(Onze
heures vingt-six minutes)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! Bonjour, tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission des institutions ouverte.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Lutte à l'homophobie et à la
transphobie des crédits budgétaires du
portefeuille Relations internationales et de la Francophonie pour l'exercice
financier 2025‑2026.
Originalement, on avait une enveloppe d'une heure, qu'on a dû réajuster, alors,
parce que la commission a une autre séance par après.
Donc, avant de
débuter, M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, M. le Président.
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides) est remplacée par Mme Guillemette
(Roberval) et Mme Schmaltz (Vimont) est remplacée par Mme Picard
(Soulanges).
Lutte contre l'homophobie et la transphobie
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Comme vous savez, nous allons procéder par différents blocs de discussion d'environ 20 minutes, mais qui pourront être
réajustés, incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de
ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué.
Discussion générale
Alors, on débute
maintenant avec la députée de Westmount—Saint-Louis pour une période de
18 minutes.
Mme
Maccarone : Merci, M. le Président. Bonjour, Mme la ministre.
Le
Président (M. Bachand) : 14 min 35 s.
Mme
Maccarone : C'est parfait.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Mme
Maccarone : Merci beaucoup. «L'homosexualité chez les gars, c'est de
la cochonnerie, ça ne devrait pas exister. Ils méritent tous une claque dans la
gueule et un coup de poing dans les côtes, qu'ils meurent tous. Je trouve que
les personnes homosexuelles et bisexuelles ne sont pas normales. Je les trouve
même dégueulasses. Je ne supporte pas de les voir. Je les déteste. Je les
considère un peu comme des animaux.»
Que répondez-vous à
ces propos, Mme la ministre?
Mme Biron : Oui,
bonjour. D'abord, permettez-moi de vous dire que je suis contente qu'on puisse
s'asseoir ensemble pour discuter de la lutte à la transphobie et l'homophobie.
Je voudrais saluer, d'abord, la députée de Westmount—Saint-Louis, bien sûr, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, mais aussi mes collègues qui sont ici pour m'appuyer...
Mme
Maccarone : M. le Président, je n'ai tellement pas de temps.
Mme Biron : ...les
députés de Soulanges, de Vanier-Les Rivières et de Charlevoix...
Le
Président (M. Bachand) : On a ajusté le
temps parce qu'on a commencé tard. Alors donc, si on peut juste aller
directement au but, s'il vous plaît.
Mme Biron : Bon,
mais, quand même, il y a un travail important qui est fait pour les crédits,
puis je pense que ça vaut quand même la peine de saluer les gens du bureau de
la transphobie et de la lutte à l'homophobie.
Le
Président (M. Bachand) : Oui, parfait.
Mme Biron :
Je comprends que la députée est impatiente de m'entendre sur la montée du
discours haineux, et je pense que c'est sérieux, et honnêtement je pense que
nous devrions travailler davantage ensemble pour contrer cette situation-là. La
semaine dernière, mon collègue...
Mme
Maccarone : Mme la ministre...
Le
Président (M. Bachand) : Parce qu'on...
aussi, hein?
Mme
Maccarone : Oui, je comprends.
Le
Président (M. Bachand) : Alors donc, Mme la ministre avait
encore du temps, mais je vous laisse la parole, Mme la députée.
Mme
Maccarone : Elle a utilisé son temps pour remercier tout le monde. Mme
la ministre, depuis que vous êtes responsable du bureau de lutte, on voit un
déclin important en termes de la tolérance de nos jeunes, avec nos jeunes au
sein du réseau secondaire. On a vu le rapport de GRIS qui a été effectué
dernièrement. On a même vu juste la semaine dernière, dans La Presse,
«gai» est redevenu une insulte.
Ça fait que moi, je
souhaite savoir... Je comprends qu'on a un plan de lutte, etc., mais que
faites-vous exactement, vous, vous-même, pour lutter contre l'homophobie et la
transphobie?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme Biron : Nous
avons investi, depuis que nous sommes au pouvoir, des sommes très importantes
pour le bureau de lutte contre la transphobie et l'homophobie. C'est très
sérieux, ce qui se passe depuis quelques années, et nous avons un plan de lutte qui a été annoncé l'année dernière, où nous
avons investi des sommes majeures, 24 millions de dollars.
Nous avons pérennisé le bureau de lutte contre la transphobie et l'homophobie,
qui est maintenant installé au sein du Secrétariat de la condition féminine, ce
qui permet à ce bureau, qui est maintenant pérein... Il n'était pas pérein dans le temps que les libéraux étaient au
pouvoir. Ça permet de profiter de cette expertise et aussi des ressources.
De
ce plan de lutte, nous avons investi 11 millions de dollars que nous
remettons dans les poches des différents organismes communautaires sur
le terrain parce que nous croyons que l'expertise, elle est là. Elle est sur le
terrain, et moi, personnellement, et mon équipe, on s'assure d'être constamment
en contact avec l'ensemble de la communauté, et
des gens, et des organismes de la communauté LGBTQ pour être au fin parfum de
ce qui se passe au jour le jour, mais je suis consciente qu'il y a une
montée du discours haineux.
• (11 h 30) •
Mme Maccarone :
Mais vous, comme alliée, combien
de rencontres avez-vous eues? Parce que nous, on a fait la demande dans
nos crédits. Combien de rencontres avez-vous eues avec les membres de la
communauté?
Mme Biron : J'en
ai régulièrement. Écoutez, je n'ai pas fait la recension de mon agenda, mais
j'en ai régulièrement puis je peux vous dire
que mes équipes sont régulièrement... J'ai un attaché politique qui s'occupe
essentiellement de condition féminine et de la communauté LGBTQ, et je
m'assure que mes relations sont régulières, et que je sais ce qui se passe.
Mme Maccarone :
Sauf que la réponse dans les
crédits, c'est que ce n'est pas une question pertinente. Bien, si nous
sommes vraiment des alliés, si nous devons vraiment travailler... C'est bientôt
le 17 mai. Vous dites que vous êtes une alliée, mais moi, je souhaite
savoir, vous, au quotidien, qu'est-ce que vous faites.
Mme Biron : Bien,
je vous réponds. Je comprends mal votre...
Mme Maccarone :
Bien, ici, on dit qu'il y a... ce
n'est pas pertinent de nous dire qui vous rencontrez. Je comprends que
vous dites que vous faites des rencontres, mais on n'a rien eu dans nos cahiers
de crédits.
Mme Biron : Bien,
ce n'est pas moi qui remplis les cahiers de crédits, mais moi, je vous réponds.
Moi, je peux vous dire une chose, ça me préoccupe beaucoup. Je vous réponds,
moi, par rapport à ce que je sais, et, je veux dire, je suis assez préoccupée par cette montée-là que j'ai...
