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Commission permanente de la justice
Etude des crédits du ministère de la
Justice
Séance du jeudi 10 juin 1976 (Dix heures quinze minutes)
M. Brisson (président de la commission permanente de la
justice): A l'ordre, messieurs! La commission se réunit à
nouveau afin d'étudier les crédits budgétaires du
ministère de la Justice. Les membres de la commission sont les suivants:
M. Bédard (Chicoutimi), M. Bellemare (Johnson); M. Bacon
(Trois-Rivières) remplace M. Bienvenue (Crémazie); M. Burns
(Maisonneuve); M. Faucher (Nicolet) remplace M. Ciaccia (Mont-Royal); M.
Choquette (Outremont), M. Desjardins (Louis-Hébert), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Levesque (Bonaventure); M. Dionne
(Mégantic-Compton) remplace M. Pagé (Portneuf); M. Perreault
(L'Assomption), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate (Sainte-Anne), M.
Sylvain (Beauce-Nord) et M. Tremblay (Iberville) remplace M. Tardif
(Anjou).
Je constate que nous avons quorum. La séance débute. Le
programme 17 est-il adopté?
M. Burns: Non, M. le Président. Le Président (M.
Brisson): Question?
Ecoute électronique (suite)
M. Burns: Hier, on en était à parler de
l'écoute électronique, de la protection de la
société, des citoyens et de leurs biens. Le ministre nous avait
dit, à ce moment-là, qu'il était en mesure de nous assurer
qu'aucun organisme politique ou homme politique n'était l'objet
d'écoute électronique. C'est cela?
M. Lalonde: Non, je ne le pense pas, M. le Président.
J'espère que la mémoire ne fait pas défaut au
député de Maisonneuve!
M. Burns: La nuit porte conseil!
M. Lalonde: C'est une bonne tentative, le lendemain matin,
mais...
M. Burns: Cela relance la discussion!
M. Lalonde: ... je pense que je suis réveillé, M.
le Président! Non, j'ai invoqué l'obligation que j'ai de tenir
des informations confidentielles pour n'indiquer ni d'une façon ni d'une
autre si des organismes étaient ou n'étaient pas l'objet
d'écoute électronique. Je pense que c'est la réponse que
j'ai donnée.
M. Burns: Alors, vous n'êtes pas en mesure de faire une
affirmation telle que votre prédécesseur...
M. Lalonde: Non. D'ailleurs, ce n'est pas...
M. Burns: ... l'avait faite. Je pense que M. Choquette, dans le
temps où il était Procureur général du
Québec, avait assuré, à l'époque où je lui
avais posé la question, qu'il n'y avait aucun organisme politique et
homme politique qui étaient l'objet d'écoute électronique
et que, si jamais tel était le cas, ce n'était qu'à la
suite de son autorisation personelle que cela arriverait.
M. Lalonde: La question de l'autorisation demeure la même.
J'ai conservé les mêmes règles de pratique. C'est
simplement une question de politique administrative interne, à savoir
que le ministre autorise certaines demandes particulières qui concernent
les juges, ceux qui sont liés par le secret professionnel et les
députés.
Cela demeure la même chose.
Maintenant, dans un contexte différent, si je croyais que pour
mieux servir l'intérêt public il y aurait lieu de rassurer un
groupe de gens ou de personnes en particulier, peut-être que je pourrais
le faire, mais actuellement, je ne pense pas que ce soit le cas.
Sécurité policière aux Jeux
olympiques
M. Burns: Bon, je vois bien que le ministre ne peut pas aller
beaucoup plus loin là-dessus.
Mais toujours dans le programme Protection de la société,
des citoyens et de leurs biens, dans le Journal de Québec, ce matin, il
y a un article qui s'intitule "L'armée surveille déjà la
frontière". On mentionne que, depuis lundi dernier, le plan
d'opération pour la sécurité des Jeux olympiques est en
branle. Comme 5650 militaires sont désignés pour appuyer la GRC,
la SQ, la CUM, il faut s'attendre à voir plusieurs soldats à
Montréal et aux endroits périphériques où se
tiendront les compétitions. Est-ce que le Solliciteur
général a eu quelque chose à faire dans la planification
de l'utilisation de ces militaires, qu'on voit d'ailleurs sur la
Transcanadienne? Je ne sais pas si ce sont ceux-là, je ne sais pas si ce
sont les mêmes, mais quand on revient de Montréal ou qu'on s'en va
de Québec, on voit, depuis une semaine, de nombreux camions qui se
dirigent vers Montréal.
M. Lalonde: Je ne pourrais pas dire à propos des camions
si ce sont des équipements impliqués dans la
sécurité olympique, mais pour la participation des forces
armées à la sécurité olympique, on a sûrement
eu quelque chose à voir là-dedans. Le sous-ministre en titre est
président du comité supérieur qui est responsable de toute
la sécurité olympique, et la participation de chaque corps
policier, y compris les forces armées, relève en
définitive de ce comité.
M. Burns: Et ce comité est formé de...?
M. Lalonde: C'est le comité supérieur qui est
formé du sous-ministre de la Justice, du sous-ministre du Solliciteur
général fédéral, du prési-
dent du Conseil de sécurité de Montréal, du
commissaire général, M. Rousseau, et de M. Allan Russel qui est
aussi, je crois, sous-ministre du Solliciteur général en
Ontario.
Toute la coordination est sous l'autorité ultime de ce
comité et la participation... Qui fait quoi? Par exemple, quel est le
rôle de la GRC? Celui de la CUM, par exemple, est de droit le corps
policier le plus impliqué étant donné que c'est sur le
territoire de la CUM que la majorité des événements vont
avoir lieu, que la majorité des visiteurs seront logés. La
Sûreté du Québec a un rôle à jouer, la GRC et
les forces armées. Dans ce sens, oui, nous avons eu quelque chose
à voir avec la participation de l'armée dans la
sécurité olympique.
M. Burns: Dans le même article que je vous citais, du
Journal de Québec, on nous dit que la semaine prochaine une autre phase
de ce plan de sécurité à caractère
préventif, sera en activité. Cette fois, on verra policiers et
militaires exercer une surveillance accrue des aéroports canadiens.
C'est exact?
M. Lalonde: C'est exact qu'au niveau des points d'entrée
aéroports ou frontières, la surveillance est plus
précieuse. Ce n'est pas seulement depuis cette semaine, cela a
commencé il y a plusieurs mois. On s'en est aperçu, d'ailleurs;
plusieurs m'en ont parlé lorsqu'ils sont arrivés de
l'extérieur du pays. C'est en vue d'éviter que des fauteurs de
troubles, étrangers surtout, profitent de la tenue des Olympiques pour
créer des situations de crise, des situations de crime.
M. Burns: Est-ce que le comité de coordination, auquel
vous avez fait référence il y a quelques minutes, a établi
des critères ou si les critères ont été
établis ailleurs quant à ce que l'on peut appeler des
éléments indésirables qui pourraient, à un moment
donné, se voir fermer la frontière? Y a-t-il des critères
d'établis? Quels sont ces critères?
M. Lalonde: Oui. Naturellement, ce n'est pas fait de façon
arbitraire.
M. Burns: Vous savez que M. Pierre Elliot Trudeau a
été longtemps incapable d'entrer aux Etats-Unis? Vous savez
cela?
M. Lalonde: Je ne veux pas discuter en vertu de quels
critères...
M. Choquette: II était capable d'aller en Chine, par
exemple.
M. Burns: II pouvait aller en Chine, mais il ne pouvait pas aller
aux Etats-Unis.
M. Lalonde: ...ils l'ont empêché d'aller aux
Etats-Unis.
M. Burns: C'était un élément
indésirable.
M. Lalonde: II n'y a pas de doute que l'appartenance...
M. Choquette: Cuba.
M. Lalonde: ... à des mouvements terroristes connus,
internationaux, est un critère fondamental.
M. Choquette: Est-ce qu'ils ont une carte de membre?
M. Lalonde: Non. Le député sait très bien
que c'est justement le problème, ils n'ont pas de carte de membre. Mais
c'est quand même suivant tout un réseau de renseignements que les
corps policiers obtiennent.
M. Burns: Comme tel, est-ce qu'il y a des critères?
M. Lalonde: Cela, c'est le critère fondamental. M.
Burns: C'est quoi le critère fondamental?
M. Lalonde: C'est l'appartenance connue ou
soupçonnée à des mouvements terroristes, suivant les
renseignements qu'on peut obtenir de divers corps policiers internationaux,
c'est-à-dire dans des échanges internationaux.
M. Burns: Comment faites-vous pour vérifier cette
appartenance à des mouvements terroristes?
M. Lalonde: La vérification, naturellement, le
député sait très bien que c'est sur la base
d'informations, de renseignements obtenus de divers corps policiers. Il peut y
avoir d'autres critères, quoiqu'il faut se rappeler que l'entrée
au Canada est une responsabilité du gouvernement fédéral.
C'est à ce niveau que les critères, s'il y en a d'autres, sont
établis.
M. Burns: Est-ce que vous pensez que cela va être plus
difficile pour un Américain, par exemple, objecteur de conscience,
"draft dodger" ou n'importe quoi, d'entrer au Québec pendant cette
période? Je donne cela à titre d'exemple.
M. Lalonde: Non, je ne le pense pas.
M. Burns: II faut que ce soit vraiment un membre des Black
Panthers américains; lui ne pourra pas entrer.
M. Lalonde: J'imagine que celui qui aurait participé
à des mouvements de violence, à des crimes, à des meurtres
aura sûrement plus de difficulté à entrer que simplement
celui qui est un objecteur de conscience.
M. Choquette: On devrait inviter les objecteurs de conscience
à venir aux Jeux olympiques; comme cela le Solliciteur
général pourrait dormir sur ses deux oreilles. Il n'aurait pas de
problèmes.
M. Lalonde: Ainsi que le député d'Outremont.
M. Choquette: M. le Président, je voudrais demander en
vertu de quoi, en vertu de quelle loi les forces armées sont mises
à la disposition du comité multipartite dont a fait état
le Solliciteur général?
