Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 6 mai 2025
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Vol. 47 N° 114
Étude des crédits budgétaires du ministère du Conseil exécutif, volet Affaires autochtones
Étude des crédits budgétaires du ministère du Conseil exécutif, volet Accès à l’information
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît!
Bonjour, tout le monde, très content de vous retrouver. Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions ouverte. La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet Affaires autochtones
des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice
financier 2025-2026. Une enveloppe de deux heures a été allouée pour l'étude
de ces crédits. Avant de débuter, M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Bourassa
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par M. St-Louis
(Joliette).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Comme vous
savez, nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ
20 minutes, incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de
ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué. Alors, je
cède maintenant la parole au député de l'Acadie pour une... un premier bloc d'échange
de 18 minutes 10 secondes. M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Alors, bonjour, M.
le Président. Heureux de vous retrouver, M. le ministre, et tous les collègues
qui vous accompagnent. Alors, bonjour, bienvenue, collègues de la banquette
gouvernementale, collègues du deuxième groupe d'opposition. Alors, bonjour tout
le monde. On va débuter, M. le Président, avec le sujet suivant : le
traité de Petapan ou Petapan. Vous vous rappellerez, M. le Président, si mon
souvenir est bon, pendant la campagne 2022...
M. Morin : ...22, M. le
premier ministre disait qu'il voulait signer un traité historique, et il avait
même fixé un échéancier au 31 mars 2023. On est rendus maintenant au mois
de mai 2025 et je n'ai pas lu que le fameux traité avait été signé. Alors,
j'aimerais savoir d'une part de M. le ministre, à une de nos questions,
question 64 de nos renseignements particuliers, il y aurait eu
14 rencontres en lien avec le traité en 2024-2025, mais il n'y en aurait
pas eu en 2025 jusqu'à maintenant. Alors, j'aimerais savoir pourquoi.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour de saluer tout le monde,
distingués collègues des oppositions. Merci d'être là ce matin. C'est un
exercice fort important qu'on fait pour notre démocratie, où on vient expliquer
nos crédits, où ça se fait de façon publique. Chers collègues de la banquette
ministérielle, merci d'être là, et les équipes. Puis j'ai bien aimé mon
collègue libéral lorsqu'il a mentionné que c'est un travail d'équipe puis il a
parlé des équipes qui sont là. Les gens que vous voyez à côté de moi ont
travaillé extrêmement fort pour qu'aujourd'hui on puisse répondre à vos questions.
C'est un exercice qui est important.
M. le Président, le 5 mai, puis je
fais une petite parenthèse, puis je sais que mes collègues de l'opposition ne
m'en tiendront pas rigueur, 5 mai, journée de la robe rouge, journée où on
s'appelle les femmes, les filles assassinées et disparues, alors petite pensée
particulière, M. le Président. C'est un événement qui a eu lieu hier. C'est
pour ça que je porte présentement une petite robe rouge. C'est une journée
extrêmement importante.
Traité Petapan. Chers collègues, je pense
que certains de mes amis de la banquette ministérielle vont penser que c'est
une question plantée parce que c'est un... c'est sujet d'actualité sur lequel
on parle énormément, Petapan. On traite... On négocie depuis plus de
43 ans, M. le Président, 43 ans. Quand ça a commencé, il y avait
plusieurs autres communautés. Donc, on parlait des Innus, des Attikameks, qui
étaient dans ce projet de traité là. Puis, avec le temps, il y en a qui se sont
découragés, M. le Président. Il y en a qui ont décidé de laisser aller le
traité. Aujourd'hui, on est rendus avec trois communautés innues, Mashteuiatsh,
Essipit, Nutashkuan.
Mon collègue a souligné avec raison le
fait que le premier ministre, pendant la campagne électorale, lors d'un
déplacement à Uashat, sur la Côte-Nord, avait pris l'engagement... je vous
dirais que j'en ai eu des sueurs froides, chers collègues, il avait pris
l'engagement d'avoir un traité au 31 mars de l'année suivante. Sueurs
froides, parce que, M. le Président, ça faisait des années qu'on négociait puis
on n'y arrivait pas. Cependant, il avait raison. Il avait raison parce que ça a
amené un vent de changement. Ça a fait en sorte que tout le monde,
collectivement, s'est dit : Écoute, il y a une capacité, une possibilité de
livrer, allons-y.
Est-ce qu'aujourd'hui vous avez devant
vous un traité, M. le Président? La réponse, c'est non. Est-ce qu'on est plus
près que jamais? La réponse, c'est oui. Pourquoi? Parce que les équipes, de
part et d'autre, ont redoublé d'efforts. Chacun a mis de l'eau dans son vin
pour arriver à quelque chose d'intéressant. Et ce que mon collègue a vu
récemment, c'est... Puis je vais y aller très rapidement, puis vous allez voir,
ça va répondre à un autre élément. Ce que mon collègue a vu récemment, c'est
qu'il y a une entente de principe qui a été signée avec le gouvernement
fédéral, qui a dit : Nous autres, on ne reculera pas. Voici où on en est.
Ce que mon collègue a pu entendre aussi,
c'est une lettre du premier ministre qui a été adressée au regroupement
Petapan, en disant : Nous autres, dès que le fédéral revient, on veut
continuer, on veut terminer cette négociation-là. Et le premier ministre les a
rencontrés récemment.
• (9 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Morin : Oui. Alors, merci,
M. le Président. Donc, quand vous dites que M. le premier ministre les a
rencontrés récemment, c'était ça, ma question, c'est quand?
M. Lafrenière : ...chercher
dans notre mémoire collective. C'est lors d'une grande entente qui a été
annoncée, l'Entente Ashuapmushuan avec Hydro-Québec et... Chauveau, ça s'est
fait au Lac-Saint-Jean. Je vais vous donner la date exacte dans un instant.
Une voix : ...
M. Lafrenière : Le
29 janvier dernier. Par la suite, il y a eu des échanges de lettres. Et
pas plus tard que la semaine passée, je réécrivais au chef de Patapan. Vous
savez qu'il y a eu un changement au niveau de la gouvernance à Mashteuiatsh.
M. Morin : Exact.
M. Lafrenière : Et j'ai
réécrit aux chefs en leur disant : Nous avons toujours cette même volonté,
avançons, même si le fédéral n'a toujours pas... toujours pas de retour avec un
ministre en poste, continuons de travailler ensemble pour trouver des solutions
dans Petapan.
M. Morin : O.K. Peut-être
apporter une précision, M. le Président. Parce que j'écoute la réponse de M. le
ministre. Dans les réponses à nos renseignements particuliers, dans le cahier
de crédits, on avait une question spécifique là-dessus, le nombre de
rencontres... nombre de rencontres avec le premier ministre. Alors, la réponse
qui nous est donnée, nombre de rencontres avec le premier ministre du Québec,
et je suis à la page 64.1 des demandes...
M. Morin : ...de
renseignements de l'opposition officielle pour les renseignements particuliers.
Ça commence par : «Il n'y a pas eu de rencontre avec le premier ministre
du Québec pour la période couverte par la présente étude des crédits.» On dit
qu'une rencontre a néanmoins eu lieu entre le premier ministre et les chefs des
Premières Nations le 29 janvier comme vous dites, en marge d'une annonce
énergétique. Mais il y en a eu une, rencontre, ça a avancé, ou il n'y en a pas
eu? Et qu'est-ce qui fait... Parce qu'également, M. le Président, le nouveau
chef de l'APNQL, M. Verreault-Paul, s'est rendu, avec d'autres, aux Nations
unies il n'y a pas longtemps.
Alors, moi, ce que j'aimerais savoir, M.
le Président, c'est... Donc là, je comprends qu'il y en aurait eu une, mais
c'était en périphérie d'une autre rencontre. Qu'est-ce qui fait que ça n'avance
pas? Parce que ma compréhension, c'est que le fédéral, lui, serait prêt à aller
de l'avant. Alors, quelles sont les embûches que vous rencontrez, puis pourquoi
on est plus de deux ans en retard, compte tenu de l'échéancier qui a été fixé
par le premier ministre lui-même?
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis mon collègue lisait la réponse qui lui a été fournie, puis
c'est exactement ça qui a été mentionné, il y a eu une rencontre le
29 janvier, en marge d'une annonce énergétique, et c'est vrai. Puis ça,
c'était à la demande des chefs, ça s'est passé à huis clos. Petite rencontre de
courtoisie, qui avait été demandée par les chefs. Est-ce que le premier
ministre fait les négociations dans le Petapan? La réponse, c'est non. Ce n'est
pas comme ça que ça fonctionne du tout.
Cependant, je comprends mon collègue, qui
dit : Écoute, il faudrait vraiment que ça avance, qu'on livre. Je ne veux
pas être désagréable, là, mais pendant 45 ans, M. le Président, on n'a pas
réussi à livrer. On a avancé comme jamais. Qu'est-ce qui accroche, M. le
Président? Bien, c'est sûr que, pour le fédéral, quand on parle du
vivre-ensemble, ils ne vivent pas avec les mêmes impacts que les municipalités,
les MRC vivent ici, au Québec. Et il y a certains points qu'ils nous restent à
régler, c'est vrai. D'ailleurs, je veux saluer le chef Gilbert Dominique, pour
qui c'était la dernière journée de travail hier. Mais on a... on a établi
ensemble qu'il y avait des points qu'on devait clarifier. Quand on signe un
traité, ce n'est pas pour des semaines... puis mon collègue est légiste, il le
sait très bien, là... c'est pour des années. Alors, on veut que les prochaines
générations puissent relire ce traité-là, l'appliquer, parce qu'on n'aura pas
mal fait notre travail.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Acadie.
M. Morin : Oui, mais... C'est
exact, ce que vous mentionnez, ça fait des décennies, mais c'est le premier
ministre actuel qui a fixé un échéancier. C'est le premier ministre actuel qui
a fixé un échéancier, M. le ministre. Donc, il devait être au courant, quand
même, le premier ministre, que ça fait des décennies qu'on négocie. Donc, s'il
a fixé un échéancier aussi précis que celui-là, qui, visiblement, n'est pas
respecté, il devait avoir des bonnes raisons. Alors, qu'est-ce qui fait que ça
échoppe? Qu'est-ce qui fait que ce n'est pas encore signé? Quels sont les
enjeux fondamentaux où il y a, bien, visiblement, une mésentente? Parce que le
traité n'est toujours pas conclu.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis je veux amener une correction. Ce n'est pas qu'il y a une
mésentente. Il faut faire attention. Quand on fait un traité de la sorte, un
traité qui va changer radicalement la vie des gens, autant sur communautés que
les communautés allochtones voisines, c'est sûr qu'on a un travail de rigueur à
faire M. le Président.
Et quand mon collègue dit : Bon, ça
fait des décennies, mais votre premier ministre, vu qu'il s'est engagé... c'est
un petit peu de mettre la faute sur notre dos. Si le premier ministre n'avait
pas fait cette déclaration là, M. le Président, on serait encore avec un traité
à négocier pour les 40 prochaines années, puis je pourrais renouveler l'avocat,
en lui disant de donner le contrat à sa fille dans le futur aussi. Ça n'a pas
bougé pendant 40 ans, M. le Président. Je vais prendre ce qui nous revient.
Mais il y a des gens qui étaient là avec nous, et il n'y a jamais rien qui a
été livré. Là, on avance, c'est vrai. Qu'est-ce qui reste à régler? Des points
extrêmement importants, des points de droit, égalité hommes-femmes. Ce sont des
points importants pour nous, sur lesquels on va trouver des solutions avec,
avec les Premières Nations.
Mais le dernier point... puis là je vais
me fier sur mon collègue juriste, qui connaît bien ça... c'est sûr qu'en 40 ans
il y a eu des jurisprudences, et de nouvelles causes qui ont été entendues au
Canada, qui viennent impacter ce qu'on négocie. Puis je peux vous donner un
exemple avec la Déclaration des Nations unies, qui a amené un regard différent
sur notre traité. Le traité qu'on a aujourd'hui, il est bien différent de ce
qu'on a commencé à négocier il y a de ça 45 ans, puis ça c'est normal. Mais je
veux le rassurer, je l'avais dit l'année passée, on a avancé. Encore,
récemment, j'ai rencontré les chefs. On a cette même volonté, M. le Président.
M. Morin : Vous avez
mentionné, dans votre... dans votre réponse, M. le ministre, la question de
l'égalité hommes-femmes. Est-ce que ça pose un enjeu à la table de négociation?
M. Lafrenière : Pour nous,
c'est une priorité, on veut être sûrs que ce qui est écrit soit compris, mis en
place de la sorte, c'est-à-dire l'égalité hommes-femmes. Pour nous, c'est
important.
M. Morin : Oui, ça, c'est
clair, c'est fondamental. Mais est-ce que ça pose un problème particulier?
M. Lafrenière : Ça ne pose
pas de problème, ça nécessite des clarifications, puis c'est pour ça qu'on
travaille avec l'autre partie, qui ont cette même volonté-là. Puis, vous savez,
quand on fait un traité... puis je parle à mon collègue, qui est un éminent
juriste, là, il le sait... on peut s'entendre aujourd'hui, l'individu...
M. Lafrenière : ...avec
l'individu B, où on dit : Dans quelques années, ce ne sera plus nous qui
vont être assis là. Comment les gens vont l'interpréter? Puis c'est là-dessus
qu'on travaille pour vraiment s'assurer que, dans le futur, ça va être bien
interprété et que ces droits-là vont être respectés.
M. le Président, en tout respect, cependant,
pour la table de négociations, je ne pourrai pas partager les éléments de la
table de négociation. Et, je vous le dis, ce qu'on avait l'an passé n'est plus
ce qu'on a aujourd'hui, il reste beaucoup moins de points. Il reste certains
points, des points importants, c'est vrai, de l'aveu même de tout le monde
autour de la table, on n'aura jamais autant avancé. Moi, j'ai espoir qu'on va y
arriver et rapidement.
M. Morin : Vous avez
également fait référence, M. le ministre, à la Déclaration des Nations Unies.
Il n'y a pas une loi québécoise qui l'a adoptée, mais il y a une motion de
l'Assemblée nationale qui en fait état. Est-ce que ça pose un problème pour la
négociation du traité? Parce que je regardais encore la Déclaration des Nations
Unies, ça permet, justement, entre autres, aux Premières Nations de pouvoir
aller de l'avant avec leur développement économique. Il semble que le traité de
Petapan touche, entre autres, à ces questions-là. Donc, qu'est-ce qui achoppe
avec la Déclaration des Nations unies et qui fait en sorte que le traité n'est
pas encore signé?
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis, bien au contraire, puis, vous savez, mon collègue m'a sûrement
entendu répondre aux questions, pour la déclaration sur les... sur la DNU... de
la déclaration des Nations unies et des droits des peuples autochtones. Et on
se faisait demander : Mais pourquoi vous la refusez? Pourquoi vous ne
voulez pas la mettre en place? Puis mon collègue l'a bien dit à quatre reprises
dans cette Assemblée, on a voté un accord. Et ce qu'on donne comme réponse, on
dit : Nous, on veut la mettre... on veut lui donner vie dans nos projets
de traité. Ça fait que Petapan, c'est le plus bel exemple. On veut inclure des
notions de la DNU des PA dans Petapan. Ce n'est pas un enjeu.
Ce que j'ai dit, tantôt, cependant, c'est
clair, quand il arrive une nouveauté comme la déclaration des Nations Unies,
quand on négocie un traité, ça a un impact. L'autre exemple que je pourrais
donner à mon collègue, quand on a fait la convention de la Baie-James, il y
avait ce qu'on appelait une extinction de droits. Aujourd'hui, dans les traités
modernes, ça n'existe plus. Alors, il a fallu changer nos façons de faire. Puis
ça, en passant, un grand travail qu'on a à faire, c'est de rassurer les
communautés voisines, qui pensent encore que c'est le type de traité avec
extinction de droits, mais, pour la Déclaration des Nations unies, M. le
Président, juste qu'on va avoir la chance d'en reparler tantôt, parce
qu'effectivement, en 2007, 2010, c'est un... une déclaration qui est arrivée
dans l'air, qui n'a pas été mise en place au Québec, ni par nous, ni par les
gouvernements avant. Il y a une raison à ça. Pourquoi? Parce que ce n'est pas
simple, ce n'est pas simple. La Colombie-Britannique, eux, ont décidé de mettre
en place une structure gouvernementale pour aller voir dans chacune des lois
comment l'appliquer. Ce n'est pas le chemin qu'on a décidé de prendre. Puis mes
collègues qui étaient là avant nous ne l'ont pas fait non plus. Je pense que ce
n'est pas... ce n'est pas l'approche qu'on veut.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Morin : Alors, M. le
Président, merci. Alors, moi, ce que j'entends sur le terrain, M. le ministre,
autant des communautés autochtones que des communautés allochtones, c'est que
l'absence de traité, justement, crée une incertitude, notamment au niveau...
niveau économique. Les gens aimeraient savoir, finalement, quelles seront
les... évidemment, les balises du traité pour être capable de faire du
développement économique, autant dans les communautés allochtones qu'avec les
communautés autochtones. Donc, ça a un impact réel sur le terrain. Et donc, à
chaque fois qu'on reporte la signature du traité, bien, c'est aussi un report
de certains avancements au niveau de l'économie locale, l'économie des régions,
ce qui est fondamental pour moi. Est-ce que vous considérez ça? Est-ce que
c'est un élément qui va faire en sorte que vous devriez le plus tôt possible
prioriser ce dossier-là et faire en sorte qu'il soit signé rapidement?
• (10 heures) •
M. Lafrenière : M. le
Président, je suis tellement heureux d'avoir un allié de plus autour de la
table aujourd'hui. J'en suis très, très, très heureux, avec le collègue de
l'Acadie. La journée qu'on sera prêt à signer, je sais que j'aurai quelqu'un à
côté de moi pour dire : On est d'accord. Pourquoi? Parce qu'il a vraiment
raison. Pour donner de la prévisibilité, pour aider l'économie, pour aider la
foresterie, tous les enjeux majeurs, oui, puis je vois... je le vois réagir,
mais je lui demanderais il était où, pendant toutes les années, le Parti
libéral était où pendant toutes ces années-là, où Petapan existait puis ça n'a
pas avancé. Puis je ne lance pas la pierre, juste dire : Il devait y avoir
des raisons qui ont fait en sorte que ça a été compliqué. Puis c'est vrai que
c'est notre premier ministre, notre gouvernement qui s'est engagé là-dedans.
Vous avez... Il a, pardon, totalement raison. C'est vrai, puis on s'assume.
Mais quand il dit : Il va falloir le prioriser, là je suis en désaccord,
on met toute l'énergie, mais vous savez, on peut mettre énormément d'énergie,
de part et d'autre, avoir des points à régler. C'est là-dessus qu'on travaille.
Mais l'an passé, dans cette même rencontre, quand il m'a posé la même question,
je n'étais pas rendu au point de vue que je suis rendu aujourd'hui, M. le
Président, on a avancé depuis un an, on a avancé grandement. Si je lui donne
une échelle de grandeur, là, s'il y avait 12 points, il y en a plus de la
moitié de réglée.
M. Morin : Donc, l'an passé,
vous étiez quoi, vous étiez à vos balbutiements, puis là, vous en avez plus que
la moitié. Puis, en passant, M. le Président, parce que les gens nous écoutent,
là, avant de dire que je suis d'accord avec le traité puis la signature du
traité, on va voir ce qu'il y a dans le traité, là, hein...
M. Lafrenière : J'avais trop
de... j'étais trop heureux…
10 h (version non révisée)
M. Morin : ...toutes sortes
de bonnes intentions, là...
M. Lafrenière : J'étais trop
heureux.
M. Morin : ...mais on va...
on va attendre un peu. On va lire avant le document, là. Ça, ça m'apparaît très
clair. Donc, vous aviez combien de points de réglés l'année passée, vous en
avez combien maintenant, pour qu'on voit quelle est la progression puis la
vitesse de la progression des négociations?
M. Lafrenière : Ce que je
voulais dire, puis je veux rassurer le collègue, comme légiste, je n'ai pas
pris pour acquis que, sans avoir lu le document, il était d'accord avec les 300
pages, mais je sais que l'idée qu'il y ait derrière un traité, il en est d'accord.
Ça fait que... il a bien fait de corriger, là, j'étais trop heureux.
M. le Président, l'an passé... Puis je n'aime
pas l'approche mathématique, je vais vous dire pourquoi, parce que, des fois,
je pourrais bien vous dire, hein, que 80 % des points sont réglés, mais
les deux qui nous restent sont des points majeurs. Il y a encore des enjeux sur
le traité, où, de part et d'autre, on travaille, il y a encore des textes qui sont
échangés. Pas plus tard que dans les prochains jours, il y a une nouvelle
version qu'on va transmettre aux gens du traité Petapan. C'est un processus qui
est long, qui est complexe. Pourquoi? Parce que ce qu'on écrit aujourd'hui, c'est
pour le futur, c'est pour les prochaines années. C'est 300 pages de traité. Ça
va venir réguler les relations autochtones-allochtones. Mon collègue a raison
quand il dit : Ça va donner plus de prévisibilité, soit. Les gens qui
mettent le plus de pression, M. le Président, pour que le traité Petapan avance,
ce sont les gens des collectivités, ce n'est même pas les communautés
autochtones, M. le Président, c'est vraiment les collectivités autour qui se
disent : On veut plus de prévisibilité.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Donc, justement, avez-vous, au sein de votre secrétariat, des études
d'impact que vous avez faites afin de déterminer ou d'évaluer les conséquences
économiques que risquent de subir les communautés si le traité ou les
négociations n'avancent pas?
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Oui, on a un cadre, on a un cadre financier. Oui, on a déposé
plusieurs offres financières sur le traité Petapan. On a même mis en place des
facilitateurs, des négociateurs pour les régions qui vont voir les impacts
aussi dans les relations autochtones-allochtones. Parce que, M. le Président,
même si demain matin on s'entendait sur Petapan puis on en serait tous heureux
dans cette salle, on sait qu'on a une période entre 12 et 24 mois où les
communautés vont devoir aller de leur côté en référendum pour voir comment les
communautés réagissent, et, M. le député de l'Acadie, pour qu'il comprenne, ma
réponse, pourquoi elle a l'air très longue, à ce moment-là, l'entièreté du
traité va être dévoilée.
M. Morin : Étude... Étude d'impact,
oui ou non?
Des voix : ...
M. Lafrenière : Non. La
réponse, c'est non.
M. Morin : Non? Pas d'étude d'impact?
Merci. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :Mme la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques, pour 12 minutes
six secondes, s'il vous plaît.
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde. Bonjour, M. le ministre. Contente d'être
avec vous. Je n'ai qu'au total 24 minutes pour être en discussion avec vous.
Alors, vous comprendrez qu'on va aller droit au but. On parle de la Déclaration
des Nations Unies, ce n'est pas pour rien, c'est un guide. M. le ministre, rappelez-moi
c'est quoi l'article exactement qui reconnaît la nécessité que les États... que
les États, en fait, obtiennent le consentement préalable libre et en toute
connaissance de cause? Vous vous rappelez de l'article, numéro de l'article? Ce
n'est pas pour vous coincer, monsieur...
M. Lafrenière : ...j'ai pensé
à ça pendant deux secondes puis je me suis dit : C'est sûr qu'elle ne peut
pas faire ça.
Mme Massé : C'est le 19.
M. Lafrenière : C'est-tu 19?
Mme Massé : C'est le 19, oui,
oui.
M. Lafrenière : Parce que je
regardais 26.
Mme Massé : Oui, oui. Non, mais
je le sais, puis ce n'était pas pour vous coincer, c'était juste parce que les Premières
Nations en ont tellement... vous ont tellement demandé de reconnaître l'article 19
que je me disais : Peut-être qu'à un moment donné ça a fini par s'imprimer.
L'article 19, en fait, qui dit
simplement... je passe les premières lignes, mais qu'«avant d'adopter et d'appliquer
des mesures législatives ou administratives susceptibles de concerner les
peuples autochtones afin d'obtenir leur consentement préalable donné librement
et en toute connaissance de cause»... Pourquoi avez-vous laissé votre ministre
de la Forêt déposer son régime forestier?
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis juste... juste amener une petite correction. Quand ma collègue
dit que les Premières Nations m'ont demandé d'adopter l'article 19, ils
nous demandent d'adopter intégralement la Déclaration des Nations Unies. Je
disais tantôt au collègue, depuis 2007-2010, que c'est là, que ça n'a pas été
fait dans le passé. Nous, ce qu'on a décidé, M. le Président, c'est d'y donner
vie. Puis, vous allez voir, il y a un lien direct avec sa question, là, je vous
rassure. Dans plusieurs... Puis j'ai la liste. C'est pour ça, tantôt, quand on
demandait l'article, là... j'ai la liste des articles avec des exemples
concrets dans lesquels on a donné vie à ces... à cette déclaration-là. Lorsqu'elle
me parle du changement du régime forestier... M. le Président, on était assis
ensemble, ma collègue et moi, dans un autre projet de loi, le projet de loi n° 32,
où avec l'APNQL, Femmes autochtones, on s'est dit : Comment changer notre
façon de travailler avec les Premières Nations? Et, exemple...
M. Lafrenière : ...en matière
de législation, comment on peut faire différemment. Parce que, M. le Président,
en tout respect pour cette Assemblée, on a des façons de faire qui sont très,
très loin des réalités autochtones.
Pour le régime forestier, ce qui a été
fait, ma collègue a consulté, puis je fais attention au mot «consulté», a
dialogué avant. Parce que vous savez que le mot «consultation» est très lourd
de sens. Ce n'étaient pas des consultations, chère collègue. Ça a été du
dialogue. Il y a eu plus de 20 rencontres. Elle s'est engagée pour la
suite des choses, j'étais avec elle la semaine passée, avec l'APNQL, avec des
chefs, en disant : Maintenant que c'est sur la table, travaillons
ensemble. Elle a bien démontré quel était son projet. Alors, on continue de
travailler là-dessus.
Je comprends ce que ma collègue dit. Je la
comprends très, très bien, en disant : Est-ce qu'on aurait pu coécrire,
cobâtir? On est toujours à la recherche d'une solution. Je travaille avec
l'APNQL. M. le Président, en tout respect pour cette institution, j'essaie de
trouver une solution qui est acceptable.
Mme Massé : M. le ministre,
effectivement, l'Assemblée nationale a demandé au gouvernement du Québec, le 8
octobre 2019... demande au gouvernement du Québec de reconnaître les principes
et de s'engager à négocier la mise en œuvre. Les Premières Nations nous le
disent sur une multitude de dossiers : Vous n'avez pas la façon de
fonctionner. Ce n'est pas de même. Alors...
Puis là, je vais verser vers un autre
dossier parce vous me dites : Oui, oui, on les a consultés, il y a eu tant
de rencontres, et tout ça. Ce n'est pas ça qu'ils veulent. Vous le savez que ce
n'est pas ça qu'ils veulent. Puis c'est pour ça qu'ils ne sont pas contents
quand les régimes forestiers comme ça débarquent. C'est pour ça qu'ils ne sont
pas contents quand vous contestez leur droit à prendre soin de leurs enfants,
de leurs familles. C'est pour ça qu'ils ne sont pas contents quand ils sont
obligés de contester pour que leurs corps de... leurs corps policiers soient
capables d'avoir les mêmes leviers que les corps policiers ici, au Québec.
