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Etude de certaines questions relatives
à la sécurité au travail des
policiers de la Sûreté du Québec
(Dix heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs! Nous
nous excusons du retard à commencer cette séance. Je pense que
chacun s'en tient un peu responsable à sa façon, sauf ceux qui
étaient là à dix heures pile.
La commission permanente de la justice poursuit ses travaux afin
d'étudier certaines questions relatives à la
sécurité au travail des policiers de la Sûreté du
Québec, notamment l'opportunité d'avoir, pour chaque
véhicule automobile de patrouille, deux policiers pour chaque
période de relève.
Les membres de cette commission sont M. Alfred (Papineau), M.
Bédard (Chicoutimi), M. Pagé (Portneuf) en remplacement de M.
Blank (Saint-Louis); M. Burns (Maisonneuve), M. Charbonneau (Verchères),
M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Clair (Drummond), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M.
Johnson (Anjou), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lacoste (Sainte-Anne), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Marois (Laporte), M. Samson (Rouyn-Noranda),
M. Bellemare (Johnson) en remplacement de M. Shaw (Pointe-Claire); M. Springate
(Westmount), M. Tardif (Crémazie) et M. Vaillancourt (Jonquière).
Et le rapporteur de la commission est toujours M. Alfred (Papineau).
Alors, nous en étions à la période des questions
que nous poursuivons avec l'Association des policiers provinciaux et, à
ce moment-ci, j'avais sur ma feuille le député de Nicolet-Yamaska
qui avait demandé de poursuivre ses questions.
M. Fontaine: Etant donné que je viens juste d'arriver,
s'il y a quelqu'un d'autre qui veut poser des questions, j'y reviendrai dans
quelques minutes.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Alors, le
député de Jonquière.
Interrogatoire des témoins
M. Vaillancourt (Jonquière): Merci, M. le
Président. J'aurais deux questions et je les poserais à M.
Richard et, possiblement, à d'autres personnes qui seront
désignées par lui. Ce qu'on remarque, en lisant votre
mémoire je pense qu'ici, je dois vous féliciter pour le
travail que vous avez fait et ce qui frappe, c'est que tout le monde est
d'accord pour dire que le but de la patrouille à deux hommes, en tout
cas, c'est votre prétention, a pour effet d'assurer la
sécurité des policiers, la sécurité du public de
même que la prévention du crime. Je pense qu'on peut partir du
principe que tous ceux qui s'occupent d'activités policières en
Amérique du Nord ont également les mêmes buts,
c'est-à- dire assurer la sécurité du public, la
sécurité des policiers et la prévention du crime. Or, la
question que je me pose et que je vous pose, c'est: Comment se fait-il que des
personnes qui, toutes, ont ces trois mêmes buts ne s'entendent pas, si on
prend les témoignages que nous avons entendus à d'autres moments,
sur les moyens pour atteindre trois objectifs sur lesquels tout le monde est
d'accord?
Nous avons entendu M. Lidstone, M. Sostkowski et je suis sûr
également que ces messieurs ont à coeur les trois objectifs que
vous poursuivez. Il y a une question que je me pose. Comment se fait-il que,
sur trois objectifs bien précis sur lesquels tout le monde s'entend, on
ne s'entend pas par contre sur les moyens à utiliser pour les atteindre
et surtout de jour? C'est ma première question.
M. Richard (Raymond): M. le Président, en fin de compte,
je pense que tous les gens de l'association et ceux qui ont
témoigné ici, ceux qui vont venir témoigner un peu plus
tard, les représentants de la Sûreté du Québec,
comme vous dites, poursuivent assurément le même objectif; on ne
s'entend pas, c'est peut-être un mal du siècle. Je pense que c'est
un manque de dialogue qu'il y a eu dans les années passées mais
il y a des solutions à tous les problèmes, à tous les
litiges qui peuvent arriver dans la vie. Faut-il encore s'asseoir ensemble
à une même table et en discuter.
En ce qui nous concerne, c'est le gouvernement du Québec, c'est
la Sûreté du Québec qui sont en cause, si on s'asseoit
à la même table et qu'on en discute seulement pour le plaisir de
discuter de ce qui est arrivé avec deux hommes par véhicule et
sur d'autres sujets. A ce moment-là, on n'arrive pas à une
entente et il y a des situations où les solutions aux problèmes
ne peuvent plus être adéquates. C'est ce qui s'est passé,
on arrive avec un conflit, deux hommes par auto et on sait ce que cela a
fait.
Maintenant, je pense que les objectifs poursuivis sont les mêmes,
il faudra en tirer une leçon, je parle des parties en cause, que ce soit
le gouvernement, la Sûreté du Québec et l'association, et
les erreurs du passé ne devraient pas se reproduire à l'avenir.
Qu'on s'asseoie à une même table et pour ne pas se cacher
derrière un droit de gérance dire: Cela, ça ne vous
regarde pas l'Association, qu'on en discute plus franchement. Cela peut
être une des solutions.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question
supplémentaire, M. le Président. Si tout le monde s'entend sur
les mêmes objectifs, comment se fait-il que des corps policiers comme
ceux de l'Ontario et certains aux Etats-Unis, pour atteindre les mêmes
objectifs, emploient le moyen contraire, c'est-à-dire une patrouille
à un homme? J'aimerais avoir une réponse à cette question
précise, parce qu'on est d'accord qu'on poursuit tous les mêmes
buts.
M. Richard (Raymond): Je vais laisser ça pour un peu plus
tard, je vais répondre partiellement à votre question. On parlera
de statistiques. Aux Etats-Unis ou ailleurs, il y a des corps policiers qui
choisissent la patrouille à un homme et il y a aussi des autos
jumelées, de la patrouille à deux hommes. La tendance est
à la négociation. Le syndicalisme américain n'est pas
aussi avancé que le canadien. Dans ce domaine, les conditions de travail
sont inférieures. C'est une question de négociation. Sur certains
points, ils sont en avance, sur d'autres, nous sommes en avance.
Concernant les statistiques, pour compléter la question, M.
Bouchard ou M. Girard pourra répondre à votre question.
M. Girard (Paul): Les critères qui sont respectés
par les différents corps policiers américains et, dans certains
cas, par l'Ontario Provincial Police, sont tout différents, au moment
où ils décident de faire patrouiller un seul par véhicule.
A ce moment-là, on n'a pas le cas du poste de Tadoussac et d'à
peu près 39 ou 40 autres, où il n'y a qu'un homme sur la
relève. C'est beau de vouloir patrouiller seul et de dire: Tu demanderas
de l'aide si tu as des problèmes, ou, tu peux compter sur une assistance
de tous les instants. Mais, à tout le moins, il faut l'avoir, cette
assistance.
La nuance, on doit la trouver là. Il faut absolument
s'arrêter et mesurer les proportions, quand on compare. Si vous vous en
allez dans une grande ville américaine et que vous avez 150
véhicules pour 100 milles carrés ou 100 véhicules pour 100
milles carrés, à ce moment-là, lorsque vous demandez de
l'assistance, vous l'avez immédiatement.
Le public, également, connaît le processus, la façon
de procéder de la police, la rapidité à venir en aide. Les
gars ne posent pas les mêmes gestes sur les policiers. Mais les citoyens
marginaux de la région isolée, soit de Tadoussac ou d'une autre
région, savent fort bien que s'il y a une voiture de police qui les
arrête, et qu'il n'y a qu'un policier à bord, ce gars ne compte
que sur ses propres moyens; il ne peut pas compter sur du secours. S'il est
dans un rang, qu'il soit n'importe où, ils savent très bien que
ce n'est pas possible. Ce n'est vraiment pas réaliste qu'il puisse avoir
de l'aide.
Si ce policier, dans les faits, dans les circonstances pratiques, a
à fouiller le véhicule, par exemple, il faut s'imaginer la
situation qui peut se produire. Vous avez un policier qui... Mettons l'aide de
côté, parce qu'il n'en aura pas. Ce n'est pas possible, il ne peut
pas demander au poste voisin de venir l'aider. Dans les faits, cela ne se peut
pas. Il ne peut pas retenir un citoyen pendant deux heures.
A ce moment-là, imaginons notre policier qui est seul, à
quatre pattes dans le fond de l'auto, en train de regarder en-dessous du
siège pour savoir s'il y a de la drogue ou des armes à feu, en
train de fouiller le fond de la valise, en-dessous du tapis, pour voir s'il n'y
aurait pas encore des objets qu'on recherche.
C'est à ce moment que la situation se présente, qu'on ne
peut pas tolérer, un seul homme par véhicule. C'est la proportion
qu'on doit garder. On ne peut vraiment pas comparer les endroits où on
peut avoir de l'assistance en l'espace d'une minute, chez nous, où cela
prend... Peu importe si on est porté à contester nos
statistiques, ce sont des faits. A ce moment-là, on sait qu'on n'aura
pas d'aide.
J'en ai fait, de la patrouille, et je savais que je ne pouvais pas
compter sur de l'aide. Je ne m'en plaignais pas. Je tiens compte, de par ma
fonction policière, qu'il soit normal qu'on ait à prendre
certains risques. Mais on connaît la réalité et dans notre
travail, on ne compte pas sur l'assistance d'un autre véhicule. S'il n'y
a qu'un homme et qu'il est seul, il doit s'arranger avec ses
problèmes.
M. Vaillancourt (Jonquière): Dans votre mémoire,
également, vous ne semblez pas faire la distinction entre la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et les régions
métropolitaines. Tout le monde sait que, pour les appels qu'on
appellerait appels criminels, dans la plupart des cas, les crimes sont commis
et ont été commis et les criminels ont fui lorsque les policiers
arrivent sur les lieux.
D'autre part, vous semblez assimiler une région comme le
Saguenay-Lac-Saint-Jean ou l'Abi-tibi à une région
métropolitaine, comme Québec ou Montréal. Est-il
concevable de comparer, au niveau du degré de danger du travail du
policier, une région comme celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean? On n'a pas
eu de statistiques précises. Bien sûr, vous nous avez fourni une
grille de cent cas que vous avez pris. Je serais curieux de connaître les
statistiques de voies de fait ou d'assauts ou de cas de policiers qui ont
été tirés dans une région comme le
Saguenay-Lac-Saint-Jean au cours des vingt dernières années par
rapport à une région peut-être comme les alentours de
Montréal. Je ne comprends pas que vous ne fassiez pas une distinction
à mon avis extrêmement importante entre ces régions. C'est
bien sûr que le policier du Saguenay-Lac-Saint-Jean va avoir
également à arrêter quelqu'un qui zigzague dans la rue,
comme cela va arriver en Abitibi et sur la Côte-Nord, mais, en ce qui
concerne le danger du travail du policier, les risques inhérents
à la fonction, n'est-il pas exact de dire que, dans de nombreuses
régions du Québec, à part les régions
métropolitaines, les risques que court le policier, relativement aux
actes criminels eux-mêmes, sont beaucoup moins importants dans ces
régions du Québec?
Je pense parler en connaissance de cause, puisque je viens de cette
région et, travaillant un peu dans ce milieu, je n'ai pas en ma
mémoire de cas où des policiers de notre région auraient
été attaqués physiquement par des voyous ou tirés
pas des voleurs, ce qui peut peut-être arriver dans des régions
comme Montréal.
M. Richard (Raymond): M. le Président, à
l'association, nous n'avons pas fait de distinction dans notre mémoire,
puisque, peu importe le poste de la Sûreté du Québec, il y
en a 107 postes, il y a des situations dangereuses un peu partout. C'est
évident qu'à Grande-Vallée ou Tadoussac, ce
n'est pas tout à fait le même travail policier,
étant donné la région, comme l'a expliqué Paul
Girard.
Par contre, quand on regarde le travail des policiers, le travail de nos
patrouilleurs, puisqu'on parle des patrouilleurs, et qu'on parle d'un poste
comme Québec-Métro ou Montréal-Métro, à ce
moment, même pour couvrir un accident sur le boulevard
Métropolitain, pour l'efficacité et la protection autant du
citoyen que du policier, il est nécessaire aujourd'hui d'être deux
par véhicule. C'est pour cela que l'association n'a pas fait de
distinction.
Il ne faut pas non plus se fier seulement, parce qu'il n'y pas eu de
décès dans telle ou telle région, que ce n'est pas
dangereux.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non seulement les
décès, je parle également d'assauts physiques, des coups
de poing, par exemple, dans le visage d'un policier, qui sont certainement
beaucoup moins nombreux dans notre coin qu'ailleurs.
M. Richard (Raymond): Nous n'avons pas fait de distinction parce
que, peu importe l'endroit où notre membre est situé, nous
prétendons que les patrouilleurs devraient être deux en tout
temps. Le mémoire et les témoins sont venus le dire ici, à
la commission, devant les membres de la commission; par les témoignages,
vous vous en êtes rendu compte. C'est la simple raison.
M. Bédard: Avec la permission du député de
Jonquière, seulement sur ce point, une question plus particulière
concernant un point important que vous avez apporté, à savoir le
délai d'assistance qui pouvait se situer aux alentours de 17 minutes. Je
crois que vous pouvez admettre que, dans une région comme la
région métropolitaine, où vous avez, à
proximité, l'aide possible qui peut être apportée par la
police de la CUM ou encore même dans un centre comme Québec ou
différents centres, au niveau du Québec, plus populeux, où
il y a une police municipale très bien structurée, capable
d'apporter de l'aide, le problème du délai d'assistance ne se
pose pas avec la même acuité, en ce qui a trait à ces
grands centres, qu'en ce qui a trait, par exemple, à une région
éloignée, et on est capable de l'imaginer facilement, où
les distances jouent pour beaucoup dans le délai d'assistance.
M. Richard (Raymond): Si vous permettez, M. le Président,
M. Bouchard va répondre à ces questions.
M. Bouchard (Jean-Marie): M. le Président, quand on fait
des comparaisons... J'écoutais tout à l'heure M. le ministre dire
que Montréal, Québec ou différentes régions... Le
délai d'assistance n'est pas aussi important à-Montréal ou
à Québec. Nous autres, à notre point de vue, cela n'a pas
tellement d'importance. Les policiers, par rapport au nombre de milles, la
densité de la population, sont moins nombreux dans la région de
Chicoutimi. On prend, par exemple, à Montréal. Si vous demandez
de l'aide au quartier général de la rue Parthenais et que vous
êtes sur la rive sud actuellement, la voie du pont Jacques-Cartier
est en réparation je vous jure que cela va prendre plus de vingt
minutes. Ce qu'on essaie de démontrer, c'est que, lorsqu'on est pris
dans une situation, le policier, ce dont il a besoin, ce n'est pas du
téléphone. Le téléphone est là, on l'a
actuellement, on a l'automobile. Ce dont on a besoin, ce sont des ressources
humaines. Quand on est en activité, le patrouilleur, c'est un bureau
pour lui. C'est un bureau. Comme je voyais au début de la commission, M.
le ministre, lorsque vous avez demandé à quelqu'un des
photocopies pour qu'on continue à discuter; cela a marché. Le
policier ne sait jamais quand cette situation va se produire. Quand cela se
produit, son bureau est en activité, c'est vrai. A ce moment, de quoi
a-t-il besoin? Ce sont des ressources humaines. C'est quelqu'un à
côté de lui pour faire tout le travail qui est nécessaire.
C'est dans ce sens qu'on dit dans notre mémoire que la population est
certainement mieux protégée. Au lieu de faire un "U-turn", de
retourner ou de se cacher, parce qu'on a peur, parce qu'ils sont quatre
individus, là, on fait notre travail et c'est certain... Lorsqu'on parle
aux Etats-Unis, des objectifs, tantôt, j'écoutais la question...
Egalement, il faudrait prévoir aussi que les objectifs sont les
mêmes, mais que le crime augmente continuellement et il n'y a pas trop de
personnes qui trouvent des moyens pour diminuer cela actuellement.
Pourquoi? Parce qu'on parle surtout d'économie. On parle de
baisser les coûts de la police. Cela coûte bien cher de se promener
dans une voiture de police. C'est toujours dans ce sens et ce sont toujours des
administrateurs qui vont dire ça, ou les syndicats... Des policiers qui
sont autant policiers que tous les autres policiers, peut-être un peu
plus, nous voulons, nous également, la protection du public. Quand on
vient ici, c'est pour expliquer, voyez-vous, le danger de notre situation.
C'est seulement dans ce but qu'on vient vous démontrer ça. Je ne
fais pas de différence entre Montréal ou Québec. Parce
qu'un gars qui est au 25e étage à Montréal, cela lui prend
autant de temps pour avoir la police, qu'un autre en milieu urbain à
Chicoutimi, parce que le policier, avant de trouver une place pour stationner
sa voiture et monter au 25e, ça va lui prendre 15 minutes, je pense
bien.
M. Bédard: Oui, mais sauf que, lorsque vous parlez de 24
heures sur 24, de toujours avoir deux hommes dans une auto, j'espère que
vous faites la distinction entre certains travaux qui peuvent présenter
des risques certains, qu'on essaie d'évaluer le mieux possible, qu'on
essaie de prévenir le mieux possible. Cela, c'est votre fonction au
niveau de la négociation et, disons, le travail d'un policier qui a
à signifier un subpoena, certaines procédures à des
individus qui n'ont pas un caractère criminel connu. C'est
évident que, lorsqu'il s'agit de, peut-être même, aller
signifier un subpoena je fais la distinction à un individu
reconnu comme un criminel qui peut être dange-
reux, il y a quand même une distinction à faire entre
celui-là et celui à qui, selon les fiches que vous pouvez avoir,
on signifie un subpoena pour la première fois. Est-ce que vous faites
cette distinction?
M. Bouchard: Oui, M. le Président. Au début de
notre mémoire, vous avez vu que le débat se limite
essentiellement au problème de deux patrouilleurs par
voiture-patrouille. Evidemment, on ne parle pas seulement de patrouilleurs, de
voitures de patrouille comme telles. Tout à l'heure, on mentionnait des
régions où il y avait eu des études sur les mêmes
objectifs. Je voudrais répéter à la commission qu'en
Ontario, ils sont 13 174 policiers municipaux, 4200 provinciaux répartis
sur 212 postes, alors que, chez nous, on a 107 postes. Je pense qu'on peut dire
qu'en Ontario, le délai d'intervention est certainement meilleur que le
nôtre pour avoir du secours parce que la province est moins grande et
qu'il y a 212 postes au lieu de 107. C'est le double, autrement dit. Cela veut
dire que les distances sont moindres en Ontario pour avoir de l'aide qu'ici, au
Québec.
M. Bédard: Sauf que... Une dernière question. Je
comprends mal un argument que vous nous avez apporté, qui était
le fait d'un réaménagement possible qui aurait comme effet de
diminuer le nombre de postes. Vous me faites le raisonnement suivant, qu'en
Ontario, ils sont sûrement mieux couverts. Le délai d'assistance
est sûrement plus restreint, du fait qu'ils ont plusieurs postes, il y a
plus de postes qui sont sur le territoire. D'autre part, vous nous avez
présenté un plan de réaménagement qui aurait non
pas pour but d'augmenter le nombre de postes qui est déjà
inférieur à celui de l'Ontario, mais qui aurait pour but de le
diminuer et, au bout de la ligne, vous arrivez à la conclusion d'une
meilleure protection policière. Je vous avoue que c'est un point
d'interrogation.
M. Bouchard: Nous savons actuellement qu'il y a onze postes de la
Sûreté du Québec, des petits postes où le membre de
nuit, qui est seul, demeure dans le poste. Quand on parle de projets de
réaménagement, on parle de grossir des unités pour faire
des secteurs de patrouille. Même si on a cinq ou six postes de moins au
Québec, en faisant des secteurs de patrouille, on assure une
sécurité au public qui est aussi bonne à cause du
chevauchement des relèves; il y a un chevauchement des relèves,
et le secteur de patrouille existe comme tel.
Imaginez-vous! Sur onze postes, vous n'avez qu'un homme, et il ne sort
pas du bureau parce qu'il est seul actuellement la nuit. Cela se produit au
Québec. Je ne pense pas que cela soit le genre de sécurité
à laquelle la population s'attende de la Sûreté du
Québec; c'est que, lorsqu'on parle de réaménagement, le
nombre n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est de créer des secteurs
de patrouille et de devenir plus efficaces avec nos secteurs de patrouille.
M. Bédard: Mais, lorsque vous parlez de ces onze postes
où il n'y a qu'un homme, vous tenez compte de certains postes
éloignés où il y a des difficultés
particulières, je crois?
M. Bouchard: Evidemment. Ce sont des postes de moins de dix
hommes.
M. Vaillancourt (Jonquière): Une dernière question.
Une chose m'a frappé en entendant les autres témoins. On semblait
dire que la prévention du crime était mieux assurée, avec
plus de patrouilles à un homme que moins de patrouilles à deux
hommes, en disant que la population voyait plus souvent des automobiles de
police circuler et qu'en conséquence, cela avait pour effet de diminuer
les activités des criminels.
Je vous avoue qu'objectivement parlant, tout le monde étant
d'accord sur la prévention du crime, je suis un peu confus entre ces
deux arguments contraires. Evidemment, il est facile de répondre
à cette question en disant: On pense que la prévention du crime
est mieux assurée par deux policiers, mais que c'est interpréter
l'opinion que les gens peuvent avoir en voyant plusieurs automobiles à
un seul policier ou moins de patrouilles, mais à deux policiers.
En fait, dans la réponse que vous avez donnée et je
suis au courant de la réponse vous semblez vous mettre à
la place du citoyen québécois et vous semblez lui faire dire: Je
risque moins de commettre un crime si je vois de temps en temps une automobile
qui transporte deux policiers et je risque plus de commettre des crimes si je
vois plusieurs automobiles, mais avec seulement un policier. Vous semblez
déduire cela de façon presque automatique. Je pense que ce n'est
pas aussi automatique que cela. J'aimerais avoir une réponse
là-dessus.
M. Richard (Raymond): Premièrement, ce n'est pas
l'association qui a affirmé cette théorie. Ce sont les membres
qui sont venus témoigner pour la Sûreté du Québec.
Je vais laisser la parole à M. Masse, qui a explicité ce point et
je pense qu'il vous a donné un exemple.
M. Masse (Gilles): A la suite d'une recherche très
précise je pense que ce ne sont pas des affirmations gratuites
que l'on a faites il a été démontré
clairement qu'il n'y avait pas eu de changement, au niveau de la
criminalité, en comparant, pendant un an, cinq districts de patrouille
où on avait complètement enlevé les autos-radios qui
circulaient comparativement à un autre district à
côté où on les avait doublées, où on avait
mis deux fois plus d'autos-radios. Ce qu'on dit, c'est que ce n'est pas
l'auto-radio qui fait de la prévention, ce sont les policiers qui sont
à l'intérieur. Si vous avez une auto qui est stationnée
sur le bord d'une autoroute, pour faire de la prévention au niveau de la
vitesse, et que jamais cette auto ne bouge, c'est clair qu'à un moment
donné, les citoyens ne s'occuperont plus de l'auto et vont rouler plus
vite. C'est quand les policiers vont enquêter que la prévention
commence, parce qu'effectivement, la prévention, c'est une menace. Les
gens
ont peur de faire quelque chose, un acte dérogatoire aux lois,
parce qu'ils ont peur que les policiers interviennent. Ce que nous disons,
c'est que les policiers interviennent plus souvent à deux que quand ils
sont seuls, pour un tas de raisons. C'est cela. Ce n'est pas l'auto. On
pourrait faire une blague en disant: On va essayer de trouver des autos-radios
avec des pilotes automatiques, on ne mettra pas de policier dedans et la
prévention va se faire. C'est faux. Ce sont les policiers qui font la
prévention en intervenant. S'ils n'interviennent pas, il y a moins de
prévention qui se fait.
M. Vaillancourt (Jonquière): Comment se fait-il que dans
une ville comme Détroit, laquelle, je pense, est l'une des villes
où le taux de criminalité est le plus élevé aux
Etats-Unis, on fasse, dans ce coin-là, la distinction entre certains
quartiers de la ville où on met même plus de deux patrouilleurs et
que, dans d'autres quartiers de la ville, qui sont considérés
comme moins dangereux... Mais la ville de Détroit étant l'une des
villes dangereuses aux Etats-Unis, comment se fait-il qu'il n'y ait qu'un
patrouilleur?
M. Masse: Historiquement parlant, c'est une façon
traditionnelle. Je vous ferai remarquer que, si on regarde l'évolution
sociale et le rôle de la police dans la société, avec la
hausse de la criminalité, cela fait à peu près une
quinzaine d'années qu'on s'occupe de la police. On n'a pas fait
tellement de recherche sérieuse il y a quinze ou vingt ans sur la police
et on a toujours eu, dans certains endroits, des autos à un homme et on
continue parce que cela coûte moins cher. Mais, à un moment
donné, on réalise que cela en prend plus d'un et, dans certains
quartiers, on en met plus d'un. Je dois vous dire que les recherches
sérieuses sur la police, on commence à en faire depuis une
dizaine d'années. On a toujours négligé la police; or, ce
qui se passe, je vous le dis bien sincèrement, depuis cinquante ans aux
Etats-Unis, nous nous en foutons pas mal. Cela ne veut pas dire que ces gens
ont raison. On essaie de regarder objectivement le problème et on est
obligé de constater qu'une auto à un homme, c'est moins efficace
qu'une auto à deux hommes. Pas exclusivement pour la protection des
policiers, mais pour la protection des citoyens. Je peux vous donner des
exemples. Dans notre système judiciaire, à maintes reprises,
à beaucoup d'endroits, on demande la corroboration quand on porte des
accusations contre un criminel. Comment voulez-vous avoir la corroboration d'un
fait, à un moment donné, si le policier est seul? C'est un autre
handicap. On donne toujours le bénéfice du doute à
l'accusé. Il y a aussi d'autres exemples qu'on pourrait donner.
C'est bien moins tentant d'essayer de corrompre deux policiers qui sont
ensemble qu'un seul, parce qu'il y a un témoin. Ce sont toutes des
questions d'efficacité qu'on considère comme étant
très importantes, qui font que la protection de la population est
augmentée. Aux Etats-Unis, que, dans plusieurs villes, il y ait des
autos avec un seul homme, cela ne nous impressionne pas plus que ça.
Cela ne veut pas dire qu'ils ont raison.
M. Vaillancourt (Jonquière): En terminant, M. le
Président, ce n'est pas une question, c'est un commentaire qui rejoint
partiellement ce que M. Masse vient de dire. Vendredi dernier, il y a certains
membres de cette commission qui ont semblé, en fait, comprendre le
problème des policiers, qui l'ont dit, qui ont semblé dire qu'ils
comprenaient la frustration des policiers. Je dois dire également que
ces gens ne sont pas seuls à penser ainsi. Ce que je voudrais dire,
c'est qu'au cours des dernières années, ils auraient certainement
eu l'occasion de démontrer qu'ils comprenaient très bien ce
problème et ils auraient pu, en conséquence, aborder le
problème de façon aussi détaillée qu'on le fait
actuellement.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, selon un
résumé du rapport des témoignages des policiers de la
Sûreté du Québec, on semble dire que le travail des
policiers de la Sûreté du Québec n'est pas semblable
à celui des autres provinces ou encore au travail des policiers
américains ou des policiers des villes.
En fin de compte, est-ce que les policiers de la Sûreté du
Québec, les membres de l'association, demandent une espèce de
statut particulier pour les policiers du Québec à cause des
distances, des délais à intervenir? Et que dire du policier de
Montréal-Métro où les délais d'intervention sont
beaucoup plus rapides et pourquoi y a-t-il deux policiers par auto à
Montréal?
M. Richard (Raymond): Me Barré va vous
répondre.
M. Barré: Ce qui est demandé, M. le
Président, et je pense que les membres de la commission l'auront
compris, ce n'est pas pour les membres de la Sûreté du
Québec un statut particulier. On demande de tenir compte de la situation
géographique et territoriale applicable à la province de
Québec, comme nous l'avons expliqué dans notre mémoire
tantôt. J'entendais un député mentionner qu'on n'avait pas
établi de distinction dans nos représentations entre, d'une part,
le patrouilleur en province et le patrouilleur dans une région
métropolitaine comme Montréal. Je pense qu'il faut
reconnaître, au point de départ, que chaque région de la
province de Québec a ses particularités et que c'est en fonction
des particularités de chacune des régions que nous vous avons
soumis nos représentations.
D'ailleurs, si vous vous référez au tout début de
notre mémoire, nous vous avons fait entendre et déposer certains
documents établissant le particularisme de la patrouille, tant en milieu
urbain, semi-urbain, que rural, qu'isolé, justement pour faire ressortir
les implications des différents types de patrouille. Je pense que c'est
quand même un
élément important et qui doit être retenu si on dit,
au point de départ, qu'il existe une distinction entre les
régions urbaines, semi-urbaines et rurales. Il y a quand même des
difficultés et des problèmes qui se posent à un niveau ou
à l'autre.
En région métropolitaine, vous avez par exemple certains
problèmes qui vont découler de la concentration ou de la
densité de la population, qui vont découler de la présence
d'éléments cri-minogènes plus accentués qu'en
province, alors qu'en province, vous allez avoir des problèmes de
communication, d'intervention. A un niveau ou à l'autre, quel que soit
le niveau où on se place, vous allez sûrement rencontrer des
difficultés d'application qui font que la demande pour la patrouille
à deux hommes est essentielle.
Si on me permet de revenir, pour terminer, lorsqu'on parle de postulat
voulant que la prévention pourrait être le résultat de plus
de présences policières que le citoyen noterait, je crois qu'il y
a quand même lieu de souligner que ce postulat provient du document qui a
été soumis par le ministère de la Justice.
Par ailleurs, lorsque nous avons répondu à ce document,
nous vous avons quand même référés à un autre
document, un document qui a été préparé et soumis
par un ancien ministre de la Justice. Vous me direz que c'est un ancien
ministre de la Justice, mais quand même, cela demeure un ministre de la
Justice, qui, dans un livre blanc intitulé justement "La police et la
sécurité des citoyens", mentionnait que ce postulat
n'était pas fondé et qu'il ne fallait plus se contenter de la
seule présence physique du policier pour prévenir le crime. C'est
quand même un élément qui doit être retenu quand nous
sommes à apprécier une demande comme celle qui vous est faite par
l'association des policiers, à cette commission.
M. Fontaine: Concernant le problème du regroupement des
corps policiers de différentes régions, c'est votre argument de
dire qu'on n'a pas besoin d'augmenter nécessairement l'effectif policier
au Québec, pour pouvoir réussir à maintenir deux policiers
par auto.
Je considère les renseignements que vous nous avez donnés
et je les applique dans mon comté, Nicolet-Yamaska. Vous dites: On
devrait faire le regroupement de Bécancour et de Nicolet. Je demeure
dans cette région, et je me demande, concernant les délais
d'intervention et vous mentionnez qu'ils sont déjà trop longs...
Si vous installez le poste à Nicolet, par exemple, comment allez-vous
faire pour avoir un délai d'intervention meilleur s'il y a un incident
qui se passe à l'autre bout du comté qui a 70 milles de long? Je
me demande quel sera votre argument pour dire que cela va être plus
efficace.
M. Richard (Raymond): M. le Président, l'association tient
à mentionner que ce sont des études de regroupement. Ce sont des
études qui ont été faites par la Sûreté du
Québec. Ce serait une solution à court terme, peut-être
même à long terme. Il faudrait l'examiner.
Pour répondre à votre question: De quelle façon
va-t-on obtenir plus d'efficacité? C'est assez simple. A ce
moment-là, en ayant des postes un peu plus gros, on a plus de personnel.
Il s'agit de diviser des secteurs de patrouille. Un véhicule, dans un
rayon donné, reste dans son secteur de patrouille, ce qui donne une
efficacité et une protection immédiates ou plus rapides aux
citoyens.
M. Fontaine: Est-ce que vous ne seriez pas d'accord pour dire
qu'au lieu d'employer cet argument, on serait mieux de demander à la
Sûreté du Québec d'augmenter l'effectif de ses policiers,
graduellement, pour en arriver à avoir deux policiers par auto, mais en
gardant quand même les postes actuels?
M. Richard (Raymond): Nous arrivons avec... Ce serait une des
solutions...
M. Fontaine: En essayant de les augmenter.
M. Richard (Raymond): M. le député, il y a
peut-être d'autres solutions, c'est fort possible. L'association ne dit
pas qu'en regroupant certaines unités, la Sûreté du
Québec doive stabiliser son effectif et demeurer avec 4300. On sait
qu'il n'y a déjà pas assez de policiers. Dans certains domaines
où la Sûreté veut 'aller plus en profondeur, il faudra,
éventuellement, avoir plus de policiers. Cela ne peut pas se faire dans
une année ou deux. Vous savez que le recrutement est à la baisse,
ces temps-ci.
M. Barré: II y a quand même, M. le Président,
des solutions à court, moyen et long termes. Ce que nous avons
principalement envisagé, dans l'immédiat, pourrait être
qualifié de solution à court terme, c'est-à-dire quelles
seraient les possibilités ou les solutions à envisager, compte
tenu des effectifs actuels. On s'est rendu compte, de par la carte
géographique qui vous a été présentée, que,
par exemple, plusieurs postes étaient concentrés dans certaines
régions et que, à ce moment, on pourrait facilement entrevoir la
possibilité de réaménager la situation de certains postes
pour permettre la couverture plus adéquate d'un territoire donné.
Considérons que, dans d'autres territoires ou d'autres régions de
la province de Québec, vous avez, par exemple, un poste qui dessert un
territoire beaucoup plus considérable; enfin, essayons d'avoir ou
d'établir une norme de base qui puisse permettre une meilleure
utilisation des effectifs actuels et une meilleure redistribution du
personnel.
M. Fontaine: M. Masse, pouvez-vous me dire depuis combien de
temps la Communauté urbaine de Montréal a deux policiers par
auto?
M. Masse: Je pense qu'il y en a toujours eu, M. le
Président.
M. Fontaine: Toujours?
M. Masse: A ma connaissance, on a toujours travaillé
à deux hommes par auto.
M. Fontaine: Vous avez mentionné tout à l'heure que
cela coûte moins cher d'avoir un policier par auto. Pour deux policiers
par auto et moins d'automobiles, est-ce que vous avez des statistiques?
M. Masse: Je n'ai pas de statistique précise... M.
Fontaine: C'est évident.
M. Masse: ... mais j'ai l'impression que cela coûte moins
cher une auto avec un policier qu'une auto avec deux policiers, tout
simplement.
M. Fontaine: Au cours des témoignages, on a
mentionné, à un certain moment, que la Sûreté du
Québec, assez souvent, dans certains postes, n'a pas de dispatcher. Il y
aurait peut-être également, lieu d'améliorer ce point. Avec
cela, je fais référence à la technique. Dans son
témoignage, M. Duval mentionnait également qu'il avait eu
l'expérience de faire une course avec un casque à
l'intérieur duquel il y avait un appareil de
télécommunication. Je ne sais pas si ces moyens techniques ne
seraient pas des améliorations à apporter aux effectifs de la
Sûreté du Québec. Je voudrais connaître votre opinion
là-dessus.
M. Richard (Raymond): Vous parlez de quoi? Du casque?
M. Fontaine: Oui. Ce sont des améliorations techniques
qu'on a mentionnées. Il y en aurait peut-être d'autres aussi.
Pensez-vous, en fin de compte, que des améliorations techniques
pourraient remplacer à certains endroits un second policier?
M. Richard (Raymond): Nous croyons qu'il n'y a pas
d'améliorations assez techniques pour remplacer le policier, le
deuxième homme. Toutefois, avec certaines études qui pourraient
être faites, il y aurait probablement possibilité
d'améliorer l'équipement d'un véhicule de patrouille, mais
jamais au point de remplacer un homme.
M. Barré: On a d'ailleurs insisté, à
certains égards, dans le document déposé par le
ministère de la Justice, sur les développements technologiques en
matière policière. Ce que nous avons voulu faire ressortir, c'est
que, d'une part, s'il y a eu des développements technologiques, c'est
que certaines lacunes sont quand même apparues au niveau des
communications. Les communications peuvent être
accélérées, mais la réponse ou l'intervention
à la suite de cette communication ne l'est pas pour autant, parce que le
patrouilleur continue de disposer d'autos-patrouilles et non pas d'avions, si
on peut me permettre cette comparaison.
Par ailleurs, il convient également de préciser que le
travail du patrouilleur est quand même un travail qui comporte
énormément d'implications et de responsabilités.
Si on veut que le patrouilleur soit en mesure de faire face à
toutes ces implications, à toutes ces responsabilités, enfin,
à toutes les contingences de son travail, il faut quand même lui
donner, à ce moment, les outils dont il peut avoir besoin pour y faire
face.
M. Fontaine: Au cours du témoignage d'un des policiers qui
est venu raconter un fait qui s'est passé, il mentionnait qu'il avait
arrêté une automobile et que, lorsqu'il est descendu pour aller
rencontrer la personne qu'il arrêtait, la personne a fait feu sur lui. Si
on dit que les bandits, les criminels agissent soudainement, sans
avertissement, comment, dans un tel cas, pourrait-on dire que les policiers qui
sont deux dans une automobile seraient mieux protégés?
M. Girard: Là-dessus, ce qu'il y a de bien important, je
pense que cela prend, en fait, de l'expérience policière pour
savoir que l'attitude des gens qu'on arrête, que ce soient des
contrevenants au Code de la route ou des personnes qui seraient suspectes
d'actes criminels, ont une attitude toute différente, lorsque vous
êtes deux ou lorsque vous êtes seul. Je pense que c'est la pure
logique. Ce n'est que mathématique. On a moins peur d'un homme que de
deux hommes. Ce n'est pas difficile à comprendre. Je pense aussi qu'un
type qui serait seul dans un véhicule et qui aurait l'intention de
décharger une arme à feu en direction du policier ne le fera pas
s'il voit qu'il y en a un autre qui va le tirer. Ecoutez, en fait, la raison
qui peut le motiver, sauf si c'est un malade mental et on ne voudrait
surtout pas faire de comparaisons avec les malades mentaux ils peuvent
en tirer dix de suite, des policiers, et on n'aura jamais de mesure à
garder s'il s'agit d'une personne qui agit pour protéger sa
liberté, pour se sauver, elle ne prendra pas de chance inutile, elle va
aimer mieux être arrêtée que d'être tuée. Par
contre, si l'individu a une chance de blesser ou de tuer pour se sauver, il va
le faire. C'est de cette façon qu'il faut considérer l'affaire.
Tout à l'heure, vous parliez d'un répartiteur d'appels. C'est
important de revenir là-dessus. Ce qu'il faut comprendre dans cela,
c'est qu'au téléphone, lorsqu'on reçoit un appel, il faut
absolument se rappeler que le citoyen qui appelle, donne son message et, bien
souvent, il nous raccroche au nez. C'est tellement vrai qu'on a de la
difficulté à savoir, lors d'un appel pour accident, si c'est un
appel pour accident avec dommages matériels ou, si c'est un appel pour
accident avec blessés. Souvent, le gars dit: II y a un accident. Il dit
à quelle place et il raccroche. C'est pour cela que c'est difficile pour
un répartiteur d'appels, quel qu'il soit, de juger ces situations.
M. Bellemare: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, M. le
député de Johnson, il y a d'autres personnes inscrites sur la
liste.
M. Bellemare: ...
Le Président (M. Bertrand): Non, c'était
déjà fini, cette période. On a fait le tour de chacun des
partis. A ce moment, on est dans la période où on poursuit...
chacun des intervenants s'étant inscrit... Pardon?
M. Bellemare: Je vais pouvoir revenir tout à l'heure?
Le Président (M. Bertrand): Ah! Je comprends. Le
député de Drummond.
M. Clair: M. le Président, la question qui nous
intéresse dans le moment, et je pense, celle qui est au coeur du
débat, c'est vraiment la sécurité du policier comme
travailleur. Dans le même sens que le député de
Jonquière tantôt, quant à moi, je me suis interrogé
sérieusement sur les raisons qui peuvent motiver la différence de
position prise par certains intervenants qu'on a entendus ici, et par d'autres,
quant aux moyens d'assurer cette sécurité des policiers. Je me
demande si on ne peut trouver une amorce de réponse à ces
interrogations du député de Jonquière, qui sont
également miennes, de voir, par exemple, qu'on prend des positions
nettement contradictoires quant à la façon d'assurer la
sécurité du patrouilleur. Dans un cas, on nous dit que c'est plus
sécuritaire; on tente de démontrer que c'est plus
sécuritaire à deux hommes qu'à un homme. J'ai
essayé de trouver des raisons qui pouvaient justifier cette
différence en territoire américain, nord-américain. J'ai
été amené à me poser six ou sept questions
précises, par exemple, avant d'en venir à la patrouille à
deux hommes tout le temps la question, chacun des membres de cette
commission se la posera, le moment venu au lieu d'accorder ou d'avoir
deux hommes tout le temps, à toutes les heures du jour, si on ne devrait
pas se poser d'abord les questions suivantes: Est-ce qu'il ne serait pas temps,
est-ce qu'il ne serait pas plus opportun d'essayer de mieux définir le
rôle, la mission de la Sûreté du Québec comme telle?
J'entends par là, est-ce que le rôle de la Sûreté du
Québec en est un uniquement de patrouille et d'enquêtes ou est-ce
que c'est également son rôle d'assigner des subpoenas? Est-ce que
ce travail ne devrait pas être fait par d'autres individus, officiers de
justice?
Est-ce que ce ne serait pas une première question importante
qu'on doit se poser? Quel est le véritable rôle de la SQ, sa
mission? De la même façon, on peut se poser la question: Est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu de mieux définir le rôle et la mission
de la patrouille? Le point de vue soulevé par M. Masse,
particulièrement, m'ébranle sur ce point. Quand on dit qu'il y a
des statistiques qui semblent être sérieuses, qui
démontreraient que d'avoir un certain nombre de patrouilles à un
ou à deux hommes... Finalement, la prévention que pourrait
constituer le fait d'avoir des voitures-patrouilles qui se promènent,
ça peut avoir un effet très secondaire. Ce qui importe le plus,
ce sont les deux bonshommes qu'il y a dedans et le travail qu'ils font.
Dans ce sens, est-ce qu'on ne devrait pas également se poser la
question de mieux définir le rôle de la patrouille, la mission de
la patrouille, avant de penser à avoir deux hommes tout le temps?
Un troisième point de vue, une troisième question que je
me pose cela a été soulevé par l'association
c'est qu'on a parlé de mieux répartir les effectifs
déjà existants. Cela m'apparaît, après en avoir
discuté pendant la fin de semaine avec des policiers de ma région
de façon informelle, être une mesure qui devrait au moins
être étudiée à son mérite. On me soulignait,
par exemple, le fait qu'il existe, pour la région dont je fais partie
je wuis député de Drummond pour la région de
Drummond, on m'expliquait qu'il existe ce qu'on appelle une unité
d'urgence, qui serait cantonnée à Trois-Rivières, une
unité qui comprendrait une trentaine d'hommes. De la façon que
les policiers qui travaillent au poste de Drummondville me parlaient de cette
unité d'urgence, il m'est apparu, moi, que le rôle qu'ils
jouaient, finalement, ce n'en était pas un véritablement
d'unité d'urgence, parce que, dans un cas d'urgence, justement, cette
unité spéciale de Trois-Rivières mettait un temps beaucoup
trop grand à intervenir à Drummondville.
