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Etude de certaines questions relatives
à la sécurité au travail des
policiers
de la Sûreté du Québec
(Dix-sept heures)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la justice poursuit ses travaux afin
d'étudier certaines questions relatives à la
sécurité au travail des policiers de la Sûreté du
Québec, notamment l'opportunité d'avoir pour chaque
véhicule de patrouille deux policiers pour chaque période de
relève.
Les membres de cette commission sont: M. Alfred (Papineau), M.
Bédard (Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M. Burns (Maisonneuve), M.
Charbonneau (Verchères), M. Ciaccia (Mont-Royal) remplacé par M.
Pagé (Portneuf); M. Clair (Drummond), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M.
Johnson (Anjou), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lacoste (Sainte-Anne), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Lefebvre (Viau) qui remplace M. Marois
(Laporte); M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw (Pointe-Claire), M. Springate
(Westmount), M. Gagnon (Champlain) qui remplace M. Tardif (Crémazie) et
M. Vaillancourt (Jonquière).
Le ministre de la Justice.
M. Bédard: Je cède mon droit de parole au
député d'Anjou étant donné...
M. Lalonde: ...seulement dire quelques mots.
M. Bédard: Si vous me permettez de terminer... qu'il
s'agit de délibérations et qu'en termes de décision
finale, il est évident que ce sont des recommandations qui peuvent
être faites et que la décision relève toujours du niveau
gouvernemental ou ministériel, je crois indiqué d'adopter la
même attitude que j'ai eue jusqu'à maintenant, d'être le
plus discret possible à l'intérieur des débats, de me
tenir à l'écart tout en étant très attentif aux
recommandations qui pourraient être faites, et à cet effet, je
céderais mon droit de parole au député d'Anjou.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, avant que les
délibérations ne commencent et simplement par courtoisie à
l'égard de cette commission, je voudrais dire quelques mots pour
expliquer mon absence, tout d'abord, et mon comportement à
l'égard de cette commission maintenant.
Elle a été convoquée, naturellement, de
façon assez urgente étant donné les circonstances, mais
j'avais déjà accepté de participer à une
délégation de parlementaires organisée par
l'Assemblée nationale. Mon engagement étant déjà
pris, je n'ai pas pu participer aux travaux de cette commission, avec regret,
parce que c'est une question extrêmement importante et je sais que la
commis- sion a siégé pendant plusieurs heures, a reçu les
divers groupes intéressés sur la question de la
sécurité de la fonction policière, de nombreuses
informations, et s'apprête maintenant à délibérer
pour faire des recommandations au gouvernement.
Il serait prétentieux de ma part, M. le Président, de
délibérer sur des informations, des conversations, des questions
et des réponses qui ont été données et que je n'ai
pas entendues. C'est pourquoi je veux m'excuser auprès de cette
commission et confier, étant donné que ma responsabilité
première, c'est d'agir comme critique officiel de l'Opposition
officielle en matière de justice, le député de Portneuf va
continuer à diriger la fonction de l'Opposition officielle à
cette commission.
Le Président (M. Bertrand): Avant que nous n'entendions le
député d'Anjou, je n'y étais pas, mais je crois qu'il
avait été convenu à la dernière séance de
cette commission parlementaire, au moment où la Sûreté du
Québec avait déposé son mémoire, qu'il y ait un
document qui soit déposé sur l'usage des armes à feu. Y
aurait-il moyen, simplement, que la Sûreté dépose ce
document sans autre commentaire? D'accord. Alors, M. le député
d'Anjou.
Motion du député d'Anjou, M. Pierre-Marc
Johnson
M. Johnson: M. le Président. Avec la collaboration de
certains collègues du côté ministériel, j'ai mis au
point, sur la base d'une sorte de consensus, la position des
députés de ce côté-ci de la table,
élaboré ce qui pourrait être les considérants et
l'objet d'une recommandation de cette commission, après avoir entendu
les membres de l'Association des policiers provinciaux du Québec et les
dirigeants de la Sûreté du Québec.
Je voudrais d'abord souligner le fait que le ministre s'est abstenu,
aujourd'hui, en cette commission, de piloter une résolution, la
résolution dont je vais faire lecture. J'en ai donné
effectivement préavis au ministre. Je crois qu'elle rejoint le consensus
tout au moins de ce côté-ci de la table et certains de ces
éléments, d'ailleurs, ne feront peut-être pas
entièrement l'affaire de toutes les parties: par définition,
toute forme de compromis n'inclut pas une satisfaction absolue pour tout le
monde. Elle se lirait comme suit:
Considérant que les membres de la commission ont entendu et
interrogé longuement les représentants des policiers et de la
direction de la Sûreté du Québec;
Considérant qu'il n'a pas été
démontré que la présence obligatoire de deux policiers par
véhicule de patrouille est la meilleure façon d'assurer, en
toutes circonstances, une plus grande sécurité des policiers et
d'accroître l'efficacité de la protection publique;
Considérant par contre qu'il a été clairement
démontré que le nombre d'interventions où il y a
un danger accru est beaucoup plus élevé pendant la
période d'obscurité;
Considérant le taux minime d'accidents par rapport au nombre
d'interventions et que le taux de mortalité n'est pas plus
élevé chez les policiers que dans d'autres métiers;
Considérant que dans certaines régions excentriques, le
délai d'intervention d'un second véhicule lors d'une demande
d'aide, semblerait souvent trop long et qu'une amélioration de cette
situation s'impose;
Considérant qu'aucune évaluation des mesures de
sécurité n'a été présentée,
même si la direction de la Sûreté du Québec a
affirmé qu'une étude des cas d'accident démontre que
très souvent, les normes de sécurité prescrites n'ont pas
été suivies;
Considérant que la direction de la Sûreté du
Québec n'a pas démontré avoir fait tous les efforts afin
d'assurer une meilleure sécurité au travail des policiers,
notamment dans les deux domaines suivants: a) l'utilisation plus efficace de
l'équipement, entre autres, par la mise sur pied d'un système
adéquat de filtrage et de sélection des appels; b) la mise sur
pied d'un programme intensif d'information, de perfectionnement et de rappel
constant et régulier des règles de sécurité;
Considérant qu'il y aurait lieu de resserrer l'application
rigoureuse des normes de sécurité au travail des policiers de la
Sûreté du Québec;
Considérant qu'il faut tenir compte, lors de la
réorganisation des effectifs, du taux plus élevé de danger
le soir et la nuit que le jour, de la nécessité de maintenir les
unités d'urgence et de la difficulté d'application de la nouvelle
cédule de travail;
Considérant, que les membres de la commission doivent tenir
compte, dans l'élaboration de leurs recommandations, de l'aspect
financier et également, ce qui est loin d'être à
négliger, de l'effet d'entraînement de leur décision sur
les finances municipales;
La commission parlementaire de la justice recommande:
Qu'il n'y a pas lieu d'accorder la patrouille jumelée pour la
relève de jour;
Deuxièmement, que les négociations sur la grille des
interventions représentant des risques accrus se poursuivent en tenant
compte des facteurs suivants: a) la nature des interventions et le degré
de danger qu'elles représentent; b) l'étendue des secteurs de
patrouille; c) l'indice de criminalité des territoires desservis; d) le
niveau d'encadrement des forces policières par des corps de police
municipaux;
Qu'étant donné que cette question a été
sortie du contexte normal des négociations, il n'y a pas lieu de la
soumettre à l'arbitrage;
Que les autorités de la Sûreté du Québec
fassent tout en leur pouvoir pour mettre en application la décision
gouvernementale concernant la patrouille à deux hommes par
véhicule pour les relèves de soir et de nuit;
Que la Sûreté du Québec réévalue sa
politique de sécurité au travail des policiers afin: a)
d'améliorer le perfectionnement et le recyclage des policiers; b)
d'améliorer l'information sur les mesures de sécurité au
travail et le rappel régulier de celles-ci, notamment à
l'occasion des changements de relève; c) De resserrer l'application des
normes de sécurité au travail; d) D'améliorer
l'utilisation des équipements, notamment par un filtrage accru et plus
adéquat des appels;
Que le groupe de travail, finalement, sur la police se penche
prioritairement sur la question des tâches et des fonctions qui devraient
et ne devraient pas être remplies par des policiers.
Il s'agit d'une proposition que je formulerai peut-être sous forme
de motion à cette commission. Je vais maintenant permettre la
distribution du texte.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que le
député d'Anjou, maintenant que la recommandation dont il vient de
nous faire part a été lue, a l'intention de développer
davantage, sa pensée comme c'est son droit?
NI. Johnson: Peut-être brièvement, M. le
Président.
La raison pour laquelle on retrouve...
M. Pagé: Si ma mémoire est fidèle, le
député d'Anjou a utilisé le droit de parole qu'avait le
ministre. Je pense qu'il serait de mise que les représentants de
l'Opposition officielle et de l'Union Nationale, probablement, puissent
intervenir sur toute la question, dans son ensemble, avant de toucher
spécifiquement et plus particulièrement la motion qui est
présentée par le député d'Anjou qui, je pense,
pourrait être débattue, analysée et discutée, une
fois que les différents partis en présence auront émis
leur opinion, leurs commentaires, suite aux délibérations et
à l'étude qu'ils ont faites de tout ce dossier.
Le Président (M. Bertrand): Je laisse au
député d'Anjou le soin de décider s'il veut ou non ajouter
des commentaires. Mais je pense que, encore là, selon les traditions des
commission: parlementaires, une fois la recommandation lue, le proposeur peut,
en de brefs commentaires, exprimer un peu son point de vue sur cette motion au
nom du gouvernement, ce qui n'a pas été fait jusqu'à
maintenant. Il y a simplement eu lecture de la recommandation. Par la suite,
les oppositions peuvent se faire entendre, comme c'est leur droit selon la
tradition. M. le député d'Anjou.
M. Johnson: M. le Président, Je n'aurais pas objection
à céder mon droit de parole au député de Portneuf.
Cependant, je voudrais me réserver le droit d'intervenir, de
conclure.
M. Pagé: Vous aurez le droit d'intervenir, par la suite,
de discuter. C'est cela.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Portneuf.
Remarques de l'Opposition officielle M. Michel
Pagé
M. Pagé: M. le Président, tout comme l'aile ou
l'équipe ministérielle, nous aussi, de l'Opposition officielle
avons eu l'occasion, au cours de la fin de semaine et, particulièrement,
depuis la fin de l'audition, à cette commission, des parties soit la
Sûreté du Québec et l'Association des policiers
provinciaux. C'est avec intérêt, M. le Président, que
l'Opposition officielle a participé aux travaux de cette commission
parlementaire qui a étudié le problème de la
sécurité des policiers de la Sûreté du
Québec.
Je n'ai pas, à ce moment-ci, à rappeler les circonstances
qui ont amené la convocation de cette commission parlementaire et je ne
voudrais pas essayer, cet après-midi, de tenter de déterminer si
nos travaux ont servi la cause de l'une ou l'autre des parties dans le
conflit.
Je dirai simplement, qu'à notre avis, cette commission
parlementaire a maintenant joué son rôle en ce sens qu'elle aura
permis aux élus du peuple et, en fait, à l'ensemble de la
population du Québec de mieux connaître la portée et la
nature du problème soulevé par les policiers de la
Sûreté du Québec.
De part et d'autre, c'est-à-dire l'Association des policiers et
la Sûreté du Québec, on est venu, d'une façon
sérieuse, documentée et positive, présenter devant cette
commission et devant l'opinion publique en général, les
éléments sur lesquels on s'appuie pour soutenir la thèse
d'un policier ou de deux policiers par auto-patrouille, dans la double
perspective de la sécurité des policiers eux-mêmes et
également de l'efficacité de l'action policière au titre
de la protection publique.
Sur le mérite du dossier, je dirais qu'en proposant la patrouille
à deux hommes pour la relève de soir et la relève de nuit
et en suggérant pour la relève du jour la grille qui a
été soumise, le gouvernement peut-être pas la
Sûreté du Québec a, semble-t-il, reconnu dans les
faits la thèse soutenue par l'Association des policiers, ce que ces
derniers n'ont d'ailleurs pas manqué de souligner en indiquant que le
problème de la sécurité des policiers peut se poser avec
autant d'acuité à tout moment du jour et de la nuit.
On a, par ailleurs, eu à prendre connaissance de statistiques que
le gouvernement, la Sûreté et l'Association des policiers ont
abondamment citées pour défendre leurs points de vue respectifs.
On a eu également à prendre connaissance de pratiques suivies
ailleurs qu'au Québec, dans d'autres provinces ou dans d'autres pays,
pratiques qu'on a pris soin de souligner ou de nuancer selon que l'on se
trouvait d'un côté ou de l'autre de la barrière.
La question de savoir s'il doit y avoir en tout temps un ou deux
policiers par auto-patrouille se situe évidemment dans le cadre de la
négociation des conditions de travail des policiers de la
Sûreté du Québec. Ces derniers cherchent évidemment
à améliorer leurs conditions et personne ne les en
blâme.