D'ailleurs, dans le plan de lutte, une des actions du plan de lutte,
c'est de mettre sur pied un groupe de travail sur les violences et les discours
homophobes et transphobes, et nous l'avons fait. Nous avons mis ce comité en
place qui regroupe les ministères impliqués, parce que vous savez que le bureau
de lutte et de... contre la transphobie et l'homophobie doit travailler avec
l'ensemble du gouvernement, c'est-à-dire avec le ministère de l'Éducation, le
ministère de la Santé...
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme
Maccarone : Oui. Vous dites que ce n'est pas vous qui remplis les
cahiers, mais vous êtes quand même imputable. C'est vous la personne
responsable du bureau de lutte. Alors, je me demande comment ça se fait qu'on n'a pas des cahiers qui sont complets. Je
souhaite savoir aussi combien de plaintes avez-vous eues en ce qui concerne
les discours haineux ou les attaques contre les membres de la
communauté 2SLGBTQIA+?
Mme Biron : Pour le cahier, ce que je comprends, c'est que ça
relève... Il y a des règles au niveau du leader, et je pense qu'on les a
respectées, mais moi, je suis pleinement disposée à répondre à l'ensemble de
vos questions puis, je peux vous dire une chose, je suis préoccupée par ce qui
se passe.
Mme
Maccarone : Bien, je vous ai posé une question.
Mme Biron : Est-ce
que vous pourriez la répéter, s'il vous plaît?
Mme Maccarone :
Oui. Combien de plaintes
avez-vous recensées en ce qui concerne les discours haineux puis les
attaques contre la communauté 2SLGBTQIA+?
Mme Biron : Des
plaintes à qui?
Mme Maccarone :
Des plaintes en ce qui concerne
les attaques envers les membres de la communauté. Vous, vous êtes quand
même responsable du bureau de lutte.
Mme Biron : Mais
des plaintes qui sont référées à qui?
Mme Maccarone : À vous, au bureau de
lutte ou les plaintes en général. Vous êtes la ministre de la Condition
féminine. Vous êtes responsable du secrétariat qui est responsable du bureau de
lutte. Alors, je me demande le nombre de plaintes déposées en ce qui concerne
la discrimination, les crimes haineux, le discours haineux contre les membres
de la communauté.
Mme Biron : Je
n'ai pas reçu de plainte. En fait, moi, mon rôle, c'est de travailler avec les
organisations et les gens de la communauté LGBTQ, mais je n'ai pas de bureau de
plaintes et, si j'avais des plaintes, honnêtement, j'y verrais.
Mme
Maccarone : La réponse que nous avons eue dans les cahiers de crédits...
que vous ne disposez pas de cette information parce que ça relève des
différents ministères et organismes.
Alors,
deuxième question que j'aurais, c'est... Votre rôle, c'est de la coordination,
de travailler avec eux. Est-ce que vous avez repéré cette information pour
coordonner, pour avoir un meilleur portrait de qu'est-ce qui se passe dans
notre société?
Mme
Biron : Mon rôle, il est
transversal. Nous, on est... on a le bureau de lutte contre la transphobie et
l'homophobie. Moi, je m'assure que les projets avancent et que les
différentes actions que nous avons mises en place dans la stratégie, dans le
plan de lutte, soient... avancent. Je travaille avec les différents ministères,
et, quand il y a des enjeux qui sont portés à ma connaissance, c'est bien
évident que j'en discute avec mes partenaires, soit au Conseil des ministres ou
avec les différents ministères, mais nous travaillons avec l'ensemble du
gouvernement, et c'est la même chose en ce qui a trait à la Condition féminine.
Mme
Maccarone : Alors, c'est quoi, les enjeux qui ont été rapportés par
vos collègues?
Mme Biron : Bien,
on travaille sur différents dossiers. On travaille notamment sur la question du
discours haineux, c'est-à-dire qu'on a mis
en place un comité qui regroupe les différents ministères, on a Éducation,
Santé, Sécurité publique. On a
également, bon, l'Éducation, l'Enseignement supérieur, les différents membres
de la société civile, comme les
policiers. Puis, je veux dire, au premier chef, les policiers, c'est assez
important, parce qu'autant en Condition
féminine que dans la question de transphobie, homophobie, on a besoin de
leur concours et de leur aide. Et il y a différentes organisations de la
société civile également qui représentent les groupes de la communauté, comme
le GRIS-Montréal, la Chaire de recherche sur la diversité sexuelle. L'idée,
c'est de mettre tout le monde ensemble, toute l'expertise ensemble, pour être
capable de faire avancer un dossier qui est excessivement sensible.
Mme
Maccarone : ...je comprends, mais ce n'était pas ça, la question. Moi,
je voulais savoir qu'est-ce que vous avez
entendu de vos collègues, vos homologues. Là, vous dites que oui, vous avez eu
des rencontres, ça fait que, moi, je
souhaite savoir : Est-ce que vous pouvez déposer les procès-verbaux et les
recommandations des comités dont vous dites que vous faites partie?
Mme Biron : Bien, le comité est en fonction, je peux... on
peut peut-être vérifier pour voir où ça en est, mais on est actuellement en action puis on a mis... On a
aussi demandé, là, à la chaire UNESCO de procéder à un projet de recherche
sur la radicalisation et l'extrémisme violent, et c'est l'Université de
Sherbrooke qui procède à cette recherche.
Mme Maccarone :
Oui, mais là je parle de les
rencontres que vous avez eues avec les comités interministériels. Je ne parle
pas de la recherche de Sherbrooke. Moi, je souhaite savoir si vous allez
déposer... vous dites que vous ne savez pas. Je souhaite savoir que... vous commettre de nous partager ces
informations par mesure de transparence pour bien comprendre qu'est-ce
qui se passe.
Mme Biron : Mme la députée, mon agenda, il est public, puis
c'est assez clair, vous allez voir que je rencontre régulièrement...
Mme Maccarone : J'ai demandé le
rapport, des documents du rapport...
Mme
Biron : ...non seulement je rencontre les groupes des communautés
LGBTQ au Québec puis que je m'assure... puis
je fais des suivis réguliers, en plus, je les rencontre dans différents
événements publics. Mais plus que ça,
je... avec mon chapeau de ministre des Relations internationales, j'essaie de
faire le pont aussi, d'échanger des trucs avec les différents...
Mme Maccarone :
Oui, puis ça, c'est parfait, mais moi, je vous ai demandé pour les
procès-verbaux puis les recommandations du comité.
Mme Biron : Bien, écoutez, je peux voir avec mes... Bien,
écoutez, il y a certainement des comptes rendus, là. J'ai des attachés
qui suivent ces rencontres-là et qui font tous les suivis.
Mme
Maccarone : Sauf que moi, j'ai besoin d'un oui ou non.