Allons dans le dossier du caribou. C'est
un autre exemple. C'est un autre exemple où, dans le fond, Québec... puis
sortez-moi pas l'histoire des compétences, s'il vous plaît, il y a une espèce
qui est en voie de disparition. Notre gouvernement se traîne les pieds. Quand
le gouvernement que moi, je ne reconnais pas, qu'est le gouvernement canadien,
lui, met des balises, notre gouvernement gaspille notre argent public pour les
contester. M. le ministre, qu'est-ce qu'on va faire? Ça ne marche pas, cette
façon-là de faire. Puis vous avez raison de dire qu'on a essayé d'en... on en a
essayé d'autres, mais ça non plus, ça ne marche pas. Il est où, le problème de
reconnaître que ces peuples-là ont leur plein droit, tel que le déclarent les
principes de la DNUPNA, comme vous le savez? Qu'est-ce... Qu'est-ce qui bloque?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis, écoutez, c'est... Ma collègue a commencé sa question en disant
qu'elle avait juste 24 minutes. Elle a raison parce que, la Déclaration
des Nations unies, c'est un sujet sur lequel on pourrait parler pendant des
jours. C'est un sujet qui est extrêmement important mais qui est aussi sensible
et, je me permets de dire... de corriger sur un point, qui n'est pas aussi
simple que ça, M. le Président. Si c'était simple, il y a bien des gens qui
l'auraient fait avant nous. Même ce qui est fait en Colombie-Britannique... je
faisais des lectures encore ce week-end pour me préparer aujourd'hui, et il y a
Nadir André, qu'on connaît très bien au Québec, qui contestait l'approche de la
Colombie-Britannique, qui, pourtant, supposément, est parfaite. Je peux aller
du côté de la foresterie ou du caribou, de dire que j'ai des communautés qui me
disent : C'est vrai, il faudrait avoir un moratoire, exemple sur l'équivalent
du Témiscamingue et de l'Abitibi, puis chez la communauté voisine, autochtone
elle aussi, qui m'a dit : Nous, ce qu'on veut, c'est augmenter des volumes
de bois parce qu'on est dans la foresterie. Et c'est... Et c'est normal. Ce
n'est pas vrai qu'il y a une vision au Québec, M. le Président. C'est vrai que
chacune des communautés a une vision différente. La semaine passée, on était
dans une rencontre très importante sur la foresterie. Il y avait une approche
où les gens me disaient : Écoutez, on peut-tu y aller de façon
pragmatique? J'ai une autre approche, les gens qui me disaient : On
voudrait avoir un cadre comme la Colombie-Britannique. Ce que je veux dire à ma
collègue, et elle le sait, il n'y a pas une vision. Alors, c'est pour ça que ça
prend du temps.
• (10 h 10) •
Dans le cadre du caribou, elle a raison
que c'est une espèce qui est menacée. C'est vrai. J'ai eu une rencontre, voilà
deux semaines, avec les gens de Nutashkuan et d'Unamen Shipu. Nutashkuan, qui
ont signé une entente de protection du caribou, la communauté voisine a décidé
d'y aller autrement. C'est ça aussi, le Québec, M. le Président. C'est des
visions différentes.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
Mme Massé : Effectivement.
D'où l'intérêt de se donner un cadre collectif. Pas du un-un, parce qu'en
un-un, une nation par nation par nation, bien, c'est sûr qu'on n'y arrivera pas
jamais. Mais, ça, je vais m'arrêter là parce qu'on pourrait effectivement en
discuter des lustres sans jamais... Mais, moi, ma conviction, et c'est celle
aussi de l'APNQL lorsqu'elle demande d'avoir un forum permanent de discussion
entre les élus des Premières Nations et les élus, pas juste le gouvernement,
les élus de l'Assemblée nationale du Québec, bien, je...
Mme Massé : ...je pense c'est
pour être capable, justement, d'aborder ces questions-là qui ne concernent pas
une nation ou l'autre nation, l'autre nation, ça, ça divise, vous le savez
comme moi. C'est de s'asseoir, se relever les manches puis de dire :
Comment on va y arriver dans le Québec d'aujourd'hui?
Si on arrêtait juste de mettre l'argent
pour aller en cours, M. le ministre, il me semble qu'on aurait de l'argent pour
le logement en communauté hors communauté. Combien d'argent? Est-ce qu'on sait
combien d'argent le gouvernement du Québec a dépensé en contestation? Je n'ai
malheureusement pas posé la question aux crédits. Je m'en veux. Puis ce n'est
peut-être pas ici. Guidez-moi. Si ce n'est pas ici, on ira voir dans d'autres
crédits. Tout ce qui est contestation, combien ça nous a coûté dans la dernière
année, ça?
M. Lafrenière : M. le
Président, le temps que je recherche le chiffre, ma collègue comprend qu'on va
lui sortir ça. Mais je veux juste m'amender. Tantôt, j'ai parlé de Nadir André,
là, qui questionnait les avancées au niveau de la Colombie-Britannique, c'était
au niveau du fédéral, et je m'en excuse. Ça fait que je voulais le dire très
clairement.
L'autre chose, quand elle dit l'approche
de communauté à communauté, ce n'est pas l'approche qui amène des résultats, je
comprends ce qu'elle veut dire, mais je peux quand même être en désaccord en
disant qu'il y a 18 ententes que notre gouvernement a réalisées avec des
communautés, avec des Premières Nations. Et ça, ça a amené des gains. Pessamit,
là, c'est 45 millions, c'est 60 maisons qui ont été bâties. On
peut...
Mme Massé : ...
M. Lafrenière : ...on peut...
Mme Massé : ...
M. Lafrenière : Non, ce n'est
pas vrai, c'est avec le gouvernement du Québec, M. le Président. On est là-dedans,
dans cette entente-là. Des ententes, je peux vous en sortir jusqu'à demain,
mais ce que... Je ne veux juste pas partir dans ce débat-là, parce que, ma
collègue, je sais ce qu'elle me dit, je la comprends. Il y a deux... je pense,
il y a deux grandes visions qui s'affrontent ici. Il y a le côté du symbolisme,
du message très clair que ça envoie, puis il y a le côté pragmatique. Puis, M.
le Président, on y va du côté pragmatique avec des ententes qui amènent des
résultats. Et lorsqu'elle me demande combien ça a coûté au niveau des frais
d'avocats, je n'ai pas le montant, mais je peux lui dire que, dans la dernière
année, c'est 1,84 million en consultation parce qu'on consulte aussi, M.
le Président. Puis oui, il y a des cas qui ne fonctionnent pas, mais il y en a
un paquet qui fonctionne aussi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée.
Mme Massé : Combien de minutes
il reste?
Le Président (M.
Bachand) :Il reste de
2 min 38 s
Mme Massé : 1 min 38 sM. le ministre, vous savez comme moi qu'il y a tout un réseau d'économie
sociale dans le Grand Nord, avec la Fédération des coopératives, qui confronte
actuellement un enjeu, parce qu'on n'est plus capable d'envoyer nos
travailleurs du Sud, il n'y a pas de logement en haut. Et il y a toute une
volonté de développer un complexe hôtelier. Ces gens-là ont besoin qu'on les
aide à nous aider parce que c'est nos policiers, nos infirmières, nos médecins
qui montent dans le Nord, nos dentistes. Qu'est-ce que vous envisagez pour
aider le développement du complexe hôtelier?
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président. Écoutez, je les ai rencontrés en novembre dernier. Courriel du
31 mars. Notre prochaine rencontre est le 13 mai. Je comprends que
les astres se sont alignés. On va travailler avec eux. Vous savez, dans le
passé, il y avait un manque à gagner, un déficit de 27 millions auquel
notre gouvernement s'est engagé. On les a aidés. Ils étaient dans une situation
qui était fâcheuse, qui était difficile pour eux. Pourquoi? Entre autres avec
la COVID. C'est sûr qu'on va avoir besoin d'un plan. Présentement, ils nous ont
partagé une idée. On est d'accord. On les rencontre prochainement pour voir
quel est le plan. Mais il y a plusieurs acteurs, M. le Président, dans le Nord
qui ont des complexes hôteliers. Pourquoi? Parce qu'il y a une main-d'œuvre qui
est mobile. Il y a des besoins, on le sait. Et pas plus tard que la semaine
passée, j'étais avec Makivik. On parlait de développer une économie
Nunavik-Groenland et d'avoir des complexes hôteliers pour répondre aux besoins
grandissants du Nord. On est d'accord, mais je les rencontre dans une semaine.
Le Président (M.
Bachand) :...Mme la députée, pardon.
Mme Massé : Oui. Bien, c'est
une bonne idée parce que c'est une économie solidaire, ce n'est pas une
économie qui va dans les poches d'une entreprise ou d'un consortium, ça va dans
les poches des Inuits, ça embauche des Inuits. Je pense que si vous êtes
capables de faire l'effort pour atterrir ça, on le sait, le problème du
logement, on le connaît. On n'arrive pas à envoyer nos dentistes en haut, notre
cour itinérante. Alors, je pense qu'il y a là un beau projet, un beau
développement sur plusieurs années. Moi, je vous encourage à être positif dans
ce type de coopérative de travailleurs.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre. Rapidement.
M. Lafrenière : ...M. le
Président, même si ça ne fait pas l'unanimité, parce que, tantôt, je parlais à
ma collègue comment c'est complexe. Au Nunavik même, c'est une autorité qui est
contestée quand on parle de la... Mais moi, je suis d'accord, je travaille avec
eux. Puis ce n'est pas ma première rencontre puis ce n'est pas le premier
projet que je vais faire avec eux.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de l'Acadie pour
18 min 10 s, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci, M. le
Président. C'est mon deuxième bloc, M. le Président. J'ai des questions en ce
qui a trait particulièrement à la santé au Nunavik. Vous vous rappellerez, M.
le ministre, j'ai présenté et fait adopter par l'Assemblée nationale une motion
pour l'envoi de deux appareils de...
M. Morin : ...au Nunavik. Dans
les questions qu'on a posées à votre... à votre organisation sur l'état
d'avancement, on s'est fait répondre, dans nos renseignements
particuliers : Cette question relève du ministère de la Santé et des
Services sociaux. Le Secrétariat aux relations avec les Premières Nations et
des Inuits ne détient aucune information. Je dois vous avouer que cette
réponse-là m'a un peu inquiété, M. le ministre, vous êtes... vous êtes le
ministre responsable des Relations avec les Premières Nations. Vous êtes...
vous avez un secrétariat, si je ne me trompe pas, vous êtes au ministère du
premier ministre, donc vous devriez avoir, je pense, et je vous le soumets, une
approche horizontale. Donc, que vous n'ayez pas de données, permettez-moi, M.
le Président, de dire que je suis étonné, mais on a fait aussi une demande
d'accès à l'information et on a obtenu des renseignements jusqu'en décembre
2024, organisation de la structure de projets et phases de planification. Et
là, ils seraient à la rédaction d'un dossier d'affaires. Alors, quels sont les
suivis que vous avez faits, M. le ministre, suite à l'adoption de la motion? Et
à quelle étape en êtes-vous rendus avec la mise en œuvre, l'envoi de deux
appareils de tomodensitométrie au Nunavik?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président, puis merci à mon collègue, parce que, souvent, quand on se
prépare pour les crédits, on se pose la question : Où on va aller? J'étais
persuadé, mon collègue, il reviendrait là-dessus, parce que je sais à quel
point c'est un dossier qui est important pour lui, quand on parle du
Nord-du-Québec, du Nunavik et le CT scan, ce n'est pour la première fois qu'il
m'en parle. Puis je suis persuadé que ça ne sera pas la dernière.
Alors, je veux rassurer mon collègue. Un,
premièrement, c'est normal aussi, vous savez, mon ministère, on couvre tous les
pans de vie qui existent, ça fait que, oui, la santé, la justice, on ne peut
pas être des experts dans tout. Puis le premier ministre a déjà dit :
C'est la job de tout le monde. Cependant, quand j'ai fait mes devoirs, moi
aussi, je me suis dit : Mon Dieu! Mon collègue de l'Acadie va me poser une
question, je n'ai pas la réponse. Alors, je veux vous rassurer, M. le
Président, pendant le week-end, j'ai eu l'information, comme il a mentionné
tantôt. Donc, de juillet à septembre, il y a eu le certificat du plan clinique.
Du 30 septembre, par la suite, on a un... j'étais pour dire un «go», un
«aller», demande du plan d'affaires et le budget. Par la suite, octobre-novembre,
présenter un plan par la Régie aux établissements. Novembre à décembre,
l'organisation de la définition des besoins cliniques Janvier à avril,
rédaction, étude de faisabilité, plan d'affaires par la régie. Et on espère, M.
le collègue de l'Acadie, avoir le dépôt d'un plan d'affaires prévu en mai-juin,
donc tout prochainement.
Alors, c'est... effectivement, mon
collègue a raison, que c'est un dossier qui est important. Je l'ai bien
entendu. Ce qu'on regardait, c'était quels sont les infras, qu'est-ce que la régie
veut faire aussi, on veut respecter la régie dans tout ça. C'est pour ça
qu'elle en fait partie, qu'elle fait partie des plans. Alors, c'est la réponse
que j'avais pour lui. Puis je comprends sa réaction, mais je sais que c'est un
dossier qu'il chérit et qu'il suit de très près.
M. Morin : Alors, clairement,
M. le Président, effectivement, la Régie nationale du Nunavik doit être partie
prenante, mais permettez-moi d'avancer que je serais très étonné qu'il ne soit
pas d'accord, parce qu'il me semble que ça va les aider pas mal. On s'entend
là-dessus. Parce que je comprends que, présentement, il n'y en a toujours pas.
Il n'y a toujours pas d'appareil de tomodensitométrie dans le Nord?
M. Lafrenière : Je regardais
M. le Président pour la prise de parole. La réponse est non. Puis, quand il
dit : Ils ne peuvent pas être en désaccord, ce n'est pas une question
d'être en accord ou en désaccord. On sait très bien qu'ils en veulent un, mais
là il faut regarder la question plus large que ça : Quel est leur plan
pour le futur? Parce que nous, depuis des années, on travaille avec eux à
savoir est-ce qu'ils veulent un hôpital pour le Nord, ou ils en veulent une
pour la... pour chacune des côtes. Vous comprenez que, si on va avec l'achat de
matériel comme ça, est-ce qu'on le répartit à un endroit ou l'autre? Toutes ces
questions-là, toutes ces réponses-là, on les travaille avec la régie. Ça fait
que ce n'est pas de savoir est-ce qu'ils en veulent ou pas. Je me l'ai fait
dire sur le terrain, mais après ça, la vraie question qui s'est posée,
c'est : Parfait, on fait quoi avec la main-d'oeuvre? On fait quoi avec les
locaux? Toutes ces questions-là qui suivent, quand on est dans le Nord,
c'est... c'est un impact qui est majeur. Ça fait que, oui, ils sont d'accord,
ils vont nous présenter un plan. Je vous ai dit : Mai-Juin, c'est très
prochainement. On parle de 25 millions.
• (10 h 20) •
M. Morin : Et là, quand vous
parlez d'un plan, vous parlez du dossier d'affaires?
M. Lafrenière : Oui, absolument,
un dossier d'affaires.
M. Morin : Parfait. Par la
suite, quelles sont les prochaines étapes pour que les appareils arrivent au
Nunavik?
M. Lafrenière : Là, je ne
veux pas présumer du plan d'affaires puis de leur décision qui aura été prise
sur la façon et ce qu'ils veulent, puis je vais regarder avec mon collègue de
la Santé. Moi, mon travail, dans des dossiers comme ça, c'est faire le suivi
avec l'autre ministère. Comme je vous ai dit, je touche à toutes les sphères de
la vie. Je pense qu'il n'y a pas un ministère avec qui je ne travaille pas,
mais ultimement je travaille avec le ministère de la Santé. Puis j'ai fait
confiance en mon collègue le ministre de la Santé, avec la régie pour trouver
des solutions là-dessus, mais là ça a avancé.
M. Morin : Vous, dans votre
planification, à vous, là, ce serait quoi, votre échéancier...
M. Morin : ...
M. Lafrenière : C'est une
très bonne question à laquelle je ne répondrai pas parce que, dans ma
planification à moi, je ne connais absolument rien dans l'installation d'un CT
scan. Ça fait que je ne dirai pas n'importe quoi aujourd'hui, M. le Président.
Mais il y a une chose qui est claire, je sais qu'en mai, juin, on va avoir un
plan d'affaires. Je sais que je vais faire le suivi. Puis, M. le Président, je
n'attendrai pas l'année prochaine aux crédits pour faire le suivi à mon
collègue. J'ai déjà mentionné à l'équipe. On va faire les suivis avec lui.
C'est un dossier qui est important pour lui.
M. Morin : Bon. Merci, merci
pour les suivis, M. le Président. Mais est-ce qu'on peut s'entendre que l'an
prochain, aux crédits, on n'aura pas besoin d'aborder le sujet parce que les
deux appareils vont être rendus?
M. Lafrenière : Bien non. M.
le Président, excusez-moi, là. Là, je suis désolé, je vais reculer. Je
comprends ce que mon collègue veut dire, là. Puis là, je vais faire
Inuit 101, là. Je suis désolé, là. Il y a deux bateaux par année qui
amènent des équipements dans le Nord pour faire de la construction. De penser
que ça va se bâtir en plein hiver. On a visité, je pense, mon collègue... Il y
a certains collègues qui ont visité Isuarsivik, qui est une... un centre de
traitement des dépendances au Nunavik. Ça a pris plus de temps. Pourquoi? À
cause même de la géographie puis de la réalité. Puis ce n'est pas que je veux
m'en défiler, M. le Président. Ce qu'il demande, c'est... c'est sincère, je
sais qu'il le veut. Puis je n'irai pas vous dire qu'on va bâtir en dedans de
quelques mois, parce que c'est ça, l'enjeu, hein? M. le Président, peu importe
le local qu'on va décider, il va devoir être bâti. Ça fait que je trouve ce
serait totalement, je vais faire attention à mes mots, là, n'importe quoi de
lui dire : Oui, ça va se bâtir dans les prochaines semaines. Ce qu'il dit
est important. Je vais travailler, je vais faire le suivi avec la régie, mais
je ne peux pas lui garantir que le bateau est déjà en route puis que les
équipements sont déjà là. Il va falloir bâtir, M. le Président. Puis c'est pour
ça que je ne lui donne pas de délai parce que je serais mal à l'aise de dire
quelque chose comme ça. Il va falloir bâtir, il va falloir agrandir. J'ai été
à... encore récemment, je suis allé à Kuujjuaq plusieurs fois puis je vous
confirme que dans les deux endroits, même si je ne connais rien, je sais une
chose, c'est qu'ils ne sont pas prêts à accueillir ça. Il va falloir bâtir.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Morin : Merci, M. le
Président. En lien avec le personnel médical, à la question 27, on a
constaté que le Secrétariat aux relations avec les Premières Nations n'a pas
tenu en 2025 de rencontres avec le ministère de la Santé et des Services
sociaux concernant le maintien d'embauche du personnel soignant dans les
communautés des Premières Nations ainsi que dans les villages nordiques. Est-ce
qu'il y a une raison particulière pour laquelle vous n'avez pas eu de
rencontres?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Je vais
demander gentiment à mon collègue de revenir sur sa question. Excusez-moi, M.
le Président, là, parce que je l'ai entendue, mais je veux bien la cerner pour
bien répondre. Excusez-moi, cher collègue, j'étais encore dans notre dernier
échange sur le CT scan avec ma demande de suivi. Je m'en excuse.
M. Morin : Dans... Non. Ça
va. Dans les renseignements particuliers que nous avons demandés, à la
page 27.1, pour l'année 2024-2025, la liste des rencontres et des
communications entre le Secrétariat et le ministère de la Santé concernant le
maintien et l'embauche de personnel soignant dans les communautés des Premières
Nations ainsi que dans les villages nordiques. La réponse que nous avons
obtenue, c'est : Le Secrétariat n'a pas tenu de rencontre concernant le
maintien et l'embauche du personnel soignant. Est-ce qu'il y a une raison
particulière?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Pardon,
M. le Président. Puis merci beaucoup, cher collègue. J'ai... Comme je vous dis,
j'étais une question de retard sur lui.
Absolument, c'est le ministère de la Santé
qui fait le suivi avec la Régie pour l'embauche. Cependant, je pense que, dans
d'autres questions, puis c'est ce que j'essaie de trouver, là, j'ai bien
répondu avoir rencontré des gens de la régie. À chaque fois que je me déplace,
je rencontre les gens de la régie. J'ai rencontré des médecins aussi qui
voulaient me partager certaines de leurs préoccupations. Mais je comprends la
question du collègue. Puis, tantôt, il faisait... on faisait allusion à
d'autres vérifications, suivies. Je ne peux pas me mêler de tous les dossiers.
Je ne serais pas capable, M. le Président, ce serait impossible. Mais je fais
le suivi avec le ministère de la Santé, avec la Régie. Mais c'est vrai, ce qui
a été répondu là. C'est vrai. Est-ce que moi, je fais des rencontres avec la
régie, avec les gens, pour maintenir du personnel en place? La réponse, c'est
non.
M. Morin : Merci. Est-ce que
vous avez rencontré la présidente de Santé Québec pour la sensibiliser aux
enjeux particuliers avec les communautés autochtones?
M. Lafrenière : J'ai eu le
plaisir de la croiser tantôt parce qu'elle est en période de crédits elle aussi
aujourd'hui. Mais il y a une rencontre officielle qui est prévue prochainement.
Ça n'a pas eu lieu encore, M. le Président. Je pense qu'ils ont eu certains
petits enjeux à régler récemment. Mais ça fait partie des priorités. Je veux la
rencontrer. Je connais des gens chez Santé Québec, mais, pour la présidente, je
veux la rencontrer parce que, ce que le collègue a dit, c'est vrai. Et, un de
mes travaux, c'est justement de sensibiliser les structures, les structures de
l'État. Et même, on a rencontré des ordres, on rencontre plusieurs personnes
pour les sensibiliser aux réalités autochtones. Ça fait que je veux rassurer
mon collègue. Ça va avoir lieu. Ça n'a pas été fait encore.
M. Morin : Merci. À la
question 54, on constate que le budget total de l'enveloppe avec les
Premières Nations et les Inuit, par le biais de l'enveloppe Action
communautaire du Fonds d'initiatives autochtones quatre, était de
265 000 $ pour des mesures de tables collaboratives avec le
gouvernement du Québec et Femmes autochtones du Québec. Or, l'année passée, le
budget était de 477 000 $...
M. Morin : ...pourquoi cette
baisse?
M. Lafrenière : Le temps
qu'on recherche l'information pointue, M. le Président, je veux juste revenir
sur la dernière question du collègue. Il est important de se rappeler
simplement que sur Santé Québec, sur le conseil d'administration, on a
l'illustre docteur Stanley Vollant qui est là, qui peut sensibiliser aussi ses
collègues sur les réalités des Premières Nations.
...Président, avec l'accord de mon
collègue de l'opposition... Vous savez, ça fait... je pense que c'est ma
cinquième étude de crédits puis je n'ai pas laissé mes collègues expliquer
beaucoup de points. Je me suis promis aujourd'hui qu'il y en a minimalement, un
que je laisserais parler. Alors, avec votre accord, M. le Président, j'ai
quelqu'un qui trépigne d'impatience de venir vous expliquer les chiffres pour
le FIA.
M. Morin : Très bien, alors
je vais consentir...
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a un
consentement?
M. Lafrenière : Il va être
tellement content, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, peut-être vous approcher à
la table ou à un micro, s'il vous plaît, oui. Merci. Veuillez d'abord vous
identifier, s'il vous plaît, merci beaucoup.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Est-ce
qu'on m'entend? Oui, très bien, on m'entend?
M. Morin : Oui, très bien.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Je
suis content d'avoir le micro. Yannick Tremblay, directeur aux initiatives
économiques. Pour rapport à la question pour le financement de FAQ, c'est
vraiment 265 000 $ par année. Ce qui fait qu'une année, il peut y avoir
des montants additionnels... c'est, entre autres, le 477 000 $ l'année
d'avant... c'est juste une question de versements. Il y a une entente qui a été
signée tardivement, puis il y a un versement qui a été fait l'année d'avant,
supplémentaire, mais qui était lié à un autre exercice, parce que le montant
annuel qui est prévu, c'est 265 000 $.
M. Morin : D'accord. Et je
comprends que ce montant-là n'a pas diminué?
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Non,
c'est un montant qui est stable dans le temps.
M. Morin : O.K. Et qui va
rester stable?
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Pour
le moment, avec le programme qu'on a. C'est signé jusqu'à la fin du programme.
Elle, c'est une entente cinq ans.
M. Morin : Et le programme se
termine quand?
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Le
31 mars 2027.
M. Morin : 2027. Très bien,
je vous remercie.
M. Lafrenière : M. le
Président, juste en ajout... Puis, oui, c'est une entente de cinq ans. Femmes
autochtones fait partie des organismes qu'on finance depuis des années, qu'on
finance à plus grande hauteur aussi. Femmes autochtones, Awacak, les centres
d'amitié sont des organismes qu'on finance depuis plusieurs années avec des
bons montants, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député.
M. Morin : Donc, à ce niveau
là... mais donc, à ce niveau-là, le financement va rester le même, Femmes
autochtones va pouvoir continuer à remplir les mandats qu'elle remplit et
évidemment, travailler pour l'ensemble des femmes autochtones?
M. Lafrenière : Oui, M. le
Président, non seulement ça va se poursuivre... Puis, je vous dirais, il y a
des demandes ponctuelles aussi. Exemple, c'était le 50e anniversaire de Femmes
autochtones, j'ai contribué pour les aider aussi. Alors, il y a plusieurs
initiatives qui sont faites par Femmes autochtones, qu'on supporte, puis ça va
continuer de se faire. Tout récemment, on a sorti un livre sur l'exploitation
sexuelle des mineurs, et Femmes autochtones va être un partenaire quand on va
l'envoyer dans les communautés. C'est un partenaire qui, pour nous, est
extrêmement important, puis ça ne diminuera pas.
M. Morin : Très bien, je vous
remercie. Autre question dans les renseignements particuliers, la question n°
57, et ça touche le bilan détaillé du Grand chantier pour les familles des
communautés autochtones, en précisant notamment les crédits octroyés, les
projets financés et d'autres informations pertinentes. On nous dit, on nous
répond : «Le dossier est sous discussion et ne relève cependant pas des
crédits budgétaires du secrétariat.» Il faudrait s'adresser au ministère de la
Famille. Cependant, je pense, M. le Président, que le secrétariat a sûrement
son mot à dire pour les familles et les communautés autochtones. Donc,
qu'est-ce que vous êtes en train de faire si... avez-vous des liens avec le
ministère de la Famille? Quel est l'état de la situation?
• (10 h 30) •
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup, M. le Président, puis c'est un dossier, effectivement, qui est
extrêmement important. Quand on parle de familles, on pense, entre autres, aux
CPE, M. le Président. J'étais content de voir les derniers chiffres. Au 31
décembre 2024, on parle d'un total de 4 741 places pour les jeunes autochtones,
22 projets qui sont en voie de réalisation pour 806 places supplémentaires,
puis on a plus de 198 places réservées en mode soutien-conseil. Ça, c'est
important, parce que c'est un. C'est un impact majeur, majeur pour les
communautés. Puis on me dit qu'au 31 mars 2025 la totalité des installations
pour les Premières Nations et les Inuits sont subventionnées. Alors, le
collègue fait bien de le mentionner, oui, c'est important, puis je comprends,
quand il voit la réponse, il se dit : Bon, est-ce qu'ils veulent se
défiler? Ce n'est pas ça, c'est... Vous comprenez qu'on est dans tous les
secteurs d'activités, mais, oui, on a l'information avec les CPE, et c'est
majeur.
M. Morin : Très bien. Merci.
Autre question, cette foi-ci, en réponse à la question 66 du cahier des
renseignements particuliers. Je vous ai déjà posé des questions, lors de la
période de questions, et c'est en lien avec l'État et la situation de la
tuberculose au Nunavik. La réponse que vous nous donnez, c'est : Cette
question relève du ministère...
10 h 30 (version non révisée)
M. Morin : ...de la santé et
des services sociaux. Cependant, compte tenu de vos responsabilités, est-ce que
vous avez fait un suivi? Quelle est la situation sur le terrain? Est-ce que les
cas augmentent, diminuent? Et quelles sont les mesures qui sont prises pour enrayer
cette maladie?
M. Lafrenière : Oui, merci, M.
le Président. Puis, effectivement, je suis ça de très près, parce que moi-même,
je me déplace au Nunavik assez fréquemment. Puis je vous dirais, quand on a vu
les premiers... les premiers états de situation, parlant de l'augmentation de
tuberculose, on s'est même demandé : Mais écoutez, nous-mêmes pour les
déplacements, est-ce qu'on peut faire partie du problème? Qu'est-ce qu'on fait?