D'un autre côté, les autorités de la
Sûreté ont la responsabilité de gérer d'une
façon responsable, efficace et juste les ressources physiques, humaines
et financières qui sont mises à leur disposition par le
gouvernement. Le ministre de la Justice a fait en sorte que cet aspect
particulier des conditions de travail des policiers, la question de deux hommes
par auto-patrouille, fasse l'objet des travaux de cette commission.
D'un côté, la Sûreté du Québec est
essentiellement venue nous dire qu'en tenant compte de tous les aspects de la
question et, en particulier, des moyens dont elle disposait, elle ne pouvait se
rendre à la demande des policiers. D'un autre côté,
l'Association des policiers a cherché à démontrer la
justesse de ses positions et ses porte-parole nous ont indiqué que cette
commission pouvait, en quelque sorte, agir comme arbitre.
M. le Président, ce n'est pas la première fois qu'une
commission parlementaire est ainsi saisie d'une question liée a la
négociation d'un contrat de travail d'employés de ce qu'on peut
appeler de secteur public ou parapublic. Je pense qu'on peut dire, à la
lumière d'expériences passées, qu'une commission
parlementaire peut alors effectivement jouer un rôle utile, je devrais
dire un certain rôle, puisqu'une telle commission permet, comme c'est le
cas ici, au gouvernement de trouver ce que j'appellerais un "way out", dans la
mesure où cela fournit l'occasion au gouvernement d'établir
devant l'opinion publique qu'il ne peut faire plus que ce qu'il a
lui-même décidé de faire, en termes financiers, car le
problème, personne ne peut feindre de l'ignorer, il est là. C'est
fondamentalement une question directement liée aux montants que le
gouvernement a décidé de mettre pour défrayer le
coût d'un service public, et, dans le cas qui nous concerne, le
coût des services de la Sûreté du Québec.
Je dis qu'une commission parlementaire peut effectivement jouer un
certain rôle. Ce rôle n'est cependant pas simplement de permettre
au gouvernement de trouver un "way out" à une impasse dont il porte une
partie importante de la responsabilité. Ce rôle de la commission
parlementaire, je l'ai évoqué tantôt, il n'est pas
négligeable, puisqu'il permet de porter devant l'opinion publique
l'état d'une question faisant l'objet d'une négociation entre le
gouvernement et un groupe de ses employés, et que, de ce fait, on se
trouve à exercer sur chacune des parties en cause une pression utile, en
ce sens que chacun doit se définir, s'expliquer et justifier ses
positions face à l'opinion publique.
J'ajoute immédiatement qu'il faut cependant bien se rendre compte
que la commission parlementaire ne peut, en raison de ce qu'elle est
fondamentalement, exercer son autorité que sur l'une des parties,
c'est-à-dire le gouvernement du Québec, parce qu'une commission
parlementaire n'a aucun pouvoir pour dire ou obliger un syndicat ou une
association de salariés de faire ceci ou cela, alors qu'elle a, au
contraire, à l'égard du gouver-
nement des responsabilités constitutionnelles clairement
définies, en particulier en ce qui concerne l'allocation des ressources
financières et l'appréciation des gestes et des attitudes du
gouvernement.
De plus, dans la mesure où c'est l'Assemblée nationale
qui, en vertu des lois qu'elle a elle-même votées, a
déjà déterminé la façon dont devait
être conduite la négociation des conditions de travail des
employés de l'Etat, elle ne peut que bien difficilement passer outre
d'une façon ou d'une autre au régime de droits qu'elle a
elle-même préétablis et auxquels, je le présume,
tiennent les parties concernées.
Le recours à une commission parlementaire est étranger
à ce régime de droits qui réglemente la négociation
des conditions de travail des employés du secteur public ou parapublic.
C'est pourquoi, dans le passé, les commissions parlementaires qui ont
été saisies de problèmes analogues à celui qui fait
l'objet de nos travaux se sont souciées de respecter les principes que
je viens d'invoquer. Ainsi, par exemple, dans le cas des enseignants et dans le
cas des employés de l'Hy-dro, ce que la commission parlementaire a fait,
cela a été de protéger le système établi des
négociations en pressant, aux termes de ses travaux, les parties
concernées de tenter encore, par la négociation, d'en arriver
à un règlement acceptable et, pour éviter qu'une nouvelle
impasse surgisse, la commission parlementaire acceptait d'entendre et de
discuter, de temps à autre, avec les parties, chaque fois que
nécessaire, c'est-à-dire lorsque ces dernières jugeaient
utile d'établir, devant les parlementaires et l'opinion publique par le
fait même, la justesse de l'un ou l'autre des aspects de leur point de
vue.
Pour toutes ces raisons et en plus parce que la commission
parlementaire, cette commission, comme on a d'ailleurs eu l'occasion de
l'évoquer au début de nos travaux, proposerait une dépense
de fonds publics, quoi que le gouvernement ait pu dire à l'Association
des policiers, notre commission parlementaire ne peut certainement pas
décider et, deuxièmement, en tant qu'Opposition officielle, nous
nous refusons à ce qu'une commission parlementaire introduise
formellement, dans le mécanisme des relations de travail entre l'Etat et
ses employés, un élément qui n'est aucunement prévu
à nos lois et qui, s'il intervenait, risquerait de modifier
l'équilibre établi par la loi entre l'une et l'autre des parties
à une négociation d'un contrat de travail.
Ce que, par contre, non pas cette commission, mais ce que les
parlementaires peuvent faire, c'est d'exercer, sur le gouvernement, parce que
c'est là leur rôle, toute la pression nécessaire pour
l'amener, au moment de l'étude des crédits du ministère
concerné, soit le ministère de la Justice, à dire pourquoi
il refuse d'allouer à la Sûreté du Québec les
crédits nécessaires à l'accroissement de la
sécurité du travail policier, pourquoi il refuse d'augmenter, tel
que demandé par la Sûreté elle-même, l'effectif de la
Sûreté du Québec ce qui permettrait à cette
dernière de répondre plus adé- quatement aux
requêtes formulées par l'Association des policiers.
En somme, tout le problème est le problème du
gouvernement, et l'Opposition officielle se refuse d'être subtilement
consente à assumer une responsabilité qui appartient uniquement
et exclusivement à l'autorité qui a, seule, le pouvoir de
décider, c'est-à-dire le gouvernement.
Une commission parlementaire comme la nôtre a pu, dans d'autres
conflits analogues, jouer, dans le passé, un rôle utile. Ce
rôle, cependant, est forcément limité, tout d'abord par la
loi, qui détermine la façon dont les conditions de travail des
employés de l'Etat doivent être établies et aussi par le
principe qui exige, dans notre démocratie, que ce soit le gouvernement
qui décide et qui assume la pleine et entière
responsabilité de sa décision par la voix du ministre responsable
du dossier qu'on a à discuter.
C'étaient les commentaires que je désirais formuler comme
représentant de l'Opposition officielle, commentaires auxquels
s'associent tous les membres de l'Opposition officielle qui ont eu à
discuter ou à échanger dans le cadre de cette commission
parlementaire et nous tenions à vous en faire part, comme on l'a fait au
début de nos travaux, parce que, immédiatement, lorsque la
commission a débuté, on a soulevé des questions de
règlement.
On a voulu aborder cette question du rôle, des attributs de la
commission parlementaire, faisant état, et je me rappelle avoir fait
état avec mon collègue de Mont-Royal, qu'une commission
parlementaire comme la nôtre n'avait aucun pouvoir en vertu de la
coutume, en vertu des règlements qui nous régissent, sur la
possibilité d'engager des sommes, responsabilité ou
possibilité et responsabilité qui appartient uniquement et
exclusivement à un membre du gouvernement. Je pense qu'à ce
titre, la responsabilité de prendre une décision à ce
chapitre appartenait entièrement et uniquement au ministre de la
Justice, le député de Chicoutimi.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska.
Motion du député de Nicolet-Yamaska M.
Serge Fontaine
M. Fontaine: M. le Président, comme législateurs,
je suis assuré que les membres de cette commission ont sûrement un
rôle à jouer et qu'il ne faut pas nécessairement reporter
tout le bénéfice du travail aux membres du parti
ministériel à la commission et que tous les partis en cette
Chambre ont sûrement un rôle à jouer. C'est un peu pour
cette raison que j'avais inscrit au feuilleton une motion pour que cette
commission ait les pouvoirs de faire les recommandations.
Je ne veux pas commencer une discussion là-dessus, mais je pense
que si le ministre croit qu'on a des pouvoirs de recommandation sans
que l'Assemblée nationale ne se soit prononcée sur la
motion, nous allons faire des recommandations. Sinon, il sera toujours temps de
discuter de la motion à l'Assemblée nationale pour pouvoir avoir
ces pouvoirs.
Alors, après avoir consulté le caucus de l'Union
Nationale, j'aimerais vous faire part des commentaires que nous avons:
Après avoir attentivement écouté les
différents témoins des parties impliquées dans ce conflit
et après que ces témoins eurent été
questionnés par les membres de la commission;
Après avoir étudié attentivement tous les documents
déposés devant cette commission et après avoir
scrupuleusement scruté les arguments de tous les intervenants;
Après avoir consulté les membres du caucus de l'Union
Nationale sur ce conflit,
Considérant que le ministre de la Justice avait offert à
l'association deux policiers par véhicule automobile pour les
patrouilles de soir et de nuit et considérant également qu'une
négociation a été entreprise entre les parties
concernées en vue d'établir une grille de cas où deux
policiers devaient prendre place dans une même autopatrouille dans une
série de cas préétablis pendant les heures de jour; et
étant conscients que, selon les statistiques fournies devant cette
commission, lesquelles n'ont pas été mises en doute, les voies de
fait ou attentats contre les policiers ne se font que dans 1% des interventions
policières;
Considérant qu'à l'intérieur de ce 1%, la
période de six heures le matin à 16 heures est vraiment inactive
au niveau de ces attentats;
Considérant que l'Association des policiers a déjà,
en acceptant de négocier une grille, ouvert la voie ou accepté
dans les faits le principe de la grille;
Considérant que les négociations sur cette grille, bien
que peu poussées, ont rapproché sensiblement les parties à
un point tel que l'Association des policiers provinciaux nous a fourni une
copie de la grille proposée par chaque partie et qu'il ne semble pas y
avoir de dissension fondamentale entre les deux parties;
Considérant que les membres de cette commission ne sont pas ici
pour se faire du capital politique sur le dos des policiers ou du gouvernement,
mais qu'ils sont ici pour exercer leur mandat de manière responsable et
juste et analyser les faits présentés devant eux avec
objectivité;
Considérant aussi le manque de disponibilité du personnel
en pratique pour être capable d'appliquer la règle de deux
policiers par véhicule 24 heures par jour;
Considérant aussi les coûts exorbitants que cette pratique
pourrait occasionner pour les contribuables québécois;
L'Union Nationale considère que cette commission devrait
recommander à l'Assemblée nationale que le comité
paritaire et conjoint se réunisse à nouveau dans les plus brefs
délais afin d'en venir à une entente sur une série de cas
où la présence de deux policiers par véhicule-automobile
deviendrait obligatoire sur la relève de jour. En principe, nous sommes
également consentants à accepter les recommandations qui sont
faites par le gouvernement, car elles sont peut-être un peu plus
élaborées que celles faites par l'Union Nationale, mais le
principe est le même.
M. Bédard: Par les membres de la commission.
M. Fontaine: Par les membres de la commission. Il y a seulement,
peut-être, un petit point sur lequel on pourra peut-être discuter
tout a l'heure. Quand on dit qu'étant donné que cette question a
été sortie du contexte normal des négociations, il n'y a
pas lieu de la soumettre à l'arbitrage, j'aimerais qu'on puisse
m'expliquer pourquoi, si les négociations n'aboutissent pas, on ne
pourrait pas, à un moment donné, aller en arbitrage. Je pense
qu'en principe, on est sensiblement d'accord sur les points qui sont
apportés par les membres de cette commission.
Le Président (M. Bertrand): Merci, M. le
député de Nicolet-Yamaska. Nous pourrons tantôt poser
toutes les questions et le proposeur pourra revenir sur chacune des questions.
Avant qu'on ne réponde aux questions, je demanderais s'il y a d'autres
députés qui veulent se faire entendre sur la proposition
déposée par le député d'Anjou, si oui, qu'ils se
fassent entendre.
M. Pagé: M. le Président, si vous me permettez une
question, on n'intervient pas sur la motion du député d'Anjou. A
partir de maintenant, on a à intervenir sur la motion comme telle. On
pourra revenir sur la motion.
Le Président (M. Bertrand): En ce moment, j'ai permis
à chacun des partis politiques, de ce côté-ci de la table
et de l'autre côté, de faire connaître leurs
réactions face à l'ensemble des débats que nous avons
eus.
M. Pagé: Et par la suite?
Le Président (M. Bertrand): Et par la suite nous allons
revenir sur la motion.