On me donnait, par exemple, les faits suivants: La patrouille du soir
commence à 5 heures, je pense, et, au moins en été, ces
patrouilleurs viennent dans le district de Drummond. Si le policier est en
poste à 5 heures, avant d'être parti, je pense je ne veux
pas dire que le policier branle; c'est simplement une procédure normale
on me dit que ça prend environ une demi-heure. Le temps que le
policier s'en vient patrouiller dans le district de Drummond, il faut compter
une heure de voyage. Le policier a une heure de repas, qui est comprise et que
je ne conteste pas, et, bien entendu, une heure de retour et une heure qu'il
doit prendre, environ, pour faire son rapport, une fois revenu à son
poste. Finalement, oe qui lui reste, c'est à peu près deux
heures, trois heures de travail utile, de travail d'appoint qu'il peut apporter
aux policiers de la région de Drummondville.
Je mets en cause cette... Je pose la question: Est-ce qu'une
unité comme celle-là joue vraiment son rôle? Est-ce qu'une
meilleure répartition de l'effectif policier de cette manière ne
serait pas de nature à faire porter une moins grande importance à
la question de la patrouille à deux hommes tout le temps?
Egalement cela a été soulevé par d'autres
députés je pense que, malgré que je sente que vous
n'êtes pas d'accord pour accepter cette unique mesure, vous êtes
quand même d'accord pour accepter le fait qu'il y a moyen
d'améliorer le réseau de communication. Encore une fois, pour
prendre un exemple concret, dans ma région, il y a trois corps de
police, Sûreté de Drummondville, Sûreté de
Drummondville-Sud, Sûreté du Québec, et les policiers avec
qui je discutais en fin de se-
maine me disaient qu'ils n'avaient pas le même système de
communication, de sorte qu'un policier de la Sûreté du
Québec pourrait fort bien faire face à un problème en
banlieue de Drummondville, à moins de trois milles, et, avant de pouvoir
rejoindre par téléphone un assistant de la Sûreté de
Drummondville, par exemple, cela pouvait prendre un délai inutile,
uniquement à cause d'un problème de communication.
Encore là, est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité de
résoudre véritablement ce problème?
Egalement, on n'a pas tellement soulevé cette question, si ce
n'est le député de Nicolet-Yamaska, mais il y a tout le
problème que moi, j'appelle l'arsenal ou l'artillerie,
l'équipement des policiers. Dans tous les métiers et dans toutes
les circonstances de la vie humaine, quand un individu, quand une personne
humaine a peur je pense qu'il faut reconnaître que, dans certaines
circonstances, c'est très légitime pour le policier d'avoir peur
c'est certain que la première solution qu'on trouve à
notre portée, c'est d'avoir une présence humaine à
côté de nous.
Si on prend le monteur de structures, le fait d'avoir quelqu'un au bout
de la poutre sur laquelle il marche, il est certain que cela va le rassurer.
Pourtant, ce n'est d'aucune utilité. Ce qui importe est d'avoir une
ceinture qui le relie à la poutre sur laquelle il marche. Etre deux pour
combattre un incendie, c'est important, mais il faut de l'équipement, il
faut d'abord avoir un bon boyau d'arrosage. On peut multiplier les
exemples.
La question de l'arsenal policier ou de l'équipement policier,
n'est-elle pas aussi une question très importante qu'on devrait
résoudre avant de penser en fonction du jour ou de la nuit, d'être
deux par patrouille toujours et tout le temps? Et, là-dessus, seulement
un petit point.
On me demandait également en fin de semaine si c'était
exact qu'avec les armes à feu dont les policiers sont
équipés à la Sûreté du Québec, cela ne
donnait rien de tirer à travers une vitre en voiture quand la
voiture-patrouille circule, et on disait que cela ne donne rien de faire feu
vis-à-vis de la voiture parce que, de toute façon, à une
distance de 20 ou de 25 pieds, la balle était inefficace pour perforer
la vitre du véhicule automobile ou la portière.
Enfin, on a également soulevé la possibilité de
mieux filtrer les appels. Cela m'apparaît particulièrement
important et encore en en discutant avec des policiers en fin de semaine, on me
disait qu'on reconnaissait que même si, dans la région, les gens
étaient satisfaits du travail fait par ce qu'on a convenu d'appeler les
dispatchers ou les régulateurs, les policiers prétendaient que
lorsqu'ils avaient travaillé dans tel ou tel poste, ce n'était
pas le cas.
Une autre mesure concrète qui m'apparaît de nature à
pouvoir sécuriser le policier serait de pouvoir mieux connaître la
situation. On a déjà parlé de cet élément,
mais si on prend les six éléments ensemble, ces six
éléments comme tels ne pourraient-ils pas, par une
amélioration ou par une étude sur la possibilité
d'améliorer ces six points, aider à sécuriser le policier
au travail? Il y a également un tout dernier point, je pense, car il y
aurait également lieu de tenir compte du régionalisme, des
situations propres à chacune des régions.
Cela fait beaucoup de questions. Je peux résumer en peu de mots.
Il s'agit de mieux définir le rôle de la SQ, de mieux
définir le rôle et la mission de la patrouille, de mieux
répartir les effectifs existants, d'améliorer le réseau de
communications, l'arsenal policier et le filtrage des appels.
M. Richard (Raymond): II est évident, pour répondre
à l'ensemble de vos questions, que s'il y a des études
poussées dans chaque domaine que vous venez de mentionner, on va
certainement mieux outiller le policier et on va probablement avoir plus de
solutions aux différents points qui n'ont pas été
étudiés depuis quelques années.
Vous parlez d'essayer de mieux définir le rôle, la mission
de la Sûreté du Québec, je pense que, depuis quelques
années, il y a des efforts dans ce sens. On dit qu'on veut
définir davantage le rôle de la Sûreté du
Québec, mais est-on tellement plus avancé?
De toute façon, le ministre de la Justice en a parlé
également et on ne sait pas ce qui va se produire au Québec d'ici
quelques années. Selon les événements, on sera
obligé de définir le rôle de la Sûreté et avec
la régionalisation, avec tout ce qui s'est passé au
Québec, cela sera, d'ici quelques années, une
priorité.
Ce que l'association a tenté de prouver dans son mémoire
est que, même si on définit le rôle de la
Sûreté du Québec, même si on lui donne encore plus
d'équipement, il reste tout de même que nous côtoyons tous
les jours les policiers municipaux, les policiers de la Sûreté du
Québec...
A l'association, nous avons des policiers de carrière et des
témoignages de ces personnes. Même avec le meilleur
équipement, même avec le meilleur rôle à la
Sûreté du Québec, il reste tout de même que, pour le
patrouilleur et on parle du patrouilleur qu'un confrère
pour l'assister, c'est nécessaire.
Ce n'est pas parce que vous allez augmenter l'équipement dans un
véhicule de la Sûreté ou améliorer le réseau
de communications que le patrouilleur n'aura pas besoin d'un confrère.
Loin de là.
Plus on mettra de l'équipement, plus cela sera peut-être
une autre raison d'avoir quelqu'un pour s'occuper de cet équipement. On
parle d'améliorer le réseau de communications, il est
évident qu'il faudrait essayer d'améliorer le réseau de
communications. Dans l'exemple que vous donniez on prend le poste de
Drummondville à ce moment, si les réseaux de
communications sont intégrés, s'il y a un appel d'un VA de la
Sûreté du Québec à deux ou trois milles du
territoire, des limites de la ville, cela sera plus facile d'avoir du
secours.
Mais qu'est-ce qui arrivera au policier de la Sûreté du
Québec qui est dans le quatrième rang, à Saint-Cyrille? A
ce moment, même avec le meilleur réseau de communications, il
faudra tout de
même, si le policier de Drummondville sort de son territoire, qui
est à dix ou quinze milles, qu'il prenne le temps de se rendre. Cela ne
règle pas le problème.
Est-ce qu'il y aurait lieu de mieux définir le rôle, la
mission de la patrouille? On l'a démontré dans notre
mémoire. Même en changeant le rôle d'un patrouilleur, il
reste tout de même que la patrouille, c'est la patrouille. Il reste tout
de même que la présence d'un confrère policier est
nécessaire, et nous l'avons, à notre point de vue,
démontré dans le rapport que nous avons soumis.
C'est évident que l'association ne demande pas au patrouilleur de
distribuer des subpoenas accompagné d'un autre membre, dans son
véhicule. Parce que c'est dans une patrouille normale, à ce
moment-là, les patrouilleurs devraient être deux... A la
Sûreté du Québec, et c'est important de le mentionner, il y
a des personnes, des agents de police, on les appelle des divers, qui se
chargent des sommations, normalement. Concernant les subpoenas, les
enlèvements de permis, les enlèvements de plaques, ce qu'on
appelle communément la tôle, dans le métier, des policiers
font ce travail. Normalement, ces policiers sont en civil, dans des
autos-fantômes. Mais il arrive quelquefois qu'un patrouilleur a une
"pièce de procédure" qui arrive à la toute dernière
minute, ou un surcroît de travail; il a à livrer quelques
sommations ou subpoenas. Mais ce n'est pas le travail courant du
patrouilleur.
Mieux répartir l'effectif de la Sûreté, par exemple
l'unité d'urgence, c'est une suggestion de l'association. On l'a dit
à plusieurs reprises au cours des dernières semaines.
L'unité d'urgence, d'après les renseignements que vous avez eus
des policiers de votre région et les renseignements sont exacts... Il
reste tout de même que le temps de partir, même si le policier,
comme vous le dites, ne "branle" pas, de se rendre dans un territoire
donné, de prendre son 1025, son heure de repas, de revenir pour arriver
une demi-heure ou trois quarts d'heure avant son heure de travail, faire le
rapport, assurer la relève, à ce moment-là, il a
donné deux ou trois heures, réellement, de travail. Est-ce qu'il
y aurait moyen d'utiliser davantage cette unité d'urgence? C'est une des
suggestions de l'association. Nous disons: Oui, tenant compte du rôle qui
est joué actuellement par l'unité d'urgence, parce qu'on sait
qu'au moment où on l'a créée, le rôle de
l'unité d'urgence ne visait pas les mêmes buts. Aujourd'hui, il y
a moins de problèmes au Québec. La suggestion de l'association,
ce serait de prendre une partie de cette unité d'urgence on ne
parle pas de l'unité d'urgence de Québec, Montréal ou
Baie-Comeau, où ces unités d'urgence, actuellement, ont beaucoup
d'appels et sortent régulièrement mais on pourrait prendre
quelques membres parmi les autres et les envoyer aux différents
postes.
Donc, au lieu d'assurer une protection ou un travail deux ou trois
heures par relève, on pourrait récupérer des membres qui
deviendraient plus efficaces et qui feraient leurs huit ou neuf heures
parce que nous avons la semaine de quatre jours, neuf heures par
jour.
J'ai parlé un peu des réseaux de communication. Il y a
certainement possibilité d'intégrer et d'améliorer ces
réseaux de communication. Je vous ai mentionné les cas où,
malgré tout, le policier ne pourra pas avoir d'aide ou quand le policier
aura reçu son aide, il sera probablement trop tard.
L'équipement, il ne faut pas prétendre que, parce que les
patrouilleurs, on l'espère, pourront travailler à deux à
l'avenir, qu'ils auront toute la sécurité maximale au travail...
Loin de là, comme tous les travailleurs des corps de métiers, des
corps de professions, il reste que nous avons des dossiers à
l'étude depuis plusieurs années et, cela prendra encore des
études un peu plus poussées et éventuellement, il faudra
améliorer l'équipement du policier. Mais encore là, cela
n'enlèvera pas le compagnon de travail qui est nécessaire, et
à ce moment-là, le patrouilleur sera mieux protégé
et aura quelqu'un qui pourra se servir de l'équipement au besoin, parce
que dans le travail du patrouilleur, il y a toujours des informations, on l'a
dit, à transmettre à la centrale, il y a toujours des
détails, et notre dossier a démontré que les patrouilleurs
devaient être deux. C'est la prétention de l'association.
Filtrer les appels, Paul Girard l'a mentionné tout à
l'heure, c'est extrêmement difficile parce que souvent la personne qui
nous appelle est énervée, et dans la majorité des cas ne
donne pas trop d'information. Elle va nous dire: II y a un vol à main
armée à tel endroit et elle raccroche immédiatement.
Alors, on est obligé d'envoyer un véhicule et à ce
moment-là, on ne sait pas vers quoi on s'en va.
Tenir compte des situations particulières. On en a tenu compte
dans notre mémoire et dans les exposés de nos témoins. On
a dit que Grande-Vallée, Tadoussac, Québec-Métro ou
Montréal-Métro, pour diverses raisons, ont des situations
particulières. Malgré tout cela, ce qu'on a tenté de
démontrer dans notre mémoire, c'est que le patrouilleur devrait,
en 1977, à la Sûreté du Québec, puisqu'on
représente la Sûreté du Québec, travailler
jumelé en tout temps.
M. Clair: M. le Président, tenant compte du fait que,
finalement, si on tombait d'accord à peu près sur le fait
d'améliorer les différents points que j'ai mentionnés, ce
serait de nature à améliorer également la
sécurité du policier au travail. Tenant compte de ce fait d'une
part, et tenant compte, d'autre part, du fait que, personnellement, sans
nullement mettre en doute l'honnêteté intellectuelle de la
démarche de ceux qui ont compilé des statistiques pour votre
compte, quand je compare les statistiques et la documentation du
ministère de la Justice, les statistiques que vous nous avez fournies,
et, un peu dans le même sens, celles du député d'Anjou,
l'autre jour, je pense que, sur la question de fiabilité et de
sûreté des statistiques, le mémoire que vous
présentez, à ce point de vue statistique n'est peut-être
pas assez serré.
A ce moment-là, sur le plan statistique toujours, je suis
porté à me rattacher davantage aux
statistiques des Etats-Unis et d'autres endroits dans le monde. Etant
donné que les Etats qui fournissent ces statistiques nous disent que le
travail d'un patrouilleur seul, finalement, est peut-être tout aussi
sécuritaire que le travail à deux hommes, pour nous, dans la
conception où je me place, est-ce qu'on ne peut pas et qu'on ne doit pas
en venir à la conclusion qu'avant de passer à la patrouille
à deux hommes, quand on a un bon lot de statistiques, qui m'apparaissent
sûres, est-ce qu'avant de passer à la patrouille à deux
hommes, en fonction du jour ou de la nuit, il n'y aurait pas lieu d'envisager
d'améliorer les points susmentionnés, avant d'en arriver
immédiatement à la conclusion qu'il faudrait deux hommes tout le
temps?
Autrement dit, est-ce qu'on ne met pas un peu la charrue devant les
boeufs, est-ce qu'on ne peut pas apporter d'autres améliorations avant
d'en arriver à ce point?
M. Richard (Raymond): M. le Président, nous
prétendons que non. Même en améliorant tous les points que
vous avez mentionnés, il reste qu'il sera de plus en plus
nécessaire de travailler à deux sur un véhicule de
patrouille. Quand on compare les statistiques, et nous avons mis en garde les
membres de la commission parlementaire, au tout début de notre
exposé, nous n'avons pas fait une preuve ou un dossier de statistiques,
mais quand on regarde les dangers d'homicides, on a pris ça dans
Statistique Canada, 6,1%, c'est à peu près la seule statistique,
quand on parle des experts qui sont venus témoigner devant la
commission, même l'expert a mentionné que le travail à un
homme, pour lui, c'est plus efficace, ce sont simplement des impressions. Il ne
s'était basé sur aucune statistique, il faut bien s'en rendre
compte et c'est important.
M. Clair: Sur les statistiques, je ne veux pas faire une guerre.
C'est toujours ennuyeux une guerre de statistiques et ne mène nulle
part. Je tiens simplement a vous souligner que l'immense majorité des
statistiques fournies par le ministère de la Justice provenaient elles
aussi de Statistique Canada d'une part. D'autre part, quand on met en cause le
haut taux d'homicides chez les policiers par rapport à l'ensemble de la
population, cet argument est loin de me convaincre. Aussi cruelle et
inacceptable que soit, jusqu'à un certain point, la mort d'un policier
abattu par un bandit, on doit considérer ça comme un accident de
travail. Cela ne me convainc pas de dire qu'il y a plus de policiers qui se
font tuer à leur travail qu'une autre catégorie d'individus. A ce
moment-là, les ouvriers de la Celanese de Drummondville pourraient fort
bien produire des statistiques disant qu'ils sont ceux qui souffrent davantage
de maladies pulmonaires causées par l'odeur de vinaigre qu'ils ont un
taux six fois plus élevé que l'ensemble des citoyens et ils
auraient raison.
Jusqu'à un certain point, je pense qu'on doit considérer
ça. Encore une fois, pas de problème à me convaincre que
c'est cruel, plus inacceptable que la mort de n'importe quel autre individu,
j'en suis convaincu d'avance. Mais je pense qu'on doit considérer que
ça fait quand même partie des risques du métier, aussi
cruel que ça puisse être.
M. Richard (Raymond): M. le Président, si vous permettez,
je pense qu'on ne parle pas de la même chose ou on ne s'est pas compris
depuis quelques jours. Quand on parle de sécurité, je pense que
l'association, les policiers et toutes les personnes interrogées croient
que ce n'est pas normal d'envoyer quelqu'un seul, et qu'advenant une situation
où on arrête un criminel, le gars se fasse descendre. Ce ne sont
pas les risques du métier, ce n'est pas un accident de travail, c'est un
meurtre et c'est inacceptable. C'est inacceptable qu'en 1977, on continue
à envoyer des policiers, ne serait-ce qu'il n'en tomberait qu'un ou deux
par année, c'est inacceptable.
Quand on nous dit qu'un gars poursuit un automobiliste sur la route,
à Grande-Vallée, qu'il manque son tournant, tombe à l'eau
et se tue, à ce moment-là, ce sont les risques du métier.
Le gars a perdu le contrôle de son véhicule, c'est acceptable.
Il y a des dossiers de sécurité. Vous avez
mentionné le travailleur qui monte sur une poutre et vous dites que
c'est dangereux. C'est évident, c'est le risque du métier. Il n'y
a personne qui le garroche en bas. Envoyer un policier pour se faire tuer,
c'est cela qui est inacceptable. Ce n'est pas le risque du métier et ce
n'est pas un accident de travail. C'est un meurtre, et il faudrait que les
membres de la commission parlementaire le réalisent. C'est pour cela que
le séjour s'est prolongé à Drummondville et c'est pour
cela qu'on est devant la commission parlementaire. C'est parce que c'est
important.
M. Clair: Toujours sur le même point, il y a certes plus de
policiers qui sont tués au travail à la suite d'un homicide, mais
je pense qu'on pourrait également tenir compte, dans un métier
comme celui de la construction... Je n'ai pas de statistiques, mais je serais
curieux de savoir, si on enquêtait à fond, quelle serait la
proportion des travailleurs dans la construction qui décèdent
à la suite d'actes de négligence criminelle de la part de tel ou
tel entrepreneur ou de la part de tel ou tel employeur. Je pense qu'on pourrait
avoir des surprises de ce côté.
Je suis d'accord avec vous que c'est inacceptable qu'on envoie un
policier seul pour un vol de banque, par exemple. Je suis convaincu de cela
d'avance. Là où j'en suis, c'est le fait que, dans certaines
circonstances et on le voit par les statistiques qui nous sont fournies
il y a même plus de policiers qui se font tuer lorsqu'ils sont
deux que lorsqu'ils sont seuls.
Le fait d'être deux tout le temps, à mon sens, ce n'est pas
cela qui va assurer la sécurité du travailleur policier. Ce sont
beaucoup plus des mesures concrètes qui pourraient
l'améliorer.
M. Richard (Raymond): M. le Président, le fait
qu'il y ait plus de policiers... Il faudrait regarder de près les
statistiques. C'est peut-être qu'il y a plus de policiers
même si ce n'est pas dans la convention collective qui, plus
souvent qu'autrement, travaillent à deux.
Dans une dizaine ou une quinzaine d'années, alors que tous les
corps policiers auront la patrouille à deux hommes, on pourra faire dire
aux statistiques que tous, lorsqu'ils se sont tués, travaillaient
à deux. C'est évident, parce que, partout, on travaillera
à deux.
Il faudrait étudier les statistiques. C'est évident, mais
ce n'est pas une conclusion que ce n'est pas dangereux. C'est parce qu'ils se
trouvaient à travailler à deux. J'ai posé la question. Il
faudrait faire une étude pour savoir combien de vies on a
épargné du fait qu'on a travaillé à deux. Il n'y a
personne jusqu'ici qui s'est penché sur ce dossier.
M. Clair: Vous auriez pu, à mon sens, sur ce point, nous
produire des statistiques sérieuses.
M. Richard (Raymond): On n'a pas eu le temps.
M. Clair: Là où j'en étais, je reconnais la
faiblesse de mon argument dans le sens que vous le soulevez. Mais si on est
tous les deux d'accord sur le fait qu'envoyer un policier seul, dans tel genre
de situation... Là où on ne s'entend pas, c'est sur les moyens
à prendre pour assurer la sécurité de ce travailleur. Je
suis d'accord avec vous qu'on ne doit pas envoyer un policier seul dans un cas
dangereux. Mais si le policier ne peut pas compter d'abord sur un bon
équipement de communication, sur un arsenal policier important, sur un
filtrage d'appels intelligent, à mon sens, quand bien même on
enverrait toujours les policiers deux par deux ou trois par trois, je pense que
la sécurité n'en sera pas pour autant améliorée.
C'est dans ce sens-là que je dis qu'être deux policiers ne
résout pas tous les problèmes. Cela semble même ne pas en
résoudre beaucoup puisque les statistiques démontrent que, en
comparant l'un à l'autre, il y a autant de morts à deux
qu'à un seul.
M. Richard (Raymond): C'est pour cette raison, M. le
Président, que nous prétendons, dans le mémoire que nous
avons soumis, que c'est une nécessité de travailler à
deux. Par la suite, comme nous l'avons mentionné, nous allons continuer
à travailler à nos dossiers de sécurité nous
avons plusieurs dossiers en marche actuellement pour essayer
d'améliorer il y aura encore de l'amélioration dans
l'équipement et dans d'autres domaines les conditions de travail
du policier, les conditions de sécurité, comme les compagnies le
font pour les travailleurs dans l'industrie.
M. Clair: Une question bien particulière et ce sera ma
dernière, M. le Président. Les fameuses vestes antiballes; est-ce
que ces vestes sont disponibles en assez grand nombre pour les patrouilleurs ou
si c'est à peu près inexistant? Là où elles sont
disponibles, est-ce que les travailleurs policiers les portent?
M. Richard (Raymond): Si vous le permettez, M. le
Président, ce n'est pas distribué aux policiers comme tels, le
nombre est limité; ce sont surtout les membres du crime contre la
personne, ceux qui travaillent sur les vols à main armée, ces
situations dangereuses, ceux qui vont faire une descente, c'est
spécialement où il y a l'escouade tactique d'intervention. Il y a
peut-être cinquante ou soixante vestes en tout et partout à la
Sûreté du Québec; c'est peut-être un peu plus, mais
je ne verrais pas un policier, un patrouilleur patrouiller avec cela.
M. Clair: A votre connaissance, est-ce exact que c'est
très dispendieux, que cela coûterait près de $4000?
M. Richard (Raymond): Je n'ai pas les chiffres, mais cela ne
devrait certainement pas être aussi dispendieux.
M. Clair: Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Si on pouvait résumer un peu le travail de
la commission, il y a trois points qui s'en dégagent. On a d'abord
discuté de la question de principe. Est-ce préférable
d'avoir deux policiers par patrouille ou un policier par patrouille? Par la
suite, on s'est finalement demandé si c'est applicable autant le jour
que la nuit et partout de la même façon.
Si on faisait l'hypothèse que c'était non, il faudrait,
dans ce cas, envisager un certain nombre d'options. On en a discuté avec
vous et, chaque fois, vous avez rejeté ces options comme ne
présentant pas suffisamment d'avantages.
Par ailleurs, si on faisait l'hypothèse que vous avez raison sur
toute la ligne c'est ce que vous avez prévu en nous
présentant une analyse de l'effectif policier en vous disant:
Certainement, ils vont nous essayer et nous poser des questions sur les
conséquences éventuelles de l'application globale de ce principe
et sur les coûts que cela pour-raît entraîner, sur
différentes conséquences d'ordre social et économique, et
c'est à ce sujet que je voudrais essayer d'approfondir avec vous cette
analyse que vous avez faite de l'effectif policier à la
Sûreté du Québec.
Vous avez d'abord parlé d'un regroupement de personnel et d'un
mouvement possible d'effectifs qui entraîneraient une
récupération et une nouvelle redistribution du personnel en
fonction d'une charge de travail qui, à votre avis, selon vos chiffres,
est plus grande le jour que la nuit. Dans ce sens, vous avez parlé, en
premier lieu, d'un regroupement de postes de la Sûreté du
Québec et non pas d'un regroupement des forces policières d'une
région. Est-ce que vous avez évalué les ef-
fets sociaux et économiques, tant chez vos membres que dans la
population que toucherait un regroupement des postes de police, de certains
postes de police de la Sûreté du Québec? C'est ma
première question.
M. Bouchard: M. le Président, à la
Sûreté du Québec, quand on parle de regroupement, c'est
qu'il y a en moyenne entre 400 et 500 transferts qui se font continuellement
depuis d'après les statistiques qu'on a ici 1974. Ce
réaménagement peut se faire à l'intérieur de ces
structures, des transferts normaux qui se font chaque année.
Concernant les coûts, une question d'économie, pour
l'aménagement des locaux, c'est une question politique comme telle,
parce qu'on a des locaux, à un moment donné, qu'on a
été obligé de fermer, à Wakefield où des
loyers sont parfois payés un an d'avance. C'est donc difficile
d'évaluer les coûts, ce que peut coûter la location d'un
local en particulier, parce que là on entre dans le jeu de la politique.
Est-ce plus rentable de laisser onze gars à Percé pour laisser la
population bénéficier des avantages de ces montants d'argent,
pour n'en pas faire une zone isolée? Toutes ces choses entrent en ligne
de compte. C'est complètement politique, alors que nous en faisons une
question de sécurité.
Je pense, quand on aborde l'économie comme telle, qu'on
déborde complètement le mandat qu'on a ici, à savoir si
c'est essentiel d'être deux membres par auto en tout temps. Si vous optez
pour l'aspect de l'économie, on va vous sortir des choses dans le sens
que, quand on parle de fermer un poste, on dit toujours que la jeune Chambre de
commerce ne veut pas le voir fermer parce que cela amène de l'argent,
ceci et cela. Je pense qu'il y a justement d'autres prérogatives qui
entrent en ligne de compte lorsqu'on prend cette décision.
M. Charbonneau: Dans ce cas, je ne vois pas très bien
l'utilité que vous ayez présenté une analyse de l'effectif
si, dès le départ, vous dites que l'argumentation qu'on pourrait
faire ou que la discussion qu'on pourrait avoir sur cet aspect n'est pas
valable. Je pense qu'on peut parler longtemps de la question de
sécurité et qu'on pourrait en arriver à une conclusion,
soit selon votre opinion ou selon d'autres opinions. Ce serait très bien
ainsi, mais on ne peut pas isoler la question de la sécurité au
travail, la sécurité publique, les effets autant pour les
travailleurs policiers que pour la population et sa sécurité, et
les conséquences de certaines applications de certaines mesures.
Si un Etat décidait de se doter d'une armée plus ou moins
équipée en termes de sécurité, il doit
évaluer aussi autant ses besoins en termes de sécurité que
la possibilité de se payer à peu près n'importe quelle
sécurité superparfaite. On pourrait dire que la
sécurité idéale d'une société et des
travailleurs, c'est cela.
Est-ce que vous et moi sommes capables de nous donner cela rapidement,
du jour au lendemain? C'est une question qu'on est en droit de se poser, et que
vous avez d'ailleurs considérée, parce que vous nous avez
présenté une analyse basée sur le raisonnement suivant:
Nous autres, on pense et je vous cite qu'on pourrait
réaménager les effectifs et que cela ne vous coûterait pas
plus cher, à l'Etat et au gouvernement qui a la responsabilité de
diriger cet Etat. Finalement, on adopterait, en plus, le principe que nous, en
parlant de vous, croyons valable, une sécurité accrue. Je pense
que, dans ce sens, je m'excuse, mais c'est justifié d'essayer
d'approfondir cette approche. Quand vous parlez de transfert... Oui, allez-y
donc!
M. Richard (Raymond): Est-ce que vous voulez que je
complète votre question? Nous avons parlé de répartir les
effectifs et de la possibilité, comme solution, d'aménager ou de
changer des postes. Nous le prétendons, mais nous n'avons pas fait
toutes les études, parce que le temps ne nous l'a pas permis. Il y a
à la Sûreté du Québec plusieurs centaines de
transferts par année, si on parle de 400 ou 500 transferts par
année. Paul Girard va vous donner un peu plus tard les chiffres exacts,
et cela coûte de l'argent. Cela coûte peut-être, et on va
vous donner les chiffres, entre $2000 et $2500 pour transférer un
membre. Dans la répartition des effectifs, nous parlons de 157 membres
transférés. On a quand même des transferts à la
Sûreté du Québec, mais il s'agirait de prendre les bons
gars et de les envoyer aux postes concernés. Quand on parle aussi de
fusion de postes et de la possibilité d'aménager de nouveaux
postes, suivant les études faites par la Sûreté du
Québec, cela coûte de l'argent pour construire un autre poste ou
le réaménager pour avoir un peu plus d'effectifs; mais les postes
qui ont fait partie de l'étude, ce sont des postes qui, dans 90% des
cas, ne sont pas adéquats pour la force policière, ce sont des
postes qu'on devra quitter éventuellement, à court terme. Pour le
gouvernement, il s'agit de construire ou d'aménager ailleurs, de toute
façon. Dans ce sens, cela ne coûte pas d'argent additionnel. Ce
sont déjà des postes... On parle de Saint-Raymond, c'est un poste
que les membres de la Sûreté du Québec auraient dû
quitter depuis plusieurs années. Ils sont encore là. Pourquoi?
Parce que l'on manque de locaux ou d'argent au gouvernement. C'est pour cela
que cela ne coûterait pas plus d'argent. Maintenant, j'aimerais que M.
Girard, si vous permettez, donne un exemple de ce qui s'est fait
dernièrement et apporte un peu plus de précisions sur les
statistiques, sur les coûts.
M. Girard: En fait, notre poste de Saint-Siméon, à
un moment donné, était, selon la population, et, au dire de tous,
un poste essentiel. S'il partait, cela devait être un drame dans la
région, du fait qu'il y aurait moins de couverture policière.
Tout le monde est d'accord maintenant pour dire que, depuis qu'il est
déménagé à La Malbaie, il y a deux fois plus de
couverture policière tout simplement parce que cela fait partie
maintenant d'un secteur de patrouille et qu'au lieu de quitter le vil-
lage pour aller patrouiller, les patrouilleurs passent là, dans
le secteur, et la couverture est d'autant meilleure.
Du côté des postes à fermer, je ne voudrais quand
même pas interpréter les intentions de la Sûreté du
Québec, mais, pour les postes que nous avons cités, il est bon de
mentionner que c'était le souhait de la Sûreté du
Québec de fusionner tous les postes qu'on avait mentionnés. Le
but de ce mouvement qu'on voulait tenter, c'était tout simplement que la
situation pouvait être changée, par exemple par la nouvelle
disposition des routes. On parlait de Nicolet et de Bécancour tout
à l'heure. La route 30 a changé beaucoup dans le contexte;
maintenant, de l'autoroute 55 à Gentilly, cela ne prend pas plus de dix
minutes, et, de la route 55 à Nicolet, c'est à peu près
cinq minutes. C'est maintenant changé à cause du contexte
routier. Ce sont tous des aménagements comme ceux-là. Dans la
région de Chicoutimi, c'est le même cas. On parle de
Saint-Ambroise, je pense, qui est à neuf milles de son voisin. C'est
inconcevable d'avoir un poste si près du poste voisin, Saint-Ambroise ou
Alma, en tout cas, il faudra que je vérifie sur la carte, si jamais je
me suis trompé, M. le ministre, mais j'ai l'exemple en main. Ce sont des
cas semblables dont on voudrait être bien sûr que
l'aménagement n'est pas un problème. Cela donne des ressources
humaines possibles pour travailler. Si vous avez seulement un homme sur la
relève, c'est bien beau de vouloir le jumeler, de vouloir lui donner de
l'assistance, mais il n'en aura pas parce qu'il est seul, il reste toujours
seul.
M. Charbonneau: II y a une question que je voudrais vous poser
pour essayer d'approfondir cette suggestion que vous nous faites. Est-ce qu'il
y a déjà eu des projets de regroupement de postes ou de
disparition de certains postes? Est-ce qu'à votre avis, il y a eu des
réactions dans la population?
M. Girard: La réaction qu'on a connue, c'est celle de
Saint-Siméon, pour ma part, que je peux citer parce que j'ai pris les
informations nécessaires. On avait dit que ce serait grave et que la
sécurité... On n'avait pas dit que, dans le village, il y avait
peut-être sept ou huit personnes avec un salaire de $15 000 par
année qui s'en iraient. On n'a jamais cité cet exemple, mais on
avait dit que la sécurité du public serait diminuée parce
que le poste disparaissait et, dans les faits, ce n'est pas ça qui se
produit.
M. Charbonneau: Finalement, si, dans les faits, ce n'est pas
ça qui se produit, on considère que, malgré tout, cela a
pris un certain temps avant que les gens acceptent et se rendent compte que,
finalement, c'était peut-être plus sécuritaire. Donc, ce
n'est pas une chose qu'on peut faire comme ça, du jour au lendemain. Il
va peut-être falloir habituer un certain nombre de gens à...
M. Girard: M. Barré parlait, tout à l'heure, de
solutions à court, à moyen et à long terme. C'est
ça qu'il faut envisager. C'est bien évident qu'on sait que,
demain matin, même si on dit: Je veux un poste à tel endroit, il
ne poussera pas comme un champignon. Je pense qu'il faut poser des gestes,
à un moment donné, qui vont permettre d'améliorer notre
situation.
M. Charbonneau: Sur un autre sujet, est-ce que vous êtes au
courant, en termes de résultat ou d'impact sur les effectifs disponibles
et sur une même charge de travail, des nouveaux gains syndicaux que vous
avez obtenus en termes d'horaire de travail? Est-ce qu'il n'est pas exact de
dire que, maintenant, pour la même charge de travail, on a besoin de plus
de policiers, parce que les relèves sont plus... Il y a plus de gens,
des gens qui travaillent quatre jours au lieu de cinq.
M. Richard (Raymond): M. le Président, si vous permettez,
j'inviterais Jacques Tessier à dire quelques mots, parce qu'on parle de
semaines de quatre jours. M. Tessier va répondre à votre question
de façon plus précise.
M. Tessier (Jacques): ... M. le Président, suite à
un réaménagement, si vous voulez, des calendriers de travail,
maintenant, on travaille quatre jours de neuf heures au lieu de faire cinq
jours de huit heures. Il serait très compliqué ici de commencer
à faire le calcul, mais je pourrais vous dire qu'on fait le même
nombre d'heures qu'on faisait avant, dans le système de cinq jours
à huit heures par jour.
Maintenant, il a été prévu que vous allez
comprendre si les policiers font neuf heures par jour, on fait 27
heures-temps pour 24 heures-homme, si vous voulez. Il y a des... On a aussi
parlé de chevauchement. A un moment donné, vous avez, à
certaines heures creuses, peut-être un homme de moins. Vous avez, disons,
un homme additionnel aux heures de pointe. On pourrait peut-être parler
des postes comme Québec-Métro et Montréal-Métro ou
même Charny, ou Sorel, des gros postes où, eux, aux heures de
pointe, ont un personnel accru. Anciennement, ce n'était pas le cas.
M. Charbonneau: Vos statistiques où vous nous indiquez
que, dans certains postes, il n'y a pas assez d'effectifs, est-ce que ce sont
des statistiques qui ont été compilées avant que vous
obteniez ces avantages ou après?
M. Tessier: Cela a été obtenu après, parce
qu'il était prouvé également que, dans l'ancien
système, il manquait peut-être déjà de personnel,
mais là, écoutez, les statistiques ont été
compilées après.
M. Charbonneau: Donc, il en manque plus à cause de
ça?
M. Tessier: Non, monsieur.
M. Charbonneau: Je ne comprends pas, dans ce cas-là.
M. Tessier: C'est qu'actuellement, avec le même personnel
qu'il y avait aux postes, il y a eu des possibilités, dans un livre qui
a été publié... Il y avait trois, quatre
possibilités, disons, selon le nombre de patrouilleurs qu'il y avait au
poste, mais, pour vous faire comprendre très bien le système de
la semaine de quatre jours, il faudrait que je me lance dans un long
exposé et ça, ça va être assez long.
M. Charbonneau: On s'occupera de ça avec les dirigeants de
la Sûreté du Québec.
Il n'y a qu'une autre chose que je voudrais peut-être signaler.
C'est un peu à la suite des questions du député de
Drummond et c'est peut-être plus un commentaire qui appellerait
peut-être une réaction de votre part qu'une question. J'ai
l'impression que, fondamentalement, ce que vous demandez... Si on voulait
augmenter l'efficacité policière, pas uniquement à la
Sûreté du Québec, mais sur l'ensemble du territoire
québécois, pour faire en sorte que les six millions de
Québécois en aient plus pour leur argent et, en termes
d'efficacité, une meilleure protection publique, ça supposerait
un certain nombre de réaménagements en profondeur qui, à
mon sens, supposent une certaine analyse de la situation et qui ne doivent pas
être réalisés et obtenus rapidement avec toutes sortes de
façons. Si on parle en termes économiques et là, je pense
qu'il faut peut-être s'en rendre compte...
Dans mon comté, j'ai 23 municipalités parmi lesquelles
certaines se paient actuellement des services policiers. Si jamais,
à tort ou à raison, j'espère, éventuellement, que
ce sera à raison, mais en disant à tort, c'est si on
considère les chiffres ou les évaluations de la patrouille
à deux hommes et à un homme, certains disent que c'est avantageux
et certains disent que non. Mais si jamais malgré tout, on acceptait ces
certaines demandes, le gouvernement et le ministre de la Justice les
décisions seront prises à ce niveau ... Cela aurait,
malgré tout, des conséquences sur le plan policier et sur le plan
des municipalités qui elles, naturellement, verraient leur corps
policier faire des demandes semblables pour tous les endroits au Québec
où ils n'en ont pas.
Donc, de deux choses, l'une. Ou cela augmente considérablement le
fardeau fiscal des Québécois ou cela suppose encore plus
rapidement l'urgence de redéfinir et de réorganiser toute la
structure policière au Québec, ce qui ne peut pas se faire du
jour au lendemain.
M. Richard (Raymond): II faudra, éventuellement,
réorganiser la structure policière au Québec. On sait que
ce sont les intentions de plusieurs personnes. Mais il ne faut pas
considérer le problème qui est aujourd'hui soumis à la
commission parlementaire seulement en raison des coûts.
A la sûreté du Québec, nous disons et nous l'avons
dit dans notre mémoire, c'est faisable, c'est nécessaire et cela
devrait être ainsi: Deux gars en tout temps par
véhicule-automobile. Qu'est-ce qui se produira chez les autres corps po-
liciers? On verra. Les années à venir nous le diront. Mais
doit-on empêcher de donner à des travailleurs la
sécurité dont ils ont besoin seulement pour une question de sous
et si on la leur donne, qu'est-ce qui se passera chez tel ou tel corps
policier? Je pense qu'il ne faudrait pas baser les recommandations simplement
sur ce fait.
M. Charbonneau: J'aurais peut-être une autre remarque
à faire. Je suis bien d'accord qu'on donne le maximum de
sécurité au travail des policiers, bien que dans chaque
métier, il y ait des imprévus. J'en sais quelque chose!
J'étais censé avoir un métier où il n'y avait pas
trop de risques!
Malgré cela, je pense qu'on doit, outre l'évaluation des
risques, évaluer aussi les coûts possibles pour une
société et un Etat même si ces derniers disposent,
finalement, d'une certaine marge financière, d'un certain pot d'argent
pour essayer d'accroître ou de réaliser une sécurité
accrue, maximale ou idéale pour toutes les catégories de
travailleurs. Je me pose des questions quand je regarde et c'est dans ce sens
que je considère que les statistiques de comparaison du métier de
policier ou des dangers du métier de policier par rapport aux autres
sont valables, parce que...
D'une autre façon, c'est un peu odieux de comparer votre
métier ou les risques avec d'autres. Les caractéristiques sont
différentes. Malgré tout, même si on a un certain pouvoir
de manoeuvre plus ou moins limité, certaines possibilités
financières pour essayer d'accroître la sécurité de
toutes les catégories de travailleurs, vous admettrez avec nous que si
on fait un certain nombre d'efforts pour accroître une certaine
sécurité au travail des policiers, il faudra peut-être
aussi prendre une partie de l'argent et la répartir équitablement
pour d'autres catégories de travailleurs qui sont peut-être encore
moins en sécurité actuellement que vous, vous pouvez
l'être.
M. Richard (Raymond): En fin de compte, ce n'est pas une question
de coût, parce que nous avons les solutions et nous prétendons
qu'il n'y aura pas de coût additionnel, premièrement, par rapport
à ce qui se faisait dans le passé c'est-à-dire un seul par
voiture. Deuxièmement, il reste qu'il ne faut pas penser parce qu'il y
aura deux policiers dans la voiture-patrouille, qu'on vient d'atteindre le
sommet et que le policier aura une sécurité à 100%. Loin
de là. Cela vaut pour aujourd'hui, en 1977.
Nous prétendons, et avec preuves à l'appui, que c'est le
minimum de sécurité que le policier devrait avoir.
L'excédent de sécurité que le policier devrait avoir au
point de vue de l'équipement, des communications, on verra cela dans les
mois, dans les années à venir. Mais actuellement, on parle du
minimum de sécurité.
M. Charbonneau: II y a une autre chose. Quand vous parlez des
transferts, encore là, en termes humains pour les propres membres de la
Sûreté du Québec, je pense qu'à court terme, cela
serait déjà une mesure qui serait peut-être
déjà à
moyen terme parce qu'on ne peut pas faire cela dans un délai
d'une, deux ou trois semaines. Je pense qu'il y a un certain nombre de
problèmes, chaque fois qu'on fait le transfert d'un policier ou d'un
travailleur d'une région à une autre. Dans un territoire, dans un
Etat aussi grand que le Québec, cela crée un certain nombre de
problèmes et on doit attendre un certain moment de l'année pour
effectuer ces transferts.
M. Richard (Raymond): C'est évident. Il y a la convention
collective, et on parle de 60 jours pour les transferts. C'est évident
qu'on ne prétend pas que, demain matin, les postes de la
Sûreté devraient fusionner. Loin de là. On est pas mal plus
raissonnable que cela. Il faudra laisser le temps de construire ces postes ou
d'approfondir un peu plus le dossier, mais il reste tout de même que les
solutions sont là. Il s'agit de savoir si on prend les solutions et
qu'on donne aux policiers la sécurité dont ils ont besoin ou si
on dit: On ne prend pas les solutions et on ne regarde pas plus loin. C'est la
question qu'il va falloir se poser ensemble et qu'on essaie de
démêler.
M. Charbonneau: C'est un peu dans ce sens que j'ai essayé
d'approfondir cette question et on l'approfondira également avec les
dirigeants de la Sûreté et on en fera le bilan.
