberté, les comparutions également... Donc, on va y aller
par projets pilotes pour les...
M. Cliche-Rivard : ...spécifiquement, le taux de fermeture, l'avez-vous à jour? Vous
visiez 1,1. Là, on est rendus où, spécifiquement, cette question-là,
avec l'entente? C'était un de vos objectifs.
M.
Jolin-Barrette : Bien, le taux de fermeture s'améliore. Le fait qu'on
ait eu sept nouveaux juges à Montréal, également... Ça s'améliore. Ça fait que,
exemple, la cible qu'on a au 31 décembre 2025, on est à 1,0, et là,
actuellement, au 31 janvier, on est à 0,95. Ça fait qu'il nous reste un...
• (16 h 30) •
M.
Cliche-Rivard : Un 0,1, un 0,15.
M. Jolin-Barrette : ...oui, à aller chercher
là-dessus. Mais c'est sûr que le temps que les nominations rentrent en
fonction, tout ça... Puis il y a une question d'organisation, du côté de la
cour, mais je sais qu'ils travaillent fort pour atteindre ces objectifs-là.
Également, le délai...
M.
Cliche-Rivard : Le délai médian, oui.
M. Jolin-Barrette : ...médian à atteindre,
aussi, le taux de fermeture. Le taux de fermeture, c'est un des éléments
qui est très important.
M.
Cliche-Rivard : L'avez-vous, la mise à jour du délai médian? Vous
aviez une volonté de 212 jours.
M.
Jolin-Barrette : Actuellement, on est encore à 305 jours. Ce
qu'on vise, c'est 212 jours.
M. Cliche-Rivard : Donc là, c'était un peu
plus compliqué, là. Vous étiez à 300. Là, vous êtes à 305, ça fait que
vous n'allez pas dans la bonne direction.
M.
Jolin-Barrette : Bien, à la signature de l'entente, on était à 307.
Là, on est à 305, ça fait qu'on a baissé...
M.
Cliche-Rivard : O.K. Est-ce que vous êtes satisfait de l'accélération?
M.
Jolin-Barrette : Pardon?
M.
Cliche-Rivard : Est-ce que vous êtes satisfait qu'on ait gagné deux
jours en deux ans?
M.
Jolin-Barrette : Bien, moi, je pense qu'on devrait gagner beaucoup
plus de jours que ça.
M.
Cliche-Rivard : Je suis d'accord avec vous.
M.
Jolin-Barrette : Mais, voyez-vous, le ministère de la Justice a nommé
des juges, a mis des ressources. On a déposé
le projet de loi, on met en place des pôles de comparution, on a davantage de
pouvoirs, on a mis en place la Table
Justice. Comme je le dis souvent, ce n'est pas le ministre de la Justice qui
fait les rôles, qui assigne les juges puis qui fixe les horaires de
travail. Puis, si je le faisais, vous me diriez : C'est à l'encontre de
l'indépendance judiciaire.
M.
Cliche-Rivard : Vous avez lu dans mes pensées, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bon, bien là, nous, du
côté du ministère de la Justice, on fait tout ce qui est en notre
pouvoir pour donner les outils pour que ça fonctionne. Alors, c'est une
question de partenariat.
M. Cliche-Rivard : On s'est parlé, dans les
deux dernières années, de la possibilité d'un poste de juge à Kuujjuaq. J'aimerais ça vous entendre sur l'évolution de vos
pensées là-dessus. Vous étiez quand même assez réceptif et ouvert.
M. Jolin-Barrette :
Bien, moi, je suis toujours réceptif à ça. Voyez-vous, on avait... quand je
suis arrivé comme ministre de la Justice, on
avait 10 postes de juges en Abitibi. J'en ai rajouté deux et j'en avais un
troisième... de se rendre à 13, pour
lequel on n'a pas été capable de le combler. Le juge en chef m'a demandé que...
plutôt que de le rouvrir en Abitibi, d'en faire un poste exclusivement
destiné à la cour itinérante, mais basé à Laval, pour avoir un plus grand
nombre de bassins de candidats. Le juge a été nommé, je crois, l'hiver dernier,
il me semble, ou avant Noël...
Une voix : ...
M.
Jolin-Barrette : Ah! en janvier, en janvier. Donc, il est destiné
exclusivement à la cour itinérante, et, lorsqu'il n'est pas dans le Nord, il
fait, dans le fond, les urgences de la cour itinérante.
Dans les
nouveaux postes, également, qu'on ouvre, le juge en chef me demande également
d'indiquer, sur certains postes,
qu'il y a des postes qui sont comme en hybride, ça fait qu'ils vont siéger dans
leur district. Bien, en fait, le juge en chef peut les assigner dans l'ensemble des districts du Québec, sauf,
spécifiquement, lors de l'affichage, le juge en chef requiert de dire : Bien, écoutez, sachez que
ce poste-là va être un poste que vous allez aller plus souvent à la cour
itinérante.
Alors, je
sais qu'il y a eu un appel de volontaires, ils bâtissent une équipe, à la Cour
du Québec, de juges volontaires. Parce
que le fait qu'auparavant c'était presque exclusivement des juges de l'Abitibi,
ça mettait une grande pression sur l'Abitibi, notamment sur les délais.
Donc, pour eux, que cette charge de travail là soit répartie uniquement sur 10
ou 12 juges en Abitibi, ça faisait en
sorte que les délais du sud, donc l'Abitibi, des districts en Abitibi, faisait
en sorte que ça leur mettait de la pression aussi, vu qu'ils étaient
souvent partis. Ça fait que l'idée derrière ça, c'est de faire en sorte de
répartir la cour itinérante sur l'ensemble du Québec pour que les délais,
aussi, en Abitibi soient plus raisonnables.
M. Cliche-Rivard : Je vais vous
poser une autre question, M. le ministre. Vous avez fait, et on a parlé de ça,
dans les deux dernières années, les suivis, en dollars constants, des dépenses
publiques en matière de justice par habitant. Vous m'aviez dit récemment, là :
Ça augmente constamment. Il y a deux ans, on était à 160 $ par personne.
L'année passée, on était à 167 $, en dollars constants, pour
l'investissement de la population en justice. Où est-ce qu'on en est pour le
présent exercice?
M. Jolin-Barrette : Je vais vous
dire ça. Alors donc, dépenses publiques en justice par habitant, donc, en 2016, on était à 113 $ et, en 2023‑2024,
on était à 205 $. Donc, c'est une courbe constante. Puis la moyenne,
supposons qu'on prend l'Ontario, la Colombie-Britannique, l'Alberta, on est à
peu près à 160 $, Donc, par habitant, on investit une quarantaine de
dollars supplémentaires de plus.
M. Cliche-Rivard : Que l'année
passée.
M.
Jolin-Barrette : Que l'année... Bien, l'année passée, on était à
160 quelques. Donc, c'est un investissement important, là. Tu sais, le budget justice, là, depuis 2019‑2020,
il était à 1,4 milliard de dollars; en 2023‑2024, 1,33 milliard; en
2024‑2025, 1,61 milliard; puis en 2025‑2026, donc, le budget qu'on a déposé, 1,89. Ça fait qu'on est
rendus à presque 2 milliards de budget en Justice. Ça fait que
c'est une forte augmentation.
M.
Cliche-Rivard : C'est-tu possible, M. le ministre, de déposer la
méthodologie des chiffres pour qu'on puisse le contre-vérifier? C'est-tu
un calcul que vous avez puis que vous pouvez rendre transparent?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est les
chiffres du budget.
M. Cliche-Rivard : Tout simplement
divisé par le nombre de population. C'est de même que vous le faites, règle de
trois?
Des voix : ...
M. Cliche-Rivard : En dollars
courants? En dollars constants?
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais, quand vous comparez par habitant, c'est
le budget divisé par le nombre d'habitants.
M. Cliche-Rivard : O.K. C'est comme
ça que vous le calculez? Ça fait que, par rapport à l'inflation, au rajustement
de l'inflation, on parle du même dollar ou on parle du dollar avec l'inflation,
ce qui fait en sorte que vous avez automatiquement une augmentation de votre
budget?
M. Jolin-Barrette : Bien non, mais
le...
Le
Président (M. Bachand) :
Merci, M. le ministre. Je dois
céder la parole au député d'Acadie pour 19 min 36 s. M. le
député d'Acadie, s'il vous plaît.
M.
Morin : Oui. Merci, M. le Président. Alors, on va
continuer avec l'état des palais de justice, M. le ministre, parce que vous n'avez toujours pas répondu à ma
question. À Mont-Joli, vous le saviez depuis combien de temps, que c'était dangereux avant? Vous m'avez expliqué
qu'il y a eu un rapport, il y a eu des moyens intérimaires, vous avez
décidé de fermer. Mais cette situation-là, de dangerosité, elle a perduré
pendant combien de temps?
M. Jolin-Barrette : Bien,
l'inspecteur indique que les mesures correctrices doivent être effectuées à
partir de tel moment.
M. Morin : Oui, mais, avec respect, M. le Président, ma
question, c'est... Là, il y a un inspecteur de la CNESST. La situation
n'a pas dû se matérialiser en 24 heures. Est-ce qu'avant ça vous avez eu des
plaintes? Est-ce qu'il y a des gens qui ont porté ça à
votre attention, qu'il y avait... que la situation et que la façon dont c'était
organisé, c'était dangereux? Est-ce qu'il y a des procureurs qui en ont parlé,
des employés du greffe? C'est ce que...
Puis là je comprends
que ça a culminé avec un rapport de la CNESST. Ce que j'essaie de savoir,
c'est : Combien de temps avant ça a perduré? Est-ce que vous le savez?
M.
Jolin-Barrette : Bien, ce que je sais, c'est que le palais de justice,
le point de service de Mont-Joli, depuis plusieurs années, il y avait des
problématiques avec ce palais de justice là, parce que, dans le fond, c'est un hôtel de ville où est-ce qu'il y avait des
activités judiciaires. Alors, le bâtiment n'était pas nécessairement entretenu
d'une façon, je dirais, qui est optimale. À
partir du moment où j'ai eu le rapport de l'inspecteur et où les différents
organismes m'ont demandé de modifier... parce qu'on a eu des plaintes,
notamment d'une procureure aux poursuites criminelles et pénales, notamment des
intervenants du CAVAC. Alors, puisqu'on veut assurer la sécurité du personnel,
on a décidé de transférer les activités.
M. Morin : Et,
ces plaintes-là, vous en avez eu combien puis vous les avez eues combien de
temps avant le rapport de la CNESST?
M. Jolin-Barrette : Bien, il faut comprendre
que la CNESST peut avoir été appelée à plusieurs reprises au cours des années. Alors, les inspecteurs sont chargés...
Lorsqu'une situation, elle est problématique en matière de la Loi sur la
santé et sécurité du travail, l'inspecteur a le pouvoir de dire :
J'interdis le travail sur les lieux. Donc, on est dans une situation où on est locataires. On demande des
correctifs à la ville de Mont-Joli, mais on se retrouve dans une
situation où, exemple, pour assurer la
sécurité, supposons, du public, du personnel, bien, la CNESST peut exiger
certaines mesures, notamment qu'ils soient accompagnés d'un constable
durant les événements. Alors, il faut organiser les travaux pour faire en
sorte... les travaux, quand je parle de travaux, les activités judiciaires, de
façon à ce que ça puisse se dérouler d'une façon qui est optimale.
M. Morin : Et,
pour vous, ce n'était pas assez dangereux pour le fermer avant, compte tenu des
rapports que vous aviez eus avant l'inspection de la CNESST?
M.
Jolin-Barrette : Non, ce n'est pas ça que je dis. Ce que je dis, c'est
que j'ai pris la...
M. Morin : Non,
c'est une question que je vous pose, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, et ce que je dis,
c'est qu'à la lumière des travaux à effectuer pour rendre ça conforme à la demande de la CNESST, à la lumière des éléments
à mettre en place pour assurer la sécurité du personnel, j'ai jugé qu'il valait mieux déménager les activités
judiciaires, malgré le fait que, pour une communauté comme Mont-Joli,
c'est difficile de, je vous dirais, voir des activités judiciaires être
délocalisées, hein, parce que le point de service exige, depuis plusieurs
années, à Mont-Joli...
Alors,
il faut expliquer à la population... puis c'est ça qu'on a fait, puis on a
donné des entrevues également pour dire : Bien, écoutez, dans un
monde idéal, on laisserait les activités judiciaires à Mont-Joli. Puis c'est
pour ça que j'ai dit également au maire
qu'on veut travailler avec eux sur une solution pour ramener les activités
judiciaires à Mont-Joli. Mais, cependant, vu les circonstances, il faut
faire en sorte d'assurer des locaux.
• (16 h 40) •
M. Morin : Parfait.
Maintenant, si on...
M.
Jolin-Barrette : Puis, peut-être un point, la cour municipale est
toujours à Mont-Joli parce qu'ils n'ont pas
de dossier criminel aussi. Ça fait qu'il faut comprendre que c'est fonctionnel,
mais, en raison de différentes autres réalités associées au criminel, on
a préféré déménager les activités.
M. Morin : Maintenant,
on revient au palais de justice de Laval, parce que vous nous avez dit, tout à
l'heure, qu'il pleuvait dans le palais de justice.
M.
Jolin-Barrette : ...
M. Morin : Vous,
vous avez parlé qu'il pleuvait dans le palais.
M.
Jolin-Barrette : Je n'ai pas dit qu'il pleuvait, j'ai dit que l'eau
rentrait.
M. Morin : L'eau rentrait. O.K. Donc, il ne pleut pas
nécessairement, mais l'eau rentre. Donc, ça rentre par les fondations ou
par le toit?
M.
Jolin-Barrette : On a eu des cas où l'eau rentre par les fondations.
M. Morin : Et
pas par le toit?
M. Jolin-Barrette : Bon,
bien, écoutez, je vais demander l'expertise associée à ça, mais c'est possible
que ça rentre par le toit. On pourra me renseigner.
M. Morin : D'accord. Est-ce que vous avez eu des rapports qui
démontrent que c'est dangereux pour la sécurité des employés qui travaillent dans le palais de justice, s'il y a eu des
infiltrations d'eau? Est-ce qu'il y a des moisissures? Est-ce qu'il y a
des tests qui ont été faits pour les employés?
M.
Jolin-Barrette : ...pas de rapport à cet effet-là. On n'a pas d'info
que c'est dangereux.
M. Morin : Parfait.
Merci.
M.
Jolin-Barrette : L'eau entre par les fenêtres.
M. Morin : Pardon?
M.
Jolin-Barrette : Par les fenêtres.
M. Morin : Par
les fenêtres.
M.
Jolin-Barrette : Les fenêtres.
M. Morin : O.K.
Donc, il y a des gens qui ont de l'eau dans leurs... Est-ce qu'il y a des
fenêtres qui sont dans les bureaux?
M.
Jolin-Barrette : Je vais vous revenir avec la réponse.
M. Morin : Parfait.
Excellent. Je vous remercie. Compte tenu de plusieurs cotes E, entre autres,
est-ce que vous savez si ces palais-là sont pour être fermés, ou pour être
relocalisés, ou si vous allez les laisser où ils sont?
M.
Jolin-Barrette : Ou si on va laisser?
M. Morin : Ou
si vous allez laisser les palais dans cet état-là? Est-ce que vous avez un plan
pour essayer de louer d'autres locaux, pour
faire des rénovations? C'est parce que je ne suis pas un expert en
construction, mais, s'il y a de l'eau qui rentre par les fenêtres, à un
moment donné, il va y avoir de la moisissure, si on parle de Laval, puis
souvent ce n'est pas très bon pour la qualité de l'air. Donc, dans ces autres
palais là, est-ce que vous avez une idée de la dégradation? Puis est-ce que
vous avez un plan pour les relocaliser?
M. Jolin-Barrette : Alors, c'est des
infiltrations mineures. Cela étant, c'est la Société québécoise des infrastructures qui est chargée de
l'entretien des bâtiments puis ils sont au travail. Donc, lorsque la SQI évalue
les travaux à faire, elle fait un diagnostic et, par la suite, elle fait les
travaux.
M. Morin : Parfait,
je vous remercie. Maintenant, j'aimerais aborder toute la question de la
transformation numérique au niveau de la
justice, le programme Lexius. Est-ce que vous pouvez nous informer de l'état
d'avancement du programme et des travaux depuis l'année dernière?
M.
Jolin-Barrette : Oui. Là, on a signé, l'an passé, le contrat pour
développer. Je crois que la firme, c'est CGI. Alors, on a lancé l'appel
d'offres, et c'est CGI qui a rempli ça. On devrait être en mesure de livrer
pour 2026, donc, le dossier judiciaire numérique. Donc...
Bien,
en fait, dans ce dossier-là, on a fait, en 2020, le greffe numérique de la Cour
d'appel qui permet le dépôt en ligne. Donc, dans Lexius, ça, ça
fonctionne déjà. On a fait le greffe numérique du Québec pour la Cour du Québec
et la Cour supérieure en 2020. Donc, depuis ce temps-là, il y a
1,5 million de procédures qui ont été déposées.
