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Étude des crédits du ministère de
la Justice
(Onze heures quarante minutes)
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs! La
commission permanente de la justice se réunit pour continuer
l'étude des crédits budgétaires du ministère de la
Justice.
Les membres de la commission pour aujourd'hui sont M. Alfred (Papineau),
M. Bédard (Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M. Charbonneau
(Verchères), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Clair (Drummond), M. Le Moignan
(Gaspé) en remplacement de M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Johnson
(Anjou), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Marois (Laporte), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Springate (Westmount), M. Proulx (Saint-Jean), M. Tardif
(Crémazie), M. Gravel (Limoilou) en remplacement de M. Vaillancourt
(Jonquière).
Lorsque nous avons ajourné nos travaux hier, nous avions
terminé l'étude du programme 3 et je pense que nous avions
entamé l'étude du programme 6 concernant l'aide juridique et
financière.
Le ministre de la Justice.
M. Bédard: Avec votre permission, je voudrais
compléter certaines informations qui m'avaient été
demandées hier par le représentant de l'Union Nationale
concernant l'établissement de détention d'Arthabaska.
À la suite de la question posée par Me Serge Fontaine, je
vais vous fournir les informations suivantes. Cet établissement auquel
il se réfère compte 19 cellules et a une superficie de 5600 pieds
carrés.
Quant au coût d'exploitation du secteur de la détention,
selon les informations obtenues de la direction de l'exploitation des immeubles
du ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement, il est
d'environ $200 par mois, ce qui représente les frais encourus pour le
chauffage et l'éclairage.
Je dépose cette information pour le bénéfice du
député de Nicolet-Yamaska. On nous avait également
posé une question hier pour savoir quelles étaient les personnes
dont les services étaient retenus au niveau du cabinet du ministre.
Alors, je voudrais déposer le nom de ces personnes de même que
l'indication de leur fonction et du traitement qui est attaché à
chacune de ces personnes.
Le Président (M. Clair): M. le ministre, dois-je
comprendre...?
M. Bédard: Également, avec votre permission, je
voudrais déposer le rapport annuel de 1976 de la direction
générale de la probation et des établissements de
détention.
Je préfère le déposer maintenant, avant d'arriver
au programme, puisque des questions nous ont été posées et
des réponses ont été données en nous basant
justement sur ce rapport que je dépose.
Le Président (M. Clair): En fait, M. le ministre, je
comprends qu'il s'agit d'une distribution aux membres de la commission et non
pas d'un dépôt formel, conformément aux règlements,
afin d'éviter d'avoir à reproduire ces documents au journal des
Débats.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Clair): Entamons-nous
immédiatement l'étude du programme 6, M. le ministre?
M. Bédard: Oui, M. le Président. Le
Président (M. Clair): M. le ministre. Aide juridique
M. Bédard: En ce qui a trait à l'aide juridique, il
y a, je pense bien, trois sujets d'intérêt qui, de toute
façon, seront sûrement abordés par l'Opposition. Le premier
pourrait être l'éventualité de la nomination d'un
président, puisque, comme nous le savons, M. le juge Robert Sauvé
a laissé cette fonction il y a déjà quelque temps et je
puis assurer la commission que dès que les crédits seront
terminés, nous procéderons à la nomination d'un
président.
Il y aurait probablement plusieurs questions qui pourraient se rapporter
aux négociations concernant les discussions entre l'aide juridique et le
Barreau en ce qui a trait aux tarifs. Je dois vous dire que tout cet aspect
fait l'objet, présentement, de négociations entre l'aide
juridique et le Barreau. Il y a eu déjà deux rencontres et,
naturellement, étant donné que cela fait l'objet de
négociations, on pourra difficilement développer cette
question.