M. Richard (Raymond): D'accord sur cela.
M. Clair: M. le Président, une question
supplémentaire. En relation avec ce que le député de
Verchères vient de mentionner, est-ce que des études ont
été faites par vous-mêmes ou à votre connaissance,
pour comparer ce qu'on peut appeler généralement
l'équipement de la Sûreté du Québec à
l'équipement des endroits où il y a des patrouilles à un
homme?
M. Richard (Raymond): A l'association, nous n'avons pas eu le
temps, nous n'avons pas de telles études. Je ne sais pas, du
côté de Montréal, si M. Masse peut donner plus de
détails, mais nous, nous n'avons pas ces détails.
M. Clair: Pour poser la question, est-ce le bon moyen à
prendre actuellement pour mieux assurer la sécurité des policiers
que d'être deux tout le temps, toujours dans cet aspect?
M. Richard (Raymond): C'est certainement le bon moyen. C'est le
minimum. Je pense que par la preuve démontrée par l'association,
vous allez être convaincus d'ici quelques minutes que c'est le bon
moyen.
Le Président (M. Bertrand): C'est à votre tour de
parler, M. le député de Sainte-Anne.
M. Lacoste: La question accessoire, l'élément
principal après. Dans votre rapport, page 5, vous parlez de l'agent
Bédard et vous dites que son équipement, que son fusil
n'était pas adéquat. Ils étaient deux dans la voiture
à ce moment-là, et son équipement n'était pas
adéquat. Il est décédé quand même.
M. Richard (Raymond): Cela prouve une chose, c'est que le
métier de policier est dangereux, et même avec deux gars par auto,
on va en perdre encore. On est prêt à faire cela pour
protéger le citoyen. Cela prouve seulement la thèse que c'est
dangereux, mais cela prouve aussi que c'est une question de
sécurité. On n'a pas fait d'émeute avec cela, mais c'est
une question de sécurité. Avec la perte d'un homme, on a
réussi, non pas à changer les revolvers, mais au moins à
avoir de meilleures munitions, un peu plus abondantes. C'est déjà
un pas de l'avant, comme ce qui se fait dans les professions au niveau des
métiers des travailleurs. Cela vous prouve que ce n'est pas le maximum,
que c'est le minimum qu'on demande.
M. Lacoste: Question principale. A la page 10 de votre rapport,
on se reporte à une rétrospective des événements
d'avant la grève des policiers, au moment où le ministre de la
Justice est intervenu au dossier, le mardi 5 avril, en convoquant les
représentants de l'association à son bureau. Il leur a alors
soumis certaines offres qui ont été rejetées par les
membres de la Sûreté réunis en assemblée. J'aimerais
savoir quelle est la position des dirigeants de l'association au sujet des
offres du ministre de la Justice, à ce moment-là. On n'en parle
pas dans le rapport. L'association devait avoir pris une position pour
soumettre cela à l'assemblée générale des
policiers.
M. Richard (Raymond): La position des membres de l'association
à ce moment-là...
M. Lacoste: De l'exécutif ou de l'association comme
telle.
M. Richard (Raymond): ... est telle que je l'avais
mentionnée au ministre au cours de conversations
téléphoniques. Les dirigeants de l'association s'en allaient
présenter à l'assemblée générale
présenter, je dis bien les dernières offres, parce qu'il y
en a eu deux, du ministre de la Justice. Nous les avons
présentées, et même si j'avais mentionné au ministre
que j'allais seulement les présenter, j'ai décidé, au
cours de l'assemblée, au cours de ma présentation, de recommander
ces offres, et même en les recommandant, les offres n'ont pas
été acceptées par les membres et on connaît la
suite.
M. Lacoste: D'accord! Mais votre position personnelle, lorsque
vous avez présenté votre position, aux policiers...
M. Richard (Raymond): La position initiale était que ce
n'était pas suffisant que l'association allait seulement les
présenter, et cela a été un changement de la
onzième heure, en tant que président de l'association, et j'ai
décidé, à ce moment-là, de les recommander.
M. Lacoste: Quelle est la raison pour laquelle vous avez
recommandé ces offres?
M. Richard (Raymond): Quelle est la raison pour laquelle j'ai
recommandé...
M. Lacoste: Oui.
M. Richard (Raymond): Parce que, d'après les conversations
que j'avais eues avec le ministre, je croyais qu'il y aurait eu
possibilité de régler et d'en voir plus un peu plus tard au
comité paritaire et conjoint. Maintenant, quand je vois les deux
dernières séances du comité paritaire et conjoint, je
pense qu'on est loin d'avancer. Je reconnais qu'on a fait une erreur à
ce moment-là.
M. Lacoste: Dans votre rapport "Analyse de l'effectif policier de
la Sûreté du Québec", j'ai numéroté mes
pages, ça tombe à la page 7, vous parlez justement des postes
isolés, comportant de 1 à 7 patrouilleurs, et vous recommandez
deux membres en tout temps, 24 heures sur 24. A ces postes dits isolés,
il y aurait de 1 à 7 patrouilleurs, toujours à deux policiers par
voiture.
M. Richard (Raymond): Vous parlez de quelle page?
M. Lacoste: A la page 7: "Analyse de l'effectif policier de la
Sûreté du Québec".
D'accord! Vous parlez de deux membres en tout temps, 24 heures sur 24.
Je vais seulement prendre les six postes dits isolés, comportant de 1
à 7 patrouilleurs. Je comprends, dans mon esprit, qu'il y aurait de 1
à 7 voitures de police avec deux personnes dedans.
M. Girard: En fait, quand vous voulez savoir combien d'hommes il
y a sur une relève de police, il faut prendre l'effectif du poste et le
diviser par cinq, pour avoir le nombre de personnes qui travaillent sur chacune
des relèves, parce que, assurer un service continu, 24 heures par jour,
vous devez avoir cinq équipes. Si vous prenez en considération
que vous avez généralement un responsable d'unité qui
n'est pas affecté à la patrouille, et possiblement une autre
personne qui est son adjoint, que l'on affecte à d'autres tâches,
signification de subpoenas, etc., il va rester 5 hommes pour s'occuper de la
patrouille, donc un par relève.
M. Lacoste: C'est-à-dire qu'il y aurait une voiture
à chaque relève seulement, c'est ça?
M. Girard: II y a une voiture à chaque relève avec
un homme, quelles que soient les circonstances.
Dans la situation actuelle, par exemple à Cap-aux-Meules, le
membre doit patrouiller le territoire et, s'il a besoin d'aide, il n'y a
personne sur les ondes, parce que s'il est de soir ou de nuit, avant la
situation nouvelle, maintenant, il reste au poste, ça peut être la
même chose le jour, alors que, le samedi ou dimanche, il n'y a tout
simplement personne à qui téléphoner par la voie normale,
il faut qu'il utilise son système de radio, qui est pilote, il peut
téléphoner, il peut signaler dans son auto, demander de l'aide
à quelqu'un qui, pense-t-il, peut l'aider.
M. Charbonneau: Est-ce que les appels entrent directement?
M. Girard: A ce moment-là, dans certains cas, les appels
vont entrer directement sur l'auto-patrouille.
M. Lacoste: Dans le document du ministère de la Justice,
je reviens aux statistiques, toujours au sujet de la mortalité, au sujet
d'un mineur, à 135,72, d'un employé de transport public, 37,24,
d'un travailleur de la construction, 31,7, d'un policier, 10,5, des accidents
de la route, article no 3, 24, 93, lorsque je tente de me mettre à votre
place, la question a été posée, quelle est votre
réaction au sujet de ce genre de statistiques?
M. Girard: En fait, on déplore énormément
qu'il n'y ait pas plus de sécurité au travail dans la
construction et où que ce soit, mais, ce qu'on vous rappelle, c'est
qu'il ne s'agit pas de mort criminelle. Chez le policier, lorsqu'il s'agit de
mort criminelle, on peut vous dire que le taux de mortalité criminelle,
le taux d'homicide chez les policiers est 6,1 fois plus élevé que
chez tous les autres citoyens. Il est bien évident que s'il arrive un
accident de construction, c'est sûrement un manque de
sécurité au travail. Mais, de notre côté, lorsqu'un
de nos membres a un accident de voiture en poursuite, on le considère
comme accident de travail, il y en a eu plusieurs. Je prenais connaissance la
semaine dernière d'un document qui était annexé au
mémoire de la Sûreté. Plusieurs de nos policiers sont morts
sur la route; l'agent Brassard est décédé au mois de mars
dernier, à Grande-Vallée, on n'en a pas fait état parce
que sont les risques du métier, de façon normale.
Mais lorsqu'on parle de meurtre, c'est inconcevable. Il n'y a pas un
policier, à aucun temps, dans sa mission, dans son objectif de vie
personnelle, qui ait envie de se faire tuer lorsqu'il entre dans la police.
S'il avait ça comme objectif, à ce moment là, il ne
deviendrait sûrement pas policier.
M. Lacoste: C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Chicoutimi, ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, on a fait état
tout à l'heure des coûts additionnels. Loin de nous la
pensée de vouloir faire de la sécurité des policiers au
travail une question de coûts. Je pense que vous saurez gré
à tous les membres de cette commission d'avoir mentionné ce
problème des coûts qui peut en être un, mais de ne pas avoir
insisté outre mesure sur ce point particulier, quoique ce soit quand
même un élément dont on doit tenir compte, en termes de
gouvernement qui a à administrer les deniers publics en tenant compte
aussi que ce sont quand même les citoyens qui ont à payer pour
leurs services policiers.
Lorsque vous nous dites qu'il n'y a pas de
coût additionnel, il faudrait que vous m'expliquiez la situation
qui se présenterait dans un poste où le nombre des hommes est
impair, dans un poste où il y a trois policiers, où on
fonctionnait, jusqu'à maintenant, avec un policier qui reste au poste et
deux patrouilles à un policier. A partir du moment où on emploie
la formule de deux policiers par véhicule, si on examine la situation,
il peut y en avoir un qui reste au poste et, au lieu de deux véhicules
qui sillonnent les routes ou qui font de la patrouille, il n'y en aura qu'un
avec deux policiers à l'intérieur.
Je reviendrai tout à l'heure sur la valeur de prévention
que peut avoir le seul fait d'avoir un véhicule de police sur les
routes, mais, dans le cas d'un poste où le nombre des hommes est impair,
où il y a trois policiers, pouvez-vous nous expliquer comment on peut
assurer la même présence policière, avec le même
nombre de policiers?
M. Bouchard: M. le Président, nous sommes partis du
principe qui est démontré dans notre mémoire que, la nuit,
il y a 22% du travail policier qui se fait, 33% le soir et 44% le jour. Avec ce
principe, c'est sûr que, la nuit, il reste un homme additionnel. Dans la
négociation d'une convention collective, avec l'homme de nuit, vu que le
travail est diminué d'autant, il y a certainement possibilité
d'avoir des mécanismes où la relève de nuit, une fois par
35 jours, est assurée par le membre qui serait affecté à
la relève de jour pour faire équipe avec l'autre homme de jour,
ce qui en ferait quatre de jour, au lieu d'être trois.
Evidemment, il y a le facteur des vacances qu'il faut remettre, il y a
les congés fériés. Il faut absolument y regarder de
près. On prend les statistiques qu'on a de la Sûreté du
Québec, ce sont des statistiques concrètes, à la
Sûreté du Québec, dans la province de Québec, 22%,
33% et 44%. La nuit, s'il y a moins de travail policier, pourquoi avoir une
perte d'un policier la nuit, alors que c'est facile pour lui, une fois par 35
jours, d'une façon équitable pour tout le monde, de travailler de
jour, pour combler le nombre requis dans le véhicule. Ils
travailleraient à deux véhicules de deux hommes par jour.
C'est cette optique qu'on a envisagée, avec les données
qu'on avait, pour mieux répartir le personnel.
M. Bédard: Je dois vous dire honnêtement que cela ne
répond pas à ma question sur les deux points des coûts
additionnels que cela peut représenter, qu'il faut évaluer, en
fonction et en relation avec le service et la présence policière
qu'on doit assurer. Comme vous me dites, peut-être dans un poste
où il y en a trois, si on veut assurer la même présence
policière, mathématiquement, en tout cas, cela voudrait dire
qu'il y en a un au poste. Si on veut avoir deux véhicules sur la route,
au lieu de deux hommes, il va falloir quatre hommes.
J'essaie de voir, au bout de la ligne, comment cela peut se traduire
autrement qu'en coûts additionnels...
M. Richard (Raymond): M. le Président...
M. Bédard: ... avec le même service donné aux
citoyens qui y ont droit, parce qu'ils paient pour cela. Je voudrais bien avoir
des explications mathématiques.
M. Richard (Raymond): Nous allons vous les fournir
immédiatement, M. le Président.
M. Girard: Ce qui se produit, on tient pour acquis, chez nous,
à l'association, que lorsqu'un appel est couvert, surtout un appel
d'accident ou un appel de plainte, s'il est couvert par un véhicule
à deux hommes, l'efficacité du travail est deux fois plus grande,
cela prend deux fois moins de temps, pour la bonne raison qu'on connaît.
Si un homme prend les rapports à l'intérieur du véhicule
lors d'un accident, que l'autre fait la circulation, on dégage deux fois
plus rapidement les lieux.
Il est commun de dire qu'un véhicule de patrouille à deux
hommes parcourt beaucoup plus de milles, généralement, dans une
relève qu'un véhicule de patrouille à un seul homme. On le
sait par expérience. Je pense que lorsqu'on a fait de la patrouille, on
sait que notre résistance est différente. Lorsqu'on a fait 150
milles, c'est le gros maximum, si on est seul, tandis que s'il y a deux
patrouilleurs et qu'il n'y a pas tellement d'appels, cela va aller
au-delà de 200 milles, facilement. Le territoire parcouru sera beaucoup
plus vaste.
Ensuite si vous avez une relève impaire je pense que cela
rejoint votre question il faut tenir pour acquis que ce n'est
peut-être pas la façon la plus souhaitable, mais il faut quand
même utiliser notre effectif... Tout d'abord, pour la relève
impaire, si vous avez trois hommes, il y aura trois mois de vacances par
année sur cette relève. Si vous avez cinq hommes, cinq mois, sept
hommes, sept mois. A ce moment, l'impair va servir. Et puis, surtout sur la
relève de jour, vous avez à aller à la cour.
Régulièrement, c'est connu, vous avez presque tous les jours, des
membres qui vont à la cour. Il nous faut du jeu pour avoir encore des
patrouilleurs en double. C'est une des raisons.
Avant le 5 avril, la patrouille de soir et de nuit se faisait selon la
possibilité ou la disponibilité du service à deux hommes,
quand c'était possible, et le chiffre impair patrouillait seul. Depuis
ce temps, depuis le 12, il y a seulement les chiffres pairs qui sortent en
double et le membre qui se trouve être impair, le cinquième membre
ou le septième membre sur la relève, reste au bureau. Je pense
qu'il y aurait d'autres façons d'arranger les relèves, afin que
ces membres soient en mesure d'effectuer d'autres tâches, de jour
possiblement, pour combler d'autres relèves etc.
Nous avons parlé aussi de la répartition de l'effectif.
L'exemple qui a été cité par le député de
Drummond était très pertinent, en ce sens que l'unité
d'urgence qui doit apporter son aide au poste qui a des problèmes
particuliers Drummondville en est un de ces problèmes
particuliers, il y a beaucoup de travail à ce poste si
l'unité d'urgence du Cap-de-la-Madeleine doit quitter le
Cap-de-la-Madeleine tous les jours pour aller travailler au poste de
Drummondville, à ce moment, il ne se perd pas moins de quatre heures en
trans-
port, en repas, etc. Si ces membres, tel que nous l'avons
préconisé, étaient assignés à un poste
donné, on pourrait arriver, premièrement, si on le désire
et si on pense que c'est la meilleure répartition, à faire des
relèves paires pour que chacun sorte en double et, sinon, à ce
moment-là, ils iraient au moins faire leurs huit ou neuf heures de
travail complet sur le territoire de ce poste, au lieu de passer leur temps
à se promener.
Bien souvent, en plus de cela, on n'a pas à être disponible
lorsqu'on aura besoin. Si vous pouvez compter sur l'unité d'urgence,
vous vous dites, si on en a besoin, on va l'avoir, mais si votre unité
d'urgence qui devait être à Drummondville est à La Tuque ce
matin-là et qu'un besoin, une nécessité survient, vous ne
l'aurez pas. Je pense que c'est mieux de pouvoir compter sur quatre hommes
sûrs que de pouvoir compter sur une possibilité de sept ou huit,
sans savoir si on va les avoir à temps ou si, tel que le
député de Drummond le disait, on les a une demi-heure ou trois
quarts d'heure plus tard, cela répondra à notre besoin
d'être présent.
M. Bédard: Oui, mais, si je considère l'ensemble de
votre raisonnement, il reste, quand même, que cela contribue à
enlever des hommes sur certaines relèves, par rapport à ce qui
existait, relèves du soir et de la nuit où ce sont, normalement,
selon les statistiques, les périodes les plus dangereuses. En fonction
peut-être des coûts, cela peut ne pas coûter plus cher, mais
en fonction de la sécurité à donner aux citoyens, à
ce moment-là, par exemple, je pense qu'on peut se poser des questions.
Le but de la présence des policiers est toujours, on l'a dit tout
à l'heure, fondamentalement en fonction de la sécurité des
citoyens.
Ensuite, vous dites: A un moment donné, ce sera peut-être
plus efficace que des policiers qui se promènent seuls sur la route. A
partir de ce moment, ce avec quoi je ne suis pas d'accord, je vous le dis bien
honnêtement, c'est que vous enlevez toute force de prévention,
toute valeur de prévention à la seule présence de
véhicules de la police, qu'ils soient un ou deux sur la route. Je vous
le dis bien honnêtement, je ne suis pas capable de partager cette
opinion, si on fait la discussion en fonction de la sécurité des
citoyens. C'est à eux qu'il faut penser.
Prenez, par exemple, ce sur quoi j'étais en désaccord avec
M. Masse qui a tout à l'heure affirmé que la prévention
commence à partir du moment où l'intervention se fait ou
où commence l'intervention. Je ne suis pas d'accord sur cette
manière d'évaluer la présence policière comme force
de prévention. Je vous donne simplement un exemple: J'ai à
parcourir le boulevard Talbot maintes et maintes fois au cours de
l'année. Je vous assure que le seul fait qu'il y ait des policiers qui
se promènent seuls durant le jour, même s'ils n'interceptent
personne, je me rends compte facilement ce n'est pas par magie que cela
se fait que dès que le policier est sur la route et qu'il va
à une vitesse qui est celle permise, c'est bien de valeur, il y a toute
une file d'automobiles qui s'enlignent derrière lui.
Cela contribue à quoi, au bout de la ligne? Cela contribue
sûrement, d'abord à éviter les excès de vitesse,
à diminuer, normalement, le nombre d'accidents, et de ce fait, à
assurer une sécurité plus grande aux citoyens, au moins sur ce
problème précis qui est la prévention quand il s'agit de
la couverture des routes, de la présence policière au niveau des
routes. C'est dans ce sens.
Tous les réaménagements, on peut les faire, cela se fait
sur papier. Mais je pense que, quelque réaménagement qu'on fasse,
on doit toujours le faire en fonction d'un critère qui est la
sécurité des citoyens. Je ne veux pas m'étendre
là-dessus, mais quand j'ai lu dans votre document, où vous
faisiez allusion à la possibilité de centralisation dans la
région que j'habite je me reconnais le droit de la
connaître pas mal bien quand je vous vois régler le
problème en centralisant les postes qui peuvent être à
Alma, à Saint-Ambroise, dans un seul poste qui pourrait être
à Chicoutimi, à Alma ou à Saint-Ambroise on ne
commencera pas les batailles de clochers je vous assure que je ne suis
pas capable de comprendre au bout de la ligne que cela puisse se traduire en
termes d'efficacité, en termes d'amélioration, même
concernant la période de 17 minutes dont vous parlez pour porter secours
à quelqu'un qui est mal pris, parce que, si un policier peut être
mal pris, deux policiers peuvent être mal pris aussi. Quand on parle de
sécurité, on parle quand même d'un ensemble, surtout quand
on considère cette région, de tout un ensemble de territoire
à couvrir.
Dans ce sens, j'aimerais avoir plus d'explications. Comment, d'une part,
arrivez-vous à un réaménagement qui va, selon vous,
régler bien des problèmes de coûts, d'autre part, vous
reliez cela à un besoin essentiel, soit celui d'assurer la
sécurité des citoyens, d'assurer la sécurité aussi
des policiers.
M. Richard (Raymond): M. le Président, dans notre
mémoire, nous parlons de sécurité pour le patrouilleur, le
policier. Nous parlons également d'efficacité. Nous maintenons,
qu'avec les solutions proposées, il y aura peut-être d'autres
solutions qui seront proposées. Les solutions que nous proposons, le
citoyen sera assuré de la même efficacité, je pense que
l'association l'a démontré, un policier qui travaille seul n'est
pas efficace... Deuxièmement, il y a plusieurs postes actuellement de la
Sûreté du Québec...
M. Bédard: Excusez-moi, quand vous dites qu'un policier
qui travaille seul, n'est pas efficace, vous faites des distinctions que vous
m'avez faites, quand même lors des séances
antérieures...
M. Richard (Raymond): Pour les membres, les divers, oui.
M. Bédard: ... sur certains travaux...
M. Richard (Raymond): ... là, je ne parle pas des
enlèvements de permis...
M. Bédard: ...où deux policiers sont
inefficaces.
M. Richard (Raymond): ... je ne parle pas de nos membres qui
travaillent sur le divers, les enlèvements de permis. Je parle des
patrouilleurs quand je parle de cela. Donc, on voudrait permettre aux policiers
de donner une meilleure efficacité en ayant une personne additionnelle
dans le véhicule. Cela va offrir une meilleure efficacité, une
meilleure protection aux citoyens. Nous avons de nombreux postes à la
Sûreté du Québec qui, à toute heure du jour ou de la
nuit, n'ont qu'un VA dans le territoire... On en aurait peut-être besoin
de deux, mais on n'en a qu'un, parce que l'effectif de la sûreté
actuellement ne nous permet pas d'en avoir deux. Avec les solutions que nous
proposons, l'efficacité sera accrue, parce que le policier, dans le
même véhicule, aura un gars à côté de lui qui
pourra l'aider et ainsi plus de travail pourra se faire. Donc, c'est dans de
nombreux postes de la Sûreté que cela se produit.
En plus de cela, et je vous donne un exemple: Dans
Montréal-Métro, au poste de Sainte-Julie, c'est beau, le jour ou
le soir, d'avoir quatre ou cinq véhicules qui couvrent le territoire et
de dire: On a une bonne prévention, on a une bonne efficacité. Le
citoyen est bien protégé, parce qu'on a cinq véhicules
dans le territoire. Quand on sait que le mercredi, le jeudi, le vendredi, le
samedi, il y a des accidents, il y a des plaintes et que tous les
véhicules... Un accident, cela ne se couvre pas par une auto; il y a
une, deux et trois autos, et le policier est tout seul, alors cela prend deux
gars pour la route 20, un minimum de deux hommes pour couvrir un accident...
Donc, si on jumelle dans un même véhicule, la meilleure
efficacité, en fin de compte... C'est faux de dire qu'on a une meilleure
prévention parce qu'on a des autos sur la route, mais qui sont toujours
rendues, pour quelque raison que ce soit, au même endroit. Alors
là, on jumelle les autos. Quinze ou dix minutes après, on envoie
une autre auto. Alors, ce n'est pas quatre autos dans le territoire, si cela
prend une demi-heure ou trois quarts d'heure pour couvrir un accident, on se
rend à un autre accident, à ce moment-là, les heures se
passent, et les gars sont jumelés... Ce n'est pas ie meilleur...
M. Bédard: S'il y a des améliorations
opérationnelles à faire sur l'utilisation des voitures, c'est une
autre affaire. Cela ne rejoint pas la question de deux par voiture.
M. Richard (Raymond): Non, mais la solution qu'on propose, M. le
Président, va donner une meilleure efficacité, une meilleure
protection, une meilleure sécurité. On augmente le rendement. Et
on diminue les coûts, parce que le deuxième véhicule
coûte de l'argent pour rien. C'est ça. Mais encore faut-il
analyser en profondeur cette solution avant de la rejeter.
M. Bédard: Remarquez, M. Richard, que je ne crois pas
avoir affirmé que la prévention était la seule
manière de contrer le crime. Il reste que la prévention est un
élément extrêmement important et qu'à partir de cela
la présence policière en soi, à partir du moment où
on a la conviction que ça peut constituer non pas tout l'ensemble de la
lutte ou de la prévention contre le crime, mais un élément
important, il faut en tenir compte. Je pense qu'on est d'accord sur ce
point.
M. Richard (Raymond): Oui, c'est pour ça que, dans les
solutions proposées, on parle de sécurité,
d'efficacité, de protection du citoyen. Cela va de pair. On n'aurait
jamais proposé des solutions qui auraient enlevé aux citoyens la
protection nécessaire. On n'aurait jamais fait ça. C'est pour
ça que, dans notre mémoire, on a des solutions qui rejoignent la
sécurité de notre patrouilleur, ainsi que l'efficacité
policière et la protection du citoyen.
M. Bédard: II s'agira d'évaluer ces moyens. Est-ce
que M. Masse est sorti?
M. Richard (Raymond): Pour des besoins personnels.
M. Bédard: Quand il sera de retour, j'aurai quelques
questions à lui poser.
Le Président (M. Bertrand): Brièvement, le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. Richard, je ne sais pas si
le policier seul n'est pas efficace, mais je dois vous dire que celui qui m'a
arrêté vendredi dernier était drôlement efficace et
il était seul.
M. Richard (Raymond): Ils sont encore plus efficaces à
deux.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... dans le parc des
Laurentides.
Je vous ai posé une question tout à l'heure. Comment se
fait-il que vous n'ayez pas fait de distinction entre les régions
éloignées où le taux de criminalité est assez bas,
comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean, et les régions métropolitaines?
Vous m'avez répondu que le travail du policier était
différent d'une région à l'autre, et c'est M. Barré
qui a répondu cela.
J'ai ici des statistiques qui démontrent qu'au cours de
l'année 1976, justement pour appuyer la question que je vous posais, 84
policiers ont subi des voies de fait; 80 de ces 84 cas représentaient
des blessures superficielles, ce qui veut dire 90%, et 4 ont donné lieu
à l'hospitalisation du policier. Ce qui est important à
souligner, c'est que, dans les 80 cas de blessures superficielles, 87%
provenaient des régions métropolitaines, de là
l'importance de ma question et que les quatre cas d'hospitalisation, 100%
provenaient des régions de Québec et de Montréal.
Je répète encore ma question: N'est-il pas exact de dire
que ces statistiques démontrent que, dans votre mémoire, il y
aurait eu à faire des distinctions importantes et pertinentes entre le
danger du travail policier dans des régions dites
éloignées ou non hautement criminalisées et des
ré-
gions comme, par exemple, Québec et Montréal? Dans les 80
cas où les policiers ont subi des blessures superficielles, 57
proviennent de Montréal et 12 proviennent de Québec. Des 4 cas
d'hospitalisation je ne parle pas des homicides, évidemment, je
parle des voies de fait 3 sont de Montréal, l'autre de
Québec; il n'y en a aucun d'autres régions du Québec.
M. Barré: M. le Président, je pense que si on
regarde le mémoire qui vous a été soumis par
l'association, il n'est pas exact de dire que nous n'avons pas fait cette
distinction au départ. Comme j'ai eu l'occasion de le préciser
tantôt, justement en réponse à la question du
député, effectivement, dans notre mémoire, lorsque nous
vous avons présenté la partie du mémoire relative aux
opérations et au travail de patrouille, nous avons voulu faire
ressortir, à l'aide des mémoires qui ont été
déposés, des représentations verbales faites, entre
autres, par M. Michaud, que le travail du patrouilleur pouvait être
différent suivant qu'il s'effectuait en milieu urbain, rural ou en
milieu d'un poste isolé. Je pense qu'on a fait ressortir à ce
moment que chaque patrouilleur, quel que soit son milieu d'affectation, faisait
face a des exigences peut-être particulières au milieu qu'il
desservait, mais quand même des exigences. Ainsi, par exemple, au niveau
du boulevard Métropolitain, on a fait ressortir que le policier
patrouillant ce boulevard pouvait être confronté à l'aspect
accidents. On vous a fait mention du nombre d'accidents qui pouvaient survenir
au cours d'une journée sur le boulevard Métropolitain, du nombre
de véhicules qui circulaient quotidiennement sur le boulevard
Métropolitain et sur l'autoroute Décarie.
Tout cela pour faire ressortir que le policier affecté à
la patrouille sur le boulevard Métropolitain, sur Décarie ou dans
des secteurs connexes, affrontant certains problèmes justifiait la
présence de deux policiers en raison des implications.
Par ailleurs, en province, nous avons également fait ressortir,
à partir encore une fois du travail qui s'y effectue, les exigences que
les patrouilleurs sont appelés à assumer et qui se produisent
notamment au niveau des communications, au niveau des délais
d'intervention et au niveau des conséquences qui peuvent se produire
lorsque cette intervention ne se matérialise pas.
Quand on fait référence, par exemple, à certaines
données statistiques pour dire: II y a eu tant de policiers qui ont
été blessés ou tant de policiers qui ont été
tués, je pense que c'est fausser le problème que de dire qu'il
faudrait peut-être attendre qu'il y en ait 50 de tués avant de se
décider à agir.
Ce serait mal concevoir le problème que d'attendre ou de
considérer uniquement le nombre des blessés ou des tués
pour dire: II y a peut-être lieu d'agir à ce moment, la situation
devient cruciale.
On a fait ressortir et vous pouvez d'ailleurs le voir dans
l'annexe de notre mémoire une centaine de cas qui ne comportaient
pas de cas de blessures, mais on a voulu faire ressortir, par exemple, qu'il
aurait très bien pu s'en produire.
Parmi les trois patrouilleurs entendus, à la section sur
l'analyse des faits et incidents, vous en avez au moins un qui n'a subi aucune
espèce de blessure, mais il a bien mentionné, cependant, que
s'ils avaient été deux, vous auriez eu possiblement une
arrestation au lieu d'avoir un policier qui s'est enfui en courant dans le
bois. Mais cela n'entre dans aucune espèce de statistiques parce que le
policier n'a pas été blessé, et je pense que si on devait
restreindre ou ramener toute cette question à une stricte question de
statistiques sur le nombre des blessés, à ce moment, on n'a pas
une vue d'ensemble du problème parce que le problème comporte
diverses facettes. Or, c'est ce que nous avons voulu faire ressortir,
nommément en faisant état des blessés ou des
mortalités qui ont pu survenir, mais également des incidents qui
ont pu survenir, qui auraient pu avoir des conséquences néfastes,
et je pense que c'est également un point très important à
retenir.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. Barré, je comprends
très bien votre réponse que le travail policier peut être
différent d'une région à l'autre, mais vous admettrez avec
moi que vous nous avez embarqués drôlement sur ce terrain,
à partir même de votre slogan au centre de Drummondville qui
était "Mourir à un ou vivre à deux".
M. Barré: Vivre à deux.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous comprendrez au moins que
le député de Jonquière, si ce ne sont pas les autres,
insiste sur la signification de ces statistiques car, depuis le début,
même avant d'arriver en commission parlementaire, on entend parler de
sécurité au travail des policiers.
On nous disait, tout à l'heure, qu'on ne va pas dans la police
pour mourir. Je pense que vous avez beaucoup insisté sur cet aspect du
problème, beaucoup plus que sur la prévention du crime. Je pense
qu'il est normal de faire ressortir ces statistiques pour
démontrer...
M. Barré: C'est un fait qu'une certaine insistance a
été apportée sur cet aspect. On fait état du slogan
véhiculé depuis notamment le 5 avril sur la question, mais je
pense qu'il faut quand même le situer dans son contexte. Cela devient
l'aboutissement ultime d'une situation que nous avons voulu dénoncer et
que nous avons voulu faire corriger en disant qu'il ne faudrait peut-être
pas attendre qu'on arrive à cette constatation, à des
mortalités, à des meurtres pour décider d'agir.
Il faudrait peut-être voir et comprendre qu'il y a un
problème et tenter de le résoudre à partir des
éléments qu'on connaît, à partir de l'analyse des
faits que nous avons voulu offrir à cette commission pour donner
à cette dernière tous les éléments lui permettant
d'apprécier exactement le contexte du travail policier, compte tenu de
ses implications, des dangers et des risques que cela peut
présenter.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'aurais peut-être
un commentaire pour corroborer les propos du député de
Drummond lorsqu'il dit que la statistique qui veut qu'il y ait plus de
policiers qui soient tués par homicide que d'autres travailleurs ne le
convainc nullement. Même si mon exemple est boîteux, on pourrait
dire qu'il y a plus d'avocats qui perdent leurs causes que des médecins,
mais on sait que les médecins ne perdent pas de cause parce qu'ils ne
pratiquent pas le droit. Il y a plus de médecins qui ne
réussissent pas leurs opérations médicales que d'avocats.
Je comprends. Ces statistiques, envisagées de cette façon, sont
fausses parce qu'il est bien évident qu'il n'y a pas d'homicide dans le
domaine de la construction, mais il y a des homicides par négligence,
comme le disait le député de Drummond, quand les employeurs ne
respectent pas les normes de sécurité au travail, et, à ce
compte, je pense que c'est envisager d'un mauvais oeil les statistiques.
M. Barré: Si vous me permettez de compléter votre
analogie, on dit souvent que les erreurs des médecins, on les enterre!
Je ne voudrais pas que les erreurs au niveau de l'administration
policière, on les enterre également.
Je pense que cela ne serait pas la façon de régler le
problème et c'est ce que nous avons voulu démontrer en insistant
sur les divers aspects du travail du patrouilleur, quel que soit son lieu
d'affectation, quelles que soient les tâches qu'il a à remplir
parce que, justement, il fait face à certains problèmes. Je pense
que l'ensemble des faits que nous avons voulu vous démontrer
encore une fois, on nous permettra de revenir là-dessus, même si
certains députés ont émis certains doutes, je dirais, sur
l'analyse que nous avons faite de l'ensemble de faits et incidents sur une
période ou sur un nombre d'années donné
représente quand même un échantillonnage très
représentatif de la situation qui a pu exister. Ce n'est pas un
échantillonnage ou ce n'est pas un compte rendu d'opinions ou
d'impressions qui peuvent se dégager; c'est un échantillonnage de
faits qui nous amènent à faire certaines constatations
basées sur des faits, desquelles constatations découlent
certaines solutions à envisager, comme nous avons voulu le faire dans
les solutions qui vous ont été présentées.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre.
M. Bédard: Me Barré disait qu'il faut comprendre
qu'il y a un problème. Je pense bien qu'on n'a pas à argumenter
longtemps pour vous souligner qu'on comprend qu'il y a un problème.
Notre présence en commission parlementaire en est un exemple tout comme
la tenue de cette commission parlementaire à laquelle nous assistons
tous. Il y a également le fait qu'il ne faut jamais oublier que la
situation, à l'heure actuelle, à propos de laquelle nous parlons,
est la suivante, à savoir qu'il y a deux hommes par jour sur les
relèves de nuit, les relèves de soir, sur deux relèves,
qu'il y a deux hommes par véhicule. Il ne faut quand même pas
oublier cela, au moment où on se parle. Il ne faut pas oublier non plus
que, quand il s'agit de la relève de jour, dans tous les cas où
il y a un danger précis, évaluable également, l'esprit de
ce qui a été offert est qu'il y ait également deux hommes
par véhicule.
Je crois que, tenant compte des circonstances dans lesquelles chacune
des parties était placée, il y a eu une réaction, à
mon sens extrêmement rapide, si on tient compte du fait que, tout
à l'heure, au début de vos exposés en commission
parlementaire, vous avez quand même parlé de certaines
frustrations qui s'accumulaient depuis plusieurs années. Là, nous
essayons, au niveau de cette commission parlementaire, d'envisager, le plus
globalement possible, l'ensemble du problème de la
sécurité au travail des policiers afin que nous puissions,
à l'issue de cette commission, faire les recommandations, tenant compte
des éléments qui ont été exposés, que les
membres de la commission jugeront à propos de faire. C'est une mise au
point, je pense, qu'il est important de se rappeler tout le temps, parce que,
quand on parle de deux hommes par véhicule, il y a quand même un
bout de chemin extrêmement appréciable qui est fait. Puisque M.
Masse est arrivé, j'avais fait une observation selon laquelle, sur un
point, nous n'étions pas d'accord je pense que c'est la place
pour se le dire c'était au sujet de l'importance de la
présence policière comme valeur de prévention du crime qui
se situe au niveau de la présence même et non pas seulement
à compter de l'intervention. D'autre part, M. Masse nous a dit, tout
à l'heure, que ce qui se passe aux Etats-Unis, il s'en foutait.
M. Masse: Pas nécessairement.
M. Bédard: Je prends un peu, si vous permettez...
M. Masse: C'est un argument CKACiste. Tout le monde le fait,
fais-le donc. Ce n'est pas nécessairement bon toujours.
M. Bédard: Vous ajoutiez du même souffle que le fait
que ce soit cette situation aux Etats-Unis, cela ne voulait pas dire que ces
gens-là avaient raison. Je pense que, connaissant votre sens de
l'objectivité, on peut en déduire que votre idée
n'était pas de conclure que, du fait que cette situation existait aux
Etats-Unis, cela ne voulait pas dire non plus que ces gens ont
complètement tort. Vous avez mentionné, entre autres cela,
je vous en sais gré le fait que, 24 heures par jour, deux hommes
par véhicule, cela existe à Montréal depuis bien
longtemps. Je vous en sais gré pour une raison, c'est que, dans l'esprit
de bien des gens, il y en a qui avaient l'impression que le fait d'avoir deux
hommes par véhicule, la situation qui existe à Montréal,
avait été consentie à la suite des
événements de janvier, alors que, nous le savons, ce n'est pas le
cas du tout.
Par exemple, même si la situation à Montréal est de
deux hommes par voiture, pouvez-vous me dire combien de véhicules
circulent à deux hommes, approximativement, on s'entend, et combien de
véhicules circulent à un homme?
M. Masse: Je pourrais vous donner ça, mais avant, je
voudrais simplement faire une petite remarque. Quand on parle de
prévention, il y a une distinction très importante à
faire, c'est la différence entre un honnête citoyen et un
criminel. Quand il y a une intervention où les policiers vont fouiller
le véhicule d'un honnête citoyen, il n'y a pas de problème
pour l'honnête citoyen que de faire fouiller son véhicule, parce
qu'il n'y a rien à cacher. Mais le criminel qui fait fouiller son
véhicule, c'est de la prévention, il craint ça. La
prévention, on fait ça contre les criminels, on ne fait pas
ça contre les honnêtes citoyens.
Les criminels se foutent pas mal de voir passer une auto-radio. Ce qui
les intéresse, c'est de ne pas se faire fouiller et de ne pas se faire
enquêter. Je n'ai pas de statistiques précises sur ça, mais
on a à la CUM une unité mobile d'une vingtaine d'autos, qui
circulent, qui changent de quartier continuellement et je serai en mesure de
donner dans quelques jours à la commission des statistiques qui seront
peut-être très significatives, où les policiers s'en vont
et ne font que des interventions dans un quartier, et le taux de
criminalité baisse.
Si vous faites une intervention et que vous fouillez un véhicule,
que vous trouvez une arme à feu cachée sous le siège,
c'est ça la prévention. Ce n'est pas en voyant une auto-radio
passer qu'on va faire de la prévention. C'est dans ce sens que je dis
que les interventions policières font la véritable
prévention efficace contre les criminels. La prévention contre
les honnêtes citoyens, on n'a pas besoin d'en faire, ils se conduisent
bien.
Je pourrais essayer de vous donner des statistiques. A Montréal,
dans le territoire de la CUM, il y a 129 autos à deux hommes, et selon
les heures de la journée, il y a des autos à un homme, qui font
des enquêtes sur les accidents. Ils ne font que ça, ils ne
répondent jamais à un appel. Il y a aussi une dizaine d'autos
avec radar, qui ne font que ça, qui ne répondent jamais à
des appels.
A la minute où les policiers de la CUM sont appelés,
où il y a la possibilité qu'ils soient
dépêchés sur un appel, ils sont toujours deux.
M. Charbonneau: Si le ministre de la Justice me le permettait,
juste une remarque sur le point que vient de souligner M. Masse, vous oubliez
une chose, c'est que les statistiques et l'évaluation de la criminologie
nous permettent également de dire que la criminalité n'est pas
uniquement conçue aujourd'hui en fonction de la criminalité des
professionnels du crime. Parce que, dans les faits, un certain nombre
d'études assez rigoureuses ont été faites aux Etats-Unis
et ailleurs pour démontrer qu'en fait, la majorité des gens,
plusieurs fois dans la vie, commettent ou ont commis des actes criminels, et
que, s'ils avaient été interceptés au moment où ils
les commettaient, ils auraient été emprisonnés et
embarqués dans tout le processus judiciaire.
Je pourrais donner l'exemple de jeunes qui, parce qu'une auto-patrouille
circule sur la rue, ne vont pas piquer de journaux dans une boîte aux
lettres et se conduisent donc mieux. Finalement, la notion d'honnête
citoyen, en criminologie, on la réévalue et pas mal, de ce
temps-ci. Je pense qu'il y a des gens qui sont plus respectueux des lois que
d'autres, mais il n'y a pas beaucoup de gens parfaits finalement, dans notre
société.
M. Masse: Je suis complètement d'accord avec vous. Vous
avez peut-être une vision plus pessimiste que moi de la
société.
M. Charbonneau: Peut-être plus réaliste.
M. Masse: Mais, justement, ça confirme un peu ce que je
disais. S'il y a plus de gens, dans notre société, qui commettent
plus de crimes, ça prend donc plus de prévention et la
prévention, c'est l'intervention. Quand vous dites que le jeune homme,
le gamin ne va pas voler un journal dans une boîte aux lettres, parce
qu'il y a une autoradio qui passe, je suis complètement d'accord avec
vous, mais, quand elle est passée, il prend le journal et s'en va.
C'est ce qu'ils font.
M. Charbonneau: De deux choses l'une, ou ils sont...
M. Masse: Les gars font le guet. Quand les gars veulent faire une
introduction par effraction, qu'ils veulent commettre un crime, qu'est-ce
qu'ils font? Il y en a un qui fait le guet, surveille s'il y a une auto-radio
et, quand il y a une auto-radio, il leur envoie la main. Quand elle est partie,
ils font l'introduction par effraction.
M. Charbonneau: Vous parlez du petit gamin qui est
déjà un peu plus criminalise. Mais je pourrais donner un exemple.
Je me rappelle, quand on était jeune ce ne sont pas des aveux
comment les collégiens se conduisaient à la sortie de
l'autobus. Le simple fait qu'on voyait une auto-patrouille on ne mettait
pas des gens pour faire le guet on s'en allait à l'école
et on avait peur. On ne faisait pas ce qu'on avait peut-être fait la
veille, lorsque l'auto-patrouille ne circulait pas.
M. Alfred: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Papineau.
M. Alfred: J'aurais une question. Je pense, M. Masse, qu'il faut
s'entendre sur les mots quand on parle de cette affaire. Quand vous parlez de
prévention, vous définissez prévention comme intervention.
On ne s'entend plus.