Comment on réagit?
Je pense qu'il y a deux grandes pistes. Puis
je pense que c'est important pour l'ensemble des gens qui nous écoutent. Il y a
déjà eu des périodes de flambée de tuberculose. Ce qu'on nous a expliqué, au
début, c'est que, pendant la période de la COVID, on n'a pas vraiment testé
pour la tuberculose. On a testé pour la COVID. Quand les tests de tuberculose
ont recommencé, bien, on a vu une augmentation. Ça, c'était un des premiers
faits. Deuxièmement, puis on va se le dire, M. le Président, puis je pense,
tout le monde autour de la table, on l'a vécu, c'est les réactions face à la
vaccination. Ça a été très difficile aussi au Nunavik, M. le Président, on a
même des gens assez bien connus, reconnus au Nunavik, qui ont pris des
positions parfois particulières en disant que de se faire vacciner, c'était de
laisser entrer le démon en soi. Ça fait qu'il y a même des gens qui ont refusé
de se faire vacciner. Alors, je ne veux pas... je ne suis pas le spécialiste de
la santé publique, M. le Président, bien, pourquoi je vous l'explique comme ça,
c'est que moi-même, j'ai posé la question avant de me déplacer. Je sais qu'il y
a une augmentation de cas dans certains endroits. Je sais que ça a été priorisé
par la régie, mais je pense qu'il y a deux volets importants. On teste plus,
mais il y a aussi des gens qui, au niveau de la vaccination, ont des enjeux. Il
y a de l'embauche de personnel inuit à la santé publique qui a été faite, puis
ça, ça aide énormément, la vaccination des nouveau-nés aussi. On a voulu
percer, si vous voulez, là, ce genre de blocage là ou barrière là que certains
avaient avec la vaccination. J'ai même fait appel, moi, pendant la COVID, à des
gens connus au Nunavik en disant : Aidez-nous pour la campagne de
vaccination, d'aller rejoindre les gens. Je vous dis, M. le Président, on l'a
vécu dans le sud avec toutes sortes d'histoires, mais, dans le Nord, là, on a
des gens très solides qui prenaient position contre la vaccination.
M. Morin : ...les cas sont en
diminution?
M. Lafrenière : Non.
M. Morin : Non.
M. Lafrenière : Non,
absolument pas. Absolument, c'est une augmentation. Puis, comme je disais tout
à l'heure, je vais vous sortir les chiffres, mais ce que je peux vous
confirmer, c'est qu'il y a plus de cas qu'il y en avait. Récemment, là,
dernières études que j'ai, voyez-vous, en 2025, trentaine de cas jusqu'à
présent, en 20-24 95 cas, en 2023, 81 cas, 2022, 38 cas. Puis c'est
clair, quand on regarde ces chiffres-là, je peux vous les donner dans l'autre
sens, ce qui aurait fait une belle... une belle échelle, là. C'est sûr qu'il y
a plus de dépistage, puis ce qu'on me confirme, c'est qu'on dépiste beaucoup
plus, donc on trouve plus de gens avec la Tuberculose.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Jean-Talon, pour 7 min 52 s, s'il vous plaît.
M. Paradis : Bonjour, M. le
ministre, et à toute l'équipe. M. le ministre, nous, au Parti québécois, on est
des indépendantistes convaincus. Puis, une des raisons pour lesquelles on veut
l'indépendance du Québec, c'est pour refonder les relations avec les Premières
Nations. Vous, votre gouvernement a choisi, là, ce qu'on appelle la troisième
voie. Puis on a démontré, dans une interpellation, il y a 10 jours, qu'il
n'y avait aucune des 21 recommandations ou revendications au sein du régime
fédéral qui a trouvé une réponse, aucune des 21. Je note qu'il n'y en a aucune,
de ces 21 demandes, du programme d'il y a 10 ans de la CAQ, qui
concerne les Premières Nations.
Et, toujours dans le sens de cette
troisième voie, vous avez commandé récemment le rapport au Comité consultatif
sur les enjeux constitutionnels du Québec au sein de la Fédération canadienne.
Je ne sais pas si vous l'avez lu, mais moi, je l'ai lu avec un angle Premières
nations, et je vois que le mot «Premières Nations», ou l'expression, s'y
retrouve trois fois en 100 pages et le mot «autochtone» 10 fois en
100 pages, en note de bas de page ou en mise en contexte. En gros, il n'y
a rien sur les relations avec les Premières Nations dans ce... dans ce
rapport-là. Est-ce que vous êtes satisfait de ça ou est-ce que vous êtes déçu
du rapport de votre gouvernement en ce qui concerne les relations avec les
Premières Nations?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Oui. Merci, M.
le Président, puis merci à mon collègue pour sa question. Une chose qui est
claire, je me... je me vois très mal... puis, oui, j'ai un travail de
porte-parole, tantôt, les collègues me disaient : Est-ce que vous
sensibilisez les autres collègues? Oui, mais, pour les revendications, vous
savez que les Premières Nations, les Inuits font leurs propres revendications,
et on les supporte, on les soutient là-dedans. Alors, je comprends ce que mon
collègue dit. Je comprends. C'est une façon de voir les choses. De l'autre
côté, moi, je vous dirais qu'avec l'APNQL, avec leurs organisations, ils sont
capables de faire entendre leurs revendications.
M. Paradis : Mais vous étiez
à la table des ministres lorsque le mandat du comité a été défini. Est-ce que
vous avez insisté pour qu'on parle des relations avec les Premières Nations? Et
est-ce que vous êtes satisfait du fait que votre gouvernement, sur la base de
ce rapport, semble ne pas donner de réponse aux revendications autochtones dans
la troisième voie que vous proposez...
Le Président (M.
Bachand) :...M. le ministre.
M. Lafrenière : Encore une
fois, je l'entends bien, mais, dans notre approche... puis, je pense, mon
collègue le voit, le connaît et le reconnaît, dans notre approche de nation à
nation, c'est ce qu'on fait avec les communautés, avec les nations. Je
l'entends quand il... Il trouve qu'il y avait une absence du terme
«autochtones». Mais, moi, d'un autre côté, ce n'est pas le... ce n'est pas la
table qui avait été privilégiée pour regarder les relations de nation à nation.
On le fait au quotidien, on le fait dans plusieurs dossiers. Je vous le dis
encore une fois, les gens se font entendre dans leurs revendications, dans ce
qu'ils... dans ce qu'ils veulent. Est-ce qu'ils auraient été à l'aise que moi,
je porte leur voix, que je parle en leur nom? Je vous dirais, c'est un... la
ligne est très mince entre les deux, M. le Président.
M. Paradis : Bon, je
comprends la réponse du ministre puis je comprends l'action de terrain, mais
c'est quand même la voie que vous tracez, c'est votre feuille de route de votre
gouvernement pour l'avenir constitutionnel du Québec, et il n'y a rien. Il n'y
a pas de réponse qui est donnée. L'idée n'est pas de prendre la voix des
autochtones pour leurs revendications. L'idée, c'est de dire le gouvernement du
Québec, lui, comment il se situe, et il n'y a rien dans la feuille de route que
vous tracez relativement aux relations avec les Premières Nations. Vous ne
trouvez pas ça décevant?
Le Président (M.
Bachand) : ...
M. Lafrenière : M. le
Président... Puis, encore là, je fais toujours attention dans la partisanerie
quand je parle des dossiers autochtones, parce que, déjà, on a un déficit de
crédibilité avec les Premières Nations, peu importe qui sera assis là en
passant, M. le Président, peu importe le parti. Je pourrais vous dire... Je
pourrais revenir à des ententes comme Petapan, qu'on a jasé tantôt, en
disant : Il y a des gens qui ont été là au pouvoir qui n'ont absolument
rien fait pour que ça avance. Ce que je peux vous dire, cependant, M. le
Président : Il y a 18 ententes qui ont été réglées avec des communautés au
cours des dernières années. Est-ce que je suis gêné de ça? La réponse, c'est
non. Est-ce qu'on avance? La réponse, c'est oui. Est-ce qu'il y a d'autres
forums en parallèle? Je vous dirais même qu'avec l'APNQL on regarde comment...
s'assoit ensemble, comment regarder des grands enjeux comme ça. Alors,
effectivement, M. le Président. D'un autre côté, quand on veut avancer à
l'Assemblée nationale, on fait des projets de loi, on se fait dire par les
Premières Nations : Ce n'est pas le bon forum, la bonne façon. Très
honnêtement, c'est... je comprends la question du collègue, mais je ne pense
pas que c'était la bonne... la bonne approche, puis, encore là, en tout
respect.
M. Paradis : Bien, en tout
cas, moi, j'entends, et je lis, et je suis en discussion avec les Premières
Nations, et l'invisibilisation de leurs revendications et de leurs postures est
un point qui revient dans tous les secteurs, et ici, en tout cas, dans votre
feuille de route, il n'y a rien. Et moi, en tout cas, personnellement, je
trouve ça plutôt décevant, parce que, si c'est l'avenir constitutionnel qu'on
se trace pour nous et qu'il n'y a rien sur les relations avec les Premières
Nations, je pense que c'est un... c'est un manque. Bon, voyons maintenant
sur le concret, parce que vous nous ramenez aussi, vous, sur le terrain. Je
note, dans les dépenses de portefeuille, en administration de la justice, qu'il
y a 8 millions de moins qui sont attribués aux mesures de justice en milieu
autochtone, que votre gouvernement avait considéré comme essentielles. Est-ce
que vous êtes au courant de cette... là puis est-ce que c'est parce que vous
trouvez qu'il y a moins de besoins?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : ...on ressort
les chiffres, M. le Président, je veux juste revenir sur la dernière affirmation
de mon collègue, qui dit : Écoutez, on ne les a pas mentionnés, on n'est
pas allé du côté des Premières Nations, et tout. Je vous confirme que, dans les
dernières années, il n'y a jamais eu autant d'ententes. C'est la première fois
qu'un gouvernement faisait des lois autochtones, puis on n'est pas le premier
gouvernement à être au pouvoir dans ce parlement. Il n'y a jamais de
gouvernement qui fait des lois autochtones. On est le premier à en avoir fait
trois. Alors, on peut regarder le verre d'eau à moitié vide. Moi, je le regarde
à moitié plein.
Pour ce qui est de justice...
Des voix : ...
• (10 h 40) •
M. Paradis : Pendant que vos
collègues cherchent aussi, M. le ministre, pendant que vos collègues cherchent
aussi, j'en ai une autre similaire, cette fois, c'est à la page 17.9 des
crédits en condition féminine. Il y a 1 450 000 $ pour le
soutien aux initiatives en matière d'égalité entre les femmes et les hommes qui
ne sont plus présents dans les crédits. Or, ça, c'est une partie importante de
la stratégie gouvernementale pour l'égalité entre les femmes et les hommes, qui
est un thème que vous avez évoqué plus tôt dans cette étude de crédits. Même
chose, est-ce que vous étiez au courant de cette coupure-là et est-ce que c'est
parce qu'il y a moins de besoins? Alors... Puis ça, c'est conforme aussi...
Cette dernière coupure là, est-ce que c'est conforme au plan d'action
gouvernemental pour le mieux-être social et culturel des Premières Nations et
des Inuits? Donc, moi, je vois deux coupures, et la première, là, en justice,
c'est à la page 15.13 des crédits.
M. Lafrenière : M. le
Président,la raison pour laquelle je le regarde dubitatif, c'est parce
que je regarde le chiffre puis c'est 8,5 millions qui est mis au total
là-dedans, donc 1,6 million en 2025-2026, 1,7 million en 2026-2027, 1,7 million
en 2027-2028, 1,7 million en 2028-2029, 1,8 million en 2029-2030. Puis je ne
veux pas faire une guerre de chiffres, au contraire, je veux juste être à la
bonne place, M. le Président, là.
M. Paradis : 2024-2025, les
crédits pour les mesures en matière de justice autochtone : 13 539
000 $. En 2025-2026 : 5 549 000 $. Moi, je vois une
diminution de 8 millions, là.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : On va
revenir, M. le Président. Je veux... Encore là, le tableau que j'avais n'avait
pas la même info, là, le temps qu'on...
M. Lafrenière : ...si vous me
permettez, M. le Président, on pourrait passer à la prochaine question, puis je
vais revenir avec la réponse, parce que c'est important, là. Mais on est en
train d'éplucher le budget, là, je vais vous venez avec ça. Mais je veux juste
répondre à la question du collègue, est-ce qu'il y a moins de besoins, la
réponse, c'est est non. Cependant, quand on fait un plan d'action sur plusieurs
années, est-ce qu'il y a des années où il y a un plus grand décaissement, oui.
Puis, j'en ai, des mesures, M. le Président : SPAQ, le parajudiciaire, on
l'a mis en place, extrêmement important, le rapport Latraverse, de le mettre en
place, c'est extrêmement important, l'autre mesure qu'on oublie souvent, M. le
Président, c'est plus de 300 millions, c'est la fibre optique qui dessert
présentement le Nunavik. Il y a un lien avec la justice.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Lafrenière : Pourquoi?
Pour les vidéos comparutions.
Le Président (M.
Bachand) :Quinze secondes. M. le député
de Jean-Talon, s'il vous plaît.
M. Paradis : Bon. C'est quand
même 8 millions de moins pour la justice autochtone et 1,5 million de moins
pour l'égalité entre les hommes et les femmes. Donc, je vais vouloir des
réponses sur ces deux coupures-là, apparentes aux crédits.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
M. Lafrenière : L'engagement,
là, M. le Président, si j'ai la réponse d'ici la fin de la séance, sinon, ça va
être par écrit, c'est clair, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Alors... Et vous
enverrez, bien sûr, la réponse à la commission. M. le député de l'Acadie pour
18 minutes 10 secondes, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci, M. le
Président. J'aimerais attirer votre attention, M. le ministre, sur le rapport
du Vérificateur général du Québec pour l'année 2024-2025. Il y avait différents
constats en ce qui a trait aux Premières Nations, notamment dans le domaine de
la réussite éducative des élèves autochtones. Un des éléments, le constat
numéro trois du Vérificateur général, était à l'effet que les formations
offertes au personnel scolaire sur les réalités autochtones ne sont pas
suffisantes. D'ailleurs, la majorité du personnel rencontré qui travaillait
avec des élèves autochtones n'avait pas suivi de formation sur les réalités des
élèves autochtones. Depuis ce constat, est-ce qu'il y a eu une amélioration?
Qu'est-ce qui a été mis en place pour s'assurer que le personnel qui va
travailler avec des élèves autochtones auront été formés sur leurs réalités?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Lafrenière : Oui, merci,
M. le Président. Puis c'est une mesure qui est importante pour moi, hein? Quand
on a mis en place le plan J'ai espoir, c'était une des mesures importantes
parce qu'on disait : Le manque de connaissances du personnel sur les
réalités autochtones amène un impact. C'est une des premières choses qu'on a
annoncées aussi dans la sécurisation culturelle. Je peux rassurer le collègue,
en matière de santé, on est rendus à plus de 97 % des gens qui ont été
formés. En éducation, je m'engage à faire le suivi auprès de mon collègue, voir
on en est où, quelles ont été les mesures qui ont été prises. Mais je peux vous
dire que ça a été des succès, entre autres, en santé.
Puis je veux vous rassurer, M. le
Président, cette formation-là n'est pas... tantôt, je parlais de vaccins, puis
je vais faire un lien, là, mais ce n'est pas... ce n'est pas une chose qu'on a
une fois dans notre carrière, puis tout est réglé, hein? Je l'ai vécu dans le
monde policier. Il faut former, il faut continuer ces formations-là, des
formations continues. Alors, je m'engage à faire un suivi au collègue, là, pour
les mesures et les résultats qu'on a. Je ne les ai pas à portée de main, M. le
Président.
M. Morin : Alors donc,
j'entends bien l'engagement de M. le ministre, M. le Président, et
éventuellement on aura des réponses à ma question. Je vous remercie.
Autre constat, toujours dans le même
rapport, M. le ministre, constat numéro quatre : «Le Vérificateur général
constate que les sommes destinées à la réussite des élèves autochtones ne sont
pas octroyées en fonction des besoins et des réalités régionales. Les modalités
de financement ne permettent pas la mise en place d'actions pérennes.» Et on
sait comment c'est important. Donc, pas de priorisation des demandes de financement,
alors que les besoins estimés par les organismes scolaires sont supérieurs aux
sommes disponibles. Est-ce qu'il y a des mesures concrètes qui ont été mises en
place pour pallier à cet état de fait et pérenniser ces sommes d'argent?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Puis, vous savez, avec le CEPM, présentement, bon,
on a un différend, on a un différend ensemble. Ça ne nous empêche pas de
travailler ensemble, mais... On a une table sur la réussite éducative qu'on a
mise en place pour être capables de prioriser avec eux, avec eux, là où c'est
important, mais vu que mon collègue parle d'éducation, j'ai le goût de prendre
un instant aussi, de nous rappeler qu'on a fait quelque chose qui n'a jamais
été fait dans le passé, c'est-à-dire qu'on a fait des milieux de vie à trois
endroits, présentement, au Québec, que ce soit à Sept-Îles, à Trois-Rivières et
bientôt à Québec. On a bâti des milieux de vie. Je sais que ma collègue les a
vus, récemment, et ça, c'est une partie de la réponse. Puis je veux être bien
clair, M. le Président, en matière d'éducation, il y a beaucoup de travail à
faire, mais d'avoir des milieux de vie qui permettent à des personnes, majoritairement
des femmes qui retournent sur le marché de l'étude... qui retournent aux
études, pardon, d'avoir accès à un milieu de vie qui n'est pas un logement...
et qui n'est pas, pardon, une chambre, qui est un appartement, ça contribue à
la réussite.
Est-ce que c'est tout? La réponse, c'est
non. D'adapter les formations, d'avoir de plus en plus de formation qui est
délocalisée. J'ai l'exemple pour les opérateurs de machinerie lourde sur la
Basse-Côte-Nord, M. le Président, où ça répondait à un besoin criant de bâtir
la 138, mais on a eu un succès où le nombre de personnes qui ont réussi le
cours est plus élevé que le nombre de places qu'on avait octroyées au début.
Donc, ça fonctionne. Ma réponse, M. le Président, à mon collègue, c'est que ça
va prendre plusieurs, plusieurs réponses à ça. Il n'y a pas une seule...
M. Lafrenière : ...pas une
seule façon de régler ça. On a bien lu le rapport du VG. Oui, on fait le suivi
sur le terrain, et il y a trois des six recommandations sur lesquelles on a proposé
un plan. C'est sûr que présentement, avec le CEPN, c'est un petit peu plus
complexe, mais ça ne nous empêchera pas de travailler, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député.
M. Morin : Oui. Je vous
remercie, M. le Président. Autre élément. En janvier dernier, ma compréhension,
c'est que le ministère de l'Éducation a annoncé la suspension de la mesure
15061, Réussite éducative des Autochtones et réconciliation. Dans les règles
budgétaires de fonctionnement, c'était la seule mesure qui visait à soutenir la
réussite des apprenants des Premières Nations et des Inuits qui fréquentent un
établissement scolaire public au Québec.
On a tenté d'obtenir plus d'information et
des clarifications auprès de l'administration en ce qui allait arriver puis
pourquoi il y avait une suspension de cette mesure. Est-ce que vous pouvez nous
en dire plus? Parce qu'il semblerait que cette mesure-là est effectivement
excessivement importante, notamment pour la formation générale. Donc, j'aimerais
savoir pourquoi il y a eu une suspension de cette mesure.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Lafrenière : Oui, M. le
Président, puis je réponds en attendant d'avoir les chiffres. Pourquoi? Parce
que je connais la réponse, M. le Président. À l'époque, quand c'est sorti, ça a
amené beaucoup de discussions. Puis ce qu'on s'est rendu compte, c'est que ce
qui était pour arriver, puis, je pense, c'est en novembre - je vais faire
attention pour les dates, M. le Président, là, je me corrigerai au pire aller -
on se rendait compte qu'on était déjà pour dépasser l'enveloppe budgétaire qui
était prévue.
C'est de la saine gestion, M. le
Président. Il n'y a pas eu de coupure, c'est juste qu'on s'est rendu compte,
puis tant mieux... les gens voulaient s'investir, s'impliquer, la quantité de
projets qui ont été déposés dépassait l'enveloppe. Comme saine gestion, on a
dit : Écoutez, on n'y arrivera pas dans cette enveloppe. L'enveloppe a été
fermée, mais il n'y a pas eu de coupures, puis on a... Puis je vais vous sortir
le chiffre, on fonctionne avec les mêmes budgets, M. le Président. Mais c'est
vrai, il y a des gens des milieux qui ont réagi en disant : Écoutez, là,
on se rend compte qu'on se fait demander d'arrêter, notre projet ne
fonctionnera pas. La bonne nouvelle dans tout ça, c'est que les gens ont réagi,
ont proposé des activités, puis ça dépassait le cadre qui était prévu.
Puis je vais donner des chiffres pour
supporter tout ça, M. le Président, là : Sensibilisation aux réalités
autochtones, 2023-2024, l'enveloppe était de 18,7 millions; 2024-2025,
l'enveloppe est de 19,9 millions, c'est une augmentation de 1,2 million; cette
année, 2025-2026, le budget est de 21,9 millions. Le 2 millions qui a été mis
sur pause, là, c'était vraiment parce qu'on dépassait l'enveloppe qui avait été
prévue.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Morin : Merci. Autre
élément, M. le Président, et c'est en lien avec le chantier de la justice et de
la sécurité publique, dans le plan d'action il y a une mention à l'effet qu'il
y aura un soutien et un accompagnement culturellement adapté à la clientèle
autochtone judiciarisée en collaboration avec des organismes spécialisés. Donc,
cette mesure regroupe différents services culturellement adaptés vers la
clientèle autochtone judiciarisée, et c'est dans l'objectif évidemment
d'accompagner la clientèle.
Ce qu'on apprend, c'est qu'un financement
devait être alloué dans les deux prochaines années pour la création d'agents de
liaison et de leur embauche pour faire le suivi, et les communautés ont été
informées. La CSSPNQL, donc la Commission santé et services sociaux des
Premières Nations Québec- Labrador, a été informée par écrit la semaine
dernière que le financement ne serait pas reconduit, compte tenu des
restrictions budgétaires actuelles. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu
plus? Parce qu'il est difficile de comprendre, évidemment, cette décision-là,
compte tenu des besoins en matière de justice.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
• (10 h 50) •
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président. Écoutez, moi, dans la ligne des mesures qui ont été mises en
place, je peux vous parler du CAVAC pour aider les victimes; je peux vous parler
de SPAQ aussi, pour avoir une approche parajudiciaire.
Cependant, ce que le collègue apporte
comme précision, je vais le vérifier. Honnêtement, je ne le savais pas. Alors,
je ne sais pas si je dois prendre un engagement devant cette commission pour faire
un suivi. Il me dit qu'il l'a su, puis je n'ai aucune raison de douter de ce
qu'il avance. Moi, ce que je peux vous dire, cependant, dans les mesures qu'on
a ensemble pour les prochaines générations - c'est un plan qui est chez moi,
dans mon ministère - on a plusieurs, plusieurs niveaux, entre autres les corps
de police autochtones, prévention de l'exploitation sexuelle des mineurs, qui
est un volet extrêmement important pour nous, justice... justice communautaire,
pardon, volet femmes, services juridiques. Mais le point très précis que mon
collègue a apporté, je vais fair un suivi là-dessus, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :...l'information à la
commission, M. le ministre. Merci. M. le député d'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Je vous remercie.
Je vous remercie, M. le Président, parce qu'effectivement, dans les communautés
autochtones, et c'est une réalité, M. le ministre le sait, il y a des gens, il
y a des autochtones qui vivent dans des communautés, mais il y a aussi des
autochtones qui vivent dans des centres urbains, donc d'où l'importance d'avoir
un...
M. Morin : ...il y a des
autochtones qui vivent dans les communautés, mais il y a aussi des autochtones
qui vivent dans des centres urbains. Donc, d'où l'importance d'avoir un
accompagnement. Et, moi, ce qu'on m'apprend, c'est que c'est... ce
financement-là, qui devait être alloué pour les deux prochaines années pour des
agents de liaison et leur embauche, vient d'être coupé. Alors, je vous remercie
pour votre engagement, M. le ministre, et on fera un suivi... on fera un suivi
là-dessus.
M. Lafrenière : M. le
Président, si je peux me permettre en ajout au point que mon collègue a
apporté, quand il dit qu'il y a une réalité urbaine puis une réalité en communauté,
je sais très, très bien de quoi il parle. C'est sûr qu'on ne s'entend pas tous
sur le pourcentage en communauté et hors communauté, mais, je veux vous
rassurer, M. le Président, on a mis en place des équipes de patrouilles mixtes,
on a des policiers, des policiers... que ce soit de la Sûreté du Québec ou
d'une communauté autochtone, et des intervenants sociaux qui ont été déployés,
justement, justement, à l'extérieur des communautés autochtones. Parce que ce
que mon collègue dit, quand il dit qu'il y a réalité urbaine et une réalité en
communauté, non seulement je suis d'accord, mais c'est une somme importante. On
parle de 23 millions sur cinq ans qui a été mis là. Et, encore une fois, je
m'engage, là, à faire un retour à ce que mon collègue a demandé.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Toujours dans le domaine de l'éducation, et vous vous rappellerez,
j'ai posé des questions en période de questions à ce sujet-là, M. le Président.
Il y avait un nombre important d'élèves qui ne pouvaient pas suivre de cours,
qui ne pouvaient pas aller à l'école, faute d'enseignants. Est-ce que cette
situation-là a été réglée? Vous vous rappellerez, en janvier 2025, le
gouvernement d'Uashat mak Mani-Utenam dénonçait publiquement les coupures aux
mesures de soutien destinées aux élèves autochtones annoncées par le
gouvernement. Est-ce que cette situation-là a été corrigée?
M. Lafrenière : Oui, merci,
M. le Président. Puis, vous savez, quand une entente n'est pas renouvelée, M.
le Président, pour nous, bien, on peut... on peut parler d'administration,
mais, sur le terrain, les impacts sont majeurs, puis c'est exactement ce qui
s'est vécu avec... avec le chef et sa conjointe, qui est en charge de
l'éducation dans la communauté. On a travaillé ensemble parce que l'entente, il
est vrai qu'elle n'avait pas été signée. Ça a amené énormément d'incertitude.
Je veux rassurer le collègue, non seulement ça a été signé, ça a été réglé. Il
y avait une volonté de l'avoir sur plusieurs années. On va travailler avec eux
pour trouver une solution, mais ça a été signé, M. le Président, et c'était la
dernière entente qui n'avait pas été signée. Ça fait que ça a amené son lot
d'incertitudes, mais il n'y a pas eu d'enjeu là-dessus, M. le Président, ça a
été signé et renouvelé.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci. Donc, je
comprends que cet enjeu-là est terminé.
M. Lafrenière : Terminé pour
cette année. J'aimerais ça, lui dire que c'est réglé pour plusieurs années, mais
pour cette année, M. le Président.
M. Morin : Pour cette année,
non pas sept années, le chiffre sept, mais...
M. Lafrenière : Pour la
présente année.
M. Morin : Pour la présente
année, d'accord. Merci pour la précision. Autre élément aussi qui a été
soulevé, les problèmes d'approvisionnement en eau potable et la collecte des
eaux usées dans plusieurs communautés. On apprend, entre autres, que dans des
communautés inuites et cries, il y a tellement un problème d'approvisionnement
en eau potable, je vous rappelle qu'on est au Québec, le paradis de l'eau
potable, dans certaines écoles, que les élèves peuvent perdre 15 à 20 jours
d'école par manque d'eau, les enseignants manquent aussi d'eau. On m'informait
que, dans certains cas, la situation est tellement criante que l'hiver,
évidemment, on fait fondre de la neige pour s'approvisionner en eau. Puis,
évidemment, parfois, cette neige-là, elle est contaminée, donc les gens tombent
malades. Alors, quel est le programme que vous avez en place pour régler cette
situation-là une fois pour toutes, M. le ministre? Et pouvez-vous nous dire
dans quelles communautés les besoins sont les plus pressants, afin que vous
puissiez prioriser vos actions?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président, puis merci au collègue pour sa question, parce qu'honnêtement,
chaque fois qu'on parle de l'eau potable, ce que le collègue a amené comme
vision, c'est ce qu'on se dit, hein, comme Québécois, on se dit : Bien,
voyons, comment est-ce possible au Québec qu'on manque d'eau? Je ne veux pas
corriger, mais je veux amener une nuance. Il y de l'eau. Le problème, c'est le
service de l'eau, c'est-à-dire de prendre l'eau et d'aller livrer dans les maisons.
