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Commission permanente de la justice
Etude des crédits du ministère de la
Justice
Séance du mercredi 9 juin 1976 (Dix heures dix-sept minutes)
M. Brisson (président de la commission permanente de la
justice): A l'ordre, messieurs! La commission se réunit à
nouveau afin de continuer l'étude des crédits budgétaires
du ministère de l'Education.
Une Voix: De la Justice.
Le Président (M. Brisson): Je m'excuse, de la Justice.
M. Lalonde: Vous faites un remaniement vite!
Le Président (M. Brisson): II n'y a pas d'éducation
sans justice!
M. Lalonde: On serait polyvalent!
Le Président (M. Brisson): Les membres de la commission
sont les suivants: M. Bédard (Chicoutimi), M. Bellemare (Johnson), M.
Bienvenue (Crémazie), M. Burns (Maisonneuve), M. Déom (Laporte)
remplace M. Ciaccia (Mont-Royal; M. Choquette (Outremont), M. Desjardins
(Louis-Hébert), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Faucher (Nicolet)
remplace M. Levesque (Bonaventure); M. Pagé (Portneuf), M. Perreault
(L'Assomption), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate (Sainte-Anne), M.
Sylvain (Beauce-Nord) et M.Tremblay (Iberville) remplace M. Tardif (Anjou).
M. Burns: On a trois remplacements. Le Président (M.
Brisson): C'est exact.
M. Burns: M. Déom à la place de M. Ciaccia, M.
Faucher à la place de M. Levesque et M. Tremblay à la place de M.
Tardif.
Je dois dire que dans le cas de M. Tremblay, c'est une
amélioration. Vraiment, on améliore la qualité de la
commission en remplaçant M. Tardif par M. Tremblay.
M. Tremblay: Je ne suis même pas avocat.
M. Burns: Je tiens à ce que ce soit noté.
M. Sylvain: Vous pourrez dire cela à M. Tardif.
M. Burns: Je le dis à M. Tremblay pour qu'il le dise
à M. Tardif.
Une Voix: Cela, c'est gentil pour nous autres!
Le Président (M. Brisson): Espérons que la
qualité des discussions va être améliorée
d'autant.
M. Burns: Je n'ai pas dit autre chose sur les autres.
M. Tremblay: On se complète tellement, Yves et moi, que
l'un ou l'autre à la commission, cela va aller.
Une Voix: Cela, c'est gentil pour nous autres! M. Burns: Dans
votre cas, ce n'est pas...
M. Sylvain: Surtout sur la police, c'est moins pire.
Une Voix: On commence à connaître cela!
Le Président (M. Brisson): Messieurs, nous en sommes
à l'étude du programme 15, normalisation et surveillance de
l'exercice des fonctions de police.
Crédits à adopter, $2 026 900.
Le député de Maisonneuve.
Normalisation et surveillance dans l'exercice des
fonctions de police
M. Burns: Merci. M. le Président, dans son dernier rapport
annuel, la Commission de police du Québec recommandait au gouvernement
de doter son service des enquêtes d'effectifs additionnels afin de
pouvoir répondre efficacement aux plaintes reçues de la part du
grand public. Est-ce que le ministre peut nous dire ce qui a été
fait en vue de donner suite à cette recommandation de la Commission de
police?
La Commission de police
M. Lalonde: Justement, on en discutait encore hier avec le
président de la Commission de police.
Nous voulons maintenir l'efficacité de la Commission de police
à un niveau constant, au plus haut niveau possible. C'est un fait que la
commission est en retard de plus de 100 dossiers dans les enquêtes. Nous
examinons, avec le président de la commission, les dispositions qu'on
doit prendre. Malheureusement, nous sommes en plein milieu d'une période
d'austérité budgétaire. Dans quelle mesure nous pourrons
dépanner au moins temporairement, par des aménagements, la
Commission de police, c'est examiné actuellement.
M. Burns: Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire
quelle est la portée de cette recommandation dans le sens de doter son
service des enquêtes d'effectifs additionnels? Est-ce que c'est dans un
domaine particulier ou ...?
M. Lalonde: Lorsque le... M. Burns: Je veux dire...
M. Lalonde: ... citoyen demande une enquête sur une
activité, le comportement d'un policier ou d'un cosps policier, la
Commission de police exa-
mine la plainte. Si la plainte n'est pas, à sa face même,
futile, il doit y avoir une enquête. Il s'agit, pour la Commission de
police, lorsqu'elle a trop de plaintes, un nombre plus grand quelle puisse
examiner immédiatement, de choisir; il y en a qui en souffrent. Lorsque,
par exemple, je fais la demande d'une enquête, à la suite d'un
fait qui m'est rapporté en Chambre ou autrement, la commission fait
enquête et il y a peut-être d'autres enquêtes qui attendent.
C'est justement le problème constant du service au public; lorsqu'on
crée un besoin ou lorsqu'on identifie un besoin et qu'on veut y apporter
la solution, quelles sont les ressources qu'on doit mettre? Jusqu'à
maintenant on a...
Sur cinq postes, il y en a seulement trois qui sont comblés. On a
une certaine difficulté à combler les deux autres.
M. Burns: Quelle sorte de postes? M. Lalonde: Des postes
d'enquêteur.
M. Burns: D'enquêteur. Ce sont des policiers,
normalement?
M. Lalonde: D'anciens policiers généralement ou des
gens ayant une expérience analogue. Mais il n'y a pas beaucoup de
candidats qui ont l'expérience analogue qui n'ont pas été
policiers. On a souvent, quand on fait les concours, des candidatures
d'estimateurs, de gens qui ont fait un genre de recherche, d'enquête.
Mais ils n'ont pas, d'après la commission, d'après nous,
l'expérience suffisante pour traiter le genre d'enquête dont on a
besoin.
M. Burns: Actuellement, ces postes additionnels
réclamés par la CPQ, ce sont des postes d'enquêteurs?
M. Lalonde: Des postes d'enquêteurs. Il y a cinq postes,
actuellement; il y en a trois de comblés, deux de vacants et on en
aurait besoin de sept, en fait, pour traiter les enquêtes qui sont en
cours pour, surtout, faire un certain rattrapage. Il est possible qu'on puisse
trouver, au moins pour rattraper le temps perdu ou le surcroît de travail
qu'il y a à faire sur les enquêtes qui sont déjà en
retard, une façon de prêter des enquêteurs à la
Commission de police.
C'est le problème qu'on a partout. On a vu, par exemple, les
enquêtes que la Commission de police fait sur les corps policiers
à Laval; on a vu ce qui s'est passé à Longueuil, entre
autres. Les corps policiers en voie de croissance ont comme principale
faiblesse un retard dans les enquêtes et, donc, dans la solution des
crimes. Un des problèmes majeurs du service policier, de plusieurs corps
policiers, c'est de trouver le monde. C'est de trouver les sommes d'argent et
le monde pour faire les enquêtes.
Amendements à la Loi de police
M. Burns: Si mes informations sont bonnes, la Loi de police sera
révisée d'ici la fin de la session.
M. Lalonde: Oui, en effet.
M. Burns: La loi 41, je crois, n'est-ce pas? En tout cas, vous
n'avez peut-être pas le numéro approprié.
M. Lalonde: Je ne sais pas quel est le numéro encore. Elle
est en préparation. J'ai l'intention de la déposer, si c'est
possible, cette semaine ou au début de la semaine prochaine. La
Commission de police va, dans cette loi, trouver aussi des réponses
à certaines questions.
M. Burns: Est-ce que le ministre peut nous dire, dès
maintenant, quels seront les grandes lignes de cet amendement à la Loi
de police?
M. Lalonde: C'est assez difficile pour moi d'en parler librement
parce que les décisions finales n'ont pas été prises
concernant certains sujets, certains aspects et je ne voudrais pas induire
cette commission en erreur. Fondamentalement, cela touche la
réorganisation de la CECO et aussi certaines fonctions que la Commission
de police a été appelée à remplir dans le
passé, pour des raisons.
M. Burns: ... ou diviserait...
M. Lalonde: ... qui feraient plutôt clarifier... On a
demandé beaucoup à la Commission de police parce qu'il n'y avait
pas d'autre organisme expert pour faire certains travaux. Depuis lors, nous
avons vu certains autres organismes nouveaux qui ont grandi, comme, par
exemple, la Direction générale de la sécurité
publique qui a, au niveau des opérations, sûrement une mission,
une vocation beaucoup plus importante ou, enfin, plus directe que la Commission
de police qui se tient plutôt au niveau normatif et au niveau de
l'enquête.
Alors, il s'agit de déterminer, j'en ai parlé d'ailleurs,
la semaine dernière, à cette commission parlementaire. Il y a
certains aménagements aussi qu'on a apportés relativement au
conseil de sécurité à Montréal, et sa vocation, ses
fonctions, pour tenter de lui redonner encore plus de vigueur.
M. Burns: Est-ce que vous avez l'intention de faire adopter cette
loi avant la fin de la présente session ou de l'ajournement
d'été?
M. Lalonde: Ce serait mon intention, oui. Maintenant, on
dépend des travaux de la Chambre. Il y a toutes sortes de contraintes
qui sont indépendantes de ma volonté, mais idéalement ce
serait mon intention.
M. Burns: C'est pour aider à mes négociations avec
le leader du gouvernement.
M. Lalonde: Si cela peut vous aider, si vous pouvez faire...
M. Burns: Ce n'était pas le critique du Parti
québécois en matière de justice qui vous parlait,
c'était le leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Si vous pouvez vous faire mon porte-parole
auprès du leader, pour aider ma loi à être adoptée,
naturellement.
M. Burns: Je suis bien prêt à tout adopter ce qu'il
me présente, mais j'en ai beaucoup, j'en ai pour deux feuilles.
Le Président (M. Brisson): Adopté?
M. Burns: Non, juste une dernière question. Le ministre a
sans doute hier, comme moi, lu dans à peu près tous les journaux,
le cas du policier de la CUM, dont j'oublie le nom, je pense que c'était
un officier, en tout cas je pense que c'était un sergent, si je ne me
trompe pas, qui était accusé devant les tribunaux de voies de
faits graves sur la personne de deux infirmières, à
l'hôpital Notre-Dame. Il semble que cela se soit déroulé au
printemps, dans le cadre d'une manifestation qui est devenue un peu turbulente
et on a appelé les policiers de la CUM. Le journal rapportait que le
policier en question avait plaidé coupable à cette
accusation.
La sentence a été une libération inconditionnelle,
comme vous le savez. J'aimerais savoir, dans un cas comme celui-là,
lorsque cela se présente devant les tribunaux, et avant que les
tribunaux en soient saisis, si la CPQ s'en occupe ou si elle en est saisie
automatiquement. Dans ce cas, est-ce qu'elle en a été saisie?
M. Lalonde: Non, le président de la Commission de police
m'informe que la Commission de police n'a pas du tout été
impliquée dans ce cas en particulier.
Il y a beaucoup d'incidents, naturellement, qui peuvent arriver avec les
milliers de policiers qui travaillent tous les jours. Un certain nombre de
plaintes sont apportées à la Commission de police, mais un autre
grand nombre ne vient jamais à sa connaissance. Je ne connais pas le
cas, sauf pour l'avoir lu dans les journaux. C'est un autre cas parmi des
dizaines ou des centaines de dossiers qui sont traités quotidiennement.
Je présume qu'il y a eu une plainte directement au ministère de
la Justice ou peut-être...
M. Burns: Vous ne savez pas si, dans ce cas-là, c'est
votre...
M. Lalonde: ... est-ce un flagrant délit. Je ne sais pas
qui a entrepris la poursuite.
M. Burns: Vous ne savez pas si c'est votre ministère qui a
intenté les plaintes ou si c'est par voie de plainte privée.
M. Lalonde: Non, j'aimerais prendre avis, quoique je pourrais
peut-être m'informer très rapidement, avant la fin de la
commission, pour informer la commission sur ce cas en particulier. Je ne vois
pas que le ministère de la Justice, par ses procureurs ou par les
substituts du procureur général, n'ait pas été
intéressé dans la cause depuis la prise de la plainte.
Normalement, il aurait dû l'être.
M. Burns: Pourriez-vous, d'ici à la fin de la commission,
tenter de me donner une réponse à cette question?
M. Lalonde: D'ici cet après-midi.
M. Burns: Parce que je vous avoue que j'ai trouvé cela un
peu troublant. Si je soulève le cas je veux que ce soit bien
clair ce n'est pas parce que je ne pense aucun bien des policiers en
général. Je pense que ce sont des cas exceptionnels qui,
malheureusement, font du tort à l'ensemble des policiers qui, dans la
quasi-totalité, font un travail merveilleux. Ce n'est surtout pas dans
le but de discréditer le travail des policiers dans l'ensemble, je tiens
à le dire. Par contre, ces cas-là sont des cas individuels et,
quand un policier fait son boulot de façon fantastique,
évidemment cela ne fait pas la première page des journaux. Mais,
quand il y en a un qui commet une incartade, on en parle et c'est
malheureux.
Une fois cette précaution prise, quand même, dans ce
cas-là, j'ai été assez étonné
maintenant, on peut en parler, le jugement est rendu, la sentence est rendue
que, devant deux accusations de voies de fait graves, un juge il
a le droit d'exercer sa discrétion ait décidé, tout
simplement, qu'étant donné que le policier en question n'avait
pas de casier judiciaire il devait être libéré
inconditionnellement. Or, il faudrait bien se souvenir que tous les policiers
n'ont pas de casier judiciaire. C'est ce que je trouve bebête, un peu,
dans ce jugement.
M. Lalonde: Je crois que l'absence de casier judiciaire est un
des éléments, mais il y en a sûrement d'autres. Je pense
bien qu'un policier, sans casier judiciaire, qui serait pris pour meurtre, par
exemple, n'aurait pas nécessairement une libération
inconditionnelle.
M. Burns: Non, mais quand même, on parle de voies de fait
graves. Des voies de fait graves, c'est là où il y a eu
blessures; c'est plus que pousser quelqu'un cela. En tout cas, moi, je ne le
sais pas, mais j'aimerais avoir...
M. Lalonde: J aime bien entendre le député de
Maisonneuve me souligner le fait que ce sont seulement des cas négatifs
dont on entend parler dans les journaux qui malheureusement jettent une
lumière peut-être un peu négative sur le travail des
policiers en général. Souvent même nous avons des plaintes
futiles qu'on regarde. J'ai déposé en Chambre il y a deux
semaines un rapport de la commission, qui avait fait enquête sur un cas
soi-disant pénible de brutalité policière. La personne qui
a formulé la plainte, par voie de lettre à un journal, s'il vous
plaît, qui est très élaborée, n'a même pas cru
bon de répondre à la demande des policiers de se faire entendre.
Je crois que c'est ici, entre autres, qu'il est bon de rappeler que les
policiers, dans la très grande majorité, accomplissent un
travail difficile et ils le font de façon honnête et loyale.
M. Burns: Là-dessus, je suis d'accord avec le Solliciteur
général entièrement.
M. Lalonde: Alors, j'ai pris note des demandes, des questions et
d'ici 16 heures cet après-midi normalement nous devrions continuer les
délibérations de cette commission j'aurai les détails qui
pourront peut-être éclairer la commission.
M. Burns: D'accord. Le programme 15, adopté.
Le Président (M. Brisson): Le programme 15 est
adopté. Le programme 16, Protection civile.
Protection civile
M. Burns: Au programme 16, je me demande vraiment si je discute
avec la bonne personne de la Protection civile. Je relève un article qui
a paru dans le Soleil du mercredi 22 octobre 1975 sous le titre "Protection
civile, Bourassa remplace Choquette". C'est un article de M. Fernando Lemieux
où, à toutes fins pratiques, on nous dit que le premier ministre
prenait charge, à compter de cette date et par voie
d'arrêté ministériel. Je vous cite la partie de cet article
qui est pertinente à la question que je vous pose: "Un
arrêté ministériel a d'ailleurs été
signé en ce sens", c'est-à-dire dans le sens que le premier
ministre prenait charge de la Protection civile. M. Bourassa, qui avait les
pouvoirs d'assumer la responsabilité des décisions en cas de
désastres locaux, régionaux et provinciaux, à titre de
président du Conseil exécutif, devient effectivement le grand
patron de la Protection civile. J'aimerais savoir si c'est aussi exact
aujourd'hui qu'à ce moment.
M. Lalonde: C'est-à-dire que c'était exact à
ce moment. En effet, lorsque M. Choquette avait démissionné du
gouvernement, il s agissait de le remplacer comme coordonnateur parce que le
coordonnateur de la Protection civile est nommé par arrêté
en conseil.
M. Burns: Mais M. Choquette a démissionné comme
ministre de l'Education; donc, déjà il y a eu le transfert des
responsabilités.
M. Lalonde: Je ne sais pas si le transfert des
responsabilités du coordonnateur se faisait automatiquement, je n'en
suis pas sûr, parce qu'il est nommé par arrêté en
conseil. Il fallait le remplacer formellement.
M. Burns: Sauf que vous, à ce moment, vous étiez
déjà désigné comme Solliciteur
général.
M. Lalonde: Quelle est la date?
M. Burns: Le 22 octobre 1975 Le remaniement s'est fait au mois
d'août 1975.
M. Lalonde: Oui, je le sais. M. Choquette a
démissionné au début d'octobre, je pense.
M. Burns: C'est probablement durant cette période.
M. Lalonde: Oui, je me souviens. Avant de désigner qui
serait coordonnateur, le premier ministre, M. Bourassa, a pris cela à sa
charge et ce n est qu'en novembre ou décembre qu'il a été
décidé de me confier cette fonction. L'arrêté en
conseil a été adopté dans ce temps, me nommant
coordonnateur de la Protection civile.
M. Burns: Comme cela, cette nouvelle... M. Lalonde: Elle
était vraie.
M. Burns: ... était vraie, mais elle n'est plus exacte
aujourd'hui. C'est ce dont je voulais m'as-surer. Je n'ai pas d'autres
questions là-dessus. Je trouvais cela bizarre qu'en plus de la
division...
Indemnisations aux victimes d'inondations
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de l'Assomption.
M. Perreault: Je ne sais pas si je suis hors du sujet, mais au
sujet de la Protection civile, qu'est-ce que vous allez maintenant faire pour
les inondations? Le programme est-il en marche?
M. Lalonde: Non seulement, à moins que le président
ne me corrige, vous n'êtes pas hors du sujet, mais c'est très
pertinent, c'est très d'actualité. Nous devons considérer,
au Conseil des ministres ce matin il commence actuellement: je vais les
rejoindre plus tard la décision, que j'ai décrite
d'ailleurs lorsque j'ai rendu publique la formation du Bureau d'aide
financière, concernant les normes.
Lorsque ces normes seront déterminées, nous pourrons
envoyer à toutes les municipalités concernées les
formulaires nécessaires pour qu'ils soient distribués à
ceux qui ont des réclamations à faire. Ces réclamations
seront ensuite acheminées directement au Bureau d'aide financière
qui est actuellement en formation. A ce moment, tout le processus d'examen des
réclamations de paiements sera entrepris. Je rendrai public probablement
demain, suivant la décision du Conseil des ministres, tout ce processus
pour que nos nombreuses municipalités, dans chacun de nos comtés,
les citoyens qui ont été frappés par les inondations
sachent à quoi s'en tenir.
M. Perreault: J'aurais une remarque a vous faire Dans mon
comté, il y a eu beaucoup de sinistrés. La plupart des
municipalités ont ouvert un dossier pour chacune des personnes
sinistrées. Serait-il possible que les municipalités puissent
contrôler les formules retournées pour en prendre connaissance au
moins? C'est pour qu il y ait coordination et pour que les municipalités
sachent
qu'il y a eu retour, parce qu'un dossier est ouvert pour chacun des
sinistrés. Si les gens envoient leur formule directement, la
municipalité ne sera pas ce qui se passe dans ce cas.
M. Lalonde: II y aurait un inconvénient; cela ralentirait
de beaucoup le processus.
M. Perreault: Sans l'envoyer directement, au moins mettre la
municipalité au courant des demandes reçues pour ces
dossiers.
M. Lalonde: Oui.
M. Perreault: Dans mon comté, où il y a eu beaucoup
de sinistrés, la ville de Lachenaie a ouvert un dossier pour chacun
d'eux. Il serait bon, dans le dossier, qu'elle sache qu'une formule est
rendue.
M. Lalonde: Je prends note de la suggestion du
député. C'est une excellente suggestion. Sans ralentir le
processus, je pense qu'on peut trouver une façon d'aviser la
municipalité qu'une réclamation est entrée. A ce
moment-là, la municipalité n'aurait pas le contrôle de
cette réclamation, de son approbation, car il faut quand même
conserver le contrôle de cette approbation chez nous...
M. Perreault: Oui, d'accord.
M. Lalonde: ...étant donné que nous sommes
responsables des paiements. Mais il n'y a aucun doute que nous n'avons aucune
objection à informer, au contraire, les municipalités, qui
forment un élément essentiel de toute la Protection civile. Elles
sont le réseau, en fait, de la Protection civile. Nous demandons
constamment la collaboration, la coopération des municipalités
quand il s'agit tout d'abord de maintenir constamment nos services de
Protection civile, et quand il y a des désastres, nous mettons à
l'épreuve, c'est le cas de le dire, les autorités municipales. Il
n'y a aucun doute que nous n'avons aucune objection, au contraire, à
collaborer avec elles soit de façon générale, soit dans
les cas qui nous sont suggérés.