Ensuite, on a fait de
la signature électronique et la transmission électronique des jugements. Ça, ça
date de 2020 dans Lexius. Les audiences virtuelles et semi-virtuelles en 2020,
320 000 audiences depuis. Il faut se rappeler, là, avant la pandémie
puis avant qu'on développe ça, c'était quasiment une hérésie, là, faire des
audiences virtuelles.
La séance sur la
parentalité après rupture est désormais à distance. Le premier dossier
judiciaire entièrement numérique en matière non contentieuse, donc, ça, c'est
le volet dossier 1, 20 000 dossiers judiciaires qui ont été
faits avec Lexius. D'ici 12 mois, il y a la livraison du dossier
judiciaire numérique pour les actions collectives qui devrait être livré pour
l'été 2025.
La gestion des
assignations des salles de cour pour la Cour du Québec est en cours de
déploiement. Ça, c'est le dossier 4. Dans le fond, les assignations des
juges vont toutes être sur la plateforme Lexius dans la partie réservée à la
magistrature. Première livraison du dossier judiciaire en matière criminelle,
ouverture du dossier et dépôt des procédures et des pièces, audiences,
plumitifs numériques au printemps 2026, donc dans un an, et première
livraison du dossier judiciaire numérique à
la Cour d'appel, automne 2026. Donc, après ça, on va faire la gestion des
procès-verbaux, gestion des mandats
de perquisition, écoute électronique et ordonnances, ensuite livraison
criminelle jeunesse, ensuite livraison en matière pénale.
Et
là ce qu'il faut dire, c'est qu'avec l'architecture qu'on a de Lexius, dans le
fond, le plan est en matière criminelle et
pénale en premier, mais là les modules sont développés. Ça fait que, par la
suite, pour faire familial, jeunesse, civil, tout ça, le temps de
travail nécessaire va être plus court parce qu'on va déjà avoir
l'infrastructure, l'architecture numérique pour rajouter ces modules-là. Mais
notre priorité, c'est le criminel, pour faire en sorte que les dossiers de la
police au DPCP, à la cour, tout soit intégré, éventuellement, puis que ce soit
entièrement numérique et jumelé à ça, je vous dirais, avec les comparutions,
les enquêtes sur remise en liberté avec des pôles de coordination.
M. Morin : Et,
M. le Président, quand vous avez référé, M. le ministre, au contrat suite à un
appel d'offres qui a été remporté par CGI — c'est
ce que je comprends, parce que, là, vous avez énuméré un nombre
d'initiatives qui sont reliées sous
le grand parapluie de Lexius — le
contrat de CGI vise quoi, exactement? Et quel est le montant du contrat?
M.
Jolin-Barrette : Donc, l'octroi du contrat à CGI, c'est pour une
période de six ans, pour une valeur de 43,6 millions de dollars.
Alors, il vise le criminel, le pénal et la Cour d'appel.
M. Morin : Donc,
quand vous dites : criminel, pénal, Cour d'appel...
M.
Jolin-Barrette : Et la Cour d'appel.
M. Morin :
Et... Vous avez dit : criminel, pénal...
M.
Jolin-Barrette : Pénal et Cour d'appel.
M. Morin : Et
Cour d'appel, d'accord. Donc, le 43,6 millions, c'est pour mettre en place
quoi, exactement?
M. Jolin-Barrette : L'architecture et avoir
le module, l'interface, dans le fond, que le dossier soit fonctionnel. Ça fait que, dans le fond, le juge soit entièrement
numérique, avec les pièces... les documents, tout ça, ce soit
entièrement virtuel.
Dans le fond, le 43,6
fait partie du 500 que Mme Vallée était allée chercher à l'époque, en 2018,
dans le budget de 2018.
M. Morin : Alors...
(panne de son) ...les serveurs vont être à quel endroit?
M. Jolin-Barrette : Dans le fond, en réponse
à votre question précédente, là, c'est entièrement numérique, là :
dépôt des accusations, dossier du juge, accès par les parties, dépôt des pièces,
la preuve, tout.
M. Morin : Oui.
Les serveurs vont être à quel endroit?
M.
Jolin-Barrette : Ils sont hébergés au Canada.
M. Morin : Et
qui les gère?
M.
Jolin-Barrette : Je vais vous revenir.
M. Morin : Parfait.
Quelles sont les mesures qui ont été mises en place ou qui seront mises en
place pour protéger les renseignements personnels de ces informations-là?
M. Jolin-Barrette : Donc, c'est les plus
hauts standards qui sont associés pour la protection des renseignements
personnels. Donc, ils sont prévus quand le gouvernement développe les outils
technologiques, là.
M. Morin :
Bien. Est-ce que votre...
M.
Jolin-Barrette : Donc, les serveurs...
M. Morin :
Pardon, oui.
M. Jolin-Barrette :
...c'est hybride entre l'infonuagique puis notre CTI, et c'est le MJQ qui les
gère.
M. Morin : Donc,
c'est votre ministère qui les gère.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Puis pour, exemple, l'accès à la sécurité pour
la magistrature, on a un protocole d'entente avec la magistrature pour la
gestion de la sécurité.
M. Morin : D'accord. Est-ce que votre collègue ministre de la
Cybersécurité et du Numérique a été consulté?
M.
Jolin-Barrette : Bien, sur l'ensemble des dossiers informatiques,
le ministère de la Cybersécurité est impliqué et a un droit de regard.
M. Morin : Alors, quelle a été
l'implication et quel est leur droit de regard?
M.
Jolin-Barrette : Bien, en fait, dans la Loi sur le ministère de la
Cybersécurité, ils voient l'évolution des dossiers, ils ont le droit à avoir... de faire des audits,
d'ordonner les choses. Alors, les ententes en matière d'infonuagique, le
contrat qu'on a signé, découlent des
ententes qui sont signées préalablement par le ministère de la Cybersécurité et
du Numérique.
M. Morin : Et donc c'est conforme
aux normes gouvernementales.
M. Jolin-Barrette : C'est ça. Le
ministère de la Cybersécurité et du Numérique, lui, s'assure du respect de loi
sur la gouvernance des données numériques, la LGGRI.
• (16 h 50) •
M. Morin : D'accord. Vous avez
parlé...
M. Jolin-Barrette : Plus
précisément, là, c'est la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources
informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie. Donc, je comprends que l'idée, notamment en matière criminelle et pénale,
si je vous ai bien compris, c'est que la police puisse déposer un dossier dans
le système. Ça va être envoyé au procureur, puis après ça, éventuellement, il
va y avoir un dossier déposé au greffe.
M. Jolin-Barrette : Donc, c'est le
DPCP qui va verser le tout dans le dossier, donc la preuve, les documents, les
procédures, dans le dossier numérique, puis les parties vont y avoir accès, la
défense aussi puis le juge.
M. Morin : Et, pour la police, ils
vont envoyer l'information dans le nuage d'une façon numérique au bureau du
procureur?
M. Jolin-Barrette : Oui. Alors, au
niveau du Directeur des poursuites criminelles et pénales, le lien entre le corps de police et les procureurs, c'est GESTE qui
va venir s'arrimer à Lexius. Donc, le DPCP, lui, développe les outils informatiques dans le programme GESTE. Ça vise le
dépôt numérique, au DPCP, de la demande d'intenter des procédures et de la preuve par les corps de police, le
traitement numérique de la DIP, incluant la décision d'autoriser ou non le
dépôt, la transmission de la dénonciation au greffe pour l'ouverture du dossier
judiciaire, la communication électronique de la preuve à la défense, la
production numérique, la preuve au tribunal afin de tenir un procès sans
papier. Donc, GESTE, c'est l'interface entre le corps de police, DPCP. DPCP va
verser ça dans Lexius.
M. Morin : Oui, d'accord. Et
évidemment il y a, dans l'architecture, il y a un spécialiste qui s'assure que
tous ces systèmes-là sont compatibles, parce qu'évidemment il y a plusieurs
corps de police au Québec.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
M. Morin : D'accord. Et ça inclut
tous les corps de police au Québec?
M. Jolin-Barrette : Alors, à terme,
oui.
M. Morin : À terme.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
parce qu'on ne peut pas commencer avec tout le monde en même temps.
M. Morin : Non, ça, je comprends, M.
le ministre, mais...
M.
Jolin-Barrette : L'objectif, c'est de faire en sorte que tous les
corps de police versent tout numériquement. Puis c'est des histoires
de... on cherche le dossier au palais de justice. On ne veut plus que ça
arrive... puis les hangars à papier, puis tout ça, là.
M.
Morin : Oui, ça, je comprends. Maintenant, vous savez que,
dans certains dossiers, la preuve qui est transmise par le corps
policier est excessivement volumineuse. Votre système va être capable de gérer
tout ça?
M. Jolin-Barrette : Oui, oui.
M.
Morin : Oui? D'accord. Et éventuellement, est-ce que vous
allez aussi inclure la GRC dans votre système?
M. Jolin-Barrette : Alors, toutes
les poursuites qui vont être prises par le DPCP vont être numériques.
M. Morin : D'accord,
mais le DPCP fait, à l'occasion, des poursuites de la GRC, là. Donc, ça va être...
vous en tenez compte?
M. Jolin-Barrette : Oui, on en tient
compte.
M. Morin : Parfait. L'administration
de la justice, vous le savez, ça relève de vous, ça relève du Québec. Vous
allez inclure aussi tous les poursuivants?
M. Jolin-Barrette : Bien, vous
faites référence, supposons, aux poursuivants municipaux, supposons?
M. Morin : Je fais référence aux
poursuivants municipaux puis aux poursuivants fédéraux.
M. Jolin-Barrette : O.K. Alors, le
poursuivant fédéral va pouvoir déposer sa preuve dans Lexius.
M. Morin : D'accord. Puis les
poursuivants municipaux?
M.
Jolin-Barrette : Bien là, on est dans les cours municipales, donc ce
n'est pas dans la portée du programme Lexius.
M. Morin : Donc, elles, elles vont
continuer papier ou ils ont leur propre système?
M. Jolin-Barrette : Bien, les cours
municipales relèvent des municipalités. Alors là, nous, on se concentre sur les
palais de justice, Cour du Québec, Cour supérieure, Cour d'appel.
M. Morin : D'accord. Quelles sont
les mesures que vous avez mises en place pour vous assurer que l'échéancier va être respecté puis qu'il n'y aura
pas de dépassement de coûts? S'il y a un dépassement de coûts, est-ce
que vous avez prévu des pénalités au contrat?
M. Jolin-Barrette : On a un contrat
de six ans qui est prévu.
Vous, votre question, c'est : Est-ce qu'il
y a des clauses pénales dans le contrat?
M. Morin : Oui, exact.
M. Jolin-Barrette : Alors, on me dit
que la façon que le contrat est formé, c'est un système de pointage et c'est
basé sur la livraison des résultats. Donc, s'il n'y a pas de résultat, ils ne
sont pas payés. Donc, ce n'est pas une disposition pénale, mais, si ça ne fonctionne
pas, ils ne sont pas payés. C'est ça.
M. Morin : D'accord. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Jean-Talon,
pour 12 min 44 s, s'il vous plaît.
M.
Paradis : M. le ministre, je vous félicite pour l'augmentation
de près de 100 millions de dollars des montants versés en
indemnité aux personnes de victimes d'actes criminels. C'est une très bonne
nouvelle, puis on en a déjà discuté, vous et moi.
Par ailleurs,
si on enlève cette augmentation d'à peu près 100 millions des indemnités,
il n'y a rien d'autre pour l'administration de la justice. Alors que
l'inflation, au Québec, était de 2,4 % en 2024, le budget ou les crédits
pour la direction des poursuites criminelles et pénales, moins 0,6 %; le budget, ou plutôt les
crédits pour la Commission des
droits de la personne et des droits de la jeunesse, moins 0,8 %; la
commission juridique, moins 2 %; le programme d'administration de la
justice, moins 3,5 %; incluant une baisse de 21 % pour le volet
Affaires juridiques, législatives et Accès à la justice, ça fait que, M. le
ministre, les compressions ou les gels qui n'existent pas, supposément, au sein
du gouvernement de la CAQ ont l'air d'avoir affecté durement le ministère de la
Justice.
M. Jolin-Barrette : Bien, M. le
Président — salutations
au député de Jean-Talon — dans
le budget, on a 24,6 millions de dollars, je pense, notamment pour
l'implantation du Tribunal unifié de la famille. On a également une base budgétaire qui est rehaussée par rapport
aux années passées, notamment pour couvrir les augmentations de salaire qui font suite, notamment, au cas des juristes de
l'État qui a été réglé, notamment, suite au rapport de
M. Chamberland. Et on a eu une
croissance du budget sans l'IVAC, donc, de 4,6 % en 2022‑2023;
en 2023‑2024, 5,2 %; en 2024‑2025, 7,1 %;
puis en 2025‑2026, 4,4 % d'augmentation du budget global sans l'IVAC.
M.
Paradis : Page 15-4 à 15-10 de vos crédits, alors qu'il
y a une inflation de 2,4 %, il n'y a aucune augmentation pour le Directeur
des poursuites criminelles et pénales, aucune augmentation pour la Commission
des droits, aucune augmentation pour la Commission des services juridiques. Voulez-vous bien me dire comment ces gens-là,
qui tiennent déjà le système de
justice à bout de bras avec pas assez de ressources... Ce que vous leur dites,
c'est : Là, vous ne pouvez même
pas couvrir les frais d'augmentation du coût de l'augmentation, là, du taux
d'inflation. C'est ça que vous leur dites.
M.
Jolin-Barrette : Alors, M. le Président, au cours des dernières
années, le budget du ministère de la Justice est passé, de 2019‑2020, de 1 040 000 000 $ à
1 890 000 000 $. C'est 800 millions de plus. On a un nombre
de procureurs record au Directeur des poursuites criminelles et pénales,
on a rajouté des services, notamment offerts par la Commission des services juridiques. Alors, les budgets ont augmenté, pour le DPCP, depuis 2021, de 178,5 à
227,5 millions de dollars. Alors, au cours des dernières années, on a
eu des bonnes augmentations, on a investi en matière
de justice, puis je pense qu'on s'est assurés, aussi avec les réformes
législatives qu'on a faites, notamment votre collaboration, de centrer
ça sur notamment les personnes victimes, puis c'est un choix que nous avons
fait, puis on assume ce choix-là. Alors, on va continuer de financer
adéquatement le système de justice.
M. Paradis : Bon, mais c'est un gel
des dépenses en administration de la justice pour la prochaine année dans vos
crédits. Ce sont vos chiffres.
Maintenant, pour les indemnités versées aux
victimes, une augmentation. Par contre, pour le fonds affecté à l'aide des
personnes victimes d'infractions criminelles, ça, c'est ceux qui couvrent les
CAVAC, le FAVAC, etc., je vois, à la
page 15-12 de vos crédits, qu'on passe de 23 millions à
7 millions entre cette année et la prochaine. J'aimerais comprendre
ces chiffres-là, page 15-12 de vos crédits. Est-ce que ça veut dire qu'il
n'y a plus d'indemnisation, mais que les organisations qui sont chargées du
programme, elles, ont moins d'argent?
• (17 heures) •
M. Jolin-Barrette : Non, mais tout
le volet indemnisation, ça, c'est dans le programme de l'IVAC. Donc, le FAVAC
ne fait pas d'indemnisation. Le FAVAC, c'est là où est-ce qu'on transfère les
sommes, notamment, pour les organismes de soutien aux victimes.
Exemple, les
centres d'aide aux victimes d'actes criminels sont financés à 100 % par
les sommes du FAVAC. On a également
d'autres organismes qui reçoivent des sommes du FAVAC, mais c'est du... des
fonds de soutien aux organismes communautaires.
M. Paradis : Je comprends la
différence, mais ma question est : Pourquoi, à la page 15-12, on
passe de 23,8 millions, 2024‑2025, à 7,6 millions, 2025‑2026?
M. Jolin-Barrette : Bien,
voyez-vous, 2022-2023, les dépenses FAVAC totales, là, c'étaient
41 millions, 2023-2024, c'étaient 52,3 millions, 2024-2025,
60,8 millions. C'est quoi, la page auquel vous référez?
M. Paradis : 15-12.
M.
Jolin-Barrette : 15-12. Je vais juste aller voir la
page 15-12, si on peut me la sortir, mais, en termes de dollars
nets, il y a plus d'argent au cours des dernières années.
M.
Paradis : Bon. J'aimerais peut-être avoir une réponse à
cette question-là, ce qui explique de 23,8 à 7,6 à 15-12.
M. Jolin-Barrette : Oui. Puis
n'oubliez pas que, là, avec l'adoption du projet de loi n° 48,
la Loi modifiant principalement le Code de la sécurité routière, et le 54, on
va pouvoir augmenter les revenus du Fonds Accès Justice, celui qui est en
matière civile, puis de FAVAC, parce qu'avec les radars photo on augmente la
contribution. Puis, vous vous souviendrez, on l'a fait dans le 54, on augmente
la contribution associée aux constats d'infraction, donc la partie du FAVAC
puis la partie du FAJ.
