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<15361
M. Roberge :
...ça ne se force pas.
M. Derraji :
Merci,
M. le >ministre. L'autre question que j'ai, c'est en lien avec les
débats. Il y avait un débat électoral qui a été annulé après que M. Carney
ait refusé le débat, et vous avez vu qu'une chaîne de télévision a demandé aux
formations politiques un montant de 75 000 $ à chaque parti
représenté pour participer à son débat des chefs. Les 300 000 $
doivent servir à éponger les coûts engagés par la production de l'émission.
La question : Quelle est votre
position par rapport au paiement de la présence des partis politiques dans un
débat et est-ce que... parce qu'on sait tous la crise des médias, que les
médias vivent. Est-ce qu'il n'y a pas une façon de voir que le DGEQ paie ou
bien offre une aide financière pour l'organisation des débats? Parce qu'on n'est
pas à l'abri que, même pour la prochaine campagne électorale... de vivre des
mêmes enjeux similaires à ce que la campagne fédérale a eu. C'est quoi, votre
lecture par rapport à ça?
M. Roberge : Là, M. le
Président, mon collègue fait référence à ce qu'il vient de se passer dans la
campagne fédérale, c'est surprenant. Honnêtement, on n'avait jamais vu ça. C'est
difficile pour moi de me positionner parce que, bon, c'est TVA, c'est Québecor,
une entreprise privée qui, d'habitude, diffusait davantage de contenu
préélectoral avec une formule de débats, et, cette année, a décidé de ne pas le
faire, à moins que les partis paient. Pourquoi c'était correct avant puis ce n'est
plus bon cette année? C'est une question de revenus publicitaires, de coûts de
production, très, très difficile pour moi de le dire. Cependant, Radio-Canada a
quand même fait des émissions, puis il y a eu un débat quand même cette année.
Maintenant, pour la prochaine campagne
électorale, c'est un peu une question théorique, savoir, bien, qu'est-ce qu'il
arriverait si, encore une fois, notre principal diffuseur privé refusait de
diffuser un débat. C'est un peu difficile. Par contre, là, vous me demandez si
le Directeur général des élections pourrait financer ça. Bien, en tout cas, au
moment où on se parle, on n'a pas de crédits, là, qui vont... qui vont dans ce
sens-là. Est-ce que c'est à l'État à financer la diffusion sur un réseau privé?
Écoutez, c'est une bonne question, mais ça sort de nos traditions puis ça sort
de notre manière de fonctionner.
M. Derraji : Bien, vous
avez raison. C'est pour cela que je me pose moi-même la question, et je vous la
pose, et je ne prétends pas que c'est la seule tribune pour avoir ce débat,
mais le risque, il est là. Vous avez vu que les médias récemment… Il y avait
une crise que tout le monde vit. Et, pour moi, l'annulation du dernier débat,
qui est un débat important parce que c'est un débat en langue française, et je
sais très bien que c'est quelque chose que vous appréciez avoir, des débats en
langue française, surtout quand il s'agit d'un débat fédéral, mais je me dis :
Est-ce qu'on a le luxe de se priver de débats au Québec, surtout dans le cadre
d'une campagne nationale qui touche l'Assemblée nationale du Québec? Du moment
que j'ai, en face de moi, le ministre responsable des Institutions
démocratiques, je me dis : Est-ce que, dans sa réflexion, il pense au
futur des débats dans une société démocratique? Les crédits qu'on a, c'est des
crédits des institutions démocratiques. Donc, c'est cette tribune où on doit se
préoccuper par rapport à l'avenir de la démocratie et aussi faire le tour de la
question. Est-ce qu'on n'est pas à l'abri ou on est à l'abri d'avoir une
annulation d'un débat?
M. Roberge : Bien, j'espère
qu'on aura, à la prochaine campagne électorale, la même chance qu'on a eue
depuis des années et des années, d'avoir le même nombre de débats, organisés
par plusieurs médias, comme on l'avait dans les années passées. Au Québec, on n'a
pas ce qu'il y a au fédéral, là, la commission sur les débats. D'ailleurs, ça a
suscité beaucoup de mécontentement, le travail de la commission fédérale. Donc,
je vous le dis tout de suite, on n'a pas l'intention de se doter d'une
commission des débats.