M. Lalonde: C'est en vertu de la Loi sur la défense
nationale, soit à l'article 31 ou à l'article 33, qui
prévoit que l'armée peut agir, peut avoir toute action
légitime au Canada. Nous avons considéré que, pour la
sécurité olympique, il était légitime que
l'armée agisse en assistance de la GRC, au Québec.
M. Choquette: De telle sorte que les mouvements de l'armée
ne sont pas sous l'autorité du Solliciteur général?
M. Lalonde: Les mouvements de l'armée, quotidiennement,
c'est à l'intérieur des diverses autorités militaires
où les opérations ont lieu. Maintenant, la participation de
l'armée à la sécurité olympique est sous la
coordination, comme tous les autres corps policiers, la GRC, la CUM et la SQ,
de M. Toupin, qui agit comme coordonnateur de la sécurité
olympique et qui relève, lui, pour la sécurité olympique,
du comité que j'ai mentionné tantôt.
M. Choquette: Ce que je veux déterminer avec le
Solliciteur général, c'est quelle est la nature des relations
entre le gouvernement québécois et le gouvernement
fédéral quant à la sécurité en
général aux Jeux olympiques. Est-ce que le Solliciteur
général considère qu'il est, ainsi que son gouvernement,
l'autorité ultime en matière de sécurité aux Jeux
olympiques? Ou est-ce qu'il s'agit d'un arrangement, purement et simplement, un
modus operandi, en somme, entre le gouvernement fédéral et le
gouvernement provincial dans les décisions à prendre en
matière de sécurité?
M. Lalonde: Nous considérons la sécurité
olympique comme une sécurité quotidienne normale des gens au
Québec. Il arrive que la réunion d'un certain nombre de
personnes, d'un grand nombre de personnes venant de différents pays et
le fait que l'attention du monde sera tournée vers nous au Québec
créeront une situation de sécurité un peu plus complexe
qui requiert plus de personnes. Mais l'autorité ultime,
c'est-à-dire la juridiction exclusive du Québec quant à
l'administration de la justice criminelle n'est pas changée. Nous avons
été extrêmement explicites à cet égard,
considérant que cela relève de l'autorité ultime du
gouvernement du Québec.
Maintenant, quotidiennement, dans les décisions qui pourront
être prises, il y aura des arrangements qui permettront aux
différents niveaux d'autorité de jouer leur rôle
respectif.
M. Choquette: Je voudrais attirer l'attention du Solliciteur
général sur le fait que, à une certaine époque,
j'ai visité l'Allemagne et rencontré certaines personnes qui
avaient des responsabilités lors des Jeux olympiques de Munich.
A cette occasion, j'ai rencontré le ministre de la Justice de
l'Allemagne, qui était l'ancien maire de la ville de Munich, et il m'a
dit qu'une grande partie des problèmes qui étaient survenus
à Munich résultait du fait que plusieurs autorités avaient
un mot à dire dans les mesures à prendre dans le domaine de la
sécurité: il y avait le niveau fédéral, il y avait
le niveau du lander, c'est-à-dire de la province, et il y avait le
niveau municipal. Si Munich a donné l'exemple d'un cas de manque de
coordinataion dans les décisions prises, cela est largement attribuable
au fait que la responsabilité n'était pas attribuée d'une
manière claire et précise à ceux qui avaient la
responsabilité de l'administration de la justice, en l'occurrence, je
pense, les autorités du lander en question. C'est une situation analogue
qui prévaut au Canada.
Je pense, pour ma part, qu'il importe que le gouvernement du
Québec clarifie, avec les autorités fédérales, qui
est le principal responsable des décisions qui devront être
prises, et non pas dans le quotidien, comme le dit le Solliciteur
général? Je comprends que lui-même, le sous-ministre et les
autres personnes ne peuvent pas s'occuper de tous les mouvements qui peuvent
s'accomplir tous les jours, mais je pense qu'il y a lieu qu'on clarifie avec
les autorités fédérales où sera le siège de
l'autorité si jamais il y a une situation de crise, et je mets le
Solliciteur en garde contre la confusion qui pourrait naître...
M. Lalonde: Oui.
M. Choquette: ... des arrangements actuels.
M. Lalonde: La structure de cette organisation était
déjà en place lorsque je suis arrivé il y a onze mois. Il
me semble que cette structure est faite pour éviter ce genre de
confusion qui peut exister, étant donné qu'il y a un
coordonnateur, qui est assisté de coordonnateurs adjoints appartenant
à chacune des forces, soit policière ou armée,
impliquée dans la sécurité olympique, qui deviennent
opérationnels en cas d'événements. Le coordonnateur
relève, à divers paliers, d'abord du groupe des directeurs et,
éventuellement, de façon ultime, du CSSO qui est le comité
que j'ai décrit tantôt.
A aucun moment n'avons-nous laissé de doute quant à
l'autorité ultime et éventuelle d'une décision, quant
à la responsabilité de la province sur une décision qui
concerne la sécurité olympique au cas d'un
événement.
M. Choquette: C'est parce que tout à l'heure vous avez dit
que l'armée était ici pour aider la GRC.
Je m'étonne de cette façon de vous exprimer parce qu'il me
semble que, si l'armée est ici en vertu des dispositions que vous avez
invoquées dans la loi de la défense nationale, elle est ici pour
venir en assistance aux autorités civiles. Les autorités civiles,
ce n'est pas la GRC, c'est vous.
M. Lalonde: Oui, mais c'est une technique ju-
ridique tout simplement. Une fois rendue ici et en opération,
l'armée, comme la GRC, comme la CUM et la SQ, relève du
coordonnateur et des divers paliers d'autorité qui éventuellement
sont la responsabilité du gouvernement du Québec en ce qui
concerne la sécurité olympique.
M. Choquette: Je ne veux pas avoir un débat avec le
Solliciteur général.
M. Lalonde: Je comprends le problème.
M. Choquette: Je veux simplement lui souligner cet aspect qui
peut, à ce moment-ci, paraître assez anodin.
M. Lalonde: Ce n'est pas anodin. A plusieurs reprises, je l'ai
souligné lors de nos rencontres avec les autorités
fédérales pour être bien sûr que c'est bien
compris.
M. Choquette: Les autorités fédérales
ont-elles accepté le point de vue du Solliciteur
général?
M. Lalonde: Fondamentalement, oui. Il s'agit de savoir quels
aménagements faire pour inscrire les autorités
fédérales dans une opération éventuelle où
les services des autorités fédérales pourraient être
requis, comme, par exemple, l'immigration, les affaires extérieures,
etc. Il n'y a aucun doute que nous nous entendons parfaitement sur l'obligation
de coordonner nos efforts lors d'un événement.
M. Choquette: Je ne parle pas des services fédéraux
comme, par exemple, le ministère des Affaires extérieures. On
sait que, de toute façon, le ministère des Affaires
extérieures ne pourrait pas tomber sous la juridiction du gouvernement
québécois ou du Solliciteur général. Il est
évident qu'à ce point de vue c'est par la collaboration des deux
niveaux de gouvernement qu'on peut en arriver au meilleur résultat
possible.
Je parle de l'action policière et des décisions à
prendre au cas où il y aurait une crise qui se poserait par suite d'une
action terroriste. A ce moment, il faut qu'il y ait une personne qui
décide.
Une Voix: Une seule personne.
M. Lalonde: C'est clairement établi.
M. Choquette: Enfin, une seule personne...
M. Lalonde: C'est-à-dire une autorité et non pas
deux autorités au cas où il y aurait une mésentente.
M. Choquette: Je suis content de voir que le Solliciteur
général voie les choses de la même façon que moi,
parce que je pense...
M. Lalonde: Cela ne me rassure pas, mais je pense que, dans ce
cas, c'est d'accord.
M. Choquette: Si cela ne vous rassure pas, tant mieux pour vous.
Je suis content, pour l'efficacité de l'administration de la justice,
que le Solliciteur général, au moins en parole, se rallie
à mon point de vue.
M. Lalonde: Je ne me suis pas rallié à votre point
de vue. C'est-à-dire que je m'aperçois que le
député d'Outremont soutient mes efforts pour affirmer la
juridiction du Québec.
M. Choquette: Je soutiens toujours les bons efforts du
gouvernement et du Solliciteur général lorsqu'ils sont bien
dirigés.
Une Voix: Alors, c'est toujours.
M. Choquette: Non, ce n'est pas toujours. Ce n'est vraiment pas
toujours, je dois le dire.
Je voudrais, à ce moment-ci, M. le Président, si vous me
le permettez, faire une mise au point. Je pense que j'étais absent de la
commission parlementaire, hier, lorsqu'une question a été
soulevée par le député de Maisonneuve sur certains
dossiers de certaines personnes qui auraient fait l'objet de visites par des
officiers de police, en particulier de la Sûreté du Québec.
Certaines de ces personnes avaient été arrêtées et
détenues durant la crise d'octobre. Afin de dissiper toute
ambiguïté ou équivoque, je pense pouvoir dire à ce
moment-ci que lorsque, à la suite des événements
d'octobre, ces personnes ont été relâchées suite
à leur arrestation et n'ont pas été mises en accusation
devant les tribunaux, leurs dossiers lorsque je dis leurs dossiers, je
veux dire leurs empreintes digitales, leur photographie, tous les dossiers
pertinents à leur arrestation par les forces policières
ont été détruits sur mes instructions, ainsi que me l'a
relaté le directeur général de la Sûreté du
Québec du temps, M. Maurice Saint-Pierre.
Je n'ai donc aucun doute qu'il a donné suite à cet
engagement de détruire les dossiers qui concernaient l'arrestation et la
détention de ces gens, mais il est très possible que, par
ailleurs, la Sûreté du Québec ait eu d'autres dossiers
pertinents, des renseignements au sujet de ces personnes et que ces dossiers
n'aient pas subi de destruction à cette époque. C'étaient
des dossiers de police qui n'étaient pas pertinents à
l'arrestation ou à la détention de ces gens.
Je voudrais clarifier l'ambiguïté qui a pu naître hier
des questions du député de Maisonneuve et des réponses du
Solliciteur général. C'est que l'engagement pris à
l'époque a été de détruire des dossiers concernant
l'arrestation et la détention de ces gens, mais les autres dossiers qui
pouvaient être relatifs aux renseignements en général, cela
n'a pas nécessairement fait l'objet de destruction. Je pense que ceci
est une façon de clarifier l'ambiguïté qui a pu naître
de l'échange entre le ministre et le député de
Maisonneuve.
