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Etude de certaines questions relatives
à la sécurité au travail des
policiers
de la Sûreté du Québec
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs! Reprise
des travaux de la commission parlementaire de la justice. Les membres sont M.
Alfred (Papineau), M. Bédard (Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis)
remplacé par M. Pagé (Portneuf); M. Burns (Maisonneuve), M.
Charbonneau (Verchères), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Clair (Drummond),
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Johnson (Anjou), M. Laberge (Jeanne-Mance),
M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) remplacé par
M. Lavoie (Laval); M. Marois (Laporte), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Springate (Westmount), M. Tardif (Crémazie), M.
Vaillancourt (Jonquière).
Tel qu'entendu, je cède la parole au député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, il avait
été question, je pense, de laisser terminer, ce matin, à
la demande du ministre à l'Opposition officielle, les
représentants de la Sûreté dans la présentation de
leur mémoire et de leurs prétentions. Je sais que M. Turpin et
d'autres doivent parler pendant quelques minutes. On accepte de bon gré.
Par la suite, M. le Président, on demande que notre droit de parole de
l'Opposition officielle soit maintenu immédiatement après que
vous aurez terminé pour qu'on puisse procéder à des
questions et des commentaires.
M. Bédard: Je remercie le représentant de
l'Opposition de sa collaboration. Je pense que cela pourra nous permettre
d'avoir un tableau d'ensemble et ensuite de procéder à la
période de questions; d'autant plus que l'expérience avec
l'Association des policiers provinciaux a fait qu'à procéder bloc
par bloc, on s'est rendu compte que ce serait peut-être plus valable de
laisser l'ensemble du mémoire être déposé devant la
commission avant de procéder aux questions.
Le Président (M. Laplante): Vous voyez, M. le directeur,
l'utilité d'un président. Il est toujours le dernier
informé d'une entente entre deux parties. D'accord.
M. Beaudoin (Jacques): Je vous comprends fort bien.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez y aller.
M. Bédard: II ne faut pas minimiser l'importance du
président. C'est lui qui décide si cette entente a du bon sens ou
non.
Sûreté du Québec
M. Beaudoin: Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs.
Peut-être, M. le Président, avant de débuter, que
j'aimerais rappeler qu'on avait trois questions qui avaient été
posées par le député Johnson. J'imagine qu'on y reviendra
quand on aura fini toutes les présentations. Parfait. J'aimerais vous
faire entendre...
M. Bédard: C'est le député d'Anjou, M.
Johnson.
M. Beaudoin: Excusez. Je suis tombé dans l'erreur qui a
été faite hier. J'aimerais vous présenter le
contrôleur général du personnel et des communications, M.
Gilles Michaud, qui est ici à ma droite. M. Michaud va vous faire une
présentation d'environ quinze minutes qui comporte trois dimensions,
à savoir la situation du recrutement au 25 avril 1977, les mouvements de
personnel à la Sûreté du Québec et la
médecine préventive à la Sûreté du
Québec, étant donné que cela s'inscrit dans la grande
perspective d'ensemble de la sécurité au travail.
M. le Président, M. Michaud.
M. Michaud (Gilles): Merci beaucoup, M. le directeur. M. le
Président, MM. les membres de la commission, au cours de la semaine
dernière, il y a certains points qui ont été
soulevés touchant l'aspect gestion du personnel. Nous avons cru bon,
à la Sûreté, de vous informer et de préciser
certains de ces points qui avaient été soulevés, notamment
au niveau du recrutement. On avait semblé dire que la
Sûreté ne pouvait atteindre ses objectifs et qu'il fallait,
à ce moment-là, peut-être réviser les
critères et les normes d'embauche. Ensuite, il y a eu des mouvements de
personnel reliés, surtout dernièrement, à la mise en
vigueur de la semaine de quatre jours modifiée.
Finalement, si on recoupe l'aspect général de la
sécurité, dans le document qui vous a été
présenté hier par le directeur général, on n'a pas
fait mention de l'aspect prévention médicale en termes de
médecine industrielle ou en termes de médecine préventive.
Donc, je vous ai expliqué un peu la situation du recrutement au 25
avril.
Disons que la Sûreté compte présentement 4210
membres; de plus, 80 candidats ont passé toutes les étapes du
processus de sélection et attendent présentement d'être
admis à l'Institut de police du Québec. Ces candidats, qui ont
été acceptés, commenceront leur période
d'entraînement au mois de mai, soit 30 en mai, 25 en juin et 25 en
juillet. Suite aux modifications qui ont été apportées en
septembre dernier au processus de sélection, et ce notamment au niveau
du jury qui est formé maintenant de trois membres plutôt que d'un
seul pour l'entrevue, nous avons vu le nombre de candidats acceptés,
augmenter.
D'autres modifications auront pour effet d'ac-
célérer passablement le processus d'embauche et ainsi
réduire à six semaines le délai entre le moment où
le candidat nous présente une formule de candidature complète et
le moment où on l'informe de son acceptation. Il y a donc moyen,
actuellement, d'engager plus de membres que par le passé sans pour
autant devoir trouver de nouvelles sources de recrutement et sans entreprendre
de campagne intensive de recrutement, et surtout, sans diminuer la
qualité des candidats.
Nous avons, actuellement, à la Sûreté, 4300 postes
approuvés et 50 postes additionnels acceptés par le
ministère. En ajoutant aux effectifs actuels les 80 qui sont, à
toutes fins pratiques, presque engagés, nous atteindrons dès
juillet le nombre de 4290 membres.
Consciente des nouveaux besoins, la Sûreté du Québec
a entrepris des démarches avec l'Institut de police du Québec, de
façon à pouvoir obtenir des places additionnelles. Ces places
nous ont été accordées, ce qui nous permettra de former
des contingents de 35 candidats en août, 35 en septembre et 50 d'octobre
à décembre.
Pour votre information, habituellement, nous sommes limités
à 25 candidats par contingent. C'est donc dire que nous atteindrons 4410
membres avant la fin de l'année 1977. Comme nous prévoyons
environ 75 départs au cours de l'année, nous aurons donc un total
de 4335 membres, sur une possibilité de 4350.
Soulignons également que nous avons présentement
au-delà de 1000 dossiers de candidature à l'étude et,
selon notre taux de succès, on pourrait accepter plus de 150 candidats.
Ces futurs membres formeront les contingents devant entrer à l'Institut
de police du Québec à compter du mois d'août 1977.
Si on continue de recruter à ce rythme, nous devrons cesser
complètement nos opérations de recrutement dès le mois de
décembre. On peut donc conclure que le recrutement fonctionne mieux que
jamais et, conscients que nous sommes des exigences de la fonction de policier
en matière de sécurité, il n'y a présentement
aucune nécessité de diminuer, de quelque façon que ce
soit, les critères de sélection.
La deuxième partie de mon exposé, M. le Président,
concerne les mouvements de personnel à la Sûreté du
Québec. Nous avons essayé de faire la moyenne pour ce qui
était de l'année 1976, et du 1er janvier 1977 au 1er avril
1977.
Etant donné que la Sûreté du Québec a la
mission d'accomplir le travail de police sur tout le territoire du
Québec, nous sommes dans l'obligation d'effectuer chaque année
plusieurs mouvements de personnel. Ces mouvements tiennent compte des besoins
et de la nécessité du service et, ainsi, peuvent fluctuer d'une
année à l'autre.
Nous avons discuté avec l'Association, il y a quelques
années, un mécanisme de placement qui prévoit toutes les
modalités de fonctionnement de tous les mouvements de personnel. En
résumé, cette politique indique que la mobilité est
essentielle au développement du membre et que celui-ci doit s'attendre
à être transféré ou muté au cours de sa
carrière.
M. le Président, pour s'entendre au niveau de la terminologie, un
transfert, pour nous veut dire un mouvement de personnel qui implique un
déménagement, un changement de résidence. Une mutation
n'implique pas de changement de résidence, mais un changement de poste,
un changement de travail, et un changement d'affectation. C'est simplement un
nouveau titre ou une promotion, des choses comme celles-là, mais qui ne
nécessitent ni déménagement, ni changement de
résidence.
Les transferts sont obligatoires durant les sept premières
années de service et le sont, par la suite, selon certaines conditions,
à l'occasion de promotions. Dans les autres cas, la Sûreté
doit tenir compte de l'ancienneté du membre et lui indiquer les raisons
de son transfert.
La politique prévoit également que le membre puisse
demander lui-même un transfert. Depuis quelque temps, la grosse
majorité des transferts que nous avons eu à effectuer l'ont
été à la demande des membres eux-mêmes.
En fait, ce qu'on essaie de faire, à ce moment, c'est de
concilier l'intérêt de la Sûreté avec celui des
individus concernés. De plus, la Sûreté, consciente du
bien-être de ses membres, se doit de relocaliser dans des endroits plus
favorisés ceux qui ont effectué un séjour dans des postes
isolés ou éloignés. Par exemple, ceux qui sont
transférés sur une base volontaire dans les postes isolés
tels que La Baleine, Fort-Chimo, Radisson, Fermont, le sont, règle
générale, pour deux ans. Après deux ans, il faut les
ramener dans des endroits plus appropriés.
La politique de placement permet aussi aux membres d'accéder
à certaines fonctions administratives ou spécialisées par
voie de communiqués, d'ordres de service. Par exemple, s'il y a un des
postes disponibles à la direction du personnel et des communications, on
procède par affichage et tous les candidats intéressés qui
répondent aux critères de base sont appelés à
passer des entrevues et on procède ainsi à la sélection.
C'est ce qu'on fait dans la plupart des directions administratives ou plus
spécialisées.
Enfin, il nous faut affecter périodiquement, et ce chaque fois
qu'un contingent nouveau sort de l'Institut de police du Québec, tous
les nouveaux policiers, ce qui nous amène au nombre de mouvements
suivants: en 1976, nous avons effectué 898 mouvements de personnel
répartis comme suit: 399 mutations, sans changement de résidence;
355 membres actifs ont été mutés ainsi que 44
diplômés de l'Institut de police du Québec. Au niveau des
transferts, nous en avons eu 499, c'est-à-dire 359 membres actifs et 140
diplômés de l'Institut de police.
En 1977, bien que la politique prévoie qu'à moins de
circonstances particulières les transferts ont lieu entre le 1er juillet
et le 1er septembre d'une année, nous avons, au 1er avril
effectué 176 mouvements de personnel et cela surtout pour tenir compte
des exigences de l'introduction de la semaine modifiée de quatre
jours.
Comme on vous l'a dit hier, on procédait avant le 3 avril avec
une moyenne de quatre relè-
ves. Maintenant, il faut passer du multiple de quatre au multiple de
cinq. Il a donc fallu compléter le cinquième homme pour chaque
relève dans plusieurs unités, tout en respectant le choix des
membres, parce qu'il faut dire que, dans les mouvements qui ont eu lieu depuis
janvier, au-delà de 80% l'ont été à la demande des
individus concernés.
Nombre de mutations: 100 mutations, 97 membres actifs, 3
diplômés de l'Institut de police et 76 transferts, soit 57 membres
actifs et 20 diplômés de l'Institut de police. Il serait donc faux
de prétendre que la Sûreté n'a pas prévu une
nouvelle répartition des effectifs, concernant la mise en vigueur de la
semaine de quatre jours le 3 avril. En fait, nous avons commencé
à planifier des effectifs et à les répartir dans les 107
postes de la province dès le mois de septembre 1976. D'autres mouvements
seront requis au cours de l'été en ayant à l'esprit tout
le temps les mêmes objectifs. Les deux principales raisons que nous
invoquons pour ne pas avoir à compléter tous ces transferts plus
tôt, sont que nous avons dû respecter, dans la mesure du possible,
la politique qui prévoit que les transferts ont lieu
l'été, donc donner une chance aux membres qui sont mariés,
qui ont des enfants à l'école, de ne pas les transférer en
février, mars ou avril, et ensuite, une raison qui est bien
évidente pour tout le monde, on n'avait plus d'argent. Le budget est
épuisé pour l'exercice financier de 1976/77.
En passant, si on parle des transferts, le coût moyen d'un
transfert, le coût que nous utilisons pour établir notre budget,
est de $2500 par individu. Je ne compte pas les maisons mobiles où il
n'est pas rare un coût de $4000, $5000, $6000 pour un transfert. Cette
année, pour votre information, nous avons $1 million. Le million sera
réparti; étant donné que nous sommes dans une année
de promotion, il est évident qu'avec l'argent qu'on a à notre
disposition, nous allons d'abord faire les transferts qui sont reliés
aux promotions et nous irons en descendant, jusqu'à ce que nous
puissions respecter le choix que des individus ont exprimé l'automne
dernier.
Pour terminer, dans le dernier exposé, nous allons parler de la
médecine préventive. Hier, le directeur, dans son propre
exposé, a mentionné qu'il existait quand même plusieurs
politiques concernant la sécurité au travail. Tout d'abord, si on
reprend cela rapidement, lorsque nous sélectionnons les nouveaux
candidats, ces gens doivent répondre à des exigences
précises en termes de condition physique, mentale et de
personnalité.
Ensuite, ces candidats, quand ils sont passés à travers
l'étape... En passant, on en avait à peu près un sur dix
qui réussissait à traverser tout le processus de sélection
à compter du moment où il pose sa candidature à aller
jusqu'au moment où on l'accepte. Avec les modifications qu'on fait, on
pense réduire ce rapport à un sur six ou à un sur sept.
Ensuite, ces gens sont dirigés vers le cours de base à l'Institut
de police où on leur enseigne toutes les techniques de police,
techniques d'interception, tout ce qu'ils doivent faire pour proté- ger
leur sécurité et la sécurité des gens qui les
entourent.
Une fois qu'ils ont passé à travers le cours qui dure 20
semaines à l'Institut de police, tout au long de leur carrière,
nos policiers doivent suivre des cours de recyclage où on revient, de
façon périodique, sur toutes les techniques, les
procédures, les pratiques que ces gens doivent employer à
l'occasion de leur travail de police. De plus, nous leur fournissons de
l'équipement. On a vu rapidement, hier, le système de
communication qui est mis à la disposition des membres dans chaque
véhicule automobile. Il y a aussi pas mal d'équipement qui
concerne la sécurité et, finalement, à titre individuel,
en plus de son revolver, le policier a également différents types
d'équipement qui peuvent le protéger.
En plus, il existe des directives, des politiques et des
communiqués qui rappellent constamment à nos membres ce qu'ils
doivent faire dans telle ou telle circonstance, lors de différents types
d'interventions. Nous leur rappelons aussi ces choses
régulièrement par le biais de la revue de la Sûreté.
En plus, l'aspect que nous avons négligé hier, mais qui vaut la
peine d'être mentionné, c'est l'aspect de la médecine
préventive.
Dans le contexte global de la sécurité au travail, la
Sûreté du Québec accorde une attention particulière
au bien-être physique et mental de ses membres. Il est donc opportun de
mentionner que la Sûreté est présentement l'organisme
gouvernemental qui fait le plus, en termes de médecine individuelle et
préventive, pour ses employés. Nous sommes, en effet, le seul
organisme ayant un centre médical structuré avec un
médecin-chef et une infirmière à temps plein, en plus d'un
médecin attitré au niveau de chaque district.
Le centre médical relève de la direction du personnel et
des communications et a pour mission générale de voir à ce
que l'engagement des nouveaux membres soit fait selon les normes
médicales énoncées dans le règlement no 7 de la Loi
de police et, ensuite, dans un deuxième temps, de s'assurer que les
membres de la Sûreté demeurent dans une condition physique et
mentale satisfaisante tout au cours de leur carrière.
A cet effet, nous avons mis sur pied des programmes de protection, en
accordant d'abord la priorité aux fonctions qui nous semblaient les plus
exposées. La section des explosifs, entre autres; ces gens sont soumis
à des radiations fréquentes; donc, il faut calculer, sur un terme
mensuel, je pense, le degré de radiation et s'assurer que personne n'est
atteint.
Les moniteurs de tir, à cause du plomb, éviter les cas de
saturnisme; plongée sous-marine, question cardiaque, question de
l'ouïe également, les groupes tactiques d'intervention, s'assurer
d'une condition physique maximale, les moniteurs de conduite, unités
d'urgence permanente, les unités de filature, les escortes
spéciales et le groupe des incendies criminels.
Tous ces gens sont suivis de façon régulière par
des examens médicaux complets. De plus, le centre médical
procède par demande individuelle
du personnel dans le cas où les membres viennent nous demander
des conseils pour leurs besoins en spécialistes, radiographie, etc.
De plus, à partir du début du mois de mai
dès la semaine prochaine compte tenu des ressources
financières qui ont été mises à notre disposition
entre autres, nous avions demandé $150 000 on nous a
accordé $75 000 la Sûreté commencera un programme
complet d'examen médical périodique pour tous ses
employés-cadres et pour tous ses membres âgés de plus de 40
ans.
Cet examen est établi pour permettre au plus grand nombre de
membres possible de suivre les cours de conditionnement physique. Des montants
d'argent seront prévus, entre autres, à même les $75 000,
pour permettre à plus de membres d'aller dans des centres pour se
conditionner physiquement.
Présentement, seuls les membres faisant partie des unités
d'urgence permanente bénéficient de tels programmes. Nous croyons
que les policiers, à cause de leurs fonctions et de leurs
responsabilités, devraient avoir une forme physique supérieure
à la moyenne de la population.
Une bonne condition physique permet une meilleure relaxation, la
prévention de l'obésité, la diminution du taux
d'absentéisme pour maladie et blessures, la diminution du stress, la
diminution des maladies cardio-vasculaires, des effets bénéfiques
sur la santé physique et mentale, l'assurance d'une protection accrue
vis-à-vis d'une certaine forme de blessure et une augmentation de la
capacité de résistance pour certaines exigences du travail.
De plus, nous pouvons dire que si nos membres étaient en
meilleure condition physique, l'image de la police auprès de la
population ne pourrait être qu'améliorée.
Troisièmement, avec ces mêmes sommes d'argent, nous
engagerons cette année un spécialiste, un professionnel, un
psychologue qui devra établir le profil du policier avec les
problèmes auxquels il a à faire face
généralement.
Il y a différentes études qui ont été
publiées aux Etats-Unis et même ici au Canada qui
démontrent que le policier, de par sa fonction, est susceptible de faire
face à plus de stress et à plus de tension.
Bien que l'accent semble avoir été mis en premier lieu au
niveau de la santé physique, il est évident que nous ne pouvons
nous permettre de négliger l'aspect mental ou l'aspect psychologique.
Nous allons donner à ce professionnel quelques paramètres pour
établir son profil, entre autres la tension et le stress qui sont
inhérents à la fonction policière, les cas de
dépression nerveuse, d'alcoolisme, de problèmes financiers et
familiaux, de maladies cardiaques et finalement les cas de suicide. Pour ce qui
a trait aux cas de suicide, comme on en a parlé la semaine
dernière, j'aimerais ouvrir une parenthèse. Depuis 1973, la
Sûreté a eu à déplorer neuf cas de suicide, mais il
est évident, quand on regarde chacun des cas, qu'il ne sont
reliés ni directement ni indirectement au dé- bat qui nous occupe
aujourd'hui. En effet, seulement deux des neuf policiers étaient
affectés à la patrouille, quatre oeuvraient au sein
d'unités purement administratives, un était enquêteur dans
un bureau d'enquêtes criminelles en province, un autre était
affecté à l'unité d'urgence, tandis que le dernier sortait
directement de l'Institut de police de Nicolet et n'avait jamais eu l'occasion
de faire même une minute de police.
L'étude mentionnée plus haut, celle qui devrait être
faite par le psychologue, se devrait d'être factuelle et pratique pour en
arriver à définir des moyens de prévention, de
dépistage et de réhabilitation sous forme d'actions
précises devant être prises par la Sûreté.
Il y a d'autres politiques qui sont également à
l'étude présentement, notamment une sur la réhabilitation
en matière d'alcoolisme. Le médecin-chef y travaille
actuellement. Cette politique comprendra les moyens de dépistage et une
évaluation du rôle de chacun des gestionnaires et ensuite toutes
les méthodes qui seront mises à la disposition de nos membres
pour les aider à se réhabiliter. Une deuxième politique
est en train d'être complétée, elle concerne le retour au
travail plus hâtif ou la réinsertion en milieu de travail des
employés handicapés. Cette étude nécessite
l'identification des postes de travail qui demandent peu ou pas d'exigences
physiques particulières. On doit informer également les
gestionnaires qui seront susceptibles de recevoir de tels employés et
aussi les conditions et les moyens qui faciliteront leur réinsertion en
milieu de travail. Il apparaît donc évident, M. le
Président, que la Sûreté n'hésite pas à
mettre en place tous les mécanismes et ce, compte tenu de son budget,
pour s'assurer que ses policiers puissent assumer leurs responsabilités
dans les meilleures conditions possibles. L'existence d'un centre
médical avec un médecin à plein temps est relativement
récente et déjà vous pouvez constater que plusieurs
projets sont en marche et que d'autres le seront sous peu. La
Sûreté ne peut jamais oublier que ses membres sont sa principale
ressource, 85% du budget, grosso modo.
Merci, M. le Président.
M. Beaudoin: M. le Président, comme deuxième
partie, ce matin, à notre présentation, j'aimerais vous
présenter le directeur général adjoint aux
opérations, M. Robert Turpin, qui est à ma gauche et qui, au
cours des 30 prochaines minutes, vous parlera de l'efficacité du
travail, de même que des goûts du patrouilleur.
M. Turpin (Robert): Merci, M. le directeur. M. le
Président, MM. les membres de la commission, on vous a remis une liasse
de documents, jusqu'à maintenant, ou on vous les remettra tantôt.
Ils sont à la photocopie présentement.
Nous traiterons en particulier de l'officier et de son efficacité
au travail. Je voudrais d'abord répondre un peu à une question
posée la semaine dernière concernant les goûts du
patrouilleur. Pourquoi le patrouilleur lui-même insiste-t-il pour
travailler à deux plutôt que seul? D'abord, il y a une
dimension humaine à cette question. Je pense qu'il faut les comprendre.