Dans mon esprit, quand on parle de prévention, c'est un
avertissement à faire quelque chose, pour empêcher de faire
quelque chose. Prenez un exemple de prévention. Le policier qui circule
sur la grand-route, quand je le vois, je ne vais pas vite, parce qu'il est
toujours présent et que je le vois. C'est une présence qui est
répressive pour moi,
mais elle est à la fois éducative et répressive,
parce que si, en vous voyant, je vais très vite, là, vous allez
intervenir.
A ce moment-là, il faut faire cette distinction entre
prévention et intervention.
M. Masse: Si vous considérez la prévention comme
une menace, je vous dis que la menace est plus grande quand les policiers
interviennent. L'enquête très scientifique qu'on a faite
démontre qu'il n'y a pas eu de différence, que la présence
policière, c'est bon pour les citoyens honnêtes. Les criminels,
ils s'en foutent, ils font leurs crimes quand il n'y a pas de policiers. Ils
sont malchanceux, ils surveillent cela. C'est bien clair. Même pour les
petits crimes, les petites infractions, s'il y a un policier qui est là,
les gens ne la font pas. C'est très rare, Cela fait seize ans que je
suis policier et je dois vous dire que, dans toute mon existence, j'ai
peut-être entendu une fois, à la cour, un policier qui avait
été témoin d'un acte criminel. Les policiers ne sont pas
là quand l'acte criminel se produit. Les citoyens sont là, ce
sont eux qui viennent témoigner.
M. Bédard: C'est évident sur ce
point-là.
M. Masse: Mais les policiers ne sont pas là. La
prévention n'est pas là. La prévention est quand les
policiers interviennent. Là, on fait de la prévention. Je pense
qu'on...
M. Bédard: Je pense que je serais porté à
vous dire que si, dans 99% des cas, lorsqu'il se commet des crimes, le policier
n'est pas là, ce n'est pas si dangereux que cela. Je ne prendrai pas des
arguments comme cela. A ce moment-là, on prendrait les arguments pour
soutenir d'autres thèses.
Quand vous me dites: On a fait des expériences dans certains
quartiers de Montréal où on n'a fait que de la présence
policière et, dans d'autres quartiers, que de l'intervention, même
au niveau de la statistique, il faudrait faire certaines pondérations
pour en arriver à des conclusions certaines. Il y a aussi le taux de
criminalité d'un quartier à l'autre qu'il faut examiner. Il y a
bien des considérations qui font que les statistiques on dit
toujours qu'on leur fait dire un peu ce qu'on veut; ce n'est peut-être
pas si faux que cela je pense qu'il ne faut pas sen tenir seulement
à cet élément, en ce qui me regarde, pour évaluer
une situation, quoiqu'il faille en tenir compte. Il n'y a pas de doute
là-dedans.
Quand vous prenez Montréal... Je ne m'étendrai pas plus
longtemps sur notre différence de perception concernant la force de
prévention de la présence policière. Je pense que le fond
de la différence, c'est que moi, je reconnais qu'une grande partie du
travail des policiers est de nature sociale, pas seulement de nature
criminelle. Dans ma perception, le gros pourcentage du travail des policiers
est plutôt de nature sociale que de nature criminelle, en fonction du
criminel, travailler en fonction du criminel aguerri, du récidiviste sur
le- quel on ne peut, en aucune façon, compter, en termes de
récupération sociale. On aura sûrement l'occasion de
continuer la discussion sur ce point.
A Montréal, la situation fait qu'il y a, 24 heures sur 24, deux
hommes par auto. Vous nous avez parlé d'un cas que je trouve très
intéressant, celui du citoyen qui perd son porte-monnaie. Dans le
système actuel de deux hommes ou de deux patrouilleurs par
véhicule, lorsque les patrouilleurs vont le voir, vont faire
enquête pour respecter la situation qui existe, lorsqu'ils font
enquête, ils sont deux pour aller prendre les informations. Vous avez
très bien dit, dans votre exposé, que vous aviez de la
difficulté à accepter une telle situation, que cela ne donnait
absolument rien en termes d'efficacité, qu'un homme pouvait très
bien le faire et peut-être mieux le faire, en tout cas, pour prendre une
déclaration, poser des questions; peut-être que c'est mieux deux
qu'un seul, mais on a le droit de différer d'opinion.
Vous avez dit qu'une situation comme celle de deux policiers qui vont
voir un citoyen qui a perdu son porte-monnaie, vous acceptiez cela
difficilement, que ce n'était pas, à proprement parler, pour la
sécurité du policier au travail qu'on agissait comme cela. Vous
allez plus loin. Vous avez même dit que c'était même,
à votre avis, une utilisation des deniers publics qui ne vous semblait
pas tellement appropriée et que, si on utilise bien les deniers publics,
il serait de beaucoup préférable, dans un tel cas, qu'un seul
policier y aille et qu'on trouve le moyen d'affecter l'autre policier à
un travail beaucoup plus important en termes de prévention du crime et
pour contrecarrer le crime.
Pourtant, dans la situation actuelle, on fait cela à deux.
Dois-je tirer de vos propos la conclusion que ce système de deux hommes
travaillant 24 heures sur 24, dans un effort de réévaluation
honnête, en fonction non seulement de la sécurité du
policier, mais aussi du citoyen, et aussi du fait qu'on doit penser à
dépenser ces deniers le plus efficacement possible, dois-je comprendre,
dis-je, que votre exemple fait que vous êtes dans une période de
réflexion et que vous croyez que deux hommes tout le temps, le jour,
dans des situations comme celle-là, il faudrait peut-être
réévaluer cela?
M. Masse: Je me suis probablement mal exprimé, M. le
ministre. Vous n'avez pas perçu exactement ce que je voulais dire, quand
j'ai parlé du porte-monnaie. En fait, ce que je voulais dire, c'est
qu'il y a des possibilités. Je vous ai donné cet exemple quand
j'ai dit qu'une auto à deux hommes coûte plus cher qu'une auto
à un homme. C'est un problème réel, et je serais curieux
d'avoir les statistiques des hommes politiques et de tous les corps de police
aux Etats-Unis qui invoquent cet argument comme le seul ou le meilleur pour
avoir une auto à un homme.
Dans ce sens, pour économiser et mieux dépenser l'argent
des citoyens, ce que j'ai dit, c'est qu'il y avait des opérations
policières inutiles et qu'il y aurait possibilité
d'améliorer la situation. Je vous ai donné l'exemple d'un citoyen
qui perd son
porte-monnaie. Ce qu'on dit, ce n'est pas qu'un homme doive aller
là, on dit: Pas de policier là. On peut faire cela par appel
téléphonique. Cela va être une éducation à
faire, parce qu'on a été des hommes à tout faire depuis
passablement longtemps.
Que le citoyen passe au poste de police, c'est lui qui a perdu son
porte-monnaie, et qu'il fasse sa plainte et dise: J'ai perdu mon porte-monnaie.
On va prendre cela en note. Si on le retrouve, par hasard, parce que, comme je
vous disais, on ne cherche pas les porte-monnaie perdus, on n'a pas le temps,
si jamais on le retrouve, par hasard, on le lui renverra et vous aurez deux
hommes par autoradio. Quand vous avez une auto-radio avec un homme ou avec deux
hommes en train de prendre un rapport qui va durer quinze ou vingt minutes,
pour un porte-monnaie perdu, pendant ce temps, l'auto ne fait pas de
prévention, elle ne fait pas d'intervention. Elle n'est pas là,
parce que les gars perdent leur temps. Il y a bien des possibilités. Si,
à un moment donné, au lieu de consacrer vingt minutes à un
appel, pour une bicyclette volée c'est un crime les
policiers allaient sur les lieux avec un dépliant ou une fiche qu'on
donnerait au citoyen en lui disant: Remplissez cette formule, mettez-y un
timbre et envoyer cela au poste de police, on serait là une minute,
à deux hommes, on reprendrait la route et on ferait de la
prévention, c'est-à-dire de l'intervention. C'est dans ce sens
que j'ai parlé de la sélection des appels. Je vous ai
donné un exemple. A Montréal-Nord, avant l'intégration, on
sélectionnait les appels. Quand on a intégré la ville de
Montréal-Nord à notre réseau de communications je
ne parlerai pas du réseau de communications à la CUM, parce qu'on
est encore des adolescents dans ce domaine au réseau de la CUM,
le système ne faisait aucune sélection des appels. Depuis ce
temps, il y a trois fois plus d'appels à Montréal-Nord qu'avant.
On manque d'autos-radios à Montréal-Nord. Les gars sont
débordés, parce qu'on va là où on ne devrait pas
aller. C'est dans ce sens que je dis que la sélection des appels est
très importante, mais il n'y a pas possibilité, à notre
avis, d'éliminer chez nous l'auto à deux hommes quand les
policiers font une enquête ou répondent à un appel.
M. Bédard: J'aime bien votre manière de raisonner.
Si on pousse au bout votre argumentation, on se pose une autre question. Vous
nous dites, autrement dit, en prenant l'exemple du porte-monnaie ou d'autres
exemples que vous avez mentionnés, qu'il faudrait une sorte
d'éducation populaire du citoyen, qu'il faudrait poser certains gestes
de nature à ce que le citoyen aide à ce que ses deniers soient
dépensés le plus efficacement possible. Je suis d'accord avec
vous mais parce qu'on n'en est pas rendu là en éducation
populaire, je ne pense pas qu'on doive partir du principe: Tombons deux par
auto. Il y a des exemples que vous nous donnez, non seulement dans mon esprit,
mais dans le vôtre aussi. Non seulement il ne faut pas être deux
par auto pour de telles choses, mais il ne faudrait peut-être même
pas les couvrir, mais plutôt inciter le citoyen à venir, au poste
à poser un geste qui empêche qu'on soit obligé de couvrir
de telles choses. Je me dis qu'il y a des cas où il ne faut pas mettre
la charrue devant les boeufs. Procédons peut-être à une
certaine éducation dans le sens que vous dites, mais ce n'est pas
facile. La contrepartie du fait que l'éducation populaire n'est pas
à son apogée n'est pas nécessairement le fait de deux
policiers par auto.
Mon idée fondamentale, c'est que je me demande jusqu'à
quel point l'angle sous lequel on est porté, parfois, à
étudier le problème, qui est de dire, d'une façon
mathématique: deux par automobile, trois relèves, jusqu'à
quel point c'est la manière de voir véritablement le
problème. Je me demande si ce n'est pas plutôt quand on parle de
la sécurité du policier, de la sécurité du citoyen,
d'emploi des deniers publics, si la meilleure manière n'est pas,
justement, ce qu'on fait aujourd'hui, une sorte d'approfondissement du
problème qui fait qu'en fin de compte, on peut penser qu'il faudrait
peut-être non pas étudier le problème en termes de slogan,
l'étudier seulement en termes de revendications, mais en termes de
situations qui présentent des risques et qui font que, dans des
situations comme celles-là, et c'est mieux qu'on les mette plus
nombreuses que moins nombreuses, en fonction de la sécurité du
policier et en fonction de toutes les choses qu'on ne peut pas prévoir,
à ce moment-là, il serait peut-être mieux de l'aborder sous
cet angle que sous l'angle d'une demande mathématique.
M. Masse: Je pense, M. le Président, que, même en
remettant en question et en éduquant la population concernant un certain
nombre de sujets, cela ne remettra pas en question le fait que l'auto à
deux hommes soit indispensable quand ils donnent suite à des appels.
M. Bédard: Cela va remettre en question, par exemple,
l'usage de deux hommes par véhicule.
Une Voix: C'est cela!
M. Masse: Cela pourra diminuer les coûts, ce qui permettra
de payer ces deux hommes s'ils font moins de travail, et cela améliorera
la protection du citoyen.
M. Bédard: Cela met en question l'usage qu'on fait,
à l'heure actuelle, de deux hommes par véhicule à propos
de n'importe quelle situation. Ce qui fait qu'en fin de compte, la
sécurité du citoyen n'est pas plus assurée,
l'efficacité du travail du policier n'est pas améliorée et
il y a une dépense de deniers qu'un gouvernement responsable ne peut pas
faire autrement que d'évaluer globalement avant d'y consentir.
M. Girard: M. le Président, pour donner un peu le point de
vue de l'association sur les derniers énoncés, je pense que,
lorsque les membres de l'association et de la Sûreté du
Québec qui
sont les mêmes ont voulu aller en commission parlementaire pour
déterminer le bien-fondé de la patrouille à deux hommes le
jour, on avait tenu pour acquis que le gouvernement avait compris le danger du
soir et de la nuit. On avait tenu pour acquis que c'était bien clair.
D'ailleurs, on s'est bien entendu là-dessus, tout le monde sait
maintenant que cela prend deux hommes de soir et de nuit. Dans une même
suite d'idées, on s'est dit: Tout ce qu'il nous reste à
démontrer pour avoir deux hommes de jour et assurer vraiment notre
sécurité, c'est que c'est aussi dangereux de jour. On a
apporté les éléments qui prouvaient que c'était
dangereux de jour, on a vraiment prouvé qu'il y avait des vols à
main armée et, effectivement, tout le monde connaît les heures
d'ouverture des banques. On a également démontré qu'il y
avait des assauts sur les policiers autant le jour que le soir ou la nuit. A ce
moment, dans une suite logique d'idées, je pense qu'il n'y a plus lieu
de remettre en question le danger de la fonction policière. Si on dit
que c'est dangereux le soir et la nuit, si tous sont prêts à tenir
pour acquis que c'est dangereux le soir et la nuit, il faudra également
tenir pour acquis que, si on prouve que, de jour, c'est aussi dangereux, cela
prendra deux hommes. Je pense que cela est l'optique des membres de la
Sûreté du Québec, qu'il ne faut pas perdre cela de vue. Je
pense qu'on n'a jamais discuté sur cette question de soir et de nuit. Il
ne faut absolument pas retourner en arrière là-dessus.
M. Bédard: Mais il ne faudrait pas perdre de vue non plus
l'optique de la situation dans laquelle toutes les parties étaient
placées, quelques heures avant votre réunion à
Drummondville. Il ne faudrait quand même pas perdre de vue non plus le
climat dans lequel étaient placés non seulement les membres de
votre association, mais également les autorités
gouvernementales.
Je pense que c'était une situation quand même très
spécifique à laquelle il fallait faire face. Peut-être ceux
qui nous ont précédés ne l'ont-ils pas fait pour des
raisons qui les regardent, mais je pense qu'une discussion comme celle qu'on
vient d'avoir et qu'on continue d'avoir en commission parlementaire aura
été d'une grande utilité.
Remarquez que je ne veux pas dire par là qu'on retire des choses
déjà acquises, mais, quoiqu'il arrive, il ne faut jamais fermer
la porte à une étude d'ensemble et, en définitive, si
l'addition comporte plus de générosité qu'il n'en aurait
fallu, ce n'est pas plus grave que cela.
Ce qui est important est de s'astreindre à étudier
l'ensemble du problème tel que nous le faisons aujourd'hui.
M. Charbonneau: Je veux ajouter une chose avant que vous ne
répondiez. Finalement, la discussion que nous venons d'avoir nous
démontre une chose. Eventuellement, si on acceptait le principe tel que
vient de nous l'expliquer M. Masse et que vous nous remettez sur le nez qu'on
l'a déjà accepté pour deux relèves, à un
certain moment, on peut peut-être accepter le principe, mais on peut
également être confronté à une situation où
on se dit: On voudrait bien l'accepter. Il faudrait diminuer des choses
à un secteur parce que là on en fait trop pour pouvoir le donner
ailleurs, mais tant qu'on ne fera pas cela, on n'est plus capable de payer ou
de se permettre, matériellement, d'aller plus loin.
C'est là qu'on est peut-être rendu et c'est ce que le
ministre vient d'indiquer, j'ai l'impression. A cause des
événements passés, on est peut-être bloqué et
se retrouver dans une situation où, si on accepte de réviser
l'ensemble, on peut le faire assez rapidement, parce qu'il y a un certain
nombre...
Je pense qu'on ne doit pas nécessairement envisager d'attendre
que le citoyen soit prêt par habitude à aller
téléphoner au poste de police pour commencer à ne plus
envoyer des autos-patrouilles dans un certain nombre de cas.
Il y a peut-être des attitudes que les forces policières
pourraient prendre assez rapidement, qui nous permettraient
éventuellement de faire dans des délais assez rapides des
économies de personnel et d'argent pour peut-être aller plus loin
dans la troisième relève parce que c'est finalement tout cela. On
ne se cachera pas des choses.
M. Richard (Raymond): Pour compléter, il est
évident que si les structures de la Sûreté du Québec
ou des corps policiers doivent être changées pour permettre au
citoyen de participer plus et d'aller porter sa plainte en certaines occasions
au bureau, si cela peut être fait, il est évident qu'il n'y aura
personne qui s'y opposera.
Il reste que nous avons démontré la
nécessité de deux hommes par voiture, selon nous, car c'est aussi
dangereux, sinon plus dangereux le jour.
Et quand le ministre dit qu'il faut regarder le contexte des offres, les
offres ont été faites alors que les membres de la
Sûreté du Québec étaient dans la
légalité, les offres et ce sont les termes du ministre
étaient des offres raisonnables, des offres justes. Je n'ai
jamais entendu le ministre dire que c'étaient des offres
exagérées. Mais peut-être aussi que concernant la
relève de jour, les membres ou la décision qui a
été prise par l'assemblée souveraine n'a pas permis au
ministre de la donner, mais c'est pour cela que nous sommes ici en commission
parlementaire. Je n'ai jamais entendu dire, en aucune circonstance, de la part
du ministre, que ces offres étaient exagérées. Non, c'est,
il l'a dit à plusieurs reprises, juste et raisonnable. Quand on parle
également...
M. Bédard: Je voudrais...
M. Richard (Raymond): ... juste pour ajouter, si vous le
permettez...
M. Bédard: ... ajouter, textuellement, j'ai dit: Plus
qu'avantageuses, par rapport... plus que raisonnables.
M. Richard (Raymond): Plus qu'avantageuses, mais pas
exagérées. J'avais bien compris. Quand on parle
d'économie, il faudrait aussi pousser l'étude. Est-ce que c'est
plus économique deux
autos à un homme ou deux hommes dans une même auto? On sait
qu'un véhicule de la Sûreté du Québec je n'ai
pas les chiffres précis, mais je ne me tromperai pas de plus de deux ou
trois cents cela coûte $0.30 du mille. A 60 000 milles par
année, le minimum qu'une auto va coûter, c'est $18 000. C'est le
salaire d'un membre de la Sûreté. Il faut considérer
l'économie aussi. Est-ce que deux véhicules sur la route, ce
n'est pas plus économique? Il faudrait faire des études de ce
côté-là. Mais est-ce que c'est plus efficace? Est-ce que
c'est plus sécuritaire et efficace pour la protection du public? Nous
disons: Oui. Nous disons: Oui, non seulement avec des statistiques, mais avec
les témoignages des policiers d'expérience, de carrière
qui ont été interrogés.
M. Charbonneau: Dans le document que le ministère a
présenté, il y a des économies qui s'annulent. Même
si, à un moment donné il y a des choses qui s'annulent, il y en a
d'autres qui ne s'annulent pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): II faut garder le même
service, il ne faut pas oublier cela.
M. Richard (Raymond): Oui, on parle d'efficacité. J'ai
bien dit: sécurité, efficacité, protection du citoyen.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je vais tenter
d'être bref.
Le Président (M. Bertrand): M. Masse a demandé la
parole. Je m'excuse.
M. Masse: Simplement une petite remarque. J'écoute
l'argumentation concernant l'auto à un homme le jour et l'auto à
deux hommes la nuit. Lors de ma première intervention, j'avais dit que
les policiers avaient peur. Je me demande si j'ai été bien
compris. J'ai dit que les policiers avaient peur de faire des interventions
quand ils étaient seuls. Je n'ai pas dit qu'ils avaient peur de la
noirceur.
M. Bédard: Non.
M. Masse: Si les policiers ont peur, ce n'est pas de la noirceur.
Ils ont peur de faire des interventions seuls. C'est cela qui est dangereux:
les interventions seules qui doivent être faites, autant de jour que de
nuit.
M. Bédard: J'avais compris votre intervention dans ce
sens-là.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je pense qu'il reste
quelques intervenants. Alors, si vous voulez me donner mon droit de parole
à seize heures, je demanderais l'ajournement.
Le Président (M. Bertrand): Bien. Alors, les travaux de la
commission de la justice sont suspendus jusqu'à seize heures
après la période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 8)
Reprise de la séance à 16 h 43
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire de la justice poursuit ses travaux pour
étudier certaines questions relatives à la sécurité
au travail des policiers de la Sûreté du Québec, notamment
l'opportunité d'avoir pour chaque véhicule automobile de
patrouille, deux policiers pour chaque période de relève.
Les membres de la commission cet après-midi sont: MM. Alfred
(Papineau), Bédard (Chicoutimi), Pagé (Portneuf) en remplacement
de Blank (Saint-Louis); Burns (Maisonneuve), Charbonneau (Verchères),
Ciaccia (Mont-Royal), Clair (Drummond), Fontaine (Nicolet-Yamaska), Johnson
(Anjou), Laberge (Jeanne-Mance), Lacoste (Sainte-Anne), Lavoie (Laval) en
remplacement de Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), Marois (Laporte), Samson
(Rouyn-Noranda), Shaw (Pointe-Claire), Springate (Westmount), Tardif
(Crémazie) et Vaillancourt (Jonquière).
M. Fontaine: Le député de Johnson à la place
de M. Shaw.
Le Président (M. Bertrand): M. Bellemare (Johnson)
à la place de M. Shaw (Pointe-Claire).
Avant que nous poursuivions la période des questions, je
demanderais si c'est possible au président de l'association, pour les
fins de la presse parlementaire qui a l'habitude de s'accorder les quelques
places en bout de table qui peuvent demeurer disponibles lorsqu'une commission
siège, s'il y aurait possibilité de libérer quatre ou
cinq, trois ou quatre espaces de chaque côté pour que ces gens
puissent s'asseoir.
S'il y a d'autres places qui sont nécessaires, je demanderais aux
membres de la presse de nous le signaler. Je pense que tout le monde acceptera,
avec la meilleure volonté du monde, de vous laisser le plus de place
possible pour effectuer votre travail.
Nous en étions à la période des questions et c'est
le député de Portneuf qui avait la parole.
M. Pagé: Merci, M. le Président. D'abord, je
voudrais m'excuser au nom du député de Mont-Royal qui est absent
parce qu'il y a une commission parlementaire des communications qui
siégera ce soir pour l'étude des crédits du
ministère des Communications.
J'avais seulement quelques questions à adresser à M.
Richard et c'est au sujet des propositions ou des requêtes qui ont
été formulées par l'association dans le cadre de la
négociation de votre comité paritaire.
Suite au litige qui est intervenu, la Sûreté du
Québec vous proposait une grille de moments ou de circonstances,
d'événements qui vous permettaient d'être deux membres sur
la relève du jour. D'abord, je tiens pour acquis que la relève de
soir et que la relève de nuit, ce sont deux membres et c'est acquis pour
l'association.
J'espère que cela sera confirmé par la Sûreté
du Québec en soirée.
Pour ce qui est de la relève du jour, on vous a proposé
une série de circonstances dont on a d'ailleurs déjà fait
état, que ce soit le contrôle de foules, des descentes ou
perquisitions, points de blocage et de ratissage au cours d'une
opération 100. Je ne veux pas en faire toute
l'énumération.
Vous avez eu à vous prononcer sur cette proposition qui vous a
été formulée et vous avez d'ailleurs, le 19 avril, soit la
veille du début de la commission parlementaire, proposé à
votre tour, une grille pour deux policiers par auto-patrouille, dans le cadre
de la relève de jour, avec quelques petites distinctions, des
distinctions d'interprétation relatives aux circonstances ou aux
événements prévus dans la grille en question.
A la page 30 de votre mémoire, cependant, vous énoncez
ceci: "L'établissement d'une grille de cas spéciaux pour lesquels
les patrouilleurs devront être deux ne saurait constituer une solution
réaliste au problème de sécurité des patrouilleurs
et de la population."
J'en suis venu à me poser certaines questions. D'une part, je
pense qu'il est acquis et que vous acceptez le fait que, dans certaines
circonstances, le policier puisse être seul, que ce soit pour des
fonctions administratives, que ce soit pour délivrer des subpoeans, on
en a fait état à plusieurs reprises, que ce soit pour aller
témoigner lors de l'audition d'une cause où il est appelé
comme témoin, etc. J'ai semblé en déduire que vous
acceptiez ce principe que, dans certains cas particuliers, le policier pouvait
être seul dans son véhicule.
Si on accepte ce postulat, il faut, par corollaire, en déduire
que, dans certains autres cas prévus lors de la relève de jour,
il faudra, selon votre requête, dans des circonstances précises
autres que celles de fonctions administratives et autres, que vous soyez deux
policiers, suite à la requête que vous formulez. Vous l'avez
très bien énoncé dans la grille que vous avez
formulée à la Sûreté du Québec.
Est-ce que vous remettez totalement en cause cette question qui a
été débattue au comité paritaire et que vous dites:
Ce sont deux policiers par automobile tout le temps, dans la relève de
jour, en toute circonstance et en tout moment, ou si vous acceptez, d'une part
et c'est ma question le fait que, dans certains cas, le policier
puisse être seul? Si vous l'acceptez, à quel endroit se reporte le
débat par la suite?
Est-ce que le débat ne revient pas à
l'interprétation qu'on doit donner à ces deux questions, la
question de la grille proposée par la Sûreté du
Québec et celle proposée par votre association?
M. Richard (Raymond): M. le Président, Me Barré va
répondre à cette question
M. Barré: M. le Président, nous avons
déjà eu l'occasion, lors d'une séance antérieure de
cette commission, d'aborder la question de la grille et nous avions
mentionné, à ce moment, que la grille en question ne nous
apparaissait pas comme étant
une solution adéquate au problème de la présence de
deux patrouilleurs sur la relève de jour. En d'autres termes, c'est que
l'établissement d'une telle grille pouvait s'avérer, et dans les
faits, s'avérait effectivement trop restrictive et pouvait impliquer,
à ce moment, pouvait signifier que la notion du travail de patrouilleur
ne se restreignait qu'à répondre aux appels.
Or, on sait pertinemment que tel n'est pas le cas. Le patrouilleur n'a
pas, de par ses fonctions, uniquement à répondre aux appels.
C'est une partie de son travail, mais il reste qu'il a quand même
d'autres fonctions à exercer, un autre rôle qui n'est pas
nécessairement relié à répondre à tel ou tel
genre d'appel. A ce moment, nous disions et nous maintenons que
l'établissement d'une telle grille ne peut constituer une solution au
problème.
Par ailleurs, si on veut situer la question de la grille dans le
contexte du problème qui nous occupe, on se rappellera que, lors de la
rencontre avec le ministre de la Justice le 5 avril, celui-ci nous avait
offert, à ce moment, l'établissement d'une grille. Cette offre,
ainsi que nous l'avons déjà mentionné, a d'abord
été rejetée unanimement par les membres, mais, comme nous
l'avons mentionné également, l'offre a été
maintenue et l'établissement de la grille a quand même fait partie
de l'offre finale du gouvernement.
Je pense, dans les circonstances, que nous aurions peut-être
été malvenus de nous présenter devant cette commission,
sans même nous donner la peine de discuter de la question de la grille,
puisque cette question de grille avait été soumise et
présentée par le ministre de la Justice. C'est pour cela que
certaines discussions ont eu lieu au niveau du comité paritaire,
discussions qui, comme nous l'avons souligné dès le début
de cette commission, n'ont donné aucun résultat. Nous pensions
qu'il était nécessaire de discuter de cette question même
avec la conviction, comme nous l'avons réitéré, que cela
ne pouvait pas constituer une solution au problème, afin d'être en
mesure de donner aux membres de cette commission une idée ou de
communiquer aux membres de cette commission tous les éléments du
problème.
S'il y avait eu établissement d'une grille, on aurait
été en mesure de vous dire: Voici, il nous a été
proposé tel genre de grille avec tel cas. Nous croyons et nous estimons
que cette grille, pour telle et telle raisons, n'est pas applicable ou n'est
pas une solution acceptable.
Or, il n'y a même pas eu de grille qui a pu être
établie. Donc, nous disons aux membres de cette commission, à
partir du principe que cette solution, quant à l'établissement
d'une grille, n'est pas une solution, qu'il n'y en a même pas qui a pu
être établie pour pouvoir constituer une amorce quelconque de
solution.
M. Pagé: Oui, mais Me Barré, si vous le permettez,
vous dites que vous avez discuté de la question de la grille. Quant
à moi, c'est un commentaire, c'est une opinion, mais je pense que vous
avez fait plus qu'en discuter puisque vous en avez proposé une. Je ne
veux pas discuter ici de ce qu'on a préalablement abordé,
à savoir si c'était trop restrictif ou si c'était
préférable que les énoncés soient plus
généraux, laissant une certaine discrétion ou une certaine
latitude, mais est-ce que vous acceptez le fait que dans certains cas, il est
possible que le policier soit seul dans son véhicule pour remplir des
fonctions strictement administratives? J'ai fait état tantôt, par
exemple, du fait qu'un policier se rend témoigner dans une cause
où il est appelé comme témoin. Est-ce que l'association a
établie, au départ, qu'il y a certaines fonctions qui sont
purement administratives, qui ne sont pas directement reliées aux
fonctions de prévention, de vérification et tout cela et
où le policier peut être seul dans son véhicule?
M. Barré: Voici, peut-être pour compléter ce
que je mentionnais tantôt. C'est que, si on regarde également la
grille, la grille avait pour objet de viser non seulement le patrouilleur, mais
également d'autres catégories de policiers qui n'étaient
pas nécessairement des patrouilleurs et qui, eux, auraient pu être
affectés par l'établissement d'une grille lorsqu'ils ont à
répondre à certains appels. Par ailleurs, le problème qui
nous amène ici devant cette commission est un problème qui
concerne les patrouilleurs, les patrouilleurs sur les trois relèves. La
seule partie du problème qui reste encore en litige, c'est la
relève de jour, c'est-à-dire la présence de deux
patrouilleurs à la relève de jour.
Maintenant, quant à la question que vous posez sur le travail
policier, je pense que M. Richard a eu l'occasion de le mentionner lors de la
dernière séance de la commission parlementaire. C'est qu'un
comité de travail sur les fonctions policières a
été formé et que certaines questions plus ou moins
reliées à cet aspect du travail policier y seront
discutées, mais, en ce qui nous concerne, ce n'est pas un
problème qui est soulevé et qui devrait se régler au
niveau de la commission parlementaire.
M. Pagé: Alors, vous excluez ces questions de
l'étude qui doit être faite par la commission parlementaire
présentement. Vous considérez que l'étude qui doit
être faite doit se limiter à la patrouille comme telle et ne pas
toucher les fonctions administratives ou ces choses.
M. Barré: Effectivement, nous sommes confrontés
à un problème, c'est le problème qui vous est soumis en
tant que membres de cette commission parlementaire. C'est la question que nous
avons à discuter et à laquelle nous devons tenter de trouver une
solution.
Je pense que l'autre aspect que vous soulevez, à ce
moment-là, si on s'entend sur le mandat qui avait été
confié à cette commission, c'est que le mandat était pour
régler le problème soulevé par la présence de deux
patrouilleurs à la relève de jour et pas d'autres aspects de
cette question.
M. Pagé: Mais vous allez quand même accepter avec
moi que c'est une question que la
commission veut quand même étudier et considérer
dans son ensemble.
M. Barré: Tout dépend, je veux dire, de l'approche
que vous avez du problème. Si on considère que le gouvernement a
accepté, dans ses offres, d'établir la relève à
deux hommes pour le soir et la nuit, il convient, à ce moment-là,
de compléter et de pousser le raisonnement jusqu'au bout et de dire:
Est-ce que cela devrait s'appliquer également à la relève
de jour? Notre position, ainsi que nous l'avons présentée depuis
le début des travaux de cette commission a été
d'établir que cela se justifiait autant pour la relève de jour
que cela pouvait se justifier pour la relève du soir ou de nuit,
indépendamment de l'appréciation qui pourra être faite
à un autre niveau ou par un autre organisme des fonctions
policières comme telles, puisque, en fait, votre question se rapporte
à traiter des fonctions policières. Et, suivant les informations
qu'on nous a transmises, il y a un comité de travail de formé qui
doit se pencher sur cette question.
M. Pagé: D'accord.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Pas d'autres questions?
Oui.
M. Bédard: ...sur ce point, comme le député
de Portneuf le fait remarquer, il reste que, même si le travail de la
commission n'est pas de régler le problème de la
négociation concernant la grille, vous avez cru bon, dans votre
exposé du départ des travaux de cette commission, d'en faire
état quand même, non sur l'aspect de négociation, mais afin
de permettre aux membres de la commission de pouvoir savoir de quoi on parle
quand on parle de cas précis où il peut y avoir des risques
spéciaux qui se doivent d'être, â ce moment-la, couverts par
l'obligation d'être deux hommes par véhicule.
Je me permets seulement une remarque, parce que non seulement ce n'est
pas le rôle de la commission de mener à terme des
négociations qui sont entreprises, ce n'est pas le rôle, non plus,
du ministre de la Justice de le faire, je pense bien que vous avez des
organismes, de part et d'autre... En fait, il y a des représentants qui
peuvent faire ce travail, même si nous pouvons nous permettre
peut-être d'exprimer que, quand on regarde ce qui est proposé,
d'une part, par la Sûreté et ce qui est proposé, d'autre
part, par l'Association des policiers, c'est plus qu'une amorce. On retrouve
plusieurs points, en tout cas, où il semble y avoir des
similarités, mais sûrement certaines distinctions au niveau de
l'application.
Je voudrais seulement faire remarquer un point de cette grille, entre
autres, celle proposée par la Sûreté, et poser une question
à Me Barré. Je ne voudrais pas revenir sur le sujet, mais,
à un certain moment, vous m'avez donné l'impression
d'interpréter le paragraphe 4 qui commence par: "Dans d'autres
circonstances, le policier qui ren- contre...", etc., comme ayant pour effet de
diminuer ce qui est auparavant explicité dans le paragraphe 3, alors que
mon humble opinion est que ce paragraphe, en aucune façon, ne semble
diminuer ce qui est accordé dans le paragraphe 3, mais fait état
d'autres circonstances où il y a nécessité, comme vous le
souligniez tout à l'heure, qu'il y ait deux policiers par
véhicule oe qui fait qu'en définitive la marge entre les deux
parties s'amenuise d'autant.
M. Barré: Comme je l'ai souligné tantôt, et
je tiens à préciser à nouveau ce point, il faut quand
même se situer dans le contexte bien précis des offres du ministre
de la Justice, l'établissement d'une grille. Cela faisait partie des
offres du ministre de la Justice et, encore une fois, je pense qu'on aurait
été malvenu de ne pas en discuter, compte tenu des
réserves que nous avions exprimées quant au rôle d'une
telle liste et quant à l'amorce d'une solution pouvant donner lieu
à l'application d'une telle liste.
Quant à la deuxième partie de la question du ministre de
la Justice, nous disons que, avec la liste ou la grille proposée par la
Sûreté, si on considère le deuxième paragraphe de
cette liste, on se retrouve dans une situation où vous risquez d'avoir
ce que nous avons appelé des policiers "touristes" qui vont se promener,
mais qui ne répondront pas aux appels. Autrement dit, quand on dit:
"Dans certaines circonstances..." et je reprends le texte du paragraphe
4 auquel vous faites référence "...le policier qui
rencontre une situation susceptible de dégénérer en
violence ou qui s'amène à un endroit où un crime est en
train de se commettre doit agir avec une extrême prudence et
requérir la présence de ses confrères ou l'aide de
citoyens avant d'agir."
Je pense que si vous appliquez un tel texte à la lettre, vous
risquez d'avoir des interprétations qui seront aussi diversifiées
que le nombre de postes que vous aurez en province et vous risquez d'avoir plus
de problèmes que vous pouvez en avoir à l'heure actuelle à
cause, justement, des divers éléments qui peuvent entrer en ligne
de compte et sans tenir compte du fait qu'à ce moment-là, vous
amenez pratiquement les policiers à s'abstenir d'intervenir ou à
requérir l'assistance ou l'intervention des citoyens. Je pense que tous
réalisent que les citoyens ne sont peut-être pas ceux qui sont le
plus disposés à s'impliquer dans un événement de
nature criminelle ou autre pour prêter assistance à un policier et
si on exige du policier qu'il requière une telle assistance ou une telle
aide avant d'intervenir, où se trouve l'efficacité de la police
à ce moment-là?
M. Bédard: J'ai de la difficulté quand même,
à être d'accord jusqu'au bout avec votre argument qu'une telle
disposition équivaut à faire des policiers touristes. Je ne le
crois pas. Si on prend la clause telle qu'elle est, qui dit textuellement ceci:
"Dans d'autres circonstances, le policier qui rencontre une situation
susceptible de dégénérer en violence ou qui s'amène
à un endroit où un crime est en train de se commettre, doit agir
avec une
extrême prudence et requérir la présence de
confrères ou l'aide de citoyens avant d'agir". Une situation comme
celle-là peut se présenter pas seulement pour un véhicule
où il n'y a qu'un policier. Cela peut se présenter
également, je crois, dans des situations où il y a un
véhicule et deux policiers. Il peut y avoir, en termes de
sécurité et de prudence, des situations où même deux
policiers doivent, s'ils appliquent les règles de prudence,
requérir l'aide d'un compagnon avant d'intervenir. C'est dans ce sens
que je ne trouve pas qu'on puisse...
M. Barré: C'est justement là le problème, M.
le Président. Si on regarde la première partie de cette grille,
on se rend compte que l'énumération qui y apparaît est trop
restrictive. Je donnais comme exemple, et je me permets d'y revenir, lorsqu'on
dit "exécution d'un mandat d'arrestation pour un acte criminel". C'est
restrictif à un acte criminel. Lorsqu'on parle "de chicane de famille,
lorsque l'intervention se fait alors que l'événement est en
cours", on vous a précisé ce matin que lorsque la
Sûreté reçoit des appels, on reçoit le minimum
d'information avant d'intervenir. Est-ce qu'on va être en mesure de
déterminer, à ce moment-là, si l'événement
est en cours, s'il est terminé, s'il est sur le point de se produire
exactement? Vous avez également "vol qualifié, incluant
tentative, lorsque les suspects sont encore sur les lieux." Est-ce qu'on va
être en mesure, encore une fois, en recevant l'appel, de dire: Les
suspects sont encore sur les lieux, les suspects sont partis, ou exactement ce
qui se produit? C'est en ce sens qu'à ce moment-là, si on regarde
la première partie de la grille qui, à notre point de vue, est
beaucoup trop restrictive et peut s'avérer très difficile
d'application et même dans certains cas inapplicable, la deuxième
partie qui se veut une espèce de clause omnibus pour régler les
imprécisions de la première partie de cette liste, ne
répond pas justement aux objectifs, parce que la deuxième partie
de cette liste prévoit qu'à ce moment-là le policier,
avant d'agir, doit requérir l'intervention d'un confrère. C'est
donc dire que si vous avez un véhicule d'un seul patrouilleur qui
constate un événement, à ce moment-là, avant
d'agir, avant de faire quoi que ce soit, il va requérir l'aide d'autres
policiers ou de citoyens, s'il le peut.
Je pense que si des citoyens constatent cette situation, ils vont
sûrement être en mesure de vous dire, comme ministre de la Justice,
que l'efficacité policière n'est sûrement pas celle
à laquelle ils sont en droit de s'attendre dans les circonstances.
M. Bédard: Je pense qu'on peut s'accorder sur un point,
sur le fait que quand on demande à un policier, dans une clause, dans
certaines circonstances, de ne pas intervenir sans faire appel à l'aide
de confrères, peut être facilement... cela n'est pas
interprété comme étant un manque de bravoure ou quoi que
ce soit. Cela peut être interprété simplement comme une
prudence élémentaire, face à l'évaluation d'un
danger, auquel est en mesure de faire face un policier seul et auquel sont en
mesure de faire face deux policiers qui sont ensemble, de telle façon
que, non seulement, il y a des occasions où un policier, s'il applique
les règles de prudence élémentaire, ne doit pas
intervenir, mais demander de l'aide. Il y a aussi des occasions où deux
policiers ne peuvent pas intervenir s'ils appliquent les règles
intégrales de la prudence, face à un danger qu'ils ont
évalué. S'ils savent qu'ils ont à faire face à six
ou sept bandits, peut-être que deux policiers, avant de s'embarquer dans
un échange de coups de feu, vont penser que la prudence
élémentaire exige qu'ils demandent de l'aide, même s'ils
sont deux.
Quand vous dites sur ce point, c'est mon interprétation
je ne prends qu'un point que vous avez mentionné,
"l'exécution d'un mandat d'arrestation pour un acte criminel" et vous
concluez, à partir de ça, que c'est trop restrictif. Il me semble
que j'essaie de voir toutes les situations dans lesquelles un policier peut
être placé, que des autorités responsables se doivent
d'évaluer avant d'établir des règles bien précises
ou de s'entendre sur une grille. Il reste que l'exécution d'un mandat
d'arrestation, pour un acte criminel, peut ne pas être si restrictif que
ça. Est-ce que vous voulez me dire que lorsqu'il s'agit d'un mandat
d'arrestation, pour une offense mineure, qu'à ce moment-là,
nécessairement, il faudrait qu'il y ait deux policiers?
Vous savez, une offense au Code de la route, par exemple.
M. Richard (Raymond): M. le Président, ce qu'on voulait
dire, c'est que la grille faisait partie des offres du ministre. Ce qu'on
essaie de démontrer à la commission depuis quelques jours, c'est
que la grille ne règle pas le problème. Ce n'est pas suffisant.
Ce qu'on a tenté de démontrer dans notre mémoire, c'est
assez simple, c'est que même sur la relève de jour, vu les
imprévus du travail policier, c'est nécessaire d'avoir deux
hommes par véhicule.
M. Bédard: Cela, je pense...
M. Richard (Raymond): Mais est-ce que la grille règle le
problème? C'est non.
M. Bédard: J'ai très bien compris votre message, de
ce côté, il n'y a pas de doute que vous nous avez dit très
clairement, on discute de la grille... Maintenant, c'est parce qu'on n'a pas
deux hommes par véhicule, 24 heures par jour... Faites-moi confiance,
j'ai très bien compris ce point auquel vous tenez, vous avez le droit
d'y tenir avec les arguments que vous apportez, des arguments sérieux,
il faut en convenir, comme il peut y avoir des arguments sérieux qui
peuvent faire voir les choses d'une autre manière.
On peut admettre au départ, que lorsque je fais des remarques
concernant la grille, je tiens toujours pour acquis votre position de principe.
Même si quelquefois on n'est pas d'accord, il faut quand même
respecter les positions de principe de chacun. C'est dans ce sens que je
voudrais bien vous dire que je discute de certains cas précis au niveau
de la grille ou de l'interprétation de certaines clauses.
M. Barré: Ce que d'ailleurs nous avons fait ressortir, M.
le Président, à partir de la grille préconisée par
la Sûreté du Québec, si elle devait être
appliquée suivant la formulation, telle qu'elle nous a été
remise, il nous est apparu qu'à ce moment-là, le paragraphe 4,
auquel le ministre de la Justice se réfère, constitue, dans les
circonstances, ou est censé constituer l'exception. A notre point de
vue, étant donné la nature de cette grille, l'exception risque de
devenir la règle générale, avec toutes les implications
que cela va apporter, c'est-à-dire la non-intervention des policiers au
moment où ils se devraient d'intervenir.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Sur la grille seulement?