Mme Biron : Bien,
écoutez, laissez les gens travailler. Vous avez accès à mon agenda, vous pouvez
faire recenser exactement le nombre de...
Mme
Maccarone : Ce n'est pas votre agenda qui me préoccupe, Mme la
ministre. Je sais que j'ai demandé, dans les cahiers de crédits aussi... Quand
vous dites que vous faites plusieurs rencontres, on a demandé la liste de rencontres
du comité interministériel pour le bureau de lutte, il y a eu deux, deux
rencontres virtuelles, puis presque en fin de l'année. Ça fait qu'il n'y a eu
rien pour les trois premiers trimestres de l'année, une rencontre virtuelle le 19 septembre, une autre rencontre virtuelle
le 17 octobre. Je voulais savoir c'était quoi, le résultat de ces deux
rencontres virtuelles, pour avoir une idée du... puis s'il y avait des
recommandations.
Mme Biron : Bien,
d'emblée, je vous dirais que vous n'avez pas les bonnes dates. La première...
Mme
Maccarone : C'est vos cahiers de crédits, Mme la ministre, c'est la
question RP-05.
Mme Biron : Je
ne comprends pas, Mme la députée, pourquoi vous vous fâchez. Moi, je pense que...
Mme Maccarone :
Je ne suis pas fâchée.
Mme Biron :
Oui, bien...
Mme
Maccarone : ...me prête des intentions.
Le
Président (M. Bachand) : Gardons ça
responsable et poli, s'il vous plaît.
Mme Biron : Tu sais, c'est un enjeu très sérieux, ce qui se
passe avec la communauté LGBTQ. Moi, je pense qu'on devrait plus travailler ensemble puis voir... s'assurer que les
fonds qu'on a dégagés, qui sont quand même passablement costauds par rapport à ce que vous, vous avez fait...
Regardez 2011, regardez où on en est avec la pérennisation dont...
Mme
Maccarone : Oui, mais, M. le Président, ce n'était aucunement la
question. Elle n'est pas sur le sujet.
Mme Biron :
...qu'on a fait du bureau, il me semble...
Mme Maccarone :
M. le Président, s'il vous plaît, j'ai vraiment peu de temps.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la
députée, s'il vous plaît, oui.
Mme
Maccarone : On a très peu de temps, Mme la ministre, parce que nous
avons commencé en retard. Alors, je souhaite
aussi savoir votre intention en ce qui concerne Interligne. Interligne, je
comprends qu'on a eu quand même un au
secours, puis on leur a sauvé quelque temps, mais là on est de retour. Ce
n'étaient pas des subventions pérennes, là, ils sont en perte de
subvention. Allez-vous aller à leur rendez-vous pour leur aider?
Mme Biron : Est-ce que je peux prendre une petite minute,
juste parce que les dates sont les bonnes, c'est parce que ce n'est pas le même comité. Le comité interministériel
de lutte contre l'homophobie, 2024‑2025, a eu deux rencontres, le 19 septembre 2024 et le 17 octobre.
Et l'autre comité dont je vous parle, qui a été mis sur pied récemment, qui est
le groupe de travail sur les
violences et les discours homophobes et transphobes, a eu deux rencontres, une
en janvier, une deuxième en mars, et il y en aura une troisième en mai.
• (11 h 40) •
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée,
s'il vous plaît.
Mme
Maccarone : Oui, bien, c'est ça, je voulais savoir une réponse
par rapport à Interligne, parce qu'eux ils ont besoin du financement.
Mme Biron : Interligne,
très honnêtement, Mme la députée, vous ne pouvez pas vous plaindre qu'on n'a
pas fait des efforts très importants pour les garder en vie.
Mme
Maccarone : Ce n'était pas ça que j'ai dit. J'ai même dit bravo pour
ce qui a été fait dans le passé. Mais là cet
argent est maintenant écoulé, on recommence les mêmes démarches. Est-ce que
vous, vous allez être là pour leur aider? Parce qu'on sait que c'est la
seule ligne écoute suicide à travers le Canada pour aider les membres de la
communauté LGBT.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme Biron : Permettez-moi
de vous dire que je crois en Interligne. Pascal Vaillancourt fait un travail formidable. Et j'ai toujours pensé, et puis toute
ma stratégie est basée là-dessus, que la meilleure façon d'avancer pour
protéger les droits des communautés LGBTQ, c'est par eux-mêmes. Et c'est dans
cette idée-là, dans cette stratégie-là que
nous avons mis la majeure partie de notre argent de la stratégie dans les
communautés. Pour revenir à Interligne...
Mme
Maccarone : Alors, ça, c'est un oui ou un non?
Mme Biron : C'est
un... Écoutez, c'est... pour moi, je vais la faire, la bataille.
Mme
Maccarone : Alors, vous prenez un engagement.
Mme Biron : Je vais la faire, la bataille, et le financement
est en cours. Et je vais faire cette bataille-là parce que je suis
d'accord avec vous...
Mme
Maccarone : C'est parfait. Merci.
Mme Biron : ...que
c'est un service qui est extraordinaire pour la communauté et que c'est de la
meilleure façon de...
Le Président (M. Bachand) : Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, pour 9 min 45 s, s'il vous plaît.
Mme Massé : Pour... excusez-moi, monsieur,
9 min 45 s? Mme la ministre, je vais droit au but. Vous avez un
triple mandat. On vient d'assister, dans les derniers mois, à des prises de
position du président des États-Unis, qui met en danger la vie de nos gens. Combien d'interventions publiques vous avez
faites pour soutenir les gens de nos communautés face à ce président qui
nous détruit, comme humains?
Mme Biron : Je
peux... C'est une question très pertinente puis... et c'est vrai que j'ai un
travail à faire pour protéger nos entreprises comme ministre des Relations
internationales et que, la géopolitique, elle est inquiétante. C'est vrai que la montée du discours haineux qui
vient des États-Unis me préoccupe particulièrement, mais dans le monde
aussi, parce qu'on voit une montée de la droite puis une montée de
l'intolérance, et ça, ça me vexe, ça me choque.
Et
je prends une attention très particulière et spéciale quand je vais à
l'étranger en mission pour rencontrer les différents groupes de la
communauté ainsi que des groupes de femmes. Puis je l'insère dans un agenda
passablement chargé et j'écoute qu'est-ce qu'on dit, et j'échange des trucs, et
je pense que c'est une bonne pratique que de le faire de cette façon-là. Et je
le fais autant aux États-Unis, qu'en Europe, qu'en Amérique latine.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée,
s'il vous plaît.