Quand on a un long voyage à effectuer, ou à voyager de longues
heures, je pense bien que chacun de nous aime mieux être
accompagné d'un autre, question de meubler le temps et d'éviter
la solitude.
Encore faut-il que la personne avec qui nous voyageons soit de
caractère compatible. Certains préfèrent voyager à
deux, un très grand nombre préfèrent voyager seuls.
Même aujourd'hui, avec l'application du communiqué du 12 avril
dernier, les informations qui nous viennent d'un peu partout en province disent
que certains policiers préféreraient de beaucoup travailler
seuls, malgré les revendications, la question de sécurité
au travail.
Le travail de patrouille a certainement ses moments ennuyeux, les jours
de semaine, le soir, la nuit, les routes de campagne; il n'y a personne
à qui parler, rien à faire que de surveiller les routes et
peut-être intercepter un véhicule de temps à autre. A
d'autres moments, évidemment, le travail de police devient ennuyeux,
obligation d'arraisonner un conducteur en état
d'ébriété, de le conduire à l'ivressomètre,
de remiser son véhicule, de remplir six ou sept formules. C'est
évident que partager ce travail à deux est plus
intéressant que de le faire tout seul.
Evidemment, l'interception d'un véhicule dans les cas de
facultés affaiblies peut comporter certains problèmes
d'agencement, dont le fait de conduire le bonhomme au poste et, en même
temps, de libérer la route de son véhicule. C'est évident
aussi que, lorsqu'on est seul, l'approche du citoyen est différente. Il
faut être plus vigilant, il faut appliquer les normes de
sécurité. C'est évident aussi, à mon avis, que
lorsqu'on est deux, on y va un peu plus rondement.
La question qu'il faut véritablement se poser sur la patrouille
à deux, c'est si c'est plus sécuritaire, plus efficace et
nécessaire. Les prévisions au contrat de travail stipulaient
déjà, avant le conflit, que les patrouilles devaient être
jumelées entre 20 heures et 6 heures, lorsque possible.
Cette prévision a été acceptée dès
1973 par la partie patronale parce qu'il avait été établi,
superficiellement du moins, que ces heures comportaient un certain risque
accru.
Cette période de vingt heures à six heures fut
prolongée pour s'étendre durant la troisième et la
première relève, c'est-à-dire, normalement, de quinze
heures à sept heures du matin, ou huit heures pour celui qui termine la
relève de nuit, pour les mêmes raisons. Cette mesure fut mise en
vigueur dès le 12 avril dernier.
A l'étude de la documentation qui vous a été
présentée, vous avez été à même de
constater qu'effectivement, certains événements comportant un
risque accru se produisaient durant ces heures. Cependant, au cours d'une
année, si on prend le contenu du volume brun qui vous a
été présenté, sur les 35 000 dossiers
d'enquête, sur les 150 000 pièces de procédure incluant les
mandats, les avis de cour et les retraits de permis, sur les 600 000
contraventions qui ont été dressées au cours de
l'année, sur les 60 000 accidents couverts, sur en- viron un million de
vérifications de routine, moins de 1% ont comporté un certain
affrontement avec les policiers. Quand on parle d'affrontement, c'est de deux
ordres. L'arrestation d'un citoyen pour entrave au travail de police ne
comporte pas nécessairement un affrontement physique, mais surtout un
affrontement verbal. Il y a aussi les quelques cas où le policier s'est
vu aux prises avec l'individu qui refusait d'obtempérer aux instructions
qu'il recevait.
Dans 60% de l'ensemble de ces cas, les policiers étaient
jumelés et, dans plus de 80% du 1% mentionné plus haut, le
policier s'en est sorti indemne, c'est-à-dire sans blessure. A
l'étude de ces cas, on constate aussi que les normes de
sécurité prescrites n'ont pas été, dans l'ensemble,
toujours suivies. La solution à ce problème est-elle le jumelage
des patrouilles ou la formation? Peut-on penser que l'automobiliste qui circule
sur les routes et se voit intercepté pour une vérification de
routine, une contravention ou un mandat comportant une amende ou même
l'emprisonnement, le petit voleur de chalet pris en flagrant délit,
est-ce qu'on peut penser que ces gens tenteront de se disculper en affrontant
la police et, ce faisant, en risquant l'emprisonnement à vie?
Lors de l'examen des faits et du fonctionnement de la
Sûreté, nous nous sommes demandé s'il était plus
dangereux pour le policier que pour le citoyen de circuler dans des endroits
isolés. Par exemple, Grande-Vallée, qu'on a mentionnée
à plusieurs reprises, un autre endroit peut-être, le parc de La
Vérendrye, le parc des Laurentides. Nous en avons évidemment
conclu que le policier circulait justement pour pouvoir surveiller et secourir
les gens et que, pour ce faire, il était muni d'un véhicule
équipé d'une signalisation efficace, qu'il était en
constante communication avec son poste ou avec sa section ou son district et
relié directement avec les autres véhicules de faction.
Il y a cependant deux points importants qui ont attiré notre
attention. Par exemple, les communications radio. Depuis les modifications qui
ont été faites au cours de l'année 1975 à notre
système radio, le citoyen qui appelle à son poste local, en
dehors des heures normales de bureau, se verra répondre par la section,
dans les districts de Montréal et de Québec, ou par le district,
dans les autres districts.
Il y a deux questions à ce sujet. Premièrement, la
dimension confidentielle, parce qu'on sait qu'aujourd'hui, les ondes radio des
corps policiers sont suffisamment écoutées par un peu tout le
monde. Vous achetez un petit appareil de $42 et vous prenez toutes les ondes
radio. Le seul problème, heureux pour nous, c'est que vous ne pouvez pas
intervenir.
Il y a la dimension confidentielle, pour éviter que le citoyen du
rang 4, du village en arrière, qui appelle pour dire que le voisin vient
de partir avec sa voiture et qu'il est plein jusqu'en haut des oreilles, soit
identifié vis-à-vis de la population. Cela lui éviterait
de recevoir des menaces ou éviterait des circonstances peu
intéressantes. La dimension confidentielle était importante.
Il y a aussi la question du filtrage des appels
où un certain nombre d'appels qui sont reçus au poste
peuvent être réglés par l'opérateur lui-même.
Il y a aussi des occasions où on a besoin, par exemple, d'une remorque,
d'une ambulance ou des choses comme cela. L'opérateur, à ce
moment, peut, à même ces installations de radio et de
téléphone, communiquer directement dans le territoire du poste
pour intervenir.
Il y a aussi l'autre particularité que, dans des cas où
les policiers sont déjà occupés sur la route ou en dehors
des ondes ou à quelque chose d'urgent, l'opérateur doit choisir
d'établir la priorité de la réponse aux appels.
Evidemment, l'autre dimension, c'est l'aiguillage des communications
avec les corps policiers municipaux, parce que chacun de nos districts est
doté d'une installation du réseau de la protection civile qui
donne accès aux communications radio des corps policiers municipaux. Par
exemple, le déclenchement de l'opération 100. L'appel est
lancé sur les ondes à tous les postes de la Sûreté
concernés et, en même temps, sur les ondes radio des corps
policiers municipaux. Cela active la circulation des appels et des
communications radio.
On dit que, dans nos postes de section et de district, ce sont des
opérateurs civils. Nous avons changé la classification du
personnel depuis environ un an. Nous avons présentement la
classification de préposés aux télécommunications
principales. Ce changement a été fait dans le but d'obtenir un
personnel plus facile à former pour des choses techniques, comme
l'opération du terminal du CRPQ et nos propres communications radio.
Quant au filtrage des appels, c'est évident que, dans ses
débuts, le préposé aux télécommunications,
employé civil, ne connaît pas ou connaît moins le
fonctionnement de la police et peut aussi moins bien établir les
priorités des appels. C'est peut-être quelque chose que nous
devrons regarder dans un avenir très prochain. Cependant, il est aussi
accompagné d'un policier qui a la fonction d'agent de service,
c'est-à-dire qui s'occupe plutôt des questions policières
sur place et qui effectue les tests d'ivressomètre.
Généralement, le policier qui se voit
dépêcher sur le lieu d'un appel requerra de façon presque
péremptoire des renseignements quant à la nature de l'appel
auquel il doit répondre. Il veut évidemment savoir ce qu'il
rencontrera dans cette situation, en autant que possible.
Quant aux équipements radio dans les véhicules, notre
appareil radio est doté d'un combiné, un peu comme un appareil
téléphonique. L'avantage du combiné, c'est que, quand vous
circulez sur les routes l'été et que vous baissez vos vitres,
cela fait passablement de bruit, de sorte que vous n'entendez pas la
conversation radio à même le haut-parleur, mais il y a un signal
lumineux et le policier prendra le combiné qu'il applique à son
oreille et entendra la conversation plus facilement. C'est évident que
cela aussi, dans le contexte de notre problème actuel, devra être
regardé de près et je pense qu'il y a moyen d'améliorer
cet équipement pour que le policier soit obligé de moins se
déplacer en conduisant son véhicule. Un exemple de cela, j'ai vu
l'autre jour dans un taxi, par exemple, le haut-parleur disposé
au-dessus de la portière gauche et le chauffeur avait un microphone en
avant de lui. C'est peut-être une possibilité de solution.
Quant au déploiement des patrouilles pendant les heures de nuit,
en tenant pour acquis pour un instant que les patrouilles ne sont pas
jumelées, sera-t-il opportun de penser que les patrouilles devraient
être déployées pour permettre l'arrivée d'un
véhicule de support dans un laps de temps relativement court, là
où la situation criminogène l'indique. C'est un peu ce qu'on
s'est dit hier, et c'est un peu l'étude qu'on a faite du document de
Waterloo où les gestionnaires, à tous les niveaux, devraient
être informés d'une politique générale, de
façon qu'ils puissent prendre ces mesures eux-mêmes, compte tenu
de la situation, de la géographie du territoire et des paramètres
qui s'appliquent.
En définitive, nous croyons que l'application rigoureuse des
normes de sécurité, qu'une révision de la formation de
base, que des solutions aux deux problèmes mentionnés plus haut,
soit la radio et le déploiement, rendraient superflue l'application des
deux par véhicule et offriraient aux policiers de la Sûreté
du Québec des normes de sécurité accrue, ce qui aurait
pour effet d'assurer une meilleure couverture policière. En ce qui a
trait à l'efficacité du travail, nous allons affirmer, au
départ, pour les fins de la présente commission, qu'un
véhicule identifié, circulant sur les routes de la province,
effectue un travail préveritif, pour autant que les policiers conduisant
ce véhicule ont la réputation d'intervenir chaque fois qu'ils
constatent un événement qui mérite leur attention. Je
pense que la Sûreté du Québec s'est bâtie cette
réputation depuis bon nombre d'années. Conséquemment,
l'efficacité de la prévention est proportionnelle au nombre de
ses véhicules.
Le résultat de la prévention, pour autant que nous sommes
concernés, prouve l'efficacité de la présence
policière, puisqu'en moyenne, au cours des cinq dernières
années, aucune augmentation de la criminalité n'a
été constatée sur les territoires que nous desservons et
que le taux de solution de la criminalité a augmenté
annuellement. Pour l'année 1976, nous avons atteint le pourcentage de
35,9% de taux de solution, ce qui, je pense, est de beaucoup supérieur
à la moyenne au Canada. Les patrouilleurs de la Sûreté du
Québec sont stylés pour accomplir un travail très
diversifié, contrairement à la compartimentation des fonctions
que connaissent certaines autres organisations policières. On sait que
dans certaines organisations policières, par exemple, les tâches
sont très définies, très compartimentées, elles
sont syndiquées. L'officier qui est aux prises avec le problème
de déploiement du personnel, si dans une catégorie de policiers,
il manque du personnel, il aura de gros problèmes. Le fonctionnement
d'un poste est différent, c'est-à-dire que tous les policiers
à leur poste, sont susceptibles, à certains moments, de faire du
travail de patrouille, du travail d'enquête,
ou d'autres catégories de travail comme la signification de
"pièces de procédure" et des choses comme cela. Ils sont aussi
susceptibles d'être ajoutés à l'unité d'urgence pour
un événement donné, de faire de la prévention de
crime ainsi que de la prévention d'accidents. Alors, le travail est
très diversifié.
Nous considérons qu'un poste forme une équipe pour couvrir
un territoire donné. Devant les faits mentionnés plus haut, nous
affirmons que l'orientation prise par la Sûreté du Québec
en 1971, celle de donner une action marquée à la
prévention en général, s'est développée
progressivement et connaît une efficacité respectable. Avant le 12
avril 1977, la Sûreté du Québec avait un total de 324
véhicules de patrouille de 6 heures à 20 heures,
c'est-à-dire 6 heures, le matin, à 20 heures, de façon
constante sur l'ensemble du territoire que nous desservons. Entre 20 heures et
6 heures, compte tenu que la patrouille était jumelée, lorsque
c'était possible, la Sûreté du Québec avait 189
véhicules de patrouille de faction. Depuis le 12 avril 1977, pour la
période de jour, la Sûreté du Québec a toujours 324
véhicules de patrouille, mais, cependant, depuis l'application du
communiqué du 12 avril, elle a 135 véhicules de faction le soir
et là nuit.
Je pense que si on vous a remis la documentation, vous trouverez un
tableau là-dessus. Ces nombres ne tiennent pas compte de certaines
absences incontrôlables, telles que le calendrier des vacances annuelles,
les congés de maladie, les congés sociaux qu'on ne peut planifier
à l'avance et les cas d'absence pour des raisons humanitaires. C'est
évident que les chiffres que je vous ai donnés et qui
apparaîtront au tableau sont les chiffres réels pour autant que
les transferts de personnel seront complétés d'ici quelques
semaines.
Si l'on tient compte de l'ensemble du territoire des postes
reliés au réseau routier de la province, nous avons un total de
274 secteurs de patrouille et, idéalement, notre déploiement
devait être d'un minimum de deux véhicules par secteur, soit
548.
Les 324 véhicules de patrouille que nous avons pendant la
période de jour et qui ont prouvé leur efficacité durant
les derniers cinq ans amènent l'assignation de 1620 patrouilleurs. Si la
Sûreté devait s'engager à jumeler toutes ses patrouilles
pour avoir le même nombre de véhicules et donc la même
efficacité, il faudrait 3240 patrouilleurs, c'est-à-dire
exactement le double.
La possibilité de fermeture de postes ne résout en rien ce
problème et ce, malgré les explications données, puisque
les mêmes territoires doivent être couverts. Fusionner des postes,
ne veut évidemment pas dire de libérer du personnel, parce que le
même territoire doit être couvert. Le seul avantage que ça
donne, le problème de fusionnement des postes peut être
rationalisé dans le sens de regroupement d'effectifs. Un poste plus
nombreux acquiert une meilleure diponibilité de personnel pour un
événement imprévu, un encadrement plus constant de
sous-officiers et de personnel de support civil, des communications
ininterrompues, c'est-à-dire que, à ce moment-là, quand
vous avez un poste plus nombreux, vous avez des gens qui s'occupent des
communications sur une période de 24 heures. Il est
généralement situé dans une localité plus populeuse
avec, conséquemment, de meilleurs services sociaux à nos membres.
Il est cependant important de répéter que les mêmes
effectifs sont requis pour couvrir le même territoire. On a l'exemple du
poste de Saint-Siméon, qui a été fermé au cours de
l'automne dernier. Nous avions dit aux gens de Saint-Siméon nous
les en avons assurés qu'ils auraient la même couverture
policière. Effectivement, nous avons gardé le même
personnel à La Malbaie et, aujourd'hui, le territoire de
Saint-Siméon est couvert de la même façon et probablement
mieux qu'il était du temps où le poste de Saint-Siméon
était ouvert, parce que le poste de Saint-Siméon avait
évidemment un personnel minimal, c'est-à-dire un total de dix
patrouilleurs. Il pouvait en avoir deux en devoir à la fois pour couvrir
la période de nuit. Si vous avez un homme malade, comme disait la
nomenclature que nous a donnée M. Beaudoin hier, à certains
moments, il n'y a plus grand monde en devoir. La Malbaie ayant un personnel
plus important, cela donne une plus grande disponibilité et on peut
s'assurer en tout temps que le territoire du poste de Saint-Siméon sera
couvert.
C'est évident que cela a été un sujet fort
impopulaire auprès de la population locale, auprès des
dignitaires et même auprès des élus du peuple. Mais on a
admis également que la patrouille jumelée, avec les mêmes
effectifs, avait une efficacité accrue. Si, par exemple, vous avez dans
le territoire d'un poste deux patrouilleurs en devoir qui circulent chacun dans
leur véhicule et dont chacun est évidemment affecté
à un secteur de patrouille. Chacun d'eux a un certain travail à
effectuer en matière de signification de pièces de
procédure. Or, au cours de la relève, l'un d'eux doit s'occuper
d'un accident assez important et reviendra vraisemblablement à son
unité à la fin de sa relève, et le travail qu'il avait
planifié ne sera pas effectué, cependant que l'autre policier,
dans l'autre secteur, aura complété son travail. Si,
évidemment, il s'agissait d'un accident très grave,
nécessitant la présence de deux véhicules, ça
dérangera le confrère qui travaille dans l'autre secteur de
patrouille, mais il aura quand même un certain temps pour effectuer son
travail et le temps qu'il circule, il patrouille.
On a aussi mentionné qu'il était plus facile de couvrir un
accident majeur sur une route achalandée et qu'il est
préférable que deux véhicules soient assignés
à cette fonction. Cela double la signalisation et le deuxième
patrouilleur peut s'occuper du transport des blessés ou des morts ou du
remisage des véhicules et s'occuper des communications radio.
Evidemment, le patrouilleur de support aura été
libéré assez rapidement pour retourner dans son secteur et y
continuer sa patrouille.
Il faut également tenir compte que le nombre d'accidents majeurs
est d'environ 16% du nombre total d'accidents.
Le 12 avril 1977, la Sûreté du Québec publiait
une grille citant des cas majeurs où il était obligatoire
que les véhicules procédant à l'intervention soient
occupés par plus d'un membre. Ces instructions étaient
déjà contenues dans d'autres directives et nous n'avons fait que
renouveler la mémoire des membres ou centraliser dans un même
document les différentes facettes d'éléments de
sécurité au travail.
Nous incitions également les policiers à appliquer la
règle du 10-19 qui veut que le policier se rapporte pour donner sa
localisation au moment où il quitte les ondes. Nous leur renouvelions
également la mémoire quant à l'utilisation des fichiers
des personnes et des véhicules du centre de renseignements policiers du
Québec, ce qui donne l'avantage que le policier qui procède
à une intervention peut connaître les occupants, le
propriétaire du véhicule et toute personne recherchée ou
connue de la police.
Nous indiquions aussi qu'il était péremptoire de demander
de l'aide avant d'agir lorsque le policier s'amenait sur les lieux d'un
événement qui était susceptible de
dégénérer en violence. Cette disposition avait pour but de
faire penser et surtout de laisser au gestionnaire et au policier
lui-même l'initiative d'exercer son jugement.
Les commentaires entendus à cet effet semblent indiquer que cela
serait considéré comme un manque de courage que de ne pas agir
là où l'orgueil commandait une action directe, même si
cette action pouvait être considérée comme
téméraire.
J'accepte cette version qui veut que l'autre policier... Je
préfère cette version à celle qui dit que les policiers
agiront comme des touristes.
Dans la rationalisation d'un tel devoir, il arrive très souvent
que les policiers, étant sur place en très grand nombre et
suffisamment armés pour faire face à n'importe quelle situation,
vont décider de ne pas intervenir à la vue des bandits parce que
cette action pourrait mettre en péril la vie des gens avoisinant le
local concerné.
Le responsable du travail prévoira toujours un choix,
c'est-à-dire de laisser aller les suspects, quitte à choisir
l'endroit le plus propice pour procéder à l'interception.
Conséquemment, le policier qui s'amène sur les lieux d'un
tel événement doit agir dans un tel esprit et il en est de
même pour celui qui prend en chasse un véhicule, quelle que soit
l'offense reprochée, qui peut aller d'une conduite dangereuse à
un vol de véhicule ou à un crime majeur.
Même si deux policiers occupent le véhicule qui effectue la
poursuite, il est beaucoup plus rationnel de penser qu'on communiquera avec
d'autres véhicules qui s'affaireront à dresser un barrage de
routes a un endroit propice et moins dangereux pour procéder à
l'interception plutôt que de diriger des coups de feu à l'endroit
du véhicule en fuite et ainsi mettre en péril la vie du
conducteur du véhicule ou des autres usagers de la route ou des
occupants d'une maison en bordure de la route ou d'une rue.
En définitive, nous sommes profondément convaincus que la
patrouille jumelée ne peut s'ef- fectuer sans réduire le nombre
de véhicules en patrouille. La patrouille à un homme est aussi
efficace, compte tenu de la formation du policier, des méthodes de
sécurité au travail qu'il doit observer, des moyens techniques
que nous pouvons développer et du déploiement de ces
véhicules, surtout dans les régions à haute
fréquence de criminalité, pour s'assurer que l'assistance du
deuxième véhicule peut être obtenue dans un temps
raisonnable.
C'est la présentation que je désirais faire en
matière d'efficacité du travail. Je pense qu'il y a plusieurs
autres documents qui vous ont été remis à la même
occasion. Il y avait, par exemple, une liste qui se veut exhaustive quant aux
particularités de travail du patrouilleur et qui vous est remise pour
l'information, pour votre dossier ou au cas où vous voudriez des
précisions.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. Turpin. Pour la
bonne efficacité... Vouliez-vous ajouter quelque chose?