M. Johnson: Oui.
M. Bédard: Chacun a droit à son opinion.
Le Président (M. Bertrand): Question accessoire sur la
grille.
M. Johnson: M. le Président... Est-ce que j'ai la parole,
M. le Président? Sur la grille...
Le Président (M. Bertrand): Sur la grille, le
député de Johnson a demandé la parole avant vous.
M. Bellemare: ... la première intervention, vous m'avez
dit: Je reviendrai à vous.
Le Président (M. Bertrand): Je pensais que c'était
votre intervention principale, M. le député de Johnson.
M. Bellemare: C'est sur cela.
Le Président (M. Bertrand): Sur la grille?
M. Bellemare: C'est sûr.
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Johnson: Le député de Johnson ou le
député Johnson?
Le Président (M. Bertrand): Le député de...
Ah! Ah! Je ne me mêle plus. Maintenant, je ne me mêle plus, C'est
bien le député de Johnson.
M. Bellemare: II y a assez de fois que c'est mêlé
dans le journal des Débats!
M. Johnson: Merci, M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Bellemare: Je pense, depuis quelque temps qu'on assiste aux
délibérations, aux échanges de points de vue, qu'il s'est
dégagé, à mon sens, énormément de choses qui
sont bénéfiques pour l'association et aussi pour ceux qui ont
pris part à ces discussions.
Moi, j'ai appris énormément de choses qui m'ont rendu
énormément service, mais aussi, qui ont développé
chez moi, une certaine prudence. Je rends témoignage à la
vérité que les policiers, aujourd'hui, en 1977, ont un rôle
à jouer bien différent de celui qu'ils avaient il y a cinq ans,
même il y a dix ans.
C'est complètement changé au point de vue de la
méthode, de la stratégie, de l'organisation et,
particulièrement, de principe fondamental. On n'applique plus la justice
de la même manière, comme on n'applique plus non plus les
mêmes méthodes au point de vue des vols, des rapts, des viols ou
ces choses-là.
On agit, à cause des media d'information, avec une
dextérité beaucoup plus grande. Parce que les méthodes se
sont développées de part et d'autre, on exige, je pense, beaucoup
plus de protection.
J'ai quelques questions à poser. Je le fais, dans un sens, pour
remplir d'abord mon rôle comme parlementaire, mais aussi pour
tâcher de trouver la solution qui serait la solution miracle, dans les
circonstances, parce que, depuis les débuts...
Je voudrais d'abord vous poser une question. Est-ce que c'est du droit
nouveau? J'ai posé la question l'autre matin; on m'a dit: Je vous
répondrai lorsqu'on sera dans le deuxième paragraphe. J'ai fait
du droit, non pas du droit clérical, mais j'ai fait du droit ouvrier pas
mal, des relations patronales-ouvrières, j'en ai brassé
quelques-unes et j'ai appris énormément. J'ai appris qu'il y
avait, dans ce droit ouvrier, quelquefois, du droit nouveau, qui faisait que
cela créait des nouvelles obligations au patron et aux
employés.
Ma question, la première, c'est: Est-ce que c'est
véritablement du droit nouveau? Est-ce que cela existe ailleurs? Est-ce
que cela aurait raison d'exister ailleurs? Pourquoi cela n'existe-t-il pas
ailleurs? Est-ce que les témoignages qu'on a entendus, que j'ai lus,
parce que je n'ai pas pu être ici tout le temps, est-ce que c'est vrai ce
qu'on a dit? Est-ce que cela peut être réfuté, dans un bon
sens? Est-ce que c'est plus pour protéger le capital argent ou si c'est
plus pour protéger le capital humain?
Cela aussi, c'est une bonne question; parce que si c'est du droit
nouveau, dans quoi est-ce que cela s'inscrit, dans la définition que
nous a donnée un de vos membres, strictement au sujet du rôle
qu'un policier, qu'un patrouilleur doit accomplir?
Celui qui est venu nous dire ce que c'est qu'un patrouilleur, il m'a
impressionné, parce qu'il nous a défini quel était son
rôle, mais aussi quelles étaient ses inquiétudes. On n'est
pas capable de remédier à cela, mais on est capable de penser,
par exemple, que dans son for intérieur, quand il agit au nom de la loi,
il possède un certain degré d'inquiétudes qui le rend, des
fois, moins efficace que s'il était réellement bien
protégé.
A partir de là, est-ce que l'efficacité de son
travail doit être conditionnée à certaines phases
pécuniaires ou à certains degrés de paiement? A partir de
là, je me demande si c'est du droit nouveau, si c'est nous autres qui le
faisons dans la province de Québec, parce que j'ai entendu, ce matin,
une intervention de votre président qui m'a surpris. M. Richard a dit:
Vous savez, dans la province de Québec, on a un droit ouvrier qui est
bien plus avancé que le droit ouvrier des gens des Etats-Unis. M.
Richard, M. le Président, je peux respecter votre syndicalisation, votre
méthode de syndicalisation ou l'apprécier, mais si on a des
droits aujourd'hui qui nous sont reconnus en vertu de certaines lois, on les
doit en grande partie à la syndicalisation américaine qui nous
est venue d'outre-frontière. Je conçois que, sur certains points,
on a évolué plus rapidement.
Vous nous avez dit ce matin: On peut donner des exemples montrant qu'on
est bien plus avancé. C'est peut-être cela, le droit nouveau dont
vous voulez parler; on prêche par un droit nouveau en demandant deux
patrouilleurs 24 heures par jour. Je voudrais le savoir.
La deuxième chose que je voudrais aussi savoir c'est cela: Si le
gouvernement ne vous accordait pas votre requête, quel est le second
temps, qu'est-ce que vous allez faire après? Je voudrais que vous soyez
aussi francs que nous autres. Allez-vous recommencer la grève? En
avez-vous l'autorisation? La loi vous le permet-elle? Dites-le-nous donc, sans
menace...
M. Richard (Raymond): Je vais vous le dire.
M. Bellemare: ... simplement, parce que vous êtes...
Quelqu'un ici dans la salle m'a dit: Si, "ta-bernac", on ne l'a pas, vous allez
voir, on va en faire une autre. Ce n'est pas de cette façon qu'on
raisonne. C'est clair. Si vous faites des relations patronales-ouvrières
dans ce sens, je ne joue pas à cela. J'essaie de trouver avec tous mes
collègues autour de la table, sans parti pris... Je ne suis pas PQ, moi,
et je ne le pense pas. Il y en a trop qui seraient contents, mais une chose qui
reste...
M. Charbonneau: Cela va finir par arriver.
M. Bellemare: A part cela, je suis encore bien moins
libéral. Cela, c'est sûr.
Je suis à cette table, comme un homme qui a été
élu dans un comté, pour, avec ses collègues, trouver les
solutions les meilleures pour donner à l'administration provinciale,
véritablement, une performance où il fait bon vivre en
société. C'est mon idée.
Si, demain, le gouvernement ne se rendait pas à deux hommes,
à deux patrouilleurs, allez-vous faire la grève? Allez-vous
arrêter, allez-vous faire un autre sit-in de six jours à
Drummondville?
Les manufacturiers, les restaurateurs étaient bien contents, eux,
mais il y en a d'autres qui n'étaient pas si contents que cela. C'est un
bien mauvais exemple pour la police. Je suis un vieux, vous savez. Vous allez
dire: Le vieux radote. D'accord. Ils disent cela de Diefenbaker, aussi, mais,
quand ils ont besoin de conseils sages, ils vont voir le bonhomme. C'est un peu
comme dans mon genre. Je vous dis que ce n'est pas beau d'avoir fait ce que
vous avez fait. Je n'aime pas cela. Même si vous me disiez des
bêtises, je suis habitué, j'ai l'écorce épaisse,
cela fait 32 ans que je suis député. Je n'aime pas que la police
donne un mauvais exemple comme cela à tout le monde. Vous n'êtes
pas au-dessus de la loi. Vous êtes là pour la faire respecter, et
vous autres plus que d'autres. Vous avez été assermentés
et vous prêtez des serments: Je jure. C'est "dret" comme cela. Ecoutez,
c'était vrai. Pour moi, c'était vrai. Le lendemain matin, on dit:
La loi, ce n'est pas pour nous autres. Nous autres, on va faire cela: la
sirène, des échelles, la ville de Montréal, courir partout
et barrer les rues. Je n'aime pas bien cela. En temps normal, vous n'êtes
pas faits pour cela. Ecoutez, je ne vous fais pas de reproche, je ne fais
que...
M. Bédard: Non, non. Vous êtes certain que vous ne
faites pas de reproche?
M. Bellemare: Non, je constate un fait pour leur demander ce qui
va arriver après. Ils vont me le dire. Ils sont assez francs, ils vont
me le dire. Pas tout de suite. Une minute!
M. Richard (Raymond): Oui, je peux vous le dire.
M. Bellemare: Vous avez dû remarquer que nous, de l'Union
Nationale, on a inscrit une motion spéciale ce matin au feuilleton de
l'Assemblée nationale. Mon collègue de Nicolet, Me Serge
Fontaine... Oui, c'est vrai, je vieillis. La mémoire me reste
fidèle pour bien d'autres choses. Oui, on a inscrit ce matin au
feuilleton une motion spéciale. Vous n'avez pas dû voir cela. On y
dit dans cette motion: "Que cette Assemblée, conformément
à l'article 152 de notre règlement, donne des instructions
à la commission permanente de la justice nous qui siégeons
ici réunie présentement afin d'étudier certaines
questions relatives à la sécurité au travail des policiers
de la Sûreté du Québec, de faire des recommandations
à ladite Assemblée, notamment sur l'opportunité d'avoir
pour chaque véhicule automobile de patrouille deux policiers pour chaque
période de relève". On a fait cela. On veut que le gouvernement
prenne ses responsabilités et fasse des recommandations, dans ce sens ou
dans un autre, pourvu qu'il fasse des recommandations, mais on a demandé
dans une motion qui est à l'ordre du jour, que...
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Johnson, je dois vous interrompre dans votre intervention sur la grille pour
permettre au ministre de la Justice de faire sa question de
règlement.
M. Bellemare: Bon!
M. Bédard: Le député de Johnson m'avait bien
mentionné, d'abord, dans un premier temps qu'il ne ferait pas allusion,
lorsque nous nous en sommes parlés ce matin, à ce projet
d'amendement.
M. Bellemare: J'ai dit que je le dirais, mais je n'ai pas dit que
je le commenterais.
M. Bédard: Non, mais laissez-moi finir ma question.
M. Bellemare: Oui, mais vous allez me déranger dans le
reste de mon discours.
M. Bédard: Si vous saviez comment vous nous
dérangez parfois.
M. Bellemare: Qui? Moi?
M. Bédard: Comme vous l'avez dit tout à l'heure,
vous n'avez pas été...
M. Bellemare: Vous pensez que je ne vous ai pas aidé tout
à l'heure?
M. Bédard: Dans le sens suivant, vous avez dit tout
à l'heure que vous n'avez pas été ici tout le temps du
débat et cela paraît.
M. Bellemare: Presque tout le temps.
M. Bédard: Parce qu'il y a bien des questions sur
lesquelles, et je ne vous en fais pas grief, je n'ai pas fait
d'intervention.
M. Bellemare: Vous pensez que j'ai été m'amuser
ailleurs?
M. Bédard: Ecoutez! Vous connaissez assez les droits du
parlementaire. J'ai la parole. Est-ce que vous me la laissez ou si vous voulez
continuer...
M. Bellemare: Oui, je vous la laisse...
M. Bédard: ... ou si vous voulez continuer à
m'interrompre?
M. Bellemare: ... mais ne dites pas de bêtises, par
exemple.
M. Bédard: Non, mais, écoutez...
M. Bellemare: J'ai été travailler à d'autres
commissions...
M. Bédard: ... s'il fallait que je vous interrompe
à chaque fois que je pense que vous dites des bêtises... Je pense
que, si on commence à jouer ce jeu, on va changer
l'atmosphère...
M. Bellemare: Vous, vous allez m'interrompre chaque fois que
ça ne fera pas votre affaire.
M. Bédard: Non, mais on va changer l'atmosphère de
cette commission, qui est d'essayer de faire un travail sérieux, et
c'est ce à quoi nous arrivons jusqu'à maintenant. On va essayer
de faire en sorte que ça ne change pas. Mais quand vous commencez
à faire allusion aux policiers, à la recommandation dont vous
parlez, dont vous voulez faire état à l'Assemblée
nationale, quand vous êtes en train de leur dire: C'est ça,
messieurs les policiers, que nous voulons faire pour vous, je voudrais vous
dire une chose: Dès le début de cette commission, il a
été clair je l'ai dit clairement que je voulais que
cette commission-là finisse avec des recommandations.
M. Bellemare: D'accord!
M. Bédard: J'ai soutenu le point de règlement selon
lequel il n'était pas nécessaire que ce soit Inscrit dans le
mandat...
M. Bellemare: Cela, c'est votre avis.
M. Bédard: ... pour que la commission parlementaire puisse
en arriver à faire des recommandations...
M. Bellemare: Cela, c'est votre avis.
M. Bédard: ...mais que c'était inhérent
à un pouvoir d'une commission parlementaire et je vous ai cité
des articles là-dessus selon lesquels la commission parlementaire avait
le droit de faire des amendements. Des recommandations, c'est moins que des
amendements. Donc, une commission parlementaire, ayant le droit, selon
l'article que je vous ai cité, de faire des amendements, a
nécessairement aussi le droit de faire des recommandations. Je ne veux
pas revenir et refaire tout ce débat sur la question de
règlement, parce que je pense qu'on peut perdre du temps. Je ne voudrais
pas que vous induisiez en erreur les policiers en leur disant: Voilà ce
qu'on a fait pour vous! On a demandé que la commission fasse des
recommandations. Je tiens à vous rappeler que c'est moi-même, au
début des séances de la commission parlementaire, et avant
même la commission parlementaire, à l'Assemblée nationale,
qui ai exprimé très clairement ma demande selon laquelle cette
commission parlementaire se devait de faire des recommandations.
M. Bellemare: Bon! D'abord, ma présence pendant les
séances de la commission parlementaire de la justice, j'espère
qu'elle a été positive jusqu'aujourd'hui. Je ne mérite des
reproches de personne autour de cette table.
Deuxièmement, quand je me suis absenté, il y a toujours eu
un membre de l'Union Nationale qui a été ici, parce que j'ai
été pris à d'autres commissions ou parce qu'on a voulu,
avec une certaine stratégie, me sortir de la commission. Ah oui! Le bill
27, je l'ai dans la mémoire pour longtemps.
M. Bédard: Je pense qu'on se comprend bien. Je ne veux pas
vous faire reproche d'avoir été dans l'obligation de vous
absenter de la commission.
M. Bellemare: Non, mais j'ai...
M. Bédard: Ce n'est pas ça que j'ai dit tout
à l'heure.
M. Bellemare: Bon!
M. Bédard: J'ai clarifié un point de
règlement et j'espère que c'est fini, la discussion, sur ce
point.
M. Bellemare: Alors, messieurs, la première des choses,
est-ce que c'est du droit nouveau? Deuxième chose, si le gouvernement ne
se rendait pas à votre requête, qu'est-ce que serait le second
geste demain ou après-demain? Troisième chose, est-ce que vous
pourriez me dire... C'est peut-être poser trop de questions en même
temps. Vous aimeriez peut-être mieux y répondre au fur et à
mesure. J'ai noté mes questions. Si vous n'y répondez pas, j'y
reviendrai.
M. Barré: Voici, M. le Président, pour commencer
à répondre aux premières questions posées par le
député de Johnson.
D'abord, à la question de savoir si c'est du droit nouveau, je
pense qu'on est en mesure de vous répondre que ce n'est pas du droit
nouveau. D'ailleurs, je pense que le député de Johnson, en tant
que spécialiste des relations du travail ou du droit ouvrier, sait que
le droit du travail, c'est un droit qui est en perpétuelle
évolution. Cette phrase m'a d'ailleurs, si on me permet de faire un bref
retour en arrière, été mentionnée à quelques
reprises, lorsque j'ai commencé à pratiquer le droit, par celui
qui est devenu depuis le député de Maisonneuve et le leader
parlementaire. Enfin, je ne sais pas si c'est une référence. On
en jugera.
M. Bellemare: Au point de vue de droit ouvrier, c'est
excellent.
M. Barré: De toute façon, je pense qu'on
conçoit tous que le droit du travail est un droit en évolution,
mais il reste que le problème qui nous occupe actuellement n'est pas une
question de droit nouveau.
Nous avons mentionné dans notre mémoire que, notamment au
Québec, sur, par exemple, un peu plus de 9000 policiers, il y en a
au-delà de 6000 qui ont déjà la formule de deux hommes par
auto-patrouille 24 heures par jour.
En ce qui nous concerne, à la Sûreté, cela fait
environ une dizaine d'années que la demande est faite pour
améliorer les normes de sécurité au travail des policiers,
dont la présence de deux policiers par auto-patrouille. Cela a fait
l'objet de discussions, notamment, lors des dernières
négociations de la convention collective en 1973 et c'est revenu
à nouveau sur le tapis à l'occasion du renouvellement de la
présente convention collective.
Ce n'est pas non plus une question d'économie. D'ailleurs,
là-dessus, je me permets de me référer au document
déposé par le ministère de la Justice, qui a quand
même ceci d'assez paradoxal. On se fonde, en particulier, sur ce document
et, justement, on constate que l'une des conclusions de ce document est que la
présence d'un seul patrouilleur par auto-patrouille ne devrait pas
être une question d'économie, que c'est à ce moment un faux
principe que de parler d'économie en cette matière.
Donc, lorsqu'on parle d'économie dans ce domaine, je pense qu'on
fausse peut-être un peu le débat qui nous confronte, débat
que nous avons ramené à une question de sécurité et
à une question d'efficacité policière, tout en tenant
évidemment compte de la protection et de la sécurité du
citoyen. C'est dans ce contexte et je pense qu'on ne peut pas parler de droit
nouveau en ce qui concerne cet aspect de la sécurité au
travail.
M. Bellemare: Vais-je avoir une réponse à ma
deuxième question?
M. Richard (Raymond): Immédiatement.
M. Bellemare: Qu'est-ce qui arrivera si le gouvernement
n'agrée pas votre requête d'avoir deux patrouilleurs 24 heures par
jour? Qu'est-ce que vous faites par la suite?
M. Richard (Raymond): Je vais vous répondre, et quand vous
dites: Pourrait-on avoir une réponse honnête? Cela sera la chose
la plus facile pour l'association, parce qu'on n'a seulement qu'un
défaut, et c'est d'être trop francs et trop honnêtes. On dit
souvent que l'honnêteté ne paie pas. Nous croyons à
l'honnêteté.
Nous nous sommes présentés à la commission
parlementaire avec un dossier et nous avons comme politique à
l'association d'essayer d'aller en profondeur, et lorsqu'on fait l'étude
d'une clause, on présente quelque chose de complet.
Je pense que l'association a présenté un dossier complet
aux membres de la commission parlementaire.
Qu'est-ce qui va arriver? Il n'y a pas de cachette dans cela. On l'a dit
un peu partout et je le répète. L'assemblée
générale spéciale est ajournée jusqu'au moment
où nous allons voir les recommandations de la commission parlementaire
de la justice. A ce moment, nous allons retourner devant nos membres en
assemblée générale et les décisions viendront de la
base, de nos membres. C'est ce que notre constitution nous permet de faire.
On n'a jamais négocié le couteau sous la gorge. On n'aime
pas non plus qu'une autre partie négocie en essayant de mettre le
couteau sous la gorge des représentants de l'association, et il n'y a
aucun problème de ce côté.
A une question à laquelle nous avons répondu ce matin:
Quelle a été l'attitude des représentants de l'association
au cours de l'assemblée générale spéciale? J'ai
répondu et je pense que c'est bon de le répéter
que nous avions informé le ministre de la Justice que
l'association ne s'engageait à aucun moment, étant donné
que les offres pour les représentants n'étaient pas suffisantes,
à recommander à l'assemblée les dernières offres du
ministre de la Justice.
Par contre, par souci d'honnêteté et pour vouloir
également éviter la grève, parce qu'on pouvait s'attendre
au pire. En tant que président de l'asso-
ciation, après avoir pris des informations auprès de mes
conseillers, auprès des membres du conseil de direction, nous avons tout
de même recommandé ces dernières offres aux membres, les
offres qui ont été refusées. Cela, c'est pour vous montrer
la position des représentants de l'association face à
l'assemblée générale des membres et cette position, ce
revirement de dernière heure... Et je le dis même si je n'avais
jamais, en aucun temps, informé le ministre que je recommanderais ces
offres; afin d'éviter le conflit qui a duré sept jours, on les a
tout de même recommandées à l'assemblée
générale. Je ne sais pas si cela peut répondre à
votre deuxième question.
M. Bellemare: Pas tout à fait. En vertu du Code du
travail, aviez-vous le droit de grève?
M. Richard (Raymond): Non, nous n'avons pas de droit de
grève. Les membres ont été informés de leurs droits
par notre conseiller juridique, mais malgré que les membres n'avaient
pas le droit de grève, vous avez vu la décision: ils ont
décidé de demeurer à Drummondville, parce que
c'était une question extrêmement importante et qu'ils voulaient
avoir un règlement dans les plus brefs délais.
M. Bellemare: Est-ce que vous approuvez cela?
M. Richard (Raymond): Non, je viens de vous dire que
l'exécutif de l'association en aucun moment n'a approuvé la
grève et on a même poussé jusqu'à recommander les
dernières offres du ministre afin d'éviter cette grève et
de laisser à la population la protection de sa police dont elle a
besoin.
M. Bellemare: Et si votre assemblée générale
n'était pas satisfaite de la décision que va prendre le
gouvernement à la suite des journées d'étude qui sont
faites à la commission parlementaire, est-ce que vous seriez prêt
à recommander les recommandations du gouvernement?
M. Richard (Raymond): Ce que nous allons faire, nous allons
continuer d'être honnêtes, nous allons continuer de dire à
nos membres la vérité. Nous allons leur dire de quelle
façon on a travaillé à la commission parlementaire, quels
dossiers on a présentés devant cette commission, de quelle
façon les membres de la commission nous ont reçus avec
attention, beaucoup de questions et qu'ils ont étudié en
profondeur la question et à ce moment-là, c'est a eux de
décider.
M. Bellemare: Alors là on arrive, maintenant que cela est
tranché, à la question de la grille. Il fallait toujours que
j'aie un préambule. Mon préambule étant fait, je voudrais
savoir de Me Barré, qui a présenté la grille de
l'association.
M. Barré: C'est-à-dire, pour replacer la grille
encore une fois...
M. Bellemare: Je le sais. Je l'ai entendu quelquefois. Vous allez
me répéter que ce sont les patrons qui vous ont soumis une
grille.
M. Barré: C'est cela.
M. Bellemare: De cela, vous en avez établi une autre. Qui
a établi l'autre et qui l'a présentée?
M. Richard (Raymond): C'est l'association, si vous me
permettez.
M. Bellemare: C'est l'association qui l'a
étudiée.
M. Richard (Raymond): Les neuf points que vous avez sur notre
grille, c'est l'association qui a présenté cela au comité
paritaire et conjoint, suite aux démarches avec le ministre de la
Justice.
M. Bellemare: Si c'est l'association qui l'a
présentée, c'est parce qu'il y a eu quelqu'un qui l'a
pensée, qui l'a écrite et qui l'a comparée.
M. Richard (Raymond): Oui, suite aux négociations avec le
ministre de la Justice; à ce moment-là, on est allé dans
le sens de nos discussions.
M. Bellemare: Qui l'a pensée, qui l'a écrite, qui
l'a discutée.
M. Richard (Raymond): C'est l'association.
M. Bellemare: D'accord. Alors, je vous ai fait dire, l'autre
jour, que c'était simplement sur une question d'interprétation
que vous ne vous entendiez pas.
M. Richard (Raymond): C'est plus que cela, d'après
les...
M. Bellemare: Vous m'avez dit, quand je vous ai interrogé
sur la grille... Je vous ai cité les articles du patron, de la
Sûreté du Québec, point par point, je les ai
comparés un par un, et c'est exactement la même pensée,
c'est exactement la même proposition, seulement interprétée
par vous différemment. C'est l'interprétation qui est
différente.
M. Richard (Raymond): D'après les textes, la grille
présentée au comité paritaire et conjoint par la
Sûreté du Québec est plus restrictive et les explications
vous ont été données en plus par notre conseiller
juridique.
M. Bellemare: J'admets cela, et vous admettez cela.
M. Richard (Raymond): Que la grille est plus restrictive?
Oui.
M. Bellemare: Plus restrictive. Cela veut dire que si le
gouvernement ne vous accordait pas ce
que vous demandez, vous pourriez continuer à discuter avec la
Sûreté du Québec pour qu'elle soit moins restrictive.
M. Richard (Raymond): De toute façon, actuellement...
M. Bellemare: Non, est-ce que c'est ça?
M. Richard (Raymond): Oui, on continue les démarches
auprès de la Sûreté du Québec pour...
M. Bellemare: Pour vous entendre.
M. Richard (Raymond): ... la négociation de la grille,
c'est évident, que ça continue, indépendamment des
recommandations de la commission parlementaire.
M. Bellemare: Bon, bon d'accord. C'est ça que je voulais
vous faire dire. Très bien, très bien.
M. Richard (Raymond): Sans hésitation.
M. Bellemare: Vous continueriez vos discussions pour en arriver
à une entente d'interprétation. D'accord?
M. Richard (Raymond): On continue actuellement, d'accord.
M. Bellemare: C'est parfait, vous allez finir par vous entendre,
vous n'êtes pas loin.
Alors je dis une autre chose: que dans la grille, il y a de
l'interprétation, comme dans toutes les conventions collectives de
travail. Vous ne serez pas capables d'avoir le consensus général
à 100%, c'est impossible. Me Barré, qui avez fait du droit
ouvrier, vous qui êtes président de l'association, vous savez
qu'on ne peut pas tout gagner dans une convention collective, c'est impossible.
On fait souvent un pas, pour en faire deux en arrière, mais pour en
gagner un pour l'autre convention. C'est de même que ça
fonctionne, je pense bien, j'imagine que c'est ça. En tout cas.
Il y a une chose qui reste sûre, c'est que vous avez gagné
beaucoup depuis quelques années, vous autres, l'association, n'est-ce
pas?
Vous avez gagné beaucoup parce que vous avez restructuré
l'association qui est aujourd'hui une force, indépendamment de ce que
peut en penser Pierre, Jean, Jacques? L'association, vous n'auriez pas fait
venir les gars pendant six ou sept jours à Drummondville, il y a
quelques années... Parce qu'ils n'étaient pas aguerris...
M. Richard (Raymond): Trois jours en 1971.
M. Bellemare: ... à la syndicalisation comme ils le sont.
C'est un gain. Il y a une espèce de syndicalisation qui s'est faite, un
consensus entre les membres, qui se tiennent. A partir de là, vous avez
une force. Mais il ne faudrait pas outrepasser le droit qui vous est
donné en vertu de cette force. Il y a une chose qui reste sûre,
c'est qu'il y a aussi des devoirs. A chaque droit que vous obtenez correspond
un devoir vis-à-vis de la société en
général. Ce devoir, nous qui avons peur de la police, on regarde
ça, quelle sorte de devoir faites-vous? Des fois, quand vous ne le
faites pas, on est porté à vous critiquer. Il ne faut pas penser
que parmi la population, je vais vous dire quelque chose que vous n'aimerez
pas, que Dieu me protège contre la police, mais le geste qu'a
posé le ministre de tenir fermement, je l'ai approuvé... Je l'ai
approuvé, que ça vous déplaise ou non, je l'ai
approuvé.
Parce que si le ministre, qui est l'autorité, commence à
céder, même avec des arrangements en-dessous de la table,
ça n'ira pas loin. Parce qu'il est obligé, demain, d'être
le ministre de la Justice pour tout le monde. Comme il est le ministre de la
Justice pour tout le monde, il est surtout le ministre de la police. Je ne dis
pas ça parce que je veux en faire, comme en France, un ministre...
M. Barré: Un ministre de l'Intérieur.
M. Bellemare:... de l'Intérieur, parce que c'est trop
dangereux.
Mais je dis qu'il doit avoir un oeil bienveillant, mais assez juste sur
vos activités et le respect que vous apportez à l'exercice de vos
droits, mais particulièrement à l'exercice de vos obligations et
de vos devoirs. Je pense que c'est ici qu'il faut se dire ça. Je trouve
que vous êtes allés un peu loin. C'est forcer un peu la note,
parce que parmi la population, je peux vous dire, comme vieux politicien, il y
a des gens que vous avez perdus, que vous aviez pour vous autres.
La philosophie du trottoir, je connais cela. J'écoute, et vous
avez perdu des notes. Il ne vous faudrait pas perdre des notes. Il faudrait que
la police reste toujours un ostensoir, comme le disait la police, l'ostensoir
vivant. Il ne faudrait pas que vous déméritiez vis-à-vis
du peuple. Que la convention collective vous accorde certains
privilèges, droits, prérogatives, d'accord. Pour vous
protéger, protéger vos familles, individuellement,
sécurité au travail, bénéfices marginaux qu'on
accorde dans toutes les conventions collectives, vous y avez droit.
Mais, par exemple, que celui qui a la responsabilité de faire
respecter la loi, qui arrive avec un gros livre et qui dit: Monsieur, c'est la
loi. Le gars dit: Monsieur, vous ne la pratiquez pas, vous. Il ne faut pas vous
exposer à cela. Qu'est-ce que cela va valoir demain matin, dans
l'ensemble de la population, si tout le monde se met à rire d'une
police?
Vous savez que vous êtes costumés, cela protège
énormément. Je l'ai dit au président de l'Assemblée
nationale, quand il s'est déshabillé et qu'il s'est mis en queue
de chemise, je lui ai dit: Cela n'a pas de bon sens. Les policiers ne font pas
cela. Les "brakesmen", comme moi, on ne se déshabille pas. On garde
notre uniforme, c'est un signe d'autorité. Hein?
Quand on voit arriver dans une maison un policier avec une casquette, on
ne lui demande pas combien il pèse. On dit: Où est-ce qu'il va? A
partir
de là, l'autorité que vous possédez, d'une
manière légale, il ne faudrait pas que vous la miniez par des
sorties tumultueuses, par des gestes contre nature. Quand vous faites des
démonstrations publiques dans la ville de Montréal et que la
police sort tout ce qu'elle a de sirènes et d'échelles, ce n'est
pas bien beau. Quand, pendant sept jours de temps, vous bravez la loi et que
vous dites: Le ministre, viens ici, le ministre! Viens ici, devant nous autres!
C'est nous autres qui allons... Attends un peu, toi, une minute!
Vous n'avez pas à demander cela à un ministre
élu... Qu'il soit de la couleur qu'il voudra, que vous l'aimiez ou que
vous ne l'aimiez pas, il est ministre. Il est assermenté pour faire
respecter la loi et vous faire reconnaître vos droits, mais aussi, vos
devoirs. Sur cela, je le félicite. Que vous l'aimiez ou que vous ne
l'aimiez pas, que vous aimiez cela ou que vous n'aimiez pas cela, je vais le
dire. Il a bien fait de faire respecter la loi et vous n'avez pas fait avancer
votre cause d'un pouce. Non. Vous aviez bien des occasions de faire valoir
votre...
Il y a un tribunal du travail, à Montréal, où il y
a des juges spécialisés en droit ouvrier. Ils sont à votre
disposition, bien plus que le gouvernement, pour prendre une décision.
Vous avez le droit de vous adresser au tribunal du travail pour faire juger
votre cause. Ils sont des spécialistes, ils ne font que du droit
ouvrier. Ils n'ont pas autre chose à faire que de s'occuper des
relations patronales-ouvrières et des griefs et de tout ce que peut
comprendre le Code du travail.
Vous êtes allés... Non, non, je n'aime pas cela et je vous
le dis. Que vous m'aimiez ou que vous ne m'aimiez pas, je vais sortir tout
à l'heure et j'aimerais bien que personne ne m'accroche. S'il y en a un
qui m'accroche, je vous le dirai, M. le Président.
Je termine en vous disant ceci...
M. Richard (Raymond): Vous n'avez pas à être
inquiet. J'ai pris bonne note qu'on peut vous consulter au besoin pour avoir
des conseils.
M. Bellemare: Oui. Si vous m'aviez invité à
Drummondville au lieu d'inviter le ministre, j'y serais allé et je vous
aurais dit que vous faisiez mal. J'aurais dit! Vous faites mal, ce n'est pas
comme cela qu'on doit le régler.
M. Richard (Raymond): J'espère que vous ne nous incitez
pas à faire une autre grève pour avoir l'occasion de venir
à Drummondville.
M. Bellemare: Non, je ne suis pas masochiste.
M. Richard (Raymond): M. le Président, ce qu'on peut
ajouter, c'est que, pour l'association, c'est assez simple. Ce que nous
désirons, c'est que, quand on négocie au comité paritaire
et conjoint, on nous entende, qu'on nous écoute et qu'on essaie vraiment
de chercher les solutions aux problèmes. Il y a toujours des solutions.
Il s'agit de ne pas laisser pourrir les conflits et j'es- père
nous avons eu, j'appelle cela un bingo en 1971; le deuxième a
été en 1977 que cela va être une leçon pour
les parties en cause et qu'on va en tirer profit.
L'association ne s'attend pas à avoir gain de cause sur tout.
Nous connaissons ce qu'est la négociation. Nous ne pouvons pas obtenir
100%. Ce que nous désirons obtenir, c'est une entente raisonnable. Sur
la clause de sécurité, deux membres sur la relève de jour
nous apparaît et apparaît aux yeux de nos membres une entente
raisonnable.
M. Bellemare: M. le Président, je me raisonne, comme j'ai
essayé de raisonner tous les gens qui sont venus devant moi dans des
conflits patrons-ouvriers. Eux autres aussi avaient les mêmes bonnes
dispositions. Ils disaient: On va se rendre à votre décision, M.
le ministre. Quand la décision était rendue, je vous garantis
que, quand on fermait la porte, j'entendais une bouillabaisse pas
ordinaire.
M. Richard (Raymond): C'est peut-être normal un peu dans
les...
M. Bellemare: Normal, oui.
M. Richard (Raymond): ... minutes qui vont...
M. Bellemare: Cela va être normal aussi chez vous.
M. Richard (Raymond): On verra. M. Bellemare: On l'a
déjà vu. M. Richard (Raymond): On verra.
M. Bellemare: C'est pour cela que je veux prévenir, pour
qu'il n'y ait pas une autre grève. Vous m'avez dit: Non, il n'y en aura
pas.
M. Richard (Raymond): J'informerai mes membres que vous n'aimez
pas cela.
M. Bellemare: Non, mais, s'ils veulent me voir, je vais y aller.
Le ministre n'a pas d'affaire à cela.
M. Richard (Raymond): Je vous enverrai une invitation pour
l'assemblée générale.
M. Bellemare: Le ministre n'est pas un négociateur. Nous
autres, vous ne nous avez pas invités; lui, il est allé jusque
dans la cour pour essayer de trouver quelqu'un qui l'invite et personne ne l'a
invité.
Une Voix: Personne ne l'a reconnu!
M. Bellemare: Peut-être. Je n'ai pas osé me montrer,
ils m'auraient reconnu tout de suite. Bref, c'est pour vous dire ceci: II y a
des choses.
Le Président (M. Bertrand): La grille.
M. Bellemare: Comment? La grille, ah oui!
Le Président (M. Bertrand): La grille.
M. Bellemare: Je voulais vous prévenir que celui qui a
apporté l'argument, ce matin, qu'il faut être deux, parce qu'on
peut corrompre l'autre, ce n'est pas bien bon dans la police. Il y a quelqu'un
qui a amené cela ce matin. Il y a quelqu'un qui a dit: Je trouve que
deux, cela va être plus difficile à corrompre qu'un. La police ne
mérite pas cela. On n'a pas le droit de dire que le policier pourrait
être corrompu s'il était tout seul. Ce n'est pas un argument.
Ecoutez-moi. Il y a un monsieur, ce matin, qui a apporté cela comme
argument. Il faut qu'il y en ait deux, parce que cela va être plus
difficile a corrompre. Ne m'apportez pas cela ici, cela n'a pas de bon sens. Ce
n'est pas un argument. On n'en demande pas deux, parce qu'ils seront plus
difficiles à corrompre. Les policiers doivent être choqués
d'avoir entendu cela ce matin. Ils doivent commencer à se demander: Qui
a dit cela?
A partir de là, ne m'apportez pas cela comme argument, ce n'est
pas bon. Les policiers méritent une certaine protection, d'accord, pour
leur famille, pour assurer une certaine efficacité, mais il y a une
chose qui reste sûre, c'est qu'il y a, dans la police... Je pense que le
ministre est bien disposé à apporter une réorganisation
des cadres de la police. Je pense que, sur cela, il va avoir raison, parce
qu'il y a un grand mal qui se produit depuis quelques années. Il y a une
multiplication de cadres, de gens qui ont des médailles. C'est trop;
c'est clair?
Il y a une restructuration à faire dans la police pour que les
vraies responsabilités soient véritablement
décernées à ceux qui sont capables de les porter, pas ceux
qui chaussent des sept et un quart, des sept et trois quarts, et qui
prendraient des six, sept ou huit, parce qu'il y en a qui marchent avec des
talons hauts dans la police, vous savez.
Ce n'est pas du droit nouveau, vous ne ferez pas de grève
nouvelle. Vous allez demander à vos membres, même si le
gouvernement vous le refusait, et si les recommandations ne faisaient pas votre
affaire, vous allez recommencer avec bonne foi à renégocier la
grille. Vous êtes à deux pas de vous entendre. Il n'y a presque
rien, sauf qu'on aurait été privé de votre visite. On
n'aurait pas eu votre visite, c'est sûr. On aime bien mieux vous avoir,
parce qu'on s'est instruit et on a appris beaucoup de choses. Maintenant que
votre visite est faite, et si les recommandations ne sont pas ce que vous
pensez, je vous encourage fortement à renégocier la grille. Il ne
manque pas grand-chose, quelques petites interprétations, pas
grand-chose. Aux neuf conditions que vous avez mises, la Sûreté du
Québec en a ajouté une supplémentaire que vous n'avez pas
et qui est bien plus large que la vôtre, quand elle dit dans le
quatrièmement: "Dans d'autres circonstances, le policier..." etc., c'est
bien plus large, c'est une clause qui peut couvrir bien des... Oui, cela peut
être omnibus et cela peut être autobus.
M. Barré: Si M. le Président me permet, je pense
que le député de Johnson vient de faire une analyse du conflit.
Evidemment, nous n'étions pas venus ici dans l'intention de faire une
analyse du conflit qui a pu précéder notre venue à la
commission parlementaire. Nous avons voulu, devant cette commission
parlementaire, faire un exposé du problème qui a donné
lieu au conflit. Le problème sur lequel cette commission est
appelée à se prononcer, consiste donc à savoir si deux
patrouilleurs doivent patrouiller ensemble dans le même véhicule
sur la relève de jour. C'est la demande de l'association. C'est ce que
nous avons tenté tout au cours des différents mémoires de
justifier. Par ailleurs, quand le député de Johnson mentionne que
nous aurions pu faire appel au tribunal du travail ou au mécanisme
prévu dans le Code du travail pour régler le problème, je
me permets, à titre bien amical, de souligner au député de
Johnson que l'association ou que les membres de la Sûreté du
Québec ne sont pas régis par le Code du travail. Ils sont
régis par une loi spéciale et, donc, les mécanismes
prévus par le ministère du Travail ne sont pas d'application dans
le cas qui nous occupe. Par ailleurs, il ne faut également pas perdre de
vue que, le 5 avril, au moment où les négociations se
déroulaient au comité paritaire, les représentants de
l'association ont été convoqués au bureau du ministre pour
en discuter avec le ministre de la Justice, à Québec, ici
même, à ses bureaux. C'est ce que nous avons fait. Les
événements ont pris la tournure que vous connaissez, par la
suite. Maintenant, une fois qu'on a fait l'analyse de cette situation, des
événements, il faut tenter de trouver la solution. Quand vous
dites qu'à partir de la grille, les deux parties sont près d'un
règlement, je pense que vous oubliez peut-être un point essentiel
de toute l'affaire, c'est que la fameuse grille ne couvre qu'une partie du
travail du patrouilleur. Nous avons voulu faire ressortir qu'effectivement, le
patrouilleur ne se bornait pas uniquement à répondre aux appels.
Cela constituait peut-être une partie de son travail, mais il y a quand
même une autre partie qui est un travail de vérification, qui est
un travail de surveillance, qui est un travail de prévention, qui n'est
pas couverte par la liste en question. C'est l'une des raisons pour lesquelles
cette liste nous est toujours apparue et nous apparaît encore comme une
solution non adéquate dans les circonstances, parce qu'elle ne
règle pas le problème.
Le Président (M. Bertrand): M. Masse a demandé de
répondre.
M. Masse: M. le Président, je veux simplement faire une
remarque suite aux propos du député de Johnson. C'est moi, ce
matin, qui ai parlé de corruption. Je constate, une fois de plus, que je
me suis mal exprimé. Je vais essayer de vous expliquer de nouveau ce que
je voulais dire ce matin.
J'ai parlé de corroboration à la cour et de corruption.
Or, j'ai dit qu'il était très important pour les policiers, quand
ils sont deux, de corroborer à la cour les événements dont
ils ont été témoins, dont ils ont eu connaissance. Quand
j'ai parlé de corruption, je n'ai pas parlé de corruption dans
le
sens que c'était plus facile de corrompre un policier quand il
était seul. J'ai parlé dans le sens qu'il y a un crime dans le
Code criminel qui s'appelle la tentative de corruption d'un agent de la paix,
et quand un policier est seul, il ne peut pas arrêter les personnes qui
tentent de le corrompre, tandis que, quand ils sont deux, ils le peuvent, parce
qu'il y a corroboration. C'est dans ce sens que j'ai parlé de corruption
et non pas dans le sens où les policiers sont plus corruptibles que
d'autres. C'est une simple remarque que je voulais faire.
M. Bellemare: Peut-être que votre remarque de cet
après-midi complète plus votre idée, parce que, ce matin,
on a des copies, à la commission parlementaire, de votre propos, et ce
n'est pas tout à fait dans ce sens.
M. Masse: C'était possible que je me sois mal
exprimé. Cela m'arrive assez souvent.
M. Bellemare: Bien, nous autres aussi, ça peut nous
arriver.
M. Bédard: C'est pas mal propre à nous.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député d'Anjou, sur la grille, toujours.
M. Johnson: Oui, toujours sur la grille, mais au sens
restreint.