M. Perreault: La raison pour laquelle je demande ceci, c'est
qu'en 1974 il y a eu manque un peu de coordination avec les maires. Les maires
sont venus me rencontrer pour demander que la Protection civile les tienne au
courant des réclamations qui sont faites pour pouvoir ajouter cela dans
le dossier de chacun des sinistrés qu'ils ont en main.
M. Lalonde: Je pense qu'il y a un moyen de le faire.
Naturellement, je n'ai peut-être pas encore le tableau complet des
difficultés des inconvénients ou des problèmes que cela
peut créer, mais on m'assure qu'on va regarder cette question de
façon positive pour trouver une façon d'informer les
municipalités.
M. Perreault: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Nicolet.
M. Faucher: M. le Président, est-ce que chaque
municipalité doit faire une demande spécifique pour être
déclarée zone sinistrée, comme en 1974?
M. Lalonde: Oui et non. C'est-à-dire qu'au départ,
la Protection civile, qui est le conseiller privilégié du
gouvernement dans ces cas, connaît, lors du désastre et par sa
participation dans les opérations d'urgence, les municipalités
qui ont été frappées.
Il est possible toutefois, comme en 1974, que nous en ayons
oublié, que nous n'ayons pas eu connaissance, par exemple, que telle
municipalité avait eu des dommages parce qu'on n'a pas été
appelé à intervenir. Comme en 1974, à ce moment-là,
on peut ajouter ces municipalités, à leur demande, à la
liste des municipalités sinistrées. Cela ne fera aucune
difficulté, sauf que je ne veux pas laisser entendre que toutes les
municipalités frappées doivent faire une demande. La très
grande majorité, sinon toutes, sont déjà contenues sur la
liste des municipalités sinistrées.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Beauce-Nord.
M. Sylvain: Une première question, M. le ministre. Un
communiqué de presse émis de votre bureau, il y a quelques
semaines, laissait entendre que les équipements privés collectifs
municipaux et provinciaux pourraient être indemnisés. Quand vous
parlez d'équipements provinciaux, je vous soumets le cas, par exemple,
de 25 milles de route ou de chemin de terre qui sont inondés et
endommagés. Est-ce que cela voudrait dire que le ministère des
Transports, qui a la juridiction sur l'entretien de la route, pourrait
soumettre une demande au Bureau d'aide financière en 1976?
M. Lalonde: En effet. Le député de Beauce-Nord
mentionne, par exemple, des routes, mais les écoles et tout
équipement provincial qui auraient été affectés par
les inondations peuvent être indemnisés. Il y a, à ce
moment, non pas un conflit, mais peut-être un dédoublement de
responsabilité. Ce serait probablement le ministère des
Transports qui réparerait la route mais c'est le bureau d'indemnisation
qui se trouverait à fournir les fonds.
M. Sylvain: Si, par exemple, le ministère, dans une zone
sinistrée comme la vallée de la Chaudière, quatre ou cinq
municipalités en particulier, avait payé $150 000 ou $200 000
pour l'entretien, la réfection des ponceaux et des ponceaux
privés qui mènent aux maisons, les gros ponceaux, avait
déjà assumé un entretien, la réfection, cela
voudrait dire qu'il pourrait y avoir demande de remboursement au Bureau d'aide
financière.
M. Lalonde: S'il s'agit de ponceaux privés, je
ne sais pas exactement ce que le député de Beauce-Nord
décrit.
M. Sylvain: Ecoutez...
M. Lalonde: C'est la responsabilité, si ce sont les...
M. Sylvain: Non, sans trop aller dans les détails, il y a
certaines ententes, au ministère des Transports, au sujet de la
réfection des routes ou des ponceaux pour les entrées de maisons.
De toute façon, il y a tout cet ensemble de réseaux routiers
secondaires qui appartient au provincial. Cela voudrait dire que si le
ministère des Transports, dans la Beauce, a dépensé $200
000 à cause de l'inondation de ces routes de la vallée de la
Chaudière, il pourrait valablement soumettre une demande?
M. Lalonde: Ah oui! En 1974, la dépense totale du
ministère des Transports concernant les inondations a été
de $1 668 000 remboursés par le Bureau d'aide financière. Aux
Affaires municipales, cela a été de $2 800 000. C'est la
façon de procéder. C'est le ministère des Transports qui
le ferait et une réclamation serait envoyée au bureau d'aide.
M. Sylvain: On sait que déjà le Bureau d'aide
financière, qui est nouvellement formé, a convenu de
désigner certaines municipalités comme ayant été
des zones sinistrées, en particulier selon, j'ose estimer, des
enquêtes du ministère des Richesses naturelles. Je sais que le
ministère des Richesses naturelles a constaté de lourds
dégâts, je prends l'exemple de la rivière Chaudière,
cela pourrait être toute autre rivière qui a fait subir des
inondations aux revirains, ce qui a causé principalement les dommages.
Mais quand une municipalité est désignée, est-ce que cela
peut vouloir dire que le propriétaire ou le bonhomme qui demeure, je
prends un rang fictif, dans le rang no 3, riverain d'une branche du cours d'eau
de la rivière Chaudière, qui a subi des inondations par la
branche du cours d'eau et non pas par la rivière elle-même, et qui
n'ont pas été constatées en termes de dommages par le
ministère des Richesses naturelles, est-ce que cette personne va pouvoir
aussi soumettre une demande d'indemnisation?
M. Lalonde: Oui, que ce soit par le cours d'eau principal ou par
un tributaire secondaire, il n'y a pas de différence si les dommages ont
été causés par un désastre naturel. Que cette
personne soit située, en fait, dans le territoire municipal voisin, cela
n'a rien à voir. Autrement dit, nous ne limitons pas, nous ne
définissons pas les dommages par territoire. La raison pour laquelle
nous donnons la liste des municipalités qui ont subi des dommages, c'est
pour savoir exactement où sont les personnes à indemniser,
où sont les équipements à indemniser aussi. Si cette liste
n'est pas exhaustive, si elle n'est pas complète, on la complète
simplement.
Si on reçoit l'information, par exemple, qu'un de vos citoyens,
sur le rang no 3, a subi des inondations de façon indirecte, il a autant
le droit de se faire indemniser que celui qui en a subi par le
déversement de la Chaudière.
M. Sylvain: Ma question est peut-être
prématurée, vous en discuterez au cours de la journée.
Est-ce qu'on peut présumer que les modalités de 1974 seront
appliquées, au moins?
M. Lalonde: C'est le modèle que nous prenons. Maintenant,
c'est possible qu'il y ait des aménagements différents.
Le Président (M. Brisson): Programme 16,
adopté?
M. Tremblay: M. le Président...
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député d'Iberville.
M. Tremblay: ... avant de passer à un autre programme,
est-ce que vous croyez que les formulaires parviendront aux
municipalités dans un avenir prochain?
M. Lalonde: Très prochain. Il y a des révisions
mineures à faire sur le formulaire de 1974. En fait, nous allons nous
servir de ces modèles. Aussitôt que les normes seront
adoptées, ce qui devrait se faire aujourd'hui, nous allons
compléter cette révision et en imprimer un nombre suffisant pour
les envoyer. J'imagine dans quelques semaines.
M. Tremblay: Est-ce qu'on peut dire à nos gens, par
exemple, que dans un mois ou quatre semaines les formulaires arriveront aux
municipalités?
M. Lalonde: Oui, nous allons faire la publicité
nécessaire, y compris la liste des municipalités visées
actuellement, pour que les gens sachent où s'adresser pour aller
chercher leur formulaire.
M. Tremblay: Si vous faites une publicité pertinente,
est-ce que vous vous proposez d'envoyer ces communiqués de presse ou des
annonces payées à des hebdomadaires régionaux dans des
endroits comme mon coin, par exemple, sur la Richelieu: Henryville, Sabrevois,
la ville d'Iberville, la municipalité de paroisse d'Iberville, etc.? Il
y a des journaux, dans ce coin-là, que les gens lisent plus que la
Presse, la Gazette ou le Star, par exemple.
M. Lalonde: Oui, sûrement. C'est un réseau
d'information qu'on utilise régulièrement.
M. Tremblay: C'est régional, finalement, n'est-ce pas?
M. Lalonde: Oui.
M. Tremblay: Les gens de Montréal ne sont
pas intéressés à connaître ce qui se passe
dans la Beauce et à Henryville.
M. Burns: Au contraire, cela nous intéresse beaucoup.
Une Voix: Politiquement!
M. Burns: On suit cela de près.
Le Président (M. Brisson): Programme 16,
adopté?
M. Sylvain: Sans éterniser...
M. Tremblay: M. le Président, vous êtes donc bien
pressé, vous!
Le Président (M. Brisson): Non, c'est parce que...
M. Tremblay: Quand c'est l'Opposition, vous semblez moins
pressé.
M. Lalonde: C'est parce qu'il est inondé de questions.
M. Burns: Ils n'ont pas abusé, je pense, du temps de la
commission depuis le début; alors, laissez-leur...
Le Président (M. Brisson): C'est parce que la justice ne
fait pas place aux calembours.
M. Tremblay: Nous autres c'est terre à terre. Là,
c'est terre à eau, je pense bien. Une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député d'Iberville.
M. Tremblay: Lorsque les formulaires et les directives seront
prêts à être publiés, à qui de droit, je pense
bien que vous verrez que nous, les députés de ces régions,
en recevions des exemplaires. Des gens peuvent nous en demander, les conseils
municipaux peuvent nous en demander. Il nous faudrait les directives
également afin que, lorsque les gens nous appellent, on puisse savoir
quoi leur répondre.
M. Lalonde: Oui. Tout d'abord, les députés seront
sûrement les premiers informés. Lorsque j'ai fait le
communiqué, je l'ai fait distribuer sur le pupitre de chaque
député en Chambre. Ensuite, sur demande, peut-être...
M. Tremblay: Un exemplaire du formulaire avec les directives.
M. Lalonde: Oui, sûrement. Maintenant, pour en avoir un
certain nombre...
M. Tremblay: Un exemplaire du formulaire.
M. Lalonde: ... il faudrait probablement s'adresser, à ce
moment-là, au bureau d'aide.
M. Tremblay: Non, je veux dire un exemplaire du formulaire avec
les directives que les municipalités vont recevoir.
M. Lalonde: Oui, aucun problème.
M. Tremblay: Juste cela.
M. Lalonde: Aucun problème.
M. Tremblay: Cela va se faire automatiquement?
M. Lalonde: Automatiquement, j'en prends note et mes assistants
en prennent note aussi.
M. Tremblay: Merci beaucoup.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Beauce-Nord.
M. Sylvain: Une dernière remarque que je voudrais faire
à la commission puisqu'on traite du sujet ce matin.
En 1974 il a été dit, non pas par le Bureau d'aide
financière, mais par le ministère des Richesses naturelles, que
pour certains équipements, comme les murs de soutènement en
particulier qui n'étaient pas inclus dans la liste des
équipements à indemniser, la chose serait corrigée. On
s'est aperçu après deux ans, puisqu'on est en 1976, que certains
de ces murs de soutènement n'empêchent pas seulement les
inondations en tant que telles, mais bien des dangers ou des dommages
causés par les glaces. Est-ce que, dans le programme en tout cas
je vous le mentionne peut-être pour la discussion que vous aurez au cours
de la journée on ne pourrait pas inclure aussi les coûts
d'indemnisation pour la réfection des murs de soutènement?
Je m'explique. En particulier, le long de certaines zones commerciales,
dans trois ou quatre municipalités, il y a des murs de
soutènement qui sont à la veille de céder, et le jour
où ces murs de soutènement... je peux vous parler en particulier,
même si ce n'est pas dans mon comté, de la ville de Saint-Georges,
de la ville de Sainte-Marie et de la ville de Beauceville, dans certains
endroits commerciaux...
M. Burns: ...il ne sera pas content de vous entendre dire que
vous parlez de son comté comme cela.
M. Sylvain: Non, non, moi je ne suis pas un député
provincial, je suis un député local, puis je suis pas mal dans
mes localités. Est-ce qu'il serait possible de prévoir une
indemnisation ou des coûts de réfection pour ces murs de
soutènement, puisqu'il y a certains édifices commerciaux qui sont
vraisemblablement touchés ou qui le seront à la prochaine
inondation? Je sais qu'en 1974 les
agents de réclamation, ou deux qui ont fait l'enquête pour
établir les coûts, n'ont voulu d'aucune façon inclure dans
les estimations ces réfections aux quais qui sont des quais municipaux,
qui sont des quais privés.
Evidemment, le coût en est assez élevé, mais il me
semble qu'on ne peut pas avoir dans une formule d'indemnisation sans
prévoir des réfections à des quais qui causeront, dans un
an ou deux, des dommages fort considérables aux
municipalités.
M. Lalonde: Non, les réfections de terrassement de
propriétés privées, cela n'est pas compris dans les
normes. On indemnise les équipements essentiels ou qui nous apparaissent
essentiels suivant des normes, pour des montants déterminés
d'avance, comme en 1974. En ce qui concerne les murs de soutènement qui
pourraient être à la charge du ministère des Richesses
naturelles, si de tels murs ont été endommagés par les
inondations, comme pour les équipements, par exemple, municipaux ou
scolaires, ou les équipements de transport, les routes, le
ministère des Richesses naturelles peut les réparer et faire
parvenir la note au Bureau d'aide financière des inondations 1976.
Il y a deux ans, au niveau des mesures d'urgence, les Richesses
naturelles ont reçu $295 000. Au niveau des mesures correctives, ce
ministère a reçu $334 969. Est-ce que des murs de
soutènement sont touchés par les mesures correctives qui sont
mentionnées? Il faudrait que j'aie plus de détails.
M. Sylvain: Je veux soulever un cas en particulier. En 1974, dans
la municipalité de BreakeyviIle, il y a un cours d'eau qui s'appelle
Samson, qui passe sous la rue principale et qui se jette dans la
Chaudière. Un mur de soutènement a cédé et cause
à l'heure actuelle, après en avoir causé ce printemps
encore, des dommages à deux ou trois riverains, deux ou trois
propriétaires. Sans blâmer le ministère des Richesses
naturelles et ses fonctionnaires, bien que les propriétaires, la
municipalité et le député aient fait des démarches,
il y a eu beaucoup de difficultés à un moment donné
à trouver de l'argent pour la réfection. C'est pour cela que
cette année, je veux vous poser la question, parce que je veux indiquer
moi-même aux municipalités, dans les cas de murs de
soutènement qui se sont affaissés, qui sont sur le point de
s'affaisser ou qui sont penchés au point qu'on ne peut plus avoir de
sécurité, de faire les demandes aux Richesses naturelles. Il
faudrait bien que le Bureau d'aide financière aussi ait une coordination
ou avise les Richesses naturelles, de telle sorte que les Richesses naturelles
ne prétextent pas leur manque de moyens financiers pour faire la
réfection.
M. Lalonde: Mais le Bureau d'aide financière ne
connaît que les réclamations qui lui sont faites. Le Bureau d'aide
financière n'a pas d'expertise dans le champ. Ce serait au
ministère des Richesses naturelles que ceux qui sont assujettis à
ce genre de conditions d'insécurité soit des murs de
soutènement démolis ou en train de l'être, doivent faire
parvenir leurs réclamations ou leur demande de réparations.
Quant à savoir, maintenant, si ces réparations pourraient
être remboursées par le Bureau d'aide financière, il s'agit
de déterminer entre les Richesses naturelles et le Bureau d'aide
financière si c'est le résultat d'un désastre naturel
comme une inondation.
M. Sylvain: Ce n'est probablement pas une inondation, dans le cas
des murs de soutènement; c'est probablement la série
d'inondations qu'il y a eu depuis quelques années.
M. Lalonde: C'est possible.
M. Sylvain: Là-dessus,il ne faut pas trop s'attacher
à une inondation. Si cela a été causé, notamment,
par une crue supérieure des eaux, il faudrait bien avoir assez de
largesse.
M. Lalonde: J'avoue que je ne sais pas si le Bureau d'aide
financière serait autorisé parce que nous avons des
ententes avec le fédéral là-dessus à
rembourser des dommages survenus à la suite de trois, quatre, cinq ou
six inondations depuis une dizaine d'années, surtout dans des
régions où cela arrive quasiment annuellement. Je ne le pense
pas. Maintenant, c'est quand même aux Richesses naturelles qu'il faut
faire valoir la réclamation et, le cas échéant, si nous
pouvons le rembourser nous sommes concernés seulement par les
inondations 76, quand on parle du nouveau Bureau d'aide financière
on va le faire. Si on ne peut pas le rembourser, les Richesses
naturelles trouveront un autre moyen de le financer.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions? Programme
16, adopté. Programme 17, protection de la société, des
citoyens et de leurs biens. L'honorable député de
Maisonneuve.
Protection des biens; opération Volcan
M. Burns: Merci, M. le Président. J'aimerais savoir, de la
part du ministre, s'il est en mesure de nous donner les résultats de
l'opération Volcan qui, tout le monde le sait, visait elle
remonte, je pense, à un peu plus d'un an à réduire
le plus possible la criminalité sous l'angle des vols d'objets
particuliers. A l'aide d'un burin électrique, si je comprends bien, on
peut, via les services de la Sûreté du Québec et de
certaines polices locales, entre autres celle Longueuil, identifier des objets
personnels pour pouvoir les reconnaître, en cas de recel, afin qu'ils
puissent être retrouvés par la police.
J'aimerais savoir s'il est en mesure de nous donner, après un peu
plus d'un an, les résultats de cette opération volcan.
M. Lalonde: Je n'ai pas en ma possession les statistiques
précises sur la diminution des vols, par exemple, dans les
régions ou les municipalités
où l'opération Volcan a été
complétée depuis un certain temps.
On me dit, toutefois, qu'il y a une réduction impressionnante des
vols à domicile, des vols de bicyclettes ou d'objets qui font souvent
l'objet, justement, de vols. On a donc étendu cette opération et
on l'a appelée maintenant, je pense, opération proteck. Elle
consiste à impliquer, en fait, le citoyen dans sa propre protection, en
lui offrant des moyens qu'il n'a pas nécessairement sous la main, comme
le burin en question, et en lui indiquant comment identifier les objets qui
sont souvent volés.
Alors, si on prend les statistiques d'opérations semblables, par
exemple, aux Etats-Unis, à Monterey Park en Californie où on
avait fait cette opération dans le cadre d'un projet pilote, d'un essai,
les vols à domicile auraient diminué de 75% après
coup.
M. Burns: Pourriez vous nous déposer éventuellement
je vois que vous ne les avez pas ce matin d'ici à la fin
des travaux de cette commission ou encore en Chambre, je n'ai pas
d'objection...
M. Lalonde: Je ne sais pas si il y a des statistiques, mais, je
me souviens d'en avoir mentionné lors d'une conférence.
M. Déom: Cela existe pour Longueuil.
M. Lalonde: Cela existe pour Longueuil et cela existe pour
certaines municipalités.
M. Déom: 50%, je pense pour Longueuil, de
mémoire.
M. Burns: C'était mon autre question, justement, quant
à Longueuil.
M. Déom: 50%.
M. Burns: On a parlé des régions des
députés ruraux; nous allons parler de notre région
après, M. le député de Laporte.
M. Déom: Merci.
M. Lalonde: Cela a aussi aidé à identifier des
objets volés.
Lorsque, par exemple, une automobile suspecte est arrêtée
et que des objets sont trouvés, le fait que ces objets sont
identifiés, immédiatement, dans les vingt-quatre heures, nous
pouvons trouver à qui appartient l'objet et retracer plus facilement les
auteurs. C'est le but de l'exercice. Cela a un effet de dissuasion
énorme. Mais même quand cela ne dissuade pas ceux qui veulent
quand même les commettre, cela nous permet de trouver plus facilement les
auteurs et aussi les objets volés.
M. Burns: Avez-vous des statistiques sur les arrestations ou les
condamnations, même à la suite de cette opération?
M. Lalonde: Nous pouvons naturellement penser à 50 cas en
particulier. Je ne pense pas que cela donne justice à l'ampleur et
à l'efficacité de cette opération, mais on m'apporte 50
cas où des objets ont été identifiés par suite de
l'opération volcan, et dans ces cas, des plaintes ont été
portées.
M. Burns: Vous allez tenter de nous donner un rapport sur les
résultats.
M. Lalonde: Oui.
M. Burns: Je le mentionne délibérément, si
les résultats ont été aussi efficaces qu'on le dit, tant
mieux; j'ai l'impression que cela peut inciter, si vous publicisez ces
résultats, des citoyens à s'en prévaloir davantage. Il y a
beaucoup de gens qui ne connaissent même pas l'existence de cette
opération volcan.
M. Lalonde: Normalement, quand une opération comme cela
est lancée, il y a un programme de publicité qui est fait. J'ai
vu, par exemple, une publicité très bien faite concernant
l'opération proteck, qui est exactement la même chose. Je ne sais
pas pourquoi on lui a donné un autre nom, probablement parce que c'est
à la CUM que cela se passe. Il faut faire connaître le moyen qu'on
met à la disposition des gens et publier aussi les statistiques, les
résultats. Je l'ai fait récemment, à l'occasion de
quelques conférences parce que, de plus en plus, je crois qu'on doit
mettre l'accent sur l'aspect préventif dans la lutte à la
criminalité, alors qu'on s'est donné, jusq'à maintenant,
des moyens quand même assez impressionnants sur l'aspect
répressif. Mais par la répression seulement, on ne pourra pas
régler le problème de la criminalité.