M. Beaudoin: Si vous permettez, j'aurais une autre personne
à faire entendre. Cela peut durer huit minutes. C'est dans le but
d'apporter un éclairage complet à la commission. Nous avons fait
entendre un représentant américain. Nous avons cru bon de faire
entendre un membre de la Police provinciale de l'Ontario, étant
donné qu'il y a une grande affinité entre sa mission et la
nôtre et nous avons cru, si on veut rester au Canada,
particulièrement au Québec, vous donner un éclairage
pan-canadien à savoir que l'autre corps policier qui s'acquitte de
missions semblables aux nôtres, c'est la Gendarmerie royale du Canada,
qui remplit le rôle de police provinciale dans huit provinces
canadiennes. A cet effet, après consultation avec le commissaire de la
Gendarmerie royale, on a bien voulu nous prêter les services de
l'inspecteur Pierre Lamarre, de la Gendarmerie royale du Canada, qui compte
seize ans d'expérience en tant que policier de la Gendarmerie. M.
Lamarre, qui est officier coordonnateur à la sous-division de
Québec, nous donnera un bref commentaire sur l'expérience de la
Gendarmerie royale en ce qui a trait à la sécurité au
travail, particulièrement les cas d'assassinat de policiers et, en plus,
la politique générale appliquée dans les huit provinces
canadiennes par ce corps policier qui s'acquitte d'une mission provinciale.
L'inspecteur Lamarre.
M. Lamarre (Pierre): Merci, M. le directeur. M. le
Président, MM. les membres de la commission, on vous a donné tout
à l'heure, je crois, des copies de nos directives concernant les
patrouilles seules ou jumelées. Vous avez un extrait qui est en
français. Malheureusement, ce n'est pas une version officielle, puisque
je l'ai traduite. Nous n'avons pas encore reçu de traduction officielle
du texte anglais qui vous a également été remis. La
directive opérationnelle concernant les patrouilles donne en fait le
pour et le contre des patrouilles simples et des patrouilles jumelées,
mais le tout est toujours laissé à la discrétion du
superviseur
immédiat, qui décidera s'il y a nécessité
d'avoir deux membres à bord d'un véhicule ou seulement un. Il est
toutefois fortement recommandé que, la nuit, les patrouilles se fassent
à deux membres. Je crois qu'il est inutile d'aller plus loin dans les
directives. Vous pourrez les lire vous-mêmes. On peut dire que,
présentement, notre corps policier a environ 13 000 membres
réguliers, dont au-delà de 60% sont affectés justement
à du travail provincial et également du travail municipal. Nous
desservons des villes d'assez grande importance telles que Burnaby, en
Colombie-Britannique, Surrey, avec des détachements de 200 à 300
membres. Les mêmes directives s'appliquent et le superviseur
immédiat est celui qui décide s'il y a nécessité
d'un ou deux membres à bord des véhicules.
Le laps de temps qui m'a été donné pour sortir des
statistiques était relativement court, mais j'ai pu tout de même
obtenir certains renseignements sur les 20 dernières années sur
des assassinats de policiers, de nos membres. J'ai trois membres qui ont
été tués alors qu'ils patrouillaient seuls sur les treize
cas qui m'ont été soumis. Il y a seulement trois membres qui ont
été tués lorsqu'ils patrouillaient seuls. Les meurtres ont
eu lieu à 7 h 45, 3 heures et 5 heures. Les autres furent abattus alors
qu'ils patrouillaient en compagnie d'un ou plusieurs confrères. Dans un
cas particulier, trois furent abattus lors du même incident et cela s'est
produit l'après-midi, deux autres furent abattus à 18 heures, un
abattu à 14 h 40, un autre abattu à 22 heures et les trois autres
membres qui ont été tués étaient accompagnés
lors de leur patrouille; je n'ai pas pu obtenir les détails pertinents
sur l'heure.
Comme je vous le disais tout à l'heure, malheureusement, je n'ai
pas pu obtenir plus de statistiques, mais je laisse toujours la porte ouverte,
si jamais la commission désire plus de détails. Cela prendrait
apparemment deux ou trois semaines pour obtenir tous les détails
pertinents. Mais je peux vous assurer que nous avons eu treize membres
tués depuis les vingt dernières années. Ce sont les
détails que j'ai présentement.
M. Bédard: Vous nous dites trois alors qu'ils
étaient seuls?
M. Lamarre: Sur les treize qui ont été tués,
seulement trois étaient en patrouille seuls.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. Lamarre.
M. Beaudoin: M. le Président, je ne voudrais pas bousculer
l'horaire que vous avez déjà établi, mais, hier, le
député d'Anjou avait posé une question, non? Il avait
posé une question tout simplement...
Le Président (M. Laplante): Ce à quoi on voudrait
en venir, surtout ce matin, pour l'efficacité de cette commission, c'est
de s'entendre pour avoir des questions courtes et claires, des répon-
ses courtes et claires, pour que chaque membre puisse poser un maximum de
questions. S'il y avait possibilité d'avoir cette coopération de
tous les membres, ce serait efficace. M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Vous savez, nous
avons quand même été assez conciliants en consentant hier
à ne pas poser de questions, en permettant ce matin de les retarder,
parce que la commission suspendra quand même ses travaux vers midi, suite
à une entente préalable des leaders.
De toute façon, on est disposé, quant à nous,
à prendre tout le temps et je pense qu'on a clairement indiqué
qu'on pouvait prendre tout le temps voulu par chacun des membres de la
commission pour poser les questions les plus pertinentes avant de se pencher
sur les voeux qu'on pourra formuler à l'assemblée.
M. le Président, je voulais tout d'abord remercier le directeur
général de la Sûreté du Québec du
mémoire qu'il nous a présenté hier. Je pense que ce
document est très complet. C'est un document qui nous donne des
informations très pertinentes. Quant à moi, si ma mémoire
est fidèle, je pense que c'est peut-être une des premières
occasions qu'on a d'échanger avec la Sûreté du
Québec sur ses orientations et ses préoccupations. Ce serait
peut-être amorcer la possibilité c'est un voeu que je
soumets entre autres au ministre à l'avenir de peut-être
rencontrer plus fréquemment les dirigeants de la Sûreté du
Québec pour voir avec eux comment va la chose policière au
Québec et échanger sur cette question combien importante de la
protection du public.
Au sujet de la protection du public, je dois faire remarquer, M. le
directeur général, que beaucoup a été fait, c'est
ce qu'on constate tout au moins à la lumière du mémoire
que vous nous avez présenté. Il y a eu beaucoup de fait à
ce chapitre depuis quelques années.
J'ai bien apprécié l'exposé que vous avez fait,
notamment quand vous avez parlé de l'escouade des crimes
économiques, des différentes opérations qui
entraînaient des particularités dans vos opérations, selon
les problèmes et les besoins régionaux.
Votre mémoire nous sensibilise au fait que vous vous
préoccupez de votre organisation, de votre structuration pour une
meilleure opération, visant ainsi à une meilleure protection du
public et à une meilleure protection de vos membres.
J'aurais quelques questions à poser, j'en ai cinq ou six. On
pourra de toute façon y revenir. Première question. A de
nombreuses reprises, on a fait part, soit de la part de l'association, soit de
la part d'intervenants qui ont comparu devant nous, que la question de la
patrouille comme telle avait été confirmée par des
décisions rendues par des arbitres, que c'était une chose
négociable, à l'intérieur de la négociation d'une
convention collective.
On n'a pas échangé beaucoup sur ce qui s'est fait avant le
problème qu'on connaît actuellement
au chapitre de la négociation sur cette question précise
de la patrouille à deux hommes, et j'aimerais avoir des commentaires de
la Sûreté, des dirigeants de la Sûreté. Depuis quand
la question de la patrouille à deux a-t-elle été
soulevée dans le cadre des négociations? Qu'est-ce qui s'est
fait? Est-ce qu'il y a des échanges d'informations aussi précis
que ceux dont on a été témoin ici à la commission
parlementaire et qui ont été formulés de part et d'autre,
par l'association et par la partie patronale?
En fait, pour nous éclairer davantage et pour nous montrer ce qui
a été fait de votre côté, si de tels échanges
ont eu lieu, pourquoi, d'après la Sûreté, le
problème a-t-il surgi avec autant d'acuité et pourquoi est-on
présentement à étudier ce problème, si c'est un
problème qui doit normalement être réglé à
l'intérieur d'une négociation de convention collective? C'est ma
première question, M. le directeur.
M. Beaudoin: M. le Président, M. le député
de Portneuf, vous permettez que je demande à M. Mi-chaud,
contrôleur général du personnel et des communications, dont
la fonction principale est les relations du travail et la négociation,
de répondre à votre question.
M. Michaud (Gilles): M. le Président, je suis
arrivé à la Sûreté du Québec en 1972; il
m'est donc impossible de répondre sur les négociations
antérieures, celles de 1969, entre autres, parce que le dernier contrat
avait une durée de cinq ans. Mais, ayant participé à la
négociation de 1973, c'est à ce moment que l'Association a fait
une demande pour qu'il y ait deux membres par véhicule. Dans le
processus de la négociation, on en est venu à la conclusion, avec
les données qu'on avait à ce moment-là, qui
n'étaient pas aussi complètes que celles qu'on vous a
présentées hier, que, dans les postes où le personnel en
temps régulier le permet, deux hommes par véhicules patrouillent
entre vingt heures et six heures le matin.
Le problème s'est posé dans certaines unités
à chiffre impair, par exemple, lorsqu'il y a trois patrouilleurs qui
patrouillent ou lorsqu'il y en a cinq. Ce qui arrivait dans ces postes, entre
vingt heures et six heures le matin, s'ils étaient trois, deux partaient
dans un véhicule et le troisième prenait également un
véhicule et patrouillait son secteur. En guise de négociations,
c'est ce qui s'est produit durant les derniers trois ans.
Le cas de Desfossés est survenu au mois de décembre l'an
dernier et, lorsque l'association nous a présenté ses demandes,
en décembre 1976, on avait une nouvelle demande de négociations
et la publicité qui avait été faite autour de cette
demande semblait vouloir dire que c'était la principale demande de la
négociation de la part de l'association, pour le contrat de travail qui
s'est terminé effectivement le 31 mars dernier.
On a ouvert les négociations, grosso modo, les membres nous ont
présenté leurs demandes en décembre, on a commencé
effectivement les négociations le 20 janvier 1976, on a établi un
ca- lendrier de négociations qui représentait à peu
près une journée par deux semaines et on s'est amené avec
cette situation jusqu'à ce que le cas Brabant nous arrive de plein fouet
dans le front. On est aux prises avec la situation telle qu'elle est
aujourd'hui.
M. Page: Si je comprends bien, en 1973, vous avez accepté
le principe de deux patrouilleurs par véhicule, entre vingt heures et
six heures, lorsque c'était possible, selon les effectifs qui vous sont
alloués, selon chacun des postes ou chacune des régions, c'est
par la suite, soit tout récemment, que vous avez statué de
façon assez définitive j'aimerais que cela me soit quand
même confirmé que, sur la relève de soir et de nuit,
il y ait tout le temps deux patrouilleurs par véhicule.
M. Michaud (Gilles): M. le Président, suite aux ententes
conclues avant que les membres soient dans l'illégalité à
Drummondville, le ministre avait proposé que, sur les deux
relèves, la relève de soir et la relève de nuit, il y ait
obligatoirement deux membres par véhicule.
M. Page: Cela répond à ma question. D'ailleurs, je
ne veux pas aller plus loin, parce que je ne pense pas que ce soit le
rôle de la commission d'entrer dans la négociation comme
telle.
Vous avez fait état du nombre de policiers que vous aviez chez
vous. C'était 4200...
M. Michaud (Gilles): 4210.
M. Page: 4210, dont 2855 sont affectés à la
patrouille, et que vous aviez 1400 véhicules.
Dans votre mémoire d'hier, vous avez fait état des trois
activités principales des policiers de la Sûreté, les
activités relevant du Code criminel, du Code de la route et les
activités diverses.
Au chapitre des activités diverses, on constate une foule de
choses qui sont faites par les policiers, qui pourraient, à prime abord,
c'est la constatation que j'ai faite, être exécutées par
d'autres personnes que des policiers. On remarque entre autres une foule de
choses, il y a eu 125 000 pièces de procédure qui ont
été délivrées à des contribuables, on a
parlé du régulateur M. Turpin a fait état
tantôt que, possiblement, la personne qui pourrait occuper ce poste
pourrait éventuellement être un travailleur civil, plutôt
qu'un policier à l'intérieur des postes, il y a toute une
gamme d'activités qu'on pourrait qualifier d'administratives, mais c'est
là-dessus que j'aimerais avoir vos commentaires tout à
l'heure.
Quand on regarde les milliers d'avis de 48 heures qui ont
été distribués pour des réparations
mécaniques ou techniques d'automobiles, le citoyen qui se fait
arrêter, parce qu'il a un feu arrière qui ne fonctionne, pas, doit
quand même se rendre, par la suite, dans un poste de la
Sûreté du Québec, faire vérifier le tout et recevoir
un genre de certificat de libération disant: C'est correct, il n'y a pas
d'infraction. Vous avez pallié cela.
Il y a toute la question de l'identité judiciaire,
les empreintes, les photos, etc. Il y a aussi le pourcentage
appréciable du travail effectué par le policier qui s'occupe de
la vérification mécanique. Vous avez fait état que ce
travail était surtout effectué le matin, à une
période creuse de la journée. Je veux vous demander, M. le
directeur: Est-ce que vous avez fait des études sur la
possibilité que des fonctions comme celles-là soient remplies par
des personnes autres que les policiers, ce qui vous permettrait peut-être
de libérer un nombre important de policiers pour les affecter à
la patrouille? Cela pourrait comporter une économie assez
appréciable, dans le sens que cela éviterait d'avoir une
augmentation de personnel trop élevée.
M. Beaudoin: M. le Président, pour répondre, je
vais essayer de faire une réponse aussi globale que possible, parce que
la question est assez complexe. Si on regarde, effectivement, quand on prend
chacune des activités individuelles, on est porté à croire
qu'elles pourraient être accomplies par d'autres personnes, mais la
fonction policière, j'ai, maintes fois, eu l'occasion de la comparer un
peu à la médecine, à la médecine
générale, à savoir que c'est une approche globale.
Quand on place notre policier sur la route, sa fonction première
n'est pas uniquement de faire des rapports d'infraction, c'est également
de relever les plaintes qui sont survenues au cours de la nuit, de couvrir des
accidents et de travailler aux endroits où ils sont le plus communs, le
plus fréquents et qui découlent, la majeure partie du temps,
d'infractions au Code de la route.
Vous remarquez que la prévention, en matière de
sécurité routière, rejoint la prévention en
matière de criminalité, d'une part, et cela rejoint aussi le
principe que je vous avais énoncé de présence
policière.
Quant aux avis de 48 heures, c'est un à-côté ou
c'est une partie de l'ensemble. Vous savez, quand j'ai l'occasion de donner des
conférences pour faire connaître le rôle de la
Sûreté, j'ai toujours l'habitude de dire: Le policier, il y a des
occasions où ses interventions sont négatives, par exemple, pour
vous donner une contravention pour vitesse. Mais, par contre, lorsque vous avez
des problèmes avec votre voiture sur la route, c'est une occasion
positive.
Par contre, lorsqu'on vous intercepte, l'après-midi, et qu'on
vous dit: M. Pagé, nous sommes actuellement à faire la
vérification préventive des véhicules de façon
qu'on ait sur la route des véhicules en meilleure condition possible
pour prévenir les accidents. Vous seriez surpris de voir surtout les
gens de la campagne, étant donné que nous sommes une police, un
peu, de la campagne, venir et, suite à notre vérification
visuelle, se faire presque un point d'honneur d'apposer leur collant...
consécutivement, chaque année...
Il y a des "pièces de procédure" qui sont faites par un
huissier, par des huissiers. D'ailleurs, la loi qui a été
votée l'année dernière, est une loi qui a permis
d'encadrer le rôle de huissier. Les "piè- ces de procédure"
que l'on fait, découlent, la majeure partie du temps, de nos causes. Par
exemple: Un de nos enquêteurs a fait une enquête, a éclairci
le crime et, finalement, on a à signifier des "pièces de
procédure" à des témoins. Vous ne m'en voudrez pas
d'entrer dans la technicité policière. C'est que, moi, comme
enquêteur, je vous ai rencontré et vous m'avez donné une
version. Avec les délais de cour, cela prend du temps. Parfois, six mois
après, l'enquête préliminaire a lieu et je vais aller vous
signifier un subpoena, mais il faut que je vous dise aussi pourquoi.
Peut-être que, fréquemment, le témoin va nous dire:
Savez-vous, cela fait déjà six mois. Qu'est-ce que je vous ai
dit, à ce moment-là? On a le dossier en main. Il prend
connaissance de la déposition qu'il nous a donnée et cela lui
rafraîchit la mémoire.
Il y a aussi des exécutions de mandat qui répondent
toujours au cadre du complément ou des exécutions de
procédures qui sont la conséquence logique de notre action.
Vous avez parlé d'autres personnes; effectivement, oui. Ici, je
rejoins les empreintes digitales. On a fait une étude à la
Sûreté du Québec sur l'emploi d'agents auxiliaires. La Loi
de police a ouvert la porte aux agents auxiliaires. Ces gens pourraient
être une catégorie d'individus qui pourraient être une
entité syndicale de l'association, qui n'enfreindraient aucunement la
force syndicale, si on peut dire ainsi, car il ne faut pas se faire d'illusion.
Par contre, ils nous apporteraient une nouvelle dimension, parce qu'il y a
énormément de bons candidats qui se présentent chez nous
et qui pourraient remplir des fonctions qui ne doivent pas
nécessairement être remplies par un policier qui possède
toute la panoplie des critères que nous rechercherions. Exemple: Les
empreintes digitales. Pour former un spécialiste en empreintes
digitales, on doit l'envoyer suivre un cours de six semaines à Ottawa.
Ensuite, on doit lui donner un entraînement en service. Cela prend au
moins une année avant qu'il soit capable de témoigner avec
expertise et compétence devant un tribunal. Finalement, c'est un
individu... J'ai l'habitude de dire: Va-t-on donner un grade de caporal
à un individu qui est en charge d'une caméra? Par contre, on a
des individus qui veulent monter dans l'organisation. Après trois ou
quatre ans, sachant qu'ils sont dans une spécialité très
restrictive et compartimentée, ils quittent la fonction pour s'en aller
vers d'autres fonctions qui peuvent leur permettre de mieux s'épanouir.
On se trouve encore à recommencer constamment et c'est un
perpétuel recommencement.
Dans le domaine des empreintes digitales, donc, je dis que, dans les
pièces de procédure, le Code de la route, les 48 heures, c'est un
tout avec la sécurité routière et un ensemble avec la
prévention du crime. Dans la partie de spécialité des
empreintes digitales, je dis qu'on pourrait aller chercher des techniciens en
photographie, des techniciens en biologie, des techniciens en chimie qui
pourraient, comme policiers auxiliaires... D'ailleurs, la Gendarmerie royale du
Canada le fait
avec ce qu'on appelle des constables spéciaux dans diverses
fonctions et, effectivement, cela pourrait se faire. Nous avons une
étude en cours sur cela.
Pour terminer, le ministère des Transports a des gens qui ont une
fonction, disons les allées d'inspection, les balances. Ce sont des gens
qui n'ont pas les critères, comme je vous disais, qui ne
répondent pas à tous les critères que l'on exige chez un
policier complet, tel qu'on le veut, mais, par contre, ils font un certain
travail de prévention. Cela répond à votre question?
M. Page: Oui, partiellement, M. le directeur. C'est très
bien, l'hypothèse que vous venez de nous présenter des agents
auxiliaires. C'est un peu dans ce sens, d'ailleurs, que je posais la question.
Je ne voudrais pas être perçu comme voulant dire: Enlevez les
policiers des empreintes digitales et tout. Je pense que ce serait certainement
opportun que la Sûreté du Québec... Peut-être que le
ministre de la Justice se penche là-dessus.
Vous avez fait, par exemple, état de la vérification des
véhicules automobiles. On a un projet qui est déposé
à l'Assemblée pour tout refaire le secteur des assurances,
où il est question de la sécurité routière,
où il sera peut-être possible qu'on en arrive un jour à la
vérification obligatoire et périodique des véhicules, ce
qui pourrait, dans un sens, dégager une certaine partie des
responsabilités à ce chapitre qui sont présentement
assumées par la Sûreté du Québec. Cela pourrait
permettre de libérer vos policiers d'autant de temps et ils pourraient
être affectés à d'autres occupations.
Vous avez parlé des procédures qui sont signifiées
à des témoins ou autres. Il y a eu 125 000 pièces de
procédures qui ont été délivrées
l'année dernière. Je me demande si, avec des agents auxiliaires,
comme vous en avez fait état tantôt, avec une activité
différente... Vous avez parlé du cas du témoin où
il était opportun que ce soit le même policier qui a fait
l'enquête qui aille sur les lieux rencontrer le témoin pour lui
signifier sa procédure, pour le lui rappeler et lui rafraîchir la
mémoire sur ce qu'il avait déclaré. On peut pallier cela
en donnant une copie de la déclaration au témoin, lorsqu'il l'a
faite.
En fait, ce sont différentes mesures comme celles-là, je
pense, sur lesquelles une fois qu'elles seront étudiées, une fois
qu'elles seront approfondies tant par la Sûreté, et elles pourront
l'être par le ministre de la Justice, il pourra y avoir des
recommandations de la commission à ce chapitre qui permettraient, je
crois, de dégager un nombre de policiers des fonctions qui ne
relèvent pas nécessairement de la patrouille, des fonctions dites
policières comme telles. Cela vous permettrait peut-être
d'augmenter vos effectifs et d'affecter ces gens, en termes de temps-hommes par
jour, à d'autres occupations que celles-là, ça permettrait
peut-être aussi de pallier des problèmes particuliers qu'on
connaît, parce que, tout à l'heure, je vais revenir à des
problèmes particuliers et on en connaît présentement.
