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Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Etude du rapport Gauvin
Séance du jeudi 7 novembre 1974
(Dix heures seize minutes)
M. GRATTON (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
La commission permanente des institutions financières, compagnies
et coopératives continue ce matin à entendre les organismes sur
le rapport Gauvin.
Nous entendrons ce matin les représentants de la compagnie
Allstate et avant de demander à M. King de nous présenter les
gens qui l'accompagnent, j'aimerais informer la commission de la liste des
députés qui la composent ce matin, soit: M. Assad; M. Beauregard;
M. Bellemare (Johnson); M. Bonnier; M. Burns; M. Chagnon; M. Harvey
(Charlesbourg); M. Harvey (Dubuc); M. Léger; M. Marchand; M. Picotte; M.
Roy; M. Tetley et M. Tremblay (Iberville).
Le porte-parole de la compagnie Allstate est bien M. Patrick King?
M. KING (Patrick): Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. King, si vous voulez bien nous
présenter les gens qui vous accompagnent et nous faire votre
présentation, s'il vous plaît.
Allstate
M. KING: Merci, M. le Président. M. le ministre et les
députés, mon nom est Patrick King. Je suis attaché
à notre siège social à Toronto, après avoir
travaillé plusieurs années dans la province de Québec.
Au nom des administrateurs, des directeurs et du personnel de notre
compagnie, je désire vous exprimer notre reconnaissance pour l'occasion
que vous nous avez donnée de répondre au rapport du comité
d'étude Gauvin sur l'assurance-automobile à Québec.
Avant de commencer, M. le Président, j'aimerais, comme vous
suggérez, présenter le président de notre compagnie qui
est avec moi ce matin, qui vous dira quelques mots seulement, M. Raymond
Kiefer.
M. KIEFER (Raymond): Good morning, gentlemen. It is a pleasure to be
here and we are very appreciative of the opportunity you have extended to our
company to appear before your committee this morning, and hopefully pass on
some comments that we think will be beneficial in trying to understand this
very difficult area of the insurance world.
As I hope you are all aware, my company is a major writer of automobile
insurance in the province of Quebec, in the country of Canada and as a matter
of fact, in this hemisphere.
We like to pride ourselves on our innova-tiveness, our knowledge of our
business, in our ability to serve the needs and wants of our customers and the
consumers wherever we do business.
It is in this light this morning that we hope and we can answer your
questions afterwards, we hope that we can shed, as I said, some light on this
very difficult subject.
I would like to take a minute and just briefly introduce the other
gentlemen who are sitting at the table with me. On my left is Paul Poulin. Paul
is our claim manager in the city of Quebec. He is twenty years with Allstate,
started with us in Montreal and is a very knowledgeable practicable claim
man.
On his left, is Mr Ronald Walker, who works in our head office in the
industry of fares department.
So between us, we hope, when we get through, that we will be able to
provide you an avenue with direct answers to direct questions and I will make
one further comment. As we said in our cover letter on our brief we are not a
member of the Insurance Bureau of Canada. We elected to withdraw our membership
from the Insurance Bureau of Canada in March of this year, so our views, as we
state, will not necessarily be in accordance with those views taken by the
Insurance Bureau of Canada in their presentation, and at this point, I like to
have Mr Patrick King, who, by the way, is also a native of Quebec city and has
been eleven years in our claim department; he has a sterling knowledge, we
think, of this very difficult area. Pat will make our presentation this morning
and the comments he makes reflect my company's thinking and my thinking in this
area.
Thank you very much.
M. KING: M. le Président, les membres ont reçu et
écouté, patiemment, plusieurs milliers de mots en ce qui concerne
le rapport de l'étude Gauvin jusqu'à maintenant. Nous avons
assisté à plusieurs séances publiques de votre commission
parlementaire. Quelques critiques de l'industrie de l'assurance vous feraient
croire que les gens ne sont pas bien servis par le système actuel. Nous
ne pouvons sincèrement être d'accord sur ce point de vue.
Cependant, toute création humaine n'est pas parfaite. Toute loi,
tout produit, peut être amélioré et nous reconnaissons que
c'est le but de cette étude approfondie que vous faites.
Au cours de ces discussions et de nos études, nous avons
été extrêmement conscients du résultat de tout
changement à la loi et au système d'assurance sur le coût
ultime de l'assurance-automobile au consommateur.
En effet, les termes initiaux de référence donnés
au comité Gauvin se basent directement
sur les primes et sur l'indemnisation payées selon le
système actuel. En des termes simples, le coût, la manière
la plus pratique de réduire le coût de l'assurance est de
réduire le nombre d'accidents et de mortalités sur les routes du
Québec chaque année.
L'atteinte de ce but est la responsabilité de chacun. L'abolition
complète de la responsabilité individuelle dans les cas
d'accidents d'automobile, telle que proposée par le comité
Gau-vin, aiderait-elle réellement à atteindre ce but? Nous ne le
croyons pas. Plusieurs sont d'accord qu'un tel système servirait
seulement à augmenter le nombre total d'accidents et,
inévitablement aura comme résultat un coût d'assurance plus
élevé.
L'inflation est certainement le plus grand défi d'aujourd'hui et
de demain, pour l'industrie de l'assurance. A cause de leurs contrats, les
assureurs doivent payer des factures pour les accidents de cette année
en employant les dollars en primes de l'année précédente.
Par conséquent, ils deviennent les victimes principales de
l'inflation.
Le rapport du comité Gauvin n'a pas souligné l'effet
accéléré de l'inflation sur le coût des
réclamations pendant les dernières années. Nous avons, par
conséquent, pourvu dans l'appendice A de notre rapport, quelques
exemples pratiques des tendances actuelles. Par exemple, nous croyons que vous
serez grandement surpris d'apprendre qu'un gallon de peinture pour automobile
qui coûtait $8.50 en 1972, en coûtait $27 au début de 1974
et coûte même plus cher aujourd'hui. Si cette tendance
inflationniste continue, comme toutes les prédictions économiques
semblent l'indiquer, aucune personne responsable ne peut prédire une
baisse dans le coût de l'assurance-automobile, quel que soit le
changement dans le système et comment la protection sera établie,
soit compensation avec faute, sans faute ou combinaison des deux
régimes.
Nous sommes persuadés que le concept de compensation sans faute
peut réduire le coût en ce qui concerne l'indemnisation
payée aux personnes souffrant de blessures corporelles. Ceci serait fait
en modifiant la loi de la responsabilité pour, soit restreindre ou
éliminer leur droit de poursuivre en justice à la recherche d'une
compensation pour la douleur ou la souffrance, mais un changement dans cette
loi ne résulterait pas en une réduction dans le coût des
dommages matériels. Il n'y a aucune compensation à
éliminer pour la douleur et la souffrance, tel en était le cas
pour blessures corporelles, comme le mentionne très bien la page 338 du
rapport Gauvin: En moyenne, pour l'ensemble des assurés, le coût
des indemnités versées pour dommages matériels serait
approximativement le même que sous le régime actuel, à la
condition, bien entendu, que les assurés choisissent des protections
équivalentes à celles qu'ils détiennent aujourd'hui.
Dans notre présentation verbale d'aujour- d'hui, qui
diffère légèrement de celle qui est écrite, nous
voulons accentuer l'indemnisation pour dommages matériels et la
proportion croissante des primes d'assurance du consommateur utilisées
à cette fin.
Dans plus de 90 p.c. des accidents d'automobile, personne n'est
blessé. La plupart des gens ne sont pas au courant que plus de 70 p.c.
de chaque dollar payé en réclamation est déboursé
pour le remplacement et les réparations des automobiles. L'inflation
augmentera ces chiffres à l'avenir. S'il n'y a pas de baisse dans le
nombre d'accidents, en dommages matériels, et sans une réduction
du coût des réparations, nous ne pourrons diminuer la partie de la
prime applicable aux dommages matériels. Dans les propositions Gauvin et
les propositions du BAC, il n'y a aucune solution d'économie aux
dommages matériels.
Mais puisqu'une si grande portion de l'argent du consommateur est
requise pour régler les réclamations de dommages
matériels, toute possibilité d'économie ne peut être
négligée. Cette possibilité dépend du
contrôle efficace et juste du coût des pertes en dommages
matériels tels que la détermination rapide de la faute des
automobilistes impliqués dans les accidents, l'élimination d'un
délai lors de l'évaluation et dans la réparation des
dommages, une technique appropriée et améliorée pour la
réparation des véhicules, un paiement juste mais non excessif
pour la réclamation du dommage au véhicule.
Sous le régime de la faute, les accidents causant des dommages
matériels peuvent être réglés sans délai, en
dépit des différences d'opinion entre les conducteurs, à
savoir comment l'accident est survenu.
Des améliorations substantielles en ce qui concerne le temps
requis pour régler ce genre de réclamations ont été
récemment effectuées par les compagnies d'assurance, mais
beaucoup plus peut être fait. Dans notre revue de la proposition
"Variplan" du Bureau d'assurance du Canada soumise dans la province d'Ontario
dernièrement, nous avons fait à l'industrie de l'assurance des
recommandations qui pourront accélérer le règlement de ces
réclamations, sans changer les lois présentement en vigueur. Ce
document sera mis à votre disposition si vous le désirez.
Allstate est le pionnier reconnu dans le développement des
centres d'évaluation au Canada. Le comité Gauvin a
commenté ce concept de façon favorable, mais ne l'a pas reconnu
comme étant une innovation compétitive et n'a pas reconnu que ce
programme requiert un capital substantiel à investir et des personnes
spécialisées pour l'accomplir.
Notre investissement dans ce programme a toutefois produit une meilleure
efficacité interne, un service supérieur aux assurés et
aux réclamants, et, plus important encore, un meilleur contrôle du
coût de la réparation des véhicules automobiles. Ces
économies sont tra-
duites par des primes d'assurance réduites et hautement
compétitives offertes aux consommateurs du Québec.
Ceci est une autre raison pour laquelle nous sommes en désaccord
avec le comité Gauvin qui se concentre sur les dépenses du
produit de l'assurance sans égard au prix total payé par le
consommateur ou au service compétitif rendu.
Nous avons affirmé que le régime de compensation sans
égard à la faute peut offrir une économie initiale en ce
qui concerne l'indemnisation pour blessures corporelles. Ceci peut être
fait en modifiant la loi de la responsabilité afin de diminuer, ou
éliminer, le droit d'une personne blessée de poursuivre, à
la recherche d'une compensation qu'on appelle douleur et souffrance. Plus le
droit de poursuivre pour ces raisons est restreint, plus l'économie sera
grande.
Mais il y a un facteur de coût additionnel dans un plan de
compensation sans faute, lequel est le plan d'accident-bénéfice,
chapitre b) de la police de Québec, sans égard à la faute,
ajouter: Afin que toute personne blessée reçoive une
compensation. Ces bénéfices augmenteront le coût de la
protection pour blessures corporelles.
La couverture d'accident-bénéfice sans faute est
relativement nouvelle, étant disponible au public
québécois sous sa forme présente depuis seulement 1970.
Cependant, il est important de reconnaître son potentiel pour un
règlement plus rapide des réclamations de blessures corporelles
et conjointement avec l'indemnité disponible de
l'assurance-responsabilité de l'automobiliste négligent, un tout
énormément amélioré.
Augmenter les bénéfices sans faute coûterait plus
cher. Mais rendre cette couverture obligatoire aiderait à réduire
le coût moyen. Elle serait alors accessible à toutes les victimes
d'accident, avec paiement immédiat, sur une base de compensation sans
faute de leur propre compagnie d'assurance. Avec des paiements de
bénéfice d'accident devenant plus élevés que
présentement, ceci aiderait à compenser certains paiements faits
en ce moment, basés sur la responsabilité de l'autre
automobiliste. Plusieurs autres réclamations pour blessures,
particulièrement les cas mineurs, pourraient être
réglées sans délai. La faute n'étant plus la
considération première.
Je sais que vous aimeriez avoir une idée de ce que ces
changements signifient au coût de l'assurance. Il est impossible de
prédire sans connaître l'envergure de la couverture que vous
recommanderez.
L'adoption des propositions Gauvin augmenterait le coût des
blessures corporelles de 8 p.c., selon le processus du calcul du comité.
Ceci est dû au fait que le coût des indemnités d'accidents
sans faute qu'il a ajoutées est plus grand que celui de la
réduction qu'il a obtenue en éliminant le droit de poursuivre en
justice lors d'un acte dommageable.
Le niveau actuel des bénéfices d'accidents sans faute a
déjà accéléré le règlement des
réclamations pour blessures. En augmentant les bénéfices
à un niveau plus raisonnable, mais non en adoptant une mesure qui
résulterait en un fardeau financier pour certains citoyens, ou qui
excède ce dont ils ont vraiment besoin, ce serait un début
entreprenant. Rendre cette couverture obligatoire réduirait en plus le
besoin d'une implication légale et, de ce fait, introduirait un facteur
clef dans le contrôle équitable et la réduction des
coûts de la perte.
Le rapport Gauvin mentionne deux intérêts majeurs
concernant le règlement des réclamations pour blessures
basées sur la responsabilité : les délais, excès
d'indemnité pour ceux qui ont des blessures mineures. D'abord, je dois
mentionner qu'il est normal de s'attendre que les réclamations pour
blessures doivent prendre plus de temps à être satisfaites que les
accidents qui résultent seulement de dégâts
matériels. Une période raisonnable est essentielle pour,
honnêtement, estimer la nature et le degré des blessures, le
potentiel pour le rétablissement de la victime et sa
réhabilitation, de même que la détermination d'une
indemnité équitable. Les propositions Gauvin exigeraient une
période de temps semblable pour déterminer un règlement
final.
Notre propre expérience diffère énormément
des délais de règlement du rapport Gauvin, cités à
la page 202 et 203. Nos statistiques actuelles démontrent qu'environ 7 5
p.c. des réclamations pour blessures corporelles sont
réglées en dedans de 90 jours de l'accident. Selon le
système courant, peu de cas doivent être réglés en
cour; d'après notre expérience, seulement 0.6 de 1 p.c. Ceci est
la preuve que le système présent peut fonctionner efficacement et
fonctionne bien.
Si les propositions Gauvin étaient adoptées en rapport
à l'indemnité corporelle, nous croyons que le nombre des causes
juridiques augmenterait.
Ceci est dû au fait que le degré d'indemnité pour
blessures corporelles est basé sur le pourcentage d'invalidité
des victimes avec bénéfices inscrits au lieu d'être
basé sur la situation économique de l'individu. Ceci est
susceptible de mécontenter le public. Le nombre de cas juridiques qui en
résulteraient où le client poursuivrait en justice sa propre
compagnie d'assurance, créerait une situation intolérable. Ceci
discréditerait le système entier de l'assurance et ajouterait
substantiellement au coût des réclamations et des primes
d'assurance.
A la page 3 de notre mémoire, nous donnons les raisons expliquant
pourquoi les personnes souffrant seulement de blessures légères
sont fréquemment surindemnisées pour leurs pertes.
Modifier la loi afin que ceux qui souffrent de blessures corporelles
seulement soient admissibles à recouvrer leurs pertes
économiques, mais non des paiements pour douleurs et souffrances, exige
une définition équitable de "blessures légères". Le
genre de restrictions que nous suggérons ne s'appliquerait pas au cas
d'un
visage défiguré de manière permanente, par exemple,
à la perte d'un membre corporel, ou à la perte permanente d'une
fonction humaine, même si l'hospitalisation et même si le
traitement médical de certaines de ces blessures n'étaient pas
prolongés ou considérables.
Il y a plusieurs approches afin d'établir une description
précise ou un seuil entre les blessures mineures ou plus
sérieuses. Voici trois possibilités, mais toutes sous
réserve des exceptions résultant de blessures plus
sérieuses que je viens de mentionner. Exemple: $500 pour traitement
médical ou hospitalisation payés ou non par un plan provincial;
prendre pour base la déclaration du nombre de jours d'invalidité
de la victime; là où les frais médicaux ou d'hôpital
coûtent $500 ou moins, un montant est payable pour la douleur, les
souffrances ou les inconvénients égal à 50 p.c. de tels
coûts. Voici trois manières d'établir un seuil
raisonnable.
Cette proposition a pour but de réduire les délais et
d'épargner sur les primes d'assurance sans priver qui que ce soit d'une
juste compensation. Si vous êtes d'accord sur le rapport du comité
d'étude que les victimes de blessures légères sont
surindemnisées, voici une manière de corriger la situation.
A la page 8 de notre mémoire, nous nous référons
à l'échec des monopoles gouvernementaux de procurer des
économies générales d'assurance ou la satisfaction au
consommateur.