Il y a un autre problème qui peut être porté
à l'attention de la commission, c'est celui qui concerne
l'opportunité ou la possibilité d'une hausse des seuils
d'admissibilité. Sur ce point particulier, avec votre permission, M. le
Président, j'ai eu l'occasion de rencontrer des avocats de l'aide
juridique et de m'exprimer sur ce point. Je voudrais peut-être porter
à l'attention de la commission, le plus rapidement possible, les
réflexions que j'ai faites à l'occasion de cette rencontre, parce
que je sais qu'une des préoccupations majeures de la commission des
services juridiques et des corporations d'aide juridique porte
nécessairement sur l'accessibilité de leurs services par le plus
grand nombre de citoyens possible. Cette préoccupation, je n'ai pas
besoin de vous dire, M. le Président, que c'est également celle
du gouvernement.
On doit constater, avec le temps, que l'application des critères
d'admissibilité a eu malheureusement pour conséquence de rendre
inadmissible à l'aide juridique une partie appréciable de ce que
l'on peut qualifier ou de ce que l'on peut appeler la classe moyenne. Ces
citoyens québécois se voient réduits à une
situation difficile, par exemple, si, à la suite d'un accident ou encore
un autre cas imprévu, ils se voient forcés d'avoir recours
à l'aide juridique.
Je sais qu'une des réponses faciles à ce problème
qui peut exister pour bon nombre de citoyens pourrait être tout
simplement que l'État permette à la Commission des services
juridiques de hausser substantiellement ses critères financiers
d'admissibilité et, à ce moment-là, le problème
serait réglé. Je pense bien que donner suite à une telle
proposition aveuglément ne serait pas une façon responsable de
répondre à la situation. Parce que vous n'êtes pas sans
connaître, et ça, l'Opposition le sait, les contraintes
budgétaires extrêmement sévères auxquelles le
gouvernement doit s'astreindre quand même dans le contexte
fédéral actuel où même nos négociations avec
le gouvernement fédéral, dans le domaine de l'aide juridique
entre autres, n'ont pas été satisfaisantes, lors de la rencontre
des ministres de la Justice à Toronto il y a de cela environ deux mois.
Il y avait unanimité pour demander au gouvernement fédéral
de participer d'une façon beaucoup plus significative à l'effort
financier que faisaient les provinces dans ce domaine.
Maintenant, les demandes qui ont été faites par les
provinces n'ont assurément pas été satisfaites. Dans les
circonstances, au moment où on se parle, il est impensable de
décider de hausser purement et simplement les critères
d'admissibilité de l'aide juridique sans se préoccuper des
répercussions qu'un tel geste aurait sur le budget qui serait
affecté à cette fin par le gouvernement et qui pourrait avoir des
conséquences sur les priorités que le gouvernement s'est
fixées dans d'autres domaines qui sont eux aussi essentiels.
Je pense qu'il serait bon de voir, de constater ou de porter à
l'attention de la commission que le Québec, à l'heure actuelle,
consacre de loin les plus fortes sommes per capita à l'aide juridique.
Avec ces critères d'admissibilité qui ont peu
évolué, il faut l'admettre, le nombre d'utilisateurs de l'aide
juridique a quand même augmenté constamment au Québec
depuis le début du service de l'aide juridique, passant de 86 816 en
1973/74 à 102 309 en 1974/75, à 139 732 en 1975/76 et,
approximativement, à 154 000 pour 1976/77, en termes de projection.
Également, pour l'exercice financier 1977/78, le budget
consacré à l'aide juridique sera d'environ $26 366 900, soit une
hausse de 23% par rapport aux crédits initiaux de 1976/77, alors que
cette hausse n'a été que de 18% pour l'ensemble du budget
gouvernemental.
Indépendamment des contraintes financières, je sais
très bien qu'il faudra se pencher sérieusement sur une plus
grande accessibilité de la classe moyenne au service de l'aide
juridique, en tenant compte des ressources limitées qui peuvent
être affectées à cette fin. C'est pourquoi il y aurait
peut-être lieu de se demander si les sommes actuellement
dépensées pour l'aide juridique le sont toujours de la
façon la plus avantageuse. Je pense que ce sont des questions qu'on est
en droit de se poser.