M. Lalonde: Cela me semble conforme à ce que j'ai dit,
sauf que cela précise un aspect dont je n'avais pas eu connaissance,
étant donné que c'était avant moi. Je n'ai rien à
ajouter.
M. Choquette: Si on me le permet, aussi, sur un autre sujet,
actuellement, la Sûreté du Québec est dirigée par le
directeur général, M. Jacques Beaudoin, mais il est
assisté par des directeurs généraux adjoints. Combien y
a-t-il de directeurs généraux adjoints à ce moment-ci et
qui sont-ils?
M. Lalonde: Nous avons quatre directeurs généraux
adjoints. Ce sont MM. Turpin, Racine, Tel-Mer et Sainte-Marie. M. Turpin est
aux opérations, M. Racine à la planification, M. Tellier à
l'administration et M. Sainte-Marie aux services techniques.
M. Choquette: Est-ce que M. Sainte-Marie a succédé
à M. Patenaude?
M. Lalonde: M. Patenaude n'a pas encore été
remplacé; il vient de prendre sa retraite, il y a quelques mois.
M. Sainte-Marie a remplacé M. Dessureault.
M. Choquette: Ah bon! Qui occupe la fonction remplie
précédemment par M. Patenaude?
M. Lalonde: II n'a pas encore été
remplacé.
M. Choquette: Oui, mais qui fait le travail qu'il faisait,
lui?
M. Lalonde: En attendant son remplacement, c'est sous la
responsabilité du directeur général qui est assisté
de l'inspecteur Mélançon.
Section des renseignements à la
Sûreté du Québec
M. Choquette: Est-ce qu'il est exact que ce serait l'intention du
directeur général de la Sûreté du Québec
d'abolir la section des renseignements? Il y a des rumeurs qui courent à
cet effet.
M. Lalonde: On m'informe qu'il n'y a pas d'intention
particulière ou spécifique à cet égard. Maintenant,
le directeur général, avant de remplacer M. Patenaude, veut
simplement s'assurer que la définition de la fonction est bien claire.
Autrement dit, il se posait des questions avant de le remplacer.
M. Choquette: II se posait des questions à quel sujet?
M. Lalonde: II se posait des questions, à savoir: Est-ce
que le rôle est défini correctement? La fonction doit-elle
être modifiée? Comme tout gestionnaire responsable des
opérations d'une boîte aussi considérable, il doit se poser
des questions constamment.
M. Burns: Cela ne vise pas à remettre en question le
service même...
M. Choquette: C'est ce que je veux savoir. M. Burns:
...à l'occasion d'un départ?
M. Choquette: On pose des questions, mais cela ne fait pas
l'objet de réponses en commission parlementaire.
M. Bums: C'est cela.
M. Lalonde: M. le directeur m'informe qu'il n'est pas question
d'abolir le service, mais de bien définir quel rôle ce service est
appelé à jouer dans l'avenir, étant donné que,
quand on remplace quelqu'un, c'est pour l'avenir, de façon à lui
permettre de bien choisir celui qui va le remplacer, en fonction des
critères, des exigences et des objectifs.
M. Choquette: Laissons faire les personnalités; ce n'est
pas le remplaçant éventuel qui m'intéresse, c'est ce qu'il
va arriver de ce service. Je voudrais savoir ce que le gouvernement entend
faire au sujet de ce service.
M. Lalonde: II n'est pas question de le faire disparaître.
Je ne vois pas pourquoi on le ferait disparaître simplement parce que
celui qui détenait le poste n'y est plus.
M. Choquette: C'est cela que je dis, mais c'est vous qui
répondez dans ce sens.
M. Lalonde: Non, je réponds qu'il est tout à fait
normal que le directeur, avant de le remplacer, se rendre compte de toutes les
exigences de la fonction pour choisir le remplaçant de façon
correcte.
M. Choquette: Mais je ne vois pas que le remplaçant vient
faire là-dedans. Ce qui m'intéresse, moi, c'est le service, la
réalité.
M. Lalonde: II n'est pas question...
M. Choquette: Je demande quelle est l'intention du gouvernement
en rapport avec le service de renseignement.
M. Lalonde: L'idée, c'est de faire en sorte que ce service
soit encore plus efficace que dans le passé.
M. Choquette: Comment sera-t-il plus efficace que dans le
passé?
M. Lalonde: II peut être plus efficace que dans le
passé, comme toute action peut être améliorée. C'est
très simple.
M. Choquette: Oui, mais au lieu de me servir des banalités
comme cela, pourriez-vous me dire ce qu'on veut faire avec ce service pour le
rendre plus efficace?
M. Lalonde: Bien, naturellement, c'est améliorer l'action
même et puis les moyens qu'on peut mettre au service de celui qui va
remplir cette fonction et de ceux qui pourront l'assister. C'est assez normal
que le directeur général d'une boîte comme
celle-là...
M. Choquette: Je ne dis pas que ce n'est pas normal, mais je me
demande ce qu'on veut y faire.
M. Lalonde: On va y faire ce qu'il faut y faire, puis, à
ce moment, on informera le public, puis on lui dira ce qu'on a fait.
M. Choquette: Alors, actuellement, il n'y a aucune espèce
de mesure qui a été prise, adoptée ou qui est
prévue en rapport avec ce service de renseignements?
M. Lalonde: C'est une affirmation que je n'accepte pas.
M. Choquette: Bien, alors, dites-moi lesquelles sont
prévues.
M. Lalonde: II y a eu un responsable de ce service qui a
démissionné. On cherche à le remplacer et, quand on l'aura
remplacé, on en informera le public.
M. Choquette: Ce n'est pas sur le remplaçant qu'on est, je
ne cherche pas à savoir qui c est.
M. Lalonde: Maintenant, il continue d'agir sous la
responsabilité du directeur généralje l'ai dit
tantôt qui est assisté de l'inspecteur Me-lançon.
M. Choquette: Qu'est-ce que le directeur général de
la Sûreté du Québec a l'intention de faire à ce
service pour lui donner plus d'efficacité, pour l'améliorer,
comme le dit le Solliciteur général?
M. Lalonde: Ce qui doit être fait pour tout service dont on
veut constamment améliorer l'efficacité.
M. Choquette: Et qu'est-ce qui doit être fait pour
améliorer tout service?
M. Burns: Avant la démission de M. Pate-naude, qu'est-ce
que faisait ce service?
M. Lalonde: Cela concerne la clarification du mandat, les
missions qu'on s'attend qu'il remplisse, la sélection du personnel. Ce
sont tous des éléments, des facteurs dont on doit tenir compte
pour le remplacement...
M. Burns: Qu'est-ce qu'il faisait, ce service, avant la
démission de M. Patenaude?
M. Lalonde: Qu'est-ce que faisait le service? Tout le monde sait
ce que faisait le service, voyons!
M. Burns: Dites-nous le donc!
M. Lalonde: Je vais essayer de trouver la définition du
mandat exact.
Je n'ai pas la description des tâches ici, j'aurais pu apporter
tous les dossiers du ministère de la Justice et vous donner la
description des tâches, mais je ne l'ai pas. C'est un service qui est
affecté aux renseignements criminels, à la
sécurité, aux renseignements concernant la
sécurité, aux enquêtes spéciales, à
l'écoute électronique et à la surveillance. C'est un
service comme il y en a dans tous les corps policiers assez
élaborés, développés.
M. Burns: Dans cette définition que vous venez de nous
donner, qu'est-ce que le directeur général envisage de changer ou
sur lequel de ces points se penche-t-il actuellement relativement à un
changement possible?
M. Lalonde: II ne s'agit pas de savoir exactement ce dont on
n'est pas satisfait, si on n'en est pas satisfait. Il ne s'agit pas de dire que
le directeur n'est pas satisfait du service ni de la façon dont il a
opéré auparavant. Il s'agit simplement, comme tout directeur
général, comme tout gestionnaire responsable doit le faire, de
réexaminer constamment l'efficacité de ses services. A l'occasion
du remplacement de celui qui vient de démissionner, le directeur
général le fait. C'est tout à fait normal, cela se fait
constamment pour tout organisme, que ce soit à la Fonction publique ou
dans l'entreprise privée.
M. Burns: M. Patenaude a quitté à sa retraite,
n'est-ce pas? C'était l'âge normal de sa retraite?
M. Lalonde: C'est cela. Il est en retraite actuellement, mais
quand il est parti, il était en préretraite parce qu'il avait des
congés à prendre. Actuellement, c'est l'âge de la retraite,
il a 60 ans.
M. Choquette: Puis-je donner un conseil au directeur
général de la Sûreté du Québec, par
l'intermédiaire du Solliciteur général, parce que je ne
m'adresserais pas directement au directeur général de la
Sûreté? C'est de tâcher de trouver un officier aussi discret
que M. Patenaude pour occuper cette fonction.
M. Lalonde: Je ne vois pas pourquoi ce conseil s'appliquerait au
futur responsable de ce service étant donné que la
discrétion est une qualité fondamentale du policier, en
particulier.
M. Burns: Ah oui!
M. Lalonde: C'est ce à quoi on s'attend.
M. Burns: D'accord.
M. Choquette: Quel est l'effectif affecté à ce
service actuellement?
M. Burns: Le Solliciteur général ferait un
très bon policier, à ce compte-là, de la façon dont
il répond aux questions. Il est très discret dans ses
réponses.
M. Lalonde: La discrétion est sûrement une vertu que
je désire pratiquer.
M. Burns: Pas pour un Solliciteur général.
M. Choquette: Si vous aviez été devant la CECO,
peut-être auriez-vous été condamné pour outrage au
tribunal parce que, parfois, c'est une espèce de refus de
répondre aux questions.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Burns: Vraiment, on devrait le trouver coupable tout de suite,
M. le député d'Outremont. On devrait le trouver coupable.
M. Lalonde: Le député d'Outremont a pris de
mauvaises habitudes dans son poste, il était temps qu'il le laisse.