Mme Massé : J'ai
scruté l'ensemble de vos communications, presse, au niveau de communiqués de
presse, tweets, etc., aucune communication n'a été faite en soutien aux gens de
nos communautés, aucune, ou je ne l'ai pas vue,
et, si je ne l'ai pas vue, déposez-la, ça va me faire plaisir, parce
qu'actuellement on a besoin d'entendre notre ministre responsable de la
Lutte à l'homophobie et à la transphobie... de dénoncer les violations qui sont
faites notamment par notre voisin du Sud. Je sais que ça vous met dans une
mauvaise position, mais là je vous parle de nos communautés. Est-ce que ça m'a
échappé, à quelque part, une communication publique en soutien aux gens de nos
communautés?
Mme Biron : Je
ne me gênerai jamais pour dire que je supporte les communautés LGBTQ.
Une voix :
...
Mme
Massé : Oui, voilà, merci. O.K. Je
veux ton cellulaire. Oui, j'entends, j'entends, mais le problème, c'est que je
ne le vois pas. Et depuis le mois de janvier, alors que M. Trump a effacé
les gens trans, les gens non binaires, alors qu'ici, au Québec, on les
reconnaît, je ne vous ai pas entendue, ou, si je l'ai manqué, je le prends, là,
mais on a besoin de vous entendre. Ça fait que...
Mme Biron : Je peux vous dire...
Bien, d'abord, je le note, puis je le considère sérieusement, mais je peux vous dire que souvent, en mêlée de presse, je me
fais poser beaucoup de questions, notamment sur la nouvelle administration
aux États-Unis, sur les situations dans le monde, mais on
pose rarement des questions sur cet enjeu-là. Et peut-être que je devrais forcer un peu le discours et
l'inclure quand c'est pertinent, mais je... le Québec est voué, est dédié à une
société inclusive et croit sérieusement aux droits autant de la communauté
LGBTQ que des hommes et des femmes.
Mme Massé : Parfait. Alors, je m'attends à un tweet dans les
prochaines heures puisque, il n'y a pas plus tard que deux jours, encore
aux États-Unis, on vient d'effacer les droits des personnes trans qui sont dans
l'armée. Vous connaissez mon aversion pour l'armée.
Mme Biron : Il
faut faire attention, quand même, de ne pas mettre tout le monde, tous les Américains
dans le même bateau.
Mme Massé : Ah!
j'en suis, mais moi, je dénonce un État...
Mme Biron : Parce
que je peux vous dire que quand je vais sur...
Mme Massé : ...un État qui efface l'identité légale de
personnes. C'est grave, là, c'est très grave. Mais, écoutez...
Mme Biron : Mais
on peut faire un parallèle avec l'avortement aussi, vous savez.
Mme Massé : On
pourrait.
Mme Biron : Bien,
tu sais, je veux dire...
Mme Massé : On
pourrait. Je veux vous entendre là-dessus aussi.
Mme Biron : ...je
ne me fais pas poser la question souvent, mais je suis...
Mme Massé : Mais,
écoutez...
Le
Président (M. Bachand) : Je vous
demanderais une personne à la fois parce que, comme je disais hier, la
nouvelle, c'est qu'on ne vous entend pas. Alors, Mme la députée, s'il vous
plaît.
Mme Massé : Merci, M. le Président. Vous avez raison. Bien,
alors, je compte sur vous pour vous entendre sur vos réseaux sociaux,
sur les questions LGBTQ et la défense de nos droits.
Je veux maintenant
vous parler des personnes non binaires et je veux vous en parler parce que j'ai
entendu votre collègue de l'Éducation qui
veut envoyer une directive claire ou qui vient de l'envoyer à l'ensemble des enseignants,
élèves, au Québec en entier, dans laquelle,
à partir de maintenant, on devra utiliser les termes «monsieur» et «madame».
Alors, ma question est simple, c'est :
Comment la ministre responsable de la Lutte à l'homophobie et à la transphobie
va s'assurer que son collègue va inclure aussi les personnes non binaires?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme Biron : Bien,
écoutez, moi, ce que j'ai entendu de la directive du ministre de l'Éducation,
c'était sur le vouvoiement. Alors, écoutez,
je pense que les règles de politesse et cette distance-là est appropriée. Je
pense que ce qui est important, c'est... puis il y a des gens qui ont
critiqué cette règle sur le vouvoiement, puis ce qu'a dit le ministre, je ne veux pas parler pour lui, c'est qu'il faut
utiliser le gros bon sens, je pense, là-dessus. Puis je pense que les services
scolaires sont équipés pour faire ce travail-là. Puis je pense que la question
serait plus appropriée aux crédits en Éducation, par exemple.
Mme Massé : Oui.
Non, je n'en suis pas là, le vouvoiement, ça ne m'intéresse pas. Moi, ce qui
m'intéresse, c'est qu'il a dit que désormais les élèves devront appeler leur
enseignant, enseignante, monsieur, madame. Je n'ai rien entendu sur
l'identification des personnes non binaires, et vous savez comme moi que c'est
un des éléments qui a donné naissance au comité des sages.
Alors, ma question à
vous, c'est : Comment vous allez vous assurer que... parce que c'est ça,
votre job, que votre ministre responsable de l'Éducation n'oublie pas que dans
les lois, au Québec, il y a des personnes non binaires et que, donc, on aura l'obligation de ne pas juste appeler monsieur,
madame, si la personne concernée est non-binaire, qu'il va falloir trouver un
autre... tu sais. Alors, moi, je vous demande juste comment vous allez faire
pour vous assurer que votre collègue n'oublie pas qu'on a une loi qui
reconnaît les personnes non binaires au Québec.
Mme Biron : Je
vais commencer par prendre connaissance de cette directive-là puis je pense que
c'est un... c'est quand même des cas isolés, là. Il n'y en a quand même pas des
tonnes. Je pense que ce qui est important, là, c'est qu'on agisse, justement,
équitablement puis que les choses se fassent dans... je pense que le gros bon
sens est important, là.
Mme Massé : J'en
suis. J'en suis, mais ça a foutu le feu aux poudres. Mx Martine,
souvenez-vous, elle portait votre
prénom, cette personne, ça a foutu le feu aux poudres à un tel point que votre
gouvernement a trouvé important de mettre sur pied un comité des sages.
Mme Biron : Oui,
bien, ce n'est pas seulement sur ça, mais Mx Martine, je m'en souviens
parce que... puis j'y vais de mémoire, puis c'est une grande question de gros
bon sens, et c'est un bon exemple, ça. On n'a pas besoin de faire des mesures
de mur-à-mur constamment...
Mme Massé : Dites-le
à votre collègue.
Mme Biron : ...idéalement,
mais je pense que le comité des sages est là pour répondre à des questions
auxquelles on a de la difficulté à répondre puis pour éviter, justement, toutes
sortes d'effets pervers à des décisions qui ne conviendraient pas au bon
moment.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la
députée.
