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Étude des crédits du ministère de
la Justice
(Seize heures cinquante-cinq minutes)
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs! La
commission permanente de la justice s'est réunie pour continuer l'examen
des crédits budgétaires du ministère de la Justice.
Les membres de la commission pour aujourd'hui sont M. Alfred (Papineau)
, M. Bédard (Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M. Charbonneau
(Verchères), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Clair (Drummond), M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), M. Johnson (Anjou), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Marois (Laporte), M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw (Pointe-Claire), M. Springate (Westmount), M.
Proulx (Saint-Jean), M. Tardif (Crémazie), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Lorsque nous avons ajourné nos débats lors de la
dernière séance de la commission, nous avions adopté juste
avant de terminer nos travaux l'élément 1 du programme 2. Nous en
sommes donc aujourd'hui à l'élément 2 du programme 2.
Le ministre de la Justice.
Comité pour la protection de la
jeunesse
M. Bédard: Concernant l'élément 2, qui
regarde le comité de la protection de la jeunesse, je voudrais
simplement souligner ce qui a déjà d'ailleurs été
fait qu'une loi concernant la protection de la jeunesse sera
déposée incessamment à l'Assemblée nationale et que
ce projet de loi, j'en suis convaincu, constituera un effort valable dans
l'humanisation de l'approche de la part du ministère de la Justice au
niveau de ceux qui ont à faire affaire, si je peux employer
l'expression, auprès des jeunes, et également que ce projet de
loi, sans entrer dans les détails, constituera sûrement un effort
valable de déjuridisation qui à mon sens pourra contribuer
à donner une dimension sociale au ministère de la Justice,
dimension que je pense nécessaire.
Au niveau du programme comme tel, vous constaterez que le budget du
comité pour la protection de la jeunesse a été
porté de $597 000 à $853 900, c'est-à-dire une hausse de
$256 900 pour la présente année financière. Cette
augmentation s'explique principalement par les points suivants, à savoir
la mise en application des conventions collectives, ce qui représente un
montant aux alentours de $24 700.
Il y a eu également dix postes réguliers qui ont
été ajoutés à l'effectif autorisé du
comité de la protection de la jeunesse durant l'année
financière 1976/77 et onze autres postes seront ajoutés au cours
de la présente année financière.
Ces postes additionnels sont requis pour assurer les services de
protection dans l'ensemble du Québec. Lorsque le projet de loi
concernant la protection de la jeunesse, sera déposé, les membres
de la commission parlementaire seront à même de constater une
nouvelle dimension que prendra le comité de protection de la
jeunesse.
Ce sont les principaux facteurs qui expliquent l'augmentation à
laquelle fait référence l'élément 2 du programme
2.
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
M. Bédard: ...donner celle-là, quoique cela ne
signifie pas que je m'engage à le faire à tous les programmes. Si
vous aimez que M. Tellier soit entendu, nous donne peut-être une esquisse
des grandes lignes du travail effectué, on pourrait peut-être
l'entendre et vous pourriez poser des questions en conséquence.
M. Lalonde: Je pense que cela pourrait informer un peu plus les
membres de la commission. Je remercie le ministre de son offre et de sa
collaboration. J'allais justement proposer que le responsable du comité
explique un peu les activités actuelles et aussi les projections pour
l'année courante et aussi le projet de loi qui sera déposé
à l'Assemblée nationale.
Naturellement, il n'est pas question d'en faire... Le comité
a-t-il été impliqué dans la préparation du projet
de loi?
M. Bédard: Oui, mais...
M. Lalonde: C'est une question que je vais poser au ministre.
M. Bédard: Non seulement il a été
impliqué, mais je dois vous dire qu'il a apporté une contribution
des plus valables à l'intérieur du comité. En ce qui
regarde le projet de loi, je crois qu'avant que celui-ci ne soit
déposé en Chambre, il n'est pas approprié ni question d'en
discuter à ce stade-ci, étant donné que nous aurons
l'opportunité de le faire en temps opportun.
M. Lalonde: Naturellement, il n'est pas question de discuter du
fond du projet de loi. On n'a pas de texte. Comme le ministre en a fait
état...
M. Bédard: II n'y a pas de texte et je n'ai pas
l'intention d'en donner le contenu avant que le projet ne soit
déposé, d'autant plus que les Affaires sociales...
M. Lalonde: Je n'avais pas l'intention d'en demander le contenu
non plus.
M. Bédard: ... sont impliquées aussi.
M. Lalonde: Ce que je voulais demander au ministre c'est: Est-ce
que, dans ces paquets de
mesures, le ministère des Affaires sociales est impliqué
quant à leur préparation? Je sais que c'est un projet qui est
quand même sur le métier depuis assez longtemps, depuis au moins
deux ans, peut-être plus, de façon plus immédiate, depuis
deux ans. On a pu voir, dans le passé, une zone grise entre les
responsabilités du ministère de la Justice et celles du
ministère des Affaires sociales. Il ne faudrait pas que ces zones grises
retardent la présentation du projet de loi que nous attendons
sûrement, dans l'Opposition officielle, avec beaucoup de hâte de
l'examiner. Si M. Tellier, comme le ministre l'a offert, peut venir expliquer
un peu les travaux, nous serions d'accord.
M. Bédard: Sur l'autre partie de votre question,
concernant l'implication du ministère des Affaires sociales, je puis
vous dire que cela a vraiment été un travail de solidarité
entre les deux ministères à l'intérieur du comité
interministériel, et peut-être que justement tout ce travail
coiffé d'une certaine façon par le comité
interministériel, le ministre d'État au développement
social, a contribué pour beaucoup à ce que finissent ces
difficultés d'entente qui existaient depuis des années entre
d'une part le ministère de la Justice et le ministère des
Affaires sociales, afin d'en arriver, une fois pour toutes, à la
concrétisation d'un projet de loi qui, à mon sens, était
attendu et nécessaire depuis longtemps et cela dans
l'intérêt des jeunes qui sont concernés.
M. Lalonde: II y a peut-être eu des difficultés, je
crois que cela s'était aplani dans la dernière année.
M. Bédard: Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai
constaté.
M. Lalonde: Qui sera le parrain, est-ce que ce sera le ministre
de la Justice ou le ministre des Affaires sociales?
M. Bédard: C'est tout cela que vous allez voir au moment
du dépôt du projet de loi.
M. Lalonde: Le ministre n'est pas en mesure de dire qui sera le
parrain, autrement dit qui a l'initiative.
M. Bédard: Je serais en mesure de le dire, mais je ne
crois pas que ce soit approprié pour le moment.
M. Lalonde: Je ne devrais peut-être pas faire cela,
étant donné que j'ai été au ministère de la
Justice pendant un bout de temps, mais il y aurait peut-être lieu de se
demander, si le désir du gouvernement est justement de
déjudiciariser ce secteur, si cela n'appartiendrait pas davantage ou si
l'impact ou "l'input" du ministère des Affaires sociales ne se trouve
pas à être un peu plus important que celui du ministère de
la Justice?
M. Bédard: Je n'ai pas à évaluer pour le mo-
ment l'ensemble du travail qui a été fait ou à le
soupeser. Ce que je vous ai dit reste vrai; c'était certainement un
travail de solidarité entre les deux ministères et nous croyons
en être arrivés à la réalisation d'un projet de loi
qui, à mon sens, constituera, comme je l'ai dit tout à l'heure,
un effort valable d'humanisation de l'approche vis-à-vis des jeunes;
cela constituera également un effort de déjudiciarisation. Je
fais remarquer en passant, que je diffère peut-être d'opinion
là-dessus avec le député de Marguerite-Bourgeoys, que ma
conviction est que la déjudiciarisation doit aussi passer par le
judiciaire. La déjudiciarisation ne se fait pas nécessairement
par une approche qui consiste à mettre de côté tout ce qui
s'appelle judiciaire. Ce qui est important, c'est d'humaniser la machine
judiciaire, de lui donner une dimension sociale qui est nécessaire, et
le travail qui a été d'autant facilité, que nous avons eu
à le faire d'une façon très solidaire, encore une fois,
avec le ministère des Affaires sociales et le comité
interministériel qui a fait un travail formidable, non seulement de
réconciliation, mais de conciliation de tous les objectifs qu'il nous
fallait atteindre.
M. Lalonde: On verra jusqu'à quel point c'est formidable
au dépôt de la loi.
M. Bédard: Non, je parle du travail du comité
interministériel.
M. Lalonde: J'espère que ce travail formidable, comme le
ministre dit, se transmettra dans le contenu de la loi. Je veux simplement
terminer, sur cette question du projet de loi je sais qu'on ne peut pas
en discuter étant donné qu'on ne l'a pas en posant une
question: Quand le ministre entend-il, enfin, c'est toujours difficile de dire
exactement quand, mais est-ce que le ministre est optimiste quant aux chances
que ce projet de loi soit déposé durant cette partie de la
session?
M. Bédard: Non seulement optimiste, mais je suis convaincu
qu'il sera déposé dans cette première partie de la
session.
M. Lalonde: Nous invitons le ministre à le faire et il
verra l'Opposition officielle prête à collaborer très
positivement à l'étude de ce projet pour qu'on règle cette
question.
M. Bédard: Je prends note de cette offre de
collaboration.
M. Lalonde: Comme d'habitude, d'ailleurs.
M. Bédard: Je sais que c'est un travail qui peut se faire
ensemble...
M. Lalonde: Si on peut entendre M. Tellier ou
peut-être...
M. Bédard: Selon la formule usuelle.
M. Fontaine: Nous sommes prêts à entendre M.
Tellier. D'ailleurs, j'avais demandé au ministre
de la Justice, avant l'ouverture de la séance, de procéder
de cette façon parce que je pense que ça peut éclairer
sensiblement la commission et je remercie le ministre d'avoir bien voulu
accepter cette suggestion.
M. Bédard: II y a peut-être lieu de préciser
le mandat pour rappeler à l'attention de tous le mandat du
comité. Il s'agit d'abord des enfants victimes de mauvais traitements
physiques par suite, dit la loi, d'excès ou de négligence. On a
interprété la loi comme devant inclure les enfants victimes
d'abus sexuels.
Le mandat du comité est, bien sûr, d'assurer la protection
des enfants le comité ayant interprété que la loi
devait s'appliquer d'une manière répressive non seulement
d'assurer la protection des enfants, mais de venir en aide à leurs
parents. La documentation nous a fait prendre conscience, notamment la
documentation américaine sur ce problème, que, d'abord, ce ne
sont pas des gens à punir, mais des gens à aider.
Vous savez qu'il y a une obligation de signaler les cas qui est faite
à tout citoyen, même lié par le secret professionnel, dans
les délais les plus brefs. Le comité a mis sur pied, dès
le début de ses activités, le 4 octobre 1975, quand la loi a
été promulguée, un bureau permanent pour recevoir les
appels de toutes les régions de la province; on peut appeler au
comité de jour et de nuit, y compris les jours fériés. On
a mis à l'accueil, non pas des téléphonistes, des
réceptionnistes, mais des "professionnelles", parce que, là
aussi, les expériences faites ailleurs avaient
révélé que, quand la personne qui reçoit les
signalements est une personne qualifiée, capable de créer un
contact, il y a moyen de recueillir des renseignements qui vont être
beaucoup plus pertinents et de faire un tri et, dès le début,
d'éviter de nombreux appels anonymes, la délation, etc.
Dès le début, on a eu cette équipe et les
signalements ont commencé à entrer. Je peux vous donner des
chiffres. Jusqu'au 31 mars 1977, donc, pour 18 mois d'activité, à
partir du début de l'activité du comité,
c'est-à-dire depuis octobre 1975, nous avons reçu 9009 appels.
Tous ces appels ne concernaient pas nécessairement des enfants
maltraités. On a été, au début, le seul "service
social" à avoir la permanence de jour et de nuit, y compris les jours
fériés.
Évidemment, tous les problèmes sociaux nous sont
arrivés par téléphone. De ce nombre d'appels, 9009, il y
en a 3102 qu'on a retenus pour fins de vérification. Cela nous
apparaissait vraiment des cas qui relevaient de notre mandat et qui
méritaient notre attention. Quand je dis vérification, je
précise la façon de procéder. Les appels qui entraient et
nous apparaissaient relever de notre mandat en passant, les appels qui
ne relevaient pas de notre mandat, on a essayé de les orienter vers les
services appropriés et même, à certains moments, on a
essayé de faire le rappel pour être bien sûr que les
services appropriés s'en occupaient et qui étaient retenus
pour vérification, étaient pris en charge par des conseillers en
pro- tection juvénile qui prenaient contact avec les familles et qui
essayaient de vérifier sur place le bien-fondé des situations qui
nous étaient signalées.
Il y a peut-être lieu de souligner ici le type de tâche qui
revient à ces gens qui ont à travailler sur le terrain. Il
s'agit, d'une part, d'enquêter, bien sûr, d'essayer de
vérifier les faits. D'autre part, il s'agit d'enquêter de telle
manière que, dès les premiers contacts qu'on a avec ces gens, si
c'est notre préoccupation de les aider, on puisse établir une
relation qui, éventuellement, se développe en relation d'aide et
s'élargisse quand les services prendront en charge le traitement dans
une thérapie ou d'autres choses de ce genre.
Des vérifications ont été faites dans 3102 cas. Il
y a à peu près la moitié c'est difficile de dire
exactement, à un chiffre près des cas qui sont
réellement fondés. Disons qu'à peu près la
moitié sont des cas fondés d'abus ou de négligence grave
à l'égard des enfants, de négligence comportant des
conséquences physiques, négligences alimentaires, vestimentaires
ou de surveillance.
Quand ces situations s'avèrent fondées le
comité n'a pas comme mandat, il n'a pas la compétence non plus de
faire les traitements le comité s'en remet au réseau des
services sociaux et de la santé. On s'est préoccupé de ne
pas mettre en place un réseau parallèle. Au début, on
avait peur, on craignait, dans le réseau des affaires sociales, qu'on
mette en place un réseau parallèle. On utilise le réseau
régulier, avec les services réguliers qui sont là, CLSC,
CSS, etc.
Le comité a comme mandat de faire la relance et de s'assurer que
les traitements, une fois que la référence est faite... que
l'enfant est vraiment pris en charge, que les parents sont aidés et que
la protection de l'enfant est assurée. De plus, s'il y a eu lieu de
retirer l'enfant de son milieu, quand on l'y ramènera, le comité
a comme mandat de s'assurer que sa protection soit assurée.
Une des préoccupations du comité on a essayé,
d'ailleurs, avec le réseau des affaires sociales de le faire accepter
c'est de maintenir le plus possible les enfants dans leurs foyers. Le
mandat du comité, tel que défini dans la loi, précise
qu'il faut préserver, autant que possible, la vie familiale de
l'enfant.
On a le moins possible, nous-mêmes, retiré les enfants et,
le plus possible, essayé de sensibiliser les services et les aider, les
épauler au besoin, pour que, dans cette problématique difficile,
on puisse quand même assurer, par des contrôles, etc., la
protection de l'enfant, mais à l'intérieur de son foyer.
Tout ce travail s'est fait, comme le disait le ministre tout à
l'heure, avec 47 personnes qui ont dû couvrir toute la province. De
celles-là, 31 personnes sont affectées directement aux
opérations, aux contacts avec les gens, ce qui veut dire que le "staff"
est très réduit. Les autres sont des gens de la recherche.
Paraîtra prochainement, ces jours prochains, un rapport de nos
activités depuis le début, rapport qu'on soumettra au ministre de
la Justice. Une étude a été faite, à travers les
dos-
siers qu'on a eus, du profil des enfants maltraités au
Québec je pense que c'est la première publication de ce
genre et des caractéristiques des parents abusifs.
Je peux vous souligner des petites caractéristiques, si vous
voulez?
M. Lalonde: J'allais vous demander, sans nécessairement
détailler comme le rapport le fera, de nous donner une idée des
caractéristiques que vous rencontrez le plus souvent.
M. Bédard: 70%, en gros. Je donne des chiffres ronds, si
vous voulez. 67% des cas proviennent de familles dont le revenu familial est
au-dessous du seuil de la pauvreté. Ce n'est pas qu'il n'y ait pas de
parents abusifs dans d'autres milieux, mais il y a probablement des
circonstances qui empêchent d'intégrer certaines
difficultés de crise dans les milieux qui ne sont pas favorisés
sur le plan économique.
Je peux vous dire aussi que le comité n'a
référé on parlait de déjudiciarisation tout
à l'heure ne s'est adressé à la cour, à la
Cour du bien-être social... on n'a jamais porté plainte au
criminel. On a eu à s'adresser à certains moments, quand il
fallait retirer des enfants ou obtenir des choses des parents qui n'y
consentaient pas, à la Cour du bien-être social. Le comité
ne s'est adressé à la cour que dans 4% des cas, ce qui veut dire
que, dans une problématique où habituellement on traitait sous
ordonnance judiciaire, le comité a quand même réussi
à sensibiliser les services et à créer des liens avec les
parents abusifs, de telle manière qu'on obtienne relativement facilement
leur collaboration pour venir à bout, avec des mesures volontaires, de
leur apporter l'aide qu'on voudrait leur apporter.
Évidemment, en cours de traitement, il arrive qu'il y ait des
refus de collaboration. Le comité a à intervenir parfois, comme
"arbitre" entre les services traitants et les clients qui sont à traiter
pour essayer de renouer les relations et parfois aussi les services sociaux,
etc., ont à s'adresser à la cour en cours de traitement, mais
cela représente à peu près 20% des cas, seulement, mais le
comité n'a référé à la cour que 4% des
cas.
Ce qui tend à confirmer un peu les études faites aux
États-Unis, c'est que les enfants maltraités ne sont pas
seulement des enfants très jeunes. Il y a 25% en gros des cas qui sont
des cas d'enfants qui ont plus de douze ans. Il y a donc tout le
problème des relations des adolescents avec leurs parents. Il y a
évidemment là de mauvais traitements qui sont purement
occasionnels à certains moments et qui sont des réactions
à de la provocation, etc., mais cela donne l'occasion, au besoin,
d'apporter de l'aide à ces gens-là.
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je me souviens que lorsque ce projet de loi avait
été préparé, surtout discuté, il y avait
plusieurs doutes dans l'esprit de personnes appelées à
l'étudier sur l'efficacité de la signalisation. Dans quelle
mesure les voisins soit les personnes près de la situation conflictuelle
comme celle-là, accepteraient justement ce rôle que,
péjorativement, on a même appelé de délation. Est-ce
que vous avez senti une résistance ou est-ce que vous voyez qu'à
mesure que la loi cela fait un an et demi est appliquée
cela devient accepté dans l'esprit des gens?
M. Bédard: II y a peut-être un paradoxe, mais on a
l'impression, non seulement l'impression, c'est sûr, que les
signalements, maintenant, proviennent davantage de professionnels,
médecins, travailleuses sociales, infirmières, qu'au
début. Au début, évidemment, la première
étape de notre travail consistait à sensibiliser la population en
général et à la sensibiliser surtout à ceci. Le
comité n'a pas l'intention de faire une chasse aux sorcières,
etc., comme on n'entreprendra aucune poursuite. C'est pour aider des gens,
alors ce n'est pas à signaler. C'est un peu le message qu'on essayait de
passer et, au début, les signalements provenaient surtout de gens du
milieu, de la famille, de la parenté, du voisinage, etc.,
peut-être parce qu'on était plus sensible à cette
chose-là.
Il y a eu une certaine réticence peut-être plus chez les
professionnels, notamment dans des régions où on a pu moins les
rencontrer individuellement et essayer de les sensibiliser à la
problématique. Seulement, dans ces régions, cela a
été un peu plus lent, mais aujourd'hui le nombre de signalements
qui nous vient des professionnels est égal à celui qui nous vient
de la population en général; mais dans 90% des cas, quand cela
nous vient d'un professionnel, c'est habituellement fondé alors que,
quand cela nous vient de la population, c'est souvent plus ou moins... Les gens
croient qu'ils ont des motifs raisonnables, comme dit la loi, mais dans la
vérification, cela s'avère que ce n'est pas fondé.
M. Lalonde: Vous avez aussi le signalement des corps
policiers?
M. Bédard: Oui, on en a des corps policiers et on en a
dans les statistiques. Cela paraissait dans le rapport. Il y en a un certain
pourcentage qui vient des corps policiers. Parmi les professionnels, on compte
les policiers, les travailleurs sociaux, tous les gens qui, par leur
métier, leur profession, ont à travailler avec les jeunes ou
à rencontrer les jeunes.
M. Lalonde: Vous ne voyez plus de difficulté de cette
réticence que vous avez décrite au début. Vous croyez que
vous avez établi le sérieux de votre comité et,
naturellement, de la loi auprès surtout des professionnels?
M. Bédard: C'est peut-être présomptueux, mais
je pense que oui, et aussi auprès de la population, parce qu'il est
intéressant de noter qu'il n'y a eu que 2% d'appels anonymes. On
n'oblige pas les gens à s'identifier et les gens le signalent par
téléphone, à 98% ou 99% des cas. Il n'y a que 2%
d'appels anonymes. Des fois, c'est à cause de la proximité. Il y
a de ces appels qui sont fondés. On s'en occupe quand même parce
que ces cas sont fondés, mais ils proviennent de gens qui ne veulent pas
s'identifier; mais seulement 2%. La délation en général,
qu'on pouvait craindre, ne s'est pas avérée, non plus que la
résistance du côté médical. On a eu des relations
excellentes avec le Collège des médecins qui a contribué
par sa publication, etc., à sensibiliser à cette
problématique, au diagnostic, etc.
M. Blank: Est-ce que vous avez fait de la publicité vers
le public "at large", des annonces dans les journaux, à la radio?
Quand le bill a été adopté, il y avait une
publicité et tout le monde a été mis au courant.
Maintenant, deux ans après, est-ce que vous faites une sorte de
publicité pour attirer l'attention des profanes sur le fait qu'il existe
une organisation comme la vôtre?
