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Commission permanente de la justice
Etude des projets de loi privés nos 217, 203,
212, 207 et 204
Séance du jeudi 3 juin 1976 (Dix heures quinze minutes)
M. Brisson (président de la commission permanente de la
justice): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la justice se réunit afin
d'étudier les projets de loi nos 203, 204, 207, 212 et 217.
Les changements des membres sont les suivants: M. Beauregard (Gouin)
remplace M. Bienvenue (Crémazie); M. Assad (Papineau) remplace M.
Ciaccia (Mont-Royal); M. Brown (Brome-Missisquoi) remplace M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
Alors, nous commençons par le projet de loi...
M. Levesque: 217.
Le Président (M. Brisson): ... 217, Loi concernant la
ville de Gatineau.
Est-ce qu'il y a des membres qui représentent la ville? Est-ce
qu'ils pourraient s'identifier, s'il vous plaît?
Projet de loi no 217
M. Kehoe (John): Oui. L'avocat John Kehoe, procureur de la ville
de Gatineau, M. Laurier Bé-champ, greffier de la ville, et M. Fernand
Larose, conseiller municipal de la ville de Gatineau.
M. Roberge: M. le Président, je suis le notaire Jean-Marc
Roberge. Je viens ici comme membre de la Commission municipale, au cas
où on aurait des questions à me poser.
Le Président (M. Brisson): Très bien. Me John
Kehoe, est-ce que vous avez des représentations à faire pour
votre ville? Article 1? Adopté?
M. Levesque: II y aurait peut-être un amendement.
M. Choquette: M. le Président, est-ce que je pourrais
poser une question au procureur de la ville?
Le Président (M. Brisson): Oui. L'honorable
député de Outremont.
M. Choquette: M. Kehoe, on est habitué de voir des clauses
restrictives dans des actes de donation, mais on n'est pas tellement
habitué à en voir dans des actes de vente. Est-ce que vous pouvez
nous dire quelle était la raison pour laquelle on avait inscrit cette
limitation quant à l'usage du terrain qui a été acquis par
la ville-de Gatineau?
M. Kehoe: Originellement, en 1950?
M. Choquette: Oui.
M. Kehoe: C'est strictement que la CIP, la Canadian International
Paper Company, qui a vendu ou donné le terrain, comme vous voudrez, a
voulu garantir que ce terrain ne servira que pour des fins de terrain de
jeux.
C'était le but de l'affaire originellement. Maintenant, on veut
convertir cela en construisant un centre d'accueil pour personnes
âgées et on veut enlever la servitude perpétuelle. C'est la
seule chose.
M. Choquette: Je comprends. Mais, est-ce que le terrain a
été vendu par la Canadian International Paper à sa valeur
commerciale, en 1950, ou à une valeur réduite?
M. Kehoe: Non, $1. J'ai le contrat ici, je pourrais vous... C'est
$1 et autres considérations. La CIP est consentante à enlever la
servitude. Mais la servitude était en faveur de différentes
autres propriétés qui appartenaient à la CIP au moment de
la vente. Par la suite, elles ont été vendues à des
individus. Ce sont eux qui refusent. Il y en a six qui refusent d'enlever la
servitude perpétuelle. C'est le but du projet de loi
présenté aujourd'hui. Il y en a quinze qui y ont consenti et il
en reste six qui refusent pour des raisons pécuniaires, dans la plupart
des cas, et pour la raison qu'ils ne veulent pas avoir un centre d'accueil
près de leur maison.
M. Burns: Est-ce que vous avez des consentements écrits
dans le cas des propriétaires qui acceptent de mettre de
côté la...
M. Kehoe: Ce sont tous les contrats passés devant notaire.
Nous avons ici les quinze et il en reste six. Si je ne me trompe pas, il y en a
21 et il en reste six qui refusent de donner leur consentement.
M. Burns: Est-ce qu'ils sont représentés ici, ceux
qui s'opposent?
M. Kehoe: Ils ont préféré ne pas s'occuper
de l'affaire, il n'y a pas d'opposition, il n'y a personne ici aujourd'hui.
M. Choquette: Est-ce que c'est un vaste terrain?
M. Kehoe: Un vaste terrain, je n'ai pas les mesures exactes, mais
ça représente...
M. Assad: Pour la grandeur du terrain en question, je pense que
M. Larose a des détails assez précis, il y a 102 000 pieds
carrés. Mais ce n'est pas la superficie qui va être prise pour la
construction. Il va y en avoir une bonne partie qui va rester quand même
comme parc, malgré qu'il va y avoir une construction sur le terrain.
Peut-être que M. Larose aura des détails sur la superficie et le
reste.
M. Béchamp: Béchamp, greffier, ville de Gati-
neau. Le terrain a une superficie de 44 000 pieds et est
cédé pour le centre d'accueil et la municipalité conserve
14 terrains d'à peu près 70 pieds sur 100 pieds pour les
conserver à titre de terrain de jeux.
M. Choquette: Mais dans le projet de loi, tel qu'il est
présenté, il n'y a pas ces distinctions qui sont faites par le
député de Papineau et par vous-même?
M. Béchamp: Je pourrais déposer une carte
préparée par notre service d'urbanisme, qui pourrait vous donner
tous les renseignements sur le terrain.
M. Assad: Quel est le détail que le député
d'Outremont cherche dans cette...
M. Burns: C'est l'utilisation du terrain. M. Choquette: Je
cherche...
M. Blank: II veut avoir son nom dans le journal des
Débats.
M. Burns: L'utilisation du terrain, telle que décrite par
les représentants de la ville, n'est pas mentionnée, dans le
fond. Je sais, pour avoir parlé au député de Papineau,
quelle utilisation on a l'intention de faire de ce terrain.
Par exemple, ce que Me Kehoe vient de dire, le centre d'accueil qui doit
faire place ou qui doit remplacer le parc comme tel... Mais ce que le
député d'Outremont soulève comme question, à bon
droit d'ailleurs, c'est qu'on ne voit pas l'utilisation qu'on a l'intention de
faire de ce terrain, en mettant de côté une des conditions de base
de la servitude.
M. Kehoe: Présentement, le terrain est utilisé
comme parc.
M. Burns: Oui.
M. Kehoe: On enlève "roughly" 127 000 pieds carrés
qui servent présentement comme parc de récréation. On
enlève environ 44 000 pieds carrés pour le centre d'accueil.
M. Burns: Ah bon! Cela a été enlevé.
M. Kehoe: II y a quand même le reste; on s'en sert comme
parc.
M. Choquette: Mais vous faites lever la servitude sur l'ensemble
de...
M. Kehoe: Non, non.
M. Choquette: Où est-ce dit?
M. Kehoe: C'est seulement pour les lots en question qu'on demande
d'enlever la servitude; non pour le reste. Dans la description, on a fait un
amendement. Il y a une description technique.
M. Desjardins: Au haut de la page 2. M. Burns: Oui.
M. Béchamp: II faudrait peut-être souligner, M. le
Président, que la ville demande d'enlever la servitude sur les lots 73
à 76, qui sont cédés pour fins de foyer d'accueil, tandis
que les lots 19C-182-2 et 19C-182-3, n'ont pas de servitude et sont
cédés au centre d'accueil également, de façon que
le terrain de jeux qui demeurera aura plus de 102 000 pieds carrés et
continuera d'être utilisé comme terrain de jeux, et sur ces lots
du terrain de jeux, la servitude demeure.
M. Choquette: C'est certainement une utilisation sympathique que
vous avez l'intention de faire des lots qui sont indiqués à
l'article 1.
M. Assad: Pour les membres de la commission, il faut dire que
l'endroit qui a été choisi par une étude du
ministère des Affaires sociales et le service général de
l'équipement et d'immobilisation, c'est un endroit parfait pour un genre
de foyer pour vieillards. On n'a pas logé ces derniers à
l'écart de la municipalité. Ils sont à l'intérieur,
à peine à quelque cent pieds de l'église, des centres
commerciaux, etc.
C'est un endroit idéal. Ce choix fut presque automatique par les
autorités municipales, etc. La compagnie CIP, qui avait donné ces
terrains, il y a des années, voulait que ce soit gardé comme
parc; mais, quand j'ai contacté les dirigeants, ils étaient
d'accord que ce changement était fort acceptable, parce qu'il restera
beaucoup de terrains qui vont servir de parc.
M. Choquette: Oui, peut-être que la ville avait
pensé faire cela d'une manière automatique, comme vous avez dit,
mais les membres de la commission n'aiment pas faire les choses d'une
manière automatique. C'est pour cela qu'on se permet de poser des
questions.
M. Burns: C'est bien normal qu'on en pose. En ce qui me concerne,
M. le Président, je serais d'accord sur le projet de loi.
M. Levesque: M. le Président, il y aurait lieu, vu les
dispositions de la loi des cités et villes qui mentionne à
l'article 26 que la corporation a, sous son nom corporatif officiel, et peut
acquérir pour des fins... et en disposer à titre onéreux
afin qu'il n'y ait aucun doute là-dessus et sur ce que sera la
considération, il est proposé de placer un article avant
l'article 1 qui deviendrait l'article 1, l'article 1 devenant l'article 2, qui
se lirait comme ceci: "La ville de Gatineau est autorisée à
vendre au Centre d'accueil de Gatineau pour le prix de $1000, payable comptant
et autres considérations, les lots 19C-73 à 19C-76, le lot
19C-182-3 et une partie du lot 19C-182-2 du rang 1 du cadastre du canton
Templeton, cette partie mesurant 56 pieds de largeur sur 121,7 pieds de
profondeur et bornée à l'ouest par la rue Maple, à l'est
par le lot 19C-182-3, cette vente étant réputée faite
à titre onéreux, sous
réserve des autres conditions et formalités
stipulées à l'article 26 de la Loi des cités et villes
(Statuts refondus 1964, ch. 193) et constituant pour l'acquéreur un
titre parfait à ces immeubles.
L'article 1, comme je l'ai mentionné, devient l'article 2.
L'article 2 devient l'article 3.
M. Choquette: ...c'est exact, de l'amendement qu'il apporte.
M. Levesque: II y avait des copies qui avaient circulé.
Vous l'avez.
M. Choquette: Voici!
M. Levesque: Vous revenez à l'amendement?
M. Choquette: Oui.
M. Levesque: D'accord!
M. Choquette: Je m'interroge sur l'expression "et constituant
pour l'acquéreur un titre parfait à ces immeubles". Depuis quand,
dans les lois, introduit-on cette notion de perfection de titre? Je n'ai jamais
vu cela. Je comprends qu'on puisse loger des servitudes, qu'on puisse faire les
actes nécessaires par législation pour permettre des transactions
de se faire, mais là, je m'interroge...