M. TETLEY: Lorsque vous faites une telle déclaration
d'échec, avez-vous des preuves?
M. KING: Bien, je vais continuer, M. le ministre, mon exposé de
ce matin, avec certains chiffres. Je crois que, dans deux ou trois minutes, je
vais terminer la présentation orale. D'accord?
Depuis leur début, les régimes provinciaux au Manitoba et
en Colombie-Britannique ont été sévèrement
critiqués par un public désillusionné qui, pour la
première fois, a été en mesure de tirer ses propres
conclusions des coûts en comparaison avec les coûts actuels et les
services du gouvernement et des entreprises privées. Nous demeurons au
courant de la réaction publique à ces programmes et nous avons
préparé un échantillon de coupures de presse de ces deux
provinces. Avec votre permission, nous les laisserons au secrétaire de
la commission. Je crois que vous les trouverez très
intéressantes.
Mais aujourd'hui, M. le ministre, M. le Président, nous voulons
vous informer du coût d'un de ces programmes basé sur les rapports
gouvernementaux officiels plus récents que ceux placés à
la disposition du comité de M. Gauvin.
Le plan du Manitoba est en vigueur depuis novembre 1971. Dans la
dernière année entière avant son introduction, le public a
payé un peu moins de $34.7 millions aux entreprises privées pour
l'assurance-automobile. Dans la première année entière du
plan gouvernemental d'assurance, le public a payé $40.5 millions en
assurance, en dépit des promesses politiques d'économie
considérable pour tout le monde.
L'an dernier, les gens du Manitoba ont payé $42.5 millions en
primes, mais maintenant, ils doivent payer $6 millions, soit le coût
estimé du début du programme et, de plus, absorber $10 millions
en pertes désastreuses d'opération pour l'année. D'une
manière ou d'une autre, pour les deux dernières années, le
coût total de l'assurance-automobile au Manitoba a atteint $58.5 millions
en comparaison avec $34.7 millions payés auparavant aux entreprises
privées.
Au début de 1974, les gens du Manitoba ont fait face à une
augmentation considérable des taux pour l'assurance-automobile.
M. TETLEY: Votre présentation est difficile. Vous avez un
mémoire, mais avez-vous un deuxième mémoire? C'est un
drôle de système de procéder. Vous avez...
M. KING: Nous avons ajouté...
M. TETLEY: Ce n'est pas suffisant, votre mémoire?
M. KING: M. le ministre, les sujets sont mentionnés dans le
mémoire...
M. TETLEY: Mais si ce mémoire est mauvais, présentez-nous
l'autre. Mais l'un ou l'autre.
M. KING: Cela nous fera plaisir de vous faire faire des copies de la
présentation orale de ce matin.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je m'excuse. Est-ce que vous avez une
deuxième copie? On pourrait peut-être la faire photocopier tout de
suite et la remettre aux membres de la commission immédiatement.
M. KING: Certainement, M. le Président. Nous en avons plusieurs
copies de faites déjà.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Ah bon! Alors, si vous voulez, on va les
distribuer tout de suite.
M. LEGER: Si vous voulez les distribuer immédiatement de
façon qu'on puisse suivre, parce que vous nous lancez des millions par
la tête et on voudrait bien en ramasser quelques-uns. D'accord?
M. TETLEY: Mais quel document doit-on étudier? Parce que c'est
comme un examen à l'école. On n'a pas deux chances. S'il y a une
erreur ici, c'est mêlant de nous présenter deux documents.
Voulez-vous qu'on vous présente deux rapports Gauvin ou...
M. KING: M. le ministre, il me reste deux pages.
M. TETLEY: Oui, mais deux pages, c'est peut-être deux fois trop.
Bon. Continuez, mais je poserai mes questions selon le document que j'ai depuis
quelque temps.
M. KING: Sûrement, M. le ministre. Je suis d'accord avec vous.
M. TETLEY: A l'avenir, M. le Président, je demande aux gens de
parler de leur mémoire.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): D'accord. Même s'il n'est pas
établi dans les commissions qu'on doit lire textuellement un rapport, je
demanderais, pour les prochaines séances, à ceux qui auront des
rapports à présenter, de les présenter, ou s'ils ont
déjà des mémoires amendés, qu'ils les
présentent au début de la séance afin que tout le monde
puisse suivre.
Si je comprends bien, vous êtes rendu à la page 14 de votre
mémoire.
M. KING: Je suis rendu à la page 12.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): 12? Alors, il vous en reste trois.
M. TETLEY: Disons que...
M. KING: En fait, j'irai à la page 13 immédiatement...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): D'accord. M. KING: C'est la conclusion... LE
PRESIDENT (M. Lafrance): D'accord. M. KING: ... et on serait disponible...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): D'accord, et on abordera la période
des questions aussitôt.
M. KING: D'accord. Nous avons mentionné au début de notre
présentation que notre intérêt principal était le
coût total du produit de l'assurance créé pour satisfaire
les demandes du peuple québécois. Nous savons aussi que ceci est
votre préoccupation. C'est certainement d'un intérêt de la
plus grande importance pour chaque consommateur.
Les propositions Gauvin n'apporteront pas d'économie
réelle. Leur système d'indemnité coûtera plus cher.
Les propositions de dépense ne sont pas réalistes. Elles
reconnaissent qu'il n'y a pas d'épargnes possibles sur une compensation
sans faute pour dommages matériels, le seul point qui a demandé
et continuera de plus en plus à demander la plus grande partie du
dollar-prime.
Mais le comité Gauvin prétend produire une
réduction du coût total. Il le fait en réclamant que si les
60 recommandations sont totalement adoptées, le taux moyen des
dépenses serait réduit de 36.6 p.c. à environ 20 p.c;
comme on le mentionne à la page 223 de son rapport.
Ici, nous avons laissé les faits et considéré les
opinions. Le comité Gauvin croit que vous pouvez prendre les
données de dépenses fournies par les administrateurs du plan
provincial du Manitoba et les ajuster afin de déterminer les coûts
sous le système entièrement nouveau d'assurance qu'il a
proposé dans son rapport. Nous croyons que ses prétentions ne
sont pas réalistes ou pratiques.
Laissez-moi vous citer un exemple par lequel nous croyons que le
comité Gauvin n'est pas réaliste. Il emploie comme seule mesure
d'efficacité de divers systèmes d'assurance la proportion de
dollars primes qui est payée en réclamations. Sur cette base,
plus le système paie de réclamations, plus il est efficace.
C'est justement ce genre de malentendu qui provoque des montants
excessifs pour le règlement des réclamations. Ceci
nécessite une augmentation de primes et ceci est justement ce que les
gens du Manitoba apprennent, à leur regret, aujourd'hui.
Nous ne voyons pas d'économie véritable dans la
proposition du BAC non plus. Nous croyons que ces deux plans feraient
bénéficier inévitablement les automobilistes avec un plus
grand potentiel d'accidents aux dépens de l'automobiliste plus
prudent.
Nous ne pouvons promettre des véritables économies,
même si nos propositions sont projetées afin d'atteindre ce but
par modification et amélioration du système actuel. L'inflation
constante a déjà et continuera de repousser toute économie
possible.
Nous sommes même inquiets du fait que l'assurance-automobile
"compensation sans faute" se heurte à des erreurs
d'interprétation et à des malentendus de la part du public. Le
comité Gauvin exhorte à la prudence concernant l'usage fait au
hasard du terme "compensation sans faute". Nous sommes certainement d'accord
sur ceci.
Notre plus grande inquiétude est l'impression donnée
fréquemment que la "compensation sans faute" apporte avec elle une
promesse automatique d'économie. Si de telles promesses sont
sous-entendues, le consommateur ne voit pas d'économie de primes
d'assurance dans le futur; il y aura un doute dans la loi, chez le
législateur et dans l'industrie de l'assurance.
On vous lance l'invitation, MM. les membres de la commission, d'aller
visiter notre bureau de Québec. Vous pouvez y voir un bureau moderne de
réclamation en activité. De plus, nous avons avec nous
aujourd'hui une voiture munie de ce qu'on appelle la protection passive, des
sacs pneumatiques qui retiennent les passagers d'une automobile lors d'un
accident. La voiture est ici devant le parlement, si vous voulez l'examiner
plus tard, il nous fera plaisir de vous la montrer.
Nous remercions les membres de cette commission parlementaire, et
surtout le ministre Tetley pour sa patience, de l'occasion que vous nous avez
donnée de présenter notre point de vue en personne et il nous
fera plaisir de répondre à vos questions au meilleur de notre
connaissance.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. le ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives avait tellement
hâte de parler qu'on va lui céder la parole tout de suite.
M. TETLEY: Je vous remercie de vos compliments au sujet de ma patience
ou de mon impatience, suivant le cas. M. Kiefer et M. King, je vous remercie de
votre présentation. Je me réfère à votre document
parce que nous l'avons reçu depuis longtemps et je ne peux pas me lancer
dans un autre document.
M. KING: M. Tetley, est-ce que je peux vous expliquer pourquoi...
M. TETLEY: Non. Cela n'aide pas beaucoup.
M. KING: Non, d'accord.
M. TETLEY: Vous avez eu vos 45 minutes et vous avez un document. L'autre
est intéressant et il est là. A la page 2, au troisième
paragraphe de votre mémoire, vous préconisez l'utilisation de
sacs pneumatiques plutôt que la ceinture de sécurité.
Pouvez-vous me donner un aperçu de ce que c'est exactement, le sac en
question, me dire quel en est approximativement le coût et
préciser si c'est dans la loi d'un autre pays, d'une autre juridiction
ou d'un autre Etat?
M. KING: M. Tetley, premièrement, le coût d'installation
d'un tel système serait d'environ $150 à $200, environ $200.
Evidemment, il n'y a pas de production faite en masse actuellement étant
donné que les sacs pneumatiques ne sont obligatoires dans aucun Etat aux
Etats-Unis, M. le ministre. Je crois que cela répond à la
question.
M. TETLEY: Question corollaire, est-ce que vous favorisez dès
maintenant la ceinture de sécurité obligatoire.
M. KING: Oui, certainement, M. le ministre, et immédiatement.
M. TETLEY: A la page 4, au niveau des dommages corporels, vous traitez
presque exclusivement de ce que le comité Gauvin appelle les pertes non
économiques. Que pensez vous des autres indemnités prévues
au régime, rente annuelle au lieu de sommes d'argent, indexation,
etc?
Je parle de rentes annuelles, indexation, etc. dont le rapport Gauvin a
parlé; il y a une rente annuelle, tant par mois, jusqu'à la fin
de vos jours.
M. KING: On ne peut se prononcer que difficillement sur cela
étant donné qu'on ne peut pas voir comment on doit calculer le
coût final d'un tel système. Si vous indexez les paiements
à l'inflation, éventuellement, quelqu'un doit payer la note pour
les bénéfices.
Aujourd'hui, nos actuaires établissent une prime basée sur
les conditions économiques plus ou moins courantes mais, si on est pour
indexer les paiements, la base sur laquelle sont établies les primes
d'assurance doit être totalement changée.
M. TETLEY: A la page 5, au premier paragraphe, vous semblez affirmer que
la détermination de la faute n'est pas un problème au niveau du
régime actuel. Mais le système de la faute, indemnisation par
faute, qui existe aujourd'hui au Québec et ailleurs, cause des retards
apparemment longs. Je suis avocat, je sais qu'il y avait des retards
très longs. Gauvin insiste sur ça, les autres juridictions
insistent sur ça. Il y a des frais d'avocat et des honoraires de la
cour, etc., très élevés, exigés du citoyen et aussi
les frais et les honoraires d'avocat cachés que vous payez
vous-même. Lorsqu'il y a une cause, vous-même, lorsque vous gagnez,
vous devez payer à M. Tansey ou à M. Oats Tansey n'est pas
votre cas, apparemment mais disons que, dans un cas comme ça,
vous devez quand même payer à votre avocat une somme énorme
pour avoir gagné cette cause. Quels sont vos commentaires au sujet des
frais d'avocat, des délais longs à la cour, etc., de notre
système de faute?
M. KING: M. Tetley, selon mon expérience personnelle dans la
province de Québec et ailleurs on parle toujours des blessures
corporelles, j'imagine le problème n'était pas tellement
souvent la question de la faute, car elle est établie normalement en
dedans de quelques jours ou quelques semaines de l'accident. Le problème
est de déterminer le montant des dommages. Si les gens ne sont pas
rétablis...
M. TETLEY: Le système Gauvin est toute une formule, il
évite un recours à la cour et c'est en effet un des arguments du
système Gauvin, c'est-à-dire que rien n'est décidé
au sujet de la faute en cour; c'est plutôt une question de dommages.
J'apprécie la première partie de votre réponse, mais
est-ce que vous croyez que le système à la cour, à l'heure
actuelle, est raisonnable? Dois-je comprendre, d'après la page 5 de
votre mémoire, que vous aimez le système de faute d'aujourd'hui,
notre système juridique?
M. KING: Je crois, M. Tetley, que vous faites une relation entre le
coût et le retard.
M. TETLEY: Mais le retard est déjà un coût. La
famille Tansey qui est venue ici a attendu cinq ans et a perdu; d'autres
familles ont attendu cinq ans et ont gagné. Mais le délai, c'est
un coût énorme.
M. KING: M. Tetley, selon nos statistiques, 75 p.c. de toutes les
réclamations de blessures corporelles sont réglées en
dedans de 90 jours chez nous. Ce sont les statistiques véridiques de la
compagnie. Celles qui ne sont pas réglées...
M. TETLEY: Des tierces personnes ou vos assurés?
M. KING: Non, pas nos assurés, des tierces personnes qui
réclament contre l'assuré. Les cas qui ne sont pas
réglés en dedans de ces périodes de temps ne
dépendent pas nécessairement de la question de faute. Cela
dépend de la question de rétablissement de la victime. Il faut
quand même donner un temps raisonnable au médecin pour soigner la
victime et soumettre le rapport. La même situation va exister avec le
plan Gauvin parce qu'il faut quand même attendre les rapports des
médecins qui soumettent leur avis final avant de déterminer
l'indemnité finale.
M. TETLEY: A la page 9, au quatrième paragraphe, vous faites
allusion aux services offerts au public par l'agent ou le courtier. Si je
comprends bien, votre compagnie transige par ses agents et pas par des
courtiers; est-ce vrai?
M. KING: M. Tetley, depuis quelques mois, nous avons commencé
à employer les trois manières de mise en marché, soit
l'agent captif, qui était notre ancien système, le courtier et
les vendeurs à salaire.
M. TETLEY: Quel pourcentage de votre commerce passe par les courtiers au
Québec, aujourd'hui?
M. KING: Nous venons de commencer à faire affaires avec les
courtiers dans la province de Québec depuis un mois. Avant, nous
vendions toujours par "direct writing".
M. TETLEY: Le comité Gauvin a suggéré que toute
compagnie soit forcée de vendre les assurances directes, sans lui
retirer son droit de vendre par le moyen des courtiers. Quelle est votre
position au sujet de cette recommandation?
M. KING: Nous ne sommes pas d'accord pour cette recommandation, M.
Tetley, parce que déjà, il existe des "direct writers" à
qui, comme nous, il fait plaisir de recevoir des demandes d'assurance, j'en
suis persuadé. Si l'assuré, le client, le consommateur
décide d'aller voir son courtier et de procéder de cette
manière-là, il est libre de le faire. On acceptera aussi son
application par l'entremise d'un courtier d'assurance. Nous croyons que le
courtier rend de précieux services dans la province de
Québec.
M. TETLEY: Puis-je vous demander, M. King, la valeur de votre commerce
au Québec? Combien vendez-vous de dollars de primes
d'assurance-automobile au Québec par année? Avez-vous les
chiffres?
M. KING: M. Tetley, M. Kiefer m'informe que nous ferons environ $30
millions de chiffre d'affaires dans la province de Québec, ce qui
représente environ 28 p.c. de notre commerce total au Canada.
M. TETLEY: En vertu de la loi, vous devez garder des réserves,
n'est-ce pas?
M. KING: Oui.
M. TETLEY: En conséquence, vous avez des investissements.
Etes-vous capable d'informer la commission ce matin, du montant de vos
investissements au Québec?
M. KING: Oui, nous avons ces statistiques, M. le ministre. M. Kiefer me
dit que l'an dernier, en 1973, pour chaque dollar-prime perçu dans la
province de Québec, nous avons investi, dans la province de
Québec, $1.29.
M. TETLEY: Chaque dollar de prime...
M. KING: ... perçu des assurés de la province de
Québec. Pour chaque dollar, nous avons investi pour une valeur de
$1.29.