M. Desjardins: Ah! Des Voix: Ah!
M. Choquette: Comment, des mauvaises habitudes.
M. Lalonde: II ne pense qu'à condamner les autres pour
outrage au tribunal.
Une Voix: Ah!
M. Lalonde: II y en a 213, cela c'est l'ancien rapport. Il y a
213 policiers, agents, caporaux, sergents et officiers dans ce service, c'est
votre question.
M. Choquette: Qui a remplacé M. Jacques Nadeau à la
direction du personnel de la Sûreté du Québec?
M. Lalonde: Le concours est en marche actuellement et on s'attend
qu'il y ait une conclusion d'ici quelques semaines.
M. Burns: Toujours dans ce programme de la protection de la
société et des citoyens. Je sais que l'administration des prisons
comme telle ne relève pas du Solliciteur général; le
Solliciteur général préfère-t-il que je pose la
question au ministre de la Justice?
M. Lalonde: Je préférerais, j'ai vu l'article en
m'en venant tantôt, je me posais la question...
M. Burns: Québec aurait des prisonniers montréalais
pour les Olympiques?
M. Lalonde: Je ne pourrais pas vous répondre, j'aimerais
mieux que la question soit posée à M. le ministre.
Compétence des divers corps policiers
M. Burns: D'accord. Il y a une question cependant que je pourrais
poser, qui est à deux volets en fait, qui s'adresse en partie au
ministre de la Justice et en partie au Solliciteur général; elle
concerne les réformes du partage des compétences entre le
gouvernement du Québec et les muni- cipalités. Il y a, d'une
part, le problème de l'administration des cours de justice qui
relève directement du ministre de la Justice. Par contre, la
surveillance des corps policiers relève du Solliciteur
général. Il y a deux volets à cela, entre autres celui, le
volet auquel je me réfère, qui est de la compétence du
Solliciteur général. Le rapport du groupe de travail sur
l'urbanisation qui a été dirigé par M. Claude Castonguay
vient de recommander que les corps policiers municipaux abandonnent, au profit
de la Sûreté du Québec, le secteur sûreté de
leurs activités pour se limiter à l'aspect gendarmerie,
c'est-à-dire l'application des règlements municipaux, etc.,
particulièrement la circulation.
Est-ce que le Solliciteur général est en mesure de nous
dire quelle est la position de son ministère relativement à cette
recommandation?
M. Lalonde: Cette recommandation qui est fondamentale, en fait,
m'a frappé lorsque j'ai vu sa publication. J'ai eu l'occasion
d'ailleurs, à une conférence que j'ai prononcée
immédiatement après, de me poser des questions publiquement sur
le bien-fondé d'une telle recommandation; quelles études avaient
été faites pour amener ce groupe de travail à ainsi
conclure? Ce n'est pas sûr, si on divise la Gendarmerie
fédérale de la Sûreté du Québec si on les
cloisonne de façon étan-che, qu'on va augmenter
l'efficacité de la lutte à la criminalité.
Je me souviens d'une étude qui a été faite aux
Etats-Unis, qui dit que le taux de solution du crime est fonction directe de la
participation du gendarme quoiqu'on ne l'appelle pas comme cela ici,
pour le distinguer de l'enquêteur, du patrouilleur à la
solution du crime immédiatement après sa commission.
Alors, si on désintéresse complètement le gendarme
de la solution du crime, à ce moment-là je ne suis pas
très sûr qu'on va augmenter l'efficacité des corps
policiers en général. Cette étude concluait même,
d'une façon peut-être un petit peu ironique, à propos des
renseignements, que l'aspect positif et substantiel de la solution du crime a
lieu immédiatement après sa commission, et c'est le patrouilleur
qui est réellement là. Les enquêteurs, concluait-on, comme
je disais, avec un peu d'ironie, on leur fait faire beaucoup de papiers,
beaucoup de documents, beaucoup d'écrits mais, plus on s'éloigne
dans le temps de la commission du crime, moins on a de chance de le
résoudre.
Alors c'est pour cela que je me pose des questions sur la sagesse de
cette conclusion.
M. Burns: En somme, si vous vouliez être plus direct, vous
diriez que vous n'êtes pas d'accord avec cette recommandation du groupe
dirigé par M. Castonguay.
M. Lalonde: Je ne veux pas m'ériger en expert policier.
Mes fonctions m'amènent à devoir examiner cette question, mais je
ne peux pas le contester comme expert. Je ne suis pas un expert en service
policier. Je suis prêt à écouter, par
exemple, voir sur quel fondement on peut arriver à une telle
conclusion; cela, c'est ma première réaction.
Deuxièmement, s'il devait y avoir une telle réforme, il
faudrait la planifier de longue main et la préparer parce que ce serait
fondamental. Tout d'abord, amener la Sûreté du Québec
à assumer ce qu'elle fait, généralement, sur une
grande partie du territoire dans toutes les villes qui sont
déjà organisées avec leur propre service
d'enquête...
M. Burns: Exemple, la Communauté urbaine de
Montréal où vous avez eu des problèmes.
M. Lalonde: La Communauté urbaine de Montréal.
M. Burns: Vous avez des problèmes là parce que vous
avez la section des enquêtes criminelles, soit dit en passant, de la
police de Montréal qui est très efficace, et je me demande
vraiment comment, dans la Communauté urbaine de Montréal, vous
réussiriez à remplacer, même pas du jour au lendemain,
même sur une période...
M. Lalonde: Cela ne pourrait pas se remplacer, il faudrait
presque prendre les gens qui sont là et les transférer
dans...
M. Burns: Je dois vous dire que je suis d'accord avec vos
doutes.
M. Lalonde: Avec tous les problèmes que cela
créerait, je ne vois pas comment on pourrait faire...
M. Burns: Je serais même d'accord pour que vous disiez
carrément que cela n'a pas de bon sens, cette recommandation.
M. Lalonde: Je suis prêt à regarder, à aller
voir sur quel fondement on a pu conclure comme cela. Je ne sache pas que ce
groupe d'étude ait fait faire des études, des recherches par des
experts en matière policière. Je peux me tromper, mais je ne
pense pas qu'il y ait eu de longues études apporfondies
là-dessus. C'est pour cela que j'ai des doutes sur le bien-fondé
des conclusions.
M. Burns: Moi aussi, M. le ministre, je peux vous dire que je
vous appuie dans vos doutes. J'irais même plus loin que vous. Je dirais
que c'est une recommandation qui n'a aucune espèce de sens, dans le
cadre actuel du domaine policier.
M. Lalonde: Ce qui ne veut pas dire que l'on se
désintéresse du problème des corps municipaux face
à la lutte à la criminalité.
M. Burns: II y a des endroits où c'est possible. C'est
bien sûr qu'à Sainte-Rose-du-Dégelis, il est fort possible
que...
M. Lalonde: Oui, c'est fait actuellement.
M. Burns: ... ce soit déjà là.
M. Lalonde: Pour les petits corps policiers qui n'ont pas de
service d'enquêteur, c'est la Sûreté du Québec qui
fait les enquêtes actuellement.
M. Burns: C'est cela. A I'lle-Perrot ou je ne sais trop
où... Même là, c'est dans... Non, ce n'est pas dans le
secteur de la Communauté urbaine. Mais il y a des endroits comme cela
où, véritablement, bien sûr, c'est déjà
fait.
M. Lalonde: Mais cela ne veut pas dire que l'organisation
policière est à son point le plus parfait, au contraire.
M. Burns: Non...
M. Lalonde: II y a des cas où plusieurs on pense
à la rive sud de Montréal, par exemple réformes
doivent être envisagées. Des réformes ont
déjà été envisagées dans le passé,
mais je ne pense pas qu'on puisse faire des intégrations ou des fusions
sans bien les préparer et sans avoir une politique-cadre sur ce genre de
problème, ce qui avait déjà d'ailleurs été
annoncé ou discuté par mon prédécesseur. Le seul
problème c'est que, pour avoir une politique-cadre d'intégration,
il faut aussi l'accompagner d'une politique financière. Dans le contexte
actuel des restrictions budgétaires, on a dû remettre à un
peu plus tard nos conclusions là-dessus. Les dossiers sont prêts;
il ne s'agit simplement qu'avoir de l'argent et les autorisations du
gouvernement.
M. Choquette: Quand le Solliciteur général parle de
politique financière, je présume qu'il veut dire qu'une
intégration de corps de police sur une base régionale devrait
naturellement comporter un appui financier venant du gouvernement provincial
pour défrayer au moins une partie des frais de police qui sont
attribuables à des enquêtes de nature criminelle, à ce qui
n'est pas gendarmerie. Je présume que c'est ce que le Solliciteur
général a en vue.
M. Lalonde: Oui, on cherche naturellement la meilleure formule
pour qu'elle incite à la fois à une amélioration des
services et permettre à ces milieux, au point de vue financier, de faire
face à des frais accrus. Est-ce que c'est un per capita? Est-ce que
c'est une aide à un service particulier? Cela reste encore à
décider, mais c'est dans ce sens-là.
Enquête relative aux contrats du Village
olympique
M. Choquette: Puis-je poser une question au Solliciteur
général? Au sujet des enquêtes qui ont été
faites par certains autres services gouvernementaux sur les contrats
donnés à l'occasion des Jeux olympiques, nous avons compris du
ministre des Affaires municipales qu'un certain nombre de contrats, qui ont
été négociés par le Comité des
Jeux olympiques, font l'objet d'un réexamen par la Régie
des installations olympiques. Nous savons aussi que la Sûreté du
Québec a procédé à certaines saisies de documents
relativement à l'exécution de certains contrats, en particulier
de contrats qui sont pertinents à la construction du Village
olympique.
Je voudrais demander au Solliciteur général si la
Sûreté du Québec a été
intéressée dans ces enquêtes à aller plus loin que
les contrats pertinents au Village olympique. La Sûreté du
Québec a-t-elle examiné l'exécution de certains contrats
autres que ceux relatifs à la construction du Village olympique?