M. Paradis : ...question à
approfondir. Services de première ligne, vous-même avez beaucoup insisté sur le
fait que l'éducation puis les services de première ligne vont aider à
désengorger les tribunaux puis à réduire les délais judiciaires. Or, quand on
regarde vos crédits, notamment à la page 92 des renseignements
particuliers de l'opposition officielle, on
voit que le nombre de services d'information juridiques offerts par les centres
de justice de proximité ont vraiment
beaucoup diminué entre les deux dernières années : Bas-Saint-Laurent, de 2 280 à 1 800; Gaspésie, de 1 500 à 900; Grand
Montréal, de 7 400 à 6 000;
Québec, de 4 200 à 3 700; Mauricie, Saguenay—Lac-Saint-Jean... Pourquoi? Et comment on
fait pour éviter, justement, l'engorgement des tribunaux avec une meilleure
éducation des gens, si on diminue le nombre de services rendus?
M. Jolin-Barrette : Bien là, je
comprends la question du député de Jean-Talon, parce qu'avec l'entente qu'on a
eue avec le Barreau et la Chambre des notaires pour le Fonds d'études
juridiques du Barreau puis le fonds de la Chambre des notaires sur les comptes
en fidéicommis, c'est 80 millions de dollars qui sont investis, puis
ça va se détailler en trois programmes. Le
premier, c'est sur l'appel de projets du FAJ, donc on va passer de
150 000 $ à 2 millions. Ensuite, les centres de justice
de proximité, ils vont engager des avocats puis ils vont être directement dans
les palais de justice, un peu comme de la justice vers les citoyens, pour
offrir des conseils, des avis, de l'information juridique directement en
palais.
Je vous donne un exemple. À Montréal, le centre
de justice de proximité, il est juste l'autre bord du palais, puis ils n'ont
pas de rendez-vous, puis ça rentre tout le temps. Donc, on va mettre les
avocats directement au palais.
Puis le troisième
volet de l'entente qu'on a fait aussi, c'est le fait d'avoir des avocats dans
les organismes communautaires. Ça fait que
ça, ça va multiplier les interventions pour la population en termes d'accès à
la justice, puis on va aller sur le
terrain, organismes communautaires, palais. Puis l'idée avec ça, c'est :
plus les gens vont être mieux renseignés, bien, plus ils vont en connaître sur
leurs droits, mais plus aussi ils vont être mieux préparés devant la
cour. Donc, c'est axé vraiment... Je remercie les ordres d'avoir collaboré avec
nous, également...
M. Paradis : Bon, donc, vous avez peut-être, bon, l'ébauche
d'une solution ici, mais on constate quand même qu'il y a une diminution
importante, pour l'instant, des services offerts par les centres de services de
proximité ou les services d'information juridique.
Il y a aussi eu une
augmentation des délais moyens, par district judiciaire, des... pour avoir une
audition, chambre civile, de 216 à
232 jours, chambre criminelle, de 304 à 305 jours — ça,
c'est un peu moins important — chambre
pénale, délai médian des causes pénales réglées, de 150 jours à
155 jours. Donc, est-ce que vous atteignez vos objectifs? Est-ce vous
trouvez ça inquiétant? Est-ce qu'il y a une stratégie pour renverser la
tendance?
M.
Jolin-Barrette : Juste pour revenir sur les centres de justice de
proximité, là, on en a ouvert trois de plus. Donc,
les effectifs n'ont pas diminué, mais ils ont plutôt augmenté. Puis lorsqu'on
parle des interventions, on ne mesure pas la qualité ou la durée de l'intervention non plus. Ça, c'est important
de le dire. Ça fait qu'il y a en termes de volumétrie, mais en termes de
temps également qui est passé, ça fait qu'il faut juste nuancer cela.
Pour ce qui est des
délais, on essaie vraiment, par les différentes mesures législatives, de donner
de l'air au système de justice. Vous l'avez vu, avec les différentes
initiatives, que ce soit en matière civile, en matière familiale, en matière
criminelle et pénale, d'avoir des solutions alternatives pour décharger les
tribunaux, on s'en va dans le bon sens, en partenariat avec la magistrature,
avec l'ensemble des intervenants du système de justice.
Est-ce que je suis
satisfait? La réponse, c'est non. On est sur la bonne direction, mais, comme je
le disais au député de Saint-Henri—Sainte-Anne, ce n'est pas le ministre qui fait
les rôles, qui assigne les juges, qui fixe les horaires. Alors, nous allons au
maximum de notre capacité dans notre...
M. Paradis : Je
comprends que le ministre nous ramène dans un film dans lequel on a déjà joué,
lui qui se dispute avec la magistrature, mais très bien...
Arrêts
de procédures. Parmi les 73 demandes d'arrêts de procédures qui ont été
obtenues par la défense, il y en a 42 dans le district de
Saint-François. Pourquoi? Qu'est-ce qui se passe dans le district de
Saint-François? Je note aussi que le taux
d'utilisation des salles dans le district de Saint-François, à Sherbrooke, qui
est de 50 %, ce qui est d'ailleurs un taux assez moyen, mais il y a des endroits où c'est pire que ça :
Alma, 22 %, Amos, 20 %. Amos, il y a deux nominations... il y
a deux postes vacants depuis longtemps. Alors, quelle évaluation fait le
ministre de ces situations-là, d'abord, dans le district de Saint-François?
M. Jolin-Barrette : Alors, dans le district
de Saint-François, on a eu un arrêt de maladie pour trois mois d'un
membre de la magistrature. Cela étant, on a comblé deux postes en matière
criminelle au début... bien, en 2024‑2025, deux criminalistes qui ont été
nommés, oui, février 2024, les deux nominations à Sherbrooke. Donc, ça a fait
en sorte d'augmenter le nombre de journées d'audiences. Puis là ça dépend aussi
des dossiers qui sont fixés par le DPCP.
Vous savez, on était
dans une situation particulière avec le changement de ratio. Parfois, le Directeur
des poursuites criminelles et pénales se retrouve confronté à une situation de
sauver certains dossiers parce que d'autres sont
déjà hors délai. Alors, chaque nolle est un nolle de trop comme chaque arrêt de
procédure est un arrêt de procédure de trop, mais, face à la situation
qu'on a vécue antérieurement, parfois, on se retrouve encore avec des
situations, notamment dans le Nord, où il y a eu davantage d'arrêts de
procédures.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
député de l'Acadie, pour 19 min 36 s, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci, M. le Président. Alors, on va continuer
avec la transformation numérique en matière de justice. Si je vous ai
bien compris, M. le ministre, vous avez mentionné que le contrat qui avait
été donné à CGI, c'était pour six ans. Est-ce que je vous ai bien compris?
M.
Jolin-Barrette : Oui, le contrat, c'est six ans.
M. Morin : Donc,
ce contrat-là, vous venez de le donner à CGI ou ça fait des années qu'il roule?
M. Jolin-Barrette :
Non. Il y a eu un appel d'offres l'an passé. Il y avait des firmes
préqualifiées, puis CGI a remporté le contrat.
M. Morin : Donc,
l'an passé. Alors...
M.
Jolin-Barrette : 17 janvier 2024.
M. Morin : Très
bien. Donc, pour six ans. Donc, je comprends qu'il reste encore cinq ans.
M.
Jolin-Barrette : On compte pareil.
M. Morin : Parfait, excellent. Donc,
dans cinq ans, je comprends que la transformation numérique et Lexius devraient
être complétés.
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, dès l'année prochaine... dans le fond, au printemps, c'est prévu, la
livraison des premiers... puis le déploiement à l'automne. Ça fait que, dans le
fond, ça se fait en continu, puis là on va être... Cour du Québec. Dans le fond, en
matière criminelle, il y a Cour supérieure, Cour d'appel aussi à déployer. Ça
fait que, tu sais, la première phase
qu'on a, c'est criminel adulte phase I, qui, ça, nous amène en 2026.
Parallèlement à ça, on a criminel adulte
phase II, qui part... 2025 aussi, qui va être livré fin 2027. Ensuite, matières
criminelles adultes jeunesse, là, eux vont être livrés milieu 2027, Cour
d'appel phase 1, 2026, matières pénales, elle arrive après, elle. Ça va être
2029.
• (17 h 10) •
M. Morin : Puis
en matière civile?
M.
Jolin-Barrette : Bien, comme je vous expliquais tout à l'heure, on va
bâtir... Dans le fond, Lexius, le budget qu'on a, c'est sur criminel et pénal.
Là, les modules se développent. L'architecture va être là. Ça fait que, quand on va être rendus à faire civil, on va
pouvoir venir les ajouter à Lexius, mais actuellement, là, sur le projet
informatique qu'on a, c'est uniquement
criminel, pénal. Cela aidant... cela étant, pardon, les procédures non
contentieuses vont... ça, c'est le civil, bien, ça, c'est déjà en fonction,
même chose pour le greffe de la Cour d'appel.
Le greffe de la Cour d'appel, c'est tout, ce n'est pas juste du criminel et
pénal. Ça existe déjà. Ça fait qu'il y a des parties de civil qui sont
actives.
Une voix : ...
M.
Jolin-Barrette : Ah! les actions collectives, qui vont être faites
l'année prochaine, en septembre. Les actions collectives vont être faites en
septembre. Ça, c'est du civil.
M. Morin : En
septembre 2025?
M.
Jolin-Barrette : 2025, oui.
M. Morin : D'accord.
Et donc, une fois l'architecture construite pour le volet criminel et pénal,
selon vos estimés, l'architecture civile,
les procès civils vont être capables de s'imbriquer dedans, puis il n'y aura
pas de problème.
M.
Jolin-Barrette : Bien, je ne suis pas un expert en informatique, là,
mais il va y avoir des travaux à faire, mais
on ne part pas de zéro. Dans le fond, les outils informatiques vont avoir été
développés. Ça va être moins long, faire le civil familial, que toute
l'architecture qui a été faite pour aboutir au criminel et pénal parce qu'il y
avait déjà une partie qui va avoir effet... avoir été faite.
M. Morin : Donc,
selon vous, en 2030, ça va être complété?
M. Jolin-Barrette :
Vous voulez dire avec civil?
M. Morin : Oui.
M.
Jolin-Barrette : Je ne pourrais affirmer cela.
M. Morin : Bien,
si c'est pour cinq ans puis que vous avez un contrat pour cinq ans, donc, le
criminel va être fini, mais le civil, ça peut prendre plus de temps encore?
M. Jolin-Barrette : Ça pourrait prendre plus
de temps. Dans le fond, le mandat Lexius, c'est criminel et pénal.
M. Morin :
D'accord.
M.
Jolin-Barrette : Cela étant, quand on va être rendus au civil, on va
avoir déjà un bout de fait à cause de la structure mise en place pour le
criminel et pénal. Ça va pouvoir venir s'imbriquer.
M. Morin : Pouvez-vous
me rappeler le nom de la compagnie qui va être responsable du traitement et du
stockage des données dans l'infonuagique?
M. Jolin-Barrette : Ah! c'est au ministère de
la Justice, c'est le CTI. Le CTI, ça veut dire centre de traitement de
l'information.
M. Morin : Et
vous n'avez pas de compagnie privée impliquée dans l'infonuagique?
M.
Jolin-Barrette : Le traitement de la donnée, c'est nous, au centre de
traitement de l'information. Pour l'hébergement de la donnée en infonuagique,
il y a plusieurs compagnies, notamment. C'est tout hébergé au Canada. Il y a
plus qu'une entreprise qui héberge, mais tout est au Canada.
M.
Morin : Si vous regardez dans les renseignements
particuliers de l'opposition officielle, à la question 136, l'entreprise
infonuagique impliquée, on nous a répondu que c'était Microsoft Azure.
Microsoft a des liens avec les États-Unis d'Amérique.
M. Jolin-Barrette : ...100 % au
Canada.
M. Morin : Par Microsoft Azure?
M. Jolin-Barrette : Il y a une
partie des données, oui.
M. Morin : Puis quelles sont les garanties
que vous avez que ces données-là ne seront pas accessibles par les États-Unis
d'Amérique?
M. Jolin-Barrette : C'est des
garanties contractuelles.
M.
Morin : O.K., et ça, c'est prévu au contrat, c'est écrit
dans le contrat, il n'y aura pas de partage d'information avec un autre
État?
M. Jolin-Barrette : On me dit que ça
fait partie du contrat.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie. Toujours à la même question, question 136 dans les renseignements
particuliers de l'opposition officielle, on parle de l'avancement budgétaire du
projet qui est de 24 %. Ça correspond à quoi également, spécifiquement,
votre avancement budgétaire du projet de 24 %?
M. Jolin-Barrette : Pour Lexius?
M. Morin : Oui, bien, en lien avec
le projet de gestion d'audiences numériques.
M.
Jolin-Barrette : Donc, c'est sûr qu'en termes de décaissement on
décaisse progressivement. Donc, sur le montant total, Lexius, c'était
une partie du 500 millions, puis, dans le fond, on décaisse au fur et à
mesure que le tout est livré.
M. Morin : Et
donc je comprends que ça correspond à votre décaissement de 24 %. C'est
24 % du décaissement. Est-ce que c'est ce que ça veut dire?
M. Jolin-Barrette : Sur Lexius,
total?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Ah! ça, on
nous dit que c'est un projet en particulier.
M. Morin : Donc, c'est lequel
projet, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : O.K. Alors, ça, c'est le dossier 5, Gestion de
l'audience numérique, donc, lors d'audiences, procès-verbal sur la preuve, ordonnance. Alors donc, c'est la
livraison... l'aménagement des salles, notamment pour la magistrature, avec les dossiers non contentieux.
Donc, on aménage les salles aussi pour le volet criminel. Il va couvrir
la diffusion de la preuve en salle d'audience, les confections des
procès-verbaux, les ordonnances et l'acheminement de ceux-ci aux différentes
parties. Ça fait que, là, là-dessus, le projet 5, on est rendus à
24 % des sommes.
M. Morin : Et ça, c'est un
autre projet ou si c'est tout inclus dans votre 43,6 millions?
M. Jolin-Barrette : Alors,
c'est dans le 195 millions de Lexius. Du 500 millions sur la
transformation de la justice, il y en a quasiment 200, 195 millions, qui
était pour Lexius. Le 43 de tantôt fait partie du 195.
M. Morin : D'accord.
M. Jolin-Barrette : Celui-là, c'est un 16 millions, puis, dans
le fond, il est segmenté en dossiers, dossiers 1, 2, 3, 4, 5, puis là le dossier 5, pour
16 millions, on est rendus à 24 %. Donc, on a dépensé
3,9 millions sur 16,1 millions, et là ce volet-là vise à
assurer le déroulement de l'instance, gérer les enregistrements, gérer les
communications, rehausser du... bureautique.
Exemple, on parle souvent des notes sténographiques, du repiquage, tout ça,
bien, éventuellement, quand on va avoir Lexius, on va avoir les
enregistrements. C'est ça.
M. Morin : Et ces
enregistrements-là dans Lexius... parce que, présentement, dans les palais de
justice, ma compréhension, c'est que ces enregistrements-là sont accessibles à
la magistrature et à la magistrature uniquement. Est-ce que je me trompe?
M. Jolin-Barrette :
Le repiquage, ce n'est pas accessible...
M. Morin : Je ne parle pas du
repiquage, je parle de l'enregistrement.
M. Jolin-Barrette : Les parties
ont accès à l'enregistrement par le biais du repiquage.
M. Morin : Oui, quand ils le demandent, mais ma
compréhension, c'est que la magistrature a accès directement à
l'enregistrement.
M. Jolin-Barrette : La réponse,
c'est oui.
M. Morin : D'accord. Dans votre
projet d'infonuagique, est-ce qu'éventuellement la poursuite et la défense vont
avoir aussi accès directement?
M. Jolin-Barrette :
Actuellement, ce n'est pas prévu, mais ça pourrait l'être.
M. Morin : Parce qu'il me
semble que, quand on parle d'efficacité de la justice, c'est un outil qui
pourrait faciliter le travail des parties, notamment quand des parties ont à
présenter... Bien, en fait, c'est la défense qui doit présenter une requête de type Jordan. Bien, ils sont obligés, souvent,
de regarder tout ce qui s'est passé. S'ils ont un accès direct, évidemment protégé... bien sûr, il ne
suffit pas de changer d'enregistrement, même chose pour le procureur de
la poursuite. Ça sauverait pas mal de temps,
et de coûts, et d'employés, plutôt que de faire des demandes au greffe puis,
après ça, bien, attendre ou bien l'enregistrement ou les transcriptions puis,
après ça, présenter la requête puis la défendre du côté de la couronne, alors que ma compréhension, c'est que
la magistrature a accès directement à ces enregistrements-là. Oui?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
une bonne suggestion que vous formulez, puis on va l'étudier avec M. le sous-ministre.
Il y a toujours une question de coût, mais votre vision est pertinente, vous
avez raison.
M. Morin : Et je vous partage
que ce n'est pas uniquement ma vision, mais c'est aussi des demandes que le Barreau
fait depuis bien, bien des années. Alors, bref, pour l'efficacité, ça pourrait
être une bonne chose.
Maintenant, ceci étant dit, au niveau des
statistiques pour la gestion des cours, est-ce que la magistrature a accès
directement à des statistiques ou s'ils sont obligés de vous en faire la
demande au ministère de la Justice?
M. Jolin-Barrette : Pour le
contenu des audiences?
M. Morin : La gestion des
audiences.
M. Jolin-Barrette : Vous, ce
que vous voulez savoir, c'est, supposons, dans le fond, les enregistrements, à
qui ils doivent faire la demande dans la salle de cour?
