(Neuf heures quarante-cinq minutes)
Le
Président (M. Bachand) :
À l'ordre, s'il vous plaît!
Bonjour, tout le monde, très content de vous retrouver. Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Affaires autochtones des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice
financier 2025‑2026. Une enveloppe de deux heures a été allouée pour
l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par M. St-Louis
(Joliette).
Affaires autochtones
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Comme vous le
savez, nous allons procéder à une discussion d'ordre
général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les questions et les
réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du
temps qui leur est alloué.
Discussion générale
Alors, je
cède maintenant la parole au député de l'Acadie pour un premier bloc d'échange
de 18 min 10 s. M. le député de l'Acadie, s'il vous
plaît.
M. Morin : Alors, bonjour, M. le
Président. Heureux de vous retrouver, M. le ministre, et tous les collègues qui vous accompagnent. Alors, bonjour, bienvenue,
collègues de la banquette gouvernementale, collègues du deuxième groupe
d'opposition. Alors, bonjour, tout le monde.
On va
débuter, M. le Président, avec le sujet suivant, le traité de Petapan. Vous
vous rappellerez, M. le Président, si
mon souvenir est bon, pendant la campagne 2022, M. le premier ministre disait qu'il voulait signer un traité historique et il
avait même fixé un échéancier au 31 mars 2023. On est rendus maintenant au
mois de mai 2025, et je n'ai pas lu que le fameux traité avait été signé.
Alors, j'aimerais savoir, d'une part, de M. le ministre... À une de nos
questions, question 64, de nos renseignements particuliers, il y aurait eu
14 rencontres en lien avec le traité en 2024‑2025, mais il n'y en aurait
pas eu en 2025 jusqu'à maintenant. Alors, j'aimerais savoir pourquoi.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci beaucoup,
M. le Président. Alors, à mon tour de saluer tout le monde, distingués collègues des oppositions. Merci d'être là ce
matin. C'est un exercice fort important qu'on fait pour notre démocratie où on vient expliquer nos crédits, où ça se fait de
façon publique. Chers collègues de la banquette ministérielle, merci d'être là,
et les équipes. Puis j'ai bien aimé mon collègue libéral lorsqu'il a
mentionné que c'est un travail d'équipe, puis il a parlé des équipes qui sont là. Les gens que vous voyez à côté de moi ont
travaillé extrêmement fort pour qu'aujourd'hui on puisse répondre à vos
questions. C'est un exercice qui est important.
M. le
Président, le 5 mai, puis je fais une petite parenthèse, puis je sais que
mes collègues de l'opposition ne m'en tiendront pas rigueur, 5 mai,
Journée de la robe rouge, journée où on se rappelle les femmes, les filles
assassinées et disparues. Alors, petite pensée particulière, M. le Président,
c'est un événement qui a eu lieu hier. C'est pour ça que je porte présentement
une petite robe rouge. C'est une journée extrêmement importante.
Le Traité
Petapan, chers collègues, je pense que certains de mes amis de la banquette
ministérielle vont penser que c'est une question plantée parce que c'est un
sujet d'actualité sur lequel on parle énormément, Petapan. On traite... On négocie depuis plus de 43 ans, M. le
Président, 43 ans. Quand ça a commencé, il y avait plusieurs autres
communautés. Donc, on parlait des
Innus, des Atikamekw qui étaient dans ce projet de traité là, puis, avec le
temps, il y en a qui se sont découragés, M. le Président. Il y en a qui
ont décidé de laisser aller le traité. Aujourd'hui, on est rendus avec trois
communautés innues, Mashteuiatsh, Essipit, Nutashkuan.
Mon collègue
a souligné, avec raison, le fait que le premier ministre pendant la campagne
électorale, lors d'un déplacement à Uashat, sur la Côte-Nord, avait pris
l'engagement... je vous dirais que j'en ai eu des sueurs froides, chers collègues, a pris l'engagement d'avoir un traité
au 31 mars de l'année suivante, sueurs froides parce que, M. le Président,
ça faisait des années qu'on négociait, puis on n'y arrivait pas. Cependant, il
avait raison. Il avait raison parce que ça a amené un vent de changement. Ça a
fait en sorte que tout le monde, collectivement, on s'est dit : Écoute, il
y a une capacité, une possibilité de livrer, allons-y.
Est-ce qu'aujourd'hui vous
avez devant vous un traité, M. le Président? La réponse, c'est non. Est-ce
qu'on est plus près que jamais? La réponse,
c'est oui. Pourquoi? Parce que les équipes, de part et d'autre, ont redoublé
d'efforts. Chacun a mis de l'eau dans
son vin pour arriver à quelque chose d'intéressant. Et ce que mon collègue a vu
récemment, c'est... puis je vais y aller très rapidement, puis vous allez voir,
ça va répondre à un autre élément, ce que mon collègue a vu récemment, c'est
qu'il y a une entente de principe qui a été signée avec le gouvernement
fédéral, qui a dit : Nous autres, on ne reculera pas, voici où on en est. Ce
que mon collègue a pu entendre aussi, c'est une lettre du premier ministre, qui a été adressée au Regroupement
Petapan en disant : Nous autres, dès que le fédéral revient, on veut
continuer et on veut terminer cette négociation-là. Et le premier
ministre les a rencontrés récemment.
• (9 h 50) •
M.
Morin : Oui. Alors, merci, M. le Président. Donc, quand
vous dites que M. le premier ministre les a rencontrés récemment,
c'était ça, ma question, c'est quand?
M.
Lafrenière : ...en train de le chercher dans notre mémoire
collective. C'est lors d'une grande entente qui a été annoncée,
l'entente Ashuapmushuan avec Hydro-Québec et Nutinamu-Chauveau. Ça s'est fait
au lac Saint-Jean. Je vais vous donner la date exacte dans un instant.
Une voix : ...
M. Lafrenière : Le 29 janvier
dernier. Par la suite, il y a eu des échanges de lettres, et, pas plus tard que
la semaine passée, je réécrivais au chef de
Petapan. Vous savez qu'il y a eu un changement au niveau de la gouvernance
à Mashteuiatsh.
M. Morin : Exact.
M.
Lafrenière : J'ai réécrit au chef en lui disant : Nous
avons toujours cette même volonté, avançons, même si le fédéral n'a toujours pas... toujours pas de
retour avec un ministre en poste, continuons de travailler ensemble pour
trouver des solutions dans Petapan.
M. Morin : O.K., peut-être apporter
une précision, M. le Président, parce que j'écoute la réponse de M. le ministre. Dans les réponses à nos renseignements
particuliers dans le cahier de crédits, on avait une question spécifique
là-dessus, le nombre de rencontres avec le
premier ministre. Alors, la réponse qui nous est donnée, du nombre de
rencontres avec le premier ministre
du Québec, et je suis à la page 64.1 des demandes de renseignements de l'opposition officielle, pour les renseignements
particuliers, ça commence par : «Il n'y a pas eu de rencontre avec le
premier ministre du Québec pour la période
couverte par la présente étude des crédits.» On dit qu'«une rencontre a néanmoins
eu lieu entre le premier ministre et les chefs des Premières Nations le
29 janvier», comme vous dites, «en marge d'une annonce énergétique», mais
il y en a eu une, rencontre, ça a avancé, ou il n'y en a pas eu? Et qu'est-ce
qui fait... parce qu'également, M. le
Président, le nouveau chef de l'APNQL, M. Verreault-Paul, s'est rendu avec
d'autres aux Nations unies il n'y a pas longtemps.
Alors, moi,
ce que j'aimerais savoir, M. le Président, c'est... Donc là, je comprends qu'il
y en aurait une, mais c'était en
périphérie d'une autre rencontre. Qu'est-ce qui fait que ça n'avance pas? Parce
qu'à ma compréhension c'est que le
fédéral, lui, il serait prêt à aller de l'avant. Alors, quelles sont les
embûches que vous rencontrez? Puis pourquoi on est plus de deux ans en
retard compte tenu de l'échéancier qui a été fixé par le premier ministre
lui-même?
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis mon collègue lisait la réponse qui lui a été fournie, puis
c'est exactement ça qui a été mentionné, il
y a eu une rencontre le 29 janvier en marge d'une annonce énergétique, et
c'est vrai, puis ça, c'était à la
demande des chefs, ça s'est passé à huis clos, petite rencontre de courtoisie
qui avait été demandée par les chefs.
Est-ce que le premier ministre fait les négociations dans Petapan? La réponse,
c'est non. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne du tout.
Cependant, je comprends mon collègue, qui
dit : Écoute, il faudrait vraiment que ça avance, qu'on livre. Je ne veux pas être désagréable, là, mais, pendant
45 ans, M. le Président, on n'a pas réussi à livrer. On a avancé comme
jamais. Qu'est-ce qui accroche, M. le Président? Bien, c'est sûr que, pour le
fédéral, quand on parle du vivre-ensemble, ils ne vivent pas avec les mêmes impacts que les municipalités et les
MRC vivent ici, au Québec. Et il y a certains points qu'il nous reste à
régler, c'est vrai.
D'ailleurs, je veux saluer le chef Gilbert
Dominique, pour qui c'était la dernière journée de travail hier, mais on a
établi ensemble qu'il y avait des points qu'on devait clarifier. Quand on signe
un traité, ce n'est pas pour des semaines,
puis mon collègue est légiste, il le sait très bien, là, c'est pour des années.
Alors, on veut que les prochaines générations puissent relire ce
traité-là et l'appliquer parce qu'on n'aura pas mal fait notre travail.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député d'Acadie.
M.
Morin : Oui, mais c'est exact, ce que vous mentionnez. Ça
fait des décennies, mais c'est le premier ministre actuel qui a fixé un échéancier. C'est le premier
ministre actuel qui a fixé un échéancier, M. le ministre. Donc, il devait être
au courant, quand même, le premier ministre,
que ça fait des décennies qu'on négocie. Donc, s'il a fixé un échéancier
aussi précis que celui-là, qui, visiblement, n'est pas respecté, il devait
avoir des bonnes raisons. Alors, qu'est-ce qui fait que ça échoppe? Qu'est-ce qui fait que ce
n'est pas encore signé? Quels sont les enjeux fondamentaux où il y a, bien,
visiblement une mésentente? Parce que le traité n'est toujours pas conclu.
M.
Lafrenière : Merci, M. le Président. Puis je veux amener une
correction. Ce n'est pas qu'il y a une mésentente. Il faut faire attention,
quand on fait un traité de la sorte, un traité qui va changer radicalement la
vie des gens autant sur communauté que les
communautés allochtones voisines, c'est sûr qu'on a un travail de rigueur à
faire, M. le Président.
Et, quand mon
collègue dit : Bon, ça fait des décennies, mais votre premier ministre, vu
qu'il s'est engagé... c'est un petit peu de
mettre la faute sur notre dos. Si le premier ministre n'avait pas fait cette
déclaration-là, M. le Président, on serait encore avec un traité à
négocier pour les 40 prochaines années, puis je pourrais renouveler
l'avocat en lui disant de donner le contrat à sa fille dans le futur aussi. Ça
n'a pas bougé pendant 40 ans, M. le Président. Je vais prendre ce qui nous revient, mais il y a des gens
qui étaient là avec nous, et il n'y a jamais rien qui a été livré. Là, on
avance, c'est vrai. Qu'est-ce qui
reste à régler? Des points extrêmement importants, des points de droit, égalité
hommes-femmes. Ce sont des points importants pour nous, sur lesquels on
va trouver des solutions avec, avec, les Premières Nations.
Mais le dernier
point, puis là je vais me fier sur mon collègue juriste qui connaît bien ça,
c'est sûr qu'en 40 ans il y a eu des
jurisprudences et de nouvelles causes qui ont été entendues au Canada qui
viennent impacter ce qu'on négocie. Puis je peux vous donner un exemple
avec la Déclaration des Nations unies qui a amené un regard différent sur notre traité. Le traité qu'on a aujourd'hui,
il est bien différent de ce qu'on a commencé à négocier il y a de ça
45 ans, puis ça, c'est normal,
mais, je veux le rassurer, je l'avais dit l'année passée, on a avancé. Encore
récemment, j'ai rencontré les chefs, et on a cette même volonté, M. le
Président.
M. Morin : Vous avez mentionné dans votre réponse, M. le
ministre, la question de l'égalité hommes-femmes. Est-ce que ça pose un
enjeu à la table de négociation?
M. Lafrenière :
Pour nous, c'est une priorité. On
veut être sûrs que ce qui est écrit soit compris, mis en place de la
sorte, c'est-à-dire l'égalité hommes-femmes. Pour nous, c'est important.
M. Morin : Oui,
ça, c'est clair, c'est fondamental, mais est-ce que ça pose un problème
particulier?
M. Lafrenière :
Ça ne pose pas de problème. Ça
nécessite des clarifications puis c'est pour ça qu'on travaille avec l'autre
partie, qui ont cette même volonté-là, puis, vous savez, quand on fait un
traité... Puis je parle à mon collègue qui est un éminent juriste, là,
il le sait. On peut s'entendre aujourd'hui, l'individu A avec l'individu B, où on dit : Dans quelques années, ce ne sera
plus nous qui vont être assis là, comment les gens vont l'interpréter? Puis
c'est là-dessus qu'on travaille pour vraiment s'assurer que, dans le
futur, ça va être bien interprété et que ces droits-là vont être respectés. M.
le Président, en tout respect, cependant, pour la table de négociation, je ne
pourrai pas partager les éléments de la table de négociation, et, je le dis, ce
qu'on avait l'an passé n'est plus ce qu'on a aujourd'hui. Il reste beaucoup moins de points. Il reste certains
points, des points importants, c'est vrai. De l'aveu même de tout le monde
autour de la table, on n'aura jamais autant avancé. Moi, j'ai espoir qu'on va y
arriver et rapidement.
M. Morin : Vous
avez également fait référence, M. le ministre, à la Déclaration des Nations
unies. Il n'y a pas une loi québécoise qui l'a adoptée, mais il y a une motion
de l'Assemblée nationale qui en fait état. Est-ce que ça pose un problème pour la négociation du traité?
Parce que je regardais encore la Déclaration des Nations unies, ça permet
justement, entre autres, aux Premières Nations de pouvoir aller de l'avant avec
leur développement économique. Il semble que
le traité de Petapan touche, entre autres, à ces questions-là. Donc, qu'est-ce
qui achoppe avec la Déclaration des Nations unies et qui fait en sorte
que le traité n'est pas encore signé?
M. Lafrenière :
Merci, M. le Président. Puis bien
au contraire... Puis, vous savez, mon collègue m'a sûrement entendu
répondre aux questions pour la déclaration sur la DNU des peuples... sur la
déclaration des Nations unies des droits des peuples autochtones, et on se faisait
demander : Mais pourquoi vous la refusez? Pourquoi vous ne voulez pas la mettre en place? Puis mon collègue l'a bien
dit, à quatre reprises dans cette Assemblée, on a voté en accord, et ce qu'on
donne comme réponse, on dit : Nous, on veut la mettre... on veut lui
donner vie dans nos projets de traité. Ça fait
que Petapan, c'est le plus bel exemple. On veut inclure des notions de la DNU
des PA dans Petapan. Ce n'est pas un enjeu.
Ce que j'ai dit tantôt, cependant, c'est clair, quand il arrive une nouveauté
comme la Déclaration des Nations unies quand on négocie un traité, ça a
un impact.
L'autre exemple que je pourrais donner à mon
collègue, quand on a fait la Convention de la Baie James, il y avait ce qu'on appelait une extinction de droits.
Aujourd'hui dans les traités modernes, ça n'existe plus. Alors, il a fallu
changer nos façons de faire, puis ça,
en passant, un grand travail qu'on a à faire, c'est de rassurer les communautés
voisines qui pensent encore que c'est le type de traité avec extinction
de droits.
Mais, pour la
Déclaration des Nations unies, M. le Président, je suis sûr qu'on va avoir la
chance d'en reparler tantôt parce qu'effectivement, en 2007‑2010, c'est une
déclaration qui est arrivée dans l'air, qui n'a pas été mise en place au Québec ni par nous ni par les gouvernements avant. Il y
a une raison à ça. Pourquoi? Parce que ce n'est pas simple. Ce n'est pas simple. La Colombie-Britannique, eux, ont
décidé de mettre en place une structure gouvernementale pour aller voir dans chacune des lois comment
l'appliquer. Ce n'est pas le chemin qu'on a décidé de prendre, puis mes
collègues qui étaient là avant nous ne l'ont pas fait non plus, puis je pense
que ce n'est pas... ce n'est pas l'approche qu'on veut.
Le Président (M. Bachand) : M.
le député.
M. Morin : Alors,
M. le Président, merci. Alors, moi, ce que j'entends sur le terrain, M. le
ministre, autant des communautés autochtones que des communautés allochtones,
c'est que l'absence de traité, justement, crée une incertitude, notamment au niveau économique. Les gens aimeraient savoir,
finalement, quelles seront les... évidemment, les balises du traité pour être capables de faire du développement
économique autant dans les communautés allochtones qu'avec les
communautés autochtones. Donc, ça a un impact réel sur le terrain. Et donc, à
chaque fois qu'on reporte la signature du
traité, bien, c'est aussi un report de certains avancements au niveau de
l'économie locale, l'économie des régions,
ce qui est fondamental pour moi. Est-ce que vous considérez ça? Est-ce que
c'est un élément qui va faire en sorte que vous devriez, le plus tôt
possible, prioriser ce dossier-là et faire en sorte qu'il soit signé
rapidement?
• (10 heures) •
M. Lafrenière :
M. le Président, je suis tellement
heureux d'avoir un allié de plus autour de la table aujourd'hui, j'en suis
très, très, très heureux, avec le collègue de l'Acadie. La journée qu'on sera
prêts à signer, je sais que j'aurai
quelqu'un à côté de moi pour dire : On est d'accord. Pourquoi? Parce qu'il
a vraiment raison. Pour donner de la
prévisibilité, pour aider l'économie, pour aider la foresterie, tous les enjeux
majeurs... Oui, puis je vois... Je le vois réagir, mais je lui demanderais il était où pendant toutes les années...
Le Parti libéral était où pendant toutes ces années-là où Petapan
existait, puis ça n'a pas avancé? Puis je ne lance pas la pierre, juste
dire : Il devait y avoir des raisons qui ont fait en sorte que ça a été
compliqué.
Puis c'est vrai que
c'est notre premier ministre, notre gouvernement qui s'est engagé là-dedans,
vous avez... il a, pardon, totalement raison, c'est vrai, puis on s'assume,
mais, quand il dit : Il va falloir le prioriser, là, je suis en désaccord.
On met toute l'énergie, mais, vous savez, on peut mettre énormément d'énergie
de part et d'autre, avoir des points à
régler, c'est là-dessus qu'on travaille, mais, l'an passé dans cette même
rencontre, quand il m'a posé la même question,
je n'étais pas rendu au point de vue que je suis rendu aujourd'hui. M. le
Président, on a avancé depuis un an. On
a avancé grandement. Je lui donne une échelle de grandeur, là, s'il y avait
12 points, il y en a plus de la moitié de réglés.
M. Morin : Donc,
l'an passé, vous étiez à quoi, vous étiez à vos balbutiements, puis là vous en
avez plus que la moitié? Puis, en passant,
M. le Président, parce que les gens nous écoutent, là, avant de dire que je
suis d'accord avec le traité puis la signature du traité, on va voir ce
qu'il y a dans le traité, là, hein? On peut me prêter...
M.
Lafrenière : J'avais trop de...
M. Morin :
...toutes sortes de bonnes intentions, là...
M.
Lafrenière : J'étais trop heureux.
M. Morin :
...mais on va attendre un peu. On va lire avant le document, là, ça, ça
m'apparaît très clair. Donc, vous aviez
combien de points de réglés l'année passée, vous en avez combien maintenant,
pour qu'on voie quelle est la progression puis la vitesse de la progression
des négociations?
M.
Lafrenière : Ce que je voulais dire, puis je veux rassurer le
collègue, comme légiste, je n'ai pas pris pour acquis que, sans avoir lu le document, il était d'accord avec les
300 pages, mais je sais que l'idée qu'il y a derrière un traité, il
en est d'accord. Ça fait que... il a bien fait de corriger, là, j'étais trop
heureux.
M. le Président, l'an
passé... Puis je n'aime pas l'approche mathématique, je vais vous dire
pourquoi, parce que, des fois, je pourrais
bien vous dire, hein, que 80 % des points sont réglés, mais les deux qu'il
nous reste sont des points majeurs. Il y a encore des enjeux sur le
traité où, de part et d'autre, on travaille, il y a encore des textes qui sont échangés. Pas plus tard que dans les prochains
jours, il y a une nouvelle version qu'on va transmettre aux gens du traité Petapan. C'est un processus qui est long, qui est
complexe. Pourquoi? Parce que ce qu'on écrit aujourd'hui, c'est pour le
futur, c'est pour les prochaines années. C'est 300 pages, le traité. Ça va
venir réguler les relations autochtones-allochtones. Mon collègue a raison
quand il dit : Ça va donner plus de prévisibilité, soit. Les gens qui
mettent le plus de pression, M. le
Président, pour que le traité Petapan avance, ce sont les gens des collectivités, ce
n'est même pas les communautés
autochtones, M. le Président, c'est vraiment les collectivités autour qui se
disent : On veut plus de prévisibilité.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le Président. Donc, justement,
avez-vous, au sein de votre secrétariat, des études d'impact que vous avez faites afin de déterminer ou
d'évaluer les conséquences économiques que risquent de subir les communautés
si le traité ou les négociations n'avancent pas?
M.
Lafrenière : Merci, M. le Président. Oui, on a un cadre, on a un cadre
financier. Oui, on a déposé plusieurs offres financières sur le traité Petapan.
On a même mis en place des facilitateurs, des négociateurs pour les régions qui
vont voir les impacts aussi dans les relations autochtones-allochtones. Parce
que, M. le Président, même si, demain matin,
on s'entendait sur Petapan puis on en serait tous heureux dans cette salle, on
sait qu'on a une période, entre 12 et
24 mois, où les communautés vont devoir aller de leur côté en référendum
pour voir comment les communautés réagissent,
et, M. le député de l'Acadie, pour qu'il comprenne ma réponse, pourquoi elle a
l'air très longue, à ce moment-là, l'entièreté du traité va être
dévoilée.
M. Morin : Étude...
étude d'impact, oui ou non?
Des voix : ...
M. Lafrenière : Non. La réponse,
c'est non.
M. Morin : Non, pas d'étude
d'impact. Merci. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Mme
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, pour 12 min 6 s, s'il vous plaît.
Mme Massé : Merci, M. le Président.
Bonjour, tout le monde. Bonjour, M. le ministre. Contente d'être avec vous. Je n'ai qu'au total 24 minutes pour
être en discussion avec vous, alors vous comprendrez qu'on va aller droit au
but. On parle de la Déclaration des
Nations unies, ce n'est pas pour rien, c'est un guide. M. le ministre,
rappelez-moi c'est quoi, l'article, exactement, qui reconnaît la
nécessité que les États... que les États, en fait, obtiennent le consentement
préalable, libre et en toute connaissance de cause. Vous vous rappelez de
l'article, numéro de l'article? Ce n'est pas pour vous coincer...
M. Lafrenière : Non, j'ai pensé à ça
pendant deux secondes puis je me suis dit : C'est sûr qu'elle ne peut pas
faire ça.
Mme Massé : C'est le 19.
M. Lafrenière : C'est-tu 19?
Mme Massé : C'est le 19, oui, oui.
M. Lafrenière : Parce que je
regardais à 26.
Mme Massé : Oui, oui. Non, mais je
le sais, puis ce n'était pas pour vous coincer, c'était juste parce que les Premières Nations en ont tellement... vous ont tellement demandé de reconnaître
l'article 19 que je me disais : Peut-être qu'à un moment donné ça a
fini par s'imprimer. L'article 19, en fait, qui dit simplement... je passe
les premières lignes, mais qu'«avant d'adopter et d'appliquer des
mesures législatives ou administratives susceptibles de concerner les peuples
autochtones, afin d'obtenir leur consentement préalable, donné librement et en
toute connaissance de cause». Pourquoi avez-vous laissé votre ministre de la
Forêt déposer son régime forestier?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Merci, M. le Président. Puis juste... juste amener
une petite correction. Quand ma collègue dit que les Premières Nations m'ont demandé d'adopter l'article 19, ils
nous demandent d'adopter intégralement la Déclaration des Nations unies. Je disais tantôt au collègue,
depuis 2007, 2010 que c'est là, que ça n'a pas été fait dans le passé. Nous,
ce qu'on a décidé, M. le Président, c'est
d'y donner vie. Puis, vous allez voir, il y a un lien direct avec sa question,
là, je vous rassure. Dans plusieurs... Puis j'ai la liste, c'est pour ça
tantôt, quand on demandait l'article, là, j'ai la liste des articles avec des
exemples concrets dans lesquels on a donné vie à ces... à cette déclaration-là.
Lorsqu'elle
me parle du changement du régime forestier, M. le Président, on était assis
ensemble, ma collègue et moi, dans un
autre projet de loi, le projet de loi n° 32, où, avec l'APNQL, Femmes
autochtones, on s'est dit : Comment changer notre façon de
travailler avec les Premières Nations? Et, exemple, en matière de législation,
comment on peut faire différemment? Parce
que, M. le Président, en tout respect pour cette Assemblée, on a des façons de
faire qui sont très, très loin des réalités autochtones.
Pour le régime forestier, ce qui a été fait, ma
collègue a consulté, puis je fais attention au mot «consulté», a dialogué avant. Parce que vous savez que le mot
«consultation» est très lourd de sens. Ce n'étaient pas des consultations,
chère collègue, ça a été du dialogue. Il y a
eu plus de 20 rencontres. Elle s'est engagée pour la suite des choses,
j'étais avec elle la semaine passée, avec l'APNQL, avec des chefs, en
disant : Maintenant que c'est sur la table, travaillons ensemble. Elle a
bien démontré quel était son projet. Alors, on continue de travailler
là-dessus.
Je comprends
ce que ma collègue dit, je la comprends très, très bien, en disant :
Est-ce qu'on aurait pu coécrire, cobâtir? On est toujours à la recherche d'une
solution. Je travaille avec l'APNQL. M. le Président, en tout respect
pour cette institution, j'essaie de trouver une solution qui est acceptable.
Mme Massé : M. le ministre,
effectivement, l'Assemblée nationale a demandé au gouvernement du Québec, le 8 octobre 2019... demande au gouvernement
du Québec de reconnaître les principes et de s'engager à négocier la mise
en oeuvre. Les Premières Nations nous le
disent sur une multitude de dossiers : Vous n'avez pas la façon de
fonctionner. Ce n'est pas de même. Alors...
Puis là je vais verser vers un autre dossier,
parce que vous me dites : Oui, oui, on les a consultés, il y a eu tant de rencontres, et tout ça. Ce n'est pas ça
qu'ils veulent. Vous le savez que ce n'est pas ça qu'ils veulent. Puis c'est
pour ça qu'ils ne sont pas contents quand les régimes forestiers comme ça
débarquent. C'est pour ça qu'ils ne sont pas contents quand vous contestez leur droit à prendre
soin de leurs enfants, de leurs familles. C'est pour ça qu'ils ne sont pas contents quand ils sont obligés de contester
pour que leurs corps de... leurs corps policiers soient capables d'avoir les
mêmes leviers que les corps policiers ici, au Québec.
Allons dans le dossier du caribou. C'est un
autre exemple. C'est un autre exemple où, dans le fond, Québec... puis
sortez-moi pas l'histoire des compétences, s'il vous plaît, il y a une espèce
qui est en voie de disparition. Notre gouvernement se traîne les pieds. Quand
le gouvernement que moi, je ne reconnais pas, qui est le gouvernement canadien,
lui, met des balises, notre gouvernement gaspille notre argent public pour les
contester.