M. Bédard: Actuellement, on fait moins de publicité
parce qu'on est débordé. Alors, évidemment, on a
très bien traité tous ceux qui s'adressent à nous, et on
fait moins de publicité.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Vous avez mentionné tout à l'heure que
vous avez 47 personnes qui sont chargées de faire des
enquêtes.
M. Bédard: 47 personnes. M. Fontaine: C'est cela?
M. Bédard: Oui.
M. Fontaine: Avec ce nombre restreint de personnes, est-ce que
vous pouvez nous dire s'il y a un retard qui s'accumule à
vérifier les plaintes?
M. Bédard: Dans certaines régions, oui. Dans toutes
les régions, il y a un certain retard. Les délais qu'on avait
prévus, nous, comme étant les délais idéaux, on n'a
pas pu s'y conformer. Pour parer à cela, on a essayé de faire des
ententes avec les services sociaux, avec les CLSC et avec d'autres services
pour essayer le plus possible de répondre dans les délais les
plus brefs, mais, si on regarde l'urgence de certaines situations, il y a
certainement des délais qu'on voudrait combler.
M. Fontaine: Est-ce que ce personnel vous satisfait
présentement?
M. Bédard: Comme chiffre? M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: C'est un domaine...
Je pense qu'il y a lieu de l'augmenter mainte- nant. Tout est en
fonction des contingences budgétaires...
M. Lalonde: C'est là qu'on voit qu'il y a des postes
additionnels...
M. Bédard: II y a eu une augmentation qui ne répond
pas à tous les besoins, c'est évident. Je pense que cette
question trouvera réponse plus facilement avec la définition du
nouveau rôle du comité à l'intérieur de la nouvelle
Loi de protection de la jeunesse. Je pense que ce qu'il est important de
souligner aussi, c'est que le nombre de cas qui ont été
traités, plus le fait qu'aucune plainte n'a été
portée, constitue un exemple de déjudiciarisation qui passe par
le judiciaire.
M. Fontaine: Est-ce que le fait d'avoir un personnel aussi
restreint a pu, dans certains cas, causer des préjudices quant au temps
d'intervention, à votre connaissance?
M. Bédard: II y avait toujours la possibilité de se
référer aux Affaires sociales lorsque le personnel ne permettait
pas de répondre aux besoins.
M. Fontaine: Concernant les plaintes qui vous sont
référées par des professionnels, est-ce que vous sentez
une réticence de la part des professionnels de faire des
dénonciations, à cause justement de leur secret professionnel,
qui ont de la difficulté à accepter de renoncer à ce
secret?
M. Bédard: C'est difficile à sentir cela, parce que
j'ai l'impression que ceux qui sont réticents, ne le signalent pas. Ceux
qui passent par-dessus leur réticence, j'ai l'impression qu'il y a
déjà quelque chose qui est plus difficile à percevoir
comme réticence, cela ne nous apparaît pas actuellement
marqué, en tout cas, ce n'est pas dans le corps médical, ni chez
les travailleurs sociaux.
Le Président (M. Clair): Le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Est-ce que vous pourriez nous indiquer quel type
de travail vous avez fait pour faire en sorte que votre organisme soit connu du
grand public, afin que les gens qui sont témoins d'incidents ou au
courant...
M. Bédard: II y a eu d'abord, chronologiquement, des
émissions à la radio et à la télévision, des
lignes ouvertes et des choses comme cela. On a répondu à toutes
les demandes qui nous ont été faites. Il y a eu ensuite des
dépliants qui ont été distribués dans toute la
province en quantité considérable. Il y en a qui ont
été placés dans des caisses populaires, des banques,
divers endroits où on peut... On a aussi distribué avec les
allocations familiales un carton qui indiquait l'existence du comité,
qui précisait son mandat et qui donnait les indications, les
numéros de téléphone, etc. Cela a été
distribué à toutes les familles qui reçoivent des
allocations familiales au Québec.
M. Charbonneau: Est-ce qu'on a fait une évaluation de
l'impact, comme on pourrait l'appeler, de cette campagne d'information pour
savoir si les moyens qu'on a utilisés, ont été efficaces,
si, finalement, les gens, maintenant, par rapport à ce qui existait
avant, sont plus au courant de cet organisme et des possibilités qu'il
offre?
M. Bédard: Si on se fie...
M. Charbonneau: Souvent, différents organismes
gouvernementaux ou autres font des campagnes d'information, mais on n'a jamais
de suivi pour savoir si, effectivement, cela a été efficace, ces
campagnes, et si on les a bien réussies.
M. Bédard: C'est très facile à
vérifier immédiatement parce qu'il suffit d'aller à la
radio, d'aller à la télévision et, dans les heures qui
suivent, il y a un déluge d'appels. On a été inondé
le mois où les gens ont reçu, avec leur chèque
d'allocation familiale, l'indication de l'existence du comité, etc. On a
été inondé. Il y a un effet immédiat. Cela veut
dire qu'on rejoint certainement des gens. On en arrive à ceci, que
même des parents... De ce point de vue, je pense qu'il y a un certain
message qui est passé, en plus de l'indication qu'on existait. Il y a
des parents eux-mêmes qui nous appellent pour nous dire: Cela va mal.
Venez donc nous aider avant qu'il soit trop tard. Il y a déjà
là une bonne indication que le message a été compris. On
n'est pas là pour poursuivre les gens, mais on est là pour venir
en aide.
M. Charbonneau: D'accord. Merci.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que, parmi les
professionnels qui dénoncent des cas, les bureaux d'aide juridique
peuvent être considérés comme des sources
d'approvisionnement populaires auprès de votre comité?
M. Bédard: Oui, d'ailleurs, dans les régions, quand
il y a eu des ententes ou une sensibilisation plus particulière de la
population, ou des ententes non seulement avec le grand réseau des
services sociaux, mais aussi d'autres organismes... On a rencontré,
à plusieurs endroits, des avocats de centres communautaires, de l'aide
juridique, qui ont été un peu les animateurs ou les catalyseurs
qui ont développé des réseaux de relations...
Le Président (M. Clair): Le député
d'Anjou.
M. Johnson: Les références qui viennent du corps
médical représentent à peu près quoi dans
votre...
M. Bédard: Je ne sais pas si je l'ai ici.
M. Johnson: Approximativement...
M. Bédard: Oui.
M. Johnson:... 25% des cas référés ou 50% ou
si c'est vraiment très marginal?
M. Bédard: Non, pas 50%.
M. Johnson: Pas 50%.
M. Bédard: Non. Mais prenons la grande proportion de 50%.
Il y a 50%, en gros je fais des chiffres ronds...
M. Johnson: Oui.
M. Bédard: ... qui viennent actuellement de ceux qu'on
appelle les professionnels...
M. Johnson: Oui.
M. Bédard: ... et les autres viennent de la population.
Dans les 50%, je dirais qu'au moins 35%, peut-être 40%, viennent du
milieu médical. Ce sont les médecins, les infirmières, les
travailleurs sociaux en milieu hospitalier.
M. Johnson: Bon! Si je vous pose la question, c'est que mon
expérience dans trois hôpitaux universitaires était que,
là où il existait un département de pédiatrie,
effectivement, il y avait toujours un médecin ou une infirmière
ou un paramédical, à l'intérieur du service ou du
département de pédiatrie, qui, de façon
systématique, essayait de sensibiliser l'ensemble des médecins et
particulièrement ceux de l'urgence à l'existence de vos
services.
La question que je veux vous poser, et peut-être que je devrais la
poser au ministre des Affaires sociales, c'est: Est-ce que l'ensemble des
hôpitaux du réseau au Québec a les moyens et a connaissance
de votre service, a les moyens, effectivement, concrètement, d'y
référer des enfants? Je vais ajouter à ça que, dans
le contexte, par exemple, d'une salle d'urgence, il peut exister un vague
soupçon qu'un enfant, par exemple, a été maltraité
et, si la bureaucratie est telle ou si l'absence de sensibilisation des gens de
l'équipe de l'urgence est telle, il est fort possible que ça
passe quasiment inaperçu. Cela, je l'ai déjà vu à
quelques reprises, et j'ai vu, par contre, des services de pédiatrie
faire en sorte que, de façon systématique, le soupçon
ce qu'on appelle PEM, non pas pour petite et moyenne entreprise, mais
"possibilité d'enfant maltraité" les PEM, dans des
hôpitaux pédiatriques par exemple, soient traités de
façon systématique, à travers cette mécanique, avec
un responsable qui est plus ou moins la voix de votre organisme dans
l'hôpital. Je me pose cependant la question sérieusement pour
l'ensemble des hôpitaux.
M. Bédard: II y a évidemment ces comités PEM
dans les hôpitaux. Il y en a dans quelques hôpitaux. On a
essayé de favoriser le développement... C'est vraiment la
clé... C'est vraiment le mécanisme par lequel la sensibilisation
se fait. C'est multidisciplinaire et le reste, vous connaissez ça mieux
que moi. Mais il y avait quelques
grands hôpitaux pour enfants, notamment à Montréal,
et, à l'exemple de ces hôpitaux, il y a d'autres services qui sont
mis en place. Cela a été une de nos préoccupations de
prendre contact avec les hôpitaux pour essayer de les amener à
connaître ce qui se faisait dans d'autres hôpitaux et à
mettre en place des services. Est-ce que c'est dans toute la province? Je pense
qu'il y a des régions qui sont certainement beaucoup moins
sensibilisées que d'autres.
M. Johnson: Je vais vous dire que je suis profondément
convaincu qu'il faudrait que ce soit dans toute la province et, dans le fond,
ce n'est pas très compliqué. Je ne pense pas que mes commentaires
rejaillissent sur votre organisme. C'est beaucoup plus, d'une façon ou
d'une autre, d'essayer surtout de sensibiliser les médecins qui font de
l'urgence et les administrations hospitalières pour qu'elles
équipent ces gens, afin qu'elles équipent ces gens avec les deux
ou trois formulaires nécessaires et le réseau
téléphonique nécessaire.
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys et le député de Nicolet-Yamaska.
M. Lalonde: Vos effectifs de 31 personnes parce que les
autres sont à la recherche et au soutien administratif aussi
où sont-ils situés actuellement? Est-ce concentré ou
est-ce distribué dans certaines régions?
M. Bédard: C'est concentré avec une certaine
régionalisation qui va se développant. Il y a eu d'abord deux
équipes, une à Québec et une à Montréal, qui
se sont divisé la province, Québec a pris l'est et
Montréal a pris l'ouest, et ensuite, dans la région 6-B,
Saint-Jérôme. Un poste à Hull est ouvert. Il y a
déjà quelqu'un à Hull. Il y aura quelqu'un dans les
prochains jours à Rouyn-Noranda.
On a essayé de couvrir les différentes régions et
d'avoir un pied-à-terre dans chacune des régions administratives.
Cela va se développant...
Mais, il faut dire aussi que, si vous regardez les chiffres, 46% des cas
sont à Montréal pour toute la province et 13% à
Québec.
M. Lalonde: La grande région de Montréal. M.
Bédard: La grande région de Montréal, oui.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aimerais savoir quel genre de compétence
vous exigez pour les personnes qui vont faire ces enquêtes. Quel genre de
personnel? Quelles sont leurs qualités requises?
M. Bédard: Ou point de vue de la formation
professionnelle, ce sont des gens qui viennent la plupart des
sciences humaines, psy- chologie, criminologie, service social ou
éducation spécialisée, ces choses.
On a demandé des gens qui avaient un premier diplôme
universitaire dans l'une ou l'autre de ces disciplines ou l'équivalent
et qui, en plus, avaient une ou deux années d'expérience dans les
problèmes de famille. Ce ne sont pas seulement les problèmes
d'enfant. Ce sont des problèmes de famille.
D'une manière plus simple et plus vitale, on demande des gens qui
sont capables d'entrer en relation avec des personnes dans des situations de
crise, sans les juger, sans paniquer et de telle manière qu'ils puissent
créer une relation d'être qui va se développer plus tard,
qui va préparer la relation peut-être de thérapie et que
d'autres auront à vivre avec ces gens.
M. Fontaine: Du point de vue de l'aide que vous pouvez accorder,
pouvez-vous me donner des exemples concrets de la façon dont ça
procède? Par exemple, je vous appelle et je vous dis: Mon voisin a un
enfant qui est négligé dans cette maison. Il ne sort jamais. De
quelle façon procédez-vous?
M. Bédard: II y aura d'abord une visite à la
maison. Il y aura un dialogue, une conversation avec les gens. Il y aura
peut-être la découverte de différents problèmes
qu'ils vivent depuis longtemps et dont ils n'ont jamais parlé. Avec eux,
par la suite, il y aura une espèce d'entente sur les choses qu'il serait
possible de faire, etc. Il y aura la mise en contact avec un service qui va
pouvoir leur assurer cela. Cela peut être le service social, cela peut
être les centres de services sociaux. Cela peut être des CLSC, de
telles choses. Il y aura notre contact, nous continuerons à
vérifier pour voir si le premier contact qu'on a établi continue
aussi bien avec les autres.
M. Fontaine: Supposons qu'il est nécessaire que l'enfant
soit placé ou que des enfants soient placés dans une maison
spécialisée ou dans un foyer d'accueil. Est-ce votre organisme
qui s'en occupe ou est-ce le bien-être social?
M. Bédard: C'est nous qui faisons la recommandation, mais
en vertu de la loi, nous ne pouvons pas faire les placements. Ce sont les
centres de services sociaux qui font les placements.
M. Fontaine: Avez-vous un pouvoir de recommandation? Vous me
dites que vous continuez à suivre le cas. Recommandez-vous à un
certain moment que l'enfant puisse revenir à la maison?
M. Bédard: Oui ou l'inverse.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: Ma question se rapporte au début de votre
allocution de tout à l'heure ou de vo-
tre présentation, quand vous avez dit qu'en 18 mois vous avez eu
9009 appels. Évidemment, à la suite des appels, vous êtes
obligé de faire un certain déblayage, à savoir si ce sont
des cas sérieux ou non. J'aurais aimé savoir combien de cas
individuels, d'enfants cela représente à peu près. Est-ce
75% ou 80% qui sont sérieux ou cela se résume-t-il à un
chiffre beaucoup moindre?
M. Bédard: À partir des 9000, c'est moins de la
moitié, parce qu'on n'a retenu sur les 9000 que 3102 pour
vérification.
M. Laberge: Ah bon! Cette précision m'avait
échappé.
J'avais deux ou trois questions, mais vous avez déjà
répondu à une, à savoir le genre d'aide que vous apportez
aux familles. Mais votre degré de satisfaction, comme service, comme
comité d'amélioration des conditions familiales... À la
suite de vos démarches, est-ce qu'on peut dire que votre satisfaction
est relativement grande ou plus que cela? Est-ce que cela a apporté des
effets réels chez les familles?
M. Bédard: Le comité peut être en mesure
d'avoir un grand degré de satisfaction et l'efficacité dont il a
fait preuve dans le passé, depuis qu'il est en action, se retrouve dans
le rôle et l'appréciation du rôle qu'il a joué
jusqu'à maintenant et se retrouvera dans le rôle qui lui sera
effectivement dévolu à l'intérieur de la prochaine loi de
la protection de la jeunesse qui sera déposée, comme je vous l'ai
dit, très rapidement.
M. Laberge: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Clair): Aucun autre membre de la
commission n'ayant manifesté le désir d'intervenir
là-dessus, je m'apprête à appeler l'élément 2
du programme 2 pour adoption. Le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, une question très
courte. On me dit qu'il y a 3102 appels qui ont été
vérifiés, cela représente combien d'enfants sur lesquels
on a enquêté, parce qu'un appel peut être pour une famille
de six enfants, alors cela représente combien d'enfants?
M. Bédard: II faudrait faire le calcul parce que nos
dossiers sont par famille souvent, mais on calcule qu'en moyenne, quand on
établit les chiffres, c'est 2,2 par cas. Donc, cela fait à peu
près, grosso modo, au-delà de 6000 enfants.
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Avant de terminer, M. le Président, je
voudrais remercier M. Tellier de ces renseignements et l'assurer de notre
encouragement, si les membres de la commission y consentent, et je voudrais
tenter de persuader le ministre d'écouter le Comité pour la
protection de la jeunesse lorsqu'il demandera des crédits plus
élevés. Il verra l'Opposition officielle sûrement
acquiescer à ses demandes.
M. Bédard: II n'aura pas besoin de faire grand effort pour
me sensibiliser, non seulement à l'opportunité, mais à la
nécessité de leur action et de l'intensification de leur action
et, en conséquence, on fera les efforts nécessaires dans le sens
que vous avez mentionné.
Le Président (M. Clair): L'élément 2 du
programme 2 serait-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. M. le
ministre.
Corps policiers municipaux
M. Bédard: M. le Président, avec votre permission,
avant de passer au programme 3, j'aimerais parler de la discussion que nous
avions eue sur une question bien précise, à savoir le nombre de
municipalités qui avaient demandé l'abandon de leur corps
policier. Nous n'étions pas en mesure, au moment de cette discussion
générale il n'est pas question d'y revenir de
donner des chiffres très précis, mais nous nous étions
engagés à vous donner l'état de la situation. Avec votre
permission, M. le Président, je ferais distribuer les renseignements
demandés et je me permettrais de signaler, pour que ce soit très
clair, parce que cela ne l'était pas étant donné que nous
n'avions pas les chiffres précis, qu'entre le 1er septembre 1976 et le
16 mai 1977, il y a eu huit demandes d'abandon de corps de police. On nous dit
qu'une autre demande est en route. En tout cas, pour le moment, il y en a huit
qui ont été référées à la Commission
de police. Nous n'avons pas encore eu de recommandation.
M. Lalonde: À la connaissance du ministre, en plus des
demandes formelles, est-ce qu'il y aurait eu d'autres abandons purs et
simples?
M. Bédard: Oui. Je pense qu'il faut considérer ce
chiffre avec une certaine élasticité parce que certaines
initiatives ont été prises par des municipalités, des
corps municipaux, d'abandon pur et simple.
M. Lalonde: Qu'est-ce que le ministre peut faire à ce
moment-là? Il n'y a pas grand pouvoir, je pense, dans la loi, qui
pourrait forcer une municipalité à conserver un corps
policier.
M. Bédard: Malheureusement, on n'a pas les pouvoirs
nécessaires et suffisants. Je rappelle simplement qu'il y a une
procédure établie concernant les municipalités
régies par la Loi des cités et villes, selon laquelle elles
doivent effectivement acheminer leurs demandes au ministère de la
Justice. Nous référons ces demandes pour
recommandation auprès de la Commission de police et nous les
ramenons avec cette recommandation devant le Conseil des ministres avant
qu'effectivement et légalement une municipalité ne puisse
abandonner son corps de police.
Quant aux sanctions à prendre, je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys est bien au fait que les pouvoirs
ne sont pas tellement bien délimités.
M. Lalonde: Oui, est-ce que le ministre a l'intention de changer
ça, de demander à l'Assemblée nationale des pouvoirs plus
grands dans une législation future?
M. Bédard: Disons qu'il va falloir assurément se
pencher sur l'ensemble du problème, ensuite, acheminer, par voie
législative, un cadre d'action et d'opération qui définit
très bien les pouvoirs. Ce ne sera pas fait dans cette première
partie de la session, mais je peux vous dire que, par la force des choses,
ça demeure une préoccupation et, d'ici l'automne, nous devrions
être en mesure d'amorcer une solution. D'autre part, je
réfère toujours le député de Marguerite-Bourgeoys
au fait qu'il y a quand même un groupe de travail qui...
M. Lalonde: Est-ce que le mandat de ce groupe de travail comprend
cette préoccupation? Je ne pense pas.
M. Bédard: Pas d'une façon... M. Lalonde: Ce
n'est pas formel.
M. Bédard: ... spécifique. Étant
donné tous les autres éléments sur lesquels ce groupe de
travail a à se pencher, j'ai l'impression qu'il va y avoir
possibilité de dégager quand même une analyse de la
situation qui nous permettra de légiférer valablement.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Étant donné le problème
d'abandon des corps policiers de différentes municipalités,
même si elles n'ont pas fait de demande officielle, il y a plusieurs
municipalités qui ont abandonné leurs services, étant
donné que c'est un service essentiel et que la population est en droit
d'avoir une protection policière, est-ce que le ministre a l'intention
ce problème est surtout un problème financier de la
municipalité de recommander au ministre des Affaires municipales
de subventionner d'une façon spéciale les municipalités
qui en ont besoin pour maintenir un corps de police?
M. Bédard: Je serais porté à vous redire ce
que nous avions dit lors de la discussion générale: Si le
fédéral se décidait de nous faire justice pour une fois,
de nous retourner au-delà de $300 millions à $400 millions qu'il
nous doit, évidemment, on pourrait faire face à la situation.
Maintenant, tel que vous l'énoncez, c'est un droit fondamental des
citoyens d'avoir une protection adéquate. Je puis vous assurer que,
là où il y a eu abandon des corps policiers, effectivement, nous
avons l'assurance que la sécurité n'est d'aucune façon en
danger et que les services ont été fournis par la
Sûreté du Québec entre autres.
Maintenant, on ne peut pas continuer indéfiniment comme
ça, parce que ça constitue, vous pouvez facilement le deviner,
une situation d'injustice par rapport à d'autres municipalités
qui, elles, le maintiennent.
Dans l'élaboration d'une nouvelle politique, face à des
situations comme ça, il faudra peut-être envisager une des
solutions qui pourrait être la location de services, des services de la
Sûreté du Québec dans des cas spécifiques. Il y a
aussi l'autre avenue qui consisterait en une politique de subvention qui puisse
permettre financièrement aux municipalités de maintenir ces corps
policiers. C'est tout ça que nous aurons naturellement à
évaluer.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Nicolet-Yamaska, avez-vous terminé?
M. Fontaine: Non, j'ai encore une question sur un point
particulier, entre autres, dans ma circonscription électorale de
Nicolet, la ville de Nicolet a demandé d'abandonner son service policier
et a demandé que ce soient les étudiants de l'école de
police de Nicolet qui puissent faire la patrouille dans la ville. Est-ce que le
ministre a pris connaissance de cette demande et qu'en pense-t-il?