• (17 h 20) •
M. Morin : Non. Au niveau, par
exemple, du nombre de salles de cour, heures d'utilisation des salles de cour, les rôles, etc., est-ce qu'ils sont obligés
de faire des demandes à la Justice pour avoir, par exemple, un tableau
de bord sur les délais, ou autrement, ou s'ils sont équipés d'une façon
indépendante pour avoir accès à des statistiques puis être capables
d'évidemment évaluer puis suivre la durée des audiences?
M.
Jolin-Barrette : Bien, exemple, pour l'assignation des juges, ils
ont leur propre système où est-ce que c'est les juges qui ont uniquement accès. Pour la donnée... supposons, les
données sur l'ouverture des salles de cour, fermeture, le temps
d'utilisation, c'est dans les données du ministère de la Justice. Alors, c'est
le ministère de la Justice qui dispose de ça. Cela étant, quand on va avoir
Lexius, les tribunaux vont pouvoir demander de recevoir directement les
données, supposons, qu'ils souhaitent recevoir.
M. Morin : D'accord. Sans passer par
le ministère de la Justice?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
parce qu'actuellement nos systèmes sont tellement anciens que ça prend une
expertise pour extraire, supposons, certaines informations. Ça prend de
l'intelligence d'affaires pour le faire.
M. Morin : D'accord, je vous
remercie. Parlons maintenant du greffe numérique qui a été évidemment mis en
place par une loi, n'est-ce pas, que vous avez présentée, pour les notaires.
Vous êtes rendus où avec ce projet-là? Qu'est-ce qui a été mis en place?
Comment ça fonctionne? Est-ce qu'il y a eu des coûts et quels sont les coûts?
M. Jolin-Barrette : Donc, pour les
notaires, ça, ça fait suite au projet de loi n° 37, il me semble... 34.
Donc, c'est la Chambre des notaires qui
poursuit le développement du greffe central numérique. Donc, il y a certains
notaires qui devraient commencer à avoir accès au greffe central numérique
d'ici l'automne, et on va pouvoir rédiger un règlement prévoyant une modalité
d'accès pour le déploiement progressif du greffe central. Donc, c'est la
chambre qui est chargée de déployer ça.
M. Morin : Et la chambre va être en mesure de le déployer
puis d'avoir les fonds grâce au Fonds d'études notariales?
M. Jolin-Barrette : Oui. On avait
indiqué, vous vous souviendrez, là, dans le projet de loi qu'ils pouvaient
utiliser le Fonds d'études notariales pour développer tout ça.
M.
Morin : Et vous avez fait aussi récemment une annonce avec
le Barreau pour un investissement de plusieurs millions pour l'accès à la justice, puis il y a une partie de l'argent
qui provient du Fonds d'études notariales également.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Dans le fond, ça vient de trois fonds, là. Le
Fonds d'études juridiques, ça, c'est le fond du Barreau pour les comptes
en fidéicommis des avocats, le fonds de la chambre, c'est le Fonds d'études
notariales... c'est ça, Fonds d'études
notariales, puis, dans le fond, la Chambre des notaires investit quoi,
50 millions... oui, 50 millions, le Barreau, 30, puis... c'est ça, donc, 80 millions. Puis pour,
supposons, le greffe central numérique, la Chambre des notaires peut
utiliser également le Fonds d'études notariales.
M. Morin : Est-ce qu'on vous a
informé que, présentement, il y a un audit du Fonds d'études notariales?
M. Jolin-Barrette : Bien, ma
collègue qui est présente au Conseil du trésor est informée de ça puisque les
ordres professionnels relèvent d'elle.
M. Morin : Donc, vous êtes au
courant qu'il y a cet audit-là qui est fait.
M. Jolin-Barrette : Bien, il y a eu
des reportages qui ont été faits, notamment, là, par les... C'est connu.
M. Morin : Parfait, je vous
remercie. Maintenant, quand on parle du... toujours dans le numérique, quel
plan de formation que vous prévoyez pour que vos employés soient bien au
courant des développements?
M. Jolin-Barrette : Les employés
de...
M. Morin : Vos employés. Quand on
parle de la transformation numérique, quel est le plan de formation que vous
avez pour vous assurer que vos employés vont être formés, qu'ils vont être
capables de rendre des services auxquels la population a droit, puis quel est
l'échéancier de ces plans de formation?
M. Jolin-Barrette : Bien, vous
savez, la gestion du changement, quand on tombe dans l'univers numérique, bien
entendu qu'on va accompagner nos employés pour faire en sorte qu'ils aient les
outils pour, justement, être en mesure d'être performants avec les nouveaux
outils. Je vous donne un exemple. Lorsqu'on est en salle de cour puis qu'on est
habitué de rédiger un procès-verbal manuscrit, bien... puis maintenant, on peut
le rédiger électroniquement, bien, ça va
être beaucoup plus rapide plutôt que de le rédiger par écrit, ensuite faire
trois photocopies, ensuite les numériser, tout ça. Alors, avec... avant chaque livraison, il y a des formations
qui sont développées, dispensées autant pour le personnel de justice,
donc nos employés dans les palais de justice, mais autant pour les utilisateurs
que pour la magistrature également, parce que la magistrature, aussi, pour se
servir des outils numériques, il y a de la formation.
Donc, le ministère de la Justice collabore avec
l'ensemble des partenaires du système de justice. Puis, vous savez, quand on
implante un nouvel outil, il faut toujours penser que le système de justice
continue à fonctionner. Ça fait que je
remercie les employés de s'adapter aux nouveaux outils technologiques puis à la
formation, parce que ce qu'on vise, c'est que ça fonctionne mieux, mais
c'est sûr que, quand on a des phases de transition comme ça, bien, des fois, il
faut mettre les bouchées doubles, justement, pour s'adapter avec les nouveaux
outils. Ça fait que, comme dans tout changement, ça va être mieux, mais il y a
une phase qui est un petit peu...
M. Morin : Et quel est votre budget
de formation qui est alloué pour former vos employés?
M. Jolin-Barrette : C'est dans les
dépenses du projet Lexius.
M. Morin : Donc, tout ça est inclus
dans le projet Lexius. Donc, il y a un volet formation dans Lexius.
M. Jolin-Barrette : Oui. Puis, tu
sais, tout à l'heure, M. le Président, j'ai fait la nomenclature au député de
l'Acadie des différents projets qui ont été livrés avec Lexius, mais on y va
par phases, là. On n'attend pas à la fin, fin, fin de Lexius, criminel et pénal
au complet, puis d'amener ça directement. Dans le fond, on a détaillé ça en
saucisson. Ça fait qu'à chaque fois qu'il y a un module, bien, les gens
apprennent à travailler avec lui graduellement.
M. Morin : Très bien. Et vous
évaluez la qualité des services donnés? Ça fonctionne bien? Est-ce que vous
évaluez comment vos employés sont capables de fonctionner avec? Avez-vous de la
rétroaction? Est-ce que vous modifiez certains éléments? Comment ça fonctionne
au niveau de la formation?
M. Jolin-Barrette : Bien, à toutes
les fois qu'on implante des nouvelles procédures ou qu'on implante des nouveaux
programmes au ministère de la Justice, il y a des ajustements à apporter. Je
vous donne un exemple du tribunal spécialisé. C'est un changement dans les façons de pratiquer.
Comme, exemple, avec le projet de loi n° 91 qu'on a adopté sur le
tribunal unifié, bien, il y a des éléments qui changent par rapport au droit de
la famille, là, qui s'en viennent. Donc,
dans nos greffes, on accompagne les gens, puis il y a des explications, puis
c'est du développement des acquis
pour faire en sorte que les gens comprennent puis voient de quelle façon le
travail se transforme. Donc, c'est sûr qu'on n'arrive pas juste avec ça
puis on dit : Bien, voici, là... Les gestionnaires font un travail
d'accompagnement.
M. Morin : Parfait. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Bachand) :
...du gouvernement pour une période de 10 min 45 s. M. le député de Saint-Jean,
s'il vous plaît.
M. Lemieux : Merci beaucoup, M. le
Président. M. le ministre, je ne me gêne jamais, même que je me fais un devoir
de rappeler votre hyperactivité à chaque fois qu'on est en commission
parlementaire et qu'on réalise un des
nombreux projets de loi. On va y revenir, on va avoir le temps. Je crois que
vous parlez de Marc-André Bédard, que j'ai bien connu. Je me dis que
vous êtes, 40 ans plus tard, en train de refaire ce que ce grand ministre
de la Justice avait fait il y a 40 ans. Ça ne m'émeut pas, mais ça me
frappe à chaque fois de voir le temps qui court, mais tout ce qu'il a fallu
faire pour refaire ces réformes.
Bien, avant de l'oublier, j'avais une question
très pointue, mais qui me semble importante, parce que ça va faire un an bientôt. C'est en mai 2024, je pense,
qu'on avait annoncé que le Directeur des poursuites criminelles et
pénales et le Service de police de la ville de Montréal annonçaient la mise en
oeuvre d'une initiative, et, rappelons-nous, il y a un an, on était encore dans
la foulée des féminicides et on essayait de trouver toutes sortes de voies...
ce n'est même pas une voie de passage, c'est une voie de secours, une sortie de
secours, quasiment, pour en venir à bout.
Donc, il y a eu ce... On peut l'appeler un
projet pilote formel, je pense. Je ne sais pas si, au DPCP, vous avez des façons... la graduation... la gradation des
projets, mais ça, c'est un projet pilote. Alors, avec votre permission, M.
le Président, je demanderais au président du... pas au président, mais au représentant
du DPCP ici, si vous nous en donnez la permission, de nous donner les dernières
nouvelles au sujet de ce projet pilote d'il y a un an.
Le Président (M.
Bachand) : Consentement?
M. Morin : Consentement, M. le
Président.
M. Lemieux : Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Alors, d'abord, vous présenter, s'il vous
plaît, officiellement. Merci.
• (17 h 30) •
M. Michel
(Patrick) : Oui, merci, M. le Président. Bonjour. Patrick
Michel, Directeur des poursuites criminelles et pénales. Merci de me donner l'occasion de répondre à la question. Je
vous remercie pour votre question, M. le député.
Alors,
effectivement, votre question fait référence à un projet. On lui cherche un
autre nom, mais, pour le moment, c'est un projet qu'on a baptisé le
projet Étranglements. Il faut remettre la chose dans son contexte. C'est qu'on
a réalisé, en partenariat avec le SPVM et des experts, que le risque
homicidaire dans les relations où il y a un contexte de violence conjugale...
que le risque homicidaire pouvait augmenter jusqu'à six à sept fois dans un
contexte où une affaire de violence conjugale implique un étranglement ou une
tentative d'étranglement.
On a donc développé avec... en partenariat avec
le Service de police de la ville de Montréal, le ministère de la Sécurité
publique, le MSSS, un programme qui se veut d'abord un programme de
sensibilisation ou de formation, surtout, de sensibilisation de tous les
intervenants du système de justice, qu'on pense aux policiers, aux procureurs, évidemment, mais aussi aux intervenants des CAVAC,
pour que ce soit bien conçu par tout le monde que, lorsqu'il y a un
phénomène d'étranglement ou de tentative d'étranglement, que ce soit une fois,
deux fois, peu importe, dans un contexte de violence conjugale, que ça augmente
de façon significative le risque homicidaire.
Et donc, pour le prévenir, bien, on va en tenir
compte et on va l'invoquer devant les tribunaux à toutes les étapes, non seulement à l'étape de la détermination
de la sentence, mais aussi à l'étape où on s'objecte à la remise en
liberté, où on demande des conditions plus
sévères, alors, et ce programme-là, ce qu'on m'en rapporte... ce qu'on me
rapporte, c'est qu'il suscite l'intérêt.
Alors, ça nous rend bien fiers parce qu'il suscite l'intérêt de partenaires
ailleurs au Canada et aussi à
l'étranger. Alors, j'en profite pour souligner d'ailleurs le travail et
l'apport des procureurs et une collaboration avec le SPVM dans ce
projet-là.
M. Lemieux : Merci beaucoup, content
de l'entendre. Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) : 6 min 40 s.
M. Lemieux : Parfait. J'ai une
collègue qui veut intervenir, le temps de poser ma question au ministre, que je
vais préannoncer. La dernière fois que vous
êtes venu chez nous, dans le comté de Saint-Jean, M. le ministre, c'était
pour le tribunal spécialisé, et c'était
après qu'on ait adopté le projet de loi qui lui a donné vie, et que vous avez
intégré dans ce qu'on appelait, à l'époque, des projets pilotes, en
disant : On va commencer maintenant, on va voir comment ça va s'ajuster.
Le fond de ma question, c'est que je veux savoir jusqu'à quel point ça va bien.
Quand vous étiez chez moi,
c'était... je ne me souviens plus, 20 quelques énièmes, là, sur un total de je
ne me souviens pas combien, mais là où je
veux en venir, c'est que ça a drainé beaucoup de questions. En fait, les gens
du milieu, les gens du CAVAC, la télévision communautaire, un peu
partout autour du palais de justice, puis les groupes qui sont habitués à
travailler avec les victimes... Puis, quand je dis que vous êtes hyperactif, je
rajoute toujours que c'est souvent, sinon presque tout le temps, en parlant de
la protection des victimes. Ça a été mieux reçu que je le pensais. J'ai l'air
fou de le dire comme ça, mais vous êtes venu faire une annonce. J'ai participé,
on était contents, mais après il y a eu une espèce de vague d'intérêt pour ces
tribunaux spécialisés.
Alors, dans
la mesure où il y a de... puis on parle de violence sexuelle et conjugale. Il
ne faut jamais l'oublier. On est dans
le legs de Rebâtir la confiance et de toutes les lois que vous avez fait
adopter. Quelqu'un qui nous écoute, là, puis qui dit : C'est quoi,
ça, cette affaire-là... Est-ce que ça change vraiment les choses autant que
j'ai senti que ça avait changé chez nous?
M.
Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Merci, M. le député de
Saint-Jean, de votre question. Bien, humblement, pour notre
gouvernement, je pense que ça change véritablement et que ça améliore
l'accompagnement des personnes victimes. Puis, vous le savez, c'est pour ça que
le premier ministre a donné son autorisation et les sommes requises à
l'implantation du tribunal spécialisé, parce que c'est un investissement majeur
d'une modernisation du système de justice,
puis, sans la vision du premier ministre de lutter contre les violences
sexuelles, les violences conjugales, bien, on n'en serait pas là, parce
que c'était quand même un choix audacieux de dire : Oui, on implante un
nouveau tribunal au sein de la Cour du Québec, on déploie les ressources pour
ça.
Et, à ce
jour, on est rendus à 37 postes de procureurs aux poursuites criminelles et
pénales supplémentaires en lien avec
le tribunal spécialisé. Ce que ça nous permet de faire, c'est de garantir
aux personnes victimes une poursuite verticale, dans le fond, que la
personne victime n'a pas à raconter son histoire à plusieurs reprises. 52
postes d'intervenantes sociojudiciaires de liaison dans les CAVAC pour mieux
accompagner les personnes victimes, dégager du temps, 9 000 intervenants
susceptibles d'intervenir auprès des personnes victimes, qui ont suivi des
formations relatives aux violences sexuelles
et conjugales. Les juges, maintenant, doivent s'engager à suivre une formation
aussi. On modernise les palais de justice, des espaces chaleureux,
accueillants.
Alors, lorsqu'on se parle, à ce jour, il y a
36 districts judiciaires au Québec, et là on est rendu à 24 districts
judiciaires où on a déployé le tribunal spécialisé. Donc, c'est un déploiement
qui se fait en continu. Au moment où on
annonce un lancement, on est prêt à procéder. Souvent, les embauches sont
faites, on a mis en place une table locale pour consulter les différents
intervenants, et pour s'assurer que tout le monde est prêt, puis prendre en
compte les particularités, puis on ajuste le tribunal en fonction de chacun des
districts. Alors, il nous reste 12 districts, et on va atteindre notre
objectif d'ici l'an prochain.
M. Lemieux : Je soupçonne que c'est
le temps de...
Le Président (M.
Bachand) : Il reste moins de trois
minutes. Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel,
s'il vous plaît.
Mme Boivin
Roy : Merci, M. le Président. Alors, M. le ministre,
merci pour votre présence et puis votre participation bien rigoureuse
aujourd'hui.
Pour rester dans la même thématique, une problématique
qui nous a été rapportée parfois, c'est la difficulté, pour une personne
victime, d'accéder aux services d'un avocat. Alors, plusieurs ignorent encore
la ligne Rebâtir, qui offre, aux personnes
victimes de violence sexuelle et de violence conjugale, quatre heures de
conseils et d'avis juridiques gratuites auprès d'un avocat de l'aide
juridique.
Alors, M. le ministre, est-ce que vous pouvez
nous dire de quelle façon fonctionne le service Rebâtir et, bien évidemment, si
le service fonctionne bien?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Merci, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel,
pour votre question. Bien, écoutez,
ça, également, c'est une grande fierté pour l'ensemble du réseau de la justice
d'avoir pu mettre sur pied cette
ligne téléphonique là qui s'adresse à l'ensemble des personnes sans égard aux
revenus. Donc, quelqu'un qui a des questions
relativement... qui est victime de violence sexuelle, violence conjugale et qui
a des questions sur les conséquences, qu'est-ce
qui arrive si je porte plainte, qu'est-ce qui arrive si je quitte mon conjoint,
garde des enfants, dossier d'immigration, statut de la personne, et on
est rendu à près de 80 000 consultations de personnes qui ont téléphoné.