M. Levesque: Je me suis interrogé également. Nos
légistes nous disent que c'est peut-être une redondance, qu'il n'y
a aucune objection à l'enlever, mais que, dans leur esprit, cela
constituait pour l'acquéreur un titre parfait.
M. Choquette: Oui, mais, tout à coup, il y aurait d'autres
causes de nullité qu'on ignore et qui pourraient ne pas être
couvertes par la loi dont on parle. Je pense qu'à ce moment-là,
c'est de la législation à peu près.
M. Levesque: Cela, M. le Président, c'est de la
médecine préventive.
M. Choquette: Oui, mais c'est bien beau...
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection à l'enlever.
M. Burns: Je pense que ça serait mieux de...
M. Levesque: Est-ce qu'un procureur pourrait avoir un... Cela ne
change rien. Cela pourrait changer... théoriquement.
M. Burns: Bon! Si le titre n'est pas parfait, il y a des gens qui
s'en plaindront.
M. Levesque: C'est ça. Alors, on mettra le point
après 193, après la parenthèse.
M. Burns: Au lieu d'une virgule, un point.
M. Levesque: C'est ça. Je demanderais à Me D'Amours
de donner quelques explications d'or- dre technique qui justifieraient le
changement de l'article 2.
Habituellement, ceux qui ont renoncé sont propriétaires de
lots désignés par un numéro bien spécifique. Il
arrive ici qu'il y en a quelques-uns qui sont propriétaires de parties
de lot. Pour éviter toute forme de confusion, puisqu'il y a
déjà eu des renonciations, il serait peut-être souhaitable
de réserver le recours en dommages et intérêts à
ceux qui n'ont pas renoncé, les documents étant officiels et
enregistrés pour ceux qui ont renoncé.
Alors, d'où vient cette proposition de changer l'article 2 devenu
l'article 3 par le suivant: "Tous dommages..." l'un est au singulier et
l'autre est au pluriel"... et intérêts..." on a
décidé de mettre le pluriel je pense bien que c'est
mieux...
M. Burns: C'est mieux.
M. Levesque: "Tous dommages et intérêts qui
pourraient être subis par ies propriétaires..." ici, c'est
nouveau "... des lots ou parties de lot en faveur desquels ces
conditions ont été imposées et qui n'ont pas consenti
à leur annulation et n'y ont pas renoncé, peuvent être,
à la demande..." et cela continue "... ces derniers,
établi par les tribunaux compétents; ce recours doit être
exercé dans les deux ans suivant la dernière publication du texte
de la présente loi."
M. Choquette: Contre qui le recours sera-t-il exercé?
Est-ce contre la ville ou contre la corporation qui sera propriétaire du
centre d'accueil?
M. Kehoe: Quels recours ils peuvent avoir et quels dommages ils
peuvent subir, c'est difficile à définir, mais la ville se
réserve certainement le droit de prendre recours. S'il y a un recours
soit contre la ville, soit contre le centre d'accueil... D'ailleurs, le centre
d'accueil est un organisme à but non lucratif. I! y aura un recours
contre qui de droit avec cette clause.
M. Choquette: Vous dites qu'il n'y a pas de dommages, mais le
législateur prend quand même la précaution de dire qu'il
peut y en avoir.
M. Levesque: C'est un peu dans le sens des remarques que le
député a faites tout à l'heure pour la perfection du
titre; on a laissé ouvert.
C'est un peu dans le même sens ici qu'on laisse la situation
ouverte. On ne veut pas la fermer à la ville, on ne veut pas la fermer
au centre d'accueil. On ne croit pas qu'il y ait de dommages... Ce sont les
informations que nous avons.
M. Blank: il est question de la défense de quelqu'un qui a
causé des dommages, peut-être la ville, la communauté ou je
ne sais qui. On va dire en défense: Ce n'est pas nous qui avons
causé les dommages, c'est une loi qui a été votée
et il n'y a pas de recours. Je pense que c'est 1201...
M. Levesque: C'est cela.
M. Blank: ...et 1202 du Code civil: "Impossibility of
performance", etc. Cela donne l'ouverture, nonobstant le bill; vous avez le
droit de recours en dommages et intérêts à qui on peut
l'adresser.
M. Levesque: C'est une disposition très
libérale!
M. Choquette: C'est pour cela qu'il faut s'en méfier.
M. Blank: Ce n'est pas parfait.
M. Levesque: Je suis sûr que cela va être
populaire.
M. Choquette: Elle n'est pas nécessairement mauvaise.
M. Levesque: Cela va-t-il? L'article... Pardon?
Le Président (M. Brisson): A l'articie 1, où
placez-vous votre virgule?
M. Levesque: On met un point et on enlève le reste. Les
articles 3 à 5 deviennent respectivement les articles 4 à 6 et,
quant à moi, c'est adopté.
M. Burns: II y aurait une question, M. le ministre.
M. Levesque: Oui?
M. Burns: Je ne sais pas si c'est vous qui pouvez nous
répondre ou si ce sont les représentants de la ville. Il s'agit
là d'un édifice de quelle nature? S'agit-il d'un édifice
en hauteur? L'édifice en question cadre-t-il avec le zonage prévu
pour ce secteur de la ville, etc.?
M. Kehoe: Je pense que c'est le député,
peut-être, qui est en mesure de...
M. Assad: C'est un édifice de deux étages.
L'artitecte qui était responsable de la préparation de
l'édifice avait pris en considération l'endroit et le reste. Il
n'y a pas de contraste avec l'entourage de cette région, parce que c'est
assez ouvert.
M. Burns: Pas une autre affaire Dasken? M. Assad: Non, non, du
tout.
M. Burns: Parce que le député a l'habitude de
présenter des projets de loi de cette nature.
M. Assad: Honnêtement, je voulais l'oublier
celle-là!
M. Choquette: C'est parce qu'il est souvent mal influencé
par le député "d'Hull"! Parce qu'on sait...
M. Burns: Le député "d'Hull", j'ai passé la
journée avec lui hier.
M. Choquette: II ne faudrait pas...
Le Président (M. Brisson): ...vous vous endormez?
M. Levesque: Adopté.
Le Président (M. Brisson): Le nouvel article 1 est
adopté.
M. Assad: Avant de terminer, je voudrais remercier
l'échevin, M. Larose, le greffier...
Le Président (M. Brisson): Attendez, on va adopter le
projet de loi. Après cela, vous ferez votre boniment.
M. Assad: D'accord.
M. Burns: II n'est pas encore adopté.
Le Président (M. Brisson): Alors, le nouvel article 1,
après 193, on enlève les mots "et constituant pour
l'acquéreur un titre parfait à ces immeubles". Donc, le nouvel
article 1 est adopté avec amendement.
M. Burns: Une question, M. le Président, si vous me le
permettez, encore sur le centre d'accueil. Sur le plan qu'on nous a soumis, la
partie des lots 19C 182-3 et 19C 182-2, plus 19C76 et 19C 73, est-ce que le
centred'accueil vaoccuper tout cet espace?
M. Assad: Non, loin de là.
M. Burns: Non? Alors la partie où on lève la
servitude ne sera pas entièrement occupée par la bâtisse
physique. C'est cela?
M. Assad: Est-ce que vous avez des précisions, M. Larose
à cet effet?
M. Larose (Fernand): M. le Président, je suis aussi membre
de la corporation pour la construction du centre d'accueil. La partie en
question, le bill privé, va être occupée en
grande majorité par la verdure. Mais je n'ai pas le détail au
pied carré. La verdure est demandée par le ministère. Il y
a seulement une infime partie de la bâtisse même qui va être
sur les terrains.
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Brisson): Article 2, adopté.
M. Burns: II est pressé ce matin.
Le Président (M. Brisson): Article 3, adopté tel
qu'amendé. Article 4?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Brisson): Adopté, ainsi que
l'article 5 et l'article 6.
M. Assad: M. le Président, je voudrais remercier
l'échevin M. Larose, le greffier M. Béchamp et le procureur de la
ville M. Kehoe pour s'être déplacés afin de venir à
Québec. Je sais que c'est un voyage ardu. Merci de vous être
déplacés.
M. Choquette: Un peu moins pour le procureur.
M. Levesque: II y a M. Roberge.
M. Burns: Ce sont des voyages payants.
M. Levesque: Merci, messieurs. Avez-vous fini? Autres remarques?
Non? Il n'y a pas de boniment à faire?
Le Président (M. Brisson): Alors, nous vous remercions
infiniment.
M, Levesque: Pardon?
M. Kehoe: Merci beaucoup.
Projet de loi no 203
M. Levesque: Le projet de loi 203, M. le Président,
succession Lambert de Loulay.
Le Président (M. Brisson): Alors, projet de loi no 203,
Loi concernant la succession Lambert de Loulay. Article I, adopté?
Est-ce qu'il y a des représentants?
M. Burns: Un instant. M. Levesque: Un instant.
Le Président (M. Brisson): Est-ce que les
représentants de ce projet de loi peuvent s'identifier, s'il vous
plaît?
On me suggère de nommer comme rapporteur de cette commission, M.
Beauregard, du comté de Gouin. Accepté?
Une Voix: Accepté.
Le Président (M. Brisson): Voulez-vous vous
identifier?
M. Théoret (Jean-Marc): M. le Président, Jean-Marc
Théoret, notaire, procureur de M. Gérard Major,
intéressé dans le bill, et M. Guy Bélisle, notaire,
à ma gauche, procureur également de M. Gérard Major.
M. Choquette: ... sont appelés à la commission.
Une Voix: II y a des précédents.
M. Choquette: Est-ce que ce n'est pas une matière
litigieuse? Quand ce n'est pas litigieux, les notaires peuvent venir...
M. Desjardins: A ma connaissance, c'est vous qui avez
créé les précédents.
M. Choquette: Je ne pense pas. Non.
M. Levesque: M. le Président, est-ce que le notaire
pourrait nous donner la classification des événements qui ont
fait qu'on arrive à une perte des héritiers?
M. Théoret: Est-ce qu'il serait possible de vous remettre
un graphique de la chaîne des titres? Je pense que ça vous
faciliterait pas mal la tâche.
M. Levesque: D'accord. Si on veut les distribuer aux membres de
la commission. Vous pourriez peut-être résumer?