L'autre point, puis j'ai questionné toute
l'équipe, je n'ai même entendu parler de communauté crie qui a manqué d'eau. Je
pense que c'est vraiment les communautés inuites. Puis le problème est le même,
là, mais je veux juste mettre ça clair, là, les communautés conventionnées
cries, je n'ai jamais vécu de problème d'eau. Au Nunavik, la différence, puis
pour ceux qui n'ont pas eu la... il y en a certains qui ont le plaisir de se
déplacer avec moi et de voir comment ça se passe, mais pour les gens du Sud, M.
le Président, on ne comprend pas ça. De la manière que ça fonctionne, c'est
qu'après sa maison il y a une série de lumières. Pourquoi? Parce que l'eau
n'est pas courante. Donc, on se fait livrer l'eau par un camion. On a un
réservoir d'eau. Quand on n'a pas une fosse septique, on a un réservoir, quand
il est plein, ils doivent venir le vider, puis quand on fait chauffer, ça nous
prend du diesel, ça prend un camion pour le livrer.
Pourquoi je vous dis tout ça, M. le
Président... puis la réponse à mon collègue, imaginez, quand un camion est
brisé, l'impact que ça a sur les gens. Là, ce qui est arrivé, à... l'enjeu
qu'on a vécu, c'est que la canalisation d'eau, parce qu'il y a eu un grand
blizzard, une grande tempête, les gens n'ont pas pu monter...
M. Lafrenière : ...l'entretien,
le maintenir, il a gelé. Il a gelé puis il a brisé, mais ici, on se dit à
Montréal : On va commander les pièces puis on va régler ça. Là, c'est
majeur, là, les travaux ne peuvent pas être faits à court terme. Ils ont pu
aller pomper dans un lac à proximité. Et, pour faire un parallèle, M. le
Président, là, si on regarde le Nord, Salluit, qui est la communauté la plus
éloignée que je visite, en véhicule, c'est comme si on se rendait à Savannah en
Georgie. C'est loin. C'est au nord. Alors, d'amener des pièces là-bas, c'est un
enjeu, d'avoir le personnel formé pour faire les réparations, c'est un enjeu,
puis d'avoir la bonne température pour être capable de creuser, c'est un enjeu.
Donc, à... mettons, on est rendu à quatre camions. La situation vaut mieux,
mais l'enjeu est encore le bassin d'eau. Là, ils vont pomper pour l'instant, il
y a une conduite temporaire qui a été aménagée.
Mais là, je veux juste sortir de tout ça
pour une seconde. Quand on parle de plus d'autonomie, d'indépendance au niveau
du Nunavik, il faut respecter les organismes qui sont en place. Et ça, c'est
l'administration régionale Kativik, l'ARK. L'ARK, nous, le gouvernement du
Québec, on remet 20 millions par année pour s'occuper justement des besoins
en eau. Moi, j'ai demandé à mettre en place une cellule d'urgence, parce qu'à
chaque fois qu'il se passe de quoi... puis mon collègue fait bien sa job, hein,
il vient me revoir en disant : Ian, il manque... M. le ministre, pardon,
il manque de l'eau dans telle communauté, vous faites quoi? On a mis en place
une cellule d'urgence, dire : On veut vous aider. Moi, je ne peux pas me
substituer à leur travail, mais je peux vous dire, M. le Président, je ne les
ai pas lâchés d'une seconde. Encore récemment, je les ai challengés là-dessus.
À Inukjuak, il y a eu le même enjeu pendant une période de temps. J'étais là la
semaine passée. C'est un enjeu qui est réel. Ce n'est pas que l'eau n'est pas
présente. Il y a de l'eau, il y a de l'eau potable. Le problème, pour... en
grande majorité du temps, c'est les camions, les camions qui brisaient ou des
bris mécaniques sur un tuyau qui a gelé. Et pourquoi? M. le Président,
changements climatiques, ils le vivent au quotidien. Lundi passé, moi, j'étais
à moins 22. Sur le chemin de l'aéroport, il y avait huit pieds de neige à un
endroit, et ils ont manqué de neige, ça n'a pas gelé avant janvier, la... vous
le savez, là, a météo a des impacts présentement, mais, pour eux, là...
Le Président (M.
Bachand) :Merci...
M. Lafrenière : ...canalisations
qui gèlent parce qu'il n'y a pas assez de neige à certains moments, trop froid.
Ils ont vécu des enjeux, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Donc, autre... autre question, autre thème maintenant, toute la
question du logement dans le Grand Nord québécois. Je parlais récemment avec
des membres de la Fédération des coopératives du Nouveau Québec. Ils ont un
projet de développement de complexe hôtelier au Nunavik, parce qu'il manque
carrément d'hôtels dans plusieurs communautés. J'apprenais également que la
cour itinérante avait de la difficulté à se loger dans plusieurs communautés.
Est-ce que vous avez un plan, M. le ministre? Quel est le soutien que vous
allez apporter à la Fédération des coopératives pour faire en sorte qu'il y ait
plus de logements et plus d'hôtels pour loger les gens? Je vous parle de la
cour itinérante, mais il y a aussi, bien sûr, le personnel médical.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci,
M. le Président. Puis je vois que la fédération des coops a bien fait son
travail, et je les rencontre la semaine prochaine. Je veux rassurer mon
collègue, parce que je sais qu'ils ont parlé aux deux collègues des
oppositions. Puis c'est... puis c'est très correct, parce que c'est un dossier
qui est extrêmement important. Puis je pense que leur crainte, étant donné que
ça ne fait pas l'unanimité au Nunavik, c'est peut-être de se faire bloquer des
portes ou quoi que ce soit, mais je veux rassurer mes deux collègues des
oppositions, je suis avec eux. Ce n'est pas la première fois que je les
rencontre. Je vais les rencontrer parce que ça prend une pluralité de partenaires
dans le Nord.
• (11 heures) •
Et mon collègue a raison quand on parle de
problèmes hôteliers, les impacts que ça peut avoir, M. le Président, c'est
majeur, c'est majeur pour des travailleurs temporaires, c'est majeur quand,
même nous, quand on veut se déplacer dans le Nord, souvent, on se dit :
Bon, regarde, le premier enjeu, c'est l'avion. Mon premier enjeu, maintenant,
là, c'est : Est-ce qu'on a une chambre? Et, encore la semaine passée, on
était dans un... de construction six, qu'on a réussi à trouver, parce que
c'était en pleine capacité. Mon collègue de la Santé a annoncé
150 logements. Il y en a 94 qui ont déjà été construits à ce jour, alors,
et pour l'entente de logement avec le Nunavik, ma collègue ministre responsable
de l'Habitation a renouvelé l'entente pour une période d'une année, mais là, on
veut y aller dans une approche différente avec les Inuits. C'est ce qu'on
travaille, M. le Président. J'espère vous annoncer ça avant la prochaine
période de crédits. On va avoir des belles solutions. Mais oui, on travaille
avec eux, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de
Sainte-Marie–Saint-Jacques, pour 12 minutes 20 secondes...
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Je vais aller dans un autre sujet santé et services sociaux cette
fois-là. Lorsqu'on a fait l'étude détaillée du p.l. 37 concernant le
Commissaire à la protection des droits de l'enfant et du bien-être de l'enfant,
il a été question de la mise sur pied d'un tel commissaire pour les Premières Nations.
La commission Laurent avait d'ailleurs suggéré ça. On a vu la nomination de la
commissaire qui va s'occuper des allochtones. Qu'en est-il des discussions
concernant le ou la commissaire du côté...
11 h (version non révisée)
Mme Massé : ...du côté
autochtone.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis mon collègue ministre de la Santé, les a remplacés... Santé et
Services sociaux, pardon, les a rencontrés, c'est Mme Marie-Ève Brunet-Kitchen,
qui est Commissaire au bien-être et aux droits des enfants. Et ce qui a déjà
été établi, c'est qu'elle va pouvoir avoir des ententes avec les différentes
communautés. Ça, c'est déjà... c'est déjà prévu. Il y a des rencontres qui vont
être faites. Il y a déjà huit communautés ou regroupements de communautés qui
ont signalé leur volonté d'adopter leurs propres lois, leurs propres projets de
loi. Je pense que les gens qui nous écoutent ont entendu, entre autres, la
communauté innue de Uashat-Maliotenam qui a dit qu'elle était prête, qui
avançait. Les Inuits nous ont rencontrés aussi, nous ont dit qu'il y avait une
volonté. Je vois ma collègue qui fait des signes, je vais arrêter, parce que je
ne veux pas perdre son temps.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée.
Mme Massé : Bien, c'est parce
que ce n'est pas de ça que je parle. Ça, c'est des ententes spécifiques avec
les nations concernant la protection de la famille, les droits sociaux, les
enfants, peu importe comment... Il y a... le Québec s'est doté d'un commissaire
au bien-être et aux droits des enfants. Il a été question que cette... qu'on
distingue commissaire aux enfants autochtones, commissaire aux enfants
allochtones. En fait, ma question, c'est : Il y a-tu de l'argent pour ce
commissaire-là? On en a parlé, dans le projet de loi no 37. Est-ce qu'il y a de
l'argent? Est-ce que c'est prévu aux crédits?
M. Lafrenière : Merci. M. le
Président. Puis ma question avait l'air d'être complètement à côté de la track,
mais, finalement, on était tous les deux à la même place. Le commissaire peut
signer des ententes avec les communautés pour les représenter, sinon, ça
prendrait un commissaire par communauté, mais ce n'est pas tout le monde qui
veut la même chose. Ça fait que, si la question de ma collègue est de savoir :
est-ce qu'il va y avoir un commissaire pour les Premières Nations et les
Inuits?, la réponse est non. Présentement, on a une commissaire, Marie-Ève
Brunet-Kitchen, qui peut faire des ententes avec les communautés, qui
décideront ou pas d'être représentées avec eux. Sinon, ils pourraient décider d'avoir
leur propre système aussi, puis on travaillerait avec eux. Je ne sais pas si ça
répond mieux, M. le Président, puis je comprends...
Mme Massé : Oui, oui, je
comprends votre vision. Est-ce que vous considérez que tout ça, c'est fait dans
une perspective éclairée, dans le consentement? Est-ce que vous considérez que
cette commissaire qui vient d'arriver, il y a à peine un mois et demi, qui a
signé huit ententes, vous me dites, avec différentes nations... ces nations-là
ont compris que, dans l'étude détaillée du projet de loi, il était question d'avoir
un commissaire dédié et non pas des ententes comme ça avec différentes
communautés? Je... Vous m'en voyez très surprise.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis je comprends très bien ce que ma collègue nous demande d'illustrer
en se disant : Écoutez, est-ce que, vraiment, c'est un consentement... c'était
une consultation qui a été bien faite, dans les règles de l'art? Je vais
répondre ce que j'ai répondu tantôt : Avec l'APNQL, on cherche encore à
établir ce que ça veut dire, comment le faire. Est-ce que les huit communautés
qui ont décidé ou qui ont... Bien, en passant, ils ont démontré un intérêt, il
y a des rencontres, ils ont rencontré mon collègue ministre, puis ils verront
bien. Je pense qu'on peut faire confiance à ces communautés-là dans leur
évaluation de ce qu'ils apprécient ou non puis leur volonté de rester ou de s'en
aller.
Moi, je pense qu'à contrario, M. le
Président, quand on dit aux communautés : Au lieu de vous imposer une
seule façon de faire, on vous dit que vous avez le choix, puis, si vous décidez
d'y aller autrement, on va le respecter... moi, je pense que c'est une façon de
respecter leurs pouvoirs, leur autonomie puis leurs décisions.
Mme Massé : Merci. On va
aller du côté de l'éducation. Le définancement de la mesure 15061 a des
impacts, a déjà des impacts maintenant. Vous me direz bien qu'il n'a pas été
définancé, j'ai entendu votre réponse à mon collègue de l'Acadie. Ceci étant
dit, cette mesure-là, 150161, n'existe plus de façon spécifique pour soutenir
le passage, pas au niveau cégep, université : primaire secondaire, des
enfants qui passent de l'enseignement dans des communautés à notre système
public. Je ne comprends pas pourquoi cette mesure-là a été retirée, M. le
ministre. Pouvez-vous m'expliquer?
M. Lafrenière : M. le Président,
oui, j'aimerais lui expliquer puis je vais aller m'enquérir moi-même de ce que
ça veut dire, pour être très clair, parce que la pire des choses, c'est de
prendre le micro puis de nous guider dans une mauvaise voie, M. le Président,
même si c'est... ce que ma collègue dit est archi important aussi.
Mme Massé : Oui. Bien,
écoutez, effectivement, je vous invite profondément à rencontrer les gens du
CEPN et de Tshakapesh, parce que cette mesure-là, qui aidait les enfants
autochtones qui arrivent dans le système québécois, globalement francophone et,
pour certains, anglophones par droit acquis, ont besoin de soutien du côté
autochtone...
Mme Massé : ...parce que leur
réussite scolaire, elle est plus difficile. Et donc il y avait cette mesure-là
15-0-61, qui a été mixée avec 15-0 machin truc et qui finalement, bien, on
n'arrive plus à suivre que c'est qu'on fait vraiment pour aider la réussite
scolaire de nos enfants.
M. Lafrenière : La raison
pour laquelle, M. le Président, j'ai dit que j'étais pour aller m'enquérir...
puis je comprends qu'elle me réfère au CEPN... Je vais aussi aller voir mon
collègue ministre de l'Éducation. Pourquoi? Parce, que dans mon plan, que j'ai
mis en place sur cinq ans, il y avait une mesure de 27 millions qui aidait
aussi la transition. Alors, on va aller tout démêler ça pour être sûr qu'au
final... puis, en passant, peu importe le numéro qu'on va vous dire ici, au
final, c'est que ça amène sur le terrain, je suis d'accord avec mes collègues.
Mme Massé : Ceci étant dit,
j'entends donc que vous allez déposer à la commission quand vous aurez mis le
doigt là-dessus.
M. Lafrenière : Absolument.
Mme Massé : Ça va intéresser
beaucoup de monde, dont moi et mon collègue de l'Acadie qui avait commencé le
travail. Dans les cinq minutes qu'il me reste, je veux revenir sur ce que mon
collègue de Jean-Talon a commencé à aborder avec vous, le comité pro Rousseau,
le résultat de ça. Moi, je vais focusser sur quelque chose de bien, bien, bien,
spécifique. On apprend qu'il y a une Constitution du Québec qui est en train de
s'écrire et que les Premières Nations ne sont pas là. «What's happeneed?»
Qu'est-ce qui se passe, M. le ministre? On parle d'une Constitution du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président. Puis j'entends la question de la collègue, puis ça me fait
penser à l'autre réponse que j'ai donnée tantôt, en disant : Quand on
parle de consultation, on travaille ensemble comme on le fait. Jusqu'à date, M.
le Président, en toute transparence et honnêteté... et ma collègue peut être en
désaccord avec moi sur beaucoup de points, mais je pense qu'elle va avouer que
je suis très présent avec les gens sur le terrain, je n'ai jamais entendu une
communauté me parler de cet impact-là. Non que ce n'est pas important, mais,
pour l'instant, je ne peux pas vous dire que c'était au radar.
Alors, moi, j'ai l'impression que les gens
vont vouloir voir, premièrement, ce que ça veut dire, parce qu'on n'écrit pas
ça à tous les jours. Qu'est-ce que ça veut dire? Puis effectivement il va
falloir s'asseoir avec eux pour voir premièrement... Ce que je disais tantôt,
là, moi, je ne suis... je ne suis d'accord dans une approche mur-à-mur où on
dit : Voici comment ça va fonctionner. La preuve, c'est qu'on a des
nations conventionnées au Québec, on a des nations, des communautés. Avant ça,
je disais «nations», M. le Président, je me corrige, maintenant, c'est rendu
des communautés, il y a des communautés qui n'ont pas la vision qui est la même
que leurs communautés voisines. Alors, bien clairement, je pense, il va
falloir... j'étais pour dire «les consulter», voyez-vous, j'ai même peur de
dire le mot «consulter», minimalement, les rencontrer, avoir leurs sons de
cloche avant même de penser à une consultation, d'aller plus loin avec les
Premières Nations là-dedans. Mais ma collègue a raison, ça ne va pas se faire
tout seul en vase clos.
Mme Massé : Bien, d'autant
plus, M. le ministre, j'insiste, là, vous avez un collègue qui écrit une
Constitution québécoise. Je ne veux pas parler de ce dossier-là, j'en aurais
long à dire. Et vous avez un devoir de vous assurer que les droits des
Premières Nations, les droits ancestraux, les traités, les titres... que tout
ça soit respecté, nonobstant ce que chacune des communautés veut.
Fondamentalement, elles s'entendent toutes là-dessus, leur droit à
l'autodétermination, leur droit à la gouvernance. Ah! bien, je ne reprendrai
pas les 40 quelques articles qu'il y a là-dedans, là. Alors, moi, je suis très
inquiète et je ne peux pas croire que le ministre de la Justice, parce que
c'est lui qui rédige, présentement, à ma connaissance, ne tient pas compte des
droits des premiers peuples. Voyons donc! C'est une... Il a la prétention de
faire une Constitution du Québec sans tenir compte des droits des Premières
Nations. Ça ne tient pas la route. Je veux vous entendre là-dessus, M. le
ministre. Il faut que vous rappeliez votre collègue à l'ordre. Ce n'est pas une
question de telle communauté, veux-tu, veux-tu pas, c'est une question négociée
pendant 20 ans aux Nations Unies. Qu'est-ce que vous allez dire à votre
collègue qui est en train de rédiger ça, après m'avoir entendue?
• (11 h 10) •
Le Président (M. Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis je veux rassurer ma collègue, là, qui est... bien que je
comprenne sa question technique, elle ne vient pas de me réveiller ce matin,
là. Je peux vous dire, je peux vous faire un parallèle. J'ai la communauté
innue de Mashteuiatsh qui est en train d'écrire sa propre constitution
présentement. C'est dans l'air, M. le Président, on le sait. Alors, elle va me
dire : Oui, mais qu'est-ce que vous faites? Présentement, honnêtement, là,
on doit regarder tout ça et j'ai des enjeux qui sont différents. Tantôt, elle
me parlait de la DNU des PA, en disant : Toutes les communautés sont
d'accord avec ça. J'ai le grand Conseil Cri qui est venu nous dire devant tout
le monde : Ce que nous autres, on a comme traité présentement, c'est
beaucoup plus que la Déclaration des Nations Unies. C'est beaucoup plus que ça
pour nous. Ça fait que ce que j'essaie d'illustrer encore...
M. Lafrenière : ...encore à ma
collègue, si c'était si simple que ça, il y a des gens bien plus brillants que
moi qui l'auraient fait avant moi, M. le Président.
Alors, je l'entends. Moi, présentement, je
regarde ce que mes collègues de Masteuiash vont nous soumettre comme
constitution. Moi aussi, je regarde ce qui se fait du côté du Québec, M. le
Président, mais c'est clair qu'on va devoir avoir des discussions avec les
Premières Nations avant même de se dire : Ça veut dire quoi? Comment ça
s'applique? Puis c'est dommage, j'aurais posé une question à mon collègue de la
troisième opposition, tantôt, en disant : Parfait, dans le cas d'un
référendum, dans le cas qu'on quitte le Canada, comment on les implique? C'est
des bonnes questions à avoir aussi. C'est vrai, est-ce que tout va se régler
avant? Moi, je pense qu'on doit regarder qu'est-ce qui va ressortir de cette
discussion-là, de les rencontrer. Moi, honnêtement, j'ai hâte d'avoir leur
feed-back, de voir comment on va travailler avec eux.
Le Président (M.
Bachand) :...
Mme Massé : Oui. Le droit à
l'autodétermination, le Québec ne le reconnaît pas aux Premières Nations. On a
un enjeu. Si on écrit dans la Constitution... si votre collègue écrit dans la
Constitution du Québec qu'on ne reconnaît pas le droit à l'autodétermination,
bien, on va à l'encontre de 20 ans de négociations aux Nations Unies. Pas juste
pour les 11 nations du Québec, pour l'ensemble des Premières Nations à travers
le monde. Alors, moi, M. le ministre, je vous le dis, là, je... et je suis
prête à vous aider, je suis prête à vous aider parce que ça m'inquiète. Si on
parle de territoire... c'est sûr que le ministre va parler de territoire dans
sa Constitution, mais ce n'est pas les nôtres. Je suis très inquiète, M. le
ministre.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
l'Acadie, pour 18 min 10 se, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Alors, continuons dans le domaine de la santé des jeunes,
particulièrement du secondaire, au Nunavik. J'aimerais savoir, M. le ministre,
avez-vous pris connaissance de l'enquête sur la santé des jeunes du secondaire
du Nunavik qui a été réalisée par la Régie régionale de la santé et des
services sociaux du Nunavik et qui a été déposé et publié en mars 2025?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Ça va faire
partie de mes devoirs, M. le Président. Honnêtement, vous me le dites, là, ça
va faire... puis je vois vos yeux, mais je ne vous mentirai pas, la réponse est
non.
M. Morin : Bon. J'apprécie la
réponse du ministre, M. le Président.
M. Lafrenière : Ça
m'intéresse énormément, comme vous pouvez vous imaginer, là, mais la réponse
est non. Puis c'est drôle, j'étais, quand même, la semaine passée... où il y
avait des gens qui auraient pu m'en parler. Alors, je vais m'enquérir de ça.
M. Morin : Il n'y a pas... Ça
va. Maintenant, moi, il y a des... il y a des éléments sur lesquels je tiens à
attirer votre attention, M. le Président, notamment, chapitre 17, toute la
question de la violence. Et on nous dit que, depuis le début de l'année
scolaire, c'est environ trois élèves du secondaire sur quatre, 76 %, qui
ont été victimes de violence à l'école ou sur le chemin de l'école ou de
cyberintimidation. Alors, c'est un chiffre qui est excessivement élevé. On
souligne également que les filles sont plus nombreuses que les garçons à avoir
été victimes de violence à l'école ou sur le chemin de l'école, 81 %, le
chiffre est énorme. Et donc plusieurs aussi sont victimes de comportements
agressifs, indirects et directs.
Alors, M. le Président, j'attire
l'attention de M. le ministre là-dessus puis je comprends qu'il y a un
engagement de votre part, M. le ministre, à nous revenir et surtout nous
informer des mesures que vous allez mettre en place pour s'assurer que cette
situation-là va changer rapidement.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, M. le
Président. Puis, tantôt, dans mon grand préambule, je rappelais aussi la partie
de reconnaître les organisations qui sont déjà au Nunavik. Oui, je vais
m'enquérir de ce qui se passe, oui, je vais faire le suivi avec la commission
scolaire... avec la régie, mais je prendrais quand même un instant, M. le
Président, parce qu'il est vrai que je n'ai pas lu le rapport, cependant, ce que
mon collègue apporte, quand on parle de violence au Nunavik, il y a des enjeux
sur lesquels je peux déjà donner des éléments de réponse, M. le Président.
Quand on regarde le... parce que, pendant
des années, on a vécu un fléau, au Nunavik, au niveau du suicide. Les chiffres
sont encourageants. Il ne faut pas crier victoire, M. le Président, mais les
chiffres sont encourageants. Quand on regarde les taux de décrochage qu'on a
eus au Nunavik, bien que ce soit encore beaucoup trop élevé, il y a de l'amélioration
qui a été faite, M. le Président, récemment. Et, quand on parle de violence,
pour moi, ça inclut la violence sexuelle aussi. Vous savez qu'on a fait
ensemble une commission transpartisane sur l'exploitation sexuelle des mineurs.
Vous savez qu'on a un plan. Vous savez qu'on y travaille avec le Nunavik. Tout
récemment, il y a un livre qui a été publié, qui parle de cette réalité-là puis
qui est destiné aux clientèles autochtones et inuites.
M. le Président, on dit que 50 % des
victimes d'exploitation sexuelle dans ce pays proviennent des Premières Nations
et des Inuits. Quand on a fait la commission spéciale, on allait dans les
communautés, personne ne levait la main. Il y a encore un grand, grand, grand
tabou. Ça fait partie de la violence. On y travaille, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Autre élément, et vous allez peut-être...
M. Morin : ...lu l'article
très récemment dans les journaux, M. le ministre, publié par Radio-Canada, Mme
Michèle Bouchard : Un projet pour intégrer les Innus à l'industrie de
la construction. Donc, je comprends que c'est surtout la FTQ Côte-Nord,
constat qui a été dressé par Pascal Langlois, et c'est une initiative... ma
compréhension, c'est de la FTQ avec Services Québec et la Commission de la
construction du Québec.
Cependant, j'attire votre attention sur
des éléments qui sont dans l'article. Et on dit : Les travailleurs innus
doivent attendre des mois et des mois pour obtenir leur carte de compétence. On
dit : «À compétences égales, ils n'obtiennent pas leur carte. Ils
reçoivent une carte d'exemption.» Il y a des obstacles supplémentaires pour les
travailleurs autochtones. Et ce qu'on nous dit, c'est que les autochtones, puis
c'est normal et je les comprends, ils ne pas avoir de traitement préférentiel,
mais ils voudraient être traités comme tous les autres travailleurs, par
exemple, et ne pas être discriminés. Et on dit aussi que «le revenu annuel des
travailleurs issus des Premières Nations est plus faible que celui du reste de
la main-d'oeuvre».
Êtes-vous au courant? Moi, je tenais à
vous sensibiliser là-dessus. Quelles sont les mesures que vous allez prendre
pour corriger cette situation?
Le Président (M. Bachand) :
...
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis un de mes travaux importants, c'est de ne pas développer ce que
j'appelle deux silos, c'est-à-dire d'avoir le silo Premières Nations, Inuits et
allochtones. Il faut qu'on soit capable de travailler ensemble. Ce que mon
collègue vient de mentionner, si un jeune Innu nous travaille à bâtir des
maisons dans sa communauté mais qu'il n'est pas reconnu, qu'il n'est pas
capable d'avoir ses cartes, donc il n'est pas capable d'aller travailler à l'extérieur
de la communauté, moi, M. le Président, je pense, ça contribue à ce que je
viens de vous dire, c'est-à-dire d'avoir des silos.
Il y a des projets pilotes qui ont été
faits, entre autres à Kahnawake, avec la CCQ, avec l'ancienne présidente. Je
suis déjà en lien avec les gens qui sont à la CCQ, la Commission de la
construction du Québec. Je m'excuse, M. le Président. On est... On est
horribles des fois avec les acronymes, puis je m'en excuse. Mais je travaille
déjà avec eux pour être capable d'avoir une partie de reconnaissance, pour
faire en sorte que les gens aient leur carte par la suite puis puissent aller
travailler à l'extérieur des communautés.
Moi, je suis allé à Pessamit voilà pas
très, très longtemps. Je peux vous confirmer que les gens travaillent, ils ne
manquent pas d'emplois, mais il faut qu'il y ait cette possibilité-là pour
quelqu'un de dire : Moi, je peux aller travailler dans n'importe quel
autre chantier, je ne suis pas limité à travailler dans ma communauté.
Ça fait que le point que mon collègue
apporte, il est important. Je sais que la Commission de la construction du
Québec a un plan d'action pour les Premières Nations et je suis déjà en lien
avec eux. Dans les prochaines... Dans les deux prochaines semaines, je les
rencontre pour voir comment on peut faire un petit bout de chemin encore plus
loin là-dedans, pour s'assurer que les gens aient accès à des cartes de
compétence aussi. Ça, c'est drôlement important.