M. Pagé: D'accord, merci.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui voudraient se faire entendre, indépendamment
de la motion, sur les conclusions qu'il faut tirer des audiences que nous avons
eues? Nous sommes en délibération en ce moment sur les audiences
que nous avons eues. Est-ce que d'autres députés veulent se faire
entendre? Le député de Drummond a demandé la parole.
Discussion générale
M. Clair: Merci, M. le Président. Premièrement, je
ne peux, après avoir entendu les trois positions des partis,
m'empêcher de faire un
commentaire sur le "way out" qu'aurait constitué la
présente commission. Je pense que, pendant les dernières
années, on a pu voir qu'il y avait un parti politique qui était
au pouvoir qui prenait tous les "way out" qu'il pouvait trouver et je constate
que même...
M. Pagé: J'invoque le règlement, M. le
Président. On est ici pour discuter suite aux
délibérations qui ont quand même duré tout
près de vingt heures. On a eu, en tant que parti politique, c'est une
responsabilité qui nous appartientc'est un droit tant que la
démocratie existera et selon moi jusqu'à date elle n'est pas
menacée... On a le droit d'exprimer une opinion en tant que
formation politique ici à l'Assemblée. On l'a fait et le
Président a demandé tout à l'heure si d'autres membres de
la commission avaient des commentaires à apporter sur les
délibérations en générale, sur le motif de la
séance d'aujourd'hui.
Je ne crois pas qu'on ait à critiquer ou à apporter des
commentaires sur la position qu'une formation politique a adoptée. C'est
un droit qui nous appartient, qui nous est légitime; si vous avez une
contribution à faire, allez-y, mais passez donc à autre
chose.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre...
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur la question de
règlement.
Le Président (M. Bertrand): Non, M. le
député de Jonquière. D'abord, pour une raison bien simple,
c'est que je ne reconnais pas la dernière intervention du
député de Portneuf comme une question de règlement. Je
remets la parole immédiatement au député de Drummond.
M. Clair: J'avais presque terminé mon point, M. le
Président, qui, finalement, était simplement pour souligner
à ceux qui nous entendent présentement que, s'il y a quelqu'un
qui a vu un "way-out" dans les travaux qu'a effectués la commission, je
pense que vous êtes et que nous sommes tous à même d'en
juger. Ce sont ceux qui, dans l'Opposition comme au gouvernement, ne voient
l'occasion que de trouver des "way-out" et sont incapables de prendre leurs
responsabilités.
Ceci étant dit, je voudrais immédiatement faire quelques
commentaires, que je n'ai malheureusement pas eu le temps de mettre en ordre
bien précis, sur nos délibérations et sur les auditions
que nous avons menées.
Premièrement, je pense que l'argument fondamental qui nous
était soumis par l'APPQ était que le travail de jour était
tout aussi dangereux que le travail de nuit, de sorte que la présence de
deux policiers, si elle était justifiée la nuit, était
également justifiée le jour. A mon sens, ceci était,
semble-t-il, l'argument le plus fort des policiers... Les policiers n'ont
justement pas réussi à démontrer la justesse de cette
affirmation. Les statistiques qui nous ont été fournies de part
et d'autres ont plutôt tendance à démontrer, justement,
qu'il y a une différence dans l'aspect du danger du travail
effectué le jour, le soir et la nuit. Les statistiques ont d'ailleurs
été citées par le député de Nicolet-Yamaska
à cet effet, je pense.
Mais il y a plus que cela, il y a également le fait que la
Fraternité des policiers de Montréal, par exemple, met, d'une
certaine façon, en doute, la notion même de la distinction qu'on
doit effectuer au point de vue de la patrouille à deux, même met
en doute le critère de la nuit et du jour et remet en question toute la
question de la patrouille, de sorte qu'à un moment donné, j'ai
même été appelé à me demander, quant à
moi, si la solution la plus intelligente et la plus élaborée
n'était pas une grille complète et détaillée avec
place à l'intelligence des policiers, tant pour le jour que pour la
nuit.
Je pense que le point majeur de l'APPQ qui était celui de
démontrer que le travail des policiers était aussi dangereux le
jour que la nuit n'a pas été réussi; en tout cas, moi, je
n'en suis pas convaincu, et même on peut mettre en doute ce
critère du jour et de la nuit.
L'APPQ ne m'a pas convaincu non plus c'était le
deuxième argument le plus solide qu'elle avait que la patrouille
à deux était plus sécuritaire que la patrouille à
un homme. Je n'entends pas qu'on m'a convaincu du contraire, je tiens à
être bien compris, mais je pense qu'on n'a pas fait la preuve absolument
irréfragable, si on veut, que la patrouille à deux hommes
était nécessairement et toujours plus sécuritaire que la
patrouille à un homme.
Un autre point essentiel dont on doit tenir compte et dont la motion du
député de Johnson tient d'ailleurs compte, c'est le fait qu'on ne
peut traiter de la sécurité des policiers au travail sans tenir
compte également de la sécurité de l'ensemble des
travailleurs du Québec dans d'autres domaines de l'activité
humaine.
On nous a souligné à un moment donné la
possibilité de réaménager le travail des policiers, sans
qu'il en coûte un sou à l'Etat. Je pense que, finalement, cette
possibilité est loin d'être certaine et qu'on se doit de
considérer l'aspect financier, l'effort financier que devrait mettre le
Québec pour assurer une plus grande sécurité. On ne peut
qu'être d'accord sur une plus grande sécurité des
travailleurs. Je suis d'accord avec une plus grande sécurité pour
les travailleurs policiers, mais encore faut-il tenir compte des implications
financières d'une telle sécurité et, d'autre part, faut-il
tenir compte aussi du sort de la sécurité des autres travailleurs
en général.
Ce dont les policiers m'ont convaincu cependant, c'est qu'il y a un
certain taux d'imprévisibilité des situations auxquelles ils
peuvent être appelés à faire face. Je pense que, dans ce
sens, la Sûreté du Québec, l'employeur, se doit de tenir
compte de cet aspect du travail. Personnellement, c'est probablement l'argument
qui m'a le plus convaincu de la nécessité d'assurer une meilleure
sécurité du policier au travail. Si le policier peut être
en danger au travail, c'est justement et principalement à cause du
facteur imprévisibilité que comporte le métier de
policier.
Les policiers m'ont également convaincu du fait qu'il existe un
phénomène bien humain et qu'il n'est absolument pas honteux de
vivre, c'est simplement que l'homme, à un moment donné, dans
certaines situations, est envahi par un sentiment de crainte ou de peur. Je
tiens bien à le souligner, ce n'est absolument pas honteux pour un homme
policier, à un moment ou l'autre, de faire face à une situation
qu'il considère dangereuse, d'être pris de peur ou de panique, et
de ne pas intervenir.
Cependant, dans des circonstances comme celles-là, on peut se
demander si la sécurité du public est véritablement bien
assurée, parce qu'un policier n'interviendrait pas parce qu'il est seul,
qu'il a peur et qu'il craint de ne pas pouvoir contrôler la situation.
Dans ce sens, il y aurait sûrement des choses à améliorer
pour assurer une plus grande sécurité au travailleur
policier.
Les policiers m'ont également convaincu que la
réalité vécue quotidiennement par ceux-ci n'est pas
nécessairement réellement représentée par les
statistiques qu'a pu nous fournir la Sûreté du Québec. Je
m'explique là-dessus.
On a vu, par exemple, pour ne prendre qu'un cas, que les policiers de la
Sûreté du Québec avaient pu procéder, l'an dernier,
pour donner un ordre de grandeur, à quelque 14 000 arrestations dans des
cas de facultés affaiblies et d'ivresse au volant. De ces 14 000 cas,
dans seulement 128 cas, il y aurait eu véritablement de la
résistance de la part de l'accusé.
Je me permets, en dehors de tout critère statistique, de toute
base statistique, de mettre en doute cette affirmation, cette statistique, non
pas dans le sens qu'elle ait été recueillie par un mauvais
système de cueillette des données, mais simplement par
l'expérience vécue de la personne que je suis.
J'ai pratiqué comme avocat pendant au moins trois ans. J'ai
défendu à plusieurs reprises des individus accusés de
facultés affaiblies détectées par le test de
l'ivressomètre et je pense que, au flair, on peut dire qu'il y a un
nombre de cas beaucoup plus grand que 128 cas où il y a eu de la
résistance. Il reste cependant à évaluer le degré
de danger des individus qui ont offert de la résistance. Car, 128 cas,
c'étaient des cas où il y avait eu des plaintes formelles de
portées en cour, mais il reste encore tout un échantillonnage de
cas où il a pu y avoir du méli-mélo, du brasse-camarade,
comme on dit, dont les statistiques ne tiennent pas compte. Je pense, pour
rendre justice au travail des patrouilleurs, qu'il faut le souligner et tenir
compte de cet aspect du travail des policiers où il y a beaucoup plus de
brasse-camarade, selon moi, que n'en rapportent les statistiques, si justes
soient-elles.
Quant à la Sûreté du Québec, elle m'a surtout
convaincu, par les statistiques qui ont été fournies, de la
justesse de son affirmation que, la plupart du temps, dans la
répartition des heures du jour, ce sont les heures de la nuit qui sont
les heures les plus dangereuses pour les policiers. Inutile de revenir
là-dessus. Personnellement, j'en fais un argument assez convaincant pour
en venir à la conclusion qu'une bonne grille de jour serait de nature
à assurer la sécurité des policiers.
D'autre part, dans le but d'être le plus bref possible, M. le
Président, la Sûreté du Québec ne m'a pas convaincu
qu'elle avait fait tout ce qui était possible, dans le passé et
dans le moment même, pour assurer la sécurité de ces
policiers. Je donne des exemples.
Notamment, en ce qui concerne les particularités
régionales, de part et d'autre, tant du côté de la
Sûreté que du côté de l'APPQ, on a souligné le
fait, l'aspect qu'il y avait à travers le Québec des
particularités régionales, des données statistiques, des
données criminologiques différentes d'une région à
l'autre, et je ne pense pas que la Sûreté du Québec, comme
employeur, nous ait fait la preuve qu'elle avait tenu compte de toutes ces
données dans le passé, de ces caractéristiques
régionales. On n'a pas tenu compte non plus suffisamment, à mon
sens, du caractère de danger que pouvaient présenter certains
postes éloignés. On ne m'a pas convaincu non plus qu'on avait
fait tout ce qui était humainement possible pour intégrer les
systèmes de communications avec les corps municipaux dans les cas
où c'est possible. On ne m'a pas convaincu non plus qu'on avait fait le
nécessaire pour qu'un filtrage des appels soit assuré partout au
Québec de façon que le policier qui se présente sur les
lieux d'un événement de nature criminelle dans lequel il a
à intervenir, de toute façon, sache bien à quel genre
d'événement il va faire face. On ne m'a pas convaincu non plus,
même si la Sûreté du Québec a mis en valeur le
rôle éminemment valable qui est joué par l'Institut de
police de Nicolet, et malgré l'existence de certaines publications qui
sont distribuées régulièrement aux policiers provinciaux,
que la Sûreté du Québec assurait à ses membres une
information et même j'appellerais cela une formation continue. C'est bien
beau de dire qu'on tient des statistiques sur le genre de crimes, sur les
heures où les crimes se commettent dans telle ou telle région,
sur la nature de la criminalité de telle ou telle région.
Je pense que c'est très positif de tenir ces statistiques, mais
encore faut-il que les policiers qui, après tout, sont là pour
faire de la police, du renseignement policier, doivent bien connaître la
situation crimino-génétique de leur région, encore faut-il
qu'ils aient droit et qu'ils puissent bénéficier d'une
espèce de formation permanente. Je pense que cette formation pourrait
être assurée de façon quotidienne afin que le policier qui
a à intervenir dans une région connaisse, autant qu'il est
possible de les connaître, les données de cette région.
Un dernier élément. Quand on regarde la structure du
personnel à la Sûreté du Québec, on constate qu'il y
a environ une personne qui se retrouve dans les cadres pour quatre
patrouilleurs. Sans être en mesure de dire qu'il y a trop de cadres pour
le nombre de policiers au travail, je pense que c'est un des aspects que la
Sûreté du Québec devrait étudier afin de s'assurer
que l'effort qui doit être fourni par la Sûreté du
Québec est d'abord et avant tout un effort d'assurer la se-
curité des citoyens, également la sécurité
des travailleurs policiers, de s'assurer, dis-je, qu'il n'y ait pas trop de
gens qui se retrouvent dans les cadres par rapport à ceux qui se
retrouvent sur le terrain. Enfin, je tiens à souligner à tous les
membres de cette commission, ainsi qu'aux représentants des
différentes parties que nous avons entendues, qui sont présentes
aujourd'hui, que, quant à moi, j'ai été vivement
impressionné par les arguments qui ont été soumis de part
et d'autre. Je tiens, encore une fois, à remercier tous ces gens d'avoir
bien voulu porter à notre attention des dossiers aussi bien
constitués et des arguments aussi forts. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, mes
commentaires seront brefs. Tout d'abord, je pense qu'il est inopportun ici de
répéter les propos du député d'Anjou et ceux du
député de Drummond. Ce que je voudrais dire en bref, c'est que je
me rallie entièrement au contenu de la recommandation qui a
été faite par le député d'Anjou et que je
réitère les propos qui ont été tenus
également par le député de Drummond; je les fais
miens.