M. Théoret: M le Président, pour vous situer dans
l'ambiance de ce projet de loi, il s'agit d'Européens qui ont investi au
Canada, en particulier dans la province de Québec, dans la cité
de Deux-Montagnes, où se trouve l'immeuble, sans être jamais venus
visiter le terrain en question. Tout s'est fait par procuration en 1925 et, par
la suite, tout le monde a revendu ses intérêts par procuration
également. Or, il arrive qu'au moment où le terrain s'est
revendu, quelques-uns des mandataires étaient déjà
décédés et avaient laissé un testament comportant
substitution, selon la loi de la France. Ce qui est arrivé, c'est que la
vente ne pouvait pas être valide, étant donné que les
mandants avaient représenté des mandataires
décédés. Il y a eu par la suite un acte de rectification
dûment autorisé par les héritiers de ceux qui
étaient décédés. Cette procuration a
été assumée par un mandataire, qui est Me Jules
Dupré. Cependant, dans un testament de M. Léon Lambert de Loulay,
il y avait également une substitution et cette substitution faisait que,
par le terme "enfants", dans le code Napoléon français comme dans
notre code à nous, on entend aussi les petits-enfants. Naturellement,
les petits-enfants ne pouvaient pas donner procuration de vendre leur part
puisqu'ils n'étaient même pas nés encore.
On va à ce moment-là à deux
générations. Par la suite, les immeubles se sont vendus, les
notaires ont accepté les titres tels quels jusqu'à nous. Etant
donné l'importance de l'investissement qu'il y aura à faire sur
cet immeuble, qui est tout simplement un terrain normal d'environ 10 000 pieds
carrés, nous avons pensé nettoyer complètement cette
anomalie et nous avons essayé de procéder directement par les
héritiers nés. Les deux générations en question
devraient normalement être nées aujourd'hui. Mais, après
d'intenses recherches faites en France, non seulement pour retrouver les
héritiers mais bien aussi pour retrouver le notaire ou son successeur
qui aurait passé le testament original, il nous a été
impossible de retrouver qui que ce soit malgré les avis que nous ayons
donnés dans les journaux et les adresses que nous avons faites au
Conseil supérieur du notariat à Paris. Nous avons d'ailleurs une
réponse du Conseil su-
périeur du notariat, qui nous a dit qu'il nous était
absolument impossible de retrouver ou le notaire ou les héritiers
puisque leur registre ne remonte qu'à 1947 et que la commune où
étaient, en 1925, Yvon Robert Drolet et M. Lambert de Loulay n'existe
même plus aujourd'hui.
Etant donné qu'on parle de quatre trente-deuxièmes et six
trente-deuxièmes d'un montant d'un terrain qui a été
payé $7000, il n'y a absolument personne qui a intérêt
à contester les titres de ce terrain, d'autant plus que le prix de la
contestation excéderait de beaucoup le prix du terrain lui-même,
et il n'y a absolument personne, même en France, qui se sente un droit
quelconque à ce terrain.
Le but du présent bill est de pouvoir nettoyer ce vice de
titre.
M. Burns: Vous dites que vous avez fait des recherches
auprès des possibles légataires en France.
M. Bélisle: Oui.
M. Burns: Quelles sont ces recherches qui ont été
faites?
M. Bélisle: J'ai envoyé une lettre au notaire Henri
Séclin ou à son représentant. J'ai adressé cela
à une étude qui pourrait être cessionnaire du greffe de Me
Henri Séclin, à Château de la Planchette. La lettre ne
s'est jamais rendue; elle est même revenue. C'est à la suite de
cela qu'on a adressé, le 5 avril 1974, une lettre au Conseil
supérieur du notariat qui, lui-même, a fait ses propres recherches
et nous a répondu, dans une lettre du 9 avril 1974, que Château de
la Planchette, cela n'existait plus, qu'il n'avait même pas une
idée de l'endroit où cela pouvait se situer et que Me Henri
Séclin n'apparaissait pas au registre des notaires depuis 1947. Ce sont
les recherches.
Ils ont même pris la peine de faire un téléphone de
Paris pour nous expliquer cela, pour nous montrer leur bonne foi en essayant de
retracer, par tous les moyens... On a aussi essayé de retracer, par les
registres, les noms Yvon Robert Draulette, Paul-Louis Lejeune et il semblait
que le fonctionnarisme ne nous ait pas compris. En tout cas, on n'a
été capable de retracer aucun héritier
là-dedans.
M. Choquette: Avez-vous communiqué avec Me Gilles
Dupré, de Montréal, qui, à ce que je vois, agit comme
procureur dans certaines transactions? Je ne sais pas si c'est celle qui
découle de l'acte à l'égard duquel vous voulez
éliminer une disposition relative à la substitution.
M. Bélisle: On n'a pas communiqué avec Me Gilles
Dupré.
M. Choquette: Est-ce que M. Dupré a agi, relativement aux
affaires de la succession de Léon Lambert de Loulay?
M. Bélisle: Oui.
M. Choquette: Oui? M. Bélisle: Oui.
M. Choquette: II me semble que cela aurait été
facile de prendre le téléphone et de téléphoner
à M. Dupré. Il est à Montréal, lui.
M. Bélisle: Oui.
M. Choquette: II n'est pas en France.
M. Beauregard: Quelle est la valeur? Vous avez dit que le terrain
avait été payé $7000. Quelle serait la valeur marchande
approximative actuelle?
M. Bélisle: Actuellement, le terrain comme tel aurait une
valeur approximative de $10 000 à $12 000.
Ce qui arrive, c'est que toute une rue est prise dans cette situation.
Ce n'est pas seulement ce terrain. Ce qui nous intéresse, c'est
uniquement ce terrain, mais il doit y avoir à peu près une
cinquantaine, une centaine de terrains, qui sont dans la même
situation.
Etant donné qu'il est tellement peu probable que les
héritiers puissent réclamer quoi que ce soit et étant
donné que la loi dit que, dix ans après que chacun a atteint leur
majorité, chacun a perdu son droit de réclamer, il est possible
que le dernier héritier ait déjà atteint trente ans et que
tout le monde ait perdu ce droit de pouvoir réclamer, en vertu de la
substitution.
M. Burns: Une des parties intéressées, ou qui
pourrait l'être, actuellement, tout au moins pour un huitième, si
je comprends bien, serait Marie-Jeanne Charrière. Est-ce que vous avez
tenté de communiquer avec elle, qui n'a jamais comparu, n'a jamais
consenti à quoi que ce soit dans tout cela? Elle aurait su cela par voie
de succession de intestat.
M. Théoret: Dans le cas de Marie-Jeanne Cherrière,
son erreur de titre aurait pu être corrigée par un jugement
trentenaire, étant donné qu'il y a prescription dans son cas.
Pour la substitution, c'est une autre chose, parce que, au moment
où M. Loulay est décédé, on ne sait pas s'il y
avait des enfants à naître. La prescription ne court pas contre
les mineurs. A ce moment, il faut attendre au moins 51 ans pour qu'il y ait
prescription dans le cas d'une substitution comme celle-ci.
Dans le cas de Mme Jeanne Cherrière, il y a déjà
prescription. On a voulu le passer en même temps que le bill pour faire
d'une pierre deux coups, pour aider tout le titre.
M. Bélisle: On aurait pu tout simplement enregistrer une
déclaration avec prescription trentenaire. Ce n'est même pas
obligatoire de passer par la cour.
M. Burns: Cela m'explique cet aspect.
M. Levesque: J'ai été distrait un peu. Qu'ont-ils
dit au sujet de Me Dupré?
M. Burns: ils n'ont pas communiqué avec lui.
M. Levesque: II n'y a pas moyen qu'ils communiquent avec lui
d'ici la fin de la séance? Est-ce qu'il n'y a pas moyen de communiquer
avec Me Dupré d'ici la fin de la séance?
M. Bélisle: D'ici la fin de ia séance? M. Levesque:
Oui. M. Bélisle: Oui.
M. Levesque: Simplement pour répondre à une
question qui me semble assez pertinente.
M. Théoret: D'accord.
M. Levesque: Pourriez-vous faire cela? On va passer à un
autre projet de loi. On va suspendre cette étude.
M. Bélisle: D'accord, on reviendra.
Le Présient (M. Brisson): L'étude du projet de loi no 203
est suspendu.
M. Levesque: Projet de loi no 212.
Projet de loi no 212
Le Président (M. Brisson): Projet de loi no 212, Loi
concernant le testament de Pierre Fou-creault. Est-ce qu'il y a des
représentants? Pouvez-vous vous identifier, s'il vous plaît?
M. Prévost (Marcel): Marcel Prévost, avocat.
Le Président (M. Brisson): Me Marcel Prévost.
Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. Levesque: C'est un excellent avocat.
M. Choquette: Est-ce que M. Lapointe est membre du conseil?
M, Prévost: Non, mon ami.
M. Burns: Est-ce que vous avez vérifié vos cotes
respectives?
M. Prévost: Pardon?
M. Burns: Est-ce que vous avez vérifié vos cotes
respectives, coté A, coté B, coté C...
M. Choquette: C-1, C-2, C-3. M. Burns: C-2.
M. Prévost: Four la cote, je ne suis dans aucune des
listes.
M. Burns: C'est vrai dans votre cas, M. Prévost.
M. Prévost: Très vrai, vous avez remarqué,
M. Burns?
M. Burns: II dit qu'il n'est dans aucune des listes. C'est vrai
dans son cas.
M. Levesque: C'est un confrère de classe.
M. Choquette: Quelle liste?
M. Prévost: La liste de M. Choquette.
M. Burns: A moins que le député d'Outremont veuille
nous donner des explications là-dessus.
M. Choquette: Queile liste?
Le Président (M. Brisson): Messieurs, il n'y a aucune
liste dans le bill 212. Article 1? Je crois qu'il y a ici des modifications
qu'on m'a remises.
M. Levesque: Un instant! Voulez-vous donner des...
M. Prévost: L'identification est ajoutée, je crois,
pour éclaircir.
M. Levesque: Je comprends, mais voulez-vous donner un
résumé, un bref résumé?
M. Prévost: C'est simplement un testament où le
testataire, Pierre Foucreault, interdit de vendre la terre. C'est une terre sur
laquelle il y a actuellement 185,5 arpents. Il y a neuf héritiers
vivants qui ont tous entre 58 et 72 ans. Ils ne peuvent pas vendre la terre
à cause de cette prescription qui apparaît au testament. Ces gens
ne peuvent pas exploiter la terre. Ils ne l'ont jamais exploitée
d'ailleurs. Elle est en affermage actuellement, au coût de $6 environ
l'arpent. Les revenus suffisent à peine à payer les taxes
municipales, scolaires et l'entretien de la maison qui est située sur le
terrain.