M. TETLEY: Cela veut dire, selon mes calculs, presque $39 millions.
Est-ce exact?
M. KING: Non. 1.29 p.c, ce serait... M. TETLEY: $1.00 de prime...
M. KING: ... un quart de plus, disons, $1.29 en placements, soit 129
p.c. des valeurs de primes.
M. TETLEY: Pour les valeurs de primes, vous avez parlé de $30
millions.
M. KING: $13 millions.
M. TETLEY: $13 millions. Ah!
M. KING: $13 millions de primes perçus des assurés.
M. TETLEY: Quels sont vos investissements au Canada?
M. KING: Le placement total au Canada? ... $60 millions.
M. TETLEY: Combien?
M. KING: De $50 millions à $60 millions. Environ.
M. TETLEY: $60 millions, 28 p.c. de votre chiffre d'affaires est au
Québec, tel que vous venez de le dire. 28 p.c. de $60 millions, si je
comprends bien les réponses à mes questions la
série de réponses à ma série de questions
vous avez au Québec, selon vous, un pourcentage élevé de
vos réserves, suivant vos obligations dans le reste du Canada?
M. KING: Oui.
M. TETLEY: Quelles sont vos observations concernant la
"Facilité"?
M. KING: Nous croyons que la "Facilité" fonctionne très
bien. Le rapport Gauvin...
M. TETLEY: A la page 12, troisième paragraphe de vos
observations.
M. KING: M. Tetley, nous croyons, comme M. Gauvin, d'ailleurs, que la
"Facilité" fonctionne assez bien. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas
une amélioration possible à apporter. Nous avons
déjà fait certaines recommandations aux membres de la
"Facilité", au directeur de la "Facilité", afin de changer
certaines parties de leurs opérations qui, nous croyons, pourrait
l'améliorer. Mais selon notre opinion, il faut avoir un genre de
"Facilité", un genre de système, pour distribuer et partager les
risques qui ne correspondent pas à certaines normes afin de pouvoir
assurer tout le monde dans la province.
M. TETLEY: Gauvin a prôné l'abolition de la
"Facilité".
M. KING: Je suis d'accord, M. le ministre, mais il a aussi dit qu'elle
fonctionnait assez bien.
M. TETLEY: Je n'ai pas d'autres questions. Je voudrais concéder
mes cinq minutes à mes collègues.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Avant de concéder les cinq minutes,
on va écouter le député de Lafontaine. Puis, on ajoutera
cinq minutes aux vingt minutes allouées au parti ministériel.
M. LEGER: M. le Président, je vais m'adresser aux
représentants de la société Allstate. Vous avez
donné des montants tantôt, est-ce que vous auriez des
réticences à nous donner le taux de rendement sur le capital
investi pour la dernière année?
M. KING: Le taux de rendement sur le capital investi?
M. LEGER: Oui.
M. KING: Nos chiffres, M. Léger, démontrent que notre
ristourne, ou, notre profit net calculé est moins de 2 p.c. sur la
période des derniers cinq ans.
M. TETLEY: Parce que l'établissement donne 2 p.c.
M. LEGER: Cela me surprend. Je ne sais pas si vous répondez
vraiment à la question que je pose. Parce qu'on voit que la moyenne du
taux de rendement pour le capital, avant impôt, dans les
différentes industries, pour l'assurance-automobile, en tout cas, est de
15.7 p.c. Vous n'êtes pas dans la bonne "business".
M. KING: M. Léger, M. le Président...
M. LEGER: Vous devriez peut-être acheter les obligations du
Québec, cela paie plus que cela.
M. KING: Je suis d'accord.
M. LEGER: Je pense qu'on ne parle pas des mêmes montants, c'est
pour cela.
M. TETLEY: Les $60 millions.
M. KING: M. Léger, je n'ai pas de chiffres sur le placement
investi ou le capital investi de la compagnie depuis son début.
M. LEGER: Non, ce n'est pas exactement cela. Ce que je vous demandais,
c'est le taux de rendement. Un actionnaire, chez vous, a investi $1. Combien le
pourcentage lui rapporte-t-il? Comme la moyenne est de 15.7 p.c, c'est combien
chez vous?
M. KING: M. Kiefer me dit que ce serait de 12 p.c. à 14 p.c, ceci
strictement sur le capital investi au début. Le profit que nous faisons
sur le volume d'affaires, sur la vente d'assurance, est moins de 2 p.c.
J'inclus le revenu du placement.
M. LEGER: Maintenant, je vais lire non pas par ordre d'importance, mais
selon l'ordre des pages. Vous parlez à la page 2 de sacs pneumatiques se
gonflant automatiquement et instantanément. Est-ce que c'est une
préoccupation qui me vient à l'esprit, cette préoccupation
du sac pneumatique le domaine de sa fabrication ne relève pas du
fédéral?
M. KING: Oui.
M. LEGER: Je ne sais pas comment on pourrait voir cela. L'idée
semble bonne, mais il y a le problème de la juridiction
fédérale-provinciale. La construction, les normes de fabrication
relèvent du fédéral. Comment le provincial s'y
retrouverait-il? La seule façon
pour le provincial d'avoir une juridiction là-dessus, ce serait
peut-être une condition d'immatriculation pour que chaque véhicule
ait cela. Comment voyez-vous cela au point de vue pratique dans une industrie
qui touche une province qui a une juridiction pour légiférer dans
ce domaine? Cette portion de votre recommandation relève du
fédéral, comment le provincial peut-il toucher à cela?
M. KING: Evidemment, M. le Président, M. Léger, nous
savons très bien qu'au niveau provincial c'est peut-être
impossible pour vous autres, pour le gouvernement du Québec, de rendre
obligatoire la fabrication des voitures munies du système passif de
sécurité. Par contre, nous faisons tout notre possible pour
vendre cette idée à toutes les autorités gouvernementales
au Canada, non seulement au niveau provincial, mais au fédéral
aussi. Nous avons déjà fait des représentations au
ministère fédéral des Transports. Nous avons fait la
démonstration de l'automobile, nous avons produit des statistiques
couvrant des centaines de millions de milles faits par les voitures de
démonstration de notre compagnie dans le but de convaincre les
autorités que c'est une bonne idée, et que le système
devrait éventuellement devenir obligatoire dans la fabrication de
l'automobile.
M. LEGER: Maintenant, je me réfère à la page 3 de
votre mémoire, c'est le point principal qui m'a fait sursauter. Je pense
que chaque société doit évoluer. Je pense que le rapport
Gauvin, en tout cas selon mon point de vue, permettrait de
réévaluer la situation dans laquelle un chauffeur se trouve dans
le Québec et dans le monde d'aujourd'hui. A la page 3, vous dites que le
comité Gauvin recommande l'abolition du régime de la faute.
Ensuite, vous dites que Gauvin se met à justifier sa position à
cet effet. Le comité d'étude voudrait nous faire croire que
l'environnement dans lequel nous utilisons le véhicule est devenu
tellement hostile qu'aucun d'entre nous ne devrait être tenu responsable
pour les pertes que nous causons envers les autres. Nous ne pouvons pas le
croire. La majeure partie des accidents sont causées par la
négligence de l'un des conducteurs et le public croit que les
conducteurs devraient être tenus responsables de leurs actions.
Maintenant, je vous ferai remarquer que le rapport Gauvin est une
étude de spécialistes qui sont allés vérifier sur
place avec des techniciens l'ensemble des causes d'accidents d'automobile. Il
est dit à la page 40 que le facteur décisionnel ou décisif
d'un accident, le facteur humain, était responsable dans 73 p.c. des
cas, mais ce n'était pas le seul, et que c'était le
véhicule, donc un autre élément, un autre facteur que vous
semblez négliger ici, le véhicule qui était responsable
dans 15 p.c. des cas ou même 15 p.c. du même accident où le
facteur humain était responsable et aussi le facteur automobile, et
l'environnement pour 6 p.c. Mais il dit plus loin aussi qu'il joue probablement
le rôle causal dans 91 p.c. des cas pour le facteur humain, mais le
véhicule aussi dans 34 p.c. des cas. Je pense que ces causes
s'interpénètrent. Ce n'est pas uniquement une cause, il y a
plusieurs causes à un accident.
A la page 41, on dit: "Ces chiffres illustrent bien que le facteur
humain, malgré son importance, ne saurait expliquer tous les accidents;
même en n'examinant que le rôle probable de ces facteurs, on
constate que le facteur humain n'est pas considéré comme une
cause déterminante de l'accident". On dit plus loin: "C'est une erreur
de vouloir toujours attribuer à l'humain la responsabilité d'un
accident; comme semble l'être le fait de ne rechercher qu'une cause
unique à un accident: différents facteurs interviennent en
même temps, bien qu'à des degrés divers. Un accident peut
bien avoir pour cause immédiate l'erreur humaine, mais l'environnement
eût-il été mieux conçu pas
nécessairement hostile, mais mieux conçu que cette erreur
aurait peut-être été moins susceptible de se produire et
moins désastreuse dans ses conséquences. Tous les facteurs sont
bien souvent tellement interdépendants que l'accident peut être
considéré comme parfaitement fortuit.
Ce qui ne signifie pas qu'il soit toujours impossible de les
prévenir, mais il ne suffit pas de connaître les facteurs qui y
ont contribué; il faut pouvoir les maîtriser". Les mots "les
maîtriser", je pense que c'est la chose importante qu'il faut souligner.
Dans le domaine de l'automobile, c'est devenu un mal nécessaire,
obligatoire dans la vie trépidante de tous les jours. On ne peut pas
maîtriser tout l'environnement qui fait que, par erreur, par cause, un
éternuement d'un chauffeur, un accident survient. Vous, vous semblez
dire: II y a une négligence d'un conducteur et c'est là le
principal fait. Donc, il faut qu'il soit tenu responsable.
C'est garder le vieux concept, selon moi vous me donnerez votre
réponse là-dessus après d'un coupable. Enfin, on va
pouvoir se défouler; on va pouvoir se faire payer par un coupable, alors
que, dans une société qui évolue, ce qui compte surtout,
je pense, ce n'est pas de dire: C'est lui le coupable. C'est de dire: Qu'est-ce
qu'on fait pour celui qu'il faut indemniser et qui est mal pris? C'est cela, la
philosophie de base du rapport Gauvin. C'est de tenir compte d'une
évolution de la société, et c'est par des documents comme
cela que les citoyens commencent à réagir d'une façon
différente. Quand on voit deux chauffeurs d'automobile qui se frappent,
si le rapport Gauvin était adopté, s'il y avait le "no fault", au
lieu d'avoir deux chauffeurs qui sont en maudit et disent: C'est ta faute! ,
chacun se lève et dit: Mon cher monsieur, êtes-vous blessé?
Mon assurance va régler mon cas. Votre assurance va régler votre
cas. On est très
courtois au lieu de vouloir s'engueuler pour prouver que l'autre est
coupable.
M. KING: M. Léger, je vous répondrais... Je vous donnerai
mon opinion personnelle, si vous voulez. Peut-être pas l'opinion de tous
les gens de ma compagnie, mais cela fait au moins 10,000 réclamations de
blessures corporelles que j'ai manipulées, comme agent de
réclamation, en dedans de onze ans. Il y a deux facteurs à garder
en vue tout le temps, je crois.
Premièrement, la responsabilité. Pourquoi dis-je ceci? Les
gens du Québec sont fiers de leurs capacités comme chauffeur
d'automobile. Lorsqu'un accident arrive, c'est vrai, comme vous dites, qu'ils
cherchent à punir quelqu'un. Ils veulent, de la même façon,
revendiquer leurs droits et ne pas être tenus responsables
eux-mêmes de l'accident. Je pense que c'est normal. Si quelqu'un me
frappe lorsque je suis arrêté, endommage mon automobile, me fait
rater mon voyage ou mon avion, je descends, l'autre type descend et dit:
Excusez-moi, M. King, c'est une erreur sociale. Ecoutez donc! Je ne pense pas
que je sois prêt à accepter cette erreur sociale. Je ne voudrais
pas que ma compagnie me paie mon "déductible". Je voudrais que le
chauffeur responsable le paie. Comprenez-vous?
Deuxième point. C'est qu'il faudrait quand même indemniser
les victimes. C'est pourquoi, je pense, nous avons tellement souligné la
nécessité d'augmenter les bénéfices disponibles
dans le chapitre B de la police d'assurance-automobile, afin de payer
immédiatement les frais médicaux qui ne sont pas payés par
les plans provinciaux ainsi qu'un salaire de base jusqu'à ce que le
règlement final soit fait.
M. LEGER: Merci de votre réponse. On est ici pour vous
écouter.
M. KING: Je m'excuse si j'ai été trop loin, mais...
M. LEGER: Non, non.
M. KING: ... j'ai été trop long.
M. LEGER: Ce n'est pas dans ce sens que je voulais dire cela.
M. KING: D'accord!
M. LEGER: Je voulais dire qu'on est ici pour entendre toutes les
versions de façon que le ministre puisse se décider par la
suite.
A la page 4 de votre mémoire, vous dites, au paragraphe 3:
Allstate rejette carrément le concept préconisant que ceux qui
ont subi des blessures graves et ceux qui ont enduré de grandes
souffrances et douleurs n'ont pas le droit de recevoir de justes compensations
du conducteur négligent. On est d'accord avec vous, je pense. C'est la
même raison ou les mêmes objectifs que poursuit le rapport Gau-
vin. Mais si on est d'accord, si un chauffeur négligent n'est pas
assuré pour plus de $35,000, dans votre logique, est-ce que moi, je vais
subir parce qu'une personne n'est pas assurée d'une façon
assez élevée cette chose, alors que l'impression, c'est de
dire: II faut que je m'assure beaucoup pour les autres? C'est cela, dans le
système actuel, alors que cela devrait être l'inverse. C'est moi
qui peux évaluer le degré de besoin que j'ai d'assurance,
basé sur mes responsabilités actuelles pour m'assurer. Alors
vous, dans votre logique, comment... A quel seuil devrait s'élever
l'assurance pour que, si c'est l'autre, le responsable ou le chauffeur
négligent, d'après vous, qui doit me rembourser?
A quel seuil devrait-il obligatoirement s'assurer pour que moi, qui
subis cet accident, je sois assuré d'être indemnisé
à ma juste valeur? Quelle est votre logique de ce côté?
M. KING: Je me demande si j'ai bien compris votre question.
M. LEGER: Je vais la résumer en deux phrases.
M. KING: Oui.
M. LEGER: Dans le système "no fault", je dois m'assurer
personnellement pour le degré de revenu dont j'ai besoin s'il m'arrive
un accident. Dans l'autre système, c'est le chauffeur qui s'assure pour
les autres au cas où il serait poursuivi. Alors, dans votre logique,
pour répondre à ce que vous dites: "Ceux qui ont subi des
blessures graves et ceux qui endurent des grandes souffrances n'ont pas le
droit de recevoir une juste compensation du conducteur négligent", vous
être contre cela. Nous aussi sommes contre cela, mais votre solution
n'est pas meilleure. Elle n'est même pas la bonne à moins que vous
n'ayez un seuil plus élevé que chaque chauffeur devrait avoir
pour pouvoir prévenir le cas où il frapperait une personne qui a
des grandes responsabilités.
Si le seuil est encore à $35,000, au minimum, il s'assure pour
$35,000, mais à quel seuil devrait être cette assurance si on
garde la responsabilité?
M. KING: Nous croyons que la limite minimale, actuellement en force, de
$35,000 est inadéquate. Nous croyons que cela devrait sûrement
être augmenté afin de pouvoir protéger les clients et
compenser, évidemment, les victimes.
M. LEGER: Vous ne croyez pas que la réponse du rapport Gauvin
disant que chaque personne connaissant ses besoins, c'est elle qui s'assure
pour le degré de protection qu'elle a besoin. Vous ne pensez pas que
c'est la meilleure façon de correspondre à votre
préoccupation de la page 4, paragraphe 3.
M. KING: Je ne crois pas, parce que le plan Gauvin tombe dans le
même piège que plusieurs autres plans de compensation sans faute.
On essaie d'établir des barèmes ou des échelles de
bénéfices payables et ces échelles de
bénéfices payables ne sont pas semblables pour tout le monde. Si
je suis blessé et si je suis très limité dans ma demande
pour incapacité physique ou pour incapacité totale permanente ou
partielle permanente, j'aimerais être capable d'être
compensé selon ma situation économique. Si je gagne $300 par
semaine, je voudrais être remboursé à raison de $300 par
semaine. Si j'ai perdu une main, cela ne m'intéresse pas de recevoir
$10,000. Je voudrais recevoir $50,000. Ce sont des genres d'indemnisation qui
sont actuellement disponibles dans les cours. Les juges allouent bien plus de
$2,500, par exemple, pour la perte d'une épouse. Ils vont allouer
$40,000, mais sur un plan d'échelle, on est restreint, totalement, par
le maximum de cette échelle.