En terminant, parce que j'estime qu'il ne faut pas répéter
inutilement les arguments qui sont dits par d'autres collègues, je m'en
voudrais de ne pas féliciter l'Opposition reconnue de l'Union Nationale
d'avoir, au terme d'une commission aussi sérieuse, pris ses
responsabilités et d'avoir pris position sur cette matière aussi
importante, position, d'ailleurs, qui presque en tous les points, se
résume et ressemble à la position qui a été prise
par la recommandation faite par le député d'Anjou.
Je voudrais profiter de l'occasion également pour vous avouer ma
franche déception de constater qu'après tant d'heures
consacrées à l'étude d'un problème aussi important,
l'Opposition officielle, comme elle l'avait fait d'ailleurs cette semaine dans
une autre commission parlementaire, a refusé systématiquement de
prendre position sur un problème aussi important. J'estime et
j'espère que cette Opposition officielle aura la décence de ne
pas intervenir dans la discussion de la recommandation du député
d'Anjou, puisque j'estime, personnellement, que lorsqu'on refuse de prendre
position sur un sujet aussi important, on se doit de s'abstenir de discuter de
la recommandation. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Le député
d'Anjou.
M. Johnson: M. le Président, quelques commentaires
généraux...
M. Pagé: M. le Président, d'abord, on peut
déceler deux irrégularités depuis que les travaux sont
amorcés. D'une part, lorsqu'une motion est déposée, tant
à l'Assemblée qu'en commission... D'ailleurs, le règlement
de l'Assemblée s'applique, comme se plaît souvent à dire le
député de Johnson, mutatis mutandis, ou à nos commissions.
En vertu de l'article 62, une motion, lorsqu'elle est déposée, ne
doit pas soulever une question... Une motion écrite doit contenir
uniquement ça s'applique aussi aux motions qui sont faites
verbalement la proposition faite à l'Assemblée et elle ne
peut être précédée d'un exposé de motifs;
elle ne doit pas contrevenir aux dispositions d'une loi, bon, tout
ça.
C'est donc dire que les considérants qui ont été
invoqués au soutien des deux motions... Parce que, M. le
Président, c'est la deuxième irrégularité. Il y a
présentement deux motions en discussion, une par le député
d'Anjou et l'autre, par le député de Nicolet-Yamaska.
Je vous demanderais donc que, dans le rapport et dans le journal des
Débats et tout dans le rapport qui sera déposé
à l'Assemblée tout au moins il apparaisse strictement et
uniquement la proposition formulée et non pas les considérants et
ça, pour respecter notre règlement, à l'article 62.
Le deuxième élément que je voulais vous signaler,
M. le Président, c'est qu'une motion doit être débattue et
votée avant qu'on puisse passer à l'étude d'une autre
motion. J'aimerais savoir et être informé de l'ordre que vous
entendez donner à l'étude des deux motions qui sont
présentement sur la table.
Le Président (M. Bertrand): Sur les deux aspects de la
question de règlement que vous venez de soulever, M. le
député de Portneuf, je vous donne raison sur le premier. Nous
n'introduirons pas dans le rapport les considérants qui ont
été formulés, mais cela n'empêchait pas le
député d'Anjou de les formuler pour les fins de la commission
dans ses discussions.
Deuxièmement, il est bien clair que, si nous avons sur la table
deux ou trois motions qui doivent être discutées, nous
procéderons d'abord à l'examen de la première motion,
celle déposée par le député d'Anjou et, par la
suite, nous disposerons des autres motions dans l'ordre où elles auront
été présentées.
M. le député d'Anjou.
M. Johnson: M. le Président, cette commission, dans le cas
qui nous préoccupe et qui faisait partie du mandat qui lui a
été confié par l'Assemblée nationale, s'est
réunie et, sans remonter à l'Esprit des lois de Montesquieu, je
pense qu'il faut faire quelques rappels. D'abord, il est très clair
qu'au niveau des décisions qui doivent découler de l'analyse de
la situation de la sécurité au travail des policiers, c'est
d'abord et avant tout la responsabilité du gouvernement et de
l'Exécutif, et ça, c'est très clair.
Dans un second temps, cependant, en vertu, toujours, de ce même
Esprit des lois de Montesquieu, le Parlement, à ce que je sache, est
souverain et le Parlement peut décider de convoquer une commission, ce
qu'il a fait, et sans, encore une fois, entrer dans les détails de
procédure, je
pense que cette commission a comme mandat implicite le pouvoir de faire
des recommandations qui sont ce qu'elles sont, c'est-à-dire des
recommandations. Donc, ce n'est pas exécutoire, puisque, de toute
façon, en vertu des principes de droit constitutionnel habituels, c'est
l'Exécutif qui doit prendre les décisions qui engagent les
deniers publics.
Donc, nous avons siégé. Nous avons entendu les parties
nous fournir, je pense, des expériences détaillées, des
dossiers étayés, des positions qui, je pense, honnêtement,
nous ont tous ébranlés.
Deuxièmement, cette commission a permis qu'il y ait un
débat public sur une question qui avait soulevé, dans les
semaines qui ont précédé sa convocation, un certain
émoi au niveau de l'opinion publique, étant donné les
circonstances dans lesquelles le problème s'était
posé.
Je conclus de l'attitude du représentant de l'Opposition
officielle que s'il y a défilade quelque part, s'il y a une façon
de se sortir de quelque chose, ce n'est pas le ministre de la Justice qui l'a
fait, bien au contraire. Il a fait en sorte que ce débat soit public et
que les parties puissent s'exprimer clairement et que ceux qui
représentent la population parce qu'ils en sont les élus, en
prennent conscience et fassent des recommandations à partir de ces
éléments. La grande défilade est celle de ceux qui
refusent de se prononcer sur le fond du problème, et à mon avis,
c'est exactement ce que l'Opposition officielle a fait.
Je voudrais, cependant, souligner l'attitude cohérente du
représentant de l'Opposition de l'Union Nationale qui lui, n'a pas
hésité à se prononcer quant au fond du
problème.
Je pense qu'il est dans le mandat implicite des élus de la
population d'avoir le courage, après 23 heures de débat dans une
commission parlementaire dûment convoquée, d'être capable de
se faire une idée sur une question de fond. C'est ce que nous avons
fait. Je me ferai un plaisir d'étayer le contenu de la motion,
après les exposés généraux, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Verchères.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): C'est sur la motion?
M. Pagé: C'est sur l'ensemble de nos
délibérations.
M. Bédard: Je pense que nos délibérations ne
vous intéressent pas beaucoup.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Bédard: Dois-je comprendre que nos
délibérations ne vous intéressent pas beaucoup?
M. Pagé: Je fais abstraction de votre commentaire.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre! A ce
stade-ci, M. le député de Portneuf, je vais dire moi-même
ce que vous auriez le goût de dire au ministre.
M. Pagé: Rappeler à l'ordre le ministre de la
Justice.
Le Président (M. Bertrand): Je pense, M. le ministre,
qu'il est peut-être préférable qu'on s'abstienne de ces
commentaires...
M. Bédard: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): ... et de permettre au
député de Verchères de nous faire immédiatement,
brièvement...
M. Blank: Cela serait intéressant d'avoir l'opinion du
ministre sur cette question. On nous reproche ici de ne pas avoir
d'opinion...
M. Bédard: On a fait connaître notre opinion. Quand
cela sera le temps, on la fera encore connaître.
M. Blank: Pas caché en arrière d'un petit
caucus.
M. Bédard: Comme vous faisiez.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est la première fois
qu'on vous voit ici.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Blank: J'étais en mission officielle, pour votre
information.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ne parlez pas. Vous n'avez
jamais entendu personne.
M. Bédard: Vous vous cachez derrière les
autres.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs.
M. Blank: J'ai le même droit de parler que vous.
Le Président (M. Bertrand): A votre tour. A votre tour. A
l'ordre, messieurs!
M. Bédard: Ce n'est pas pour rien que vous êtes
l'Opposition. Vous vous êtes toujours cachés
derrière...
Le Président (M. Bertrand): Monsieur le ministre, à
l'ordre, s'il vous plaît. Je pense, M. le député de
Saint-Louis, que vous reconnaîtrez la liberté à tous les
membres de cette commission d'avoir le choix entre parler ou ne pas parler.
Cela revient à chaque membre de décider avec les mo-
tifs qui lui reviennent personnellement, de prendre la parole ou de ne
pas la prendre. Le député de Verchères.
M. Charbonneau: Au sujet des considérations
générales, en fait, je voudrais essayer d'accélérer
un peu les débats. Je pense que je veux faire miennes toutes les
considérations de mes collègues ministériels et de l'Union
Nationale quant au fond du problème, mais je me demande s'il ne serait
pas opportun que j'apporte immédiatement des commentaires sur
différents aspects de la motion, immédiatement.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse. J'étais en
train de lire un papier fort important.
M. Charbonneau: Je disais que je faisais miennes les
considérations qui ont déjà été
énoncées par mes collègues, tant du côté
ministériel que du côté de l'Union Nationale, et que je
préférais, immédiatement, aborder certaines questions qui
touchent plus spécifiquement la motion, si vous n'y voyez pas
d'objections.
Le Président (M. Bertrand): Je préférerais
que vous attendiez que nous en soyons très spécifiquement sur la
motion, quand je l'aurai jugée re-cevable officiellement. A ce
moment-là, vous pourriez faire vos commentaires, parce que nous
entreprendrons les délibérations uniquement sur la motion
à ce moment-là. Mais je permettrais, à ce stade-ci, s'il y
avait d'autres députés qui avaient des commentaires
généraux, de les faire connaître à cette commission.
Est-ce qu'il y a d'autres députés qui ont des commentaires
généraux à faire connaître? M. le
député de Papineau.
M. Alfred: M. le Président, je fais miens les arguments du
député d'Anjou et ceux du député de Drummond. Je
tiens aussi à féliciter l'Opposition de l'Union Nationale pour
son courage. Je tiens aussi à remercier l'Association des policiers et
la Sûreté de m'avoir permis de faire le tour du système
policier provincial au Québec. Je tiens aussi à souligner que je
ne comprends pas l'attitude de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que d'autres
députés veulent prendre la parole? M. le député de
Sainte-Anne? Non.
M. Lacoste: Sans retarder les travaux, je fais mienne la
proposition du député d'Anjou et je dois dire, comme le
député de Papineau, que je suis déçu de la
non-participation de l'Opposition officielle.
M. Pagé: Parlez donc dans le micro.
M. Lacoste: Enfin, lorsqu'on fait une recommandation...
M. Bédard: ...
M. Lacoste: ...lorsqu'enfin on a deux...
M. Pagé: Voulez-vous rappeler le ministre de la Justice
à l'ordre, M. le Président?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, des deux
côtés! Je voudrais que nous écoutions religieusement les
propos du député de Sainte-Anne.
M. Lacoste: En fait, lorsque je vois les recommandations de
l'Union Nationale ainsi que du député d'Anjou, ce sont des
recommandations valables. On a de quoi travailler sur la table pour ce soir.
Mais, quand même, pour avoir passé de nombreuses heures en
commission parlementaire, lorsque nous arrivons à ce stade-ci, le Parti
libéral n'a aucune recommandation, aucune prise de position. Je me pose
de sérieuses questions sur l'idée politique du Parti
libéral.
M. Blank: Est-ce que j'ai le droit de parole?
Le Président (M. Bertrand): C'est à votre tour, M.
le député de Saint-Louis.
M. Blank: Serait-ce que trois autres députés
ministériels doivent donner leur chanson? On va attendre, parce que cela
cesse à six heures exactement.
M. Bédard: Vous ne devriez même pas intervenir, vous
n'avez rien à dire ni rien à recommander à l'issue des
travaux de cette commission. Si on avait seulement du monde comme vous pour
essayer de nous éclairer, cela ne vaudrait pas cher.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Blank: J'attends que le ministre prenne ses
responsabilités.
M. Bédard: Attendez, quand je vais parler tout à
l'heure. Une gang de farceurs, l'Opposition officielle!
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, des deux
côtés! A l'ordre! Alors, s'il n'y a pas d'autres
députés qui veulent se faire entendre, j'ai bien compris que le
député de Maisonneuve ne voulait pas se faire entendre par la
commission.
M. Burns: Non, M. le Président. J'en suis membre, mais il
n'y a pas de place pour m'asseoir à la table, à moins que je
fasse le transfuge.