C'est la raison pour laquelle nous demandons maintenant la permission de
vendre cette terre, si nous trouvons un acheteur évidemment.
M. Burns: Est-ce que tous les héritiers, Me
Prévost, y consentent?
M. Prévost: Ils ont tous consenti et le consentement
paraît au dossier qui a été versé. D'ailleurs, vous
en avez une copie ici. il y a un droit d'habitation pour deux personnes qui
consentent également, mais à qui on réserve leur droit
dans les conclusions du bill.
M. Levesque: ... Ils sont d'accord également?
M. Prévost: Pardon?
M. Levesque: Ils sont d'accord également?
M. Prévost: Oui.
M. Levesque: Ils sont d'accord que ce projet de loi soit
adopté, tel quel?
M. Prévost: C'est cela.
M. Levesque: Les deux personnes qui ont la servitude d'habitation
sont-elles d'accord?
M. Prévost: Elles sont d'accord, oui. Elles sont toutes
d'accord, elles ont signé.
M. Levesque: Est-ce qu'il y a quelqu'un qui s'oppose à
ceci?
M. Prévost: Personne ne s'oppose.
M. Ostiguy: Est-ce que cette ferme va être vendue pour
exploitation agricole ou pour...
M. Prévost: Je ne peux pas vous le dire. Nous voulons
simplement la permission de vendre. Je ne sais pas si elle sera vendue. Dans
Saint-Constant, il n'y a pas tellement de développement domiciliaire
jusqu'à maintenant. Cela s'arrête plutôt à Candiac,
et Saint-Constant, avec un nom comme celui-là, ça va rester assez
constant, je pense. C'est à côté de Saint-Isidore,
d'ailleurs.
M. Choquette: Me Prévost, l'interdiction de vente qui se
trouve au testament du de cujus, n'est-ce pas, elle était pour quelle
durée? Quelle était son terme?
M. Prévost: II n'y a pas de terme, c'est ça qui est
le problème.
M. Choquette: Mais il laissait des biens et il interdisait qu'on
les vende à perpétuité?
M. Prévost: La première clause du testament, c'est
de ne pas vendre la terre. C'est tout simplement comme ça.
M. Choquette: Alors, c'est absurde!
M. Prévost: Evidemment! C'est pour ça que je suis
devant vous, pour que ça devienne plus intelligent et plus
convenable.
M. Levesque: D'un autre côté, pendant tout ce temps
que la prohibition a duré, cela a dû avoir une plus-value. Ce
n'est peut-être pas si mauvais que ça.
M. Prévost: Ce n'est pas si mauvais, c'est-à-dire
qua ces gens, évidemment, qui ont quand même droit de profiter de
cette terre n'en ont pas profité depuis des années. Ils ne l'ont
jamais exploitée eux-mêmes et n'en retirent aucun revenu. C'est
dire que l'héritage, en réalité, ne leur a pas
profité le moins du monde.
M. Ostiguy: Quelle est l'évaluation municipale
actuellement...
M. Prévost: L'évaluation municipale est de $36 000.
C'est versé au dossier, je crois.
M. Levesque: Nous avons $31 000 ici, mais cela a peut-être
augmenté depuis.
M. Prévost: Pardon?
M. Levesque: Nous avions $31 000 ici, mais peut-être que
cela a monté. Cela a augmenté depuis que vous nous avez soumis
les chiffres.
M. Ostiguy: C'est la spéculation foncière qui a
fait une révision.
M. Prévost: Evaluation municipale, $18 275;
évaluation scolaire... Non, c'est $31 600, l'évaluation qui
apparaît à la page 3.
M. Levesque: C'est ce que nous avions. Il y aurait
peut-être lieu de modifier le préambule, Me Prévost?
M. Prévost: Je crois que, de façon à
éclaircir les droits, je n'ai aucune objection à ce que cette
modification soit faite à cet amendement.
M. Levesque: La modification suggérée: "La terre
léguée par le testateur...
M. Burns: C'est à quel alinéa, M. le ministre?
M. Levesque: Je vous donne l'explication avant de vous lire le
texte exact de l'amendement.
M. Burns: A bon! D'accord!
M. Levesque: ...n'étant pas autrement identifiée,
il y aurait lieu de l'identifier par la déclaration de transmission". Et
c'est ici que le deuxième alinéa du préambule serait
remplacé par le suivant: "Que, d'après la déclaration de
transmission faite le 30 juillet 1941 devant le notaire Paul Boucher et
enregistrée le 9 mai 1942, au bureau de la division d'enregistrement de
Laprairie sous le no 34 513, les biens et là, on continue
qu'il a laissé se composaient principalement d'une terre formée
de deux lots avec maison et autres bâtisses y érigées."
M. Burns: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu... M.
Prévost: Je vous ai donné copie.
M. Burns: ...de décrire cette terre, tel que normalement
ce doit...
M. Levesque: Elle doit être décrite avec la
déclaration de transmission.
M. Burns: Oui, mais, quant à faire un projet de loi
où on enlève une prohibition de vente, il me semble qu'on devrait
tout au moins décrire, tel que cela apparaît au bureau
d'enregistrement, cette terre.
M. Levesque: Dans la déclaration de transmission, on donne
les numéros.
M. Prévost: De !a paroisse de Saint-Constant. M. Burns:
Pardon?
M. Prévost: Cela apparaît comme les lots 298 et 299
de la paroisse de Saint-Constant, et j'ai ici des bills qui ont
été adoptés fréquemment, ici, depuis 1921 à
1967, où les terrains ne sont pas décrits... J'ai donné
des copies d'ailleurs à l'officier en loi.
M. Burns: C'est la copie de l'acte en question?
M. Levesque: C'est un certificat de recherche dans lequel se
trouve un résumé de la déclaration de transmission.
Je pense que nous avons suffisamment de garanties pour les fins du bill.
On se réfère à la déclaration de transmission. On a
le certificat de recherche. D'accord?
Merci!
M. Prévost: Me Burns, ce qui donne exactement la
même description...
M. Burns: D'accord!
Le Président (M. Brisson): Le préambule est
adopté tel qu'amendé.
Article 1. Adopté. Article 2. Adopté. Le bill 212 est
adopté tel qu'amendé.
M. Prévost: Merci, messieurs.
Le Président (M. Brisson): Je vous en prie.
M. Levesque: Projet de loi 207.
Projet de loi no 207
Le Président (M. Brisson): Projet de loi 207, Loi
concernant la succession de Polyxène Beau-dry et la succession de
Jean-Baptiste Beaudry Leman.
Y a-t-il des représentants ou procureurs?
M. Lefrançois (Jean): Oui. Jean Lefrançois,
avocat...
Le Président (M. Brisson): Jean Lefrançois.
M. Lefrançois: ... représentant les
exécuteurs testamentaires; M. Paul Leman, un des exécuteurs
testamentaires, assis au bout là-bas, et M. Pierre Favreau,
vice-président du département de fiducie et de succession au
Trust Général du Canada, le Trust étant également
un des exécuteurs testamentaires.
M. Levesque: Me Lefrançois, pourriez-vous nous donner
brièvement la raison 'pour laquelle vous voudriez changer
l'économie du testament à celle de l'article 981o du Code
civil?
M. Lefrançois: On parle, en fait, ici de deux testaments:
L'un de Mme Polyxène Beaudry, fait en 1917. Cette dernière est
décédée en 1917. L'autre de son fils, Jean-Baptiste
Beaudry Leman, fait en 1942. Jean-Baptiste est décédé en
1951. Simplement pour vous situer au point de vue des dates.
Alors, dans ces testaments, on dit que les placements devront être
faits de la façon qu'un bon père de famille fera les placements
et ensuite, on les limite à certaines catégories de
placements.
On parle d'obligations industrielles, on parle d'hypothèque
à trois cinquièmes de la valeur. On dit que les exécuteurs
pourront garder les immeubles qu'ils ont. On dit même que la succession
pourra acheter des immeubles sur lesquels elle a des hypothèques, mais
il n'y a pas de droit comme tel d'acheter des immeubles et il n'y a pas de
droit d'acheter des actions, quelles qu'elles soient, même si
c'étaient des actions de Bell Canada ou de quelque catégorie que
ce soit.
M. Levesque: Pas de publicité. M. Lefrançois:
Excusez.
M. Levesque: Pas de publicité. Autrement dit, l'article
981o n'existait pas au moment où les dispositions testamentaires avaient
été...
M. Lefrançois: Oui. Cet article existait,
certainement.
M. Levesque: Pour le premier testament aussi?
M. Lefrançois: Oui.
M. Levesque: Je ne pense pas.
M. Lefrançois: Le premier testament? Je ne croirais
pas.
M. Levesque: Non.
M. Lefrançois: Je pense que le premier texte a
été adopté vers cette période.
M. Choquette: II y avait l'article 953a qui jouait le rôle
de 981 o, si je me le rappelle bien.
M. Lefrançois: Cela existait dans une version
différente. Effectivement depuis 1888, il y avait des dispositions du
code sous les articles 981o, mais avec une version particulièrement
différente de celle d'aujourd'hui et qui a été
amendée en 1967.
Le motif principal de la requête devant vous est fondé sur
l'inflation qui s'est produite durant les cinq dernières années.
Durant les cinq dernières années, il y a un taux d'inflation de
45% d'après l'indice des prix aux consommateurs. Evidemment, si on est
devant vous, ce n'est pas tant pour protéger les grevés qui
reçoivent des revenus de ces substitutions qui, normalement, si la
requête est accordée, vont recevoir des revenus moindres, mais la
requête...
M. Choquette: La controverse, c'est sur le plan juridique...
M. Lefrançois: D'accord.
M. Choquette: ... qu'elle est soulevée.
Le Président (M. Brisson): Continuez, Me
Lefrançois.
M. Lefrançois: Alors, la requête est surtout
à l'avantage de ceux qui recevront le capital à l'ouverture
finale de la substitution et cela se produira au décès des
derniers grevés qui serait normalement dans 20 ans ou 25 ans.
Or, d'après la situation actuelle, on aura une remise en dollars
équivalents, puisque ce sont des placements à rendement fixe.