M. LEGER: A la page 5, dans le même ordre d'idées, vous
dites, à la fin du paragraphe, en ce qui concerne les dommages
matériels: "La plupart des gens ont probablement déjà
été impliqués dans un accident d'automobile causant des
dommages matériels, et ils savent qui était en faute et ils
veulent que la compagnie d'assurance du conducteur responsable accorde une
compensation pour ces dommages". Je pense que l'inverse se produit aussi.
Le chauffeur se sent moralement responsable, mais techniquement et
légalement, il sait qu'il ne le sera pas aussi. Alors, vous admettrez
avec moi que la responsabilité juridique n'est pas nécessairement
la responsabilité ou le sentiment de responsabilité de la
personne qui a eu l'accident. L'inverse aussi... L'exemple le plus baroque ou
le plus extrême que je peux mentionner est celui d'une personne qui
s'arrête net et, parce qu'elle s'arrête net, une autre personne,
survenant en arrière, est obligée de freiner, et se fait heurter
l'arrière par une autre automobile alors que celle qui n'a rien s'en
retourne bien gentiment. Elle est la cause réelle, mais,
légalement, elle ne l'est pas.
Même, dans des accidents bien précis où les deux se
heurtent, la différence entre la responsabilité technique
légale n'est pas correspondante à la responsabilité morale
de l'accident. Les gens se sentent souvent non responsables, mais ils le sont
techniquement. Souvent, ils se sentent responsables, mais, techniquement, ils
disent: J'ai la preuve. La loi dit telle affaire... Je suis réellement
la cause morale de l'accident, mais je peux m'en sauver parce que, selon le
plan juridique, je ne la suis pas. L'inverse de votre thèse est
là aussi.
M. KING: Je ne partage pas, évidemment, votre opinion sur cela
parce que l'expérience personnelle démontre
peut-être dans très peu de cas, peut-être de temps en temps,
cela peut être vrai je crois, que les gens qui sont
légalement responsables sont normalement moralement responsables aussi.
Pour citer l'exemple que vous venez de mentionner...
M. LEGER: C'est l'inverse que j'ai dit.
M. KING: Oui, mais vous avez cité l'exemple, M. Léger, de
l'automobiliste qui arrête "net, fret", où quelqu'un le heurte par
en arrière.
M. LEGER: Non. J'ai dit: L'autre en arrière est obligé de
freiner à cause de cette première automobile et, en freinant, un
autre lui arrive dans le dos et ces deux personnes sont aux prises avec
l'accident légal et le premier, qui est la cause morale s'en va,
personne ne lui a touché et on n'a même pas le temps de
l'arrêter, il s'en va. Il est moralement responsable des deux autres
autos qui se sont heurtées et ce sont les deux autres types qui sont
pris avec...
M. KING: A ce moment-là, c'est évident que ces deux
voitures se suivaient de trop près.
M. LEGER: D'accord, il y a un accident légal.
M. KING: Si on gardait la distance requise par la prudence, soit une
longueur d'automobile pour 10 milles à l'heure de vitesse, je ne pense
pas que ces accidents arriveraient. Il y a peut-être une contribution
morale de celle qui est en avant, mais certainement le troisième
conducteur est moralement responsable aussi.
M. LEGER: Oui, mais il s'en va. C'est pour cela que je dis que ce n'est
pas exactement la même chose. La personne qui va être
déclarée techniquement et légalement responsable peut ne
pas être moralement responsable. La loi dit: Si vous avez fait telle
chose, vous êtes coupable. Oui, mais, moralement, cela peut être
une autre personne ou d'autres facteurs moraux qui ont causé l'accident.
Ce n'est pas parallèle. Cela ne se compare pas d'une façon
précise et exacte, la responsabilité morale et la
responsabilité légale.
M. KING: Je pense que c'est peut-être une question d'opinion, M.
Léger. Je ne suis pas totalement d'accord avec vous.
M. LEGER: Ce que je veux mentionner en gros, ce que je veux faire
ressortir, c'est que vous tenez à l'aspect très légaliste
de la responsabilité alors que, dans le monde quotidien où nous
vivons. Il y a une infinité de facteurs qui ne sont pas prévus
par la loi, que la loi ne corrige pas, et la personne est impliquée
légalement alors que moralement elle ne l'est pas. C'est cela que je
voulais faire ressortir.
De toute façon, je n'ai pas tellement de temps pour prolonger
cette partie de mon argumentation. Je voudrais parler maintenant à la
page 7 où vous dites, au premier paragraphe:
Pourquoi les victimes d'accidents d'automobile seraient-elles
indemnisées beaucoup plus largement par la société que les
victimes des blessures graves provenant d'autres causes comme par exemple les
autres sortes d'accidents et les maladies?
Ce matin, en regardant votre mémoire je m'aperçois de plus
en plus que vous tenez à garder la société telle qu'elle
est. Mais il faut évoluer. Un exemple frappant de cela, c'est la
Commission des accidents du travail. Elle a réalisé à un
moment donné dans les années 1930 ou 1940 je ne me
souviens pas de la date exacte qu'elle devait avoir une attitude
beaucoup plus sociale, une attitude de compréhension sociale des
événements. On s'est dit: Le travail est une
nécessité pour les individus et, à cause de cette
nécessité, il va y avoir des accidents.
Donc, il faut prévenir et indemniser les personnes qui sont
victimes d'accidents de travail et on a mis sur pied le système de la
Commission des accidents de travail qui voit à indemniser à 75
p.c. du salaire une personne qui subit des pertes provenant du travail, parce
que le travail est essentiel. La même philosophie doit maintenant
être la base de la fonction de l'automobile. L'automobile est devenue un
mal nécessaire dans la société et il faut donc aussi tenir
à indemniser les victimes de ces accidents, non pas parce que cela va
être plus que les autres, mais c'est maintenant un fait social, on le
sait. L'automobile est un outil de progrès, un outil qu'on doit utiliser
pour aller au travail et fonctionner rapidement; le transport est très
important, la rapidité de se déplacer d'une place à
l'autre est devenue essentielle dans la vie d'aujourd'hui.
A cause de cela, on a une augmentation du nombre d'automobiles, la
pollution augmente, il y a toutes les implications sociales que le
progrès a amenées par le système dans lequel nous vivons,
et ce système est là pour produire et aller de l'avant à
toute vitesse. On a des conséquences sociales de cela et c'est par la
suite que l'Etat doit dire: II y a des conséquences devant ce
progrès social qui font qu'on n'a non seulement un progrès, mais
qu'on recule dans le domaine de la vie humaine. Il faut tenir compte de cela
à cause du progrès social.
Quand vous dites qu'il ne devrait pas être mieux indemnisé
que les autres, je dis qu'il faut faire un pas en avant. Si on l'a fait dans le
domaine du travail, il faut le faire au niveau de l'automobile qui est
maintenant rendue un fléau nécessaire dans la
société. Donc il faut en prévoir les conséquences
sociales; relativement à votre page 7, qu'en pensez-vous?
M. KING : Je pense, M. Léger, que le système actuel
fonctionne bien pour payer une compensation aux victimes.
M. LEGER: C'est votre réponse? Quand on voit la quantité
de personnes qui sont rémunérées, indemnisées, et
celles qui vont directement par avocat ou par jugement, on s'aperçoit
qu'une bonne partie ne le sont pas et celles qui le sont ne le sont pas
pleinement. Si vous pensez que c'est parfait dans ce système, je prends
votre parole mais...
M. KING: M. Léger, j'aimerais ajouter quelque chose,
d'après les chiffres que j'attendais ici. Il faut quand même tenir
compte des désirs du consommateur aussi. Nous avons fait des sondages
parmi des conducteurs d'automobile, ici et ailleurs, et 63 p.c. des Canadiens
sont d'avis que le conducteur individuel devrait être responsable pour un
accident. Il doit être tenu responsable. 64 p.c. des conducteurs
d'automobile sont d'avis qu'ils doivent être tenus responsables.
M. TETLEY: Avez-vous parlé de responsabilité criminelle,
avez-vous parlé de l'augmentation de vos primes, avez-vous parlé
de la responsabilité telle que le citoyen perdra son permis? Vous
permettez, mon cher collègue, il faut connaître, lorsque vous
citez des chiffres comme 63 p.c, 67 p.c, un sondage, les questions
posées et le nombre de personnes questionnées. J'ai vu des grands
perdre des élections après un échantillonnage qui prouvait
qu'ils auraient gagné haut la main. Nous sommes experts en sondages et
en statistiques et nous sommes tous cyniques à mort.
M. LEGER: Juste avant que vous répondiez; dans ce sondage, est-ce
que les personnes interrogées connaissaient la possibilité
d'être indemnisées sans avoir à recourir à la
poursuite? Parce que si vous l'avez fait avant que le rapport Gauvin soit
présenté, la majorité des citoyens n'étaient pas
conscients qu'il y avait une possibilité d'être indemnisés
sans avoir recours à la poursuite, du moins dans le domaine de
l'automobile? Il faut dire que les gens à qui vous posez des questions,
ça dépend du degré d'information qu'ils ont. Si vous posez
la question suivante au citoyen: Si vous n'avez pas à poursuivre, si
vous avez un accident, on va vous indemniser, est-ce que vous êtes
d'accord là-dessus ou si vous tenez absolument à poursuivre? La
question est importante quand on fait un sondage?
M. KlNG: Je pourrais vous lire les questions que nous avons
posées aux gens? Cela pourrait peut-être aider à clarifier
les statistiques? Questions: Que pensez-vous des conducteurs ou de leur
compagnie d'assurance payant sur la base de la détermination de la
négligence pour l'accident? Croyez-vous que le conducteur individuel
devrait être responsable pour ce qu'il juge comme faute ou serait-il
mieux de simplement voir les compagnies d'assurance payer, jusqu'à un
certain moment, sans égard à qui est la faute? C'étaient
nos questions.
M. TETLEY: Oui, mais ce n'est pas une question au sujet du rapport
Gauvin, parce que
Gauvin n'évite pas la faute criminelle, ni l'augmentation des
primes et même de fautes, le système est plutôt assurance
sans avocat plutôt que sans faute.
M. LEGER: D'ailleurs, à la page 197 du mémoire Gauvin, il
est bien mentionné qu'une victime seule est indemnisée, la
compensation par rapport à sa perte est de $0.42 par dollar; avec
avocat, $0.69; sans jugement, $0.61 et poursuite avec jugement, $0.39. On voit
déjà par là que dans le système actuel, d'abord,
les gens ne reçoivent pas la proportion de ce qu'ils réclament.
Vous allez me dire: Peut-être qu'ils réclament plus, mais dans
l'ensemble, ça démontre qu'ils ne sont pas indemnisés
selon la totalité des dommages qu'ils ont subis. C'est à la page
197 du rapport Gauvin.
M. KING: Quelle page, monsieur? M. LEGER: Page 197.
M. KING: M. Léger, je comprends difficilement ce tableau, parce
que je me demande sur quelle base il est fondé. De quelle manière
a-t-on décidé que les gens recevaient 42 p.c. de la compensation
qu'ils devaient avoir? Pourquoi dire 42 p.c? Peut-être que, si je
regardais le même dossier, je dirais: Ils ont été
compensés à 100 p.c. Il me semble que c'est une question
d'opinion.
C'est comme dans d'autres cas. On dit, dans le rapport, que les victimes
légèrement blessées sont surcompensées. Mais,
est-ce que c'est réellement véridique? C'est une opinion.
Peut-être ne sont-elles pas surcompensées. Il me semble que c'est
une question d'opinion, M. Léger, parce que...
M. LEGER: Ce sont des faits. C'est comme les chiffres que vous nous avez
donnés tantôt. Je vais y revenir. Vous nous apportez des faits et
vous faites des conclusions. Là, ce sont des faits, des statistiques
éprouvées qui ont été présentées par
des spécialistes.
Ce sera ma dernière question, M. le Président. Dans votre
autre rapport, à la page 11, vous mentionnez, sur le plan du Manitoba:
Dans la dernière année avant son introduction, le public a
payé un peu moins de $34.7 millions aux entreprises privées pour
l'assurance-auto-mobile, en 1970. En 1971, $40.5 millions; donc, une
augmentation de 18 p.c. En 1972, $42.5 millions, soit une augmentation de 5
p.c. Ensuite, $58.5 millions, une augmentation de 30 p.c.
Vous me donnez des chiffres comme cela comme on en a dans le
rapport Gauvin, question d'opinion est-ce que vous pourriez nous dire,
si vous avez les chiffres en main, quels sont les taux de prime d'assurance de
votre compagnie pour les années 1970, 1971, 1972 et 1973 et quelle a
été l'augmentation de vos primes d'assurance d'une année
à l'autre, pour voir quelle sorte d'augmentation il y a eue?
M. KING: Je vais essayer de répondre à votre question, M.
Léger. Si vous permettez, je vais consulter mes confrères. J'ai
les chiffres de 1974 en comparaison avec ceux de 1973. Cela accusait une
augmentation de primes totale je parle de toutes les couvertures de
l'assurance de 7.9 p.c.
M. LEGER: Vous ne l'avez pas seulement pour l'automobile? Pour comparer,
tout de même, des choses qui se comparent.
M. KING: Les couvertures de l'assurance-automobile?
M. LEGER: Oui. Une augmentation de 7.9 p.c.
M. KING: Soit la collision, soit les dommages matériels, soit la
responsabilité combinée.
M. LEGER: Avez-vous ces chiffres pour les quatre années? Je veux
les comparer avec ceux du régime étatique du Manitoba.
M. KING: Est-ce que nous avons...
M. LEGER: Vous n'avez pas avec vous, aujourd'hui, je présume, les
différences de taux de votre compagnie, au Québec, pour les
années 1970, 1971, 1972 et 1973. Avec les augmentations qu'il y a eues
dans le Manitoba avec un régime étatique, vous avez certainement
eu des augmentations vous aussi.
Vous avez beaucoup parlé d'inflation dans votre mémoire.
Il est aussi normal que, dans l'assurance étatique, il y ait une
augmentation de coût causée par l'inflation, comme
également les frais de garage, de réparations quelconques, qui
font que cela augmente naturellement.
Mais pour ce qui est de la comparaison entre les deux systèmes,
est-ce que vous avez des chiffres? Mais si vous ne les avez pas
spécialement pour vous, est-ce que vous avez des statistiques
canadiennes, des comparaisons de taux pour les mêmes années,
1970/71, 1971/72, 1972/73, pour l'ensemble du Canada, incluant le
système privé et le système étatique, pour qu'on
puisse réellement comparer? Les chiffres que vous nous donnez sont
sortis d'un contexte. Il faut les comparer.
Puisque vous affirmez que l'assurance étatique a
coûté plus cher, est-ce que vous pourriez nous donner des chiffres
officiels, des statistiques de l'assurance au Canada pour les mêmes
années afin qu'on compare réellement si les augmentations ne sont
pas dues à d'autres causes qu'uniquement au fait que, d'après
vous, c'est étatique?
M. KING: Nous n'avons pas ces chiffres avec
nous. Ils sont contenus, j'imagine, dans le livre vert qui est
disponible au public, aux gens de l'assurance, au ministère.
M. LEGER: Vous nous arrivez ce matin avec votre rapport. Je sais bien
que vous avez à défendre, dans votre mémoire, votre
industrie et votre compagnie, entre autres. Vous nous arrivez avec des chiffres
et vous n'avez pas amené avec vous les chiffres comparatifs. Vous nous
donnez des chiffres de l'assurance étatique et vous dites que cela a
augmenté, mais il peut y avoir des facteurs qui se retrouvent autant
dans l'assurance de l'entreprise privée qui font qu'elle a aussi
augmenté chez eux. Pour que vous affirmiez cela, vous auriez dû
aussi avoir les chiffres pour dire: Regardez dans l'entreprise privée,
cela n'a pas augmenté au même rythme qu'au Manitoba. Vous n'avez
pas cela?
M. KING: M. Léger, les chiffres que nous avons, ce sont les
chiffres pour le Canada et pour Québec. On pourrait obtenir les autres
chiffres et les faire parvenir à la commission, si vous voulez les
avoir.
M. LEGER: D'accord. J'ai terminé, M. le Président. Je vous
remercie.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Papineau.