M. le ministre, qu'est-ce qu'on va faire? Ça ne
marche pas, cette façon-là de faire. Puis vous avez raison de dire qu'on a essayé d'en... on en a essayé
d'autres, mais ça non plus, ça ne marche pas. Il est où, le problème de reconnaître
que ces peuples-là ont leur plein droit tel que le déclarent les principes de
la DNUPNA, comme vous le savez? Qu'est-ce... qu'est-ce qui bloque?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Bien, écoutez, c'est... Ma collègue a commencé sa question en disant qu'elle avait juste 24 minutes. Elle a
raison, parce que la Déclaration des Nations unies, c'est un sujet sur lequel
on pourrait parler pendant des jours. C'est un sujet qui est extrêmement
important, mais qui est aussi sensible et, je me permets de dire... de
corriger sur un point, qui n'est pas aussi simple que ça, M. le Président. Si
c'était simple, il y a bien des gens qui
l'auraient fait avant nous. Même ce qui est fait en Colombie-Britannique, je faisais des lectures encore ce week-end
pour me préparer à aujourd'hui, et il y a Nadir André, qu'on connaît très
bien au Québec, qui contestait l'approche de la Colombie-Britannique, qui,
pourtant, supposément, est parfaite.
Je peux aller
du côté de la foresterie ou du caribou, de dire que j'ai des communautés qui me
disent : C'est vrai, il faudrait avoir un moratoire, exemple, sur
l'équivalent du Témiscamingue et de l'Abitibi. Puis j'ai la communauté voisine,
autochtone, elle aussi, qui m'a dit : Nous, ce qu'on veut, c'est augmenter
des volumes de bois parce qu'on est dans la
foresterie. Et c'est normal. Ce n'est pas vrai qu'il y a une vision au Québec,
M. le Président. C'est vrai que chacune des communautés a une vision
différente.
La semaine passée, on était dans une rencontre
très importante sur la foresterie. Il y avait une approche où les gens me disaient : Écoutez, on peut-tu y aller
de façon pragmatique? J'ai une autre approche, les gens qui me disaient : On voudrait avoir un cadre comme
la Colombie-Britannique. Ce que je veux dire à ma collègue, et elle le sait,
il n'y a pas une vision. Alors, c'est pour ça que ça prend du temps.
Dans le cadre
du caribou, elle a raison que c'est une espèce qui est menacée. C'est vrai.
J'ai eu une rencontre, voilà deux semaines, avec les gens de Nutashkuan et
d'Unamen Shipu. Nutashkuan, qui ont signé une entente de protection du caribou, la communauté voisine a
décidé d'y aller autrement. C'est ça aussi, le Québec, M. le Président,
c'est des visions différentes.
• (10 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
Mme Massé : Effectivement, d'où
l'intérêt de se donner un cadre collectif, pas du un-un, parce qu'en un-un, une
nation, par nation, par nation, bien, c'est sûr qu'on n'y arrivera pas, jamais.
Mais ça, je vais m'arrêter là parce qu'on pourrait effectivement en discuter des
lustres sans jamais... Mais, moi, ma conviction, et c'est celle aussi de
l'APNQL lorsqu'elle demande d'avoir un forum permanent de discussion entre les
élus des Premières Nations et les élus, pas
juste le gouvernement, les élus de l'Assemblée nationale du Québec, bien, je
pense que c'est pour être capable, justement, d'aborder ces questions-là qui ne
concernent pas une nation, ou l'autre nation, ou l'autre nation, ça, ça
divise, vous le savez comme moi. C'est de s'asseoir, se relever les manches
puis de dire : Comment on va y arriver dans le Québec d'aujourd'hui?
Si on arrêtait juste de mettre de l'argent pour
aller en cour, M. le ministre, il me semble qu'on aurait de l'argent pour le logement en communauté, hors
communauté. Combien d'argent... Est-ce qu'on sait combien d'argent le
gouvernement du Québec a dépensé en contestations? Je n'ai malheureusement pas
posé la question aux crédits. Je m'en veux. Puis ce n'est peut-être pas ici.
Guidez-moi, si ce n'est pas ici, on ira voir dans d'autres crédits. Tout ce qui
est contestation, combien ça nous a coûté dans la dernière année, ça?
M.
Lafrenière : M. le Président, le temps que je recherche le
chiffre, ma collègue comprend qu'on va lui sortir ça. Mais je veux juste
m'amender. Tantôt, j'ai parlé de Nadir André, là, qui questionnait les
avancées au niveau de la
Colombie-Britannique, c'était au niveau du fédéral, et je m'en excuse. Ça fait
que je voulais le dire très clairement.
L'autre chose, quand elle dit : L'approche
de communauté à communauté, ce n'est pas l'approche qui amène des résultats, je
comprends ce qu'elle veut dire, mais je peux quand même être en désaccord en
disant qu'il y a 18 ententes que notre
gouvernement a réalisées avec des communautés, avec des Premières Nations. Et
ça, ça a amené des gains. Pessamit, là, c'est 45 millions, c'est
60 maisons qui ont été bâties. On peut...
Mme Massé : ...
M. Lafrenière : ...on peut...
Mme Massé : C'est avec...
M.
Lafrenière : Non, ce n'est
pas... c'est avec le gouvernement du Québec, M. le Président. On est là-dedans,
dans cette entente-là. Des ententes, je peux
vous en sortir jusqu'à demain, mais ce que... je ne veux juste pas partir dans
ce débat-là parce que ma collègue, je sais
ce qu'elle me dit, je la comprends. Il y a deux... je pense, il y a deux grandes
visions qui s'affrontent ici. Il y a le côté du symbolisme, du message très
clair que ça envoie, puis il y a le côté pragmatique. Puis, M. le Président, on
y va du côté pragmatique avec des ententes qui amènent des résultats.
Et, lorsqu'elle me demande combien ça a coûté au
niveau des frais d'avocat, je n'ai pas le montant, mais je peux lui dire que, dans la dernière année, c'est
1,84 million en consultations, parce qu'on consulte aussi, M. le Président.
Puis, oui, il y a des cas qui ne fonctionnent pas, mais il y en a un paquet qui
fonctionnent aussi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée.
Mme Massé : Combien de minutes qu'il
me reste?
Le Président (M. Bachand) : Il reste 2 min 38 s.
Mme
Massé : 1 min 38 s. M. le ministre, vous le
savez comme moi qu'il y a tout un réseau d'économie sociale dans le Grand
Nord, avec la Fédération des coopératives, qui confronte actuellement un enjeu,
parce qu'on n'est plus capable d'envoyer nos travailleurs du Sud, il n'y a pas
de logement en haut. Et il y a toute une volonté de développer un complexe hôtelier. Ces gens-là ont besoin qu'on
les aide à nous aider parce que c'est nos policiers, nos infirmières,
nos médecins qui montent dans le Nord, nos dentistes. Qu'est-ce que vous
envisagez pour aider le développement du complexe hôtelier?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci, M. le
Président. Écoutez, je les ai rencontrés en novembre dernier. Courriel du 31 mars. Notre prochaine rencontre est le
13 mai. Je comprends que les astres se sont alignés. On va travailler avec
eux. Vous savez, dans le passé, il y avait un manque à gagner, un
déficit de 27 millions auquel notre gouvernement s'est engagé. On les a
aidés. Ils étaient dans une situation qui était fâcheuse, qui était difficile
pour eux. Pourquoi? Entre autres avec la COVID.
C'est sûr qu'on va avoir besoin d'un plan.
Présentement, ils nous ont partagé une idée, on est d'accord, on les rencontre
prochainement pour voir quel est le plan. Mais il y a plusieurs acteurs, M. le
Président, dans le Nord qui ont des
complexes hôteliers. Pourquoi? Parce qu'il y a une main-d'oeuvre qui est
mobile, il y a des besoins, on le sait. Et, pas plus tard que la semaine passée, j'étais avec Makivik, on
parlait de développer une économie Nunavik-Groenland et d'avoir des
complexes hôteliers pour répondre aux besoins grandissants du Nord. On est
d'accord, mais je les rencontre dans une semaine.
Le Président (M.
Bachand) : ...Mme la députée, pardon.
Mme Massé : Oui. Bien, c'est une
bonne idée parce que c'est une économie solidaire, ce n'est pas une économie qui va dans les poches d'une entreprise
ou d'un consortium, ça va dans les poches des Inuits, ça embauche des
Inuits. Je pense que, si vous êtes capables de faire l'effort pour atterrir ça,
on le sait, le problème du logement, on le connaît,
on n'arrive pas à envoyer nos dentistes en haut, notre cour... notre cour
itinérante. Alors, je pense qu'il y a là un beau projet, un beau développement sur plusieurs années. Moi, je vous
encourage à être positif dans ce type de coopérative de travailleurs.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, rapidement.
M. Lafrenière : ...M. le Président,
même si ça ne fait pas l'unanimité, parce que tantôt je parlais à ma collègue
comment c'est complexe, au Nunavik même, c'est une autorité qui est contestée,
quand on parle de la FCQ. Mais moi, je suis
d'accord, je travaille avec eux, puis ce n'est pas ma première rencontre, puis
ce n'est pas le premier projet que je vais faire avec eux.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de l'Acadie, pour
18 min 10 s, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci, M. le Président.
C'est mon deuxième bloc, M. le Président, j'ai des questions en ce qui a trait
particulièrement à la santé au Nunavik. Vous vous rappellerez, M. le ministre,
j'ai présenté et fait adopter par l'Assemblée
nationale une motion pour l'envoi de deux appareils de tomodensitométrie au
Nunavik. Dans les questions qu'on a
posées à votre organisation sur l'état d'avancement, on s'est fait répondre,
dans nos renseignements particuliers : «Cette question relève du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Le Secrétariat aux relations avec les Premières Nations et les Inuit ne
détient aucune information.»
Je dois vous
avouer que cette réponse-là m'a un peu inquiété, M. le ministre. Vous êtes le
ministre responsable des Relations avec les Premières Nations. Vous
êtes... vous avez un secrétariat, si je ne me trompe pas, vous êtes au
ministère du premier ministre, donc vous devriez avoir, je pense et je vous le
soumets, une approche horizontale. Donc, que
vous n'ayez pas de données, permettez-moi, M. le Président, de dire que je suis
étonné. Mais on a fait aussi une demande d'accès à
l'information et on a obtenu des renseignements jusqu'en décembre 2024,
organisation de la structure de projets et phases de planification. Et là ils
seraient à la rédaction d'un dossier d'affaires.
Alors, quels sont les
suivis que vous avez faits, M. le ministre, suite à l'adoption de la motion? Et
à quelle étape en êtes-vous rendus avec la mise en oeuvre, l'envoi de deux
appareils de tomodensitométrie au Nunavik?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière :
Oui, merci, M. le Président. Puis
merci à mon collègue, parce que souvent, quand on se prépare pour les crédits,
on se pose la question : Où on va aller? J'étais persuadé que mon collègue
reviendrait là-dessus, parce que je sais à quel point c'est un dossier
qui est important pour lui quand on parle du Nord-du-Québec, du Nunavik. Et le
«CT scan», ce n'est pas la première fois qu'il m'en parle, puis je suis
persuadé que ce ne sera pas la dernière.
Alors,
je veux rassurer mon collègue. Un, premièrement, c'est normal aussi, vous
savez, mon ministère, on couvre tous les pans de vie qui existent, ça
fait que, oui, la santé, la justice, on ne peut pas être des experts dans tout.
Puis le premier ministre a déjà dit : C'est la job de tout le monde.
Cependant, quand j'ai fait mes devoirs, moi aussi, je me suis dit : Mon Dieu, mon collègue de l'Acadie
va me poser une question, je n'ai pas la réponse. Alors, je veux vous rassurer,
M. le Président, pendant le week-end, j'ai eu l'information, comme il a
mentionné tantôt.
Donc, de juillet à
septembre, il y a eu le certificat du plan clinique. Du 30 septembre par
la suite, on a eu un... j'étais pour dire un
go, un aller, demande du plan d'affaires et le budget. Par la suite, octobre-novembre,
présenter un plan par la régie aux
établissements. Novembre à décembre, l'organisation de la définition des
besoins cliniques. Janvier à avril, rédaction,
étude de faisabilité, plan d'affaires par la régie. Et on espère, M. le
collègue de l'Acadie, avoir le dépôt d'un plan d'affaires prévu en
mai-juin, donc tout prochainement.
Alors, c'est...
effectivement, mon collègue a raison, c'est un dossier qui est important, je
l'ai bien entendu. Ce qu'on regardait, c'était quels sont les infras, qu'est-ce
que la régie veut faire aussi, on veut respecter la régie dans tout ça, c'est pour ça qu'elle en fait partie,
qu'elle fait partie des plans. Alors, c'est la réponse que j'avais pour lui,
puis je comprends sa réaction parce que je sais que c'est un dossier
qu'il chérit et qu'il suit de très près.
M. Morin : Alors,
clairement, M. le Président, effectivement, la régie régionale du Nunavik doit
être partie prenante, mais permettez-moi d'avancer que je serais très étonné qu'ils
ne soient pas d'accord, parce qu'il me semble que
ça va les aider pas mal, on s'entend là-dessus. Parce que je comprends que,
présentement, il n'y en a toujours pas. Il n'y a toujours pas d'appareil
de tomodensitométrie dans le Nord?
M. Lafrenière :
Je regardais M. le Président pour la prise de parole. La réponse, c'est
non. Puis, quand il dit : Ils ne
peuvent pas être en désaccord, ce n'est pas une question d'être en accord ou en
désaccord. On sait très bien qu'ils en veulent un, mais là il faut
regarder la question plus large que ça : Quel est leur plan pour le futur?
Parce que nous, depuis des années, on
travaille avec eux à savoir est-ce qu'ils veulent une hôpital pour le Nord ou
ils en veulent une pour la... pour chacune des côtes. Vous comprenez
que, si on va avec l'achat de matériel comme ça, est-ce qu'on le répartit à un endroit ou l'autre? Toutes ces
questions-là, toutes ces réponses-là, on les travaille avec la régie. Ça fait
que ce n'est pas de savoir est-ce
qu'ils en veulent ou pas, je me l'ai fait dire sur le terrain, mais, après ça,
la vraie question qui s'est posée,
c'est : Parfait, on fait quoi avec la main-d'oeuvre? On fait quoi avec les
locaux? Toutes ces questions-là qui suivent
quand on est dans le Nord, c'est... c'est un impact qui est majeur. Ça fait
que, oui, ils sont d'accord, ils vont nous présenter un plan. Je vous ai
dit : Mai-juin, c'est très prochainement. On parle de 25 millions.
• (10 h 20) •
M. Morin : Et
là, quand vous parlez d'un plan, vous parlez du dossier d'affaires?
M.
Lafrenière : Oui, absolument, dossier d'affaires.
M. Morin : Parfait. Par la suite, quelles sont les prochaines
étapes pour que les appareils arrivent au Nunavik?
M.
Lafrenière : Là, je ne veux pas présumer du plan d'affaires puis de
leur décision qui aura été prise sur la façon
et ce qu'ils veulent, puis je vais regarder avec mon collègue de la Santé. Moi,
mon travail dans des dossiers comme ça, c'est faire le suivi avec
l'autre ministère. Comme je vous ai dit, je touche à toutes les sphères de la
vie, je pense qu'il n'y a pas un ministère
avec qui je ne travaille pas, mais, ultimement, je travaille avec le ministère
de la Santé. Puis j'ai confiance en mon collègue le ministre de la
Santé, avec la régie, pour trouver des solutions là-dessus, mais là ça a
avancé.
M. Morin : Vous,
dans votre planification à vous, là, ce serait quoi, votre échéancier?
M.
Lafrenière : C'est une très bonne question auquel je ne répondrai pas
parce que, dans ma planification à moi, je
ne connais absolument rien dans l'installation d'un «CT scan». Ça fait que
je ne dirai pas n'importe quoi aujourd'hui, M. le Président. Mais il y a une chose qui est claire, je sais qu'en
mai-juin on va avoir un plan d'affaires, je sais que je vais faire le suivi. Puis, M. le Président,
je n'attendrai pas l'année prochaine aux crédits pour faire le suivi à mon
collègue. J'ai déjà mentionné à l'équipe, on va faire les suivis avec
lui, c'est un dossier qui est important pour lui.
M.
Morin : Bon, merci. Merci pour les suivis, M. le
Président. Mais est-ce qu'on peut s'entendre que, l'an prochain aux
crédits, on n'aura pas besoin d'aborder le sujet parce que les deux appareils
vont être rendus?
M.
Lafrenière : Bien non! M. le Président, excusez-moi, là. Là, je
suis désolé, je vais reculer. Je comprends ce que mon collègue veut dire, là,
puis là je vais faire Inuit 101, là. Je suis désolé, là, il y a deux
bateaux par année qui amènent des équipements dans le Nord pour faire de
la construction. De penser que ça va se bâtir en plein hiver... On a visité, je pense, mon collègue... il y a
certains collègues qui ont visité Isuarsivik, qui est une... un centre de
traitement des dépendances au Nunavik. Ça a pris plus de temps.
Pourquoi? À cause même de la géographie puis de la réalité. Puis ce n'est pas que je veux m'en défiler, M. le
Président. Ce qu'il demande, c'est... c'est sincère, je sais qu'il le veut, mais je n'irai pas vous dire qu'on va bâtir en
dedans de quelques mois, parce que c'est ça, l'enjeu, hein, M. le Président,
peu importe le local qu'on va décider, il va devoir être bâti.
Ça fait que je trouve ce serait totalement, je
vais faire attention à mes mots, là, n'importe quoi de lui dire : Oui, oui, ça va se bâtir dans les prochaines
semaines. Ce qu'il dit est important. Je vais travailler, je vais faire le
suivi avec la régie, mais je ne peux
pas lui garantir que le bateau est déjà en route puis que les équipements sont
déjà là. Il va falloir bâtir, M. le Président, puis c'est pour ça que je
ne lui donne pas de délai, parce que je serais mal à l'aise de dire quelque chose comme ça. Il va falloir bâtir, il va
falloir agrandir. J'ai été à Puvi encore récemment, je suis allé à Kuujjuaq
plusieurs fois, puis je vous confirme que, dans les deux endroits, même si je
ne connais rien, je sais une chose, c'est qu'ils ne sont pas prêts à accueillir
ça. Il va falloir bâtir.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député.
M. Morin : Merci, M. le Président.
En lien avec le personnel médical, à la question 27, on a constaté que le Secrétariat aux relations avec les Premières Nations
n'a pas tenu, en 2025, de rencontre avec le ministère de la Santé et des
Services sociaux concernant le maintien et l'embauche du personnel soignant
dans les communautés des Premières Nations
ainsi que dans les villages nordiques. Est-ce qu'il y a une raison particulière
pour laquelle vous n'avez pas eu de rencontre?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Je vais demander
gentiment à mon collègue de revenir sur sa question. Excusez-moi, M. le
Président, là, parce que je l'ai entendue, mais je veux bien la cerner pour
bien répondre. Excusez-moi, cher collègue, j'étais encore dans notre dernier
échange sur le «CT scan» avec ma demande de suivi. Je m'en excuse.
M.
Morin : Dans... Non, ça va. Dans les renseignements
particuliers que nous avons demandés, à la page 27.1, pour
l'année 2024‑2025, la liste des rencontres et des communications entre le
secrétariat et le ministère de la Santé concernant
le maintien et l'embauche de personnel soignant dans les communautés des
Premières Nations ainsi que dans les
villages nordiques, la réponse que nous avons obtenue, c'est : Le
secrétariat n'a pas tenu de rencontre concernant le maintien et
l'embauche du personnel soignant. Est-ce qu'il y a une raison particulière?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Oui, pardon, M. le Président. Puis merci beaucoup,
cher collègue. Comme je vous dis, j'étais une question de retard sur
lui.
Absolument,
c'est le ministère de la Santé qui fait le suivi avec la régie pour l'embauche.
Cependant, je pense que, dans
d'autres questions, puis c'est ce que j'essaie de trouver, là, j'ai bien
répondu avoir rencontré des gens de la régie. À chaque fois que je me
déplace, je rencontre les gens de la régie. J'ai rencontré des médecins aussi
qui voulaient me partager certaines de leurs
préoccupations. Mais je comprends la question du collègue. Puis tantôt il
faisait... on faisait allusion à
d'autres vérifications de suivi, je ne peux pas me mêler de tous les dossiers,
je ne serais pas capable, M. le
Président, ce serait impossible, mais je fais le suivi avec le ministère de la
Santé, avec la régie. Mais c'est vrai, ce qui a été répondu là, c'est
vrai. Est-ce que moi, je fais des rencontres avec la régie, avec les gens pour
maintenir du personnel en place? La réponse, c'est non.
M. Morin : Merci. Est-ce que vous
avez rencontré la présidente de Santé Québec pour la sensibiliser aux enjeux
particuliers avec les communautés autochtones?
M.
Lafrenière : J'ai eu le plaisir de la croiser tantôt parce
qu'elle est en période de crédits, elle aussi, aujourd'hui. Mais il y a une
rencontre officielle qui est prévue prochainement. Ça n'a pas eu lieu encore,
M. le Président. Je pense qu'ils ont
eu certains petits enjeux à régler récemment. Mais ça fait partie des
priorités. Je veux la rencontrer. Je connais des gens chez Santé Québec, mais,
pour la présidente, je veux la rencontrer parce que ce que le collègue a dit,
c'est vrai. Et un de mes travail, c'est justement de sensibiliser les
structures, les structures de l'État. Et même, on a rencontré des ordres, on
rencontre plusieurs personnes pour les sensibiliser aux réalités autochtones.
Ça fait que je rassure mon collègue, ça va avoir lieu, ça n'a pas été fait
encore.
M.
Morin : Merci. À la question 54, on constate que le
budget total de l'enveloppe avec les Premières Nations et les Inuit, par le biais de l'enveloppe Action
communautaire du Fonds d'initiatives autochtones IV, était de
265 000 $ pour des mesures de table collaborative avec le
gouvernement du Québec et Femmes autochtones du Québec. Or, l'année passée, le
budget était de 477 000 $. Pourquoi cette baisse?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Le temps qu'on
recherche l'information pointue, M. le Président, je veux juste revenir sur la dernière question du collègue. Il est important de
se rappeler cependant que sur Santé Québec, sur le conseil d'administration, on a l'illustre
Dr Stanley Vollant qui est là, qui peut sensibiliser aussi ses
collègues sur les réalités des Premières Nations.
Des voix : ...
M.
Lafrenière : M. le
Président, avec l'accord de mon collègue de l'opposition... Vous savez, ça
fait... je pense, c'est ma cinquième étude de crédits, puis je n'ai pas
laissé mes collègues expliquer beaucoup de points. Je me suis promis aujourd'hui qu'il y en a minimalement un
que je laisserais parler. Alors, avec votre accord, M. le Président, j'ai quelqu'un
qui trépigne d'impatience de venir vous expliquer les chiffres pour le FIA.
M. Morin : Très bien, alors je vais
consentir...
Le Président (M. Bachand) : Est-ce qu'il y a un consentement?
Des voix : Consentement.
M. Lafrenière : Il va être tellement
content, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) :
Oui, peut-être vous approcher à
la table ou à un micro, s'il vous plaît, oui. Merci. Veuillez d'abord
vous identifier, s'il vous plaît. Merci beaucoup.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Est-ce
qu'on m'entend? Oui, mon Dieu, on m'entend.
M. Morin : Oui, très bien.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Je
suis content d'avoir le micro. Yannick Tremblay, directeur aux initiatives
économiques. Par rapport à la question pour le financement de FAQ, c'est
vraiment 265 000 $ par année. Ce
qui fait qu'une année il peut y avoir des montants additionnels, c'est... entre
autres le 477 000 $ l'année d'avant, c'est juste une question
de versement. Il y a une entente qui a été signée tardivement, puis il y a un
versement qui a été fait l'année d'avant, supplémentaire, mais qui était lié à
un autre exercice, parce que le montant annuel qui est prévu, c'est
265 000 $.
M. Morin : D'accord. Et je comprends
que ce montant-là n'a pas diminué.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Non,
c'est un montant qui est stable dans le temps.
M. Morin : O.K., et qui va rester
stable.
M. Larouche-Tremblay
(Yannick) : Pour le moment, avec le programme qu'on a, c'est
signé jusqu'à la fin du programme. C'est une entente cinq ans.
M. Morin : Et le programme se
termine quand?
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : 31 mars
2027.
M. Morin : 2027. Très bien, je vous
remercie.
M.
Lafrenière : M. le Président, juste en ajout... puis, oui,
c'est une entente de cinq ans, Femmes autochtones fait partie des organismes qu'on finance depuis des
années, qu'on finance à plus grande hauteur aussi. Femmes autochtones, Awacak, les centres d'amitié sont des organismes
qu'on finance depuis plusieurs années avec des bons montants, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député.
M. Morin : Donc, à ce niveau-là...
M. Lafrenière : ...pas trop loin, ça
se peut qu'on vous rappelle.
M.
Morin : Oui. Mais donc, à ce
niveau-là, le financement va rester le même, Femmes autochtones va pouvoir
continuer à remplir les mandats qu'elle remplit et évidemment travailler pour
l'ensemble des femmes autochtones.
M. Lafrenière : Oui,
M. le Président. Non seulement ça va se poursuivre... Puis, je vous dirais, il
y a des demandes ponctuelles aussi. Exemple,
c'était le 50e anniversaire de Femmes autochtones, j'ai contribué pour les
aider aussi. Alors, il y a plusieurs initiatives qui sont faites par
Femmes autochtones, qu'on supporte, puis ça va continuer de se faire. Tout récemment, on a sorti un livre
sur l'exploitation sexuelle des mineurs, et Femmes autochtones va être un partenaire quand on va l'envoyer dans les
communautés. C'est un partenaire qui, pour nous, est extrêmement important,
puis ça ne diminuera pas.
M.
Morin : Très bien, je vous remercie. Autre question dans
les renseignements particuliers, la question n° 57, et ça touche le
bilan détaillé du Grand chantier pour les familles des communautés autochtones
en précisant notamment les crédits octroyés, les projets financés et toutes
autres informations pertinentes. On nous dit, on nous répond : Le dossier
sous discussion ne relève cependant pas des crédits budgétaires du secrétariat.
Il faudrait s'adresser au ministère de la
Famille. Cependant, je pense, M. le Président, que le secrétariat a sûrement
son mot à dire pour les familles et les communautés autochtones. Donc,
qu'est-ce que vous êtes en train de faire si... Avez-vous des liens avec le
ministère de la Famille? Quel est l'état de la situation?
• (10 h 30) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Oui, merci. Merci beaucoup, M. le Président. Puis
c'est un dossier, effectivement, qui est extrêmement important. Quand on
parle de famille, on pense, entre autres, aux CPE, M. le Président. J'étais
content de voir les derniers chiffres. Au 31 décembre 2024, on parle d'un
total de 4 741 places pour les jeunes autochtones, 22 projets qui sont en voie de réalisation
pour 806 places supplémentaires, puis on a plus de 198 places
réservées en mode soutien-conseil. Ça, c'est important, parce que c'est
un... c'est un impact majeur, majeur pour les communautés. Puis on me dit qu'au 31 mars 2025 la totalité des
installations pour les Premières Nations et les Inuits sont subventionnées.
Alors, le collègue fait bien de le
mentionner, oui, c'est important. Puis je comprends, quand il voit la réponse,
il se dit : Bon, est-ce qu'ils
veulent se défiler? Ce n'est pas ça, c'est... Vous comprenez qu'on est dans
tous les secteurs d'activité, mais, oui, on a l'information avec les
CPE, et c'est majeur.
M.
Morin : Très bien. Merci. Autre question, cette foi-ci en
réponse à la question 66 du cahier des renseignements particuliers. Je vous ai déjà posé des questions
lors de la période de questions, et c'est en lien avec l'état et la situation
de la tuberculose au Nunavik. La réponse que
vous nous donnez, c'est : «Cette question relève du ministère de la Santé
et des Services sociaux.» Cependant,
compte tenu de vos responsabilités, est-ce
que vous avez fait un suivi? Quelle
est la situation sur le terrain?
Est-ce que les cas augmentent, diminuent, et quelles sont les mesures qui sont
prises pour enrayer cette maladie?
M. Lafrenière : Oui, merci, M. le
Président. Puis effectivement je suis ça de très près parce que moi-même, je me
déplace au Nunavik assez fréquemment, puis, je vous dirais, quand on a vu les
premiers... les premiers états de situation parlant de l'augmentation de
tuberculose, on s'est même demandé : Bien, écoutez, nous-mêmes, pour les
déplacements, est-ce qu'on peut faire partie du problème? Qu'est-ce qu'on fait?