M. Lavoie: Sur le gril.
M. Johnson: Non pas sur le gril, comme je pense qu'on a vu.
D'abord, je voudrais vous dire mon appréhension devant la
possibilité qu'on en vienne à inclure dans une convention
collective des dispositions qui, quelle que soit la façon de les
formuler, risquent, par essence, d'être restrictives. A vouloir trop
inclure, je pense qu'on exclut également. Evidemment, ce n'est
peut-être pas faire un acte de foi, mais ceux qui prennent les
décisions concernant la patrouille à deux, au moment où on
se parle, c'est-à-dire aux heures de jour, on peut présumer de
leur compétence à priori, on peut présumer de leur bonne
foi, de leur jugement, de leur intelligence. Moi, j'aime toujours mieux que,
dans des circonstances aussi importantes que celles-là, qui touchent la
sécurité publique, de la même façon que ça
s'applique, à mon avis, dans le secteur de la santé et
également dans le secteur de l'éducation, j'aime toujours qu'on
s'en remette au bon jugement plutôt qu'à l'intelligence des
individus et pas seulement a un texte.
Je vais simplement faire un parallèle rapidement avec ce qu'on
retrouve dans le secteur de l'éducation, quand on voit que certaines
écoles sont régies par des conventions collectives qui, en plus
de la brique de la négociation provinciale, qui a 200 pages comportent
jusqu'à 500 et 600 clauses au niveau local. C'est à se demander
s'il reste du temps, quand on regarde une convention collective, pour que les
gens puissent éternuer. Cela, je dois dire que ça me violente un
peu, l'idée que ce vers quoi on se dirige, c'est l'inclusion possible,
dans un texte de convention collective, de situations précises où
il y aura deux policiers, dans la mesure où je ne veux pas
présumer de la décision du ministère suite aux
recommandations de cette oommission, et dans la mesure où ne seraient
pas accordés les deux policiers 24 heures par jour.
C'est une remarque préliminaire sur la grille. Quant aux
éléments spécifiques de cette grille, j'ai compris
et c'est cela, encore une fois, le danger d'un texte plutôt que d'une
chose qui relève, par exemple, d'une directive, qui passe par un
comité paritaire, etc. qu'on parle de policiers à deux
dans le cas des vols à main armée, dans la mesure où on
est encore dans la commission du fait.
On répondait tout à l'heure: Oui, mais comment aura-t-on
l'assurance qu'il n'y aura plus là de voleur qui soit armé? Je
comprends cela dans le sens que nécessairement dans le cas d'un vol
à main armée ou si c'est encore en train de se faire, il y aura
deux policiers, ce qui n'exclut aucunement que dans d'autres cas, il puisse y
en avoir et c'est comme cela quand on conçoit un texte bien plus comme
une espèce de grande balise et non pas comme quelque chose de
restrictif.
De la même façon, cela m'apparaîtrait et je
pense que la plupart d'entre vous seriez d'accord là-dessus un
peu inconcevable qu'on dise, chaque fois qu'il y a eu une querelle de
ménage... On sait que lors des querelles de ménage, c'est
là, aux Etats-Unis en tout cas, qu'un fort nombre de policiers est
tué parce que souvent, il y en a un des deux qui est armé, ou qui
a une arme offensive quelconque. Chaque fois que madame X de la rue Y a une
mauvaise passe avec son mari et que le mari part en claquant la porte et que
madame X décide d'appeler les policiers, je ne sais pas si par
définition, il faut se dire qu'il faudrait qu'il y ait deux
patrouilleurs, mais par définition, je pense que si, effectivement, il y
a une querelle en cours, il faudrait qu'il y ait deux patrouilleurs.
Je comprends qu'on ne passera pas les neuf points de la grille plus le
paragraphe 4a que vous suggèrent si je comprends bien, le
ministère et la Sûreté du Québec, mais je veux
seulement évoquer cette difficulté profonde que je ressens
à accepter la notion, pour une chose aussi importante qu'est la
sécurité du policier dans des circonstances précises
où personne ne met en doute la nécessité qu'il y ait deux
policiers, qu'à un certain moment, parce que le climat des relations de
travail n'est pas très bon, quelqu'un se mette à appliquer, un
texte de façon intransigeante.
On a vu ce que cela donnait dans le secteur de l'éducation,
récemment. Je l'ai vécu, entre autres, dans mon comté, et
je vous mets en garde contre cela, si je peux me permettre de le faire. Je n'ai
pas le bonheur d'avoir 32 ans d'expérience, comme le
député de Johnson, mais j'essaierais de vous traduire cette
volonté, je pense, et celle de la majorité des membres de cette
commission, j'en suis sûr, de ne pas voir ce problème, s'il n'est
pas réglé dans le sens où vous le demandez,
c'est-à-dire deux policiers 24 heures par jour, donc à la
relève de jour incluse... Si ce n'est pas réglé dans ce
sens, j'espère que la solution ou le compromis auquel vous arriverez
avec la Sûreté n'aura pas
une nature trop légaliste, trop juridique avec des rafistolages
qui vont faire qu'à un moment donné, cette grille va être
un volume de 230 pages.
Je pense que l'exemple des policiers ontariens est peut-être un
exemple dans ce sens où cela est conçu sous forme d'une directive
mais accepté de façon mutuelle dans un contexte où les
gens sont capables de se parler, de s'entendre en gros sur les choses,
où il n'y a pas cette notion de conflit constant. J'écoutais l'un
d'entre vous tout à l'heure, avant cette séance, évoquer
le fait qu'en Ontario et c'est peut-être typique des Anglo-saxons
en général la notion de ce qu'est une contestation
policière est fort différente. On évoquait le fait
qu'à Toronto, je crois, ou à l'OPP, il y a eu effectivement un
ralentissement de travail qui a duré trois semaines, mais que cette
manifestation de ralentissement consistait essentiellement pour les policiers
à retirer leur képi à bord des voitures. Je pense qu'ils
ont peut-être prouvé ce qu'ils voulaient prouver, qu'ils ne
suivaient pas le code qui dit qu'un policier doit porter tout le temps son
képi, mais je ne suis pas sûr que cela a mis en branle et
menacé la sécurité publique, que cela a cristallisé
des positions et que cela a amené des gens à prendre des
décisions en dernier recours, avec le couteau sur la gorge, dans un sens
ou dans l'autre.
C'est une chose qui n'est pas typique seulement à la
Sûreté du Québec, mais à la Sûreté du
Québec, ce qui s'est passé et là-dessus je
n'entends pas revenir comme le député de Johnson l'a fait
c'était peut-être un peu un symptôme de ce problème
dans nos relations de travail au Québec. Je pense que c'est un
symptôme de ce qui se passe dans notre société. Il y a une
tendance à cristalliser les positions, à ne jamais accepter
à peu près, qu'il y ait de la place pour un compromis. Et un
compromis, par définition, c'est un compromis. Cela ne peut jamais
être entièrement satisfaisant, mais il faut qu'au-delà de
ces compromis on sente qu'il y a une espèce d'entente commune, quant
à certains objectifs généraux, que les gens ne s'enfargent
pas dans les virgules comme on l'a fait au Québec dans le secteur de
l'éducation où toute la négociation est devenue une
affaire de virgule et, en toute déférence envers Me Barré,
est devenue une affaire d'avocats.
On se demande, à un certain moment, si on n'est pas un peu loin
de la réalité. Je vous mets en garde, à la
Sûreté du Québec, et j'espère, que vous ne tomberez
pas dans ce panneau. J'espère aussi que la Sûreté du
Québec, l'organisme qui vous engage, le ministère de la Justice,
ne tombera pas non plus dans ce travers.
Je peux vous assurer, pour ma part je présume que je serai
probablement un des derniers à vous questionner aujourd'hui que
je m'engage à questionner longuement les gens de la Sûreté
du Québec. Vous m'avez ébranlé quant à certaines
choses, je vous l'ai dit la semaine dernière. J'entends obtenir des
réponses satisfaisantes, à mes yeux et aux yeux de cette
commission, sur ce qui touche la sécurité des policiers le jour
et particulièrement sur les hommes qui patrouillent seuls dans certains
territoires, particulièrement ceux de vaste étendue, sur la
question des communications, sur la question du mode d'appréciation, non
seulement des gestes précis à poser, à savoir la
signification d'une procédure pour acte criminel, mais également
sur la notion: Est-ce qu'il n'y a pas des territoires qui devraient être
soumis à un régime particulier? Je m'engage à obtenir ces
informations de la Sûreté et je vous invite à rester,
d'ailleurs, pour cette soirée, peut-être demain, je ne sais pas,
pour voir également comment on procédera avec la
Sûreté du Québec.
En terminant, je réitère ce qui était mon propos au
début de cette intervention. Pour l'amour du ciel, ne tombez pas dans le
panneau du secteur parapublic classique, des affaires de virgules, pas sur une
affaire aussi importante, aussi majeure et aussi essentielle que la
sécurité de vos collègues et la sécurité
publique.
M. Barré: Je pense, M. le Président, que
l'association n'a pas fait de ce débat une question d'avocasserie. Je
présume que ce n'est pas ce que le député d'Anjou a voulu
mentionner. Je pense que nous avons voulu vous étayer, vous
présenter un mémoire basé sur des faits, et, lorsque nous
vous avons indiqué qu'à notre point de vue, la grille soumise se
révélait inadéquate, nous vous avons indiqué les
éléments, les raisons pour lesquelles, à notre point de
vue, cette grille pouvait être une solution inadéquate. Pas sur
une question de points ou de virgules, mais sur une question
d'interprétation ou sur une question d'application. Je suis d'accord
avec le député de Johnson lorsqu'il dit qu'une liste trop
restrictive peut causer des problèmes. C'est justement la raison pour
laquelle cette liste nous apparaît inadéquate, parce qu'elle va
soulever plus de problèmes qu'elle peut apporter de solutions. Dans la
recherche d'un compromis, tous, on réalise qu'il faut peut-être
tenter de trouver un compromis, mais pour autant qu'il apporte une solution
valable, adéquate au problème qui se pose.
Si le compromis n'est qu'un paliatif qui ne règle absolument
rien, je pense qu'on n'est pas plus avancé après, même si
on s'est forcé les méninges pour trouver une espèce de
compromis. La question d'interprétation m'apparaît quand
même une question importante. Si vous avez un texte qui, parce qu'il
n'est pas suffisamment précis, parce qu'il n'est pas suffisamment clair,
donne lieu à une interprétation différente, suivant
l'endroit ou suivant le poste où on se trouve, je dis qu'à ce
moment-là, on n'a pas réglé le problème, on a
créé de nouveaux problèmes. On fait face à une
situation encore pire que celle qu'on a pu connaître, parce que la
situation n'est pas la même, suivant l'endroit ou suivant l'unité
où on travaille.
Si on me permet d'ajouter un mot, et cela apparaît au document
soumis par la Sûreté, que les représentants de la
Sûreté auront l'occasion d'étayer ultérieurement, on
se rend compte, déjà à ce moment-ci, que les offres faites
par le ministre de la Justice, dès le début, le 5 avril
précédant la tenue de l'assemblée, ont déjà
fait, de la part des représentants de la Sûreté, l'objet
d'interprétations qui s'avèrent non conformes aux faits, à
un
point tel que les représentants de l'association ont dû, au
niveau du comité paritaire, dénoncer le communiqué
émis par la Sûreté et qui est reproduit dans le
mémoire que la Sûreté a soumis à cette
commission.
Ce que je veux faire ressortir par là, c'est que,
déjà, on constate que, dans l'application des offres soumises par
le ministre de la Justice, en ce qui concerne la relève de soir et de
nuit, il y a des problèmes d'interprétation. Vous vous imaginez
un peu dans quelle situation on s'engage si on essaie d'établir un texte
qui n'est absolument pas précis. A ce moment-là, on va se
retrouver devant un problème. Ce qu'on vise, nous, c'est de
régler le problème, une fois pour toutes, à partir de
solutions qui peuvent vraiment s'appliquer.
Le Président (M. Bertrand): S'il n'y a pas d'autres
interventions...
M. Bédard: II est six heures, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Oui. Mais je voudrais surtout
qu'on puisse s'entendre avec l'Association des policiers. Cela fait plus de
treize heures que l'on discute entre nous. Je ne sais pas si c'est un record
le député de Johnson pourrait nous le dire de
discuter aussi longtemps avec un même groupe.
M. Bellemare: Non, il y a eu la langue, cela a été
plus que cela, avec le bill 22.
Le Président (M. Bertrand): La langue, un même
groupe?
M. Bellemare: Avec le bill 22, on a dépassé le
record.
Le Président (M. Bertrand): Un même groupe?
M. Bellemare: Oui.
Le Président (M. Bertrand): Simplement pour vous dire que,
je pense que tout le monde a voulu témoigner par là de
l'importance de la question qui nous était soumise, et nous avons
été larges dans l'appréciation de la longueur des
interventions pour chacun, autant les députés que ceux qui sont
venus témoigner devant la commission.
Je pense qu'à ce stade, tout ce que je peux faire comme
président, c'est de vous remercier très sincèrement pour
votre excellente collaboration auprès des membres de la commission
parlementaire.
M. Girard: En terminant, M. le Président, au nom de
l'association et au nom des personnes qui ont témoigné devant
cette commission, nous tenons à vous remercier, personnellement, et nous
tenons à remercier tous les membres de la commission parlementaire pour
l'attention que vous avez portée. Vous nous avez facilité la
tâche. Il va sans dire que, maintenant, l'APPQ s'attend on sait
que vous allez prendre ces recommandations sérieusement que des
recommandations se dégagent de cette commission. Merci!
Le Président (M. Bertrand): Les travaux de la commission
sont suspendus jusqu'à 20 h 15. Nous entendrons, à ce moment, le
mémoire de la Sûreté du Québec.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
Reprise de la séance à 20 h 22
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
Reprise des travaux de la commission parlementaire de la justice. Nous
recevons ce soir le groupe et le directeur de la Sûreté du
Québec. Si vous voulez vous identifier et identifier les personnes qui
vous accompagnent, s'il vous plaît
Sûreté du Québec
M. Beaudoin (Jacques): M. le Président, mon nom est
Jacques Beaudoin, directeur général de la Sûreté du
Québec. Est-ce que vous m'accordez la permission de parler debout?
Le Président (M. Laplante): Non, assis, monsieur.
M. Beaudoin: Assis. J'aimerais vous présenter les
personnes-ressources qui vont m'assister dans la présentation de notre
mémoire. En partant de ma gauche, ici, j'ai le directeur
général adjoint aux opérations, M. Robert Turpin; à
sa gauche, Mme Lorraine Gagnon, bachelière en économie, qui a
charge des statistiques à la Sûreté du Québec et qui
pourra éclairer la commission quant à la rigueur et à la
validité, de même que la fidélité des statistiques
que nous vous présenterons ce soir. En plus, j'ai le capitaine Robert
Therrien qui est conseiller en enquêtes criminelles.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous pourriez
avancer un micro?
M. Beaudoin: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Vous l'avez? D'accord.
M. Beaudoin: M. Jean Tellier, qui est le directeur
général adjoint au service administratif, en plus de M. Lambert
qui est chargé de la planification à ma droite, comme
personnes-ressources, M. André Leclair, chef du service d'organisation
à la Sûreté du Québec; M. Gilles Michaud,
contrôleur général du personnel et des communications, M.
Yvan Aubin, chef de la direction des renseignements et d'autres
personnes-ressources.
M. le Président, MM. les membres de la commission, au cours des
prochaines minutes, je vous ferai, au nom de la Sûreté du
Québec, une présentation en marge du débat sur la
sécurité au travail qui fut porté devant vous par le
ministre de la Justice. Il est assez important, au départ, de situer le
problème. D'abord, les demandes syndioa-les nous sont parvenues au mois
de décembre, au milieu de décembre, demandes dont la partie
principale portait sur les deux hommes qui devaient occuper une voiture 24
heures par jour et dans toutes les fonctions.
La position de la Sûreté, à ce moment-là
après avoir fait les études en conséquence, nous laissait
croire que dans notre rôle de gestionnaire, en ayant en
intérêt la sécurité des membres et égale-
ment les deniers publics, nous pouvions consentir les heures
d'obscurité, c'est-à-dire une heure après le coucher du
soleil et une heure avant le lever du soleil, histoire de se garder une
certaine flexibilité par rapport à la période
d'été et à la période d'hiver. Finalement, avec les
récents événements qui sont survenus, nos offres se sont
avérées insatisfaisantes et nous vous démontrerons, au
cours de cette présentation, de quelle façon nous avons
conseillé le ministre de la Justice pour accorder à notre
association et à nos membres ce qu'ils ont eu du ministre.
C'est un peu avec mélancolie et tristesse que je m'adresse
à vous ce soir, parce que j'ai l'impression d'être un disciple de
Thémis qui plaide une cause de divorce, divorce dans lequel on a au
centre du débat 4000 enfants qui sont la Sûreté du
Québec, le père, qui est la Sûreté du Québec
et la mère qui est l'association. Et malheureusement, je pense que
personne d'entre nous n'y gagne quoi que ce soit.
Nous vous remettrons, M. le Président et messieurs les membres de
la commission, immédiatement, un mémoire en deux volets. Le
premier volet, volume bleu, vous sera résumé dans mon
exposé. Il traite d'abord de la mission de la Sûreté du
Québec, sa description organisationnelle et son fonctionnement, des
méthodes et techniques de travail par rapport à la
sécurité, des interventions de la Sûreté du
Québec, des politiques d'autres corps policiers.
Avant de pousser plus loin, j'aimerais remettre officiellement au
président de mon association, un document complet. Malheureusement, je
n'ai pas eu celui de l'association. J'ai dû quêter pour
l'avoir.
Nous avons encore beaucoup de déférence pour nos
représentants du syndicat, parce que ce sont nos membres. Ce sont mes
membres et mes policiers.
Le deuxième volet, volume brun, que vous avez en main, comporte
une étude exhaustive sur les interventions de la Sûreté du
Québec. On y retrouve des graphiques, des schémas et des
histogrammes sur lesquels au cours de ma présentation, j'attirerai votre
attention, en vous citant la page susceptible de vous intéresser et qui
pourra vous illustrer des tableaux que nous vous montrerons, des maquettes que
nous vous exposerons en cours de route.
Les personnes qui m'assisteront ont des missions particulières.
M. Turpin, à ma gauche, vous parlera, après mon exposé,
des techniques opérationnelles et des méthodes de travail.
M. Gilles Michaud, contrôleur général du personnel
et des communications, vous parlera de la gestion du personnel à la
Sûreté du Québec. Mme Gagnon pourra répondre
à toutes vos questions en matière de méthodes
quantitatives, quant aux procédés que nous avons utilisés
pour tirer les données que nous allons vous illustrer. Il y aura
d'autres personnes, au besoin, si la commission le juge à propos.
Depuis le début d'avril, les apparences ont pu laisser croire que
la Sûreté du Québec était opposée à
ses membres. Vous constaterez, cependant,
dans les textes qui suivent que, pour nous, il s'agit d'une discussion
de principe présentée rationnellement et sans
émotivité, compte tenu de la mission, des objectifs, des
résultats et, par voie de conséquence, invariablement, des
coûts que le gouvernement doit assumer.
Le débat relatif à deux policiers par véhicule de
patrouille a dégénéré en un arrêt de travail
je ne vous apprends rien de nouveau immédiatement
après la mort de l'agent Brabant.
Règle générale, le recours à la grève
est utilisé comme mesure ultime et cette situation résulte de
vexations, d'irritation, de ralations de travail déficientes ou encore
de lacunes ou de confusion au niveau de l'administration ou de
l'organisation.
Je considère essentiel, à ce moment-ci, de souligner que
ce n'est pas la situation qui prévaut actuellement à la
Sûreté du Québec, à moins que je sois aveugle. Le
relations avec l'Association des policiers provinciaux du Québec qui
représente maints membres de la Sûreté du Québec se
font sur une base professionnelle. On ne couche pas ensemble, mais on dialogue
ensemble, dans un contexte sain de relations patronales-ouvrières.
Et je suis assuré que les travaux du comité paritaire et
conjoint se sont toujours poursuivis dans un esprit de recherche des meilleures
solutions. Dans ce contexte, on aborde donc les problèmes pour les
régler et ainsi, des décisions majeures sont venues à
terme pendant les douze derniers mois. Mentionnons seulement la première
mission que notre syndicat, notre association s'est vu confier; cela a
été la négociation de conditions particulières de
travail en fonction de la mission olympique et les dispositions relatives
à l'application de la semaine de quatre jours modifiée,
régime de travail unique au Canada.
Les faits que je vais vous exposer ne sont pas contre
l'intérêt de nos membres, c'est pour cela que j'ai tenu à
faire la présentation, tout à l'heure au début, mais il y
va de ma responsabilité de gestionnaire, d'une part, de continuer
à assurer au public une protection valable et, d'autre part, de
m'assurer de la sécurité de nos membres. Ce n'est pas seulement
la préoccupation d'une des parties. Cela me fait autant de peine sinon
plus qu'à n'importe quel autre de voir nos membres tomber sous les
balles d'assassins. Ces objectifs ne sont pas incompatibles.
M. le Président, messieurs les députés, je
désire ici situer avec précision le débat dans lequel nous
sommes tous engagés actuellement, car on oublie trop vite les choses
passées. Il y a 20 ans et ici je ne veux faire aucune allusion
aux gouvernements antérieurs le policier provincial était
un individu recevant un salaire équivalant à celui du plus bas
niveau des fonctionnaires de l'époque. Quand je me suis joint aux rangs
de la Sûreté je gagnais $2000, un commis de bureau gagnait $2000.
Notre policier accomplissait sa tâche sans pour autant avoir reçu
une formation adéquate. Lors de la réorganisation de la
Sûreté du Québec en 1960, que tout le monde se rappelle,
parce que c'est à ce moment, je crois, que nous avons commencé
à acquérir une crédibilité, les di- rigeants ont
insisté sur la revalorisation du policier dans son rôle et dans sa
personne. La direction du temps a haussé les salaires des policiers en
reconnaissant trois critères: l'intégrité,
c'est-à-dire qu'une personne bien payée ne succombe pas à
la tentation, n'a pas de double emploi, donc se consacre avec abnégation
à sa vocation et à sa tâche; le risque inhérent
à sa fonction.
M. Josaphat Brunet, qui fut chargé de la réorganisation de
la Sûreté du Québec, dit aux autorités
gouvernementales du temps: "Si on veut des policiers responsables, qui
accomplissent leur travail, payons-les". Et, en plus la compétence. La
compétence, on la lui a donnée. C'est donc dire que,
déjà, on a reconnu que la fonction policière comportait
certains risques. De part et d'autre, le patronat et l'employé
à ce moment-là, il n'y avait pas de syndicat ont reconnu,
si on peut dire, tacitement, le besoin d'une rémunération en
fonction des risques.
Aujourd'hui, ces faits demeurent, on ne doit pas les oublier, même
si ça ne plaît pas. En 1977, compte tenu des exigences, le
policier, qu'il soit provincial, municipal et même fédéral,
reçoit un salaire supérieur à de nombreuses autres
professions qui demandent un bagage universitaire qui n'est pas exigé de
nos policiers. Par exemple, un procureur de la couronne se verra offrir un
salaire de $12 979 annuellement alors que le jeune policier recevra $13 420 et
atteindra, trois ans après, $19 000, le salaire actuel.
Si je poursuis mes comparaisons, on verra que le gouvernement du
Québec rémunère les comptables agréés
à $12 042, les architectes à $12 558 et les ingénieurs
à $12 558. On sait que ces professions exigent plusieurs années
d'études générales et spécialisées. Par
contre, tous savent fort bien qu'elles ne comportent pas de risques.
Voilà les faits et la réalité.
Maintenant, passons à l'exposé de la
Sûreté.
La Sûreté du Québec est chargée, par
l'article 29 de la Loi de police, de couvrir toute la province de Québec
vous retrouvez ce texte en page 1 maintenir l'ordre, la paix et
la sécurité publique. Je vais tenter de vous le résumer le
plus possible pour accélérer les travaux de la commission.
Maintenir la paix, l'ordre et la sécurité publique,
prévenir le crime, rechercher les auteurs des crimes et assister les
corps policiers municipaux.
Pour s'acquitter de sa mission, bien entendu, elle possède 107
postes répartis sur tout le territoire du Québec. En regard des
corps policiers municipaux existants, en page 2, plusieurs ne peuvent, à
cause des contraintes budgétaires, se payer les ressources
nécessaires pour avoir la compétence ou développer des
enquêteurs spécialisés.
C'est alors que la Sûreté du Québec entre en jeu en
les aidant, soit en prenant charge de l'enquête, soit en les assistant
dans les crimes majeurs, à assumer leurs fonctions. C'est un peu
indirectement ainsi que le gouvernement du Québec contribue à
aider les corps policiers municipaux.
De plus, au cours des cinq dernières années, afin de
répondre plus adéquatement aux besoins
opérationnels, la Sûreté du Québec a
instauré sa structure de mesures d'urgence et d'unités d'urgence.
Ceci répond à un besoin de mobilité. Vous savez que,
depuis 1970, la plupart d'entre vous ont excessivement frais à la
mémoire les événements que nous avons vécus, vous
savez qu'on a perturbé la province de Québec, mais que, par la
suite, on a vécu des événements tout aussi importants et
qu'on ne l'a jamais perturbée par la suite.
Pourquoi? Parce qu'on s'est organisé, en termes de planification,
de formation, de groupements d'unités spécialisées, dont
la richesse est la composante des ressources humaines qui en font un tout et,
en plus, leur entraînement est de nature à les amener à
travailler en équipe.
Je fais tout de suite une parenthèse. Ce ne sont pas des
unités mobiles. Ce ne sont pas des unités antiémeutes. Ce
sont des unités d'urgence dont la mission première est de
supporter nos postes sur un plan tactique et je vous expliquerai tout à
l'heure comment; d'autre part, c'est pour assumer les missions qui
débordent le cadre opérationnel d'un poste. Vous verrez comment
un poste est organisé, comment une opération particulière
peut venir perturber toutes ces activités. Donc, sans
désorganiser le poste, on peut lui fournir, par une mobilité...
Je vous dirai pourquoi on a besoin de mobilité au Québec.
D'ailleurs, les derniers Jeux olympiques nous ont permis de
vérifier la souplesse de nos mécanismes et du soutien logistique.
Ensuite, d'autres unités spécialisées dont je vous
parlerai tantôt viennent épauler ces unités.
Il est bien entendu que le volume de travail diffère d'une
région à une autre. Je pense qu'à la commission
parlementaire, messieurs, vous avez exploré le sujet. C'est entendu que,
pour un poste qui couvre 6000 accidents par année par rapport à
un poste qui n'en couvre que 300, les risques sont certainement
différents, sauf que le volume de personnel est différent
aussi.
Si on prend un poste comme Senneterre par rapport à celui de
Laprairie, ce sont les mêmes activités, mais en nombre
inférieur. Si on prend un poste comme Grande-Vallée par rapport
à celui de Rimouski, ce sont les mêmes activités, mais en
volume restreint. Si on prend un poste comme Chibougamau en comparaison avec
celui de Chicoutimi, c'est encore la même comparaison qui
prévaut.
En plus de cela, depuis quelques années, avec la venue de voies
rapides périphériques des grandes régions urbaines,
à savoir Montréal et Québec, la Sûreté du
Québec se voit assumer cette mission de faire la sécurité
routière sur les voies rapides dans les périphéries de
Montréal et de Québec. Vous avez tous vu l'autoroute Ville-Marie,
le boulevard Décarie, le boulevard Métropolitain où nos
hommes font un travail de titan. Ils s'acquittent vraiment de leurs fonctions
dans des conditions difficiles.
Vous avez également Québec-Métro qui joue le
même rôle, sauf qu'avec des voies tout aussi rapides, le volume de
travail, compte tenu de la démographie, est beaucoup moins
important.
Je pense qu'il est important on a parlé du temps
accordé pour les réponses, du temps accordé pour les
interventions je veux situer le débat dans un contexte
réaliste. Il ne faut pas oublier que le Québec, c'est un
territoire dix fois plus grand que celui de l'Angleterre, trois fois plus grand
que celui de la France; 51 millions de population pour la France; 49,99
millions récemment pour l'Angleterre alors qu'au Québec, on a 6
millions d'habitants répartis sur un territoire dont je vous ai
donné les proportions.
Un peu comme disait de Gaulle, toutes choses étant égales,
les choses sont ce qu'elles sont. Il faut toujours comparer des pommes avec des
pommes et des oranges avec des oranges et non des pamplemousses avec des
citrouilles.
La Sûreté du Québec, de façon à bien
répondre à la population et aux services qu'elle attend de nous,
agit selon des principes directeurs qui guident toutes ses décisions.
Ici, cela peut vous paraître un peu idéaliste, mais je m'adresse
à vous en tant que gestionnaire responsable d'une mission, mais
également avec des deniers que te gouvernement veut bien nous
donner.
Il ne m'en donne pas plus qu'il ne m'en demande. Le premier principe
directeur, c'est le service au public, en termes d'action versus les besoins de
la population. Vous les retrouvez en page 4.
Deuxième principe, l'opération sur une base de 24 heures
des postes reliés au réseau routier. Trois et quatre ont une
corrélation, l'utilisation du personnel en tenant compte du volume de
travail et l'intervention sélective par un processus planifié.
Tous et chacun d'entre vous ont remarqué que sur la route 20, vous ne
voyez pas souvent d'autos de la Sûreté. Je ne pense pas que vous
avez à déplorer tellement de mortalité. Les
mortalités surviennent toujours sur les routes secondaires. Donc, nous
avons un système de cause à effet, ou à savoir qu'un
accident a toujours une cause. Une cause peut être de nature humaine,
mécanique, mais dans 90% du temps, ce sont des infractions au Code de la
route. Quand on a parlé d'objectifs, l'objectif de la
Sûreté... Je ne demande jamais à mes collaborateurs de
demander aux agents d'aller faire des infractions, ce n'est pas vrai. C'est le
plus grand illogisme qui peut être prononcé. Notre objectif, cette
année, c'est de diminuer les accidents et de sauver les vies. Pour faire
cela, il y a des infractions qui en sont la cause. On doit rédiger des
infractions et faire de la peine à du monde. C'est à peu
près la notion de gestion par objectifs.
Nous avons la mobilité pour être en mesure de
répondre en tout temps et en tout lieu à la population du
Québec, que ce soit un événement sportif, social, ou des
manifestations. Vous savez que des conflits ouvriers, on en a vécus
pendant les dernières années. J'espère que nous allons
continuer cette période de sérénité encore un bon
bout de temps, parce que vraiment, c'est peu agréable d'intervenir dans
des conflits ouvriers. Vous avez une foule d'événements sportifs
au cours desquels nous devons prêter assistance aux corps policiers
municipaux. Nous devons aller ai-
der nos postes; en plus de cela, il y a l'unité d'urgence, bien
entendu. Je vous ai parlé tout à l'heure d'applications
sélectives. Nous avons des études qui se font journellement, de
façon à établir la tendance de la prévention du
crime. J'ai entendu parler de prévention du crime aujourd'hui. Ce
n'était pas tout à fait selon mon concept, c'est vrai que je ne
suis pas seul à avoir le pas, par exemple, je vous le dis d'avance. La
prévention du crime se fait toujours à partir de tendances qui
doivent être identifiées. Ces tendances après que nous les
avons identifiées, on prétend qu'une série de vols de
chalets qui survient à Saint-Gabriel-de-Brandon, ou dans la
région du Lac-Beauport, ou encore à Saint-Ambroise, le poste ne
peut pas seul porter une offensive blitz pour l'enrayer. C'est à ce
moment que l'unité d'urgence vient prêter son support. Maintenant,
le message que je vous livre là est peut-être un message
idéal. Je ne suis pas toujours convaincu qu'il est vraiment bien compris
en bas, mais on a besoin de faire des ajustements.
Le sixième principe directeur, c'est l'élaboration de
plans d'ensemble avec application régionale en tenant compte des
particularismes et de l'intensité des problèmes en cause.
Qu'est-ce que cela veut dire, cette affaire? Vous avez tous entendu parler de
l'opération Alpin. Vous savez qu'il y a eu une recrudescence du sport du
ski au Québec et qu'on fait une opération de façon
à prévenir les vols de skis. C'est entendu que le poste de
Chibougamau, le ski, cela ne le préoccupe pas, ni l'Abitibi. Par contre,
le nord des Laurentides, le Lac-Beauport, le mont Sainte-Anne et l'Estrie sont
des centres de ski où le particularisme régional joue un grand
rôle.
Si je pense à l'opération Auto, qui est une
opération où on invite, par une formation intensive, tous nos
membres à identifier les autos volées, on sait que le
problème d'autos volées dans l'Outaouais est différent,
parce que dans l'Outaouais, aller enregistrer une auto volée en Ontario,
ça se fait comme ceci, alors qu'au Québec, c'est beaucoup plus
compliqué, parce que c'est informatisé. Donc, l'Outaouais,
Montréal, Québec sont les centres, et c'est à ce
moment-là que le particularisme régional revêt son
caractère bien à lui.
Toute la coordination de nos programmes se fait en collaboration avec
les corps policiers. Cela ne sert à rien pour nous de courir
après des bandits et ne pas le dire aux autres. Je pense que le policier
solo a été banni des moeurs depuis déjà plusieurs
années et c'est un travail collectif que l'on doit faire. A cet effet,
on a beaucoup de collaboration des corps policiers municipaux.
Nous fonctionnons également par objectifs, en respectant les
priorités gouvernementales et les contraintes budgétaires. On
respecte toujours notre structure fonctionnelle dans toutes les situations. On
ne change pas notre structure organisa-tionnelle à cause d'un
problème. Il y a une chose qui est assez importante, c'est la
conservation de la notion de généralisme chez le patrouilleur en
évitant le cloisonnement. Notre patrouilleur, chez nous, on veut que
ça soit, si vous me permettez de prendre un terme médical, un
médecin généraliste, parce qu'un médecin chirurgien
qui n'a jamais fait de médecine générale, quant à
moi, va chercher des organes dans lesquels il va se spécialiser. Si on a
un policier de médecine généraliste qui ne se concentre
pas à distribuer des contraventions et à couvrir des accidents,
mais bien à prendre des plaintes du public et à en amorcer son
enquête immédiatement, ça, c'est un policier
généraliste et on le développe pour devenir
spécialiste.
En plus de ça, autre principe directeur, depuis 1970, on a
commencé à développer notre personnel en gestion, en
formulation d'objectifs et en programmes de travail et dans de multiples autres
domaines. Cela couvre un peu la mission de la Sûreté du
Québec.
On passe à la page 5, où on a la situation à la
Sûreté du Québec. Vous avez ici un graphique que vous
retrouverez en annexe 5, où vous avez la structure de la
Sûreté.
En 1970, la Sûreté a été
réorganisée, et je pense que ça répond assez
bien... La Sûreté du Québec a une structure qui est la plus
actualiste actuellement, en fonction des désirs gouvernementaux, parce
que nous avons une structure superdécentralisée, à savoir
que nous avons 107 postes dans le champ et huit régions, bientôt
neuf. Cela a été fait en 1970.
Le principe directeur qui prévalait dans ça, c'est que
chaque région du Québec a un caractère particulier en
termes d'économie, de démographie, de géographie, de
volume d'activités policières.
A ce moment-là, c'est de grouper autour du district les postes et
les unités spécialisées de façon à permettre
au commandant du district, qu'il soit de l'Outaouais, du nord-ouest, de la
région métropolitaine ou de Québec, d'avoir à sa
disposition tous les outils nécessaires pour prendre l'action là
où le problème se pose. Je pense que dans le concept
gouvernemental actuel, nous sommes peut-être les premiers à avoir
atteint ce stade de décentralisation. Chaque district a son bureau
principal dans la capitale régionale.
Maintenant, des 107 postes dont je vous ai parlé tout à
l'heure, j'en exclus six qui sont des postes isolés dont on vous a fait
mention, les Iles-de-la-Madeleine, Lourdes-de-Blanc-Sablon, Havre-Saint-Pierre,
Radisson, La Baleine, Fort-Chimo ainsi que Fermont. Ce sont des postes
isolés. Cela ne sert à rien d'y faire des secteurs de patrouille.
C'est tout simplement une présence policière que l'on assure.
Nos postes sont organisés pour répondre aux besoins
opérationnels d'une région de la province qui a été
décortiquée en tenant compte de la population à desservir,
du volume de travail, des industries, de la répartition de la
population, des voies de communication et des délimitations des
districts judiciaires; dans notre opération, les districts judiciaires
ont vraiment un rôle important parce qu'un poste qui se ramasse avec deux
districts judiciaires, cela cause des problèmes, tant
en temps supplémentaire qu'en déplacement de personnel et
cela désorganise tout le fonctionnement harmonieux de nos
unités.
Vous ayant donné ce que fait un poste de la Sûreté
et c'est par ce moyen qu'on dessert le public, qu'on remplit notre
première mission. Ces postes sont divisés en secteurs. On en
retrouve 284, 284 secteurs de patrouille dont le nombre varie de un à
sept secteurs. Si on prend ces 284 secteurs et qu'avant le 1er avril, on dit:
On avait deux hommes par patrouille. On fait l'équation suivante: 284
multiplié par 2 pour la relève, multiplié par 4 à
un multiple de 4 pour avoir un homme 24 heures par jour, cela nous donne un
certain nombre, sauf que je ne peux plus vous en parler parce qu'actuellement,
on est à un multiple de cinq depuis le 1er avril.
Le 1er avril, on avait 284 secteurs de patrouille multiplié par 2
hommes par patrouille, multiplié par 5; 2840 hommes sont requis et,
actuellement, on s'acquitte de notre mission avec 2255 hommes.
Ceci ne tient pas compte du fait que notre situation n'est pas
idéale. Nous avons des îlots de population, villes dortoirs ou
nouvelles agglomérations dortoirs dans la périphérie des
banlieues, qui doivent être desservis par nous et on ne peut pas les
desservir de façon adéquate parce qu'on devrait avoir dans
certains secteurs de patrouille deux ou trois voitures. On n'en a qu'une
actuellement.
On a parlé de mobilité d'unités d'urgence. On a
parlé également, cet après-midi, du livre blanc.
Le livre blanc nous donnait un rôle, à savoir la
mobilité, et je m'en voudrais de ne pas insister. Une province telle que
la province de Québec se doit d'avoir des unités tactiques, de
façon à assumer les reponsabilités qui débordent du
cadre régulier des activités de notre poste.
Si vous avez une course de canots, par exemple la traversée du
lac Saint-Jean, cela peut intéresser beaucoup de gens, cela demande
environ 150 hommes. Donc, ce n'est pas avec les postes du
Saguenay-Lac-Saint-Jean... Si j'envoie les policiers des postes du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, il ne me reste plus de monde pour faire la police.
Donc, à ce moment-là, je dois piger ailleurs. Il y a la course de
canots de La Tuque, là j'en passe, le carnaval de Québec, en plus
des conflits ouvriers où, malheureusement, ce n'est pas de gaieté
de coeur qu'on intervient, mais on doit s'en acquitter.
Il est impensable qu'une organisation telle que la Sûreté
du Québec ne puisse bénéficier d'une force tactique
d'intervention pour pouvoir influencer certaines tendances, tant en
matière de sécurité routière que de crimes
réguliers. Exemple, le meurtre de notre agent Brabant. Cela a
été une activité d'une semaine. Même si on avait
fait entrer tous nos gens en temps supplémentaire, ils auraient fait de
l'argent en temps supplémentaire, mais auraient-ils donné le
service continu, auraient-ils travaillé pendant une semaine constamment
et assumé la mission de leur poste? J'en doute. Même si, parfois,
on se pose des questions, ces hommes revêtent un caractère
important dans la société. Nous avons dédié une
revue de la Sûreté uniquement à eux et vous seriez sur-
pris de voir les missions humanitaires, parce qu'à la police, nous ne
sommes pas là d'abord pour sévir. On est là pour
prévenir et pour aider la société. Quand j'ai parlé
du premier principe directeur, du service au public, c'est ce que je voulais
dire.
Donc, je pense que des réaménagements d'unités
d'urgence, tout cela, c'est peut-être de l'économie de bouts de
chandelles. Il y a un certain rationnel dans cela, mais je pense que, dans une
force déployée comme celle du Québec, après vous
avoir fait la comparaison avec des pays où on retrouve un grand nombre
de policiers, c'est pas mal difficile d'agir.
Le poste, tel que je vous l'ai dit, est l'unité de base de la
Sûreté du Québec et c'est par le poste qu'on remplit notre
mandat premier de servir la population, de prévenir le crime, de
travailler à la sécurité routière et de
répondre aux besoins de la société en
général. Ce sont tous les besoins de la société,
parce que nous, à la Sûreté du Québec, surtout
l'automne ou l'été... Un enfant est perdu, qui appelle-t-on? On
appelle la police. Même à des places où il n'y a pas de
pompiers, on appelle la police; on dit qu'on n'a pas d'eau et, finalement, on a
tellement confiance en nous qu'on nous appelle quand même.
Aux annexes 3 et 4 de votre bouquin bleu, vous verrez, et je me passe de
commentaires, la répartition des postes, à savoir le nombre de
postes par rapport au nombre de secteurs, etc., pour vous décortiquer un
peu les 284 secteurs que je vous ai mentionnés tout à l'heure. A
l'annexe 3, vous avez la répartition des patrouilleurs et
patrouilleurs-enquêteurs en fonction durant chaque relève. C'est
peut-être une charte qui pourra vous servir de réflexion dans vos
décisions subséquentes.
On a parlé du rôle de patrouilleur. Des membres de notre
association et des membres de la Sûreté sont venus faire des
exposés très objectifs sur le rôle de patrouilleur.
J'aimerais, à ce stade-ci, vous distribuer un document... que vous avez
en main, je crois, qui s'appelle: La fonction de patrouilleur, que vous pourrez
parcourir de façon exhaustive. On insiste d'abord sur la tâche
à accomplir et on insiste, vous le remarquerez, beaucoup sur les
techniques à employer pour bien accomplir la mission. On insiste
beaucoup sur la sécurité.
Le district dont je vous ai parlé tout à l'heure,
régionalement, aussi, possède des unités
spécialisées qui ne débordent pas déjà de
ressources policières. Nous avons les bureaux d'enquête criminelle
qui assument l'enquête spécialisée et nous avons les
équipes régionales, alcool et moralité, qui s'occupent
également de la drogue depuis trois ans, parce que c'est un
phénomène au Québec. Donc, c'est une mission additionnelle
et ces unités n'ont pas tout ce qu'il faut pour opérer.
On a parlé beaucoup du réseau de
télécommunications. Je vous réfère à
l'annexe 6 du document bleu où on a la description de notre
réseau de télécommunications. Notre réseau de
télécommunications est l'un des plus modernes au monde. C'est un
réseau dont la configuration permet d'allier les lignes
téléphoniques à la radio-
phonie. Donc, on peut d'un poste parler à une auto-patrouille;
inversement, l'auto-patrouille peut parler du poste à une maison
privée, voire même un garage, et elle peut même
opérer à partir d'un transfert du poste sans opérateur au
poste. Donc, dans certaines régions, c'est le patrouilleur même
qui filtre ses appels.
Par contre, le patrouilleur de la Gaspésie, qui est en patrouille
ce soir, s'il veut parler à un patrouilleur du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
il peut le faire en passant par ce qu'on appelle un appel conférence. Il
peut également s'adresser à la région de Montréal.
De plus, ce système de télécommunications a
été complètement rénové au cours de
l'année dernière par Bell Canada, de façon à
diminuer, dans 99,9% les points morts, également à
améliorer la qualité des ondes et aussi, à éviter
le chevauchement. Nous n'avions peut-être pas assez de canaux et à
ce moment-là, nous avions des postes parfois dont les ondes
débordaient dans le cadre d'un autre poste, ce qui créait de
l'interférence, chose qui a été
éliminée.