• (11 h 50) •
Mme Massé :
C'est parfait, on va en parler, du comité des sages. Je réitère seulement, et
vous l'avez dit, les meilleures personnes pour protéger les droits LGBT, vous
l'avez dit pour Interligne, c'est les personnes elles-mêmes. Alors, il y a des personnes non binaires
présentement, en enseignement ou dans les classes, qui craignent qu'avec la
grande sortie du ministre de l'Éducation, ils se retrouvent non reconnus.
Alors, moi, je m'attends juste que ma ministre en prenne soin.
Écoutez, il nous
reste à peine une minute. Je vais aborder la question du comité des sages. On
le sait, dans le plan d'action, que le
bureau de lutte avait une responsabilité d'être en lien avec le comité des
sages, puisqu'il n'y avait pas de
personne concernée sur le comité, au moins en lien pour les accompagner. Aux
crédits, à la question que j'ai posée, on
m'a dit qu'il n'y a eu aucune rencontre entre le bureau de lutte et le comité
des sages, RP-10, deuxième opposition. Bien là, je veux avoir des
explications là-dessus, puis il vous reste à peu près 40 secondes.
Mme Biron : Je vais me dépêcher parce que je veux répondre,
mais je pense que ce n'est pas le bureau de lutte qui devait être
vraiment en lien avec le comité des sages, mais bien le conseil LGBTQ. Et on a
fait cette bataille-là pour s'assurer qu'il
y ait ce groupe-conseil au sein du comité des sages, et ils ont joué leur rôle
jusqu'à la dernière minute, et ils sont assez satisfaits des
consultations qu'ils ont eues.
Mme Massé : ...mais
c'est parce que c'est écrit dans votre plan. C'est écrit dans votre plan que
«le bureau de lutte suivra ces travaux dans le cadre des responsabilités, plus
particulièrement dans le développement des activités gouvernementales liées au
sujet». Puis moi, j'étais surprise de voir qu'il n'y avait pas eu de rencontre,
si ça faisait partie de leurs responsabilités.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
M. le député de Jean-Talon, pour 3 min 10 s, s'il vous plaît.
M. Paradis : Merci.
En fait, je voudrais poursuivre dans la même veine que ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
parce que j'ai trouvé ça étonnant aussi de lire qu'il n'y avait eu aucune
rencontre entre le Bureau de lutte contre
l'homophobie et la transphobie et le comité des sages, alors que tous les
représentants et représentantes de la communauté et de la diversité
disent : Jamais pour nous sans nous. Alors, j'aimerais que vous continuiez
la réponse là-dessus.
Puis
là vous avez parlé des organisations de la société civile. J'ai été tout aussi
étonné de lire, à la page RP-20 des cahiers de l'opposition officielle, que lorsqu'on demande de nous
fournir la liste des rencontres que vous avez eues avec les organisations de la
société civile, la réponse, ce soit : Cette question ne semble pas
pertinente à l'exercice d'étude des crédits, alors que l'idée, c'est de
savoir à quel point vous êtes connectée avec les préoccupations de la base.
Mme Biron : Bon, pour les cahiers, là, c'est les règles du
leader, puis j'envoie la balle dans ce camp-là, là, puis je vais poser
des questions.
Pour ce qui est de la
rencontre avec le bureau de lutte contre la transphobie puis l'homophobie, il y
a eu des échanges administratifs, puis c'est bien correct que ce soit simplement
des échanges administratifs, parce que le comité
de sages est sous l'égide du ministère de la Famille. Et ça, je pense que c'est
une bonne chose, parce que ça nous a permis de continuer à travailler
sans avoir un bras... un pied dans le comité de sages puis l'autre pied dans
des enjeux beaucoup plus graves, qui sont la
montée du discours haineux. Et je pense que ça nous a donné une liberté de
parole puis les coudées pas mal plus franches pour fonctionner.
Maintenant,
le comité de sages a ses raisons importantes, et on attend le rapport
incessamment. Et j'espère qu'on sera capable de répondre, en tout cas, à
certaines de nos questions, pour être capables collectivement, tous les partis
ensemble à l'Assemblée nationale, de prendre des décisions qui sont adaptées et
nécessaires.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député,
s'il vous plaît.
M. Paradis : ...Mme
la ministre, que, quand il s'agit de vos cahiers de crédits, vous avez une
responsabilité. Et ici, ce que ça indique, c'est que la façon dont ont été
transmises au comité des sages les préoccupations des gens de la communauté, ça
ne nous donne pas des réponses qui sont très satisfaisantes.
Maintenant, j'aimerais
vous amener sur un autre sujet. Je veux reconnaître, d'abord, que vous avez
financé une étude importante de GRIS sur la montée, en fait, du sentiment de
malaise face à l'homosexualité et à la diversité dans nos écoles. Bravo! Mais
ce rapport-là est très, très, très préoccupant parce qu'il démontre que
maintenant, 40 % des jeunes dans nos écoles expriment un malaise, alors
qu'avant c'était 25 %. Quel suivi donnez-vous à ce rapport très important
et très préoccupant de GRIS?
Le Président (M.
Bachand) : Très rapidement, Mme la ministre, il reste
35 secondes.
Mme Biron : Oui, on l'a... je
l'avais tantôt puis je ne l'ai plus.
M. Paradis : ...devriez avoir ça
proche, là, à portée de main.
Mme Biron : Non, bien, c'est parce
que je voulais...
Une voix : C'est de ma faute. C'est
de ma faute, je l'ai mis de côté.
Mme Biron : ...il est proche, il est
souligné aussi, surligné, c'est comme... c'est important, ce qui se passe,
honnêtement, là.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
Mme Biron : Bon, on a mis en place
puis... dans le plan d'action, action 9, on a mis en place un groupe de
travail qui touche tout le monde, parce qu'on est transversal, qui touche la
question des violences et des discours homophobes et transphobes.
Le Président (M.
Bachand) : ...
Mme Biron : Bien, en tout cas, c'est
parce que c'est important, là.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
pour 14 min 8 s, s'il vous plaît. Mme la députée, s'il vous
plaît.
Mme Maccarone : Merci. Le comité de
sages, moi, j'ai... ils m'ont auditionnée. Vous, est-ce que vous avez passé du
temps avec le comité de sages en audition?
Mme Biron : Non. Ce n'est pas mon
rôle de passer du temps avec le comité de sages. Le comité de sages a un mandat de faire une recension, et de comparer
les différentes pratiques, et de nous informer sur ce qui se fait... à faire
et répondre à des questions qu'on a beaucoup de difficulté à répondre, nous,
collectivement.
Mme Maccarone : Oui. Oui, sauf que,
Mme la ministre, je ne comprends pas votre réponse que ce n'est pas votre rôle. Vous êtes quand même la personne
responsable du bureau de lutte, alors qu'ils ont passé toute l'information
politique en entrevue, tout le monde a passé
du temps en entrevue pour avoir une décision ou un rapport étoffé dont tout
le monde est en attente, parce que c'est
maintenant l'hiver 2025. Je trouve particulier que vous, vous trouvez que
ce n'est pas votre rôle.