Comment on réagit?
Je pense qu'il y a deux grandes pistes, puis je
pense que c'est important pour l'ensemble des gens qui nous écoutent. Il y a
déjà eu des périodes de flambée de tuberculose. Ce qu'on nous a expliqué au début,
c'est : pendant la période de la COVID, on n'a pas vraiment testé pour la
tuberculose, on a testé pour la COVID. Quand les tests de tuberculose ont
recommencé, bien, on a vu une augmentation. Ça, c'était un des premiers faits.
Deuxièmement, puis on va se le dire, M. le
Président, puis, je pense, tout le monde autour de la table, on l'a vécu, c'est
les réactions face à la vaccination, ça a été très difficile aussi au Nunavik,
M. le Président. On a même des gens assez bien connus, reconnus au Nunavik, qui
ont pris des positions parfois particulières en disant que de se faire
vacciner, c'était de laisser entrer le démon en soi. Ça fait qu'il y a même des
gens qui ont refusé de se faire vacciner.
Alors, je ne
veux pas... Je ne suis pas le spécialiste de la santé publique, M. le
Président. Bien, pourquoi je vous l'explique
comme ça, c'est que moi-même, j'ai posé la question avant de me déplacer. Je
sais qu'il y a une augmentation de cas dans certains endroits. Je sais
que ça a été priorisé par la régie, mais je pense qu'il y a deux volets
importants. On teste plus, mais il y a aussi des gens qui, au niveau de la
vaccination, ont des enjeux. Il y a de l'embauche de personnel inuit, à la santé publique, qui a été faite, puis ça, ça aide
énormément, la vaccination des nouveau-nés aussi. On a voulu percer, si
vous voulez, là, ce genre de blocage là ou barrière là que certains avaient
avec la vaccination.
J'ai même fait appel, moi, pendant la COVID, à
des gens connus au Nunavik en disant : Aidez-nous pour la campagne de vaccination, d'aller rejoindre les
gens. Je vous le dis, M. le Président, on l'a vécu dans le Sud avec toutes sortes
d'histoires, mais, dans le Nord, là, on a des gens très solides qui prenaient
position contre la vaccination.
M. Morin : ...les cas sont en
diminution?
M. Lafrenière : Non.
M. Morin : Non?
M.
Lafrenière : Non, absolument
pas, absolument, c'est une augmentation, puis, comme je le disais tout à
l'heure, puis là je vais vous sortir les chiffres, mais ce que je peux
vous confirmer, c'est qu'il y a plus de cas qu'il y en avait. Récemment, là, les
dernières études que j'ai, voyez-vous, en 2025, une trentaine de cas jusqu'à
présent, en 2024, 95 cas, en 2023, 81 cas, 2022, 38 cas. Puis c'est
clair, quand on regarde ces chiffres-là, je peux vous les donner dans l'autre sens,
ce qui aurait fait une belle... une belle échelle, là, c'est sûr qu'il y a plus
de dépistage, puis ce qu'on me confirme, c'est qu'on dépiste beaucoup plus,
donc on trouve plus de gens avec la tuberculose.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
M. le député de Jean-Talon, pour 7 min 52 s, s'il vous plaît.
M. Paradis : Bonjour,
M. le ministre, et à toute l'équipe. M. le ministre, nous, au Parti québécois,
on est des indépendantistes convaincus, puis une des raisons pour lesquelles on
veut l'indépendance du Québec, c'est pour refonder les relations avec les
Premières Nations. Vous, votre gouvernement a choisi, là, ce qu'on appelle la troisième voie, puis on a démontré, dans une
interpellation il y a 10 jours, qu'il n'y avait aucune des 21 recommandations
ou revendications au sein du régime fédéral qui a trouvé une réponse, aucune
des 21. Je note qu'il n'y en a aucune, de ces 21 demandes, du programme
d'il y a 10 ans, de la CAQ, qui concerne les Premières Nations.
Et, toujours dans le
sens de cette troisième voie, vous avez commandé récemment le rapport au Comité
consultatif sur les enjeux constitutionnels
du Québec au sein de la fédération canadienne. Je ne sais pas si vous l'avez
lu, mais moi, je l'ai lu avec un angle Premières nations et je vois que le mot
«Premières Nations» ou l'expression s'y retrouve trois fois en 100 pages,
et le mot «autochtone», 10 fois en 100 pages, en notes de bas de page
ou en mise en contexte. En gros, il
n'y a rien sur les relations avec les Premières Nations dans ce rapport-là.
Est-ce que vous êtes satisfait de ça ou est-ce que vous êtes déçu du rapport de votre gouvernement en ce qui
concerne les relations avec les Premières Nations?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Lafrenière :
Oui, merci, M. le Président. Puis
merci à mon collègue pour sa question. Une chose qui est claire, je me
vois très mal... Puis, oui, j'ai un travail de porte-parole. Tantôt, les
collègues me disaient : Est-ce que vous sensibilisez les autres collègues?
Oui, mais, pour les revendications, vous savez que les Premières Nations et les
Inuits font leurs propres revendications, et
on les supporte, on les soutient là-dedans. Alors, je comprends ce que mon
collègue dit. Je comprends, c'est une façon de voir les choses. De l'autre
côté, moi, je vous dirais qu'avec l'APNQL, avec leurs organisations, ils sont
capables de faire entendre leurs revendications.
M. Paradis : Mais
vous étiez à la table des ministres lorsque le mandat du comité a été défini.
Est-ce que vous avez insisté pour qu'on
parle des relations avec les Premières Nations et est-ce que vous êtes
satisfait du fait que votre gouvernement, sur la base de ce rapport, semble ne
pas donner de réponse aux revendications autochtones dans la troisième
voie que vous proposez?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Encore une fois, je l'entends bien, mais, dans notre
approche, puis, je pense, mon collègue le
voit, le connaît et le reconnaît, dans notre approche de nation à nation, c'est
ce qu'on fait avec les communautés, avec les nations. Je l'entends quand il trouve qu'il y avait une absence du
terme «autochtone», mais, moi, d'un autre côté, ce n'est pas le... ce
n'est pas la table qui avait été privilégiée pour regarder les relations de
nation à nation. On le fait au quotidien. On le fait dans plusieurs dossiers.
Je vous le dis encore une fois, les gens se font entendre dans leurs
revendications, dans ce qu'ils veulent. Est-ce qu'ils auraient été à l'aise que
moi, je porte leur voix, que je parle en leur nom? Je vous dirais, c'est un...
La ligne est très mince entre les deux, M. le Président.
M. Paradis : Bon, je comprends la réponse du ministre puis je
comprends l'action de terrain, mais c'est quand même la voie que vous
tracez. C'est votre feuille de route de votre gouvernement pour l'avenir
constitutionnel du Québec, et il n'y a rien,
il n'y a pas de réponse qui est donnée. L'idée n'est pas de prendre la voix des
autochtones pour leurs
revendications. L'idée, c'est de dire le gouvernement du Québec, lui, comment
il se situe, et il n'y a rien, dans la feuille
de route que vous tracez, relativement aux relations avec les Premières
Nations. Vous ne trouvez pas ça décevant?
M.
Lafrenière : M. le Président, puis, encore là, je fais toujours
attention dans la partisanerie quand je parle des
dossiers autochtones parce que, déjà, on a un déficit de crédibilité avec les
Premières Nations, peu importe qui sera assis là, en passant, M. le Président, peu importe le parti, je pourrais vous dire, je pourrais revenir à des
ententes comme Petapan, qu'on a jasé
tantôt, en disant : Il y a des gens qui ont été là, au pouvoir, et qui
n'ont absolument rien fait pour que ça avance.
Ce
que je peux vous dire, cependant, M. le Président, il y a 18 ententes qui
ont été réglées avec des communautés au cours des dernières années. Est-ce que
je suis gêné de ça? La réponse, c'est non. Est-ce qu'on avance? La réponse,
c'est oui. Est-ce qu'il y a d'autres forums
en parallèle? Je vous dirais même qu'avec l'APNQL on regarde comment... s'assoit
ensemble, comment regarder des grands enjeux comme ça.
Alors, effectivement,
M. le Président, d'un autre côté, quand on veut avancer à l'Assemblée
nationale, on fait des projets de loi, on se
fait dire par les Premières Nations : Ce n'est pas le bon forum, la bonne
façon. Très honnêtement, c'est... Je comprends la question du collègue, mais je
ne pense pas que c'était la bonne... la bonne approche, puis, encore là,
en tout respect.
M.
Paradis : Bien, en tout cas, moi, j'entends, et je lis, et je suis en
discussion avec les Premières Nations, et l'invisibilisation de leurs
revendications et de leurs postures est un point qui revient dans tous les
secteurs, et ici, en tout cas, dans votre
feuille de route, il n'y a rien, et moi, en tout cas, personnellement, je
trouve ça plutôt décevant parce que, si c'est l'avenir constitutionnel qu'on se
trace pour nous et qu'il n'y a rien sur les relations avec les Premières
Nations, je pense que c'est un... c'est un manque.
Bon,
voyons maintenant sur le concret, parce que vous nous ramenez aussi, vous, sur
le terrain, je note, dans les dépenses
de portefeuille en administration de la justice, qu'il y a 8 millions de
moins qui sont attribués aux mesures de justice en milieu autochtone que votre gouvernement avait considéré
comme essentielles. Est-ce que vous êtes au courant de cette
diminution-là puis est-ce que c'est parce que vous trouvez qu'il y a moins de
besoins?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Lafrenière : ...qu'on ressort les chiffres, M. le Président, je veux
juste revenir sur la dernière affirmation de
mon collègue qui dit : Écoutez, on ne les a pas mentionnés, on n'est pas
allés du côté des Premières Nations, et tout. Je vous confirme que, dans
les dernières années, il n'y a jamais eu autant d'ententes. C'est la première
fois qu'un gouvernement faisait des lois
autochtones, puis on n'est pas le premier gouvernement à être au pouvoir dans
ce parlement. Il n'y a jamais de
gouvernement qui fait des lois autochtones. On est le premier à en avoir fait
trois. Alors, on peut regarder le verre d'eau à moitié vide, moi, je le
regarde à moitié plein. Pour ce qui est de justice...
Des voix :
...
• (10 h 40) •
M. Paradis :
Pendant que vos collègues cherchent aussi, M. le ministre, pendant que vos
collègues cherchent aussi, j'en ai une autre
similaire. Cette fois, c'est à la page 17-9 des crédits en condition
féminine. Il y a 1,45 million pour le soutien aux initiatives en matière d'égalité entre les femmes et les hommes
qui ne sont plus présents dans les crédits. Or, ça, c'est une partie importante de la stratégie gouvernementale pour
l'égalité entre les femmes et les hommes, qui est un thème que vous avez
évoqué plus tôt dans cette étude de crédits. Même chose, est-ce que vous étiez
au courant de cette coupure-là et est-ce que
c'est parce qu'il y a moins de besoins, alors, puis ça, c'est conforme aussi...
Cette dernière coupure là, est-ce que
c'est conforme au Plan d'action gouvernemental pour le mieux-être social et
culturel des Premières Nations et des Inuit? Donc, moi, je vois deux
coupures, et la première, là, en justice, c'est à la page 15-13 des
crédits.
M. Lafrenière :
M. le Président,la raison pour laquelle j'ai le regard
dubitatif, c'est parce que je regarde le chiffre, puis c'est 8,5 millions qui est mis au total
là-dedans, donc 1,6 million en 2025‑2026, 1,7 million en 2026‑2027,
1,7 million en 2027‑2028,
1,7 million en 2028‑2029, 1,8 million en 2029‑2030.
Puis je ne veux pas faire une guerre de chiffres. Au contraire, je veux
juste être à la bonne place, M. le Président, là.
M. Paradis : 2024‑2025,
les crédits pour les mesures en matière de justice autochtone, 13 539
000 $, en 2025‑2026, 5 549 000 $. Moi, je vois une
diminution de 8 millions, là.
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière :
On va revenir, M. le Président.
Je veux... Encore là, le tableau que j'avais n'avait pas la même info, là. Le temps qu'on discute, si vous me
permettez, M. le Président, on pourrait passer à la prochaine question, puis
je vais revenir avec la réponse, parce que
c'est important, là. On est en train d'éplucher le budget, là. Je vais vous
revenir avec ça, mais je veux juste
répondre à la question du collègue. Est-ce qu'il y a moins de besoins? La
réponse, c'est non. Cependant, quand on fait un plan d'action sur
plusieurs années, est-ce qu'il y a des années où il y a un plus grand décaissement? Oui. Puis j'en ai, des mesures, M.
le Président. SPAQ, le parajudiciaire, on l'a mis en place, extrêmement
important. Le rapport Latraverse, de le mettre en place, c'est extrêmement
important. L'autre mesure qu'on oublie souvent,
M. le Président, c'est plus de 300 millions, c'est la fibre optique qui
dessert présentement le Nunavik. Il y a un lien avec la justice.
Pourquoi? Pour les vidéocomparutions.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
15 secondes, M. le député de Jean-Talon, s'il vous plaît.
M. Paradis : Bon, c'est quand même 8 millions de moins
pour la justice autochtone et 1,5 million de moins pour l'égalité
entre les hommes et les femmes. Donc, je vais vouloir des réponses sur ces deux
coupures-là apparentes aux crédits.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
M. Lafrenière :
L'engagement est là, M. le
Président. Si j'ai la réponse d'ici la fin de la séance... Sinon, ça va être
par écrit, c'est clair, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) : Merci. Vous enverrez, bien sûr, la réponse à la commission. M. le député
de l'Acadie, pour 18 min 10 s, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci,
M. le Président. J'aimerais attirer votre attention, M. le ministre, sur le
rapport du Vérificateur
général du Québec pour l'année 2024‑2025. Il y avait différents constats
en ce qui a trait aux Premières Nations, notamment
dans le domaine de la réussite éducative des élèves autochtones. Un des
éléments, le constat n° 3 du Vérificateur général, était à l'effet que les formations offertes au personnel
scolaire sur les réalités autochtones ne sont pas suffisantes. D'ailleurs, la majorité du personnel rencontré qui
travaillait avec des élèves autochtones n'avait pas suivi de formation sur les réalités des élèves autochtones. Depuis ce
constat, est-ce qu'il y a eu une amélioration ou qu'est-ce qui a été mis en
place pour s'assurer que le personnel qui va travailler avec des élèves
autochtones aura été formé sur leur réalité?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Lafrenière :
Oui, merci, M. le Président. Puis c'est une mesure qui est importante pour
moi, hein? Quand on a mis en place le plan
J'ai espoir, c'était une des mesures importantes parce qu'on disait : Le
manque de connaissances du personnel sur les réalités autochtones amène
un impact. C'est une des premières choses qu'on a annoncées aussi dans la sécurisation culturelle. Je peux rassurer
le collègue, en matière de santé, on est rendus à plus de 97 % des gens
qui ont été formés. En éducation, je
m'engage à faire le suivi auprès de mon collègue, voir on en est où, quelles
ont été les mesures qui ont été prises, mais je peux vous dire que ça a
été des succès, entre autres en santé.
Puis je veux vous
rassurer, M. le Président, cette formation-là n'est pas... Tantôt, je parlais
de vaccins. Je vais faire un lien, là, mais
ce n'est pas... Ce n'est pas une chose qu'on a une fois dans notre carrière,
puis tout est réglé. Je l'ai vécu dans le monde policier, il faut
former, il faut continuer ces formations-là, des formations continues. Alors,
je m'engage à faire un suivi au collègue, là, pour les mesures et les résultats
qu'on a. Je ne les ai pas à portée de main, M. le Président.
M. Morin :
Alors donc, j'entends bien l'engagement de M. le ministre, M. le Président, et
éventuellement on aura des réponses à ma question. Je vous remercie.
Autre constat,
toujours dans le même rapport, M. le ministre, constat n° 4,
le Vérificateur général constate que les sommes destinées à la réussite des
élèves autochtones ne sont pas octroyées en fonction des besoins et des
réalités régionales. Les modalités de financement ne permettent pas la mise en
place d'actions pérennes, et on sait comment
c'est important, donc pas de priorisation des demandes de financement, alors
que les besoins estimés par les organismes scolaires sont supérieurs aux
sommes disponibles. Est-ce qu'il y a des mesures concrètes qui ont été mises en
place pour pallier à cet état de fait et pérenniser ces sommes d'argent?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Lafrenière :
Oui, merci beaucoup, M. le
Président. Puis, vous savez, avec le CEPN présentement, bon, on a un différend.
On a un différend ensemble. Ça ne nous empêche pas de travailler ensemble. On a
une table sur la réussite éducative qu'on a mise en place pour être capables de
prioriser avec eux, avec eux, là où c'est important, mais je...
Vu que mon collègue
parle d'éducation, j'ai le goût de prendre un instant aussi et de nous rappeler
qu'on a fait quelque chose qui n'a jamais été fait dans le passé, c'est-à-dire
qu'on a fait des milieux de vie à trois endroits présentement au Québec, que ce
soit à Sept-Îles, à Trois-Rivières et bientôt à Québec, on a bâti des milieux
de vie. Je sais que ma collègue les a vus récemment, et ça, c'est une partie de
la réponse.
Puis je veux être
bien clair, M. le Président, en matière d'éducation, il y a beaucoup de travail
à faire, mais d'avoir des milieux de vie qui permettent à des personnes,
majoritairement des femmes qui retournent sur le marché de l'étude... qui retournent aux études, pardon, d'avoir accès à un
milieu de vie qui n'est pas un logement... qui n'est pas un... pardon, une chambre, qui est un appartement,
ça contribue à la réussite. Est-ce que c'est tout? La réponse, c'est non.
D'adapter les
formations, d'avoir de plus en plus de formation qui est délocalisée, j'ai
l'exemple... Pour les opérateurs de machinerie lourde sur la Basse-Côte-Nord,
M. le Président, où ça répondait à un besoin criant, de bâtir la 138, bien, on a eu un succès où le nombre de
personnes qui ont réussi le cours est plus élevé que le nombre de places
qu'on avait octroyées au début. Donc, ça fonctionne.
Ma réponse, M. le
Président, à mon collègue, c'est que ça va prendre plusieurs, plusieurs
réponses à ça. Il n'y a pas une seule façon de régler ça. On a bien lu le
rapport du VG. Oui, on fait le suivi sur le terrain, et il y a trois des six recommandations
sur lesquelles on a proposé un plan. C'est sûr que, présentement, avec le CEPN,
c'est un petit peu plus complexe, mais ça ne nous empêchera pas de travailler,
M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
député.
M. Morin : Oui,
je vous remercie, M. le Président. Autre élément, en janvier dernier, ma
compréhension, c'est que le ministère de
l'Éducation a annoncé la suspension de la mesure 15061, Réussite éducative
des autochtones et réconciliation.
Dans les règles budgétaires de fonctionnement, c'était la seule mesure qui
visait à soutenir la réussite des apprenants des Premières Nations et
des Inuits qui fréquentent un établissement scolaire public au Québec. On a tenté d'obtenir plus d'informations et des
clarifications auprès de l'administration en ce qui allait arriver puis pourquoi
il y avait une suspension de cette mesure. Est-ce que vous pouvez nous en dire
plus? Parce qu'il semblerait que cette mesure-là
est effectivement excessivement importante, notamment pour la formation
générale. Donc, j'aimerais savoir pourquoi il y a eu une suspension de
cette mesure.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Oui, M. le
Président. Puis je réponds en attendant d'avoir les chiffres. Pourquoi? Parce
que je connais la réponse, M. le Président. À l'époque, quand c'est sorti, ça a
amené beaucoup de discussions, puis ce qu'on
s'est rendu compte, c'est que ce qui était pour arriver, puis, je pense, c'est
en novembre, je vais faire attention pour les dates, M. le Président, là, je me corrigerai au pis aller, on se
rendait compte qu'on était déjà pour dépasser l'enveloppe budgétaire qui était prévue. C'est de la saine
gestion, M. le Président. Il n'y a pas eu de coupure, c'est juste qu'on s'est rendu
compte...
Puis, tant
mieux, les gens voulaient s'investir, s'impliquer. La quantité de projets qui
ont été déposés dépassait l'enveloppe.
Comme saine gestion, on a dit : Écoutez, on n'y arrivera pas dans cette
enveloppe. L'enveloppe a été fermée, mais il n'y a pas eu de coupure,
puis on a... Puis je vais vous sortir le chiffre. On fonctionne avec les mêmes
budgets, M. le Président, mais, c'est vrai,
il y a des gens des milieux qui ont réagi en disant : Écoutez, là, on se rend
compte qu'on se fait demander
d'arrêter, notre projet ne fonctionnera pas. La bonne nouvelle dans tout ça,
c'est que les gens ont réagi, ont proposé des activités, puis ça
dépassait le cadre qui était prévu.
Puis je vais
donner des chiffres pour supporter tout ça, M. le Président, là.
Sensibilisation aux réalités autochtones, 2023‑2024, l'enveloppe était
de 18,7 millions, 2024‑2025, l'enveloppe est de 19,9 millions. C'est
une augmentation de 1,2 million. Cette
année, 2025‑2026, le budget est de 21,9 millions. Le
2 millions qui a été mis sur pause, là, c'était vraiment parce
qu'on dépassait l'enveloppe qui avait été prévue.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
M. Morin : Merci. Autre élément, M.
le Président, et c'est en lien avec le chantier de la justice et de la sécurité
publique. Dans le plan d'action, il y a une mention à l'effet qu'il y aura un
soutien et un accompagnement culturellement adapté à la clientèle autochtone
judiciarisée en collaboration avec des organismes spécialisés. Donc, cette mesure regroupe différents services
culturellement adaptés vers la clientèle autochtone judiciarisée, et c'est dans
l'objectif évidemment d'accompagner la clientèle.
Ce qu'on
apprend, c'est qu'un financement devait être alloué dans les deux prochaines
années pour la création d'agents de liaison et de leur embauche pour faire le
suivi, et les communautés ont été informées. La CSSSPNQL, donc la
commission de santé et services sociaux des Premières Nations Québec-Labrador,
a été informée par écrit, la semaine
dernière, que le financement ne serait pas reconduit compte tenu des
restrictions budgétaires actuelles. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus? Parce qu'il est difficile de
comprendre, évidemment, cette décision-là, compte tenu des besoins en
matière de justice.
• (10 h 50) •
M.
Lafrenière : Oui, merci, M. le Président. Écoutez, moi, dans la
ligne des mesures qui ont été mises en place, je peux vous parler du CAVAC pour
aider les victimes. Je peux vous parler de SPAQ aussi pour avoir une approche parajudiciaire. Cependant, ce que le collègue
apporte comme précision, je vais le vérifier. Honnêtement, je ne le savais
pas. Alors, je ne sais pas si je dois prendre un engagement devant cette
commission pour faire un suivi. Il me dit qu'il
l'a su, puis je n'ai aucune raison de douter de ce qu'il avance. Moi, ce que je
peux vous dire, cependant, dans les mesures qu'on a ensemble pour les
prochaines générations, c'est un plan qui est chez moi, dans mon ministère, on
a plusieurs, plusieurs niveaux, entre
autres, les corps de police autochtones, prévention de l'exploitation sexuelle
des mineurs, qui est un volet extrêmement important pour nous, justice...
justice communautaire, pardon, volet femmes, services juridiques, mais le point
très précis que mon collègue a apporté, je vais faire un suivi là-dessus, M. le
Président.
Le
Président (M. Bachand) :
...l'information à la commission,
M. le ministre. Merci. M. le député d'Acadie, s'il vous plaît.
M.
Morin : Je vous remercie. Je vous remercie, M. le
Président, parce qu'effectivement, dans les communautés autochtones, et
c'est une réalité, M. le ministre le sait, il y a des gens... il y a des
autochtones qui vivent dans les communautés,
mais il y a aussi des autochtones qui vivent dans des centres urbains, donc
d'où l'importance d'avoir un accompagnement. Et, moi, ce qu'on
m'apprend, c'est que c'est... ce financement-là qui devait être alloué pour les
deux prochaines années pour des agents de liaison et leur embauche vient d'être
coupé. Alors, je vous remercie pour votre engagement, M. le ministre, et on
fera un suivi... on fera un suivi là-dessus.
M.
Lafrenière : ...si je peux me permettre, en ajout au point que
mon collègue a apporté, quand il dit qu'il y a une réalité urbaine puis
une réalité en communauté, je sais très, très bien de quoi il parle. C'est sûr
qu'on ne s'entend pas tous sur le
pourcentage en communauté et hors communauté, mais, je veux vous rassurer, M.
le Président, on a mis en place des équipes de patrouille mixtes. On a
des policiers, des policiers que ce soit de la Sûreté du Québec ou d'une communauté autochtone, et des intervenants
sociaux qui ont été déployés justement, justement, à l'extérieur des communautés
autochtones, parce que mon collègue dit... Quand il dit qu'il y a réalité
urbaine et une réalité en communauté, non seulement je suis d'accord, mais
c'est une somme importante. On parle de 23 millions sur cinq ans qui a été
mis là. Encore une fois, je m'engage, là, à faire un retour à ce que mon
collègue a demandé.
M.
Morin : Merci, M. le Président. Toujours dans le domaine
de l'éducation, et, vous vous rappellerez, j'ai posé des questions en
période de questions à ce sujet-là, M. le Président, il y avait un nombre
important d'élèves qui ne pouvaient pas suivre de cours,
qui ne pouvaient pas aller à l'école, faute d'enseignants. Est-ce que cette
situation-là a été réglée? Vous vous
rappellerez, en janvier 2025, le gouvernement d'Uashat mak Mani-Utenam
dénonçait publiquement les coupures
aux mesures de soutien destinées aux élèves autochtones annoncées par le
gouvernement. Est-ce que cette situation-là a été corrigée?
M. Lafrenière : Oui, merci, M. le
Président. Puis, vous savez, quand une entente n'est pas renouvelée, M. le
Président, pour nous, bien, on peut parler d'administration, mais, sur
le terrain, les impacts sont majeurs, puis c'est exactement ce qui s'est vécu avec Uashat, avec le chef et sa
conjointe, qui est en charge de l'éducation dans la communauté. On a travaillé
ensemble parce que l'entente, il est vrai qu'elle n'avait pas été signée. Ça a
amené énormément d'incertitude. Je veux rassurer le collègue, non seulement ça
a été signé, ça a été réglé. Il y avait une volonté de l'avoir sur plusieurs années.
On va travailler avec eux pour trouver une solution, mais ça a été signé, M. le
Président, et c'était la dernière entente
qui n'avait pas été signée. Ça fait que ça a amené son lot d'incertitudes, mais
il n'y a pas eu d'enjeu là-dessus, M. le Président. Ça a été signé et
renouvelé.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député
d'Acadie.
M. Morin : Merci.
Donc, je comprends que cet enjeu-là est terminé.
M. Lafrenière :
Terminé pour cette année.
M. Morin :
Parfait, excellent.
M.
Lafrenière : J'aimerais ça
lui dire que c'est réglé pour plusieurs années, mais pour cette année, M. le
Président.
M. Morin : Pour
cette année, non pas sept années, le chiffre sept, mais...
M.
Lafrenière : Non, pour la présente année.
M. Morin : ...pour la présente année. D'accord, merci pour la
précision. Autre élément aussi qui a été soulevé, les problèmes
d'approvisionnement en eau potable et la collecte des eaux usées dans plusieurs
communautés. On apprend, entre autres, que, dans des communautés inuites et
cries, il y a tellement un problème d'approvisionnement en eau potable — je
vous rappelle qu'on est au Québec, le paradis de l'eau potable — dans
certaines écoles que les élèves peuvent perdre 15 à 20 jours
d'école par manque d'eau. Les enseignants manquent aussi d'eau. On m'informait
que, dans certains cas, la situation est
tellement criante que, l'hiver, évidemment, on fait fondre de la neige pour
s'approvisionner en eau, puis, évidemment, parfois, cette neige-là, elle
est contaminée, donc les gens tombent malades. Alors, quel est le programme que vous avez en place pour régler
cette situation-là une fois pour toutes, M. le ministre? Et pouvez-vous
nous dire dans quelles communautés les besoins sont les plus pressants afin que
vous puissiez prioriser vos actions?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Oui, merci, M. le Président. Puis merci au collègue pour
sa question, parce qu'honnêtement, chaque
fois qu'on parle de l'eau potable, ce que le collègue a amené comme vision,
c'est ce qu'on se dit, hein, comme Québécois,
on se dit : Bien, voyons, comment est-ce possible, au Québec, qu'on manque
d'eau? Je ne veux pas corriger, mais je veux amener une nuance. Il y a
de l'eau. Le problème, c'est le service de l'eau, c'est-à-dire de prendre l'eau
et d'aller livrer dans les maisons.