M. Lalonde: Les informations qui ont amené la
Sûreté du Québec à commencer l'enquête
concernaient des contrats pour la construction du Village olympique. Si, dans
l'avenir, on obtient des renseignements à l'effet que de tels
événements, de tels faits se sont produits aussi dans la
conclusion de contrats pour la construction d'autres installations olympiques,
par exemple le stade, il n'y a aucun doute qu'avec la Sûreté du
Québec, nous sommes prêts à avoir la même attitude
pour examiner la situation. Il n'y a pas de limite à l'enquête, en
ce sens que nous aurions décidé de ne regarder que le village, au
contraire, sauf que nous n'avons pas de renseignements, de plaintes, de
dénonciations à l'effet que de tels événements
auraient eu lieu aussi dans d'autres constructions.
M. Choquette: Alors, actuellement, l'enquête de la
Sûreté du Québec porte exclusivement sur l'exécution
des contrats relatifs au Village olympique.
M. Lalonde: Je ne veux pas qu'il y ait d'ambiguïté;
c'est sur la conclusion généralement des contrats, plutôt
que sur la façon dont ils sont exécutés.
M. Choquette: Dans le cas des contrats du Village olympique,
l'enquête de la Sûreté du Québec porte-t-elle
principalement sur la conclusion des contrats?
M. Lalonde: C'est assez difficile actuellement d'en parler
étant donné que l'enquête continue, mais elle devrait se
conclure très bientôt. J'aimerais mieux ne pas détailler
les points particuliers qui font l'objet de l'enquête jusqu'à ce
que l'enquête soit terminée.
M. Choquette: Bon. Merci.
M. Burns: Quant à moi, M. le Président, je serais
prêt à adopter le programme 17.
Le Président (M. Brisson): Le programme 17 est
adopté?
M. Burns: Non, sauf, M. le Président, que je vous
demanderais votre compréhension. Il y a une question que je voulais
poser qui aurait probablement dû venir au moment où on a
discuté du contentieux criminel, mais je voudrais en parler avant de
quitter ce problème de la protection du citoyen.
M. Lalonde: Pas de formalisme.
Poursuites contre 34 grévistes de la United
Aircraft
M. Burns: C'est ce que j'ai pensé, d'ailleurs, que le
solliciteur accepterait la question. Il y a le fameux problème des 34
accusés, les grévistes de I'ex-United Aircraft, maintenant Pratt
and Whitney, je pense. Comme on le sait, il y a 34 personnes dans ce groupe qui
ont fait l'objet de poursuites devant les tribunaux. Dans un cas, il y a
même un acquittement; je pense que c'est M. André Choquette qui a
été acquitté. Les 34 ont également
été acquittés d'une autre accusation. Le cas de M.
Choquette est actuellement en appel.
Le ministre est-il capable de me donner cette réponse? Il n'a
peut-être pas les chiffres sous la main. Cela m'intéresserait
beaucoup de savoir combien coûte, actuellement au Québec, le
procès des 34 personnes et les différentes procédures
qu'on entreprend. Je comprends que, peut-être, le ministre ne soit pas
capable de me donner la réponse immédiatement. Dans un tel cas,
je comprendrai qu'il prenne avis de ma question. Je serais très
intéressé à ce qu'éventuellement il nous donne
cette information.
M. Lalonde: Si cette information peut être... M. Burns:
Comptabilisée.
M. Lalonde: ...comptabilisée, si on peut sortir ces
chiffres, particulièrement concernant un procès, j'imagine que
cela peut se faire.
M. Burns: Vous avez des éléments très
précis. M. Lalonde: Oui, les jurés...
M. Burns: Vous avez les jurés, vous avez les policiers,
vous avez les procureurs de la couronne...
M. Lalonde: Oui, mais il y a les cours.
M. Burns: ...qui sont évidemment répartis sur un
salaire annuel. J'aimerais avoir une estimation du coût de ces
procès.
M. Lalonde: On pourrait en donner, par exemple, être juste,
avec les coûts d'autres procès aussi, parce que tout de
même, cela peut jeter une lumière un peu fausse quand on donne le
coût d'un seul procès...
M. Burns: A ce moment, vous ferez l'argumentation que vous
voudrez. C'est une question d'argumentation.
M. Lalonde: Cela peut être approximatif, mais j'en prends
note.
Semaine de quatre jours à la
Sûreté du Québec
M. Choquette: J'aurais une question avant l'adoption de cet
article. Je voudrais savoir, du Solliciteur général, quelle a
été l'incidence de l'adoption de la semaine de quatre jours pour
les policiers de la Sûreté du Québec sur la gestion du
corps de police.
M. Lalonde: La semaine de quatre jours est encore à
l'état d'expérience. Ce sont des expériences pilotes qui
n'ont pas eu de conclusion encore, mais qui vont être suivies de
discussions à compter de l'automne de cette année. Cet essai est
en marche actuellement et aucune conclusion ne peut être apportée
actuellement, à savoir si c'est favorable ou si c'est
défavorable, jusqu'à ce qu'on l'ait terminé.
Quant à l'attitude des membres de la Sûreté du
Québec vis-à-vis d'une semaine de quatre jours, les conclusions
sont favorables. Quant à la qualité du travail, la qualité
du service, dans quelle mesure un tel horaire pourrait-il affecter
favorablement ou défavorablement la qualité, on n'a pas encore
conclu l'expérience pilote.
M. Choquette: L'adoption de la semaine de quatre jours a-t-elle
entraîné des coûts additionnels qui seraient
supérieurs aux coûts existant précédemment pour le
même nombre d'heures de travail, mais réparties sur une semaine de
cinq jours?
M. Lalonde: II n'y a pas de changements significatifs des
coûts, parce que cela implique simplement un réaménagement
des coûts ailleurs.
On prévoit que si cette semaine de quatre jours était
adoptée, cela pourrait entraîner l'engagement d'un certain nombre,
assez minime, de policiers, mais pas pour entraîner des coûts
beaucoup plus considérables que ce qui se fait actuellement.
M. Burns: Le programme 17 est adopté quant à moi,
M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Programme 17 adopté.
Programme 18, gestion interne et soutien à la Sûreté
du Québec.
Coût des services policiers
aux manifestations et aux Jeux olympiques
M. Burns: Au programme 18, je n'ai que deux courtes questions. La
première est d'essayer de savoir s'il est possible, encore une fois,
d'isoler, dans le coût de la Sûreté du Québec, la
partie qui est affectée au soutien policier dans les cas de
manifestations.
L'idée m'est venue entre autres hier quand j'ai vu un grand
nombre de policiers de la Sûreté du Québec être
littéralement vissés au plancher devant cette dangereuse
manifestation des handica- pés qui étaient là. Je me suis
demandé si véritablement on était capable d'isoler le
coût qu'occasionnent à la Sûreté du Québec ces
dangereuses manifestations.
M. Lalonde: C'est assez... On peut toujours dire que tant
d'heures d'un homme coûtent tant mais cela coûterait le même
montant s'il faisait autre chose. Le temps supplémentaire peut
être isolé, temps supplémentaire qui serait causé
par une manifestation, par une opération particulière. Cela
pourrait être isolé.
M. Burns: Est-ce qu'il y aurait moyen de nous donner,
éventuellement, ces chiffres?
M. Lalonde: Pour toute manifestation?
M. Burns: Pour toutes les manifestations. Quelle est la
partie...
M. Lalonde: Ici au Parlement?
M. Burns: Non, non. Je serais content que vous me disiez le
pourcentage du budget de la Sûreté du Québec qui est
affecté pour les manifestations...
M. Lalonde: Certainement.
M. Burns: ... par la présence des policiers à des
manifestations.
M. Lalonde: Par le temps supplémentaire causé par
ces manifestations. S'il n'y a pas de temps supplémentaire, c'est dans
les frais généraux, les frais quotidiens. C'est assez difficile
de les isoler à ce moment-là.
M. Burns: En tout cas, je sais que j'aurai des remarques
très précises à faire beaucoup plus au président de
l'Assemblée nationale, lorsqu'on examinera ses crédits, quant aux
manifestations à l'Assemblée nationale, entre autres
l'emmerdement total que nous subissons pour essayer d'entrer au Parlement les
jours où on prévoit une manifestation méchante et violente
des handicapés.
M. Lalonde: II faut quand même remarquer, puisqu'on est
dans la question de la gestion interne de la Sûreté du
Québec que celle-ci répond aux demandes et donne les services le
plus honnêtement...
M. Burns: Non, non. C'est pour cela que c'est au président
de l'Assemblée nationale que je ferai mes remarques là-dessus.
Quand vous êtes rendu que vous arrivez cinq à dix minutes en
retard à une commission parlementaire parce que vous êtes
obligé de faire un grand détour pour entrer au Parlement parce
qu'on attend une manifestation, il y a quelque chose qui ne marche pas quelque
part. Mais cela, je le dirai au président de l'Assemblée
nationale. Je pense que cet aspect relève de lui.
Pour ma deuxième question, M. le ministre, je
vous réfère aux super-catégories, à la
ventilation des crédits. Dans la super-catégorie 2, Autres
rémunérations, on note une augmentation très importante
par rapport à 1975/76, soit $192 000 au lieu de $39 700 l'année
précédente. Est-ce qu'il y a une raison particulière pour
cette hausse vertigineuse des autres rémunérations?
M. Lalonde: Je vais la chercher.
M. Burns: Partout ailleurs, soit dit en passant, on se tient au
même ordre de coûts que l'année précédente.
D'ailleurs, le budget total est augmenté simplement de $1 million.
M. Lalonde: La justification de cette augmentation, on m'informe
qu'il s'agit de la rémunération du personnel occasionnel de
soutien pour les Olympiques. Cela affecterait 150 personnes, pendant à
peu près trois mois.
M. Burns: Pendant trois mois. Cela nous coûterait $160 000
de plus. Et c'est pour les Olympiques. Elles vont finir par nous coûter
cher ces Olympiques-là!
M. Tremblay: Vous avez recommencé à fumer?
M. Burns: Oui, oui.
M. Tremblay: Vous allez nous aider.
M. Burns: Cela ne m'aide pas!
M. Lalonde: II semble que c'est cela. C'est la seule explication
que j'ai pour cela.
M. Burns: Ce sont les Olympiques. Quelle sorte d'employés
engagez-vous de façon temporaire?
M. Lalonde: Ce sont les commis de bureau, les employés de
secrétariat, les préposés à l'entretien des
véhicules pour le travail de la Sûreté du Québec
à Montréal.