Si l'on songe à étendre à plus de gens le
système de l'aide juridique, tout en prenant en considération les
contraintes budgétaires auxquelles on doit faire face, je pense qu'il
faut songer également à trouver des moyens permettant de
concilier, de la façon la plus juste et la plus équitable
possible, les deux objectifs qui peuvent paraître contradictoires
à prime abord.
On pourrait, par exemple, se pencher sur la possibilité
d'introduire des frais modérateurs en tenant compte des revenus des
bénéficiaires. C'est une solution qui peut être
envisagée, puisque cette situation existe ailleurs, dans d'autres
pays.
On pourrait aussi peut-être songer à suivre l'exemple de la
Suède, en ce qui concerne les causes générant des frais.
C'est ainsi que l'aide juridique pourrait être accordée dans ces
causes qui peuvent générer des frais, quitte à être
retirée rétroactivement si le bénéficiaire
perçoit, après, avoir gagné sa cause, et obtient une somme
importante d'argent.
Mon intention n'est pas de vous dire que c'est dans ce sens
précis que s'en va le gouvernement, mais ce sont des idées que
j'ai émises au niveau de la rencontre que j'ai eue avec les
représentants de l'aide juridique. Je pense que ce sont des avenues qui
doivent être considérées et je ne veux en aucune
façon que ce soit interprété comme étant des
orientations fondamentales du gouvernement ou encore du ministère de la
Justice.
Ce sont, je crois, peut-être trois des sujets, spécialement
le dernier concernant la hausse du taux d'admissibilité, qui peuvent
être intéressants à aborder par l'ensemble des membres de
la commission. Nous avons avec nous le vice-président de la Commission
des services juridiques, M. Lafontaine. Je pense que, tel que nous avons
procédé concernant d'autres programmes, s'il y a des
éléments d'information sur lesquels vous voudriez avoir plus de
détails, à ce moment-là, M. Lafontaine également
pourra participer.
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Il nous fait plaisir
d'aborder l'étude de l'élément 1 du programme 6, qui est
devenu un des éléments les plus importants des activités
du ministère de la Justice, depuis quelques années. Je suis
sûr que la commission me permettra de souligner qu'il s'agit là
probablement d'une des réalisations les plus remarquables de l'ancien
gouvernement et je remercie le ministre de l'actuel gouvernement d'y apporter
autant d'attention.
Après quelques années de fonctionnement, de mise en place
de ce programme, après les premières périodes
d'ajustement, les premiers problèmes d'ajustement, j'aimerais, avant de
poser des questions plus précises, demander soit au ministre, soit
à M. Lafontaine qui vit quotidiennement l'expérience de la
Commission des services juridiques, au cours de l'année qui s'est
achevée et l'année présente, quels sont les principaux
problèmes auxquels fait face la Commission des services juridiques,
quelles sont les orientations qu'ils voient se dessiner, par exemple, quant aux
besoins qui leur sont soumis. On pourra expliciter à partir de
là.
Le Président (M. Clair): Le ministre de la Justice.
M. Bédard: Si vous permettez, M. le Président,
notre orientation est d'abord basée sur notre clientèle,
autrement dit, c'est notre clientèle qui nous dicte nos
priorités. Notre clientèle se compose majoritairement
d'assistés sociaux et de chômeurs, ainsi que de personnes qui
reçoivent des allocations sociales, soit du Régime des rentes du
Québec ou des différentes mesures sociales. Une des
priorités a été d'abord d'expliquer ces lois à nos
propres avocats afin qu'ils deviennent des spécialistes dans ce genre de
législation, et aussi d'essayer de rendre ces lois accessibles a la
compréhension des gens ordinaires qui y ont affaire tous les jours,
parce que ce sont des domaines de droit tout à fait différents de
la conception de ceux qu'on a connus. Du moins, durant mon cours universitaire,
on connaissait du droit qui n'était pas celui qu'on est obligé
d'utiliser tous les jours. En fait, nos priorités ou notre orientation
première a été d'abord d'essayer d'obtenir pour ces
clients défavorisés les droits qui leur étaient
consacrés par des législations, mais qui n'étaient
peut-être pas toujours exploitées à fond en leur faveur.