L'autre point, puis
j'ai questionné toute l'équipe puis je n'ai jamais entendu parler de communauté
crie qui a manqué d'eau, je pense, c'est vraiment les communautés inuites. Puis
le problème est le même, là, mais je veux juste mettre ça clair, les
communautés conventionnées cries, je n'ai jamais vécu de problème d'eau.
Au Nunavik, la
différence, puis, pour ceux qui n'ont pas eu la... Il y en a certains qui ont
le plaisir de se déplacer avec moi et de
voir comment ça se passe, mais, pour les gens du Sud, M. le Président, on ne
comprend pas ça. De la manière que ça fonctionne, c'est qu'après sa
maison il y a une série de lumières. Pourquoi? Parce que l'eau n'est pas
courante. Donc, on se fait livrer l'eau par un camion. On a un réservoir d'eau.
Quand on n'a pas une fosse septique, on a un
réservoir. Quand il est plein, ils doivent venir le vider. Puis, quand on veut
chauffer, ça nous prend du diesel, ça prend un camion pour le livrer.
Pourquoi je vous dis
tout ça, M. le Président, puis la réponse à mon collègue, imaginez, quand un
camion est brisé, l'impact que ça a sur les
gens. Là, ce qui est arrivé à Puvirnituq, l'enjeu qu'on a vécu, c'est que la
canalisation d'eau, parce qu'il y a eu un grand blizzard, une grande tempête,
les gens n'ont pas pu monter faire l'entretien, le maintenir, elle a
gelé. Elle a gelé puis elle a brisé. Bien, ici, on se dit, à Montréal : On
va commander les pièces puis on va régler ça. Là,
c'est majeur, là, les travaux ne peuvent pas être faits à court terme. Ils ont
pu aller pomper dans un lac à proximité.
Et, pour faire un
parallèle, M. le Président, là, si on regarde le Nord, Salluit, qui est la
communauté la plus éloignée que je visite,
en véhicule, c'est comme si on se rendait à Savannah, en Géorgie, c'est loin,
c'est au nord. Alors, d'amener des pièces là-bas, c'est un enjeu,
d'avoir le personnel formé pour faire les réparations, c'est un enjeu, puis
d'avoir la bonne température pour être capable de creuser, c'est un enjeu.
Donc, à Puvi, mettons, on est rendu à quatre
camions. La situation va mieux, mais l'enjeu est encore le bassin d'eau. Là,
ils vont pomper pour l'instant. Il y a une conduite temporaire qui a été
aménagée.
Mais là je veux juste sortir de tout
ça pour une seconde. Quand on parle de plus d'autonomie, d'indépendance au niveau du Nunavik, il faut respecter les
organismes qui sont en place, et ça, c'est l'Administration régionale Kativik, l'ARK. L'ARK, nous, le
gouvernement du Québec, on remet 20 millions par année pour s'occuper
justement des besoins en eau. Moi,
j'ai demandé à mettre en place une cellule d'urgence parce qu'à chaque fois
qu'il se passe de quoi... Puis mon collègue fait bien sa job, hein? Il
vient me revoir en disant : Ian, il manque... M. le ministre, pardon, il
manque de l'eau dans telle communauté, vous faites quoi? On a mis en place une
cellule d'urgence, dire : On veut vous aider. Moi, je ne peux pas me
substituer à leur travail, mais, je peux vous dire, M. le Président, je ne les
ai pas lâchés d'une seconde. Encore récemment, je les ai challengés là-dessus.
À Inukjuak, il y a eu
le même enjeu pendant une période de temps. J'étais là la semaine passée, puis
c'est un enjeu qui est réel, ce n'est pas que l'eau n'est pas présente. Il y a
de l'eau. Il y a de l'eau potable. Le problème, en grande majorité du temps,
c'est les camions, les camions qui brisaient ou des bris mécaniques sur un
tuyau qui a gelé, et pourquoi, M. le Président? Changements climatiques, ils le
vivent au quotidien. Lundi passé, moi, j'étais à moins 22 sur le chemin de
l'aéroport, il y avait huit pieds de neige à un endroit, et ils ont manqué de
neige, ça n'a pas gelé avant janvier. Vous le savez, là, la météo a des impacts
présentement, mais, pour eux, là, des canalisations qui gèlent parce qu'il n'y a pas assez de neige à certains moments, trop
froid, ils ont vécu des enjeux, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
député d'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le Président. Donc, autre question,
autre thème maintenant, toute la question du logement dans le Grand Nord québécois. Je parlais récemment
avec des membres de la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec. Ils ont un projet de développement de complexe
hôtelier au Nunavik parce qu'il manque carrément d'hôtels dans plusieurs
communautés. J'apprenais également que la
cour itinérante avait de la difficulté à se loger dans plusieurs communautés.
Est-ce que vous avez un plan, M. le ministre? Quel est le soutien que vous
allez apporter à la Fédération des coopératives pour faire en sorte qu'il y ait plus de logements et plus d'hôtels pour
loger les gens? Je vous parle de la cour itinérante, mais il y a aussi,
bien sûr, le personnel médical.
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Oui, merci, M. le Président. Puis je vois que la
Fédération des coops a bien fait son travail et je les rencontre la semaine prochaine. Je veux rassurer mon collègue
parce que je sais qu'ils ont parlé aux deux collègues des oppositions, puis c'est... puis c'est très
correct parce que c'est un dossier qui est extrêmement important. Puis je pense
que leur crainte, étant donné que ça ne fait pas l'unanimité au Nunavik,
c'est peut-être de se faire bloquer des portes ou quoi que ce soit, mais je veux rassurer mes deux collègues des
oppositions, je suis avec eux. Ce n'est pas la première fois que je les
rencontre. Je vais les rencontrer parce que ça prend une pluralité de
partenaires dans le Nord.
• (11 heures) •
Et mon collègue a
raison, quand on parle de problème hôtelier, les impacts que ça peut avoir, M.
le Président, c'est majeur. C'est majeur
pour des travailleurs temporaires. C'est majeur quand... même nous, quand on
veut se déplacer dans le Nord,
souvent, on se dit : Bon, regarde, le premier enjeu, c'est l'avion. Mon
premier enjeu, maintenant, là, c'est : Est-ce qu'on a une chambre?
Et, encore, la semaine passée, on était dans un camp de construction. C'est ça
qu'on a réussi à trouver parce que c'était en pleine capacité. Mon collègue de
la Santé a annoncé 150 logements. Il y en a 94 qui ont déjà été construits
à ce jour, alors...
Et,
pour l'entente de logement avec le Nunavik, ma collègue ministre responsable de
l'Habitation a renouvelé l'entente
pour une période d'une année, mais là on veut y aller dans une approche
différente avec les Inuits. C'est ce qu'on travaille, M. le Président. J'espère vous annoncer ça avant la prochaine
période de crédits. On va avoir des belles solutions, mais, oui, on
travaille avec eux, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
pour 12 min 20 s, s'il vous plaît.
Mme Massé : Merci,
M. le Président. Je vais aller dans un autre sujet, santé et services sociaux
cette fois-là. Lorsqu'on a fait l'étude détaillée du p.l. n° 37
concernant le commissaire à la protection des droits de l'enfant et du bien-être de l'enfant, il a été question de la
mise sur pied d'un tel commissaire pour les Premières Nations. La commission Laurent
avait d'ailleurs suggéré ça. On a vu la nomination de la commissaire qui va
s'occuper des allochtones. Qu'en est-il des discussions concernant le ou la
commissaire du côté autochtone?
M.
Lafrenière : Merci, M. le Président. Puis mon collègue ministre de la Santé
les a remplacés... Santé et Services
sociaux, pardon, les a rencontrés, c'est Mme Marie-Ève Brunet-Kitchen, qui
est Commissaire au bien-être et aux droits
des enfants, et ce qui a déjà été établi, c'est qu'elle va pouvoir avoir des
ententes avec les différentes communautés.
Ça, c'est déjà... c'est déjà prévu. Il y a des rencontres qui vont être faites.
Il y a déjà huit communautés ou regroupements
de communautés qui ont signalé leur volonté d'adopter leurs propres lois, leurs
propres projets de loi. Je pense que
les gens qui nous écoutent ont entendu, entre autres, la communauté innue
d'Uashat-Maliotenam qui a dit qu'elle était prête, qui avançait. Les Inuits
nous ont rencontrés aussi, nous ont dit qu'il y avait une volonté. Je vois ma
collègue qui fait des signes, je vais arrêter parce que je ne veux pas perdre
son temps.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée.
Mme
Massé : Mais c'est parce que ce n'est pas de ça que je parle. Ça,
c'est des ententes spécifiques avec les nations concernant la protection de la
famille, les droits sociaux, les enfants, peu importe comment.
Il
y a... Le Québec s'est doté d'un commissaire au bien-être et aux droits des
enfants. Il a été question que cette... qu'on distingue commissaire aux enfants autochtones, commissaire aux
enfants allochtones. En fait, ma question, c'est : Il y a-tu de l'argent pour ce commissaire-là? On en a
parlé dans le projet de loi n° 37. Est-ce qu'il y a de l'argent? Est-ce
que c'est prévu aux crédits?
M.
Lafrenière : Merci. M. le Président. Puis ma question avait l'air
d'être complètement à côté de la track, mais
finalement on était tous les deux à la même place. Le commissaire peut signer
des ententes avec les communautés pour
les représenter. Sinon, ça prendrait un commissaire par communauté parce que
ce n'est pas tout le monde qui veut la même chose.
Ça fait que, si la
question de ma collègue est de savoir est-ce qu'il va y avoir un commissaire
pour les Premières Nations et les Inuits, la réponse est non. Présentement,
on a une commissaire, Marie-Ève Brunet-Kitchen, qui peut faire des ententes avec les communautés qui
décideront ou pas d'être représentées avec eux. Sinon, ils pourraient décider d'avoir leur propre système aussi, puis on
travaillerait avec eux. Je ne sais pas si ça répond mieux, M. le Président. Puis
je comprends...
Mme Massé : Oui,
oui, je comprends votre vision. Est-ce que vous considérez que tout ça, c'est
fait dans une perspective éclairée, dans le
consentement? Est-ce que vous considérez que cette commissaire, qui vient
d'arriver il y a à peine un mois et
demi, qui a signé huit ententes, vous me dites, avec différentes nations... ces
nations-là ont compris que, dans
l'étude détaillée du projet de loi, il était question d'avoir un commissaire
dédié et non pas des ententes comme ça avec différentes communautés?
Je... Vous m'en voyez très surprise.
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis je comprends très bien ce que ma collègue nous demande
d'illustrer en se disant : Écoutez, est-ce que, vraiment, c'est un consentement...
c'était une consultation qui a été bien faite dans les règles de l'art? Je vais répondre ce que j'ai
répondu tantôt, avec l'APNQL, on cherche encore à établir ce que ça veut dire,
comment le faire. Est-ce que les huit communautés qui ont décidé ou qui ont...
Puis, en passant, ils ont démontré un intérêt.
Il y a des rencontres, ils ont rencontré mon collègue ministre puis ils verront
bien. Je pense qu'on peut faire confiance à ces communautés-là dans leur évaluation de ce qu'ils apprécient ou non
puis de leur volonté de rester ou de s'en aller.
Moi, je pense qu'a
contrario, M. le Président, quand on dit aux communautés : Au lieu de vous
imposer une seule façon de faire, on vous
dit que vous avez le choix puis, si vous décidez d'y aller autrement, on va le
respecter, moi, je pense que c'est une façon de respecter leurs
pouvoirs, leur autonomie puis leurs décisions.
Mme Massé : Merci. On va aller du côté de l'éducation. Le
définancement de la mesure 15061 a des impacts, a déjà des impacts maintenant.
Vous me direz bien qu'il n'a pas été définancé, j'ai entendu votre réponse à
mon collègue de l'Acadie. Ceci étant dit, cette mesure-là, 150161,
n'existe plus de façon spécifique pour soutenir le passage, pas au niveau cégep, université, primaire,
secondaire, des enfants qui passent de l'enseignement dans des communautés à
notre système public. Je ne comprends
pas pourquoi cette mesure-là a été retirée, M. le ministre. Pouvez-vous
m'expliquer?
M.
Lafrenière : M. le Président, oui, j'aimerais lui expliquer. Puis je
vais aller m'enquérir moi-même de ce que ça
veut dire pour être très clair, parce que la pire des choses, c'est de prendre
le micro puis de nous guider dans une mauvaise voie, M. le Président.
Mme Massé :
C'est bien.
M.
Lafrenière : Même si c'est architechnique, ce que ma collègue dit est
archi-important aussi.
Mme Massé : Oui. Bien, écoutez, effectivement, je vous invite
profondément à rencontrer les gens du CEPN et de Tshakapesh, parce que
cette mesure-là, qui aidait les enfants autochtones qui arrivent dans le
système québécois, globalement francophones
et, pour certains, anglophones par droit acquis, ont besoin de soutien parce
que leur réussite scolaire, elle est plus difficile.
Et
donc il y avait cette mesure-là, 15061, qui a été mixée avec 150... machin truc
et qui, finalement, bien, on n'arrive plus à suivre que c'est qu'on fait
vraiment pour aider la réussite scolaire de nos enfants.
M.
Lafrenière : La raison pour laquelle, M. le Président, j'ai dit que
j'étais pour aller m'enquérir...
Mme Massé :
Merci.
M.
Lafrenière : ...puis je comprends qu'elle me réfère au CEPN puis à
Tshakapesh, je suis aussi allé voir mon
collègue ministre de l'Éducation. Pourquoi? Parce que, dans mon plan, que j'ai
mis en place sur cinq ans, il y avait une
mesure de 27 millions qui aidait aussi la transition. Alors, on va aller
tout démêler ça pour être sûr qu'au final... Puis, en passant, peu
importe le numéro qu'on va vous dire ici, au final, c'est qu'est-ce que ça
amène sur le terrain, je suis d'accord avec ma collègue.
Mme
Massé : Ceci étant dit, j'entends donc que vous allez déposer à la
commission quand vous aurez mis le doigt là-dessus.
M.
Lafrenière : Absolument.
Mme Massé : Ça va intéresser beaucoup de monde, dont moi et
mon collègue de l'Acadie, qui avait commencé le travail.
Dans les cinq minutes
qu'il me reste, je veux revenir sur ce que mon collègue de Jean-Talon a
commencé à aborder avec vous, le comité Proulx-Rousseau,
le résultat de ça. Moi, je vais focusser sur quelque chose de bien, bien,
bien spécifique. On apprend qu'il y a une
constitution du Québec qui est en train de s'écrire et que les Premières Nations ne sont pas là. «What's happened?» Qu'est-ce qui se passe, M. le
ministre? On parle d'une constitution du Québec.
Le
Président (M. Bachand) : ...
M.
Lafrenière : Oui. Merci, M. le Président. Puis j'entends la question
de la collègue, puis ça me fait penser à l'autre réponse que j'ai donnée tantôt
en disant : Quand on parle de consultation, on travaille ensemble, comme
on le fait. Jusqu'à date, M. le Président,
en toute transparence et honnêteté, et ma collègue peut être en désaccord avec
moi sur beaucoup de points, mais je pense qu'elle va avouer que je suis
très présent avec les gens sur le terrain, je n'ai jamais entendu une communauté me parler de cet impact-là. Non que ce
n'est pas important, mais, pour l'instant, je ne peux pas vous dire que
c'était au radar.
Alors, moi, j'ai
l'impression que les gens vont vouloir voir, premièrement, ce que ça veut dire,
parce qu'on n'écrit pas ça à tous les jours, qu'est-ce que ça veut dire, puis
effectivement il va falloir s'asseoir avec eux pour voir, premièrement... Ce
que je disais tantôt, là, moi, je ne suis pas... je ne suis pas d'accord dans
une approche mur à mur où on dit :
Voici comment ça va fonctionner. La preuve, c'est qu'on a des nations
conventionnées au Québec, on a des nations... des communautés. Avant ça,
je disais «nations», M. le Président. Je me corrige, maintenant, c'est rendu
des communautés. Il y a des communautés qui
n'ont pas la vision qui est la même que leurs communautés voisines. Alors,
bien clairement, je pense qu'il va falloir... j'étais pour dire «les
consulter», voyez-vous, j'ai même peur de dire le mot «consulter», minimalement les rencontrer, avoir leurs sons de cloche
avant même de penser à une consultation, d'aller plus loin avec les Premières
Nations là-dedans. Mais ma collègue a
raison, ça ne va pas se faire tout seul en vase clos.
Mme Massé : Bien, d'autant plus, M. le ministre, j'insiste,
là, vous avez un collègue qui écrit une constitution québécoise. Je ne
veux pas parler de ce dossier-là, j'en aurais long à dire. Et vous avez un
devoir de vous assurer que les droits des Premières Nations, les droits ancestraux, les traités, les titres, que tout ça soit
respecté, nonobstant ce que chacune des communautés veut. Fondamentalement,
elles s'entendent toutes là-dessus : leur droit à l'autodétermination,
leur droit à la gouvernance... Ah! bien, je ne reprendrai pas les 40 quelques
articles qu'il y a là-dedans, là.
Alors, moi, je suis
très inquiète et je ne peux pas croire que le ministre de la Justice, parce que
c'est lui qui rédige présentement, à ma connaissance, ne tient pas compte des
droits des Premiers Peuples. Voyons donc! C'est une... Il a la prétention de
faire une constitution du Québec sans tenir compte des droits des Premières
Nations. Ça ne tient pas la route.
Je
veux vous entendre là-dessus, M. le ministre. Il faut que vous rappeliez votre
collègue à l'ordre. Ce n'est pas une question : Telle communauté, veux-tu,
veux-tu pas? C'est une question négociée pendant 20 ans aux Nations unies. Qu'est-ce que vous allez
dire à votre collègue, qui est en train de rédiger ça, après m'avoir entendue?
• (11 h 10) •
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière :
Merci, M. le Président. Puis je
veux rassurer ma collègue, là, qui est... bien que je comprenne sa question
technique, elle ne vient pas de me réveiller ce matin, là. Je peux vous dire...
je peux vous faire un parallèle, j'ai la communauté innue de Mashteuiatsh qui
est en train d'écrire sa propre constitution présentement. C'est dans l'air,
M. le Président, on le sait. Alors, elle va
me dire : Oui, mais qu'est-ce que vous faites? Présentement, honnêtement,
là, je suis en train de regarder tout ça et j'ai des enjeux qui sont
différents.
Tantôt, elle me
parlait de la DNUDPA en disant : Toutes les communautés sont d'accord avec
ça. J'ai le Grand Conseil Cri qui est venu nous dire devant tout le
monde : Ce que nous autres, on a comme traité présentement, c'est beaucoup
plus que la Déclaration des Nations Unies. C'est beaucoup plus que ça pour
nous.
Ça
fait que ce que j'essaie d'illustrer encore à ma collègue, si c'était si simple
que ça, il y a des gens bien plus brillants que moi qui l'auraient fait
avant moi, M. le Président. Alors, je l'entends.
Moi, présentement, je
regarde ce que mes collègues de Masteuiash vont nous soumettre comme
constitution. Moi aussi, je regarde ce qui se fait du côté du Québec, M. le
Président, mais c'est clair qu'on va devoir avoir des discussions avec les Premières
Nations avant même de se dire : Ça veut dire quoi? Comment ça s'applique?
Puis c'est dommage, j'aurais posé une question à mon collègue de la troisième
opposition, tantôt, en disant : Parfait, dans le cas d'un référendum, dans
le cas qu'on quitte le Canada, comment on les implique? C'est des bonnes
questions à avoir aussi. C'est vrai. Est-ce que tout va se régler avant? Moi,
je pense qu'on doit regarder qu'est-ce qui va ressortir de cette discussion-là, de les rencontrer. Moi, honnêtement, j'ai hâte
d'avoir leur feedback, de voir comment on va travailler avec eux.
Le Président (M.
Bachand) : ...
Mme
Massé : Oui. Le droit à l'autodétermination, le Québec ne le reconnaît
pas aux Premières Nations. On a un enjeu. Si
on écrit dans la Constitution... si votre collègue écrit dans la Constitution
du Québec qu'on ne reconnaît pas le
droit à l'autodétermination, bien, on va à l'encontre de 20 ans de
négociations aux Nations unies pas juste pour les 11 nations du
Québec, pour l'ensemble des Premières Nations à travers le monde.
Alors, moi, M. le
ministre, je vous le dis, là, je... Et je suis prête à vous aider. Je suis
prête à vous aider parce que ça m'inquiète.
Si on parle de territoires... C'est sûr que le ministre va parler de
territoires dans sa constitution, mais ce n'est pas les nôtres. Je suis
très inquiète, M. le ministre.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
M. le député de l'Acadie, pour 18 min 10 s, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci, M. le Président. Alors, continuons dans le
domaine de la santé des jeunes, particulièrement du secondaire au Nunavik.
J'aimerais savoir, M. le ministre : Avez-vous pris connaissance de l'Enquête
sur la santé des jeunes du secondaire du Nunavik, qui a été réalisée par la
Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik et qui a
été déposée et publiée en mars 2025?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière :
Ça va faire partie de mes
devoirs, M. le Président. Honnêtement, vous me le dites, là, ça va faire...
M. Morin :
Parfait. Donc...
M.
Lafrenière : Puis je vois vos yeux, mais je ne vous mentirai pas, la
réponse est non.
M. Morin : Bon,
j'apprécie la réponse du ministre, M. le Président.
M. Lafrenière :
Puis ça m'intéresse énormément,
comme vous pouvez vous imaginer, là, mais la réponse est non. Puis c'est drôle parce que
j'étais quand même, la semaine passée, à Inukjuak, à l'AGA, où il y avait des
gens qui auraient pu m'en parler. Alors, je vais m'enquérir de ça.
M. Morin : Il n'y a pas... Ça va. Maintenant, moi, il y a des
éléments sur lesquels je tiens à attirer votre attention, M. le Président, notamment, chapitre 17,
toute la question de la violence. Et on nous dit que, depuis le début de
l'année scolaire, c'est environ trois
élèves du secondaire sur quatre, 76 %, qui ont été victimes de violence à
l'école, ou sur le chemin de l'école, ou de cyberintimidation. Alors,
c'est un chiffre qui est excessivement élevé. On souligne également que les
filles sont plus nombreuses que les garçons à avoir été victimes de violence à
l'école ou sur le chemin de l'école. 81 %.
Le chiffre est énorme. Et donc plusieurs aussi sont victimes de comportements
agressifs, indirects et directs. Alors, M. le Président, j'attire l'attention de M. le ministre là-dessus. Puis
je comprends qu'il y a un engagement de votre part, M. le ministre, à nous revenir et surtout nous
informer des mesures que vous allez mettre en place pour s'assurer que cette
situation-là va changer rapidement.
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Lafrenière : Oui, M. le Président. Puis, tantôt, dans mon grand
préambule, je rappelais aussi la partie de reconnaître les organisations qui
sont déjà au Nunavik. Oui, je vais m'enquérir de ce qui se passe, oui, je vais
faire le suivi avec la commission scolaire
KI, avec la régie. Mais je prendrais quand même un instant, M. le Président,
parce qu'il est vrai que je n'ai pas
lu le rapport, cependant, ce que mon collègue apporte, quand on parle de
violence au Nunavik, il y a des enjeux sur lesquels je peux
déjà donner des éléments de réponse, M. le Président.
Quand
on regarde — parce
que, pendant des années, on a vécu un fléau, au Nunavik, au niveau du suicide — les
chiffres sont encourageants. Il ne faut pas crier victoire, M. le
Président, les chiffres sont encourageants. Quand on regarde les taux de décrochage qu'on a eus au Nunavik,
bien que ce soit encore beaucoup trop élevé, il y a de l'amélioration
qui a été faite, M. le Président, récemment.
Et,
quand on parle de violence, pour moi, ça inclut la violence sexuelle aussi.
Vous savez qu'on a fait ensemble une commission transpartisane sur
l'exploitation sexuelle des mineurs. Vous savez qu'on a un plan. Vous savez qu'on y travaille avec le Nunavik.
Tout récemment, il y a un livre qui a été publié qui parle de cette réalité-là
puis qui est destiné aux clientèles autochtones et inuites. M. le
Président, on dit que 50 % des victimes d'exploitation sexuelle dans ce pays proviennent des Premières Nations et des Inuits. Quand on a fait la commission spéciale, on allait dans
les communautés, personne ne levait la main. Il y a encore un grand,
grand, grand tabou. Ça fait partie de la violence. On y travaille, M. le
Président.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Merci,
M. le Président. Autre élément, et vous avez peut-être lu l'article très
récemment dans les journaux, M. le ministre,
publié par Radio-Canada, Mme Michèle Bouchard : Un projet
pour intégrer les Innus à l'industrie de la construction. Donc,
je comprends que c'est surtout la FTQ Côte-Nord, constat qui a été dressé par
Pascal Langlois, et c'est une initiative...
ma compréhension, c'est de la FTQ avec Services
Québec et la Commission de la construction du Québec.
Cependant, j'attire votre attention
sur des éléments qui sont dans l'article. Et on dit : Les travailleurs
innus doivent attendre des mois et
des mois pour obtenir leur carte de compétence. On dit : «À compétences
égales, ils n'obtiennent pas leur
carte. Ils reçoivent une carte d'exemption.» Il y a des obstacles
supplémentaires pour les travailleurs autochtones. Et ce qu'on nous dit, c'est que les autochtones,
puis c'est normal, et je les comprends, ils ne veulent pas avoir de traitement préférentiel, mais ils voudraient être traités
comme tous les autres travailleurs, par exemple, et ne pas être discriminés.
Et on dit aussi que «le revenu annuel des
travailleurs issus des Premières
Nations est plus faible que celui du
reste de la main-d'oeuvre».
Êtes-vous
au courant? Moi, je tenais à vous sensibiliser là-dessus. Quelles sont les
mesures que vous allez prendre pour corriger cette situation?
Le
Président (M. Bachand) : ...
M.
Lafrenière : Merci, M. le Président. Puis un de mes travaux
importants, c'est de ne pas développer ce que
j'appelle deux silos, c'est-à-dire d'avoir le silo Premières Nations, Inuits et allochtones. Il faut qu'on soit capables de travailler ensemble. Puis ce que mon collègue
vient de mentionner, si un jeune Innu travaille à bâtir des maisons dans
sa communauté mais qu'il n'est pas reconnu,
qu'il n'est pas capable d'avoir ses cartes, donc il n'est pas capable d'aller
travailler à l'extérieur de la communauté, moi, M. le Président, je pense, ça
contribue à ce que je viens de vous dire, c'est-à-dire d'avoir des silos.
Il y a des projets
pilotes qui ont été faits, entre autres à Kahnawake, avec la CCQ, avec
l'ancienne présidente. Je suis déjà en lien
avec les gens qui sont à la CCQ, la Commission
de la construction du Québec. Je
m'excuse, M. le Président. On est...
On est horribles, des fois, avec les acronymes, puis je m'en excuse. Mais je
travaille déjà avec eux pour être
capable d'avoir une partie de reconnaissance pour faire en sorte que les gens
aient leur carte par la suite puis puissent aller travailler à
l'extérieur des communautés.
Moi, je suis allé à
Pessamit voilà pas très, très longtemps. Je peux vous confirmer que les gens
travaillent, ils ne manquent pas d'emplois,
mais il faut qu'il y ait cette possibilité-là pour quelqu'un de dire :
Moi, je peux aller travailler dans
n'importe quel autre chantier, je ne suis pas limité à travailler dans ma
communauté. Ça fait que le point que mon collègue apporte, il est
important.