M. Bédard: Effectivement, nous avons reçu la
demande, le député m'en avait d'ailleurs déjà
parlé. Je lui avais mentionné c'est encore le cas
que nous n'avons pas eu de recommandations spécifiques de la part de la
Commission de police.
Quant à la suggestion qu'il évoque, je pense qu'il faut
tenir compte que dans Nicolet même, il y a un nombre impressionnant de
cadets qui peuvent assurer au moins une présence policière
beaucoup plus intensive qu'ailleurs. Mais de là à leur demander
de remplacer effectivement la force policière nécessaire, je ne
crois pas que ce soit indiqué pour le moment.
M. Fontaine: Parce qu'ils suivent des cours pratiques sur la
route. Ils pourraient en même temps faire de la patrouille.
M. Bédard: Mais que, de facto, du point de vue du
principe, on accepte la solution, je ne crois pas que ce soit la fonction des
cadets aux études de remplacer effectivement des forces
policières.
M. Fontaine: Est-ce que le dossier est terminé ou s'il
reste ouvert?
M. Bédard: II reste ouvert, comme je vous le dis,
j'attends la recommandation de la Commis-
sion de police. Ensuite, nous verrons à agir en
conséquence.
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'avais des questions dans ce
sens. Étant donné que c'est un aparté qu'on fait,
j'aimerais les réserver pour le programme.
M. Bédard: Je n'avais pas l'intention de revenir sur la
discussion générale. Si vous voulez le faire, je n'ai pas
d'objection.
M. Lalonde: Cela pourrait être sur le programme, alors, on
reviendra. J'aime autant qu'on passe suivant les programmes. On reviendra
lorsqu'on arrivera à ce programme.
Le Président (M. Clair): Si nous passions
immédiatement au programme 3, étant donné qu'il s'agit du
programme concernant la gestion interne et le soutien du ministère de la
Justice, programme qui contient six éléments, M. le ministre et
MM. les membres de la commission, y aurait-il avantage à discuter de ce
programme dans un seul bloc, plutôt qu'élément par
élément? Je vous soumets la question.
M. Bédard: Je crois que cela peut être aussi rapide
élément par élément que par supercatégorie.
Je pourrais peut-être donner quelques indications, quelques commentaires
généraux par...
Une voix: S'il vous plaît, oui.
M. Bédard: ...programme, au niveau de l'ensemble du
programme.
Le Président (M. Clair): Nous discuterons donc
élément par élément?
M. Bédard: Et ensuite, nous passerons à la
discussion élément par élément.
Le Président (M. Clair): Le ministre de la Justice.
Gestion interne et soutien
M. Bédard: Les crédits additionnels prévus
à ce programme pour 1977/78 s'expliquent par les faits suivants:
Premièrement, il y a des crédits qui ont été
requis pour les activités nouvelles et les projets en expansion, entre
autres la Commission de refonte des lois sanctionnée par le bill 7, le
30 juin 1976, qui représente un montant de $504 600.
Il y a eu également des ressources additionnelles qui ont
été accordées pour l'expansion des services suivants,
d'une façon tout à fait spéciale: l'informatique.
Également, des sommes ont dû être affectées en
supplémentaire pour la continuation, pour une période de neuf
mois, de l'entente avec la ville de Longueuil, pour le transport et la garde
des prévenus et des détenus, ce qui représente un montant
de $141 800.
Il y a eu également la hausse des traitements due à la
mise en application des conventions collectives, $461 700 et diverses
augmentations dues principalement à l'augmentation du volume et des prix
en ce qui a trait aux contrats de location et l'achat de diverses fournitures
pour le service de l'informatique, $64 400; achat de diverses fournitures de
bureau pour l'ensemble du ministère $50 200, ainsi que d'autres
fournitures, de façon générale, pour $22 800, ce qui
représente un montant de $1 404 100.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'il y a des commentaires
généraux, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, sur
l'élément 1?
M. Lalonde: Cela peut être sur l'élément 1,
je pense.
Le Président (M. Clair): Nous commençons
immédiatement l'étude de l'élément 1. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Direction et soutien administratif du
ministère
M. Lalonde: M. le Président, dans la direction, j'imagine
qu'on peut peut-être adresser une question au ministre actuellement. J'ai
entendu dire, avant d'arriver ici, que le ministère de la Justice
perdait un sous-ministre et en acquérait un autre. Est-ce que ce serait
irrégulier, M. le Président, si je soulignais...
Le Président (M. Clair): Ce ne serait pas
irrégulier, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ...cet événement et si je profitais de
l'occasion pour souhaiter à M. Robert Normand, une nouvelle
carrière en fait, c'est dans le même grand secteur, mais
dans un autre ministère aussi fructueuse que celle qu'il a eue au
ministère de la Justice.
Je pense que c'est un événement important dans la
carrière d'un homme et que les résultats du passage de M. Normand
comme sous-ministre au ministère de la Justice sont grands et qu'ils
demeureront. Je pense que c'est M. le ministre pourra nous le dire
M. René Dussault qui a été nommé ou sera
nommé...
M. Bédard: C'est exact.
M. Lalonde: ... qui, jusqu'à maintenant, était
président de l'Office des professions et que j'ai eu l'occasion...
M. Bédard: Sa nomination, au moment où on se parle,
a été annoncée.
M. Lalonde: A été annoncée. J'ai eu
l'occasion de le connaître alors que j'étais ministre res-
ponsable de l'Office des professions et je pense que c'est une
excellente nomination. J'en félicite le ministre et je souhaite aussi
à M. Dussault, naturellement, toute la satisfaction qu'il peut
désirer dans ses nouvelles fonctions.
M. Bédard: J'ai eu l'occasion, lors de l'ouverture de
l'étude des crédits, de manifester, d'exprimer tous mes
sentiments envers M. Normand. C'est évident qu'ils n'ont pas
changé depuis et qu'au contraire les nouvelles fonctions auxquelles il
accède sont tout simplement la preuve des capacités que je lui
reconnaissais, de l'efficacité et de la confiance qu'on pouvait avoir en
lui d'assumer avec la plus grande responsabilité les tâches qui
pourraient lui être confiées. J'ai déjà eu
l'occasion, autrement dit, de faire non seulement l'éloge, mais de
souligner mon appréciation concernant Me Normand, et le ministre de la
Justice est heureux également de voir M. René Dussault prendre la
relève. J'ai eu l'occasion, naturellement, de le rencontrer, de discuter
avec lui, d'être en mesure d'évaluer jusqu'à quel point je
crois et je souhaite désirer faire une équipe qui soit de nature
à faire en sorte que le ministère de la Justice soit toujours
aussi productif, aussi actif. J'aurai l'occasion, dans les jours qui viennent,
de faire l'appréciation de M. Dussault d'une façon plus
spéciale.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voulais seulement ajouter un mot
là-dessus. Je voudrais dire que je n'ai pas eu personnellement la
chance, comme l'a eue le député de Marguerite-Bourgeoys, de
côtoyer pendant quelques années le sous-ministre de la Justice, M.
Normand, mais je pense que, depuis le mois de novembre, en tout cas, j'ai eu
l'occasion de le rencontrer à quelques reprises et j'apprécie
énormément le travail qu'il a pu accomplir auprès du
ministre de la Justice.
Quant à M. Dussault, je le connais peut-être un peu plus
parce qu'il a été mon professeur de droit administratif à
l'Université Laval. Je suis assuré que le choix qui a
été fait par le ministre de la Justice est excellent et que nous
aurons l'occasion de travailler en collaboration avec ce nouveau
sous-ministre.
Comme j'avais l'intention, ce soir, d'aborder la question des clauses
privatives, je me référerai au livre de M. Dussault. Je pense que
le choix du ministre est excellent et cela me fera plaisir, ainsi que tous les
membres de l'Union Nationale, de travailler en collaboration avec ce nouveau
sous-ministre de la Justice.
M. Bédard: Le ministre des Affaires intergouvernementales
vient d'hériter...
Une voix: Certainement.
M. Bédard: ...si je peux employer l'expression, d'un homme
non seulement valable...
M. Lalonde: Je pense sincèrement que ce sont d'excellents
choix pour le ministre des Affaires intergouvernementales et pour le ministre
de la Justice et je pense que le premier ministre doit en être
félicité.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il sera 18 heures dans
deux minutes. Je me demande s'il y a lieu de commencer l'étude du
programme 3 en détail, puisque nous n'aurons pas le temps...
M. Lalonde: On ne fera pas de "filibuster" là-dessus, M.
le Président.
Le Président (M. Clair): Nous suspendons nos travaux
jusqu'à 20 heures, ce soir.
(Fin de la séance à 17 h 55)
Reprise de la séance à 20 h 30
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la justice se réunit pour continuer
l'examen des crédits budgétaires du ministère de la
Justice. Lorsque nous avons suspendu à 18 heures, nous en étions
à l'étude de l'élément 1 du programme 3. Le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bédard: Je m'excuse, M. le Président, de devoir
commencer un peu en retard. Je croyais que M. Normand était rendu aux
Affaires intergouvernementales.
M. Lalonde: M. le Président, l'Opposition est encore
patiente.
M. Bédard: L'important, ce n'est pas d'être patient,
c'est d'être compréhensif.
M. Lalonde: Pour l'élément 1, on voit $3 217 000,
une réduction de plus de $30 000, est-ce que le ministre pourrait nous
dire quelle est la raison de cette réduction, quand on sait, par
exemple, que, par suite des nouvelles conventions collectives, on devrait
trouver une augmentation, entre autres. Il a sûrement d'excellentes
réponses à nous donner, et j'aimerais qu'il nous les donne.
M. Bédard: Tel que concilié à
l'élément 1, il est exact qu'il y a une diminution des
crédits, qui est le résultat des variations suivantes
apportées au budget de la direction du ministère. En ce qui a
trait aux diminutions, par exemple, les crédits prévus pour
l'engagement de stagiaires en droit, ont été réduits de
$290 000 par rapport à 1976/77. Cette réduction a servi à
financer une partie des crédits additionnels requis pour le
fonctionnement du Comité de protection de la jeunesse, que nous avons
entendu tout à l'heure. Également 30 postes d'occasionnels et des
ressources financières de $151 000 ont été prévus
au budget de 1976/77 afin de fournir à la Commission des loyers le
soutien nécessaire pour le maintien de ses activités. D'ailleurs,
ces ressources ne seront plus requises pour l'exercice 1977/78, étant
donné qu'elles ont été...
M. Blank: Vous ne prenez pas de stagiaires?
M. Bédard: Vous connaissez le nouveau système qui
consiste à choisir, à ce que le choix se fasse au hasard.
À ce moment, lorsque les choix seront faits, ils en seront
informés au niveau du ministère de la Justice, et peut-être
qu'il y aura quand même des possibilités pour l'engagement de
stagiaires, qui seront aux alentours de 80.
M. Lalonde: Ce qui me frappe, c'est qu'il y a presque $300 000 en
moins pour les stagiaires en droit. J'imagine que, dans le passé, enfin,
je sais que, dans le passé, ces stagiaires rendaient un certain nombre
de services. De quelle façon ces services ont-ils été
remplacés? Par d'autres membres, d'autres effectifs au ministère,
ou si on a simplement réduit les services?
M. Bédard: Selon les commentaires, les renseignements
qu'on me donne avec 80, c'est suffisant, comme nombre auxquels on peut donner
un entraînement adéquat.
M. Lalonde: II y a 80 stagiaires qui restent?
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: II y en avait combien auparavant?
M. Bédard: Je serais presque porté à vous
poser la question, vous y étiez.
M. Lalonde: Vous êtes là maintenant.
M. Bédard: Environ 150, à un moment donné.
Cela a pu monter jusqu'à 150. Effectivement, ils n'ont pas tous
été employés, le nombre complet. Cela a été
réduit aux alentours de 80. C'est exactement le même nombre que
nous prévoyons engager cette année.
M. Lalonde: Pour les trente postes d'occasionnels, de la
façon que le ministre nous a donné son explication, j'ai cru
comprendre que c'est une augmentation de trente postes occasionnels.
À ce moment-là, je vois mal comment ça pourrait
expliquer la réduction dans le budget total.
M. Bédard: C'est que ces 30 postes d'occasionnels
étaient employés aux fins de rendre les services
nécessaires de soutien à la Commission des loyers. Comme la
Commission des loyers a été transférée, comme vous
le savez, au ministère des Affaires municipales, à ce
moment-là, ces 30 postes d'occasionnels ne sont plus requis, le
transfert a été fait en conséquence.
M. Lalonde: Je m'excuse. J'avais mal compris l'explication. C'est
une réduction à cause du transfert de responsabilité au
ministère des Affaires municipales.
M. Bédard: À cause du transfert de
responsabilité de la Commission des loyers au ministère des
Affaires municipales.
M. Lalonde: Bon! C'est ce qui explique la réduction des
crédits.
M. Bédard: C'est ça.
M. Lalonde: Ces $3 217 000 de l'élément 1, sous le
titre "direction", ça comprend combien de personnes? J'imagine que ce
sont surtout des salaires.
M. Bédard: C'est assurément, en grande partie, des
salaires. Maintenant, vous donner le nombre exact. Ce sont 84 employés,
cette année, par
rapport à 80 l'an passé. Au niveau des employés
à temps partiel, 116 au lieu de 146, ce qui veut dire un total de 200
cette année, par rapport à 226. C'est peut-être dû en
partie au fait que le ministère était peut-être
divisé. Comme vous savez, il y avait deux ministres qui occupaient des
postes, le Solliciteur général et le ministre de la Justice et,
cette année, étant donné que les deux ministères,
en fait, sont réunis sous une seule autorité, à ce
moment-là, ça représente nécessairement des
employés de moins.
M. Lalonde: Combien de moins?
M. Bédard: Cela ne veut pas nécessairement dire que
cette situation va demeurer.
M. Blank: Qui va être nommé Solliciteur
général?
M. Lalonde: Non, parce que là...
M. Bédard: Non, on peut avoir des idées
différentes en termes d'aménagement.
M. Lalonde: Mais, je...
M. Blank: Je ne vois pas un autre que vous comme ministre de la
Justice.
M. Bédard: Merci.
M. Lalonde: Bon! Il est un excellent membre de l'Opposition. On
aime bien conserver nos cibles. Mais...
M. Bédard: Jusqu'ici, vous ne me maganez pas trop.
M. Lalonde: Ce n'est sûrement pas, M. le ministre, le fait
qu'il y avait deux ministres au ministère de la Justice remplacés
par un, comme autrefois, qui occasionne la réduction de 146 à
116. Il n'y avait quand même pas 30 postes de plus parce qu'il y avait
deux ministres.
M. Bédard: Non, ce n'est pas l'unique raison. Il y a
également... Si vous voulez des détails...
M. Lalonde: Non.
M. Bédard: ...pour chacun des employés...
M. Lalonde: Parce que vous avez donné, comme...
M. Bédard: ...c'est un des éléments qu'on me
fournit. Maintenant, si vous voulez des détails poste par poste, c'est
une autre affaire.
M. Lalonde: Mais j'aimerais que le ministre soit un peu plus
spécifique et qu'il dise combien d'employés de plus
étaient engagés par le gouvernement à cause du fait qu'il
y avait deux ministres, parce que, au niveau de l'administration, il y avait un
sous-ministre quand même il n'y en avait pas deux les
autres sous-ministres associés, c'était le même nombre,
qu'il y ait deux ministres ou non. Il y avait seulement les cabinets de
ministres. Est-ce que le cabinet du ministre est inclus là-dedans?
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Alors, il y avait seulement les cabinets de ministres
qui auraient pu être augmentés à cause de ça.
M. Bédard: Bien, définitivement, avec deux
ministres, ça double nécessairement au niveau du personnel.
M. Lalonde: On parle de quoi? De cinq, six postes, huit postes,
peut-être dix?
M. Bédard: J'ai donné les explications tout
à l'heure. Si on résume, d'abord, au niveau des cabinets, puisque
cela comprend le personnel des cabinets de ministre, comme maintenant, il n'y a
qu'un seul ministre, nécessairement, cela représente
peut-être cinq, ou six employés de moins. Comme la Commission des
loyers est passée aux Affaires municipales, cela représente
également un certain nombre d'employés, autour de vingt, ce qui
explique la différence dans le personnel cette année, 200, par
rapport à 226, l'an passé.
M. Lalonde: C'est surtout le transfert des
responsabilités.
M. Bédard: C'est surtout le transfert de ceux qui
étaient affectés à la Commission des loyers.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pas maintenant, parce
que je n'ai pas donné avis de cette question pourrait, lors d'une
séance ultérieure, donner la liste de son cabinet, avec les
salaires? C'est assez normal.
M. Bédard: Je peux vous donner tout cela tout de
suite.
M. Lalonde: Si vous l'avez maintenant, oui. M. Bédard:
Si vous le préférez, je le produirai. M. Lalonde:
C'est comme le ministre le désire. M. Bédard:
D'accord. Ce sera produit. M. Lalonde: Ce sera produit à la
commission.
M. Bédard: Les noms et les salaires. La fonction sera
indiquée.
M. Lalonde: Cela va.
Maintenant, lorsqu'un nouveau gouvernement entre en fonction, il n'est
pas anormal que des changements, au niveau des organigrammes ou de la
structure, surtout au niveau de l'administration supérieure, soient
suggérés. Le ministre a-t-il
entrepris une réorganisation au niveau de la structure de
l'administration supérieure du ministère, ou si c'est le
même organigramme qui se continue?
M. Bédard: Pour le moment, c'est le même
organigramme qui se continue, étant donné, si on se
réfère à janvier, que cela fait à peu près
six mois. J'ai préféré étudier et évaluer le
mieux possible non seulement l'organigramme, mais tous ceux qui oeuvrent
à l'intérieur, avant de procéder à quelque
changement que ce soit. Au moment où on se parle, il n'y a pas eu de
changement majeur.
Si on parle d'organigramme, il y a des changements, un, entre autres,
majeur, auquel je réfléchis et sur lequel je suis presque
fixé, c'est la possibilité de penser à la formule de deux
sous-ministres en titre, au niveau du ministère de la Justice, un qui
serait affecté d'une façon plus particulière aux affaires
policières, la détention, la sécurité, et qui
engloberait également la direction générale de la
sécurité publique. L'autre partie des activités du
ministère pourrait être la responsabilité d'un autre
sous-ministre en titre. Disons que ce n'est pas encore définitif au
moment où on se parle. Je serais porté à
préférer, du point de vue de l'efficacité, cette solution
qui pourrait, je crois, procurer de bons résultats.
M. Lalonde: Le ministre a-t-il pensé aux problèmes
administratifs que cela créerait d'avoir deux sous-ministres? Je ne sais
pas si on a déjà des précédents là-dessus.
Le ministre a-t-il des précédents de deux sous-chefs?
M. Bédard: C'est évident qu'on y a
réfléchi. Maintenant, avec des secteurs bien particuliers
d'action, je ne vois pas de difficulté au niveau de l'exercice des
responsabilités. Du point de vue administratif, à ce moment, je
pense qu'il y aurait des accommodements à compléter avant de
procéder définitivement.
M. Lalonde: En tout cas, cela me surprend un peu, quoique
l'intention soit bonne de diviser la responsabilité, elle est
énorme au fond, au niveau du sous-ministre...
M. Bédard: De plus en plus, la responsabilité est
énorme; de plus en plus, on se rend compte que ce que je pourrais
appeler le secteur policier, le secteur de détention, également
l'ensemble du domaine de la sécurité publique, représente
quand même une somme de travail de plus en plus grande. À ce
moment, si c'était évalué de façon de plus en plus
précise, mais en termes d'efficacité, étant donné
que le volume augmente, je crois que c'est une solution à laquelle il
faut penser. On ne peut pas faire autrement que d'y penser, puisque
déjà, dans le passé, on a cru bon, étant
donné les responsabilités de plus en plus grandes au niveau de
l'ensemble du ministère de la Justice, on a pensé à la
nécessité d'avoir un Solliciteur général et un
ministre de la Justice. Cette formule a été adoptée par
nos prédécesseurs, je crois qu'il y a lieu de penser à la
possibilité de l'efficacité d'une autre formule.
M. Lalonde: M. le Président, je voulais simplement inviter
le ministre, à ce stade, à bien réfléchir aux
conséquences d'avoir un ministre avec deux sous-ministres en titre.
C'est assez surprenant comme suggestion.
M. Bédard: II y en d'autres qui m'ont fait
réfléchir aux conséquences d'avoir un sous-ministre et
deux ministres.
M. Lalonde: Enfin, la formule d'avoir deux ministres et un
sous-ministre a assez bien marché. Le pauvre sous-ministre devait
cependant avoir le don d'ubiquité de temps en temps, mais j'invite le
ministre à réfléchir parce que je vois toutes sortes
d'écueils dans la formule quoique l'on va laisser le ministre continuer
sa réflexion à ce propos.
M. Fontaine: Les députés de l'Assemblée
nationale ont l'organigramme de certains ministères, je ne pense pas
avoir reçu le vôtre. Est-ce possible que vous fassiez parvenir
à chacun des députés l'organigramme de votre
ministère? C'est parce que cela nous aide dans notre travail quand on a
à faire un communiqué avec différentes sections?
M. Bédard: Avec plaisir. D'accord. On pourra même
vous en produire un demain dès la reprise des travaux.
M. Fontaine: Merci.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, sur cet
élément, je n'ai pas d'autres questions sauf, comme je l'ai dit
tantôt, de mettre le ministre en garde contre des inventions un peu
hâtives en ce qui concerne la section du ministère de façon
à avoir deux sous-ministres en titre. Personnellement, je pourrais
considérer cet élément comme adopté.
Le Président (M. Clair): Y a-t-il d'autres membres qui
désirent intervenir sur l'élément 1 du programme 3?
L'élément 1 du programme 3 sera-t-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
Élément 2 du programme 3.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Cet élément couvre...