Mme Biron : Moi, je pense que ce qui
est important, là, c'est que le comité de sages ait des informations qui
viennent de la communauté. Et moi, ce que je voulais plus que tout, c'est que
la communauté LGBTQ alimente et informe le
comité de sages, et ça, ça a été fait. C'est le conseil LGBTQ qui a agi à titre
de groupe-conseil auprès du comité de
sages. Et je sais, parce que je rencontre régulièrement les acteurs de la
communauté, et je sais que le conseil LGBTQ a joué son rôle.
Mme
Maccarone : Bien, moi, je ne parle pas d'eux. Je comprends,
mais je ne parle vraiment pas d'eux. Ils ont passé beaucoup de gens. Ce n'est
pas uniquement les membres de la communauté qui ont passé en entrevue, c'est
des alliés, c'est des organismes, c'est des gens, des organismes communautaires
qui ne sont pas nécessairement liés.
Alors, je répète encore une fois, pour moi, ça
aurait été pertinent que la personne qui n'a pas la responsabilité de le
comité, parce qu'on a cédé cette responsabilité au ministère de la Famille...
au moins un rôle à jouer pour défendre les
droits. C'est ça, le bureau de lutte. Le bureau de lutte est là pour défendre
les droits de la communauté, puis, comme on a entendu avec ma collègue,
on entend très peu du bureau de lutte. Alors, encore pire que la personne responsable n'a même pas passé du temps avec le
comité pour partager une opinion du bureau de lutte pour dire : Bien, voici
ce que nous, nous pensons. Parce que moi, j'ai l'impression que le comité de
sages est en train de remplacer le bureau de lutte.
Puis l'autre chose que je dirais, c'est que le
comité de sages, selon moi, je ne sais pas si vous êtes en accord, donne la permission à la population d'agir avec un
discours haineux. Ça donne la permission à la population d'agir mal
parce que le gouvernement est en train de dire : Woup! Regarde, on va
prendre un pas de recul, malgré qu'on avait déjà beaucoup de documentation, on avait déjà
augmenté notre tolérance, on était déjà là, mais nous, là, on va prendre
un recul. Bien, ça, ça contribue au discours
que nous avons dans nos écoles, ça contribue à l'intolérance dans la
population. Vous n'êtes pas d'accord?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
Mme Biron : Non, je ne suis pas
d'accord avec vous, Mme la députée. Je pense que c'est important de garder une distance saine entre le comité de lutte
et l'action que nous devons faire sur le terrain. J'ai entièrement confiance
au ministère de la Famille qui mène ce
dossier-là. Et moi, j'estime que ça nous a permis, nous, au bureau de lutte
contre la transphobie et l'homophobie, de pouvoir continuer notre
action.
Il s'est passé des choses sur le terrain au jour
le jour, et ça aurait été un peu compliqué, et on m'aurait reproché de mêler
les genres avec le comité de sages, si j'avais eu ce dossier-là, et on m'aurait
même reproché de m'ingérer. Alors, on l'a
placé dans un espace distinct, sous l'égide du ministère de la Famille, avec ma
collègue qui est extrêmement crédible. Et le comité de lutte... le
comité de sages a pour mandat de dresser un portrait pour répondre à des questions précises dont nous n'avons pas
nécessairement les réponses. On veut voir les différentes pratiques, notamment
sur les trans dans le sport, qu'est-ce qu'on fait dans les prisons, qu'est-ce
qu'on...
Mme Maccarone : Je comprends ce qui
a été écrit, comme c'est quoi, le mandat du comité. Moi, mon point, c'est que l'instauration de ce comité donne une
mauvaise impression à notre société de comment nous gérons les affaires LGBT trans ici, à l'Assemblée nationale. C'est ça,
les gens nous suivent, ils nous regardent, puis qu'est-ce qu'on fait.
J'ai débuté en vous demandant c'était quoi,
votre opinion en ce qui concerne les discours haineux que nous entendons de nos adolescents dans nos écoles.
C'est un rapport qui a été produit par GRIS, puis je vois, quand je regarde
encore dans les cahiers, combien d'argent on a donné au GRIS pour sensibiliser
la population, surtout nos jeunes, c'est
uniquement 15 000 $. Je trouve ça affreux qu'on ne leur donne pas
plus d'argent étant donné qu'on fait face à une grande intolérance. J'ai parlé
d'Interligne, Interligne que, nous savons tous, ont besoin d'environ
300 000 $. Vous savez que,
quand on regarde les cahiers de crédits de la Famille pour dire combien
d'argent a été dépensé juste dernièrement pour le comité de sages, c'est 300 000 $, en plus qu'il y
avait 45 000 $ qui était utilisé pour... je ne sais pas,
fonctionnement du comité, M. le
Président. Bien bizarre, ça, c'était de l'argent qui aurait pu aller au JAG,
qui avait des demandes qui ont été refusées par le bureau de lutte.
Alors, comment expliquez-vous cette utilisation
de fonds publics qui ne vont pas à la bonne place?
• (12 heures) •
Mme
Biron : D'abord, je vais commencer par Interligne, là.
Interligne, c'est quand même 930 000 $ sur trois ans. On est rendu à l'année 2. Alors, la troisième
année est complétée, il y a un nouveau gouvernement, et le financement pour la
suite est en cours.
Pour ce qui est du comité de sages, je suis un
peu étonnée de votre position parce que, d'abord, il y a un début, il
y a un milieu puis il y a une fin à
ce comité de sages là. Puis qu'on veuille s'informer, qu'on veuille s'éduquer,
qu'on veuille collectivement mieux comprendre les enjeux que vivent notamment
les communautés trans, qui sont quand même... qui représentent moins de
0,5 % de notre société, je pense que c'est sain qu'on soit capable d'avoir
un portrait. Parce qu'il y a des enjeux qui arrivent au jour le jour, qui
offusquent la population, mais les gens qui sont en dysphorie de genre vivent
des drames terribles et vivent des souffrances importantes. Et je pense que
c'est important qu'on puisse les accompagner et qu'on puisse mieux éduquer
notre population pour être capable de comprendre la douleur de ces enfants-là
et de ces jeunes-là. Et c'est... le comité de sages va nous donner un peu plus
d'informations et d'éducation. Je pense que c'est juste sain qu'on en sache un peu
plus collectivement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée.