Je sais que la Commission
de la construction du Québec a un plan d'action pour les Premières Nations et
je suis déjà en lien avec eux. Dans les
prochaines... Dans les deux prochaines semaines, je les rencontre pour voir
comment on peut faire un petit bout
de chemin encore plus loin là-dedans pour s'assurer que les gens aient accès à
des cartes de compétence aussi. Ça, c'est drôlement important.
M. Morin :
Parfait.Merci. Alors, M.
le Président, prochaine question, plus spécifique, question 46 des
renseignements particuliers dans le cahier de l'opposition officielle,
projet de construction du nouveau Centre d'amitié autochtone de Lanaudière. L'an dernier, ce projet-là devait être
réalisé en 2025. Or, d'après ma compréhension, c'est qu'il n'est toujours pas
fini puis que ce serait fini en 2026. Pourquoi ce retard?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière :
Merci, M. le Président. Je prends connaissance de l'information aussi parce
que je connais bien ce projet-là, qui est un projet important, mais, avec
l'accord de mon collègue, j'aimerais encore une fois donner la chance à
quelqu'un de l'administration de pouvoir commencer la réponse, M. le Président.
M. Morin :
Bien.
Le
Président (M. Bachand) : Est-ce qu'il y a consentement?
M. Morin : Il
y a consentement, M. le Président.
• (11 h 20) •
Des voix : ...
Le
Président (M. Bachand) : Rapidement, s'il
vous plaît.
M. Morin :
Bien, écoutez, dans ce cas-là, monsieur...
M.
Lafrenière : Je leur ai fait une passe trop vite, M. le Président.
Écoutez, je veux juste revenir puis je vais commencer
la réponse, si vous me permettez, M. le Président, puis, si ça fait... si c'est
correct pour mon collègue. Je sais qu'on a eu un enjeu au niveau du
terrain au tout début de ce projet-là, parce que c'est un projet important,
vous savez pourquoi, le tout a commencé avec
Joyce Echaquan. On a travaillé très fort avec les gens du centre d'amitié, qui
voulaient se relocaliser. On a eu un enjeu au début. Je sais qu'il y a un enjeu
de terrain. Cependant, je préfère une réponse plus complète et écrite à
mon collègue pour voir pourquoi le délai.
Le
Président (M. Bachand) : ...merci.
M. Lafrenière : Mais, je veux le rassurer, ce n'est pas parce
qu'on a mis de l'argent de côté ou quoi que ce soit. Il y a un enjeu. Je
vais vous revenir.
M. Morin :
Très bien.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de
l'Acadie, oui.
M. Morin : Alors,
je vais attendre éventuellement les renseignements...
Autre
question, en lien, cette fois-ci, avec la question 59. En 2024-2025, le
secrétariat avait déboursé 166 600 $, par le biais du Fonds
d'initiatives autochtones IV, pour soutenir des projets en lien avec
l'amélioration de la justice pour les autochtones. Auparavant, ce montant-là
était de 213 000 $. Qu'est-ce qui explique cette baisse?
Le
Président (M. Bachand) : ...
M. Lafrenière :
Je savais qu'il voulait
absolument en parler, alors j'ai quelqu'un de l'administration qui peut venir nous
en parler, M. le Président.
En
passant, M. le Président, tout à l'heure, pour le Centre d'amitié autochtone,
en même temps qu'on se parlait, il y a de l'information aussi qui nous
parvenait. Je sais que, quand les appels d'offres ont été ouverts, il y avait
une explosion de coûts, alors c'est une... ce serait une des raisons. Mais je
garde l'engagement de vous revenir par écrit complètement.
M. Morin : Merci,
M. le Président.
M.
Lafrenière : Alors, M. le Président, est-ce qu'il y a consentement
pour que notre spécialiste du Fonds d'initiatives autochtones puisse venir nous
parler?
M. Morin : Il
y a consentement.
Une voix : Consentement.
Le
Président (M. Bachand) : M. Tremblay. Oui,
allez-y.
M.
Larouche-Tremblay (Yannick) : Oui. Ça fonctionne toujours?
Une voix : Oui.
M.
Larouche-Tremblay (Yannick) : Bien, peut-être juste... Bien, pour
Lanaudière, oui, on reviendra avec une réponse écrite, mais effectivement, là,
la raison principale du retard, c'est le terrain, c'est le temps que le terrain
soit donné à l'organisation pour être capable de mettre en oeuvre les travaux.
Puis après ça il y a tous les processus d'appel d'offres qui s'ensuivent pour
la construction, mais c'est quelque chose qui est assez administratif puis qui
devrait se placer. Puis on pourra l'expliquer en détail dans une réponse
écrite.
M. Morin : Merci.
M.
Larouche-Tremblay (Yannick) : Pour ce qui est de la question...
M. Morin : Alors,
la question relativement au Fonds d'initiatives autochtones IV en lien
avec la justice, c'était 213 000 $, ce serait rendu à
166 600 $, selon les informations que nous avons obtenues.
M.
Larouche-Tremblay (Yannick) : Oui. Donc, tous ces montants-là, c'est
les montants octroyés dans les exercices financiers en cours. Puis
essentiellement la réponse, c'est... le Fonds d'initiatives autochtones est un programme qui est... Je ne ferai pas de pédagogie
de programmes, mais il y a beaucoup de programmes qui vont fonctionner en appel de projets. Souvent, le gouvernement va
ouvrir des appels de projets, va prendre des projets pendant une certaine
période.
Le Fonds
d'initiatives autochtones IV, lui, c'est un programme qui est ouvert en
continu et qui s'échelonne sur une période
de cinq ans. Donc, à l'intérieur de la période de cinq ans, les promoteurs de
projets, les organismes qui réalisent
des projets en fonction de différentes thématiques peuvent soumettre des
projets à essentiellement n'importe quel moment dans le temps pendant la
période de durée de vie du programme. C'est ce qui fait qu'on ne peut pas
planifier les budgets sur une base annuelle par rapport à ces thématiques-là.
Et le programme est assez large, d'une manière
à couvrir des besoins qui sont très variés, que ce soient des projets
spécifiques en lien avec la justice, le soutien aux femmes ou... il peut y avoir autant, là, d'angles ou de projets, des
projets en milieu urbain. Donc, on est capables de prendre en charge
vraiment différents projets qui couvrent différents angles ou différents
thèmes.
Donc, année après année, selon les projets en
cours dans les milieux puis selon ce qu'on reçoit, bien, on va analyser les
projets en cours de route puis les annoncer. Donc, il peut y avoir des
variations annuelles. Ce n'est pas des budgets qui sont réservés par
thématique, en fait. C'est ce que j'essaie de dire.
M.
Morin : Alors, est-ce que je comprends de votre réponse que c'est
parce qu'il y a eu moins d'appels à projets
ou il y a eu moins de projets retenus, mais que le montant alloué à l'initiative
n'a pas diminué? Est-ce que c'est ce que vous dites?
M.
Larouche-Tremblay (Yannick) : En fait, ni un ni l'autre.
M. Morin : Ni
un ni l'autre.
M.
Larouche-Tremblay (Yannick) : Dans le fond, on ne fonctionne pas en
appel de projets. Donc, comme on ne fonctionne pas en appel de projets, à tout
moment, un organisme autochtone qui a un projet qu'il souhaite faire financer,
il peut nous le déposer. Donc, ce que ça veut dire, c'est que, sur la base de
la demande ou des projets qu'on a reçus en lien
avec cette thématique-là, il peut... Et ça peut être deux choses. Il peut y en
avoir... soit y en avoir eu moins pendant une année par rapport à une autre,
des demandes qu'on a reçues... Puis on n'a aucun refus en lien avec des projets
de cette thématique-là. Donc, on n'a pas refusé de projets liés à ça.
M. Morin : D'accord.
M.
Larouche-Tremblay (Yannick) : Donc, ça peut être soit une variation de
la demande — une
année, on a reçu plus de projets des
organismes autochtones sur le terrain liés à cette thématique-là que l'autre — et
il peut y avoir aussi, des fois,
juste la question du décaissement. On en a parlé un petit peu tantôt par
rapport à Femmes autochtones. Des
fois, on va recevoir soit la reddition de comptes d'une année précédente, on va
la savoir l'année d'après. Donc, au niveau
des versements, ça peut varier d'un exercice à l'autre parce que le programme
s'échelonne sur une période de cinq ans et qu'on reçoit les demandes à
n'importe quel moment dans le temps pendant une période de cinq ans.
M. Morin : Parfait.
Et donc je comprends que le montant alloué au projet, lui, n'a pas diminué.
M.
Larouche-Tremblay (Yannick) : N'a pas diminué.
M. Morin : Très
bien. Je vous remercie. Merci, M. le Président.
M. Lafrenière :
Je veux rassurer mon collègue, M. le Président. Le 188 millions sur
cinq ans pour les fonds d'initiatives autochtones, il y a même eu une
augmentation, pour cette année, de 10 millions. C'est 45 millions
pour cette année. Ça fait que je comprends très bien ce que mon collègue veut
tenter d'illustrer, mais, je veux le rassurer, il n'y a pas de coupure.
Et l'autre point que
je dirais aussi pour mon collègue, la façon qu'on fonctionne pour les FIA avec
les communautés, comme c'est sur cinq ans, il
y a des communautés qui, dès la première année, nous présentent beaucoup
de projets, il y en a d'autres qui attendent
un petit peu. Là, on a fait un travail avec elles pour leur dire qu'ils ne
pouvaient pas remettre d'un fonds à l'autre. Alors, ils doivent le
prendre pendant les cinq ans. Mais, contrairement à d'autres projets, là, c'est très, très, très... j'étais
pour dire «ouvert» et très adapté. Quand on dit de faire les choses
différemment, là, le FIA est très adapté.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Merci, M. le Président. Le projet de loi
n° 91, Tribunal unifié de la famille, vous vous rappellerez, dans
ce projet de loi, votre collègue le ministre de la Justice a rendu la médiation
en matière familiale obligatoire. Moi, j'ai
fait ressortir qu'il y a déjà des communautés des Premières Nations qui ont de la médiation, que ça fonctionne. Alors, j'aimerais savoir : Est-ce que vous
avez eu des rencontres avec le ministre de la Justice pour lui faire valoir l'importance des... du système de médiation qui
existe déjà dans des communautés des Premières
Nations et comment le projet de loi
va s'adapter à leur réalité? Et est-ce que vous avez été capable de trouver un
chemin de passage?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Lafrenière :
Merci, M. le Président. La
réponse est non. Cependant, très clairement, la CSSSPNQL nous a écrit disant qu'ils n'avaient pas été consultés.
Moi, j'ai espoir, pour l'étape réglementaire, qu'on puisse arriver à quelque
chose, là, qui va être une solution
importante. Puis mon collègue m'a déjà sensibilisé à ça, M. le Président. Et il
a raison, c'est important, il faut trouver une solution. Moi, j'espère que, par
voie réglementaire, on va arriver à trouver quelque chose qui va être une voie de passage acceptable.
Alors, ça va se faire bientôt, mais j'ai d'autres étapes à faire avant ça.
M. Morin : Sauf que, vous comprendrez, M. le Président, que,
si la médiation est obligatoire en vertu de la loi, ça va être un peu
difficile, par règlement, d'aller à l'encontre de la loi.
M.
Lafrenière : C'est pour ça que je vous dis, au niveau de
l'application, ce ne sera pas la première loi ou la première adaptation qu'on aura faite ici, M. le Président, de
trouver une façon, pour les Premières
Nations, que ça s'adapte.
Honnêtement, M. le Président, là, je veux regarder avec la CSSSPNQL et, oui, je
vais faire représentation auprès de mon collègue.
M. Morin : Très
bien. J'apprécie. Ça va me permettre de faire le pont avec une question que ma
collègue vous a posée précédemment. Ce que je comprends, c'est que le même
ministre de la Justice travaille sur un projet de constitution pour le Québec.
Je comprends également qu'il y a un mandat qui aurait été donné au
Pr Taillon. Ce sera à vous de vérifier. Je ne sais pas si vous avez vu la
lettre de mandat que le rédacteur a eue, mais j'aimerais vous sensibiliser, tout comme l'a fait ma collègue, au
fait que les Premières Nations étaient ici avant nous et que j'espère que, dans
sa lettre de mandat, il va en tenir compte, d'une part. Puis, d'autre part, je
vous demande de sensibiliser votre collègue à nouveau, parce que, s'il n'y a
pas eu de sensibilisation au niveau de la médiation obligatoire, je ne vous dis pas que ce n'est pas important, mais, une
constitution, on est ailleurs, là. Alors, ça m'apparaît tout à fait... tout à fait essentiel. Et évidemment j'espère que, pour la médiation obligatoire,
vous allez être capable de trouver une voie de passage.
Et, pour les prochains projets de loi qui
pourraient être déposés, je ne sais pas comment vous fonctionnez au Conseil des ministres, mais, M. le ministre, je pense que ce serait
important qu'il y ait de la consultation en amont. Ce n'est pas la première fois... et là je dirais même
que les oppositions vous ont dit que la consultation, c'était fondamental avec
les Premières Nations. Bon, voilà.
Alors, plan
nordique 2023-2028, est-ce qu'il y a des avancements qui ont été faits en
ce qui a trait à la mise en oeuvre? Et combien d'argent a été dépensé
cette année pour faire avancer le Plan d'action nordique 2023-2028?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : M. le Président, je
sais qu'il y a des... Je n'aime pas répondre ça parce que je veux absolument
répondre à mon collègue. Là, on parle vraiment de la Société du Plan Nord. On
est au courant un peu. Mais, honnêtement...
Je peux m'engager au nom de la Société
du Plan Nord, là, mais vous
comprenez... Puis je ne veux pas m'en défiler, M. le Président. Mon équipe le
sait, là, je déteste cette réaction-là. Ça me fait penser, dans une grande
chaîne, quand on se fait envoyer d'un à l'autre, là. Mais je veux être
transparent avec mon collègue, c'est... du côté de la Société du Plan
Nord, c'est... Je ne suis pas à l'aise du tout de vous dire quelque chose, là,
qui ne tient pas la route.
• (11 h 30) •
M. Morin : Je comprends. Je
comprends que M. le ministre va aller aux nouvelles et qu'il pourra informer la
commission éventuellement. Je vous remercie.
Demande
de renseignements particuliers de l'opposition officielle, la question n° 19, ce que je constate, M. le ministre, vous aviez demandé 423,8 millions au Conseil du trésor. Or, cette
année, vous avez demandé 413,2 millions. Pourquoi cette baisse?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : 40 secondes, M. le
ministre.
M. Lafrenière : Oui. Excusez-moi, M.
le Président. Pour la question du collègue, je veux le rassurer, par la suite, au budget, je suis sûr aussi qu'il l'a vu,
qu'il y a un 22,4 millions qui a été ajouté pour le coût de la vie au Nunavik.
C'est une mesure importante qui a été mise
dans le budget aussi. Les crédits qui avaient été demandés, c'était 413,2 millions. Entre autres, c'était au
niveau des transferts qu'on fait avec les nations conventionnées. C'est des
règles mathématiques — je peux demander à quelqu'un de vous
l'expliquer pendant plus qu'une demi-heure, par exemple, là — qui
feraient en sorte que les transferts sont moins élevés avec les nations
conventionnées. Puis je veux rassurer le
collègue : ce n'est pas parce qu'on a coupé des programmes, ce n'est pas
parce que les gens sur le terrain vont voir une absence de programmes,
c'est vraiment dans les transferts qu'on fait, entre autres avec les nations
conventionnées, et il se rajoute 22,4 millions pour le Nunavik.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Je me tourne
maintenant vers la partie gouvernementale pour 13 min 16 s. M.
le député de Saint-Louis... Saint-Jean, pardon. C'est parce que je mêlais les
deux, là. Désolé.
M. Lemieux : Bien sûr, bien sûr. Je
vais en avoir un... il s'en vient.
Merci, M. le Président. En guise de salutation
pour les collègues, je voudrais partager avec vous que, depuis presque deux heures maintenant, je suis
impressionné. C'est comme si on avait eu une mise à niveau, un cours accéléré
Premières Nations, et puis c'est grâce aux collègues des oppositions et de
leurs questions. Et sans flagornerie, parce que
tout le monde sait que moi et le ministre, on aime beaucoup se taquiner, mais
sans flagornerie, c'était très intéressant. Alors, je vais... les... la
dernière trois-quarts, là, et je vais essayer de finir ça avec mes collègues en
revenant sur certaines choses, et les autres ont d'autres questions.
Moi, M. le ministre, vous avez dit, tout à
l'heure : Horrible avec les acronymes. Vous avez tellement raison, c'est propre au gouvernement, mais je pense que
vous, vous êtes un des meilleurs dans les acronymes, ou des plus mal pris,
DNUDPA, je ne vous ferai pas languir, vous savez ce que c'est mieux que moi, la
Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Nos collègues de l'opposition... des oppositions en ont parlé tout à l'heure.
Il se trouve que le nouveau chef de l'APNQL,
un autre acronyme pour vous, là, Francis Verreault-Paul, de Mashteuiatsh — quand
je le dis, j'ai toujours un petit... un petit frisson, parce que j'y ai passé...
je passais par là tellement souvent, mais, en tout cas, quel bel endroit — qui
en a fait sa priorité, de cet... du DNUDPA.
Et l'affaire, c'est qu'ils sont allés récemment
à l'ONU... pas à l'ONU, mais ils sont allés aux États-Unis avec une délégation
pour dire qu'il y avait des gros problèmes avec ça chez nous. Pourtant, on a
quatre motions, comme les...
comme les collègues l'ont bien dit, qui sont en faveur de ça. Ça fait que, dans
le fond, vous avez dit, tout à l'heure, puis ça m'est resté dans
l'oreille, vous avez dit : Nous, on veut faire vivre ça à travers les
ententes qu'on conclut avec les communautés.
Je trouve ça très beau, très louable, mais c'est quoi, au juste, que vous
faites vivre? Comment ça se vit? C'est quoi, ces ententes-là?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière :
Oui, merci. Merci, M. le
Président. Puis mon collègue comprend pourquoi on utilise l'acronyme,
parce que d'avoir dit les deux au long, c'est enlever presque une minute.
Alors, c'est complexe.
Pour ce qui est du
geste qui a été posé par les chefs lors de leur passage à New York avec les Nations
unies, moi, je l'ai dit récemment, je le
comprends très bien. Vous savez, pour ceux qui nous écoutent, M. le Président,
je pense qu'on était sur une belle
lancée pendant les trois, quatre dernières années, on a parlé beaucoup des
sujets autochtones. Puis, on va l'avouer, depuis les derniers mois, ce qui se
passe au sud de la frontière, je pense que le sujet, pas de notre côté,
mais en général, ne fait plus vraiment la clip, n'est plus vraiment dans les
médias. Je pense, leur geste, c'était important
pour rappeler : Écoutez, nous autres, on est là, puis c'est important,
puis on vit les impacts des changements climatiques, puis on vit des
impacts au quotidien, on est là. Moi, c'est comme ça que je l'ai reçu, M. le
Président.
J'ai rencontré le
chef moi-même, puis on s'est dit, là, que, dans les prochaines semaines, on va
s'asseoir ensemble aussi pour regarder ce que c'est puis ce que ce n'est pas.
Je peux vous dire ce que ce n'est pas. L'approche de la Colombie-Britannique, qui a mis une structure étatique en place à
4,5 millions par année pour regarder, dans chacune des lois, comment ça y arrivait, ce n'est pas
l'approche qu'on a préconisée. Puis ça, moi et le chef, on l'a... on s'est
entendu sur cette vision-là, puis il
m'a dit : Ce n'est pas nécessairement ce qu'ils avaient en tête, eux. Ça
fait qu'on va le regarder ensemble.
Je peux vous dire ce
qu'on fait aussi, M. le Président, parce qu'en passant la Déclaration des
Nations unies sur les droits des peuples
autochtones, bien que ce soit important, ça ne règle pas tout, puis on a deux
beaux exemples au fédéral, ça n'a pas empêché de faire un pipeline dans
l'Ouest canadien. Puis vous savez ce que ça a causé? Ça a causé Wet'suwet'en, qu'on a eu des gros impacts au
Québec. Ça n'a pas empêché, récemment, le dossier de Chalk River, pour lequel nous avons des impacts aussi. Ça fait
que, je veux dire, bien que ce soit important de reconnaître la déclaration des
Nations unies, je ne veux juste pas qu'on voit ça comme un remède miracle, ça
ne règle pas tout.
Ce
qu'on a décidé de faire, puis je vais vous laisser... je vais vous donner
quelques exemples, M. le Président, c'est de lui donner vie, à cette
déclaration des Nations unies. Puis un exemple que mes collègues connaissent
très, très bien, c'est l'article 12
concernant le droit au rapatriement de leurs restes humains. Bien, nous, on l'a
fait avec notre loi n° 79, qu'on a faite ensemble, avec les
oppositions. Puis, en septembre 2024, on était ensemble à... on était ensemble
à Mistissini pour le rapatriement du jeune corps qui avait été enterré à La
Tuque auparavant.
L'article 3
concernant le droit d'assurer librement leur développement économique, on a mis
ensemble... on a mis sur place le fonds de réconciliation de 45 millions
avec Pessamit, le fonds de développement économique avec Pikogan, copropriété
de la ligne de transport à Kahnawake.
L'article 24
concernant le droit de conserver les pratiques médicales traditionnelles, avec
notre projet de loi n° 32, M. le Président, on lui a donné suite.
L'article 26 concernant la protection des terres, l'aire protégée de
Chicobi, parc national Nibiischii, c'est le
deuxième plus grand parc qui a été créé au Québec. Puis ça, c'est avec et par
des Premières Nations. J'en ai
une liste, M. le Président, puis le temps va nous manquer.
Ce que je veux vous
dire, cependant, c'est, un, on est d'accord, parce qu'à quatre reprises on a
tous voté en accord là-dessus, on est d'accord avec le principe, mais ça... en
passant, ça remonte à 2007‑2010, là. On peut nous reprocher depuis 2018, mais, avant ça, on n'était pas là. Si c'était si
simple, quelqu'un l'aurait fait avant nous. Ce n'est pas si simple que
ça de voir comment on lui donne vie, mais surtout, puis les collègues l'ont dit
tantôt, concrètement, concrètement, qu'est-ce que ça va changer. Je vais le
redire encore une fois : Bien que le fédéral l'ait signé, il y a deux événements majeurs qui sont arrivés, du côté
fédéral, où ça n'a pas changé du tout, du tout la donne, c'est-à-dire le
pipeline et Chalk River. Alors, c'est important, je veux travailler avec
l'APNQL là-dessus, je ne veux juste pas voir ça comme un remède miracle,
cependant.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
M. le député de Joliette.
M. St-Louis :
Merci beaucoup, M. le Président.
Permettez-moi d'abord de saluer les collègues des oppositions, la banquette
gouvernementale, l'équipe ministérielle. M. le ministre, comme vous le savez,
je suis non seulement député de Joliette, mais j'habite Joliette depuis
ma tendre enfance. Vous en avez parlé tantôt, le 28 septembre 2020, une
onde de choc traversait le Québec au moment où les Québécois et les Québécoises
apprenaient la triste histoire de Joyce Echaquan, qui a eu lieu à l'hôpital de
Joliette. Un événement tragique qui commandait à... puis commande toujours une
réflexion profonde, une remise en question sérieuse, mais aussi et surtout une
réponse politique forte et claire. C'était
notre devoir et c'est toujours notre devoir de rendre le réseau plus
sécuritaire. Puis je parle du réseau, ici, de santé et des services
sociaux.
La
sécurisation culturelle, vous en avez parlé brièvement tout à l'heure.
J'aimerais ça qu'on puisse revenir sur les gestes que vous avez posés, que nous
avons posés comme gouvernement. Donc, j'aimerais vous entendre sur le sujet.
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Oui.
Merci. Merci, M. le Président. Puis ça fait partie de la première annonce que
j'ai faite comme ministre responsable, à l'époque, c'étaient des Affaires
autochtones, avec mon collègue ministre de la Santé, c'était vraiment la
sécurisation culturelle, en disant : Il faut agir. Puis mon collègue le
soulignait à juste... oui, ça a commencé...
l'électrochoc est arrivé avec Joyce Echaquan, mais, tout le long des
consultations, tout le long travail qu'on a fait, on s'est rendu compte
que c'était bien plus large, puis il fallait agir, il fallait faire de quoi.
Dans les
éléments importants dans notre loi, notre projet de loi n° 32, à
l'époque, il y a l'obligation de travailler avec des représentants des
Premières Nations pour développer des mesures. On a décidé de ne pas y aller
dans le mur-à-mur, M. le Président, de
développer des mesures qui étaient adaptées pour Joliette. En passant, j'ai vu
l'ancienne P.D.G., tout à l'heure, qui était ici, à l'Assemblée, qui a
fait un travail remarquable lors de son passage. L'obligation de déposer un
rapport à l'Assemblée nationale et aux communautés pour que les gens voient
plus de transparence, qu'est-ce que le CIUSSS fait sur la Basse-Côte-Nord,
qu'est-ce qu'un autre CIUSSS fait ailleurs au Québec pour partager les méthodes
gagnantes. Je ne vois pas ça comme le bâton, je vois ça plutôt comme une façon
proactive de dire : Il se fait des
belles choses ailleurs, vous pouvez les faire. Un comité national sur la
sécurisation culturelle pour être capable de conseiller le ministre en
disant : Voici ce qui est bon, ce qui pourrait être mieux.
• (11 h 40) •
Et ce qui est
vraiment important, qu'on a réussi à faire, c'est l'habilitation de personnes
autochtones pour poser trois actes réservés. Ça, on l'a travaillé
beaucoup avec les partenaires, parce qu'exemple, exemple, au Nunavik, on avait des besoins criants en matière de protection
de la jeunesse, pour évaluer des jeunes. Et ça, avec les ordres, on a réussi
à trouver une solution qui amène un résultat
demain, c'est du concret, c'est du réel. Ça, on en est fiers. Ça fait que, oui,
le p.l. n° 32 est venu faire ça, mais, M. le Président, on a
tendance à... puis c'est la nature de la bête, vous allez me dire, de ne
pas voir ce qu'il y a de bien qui se réalise déjà.
Puis il y a
des exemples incroyables. Tu sais, à La Tuque, il y a une pharmacie qui a
décidé de faire des piluliers en attikamek. Il fallait juste y penser.
Pour le Nunavik, il y a une application qui a été développée pour le personnel
de la santé pour avoir les termes médicaux en inuktitut. Il fallait y penser,
mais ça se fait. Des formations qui ont été développées dans deux semaines au
CHU de Québec, je vais le dire comme il faut, pas le CHUQ, mais le CHU de Québec, je m'excuse pour mon collègue de
Saint-Jean, là, le Centre hospitalier universitaire de Québec, ils vont ouvrir
vraiment un volet autochtone, une partie importante. Il y a des gens qui ont
développé des accès, il y a des affiches qui ont été mises dans plusieurs
langues pour accueillir les gens, il y a des employés qui ont été embauchés. On
a un responsable des plaintes, que mon
collègue connaît très, très bien, du côté de Joliette, qui provient de la
communauté, parce que lui, il peut entendre aussi dans la communauté ce
qui se dit.
Alors, on a
décidé de ne pas aller dans du mur-à-mur, de laisser les régions s'adapter à
leur réalité, mais d'avoir l'obligation d'être transparent puis de faire
rapport. Ça fait que ça, moi, j'en suis très fier. Ça fait que ce n'est pas tout réglé, clair, il faut garder un oeil très
vigilant là-dessus. Et moi, je pense qu'il y a un éveil collectif suite à ce
qui est arrivé, qui est une tragédie,
qui est un électrochoc. Moi, je pense que les gens sont très, très, très
sensibles à ça puis j'ai espoir pour le futur.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député Joliette, ça
va? M. le député de Vanier-Les Rivières, s'il vous plaît.
M. Asselin : Merci beaucoup, M. le
Président. Je veux... (Panne de son) ...du côté du ministre, de nous avoir engagés, la députée de Vimont et moi, lorsqu'on
est allés à Kuujjuaq, grandement apprécié, votre ouverture de
sensibiliser comme ça un certain nombre de députés à la... aux réalités
inuites et autochtones.