M. ASSAD: M. le Président, j'aimerais poser des questions
à M. Kiefer ici.
Mr Kiefer, I am familiar with the situation in Florida where the lawyers
or the bar associations are doing their best to have the no fault insurance
appealed in Florida, because of the discrimination that has been brought upon
some people who have suffered very serious bodily damages. But, going along
with the Gauvin report, here you see the tort as the major obstacle in the
Gauvin report, is that right?
M. KIEFER: No, that is a major obstacle, but there are other
recommendations made by the Gauvin report. They are much more severe in the
administrative end than possibly even the tort as far as our industry goes, I
am afraid.
M. ASSAD: That is O.K. concerning the industry, but what about the
particular individuals who will suffer damages?
M. KIEFER: As far as preserving the right to sue, as we have said, we
favour preserving the individuals' right to sue, but we also feel that there
are excesses committed on minor injury claims that can be effectively
eliminated with a form of threshold approach that would take these out and
preserve the right for the more seriously injured persons to still get their
day in court. We find this a very difficult thing to adjust to the complete
elimination of tort, yes, Sir.
M. ASSAD: Not that the Gauvin report is a total loss, right, but what
would you recommend behind the tort, mind you, for people who suffer severe
bodily damages?
M. KIEFER: We would recommend that after, whatever you, gentlemen, and
the Parliament would consider as an acceptable threshold, that once that level
is exceeded in whatever standards that might be set, that an individual be able
to maintain an action in a civil court for damages and be adjudicated by a
judge or jury assessing those damages as they believe they should be assessed
sooner than the present system. We do not see restrictions on the amount of
damages that could be rendered. In other words, you could go in with a serious
injury.
The young medical student, you know, who may have been severely injured
in an accident, we find Mr Gauvin's recommendation is completely unacceptable
to this young man. He could be deprived of a career and a livelihood forever,
and these damages, we do feel, are not sufficient toward this.
M. ASSAD: There must be something that we can come up with to prevent
such injustice to individuals who suffer severe damages. There must be a
formula acceptable.
M. KIEFER: The combination of accident benefits that could be expanded,
you know, to allow the individual to purchase for himself. Better medical
coverage is better disability income provisions coupled with his right to sue
the combination of these, we think, presents a much more acceptable package for
the individual. It will preserve his rights.
M. ASSAD: Except for somebody who probably could not afford to do
his...
M. KIEFER: Accident benefits today. I believe, in the province of
Quebec, cost $11, is that right, for the basic coverage? I beg your pardon? It
is $13 in Ontario, to give you an example. So to expand these benefits, the
cost is not prohibitive.
M. ASSAD: Fine. Thank you.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, je voudrais simplement continuer sur
cette question. Si je comprends bien les arguments du président,
à ce moment, vous dites dans votre mémoire que vous n'êtes
pas nécessairement d'accord sur la recommandation du BAC. Qu'est-ce que
vous en pensez d'une façon globale, parce que le BAC en
résumé recommande un système sans responsabilité
pour un certain montant? Après cela, il recommande évidemment
qu'il puisse y avoir un recours à la cour. Est-ce que ce n'est
pas un peu ce que votre président semble dire à l'heure
actuelle?
M. KING: Partiellement, mais l'approche est différente, M.
Bonnier. Si on maintient le droit de recouvrement, le droit de poursuite pour
les gens qui sont gravement blessés, on enlève, on élimine
le droit de poursuite pour les gens qui sont légèrement
blessés, dans une tentative de sortir ou d'enlever ces cas mineurs du
système et de les compenser immédiatement. Pour faire cela, on
suggère, comme il existe dans beaucoup de juridictions ailleurs,
l'établissement de ce qu'on appelle des "thresholds" en anglais ou des
seuils. Par exemple, on pourrait établir un seuil à $500 de frais
médicaux. Cela veut dire que si une personne blessée n'a pas
été à l'hôpital plus de trois jours parce que
cela coûte $184 par jour pour aller à l'hôpital et
n'a pas plus que $500 de frais médicaux, on considère que c'est
une blessure légère et qu'elle n'a pas le droit de poursuivre
pour des dommages moraux, pertes morales, si vous voulez, douleurs, souffrances
et tous les autres points qu'on a et qui font l'ensemble des
réclamations; c'est une manière de le faire, et on le fait sous
certaines judirictions.
A d'autres endroits, on utilise une autre approche. On dit: Si les gens
ont $500 ou moins de frais médicaux, on va leur payer 50 p.c. des
déboursés pour douleurs et souffrances dans une tentative
d'éviter de leur enlever totalement le droit à une petite
compensation pour les inconvénients de la blessure. Ceci a l'effet de
réduire les petites pertes, de confiner les pertes aux dommages directs,
soit les frais médicaux, déboursés, ou les dommages de
l'automobile.
M. BONNIER: Est-ce que je vous interprète bien? Je pense que vous
êtes peut-être d'accord sur les mêmes principes que le BAC et
que votre approche peut peut-être différer dans la pratique. Au
niveau des principes, cela se ressemble.
M. KING: Le BAC suggère une compensation, sans égard
à la faute ou aux dommages matériels.
Nous ne sommes pas d'accord sur ce point de vue-là, parce que,
pour nous c'est déjà reconnu dans le rapport Gauvin
il n'y a pas d'économie à faire sur le dommage matériel.
Tout ce que cela a fait, comme cela s'est fait dans d'autres juridictions, cela
a provoqué le mécontentement du public, les gens se sentaient
victimes du système de "no fault", parce qu'ils n'avaient jamais le
droit... Leur "déductible" n'était pas remboursé du tout
ou remboursé par leur propre compagnie d'assurance au lieu d'être
payé par la compagnie de la partie adverse qui leur avait causé
des problèmes.
M. BONNIER: D'accord!
M. KING: On dirait que cela répond à un besoin humain de
tenir quelqu'un responsable d'un accident, moralement ou techniquement.
M. BONNIER: Dans un autre domaine, M. King, celui de la vente de
l'assurance-automo-bile, depuis un mois, vous utilisez maintenant des
courtiers. Est-ce que, au niveau du consommateur, cela lui coûte le
même prix? Est-ce que vous avez les mêmes taux de primes que
précédemment ou bien si vous les avez augmentés? Parce
que, nécessairement, vous êtes maintenant obligés de payer
un certain pourcentage aux courtiers, ce que vous ne faisiez pas avant. D'une
façon générale, on prétend que l'assurance directe
serait moins coûteuse. N'est-ce pas votre expérience?
M. KING: Nous n'avons pas augmenté les primes, M. Bonnier, parce
que nous avons décidé de faire affaires par l'entremise des
courtiers. C'était pour répondre à un besoin du
consommateur qui exisgeait qu'on fasse cela ainsi. Vous savez...
M. BONNIER: Est-ce que vous avez augmenté vos
bénéfices?
M. KING: Non plus! Il faut comprendre qu'il y a un "direct writer" qui
dépend de la mise en marché. Il faut payer nos agents. Il faut
leur payer une commission. Il faut leur payer des bénéfices
marginaux qu'on ne paie pas aux courtiers. Il faut leur accumuler une caisse de
retraite, des vacances, trois semaines de vacances par année, etc.
M. BONNIER: Est-ce que cela revient au même?
M. KING: Un fait partie de l'autre. M. BONNIER: L'un revient à
l'autre. M. KING: Oui.
M. BONNIER: Cela ne coûterait pas meilleur marché d'avoir
un système de...
M. KING: "Direct writing".
M. BONNIER: ... "direct writing", comme le suggère la commission
Gauvin?
M. KING: Ce n'est pas notre expérience que cela coût
meilleur marché d'avoir un système de "direct writer" parce qu'il
faut quand même avoir quelqu'un pour faire affaires avec le public. Que
le type soit dans un comptoir, dans un magasin ou qu'il vende les polices
d'assurance aux gens qui viennent, il faut lui payer un salaire, à ce
monsieur. Il faut, en plus, acheter tous les bénéfices.
M. BONNIER: M. le Président, il y en a qui nous distraient.
M. BURNS: Je m'excuse auprès du député. Il y a eu
un accident de parcours à la chaise du député de
Lafontaine.
M. LEGER: On n'est pas assuré pour...
M. HARVEY (Charlesbourg): Un accident, M. Burns?
M. BONNIER: On a de la difficulté à comprendre M.
King.
UNE VOIX: II n'y a pas d'accident de travail ici.
M. BONNIER: Est-ce que, M. King, vous donnez les mêmes services
à votre clientèle, tant au niveau de la vente que des
réclamations dans toutes les régions de la province, ou bien si
vous avez des régions où vous faites spécifiquement
affaires?
M. KING: Est-ce que vous parlez maintenant des réclamations ou
est-ce que vous parlez de la mise en marché?
M. BONNIER: De la mise en marché et des réclamations,
c'est bien sûr.
M. KING: Nous avons constaté que, pour faire affaires dans tous
les coins de toutes les provinces, il faut une...
M. BONNIER: Du Québec en particulier. M. KING: Disons du
Québec. M. BONNIER: D'accord!
M. KING: II nous faut des courtiers. C'est trop coûteux de placer
nos agents captifs dans ces endroits.
M. BONNIER: Vous en êtes venus au système de courtiers.
M. KING: Certainement.
M. BONNIER: Est-ce que cela aurait été trop coûteux
d'avoir des agents captifs dans les différentes régions?
M. KING: Le volume ne justifie pas l'autre système. Les
dépenses d'administration, "overhead", si vous voulez, pour tenir un
agent en place, parce qu'il faut lui donner l'équipement, un local
loué, le téléphone, les bénéfices marginaux,
le salaire, des dépenses pour se déplacer, etc. Cela nous
coûterait plus cher que d'accepter le système de courtiers.
M. BONNIER: Le système de courtiers. M. KING: Certainement.
M. BONNIER: Ma dernière question, M. le Président, est au
sujet des centres de réclamation. Vous dites que vous êtes les
premiers au Canada à avoir expérimenté ces centres de
réclamation.
M. KING: Oui, nous avons été les pionniers dans le centre
de réclamation.
M. BONNIER: Cela veut dire que vous n'utilisez pas le système des
évaluateurs qui vont chez les gens pour...
M. KING: Oui. Il y a des gens qui ne peuvent pas se déplacer
à cause de leur travail ou de leur devoir. Pour ces gens, nous avons un
groupe d'agents de réclamation qui se déplacent et qui vont aller
chez...
M. BONNIER: M. le Président, on a de la misère à
comprendre.
M. HARVEY (Charlesbourg): C'est vrai. J'allais dire la même chose.
Vous avez terminé, monsieur...?
M. BONNIER: Non. Je voulais seulement terminer cette question.
M. HARVEY (Charlesbourg): Très bien. M. KING: Où
étions-nous rendus?
M. BONNIER: Au sujet des centres de réclamation... Vous avez fait
état dans votre mémoire des coûts croissants de
réparation d'automobile. Le rapport Gauvin prétend qu'une
façon de diminuer ces coûts, d'empêcher qu'il y ait
peut-être une fausse évaluation ou une surévaluation des
dommages, c'est qu'on ait des centres. Certaines personnes sont venues ici et
ont prétendu que cela n'était pas pratique parce qu'il fallait
que les gens s'y rendent de neuf à cinq heures de telles choses. Il
fallait que le propriétaire lui-même s'y rende alors que l'autre
système était plus adéquat. Vous qui avez fait
l'expérience des deux, qu'en pensez-vous?
M. KING: Par l'autre système, vous voulez dire les agents de
réclamation qui...
M. BONNIER: Oui.
M. KING: ... qui rendent visite aux gens... M. BONNIER: Oui.
M. KING: Premièrement, nos centres d'évaluation ne sont
pas restreints aux heures normales. On ne les ouvre pas à neuf heures
pour les fermer à cinq heures. Ils sont ouverts le soir aussi.
M. BONNIER: Le soir. Ils sont ouverts le samedi aussi?
M. KING: Ils sont ouverts le samedi aussi. M. BONNIER: Ah bon!
M. KING: Dans les grands centres, ils sont ouverts toute la
journée, le samedi... le samedi matin.
M. BONNIER: Est-ce que vous croyez que c'est un meilleur système
pour contrôler les dégâts véritables?
M. KING: C'est un système très efficace, mais il y a
certaines gens qui ne peuvent s'y rendre. On ne peut pas décider d'un
jour à l'autre: Demain, il n'y a plus d'agents de réclamation sur
la route. Tous nos clients vont venir nous montrer leur automobile. On n'est
pas le monopole. On est dans la concurrence libre. Les gens vont dire...
M. BONNIER: Est-ce qu'il y aurait quand même avantage à
avoir un système de centres d'évaluation en gardant
peut-être l'autre aussi, pour les cas exceptionnels?
M. KING: Je crois qu'il faut garder les deux, mais nous avons
trouvé cela très avantageux au point de vue du coût de
dire... Vous savez que cela coûte de l'argent pour déplacer un
agent de réclamation tandis que, s'il reste au bureau, au centre
d'évaluation, il va pouvoir faire deux cas tandis que, s'il était
sur la route, il n'en ferait qu'un, étant donné son temps de
déplacement.
Deuxièmement, au point de vue de la rapidité du service,
nos agents de réclamation ont des chèques en blanc de la
compagnie, ils ont l'autorité de régler et de payer la
réclamation immédiatement. Donc, le client qui vient est
compensé sur place.
M. BONNIER: Directement au centre. M. KING: Directement au centre. M.
BONNIER: Merci beaucoup.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Charlesbourg.
M. HARVEY (Charlesbourg): M. le Président, les deux questions
soulevées par mon collègue qui m'a précédé
s'inscrivent directement dans celles dont je voulais aussi faire état,
mais je pense que, sur une en particulier, j'aurais aimé avoir un peu
plus de précision puisque Canadian Underwriters indique que la
diminution de votre chiffre d'affaires au cours des cinq dernières
années a été de l'ordre de $1 million.
Or on sait qu'en période inflationniste et aussi avec la hausse
des primes, votre nouvelle orientation, puisque vous avez annoncé ce
matin que vous orientez maintenant votre action vers les courtiers
d'assurance... C'est nouveau, enfin pour autant que le Québec est
concerné. Ma question a deux volets. Le premier: Est-ce que vous ne
justifiez pas votre action vers les courtiers en vous basant sur une diminution
du chiffre d'affaires, comme étant une soupape éventuelle par les
courtiers, d'une part, ou si, d'autre part, vous n'étendez pas ce champ
d'action au Québec après avoir vécu une expérience
dans les provinces étrangères, ou si le Québec
complète l'ensemble de votre opération canadienne?
M. KING: M. Harvey, je vais essayer de vous donner deux ou trois
réponses à une seule question. Premièrement, nous avons
constaté que le consommateur exigeait les services d'un courtier.
M. HARVEY (Charlesbourg): Oui, je vous arrête tout de suite...
M. KING: Surtout dans les endroits.
M. HARVEY (Charlesbourg): ... parce que vous avez basé votre
argumentation sur le fait que vous voulez davantage répondre à ce
que le consommateur veut, de sorte que vous vous appuyez intégralement
sur les courtiers ou la commercialisation par voie des courtiers. Je n'ai pas
d'opinion personnelle, mais je respecte ce que vous dites. J'ai très
bien compris ce matin que vous autres mêmes, vous disiez: Les courtiers,
maintenant, on reconnaît que c'est la volonté du public de
transiger avec eux, donc nous, nous reconnaissons que c'est la meilleure
façon de commercialisation par l'assurance. Mais, est-ce à dire
c'est une autre question que la première d'une part, je
vous demande si la diminution de votre chiffre d'affaires de $1 million en cinq
ans n'a pas été une raison et la deuxième question qui me
vient à l'esprit maintenant, puisque vous réitérez le fait
que les courtiers sont maintenant des bons garçons qu'on ignorait hier,
mais qu'on considère aujourd'hui indispensables parce que c'est le
public qui le veut, est-ce qu'à l'avenir, cela voudra dire que vous
allez, dans le cadre de ce qu'on peut appeler les centres de ventes, les fermer
graduellement? Il n'y a pas d'"agree-ment", dans ce sens-là, qui est
proposé? Est-ce que les courtiers ont une réaction
négative ou positive à cette action?
M. KING: Premièrement, le fait que notre chiffre d'affaires a
baissé de $1 million, ce n'était pas la raison pour laquelle nous
avons décidé de distribuer le produit par l'entremise du
courtier.
M. HARVEY (Charlesbourg): D'accord.
M, KING: Deuxièmement, on a voulu vendre plus d'assurance
commerciale pour diversifier notre commerce et ce sont les courtiers qui sont
les personnes les mieux qualifiées, je crois, pour
distribuer l'assurance commerciale surtout. Est-ce que c'est bien
répondu?