Par contre, écoutez, je peux difficilement
m'avancer sur des crédits d'un autre budget, parce que, là, on... Normalement,
une étude de crédits, c'est le budget passé. Là, vous me parlez dans deux
budgets. En fait, le budget qu'on vient de vivre, il n'y a pas de crédits pour
ça. Là, ça serait le budget du printemps 2026. Est-ce qu'il y aurait des
crédits dans le budget du printemps 2026 pour la campagne automnale de
2026? C'est intéressant de soulever la question. Il faut qu'on prenne ça en
délibéré. Je n'ai pas de réponse à vous donner aujourd'hui, vous comprendrez. Puis
ça toucherait évidemment Finances, puis c'est une question qui interpellerait
aussi <mon collègue...
M. Roberge :
…aussi
>mon collègue le ministre de la Culture et des Communications, parce que
les subventions aux médias ou l'aide financière aux médias ne passent pas par
le ministre des Institutions démocratiques, mais par le ministre de la Culture
et des Communications.
M. Derraji : Vous avez
raison, M. le ministre, c'est le débat sur… Le fond de la question des débats
est l'accès au grand public des débats touchant la campagne électorale, et je
comprends parfaitement l'enjeu. Mon rôle, aujourd'hui, c'est juste vous
sensibiliser à la question, surtout avec ce que nous avons vécu lors de la
dernière campagne électorale, mais je comprends absolument ce que vous êtes en
train de nous dire.
• (12 h 40) •
M. Roberge : Si vous le permettez,
oui, bien, je pense, vous avez vu la manière dont je travaille en matière
d'institutions démocratiques. Que ce soit pour la loi qu'on a adoptée à
l'unanimité ensemble ou pour celle qu'on travaille en ce moment en collégialité
pour la révision de notre Loi électorale, je pense, c'est le genre de chose qui
doit se faire vraiment en collaboration. Ce n'est pas le gouvernement, là, qui
tient les rênes puis qui dicte tout. Bien, juste savoir… Est-ce que vous avez
une suggestion? Est-ce que vous souhaiteriez que le gouvernement mette des
fonds sur la table? Est-ce que c'est une proposition formelle de votre
formation politique?
M. Derraji : Dans
l'étude des crédits, le ministre, vous êtes un expert. On est là pour vous
questionner. Ce n'est pas un débat par rapport à une proposition. J'ai ramené
la problématique. J'ai compris votre réponse. L'enjeu, il est là, et c'est rare
que je vais le dire dans des études de crédits, oui, c'est vrai, ça marche avec
vous. Les dernières années, il y a eu une bonne collaboration par rapport à des
enjeux que nous avons ramenés ensemble, notamment la révision de la carte
électorale. C'est dans ce sens que je vous interpelle aujourd'hui. Il y avait
une problématique par rapport à la campagne électorale et il y avait une
annulation d'un débat. Je vous soumets l'idée. Est-ce que ça fait partie de vos
réflexions? J'ai en face de moi, quand même, le ministre porte-parole des Institutions
démocratiques. J'aurais aimé que vous ayez un début de réflexion. Maintenant,
vous avez la question entre vos mains. Prenez le temps pour réfléchir, et,
sûrement, on va en discuter un jour. Ça répond à votre question?
M. Roberge : Oui, je vous
remercie, pas de problème.
M. Derraji : J'ai une
autre question, c'est par rapport à la participation électorale des jeunes de
18 à 24 ans. Je sais que, lors de l'élection générale du 3 octobre
2022, le taux de participation électorale pour les jeunes adultes âgés de 18 à
24 était de 54 %. C'est 54 % que j'ai, et ce taux est inférieur à la
moyenne provinciale de 66 % pour l'ensemble des électeurs de 18 ans
et plus, et on est loin de 78 % de 65 ans et plus. En résumé, les
jeunes, c'est vers le bas de l'échelle, 54 %, la population générale,
66 %, 65 ans et plus, c'est 78 %. Est-ce que vous avez un plan,
M. le ministre, d'augmenter la participation des jeunes lors des prochaines
élections générales?