M. Burns: Puis vous en avez pour $160 000 de plus, cette
année, à cause des Olympiques?
M. Lalonde: Pour les opérateurs de
télécommunications. Parce que cela en prend quatre et quelque
chose pour en faire un. C'est 24 heures par jour.
M. Burns: Oui, mais en temps normal, les
télécommunications fonctionnent quand même.
M. Lalonde: C'est pour les postes de commandement sur les sites.
C'est déployé à ce moment pendant les Olympiques beaucoup
plus qu'actuellement, où c'est concentré au quartier
général.
M. Burns: Sous la catégorie Autres rémunéra-
tions, je vois, pour l'année passée, $39 700. Qu'est-ce qui
allait là?
M. Lalonde: Ce sont des occasionnels encore, mais pour des
opérations pas particulièrement reliées...
M. Burns: ...remplacement de vacances, etc., des choses comme
cela?
M. Lalonde: Des congés de maternité surtout.
M. Burns: Alors, tout cela est causé par les
Olympiques?
M. Choquette: Des congés de maternité? M.
Lalonde: Bien pour les...
M. Choquette: Est-ce qu'il y a des congés de
paternité dans les conventions collectives aussi?
M. Lalonde: Non. Pas encore. Il y a plusieurs employées
civiles naturellement qui sont à la Sûreté du Québec
et qui sont...
M. Burns: Les employées de soutien.
M. Lalonde: De soutien, oui.
M. Choquette: Est-ce que le Solliciteur général a
fait faire une estimation de tous les coûts relatifs à la
sécurité des Jeux olympiques qui seront encourus soit par le
gouvernement du Québec, la Communauté urbaine de Montréal
ou encore les autorités fédérales qui vont prêter
leur concours?
M. Lalonde: Pour la Sûreté du Québec c'est
calculé. Pour la CUM, j'attends du président du conseil de
sécurité des détails là-dessus. Pour la GRC, je
l'ignore. Il s'agit de coûts qui sont assurés par les
autorités fédérales ainsi que par l'armée.
M. Choquette: Est-ce que le Solliciteur général
peut nous dire quel sera le coût de la sécurité des Jeux
olympiques attribué à la Sûreté du Québec ou
à la police de la CUM?
M. Lalonde: Pour la CUM, j'attends les détails. Pour la
Sûreté du Québec, l'opération qui consiste à
amener à Montréal, à loger et à y faire travailler
un nombre additionnel de policiers, de membres de la Sûreté du
Québec de divers postes va coûter environ $7,5 millions. Cela
comprend le coût de tous les changements qu'on impose, le logement
à l'école Pierre-Dupuy. Il s'agit de 600 membres de la
Sûreté du Québec de l'extérieur de Montréal
qui vont être ajoutés.
M. Choquette: On estime que le coût additionnel encouru par
la sûreté sera de $7,5 millions pour les fins des Jeux
olympiques?
M. Lalonde: Oui.
M. Choquette: Est-ce qu'un accord a été fait
avec le syndicat ou l'Association des policiers provinciaux du
Québec au sujet des difficultés qui ont surgi récemment
quant à leur affectation?
M. Lalonde: C'est justement à l'occasion de ces
négociations avec le syndicat qu'on a pu déterminer le coût
de façon aussi précise. Une entente est conclue et a
été autorisée par le Conseil des ministres hier. Elle a
été conclue, il y a quelques semaines pour...
M. Choquette: Quelles sont les dispositions de cette entente
relativement aux policiers affectés à la sécurité
olympique?
M. Lalonde: Le coût de l'entente s'élève aux
environs de $7 millions, $7,5 millions. La relève de douze heures, c'est
$1,5 million; l'achat de vacances, $2,5 millions; le coût des jours de
vacances additionnels, on l'évalue à $400 000, mais cela ne
constitue pas un coût aussi direct, puisque les policiers seront en
congé; utilisation de véhicules personnels, $100 000; les repas,
$600 000; l'allocation est de $2 par coucher, soit $60 000.
Allocations spéciales de dépenses pour les membres logeant
au Centre de logistique à Montréal, $500 000; pour les membres
logeant à Bromont, $20 000. Pour le paiement de neuf congés
hebdomadaires à temps et demi, $650 000; pour le paiement de deux jours
fériés à temps et demi, $130 000. Les voyages à
domicile, cinq jours consécutifs, $400 000, pour un grand total
d'environ $7 millions.
M. Choquette: Le ministre pourrait-il déposer une copie de
cette entente qui a été négociée avec l'Association
des policiers provinciaux du Québec, afin qu'on puisse voir quelles ont
été les dispositions qui ont été
négociées à ce sujet?
M. Lalonde: En principe, à moins qu'il n'y ait quelque
chose contre l'intérêt public ou que cela puisse affecter
l'efficacité, je n'ai pas d'objection. Je ne vois pas pourquoi je
m'opposerais à cela.
M. Choquette: Je ne vois pas, non plus, pourquoi vous vous
opposeriez à cela.
M. Lalonde: C'est une entente qui a été
négociée, qui me paraît très juste pour les deux
parties.
M. Choquette: Quel est le sens de cette entente? Qu'est-ce qu'il
y a dans cette entente? Qu'est-ce qu'on prévoit, en gros?
M. Lalonde: On prévoit le déplacement de 600...
M. Choquette: Oui, cela, je le comprends, mais qu'est-ce qu'on
donne comme avantages aux policiers?
M. Lalonde: C'est cela, c'est ce que je viens de dire.
M. Choquette: C'est très laconique, ce que vous venez de
nous dire.
M. Lalonde: La relève de douze heures; au lieu de huit
heures, il va travailler douze heures.
M. Choquette: Et qu'est-ce qu'on donne pour les quatre heures
additionnelles? C'est payé en surtemps?
M. Lalonde: C'est cela.
M. Choquette: A taux et demi?
M. Lalonde: A temps et demi.
M. Choquette: A temps et demi. Je pense que les vacances,
justement, étaient un des objets principaux du litige qui a
existé.
M. Lalonde: Oui. Alors, on achète une semaine de vacances
et cela coûte $2,5 millions.
M. Choquette: Et cet achat d'une semaine de vacances est
rémunéré à quelles conditions?
M. Lalonde: II est acheté à temps et demi.
M. Choquette: A temps et demi. Ces vacances ne seront pas prises
par les policiers en question ultérieurement?
M. Lalonde: Elles ne seront pas prises, justement. La raison pour
laquelle l'achat de vacances devenait un élément important, c'est
que s'il avait été question de remettre les vacances à
plus tard, on voit quelles difficultés cela aurait causé plus
tard, lorsque tout le monde aurait voulu prendre ses vacances en même
temps, cela aurait créé une espèce de goulot
d'étranglement de vacances. Pour permettre une protection suffisante des
citoyens à l'extérieur de Montréal par ceux qui vont
rester en poste, pour permettre le maintien de cette sécurité, de
cette qualité de services après les Jeux olympiques pour que tout
le monde ne s'en aille pas en même temps, il a fallu acheter des
vacances.
M. Choquette: Dans le coût de $7,5 millions, est-ce qu'on
tient compte du salaire de base des policiers affectés à la
Sûreté du Québec ou si ce sont seulement les
éléments marginaux qui ont été ajoutés?
M. Lalonde: Cela a été ajouté,
naturellement, oui.
C'est ce qui est ajouté.
M. Choquette: Au coût habituel de maintien de ces
policiers.
M. Lalonde: ... au coût habituel. Oui.
M. Choquette: Et quel serait le coût de maintien de ces
policiers affectés à la sécurité des Jeux
olympiques?
M. Lalonde: Cela peut se calculer. 600 personnes. La moyenne est
de $25 000. C'est à peu près deux mois; c'est du 20 juin au 7
août où toutes vacances ont été supprimées
non seulement pour Montréal, mais pour l'extérieur de
Montréal.
M. Choquette: Est-ce qu'il y a des policiers municipaux, autres
que ceux de la CUM, qui vont être affectés à la
sécurité des Jeux olympiques?
M. Lalonde: Oui. A Sainte-Foy, ici au PEPS, où il va y
avoir des préliminaires de certaines disciplines; à Sherbrooke,
il y en a; à Bromont; à Joliette, pour le tir à l'arc.
M. Choquette: Est-ce que les municipalités...
M. Lalonde: Les municipalités sont impliquées dans
la sécurité olympique dans chaque cas.
M. Choquette:... assument les coûts inhérents
à ces activités dans leurs municipalités ou si c'est
débrayé par le gouvernement?
M. Lalonde: Je ne sache pas qu'on ait eu une réclamation
d'une municipalité pour de l'assistance financière dans ce cas.
Mais on leur apporte, naturellement, le support des corps policiers
principalement impliqués, soit l'armée, la GRC et la
Sûreté du Québec.
M. Choquette: Un journal mentionnait je pense, ce matin, que le
coût total de la sécurité des Jeux olympiques pourrait
être de $100 millions. Je ne sais pas où ce chiffre a
été obtenu, mais je voudrais demander au Solliciteur
général si le chiffre en question lui semble conforme à la
réalité d'après son appréciation.
M. Lalonde: Si on calcule la dépréciation des
équipements, par exemple, le salaire de base qui serait payé de
toute façon si on faisait autre chose, est-ce qu'on peut arriver
à $100 millions? Je ne le sais pas. Cela me paraît un peu
exagéré, mais cela va coûter assez cher, quand on sait que
seulement pour la Sûreté, seulement pour affecter 600 hommes, qui
est une mince partie du nombre total des effectifs, on parle de $7
millions.
M. Choquette: Je pense que les coûts assumés par la
police de la CUM vont être supérieurs à ceux qui sont
assumés par la Sûreté du Québec.
M. Lalonde: Pas nécessairement, je pense qu'ils seront
moindres, parce qu'à la CUM, on fait face à une situation
où les policiers sont sur place. Il peut y avoir des affectations
différentes qui peuvent impliquer des coûts. Le problème du
coût, pour la Sûreté du Québec, c'était
d'amener, pour aider les effectifs actuellement à Montréal, 600
hommes, de les déplacer de chez eux, de faire en sorte que le service
dans les régions d'où ces personnes déplacées
viennent ne soit pas diminué, donc que les vacances soient
annulées. C'est cette opération de maintien, de logement de ces
gens-là...