M. Bédard: Je peux vous donner des renseignements
généraux.
M. Lalonde: Oui, j'aimerais que...
M. Bédard: Disons que l'augmentation des crédits
requis à cet élément est due principale-
ment aux causes suivantes, à savoir la mise en application des
conventions collectives, y compris les révisions de traitement et les
avancements d'échelons, qui représentent un montant de $93 100.
Il y a eu également des crédits additionnels demandés,
à cause de l'accroissement du nombre de jours-homme de travail, de
l'augmentation de l'effectif en place, qui représente un montant de $91
300, des crédits additionnels requis pour un poste additionnel
prévu en 1977/78, $20 000, diverses augmentations et diminutions, $14
500, pour un montant d'augmentation de $218 900.
M. Lalonde: Ce poste-là, M. le Président, M. le
ministre; de qui ou de quoi s'agit-il? Un poste de $20 000, c'est au niveau
professionnel ou de perfectionnement?
M. Bédard: Au niveau du perfectionnement.
M. Lalonde: Du perfectionnement. Le nouveau programme mis en
marche, je pense, en novembre, concernant le perfectionnement fonctionne
à la satisfaction du ministre?
M. Bédard: II semble que le ministère de la Justice
a produit un programme de perfectionnement qui, à l'heure actuelle, sert
de modèle aux autres ministères.
M. Lalonde: Ce n'est pas la première fois que le
ministère de la Justice sert de modèle et on peut naturellement
en accorder les mérites à l'ancien gouvernement. Mais, je ne m'en
irai pas dans cette veine. Je comprends que le ministre est tout à
fait...
M. Bédard: Ce n'est pas imposant au point de penser
à vous en enlever le crédit.
M. Lalonde: Alors, le ministre est d'accord avec ce programme et
va le continuer.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Quels sont les problèmes? Dans quel secteur le
ministre voit-il des problèmes particuliers concernant le personnel? Je
parle du recrutement, du maintien du personnel, et, naturellement, le
perfectionnement dont on vient de parler. Y a-t-il des problèmes
particuliers, surtout quand on considère le nouveau programme entrepris
par le ministère, en décembre je crois, ou en janvier, pour
constituer un bureau, littéralement, d'avocats ou de notaires, j'imagine
que cela entre en partie dans la responsabilité de l'administration du
personnel, y a-t-il des problèmes particuliers que le ministre rencontre
à ce propos-là?
M. Bédard: Non. Si on parle du groupe au niveau du
contentieux, en ce qui regarde l'engagement des nouveaux avocats, il n'y a eu
absolument aucun problème, sauf un d'intégration à la
fonction publique. Ce n'est pas encore définitivement
réglé, ce qui veut dire qu'à l'heure actuelle, on doit
procéder par engagement occasionnel, contractuel. Maintenant, il y a des
démarches qui continuent de se faire avec le ministère de la
Fonction publique et j'espère que cette intégration, se fera
rapidement, une fois pour toutes.
M. Lalonde: Combien de personnes ont été
engagées en vertu du nouveau programme?
M. Bédard: II y a eu 30 procureurs de la couronne et 30
plaideurs.
M. Lalonde: Ce que vous appelez les procureurs de la couronne,
c'est pour les causes pénales seulement? Le Code de la route et des cas
s'y rattachant.
M. Bédard: Pour répondre aux besoins qu'il y avait,
étant donné qu'on avait récupéré le
pénal.
M. Lalonde: Est-ce que j'ai bien compris que toutes ces
personnes...
M. Bédard: Également la Cour de bien-être
social.
M. Lalonde: Toutes ces personnes sont engagées de
façon contractuelle actuellement?
M. Bédard: Pas en ce qui concerne les procureurs de la
couronne, ils sont engagés selon les mêmes normes que les normes
de la Fonction publique, effectivement. En ce qui concerne les 30 avocats au
civil, ceux-là sont engagés, à l'heure actuelle, sur une
base contractuelle.
M. Lalonde: Le but du ministre est-il de trouver une formule, ou
d'établir une formule semblable ou analogue à celle des avocats
de l'Aide juridique?
M. Bédard: En fait, le but principal est de former un
contentieux qui soit vraiment à la mesure des besoins gouvernementaux.
Contentieux le plus valable possible, où on va retrouver des avocats
capables d'être vraiment de bons avocats dans quelque domaine que ce soit
du droit, de telle façon que, de moins en moins, on soit dans
l'obligation de recourir aux services des avocats de la pratique privée.
Et je suis convaincu que jusqu'à maintenant, je pense, les
chiffres sont déjà assez éloquents, je les ai fournis
à la commission parlementaire lors de l'ouverture des crédits
déjà on peut anticiper des épargnes très
significatives pour le gouvernement.
Je suis convaincu que cette politique aura deux effets; d'une part, elle
représentera des épargnes pour le gouvernement; d'autre part,
cela contribuera à former ce que je disais tout à l'heure, un
contentieux digne du gouvernement.
M. Blank: Si on avait un contentieux digne et efficace il
gagnerait des causes. Quand il gagne des causes, il y a des mémoires de
frais; suivant la
Loi du Barreau, les frais appartiennent aux avocats, pas à son
employeur. Qu'est-ce qui arrive avec cet argent, est-ce qu'il y a un certain
"pool" pour tous les avocats ou cela revient-il au ministère de la
Justice? Ou est-ce l'avocat lui-même qui le garde suivant la Loi du
Barreau?
M. Bédard: Cela va au fonds consolidé.
M. Blank: Mais ce n'est pas contre la Loi du Barreau?
M. Bédard: L'article 16 de la loi du ministère,
dans un cas précis comme celui-là, prévoit que les sommes
doivent aller au fonds consolidé. Alors il n'est pas question de faire
un "pool" au ministère.
M. Bédard: Si vous aviez des meilleurs avocats,
peut-être que vous pourriez réduire un peu votre budget.
M. Lalonde: Je garde mes doutes, enfin... M. Bédard:
Déjà ils sont bien payés. M. Lalonde: Oui,
alors...
M. Bédard: De plus en plus, en tout cas c'est un but
à atteindre, à mesure qu'on va augmenter leur champ
d'activité, leur champ de responsabilité, on va se retrouver,
cela peut prendre quelques années, au bout de la ligne avec un
contentieux dans lequel on pourra piger, quel que soit le genre de cause qu'on
aura à plaider. Ce seront des spécialistes dans quelque domaine
que ce soit. Mais, jusqu'à maintenant, on avait recours aux avocats de
la pratique privée, pas seulement dans les causes où on avait
besoin d'un spécialiste, mais disons que c'était un
système, on l'a qualifié de patronage et ce n'est pas autre chose
que cela dans mon idée. Au bout de la ligne, il coûtait beaucoup
plus cher au gouvernement.
M. Lalonde: Moi j'ai des réserves; enfin vous me
permettrez, M. le Président, d'avoir des réserves...
M. Bédard: Je vous comprendrai d'avoir des
réserves, étant donné que vous étiez pour l'ancien
système.
M. Lalonde: Quant aux épargnes qui seront faites par ce
nouveau système, on verra, on examinera les chiffres quand on aura eu
une expérience plus longue. Il y a aussi la question d'efficacité
qu'il faut considérer. On jugera aux résultats réellement
factuels.
M. Bédard: Ce n'est pas qu'une question d'épargne,
au bout de la ligne c'est de réussir...
M. Lalonde: C'est ce que le ministre avait mentionné.
M. Bédard: Bien oui, c'est un des éléments
mais,...
M. Lalonde: Bien oui, c'est celui-là.
M. Bédard: ...j'ai mentionné l'autre
élément, l'autre objectif qui ne semble pas négligeable,
au contraire, qui est primordial, d'avoir un contentieux qui soit vraiment
représentatif, qui soit capable de représenter les
intérêts du gouvernement dans quelque cause que ce soit.
M. Lalonde: Ce n'est pas un objectif qui n'est pas valable, au
contraire. D'ailleurs je pense bien que le ministre n'a rien inventé,
parce que l'ancien gouvernement, sur une période de sept ans, avait
quand même réussi à constituer, en matière de
poursuite criminelle, une couronne permanente, avec un effectif de plus de 100
procureurs de la couronne qui se compare je pense, enfin dans le temps
où j'étais là, avantageusement...
M. Bédard: Cela s'est amélioré depuis que
vous n'êtes plus là.
M. Lalonde: ...avec n'importe quel bureau d'avocats. Ce n'est pas
parce que le procureur-chef est là que je le dis, mais les
résultats sont là pour le prouver. Non, naturellement la formule
n'est pas mauvaise, il reste que je pense qu'on pourra juger des
résultats seulement lorsque l'expérience sera concluante. J'avais
posé une question...
M. Bédard: Sauf que, si vous me permettez, sur ce petit
point précis, je me rappelle que, lorsque j'ai annoncé cette
nouvelle politique, le principal reproche de l'Opposition était le fait
qu'on bureaucratisait un peu trop. Ceci représentait, à mon avis,
un manque de confiance envers l'efficacité des avocats qui sont
procureurs de la couronne à l'intérieur d'un système.
M. Lalonde: Encore une fois le ministre a mal compris. Je n'ai
peut être pas eu le temps de...
M. Bédard: Je me rappelle vos remarques, parce que je
me...
M. Lalonde: Je sais. Je n'ai pas eu le temps de parler assez
longtemps pour faire comprendre au ministre.
M. Bédard: À ce moment-là j'avais
mentionné que vous aviez bien peu de respect pour les procureurs de la
couronne qui étaient déjà existants.
M. Lalonde: Le ministre veut faire un peu de démagogie. Ce
n'est pas étranger, naturellement, à sa conception de la
politique.
M. Bédard: C'est très rare que cela m'arrive... Et
là, cela ne m'est pas arrivé, j'ai simplement rapporté vos
paroles.
M. Lalonde: C'est trop souvent. Il interprète très
mal mes paroles et il prend sûrement un malin plaisir à le faire.
J'ai été à même de constater l'efficacité de
la couronne au criminel, lorsque j'étais
Solliciteur général. L'interprétation que le
ministre fait de mes paroles manque d'honnêteté intellectuelle. Je
veux que cela soit consigné au journal des Débats. J'avais
posé la question suivante, à savoir si la structure de salaire,
l'échelle de salaire que le gouvernement offre à ses nouveaux
avocats, non pas en matière pénale, mais dans le reste, est
l'équivalent de l'échelle de salaire que l'on retrouve pour les
avocats de l'Aide juridique.
M. Bédard: II y a une parité, du point de vue de
l'échelle, avec les traitements des avocats de l'Aide juridique et des
procureurs de la couronne.
M. Lalonde: C'est ce que le ministre a de la difficulté
à faire accepter par le ministère de la Fonction publique.
M. Bédard: Au moment où on se parle, c'est ce qui
existe.
M. Lalonde: C'est ce que vous recherchez. Mais cela n'existe pas
puisqu'ils sont contractuels.
M. Bédard: Vous me demandez le niveau des traitements. Ce
sont des traitements qui représentent, à l'heure actuelle, une
parité avec ceux payés aux avocats de l'Aide juridique et aux
procureurs de la couronne.
M. Lalonde: Bon.
M. Bédard: Cela a d'ailleurs déjà
donné des résultats. Lorsqu'on parlait d'épargne due
à ce nouveau système que nous avons mis en place, seulement sur
un point, par exemple en ce qui regarde les poursuites en vertu du Code de la
route, en 1976/77, le ministère a déboursé $2 518 300 et,
en 1977/78, $1 770 100, ce qui représente déjà une
épargne de $748 000.
M. Fontaine: Ce n'est pas fini encore.
M. Lalonde: Ce n'est pas fini. C'est ce qui est
budgétisé.
M. Bédard: Oui, ce qui est budgétisé pour
l'année.
M. Blank: Vous ne le savez pas, l'année n'est pas encore
finie.
M. Bédard: Vous verrez que c'est
budgétisé...
M. Blank: On verra combien de causes non plaidées restent
à la fin de l'année.
M. Bédard: II faudrait que vous vous fassiez une
idée. Avez-vous confiance ou non aux avocats qui ont été
engagés sous le même système et...
M. Blank: On ne le sait pas, cela va être...
M. Lalonde: On a confiance aux avocats, mais pas
nécessairement au ministre.
M. Bédard: À ce que je sache, ce n'est pas le
ministre qui plaide les causes.
M. Lalonde: Heureusement.
M. Blank: C'est exactement cela.
M. Bédard: Si vous voyiez ma moyenne au bâton,
j'aurais de bons conseils à donner à plusieurs.
M. Blank: Mais comment se compare la moyenne de ces avocats avec
celle des avocats antérieurs?
M. Bédard: On verra, à ce moment.
M. Lalonde: En fait, pour le Code de la route, je m'accorde assez
facilement avec le ministre. Il n'y a rien là.
M. Bédard: Je trouvais même la question oiseuse.
Pour les autres causes, en ce qui me regarde, je ne doute en aucune
façon de la capacité de ceux dont on a retenu les services,
d'autant plus qu'ils n'ont pas été choisis à la pige,
comme cela. Des jurys ont siégé, qui ont rencontré tous
ceux qui avaient postulé et qui ont fait un travail de sélection
formidable. Ce n'est pas une sélection qui a été faite
à peu près.
Le Président (M. Clair): Avant de donner la parole au
député de Nicolet-Yamaska, permettez-moi, mes chers
confrères, de vous rappeler et de vous demander de parler un à la
fois seulement, pour le bénéfice du journal des Débats. M.
le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Sur le même sujet, M. le Président,
j'ai ici en main la liste des avocats qui ont été retenus. J'en
ai 32. Je ne sais pas si c'est complet. Je remarque qu'il y en a 17 qui gagnent
en bas de $15 000. Il y en a plusieurs à $12 000. Pensez-vous que cette
échelle de salaire va favoriser l'engagement d'avocats
d'expérience?
M. Bédard: C'est quand même surprenant, la
qualité des avocats qui ont offert leurs services lorsque les postes ont
été ouverts. Je vous ai mentionné, à un certain
moment, qu'il y avait eu 1000 candidatures. Beaucoup de ces avocats avaient
plusieurs années de pratique. Je ne sais pas si c'est dû en partie
à l'insécurité qui règne au niveau de la
profession; c'est fort possible que cela ait représenté une
certaine incitation, mais on peut dire que les jurys qui ont été
constitués avaient vraiment un choix varié. Ceux qui ont
été choisis, à mon sens, ont des capacités qui se
comparent à celles de n'importe quel autre avocat.
M. Fontaine: Dans ces 898 avocats qui ont offert leurs services,
il devait y en avoir 32 qui avaient un certain nombre d'années
d'expérience. Comment se fait-il qu'on en ait engagé à $12
000?
M. Bédard: La réponse est la suivante: C'est que,
pour l'engagement des procureurs de la couronne, vu qu'il y a
déjà une structure assez forte qui est en existence, les
candidats qui se sont présentés étaient des jeunes en
majorité. Conséquemment, nous avons recruté, au sein de la
couronne, surtout des jeunes, d'autant plus que plusieurs parmi ceux qui ont
été recrutés étaient déjà en poste
à titre occasionnel. Ils avaient déjà fait preuve de leurs
capacités. C'est ce qui explique le jeune âge des 30 procureurs
qui ont été engagés pour les fins de substituts du
procureur général.
En ce qui concerne les procureurs qui ont été
recrutés au civil, c'est-à-dire les avocats plaideurs, comme nous
les avons appelés, nous en avons 20 qui ont présentement convenu
de conditions avec nous, soit 12 avocats et 8 notaires.
Pour ces 20 candidats sur les 30 postes à combler nous
sommes en discussions pour combler les 10 autres nous retrouvons les
années suivantes d'admission au Barreau ou à la Chambre des
notaires: 1960, 1954, 1963, 1967, 1970, 1959, 1972, 1961, 1967 et je pourrais
continuer comme cela, de sorte que les années d'expérience pour
les avocats plaideurs sont beaucoup plus considérables que pour les
avocats de la couronne ou les substituts du procureur général,
pour les raisons indiquées précédemment.
M. Fontaine: Quelle est la moyenne de salaires de cette
deuxième catégorie d'avocats ou de notaires?
M. Bédard: L'embauche se fait suivant une échelle
de traitements qui est analogue à celle qui existe pour les avocats de
l'aide juridique ou pour les substituts du procureur général, de
sorte que les traitements sont déterminés en fonction du nombre
d'années d'exercice de leur profession depuis leur admission au Barreau
et également de leur personnalité, de leur compétence et
de leur expérience. Les échelles qui sont utilisées pour
les fins de recrutement de ces douze plaideurs et de ces huit notaires que je
viens de mentionner sont analogues aux échelles qui sont
utilisées pour le recrutement des procureurs de l'aide juridique ou des
procureurs de la couronne.
M. Blank: En dollars, c'est quoi?
M. Bédard: En dollars, les échelles varient
présentement pour les procureurs de la couronne et vont jusqu'à
$40 500.
M. Blank: Oui, mais pour les 20?
M. Bédard: Pour ces 20, je peux vous mentionner des
traitements...
M. Blank: Le plus bas et le plus haut?
M. Bédard: ...sans faire de personnalités, pour
quelqu'un qui a terminé en 1960, il est embauché à $34
000, plus les bénéfices additionnels de 15%, étant
donné qu'ils ne sont pas intégrés à la Fonc- tion
publique, au moment où je vous parle, pour une
rémunération totale de $39 100. Pour quelqu'un qui a
terminé en 1954, $39 100 également; pour quelqu'un qui a fini en
1970, il est embauché à $24 000, plus 15% de
rémunération additionnelle compte tenu des
bénéfices marginaux, ce qui amène un traitement total de
$27 600. C'est une échelle analogue à celle de l'Aide juridique
et des procureurs de la couronne.
M. Fontaine: Est-ce le même prix pour les notaires et les
avocats?
M. Bédard: Substantiellement oui, compte tenu de
l'évaluation des tâches, de l'expérience pertinente de
chacun également. Ce sont quand même des salaires avec lesquels on
peut recruter des gens ayant de très bonnes capacités, ce qui
n'empêche pas d'affirmer que, même les plus jeunes qu'on a
recrutés sont des gens qui effectivement sont compétents.
M. Fontaine: Ce que je trouve un peu bas, c'est $12 000 pour un
avocat.
M. Bédard: Les jeunes, dans la pratique privée...
Chacun a ses expériences, mais il y a beaucoup de jeunes qui
accepteraient d'avoir $12 000 comme salaire, la première année de
leur pratique.
M. Fontaine: II y en a qui accepteraient à moins parce
qu'ils ne travaillent pas.
M. Bédard: II y en a beaucoup qui pensent que la
profession d'avocat donne de très gros salaires tout de suite en
commençant. C'est plus modeste.
M. Fontaine: Vous avez parlé tout à l'heure
d'engagements de notaires. Le ministre a-t-il l'intention de former
également un bureau assez complet de notaires pour...?
M. Bédard: Dix notaires à l'heure actuelle. On a
l'intention de retenir les services de dix notaires. Maintenant, il y a des
représentations qui nous sont faites par la Chambre des notaires. Nous
sommes présentement en discussion avec eux.
M. Fontaine: Le ministre a mentionné, tout à
l'heure, qu'il avait voulu, par cette mesure, enlever le patronage concernant
les avocats. Je suis sûr également qu'il est au courant du
patronage qui se fait pour les notaires, entre autres, à la SDI...
Une voix: Cela se fait encore?
M. Fontaine: Je pense que cela se fait encore. J'ai
déjà mentionné au ministère...
M. Bédard: Je dois vous dire que le ministre de la Justice
ne contrôle pas les notaires qui font du patronage à la SDI, mais
s'il y a du patronage qui se fait encore, cela ne vient pas du gouvernement qui
est là...
M. Lalonde: Ah non! C'est sûrement la faute de l'ancien
gouvernement.
M. Bédard: Ce sont tout simplement des
réminiscences de l'ancien gouvernement.
M. Lalonde: C'est peut-être même la faute du
fédéral.
M. Bédard: II y a des mandats qui doivent se terminer et
disons...
Une voix: C'est la faute du fédéral.
M. Bédard: ... qu'il est important qu'un dossier soit
achevé par l'avocat ou le notaire qui l'a déjà
commencé. Alors, dans certains cas, il est de l'intérêt de
la justice, qu'on laisse continuer le mandat, mais encore une fois, ce sont des
réminiscences du passé. Ce sont des visages qu'on voyait dans
bien des dossiers et qu'on voit de moins en moins.
M. Fontaine: Le ministre pourrait-il nous dire si la liste de
notaires privilégiés qui faisaient des contrats pour la SDI
existe encore?
M. Bédard: Je n'ai aucun contrôle. Je pense bien
qu'il faudrait que vous posiez votre question au ministre
délégué à l'Energie, M. Joron, qui est responsable
de la SDI, ou encore au ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Lalonde: Au ministre des Finances?
M. Bédard: Au ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Lalonde: Depuis janvier, le ministre a-t-il confié des
mandats à des avocats de l'entreprise privée? Je sais que, dans
sa directive, il prévoyait qu'exceptionnellement cela pouvait arriver.
Est-ce arrivé? Oui?
M. Bédard: Oui. Si vous permettez, je vais vous donner les
renseignements.
M. Lalonde: Le ministre a-t-il une liste? M. Bédard:
Le ministre n'a pas de liste. M. Lalonde: Comment les choisit-il?
M. Bédard: La compétence, point.
M. Lalonde: Ah! La compétence. C'est donc une liste de
compétence, quoi, comme notre liste.
M. Bédard: Contrairement à vos listes... M.
Lalonde: J'imagine qu'on va... M. Bédard: ... de
privilégiés... M. Lalonde: Bon, alors qui sont-ils?