M. Roberge : Oui. Vous
touchez quelque chose qui me préoccupe beaucoup. Le taux de participation, la
vitalité de notre démocratie puis la légitimité des résultats, c'est vraiment
corollaire de l'adhésion des Québécois à notre système démocratique, la
confiance que les Québécois ont le système… ont dans le système, puis, donc, le
taux de participation. C'est vrai qu'historiquement, depuis de très, très
nombreuses années, j'ai envie de dire des décennies, le taux de participation
est plus bas chez les jeunes, puis, souvent, plus on vieillit en âge, plus le
taux de participation est élevé. Par contre, on voit que les mêmes personnes,
justement, en vieillissant, qui ne participaient pas aux élections, participent
plus tard, heureusement, parce que sinon ça voudrait dire qu'il y aurait de
moins en moins de participation de manière dramatique.
Je pense que la meilleure manière de
préparer les jeunes à l'exercice de ce rôle important, c'est un droit, ce n'est
pas une obligation, mais c'est un droit, c'est à l'école, et, cette année,
c'est l'an 1 du nouveau cours Culture et citoyenneté québécoise à la
grandeur du Québec. Vous savez, on a eu des phases tests, des projets pilotes,
de l'implantation graduelle, mais je peux vous dire que, dans le nouveau cours,
Culture et citoyenneté québécoise, il y a réellement de l'éducation à la
citoyenneté puis il y a vraiment de l'éducation par rapport à notre modèle
démocratique, nos institutions démocratiques, le rôle des uns et des autres.
Donc, j'ai espoir, moi, que les jeunes qui… en passant à travers ce nouveau cours
là, avec ces nouveaux contenus là, adolescents, à 12, 13, 14, 15, 16 ans,
participeront davantage, et qu'on aura un meilleur taux de participation avec,
je dirais, cette <espèce de…
M. Roberge :
...cette
>espèce de nouvelle éducation à la démocratie. Je dirais qu'on mise
beaucoup sur ça.
M. Derraji : Mais est-ce
que vous avez un objectif? Parce que, quand même, on parle d'un taux qui est
vraiment très bas, là, ce n'est pas... Ce n'est pas un taux qu'on peut se
réjouir en tant que société. 54 %, on est très, très loin de la moyenne
nationale et très loin par rapport au groupe d'âge 65-74. Est-ce que vous
avez vraiment un objectif? Je comprends le cours, mais, au-delà du cours,
est-ce qu'il y a un objectif visé?
M. Roberge : Bien, je
n'ai pas un seuil en ce moment, là, un graphique, avec un seuil en pourcentage,
visé pour la prochaine élection. On pourrait en parler au Directeur général des
élections aussi, qui suit ça, puis qui fait beaucoup d'éducation, puis qui est
présent dans les écoles. Ils font des élections, dans les écoles, simulées. Mais
j'ai cette intention d'augmenter le taux de participation chez les jeunes, puis,
je répète, d'après moi, ça passe par l'éducation. Par contre, on ne pourrait
pas juste dire : Ça passe par l'éducation, et ne rien changer, mais, en
changeant le cours, on a espoir que ça va changer le comportement du bon côté.
M. Derraji : Il me reste
deux minutes, M. le ministre. J'aimerais bien vous entendre sur le rapport sur
l'ingérence étrangère au Canada. Je l'ai lu, j'espère que vous l'avez lu. Il y
a pas mal de bouts... Moi, ce qui m'intéresse, ce n'est pas l'aspect canadien,
c'est ici. Est-ce que le Québec dispose-t-il de mécanismes spécifiques pour
surveiller l'ingérence, détecter et surveiller l'ingérence étrangère dans les
élections et est-ce qu'il y a une coordination avec le gouvernement fédéral
dans ce sens?
M. Roberge : Notre
vigilance... Ça va? O.K. Notre vigilance se fait à travers nos institutions.