M. Burns: D'accord, nous allons attendre vos réponses
à ce sujet.
Toujours dans le domaine des vols à domicile et en particulier
celui cela va faire plaisir au député de Laporte de
la région de Longueuil, même de la ville de Longueuil, on avait,
semble-t-il, un problème particulier. D'ailleurs, à la fin de
décembre dernier, vous avez probablement reçu une copie parce que
je vois, au bas du document qui nous a été adressé le 15
décembre 1975, qu'on en a envoyé une copie à M. Fernand
Lalonde, Solliciteur général, en plus de M. Guy Leduc et de M.
André Déom. Deux secteurs particuliers de la ville de Longueuil,
les quadrilatères Bromontcalm, La-vallée, Laurier, de même
que les résidents des rues Plaisance, Plessis, Pasteur et Plamondon, de
Longueuil, se plaignaient en particulier d'un taux de vols à domicile
absolument élevé. Dans le document en question, on cite, pour une
période allant de 1969 à 1975, dans ce secteur seulement, 63 vols
et cinq tentatives de vols, à toutes les heures du jour, du soir et de
la nuit, d'une valeur estimée à $35 422 et avec 18 cas non
précisés, les objets volés se situant dans la
catégorie: argent liquide, bijoux, fourrures, instruments de musique,
magnétophones, caméras, cinécaméras, bicyclettes,
téléviseurs, collections d'argent, cigarettes, boissons,
appareils à reproduction musicale, etc.
Je sais que la ville de Longueuil a participé à cette
opération volcan; j'aimerais savoir ce que le ministre a fait à
la suite de ces plaintes et s'il y a eu des correctifs, à sa
connaissance. J'entendais le député de Laporte nous dire tout
à l'heure que les vols dans ce secteur avaient diminué de
50%.
M. Deom: C'est peut-être plus que cela, mais à peu
près cela.
M. Lalonde: II y a un problème qui est plus global
à Longueuil. C'est un problème d'organisation policière.
L'an dernier, au mois d'août, la Sûreté du Québec
prêtait à la municipalité de Longueuil les services du
lieutenant Gendron qui, éventuellement, a accepté d'assumer la
direction du service de police de Longueuil. C'est un problème de
croissance, d'organisation qui a amené, à un moment donné,
un manque de communication complet entre les citoyens et leur service de
police, dans ce cas en particulier, où une fusion avait
préparé ce genre de situation. C'était peut-être une
fusion pas assez bien préparée; une intégration
peut-être pas assez bien préparée et qui a
généré des problèmes d'organisation. Je pense que
les autorités de Longueuil ont pris le problème par le bon bout
et qu'il est en train de se régler. On le suit, naturellement, car
étant donné que le lieutenant Gendron était de la
Sûreté du Québec, le ministère s'était
intéressé de façon tout à fait particulière
à cette question de l'organisation policière à Longueuil.
Nous avons pu voir quel travail le lieutenant Gendron et son équipe ont
fait. C'est d'abord un travail d'examen de la situation, d'inventaire de ce qui
devait être fait et de ce qui n'avait pas été fait. Je
pense qu'on est sur la bonne voie dans l'implantation des mesures de
contrôle, des mesures de structure et d'organisation pour le service
policier.
En ce qui concerne le groupe de citoyens plus particulièrement,
il y a eu des rencontres, justement, entre ce groupe de citoyens et les
autorités policières, qui ont probablement crevé le genre
de barrage de méconnaissance et de silence qu'il y avait entre le
service policier et ces citoyens.
Depuis ce temps, on a vu une plus grande collaboration des citoyens dans
l'opération volcan, pas parce que auparavant ils ne voulaient pas
collaborer, mais parce qu'ils ne savaient pas comment faire. Depuis ce temps,
on m'informe que la situation se serait beaucoup améliorée. C'est
un problème de communication. Cette réorganisation est
dirigée aussi dans une certaine mesure, ou épaulée par un
mini-conseil de sécurité qu'on a appelé le comité
de sécurité où M. Maurice Saint-Pierre, l'ancier directeur
de la Sûreté du Québec, siège, entre autres. Je
pense que la réorganisation des services policiers de Longueuil est en
bonne voie. Il était très important de prendre des mesures
vigoureuses dans ce secteur. On sait que la criminalité sur la rive sud
a augmenté. La rive sud hérite naturellement des problèmes
de la grande ville de Montréal et il fallait prendre les correctifs qui,
je pense, sont en bonne voie de réalisation. Merci.
M. Burns: Dans ce cas, y a-t-il moyen de nous donner des
statistiques précises?
M. Lalonde: En ce qui concerne l'opération volcan plus
particulièrement? Pour les résultats sur la solution des crimes,
cela va vous prendre sûrement une autre année avant de pouvoir
comparer... Le taux de solution de la criminalité à Longueuil,
comme c'était le cas à Laval, démontrait qu'il y avait un
problème. Avant de retourner la roue, cela peut prendre assez de temps
avant qu'on ait des statistiques probantes.
En ce qui concerne l'opération volcan, je peux apporter des
chiffres, par exemple, sur le nombre de domiciles qui se sont joints à
l'opération depuis un certain temps.
Surveillance routière
M. Burns: D'accord. Toujours à l'élément 1,
M. le Président, je pense que c'est là qu'on peut parler de
surveillance routière, puisqu'il s'agit de la présence
policière en général. Comme tout le monde le sait, le
Québec a un très haut taux d'accidents sur la route, probablement
le plus élevé au Canada par 100 véhicules.
En 1971, cette fréquence était de 11,58 par 100
véhicules et de 10,24 par 100 véhicules en 1975.
Parallèlement à cela, la moyenne canadienne était
respectivement, pour ces deux années, de 9,70 et 8,42. On sait,
actuellement, qu'il y a des efforts du côté du ministère
des Transports pour réduire cette fréquence d'accidents sur la
route. Je présume que, sous la juridiction du Solliciteur
général, la Sûreté du Québec a aussi des
efforts à déployer. Le ministre peut-il nous dire quels sont les
efforts envisagés, quelles mesures précises on envisage du
côté de la Sûreté du Québec?
M. Lalonde: II y a un programme de surveillance sélective
qui a été développé à la Sûreté
du Québec. Il existe depuis plusieurs années mais c'est seulement
depuis deux ans qu'on lui a donné une place plus
considérable.
J'ai eu l'occasion d'en parler mais je ne voudrais pas non plus
simplement m'en reporter à ce discours de deuxième lecture que
j'avais fait concernant le projet de loi de notre collègue des
Transports sur le Code de la route, il y a quelques semaines. J'avais
donné d'amples statistiques du service de la Sûreté du
Québec pour démontrer qu'il y a une conscience
complètement acquise, une collaboration complètement acquise de
la part de la Sûreté du Québec dans la
sécurité routière. La sécurité
routière ne dépend pas seulement de la surveillance mais la
surveillance a quelque chose à faire avec la sécurité
routière.
Par quelques statistiques, j'ai démontré de quelle
façon la Sûreté du Québec conçoit son
rôle dans la surveillance sélective. On se base sur les
statistiques. C'est une question, d'abord, de temps de la journée
où on doit faire cette surveillance et les endroits des routes où
on doit la faire, suivant les accidents qui arrivent à ces endroits.
Par exemple c'est une parenthèse, je continuerai
après sur l'autoroute Décarie, boulevard
métropolitain, en mars, il y a eu une opération
particulière, mais pas pour prendre les gens en défaut parce
qu'elle a été largement annoncée avant. On a dit au monde:
Voici, entre telle date et telle date, nous allons faire une opération
particulière pour réduire la vitesse qui est de 45 milles
à l'heure, là-bas, mais on sait très bien que les gens
vont à 65, 70, 75 milles à l'heure. C'est une route qui n'est pas
propice à la vitesse étant donné qu'elle n'a pas
Décarie les accotements, les espaces nécessaires pour
prévenir les mortalités ou les blessures graves lors d'accidents.
Le nombre de décès dans ce mois a été réduit
de, je pense, 50%, à comparer au mois de mars de l'an dernier.
J'avoue que ce n'est pas tellement probant comme statistique, prendre
seulement un mois, mais quand même, c'est assez impressionnant.
Donc, la surveillance de la vitesse à des endroits et, aussi, des
opérations billets. Il y a des billets qui comportent une amende sur la
vitesse dans des zones à vitesse déterminée. La vitesse
est toujours déterminée mais c'est lorsqu'on dépasse la
vitesse maximale. Aussi, les billets de 48 heures, comme on les appelle dans le
milieu, constituent une opération préventive où on donne
48 heures au propriétaire du véhicule pour apporter des
corrections sur des phares, des choses comme cela.
Entre 1974 et 1975, les billets de vitesse émis par la
Sûreté du Québec ont augmenté de 25,4%, pour passer
de 229 000 à 287 000. Pour les billets de 48 heures, les avertissements,
ils ont augmenté de 11,4%, de 287 000 à 319 000, sur le
territoire qui est surveillé par la Sûreté du
Québec. Cela veut dire que toutes les municipalités
régionales et autres ne sont pas touchées directement par
cela.
Le total des accidents mortels a augmenté de 7.4% durant cette
période. Le total d'accidents avec blessés a diminué de
1,7%. Le total des accidents avec dommages matériels a augmenté
de 0,5%, soit une augmentation globale de ces accidents de 0,3%. C'est quand
même une diminution quand on compare l'augmentation du nombre
d'automobiles sur les routes du Québec, qui est de 9% par année,
pour ces années là.
La Sûreté du Québec couvre 50% des accidents au
Québec. Je mentionnais tantôt les autres territoires où on
n'a rien à faire. Cela donne une idée que les autres 50% doivent
aussi être couverts par la surveillance des municipalités.
M. Burns: Des municipalités.
M. Lalonde: Ce sont les statistiques que nous avons. Nous avons
l'intention de continuer ce programme de surveillance routière. La
Sûreté du Québec est parfaitement consciente de son
rôle à jouer dans la sécurité routière en
général. Sans s'étendre sur le sujet de la ceinture de
sécurité, la Sûreté du Québec est tout
à fait consciente des charges additionnelles que la surveillance pour
l'application d'une telle loi va constituer pour elle. Déjà, j'ai
eu, il y a deux semaines, je pense, une réunion avec le ministre des
Transports, le DGA,
Turpin, je crois, qui était accompagné du responsable de
la sécurité routière, le capitaine Germain, ici à
Québec, pour commencer à planifier la coordination, la
coopération avec le ministère des Transports. Il y a
déjà une coordination et une coopération parce que la
Sûreté du Québec est représentée sur des
comités de travail depuis longtemps. Mais je parle de l'application du
Code de la route advenant son adoption et son entrée en vigueur dans un
avenir rapproché.
On est parfaitement conscient que la sécurité
routière dépend, dans une certaine partie, de la surveillance que
la police peut faire. Nous devons le faire. On a vu que l'opération de
mars sur Décarie a laissé quand même des traces, a
laissé des retombées. Encore, une bonne partie de la population
circule à une vitesse réduite, elle semble avoir compris que
c'est dans son intérêt. Il aura lieu de recommencer. C'est une
question d'éducation, au fond. On est habitué, ici au
Québec, à voler sur les routes littéralement, alors qu'on
arrive en Ontario et qu'on trouve cela normal de devoir se surveiller
davantage, parce que là-bas, c'est une autre règle. Il s'agit
simplement d'habituer les gens à cela.
M. Burns: Aux Etats-Unis.
M. Lalonde: Ou aux Etats-Unis surtout depuis quelques
années.
M. Burns: Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire si
les effectifs de la Sûreté du Québec affectés
à la surveillance routière ont varié de façon
importante depuis quelques années?
M. Lalonde: Oui. On m'assure que ce n'est pas une question
d'effectifs; les effectifs augmentent normalement dans ce secteur comme
ailleurs. Il s'agit simplement de l'utilisation des effectifs à meilleur
escient, qui a été faite justement dans le cas du programme de
surveillance sélective, et aussi de faire coordonner les deux missions
fondamentales de la Sûreté du Québec, soit la
prévention ou la solution du crime, avec la surveillance
routière. Il n'y a pas de doute qu'une plus grande surveillance aussi va
amener ceux qui veulent utiliser les routes pour transporter des marchandises
volées, pour aller ou revenir d'une opération, soit de hold-up ou
autre, vont se voir surveiller davantage comme les autres. Ils peuvent
être l'objet d'une arrestation simplement parce qu'il y a un feu qui ne
fonctionne pas sur l'automobile. Alors, ces deux choses marchent de pair.
M. Burns: Une dernière question dans le domaine de la
surveillance routière. Vous avez parlé de l'opération
Décarie pour le boulevard Décarie à Montréal. Il y
avait aussi, je pense, récemment, sur la Transcanadienne j'ai
été à même de le constater moi-même
...
M. Lalonde: Sur la 20, oui.
M. Burns: Sur la Transcanadienne, entre Montréal et
Québec.
M. Déom: C'est cela, sur la 20.
M. Burns: Je suis un citoyen comme les autres et si je commets
des infractions à la route, je pense que je dois les payer comme les
autres. Là-dessus, je suis entièrement d'accord. J'ai
remarqué qu'à une certaine époque on surveillait davantage
la Transcanadienne. Entre autres, une certaine journée, j'ai pu voir une
auto-radar plus cinq véhicules de la police qui étaient
concentrés dans la région de Sainte-Rosalie. Par contre, ce n'est
pas constant. Est-ce la technique utilisée? Je ne demande pas cela pour
l'avenir non plus, pour m'en prémunir, je ne vous demande pas les dates
où cela va se faire.
M. Perreault: II va y avoir une cédule.
M. Burns: Je veux simplement savoir si on le fait à
l'occasion, comme cela, pour rappeler aux gens qu'on surveille toujours la
Transcanadienne.
M. Lalonde: On peut le faire à l'occasion. Je pense que la
surveillance à laquelle fait allusion le député de
Maisonneuve a été un programme particulier, annoncé
d'avance comme celui de l'autoroute Décarie à Montréal,
qui est basé naturellement sur l'étude des probabilités,
compte tenu de la fréquence des accidents à certains endroits de
la route et à certaines heures du jour. C'est en fonction de ces
éléments qu'on va retrouver une automobile qui n'est pas
identifiée pour porter le radar, mais des intercepteurs qui sont
identifiés pour, lorsque la vitesse est enregistrée, intercepter
le contrevenant.
Cela faisait partie d'un programme, pour ce cas, bien
préparé et annoncé d'avance. Cela ne veut pas dire qu'on
reste toujours à ces endroits. Il y a plusieurs endroits
identifiés et on ne peut pas être à tous les endroits en
même temps. Il y a des déplacements qui ne sont pas
annoncés d'avance, où exactement cela va se faire. Cela ne veut
pas dire que, le programme terminé, on n'y retournera pas de temps
à autre. Dans ce cas-ci, c'en était un.
M. Burns: C'était un programme bien concentré. Bon.
Quant à l'élément 1, je n'ai pas d'autre question.
Enquêtes policières
spécialisées
Le Président (M. Brisson): Elément 1,
adopté. Elément 2.
M. Burns: A l'élément 2, j'ai eu l'occasion de
parler, hier, mais très brièvement, surtout que le ministre n'a
pas eu l'occasion de me répondre, du fameux problème impliquant
le caporal Tremblay, de la Sûreté du Québec, et le
journaliste Robert Goyette, du Montreal Star. Tout le monde sait qu'il s'agit
là d'une offre faite par le caporal Tremblay au journaliste Robert
Goyette de fournir des renseignements à la Sûreté du
Québec moyennant rémunération, ceci dans
l'exécution normale des fonctions du journaliste en question.
Le ministre aura sûrement pris connaissance, comme moi, de
l'attitude du Congrès américain qui s'est prononcé
ouvertement contre de telles utilisations d'organisations extérieures
à la police et, en particulier, par la CIA, de ce type, appelons-les,
selon l'élément 2, d'enquêtes policières
spécialisées. Je sais, d'autre part, que le directeur Beaudoin,
si la nouvelle que j'ai lue est exacte, devait faire enquête
là-dessus. Est-ce que cette enquête est terminée et, si
oui, quels sont les résultats?
M. Lalonde: II n'y a pas eu d enquête comme telle, il y a
eu simplement des renseignements qui m'ont été transmis à
la demande du directeur Beaudoin lorsque ce fait est devenu public. Ces
renseignements confirment le fait qu'il y a eu des conversations entre le
journaliste en question et un ou deux représentants de la
Sûreté du Québec pour la cueillette de renseignements. La
deuxième question je me souviens de la question du
député de Maisonneuve est: Est-ce une habitude, un
usage...
M. Burns: Une pratique courante.
M. Lalonde: ...une pratique courante? La réponse est, dans
le cas des journalistes, non. Je ne pense pas dans le cas d'aucun corps de
métier, d'aucune profession. Il s'agit simplement de citoyens, en fait
à titre de citoyens, qui veulent bien transmettre à la police des
renseignements de nature à prévenir le crime, à assurer
l'ordre public.
M. Burns: Remarquez que si je suis témoin de la commission
d'un acte criminel, c'est mon devoir, comme citoyen, d'en informer les services
policiers. On ne fera pas de chicane là-dessus. Ce qu il y a de grave
dans cela, à mon avis, c'est l'aspect systématisé de la
chose. Lorsqu'on offre une rétribution à quelqu'un pour donner
des renseignements, on systématise quelque chose. C'est ce qui est
grave.
Ce qui est particulièrement plus grave, c'est le fait que ce soit
à un journaliste qu'on offre cela. Le jour où les journalistes
n'auront pas la crédibilité requise pour faire leur
métier, c'est l'ensemble de l'information qui va en souffir. C'est dans
ce sens que je trouve un cas comme celui-là, Tremblay-Goyette,
particulièrement grave.
M. Lalonde: Mais dans le cas des journalistes, comme je le disais
tantôt, il n'y a pas de pratique courante, loin de là.
M. Burns: Est-ce qu'il y aura quand même...
M. Lalonde: J'aimerais quand même expliquer dans quel cadre
cela se passe, cette chose. Tout le monde sait que des services policiers pour
la prévention et la solution du crime, pour lesquelles fonctions les
citoyens payent cher des corps policiers qui sont mieux organisés
maintenant, doivent recourir à des renseignements. Le renseignement est
la connaissance et la moitié de la solution, dit-on. C'est vrai aussi
pour la solution du crime et aussi la prévention.
Qu'à l'occasion de cette opération de cueillette de
renseignements, il y ait des rétributions, cela aussi arrive, surtout
généralement des gens du milieu, mais qui sont naturellement
tenues confidentielles.
M. Burns: Ces rétributions vont-elles dans le programme
17, élément 2, enquête policière
spécialisée? Est-ce que c'est sous ce budget de $12 214 700?
M. Lalonde: Oui et c'est la supercatégorie, non, c'est la
sous-catégorie 11, dans autres dépenses.
M. Burns: D'accord, excusez-moi c'est une incidence...
M. Lalonde: Non, c'est très pertinent. Maintenant, comme
la commission le reconnaîtra, il s'agit quand même de
dépenses confidentielles dont l'usage est confidentiel et dont
l'autorisation est soumise à seulement un système d'autorisation
de la part du directeur lui-même, mais qui ne répond pas aux
mesures de contrôle conventionel-les, mais directement assujetties
à l'autorisation du directeur et, le cas échéant, du
sous-ministre en titre.
Mais ce que je veux bien mentionner et démontrer, c'est que ce
n'est pas un système de délation organisée de la part de
professionnels, que ce soit de l'information ou d'autres, à l'occasion
de l'exercice de leurs fonctions. Il s'agit simplement d'organiser le service
policier pour recueillir des renseignements de nature à prévenir
le crime et à résoudre le crime. C'est pratique courante dans
tous les corps policiers que d'obtenir des renseignements, souvent contre
rétribution, de la part de personnes du milieu. Cela arrive. De toute
évidence, on ne peut pas élaborer cela publiquement, mais c'est
fait sous la surveillance directe du directeur.
M. Burns: Mais quand vous me dites que ce n'est pas de pratique
courante...
M. Lalonde: Je ne parle pas des journalistes.
M. Burns: ... pas des journalistes, est-ce que je ne peux pas
vous poser la question à l'inverse? Est-ce que cela ne devrait pas
être strictement défendu, d'autorité, de mêler les
journalistes à cela? Je reviens à cette question, parce que c'est
ce que je trouve particulièrement important dans un cas comme
celui-là. Si on en est rendu aujourd'hui, vous et moi et M.
Tout-le-Monde, à douter que le journaliste à qui on parle puisse
être un informateur de la police, je dis que vous empêchez
l'ensemble des journalistes de faire le boulot qu'ils doivent faire,
c'est-à-dire informer la population. Souvent, à l'occasion de
conversations avec des journalistes, ils obtiennent les informations sous le
couvert de la confidence; c'est ce qu'on appelle selon une expression anglaise,
en tout cas peu importe, le fameux "off record', avec les journalistes.
Souvent le fait d'obtenir des informations privilégiées
sous le sceau de la confidence, cela leur permet de connaître
peut-être un ensemble de faits et de les examiner, à la lueur de
ces informations privilégiées. C'est pour cela que je pense
que...