Le Président (M. Bertrand): II est 17 h 57. A ce stade-ci,
nous pourrions entreprendre nos délibérations sur la motion du
député d'Anjou. Si vous n'y voyez pas d'objection, on va
suspendre nos travaux jusqu'à 20 h 30, ce soir.
M. Johnson: 20 h 30?
Le Président (M. Bertrand): Trente. M. Johnson: Pas
20 heures?
M. Burns: A moins que la commission ne soit
prête à se prononcer sur la motion, auquel cas vous
pourriez ajourner sine die les travaux de la commission. C'est à votre
goût, je vous fais cette suggestion, comme membre de la commission et
comme leader parlementaire du gouvernement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, dans le même sens que le
député de Maisonneuve, il y aurait peut-être
possibilité, en prolongeant de quelques minutes, de disposer des travaux
de la commission. Simplement à titre de suggestion.
Le Président (M. Bertrand): Je demanderais, pour me
guider, combien de personnes ont l'intention d'intervenir sur la motion que
nous a présentée tantôt le député d'Anjou.
Une, deux, trois, quatre, cinq, six. Alors, je pense que si on est un peu
logique avec nous-mêmes, on comprendra fort bien que même en se
donnant quinze minutes de plus, nous devrions de toute façon ajourner
nos débats; alors, à ce stade-ci, je pense qu'il est plus
convenable que nous suspendions nos travaux jusqu'à 20 h 30 ce soir.
Nous terminerons l'étude alors du dossier qui nous est soumis.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 40
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la justice poursuit ses travaux afin
d'étudier certaines questions relatives à la
sécurité au travail des policiers de la Sûreté du
Québec, notamment l'opportunité d'avoir, pour chaque
véhicule automobile de patrouille, deux policiers pour chaque
période de relève.
Je répète le nom des membres de cette commission
parlementaire: MM. Alfred (Papineau), Bédard (Chicoutimi), Blank
(Saint-Louis), Burns (Maisonneuve), Charbonneau (Verchères), Pagé
(Portneuf) en remplacement de M. Ciaccia (Mont-Royal); MM. Clair (Drummond),
Fontaine (Nicolet-Yamaska), Johnson (Anjou), Laberge (Jeanne-Mance), Lacoste
(Sainte-Anne), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), Lefebvre (Viau) en remplacement
de M. Marois (Laporte); MM. Samson (Rouyn-Noranda), Shaw (Pointe-Claire),
Springate (Westmount), Gagnon (Champlain) en remplacement de M. Tardif
(Crémazie); M. Vaillancourt (Jonquière).
Lorsque nous avons suspendu nos travaux, à dix-huit heures, nous
en étions à la présentation officielle des discussions sur
la motion du député d'Anjou. La parole est au
député d'Anjou.
M. Johnson: La parole est à moi, M. le
Président?
Le Président (M. Bertrand): Sur la motion.
Débat sur la motion du député
d'Anjou
M. Johnson: M. le Président, je voudrais, très
brièvement et on en a déjà discuté
longuement dire que les considérants que vous avez devant vous,
ainsi que le texte de la résolution, à mon avis, reflètent
ce qui peut être considéré largement comme un
consensus.
Je voudrais qu'on retienne, cependant, certaines choses qui ne sont
peut-être pas explicites dans les considérants et qui sont les
suivantes: Premièrement, comme je l'ai évoqué tout
à l'heure, le fait que nous soyons une commission parlementaire qui a un
pouvoir de recommandation et que cette décision relève finalement
de la branche executive, c'est-à-dire du ministre et du cabinet des
ministres ne doit pas empêcher le fait qu'on présuppose qu'il y a
de la bonne foi de part et d'autre. On a affaire à un problème de
relations patron-employés, mais on a surtout affaire à un conflit
qui touche l'ensemble des citoyens, dans la mesure où la
Sûreté du Québec et les policiers de la Sûreté
du Québec sont des gens qui participent à un service essentiel et
important.
Dans ce sens-là, je ne voudrais pas que la proposition et les
considérants qui ne sont pas intégrés, pour des fins de
procédure, au rapport de la commission, soient pris de façon
limitative et qu'on essaie d'y voir beaucoup plus la manifestation de ce qui
s'est produit pendant 22 heures de
débat qu'une résolution de nature juridique qui, de toute
façon, ne peut pas être contraignante parce qu'il s'agit
effectivement d'une recommandation d'une commission.
D'autre part, quant au fond, je voudrais soulever le fait que, à
mon avis, cette proposition, au niveau de ses considérants, évite
d'être hypocrite. Quand nous mentionnons au dernier considérant
qu'il faut effectivement tenir compte de la dimension financière,
à la demande des gens de la Sûreté du Québec, je
voudrais souligner qu'il ne s'agit pas de la seule considération, je
pense, qui ait animé les membres de cette commission qui ont
participé à la formulation de ce consensus, mais qu'il s'agit
d'un aspect dont on n'a pas le droit d'ignorer parce que nous sommes
élus, parce que nous sommes ceux qui voteront les crédits, parce
que nous administrons l'argent des contribuables nous n'avons pas le
droit d'ignorer, dis-je, la dimension financière des décisions
que le gouvernement prend.
De là à dire que c'est la considération essentielle
qui nous a fait rejeter la demande stricte de la patrouille à deux
hommes, 24 heures par jour, je pense qu'il y a une marge.
D'autre part, je voudrais également signifier clairement à
cette commission que l'ensemble des éléments qu'on retrouve dans
la proposition essaient de tenir compte, non seulement des revendications de la
Sûreté du Québec et de l'Association des policiers
provinciaux, mais essaient d'établir un équilibre, à mon
avis, qui est nécessaire.
Nous avons appris des choses lors de cette commission. Nous avons
contesté et, pour ma part, j'ai contesté, peut-être
même fortement, certaines des allégations de l'Association des
policiers provinciaux.
Cependant, je ne voudrais pas que le refus formel, au premier article,
de la patrouille jumelée de jour en dehors du cas
évidemment prévu, soit une grille éventuelle à
négocier soit interprété comme un rejet total de la
position de l'Association des policiers provinciaux. Les questions auxquelles
on a pu les soumettre ainsi que les gens de la Sûreté du
Québec nous ont peut-être permis de constater qu'il y a
effectivement des questions de sécurité au travail, qu'il y a
effectivement des questions de rapidité d'intervention et de support
pour les policiers qui méritent des améliorations, qui
méritent tout au moins que la Sûreté du Québec sache
que cette commission est sérieuse quand elle considère que la
Sûreté doit améliorer le perfectionnement et le recyclage
des policiers, doit améliorer l'information sur les mesures de
sécurité du travail et le rappel régulier de celle-ci,
doit resserrer l'application des normes de sécurité au travail,
doit améliorer l'utilisation des équipements et, notamment, par
un filtrage accru et plus adéquat des appels.
De la même façon, je pense que cette commission, en ce qui
a trait à la grille de jour, à la lumière de l'analyse de
la notion de danger que la Sûreté, effectivement, dans ses
négociations avec l'Association des policiers provinciaux, tient compte
non seulement de la nature des interventions et du degré de danger, mais
également de ces trois critères additionnels que nous avons
ajoutés, l'étendue des secteurs de patrouille, l'indice de la
criminalité des territoires et le niveau d'encadrement des forces
policières, des corps de police municipaux.
J'arrêterai là, M. le Président, mes
considérations sur le fond de la résolution que nous proposons,
la recommandation que nous ferons à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, avant de parler sur le
fond, je voudrais seulement faire une mise au point au nom du
député de Drummond, qui ne pouvait pas être présent
ici ce soir et qui m'a demandé de faire une correction, compte tenu des
propos prononcés cet après-midi. A un moment donné, il a
parlé d'un officier pour quatre policiers. Il voulait dire, selon lui,
un civil pour quatre policiers qui travaillaient à la
Sûreté du Québec.
La mise au point étant faite au nom du député de
Drummond, je voudrais reprendre un peu ce que le député d'Anjou
vient de signaler, surtout le dernier point, à propos de la grille, pour
indiquer que ceux qui seraient portés à croire que, finalement,
la commission en arrive au point où elle avait commencé,
c'est-à-dire de renvoyer les parties à une grille, feraient une
erreur d'interprétation, à mon sens, assez grave. Alors que la
grille qui était en discussion au départ était une grille
uniforme pour l'ensemble du territoire du Québec, pour l'ensemble des
secteurs de patrouille de la Sûreté du Québec, maintenant,
compte tenu des trois facteurs additionnels que l'on suggère d'ajouter
dans les négociations sur cette grille, on peut dire que nous aurons
éventuellement une grille souple et peut-être même,
finalement, plusieurs grilles, selon les régions, selon l'indice de
criminalité des territoires et selon aussi le niveau d'encadrement des
forces policières. Donc, il ne s'agit plus d'une certaine façon
pour les membres de la Sûreté du Québec de travailler en
fonction d'une grille rigide, mais d'une grille souple, qui tiendrait compte de
différents facteurs qui ont été ajoutés par les
membres de cette commission, à la suite des représentations des
membres de l'Association des policiers provinciaux. Je pense qu'il est
important de le signaler.
A mon sens, c'est peut-être l'élément essentiel,
parce que, comme je l'ai dit au départ, on pourrait peut-être
être porté, en jetant un coup d'oeil rapide sur la proposition, de
penser qu'il n'y a pas eu de chemin de fait et qu'on n'a pas tenté de
rapprocher les parties, au contraire. Par ailleurs, compte tenu de ce qui a
été indiqué à la commission, de la réticence
avouée de certaines autorités de la Sûreté du
Québec quant aux recommandations et aux directives du ministre de la
Justice, je pense qu'il est important de signaler que lorsque la commission
demande aux autorités de la Sûreté du Québec
qu'elles fassent tout en
leur pouvoir pour mettre en application la décision
gouvernementale, c'est une intention assez claire et assez précise de la
commission. A ce sujet, il serait opportun que, comme je l'avais signalé
au cours de l'audition de certains témoins, on se penche
sérieusement sur le malaise qui, on ne doit pas se le cacher, existe
actuellement au sein de la Sûreté du Québec, qui a
entouré les négociations et sur l'attitude de chaque partie afin
que, comme le soulignait le député d'Anjou, tout ça soit
imprégné d'une bonne foi indispensable.
Compte tenu du fait que le ministre s'est clairement prononcé en
faveur d'une patrouille à deux hommes pour les relèves de soir et
de nuit, on doit s'attendre qu'elle soit appliquée intégralement,
compte tenu des décisions ministérielles. Pour le reste, le
député d'Anjou et les collègues qui l'ont
précédé, cet après-midi, dans leurs
considérations générales ont englobé finalement les
arguments qui pourraient être invoqués en faveur de la motion
actuellement sur la table.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, je le disais tout à
l'heure, autant j'ai admiré l'argumentation de l'Association des
policiers provinciaux, autant j'ai admiré également ce que la
Sûreté a dit, autant je comprends la position de l'Union
Nationale, parce qu'elle a compris le problème. Il fallait, bien
sûr, aborder ce problème avec maturité, ce que, d'ailleurs,
tout le monde attendait; aussi, nous sommes arrivés à des
considérants qui, d'après moi, sont honnêtes et louables.
Cependant, quant à moi, député de Papineau, je n'arrive
pas à comprendre l'attitude de l'Opposition libérale.
M. Pagé: La motion. Discutez donc sur la motion.
M. Alfred: Je me dis que chaque fois que cette opposition doit
faire face à des responsabilités...
M. Bédard: Elle n'a pas de position? Comment? Cela vous
fatigue quand on parle de votre position?
M. Alfred: ... elle s'en va.
M. Pagé: On pourra en reparler. L'Opposition l'a
clairement établie tantôt. Prenez donc vos
responsabilités!
M. Alfred: J'aurais voulu que cette opposition arrive avec une
position qui soit positive, qui soit négative, mais non pas neutre. A la
commission parlementaire des communications, ils sont partis parce qu'il
fallait voter. Je me dis qu'ils ont parlé des "way out". La population
va juger ce parti et va le mettre dehors.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Papineau...
M. Alfred: C'est un parti qui se meurt...
Le Président (M. Bertrand): ... pourrais-je vous inviter,
s'il vous plaît, à parler davantage sur la motion?
M. Alfred: C'est-à-dire que je vais y revenir mais...
M. Bédard: Ne parlez pas des absents.
M. Alfred: Alors, je pense que parler d'un absent, parler d'une
mort, c'est leur donner de la publicité, alors, je n'en donnerai
plus.
Cependant, je pense...
M. Pagé: Cela vous fait mal.
M. Alfred: Cela me peine, cela me chagrine de devoir faire face
à une opposition aussi faible, je dirais même bagatelle, et qui
empêche quand même la Chambre de fonctionner en adulte.
De toute façon, je pense que je n'ai pas à
répéter les arguments apportés par mes
prédécesseurs contre l'Opposition officielle. Je pense que la
population a vu que nous avons écouté attentivement les deux
parties. Nous sommes arrivés à des considérants qui sont
rationnels, raisonnables, et nous pensons que tout le monde sera satisfait du
travail sérieux qui aura été accompli pendant les 22
heures de délibérations où on a eu à écouter
l'Association des policiers ou la Sûreté du Québec.