S'il y a des allégations, bien, c'est la police qui s'en occupe, mais, disons,
pour la surveillance puis, je dirais, le monitorage de ce qu'il se passe sur
notre planète, c'est le Directeur général des élections qui s'intéresse
beaucoup à cette question-là. D'ailleurs, il nous a fait des suggestions dont
nous avons tenu compte, et il y a des outils pour prévenir l'ingérence
étrangère dans le projet de loi qu'on a... dont on a déjà commencé l'étude
ensemble, d'ailleurs. Ça touche, notamment, des dépenses des tiers. Donc, les
formations politiques ont des droits de dépenser, mais les tiers aussi ont le
droit de dépenser. On veut savoir qui veut dépenser combien pour essayer
d'influencer le vote. Je pense que la transparence, dans ce cas-ci, c'est la
clé.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député, s'il vous
plaît.
M. Derraji : Dans le
rapport, à la page 61, il parle… instaurer la confiance du public et des
parties prenantes externes. On parle notamment du guide pour simplifier et
montrer un peu les exemples d'ingérence, directive ministérielle sur les
menaces à la sécurité du Canada… par le Parlement et les parlementaires, le
protocole... Je comprends que, parfois, le Québec peut… mais le Québec est l'un
des rares États fédérés où nous avons des représentations à l'extérieur, et, quand
je dis un des rares États fédérés, on a des représentations dans plusieurs pays.
On n'est pas à l'abri. Il ne faut pas dire aujourd'hui : Le Québec est à
l'abri, avec ce qu'on vit. Est-ce qu'à l'instar de ce que nous avons vu au
Canada vous avez pris au sérieux les conclusions de ce rapport? Et c'est quoi,
les prochaines étapes?
M. Roberge : Bien, je
peux vous dire… Pardon?
Le Président (M.
Bachand) :35.
M. Roberge : 35 secondes?
O.K. Bien, je peux vous dire qu'on a pris au sérieux les conclusions du
rapport. Élections Québec nous a répondu qu'«après suivi et analyse rien
n'indique qu'il y aurait eu du financement politique illégal provenant de
l'étranger, d'intrusion dans des systèmes informatiques de l'organisation ni
d'efforts concertés d'un État étranger pour discréditer ou mettre à mal le
processus électoral du Québec». Donc, ça, c'est pour le passé. Bon, des fois,
on dit : Le passé est garant de l'avenir. Moi, je pense qu'il faut quand
même être vigilant pour l'avenir. On ne peut pas juste présumer qu'il
n'arrivera rien. Donc, on est toujours à l'affût d'Élections Québec, du DGE,
qui nous fait des recommandations, et on les suit.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, pour 5 min 57 s,
s'il vous plaît.
M. Leduc : Bonjour, M.
le Président. Bonjour, M. le ministre, et toute l'équipe qui vous accompagne.
Toujours un plaisir de discuter ici à l'étude des crédits.
J'aimerais parler de réforme du mode de
scrutin. En 2022, on a eu une distorsion impressionnante de la volonté
populaire à travers le mode de scrutin. Vous avez obtenu, la Coalition avenir
Québec, 90 sièges, donc, 72 % des 125 sièges, avec à peine
40 % du vote, donc, une distorsion assez impressionnante. Notre formation
politique est arrivée deuxième en termes de suffrages, mais nous sommes, malgré
tout, la deuxième opposition, donc, le troisième parti ici, à l'Assemblée
nationale.
Pourtant, en 2018, juste avant votre… l'élection
de 2018, votre formation politique, avec M. François Legault, l'actuel
premier ministre, avait fait une promesse solennelle de réformer le mode de
scrutin au Québec. Vous avez déposé le projet de loi, mais vous n'avez pas fini
la deuxième partie de votre promesse, qui était de le terminer, ce projet de
loi, de l'adopter. Il y a eu une révolte de votre caucus. Des gens ont constaté
que ce n'était pas dans leur intérêt immédiat, à ce moment-là, de faire la
réforme du mode <de scrutin...
M. Leduc :
...réforme
du mode >de scrutin, et ça a été abandonné, sauf que, là, ce qui est
assez fascinant, c'est que l'histoire évolue, et, dans la prochaine élection,
ça pourrait être dans votre intérêt immédiat de faire la réforme du mode de
scrutin, puis je m'explique.