M. Lalonde: Ce n'est pas une pratique courante; d'après ce
que je comprends c'est un cas assez...
M. Burns: N'iriez-vous pas jusqu'à dire que vous, comme
autorité politique de la Sûreté du Québec, vous
allez donner instruction pour que de telles approches ne se fassent pas? C'est
le contraire que j'aimerais vous entendre dire.
M. Lalonde: Vous voulez dire la pratique d'acheter les
informations?
M. Burns: Je suis d'accord avec vous que la police aura toujours
besoin d'informateurs.
M. Lalonde: Oui.
M. Burns: Elle a toujours besoin de s'infiltrer dans certains
milieux, etc. On n'a pas besoin de jouer au pur, c'est bien sûr que c'est
une partie de l'efficacité des enquêtes policières.
Là où je suis moins d'accord c'est qu'une catégorie, en
particulier, de personnes puissent être utilisées, entre autres je
pense aux journalistes. Je dirais la même chose si j'avais entendu dire
que c'est à un médecin à qui on s'adressait pour faire
cela, ou à un avocat. Je veux dire qu'il y a un certain nombre de gens
occupant des fonctions dans la société auxquels on ne pense pas
devoir recourir comme à des informateurs systématiques, en dehors
du fait que, quelqu'un, comme je le disais tout à l'heure, qui a
connaissance de la commission d'un acte criminel a un devoir civique de le
dénoncer à la police.
M. Laionde: Mais je poserais la question d'une autre
façon. Etant donné que tout cela est fait sur une base volontaire
et personnelle, de la part d'un individu, de dire...
M. Burns: Mais, il semble que, dans ce cas-là, ce se soit
fait via une sollicitation.
M. Lalonde: Je ne sais pas qui a sollicité, dans ce
cas-là. Je sais qu'il y a eu des conversations. Est-ce qu'une certaine
confiance avait été établie entre le policier et le
journaliste? Est-ce que c'est le journaliste qui l'a suggéré ou
est-ce que c'est le policier? Je ne le sais pas. De toute façon...
M. Burns: Est-ce que l'enquête du directeur n'a pas
révélé qui l'avait sollicité? Ou comment c'est
venu?
M. Lalonde: On n'est pas allé dans le détail, parce
que...
M. Burns: C'est important!
M. Lalonde: ... on n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe! On
ne suggère pas...
M. Burns: C'est important! Cela fait déjà
près d'un mois que cela court dans le décor. J'ai sous les yeux
un article du 21 mai...
M. Lalonde: On m'informe que l'individu avait
démontré une certaine propension à la collaboration. De
là à dire que c'est lui qui l'a suggéré, je ne veux
quand même pas l'accuser de l'avoir suggéré au corps
policier ou au représentant. Cela se fait sur une base absolument
volontaire et personnelle.
M. Burns: Je suis porté à croire que c'est
l'inverse parce que, si cela avait été le monsieur en
question...
M. Lalonde: C'était peut-être un piège!
M. Burns: ... qui l'avait suggéré, je le
comprendrais mal d'avoir dévoilé cela par la suite.
M. Lalonde: C'était peut-être un piège, pour
voir jusqu'à quel point il pourrait obtenir ce que c'est, justement pour
avoir le résultat qu'on a maintenant. C'était peut-être un
piège dans lequel le...
M. Burns: Mais l'enquête que vous avez tenue ne
révèle pas cela?
M. Lalonde: C'est ce que cela révèle, c'est que
l'individu avait une certaine propension à l'information, à la
collaboration avec la police et cela semblait un cas susceptible de donner
lieu, éventuellement, à une collaboration plus
systématique.
M. Burns: Alors, si je vous comprends bien, c'est le caporal
Tremblay qui a fait les approches, croyant que le monsieur en question avait
une certaine propension à la collaboration...
M. Lalonde: C'est possible que ce soit lui qui en ait
parlé le premier. Alors, il y aurait eu, justement, cette attitude
très collaboratrice de la part du journaliste qui, ensuite, a
provoqué naturellement la suggestion de la part du policier. C'est
classique, c'est comme cela...
M. Burns: Alors, la suggestion est venue du policier?
M. Lalonde: Oui, étant donné, quand même, que
l'individu semblait un candidat tout à fait propice à ce genre
d'affaire. Mais ce que je veux dire c'est que la question d'éthique
demeure la responsabilité de l'informateur et appartient à un
corps organisé.
Devrait-on empêcher, par exemple, un policier parce que
c'est un peu la suggestion, je ne veux pas l'interpréter qui se
verrait approcher par un journaliste qui aurait un renseignement de nature
jugée importante par le policier et qui demanderait un montant d'argent.
Mettons $500, pour trouver les auteurs de tel vol et le butin, parce que c'est
un journaliste et parce que j'aurais donné des instructions ou que le
directeur aurait donné des instructions aux policiers de ne pas faire
d'arrangements financiers avec les journalistes, devrait-on l'empêcher,
dis-je, d'accepter? Je ne le pense pas, c'est pour cela que c'est assez...
M. Burns: Ce que je vous demande, au fond, c'est de donner des
instructions de ne pas les solliciter comme tels, autant que je pourrais vous
le demander pour des avocats ou pour des médecins...
M. Lalonde: Jusqu'à ce jour, je ne pense pas qu'il y ait
de sollicitation, sauf que lorsqu'il y en a un qui suggère, c'est
difficile de savoir lequel a suggéré, parce que quand un homme
démontre une disposition tellement ouverte à collaborer, qui fait
la suggestion à ce moment?
M. Burns: Mais vous savez que c'est relatif.
M. Lalonde: Est-ce l'homme ou la femme qui provoque?
M. Burns: C'est très relatif, M. le ministre, de
déterminer que telle personne a une propension vers la délation
ou pas, vous savez...
M. Lalonde: C'est une question d'appréciation
personnelle.
M. Burns: C'est cela, alors c'est pour cela que je vous
demanderais de nous rassurer...
M. Lalonde: Que même...
M. Burns: ... et de nous assurer que ce n'est pas dans les vues
du Solliciteur général.
M. Lalonde: D'élargir ce genre d'affaires-là,
non.
M. Burns: II y a un certain nombre de catégories de
personnes, je n'ai pas besoin de les désigner toutes, mais il y a des
catégories de personnes qu'on ne peut pas littéralement et
décemment tenter d'utiliser...
M. Lalonde: Je pense qu'il n'y a aucune catégorie qui,
simplement par le fait de la nature de l'activité, fasse l'objet d'un
programme pour tenter d'obtenir des renseignements contre paiement. C'est
strictement sur une base individuelle et volontaire pour chacun des individus
qui peut être en possession de renseignements utiles pour la solution
d'un crime ou la prévention d'autres crimes.
On voit, par exemple, dans les journaux je ne veux pas parler
d'un cas particulier que pour tel vol de banque, la police était sur les
lieux après avoir reçu les informations. Cela arrive. Cela
arrive; là, nous essayons de prévenir un crime.
J'aimerais, si le député le permet, parce qu'on devra
ajourner...
M. Burns: Je sais que vous nous aviez demandé d'ajourner
vers onze heures trente et je vous signale que cette heure est
dépassée. Je n'ai pas d'objection...
M. Lalonde: J'aurais des informations à transmettre
concernant le cas de Lamoureux, le policier de la CUM qui aurait porté
des coups de bâton à certains endroits de deux
infirmières.
M. Burns: Quels endroits? Nommez-les.
M. Lalonde: La Couronne a été saisie des faits et a
porté plainte.
M. Burns: La Couronne elle-même?
M. Lalonde: Oui, le policier a plaidé coupable. Son
avocat, Me Jean-Guy Boilard, a suggéré au juge de recourir
à l'article 662, 1er alinéa, et le juge Chaloult a
acquiescé. On me rapporte qu'il y a de 20 à 25 cas par jour qui
sont traités de cette façon dans le district de Montréal
et tous à l'occasion d'une première offense. Cela ne veut pas
dire que tous les premiers délits donnent ouverture à
l'application de cet article.
Dans un premier délit il arrive couramment que des personnes
trouvées coupables ou qui ont plaidé coupables à un
premier délit soient traitées ainsi par la justice.
M. Burns: Dans ce cas, alors qu'il s'agit de voies de fait graves
et non de voies de fait simples encore une fois, pour ceux qui ne sont
pas familiers avec la distinction, il s'agit de cas qui causent des blessures,
dans les cas de voies de fait graves pour simplifier y a-t-il une raison
particulière pour laquelle on a procédé par voie de
poursuite sommaire au lieu de procéder par voie de mise en accusation
par acte criminel?
M. Lalonde: Je ne connais pas de raison particulière pour
ce cas, à savoir pourquoi on a procédé par voie de
poursuite sommaire au lieu de mise en accusation. Dans le quotidien, c'est une
décision de la couronne fondée sur l'appréciation des
faits. La gravité du cas peut aussi être un élément.
Dans ce cas, pour quelle raison a-t-il procédé de cette
façon? Je ne saurais le dire.
Il y a aussi des questions... Voulez-vous qu'on passe à un autre
sujet?
M. Burns: Non, j'étais toujours dans ce secteur.
M. Lalonde: J'avais d'autres recommandations concernant les
demandes qui avaient été faites hier soir. Non, c'est dans ce
programme-là.
M. Burns: Sur l'APLQ?
M. Lalonde: Non, sur les personnes qui seraient visitées
par des policiers.
M. Burns: C'est parce que l'APLQ va bien là aussi.
M. Lalonde: Oui, mais je n'ai pas eu de nouvelles encore.
M. Burns: Ah bon!
M. Lalonde: J'ai quand même eu des informations de la part
du directeur de la Sûreté du Québec concernant ces visites.
En effet, les policiers, non seulement de la GRC hier nous avions
l'impression que c'était seulement la GRC mais aussi de la CUM et
de la Sûreté du Québec, les trois corps policiers les plus
impliqués dans la sécurité olympique, ont visité
des personnes qui seraient susceptibles peut-être de créer des
problèmes.
M. Burns: Combien de personnes ont été
visitées comme cela?
M. Lalonde: Le nombre, je pourrais le demander. Je ne le sais
pas, mais ils en ont visité plusieurs. Ce sont...
M. Burns: De quel ordre, à peu près? Est-ce que
c'est deux, trois, ou si c'est dans les centaines de personnes?
M. Lalonde: Environ 75 personnes. Cela pourrait être 200
personnes. Cela dépend des besoins, de l'appréciation.
M. Burns: Y a-t-il moyen de vérifier cela?
M. Lalonde: Oui, mais actuellement c'est environ 75 personnes. Je
ne veux pas dire qu'on va arrêter à 75 personnes, cela pourrait
aller plus loin. Au moment où on se parle, il y en a peut-être 25
autres qui ont été vues hier ou avant-hier, je ne le sais
pas.
Je veux quand même dire de quel genre d'opération il
s'agit. Il ne s'agit pas d'intimider les gens. Il s'agit simplement soit de
personnes qui sont des ressortissants étrangers en conflit avec les
autorités de leur pays et qui seraient ici à ce moment-là,
soit de personnes qui sont reconnues comme participantes actives à des
mouvements de contestation ou qui ont déjà été
arrêtées pour des activités telles que troubler la paix ou
usage d'explosifs. C'est possible que, parmi ces personnes, on en trouve qui
ont été mêlées à la crise d'octobre,
sûrement.
M. Burns: Et contre qui aucune condamnation n'a été
prononcée.
M. Lalonde: Contre qui aucune condamnation n'a été
prononcée. Les personnes qui pourraient être
soupçonnées, aussi, de conspirer pour des activités de
sédition, de terrorisme. Ces gens sont tout simplement approchés
par des policiers qui s'identifient. On dit dans quel contexte on veut les
voir. Si les personnes ne veulent pas parler, elles ne sont pas forcées,
naturellement. La porte est refermée sur eux et on en reste
là.
M. Burns: Mais quel est l'objet de la visite comme telle?
M. Lalonde: C'est pour les mettre au courant...
M. Burns: Qu'ils ne doivent pas commettre d'actes criminels.
M. Lalonde: C'est de la prévention.
M. Burns: Ne trouvez-vous pas cela étonnant un peu?
M. Lalonde: On m'a dit qu'à Munich on ne l'a pas fait et
qu'on l'a regretté. On s'est dit qu'on aurait dû le faire, se
tenir au courant des allées et venues...
M. Burns: Des allées et venues, oui.
M. Lalonde: ...de ces gens pendant la période où il
va y avoir des centaines de milliers de personnes ici.
M. Burns: Est-ce qu'on n'a pas même conseillé, dans
ces visites, à de telles personnes de quitter les lieux pendant les Jeux
olympiques?
M. Lalonde: On leur a conseillé de ne pas poser de gestes
illégaux et criminels.
M. Burns: C'est ce que tout citoyen doit faire.
M. Lalonde: Je le sais, mais, dans certains cas, il y a certains
caractères qui demandent des avertissements un peu plus sérieux
que d'autres, d'après l'expérience passée. On ne peut
quand même pas être aveugle. Il y en a qui sont de toutes les
manifestations, de toutes les contestations. Il y a des professionnels de cela.
C'est possible qu'ici, étant donné qu'on veut que tout se passe
dans l'ordre, il y ait des provocations. C'est assez normal. On pourrait
même m'accuser de paternalisme. J'accepterais l'accusation. Est-ce que
c'est naïf? J'espère que non. Je pense que c'est quand même
de la part de la police, de la part des corps policiers, faire un geste auquel
ils ne sont pas obligés, qui n'est pas plus intéressant pour eux,
mais qui, peut-être, va amener des résultats positifs.
M. Burns: Mais si je vous disais que les cas qui ont
été portés à ma connaissance sont des cas de
citoyens qui n'ont jamais été condamnés, des citoyens qui,
en principe, même s'ils ont été arrêtés
pendant la crise d'octobre, ne devraient pas avoir de dossier judiciaire, parce
que même si on avait utilisé le bertillonnage dans leur cas,
pendant la crise d'octobre, c'est-à-dire la prise des empreintes
digitales et de la photographie, chose qui était, à
l'époque, absolument étonnante, parce que dans bien des cas il
n'y a pas eu d'accusation, on est censé ne pas avoir de dossier sur ces
personnes. On est censé avoir détruit les photographies et les
empreintes digitales de ces personnes.
M. Lalonde: II y a deux sortes de dossiers: il y a le dossier
judiciaire et le dossier avec empreintes...
M. Burns: Si je vous disais entre autres...
M. Lalonde: Mais il y a aussi le dossier policier qui contient
des renseignements. On ne peut pas empêcher le policier qui est
responsable des services policiers, qui est responsable du maintien de l'ordre
et de la sécurité des citoyens de connaître les gens qui
sont susceptibles de par leurs agissements passés d'affecter justement
cette sécurité des citoyens. On serait aveugle et les corps
policiers n'assumeraient pas leur responsabilité s'ils restaient assis
simplement en attendant que les problèmes arrivent. C'est une
prévention de bon aloi.
M. Burns: Cela veut dire, M. le ministre, que vous contredisez
actuellement votre prédécesseur, M. Choquette, lorsqu'il nous
avait affirmé en Chambre que les personnes qui avaient été
arrêtées pendant la crise d'octobre redevenaient des citoyens
comme les autres sous deux conditions. C'est-à-dire qu'ils n'avaient pas
de dossier policier s'il n'y avait pas d'accusation portée contre elles
et si, dans le cas où il y avait une accusation, une nolle prosequi
avait été inscrit dans le dossier. Cela veut dire que vous venez
de contredire cela.
M. Lalonde: Je ne suis pas sûr de cela.
M. Burns: Ces personnes qui n'ont jamais été
trouvées coupables de quoi que ce soit ont des dossiers policiers; elles
sont surveillées, font l'objet d'une attention particulière de la
police.
M. Lalonde: Sûrement que ce n'est pas seulement ceux qui
sont accusés qui ont des renseignements à leur égard dans
les services policiers, parce qu'il y a beaucoup de renseignements qui
parviennent aux policiers et qui ne donnent pas ouverture à des
accusations. Il serait étonnant de penser que les policiers ne
connaissent que ceux qui sont rendus en prison.
M. Burns: Et en quoi cela est-il compatible avec les
libertés fondamentales de la personne?
M. Lalonde: Leur liberté n'est pas affectée. M.
Burns: Non?
M. Lalonde: Leur liberté n'est pas affectée du
tout.
M. Burns: Non? De se sentir surveillé comme
ça...
M. Lalonde: Tout le monde...
M. Burns: De se sentir l'objet d'une préoccupation et
d'une attention particulière de la part des corps policiers...
M. Lalonde: Tout le monde est susceptible d'être
surveillé. Quiconque a l'intention ou manifeste l'intention ou commet un
acte criminel...
M. Burns: Oui, ou commet un acte criminel; tout est
là.
M. Lalonde: Oui, mais ce n'est pas une science exacte. Il y a des
cas bien clairs de flagrant délit.
M. Burns: M. le ministre...
M. Lalonde: Laissez-moi terminer. Je n'aime pas me faire...
M. Burns: Ecoutez! Vous dites des énormités,
actuellement, c'est pas possible!
M. Lalonde: C'est un cas qui est sérieux et je veux qu'on
me laisse répondre. Il y a des cas de flagrant délit. Il y a des
cas où les dossiers sont terminés, les gens sont rendus en
prison. Mais il y a tous les cas de renseignements sur des actes criminels qui
ne sont pas solutionnés. Les crimes qui ne sont pas solutionnés,
il y en a plusieurs. Le taux de solution des crimes connus est à peu
près de 30%. Il y a plusieurs crimes qui sont rapportés à
la police avec certains renseignements suspects. On n'est pas sûr; alors,
on recueille des informations. Les enquêtes continuent et ce sera
peut-être dans cinq ans qu'on va trouver quelqu'un qui va dire: En fait,
j'étais témoin, je vous le dis. Il y a sûrement des
dossiers. Ce serait être angélique de penser qu'il n'y en a pas.
De là à dire qu'il y a des dossiers judiciaires, c'est autre
chose.
Un dossier judiciaire, c'est quelqu'un qui a été
arrêté; une accusation a été portée contre
lui, avec les empreintes et tout le reste.
M. Burns: Si je mène une vie honorable et que je gagne
honorablement ma vie, je n'ai pas l'impression de vivre dans
l'illégalité; il me semble que la société me doit,
et surtout la partie protectrice de la société, un respect
à mon intimité, à ma vie privée. J'ai droit
à cela. Dans les cas de personnes qui ont été
arrêtées, apparemment faussement puisqu'elles n'ont jamais
été condamnées, elles n'ont jamais été
poursuivies dans certains cas, il me semble qu'elles ont droit à
l'intimité de leur vie privée.
M. Lalonde: Oui, de là l'importance de garder sous le
sceau de la confidentialité tous ces dossiers.
M. Burns: Cela commence à ne plus être confidentiel
quand c'est rendu que trois policiers viennent sonner à la porte chez
vous et disent: Ce serait bon pour ta santé de ne pas être
là pendant...
M. Lalonde: Malgré les demandes des députés
de l'Opposition souvent en Chambre, on doit les traiter avec beaucoup de
circonspection parce que, justement, ces renseignements sont confi- dentiels.
De là, par exemple, à dire que les gens qui ont été
arrêtés lors de la crise d'octobre... C'est fort possible qu'il
n'y ait pas eu de dossiers du tout, mais si, depuis octobre 1975 on est
quand même presque cinq ans après il y a eu d'autres
événements qui ont amené ces gens à faire examiner
leur comportement, leurs actions, soit dans des cas de manifestations
violentes, dans des cas de crimes, à ce moment-là, parce qu'elle
les a libérés ou les a lavés en 1970, cela ne veut pas
dire que la police ne devra plus les garder du tout.
M. Burns: Je vous dis que ce n'est pas le cas du tout.
M. Lalonde: II ne faut pas dramatiser.
M. Burns: Ce sont des personnes qui n'ont rien à voir avec
la justice depuis ce temps. Mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Je
vous dis cela. Je pourrais vous citer des noms.
M. Lalonde: Là on parle de personnes, on ne veut pas citer
de noms, je ne les cite pas non plus.
M. Burns: Non, je ne veux pas les citer, parce qu'ils subissent
assez de dommages comme cela.
M. Lalonde: Bien oui, vous n'avez pas à les citer, mais
remarquez que cela rend la discussion assez difficile. S'il y a deux ou trois
personnes sur les 75 qui n'auraient peut-être pas dû être
visitées, cela ferait un taux d'erreurs, je pense, acceptable. D'un
autre côté, je ne vois pas de dommages à ce que des gens
soient visités comme cela, très poliment, gentiment et avec
toutes les règles de la politesse, pour savoir simplement quelles sont
leurs intentions puisqu'elles auraient donné des preuves ou des
indications à la police d'après leurs agissements
antérieurs d'être susceptibles de créer des
désordres. C'est cela le contexte. Je voulais le dire et même si
vous voulez revenir cet après-midi, on va revenir là-dessus,
parce que c'est important...