M. Choquette: Mais je crois qu'il y a plus de policiers de la CUM
affectés aux Jeux olympiques qu'il n'y en a de la Sûreté du
Québec.
M. Lalonde: Oui, mais pour eux, c'est quand même une
opération relativement normale sur leur territoire. Il n'y a pas de
coûts additionnels...
M. Choquette: Ils vont peut-être être obligés
de régler au point de vue des vacances, au point de vue du temps
supplémentaire.
M. Lalonde: Temps supplémentaire... C'est une situation
différente
L'armée va sûrement avoir des coûts très
considérables, parce qu'il y a des effectifs qui ont été
déplacés partout au Canada, même à
l'extérieur.
M. Choquette: Et la GRC aussi. M. Lalonde: La GRC
aussi.
M. Choquette: C'est tout, pour autant que je suis
concerné.
Le Président (M. Brisson): Programme 18,
adopté.
M. Burns: Adopté. Programme 19.
Le Président (M. Brisson): Programme 19, Enquêtes et
expertises scientifiques pour fins judiciaires.
Enquêtes et expertises scientifiques pour fins
judiciaires
M. Burns: J'ai seulement une question à poser au ministre.
Il s'agit du programme qui concerne les enquêtes et expertises
scientifiques pour fins judiciaires, en particulier les enquêtes pour les
décès et les incendies. Donc, la Loi des coroners et la Loi du
commissaire aux incendies. On en parle depuis plusieurs années, est-ce
que c'est dans l'optique du ministre de nous amener un rajeunissement, une
refonte de ces deux lois, éventuellement, devant l'Assemblée
nationale?
M. Lalonde: Dans le cas des coroners, particulièrement, il
y a eu une étude qui était faite quand je suis arrivé,
mais à laquelle on n'avait pas donné suite. J'ai nommé un
groupe de travail pour revoir toute cette question, pour voir quelles sont les
dispositions qui pourraient être prises pour donner suite à
l'étude de ce groupe de travail qui était dirigé par M.
Pigeon. J'attends la conclusion de cet examen qu'on fait actuellement au
ministère.
M. Burns: Quant à la Loi des coroners, il ne faut pas s'y
attendre pour cette année, je présume?
M. Lalonde: Si c'était cette année, ce serait...
M. Burns: A l'automne.
M. Lalonde: ... à l'automne, oui.
M. Burns: Et quant à la Loi du commissaire aux
incendies?
M. Lalonde: Là, on n'a rien de particulier actuellement en
marche là-dessus. Cependant, les conclusions auxquelles on pourrait
arriver concernant les coroners pourraient être applicables au
commissaire aux incendies, parce qu'on sait que ce sont deux lois
exceptionnelles qui prévoient des pouvoirs qui se ressemblent beaucoup.
S'il y a lieu d'en améliorer une pour une plus saine administration de
la justice, il est possible que cela affecte l'autre aussi.
M. Choquette: Quel est l'objet de l'étude de M. Pigeon,
parce qu'il y a déjà eu des études très exhaustives
de faites au ministère, sur la question des coroners?
M. Lalonde: C'est celle-là. C'est une étude
exhaustive, mais il n'y avait pas eu de suite à cette étude
exhaustive. Il n'y en avait pas, au moment où je suis arrivé, en
tout cas. On a donc décidé de regarder à fond exactement
ce qui avait été suggéré, ce qu'on peut prendre de
cette étude, ce qu'on doit adopter, autrement dit, quelles politiques on
doit énoncer à la suite de cette étude. C'est ce qui est
en train de se faire.
M. Choquette: II y a des énoncés, dans la Justice
contemporaine, sur la refonte de ces deux lois, soit de la loi des
enquêtes par les coroners et des enquêtes sur les incendies.
M. Lalonde: On va s'inspirer, en bonne partie, de ces
énoncés.
M. Choquette: Est-ce qu'on peut revenir sur une autre question,
M. le Président, même si le programme a été
adopté?
Le Président (M. Brisson): Le programme 19 est-il
adopté?
M. Choquette: Pour moi, oui. M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Brisson): Si le ministre n'a pas
d'objection.
M. Lalonde: Sûrement.
M. Choquette: Sur les délais judiciaires, en
matière criminelle, dans le district de Montréal, j'aimerais
savoir quelle est la situation actuelle à la Cour des sessions de la
paix et à la Cour supérieure.
M. Lalonde: Aux assises, il n'y a à peu près pas de
délai actuellement. C'est beaucoup amélioré, si on compare
la situation à il y a quelques années, plus
particulièrement avant que le juge
Lamer entre en fonction. Je parle d'il y a quand même plusieurs
années. Quant à la Cour des sessions de la paix, la situation
semble la même qu'il y a à peu près un an.
Nous avons à l'ordre du jour de la prochaine conférence
fédérale-provinciale, qui commence dans une semaine, jeudi
prochain à Vancouver, sur l'administration de la justice, des questions,
des discussions concernant les moyens à prendre pour
accélérer le processus judiciaire dans la justice criminelle. Pas
seulement Montréal, mais les grands districts souffrent de ce genre
d'engorgement. Pour assurer une bonne justice aux citoyens, il faut aussi que
cette justice soit la plus rapide possible, sans être
expéditive.
M. Choquette: Dans le district de Montréal, j'ai
l'impression que les délais judiciaires, pour une cause criminelle,
lorsque l'accusé n'est pas en état d'arrestation, sont
très considérables et sont peut-être d'un an avant qu'une
cause soit entendue.
M. Lalonde: Ce serait plutôt de l'ordre de six à
huit mois.
M. Choquette: Le ministre a-t-il eu des rencontres avec le juge
André Fabien, le juge en chef de la Cour des sessions de la paix, au
sujet des mesures à prendre relativement à la réduction
des délais judiciaires?
M. Lalonde: Cela, c'est plutôt au niveau des
réformes qu'on pourrait apporter, pas tellement dans le nombre de juges
et dans la rapidité avec laquelle les juges peuvent entendre les causes
que dans les institutions mêmes qu'on veut examiner. Qu'est-ce qu'il y
aurait à apporter pour donner aux citoyens une meilleure justice?
M. Choquette: Je pense qu'il y a de nombreuses mesures qui
pourraient être adoptées...
M. Lalonde: Oui, mais le nombre de juges on sait qu'on a
autant de juges qu'on peut en avoir, comparé à d'autres districts
judiciaires.
M. Choquette: Mais je ne crois pas que le nombre de juges soit
vraiment la mesure fondamentale pour la réduction des délais
judiciaires.
M. Lalonde: II y a la question de la communication de la preuve
qu'on veut examiner, qui pourrait amener...
M. Choquette: Actuellement, un juge de la cour...
M. Lalonde: ... des délais moins grands. Il y a la
question de l'enquête préliminaire, aussi, dans quel cas on
devrait peut-être modifier les règles actuelles d'enquête
préliminaire pour rendre la justice plus rapide.
M. Choquette: Un juge de la Cour des ses-
sions de la paix à Montréal actuellement, combien de
semaines par mois siège-t-il et combien de semaines est-il en
délibéré?
M. Lalonde: On m'informe que le ratio serait de 4/1. Maintenant,
cette partie de l'administration de la justice ne relève pas de mon
autorité.
M. Burns: Est-ce que je vous ai bien compris quand vous avez dit
qu'on a assez de juges à Montréal?
M. Lalonde: Je veux dire qu'on ne peut plus penser simplement
à ajouter des juges pour améliorer des délais.
M. Burns: Vous n'avez pas de misère à les avoir
avec la rémunération qu'ils reçoivent actuellement!
M. Lalonde: J'aimerais mieux laisser mon collègue, le
ministre de la Justice, commenter cela.
M. Burns: ... dire qu'il ne faut pas nécessairement
augmenter leurs salaires!
M. Lalonde: Je pense qu'il y a des problèmes
sérieux qui...
M. Burns: Ah oui!
M. Lalonde: ... surgissent actuellement, mais je sais que le
ministre de la Justice aura sûrement l'occasion de vous en informer.
M. Burns: On va lui en parler. M. Lalonde: D'accord.
M, Choquette: Dois-je comprendre que le Solliciteur
général n'a eu aucune rencontre avec le juge André Fabien,
relativement à l'amélioration des délais judiciaires dans
le district de Montréal?
M. Lalonde: J'ai des rencontres avec beaucoup de gens,
naturellement. Je ne pense pas que ce soit ici l'endroit où je doive
donner des détails sur les rencontres que j'ai. Il y a, je pense, des
normes fondamentales qu'on doit respecter. Ici, nous parlons de politique, mais
pas nécessairement de ces détails.
M. Choquette: Mais d'après vous, il serait
repréhensible pour le Solliciteur général de rencontrer de
juge Fabien au sujet des mesures à prendre sur le plan administratif
pour améliorer...
M. Lalonde: Ce n'est pas ce que je dis, je laisse le
député d'Outremont faire les conclusions.
M. Choquette: Mais j'essaie de préciser la pensée
du ministre.
M. Lalonde: Ma pensée est d'améliorer
l'administration de la justice criminelle surtout dans le district de
Montréal. Peut-être que l'augmentation du nombre de juges est une
réponse. Mais la Commission de réforme du droit du Canada et
d'autres personnes intéressées se sont penchées sur cette
question et je pense, comme cette commission, que c'est à un endroit
plus fondamental qu'il faut apporter des réformes: au niveau des
communications la preuve, je l'ai indiqué tantôt au
niveau de l'enquête préliminaire. Parce que ce n'est pas seulement
en ajoutant des juges qu'on peut seulement... Peut-être que le fardeau de
travail est trop élevé, mais il y a aussi une question
d'organisation de nos lois.
M. Choquette: Je pense que le ministre se méprend.
M. Lalonde: Sur le fardeau? Non, je ne veux quand même pas
dire publiquement, ici, que les juges ne travaillent pas fort, mais il y en a
sûrement plusieurs qui travaillent très fort.