Dans... pas
loin de ma... de mon comté, de ma circonscription, il y a la nation
d'entrepreneurs, puis je sais pourquoi les entrepreneurs sont importants
pour notre gouvernement. Est-ce que le ministre peut nous dire l'accompagnement
des entreprises dans leurs projets? Parce
que les Wendats sont vraiment versés dans l'entreprise. Alors, je vous laisse
aller pour nous nous dire comment ça va se concrétiser.
M. Lafrenière : Merci beaucoup. Puis
cher collègue a parlé du déplacement en communautés, j'en profite, M. le Président, pour expliquer, ça fait partie de
mon travail. Puis je l'ai fait avec des députés de l'opposition quand on dépose le rapport de la loi n° 79.
J'ai passé bien près d'aller même au Nunavik avec un collègue de l'opposition,
ce n'est que partie remise. C'est le travail. Pourquoi? Parce que, M. le
Président, je pense, c'est un célèbre... une célèbre personne que vous
connaissez tous qui disait : «On ne veut pas le savoir, on veut le voir.»
Je viens de citer Yvon Deschamps, mais
d'aller sur le terrain, d'aller voir les gens, de voir leur réalité, de les
entendre, quoi de mieux? Alors, oui, il est vrai qu'une grande partie du
caucus s'est déplacée, et je vais faire la même chose avec les collègues des
oppositions, on le fait annuellement dans le
rapport 79. Et tantôt mes collègues des oppositions me disaient : M.
le ministre, allez-vous sensibiliser
vos collègues ministres? J'ai fait la tournée de tous les ministères pour les
rencontrer, il m'en reste encore quelques-uns
à faire. J'ai invité des ministres aussi à venir voir sur le terrain comment ça
se passait. C'est aussi ça, ma job.
Alors, excusez-moi pour la longue intro, mais je
reviens à votre question. Pour Wendake, c'est l'endroit où on a le plus
d'entrepreneurs au Québec dans une communauté, c'est Wendake. Ils sont juste
ici, à proximité. Vous connaissez tous
Onhwa' Lumina; si vous ne le connaissez pas, je vous invite à y aller. On parle
de tourisme autochtone, quelque chose d'extrêmement important, et on
investit là-dedans, le restaurant la Sagamité aussi qu'il y a du côté de
Wendake.
On a osé
aussi, M. le Président, puis là je vais l'avouer, parce qu'il ne reste pas
beaucoup de temps, puis je vais sortir
ça en terminant... mais un projet extrêmement important qui s'appelle le CHSLD
la Tortue. Pourquoi j'en parle? Parce que, M. le Président, là-dedans, j'arrivais,
je vous dirais que c'est un projet dans lequel, normalement, le gouvernement du
Québec n'aurait jamais investi, un CHSLD, c'est de responsabilité fédérale. Et
le premier ministre et moi, on s'est dit :
On va y aller puis on demandera au fédéral, par la suite, d'embarquer, puis
c'est sûr qu'ils vont tenir leurs promesses et leurs responsabilités,
puis ce n'est pas arrivé. Alors, on l'a fait, on a embarqué, nous, le
gouvernement du Québec a aidé la communauté
pour le CHSLD parce que c'était important, c'était la bonne décision à prendre.
Cependant, on... le fédéral s'est rapporté absent pour cet élément-là.
Il y a beaucoup de beaux projets du côté de
Wendake, on a... En passant, on parle maintenant des Wendats. Depuis une semaine, on ne dit plus Hurons-Wendats,
on dit Wendats, je vois ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques qui applaudit ça, c'est lors
d'un référendum.
Alors, ça se termine comme ça. Je vais vous dire
merci à tous et toutes. À chaque fois, on avance dans notre approche de nation
à nation. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Le temps alloué à
l'étude du volet Affaires autochtones des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux
voix.
Adoption des crédits
Est-ce que le programme 4, intitulé
Relations avec les Premières Nations et les Inuit, est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté sur division.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 18 heures, où
elle va entreprendre l'étude du volet Accès à l'information des crédits
budgétaires du portefeuille Conseil exécutif. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 45)
(Reprise à 17 h 59)
Le
Président (M. Bachand) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
début de soirée à tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la commission des Institutions ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Accès à l'information des crédits budgétaires du portefeuille
Conseil exécutif pour l'exercice financier de 2025-2026. Une enveloppe de
1 h 15 min a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
• (18 heures) •
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis) est remplacée par Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont)
et Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques) est remplacée par M. Zanetti
(Jean-Lesage).
Accès à l'information
Le
Président (M. Bachand) :
Alors, comme vous le savez, nous
allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ
20 minutes, incluant les questions et les réponses.
Discussion générale
Il me fait
plaisir de céder la parole à la députée de Mont-Royal—Outremont pour un premier bloc de 22 min 47 s. Mme la
députée, s'il vous plaît.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Bonjour. Bonsoir à vous tous. Bonjour, M. le ministre, vos équipes,
collègues. Nous voilà encore réunis pour parler accès à l'information.
Donc, sans plus tarder, première question sur
les responsabilités du personnel politique de certains cabinets ministériels. On a reçu la liste du personnel,
récemment, j'y ai jeté un coup d'oeil puis je continue d'être préoccupée par
rapport à une certaine proximité entre les cabinets politiques et les
fonctionnaires dans le traitement des demandes d'accès à l'information. Je vois qu'il y a encore des personnes qui ont
des responsabilités en lien avec l'accès à l'information dans plusieurs
cabinets, notamment au cabinet du premier ministre, la vice-première ministre,
en Enseignement supérieur, vous-mêmes,
Affaires municipales, Emploi, Travail, Santé, Services sociaux et Sports, et on
ne désigne pas toujours la responsabilité de la même
façon. Des fois, on parle de... Bien, ma première question, c'est : Bon,
comment expliquez-vous qu'il y ait des responsables de l'accès à l'information
dans un bon nombre de cabinets? Vous ne voyez pas là une apparence de
proximité?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Roberge : Merci.
Bien, d'abord, bonjour, chers collègues, les collègues des oppositions, la
banquette gouvernementale. Merci aux équipes qui nous aident. Mme la présidente
de la Commission d'accès à l'information, merci d'être ici avec nous, les
équipes aussi qui vont nous aider à répondre.
Juste
un élément de contexte, on va y venir précisément, mais... un élément de
contexte important, mentionner que
c'est notre gouvernement qui, avec la loi n° 25,
est venu clarifier les choses puis est venu préciser l'indépendance des
fonctionnaires qui s'occupent de l'accès à l'information puis préciser
justement que les personnes qui répondent aux
questions, bien, doivent le faire en toute indépendance. Ce n'était pas dans la
loi avant, c'est nous qui l'avons fait, donc... Excusez-moi, le micro
sile un peu.
Ceci dit, quand il y
a des demandes d'accès à l'information, à un moment donné, la décision est
prise non pas par le ministre ou par son cabinet, mais par le responsable de
l'accès à l'information au sein du ministère, puis, à un moment donné, on nous
avise : Ceci sera rendu public. Il faut qu'il y ait quelqu'un qui serve de
courroie de transmission. Il faut que le fonctionnaire puisse dire : Bon,
bien, je transmets cette information-là. Ça passe par la personne du cabinet
qui dit : Bon, bien, voici, ceci sera rendu public. Mais on ne décide pas
en cabinet de ce qui sera rendu public ou pas ou de ce qui sera caviardé ou
pas.
Mme
Setlakwe : Merci. Donc, oui, on... j'avais compris aussi, on en avait
parlé l'an dernier, que le principe d'autonomie est bien enchâssé dans la loi,
mais encore faut-il qu'il soit mis en application. Je ne dis pas qu'il ne l'est
pas, on en parle, vous répondez à certaines de mes questions. Vous ne pensez
pas que ça peut porter à confusion qu'il y
ait ces responsabilités qui soient énoncées dans les responsabilités de
certains membres du cabinet, par exemple une conseillère politique, au
niveau de l'équipe des politiques gouvernementales au sein du cabinet du
premier ministre, qui est responsable du
suivi des demandes d'accès à l'information? Quoique, dans ce cas-ci, on parle
de suivi et d'autres... pour d'autres
personnes, le titre est différent. Vous ne pensez pas que ça peut porter à
confusion? Quelqu'un pourrait voir ça puis dire : Bon, bien, est-ce
que c'est là que je dois adresser ma demande d'accès à l'information?
M. Roberge : Je...
Qui ferait cette demande-là? Mettons un journaliste, il communiquerait avec le
cabinet?
Mme
Setlakwe : Mais les personnes qui font des demandes, ça peut être la
population, c'est des journalistes, ça peut être... mais c'est beaucoup la
population qui fait des demandes d'accès à l'information. Le fait qu'on ait
cette responsabilité spécifique dans la liste des responsabilités d'un membre
d'un cabinet, vous ne pensez pas que ça peut porter... ça puisse porter à
confusion?
M. Roberge : Bien,
je ne crois pas, parce qu'il y a des procédures, puis, sur le site de l'accès à
l'information, on précise comment le faire.
Il y a quelqu'un qui... Il peut y avoir quelqu'un dans un cabinet qui transmet
l'information, c'est-à-dire : Ah! il y a eu une demande d'accès à
l'information, voici ce qui sera divulgué, voici la décision du ministère. Il
peut y avoir aussi des... parfois il y a des demandes d'accès à l'information
qui s'adressent au cabinet. Il faut bien que la personne du ministère sache à
qui communiquer quand on veut savoir ce qui est... Quand ça touche le cabinet, ça prend quelqu'un, mais il n'y a pas
de confusion des genres. Mais je m'étonne un peu de cette question-là parce que le leader de la formation politique
de ma collègue de l'opposition officielle, au Parti libéral, a plusieurs fois,
dans les dernières semaines, en Chambre, interpelé le gouvernement pour qu'il
décide de ce qui doit être rendu public ou pas, en contradiction
complète de la loi. Le leader du Parti libéral disait : Vous devez
décaviarder tel, tel passage, vous devez
rendre public tel passage. Si on l'avait fait, si on avait écouté le Parti
libéral, on aurait été en contravention, en contradiction avec la loi, on
aurait... on ne pouvait pas donner suite à la demande de sa formation
politique.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée.
Mme
Setlakwe : Merci. Il y a plusieurs choses dans votre réponse. La
première question que je poserais, c'est :
Bien, si c'est simplement pour assurer qu'il y ait un genre de courroie de
transmission puis qu'une personne désignée soit nommée pour recevoir, de
la part des fonctionnaires, le résultat, là, de l'analyse de la demande :
Voici ce qui va être transmis comme
information, bien, comment se fait-il qu'il y ait 10 cabinets sur 30, je
pense, que... où on nomme un responsable? Qu'arrive-t-il dans les
20 autres cabinets?
M. Roberge : Bien, à ce moment-là, on doit le transmettre,
j'imagine, au chef de cabinet, à quelqu'un d'autre. C'est moins clair que si ça
avait été clarifié. Mais je pense que votre préoccupation, c'est de savoir si
cette personne-là met son nez dans les affaires ou non. Puis moi, ce que
je vous dis, c'est que, non, on respecte la loi. Mais l'article 34 de la loi dit que, parfois, ça peut concerner...
il faut être capable de transmettre l'information, puis on peut vouloir obtenir
des informations qui concernent le cabinet.
Mais ce n'est pas parce que, dans la description de tâches, il y a quelqu'un qui, à côté de son nom... puis il y a de
multiples tâches, il y a accès à l'information, ça ne veut pas dire que
cette personne-là... En fait, je vous
conforme... je vous confirme que cette personne-là ne décide pas ce qui est
rendu public ou pas ou ce qui est caviardé ou pas.
Mme Setlakwe : Donc,
vous confirmez que la notion d'autonomie, elle est respectée, puis qu'il y a...
dans les faits, il y a un mur qui
existe entre les membres des cabinets des ministres, qu'ils n'interviennent pas
dans les discussions avec les fonctionnaires qui sont responsables de
l'accès à l'information.
M. Roberge : Bien,
c'est la loi, on ne peut pas contrevenir à la loi.
Mme
Setlakwe : Puis, pour revenir sur le commentaire que vous avez fait à
l'égard de mon collègue le leader de l'opposition officielle, bien, c'est une
chose, pour des députés à l'opposition qui... nous, vous comprenez, dans notre
cadre de... dans le cadre de notre travail, on fait des demandes d'accès à
l'information, de s'offusquer, de dénoncer que certaines réponses soient, dans
certains cas, partiellement, lourdement, entièrement caviardées. On fait la
démonstration, dans ce cas-là, que la loi, bien, elle est désuète, on va y
venir, là, mais que la loi, elle est interprétée de façon... ou que les exceptions sont interprétées de façon trop large,
ce qui donne lieu à du caviardage excessif. Je me permets de faire cette
nuance-là. Qu'un député de l'opposition dise, puis on pourra revenir au cas
spécifique, mais qu'il dise : Écoutez, voici ce que j'ai reçu, ma demande,
qui était légitime pour x, y, z raison, on n'y a pas donné suite, la
réponse que je reçois ne m'est aucunement utile pour que je puisse avancer dans
mon analyse parce qu'on a caviardé de façon excessive certaines informations,
je pense, c'est peut-être deux choses différentes.
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien,
j'aurais aimé que l'intervention du collègue de ma collègue, le leader de l'opposition,
soit aussi nuancée que son intervention
actuelle. Moi, je me souviens, il était là, il brandissait des choses, puis il
disait : Décaviardez, décaviardez, décaviardez, interpelant les
membres du gouvernement. Savait-il que nous aurions été dans l'illégalité de
répondre à sa demande? Voulait-il que nous franchissions cette ligne et que
nous soyons dans l'illégalité? D'une manière ou d'une autre, il ne fallait pas
écouter l'opposition officielle, il ne fallait pas que le politique se mette les mains puis dise : Bien, ça,
on va le rendre public, ça, on ne le rendra pas public, ça, on va cacher
ce mot-là, ça, on ne cachera pas ce mot-là. C'est contraire à la loi de
répondre à la demande du leader de l'opposition officielle, c'est contraire à
la loi, je le maintiens.
Mme
Setlakwe : Moi, je maintiens que, pour l'intérêt public, dans
plusieurs dossiers, pour qu'on puisse faire la transparence... pour qu'il
puisse y avoir transparence dans un nombre... un grand nombre de dossiers qui
sont d'intérêt public, des enjeux qui
concernent, qui inquiètent la population, quand il y a un caviardage excessif,
on ne rend pas service du tout, là, à la... au bien commun, au bien collectif,
à la population. On ne permet pas à l'opposition de jouer son rôle, poser des
questions pour le bien de la population, parce que les réponses qu'on obtient
sont complètement inutiles.
Ça m'amène à mon
prochain thème, qui est le renouvellement de la loi ou la mise à jour de la loi
sur l'accès à l'information. D'une année à
l'autre, on... je vous pose la question si vous avez amorcé un chantier. Et là
dites-moi pas que vous avez fait du travail sur le volet protection des
renseignements personnels, je le sais, on parle du volet accès à l'information.
Est-ce que vous êtes toujours d'accord aujourd'hui pour dire que la loi
actuelle est désuète?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien,
c'est une conversation qu'on a eue à quelques reprises. Je pense que toutes les
lois sont perfectibles. La loi sur l'accès à l'information, je pense qu'elle
est moderne, elle a été bonifiée dans le cadre de notre gouvernement. Je l'ai
mentionné tout à l'heure, ça touche définitivement... La loi d'accès à
l'information, quand on vient préciser les
rôles et responsabilités puis qu'on vient mettre à l'abri d'influences
politiques des fonctionnaires qui s'occupent de décider ce qui doit être rendu
public ou pas, pour moi, c'est l'élément... peut-être un des plus importants de la loi sur l'accès à l'information, parce que
ça repose beaucoup sur la confiance. Est-ce que le gouvernement cacherait
quelque chose? Le gouvernement, c'est le Conseil des ministres. Est-ce que le
cabinet protégerait le ministre en cachant quelque chose? C'est des
questions que les gens se posent, des fois alimentées par certaines personnes
qui laissent planer des informations, des insinuations qui minent la confiance
du public. Donc, en modernisant la loi de cette manière-là, je pense qu'on a fait un geste extrêmement important.
Maintenant, sans doute que cette loi sera un jour encore améliorée, puis
je suis ouvert à ça.
• (18 h 10) •
Mme
Setlakwe : Vous êtes ouvert, est-ce que vous avez un échéancier en
tête?
M. Roberge : Je n'ai pas l'échéancier en tête à ce moment-ci.
Évidemment, la session, il reste... après cette semaine, il reste trois
jours de session. Après ça, il nous reste deux sessions. Est-ce qu'on pourra déposer
un projet de loi modernisant l'accès à
l'information d'ici la fin du mandat actuel? Écoutez, c'est possible. Je ne m'y
engagerai pas dans le cadre de la
commission parlementaire actuelle. Mais je reconnais que cette loi-là, comme
bien d'autres lois, pourrait être modernisée, pourrait être améliorée
encore une fois.
Mme
Setlakwe : Elle date de 1982. Je pensais qu'on avait convenu, là, que
le Québec pouvait faire... bien, on avait convenu, en tout cas, moi, je pense
que le Québec peut faire mieux, là. Quand on regarde le classement des lois sur l'accès à l'information du Centre for Law
and Democracy, nous sommes, au Québec, 11e sur 13 au Canada. Le Québec était chef de file lors de l'adoption de la
loi. Vous ne pensez pas, donc, qu'il y a une certaine urgence, qu'il est
temps d'agir?
M.
Roberge : Bien, dire que la loi sur l'accès à l'information date de
1982, c'est comme dire : La Charte de la langue française date de 1977.
Elle a été depuis bonifiée, améliorée, il peut... Donc, ce n'est pas comme ça
que ça fonctionne. On ne peut pas prendre la date de sanction d'origine de la
loi, faire fi des ajustements, des modifications qui ont été faites, dont la dernière en date sous notre gouvernement,
puis dire qu'il ne s'est rien passé depuis, quoi, je ne sais pas,
30 ans.
Mme
Setlakwe : Mais, si...
M. Roberge : On
ne peut pas... on ne peut pas dire ça, là, ce n'est pas... personne ne va
croire ça, là.
Mme
Setlakwe : O.K. Je vais être plus nuancée, parce que je peux... je
suis capable d'être nuancée. Donc, oui, il y
a eu des modifications sur la partie, évidemment, protection des renseignements
personnels. Ce n'est pas... Je n'ai
pas dit que la loi n'avait pas du tout bougé depuis 1982, mais elle est... elle
n'est plus à jour, elle peut certainement être améliorée quand on fait une étude comparative avec la législation
qui existe ailleurs au Canada. Et je pense que le classement dont je
vous ai fait mention parle de lui-même, là, on est 11e, donc on est en... on
n'est pas très bien positionnés. Si on
avait, comme vous le dites, fait des modifications, si on l'avait... il y en a
eu, mais, si on en avait fait suffisamment puis si on s'était assurés de
la garder plus à jour ou de s'inspirer de ce qui se fait dans d'autres législations pour, encore une fois, s'assurer que
les motifs d'exception ne soient pas interprétés de façon, premièrement,
différente, là, qu'elle ne soit pas... qu'il n'y ait pas une disparité dans son
interprétation et qu'elle ne soit pas interprétée
trop... que les exceptions ne soient pas interprétées trop largement, c'est...
Et je pense que, là-dessus, il faut vraiment... on peut vraiment faire
mieux. Donc, le classement ne vous préoccupe pas, ne vous préoccupe pas.
M. Roberge : Je
n'ai pas... je n'ai pas dit ça. Bien, d'abord, il ne faut pas penser qu'on se
tourne les pouces en ce moment. Au moment où
on se parle, j'ai deux projets de loi qui sont à l'étude, un qui est à l'étude
article par article, un dont on vient
de faire les consultations particulières. On devrait commencer l'étude article
par article, je le souhaite, là, dans
les prochaines semaines. Et, depuis le début de ce mandat-ci, on a fait la loi
pour abolir le serment au roi, on a fait la loi pour prolonger la clause
de souveraineté parlementaire, on a fait la loi sur la carte électorale. Donc,
ça, c'est... c'est simplement dans ce
mandat-ci, selon... sous ma responsabilité. Donc, j'arrive à la cinquième loi,
je fais plus de lois qu'il y a de sessions à date.
Maintenant, est-ce que,
dans les deux sessions qu'il reste à ce mandat-ci, on va déposer un projet de
loi pour moderniser? Je ne l'exclus pas. Ce
que je vous dis, c'est qu'on continue d'y réfléchir. Vous me soulevez des
points qui sont intéressants. Je ne dirai pas que la loi est parfaite et
qu'elle ne pourrait être améliorée d'aucune manière. On fait des travaux en continu. Chacun des ministères qui
relèvent de ma gouverne fait des propositions et sont toujours en réflexion.
Et, quand arrive une opportunité, une
ouverture en commission parlementaire, bien, on a des travaux suffisamment
avancés puis on est capables de moderniser nos lois. Et, comme je vous
dis, on peut poser la question plein de fois, mais je ne m'engagerai pas ici à
la réouvrir d'ici la fin du mandat.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée,
oui.
Mme
Setlakwe : Est-ce que vous reconnaissez qu'un des enjeux principaux,
c'est justement l'interprétation des motifs d'exception? Est-ce que vous pensez
que ça peut arriver que... que ça peut mener, effectivement, à des
interprétations trop larges et qui ensuite peut donner lieu à du caviardage
excessif?
M. Roberge : Je ne m'aventurerai pas jusque-là, c'est... c'est
l'interprétation de ma collègue, pas certain de ça.
Mme Setlakwe :
Est-ce que vous avez rencontré
des représentants de la FPJQ, Fédération professionnelle des
journalistes du Québec, dans la dernière année?
M. Roberge : Je
suis désolé, j'ai manqué la fin de votre question.
Mme
Setlakwe : Ah! je peux répéter, il n'y a pas d'enjeu. Avez-vous
rencontré les représentants de la FPJQ, Fédération professionnelle des
journalistes du Québec, dans la dernière année?
M. Roberge : Non, je ne les ai pas rencontrés. Juste mentionner
que, dans mes responsabilités, j'ai la protection des renseignements personnels
puis l'accès à l'information. C'est extrêmement important, c'est important en
démocratie, mais il faut juste faire attention aussi, des fois, ça peut entrer
en contradiction avec la protection des renseignements personnels dans certaines situations. Il y a comme un équilibre à
trouver puis il ne faut pas pousser le bouchon trop loin dans une
direction ou dans l'autre. Donc, il y a toujours un équilibre à trouver, puis
c'est là-dessus qu'on travaille.
Mme Setlakwe :
Merci. Au niveau des délais dans
le traitement des demandes d'accès à l'information, est-ce
que vous avez... Pouvez-vous nous soumettre des... Je ne sais pas si vous
avez un tableau ou des informations à soumettre à la commission. Ce serait
utile de savoir si... Bien, je vous pose la question : Est-ce qu'il y a
une amélioration au niveau des délais ou non?
M.
Roberge : Oui, j'ai des informations concernant les délais, je peux
vous transmettre ça ici. Donc, quand on
regarde les informations qui apparaissent dans les rapports annuels de gestion
des ministères 2022‑2023, 2023‑2024, plusieurs
ministères ont amélioré leur délai de réponse pour le traitement des demandes
d'accès. 15 ministères sur 23, une majorité répond davantage
maintenant à l'intérieur du délai de 20 jours. D'autres ne répondent plus
au-delà de 30 jours. Donc, il y en avait qui répondaient au-delà de
30 jours, mais trois ne répondent plus jamais au-delà de 30 jours. Cinq se démarquent par une baisse
substantielle du traitement des délais au-delà de 30 jours. J'ai d'autres
éléments. Est-ce que je continue?
Mme
Setlakwe : ...excèdent les 30 jours, faire un petit sommaire,
ceux qui excèdent le délai... le délai de 30 jours.
Le délai, en fait, c'est 20 jours. Puis là il y a un autre 10 jours.
Mais ceux qui sont en contravention, il y en a combien?
M. Roberge : Attendez un peu, j'ai d'autres informations.
Pendant que je... qu'on vous donne le fin détail, je peux... d'autres informations à la commission qui est
importante. Je n'ai pas encore toutes les données pour 2024‑2025,
mais, pour l'exercice 2023‑2024,
il y a eu 19 409 demandes d'accès, c'est quand même incroyable,
19 409 demandes d'accès qui touchaient 23 ministères,
plus de 13 897 demandes, soit 71,6 % ont été répondues à
l'intérieur du délai. Donc, 28,4 %,
malheureusement, ont été répondues hors délai. Il faut penser qu'il y a... il y
a une période qui peut être... s'ajouter, de 10 jours, après coup. Mais il faut voir qu'il y a... Environnement, Lutte contre les changements
climatiques, Faune et des Parcs a reçu à lui seul
13 490 demandes sur le total de 19 000. Donc,
13 000 demandes sur les 19 000 demandes ont concerné un
ministère en particulier. Donc, c'est très lourd pour eux, mais il faut, ceci
dit, il faut prendre les moyens pour améliorer le délai de réponse puis essayer
toujours, toujours de répondre à l'intérieur du délai.
Mme
Setlakwe : Avez-vous songé à peut-être introduire une disposition de
divulgation proactive? Peut-être ça pourrait réduire le nombre de... le nombre
de demandes. Vous avez dit que c'était beaucoup à l'Environnement?
M. Roberge : Il
y a plus de demandes qui relèvent... 13 490 demandes seulement pour
Environnement, Lutte contre les changements climatiques, Faune et Parcs.
Effectivement, la divulgation proactive, en fait, c'est en marche. Les
ministères avancent dans cette direction-là. C'est sûr que ça facilite les
choses parce que les gens ne font pas de demande
d'accès à l'information lorsque l'information est plus facilement disponible.
On va dans cette direction-là. J'ai communiqué moi-même avec les
ministères, je leur ai envoyé une lettre, en cours d'année, les informant de
cette opportunité-là, de ce chantier-là,
puis ça allège leur travail aussi, en plus que d'être disponible à la fois pour
les citoyens, les journalistes, mais aussi les chercheurs. Donc, c'est
sûr que c'est une voie qu'on privilégie.
• (18 h 20) •
Mme
Setlakwe : Merci. On a parlé tout à l'heure du caviardage. Nous, vous
comprenez, à l'opposition officielle, on en
fait beaucoup, de demandes d'accès à l'information. On a demandé à certains de
nos collègues, là, de nous sortir
quelques exemples de caviardage. On a fait une demande à la Société québécoise des infrastructures sur l'état du stationnement d'Youville. Écoutez, si je vous montrais le nombre de
pages, de tableaux partiellement, ici, c'est très caviardé, ce n'est
pas... ça ne nous permet pas tellement d'avancer dans des suivis de dossiers.
On
a parlé tout à l'heure de la... Non, en fait, ce n'est pas de ça dont on a
parlé, mais ça concerne quand même mon
collègue le leader de l'opposition et sa bataille pour faire... au sujet du
taux d'alcoolémie, le faire réduire à 0,05 pour l'introduction de
mesures administratives. Il y a une demande qui a été faite... qu'il y a une
contradiction... une demande qui a été faite à la SAAQ concernant l'imposition
de nouvelles sanctions à partir d'un taux d'alcoolémie à 0,05, lourdement caviardée. Ensuite, toujours à la
SAAQ, on a demandé les p.-v. des réunions des conseils d'administration.
C'est ça... c'est ça, vous faisiez allusion tout à l'heure, lourdement
caviardés. Or, la même demande qui est faite à la Société des traversiers pour
les demandes des procès-verbaux du conseil d'administration, là, ça a été
refusé par l'organisme. Donc, dans un cas on demande des p.-v., ça
revient caviardé, dans un autre cas, on demande encore une fois les p.-v., et c'est refusé complètement par l'organisme. Ce
qu'on a reçu, ce sont les ordres du jour. Comment se fait-il que, pour la même
demande, donc pour l'obtention de procès-verbaux de réunions de conseils
d'administration d'organismes, de sociétés d'État, on n'obtienne pas la
même réponse?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, M. le Président, comme j'ai dit tout à
l'heure, je ne prends pas part à ces décisions-là, comme mes autres collègues ministres non plus. Donc, je
n'ai pas... je n'ai pas l'ensemble de l'information, par exemple, d'un
collègue, d'un ministre... ministère qui n'est pas le mien, puis là
j'analyserais toute cette information-là, j'analyserais la demande et je pourrais dire, d'après moi,
qu'est-ce qu'on devrait faire. Mais, un, je n'ai pas accès à ça. Deux, ce n'est
pas moi qui prends ce genre de décision là. Et, quand il y a des gens
qui sont insatisfaits, bien, de la procédure, ils vont à la Commission d'accès
à l'information. Si vous permettez, Mme la présidente de la Commission d'accès
à l'information pourrait expliquer les
enjeux puis comment ça se déroule quand les gens vont en appel, si j'ose dire,
ce n'est pas le bon terme, elle pourra me corriger, justement, puis ils
font appel à la commission. Est-ce que vous permettez?