M. Burns: Je trouve cela important.
M. Lalonde: ... que la population cesse d'être
traumatisée par certains agitateurs. Je ne suis pas le
député de Maisonneuve, mais j'ai lu des choses dans les journaux,
alors qu'on a dit qu'il y avait des centaines de clochards dans les prisons,
qu'on allait construire des ailes additionnelles aux prisons pour mettre les
clochards. La dénégation la plus formelle, la plus
complète a été faite, même avec les remerciements de
la population, par mon collègue le ministre de la Justice. Dans les
journaux, le lendemain et dans les semaines suivantes, on voyait encore des
gens qui disaient: Nos pauvres clochards vont tous être en prison.
C'est faux et il faut que cela se sache. La sécurité
olympique va se faire dans le respect des lois puis il n'y aura pas de gens qui
vont être pris puis, je ne sais pas moi, avec l'emprisonnement
préventif, que ce soient des clochards ou d'autres.
Maintenant l'opération qui se fait actuellement se fait je
pense...
M. Burns: Maintenant s'il n'y a plus moyen d'être robineux
à Montréal maintenant.
M. Lalonde: Oui, puis c'est un état auquel, en fait, je ne
sais pas si on y aspire, mais quand même, c'est la liberté
totale.
M. Burns: Non, je n'aspire pas.
Le Président (M. Brisson): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Suspension de la séance à 11 h 54)
Reprise de la séance à 16 h 30
M. Brisson (président de la commission permanente de la
justice): A l'ordre, messieurs!
La commission de la justice se réunit à nouveau afin de
continuer l'étude des crédits budgétaires du
ministère de la Justice. Les membres de la commission sont les suivants:
M. Bédard (Chicoutimi); M. Bellemare (Johnson); M. Houde (Abitibi-Est)
remplace M. Bienvenue (Crémazie); M. Burns (Maisonneuve); M. Faucher
(Nicolet-Yamaska) remplace M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Choquette (Outremont);
M. Desjardins (Louis-Hébert); M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M.
Pépin (Sherbrooke) remplace M.Levesque (Bonaventure); M. Dionne
(Mégantic-Compton) remplace M.Pagé (Portneuf); M. Perreault
(L'Assomption); M. Samson (Rouyn-Noranda); M. Springate (Sainte-Anne); M.
Sylvain (Beauce-Nord); M. Tremblay (Iberville) remplace M. Tardif (Anjou).
Nous en étions au programme 17: Protection de la
société, des citoyens et de leurs biens. Elément 2:
Enquêtes policières spécialisées. D'autres
questions?
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais peut-être
quelques réponses à apporter à des questions qui ont
été posées par le député de Maisonneuve ce
matin.
Le Président (M. Brisson): D'accord. Opération
Volcan (suite)
M. Lalonde: Concernant l'opération Volcan, j'ai quelques
statistiques, peut-être pas toutes celles qu'on m'a demandées. On
verra. On sait que l'opération Volcan vise à sensibiliser le
public en général aux avantages d'identifier clairement leurs
biens de façon positive à l'aide d'un burin électrique.
L'opération comme telle a été lancée par la
Sûreté du Québec au printemps 1974 et, depuis ce temps, un
grand nombre de municipalités ont emboîté le pas dans le
même sens. Jusqu'à maintenant, on peut dire qu'au niveau de la
province, près de 200 000 personnes ont participé au plan
opération Volcan.
M. Burns: 200 000?
M. Lalonde: 200 000. Il est assez difficile, actuellement,
d'évaluer globalement, au niveau de la province, l'influence que cela a
pu avoir sur la criminalité en général. Toutefois, si on
prend le district de Québec, où l'opération a
été menée d'une façon plus intensive, on retrouve
71 municipalités qui ont participé au plan dans une proportion de
75% à 95%. En plus, 129 autres municipalités participent au plan
et atteindront bientôt le même taux de participation; du moins,
c'est ce qu'on espère. Or, dans la région de Québec,
l'année dernière, la criminalité a baissé dans
l'ensemble de 4,5% et on réussissait à maintenir stable le taux
des vols par effraction alors que, dans I ensemble de la province, on
connaissait une augmentation de 24% dans la catégorie des vols
par effraction. Alors, cela peut donner une idée de l'importance,
tout d'abord, de cette opération, du sérieux avec lequel la
Sûreté et la population l'ont appliquée.
Des chiffres plus probants vont sûrement être disponibles
lorsque nous aurons complété une période d'application un
peu plus longue.
S'il y a d'autres questions ou des statistiques qu'on m'a
demandées, que je n'ai pas encore...
M. Burns: II y avait l'aspect des arrestations et des mises en
accusation, est-ce que vous avez... je m'excuse, on m'a parlé pendant ce
temps, je ne sais pas si vous l'avez dit, est-ce que vous avez des statistiques
relativement aux arrestations et aux condamnations à la suite de
l'opération Volcan?
M. Lalonde: A part des 50 cas que j'ai mentionnés
globalement ce matin, je n'ai pas d'autres statistiques. Si on parle de
l'opération Alpin, qui est un peu semblable pour les paires de ski, ce
sera peut-être intéressant aussi de dire...
M. Burns: Pour les motoneiges aussi, je pense?
M. Lalonde: Pour les skis. Il y avait des vols de skis assez
considérables dans les années précédentes...
M. Burns: Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose pour les
motoneiges aussi?
M. Lalonde: C'est avec l'opération Volcan. M. Burns:
C'est avec l'opération Volcan.
M. Lalonde: II y a eu l'opération Alpin
spécifiquement pour les skis. Au cours de l'année 1974, on avait
rapporté, peut-être y en avait-il eu plus, sur l'ensemble du
territoire couvert par la Sûreté seulement, un total de 700 vols
de skis et il en était survenu 1000 sur le territoire desservi par les
corps policiers municipaux. Au cours de l'hiver 1975/76, 88 500 amateurs de ski
se sont prévalus du plan de l'opération en acceptant de se munir
d'un chaînon. C'est un moyen technique, un chaînon en plastique sur
lequel on indique le numéro de série. Par contre, près de
22 000 autres personnes ont fait buriner leurs skis au cours de la même
période.
C'est la méthode utilisée dans l'opération Volcan.
A la fin de la saison de ski, sur le territoire de la Sûreté du
Québec, on connaissait une baisse de ces vols, par rapport à
l'année précédente, de 46%, soit 378 vols seulement
comparativement à 700. Les policiers municipaux, de leur
côté, ont connu seulement 415 vols par rapport à 1000
crimes similaires l'année précédente. Donc, au total, au
niveau de la province, il y a eu une baisse de 53,3% de vols de skis et il y a
eu 42 paires qui ont été retrouvées et remises à
leurs propriétaires.
M. Burns: M. le Président, en ce qui me concerne,
relativement à l'élément 1, je n'ai pas d'autres
questions, mais, comme le député d'Outremont n'était pas
là, peut-être qu'il a d'autres, questions ou d'autres
députés de la commission; en tout cas, je n'ai pas d'autres
questions relativement à l'élément 1.
M. Choquette: M. le Président, si on me permet de prendre
la parole...
Le Président (M. Brisson): L'élément 1 a
été adopté, ça prendrait le consentement de la
commission.
M. Burns: M. le Président, l'élément 1 a
été adopté, mais avec l'entente qu'on devait obtenir cette
réponse.
Le Président (M. Brisson): D'accord. L'honorable
député d'Outremont.
Rapport annuel de la Sûreté
M. Choquette: M. le Président, vous comprendrez que je ne
veux pas revenir sur des sujets qui ont déjà fait l'objet de
discussions devant cette commission. Je voudrais demander au Solliciteur
général comment il se fait que nous n'ayons pas, au moment de
l'étude des crédits, le rapport annuel de la Sûreté.
On sait que la Sûreté, tous les ans, publie un rapport sur ses
activités. Ce rapport aide les députés à interroger
le ministre lorsque vient le temps d'étudier les crédits.
Je m'étonne que, contrairement à l'usage qui
prévalait à une autre époque, époque que je ne
soulignerai pas, époque sur laquelle je n'ai pas l'intention de
m'étendre indûment pour féliciter le ministre d'alors sur
la qualité de l'administration de la justice qui prévalait
à ce moment-là, parce qu'il y en a qui pourraient trouver que je
manque de modestie.
Je voudrais demander au ministre, pour revenir au point particulier,
comment il se fait que cette année, le directeur général
adjoint Racine, n'a pas su préparer l'ensemble des données
statistiques qui nous permettaient de constater le travail effectué par
la Sûreté, et ainsi, prendre connaissance des
développements administratifs et des développements dans
l'organisation de ce corps de police.
M. Lalonde: On m'informe que le retard apporté cette
année, comparativement aux années précédentes, dans
la publication du rapport annuel, vient d'un problème d'impression. Des
priorités ont dû être données au texte de
différents documents qui étaient nécessaires aux services
policiers, relativement à la sécurité olympique, de sorte
que le texte du rapport qui est actuellement prêt est à
l'impression et devrait paraître incessamment.
Je suis fort conscient de l'utilité qu'un rapport annuel peut
avoir, lors de la discussion en commission parlementaire. Mais je n'ai pas pu,
étant donné les autres contraintes, la date à la-
quelle je devais me présenter devant la commission parlementaire
et aussi les priorités que le directeur général de la
Sûreté me décrit concernant l'impression du rapport. Je
m'excuse, ce n'est ni la faute de la Sûreté, ni la mienne, mais la
distribution dudit rapport n'a pu avoir lieu à temps cette
année.
M. Choquette: Bon!
M. Lalonde: De toute façon, toute question peut quand
même recevoir une réponse, parce que toutes les données qui
sont publiées dans le rapport annuel, naturellement, on en a ou on peut
les retrouver.
M. Choquette: Je suis d'accord, mais cela aurait
été quand même pratique d'avoir le rapport devant nous.
M. Lalonde: Je le déplore autant que le
député d'Outremont, parce que cela aurait aussi été
pratique pour moi.
La Sûreté du Québec
M. Choquette: Je le sais. Quant aux effectifs de la
Sûreté, je constate que, dans les crédits, on nous donne le
chiffre de la croissance des effectifs. Evidemment, cela comprend l'effectif
policier ainsi que l'effectif civil. Je sais qu'il faut prendre en
considération les programmes 17 et 18 ensemble, pour obtenir la
totalité des effectifs de la Sûreté.
Puis-je demander au Solliciteur général, sur le plan
policier même, quelle est la croissance de l'effectif de la
Sûreté, au cours de l'année dernière, et quelle est
la croissance prévue au cours de l'année qui va venir?
M. Lalonde: Au cours de l'année qui va venir, la
croissance prévue est de 43 policiers. Ce nombre tient compte des
restrictions budgétaires qu'on a dû s'imposer un peu partout dans
la fonction publique, mais cela démontre quand même que, pour le
service policier lui-même, on a pu obtenir un nombre tout à fait
minime, comparativement au nombre total de la force, mais qui pourrait
satisfaire aux besoins de la Sûreté actuellement.
Il y a aussi le problème de recrutement, les effectifs
autorisés ne correspondent pas nécessairement et
immédiatement au nombre de candidats engagés, recrutés. De
toute façon, au cours de l'année courante, si des besoins
additionnels devaient mais cela c'est toujours une possibilité,
pour tous les ministères, au fond se dessiner, il n'y a rien qui
nous empêche de présenter des demandes additionnelles par voie de
budget supplémentaire.
M. Choquette: Dans ces conditions, il y a 43 postes additionnels
de prévus pour l'année qui va venir. Y a-t-il des postes vacants
dans les effectifs actuels et quel en est le chiffre?
M. Lalonde: II y aurait 200 postes autorisés non
comblés.
M. Choquette: II y a 200 postes autorisés non
comblés. L'année dernière, combien avez-vous comblé
de postes?
M. Lalonde: 143.
M. Choquette: Bon. Cela ferait 243...
M. Lalonde: II faut tenir compte des départs aussi.
M. Choquette: Ah oui! Combien y a-t-il eu de départs,
justement, en soustraction du nombre de postes comblés?
M. Lalonde: 67. 67 plus 143, cela nous fait 210 nouveaux
policiers, mais pas nécessairement 210 de plus qu'avant. C'est 143 de
plus qu'avant, d'augmentation.
M. Choquette: Bien.
M. Lalonde: Je dis ce chiffre pour montrer jusqu'à quel
point quand même il y a une contrainte au niveau du recrutement.
M. Choquette: Est-ce qu'il a été question avec le
député de Maisonneuve du recrutement?
M. Burns: Non, le recrutement, non. Recrutement
M. Choquette: Est-ce que le Solliciteur général
pourrait nous dire quelles sont les difficultés actuelles du recrutement
au point de vue des policiers?
M. Lalonde: On semble trouver, depuis 1972 c'est quelques
années avant que j'arrive au ministère une situation
différente comparativement à celle d'autrefois où on a
plus de difficultés à recruter, malgré les salaires qui
sont quand même fort appréciables, acceptables comparativement
aussi à d'autres métiers, à un point tel que, l'an dernier
et même cette année, la Sûreté a dû même
faire une campagne de publicité pour rechercher les candidats. Il faut
dire aussi que les exigences sont plus élevées qu'autrefois au
niveau de la formation.
M. Burns: Sur cette question, il y a une vaste campagne qui a
été préparée par la firme Pierre Tremblay; vous
connaissez?
M. Lalonde: J'en ai entendu parler, oui.
M. Burns: II faut aller aux engagements financiers pour se rendre
compte que c'est une firme très fortement teintée
libérale. Pardon?
M. Lalonde: Cela a dû être efficace.
M. Burns: C'est cela que je vais vous demander, de nous prouver
l'efficacité. Non, attendez, je vais vous poser la question. Le
député d'Outremont vous pose la question relativement au
résultat des campagnes de publicité, au recrutement, etc. Je vous
demande combien d'efforts ont été déployés par
cette firme Pierre Tremblay & Associés Inc. et qu'est-ce que cela a
donné depuis que vous avez fait cette campagne. Parce que c'est une
question, je ne veux pas vous dire, M. le ministre, que c'est une question
piégée ou non, mais je vous avertis d'avance que nous avons
discuté de cela récemment à une séance des
engagements financiers. J'aimerais savoir combien cela a coûté,
quant à la partie de la Sûreté du Québec et,
deuxièmement, quels ont été les résultats.
M. Lalonde: Alors, on peut mentionner des chiffres d'engagements,
par exemple, pour les quatre dernières années. En 1972, il y a eu
353 engagements; en 1973, il y en a eu 184. De 353 à 184, c'est presque
divisé de moitié.
M. Burns: Oui.
M. Lalonde: En 1974, il y en a eu 93. Encore là,
diminution d'à peu près 50%. En 1975, augmentation à 141.
La campagne de publicité de l'an dernier a coûté $50 000.
Enfin, un montant de $50 000 y a été appliqué.
Calculé d'une façon méthodique, pour analyser le rapport
de cause à effet...
M. Burns: Oui.
M. Lalonde: ... cela nous a amené 75 sujets qui auraient
choisi de se porter candidats à la fonction de policier à la
Sûreté du Québec, à la suite de cette campagne de
publicité.
Actuellement, pour l'année courante, c'est un montant de $63 000
qui est affecté à cette campagne. Le directeur de la
Sûreté du Québec m'assure que le choix de la maison
responsable de cette campagne de publicité a été fait par
la Sûreté du Québec elle-même parmi trois maisons
différentes qui se sont...
M. Burns: Quelles sont les deux autres? Si je comprends bien,
c'est le directeur de la Sûreté du Québec qui a
recommandé la maison en question?
M. Lalonde: C'est la direction de la Sûreté du
Québec.
M. Burns: Evidemment, le directeur parle au nom de la
Sûreté du Québec.
M. Lalonde: Une des maisons s'appellerait Cossette, je ne la
connais pas. Je ne sais pas si c'est le nom véritable de la maison;
l'autre, on ne se souvient pas de son nom.
Chaque maison a fait trois présentations sur la manière
dont chacune se proposait d'aborder le problème, et celle qui a
été choisie abordait le problème de la façon la
plus dynamique et la plus conforme aux besoins que la Sûreté du
Québec jugeait les siens.
M. Burns: Est-ce que vous avez des résultats de cette
campagne jusqu'à maintenant? Est-ce que les demandes d'emploi à
la Sûreté du Québec se sont mises à affluer
depuis...
M. Lalonde: C'est ça, pour 1976 pour 1976, il est
trop tôt il y aurait justement 75 sujets qui, sur les 141 qui ont
été engagés, auraient choisi, à la suite d'une
analyse, apparemment scientifique, de se porter candidats à la
Sûreté du Québec, à la suite de cette campagne. On
me dit que même un des deux auteurs du programme ou de la
publicité s'est joint à la Sûreté du Québec
depuis ce temps.
M. Burns: Ah bon!
M. Lalonde: C'est dire jusqu'à quel point il était
convaincu.
M. Choquette: Une perte pour le théâtre et pour la
télévision. Un gain pour la police.
M. Burns: Un gain pour la loi et l'ordre et la
sécurité.
M. Lalonde: Un autre élément pour le choix de la
maison Tremblay est que cette maison donnait plus de couverture pour la somme
d'argent investie.
M. Burns: Mais ce n'est pas elle qui décide cela?
M. Lalonde: Oui. C'est un programme, par exemple, avec un budget
qui est présenté et le programme de publicité comporte le
nombre de messages à la télévision et il en comptait
plus.
M. Burns: Avez-vous procédé par voie de soumissions
publiques dans ce cas ou...?
M. Lalonde: Non. Dans les cas de campagne de publicité,
c'est assez rare qu'on procède par... Mais je ne reviendrai pas
là-dessus.
M. Burns: Mais cela arrive. On en parle à la commission
aux engagements financiers.
M. Lalonde: Oui, à la commission des engagements
financiers.
M. Burns: Mais cela arrive qu'on fasse, même dans des cas
de publicité, des soumissions publiques.
M. Lalonde: C'est possible. Jusqu'à maintenant, cela a
bien été. Les résultats semblent probants, même
évidents et la publicité a été bien faite.
M. Burns: C'étaient des soumissions
négociées ou encore des soumissions en circuit fermé dans
ce cas?
M. Lalonde: C'est cela. C'est la Sûreté du
Québec qui, par son service du personnel, a approché trois
maisons différentes et a demandé quel produit fini on pouvait
remettre à la Sûreté du Québec pour le montant
d'argent disponible, qui était de $50 000, et la maison Pierre Tremblay
et Associés a, comme je le disais tantôt, présenté
le produit qui semblait le plus favorable, le plus positif, le plus dynamique
et le plus conforme aux besoins de la Sûreté du Québec et
qui présentait aussi un autre avantage, le plus de temps de couverture
pour les messages à la télévision ou à la radio et
dans les journaux.
C'était fondé sur trois media, les journaux, la radio et
la télévision et, dans le projet de Pierre Tremblay et
Associés, on donnait à la Sûreté du Québec du
temps préférentiel, du "prime time "...
M. Burns: Plus favorable.
M. Lalonde: ... du temps préférentiel à la
télévision comparé au projet des autres, pour supporter,
en support. En fait, c'était essentiellement dans les journaux, mais
avec un support à la télévision et à la radio. Le
support à la télévision employait un temps
préférentiel en comparaison avec les autres projets.
Cette année, ce sont les mêmes qui ont été
choisis pour l'année courante, étant donné que toute la
documentation est préparée, cela coûtait moins cher
à la Sûreté de continuer avec le même.
M. Choquette: Est-ce que la police municipale éprouve les
mêmes difficultés quant au recrutement d'agents que celles
ressenties au niveau de la Sûreté du Québec?
M. Lalonde: II me semble que oui, ainsi que la GRC et
l'armée. On voit toute la publicité que l'armée fait pour
obtenir des candidats. La Gendarmerie Royale consacre $100 000 seulement pour
le Québec, dans les campagnes de publicité pour le
recrutement.
M. Choquette: Est-ce que cette campagne de recrutement prend
d'autres formes que des annonces dans les media d'information? Est-ce qu'il y a
d'autres mesures qui sont prises pour mousser le recrutement de nouveaux
candidats?
M. Lalonde: II y a les moyens classiques, conventionnels, comme
lors d'expositions; il y a des conférences dans les écoles par
les conseillers en orientation professionnelle. Ce sont des moyens qui
atteignent des publics beaucoup plus spécifiques, donc qui sont
destinés, qui sont préparés de façon
différentes que la publicité à la radio ou à la
télévision; mais il s'agit de moyens conventionnels qui, en temps
normal, pourraient éviter de faire des dépenses de cette nature
et qui avaient été utilisés d'ailleurs dans le
passé.
M. Choquette: Actuellement, quel est le total de l'effectif
policier au Québec comprenant la Sûreté du Québec,
les corps de police municipaux et, possiblement, la Gendarmerie Royale du
Canada? Si le Solliciteur général est assez au fait de la
situation qui prévaut à la GRC pour autant qu'il s'agisse de la
division C, c'est-à-dire celle qui est le détachement de la
Gendarmerie Royale au Québec.
M. Burns: Est-ce que le député d'Outremont, dans le
temps qu'il était ministre, était en mesure de répondre
à une telle question?
M. Choquette: Oui... M. Lalonde: Voici...
M. Burns: Cela m'intéresse beaucoup, parce que je sais
qu'il était capable de répondre à une telle question.
M. Lalonde: ... la GRC aurait...
M. Burns: ... que le Solliciteur général du
Québec, actuellement, ne soit pas capable de...
M. Lalonde: Est-ce qu'on me permet de répondre, parce
qu'il se peut qu'on vérifie...