Que vaudra le dollar à ce moment? En fait, on remettra aux
héritiers, aux bénéficiaires finals, peut-être un
actif qui vaudra la moitié, peut-être 40%, de ce qu'il vaut
maintenant.
C'est à l'avantage de ceux qui recevront éventuellement
qu'on fait surtout cette requête. On signale que ce taux de 45%
n'était certainement pas prévu par les testateurs. Ce qu'ils ont
voulu, c'est que ce soit fait comme des placements de bon père de
famille, ils se sont placés dans le contexte de leur époque; je
prétends que s'ils avaient fait les testaments aujourd'hui, ils y
auraient donné une certaine flexibilité pour une
appréciation en capital.
Ce qu'on demande, somme toute, c'est de donner une possibilité de
placer un peu de cet argent à la bourse. L'article 981o ne dit pas qu'on
peut placer la totalité de la succession à la bourse en valeurs
quelle qu'elle soit. On dit d'abord qu'il faut que ce soient des valeurs
particulièrement sûres et, deuxièmement, on dit que cela ne
doit jamais excéder 30% de la totalité du patrimoine et, dans
aucun cas, plus de 5% par corporation dans laquelle on place. Finalement il y a
des critères qui sont déjà là, dans 981a, qui
assurent une protection. Deuxièmement, dans le cas des immeubles qui
seraient également une protection contre l'inflation, la succession a
actuellement des immeubles, mais qui sont de deux classes: il y a des immeubles
dans des quartiers très âgés, qui n'ont pas augmenté
de valeur et qui n'augmenteront probablement pas de valeur.
M. Levesque: M. Lefrançois, vous avez bien plaidé
cela. Vous avez convaincu tout le monde.
Le Président (M. Brisson): Article 1, adopté;
article 2, adopté. Le projet de loi numéro 207 est adopté
en entier sans amendement.
M. Levesque: Très bien. Evidemment 204. Me Lapointe.
Projet de loi no 204
Le Président (M. Brisson): Le projet de loi numéro
204?
M. Levesque: Oui.
Le Président (M. Brisson): Loi concernant la succession de
Joseph Octave Saint-Pierre.
M. Lapointe: Mon nom est Gabriel Lapointe, je suis procureur des
requérants.
M. Levesque: Est-ce que Me Lapointe a dit je n'ai pas
compris sa remarque qu'on gardait les plus faciles ou les moins faciles
pour la fin?
M. Lapointe (Gabriel): Les plus faciles.
M. Levesque: Pour la fin?
M. Lapointe (Gabriel): Oui.
M. Levesque: II ne faudrait pas le décevoir.
M. Lapointe (Gabriel): M. le Président, messieurs les
membres de la commission, les raisons principales qui justifient la
présentation de ce projet de loi sont les suivantes: Le testament de M.
J. O. Saint-Pierre remonte à 1936. En fait, il a été
signé le 14 juillet 1936 et M. Saint-Pierre est
décédé quelques semaines plus tard, soit le 14 août
1936. Cela fait donc 40 ans que ce testament existe. On sait que les conditions
de vie ont considérablement changé depuis ce temps, surtout qu'en
se reportant à l'année 1936 on se rappelle les conditions
difficiles dans lesquelles les gens se trouvaient à l'époque.
La deuxième raison, c'est qu'à la lecture du testament et
d'un paragraphe en particulier ou d'une clause dont je vous donnerai lecture
tout à l'heure; avec votre indulgence, c'était l'intention
manifeste du testateur d'avantager ses neveux et nièces. Le testament
est rédigé en langue anglaise. Je donne lecture de la clause f)
du texte original: "Upon the extinction and termination of all the bequests of
annual incomes above set forth". Remarquons l'expression "upon the extinction"
and upon the youngest of my nephews and nieces aforesaid reaching the full age
of 40 years, my said executor shall immediately divide among my said nephews
and nieces then living the entire residue of my estate and succession".
Je vous soumets que l'utilisation du "upon" signifie que
l'arrivée de l'événement est quasiment, dans l'esprit du
testataire l'avènement de la condition résolutoire ou qui va
donner ouverture à la succession.
Cependant, l'une des conditions actuelles, ou la seule situation de fait
qui empêche l'ouverture de la succession est que l'un des
légataires particuliers, Mme Thérèse Saint-Pierre
je m'excuse d'employer le mot mais doit d'abord décéder et
elle est toujours vivante. Elle a 81 ans, elle aura 82 ans en septembre. C'est
ce qui fait que les neveux et nièces ont atteint depuis longtemps
l'âge de 40 ans, mais la succession n'est toujours pas ouverte. Cela
place les onze autres héritiers dans la situation de souhaiter quasiment
le décès de dame Thérèse Saint-Pierre-Fournier.
Pardon?
M. Levesque: Elle a 81 ans.
M. Lapointe (Gabriel): Elle a 81 ans. Elle aura 82 ans en
septembre. Elle est née le 5 septembre 1894.
M. Blank: Elle est en bonne santé?
M. Lapointe (Gabriel): II semble bien. Maintenant, pour ce qui
est des neveux et nièces...
M. Levesque: Evidemment, il ne serait pas ici.
M. Lapointe (Gabriel): ... je vous donne leur âge
respectif. Disons que la plus jeune, c'est une nièce, elle aura
bientôt 60 ans. Et, dans l'ordre, l'ainée a 74 ans. Alors,
Marguerite a 74 ans, Fernande a 68 ans, Geneviève a 64 ans,
Hélène a 63 ans, Pauline, comme je viens de le dire aura
bientôt 60 ans, John Francis a 66 ans, Georges a 65 ans, Jules a 64 ans,
Cécile a 70 ans, Léonie a 62 ans et Hector a 68 ans. Je dois dire
que les trois derniers sont les trois héritiers qui n'ont pas consenti
à la présentation de ce projet de loi. Les huit autres parmi les
onze sont d'accord et ont signé à cet effet un affidavit qui a
été déposé au dossier.
M. Levesque: Connaissez-vous les raisons des objections?
M. Lapointe (Gabriel): Non. Je crois comprendre, M. le
Président, qu'il s'agit peut-être bien d'une espèce de
querelle de famille. Alors, on voit que les neveux et nièces que le
testateur désirait avantager ont tous à peu près, sauf la
dernière, 60 ans et plus. Il y a même une nièce qui a plus
de 70 ans.
L'autre argument est que je dois le dire en toute
honnêteté il y a certains des héritiers qui sont
très bien placés et vivent très convenablement, mais, par
ailleurs, il y en a d'autres qui ont des revenus modestes. Alors, à
l'aide des documents que j'ai en ma possession, le revenu annuel de Marguerite
est de $14 000 $15 000. Le revenu annuel de Pauline est de l'ordre de $4000. Le
revenu annuel de John Francis, qui a 66 ans et qui est à sa retraite
maintenant, est de $12 000. Le revenu de Georqes, qui est âgé de
65 ans, qui est dans l'assurance, est de l'ordre de $8500. Et au rythme
où vont les choses, évidemment en reconnaissant que la
probabilité de vie est de 74 ans, parmi les onze héritiers qui
ont présentement entre 60 et 73 ans, avec les années, ils sont
susceptibles de disparaître.
M. Desjardins: M. Lapointe, avez-vous le revenu de ceux qui
s'opposent?
M. Lapointe (Gabriel): Pardon?
M. Desjardins: Le revenu annuel de ceux qui s'opposent, est-ce
que vous l'avez en votre possession?
M. Lapointe (Gabriel): Non. Evidemment, ils n'ont pas voulu me le
donner.
Je disais qu'avec l'avancement en âge des onze héritiers,
il est possible qu'un, ou deux ou trois ou quatre se retrouvent avec toute
cette immense fortune qui est là, puisque la valeur de la succession,
à l'été 1975, était légèrement
supérieure à $900 000.
En bref, à cause des circonstances très
particulières je sais que la Législature n'aime pas
créer de précédents qui existent dans cette
situation, il m'apparaît assez douteux qu'une situation du même
genre puisse se présenter. Surtout à cause du fait que plusieurs
des héritiers, comme je l'expliquais, ont des revenus modestes. Je pense
que l'intervention du législateur dans...
M. Levesque: ...$50 000 par année, la succession. Cela
devrait rapporter plus que ça, non?
M. Lapointe (Gabriel): C'est une succession administrée
par le Trust Royal sur lequel nous n'avons aucun contrôle.
Le Président (M. Brisson): Le député
d'Outremont.
M. Choquette: Actuellement, les...
M. Levesque: Les revenus, est-ce qu'ils sont
accumulés?
M. Lapointe (Gabriel): Non, les revenus sont distribués.
Il y a Thérèse Saint-Pierre qui reçoit une rente
préférentielle de $4000 par année. Les autres se partagent
les revenus, ce qui représente pour eux un montant d'environ $4000.
M. Levesque: Est-ce que Thérèse partage... M.
Lapointe (Gabriel): Non.
M. Levesque: Elle a ses $4000 tandis que les autres partagent les
revenus annuels de la succession.
M. Lapointe (Gabriel): Le testateur avait fait une distinction
très nette entre deux groupes d'individus. Il y avait son frère,
la veuve d'un autre frère décédé, il y avait
Thérèse Saint-Pierre à qui il a fait un legs particulier
sous forme de rente annuelle. Les autres, neveux et nièces de ses
frères et soeurs, il les a avantagés au moyen du partage de
l'excédent des revenus. L'excédent des revenus annuels
au-delà des rentes payées à chacun des légataires
particuliers est partagé également entre les onze neveux et
nièces.
M. Choquette: Vous dites, M. Lapointe, que les revenus de cette
succession que vous estimez à la somme d'environ $900 000 ne permettent
de payer aux huit ou neuf héritiers, neveux ou nièces, qu'une
somme de $4000 chacun annuellement.
M. Lapointe (Gabriel): C'est ça.
M. Choquette: Et qui administre cette succession?
M. Lapointe (Gabriel): Le Trust Royal.
M. Choquette: Et cette succession est principalement
composée d'immeubles?
M. Lapointe (Gabriel): Non. M. Choquette: De quoi?
M. Lapointe (Gabriel): Elles sont composées de valeurs
mobilières.
M. Choquette: Valeurs mobilières. M. Lapointe
(Gabriel): C'est ça.
M. Choquette: Maintenant, M. Lapointe, je vous dirai en toute
sincérité que je trouve ce bill très difficile à
accepter. Parce qu'en fait, vous nous demandez d'intervenir...