M. Bédard: II y a un premier mandat, le 24 du 11ème
mois 1976, pour Me Gérald-E. Desmarais. C'est une requête pour le
dossier 14065 pour l'année 1976, requête pour l'émission
d'un bref de mandamus dans l'affaire Woodward Company Limited versus Jeannine
Théoret et l'Association internationale des machinistes et des
travailleurs de l'A.V.O. Astronautique. La justification du mandat est la
suivante: II y avait une urgence à mandater un procureur du district
judiciaire de Saint-François, étant donné que nous avons
été informés qu'on procéderait à cette
affaire le 23 novembre au matin à 16 h 15. Le 22 au soir, nous avons
retenu les services de Me Desmarais étant donné que ce dernier a
agi pour nous dans plusieurs dossiers et que son travail a toujours
été accompli de façon satisfaisante. Alors, c'est un
mandat en cours.
Le ministère concerné est, naturellement, le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre... Un autre mandat, le 11
janvier 1977, à Me Claude-René Dumais.
Il s'agissait d'une requête pour émission d'une injonction
interlocutoire provisoire et permanente présentée par le Conseil
provincial du Québec des métiers de la construction et Guy
Dumoulin versus l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec, ainsi que Réal Lemieux et Gilles Laporte, mis en cause.
Ce mandat fut accordé à Me Dumais aux fins de représenter
le sous-ministre Gilles Laporte, mis en cause dans la requête à
cause du fait que Me Dumais a agi dans de nombreux dossiers impliquant
l'Association des entrepreneurs en construction du Québec. Me Dumais,
après discussions avec le procureur des requérants a obtenu un
désistement de la requête dirigée contre Gilles Laporte
ainsi que du subpoena qui lui avait été signifié. Le
mandat est maintenant terminé. Vous pouvez voir que même dans
l'octroi de ces mandats, nous avons requis les services de gens qui occupaient
déjà dans d'autres mandats.
M. Lalonde: C'était l'ancien ministre, cela. M.
Bédard: C'était le ministre... M. Lalonde: II y en
avait des bons.
M. Bédard: Cela vous prouve... Quand je vous disais:
Jamais je ne croirai qu'il n'y avait pas quelque compétence dans votre
liste, il y avait tout le reste.
M. Lalonde: Ah bon! C'est déjà un aveu. Ils
étaient tous compétents. Ils avaient été choisis
justement pour la compétence.
M. Bédard: Cela vous prouve une chose, c'est qu'il n'y a
pas de patronage. Premièrement, je ne connais pas ces deux avocats,
d'une façon tout à fait spéciale...
M. Lalonde: II n'y en avait pas avant, voyons. Vous avez fait des
histoires avec cela.
M. Bédard: Vous voulez que je continue? M. Lalonde:
Oui.
M. Bédard: L'autre mandat qui a été
donné le 29 novembre 1976, à M. Marc Giguère. Il
s'agissait d'une opinion sur les pouvoirs du Vérificateur
général auprès des filiales de SOQUEM. La justification du
mandat: Me Giguère fut mandaté à la demande expresse du
sous-ministre de la Justice en raison de l'expérience de celui-ci dans
le domaine du droit corporatif. Son mandat est terminé. Un mandat a
été donné le 15 décembre 1976 à M. Nicol
Henry, vous devez bien le connaître, enquête sur la conduite des
constables Pierre Péladeau et Richard Grotot. Me Henry fut
mandaté à la demande expresse du juge Gosselin,
entériné par le sous-ministre de la Justice. Cette demande du
juge Gosselin se justifiait par le peu de temps mis à la disposition du
procureur de la commission pour préparer l'audition, soit un
délai de 15 jours. De plus, Me Henry a agi maintes fois comme procureur
de la commission. Le mandat est maintenant terminé. Un autre mandat a
été donné le 15 février 1977 à M. Jean
Lemelin. Il s'agit d'une requête en augmentation de tarifs de Bell Canada
déposée au CRTC. Dans cette affaire, Me Jean Lemelin a agi
conjointement avec Me Marc Cantin, directeur du contentieux du ministère
des Communications. Me Lemelin a été mandaté dans ce
dossier parce qu'il avait déjà agi à la suite d'une
demande semblable de sorte qu'il était bien au fait du dossier. Le
mandat est en cours.
Un qui ne vous surprendra pas, Roger Thibodeau. L'objet du dossier,
c'est dans la cause Hubert Besnier, versus la Cie minière Québec
Cartier et le procureur général concernant la validité de
l'arrêté en conseil 1787 pour l'année 1975, intitulé
règlement d'application de la Loi des mines concernant le certificat
médical des ouvriers. Me Thibodeau a été mandaté
dans ce dossier étant donné qu'il agissait de plusieurs dossiers
de même nature. Dans cette affaire, les procédures ont
été suspendues étant donné que nous étions
en appel dans un autre dossier. Le jugement fut rendu sur cet appel confirmant
la validité de l'arrêté en conseil. Le mandat est
terminé.
Un autre a été donné le 3 mai 1977 à Me
Marcel Trudeau dans l'affaire des questions constitutionnelles soumises
à la Cour suprême du Canada, suite au jugement rendu par la Cour
d'appel de l'Ontario en matière de législation et de
réglementation de la mise en marché des produits agricoles. Me
Trudeau a été mandaté dans cette affaire étant
donné qu'il a agi de nombreuses fois comme procureur de la Régie
des marchés agricoles. Il connaît à fond les
problèmes qui existaient. Il a agi conjointement avec Me
Louis-Gérard Cantin du ministère de l'Agriculture. Le mandat est
présentement en cours. Il y a également un mandat, le 22 avril
1977 à Me Claude Belleau. L'objet du mandat était de conseiller
les autorités du ministère des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières sur l'interprétation de la Loi sur
les assurances ainsi que sur la réglementation.
Me Belleau fut mandaté à la demande expresse du
sous-ministre du ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, étant donné qu'il est un expert
en droit des assurances, il est de plus professeur en droit des assurances
à l'Université Laval et corédacteur de la Loi des
assurances. Le mandat est en cours. Le ministère concerné,
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières.
Également, le 21 avril 1977, un mandat confié à Me
Yves Caron. L'objet du mandat était de rédiger le projet de loi
sur l'assurance-automobile. La justification du mandat est que Me Caron a
été mandaté à la demande expresse du sous-ministre
du ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières parce que, dans le passé, il avait
préparé un avant-projet de loi. Il avait donc une connaissance
approfondie du dossier et les délais pour la préparation du
projet de loi étaient très courts, soit un mois. Le mandat est en
cours.
Le 17 mai 1977, Me Jacques Dagenais, afin d'effectuer des travaux pour
le groupe de travail sur les fonctions policières, présidé
par M. Lucien Saulnier; dans cette affaire, un mandat fut accordé
à Me Dagenais, à la demande expresse de M. Lucien Saulnier,
président du groupe de travail sur les fonctions policières,
entérinée par le sous-ministre de la Justice, ceci en raison de
son expérience dans le domaine policier. Le ministère
concerné est naturellement le ministère de la Justice. Ce qui
veut dire qu'au niveau de ce ministère, il y a eu trois mandats
donnés.
Avant, il y avait 3000 causes au civil.
M. Lalonde: Je vois que plusieurs avocats choisis par le ministre
de la Justice étaient déjà des avocats choisis auparavant.
Ils ne devaient pas être si mal, non?
M. Bédard: Je ne vous ai pas dit qu'ils n'étaient
pas habilités à remplir des mandats, mais il y a une
différence entre 3 causes données et 3000 causes données.
En plus de ça, ça vous prouve que je choisis en fonction
de...
M. Lalonde: De la compétence.
M. Bédard: ...de la compétence et non en fonction
du patronage...
M. Lalonde: Nous autres aussi...
M. Bédard: ...ou de la couleur politique.
M. Lalonde: ...parce que ce sont les mêmes personnes.
M. Blank: Ce sont les mêmes personnes. Cela prouve qu'elles
sont bonnes.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que...
M. Bédard: Vous nous nommerez vos représentants
dans les 3000 causes.
M. Lalonde: Est-ce que le choix des juges, tel qu'annoncé
par le ministre, suit son cours? Autrement dit, le ministre nous a
donné, lors de la première séance de la commission
parlementaire, les comités mis sur pied pour le choix... Est-ce que des
jurys ont été constitués, est-ce que les démarches
ont été entreprises, est-ce que les rencontres ont eu lieu,
est-ce que les nominations ont été faites ou sont sur le point de
l'être?
M. Bédard: Tel que vous le dites, je vous avais
informé du nom de tous ceux qui avaient été retenus aux
fins de constituer les jurys. Je pense que vous avez été à
même de constater jusqu'à quel point la qualité existait.
D'ailleurs, vous l'avez fait remarquer. Ces jurys fonctionnent au moment
où on se parle. Il y a eu, préalablement, une réunion de
tous ceux dont les services avaient été retenus et, à
l'heure actuelle, nous nous attendons que les recommandations
appropriées soient faites pour la fin de juin.
M. Lalonde: Dans un mois.
M. Bédard: Peut-être que chaque jury n'aura pas
terminé son travail complètement d'ici la fin de juin, mais la
plupart. D'autres peuvent retarder un peu étant donné le nombre
de candidatures qu'ils avaient à considérer.
M. Fontaine: Combien y a-t-il eu de candidatures?
M. Lalonde: 105.
M. Bédard: 104 candidats.
M. Fontaine: Pour combien de postes?
M. Bédard: Pour dix postes.
M. Lalonde: Huit?
M. Bédard: Dix.
M. Lalonde: Dix postes. Il y en avaient neuf il y a un mois. Il
me semble que c'était neuf.
M. Bédard: II s'en est ajouté un au
ministère du Travail, au Tribunal du travail, parce qu'il y a eu une
nomination d'un des juges à la Cour supérieure.
M. Blank: Est-ce qu'il n'y a pas le juge Beau-dry?
M. Bédard: Le juge Melançon.
M. Blank: Le juge Beaudry n'est pas nommé...
M. Lalonde: Le juge Victor Melançon a quitté le
ministère du Travail, c'est-à-dire le Tribunal du travail.
M. Bédard: II a été nommé, il y a un
mois à la
Cour supérieure. Je pense que c'est en même temps... Il a
été nommé par le fédéral, en même
temps que M. Jean Bienvenue a été nommé à la Cour
supérieure. J'ai cru voir que ce n'était pas le même mode
de sélection.
M. Lalonde: Excellente nomination.
M. Bédard: Non, je n'ai pas porté de jugement de
valeur. J'ai pu vérifier avec le fédéral, faire quelques
vérifications faciles. Il n'a pas le même mode de sélection
que nous. Sans porter de jugement de valeur, je sais qu'ils ont
été choisis.
M. Lalonde: Non, sans porter de jugement de valeur, non plus, sur
les juges des cours provinciales. Je pense que si on réussit à
maintenir une qualité équivalente à celle de la Cour
supérieure, on ne sera pas perdant.
M. Bédard: Vous avez droit à votre opinion. M.
Lalonde: C'est mon opinion.
M. Bédard: Je ne vous dis pas que je ne la partage pas. Je
ne crois pas que ce soit nécessaire d'émettre des opinions ou des
préférences.
M. Lalonde: Non, mais j'ai cru que la remarque du ministre
pouvait être interprétée négativement.
M. Bédard: Je n'ai jamais cru que les juges choisis au
niveau du Québec avaient à envier quoi que ce soit à ceux
de la Cour supérieure.
M. Lalonde: Non, moi non plus. On a simplement à maintenir
la même qualité, cela va être pas mal.
Le Président (M. Blank): Élément 2,
adopté? M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté.
Élément 3, administration de l'équipement.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait nous donner les
changements?
M. Bédard: Disons que les crédits requis à
cet élément de programme sont nécessités par les
faits suivants: une somme additionnelle de $50 000 a été
estimée pour l'achat de diverses fournitures de bureau. Cette
augmentation est due en majeure partie à la hausse des prix du volume
d'activités au niveau du ministère, ce qui représente une
somme de $50 200.
Il y a eu l'application des conventions collectives, y compris la
révision des traitements et des avancements à l'échelon,
$45 000, des crédits additionnels demandés, à cause de
l'accroissement du nombre de jours/homme de travail, $8200 et diverses autres
augmentations pour un montant de $16 900, pour un grand total de $120 300.
Palais de justice et prisons
M. Lalonde: M. le Président, est-ce irrégulier,
à cet élément, que je parle des palais de justice et des
prisons, au niveau de l'équipement? Est-ce que cela apparaît dans
d'autres éléments?
M. Bédard: Cela apparaît au budget du
ministère des Travaux publics.
M. Lalonde: Je le sais. Naturellement, c'est le ministère
des Travaux publics qui est propriétaire et maître d'oeuvre.
J'imagine que le ministère de la Justice a un mot à dire dans les
programmes de construction. Peut-être que le ministre aurait des choses
à nous dire sur les projets de l'année courante, en ce qui touche
la construction de nouveaux palais de justice ou de maisons de
détention.
M. Bédard: Pour vous donner des renseignements
adéquats, on pourrait procéder avec les cas où des travaux
sont en cours. Pouvez-vous donner les renseignements?
Oui. Parmi les projets dont les travaux sont en cours, il y a le palais
de justice et le centre de détention d'Amos qui sont à peu
près terminés, qui seront terminés d'ici un mois ou deux.
On pourra commencer l'application.
Comme projet amorcé au cours des derniers mois, depuis
février ou mars, il y a le projet de la Sûreté du
Québec à Québec, la première phase, soit les
excavations et les infrastructures du bâtiment. La deuxième phase
est en préparation, les plans et devis. Lorsque la première phase
sera terminée, on procédera aux appels d'offres pour la
deuxième phase, pour compléter le projet. Je n'ai malheureusement
pas le cheminement critique des Travaux publics, mais on prévoit, d'ici
deux ans, que ce sera terminé et occupé, un an et demi à
deux ans.
M. Lalonde: Est-ce qu'on pourrait nous dire à quel endroit
cela se trouve exactement?
M. Bédard: C'est à l'angle du boulevard de la
Capitale et du boulevard Pierre-Bertrand. C'est un terrain qui appartient au
gouvernement et où on retrouve les services du ministère des
Transports et d'autres services gouvernementaux. Ce sont effectivement les deux
seuls projets en marche, en chantier actuellement.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y en a d'autres qui sont à la
veille de...
M. Bédard: II y a l'Etape aussi, le projet de la
résidence de la Sûreté du Québec à l'Etape,
dans le parc national, qui devrait être terminé vers la fin de
juin, pour occupation. Il y a également la Sûreté du
Québec à Sherbrooke. Les appels d'offres ont été
reçus la semaine dernière.
On est en train d'étudier l'octroi du contrat si,
évidemment, les prix correspondent aux budgets. Il y a des projets
d'aménagement. Dans le détail, il y en a, je ne sais pas, $7
millions ou $8 millions qui vont de $1500 à $20 000, $30 000, $40 000.
Mais comme grands projets, ce sont ceux-là présentement.
Il y a beaucoup de demandes de projets qui sont amorcés depuis un
certain nombre d'années qui sont actuellement à l'étude du
Conseil du trésor et on attend l'approbation définitive.
Je n'ai pas besoin de vous dire que la première constatation que
j'ai faite en arrivant au ministère, c'est que, depuis plusieurs
années, il y a toujours des crédits qui sont affectés pour
de nouvelles constructions, mais on se rend compte vite qu'il n'y a pas
beaucoup de constructions qui ont été effectivement faites. C'est
dans cet esprit que cet... Pourtant, les équipements de justice, si on
parle de maisons de détention, de palais de justice sont vraiment dans
un état pitoyable, c'est le cas de le dire, dans un état de
délabrement tel qu'une action énergique est nécessaire
dans ce domaine du point de vue de l'ensemble de l'amélioration des
équipements de justice. Nous avons soumis, au ministère des
Travaux publics et de l'Approvisionnement notre programmation pour
l'année 1977/78.
Nous avons obtenu des crédits, je l'ai dit au début de
l'étude, de l'ordre de $20 millions. Je n'ai pas l'intention, au cours
de ces crédits d'annoncer quelque projet que ce soit, puisque, suite
à une demande du Conseil du trésor, nous devrons soumettre
chacune des demandes. À mesure que nous les soumettrons, nous
espérons que, dans bien des cas, des travaux pourront enfin
commencer.
J'ai souligné, par exemple, plus que des priorités, des
urgences, à mon humble avis, qui se situent au niveau de la construction
de prisons, à Sherbrooke, Trois-Rivières,
Saint-Jérôme, Sept-Îles. J'ai eu l'occasion de faire la
visite, entre autres, de la prison de Sherbrooke. Quand on a fini cette visite,
je vous assure qu'on a su que ce n'est pas seulement qu'une priorité,
c'est le cas de le dire, c'est une urgence. Nous espérons que,
présentant projet par projet, qu'à ce moment-là, on pourra
effectivement dépenser les sommes quand même importantes qui ont
été consacrées à ces fins.
M. Lalonde: Si je comprends bien, dans les priorités du
ministère, sans faire, comme le ministre a dit, d'annonce, parce que
c'est impossible actuellement, mais ces priorités il y aurait des
maisons de détention à Sherbrooke, Trois-Rivières,
Saint-Jérôme et Sept-Îles.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Au niveau des palais de justice, on parle, par
exemple, à Québec d'un palais de justice depuis je ne sais pas
combien de temps. Est-ce que c'est dans les priorités du
ministère?
M. Bédard: Pour ce qui regarde le ministère de la
Justice, nous sommes prêts et je pense que c'est une urgence qu'il y ait
la construction d'une place de la justice à Québec. Vous savez
comme moi que le problème est la localisation. Il y a eu
déjà une commission parlementaire qui a
siégé, concernant l'aménagement de la colline
parlementaire. Suite à cette commission parlementaire, si on parle du
palais de justice, non seulement du palais de justice, mais de l'ensemble de
l'aménagement de la colline parlementaire, il y a un comité
ministériel qui a été formé afin d'approfondir
l'étude de la situation et je ne peux que formuler le souhait qu'on
trouve le site au plus vite de manière que les citoyens puissent avoir
ce à quoi ils ont droit, à une place de la justice qui
réponde vraiment aux besoins, ce qui n'est pas le cas à l'heure
actuelle.
M. Lalonde: Est-ce qu'au niveau des palais de justice,
Québec est la priorité no 1 ou s'il y en a d'autres en
province?
M. Bédard: Je n'aime pas tellement avoir à
énumérer chacun des cas, parce que, tel que je vous le dis, je
veux être bien pratique et avoir les pieds à terre.
Je sais quand on regarde ce qui s'est fait dans le passé, que
cela n'a pas été très vite dans la construction,
malgré tous les espoirs qu'on a fait naître à bien des
endroits. Il y a lieu d'être prudent. Il y a assurément des
endroits qui me semblent exiger, en autant qu'on puisse avoir les
crédits nécessaires, l'action la plus rapide possible. Je pense,
entre autres, à Joliette, Roberval, Shawinigan,
Saint-Jérôme et Québec, dont on a parlé tout
à l'heure.
M. Lalonde: Alors, cela fait partie des priorités du
ministre?
M. Bédard: Enfin, ce sont des endroits que
j'énumère où une action me semble importante, à
partir du moment où les disponibilités financières sont
là.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Puisqu'on est dans la question des prisons, des
centres de détention, j'avais posé une question écrite au
début pour avoir des renseignements précis. Je parlais des
centres de détention qui sont désaffectés. Je demandais
combien de centres sont désaffectés ou utilisés
partiellement et depuis combien de temps. On m'a répondu qu'il y avait
Ville-Marie, Montmagny, Saint-Jean, La Malbaie, Campbell's Bay,
Sainte-Anne-des-Monts et Alma qui sont inutilisés partiellement ou
complètement désaffectés depuis 1974. Il y en a
sûrement un qui n'est pas mentionné là-dedans, c'est celui
d'Arthabaska, que je connais très bien, qui est désaffecté
depuis...
M. Bédard: Vous avez raison, vous pourriez ajouter
Arthabaska.
M. Fontaine: Je trouve que c'est un reste...
M. Lalonde: C'est un centre de détention que le
député connaît très bien.
M. Fontaine: Je le connais pour avoir assisté à
l'inauguration et pour n'avoir jamais vu aucun prisonnier dans ce centre de
détention.
M. Bédard: Vous pourriez ajouter également à
la liste, Arthabaska et Thetford-Mines.
M. Fontaine: Thetford-Mines. Je pense que c'est une espèce
de petit scandale, cette affaire. Je ne sais pas ce que le ministre entend
faire pour trouver une solution à ces problèmes.
M. Bédard: Vous parlez de petits scandales. Le ministre
n'avait pas le choix. Il prend la situation telle que les autres lui ont
laissé.
M. Lalonde: Cela fait six mois. Vous avez eu le temps,
là.
M. Bédard: II va essayer d'améliorer cette
situation.
M. Lalonde: Ce sont des voeux pieux. Qu'est-ce que vous allez
faire? Dites-le. Si c'est un petit scandale, réglez-le.
M. Bédard: Vous l'avez traîné trois ans, le
scandale. Alors, on va prendre le temps d'analyser comme il le faut la
situation avant de procéder.
M. Fontaine: Celui d'Arthabaska.
M. Lalonde: Vous allez peut-être former un
comité?
M. Bédard: Vous auriez peut-être dû en former
un peu plus. Cela aurait sûrement plus avancé que cela n'a
avancé du temps que vous étiez là.
M. Fontaine: Celui d'Arthabaska, entre autres, qui est
désaffecté complètement...
M. Bédard: II ne faudrait pas oublier, quand même,
la nuance dont vous avez fait mention. Ce n'est pas nécessairement des
endroits totalement désaffectés. Il y en a qui sont partiellement
désaffectés. Je pense, entre autres, à un que je connais
très bien, Alma. Ce n'est pas complètement
désaffecté, loin de là.
M. Fontaine: Je prends comme exemple celui d'Arthabaska qui est
désaffecté complètement, il y a même eu des gardiens
pendant deux ans qui étaient payés et nourris dans ce centre de
détention, où il n'y avait même pas un prisonnier. Est-ce
qu'il y a des solutions qui sont...?
M. Bédard: J'ai le renseignement en ce sens que celui
d'Arthabaska on s'en sert le jour.