M. Burns: D'accord.
M. Lalonde: Je pense bien que le député de
Maisonneuve comprend qu'il faut avoir une certaine prudence quand on demande de
tels chiffres. Il faut vérifier.
M. Burns: Oui.
M. Lalonde: Des déclarations en l'air peuvent entrainer
des répercussions.
La GRC, dans la division C, au Québec, aurait un effectif
d'environ 800; la Sûreté du Québec, 4 002, les autres,
environ 7000. On peut faire le total, s Je 12 000 à peu près,
comme effectif.
M. Choquette: C'est drôle, ce chiffre me paraît
extrê Tient bas.
M. Lalonde: Oui, il y a une correction à apporter.
M. Burns: Oui, il manque quelque chose là-dedans. Vous
comprenez prenez pourquoi je dis que je m'ennuie du député
d'Outremont comme ministre de la Justice.
M. Lalonde: Je vous le laisse.
M. Burns: Oui, mais ce n'est pas moi qui décide...
M. Lalonde: Le 1er janvier 1975 il faut ajouter les
recrutements ou les augmentations durant l'année 1975 il y en
avait dans les cités et villes 9240, la Sûreté du
Québec un peu plus de 4000, dans les autres petites municipalités
162, pour un total de 13 400, accompagnés d'un effectif civil
d'un peu plus de 3000; si on ajoute les 800 de la GRC, pour l'effectif
policier directement, on a un total d'un peu plus de 14 000. Le
député de Maisonneuve comprendra pourquoi je consulte avant de
répondre; même en consultant, tantôt, j'ai failli induire la
commission en erreur.
M. Burns: Oui, même après 11 mois.
M. Lalonde: Vous savez, on peut apprendre ça par coeur
éventuellement.
Lutte contre le crime
M. Choquette: Est-ce que le Solliciteur général
peut nous donner une idée de l'évolution de la criminalité
au Québec actuellement et depuis quelque temps déjà? Je
veux dire quelle est la situation en regard du genre de crime, quels sont les
problèmes qu'il entrevoit être les plus aigus dans le domaine de
la criminalité?
M. Lalonde: Le domaine de la criminalité a sûrement
évolué défavorablement dans une certaine mesure durant
l'année dernière, enfin en 1975. On a vu une augmentation de
certains crimes comme les vols de banque, entre autres. Le taux de solution
augmente très lentement. Actuellement...
On ne peut pas dire qu'il augmente sensiblement, mais, étant
donné qu'il se tient à peu près au niveau d'un peu plus de
30%, c'est naturellement le taux de solution des crimes connus. C'est pour
ça que les statistiques sont difficiles à comparer avec des
chiffres qu'on pouvait obtenir dans le passé, par exemple, de quelle
façon on tient compte de la connaissance du crime, comment on le
décrit, quels sont les chiffres, comment on le décrit dans les
statistiques, comment on le rapporte. On le rapporte souvent de façon
différente d'une municipalité à l'autre. Il y a un bon
travail de préparation des différentes sources d'information
concernant l'intrant dans les statistiques là-dessus. On a vu toutefois
que certaines dispositions sont prises et, surtout en ce qui concerne le crime
organisé, par exemple, la lutte au crime organisé l'année
dernière a sûrement marqué des points.
Cela ne se reflète pas de façon directe sur le taux de
solution, mais quand même cela a pour effet justement de...
M. Burns: Simplement une question incidente. Quand vous parlez de
taux de criminalité et de lutte au crime organisé en particulier,
est-ce que vous avez autre chose que la Commission d'enquête sur le crime
organisé à nous démontrer comme moyen de lutte contre le
crime organisé?
M. Lalonde: Naturellement, la Commission d'enquête sur le
crime organisé est le moyen, je dirais, le plus efficace jusqu'à
maintenant, mais, ce qui est intéressant, c'est qu'au niveau des corps
policiers qui ont collaboré avec la CECO à la lutte contre le
crime organisé, une meilleure préparation se voit maintenant.
D'ailleurs, à la CUM, on a mis sur pied l'escouade "antigang" dont les
méthodes de lutte contre le crime s'apparentent beaucoup aux
méthodes dont on...
M. Burns: II y a autre chose que la CECO dans le fond.
M. Lalonde: Oui, il faut qu'il y ait autre chose qu'une
enquête spéciale, il faut qu'on puisse trouver le moyen de faire
la lutte contre le crime organisé par les moyens conventionnels.
M. Burns: Quand vous parlez de crime organisé, vous parlez
de gang organisé ou de système organisé? Parce que vous
avez des gens qui n'ont pas de dossier judiciaire et qui, dans mon esprit, font
partie du crime organisé.
Par exemple, ceux qui peuvent avoir posé des problèmes et
qui ont été soumis éventuellement, on vous
demandera de nous donner des réponses là-dessus à
huis clos à la CECO, le problème de la Société des
alcools du Québec, le problème des loteries, de la
Loto-Québec, etc. On attend toujours vos réponses
là-dessus. Non? Pour vous, ce n'est pas du crime organisé?
M. Lalonde: Ce n'est pas cela. En ce qui concerne la SAQ, c'est
la commission elle-même qui a déterminé qu'il ne s'agissait
pas de crime organisé.
M. Burns: II ne s'agit pas de crime organisé? M.
Lalonde: D'après la définition qu'on en a.
M. Burns: Votre définition du crime organisé, c'est
quoi?
M. Lalonde: Ma définition du crime organisé, cela
implique des éléments...
M. Burns: Et des noms.
M. Lalonde: Ce sont des éléments de réseaux,
d'organisations. Cela n'implique pas nécessairement, comme le disait le
député de Maisonneuve, des personnes qui ont des dossiers
judiciaires, parce qu'il y en a qui...
M. Burns: Non, mais si vous, le député d'Outremont
et moi-même décidons, à un moment donné, de
bâtir une société parallèle, par exemple et
que nous n'ayons aucun casier judiciaire, ni l'un ni l'autre qui fait
qu'on fonctionne dans l'illégalité la plus totale, on ne fait pas
de crime organisé. Est-ce que c'est cela?
M. Lalonde: C'est possible. Si nous recourons, dans votre
exemple, à des méthodes criminelles, à la commission de
crimes, à l'intimidation, à la violence, au meurtre et...
M. Burns: Et tout le crime organisé.
M. Lalonde: Ce serait du crime organisé.
M. Burns: Si on fait de la fraude systématisée, si
on fait de l'extorsion systématisée, est-ce que c'est du crime
organisé?
M. Lalonde: Si vous êtes seul à le faire, non. M.
Burns: Non, nous sommes trois. M. Lalonde: Cela peut facilement...
M. Burns: Vous, le député d'Outremont et
moi-même, on part et on décide qu'on fait...
M. Sylvain: C'est "une belle gang".
M. Lalonde: II y en a qui veulent se joindre à nous.
M. Burns: On peut ajouter le député de Beauce-Nord,
s'il le veut, mais...
M. Sylvain: Je viens de la campagne, moi. Je n'ai pas vos
tuyaux.
M. Burns: Je vous parle de personnes qui n'ont pas de dossier
judiciaire, qui ne sont pas reconnues comme étant des membres de ce
qu'on appelle la pègre ou la mafia et qui décident, à un
moment donné, d'avoir un système d'extorsion, un système
de versements, etc.
Est-ce que, de l'avis du Solliciteur général, selon ses
définitions, c'est du crime organisé?
M. Lalonde: Si on regarde, par exemple, la loi de police
actuellement, c'est assez difficile de trouver... Il y en a. Mais dans le vol
de banque, un crime totalement solitaire, il faut que vous mettiez deux
personnes pour l'organiser, une troisième pour fournir l'automobile et
des armes...
M. Burns: Ça, c'est un crime; ce n'est pas du crime
organisé. Je vous parle d'un système parallèle à la
société actuelle. C'est ce dont je vous parle. Si, par exemple,
je trouve une méthode qui a trait aux pouvoirs que je détiens ou
non, qui fait que je puisse extorquer de l'argent d'un certain nombre de
personnes, est-ce que cela, c'est du crime organisé?
M. Lalonde: Si on se reporte, par exemple, à l'article 19
de la Loi de police, où on donne le pouvoir à la Commission de
police de faire enquête sur une organisation, on dit: "La commission doit
aussi faire enquête sur les activités d'une organisation ou d'un
réseau, ses ramifications et les personnes qui y concourent, lorsque le
lieutenant-gouverneur en conseil a des raisons de croire que, dans la lutte
contre le crime organisé ou le terrorisme et la subversion, il est de
l'intérêt public d'ordonner la tenue d'une telle
enquête".
Ce qu'on a voulu définir du crime organisé, ce n'est pas
une définition comme telle. Mais cela donne les éléments
de ce que c'est que le crime organisé. C'est sûrement un
réseau de personnes, une organisation de personnes qui, pour des fins
illégitimes, à des fins illicites et illégales, emploient
des méthodes qui le sont aussi, qui, de façon classique ou plus
conventionnelle, recourent à l'intimidation, le meurtre, mais qui
pourraient aussi, derrière une façade légitime, recourir
à de telles méthodes pour obtenir des profits.
M. Burns: Je veux vous l'entendre dire. Il est possible et
je ne lance pas d'accusations que, dans le domaine des loteries au
Québec, entre autres et on verra avec le temps, s'il y a lieu
d'aller plus loin là-dessus et dans le domaine de la
Société des Alcools, il y ait, dans le fond, des
éléments qui répondent à votre
définition.
M. Lalonde: Je dois m'en remettre à l'opinion de la
Commisson d'enquête sur le crime organisé, suivant laquelle, dans
l'enquête à laquelle se réfère le
député de Maisonneuve...
M. Burns: Mais vous...
M. Lalonde: ...elle ne voyait pas de... Je partage l'opinion du
juge Dutil là-dessus et, si on en découvrait...
M. Burns: ...
M. Lalonde: ...parce que l'enquête a été
continuée...
M. Burns: C'est cela que je veux savoir. Qu'est-ce que vous
faites?
M. Lalonde: ...il n'y a aucun doute qu'on pourrait confier une
enquête à la CECO.
M. Burns: Oui.
M. Lalonde: Dans ce domaine, comme dans tout autre domaine...
M. Burns: ...
M. Lalonde: ...dans le domaine de la subversion, dans le
domaine...
M. Burns: Vous ne retireriez pas des dossiers de la CECO. Vous ne
diriez pas à la CECO: Ce n'est pas de vos affaires, ne vous occupez pas
de cela.
M. Lalonde: Je ne pense pas que ce soit jamais arrivé dans
le passé.
M. Burns: Non, je ne vous demande pas si c'est arrivé, je
vous demande...
M. Lalonde: Que des dossiers aient été
retirés de la CECO.
M. Burns: C'est la place où je peux vous poser des
questions hypothétiques, parce que ce sont des questions
hypothétiques.
M. Lalonde: Je réponds et j'aimerais avoir le temps de
finir mes réponses.
M. Burns: D'accord.
M. Lalonde: Non, la CECO prend connaissance des dossiers qu'elle
désire. Dans le passé, cela a été comme cela, c'est
comme cela actuellement. Elle peut, par exemple, mettre un terme à une
enquête en s'apercevant qu'il n'y a rien là-dedans ou que cela ne
relève pas de son domaine. A ce moment, elle remet le dossier au
ministère de la Justice. C'est une chose normale qu'elle puisse
déterminer, à un moment donné, si c'est sous sa
juridiction ou non.
M. Burns: Oui.
M. Lalonde: Mais ce n'est pas retirer un dossier de la CECO.
M. Burns: Bon. Donc, dans votre cas, vous ne considérez
pas qu'il soit de votre devoir de retirer un dossier de la CECO.
M. Lalonde: Non, la CECO opère avec une autonomie quand
même assez complète. Elle peut entreprendre les enquêtes
qu'elle désire, suivant les informations qui lui parviennent. Comment
pourrais-je retirer des dossiers, alors que souvent je ne sais pas exactement
ce qu'elle fait? C'est la confidentialité qui existe, surtout au niveau
des enquêtes ou des...
M. Burns: On a déjà vu des procureurs
généraux qui ne s'avisent pas du tout je tiens à le
laver de cela, malgré que je ne peux pas le laver indéfiniment,
on ne le sait pas, mais, en tout cas, je n'ai pas d'indication que cela vise le
député d'Outremont qui sont intervenus directement dans
des causes, dans le passé. Il y en a qui sont rendus au
fédéral, comme députés.
M. Choquette: Parmi les organismes qui ont pour mission de
combattre le crime organisé pour s'intéresser plus
profondément à ce sujet, il y a un organisme que le Solliciteur
général n'a pas mentionné et qu'il semble ignorer, c'est
le BRQCO.
M. Lalonde: On ne l'ignore pas.
M. Choquette: Mais vous ne l'avez pas mentionné.
M. Lalonde: D'ailleurs, je pense qu'on va s'apercevoir
bientôt que, non seulement on ne l'ignore pas, mais on a même
l'intention de l'institutionnaliser.
M. Choquette: D'après vous, le BRQCO n'est pas
institutionnalisé?
M. Lalonde: II existe par une entente. Sa constitution est sui
generis. J'aimerais qu'on consacre dans la loi l'existence du BRQCO.
M. Choquette: Mais...
M. Lalonde: Ce n'est pas un reproche que je fais pour le
passé, il a fallu commencer quelque part. Maintenant qu'il est
là, il faudrait lui donner plus de...
M. Choquette: Mais le BRQCO existe depuis sept ans. Vous n'avez
pas l'intention de dire que vous allez faire une innovation en lui
donnant...
M. Lalonde: Le député d'Outremont...
M. Burns: Une minute! Vous allez mettre cela dans vos
réalisations.
M. Lalonde: On dirait que le député d'Outremont
craint que je m'approprie le crédit de quelques décisions.
M. Choquette: Pas du tout.
M. Lalonde: Non, je dis simplement que le BRQCO est là
pour rester, même avec une existence plus concrète; en fait, il
sera consacré par la loi.
M. Choquette: Bon. Est-ce que cela fera l'objet justement d'une
des parties de la loi que le Solliciteur général a l'intention de
nous présenter pour aviser la lutte contre le crime organisé?
M. Lalonde: Cela peut être un des éléments.
Seulement, ce n'est pas l'endroit ici, parce que les décisions finales
ne sont pas prises.
M. Choquette: Mais, vous savez, nous ne serons pas pris au
dépourvu par la poudre aux yeux qu'on voudrait peut-être nous
lancer à ce point de vue; je veux dire que le BRQCO a été
fondé même avant que je sois devenu ministre de la Justice. Donc,
je ne cherche pas à m'approprier un mérite que je n'ai pas. Le
BRQCO a été fondé vers 1968, 1969. Il a une existence qui
est...
M. Burns: II s'appelait autrement à ce moment.
M. Choquette: II s'est toujours appelé le Bureau de
recherche, d'enquête sur le crime organisé. Il est composé
de policiers provenant des trois corps de police principaux...
M. Lalonde: ...
M. Choquette: ...la GRC, la Sûreté du Québec
et la police de la CUM, plus d'autres corps de police qui y sont
associés ou d'autres organismes qui y sont associés.
M. Lalonde: Cela a été fondé en 1969.
M. Choquette: Bon! Pour revenir à la criminalité en
général, je ne peux pas me déclarer satisfait des
réponses du Solliciteur général. Je lui ai de-
mandé quelle était l'évolution de la
criminalité au Québec. Il tombe dans le taux de solution. C'est
bien intéressant, le taux de solution. On pourrait en parler. Il nous
parle du crime organisé, c'est très intéressant, le crime
organisé, on en parle. Il nous parle des statistiques noires de la
criminalité, c'est-à-dire celles qui ne sont pas
rapportées dans les statistiques criminelles, tout le monde sait cela.
Je veux demander au Solliciteur général s'il a une idée de
l'évolution de la criminalité avec plus de détails. Est-ce
qu'il y a plus de fraude? Est-ce qu'il y a plus de criminalité de nature
économique? Est-ce qu'il y a plus de vols de banque? Est-ce qu'il y a
plus de cas d'extorsion? Est-ce qu'il y a plus d'intimidation, comme par
exemple, dans le domaine de la construction, comme on l'a constaté
à certaines époques? Je veux savoir, en somme, si le Solliciteur
général peut nous dire quelle est l'évolution de la
criminalité au Québec, car c'est la matière
première sur laquelle il travaille avec les corps de police et aussi
avec la collaboration des substituts du Procureur général. Donc,
il faut savoir où le ministère va diriger ses énergies,
compte tenu de l'évolution de cette criminalité. Alors, c'est ce
qui m'intéresse.
M. Lalonde: J'ai répondu de façon globale que la
criminalité n'est pas en régression. Dans certaines formes de
criminalité, on a vu, par exemple, des initiatives telles que la prise
d'otages, par exemple de gérants de banque ou de caisse populaire, pour
fins d'extorsion. Sur cette forme de criminalité, je crois que la
Sûreté du Québec et les autres corps de police, mais
à l'initiative de la Sûreté du Québec, ont atteint
des résultats très positifs. Entre autres, je pense que le taux
de solution de cette forme de crime, jusqu'en janvier ou février 1976,
était au-dessus de 80%. Donc, cela a été une nouvelle
forme de criminalité. Le meurtre, surtout au niveau du territoire de la
Communauté urbaine de Montréal, a connu des sommets en 1975.
Malheureusement, c'est une situation où des dispositions devront
être prises. On connaît surtout une augmentation du nombre des
meurtres de la nature du règlement de compte, surtout parmi des jeunes,
des groupes de jeunes qui, présumément, se disputent des
marchés, pour la drogue, en particulier. Nous sommes fort conscients, et
à la CUM et à la Sûreté, que la lutte contre cette
forme de criminalité doit apporter des résultats probants
relativement au meurtre.
Pour le crime économique, il est difficile de faire des
comparaisons avec le passé...
Le Président (M. Brisson): Je pense que le
député d'Abitibi-Est avait une question à poser en
attendant.
M. Houde (Abitibi-Est): En ce qui concerne les difficultés
de recrutement des différents corps policiers, je sais qu'on a fait
plusieurs observations dans les régions éloignées,
Matagami, Chapais, Chibougamau, entre autres; la police de la
municipalité de la baie James faisait du maraudage, en fait,
auprès de ces corps policiers. Comme chaque corps policier municipal est
obligé d'envoyer former ses policiers à Nicolet, cela
représente, pour des villes à petit budget, des
déboursés assez considérables. Est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité qu'éventuellement, on oblige le corps policier
maraudeur à rembourser à une municipalité les frais
encourus par ces stages à l'Institut de police de Nicolet avant d'aller
marauder?
M. Lalonde: C'est un problème réel et qui n'est pas
facile à résoudre. En effet, il y a une concurrence sur la
disponibilité des candidats quand ils sortent de l'Institut de police.
Certaines municipalités mieux nanties peuvent offrir davantage. Comment
pourrait-on empêcher, par exemple, un policier qui sort de l'Institut de
police d'accepter une offre dans un autre corps de police?
On cherche les moyens, mais ce n'est pas facile, parce qu'il y a quand
même la liberté d'offrir ses services à d'autres endroits.
Mais...
M. Houde (Abitibi-Est): Je suis d'accord, mais c'est la
municipalité qui a payé quand même la formation du
policier.
M. Lalonde: Le député suggère que la
municipalité qui a payé pour la formation soit remboursée
par la municipalité qui l'a recruté.
M. Houde (Abitibi-Est): Oui.
M. Lalonde: J'en prends note. Je ne sais pas si c'est facile
d'application, mais je prends note de la suggestion.
M. Houde (Abitibi-Est): D'accord!
Le Président (M. Brisson): Le député
d'Outremont.
M. Choquette: Oui, M. le Président, j'aimerais que le
Solliciteur général...
M. Lalonde: J'aimerais terminer. M. Choquette: Oui.
M. Lalonde: Parce qu'il y a le crime économique, c'est
très difficile de faire des comparaisons avec le passé. Un
meurtre laisse un cadavre, même si, souvent, dans quelques cas, dans le
passé, on a vu qu'on essayait de le faire disparaître; un vol de
banque est tout de suite résolu. Il n'y a aucun problème de
dépistage, de définition du crime et du genre de crime qui est
commis.
Tandis que dans le cas du crime économique, c'est
différent. On commence à peine, depuis quelques années,
à se munir contre ce genre de crime. La constitution, par exemple, au
ministère de la Justice, du service de faillite et fraude, est une
indication justement au niveau de la Sûreté du Québec, au
niveau de la CUM, des escouades contre le crime économique sont mises
sur pied, sont bâties, voient une croissance plus grande.
Les inconvénients, les dommages créés à
la
société, par ce genre de crime économique, fraude,
sont considérables, mais ils sont plus difficiles à mesurer.
C'est dans cette direction, entre autres, que je pense que nous devons diriger
nos efforts. Nous allons, pour 1976/77, continuer les efforts qui ont
été faits dans le passé et les augmenter.
M. Choquette: Où trouve-t-on les principales statistiques
sur la criminalité?
M. Lalonde: Où cherche le député
d'Outremont?
M. Choquette: Pour se baser sur l'évolution de la
criminalité. Sur quelles statistiques se fonde le Solliciteur
général?
M. Lalonde: Sur les statistiques recueillies par la Commission de
police et la direction générale de la sécurité
publique qui sont disponibles de temps à autre. Nous les suivons
régulièrement. J'aurais aimé les avoir ici, mais je peux
les fournir, les déposer en Chambre.