M. HARVEY (Charlesbourg): Cela répond très bien. D'autre
part, le député de Lafontaine, tout à l'heure, vous
faisait dire, à la page 3 de votre mémoire, dans le
deuxième paragraphe... Vous affirmez d'abord que la majeure partie des
accidents sont causés par la négligence de l'un des conducteurs
et le public croit que ces conducteurs doivent être tenus responsables de
leur action. Je pense que vous voulez conserver ce que le code civil
détermine dans ses règlements ou dans les articles de cette loi
du code civil, 1053 et suivants. En fait, vous maintenez que celui qui a une
culpabilité dans un accident doit, selon le code civil, l'article 1053
et le reste, être poursuivi. C'est votre philosophie. Je pense que vous
confirmez ce qui existe.
M. KING: Oui, M. Harvey. En somme, nous croyons qu'on doit garder la
question de faute ou de responsabilité afin de continuer les tentatives
de vos collègues du ministère des Transports, du ministère
de la Voirie pour réduire le nombre d'accidents. Je crois aussi qu'on
n'est pas logique si, d'une main, on veut réduire le nombre d'accidents
en améliorant la sécurité routière et, d'une autre
main, on va enlever le fardeau de la responsabilité. Ce n'est pas
logique.
M. HARVEY (Charlesbourg): Vous considérez cependant utile
peut-être, voire même nécessaire que l'on continue de
reconnaître également la présomption de
responsabilité qui est inscrite aux fonds d'indemnisation aux
accidentés.
M. KING: Oui, la section du code de la route pour les fonds
d'indemnisation.
M. HARVEY (Charlesbourg): Section du code de la route. Vous reconnaissez
le bien-fondé et même la nécessité d'avoir la
présomption de responsabilité dans ce cas.
M. KING: Oui, monsieur.
M. HARVEY (Charlesbourg): Merci beaucoup.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député d'Iberville.
M. TREMBLAY: M. le Président, quelques questions. Tout d'abord,
pouvez-vous informer la commission du motif qui vous a inspiré à
retirer votre affiliation du Bureau d'assurance du Canada en 1974?
M. KING: Est-ce que je pourrais permettre à notre
président de vous expliquer ça en détail?
M. TREMBLAY: Certainement. Why did you withdraw from the Bureau
d'assurance du Canada?
M. KIEFER: IBC, yes. I think the final decision to withdraw was raised
when we found ourselves in complete disagreement with their approach to no
fault. However, Allstate felt and has felt for sometime that our ability to
speak up independantly in our voice, was not as effective by having an industry
organization speak force as we could individually. There are many issues that
we may find ourselves in difference with the industry, we felt the most
effective way to do this was as independant rather than being disrupting with
any Insurance Bureau of Canada itself. We still maintain close relationships
with the Insurance Bureau of Canada, we do keep up a continuing dialogue and
communications with them, but we feel very strongly that our best interests
were served by being independant.
M. TREMBLAY: En page 3 de votre exposé verbal, vous
alléguez catégoriquement, à la quatrième
référence, qu'il n'y a aucune solution d'économie dans les
propositions Gauvin et du BAC. Brièvement, pouvez-vous spécifier
quelles sont les références aux deux propositions qui vous
permettent une telle affirmation?
M. KING: A quelle page, monsieur?
M. TREMBLAY: La page 3 de votre exposé verbal.
M. KING: De ce matin.
M. TREMBLAY: Au 4e paragraphe. Vous faites une affirmation pas
mal...
M. KING: Nous faisons une affirmation basée, premièrement,
sur les statistiques elles-mêmes du rapport Gauvin, que j'ai
citées, selon lesquelles, si les gens gardent la même protection
qu'ils détiennent actuellement, il n'y a pas d'économie à
faire. Deuxièmement, notre opinion est basée sur les
expériences que nous avons vécues de jour en jour dans d'autres
juridictions où il n'y a pas eu d'économie finale, après
avoir chambardé le système.
M. TREMBLAY: C'est en comparaison avec ce que vous avez vu dans Gauvin
et également dans BAC?
M. KING: Oui, parce que la même situation existe pour les dommages
matériels, soit le plan du BAC ou les suggestions de M. Gauvin, c'est
presque identique.
M. TREMBLAY: Dans la préparation de votre exposé et de
votre rapport, est-ce qu'il vous a été donné de consulter
le BAC comme tel, ou si c'est votre évaluation, celle de votre
compagnie, selon votre expérience à vous?
M. KING: Oui, nous avons lu attentivement le mémoire et le plan
complet du Bureau d'assurance du Canada. Il est évident que du
côté des dommages matériels, il n'y a aucune
économie parce qu'on déplace le coût tout simplement.
M. TREMBLAY: Mais vous n'avez eu aucune discussion...
M. KING: Avec lui?
M. TREMBLAY: ... avec lui, sauf les références que vous
avez accordées à son rapport, à son
mémoire?
M. KING: Non, nous avons discuté à maintes reprises
pendant des heures, M. Walker était notre représentant au Bureau
d'assurance du Canada. Nous avons pris connaissance de son plan bien avant
qu'il soit imprimé et c'est une des raisons pour lesquelles nous avons
décidé de nous retirer du Bureau d'assurance du Canada, parce que
nous ne pouvions pas être d'accord avec lui sur tous les points de son
plan.
M. TREMBLAY: Merci. Dans un autre ordre d'idées, avez-vous un
système établi de primes à rabais, au mérite,
basé sur le dossier de chacun de vos assurés?
M. KING: Oui, ce qu'on appelle du "merit rating? "
M. TREMBLAY: Oui.
M. KING : Tarification de démérite?
M. TREMBLAY: Oui, est-ce que vous avez un exemple concret?
M. KING: Un conducteur qui n'a pas d'accident pendant trois ans va avoir
un rabais considérable. Celui qui n'a pas d'accident pendant cinq ans
aura un rabais beaucoup plus considérable.
M. TREMBLAY: Est-ce que les rabais que vous accordez...
M. HARVEY (Charlesbourg): Je m'excuse, mais toutes les compagnies ont ce
programme. Ce n'est pas exclusif à Allstate?
M. KING: Peut-être pas toutes les compagnies, mais certaines
autres compagnies ont le même programme.
M. HARVEY (Charlesbourg): Je dirais la plupart.
M. KING: Oui, je dirais la plupart, M. Harvey.
M. HARVEY (Charlesbourg): Vous ne com- mettez pas d'erreur comme cela.
C'est un accident sans doute. Je vais vous indemniser.
M. TREMBLAY: Est-ce que vous avez une comparaison favorable avec un ou
deux de vos concurrents égaux? Je vais poser ma question autrement.
Est-ce que vous vous situez dans le nombre des compagnies qui offrent les
meilleurs rabais au mérite chez les conducteurs?
M. POULIN (Paul): Pour répondre par un exemple pratique, la
semaine dernière, nous avons justement reçu un appel
téléphonique d'un membre du Parti libéral pour connaftre
nos taux. Ce monsieur s'était informé à deux de nos
concurrents. A un endroit, on lui chargeait $750. et à l'autre on lui
chargeait $625. Chez Allstate, on lui a vendu sa prime à $550. je
pense.
M. TREMBLAY: Pour la même protection?
M. POULIN: Pour la même protection. C'est un exemple vécu,
parce que cela m'a été rapporté la semaine
dernière. C'est un type que vous connaissez très bien.
M. KING: Je pense que, pour répondre totalement, le taux de
rabais que nous offrons au public est un des plus positifs dans
l'industrie.
M. TREMBLAY: II va sans dire que si vous êtes en mesure, M. Poulin
surtout, d'affirmer ce que vous venez de dire, vous devez être de
sérieux concurrents pour plusieurs compagnies qui font affaires au
Québec?
M. KING: Oui.
M. TREMBLAY: Je termine avec ceci. Pou-vez-vous donner à cette
commission une indication quant à la confection de votre portefeuille
d'investissements au Québec, en nature et en dollars? Je ne vous demande
pas un rapport complet, mais donnez-nous une image de votre portefeuille
d'investissements Québec, en piastres et en nature, comme obligations,
etc., Obligations du gouvernement du Québec.
M. TETLEY: Je crois que le témoin, M. King, a déjà
répondu à cette question.
M. TREMBLAY: Pas dans les termes dans lesquels je lui pose ma question
actuellement.
M. TETLEY: II a dit 28 p.c. de $60 millions, si je comprends bien.
M. TREMBLAY: Oui, mais dans quel domaine se situe la nature de ces
investissements? C'est ce que je voudrais savoir.
M. TETLEY: Parfait.
M. KING: Puis-je demander à M. Kiefer de vous
répondre?
M. TREMBLAY: Certainement.
M. KIEFER: As to the nature of our investments, at large, of course, we
have invested in municipal and provincial bonds in Quebec to the extent of
about $6 million. We also have mortgages that we carry in the province of
Quebec of about $1 million too. We own corporates for $2.4 and we own corporate
preferred for about $9.6 million. These are Quebec corporate preferred. So, we
have a fairly wide mix. I am talking now about our casualty company. We also
have a life company that also has investments, but I am talking now about the
casualty company in Quebec. So, it is a mixture of municipal, provincial,
preferred, some mortgages and also some short term papers, under the Quebec
Hydro plan we buy on a kind of a daily basis.
M. TREMBLAY: In the annual report of your firm, do you go into such
details as to report to your...
M. KIEFER: I believe we also file these with the provincial
Superintendent's office.
M. TREMBLAY: I mean in the annual report which you render public at the
end of each year?
M. KIEFER: No, we have not made these public, but we do file them with
the provinces.
M. TREMBLAY: Did you think it would be a good suggestion to inform
publicly people...
M. KIEFER: Certainly.
M. TREMBLAY: ... where you invest your money in Québec?
M. KIEFER: Yes.
M. TREMBLAY: Thank you very much.
M. KIEFER: You are welcome.
M. TREMBLAY: Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le ministre des Institutions
financières.
M. TETLEY: Mr Kiefer, I have a question for you.
M. KIEFER: Yes.
M. TETLEY: Does your company still keep automobile insurance offices in
British Columbia, Saskatchewan and Manitoba?
M. KIEFER: We maintain personnel in British Columbia. We no longer have
any personnel in Manitoba and, from my knowledge, we never had anyone in
Saskatchewan.
M. TETLEY: Of course, that was twenty years ago.
M. KIEFER: Yes, Sir. We are looking at British Columbia and trying to
find ways to market other products back into British Columbia at the present
time and our presence is growing more in that area, but, of course, we are so
heavily committed in automobile, like many companies, that, when we lost that
way, our people going that way, did so accordingly.
M. TETLEY: What are your experiences with British Columbia? Have you
really had time to look at it? I want to say that the Gauvin Committee brought
down their report in March and they felt they had not the time to make a valid
study of either Manitoba or British Columbia. I know you have got some figures
particularly in the introductory remarks of Mr King which we received this
morning, but can you make a valid criticism that you could give to the Quebec
government saying: Because of this study, actuarial or by accountants, we
believe the B.C. system is going to cost them more than the old system and the
same is true in Manitoba?
M. KIEFER: I could make a couple of comments in this area. First, there
have been no official statistics published by the BCIC.
So, we cannot, on that basis, make any official comment. We would like
to leave with the committee a kind of entourage of clippings that we have on
the press reactions to this, but that is about as valid as we can get.
M. TETLEY: I do not criticize the press, because the press does not have
the figures either, but the press has helped us here very much in providing the
only information that we have been able to give to the public other than the
hundreds of copies of the report we have given out. But a press clipping on say
the Government of British Columbia's success or lack of success, when there are
no figures available, is of questionable value.
M. KIEFER: I think that one interesting figure that gives us all a very
definite clue is the fact that the provincial government in British Columbia
through their insurance company now has reached the decision that they are
going to have to use ten cents a gallon of their gazoline taxes starting in
March of next year to subsidize that company, and the revenue that that is
anticipated to bring in with their licence fees, through the best figures that
I can gather, is somewhere around $130 million a year.
M. TETLEY: For the population of British Columbia, which is nearly two
million now.
M. KIEFER: I think it is interesting to note that when this plan was
instituted, the statement was made by the government that general revenues
would not be used to subsidize that corporation. However, general revenues are
now going to be used to subsidize that corporation.
M. TETLEY: Yes. Thank you, gentlemen. M. King, je trouve qu'avec un nom
comme Patrick King, vous êtes passablement bilingue.
M. KING: Merci.
M. TETLEY: M. Kiefer et messieurs d'Allstate, je vous remercie au nom du
gouvernement.
M. KING: Nous vous remercions, messieurs. M. KIEFER: Thank you.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je crois que...
Calendrier de travail
M. LEGER: M. le Président, je pense qu'il est temps qu'on
discute, avant d'ajourner, de l'ordre des travaux de cette Chambre,
c'est-à-dire de cette commission. Le ministre avait une proposition
à nous faire et j'aimerais qu'on en discute pour savoir où on
s'en va avec le problème de l'assurance-automobile.
M. TETLEY: M. le Président, je ne vois aucun problème.
Moi-même, je préfère le système tel que
préconisé l'autre jour.
C'était le secrétaire qui m'avait envoyé la liste,
c'est-à-dire qu'il y avait des séances jusqu'au 17
décembre. Cependant, M. le député de Lafontaine voulait
que cela marche plus vite, ou peut-être même que l'on entende deux
mémoires par jour, ce qui peut être très dangereux. En tout
cas, après consultation, ce matin, j'ai essayé de mettre quelques
mémoires ensemble pour la même journée, ce qui veut dire,
je crois, qu'il faut arriver à 10 heures. Puis-je dire que mardi
dernier, j'étais le seul ici à 10 heures, pas même le
secrétaire, incidemment? Ce matin, j'étais le seul ici à
10 heures pas même le secrétaire sauf quelques-uns
de mes fonctionnaires qui ont une idée comment on fonctionne dans le
ministère.
M. HARVEY (Charlesbourg): M. le Président, je sens le besoin de
défendre un peu trois des collègues qui sont membres de cette
commission. Ils ont été retenus à une assemblée
quelconque...
M. TETLEY: Ah oui!
M. HARVEY (Charlesbourg): ... avec nos amis les cultivateurs.
M. TETLEY: C'est vrai.
M. HARVEY (Charlesbourg): II était fort difficile de s'en
soustraire.
M. TETLEY: En tout cas, je ne critique personne, mais si on veut en
mettre deux la même journée, il faut commencer à 10 heures.
Aussi, nous avons peut-être pris avantage aujourd'hui de l'absence du
député de Beauce-Sud, qui aime poser des questions et même
faire de longues déclarations. Donc, on ne peut pas toujours compter sur
son absence.
Je veux ajouter que la séance de ce matin... les séances
sont d'une grande valeur. Je crois que c'était essentiel que Allstate
vienne ici. Il y a toutes sortes de rumeurs et de critiques des compagnies, pas
nécessairement de Allstate. C'était essentiel que vous veniez
ici. J'ai été intéressé, par exemple, par vos
investissements, parce que vous savez, dans le bill 7, vous aurez, à
l'avenir, l'obligation de nous présenter une liste de vos
investissements au Québec, etc., votre compagnie d'assurance-vie aussi,
"casualty" et assurance-vie.
Mais je ne propose pas, je soumets à votre considération
qu'on peut peut-être mettre ensemble quelques groupes, par exemple, les
avocats de la province pour le 12 novembre. Je sais que ces avocats ont toute
une matinée.
J'ai l'honneur d'être l'orateur, je crois, le 16 novembre, mais je
sais qu'avant cette date, ils ont toute une matinée pour exprimer leurs
suggestions...
M. HARVEY (Charlesbourg): Ils veulent orienter votre discours.
M. TETLEY: ... au gouvernement, à l'Opposition et à tout
le monde.
M. HARVEY (Charlesbourg): Ils veulent orienter votre discours.
M. TETLEY: Mon discours n'est pas prêt. Peut-être qu'on peut
fixer le 14 novembre comme date c'est une question que je pose au
député de Lafontaine de comparution de l'Association
provinciale des marchands d'automobiles et les Prévoyants du Canada?
Est-ce que cela vous...
M. LEGER: Vous nous avez... M. TETLEY: Je vous suggère cela.
M. LEGER: ... suggéré une proposition de fonctionnement,
mais si vous me posez une question immédiate, je vais vous en poser une
plus fondamentale et, après, on pourra orienter cela.