Vous savez, c'est une équipe d'avocats et
d'avocates, qui sont 15 avocats spécialisés qui assurent le service. C'est
une équipe de 19 personnes, et ça, ce sont des services concrets, M. le
Président, qui amènent la confiance des personnes dans notre système de
justice. Parce que vous savez, parfois, quand on est dans des situations
difficiles comme celles-ci, on ne sait pas où se tourner. Donc, c'est un
service de première ligne accessible qui est offert.
Et je tiens à remercier la Commission des
services juridiques et les avocats, les avocates qui travaillent à cet endroit-là, le personnel de soutien aussi, parce
qu'on parle de 80 000 consultations, et c'est près de
17 000 personnes, personnes
victimes qui ont fait appel à ce service-là. Donc, en moyenne... En fait, il y
a quatre heures de services juridiques gratuits,
de conseils, d'avis, ça peut être plus, dans certaines circonstances, mais
c'est vraiment un outil qu'on a développé, à la portée des victimes.
Puis
ça s'intègre bien dans le parcours d'accompagnement des personnes qu'on a avec
le tribunal spécialisé, avec l'aide
financière d'urgence, vraiment, pour dire, bien, la personne victime a une
place dans le système de justice. Puis trop longtemps... Bien, le
système de justice n'avait pas été conçu en fonction des plaignants, en
fonction des personnes victimes. Alors, je
pense que c'est un juste retour des choses de faire en sorte d'améliorer notre
système de justice puis de toujours y aller vers la... comment je
pourrais dire, la confiance du citoyen dans le système de justice.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de l'Acadie, pour
19 min 36 s, s'il vous plaît.
M.
Morin : Oui, merci. Merci, M. le Président. Alors, on va
continuer avec le numérique. En ce qui concerne la bonification des services judiciaires numériques
pour la consultation des dossiers à distance, vous avez investi combien
d'argent cette année? Et est-ce que le service est accessible dans toute la
province?
M. Jolin-Barrette : Donc, votre
question, c'est sur les...
M. Morin : Services judiciaires
numériques pour la consultation des dossiers judiciaires à distance. Et c'est
la question 68 de nos renseignements particuliers de l'opposition
officielle.
M. Jolin-Barrette : Donc, votre
question 68...
M. Morin : Oui. Alors donc, combien
vous avez investi d'argent? Est-ce que c'est accessible dans toute la province?
Et est-ce que vous avez des statistiques sur le taux d'utilisation du service?
M. Jolin-Barrette : O.K. Alors, il
n'y a qu'un seul type de dossier qui est couvert par ça actuellement, c'est les actions... les dossiers non contentieux. Donc,
il y a 20 000 dossiers qui ont été... qui ont utilisé cette
plateforme-là. Le prochain
déploiement pour les dossiers entièrement numériques, comme on discutait tout à
l'heure, ça va être les actions collectives qui devraient être livrées
cet automne. Puis ceux qui peuvent y accéder, c'est les notaires puis les
avocats.
• (17 h 40) •
M. Morin : O.K. Et est-ce que vous faites une vérification de la
satisfaction de l'utilisation auprès de la clientèle?
M. Jolin-Barrette : Alors, on
consulte avant que ce soit lancé pour prendre les besoins des utilisateurs.
Puis un coup que le projet est lancé, bien, par la suite, on récolte les
commentaires sur qu'est-ce qui fonctionne bien, qu'est-ce qui ne fonctionne pas
bien, puis qu'est-ce qui doit être ajusté, puis on ajuste notre offre de
services.
M. Morin : Très bien. Merci. Quels sont les investissements
que vous avez effectués, en 2024 et 2025, pour adapter les salles
d'audience aux témoignages à distance dans les districts qui comportent des
régions notamment éloignées?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, souvent, il y a des investissements qui sont faits pour le
télétémoignage, notamment quand on déploie le tribunal spécialisé. Donc, on
ajuste les salles ou on crée une salle, parce que parfois, dans certains
tribunaux, il n'y avait pas de salle désignée... pardon, dans certains palais
de justice, il n'y avait pas de salle désignée pour la salle de télétémoignage.
Parfois, la visio était sur roulettes, puis ils la déplaçaient.
Alors, ce
qu'on essaie de faire, c'est, dans chacun des palais de justice, d'avoir
véritablement une salle adaptée au télétémoignage. On a ça... on a une
nouvelle salle à Montréal, on a rajouté une salle à Montréal en termes de
visio. Puis on essaie, dans les palais de
justice, avec le tribunal spécialisé, d'avoir un coin qui est destiné aux
personnes victimes. Exemple, je regarde M. le président de la
commission, à Sherbrooke, on est en train de faire les travaux, justement. Puis
à Sherbrooke, si vous vous rappelez bien, la salle des victimes, vous montiez,
puis c'était au fond, à gauche complètement.
Vous deviez passer trois salles d'audience, puis c'était un peu comme une
souricière. Alors là, désormais, on a
descendu d'un étage. On a pris une partie de la bibliothèque du CAIJ, la salle également
d'audience, puis là il va y avoir la salle
de télétémoignage face à la salle, à côté des sanitaires aussi, parce que,
ça aussi, on développe un bloc de sanitaires...
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci. Je vous
remercie, M. le Président. Si on continue avec l'infonuagique, parce que vous
avez parlé en matière criminelle et pénale, est-ce que vous avez prévu des
mécanismes pour les personnes qui se représentent seules et pour les détenus?
M. Jolin-Barrette : Alors, une
personne qui se représente seule va pouvoir le faire de chez lui, exemple, pour
consulter la preuve ou consulter les différents éléments. Il va avoir accès au
dossier. Pour une personne qui n'est pas en
mesure, ou qui n'a pas la technologie, ou qui n'a pas les facultés, les
aptitudes pour utiliser la technologie, à ce moment-là, elle va pouvoir
se présenter au greffe du palais et elle va être accompagnée pour consulter son
dossier et les outils associés à ça.
M. Morin : Et, pour les
détenus, qu'est-ce que vous allez faire?
M. Jolin-Barrette : Et pour
les...
M. Morin : Les détenus, ceux qui sont en détention, qui
comparaissent, mais détenus ou qui demeurent détenus pendant les
procédures.
M. Jolin-Barrette : Alors, le
détenu va pouvoir consulter. Actuellement, il y a de la visio. Donc, les
détenus, éventuellement, vont pouvoir consulter aussi, donc, leur dossier
également, dans les centres correctionnels.
M. Morin : Donc, je comprends que vous allez avoir des
ordinateurs ou des stations dans les centres de détention pour leur
permettre d'étudier la preuve.
M. Jolin-Barrette : Bien, il y
a des facilités qui vont être possibles pour que les détenus puissent consulter
leur dossier, ceux qui sont non représentés.
M. Morin : O.K. Je vous remercie.
Maintenant, en lien avec les délais de traitement des dossiers à la Cour du Québec, c'est la question 85 dans les
renseignements particuliers de l'opposition officielle, je constate que le
délai moyen d'audition à la chambre civile, par exemple, est passé de
216 à 232 jours, alors que le nombre de dossiers est passé de 48 257
à 45 392. Comment vous expliquez ça?
M.
Jolin-Barrette : Donc, en chambre civile, excluant la division des
petites créances, dossiers ouverts : 45 392. C'est là où vous
êtes?
M. Morin : Oui, bien, c'est ça. Oui,
effectivement, oui.
M. Jolin-Barrette : Donc, dossiers
en juridiction, 22; demande introductive d'instance, 16 377; délai moyen
d'audition, 232 jours; délai médian pour obtenir un jugement, demande
introductive d'instance, 105 jours. Alors, votre question?
M. Morin : Bien, ma question, c'est
les... le nombre de dossiers diminue puis les délais augmentent. Alors, est-ce que vous avez fait une analyse? Puis je
comprends que vous avez nommé des juges, puis là vous me dites : Il y
a... bon, c'est... vous voulez une justice
qui est plus efficace. Donc, est-ce que vous avez fait une analyse qui peut
expliquer cette situation-là?
M.
Jolin-Barrette : Bien, vous le savez, on donne des outils au
système de justice pour faire en sorte, justement, d'enlever de la
pression sur le système de justice. Notamment, on a fait le projet de loi
n° 8, avec la... une procédure simplifiée,
cinq pages seulement en demande, deux pages en défense, en matière civile
également, médiation obligatoire aux petites
créances. Si vous passez par un mode alternatif de règlement des différends,
vous allez être fixé par préférence aussi.
Donc, on a touché à la procédure civile aussi. Vous vous souviendrez, là, je
pense qu'on a fait ça en 2023, là, ensemble.
Alors, on vise à aider le système de justice, on
encourage le règlement des différends avec les centres de justice de proximité.
Ça, ça va aider. Donc, on multiplie l'ensemble des initiatives, mais, encore
une fois, ce n'est pas le ministre qui fixe les dossiers, qui prend le
délibéré, qui gère la preuve, qui gère les audiences. Alors...
M. Morin : Non, ça, je le comprends,
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, c'est sûr
que ce qui va... nous aider sur les personnes qui sont non représentées. Puis
c'est pour ça que l'annonce avec le Barreau puis la Chambre des notaires,
c'était une bonne annonce, parce qu'on va avoir des juristes en palais de
justice, donc des juristes de CJP. Ça fait que toutes les personnes qui sont
non représentées vont pouvoir avoir accès à un avocat ou un notaire qui va être
présent pour les conseiller. Quand on parle
de justice de proximité... Puis, pour la magistrature, ils notent, eux aussi,
une augmentation du nombre de personnes non représentées. Donc, c'est sûr que ça ralentit les procédures aussi,
quand vous devez expliquer comment fonctionne... Puis on s'entend, ce
n'est pas toujours simple, la cour. Alors, il y a des procédures, tout ça.
Alors, si vous êtes un non-initié, bien, ça peut être plus complexe.
Alors, le fait que l'État décide de s'engager
avec les ordres professionnels pour dire : Bien, on va fournir des
services, on va fournir des avocats, même chose dans le milieu communautaire
aussi, bien, ça va orienter les gens.
M.
Morin : Merci. Est-ce que vous avez des statistiques sur
le nombre de procès, particulièrement en matière criminelle, qui ont été annulés ou reportés cette année en raison du
manque de personnel, donc greffiers ou constables spéciaux?
M. Jolin-Barrette : On va vérifier,
mais je ne crois pas avoir cette donnée-là, parce que c'est bien relatif, le manque de constables spéciaux, parce que c'est le
ministère de la Sécurité publique qui est responsable des constables
spéciaux. Mais on n'a pas de contrôle sur la magistrature qui décide ou non de
fermer une salle d'audience. Il y a des mesures alternatives qui peuvent être
faites, notamment avec des patrouilleurs, avec des agents de sécurité. On a d'ailleurs déployé des arches de sécurité dans
plusieurs palais de justice. C'est un investissement de plusieurs
millions de dollars. Donc, on en a mis à Longueuil, on en a déployé à
Chicoutimi, Joliette. À Québec, il y en a maintenant aussi. Il y a d'autres
palais de justice aussi qui s'en viennent.
M.
Morin : Donc, je comprends que vous n'avez pas ces statistiques-là.
M.
Jolin-Barrette : Je n'ai pas ces statistiques.
M. Morin : Parfait.
Je vous remercie.
M. Jolin-Barrette : Et par ailleurs, ce qui
nous aiderait sur les délais, ça serait... ce serait si
le fédéral comblait les postes qui restent à combler à la Cour
supérieure.
• (17 h 50) •
M. Morin : Oui,
mais, M. le Président, ma question est en lien avec le nombre de greffiers,
puis ça, c'est des employés du ministère de la Justice. Alors, on va laisser le
fédéral où il est, si vous me permettez, M. le Président. Donc, maintenant, si
on...
M.
Jolin-Barrette : Mais ça ira encore plus rapidement, M. le Président,
quand on va participer au processus de sélection.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci,
M. le Président. Dans les renseignements particuliers, la question 71
relativement...
M.
Jolin-Barrette : ...qu'il n'y a pas eu de report à cause des employés
du MJQ cette année.
M. Morin : Très
bien, merci. Donc, dans les renseignements particuliers, question 71, en
lien avec Rebâtir la confiance, est-ce que c'est exact, si je vous dis
que vous avez cette année réalisé sept nouvelles recommandations du rapport Rebâtir?
M.
Jolin-Barrette : Vous voulez dire qu'on en a fait sept nouvelles.
M. Morin : Oui,
c'est ce que je voudrais vérifier avec vous.
M.
Jolin-Barrette : Bien, écoutez, je vais vérifier ça. On en a fait
beaucoup, des recommandations. Alors, la comptabilité du ministère va nous
informer de cela, on est rendu à combien. Vous, c'est par rapport à l'an passé,
là.
M. Morin : Oui,
c'est ça, votre... pour voir votre progression.
M.
Jolin-Barrette : On va le vérifier et on va vous revenir.
Le
Président (M. Bachand) : Alors, M. le
député de l'Acadie.
M. Morin : Et
j'aimerais savoir... Vous aviez, avec le rapport Rebâtir, la volonté de
constituer une banque d'avocats spécialisés, notamment pour les dossiers de
violence conjugale, agression sexuelle. Est-ce que cette banque-là fonctionne?
Il y a combien d'avocats spécialisés dans la banque? Est-ce que ça continue? Et
est-ce que vous êtes satisfaits des... en fait, de la progression obtenue dans
ce dossier-là?
M.
Jolin-Barrette : Alors, pour la banque d'avocats spécialisés, je crois
que le Barreau collaborait avec nous sur cet élément-là. Donc, cette année,
juste à votre question précédente, là, pour Rebâtir, on en avait terminé
13 l'an passé, puis cette année 19, donc on est à plus six cette année.
M. Morin : Donc, est-ce que vous aviez terminé? Parce que
j'ai cru comprendre que cette mesure-là, la mesure 30, donc constituer la banque d'avocats spécialisés,
était complétée, mais, dans les réponses qu'on a obtenues cette année,
elle serait en cours.
M. Jolin-Barrette : Alors, il me semble qu'on avait donné un mandat à un organisme pour faire ce travail-là,
mais que ça avait été... mais on est en train de vérifier.
M. Morin : Oui,
parce que j'aimerais avoir le nom de l'organisme, comment ça fonctionne, si ça
répond... j'imagine que ça répond aux besoins, mais j'imagine que vous faites
une évaluation aussi. Et justement, je voulais attirer votre attention sur le
fait que ça semblait être terminé, mais là, ça continue. Alors, qu'est-ce qui
s'est passé? Est-ce que vous êtes capable de l'expliquer? Donc, je comprends
qu'éventuellement, M. le Président, nous pourrons avoir une réponse à ces
questions-là.
M. Jolin-Barrette : Alors, l'organisme qui
était chargé de faire ça, c'était Juripop, et là je comprends qu'il y a
eu des difficultés à identifier... et là on travaille avec le Barreau pour
donner suite à cette recommandation. Donc, je comprends que malheureusement,
dans ce cas-là, on est dans une situation où l'objectif n'a pas été atteint,
mais on travaille en collaboration avec l'ensemble des partenaires pour y
arriver.
Une voix : ...
M.
Morin : Oui, c'est ça. Donc,
c'est ça, c'était terminé l'an passé, à la question 73, c'est ce que...
c'est ce qui était écrit, c'est ce qui nous a été communiqué. Et là,
cette année, c'est en cours. Maintenant, vous avez mentionné que l'organisme...
Oui?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
parce que l'enjeu, c'est que, tu sais, c'était pour identifier les avocats de
la pratique privée qui offraient des
services comme ça. Je comprends qu'il y a eu certaines difficultés à identifier
ceux-là. On a repris le dossier à notre niveau puis on travaille en
collaboration avec le Barreau pour faire en sorte d'avoir un mécanisme, que les
personnes victimes puissent consulter puis qu'elles puissent être dirigées vers
des avocats qui prennent ce type de dossiers là.
M. Morin : Et est-ce que vous avez
fait une évaluation des enjeux et puis pourquoi ça n'a pas fonctionné? Parce que, là, on est passé à un renseignement où
c'était terminé, donc ça semblait être parfait, à c'est en cours. Donc,
qu'est-ce qui est arrivé?
M. Jolin-Barrette : Il n'y a pas...
je vous dirais, il y a un manque d'intérêt des avocats de la pratique privée
d'être identifiés de cette façon-là.
M. Morin : Et qu'en est-il du
financement de Juripop? Est-ce que vous avez reconduit leur financement?
M. Jolin-Barrette : En fait, il y
avait un mandat qui avait été accordé à Juripop pour un laboratoire de
cyberjustice. Ils nous ont produit leurs recommandations. Il y a plusieurs de
leurs mesures qui ont été intégrées dans le cadre du projet de loi n° 73,
sur les images intimes, puis notamment des dispositions qui sont contestées ou
qui étaient contestées devant la Cour
d'appel, vous vous souviendrez, jusqu'à tout récemment, donc des mesures en
termes de protection des adresses, des mesures en termes de témoignage,
d'incorporer les règles de questions non admissibles en preuve.