Mme Maccarone : C'est malsain de ne
pas avoir aucun membre représenté dans ce comité qui parle des personnes trans,
non binaires. Ça, c'est malsain. J'entends ce que vous dites. Ne soyez pas
étonnée de mon sentiment envers le comité de sages. Je comprends ce que vous
dites. Je vous ai entendue en ce qui concerne leur mandat, mais je réitère
qu'on n'avait pas besoin de ce comité. C'est de l'argent que nos organismes
communautaires auraient dû avoir. Il y avait un grand besoin. C'est des gens
qui reçoivent des salaires qui sont beaucoup plus élevés que des gens qui
travaillent au quotidien, sept jours sur sept, des fois 24 heures en ligne
pour aider des personnes qui sont dans une grande détresse. Alors, ne soyez pas
étonnée, je trouve inutile ce comité. C'est un gaspillage de fonds publics. Je
suis désolée, mais voilà, c'est mon opinion.
Puis, Mme la ministre, je continue. Je comprends
qu'on parle des initiatives, on parle de comité de sages, on parle de l'argent
qui est quand même donné, mais avez-vous mesuré l'impact de ces initiatives?
Parce que, comme j'ai mentionné au début, on voit une dégénération du sentiment
sur le terrain, on voit une grande intolérance qui est quand même à la hausse.
Alors, avez-vous des indicateurs de performance pour dire que les initiatives
du bureau fonctionnent?
Mme Biron : Bien, c'est important
que l'on travaille tous ensemble pour une meilleure éducation, et je pense que
ça commence à la base. Et je pense que le portrait que va nous dresser le
Comité de sages va nous donner pas mal d'indications. L'étude que nous avons
financée pour le GRIS-Montréal, nous avons mis 375 000 $ par le...
via le ministère de la Santé, nous alimente. Nous prenons acte de ces études-là
et nous travaillons avec les différents groupes pour
s'assurer que les suivis se fassent. Et, comme je vous ai dit, on a quand même
investi beaucoup d'énergie et on a mis en place un bureau pérein de lutte contre
la transphobie et l'homophobie. Et ça, c'est nouveau, c'est nous autres qui
l'avons fait, ce n'est certainement pas vous qui l'avez fait, à coups de
1 million par année pour le bureau de lutte.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée.
Mme Maccarone : Ça veut dire, il n'y
a pas de réponse pour les indicateurs de performance, alors j'imagine qu'il n'y
en a pas. Pour le marqueur de genre, nous avons posé des questions pour savoir
quels documents ont été produits par le bureau de lutte puis on s'est fait dire
que vous refusez de divulguer ces documents qui sont essentiels en prétexte de
non-pertinence. Comment ça se fait que le bureau de lutte pense que tout ce qui
est en lien avec le marqueur de genre est non pertinent?
Mme Biron : Bien, le marqueur de
genre, il est permis depuis le 8 mai 2024. Alors, je ne sais pas quel type de
documentation que vous souhaitez obtenir, mais, à partir du moment où il
existe...
Mme Maccarone : ...avancement des
travaux, l'intégration toujours avec la RAMQ, avec la SAAQ. Il n'y a quand même
pas une harmonisation toujours à date. Il y a quand même des gens qui sont
toujours confrontés avec des difficultés, surtout quand ils ont des rendez-vous
médicals, malgré qu'il y a peut-être un changement sur une carte. Alors, il y a
quelque chose à changer dans le système médical. Alors, c'était pour ça que
nous avons demandé si on peut avoir une copie des recommandations, mais on se
l'est fait refuser parce qu'on dit que le bureau de lutte trouve que ce n'est
pas pertinent.
Mme
Biron : Bien, en tout cas, le marqueur «X» est sur tous
les actes d'état civil à la suite du jugement Moore. Depuis le 8 mai 2024, le
marqueur «X» est apposé sur le permis de conduire et, depuis le 10 octobre
2024, sur les cartes d'assurance maladie. Alors, dans le cas de
l'avancement des dossiers, disons qu'il a abouti, puis c'est réglé depuis 2024,
le marqueur «X».
Mme Maccarone : Non, ce n'est pas
réglé. Ce n'est toujours pas réglé quand une personne non binaire ou trans a un
rendez-vous médical puis ils sont en clinique. Il y a quand même un système
technologique qui a besoin d'être mis à jour. Alors, c'est pour ça qu'on avait
la question. On souhaitait savoir le rôle du bureau de lutte en ce qui concerne
ceci, mais je comprends que nous pensons que c'est réglé.
J'ai une autre question, Mme la ministre, par
rapport à la lipodystrophie. Je dirais que ma collègue et moi, probablement, on
reçoit les mêmes messages des gens de la communauté qui souffrent du VIH, puis
ça date de longtemps. Ils avaient pris des médicaments puis, malheureusement,
ces médicaments ont défiguré les faces de ces personnes. Ça crée une grande
isolation, la lipodystrophie. Ça fait maintenant cinq ans que ce n'est toujours
pas en place par le ministère de la Santé. Alors, je souhaitais savoir, vous,
votre rôle à l'intérieur de ceci pour militer pour les droits de ces personnes
qui ont besoin d'avoir une championne.
Mme Biron : Bien, je pense que c'est
un dossier qui relève de la santé, mais c'est certain que le bureau de lutte
peut travailler à faire avancer ce dossier-là et à faire les efforts
nécessaires pour travailler à faire...
Mme Maccarone : ...parvenir toutes
les documentations que nous avons reçues. Il y a une question qui a été posée
dans la commission de santé en ce qui concerne l'avancement de ceci, puis on
s'est fait dire que ça dort sur les tablettes à Santé Québec, et c'est des
vraies vies, des vrais gens, qu'il y a un immense impact. Alors, ils ont
vraiment besoin d'avoir quelqu'un qui serait la championne de ceci.
J'ai peut-être le temps pour une dernière
question, Mme la ministre. Ça fait des années depuis que je demande à
l'Assemblée nationale, au protocole, de faire une mise à jour du drapeau que
nous avons le 17 mai ici, à l'Assemblée, parce que c'est l'ancien drapeau de la
fierté, ce n'est pas le drapeau inclusif. Et la réponse que nous recevons, c'est : Le Bureau de lutte contre
l'homophobie et la transphobie informe que leur position concernant l'utilisation
du drapeau arc-en-ciel n'a pas changé, puis que c'est vous qui souhaitez garder
l'ancien drapeau.
Alors, je
souhaitais savoir pourquoi, parce que, si on regarde partout, on est en retard.
Le gouvernement fédéral, eux, utilisent le drapeau inclusif. La SQ
utilise le drapeau inclusif. Le SPVM utilise le drapeau inclusif.
Le Président (M.
Bachand) : Vous savez que ce n'est pas des
tableaux.
Mme
Maccarone : Voilà, mais c'est partout. Sherbrooke, Toronto,
Drummondville, Longueuil, tout le monde utilise le drapeau inclusif.
Alors, je me demandais : Pourquoi cette décision?
Mme
Biron : Bon, ça, c'est un dossier qui relève de
l'Assemblée nationale, les drapeaux. Non, mais c'est vrai... C'est vrai
puis...