M. Bédard: Avec la permission du député de
Portneuf...
M. Pagé: Oui.
M. Bédard: ... simplement pour répondre à sa
question sur certaines activités policières
déterminées auxquelles il s'est référé dans
sa question au directeur de la Sûreté du Québec, en ce qui
a trait aux fonctions policières mêmes et à la
détermination des fonctions policières, je veux simplement lui
dire que, justement, cette préoccupation d'analyse, nous devons l'avoir
au ministère et que nous l'avons. A ces fins, nous avons
constitué un groupe de travail, qui a justement le mandat
d'étudier l'ensemble des fonctions policières au niveau de tous
les corps policiers du Québec, corps municipaux, Sûreté du
Québec, afin de pouvoir, après audition des différents
corps policiers, faire rapport sur un aspect du problème que vous venez
de soulever.
M. Pagé: D'accord. J'aurais deux petites questions encore
sur ce sujet du partage des fonctions qu'on pourrait qualifier
d'administratives, par rapport au travail policier comme tel.
Vous avez effectué 14 868 cas d'ivressomètre
i'année dernière. Est-ce que le technicien qui fait passer ce
test je ne sais pas, je n'en ai jamais passé, moi, heureusement,
d'ailleurs doit être un spécialiste ou si ça peut
être un policier du poste? Est-ce que tous les policiers peuvent faire
passer ces tests? Est-ce qu'une fonction comme celle-là ne pourrait pas
être remplie par un agent auxiliaire?
M. Beaudoin: Je vais demander à M. Turpin de
répondre à cette question.
M. Pagé: D'accord.
M. Turpin: Les appareils ivressomètres sont
distribués dans tous les postes de la province, un appareil par poste,
et nous faisons aussi des tests pour les corps policiers municipaux locaux.
C'est le patrouilleur qui est assigné à cette fonction, parce que
ce serait très dispendieux de devoir avoir du personnel affecté
directement à ça, et ce serait peut-être moins utile, parce
que, nos communications étant ce qu'elles sont, on y répond par
la section, ça deviendrait du personnel très onéreux, qui
attendrait les 14 000 cas, c'est-à-dire qu'il faudrait ouvrir 24 heures
par jour les 101 postes reliés au réseau routier de la province
pour faire 14 000 tests par année.
M. Pagé: D'accord. Au chapitre des accidents
d'automobiles, simplement une information, il y a déjà une
directive qui a émané du gouvernement ou de la
Sûreté, il y a quelque temps, disant: Les accidents d'automobiles
où les dommages sont minimes, on n'y va plus. On ne fait pas de
constatation, de rapport, etc. Qu'est-ce qui arrive? Est-ce que vous avez des
statistiques à ce sujet? Est-ce
que cela a été suivi? Je peux vous donner un exemple de ce
qui m'est arrivé, il y a quelque temps: une éraflure sur une aile
d'automobile. Cela pouvait peut-être coûter $25. La partie adverse
s'est entêtée à vouloir faire venir un policier. Le
policier qui est venu a peut-être perdu une heure de son temps qui aurait
certainement été plus utile à d'autres fins. Je voudrais
savoir d'où émanait cette directive? C'est simplement une
question d'information. Est-ce que cela a été suivi?
M. Beaudoin: M. le Président, M. le député,
à la question que vous posez, effectivement, c'est vrai. C'est une
modification au Code de la route, aux environs de l'article 80, sur la
couverture des accidents; les accidents de $100 et moins, on ne les couvre pas.
Nous avons une politique. On ne refuse pas d'y aller, mais si l'agent, en cours
de route, reçoit un appel et que c'est sur son chemin de voir a ce petit
accrochage, il s'y rend. A ce moment-là, on a une formule
particulière selon laquelle on échange les informations
pertinentes à chacun des deux conducteurs, mais on ne tient pas de
statistiques à ce sujet.
Quant à la directive ou la loi qui dit $100, il va
peut-être falloir penser à la changer avec la hausse des
coûts, parce que je vous assure que, pour $100 sur une voiture, on la
regarde et on vient déjà de la briser.
M. Pagé: D'accord, merci là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président.
M. Pagé: Je n'ai pas terminé.
M. Fontaine: Vous n'avez pas terminé?
M. Pagé: Ah non!
Une Voix: On a tout le temps voulu.
M. Johnson: II y en a cinq autres.
M. Pagé: Vous avez parlé du filtrage des appels. M.
Turpin en a fait état tout à l'heure se demandant jusqu'où
cela serait efficace d'avoir une personne autre qu'un agent de la
Sûreté du Québec pour recevoir les appels, dans un premier
temps et dans un deuxième temps, vous avez parlé du filtrage des
appels comme tel.
J'aimerais savoir de M. Turpin pourquoi la fonction de régulateur
ne pourrait pas être occupée par une personne autre qu'un policier
à la lueur de votre expérience et des études que vous avez
faites, aussi qu'est-ce qui est fait au chapitre du filtrage des appels comme
tel chez vous.
M. Turpin: II y a deux dimensions de temps là-dedans. En
premier lieu, quand les appels sont reçus au poste pendant les heures
normales de bureau, du lundi au vendredi, il y a toujours quelqu'un pour
répondre et le filtrage des appels se fait de cette façon et le
sous-officier responsable de l'unité est toujours présent ou un
de ses adjoints pour répondre aux citoyens.
Le soir, vous avez, effectivement aux postes de section ou de district,
dépendamment du district, deux personnes pour occuper cette fonction,
c'est-à-dire le préposé aux
télécommunications qui est un employé civil et un agent de
service qui est un policier de la Sûreté du Québec, ils se
partagent les tâches, autrement dit. Ils font l'opération du
terminal CRPQ. Ils répondent aux appels téléphoniques pour
tous les postes de la section ou du district je veux dire les appels des
citoyens et l'acheminement des appels aux véhicules de patrouille
et le policier s'occupe plus particulièrement des tests
d'ivressomètre, de telle sorte que les policiers qui sont sur la route
ne sont pas dérangés.
Alors, une partie de la fonction, surtout la partie communication, est
effectuée par le préposé aux
télécommunications et quand il arrive des problèmes de
policiers ou des problèmes de police, c'est généralement
référé à l'agent de service ou au surveillant qui
est en devoir dans le territoire.
M. Pagé: Le jour, est-ce un civil?
M. Turpin: Le jour, il y a des civils aussi au même
endroit.
M. Pagé: Dans les différents postes.
M. Turpin: Evidemment, il y a beaucoup plus d'appels pour des
informations au terminal du Centre de renseignements policiers et il y a
beaucoup plus de citoyens qui viennent au poste aussi et auxquels il faut
répondre.
M. Pagé: D'accord.
M. Turpin: Alors, la présence de deux personnes est
même un peu restreinte parce qu'on pense présentement à
mettre un deuxième préposé aux
télécommunications de jour, du lundi au vendredi, surtout dans
les postes de section ou les postes de district.
M. Pagé: Au chapitre du filtrage des appels comme tel, y
a-t-il eu quelque chose de fait? Y a-t-il eu des études de faites dans
ce sens? Etes-vous disposé à vous prononcer sur cette question de
filtrage des appels, à savoir ce cas on peut se permettre de ne pas y
aller immédiatement, un autre cas, c'est plus urgent. Madame,
référez-vous à d'autres autorités que les
autorités policières pour l'objet de la requête que vous
nous présentez aujourd'hui parce que cela ne relève pas de nous.
Qu'est-ce qui se fait à ce chapitre? Y a-t-il des directives
d'émises?
M. Turpin: II n'y a pas de directive définitive
là-dessus. C'est peut-être une certaine règle du
gros bon sens. Il s'agit de donner un service le plus adéquat
possible au public et par exemple, si vous avez un citoyen qui vous rapporte
qu'il s'est fait voler ou qu'il a perdu son portefeuille l'exemple qu'on
a donné au début de la semaine s'il demeure dans la
même localité, on lui demandera certainement de venir au poste.
Sinon, on lui fixera une heure de rendez-vous où le patrouilleur passera
chez lui au moment opportun.
Vous avez aussi, par exemple, la plus grande catégorie de crimes
que nous avons, ce sont des vols par effraction où il n'est jamais
urgent de répondre, mais il est souhaitable que le policier se rende
aussi rapidement que possible dans les heures qui suivent sur les lieux pour
faire les constatations d'usage.
Il est bien évident qu'on doit répondre aux accidents dans
un temps record et aux cas majeurs ou dans toute circonstance qui peut engager
le bien-être du citoyen.
M. Pagé: On a fait état de la patrouille, de la
relève de soir et de la relève de nuit. Vous avez
déclaré tantôt, M. Turpin: Nous avons accepté cette
relève pour autant que c'était possible. Nous l'avons permise
pour autant que c'était possible, compte tenu des effectifs et des
programmes de congés et des jours de maladie et tout cela.
Jusqu'à maintenant, je voudrais savoir si vous avez des informations
à nous donner... Comment cela fonctionne-t-il jusqu'à maintenant,
quels sont les effets d'une patrouille à deux policiers par
véhicule, le soir et la nuit, depuis que cela est accepté par la
Sûreté, quels sont les effets sur le personnel, sur le budget et
sur les activités en général? Parce que j'ai cru
comprendre tantôt, dans un des éléments que vous avez
touchés... Vous avez dit qu'il y avait 135 véhicules le soir et
la nuit qui étaient affectés à la patrouille. Je vous
demanderais si c'est possible de me confirmer ou de m'infirmer cela;
peut-être que je n'ai pas bien compris. Il y a quand même plus de
postes de patrouille que cela au Québec. Cela voudrait donc dire
qu'actuellement, au Québec, il y a des postes de patrouille qui ne sont
pas couverts le soir et la nuit en raison des directives qui ont
été émises.
M. Turpin: Vous avez cela sur un tableau qui accompagne le
document sur l'efficacité du travail. Vous avez notamment, là
où c'est la règle du deux par véhicule le soir et la nuit,
135 véhicules en comparaison de 324 le jour. Evidemment, vous avez
encore des postes où vous avez deux ou trois patrouilleurs. S'ils sont
deux, ils travaillent ensemble. S'ils sont trois, il y en a deux qui
travaillent ensemble; le troisième peut être jumelé
à un membre de l'unité d'urgence, il peut être
jumelé à un préposé aux activités
spécifiques ou à un enquêteur, s'il y en a un en fonction,
ou il peut prendre un véhicule non identifié pour
compléter une enquête ou du travail de bureau. La patrouille est
évidemment réduite et il y a certains agencements qu'on peut
faire pour améliorer cela à l'occasion. C'est la règle,
mais il reste que le nombre de véhicules est sensiblement
réduit.
M. Pagé: Dans votre document sur les goûts du
patrouilleur, vous avez dit: Ce n'est pas facile de patrouiller seul, de
meubler le temps le soir et la nuit et tout cela, mais est-ce que cela implique
que vous remettez en cause le principe de deux patrouilleurs pour la
relève du soir et de la nuit? Est-ce que c'est acquis, est-ce que c'est
établi, est-ce que c'est définitif ou si c'est encore remis en
cause?
M. Turpin: C'est acquis, mais cela ne devrait pas être une
règle aussi rigide que cela l'est présentement. Cela devrait
s'organiser de façon à répondre à un besoin et non
à une préférence. Pour certains, c'est ennuyeux de
travailler seuls; d'autres préfèrent travailler seuls. En dehors
de ce contexte humain, je dis que, dans un territoire donné, si on peut
déployer un minimum de deux véhicules à des distances
où ils peuvent s'assister dans un temps respectable, pour autant que la
situation requiert ce facteur...
Il se trouve des territoires où il n'arrive jamais rien. On a
mentionné Grande-Vallée par exemple. Il n'y a pas là 40
dossiers criminels ouverts par année, et quand il y en a, ce sont de
petits vols simples ou de petits vols par effraction. Le policier est là
sur la route, pour faire un contrôle de la sécurité
routière et assister le citoyen s'il en a besoin. C'est à peu
près tout. Vous avez, par ailleurs, dans d'autres régions, dans
la périphérie des grandes villes, des criminels ou des gens qui
sont susceptibles de l'être, qui circulent constamment. La règle
de deux véhicules qui peuvent s'assister mutuellement devrait y
prévaloir.
M. Pagé: Là-dessus... seulement un commentaire
avant que vous passiez à une autre question sur le même sujet,
j'aimerais bien qu'on s'entende. On est ici en commission parlementaire pour
étudier l'opportunité de doter la patrouille de jour de deux
policiers par véhicule. Si le principe de deux policiers par
véhicule sur la relève de soir et de nuit est déjà
mis en cause, cela remet tout en cause. J'aimerais bien là-dessus qu'on
ait une directive ou une opinion du ministre pour savoir exactement ce qui en
est, ce qui contribuera, d'une part, à assurer la relève du soir
et de la nuit et aussi le mandat de la commission.
M. Bédard: Sur ce point, je pense, les directives du
ministre sont très claires. On ne peut pas, je crois que c'est normal au
niveau de la commission, empêcher un directeur des opérations, je
pense que c'est très valable, de donner quand même son
appréciation sur l'ensemble du problème que nous avons à
étudier de deux hommes par véhicule. Mais je crois que,
là-dessus, autant le mandat de la commission est clair, autant les
offres gouvernementales ont été claires aussi.
M. Pagé: C'est définitif, M. le ministre, l'offre
que vous avez formulée est maintenue et elle est respectée pour
la relève de soir et de nuit, c'est acquis selon les offres que vous
avez formulées avant que les policiers entrent dans
l'illégalité.
M. Bédard: Remarquez que si on procédait d'une
façon légaliste, les policiers présents à
Drummondville, n'ont jamais, à un moment donné, voté pour
les offres gouvernementales comme telles. Le seul vote qu'il y a eu sur la
question a été un vote de refus des offres gouvernementales et
d'acceptation d'une commission parlementaire. Comme je l'interprète, il
est évident qu'à partir du moment où les policiers
acceptaient de venir discuter en commission parlementaire c'était sur un
sujet précis, la troisième relève, plus la question de la
sécurité au travail. Je dois vous dire que non seulement je ne
suis pas un ministre qui revient sur des offres qui ont été
faites, mais je ne fais pas partie d'un gouvernement qui a tendance à
revenir sur des offres qui ont été faites, d'une façon
formelle. A moins que des...
M. Pagé: Je voulais bien que ce soit... le ministre ne
devrait pas soulever des hypothèses comme ça ou lancer des
pierres dans le jardin. Je voudrais que ce soit bien établi.
M. Bédard: A moins que des circonstances spéciales
ne se présentent, ce qui n'est pas le cas pour le sujet que nous
étudions présentement.
M. Pagé: D'accord. Vous allez quand même admettre
avec moi, M. le ministre, que la question se posait, parce que M. Turpin a fait
état de l'appréciation qu'il donnait sur ce sujet, qu'il
n'était pas toujours opportun d'avoir toujours deux policiers dans un
même véhicule lors de la patrouille du soir et de nuit. Ma
question, je pense, s'adressait, de façon impérieuse, au
ministre.
M. Bédard: Si j'ai cru bon d'y répondre, c'est
parce que je trouvais que c'était vraiment une question qui se posait,
tel que vous le dites. Mais il reste quand même que les autorités
de la Sûreté, au niveau de cette commission parlementaire, peuvent
donner leur appréciation individuelle.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Anjou.
M. Turpin: Sur cette question, la réponse que j'ai
donnée tantôt, c'est oui, effectivement, nous avons
recommandé au ministre l'acceptation de cette formule. Cependant, je
dois dire, à notre grand regret, que nous avions commencé une
étude sur le sujet, il y a quelques mois, mais avec toute la
documentation que nous avons réunie et les études que nous avons
faites depuis le début du conflit, on s'est aperçu que la formule
n'était pas la meilleure, la formule des deux policiers par
véhicule, obligatoire en tout temps, n'était pas la meilleure. Il
s'agit ici d'une opinion personnelle.
M. Bédard: Si vous le permettez, sur ce point, j'ai un
commentaire additionnel. Il n'est pas question de revenir sur le conflit, mais
il faut toujours avoir à l'esprit le climat qui prévalait
à ce moment-là, "devant l'éventualité des
policiers" qui se réunissaient à Drummondville, devant le fait
que certains de leurs collègues étaient
décédés. Je crois que ce sont toutes des circonstances qui
se devaient d'être prises en considération, plus le fait que
certaines études n'étaient peut-être pas aussi à
terme qu'elles le sont présentement.
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Anjou.
M. Johnson: Si le député de Portneuf... M.
Pagé: Oui.
M. Johnson: Juste une seconde. Si je comprends bien vos propos,
M. Turpin, je crois déceler une réticence assez fondamentale
à la directive et à l'offre faite par le ministre de la Justice,
cela découle, d'après ce que vous me dites, du fait que vous
n'êtes pas fondamentalement convaincu que la patrouille à deux,
c'est cela la solution en termes d'efficacité, vous parlez à
titre de directeur des opérations de la Sûreté, quand vous
dites cela. Je rends à Turpin ce qui appartient à Turpin, de la
même façon qu'à César, que c'est enfin votre travail
d'évaluer cela en termes d'efficacité.
Est-ce que je me trompe en disant que c'est avec beaucoup
d'hésitation et en vous "pilant" un peu sur le coeur ou autrement, que
vous concédez cela? Deuxièmement, est-ce que, depuis que le
ministre a fait l'offre, cela a donné lieu à des situations
où, effectivement, peut-être que la directive émise sous
forme d'offre, par le ministre, n'aurait pas été appliquée
et pourrait peut-être expliquer la réaction de l'association
à cela? Cela nous jetterait peut-être un éclairage sur le
comportement de l'association également, en tenant pour acquis que
publiquement, en principe, c'est la patrouille à deux pour deux
relèves, soir et nuit, et que de fait, elle ne serait pas
appliquée dans certaines régions. Est-ce possible que cela se
soit produit?
M. Turpin: Elle est effectivement appliquée
rigoureusement. Nous avons vu à cela. Mais, pour répondre
à l'autre partie de votre question, c'est sûr qu'à titre de
chef des opérations de la Sûreté, je fais un peu
d'anxiété je vous le dis quand je vois la
couverture policière dépréciée de la façon
qu'on l'indique.
D'ailleurs, j'ai eu de nombreux appels téléphoniques de
gestionnaires à plusieurs niveaux qui se plaignent que leur couverture
policière est déficiente, que la prévention est
passablement coupée et qu'on aura certainement des déboires.
M. Johnson: Cependant, je ne me trompe pas également, je
comprends bien ce que vous avez dit et ce que M. Beaudoin a dit depuis le
début, c'est quand même vous, j'entends par vous, la
Sûreté, la direction de la Sûreté, qui avez
conseillé au ministre la formule de deux le soir et deux la nuit?
M. Turpin: Absolument. M. Johnson: D'accord.
M. Pagé: Sur le même sujet, on accepte le postulat
à compter de l'offre faite par le ministre qu'il y ait deux policiers
par véhicule. Par contre, dans les informations que vous nous donnez
aujourd'hui, on constate qu'en raison de cette offre, de ce droit acquis des
policiers, il y a certains postes où il n'y a pas de patrouille,
où il y a des problèmes d'opération, suite à
l'énoncé d'une telle offre.
Entre autres, je voulais vous sensibiliser à un fait sans vouloir
parler strictement pour mon clocher, pour mon comté. D'ailleurs, dans
certains cas, des députés ont pu, au cours de cette commission,
faire part de problèmes qu'ils connaissaient dans leurs comtés
respectifs. On constate que, chez nous, au poste de Saint-Raymond ce
sont des informations qui, je pense, sont assez fidèles, de toute
façon, la Sûreté pourra vérifier, nous confirmer ces
chiffres ou me les infirmer cet après-midi depuis le 12 avril, il
y a des cas où il n'y a pas de patrouille sur la relève du soir
et de nuit, parce que vous n'avez pas le personnel suffisant pour le faire.
Selon les jours de congé et aussi le nombre de policiers affectés
à ce poste, on m'informait que, dans certains cas, il n'y avait pas de
problème, qu'il pouvait y avoir une patrouille de deux hommes par
véhioule la nuit, mais que, dans d'autres cas, il n'y avait pas la
ressource humaine suffisante pour l'assumer dans ce cas, il n'y a pas de
patrouille et que le policier en service demeure au poste pour strictement
recevoir les appels, agir, à ce moment, comme régulateur et les
référer à la patrouille de Portneuf, qui est
peut-être située à 28 ou 30 milles plus loin.
Alors, cette directive, selon moi, entraîne des problèmes
comme ceux-là. Vous avez fait état de prévisions, pour
l'année 1977, de l'augmentation de vos effectifs. Est-ce que vous croyez
que l'augmentation de vos effectifs, qui est prévue d'ici la fin de
l'année 1977, c'est-à-dire les 80 policiers qui sont
acceptés actuellement ou qui doivent incessamment commencer leur cours
à Nicolet, est-ce que vous croyez qu'avec les effectifs, l'augmentation
des effectifs qui a été autorisée, vous aurez, dans un
délai quand même assez bref, parce que c'est quand même
important pour la protection du public on dit qu'il y a des postes qui
ne sont couverts par aucune patrouille en certaines circonstances est-ce
que vous aurez le personnel suffisant pour assumer la responsabilité de
la protection publique à tout moment, dans tous les postes, et 24 heures
par jour, et autant pour la relève de soir et de nuit que de jour?