M. Fontaine: Aucunement. Écoutez, qu'est-ce qu'on en
fait?
M. Bédard: II semblerait qu'on amène des
détenus le matin et on les ramène le soir à
Trois-Rivières?
M. Fontaine: Je m'excuse, mais on les fait attendre dans une
antichambre à côté de la porte de...
M. Bédard: Non, je ne veux pas excuser la situation. Je
vous l'ai dit. Des feux comme ceux que vous me mentionnez, il y en a partout.
J'ai parlé tout à l'heure des équipements de justice,
d'une façon générale. Qu'on parle de maisons de
détention, qu'on parle de palais de justice, la situation est vraiment
alarmante.
M. Fontaine: De toute façon, même si...
M. Bédard: Quand on parle de maisons de détention,
à l'heure actuelle, on fait face à une surpopulation dans nos
prisons, on se demande toujours quand va arriver la catastrophe. Il y a des
centres de détention qui devraient être fermés. Je vous ai
mentionné Parthenais. Même si je vous dis qu'il devrait
normalement être fermé, il reste qu'une fois qu'on a dit cela, il
faut penser où on va loger tout le monde. Alors, cela ne peut pas se
faire du jour au lendemain. C'est dans ce sens que je vous dis que dans la
situation qui nous a été laissée par ceux qui nous ont
précédés, au niveau des maisons de détention et des
palais de justice, il y a du travail à faire.
M. Blank: II me semble que le député a dit
qu'Arthabaska se vide.
M. Bédard: Oui.
M. Blank: Je sais qu'on déménage des prisonniers de
Parthenais pour des cours de Montréal à Orsainville à
Québec. Ce ne serait pas plus logique de les envoyer à
Arthabaska, qui est à la moitié de la distance?
M. Fontaine: Pour quelle raison ce centre n'est-il pas
utilisé? Je ne comprends pas. En attendant, vous avez dit tout à
l'heure que c'était utilisé. Je vois dans le rapport que vous
m'avez fourni, pour Arthabaska que, concernant le coût par jour pour
l'entretien, il n'y a rien. Si on l'utilise, on ne paie personne.
M. Bédard: Ce sont des gens de Trois-Rivières.
M. Fontaine: Mais, de toute façon, il y a peut-être,
je ne sais pas, 20 cellules.
M. Bédard: Je vous ai dit tout à l'heure
l'utilisation...
Voici, M. le Président. Si la prison d'Arthabaska a
été fermée comme les autres, c'est que ces prisons en
étaient rendues à coûter $40 000 par année pour
garder un détenu. Cela veut dire que vous avez, par exemple, la prison
de Montmagny. Cela nous coûtait $400 par jour pour garder un
détenu. À Arthabaska, c'était exactement la même
chose. Vous allez me dire: Comment se fait-il? Toutes ces prisons, si vous
regardez... Ici,
Thetford Mines, par exemple, il y a dix cellules. À Arthabaska,
vous avez 20 cellules. De par la convention collective, nous devons garder un
minimum de personnel à l'intérieur d'une institution. Une
personne... Que vous ayez 2000 détenus dans une prison ou que vous en
ayez un seul, ça vous prend un homme à la porte, mais ça
vous en prend un 24 heures par jour, 365 jours par année, ce qui fait
que ça vous prend cinq hommes. Or, la convention collective dit qu'il en
faut deux. Il ne faut jamais qu'il y ait un surveillant seul. En plus de
ça, il faut qu'il y ait un patron. Mettez...
M. Fontaine: C'est pour ça qu'on les a gardés
pendant deux ans à rien faire à Arthabaska.
M. Bédard: Non, écoutez! À ce
moment-là, les salaires étaient encore assez bas, parce que
là, vous revenez à la convention collective d'avant 1972. Les
salaires ont doublé depuis ce temps. À cette époque,
c'était encore assez économique pour les garder. Mais lorsqu'on
s'est aperçu, surtout vers les années 1972, où notre
population a atteint un niveau très, très bas... De fait, notre
population était, à ce moment-là, à 1200 par jour,
alors qu'à l'heure actuelle, elle est de 2500. Vous aviez, à
Arthabaska et dans toutes ces petites prisons, une population d'un, deux ou
trois détenus, et il fallait garder un personnel de 25 employés.
C'est pour cette raison que nous avons fermé les prisons et,
plutôt, nous avons tout dirigé les détenus vers les
régionales. Nous les avons transportés du jour au lendemain, ce
qui était beaucoup plus économique et, en même temps, nous
étions capables de satisfaire aux besoins de la justice.
M. Fontaine: Mais il n'y aurait pas possibilité de les
emplir, ces prisons, si on manque de place à d'autres endroits?
M. Lalonde: ... à moins qu'on manque de
détenus.
Une voix: On manque de place à d'autres endroits...
M. Johnson: ... augmenter le taux de criminalité!
M. Fontaine: ... ou à les affecter à d'autres
choses. À Arthabaska, le palais de justice est neuf. Le plancher n'est
même pas égratigné. Je ne sais pas s'il y avait moyen de
faire une autre installation pour... amener un autre ministère à
cet endroit et utiliser ce... C'est chauffé, c'est éclairé
et il y a tout ce qu'il faut là-dedans.
M. Bédard: Si vous regardiez, M. le Président, les
chiffres que nous vous avons fait parvenir, vous verriez que, dans les prisons
principales, par exemple, ça nous coûte environ $46 par jour pour
garder un détenu. Parlons des grosses institutions. Si vous allez dans
les régionales, nous sommes rendus, à ce moment-là,
à $57 par jour et, dans le secondaire, les plus petites
institutions,
vous êtes rendus à $92 par jour. Mais dans toutes les
institutions qui sont ouvertes, vous avez au moins 40 détenus de sorte
que si vous baissez encore de 20 détenus, ça nous prend
exactement le même personnel, mais vous doublez la pension de ces
gens-là. Lorsque vous êtes rendus à payer $200 par jour
pour garder un détenu dans une prison, on doit commencer à se
poser des questions.
M. Fontaine: Combien pouvez-vous mettre de détenus
à Arthabaska?
M. Bédard: 20, c'est tout. Vous avez quatre sections. Vous
avez une section pour les juvéniles, une section pour les
prévenus, une section pour les femmes et une section pour les
détenus. Cela nous prend des surveillants pour les quatre sections,
parce que la loi nous oblige à faire de la
ségrégation.
M. Fontaine: Si je vous demande combien ça coûte
pour entretenir ça actuellement, parce que c'est vide, vous allez me
dire de me référer au ministère des Travaux publics, je
suppose?
M. Bédard: Oui, parce que c'est ce ministère...
M. Fontaine: Quand je suis allé au ministère des
Travaux publics, on m'a dit de me référer au ministère de
la Justice.
M. Bédard: Le dites-vous en farce ou le dites-vous pour
vrai?
M. Fontaine: Non. C'est exact. J'y suis allé.
M. Bédard: Normalement, retournez au ministère des
Travaux publics.
M. Lalonde: M. le Président, au nom de l'Opposition, je
proteste. On n'a pas le temps de se promener d'un ministère à
l'autre. J'imagine que le ministère de la Justice doit le savoir.
M. Bédard: II ne proteste pas fort.
M. Lalonde: Sérieusement. On peut faire des blagues, mais,
quand même...
M. Bédard: Ce que dit M. Gauthier est qu'il ne peut vous
fournir le renseignement. Cela ne peut pas être un montant
élevé. C'est évident.
M. Fontaine: Serait-il possible d'avoir le renseignement?
Le Président (M. Clair): À une prochaine
séance.
M. Bédard: Sûrement. On trouvera le moyen de vous
produire cela, peut-être dès demain, si c'est possible. Nous nous
référerons nous-mêmes au ministère des Travaux
publics, pour vous éviter une démarche...
M. Fontaine: J'espère que le ministre de la
Justice va prendre en considération ce problème qui
coûte extrêmement cher à la province, pour essayer d'avoir
une utilisation maximale de ces espaces.
M. Bédard: II est évident que je n'ai pas eu le
temps de le faire jusqu'à maintenant, mais je me propose, durant
l'intersession, de faire les visites nécessaires, quand on parle de
maisons de détention, afin de vérifier la situation sur
place.
Je crois que c'est la meilleure manière de se rendre compte et
d'évaluer les remèdes à apporter et de déterminer
aussi les priorités. Je n'ai eu qu'à visiter celle de Sherbrooke
pour m'apercevoir que ce n'était vraiment pas un endroit acceptable.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Nicolet-Yamaska, si vous désirez changer de sujet, le
député de Sainte-Marie a manifesté le désir
d'intervenir sur les maisons de détention.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Clair): Le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Ma question concerne Parthenais. On sait qu'il y a
des travaux qui, actuellement, sont effectués à Parthenais, en
particulier pour changer le système de climatisation ou pour installer
le système de climatisation. Par ailleurs, il y avait depuis longtemps
un comité qui avait siégé pour penser un projet afin de
reloger le centre de prévention Parthenais ailleurs que dans les locaux
où il se trouve actuellement.
Peut-on m'expliquer que des travaux assez importants se fassent
actuellement et que, par ailleurs, on pense à reloger l'institution
ailleurs?
C'est la première partie de ma question. J'aurais d'autres
questions additionnelles sur le même sujet.
M. Bédard: D'abord, du point de vue pratique, je l'ai
déjà dit, pour Parthenais, il va falloir vraiment penser à
construire ailleurs. Cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. À
l'heure actuelle, on est pris à Parthenais avec une surpopulation de
détenus. Les travaux qui s'y effectuent sont des travaux de ventilation,
des travaux qui ne sont quand même pas majeurs mais nécessaires,
si on tient compte de la surpopulation qui existe et de la situation
actuelle.
M. Bisaillon: On peut donc être assuré que les
travaux actuels pourraient éventuellement servir à
l'édifice, même ultérieurement...
M. Bédard: Ah oui.
M. Bisaillon:... et que cela ne bloque en rien...
M. Bédard: Non.
M. Bisaillon: ... les travaux ou la possibilité de
relogement de l'institution.
M. Bédard: Cela ne nuit absolument en rien aux
possibilités de relogement et, après cela, au projet que nous
devons réaliser de remplacer cette institution de détention.
M. Bisaillon: À ce stade-ci, serait-il possible de savoir
du ministre si un échéancier de travail ou d'implantation existe
déjà face au relogement de Parthenais et, s'il n'existe pas,
pense-t-on pouvoir mettre les choses en branle cette année?
M. Bédard: Cela dépend en grande partie des Travaux
publics, mais également des autorisations qui nous seront données
par le Conseil du trésor. J'ai mentionné tout à l'heure le
budget que nous avions; chacun des projets qui est quand même imposant
par comparaison avec ceux des autres années avec ces $20 millions, nous
devrons, au niveau de chacun des projets aller quand même au Conseil du
trésor, et nous nous proposons de le faire rapidement.
M. Bisaillon: Entre-temps, pourrais-je aussi savoir si, jusqu'au
moment où l'institution sera relogée, il y a un budget
spécial d'équipement et de personnel de prévu pour la
présente année dans le cas de Parthenais.
Je voudrais donner un exemple assez précis que je trouve
significatif. J'ai visité l'institution de Parthenais. Il y a un service
d'infirmerie qui est assez bien équipé... Pardon?
M. Fontaine: À Parthenais?
M. Bisaillon: Comme député du comté et aussi
comme représentant de gens qui s'y trouvent. Il y a une infirmerie assez
bien équipée. Il y a entre autres tout un secteur où on
peut prendre des radiographies pour les détenus, mais actuellement ce
service ne peut fonctionner parce qu'il manque un radiologiste. Le fait qu'il
manque cette personne spécialisée, qu'elle ne soit pas
engagée, oblige l'institution à envoyer dans chacun des
hôpitaux de Montréal les détenus qui ont besoin de tels
traitements; lorsque les détenus ont à se faire traiter ensemble,
il arrive et cela, on me l'a expliqué que trois ou quatre
détenus, soit se blessent, etc.... Ils ont besoin ensemble,
simultanément, de soins, ils sont acheminés dans des
hôpitaux différents. Donc, quatre gardes pour les accompagner,
quatre conducteurs.
M. Bédard: Ce que vous relatez est exact, mais il y en a
un qui a été engagé depuis.
M. Bisaillon: Est-ce que je pourrais savoir la date
d'engagement?
M. Bédard: Je pourrais vous donner la date. Il y a deux
mois. C'est au mois d'avril que le contrat a été
signé.
M. Bisaillon: Cela prouve l'efficacité, monsieur.
M. Bédard: Cela faisait deux ans que nous en cherchions
un.
Cela vous prouve l'efficacité du ministère depuis le 15
novembre.
M. Bisaillon: C'est cela.
M. Bédard: Là où on peut agir rapidement, on
le fait. Là où c'est plus difficile, on essaie de...
M. Blank: Cela se fait depuis deux ans. Les instructions d'en
trouver un ont été données depuis deux ans.
M. Bédard: Ce n'est pas tout de donner des instructions,
il faut pousser.
M. Lalonde: Souvent on dit: Après moi le déluge,
mais dans le cas du ministre, c'était avant moi, le déluge.
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Un peu dans le sens du député de
Sainte-Marie. À part de mettre tout cela sur la faute de l'ancien
gouvernement, est-ce que le nouveau ministre, au cas où il ne le saurait
pas, cela fait six mois qu'il est là, est-ce qu'il s'est fixé un
échéancier pour déterminer quels correctifs il va
apporter. Je sais que le Conseil du trésor a beaucoup à dire
là-dedans, mais est-ce qu'il s'est fixé un
échéancier à l'intérieur duquel on pourra savoir,
soit à l'Assemblée nationale sous forme de questions ou
autrement, quelles sont les décisions qu'il va prendre à propos
des maisons de détention à construire ou à
réaménager et aussi à propos des palais de justice?
M. Bédard: Concernant Parthenais, selon
l'échéancier que nous nous sommes fixé, d'ici cinq ans, on
devrait avoir réalisé les nouvelles constructions
nécessaires. Dès que nous allons avoir les autorisations de la
part du Conseil du trésor, nous allons faire les engagements
nécessaires aux fins de procéder aux plans et devis et
fonctionner le plus rapidement possible.
M. Lalonde: J'ai compris cinq mois ou cinq ans?
M. Bédard: Cinq ans.
M. Lalonde: Pour Parthenais?
M. Bédard: Je ne parle pas des plans et devis.
M. Lalonde: Pour les autres projets. On parle d'une maison de
détention à Sherbrooke, Trois-Rivières,
Saint-Jérôme, Sept-Îles, palais de justice à
Québec, Joliette, Roberval, Shawinigan. Est-ce que le ministre s'est
fixé un échéancier où il pourra nous
annoncer...
M. Bédard: Je peux vous dire une chose. Quand le Conseil
du trésor va m'avoir dit oui sur des projets que je crois prioritaires,
cela va fonctionner vite.
M. Lalonde: C'est quoi ça.
M. Bédard: Je ne suis quand même pas l'architecte et
le constructeur en même temps.
M. Lalonde: Non, en fait je...
M. Bédard: Tout ce que je vous dis c'est que je vais
pousser là où il faut pousser pour que cela se réalise
vite.
M. Lalonde: Alors, on peut penser à quelques mois.
M. Bédard: C'est bien beau des échéanciers.
C'est plein les armoires au ministère de la Justice des
échéanciers de construction de palais de justice et de maisons de
détention, plein les armoires, tant que vous en voulez. Et vous nous
avez endormis depuis trois ans dans l'Opposition avec des
échéanciers, appelez cela comme vous voulez, et rien ne s'est
fait.
M. Lalonde: Oui, mais réveillez-vous là.
M. Bédard: Non, laissez-moi vous répondre. Il n'y a
rien qui s'est fait. Des gens qui fonctionnent seulement avec des
échéanciers, qui pensent avoir tout réglé les
problèmes parce qu'ils ont un échéancier en main, je
m'aperçois que cela ne règle pas grand-chose. Comme je vous dis,
j'ai les pieds à terre, j'essaie d'être pratique. Quand j'aurai
des autorisations, l'échéancier, entre vous et moi, il ne sera
pas long à penser.
M. Lalonde: Alors, on peut compter sur une décision dans
quelques mois?
M. Bédard: Vous viendrez avec moi au Conseil du
trésor.
M. Lalonde: Si vous m'invitez. M. Bédard: Pourquoi
pas?
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Sur un autre...
Le Président (M. Clair): Sur un autre sujet.
M, Fontaine: II y a un autre problème concernant
l'élément de l'équipement... C'est une question qui
intéresse également le président de la commission.
On a, dans les différents palais de justice de la province, assez
souvent, une salle où il est censé y avoir des livres, ce qu'on
appelle une bibliothèque. Mais il n'y a pas de livres dedans. Est-ce que
le ministre...
M. Bisaillon: Une salle de lecture ici, quoi.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre de la Justice aurait des
solutions à apporter à ce problème?
M. Bédard: Les solutions que nous avions dans le
passé étaient d'acheter des fonds de bibliothèques
laissées par des avocats ou des juges qui se retiraient.
M. Fontaine: Vous allez avoir l'occasion d'en acheter plusieurs,
parce qu'il va y en avoir plusieurs.
M. Bédard: Cela va coûter moins cher.
L'expérience que nous avons eue nous a démontré que
le contenu de ces fonds de bibliothèque variait beaucoup, d'une part,
et, d'autre part, qu'il est très difficile de les conserver intacts et
de continuer de les maintenir à jour avec les nouvelles publications.
D'autant plus qu'au cours des années plusieurs des ouvrages contenus
dans ces fonds de bibliothèques disparaissaient au fur et à
mesure des mois, malgré une surveillance minimale que nous essayions
d'exercer. De sorte que, même si c'est une solution intéressante
théoriquement, en pratique, elle s'est avérée difficile
d'application. Je me souviens personnellement de la bibliothèque du
palais de justice de Sherbrooke qui était excellente avant que
l'Université de Sherbrooke et la faculté de droit de cette
université ne commencent à y siéger. Je me souviens qu'au
moment où j'ai quitté cette faculté de droit, le nombre de
volumes de la bibliothèque était pas mal inférieur au
nombre de volumes que j'y ai trouvé en arrivant.
Je ne veux pas réclamer la paternité de la
découverte de la disparition de ces volumes, mais c'est un fait que nous
constatons, d'ailleurs, dans d'autres bibliothèques de cette nature.
Nous avons cru que la façon de régler le problème pour
l'ensemble des bibliothèques et des palais de justice à travers
le Québec était de les doter de systèmes de minibiblex, de
concert avec la Société québécoise d'information
juridique. Nous aurions donc sur microfiches, non seulement les rapports
judiciaires, mais également les grandes collections d'auteurs, les
collections Trudel, Migneault, etc., de sorte que nous pourrions facilement
remplacer les fiches manquantes à un très bas coût,
maintenir ces bibliothèques à jour assez facilement ou les
acquérir à un coût minime. Tout ce qu'il faut, c'est
ajouter un appareil peut-être un peu plus sophistiqué que celui
qu'on trouve dans les bureaux d'avocats, de façon à faciliter la
lecture des microfiches et avoir également une imprimante qui puisse
doubler le système de microfiches. Les avocats ou les juges, qui
voudraient consulter ces microfiches, pourraient ainsi obtenir des photocopies
des documents qu'ils liraient sur l'écran.
C'est la solution vers laquelle nous nous dirigeons.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Nicolet-Yamaska, pour préciser davantage parce que ça
intéresse directement le district judiciaire de Drummondville qui a
été créé en 1964, est-ce que vous pourriez demander
au ministre...
M. Fontaine: S'il y a un échéancier...
Le Président (M. Clair): ...s'il y a un ordre de
priorité, d'autant plus que, dans le district de Drummondville, on
nommera un juge résident et on n'a pas le moindre livre qui ressemble
à quelque chose de judiciaire ni le moindre rapport judiciaire pour
constituer une bibliothèque pour le palais de justice. Vous savez fort
bien qu'il faut aller emprunter les volumes dans votre district judiciaire
d'Arthabaska.
M. Bédard: Je n'ai pas d'ordre de priorité. Nous
ferons une évaluation.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Bédard: Je ne doute pas qu'il y ait là des
représentants qui soient capables de faire valoir leur point de
vue...
Le Président (M. Clair): On a commencé, M. le
ministre.
M. Bédard: ...et leurs priorités.
M. Fontaine: Concernant le personnel de soutien, on a
parlé tout à l'heure d'avocats et de notaires. Est-ce que vous
pouvez nous dire combien de personnes ont été engagées
pour ces avocats et ces notaires?
M. Bédard: Disons qu'une quarantaine de personnes,
à peu près, ont été engagées comme personnel
de soutien. Maintenant, ça peut représenter une dépense de
l'ordre de... je ne pourrais pas préciser exactement ce que ça
représente comme dépense.
M. Fontaine: Approximativement? M. Bédard:
J'aimerais autant...
M. Lalonde: À peu près une moyenne de $10 000, un
peu plus, par personne? Un peu plus que ça.
M. Bédard: Un peu plus de $10 000.
M. Lalonde: Si c'était $12 000, ça ferait $480
000.
M. Bédard: De l'ordre de $500 000, disons. M. Fontaine:
C'est tout.
Le Président (M. Clair): Étant donné qu'il
n'y a pas d'autres intervenants sur ma liste concernant l'élément
3 du programme 2, j'appellerai immédiatement pour adoption
l'élément 3 du programme 3.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
Élément 4. M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Là-dessus, les crédits
additionnels qui ont été requis à cet
élément de programme sont nécessités par les faits
suivants: D'abord, des crédits additionnels demandés à
cause de l'accroissement du nombre de jours/homme de travail, $46 400;
crédits additionnels requis pour les trois postes additionnels qui ont
été accordés pour l'expansion de ce service, $40 000; la
mise en application des conventions collectives, y compris les révisions
de traitement et les avancements d'échelons, $16 600; l'augmentation
prévue pour les frais de déplacement causés par la hausse
des tarifs accordés aux employés pour leurs déplacement,
$12 400; autres augmentations et diminutions, $400, pour un total de $115
800.