Périodiquement, nous avons quelqu'un qui est chargé de la
vérification de la qualité de nos ondes et la compagnie Bell
Canada qui est notre locateur, fait des études goniométriques
régulières pour mesurer les angles par rapport à la
topographie du terrain, de façon à s'assurer que notre
système de télécommunications répond à nos
besoins.
Cet appareil de télécommunications devient un outil de
travail fort important et je vais vous expliquer pourquoi. Avec le Centre de
renseignements policiers du Québec, centre de renseignements
couplé au centre d'information de la police canadienne qui est
couplé au National Crime Information Center de Washington, lorsque nous
suivons un véhicule, notre patrouilleur peut demander des informations,
établir le statut du véhicule, voir si c'est un véhicule
volé; si le propriétaire est un récidiviste, parce qu'on a
le dossier judiciaire centralisé au bureau national à Ottawa.
En somme, il peut demander beaucoup d'informations de nature à
lui donner des indications, à savoir, quelle sorte de client le
précède. Quand vient le moment de l'intervention, ses techniques,
ses tactiques et sa prudence peuvent être gouvernés en
conséquence, suite aux informations qu'il a pu obtenir. Je crois que
ceci couvre assez bien la situation de la Sûreté du
Québec.
Nous allons brièvement parler des méthodes et techniques
de travail. Dans les méthodes et techniques de travail, il y a eu une
évolution énorme depuis quinze ans. Je vous ai dit qu'en 1960, on
donnait une arme au policier, un insigne, un code Juneau qui n'était pas
à jour et on le lançait dans le champ. En 1961, on a
commencé à lui donner un cours accéléré de
quatre semaines. En 1968, ça montait à 12 semaines. A l'Institut
de police du Québec, à son ouverture en 1969, on lui a
donné 16 semaines. Actuellement, en 1977, on lui donne 20 semaines.
Notre membre est recruté selon des critères bien
particuliers, en tenant compte du règlement no 7 de la Loi de police,
qui nous donne un encadrement de départ, mais nous recherchons surtout
l'initiative, le jugement, la maturité et l'intelligence. Je peux vous
assurer que tout notre monde possède ces critères.
On les envoie, de plus, à l'Institut de police du Québec,
en plus de la formation scolaire, théorique et légale que nous
leur donnons, nous avons également des techniques d'arrestation. On
commence déjà à armer, notre candidat, à lui armer
le cerveau de techniques pour développer chez lui une attitude de
façon qu'il puisse remplir sa fonction adéquatement.
On lui montre à fouiller des suspects et dans quelles
circonstances. Dès qu'un doute survient à son esprit, il doit le
fouiller et ne pas prendre de risque. C'est sa vie qui en dépend. On lui
enseigne comment intercepter un véhicule de façon à rester
hors d'atteinte, si, parfois, il interceptait un véhicule suspect,
susceptible de vouloir attenter à la vie de notre policier.
On lui enseigne la fouille de véhicules, on lui enseigne le
combat sans armes. J'aimerais que chacun d'entre vous aille voir une promotion
à l'Institut de police du Québec, quand ils "graduent" en combat
sans armes; je pense qu'ils pourraient, pour la plupart, faire face à
des ceintures noires de judo et de karaté, parce que c'est un ensemble
de karaté, de judo, de combat sans armes, de jiu-jitsu, mais pas pour
tuer l'adversaire, pour l'immobiliser et le maîtriser, parce que c'est
cela le rôle du policier. Et il est drôlement bien
équipé quand il sort de là.
On lui enseigne le maniement des armes, l'arme de service, calibre .38,
le fusil .12, dont tous nos véhicules sont équipés,
à peu d'exception près. En plus, depuis trois ans, on lui
enseigne la conduite automobile. Dans notre esprit, c'est intolérable
qu'un policier ne puisse pas conduire selon une norme qui excède celle
de la société. Quand un de nos véhicules est
impliqué dans un accident et que nous sommes en faute, c'est notre image
qui en prend pour son rhume. Nos véhicules constituent ce qu'on appelle
en marketing un facteur d'exposition élevé. On est noté et
quand nos véhicules sont accidentés, on dit: La police a eu un
accident, et tout le village en parle.
Toutes ces techniques sont données de façon à
guider l'intervention du policier, à l'amener à développer
chez lui le flair, le discernement, l'attitude et le comportement. Je
m'explique en termes pratiques. Le dimanche après-midi, un homme s'en va
avec sa femme et ses enfants, notre policier se sert de son jugement et de son
flair. Ce n'est certainement pas un criminel. A deux heures du matin, avec deux
individus à bord, dans une région où la tendance des
études que je vous ai citées tout à l'heure indique qu'il
y a des vols de chalets ou des crimes et que la valise arrière
traîne dans le chemin, par le centre de renseignements policiers, il peut
obtenir le statut du véhicule, savoir à qui il parle, et
même gouverner son action en conséquence. Nous verrons pourquoi,
plus tard, en soirée; c'est correct d'être deux.
En plus de cela, quand il est sorti de l'Institut de police,
c'était peut-être notre plus grande faiblesse, mais, depuis 1970,
on a comblé cette carence, par la formation à service. Nous
sommes
peut-être le seul corps policier au Canada à
posséder un programme structuré du maniement des armes, programme
dans lequel on oblige notre policier à se recycler constamment et
à se qualifier. Vous en verrez bientôt avec une étoile,
deux étoiles, trois étoiles. Cela veut dire que ces
gars-là possèdent une dextérité, selon leur
habileté.
On leur enseigne le tir de combat. On a même changé nos
techniques. On dit: Pourquoi enseigner le tir dans une salle de tir, alors que
lorsque le policier a à intervenir, il intervient dans le champ, le long
d'une automobile, dans un banc de neige, finalement, dans des conditions
climatiques qui ne sont pas toujours propices, comme dans une salle de tir.
On est rendu dans des bancs de gravier, de façon à
actualiser nos méthodes d'enseignement.
On émet constamment des directives en matière de
sécurité, des manuels. Je crois qu'on vous a remis un petit
manuel portant sur le barrage de routes ou on va vous le passer. Vous verrez
tout à l'heure, l'opération 100. C'est cela un barrage de routes.
C'est le mot de code qu'on emploie. Vous allez voir que ces manuels sont
disponibles pour nos membres, pour les conditionner en termes d'attitudes, de
comportements, d'habitudes, de sécurité et de prudence.
On a également la revue de la Sûreté. Tous et chacun
d'entre vous se sont vus remettre un exemplaire ou deux de cette revue. La
revue de la Sûreté est un organe de communication. Dans une force
déployée comme la nôtre, la communication, c'est
passablement important. Cela sert deux buts bien précis: d'abord
informer nos membres du développement de l'organisation, pour les faire
cheminer à travers l'organisation. Par exemple: Si le directeur
général s'en va suite à la présentation que je vais
vous faire, il risque que dans un mois on lui dise qu'il sera remplacé.
Au moins, il le saura, parce que, par le passé, cela pouvait faire un an
qu'il était parti et on ne le savait pas.
On parle de conduite préventive, de conditionnement physique, de
méthodes de travail et ce sont toujours des sujets de nature à
éveiller chez nos policiers le sens de la formation.
Le recyclage en service, j'ai parlé de l'arme de service, la
conduite automobile... Je vous ai dit tout à l'heure combien cela nous
mettait mal à l'aise de voir "scraper" des véhicules. Bien des
fois, nos gens sont dans leur tort; beaucoup de fois aussi, ils ne le sont
pas.
Nous sommes fiers, cette année, de constater, en termes de
résultats, non pas de quotas, c'était un objectif... L'objectif,
c'était de diminuer les accidents de la sûreté de 20%. Nous
avons une flotte de 1400 véhicules. Nous avons eu 225 accidents de moins
cette année. Je pense que c'est mesurable et que cela fait partie de la
sécurité.
Les unités d'urgence sont recyclées constamment, presque
toutes les semaines. Ces unités d'urgence sont des unités
d'élites, des unités de première ligne appelées
à remplir toutes les situations qui peuvent se présenter et qui
débordent du cadre des postes. Elles peuvent participer à une
recherche en forêt, recherche d'évadés. Elles peuvent
participer à une situation qui s'est dé- veloppée suite
à une inondation. Je pense à Ma-niwaki; je pense à un
endroit où on a eu une tornade; je pense à Saint-Jean-Vianney, je
pense à des événements sportifs. En somme, je pense
à une foule d'événements où des hommes
entraînés, spécialisés ont travaillé
ensemble.
La formation du policier l'entraîne à travailler
individuellement, à prendre individuellement ses décisions. Quand
on l'amène à travailler en groupe, il faut orienter sa formation
de façon qu'il puisse travailler en groupe.
M. le Président, MM. les membres de la commission, si parfois sur
les sujets que je viens d'effleurer, vous désirez plus d'information,
des documents, etc., nous en avons des briques, mais nous n'avons pas voulu
vous décourager, en raison du volume de travail que vous avez eu
antérieurement, mais nous sommes toujours disponibles pour vous remettre
les documents que vous pourrez juger à propos.
Nous allons maintenant passer aux interventions de la
Sûreté du Québec. C'est peut-être l'aspect le plus
important. En cours de route, ici, nous allons feuilleter, en priorité,
le volume brun. Vous allez voir le tableau. Malheureusement, il est assez loin,
mais je vais vous le référer comme document de
référence de façon que vous puissiez le suivre. On voulait
vous donner cela sous forme de cours, mais je m'aperçois qu'une salle de
cours trop grande, ce n'est pas adéquat.
Nous avons réparti nos interventions et c'est le volume brun.
M. Beauséjour: Vous pourriez peut-être rapprocher le
tableau.
M. Beaudoin: Nous sommes à votre disposition. Tout ce qui
peut contribuer à mieux éclairer la commission, cela nous fait
plaisir de le faire.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que cela vous nuit
actuellement pour l'identification? Je sais que c'était pour cela qu'on
l'avait éloigné au début.
M. Bédard: ... on n'a pas d'éclairage
adéquat.
M. Beaudoin: Si vous voulez bien, la référence
à ce tableau est la dernière page du volume. On n'a
peut-être pas cru bon de la numéroter, c'est la page 113.
Nous avons divisé les interventions de la Sûreté en
trois grandes catégories. D'abord, le Code criminel, la
sécurité routière et les activités diverses. Nous
avons des chartes qui vous donnent la nature, l'horaire, la fréquence
et, par le fait même, le degré de danger réparti dans le
temps et dans l'espace.
Dans la première partie, que vous voyez en haut de votre tableau,
ce sont les attentats contre la personne. On a eu 2501 cas, en moyenne, par
année, et 98,7% de ces cas se sont déroulés sans
problème de sécurité, parce que l'on voit que nous avons
eu 33 cas de résistance, donc 1,3%. Je dois vous dire que nous avons
pris tout ce que la Sûreté a fait et nous l'avons analysé,
parce que cette
année était l'année la plus imposante. Il y a des
choses qu'on répartit sur des années, mais cette année
était l'année la plus importante; donc, on a pris le plus de
volume de travail, ce qui pouvait être le plus représentatif de
notre action.
Les vols qualifiés, c'est peut-être l'aspect qui nous fait
le plus réfléchir, parce que, quand on pense à vols
qualifiés, on pense à fusillade, on pense à vols à
main armée, on pense à attentat sur nos policiers et
interventions. Sans vouloir minimiser la valeur de ce tableau, on a eu 915 vols
qualifiés au cours de l'année et, malheureusement, on a eu un
cas, qui s'est déroulé à Sainte-Brigitte-de-Laval, donc un
dixième pour cent. Si vous me permettez, on peut dire qu'il y a eu un
dossier de 99,9% d'interventions sans violence. Je vous réfère
à la page 83 de votre volume brun où, peut-être ensemble,
on va regarder une petite analyse de cela.
Vols qualifiés, au centre de la page. En 1976, nos policiers sont
intervenus dans 915 dossiers de vols qualifiés. Un seul dossier
impliquait de la violence. Il n'en demeure pas moins que ce cas est l'exception
pour des vols qualifiés. Ces cas, bien entendu, incluent les assistances
de la Sûreté du Québec. C'est 13,9% des assistances de la
Sûreté du Québec, de ce nombre, qui s'adressent aux corps
policiers municipaux. Nous avons fait l'analyse des vols qualifiés pour
l'année 1976, dans le district de Montréal. Savez-vous pourquoi
on a pris comme échantillonnage le district de Montréal? D'abord,
c'est le plus gros district de la Sûreté.
C'est celui où les facteurs et les variables, en termes du
débat que nous avions à exposer ici, répondent
peut-être le mieux, parce que vous savez que la région
métropolitaine foisonne de criminalité, et le district de
Montréal représente 40% des activités de la
Sûreté.
Cette dernière analyse, au district de Montréal, porte sur
296 vols qualifiés survenus dans le territoire de 25 postes
différents, 135 de ces vols, soit 45,8%, à la page 84, sont
survenus de 16 heures à 24 heures, soit sur la troisième
relève; 85 de ces vols, soit 28%, sont survenus de minuit à huit
heures le matin le cas de l'agent Brabant en était un et
75 de ces vols, soit 25,3%, sont survenus au cours de la relève du
jour.
Dans 268 cas sur 296, le premier policier sur les lieux était
seul. Par contre, dans 289 cas, l'arrivée du policier s'est faite
après le départ des bandits. Dans les 7 cas où les
policiers sont arrivés alors que le vol qualifié avait lieu, il y
avait toujours de très nombreux policiers sur les lieux pour intercepter
les suspects. D'ailleurs, lorsque le policier patrouillant seul reçoit
un appel de ce genre, il doit immédiatement demander de l'aide avant de
se rendre sur les lieux. Par contre, il se retrouve dans une situation telle
qu'il arrive inopinément seul sur une scène semblable. Il doit,
encore là, obtenir de l'aide avant d'intervenir.
On ne demande pas à nos gars de poser au "desperado". On ne
demande pas de devenir des héros morts, mais on leur demande d'avoir le
support nécessaire, et ce qui compte pour nous dans notre tactique, les
criminels, qu'on les prenne sur les lieux d'un crime, ce n'est pas important,
c'est de les encercler dans une région et d'avoir les ressources
nécessaires. L'exemple de Joliette est un cas flagrant, on les a
encerclés dans la région, on les a trouvés, on les a
arrêtés et ils seront traduits devant les tribunaux. C'est
ça, le principe. Cela a pris dix jours, mais je pense que le temps est
bien plus important que de jouer au "desperado".
L'opération 100, qui s'accole à ça, est un plan de
travail policier qui permet de bloquer la majorité des routes d'un
secteur donné, et ceci, dans les plus brefs délais. Je vous en ai
parlé tout à l'heure. Je vous ai distribué un petit manuel
technique. J'aimerais vous référer à la page 86.
L'opération 100 est déclenchée lors d'un crime majeur, vol
avec violence, meurtre, tentative de meurtre, délit de fuite dans
lesquels il y a une personne blessée. Vous regardez à la page 86
de votre manuel brun, la fréquence horaire, son plus bas niveau se situe
le matin à 10 heures et le plus haut niveau se situe à 22 heures
et 24 heures.
En 1975, vous remarquerez que la constance est peut-être la
même, ou à peu près. Dans les vols par effraction, si vous
me permettez de vous référer à la page 13 de votre livre
bleu, nous avons eu au cours de 1976, à couvrir, 12 154 vols par
effraction survenus un peu partout dans la province.
Généralement, le policier prend connaissance de ces crimes
suite à l'appel de la victime, qui a elle-même constaté le
délit à son arrivée à son chalet, à son
commerce ou à sa résidence. C'est normalement commis au cours de
la nuit précédente et cela nous est signalé le lendemain.
Bien des fois, surtout l'automne, où on a une vague, une
épidémie de vols de chalets, cela nous est signalé
après une semaine, parce que le propriétaire a quitté les
lieux le dimanche soir et qu'il revient le samedi suivant.
A ce moment, ce sont des constats.
Dans 74% des cas qu'on a couverts, il était impossible de
déterminer l'heure. On a eu deux cas de résistance sur 12 154
soit 99,99% sans aucune violence. Le vol de véhicules est une plaie au
Québec, une plaie au point tel qu'on a dû mettre sur pied un plan
qui s'appelle plan Auto dont je vous ai parlé tout à l'heure et
qui s'applique selon les particularismes régionaux et l'intensité
du problème.
Les vols de véhicules, on en a eu 2148 dans le district de
Montréal uniquement. Si vous remarquez notre échantillon, on
échantillonne la province globalement et on prend le plus gros district
parce que c'est là que sont les gros problèmes. Cela n'exclut pas
qu'il y en a d'autres ailleurs, mais on dit: Prenons le plus gros volume de
travail, c'est là qu'on va retrouver le plus de problèmes. Parce
qu'à mon avis, un individu, un agent de la Sûreté qui
arrête 100 personnes dans un an a bien plus de chances de s'accrocher que
celui qui va en arrêter en Abitibi, qui va faire le même travail,
aussi consciencieux. Il ne va toujours pas arrêter les gens pour le
plaisir de le faire. La population n'est pas la même, le volume n'est pas
le même. S'il en arrête 25 dans l'année, il a moins de
chances.
Nous nous sommes posé la question suivante:
Dans combien de cas a-t-on intercepté l'individu qui
s'était emparé d'un véhicule? Et pour faire notre
échantillonnage, on a pris les dossiers du district de Montréal,
860 dossiers, ce qui est assez représentatif, c'est plus du tiers du
nombre total de vols des véhicules de la Sûreté et nous
avons des interceptions, 61 fois sur 860, où on a arrêté
des individus en flagrant délit.
A la page quinze, on retrouve les vols simples. Ces vols simples sont en
grande quantité. Ce sont toutes sortes d'affaires. Cela peut être
aussi bien le vol d'une pelle, le vol d'une tondeuse à gazon qui avait
été laissée dehors, une scie mécanique. Ce sont
mille et une choses qui sont fréquemment dues un peu à la
négligence du propriétaire, et ces appels entrent surtout au
cours de la journée et on n'a pas de violence là-dedans.
Les armes offensives au paragraphe 6, toujours à la page 15. Ces
armes offensives, habituellement, on les retrouve soit à la suite d'une
interception d'un véhicule en fouillant le véhicule ou encore
lors de la perquisition d'autres crimes et il y a un article du Code criminel
qui dit que ce sont des choses non spécifiées au mandat quand on
croit qu'elles peuvent avoir été obtenues par un crime. On saisit
cela et dans ces cas, on a eu 99,6% des cas où l'enquête s'est
déroulée normalement.
Dans les autres infractions au Code criminel, c'est un peu comme on
dirait excusez le terme anglais un "melting pot" et tout ce qui
n'entre pas dans les premières catégories. Vous avez la fraude,
l'inceste, le parjure, en somme, l'évasion où le patrouilleur
participe à des recherches, des gens qui négligent de se
conformer à la Loi du cautionnement. On a même ceux qui
négligent de venir prendre des empreintes digitales, la corruption
d'enfants, le tapage, le méfait et les fraudes diverses.
Dans cela, ça requiert assez de travail. On en a eu 8/10 de 1%
avec certaines résistances. Si on fait une analyse globale et je
vous ramène à la dernière page de votre document brun
et une révision, ensemble, qui est exactement ce que vous avez au
tableau, plus quelques éléments additionnels que je vais vous
donner tout à l'heure.
Vous avez 2500 attentats contre la personne, avec 33 cas de
résistance, 915 vols qualifiés pour un cas, et cela n'a pas
été une résistance, mais un assassinat, 12 154 vols par
effraction pour deux cas de résistance, 2148 vols de véhicules
pour trois cas de résistance, 619 cas d'armes offensives pour trois cas
de résistance, 18 222 autres infractions au Code criminel pour 140 cas
de résistance, soit 0,8%.
Excusez-moi si je vous transporte d'un bouquin à un autre. Je
pense que cela va bien. On va passer à la page 17 du volume bleu,
où on attaque la deuxième partie de l'intervention, qui est la
sécurité routière. La sécurité
routière, bien entendu, à cause du caractère de notre
mission, revêt un grand rôle, et la mission de la
Sûreté du Québec, en termes de sécurité
routière, je vous le répète, ce n'est pas de relever des
infractions, c'est de sauver des vies et de diminuer les accidents. On a, au
cours de l'année 1976, couvert 56 329 acci- dents, et je vous
réfère à la page 35 de votre volume brun. Vous avez
d'abord le premier tableau de la page 35, qui vous donne la courbe des
accidents par rapport au nombre et par rapport aux heures. On retrouve la
concentration des accidents entre 16 heures et 18 heures et son plus bas niveau
entre quatre heures et six heures le matin. Dans la majorité des cas,
ces accidents ont été couverts par un agent, sauf des accidents
mortels, où notre policier demande de l'aide, ou encore un accident
impliquant un carambolage où plusieurs véhicules sont
impliqués. Je pense que nous pourrions même avoir un excellent
témoignage d'un membre de la commission parlementaire qui,
désireux de remplir son mandat, se rendait à Québec en
respectant les règles de circulation, a été
impliqué dans un carambolage et est même venu m'offrir des
félicitations pour la façon dont notre homme s'était
comporté. Il y avait trente véhicules impliqués, il y
avait une tempête et il était seul. C'était le jour, par
exemple.
On s'aperçoit, d'après ma petite expérience
personnelle... Je suis un policier de campagne. Je suis né à la
campagne, j'ai été élevé à la campagne, j'ai
servi sur la Côte-Nord, j'ai servi en Gaspésie, mais je me suis
aperçu que pour la police de ville, c'était un peu plus
fréquent, mais a peu près pareil, c'est le volume qui
diffère. On s'est aperçu que c'est beaucoup plus important
d'avoir deux véhicules sur les lieux d'un accident et deux hommes.
Savez-vous pourquoi? C'est parce que notre mission première c'est
d'abord d'éviter que d'autres bons citoyens viennent se foutre la gueule
dans l'accident qui vient de survenir. Il faut d'abord protéger les
citoyens pour éviter qu'un autre accident survienne, et,
deuxièmement, le plus rapidement possible, traiter les blessés et
prendre les constats subséquemment. Donc, on s'aperçoit que deux
membres qui travaillent avec deux véhicules peuvent drôlement bien
encadrer la scène en plus de tous les "flares" et du matériel
qu'on met à leur disposition, fusées de bengale. Vous vous
apercevez, à la page 36, que si on veut faire un historique de la
constance des accidents, ils ne sont pas plus élevés une
année en janvier que l'autre, ou à une heure qu'à l'autre.
La constance en 1972, 1973, 1974 et 1975 est continue.
En matière de facultés affaiblies, de billets
d'infraction, ce billet d'infraction, je vous ai dit tout à l'heure que
c'était une conséquence logique à nos programmes de
gestion par objectif. Si on veut diminuer les accidents, il faut donner des
infractions de vitesse aux endroits où surviennent les accidents, il
faut donner des infractions de dépassement aux endroits où
surviennent les accidents et il faut faire des arrestations pour
facultés affaiblies.
Nous avons, si vous vous référez à la page 40 de
votre volume brun, rédigé, en 1976, 655 411 rapports
d'infraction. La courbe vous indique la fréquence entre 16 et 18 heures,
la plus basse entre 4 heures et 8 heures le matin. Sur 655 411, on a eu 63
constats de violence ou d'entrave, donc 99,991% se sont déroulés
sans incident. Si on se reporte à la page suivante, page 41, vous vous
apercevez encore que la constance s'est mainte-
nue en 1972, 1973, 1974 et 1975, sauf que, d'une année à
l'autre, vous remarquez que notre volume s'est élevé, mais, en
contrepartie, je peux vous dire que, cette année, on a 225 morts de
moins.
Quant à moi, c'est la contribution de la Sûreté la
plus positive, c'est-à-dire conserver en vie la société
québécoise en enlevant les marginaux des routes et en aidant ceux
qui ne veulent pas rester en vie à le rester.
Pour les avis de 48 heures, à la page 43, c'est la même
chose. Vous remarquez que la constance des avis de 48 heures se situe à
son plus bas entre 6 heures et 8 heures le matin et à son plus haut
entre 20 heures et 22 heures. Je vais vous expliquer pourquoi.
Notre agent, le matin, bien entendu, va faire des interceptions, ce
qu'on appelle des vérifications mécaniques. Il y a deux aspects
à ça, un aspect d'éducation et un aspect de
prévention. On inspecte les véhicules pour voir si la
mécanique est correcte, visuellement, on appose un collant et on
distribue un 48 heures s'il y a quelque chose qui n'est pas correct, une
lumière, le conducteur a oublié son permis chez lui, quelque
chose qui ne fonctionne pas, frein à main défectueux. C'est pour
ça que, vers 10 heures le matin, vous retrouvez nos gens à
l'oeuvre le long des routes; ils vous interceptent avec courtoisie pour vous
apposer un collant.
D'ailleurs, notre collant est fort populaire.
En plus, vous remarquez que, de 20 heures à 22 heures le soir...
Pourquoi? Parce qu'en patrouille mobile, sur la route, c'est facile de
déceler des lumières défectueuses, soit un phare avant,
soit une lumière arrière, un silencieux défectueux.
Quoique, le jour ou le soir, on l'entende quand même, ce n'est pas une
question de vision. Vous remarquez la façon dont ça se
distribue.
J'aimerais passer à un chapitre qui est assez important, les
facultés affaiblies. Vous allez retrouver le tableau à la page 45
de votre volume brun. Les facultés affaiblies. A mon avis, selon
l'expérience que j'ai vécue personnellement, que beaucoup de
policiers ont vécue je ne crois pas qu'il y ait quelqu'un en
désaccord avec moi; d'ailleurs, les chiffres vont le prouver
c'est le genre d'intervention qui nous cause le plus de problème, parce
que vous avez là des individus qui sont un excellent actif pour la
société. Mais quand un gars a un coup dans le corps, le jugement
ne fonctionne plus, il n'est plus un actif pour la société et,
quand les capacités sont affaiblies c'est là que les masques
sautent en l'air.
Parce que se faire intercepter pour facultés affaiblies, ce n'est
pas trop plaisant et l'agressivité est très évidente de la
part des gens. C'est peut-être là que nos membres ont le plus
grand potentiel d'assauts ou de voies de fait. Par contre, la courbe que nous
avons établie, en fonction des tests d'ivressomètre...
Premièrement, le gars ne veut pas se soumettre au test de
l'ivressomètre, on le somme de venir au bureau pour le faire; il ne veut
pas; finalement, on est obligé d'utiliser la force nécessaire
pour procéder à l'arrestation par les moyens conventionnels.
Nous avons procédé à l'arrestation de 14 868
personnes au cours de 1976. La concentration se situe entre 24 heures, minuit,
et quatre heures du matin. C'est bien compréhensible, on commence
à aller à l'hôtel, à neuf heures le soir et
l'hôtel ferme ses portes à trois heures le matin. C'est un peu
logique qu'on puisse en ramasser encore qui ne soient pas rendus chez eux
à quatre heures le matin.
Je peux vous assurer que c'est peut-être l'endroit où il y
a le plus de masses en l'air et le plus de désagréments.
Par contre, sur ce nombre assez important, 14 868 arrestations, on a eu
128 cas de résistance, ce qui veut dire que 99,2% se sont
réglés normalement. On demeure avec 0,8% de cas de
résistance.
En termes de vérification de routine, j'aimerais vous ramener au
tableau de la fin. On a parlé de la sécurité
routière, on a parlé des facultés affaiblies, on a
parlé des infractions au Code de la route. On a parlé de la
prévention du crime. La prévention du crime, cela se fait de bien
des façons.
On pourrait vous haranguer toute la semaine sur les méthodes de
prévention du crime. Point n'est là notre intention, ni celle de
réfuter les théories d'autres personnes. Mais la
vérification, cela se fait en interceptant des véhicules, en
vérifiant le conducteur. La moyenne de vérifications, pour un
membre de la Sûreté, est de trois par relève; en
multipliant par le nombre de patrouilleurs, 365 jours par année, cela
nous amène, outre tous les contacts que nous avons eus dans le cadre
d'infractions criminelles, à un million de contacts par année
avec le public.
Dans ces cas, il y a eu huit cas de résistance, qui se traduisent
invariablement par des arrestations, avec huit dix millièmes de 1%
d'arrestations. On a parlé de l'exécution des pièces de
procédure, on a même effleuré le sujet de nous les enlever,
mais il faudrait penser aussi que, dans les pièces de procédure,
il y a des assauts sur cela. Il y a même des assauts à cela, pour
signifier des sommations, des subpoenas, des mandats d'emprisonnement, des
mandats d'arrestation, des mandats de dépôt ou des
défauts-mandats, si on peut les appeler ainsi. 125 579 pièces de
procédure ont été exécutées par la
Sûreté du Québec, au cours de l'année 1976, et on a
eu six cas de résistance, ce qui vous donne une idée assez
générale ou assez spécifique de ce que peuvent
entraîner nos actions.
J'aimerais attirer votre attention à la maquette qui
apparaît; nous avons pris tous nos cas d'entraves, d'interventions ou
d'assauts sur les policiers et on les a distribués sur un plan horaire,
de façon que, lorsqu'on a conseillé le ministre en disant: Ce
n'est pas pire, le jour, il y a de petits accrochages, mais c'est bien pire la
nuit et le soir, on n'a pas dit cela dans le vide, on n'en est pas à ce
point-là, vous savez. Je pense qu'on tente de remplir notre rôle
de gestionnaire avec bon sens et objectivité. Voici le résultat
que cela donne.
Le haut, c'est à partir de 0 heure du matin et on descend. Tout
à coup, à quatre heures du ma-
tin, vous remarquez les facultés affaiblies; cela accrochait
tantôt à quatre heures du matin. Tout à coup, vers le
matin, les méchants et les gars chauds ont réussi à
atteindre leur demeure et se sont couchés.
Finalement, le jour, il y a d'autres petites affaires, des petites
interventions qui surviennent, et des arrestations, en nombre infime. Tout
à coup, cela recommence à remonter en soirée. Au cours de
la fin de semaine, vous allez sourire, c'est plus actif. Bien entendu, le
vendredi, les gens ont la paie. La paie aidant, l'agressivité monte,
surtout après un petit arrêt à la taverne.
J'aimerais qu'on refasse ensemble, à la page 103 du volume brun,
une brève rétrospective de l'analyse des voies de fait. Au cours
de l'année 1976, nos policiers ont été victimes de 169
voies de fait. Ceci comprend les dossiers où les voies de fait contre
nos policiers ont été commises au cours d'une assistance à
un autre service de police municipal.
La gravité des voies de fait, c'est assez important. Il faut
préciser dès maintenant que, dans la moitié des cas, il
n'y a eu aucune blessure, même superficielle, parce qu'il faut que notre
membre nous soumette un rapport pour qu'on le compile et finalement, il y a des
charges de portées. Dans des cas d'accidents du travail, il faut pouvoir
remplir les formules en conséquence. Nous n'avons d'ailleurs eu que
quatre cas d'hospitalisation, suite à des voies de faits. Il reste donc
80 cas où nos policiers ont subi des blessures superficielles.
Par contre, là encore, une analyse des dossiers d'accidents du
travail démontre que, parmi ces 80 blessés, seulement quatre ont
rapporté cet incident comme étant assez grave pour
nécessiter un rapport à la Commission des accidents du
travail.
Quant aux heures, l'analyse graphique qui suit nous indique que la
période allant de 6 heures à 16 heures est vraiment inactive au
niveau des voies de fait. C'est drôle, la noirceur, cela semble je
ne sais pas, psychologiquement, je n'ai pas la compétence pour
l'analyser hausser le degré d'agressivité.
M. Alfred: ...
M. Bédard: M. Alfred va nous expliquer cela tout à
l'heure.
M. Beaudoin: M. Alfred, ce qui est dit est dit, vous ne m'en
voudrez pas.
Une Voix: ...
M. Alfred: C'est la vérité.
M. Beaudoin: Au moins, ce sera une raison pour ne pas être
accusé de partialité à l'endroit de notre
présentation. Sur 169 cas, seulement 14 cas, soit 8,3% sont survenus
durant le jour.
Par contre, dès 16 heures, nous voyons la fréquence des
voies de fait augmenter pour atteindre son sommet entre minuit et 2 heures
où 17,7% des voies de fait sont survenues. Vous voyez la
répartition horaire du nombre de voies de fait.
Au moment de ces voies de fait, le policier était-il seul?
Question assez importante dans le cadre du litige auquel nous exposons
aujourd'hui notre problème. Dans 50 des 169 cas, soit dans 29,6% des
cas, le policier qui a été victime de voies de fait, était
seul lors de son intervention.
Par contre, pour le reste, soit 70,4% des cas, il y avait au moins deux
policiers présents.
Donc, pour un cas où notre policier se fait attaquer ou menacer
alors qu'il est seul, il y a plus de deux cas où le policier est
accompagné d'un confrère.
Les entraves: Vous savez que le degré d'accusation entre une
entrave et une voie de fait est différent. Nous avons
étudié tous les dossiers où il y a eu entrave à un
de nos policiers au cours de l'année 1976.
Dans aucun de ces cas, il n'y a eu de blessure, même
superficielle, de causée à nos policiers.
En 1976, nos policiers ont été entravés 232 fois,
au cours de leur travail. Dans 44 cas, soit 18,9% des cas, le policier
était seul, lors de l'intervention.
Par contre, dans 81,1% des cas, il était accompagné d'au
moins un autre policier. Le graphique des heures qui suit, nous démontre
que tout comme les voies de fait contre nos policiers, la majorité des
événements se produisent au cours de la soirée, 40,5% et
de la nuit, 45,7%. Il ne reste donc que 13,8% des cas qui sont survenus au
cours de la journée.
Je pense que nous avons parcouru ce qui pouvait être
considéré comme essentiel pour le bénéfice de la
commission, de même que pour servir à la réflexion. C'est
ce qui a trait à l'intervention de la Sûreté. Maintenant,
dans un autre chapitre, nous allons parler des politiques des autres corps
policiers. A la page 22, c'est un peu une réflexion sur le sujet: La
patrouille à deux est-elle toujours nécessaire? Nous avons
entendu un représentant de l'OPP je pense que nous pouvons nous
dispenser de ce chapitre qui est venu exposer la politique de son corps
policier en matière d'interventions, et je ne crois pas qu'il est
nécessaire de parler plus longtemps sur le sujet. Fondamentalement, on
laisse beaucoup de latitude et de discernement au chargé du poste et au
premier niveau de supervision.
Un fait assez intéressant pour le bénéfioe des
membres de la commission. Au fait, je crois que tous et chacun ont reçu
la copie traduite de l'intervention du commissaire adjoint de l'Ontario, de
même que du représentant de l'Association internationale des chefs
de police. Je crois que c'était nécessaire parce que la
commission nous l'avait demandée. Au départ, nous n'avions pas eu
le temps de le faire. Il est assez intéressant dans un litige qui
s'apparente à peu près à celui que l'on discute
aujourd'hui, de regarder le cas d'arbitrage de Toronto-Métro,
l'argumentation utilisée devant le juge arbitre c'est à la
page 24 en ce qui a trait à la présence de deux policiers
par voiture, entre 20 heures et 8 heures, pour le corps de po-
lice de Toronto. Il ne faut pas oublier que Toronto était la
deuxième ville au Canada, et on se faisait fort de dire que
Montréal était la première. Je n'en suis pas sûr, je
pense qu'elle nous a dépassés en volume de travail policier et en
population également.
Afin de mieux se situer dans ce débat, voyons les faits. En
1957-1958, à l'exemple des corps policiers de certains Etats
américains, le corps de police du Toronto métropolitain
expérimente la patrouille à un policier par voiture dans le
district de York. Devant les succès obtenus, on implante cette pratique.
Finalement, en 1974, on se ramasse devant un arbitrage où le juge
Ferguson, stipulant que la sécurité du patrouilleur augmentait de
façon importante quand ils étaient deux, accordait la patrouille
à deux policiers par voiture, de 20 heures à 8 heures du matin.
Cette pratique entre en vigueur en 1975. Ce jugement fut contesté
jusqu'à la Cour suprême du Canada qui jugea que c'était une
condition de travail, donc négociable.
Finalement, peut-être qu'on pourrait passer à la page 25,
et ce qu'il est important de voir, c'est ce que la Commission de police de
l'Ontario qui pourrait, pour vous situer dans le problème, être
l'équivalent du Conseil de sécurité de la
communauté urbaine... On a d'abord insisté sur
l'efficacité du système de radio disponible aux policiers; on a
démontré que plus de la moitié des appels du service se
produisent entre 16 heures et 24 heures, que selon l'analyse des statistiques
en 1975 sur le crime, il se dégage que les crimes graves, dont la
plupart impliquent la force ou la violence, se produisent sensiblement dans les
mêmes heures, 16 heures, 2 heures, 3 heures, 15 heures.
La nécessité pour les policiers de patrouiller à
deux entre 20 heures et huit heures ne correspondait pas à la
période durant laquelle les activités criminelles étaient
les plus fréquentes, donc la plus susceptible d'être dangereuse
pour le policier. Là, on a des considérations quant à la
diminution de l'efficacité. Je ne voudrais pas m'éten-dre
ià-dessus.
Les deux parties semblent avoir accentué leur position, les
autorités policières reconnaissant cependant que certaines
situations nécessitent, pour la sécurité des membres, la
présence de deux policiers ou plus et des méthodes de travail,
les directives exigent que les policiers n'interviennent dans de telles
circonstances que lorsqu'ils sont adéquatement assistés. On n'a
pas besoin de héros morts, je crois, et on ne demande pas à un
policier d'intervenir... Ecoutez donc! La première chose, s'est de
s'amener sur les lieux et d'obtenir de l'aide. Même si elles ne sont pas
fréquentes, ces situations surviennent régulièrement. Il
devient alors essentiel que les policiers soient deux.
J'aimerais, par exemple, en toute objectivité, dire que ça
s'applique dans un contexte métropolitain, Toronto-Métro, dans un
cadre géographique peut-être de dix à douze milles
carrés.
J'aimerais peut-être vous ramener à la page 25, à
l'élément d), où on dit: Huit mois après
l'implantation de la patrouille à deux, on pouvait constater une forte
diminution de l'efficacité. Plu- sieurs unités de service
importantes ont été décimées ou
démantelées à cause des besoins additionnels en personnel.
On constatait également une augmentation du temps requis pour
répondre aux appels. C'est entendu. Ils répondaient aux appels
avec une voiture à un homme, et on a doublé. On a mis deux
hommes. C'est entendu que le nombre de voitures dans un secteur a
diminué. Les seules voitures laissées à un homme, ce sont
les voitures chargées de la circulation, pour couvrir les accidents.
A la page 27, au haut, il y a un point très important. Il est
généralement accepté, poursuit le juge, que certaines
fonctions sont exécutées de façon plus sécuritaire
quand les patrouilleurs sont deux. De telles fonctions doivent donc
s'exécuter à deux. Cependant, des patrouilles à deux
policiers par voiture ne sont pas nécessaires à chacune des
relèves, ni pendant les heures de pointe, et ce, dans chacune des
voitures des secteurs. Il ne s'attribue pas non plus la juridiction de
décider dans quels secteurs et durant quelle relève les
patrouilles doivent se faire à deux, ce même s'il en avait la
compétence.
Le juge insiste beaucoup, dans son jugement, pour que l'application soit
de telle sorte qu'elle soit reliée à l'application de la
période où l'on retrouve l'ensemble des activités
criminelles, donc la densité du travail occasionné par la
noirceur et une demande accrue des services de police, ce que nous avons
tenté de vous démontrer par la situation qui existe à la
Sûreté du Québec.
Dans son jugement, le juge exclut les patrouilles effectuées
à la surveillance de la circulation. Je vous l'avais
précisé précédemment. On n'a pas signalé
d'attaques meurtrières chez les patrouilles affectées à la
circulation. Il ne semble pas probable que le type d'attaques
imprévisibles qui pourraient survenir puissent être
empêchées par le fait d'avoir deux patrouilleurs par voiture.
Si on se reporte à la page 28, au paragraphe du centre,
paragraphe de conclusion, on dit ceci: La plus importante conclusion de ce
jugement pour l'association doit être que, selon la preuve, la patrouille
universelle à deux policiers ne peut être considérée
comme une réponse complète ni même complètement
satisfaisante aux problèmes de la sécurité. D'autre part,
la commission doit reconnaître à l'association un "statut" de
participer au nom de ses membres aux dispositions des politiques futures
concernant l'utilisation des voitures à deux patrouilleurs. Voici pour
la situation qu'on retrouve à Toronto, la plus grande ville du
Canada.
Nous avons encore un autre cas d'arbitrage c'est le dernier
et cela concerne la Regional Police Municipality of Waterloo. C'est un
corps de police qui recouvre à la fois un territoire urbain et rural
dans le concept d'une communauté régionale.
Dans cette étude, à la page 29, on dit que
l'efficacité de la patrouille est en fonction de quatre facteurs: Le
temps de réponse à un appel; l'intensité d'une patrouille
dans un territoire, c'est-à-dire volume, présence
policière; la possibilité pour le policier de bien observer tout
en conduisant;
jusqu'à quel point un policier peut seul protéger les
citoyens et maîtriser un criminel par lui-même.
Une étude scientifique menée à Syracuse, à
Troy, a démontré qu' un policier peut mieux observer quand il est
seul, à cause de l'absence des faits nuisibles à la conversation
et de l'augmentation de confiance en l'autre, quand deux policiers sont
assignés au même véhicule.
L'auteur indique également, au paragraphe 4, une jurisprudence,
dans un cas similaire, à l'appui de sa conclusion, la décision de
l'arbitrage rendue pour la région de Niagara c'est probablement
une région avec laquelle la plupart d'entre vous sont familiers, c'est
également rural et urbain dans laquelle on spécifie huit
zones où il doit y avoir patrouille à deux policiers pour des
raisons de sécurité et là encore, ce n'est que la nuit et
dans les régions bien spécifiques. C'est là qu'on a
confirmé, dans cet arbitrage, le principe de dire: D'accord pour la
patrouille à deux hommes, mais essayons donc de l'ajuster en termes de
volumes d'activités et d'incidences d'activités par rapport
à certaines heures, tout cela pour garder toujours à la
disposition du public le maximum de déploiement policier pour mieux
protéger la population et, le jour, le degré de danger est
différent.
Les analyses statistiques permettent de conclure qu'un policier bien
entraîné, dans une région où le taux de crime est
bas, court peu de danger pour sa vie s'il patrouille seul, pour autant qu'il
exerce un minimum de bon sens et demeure alerte à son travail.
L'auteur est d'avis que, là où le crime est peu
élevé, on doit patrouiller à un policier, sauf dans les
cas où on doit faire preuve de force, enlèvement, manifestation,
et dans les régions où les assauts sur les policiers se
produisent. Sur la scène d'un crime, il recommande deux policiers, mais
il est préférable que le deuxième soit dans un second
véhicule, ce qui le rend plus indépendant et, possiblement, lui
permet de fournir une meilleure assistance en arrivant par une autre
direction.
On a parlé des Etats-Unis et c'est assez drôle. Quand cela
fait notre affaire, on parle des Etats-Unis. Quand cela ne fait pas notre
affaire, on les répudie. Je ne suis pas si sûr qu'ils soient 25
ans en arrière de nous parce que, dans la ville de Détroit, le
concept, ces gens l'ont compris et vous avez des régions comme celle de
Ann Arbor où ;'est une cité universitaire et c'est une
cité résidentielle, ville dortoir. Les policiers patrouillent
à un, mais, dans la région de l'Olympia, par exemple, ils sont
quatre dans une voiture parce qu'on a laissé la latitude au chef de
police d'être assez fin, de pouvoir grouper assez d'hommes et on ne l'a
pas restreint à des écrits qui ne puissent laisser aucune place
à l'interprétation.