M. Morin : Parfait.Merci.
Alors, M. le Président, prochaine question, plus spécifique, question 46 des
renseignements particuliers dans le cahier de l'opposition officielle, projet
de construction du nouveau Centre d'amitié autochtone de Lanaudière. L'an
dernier, ce projet-là devait être réalisé en 2025. Or, d'après ma
compréhension, c'est qu'il n'est toujours pas fini puis que ce serait fini en
2026. Pourquoi ce retard?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Je prends connaissance de l'information aussi, parce que je connais
bien ce projet-là, qui est un projet important, mais, avec l'accord de mon
collègue, j'aimerais encore une fois donner la chance à quelqu'un de
l'administration de pouvoir commencer la réponse, M. le Président.
M. Morin : Bien.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a consentement?
M. Morin : Il y a
consentement, M. le Président.
• (11 h 20) •
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Rapidement, s'il vous plaît.
M. Morin : Bien, écoutez,
dans ce cas-là, monsieur...
M. Lafrenière : Je leur ai
fait une passe trop vite, M. le Président. Écoutez, je veux juste revenir, puis
je vais commencer la réponse, si vous me permettez, M. le Président, puis ça
fait... si c'est correct pour mon collègue. Je sais qu'on a eu un enjeu au
niveau du terrain au tout début de ce projet-là, parce que c'est un projet
important, vous savez pourquoi. Le tout a commencé avec Joyce Echaquan. On a
travaillé très fort avec les gens du centre d'amitié, qui voulaient se
relocaliser. On a eu un enjeu au début. Je sais qu'il y a un enjeu de terrain.
Cependant, je préfère une réponse plus complète et écrite à mon collègue pour
voir pourquoi le délai.
Le Président (M.
Bachand) : ...merci.
M. Lafrenière : Mais je veux
le rassurer, ce n'est pas parce qu'on a mis de l'argent de côté ou quoi que ce
soit. Il y a un enjeu. Je vais vous revenir.
M. Morin : Très bien.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie, oui.
M. Morin : Alors, je vais
attendre éventuellement les renseignements... Autre question en lien cette
fois-ci avec la question 59. En 2024-2025, le secrétariat avait déboursé
166 600 $ par le biais du Fonds d'initiatives autochtones 4 pour
soutenir des projets en lien avec l'amélioration de la justice pour les
autochtones. Auparavant, ce montant-là était de 213 000 $. Qu'est-ce
qui explique cette baisse?
Le Président (M.
Bachand) : ...
M. Lafrenière : Je savais
qu'ils voulaient absolument parler. Alors, j'ai quelqu'un de l'administration
qui peut venir nous en parler, M. le Président.
En passant, M. le Président, tout à
l'heure, pour le Centre d'amitié autochtone, en même temps qu'on se parlait, il
y a de l'information aussi qui nous parvenait. Je sais que, quand les...
M. Lafrenière : ...les appels
d'offres ont été ouverts, il y avait une explosion de coûts. Alors, c'est
une... ce serait une des raisons, mais je garde l'engagement de vous revenir
par écrit complètement.
M. Morin : Merci, M. le
Président.
M. Lafrenière : Alors, M. le
Président, est-ce qu'il y a consentement pour notre spécialiste du fonds
d'initiative autochtone puisse venir nous parler?
M. Morin : Il y a
consentement.
Une voix : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :M. Tremblay.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Ça
fonctionne toujours?
Une voix : Oui.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Bien,
peut-être juste... Bien, pour Lanaudière, oui, on reviendra avec une réponse écrite,
mais effectivement, là, la raison principale du retard, c'est le terrain. C'est
le temps que le terrain soit donné à l'organisation pour être capable de mettre
en œuvre les travaux, après ça il y a tous les processus d'appel d'offres qui
s'ensuivent pour la construction, mais c'est quelque chose qui est assez
administratif qui devrait se place, qu'on pourra l'expliquer en détail avec une
réponse écrite.
M. Morin : Merci.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Pour
ce qui est de la question...
M. Morin : Alors, la question
relativement au Fonds d'initiatives autochtones IV en lien avec la
justice, c'était 213 000 $, ce serait rendu à 166 600 $ selon les
informations que nous avons obtenues.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Oui.
Donc, tous ces montants-là, c'est les montants octroyés dans les exercices
financiers en cours, puis essentiellement, la réponse, c'est le Fonds
d'initiatives autochtones est un programme qui est... je ne ferai pas de
pédagogie de programmes, mais il y a beaucoup de programmes qui vont
fonctionner en appel de projets. Souvent le gouvernement va ouvrir des appels
de projets, va prendre des projets pendant une certaine période. Le Fonds
d'initiatives autochtones IV, lui, c'est un programme qui est ouvert en
continu et qui s'échelonne sur une période de cinq ans. Donc, à l'intérieur de
la période de cinq ans, les promoteurs de projets, les organismes qui réalisent
des projets à fonctions différentes thématiques peuvent soumettre des projets
essentiellement à n'importe quel moment dans le temps pendant la période de
durée de vie du programme. C'est ce qui fait qu'on ne peut pas planifier les
budgets sur une base annuelle par rapport à ces thématiques-là. Et le programme
est assez large d'une manière à couvrir des besoins qui sont très variés, que
ce soient des projets spécifiques en lien avec la justice, le soutien aux
femmes ou... Tu peux avoir autant, là, d'angles ou de projets, des projets en
milieu urbain. Donc, on est capables de prendre en charge vraiment différents
projets qui couvrent différents genres ou différents thèmes. Donc, année après
année, selon les projets en cours dans les milieux puis selon ce qu'on reçoit,
bien, on va analyser les projets en cours de route puis les annoncer. Donc, il
peut y avoir des variations annuelles. Ce n'est pas des budgets qui sont
réservés par thématique. En fait, c'est ce que j'essaie de dire.
M. Morin : Alors, est-ce que
je comprends de votre réponse que c'est parce qu'il y a eu moins d'appels à
projets ou il y a eu moins de projets retenus, mais que le montant alloué à
l'initiative n'a pas diminué? Est-ce que c'est ce que vous dites?
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : En
fait, ni un ni l'autre.
M. Morin : Ni un ni l'autre?
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Dans
le fond, on ne fonctionne pas en appel de projets. Donc, comme on ne fonctionne
pas en appel de projets, à tout moment un organisme autochtone qui a un projet
qu'il souhaite faire financer, il peut nous le déposer. Donc, ce que ça veut
dire, c'est que, sur la base de la demande ou des projets qu'on a reçus en lien
avec cette thématique-là, il peut... et ça peut être deux choses. Il peut y en
avoir, soit y en avoir eu moins pendant une année par rapport à une autre des
demandes qu'on a reçues, puis on n'a aucun refus en lien avec des projets de
cette thématique-là. Donc, on n'a pas refusé de projets liés à ça.
M. Morin : D'accord.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : Donc,
ça peut être soit une variation de la demande. Une année, on a reçu plus de
projets des organismes autochtones sur le terrain liés à cette thématique-là
que l'autre. Et il peut y avoir aussi des fois juste la question du
décaissement. On en a parlé un petit peu tantôt par rapport à Femmes
autochtones. Des fois, on va recevoir soit la reddition de comptes d'une année
précédente, on va la savoir l'année d'après. Donc là, au niveau des versements,
ça peut varier d'un exercice à l'autre parce que le programme s'échelonne sur
une période de cinq ans et qu'on reçoit les demandes à n'importe quel moment
dans le temps pendant une période de cinq ans.
M. Morin : Parfait. Et donc
je comprends que le montant alloué au projet, lui, n'a pas diminué.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) : N'a
pas diminué.
M. Morin : Très bien. Je vous
remercie. Merci, M. le Président.
M. Lafrenière : Je veux
rassurer mon collègue, M. le Président, le 188 millions sur cinq ans pour
les fonds d'initiatives autochtones, il y a même une augmentation pour cette
année de 10 millions. C'est 45 millions pour cette année. Je
comprends très bien ce que mon collègue veut tenter d'illustrer, mais je veux
le rassurer il n'y a pas de coupure. Et l'autre point que je dirais aussi pour
mon collègue, c'est la façon qu'on fonctionne pour les FIA, avec les
communautés, comme c'est sur cinq ans, il y a des communautés qui, dès la
première année, nous présentent beaucoup de projets. Il y en a d'autres qui
attendent un petit peu, puis là, on a fait un travail avec elles pour leur dire
qu'ils ne pouvaient pas remettre d'un fonds à l'autre. Alors, ils doivent le
prendre pendant les cinq ans. Mais contrairement à d'autres projets, là, c'est
très, très, très, j'étais pour dire ouvert et très adapté. Quand on dit de
faire les choses différemment, là, le FIA est très adapté.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Oui, merci, M. le
Président. Le projet de loi n° 91, Tribunal unifié de la famille. Vous
vous rappellerez dans ce projet de loi, votre collègue le ministre de la
Justice a rendu la médiation en matière familiale obligatoire. Moi, j'ai fait
ressortir qu'il y a déjà des communautés des Premières Nations qui ont de la
médiation, que ça fonctionne. Alors, j'aimerais savoir : Est-ce que vous
avez eu des rencontres avec le ministre de la Justice pour lui faire valoir
l'importance des... du système de médiation qui existe déjà dans les
communautés des Premières Nations et comment le projet de loi va s'adapter à
leur réalité et est-ce que vous avez été capable de trouver un chemin de
passage?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît...
M. Morin : ...et est-ce que
vous avez été capable de trouver un chemin de passage?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. La réponse, c'est non, cependant, la CSSSPNQL nous a écrit disant
qu'ils n'avaient pas été consultés. Moi, j'ai espoir, pour l'étape
réglementaire, qu'on puisse arriver à quelque chose qui va être une solution
importante. Puis mon collègue m'a déjà sensibilisé à ça, M. le Président. Et il
a raison, c'est important, il faut trouver une solution. Moi, j'espère que, par
voie réglementaire, on va arriver à trouver quelque chose qui va être une voie
de passage acceptable. Alors, ça va se faire bientôt, mais j'ai d'autres étapes
à faire avant ça.
M. Morin : Sauf que, vous
comprendrez, M. le Président, que, si la médiation est obligatoire en vertu de
la loi, ça va être un peu difficile, par règlement, d'aller à l'encontre de la
loi.
M. Lafrenière : C'est pour
ça, je vous dis, au niveau de l'application, ce ne sera pas la première loi ou
la première adaptation qu'on aura faite ici, M. le Président, de trouver une
façon pour les Premières Nations que ça s'adapte. Honnêtement, M. le Président,
là, je vais regarder avec le CSSSPNQL et, oui, je vais faire représentation
auprès de mon collègue.
M. Morin : Très bien,
j'apprécie. Ça va me permettre de faire le pont avec une question que ma collègue
vous a posée précédemment. Ce que je comprends, c'est que le même ministre de
la Justice travaille sur un projet de constitution pour le Québec. Je comprends
également qu'il y aura un mandat qui aurait été donné au Pr Taillon. Ce sera à
vous de vérifier. Je ne sais pas si vous avez vu la lettre de mandat que le
rédacteur a eue, mais j'aimerais vous sensibiliser, tout comme l'a fait ma
collègue, au fait que les Premières Nations étaient ici avant nous et que
j'espère que, dans sa lettre de mandat, il va en tenir compte, d'une part.
Puis, d'autre part, je vous demande de sensibiliser votre collègue à nouveau,
parce que s'il n'y a pas eu de sensibilisation au niveau de la médiation
obligatoire, je ne vous dis pas que ce n'est pas important, on a une constitution,
on est ailleurs, là. Alors, ça m'apparaît tout à fait essentiel. Et,
évidemment, j'espère que, pour la médiation obligatoire, vous allez être
capables de trouver une voie de passage.
Et, pour les prochains projets de loi qui
pourraient être déposés, je ne sais pas comment vous fonctionnez au Conseil des
ministres, mais, M. le ministre, je pense que ce serait important qu'il y ait
de la consultation en amont. Ce n'est pas la première fois... et là, je dirais
même que les oppositions vous ont dit que la consultation, c'était fondamental
avec les Premières Nations.
Bon, voilà. Alors Plan
nordique 2023-2028. Est-ce qu'il y a des avancements qui ont été faits en
ce qui a trait à la mise en œuvre? Et combien d'argent a été dépensé cette
année pour faire avancer le Plan d'action nordique 2023-2028?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : M. le
Président, je sais qu'il y a des... je n'aime pas répondre ça, en fait, je veux
absolument répondre à mon collègue. Là, on parle vraiment de la Société du Plan
Nord, on est au courant un peu, mais, honnêtement... je peux m'engager au nom
de la Société du Plan Nord, là, mais vous comprenez... Puis je ne veux pas m'en
défiler, M. le Président, mon équipe le sait, là, je déteste cette réaction-là.
Ça me fait penser, dans une grande chaîne, quand on se fait envoyer d'un à
l'autre, là. Mais je vais être transparent avec mon collègue, c'est... du côté
de la Société du Plan Nord, je ne suis pas à l'aise du tout de vous dire
quelque chose, là, qui ne tient pas la route.
• (11 h 30) •
M. Morin : Je comprends. Je
comprends que M. le ministre va aller aux nouvelles et qu'il pourra informer la
commission éventuellement. Je vous remercie.
Demande de renseignements particuliers, l'opposition
officielle, la question n° 19, ce que je constate, M.
le ministre, vous aviez demandé 423,8 millions au Conseil du trésor. Or,
cette année, vous aviez demandé 413,2 millions. Pourquoi cette baisse?
Le Président (M.
Bachand) :40 secondes, M. le
ministre.
M. Lafrenière : Oui,
excusez-moi, M. le Président. Pour la question du collègue, je veux le
rassurer, par la suite, au budget, je suis sûr aussi qu'il a vu qu'il y a un
22,4 millions qui a été ajouté pour le coût de la vie au Nunavik, c'est
une mesure importante qui a été mise dans le budget. Aussi, les crédits qui
avaient été demandés, c'était 413,2 millions, entre autres, c'est au
niveau des transferts qu'on fait avec les nations conventionnées. C'est des
règles mathématiques, je peux demander quelqu'un de l'expliquer pendant plus
qu'une demi-heure, par exemple, qui fera en sorte que les transferts sont moins
élevés avec les nations conventionnées. Puis je veux rassurer le collègue, ce
n'est pas parce qu'on a coupé des programmes, ce n'est pas parce que les gens
sur le terrain vont voir une absence de programmes, c'est vraiment dans les
transferts qu'on fait, entre autres avec les nations conventionnées, et il se
rajoute 22,4 millions pour le Nunavik.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Je me tourne maintenant vers la partie
gouvernementale pour 13 min 16 s. M. le député de Saint-Louis...
Saint-Jean, pardon. C'est parce que je mêlais les deux, là, désolé.
M. Lemieux : Bien sûr, bien
sûr. Je vais en avoir assez, il s'en vient...
11 h 30 (version non révisée)
M. Lemieux : ...Merci, M. le
Président. En guise de salutation pour les collègues, je voudrais partager avec
vous que, depuis presque deux heures maintenant, je suis impressionné. C'est
comme si on avait eu une mise à niveau, un cours accéléré Premières Nations. Et
puis c'est grâce aux collègues des oppositions et de leurs questions. Et sans
flagornerie, parce que tout le monde sait que moi et le ministre, on aime
beaucoup se taquiner, mais sans flagornerie, c'était très intéressant. Alors,
je vais... les... la dernière trois-quarts, là, et je vais essayer de finir ça
avec mes collègues en revenant sur certaines choses. Et les autres ont d'autres
questions.
Moi, M. le ministre, vous avez dit tout à
l'heure, horrible avec les acronymes. Vous avez tellement raison, c'est propre
au gouvernement, mais je pense que vous êtes un des meilleurs quand les
acronymes ou des plus mal pris, DNUDPA, je ne vous ferai pas languir, vous
savez ce que c'est mieux que moi, la Déclaration des Nations Unies sur les droits
des peuples autochtones. Le collègue de l'opposition... des oppositions en ont
parlé tout à l'heure. Il se trouve que le nouveau chef de l'APNQL, un autre
acronyme pour vous, là, Francis Verreault-Paul de Mashteuiatsh — quand
je le dis, j'ai toujours un petit un petit frisson parce que je suis passé par
là tellement souvent, mais, en tout cas, quel bel endroit — qui en a
fait sa priorité de cet... du DNUDPA. Et l'affaire, c'est qu'ils sont allés
récemment à l'ONU... pas à l'ONU, mais ils sont allés aux États-Unis avec une
délégation pour dire qu'il y avait des gros problèmes avec ça chez nous.
Pourtant, on a quatre motions comme... comme les collègues l'ont bien dit, qui
sont en faveur de ça. Ça fait que, dans le fond, vous avez dit tout à l'heure,
puis ça m'est resté dans l'oreille, vous avez dit : Nous, on veut faire
vivre ça à travers les ententes qu'on conclut avec les communautés. Je trouve
ça très beau, très louable. Mais c'est quoi au juste que vous faites vivre puis
comment ça se vit? C'est quoi ces ententes-là?
Le Président (M. Bachand) :
...
M. Lafrenière : Oui, merci. Merci,
M. le Président. Puis mon collègue comprend pourquoi on utilise l'acronyme, parce
que d'avoir dit les deux au long, ça lui a enlevé presque une minute. Alors, c'est
complexe. Pour ce qui est du geste qui a été posé par les chefs lors de leur
passage à New York avec les Nations Unies, moi, je l'ai dit récemment, je le
comprends très bien, vous savez, pour ceux qui nous écoutent, M. le Président,
je pense qu'on était sur une belle lancée pendant les trois, quatre dernières
années. On a parlé beaucoup des sujets autochtones, puis, on va l'avouer,
depuis les derniers mois, ce qui se passe au sud de la frontière, je pense que le
sujet, pas de notre côté, mais en général, ne fait plus vraiment la clip, n'est
plus vraiment dans les médias. Je pense, leur geste est important pour rappeler :
Écoutez, nous on est là, puis c'est important, puis on vit les impacts des
changements climatiques, puis on vit des impacts au quotidien, on est là. Moi,
c'est comme ça que je l'ai reçu, M. le Président.
J'ai rencontré le chef moi-même, puis on s'est
dit, là, que, dans les prochaines semaines, on va s'asseoir ensemble aussi pour
regarder ce que c'est puis ce que ce n'est pas. Je peux vous dire ce que ce
n'est pas. L'approche de la Colombie-Britannique qui a mis une structure
étatique en place à 4,5 millions par année pour regarder dans chacune des
lois comment ça y arrivait, ce n'est pas l'approche qu'on a préconisée. Puis ça,
moi et le chef, on s'est entendu sur cette vision-là, puis il m'a dit ce n'est
pas nécessairement ce qu'il y avait en tête, eux. Ça fait qu'on va le regarder
ensemble.
Je peux vous dire ce qu'on fait aussi, M.
le Président, parce qu'en passant la Déclaration des Nations Unies sur les
droits des peuples autochtones, bien que ce soit important, ça ne règle pas
tout. Puis on a deux beaux exemples au fédéral. Ça n'a pas empêché de faire un
pipeline dans l'Ouest canadien. Puis vous savez ce que ça a causé? Ça a causé Wetʼsuwetʼen, qu'on a eu des gros impacts au Québec. Ça n'a
pas empêché récemment le dossier de Chalk River, pour lequel nous avons des
impacts aussi. Ça fait que je veux dire, bien que ce soit important de
reconnaître la déclaration des Nations Unies, je ne veux juste pas qu'on voit
ça comme un remède miracle, ça ne règle pas tout.
Ce qu'on a décidé de faire, puis je vais
vous laisser... je vais vous donner quelques exemples, M. le Président, c'est de
lui donner vie à cette déclaration des Nations unies. Puis un exemple que mes
collègues connaissent très, très bien, c'est l'article 12 concernant le
droit au rapatriement de leurs restes humains, mais nous, on l'a fait avec
notre loi n° 79 qu'on a faite ensemble avec les oppositions. Puis, en
septembre 2024, on était ensemble à Mistissini pour le rapatriement du jeune corps
qui avait été enterré à La Tuque auparavant. L'article 3 concernant le
droit d'assurer librement leur développement économique, on a mis... on a mis
sur place le Fonds de réconciliation de 45 millions avec Pessamit, le
Fonds de développement économique avec Pikogan, copropriété de la ligne de transport
à Kahnawake, l'article 24 concernant le droit de conserver les pratiques
médicales traditionnelles, avec notre projet de loi n° 32, M. le Président,
on lui a donné suite, l'article 26 concernant la protection des terres, l'aire
protégée de Chicobi, parc national Nibiischii, c'est le deuxième plus grand
parc qui a été créé au Québec. Puis ça, c'est avec et par des Premières
Nations. J'en ai une liste, M. le Président. Puis le temps va nous manquer. Ce
que je vais vous dire, cependant, c'est, un, on est d'accord parce qu'à quatre
reprises on a tous voté en accord là-dessus. On est d'accord avec le principe.
Mais, en passant, ça remonte à 2007, 2010, là. On peut nous...
M. Lafrenière : ...depuis
2018, mais avant ça, on n'était pas là. Si c'était si simple, quelqu'un
l'aurait fait avant nous. Ce n'est pas si simple que ça de voir comment on lui
donne vie, mais surtout, puis les collègues l'ont dit tantôt, concrètement,
concrètement, qu'est-ce que ça va changer? Je vais le redire encore une
fois : Bien que le fédéral l'ait signé, il y a deux événements majeurs qui
sont arrivés du côté fédéral où ça n'a pas changé du tout, du tout la donne,
c'est-à-dire le pipeline et Chalk River. Alors, c'est important, je veux
travailler avec l'APNQL là-dessus, je ne veux juste pas voir ça comme un remède
miracle, cependant.
Le Président (M. Bachand) :Merci. M. le député de Joliette.
M. St-Louis : Merci beaucoup,
M. le Président. Permettez-moi d'abord de saluer les collègues des oppositions,
la banquette gouvernementale, l'équipe ministérielle. M. le ministre, comme
vous le savez, je suis non seulement député de Joliette mais j'habite Joliette
depuis ma tendre enfance. Vous en avez parlé tantôt, le 28 septembre 2020, une
onde de choc traversait le Québec au moment où les Québécois et les Québécoises
apprenaient la triste histoire de Joyce Echaquan qui a eu lieu à l'hôpital de
Joliette. Un événement tragique qui commandait à... puis commande toujours une
réflexion profonde, une remise en question sérieuse, mais aussi et surtout une
réponse politique forte et claire. C'était notre devoir et c'est toujours notre
devoir de rendre le réseau plus sécuritaire. Je parle du réseau, ici, de santé
et des services sociaux.
La sécurisation culturelle, vous en avez
parlé brièvement tout à l'heure. J'aimerais ça qu'on puisse revenir sur les
gestes que vous avez posés, que nous avons posés, comme gouvernement. Donc,
j'aimerais vous entendre sur le sujet.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Lafrenière : Oui. Merci.
Merci, M. le Président. Puis ça fait partie de la première annonce que j'ai
faite comme ministre responsable, à l'époque, c'était des Affaires autochtones,
avec mon collègue ministre de la Santé, c'était vraiment la sécurisation
culturelle, en disant : Il faut agir. Puis mon collègue le soulignait à
juste... oui, ça a commencé... l'électrochoc est arrivé avec Joyce Echaquan,
mais tout le long des consultations, tout le long travail qu'on a fait, on
s'est rendu compte que c'était bien plus large. Il fallait agir, il fallait
faire de quoi.
Dans les éléments importants, dans notre
loi, notre projet de loi no 32, à l'époque, il y a l'obligation de travailler
avec des représentants des Premières Nations pour développer des mesures. On a
décidé de ne pas y aller dans le mur-à-mur, M. le Président, de développer des
mesures qui étaient adaptées pour Joliette. En passant, j'ai vu l'ancienne
P.D.G., tout à l'heure, qui était ici, à l'Assemblée, qui a fait un travail
remarquable lors de son passage. L'obligation de déposer un rapport à
l'Assemblée nationale et aux communautés pour que les gens voient plus de
transparence, qu'est-ce que le CIUSSS fait sur la Basse-Côte-Nord, qu'est-ce
qu'un autre CIUSSS fait ailleurs au Québec pour partager les méthodes
gagnantes. Je ne vois pas ça comme le bâton, je vois ça plutôt comme une façon
proactive de dire : Il se fait des belles choses ailleurs, vous pouvez les
faire. Un comité national sur la sécurisation culturelle pour être capable de
conseiller le ministre en disant : Voici ce qui est bon, ce qui pourrait
être mieux.
• (11 h 40) •
Et ce qui est vraiment important, qu'on a
réussi à faire, c'est l'habilitation de personnes autochtones pour poser trois
actes réservés. Ça, on l'a travaillé beaucoup avec les partenaires, parce que,
exemple, exemple, au Nunavik, on avait des besoins criants en matière de
protection de la jeunesse, pour évaluer des jeunes. Et ça, avec les ordres, on
a réussi à trouver une solution qui amène un résultat demain, c'est du concret,
c'est du réel. Ça, on en est fiers. Ça fait que, oui, le p.l. no 32 est venu
faire ça, mais, M. le Président, on a tendance à... puis c'est la nature de la
bête, vous allez me dire, de ne pas voir ce qu'il y a de bien qui se réalise
déjà. Puis il y a des exemples incroyables. À La Tuque, il y a une pharmacie qui
a décidé de faire des piluliers en atikamekw. Il fallait juste y penser. Pour
le Nunavik, il y a une application qui a été développée pour le personnel de la
santé pour avoir les termes médicaux. Il fallait y penser. Et ça se fait, des
formations ont été développées, dans deux semaines au CHU... le dire comme il
faut, pas le CHUQ, mais le CHU de Québec, je m'excuse pour mon collègue de
Saint-Jean, là, le Centre hospitalier universitaire de Québec, ils vont ouvrir
vraiment un volet autochtone, une partie importante. Il y a des gens qui ont
développé des accès. Il y a des affiches qui ont été mises dans plusieurs
langues pour accueillir les gens, il y a des employés qui ont été embauchés. On
a un responsable des plaintes, que mon collègue connaît très, très bien, du
côté de Joliette, qui provient de la communauté, parce que lui, il peut
entendre aussi dans la communauté ce qui se dit.
Alors, on a décidé de ne pas aller dans du
mur-à-mur, de laisser les régions s'adapter à leurs réalités, mais d'avoir
l'obligation d'être transparent puis de faire rapport. Ça fait que ça, moi,
j'en suis très fier. Ça fait que ce n'est pas tout réglé, il faut garder un œil
très vigilant là-dessus. Et moi, je pense qu'il y a un éveil collectif suite à
ce qui est arrivé, qui est une tragédie, qui est un électrochoc. Je pense que
les gens sont très très, très sensibles à ça puis j'ai espoir pour le futur.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député Joliette,
ça va? M. le député de Vanier-les-Rivières, s'il vous plaît.
M. Asselin : Merci beaucoup,
M. le Président. Je veux... du côté du ministre, de nous avoir engagé...
M. Asselin : ...Vimont et moi
lorsqu'on est allés à Kuujjuaq, grandement apprécié, votre ouverture de
sensibiliser comme ça un certain nombre de députés aux réalités inuites et
autochtones. Dans... pas loin de mon comté, de ma circonscription, il y a la
nation d'entrepreneurs, puis je sais pourquoi les entrepreneurs sont importants
pour notre gouvernement. Est-ce que le ministre peut nous dire l'accompagnement
des entreprises dans leurs projets? Parce que les Wendats sont vraiment versés
dans l'entreprise. Alors, je vous laisse aller pour nous nous dire comment ça
va se concrétiser.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup. Puis cher collègue a parlé du déplacement en communautés, j'en
profite, M. le Président, pour expliquer. Ça fait partie de mon travail. Puis
je l'ai fait avec des députés de l'opposition quand on dépose le rapport de la
loi 79. J'ai passé bien près d'aller même au Nunavik avec un collègue de
l'opposition, ce n'est que partie remise. C'est le travail. Pourquoi? Parce
que, M. le Président, je pense, c'est un célèbre... une célèbre personne que
vous connaissez tous qui disait : On ne veut pas le savoir, on veut le
voir, je viens de citer Yvon Deschamps, mais d'aller sur le terrain, d'aller
voir les gens, de voir leur réalité, de les entendre, quoi de mieux? Alors,
oui, il est vrai qu'une grande partie du caucus s'est déplacée, et je vais
faire la même chose avec les collègues des oppositions, on le fait annuellement
dans le rapport 79. Et tantôt mes collègues des oppositions me
disaient : M. le ministre, allez-vous... allez-vous sensibiliser vos
collègues ministres? J'ai fait la tournée de tous les ministères pour les
rencontrer, il m'en reste encore quelques-uns à faire. J'ai invité des
ministres aussi à venir voir sur le terrain comment ça se passait. C'est aussi
ça, ma job.