M. Lalonde: M. le Président, quels sont les
problèmes particuliers que le ministre affronte dans cet
élément de l'administration financière?
M. Bédard: C'est une question colle. M. Lalonde: II
faut quand même...
M. Bédard: Je pense qu'à prime abord, il faut
intensifier la vérification de l'administration financière au
niveau de chacun des secteurs qui sont concernés.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre a des dispositions
particulières à prendre en ce qui concerne le contrôle,
pour donner suite à des recommandations qu'il aurait reçues du
Vérificateur?
M. Bédard: Dans chacun des cas, à ce qu'on m'a
informé, les recommandations faites par le Vérificateur
général ont été suivies, des corrections ont
été faites.
M. Lalonde: II n'y a rien de majeur ou de...
M. Bédard: II n'y a absolument rien de majeur de ce
côté. Au niveau des recommandations faites par le
Vérificateur général, il n'y avait rien de majeur.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y a quand même quelque chose en
faveur de l'efficacité de l'ancienne administration?
M. Bédard: II fallait toujours bien que vous fassiez
quelque chose de bien, après tout. Cela représente $115 800.
M. Lalonde: Ce n'était pas une colle, mais...
M. Bédard: Ce n'est quand même pas si difficile que
cela à administrer.
M. Fontaine: Je n'ai pas de questions.
Le Président (M. Clair): Adopté.
L'élément 4?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Élément 5 du
programme 3. Le ministre de la Justice.
M. Bédard: Est-ce que vous voulez les
éléments qui sont concernés par l'augmentation?
M. Lalonde: II y a $350 000 de plus.
M. Bédard: Ces crédits additionnels ont
été requis, premièrement, par la mise en application des
conventions collectives, y compris la révision des traitements, les
avancements d'échelons, $162 400; les ressources additionnelles
prévues pour l'expansion de certains systèmes d'informatique
représentant 18 postes, $156 700; l'augmentation des crédits
prévus pour les personnes qui prendront leur congé
préretraite, $16 200; diverses autres augmentations ou diminutions de
l'ordre de $19 100, pour un total de $354 400 d'augmentation.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre peut nous dire quels sont les
services particuliers que ces $4 millions de crédit couvrent? Le
système de gestion... Je reviens peut-être à la question
précédente; quand, à l'administration financière,
je demandais les problèmes particuliers que le ministre affronte, c'est
que, c'est assez sec, assez limité comme description, pour un
député de l'Opposition, pour savoir exactement ce que cela
couvre. Il s'agit de $4 millions.
En sous-question, les 18 postes additionnels, cela doit
représenter, ou être le résultat d'une nouvelle
démarche, de nouvelles activités. Est-ce que le ministre pourrait
nous dire lesquelles?
M. Bédard: C'est réparti comme suit: Le service de
l'informatique, qui représente $2 771 700; le service de la
documentation, qui représente $655 800; le service d'organisation et
méthode, $571 800. C'est comme cela que se répartissent les
sommes auxquelles vous faites allusion.
M. Lalonde: Mais les 18 postes nouveaux, c'est pour quelles
activités additionnelles?
M. Bédard: La saisie des données au niveau du Code
de la route et l'engagement de certains employés permanents, au niveau
de l'analyse des données en question.
M. Lalonde: Étant donné qu'on parle d'informatique,
M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous dire quelles
épargnes le ministère va faire à la suite de
l'amélioration du système d'informatique?
M. Bédard: Disons que si on procédait manuellement
pour faire le travail plutôt que de procéder par l'informatique,
c'est évident que cela coûterait beaucoup plus cher, ce serait
beaucoup plus dispendieux. Maintenant pour ce qui est de vous dire ce que cela
représente exactement d'épargne, je pourrais peut-être
essayer de vous fournir ce renseignement, mais je me demande même si on
est capable de l'identifier.
M. Lalonde: Autrement dit, il faut faire le travail, puis vous
choisissez de le faire de façon mécanique...
M. Bédard: C'est cela. Et quand on parle des dix-huit
postes aussi là, on a vérifié, il y a plusieurs
occasionnels qui étaient engagés et qui ont été
changés pour des permanents.
Le Président (M. Clair): Le député
D'Anjou.
M. Johnson: M. le Président, je ne suis pas sûr que
ma question s'adresse au bon ministre. Je ne suis même pas sûr
d'ailleurs qu'elle s'applique au bon programme. Puisque le député
de Marguerite-Bourgeoys a soulevé la question de l'informatique et de
son utilisation au ministère, j'ai entendu dire et je crois avoir lu
dans des journaux récemment que le Bureau des véhicules
automobiles, pour une raison technique, aurait décidé d'annuler
les points de démérite antérieurs, je crois, au 1er avril.
Est-ce que ce sont les transports qui nous diront cela ou le contentieux de la
Justice?
M. Bédard: On peut vous dire que ce n'est pas le cas.
M. Johnson: Ce n'est pas le cas. M. Bédard: C'est
cela.
M. Johnson: En second lieu, si je peux continuer dans cette ligne
de questions... Je présume que...
M. Bédard: On n'est pas sans savoir qu'il y a une faille
dans la loi actuelle. Le ministre des Transports a d'ailleurs indiqué en
Chambre qu'un amendement rapide pourrait être apporté du point de
vue législatif, afin de corriger la situation.
M. Johnson: Parce que probablement, avant qu'on soit dans une
guérilla judiciaire, si j'ai bien compris, pour avoir parlé
à des gens du contentieux du bureau, c'est que les gens vont aller de
façon systématique en appel devant le tribunal des
Transports.
M. Bédard: C'est cela.
M. Johnson: ... Il s'agit, si je comprends bien, d'une
formalité ou d'un...
M. Bédard: À cause de la faille qui existe, c'est
assurément une formalité. Dès qu'elle est remplie par
l'individu qui...
M. Johnson: II faut que les gens se battent si je comprends
bien.
M. Bédard: ... est visé d'une façon tout
à fait spéciale par les points de démérite, cela
donne le résultat que vous connaissez, ce qui implique la
nécessité d'agir rapidement avec un amendement en
conséquence.
M. Johnson: D'accord.
M. Fontaine: II faut connaître les failles puis il faut
aller en appel.
Une voix: C'est cela, le député de Nicolet-Yamaska
semble les connaître.
M. Fontaine: Je les connais, je suis allé au tribunal des
Transports cette semaine, pour six dossiers.
M. Bédard: ... en faire une incitation plus qu'il ne le
faut.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: C'est une question justement qui concerne les points
de démérite, parce que je ne connais pas le système, ni
comment cela fonctionne. On m'avait dit que c'étaient douze points de
démérite pour perdre son permis de conduire et être sujet
à une V-2-C ou une V-30-C. Maintenant, j'ai vu un cas
dernièrement où quelqu'un qui reçoit un rapport du
ministère, qui reçoit neuf points de démérite pour
un geste quelconque total de points perdus, neuf on lui reprend
immédiatement son permis de conduire et on le suspend pour deux ans. Je
me demandais si c'est une erreur ou si c'est un défaut technique parce
que cela peut se produire dans plusieurs cas.
M. Bédard: La situation qui se présente dans le cas
de quelqu'un qui a perdu neuf points, c'est qu'il peut être
assigné devant le directeur ou un fonctionnaire et qu'à ce
moment-là c'est discrétionnaire. Le fonctionnaire a un pouvoir
discrétionnaire d'annuler le permis. Il y a un appel comme dans tous les
autres cas, au niveau du tribunal des Transports. Maintenant, il est
évident qu'avec douze points, c'est automatique, il y a suspension du
permis.
M. Laberge: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Clair): L'élément 5 du
programme 3 sera-t-il adopté?
M. Fontaine: Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Élément 6 du
programme 3. M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Concernant l'élément 6, qui
regarde la direction générale des affaires législatives,
la Commission de refonte des lois nécessitera, en 1977/78, des
crédits additionnels de $504 600. Les crédits additionnels
accordés à cette commission serviront à financer la
composition et l'impression de 6000 exemplaires des Lois refondues du
Québec, 1975. Le reste de l'augmen- tation estimée au niveau de
cet élément servira principalement à financer le
coût des traitements additionnels dûs à la mise en
application des conventions collectives, ainsi qu'à l'augmentation des
effectifs en place, ce qui représente une somme de $125 100. Ce sont les
informations que je puis vous donner.
M. Blank: Est-ce que cette refonte, cette fois-ci, sera faite en
"loose-leaf"?
M. Lalonde: En feuilles mobiles? M. Bédard: C'est
cela.
M. Lalonde: Est-ce à cet élément qu'on
retrouve l'Office de révision du Code civil?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: C'était dans le programme 3,
élément 1.
M. Bédard: Vous pouvez quand même poser vos
questions.
M. Lalonde: On pourrait quand même poser des questions.
M. Bédard: Assurément.
M. Lalonde: Je croyais que c'était dans les affaires
législatives. On a de ces façons de décrire les
éléments qui trompent les profanes comme moi. J'aimerais, avec la
permission du ministre, poser des questions. Je vois que le président de
l'office est ici.
M. Bédard: Ce qui prouve que, même lorsqu'on a
été au ministère, il y a des choses qu'on n'a pas
apprises.
M. Lalonde: C'est à n'y rien comprendre!
M. Bédard: Même après trois ans au
ministère.
M. Lalonde: Je vois que le président de l'office est ici;
j'aimerais qu'il éclaire la commission sur les travaux.
M. Bédard: Sûrement, on pourra revenir sur ce
point-là. Y a-t-il d'autres informations que vous désirez sur
l'élément 6?
M. Lalonde: Peut-être après, oui.
M. Bédard: Pourquoi ne pas procéder tout de suite
sur l'élément 6, quitte a revenir, après cela, sur la
question de la révision du Code civil?
M. Lalonde: Comme vous voudrez.
Le Président (M. Clair): On pourrait adopter
l'élément 6 et poser des questions après.
Refonte des lois
M. Lalonde: J'avais certaines questions sur la Commission de
refonte des lois. Ces $500 000 additionnels, j'imagine que c'est un effort
budgétaire temporaire. C'est pour cette année, cela va être
complété et, l'an prochain, cela ne reviendra pas?
M. Bédard: C'est spécifiquement pour la composition
et l'impression, comme je l'ai dit tout à l'heure, de 6000 exemplaires
des Lois refondues du Québec, 1975. Je ne crois pas que cette
dépense soit nécessaire, qu'il y ait nécessité de
la répéter l'an prochain.
M. Lalonde: Je vois que Me Jacoby s'est approché de la
table.
M. Bédard: Pour la mise à jour des
règlements.
M. Lalonde: Où en est rendu ce travail de refonte qui est
assez considérable, si je comprends bien?
M. Bédard: Au niveau de la refonte du Code civil?
M. Lalonde: De la refonte des lois.
M. Bédard: Actuellement, tous les travaux
préliminaires ont été faits, depuis l'automne. Sur une
possibilité de 385 lois qui seront refondues, il y a actuellement 150
lois qui ont été révisées, vérifiées
quatre fois. Le travail devrait se terminer vraisemblablement au début
de septembre.
M. Fontaine: Voulez-vous vous approcher un peu, on vous entend
mal?
M. Bédard: Le travail d'intégration des
données juridiques dans la refonte devrait se terminer au tout
début de septembre. Il y aurait ensuite un délai de quatre mois,
d'après les estimations qui ont été fournies par l'Editeur
officiel, pour l'impression de la refonte des lois, ce qui, si ces estimations
sont exactes, nous permettrait d'avoir les lois refondues dès le
début de l'année 1978.
M. Lalonde: Donc, cela porterait la date de 1978, si je comprends
bien.
M. Bédard: Non. Là, on est en train de faire des
modifications. Étant donné qu'on aura deux éditions, une
édition reliée chaque année, il y aura aussi les lois
refondues de 1976 parce que le point d'arrêt sera le 31 décembre
1976. Par contre, l'édition sur feuilles mobiles s'appellera les lois du
Québec. Elle ne portera pas de date parce qu'elle sera mise à
jour continuellement.
M. Lalonde: C'est un nouveau service?
M. Bédard: C'est un nouveau service qui va être
assuré conjointement par le ministère de la Justice et par
l'Editeur officiel.
M. Lalonde: Qui va prendre à peu près la forme des
règlements actuels du service de réglementation en feuilles
mobiles qui est mis à jour régulièrement?
M. Bédard: II n'y a pas de mise à jour
systématique des règlements d'application des lois. Là,
c'est un autre projet, éventuellement.
Si les crédits nous sont accordés, nous allons, dès
la fin de la refonte des lois, aborder la refonte et la mise à jour
permanente de la réglementation du Québec de manière que,
dans les mêmes volumes, on puisse retrouver à la fois la loi, les
règlements d'application, de même qu'un index et une table des
matières, au début de la loi et des règlements, qui,
elle-même, serait mise à jour en même temps que les
modifications qui seraient intégrées d'une manière
continue aux lois et aux règlements.
Ce serait un travail qui pourrait prendre environ trois ans étant
donné qu'il faut remonter à la Confédération.
M. Lalonde: Je n'ai pas d'autres questions.
M. Fontaine: Combien y a-t-il de légistes qui travaillent
à votre ministère?
M. Bédard: II y a, dans la direction
générale, une direction de la législation qui comprend
cinq légistes. Il y a, au BLD, le bureau de la législation
délégué qui vérifie la légalité des
règlements, quatre personnes affectées à la
réglementation. Dans l'équipe de la refonte des lois, il y a six
professionnels qui sont des avocats ou des agents de recherche.
M. Fontaine: Cela comprend-il le personnel de l'Assemblée
nationale?
M. Bédard: Non.
M. Fontaine: Sur le point précis de la législation,
je n'ai pas d'autre chose pour le moment.
Le Président (M. Clair): On pourrait donc adopter
l'élément 6?
M. Fontaine: Je ne sais pas s'il y en a d'autres qui ont des
questions sur le même sujet. Je voulais aborder le point des clauses
privatives. Je pense que cela est au bon endroit.
Il s'agit d'un point académique qui m'intéresse
particulièrement. C'est une politique législative, qui existe
depuis longtemps, dont le but est de protéger nos tribunaux
inférieurs d'une pléiade de procédures judiciaires qui
retarderaient indûment la bonne marche de l'administration de la justice.
Entre autres, d'éminents juristes québécois, comme le
sous-ministre de la Justice, M. Dussault, et M. Philippe Cutler, se sont
prononcés contre l'usage abusif de ces clauses dans nombre de lois. Dans
le cadre de la réforme de l'organisation judiciaire, laquelle comprend
tout le secteur des tribunaux administratifs, le ministre de la Justice
entend-il réévaluer cette politique dans ce
domaine, dans le but de mettre un frein ou d'éliminer
complètement l'usage des clauses privatives?
M. Bédard: Vous aviez d'ailleurs abordé ce sujet
lors de l'ouverture des crédits.
M. Fontaine: Oui, j'en avais glissé un mot.
M. Bédard: Vous l'aviez mentionné. Il y a un
comité qui est formé pour étudier l'opportunité de
garder ou pas ces clauses privatives. On parle de droits substantifs, on ne
parle pas de crédits. On m'informe qu'il y a possibilité qu'un
rapport là-dessus soit fourni au début du mois d'août.
M. Fontaine: Ce rapport sera-t-il rendu public?
M. Bédard: Je ne peux pas m'engager d'avance, mais je ne
verrais pas quelles seraient les objections majeures qui puissent
empêcher que ce soit livré à la connaissance du public. Tel
que vous l'avez mentionné également, M. René Dussault est
certainement reconnu comme un expert en la matière. Ceci ne peut que
contribuer à nous aider à trouver la solution la plus
équitable possible dans les circonstances.
M. Fontaine: Merci.
Le Président (M. Clair): Y a-t-il d'autres questions sur
l'élément 6?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): L'élément 6 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Office de révision du Code civil
Le Président (M. Clair): Avant de commencer un autre
programme, il y a des questions concernant l'Office de révision du Code
civil. J'ai compris qu'on convenait d'en discuter immédiatement. Est-ce
bien cela? L'Office de révision du Code civil?
M. Bédard: Concernant l'Office de révision du Code
civil, nous avons avec nous Me Crépeau que j'ai eu l'occasion de
rencontrer à quelques reprises.
Nous nous attendons que le dernier rapport soit remis au cours de
l'été qui s'en vient; à ce moment-là, nous pourrons
penser à envisager un échéancier d'étude de la
révision du Code civil. C'est un travail énorme qui attend les
membres de la commission parlementaire, mais il est évident que c'est
notre intention, avant de commencer les travaux, d'avoir au moins une
consultation au niveau des membres de la commission parlementaire afin de voir
de quelle façon on pourrait le faire le plus rapidement possible et le
plus efficacement possible aussi.
M. Blank: Pour faire part de mon expérience, j'ai fait
partie du comité qui a fait le nouveau code de procédure civile
en 1964. On a travaillé neuf mois, je pense, un comité restreint
de quatre députés, plus le sous-ministre du temps, M.
Chouinard.
M. Bédard: C'est un travail énorme, il faut de la
consultation, même en ce qui a trait à la population parce qu'il
s'agit plus que de rédiger des lois, c'est presque une manière de
bible. Me Crépeau voudrait peut-être donner des informations
supplémentaires, si vous avez des questions précises.
M. Lalonde: Oui, mais, M. le Président, on suit le
cheminement des travaux de l'Office de révision depuis plusieurs
années et l'office a produit des travaux considérables aussi dans
divers secteurs. Ce que j'aimerais du président, c'est qu'il
détaille un peu ce que le ministre vient de dire; quels sont les
programmes de travail actuels pour l'année courante? Aussi, est-il
possible que Me Crépeau nous indique quels sont les chapitres qui
seraient révisés en profondeur dans le Code civil? Finalement,
c'est une inquiétude que plusieurs partagent, dans quelle mesure une
révision comme celle-là peut-elle respecter l'esprit qui a
présidé à la rédaction du Code civil que nous
avons? Dans quelle mesure pouvons-nous éviter de tomber dans la
rédaction "anglaise" des lois, rédaction très
élaborée, au lieu du simple principe énoncé, comme
on le voit dans le Code civil actuellement? Est-ce qu'on va hériter,
à la suite de ces travaux, d'un code très considérable, ou
serait-il possible de moderniser notre Code civil mais sans tomber dans
l'excès que nous voyons souvent dans la rédaction de nos lois,
extrêmement détaillées? Je ne sais pas si Me Crépeau
me comprend, si j'ai été assez clair, mais on pourra
peut-être élaborer un peu là-dessus.
M. Bédard: On a posé trois questions.
Premièrement, le programme actuel des travaux de l'Office de
révision du Code civil. Pour situer un peu les travaux actuels, il
suffira de mentionner que les travaux ont été divisés en
deux grandes phases. La première était constituée de
travaux faits par des comités d'étude.
Depuis 1965, date à laquelle j'ai été nommé
pour diriger ces travaux, 43 comités ont été
constitués, composés chacun d'un nombre variant entre trois et
dix juristes représentant les diverses branches de la profession, des
magistrats, des praticiens, des avocats, des notaires, de même que des
professeurs de droit, parfois des représentants des divers
ministères concernés par telle ou telle réforme.
Chacun de ces comités était appelé à
rédiger un projet de réforme. Un mandat lui était
confié pour préparer une réforme de tel ou tel chapitre ou
tel ou tel titre du Code civil. Ces 43 comités ont produit, au cours des
dernières années, 47 rapports réguliers de l'office. Ces
47 rapports couvrent l'ensemble de la manière du projet de Code civil
qui sera bientôt présenté.
Dans certains cas, ces comités ont oeuvré, la plupart du
temps, sur des titres nommés du Code
civil, mais dans certains cas, il nous a semblé qu'il nous
fallait présenter des titres nouveaux, des titres originaux, si bien que
les travaux de ces 47 comités le dernier a présenté
son rapport au mois de janvier dernier représentent l'ensemble du
projet.
Au fur et à mesure que ces travaux étaient
présentés à l'office, il nous a semblé que pour
assurer une véritable réforme du Code civil qui tienne compte de
l'évolution des moeurs et des besoins de la société
québécoise, il nous fallait publier ces rapports et les soumettre
à la libre critique des personnes et des organismes
intéressés. C'est ainsi qu'au cours de ces dernières
années, chacun des rapports de l'office a été
publié à quelque 2000 exemplaires et adressé à tous
les organismes du Québec, par exemple, les services gouvernementaux, les
partis politiques, les églises, les sociétés à
caractère philanthropique, à caractère social. Tous les
organismes qui ont manifesté quelque intérêt pour la
réforme recevaient des exemplaires et nous adressaient des observations,
des critiques. Les rapports ont été également
adressés à des juristes étrangers, parce qu'il nous
semblait qu'une réforme du Code civil ne pouvait pas se faire en vase
clos mais qu'il fallait prendre connaissance des expériences
étrangères, et notamment de l'expérience des pays qui nous
entourent, les autres provinces du Canada, les États-Unis, la France, la
Grande-Bretagne.
Chacun des comités, après avoir reçu les critiques,
les observations, reprenait l'examen de son rapport à la lumière
de ces observations, à la lumière de ces critiques et
présentait à l'office son rapport définitif. Cette phase
s'est échelonnée sur douze ans.
Au début de l'année 1976 a commencé la
deuxième et dernière phase des travaux, c'est-à-dire la
coordination de tous ces travaux. Il est bien certain que lorsque vous avez
plus de 150 personnes, 150 juristes représentant des
générations différentes, représentant des points de
vue politiques, sociaux, économiques, religieux différents, on ne
peut pas s'attendre à ce que tous parlent avec la même voix.
Alors, comme c'était naturel c'était d'ailleurs
envisagé nous avons estimé que nous devions
procéder ensuite à une phase de coordination de ces travaux.