M. Morin : Oui, mais ma question,
c'était sur le financement, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : C'est ça. Alors,
Juripop nous ont fait leurs recommandations. Là, l'enveloppe pour le financement de Juripop a cessé, sous réserve qu'il
y a un montant de 112 000 $ qui a été octroyé afin de leur
permettre de poursuivre les dossiers les plus urgents. Puis les discussions se
poursuivent avec l'organisme pour la suite. Donc, les personnes qui étaient représentées par Juripop vont être... certaines
vont être accompagnées par Juripop, d'autres peut-être par la Commission
des services juridiques.
M. Morin : Et que va-t-il arriver de
ces personnes, M. le ministre? Parce que, si vous ne renouvelez pas leur
financement, ils vont être laissés, quoi, en plan?
M.
Jolin-Barrette : Non, ils ne seront pas laissés en plan. Dans le
fond, la Commission des services
juridiques va pouvoir les prendre ou également par un mandat d'aide juridique
également. Juripop pourrait les prendre par un mandat d'aide juridique aussi.
C'est des options qui s'offrent.
M. Morin : Et est-ce que vous avez
évalué le nombre de dossiers? Et, si ces dossiers-là sont transférés,
éventuellement, à la Commission des services juridiques ou aux permanents de
l'aide juridique, avez-vous prévu des ressources supplémentaires pour l'aide
juridique?
M. Jolin-Barrette : La Commission
des services juridiques va être en mesure, avec les ressources actuelles,
d'offrir de la représentation à ces personnes-là.
M. Morin : Et comment vous avez
évalué ça?
M. Jolin-Barrette : Bien, par
rapport au nombre de dossiers.
M. Morin : Et ça représente combien
de dossiers?
M. Jolin-Barrette : Il s'agit de peu
de dossiers. Il y a 12 dossiers, pour 2025‑2026, qui vont être complétés
par Juripop pour le financement qui est accordé, puis on a potentiellement sept
dossiers qui restent.
M.
Morin : Et donc, pour ce volet-là, donc, de
l'accompagnement, il n'y aura pas de renouvellement pour Juripop.
M. Jolin-Barrette : Il n'y aura pas
de renouvellement, sous réserve de la somme que je vous ai dite.
M. Morin : Je vous remercie.
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, pour 13 minutes, s'il vous
plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci, M. le Président.
Je voudrais solliciter le consentement du ministre pour poser quelques
questions à Me Tessier de la CDPDJ.
Le
Président (M. Bachand) : Allez-y, M. le ministre, oui.
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, je vais répondre aux questions puis je vais évaluer.
M. Cliche-Rivard : Bon. Alors, je vais
m'adresser à Me Tessier, parce que j'espère qu'il va pouvoir
répondre, puis M. le ministre se décidera en temps et lieu.
J'aimerais entendre
la CDPDJ sur vos ressources, suffisantes ou non, en jeunesse, surtout sur la
question des délais quand les droits d'un
enfant sont lésés. Dans l'affaire du Mont-Saint-Antoine, par exemple, il y a
une enquête qui a été ouverte en
décembre 2023, l'affaire tranchée en octobre 2024 seulement, près
d'une année plus tard. Alors, compte tenu
de vos conclusions demandant de relocaliser immédiatement les enfants, compte
tenu de l'environnement qui n'était pas sécuritaire, pouvez-vous nous
expliquer si c'est une question de ressources ou non qui a fait en sorte que la
conclusion n'est venue que près d'une année plus tard après l'ouverture de
l'enquête?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Consentement.
M.
Cliche-Rivard : Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Est-ce qu'il y a consentement pour
maître... Oui?
Des voix :
Consentement.
Le Président (M. Bachand) : Donc, vous connaissez les règles, d'abord vous
identifier, s'il vous plaît. Merci beaucoup.
M.
Tessier (Philippe-André) :
Oui. Merci, M. le Président. Philippe-André Tessier, président de la Commission
des droits de la personne et des droits de
la jeunesse. Merci pour la question,
M. le député. Simplement pour indiquer que les délais moyens de traitement de dossiers en matière d'enquête en
jeunesse apparaissent à nos cahiers et sont de l'ordre de 81 jours en moyenne. Les délais en matière
jeunesse, grâce aux efforts soutenus de nos équipes, sont encore excellents.
Maintenant, pour ce
qui est des délais liés plus spécifiquement à une enquête de type
Mont-Saint-Antoine, il faut faire attention, parce qu'évidemment il y a deux
types, disons, de genre d'enquête à la commission, des enquêtes de type
individuel, des enquêtes un peu plus systémiques, donc, comme celle de
Mont-Saint-Antoine ou celle de la Mauricie–Centre-du-Québec,
qui vient de sortir la semaine dernière. Ces enquêtes-là impliquent évidemment
des vérifications beaucoup plus soutenues, beaucoup plus poussées, puis
ce n'est pas juste le cas d'un seul enfant, mais le cas de multitudes d'enfants ou de situations de... plus de nature
systémique. Ces enquêtes-là, oui, prennent plus de temps parce qu'il y a
effectivement plus de matériel à évaluer, à creuser et à analyser.
Donc, de notre côté,
ces délais-là... On continue à travailler avec l'équipe et la vice-présidente
jeunesse pour trouver des façons de faire
pour que ces délais-là soient les plus réduits possibles, dans l'intérêt de
l'enfant, évidemment, aussi, et, pour ça, bien, on peut compter sur une
équipe dévouée dans notre secteur jeunesse.
• (18 heures) •
M.
Cliche-Rivard : Me Tessier, avec des ressources supplémentaires, ma
prétention, mon hypothèse, c'est que vous auriez probablement pu aller plus
vite, là. Je vais vous demander de me corriger, si ce n'est pas le cas. Notamment, vous avez reçu les derniers
commentaires de la directrice adjointe du CIUSSS le 1er mai 2024, selon
l'exposé narratif, puis le rapport, lui, il est seulement sorti en octobre
2024. Donc, est-ce que j'ai tort de penser que, si vous aviez davantage de
ressources dans le volet jeunesse, nous aurions eu une réponse et une décision
plus rapide dans le cas des jeunes de Mont-Saint-Antoine?
M. Tessier
(Philippe-André) : Ce qu'il faut comprendre également, puis ça
apparaît également au cahier des crédits de
la commission, c'est que le nombre de dossiers jeunesse... le nombre de
demandes d'enquête qui nous est fait
a augmenté de façon quand même importante dans les dernières années. Donc,
évidemment, ça met sous pression les équipes en cours, les équipes
actuelles, et évidemment, donc, les ressources sont toujours appréciées
lorsqu'il s'agit de traiter plus efficacement des dossiers.
M. Cliche-Rivard : Donc, autrement dit, oui,
si vous aviez davantage de ressources en jeunesse, oui, on aurait eu un
rapport final plus rapide dans Mont-Saint-Antoine.
M. Tessier (Philippe-André) : Donc,
c'est très difficile à répondre à cette question-là qui est hypothétique, M. le
député. Puis je ne veux pas faire, évidemment... évidemment, faire obstacle à
la question.
Ce que je veux juste dire,
c'est qu'il y a toutes sortes de facteurs qui entrent en ligne de compte dans
une enquête de nature systémique, et nous avons des équipes qui étaient
dévouées à ce mandat-là, mais évidemment, ici, il y a aussi des considérations
juridiques. Il y a aussi des vérifications, des validations qu'il faut faire.
Ici, il y avait aussi des questions liées à
des édifices, à des locaux, à des visites sur place. Donc, tous ces
éléments-là... Oui, on peut aussi... on peut ajouter du personnel, mais
il y a aussi une façon de faire et... Il y a une façon de faire sur laquelle on
travaille, nous, pour qu'en matière d'enquête jeunesse on soit le plus efficace
possible avec les ressources qui nous sont consenties.
M. Cliche-Rivard : La commission,
selon l'exposé des faits, avait visité le Mont-Saint-Antoine le 15 février
2024. La conclusion est à l'effet que les
enfants, les jeunes doivent être relocalisés immédiatement, pas dans un an,
là, et le rapport d'une visite... la décision d'une visite du 15 février
est prise le 24 octobre, alors que vous dites que les infiltrations d'eau,
les infestations de rats, de la possible exposition à l'amiante ont été
constatées.
Est-ce que ce sont des délais qui fonctionnent,
en protection de la jeunesse, si vous faites une visite... Puis là je ne mets pas la faute sur la CDPDJ, là. Je vous
pose la question en lien avec vos ressources, parce que, si vous n'avez
pas les ressources de faire l'enquête puis si vous n'avez pas les ressources de
rendre la décision, nous, on va faire les représentations nécessaires pour que
vous les ayez. Donc, entre le 15 février 2024 et le 24 octobre 2024,
je ne peux pas être plus précis et moins hypothétique que ça, davantage de
ressources en jeunesse nous auraient amenés à une décision plus rapide?
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
ce qui... encore une fois, ce qu'il faut comprendre ici, dans le contexte particulier de cette enquête-là, c'est que, dans
un premier temps, les ressources budgétaires que la commission a
obtenues dans les dernières années nous ont
permis de faire ce genre de visite là sur les sites. Il y a de ça quelques
années, c'était malheureusement hors de la possibilité de la commission
d'aller effectuer ce genre de visite là sur le terrain. Grâce aux réinvestissements des dernières années, donc
la commission a été en mesure de reprendre ce genre de visite là, et ça,
c'est une bonne chose parce que ça nous permet effectivement de constater des
éléments et de prendre ça... puis ça, ça s'applique non seulement au mandat
jeunesse...
Donc, essentiellement, oui, des ressources vont
aider, ça, c'est sûr. Il n'est pas... c'est dur... On ne peut pas contredire cet élément-là, mais une chose qui est
sûre, c'est que, dans le cas particulier de Mont-Saint-Antoine, encore une fois, et puis je dirais que c'est vrai de l'ensemble
de nos enquêtes, c'est qu'il faut comprendre que le mandat et la mission
de la commission, en vertu de l'article 23 de la LPJ, c'est de faire
cesser et corriger les atteintes. Et donc... et ce qui se passe, lorsqu'on
débarque dans un dossier, excusez l'expression, c'est qu'évidemment les parties
mises en cause se mettent en action, et nous, c'est une des choses qu'on a
constatées, et c'est pour ça aussi qu'on est toujours en suivi de ce qui se
passe de ce côté-là parce qu'évidemment on n'a pas attendu la fin de l'enquête
pour exiger ou demander certains correctifs. Il y a des correctifs qui ont été
apportés tout au long et tout au cours de l'enquête. Donc, évidemment, lorsque notre rapport est sorti, il y avait des
éléments déjà de bonification qui avaient été apportés. Ceux-ci sont-ils
suffisants? Cela est présentement encore en discussion entre nous et le DPJ
visé.
M. Cliche-Rivard : Justement,
j'aimerais ça vous entendre sur ce dernier élément de réponse. Là, votre recommandation à la CDPDJ, la recommandation 1,
c'était de relocaliser immédiatement les enfants dans un environnement
sécuritaire adapté. Est-ce que ça a été fait, ça? Est-ce que la recommandation
1 a été respectée par la DPJ?
M. Tessier (Philippe-André) : Comme
je vous dis, présentement, il y a des échanges, au niveau juridique, entre les
équipes respectives du CIUSSS et de notre équipe. Alors, compte tenu de ces
échanges-là, je vais peut-être être avare de commentaires, avec mes excuses.
M. Cliche-Rivard : Bien, je vais
être factuel avec vous, Me Tessier. Vous êtes avocat. Vous avez fait un rapport
le 24 octobre 2024, recommandation 1, relocaliser immédiatement. Là, je
comprends qu'il y a des choses en cours, mais, au 25 octobre, au 30 octobre...
En fait, ce que je comprends, c'est que les jeunes sont toujours là.
M. Tessier
(Philippe-André) : La réponse à cette question-là m'obligerait à
rentrer dans le détail de négociations qui sont en cours présentement,
ce que je ne voudrais pas faire, pour nuire...
M. Cliche-Rivard : Bien, Me Tessier,
j'ai moi-même été au Mont-Saint-Antoine. Je vous le confirme, là, sous mon
serment, ils sont encore là.
M. Tessier (Philippe-André) : Tout à
fait, oui.
M.
Cliche-Rivard : Donc, les
jeunes n'ont pas été relocalisés immédiatement suivant votre rapport...
essentiellement, dit : Le DPJ n'a pas... la DPJ n'a pas respecté votre
rapport.
M. Tessier
(Philippe-André) : Ce serait peut-être une façon de qualifier les
faits qui nécessite un peu de contexte.
Notre rapport demandait de poser des gestes, et des gestes concrets, pour
sécuriser la situation pour les enfants, et c'est ce qui est
présentement en train d'être discuté. Le plan qui était proposé par la DPJ pour
sécuriser les lieux n'était pas suffisamment ambitieux pour s'assurer...
Maintenant, ces éléments-là sont... ont été, disons, abordés lors d'échanges. Là,
évidemment, notre... comme je le dis, lorsqu'on est en enquête, on dépose,
premièrement, un... factuel. Il y a des échanges en cours. Il y a eu des
travaux qui ont été effectués.
Donc, tous ces
éléments-là sont analysés parce qu'évidemment, oui, notre recommandation est à
l'effet de relocaliser les enfants, mais dans un milieu sécuritaire. Alors, ce
qu'il faut s'assurer, c'est : est-ce que le milieu... Les corrections apportées au milieu... sécuritaire...
je le rappelle, notre mandat, c'est de faire corriger ou cesser les
atteintes ou les lésions. Ici, lorsqu'il y a des corrections qui sont
apportées, comme vous l'avez dit, suite à plusieurs mois de constats, et
d'autres visites, et d'autres travaux entrepris, bien, évidemment, nous, il
faut prendre acte de la situation factuelle qui a évolué, et je vous rassure
que notre direction des affaires juridiques est au dossier.
M.
Cliche-Rivard : Est-ce que la CDPDJ s'est... depuis le mois de février
2024, est-ce qu'elle est retournée à Mont-Saint-Antoine, et, si oui, à combien
de reprises?
M. Tessier
(Philippe-André) : Je ne suis pas en mesure de vous fournir cette réponse.
M.
Cliche-Rivard : Votre collègue, Me Gareau, hoche de la tête, là.
Est-ce que vous êtes en mesure de nous aider sur cette question?
Le
Président (M. Bachand) : Juste peut-être
donner l'information à Me Tessier, s'il vous plaît.
M. Tessier (Philippe-André) : Excusez-moi.
Alors, oui, on est retournés, mais je ne peux pas vous dire quand et
combien de fois.
M. Cliche-Rivard : À peu près, la dernière
fois, c'était-tu au courant de l'année 2025 ou c'était à la fin 2024?
M. Tessier
(Philippe-André) : Oui, c'est ça, donc ce serait 2024‑2025, là.
M. Cliche-Rivard : Si on pouvait, M. le
Président, avoir l'information, quand vous êtes capable de la colliger,
sur les dernières visites de la CDPDJ...
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui, tout à fait, on peut vous fournir ça.
Le
Président (M. Bachand) : ...à la
commission, Me Tessier, s'il vous plaît.
M.
Cliche-Rivard : Merci. À l'heure où on se parle, Me Tessier, est-ce
que la CDPDJ est encore inquiète pour le droit des enfants à
Mont-Saint-Antoine?
M. Tessier
(Philippe-André) : La commission a... inquiète ou pas, la commission
veille à la protection et à l'intérêt de l'enfant. Donc, nous, on continue à le
faire dans toutes les régions du Québec à tous les jours dans tous les
dossiers. On est rendus, vous l'avez vu, à près de... plus de 900 dossiers
d'enquête dans la dernière année. On va atteindre le chiffre de 1 000 pour
l'année en cours. Donc, dans tous ces dossiers-là, ça veut dire qu'il y a des
droits des enfants qui sont mis en cause. Donc, on s'en occupe.
M.
Cliche-Rivard : Le dernier rapport qu'on a eu de votre part, c'est que
les droits des enfants étaient lésés à Mont-Saint-Antoine. Ce n'est pas moi qui
le dis, là, c'est votre expertise, c'est vous. Est-ce que ces droits-là sont toujours lésés à l'heure où on se parle? Je pense
que les Québécois et les Québécoises se posent aussi cette question-là.
M. Tessier
(Philippe-André) : Les constats qui ont été faits par la commission dans
son rapport sont ceux de son rapport. Je
vais laisser le rapport parler par lui-même. Et, par la suite, le suivi de ces
échanges-là, comme je vous dis présentement, fait l'objet de discussions
entre nous et la DPJ en cause.
M.
Cliche-Rivard : Et elles seront... Vos conclusions, ou vos
informations, ou vos suivis d'enquête seront rendus publics de la même façon
que le rapport l'a été? On pourra savoir ce qu'il en est?