A la page 31, j'aimerais seulement faire une brève
rétrospective sur les morts violentes. Cela ne dit pas grand-chose, mais
cela dit ce que ça dit.
Une étude effectuée par le FBI aux Etats-Unis a
démontré que la patrouille à deux policiers n'était
pas nécessairement plus sécuritaire que la patrouille
individuelle. Si on revient au Canada, de 1961 à 1970 cette
partie a été traitée par notre personne-ressource de
l'Association internatio- nale des chefs de police que vous retrouverez dans
les notes qui vous ont été remises on a un total de 37
policiers qui ont été tués à la suite d'un acte
criminel. De ce nombre, il y en quinze qui patrouillaient seuls et vingt-deux
avaient reçu une assistance quelconque au moment de leur mort. Dans
trois de ces circonstances, deux patrouilleurs ont été
tués en même temps.
Il y eut même un cas où trois agents de la Gendarmerie
royale ont été descendus simultanément en tentant
d'arrêter un meurtrier.
Je ne sais pas si certains d'entre vous se rappellent ce qui est survenu
en 1962, en Colombie Britannique. Cela avait fait les manchettes des journaux
du temps. Ces incidents démontrent bien que le facteur
sécurité n'est pas nécessairement relié au nombre
de policiers impliqués. Vous savez, ce n'est pas deux plus deux, quatre.
Je ne pense pas que ce soit cela. Il y a des zones grises conditionnées
à l'entraînement, à l'attitude, au comportement des
policiers. On note que 40,5% des policiers tués en devoir étaient
seuls au moment de l'attentat. Par ailleurs, il faut souligner que, durant la
période concernée par cette statistique, la majorité des
corps de police du Canada suivaient le principe des patrouilles individuelles.
On peut certainement conclure à un certain parallélisme entre
l'expérience américaine et l'expérience canadienne quant
à la question de la sécurité des patrouilleurs à
deux ou à un seul policier par voiture. Par ailleurs, on peut aussi
conclure que, du point de vue du patrouilleur lui-même, les statistiques
démontrent qu'il court plus le risque de mourir en devoir s'il est
accompagné que s'il est seul dans la voiture. C'est cela. Je vous laisse
cela sec comme cela, mais c'est dit. Il faut cependant admettre que cela est
dû partiellement au fait que les patrouilles jumelées sont souvent
employées sur des scènes où les crimes sont plus graves.
Dans ce sens, il faut se demander sérieusement si, dans plusieurs cas,
ces mêmes policiers n'auraient pas eu plus de chance en utilisant un
système efficace de patrouille individuelle spécialement
coordonné pour les appels plus dangereux quand il y a de fortes chances
qu'un policier qui arrive seul sur la scène du crime redoublera de
prudence étant donné qu'il n'a personne à qui se fier
à cet instant.
Ayant d'abord et avant tout à l'esprit la sécurité
du patrouilleur, l'expérience nous permet de conclure qu'un patrouilleur
bien formé, bien entraîné et travaillant dans une
région où le taux de criminalité est relativement bas, une
région rurale, court fort peu le risque d'être blessé ou
tué en devoir s'il observe les règles élémentaires
de prudence. Bien entendu, je ne dis pas que nos postes isolés, que je
vous ai nommés tout à l'heure, n'auront pas d'accrochages, que
nos gars ne seront pas victimes d'assauts, qu'ils ne se feront pas frapper,
qu'ils ne seront pas victimes de coups de feu tirés dans leur direction,
qu'ils ne se feront pas déchirer leur uniforme sur le dos. Non. Mais,
comme je vous ai dit tout à l'heure, les probabilités sont
peut-être un peu moindres. Dans le cas de l'étude sur la
région de Waterloo, des recommandations spécifiques ont
été formulées en gardant à
l'esprit la nécessité de maintenir une protection et une
efficacité maximales a un coût minimal pour le citoyen. Que la
patrouille individuelle soit conservée, puisqu'elle répond
adéquatement aux besoins usuels de la région de Waterloo et que
les patrouilles à deux policiers puissent être utilisées de
façon temporaire et pour répondre à des besoins
spécifiques, que la direction, de concert avec les chargés
d'unités et après consultation avec les policiers,
définissent la façon la plus exacte possible les circonstances
où les patrouilles à deux sont requises et qu'une
procédure soit établie pour leur permettre de passer à
l'action le plus rapidement possible.
On ne demande pas de s'encadrer dans un grand texte juridique, mais dans
un texte de bon sens avec la pratique policière, où tout le monde
va s'y comprendre en employant le même langage, la même
sémantique, je dirais même, sans nous abaisser, la même
sous-culture, comme disent parfois certains criminologues en parlant de la
police. Que la direction s'engage à réviser annuellement ou
bisannuellement les conditions et finalement, on parle de l'augmentation rapide
de la criminalité, etc., et d'autres facteurs.
A la page 34, vous avez, à l'article 5, qui est très
important, il prescrit que des directives et procédures soient
préparées de concert avec les policiers directement
impliqués concernant la sécurité et l'efficacité au
travail de la patrouille individuelle, et que les aspects sécuritaires
soient constamment rappelés aux policiers en fonction. On va le faire de
façon encore plus intensive parce qu'on a des cours de technique de
patrouille, on a des cours d'entraînement en service qui se donnent
à l'Institut de police du Québec pour nos enquêteurs
où on remémore constamment les méthodes apprises.
Constamment! Je dois vous dire, en toute candeur et en toute
honnêteté, lorsque notre jeune policier sort de l'institut, les
cheveux frais coupés, les souliers bien cirés, et qu'il commence
à appliquer ces pratiques, nos vieux de la vieille, qui sont dans le
métier depuis cinq ou six ans, regardent cela un peu de façon
ironique. Finalement, la routine tue. Si on avait eu plus de temps, je vous
aurais montré un film qui nous aurait amenés à une
réflexion très profonde. Cela s'appelle "Routine Stop" et cela
démontre que la routine est le pire ennemi pour notre policier. Il y a
deux ennemis pour le policier: sa capacité physique, si, parce qu'il est
gros, grand et fort, il manoeuvre n'importe qui et que la crainte est le
dernier de ses soucis, et d'autre part, la routine qui constitue le plus grand
danger.
A la page 35... On ne parlera pas des corps policiers aux Etats-Unis,
cela a été dit.
Donc, si on revient au tableau qui est à votre droite, je pense
qu'il est assez important, vous le retrouvez dans le bouquin dont je vous ai
parlé tout à l'heure. Vous avez les courbes, les heures des
crimes qui ont été commis à l'endroit des membres de la
Sûreté. Je dis bien, crimes.
Vous avez également l'autre tableau, que vous retrouvez en
dernière page, qui décrit les circons- tances dans lesquelles ils
sont survenus, de même que le nombre. En conclusion, M. le
Président, MM. les membres de la commission, après avoir
exposé la mission de la Sûreté, on constatera les besoins
opérationnels causés par le déploiement de notre effectif.
Malgré ce déploiement, nos membres ne sont pas isolés,
grâce à un système de télécommunications
hautement perfectionné.
On a dit tout à l'heure qu'on avait des unités boiteuses.
Mais il faut tenir compte que la semaine de quatre jours nous amène
à un multiple de cinq et qu'on doit corriger ça. Cela vous sera
expliqué par une autre personne-ressource.
Ces membres ont été sélectionnés,
formés, dotés d'équipements appropriés pour remplir
leurs fonctions en toute sécurité. On leur dicte également
des lignes de conduite à suivre. Ils doivent intervenir avec
discernement.
Déjà, sur le plan de l'application pratique, la politique
de la patrouille jumelée laisse entrevoir des incidents sur de
nombreuses dispositions prévues ou à venir dans le contrat de
travail qui lie la Sûreté du Québec à l'Association
des policiers provinciaux du Québec. De plus, l'analyse de l'ensemble
des interventions de nos membres révèle que le risque à
leur travail, je vous ai montré nos chiffres, 32 000 infractions, 32 000
crimes survenus, 600 000 infractions, 56 000 accidents, 1 million
d'interventions, 125 000 "pièces de procédures"...
C'est ce qu'on a fait au Québec. L'examen des politiques et
pratiques suivies par d'autres corps policiers démontre qu'on rencontre
occasionnellement des patrouilles de deux policiers, au moment où
l'incidence et le volume du crime est élevé, quand il y a
probabilité de risques et lorsque la nature des opérations
l'exige.
Vous avez remarqué, M. le Président, et MM. les membres de
la commission que pendant le cheminement que nous avons fait ensemble, nous
avons constamment démontré, à travers les
catégories de crimes où nos policiers doivent intervenir, la
constance, la courbe, compte tenu de sa répartition, durant les heures
de la journée.
A cause de la disparité des territoires et des populations
desservis, de la répartition du volume d'interventions au cours de la
journée qui diffère d'un endroit à un autre, la politique
de la patrouille individuelle ou jumelée doit permettre une certaine
flexibilité en fonction de circonstances particulières.
Quelle que soit la décision prise, il ressort avec
évidence que le jumelage des policiers, en tout temps ou durant
certaines heures, réduit la présence policière et affecte
le temps-réponse. Il a été démontré, dans
les études sur la criminalité, que le taux de solution du crime
est directement proportionnel au temps-réponse et que la présence
policière est un effet de dissuasion et de prévention.
De plus, je puis vous dire qu'au cours des cinq dernières
années, au Québec nous avons réussi, par le
déploiement de notre présence policière, en fonction des
tendances de la sécurité routière des accidents, des
tendances de la crimi-
nalité, parce que l'un ne se dissocie pas de l'autre, nous avons
pu maintenir notre taux du crime à un niveau à peu près
stable. En plus de cela, nous avons eu de 25% à 35% d'augmentation de
notre taux de solution du crime. Nous sommes parvenus également à
baisser nos accidents d'automobiles, à réduire le nombre de
blessés, mais ce qui est bien plus important dans le coeur de chacun
d'entre nous, c'est que 225 personnes qui représentent, à mon
avis, la fleur de la société, parce qu'il ne faut pas oublier que
des 2000 morts qui surviennent au Québec, 70% ont 20 ans et moins...
Prenez 70% d'environ 200, quant à moi, c'est la société
québécoise de demain et vous savez qu'on en a besoin.
Il s'ensuit donc que l'efficacité globale de la
Sûreté du Québec sera affectée proportionnellement
à la fréquence d'emploi de la patrouille jumelée. C'est
entendu qu'on vous a dit oui; en fermant des unités, on est capable
d'avoir deux patrouilles de jour. Même au moment où on se parle,
on est capable d'avoir deux patrouilles de jour. Mais si je prends le poste de
Montréal-Métropolitain, ses quatorze véhicules, et que je
les jumelle dans sept, vous allez en voir moins souvent et pour les gens qui
vont appeler, cela va peut-être être plus efficace.
Peut-être, mais cela va prendre plus de temps.
Quand on a un territoire de 100 milles à couvrir, que j'ai deux
patrouilleurs et que l'un part le matin, avec des petites pièces de
procédure et qu'il ramasse la plainte d'un cultivateur qui s'est fait
voler un veau au cours de la nuit, il fait cela en même temps. Chez nous,
le policier n'est pas compartimenté. Quand on décidera de le
compartimenter et de syndicaliser sa fonction, je m'en irai, parce que ce n'est
pas vivable dans cette situation. On réduit le policier à un
rôle de minus. Cela prend dix ans avant qu'il embarque dans une
auto-patrouille. Chez nous, le policier, on veut le développer, à
compter de la première journée qu'il entre en fonction. Cela nous
permet de desservir un territoire de 90 milles de long, avec deux policiers,
deux policiers qui s'en vont, avec des probabilités... Je ne vous dis
pas que cela n'arrivera pas. Pour ceux qui croient encore, demandez à la
divine Providence, si cela n'arrive pas. Cela nous est arrivé le soir.
Mais les probabilités sont là, on vous les a montrées, de
même que l'expérience passée.
On tient toujours compte du déploiement, du temps-réponse
et du service. Maintenant au sujet du temps-réponse, du temps
d'intervention, il ne faudrait jamais oublier qu'on est, au Québec,
trois fois plus grand que la France, dix fois plus grand que l'Angleterre avec
huit fois moins point quelque chose de population. Si on veut donner un
temps-réponse comme on donne dans une ville, on va manquer notre coup.
Il va falloir avoir peut-être 10 000 policiers à la
Sûreté du Québec, pour donner le même
temps-réponse, temps d'intervention.
Par contre, on s'aperçoit que cela ne nous handicape pas tant que
cela, le fait d'arriver au lieu d'un crime avec violence où les gars n'y
sont plus. Tout ce qui compte pour nous, c'est de les encercler dans un
périmètre et de les retrouver ensuite.
L'application du régime de deux policiers par véhicule
obligera la Sûreté à différer certains programmes
déjà autorisés, et nous empêchera de maintenir
l'efficacité au taux actuel. La semaine de quatre jours, c'est le plus
beau régime qu'on a et cela va enlever du stress à nos membres,
cela leur donne plus de jours de congé. Il ne faut pas se faire
d'illusion, ils travaillent neuf heures par jour, quatre jours par semaine,
plus les jours fériés qu'on récupère.
Finalement, que vous travailliez dix ou neuf heures par jour, il reste
une journée dans la semaine où vous n'êtes pas là.
Il y a un équilibre à faire. Cela va nous obliger à faire
tomber... D'abord, en matière de bureaux d'enquête criminelle, on
manque d'enquêteurs spécialisés pour enquêter
à fond sur les crimes majeurs au Québec.
On ne fait pas d'enquête sérieuse, on fait de
l'enquête par priorité et on n'a pas le temps de fouiller à
fond chacune des enquêtes. On a eu une mission de nos policiers qui a
été dirigée par M. Turpin et qui est allée en
Angleterre. A Scotland Yard, cela faisait trois mois, avec à peu
près quinze enquêteurs qui travaillaient sur une cause de meurtre.
Nous autres, notre gars travaille trois jours et débarque, parce qu'il
s'en va sur autre chose. C'est cette qualité, ce temps.
Si vous vous rappelez le fameux voleur du train postal que l'inspecteur
Butler est venu chercher pas loin de Vaudreuil, cela faisait dix ans qu'il
travaillait sur la cause. On a même prolongé sa retraite.
Voyez-vous? Chez nous, on n'est pas rendu à ce point. On aura le
renseignement criminel. Vous savez comme moi qu'il se commet une foule de
crimes qui ne parviennent jamais à notre connaissance et que des
milliers de citoyens se font frauder dans la société et,
finalement, ils ne le disent pas à la police, en matière de crime
économique, de fraude immobilière et mobilière. C'est par
le renseignement criminel qu'on peut décortiquer des situations
semblables. On devra mettre une halte dans ce domaine. On devra mettre une
halte dans le crime économique. On aurait besoin de 200 enquêteurs
dans le crime économique et on ne peut pas se les permettre.
Dans nos bureaux d'enquêtes criminelles, on prévoyait un
membre, un sous-officier consacré uniquement à la communication
des informations à tous les corps policiers municipaux, tous les matins,
à savoir ce qui était survenu la veille pour leur permettre
d'orienter leurs patrouilles en conséquence et à tous les
comités de prévention du crime, pour leur fournir la
Sûreté du Québec, c'est un organisme gouvernemental
un secrétariat permanent; je ne suis pas sûr qu'on sera capable de
faire cela.
Finalement, vous savez, qui trop embrasse mal étreint. Quand on
dépense tout notre argent ou tous nos efforts pour une chose, quand on
jette... Cela me fait penser un peu à deux chasseurs qui partant pour la
chasse avaient mis $30
dans leur poche. Finalement, II y en a un qui revient et dit: Combien
as-tu acheté? Il dit: J'ai acheté $29 de bière et $1 de
viande. Il dit: Je pense que tu as acheté trop de viande.
Messieurs, brièvement, j'aimerais terminer, peut-être par
une remarque sur les fermetures de postes. Sur les fermetures de postes, nos
membres de l'association ont exposé des positions fort logiques, sauf
que j'ai vu plusieurs membres de la commission sursauter quand on en a
parlé. C'est entendu que pour nous, des unités de quinze hommes,
de douze hommes, cela n'opère pas. Si vous prenez un multiple de cinq et
que vous divisez un poste de quinze par cinq, cela vous fait trois hommes sur
une relève. Vous en avez un de malade, il vous en reste deux et un en
vacances, il vous en reste un. Finalement, s'il y a un baptême dans sa
famille, ou si sa belle-mère vient le visiter, il n'y en a plus. C'est
à peu près cela.
Notre modalité d'opération idéale, c'est un poste
de trente hommes. Ils ont effectivement raison, mais je me demande comment je
vais vendre cela au ministre de la Justice, de fermer Alma, Saint-Ambroise et
Chicoutimi, à moins de commencer par lui pour créer un effet
d'entraînement chez les autres.
M. Bédard: Si c'était dans l'intérêt
des citoyens.
M. Beaudoin: On est effectivement à faire une étude
de la consolidation des postes, pour fermer des petits postes et grouper cela.
M. le Président, MM. les membres de la commission, je dois vous dire que
M. Turpin et moi-même, parce que cela entre chez moi et que, finalement,
je lui ai dit: Réponds comme il le faut à cela, en lui donnant
certains points, on commence à être habitués, parce que
cela arrive souvent. Dès qu'on parle de la fermeture d'un poste, c'est
un "crash" économique pour une région, parce que, quinze hommes
à $17 000 par année et peut-être $1500 en temps
supplémentaire, avez-vous pensé quel montant d'argent cela
injecte dans l'économie de la région? Cela occupe des loyers. A
ce moment, les résolutions des conseils, cela entre en photocopie. Il y
en a un qui en fait une et il passe la photocopie à l'autre, et cela
entre. Je pense également, MM. les députés, que j'ai
reçu des lettres de certains d'entre vous qui se préoccupent de
cela, mais c'est une situation globale. On a parlé de fermer des
postes.
Effectivement, cela a bien du bons sens de fermer des postes, sauf que
les retombées socio-politico-économiques sont énormes et
je ne sais pas comment on peut les contourner. Seuls les membres du Parlement
peuvent nous aider, si on a toujours à l'esprit le souci
d'austérité, de rationalisation des effectifs, tout en essayant
de donner dans un territoire le même service.
J'aimerais aussi ajouter que nos unités
spécialisées, telles que nos unités d'urgence, nous ont
permis de sortir de bien des situations. La Côte-Nord foisonnait de
conflits ouvriers. Au Mont-Wright on avait toujours des gens, c'est là
qu'a été la plus grande pagaille dans les relations du tra- vail.
Il ne faut pas s'en faire, c'est encore là. C'est sous-jacent, c'est
latent, et cela va revenir, cette affaire. Quand on s'attaque à la
grève de la construction à la grandeur de la province, il faut
donner une priorité de prévention des "goon squads" qui se
promènent un peu partout, ce n'est pas qu'avec nos postes qu'on peut
faire cela. Il faut qu'on se garde une mobilité d'opérations pour
courir après ces gars, les devancer et les arrêter, de
façon à permettre au pauvre ouvrier d'exercer son droit de
citoyen de travailler, chose qu'il ne peut pas faire dans une province comme le
Québec.
En terminant, messieurs, brièvement, un de mes bons
collègues, M. Tessier, qui est le spécialiste de la semaine de
quatre jours et qui, est aussi un spécialiste de l'étude de la
Bible, vous a fait une remarque sur la patrouille à deux hommes, sauf
que, plus loin, si on poursuit notre étude de la Bible, il y a bien des
vérités qu'on en tire, et on s'aperçoit que le grand chef
a donné des conceptions très idéalistes, parce que, quand
ils ont vu le territoire et la mission qu'ils avaient à accomplir, les
apôtres ont été obligés de se séparer. C'est
pour cela que saint Paul est parti pour Rome, Philippe pour l'Ethiopie et
Saint-Jean pour Patmos. Ils se sont séparés. Finalement, le
Seigneur leur avait servi une leçon qu'ils se sont rappelée,
parce que, la seule fois où le grand chef de police a fait de la police,
cela a été quand il a chassé les vendeurs du temple et il
l'a fait tout seul.
M. le Président, c'est sur cette note d'humour, tout en ayant
été sérieux, parce que c'est une situation fort
sérieuse que je termine. C'est un peu et avec beaucoup de
mélancolie que je l'ai appris ce soir, j'ai commencé par essayer
de me conditionner en cours de route, comme administrateur, du
bien-fondé des objectifs et des résultats qu'on poursuit, en
tenant compte de la sécurité des membres et des deniers que le
gouvernement veut bien mettre à ma disposition. Je pense bien que j'ai
vu la commission fonctionner ces jours derniers, et je crois que la
période de questions, vous gardez toujours cela après que chacune
des personnes s'est fait entendre.
Je vous remercie, M. le Président, et MM. les membres de la
commission, de votre attention soutenue et de votre intérêt; je
pense que vous avez feuilleté les bouquins avec grande attention, je
vous ai même vus plier des pages. J'avais oublié de vous apporter
des petits "acco" pour mentionner les points importants. J'aimerais
peut-être vous terminez, M. le Président, à 23
heures?
Le Président (M. Laplante): On termine à 23 heures,
M. le directeur.
M. Beaudoin: Oui, il est 22 h 35. J'aurais peut-être une
personne-ressource, M. Turpin...
Le Président (M. Laplante): M. le directeur, si on
commençait d'ici 23 heures, une période de questions, le moment
peut venir pour une question et un de vos membres pourra s'exprimer, à
moins que ce soient des choses tout à fait spécia-
les que M. Turpin aurait à nous donner avant la période
des questions.
M. Bédard: M. le Président, on m'a informé
que M. Turpin, chef des opérations, aurait un exposé à
faire, qui pourrait durer pas moins d'une demi-heure ou trois quarts d'heure
sur le sujet particulier de sa responsabilité. Peut-être y
aurait-il eu lieu, dans la demi-heure qui nous reste, de procéder
à quelques questions à l'endroit du directeur de la
Sûreté du Québec.
Si certaines questions se rapportent à des choses qui nous seront
expliquées plus en profondeur demain, à ce moment-là, on
nous l'indiquera tout de suite, de telle façon qu'on puisse
réserver ces questions pour demain. Cela nous permettrait de prendre
cette demi-heure pour des questions peut-être plus
générales à M. le directeur de la Sûreté du
Québec.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le directeur. On va
commencer et finir par la bible que vous avez mise en relief tout à
l'heure en demandant à nos disciples de commencer.
M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, au nom de l'Opposition,
nous, on croirait qu'il serait peut-être plus opportun de finir
l'audition, ce soir, de toutes les personnes et de ceux qui accompagnent le
directeur général.
M. Bédard: C'est parce que ce n'est pas possible...
M. Pagé: Par la suite, procéder demain,
après qu'on aura eu quelques moments...
M. Bédard: C'est parce que...
M. Pagé: ... pour regarder ces différents documents
et analyser tout ça. Demain, on pourrait commencer la période de
questions et de commentaires.
M. Bédard: M. le Président, afin de
procéder, je pense, de la manière la plus valable possible, en
termes de période de questions, ce n'est peut-être pas possible de
fonctionner comme ceci, étant donné que celui qui a à nous
faire un exposé et qui vient tout de suite après en a pour au
moins trois quarts d'heure. A ce moment-là, on va couper,
peut-être, un exposé qui, en soi, est sûrement important. On
va le couper en deux et je ne crois pas que ce soit à l'avantage des
membres de la commission, alors qu'il y a peut-être quelques questions
générales sur lesquelles il n'est pas important de revenir dans
le reste du débat et qu'on peut adresser au directeur de la
Sûreté du Québec.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas, on va commencer
dossier par dossier. M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, très rapidement,
au début de son exposé, le directeur de la Sûreté du
Québec, en parlant de la direction de la Sûreté,
également en parlant de l'Association des policiers, a tenu à
mentionner que, dans le conflit que nous avions eu à vivre,
effectivement, personne n'était sorti gagnant. Je crois qu'il a
sûrement raison sur ce point, en ce sens que beaucoup d'efforts ont
été faits jusqu'à maintenant. On nous en a relaté
un petit peu l'historique, très succinctement. Beaucoup d'efforts ont
été faits pour faire de la Sûreté du Québec
un corps policier respectable et respecté de la part de la
population.
Je dois lui dire que, même si nous avons peut-être pris
quelque retard, en termes de respect de la population vis-à-vis de son
corps policier, avec les événements de Drummondville, je veux
quand même exprimer ma conviction que ce retard, solidairement, la
direction, l'Association des policiers et le ministère de la Justice,
nous pouvons le reprendre rapidement en nous mettant à la tâche le
plus efficacement possible.
Comme je l'ai fait pour l'Association des policiers provinciaux, je
tiens à féliciter le directeur de la Sûreté du
Québec pour son exposé, un exposé volumineux, un
exposé aussi très sérieux qui nous indique qu'il a
présumé du sérieux de cette commission parlementaire. Je
pense que cet exposé que nous avons eu l'occasion d'entendre exprime
à tous ceux qui sont ici, comme cela a été le cas pour
l'association qui l'a précédé, que le directeur de la
Sûreté du Québec a, en définitive, à coeur,
non seulement l'avenir de la Sûreté du Québec, non
seulement le sens des responsabilités de gestionnaire qui lui incombent
et le bien-être de ses policiers, mais également tout cela est
fait... Nous avons eu l'occasion de le constater au cours de l'exposé,
sans perdre de vue la sécurité de l'ensemble des citoyens qui est
quand même la raison d'être fondamentale d'un corps policier.
Nous avons eu l'occasion d'entendre le directeur de la
Sûreté du Québec nous faire part, non seulement d'un
rapport assez détaillé, mais également d'une documentation
importante, comme cela a été le cas pour l'Association des
policiers, et de tableaux qui permettent aux membres de la commission de mieux
voir l'ensemble de la situation.
Je pense que cette documentation, l'exposé, les tableaux qui
l'accompagnaient constituaient d'une certaine façon des
éléments de renseignements qui étaient à ma
disposition en partie et sur lesquels j'ai eu l'occasion de me pencher, sur
lesquels aussi je me suis basé ou s'est basé le ministère
de la Justice pour faire les offres qui ont été
communiquées à l'Association des policiers provinciaux du
Québec par l'entremise de son président, avant la réunion
à Drummondville.
Comme nous avons eu l'occasion, M. le directeur de la
Sûreté du Québec et moi-même, de discuter longuement
de l'ensemble de ce problème, je vous demanderais la permission, M. le
Président, adoptant en cela la ligne que j'ai adoptée
vis-à-vis du mémoire de l'Association des policiers provinciaux,
étant donné le fait que, par la force des choses, j'ai
été mêlé au conflit ou au sujet qui nous
intéresse d'une façon tout à fait particulière
ce soir, j'aimerais que vous acceptiez que je passe mon droit de parole
et de questions au député d'Anjou.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Anjou.
M. Johnson: M. le Président, M. le directeur, je voudrais
d'abord faire miens les propos du ministre de la Justice. Je pense que
l'important travail qu'a accompli l'Association des policiers a trouvé
également un écho à la direction. Votre mémoire,
les tableaux, pour ce que j'ai pu en parcourir jusqu'à maintenant, sont
d'un sérieux irréfutable, je pense. Il peut y avoir,
possiblement, des différences d'interprétation sur certaines
choses. Je pense que c'est de cela qu'on discutera demain. J'aurais trois
questions qui touchent des problèmes précis que vous avez
évoqués. D'abord, concernant ce que vous avez appelé les
unités d'urgence, j'avoue que, personnellement, je suis dans le
brouillard quant à cela. Qu'est-ce que c'est que les unités
d'urgence? Il y a combien d'individus dans les unités d'urgence?
Qu'est-ce qu'elles font comme travail? Et l'unité d'urgence, si je
comprends bien... Dans le mémoire de l'association, on évoquait
qu'un démembrement, partiel tout au moins, de cette unité
pourrait permettre d'en arriver à une meilleure répartition,
à ses yeux, des effectifs. J'espère avoir une réponse
précise quant à cela.
La deuxième question touche à cette notion de
rapidité d'intervention. Je me suis permis d'être peut-être
un peu sévère dans mon ton avec l'Association des policiers
provinciaux quand j'ai critiqué le tableau statistique qu'elle nous
avait fourni concernant les fameux 17,4 minutes. De la même façon,
je me permettrai d'être assez exigeant face à la
Sûreté pour savoir dans quelle mesure...
Vous me semblez avoir passé un peu rapidement sur les situations
où effectivement, il peut se passer un bon bout de temps entre le moment
où un policier fait appel à l'assistance d'un autre et le moment
où cet autre officier de police vient rejoindre le premier, d'autant
plus que vous semblez, a priori, endosser cette notion que je partage
également, que beaucoup de membres de cette commission partagent, je
crois, que les policiers n'ont pas à être des Maverick, des Kojak
ou des gens d'Anémone 12, que les policiers ont d'abord et avant tout
une responsabilité quant à leur propre sécurité,
tout en faisant en sorte qu'avec le minimum de risques, ils puissent atteindre
un maximum de sécurité.
Ma troisième question sera relative à la fameuse grille;
nous n'avons pas le plaisir d'avoir le député de Johnson avec
nous en ce moment, ce qui nous permettrait d'avoir un exposé d'une
demi-heure sur les travaux des quatre derniers jours.
Ma question sur la grille se référera de façon
précise à la page 13 de votre mémoire. Vous y dites que,
dans le cas des vols qualifiés, le policier qui reçoit un appel
pour ce genre de crime ne s'y rendra pas seul, a moins d'être certain que
les auteurs ont déjà quitté les lieux ou encore, lorsqu'il
s'y rend seul et qu'il croit qu'il y a risque de danger, il va demander de
l'aide avant d'intervenir. Cela me semble aller dans le sens de
l'interprétation que je donnais cet après-midi des deux grilles,
celle présentée par la Sûreté et celle
présentée par une association où j'interprétais un
des paragraphes comme étant... il ne s'agit pas de définir de
façon restrictive et limitative l'intervention du policier, mais une
formule restrictive et limitative se veut beaucoup plus l'ouverture à la
notion qu'on intervient seulement si on est sûr.
Je voudrais que vous me confirmiez la souplesse à laquelle est
prête la Sûreté à l'égard d'une ouverture et
d'un élargissement de cette grille, éventuellement. Vous vous
référez également à la page 32 de votre
mémoire au sujet de cette question qui pourrait faire l'objet d'une
réponse plus détaillée demain, quand vous citez le cas de
la région de Waterloo, Ontario, si je ne me trompe pas. Je me demande si
vous endossez les paragraphes que vous citez du rapport, suite à la
question qui a été posée aux autorités à
Waterloo, aux pages 32 et 33. Cela m'apparaît extrêmement
intéressant, et je conseillerais peut-être aux collègues de
l'association de jeter un coup d'oeil très attentif sur les pages 32 et
33. Je pense qu'on reviendra là-dessus demain également.
Rapidement, les unités d'urgence, la question de rapidité
d'intervention et la grille.
M. Beaudoin: M. le Président, M. Johnson, si vous le
permettez, je vais demander au chef des opérations, M. Robert Turpin, de
répondre aux trois questions, parce que l'une et l'autre sont en
corrélation.
M. Turpin (Robert): M. le Président, MM. les membres de la
commission, pour connaître un peu le fonctionnement des unités
d'urgence, il faut, je pense, se reporter au déploiement
général des policiers de la Sûreté du Québec
sur le territoire du Québec.
Cela se rapporte un peu au dernier conflit qui a eu lieu en 1971;
j'avais été personnellement chargé de mettre en place une
cédule de travail permanente qui prévoyait un cycle de travail de
28 jours et une prévision annuelle du déploiement du policier,
c'est-à-dire que le policier affecté à l'unité
pouvait prévoir un an d'avance, ou à perpétuité,
pour autant qu'il ne changeait pas d'unité ou de travail, ce qu'il
ferait dans X temps.
Cela apportait une très grande stabilité à la vie
des policiers et une stabilité aussi vis-à-vis de la
planification du travail. Evidemment, à ce moment-là, il
s'agissait de remanier quelque peu le personnel; en mettant en place cette
cédule de travail, nous avions pris à ce moment-là une
orientation, celle d'offrir une couverture de 24 heures par jour, pour tous les
postes reliés au réseau routier de la province.
Les effectifs des unités de base, les postes, les 101 postes
reliés au réseau routier, devaient avoir un minimum pour couvrir
leur territoire, c'est-à-dire deux hommes en devoir, 24 heures par
jour.
Les effectifs étaient restreints à ce moment-là,
puisqu'ils le sont encore. Cela voulait dire que les effectifs des postes
construits de façon à pouvoir assumer les fonctions de police sur
le territoire de leur unité, des fonctions prévisibles, tout ce
qui était prévisible.
Ces postes, ou une très grande majorité, avaient chacun,
à ce moment-là, un homme ou deux de plus, pour certaines
tâches occasionnelles ou saisonnières ou des choses comme cela. On
s'est dit, en faisant ce travail de planification globale, que, possiblement,
il serait préférable de prendre tous les policiers que nous
avions pour des tâches occasionnelles ou saisonnières et d'en
faire des unités qui rayonneraient dans une région
donnée.
C'est pourquoi les unités d'urgence ont été
bâties, un peu, sur une structure militaire. Nous avons
présentement 16 pelotons d'unités d'urgence, 16 pelotons de 25
membres, ce qui fait 400 policiers, plus un certain nombre de
spécialités que vous a mentionnées tantôt M.
Beaudoin. Les 25 pelotons sont disposés de façon
stratégique, c'est-à-dire que, dans les plus petits districts, il
y a au moins un peloton par section. Nous avons quatorze sections dans la
province. Montréal et Québec sont dotées d'un peloton de
plus, à cause de la dimension du district.
Les pelotons d'unités d'urgence rayonnent aussi sur 24 heures,
c'est-à-dire qu'à Montréal, par exemple, vous avez un
peloton d'unité d'urgence en devoir 24 heures par jour. Vous avez, par
exemple, le district de l'Estrie ou le district du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui
a aussi un peloton, mais qui est distribué de façon à
couvrir 24 heures. Or, ce personnel est "stylé" pour les
événements qu'on a mentionnés tantôt: toute
perturbation sociale, grève, contrôle de foules,
événement culturel, événement sportif, recherche en
forêt et des choses comme cela. Le personnel est distribué pour
prendre soin de ces occasions, de ces événements particuliers et
aussi pour supporter les unités de base dans toute campagne de
sécurité, que ce soit au niveau de la sécurité
routière ou de la prévention du crime ou de la couverture
policière générale.
On peut dire, si on regarde une année, une année
régulière, une année normale, comme 1975 par exemple, que
80% du temps a été employé à couvrir une
présence policière accrue au niveau des postes. Ce personnel va
également suppléer à des besoins temporaires d'une
unité. Par exemple, si vous avez un policier malade dans un poste ou une
relève donnée ou quelqu'un qui se rend à la cour, ou des
vacances, ou un besoin de couverture supplémentaire, ce sont les
unités d'urgence qui font ce travail.
Vous avez eu le cas, qui nous a été cité cet
après-midi, de Drummondville où on a dit, par exemple: II y a eu
une grève à la Celanese. C'est évident que cela prend une
demi-heure, peut-être trois quarts d'heure pour se rendre de la Mauricie,
du siège social, au Cap-de-la-Madeleine, à Drummondville.
Néanmoins, cela veut quand même dire que l'unité d'urgence
qui a pris la charge de cet événement, pour assister à la
fois le poste local et le corps policier municipal, que le territoire du poste
de Drummondville a quand même eu sa couverture policière pendant
le temps où l'unité d'urgence couvrait l'événement
particulier qui était la grève.
M. Johnson: Une parenthèse à ce sujet. Le
schème de commandement, à ce niveau...
M. Turpin: Le schème de commandement est le même,
c'est le district, le commandant de district est le commandant de
l'unité d'urgence, et il agit comme support au niveau des postes. La
planification se fait généralement dans des réunions
hebdomadaires entre les chefs surveillants, les responsables des bureaux
d'enquêtes criminelles, les responsables des bureaux d'alcool et de
moralité, le commandant de districts, le coordonnateur qui, lui,
connaît bien l'incidence criminelle et l'incidence des accidents dans le
territoire donné.
M. Charbonneau: Est-ce que vous me permettez une question? Est-ce
que les groupes tactiques...
Le Président (M. Laplante): Non, monsieur. A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Charbonneau: C'est seulement une précision sur les
mesures d'urgence, pour être certain de comprendre.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! Vous garderez votre question quand on reviendra là-dessus.
Le député de Portneuf.
M. Pagé: Vous n'avez pas terminé? Il reste deux
autres questions.
M. Johnson: Oui, c'est cela, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Johnson.
M. Johnson: II me reste, effectivement, deux autres questions.
Maintenant, je veux bien accepter que l'Opposition puisse s'exprimer ce soir.
J'accepterais que les réponses à mes deux autres questions
viennent demain. Il n'y a pas de problème.
M. Pagé: M. le Président, je pense qu'on a
accepté tout à l'heure, dans un geste contributoire de
l'Opposition, que le ministre cède son droit de parole au
député d'Anjou, qui a posé quelques questions. Je crois
qu'il reste deux questions qui pourraient impliquer des réponses. Il
reste seulement dix minutes à la séance de ce soir. On pourrait
terminer avec les questions posées par le représentant des
parlementaires qui forment le gouvernement, et, demain, on pourrait amorcer les
commentaires de l'Opposition officielle, et, par la suite, les questions qui
pourraient être suscitées de notre côté.
Le Président (M. Laplante): Merci de votre collaboration.
Si vous voulez répondre...
M. Johnson: Ma deuxième question porte sur le
problème de la rapidité d'intervention, dans le cas d'un policier
qui demande assistance. Le chiffre de 17,4 minutes a été
cité à certaines occasions. A votre connaissance, est-ce que vous
considérez que c'est un problème relié essentiellement
à la géographie de certains districts? Est-ce que vous
considérez que c'est un problème généralisé?
Est-ce que vous considérez que les solutions à ce
problème, on peut les trouver ailleurs que dans la patrouille à
deux?
M. Turpin: Disons qu'en premier lieu, on peut analyser le temps
de 17 minutes, 34 secondes, qui a été mentionné dans les
109 cas présentés. Si on prend, de façon
générale, le fonctionnement de la Sûreté, le
temps-réponse peut être calculé d'une certaine
manière, parce que le policier qui se rend sur les lieux d'un
événement donné a une première formule à
remplir, qui s'appelle la formule 400, et qui fait un appel à la
mémoire du policier qui se rend sur les lieux.
La première question, c'est: L'événement est
survenu à... j'ai été avisé à... et je me
suis rendu sur les lieux à... Cette formule n'est pas une
priorité à remplir, je vous l'assure. En temps normal, calculer
le temps-réponse de cette façon, ça comporterait certains
problèmes de précision.
Si on regarde les 109 cas, on n'a pas pris le temps-réponse
à partir des formules que je vous mentionne, mais bien à partir
de la mémoire des gens qui ont été mêlés
à l'affaire. On sait qu'il y a des cas qui datent même de dix ans.
C'est pour ça que le temps-réponse de 17,34 est très peu
défendable dans ce sens.
Si on parle de la rapidité d'intervention de façon
générale, c'est évident qu'à certains moments,
ça peut comporter certains problèmes, à cause de
l'étendue du territoire. Mais ce n'est pas souvent qu'on entend des
plaintes là-dessus parce que, si on prend le volume de travail en
général, c'est plutôt dans le sens de vols par effraction,
et vous avez, dans les crimes majeurs, une rapidité d'intervention
respectable puisque ces cas surviennent généralement dans des
localités où il y a des institutions financières,
où il y a des magasins importants ou des choses comme ça. Cela ne
survient pas dans le fond du rang de Saint-Arrière, comme disait le
policier l'autre jour, mais ça survient surtout dans les plus grosses
localités. Or, le temps de réponse ou la rapidité
d'intervention est aussi rapide que n'importe où ailleurs, parce que
ça survient généralement dans ces localités
importantes.
M. Johnson: Une troisième question...
M. Turpin: On pourrait y revenir demain. Dans mon exposé,
j'avais justement besoin de toucher à ce point.
M. Johnson: D'accord. La troisième question touche
maintenant la grille. C'est une question un peu plus vaste, j'ai l'impression,
sur laquelle on va avoir à revenir, peut-être demain, à la
fin de tous vos exposés. Est-ce que vous êtes ouverts vous
pourrez peut-être nous donner un préliminaire là-dessus ce
soir aux suggestions dans le cas de l'affaire de Waterloo, qu'on
retrouve aux pages 32 et 33, où on va jusqu'à spécifier...
Mais là, on ne parle pas en termes de conventions collectives. On parle
en terme de directives.
Mais tout étant égal par ailleurs, le mutatis mutandis,
est-ce que des notions comme, par exemple, celles qui disent: La direction
s'engagerait à réviser annuellement ou bi-annuellement les
conditions et circonstances particulières qui pourraient justifier un
changement de politique et nécessiter la patrouille à deux
policiers dans certains secteurs. Il y a toute une notion géographique
qui est impliquée, et à laquelle jusqu'à maintenant, on ne
semble pas avoir fait appel dans la grille dont on parlait
précédemment.
A vos yeux, la Sûreté est-elle ouverte finalement à
ce type de prolongement de la notion de la grille où il ne s'agirait pas
non seulement de qualifier certains types d'interventions, mais
également de caractériser possiblement certaines régions
où il faut envisager la patrouille à deux en tant que telle ou
encore une directive générale, mais vraiment diffusée de
façon générale, qu'il n'y a pas d'intervention d'un
policier dans tel type de circonstance ou tel lieu géographique
spécifié sans qu'il n'y ait un appel préalable et que
l'assistance soit arrivée sur place avant l'intervention? Vous me
suivez? Ça va?
M. Turpin: Oui. En premier lieu, la question de la grille que
vous avez en main présentement fait partie d'un communiqué
publié le 12 avril 1977. Ce facteur n'avait pas encore été
mentionné. On avait même dit à un certain moment que le
problème demeurait entier.
Les policiers de la Sûreté du Québec retournant au
travail le 12 avril, nous étions conscients des ententes conclues; nous
avons pris les devants pour publier cette grille à l'intention de notre
personnel, et vous n'avez qu'une partie des normes de sécurité
sur lesquelles on rappelle à nos policiers en fonction les directives en
vigueur.
Quant à l'autre partie de votre question, nous sommes
certainement sensibles à toute question de sécurité au
travail qui ne comporte pas nécessairement ou obligatoirement la mise en
place de véhicules occupés par deux policiers, mais, sommairement
j'y reviendrai demain je dirais que, dans certaines parties du
territoire du Québec qui sont à haute teneur criminogène,
les véhicules devraient être disposés de façon que
l'assistance d'un autre véhicule puisse être obtenue dans un temps
respectable de dix ou quinze minutes.
Cela serait une autre façon de voir la situation et on sait que
la majorité des écrits des spécialistes qui ont
traité le sujet s'accordent à dire qu'il est
préférable en toute circonstance d'avoir un deuxième
véhicule que d'obligatoirement avoir un véhicule occupé
par deux policiers.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, la commission ajourne
ses travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 57)