M. Choquette: Est-ce que le Solliciteur général
pourrait le faire à brève échéance?
M. Lalonde: Oui. Celles qui sont disponibles.
M. Choquette: Lors d'une prochaine séance de la
commission.
M. Lalonde: Celles qui sont disponibles, naturellement, je
pourrais les...
M. Choquette: On ne demanderait pas au Solliciteur
général de les produire à la Chambre, mais lors d'une
prochaine session de la commission peut-être?
M. Lalonde: De la commission?
M. Choquette: De la Justice. M. Lalonde: S'il y en a
une.
M. Burns: II va y en avoir d'autres nécessairement.
Après vous, il y a encore la Justice.
M. Lalonde: Oui, mais la prochaine, je suis sûr qu'il va y
avoir des...
M. Burns: Ces choses ne sont pas dites méchamment.
M. Lalonde: ... prochaines séances de la Chambre plus
rapidement que des réunions de la commission peut-être.
M. Burns: II y en a une de prévue pour demain matin.
M. Lalonde: De la Justice?
M. Burns: Oui, si on terminait avec vous, on pourrait, demain,
commencer la Justice.
M. Lalonde: Ah bon! Cela pourrait être produit, justement,
oui. Je m'excuse. J'avais oublié cet aspect.
Industrie de la construction
M. Choquette: Dans le domaine de la construction, domaine qui a
donné lieu à la commission d'enquête sur l'exercice des
libertés syndicales, présidée par le juge Robert Cliche,
est-ce que le Solliciteur général pourrait nous donner une
idée de l'évolution des choses en ce qui a trait à
l'activité criminelle?
M. Lalonde: Toutes les plaintes qui devaient être
portées ont été portées en ce qui concerne
naturellement les suites de l'enquête Cliche. Pour ce qui concerne la
criminalité ou les activités criminelles dans le domaine de la
construction, je pense que les suites de la commission Cliche ont
été favorables. On n'a pas décelé de situations
aussi pourries qu'elles existaient il y a deux ans, et qui ont amené
justement l'institution de la commission Cliche.
Naturellement, tout le monde avait les yeux tournés vers le
chantier olympique et le chantier olympique a été pris en otage
dans une certaine mesure. Donc, en jugeant de la situation au chantier
olympique, on avait une bonne idée de l'état de la situation en
ce qui concerne...
M. Burns: Je m'excuse, M. le Président, on n'a pas
quorum.
M. Lalonde: Tiens, le "quorum " s'en vient. Le
Président (M. Brlsson): Alors, continuez.
M. Lalonde: Naturellement, ce n'est pas encore la situation
idéale. Lorsque le décret a été étendu, on a
vu le recommencement de certaines manoeuvres de sabotage. On a vu du sabotage.
Il est très difficile le député d'Outremont peut en
témoigner d'obtenir des preuves dans chaque cas. C'est d'ailleurs
une des raisons pour lesquelles la commission Cliche a été
instituée, étant donné que les moyens conventionnels ne
semblaient pas pouvoir remédier à la situation, mais celle-ci
semble meilleure qu'avant la commission Cliche.
M. Choquette: II y a eu un certain nombre de personnages qui ont
été mentionnés dans le rapport de la commission Cliche. Le
Solliciteur général pourrait-il nous dire si ces personnages ont
disparu complètement du domaine de la construction? Je parle, entre
autres, d'André Desjardins et d'autres personnes qui travaillaient avec
lui ou en collaboration avec lui et dont le cas a été
discuté spécifiquement par la commission Cliche. Leur
présence est-elle encore ressentie dans le domaine du syndicalisme de la
construction? Ont-ils encore de l'influence et quel est le jugement du
Solliciteur général sur la présence de ces gens?
M. Lalonde: II y en a encore plusieurs qui sont
autour... non pas de façon formelle qui nous permettrait, par
l'application des lois qui ont été adoptées après
la commission Cliche, de les exclure de certaines fonctions. Le
député d'Outremont mentionne André Desjardins. Sa
présence se fait sentir au sein même du local 144, même s'il
n'occupe pas formellement une fonction, un poste qui pourrait lui être
enlevé de par l'application de la loi.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse. On n'a pas quorum.
On a deux membres qui ne sont pas membres de la commission.
Pouvez-vous me dire, M. le Président, qui sont les membres de la
commission?
Le Président (M. Brisson): Oui. M. Burns est membre. M.
Choquette...
M. Burns: M. Choquette est membre.
Le Président (M. Brisson): ... est membre.
M. Burns: Cela fait deux.
Le Président (M. Brisson): M. Tremblay est membre.
M. Burns: Cela fait trois.
Le Président (M. Brisson): M. Pépin est membre.
M. Burns: M. Pépin est membre?
Le Président (M. Brisson): Oui, M. Pépin a
remplacé M. Levesque.
M. Burns: Quand ça?
Le Président (M. Brisson): Cet après-midi.
M. Burns: Ah oui?
Le Président (M. Brisson): Oui. Nous avions ajourné
nos travaux sine die. Donc, c'est une nouvelle séance.
M. Burns: Oui, mais quand? Je n'ai pas entendu cela.
Le Président (M. Brisson): Je l'ai dit au début
quand j'ai donné la liste des membres.
M. Burns: Etes-vous sûr?
Le Président (M. Brisson): Oui. A 16 h 31 exactement.
M. Burns: M. Brown est-il membre?
Le Président (M. Brisson): M. Brown n'est pas membre.
M. Burns: Alors, on n'a pas quorum.
Le Président (M. Brisson): Je ne sais pas. On n'a pas
été à la même école.
M. Burns: M. Houde (Abitibi-Est) est-il membre?
Le Président (M. Brisson): M. Houde (Abitibi-Est) est
membre. M. Springate est membre. M. Faucher est membre. M. Desjardins est
membre. Le ministre est membre.
M. Burns: M. Houde (Abitibi-Est) remplace qui?
Le Président (M. Brisson): M. Houde (Abitibi-Est) remplace
M. Bienvenue.
M. Burns: M. Bienvenue. D'accord.
Le Président (M. Brisson): Un, deux, trois, quatre, cinq,
six, sept, huit, neuf, dix et le quorum est de neuf.
M. Burns: D'accord, M. le Président. On va suivre
cela.
Le Président (M. Brisson): Le ministre. M. Lalonde:
Alors, j'avais...
M. Choquette: Y a-t-il d'autres personnes qui ont
été nommément mentionnées par la commission Cliche,
qui ont fait l'objet de commentaires et qui sont toujours impliquées
dans le milieu de la construction?
M. Lalonde: II y en a plusieurs.
M. Choquette: Le ministre peut-il en nommer?
M. Lalonde: Les nommer... Je voudrais quand même... Je ne
suis pas leur activité quotidiennement, à savoir s'ils sont
à un chantier aujourd'hui. Je pense qu'on considérera que la
question demanderait un examen précis, pour savoir si monsieur X ou Y
est actuellement à un chantier et occupe actuellement une fonction au
sein du syndicalisme dans la construction.
M. Choquette: Pas directement.
M. Lalonde: S'il a des noms, qu'il me les donne et je ferai
vérifier.
M. Choquette: Je ne veux pas dire au sein du syndicalisme, parce
qu'on sait que la loi 29 ou 30 a exclu un certain nombre de ces gens de
situations syndicales, mais je veux dire qu'ils ont une influence dans ce
milieu de travail et font I objet de surveillance par la
sûreté.
M. Lalonde: Naturellement, la Sûreté et les autres
corps de police effectuent... Par exemple, sur le chantier olympique, il y a un
système de sécurité assez élaboré, mais on
aimerait avoir des
noms pour savoir si M. Untel est sur le chantier, ce qu'il fait
là, si son influence est néfaste. Une dernière question
qu'il serait quand même assez difficile de circonscrire, à savoir
ce qu'est une influence néfaste.
M. Choquette: Juste une petite question, avant que le
député de Maisonneuve ne pose des questions pertinentes sur ce
sujet. Quel est l'effectif de la Sûreté qui est affecté
à la surveillance de ce type de criminalité qu'on a
constaté dans le domaine de la construction?
M. Lalonde: C'est le rôle de chaque policier de surveiller,
dans sa fonction de prévention et de solution des crimes, de voir
à faire ce genre de surveillance, mais est-ce qu'il serait
d'intérêt public de donner le nombre, par exemple, de l'effectif
qui spédifiquement s'occupe de surveillance, je ne le pense pas. C'est
un peu comme durant la guerre, on renonce à déclarer à
l'ennemi le nombre de nos forces.
M. Burns: Justement, c'est relié à la question du
député d'Outremont. Ce matin, je pense qu'on en était
rendu là, on est revenu là, on parlait des enquêtes
policières spécialisées au programme 17;
élément 2. Avec la réponse que m'a donnée le
ministre ce matin, je retrouve, dans la ventilation de ces crédits,
à la supercatégorie 11, $295 300 affectés à ce type
de dépense. On en a parlé, ce matin, relativement aux approches
qui ont été faites par le caporal Tremblay auprès d'un
journaliste du Star. Si j'ai bien compris la réponse du ministre, cela
veut dire que ce budget se retrouve au programme 17, élément 3,
catégorie 11. N'est-ce pas?
M. Lalonde: Oui.
M. Burns: Donc, je ne me trompe pas en disant que ce type
d'enquête est utilisé à raison de $295 300 à
l'intérieur...
M. Lalonde: Pas nécessairement. Cela comprend...
Infiltration d'organismes
M. Burns: C'est ce que je veux entendre du ministre. A quoi est
utilisée cette somme de $295 300, première question. La
deuxième, c'est: Est-ce que, effectivement, comme on en avait
discuté avec une certaine véhémence d'ailleurs, le
ministre de la Justice du temps et moi-même, il y a une partie de ce
budget qui va à l'infiltration d'organismes syndicaux tels que, par
exemple, les organismes syndicaux à la baie James, les organismes
syndicaux aux Jeux olympiques, dans le domaine de la construction?
M. Lalonde: La nature même des activités, qui sont
nécessaires par les forces policières pour les enquêtes
policières spécialisées, exige une certaine
confidentialité quant à l'emploi de certains fonds.
Naturellement, c'est clair que ces enquêtes policières
spécialisées impliquent des dépenses de $295 000 pour
1976/77. C'est inscrit. Maintenant, combien de cette somme est affecté
à la filature, combien est affecté à d'autres
activités, qui, de par la nature même des activités...
M. Burns: Ou à des informateurs.
M. Lalonde: Ou à des informateurs. Je pense que cela n'est
pas conforme à l'ordre public qu'on le révèle ici, par
exemple, ou publiquement d'une autre façon.
C'est justement la raison pour laquelle ces dépenses sont
autorisées de façon différente, de fayon spéciale
par la direction de la Sûreté et par le sous-ministre...
M. Burns: Je ne vous demande pas de me donner les noms des
personnes qui font de la filature ou qui s'infiltrent dans des organismes.
Vraiment, vous auriez raison.
M. Lalonde: Même donner des montants serait une indication
des sources...
M. Burns: J'ai le droit, comme député de
l'Opposition, de savoir ce que vous faites avec ces $295 300.
M. Lalonde: Oui, dans la mesure où c'est conforme à
l'intérêt public, que ça devienne une information...
M. Burns: Je ne veux pas que le monde se mette à penser
que vous mettez ça dans vos poches.
M. Lalonde: Non. M. Burns: Bon.
M. Lalonde: Je peux assurer le député d'Outremont
que des...
M. Burns: Pas d'Outremont, de Maisonneuve.
M. Lalonde: ...le député de Maisonneuve,
excusez-moi.
M. Burns: Oui.
M. Lalonde: Je ne veux pas insulter personne. M. Burns: Cela ne
m'insulte pas, remarquez. M. Lalonde: Non, non, j'ai dit personne.
M. Burns: Cela peut peut-être insulter le
député d'Outremont...
M. Choquette: Non, non, c'est un lapsus.
M. Lalonde: Non, je peux assurer le député de
Maisonneuve que des dispositions sont prises pour que chaque dépense
soit remboursée sur
preuve de dépenses et qu'elles sont remboursées sur
autorisation de la haute direction de la Sûreté et globalement sur
l'autorisation du sous-ministre de la Justice.
M. Burns: Les policiers je vais vous poser une question
plus directe alors qui infiltrent des organismes syndicaux, qui se
déguisent en travailleurs à toutes fins pratiques...
M. Lalonde: Je n'ai pas dit qu'il y avait des policiers...
M. Burns: Je vous dis qu'il y en a, vous le savez, à part
ça, qu'il y en a.
M. Lalonde: Ce n'est pas ce que j'ai dit, je n'ai pas dit qu'il y
en avait.
M. Burns: II n'y en a pas. C'est ce que vous me dites, qu'il n'y
en a pas?
M. Lalonde: Je n'ai pas dit qu'il y en avait. M. Burns:
Est-ce qu'il y en a? M. Lalonde: Maintenant... M. Burns:
Est-ce qu'il y en a?
M. Lalonde: ...c'est fort possible que, dans des activités
d'enquête, qu'il y ait...
M. Burns: M. le ministre, c'est la place où vous
devez...
M. Lalonde: La période d'information...
M. Burns: Bien oui, c'est ça.
M. Lalonde: ...et de renseignement...
M. Burns: Laissez-moi terminer ma question et vous allez savoir
si vous devez répondre ou non.
M. Lalonde: ...sur des mouvements qui peuvent affecter la
sécurité publique. Mais quand même...
M. Burns: Je vous pose cette question-ci, les policiers qui
infiltrent les organismes syndicaux, d'accord? Est-ce qu'ils sont inscrits
à ce budget ou aux salaires tout simplement qui sont affectés aux
traitements qui relèvent de la Sûreté du Québec?
M. Lalonde: Je ne réponds pas à la question tel que
posée, mais je vais dire simplement que ces sommes ne couvrent pas les
salaires des effectifs qui pourraient être affectés à des
enquêtes policières spécialisées.
M. Burns: Moi, je suis policier provincial... M. Lalonde:
Ce sont des dépenses...
M. Burns: ...et on m'affecte à infiltrer le syndicat de la
construction à telle place, devenir membre. Je suis
particulièrement bon comme menuisier, je rentre là, j'obtiens ma
carte avec toutes les contorsions que ça présente dans les
circonstances actuelles, mon salaire n'est pas à "Autres
dépenses". C'est ça?
M. Lalonde: Je pense que le député de Maisonneuve
fait de la spéculation.
M. Burns: Non.
M. Lalonde: Ce que je vais lui dire, c'est que...
M. Burns: Je ne pense pas.
M. Lalonde: ...dans les $295 000, si vous êtes policier
à la Sûreté du Québec, affecté à une
filature lors d'une enquête sur un crime, et que vous devez utiliser une
automobile ou bien faire le plein, au lieu de montrer votre carte de la
Sûreté du Québec, pour conserver votre anonymat, vous allez
payer comptant et on va vous rembourser à même ces fonds, c'est ce
genre de dépenses. Ce ne sont pas les effectifs.
M. Burns: Si à la baie James, par exemple, d'accord?
M. Lalonde: Hum, hum!
M. Burns: ...si à la baie James ou sur les chantiers
olympiques, il y a des policiers qui sont là apparemment à titre
de travailleurs...
M. Lalonde: C'est une question hypothétique.
M. Burns: Je vais vous la poser directement. Il y a des policiers
sur les chantiers olympiques et il y a des policiers sur les chantiers de la
baie James...
M. Lalonde: A titre de policiers.
M. Burns: ...qui sont déguisés en travailleurs.
M. Lalonde: Je ne pense pas.
M. Burns: Vous ne pensez pas? Non? M. Lalonde: S'il y en
a...
M. Burns: II n'y en avait pas.
M. Lalonde: ...ce n'est pas de la Sûreté.
M. Burns: II n'y en a pas. Vous me dites qu'il n'y a pas de
policier...
M. Lalonde: S'il y en a, ce n'est pas de la
Sûreté...
M. Burns: ... à la baie James...
M. Lalonde: ...à ce moment-ci, pas que je sache.
M. Burns: II n'y en a pas. Est-ce qu'il y en a déjà
eu?
M. Lalonde: Je ne pense pas, mais je ne le sais pas.
M. Burns: Dans le temps du fameux désastre LG 2, est-ce
qu'il y en avait?
M. Lalonde: Peut-être que s'il y en avait eu,
l'événement de LG 2 ne serait pas survenu.
M. Burns: Non. Imaginez-vous donc que non.
M. Lalonde: Dans le système syndical actuel, c'est
à peu près impossible d'infiltrer, à titre de
policier...
M. Burns: Impossible?
M. Lalonde: C'est extrêmement difficile.
M. Burns: II n'y a pas de policiers sur les lieux, à la
baie James, en tant que travailleurs et il n'y a pas de policiers sur les
chantiers olympiques, en tant que travailleurs. C'est cela que vous me dites?
Mettez-vous votre siège en jeu là-dessus?
M. Lalonde: Les informations que j'ai sont à l'effet
que...
M. Burns: Mettez-vous votre siège en jeu
là-dessus?
M. Lalonde: Selon les renseignements que je possède, la
réponse est négative.
M. Burns: Vous ne mettez pas votre siège en jeu
là-dessus?
M. Lalonde: Ecoutez. Il faut quand même que je me
fie...
M. Burns: Si je vous prouve le contraire, est-ce que vous
démissionnez, comme député?
M. Lalonde: Non.
M. Burns: Non, hein?
M. Lalonde: Ecoutez, il faut quand même...
M. Burns: Vous faites bien en maudit, à part cela.
M. Lalonde: II faut quand même que je me fie aux
informations qu'on me donne.
M. Burns: Vous faites bien, parce que vous ne seriez pas capable
de maintenir une telle promesse ici. Je vous la pose avec le plus grand calme
possible. Je veux savoir si les policiers...
M. Lalonde: II y a peut-être des anciens policiers qui
sont...
M. Burns: Je ne vous parle pas d'anciens policiers. Je vous parle
des gens qui sont des policiers actuels.
M. Lalonde: Des policiers de la Sûreté?
M. Burns: Des policiers de la Sûreté du
Québec.
M. Choquette: Des policiers avec une barbe, par exemple.
M. Burns: Des policiers avec barbe, des policiers gauchistes, des
policiers en jeans, des policiers avec des chandails déchirés
et...
M. Tremblay: Des policiers avec une carte de membre du PQ.
M. Burns: Oui, c'est vrai. Des policiers secrétaires d'une
association du PQ.
M. Lalonde: Je laisse aller le député de
Maisonneuve...
M. Burns: Non, non.
M. Lalonde: II nous a fait un beau roman.
M. Burns: Ce n'est pas un roman.
M. Lalonde: Quelle est la conclusion du roman. C'est de la
littérature. Vous lisez trop de journaux.
M. Burns: Non. M. Lalonde: Oui.
M. Burns: Je ne lis même pas les journaux pour vous dire
cela.
M. Lalonde: Je ne sais pas quels livres vous lisez.
M. Burns: J'ai des oreilles.
M. Lalonde: Ce ne sont pas les mêmes que les miens.
M. Burns: D'accord.
M. Choquette: Savez-vous ce que les gens vont conclure de vos
propos? Ils vont conclure qu'on est mal protégé par le
Solliciteur général actuel.
M. Lalonde: Est-ce que le député d Outremont veut
suggérer qu'il y en avait dans son temps?
M. Choquette: Je n'ai rien dit Mais ils vont conclure de vos
propos qu'on est très mal protégé actuellement.
M. Lalonde: Je ne dis pas qu'il n'y aurait pas lieu d'en faire
éventuellement.
M. Choquette: Ah bon! M. Burns: Ah!
M. Lalonde: Au besoin. Il ne faut pas fermer les portes...
M. Burns: Ce n'est pas cela. Je veux savoir, de la part du
ministre, si oui ou non, cela se fait ces choses-là?
M. Lalonde: Les informations que j'ai, au moment où on se
parle, cela ne se fait pas.
M. Burns: Les représentations qui ont été
faites, récemment, par le Conseil central des syndicats nationaux,
à Montréal, c'était inexact, qu'on ait découvert,
à un moment donné, un policier de la GRC? Je sais bien que cela
ne relève pas de vous.
M. Lalonde: Ah bon!
M. Burns: Non, je sais bien que cela ne relève pas de
vous. C'était inexact ou...
M. Lalonde: Je ne sais pas. Si on parle de la GRC, je ne l'ai pas
sous mon aile.
M. Burns: II n'y a pas de problème là. Dans le cas
de la Sûreté du Québec, cela n'existe pas. C'est cela que
vous me dites?
M. Lalonde: C'est ce que je vous dis, c'est ce qu'on me dit,
c'est ce que je vous rapporte.
M. Burns: Cela n'existe pas?
M. Lalonde: Au moment où on se parle...
M. Burns: II n'y avait pas de policiers déguisés en
travailleurs à LG 2 lorsque les troubles ont eu lieu?
M. Lalonde: Vous parlez d'un temps où je n'étais
pas ici.
M. Burns: Ecoutez, je vous pose des questions comme
celles-là. Il n'y a pas, actuellement, sur les chantiers olympiques,
à Montréal, et dans le beau comté de Maisonneuve, il n'y
avait pas, à ce moment-là, et il n'y a pas, actuellement, de
policiers déguisés en travailleurs? Il n'y en a pas?