M. Blank: ...
M. Choquette: Pardon?
M. Blank: Même s'il était sur ta liste.
M. Choquette: Je ne saisis pas ce qu'il dit. Oui, une liste dont
certains ont fait état.
M. Lapointe (Gabriel): A plus forte raison.
M. Choquette: Non, mais je vais vous dire, M. Lapointe, que vous
nous demandez de nous substituer à l'intention du testateur en
l'assurant de la liquidation de la succession à ce moment-ci alors que
la condition prévue par le testateur n'a pas été
prévue, alors qu'en fait les héritiers ont certains revenus quand
même.
M. Lapointe (Gabriel): Avec déférence, M. le
Président, à cause de l'explication que j'ai donnée tout
à l'heure sur la signification de la clause; je pense qu'on peut dire
qu'en réalité on ne se substitue pas au testateur puisque
c'était véritablement son intention d'avantager ses neveux et
nièces et, dans son esprit, les neveux et nièces devaient avoir
40 ans. A compter du moment où ils ont 40 ans, il comptait bien, c'est
ce qu'il dit, qu'ils pourraient bénéficier de sa succession.
M. Choquette: Pourriez-vous répéter la clause en
question?
M. Lapointe (Gabriel): C'est la clause f), M. le
Président, "upon the extinction and termination of all the bequest of
annual incomes above set forth", ce sont les legs particuliers sous forme de
rente...
M. Choquette: Dont celui à cette demoiselle... M.
Lapointe (Gabriel): C'est exact, Thérèse. M. Choquette:
Oui, oui.
M. Lapointe (Gabriel): "And upon the youngest of my nephews and
nieces aforesaid, reaching the full age of 40 years".
Bien sûr, il y avait les deux conditions; je comprends. Mais l'on
voit quand même, à l'examen, dans l'esprit du testateur, qu'au
moment où le plus jeune de ses neveux et nièces a atteint
l'âge de 40 ans, normalement, l'autre condition serait
résolue.
M. Choquette: Si vous avez raison...
M. Levesque: Excusez-moi un instant. Je suis porté
à être d'accord avec vous. Mais est-ce que vous pourriez-me dire
pourquoi il y en a trois qui s'opposent? Cela ne me passe pas.
M. Lapointe (Gabriel): Je pourrais vous l'expliquer de la
façon suivante.
M. Burns: En même temps, Me Lapointe c'est
relié un peu à ce que le ministre de la Justice vous pose comme
question est-ce que vous pouvez nous dire et je ne le vois pas
dans le projet de loi . Vous avez onze neveux et nièces qui
vivent actuellement...
M. Lapointe (Gabriel): Oui, c'est exact.
M. Burns: ... selon le quatrième alinéa du
préambule. Qu'est-ce qui arrive si l'un de ces neveux et nièces
ou plusieurs de ces neveux et nièces prédécèdent?
Est-ce que sa part accroît aux autres?
M. Lapointe (Gabriel): Oui, c'est exact. Il n'y a pas de
représentation par souche.
Si je peux revenir à la question du ministre, il y avait trois
principales branches chez les neveux et nièces. Il semble bien qu'il y a
des malentendus pour ne pas employer le mot "querelles" entre les
membres d'une branche et les membres de certaines autres branches.
Dès qu'un projet vient d'une personne ou d'une branche en
particulier, les personnes de l'autre branche ne sont pas d'accord. C'est aussi
simple que cela. Il n'y a pas plus de...
M. Levesque: Pour donner suite à la question du
député de Maisonneuve, du fait qu'il n'y ait pas de
représentation, est-ce qu'il n'y a pas un jeu qui peut.. Est-ce qu'il
n'y a pas de divisions qui sont...
M. Lapointe (Gabriel): Non, puisque l'une des personnes qui
s'oppose a 70 ans.
M. Levesque: Mais elle est peut-être en...
M. Lapointe (Gabriel): Elle est aussi menacée que l'autre
de... Je comprends, mais...
M. Choquette: Si vous avez raison, dans votre
interprétation de la clause f), pourquoi ne l'avez-vous pas soumise aux
tribunaux et ne lavez-vous pas fait trancher de cette
façon-là?
M. Lapointe (Gabriel): C'est une intention qui est
exprimée dans la clause f). A ce moment-là, la clause f)
précise quand même bien qu'il y a deux conditions.
M. Choquette: C'est ce que je veux dire. Vous voulez nous dire,
en fait, que cette interprétation que vous donnez, large et
libérale, pour soutenir votre projet de loi, ne serait pas maintenue par
les tribunaux? Probablement?
M. Blank: Ils ne peuvent pas intervenir. Lorsque le monsieur a
fait son testament, c'était logique pour lui de penser que toutes ses
intentions seraient satisfaites. Cela veut dire qu'il garantissait un revenu
à ses légataires, les trois ou quatre, et que toute la
succession, par la suite, serait divisée entre ses neveux et
nièces. Il ne veut pas, selon son testament que ses neveux et
nièces aient cela avant l'âge de 40 ans; c'est normal, parce
qu'avant, il pense qu'ils seraient trop jeunes.
Mais, je pense que le but principal est de garantir un revenu aux
légataires. Or il est arrivé une situation où un
légataire a vécu plus longtemps qu'il ne le pensait parce
que, lorsqu'on lit cette clause f), sa pensée était
qu'après l'âge de 40 ans, pas loin après l'âge de 40
ans, on aurait un partage.
Mais, par hasard, avec les nouveaux médicaments, madame a
vécu jusqu'à maintenant 90 ans...
M. Burns: Tant mieux pour elle. M. Blank: Oui, tant mieux
pour elle. M. Burns: Oui.
M. Blank: Mais je pense que si on accepte ce bill, je suis
sérieux, on suit l'intention de monsieur. On s'y conforme mieux que si
on laisse quelques-uns des neveux et nièces décéder. Je
pense qu'il voulait que tous ses neveux et nièces se partagent sa
succession.
Si on accepte le bill, on remplit son intention, parce qu'on garantit
à madame $4000 par année; c'est cela qu'il voulait, et on
garantit que tous ses neveux et nièces vont avoir leur part.
M. Burns: II y a une question, Me Lapointe, qui me vient à
l'idée. Les trois qui ne consentent pas aux dispositions du projet de
loi, quel âge ont-ils?
M. Lapointe (Gabriel): 70 ans, 62 ans et 68 ans. Je dois dire
là-dessus...
M. Burns: Ce ne sont pas les plus jeunes?
M. Lapointe (Gabriel): Non, ce ne sont pas les plus jeunes. Je
dois dire que j'ai communiqué avec eux, par écrit, les invitant
à venir me rencontrer et ils ont refusé.
M. Blank: Est-ce que les trois gars sont de la même
branche?
M. Lapointe (Gabriel): Non, deux sont de la même et un
d'une autre branche. Je pense que, si je peux ajouter quelque chose à ce
que le député de Saint-Louis vient de dire, il y a eu, dans cette
succession, un accroissement énorme. Imaginez les valeurs
mobilières qui ont été laissées dans la succession
en 1936. Aujourd'hui, elles ont acquis la valeur que l'on connaît. Mais,
cette succession était loin de valoir $900 000 en 1936. Malheureusement,
je n'ai pas les états financiers. Au seul fait d'y songer, on peut
comprendre qu'il y a eu un accroissement considérable.
Dans l'esprit du testateur, en 1936, il devait être bien certain
d'assurer d'abord à Thérèse une rente de $4000.
Aujourd'hui, c'est dans le projet. On met de côté une somme
capitale pour garantir cette rente de $4000 à Thérèse, sa
vie durant. Il n'y a aucune difficulté à ce point de vue que
Thérèse reçoive sa rente, ce qui était
sûrement une préoccupation du testateur à son
décès.
Mais, comme l'a dit M. Blank, dans son esprit, sûrement
qu'à l'avènement de l'âge de 40 ans pour le plus jeune de
ses neveux et nièces, les autres conditions sont remplies.
M. Levesque: Me Lapointe, vous avez dit que vous avez
communiqué avec les trois opposants. A quel moment avez-vous
communiqué avec eux?
M. Lapointe (Gabriel): Au cours de l'été 1975. J'ai
la correspondance ici, si vous voulez que je vous donne la date exacte, mais
c'est à cette période.
M. Levesque: Est-ce une correspondance ou un appel
téléphonique?
M. Lapointe (Gabriel): C'est de la correspondance. Par
correspondance. Ah oui! je leur avais écrit. Ils m'ont répondu
par écrit.
M. Levesque: Avez-vous le genre de réponse que vous avez
reçue.
M. Lapointe (Gabriel): La réponse était qu'on
n'était pas d'accord et qu'il n'était pas question qu'on vienne
me rencontrer.
M. Choquette: Vous avez parlé des revenus des neveux et
nièces tout à l'heure, au début de votre intervention.
Est-ce que vous n'avez parlé que des revenus qui proviennent de la
succesion ou de tous leurs revenus?
M. Lapointe (Gabriel): Dans le cas particulièrement de M.
John Saint-Pierre, dont le revenu est de $12 000, cela comprend son revenu de
la succession c'est celui qui est à sa retraite et ses
prestations de retraite.
M. Levesque: Je note ici, Me Lapointe, que non pas seulement les
trois s'opposent à cela...
M. Lapointe (Gabriel): Pardon?
M. Levesque: Vous avez dit qui sont ceux qui s'opposaient?
M. Lapointe (Gabriel): Cécile, Léonie et Hector.
Thérèse, évidemment, n'est pas une nièce qui peut
être avantagée. Elle a déjà un traitement
privilégié.
M. Levesque: Je comprends, mais elle a également
répondu, si mes renseignements sont exacts...
M. Lapointe (Gabriel): C'est exact.
M. Levesque:... qu'elle était également contre le
principe du projet de loi.
M. Lapointe (Gabriel): Oui. On voulait la faire venir, mais elle
ne doit pas être considérée comme un des neveux et
nièces qui vont bénéficier de l'ouverture du
testament.
M. Levesque: Bénéficier ou être
lésée, possiblement.
M. Lapointe (Gabriel): De toute façon, j'avais, à
ce moment, jugé approprié de l'inviter quand même à
venir me rencontrer. Elle a refusé.
M. Blank: La cause du bill, je pense que c'est le fait que
l'argent investi ne donne pas une assez bonne ristourne. Peut-être que
les exécuteurs, le Royal Trust, sont trop conservateurs avec la
fiducie.