Vous connaissez certainement le
site Qc125. Vous allez sûrement le consulter de temps en temps, comme la
plupart des gens qui travaillent ici, dans cette Assemblée. Et là vous pouvez
voir qu'actuellement, dans les projections, vous êtes alentour de 23 % des
votes, mais vous termineriez deuxième opposition, avec 14 sièges
seulement. Ça, ça veut dire 11 % des sièges. Donc, 23 % du vote, 11 %
des sièges. Vous seriez le parti qui paierait le plus la distorsion du vote
avec le mode de scrutin que vous avez refusé de réformer parce que ce n'était
pas dans votre intérêt la dernière fois. Est-ce que, maintenant que c'est dans
votre intérêt, ça pourrait devenir quelque chose qui serait dans l'ordre du
jour de votre gouvernement?
• (12 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Roberge : Oui, M. le
Président, j'avais hâte de pouvoir parler, parce qu'il y a beaucoup
d'assertions qui induisent les gens en erreur dans le préambule de la question,
là. Mon collègue prétend savoir ce qu'il s'est passé, pourquoi, qui a dit quoi.
Écoutez, là, il est complètement faux, là, de penser que, si on n'est pas allé
dans une direction, c'était dans un intérêt personnel ou partisan. J'invite mon
collègue à la prudence. Il faut faire attention. Je ne lui prête pas
d'intention, disant que, s'il veut réformer le mode de scrutin, ce serait dans
son intérêt personnel de sa formation politique. Je n'irai pas là et je
l'invite à faire pareil.
Ceci dit, bien, en fait, la réponse, c'est :
Non, je ne regarde pas le site Qc125. Certains m'en parlent, mais, moi, ce
n'est pas ce que je fais. Je sais que le député de Matane-Matapédia aime
beaucoup diffuser sur les réseaux sociaux des captures d'écran, mais moi, je me
concentre sur les résultats d'élections puis sur les mandats qu'on a.
Par rapport à la satisfaction à l'égard du
système politique, je veux répondre à mon collègue qu'un sondage CROP en 2023
disait que plus de 53 % des Québécois disaient que notre système, en ce
moment, assure une bonne représentation. Bien, ça s'appelait, le graphique, La
représentativité du mode de scrutin face à la diversité des intérêts et besoins
des citoyens, 2023, CROP, 53 % des Québécois disent : C'est un
bon mode de scrutin.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député, s'il vous plaît.
M. Leduc : M. le
ministre, si ça, ça arrive, là, à peu près, là, vous allez subir une des plus
importantes dégelées de l'histoire du Québec en passant de 90 sièges,
actuellement, à 14, une chute de 76 sièges, c'est plus de perte de sièges que
votre récolte de 2018. C'est quand même assez fascinant. Vous voulez passer à
l'histoire pour ça, pour être le parti qui aura perdu le plus de sièges dans
l'histoire du Québec à cause de la distorsion du mode de scrutin que vous avez
l'occasion de changer?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
si d'aventure je tombais dans le piège et je disais : Ah! bien là, mon
Dieu, maintenant que vous m'informez de tendances de sondages, je vais changer,
comme si je pouvais le faire tout seul, d'ailleurs, nous allons, comme
gouvernement, changer les règles pour être certains de ne pas être
désavantagés, il sortirait d'ici puis dénoncerait cet opportunisme politique. Sans
doute le ferait-il, mais je ne sais pas s'il a déjà entendu parler du grand
premier ministre canadien Ed Broadbent. Non, hein, parce qu'il n'a jamais gagné
d'élections, mais lui gagnait les sondages entre les élections, par exemple. Il
était vraiment un champion. Il gagnait les sondages. Il gagnait les sondages,
mais il perdait les élections. Donc, j'invite mon collègue à faire attention et
à ne pas se transformer en Nostradamus de la politique puis à prédire des victoires
ou des défaites. On verra ce que les Québécois feront.
M. Leduc : Vous dites
que vous n'allez pas voir souvent Qc125. Vous devriez peut-être y aller, notamment
l'onglet Chambly, vous trouveriez des affaires intéressantes. On s'apprête à
vivre un moment assez particulier dans l'histoire du Québec, où on s'enligne
pour avoir cinq partis politiques dans la fourchette de résultats de 10 %
à 30 %, 35 %. Ce n'est jamais vu. J'ai une formation en histoire. Je
sais que vous aimez l'histoire du Québec aussi, cinq partis politiques dans la
fourchette de 10 % à 35 %. C'est intéressant, Qc125, mais,
honnêtement, rendu là, personne ne peut prévoir et prédire ce qu'il va arriver.