Encore une fois, je regrette d'avoir à faire face à une
opposition absente et qui bientôt disparaîtra de la scène
québécoise.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska.
Amendements
M. Fontaine: M. le Président, j'ai été,
comme les autres membres de la commission, très sensible à
l'aspect humain du problème qui a été soulevé par
l'Association des policiers et aussi par la Sûreté du
Québec. On a fait état de différents accidents de travail
qui sont arrivés et je pense qu'il faut prendre en considération
que le travail du policier n'est pas exactement le même que celui d'un
autre travailleur du Québec et qu'il est assez difficile de faire des
comparaisons entre les accidents de travail, par exemple, dans la construction
et les accidents de travail des policiers, parce qu'ils ont un travail
particulier à faire. De toute façon, il faut quand même
tenir compte de ces statistiques qui nous ont été
démontrées.
Il faut également tenir compte des aspects régionaux sur
lesquels les témoins ont attiré notre attention et il faudra
nécessairement, dans une grille qui pourrait éventuellement
être adoptée par les parties, tenir compte de ce fait afin que
cette grille soit des plus flexibles possible, en tenant compte de l'aspect
régional et en tenant compte aussi de l'aspect du degré de danger
des interventions des policiers. Je pense que cette commission aura quand
même atteint un premier but qui est celui d'avoir rapproché les
deux parties, parce
qu'on s'est rendu compte qu'au début de la commission, il y avait
peut-être une certaine distance entre la Sûreté du
Québec et l'Association des policiers, mais, au cours des discussions,
l'atmosphère semble s'être détendue et je pense qu'à
la fin, on a pu voir qu'au moins, cela avait permis à chaque partie de
se défouler. C'est du moins un premier but qui a été
atteint par la commission. Je pense qu'on devait s'attendre que cette
commission fasse des recommandations et on n'est pas ici pour faire l'autruche,
on est ici pour prendre nos responsabilités. On n'est pas ici non plus
pour se faire du capital politique. Alors, je pense que, de notre
côté en tout cas, on a fait des efforts pour prendre une position
qui, bien sûr, ne satisfera peut-être pas l'association et ne
satisfera peut-être pas la Sûreté du Québec, mais on
a quand même pris nos responsabilités. Je pense que les policiers
s'attendaient, de notre part, que nous puissions prendre position; ils ne
s'attendaient peut-être pas, en venant ici, d'avoir gain de cause sur
tout ce qu'ils avaient demandé, mais ils s'attendaient au moins que la
commission les entendrait et prendrait position.
Il restera maintenant au ministre l'aspect exécutif et je ne
doute pas de sa bonne foi là-dessus. Il prendra sûrement en
considération les recommandations de cette commission. Quant à la
motion elle-même, je pense que notre motion est celle des
députés ministériels. Il n'y a pas tellement de
différence fondamentale. Il y aurait peut-être quelques petites
choses que j'aimerais souligner et je proposerais un amendement quant au
premier paragraphe. On dit qu'il n'y a pas lieu d'accorder la patrouille
jumelée pour la relève de jour. Je voudrais qu'il soit possible
d'ajouter: hors les cas prévus dans une grille à cet effet. Je
pense que cela ne pose pas de problème fondamental non plus.
M. Johnson: Je n'ai pas d'objection à accepter
l'amendement de forme, finalement, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Alors, vous ajouteriez: hors
les cas prévus dans une grille à cet effet.
M. Fontaine: C'est ça.
M. Bédard: Dans une grille de cas spéciaux
présentant des risques...
M. Johnson: Oui.
M. Charbonneau: ... ça finit par la grille qui sera
négociée.
M. Fontaine: Dans le deuxième paragraphe, "que les
négociations sur la grille des interventions représentant des
risques accrus se poursuivent sans délai". J'ajouterais "sans
délai en tenant compte des facteurs suivants".
Le Président (M. Bertrand): Le proposeur accepte-t-il?
M. Fontaine: Si ces amendements sont adoptés, je serais
consentant à retirer ma motion.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que je peux me
permettre de demander au proposeur... simplement une question de
phraséologie, peut-être, "hors les cas prévus dans une
grille", est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de reprendre tout simplement par les
lignes qui suivent: "hors des cas prévus dans une grille des
interventions représentant des risques accrus". Reprendre exactement les
lignes suivantes.
M. Johnson: Ah, c'est la phrase suivante, en fait.
Le Président (M. Bertrand): II y aurait concordance alors
entre les deux éléments.
M. Johnson: Oui, sur une grille, oui d'accord. Cela vous va?
M. Fontaine: Oui, ça va.
M. Johnson: Cela vous va pour l'amendement? Quant à moi,
ça va.
Le Président (M. Bertrand): "Hors les cas prévus
dans une grille des interventions représentant des risques accrus".
M. Johnson: C'est ça.
Le Président (M. Bertrand): Ensuite, on reprend la
même idée, simplement pour qu'on simplifie.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur la motion du
député d'Anjou?
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Pourriez-vous rappeler vos honorables
collègues à l'ordre, M. le Président. M. le
Président...
M. Charbonneau: ...
Le Président (M. Bertrand): S'il vous plaît!
M. Pagé: M. le Président, voulez-vous rappeler le
député de Verchères à l'ordre.
Le Président (M. Bertrand): S'il vous plaît, si vous
voulez respecter le droit de parole du député de Portneuf.
M. Pagé: J'ai un droit qui m'appartient, n'en
déplaise aux membres du Parti québécois.
M. Bédard: Si vous voulez vous en servir efficacement,
c'est tout ce qu'on désire.
M. Pagé: M. le Président, rappelez donc le
ministre de la Justice à l'ordre, s'il vous plaît, qu'il
soit sage, qu'il soit patient, qu'il soit calme.
M. Bédard: Je suis très calme.
M. Charbonneau: On l'est, mais on ne comprend pas la logique de
votre attitude.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je vous demanderais d'être respectueux à l'endroit du
droit de parole du député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je pourrais, dans
le cadre du débat sur la motion présentée par l'honorable
député de Johnson...
M. Johnson: D'Anjou.
M. Pagé: D'Anjou, c'est-à-dire, l'éternelle
confusion, M. Johnson.
M. Charbonneau: II faut avoir de la logique.
M. Pagé: C'est tout comme, si on regarde le genre
d'entente qu'il semble y avoir entre le Parti québécois et
l'Union Nationale; c'est tout comme.
M. Bédard: La logique, cela se comprend quelquefois.
M. Pagé: Je pourrais reprendre chacune des attaques qui,
à l'occasion, ont été bassement partisanes, notamment si
je m'en réfère à l'exposé du député
de Papineau qui n'a pas contribué beaucoup au débat, sauf pour se
limiter à des attaques strictement partisanes.
M. le Président, on a établi, cet après-midi, la
position de l'Opposition officielle, à savoir qu'on n'acceptait pas de
participer directement au scénario ou à l'immense paravent que
constitue cette commission, avec tout le respect que je dois à la
commission parlementaire qui est quand même le prolongement de
l'Assemblée nationale...
M. Charbonneau: ... dès le départ, dans ce
cas-là.
M. Pagé: M. le Président, rappelez donc le
député de Verchères à l'ordre, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Bertrand): Messieurs!
M. Pagé: Merci, M. le Président. Essentiellement,
M. le Président, pour reprendre un peu les motifs invoqués au
soutien de l'abstention de l'Opposition officielle sur cette question, c'est
tout simplement sur le mandat de cette question...
Dès la première journée où la commission a
siégé pour entendre les parties, nous, de l'Opposition, avons
soulevé cette question des attributs, du pouvoir et du mandat de la
commission parlementaire de la justice, dans le cadre de ce débat.
Je me rappelle fort bien les objections qui venaient de la part de
l'équipe gouvernementale à ce qu'on établisse ou à
ce qu'on discute même ce mandat, s'en référant strictement
et uniquement à la motion qui apparaissait au feuilleton, permettant
à la commission de siéger, à savoir qu'on devait
étudier. On se rappelle très bien qu'à ce
moment-là, on n'avait pas voulu aborder la question des pouvoirs de la
commission. Est-ce que cette commission avait strictement un pouvoir de
recommandation ou de décision?
M. Bédard: Question de règlement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Portneuf, je ne permettrai pas que les députés
ministériels soulèvent la question de règlement sur
laquelle, j'allais, de toute façon, intervenir M. le
député de Portneuf...
M. Pagé: Je reviens à la motion, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Le président a
déjà rendu sa décision sur le pouvoir de cette commission
parlementaire de faire des recommandations. Le président a jugé
recevable la motion du député d'Anjou et c'est sur la motion que
nous sommes en train de discuter et non pas sur la question qui avait
déjà été décidée d'avance.
M. Pagé: M. le Président, je parle de l'abstention
face à cette motion. Pour revenir à cette motion, M. le
Président, mes commentaires étaient pour réitérer
aux membres de la commission les motifs que j'ai invoqués, que j'ai eu
l'occasion d'expliquer cet après-midi, pendant le temps qui m'a
été alloué, motifs qui expliquent l'abstention de
l'Opposition officielle, à savoir que cette commission, on l'a quand
même constaté, M. le Présidentcela entre dans le
cadre de la motion cela a d'ailleurs été confirmé
par le député d'Anjou, avait strictement un pouvoir de
recommandation et qu'elle n'avait aucun pouvoir décisionnel. C'est
clairement indiqué dans la motion.
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bédard: Question de règlement.
M. Charbonneau: Cela a été discuté
longuement, M. le Président, pendant des heures au début. Si le
député de Portneuf n'a pas autre chose à dire, il devrait
se taire.
M. Pagé: Soyez donc patient. Je comprends. On m'a dit que
des députés avaient hâte de voir une manifestation
sportive.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Portneuf...
M. Bédard: ...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le ministre!
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Pré-
sident. Le statut d'Opposition officielle ne lui permet pas de dire
n'importe quoi.
Le Président (M. Bertrand): J'avais déjà
indiqué au député de Portneuf, M. le ministre, que je
n'accepterai pas qu'il revienne sur cette question et que s'il veut profiter du
débat sur la motion pour expliquer les raisons pour lesquelles il veut
s'abstenir, ce débat a déjà eu lieu, il a
déjà pu faire valoir son point et, à ce stade-ci, sur la
motion, si le député de Portneuf veut s'abstenir, c'est son droit
de le faire; il n'a pas à essayer de justifier les raisons de son
abstention.
M. Pagé: M. le Président, je conclurai. J'avais dit
au préalable que je serais quand même bref. Essentiellement, ce
qu'on a dit, cet après-midi, c'est ce qui explique notre abstention,
lorsque vous appellerez le vote sur la motion. On demande au ministre de la
Justice de prendre ses responsabilités et de ne pas utiliser, comme il
l'a fait à cette commission, un paravent. Merci, M. le Président.
J'ai bien hâte de voir le vote du ministre de la Justice, le
député de Chicoutimi.
Le Président (M. Bertrand): Y a-t-il d'autres personnes
qui veulent se faire entendre.
M. Bédard: On voit que vous n'avez rien compris à
la commission.
Le Président (M. Bertrand): Y a-t-il d'autres personnes
qui veulent se faire entendre sur la motion déposée par le
député d'Anjou?
M. Bédard: M. le Président, peut-être pour
répondre tout de suite à l'interrogation que se pose le
représentant de l'Opposition de savoir ou d'exprimer sa hâte de
voir dans quel sens le ministre de la Justice votera sur la recommandation
faite par les membres de la commission, tant de la part du groupe
ministériel que de la part de l'Opposition reconnue de l'Union
Nationale, si le représentant de l'Opposition officielle avait compris
le sens de cette commission parlementaire qui était
définitivement, non pas, comme il essaie de le faire croire encore, de
prendre des décisions, mais de faire des recommandations, lesquelles
recommandations, il est évident, n'auront pas un pouvoir
décisionnel, parce qu'il est très clair nous n'avons
jamais soutenu quoi que ce soit, au contraire que c'est au ministre de
la Justice, au gouvernement à prendre ses responsabilités et
à prendre la décision finale là-dessus, ce qui
n'empêche pas une commission parlementaire de faire des
recommandations... en ce qui a trait à la prise des
responsabilités, ne soyez pas inquiet, ce n'est pas parce que j'ai
l'exemple devant moi d'une Opposition officielle qui n'a pas pris ses
responsabilités que je me crois justifié de ne pas prendre les
miennes. Je les prendrai en ayant à l'esprit les recommandations qui ont
été faites par la commission et également l'ensemble du
problème que nous avons à résoudre et sur lequel nous nous
sommes penchés durant plusieurs heures, avec l'audition des parties qui
se sont fait entendre et également le temps qui a été
consacré aux délibérations de cette commission.