M. Burns: Oui, mais on n'a pas à venir décider,
surtout s'il n'y a personne véritablement de lésé, que la
clause f) n'existe pas. L'intention est clairement manifestée par le
testateur dans son testament. Je ne vois pas pourquoi on interviendrait dans
une affaire comme celle-là.
M. Blank: Quelle est vraiment son intention? Son intention est
que ses neveux et ses nièces reçoivent quelque chose.
M. Burns: M. Blank, on pourrait tous les jours intervenir dans
tous les testaments qui existent, parce que, à un moment donné,
au bout d'un certain nombre d'années, les gens disent: Le testateur,
s'il avait connu les conditions actuelles, aurait fait autre chose.
M. Blank: Je ne dis pas cela.
M. Burns: Tant qu'il n'y a véritablement personne de
lésé, je ne vois pas pourquoi on interviendrait dans un
tel...
M. Blank: Je ne dis pas ça parce que, s'il vivait
aujourd'hui, il les mettrait dans un autre... Moi, je dis que son
intention...
M. Burns: Lui, ce ne serait pas $4000 qu'il donnerait à
Thérèse...
M. Blank: Oui, c'est ça.
M. Burns: ... ce serait passablement plus que ça.
M. Blank: C'est ça.
M. Burns: C'est bien sûr.
M. Blank: Mais il veut garantir $4000 à
Thérèse.
M. Burns: Bien oui.
M. Blank: II veut garantir à ses neveux et nièces
un partage de cette succession.
M. Burns: C'est ça.
M. Blank: Avec ce bill, on fait exactement ça.
M. Burns: Les conditions sont prédéterminées
par le testateur.
M. Blank: Oui, mais...
M. Burns: II dit: II faut que tout le monde ait 40 ans et que
tout le monde de l'autre branche de succession soit
décédé.
M. Blank: On a...
M. Burns: II s'adonne qu'il y en a une qui ne l'est pas.
M. Blank: Oui, mais...
M. Burns: On n'est pas pour souhaiter sa mort.
M. Blank: La raison pour laquelle il a inscrit la question du
décès de cette personne, c'est pour garantir les $4000 à
cette personne.
M. Burns: Bien oui.
M. Blank: C'est le but de cette clause. Mais, si on
l'enlève maintenant et qu'on donne raison à la deuxième
partie de son intention, si on n'adopte pas ce bill, on ne suit pas son
intention. On fait le contraire de ce qu'il veut.
M. Burns: Ce n'est pas mon impression. M. Blank: Ce n'est
pas que je... M. Burns: Ce n'est pas mon impression. M. Blank: Je
vois exactement le contraire.
M. Desjardins: La date du décès dans le testament,
M. le Président, je pense que c'était justement pour garantir les
legs particuliers du vivant des légataires particuliers. C'est
strictement une date pour garantir ces montants et garantir que son intention
soit respectée. Alors, le bill qui est proposé devant nous
respecte quand même l'intention, en oubliant la date, qui est une
modalité, qui est une procédure d'ouverture, il respecte la
double intention du testateur quand même: premièrement, garantir
une rente, et le bill garantit la
rente; d'autre part, il exprime assez clairement qu'il veut que ses
neveux et nièces profitent de son argent. C'est ce que le bill propose.
Si on n'accepte pas le bill, je pense qu'on fausse l'une des intentions du
testateur, parce qu'il y a des neveux et nièces qui mourront sans en
profiter.
M. Burns: Le voeu du testateur est clairement exprimé et
Me Lapointe nous a d'ailleurs lu tout à l'heure la clause f). Je vous la
relis. Je ne vois pas comment on arriverait à changer ça, nous
autres, tout d'un coup: "Upon the extinction and termination of all the
bequests of annual incomes above setforth under subparagraphs 1, 2 and 3,
etc.," j'insiste de la même façon que Me Lapointe a
insisté "upon the extinction and termination", c'est-à-dire
à toutes fins pratiques, ce n'est pas dit comme cela qu'au
décès des personnes qui doivent recevoir, etc., et "hereof and
upon the youngest of my nephews and nieces aforesaid reaching the full age of
40 years" l'autre condition, elle est admise, celle-là. Elle est
rencontrée "my said executors and trustees shall immediately
divide among my said nephews and nieces then living..." C'est un autre
phénomène qui rentre dans tout ça. Peut-être...
M. Levesque: C'est ce dernier phénomène qui
m'impressionne le plus, parce que ça pourrait changer substantiellement
la part de chacun si on attend que la condition se réalise...
M. Burns: Ce n'est pas à nous à en
décider...
M. Levesque: ... à moins que vous puissiez... On peut vous
écouter... Je ne veux pas vous presser.
M. Lapointe (Gabriel): Si vous voulez, j'aimerais vous
présenter l'argument de façon différente. Je voudrais vous
suggérer que, peut-être bien, un facteur d'accroissement de quatre
de la valeur globale de la succession, entre 1936 et 1976, ne serait pas
exagéré, ce qui veut dire que la valeur de la succession, non pas
à l'ouverture mais en 1936, pouvait être de l'ordre de $200 000,
et les taux d'intérêt que l'on connaissait en 1936 étaient
loin d'être les taux d'intérêt qu'on connaît
aujourd'hui. Les taux pouvaient être de 3%, 4% et de 5%. $200 000
à un taux moyen, disons, de 4%, auraient rapporté des revenus
annuels de $8000. On voit l'esprit du testateur de vouloir assurer, de
façon privilégiée, la rente de $4000 à
Thérèse, en maintenant le capital intact. En plus de la rente
qu'il payait à Thérèse, il payait une rente à
d'autres personnes aussi. Je pense qu'en totalité les rentes qu'il
devait payer étaient de l'ordre de $7000.
Alors, le surplus était distribué entre ses neveux et
nièces, mais à ce moment, l'intention que l'on peut retrouver
dans cette clause f) du testateur est clairement de vouloir protéger
Thérèse et les autres.
C'est pour cela qu'il insiste pour que la succession ne s'ouvre qu'au
décès de Thérèse, mais ce problème n'existe
plus aujourd'hui. Je le ré- pète, c'est clairement l'intention du
testateur que ses neveux et nièces participent à la
succession.
M. Blank: Y a-t-il des neveux et nièces déjà
décédés? Depuis sa mort, y a-t-il un neveu ou une
nièce décédés?
M. Lapointe (Gabriel): A ma connaissance, non. Les autres
personnes qui étaient avantagées sont
décédées, à part Thérèse qui
était avantagée de façon privilégiée. Il ne
reste que Thérèse.
M. Burns: Me Lapointe, je ne partage pas votre avis lorsque vous
dites que l'intention clairement exprimée par le testateur était
de protéger Thérèse. L'intention clairement
exprimée par le testateur qui se retrouve au paragraphe f) veut tout
simplement dire qu'il y a deux conditions qui peuvent se dénombrer en
plusieurs sous-conditions par les personnes. Les deux conditions étant,
d'une part, l'âge atteint de 40 ans, de ses neveux et nièces;
d'autre part, le décès, disons-le brutalement, de tous ceux qui
doivent recevoir directement des rentes précises, des revenus
précis de cette succession. Ces deux conditions ne sont pas, au moment
où on se parle, réalisées.
Alors, je ne vois pas comment on pourrait dire: Ce n'est pas cela qu'il
voulait. On met de côté des conditions qu'il voulait.
Peut-être qu'il les voulait dans un certain ordre. Peut-être qu'il
s'imaginait que toutes les personnes qui recevraient des revenus, en principe,
devraient être décédées au moment où le plus
jeune de ses neveux et nièces aurait atteint l'âge de 40 ans.
Peut-être est-ce cela? Je ne le sais pas et, je ne me sens pas capable de
changer des conditions testamentaires comme celles-là.
M. Lapointe (Gabriel): II est clair que, dans le testament, il
faut le décès des personnes qui sont avantagées de
façon privilégiée; mais je me permets d'aller
au-delà du testament et de dire pourquoi le testateur voulait que les
personnes avantagées de façon privilégiée
décèdent avant que le succession ne s'ouvre. Je dis que
c'était clairement pour laisser le capital là, de façon
à permettre le paiement de la rente privilégiée.
M. Choquette: II y aurait une façon dont vous pourriez
régler le problème. Cela serait que, si Thérèse
renonçait à son legs, à ce moment, la succession
s'ouvrirait, je pense bien, en vertu de f). Si elle faisait un acte de
renonciation à ses droits, alors, votre succession s'ouvre.
M. Lapointe (Gabriel): On ne pourrait pas dire à ce moment
qu'elle est décédée.
M. Choquette: Non. Ce n'est pas le décès qui est
exigé dans f). Ce n'est pas...
Une Voix: Vous avez raison.
M. Choquette: ...son décès qui est exigé.
C'est qu'elle cesse d'être bénéficiaire de droits de
telle
sorte que, si elle renonce, considérant certaines garanties qui
pourraient lui être données par des cohéritiers, à
ce moment, vous avez réussi ce que vous voulez, mais sans que nous
venions nous substituer à la volonté du...
M. Burns: Je pense que le député d'Outremont a
parfaitement raison, parce que la clause f) est la disparition "...of the
incomes..." je ne sais pas le terme exact...
M. Lapointe (Gabriel): C'est cela.
M. Burns: "...the incomes provided for at paragraphs 1, 2, 3 and
4.
M. Lapointe (Gabriel): On dit bien, dans le paragraphe 3 du
sous-paragraphe e) "...to my niece, Thérèse Saint-Pierre, during
her lifetime..." Je suis convaincu que même advenant une renonciation de
Thérèse, on ne pourrait pas procéder à l'ouverture
de la succession parce que l'événement prévu à f)
et au paragraphe 3 de e) ne serait pas arrivé.
M. Choquette: Je ne sais pas, parce que, lorsqu'on regarde f),
c'est "...upon the extinction and termination of all the bequests of annual
incomes above set forth under sub-paragraphs 1, 2, 3 of paragraph d)... and
upon the youngest..."
Alors, la condition exigée est l'extinction et la terminaison des
legs annuels de revenu. Si elle renonce à composer...
M. Lapointe (Gabriel): Vous avez une succession qui a
été ouverte.
M. Burns: II est éteint, ce lesg-là.
M. Lapointe (Gabriel): L'extinction... Cela ne peut se produire
"during her lifetime" puisque le legs a été clairement
accordé "during her lifetime".
M. Choquette: Elle est toujours libre de renoncer. N'importe quel
héritier est libre de renoncer à un legs.
M. Burns: Si elle avait renoncé à la succession,
cela aurait donné le même effet.