La distorsion potentielle qui s'en vient avec cinq partis politiques majeurs sur
la scène politique québécoise qui vont être dans la fourchette de 10 %,
c'est inégalé dans l'histoire du Québec. Je pense que c'est de notre
responsabilité et de votre responsabilité de remettre au jeu l'idée de la
réforme du mode de scrutin. On a le temps de le faire, c'est l'occasion de le
faire, et sinon on va encore générer des distorsions qui ne seront pas dans
l'intérêt des Québécois.
M. Roberge : Bien, M. le
Président, il dit : On a le temps de le faire. Un, ce n'est pas notre
intention. On s'est engagés, en 2022, à ne pas changer le mode de scrutin et on
va tenir parole. Deux, je pense, mon collègue vous induit en erreur quand il
dit qu'on a le temps. Si jamais on déposait un projet de loi demain matin, là,
de penser que ça va être réglé pour… quoi, dans 15 mois, là, je ne pense
pas que c'est réaliste.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de <Matane-Matapédia,
pour...
Le Président (M.
Bachand) :
… M. le député de >Matane-Matapédia,
pour 1 min 56 s.
M. Bérubé : Le
gouvernement a annoncé son intention de doter du Québec, province, d'une constitution.
C'est quelque chose d'important pour les générations futures. Ça doit faire
l'objet d'une vaste adhésion. Alors, ma question au ministre : Est-ce que
cette constitution, où il y a déjà quelqu'un qui est mandaté pour assister le gouvernement,
fera l'objet d'une consultation populaire, un référendum pour l'adopter,
sachant qu'en 1982 le rapatriement de la Constitution, lui, n'a pas fait
l'objet d'une consultation, et l'ensemble des formations politiques de
l'Assemblée nationale l'ont décrié?
M. Roberge : Bien, M. le
Président, je ne suis pas surpris de voir mon collègue s'intéresser à cette
question-là. Je pense que c'est très important qu'enfin le Québec se dote d'une
constitution. Une constitution du Québec, ça va renforcer nos assises
juridiques. Ça va aussi influencer la manière dont les tribunaux traitent nos
lois, et je pense que ça va être extrêmement important. Ensuite, ce n'est pas
un projet qui est porté par le ministre des Institutions démocratiques, c'est un
projet qui est porté par le ministre des Relations canadiennes et le ministre
de la Justice. Donc, sur la mécanique d'adoption, ce n'est pas à moi qu'il faut
poser…
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : C'est
clairement… Ça s'inscrit clairement dans les institutions démocratiques. C'est
une décision du gouvernement du Québec où, manifestement, le ministre devait
être présent lorsqu'on en a parlé. C'est important. Est-ce que ça fera l'objet
d'une consultation de la population ou c'est simplement un projet qu'on va
présenter avant une prochaine campagne? Donc, je ne veux pas… La pertinence
d'une constitution, nous, on pense, ça en prend une pour un pays, mais le type
d'adhésion, de consultation… Est-ce qu'il peut me garantir qu'il y aura une
consultation de la population pour cette constitution?
Le Président (M. Bachand) :
20 secondes.
M. Roberge : Oui, bien, comme
je l'ai dit, comme mon collègue, je m'intéresse à une constitution québécoise.
Je pense qu'elle est nécessaire. Puis on peut… On n'a pas besoin de faire un
référendum sur le Québec puis de quitter le Canada pour se doter d'une
constitution. Pour ce qui est de la mécanique, exactement, de l'adoption, il
faudra demander à mon collègue à la Justice et aux Relations canadiennes.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Saint-Jean, pour 3 min 16 s, s'il vous plaît.