M. Beaudoin: Pour répondre à votre question,
effectivement, on vous a dit qu'on agissait avec un multiple de quatre et, avec
la signature de l'entente de la semaine de quatre jours, cela nous prend un
multiple de cinq. Dans cela, on avait un mouvement d'environ 150 personnes qui
doivent être incessamment réaménagées, de
façon à per- mettre aux unités d'avoir le personnel
nécessaire en fonction des multiples prévus pour fonctionner de
façon harmonieuse. Maintenant, il y a peut-être une petite
faiblesse de planification qu'on semble déceler. C'est qu'au poste de
Portneuf ou encore de Saint-Raymond, relevant du district de Québec,
nous avons une unité d'urgence qui comprend un peloton, par
relève, de 25 hommes, qui est spécialement dédiée,
à 90% de son temps, à donner une souplesse d'activité
quand on a des cas tels que ceux que vous mentionnez. Donc, on ose croire que,
d'ici les premiers mois de l'été, cet équilibre
nécessaire sera réalisé.
M. Pagé: Je présume que des circonstances comme
celles-là, depuis le 12 avril, ne se sont pas retrouvées
seulement dans des comtés comme Portneuf. C'est une hypothèse et
j'aimerais que ce soit confirmé ou infirmé. Je pense que cela a
dû se produire dans d'autres postes, ailleurs au Québec. Dans
certains cas, en raison de ce que vous avez expliqué, les cinq
personnes, à la suite à la semaine de quatre jours, dans des
postes de la Sûreté du Québec, présentement, au
Québec, en certains endroits, il n'y a pas de patrouille la nuit
à cause d'un problème d'effectifs.
M. Beaudoin: Qu'il n'y ait pas de patrouille...
M. Pagé: Cela n'a pas dû arriver seulement à
Saint-Raymond.
M. Beaudoin: M. Le Président, qu'il n'y ait pas de
patrouille, disons qu'à ma connaissance ce doit être fort peu
fréquent, sauf que tout nous est tombé d'un seul coup sur la
tête. Cela a été la semaine de quatre jours et, dans les
demandes syndicales, on envisageait qu'il faudrait consentir à deux
hommes probablement en soirée, en période d'obscurité et
au cours de la nuit, et ça, c'était dans une planification de
moyen terme. Finalement, tout ça nous est tombé sur la tête
avec le problème qu'on a vécu, et on a essayé, si on peut
dire, et le ministre en tête, de composer avec les éléments
que nous avions et d'essayer de ne pas donner plus que le porte-monnaie pouvait
pas le porte-monnaie, parce qu'on a tendance à parler trop
souvent du porte-monnaie mais que la Sûreté pouvait
supporter.
Maintenant, j'en reviens toujours au problème des unités
d'urgence. On va s'en occuper et vous allez avoir de la patrouille la nuit.
M. Pagé: C'est d'accord pour le problème
particulier de Portneuf.
M. Beaudoin: Et les autres aussi. M. Pagé: Je
l'espère, mais...
Le Président (M. Laplante): Sur ce, il est midi. On aura
l'ajournement...
M. Pagé: M. le Président, je voudrais vous dire que
j'aurais encore une ou deux petites questions
à poser à M. le directeur général
après la période des questions. J'espère que vous
me...
Le Président (M. Laplante): J'aime mieux vous le dire tout
de suite. Après la période des questions, je voudrais donner une
chance à l'Union Nationale aussi d'avoir son tour...
M. Pagé: Non, mais écoutez, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): ...comme parti d'Opposition
à ce moment-là.
M. Pagé: ...vous avez convenu, avant la suspension de nos
travaux, que vous me donniez tout le temps alloué. Il me reste deux ou
trois petites questions. Cela va prendre cinq minutes et, en tant que
représentant de l'Opposition officielle, j'aurai terminé. Par la
suite, on pourra avoir d'autres questions.
Le Président (M. Laplante): Je me fie à vos cinq
minutes.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Laplante): La commission ajourne ses
travaux sine die. Maintenant, je crois avoir l'assurance, cet
après-midi, que la Chambre nous donnera l'autorisation de continuer la
commission. Elle se continuera à la Chambre 81-A, qui est à votre
droite, à l'entrée du parlement, par la porte du Sauvage.
(Fin de la séance à 12 h 1)
Reprise de la séance à 16 h 41
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
Reprise des travaux de la commission parlementaire de la justice avec
ses membres: M. Alfred (Papineau), M. Bédard (Chicoutimi), M. Blank
(Saint-Louis), M. Burns (Maisonneuve), M. Char-bonneau (Verchères), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. Clair (Drummond), M. Blank, qui est remplacé
par M. Pagé (Portneuf); M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Johnson
(Anjou), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Marois (Laporte), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys)
est remplacé par M. Lavoie (Laval); M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Springate (Westmount), M. Tardif (Crémazie), M.
Vaillancourt (Jonquière).
Tel qu'entendu, M. le député de Portneuf, vous aviez
encore environ cinq à six minutes pour vos questions.
M. Bédard: On ne peut pas jaser beaucoup dans cinq
minutes! ... tout ce que vous aviez dit, cinq minutes de questions.
M. Pagé: Strictement une question.
M. Bédard: Cela peut impliquer une heure de
réponses.
M. Pagé: Sérieusement, je vais quand même
tenter d'être assez bref, parce qu'il est déjà 16 h 45, et
on voudrait ajourner à 18 heures. Cela fait d'ailleurs 17 heures que
nous discutons de cela.
Le Président (M. Laplante): C'est exact.
M. Pagé: Ce matin, j'avais demandé aux
représentants de la Sûreté si, avec l'addition d'effectif
déjà autorisée, la Sûreté croyait qu'elle
avait le personnel requis pour pouvoir couvrir la patrouille de soir et de nuit
à deux hommes. Je pense que je n'ai pas eu de réponse à ce
chapitre.
M. Beaudoin: M. le Président, si vous me permettez, je
vais demander à mon chef des opérations de répondre
à cette question.
M. Turpin: D'abord, annuellement, on fait chez nous la
planification du personnel, pour septembre à peu près, de chaque
année. J'avais fait évidemment la planification du personnel en
fonction de la cédule de travail de quatre jours modifiée,
c'est-à-dire de changer tous les effectifs pour des multiples de cinq.
Au moment de l'imbroglio du 5 avril, j'avais fait aussi un inventaire des
postes, parce que je considérais toujours que nous pouvions faire la
patrouille en double, mais vous connaissez les conséquences qu'on a
expliquées tout à l'heure, la différence entre 324
patrouilles et 125, alors que nous avons 274 secteurs de patrouille.
On avait aussi fait un inventaire pour savoir le personnel que cela nous
prendrait pour avoir des
chiffres pairs, pour le nombre de patrouilleurs. Il y avait dans 54
postes de la province des chiffres impairs, c'est-à-dire qu'il y avait
un excédent d'un homme après le pairage ou le jumelage des
patrouilles.
Cela comportait 54 fois 5270 personnes. Cela avait été
considéré dans la question de l'acceptation des offres ou dans
les offres qui ont été faites.
M. Pagé: Cela veut donc dire que la Sûreté du
Québec devrait avoir l'autorisation de procéder à
l'engagement de 270 policiers additionnels pour couvrir strictement les
services de patrouille pour la relève de soir et de nuit.
M. Turpin: Nous avons un accord là-dessus avec le
ministère.
M. Pagé: Donc, on peut en déduire que vous entendez
procéder à l'engagement de 270 policiers additionnels. Dans quel
délai?
M. Turpin: C'est ce qui nous fait mal. On avait une autorisation
de 4300 en 1972 et elle n'est pas encore comblée. Cela peut prendre deux
ans, comme cela peut prendre trois ans.
M. Pagé: J'ai compris, ce matin, lorsqu'on a eu un
exposé relatif au recrutement, que vous sembliez vouloir dire qu'il n'y
avait pas de problème au chapitre du recrutement à la
Sûreté du Québec.
M. Turpin: II n'y a pas de problème, mais on a
considéré aussi... Il n'y a pas de problème, dans le sens
qu'on a modifié sensiblement les normes pour accepter les cinq pieds et
sept pouces et on s'était proposé, peut-être, de s'entendre
sur d'autres modalités d'embauche. La question des policiers auxiliaires
avait aussi été considérée parce que l'embauche de
policiers auxiliaires libérerait environ 75 policiers de tâches
qu'ils font actuellement. On pourrait les vouer à autre chose.
M. Pagé: D'accord. Dans les représentations que
vous avez faites, vous avez fait état que vous auriez 2800 patrouilleurs
ou environ. L'association, lorsqu'elle est intervenue, a fait état
qu'elle aurait environ 1650 ou 1700 patrouilleurs. Où est la
différence? Est-ce que vous avez les mêmes chiffres, les
mêmes interprétations ou quoi?
M. Turpin: Le chiffre de 2800 policiers est la population des
postes actuellement, comprenant les autres tâches, les autres fonctions.
Le nombre que vous avez de 324 veut dire 1620 patrouilleurs.
M. Pagé: D'accord. Mais est-ce à dire que vous
incluez dans votre chiffre de 2800 les unités d'urgence?
M. Turpin: Non, c'est exclu.
M. Pagé: Les unités d'urgence comme à
Québec. Vous m'avez dit ce matin que, dans certaines circonstances comme
celle qui nous occupe actuellement dans Portneuf, par exemple, comme c'est le
cas aussi dans d'autres postes du Québec, probablement dans 54 postes,
parce que, comme vous l'avez dit tantôt, il y a 54 postes où on
arrive à un chiffre impair et où il est possible qu'il n'y ait
pas de patrouille ou que la patrouille soit assumée par l'unité
d'urgence la plus proche.
Cela voudrait donc dire que le nombre de patrouilleurs que vous
établissez aux environs de 2800, n'inclurait pas le travail fait par les
policiers qui sont membres des unités d'urgence, soit à
Québec, à Montréal ou dans différentes
régions et qui vont pallier le manque de personnel pour la relève
de soir ou de nuit.
M. Turpin: Oui. Cela veut dire que la mobilité de
l'unité d'urgence nous aide beaucoup dans ce sens et qu'on peut combler
ces besoins où qu'ils soient dans le territoire du district.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Pagé: J'avais une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Encore une question.
M. Pagé: Oui, une petite dernière question. Mes
cinq minutes de questions ne sont pas écoulées. Je ne veux pas
jouer sur les mots. Seulement une dernière question. Pour
l'évaluation que vous avez faite, quels seraient les effectifs qui
seraient requis chez vous si, suite à une recommandation de la
commission par exemple, le ministère acceptait de donner suite à
la requête formulée par l'association, c'est-à-dire deux
policiers dans tous les véhicules pour la patrouille tant de jour, de
soir que de nuit? Cela impliquerait quoi au chapitre des effectifs? Vous avez
dit ce matin qu'on acceptait, le ministre l'a déclaré, la
question de la relève de soir et de nuit; c'est acquis, ça prend
270 policiers de plus. Qu'est-ce qui arriverait si le ministre, dans sa
générosité continuelle, s'il y avait une recommandation de
la commission pour accepter ou recommander...
M. Bédard: Je suis heureux que vous constatiez qu'on est
généreux.
M. Pagé: Vous pourriez être généreux.
Si on regarde le document...
M. Bédard: Vous avez parlé de
générosité habituelle.
M. Pagé: Si on regarde le document que vous nous avez
remis, on pourrait se permettre d'en douter. De toute façon, on pourra
revenir sur cette question lorsqu'on abordera les délibérations
de la commission. Ma question est celle-ci: il y a 270 policiers requis
actuellement, le nombre serait de combien si on avait deux policiers lors de la
patrouille de jour?
M. Turpin: Si on accepte le fait qu'aujourd'hui, dans la
période de jour, il y a 324 patrouilles et que pour nous, c'est un
minimum vital et comme le soir, ça peut être limité
à 189 patrouilles je ne suis pas sûr qu'à certaines
heures, ça répond aux besoins, mais on peut combler autrement
cela voudrait dire le double, l'acquisition de 1620 policiers pour avoir
le même nombre de patrouilles qu'on a actuellement.
M. Pagé: 1620 policiers. M. Turpin: 1620
policiers.
M. Pagé: L'étude est faite dans ce sens et vous
arrivez à cette conclusion?
M. Turpin: Oui monsieur.
M. Bédard: Avec votre permission, M. le Président,
ce serait seulement une question vraiment accessoire à celle
posée par le député de Portneuf.
Concernant l'application des offres qui ont été faites en
ce qui a trait à la relève du soir et de nuit, dans les moments
que nous connaissons tous, je voudrais savoir, malgré toute la bonne
volonté que la direction de la Sûreté peut y mettre,
malgré toute la bonne volonté aussi que l'ensemble des policiers
peuvent y mettre aussi, l'application, du point de vue pratique, des offres,
j'imagine que cela pose nécessairement certaines difficultés.
Est-ce que c'est une application qui peut se faire du jour au lendemain,
malgré la bonne volonté qui peut s'exprimer, de la part de toutes
les parties en cause?
M. Beaudoin: M. le Président, M. le ministre, M. Turpin va
répondre à votre question.
M. Bédard: Je vous pose cette question parce que je suis
convaincu, on l'a dit dès le début de cette commission, que la
base de la motivation, tant de la direction de la Sûreté du
Québec que de l'association des policiers, c'est quand même
d'assurer la sécurité des citoyens. Il y a certaines offres qui
ont été faites, qui impliquent des changements assez importants
et où la bonne foi, en fonction de l'objectif à atteindre, doit
se manifester tant du côté de la direction que du
côté de l'association des policiers.
Je voudrais savoir, du point de vue pratique, ce que cela pose en termes
de difficultés.
M. Turpin: Cela pose le problème que ça
réduit le nombre des patrouilles de 54. Néanmoins, je dois dire
que si on avait eu une situation normale au début du mois, on aurait
peut-être pu négocier un peu plus à long terme. On se
serait peut-être entendu sur la question d'augmentation du personnel pour
en arriver à fixer une échéance acceptable pour tout le
monde pour régler ce problème.
Actuellement, il va falloir pressurer notre personnel à la limite
et espérer que le climat serein qui existe actuellement va se maintenir
encore un certain temps.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, au début de cette
période de questions, je voudrais, comme les porte-parole des autres
partis, féliciter la Sûreté du Québec pour le
sérieux avec lequel elle nous a donné son exposé. Je pense
que ses représentants ont très bien étayé leurs
arguments avec des tableaux statistiques assez complets.
Du point de vue des statistiques, je ne vous cacherai pas, entre autres,
que je préfère la méthode statistique employée par
la Sûreté du Québec à l'échantillonnage qui
nous a été apporté par l'association. Cela ne veut pas
dire, par contre, que je partage toutes vos opinions. Je pense que votre
approche statistique, du point de vue scientifique, est meilleure que celle de
l'association.
Je voudrais également, au début de cette intervention,
souligner entre autres l'excellent travail effectué par les professeurs
de l'Institut de police de Nicolet. Je pense qu'ils offrent un excellent
service. Je pense que cette institution avait été
instaurée dans le temps du gouvernement de l'Union Nationale et
patronnée à ce moment par le député Clément
Vincent.
M. Pagé: L'électoralisme.
M. Fontaine: Je voudrais également assurer ici le
député d'Anjou que le député de Johnson viendra
probablement faire une intervention sur la grille tout à l'heure.
Sérieusement, je voudrais passer immédiatement à la
période des questions. Je vais essayer d'être assez bref.
Concernant les techniques de la communication, on a mentionné qu'un
policier qui prenait un individu ou une voiture en filature pouvait facilement
communiquer avec un fichier central. Pourriez-vous me dire normalement le temps
requis pour avoir un renseignement précis par exemple sur une voiture
que vous suivez?
M. Turpin: Oui, c'est relativement court. La machine va vous
donner une réponse dans environ dix secondes. Les communications peuvent
se faire entre l'automobile et l'opérateur. Le temps de placer l'appel,
de recevoir et de noter la réponse, cela peut prendre quelque chose
comme une minute ou 75 secondes.
M. Fontaine: C'est-à-dire que le policier qui est seul
peut avoir ces renseignements très rapidement et il peut à ce
moment se faire une idée du genre d'individu qu'il a à
appréhender.
M. Turpin: C'est l'objectif visé.
M. Fontaine: On a parlé dans votre exposé des vols
avec violence. Pouvez-vous me dire dans combien de cas on a eu à
utiliser des armes lors de ces interventions?
M. Beaudoin: Je vais demander à Mme Gagnon, qui est une
statisticienne professionnelle au service de la Sûreté, de vous
répondre.
Mme Gagnon (Lorraine): Vous allez m'excuser, c'est une question
un peu à brûle-pourpoint. C'est qu'on n'a pas fait une
étude complète sur tous les moments où nos policiers ou
même les bandits ont eu à utiliser une arme.
Ce qu'on peut dire, par exemple, c'est que, dans les cas de vols
qualifiés, ce qui, quand même, peut être un crime grave
où l'utilisation d'une arme est très probable, il y a 30% des cas
où il n'y a aucune arme d'utilisée. On a aussi fait des
études, par exemple, dans le cas d'interventions pour des vols d'autos.
On a cité, au cours de l'intervention de l'APPQ, que cela pouvait
être dangereux d'intercepter un voleur au volant d'une automobile. Une
étude sur 296 cas de vols d'autos, c'est-à-dire tous ceux
survenus dans le territoire du district de Montréal, aussi bien
municipal que de la Sûreté du Québec, a
démontré que, dans seulement trois cas, une arme à feu a
été utilisée et, dans les trois cas, c'était par
des policiers pour tirer des coups de semonce, tout simplement pour
arrêter une poursuite.
On pourra peut-être revenir plus tard pour ce qui est des voies de
fait contre nos policiers. Je n'ai pas de cas précis, à savoir le
nombre de fois où il y a eu une arme à feu d'utilisée
contre nos policiers. Par contre, on a vu qu'il y avait quatre cas
d'hospitalisation. Dans un de ces cas, je suis sûre que c'était
à la suite de l'utilisation d'une arme à feu. C'est à
Sainte-Brigitte-de-Laval. Dans les trois autres cas, malheureusement, je ne
pourrais pas vous le dire. Il faudrait poursuivre les études pour savoir
s'il y a eu tout simplement des coups de poing ou quelque chose comme cela qui
ont entraîné l'hospitalisation, mais vraiment pas d'autres
problèmes. Une chose dont on peut être assuré, c'est qu'il
y aurait au maximum quatre cas d'hospitalisation de nos policiers; donc, au
maximum, quatre cas où un de nos policiers aurait pu être
blessé par arme à feu, en plus, comme de raison, des deux cas de
meurtres qu'on a eus en 1976.
M. Fontaine: Est-ce que c'est possible d'avoir une statistique
qui nous dirait combien de fois des coups de feu ont été
utilisés contre les policiers et combien de fois nos policiers ont eu
à utiliser leurs armes contre des bandits?
Mme Gagnon: On a un dossier qui a été fait sur tous
les coups de feu ou toutes les fois où des policiers ont
été impliqués dans ce genre d'intervention. Cela a
été fait par la Commission de police sur tous les corps de police
du Québec. Cela a couvert la période de 1970 à 1976.
Malheureusement, je n'ai pas le dossier avec moi. Je pourrais seulement vous
donner une conclusion à la suite de l'analyse que j'ai faite de cela,
qui n'est quand même pas de chaque cas, mais globalement.
On a réalisé que nos policiers tiraient beaucoup plus
souvent que les bandits pouvaient tirer. Mais je veux dire que je n'ai vraiment
pas de chif- fres pour ça. J'ai regardé l'étude
globalement, et c'est la conclusion que j'en ai tirée. Si vous voulez
vraiment revenir sur cette question, j'ai le dossier à ma chambre
d'hôtel. Il faudrait quand même me laisser quelques heures pour
pouvoir sortir des chiffres de ça.
M. Fontaine: Mais, est-ce que c'est possible d'avoir ces
statistiques, de les déposer à la commission?
Mme Gagnon: Effectivement, oui. Ce sont des réponses qui
ont été données officiellement à la Commission de
police. C'est une étude qui ne couvre pas complètement
l'année 1976. Cela s'est terminé au mois d'août 1976, je
crois, mais elle portait quand même sur la période de 1970
à 1976. Elle est vraiment globale. Je pourrais aller...
M. Fontaine: Le ministre voudrait aller chercher les statistiques
à votre chambre d'hôtel.
Mme Gagnon: Non, mais est-ce que vous croyez nécessaire de
les envoyer chercher tout de suite? On peut les envoyer chercher, ou on peut
les déposer subséquemment. C'est comme la commission le
désire.
M. Fontaine: J'aimerais que vous les déposiez, s'il vous
plaît.
Mme Gagnon: Parfait...
M. Fontaine: Maintenant, la Sûreté du Québec,
dans son mémoire, a soumis diverses statistiques concernant les assauts
ou voies de fait dont les membres de la Sûreté du Québec
ont pu être l'objet au cours de 1976. Est-ce que vous pourriez nous dire
de quelle façon on a pu établir ces statistiques? Est-ce que
c'est à partir des accusations qui ont été portées
contre les assaillants, ou d'une autre méthode de statistiques?
M. Beaudoin: Je vais encore demander à Mme Gagnon de vous
répondre, parce que c'est elle qui a fait l'étude en
conséquence.
Mme Gagnon: Malheureusement, M. le député, je vais
être obligée de vous demander de répéter la
question. J'étais en train de demander d'envoyer chercher le
dossier.
M. Fontaine: La Sûreté du Québec, dans son
mémoire, a soumis diverses statistiques concernant les assauts ou les
voies de fait dont les membres de la Sûreté du Québec ont
pu être l'objet en 1976. Est-ce qu'on pourrait savoir de quelle
façon ces statistiques ont été établies? Est-ce que
c'est à partir d'accusations qui ont été portées
contre les assaillants en cour ou d'une autre méthode de
statistiques?
Mme Gagnon: Pour vous ramener dans le contexte global, il
faudrait peut-être dire qu'au Canada, il existe une règle de
déclaration uniforme de la criminalité où, normalement, un
corps
de police ne doit rapporter, dans un même événement,
que l'infraction la plus grave. Depuis un an et demi, la Sûreté du
Québec s'est dotée d'un système, disons, un peu plus
élaboré qui nous permet de relater ou de "comptabiliser" et de
noter tous les cas où, dans un même événement, il y
a eu des infractions, qu'on appelle multiples, de commises.