M. Lalonde: Cela fait combien de fois que je dis non, M. le
Président.
M. Burns: Vous me dites non.
M. Lalonde: Je ne sais pas combien de fois il va falloir que je
le dise. Peut-être qu'on aurait dû en avoir.
M. Burns: Bon!
M. Lalonde: Mais c'est un autre temps avant moi. Je ne veux pas
faire de reproches à mon prédécesseur.
M. Burns: Mais je parle de maintenant.
M. Lalonde: II n'y en avait pas et on a vu ce qui est
arrivé.
M. Burns: Actuellement, il n'y en a pas?
M. Lalonde: Cela fait combien de fois que je vous dis non; il n'y
en a pas.
M. Burns: II n'y en a pas, actuellement. M. Lalonde:
Actuellement, il n'y en a pas.
M. Burns: Je ne vous parle pas des informations que vous avez. Je
vous demande de prendre les informations.
M. Lalonde: Mes renseignements sont quand même de bonne
source. J'ai le directeur de la Sûreté assis à mes
côtés, qui me confirme le fait.
M. Burns: Et vous prenez à votre charge, ce
renseignement?
M. Lalonde: M le faut. M. Burns: D'accord.
M. Lalonde: Est-ce que vous préféreriez que je
croie le député de Maisonneuve? Je suis bien prêt à
le croire, mais il faudrait peut-être mettre en doute ses sources de
renseignement.
M. Burns: D'accord. On va laisser cela là pour le
moment.
Les autres dépenses à la supercatégorie 11 de
l'élément 2. Dans les $295 000, on a découvert,
jusqu'à maintenant, des informateurs. Qu'est-ce qu'il y a à part
cela?
M. Lalonde: II y a toutes sortes d'activités de
surveillance, comme je vous ai dit tantôt, des dépenses qui ne
peuvent pas passer par les voies normales de remboursement, des
activités de mise en place, de moyens d'écoute
électronique qui sont autorisés par les autorités
judiciaires, suivant la loi. C'est à peu près ce genre de
dépenses.
M. Burns: D'accord.
M. Lalonde: Dans les cas de filature, par exemple, les
automobiles...
M. Burns: Filatures spéciales.
M. Lalonde: ... qu'on doit louer à des... Cela coûte
assez cher. Des locaux qu'on doit louer pour faire certaines surveillances.
M. Burns: Dans le domaine de l'écoute
électronique...
M. Lalonde: Pas seulement dans le cas men-
tionné ou dans le cadre mentionné par le
député de Maisonneuve, dans le crime conventionnel.
M. Burns: Oui.
M. Lalonde: Quand on a une surveillance sur des groupes, des
suspects, pour un vol de banque, il faut prendre certains moyens très
confidentiels. C'est pour cela que ces dépenses sont remboursées
de la même façon.
M. Burns: Tout cela, vous ne pouvez pas nous ventiler cet
élément.
M. Lalonde: Je ne pense pas que ce soit conforme à
l'intérêt public...
M. Burns: Est-ce que vous ne pourriez pas...
M. Lalonde: ... jque je dise combien exactement... D'ailleurs, on
a le montant global. Ce ne sont pas des millions.
Ecoute électronique
M. Burns: L'écoute électronique, par exemple, dans
cela, coûte combien?
M. Lalonde: Je ne pense pas que ce soit énorme, mais,
encore là, j'aimerais mieux ne pas donner plus de détails. Je
pense que le député de Maisonneuve va comprendre que, si ces
dépenses sont faites de façon confidentielle, pour la meilleure
administration de la justice, on doit, à un moment donné,
s'abstenir de donner des chiffres.
M. Burns: D'accord. Si je vous posais une question directe comme
celle-ci: Au moment où je vous parle, c'est-à-dire à 17 h
43, le 9 juin 1976, est-ce que vous êtes en mesure de me dire combien de
personnes sont sujettes à l'écoute électronique
actuellement, sous la juridiction de la Sûreté du Québec?
Je ne parle même pas de la CUM et je ne vous parle même pas de la
GRC. Est-ce que vous êtes en mesure de me dire cela, actuellement,
à cette heure-ci?
M. Lalonde: En fait, je pourrais vous dire le nombre. Je ne suis
pas sûr que ce soit encore là une indication...
M. Burns: Pas plus que les personnes qui sont visitées
dont je vous parlais ce matin.
M. Lalonde: Qu'il y en ait 75 ou 150...
M. Burns: II va peut-être y en avoir 300 ce soir.
M. Lalonde: ... il va peut-être y en avoir 300 ce soir. Si
je vous dis, au moment où on se parle...
M. Burns: Je vous donne une chance, parce que vous ne risquez pas
de me mentir. Je vous dis...
M. Lalonde: Quoique...
M. Burns: II y a une minute qui s'est passée depuis ce
temps.
M. Lalonde: Non, mais peut-être qu'à 5 heures, il y
en a deux qui se sont terminées et qu'il y en a trois autres qui ont
commencé.
M. Burns: Mais, actuellement, c'est de quel ordre, les personnes
qui sont écoutées? C'est de quel ordre, l'importance de cela?
M. Lalonde: Ce n'est pas énorme.
M. Burns: Pis encore comme disait l'autre, pis encore comme
disait mon grand-père?
M. Lalonde: Ce n'est pas énorme. C'est sûrement
en-deça de la vingtaine.
M. Burns: En-deça de la vingtaine.
M. Lalonde: Nous n'avons pas de quoi fouetter un chat.
M. Burns: Par la Sûreté du Québec.
M. Lalonde: Par la Sûreté du Québec.
Naturellement, il y a d'autres corps policiers.
M. Burns: II y a évidemment les autres corps policiers, en
particulier la CUM...
M. Lalonde: La CUM et la GRC.
M. Burns: ... et la GRC. Est-ce que...
M. Choquette: Mais qui tombent sous la juridiction du Solliciteur
général. Je tiens à l'affirmer à ce moment-ci, pour
les fins d'écoute électronique.
M. Burns: C'est cela.
M. Choquette: II ne faudrait pas que le Solliciteur
général trouve une autre façon de se défiler devant
les questions de mon collègue.
M. Burns: C'est cela.
M. Lalonde: Je n'ai pas répondu, parce que je n'ai pas
simplement la statistique.
M. Choquette: Oui, mais est-ce que les règlements ne sont
pas les mêmes que ceux qui avaient été adoptés
à l'époque?
M. Lalonde: Ils sont absolument mêmes. M. Choquette:
Ils n'ont pas été changés.
M. Lalonde: Les autorisations sont faites par les mêmes
personnes, sauf peut-être que c'était M. François Tremblay,
je pense, qui les faisait avant que j'arrive. Depuis qu'il est au
ministère, il a été remplacé à
Québec. A Montréal, c'est la même personne qui est
autorisée. Je n'ai pas les statisti-
ques actuellement. Le Code criminel, comme vous le savez, exige le
dépôt d'un rapport que j'ai déposé, qui contient des
statistiques globales. Alors, cela donne une bonne idée de l'usage qu'on
fait de ce moyen d'enquête.
M. Burns: D'accord. Actuellement, c'est une vingtaine de
personnes qui font l'objet de l'écoute électronique?
M. Lalonde: Quand je dis les cas, les projets, cela peut
être plusieurs personnes pour un projet, parce que, quand même,
quand des personnes se parlent, il y en a au moins deux.
M. Burns: Oui, mais je veux dire qu'il y a quand même une
ligne chaque fois qui est tapée, ou il y a quand même un bureau
qui est tapé. C'est de cela qu'on parle, on ne se contera pas
d'histoire.
M. Lalonde: II y en a d'autres cas des résidences, une
ligne, un bureau ou une résidence.
M. Burns: C'est cela. C'est dans ce style.
M. Lalonde: C'est dans cet ordre de grandeur.
M. Burns: Quand vous me dites 20, cela veut dire...
M. Lalonde: J'ai dit en deçà de 20.
M. Burns: En deçà de 20, pour la
Sûreté du Québec. Pas au delà. Est-ce que vous
êtes au courant pour les autres corps policiers?
M. Lalonde: Je pourrais obtenir les chiffres, mais si on fait le
simple examen du rapport que j'ai déposé pour l'année
dernière, cela donne une idée que ce n'est pas par centaines que
chaque corps policier emploie ce moyen, c'est parce que c'est un moyen
exceptionnel qui demande une autorisation judiciaire.
M. Choquette: J'ai le rapport du Solliciteur
général ici au cas où il ne l'aurait pas. Au cours de
l'année dernière, il y a eu 204 demandes de faites et 204
demandes acceptées.
M. Lalonde: Oui. Alors, ce n'est pas par centaines que chaque
corps policier le fait.
M. Burns: Dans ces demandes, dans combien de cas a-t-on
avisé au bout de 90 jours, les personnes contre qui il n'y avait pas de
plainte de portée? Quels avaient été les objets de
l'écoute électronique?
M. Lalonde: Les statistiques sont là. Naturellement,
lorsque l'avis est donné au bout de 90 jours, il n'y a pas de permission
renouvelée; a ce moment, dans chaque cas, l'avis est donné. Dans
certains cas, il y a une autorisation de renouvelée.
M. Burns: De renouvelée. A ce moment, l'avis n'est pas
donné.
M. Lalonde: A ce moment, l'avis n'est pas donné. L'avis
est donné plus tard.
M. Burns: Oui. Est-ce que...
M. Lalonde: II y a des amendements qui sont actuellement à
la Chambre des communes qui sont...
M. Choquette: Est-ce que le Solliciteur général a
fait des représentations aux autorités fédérales
relativement aux amendements qui sont actuellement projetés à la
Loi concernant l'écoute électronique?
M. Lalonde: Oui.
M. Choquette: Dans quel sens ont été faites ces
représentations?
M. Lalonde: Pour améliorer le système. J aimerais
avoir la lettre que j'ai écrite encore tout récemment, appuyant
certaines dispositions qui sont proposées à la Chambre des
communes à Ottawa, l'avis de 90 jours, par exemple, qui nous
apparaît, en fait, inutile dans certains cas.
M. Burns: Inutile? Inutile, qu'il a dit? J'ai bien compris?
M. Laionde: II y avait une restriction dans la preuve qu'on
pouvait... Il y avait jusqu'à maintenant nous avons appuyé
ce changement une restriction quant à l'utilisation de la preuve
recueillie qui ne pouvait servir que pour le crime spécifique pour
lequel l'autorisation avait été demandée. Cela a
été élargi. Nous avons appuyé cet
élargissement.
M. Choquette: Dans quel sens avez-vous
suggéré...
M. Lalonde: Dans le sens qu'on pourrait se servir de cette preuve
pour d'autres crimes qui sont découverts au moment de la cueillette de
l'information...
M. Choquette: Pour le crime visé?
M. Lalonde: Pour un crime qui n'a pas été
visé lors de la demande, mais qui est découvert par la suite.
M. Choquette: Est-ce que le Solliciteur général
pourrait être plus précis? J'ai de la difficulté a saisir
sa pensée avec toutes les nuances qu'il y introduit.
M. Lalonde: Admettons qu'on demande une autorisation à
loccasion... D'abord, il y a eu un élargissement aussi des crimes pour
lesquels
l'écoute électronique pouvait être demandée.
Nous avons appuyé ce changement. Il y a aussi...
M. Burns: II n'y a pas encore d'élargissement. Il y a un
projet.
M. Lalonde: II y a un projet. M. Burns: D'accord!
M. Lalonde: Mais je veux dire que nous avons appuyé... La
question est de savoir quelle représentation nous avions faite. De plus,
lorsqu'à l'occasion d'une écoute électronique on
recueillait des informations qui pouvaient servir de preuve pour la commission
d'un crime autre que celui qui avait servi à l'obtention...
M. Choquette: Cela a toujours été permissible de se
servir de cette preuve pour procéder en justice.
M. Lalonde: Non, il y a eu de la jurisprudence dans le sens
inverse en Ontario et qui menaçait de faire obstacle à ce genre
de tentative devant nos cours, à savoir que si on offrait les
renseignements recueillis par l'écoute électronique en preuve
d'un autre crime que celui qui avait servi à l'obtention de
l'autorisation, cela aurait pu être refusé, comme cela l'a
été en Ontario. Cela va être clarifié par les
amendements. Nous avons appuyé cette demande.
M. Burns: Est-ce que le ministre...
M. Choquette: Est-ce qu'il y a eu d'autres suggestions faites par
le Solliciteur général?
M. Lalonde: C'est un autre amendement qui rétablit la
règle de la "common law", c'est-à-dire qu'une preuve qui est
recueillie, même illégalement, puisse servir. Jusqu'à
maintenant, s'il y avait un vice de forme, par exemple, qui rendait la
légalité sujette à des doutes, la légalité
de la cueillette d'informations par voie d'écoute électronique,
on ne pouvait pas se servir de cette preuve.
M. Burns: C'est un amendement que vous suggérez?
M. Lalonde: Que nous avons appuyé. Bien,
c'est-à-dire, nous avons suggéré... Il y a plusieurs
suggestions qui ont été faites à différentes
étapes lors des conférences fédérales-provinciales,
entre autres. Au cours des dernières auxquelles j'ai participé,
cette question a été discutée à plusieurs reprises
et nous avons suggéré et appuyé un certain nombre
non seulement nous; d'autres provinces l'ont fait cette...
M. Burns: Vous savez jusqu'où cela peut vous mener, ce
genre d amendement...
M. Lalonde: Oui.
M. Burns: ... que vous appuyez?
M. Lalonde: Cela peut nous mener, par exemple, à pouvoir
faire la preuve d'un meurtre.
M. Burns: Cela peut vous amener aussi à faire, de
façon illégale et en commettant des actes criminels, des
preuves.
M. Lalonde: On sait très bien... Comme dans... M.
Burns: Exemple: des effractions à l'APLQ.
M. Lalonde: La règle de la "common law" existe depuis
toujours...
M. Burns: Oui.
M. Lalonde: ... c'est-à-dire que, quelle que soit la
légalité de l'obtention de la preuve, une fois qu'on a la preuve,
on puisse s'en servir en cour pour faire condamner un...
M. Burns: Vous voulez nous faire rétrograder
là-dessus?
M. Lalonde: Non. Cette règle existe pour toutes sortes de
preuves et de quelque façon qu'elle soit obtenue sauf qu'elle n'existait
pas et qu'elle n'était pas applicable dans le cas de l'écoute
électronique.
M. Burns: Vous savez ce que cela veut dire, M. le Solliciteur
général.
M. Lalonde: J'aimerais terminer. M. Burns: C'est
effrayant.
M. Lalonde: On établit pour l'écoute
électronique la même règle de la "common law" qui existe
pour toute autre façon d'obtenir des preuves.
M. Burns: Mais vous savez ce que cela veut dire? Cela veut dire
aller "bugger" un bureau d'avocat qui rencontre un client. Cela s'est fait dans
le passé. Cela s'est fait. Cela veut dire aller "taper"
littéralement un bureau d'avocat qui a quand même droit à
des conversations privilégiées, s'il vous plaît, avec ses
clients. Autrement, changez tout l'esprit du droit criminel. Changez tout cela.
C'est le minimum de confiance qu'un client a le droit d'avoir avec son avocat,
d'être en paix pour pouvoir parler strictement à lui.
M. Lalonde: Oui, mais il faut quand même considérer
que les nouvelles dispositions qui sont dans le Code criminel pour
protéger justement la...
M. Burns: ... confidentialité... M. Lalonde: ...
confidentialité...
M. Burns: Bien oui. Cela serait une preuve illégale que
vous obtiendriez à ce moment.
M. Lalonde: Oui, mais ces dispositions sont de nature à
protéger justement...
M. Burns: Jos. Bleau viendrait me voir comme avocat et me dirait:
Oui, c'est moi qui ai tué le gars, sauf que les circonstances, c'est
comme cela.
M. Lalonde: Si une preuve...
M. Burns: II n'est pas obligé d'arriver devant la cour et
de dire: C'est vrai, c'est moi qui l'ai tué.
M. Lalonde: ...parvient à la police ou au ministère
de la Justice, par une voie qui n'est pas légale, pas
nécessairement parce que c'est le résultat de la commission d'un
crime, la "common law", actuellement, prévoit que le ministère de
la Justice peut se servir de cette preuve pour faire condamner quelqu'un. Il
s'agit simplement de rétablir cette règle de la "common law "
à la preuve recueillie par ce procédé
électronique.
M. Choquette: Je ne suis pas sûr que ce point de vue ait
été retenu par le législateur fédéral,
même dans le projet qui est actuellement étudié par la
Chambre des communes. Je pense que le Solliciteur général
déforme la portée des amendements proposés par le
gouvernement fédéral.
M. Lalonde: Non. On m'a demandé...
M. Choquette: Je ne pense pas que les amendements
suggérés au Code criminel actuel vont aussi loin que le
Solliciteur général le dit.
M. Lalonde: La question était de savoir quelles
suggestions nous avions faites ou appuyées. Ce sont celles-là, de
mémoire. J'en oublie peut-être une ou deux moins importantes.
Est-ce que, depuis lors, le fédéral s'est ravisé et a
changé son projet? Est-ce qu'il a retiré de son projet
récemment des éléments qui ne seraient pas de ma
connaissance? Naturellement, il faudrait voir ce qui arrive à ce sujet
au jour le jour, mais la question était de savoir l'état de la
situation, et, en ce qui concerne le Québec, ce que nous avons fait, ce
que nous avons appuyé. Et voilà.
M. Burns: Est-ce qu'actuellement, M. le ministre, il y a des
organismes politiques ou des hommes politiques qui font l'objet d'une
écoute électronique?
M. Lalonde: Les organismes ou les personnes qui font l'objet
d'écoute électronique font partie des informations
confidentielles, qu'ils soient politiques ou autres.
M. Burns: Est-ce qu'il y a des hommes politiques ou des
organismes politiques qui font actuellement l'objet d'écoute
électronique?
M. Lalonde: Je viens de répondre que c'est une information
confidentielle.
M. Choquette: Dans ces cas-là, est-ce que cela requiert
l'autorisation personnelle du Solliciteur général?
M. Lalonde: De la même façon que cela l'exigeait
lorsque je suis arrivé au ministère. Je crois que la règle
qui avait été édictée à ce moment est une
règle administrative. Ce n'est pas requis par la loi. Cela affectait les
juges, les avocats, les députés, les sous-ministres.
M. Choquette: Les professionnels aussi.
M. Lalonde: Les avocats, les professionnels.
M. Choquette: Ceux qui bénéficient du secret
professionnel.
M. Lalonde: Du secret professionnel aussi.
M. Burns: Est-ce qu'il ne s'agit pas de quelque chose qui
échappe à votre contrôle si jamais ça provient du
fédéral, le désir de faire de l'écoute
électronique auprès de ce type de personnes? Et si oui, qu est-ce
que vous avez fait pour parer à ça?
M. Lalonde: Ils doivent passer par nous, sauf dans les cas qui
concernent la sécurité d'Etat, les statuts fédéraux
et la Loi des secrets officiels.
M. Burns: Est-ce que depuis le 30 juin 1975, votre bureau a
été appelé à donner de telles autorisations?
M. Lalonde: Répondre à cette question serait
justement faire indirectement ce que je ne peux pas faire directement,
c'est-à-dire révéler l'identité des personnes qui
sont...
M. Burns: Je ne vous demande pas l'identité, je vous
demande si ça existe.
M. Lalonde: En me demandant si ça existe, vous me demandez
de révéler justement l'identité, peut-être pas
précise, mais par catégorie des personnes qui pourraient faire
l'objet d écoute électronique.
M. Burns: Si vous ne voulez pas me répondre, je suis
obligé de conclure que cela eut lieu.
M. Lalonde: Pas nécessairement. Il ne faut conclure ni
positivement ni négativement...
M. Burns: Non, parce que si vous me disiez carrément que
cela n'a pas eu lieu, je dirais, bon, il n'y a pas de problème.
M. Lalonde: II ne faut conclure ni négativement ni
positivement du fait que je ne peux pas... je demande au député
de Maisonneuve de reconnaître que je suis lié par mon secret, moi
aussi.
M. Burns: C'est parce qu'on est encore dans un domaine
très très intime. On est dans le domaine de la liberté
individuelle, dans le domaine des droits civils des personnes et c'est de
ça qu'on parle.
M. Lalonde: Oui, mais...
M. Burns: Ce n'est pas pour faire des farces que je vous parle de
ça.
M. Lalonde: Je sais, d'ailleurs nous traitons ça avec
beaucoup de sérieux. Toutes les procédures sont établies
de façon très claire, elles n'ont pas été
changées depuis que je suis arrivé, je le dis au
bénéfice du député d'Outremont qui me posait une
question en ce sens tantôt. Elles sont appliquées avec beaucoup de
sérieux et j'ai raison de croire que les corps policiers qui
relèvent directement ou indirectement de l'autorité provinciale
dans l'exercice de leurs fonctions se plient aux exigences de la loi en ce qui
concerne l'écoute électronique.
M. Burns: Je pense qu'il est six heures, M. le
Président.
Le Président (M. Brisson): Est-ce qu'on peut
considérer le programme 17 comme adopté?
M. Burns: Non, M. le Président. M. Choquette:
Non.
Le Président (M. Brisson): La commission ajourne ses
travaux jusqu'à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 2)