M. Lemieux : M. le
Président, chers collègues, je ne peux pas m'empêcher de sauter dans la
conversation que le député de Nelligan avait avec vous, M. le ministre, au
sujet du débat sur le débat, pour le résumer comme ça, qui est particulièrement
pertinent, intéressant, et probablement d'actualité pour l'automne prochain, parce
que ce que vous avez dit, M. le ministre, est très vrai. La commission qui a
fait débat, littéralement, cette commission-là, on ne sait pas ce qu'il va se
passer avec, mais, forcément, il va y avoir des changements.
Au Québec, c'est une sorte de consortium
qui organise les débats. C'est un consortium où chaque média, théoriquement,
paie sa part. Puis là, considérant tout ce que vous avez dit, vous m'avez posé
la question, et je vais… je vais m'occuper d'y répondre, en ce qui me concerne,
pour mes propres intérêts, mais ça pose probablement une très bonne question,
que le député de Nelligan a mise sur la table.
Pour ce qui est de la question que je vais
vous poser à vous, M. le ministre, considérant votre participation à ces
crédits, c'est au sujet du Comité d'étude sur le respect des principes de la Loi
sur la laïcité de l'État, parce que Mme Christiane Pelchat et Guillaume
Rousseau ont obtenu le mandat, que vous leur avez confié, de revenir au
gouvernement avec une vision de ce que c'est que la laïcité en 2025 après son
adoption il y a quelques années, quatre principes dans la loi, des principes
qui doivent s'appliquer aux institutions parlementaires, gouvernementales et
judiciaires.
Je souligne au passage qu'il y a un appel
à mémoires, mais aussi qu'il y a une participation grand public jusqu'au
20 mai, qui est encore ouverte, pour ceux qui veulent communiquer avec ce
comité d'études. M. le ministre, je ne peux pas vous demander ce que vous allez
faire. On ne sait même pas encore ce que le comité va produire comme rapport,
mais est-ce que vous êtes d'avis qu'il faut renforcer, sur la base de ce qu'on
a vécu depuis quatre ans… qu'il faut la revoir, renforcer, diminuer, je ne sais
pas, mais il faut revoir cette loi-là?
M. Roberge : Bien,
d'abord, merci de l'éclairage sur la question des débats puis le travail des
journalistes, là. On sait que notre collègue de Saint-Jean est un journaliste
chevronné qui connaît très, très bien le monde des médias.
Sur la question de la laïcité, bien,
d'abord, on va clarifier une chose. La laïcité, ça fait partie, maintenant, de
l'identité québécoise, très, très, très peu de gens voudraient qu'on revienne
sur ça, à part les candidats en tête à la course à la chefferie du Parti
libéral du Québec. Ça, ça leur appartient. D'ailleurs, il y a quelque chose de
particulier, parce que les trois probables chefs du Parti libéral du Québec ont
dit qu'ils voulaient reculer sur la Loi sur la laïcité, puis, hier, il y a eu
une motion, puis le parti… le caucus du Parti libéral, lui, il dit : Non,
non, il faut protéger la laïcité, il ne faut pas s'attaquer à la laïcité. Nous,
on pense qu'il faut le défendre.
Le Président (M. Bachand) :
En terminant.
M. Roberge : On a adopté
une loi, d'ailleurs, pour renouveler et reconduire la clause de souveraineté
parlementaire, que certains appellent la clause dérogatoire, mais je <pense
qu'on…
M. Roberge :
...dérogatoire,
mais je >pense qu'on est mieux de l'appeler la clause de souveraineté
parlementaire. Là, on a des avancées. Malheureusement, ce qu'il s'est passé...
Pardon?
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Roberge : On n'a plus
le temps?
Le Président (M.
Bachand) :Non. On se dit : À la
prochaine.
Donc, le temps alloué à l'étude du volet
Institutions démocratiques des crédits budgétaires du portefeuille Conseil
exécutif étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à leur mise aux
voix.
Adoption des crédits
Est-ce que le programme 5, intitulé
Institutions démocratiques et Accès à l'information, est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Adopté sur division.
Des voix : …
Adoption de l'ensemble des crédits
Le Président (M. Bachand) :
S'il vous plaît, juste... Finalement, l'ensemble des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier 2025‑2026 est-il
adopté?
Des voix : …
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. En terminant, je dépose
les réponses aux demandes… Adopté sur division.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 13 heures)