Quant à savoir quel vote j'enregistrerai, si vous aviez le sens
de la logique, vous comprendriez vite que je m'abstiendrai de voter.
M. Pagé: Comme moi.
M. Bédard: Pour une raison bien simple, par respect pour
la commission. Je sais une chose...
M. Pagé: Parce que vous êtes membre de
l'exécutif.
M. Bédard: Non, vous n'avez rien compris encore... parce
que, justement, c'est moi qui ai à prendre la décision au niveau
gouvernemental et, si je suis déférent envers la position qui est
prise par le groupe ministériel, je n'ai pas à indiquer
dès maintenant quelle sera cette décision. Parce que le sens de
cette commission parlementaire, on l'a dit dès le départ, c'est
d'étudier l'ensemble du problème de la sécurité au
travail des policiers, d'une façon plus spécifique,
l'opportunité ou non qu'il y ait deux hommes par véhicule
à l'occasion de la relève de jour, un travail que, je crois, les
membres de la commission ont fait de façon très
sérieuse.
Il était très opportun, je crois, qu'il y ait eu un
délai raisonnable entre l'audition des parties qui se sont fait entendre
et le moment des délibérations. Ce temps de réflexion a
permis de constater jusqu'à quel point les recommandations ont
été faites, recommandations empreintes de sérieux qui
manifestent nécessairement, non seulement par les considérants,
mais par les conclusions, l'approfondissement qui a été fait par
chacun des membres de la commission du problème de la
sécurité des travailleurs, des policiers. Non seulement pour les
membres de la commission, mais également pour le ministre de la Justice,
les travaux de la commission ont permis de mieux connaître les
problèmes des parties en cause, que ce soit la Sûreté du
Québec, l'Association des policiers ou les policiers eux-mêmes.
Même si la commission, par la motion qui est présentée,
arrive à l'essentiel des offres faites par le ministre, que j'ai
qualifiées de raisonnables, là n'est pas k plus important.
Cette commission a permis non seulement aux membres d'être mieux
informés des problèmes de sécurité au travail des
policiers mais également au ministre et lui a permis d'être encore
plus prêt à engager un dialogue plus fructueux avec la
Sûreté du Québec et l'Association des policiers provinciaux
du Québec afin de construire ensemble même si nous avons
pris quelques retards qu'il sera facile de combler, je crois en termes
de solidarité, un corps policier auquel les policiers seront fiers
d'appartenir et dont la population québécoise sera fière
aussi. Ce travail, nous allons le continuer dès que les travaux de la
commission seront terminés. Déjà, personnellement, j'ai
rencontré tout à l'heure les représen-
tants de l'Association des policiers, de même que ceux de la
Sûreté. Nous avons déjà organisé des
rencontres qui nous permettront de continuer un dialogue nécessaire pour
en arriver à une compréhension et à une solution
équitable des problèmes auxquels nous avons à faire face,
pas seulement dans le domaine de la sécurité au travail, mais
également dans bien d'autres domaines.
Je voudrais, en terminant, puisqu'il semble que je suis le dernier
intervenant, remercier les membres de la commission, encore une fois. Je crois
avoir respecté, tout au cours des travaux de cette commission, les
travaux également des membres de cette commission en m'abstenant le plus
possible de vouloir orienter le débat d'une manière ou de
l'autre, dans un sens précis. Je voudrais remercier de façon
toute particulière l'Union Nationale, l'opposition reconnue pour la
position qu'elle a eu, disons, le courage de prendre à l'issue des
travaux de cette commission. Je les remercie, pas parce qu'elle en arrive
à une position qui se marie assez bien à celle que le groupe
ministériel a prise, mais parce qu'elle a eu le courage de prendre une
décision, de prendre ses responsabilités.
Je sais que ce n'est pas facile de prendre une décision. Ce n'est
pas toujours rentable politiquement, mais lorsque nous représentons le
gouvernement, même du point de vue de l'Opposition, nous sommes
élus quand même pour en prendre des décisions et prendre
nos responsabilités, ce que n'a pas fait le parti de l'Opposition
officielle. Remarquez que la position du Parti libéral, dite Opposition
officielle, ne surprend pas outre mesure...
M. Lavoie: ... un peu de décence.
M. Bédard: La décence... Ecoutez! Vous
n'étiez même pas dans le débat.
M. Lavoie: J'ai tout suivi à mon bureau. Une Voix:
Ah mon doux Seigneur! M. Bédard: Bon! C'est ça. Une
Voix: ... le député de Verchères.
M. Lavoie: De toute façon, je n'ai pas le droit de parole.
Je ne suis pas membre de la commission et je vais m'abstenir de parler.
D'accord?
M. Charbonneau: Vous avez trop parlé, monsieur.
M. Bédard: Ce qui aurait été plus
indiqué, c'est que vous ne commenciez pas.
M. Lavoie: J'ai écouté les décisions du
président dans mon bureau.
M. Bédard: Oui, de bonnes décisions. Alors, M. le
Président, cette attitude de l'Opposition officielle ne me surprend pas.
Je crois qu'elle est lo- gique avec l'attitude négative qu'elle a
employée dès le début et avant même la tenue de
cette commission parlementaire où le critique de l'Opposition officielle
n'a pas trouvé mieux que de qualifier la commission parlementaire...
M. Pagé: J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. Bédard: ... de moyen de diversion.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre, une question
de règlement est invoquée.
M. Pagé: M. le Président, il apparaît
clairement dans nos règlements... D'ailleurs, je n'ai point besoin de
vous citer l'article, parce que, tout comme un juge, le président
connaît de plein droit tous les articles et connaît le contenu de
son règlement.
Une Voix: Nul n'est censé ignorer la loi.
M. Pagé: Nul n'est censé ignorer la loi, c'est bien
ça, surtout pas le président. Il est quand même clairement
indiqué...
M. Bédard: Vous semblez l'ignorer...
M. Pagé: ... M. le Président, dans notre
règlement, qu'on ne doit pas prêter des intentions ou quoi que ce
soit à un membre de l'Assemblée nationale lorsqu'il utilise son
droit et, dans notre cas, j'ai invoqué, et j'ai même tenté
d'invoquer à nouveau, ce soir... On s'y est opposé farouchement,
parce que ça fait mal...
M. Charbonneau: Parce que ce n'est pas logique, c'est
irrationnel.
M. Pagé: J'ai invoqué les motifs...
M. Charbonneau: C'est indigne de la commission.
M. Pagé: ... du soutien de notre abstention.
M. le Président, rappelez donc le député de
Verchères à l'ordre, s'il vous plaît, et je vous prierais,
M. le Président, d'intervenir auprès du ministre de la Justice
pour le rappeler à l'ordre et le prier, le plus poliment possible, de
revenir au débat. Et, entre autres, M. le Président, tout
simplement un dernier petit commentaire...
M. Johnson: Sur la question de règlement.
M. Pagé: ... oui, vous pourrez intervenir sur la question
de règlement.
J'aurais pu soulever des questions de règlement bien avant,
lorsque le ministre de la Justice faisait état de cette abstention et
j'aurais pu lui faire part, lui souligner les nombreuses fois où
lui-même s'est abstenu à la même assemblée...
M. Bédard: Allez-y donc! Si vous avez quelque chose
à dire, dites-le donc précisément.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Anjou.
M. Bédard: Vous parlez d'abstentionnisme dans un cas qui,
à mon sens, requérait, en termes de responsabilités, qu'on
prenne une position dans un sens ou dans l'autre; on a eu au-delà de 20
heures de travail. Il me semble que c'était assez d'heures de
travail...
M. Pagé: Vous ne m'avez pas permis d'expliquer mon
abstention. Pourquoi la commentez-vous?
M. Bédard: ... pour prendre une décision.
M. Pagé: Pourquoi la commentez-vous si vous ne me l'avez
pas permis?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charbonneau: Vous l'avez longuement expliquée, M. le
député de Portneuf.
M. Bédard: Vous l'avez longuement...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député d'Anjou, sur la question de règlement.
M. Johnson: Non, non; ça va. M. Bédard:
M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre de la Justice,
je vous demanderais de poursuivre, s'il vous plaît, et, dans la mesure du
possible, comprenant la décision que j'ai rendue tantôt, à
savoir d'inviter le député de Portneuf à ne pas revenir
sur cette question de l'abstention, je vous inviterais aussi, dans toute la
mesure du possible...
M. Bédard: M. le Président, question de
règlement... Vous le remerciez. Il vous sauve?
M. Pagé: Non, c'est un bon président.
M. Bédard: M. le Président, question de
règlement. Je ne vois pas comment je n'aurais pas le droit...
M. Pagé: Ne vous fâchez pas!
M. Bédard: ... moi, ou n'importe quel autre membre de la
commission, de commenter l'abstention de l'Opposition officielle alors que
l'Opposition officielle s'est permise, elle, de mentionner que cette commission
parlementaire était un "way-out" pour le gouvernement en fonction d'une
impasse, que c'était un "way-out" pour le gouvernement pour s'en
sortir.
M. le Président, est-ce que ça, ce n'est pas, non
seulement dévaloriser le rôle des commissions parlementaires, mais
est-ce que ce n'est pas imputer des motifs au gouvernement ou à ses re-
présentants? Est-ce qu'on a le droit, autrement dit, est-ce que
l'Opposition peut faire les accusations qu'elle veut bien faire...
M. Pagé: C'est une constatation.
M. Bédard: Ah! C'est une constatation. Bien, M. le
Président, si c'est une constatation, je crois qu'analyser l'attitude de
l'Opposition officielle est une constatation également que je ne peux
m'em-pêcher de commenter, puisque ce sont ces gens qui ont pris cette
position. Je ne vois pas, M. le Président, du point de vue du
règlement, qu'est-ce qui peut empêcher qui que ce soit dans cette
commission de commenter cette abstention.
M. Johnson: ... sur le règlement.
M. Bédard: M. le Président, je serai très
bref. Cette abstention de l'Opposition officielle ne me surprend pas, M. le
Président, parce qu'avant même que la commission parlementaire
n'ait lieu, on avait qualifié la commission parlementaire de moyen de
diversion, de moyen dilatoire.
Autrement dit, on avait dévalorisé déjà,
à l'avance, le rôle de la commission parlementaire.
Dès le commencement des travaux de cette commission
parlementaire, l'Opposition officielle s'est employée, encore une fois,
à faire en sorte que cette commission parlementaire soit moins
sérieuse que nous voulions qu'elle soit, en essayant de faire croire que
le règlement ne permettait pas à cette commission parlementaire
de faire des recommandations alors qu'une décision, en sens contraire, a
été rendue par vous-même à titre de
président.
Cette attitude s'est continuée même dans les remarques de
l'Opposition officielle qui ont conduit à sa prise de position
d'abstention. On a essayé l'Opposition officielle, même
dans ses remarques, cet après-midi d'imputer des motifs au
gouvernement ou au ministre en laissant croire que de fausses
représentations avaient été faites aux policiers
provinciaux concernant le rôle de cette commission parlementaire qui
était, très clairement, de pouvoir faire des recommandations, et,
on l'avait dit au début de nos travaux, de ne pas pouvoir prendre de
décision. L'Opposition officielle a encore cru bon de revenir sur ce
point.
Tout au cours des travaux de cette commission, et surtout au
début, on a vu l'Opposition officielle beaucoup plus
préoccupée d'essayer de laisser croire qu'il y avait eu des
négociations, alors que les policiers étaient dans
l'illégalité, que de discuter vraiment et d'aborder vraiment la
discussion sur la sécurité des policiers au travail, d'essayer de
faire croire...
M. Pagé: Vous nous avez félicités.
M. Bédard: ... qu'il y avait eu des ententes en dessous de
la table, alors que le président lui-même de l'Association des
policiers a été très ferme là-dessus et a
été très honnête en disant clairement à
l'Opposition officielle qu'il n'y avait
pas eu de négociation, qu'il n'y avait pas eu d'entente en
dessous de la table et qu'il n'y avait pas eu de fausses représentations
concernant les pouvoirs de cette commission. Mais, ce qui est le plus grave
dans cette attitude de l'Opposition officielle est justement que toutes ces
attitudes conduisent à un résultat ou à une tentative de
résultat qui est la dévalorisation du rôle des commissions
parlementaires qui constituent quand même une institution parlementaire.
Il est évident que si tous les membres de la commission avaient
adopté l'attitude de l'Opposition officielle, nous ne sortirions pas
grandis des travaux de cette commission parlementaire, parce que nous aurions
tout simplement dévalorisé le rôle d'une commission
parlementaire.
Heureusement, et en cela, je remercie les membres de la commission qui y
ont contribué, le sérieux a marqué les travaux de cette
commission. Les membres, par leur travail, ont fait en sorte, j'en suis
convaincu, que les parties qui ont été entendues ont vraiment eu
la conviction de pouvoir expliciter leurs problèmes et ont eu
également la conviction d'avoir été vraiment entendues par
les membres de cette commission.