Je veux savoir, de toute façon, quel est
l'objectif qu'on veut viser et quelles sont vos contraintes pour
réaliser cet objectif. Cela veut dire ceci: C'est uniquement un
calendrier pour nous permettre de savoir quels sont les groupes qui viendront
à la commission parlementaire. Je voudrais savoir du ministre je
pense qu'il est temps qu'il nous le dise quel est son calendrier pour la
fin, d'abord, des travaux de la commission actuelle et, dans ce calendrier, il
y a certaines contraintes que le ministre doit subir, c'est-à-dire par
le dépôt de sa loi. Quand prévoit-il déposer sa loi?
Ce qui présuppose la préparation par son ministère...
c'est-à-dire une rédaction peut-être technique de cette loi
par le bureau de législation du gouvernement, puis l'approbation par le
caucus des députés du gouvernement et, par la suite, une
étude de cette nouvelle loi en commission parlementaire avec la
possibilité de rencontrer les groupes qui, à ce moment,
pourraient réellement venir nous dire, devant le choix politique du
gouvernement, ce qu'ils en pensent.
Là, ils sont venus nous dire ce qu'ils pensaient des
différents aspects du rapport Gauvin, mais c'est quand même
très préliminaire. Je pense qu'ils devront revenir nous dire ce
qu'ils pensent de la loi. Si vous me dites que votre intention est de
présenter, d'après vos contraintes, votre projet de loi, en mai,
je dois vous dire qu'il va falloir se hâter davantage. Si c'est pour
novembre, il faut y penser deux fois, si réellement le gouvernement a
l'intention de trouver des solutions à ce problème. Je demande
donc, au ministre, son calendrier. Un calendrier pour la commission
parlementaire ne me satisfait pas. Ce sont des moyens d'en arriver à un
objectif, mais quel est l'objectif pour le ministre?
Quelles sont les contraintes qui l'empêchent de nous dire: Bien...
Normalement, quand on reçoit un rapport d'un comité
d'étude, le gouvernement consulte, et immédiatement il
présente en commission parlementaire un projet de loi précis sur
lequel les gens viennent se prononcer, mais quand cela arrivera-t-il?
Actuellement, on discute dans le vide. On ne connaît pas le choix
du gouvernement et le rôle d'une commission parlementaire, normalement,
est d'étudier et de discuter des...
M. HARVEY (Charlesbourg): Avant Nixon.
M. LEGER: ... implications du choix politique du gouvernement. On est
ici pour légiférer et je pense que c'est cela qu'il est important
de savoir pour nous dire: Est-ce que c'est suffisamment rapide, ces
choses-là, ou si cela peut être plus rapide que cela?
M. BONNIER: Le député de Lafontaine est peut-être un
peu hors du sujet. Il ne revient pas à la responsabilité de la
commission de déterminer quand un projet de loi est
présenté. Je pense que cela n'a jamais été...
M. LEGER: Sur le point de règlement, M. le Président,
soulevé par le député de Taschereau, nous n'avons
peut-être pas à déterminer la date de la loi, mais c'est
nous qui avons à déterminer avec vous l'allure et la
rapidité du fonctionnement de la commission parlementaire et cela ne se
fait pas si on ne sait pas quand une loi va venir là-dessus. C'est en
dehors des traditions parlementaires; les commissions parlementaires sont
là pour étudier, soit un rapport, un livre blanc d'un
gouvernement...
M. TETLEY: Non.
M. LEGER: ... soit une loi, soit pour entendre des personnes, mais nous
sommes en dehors des traditions actuellement. Cela ne s'est jamais vu.
M. TETLEY: M. le Président...
UNE VOIX: Sur le point de règlement.
M. TETLEY: ... sur le point de règlement et sur la question
soulevée pour la deuxième fois par le député de
Lafontaine, c'est une bonne question, je crois que sa prémisse est
erronée, mais au moins c'est une bonne question. Je crois que la
commission a une très grande valeur pour plusieurs raisons, d'abord
parce que le public a le droit de venir ici et de donner son opinion. En
Colombie-Britannique, j'étais là le jour des élections,
par hasard, et j'étais là le jour où le gouvernement a
annoncé l'étatisation de l'assurance-automobile. J'étais
là par hasard les deux jours. C'était comme cela. La
Colombie-Britannique avait payé trois ou quatre millions pour le rapport
d'une commission royale qui était contre l'étatisation. Il y a eu
une élection, il n'y eu aucune consultation et il y a eu une loi,
l'étatisation Notre gouvernement et moi-même
préférons un système beaucoup plus démocratique.
Nous avons, longtemps avant que tout le monde n'ait réclamé une
enquête, nommé le comité Gauvin. Nous avons même en
même temps fait des changements, par exemple le système de
démérite, qui a été imposé par un
comité interministériel dont j'ai été le
président. Il y a eu des changements quant à la
sécurité de la route et, en effet, le nombre d'accidents au
Québec a baissé depuis ce temps-là, même les
accidents mortels aussi, pour certaines raisons, dont le système de
signalisation.
Maintenant, Gauvin a présenté son rapport, je crois que
les groupes ont le droit de venir ici. Je dis en passant qu'avec le
député de Lafontaine, je n'aime pas le fait qu'AutoBAC ou les
compagnies ont promis un rapport depuis 1970; ils on toujours le rapport, mais
nous n'avons pas encore leurs chiffres. Je n'aime pas que le président
du Barreau, le bâtonnier, fasse des sorties, envoie des lettres au Devoir
et ailleurs où il parle de la sécurité routière,
mais il n'est pas prêt à venir ici, il n'a pas ses chiffres. Il a
donné une conférence de presse et a présenté
son mémoire; il est allé parcourir la province, mais il
n'est pas prêt à venir ici devant nous. C'est ici que le
débat se fait. Avec le député de Lafontaine, je veux que
le Barreau vienne le plus tôt possible et, au lieu de faire venir le
Barreau pour le 17 décembre, je préfère le 3
décembre tel que suggéré.
Je n'ai pas terminé. Il y a, à part le droit de venir ici,
l'éducation du public. Je dois rendre hommage à la presse
écrite et électronique, elle a sensibilisé le public
énormément. Au début, j'étais un peu
critiqué pour les commissions par certaines compagnies d'assurance, par
les courtiers et certainement par les avocats. Mais depuis, ils ont dit: Au
moins, le public parle. A la télévision, comme le
député de Laurier l'a noté, tous les soirs, on dit ce qui
se passe ici. C'est dans tous les journaux, il y a de magnifiques chroniques,
des éditoriaux dans le Soleil, le Devoir, la Gazette, la Presse, le
Star, Montréal-Matin, le journal de Montréal, le Jour, etc. Tout
le monde s'y intéresse, c'est le sujet important.
Mais il y a deux autres groupes qu'il faut convaincre que le
problème est sérieux; l'un, c'est le conseil des ministres et mes
collègues ministres. Comme vous le savez, tout le monde
s'intéresse à son ministère. Mais, comme vous le savez, ce
n'est pas seulement mon ministère, ce sont plusieurs ministères
qui sont impliqués, tout le gouvernement et aussi les fonctionnaires.
Nous avons, au Québec, comme ailleurs au monde, un groupe énorme,
au-dessus de 200,000 personnes, qu'il faut convaincre de certaines choses, qui
ont la permanence, l'indexation, qui ont tout, les vacances, le "sick pay", et
il faut les convaincre du sérieux d'un problème. Donc, il y a
toutes sortes de groupements au Québec et je crois que la commission
parlementaire était d'une très grande importance. Je vois le
président d'une compagnie québécoise qui est ici. Il est
ici parce qu'il est prêt à apprendre des choses et il en
connaît beaucoup plus sur l'assurance-automobile que presque tout le
monde ici présent. Même lui apprend des choses. Je parle de M.
Saint-Germain du groupe Commerce. Donc, c'est important.
D'autre part, je veux que les choses marchent plus vite. Qu'est-ce que
le gouvernement va faire? Le gouvernement a déjà agi. En fin de
semaine, le ministre d'Etat aux Transports a annoncé tout un changement
dans les écoles de conduite. Le ministre des Transports a annoncé
des changements, le ministre de la Justice également. A l'heure
actuelle, un comité siège pour mettre en vigueur certaines choses
qu'on peut mettre en vigueur surtout au sujet de la sécurité
routière et on prépare aussi autre chose.
Mais moi, comme ministre des Institutions financières et membre
du conseil des ministres, je n'ai pas l'intention de rendre jugement et de
décider finalement sur une question, avant que le procès soit
terminé. Le Barreau, doit venir, le Club automobile de Québec, la
Fédération des
ACEF, la Confédaration des syndicats nationaux, etc. veulent
venir. Voulez-vous que je prenne une décision avant que la CSN se soit
prononcée? Voulez-vous que je me prononce avant l'Association des
avocats? Pourquoi les inviter? Ils ont le droit de venir et ils viendront.
Voici mes observations. Aussitôt que possible, c'est ma promesse,
nous allons agir et nous allons prendre les bonnes décisions, je
l'espère. Je sais que c'est une responsabilité énorme.
Cela a été, dans trois élections au Canada, la question
primordiale, je parle de la Colombie-Britannique, du Manitoba et de la
Saskatchewan. J'ai été en Colombie-Britannique et tout le monde
parlait non pas de socialisme mais d'assurance-automobile. Je sais que c'est
important et que nous avons tous une responsabilité.
Donc, je suggère, si vous n'avez pas d'autres suggestions, qu'on
siège mardi à 10 h 30 et jeudi à 10 heures et qu'on force
les gens à venir. Je n'accepte plus d'excuses de la part du Barreau ou
d'autres organismes, et que l'Auto-BAC envoie ses chiffres s'il y en a,
autrement, qu'il retire son mémoire.
M. LEGER: M. le Président, à la suggestion du
sous-ministre...
M. HARVEY (Charlesbourg): M. le Président, sur le même
point de règlement...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Charlesbourg
m'avait demandé la parole.
M. HARVEY (Charlesbourg): Sur le point de règlement du ministre,
il faudrait quand même, pour les fins du journal des Débats, que
nous indiquions, à l'appui de ce que le ministre a avancé, que la
proposition du ministre en vue de réduire à trois séances
seulement, c'est-à-dire reporter au 5. décembre ce qui
était visé pour le 17 décembre... Je pense que cela
représente douze jours de délai, d'une part, et cela
représente d'autre part, à quelques heures près, à
une ou deux heures près, six heures d'audition publique. Je pense que ce
n'est rien pour faire un drame épouvantable pour douze jours de
délai et six heures d'auditions publiques en commission.
En comprimant et aussi en obligeant ces organismes à venir se
présenter en commission parlementaire à des dates voulues, ces
douze jours sont peut-être un délai qui paraît très
long au député de Lafontaine, mais je pense que la longueur de
temps et la volonté du Québec de procéder en
matière de réduction du coût des polices d'assurance ou des
primes payées à l'assurance... Cela a déjà
été l'effet du mandat du comité Gauvin. Il a fait une
étude profonde et sérieuse qui méritait d'être
discutée et les organismes qui désirent venir doivent être
entendus. C'est dans ce sens et c'était pour dire que c'est environ six
heures d'audition ou douze jours de délai au calendrier qui était
proposé préalablement, soit d'aller au 17 dé-
cembre, mais on proposerait de comprimer un peu plus pour en finir le 5
décembre.
M. LEGER: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: ... j'ai écouté religieusement le ministre.
J'espère qu'il va m'écouter religieusement.
M. TETLEY: J'ai la sainte bible ici.
M. LEGER: Ne jurez pas là-dessus, sur ce que vous avez
l'intention de faire.
M. TETLEY: ... argument.
M. LEGER: Vous n'êtes pas prêt à jurer
là-dessus, sur ce que vous êtes capable de faire. Je me rappelle
fort bien le premier ministre, M. Bourassa, quand il fut élu. Avec un
coup de poing sur la table, il a dit: Nous sommes élus pour gouverner.
Je voudrais bien qu'il mette en pratique ce qu'il a dit d'une façon
imagée, colorée chez les Québécois. Pour gouverner,
il faut que le gouvernement fasse des choix, qu'il se décide et qu'il
fasse son lit. Nous sommes d'accord pour consulter les groupes qui sont
concernés par l'assurance-automobile, mais nous sommes d'accord qu'ils
soient consultés sur un projet de loi et non pas sur une impression
qu'on laisse chez les citoyens que le gouvernement a l'intention de donner
suite aux recommandations Gauvin. Ce n'est pas cela, parce qu'on n'est pas plus
avancé qu'avant à ce stade-ci. Le rapport Gauvin a
été déposé, si je me rappelle bien, à la fin
de juin.
On n'a pas eu l'occasion, sur un projet de loi beaucoup plus important
que celui-ci, celui des langues officielles, malgré notre demande
d'étudier, avant que le projet de loi soit présenté, le
rapport Gendron. On est arrivé directement là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre!
M. HARVEY (Charlesbourg): Quand on va trop vite, on nous accuse d'aller
trop vite, quand on semble être trop prudent, on ne va pas encore assez
vite. Ah! que vous êtes donc durs.
M. LEGER: M. le Président, avant de faire des erreurs...
M. HARVEY (Charlesbourg): C'est assez difficile à comprendre
qu'on se demande si vous vous comprenez.
M. LEGER: ... est-ce que j'ai la parole, est-ce que je vous ai
laissé parler tantôt?
M. HARVEY (Charlesbourg): Non, mais je ne vois pas votre point de
règlement là-dedans.
M. LEGER: Alors, j'ai la parole, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre!
M. LEGER: Sur un cas comme celui-ci, au lieu de présenter un
projet de loi, il fait à sa façon la participation du
gouvernement. Si cela fait son affaire, il consulte les gens avant pour noyer
le poisson, s'il veut le noyer, et il va directement, s'il veut l'imposer. La
consultation et la démocratie, on voit bien cela à la
façon dont le gouvernement agit.
M. GRATTON: Est-ce que le député de Lafontaine me
permettrait une question?
M. LEGER: Non, je vais terminer...
M. GRATTON: Est-ce que vous avez un exemple d'un projet de loi qui
aurait été imposé?
M. LEGER: Non, vous êtes un président de commission, vous
ne pouvez pas, parce que...
M. GRATTON: Je veux simplement poser une question.
M. LEGER: Non, je vais terminer ce que j'ai à dire et je vous
permettrai de répondre par la suite. Je pense qu'il faut suivre ce que
M. Bourassa disait: II faut gouverner. Il veut gouverner. Pour gouverner, il
faut qu'on ait un projet de loi et que l'Opposition sache à quoi s'en
tenir. Je pense qu'en voulant étirer les travaux, on atteint un autre
objectif caché du gouvernement parce qu'on sait que le caucus des
députés, qui sont les représentants de certains groupes
intéressés, ils ont le droit de le faire retarde
actuellement. Vous êtes divisés en caucus, les libéraux, et
c'est pour cela que vous voulez étirer et cela on le sait.
M. HARVEY (Charlesbourg): Laissez passer votre congrès.
M. LEGER: Mais je peux vous dire une chose, si vous avez l'intention de
réellement légiférer dans ce domaine...
M. HARVEY (Charlesbourg): Tout le monde pourra apprendre votre
décision, votre scission.
M. LEGER: ... on le verrait, ce n'est pas parce qu'on enlève une
semaine à un calendrier de travail ou à un processus de
fonctionnement de la commission parlementaire qu'on prouve qu'on veut
fonctionner.
M. HARVEY (Charlesbourg): Est-ce que ce ne serait pas votre
congrès qui vous préoccupe davantage?
M. LEGER: Est-ce que j'ai la parole, M. le Président?
M. HARVEY (Charlesbourg): Ce ne serait pas le congrès du Parti
québécois qui vous fatigue le plus?
M. LEGER: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre! M. LEGER: Je demanderais au
député...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre! Je demande à tous les
membres de la commission, cela fait déjà quelque temps qu'on
siège, et je pense qu'on devrait revenir un peu au mandat de la
commission, c'est-à-dire...
M. HARVEY (Charlesbourg): Cela fait du bien quand on donne des coups de
matraque, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): J'ai demandé de garder l'ordre, si
vous me permettez. Le mandat de la commission se limite aux travaux de la
commission et non pas à ce que la Chambre devrait ou pourrait faire ou
fera. Je demanderais à tous les membres de la commission de discuter
simplement de ce dont la commission est saisie, c'est-à-dire des
auditions et des programmes que nous avons à établir pour les
prochaines semaines. Je demanderais à tous les membres de la commission
de s'en tenir à cela. On prendra une décision là-dessus
tout à l'heure.
M. LEGER: M. le Président, je reconnais dans votre sagesse que
vous avez réalisé que j'étais en plein dans le corridor
des objectifs...