Alors, excusez-moi pour la longue intro,
mais je reviens à votre question, pour Wendake, c'est l'endroit où on a le plus
d'entrepreneurs au Québec dans une communauté, c'est Wendake. Ils sont juste
ici à proximité. Vous connaissez tous Onhwa' Lumina, si vous ne le connaissez
pas, je vous invite à y aller. On parle de tourisme autochtone, quelque chose d'extrêmement
important, et on investit là-dedans. Le restaurant La Sagamité aussi qu'il y a
du côté de Wendake.
On a osé aussi, M. le Président, puis là
je vais l'avouer, parce qu'il ne reste beaucoup de temps puis je vais sortir ça
en terminant... mais un projet extrêmement important qui s'appelle le CHSLD La
Tortue. Pourquoi j'en parle? Parce que, M. le Président, là-dedans j'arrivais,
je vous dirais que c'est un projet dans lequel, normalement, le gouvernement du
Québec n'aurait jamais investi, d'un CHSLDS sous la responsabilité fédérale. Et
le premier ministre et moi, on s'est dit : On va y aller puis on demandera
au fédéral par la suite d'embarquer, puis c'est sûr qu'ils vont tenir leurs
promesses et leurs responsabilités, puis ce n'est pas arrivé. Alors, on l'a
fait, on a embarqué, nous, le gouvernement du Québec, a aidé la communauté pour
le CHSLD parce que c'était important, c'était la bonne décision à prendre.
Cependant, on... le fédéral s'est rapporté absent pour cet élément-là.
Il y a beaucoup de beaux projets du côté
de Wendake, on a... En passant, on parle maintenant des Wendats. Depuis une
semaine, on ne dit plus Hurons-Wendats, on dit Wendats, je vois ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques
qui applaudit ça, c'est lors d'un référendum.
Alors, ça se termine comme ça. Je vais
vous dire merci à tous et toutes. À chaque fois, on avance dans notre approche
de nation à nation. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Le temps alloué
à l'étude du volet Affaires autochtones des crédits budgétaires du Conseil
exécutif étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux
voix.
Est-ce que le programme quatre intitulé
Relations avec les Premières Nations et Inuit est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté sur division. En
terminant, je dépose les réponses aux demandes de renseignements de
l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 18 heures, où elle va entreprendre l'étude du
volet Accès à l'information des crédits budgétaires du portefeuille Conseil
exécutif. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 45)
17 h 30 (version non révisée)
(Dix-sept heures cinquante-neuf minutes)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît. Bon
début de soirée à tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la commission des Institutions ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Accès à l'information des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier de 2025-2026. Une
enveloppe de 1 h 15 a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis) est remplacée par Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont) et Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques) est
remplacée par M. Zanetti (Jean-Lesage).
• (18 heures) •
Le Président (M.
Bachand) :Alors, comme vous le savez,
nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes,
incluant les questions et les réponses. Il me fait plaisir de céder la parole à
la députée de Mont-Royal—Outremont pour un premier bloc de
22 min 47 s. Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Bonjour. Bonsoir à vous tous. Bonjour, M. le ministre, vos équipes,
collègues. Nous voilà encore réunis pour parler accès à l'information. Donc,
sans plus tarder, première question sur les responsabilités du personnel
politique de certains cabinets ministériels. On a reçu la liste du personnel
récemment. J'y ai jeté un coup d'œil puis je continue d'être préoccupée par
rapport à une certaine proximité entre les cabinets politiques et les
fonctionnaires dans le traitement des demandes d'accès à l'information. Je vois
qu'il y a encore des personnes qui ont des responsabilités en lien avec l'accès
à l'information dans plusieurs cabinets, notamment au cabinet du premier
ministre, la vice-première ministre, en Enseignement supérieur, vous-mêmes,
Affaires municipales, Emploi, Travail, Santé et Services sociaux et Sports, et
on ne désigne pas toujours la responsabilité de la même façon. Des fois, on
parle de... Bien, ma première question, c'est, bon, comment expliquez-vous qu'il
y ait des responsables de l'accès à l'information dans un bon nombre de
cabinets? Vous ne voyez pas là une apparence de proximité?
Le Président (M. Bachand) :M. le ministre.
M. Roberge : Merci. Bien, d'abord,
bonjour, chers collègues, les collègues des oppositions, la banquette
gouvernementale. Merci aux équipes qui nous aident. Mme la Présidente de la
Commission d'accès à l'information, merci d'être ici avec nous, les équipes
aussi qui vont nous aider à répondre.
Juste un élément de contexte, on va y
venir précisément, mais... un élément de contexte important, mentionner que c'est
notre gouvernement...
18 h (version non révisée)
M. Roberge : ...qui, avec la
loi n° 25, est venu clarifier les choses puis est venu préciser l'indépendance,
les fonctionnaires qui s'occupent de l'accès à l'information, préciser
justement que les personnes qui répondent aux questions, bien, doivent le faire
en toute indépendance. Ce n'était pas dans la loi avant, c'est nous qui l'avons
fait. Donc... excusez-moi, le micro cille un peu. Ceci dit, quand il y a des
demandes d'accès à l'information, à un moment donné, la décision est prise non
pas par le ministre ou par son cabinet, mais par le responsable de l'accès à l'information
au sein du ministère, puis, à un moment donné, on nous avise : Ceci sera
rendu public. Il faut qu'il y ait quelqu'un qui serve de courroie de
transmission, il faut que le fonctionnaire puisse dire : Bon, bien, je
transmets cette information-là. Ça passe par la personne du cabinet qui dit :
Bon, bien, voici, ceci sera rendu public. Mais on ne décide pas en cabinet de
ce qui sera rendu public ou pas ou de ce qui sera caviardé ou pas.
Mme Setlakwe : Merci. Donc,
oui, on... j'avais compris aussi, on en avait parlé l'an dernier, que le
principe d'autonomie est bien enchâssé dans la loi, mais encore faut-il qu'il
soit mis en application. Je ne dis pas qu'il ne l'est pas, on en parle, vous
répondez à certaines de mes questions. Vous ne pensez pas que ça peut porter à
confusion, qu'il y ait ces responsabilités qui soient énoncées dans les
responsabilités de certains membres du cabinet, par exemple une conseillère
politique, politique au niveau de l'équipe des politiques gouvernementales au
sein du cabinet du premier ministre, qui est responsable du suivi des demandes
d'accès à l'information? Quoi que, dans ce cas-ci, on parle de suivi et d'autres...
pour d'autres personnes, le titre est différent. Vous ne pensez pas que ça peut
porter à confusion? Quelqu'un pourrait voir ça puis dire : Bon, bien,
est-ce que c'est là que je dois adresser ma demande d'accès à l'information?
M. Roberge : Je comprends
mal. Qui qui ferait cette demande? Mettons, un journaliste, il...
Mme Setlakwe : Mais les
personnes qui font des demandes, tu sais, ça peut être la population, c'est des
journalistes, ça peut être... mais c'est beaucoup la population qui fait des
demandes d'accès à l'information. Le fait qu'on ait cette responsabilité
spécifique dans la liste des responsabilités d'un membre de cabinet, vous ne
pensez pas que ça peut porter... ça puisse porter à confusion?
M. Roberge : Mais je ne crois
pas parce qu'il y a des procédures, puis, sur le site de l'accès à l'information,
on précise comment le faire. Il y a quelqu'un qui... Il peut avoir quelqu'un
dans un cabinet qui transmet l'information, c'est-à-dire : Ah! il y a eu
une demande d'accès à l'information, voici ce qui sera divulgué, voici la
décision du ministère. Il peut avoir aussi des... Parfois il y a des demandes d'accès
à l'information qui s'adressent au cabinet. Il faut bien que la personne du
ministère sache à qui communiquer quand on veut savoir ce qui est... Quand ça
touche le cabinet, ça prend quelqu'un, mais... mais il n'y a pas de confusion
des gens. Mais je m'étonne un peu de cette question-là parce que la leader de
la formation de ma collègue de l'opposition officielle, le Parti libéral, a
plusieurs fois, dans les dernières semaines, en la Chambre, interpelé le
gouvernement pour qu'il décide de ce qui doit être rendu public ou pas, en
contradiction complète de la loi. Le leader du Parti libéral disait : Vous
devez décaviarder tel, tel passage, vous devez remplir tel passage. Si on l'avait
fait, si on avait écouté le Parti libéral, on aurait été en contravention, en
contradiction avec la loi, on aurait... on ne pouvait pas donner suite à la
demande de sa formation politique.
Mme Setlakwe : Merci. Il y a
plusieurs choses dans votre réponse. La première question que je poserais, c'est...
Bien, si c'est simplement pour rassurer qu'il y ait un genre de courroie de
transmission puis qu'une personne désignée soit nommée pour recevoir, de la
part des fonctionnaires, le résultat, là, de l'analyse de la demande :
Voici ce qui va être transmis comme information, bien, comment se fait-il qu'il
y ait 10 cabinets sur 30, je pense que... où on nomme un responsable? Qu'arrive-t-il
dans les 20 autres cabinets?
M. Roberge : Bien, à ce
moment-là, on doit le transmettre, j'imagine, au chef de cabinet, à quelqu'un d'autre.
C'est moins clair que si ça avait été clarifié. Mais je pense que votre
préoccupation, c'est de savoir si cette personne-là met son nez dans les
affaires ou non. Moi, ce que je vous dis, c'est que, non, on respecte la loi.
Mais l'article 34 de la loi dit que parfois ça peut concerner... il faut
être capable de transmettre l'information. Puis on peut vouloir obtenir des
informations qui concernent le cabinet, mais ce n'est pas parce que, dans la
description de tâches, il y a quelqu'un qui, à côté de son nom... puis de
multiples tâches, qu'il a accès à l'information, ça ne veut pas dire que cette
personne-là... En fait, je vous conforme... je vous confirme que cette
personne-là ne décide pas ce qui est rendu public ou pas ou ce qui est caviardé
ou pas.
Mme Setlakwe : Donc, vous
confirmez que la notion d'autonomie, elle est respectée puis qu'il y a... dans les
faits, il y a un mur qui existe entre les membres des cabinets des ministres...
Mme Setlakwe : ...ils
n'interviennent pas dans les discussions avec les fonctionnaires qui sont
responsables de l'accès à l'information.
M. Roberge : Bien, c'est la
loi. On ne peut pas contrevenir à la loi.
Mme Setlakwe : Oui, mais pour
revenir sur le commentaire que vous avez fait à l'égard de mon collègue le
leader de l'opposition officielle, bien, c'est une chose, pour des députés à
l'opposition qui... nous, vous comprenez, dans notre cadre de notre travail, on
fait des demandes d'accès à l'information, de s'offusquer, de dénoncer que
certaines réponses soient, dans certains cas, partiellement, lourdement,
entièrement caviardées. On fait la démonstration, dans ce cas-là, que la loi,
bien, elle est désuète, on va y venir, là, mais que la loi, elle est
interprétée de façon... que les exceptions sont interprétées de façon trop
large, ce qui donne lieu à du caviardage excessif. Je permets... je me permets
de faire cette nuance-là. Qu'un député de l'opposition dise, puis on pourra
revenir au cas spécifique, mais qu'il dise : Écoutez, voici ce que j'ai
reçu. Ma demande, qui était légitime pour x, y, z raison, on n'y a pas donné
suite. La réponse que je reçois ne m'est aucunement utile pour que je puisse
avancer dans mon analyse parce qu'on a caviardé de façon excessive certaines
informations. Je pense que c'est peut-être deux choses différentes.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Roberge : Bien, j'aurais
aimé que l'intervention du collègue... de ma collègue... soit aussi nuancée que
son intervention actuelle. Moi, je me souviens, il était là, il brandissait des
choses puis il disait : décaviardez, décaviardez, décaviardez,
interpellant les membres du gouvernement. Savait-il que nous aurions été dans
l'illégalité de répondre à sa demande? Voulait-il que nous franchissions cette
ligne et que nous soyons dans l'illégalité? D'une manière ou d'une autre, il ne
fallait pas écouter l'opposition officielle. Il ne fallait pas que le politique
se mette les mains... puis dise. Bien, ça, on va le rendre public, ça, on ne le
rendra pas public, ça... on va cacher ce mot-là, ça... on ne cachera pas ce
mot-là. C'est contraire à la loi de répondre à la demande du leader de
l'opposition officielle. C'est contraire à la loi, je le maintiens.
Mme Setlakwe : Moi, je
maintiens que, pour l'intérêt public dans plusieurs dossiers, pour qu'on puisse
faire la transparence... pour qu'il puisse y avoir transparence dans un
nombre... un grand nombre de dossiers qui sont d'intérêt public, des enjeux qui
concernent, qui inquiètent la population, quand il y a un caviardage excessif,
on ne rend pas service du tout, là, à la... au bien commun, au bien collectif,
à la population. On ne permet pas à l'opposition de jouer son rôle, poser des
questions pour le bien de la population, parce que les réponses qu'on obtient
sont complètement inutiles.
Ça m'amène à mon prochain thème, qui est
le renouvellement de la loi ou la mise à jour de la Loi sur l'accès à
l'information. D'une année à l'autre, on... je vous pose la question si vous
avez amorcé un chantier, et là dites-moi pas que vous avez fait du travail sur
le volet protection des renseignements personnels, je le sais, on parle du
volet accès à l'information. Est-ce que vous êtes toujours d'accord aujourd'hui
pour dire que la loi actuelle est désuète?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Roberge : Bien, c'est une
conversation qu'on a eue à quelques reprises. Je pense que toutes les lois sont
perfectibles. La loi sur l'accès à l'information, je pense qu'elle est moderne,
elle a été bonifiée dans le cadre de notre gouvernement. Je l'ai mentionné tout
à l'heure, ça touche définitivement la loi d'accès à l'information quand on
vient préciser les rôles et responsabilités puis qu'on vient mettre à l'abri de
l'influence politique des fonctionnaires qui s'occupent de décider ce qui doit
être rendu public ou pas. Pour moi, c'est l'élément... peut-être un des plus
importants de la Loi sur l'accès à l'information, parce que ça repose beaucoup
sur la confiance. Est-ce que le gouvernement cacherait quelque chose? Le
gouvernement, c'est le Conseil des ministres. Est-ce que le cabinet protégerait
le ministre en cachant quelque chose? C'est des questions que les gens se
posent, des fois alimentées par certaines personnes qui laissent planer des
informations, des insinuations qui minent la confiance du public. Donc, en
modernisant la loi de cette manière-là, je pense qu'on a fait un geste
extrêmement important. Maintenant, sans doute que cette loi sera un jour encore
améliorée, puis je suis ouvert à ça.
• (18 h 10) •
Mme Setlakwe : Vous êtes
ouvert. Est-ce que vous avez un échéancier en tête?
M. Roberge : Je n'ai pas
l'échéancier en tête, à ce moment-ci, évidemment, la session, il reste... après
cette semaine, il reste trois jours de session. Après ça, il nous reste deux
sessions. Est-ce qu'on pourra déposer un projet de loi modernisant l'accès à la
l'information d'ici la fin du mandat actuel? Écoutez, c'est possible. Je ne m'y
engagerai pas dans le cadre de la commission parlementaire actuelle, mais je
reconnais que cette loi-là, comme bien d'autres lois, pourrait être modernisée,
pourrait être améliorée encore une fois.
Mme Setlakwe : Elle date de
1982. Je pensais qu'on avait convenu, là, que le Québec pouvait...
Mme Setlakwe : ...en tout
cas, moi, je pense que le Québec peut faire mieux, là. Quand on regarde le classement
des lois sur l'accès à l'information du Center for Law and Democracy, nous
sommes, au Québec, 11e sur 13 au Canada. Le Québec était chef de file lors de
l'adoption de la loi. Vous ne pensez pas donc qu'il y a une certaine urgence,
qu'il est temps d'agir?
M. Roberge : Bien, dire que
la loi sur l'accès à l'information date de 1982, c'est comme dire, la Charte de
la langue française date de 1977. Elle a été, depuis, bonifiée, améliorée, il
peut... Donc, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. On ne peut pas prendre
la date de sanction d'origine de la loi, faire fi des ajustements, des
modifications qui ont été faits, dont la dernière en date, sous notre
gouvernement, puis dire qu'il ne s'est rien passé depuis quoi, je ne sais pas,
30 ans.
Mme Setlakwe : Mais si...
M. Roberge : On ne peut pas
dire ça, là, ce n'est pas... Personne ne va croire ça, là.
Mme Setlakwe : O.K. Je vais
être plus nuancée, parce que je peux... je suis capable d'être nuancée. Donc,
oui, il y a eu des modifications sur la partie, évidemment, protection des
renseignements personnels. Ce n'est pas... Je n'ai pas dit que la loi n'avait
pas du tout bougé depuis 1982, mais elle est... elle n'est plus à jour. Elle
peut certainement être améliorée quand on fait une étude comparative avec la
législation qui existe ailleurs au Canada. Et je pense que le classement, dont
je vous ai fait mention, parle de lui-même. Là, on est 11e, donc on est... on
n'est pas très bien positionnés. Si on avait, comme vous le dites, fait des
modifications, si on avait... Il y en a eu, mais si on en avait fait
suffisamment, puis si on s'était assurés de la garder plus à jour ou de
s'inspirer de... de ce qui se fait dans d'autres législations pour, encore une
fois, s'assurer que les motifs d'exception ne soient pas interprétés de façon,
premièrement, différente, là, qu'elle ne soit pas... qu'il n'y ait pas une
disparité dans son interprétation et qu'elle ne soit pas interprétée trop...
que les exceptions ne soient pas interprétées trop largement. Et je pense que
là-dessus, il faut vraiment... on peut vraiment faire mieux. Donc, le
classement ne vous préoccupe pas... ne vous préoccupe pas.
M. Roberge : Je n'ai pas...
je n'ai pas dit ça. Bien, d'abord, il ne faut pas penser qu'on se tourne les
pouces en ce moment. Au moment où on se parle, j'ai deux projets de loi qui
sont à l'étude, un qui est à l'étude article par article, un dont on vient de
faire les consultations particulières. On devrait commencer l'étude article par
article, je le souhaite, là, dans les prochaines semaines. Et depuis le début
de ce mandat-ci, on a fait la loi pour abolir le serment roi, on a fait la loi
pour prolonger la clause de souveraineté parlementaire, on a fait la loi sur la
carte électorale. Donc, ça, c'est simplement dans ce mandat-ci, selon... sous
ma responsabilité. Donc, j'arrive à la cinquième loi, je fais plus de lois
qu'il y a de sessions à date.
Maintenant, est-ce que, dans les deux
sessions qui restent à ce mandat-ci, on va déposer un projet de loi pour
moderniser? Je ne l'exclus pas. Ce que je vous dis, c'est qu'on continue d'y
réfléchir. Vous me soulevez des points qui sont intéressants. Je ne dirai pas
que la loi est parfaite et qu'elle ne pourrait être améliorée d'aucune manière.
On fait des travaux en continu. Chacun des ministères qui relèvent de ma
gouverne fait des propositions et sont toujours en réflexion. Et, quand arrive
une opportunité, une ouverture en commission parlementaire, bien, on a des
travaux suffisamment avancés, on est capables de moderniser nos lois. Et je ce
que je vous le dis, on peut poser la question plein de fois, mais je ne
m'engagerai pas ici à la rouvrir d'ici la fin du mandat.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée, oui?
Mme Setlakwe : Est-ce que...
est-ce que vous reconnaissez qu'un des enjeux principaux, c'est justement
l'interprétation des motifs d'exception? Est-ce que vous pensez que ça peut
arriver que... que ça peut mener... et ça peut mener effectivement à des
interprétations trop larges et qui ensuite peuvent donner lieu à du caviardage
excessif?
M. Roberge : Je ne
m'aventurerai pas jusque là, c'est... c'est l'interprétation de ma collègue. Je
ne suis pas certain de ça.
Mme Setlakwe : Est-ce que
vous avez rencontré des représentants de la FPJQ, Fédération professionnelle
des journalistes du Québec dans la dernière année?
M. Roberge : Je suis désolé,
j'ai manqué la fin de votre question.
Mme Setlakwe : Je peux
répéter, il n'y a pas d'enjeu. Avez-vous rencontré les représentants de la
FPJQ, Fédération professionnelle des journalistes du Québec dans la dernière
année?
M. Roberge : Non, je ne les
ai pas rencontrés. Juste mentionner que, dans mes responsabilités, j'ai la
protection des renseignements personnels puis l'accès à l'information. C'est
extrêmement important. Ça, c'est important en démocratie, mais il faut juste
faire attention aussi, des fois, ça peut entrer en contradiction avec la
protection des renseignements personnels à certaines situations. Il y a comme
un... un équilibre à trouver, et il ne faut pas pousser le bouchon trop loin
dans une direction ou dans l'autre. Donc, il y a toujours un équilibre à
trouver, puis c'est... c'est là-dessus qu'on travaille.
Mme Setlakwe : Merci. Au
niveau des délais dans le traitement des demandes d'accès...
Mme Setlakwe : ...merci. Au
niveau des délais dans le traitement des demandes d'accès à l'information,
est-ce que vous avez... pouvez -vous nous soumettre des... je ne sais pas si
vous avez un tableau des informations à soumettre à la commission, ce serait
utile de savoir si... Bien, je vous pose la question : Est-ce qu'il y a
une amélioration au niveau des délais ou non?
M. Roberge : Oui, j'ai des
informations concernant les délais. Je peux vous transmettre ça ici. Donc,
quand on regarde les... les informations qui apparaissent dans les rapports
annuels de gestion des ministères 2022‑2023, 2023‑2024, plusieurs
ministères ont amélioré leur délai de réponse pour le traitement des demandes
d'accès. 15 ministères sur 23, une majorité répond davantage maintenant à
l'intérieur du délai de 20 jours. D'autres ne répondent plus au-delà de
30 jours. Donc, il y en avait qui répondaient au-delà de 30 jours,
mais trois ne répondent plus jamais au délai de 30 jours. Cinq se
démarquent par une baisse substantielle du traitement des délais au-delà de
30 jours. J'ai d'autres éléments. Est-ce que je continue?
Mme Setlakwe : Excèdent les
30 jours, faire un petit sommaire, ceux qui le délai maximum. st étrange
par une semaine, ce qui... qui excède le délai... le délai de 30 jours. Le
délai, en fait, c'est 20 jours. Là, il y a un autre 10 jours. Mais
ceux qui sont en contravention, il y en a combien?
M. Roberge : Attendez un peu.
J'ai d'autres informations. Pendant que je vous donne le de fin détail, je
peux... d'autres informations à la commission qui est importante. Je n'ai pas
encore toutes les données pour 2024‑2025, mais pour l'exercice 2023‑2024,
il y a eu 19 409 demandes d'accès. C'est quand même incroyable, 19 409
demandes d'accès qui touchaient 23 ministères, plus de
13 897 demandes, soit 71,6 % ont été répondues à l'intérieur du
délai. Donc, 28,4 %, malheureusement, ont été répondues hors délai. Il
faut penser qu'il y a... il y a une période qui peut être ajoutée de
10 jours après coup. Mais il faut voir qu'il y a Environnement, Lutte
contre les changements climatiques, Faune et des Parcs a reçu à lui seul
13 490 demandes sur le total de 19 000. Donc, 13 000 demandes sur les
19 000, les demandes ont concerné un ministère en particulier. Donc, c'est
très lourd pour eux, mais il faut... ceci dit, il faut prendre les moyens pour
améliorer le délai de réponse puis essayer toujours, toujours de répondre à
l'intérieur du délai.
Mme Setlakwe : Avez-vous
songé peut être d'introduire une disposition de divulgation proactive?
Peut-être que ça pourrait réduire le nombre de... le nombre de demandes. Vous
avez dit que c'était beaucoup à l'Environnement.
M. Roberge : Il y a plus de
demandes qui relèvent... oui, 13 490 demandes seulement pour Environnement,
Lutte contre les changements climatiques, Faune et Parcs. Effectivement, la
divulgation proactive, en fait, c'est en marche. Les ministères avancent dans
cette direction-là. C'est sûr que ça facilite les choses parce que les gens ne
font pas de demandes d'accès à l'information lorsque l'information est plus
facilement disponible. On va dans cette direction-là. J'ai communiqué moi-même
avec les ministères, je leur ai envoyé une lettre, en cours d'année, les
informant de cette opportunité-là, de ce chantier-à, puis ça allège leur
travail aussi, en plus que d'être disponibles à la fois pour les citoyens, les
journalistes, mais aussi les chercheurs. Donc, c'est sûr que c'est une voie
qu'on privilégie.
• (18 h 20) •
Mme Setlakwe : Merci. On a
parlé tout à l'heure du caviardage. Nous, vous comprenez à la position
officielle, on en fait beaucoup de demandes d'accès à l'information. On a
demandé à certains de nos collègues, là, de nous... de nous sortir quelques
exemples de caviardage. On a fait une demande à la Société québécoise des
infrastructures sur l'état du stationnement d'Youville. Écoutez, si je vous
montrais le nombre de pages de tableaux partiellement... ici, c'est très
caviardé. Ce n'est pas... Ça ne nous permet pas tellement d'avancer dans des...
dans des suivis de dossiers.
On a parlé tout à l'heure de la... non, en
fait ce n'est pas de ça dont on a parlé, mais ça concerne quand même mon
collègue le leader de l'opposition et sa bataille pour faire... au sujet du
taux d'alcoolémie, le faire réduire à 0,05 pour l'introduction de mesures
administratives. Il y a une demande qui a été faite — IIci, il y a
une contradiction — d'une demande qui a été faite à la SAAQ
concernant l'imposition de nouvelles sanctions à partir d'un taux d'alcoolémie
à0,05, lourdement caviardé. Ensuite, toujours à la SAAQ, on a demandé les PV
des réunions des conseils d'administration. C'est ça... c'est ça dont vous faisiez
allusion tout à l'heure, lourdement caviardé. Or, la même demande qui est faite
à la Société des traversiers pour les demandes des procès-verbaux du conseil
d'administration, là, ça a été refusé par l'organisme. Donc, dans un cas on
demande des PV, ça revient caviardé. Dans un autre cas, on demande encore une
fois les PV, et c'est refusé complètement par l'organisme. Ce qu'on a reçu, ce
sont les ordres du jour. Comment se fait-il que, pour la même demande...
Mme Setlakwe : ...ce qu'on a reçu,
ce sont les ordres du jour. Comment se fait-il que, pour la même demande, donc
pour l'obtention de procès-verbaux, de réunions, de conseils d'administration,
d'organismes, de société d'État, on n'obtienne pas la même réponse?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Roberge : Bien, M. le
Président, comme j'ai dit tout à l'heure, je ne prends pas part à ces
décisions-là, comme les autres collègues ministres non plus. Donc, je n'ai
pas... je n'ai pas l'ensemble de l'information, par exemple, d'un collègue,
d'un ministre au ministère qui n'est pas le mien. Puis là, j'analyserais toute
cette information-là, j'analyserais la demande et je pourrais dire, d'après
moi, qu'est-ce qu'on devrait faire. Mais, un, je n'ai pas accès à ça. Deux, ce
n'est pas moi qui prends ce genre de décision là. Et quand il y a des gens qui
sont insatisfaits de la procédure, ils vont à la Commission d'accès à
l'information. Si vous permettez, Mme la Présidente, la Commission d'accès à
l'information pourrait expliquer les enjeux puis comment ça se déroule quand
les gens vont en appel, si j'ose dire, ce n'est pas le bon terme, elle pourra
me corriger justement, puis ils font appel à la commission. Est-ce que vous
permettez?