M. Tessier
(Philippe-André) : Il va falloir assurément qu'il y ait une reddition
de comptes. Puis j'en profite pour le mentionner, la commission a fait
beaucoup, beaucoup de travail dans la dernière année, depuis la dernière... derniers crédits budgétaires, là, lors desquels
nous avons eu des échanges relativement à la visibilité, à la
publicisation des enquêtes et s'assurer que
le travail de la commission est bien compris, bien connu. Ce travail-là aussi
va se poursuivre, et ce, non
seulement dans les dossiers de nature plus systémique, mais aussi dans des
dossiers de nature individuelle, le but étant d'informer non seulement les parlementaires, mais l'ensemble de la
population des activités de la commission et des mesures correctrices,
des interventions correctrices qui sont faites à travers notre mandat, soit
dans l'ensemble de nos dossiers. Donc, on va continuer à travailler dans ce
sens-là. Ce ne sera pas le contraire pour ce dossier-là spécifique.
• (18 h 10) •
M. Cliche-Rivard : On l'attendra avec
impatience. Je reviens là-dessus parce que c'est fondamental puis ça a occupé
beaucoup notre dernière année. Aujourd'hui, là, au 29 avril 2025, est-ce
que les droits des enfants à Mont-Saint-Antoine sont lésés ou est-ce que
leurs droits sont protégés?
Le Président (M. Bachand) : Oui,
M. le ministre. Il reste 35 secondes.
M.
Cliche-Rivard : On pourrait permettre la réponse, M. le Président.
M.
Jolin-Barrette : Je pense que le président de la Commission des droits
de la personne a répondu déjà à votre question.
M.
Cliche-Rivard : Non.
M. Jolin-Barrette :
Bien oui, il vient de répondre, je l'ai entendu, à l'effet que...
M.
Cliche-Rivard : Bien, sont-ils respectés ou non, les droits? M. le
Président, la question est simple.
M.
Jolin-Barrette : Il vient de dire que c'était directement dans son
rapport, puis que le rapport parlait par lui-même. Il l'a...
M.
Cliche-Rivard : Alors, la CDPDJ, aujourd'hui, n'est pas en mesure de
nous dire si le droit des enfants est protégé.
Le
Président (M. Bachand) : S'il vous plaît!
M.
Jolin-Barrette : Il l'a dit très clairement dans le cadre de sa
réponse. Alors, M. Président, on est en train de harceler le témoin.
Le
Président (M. Bachand) : ...faire
attention. Oui, allez-y, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Je vais soumettre la
question finale à Me Tessier. Ici, au jour où on se parle, vous défendez
les droits et libertés de nos jeunes. Est-ce que, oui ou non, ces enfants-là
sont lésés ou si leur droit est protégé? Oui ou non? Iui ou non?
Le
Président (M. Bachand) : Sur ce, je cède
la parole au député de l'Acadie pour 19 min 56 s. M. le député
d'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci, M. le Président. Alors, maintenant, si on
parle de l'IVAC et de la LAPVIC, M. le Président, on constate, et c'est
la question 122 des renseignements particuliers de l'opposition
officielle, le nombre de dossiers augmente,
le nombre de cas acceptés diminue. Est-ce que vous êtes au courant, M. le
ministre, et comment pouvez-vous expliquer cette situation?
M.
Jolin-Barrette : Donc, le nombre de dossiers à l'IVAC, donc, avec la
nouvelle loi...
M. Morin : Augmente, c'est ce que je comprends, mais le
nombre de dossiers acceptés diminue. Alors, est-ce que ça a attiré votre
attention? Est-ce que vous pouvez expliquer comment en pourcentage?
M.
Jolin-Barrette : Bien, on est dans une situation où le type
d'infractions est beaucoup plus large. Donc, on a vu, l'indemnisation a
beaucoup augmenté. Pourquoi? Parce qu'il y a eu beaucoup plus de personnes qui
ont été indemnisées. On a quasiment doublé
le nombre de personnes qui ont été indemnisées avec l'IVAC avant versus
après le régime, puis ça, ça va... parce que la liste d'infractions, elle
n'existe plus. Toutes les infractions contre la personne sont admissibles. On a
eu un rehaussement aussi.
Vous
vous souvenez... Ah! bien, c'était avec le député de LaFontaine,
là, mais on a mis une disposition transitoire pour aussi les personnes qui avaient été, supposons, agressées
sexuellement, aux victimes de violence pendant l'enfance, aux victimes de violence conjugale, puis, s'ils
s'étaient fait dire non par l'IVAC uniquement en raison de l'écoulement
du temps, de l'ancienne prescription d'un an
ou deux ans qui existait, à ce moment-là, on a réactivé pendant trois ans
aussi. Ça fait que ça aussi, ça avait fait en sorte d'augmenter, puis on a eu
plusieurs centaines de dossiers. Donc, on a des... On a élargi les critères,
ils sont plus souples, plus de demandes, mais il faut que les personnes se
qualifient.
M. Morin : D'accord.
Donc, il y a plus de demandes, mais je comprends que, d'après les statistiques,
il y a moins de personnes qui se qualifient. C'est ce que ça semble nous dire,
en tout cas.
M. Jolin-Barrette :
Non. Il y a plus de personnes qui ont reçu l'indemnisation qu'avant la
réforme.
M. Morin : Oui,
mais ce n'est pas ça, ma question, M. le Président. Ma question, c'est... Quand
on regarde la question 122, on dit que
le nombre de demandes est passé de 17 328 l'an passé à 18 489 cette
année. De ce nombre, 89,3 % ont été acceptées, soit 16 518,
alors que c'était 91 % l'année passée, donc, d'où la distinction. Alors,
je me demandais s'il y avait une raison particulière, s'il y avait moins de
gens qui se qualifiaient, mais j'ai compris que vous avez augmenté le nombre de
crimes pour lesquels une indemnisation pouvait être demandée.
M. Jolin-Barrette : Avant,
c'était 82 % des personnes qui soumettaient une demande qui étaient
admissibles, avant la réforme, là, on est à 89 %. Ça fait qu'on a une
augmentation en termes de pourcentage d'admissibilité, mais on est en
augmentation aussi du nombre de personnes.
M. Morin : Oui,
mais, M. le Président, ma question, ce n'est pas avant la réforme, c'est...
compte tenu de ce qui a été fait l'an passé,
il y a une distinction. Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle, entre l'an
passé et cette année, il y a une différence?
M. Jolin-Barrette : Ah! bien, il faut que les
gens se qualifient, là. Mais le chiffre de l'année passée, c'est quoi?
M. Morin : Bien,
vous pourrez éventuellement, j'imagine, envoyer la réponse à la commission.
M.
Jolin-Barrette : Parce qu'exemple, là, en 2022, là,
14 343 personnes acceptées; 2023, 15 784; 2024, 16 518. Donc, en termes de nombre de
personnes brut, on est en augmentation, là. On est à, tu sais, entre 2023 puis
2024, 15 784 puis 16 518, on est à peu près à 800 de plus.
M. Morin : Oui,
sauf que votre pourcentage de demandes acceptées, lui, diminue. C'était ça, ma
question. Enfin, bref, est-ce que vous savez
le nombre de personnes qui ont vu leur dossier extensionné après le délai de
trois ans?
M. Jolin-Barrette : Juste sur votre question
précédente, c'est une diminution de 2 % acceptée sur le volume de personnes. Ça fait que, dans le fond, ça dépend de
la qualification, mais, quand vous regardez en termes absolus, il y a plus de gens que l'année passée, mais, par rapport
au nombre de demandes, il faut que les gens soient dans les critères.
M. Morin : Exact,
d'accord.
M.
Jolin-Barrette : Quand ils font une demande, ça se peut qu'ils ne se
qualifient pas, là. Donc, il faut qu'ils répondent aux critères.
M. Morin : D'accord.
Maintenant, est-ce que vous avez le nombre de dossiers qui ont été extensionnés
après la période de trois ans?
M.
Jolin-Barrette : Je vais vous donner cette information-là. Ce qui est
important de savoir aussi, c'est qu'il y a... avant la réforme, on était autour
de 7 000, 8 000 personnes. Là, on est rendus à 16 000 dans le
régime. C'est pour ça que c'est rendu à 600 millions. Alors, il y avait
1 700 personnes qui étaient en fin d'indemnités puis il y en a 1 340 qui s'est qualifié pour obtenir les
aides prévues à la réforme, donc, l'aide financière d'urgence, celle pour
combler une perte de revenus. Puis celles
qui ne se sont pas qualifiées ont bénéficié, pour la majorité, des formes
d'aide financière, les programmes de réinsertion professionnelle, le
retour en emploi.
M. Morin : Merci.
Combien vous avez de personnes présentement qui travaillent à l'IVAC pour
répondre aux demandes des victimes et à traiter les dossiers?
M.
Jolin-Barrette : À la CNESST?
M. Morin : Pour
les victimes d'actes criminels.
M. Jolin-Barrette : Oui, bien, dans le fond,
l'IVAC, l'indemnisation de victimes d'actes criminels, est confiée à la
CNESST. Donc, pour le nombre de personnes, il y a 210 employés.
M. Morin : 210
employés.
M. Jolin-Barrette : Et là ça faisait suite...
Avec la réforme, on me corrigera, mais il y a eu une augmentation du
nombre d'équivalents temps complet. Ça fait que, 2020‑2021, on rajoutait 33,9
ETC; 2022‑2023, 66,3; 2023‑2024, 66,3; 2024‑2025, 60,8; puis, en 2025‑2026,
54,2. Alors, lorsque le député de LaFontaine puis chef de l'opposition
officielle demande : Bien, vous avez grossi la taille de la fonction
publique, à quoi qu'ils servent, ce monde-là?, bien, ils servent à répondre aux
personnes qui ont été victimes d'infractions criminelles.
M. Morin : D'accord.
Merci. M. le Président...
M.
Jolin-Barrette : Alors, peut-être que le message devrait être passé,
parce que ça, c'est les services directs à la population, puis là on me dit...
M. Morin : M.
le Président, j'aurais une autre question pour M. le ministre. Je vous
remercie. Alors, quel est le temps moyen, M. le Président...
M. Jolin-Barrette : ...
M. Morin : Bon,
M. le Président, là, c'est mon temps qui est en train de disparaître.
Pouvez-vous rappeler au ministre, s'il vous plaît, qu'il est ici pour répondre
à des questions, s'il vous plaît?
Le Président (M.
Bachand) : Mais, de toute façon, je vous
ai cédé la parole, puis le micro du ministre est fermé. Alors, M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît. Merci.
M. Morin : ...M. le Président. Quel
est le délai moyen pour qu'une personne qui appelle pour recevoir des services, si elle laisse son numéro, parce que ce
qu'on nous dit, c'est que, souvent, les gens laissent leur numéro, pour
qu'elle puisse avoir un rappel de la part des employés?
M. Jolin-Barrette : Alors, il y a
une forte volumétrie de dossiers. Et je ne vous cacherai pas que ce n'est pas
un travail qui est simple, être agent d'indemnisation à l'IVAC, hein? C'est
difficile parce qu'ils accompagnent les personnes qui ont été victimes d'actes
criminels. C'est souvent des personnes qui se retrouvent dans une situation
extrêmement difficile, il y a beaucoup de souffrances, et c'est difficile.
Alors, on a rajouté des ressources
supplémentaires, mais vous avez vu le nombre de cas supplémentaires. On parle
de 9 000 personnes de plus en quelques années, annuellement, et on a
augmenté le nombre d'employés, mais je comprends que votre formation politique
trouve qu'on engage trop de gens pour servir la population.
M. Morin : ...d'intervenir. C'est
mes secondes qui disparaissent.
Le Président (M.
Bachand) : La parole est à vous.
M. Morin : Merci, M. le Président.
Ma question était simple. Quel est le délai moyen pour avoir une réponse pour
une victime?
M.
Jolin-Barrette : Alors, avant la réforme, une décision
d'admissibilité était rendue en 121 jours, et, malgré l'augmentation
importante du nombre de demandeurs, la moyenne est à 96 jours, et là...
M. Morin : Oui, mais encore là, M.
le Président, ce n'était pas ma question. Ma question, c'est... Quand une victime appelle, moi, ce qu'on me dit, c'est qu'on
appelle pour avoir un service... dans bien des cas, il n'y a pas de
réponse, il faut laisser un message. Est-ce que vous monitorez ça? Quelles sont
les mesures qui sont en place pour répondre aux victimes puis combien de temps
ça prend? C'est ça, ma question, M. le Président.
• (18 h 20) •
M. Jolin-Barrette : On va
vérifier l'information puis on va vous revenir sur le délai que ça prend.
M. Morin : Puis vous allez nous
l'apprendre, parfait. Je vous remercie.
Maintenant, vous avez mentionné, évidemment, que
les employés qui doivent travailler vivent des situations difficiles, stressantes. Je le comprends très
bien. Quelles sont les mesures que vous prenez pour que ces employés-là
aient un accompagnement psychologique, s'ils le demandent, pour être capables,
évidemment, de continuer leur travail? Est-ce qu'il y a des ressources qui sont
à leur disposition?
M. Jolin-Barrette : Donc, les
mesures sont prises par la commission des normes, de la santé et de la sécurité
au travail, donc, qui est leur employeur, pour que le personnel soit
adéquatement supporté et encadré. Puis, comme je l'ai dit tantôt, ce sont des... c'est un travail, c'est une occupation
qui demande beaucoup d'empathie, qui est difficile. Puis justement,
l'ajout du nombre d'équivalents temps complet visait justement à aider le
traitement des dossiers. Donc, on a rajouté des employés dans la fonction
publique, justement, pour aider les personnes victimes.
M. Morin : Très bien. Non,
alors, M. le Président, ma question était claire.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de l'Acadie,
allez-y, oui.
M. Morin : C'était simplement de
savoir s'ils avaient un accompagnement psychologique. Je comprends que la
réponse, c'est oui. Merci.
Maintenant, j'aimerais qu'on parle des CAVAC. Ce
que je comprends des CAVAC, M. le ministre, c'est que ce sont des organismes à
but non lucratif. Ils ont un conseil d'administration. Je pense qu'ils font un
rôle... Ça, c'est mon opinion, ils font un
rôle... ils jouent un rôle essentiel auprès des victimes et de leur
accompagnement. Maintenant, je comprends
que, dans le cycle budgétaire gouvernemental, ils doivent produire leurs
demandes budgétaires habituellement en février, mais qu'ils n'ont pas de
réponse ou de budget avant juillet, parfois août. Est-ce que vous trouvez cette
situation-là normale?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, on a mis en place un programme normé pour faciliter, justement, le délai
de traitement, parce qu'auparavant ça devait être approuvé par le Conseil du
trésor et que ça passe l'ensemble de la roue.
Là, on a mis en place un programme normé pour faire en sorte qu'ils puissent se
qualifier à l'intérieur du programme normé pour avoir la subvention plus
rapidement.
M. Morin : Oui, sauf que la subvention, ce que j'entends,
c'est que ça n'arrive pas vite. Leur année financière commence le 1er
avril. Ils obtiennent leur financement au mois de juillet ou au mois d'août.
M. Jolin-Barrette :
Non, mais on leur verse 25 % en début d'année aussi. Ça fait qu'ils
reçoivent la balance par la suite, mais, sur
l'année financière précédente, ils reçoivent 25 % de leur financement au début de l'année, un peu comme les crédits provisoires
aussi.
M. Morin :
Donc, je comprends que vous n'avez pas de projet pour faire en sorte qu'ils
puissent recevoir leur budget plus rapidement.
M. Jolin-Barrette : Bien non. On a justement fait en sorte de
déployer un programme, un programme normé, pour que les CAVAC des
différentes régions puissent se qualifier à l'intérieur du programme. Ça fait
que ça va accélérer le traitement. C'est
nouveau de cette année. Dans l'ancien temps, la façon que ça fonctionnait, ils
recevaient leurs demandes, il fallait que ça
soit traité par Trésor, après par le comité ministériel, après par le Conseil
des ministres. Alors là, on va aller plus rapidement. Cela étant, ils
ont quand même une partie de leur subvention de l'année précédente pour le
début de l'année.
M. Morin :
Alors, on me dit également qu'ils ont des problèmes de maintien en poste de
leurs employés parce que leur échelle
salariale n'est pas, évidemment, très compétitive, qu'ils perdent beaucoup
d'employés qui quittent les CAVAC pour aller dans le réseau de la santé.
Est-ce qu'on vous a informé de cette situation-là?
M. Jolin-Barrette :
On a eu des échanges avec le réseau des CAVAC puis, cette année, on leur a
donné une bonification salariale... bien, l'année qui se termine, de
1,5 million de dollars.
M. Morin : Et cette bonification-là de traitement va correspondre, en termes de
pourcentage, à une augmentation de salaire de combien?
M. Jolin-Barrette :
C'est une bonification de 5 % pour les employés du réseau CAVAC qui
n'étaient pas touchés par l'augmentation prévue en 2024‑2025. Donc, c'est... au
total, c'est 1,5 million de dollars supplémentaires qu'on a mis dans le
réseau des CAVAC pour assurer la rétention.
M. Morin :
Et est-ce que... Oui?
M. Jolin-Barrette :
Ça fait qu'on a monté les montants admissibles, même chose aussi pour les
cadres.
M. Morin :
Et est-ce que, dans les avantages sociaux, ils pourront éventuellement avoir
accès ou contribuer à un fonds de pension comme le RREGOP, par exemple?
M.
Jolin-Barrette : Alors, l'analyse est en cours présentement.
M. Morin : Et
est-ce que vous avez une idée de la date où l'analyse sera complétée?
M.