M. Choquette: On n'est pas obligé d'accepter des donations
que les gens nous font. On peut y renoncer. Cela peut arriver quand il y a des
conditions qui s'y attachent.
M. Burns: Cela arrive...
M. Caron: Oui, à des conditions...
M. Burns: Contrairement à ce que vous croyez, M. le
député de Verdun, cela arrive que des gens renoncent à des
successions.
M. Caron: A des conditions, d'accord. Quand il n'y a pas de
conditions, cela doit être rare.
M. Burns: Pas nécessairement.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Verdun a-t-il des questions sur le projet de loi?
M. Caron: Non.
M. Burns: M. le Président, je ne suis pas prêt
à adopter un projet de loi comme celui-là.
M. Choquette: On voudrait vous aider, M. Lapointe, mais...
M. Burns: Ce n'est pas qu'on essaie pas; en tout cas,
personnellement, je me sentirais mal à l'aise de donner mon consentement
à un projet de loi comme celui-là.
M. Lapointe (Gabriel): A certaines occasions, j'aimerais
être à votre place, M. Burns. Principalement maintenant, je me
sentirais peut-être plus mal à l'aise que vous.
M. Burns: Fort probablement que vous feriez cela presque aussi
bien que moi.
M. Lapointe (Gabriel): Merci.
M. Burns: Je suis sûr, M. Lapointe, que vous feriez cela
aussi bien que moi, sinon mieux que moi.
M. Lapointe (Gabriel): Non, je ne suis pas d'accord
là-dessus. Vous êtes trop modeste.
M. Burns: Je vous taquinais!
M. Levesque: Nous avons fait certaines recherches au
ministère pour trouver des précédents. Nous, n'avons pas
réussi. Vous, avez-vous réussi?
M. Lapointe (Gabriel): Moi non plus, je dois le dire. Mais,
encore là, je sais qu'au sein des commissions parlementaires, on craint
toujours les précédents, mais comme je l'ai dit au tout
début de mes remarques, je doute fort qu'il puisse se présenter
une situation aussi je m'excuse de le dire claire que celle-ci
quant à l'intention du testateur et quant aux non pas au
préjudice privations que le non-avènement de la clause
résolutoire 1 cause aux héritiers.
M. Levesque: C'est vrai que c'est un peu comme une lunette
d'approche, cela dépend de quel côté on se place pour la
clarté des images. Je suis convaincu que vous êtes parfaitement
convaincu et objectif dans vos représentations, seulement, il
apparaît ici autour de cette table qu'il ne peut se développer un
consensus favorable à cause des objections qui ont été
soulevées. Vous répondez en interprétant les intentions du
testateur, s'il était avec nous aujourd'hui; c'est un peu cela. C'est
pas mal vrai, mais, cependant, ce que vous demandez, c'est de changer un
testament et
ce qui me frappe particulièrement, c'est le fait que les sommes
qui seront éventuellement versées aux légataires seront
différentes possiblement si on n'intervient pas à ce
moment-ci.
S'il y avait représentation par souche, j'aurais moins
d'objection, personnellement. Pour ce qui est du reste, je pourrais
peut-être concourir avec vous. Mais, le fait qu'il y ait trois
objections, trois personnes en plus de Thérèse, il y a
Léonie, Cécile et Hector qui s'opposent, je ne sais pas trop
pourquoi... La réponse que vous nous avez donnée à cet
égard, vous l'admettrez, est un peu évasive. Le fait qu'elles
s'opposent, elles opposent en même temps possiblement des droits
éventuels qui font que, si on acceptait le projet de loi à ce
moment-ci, cela pourrait faire que ces trois personnes en particulier puissent
être privées de certaines sommes qu'elles recevraient en plus,
possiblement, selon la survie de chacun des locataires en attendant que la
condition se réalise, c'est-à-dire le décès
Thérèse.
Est-ce que vous êtes d'accord avec cela?
M. Lapointe (Gabriel): Je reconnais le bien-fondé du
dernier argument que vous venez de soulever. Je sais bien qu'à cause du
fait qu'il n'y a pas de représentation de prévue au testament, il
y aurait possibilité qu'en accordant ou en faisant droit à
l'ouverture de la succession maintenant, cela puisse modifier une situation qui
pourrait se présenter si la succession ne s'ouvrait pas maintenant. Je
dois le reconnaître, bien sûr.
M. Levesque: A mon sens, c'est l'objection principale. Dans les
autres objections, je pense bien que je serais prêt... Autrement dit, si
les trois autres étaient ici et étaient d'accord, j'aurais moins
d'objection.
M. Lapointe (Gabriel): M. le Président, seulement une
remarque, si vous me le permettez. Ma réponse ou la réponse que
je vous ai donnée pour expliquer le désaccord des trois n'est
certainement pas intentionnellement évasive.
M. Levesque: Non.
M. Lapointe (Gabriel): C'est que je n'ai pas pu les rencontrer.
Je les ai invités par écrit à venir me rencontrer pour une
assemblée d'information et ils ont eu quand même la gentillesse de
me répondre qu'ils n'étaient pas intéressés
à me rencontrer et qu'ils s'opposaient au...
M. Levesque: Ce que nous pourrions faire, Me Lapointe, si vous
croyez connaître plus de succès dans les semaines qui viennent,
nous pouvons simplement l'ajourner plutôt que de le refuser.
M. Lapointe (Gabriel): Plutôt que de le refuser
carrément, j'apprécie le geste que vous posez et j'accepterais
volontiers que l'étude du projet de loi soit ajournée sine die
pour me permettre de faire une dernière tentative pour rencontrer les
trois personnes. Mais, à ce moment-là, est-ce que,
vraisemblablement, si on...
M. Levesque: Je ne sais pas quelle est l'opinion des autres
membres de la commission, mais, quant à moi, je serais d'accord pour au
moins le réexaminer.
M. Lapointe (Gabriel): Advenant le consentement des trois
personnes...
M. Burns: Je n'ai pas d'objection à le suspendre,
remarquez, dans ces conditions. En ce qui me concerne, je n'ai pas d'objection.
Ce que je craindrais, justement, c'est d'intervenir par voie législative
dans... Vous plaidez bien votre cause, Me Lapointe, quant à l'intention
du testateur. Je suis porté à partager votre opinion quant
à l'intention du testateur, sauf qu'il y a une lettre dans le testament
et la lettre du testament est très claire. Elle n'est pas collée
à cette intention interprétée du testateur. Si les
personnes qui peuvent je ne sais pas comment se retrouver
lésées par un changement législatif de notre part sont
toutes consentantes, à ce moment-là, j'aurai probablement des
objections beaucoup plus faibles à votre bill.
M. Lapointe (Gabriel): Advenant le consentement des trois ou des
quatre, vous vous sentiriez plus à l'aise.
M. Burns: Je me sentirais plus à l'aise.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Verdun avait des remarques.
M. Caron: Je voulais demander: Les trois ou quatre qui
s'opposent, est-ce qu'ils sont au courant qu'il y a un bill privé?
M. Lapointe (Gabriel): Certainement.
M. Caron: Ils sont au courant. Est-ce qu'ils ont écrit
pour s'opposer?
M. Lapointe (Gabriel): Nous avons déposé, je pense,
au dossier, la réponse qui nous avait été transmise
à notre invitation, dans laquelle il est dit clairement qu'on ne serait
pas à l'assemblée, qu'on ne serait pas à la réunion
et qu'en plus on s'opposait à la présentation d'un projet de loi
dans ce sens.
M. Levesque: Donc, on va le suspendre. On ne s'engagera pas
à l'accepter cependant, ce serait trop nous demander. Mais on va le
suspendre pour vous permettre peut-être de revoir la situation.
M. Lapointe (Gabriel): Parfait.
M. Levesque: Et si vous ne revenez pas, cela va mourir au
feuilleton.
M. Lapointe (Gabriel): J'aviserai quand même
le service que les efforts ont été vains et que ce n'est
pas utile de le garder. Merci infiniment.
M. Levesque: D'accord.
Le Président (M. Brisson): Oui, d'autres questions?
M. Burns: Non.
Le Président (M. Brisson): Le projet de loi no 204 est
suspendu ou ajourné sine die. Nous revenons au projet de loi no 203.
Projet de loi no 203 (suite)
M. Bélisle (Guy): M. le Président, nous avons
communiqué avec Me Jules Dupré. Nous avons été
assez chanceux de le rejoindre immédiatement. Me Dupré se
rappelle vaguement cette procuration. Il ne connaît pas du tout les
mandants. La seule chose qu'il a pu apporter comme précision c'est qu'il
s'occupe depuis fort longtemps d'investissements étrangers. Il a
beaucoup de clients en Europe et, d'après lui, cela aurait
été un de ses clients qui auraient pu donner à ces
gens-là son nom pour le mandater de les représenter dans une
procuration.
Etant donné que les gens en question, les mandants
n'étaient jamais venus au Québec, ne connaissaient absolument
aucun avocat, ils auraient été conseillés par un client de
Me Dupré mais celui-ci ignore absolument qui aurait pu être ce
client qui l'aurait recommandé.
Maintenant, il se rappelle un nom, Paul-Louis Lejeune, ça lui
rappelle quelque chose, les autres ne lui rappellent absolument rien. Il se
rappelle qu'en la recevant, il est allé déposer cette procuration
aux minutes de Me Lionel Leroux pour que cette procuration puisse être
enregistrée et, de fait, elle l'a été.
C'est tout ce que nous avons pu obtenir de précision.
M. Choquette: Dans ces conditions, je pense que je serais
satisfait des explications données et de l'impossibilité pratique
de rejoindre les intéressés.
Des Voix: D'accord.
Le Président (M. Brisson): Article 1. Adopté.
M. Burns: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Article 2. Adopté.
Article 3. Adopté. Donc, le projet de loi no 203 est adopté sans
amendement.
M. Bélisle: Je tiens à vous remercier de la
condescendance avec laquelle vous avez voulu lire ce bill si compliqué
puisque, même pour nous qui avons fait l'examen des titres ça nous
a pris beaucoup de temps avant de pouvoir nous comprendre là-dedans.
Merci beaucoup.
M. Choquette: Parce qu'il y a beaucoup de brillants juristes
autour de cette table? Il y a le député de Verdun qui nous a
laissés.
M. Levesque: II y a peut-être aussi le fait que l'on a pas
tout compris ce que vous pensez qu'on a compris.
Le Président (M. Brisson): Messieurs, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 52)