M. Choquette: Oui, mais je veux dire qu'il y a, au-delà
des mesures qui peuvent être prises sur le plan du droit criminel ou de
la Loi de la preuve, des mesures à long terme pour améliorer
l'administration de la justice criminelle. Je crois qu'il ne faut pas
rechercher ces mesures comme des planches de salut à la situation qui
prévaut dans les délais judiciaires, dans le district de
Montréal, en particulier. Il y a des mesures administratives, il y a
toute l'organisation de la cour qui peuvent faire l'objet de beaucoup
d'améliorations et qui, à mon sens, devraient être
creusées par le Solliciteur général avec le juge en
chef...
M. Lalonde: Oui, sûrement.
M. Choquette: ... pour réduire les délais
judiciaires.
M. Lalonde: Je ne veux pas laisser le député
d'Outremont s'en aller sur une voie trop je dirais
détaillée, mais il y a constamment des rencontres entre les
officiers du ministère et des responsables de l'administration des cours
pour voir à l'amélioration de l'administration de la justice.
M. Choquette: Mon expérience, c'est que ces rencontres
constantes ne donnent rien et qu'à un moment donné il faut que le
ministre intéressé prenne le taureau par les cornes et aborde les
problèmes de front avec le principal administrateur.
M. Lalonde: Cela n'exclut pas nécessairement le
ministre.
M. Choquette: Oui, mais tout à l'heure, je vous ai
posé la question et vous m'avez dit que vous ne l'aviez pas
rencontré.
M. Lalonde: Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit, j'ai dit que ce
sont des questions qui, à mon sens, ne sont pas essentielles.
M. Choquette: Oui, mais c'est très essentiel. M. Burns:
C'est sur votre administration... M. Lalonde: Non, mais ce n'est pas
cela.
M. Choquette: Mais oui, je ne comprends pas pourquoi le
ministre...
M. Lalonde: Non, mais à savoir si nous avons eu ou non une
rencontre, pour moi c'est une question de détail. Il peut y avoir une
conversation téléphonique, il peut y avoir...
M. Burns: C'est une façon pour nous de juger votre
administration.
M. Choquette: Mais oui, nous voulons savoir si vous avez
abordé...
M. Lalonde: Le résultat, ce n'est pas
nécessairement aux moyens.
M. Burns: Nous voulons savoir si vous prenez tous les moyens.
M. Lalonde: Ecoutez, si vous voulez, je pourrais déposer,
si je l'avais, mais je ne l'ai pas, mon agenda. Le député serait
au courant de toutes mes rencontres.
M. Choquette: Ce n'est pas cela, le ministre essaie de se
défiler constamment devant les questions précises. Ce que je veux
savoir, c'est s'il a abordé avec le juge Fabien la question des
délais judiciaires et des mesures à prendre pour les
réduire lui-même personnellement.
M. Lalonde: J'en ai parlé au juge Fabien lors de
conversations et dans des rencontres pour d'autres questions, mais il n'y a pas
eu, de ma part, de mesures précises d'abordées avec le juge
Fabien. Je sais que les officiers du ministère le font constamment, j'ai
des rapports. A mon sens, la question des délais doit être
réglée par des mesures beaucoup plus sérieuses, beaucoup
plus fondamentales que d'essayer simplement de convaincre le juge en chef de
réaménager le fardeau de travail parmi les juges ou d'apporter
des correctifs dans le quotidien. Naturellement, c'est une préoccupation
constante du ministère.
Tous les jours, nous sommes, devant les cours, responsables de
l'administration de la justice criminelle. Il est indéniable que nous
sommes intéressés à ce que les cours de justice
fonctionnent le plus efficacement possible. Le cas des délais de
l'administration de la justice criminelle, particulièrement dans le
district de Montréal qui est encore, je crois, le district judiciaire le
plus important en nombre, en fardeau de travail du Canada, il doit être
réglé par des décisions qui touchent l'organisation
même des procès et non pas simplement l'organisation des
cours.
M. Choquette: Je ne veux pas prolonger le débat
inutilement, mais je me permets de dire que je suis en total désaccord
avec le Solliciteur général. Si on attend les amendements
pertinents aux lois criminelles pour venir aider à réduire les
délais judiciaires, on n'en aura jamais d'amélioration.
M. Lalonde: Je ne sais pas quelles sont les améliorations
qu'on avait eues jusqu'à l'an dernier, mais actuellement, ce n'est pas
pire que l'an dernier.
M. Choquette: Non, mais les dispositions avaient
été prises à l'époque.
M. Lalonde: Ces mêmes dispositions sont prises. Ce sont les
mêmes personnes qui sont en charge. C'est le juge Fabien qui était
là autrefois et il est encore là.
M. Choquette: Oui, mais si le Solliciteur général
ne s'intéresse pas lui-même à la mise en place de ces
mesures...
M. Lalonde: Je m'intéresse.
M. Choquette: ... pour en venir à améliorer
l'administration de la Justice, il peut être sûr que la situation
ne s'améliorera pas.
M. Lalonde: Voyons donc! Il faut quand même faire confiance
à la compétence et au dévouement des officiers de la
justice.
M. Choquette: Arrêtez donc cela. La compétence et le
dévouement ne sont pas en cause. Tout le monde...
M. Lalonde: C'est cela...
M. Choquette: Ce n'est pas comme cela que ça marche. Tout
le monde sait que des organisations aussi vastes qu'un système
judiciaire ont une tendance à prendre des retards. C'est dans la nature
des choses. Si le Solliciteur général...
M. Lalonde: Oui. Je ne sais pas si le Solliciteur
général ou le ministre de la Justice devrait installer feu et
lieu aux côtés des juges pour voir à ce qu'ils fassent le
travail. Non. Chacun a son travail à faire, chacun a ses
responsabilités. Qu'il assume ses responsabilités.
M. Choquette: II y a toute...
M. Lalonde: II y a des communications qui doivent être
constantes entre les divers niveaux de responsabilités. J'ai dit que des
communications étaient constantes entre le ministère et les
responsables, dans ce cas, le juge Fabien. Je ne vois pas quelle pertinence ont
les reproches du député d'Outremont, alors que les
résultats ne sont pas pires qu'il y a un an. Au contraire.
M. Choquette: Oui, mais justement, les résultats auraient
pu être meilleurs si on s'était intéressé vraiment
au problème.
M. Lalonde: Voyons donc! C'est de la pure spéculation.
M. Choquette: Dans l'administration de la justice... Non, ce
n'est pas de la pure spéculation, parce que-dans l'organisation de la
justice criminelle, il y a beaucoup de facteurs qui entrent en cause. Il y a
les juges d'une part, il y a la couronne qui tombe directement sous
l'autorité du Solliciteur général, il y a les services
administratifs, il y a les sténographes qui recueillent les
dépositions des témoins. En somme, il y a une foule de facteurs
qui entrent en cause et qu'il s'agit d'agencer d'une façon efficace. Je
comprends, d'après les réponses...
M. Lalonde: Les officiers du ministère...
M. Choquette: M. le Président, j'ai la parole et je ne
suis pas pour endurer des interruptions du Solliciteur général
qui, de toute évidence, ne s'est pas intéressé au
problème.
M. Lalonde: Vous dites des inanités.
M. Choquette: Je ne dis des inanités d'aucune
façon. M. le Président, je dis que, si le Solliciteur
général ne s'intéresse pas à voir à ce que
ces personnes qui contribuent à l'efficacité du système
judiciaire travaillent ensemble, à ce moment, on va continuer à
avoir une situation qui va se détériorer.
M. Lalonde: M. le Président, dire si on a des rencontres
ou si on n'a pas de rencontres, si cela veut dire qu'on s'intéresse ou
qu'on ne s'intéresse pas à un problème, c'est faire de la
simplification quasi enfantine. C'est ridicule.
M. Choquette: Le Solliciteur a-t-il proposé des solutions
pour l'amélioration des délais judiciaires?
M. Lalonde: Nous en proposons justement au...
M. Choquette: Je parle du juge en chef Fabien.
M. Lalonde: J'ai dit que, constamment...
M. Choquette: ... au procureur en chef de la couronne.
M. Lalonde: ... les procureurs de la couronne, le procureur chef
de la couronne, le sous-ministre associé aux affaires criminelles, le
sous-ministre en titre sont en constante communication.
M. Choquette: Votre efficacité est à l'image du
gouvernement dont vous faites partie.
M. Lalonde: Et dont vous avez fait partie. M. Choquette:
Votre efficacité vous surpasse.
M. Lalonde: Oui. Vous en avez fait partie pendant cinq ans, et
vous mordez la main qui vous a nourri...
M. Choquette: Je ne mords aucune main. M. Lalonde: ... qui
vous a permis...
M. Choquette: J'ai accepté les sacrifices de mes
décisions et je ne m'en repends pas.
M. Lalonde: Ne jouez donc pas au Don Quichotte. Vous courez
après des moulins.
M. Choquette: Non, pas du tout. M. Lalonde: Voyons
donc!
M. Choquette: Non, parce qu'en creusant ce que n'a pas fait le
Solliciteur général...
M. Lalonde: Vous êtes ridicule. Depuis que vous avez
quitté le gouvernement, vous faites pitié.
M. Burns: M. le Président, je me propose comme arbitre
dans cette chicane de famille.
M. Choquette: M. le Président, les électeurs
jugeront en définitive.
M. Burns: Si je peux aider...
M. Lalonde: Sûrement, c'est déjà fait chez
vous.
Le Président: Y a-t-il d'autres questions qui s'adressent
au Solliciteur général?
M. Lalonde: M. le Président, avant déterminer,
j'aimerais quand même, étant donné que c'était la
première fois que je défendais des crédits dans cette
fonction, remercier et souligner le dévouement et la compétence
des fonctionnaires qui ont permis que le changement se fasse d'une façon
efficace.
On n'a rien à envier, je pense, d'aucune autre fonction publique
qu'on peut connaître, soit au Canada ou ailleurs, ici, au Québec,
et cela, à tous les niveaux. Je pense qu'il est bon qu'on le dise, et
c'est l'endroit où on doit le dire en ce qui concerne les
responsabilités que j'ai.
Je remercie les députés de cette commission parlementaire,
aussi, pour leur collaboration.
Le Président (M. Brisson): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 46)