Dans cela, on a essayé de faire comprendre que s'ils s'unissaient
davantage, il était possible de faire valoir leurs droits d'une
façon plus adéquate. Le premier devoir d'un avocat de l'aide
juridique, c'est de faire des représentations pour ses clients
défavorisés, surtout dans le droit statutaire, auprès des
différentes régies gouvernementales, en plus, bien entendu, du
travail quotidien qui est la représentation devant les tribunaux,
surtout dans les causes matrimoniales et aussi dans les causes d'accidents
d'automobiles, et, de plus en plus, en protection du consommateur aussi.
M. Lalonde: Est-ce que vous pouvez me donner les principaux
secteurs, les principales activités du service durant la dernière
année? Est-ce qu'on a votre rapport annuel?
M. Bédard: Le rapport annuel doit être
déposé en Chambre pour la fin juin. Effectivement, il sera
déposé d'abord au ministère de la Justice qui, lui, doit
le déposer en Chambre en vertu de la loi.
M. Lalonde: Bon! Alors, je regrette et je ne fais de reproche ni
à la commission, ni au ministre. Je sais que c'est difficile de faire
coïncider la tenue des crédits après le dépôt
des rapports, quoiqu'on ait eu l'occasion d'avoir certains rapports que le
ministre nous avait remis. Ce serait souhaitable et, éventuellement, il
y aurait peut-être lieu de repenser toute l'économie des rapports
annuels pour permettre aux députés de poser des questions plus
pertinentes et non d'aller simplement à la pêche.
Est-ce que, n'ayant pas ce rapport c'est sûrement
là-dedans M. Lafontaine pourrait nous donner les principaux
secteurs d'activité de ces services pour l'année
passée?
M. Le Moignan: Excusez. On a le rapport annuel du 31 mars 1976
qui, je pense, peut vous éclairer, vous donner les principales
données.
M. Bédard: C'est celui de l'année
dernière.
M. Le Moignan: II a été déposé en
Chambre, il n'y a pas longtemps, celui-là.
M. Lalonde: Oui, je demandais pour l'année qui s'est
terminée en 1977, bien que le député ait raison, ça
donne sûrement un bon départ.
M. Bédard: II y a des éléments, mais ce
n'est pas le rapport pour l'année courante qui, effectivement, se doit
d'être déposé officiellement, tel qu'on l'a
mentionné, d'ici la fin juin. Ce rapport sera déposé
à l'Assemblée nationale. Il aurait été
préférable je n'ai pas de reproche, tel qu'on l'a dit,
à faire à qui que ce soit à l'avenir, il serait
préférable que ce soit déposé avant l'étude
des crédits. Cela permettrait un meilleur éclairage pour
l'ensemble des membres de la commission.
M. Lalonde: Est-ce que M. Lafontaine peut répondre?
M. Bédard: Oui. Disons que je vais donner cela en termes
de pourcentages, parce que c'est peut-être plus significatif. Des 113 000
demandes acceptées durant l'année, 73 000, c'est-à-dire
65%, étaient de matière civile, donc le reste,
c'est-à-dire 35%, était de matière criminelle et
pénale. La première grande division qu'on fait, c'est entre le
civil, le criminel et le pénal. À l'intérieur du civil,
présentement, le familial représente 22,3%. Autrement dit, des
65%, 22,3% représentaient le domaine matrimonial, si on peut dire, et le
reste c'était du civil autre, c'est-à-dire 42,7%. Par civil
autre, on entend tout le domaine des pensions, le domaine statutaire, le
domaine des accidents d'automobile, de la protection du consommateur, etc.