Jolin-Barrette : C'est en analyse. Je ne peux pas vous dire à quel
moment l'analyse va être terminée.
M. Morin : Et
vous avez... Est-ce que vous avez fixé un échéancier?
M. Jolin-Barrette : Actuellement, c'est sous
forme d'analyse. Lorsque l'analyse sera terminée, on va informer le
réseau des CAVAC.
M. Morin : D'accord. Toujours dans les CAVAC, je comprends
que les CAVAC travaillent avec les victimes sur le terrain, donc, ils les accompagnent. Et est-ce que ma
compréhension est bonne, si je vous dis qu'il y a également un rôle de
la Direction générale de la performance et de l'aide aux personnes victimes?
M. Jolin-Barrette : Bien,
cette direction-là est le point de contact avec le réseau des CAVAC puis avec
les CAVAC.
M. Morin : Et
quel est le rôle de cette direction face aux CAVAC? Est-ce qu'ils accompagnent
des victimes directement?
M.
Jolin-Barrette : Bien, en fait, tout ce qui est en termes
d'organisation... Exemple, supposons, quand on implante le tribunal spécialisé,
c'est cette direction-là qui est chargée de l'implantation du tribunal
spécialisé avec le soutien des CAVAC. Donc, il y a une interrelation entre les
CAVAC puis avec cette direction-là, notamment, pour connaître les besoins,
l'environnement, le palais de justice. Cette direction-là forme les
intervenantes sociojudiciaires de liaison avec les centres d'aide aux victimes
d'actes criminels.
Ça fait que, dans le fond, la
direction est au ministère, les CAVAC, dans le fond, puis le réseau des CAVAC
sont sur le terrain, mais, dans le fond, la
direction fait le pont avec l'ensemble des CAVAC régionaux, des directions
régionales, et c'est un processus de collaboration.
M. Morin : Et
quelle est la plus-value de cette direction générale là face aux CAVAC qui
accompagnent les victimes sur le terrain?
M. Jolin-Barrette : Non, mais le CAVAC, son
rôle, ce n'est pas d'accompagner les victimes, c'est tout l'aspect
organisationnel de comment est déployé le réseau, les sommes qui sont
transférées, comment est-ce qu'on planifie l'implantation du tribunal spécialisé.
M. Morin : Donc,
les CAVAC n'accompagnent pas des victimes?
M.
Jolin-Barrette : Non, la direction.
M. Morin : Ah!
d'accord, parce que j'ai cru comprendre que vous avez dit : Les CAVAC
n'accompagnent pas les victimes. Là, j'étais un peu perdu.
M.
Jolin-Barrette : C'est... La langue m'a sûrement fourché dans le cadre
de l'explication. Alors, exemple, on
implante un tribunal spécialisé à Montréal, supposons, les locaux, la
planification avec l'ensemble, matérielle, en matière de ressources
humaines, tout ça, c'est toute la direction de soutien aux personnes victimes
qui s'occupe de ça et qui fait le pont entre les différents intervenants, les
groupes, les maisons d'hébergement, les acteurs, qui s'assure de l'organisation
aussi avec la cour, fait le pont avec le DPCP aussi.
M. Morin : Et
il y a combien...
M. Jolin-Barrette : Donc, c'est... Dans le
fond, la direction, c'est l'outil administratif du ministère qui est
dans le sous-ministériat de... oui, qui relève... c'est ça, cette direction-là
relève directement du sous-ministre en titre.
M. Morin : O.K.
Donc, la direction générale relève directement du sous-ministre en titre?
M.
Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Morin : D'accord. Il y a combien d'employés temps complet
qui travaillent au sein de la direction générale?
M.
Jolin-Barrette : 60.
M. Morin : Et est-ce qu'il y a eu
une augmentation des employés au cours des dernières années, et, si oui,
combien?
M. Jolin-Barrette :
Bien, il y a... On a développé l'aspect performance dans le cadre de cette
direction-là notamment pour avoir davantage de données statistiques. Donc, je
pense qu'on a engagé des gens...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Alors, à la direction,
dans le fond, nous, c'est le support administratif, puis les CAVAC, eux,
font le soutien aux personnes victimes.
M. Morin : D'accord. Je vous
remercie. Maintenant, quand on regarde, dans l'étude de crédits des
renseignements généraux, la question
6, c'est des contrats. Mon attention a été attirée parce que ça fait une, deux,
trois... presque trois pages complètes,
des contrats de gré à gré qui ont été donnés au Café Vienne. Les montants, en
soi, ne sont pas faramineux pour chaque
contrat, mais, quand on regarde l'ensemble des contrats, on se ramasse avec un
chiffre qui doit approcher, je ne sais
pas, moi, 30 000 $ ou 40 000 $. Est-ce qu'il y a une raison
particulière pour autant de contrats à gré à gré pour des montants qui
tournent autour de 1 500 $, 1 700 $, 2 000 $,
1 900 $?
• (18 h 30) •
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien, vous savez, au
palais de justice de Montréal, c'est un palais de justice où il y a
beaucoup d'activités judiciaires. Donc, c'est là où il y a le plus d'activités...
M. Morin : Oui,
mais, M. le Président, moi, je veux savoir pourquoi vous avez autant de
contrats de gré à gré différents avec le Café Vienne. Puis c'est-tu juste à
Montréal?
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais j'y arrive, si je peux terminer mon
explication.
M. Morin :
D'accord.
M.
Jolin-Barrette : Alors, l'activité judiciaire est importante. Puis,
vous savez, dans le district judiciaire de Montréal, il y a plusieurs
infractions qui sont commises. C'est un des districts les plus actifs en
matière criminelle et pénale. Le Café Vienne
est un établissement commercial à l'intérieur du palais de justice de Montréal.
Puis essentiellement, vous savez, par année, il y a plusieurs procès qui
se déroulent devant un jury. Alors, il s'agit des repas qui sont commandés pour
les jurés dans le cadre de leur assignation à être... à être contraints d'être
jurés dans le cadre d'un procès par jury.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel,
s'il vous plaît.
Mme Boivin Roy : Oui. Merci, M. le
Président. Alors, M. le ministre, en décembre dernier, vous adoptiez un projet de loi qui prévoit des mesures visant à
contrer le partage d'images intimes sans consentement. Alors, il s'agit
d'un fléau, bien sûr, qui touche nombreux
jeunes. M. le ministre, à quel moment la mesure de protection sera-t-elle
effective? Et pouvez-vous nous rappeler comment elle va fonctionner?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, bien, écoutez, ça, ça fait suite au projet de loi n° 73, qui...
qu'on a adopté au mois de novembre dernier. Donc, ça va rentrer en
vigueur au mois de juin prochain. C'était six mois après la sanction du projet
de loi, le temps qu'on puisse adapter. Puis, il faut le savoir, ça va être une
ordonnance de protection qui va être établie
par la Cour du Québec, mais on va s'assurer de pouvoir faire le tout
d'une façon simple et en ligne, justement, pour que le juge de la Cour
du Québec ou le juge de paix magistrat puisse faire en sorte d'émettre une
ordonnance pour que l'image soit détruite, retirée,
cesse de circuler, parce que, et particulièrement chez nos jeunes, il y
en a beaucoup qui reçoivent des
images intimes non désirées. Puis il faut le dire, hein, il s'agit d'une
infraction criminelle également. Mais
on voulait avoir un outil rapidement, avec une sanction qui puisse faire en
sorte de... que cette pratique-là cesse.
Alors, l'image intime, lorsqu'elle est partagée,
bien, ça a des conséquences véritables sur les personnes. Puis il y a... Il
s'agit d'un fléau. Puis il y a beaucoup de femmes, de jeunes femmes également,
qui sont victimes de cela. Alors, on trouvait ça important de mettre ça de
l'avant dans le cadre du projet de loi n° 73. Puis les données nous démontrent qu'un adolescent sur cinq a déjà reçu
l'image intime d'une personne qui n'y consentait pas. Alors, c'est un
mécanisme simple, rapide et efficace pour empêcher... ouis l'amende associée à
ça peut aller de 500 $ à 50 000 $ par jour, en fonction de... si
la personne, c'est une personne morale ou une personne physique. Alors, on est
sur le point de le déployer, puis ça fait part de tous les efforts qu'on fait pour
soutenir les personnes victimes puis donner des outils à celles-ci.
Mme Boivin Roy : Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de
Saint-Jean, s'il vous plaît.
M. Lemieux : Merci beaucoup, M. le
Président. Ça achève, M. le ministre, 9 min 45 s. Moi, j'en
prends juste sept. Vous nous ferez un mot de la fin, mettons.
Je veux vous parler de médiation aux Petites
Créances, parce que ça fait partie de ce que vous contrôlez, quand vous dites que vous ne contrôlez pas tout
pour les délais judiciaires, mais ça, ce bout-là, vous l'avez contrôlé
un peu plus que d'habitude. Mais juste en complément de réponse et de question
de ce dont on parlait tout à l'heure, sur le tribunal spécialisé... parce que
moi, le tribunal spécialisé, je l'ai beaucoup suivi, et j'ai beaucoup apprécié
ce qu'on a fait avec Rebâtir la confiance, puis intégrer ça dans notre
système. Mais il y a une chose dont on parle moins... parce qu'on ne rentre pas
dans ce système-là, hein? On le voit passer, mais on ne veut pas rentrer
dedans, s'il y a moyen, surtout si on ne veut pas en être victime. Et, quand on
dit que vous vous intéressez au sort puis à l'aide des personnes victimes, vous avez une aide financière d'urgence. Au cours
des dernières années, si j'ai bien compris, vous avez déployé un service
spécifique pour les personnes victimes de violence conjugale et de violence
sexuelle. Je vous avoue que, malgré tout le temps qu'on a passé en commission
pour parler du tribunal spécialisé, je ne l'avais pas vu celle-là.
M. Jolin-Barrette : Oui, et c'est un
programme fort intéressant. Ça, on l'a déployé à la grandeur du Québec, puis
c'est une des recommandations du rapport Rebâtir la confiance aussi, et
c'est pour faire en sorte qu'une personne victime de violence sexuelle ou de
violence conjugale puisse quitter rapidement son milieu lorsqu'il y a une
situation de dangerosité. En fait, c'est pour dire à la victime... lui donner
les outils pour dire : N'hésitez pas. Vous n'avez pas d'endroit où aller,
vous n'avez pas de transport ou vous n'avez pas les moyens d'acheter de la nourriture? Ne vous inquiétez pas, l'aide
financière d'urgence va être là pour pallier ces trois besoins-là, le temps
d'être hébergée, à titre d'exemple, dans une maison d'hébergement, ou le temps
de trouver un appartement, ou le temps de pouvoir trouver quelqu'un pour vous
héberger. Donc, on assume les frais d'hôtel, les frais de déplacement, les
frais de nourriture également.
Et l'admissibilité se fait instantanément. Donc,
le service est administré par SOS Violence conjugale et Info-aide violence
sexuelle en fonction de la nature de la violence subie. Et on a travaillé à
mettre ça en place avec les organismes, justement, puis on l'a déployé
progressivement, comme le tribunal spécialisé, mais là les 17 régions sont
couvertes. C'est 24 heures sur 24, sept
jours par semaine... sept jours sur sept, pardon, que les gens vont répondre.
Et, selon nos plus...
nos données les plus récentes, ce sont près de 1 400 femmes qui ont
eu recours aux programmes d'aide financière
d'urgence. Ça fait que lorsqu'on dit qu'on investit pour soutenir les personnes
victimes, 1 400 personnes qui ont appelé, qui ont eu recours à ces services-là, alors, ça, c'est un
exemple tangible des outils qu'on a déployés, justement, dans le
continuum de services du domaine de la justice, de la sécurité publique. Donc,
on n'est pas judiciarisés à ce moment-là. On est bien souvent en amont...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Mais on est
couverts, tout le monde est couvert, un peu comme la ligne Rebâtir, tout à
l'heure, quatre heures de services juridiques gratuits. Donc, ça s'ajoute au
panier de services.
Et honnêtement, notre gouvernement, M. le député
de Saint-Jean, je pense qu'on peut être très fiers de ces outils-là qu'on a déployés, et des sommes qui ont
été investies, et des ressources qui ont été engagées, parce que, quand
on nous reproche d'ajouter des ressources à l'État, de dépenser, M. le
Président, bien, on dépense dans les gens pour assurer, justement, qu'il
n'arrive pas des situations déplorables.
M.
Lemieux : D'autant plus qu'on... même si ça ne nous est
jamais arrivé, on imagine qu'une femme violentée qui veut s'en aller
avec son enfant, le plus gros problème, une fois sur deux, c'est les moyens de
le faire, la capacité, et là il y a quelque chose...
Bon, je voulais absolument qu'on parle de
réduire les délais judiciaires, parce que c'est l'autre grand pan de la plupart des projets de loi dans lesquels j'ai
travaillé en commission parlementaire. À la Commission des institutions, chaque fois qu'il y a un projet
justice, il y a bien sûr les victimes puis il y a les délais. L'arbitrage et la
médiation aux Petites Créances, ça n'a pas
passé comme une lettre à la poste, quand vous êtes arrivé avec ce projet de loi
là. Ça a changé, ça a bouleversé beaucoup la donne. Comment ça se passe?
Parce que, ça aussi, il faut que ça soit intégré.
Moi, chez
nous — je
dis toujours Saint-Jean, mais c'est Iberville, là, mon secteur, mon district
judiciaire — mais
on était dans les 12 premiers, je pense. Mais, ça aussi, ça va prendre un
certain temps, puis vous déployez lentement mais sûrement.
• (18 h 40) •
M. Jolin-Barrette : On déploie
district par district. Donc, c'est un changement de culture aussi. Mais un
des objectifs, c'est de faire en sorte que
les citoyens puissent participer activement à la solution de leurs litiges,
notamment aux Petites Créances. Alors, pour l'instant, on vise les dossiers de
5 000 $ et moins avec la médiation obligatoire. Donc, il faut
comprendre qu'à la division des Petites Créances la moitié des dossiers sont
des dossiers de 5 000 $ et moins. Donc,
ces dossiers-là, lorsqu'ils s'en vont en médiation, dans l'expérience qu'on a,
le taux de règlement en médiation obligatoire
est de 60 %. Ça veut dire, sur six dossiers... sur 10 dossiers qui
devaient aller devant le tribunal, puisqu'on les a en médiation
obligatoire, six des 10 se règlent. Donc, à ce moment-là, il reste seulement
quatre dossiers sur 10. Vous comprendrez que, pour le tribunal, bien, traiter
quatre dossiers, c'est différent que d'en traiter 10.
Et, avant
d'aller à la cour, on a également, dans le cadre du projet de loi n° 8,
mis en place l'arbitrage automatique. Donc, les gens peuvent aller en
arbitrage. Donc, c'est un avocat, un notaire qui est arbitre, et vous pouvez
avoir une décision finale avant même d'aller à la cour. Comme ça, ça règle
votre litige. Puis souvent, les citoyens, ce qu'ils souhaitent avoir, c'est une décision rapide, avoir justice avec célérité.
L'option d'aller au tribunal est toujours présente, mais vous comprenez
que, pendant ce temps-là, on décharge les juges de la Cour du Québec de ce type
de dossiers là, et ils vont pouvoir s'occuper d'autres types de dossiers. Donc,
on y va progressivement.
Les
réponses... Bien, en fait, l'expérience que nous avons dans l'ensemble des
districts que nous avons déployés à ce jour, elle est positive. Elle
fait en sorte aussi que, lorsque les gens participent à la solution du litige,
bien, ils sont souvent beaucoup plus satisfaits. Puis ça permet d'avoir une...
un moment d'explication aussi, puis que les gens se comprennent, puis qu'ils
puissent régler ce litige-là.
Alors, les modes alternatifs de règlement des
différends sont envisagés. Ce qu'on veut, ultimement, c'est que les gens soient
satisfaits du système de justice puis que leurs problèmes se règlent aussi.
M. Lemieux : Je vous ai entendu je
ne sais pas combien de fois dire : Ce n'est pas moi qui fais le rôle, ce
n'est pas moi, ce n'est pas le ministre qui peut faire ça, mais ça, vous avez
été capable de le faire, par exemple. Ça fait une grosse différence, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, la
différence, c'est que la médiation, elle est obligatoire, elle est offerte,
puis tous les dossiers doivent cheminer dans cette direction-là.
M. Lemieux : Merci beaucoup, M. le
ministre. Merci, M. le Président.
Adoption des crédits
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Le temps alloué
à l'étude du volet Justice des crédits budgétaires
du portefeuille Justice étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à
la mise aux voix des crédits.
Le programme 1, intitulé Administration de la
justice, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
Le
Président (M. Bachand) :
Adopté, sur division. Le
programme 2, intitulé Activités judiciaires, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le
Président (M. Bachand) :
Adopté, sur division. Le
programme 3, intitulé Justice administrative, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le
Président (M. Bachand) :
Adopté, sur division. Le
programme 4, intitulé Indemnisations et Reconnaissances, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté, sur division. Le
programme 6, intitulé Poursuites criminelles et pénales, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté, sur division.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mercredi 30 avril, à 11 h 30, où elle va entreprendre l'étude du volet Conseil exécutif des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif. Merci
beaucoup.
(Fin de la séance à 18
h
42)