Alors, on a vraiment fouillé tous les dossiers nous
appelons cela le système d'information policière de toutes
les unités de la Sûreté du Québec pour 1976.
Comme je viens de vous l'expliquer, cela comprend tous les cas de voies
de fait et d'entraves qui auraient pu survenir au cours d'un autre
événement majeur, par exemple un vol qualifié. Cela
comprend aussi toutes les voies de fait et les entraves qui auraient pu
survenir au cours d'une intervention d'un de nos policiers en territoire
municipal. Par exemple, un de nos policiers est appelé à aider la
Sûreté municipale de Longueuil; au cours de cette intervention, il
est assailli ou menacé, dans ces cas, nous aurions aussi ces
dossiers.
Nous avons sorti tous les numéros de dossiers où il y
avait eu des voies de fait et des entraves contre nos policiers. Je dois dire
tout de suite ici que lorsqu'on parle de voies de fait, on parle aussi de
menaces de voies de fait et non pas seulement les cas où il y a eu
effectivement blessure. Tous ces dossiers ont été lus.
Premièrement, on a demandé si c'était vraiment un
policier de la Sûreté qui était touché, parce que le
problème qui nous concernait, c'étaient les policiers de la
Sûreté.
On a tenu compte vraiment de tous les dossiers, quelle que soit la
décision du procureur en fin de compte parce que, dans les cas
d'entraves, il peut souvent arriver, par exemple, dans les cas de
facultés affaiblies, que le conducteur ait seulement dit: Essaie de me
sortir de mon char. Alors, le policier a pu rédiger un rapport disant
qu'il y a eu une entrave. Cela ne veut pas dire que le procureur a
décidé de porter des accusations d'entrave. Cela ne veut pas dire
non plus que l'individu, le prévenu a été trouvé
coupable d'entrave. On n'a pas tenu compte de cela. On a dit: Tous les cas
où il y a eu menace de violence, où il y a eu violence, où
il y a eu entrave, on en tient compte, quelle que soit la décision du
procureur ou du tribunal dans certains cas.
Alors, cette étude a vraiment regroupé plus de 35 000
dossiers. Dans le cas d'infractions au Code criminel, sur 35 000 dossiers, on
en a retrouvé un certain nombre parmi ceux-là, mais on a vraiment
fait tous les dossiers de la Sûreté.
Vous me permettrez une autre chose. A un certain moment, on nous a dit
qu'on ne pouvait pas avoir dans cette étude tous les cas de voies de
fait et d'entraves parce qu'il peut arriver que le policier note son
intervention seulement sur ce qu'on appelle une feuille de route, la formule
518.
Il y a une directive en vigueur à la Sûreté du
Québec qui gère l'ouverture de dossiers opérationnels
à la Sûreté et qui dit très bien à tous les
policiers que, dès qu'un événement se produit qui
nécessite l'intervention d'un policier et je crois qu'une entrave ou des
voies de fait, cela nécessite l'intervention et c'est un
événement, alors on demande aux policiers de faire rapport.
Je dois vous dire que si le policier s'est rendu sur les lieux d'un
événement ou en faisant une vérification et n'a pas cru
bon de faire rapport de l'entrave ou des voies de fait, on ne l'aura
malheureusement pas, mais je ne suis pas sûre qu'on doive s'attaquer
à cela pour dire qu'on n'a pas tous les cas.
M. Fontaine: J'imagine que s'il ne l'a pas rapporté, c'est
parce que cela n'était pas trop grave.
Mme Gagnon: De plus, si vous me permettez d'ajouter un
détail, on a 85 cas de blessures superficielles, mais on a fait
l'étude de tous les dossiers de rapports aux accidents du travail. On en
a retrouvé seulement quatre parmi ces 80, c'est-à-dire quatre cas
où le policier s'est rendu chez un médecin ou a trouvé
nécessaire de s'absenter du travail suite aux blessures superficielles
qu'il avait subies.
M. Lafontaine: Mon autre question s'adresserait probablement
à M. Beaudoin. La relève du soir se fait à 16 heures?
M. Beaudoin: 15 heures.
M. Lafontaine: Si on prend le tableau que vous nous avez fourni
concernant la répartition horaire des entraves et voies de fait contre
les policiers de la Sûreté du Québec, on remarque que cela
commence à augmenter autour de 14 heures et cela monte presque aussi
haut, à ce moment-là, qu'entre 4 heures et 6 heures; entre 4
heures et 6 heures, présentement, il y a deux policiers par
véhicule. Si on tient également pour acquis qu'on est ici comme
une espèce de tribunal d'arbitrage, est-ce que vous pourriez me donner
votre position quant à savoir s'il n'y aurait pas lieu également
de mettre deux policiers par véhicule entre 14 heures et 16 heures,
quitte à négocier une grille pour le reste de la journée,
le jour?
M. Beaudoin: Vous me permettrez un instant de réflexion,
étant donné que cela nécessite une bonne réponse.
Si vous me permettez, seulement pour faire l'entrée en la
matière, si on regarde l'histogramme que vous avez devant vous, cela
paraît assez volumineux. Mais j'aimerais demander à Mme Gagnon de
vous donner le nombre, parce que vous allez réaliser, d'après son
analyse, qu'en somme, l'histogramme que nous avons constitué fait voir
que le pourcentage n'est pas tellement élevé. Donc, Mme Gagnon va
préciser cette partie-là.
Mme Gagnon: Je m'excuse...
M. Turpin: Si on peut faire une "ouverture" à la
réponse, on doit bien se dire que les événe-
ments qui ont constitué, dans l'étude, une espèce
de danger, étaient tirés à partir de 35 000 dossiers
d'enquête, 150 000 pièces de procédure, 600 000
contraventions, 60 000 accidents et un million de vérifications de
routine. Les cas qu'on cite, c'est moins de 1% de ce nombre. A partir de cela,
vous avez la proportion qui est indiquée sur l'histogramme que vous avez
en face de vous.
M. Lafontaine: Je suis d'accord avec vous, mais étant
donné qu'on donne deux policiers par véhicule entre 4 heures et 6
heures, le matin, et que c'est presque la même chose entre 14 heures et
16 heures, pourquoi est-ce qu'on n'appliquerait pas la même règle
dans ce cas-là? Je me rapporte à votre tableau là.
Mme Gagnon: Oui, c'est parce que j'essayais de voir si... Je vais
m'excuser auprès de certains membres de la commission. Je me permettrai
de donner une opinion personnelle, à la suite de l'étude que j'ai
faite des statistiques, et vous remarquez même qu'entre 6 heures le matin
et 8 heures, on a eu seulement 1% des voies de fait de commises. Il y a eu
seulement quatre voies de fait et entraves et, lorsque je parle de voies de
fait et entraves, n'oubliez pas que, dans 80% des cas, il n'y a même pas
eu de blessures, même superficielles. Il y en a eu seulement quatre entre
6 heures et 8 heures.
Quand j'ai fait l'étude, je dois dire qu'on faisait quand
même... Il y avait eu des offres qui avaient été
déposées par la Sûreté du Québec et par le
ministère pour dire que c'était la période de soir et de
nuit. Je me suis posé la question à savoir... Nous autres, avant,
on avait peut-être la période d'obscurité, je me posais la
même question. De 6 heures à 8 heures le matin, si on a eu
seulement quatre cas, pourquoi serait-on obligé de mettre deux hommes?
C'est peut-être le problème de la rigidité de dire
qu'à la relève du soir, la relève de nuit,
obligatoirement, il y a deux hommes; c'est obligatoire et on ne laisse vraiment
pas de latitude aux gestionnaires et, dans le jour, ce sera seulement un homme.
Je m'excuse, c'est mon opinion.
Pourquoi le jour, quand même, les offres ont été...
Il fallait, le soir, commencer avec la relève du soir, qui est quand
même à environ 16 heures; il y a environ 5,2% des voies de fait
qui sont survenues entre 14 heures et 16 heures l'après-midi; 5,2% du
total. Il y a eu un total de 21 voies de fait commises entre 2 heures
l'après-midi et 4 heures de l'après-midi; 21 voies de fait;
combien fait-on d'interventions? On en fait 35 000 au Code criminel; on fait
environ, je crois qu'on a évalué à 1 million les
vérifications de routine dans la journée; on fait des sommations,
14 000; on fait 655 000 de billets de contravention au Code de la route et avis
de 48 heures. Je veux dire, les 21%... C'est vrai que 5,2% entre 2 heures et 4
heures, c'est presque aussi élevé qu'entre 4 heures du matin et 6
heures. Par contre, à comparer à 6 heures et 8 heures du matin,
il y a vraiment une démarcation.
M. Fontaine: Si je tire une conclusion de votre réponse,
c'est que la Sûreté du Québec était éga-
lement opposée à ce qu'il y ait deux policiers par
véhicule entre 4 heures et 6 heures le matin.
Mme Gagnon: J'ai demandé et j'ai bien mentionné que
c'étaient les conclusions de mon étude à moi et les
conclusions de mon étude personnelle. Je n'ai quand même pas une
vue d'ensemble du problème des activités policières pour
pouvoir dire que ma vue personnelle engage la Sûreté et
représente celle de la Sûreté.
M. Fontaine: M. Turpin semble être de cet avis.
N'est-ce-pas?
M. Turpin: Oui, tel que je l'ai expliqué ce matin,
évidemment, quand on parle de 5,2%, c'est 21 cas sur 2 millions. C'est
vraiment 5,2% de presque rien.
M. Beaudoin: Si vous permettez, toutes proportions
gardées, compte tenu des chiffres qu'on vous a donnés tout
à l'heure, les accidents et les interventions, ça devient
à peine un grain de sable dans un grand océan.
M. Fontaine: Le ministre l'a accordé de 4 heures à
6 heures le matin. Pourquoi ne ferait-on pas la même chose de 14 heures
à 16 heures?
M. Bédard: Pour ne pas couper des relèves en deux,
c'est évident que c'est mathématique. C'est facile à
comprendre.
M. Beaudoin: M. le Président et M. le député
de Nicolet-Yamaska...
M. Bédard: Demandez donc s'ils peuvent changer les
relèves facilement, demandez donc ça aux policiers.
M. Beaudoin: Vous regardez les voies de fait, mais il faut que
vous regardiez aussi l'ensemble des activités que je vous ai
expliquées hier soir. Là, vous regardez la conséquence des
activités. Mais, si on regarde le volume de travail, je vous ai bien dit
qu'il y avait... Regardez aux facultés affaiblies que vous avez à
votre droite; vous voyez à minuit et c'est un potentiel de danger; ce
n'est pas un cadeau, un gars chaud. En soirée aussi. Même le plus
intelligent n'est pas de service dans ce temps-là.
C'est là qu'est la réponse à votre question. Si
vous vous attaquez uniquement aux voies de fait, il faut que vous vous disiez
que les voies de fait, c'est la résultante d'un ensemble
d'activités qui régissent le policier et cet ensemble
d'activités prend place pendant les périodes
d'obscurité.
M. Fontaine: Donc, vous vous rabattez sur la question de la
grille pour négocier la période de jour. Est-ce que vous pourriez
nous en parler de cette grille? On a fait état de la grille, les
policiers en ont parlé. Est-ce que vous pourriez nous donner votre
position sur la question de la négociation de la grille? J'aimerais
également avoir vos commentaires quant à la clause omnibus qu'il
y a
à la fin de votre proposition. Le syndicat nous a dit qu'il avait
peur que cette clause soit interprétée restrictivement, et que,
du point de vue pratique, il y ait une difficulté d'application.
Pourriez-vous nous donner votre opinion sur cette grille?
M. Beaudoin: La grille, si on la traite dans son ensemble, ne
s'applique pas uniquement pour le patrouilleur, mais aussi pour tous les
enquêteurs ou les préposés aux activités
spécifiques ou diverses qui peuvent circuler dans un territoire et qui
pourraient être appelés à répondre à un
appel.
Si on se réfère aux pages 32 et 33 de l'arbitrage qui a
été rendu au Waterloo Regional Police, vous remarquerez que dans
l'esprit qui a guidé les délibérations, on s'attaque
beaucoup plus à la latitude du gestionnaire et on trace des grands
principes d'encadrement, une espèce de directive-cadre qui évite
aux gestionnaires de s'encarcaner et de devenir très
procéduriers. Vous savez, l'absurde ou l'encadrement peut aller
jusqu'à tuer. Il y a certains corps de police où la patrouille
aujourd'hui, pour aller conduire une voiture au garage, doit y aller à
cinq, deux dans un véhicule et deux dans l'autre et finalement, c'est
une affaire vicieuse, parce qu'il n'y en a jamais un qui est seul. Si
l'individu va souper, il faut qu'ils aillent souper à deux. S'ils vont
chez eux... Cela devient vicieux.
C'est pour cela qu'en tant que gestionnaire, mon opinion, c'est que la
grille qu'on retrouve ce n'est pas une grille, c'est beaucoup plus un
principe directeur d'encadrement qui laisse aux gestionnaires le sens d'une
certaine décision ...On met des chefs de poste dans le champ et
on leur demande de prendre des décisions et de diriger des gens et on
leur confie la mission de la Sûreté, comme je vous ai dit hier. Je
pense que c'est assez important de les laisser penser, au salaire qu'on les
paie. Ils doivent pouvoir se rattacher à une autre chose qu'un bout de
papier.
Cela demande une bonne volonté et un encadrement, au niveau d'une
politique et des principes. Mais nous avons voulu, dans un effort de bonne foi
envers nos représentants syndicaux, rédiger une grille avec un
proviso, comme vous avez remarqué, à la fin, qui permet
peut-être d'englober d'autres situations qui n'ont pas été
prévues. On ne sait jamais, vous savez, le crime évolue. Il y a
trois ans, on ne parlait pas de kidnapping, aujourd'hui, on en parle. C'est
notre opinion sur la grille.
M. Fontaine: Si, à la sortie de cette commission, on
recommandait à l'association et à la Sûreté du
Québec de retourner s'asseoir ensemble pour négocier cette
grille, est-ce que vous pensez qu'il y aurait possibilité d'une
entente?
M. Beaudoin: Nous sommes ouverts. On a bien hâte de
s'asseoir à la table de négociation, pour autant qu'il y ait de
la bonne foi, pour autant qu'on veuille rechercher des solutions communes, pour
autant qu'on ne veuille pas charrier et pour autant qu'on considère que
ce que le ministre a donné, c'est généreux et c'est le
maximum possible, compte tenu de la démonstration qu'on a faite des
activités et qu'on dit: II y en a de jour. Oui, il y en a, mais ce n'est
pas la majorité. Je pense qu'on peut en venir à trouver quelque
chose, contrairement à ce que le conseiller juridique de l'association a
dit, il n'y aurait pas de problème de réglé, on
opère déjà avec une grille. Quand les gars sont revenus au
travail, au mois d'avril, il fallait faire quelque chose pour eux. Je dois
féliciter nos gars publiquement, parce qu'ils ont repris le travail, ils
ont repris le boulot, comme si de rien n'était. Mais nous, il fallait
les diriger, il fallait leur donner des choses.
Si, à ce moment, on avait des gens qui savaient qu'ils venaient
ici et qui n'étaient pas intéressés à venir
négocier une grille parce que s'ils venaient ici, c'était pour
défendre la patrouille à deux hommes le jour, nous, il fallait,
arbitrairement je dis bien arbitrairement parce j'ai signé le
communiqué et j'en prends la responsabilité établir
un mécanisme qui tienne compte de la sécurité de nos
membres pendant les jours qui vont suivre et jusqu'à ce que la
commission ait statué.
M. Fontaine: Sur un autre sujet... On a parlé de la fusion
de certains postes. Si on veut faire cette fusion, ne pensez-vous pas que cette
fusion, dans certains endroits, pourrait amener le même problème
que celui qu'on retrouve actuellement avec l'équipe d'urgence que vous
avez? Je me réfère à ce à quoi avait fait allusion
le député de Drummond concernant, par exemple, l'unité
d'urgence du Cap-de-la-Madeleine qui doit se rendre à Drummondville et
qui perd un temps considérable pour partir et pour revenir.
Ne pensez-vous pas que ces fusions seraient de nature à faire
perdre du temps aux policiers, parce qu'ils devraient se rendre dans un
secteur, aller patrouiller là-bas, passer la journée et revenir?
Ils perdraient sûrement des heures considérables à faire
ces trajets.
M. Beaudoin: Vous savez, M. le député, c'est
peut-être mal interpréter les déplacements de nos hommes.
Quand ils se déplacent avec une autopatrouille drôlement bien
identifiée, telle que vous connaissez nos voitures-patrouilles, et
qu'ils partent du Cap-de-la-Madeleine, traversent Trois-Rivières,
Trois-Rivières-Ouest, prennent le pont de Trois-Rivières et
passent dans votre comté, s'en vont de l'autre côté, c'est
toujours de la police qui est sur la route. C'est de la présence
policière.
Maintenant, il y a aussi les chevauchements de relève qu'on peut
agencer de façon à répondre aux besoins. Peut-être
qu'ils ne dépensent pas huit heures en termes de rentabilité ou
de productivité à l'endroit même où ils vont
travailler, mais il reste qu'en cours de route, ces gens font constamment du
travail et vous seriez surpris de ce que ces gens peuvent ramasser en cours de
route. Pour nous, cette mobilité, qui est additionnelle à la
mobilité minimale prévue par les horai-
res de travail, je pense que cela peut être
interprété ou on juge que c'est un service additionnel à
la population.
Peut-être une sous-question à votre question. Vous allez
dire: Si on fusionnait cela, c'est une vingtaine de gars divisé par
quatre... Quand on a divisé cela dans tous les postes, il ne reste plus
rien comme force et, quand ils sont intégrés dans un calendrier
de travail, on ne peut pas les changer de calendrier avant la semaine suivante
parce qu'un calendrier de travail est stable. Donc, on est encadré et
cela veut dire que, si je veux réunir un groupe pour faire face à
un problème, je dois aller piger dans tous les postes, je
désorganise le déploiement policier sur les relèves et,
finalement, on ne règle rien parce que je dois combler cela avec du
personnel et cela donne du temps supplémentaire. Le temps
supplémentaire à la Sûreté du Québec, c'est
12% du budget. Quand le Conseil du trésor nous voit arriver avec cela,
je vous assure qu'on n'est pas très populaire et on doit sortir tous les
arguments rationnels pour justifier notre action parce que, dans une industrie,
normalement, ce n'est pas plus de 5% de son budget.
M. Fontaine: J'aimerais poser une dernière question. Cela
touche le décès du policier Brabant qui a, entre autres,
engendré tout le conflit. Je pense que cela a été la
goutte qui a fait déborder le vase. J'ai ouï-dire que ce policier,
le matin de l'incident, devait être accompagné par quelqu'un.
Pourriez-vous me dire si c'est exact et comment se fait-il qu'il ne
l'était pas s'il devait l'être?
M. Beaudoin: Effectivement.
M. Johnson: J'invoque le règlement. C'est devant le
coroner.
Le Président (M. Laplante): C'est devant le coroner. Oui.
C'est ce que j'allais dire. Je vous laisse toute liberté de
répondre à cette question. Je ne voudrais pas que cela vous
engage, ni vous ni personne là-dessus.
M. Beaudoin: Je vous remercie, M. le Président. J'allais
justement mentionner que c'était sub judice sauf que je ne crois pas que
cela entache la question de savoir: Est-ce qu'il y aurait normalement eu
quelqu'un avec lui? Oui, il y avait un membre prévu avec lui, mais il
avait un jour férié à reprendre. Il a demandé
à son responsable du poste s'il pouvait reprendre son jour
férié. Le responsable du poste a demandé, en retour,
à l'agent Brabant s'il consentait à travailler seul. Cela ne veut
rien dire, mais il y a un lien de parenté assez étroit qui unit
ces deux personnes. Finalement, il y a eu un accord et l'un a pris son jour de
congé et l'autre a travaillé seul.
M. Fontaine: Merci, c'est tout.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Les
premières questions que je voudrais poser, c'est au sujet de
l'intervention de la Sûreté du Québec. On a dit que
l'intervention se faisait surtout dans trois secteurs, au niveau de
l'application du Code criminel, au niveau de la sécurité
routière et, finalement, il y a un certain nombre d'activités
diverses.
Si je résume bien la base de l'argumentation de chaque partie,
c'est la suivante: Pour l'APPQ, la charge de travail est plus grande le jour
et on nous a donné les statistiques concernant les accidents, les
billets de circulation et d'autres statistiques qu'on peut et qu'on a mis en
doute, non pas pour douter de la bonne foi de l'APPQ, mais pour mettre en doute
la méthodologie utilisée par ailleurs, on nous a
indiqué, au niveau de l'argumentation de l'APPQ, que le degré de
danger était, à son avis, égal le jour, le soir et la
nuit.
Donc, à son avis, la conclusion logique qu'il fallait tirer,
c'est qu'il n'y avait aucune raison de considérer la relève de
jour différemment des autres relèves. Au surplus, on nous a
très bien indiqué comment on adoptait plutôt le principe de
deux hommes préférablement à celui d'un homme par
patrouille, considérant, pour toutes sortes d'arguments, qu'il
était plus efficace pour la sécurité des citoyens et aussi
plus efficace pour la sécurité des policiers.
Par ailleurs, la base de l'argumentation de la Sûreté du
Québec est la suivante: D'une part, semble-t-il j'aimerais avoir
des précisions à ce sujet si ce n'est pas clair les types
de délits potentiellement plus dangereux que les autres se concentrent
le soir et la nuit, selon un certain nombre de tableaux qui nous ont
été présentés, et les accidents de travail et le
degré de danger effectifs sont plus grands, contrairement à ce
que disait la partie syndicale, le soir, la nuit, comparativement au jour.