Le Président (M.
Bachand) :Il reste 10 secondes,
alors peut être pour le prochain bloc, si vous êtes d'accord, si on est
d'accord.
M. Roberge :
Ah! O.K.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, merci beaucoup, Mme la
députée. M. le député de Jean-Lesage, pour 15 min 11 s, s'il
vous plaît.
M. Zanetti : Oui. Merci, M.
le Président. Merci beaucoup, M. le ministre. Bonjour, tout le monde, merci
pour votre présence. C'est un peu un rituel annuel dans lequel on vient
demander au ministre : Allez-vous réformer la Loi sur l'accès à
l'information? Pouvez-vous prendre un engagement? Bien, la question a déjà été
posée puis on a entendu la réponse. C'est toujours la même chose, une posture à
la fois d'une ouverture, mais sans engagement. Ça m'amène à vouloir faire une
espèce de plaidoyer, hein? Si une telle chose peut servir à quelque chose,
c'est maintenant l'occasion.
On le sait puis le ministre le sait aussi,
il a déjà utilisé les demandes d'accès à l'information dans le passé. Puis la
preuve n'est plus à faire qu'il y a des insatisfactions autant dans la
population, parmi les journalistes, les différents députés qui veulent faire
leur travail en allant chercher des informations pour faire leur travail, de
surveiller l'action étatique. Et puis les délais trop longs, des caviardages
excessifs, des fois, des refus de donner les informations dont on ne comprend
pas vraiment le pourquoi, puis là, bien, le processus quand même d'aller en
appel de ces décisions-là est complexe, tout ça.
À partir du moment où le ministre est d'accord
que ça serait bien de mettre à jour cette loi-là... parce que, même si elle a
été mise à jour déjà puis qu'il y a eu... bon, il y a eu des mises à jour dans
le passé, je pense qu'en ce moment il y a beaucoup d'insatisfaction, et puis ça
serait vraiment un legs, je pense, applaudi de toutes et tous. Il n'y a
personne au Québec ici qui se dit... qui dirait : Ça n'a pas d'allure. À
moins que ce soit une mauvaise loi, là, c'est toujours possible, mais je ne
pense pas. Je veux dire, j'imagine que, tant qu'à réformer la Loi à l'accès à
l'information, ce serait pour la rendre mieux et plus transparente, augmenter
la transparence. Ça fait que ce serait vraiment un beau legs.
Tu sais, c'est rare les projets loi du
gouvernement, quand même, que tout le monde applaudit, là, puis ça, ce serait
l'occasion. Ça, je suis sûr que tout le monde applaudirait. Moi,
j'applaudirais, en tout cas, évidemment, sous réserve de voir c'est quoi, là,
mais, tu sais, je serais sûrement content. J'ai comme la confiance que je serais
content. Ça fait que c'est comme... Ça fait que ça vaut la peine. Tu sais, ce
serait beau, ça finirait bien la prochaine législature, la 43 ᵉ, la
présente législature. Avant de partir en élections, il y aurait comme une
affaire qui ne serait pas sujet de gros débats acrimonieux, de partisanerie
excessive. Même Pascal, il pense, on dirait... le député de Matane-Matapédia...
M. Bérubé : Je le vois comme
un legs.
M. Zanetti : Bien, c'est ça,
lui aussi, il parle de legs. Je vous le dis, là, ce serait une façon de
redonner confiance envers la politique peut être. J'en mets, je beurre épais
puis je mets beaucoup de violons là-dedans, mais, vraiment, ça vaut la peine,
ça ne coûterait rien. Bien, tu sais, comme une loi, là, je veux dire, mais ça
ne coûterait pas grand-chose au Trésor public, là. Mais ça serait vraiment,
vraiment pertinent et ça durerait très, très longtemps comme effet. Fin du
plaidoyer. Je sais que c'est reçu. On va voir si le ministre, peut-être, ça
macère en son esprit.
Je veux vous poser des questions un peu
plus précises. Je me fais un relais de certaines questions qui sont posées...
que veulent poser les gens qui utilisent beaucoup les services de la Commission
d'accès à l'information et puis des demandes d'accès à l'information. Il y a un
rapport sur l'application de la loi à l'information qui doit être produit par
la commission au plus tard le 14 juin 2026, comme le prévoit
l'article 179 de la loi constitutive. Mais évidemment, à cette date-là, ce
rapport-là, il ne sera pas nécessairement déposé en Chambre puis on n'en aura
pas conscience, et il ne sera pas publiquement consultable avant les prochaines
élections. Alors, la question que je pose, c'est : Y aurait-il moyen, est
ce que le ministre peut s'engager à exiger la...
M. Zanetti : ...Commission
d'accès à l'information qu'elle dépose son rapport quinquennal dans un délai
vous permettant, lui permettant, de le présenter à l'Assemblée nationale ainsi
que de le rendre public avant le déclenchement de la campagne électorale et des
élections générales de 2026.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Roberge : Merci. Je vais
commencer par répondre au plaidoyer vibrant de mon collègue, des éléments de
réponse, quand même, qui sont importants. C'est sûr que toute loi est
perfectible, ça va, mais on ne peut pas présumer que d'améliorer une loi
d'accès à l'information, c'est nécessairement de plaire à ceux qui, en ce
moment, trouvent qu'ils n'ont pas suffisamment d'information. Puis ça adonne
bien que j'aie l'accès à l'information puis la protection des renseignements
personnels, parce que c'est un peu les deux côtés d'une même médaille,
notamment. Des fois, il y a des... il y a des moyens, il y a des... en fait, le
caviardage, c'est un moyen que je n'utilise pas, je le précis, ce n'est pas moi
qui le fais, mais qui permet de soustraire, des fois, des renseignements qui
sont confidentiels, qui sont détenus dans un document qui est visé, lui, par
une demande d'accès. La divulgation de ces renseignements-là pourrait causer
parfois des préjudices plus graves que le bénéfice obtenu avec l'accessibilité
d'un document. Ça, c'est important de le prendre en compte. Ça peut être des
renseignements personnels, ça pourrait être des informations sur des bâtiments,
sur des éléments qui touchent la sécurité,il y a toutes sortes d'éléments.
Ensuite, est-ce qu'on va presser notre
institution pour qu'elle rende public un rapport plus tôt que prévu par la loi?
Je pense que c'est un rapport qui est aux cinq ans. Donc là, ça adonne, mon
collègue me le fait remarquer, je ne l'avais pas remarqué, là, ça adonne qu'il
serait déposé dans l'intersession, donc après la session, avant le
déclenchement des élections, dans ce cas-ci, alors que, vraisemblablement, quatre
ans plus tard, ce ne sera pas le cas. Je pense que ce serait de presser les
équipes pas mal dans leur travail, puis ce serait de ne pas respecter la loi,
d'après ce que je comprends. Donc, encore une fois, on peut toujours voir des
avantages, mais il peut y avoir aussi des inconvénients. Merci beaucoup. M. le
député Jean-Lesage.
M. Zanetti : Oui. Bien, étant
donné que je me dis, bon, un rapport remis aux cinq ans, le précéder de
quelques jours, hein, parce qu'on s'entend que la fin juin, là, tu sais, ce
serait quelques jours avant, puis il pourrait être rendu public... Donc,
c'est... 14 juin, je ne me souviens pas, on a reçu le calendrier parlementaire
de l'année prochaine, mais d'habitude on finit à peu près la première semaine
de juin, là. Donc, ce serait vraiment comme quelques jours sur cinq ans. Ça
m'apparaît être une demande vraiment raisonnable. Je vous invite quand même...
j'invite le ministre à quand même l'analyser plus en profondeur.
• (18 h 30) •
Il y a une autre question qui surgit
parfois, qui... certaines personnes vont critiquer le fait qu'il y a une espèce
de conflit d'intérêts entre la mission de surveillance et la section
juridictionnelle de la Commission d'accès à l'information. Et, au fond, la
question que je vous pose est la suivante : Quelles mesures le ministre
compte-t-il prendre pour réformer la structure de la Commission d'accès à
l'information afin d'assurer une séparation claire et exempte d'apparence de
conflit d'intérêts entre la direction de la surveillance et les affaires
juridiques?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Roberge : Question de
connaisseur, question très intéressante. C'est vrai que la commission a plus
qu'un mandat, puis ça peut être des équipes distinctes, mais c'est un mandat
qui est différent. Et, si vous permettez, je permettrais à la présidente de la
Commission d'accès à l'information... je pense qu'elle pourrait donner de très
bonnes réponses.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a
consentement? Donc, merci, vous avez la parole. D'abord, vous présenter
officiellement, s'il vous plaît. Merci.
Mme Girard (Lise) : Bonsoir.
Lise Girard, je suis la présidente de la Commission d'accès à l'information.
Donc, merci pour la question. Écoutez, la Commission d'accès à l'information,
comme vous l'avez mentionné, a deux responsabilités, deux missions importantes,
soit celle de la protection des renseignements personnels et l'accès à
l'information.
La commission est constituée, est bâtie, est
structurée pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de conflit d'intérêts ou qu'il
n'y ait pas d'interférence entre le volet surveillance et le volet
juridictionnel. Donc, c'est des postes bien définis, distincts. D'ailleurs,
j'ai deux vice-présidentes, une vice-présidente qui s'occupe du volet
juridictionnel et une autre qui s'occupe du volet de la surveillance. Les
travaux qui sont faits sont fort distincts, et on s'assure de... vous avez
sûrement entendu souvent l'expression «un mur de Chine», là, qu'on fait pour
s'assurer que certaines... s'il y avait certains éléments qui pouvaient
interférer ou qui pourraient être nuisibles, qu'un secteur à l'autre soit
informé. Donc, on s'assure qu'effectivement ce soit étanche...
18 h 30 (version non révisée)
Mme Girard (Lise) : ...et qu'il
n'y ait pas ce double discours. Donc, je tiens à vous rassurer que pour l'instant,
tu sais, pour la façon que c'est structuré actuellement à la Commission d'accès
à l'information, il n'y a pas de risque d'interférence.
M. Zanetti : Merci. Donc, si
je comprends bien, la position du ministre, c'est de dire qu'il y a... il n'y a
pas de risque d'interférences, les deux mandats n'entrent pas en conflit dans
la structure actuelle de la commission dans l'opinion du ministre, si je
comprends bien.
M. Roberge : Non, non, les
deux mandats n'entrent pas en contradiction en compétition, c'est deux mandats
qui sont complémentaires puis, comme on a une organisation qui est capable de
jongler avec ça, je pense que le public peut avoir confiance.
M. Zanetti : Mon autre
question, c'est plus pratico-pratique, là. Évidemment, nous, dans les députés
de l'opposition, on est des praticiens de la demande d'accès à l'information
presque hebdomadaire, là, et on a des problèmes quand même avec Santé Québec,
là, je vous le signale, parce que, quand on fait des demandes d'accès, c'est
utile d'avoir des réponses et on nous demande souvent d'adresser nos questions
aux CIUSSS, tu sais, dans chacun des CIUSSS même si on veut des données
nationales. Mais là, ça complexifie énormément la demande parce que là, tout à
coup, tu avais une question, il faut là que tu fasses... fournisses 17, parce
que je pense qu'il y a 17 CIUSSS, là, si ma mémoire est bonne, 17 demandes
d'accès à l'information. C'est sûr que ça multiplie la bureaucratie pour tout
le monde aussi. Alors, ma question, c'est : Est-ce qu'il y aurait moyen,
là, de vous assurer que Santé Québec, lorsqu'il y a des demandes d'informations
qui relèvent vraiment d'elle puis aussi de données qui sont nationales sur le
réseau de la santé, puisse répondre à nos demandes?
M. Roberge : Je comprends la
préoccupation du collègue. Avec Santé Québec, on est encore dans le déploiement
de Santé Québec. Honnêtement, je ne connais pas chacun des articles de loi de
ce grand réseau-là. Il est possible qu'une fois Santé Québec pleinement
déployée, parce qu'on est encore dans le déploiement, il y ait davantage d'informations,
puis ils soient davantage capables de répondre. C'est une hypothèse que je
soumets parce que Santé Québec a un rôle qui est national, donc sans doute qu'ils
ont des informations qui sont nationales ou qu'ils les auront.
Maintenant, là, écoutez, j'imagine qu'à ce
jour, s'ils ne répondent pas et vous renvoient vers les organismes régionaux, c'est
parce qu'ils n'ont pas l'information. Peut-être que ça changera dans le temps.
Je ne veux pas m'avancer, mais c'est... c'est fort possible. Maintenant, je ne
pense pas que je pourrais dire à mon collègue : Écoute, on va... va
changer la loi centraliser davantage les informations, là. Je ne sais pas ce
que mon collègue attend, mais je me vois difficilement faire ça.
M. Zanetti : Je ne sais pas
quel serait le moyen exactement, là, de faire ça, là. Il faudrait que ça soit
nécessairement un changement législatif. Mais en tout cas, je... je souligne le
problème puis, étant donné que la responsabilité du ministre, c'est de s'assurer
qu'on a un accès facile à l'information, bien, cette affaire-là est complexe et
puis c'est un obstacle à l'accès à l'information. Donc, je vous le mentionne
puis, bien, je vous demande de trouver une solution pas ce soir, là, mais je
vous confie le mandat.
Et dernière question rapide, les messages
Teams, puis les textos, là, des fois, on les demande, puis il y en a qui nous
les donnent, puis manifestement il y en a qui sortent parce que c'est comme ça
que l'affaire de Northvolt, c'est sorti. Puis des fois on nous dit : Ah!
non, ça, on n'est pas obligés de vous donner les messages Teams. Puis des fois
on nous dit : Ah! bien, il n'y en a pas des messages textos là-dessus.
Puis là, des fois, j'imagine, tu sais, pour nous, c'est difficile à vérifier,
mais des fois c'est comme étonnant. Tu sais, tu te dis : Voyons, c'est...
c'est... j'ai... j'ai... je ne le sais pas. Est-ce que... est-ce qu'il y a une
directive claire sur les messages Teams? Les messages Teams, ça fait-tu partie
des affaires qu'on a le droit de demander dans une DAI?
M. Roberge : Une question qui
est très pointue, et comme... comme je l'ai dit tout à l'heure, ce n'est pas
moi qui tranche en disant : On donne ou on ne donne pas cette
information-là. Ça relève des fonctionnaires dans chaque ministère. Je pense
que ce qui est... si je ne m'abuse, ce qui est clair, c'est davantage la nature
du renseignement qui peut être transmis ou pas. Ce que vous me dites, c'est
plutôt selon le véhicule. Est-ce par texto ou n'est-ce pas par texto? Est-ce
que la présidente a un éclairage à apporter là-dessus? Est-ce qu'on a cette
information-là?
M. Allard (Jean-François) : Parce
que c'est... c'est une bonne question.
M. Roberge : Est-ce que vous
pourriez répondre?
M. Allard (Jean-François) : Oui.
M. Roberge : Bien,
excusez-moi, ce serait davantage M. Huard.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, est-ce qu'il y aurait
consentement?
M. Roberge : Excusez-moi de
renvoyer d'un côté ou de l'autre.
Le Président (M.
Bachand) :Veuillez vous identifier
officiellement, s'il vous plaît. Merci.
M. Allard (Jean-François) : Merci,
M. le Président. Jean-François Allard, secrétaire adjoint au ministère du
Conseil exécutif. Donc, il arrive que la question des textos soit de l'information
qui est gérée par les fournisseurs de la téléphonie mobile et non par les
organisations elles-mêmes, d'où le fait qu'en matière d'accès à l'information
les organisations ne peuvent pas nécessairement avoir accès aux données
directement.
M. Zanetti : Question vraiment
juridique : Est-ce que ça voudrait dire qu'on pourrait faire des DAI...
M. Zanetti : ...est-ce que ça
veut dire qu'on pourrait faire des DAI aux fournisseurs de téléphones puis
qu'eux autres, ils pourraient peut-être nous les donner ou... ça me paraît
étonnant, hein? Comment qu'on fait, bref, c'est quoi, le chemin?
M. Allard (Jean-François) : En
fait, la loi sur l'accès qui permet de faire des demandes d'accès, c'est la Loi
sur l'accès aux documents des organismes publics.
M. Zanetti : Ah! c'est ça.
M. Allard (Jean-François) : Donc,
les entreprises privées ont des obligations de protection de renseignements
personnels dans le secteur privé, avec la loi qui porte ce nom-là, et les
demandes d'accès sont pour les organismes publics.
M. Zanetti : Les textos,
c'est hors de la portée de ce qui peut... même si ça touche des affaires d'État
puis des affaires... tu sais, c'est juste... dans le fond, ça pourrait, selon
le contenu, être quelque chose qu'on pourrait légitimement avoir, mais, en même
temps, juste parce que c'est un texto, c'est inaccessible avec la loi actuelle.
Bien, tu vois... voyez-vous M. le ministre, c'est comme un exemple de choses
qui pourraient être changées, il faudrait voir. Surtout si c'est avec des
téléphones de fonction, là, les téléphones personnels, c'est une autre
histoire, mais quand c'est fait avec des téléphones de fonction.
Le Président (M.
Bachand) :Il reste 15 secondes, M. le
ministre.
M. Roberge : Bien, c'est ça,
bien, c'est une bonne question. Quand on dit que ce n'est pas moi qui s'en
mêle, là, ce principe-là, je n'avais pas la réponse précise, on me dit que ça
peut être accessible. C'est davantage la nature du texto que le véhicule,
est-ce envoyé par texto ou est-ce envoyé par courriel. Donc, oui, un texto
pourrait faire l'objet , me confirme-t-on, d'une demande d'accès à
l'information. En fait, on demande l'information...
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre. Je cède
la parole au député de Matane-Matapédia pour 4 min 56 s. M. le député, s'il
vous plaît.
M. Bérubé : Merci, M. le
Président. À nouveau, salutations au ministre et à toute son équipe. Pour le
bénéfice de tout le monde, la dernière loi adoptée lors de la 41e législature,
le 15 juin 2018, c'est la Loi sur la protection de la confidentialité des
sources journalistiques, la loi no 187. Pourquoi j'en parle? Parce que c'était
une volonté commune pour notre démocratie et notre institution de l'Assemblée
nationale de faire en sorte qu'on se mette tous ensemble pour faire adopter une
loi qui va nous dépasser, qui sera là pour les prochains parlementaires et pour
les journalistes, évidemment. Alors, on a adopté ça avec le concours de tout
le monde, unanimement. Je m'en souviens, c'était la dernière loi sous le
gouvernement de Philippe Couillard, et elle a été profitable.
Pourquoi j'en parle? De un, pour
identifier la volonté législative, lorsqu'elle se manifeste, ça donne des
résultats, et pour faire un lien avec les journalistes. Dans les personnes qui
réclament une modification de la loi, il y a les journalistes, la FPJQ, on l'a
évoqué tout à l'heure, qui souhaite avoir un meilleur accès. Et par un
recensement maison que j'ai fait avec ma collaboratrice, je compte 10
parlementaires de la CAQ qui ont été journalistes. Beauce-Sud,
Charlevoix-Côte-de-Beaupré, Lévis, Chutes-de-la-Chaudière, Vimont, Labelle,
Papineau, Berthier, Repentigny et Saint-Jean. Alors, je compte sur ces
parlementaires pour nous aider à convaincre leur gouvernement de faire adopter
une loi qui va être importante pour l'accès du public à l'information. Alors,
je voulais faire le lien avec l'intervention précédente, il m'apparaît que
c'est important.
Donc, à partir du moment où il n'y a pas
de loi qui est présentée pour l'instant, je pose la question suivante :
Est-ce qu'il y a des travaux qui se font dans le ministère pour préparer des
changements? Est-ce qu'il y a des fonctionnaires qui travaillent sur des
modifications?
• (18 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Roberge : Merci. D'abord,
salut à mes collègues députés, ministres journalistes.
M. Bérubé : ...
M. Roberge : Pardon?
M. Bérubé : ...identifiés
tantôt, là, comme alliés.
M. Roberge : Ah! c'est bon,
c'est bon. Vous les identifiez. J'aime bien, vous n'avez pas utilisé le mot
«tag», vous avez... les identifier. Je salue votre souci...
M. Bérubé : Exemplarité de
l'État.
M. Roberge : Bien oui. Non,
mais mon collègue est souvent exemplaire, d'ailleurs, pour la langue française.
M. Bérubé : Merci, c'est
gentil.
M. Roberge : Ensuite, bien,
il y a des travaux qui se font sur toutes les lois. Habituellement, là, les
équipes n'attendent pas nécessairement d'avoir un mandat du ministre :
O.K., je veux déposer une loi, vite, dans trois semaines ou dans deux mois, par
exemple, pouvez-vous me la rédiger? En continu, puis on est informés de ça, je
peux vous témoigner qu'on a eu des conversations, j'ai reçu des notes, on
travaille toujours pour voir quelles sont les opportunités, est-ce qu'il y a
des périls, est-ce qu'il y a des opportunités pour améliorer les lois. C'est le
cas pour la question du lobbyisme. C'est le cas pour la question de l'accès à
l'information, donc, je vous témoigne qu'il y a des réflexions qui se font en
continu, même s'il n'y a pas un projet de loi qui est en rédaction article par
article.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de
Matane-Matapédia, s'il vous plaît.
M. Bérubé : Entre les
informations portées à l'attention du ministre et un projet de loi, je
reprécise ma question, est-ce qu'il y a des travaux qui se font dans le but
d'éventuellement moderniser la loi? Est-ce qu'il y a des personnes qui sont
affectées à ça? Parce que l'ironie, c'est que, si je ne l'apprends pas, là, je
vais faire une demande d'accès à l'information à la commission pour savoir s'il
y a des travaux qui se font pour réformer la loi. C'est une mise en abîme
exceptionnelle. Alors, est-ce qu'il y a des gens qui travaillent là-dessus?
M. Bérubé : ...probablement
que le ministre le sait, mais je compte sur lui.
M. Roberge : Oui, bien,
écoutez, M. le Président, je n'ai pas donné de directive ou de consigne ou
d'orientation en disant : Rédigez-moi, s'il vous plaît, rédigez pour le gouvernement,
un projet de loi. Par contre, je vous témoigne qu'il y a des réflexions sur ce
qui fonctionne bien, ce qui fonctionne moins bien, on l'a, et qu'en continu, il
y a des travaux qui se font. C'est comme ça que fonctionnent les ministères et
les institutions lorsqu'ils voient des problèmes, ils disent : Ah! à la
réouverture de la loi, là, il faudrait changer ça. Deux mois plus tard,
survient un autre élément, les fonctionnaires, les équipes disent : Ah! à
la réouverture de la loi, là, voici ce qui devrait arriver. Et quand le fruit
est mûr, quand le gouvernement dit : Là, ce serait le temps de modifier la
loi, on prend toutes ces réflexions-là puis on transforme ça en articles.
Le Président (M.
Bachand) :30 secondes, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Il n'y a pas
beaucoup de temps. Est-ce que le ministre accepterait de rendre publique sa
lettre de mandat? Parce que son collègue d'Orford, qui est maintenant ministre,
il nous a révélé tout ce que le premier ministre lui a demandé en Chambre. Il
dit : Il m'a demandé ça, ça, ça. Est-ce que le ministre accepterait de
rendre publique sa lettre de mandat que le premier ministre lui a présentée à
son arrivée à son poste de la dernière législature?
Le Président (M. Bachand) :10 secondes, M. le ministre.
M. Bérubé : C'est oui ou non?
M. Roberge : Non, je ne rends
pas publique cette information-là. Vous me voyer aller, puis les choses que je
fais, c'est pour accomplir le mandat qui m'a été confié.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Mont-Royal—Outremont, pour 22 min 53 s,
s'il vous plaît.
Mme Setlakwe : Merci. Oui,
donc poursuivons. On parlait de caviardage ou de... et même aussi d'une
disparité dans le traitement d'une demande. Dans certains cas, on nous refuse
les procès-verbaux, dans un autre cas, on nous les donne, mais ils sont
lourdement caviardés. Et je reviens à votre réponse, que je comprends. Vous
dites : Mais moi, je n'ai rien à voir avec ces décisions-là qui sont
prises ailleurs. Donc, je veux bien, là, mais vous devez quand même prendre
acte de ça et vous devez tirer des conclusions, vous devez... De quelle façon
est-ce que vous êtes informé de... Est-ce qu'il y a un rapport qui vous est
fait par vos équipes? Je vois des gens derrière vous qui vous disent :
Bien, nous, on surveille ça, puis là on voit qu'il y a beaucoup de caviardage
ici ou dans tel type de demande, il semble y avoir des disparités dans les
réponses.
Je veux bien croire que vous,
proactivement, vous ne vous immiscez pas, mais comment est-ce qu'on... c'est
vous, quand même, qui êtes responsable d'améliorer le système par le biais
d'une loi ou par le... Vous comprenez? C'est parce que ce n'est pas vrai que
vous ne pouvez pas vous en départir complètement ou vous en séparer
complètement, dire : Bien, je ne me mêle pas de ces demandes-là. Mais mais
devant cet état de fait, puis c'est un cas... ça ne peut pas être un cas isolé
d'en avoir plusieurs. Donc, de quelle façon est-ce que l'information vient vers
vous?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Roberge : Je veux juste
juste préciser, ma collègue dit : Bien là, on a des demandes qui se
ressemblent puis on a des réponses qui ne sont pas toujours pareilles. Oui,
mais c'est parce que la personne qui reçoit la demande, elle, a accès au
document, le document justement auquel n'a pas accès à la personne qui fait la
demande, c'est la nature de la demande. Mais si on ne donne pas toujours...
«on» exclut la personne qui parle, si on ne donne pas toujours l'information de
la même manière pour des demandes qui se ressemblent, c'est parce que les
documents ne sont pas toujours identiques puis c'est parce qu'ils n'ont pas
toujours la même information. Puis des fois, il y a des informations qui
doivent être protégées dans certains cas. Je comprends que, pour la personne
qui le reçoit, elle dit : Bien, voyons donc, j'ai fait des demandes
semblables, ce n'est pas la même chose, je soumets que c'est normal, je soumets
que c'est normal.
Mme Setlakwe : ...bien
évidemment que chaque document est distinct puis il faut regarder... chaque
demande est traitée de façon distincte. Puis il se peut qu'effectivement deux
demandes ne donneront pas lieu à deux résultats identiques, ça va de soi. Mais
moi, ma question, c'était quand même... c'est par rapport à des procès-verbaux
de réunions de conseil d'administration, dans un cas, c'est : Oui, on vous
le donne, dans l'autre cas, c'est : Non, on ne vous le donne pas. Je pense
que mon point était quand même clair.
On a reçu... Là, je voudrais juste qu'on
parle aussi du délai pour s'opposer à des décisions auprès de la CAI, de la
Commission d'accès à l'information. Nous, on a un cas, puis c'est un cas qui
avait été médiatisé. Il y avait eu des courriels qui avaient été échangés où on
avait... on avait utilisé, en tout cas, des termes méprisants à l'égard d'un
journaliste. Ça s'était passé au ministère de la Santé et des Services sociaux.
Un journaliste, un ancien ambulancier d'urgence qui... son nom... il est connu,
là, il y avait un article dans le... ça a été...
Mme Setlakwe : ...rapporté par
Thomas Gervais, entre autres. Son nom, c'est Hal Newman, il est journaliste
maintenant, et puis il y a des... On tentait de mettre la main sur des échanges
de courriels entre fonctionnaires à son sujet, et puis la demande d'accès à
l'information a été envoyée au ministère de la Santé et des Services sociaux le
21 juillet 2023, et... ça, c'est la demande. La demande de révision de... la réponse
qu'on a reçue, c'était au mois d'août, ça va, en 2023. En septembre 2023, il y
a une demande de révision qui est faite de la décision du MSSS envoyée à la
CAI. 1ᵉʳ septembre 2023, mais c'est seulement le 22 mai 2024, donc plus de huit
mois plus tard, qu'on reçoit un courriel d'une personne à la CAI qui nous
confirme que... nous demandant si on souhaite confirmer... poursuivre nos
démarches. Et on nous a refusé certains renseignements en invoquant l'article
34 de la loi, et, plus tard, la veille de la médiation, bien là, toutes les
informations ont été divulguées. Donc, là, l'article 34 ne tenait plus. Est-ce
que vous... Vous réagissez comment à cette situation-là? On pense à nous,
évidemment, qu'on a été traînés là-dedans pendant des mois, mais je pense au
citoyen qui demande une révision d'une décision puis qui fait face à un délai
aussi long. Il me semble que c'est trop long. Vous en pensez quoi?