Le Président (M. Bachand) : Il reste 10 secondes, alors peut-être pour le prochain bloc, si
vous êtes d'accord, si tout le monde est d'accord.
M. Roberge :
Ah! O.K.
Le Président (M. Bachand) : Alors, merci beaucoup, Mme la députée. M. le député de Jean-Lesage,
pour 15 min 11 s, s'il vous plaît.
M. Zanetti : Oui.
Merci, M. le Président. Merci beaucoup, M. le ministre. Bonjour, tout le monde.
Merci pour votre présence. C'est un peu un rituel annuel, là, dans
lequel on vient demander au ministre : Allez-vous réformer la loi sur l'accès à l'information? Pouvez-vous
prendre un engagement? Bien, la question a déjà été posée, puis on a entendu
la réponse. C'est toujours la même chose,
une posture à la fois d'une ouverture, mais sans engagement. Ça m'amène à vouloir faire une espèce de plaidoyer, hein? Si une
telle chose peut servir à quelque chose, c'est maintenant l'occasion.
On le sait, puis le ministre le sait aussi, il a
déjà utilisé les demandes d'accès à l'information dans le passé, puis la preuve n'est plus à faire qu'il y a des
insatisfactions autant dans la population, parmi les journalistes, les différents
députés qui veulent faire leur travail en allant chercher des informations pour
faire leur travail de surveiller l'action étatique,
et puis des délais trop longs, des caviardages excessifs, des fois des refus de
donner les informations dont on ne comprend pas vraiment le pourquoi,
puis là, bien, le processus quand même d'aller en appel de ces décisions-là est
complexe, tout ça.
À partir du
moment où le ministre est d'accord que ce serait bien de mettre à jour cette
loi-là, parce que, même si elle a été mise à jour déjà puis qu'il y a eu...
bon, il y a eu des mises à jour dans le passé, je pense qu'en ce moment
il y a beaucoup d'insatisfaction, et puis ce serait vraiment un legs, je pense,
applaudi de toutes et tous. Il n'y a pas personne
au Québec qui se dit : Ah!... qui dirait : Ça n'a pas d'allure. À
moins que ce soit une mauvaise loi, là, c'est toujours possible, mais je
ne pense pas, je veux dire, j'imagine, j'imagine que, tant qu'à réformer la loi
de l'accès à l'information, ce serait pour la rendre mieux, plus transparente,
augmenter la transparence. Ça fait que ce serait vraiment... ce serait vraiment un beau legs, là. Tu sais, c'est rare, les
projets loi du gouvernement, quand même, que tout le monde applaudit, là, puis ça, ce serait
l'occasion. Ça, je suis sûr que tout le monde applaudirait. Moi,
j'applaudirais, en tout cas, évidemment, sous réserve de voir c'est
quoi, là, mais, tu sais, je serais sûrement content. J'ai comme la confiance
que je serais content.
Ça fait que
c'est comme... Ça fait que ça vaut la peine. Tu sais, ce serait beau, ça
finirait bien, là, la prochaine législature, la 43e, la présente
législature. Avant de partir en élections, il y aurait comme une affaire qui ne
serait pas sujet de gros débats acrimonieux,
de partisanerie excessive. Même Pascal y pense, on dirait... le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : ...
M. Zanetti : Bien, c'est ça, lui
aussi, il parle de legs. Je vous le dis, là, ce serait une façon de redonner
confiance envers la politique, peut-être. J'en mets, je beurre épais puis je
mets beaucoup de violons là-dedans, mais, vraiment, ça vaut la peine puis ça ne
coûterait rien. Bien, c'est comme... une loi, là, je veux dire, mais ça ne
coûterait pas grand-chose au Trésor public, là, mais ce serait vraiment,
vraiment pertinent et ça durerait très, très longtemps comme effet. Fin du
plaidoyer. Je sais que c'est reçu. On va voir si le ministre, peut-être, ça
macère dans son esprit.
Je veux vous poser des questions un peu plus
précises. Je me fais le relais de certaines questions qui sont posées... que
veulent poser les gens qui utilisent beaucoup les services de la Commission
d'accès à l'information et puis des demandes d'accès à l'information. Il y a un
rapport sur l'application de la loi à l'information qui doit être produit par
la commission au plus tard le 14 juin 2026, comme le prévoit l'article 179
de la loi constitutive. Mais évidemment, à cette date-là, ce rapport-là, il ne
sera pas nécessairement déposé en Chambre, puis on n'en aura pas conscience, et
il ne sera pas publiquement consultable avant les prochaines élections.
Alors, la question que je vous pose,
c'est : Y aurait-il moyen... Est-ce que le ministre peut s'engager à
exiger de la Commission d'accès à l'information qu'elle dépose son rapport
quinquennal dans un délai vous permettant... lui permettant de le présenter à
l'Assemblée nationale ainsi que de le rendre public avant le déclenchement de
la campagne électorale et des élections générales de 2026?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Roberge : Merci. Je vais
commencer par répondre au plaidoyer vibrant de mon collègue, des éléments de réponse, quand même, qui sont importants. C'est
sûr que toute loi est perfectible, ça va, mais on ne peut pas présumer
que d'améliorer une loi d'accès à l'information, c'est nécessairement de plaire
à ceux qui, en ce moment, trouvent qu'ils n'ont pas suffisamment d'information.
Puis ça adonne bien que j'aie l'Accès à l'information puis la Protection des renseignements personnels, parce que c'est un
peu les deux côtés d'une même médaille, notamment. Des fois, il y a des... il y
a des moyens, il y a des... en fait, le caviardage, c'est un moyen que je
n'utilise pas, je le précise, ce n'est pas moi qui le fais, mais qui
permet de soustraire, des fois, des renseignements qui sont confidentiels, qui
sont détenus dans un document qui est visé, lui, par une demande d'accès. La
divulgation de ces renseignements-là pourrait causer
parfois des préjudices plus graves que le bénéfice obtenu avec l'accessibilité
d'un document. Ça, c'est important de le prendre en compte, ça peut être
des renseignements personnels, ça pourrait être des informations sur des
bâtiments, sur des éléments qui touchent la sécurité, il y a toutes sortes
d'éléments.
Ensuite, est-ce qu'on va presser notre
institution pour qu'elle rende public un rapport plus tôt que prévu par la loi? Je pense que c'est un rapport qui est aux
cinq ans. Donc là, ça adonne, mon collègue me le fait remarquer, je ne l'avais pas remarqué, là, ça adonne qu'il serait
déposé dans l'intersession, donc après la session, avant le déclenchement
des élections dans ce cas-ci, alors que, vraisemblablement, dans... quatre ans
plus tard, ce ne sera pas le cas. Je pense que ce serait
de presser les équipes pas mal dans leur travail puis ce serait de ne pas
respecter la loi, d'après ce que je comprends. Donc, encore une fois, on peut
toujours voir les avantages, mais il peut y avoir aussi des inconvénients.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député Jean-Lesage.
M. Zanetti : Oui. Bien, étant donné
que je me dis, bon, un rapport remis aux cinq ans, le précéder de quelques
jours, hein, parce qu'on s'entend que la fin juin, là, tu sais, ce serait
quelques jours avant, puis il pourrait être
rendu public... Donc, c'est, tu sais, 14 juin, je ne me souviens pas, on a
reçu le calendrier parlementaire de l'année prochaine, mais d'habitude
on finit à peu près la première semaine de juin, là. Donc, ce serait vraiment
comme quelques jours sur cinq ans, ça
m'apparaît une demande vraiment raisonnable. Je vous invite quand... j'invite
le ministre à quand même l'analyser plus en profondeur.
Il y a une
autre question qui surgit parfois, qui... certaines personnes vont critiquer le
fait qu'il y a une espèce de conflit
d'intérêts entre la mission de surveillance et la section juridictionnelle de
la Commission d'accès à l'information. Et,
au fond, la question que je vous pose est la suivante : Quelles mesures le
ministre compte-t-il prendre pour réformer la structure de la Commission
d'accès à l'information afin d'assurer une séparation claire et exempte
d'apparence de conflit d'intérêts entre la direction de la surveillance
et les affaires juridiques?
• (18 h 30) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Roberge : Question de
connaisseur, question très intéressante. C'est vrai que la commission a plus
qu'un mandat, puis ça peut être des équipes
distinctes, mais c'est un mandat qui est différent. Et, si vous permettez, je
permettrais à la présidente de la Commission d'accès à l'information...
je pense qu'elle pourrait donner de très bonnes réponses.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a
consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Donc, merci, vous avez la parole. D'abord, vous
présenter officiellement, s'il vous plaît. Merci.
Mme Girard
(Lise) : Bonsoir.
Lise Girard, je suis la présidente de la Commission d'accès à
l'information. Donc, merci pour la question.
Écoutez, la
Commission d'accès à l'information, comme vous l'avez mentionné, a deux
responsabilités, deux missions importantes, soit celle de la protection
des renseignements personnels et l'accès à l'information.
La commission est constituée, est bâtie, est
structurée pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de conflit d'intérêts ou qu'il
n'y ait pas d'interférence entre le volet surveillance et le volet
juridictionnel. Donc, c'est des postes bien définis,
distincts. D'ailleurs, j'ai deux vice-présidentes, une vice-présidente qui
s'occupe du volet juridictionnel et une autre qui s'occupe du volet de
la surveillance.
Les travaux
qui sont faits sont fort distincts, et on s'assure de... vous avez sûrement
entendu souvent l'expression «un mur de Chine», là, qu'on fait pour s'assurer
que certaines... s'il y avait certains éléments qui pouvaient interférer
ou qui pourraient être nuisibles, qu'un secteur à l'autre soit informé. Donc,
on s'assure qu'effectivement ce soit étanche et qu'il n'y ait pas ce double
discours. Donc, je tiens à vous rassurer que pour... tu sais, pour la façon que
c'est structuré actuellement à la Commission d'accès à l'information, il n'y a
pas de risque d'interférence.
M. Zanetti : Merci. Donc, dans le
fond, si je comprends bien, la position, également, du ministre, c'est de dire qu'il y a... il n'y a pas de risque
d'interférence, les deux mandats n'entrent pas en conflit dans la structure
actuelle de la commission dans l'opinion du ministre, si je comprends
bien?
M.
Roberge : Non, non, les deux mandats n'entrent pas en
contradiction ou en compétition, c'est deux mandats qui sont
complémentaires. Puis, comme on a une organisation qui est capable de jongler
avec ça, je pense que le public peut avoir confiance.
M. Zanetti : Mon autre question,
c'est plus pratico-pratique, là. Évidemment, nous, dans les députés de l'opposition, on est des praticiens de la demande
d'accès à l'information presque hebdomadaire, là, et on a des problèmes
quand même avec Santé Québec, là, je vous le signale, parce que, quand on fait
des demandes d'accès, c'est difficile d'avoir des réponses, et on nous demande
souvent d'adresser nos questions aux CIUSSS, tu sais, dans chacun des CIUSSS,
même si on veut des données nationales. Mais là ça complexifie énormément la
demande parce que, là, tout à coup, tu avais
une question, il faut, là, que tu fournisses 17... parce que je pense qu'il y a
17 CIUSSS, là, si ma mémoire est bonne, 17 demandes d'accès à
l'information. C'est sûr que ça multiplie la bureaucratie pour tout le monde
aussi. Alors, ma question, c'est :
Est-ce qu'il y aurait moyen, là, de vous assurer que Santé Québec, lorsqu'il y
a des demandes d'informations qui relèvent vraiment d'elle puis aussi de
données qui sont nationales sur le réseau de la santé, puisse répondre à nos
demandes?
M.
Roberge : Je comprends la préoccupation du collègue avec
Santé Québec. On est encore dans le déploiement de
Santé Québec. Honnêtement, je ne connais pas chacun des articles de loi de ce
grand réseau-là. Il est possible qu'une fois
Santé Québec pleinement déployé, parce qu'on est encore dans le déploiement, il
y ait davantage d'informations, puis
ils soient davantage capables de répondre. C'est une hypothèse que je soumets.
Parce que Santé Québec a un rôle qui est national, donc sans doute
qu'ils ont des informations qui sont nationales ou qu'ils les auront.
Maintenant, là, écoutez, j'imagine qu'à ce jour,
s'ils ne répondent pas et vous renvoient vers les organismes régionaux, c'est parce qu'ils n'ont pas
l'information. Peut-être que ça changera dans le temps, je ne veux pas
m'avancer, mais c'est fort possible. Maintenant, je ne pense pas que je
pourrais dire à mon collègue : Écoute, va changer la loi, centraliser davantage les informations, là. Je ne
sais pas ce que mon collègue attend, mais je me vois difficilement faire ça.
M. Zanetti : Je ne sais pas quel
serait le moyen exactement, là, de faire ça, là. Il faudrait que ça soit
nécessairement un changement législatif. Mais, en tout cas, je souligne le
problème, puis, étant donné que la responsabilité du ministre, c'est de
s'assurer qu'on ait un accès facile à l'information, bien, cette affaire-là est
complexe, et puis c'est un obstacle à
l'accès à l'information. Donc, je vous le mentionne puis, bien, je vous demande
de trouver une solution, pas ce soir, là, mais je vous confie le mandat.
Et dernière question rapide, les messages Teams
puis les textos, là, des fois, on les demande, puis il y en a qui nous les donnent,
puis manifestement il y en a qui sortent, parce que c'est comme ça que
l'affaire de Northvolt, c'est sorti. Puis des fois on nous dit : Ah! non,
ça, on n'est pas obligés de vous donner les messages Teams, puis des fois on
nous dit : Ah! bien, il n'y en a pas, des messages textos là-dessus. Puis
là, des fois, j'imagine... Tu sais, pour nous,
c'est difficile à vérifier, mais des fois c'est comme étonnant, tu sais, tu te
dis : Voyons! C'est... j'ai... Je ne le sais pas. Est-ce qu'il y a une directive claire sur les
messages Teams? Les messages Teams, ça fait-tu partie des affaires qu'on a
le droit de demander dans une DAI?
M. Roberge : Une question qui est
très pointue, et, comme... comme je l'ai dit tout à l'heure, ce n'est pas moi
qui tranche en disant : On donne ou on ne donne pas cette information-là.
Ça relève des fonctionnaires dans chaque ministère. Je pense que ce qui est...
si je ne m'abuse, ce qui est clair, c'est davantage la nature du renseignement
qui peut être transmis ou pas. Là, ce que vous me dites, c'est plutôt selon le
véhicule, est-ce par texto ou n'est-ce pas
par texto. Est-ce que la présidente a un éclairage à apporter là-dessus? Est-ce
qu'on a cette information-là? Parce que c'est une bonne question.Est-ce
que vous pourriez répondre?
M. Lord (Jean-François) : Oui.
M. Roberge : Bien, excusez-moi, ce
serait davantage M. Lord.
Le Président (M.
Bachand) : O.K. Est-ce qu'il y aurait
consentement?
M. Roberge : Excusez-moi je l'ai
renvoyée d'un côté et de l'autre.
Le Président (M.
Bachand) : Donc, vous identifier officiellement, s'il vous
plaît. Merci.
M. Lord (Jean-François) : Merci, M.
le Président. Jean-François Lord, secrétaire adjoint au ministère du Conseil
exécutif. Donc, il arrive que la question des textos soit de l'information qui
est gérée par les fournisseurs de téléphonie mobile et non par les
organisations elles-mêmes, d'où le fait qu'en matière d'accès à l'information
les organisations ne peuvent pas nécessairement avoir accès aux données
directement.
M. Zanetti : ...est-ce que ça veut
dire qu'on pourrait faire des DAI aux fournisseurs de téléphones puis qu'eux autres ils pourraient peut-être nous les
donner ou... Ça m'apparaît étonnant, hein? Comment on fait? Bref, c'est
quoi, le chemin?
M. Lord (Jean-François) : En fait,
la loi sur l'accès qui permet de faire des demandes d'accès, c'est la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics. Donc, les entreprises privées ont
des obligations de protection de renseignements
personnels dans le secteur privé, avec la loi qui porte ce nom-là, et les
demandes d'accès sont pour les organismes publics.
M. Zanetti : Les textos, c'est hors
de la portée de ce qui peut... même si ça touche des affaires d'État puis des affaires... Tu sais, c'est juste... Dans le
fond, ça pourrait, selon le contenu, être quelque chose qu'on pourrait légitimement
avoir, mais, en même temps, juste parce que c'est un texto, c'est inaccessible
avec la loi actuelle? Bien, tu vois...
voyez-vous M. le ministre, c'est comme un exemple de choses qui pourraient être
changées. Il faudrait voir, surtout
si c'est avec des téléphones de fonction, là, les téléphones personnels, c'est
une autre histoire, mais quand c'est fait avec des téléphones de fonction.
Le Président (M.
Bachand) : Il reste 15 secondes, M.
le ministre.
M.
Roberge : Bien, c'est ça, bien, c'est une bonne question.
Quand on dit que ce n'est pas moi qui s'en mêle, là, ce principe-là, je
n'avais pas la réponse précise, on me dit que ça peut être accessible. C'est
davantage la nature du texto
que le véhicule : Est-ce envoyé par texto ou est-ce envoyé par courriel? Donc,
oui, un texto pourrait faire l'objet, me confirme-t-on, d'une demande
d'accès à l'information. En fait, on demande l'information...
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le ministre.
M. Roberge : Excusez.
Le
Président (M. Bachand) : Je
cède la parole au député de Matane-Matapédia pour 4 min 56 s. M. le député,
s'il vous plaît.
M. Bérubé : Merci,
M. le Président. À nouveau, salutations au ministre et à toute son équipe. Pour
le bénéfice de tout le monde, la dernière loi adoptée lors de la
41e législature, le 15 juin 2018, c'est la Loi sur la protection de
la confidentialité des sources journalistiques, la loi n° 187.
Pourquoi j'en parle? Parce que c'était une volonté commune, pour notre
démocratie et notre institution de l'Assemblée nationale, de faire en sorte
qu'on se mette tous ensemble pour faire adopter une loi qui va nous dépasser,
qui sera là pour les prochains parlementaires et pour les journalistes,
évidemment. Alors, on a adopté ça avec le concours de tout le monde,
unanimement. Je m'en souviens, c'était la dernière loi sous le gouvernement de
Philippe Couillard, et elle a été profitable.
Pourquoi j'en parle? De un, pour identifier la
volonté législative — lorsqu'elle
se manifeste, ça donne des résultats — et
pour faire un lien avec les journalistes. Dans les personnes qui réclament une
modification de la loi, il y a les journalistes, la FPJQ, on l'a évoqué
tout à l'heure, qui souhaite avoir un meilleur accès. Et, par un recensement maison que j'ai fait avec ma collaboratrice, je
compte 10 parlementaires de la CAQ qui ont été journalistes :
Beauce-Sud, Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
Lévis, Chutes-de-la-Chaudière, Vimont, Labelle, Papineau, Berthier, Repentigny
et Saint-Jean. Alors, je compte sur ces parlementaires pour nous aider à
convaincre leur gouvernement de faire adopter une loi qui va être importante
pour l'accès du public à l'information. Alors, je voulais faire le lien avec
l'intervention précédente, il m'apparaît que c'est important.
Donc, à partir du moment où il n'y a pas de loi
qui est présentée pour l'instant, je pose la question suivante : Est-ce qu'il y a des travaux qui se font dans le
ministère pour préparer des changements? Est-ce qu'il y a des fonctionnaires
qui travaillent sur des modifications?
• (18 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Roberge : Merci. D'abord, salut à
mes collègues députés, ministres journalistes.
M. Bérubé : ...
M. Roberge : Pardon?
M. Bérubé : ...les identifier
tantôt, là, comme alliés.
M. Roberge : Ah! c'est bon, c'est
bon. Vous les identifierez. J'aime bien que vous n'avez pas utilisé le mot
«tag», vous avez dit «les identifier». Je salue votre souci...
M. Bérubé : Exemplarité de l'État.
M. Roberge : Bien oui. Non, mais mon
collègue est souvent exemplaire, d'ailleurs, pour la langue française.
M. Bérubé : Merci, c'est gentil.
M. Roberge : Ensuite, bien, il y a
des travaux qui se font sur toutes les lois. Habituellement, là, les équipes n'attendent pas nécessairement d'avoir un mandat
du ministre : O.K., je veux déposer une loi vite, dans trois semaines
ou dans deux mois, par exemple, pouvez-vous me la rédiger? En continu, puis on
est informés de ça, je peux vous témoigner
qu'on a eu des conversations, j'ai reçu des notes, on travaille toujours pour
voir quelles sont les opportunités, est-ce qu'il y a des périls, est-ce
qu'il y a des opportunités pour améliorer les lois. C'est le cas pour la
question du lobbyisme, c'est le cas pour la
question de l'accès à l'information. Donc, je vous témoigne qu'il y a des
réflexions qui se font en continu, même s'il n'y a pas un projet de loi
qui est en rédaction article par article.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de
Matane-Matapédia, s'il vous plaît.
M. Bérubé : Entre les informations
portées à l'attention du ministre et un projet de loi, je reprécise ma
question : Est-ce qu'il y a des travaux qui se font dans le but
d'éventuellement moderniser la loi? Est-ce qu'il y a des personnes qui sont
affectées à ça? Parce que l'ironie, c'est que, si je ne l'apprends pas là, je
vais faire une demande d'accès à
l'information à la commission pour savoir s'il y a des travaux qui se font pour
réformer la loi. C'est une mise en
abîme exceptionnelle! Alors, est-ce qu'il y a des gens qui travaillent
là-dessus? Puis probablement que le ministre le sait, mais je compte sur
lui.
M.
Roberge : Oui, bien, écoutez, M. le Président, je n'ai pas
donné de directive, ou de consigne, ou d'orientation en disant :
Rédigez-moi, s'il vous plaît... rédigez pour le gouvernement un projet de loi.
Par contre, je vous témoigne qu'il y a des
réflexions sur ce qui fonctionne bien, ce qui fonctionne moins bien, on l'a, et
qu'en continu il y a des travaux qui
se font. C'est comme ça que fonctionnent les ministères et les institutions.
Lorsqu'ils voient des problèmes, ils disent : Ah! à la réouverture de la loi, là, il faudrait
changer ça. Deux mois plus tard, survient un autre élément, les fonctionnaires,
les équipes disent : Ah! à la réouverture de la loi, là, voici ce qui
devrait arriver. Et, quand le fruit est mûr, quand le gouvernement dit :
Là, ce serait le temps de modifier la loi, bien, on prend toutes ces
réflexions-là puis on transforme ça en articles.
Le Président (M.
Bachand) : 30 secondes, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Je n'ai pas beaucoup de
temps. Est-ce que le ministre accepterait de rendre publique sa lettre de mandat? Parce que son collègue d'Orford, qui est
maintenant ministre, il nous a révélé tout ce que le premier ministre
lui a demandé en Chambre, il a dit : Il m'a demandé ça, ça, ça. Est-ce que
le ministre accepterait de rendre publique sa lettre de mandat que le premier
ministre lui a présentée à son arrivée à son poste, de la dernière législature?
Le Président (M.
Bachand) : 10 secondes, M. le
ministre.
M. Bérubé : C'est oui ou non.
M.
Roberge : Non, je ne rends pas publique cette
information-là. Vous me voyez aller, puis les choses que je fais, c'est
pour accomplir le mandat qui m'a été confié.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Mme la députée de
Mont-Royal—Outremont, pour 22 min 53 s, s'il
vous plaît.
Mme
Setlakwe : Merci. Oui, donc poursuivons. On parlait de
caviardage ou de... et même aussi d'une disparité dans le traitement d'une
demande. Dans certains cas, on nous refuse les procès-verbaux, dans un autre
cas, on nous les donne, mais ils sont lourdement caviardés.
Et je reviens
à votre réponse, que je comprends, vous dites : Mais moi, je n'ai rien à
voir avec ces décisions-là qui sont prises ailleurs. Donc, je veux bien, là,
mais vous devez quand même prendre acte de ça et vous devez tirer des
conclusions, vous devez... De quelle façon est-ce que vous êtes informé de...
Est-ce qu'il y a un rapport qui vous est fait par vos équipes? Là, je vois des
gens derrière vous qui vous disent : Bien, nous, on surveille ça. Puis là
on voit qu'il y a beaucoup de caviardage ici ou dans tel type de demande, il
semble y avoir des disparités dans les réponses.
Je veux bien croire que vous, proactivement,
vous ne vous immiscez pas, mais comment est-ce qu'on... C'est vous, quand même, qui êtes responsable d'améliorer
le système par le biais d'une loi ou par le... Vous comprenez? C'est
parce que ce n'est pas vrai que vous ne pouvez pas vous en départir
complètement ou vous en séparer complètement en
disant : Bien, je ne me mêle pas de ces demandes-là. Mais, devant cet état
de fait... Puis c'est un cas... ça ne peut pas être un cas isolé, d'en
avoir plusieurs. Donc, de quelle façon est-ce que l'information vient vers
vous?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Roberge : Je veux juste juste
préciser. Ma collègue dit : Bien là, on a des demandes qui se ressemblent puis on a des réponses qui ne sont pas toujours
pareilles. Oui, mais c'est parce que la personne qui reçoit la demande, elle a
accès au document, le document, justement, auquel n'a pas accès la personne qui
fait la demande. C'est la nature de la demande. Mais, si on ne donne pas
toujours... «on» exclut la personne qui parle, si on ne donne pas toujours
l'information de la même manière pour des demandes qui se ressemblent, c'est
parce que les documents ne sont pas toujours
identiques puis c'est parce qu'ils n'ont pas toujours la même information. Puis
des fois il y a des informations qui
doivent être protégées dans certains cas. Et je comprends que, pour la personne
qui le reçoit, elle dit : Bien, voyons donc! J'ai fait des demandes
semblables. Ce n'est pas la même chose. Je soumets que c'est normal. Je soumets
que c'est normal.
Mme
Setlakwe : ...bien évidemment que chaque document est
distinct puis, il faut regarder, chaque demande est traitée de façon
distincte. Puis il se peut qu'effectivement deux demandes ne donneront pas lieu
à deux résultats identiques, ça va de soi.
Mais, moi, ma question, c'était quand même... c'est par rapport à des
procès-verbaux de réunions de conseil d'administration. Dans un cas,
c'est : On vous le donne; dans l'autre cas, c'est : Non, on ne vous
le donne pas. Je pense que mon point était quand même clair.
On a reçu... Là, je voudrais juste qu'on parle
aussi du délai pour s'opposer à des décisions auprès de la CAI, de la Commission d'accès à l'information. Nous, on
a un cas, puis c'est un cas qui avait été médiatisé, il y avait eu des
courriels qui avaient été échangés, où on avait... on avait utilisé, en tout
cas, des termes méprisants à l'égard d'un journaliste, ça s'était passé
au ministère de la Santé et des Services sociaux. Un journaliste, un ancien
ambulancier d'urgence qui... son nom... il
est connu, là, il y avait un article dans le... ça a été rapporté par Thomas
Gerbet, entre autres. Son nom, c'est Hal Newman, il est journaliste maintenant.
Et puis il y a des... on tentait de mettre la main sur des échanges de
courriels entre fonctionnaires à son sujet, et puis la demande d'accès à
l'information a été envoyée au ministère de la Santé et des Services sociaux le
21 juillet 2023, et... Ça, c'est la demande. La demande de révision de...
La réponse qu'on a reçue, c'était au mois d'août, ça, ça va, en 2023. En
septembre 2023, il y a une demande de révision qui est faite de la décision du
MSSS, envoyée à la CAI, 1er septembre 2023, mais c'est seulement le
22 mai 2024, donc plus de huit mois
plus tard, qu'on reçoit un courriel d'une personne à la CAI qui nous confirme
que... nous demandant si on souhaite confirmer... poursuivre nos démarches. Et
on nous a refusé certains renseignements, en invoquant l'article 34 de
la loi, et plus tard, la veille de la médiation, bien là toutes les
informations ont été divulguées, donc là l'article 34 ne tenait plus.