Au surplus, la position de la Sûreté du Québec
indiquait qu'a priori, on adoptait plutôt le principe d'un homme,
préférablement à deux, considérant, à
l'inverse de l'APPQ, que c'était plus sécuritaire pour les
membres et plus efficace, en termes de sécurité publique, pour la
population.
Cela m'amène à faire une petite remarque avant de poser un
certain nombre de questions. Si je regarde ces deux positions, d'une part, et,
d'autre part, la réalité des faits qui ont amené le
ministre de la Justice à prendre position, devant les principes en cause
qui étaient en balance, je pense que, personnellement, pour la
première fois, j'ai vu assez clairement pourquoi le ministre de la
Justice avait pris la position qu'il avait prise, s'appuyant probablement sur
une évaluation plus exacte des faits, compte tenu de la valeur
scientifique de l'évaluation. Dans ce sens-là, je pense que le
ministre de la Justice a pris une position logique en disant qu'il y a deux
principes en cause. Si on regarde la courbe du degré de danger, surtout
la courbe du degré de danger effectif, même si la
Sûreté du Québec considère que le principe à
un homme devrait être valable en tout temps, on peut, à la limite,
faire des concessions
sur les endroits ou les temps où c'est le plus dangereux. C'est
effectivement la décision qui a été prise par le ministre
de la Justice.
Par ailleurs, j'aimerais vous poser la question suivante: Est-ce qu'on a
des statistiques sur les cas où un deuxième policier a
joué un rôle prépondérant au niveau de
l'intervention et, éventuellement, en termes de sécurité
au travail?
M. Beaudoin: M. le Président, connaissant l'acuité
de M. Charbonneau et sa formation en criminologie, qui comporte des
connaissances statistiques, là encore, je vais demander à Mme
Gagnon...
M. Charbonneau: Cela me fait plaisir de l'entendre.
M. Beaudoin: ...de répondre avec une logique implacable en
termes de statistiques.
M. Bédard: M. Charbonneau, à un moment
donné...
M. Charbonneau: C'est moins compromettant en public.
Mme Gagnon: M. le Président, je vais commencer à
répondre peut-être à la troisième partie de la
première question du député qui consistait à dire
est-ce que vous m'entendez? Oui. qu'il était d'accord avec
le ministre de la Justice lorsqu'on a dit qu'on avait accordé la
relève du soir et de nuit. Je ne voudrais pas que ce que j'ai pu dire
tout à l'heure semble amener une confusion révélant que le
rôle du policier ne comporte aucun risque.
Effectivement, il y a des risques. On a fait une étude exhaustive
de tous les cas où, effectivement, il y a eu résistance contre
nos policiers et, dans 87% des cas, c'est survenu le soir et la nuit.
M. Charbonneau: En fait, ce que j'ai fait comme
distinction...
Mme Gagnon: Je voulais seulement...
M. Charbonneau: La distinction est la suivante: II y a des types
de délits qui sont potentiellement plus dangereux que les autres, d'une
part et qu'il y a le danger effectif, celui qui se produit, les accidents de
travail qui se produisent dans la réalité. On peut
considérer que certains types de délits sont potentiellement plus
dangereux, mais, je ne sais pas si ce serait le cas, si on faisait une
étude d'un délit en particulier, mais on pourrait finalement
trouver, à un moment donné, qu'un délit très
dangereux ne comporte, en termes d'effectifs, aucun accident de travail, ce qui
ne rendraient pas le métier de policier moins dangereux et le
délit non plus.
Mme Gagnon: On va revenir à la première question
qui, je crois, était sur la répartition que j'appellerais la
répartition horaire des activités, se- lon le genre
d'activité. Au niveau des données sur les heures
d'événements, c'est-à-dire, nous autres, on a pu appeler
cela, en fin de compte, la répartition des appels, il faut faire une
distinction au niveau du Code criminel, selon moi, entre deux grands types de
crimes.
Il y a les crimes, comme les attentats contre la personne et les vols
qualifiés où on reçoit vraiment l'appel presque dans
l'immédiat, dans les minutes qui suivent le crime, alors que, dans un
autre genre de délit qui relève encore du Code criminel on a, par
exemple, les vols par effractions, les vols simples, les méfaits qui, en
fin de compte, sont les crimes les plus fréquents qu'on couvre. L'appel
peut arriver même des jours après que l'événement se
soit produit.
Déjà, cette différence implique, au niveau de la
distribution des appels... Lorsqu'on étudie la distribution des appels,
on voit que les attentats contre la personne où on reçoit l'appel
au moment de l'événement, l'étude nous a
démontré que, le soir, il y en a 59%.
Je peux me permettre de vous faire distribuer... Hier soir, je me suis
fait un résumé vraiment de cela. Je me suis dit: Vraiment, c'est
quand surviennent les événements. On a semblé dire,
à un moment donné, que les vols qualifiés surviennent le
jour. Je me suis dit: Est-ce moi qui suis mêlée? J'ai fait un
résumé par genre de criminalité et je l'ai fait
photocopier et je me suis dit: Si jamais... C'est cela que je viens de sortir.
On va vous en distribuer des copies.
Par contre, je crois qu'il y a des explications qui sont
nécessaires avec cela. Les attentats contre la personne, ce sont
vraiment des crimes où on reçoit l'appel immédiatement. Le
soir, il y en a 59%; la nuit, 19%; le jour, 21%.
M. Beaudoin vous a décrit ce que c'était l'attentat contre
la personne. Cela comprend aussi bien la voie de fait, que le meurtre et tout
cela. On a le vol qualifié où on reçoit l'appel dans les
minutes qui suivent.
Contrairement à ce que l'APPQ a pu sembler dire je
m'excuse de la citer ce qu'on nous a dit, c'est qu'étant
donné que les banques sont ouvertes le jour, les vols qualifiés,
c'est le jour. Malheureusement, les vols qualifiés dans les banques, on
en a de moins en moins à la Sûreté du Québec. On
pourrait peut-être me souffler le chiffre. On a eu 49 vols
qualifiés dans des banques à la Sûreté du
Québec.
M. Charbonneau: J'ai compris que c'était heureusement.
Mme Gagnon: Les vols qualifiés, en réalité,
c'est le soir que cela se produit, dans 45% des cas. C'est dans le cas de
dépanneurs, de stations-service. C'est surtout cela. Le soir, on a 45%
des appels pour des vols qualifiés; la nuit, 28% et, le jour, 25%.
Les autres infractions au Code criminel, c'est la catégorie que
je vous ai dite où l'appel peut survenir vraiment des heures et des
jours après l'événement. Dans ce cas, l'appel entre le
jour, 50% en-
trent le jour. On pourrait dire, dans le cas des vols de chalets, que
cela entre le samedi même. Alors, à ce moment, par contre,
l'intervention policière peut plutôt consister en un constat et en
une première visite du voisinage, mais non pas à répondre
à une urgence qui peut être nécessitée par cet
appel.
Le deuxième genre d'intervention qu'on touche, c'est la
circulation. Dans la circulation, les grandes activités sont: les
accidents de la route, les billets de contravention, les avis de 48 heures, les
capacités affaiblies. Dans les cas d'accidents de la route, 39%
surviennent le jour, 41% le soir, 18% la nuit. Encore une fois, pour les
accidents, nos policiers ont à répondre immédiatement
à l'appel. Pour billets d'infraction au Code de la route, 42% sont
donnés le jour, 41% le soir, 16% la nuit. Pour les capacités
affaiblies, là vraiment, c'est un problème, parce qu'on a
regardé, et sur les 401 cas d'entraves, 128 étaient des cas de
capacités affaiblies. Les capacités affaiblies, on les fait le
soir et la nuit. Alors...
M. Charbonneau: En termes de danger, quand on parle d'infractions
aux règlements de circulation, c'est vraiment là où c'est
le plus dangereux.
Mme Gagnon: Je m'excuse, là où c'est dangereux,
c'est lors de capacités affaiblies.
M. Charbonneau: C'est cela.
Mme Gagnon: Dans le cas des règlements de circulation, on
a donné 655 000 billets et avis de 48 heures, l'an passé.
M. Charbonneau: D'accord.
Mme Gagnon: On a eu 63 cas de résistance. Là, on
pourrait dire que dans 99,991% des cas, il n'y a rien eu. Alors, ce n'est
peut-être pas dangereux, c'est le jour. Concernant les accidents de la
route, on n'a pas eu de cas, à ma connaissance, dans le dossier qu'on a
regardé, et je crois qu'on a regardé tous les dossiers où
il y a eu de la résistance ou des voies de fait contre nos
policiers.
M. Charbonneau: Ecoutez, je pense que pour le reste du tableau
où il n'y a pas, finalement, trop d'incidents en termes de danger, on
peut peut-être seulement prendre avis du tableau, si on veut
épargner un peu de temps. Je voudrais revenir sur la question que
j'avais posée. A-t-on des statistiques, est-ce qu'on a fait des
études pour analyser l'impact ou l'intervention et son effet
déterminant du deuxième policier, lorsque les gens ont
travaillé à deux? Est-ce qu'il y a des études qui existent
à ce sujet, par exemple, pour savoir si, dans plusieurs cas, il y aurait
eu une intervention déterminante en termes de sécurité de
travail du deuxième policier?
M. Beaudoin: Mme Gagnon va vous donner encore une réponse
sur cela.
M. Charbonneau: On n'a rien contre.
Mme Gagnon: II y a une étude qui existe sur cela, c'est
celle de l'APPQ. Je dois commencer par cela, parce que pour cette étude,
vraiment, j'ai tenté en fin de semaine de faire un "test de confiance".
J'ai fouillé dans tous les livres pour essayer de trouver la sorte
d'échantillonnage utilisé, et vraiment, je n'ai pas réussi
à la trouver. Pour vous remettre dans le contexte, on a choisi cent cas
où on a demandé aux policiers les cas où ils avaient des
problèmes. Ils ont fait, à ce moment-là, la moyenne des
temps-réponse. C'est le fameux 17,34 minutes dont on vous a parlé
tout au cours de la semaine. Alors, cela a été fait sur cent cas,
sur environ 13 millions d'interventions au cours des onze dernières
années. Pour notre part, on a tenté de faire une étude
là-dessus. En fin de compte, combien de temps, cela pourrait prendre
à un policier pour avoir de l'aide? Je peux essayer de vous
représenter... Représentez-vous un district qui a 50 milles. Dans
ce district, il y a six postes, disons vingt secteurs de patrouille. Alors, il
y a vingt voitures-patrouilles qui se promènent dans ce territoire. Il
survient un événement. Il se peut très bien que la seconde
auto-patrouille qui est dans le territoire connexe, soit, par hasard, à
un mille de l'auto qui a besoin d'assistance. Une seconde chose, c'est qu'on a
toujours parlé de l'auto-patrouille comme assistance, mais lorsqu'un de
nos véhicules appelle à l'aide, le code 10-21, il faut dire que
dans un territoire donné, il y a l'unité d'urgence qui est
présente, il y a le BEC, il y a les ERAM, il y a les officiers qui
peuvent être en disponibilité, tous les véhicules de la
Sûreté qui entendent un appel à l'aide, vont vraiment
répondre à cette demande. Alors, d'essayer d'évaluer
combien de temps cela peut prendre, à ce moment, pour voir de l'aide, je
pourrais vous dire qu'il pourrait y avoir une tempête de neige, les deux
policiers sont à un mille l'un de l'autre et cela va prendre une
demi-heure, par contre, cela pourrait prendre cinq secondes. Alors, en fin de
compte, c'est impossible de pouvoir faire une étude là-dessus.
C'est vraiment impossible, scientifiquement parlant, et je dirais
honnêtement parlant.
M. Charbonneau: Est-ce que, par ailleurs, on a plus d'incidents
à couvrir, des incidents sans appel préalable au poste, avec un
système de communications, c'est-à-dire des incidents qui
amènent une intervention par le travail d'observation policière?
En a-t-on plus à la Sûreté du Québec?
M. Page: Les membres de la commission seraient-ils
disposés à ... même à terminer à 6 h 15, 6 h
30? Je pense que personne n'a d'objection.
M. Bédard: J'ai une certaine objection dans le sens
suivant, M. le Président. Je suis même prêt à y
mettre encore plusieurs heures, mais je suis obligé d'être
à Montréal assez tôt ce soir. Il y aura peut-être
possibilité, si on va voter, de donner un
quart d'heure de plus, si vous pensez que cela peut régler le
problème. Si on en a encore pour une ou deux heures, je n'ai aucune
objection à ce qu'on remette cela.
M. Page: M. le député de Verchères, s'il y
en a encore pour...
M. Bédard: Je ne veux priver personne de son droit
dé parole.
Le Président (M. Laplante): On va suspendre la
séance pendant quinze minutes. Juste le temps du vote à
l'Assemblée nationale et on revient ici tout de suite après.
M. Charbonneau: Dans ce cas, peut-on espérer que quelqu'un
va veiller à ce que nos choses...
Le Président (M. Laplante): Je veillerai, pour raccourcir
le temps.
(Suspension de la séance à 17 h 42)
(Reprise de la séance à 18 h 5)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Par exception, avec consentement unanime des membres de cette
commission, nous siégerons jusqu'à 6 h 15, sans que ce soit un
précédent.
M. Bédard: M. le Président, pouvons-nous nous
donner peut-être un peu d'élasticité, s'il faut aller
jusqu'à 6 h 30?
Le Président (M. Laplante): Au plus tard...
M. Bédard: Pour ne pas revenir, au plus tard, 6 h 30.
Le Président (M. Laplante): Au plus tard.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Est-ce le...
Une Voix: Dix minutes.
M. Bédard: Oui, mais ça fait plusieurs dix minutes
qu'on nous parle depuis le début, et je ne vous fais pas de reproches.
On est pareil, de ce côté-ci de la table...
Le Président (M. Laplante): Consentement unanime des
membres.
Une Voix: M. le rapporteur.
Une Voix: Notre policier.
Le Président (M. Laplante): Dernière intervention,
M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Avant de faire une
intervention, je voudrais peut-être faire une mise au point sur ce qui a
été dit juste avant qu'on termine. Je voudrais signaler, parce
que le directeur a indiqué que j'avais peut-être une certaine
expérience ou connaissance de la question, qu'autant il peut exister un
chiffre noir de la criminalité qui peut être considérable
surtout pour certains types de crimes, qui ne sont pas violents parce qu'ils ne
sont pas nécessairement rapportés à la police, autant il
existe, à mon avis, un chiffre noir sur les interventions des policiers
avec résistance, mais qui n'ont pas donné lieu à des voies
de fait graves ou à des voies de fait... ou même à des
meurtres inévitablement. La raison est la suivante, c'est que je connais
beaucoup de policiers qui, bien souvent, lorsqu'il y a des voies de fait
mineures ou une certaine résistance, ne voudront pas commencer à
multiplier les rapports et vont utiliser une certaine force nécessaire
pour intervenir mais, par la suite, ils vont laisser les choses là; et
je pense que ça aussi, c'est important de le comprendre, parce que
ça fait partie du métier de policier et de l'expérience
policière. Tous les policiers vont vous dire que, s'il fallait qu'ils
fas-
sent des rapports pour chaque incident où ils ont à
intervenir, la police passerait son temps à faire des rapports.
La dernière question que je voudrais poser j'en ai
laissé tomber quelques-unes pour permettre à d'autres membres de
la commission de terminer eux aussi c'est au sujet du climat actuel de
travail. Je me pose la question suivante: Est-ce que, malgré tout, quoi
qu'on dise de la justesse des arguments d'une partie ou d'une autre, le conflit
qu'on vient de vivre n'est pas un symptôme d'un certain malaise qu'on a
sous-estimé à l'intérieur de la Sûreté du
Québec, surtout au niveau de la direction et qui mériterait qu'on
s'y attarde sérieusement?
M. Beaudoin: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le directeur.
M. Beaudoin: ...concernant votre question, M. Charbonneau,
jusqu'à ce jour, on ose croire que c'est un geste spontané
causé par certaines... Si on fait une rétrospective, on a eu le
cas de l'agent Bédard, qui est survenu alors que le Parlement canadien
avait à se prononcer sur la peine de mort. Dans le deuxième cas,
celui de l'agent Desfossés, il y avait encore une circonstance... Je
pense qu'à ce moment-là, on s'était prononcé pour
l'abolition de la peine capitale. Là encore, nos dirigeants syndicaux
ont dû se servir de tout leur sens de persuasion pour calmer les troupes
en disant, et j'interprète: Ecoutez! On renégocie le contrat de
travail, et c'est une préoccupation majeure de vos dirigeants syndicaux.
D'ailleurs, dans le dernier journal, Au Devoir, publié par l'Association
des policiers provinciaux du Québec, dans son éditorial, le
président mentionnait que c'était la partie majeure sur laquelle
il ne pouvait céder. Le climat du comité paritaire
commençait à s'établir. La "cédule" était
faite. Je pense qu'il y avait de la bonne volonté de part et d'autre et,
tout à coup, arrive cet incident.
Moi aussi, je me suis posé la même question. J'ai dit: Cinq
ans après Drummondville 1971, est-ce que ça va si mal que
ça à la Sûreté du Québec? Est-ce que nos gens
sont si malheureux? Est-ce que nos gens sont si mal administrés? Est-ce
que leurs conditions de travail sont si pitoyables au point qu'on mette en
boîte leurs dirigeants syndicaux et qu'on signe une pétition
à 75 membres, obligeant le président à tenir une
assemblée générale?
On s'est posé toutes ces questions. On n'a pas les
réponses. On croit, M. le Président, que cela a été
un geste spontané qui a dégénéré, vous
savez, avec l'effervescence du moment, l'effet de groupe aidant.
Soyez assurés qu'au cours des prochains mois, en priorité,
on va se pencher sur la question et même plus que se pencher, on va la
fouiller de façon à savoir s'il y a vraiment des problèmes
aigus à la Sûreté du Québec. Si ce sont les
dirigeants qui en sont la cause, je serai assez fin pour prendre une
décision en conséquence parce qu'on ne fait pas durer un
problème si on en est la cause; mais nous allons faire une petite
enquête, non pas une enquête policière, mais une
enquête d'attitude et de comportement et de satisfaction au travail de
nos membres de façon à connaître le problème.
Qu'est-ce qui rend nos gens si malheureux?
Le Président (M. Laplante): Le député de
Westmount.
M. Springate: Premièrement, je ne veux pas que des
policiers de la Sûreté pensent que, parce que le directeur est ici
aujourd'hui et antérieurement comme témoin, il est contre les
désirs ou les intérêts des membres.
Je connais le directeur assez intimement. Il est un homme qui pense
à ses hommes, qui prend leurs intérêts à coeur et il
est ici comme gestionnaire et non pas comme quelqu'un qui est contre leurs
intérêts.
J'ai déjà vu l'ancien directeur de la police de
Montréal, J.-Adrien Robert, qui a témoigné devant un
tribunal d'arbitrage et les gens ont tenu pour acquis qu'il était contre
leurs intérêts. Ce n'est pas le cas du directeur Beaudoin.
Seulement quelques questions. Police Regional Municipality of
Waterloo... Etait-ce un jugement d'une cour ou est-ce simplement un rapport
écrit par un officier?
M. Beaudoin: C'est un cas d'arbitrage. M. Springate: Un
cas d'arbitrage. M. Beaudoin: Oui. M. Springate: En quelle
année?
M. Beaudoin: Seulement une seconde, s'il vous plaît.
M. Springate: Est-ce que c'est avant Toronto ou après?
Avant 1975, Toronto, avant 1976?
M. Beaudoin: C'est avant Toronto. Toronto était en 1974
avec effets en 1975. Donc, c'est antérieur.
M. Springate: Deuxièmement, dans votre mémoire,
vous nous apportez des arguments de la Commission de police
métropolitaine de Toronto. Si je ne me trompe pas, le jugement a
été rendu en faveur de l'association des policiers, deux hommes
par patrouille le soir. Je vous demande pourquoi nous n'avons pas eu les
arguments de l'association. S'ils ont porté fruit, peut-on conclure
qu'elle avait de meilleurs arguments que ceux de la Commission de police?
M. Beaudoin: Tout à l'heure, je n'ai pas eu l'occasion de
répondre à cette question. Les offres du ministre
dépassaient celles que vous retrouvez à Toronto, mais il faut
croire que c'étaient des circonstances fort différentes et son
souci de l'intérêt public, à ce moment, était que
nos gens retirent une certaine satisfaction et puissent retourner au
travail et permettre au président et à son exécutif
de proposer quelque chose qui puisse satisfaire nos membres.
M. Springate: Vous n'avez pas répondu exactement à
la question, à savoir pourquoi vous avez oublié de nous soumettre
les arguments qui ont été apportés par l'Association des
policiers de Toronto. Comme le jugement a été rendu en sa faveur,
ses arguments étaient-ils meilleurs que ceux de la Commission de
police?
M. Michaud (Gilles): Ce qui s'est passé, c'est que, dans
le cas de Toronto, l'association demandait que la patrouille soit en vigueur 24
heures par jour et les policiers avaient déjà douze heures qui
étaient de huit heures le soir à huit heures le matin.
L'association n'a pas gagné. Elle a perdu sa cause. Tout ce que le juge
a fait, c'est qu'il a dit: Cela sera douze heures. Cela ne sera pas de vingt
heures à huit heures. Cela sera de quatre heures l'après-midi
à quatre heures la nuit ou toute autre période de douze heures
décidée par le chef de police qui vont coïncider avec les
heures où l'incidence du crime le plus élevée et il a
même exclu la patrouille, en fait, ce qui est strictement trafic ou
circulation, de ces douze heures.
Donc, l'association n'a pas gagné.
M. Springate: Peut-être que la prochaine fois, vous pourrez
aussi nous donner des arguments de l'autre côté. Je vous demande
pourquoi, M. le directeur, la Sûreté a eu recours à
Toronto, à Waterloo, à Niagara et pourquoi vous avez
oublié les villes du Québec, comme Montréal, par exemple,
où j'ai travaillé, et je pense que vous savez ce qui arrive
à Montréal.