C'est ainsi qu'un comité de coordination a été
constitué au début de l'année dernière. Ce
comité de coordination, assisté des présidents des
différents comités, ou en tout cas des comités
clés, entouré de spécialistes, d'experts auxquels nous
avions recours, lorsque le besoin se faisait sentir, a commencé à
recueillir tous ces rapports et à les intégrer dans un projet de
Code civil.
Le projet de Code civil, au lieu des quatre livres que connaît
actuellement le Code civil, se présenterait sous la forme de neuf livres
consacrés respectivement aux droits des personnes, aux droits de la
famille, y compris les régimes matrimoniaux, c'est-à-dire une
réglementation globale du droit de la famille, des rapports personnels
et des rapports pécuniaires entre les membres d'une famille. Le livre 3
serait consacré aux droits des successions, le livre 4 aux droits des
biens, y compris tout ce qui concerne les sûretés, et notamment
l'innovation qui sera proposée, c'est-à-dire la création
d'une hypothèque mobilière pour faire en quelque sorte qu'au
Québec, on puisse faire ce qui se fait à Toronto, à
Plattsburg et à Frederiction, hypothèque mobilière qui a
été une transposition du Security Interest, du Uniform Commercial
Code ou du Security Interest de la loi ontarienne sur le sujet.
Le livre cinquième est consacré aux obligations,
c'est-à-dire à la théorie générale de
l'obligation, suivi de l'obligation légale, des règles de la
responsabilité civile et des contrats nommés. Dans le domaine des
contrats nommés, il y a eu un certain nombre d'innovations par le fait
que les contrats nommés de notre Code civil de 1866 étaient ceux
qu'on retrouvait dans le code de Justinien. On s'est rendu compte que, depuis
cette époque, il s'était passé un certain nombre de choses
qui nécessitaient de nommer un certain nombre de contrats qui pouvaient
être réglementés d'une façon précise dans le
Code civil.
Le sixième livre est consacré à la preuve.
Là, nous avons essayé de rajeunir les règles de
preuve.
Le livre septième est consacré aux droits de la
prescription.
Le livre huitième est consacré à la publication des
droits. Dans ce livre également, il y a une réforme assez
profonde du fait que le livre recommande une transformation complète de
notre système d'enregistrement des droits réels non seulement
parce que notre système doit être rajeuni, mais également
par le fait que, créant l'hypothèque mobilière, il faut
assurer un système d'enregistrement des droits réels
mobiliers.
Le livre neuvième, le dernier livre, est consacré au droit
international privé. On sait que cette matière, dispersée
un peu partout dans les lois du Québec, a fait l'objet d'un
regroupement. Au lieu des quelques dispositions qui sont dispersées dans
le Code civil, les articles 6, 7 et 8, les articles 68 et suivants du Code de
procédure civile, d'autres dispositions dispersées ici et
là, tout cela a été regroupé dans un livre
comportant quelque 80 dispositions qui constituent, en quelque sorte, une
codification du droit international privé, à l'image de
codifications récentes qui ont été faites dans ce
domaine.
C'est donc l'ensemble du projet. Il m'est agréable de dire que
les neuf livres sont matériellement réunis ensemble. En ce
moment, nous sommes en train de mettre la dernière main à ces
travaux de coordination. Ces travaux de coordination sont extrêmement
délicats, parce qu'on se rend très bien compte c'est
là le grand avantage, mais c'est aussi l'inconvénient d'une
codification qu'il s'agit de présenter un tout organique, un tout
cohérent. Il faut que tout soit intégré pour que les mots
disent la même chose d'un livre à l'autre.
Je pense qu'il y a lieu de signaler le fait que nous avons cru devoir
utiliser les techniques modernes. Le projet de Code civil a fait l'objet
d'une
imprimante d'ordinateur; nous avons alimenté un ordinateur et le
projet nous donne, dans la version française et dans la version
anglaise, le texte. Nous avons également ce qu'on appelle une liste
"quick", c'est-à-dire des mots significatifs du code, qui nous permet de
voir dans quelle mesure les termes utilisés dans le code se retrouvent
avec la même signification d'un livre à l'autre. Nous sommes en
mesure ainsi, par la voie de l'ordinateur, de voir dans quelle mesure les
termes ont exactement le même sens d'un ouvrage à l'autre. C'est
donc là le programme actuel. Est-ce que cela suffit pour la
première question?
M. Lalonde: C'est réellement une réponse
extrêmement complète, je vous remercie. Je ne suis pas surpris de
voir, dans le dernier livre, le droit international privé que Me
Crépeau, dont j'ai eu l'honneur d'être un des premiers
élèves de droit international privé, nous enseignait.
Où retrouve-t-on le droit des sociétés dans ces
livres?
M. Bédard: Le droit?
M. Lalonde: Le droit des sociétés.
M. Bédard: C'est-à-dire dans le livre premier,
consacré aux droits des personnes, il y a, dans le deuxième
titre, un titre consacré à la personnalité morale qui
reprend et rajeunit les articles 352 et suivants sur ce que l'on appelait les
corporations et qui a été élargi aux personnes morales.
Ensuite, dans les contrats nommés, il y a un titre consacré aux
contrats de société, qui est réglementé aux
articles 1830, et qui est également rajeuni avec cet
élément que les sociétés se verraient accorder la
personnalité morale, que les sociétés civiles se verraient
accorder la personnalité morale.
M. Lalonde: Je ne veux pas entrer dans le détail,
seulement par curiosité, est-ce que le code tel qu'il est actuellement
ou avec les modifications qu'il pourrait encourir exigerait aussi des
amendements ou enfin une révision, une refonte de ce qu'on appelle la
Loi des compagnies?
M. Bédard: Pour répondre de façon
très précise, ce que nous avons tenté de faire c'est
d'insérer dans l'un des titres du premier livre ce qu'on pourrait
appeler une théorie générale de la personne morale, avec
des règles très générales sur la constitution, un
petit peu ce que fait le code en ce moment, des règles
générales concernant la constitution, l'organisation fondamentale
d'une personne morale, les assemblées. Mais tout cela simplement comme
règle générale, comme théorie
générale, parce qu'il est certain que nous ne pouvions pas
introduire dans le Code civil une législation particulière comme
celle concernant les corporations avec buts lucratifs ou encore les autres
sociétés qui font l'objet de la Loi des corporations. Nous avons
voulu insérer une théorie générale de la personne
morale.
M. Lalonde: Vous en êtes rendus, donc, au point
comme vous le disiez avec fierté très méri- tée,
les neuf livres sont maintenant réunis d'offrir le fruit de ce
travail de douze ans aux législateurs. Est-ce que vous prévoyez
être en mesure de proposer au ministère de la Justice d'organiser
ce travail de législation cette année, l'année courante
1977/78?
M. Bédard: C'est-à-dire que nous allons
présenter à M. le ministre le projet de Code civil. Maintenant,
l'Office de révision du Code civil a pour mandat de présenter le
projet, et une fois le projet présenté, l'office est functus
officio. Comment se fera l'application, comment procédera-t-on à
l'implantation ou à l'application de ce projet? Je vous avoue que cela
ne ressortit pas de la compétence de l'office. Nous avons fait des
recommandations à M. le ministre sur les problèmes que
soulève la réforme du Code civil. Il est certain que même
si nous présentons demain le projet de Code civil à M. le
ministre de la Justice, il y a des problèmes assez délicats que
soulève cette réforme et qui devront être
réglés avant que le projet puisse être adopté.
M. Lalonde: J'allais justement vous demander si vous pouviez
informer la commission sur les problèmes que vous envisagez du passage
du code actuel à ce code complètement réformé.
Quelles seraient les recommandations que vous pourriez faire à cette
commission sur le cheminement nécessaire pour que ce passage se fasse,
cette transition se fasse correctement, et sans tenir compte naturellement de
tout ce qui doit être fait au ministère de la Justice après
coup, soumission à l'Assemblée nationale et tout?
M. Bédard: Je pense bien que concernant le cheminement, ce
serait peut-être prématuré d'en parler. Lorsque le travail
entier nous sera présenté, à ce moment-là, on aura
des discussions avec M. Crépeau qui nous fera voir les
difficultés qu'on pourrait rencontrer, et nous pourrons
déterminer le cheminement à suivre.
M. Lalonde: Est-ce que vous comptez présenter le travail
complet bientôt? Je comprends que c'est presque prêt
maintenant.
M. Bédard: La dernière échéance dont
nous avions convenu était le 30 juin. J'espère être en
mesure de présenter le projet le 30 juin. Il est certain que ce travail
de coordination est très délicat, et parfois il arrive que nous
butons sur des problèmes de dernière heure. D'après
l'état actuel des travaux et de la marche des travaux, la coordination
qui se fait, je pense que nous serons en mesure de le présenter, comme
le disait M. le ministre tout à l'heure, au cours de
l'été, mais ce cours de l'été ne peut pas
être au-delà du mois de juillet sûrement.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Anjou.
M. Johnson: Ma question s'adresse au président de
l'office. Il a parlé de nouvelles notions qui
seraient introduites comme, par exemple, l'hypothèque
mobilière, et je suis sûr qu'il nous réserve des choses
intéressantes en matière de droit international privé.
Est-ce qu'on peut parler de suggestions de modifications en profondeur au Code
civil de 1866, ou est-ce qu'on doit parler, comme en 1866 on parlait d'un
nouveau code, littéralement de la création d'un code? Je pense
ici, d'une part, à l'implication législative qui va faire que
cette commission sera bien occupée, je pense, dès que le projet
sera amorcé. Deuxièmement, qu'est-ce que cela implique pour toute
la profession juridique? Est-ce qu'on doit vraiment penser qu'il s'agit d'un
nouveau code? Le nombre d'articles, par exemple?
M. Bédard: C'est une question à laquelle il est
plus facile de répondre. Pour ce qui est du nombre d'articles, le
chiffre actuel du code est 2715. Il est certain que ce n'est pas exactement le
nombre de dispositions dans le code. Nous ne l'avons pas encore exactement,
l'ordinateur ne l'a pas livré encore, mais nous aurons environ entre
3000 et 3500 dispositions, ce qui fait que, quantitativement parlant, ce n'est
pas tellement plus que le code actuel. Pour répondre à la
question plus importante des changements en profondeur, on peut dire que le
Code civil n'est, au fond, que la traduction des conceptions sociales, des
conceptions morales et des conceptions économiques qu'une
société se fait à une époque
déterminée. Il est certain que ce qui se passait en 1866 et ce
qui se passe en 1977 dans la société québécoise
incitent à penser qu'il y aura des transformations en profondeur qui
seront proposées aux autorités gouvernementales. Je pense,
notamment, au droit de la famille. C'est certainement le livre du code qui a
été le plus profondément affecté par la
transformation des moeurs au cours du siècle dernier. Si vous pensez
à la conception fondamentale qu'on se faisait de la
société familiale, en 1866, fondée sur une
hiérarchisation de l'autorité, on se rend très bien
compte, aujourd'hui, que les rapports personnels entre les conjoints ne peuvent
plus être fondés sur une autorité
hiérarchisée mais sur un concept d'égalité que le
législateur a déjà mis en oeuvre, à partir de 1964,
avec la loi parrainée par Mme Kirkland-Casgrain, évolution qui
s'est également faite sentir en 1969 avec la Loi sur les régimes
matrimoniaux et qui est complétée par les dispositions du
projet.
Il est certain, également, que le droit de 1866, dans les
rapports entre les parents et les enfants, est fondé sur la puissance
paternelle, cette notion romaine du pouvoir du père sur les enfants.
Cette notion est complètement transformée dans le projet parce
que de la puissance paternelle, on a voulu présenter une notion
d'autorité parentale fondée sur l'égalité des
responsabilités des parents, et dans une conception non pas de
prérogatives des parents mais de responsabilités des parents pour
assurer l'épanouissement des enfants.
Ce sont deux exemples. Il y a aussi un élément qui doit
être mentionné parce qu'il fera l'objet de discussions. C'est le
fait que la société moderne nous présente une situation de
fait qui est l'union de fait. On s'est interrogé sur la question de
savoir dans quelles mesures on doit réglementer l'union de fait.
Nous avons reçu des observations de part de d'autre. Dans la
conception d'un Code civil qui veut réglementer des rapports
pécuniaires de situations existantes, nous nous sommes demandé
dans quelles mesures les conjoints de fait pouvaient être astreints
à une obligation alimentaire, recevoir une indemnisation lorsque l'un
des conjoints décède à la suite d'un accident dû
à la faute d'un tiers.
On s'est rendu compte qu'il y a une très grande évolution
des moeurs, si bien que ce sont des cas où dans le droit de la famille,
des problèmes se posent et nous avons tenté de les
régler.
M. Lalonde: J'aimerais, M. le Président, poser une
sous-question qui... Excusez-moi.
M. Johnson: Je ferais peut-être une dernière
remarque étant donné l'éventail assez large de ce nouveau
Code civil. Je pourrais peut-être souhaiter qu'on l'adopte dans
l'année qui précède effectivement un statut politique
important, comme cela a été fait en 1866. J'espère qu'on
se rappellera de ce nouveau code dans les années qui suivront aussi
à cause des changements de statut que cela aura amenés dans notre
société.
M. Bédard: II y aura seulement la partie du droit
international où on pourra faire quelques réajustements.
M. Lalonde: Revenons à la réalité, M. le
Président.
M. Bédard: Revenons à la triste
réalité.
M. Lalonde: Les rêves sont terminés. Ceux qui se
nourrissent de rêves en ont sûrement besoin.
M. Bédard: C'est ce que vous disiez avant le 15 novembre
quand on n'était que six.
M. Lalonde: M. le Président... Non le 15 novembre n'a pas
été un rêve, cela a été un cauchemar pour
tous les Québécois.
M. Bédard: C'est vous qui êtes dans le
cauchemar.
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais poser une
sous-question à propos du style employé par celui qui sera le
législateur à ce moment. Je ne fais pas référence
aux amendements apportés par le législateur au Code civil en 1964
ou 1969, mais à quelques lois qui ont été adoptées
au cours de ces dernières années, dans le domaine du droit civil
et qui changent les rapports civils entre les citoyens, par exemple, la Loi de
la protection des consommateurs, où le style n'a pas toujours
été très heureux. Je me demandais si vous aviez pu
conserver la pureté du style qu'on retrouve dans le Code civil actuel.
C'est peut-être un peu de la nostalgie qui m'inspire. J'aimerais
éviter, si cela est possi-
ble d'ailleurs, cela dépendra beaucoup de nous,
naturellement, mais aussi en grande partie du travail qui sera remis au
ministre ces dédales de sous-paragraphes et de
sous-alinéas qu'on retrouve dans la législation, encore là
entre guillemets "de style anglais".
M. Bédard: Sur cette question je dois vous dire que
l'Office de révision du Code civil s'est imposé à cet
égard une tâche assez imposante. C'est de tenter de traduire les
politiques législatives qui nous semblaient devoir être
adoptées dans le style du droit civil. C'est pour cela que nous avons
fait à cet égard une distinction fondamentale.
Nous nous sommes dit que sur le plan des politiques législatives,
il n'y a pas de politiques législatives de droit civil ou de "common
law" ou de droit socialiste. Il y a des problèmes humains qui se posent
dans une société. Nous avons tenté de trouver les
meilleures solutions là où elles se trouvaient. À cet
égard, l'expérience du droit comparé nous a
été extrêmement bénéfique parce que nous
avons trouvé des solutions en Ontario, en Colombie-Britannique, aux
États-Unis, dans les pays socialistes, en France, en
Grande-Bretagne.
Au niveau des politiques législatives, il nous a semblé
qu'il fallait essayer de trouver la politique législative qui
correspondait le mieux aux problèmes qui se posaient au Québec en
1976 et en 1977. Mais, sur le plan de la présentation de ces politiques
législatives, nous avons essayé de suivre ce que nous a
imposé le législateur dans la loi qui crée l'Office de
révision du Code civil et de faire comme avait fait le
législateur de 1866. Je pense qu'à cet égard, dans notre
code de 1866, on a assez bien traduit l'esprit de la codification
française.
Je peux vous dire que nous avons fait d'immenses efforts pour essayer de
rédiger ces politiques législatives dans un style sobre, net,
concis et correct, si bien que je pense, mais, enfin, on jugera, que ce nouveau
code est tout à fait dans le respect de la tradition civiliste. Il y en
a certains qui nous ont fait le reproche d'avoir accordé trop de
pouvoirs aux tribunaux.
M. Johnson: Une dernière petite question. Est-ce qu'il est
concevable, dans la présentation que l'office va faire des neuf livres,
que des blocs puissent faire l'objet d'une étude, par exemple, remplacer
le chapitre de la preuve, ou est-ce que, pour vous, c'est un tout vraiment
unifié qui exigera un effort législatif
intégré?
M. Bédard: Dans l'état actuel des choses, il serait
certainement possible, par exemple, d'instaurer l'autorité parentale
demain. Il serait possible de dire qu'on peut admettre une preuve testimoniale
plus largement qu'elle n'est permise actuellement. Il est possible d'abolir
l'acte commercial, de le distinguer de l'acte civil. Mais, d'une façon
globale, je pense que le projet de Code civil en est rendu, en ce moment,
à un tel état d'intégration que nous ne pouvons plus
séparer les blocs. Pour vous donner un exemple, nous avons
complètement réorganisé la question de la protection des
mineurs et de la protection des majeurs incapables. Tout le problème de
la tutelle et de la curatelle a été complètement
réorganisé.
Ces notions de tutelle et de curatelle se retrouvent partout dans le
code et on ne peut plus dissocier cela. Cela fait un tout invisible, une
espèce de tunique sans couture qu'il va falloir, je pense,
présenter d'un bloc, examiner d'un bloc et adopter d'un bloc, quitte
à donner une période de temps assez longue pour permettre le
recyclage nécessaire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Étant donné que le président de
l'office nous dit qu'il présentera son rapport le 30 juin, est-ce qu'il
est plausible de croire qu'on pourrait avoir le projet de loi
présenté devant l'Assemblée nationale à la
prochaine session?
M. Bédard: Je ne voudrais pas m'aventurer dans les
promesses. Je pense que nous sommes tous à même de réaliser
le travail gigantesque qui a été effectué par le groupe de
Me Crépeau et, également, de réaliser le travail imposant
qui va être dévolu aux membres de la commission de la justice. Il
leur faudra, avant de commencer ce travail, faire la préparation
nécessaire afin de s'enligner correctement, de la manière la plus
efficace possible au niveau du déroulement de nos travaux. Je crois
qu'il serait vraiment hasardeux de s'aventurer à promettre que nous
commencerions dès cette année cette étude.
M. Blank: Si je me souviens bien de la procédure, suivi
pour le Code de procédure, on l'a proposé en première
lecture. Après, cela a été discuté en public. Il y
a eu des comités, des juges, des membres du Barreau, des avocats qui ont
remis des mémoires. Cela a traîné pendant six mois ou un an
avant qu'on puisse obtenir tous ces mémoires et, après cela, on a
procédé à l'étude.
M. Bédard: C'est tout ce travail d'élaboration
qu'il nous faudra faire ensemble et qui est nécessaire si on veut
procéder d'une façon efficace.
Je crois bien que ce ne serait pas réaliste de penser à y
donner suite dès cette année.
M. Lalonde: Je comprends le ministre. D'ailleurs, cela est tout
à fait normal, avec tous les autres travaux législatifs.
Maintenant, peut-être pourrait-il penser à consulter la
commission parlementaire de la justice sur la stratégie? Lorsque le
ministère de la Justice aura fait son lit, pris sa décision,
peut-être que ce programme de travail pourrait faire l'objet d'une
réunion de la commission parlementaire, parce que tous les membres de la
commission parlementaire seront les...
M. Bédard: Je l'ai mentionné tout à l'heure.
Je crois qu'il sera non seulement opportun, mais né-
cessaire que nous ayons une discussion au niveau des membres de la
commission parlementaire de la justice en fonction de l'orientation des
travaux, après que le ministère aura fait son lit, pour employer
votre expression. Nous envisageons également, au ministère, la
nécessité ou l'opportunité que la rédaction de ce
code soit suivie de la rédaction d'un traité, également,
qui constitue un instrument essentiel de droit. Je pense qu'il serait opportun
que nous pensions a ce que des travaux préliminaires, en fonction de la
rédaction d'un traité, commencent le plus rapidement possible, de
manière qu'il n'y ait pas un délai trop long entre l'adoption
même du code et la rédaction du traité lui-même. Dans
ce sens, je pense que cela répond à un voeu de M. Crépeau
et de son groupe que cette nécessité devienne une
réalité.
M. Lalonde: M. le Président, je veux remercier très
sincèrement Me Crépeau à moins qu'il y ait d'autres
questions, parce qu'on approche onze heures de son exposé.
M. Bédard: Je crois que l'exposé de M.
Crépeau, c'est le cas de le dire, laisse entrevoir un travail
très intéressant pour l'ensemble des membres de la commission
parlementaire de la justice. Il était important, je crois, de
l'entendre, ce soir, pour nous donner une idée des perspectives en
fonction de l'avenir.
Avant d'ajourner, M. le Président, si les membres de la
commission n'ont pas objection, demain matin, lors de la reprise de
l'étude des crédits, j'aimerais qu'on procède avec le
programme traitant de l'Aide juridique.
Le Président (M. Clair): Le programme 6.
M. Bédard: D'accord? Étant donné que M.
Lafontaine est ici avec nous ce soir, c'est un des seuls qui est de
Montréal et je croyais que nous pourrions, dès ce soir...
M. Blank: Vous avez M. Trahan aussi.
M. Lalonde: M. le juge Trahan est de Montréal aussi, je
pense?
M. Bédard: ...passer à ce programme. Oui,
également.
Peut-être que demain on pourra...
M. Lalonde: J'ai déjà dit au ministre que nous
étions prêts à nous conformer aux désirs du ministre
pour la présentation, dans la mesure du possible...
M. Bédard: En autant que ses désirs sont
légitimes ou légitimés.
M. Lalonde: II peut en avoir, des fois. M. Bédard:
D'accord.
Le Président (M. Clair): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 22 h 59)