Donc, effectivement, il y a trois champs principaux, si on peut dire, le
pénal, le familial et le civil divers.
M. Lalonde: M. Lafontaine, avez-vous pu voir une modification de
ces tendances? Je comprends que cela a dû quand même prendre les
premières années pour établir ces tendances, mais,
actuellement, voyez-vous une modification?
M. Bédard: C'est une tendance seulement que je peux
exprimer. Il semble que le matrimonial soit stabilisé
présentement tant dans la pratique privée que pour nos
permanents. Il semble qu'il y ait un niveau de stabilisation. C'est un peu
comme s'il y
avait eu une accumulation dans le passé et que cela soit
maintenant comme terminé.
Il semble aussi que, parallèlement à cela, les
matières pénales ont tendance à augmenter d'un certain
pourcentage et la protection du consommateur et le domaine social, eux,
augmentent réellement. Ils augmentent plutôt en flèche
présente- ' ment. Ce sont seulement des tendances pour autant que l'on
peut les déceler.
M. Le Moignan: Sur le même sujet, il y a une baisse des
dossiers en matière matrimoniale du côté des avocats de
l'aide juridique. Par contre, il y a une augmentation du côté des
avocats de pratique privée. Quelle est la relation et quelle est la
cause qui expliquent ceci?
M. Bédard: C'est seulement une tentative d'explication que
je peux peut-être donner. Devenant par la force des choses,
c'est-à-dire par notre clientèle, des spécialistes en
droit statutaire, les avocats de pratique privée acceptent plutôt
des mandats en matière matrimoniale que dans des domaines statutaires.
Donc, par le fait que notre domaine statutaire augmente, notre portion
matrimoniale diminue.
M. Le Moignan: D'autant plus que c'est plus payant.
M. Bédard: En chiffres absolus, cela se ressemble.
M. Le Moignan: C'est plus payant pour l'avocat de la pratique
privée.
M. Blank: Actuellement, on a réduit le montant payé
aux avocats de pratique privée dans les cas de matière
matrimoniale. On a coupé cela d'abord de $350 à $200.
M. Bédard: II y a eu un tarif négocié entre
le Barreau et le ministère de la Justice. Le récent tarif,
plutôt que d'être un bloc où c'était $350, peu
importe l'acte que vous posiez, soit simplement une comparution ou une cause
plaidée en entier, anciennement c'était $350, le prix global
qu'on payait. Maintenant, le prix est fractionné suivant le travail qui
a été fait dans le dossier et le maximum, présentement,
s'il n'y a pas de considération spéciale ou une augmentation
spéciale d'honoraires parce que demandés et justifiés par
le fait que la cause soit d'une façon particulière et plus
difficile peut-être à défendre, le montant total est de
$425 pour une cause contestée au fond. Mais il est exact de dire aussi
que, dans les causes non contestées au fond, la moyenne est d'environ
$225 présentement, en honoraires. Je ne parle pas des
déboursés à ce moment.
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Prévoyez-vous des dispositions
spéciales pour l'année courante pour faire face au changement, ou
est-ce assez souple que vous n'ayez pas besoin d'engager plus de
spécialistes dans un secteur d'activité ou un autre?
M. Bédard: C'est très difficile pour nous à
déterminer, étant donné les lois. On dépend,
autrement dit, de la législation. S'il arrivait, par exemple, un
tribunal de la famille qui fasse que des procédures soient
simplifiées, à ce moment, peut-être pourrait-on consacrer
nos efforts dans un autre domaine. C'est ce qui est difficile à savoir,
comme par exemple, si les causes du domaine de la responsabilité, on n'a
plus d'avocats pour les plaider, cette portion de travail pourra être
mise dans d'autres domaines.