Il n'y avait pas d'étude à Montréal. Cela a
toujours été acquis et vous le savez, depuis longtemps. Dans les
diverses villes du Québec, il n'y avait pas d'étude non plus. Il
faut faire attention pour essayer de trouver des études qui
correspondent à des variables et qui possèdent certains facteurs
de comparaison. C'est pour cela qu'on a dû... On a parlé de
Toronto comme d'une entrée en la matière, mais la Waterloo
Regional Police était une organisation à caractère rural
et urbain et qui s'adressait un peu à l'ensemble d'un territoire
beaucoup plus déployé. Ensuite on a fait appel à
l'expérience de Toronto qui vient de négocier et vous avez vu
leur politique. On a essayé de trouver quelque chose qui puisse
être comparable à nous. Ce n'est pas facile, vous savez. On aurait
bien aimé... Je vais vous dire ce qu'on voulait vous amener pour vous
montrer qu'il n'y a pas un manque de bonne foi, on voulait vous amener les
policiers de l'Etat de New York, qui possède 4000 policiers avec une
population de 23 millions, sauf que dans l'Etat de New York, ils sont
actuellement en négociation. Ils étaient prêts à
venir, sauf qu'ils ont dit: Cela peut avoir un effet, étant si proche,
sur nos négociations. J'aurais aimé avoir les données de
ceux de la Californie, de façon à faire une comparaison en termes
de population, police versus criminalité, et l'Etat du Texas, parce que
ce sont des états qui ne sont pas aussi vastes que le Québec,
mais qui réunissent une population policière qui est à peu
près équivalente. Mais malheureusement M. le
député, le temps nous a manqué.
M. Springate: Deux autres questions. L'association nous a dit que
cela prend 17 minutes, 34 secondes pour apporter de l'aide à un policier
qui le demande. Apparemment, cela ajoute 109 cas, répartis sur dix ans.
Vous nous avez dit que c'était impossible à la
Sûreté de nous donner des chiffres exacts sur le temps que cela
prend pour répondre à un appel. Quand j'étais policier,
quand je travaillais dans une auto, quand on recevait un appel, on notait 10 h
15, rendus sur les lieux, 10 h 17, l'heure de se remettre de faction, 10 h 24.
Est-ce que vous ne faites pas cela à la Sûreté?
M. Beaudoin: On le fait dans le rapport, mais vous savez, il faut
toujours vous placer dans le contexte d'une police provinciale opérant
dans un grand secteur. Chez vous, à Montréal, les secteurs sont
très restreints, vous avez plusieurs autopatrouilles et je suis
sûr qu'une auto-patrouille qui se rend à un appel s'y rend
immédiatement, tandis que nous, on peut rencontrer un accident en cours
de route, une infraction sérieuse qui va se commettre, je ne pense pas
qu'il soit dans l'ordre que notre policier, consciencieux comme il l'est, la
laisse passer. Finalement, il s'écoule des... A moins que ce soit une
chose vraiment importante, un crime en voie de se commettre, là il y a
toujours... On a des tableaux que vous retrouverez au début du volume
brun sur le temps-réponse.
Effectivement, quand on note l'heure et le temps d'arrivée sur
les lieux, on a une formule 400, rapport d'événement, et
effectivement on met le temps-réponse entre le moment où un
citoyen appelle et le moment où on arrive sur les lieux. Vous avez cela
à la page 20; vous avez le temps-réponse des attentats contre la
personne et les vols avec effraction, etc. Vous les avez tous répartis
en volume, de même que sur l'horaire, sur une période de 24
heures. C'est le temps-réponse à un appel reçu du public.
L'autre que vous mentionnez, c'est une dimension différente à
savoir qu'après que le policier soit intervenu, il a des
problèmes et il demande de l'aide. C'est 17 minutes, 34 secondes. En
toute honnêteté, nous ne sommes pas capables de le contredire.
Nous pourrions faire une étude, mais si on veut que notre étude
soit valide, fidèle, il faudrait employer une méthodologie qui
est beaucoup plus longue, avec des méthodes d'échantillonnage
aussi valables que faire se peut, toujours compte tenu du volume de travail
d'une région par rapport à une autre région. En somme, je
n'ai pas besoin de vous dire que c'est une méthode de sondage
conventionnelle telle qu'on peut en faire pour Gallup ou d'autres.
M. Springate: Parce que justement, hier, M. Turpin a dit que
l'aide venait dans un temps respectable, dix à quinze minutes. Quant
à moi, ce n'est pas respectable.
M. Beaudoin: Je comprends votre non-acceptation de la
respectabilité, sauf que je connais votre expérience municipale
et vous me permettrez de me référer, c'est avec
déférence que je le fais, à un ancien directeur de la
Sûreté que vous avez bien connu, M. Saint-Pierre. M. Saint-Pierre
a été cinq ans avec nous et il n'a jamais pu accepter ce
degré non plus. Vous savez, c'est long quand on est conditionné
à un temps-réponse et vous tombez dans une démographie et
une géographie complètement différentes.
M. Springate: Dernière question, même si ça
ne me concerne pas comme député d'un comté urbain. Il a
été mentionné que les unités d'urgence se rendaient
porter assistance aux postes qui n'avaient pas suffisamment d'effectifs pour
faire la patrouille de nuit. Est-ce que c'est vrai?
M. Beaudoin: Cela peut arriver à l'occasion.
M. Springate: Est-ce que c'est exact que, depuis le début
du mois d'avril, les unités d'urgence ne travaillent pas aux
relèves de jour et de soir et, si oui, comment pouvez-vous dire que
l'unité d'urgence peut porter assistance la nuit, par exemple aux postes
de Saint-Raymond, Tadoussac, etc.?
M. Beaudoin: C'est effectivement vrai, ce n'est pas une erreur
volontaire de ce matin; je n'ai pas pensé au changement horaire.
Effectivement, elles travaillent de jour et finissent à 2 heures le
matin.
M. Springate: Est-ce que c'est vrai qu'il y a onze postes
actuellement dans la province où cela existe?
M. Beaudoin: Où il manque du personnel? Onze postes,
oui.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Portneuf, une question.
M. Pagé: Une. Je vais lui donner plusieurs volets, elle
sera courte, brève. Une dernière question, M. le directeur
général. Tout à l'heure, j'ai fait référence
à la générosité du ministre tout en me
référant moi-même à ce que M. Turpin avait
mentionné ce matin dans un de ses commentaires.
M. le directeur général, si le ministre de la Justice vous
faisait part que sa générosité va jusqu'à vous dire
que vous n'avez pas à vous préoccuper de l'aspect financier des
activités, à la lueur des objectifs de sécurité
publique que vous avez, à la lueur aussi de la prise de conscience que
vous avez de la sécurité de vos employés, je pense que
vous l'avez démontré, est-ce que, s'il n'y avait pas de
contrainte comme celle-là ou comme celle du Conseil du trésor,
comme celle du ministre de la Justice et tout, est-ce que vous seriez favorable
ou enclin à accepter la requête de deux hommes sur la patrouille
de jour?
M. Beaudoin: Vous me placez devant un contre-argument. Le
ministre est le titulaire du mi- nistère de la Justice, c'est lui qui
est le titulaire de la Sûreté du Québec, j'en ai
l'administration, la gestion, etc., et lui défend nos crédits
à l'Assemblée nationale. La question qu'il faut d'abord toujours
se poser, c'est: Est-ce nécessaire? Si on en venait à la
conclusion que c'est oui, il faut recruter des gens, il faut les
entraîner et il faut les accueillir dans l'organisation; cela ne se fait
pas du jour au lendemain. C'est une question d'accueil du personnel et
d'entraînement. Voyez-vous, ça prend environ six mois.
Actuellement, notre temps est de quatre à cinq mois, à partir du
moment où un policier pose sa candidature jusqu'à celui où
on lui dit qu'il est apte à joindre les rangs de la
Sûreté.
Donc, vous voyez comment ça peut s'échelonner dans le
temps et dans l'espace, le rythme de recrutement. Finalement, il faut les
envoyer à Nicolet pendant vingt semaines et, enfin, lancer ces
ressources dans la force. Par contre, en tant que gestionnaire, je dois vous
dire: Non, ce n'est pas nécessaire, ce n'est pas essentiel et on pense
qu'on peut faire une bonne "job" sans gaspiller les deniers du peuple et on
sait qu'actuellement, la province a besoin de deniers économisés
un peu partout.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, voulez-vous
conclure s'il vous plaît?
Fin des auditions
M. Marc-André Bédard Ministre de la
Justice
M. Bédard: M. le Président, ceci clôt
l'audition des parties qui avaient exprimé l'intention de se faire
entendre au cours de cette commission parlementaire. Je tiens à dire que
nous aurons l'occasion de revenir sur le sujet traitant du fait que je n'ai
jamais fait de la sécurité des policiers au travail, une question
de piastres et une question d'implication financière, même s'il
faut en tenir compte en fonction de l'intérêt des policiers, de
l'intérêt de la direction de la Sûreté et de
l'intérêt des citoyens.
Je crois que durant cette commission, nous n'avons pas devisé
bien souvent sur l'aspect du coût. Ce qui m'intéresse et ce qui
continue de m'intéresser, c'est la sécurité des policiers
au travail et d'analyser ce problème en fonction des critères
dont j'ai parlé tantôt, à savoir l'efficacité, la
sécurité des citoyens et la sécurité des
policiers.
M. le Président, au terme des auditions de cette commission, je
tiens à remercier d'une façon tout à fait
particulière les autorités de la Sûreté du
Québec et également, les dirigeants de l'Association des
policiers provinciaux d'avoir, par leur attitude, leur témoignage,
également la documentation qu'ils ont mise à la disposition des
membres de cette commission, contribué grandement au sérieux de
l'ensemble des séances de cette commission.
Vous avez, l'Association des policiers, comme la direction de la
Sûreté du Québec, constaté, vous l'avez même
mentionné, l'attention de tous
les instants qui a été manifestée par chacun des
membres de cette commission. Je voudrais également féliciter tous
les membres de cette commission de leur travail sérieux qui, j'en suis
convaincu, contribue à revaloriser le rôle d'une commission
parlementaire auprès des personnes qui acceptent de se faire entendre et
d'y déposer des travaux très élaborés.
Je félicite naturellement tous les députés du
côté ministériel de même que, notamment, le
député de Portneuf, le député de Westmount et le
député de Nicolet-Yamaska pour l'apport qu'ils ont fourni.
M. le Président, le problème de la sécurité
au travail des policiers est important et je suis sûr qu'ils ont
réalisé qu'il n'y a pas que la sécurité au travail
des policiers qui est importante, mais la sécurité au travail de
tous les travailleurs. Dans cet ordre, lorsque nous aurons à
délibérer, nous aurons à évaluer l'ensemble de ce
problème, non seulement en soi, mais également en collaboration
et en comparaison aussi avec d'autres catégories de travailleurs qui,
eux aussi, ont des priorités de sécurité qui peuvent se
traduire par des affectations ou des décisions gouvernementales qui
peuvent avoir non seulement des implications financières, mais tout
simplement des implications en termes de priorité d'action.
M. le Président, je crois que l'Association des policiers
provinciaux, de même que les autorités de la Sûreté
du Québec, ont la conviction peut-être que c'était
une première occasion, parce que l'Association des policiers provinciaux
a parlé de frustration accumulée depuis plusieurs années
... Il reste que je suis convaincu que vous savez maintenant que vous
avez vraiment été entendus par les représentants de la
population au sein de cette commission parlementaire de la justice.
Je crois que tout au long des travaux de cette commission, la direction,
l'association, le ministre de la Justice, les membres de cette commission, ont
pu et peuvent différer d'opinion, en toute bonne foi, mais que cette
commission a quand même permis de constater que même s'il existe
des divergences d'opinions entre les uns et les autres, il reste que cela ne
fait aucun doute que durant tous les travaux de cette commission, on a pu
percevoir très facilement le respect des uns envers les autres. Je pense
que cela est important pour qu'une discussion soit valable et efficace.
Peut-être pourrions-nous dire que le premier effet de cette
commission parlementaire a été de permettre un dialogue qui a
fait peut-être un peu trop défaut entre les différentes
parties, d'une part, la direction de la Sûreté du Québec et
également l'Association des policiers provinciaux et, j'irais plus loin,
également l'ensemble des policiers de la Sûreté du
Québec.
Peut-être que cette commission parlementaire a eu comme premier
effet d'améliorer un climat qui, souvent, étant donné les
circonstances, tourne à l'incompréhension, même si, au bout
de la ligne, les parties se respectent profondément. Je crois que cette
commission a permis, jusqu'à maintenant, au moins de faire en sorte que
chaque partie connaisse très bien la perception que l'une et l'autre,
les unes et les autres, peuvent avoir d'un problème aussi sérieux
que celui que nous avons eu à étudier.
M. le Président, je termine en vous disant que, dès le
début de cette commission parlementaire, j'ai indiqué mon
désir de voir cette commission parlementaire non seulement
étudier mais également exprimer des recommandations. Je n'ai pas
changé d'idée. C'est ce vers quoi nous orienterons maintenant
notre travail.
Dans ce sens, je vous soumets respectueusement, M. le Président,
d'accord avec les leaders du gouvernement et des partis de l'Opposition, qu'il
y a une forte probabilité que nous puissions continuer notre travail de
délibération sur l'ensemble des témoignages et de la
documentation qui ont été portés à notre attention
probablement mardi, après la période des questions et, si c'est
nécessaire, de continuer dans la soirée.
Je tiens à dire que cette période de
délibération de la commission est publique, ce n'est pas à
huis clos, et vous êtes invités, en fait, tous, et toutes les
parties qui se sont fait entendre, à assister à cette
délibération, parce qu'en fait, chacun des membres de la
commission aura à prendre ses responsabilités et cela va se faire
aussi publiquement que chacune des parties a pris ses responsabilités en
venant témoigner publiquement devant cette commission.
Je suis convaincu que les membres de cette commission prendront, comme
je l'ai dit tout à l'heure, leurs responsabilités en ayant
à l'esprit l'intérêt des policiers, d'une part,
l'intérêt des dirigeants de la Sûreté,
l'intérêt aussi d'un corps policier efficace. Il faut travailler,
en fait, solidairement, à améliorer son efficacité,
à améliorer aussi la perception, la bonne perception au niveau de
la population, peut-être même faire quelques suggestions qui soient
toutes de nature très positive dans le sens d'augmenter le respect de la
population envers un de ses principaux corps policiers. Je pense que la
population a besoin d'avoir ce respect envers ceux qui ont comme
première fonction de faire respecter la loi, ceux qui
représentent en fait la ligne officielle de l'ordre dans la
société.
Je crois aussi qu'il faudra c'est ce que feront les membres de la
commission, lorsqu'ils prendront leurs responsabilités avoir
également à l'esprit, je dirais un point primordial, qui est
celui du droit fondamental des citoyens à avoir les services de
sécurité pour lesquels ils paient.
M. le Président, ce sont les remarques générales,
les plus brèves possible, que je veux faire à la fin des
auditions de cette commission et je remercie encore une fois chacune des
parties qui s'y sont fait entendre.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président! Seulement quelques
commentaires pour m'associer, moi
aussi, en tant que représentant de l'Opposition officielle,
à cette partie des paroles formulées par le ministre de la
Justice. Je veux remercier nos intervenants, ceux qui ont comparu, ceux qui ont
bien voulu venir passer plus de vingt heures avec nous pour discuter de cette
question combien importante, tant de la protection du public, du citoyen
québécois que du policier lui-même dans le cadre de ses
fonctions.
Nous avons eu l'occasion, par le fait même, de discuter
concrètement et spécifiquement de plusieurs aspects de ces deux
questions. Je pense que cette commission n'a pas été strictement
une étude. Cela a été plus que cela. Cela a permis
à plusieurs membres de prendre conscience d'une certaine dimension de
problèmes que la Sûreté du Québec ou que
l'association peut avoir. Nous avons eu du pour, nous avons eu du contre.
Je me rappelle notamment une phrase du député d'Anjou qui
disait que les arguments apportés par l'association
l'ébranlaient. Je pense que c'est la même chose pour nous, parce
que, dans un sens, on a eu souvent des arguments qui ont peut-être
ébranlé des opinions qu'on avait antérieurement. La
commission se termine. Je voudrais donc vous remercier. Nous aurons à
siéger mardi prochain, comme en a fait état M. le ministre. Nous
avons été assez unanimes dans ces délibérations. On
a peut-être eu de petits problèmes au début sur la
détermination du mandat de la commission. Je ne sais pas, il en sera
peut-être encore question mardi. J'espère qu'on ne passera pas
trop de temps là-dessus.
M. Bédard: On réglera cela vite.
M. Pagé: On réglera cela vite, en tout cas, on
verra. Qui vivra verra. En terminant, je voudrais remercier encore une fois les
gens de la Sûreté du Québec, vos collaborateurs, les
personnes-ressources qui vous ont accompagnés, les gens de l'Association
des policiers provinciaux. En terminant, je voudrais de plus remercier le
ministre pour les félicitations qu'il a faites à l'Opposition
officielle; connaissant son objectivité et le travail qu'on a fait, on
n'en attendait pas moins. Merci.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Nicolet-Yamaska pour l'Union Nationale.
M. Bédard: Ceci dit en toute humilité. M. Serge
Fontaine
M. Fontaine: M. le Président, MM. les membres de
l'Association provinciale et de la Sûreté du Québec, cela
m'a été très agréable de participer à cette
commission en tant que membre de l'Union Nationale. Je pense que cela a
été l'occasion de donner un véritable éclairage
à cette question fort importante, discutée et discutable de
l'opportunité d'avoir deux policiers par auto-patrouille tout le temps.
Cela nous a permis également d'apprendre beaucoup de choses que sans
doute plusieurs membres de la commission ignoraient, concernant les
méthodes policières, les statistiques, les cas pratiques soumis
par l'association, les techniques policières. En fin de compte, cela
nous a permis d'avoir une vision globale du contexte policier au Québec.
Tous les témoignages qui ont été rendus permettront sans
doute à cette commission de faire des recommandations, comme le ministre
l'a dit. Je pense que tous les membres de cette commission ont
véritablement le désir de faire des recommandations. Ce sera sans
doute une commission parlementaire qui sera considérée comme fort
importante dans les annales parlementaires, puisque notre rôle, en fin de
compte, dans cette commission parlementaire, a été pratiquement
celui de juges, peut-être pas tout à fait, mais dans le sens
large, parce que nous aurons à délibérer...
M. Pagé: Juge et partie...
M. Fontaine: En tout cas, pour les membres de la commission qui
ne font pas partie du ministère...
M. Bédard: ... en temps et lieu.
M. Fontaine: ... nous considérons quasiment cette
commission comme notre rôle de juges. Nous aurons à
délibérer la semaine prochaine et à prendre des
décisions vraiment importantes et qui pourront influencer l'avenir du
corps policier de la Sûreté du Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le directeur Beaudoin.
M. Jacques Beaudoin
M. Beaudoin: M. le Président, MM. les membres de la
commission, je tiens à vous remercier sincèrement au nom de
l'organisation de la Sûreté pour la grande objectivité,
l'attention et la sérénité qui ont présidé
aux délibérations de la commission. Je veux féliciter
aussi notre association pour les travaux qu'elle a accomplis sous pression et
en peu de temps, compte tenu des ressources qu'elle a à sa disposition.
On peut y remarquer beaucoup de bonne volonté. J'aimerais, en terminant,
seulement par une brève conclusion, dire que l'expérience qu'on a
vécue a certainement contribué un peu à ternir l'image de
la Sûreté. Peut-être que la commission parlementaire, en
déblayant tout cela, va servir à redorer un petit peu notre
blason. Cependant, nous déploierons des efforts pour que, par le biais
du comité paritaire, nous puissions rétablir un climat de
confiance et de sérénité, et qu'on recherche ensemble des
solutions pour mieux remplir notre mandat. J'espère que cette bonne
volonté sera réciproque, pour le bien de nos membres et celui du
public, qui nous paie et que nous devons servir, et que nos dirigeants
syndicaux n'oublient jamais qu'ils sont des policiers d'abord, qu'ils ont un
serment d'allégeance, un serment de discrétion, qu'ils portent un
insigne, qu'ils représentent des membres qui sont dans le champ, que ces
membres ou leur intérêt pour eux, on le partage, tout cela, si on
réussit à faire torn-
ber les approches syndicales traditionnelles qu'on reconnaît
à l'extérieur d'organismes tel que le nôtre, pour qu'on se
rapproche dans un climat de sérénité et de recherche, de
bonnes solutions.
On se rappelle toujours que la vache à lait... que la
Sûreté du Québec et le gouvernement s'abreuvent toujours
dans les goussets du public et, qu'invariablement, ces demandes qu'on peut
accorder en gardant une certaine part mitoyenne, c'est invariablement le public
qui les paie. Quoi qu'on veuille, on ne veut pas parler d'argent, mais
finalement cela débouche toujours sur cela. M. le Président,
c'était ma remarque.
En terminant je vous félicite pour la façon avec laquelle
vous avez dirigé les débats. Vous avez assumé dignement le
remplacement de celui dont vous avez pris la place, M. Bertrand. Cela a
été vraiment... Malgré que je vous aie dit, l'autre soir,
qu'il y avait une certaine mélancolie qui guidait ma
présentation, on en retire un aspect positif. Finalement, cela a
été agréable de venir devant vous exposer nos
problèmes, vous montrer comment fonctionne la Sûreté. Si on
a pu, comme l'a mentionné le député de Portneuf,
créer un précédent et si on peut venir tous les ans, comme
le faisait M. Hoover du FBI au Sénat, présenter un peu le
problème de la Sûreté du Québec, on aura une
meilleure compréhension. Invariablement nos membres seront mieux servis.
Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le directeur et
merci aux membres de cette commission. Nous ajournons sine die.
(Fin de la séance à 18 h 41)