Est-ce que vous... Vous réagissez comment à
cette situation-là? On pense à nous, évidemment, qu'on a été traînés là-dedans
pendant des mois, mais je pense au citoyen qui demande une révision d'une
décision puis qui fait face à un délai aussi long. Il me semble que c'est trop
long. Vous en pensez quoi?
M.
Roberge : Bien, à première vue, je ne connais pas le dossier
au complet, ça me semble long, effectivement. Mais, dans votre... dans votre... pas dans votre histoire, mais dans ce
que vous avez raconté, ça s'est rendu au tribunal de la Commission
d'accès à l'information, non? Vous dites que ça a été divulgué juste avant,
finalement?
Mme
Setlakwe : Non, c'était prévu pour de la médiation, mais
finalement, la veille de la médiation, toutes les informations ont été
transmises.
M.
Roberge : O.K. Est-ce que... Oui? Je pense que Mme la
présidente pourrait peut-être apporter un éclairage à la commission.
Mme Girard (Lise) : Il y a plusieurs
éléments... Est-ce que vous me permettez, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) : ...madame.
Mme Girard (Lise) : ll y a plusieurs
éléments dans votre question. Relativement aux délais, c'est une de vos questions, vous devez savoir que la Commission
d'accès à l'information reçoit de plus en plus de demandes. Actuellement, on
a frisé... on n'a pas frisé, on a dépassé notre record. Le dernier... en 2019,
on avait reçu 2 800 demandes, on est rendus à près de
3 000 demandes actuellement, en 2024 et 2025.
Il y a des
efforts importants qui sont faits pour améliorer les délais. Vous devez savoir,
je suis en poste depuis novembre 2024, donc ça fait à peine six mois que
je suis arrivée, mais plusieurs actions sont en cours présentement pour tenter
d'améliorer les délais de la commission. Il y aura d'ailleurs une nouvelle
façon de traiter les dossiers pour nous
permettre, dès la réception des demandes, actuellement... faire des appels du
rôle pour nous permettre de faire un premier tri des dossiers avec les
parties et nous permettre d'accélérer ces délais. Mais, peut-être, pour le
dossier que vous nous parlez, je peux
comprendre que le volume a fait en sorte que ça a nécessité un délai un peu
plus long pour vous répondre.
• (18 h 50) •
Du côté de la médiation, dans un processus de
réception d'une demande de révision à la commission, il y a nécessairement un
premier traitement qui est fait par le secrétariat général pour s'assurer que
le dossier est complet et répond à tous les besoins qu'on a pour constituer un
dossier du côté du volet juridictionnel, et par la suite, dès que le dossier
peut être assigné à un juge et mis au rôle, à ce moment-là, le dossier est
transmis. Si les parties le désirent, parce que c'est volontaire, la médiation,
à ce moment-là, on peut... il y a un processus de médiation qui est entamé.
Souvent, c'est dans le cadre d'une médiation que
beaucoup de dossiers se règlent à la commission. Juste pour vous parler de
chiffres, actuellement, si on enlève les dossiers incomplets, qu'on a fait
plusieurs rappels pour que le dossier soit
complet, là... mais, si on enlève les dossiers incomplets, si on enlève les
dossiers irrecevables, c'est 75 % des dossiers de la Commission d'accès à
l'information qui se règlent par une médiation, et, par le processus de médiation,
nécessairement, les parties se déclarent satisfaites du processus.
J'entends ce que vous dites. Il arrive
effectivement qu'à la veille d'une audience on dirait qu'on pousse, dès qu'on est en mesure, là, de faire bouger le
dossier, il arrive qu'effectivement les dossiers se... les documents demandés
sont déposés et...
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée.
Mme Setlakwe : Merci. Écoutez, ce
n'est pas... Bien, je vous remercie beaucoup pour votre réponse. Puis ce
n'était pas... évidemment, ce n'est pas une critique personnelle envers vous et
votre équipe, on comprend que, vous l'expliquez très bien, là, que vous avez un
haut volume de demandes, grandissant, et je vous remercie pour vos explications. Est-ce que vous avez... Vous êtes
donc débordés. Est-ce que ce que vous avez les ressources suffisantes, en ce moment, pour traiter tous les dossiers ou
tous les... J'imagine que vous avez même plus de matières, plus de lois
à surveiller. Est-ce que c'est le cas? Est-ce que vous avez, généralement...
Est-ce que ça déborde, au sein de la CAI? Je ne sais pas si je peux continuer
comme ça.
Mme Girard (Lise) : C'est certain
que les demandes augmentent. Que ça soit du côté de la surveillance que du côté juridictionnel, on bat des records,
actuellement, en termes de volume. Si vous posez la question à un président
d'organisme, est-ce qu'il souhaite plus de ressources, je pense que tout le
monde aimerait avoir plus de ressources. Par ailleurs,
actuellement, ce que je tente de faire depuis mon arrivée, c'est d'avoir
vraiment une vue d'ensemble de l'ensemble de
nos activités. Je suis en train de faire cette évaluation-là, une évaluation de
la capacité. Je suis actuellement, aussi,
en train de faire un diagnostic organisationnel pour m'assurer que les bonnes
ressources sont affectées au bon endroit dans l'organisme pour nous
assurer de remplir notre mission.
Mme Setlakwe :
Merci. Puis, au niveau des
délais, quels sont vos objectifs, là? Vous souhaiteriez que les délais
soient réduits à quelque chose qui est raisonnable. Puis ce serait quoi,
quelque chose de plus raisonnable?
Mme Girard (Lise) : On peut comprendre que,
lorsqu'on demande un document, tout délai est déjà trop long. On
souhaite avoir l'information rapidement. Par ailleurs, il faut traiter les
demandes qu'on reçoit, et donc on doit lui donner tous les efforts nécessaires
pour le constituer. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, on souhaite, par le
projet pilote qu'on souhaite mettre en place
dès juillet prochain, s'assurer que, par un appel du rôle de l'ensemble des
dossiers qui seront présentés à la
commission... c'est comme si un tri va pouvoir se faire. Le juge administratif
pourra, dès lors, intervenir et
émettre des ordonnances, peut-être demander que des actions soient prises, tout
ça pour faire en sorte que les délais soient raccourcis.
Aussi, si on fait un
tri des dossiers, on va pouvoir sélectionner les dossiers qui peuvent aller en
médiation plus rapidement. On va pouvoir
aussi peut-être faire des mises au rôle plus rapidement. C'est ce qu'on
souhaite, de revoir toutes nos façons de faire. Présentement, on a
cartographié, là, l'ensemble de nos activités et on soulève chacune des pierres
pour s'assurer de restreindre ou de limiter ces délais-là.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la
députée, s'il vous plaît.
Mme Setlakwe :
Merci pour votre réponse.
Récemment, on apprenait que l'ancien ministre de l'Économie avait
utilisé son courriel personnel dans certains dossiers ministériels, des
échanges avaient lieu. Il utilisait son cellulaire personnel, ça, c'est une chose, mais l'enjeu, c'est plutôt d'avoir
utilisé son Gmail, son courriel personnel. Et, suite à ça, il y a eu un
article de presse et puis il y a une motion, j'ai déposé une motion, la semaine
dernière, je crois, et, bon, il y avait des
paragraphes sur lesquels on s'entendait, là, que ce n'était pas un bon usage.
Mais nous, à la fin de la motion, on souhaitait que l'Assemblée déclare
qu'un tel usage n'est pas une politique souhaitable et qu'elle demande au
gouvernement d'y mettre fin en émettant une directive dans les meilleurs
délais.
J'aimerais
ça vous entendre, M. le ministre, sur cette question. Pourquoi vous auriez
hésité à émettre une directive si... Mais, premièrement, est-ce que ça se
fait? Est-ce que c'est une pratique répandue? Si vous reconnaissez que
ce n'est pas une bonne... ce n'est pas une bonne pratique, pourquoi hésiter à
émettre une directive?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Roberge : Oui. Bien, cette nouvelle qui est sortie nous a
portés à réfléchir. Puis votre... pas votre mandat, votre motion est
intéressante. Sauf que ce que je comprends, c'est que ça relève du MCN,
ministère de la Cybersécurité puis du Numérique, qui prend ce genre de
directive... qui pourrait prendre ce genre de directive pour protéger les
communications, par exemple, de personnes, là... de pirates informatiques qui
pourraient vouloir se saisir des choses. Donc,
l'utilisation des outils informatiques, ça relève du ministère, du MCN,
ministère de la Cybersécurité et du Numérique, davantage que le ministère
de l'Accès à l'information.
Mme
Setlakwe : Je comprends. Le gouvernement a quand même... n'a pas
consenti à la motion. Mais c'est peut-être au niveau du MCN qu'il y avait une
réticence, c'est ce que je comprends. Je poserai la question au ministre de la Cybersécurité et du Numérique. Mais il y a
quand même un enjeu ou un volet accès à l'information, puis j'aimerais avoir votre opinion ou celle de la présidente de
la CAI. On comprend qu'une telle pratique, donc, d'utiliser son courriel
personnel dans le cadre de ses fonctions de ministre ou de député pour traiter
avec des personnes à l'externe ou des organismes publics, bien, ça place ces
messages-là, ces courriels ou autres, hors du champ de l'application de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics
et sur la protection des renseignements personnels. Est-ce que c'est le
cas? Et comment... Vous ne pensez pas que le gouvernement devrait encadrer
cette pratique?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien, M. le Président, je ne suis pas
d'accord avec ce que ma collègue a dit. Si c'est un courriel, que
j'échange, par exemple, avec un sous-ministre, d'abord, les courriels du
sous-ministre, comme il les aurait reçus, bien,
pourraient être captés, si j'ose dire. Mais, de toute façon, ce n'est pas à
l'extérieur du champ d'accès à l'information. Si on doit rendre publics tous les courriels, par exemple, entre une
personne et une autre concernant ce sujet, ce n'est pas des courriels faits avec la boîte gouvernementale,
c'est un courriel entre M. X et Mme Y à tel sujet, que ce soit arobase...
ou @assnat, ou @gmail, ou Hotmail, je pense,
c'est la nature du renseignement qui est visé par l'accès à l'information
et pas l'adresse de courriel.
Mme Setlakwe :
Vous n'êtes pas inquiet qu'il y ait un enjeu d'accès à l'information? Donc,
pour vous, ce serait uniquement un enjeu de sécurité des données?
M. Roberge : Je suis davantage
inquiet, pour moi, de la protection des renseignements avec cette pratique-là.
Mme
Setlakwe : Est-ce que... Est-ce que la CAI, est-ce que la
commission, est-ce que maître... C'est Me Girard, je pense que... Est-ce que vous avez une opinion
sur le sujet? Est-ce que c'est bien le cas? Ce n'est pas... Donc, on peut
utiliser... un ministre peut utiliser sa
boîte de courriel Gmail, par exemple, ou Yahoo! pour traiter, évidemment, pas
d'un sujet personnel, mais d'un
dossier qui relève de son rôle de ministre dans le cadre de ses fonctions, et
ça n'échapperait pas à la loi sur l'accès à l'information?
Mme Girard
(Lise) : D'une perspective... Merci. D'une perspective de
la Commission d'accès à l'information, nécessairement, on favorise
l'accès à l'information, que le citoyen soit en mesure d'avoir accès à toute
l'information pertinente requise, là, qui est administrée au sein d'un
ministère, organisme, d'un organisme public. Nécessairement, c'est au ministère
et à l'organisme, dès qu'ils sont imputables, de s'assurer d'avoir l'ensemble
de l'information qui relève de leur administration
pour s'assurer que, lorsqu'il y a une demande d'accès, ils sont en mesure de
faire un repérage complet, global de
l'ensemble de l'information pour donner droit à des demandes d'accès à
l'information d'un citoyen.
Donc, on
s'est déjà prononcés, la Commission d'accès à l'information, sur le fait que,
malgré qu'effectivement tout ce qui est la technologie relève du ministère de
la Cybersécurité et du Numérique, sur l'application d'une... de faire attention, finalement, d'utiliser une messagerie personnelle
pour les fins professionnelles. Parce qu'en soi ce n'est pas l'outil qui est important, mais c'est de s'assurer
que l'information soit conservée au sein de l'organisme pour que, si une
demande d'accès est faite, on puisse y avoir accès.
• (19 heures) •
Mme
Setlakwe : O.K. Je comprends. Mais est-ce que... Donc,
l'information qui transite par le biais d'un Gmail personnel, est-ce que ça rend quand même le
travail, disons, plus difficile, pour un organisme public, de répondre aux
demandes d'accès à l'information?
Mme Girard (Lise) : Bien, à partir
du moment qu'ils ont l'information puis ils sont capables de faire ce repérage-là, à ce moment-là, ils seraient en
mesure de répondre à la demande. Ça, je ne peux pas répondre pour eux, là,
mais...
Mme
Setlakwe : Non, non, mais ça pourrait échapper, il y aurait
plus de chance que cette information-là échappe à l'organisme que si on
avait utilisé le courriel de l'Assemblée nationale?
Mme Girard (Lise) : C'est difficile
pour moi de répondre à cette question-là.
M.
Roberge : Je comprends mal votre question... excusez-moi, la
question de ma collègue. Parce que, s'il y avait une demande d'information qui me touche, qui me disait : Tous les
courriels sur tel sujet, entre vous et quelqu'un, bien, ce serait à moi
de les divulguer. Et, si... et je vous confirme que je n'utilise pas mes
courriels personnels, mais, si ça m'était
arrivé ou si quelqu'un m'avait envoyé quelque chose, bien, ce serait à moi de
les fournir, la loi s'appliquerait à moi. Puis tout le monde doit respecter la loi. Donc, je devrais quand même
fournir cette information. Mais, ceci dit, ce n'est pas la pratique qui
est favorisée, on préfère l'utilisation des boîtes gouvernementales.
Le Président (M. Bachand) : Merci. Mme la députée.
Mme
Setlakwe : Oui. Merci. En tout cas, je demeure un
peu... Bien, en tout cas, j'imagine que, pour l'organisme... puis, si l'organisme public n'est
pas impliqué dans l'échange avec le député ou le ministre, il me semble que,
là, forcément, si le ministre utilise un Gmail pour traiter avec
des entreprises privées en vue d'éventuellement... Je ne dis pas que... Ce
n'est pas une question d'éthique ici, là,
c'est juste une question de s'assurer qu'on puisse plus aisément repérer les
échanges qui ont lieu et qui
n'impliquent pas un organisme public. Et c'était... En tout cas, ça faisait
aussi l'objet de la motion, mais là je constate qu'il n'y a pas... il ne
semble pas y avoir d'inquiétude au niveau de l'accès à l'information. Il nous
reste quelques minutes, je pense, M. le... Oui. Oui, oui, allez-y.
M. Roberge : En
10 secondes, là, je ne veux pas prendre votre temps. Quand une information
touche... Ça m'est déjà arrivé qu'on me fasse une demande d'information qui
relevait d'échanges que j'ai eus, puis on me disait : Veuillez rendre
disponibles toutes ces informations. Donc, si j'avais, moi, avec, peu importe,
un organisme ou une entreprise, n'importe
quoi, échangé de l'information via un autre médium, j'aurais été dans
l'obligation de le divulguer quand
même. Ce n'est pas arrivé, mais j'aurais été dans l'obligation de le divulguer
quand même. Ceci dit, je le répète, ce n'est pas ce qui est souhaitable,
ce n'est pas des bonnes pratiques.
Mme Setlakwe : Non, je comprends si on vous le demande à vous
directement, mais, si on passe par un ministère ou un organisme pour
avoir accès à toutes les...
M. Roberge : Bien, quand ça touche le ministre, on lui dit,
là, on lui dit : Vous devez... excusez-moi, vous devez rendre possibles, disponibles ces informations-là.
Est-ce qu'il y a des courriels? Est-ce qu'il y a, est-ce qu'il y a... on me pose la question, et pourtant on a accès à mes
courriels, mais je vous témoigne qu'on m'a dit : Vous devez rendre public.
Puis moi, je disais tout le temps : Bien, ils sont là, prenez-les.
Allez-y, prenez-les, vous avez accès à mes courriels. Il n'y a
pas d'enjeu, prenez ce que vous avez besoin. Si d'aventure j'avais eu aussi
dans d'autres courriels, bien, il aurait fallu que je fasse l'exercice
d'aller les chercher et de les transmettre. Je n'aurais pas pu dire : Bien
non.
Mme Setlakwe :
Merci. On a reçu, comme à chaque année, donc, des réponses à nos questions
qu'on pose. On a... Je regarde le cahier d'étude qui nous a été livré.
Page G-6... hein, c'est-tu la page ou... c'est question G-6, désolée. Question G-6 à la page 6, au
bas de la page, il y a un contrat qui a été octroyé à Compugen pour de
l'hébergement de données au coût de
11 888 $, un contrat octroyé de gré à gré. Pour l'hébergement de
données, c'était une formation... c'étaient
deux choses différentes par rapport à Compugen. Ça concerne quoi, exactement,
au niveau de... Pourquoi ça a été un contrat qui a été donné de gré à
gré à Compugen pour de l'hébergement de données?
M. Roberge : Écoutez, je vais trouver l'information, je vais
la rendre disponible. Je ne sais pas si quelqu'un derrière peut trouver cette information-là, moi, je n'étais
pas... pas été partie. C'est la Commission d'accès à l'information, hein?
C'est la CAI?
Une voix : C'est la CAI.
M.
Roberge : C'est la CAI, O.K.
Bon, bien, on va essayer de trouver. Est-ce que vous l'avez tout de suite ou on
va... vous allez l'avoir?
Mme Girard (Lise) : J'ai
demandé l'information, on va me la transmettre. Je vous le donne immédiatement.
M. Roberge : O.K. Aussitôt
qu'on l'a, on va la rendre publique, sinon on le déposera.
M. Bachand : Si
c'est faisable, avant la fin de la séance, de faire parvenir la réponse à la
commission, s'il vous plaît.
M. Roberge : Oui, pas de
problème.
Le Président
(M. Bachand) : Il vous reste 50 secondes, Mme la
députée, s'il vous plaît.
Mme Setlakwe : Ah mon Dieu! Page 8, toujours
question G-6. Contrat octroyé à la firme Pierre Pilon
Communications, formation face aux médias au coût de 4 000 $. La
formation, elle était au bénéfice de qui?
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le ministre.
M. Roberge : Encore une fois, c'est la Commission d'accès à
l'information. Est-ce qu'on a la réponse tout de suite ou on peut la
donner plus tard?
Mme Girard
(Lise) : Non, je peux la
donner tout de suite. Je peux même revenir à la précédente, si vous me le
permettez, M. le Président. Relativement à Compugen, on me dit que c'est les
copies de sécurité pour l'hébergement de données dans Azure. Donc, c'est les
contrats qui ont été donnés à Compugen. Et, concernant le contrat que vous parlez, là, c'est une formation qui a été donnée
comme porte-parole aux personnes responsables des communications ainsi qu'aux
autorités de la commission d'accès.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Merci beaucoup. M. le député de Saint-Jean, pour
8 min 19 s, s'il vous plaît.
M. Lemieux : Merci
beaucoup, M. le Président. On va s'entendre, on est... M. le ministre, on a
tendance à parler de choses qu'on
connaît, de choses qu'on voit tous les jours dans ce sujet-là, sur l'accès à
l'information, un peu d'initiés. Par exemple, la CAI, pour la plupart du
monde avec qui je vais souper le samedi soir, c'est l'instrument de chauffage à
la maison, là. Tu sais, pour eux autres, là... Là où je veux en venir, c'est
que, quand je vous ai entendu, tout à l'heure,
parler du leader de l'opposition officielle qui demandait, en déchirant sa
chemise ou presque, de décaviarder, j'ai senti chez vous une frustration que je
partage, et que je partageais, et que je partage toujours. Je vous donne deux
minutes puis, si vous êtes bon, je
vais vous en donner une troisième pour dire au monde pas ce que vous avez
expliqué tout à l'heure, c'est-à-dire que ce n'est pas vous qui décidez
puis ce n'est pas votre adjoint qui décide, le caviardage n'est pas fait par
vous, mais il est fait par la commission pour l'institution. Le deux minutes
que je vous donne, c'est pour dire au monde qui ne connaissent pas la CAI, qui
ne connaissent pas le caviardage parce qu'ils n'en ont jamais eu chez eux, qu'est-ce qui est caviardé, c'est quoi,
l'information, au nom de quoi. Je sais que c'est Me Girard qui devrait répondre,
mais je passe par vous, puis vous jouerez au miroir si vous voulez, mais les
gens... Parce qu'il y a des conséquences formidablement
impressionnantes à crier au décaviardage, mais, en même temps, simplement,
est-ce qu'on peut décrire ce qui, généralement, est caviardé? Pourquoi
c'est caviardé si on ne peut pas dire ce que c'est?
Le Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, merci pour la
question, c'est un truc d'initié. La logique de base, le sens commun, ça serait de dire : Bien, vous avez de
l'information, donnez-la, puis, si vous la donnez, bien, ne cachez pas deux, trois
mots, là, puis... Ce serait mon
premier réflexe, là, de citoyen, tu sais, tu la donnes, tu la donnes. Ce qui
est omis, ou retiré, ou caviardé, ou peu importe, ce qui n'est pas
visible, et donc qui n'est pas transmis comme information, habituellement, c'est des informations
qui peuvent mener à l'identification, la reconnaissance de personnes.
Habituellement, ce sont des informations comme ça. On vise à protéger
des renseignements personnels. Ça peut être des informations qui sont relatives au salaire des personnes, à leur état de
santé, à les reconnaître. Habituellement, c'est ça, c'est pour protéger, hein,
c'est toujours les droits des uns qui
commencent où se terminent les droits des autres. Habituellement, ça va dans
cette direction-là.
Il
y a un autre pan aussi qui est, je vous dirais, des informations d'aide à la
décision gouvernementale. Des fois, ça
peut même toucher les finances publiques, il y a l'équilibre des finances
publiques. Ça dépend des agences de notation, ça dépend des études de crédits, quand on émet des bons, etc. Il y a des
choses qui peuvent toucher aussi, je dirais, la sécurité financière de l'État. Il peut y avoir des choses
qui touchent ce qu'on appelle l'aide à la décision. Il y a des gens aussi qui
viennent nous parler, qui viennent nous
donner des informations ou qui viennent nous éclairer, à la condition que leur
identité serait protégée, ça peut être
parfois dans des commissions d'enquête, et c'est ça, habituellement. Et donc
c'est dans l'intérêt supérieur... pas dans le mien ou le vôtre... D'ailleurs,
moi, comme ministre, on n'est jamais au courant de qu'est-ce qui a été caviardé, qu'est-ce qui n'a
pas été caviardé puis pourquoi. C'est dans l'intérêt supérieur du Québec puis de l'État puis c'est pour protéger des
Québécois que ces décisions-là sont prises à la lumière d'une loi qui a été
votée par les parlementaires.
Je comprends qu'on
puisse vouloir améliorer la loi encore, je vous l'ai dit, toutes les lois sont
perfectibles, mais il reste que la loi sur laquelle se basent les
fonctionnaires, elle a été adoptée suite à un travail de commission
parlementaire avec... je n'étais pas là à ce moment-là, mais avec d'autres
élus, et donc ce sont des élus de plusieurs formations politiques qui ont
travaillé à la loi, qui, aujourd'hui, nous gouverne. Donc, il faut voir que
tout ça est issu d'un consensus, ce n'est pas étranger.
• (19 h 10) •
M. Lemieux : Et,
si je peux me permettre, Me Girard, de parler de la machine à saucisses.
Une fois que je comprends le principe, là,
quand ça arrive chez vous, ce n'est pas... ce n'est pas juste des avocats,
c'est qui, qui fait la décision dans votre machine à saucisses?
Mme Girard
(Lise) : Ça va, M. le ministre?
M. Roberge : Oui,
absolument.
Le
Président (M. Bachand) : Me Girard, oui.
Mme Girard
(Lise) : ...M. le Président. Donc, peut-être juste revenir à votre
première question, si vous me le permettez,
parce que ça va peut-être bien expliquer le traitement qu'on fait à la
Commission d'accès à l'information. Premièrement,
ce n'est pas la Commission d'accès à l'information qui caviarde les documents.
Elle pourra peut-être, du côté juridictionnel... à déterminer, à rendre
une décision à savoir si le document devait ou pas être caviardé.
La Loi sur l'accès à
l'information des documents des organismes publics et la protection des
renseignements personnels est bicéphale. Il
y a deux philosophies. Du côté de l'accès à l'information, la philosophie se
veut qu'à prime abord toute l'information devrait être accessible et de
façon... à l'exception de certaines restrictions. Du côté de la protection des renseignements personnels, c'est
confidentiel, on ne veut pas donner l'information, et, à l'inverse, il y a
certaines circonstances où on peut donner l'information. Et donc c'est la
raison pour laquelle, dans les restrictions, il y a des restrictions
impératives et il y a des restrictions facultatives. Lorsqu'il y a des
restrictions impératives, ça veut dire que la loi a prévu, le législateur a
prévu que c'est : Doit restreindre l'information, donc on ne peut pas
donner l'information. C'est toutes les
questions de sécurité de l'État, sécurité de l'information, protection des
renseignements personnels, protection des renseignements personnels de
tiers.
Du côté facultatif,
donc, ça le dit, c'est que c'est à l'organisme de décider si elle remet ou pas
l'information. Elle a, selon la restriction,
la possibilité de choisir de donner ou pas l'information, donc le document
complet ou donner le document et
caviarder des informations. Et donc, à partir de là... Et ça, c'est toutes les
questions d'opinions, d'avis, recommandations, avis juridiques, etc.
Quand le citoyen reçoit la décision de l'organisme ou du ministère, à ce moment-là, il a le choix d'être d'accord avec ce
qu'il reçoit ou de déposer devant la commission d'accès un recours, une demande en révision de cette décision-là. Un juge
administratif, ce qu'il fera, c'est qu'il déterminera si, effectivement,
c'était visé par les restrictions, est-ce que c'est une restriction impérative,
est-ce que c'est une restriction facultative et est-ce que les
conditions remplissent pour qu'effectivement l'information soit non divulguée,
à défaut de quoi demandera à ce que l'information soit divulguée.
M. Lemieux : Donc, qui cache quoi au juste? C'est une chaîne
dans la mesure où... cacher, pas péjorativement, là, mais qui... comment on arrive à caviarder? C'est que c'est une
chaîne, et il y a des réactions dans cette chaîne-là. Puis, au final, ultimement, c'est le tribunal
administratif qui dit : Oui, ça pouvait rester caviardé, puis vous, vous
ne l'avez jamais su, M. le ministre.
M. Roberge : Moi,
je ne l'ai jamais quoi?
M. Lemieux : Vous
ne l'avez jamais su, vous ne savez même pas que c'est caviardé.
M.
Roberge : Non. À un moment donné, on apprend qu'il y a une
demande, puis voici la décision, voilà, comme on apprend qu'il va
pleuvoir demain.
M. Lemieux : Merci
beaucoup. Il me reste 20 secondes pour que vous puissiez faire vos
salutations d'usage. Après, on va voter, je pense, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Il n'y a pas de vote
aujourd'hui. M. le ministre...
M. Lemieux : Il n'y a pas de vote?
Le Président (M. Bachand) : ...ça va dans les commentaires?
M. Roberge : Oui. Bien, merci. Je
veux remercier la présidence, les collègues, les équipes qui nous ont
accompagnés, ma collègue aussi de l'opposition, qui a soulevé des points extrêmement
intéressants, des fois des cas très précis ou des questions d'intérêt public.
Puis ça alimente nos réflexions. Merci beaucoup.
Documents déposés
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Alors, avant de terminer, je dépose les
réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au mercredi 7 mai,
à 11 h 30, où elle va entreprendre l'étude du volet Relations internationales et Francophonie des crédits
budgétaires du portefeuille Relations internationales et de la
Francophonie. Merci, une belle soirée.
(Fin de la séance à 19 h 15)