M. le Président, je termine en vous disant, qu'étant
donné que les membres de cette commission, sauf l'Opposition officielle,
ont pris leurs responsabilités, le ministre de la Justice
également prendra les siennes comme je crois les avoir prises au
moment opportun, lorsqu'il a été opportun de le faire et
je voudrais peut-être, comme preuve, vous mentionner seulement un point
que je voudrais voir plus clair qu'il ne l'est dans les recommandations qui ont
été faites par la motion qui est devant nous. Le point est le
suivant, il se lit comme suit: "Que les autorités de la
Sûreté du Québec fassent tout en leur pouvoir pour mettre
en application la décision gouvernementale concernant la patrouille
à deux hommes par véhicule pour les relèves de soir et de
nuit". J'ai dit, au début des travaux de cette commission, qu'il
n'était pas question de retirer les offres faites par le ministre et
là-dessus, je tiens à assurer les membres de l'Association des
policiers provinciaux qu'il n'est pas question de nuancer ces offres et avant
qu'ils n'entrent dans l'illégalité j'espère, et non
seulement j'espère, mais je compte que les autorités de la
Sûreté du Québec feront tout en leur pouvoir pour mettre en
application et appliqueront rapidement ces offres telles qu'elles ont
été faites non seulement par le ministre de la Justice, mais par
le gouvernement. M. le Président, ce sont les remarques que je voulais
faire à l'issue de cette commission parlementaire.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Anjou.
M. Johnson: M. le Président, pour terminer, avant que nous
ne passions aux voix, c'est-à-dire les votes en faveur et l'abstention,
j'aimerais revenir un peu sur l'essentiel. Je pense que les considérants
sont explicites, ils parlent d'eux-mêmes et ils démontrent, je
pense, combien par cette commission, on en est quand même arrivé,
quant au fond, à un consensus qui tienne compte, évidemment,
d'une part, des possibilités limitées de cette commission qui par
définition comme je l'ai dit tout à l'heure ne peut
prendre de décision, mais peut faire des recommandations et, d'autre
part, de ses limitations normales pour ceux qui ont la charge de
l'exécutif dans un régime où il y a encore, que je sache,
une certaine séparation des pouvoirs. Mais également, ces
recommandations tiennent compte de façon très large des
affirmations, des allégations et de certaines démonstrations
précises qui ont été faites par l'Association des
policiers provinciaux. Elles vont dans le sens, je pense, d'une
préoccupation profonde des membres de cette commission de ce que vivent
quotidiennement les policiers. Je pense que, comme tout compromis, il n'est pas
parfait, mais qu'il est sans doute le gage, non seulement d'une plus grande
conscience parmi les membres de la députation de l'Assemblée
nationale des problèmes qui se posent à la Sûreté du
Québec, mais également le gage qu'enfin ce problème
connaîtra un règlement final et dans un bref délai.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais un peu répondre aux accusations
de collusion qu'on a portées tout à l'heure contre le parti de
l'Union Nationale, et je voudrais rappeler ici que le chef de l'Union
Nationale, au début de la session, avait rappelé à la
Chambre que nous n'étions pas ici pour représenter un parti
politique, mais que nous étions ici...
M. Pagé: J'invoque le règlement pour vous demander
en même temps c'est une directive si un
député, qui a retiré une motion, a un droit de
réplique sur la motion?
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Je n'avais pas
considéré, je m'excuse, M. le député de Portneuf,
à ce stade-ci, que, nécessairement, le ministre de la Justice
concluait le débat ou que le député d'Anjou concluait le
débat. J'étais encore prêt, à ce stade-ci, s'il y
avait d'autres intervenants, à leur permettre de prendre la parole. Si
le député de Portneuf veut prendre la parole...
M. Pagé: Le député d'Anjou aura encore un
droit de réplique sur la motion?
Le Président (M. Bertrand): Qu'il pourra utiliser ou ne
pas utiliser, mais je laissais le débat encore ouvert, tant et aussi
longtemps qu'il y avait des intervenants.
M. Pagé: C'était pour m'assurer que le
règlement sera gardé bien fidèlement.
M. Fontaine: Ce que je voulais dire, c'est que les gens qui sont
ici n'y sont pas pour représenter
un parti politique, mais ils sont ici comme législateurs, pour
représenter toute la population. Si on a dit que nul n'est censé
ignorer la loi, on pourrait dire aussi que nul n'est censé ignorer ses
responsabilités.
M. Pagé: Vous recommandez essentiellement ce qu'il y avait
le 19 avril...
M. Fontaine: On avait dit, à ce moment-là, au
gouvernement que, lorsqu'on serait d'accord, on dirait oui aux propositions du
gouvernement, et c'est ce que nous faisons actuellement. Mais quand nous ne
serons pas d'accord, nous allons lui dire non. C'est cet esprit qui va guider
l'Union Nationale jusqu'aux prochaines élections. C'est sans doute aussi
un avertissement au gouvernement que, lorsqu'on dira non à quelque
chose, il devra prendre ce qu'on va dire au sérieux, parce qu'à
ce moment-là, ce sera véritablement quelque chose qui va attirer
particulièrement son attention.
M. Pagé: Vous n'êtes pas partis pour dire non
souvent.
M. Bédard: C'est un avertissement au Parti libéral.
L'Opposition officielle, ça peut devenir plus d'opposition.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît! S'il n'y a pas d'autre intervenant qui manifeste la volonté
de prendre la parole, nous allons laisser la parole au député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: Mon intervention se borne à ceci, si vous
êtes pour demander le vote, sur la motion, je voulais vous demander une
directive à cet effet. Le député de Jonquière, qui
a participé très activement à la commission, est retenu
à une autre commission ce soir comme président de la commission.
Il m'a quand même demandé s'il est possible de votre part de
suspendre la séance pour cinq minutes au moment du vote, parce qu'il ne
veut pas se cacher derrière un paravent qui serait valable, il veut
venir voter sur la motion.
Je fais une motion, si on en arrive au vote, pour qu'on suspende la
séance pour quelques minutes, le temps que j'aille le chercher.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jeanne-Mance, s'il y avait consentement unanime des membres, je vous le
permettrais, mais, normalement, en commission parlementaire, il n'y a pas appel
de députés. Nous prenons le vote dès qu'il est temps de le
prendre. Est-ce qu'il y a consentement unanime pour permettre...
M. Pagé: D'ailleurs, M. le Président, c'est le
même problème chez nous, M. Ciaccia, M. Sprin-gate et d'autres ont
participé très étroitement à cette commission. Ils
sont retenus à d'autres commissions ce soir, on a M. Ciaccia, qui est
aux communications, qui aurait aimé lui aussi venir appuyer la
thèse bien réaliste de l'abstention qu'on manifeste ce soir, tout
comme le ministre de la Justice d'ailleurs.
M. Bédard: Pas pour les mêmes raisons.
M. Pagé: Je pense que ce n'est pas opportun de suspendre
pour passer au vote.
M. Alfred: M. le Président, j'ai quelque chose à
ajouter avant de terminer. J'aimerais attirer l'attention de la
Sûreté du Québec pour maintenir en santé les
relations patronales-ouvrières. L'une de nos préoccupations au
Québec est d'assurer un dialogue entre ceux qui dirigent et ceux qui
sont dirigés. Fini le temps où, effectivement, nous
considérions les dirigés comme ceux qui n'avaient pas voix au
chapitre; maintenant nous le savons, après avoir écouté
les deux parties. J'avais senti qu'il y avait deux solitudes. Nous pensons
qu'après cette commission parlementaire, nous aurons deux parties, la
partie patronale et la partie ouvrière, qui vont essayer de travailler
ensemble pour le bien-être de la collectivité
québécoise, pour la santé de nos citoyens
québécois et pour leur sécurité.
J'attire l'attention surtout des dirigeants de la Sûreté,
par ce que nous attendons maintenant de ceux qui dirigent, c'est qu'ils soient
spécialistes en relations humaines. C'est ce qui a souvent fait
défaut, non seulement au niveau de la police, mais dans plusieurs
sphères de l'activité québécoise.
Donc, nous pensons qu'il serait très intéressant et
très sain, et c'est pour moi une préoccupation parce que, je
tiens à le dire, j'ai un préjugé favorable pour tous les
travailleurs, y compris les travailleurs policiers. Donc, la santé de la
relation patronale-ouvrière est pour moi une préoccupation et je
la voudrais excellente, surtout au niveau de la police.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Anjou, ce sera votre...
M. Johnson: Mon droit de conclure, je pense.
Le Président (M. Bertrand): Votre droit de conclure, vous
l'exercez?
M. Johnson: M. le Président, je me sens obligé de
le faire pour simplement dissiper une équivoque. Je ne veux pas revenir
sur ce qui a fait l'objet d'une série de questions de règlement.
L'abstention du ministre de la Justice, à mon avis, respecte les
principes fondamentaux de notre système parlementaire, le ministre de la
Justice étant ici, étant donné le type de pouvoirs de
cette commission, comme représentant de l'Exécutif. Je pense
qu'il est normal, qu'il est sain et adéquat que le ministre qui aura
à prendre les décisions s'abstienne sur les recommandations de
cette commission. Autant cela m'apparaît normal, autant l'attitude de
l'Opposition qui est ici, à titre de membre du corps législatif,
m'apparaît étonnante.
Je suis sûr que le député de Laval comprend
très bien ce que je veux dire.
Le Président (M. Bertrand): Nous allons, si
vous le voulez bien, avant que nous ne prenions le vote, lire la
recommandation, la motion du député d'Anjou.
La commission parlementaire de la justice recommande qu'il n'y a pas
lieu d'accorder la patrouille jumelée pour la relève de jour,
hors les cas prévus dans la grille des interventions représentant
des risques accrus;
Que les négociations sur la grille des interventions
représentant des risques accrus se poursuivent sans délai, en
tenant compte des facteurs suivants: a) La nature des interventions et le
degré de danger qu'elles représentent; b)l'étendue des
secteurs de patrouille; c)l'indice de criminalité des territoires
desservis; d)le niveau d'encadrement des forces policières par des corps
de police municipaux. Qu'étant donné que cette question a
été sortie du contexte normal des négociations, il n'y a
pas lieu de la soumettre à l'arbitrage;
Que les autorités de la Sûreté du Québec
fassent tout en leur pouvoir pour mettre en application la décision
gouvernementale concernant la patrouille à deux hommes par
véhicule, pour les relèves de soir et de nuit;
Que la Sûreté du Québec réévalue sa
politique de sécurité au travail des policiers, afin
a)d'améliorer le perfectionnement et le recyclage des policiers;
b)d'améliorer l'information sur les mesures de sécurité et
le rappel régulier de celles-ci, notamment à l'occasion des
changements de relève; c)de resserrer l'application des normes de
sécurité au travail; d)d'améliorer l'utilisation des
équipements, notamment par un filtrage accru et plus adéquat des
appels;
Que le groupe de travail sur la police se penche prioritairement sur la
question des tâches et des fonctions qui devraient et ne devraient pas
être remplies par des policiers.
Cette motion du député d'Anjou est-elle
adoptée?
M. Johnson: Est-ce qu'on demande un vote?
Le Président (M. Bertrand): Vous demandez un appel des
voix?
M. Johnson: Oui.
Mise aux voix
Le Président (M. Bertrand): Je fais l'appel des voix en
nommant chacun des membres et vous répondez pour la motion du
député d'Anjou, contre, ou je m'abstiens.
M. Alfred (Papineau) ?
M. Alfred: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Bédard (Chicoutimi)
?
M. Bédard: Je m'abstiens.
Le Président (M. Bertrand): M. Blank (Saint-Louis)? M.
Burns (Maisonneuve)? M. Charbonneau (Verchères)?
M. Charbonneau: Pour la motion, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Ciaccia (Mont-Royal)? M.
Clair (Drummond)? M. Fontaine (Nicolet-Yamaska)?
M. Fontaine: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Johnson (Anjou)?
M. Johnson: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Lacoste (Sainte-Anne)?
M. Lacoste: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)? M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Samson (Rouyn-Noranda)? M.
Shaw (Pointe-Claire) ? M. Springate (Westmount)? M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt
(Jonquière)?
M. Vaillancourt: En faveur, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Comme le ministre de la Justice, M. le
Président. Je m'abstiens.
M. Bédard: Pas pour les mêmes raisons. Ayez
l'honnêteté de dire pas pour les mêmes raisons.
M. Pagé: On ne parle pas pendant le vote.
M. Bédard: Vous savez qu'on n'a pas le droit d'essayer de
justifier une abstention, au moment où on l'exprime.
M. Pagé: Le ministre est nerveux.
Le Président (M. Bertrand): MM. les membres de la
commission...
M. Bédard: Continuez d'être malhonnête.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Pour la motion du député d'Anjou: 9
Contre: Aucun
Abstentions: 2.
La motion est donc adoptée.
En remerciant les membres de la commission parlementaire et tous ceux
qui ont participé à cette commission, la commission permanente de
la justice ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 45)