M. HARVEY (Charlesbourg): Bien non, vous parliez de législation,
vous étiez hors du sujet.
M. LEGER: ... de la loi au lieu d'évaluer le travail de la
commission avec les implications que cela donne pour un résultat.
N'oubliez pas une chose, c'est qu'à la fin des travaux de la commission
parlementaire qui étudie le rapport Gauvin et écoute les
mémoires qui sont présentés et les personnes qui viennent,
il va falloir prendre une décision à cette commission. Il faut
l'orienter dans cette direction.
C'est pour cela que je pense que les groupes qui doivent venir se faire
entendre pourraient le faire à l'intérieur de deux bonnes
semaines, soit quatre ou six bonnes séances pour permettre de nettoyer
notre ordre du jour, notre menu à la commission parlementaire, entendre
les gens qui veulent bien se faire entendre et, en dedans de deux bonnes
semaines, M. le Président, ce serait possible de le faire. C'est que,
par la suite, rapidement, il va falloir que le gouvernement retouche tout le
projet de loi. J'espère qu'il a commencé à le faire par
son groupe de travail, à son ministère, il va falloir qu'il
retouche cela pour nous le représenter et, pour nous, je donne un
calendrier au président, pour que fonctionne notre commission. C'est
que, le plus tôt possible, en dedans des prochains quinze jours, que les
auditions de la commission parlementaire des Institutions financières
pour l'écoute des mémoires...
M. HARVEY (Charlesbourg): C'est cela, votre démocratie, vous
autres?
M. LEGER: ... soient terminées...
M. HARVEY (Charlesbourg): Les auditions ne sont pas
terminées...
M. LEGER: M. le Président, est-ce que... LE PRESIDENT (M.
Lafrance): A l'ordre!
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le député de
Taschereau pourrait le rappeler à l'ordre?
UNE VOIX: Ce n'est pas le député de Taschereau, c'est le
député de Charlesbourg.
M. LEGER: C'est le député de Charlesbourg.
M. HARVEY (Charlesbourg): Vous avez besoin de recyclage, vous.
M. LEGER: Quand vous parlez, on se demande de quel côté
vous êtes. M. le Président, pour que le gouvernement puisse
retoucher sa loi le plus rapidement possible et pour qu'il puisse la
déposer à la fin de la session, cela prend à peu
près six mois peut-être. J'espère qu'il a commencé,
que son ministère rédige sa loi pour qu'il la dépose
à la fin de la session, peut-être avant décembre. De cette
façon, pendant l'intersession, de janvier à février, on
pourrait entendre les parties qui vont être concernées, qui sont
impliquées dans cela, avec un projet de loi bien présenté
par le gouvernement. On entendrait les groupes qui sont
intéressés. L'étude du projet de loi comme tel en
deuxième lecture pourrait être entendue et adoptée
peut-être en mars ou avril, de façon qu'au printemps ceux qui sont
les plus concernés et qu'on ne l'oublie pas ce sont les
assurés, les Québécois sachent qu'ils se verront doter
d'un nouveau régime d'assurance-automobile. La lenteur du gouvernement
actuellement, ce n'est pas la lenteur de tous les ministres, c'est la lenteur
du ministre actuel à se brancher, parce qu'il est pris dans un dilemme
avec son caucus qui est divisé, parce que le ministre des Institutions
financières...
M. TETLEY: Un instant!
M. HARVEY (Charlesbourg): M. le Président, il y a vraiment de
l'harmonie dans ses paroles.
M. LEGER: ... et le ministre des Transports, lui, a déjà
trouvé...
M. MARCHAND: Vous parlez de scission...
M. HARVEY (Charlesbourg): Vous le trouvez sur ma "track".
M. LEGER: ... de bonnes solutions dans les remarques qui ont
été faites...
M. MARCHAND: Vous avez été obligés d'élire
votre président avant le congrès.
M. LEGER: ... par les différents mémoires
présentés par les différents groupes. Le ministre
lui-même l'a dit tantôt, le ministre des Transports a
préparé un document qui touche les écoles de conduite.
M. HARVEY (Charlesbourg): Douze jours de délai et six heures
d'auditions.
M. LEGER: M. le Président, il faut que le ministre s'engage et
qu'on sache quel est le calendrier pour la présentation de cette loi.
Est-ce qu'il veut la présenter ou non? Je vous dis, en terminant,
qu'à la fin des travaux de cette commission et j'espère
qu'ils seront faits en dedans des prochains quinze jours il faut tenir
compte qu'il y aura d'autres travaux, d'autres lois qui auront besoin de
commissions parlementaires d'ici la fin de décembre. On n'est pas pour
commencer à dire: On ne peut pas faire siéger la commission des
institutions financières sur l'assurance-automobile parce qu'il y a
aussi tel projet de loi qui est rendu en commission. On ne peut pas faire
siéger plus d'une commission quand la Chambre siège. Il n'y a pas
que ce projet de loi qui s'en vient. Il n'y a pas que cette commission qui
fonctionne. Il y en a d'autres.
Alors, il faut tenir compte que, d'ici à la fin de
décembre, il y a d'autres commissions parlementaires qui auront à
siéger et que, si nous sommes dans le chemin parce qu'on a
étiré les travaux et qu'on se sert de ce prétexte...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. le député de
Lafontaine...
M. LEGER: Je parle des travaux de la commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): ... je vous demanderais...
M. TETLEY: Cela fait une demi-heure que vous parlez.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): ... quelques instants. Il y a dans notre
règlement un mécanisme qui prévoit que vous pouvez
toujours poser des questions sur les travaux de la Chambre et qu'on doit se
limiter ici en commission aux travaux de la commission.
M. LEGER: M. le Président...
M. MARCHAND: ... l'étude du rapport Gau-vin.
M. LEGER: ... c'est une bonne question. Je dois vous faire remarquer que
le ministre m'a demandé des suggestions et je lui donne une très
bonne suggestion, c'est celle de hâter les travaux actuels...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Sur les travaux de la commission.
M. LEGER: Les travaux de la commission... C'est exactement cela et je
tiens à vous dire qu'il pourrait le faire dans le cadre de ce que je
viens de lui dire. Avec quatre ou six bonnes séances en dedans de quinze
jours, le gouvernement retouche sa loi, la dépose avant la fin de la
session de décembre et, à l'intersession, on entend les parties
impliquées et l'étude est reprise en mars et les
Québécois ont un projet de loi si le ministre le veut.
M. BONNIER: Aie! ! !
M. LEGER: Je termine...
M. TETLEY: M. le Président, point d'ordre!
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre!
M. TETLEY: Question. Vous n'avez aucun droit dans aucun Parlement de
Québec ou d'ailleurs de vous répéter. Cela fait quatre ou
cinq fois...
M. LEGER: M. le Président, vous n'étiez pas ici, parce que
vous n'étiez pas arrivé tout à l'heure.
M. TETLEY: Je n'ai pas terminé. Vous m'avez posé la
question.
M. LEGER: Je n'ai pas posé de question. Quel est le point de
règlement?
M. TETLEY: Le point de règlement, c'est que vous êtes
très malpropre dans vos interventions.
M. LEGER: Très malpropre?
M. TETLEY: Oui. Vous ne me donnez pas le temps de répondre.
M. LEGER: M. le Président, je demande au ministre de bien vouloir
prouver le mot "malpropre" ou de le retirer.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je pense que...
M. LEGER: M. le Président, j'ai posé une question au
ministre. C'est une question de privilège. Que le ministre explique le
mot "malpropre"...
M. TETLEY: All right !
M. LEGER:... ou qu'il le retire.
M. HARVEY (Charlesbourg): II n'y a pas de question de privilège
là-dessus.
M. GRATTON: C'est une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Sur une question de règlement, le
ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives.
M. TETLEY: Laissez-moi vous dire... Ce que je vous dis est que vous avez
commencé à midi et cinq minutes avec votre question. C'est
beaucoup trop long. Vous avez fait toutes sortes d'insinuations au sujet du
caucus. Sauf erreur, vous n'y assistez pas.
M. LEGER: Mettez la main sur la Bible que le caucus n'est pas
divisé.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Sur le point de règlement, la parole
est au ministre.
M. LEGER: Qu'il prouve la question de règlement, M. le
Président!
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre! On va l'écouter.
M. HARVEY (Charlesbourg): Du calme!
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Si on ne peut pas l'écouter...
M. LEGER: II faut un discours, M. le Président. Voyons donc!
M. MARCHAND: Si on ne peut pas l'écouter, on ne pourra pas en
juger.
M. LEGER: ... en dedans d'une minute, vous êtes capable de savoir
que le ministre n'a aucun point de règlement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je suis d'accord, à la condition que
tous les membres, en dedans d'une minute, expriment leur opinion.
M. LEGER: Sur le point de règlement, pas sur la question de
fond.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Sur le point de règlement,
évidemment. Cela fait cinq minutes...
M. TETLEY: Vous ne me permettez jamais de répondre. Vous avez
posé votre...
M. LEGER: Non. M. le Président, c'est une question de
règlement. Alors, quelle est la question de règlement? J'avais la
parole.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre!
M. LEGER: Vous n'avez pas d'affaire à me dire: Question de
règlement par un discours.
Vous êtes ici pour dire de quelle façon j'étais hors
du sujet. Si vous n'êtes pas capable de l'exprimer en moins d'une minute,
le président doit vous rappeler à l'ordre et me redonner la
parole.
M. TETLEY: Vous êtes hors du sujet... M. LEGER: Prouvez-le.
M. TETLEY: ... parce que sur une question de règlement...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Si vous le permettez, M. le ministre, dans
le règlement, il n'y a aucune espèce de limite de temps sur la
durée de l'expression d'un point de règlement...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement. Sur une
question de règlement il faut dire en quelques minutes la raison du
point de règlement et, par la suite, le développer. Le
président peut juger s'il s'agit bien d'une question de règlement
ou simplement d'une question pour noyer le poisson.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): C'est justement, sur le même point de
règlement, cela fait cinq minutes que j'essaie de comprendre le point de
règlement du ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives et je n'ai pas été capable parce que tout le
monde l'interrompt. Je vous demanderais, comme membre de la commission, de
laisser le ministre expliquer son point de règlement.
M. TETLEY: Je demande d'abord au député de Lafontaine
d'être un peu calme parce que je veux noter que dans aucun Parlement du
Canada ou système parlementaire, on a le droit de se
répéter une seule fois. Pas deux fois. Vous avez noté
quatre ou cinq fois une opinion au sujet de notre caucus. Vous avez aussi
insisté et posé une question: Quel est notre calendrier? Disons
quatre ou cinq fois. Vous avez le droit de poser une question une fois par
séance, et vous avez même posé mardi cette même
question.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. TETLEY: Non. Je n'ai pas terminé.
M. LEGER: J'invoque le règlement. Quel est le règlement
que le ministre vient de dire, à quelle page et à quel article un
député ne peut-il pas répéter ses questions et ses
affirmations? S'il fallait que ce soit cela, la session durerait un mois dans
un an, parce que tous les députés du gouvernement, les ministres
et les députés de
l'Opposition se répètent continuellement, et c'est cela le
jeu parlementaire, pouvoir expliquer, répéter, ajouter et
compléter les affirmations. C'est le jeu parlementaire, continuel. Ce
n'est pas un point de règlement, M. le Président, et je redemande
le droit de parole que j'avais.
M. TETLEY: Parlez. Nous n'avons pas notre règlement ici...
M. LEGER: M. le Président, j'ai demandé la parole. Il n'a
pas prouvé que...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le ministre n'avait pas fini sur son point
de règlement tout à l'heure et vous êtes revenu avec un
autre. Alors, je suis obligé nécessairement d'accorder à
nouveau la parole au ministre étant donné que je ne vous l'avais
pas accordée, c'est vous qui l'avez prise.
M. LEGER: J'avais la parole, M. le Président. Le ministre a
invoqué un point de règlement et je veux savoir quel est le point
de règlement appliqué ici qui m'empêche... Il me coupe la
parole pendant que j'ai la parole.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Lafontaine...
M. TETLEY: La raison...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): ... si vous permettez, M. le ministre, le
député de Gatineau, sur un autre point de règlement
m'avait demandé la parole...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Quel numéro?
M. LEGER: M. le Président, quand un député a la
parole, personne n'a le droit de l'interrompre, sauf pour une question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): C'est cela.
M. LEGER: Alors, la question de règlement, c'est le ministre qui
a invoqué le règlement et il n'a pas prouvé qu'il y avait
une question de règlement. Alors, M. le Président, sur quoi
veut-il parler s'il n'invoque pas le règlement?
M. GRATTON: Sur la question de règlement que le
député de Lafontaine lui-même a soulevée.
L'honorable député de Lafontaine a interrompu le ministre,
tantôt, pour lui demander de retirer le mot "malpropre".
J'ai l'impression que c'est ce que le ministre faisait tantôt et
c'est à ce point de règlement que j'aimerais m'adresser pendant
quelques brefs instants pour dire simplement au député de
Lafontaine que le mot "malpropre" n'est pas antiparlementaire. On pourrait
faire un grand débat en demandant au député de Maisonneuve
de venir témoigner en commission avec sa liste de mots
antiparlementaires ou non, mais le fait demeure que j'ai bien compris,
d'après les propos du ministre tantôt, qu'il ne traitait pas le
député de Lafontaine de "malpropre", mais justement ses
interventions.
M. TETLEY: Je voulais dire "impropre", mais j'ai dit "malpropre".
Impropre.
M. LEGER: Pourquoi ne l'avez-vous pas dit tout de suite, j'aurais
dit...
M. TETLEY: Parce que vous ne me laissez pas le droit de parole...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): ... est terminé, la parole est au
député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais simplement, calmement,
parce que le ministre est descendu de son cheval, dire que la commission
parlementaire, le plut tôt possible, devra ajourner ses travaux et il va
falloir faire un rapport à l'Assemblée nationale. Je vous le dis
tout de suite, à cette occasion, nous allons faire une motion pour que
cette commission parlementaire recommande à l'Assemblée nationale
et au gouvernement qu'une loi soit rédigée en tenant compte des
principes directeurs du rapport Gauvin et que ce rapport...
M. MARCHAND: Hors du sujet!
M. LEGER: ... cette loi soit présentée à une date
prochaine, c'est-à-dire dès le début de la session. C'est
le rôle de la commission parlementaire de terminer par une
recommandation. Pour arriver à cette recommandation...
M. BONNIER: M. le Président, question de règlement...
M. LEGER: C'est la raison pour laquelle...
M. BONNIER: M. le Président, question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre! Question de règlement.
M. LEGER: Sur une question de règlement, M. le
Président.
M. BONNIER: Si le député de Lafontaine le permet, on est
ici pour discuter de l'horaire de travail de la présente commission en
ce qui regarde les groupes... Point.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Sur le point de règlement, je suis
prêt à rendre ma décision.
Le député de Lafontaine était revenu dans le
sujet et parlait justement des travaux de la commission.
M. BONNIER: Non, il s'en allait ailleurs, M. le Président.
M. MARCHAND: II en est à un projet de loi.
M. LEGER: M. le Président, je vous remercie de votre bon jugement
dans cette circonstance et c'est pour cette raison que je vous dis que, si la
commission parlementaire s'en va dans la direction de proposer que le rapport
ait, dans son contenu, quelque chose qui dirait que le rapport Gauvin devrait
être inclus dans ses principes directeurs dans la loi que le gouvernement
doit présenter, c'est exactement dans cette direction qu'il faut aller.
Pour cela, on n'a pas besoin d'avoir des commissions parlementaires jusqu'au 5
décembre, même si le ministre a fait un effort d'une
semaine...
M. GRATTON: Question de règlement.
M. LEGER: ... c'est trop tard. Autrement, les Québécois
croiront que le gouvernement ne veut pas légiférer. C'est pour
empêcher cela, c'est parce qu'il est important que les
Québécois aient une réforme de l'assurance-automobile que
nous faisons cette proposition et je vous dis que la commission devra s'en
aller dans cette direction à la suite de l'audition des mémoires
qu'on avait devant nous.
M. GRATTON: Ajournement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Si personne d'autre n'a une opinion à
émettre, je voudrais remercier, au nom de tous les membres de la
commission, la compagnie Allstate qui est venue ce matin, par la bouche de son
président, M. King, ainsi que tous les membres de la commission pour
leur belle collaboration durant tous les travaux de la commission
M. TETLEY: A l'exception du député de Lafontaine.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): La commission ajourne ses travaux
jusqu'à mardi 12 novembre.
(Fin de la séance à 12 h 44)