Mme
Maccarone : ...le protocole, ils ont mis ça sur votre dos. Ils
ont dit que c'est vous qui a pris la décision. Ils vous ont consultée,
puis vous, vous avez dit : Ce n'est pas nécessaire. Alors, M. le
Président, ce que j'avais fait pour s'assurer... au
moins, je vous ai amené un drapeau inclusif en espérant... Si vous êtes en
accord, puis vous dites que c'est une bonne
idée, puis que c'est le protocole, puis le protocole dit que c'est vous, moi,
ce que je comprends, que c'est vous, vous êtes en accord. Ce serait la première
journée, 17 mai, qu'on va avoir le bon drapeau qui sera en haut de
l'Assemblée nationale.
Mme Biron : Bien, c'est gentil, mais, je vais vous dire, puis
vous avez plus d'expérience que moi en politique dans ces...
Le
Président (M. Bachand) : En terminant.
Mme Biron : ...et c'est le Bureau de l'Assemblée nationale
qui décide. C'est vraiment une décision qui est entre les mains de la
présidente de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Alors, je cède la parole à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré pour
5 min 21 s, s'il vous plaît.
Une voix : ...
Le
Président (M. Bachand) : Ah! Mme la
députée de Soulanges, désolé, allez-y, madame, pardon.
Mme Picard : Merci
beaucoup, M. le Président. Désolée, on ne vous avait pas fait signe.
Bonjour, Mme la
ministre. Très contente de pouvoir vous poser ces questions aujourd'hui. Merci
de vous prêter au jeu. Je pense que c'est
bientôt terminé pour vous. Donc, j'espère que vous avez passé des, quand même,
beaux moments. Je voulais vous parler de la montée de la haine. On
constate un certain nombre de reculs des droits des personnes LGBTQ+ dans le
monde ainsi qu'une montée des discours haineux à leur endroit. Que fait-on au
Québec pour lutter contre les discours haineux particulièrement?
• (12 h 10) •
Mme Biron : Merci
beaucoup pour cette question-là. Ça recoupe un peu les questions des collègues
puis ça démontre à quel point c'est
important de travailler ensemble. Puis je pense qu'on est préoccupés, à
l'Assemblée nationale au complet, sur la montée du discours haineux,
transphobe et homophobe.
J'ai été... Je donne
souvent cet exemple-là. J'ai été particulièrement choquée l'été dernier, quand
j'ai vu que des gens de la communauté LGBTQ dans la région de Sherbrooke
s'étaient fait prendre dans une trappe, c'est-à-dire qu'on les avait piégés, et ils s'étaient ramassés dans un parc, et les
personnes, en fait, c'est arrivé à plus d'une reprise, ont été violentées simplement parce que c'étaient
des membres de la communauté LGBTQ. Et ça, ça m'a comme dit : Mais
ce n'est pas le Québec que moi, je connais.
Le Québec que moi, je
connais, c'est un Québec qui a comme... un peu comme philosophie vivre et
laisser vivre, et les gens de la communauté
LGBTQ, ce sont des gens qui ne font pas de mal à personne. Je peux comprendre
qu'on essaie de piéger quelqu'un qui a peut-être violenté ou blessé quelqu'un,
un proche ou quelque chose du genre, mais les gens de la communauté, ils font
juste vivre leur vie simplement et en paix, et je pense que les Québécois reconnaissent ça. Les Québécois sont inclusifs
puis ils sont en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes et de
l'inclusion des communautés LGBTQ.
On a mis en place un
comité, un groupe de travail, en fait. On a aussi mandaté l'Université de
Sherbrooke de faire une étude pour être capable de documenter davantage ce qui
se passe sur le territoire. L'action 9 de notre plan stratégique, c'est-à-dire mettre sur pied un groupe de travail sur les
violences et le discours homophobe et transphobe, ça regroupe l'ensemble
des ministères parce que nous, au Bureau de lutte contre l'homophobie et la
transphobie, on est transversal. Alors, on doit travailler avec les différents
ministères et on a mis non seulement les organismes et les ministères
gouvernementaux, mais aussi les universités, les communautés LGBTQ. Et l'idée,
c'est non seulement de documenter, mais d'être capables de se trouver des
stratégies, notamment sur les médias sociaux, qui pullulent de discours
haineux, et d'essayer de voir des pistes d'intervention possibles.
Alors, sur ce comité,
bien sûr, il y a des ministères, mais il y a aussi des policiers, il y a les
groupes des communautés LGBTQ, et je pense que c'est un peu avec le terrain,
les gens qui sont à la base, qu'on arrive à le faire. Puis je veux dire un mot sur les policiers, parce qu'on travaille
beaucoup, en condition féminine, avec les policiers, et ils ont fait, au
fil du temps, un travail énorme. Ils ont sauvé beaucoup de vies de femmes, et
je pense qu'en les aidant et en les mettant
dans le coup ils vont faire la même chose pour les gens des communautés LGBTQ.
Alors, je pense qu'on a trouvé une
façon de faire avancer ce dossier-là sans que ça prenne une éternité, parce que
c'est maintenant qu'il faut agir.
La deuxième chose
qu'on a faite, c'est l'action 44 dans notre plan stratégique, c'est de diffuser
des stratégies sur... des statistiques sur
les crimes motivés par la haine et la diversité de genre dans... criminalité au
Québec, c'est-à-dire rendre
l'information plus publique. Et le ministère de la Sécurité publique met
actuellement à jour son système informatique pour colliger les crimes
qui sont motivés par la haine, alors, être capable de savoir plus clairement
qui, et quoi, et où, et d'être capable de travailler avec les différents
groupes pour faire avancer ce dossier-là.
Mais
c'est certain que je trouve odieux ce que je vois sur le terrain. Je ne pense
pas que les gens des communautés méritent ça et je pense qu'ils ont besoin de
notre aide. Ils ont besoin du support des gens de l'Assemblée nationale
au complet, et je sens, d'ailleurs, que les partis d'opposition font partie de
l'équipe sur ce dossier-là.
Adoption
des crédits
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, Mme la
ministre.
Le temps alloué à l'étude du volet Lutte à
l'homophobie et à la transphobie des crédits budgétaires du portefeuille
Relations internationales et de la Francophonie étant réputé écoulé, nous allons
maintenant procéder à leur mise aux voix.
Est-ce que le programme 3, intitulé
Condition féminine, est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division
Le Président (M.
Bachand) : Sur division.
Adoption de l'ensemble
des crédits
Finalement, l'ensemble des crédits budgétaires
du portefeuille Relations internationales et Francophonie pour l'exercice
financier 2025‑2026 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté, sur division.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 12 h 30 pour entreprendre l'étude du
volet Institutions démocratiques des crédits budgétaires du portefeuille
Conseil exécutif. Merci beaucoup, à tantôt.
(Fin de la séance à 12 h 15)