Autrement dit, on dépend... S'il arrivait, par exemple, un revenu
minimum garanti on en parle depuis longtemps chez nous, cela
pourrait régler un paquet de dossiers dont on est obligé de
s'occuper présentement.
Ce sont différentes choses qui peuvent arriver, mais ce n'est pas
du tout en notre pouvoir. Ce n'est pas nous.
Le Président (M. Clair): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je n'ai pas à
implorer l'indulgence du ministre de la Justice, c'est déjà chose
acquise, un curé qu'il transforme en avocat à quelques minutes
d'avis, c'est assez compliqué.
M. Lalonde: Je n'ai jamais vu un avocat se transformer en
curé.
M. Le Moignan: Non, cela prendrait une vie, mais les curés
peuvent faire bien des choses, ils sont polyvalents. Je vois ici, dans votre
budget que vous avez...
M. Bédard: Les avocats vont devoir être polyvalents
aussi.
M. Le Moignan: Les avocats sont habiles. Il y a une augmentation
de $2 millions. Est-ce que cela couvre la hausse des salaires ou si ce sont de
nouvelles initiatives que votre ministère se propose d'entreprendre?
M. Bédard: II ne s'agit pas de nouvelles initiatives. Je
pourrais vous donner le détail de l'augmentation de $2 millions.
L'accroissement de ces crédits peut être imputable en majeure
partie aux raisons suivantes: d'abord à l'élément 1, en ce
qui a trait à la Commission des services juridiques, vous avez la mise
en application des conventions collectives qui nécessite des
crédits additionnels de l'ordre de $610 000. Il y a des crédits
originaux pour l'année 1976/77 qui avaient été
calculés en tenant compte qu'il y aurait 699 employés, alors
qu'en 1977/78, on prévoit l'engagement de 731 employés, $1 038
000. Il y a une hausse de 4% qui a été prévue concernant
le coût des honoraires que l'on prévoit verser aux avocats de la
pratique privée, ce qui représente une somme de $272 000, la
hausse du coût des loyers, de diverses dépenses, $148 000 pour un
montant de $2 068 000.
M. Le Moignan: M. le ministre, vous avez parlé de la
question de l'admissibilité. Depuis sa création en 1972, la
Commission des services juridiques a modifié à deux reprises ses
critères d'admissibilité afin d'être plus accessible aux
citoyens économiquement faibles. À la fois, la commission, dans
son dernier rapport annuel, aux pages 65, 66 et le ministre lui-même,
lors d'un discours prononcé à Dorval, le 12 mai dernier, ont
constaté la nécessité d'élargir
l'accessibilité à la justice de la classe moyenne. Le ministre
vient justement de parler de la classe moyenne, bien qu'il reste à
définir ce que l'on entend par classe moyenne. Est-ce que le ministre
pourrait nous donner plus de détails sur ce point? Je sais qu'il y a eu
une mission en Hollande et en Suède en septembre 1975 et cette mission
regroupait des représentants du ministère de la Justice, de celui
des Affaires intergouvernementales et de la commission pour examiner la
question de savoir comment il serait possible d'implanter et d'administrer au
Québec le service juridique à la classe moyenne. Est-ce que ce
voyage a été profitable à la province?
M. Bédard: À l'heure actuelle, le taux
d'admissibilité se situe autour de $5000 à $6000 et il est
évident que quand on parle de classe moyenne, j'ai employé cette
expression, c'est surtout pour faire ressortir l'idée qu'il y a
définitivement une préoccupation non seulement du gouvernement,
mais je pense aussi de l'Opposition à ce qu'il y ait le plus de citoyens
possible à revenu moyen qui puissent recevoir les services de l'aide
juridique. Tel que je le disais tout à l'heure, la question n'est pas si
facile à résoudre. Elle pourrait se résoudre en disant: On
va affecter plus de crédits et on réglera le problème.