M. Roberge : Bien, à première
vue... je ne connais pas le dossier au complet, ça me semble long, effectivement,
mais dans votre... dans votre... pas «dans votre histoire», mais dans ce que
vous avez raconté, ça s'est rendu au tribunal de la Commission d'accès à
l'information, non? Vous dites que ça a été divulgué juste avant, finalement?
Mme Setlakwe : Non. C'était
prévu pour de la médiation, mais, finalement, la veille de la médiation, toutes
les informations ont été transmises.
M. Roberge : O.K.. Est-ce
que... Oui, je pense que Mme la présidente pourrait peut-être apporter un
éclairage à la commission.
Mme Girard (Lise) : Il y a
plusieurs éléments. Est-ce que vous me permettez, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :...Mme.
Mme Girard (Lise) : ll y a
plusieurs éléments dans votre... dans votre question. Relativement aux délais,
c'est une de vos questions, vous devez savoir que la Commission d'accès à
l'information reçoit de plus en plus de demandes. Actuellement, on a frisé...
on n'a pas frisé, on a dépassé notre record. Le dernier... en 2019, on avait
reçu 2800 demandes. On est rendu à près de 3 000 demandes, actuellement, en
2024 et 2025. Il y a des efforts importants qui sont faits pour améliorer les
délais. Vous devez savoir, je suis en poste depuis novembre 2024, donc ça fait
à peine six mois que je suis arrivée, mais plusieurs actions sont en cours
présentement pour tenter d'améliorer les délais de la commission. Il y aura
d'ailleurs une nouvelle façon de traiter les dossiers pour nous permettre, dès
la réception des demandes, actuellement... faire des appels du rôle pour nous
permettre de faire un premier tri des dossiers avec les parties et nous
permettre d'accélérer ce délai. Mais, peut-être, pour le dossier que vous nous
parlez, je peux comprendre que le volume a fait en sorte que ça a nécessité un
délai un peu plus long pour vous répondre.
• (18 h 50) •
Du côté de la médiation, dans un processus
de réception d'une demande de révision à la commission, il y a nécessairement
un premier traitement qui est fait par le secrétariat général pour s'assurer
que le dossier est complet et répond à tous les besoins qu'on a pour constituer
un dossier du côté du volet juridictionnel, et, par la suite, dès que le
dossier peut être assigné à un juge et mis au rôle, à ce moment-là, le dossier
est transmis. Si les parties le désirent, parce que c'est volontaire, la
médiation, à ce moment-là, on peut... il y a un processus de médiation qui est
entamé.
Souvent, c'est dans le cadre d'une
médiation que beaucoup de dossiers se règlent à la commission. Juste pour vous
parler de chiffres, actuellement, si on enlève les dossiers incomplets, qu'on a
fait plusieurs rappels pour que le dossier soit complet, là... mais, si on
enlève les dossiers incomplets, si on enlève les dossiers irrecevables, c'est
75 % des dossiers de la Commission d'accès à l'information qui se règlent
par une médiation, et par le processus de médiation, nécessairement, les
parties se déclarent satisfaites du processus.
J'entends ce que vous dites. Il arrive
effectivement qu'à la veille d'une audience on dirait qu'on pousse, dès qu'on
est en mesure, là, de faire bouger le dossier, il arrive, puis effectivement
les dossiers se... les documents demandés sont déposés et...
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée.
Mme Setlakwe : Merci.
Écoutez, ce n'est pas... Bien, je vous remercie beaucoup pour votre réponse,
puis ce n'était pas... évidemment, ce n'est pas une critique personnelle envers
vous et votre équipe, on comprend que... vous l'expliquez très bien, là, que
vous avez...
Mme Setlakwe : ...au volume
de demandes grandissant, et je vous remercie pour vos explications. Est-ce que
vous avez... Vous êtes donc débordés. Est-ce que ce que vous avez les
ressources suffisantes en ce moment pour traiter tous les dossiers ou tous
les... J'imagine que vous avez même plus de matières, plus de lois à
surveiller. Est-ce que c'est le cas? Est-ce que vous avez généralement...
Est-ce que ça déborde au sein de la CAI - je ne sais pas si je peux continuer comme
ça?
Mme Girard (Lise) : C'est
certain que les demandes augmentent. Que ça soit du côté de la surveillance,
que du côté juridictionnel, on bat des records actuellement en termes de
volume. Si vous posez la question à un président d'organisme, est-ce qu'il
souhaite plus de ressources, je pense que tout le monde aimerait avoir plus de
ressources. Par ailleurs, actuellement, ce que je tente de faire depuis mon
arrivée, c'est d'avoir vraiment une vue d'ensemble de l'ensemble de nos
activités. Je suis en train de faire cette évaluation-là, une évaluation de la
capacité. Je suis, actuellement, aussi en train de faire un diagnostic
organisationnel pour m'assurer que les bonnes ressources sont affectées au bon
endroit dans l'organisme, pour nous assurer de remplir notre mission.
Mme Setlakwe : Merci. Puis,
au niveau des délais, quels sont vos objectifs, vous souhaiteriez que les
délais soient réduits à quelque chose qui est raisonnable? Ce serait quoi,
quelque chose de plus raisonnable?
Mme Girard (Lise) : On peut
comprendre que, lorsqu'on demande un document, tout délai est déjà trop long.
On souhaite avoir l'information rapidement. Par ailleurs, il faut traiter les
demandes qu'on reçoit, et donc on doit lui donner tous les efforts nécessaires
pour le constituer. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, on souhaite, par le
projet pilote qu'on souhaite mettre en place dès juillet prochain, s'assurer
que par un appel du rôle de l'ensemble des dossiers qui seront présentés à la
commission, c'est comme si un tri va pouvoir se faire. Le juge administratif
pourra, dès lors, intervenir et émettre des ordonnances, peut-être demander que
des actions soient prises, tout ça pour faire en sorte que les délais soient
raccourcis.
Aussi, si on fait un tri des dossiers, on
va pouvoir sélectionner les dossiers qui peuvent aller en médiation plus
rapidement. On va pouvoir aussi peut-être faire des mises au rôle plus
rapidement. C'est ce qu'on souhaite, de revoir toutes nos façons de faire.
Présentement, on a cartographié l'ensemble de nos activités et on soulève
chacune des pierres pour s'assurer de restreindre ou de limiter ces délais-là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée, s'il
vous plaît.
Mme Setlakwe : Merci pour
votre réponse. Récemment, on apprenait que l'ancien ministre de l'Économie
avait utilisé son courriel personnel dans certains dossiers ministériels, des
échanges avaient lieu. Il utilisait son cellulaire personnel, ça, c'est une
chose, mais l'enjeu, c'est plutôt d'avoir utilisé son Gmail, son courriel
personnel. Et, suite à ça, il y a eu un article de presse et puis il y a une
motion... J'ai déposé une motion la semaine dernière, je crois, et, bon, il y
avait des paragraphes sur lesquels on s'entendait, que ce n'était pas un bon
usage. Mais, nous, à la fin de la motion, on souhaitait que l'Assemblée déclare
qu'un tel usage n'est pas une politique souhaitable et qu'elle demande au
gouvernement d'y mettre fin en émettant une directive dans les meilleurs
délais.
J'aimerais ça vous entendre, M. le
ministre, sur cette question. Pourquoi vous auriez hésité à émettre une
directive si... Mais, vraiment, est-ce que ça se fait? Est-ce que c'est une
pratique répandue? Si vous reconnaissez que ce n'est pas une bonne... ce n'est
pas une bonne pratique, pourquoi hésiter à émettre une directive?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Roberge : Oui. Bien, cette
nouvelle qui est sortie nous a portés à réfléchir. Puis votre... pas votre
mandat, votre motion est intéressante, sauf que ce que je comprends, c'est que
ça relève du MCN, ministère e de la Cybersécurité puis du Numérique, qui prend
ce genre de directive... qui pourrait prendre ce genre de directive pour
protéger les communications, par exemple, de personnes... de pirates
informatiques qui pourraient vouloir se saisir des choses. Donc, l'utilisation
des outils informatiques, ça relève du ministère... du MCN, ministère de la
Cybersécurité et du Numérique davantage que le ministère de l'Accès à
l'information.
Mme Setlakwe : Je comprends,
le gouvernement a quand même... n'a pas consenti à la motion. Mais c'est
peut-être au niveau du MCN qu'il y avait une réticence, ce que je comprends, je
poserai la question au ministre de la Cybersécurité et du Numérique. Mais il y
a quand même un enjeu ou un volet Accès à l'information, et j'aimerais avoir
votre opinion ou celle de la présidente de la CAI. On comprend qu'une telle
pratique, donc, d'utiliser son courriel personnel dans le cadre de ses fonctions...
Mme Setlakwe : ...de ministre
ou de député, pour traiter avec des personnes à l'externe ou des organismes
publics, bien, ça place, ces messages-là, ces courriels ou autres, hors du
champ de l'application de la Loi sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements personnels. Est-ce que c'est le
cas? Et comment... Vous ne pensez pas que le gouvernement devrait encadrer
cette pratique?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien, M. le
Président, je ne suis pas d'accord avec ce que ma collègue a dit. Si c'est un
courriel que je change, par exemple, avec un sous-ministre, d'abord, les
courriels du sous-ministre, comme il les aurait reçus, bien, pourraient être captés,
si j'ose dire. Mais, de toute façon, ce n'est pas à l'extérieur du champ
d'accès à l'information. Si on doit rendre publics tous les courriels, par
exemple, entre une personne et une autre concernant ce sujet, ce n'est pas des
courriels faits avec la boîte gouvernementale, c'est un courriel entre M. X et
Mme Y à tel sujet. Que ce soit arobase ou arobase assnat ou arobase Gmail ou
Hotmail, je pense, c'est la nature du renseignement qui est visé par l'accès à
l'information et pas l'adresse de courriel.
Mme Setlakwe : Vous n'êtes
pas inquiet qu'il y ait un enjeu d'accès à l'information. Donc, pour vous, ce
serait uniquement un enjeu de sécurité des données?
M. Roberge : Je suis
davantage inquiet, pour moi, de la protection des renseignements avec cette
pratique-là.
Mme Setlakwe : Est-ce que...
Est-ce que la CAI, est-ce que la commission, est-ce que maître... C'est Me
Girard. Je pense que... Puis est-ce que vous avez une opinion sur le sujet?
Est-ce que c'est bien le cas, ce n'est pas... Donc, on peut utiliser, un
ministre peut utiliser sa boîte de courriel Gmail, par exemple, ou Yahoo! pour
traiter, évidemment, pas d'un sujet personnel, mais d'un dossier qui relève de
son rôle de ministre dans le cadre de ses fonctions et ça n'échapperait pas à
la loi sur l'accès à l'information?
Mme Girard (Lise) : D'une
perspective... merci. D'une perspective de la Commission d'accès à
l'information, nécessairement, on favorise l'accès à l'information, que le
citoyen soit en mesure d'avoir accès à toute l'information pertinente requise,
là, le qui est administrée au sein d'un ministère, organisme, d'un organisme
public. Nécessairement, c'est au ministère et à l'organisme de... ils sont
imputables, de s'assurer d'avoir l'ensemble de l'information qui relève de leur
administration pour s'assurer que, lorsqu'il y a une demande d'accès, ils sont
en mesure de faire un repérage complet, global de l'ensemble de l'information
pour donner droit à des demandes d'accès à l'information d'un citoyen. Donc, on
s'est déjà prononcé, la Commission d'accès à l'information, sur le fait que,
malgré qu'effectivement tout ce qui est la technologie relève du ministère de
la Cybersécurité et du Numérique sur l'application d'une... de faire attention,
finalement, d'utiliser une messagerie personnelle pour les fins
professionnelles. Parce qu'en soi ce n'est pas l'outil qui est important, mais
c'est de s'assurer que l'information soit conservée au sein de l'organisme pour
que, si une demande d'accès est faite, on puisse y avoir accès.
• (19 heures) •
Mme Setlakwe : O.K., je
comprends. Mais est-ce que... Donc, l'information qui transite par le biais
d'un Gmail personnel, est-ce que ça rend quand même le travail, disons, plus
difficile pour un organisme public de répondre aux demandes d'accès à
l'information?
Mme Girard (Lise) : Bien, à
partir du moment qu'ils ont l'information puis ils sont capables de faire ce
repérage-là, à ce moment-là, ils seraient en mesure de répondre à la demande.
Ça, je ne peux pas répondre pour eux, là, mais...
Mme Setlakwe : Non, non, mais
ça pourrait échapper. Il y aurait plus de chance que cette information-là
échappe à l'organisme que si on avait utilisé le courriel de l'Assemblée
nationale.
Mme Girard (Lise) : C'est
difficile pour moi de répondre à cette question-là.
M. Roberge : Je comprends mal
votre question... excusez-moi, la question de ma collègue. Parce que, s'il y
avait une demande d'information qui me touche, qui me disait : Tous les
courriels sur tel sujet entre vous et quelqu'un, bien, ce serait à moi de les
divulguer et, si... et je vous confirme que je n'utilise pas mes courriels
personnels, mais si ça m'était arrivé ou si quelqu'un m'avait envoyé quelque
chose, bien, ce serait à moi de les fournir. La loi s'appliquerait à moi, puis
tout le monde doit respecter la loi, donc je devrais quand même fournir cette
information. Mais ceci dit, ce n'est pas la pratique qui est favorisée, on
préfère l'utilisation des boîtes gouvernementales.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée.
Mme Setlakwe : Oui. Merci...
19 h (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...parce
que je demeure un peu... Bien, en tout cas, j'imagine que c'est pour l'organisme...
Si l'organisme public n'est pas impliqué dans l'échange avec le déjà ou le ministre,
mais il me semble que là, forcément, si le ministre utilise un Gmail pour
traiter avec des entreprises privées en vue d'éventuellement... Ce n'est pas
que... Ce n'est pas une question d'éthique ici, là, c'est juste une question de
s'assurer qu'on puisse plus aisément repérer les échanges qui ont lieu et qui n'impliquent
pas un organisme public. Et c'était... En tout cas, ça faisait aussi l'objet de
la motion. Mais là je constate qu'il n'y a pas, il ne semble pas y avoir d'inquiétude
au niveau de l'accès à l'information. Il nous reste quelques minutes, je pense,
M. le... Oui. Oui, oui, allez-y.
M. Roberge : En 10 secondes,
là, je ne veux pas prendre votre temps. Quand une information touche, ça m'est
déjà arrivé qu'on me fasse une demande d'information qui relevait d'échanges
que j'ai eus. Puis on me disait : Veuillez rendre disponibles toutes ces
informations. Donc, si j'avais, moi, avec, peu importe, un organisme ou une
entreprise, n'importe quoi, échangé de l'information via un autre média, j'aurais
été dans l'obligation de divulguer quand même. Ce n'est pas arrivé, mais j'aurais
été dans l'obligation de divulguer quand même. Ceci dit, je me répète, ce n'est
pas ce qui est souhaitable, ce n'est pas les bonnes pratiques.
Mme Setlakwe : Non, je
comprends, si on vous le demande à vous directement, mais si on passe par un
ministère ou un organisme puis pour avoir accès à toutes les...
M. Roberge : Puis quand
ça... Et quand ça touche le ministre, on lui dit, là, on lui dit : Vous
devez... Excusez-moi. Vous devez rendre, si possible, disponibles ces
informations-là. Est-ce qu'il y a des courriels? Est ce qu'il y a... Est ce qu'il
y a... On me pose la question et pourtant on a accès à mes courriels, mais je
vous témoigne qu'on m'a dit : Vous devez rendre public. Puis moi, je
disais tout le temps : Bien, ils sont là. Prenez-les. Allez-y, prenez-les.
Vous avez accès à mes courriels. Il n'y a pas d'enjeu. Prenez ce que vous avez
besoin. Si d'aventure j'avais eu aussi dans d'autres courriels, bien, il aurait
fallu que je fasse l'exercice d'aller les chercher et de les transmettre. Je n'aurais
pas pu dire : Bien, non.
Mme Setlakwe : Merci. On
a reçu, comme à chaque année, donc, des réponses à nos... nos questions qu'on pose.
On a... Je regarde le cahier d'étude qui nous a été livré. Page G-6, je pense
que c'est la page, mais c'est question G-6. Désolé. Question G-6 à la
page 6, au bas de la page, il y a un contrat qui a été octroyé à Compugen
pour de l'hébergement de données au coût de 11 888 $, un contrat octroyé
de gré à gré pour l'hébergement de données. C'était une formation. J'ai deux
choses différentes par rapport à Compugen. Ça concerne quoi, exactement, au
niveau de... Pourquoi ça a été un contrat qui a été donné de gré à gré à
Compugen pour de l'hébergement de données?
M. Roberge : Je vais
trouver l'information. Je vais la rendre disponible, mais je ne sais pas si
quelqu'un derrière peut trouver cette information-là. Moi, je n'étais pas...
pas été partie. C'est la Commission d'accès à l'information, hein? C'est la
CAI? C'est la CAI? O.K. Bon, bien, on va essayer de trouver. Est-ce que vous l'avez
tout de suite ou on va... vous allez l'avoir?
Mme Girard (Lise) : J'ai
demandé l'information, on va me la transmettre. Je vous le donne immédiatement.
M. Roberge : O.K. Aussitôt
qu'on l'a, on va la rendre publique, sinon on le déposera.
M.
Bachand
:
Si c'est faisable avant la fin de la séance, faire parvenir la réponse à la
commission s'il vous plaît.
M. Roberge : Oui, pas de
problème.
Le Président (M. Bachand) :
Il vous reste 50 secondes, Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Setlakwe : Ah! Mon
Dieu! Page 8, toujours question G-6. Contrat octroyé à la firme
Pierre Pilon Communication, formation face aux médias au coût de 4 000 $.
La formation, elle était... elle était au bénéfice de qui?
M. Roberge : Encore une
fois, c'est la Commission d'accès à l'information. Est-ce qu'on a la réponse
tout de suite ou on peut l'aider plus tard?
Mme Girard (Lise) : Non,
je peux la... Je peux la donner tout de suite. Je peux même revenir à la
précédente si vous me le permettez, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :Effectivement.
Mme Girard (Lise) : Relativement
à Compugen, on me dit que c'est les copies de sécurité pour l'hébergement de
données dans Azure. Donc, c'est des contrats qui ont été donnés à Computgen. Et
concernant le contrat que vous parlez, là, qui est une formation qui a été
donnée comme porte-parole aux personnes responsables des communications ainsi
qu'aux autorités de la Commission d'accès.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de Saint-Jean, pour 8 min 19 s,
s'il vous plaît.
M. Lemieux :
Merci
beaucoup, M. le Président. On va s'entendre. On est... M. le ministre, on a
tendance à parler de choses qu'on connaît et de choses qu'on voit tous les
jours dans ce sujet-là, sur l'accès à l'information. Il y a peu d'initiés. Par
exemple, la CAI, pour la plupart du monde avec qui je vais souper le samedi
soir, c'est l'instrument de chauffage à la maison, là, tu sais, pour eux
autres. Là où je veux en venir, c'est que quand je...
M. Lemieux : ...vous avez
entendu tout à l'heure parler du leader de l'opposition officielle qui
demandait, en déchirant sa chemise ou presque, de décaviarder. J'ai senti chez
vous une frustration que je partage, et que je vais partager, et que je partage
toujours. Je vous donne deux minutes puis, si vous êtes bon, je vais vous en
donner une troisième, pour dire au monde pas ce que vous avez expliqué tout à
l'heure, c'est-à-dire que ce n'est pas vous qui décidez puis ce n'est pas votre
adjoint qui décide. Le caviardage n'est pas fait par vous, mais il est fait par
la commission pour l'institution. Le deux minutes que je vous donne, c'est pour
dire au monde qui ne connaissent pas la CAI, qui ne connaissent pas le
caviardage parce qu'ils n'en ont jamais eu chez eux, qu'est-ce qui est caviardé,
c'est quoi, l'information, au nom de quoi. Je sais que c'est Me Girard qui
devrait répondre, mais je passe par vous, puis vous jouerez au miroir si vous
voulez, mais les gens... Parce qu'il y a des conséquences formidablement
impressionnantes à crier au décaviardage, mais, en même temps, simplement,
est-ce qu'on peut décrire ce qui généralement est caviardé? Pourquoi c'est
caviardé si on ne peut pas dire ce que c'est?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Roberge : Mais merci pour
la question, c'est un truc d'initié. La logique de base, le sens commun, ça
serait de dire : Bien, vous avez de l'information, donnez-la, puis, si
vous la donnez, mais ne cachez pas deux, trois mots, là, puis... Ce serait mon
premier réflexe de citoyen, tu la donnes, tu la donnes. Ce qui est omis,
retiré, caviardé ou peu importe, ce qui n'est pas visible, et donc qui n'est
pas transmis comme information, habituellement, c'est des informations qui
peuvent mener à l'identification, la reconnaissance de personnes.
Habituellement, ce sont des informations comme ça. On vise à protéger des
renseignements personnels. Ça peut des informations qui sont relatives au
salaire des personnes, à leur état de santé, à les reconnaître. Habituellement,
c'est ça, c'est pour protéger, hein, c'est toujours les droits des uns qui
commencent où se terminent les droits des autres. Habituellement, ça va dans
cette direction-là.
Il y a un autre pan aussi qui est, je vous
dirais, des informations d'aide à la décision gouvernementale, des fois, ça
peut même toucher les finances publiques. Il y a l'équilibre des finances
publiques, ça dépend des agences de notation, ça dépend des études de crédits
quand on émet des bons, etc. Il y a des choses qui peuvent toucher aussi, je
dirais, la sécurité financière de l'État. Il eut avoir des choses qui touchent
ce qu'on appelle l'aide à... Il y a des gens aussi qui viennent nous parler,
qui viennent nous donner des informations ou qui viennent nous... à la
condition que leur identité serait protégée, ça peut être parfois dans des
commissions d'enquête, et c'est ça, habituellement. Et donc c'est dans
l'intérêt supérieur... pas dans le mien ou le vôtre. D'ailleurs, moi, comme
ministre, on n'est jamais au courant de qu'est-ce qui a été caviardé, qu'est-ce
qui n'a pas été caviardé puis pourquoi. C'est dans l'intérêt supérieur du
Québec puis de l'État, puis c'est pour protéger des Québécois que ces
décisions-là sont prises à la lumière d'une loi qui a été votée par les
parlementaires.
Je comprends qu'on puisse vouloir
améliorer la loi encore, je vous l'ai dit, toutes les lois sont perfectibles,
mais reste que la loi sur laquelle se basent les fonctionnaires, elle a été
adoptée suite à un travail de commission parlementaire avec - je n'étais pas là
à ce moment-là - mais avec d'autres élus. Et donc ce sont des élus de plusieurs
formations politiques qui ont travaillé à la loi, qui, aujourd'hui, nous
gouvernent. Donc, il faut voir que tout ça est issu d'un consensus, ce n'est
pas étranger.
• (19 h 10) •
M. Lemieux : Et, si je peux
me permettre, maître Girard, de parler de la machine à saucisses. Une fois que
je comprends le principe, là, quand ça arrive chez vous, ce n'est pas... ce
n'est pas juste des avocats, C'est qui, qui fait la décision dans votre machine
à saucisses?
Mme Girard (Lise) : Ça va, M.
le ministre, M. le Président?
M. Roberge : Oui, absolument.
Le Président (M.
Bachand) :Me Girard.
Mme Girard (Lise) : Donc,
peut-être juste revenir à votre première question, si vous me le permettez,
parce que ça va peut-être bien expliquer le traitement qu'on fait à la
Commission d'accès à l'information. Premièrement, ce n'est pas la Commission
d'accès à l'information qui caviarde les documents. Elle pourra peu-être, du côté
juridictionnel, à déterminer, à rendre une décision, à savoir si le document
devait ou pas être caviardé. La Loi sur l'accès à l'information des documents
des organismes publics et la protection des renseignements personnels est
bicéphale. Il y a deux philosophies. Du côté de l'accès à l'information, la
philosophie se veut qu'à prime abord toute l'information devrait être
accessible et de façon... à l'exception de certaines restrictions. Du côté de
la protection des renseignements personnels...
Mme Girard (Lise) : ...c'est
confidentiel, on ne veut pas donner l'information, et, à l'inverse, il y a
certaines circonstances où on peut donner l'information. Et donc c'est la
raison pour laquelle, dans les restrictions, il y a des restrictions
impératives et il y a des restrictions facultatives. Lorsqu'il y a des
restrictions impératives, ça veut dire que la loi a prévu, le législateur a
prévu que c'est : doit restreindre l'information, donc, on ne peut pas
donner l'information. C'est toutes les questions de sécurité de l'État,
sécurité de l'information, protection des renseignements personnels, protection
des renseignements personnels de tiers. Du côté facultatif, donc, ça le dit,
c'est que c'est à l'organisme de décider si elle remet ou pas l'information. Elle
a, selon la restriction, la possibilité de choisir de donner ou pas
l'information, donc le document complet ou donner le document et caviarder des
informations. Et donc, à partir de là... Et ça, c'est toutes les questions
d'opinions, d'avis, recommandations, avis juridiques, etc. Quand le citoyen
reçoit la décision de l'organisme ou du ministère, à ce moment-là, il a le
choix d'être d'accord avec ce qu'il reçoit ou de déposer devant la Commission
d'accès un recours, une demande en révision de cette décision-là. Un juge
administratif, ce qu'il fera, c'est qu'il déterminera si, effectivement,
c'était visé par les restrictions, est-ce que c'est une restriction impérative,
est-ce que c'est une restriction facultative et est-ce que les conditions
remplissent pour qu'effectivement l'information soit non divulguée, à défaut de
quoi, demandera à ce que l'information soit divulguée.
M. Lemieux : Donc, qui cache
quoi au juste, c'est une chaîne dans la mesure où... cacher, pas
péjorativement, là, mais qui... comment on arrive à caviarder, c'est que c'est
une chaîne et il y a des réactions dans cette chaîne-là, puis au final,
ultimement, c'est le tribunal administratif qui dit : Oui, ça pouvait
rester caviardé, puis vous, vous ne l'avez jamais su, M. le ministre.
M. Roberge : Moi, je ne l'ai
jamais quoi?
M. Lemieux : Vous ne l'avez
jamais su, vous ne savez même pas que c'est caviardé.
M. Roberge : Non. À un moment
donné, on apprend qu'il y a une demande, puis : Voici la décision. Voilà.
Comment on apprend... il va pleuvoir demain.
M. Lemieux : Merci beaucoup.
Il me reste 20 secondes pour que vous puissiez faire vos salutations
d'usage. Je pense... On va voter, je pense, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Mais il n'y a pas de votre
aujourd'hui. M. le ministre...
M. Lemieux : Il n'y a pas de
vote?
Le Président (M.
Bachand) :...les commentaires.
M. Roberge : Oui. Bien,
merci, je veux remercier la présidence, les collègues, les équipes qui nous ont
accompagnés, ma collègue aussi de l'opposition, qui a soulevé des points
vraiment intéressants, des fois des cas très précis ou des questions d'intérêt
public, puis ça alimente nos réflexions. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Alors, avant de
terminer, je dépose les réponses aux demandes de renseignements de
l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mercredi 7 mai à 11 h 30, où elle va
entreprendre l'étude du volet Relations internationales et Francophonie des
crédits budgétaires du portefeuille Relations internationales et de la
Francophonie. Merci. Belle soirée.
(Fin de la séance à 19 h 15)