Étant donné les contraintes financières qu'on a à
l'heure actuelle, je dois vous dire que même s'il y a une bonne
volonté qui s'exprime au niveau du gouvernement, il y a quand même
à tenir compte de cet élément, ce qui fait que pour
l'année qui vient, ce sera bien difficile de hausser les taux
d'admissibilité.
À partir de ce moment-là, je livrais en termes de
réflexion des avenues qu'on pourrait inventorier, entre autres
l'idée qu'il y ait des frais modérateurs. Naturellement, je suis
informé que toute cette question est quand même à
l'étude au niveau de la Commission des services juridiques et que,
peut-être au cours de l'été, nous aurons l'occasion d'avoir
les conclusions de ce comité, de cette étude qui se poursuit
à l'heure actuelle à l'intérieur de la Commission des
services juridiques.
M. Le Moignan: M. le Président, le président de la
commission a peut-être fait le voyage en Suède et en Hollande,
est-ce que vous avez observé là-bas des choses spéciales
de nature à nous aider ici au Québec?
M. Bédard: Nous avons ici quelqu'un qui a fait le voyage
en Suède et en Hollande.
J'étais avec le juge Sauvé, le président de la
Commission des services juridiques ainsi qu'avec M. Morin, qui s'occupe des
services financiers de la commission. Une des principales choses que nous avons
constatées, c'est qu'en Suède, la classe moyenne, que nous
pourrions situer comme ayant des revenus annuels entre $5000 et même $25
000, bénéficie des services de l'aide juridique, mais en payant
un frais modérateur proportionnel aux revenus, de sorte que, dans
certaines circonstances particulières, le chef d'une grande famille,
ayant même un revenu pouvant se situer aux environs de $25 000, pourrait
être admissible à l'aide juridique, mais devrait payer des frais
modérateurs égaux à environ 90% des coûts des
services fournis par l'avocat dont il s'agit. C'est donc un système
pouvant offrir un certain intérêt pour nous, mais, avant de
transposer intégralement ce qui fait en Suède dans ce qui existe
chez nous, il faut y voir d'un peu plus près, il faut savoir que, pour
déterminer le frai modérateur devant être payé par
le bénéficiaire, en Suède, on nous dit que les rapports
d'impôt sont chose quasi publique, ce qui n'est pas le cas ici. De sorte
qu'il devient facile, en Suède, de déterminer exactement le
montant des frais modérateurs à payer, ce qui serait beaucoup
plus difficile ici.
D'autre part, on a constaté qu'en Suède, les avocats
permanents de l'aide juridique, si je peux utiliser cette expression, ont des
bureaux de la même façon que les avocats de la pratique
privée et reçoivent des clients de la même façon que
les avocats de la pratique privée, exigent des honoraires et sont
censés pouvoir faire supporter la totalité des frais du maintien
du bureau à même les honoraires qu'ils retirent. On nous a
laissé entendre que, dans les faits, tel n'était pas toujours le
cas, mais ça se produit dans certains cas.
C'est le type d'expériences les plus frappantes que nous avons
constatées et que nous étudions présentement, au sein de
la Commission des services juridiques, afin de voir comment on pourrait les
transposer dans notre système afin de rendre les services juridiques
plus facilement accessibles à ce qu'on pourra ici définir comme
étant la classe moyenne.
M. Le Moignan: En Hollande, est-ce que c'est la même chose
à peu près?
M. Bédard: Nous croyions trouver en Hollande une situation
analogue à celle de la Suède. Ça fait déjà
un an et demi de ça, je pense. Je crois que, de mémoire, nous
avions constaté qu'en Hollande, on en était à peu
près au stade où nous en étions avant l'implantation de la
Commission des services juridiques, en d'autres termes, nous avons
trouvé là peu d'éléments susceptibles de nous
permettre d'améliorer notre régime. Je pense que nous avons
été plutôt donneurs que preneurs en Hollande.
Le Président (M. Clair): J'ai sur ma liste plusieurs
députés qui ont manifesté le désir d'intervenir.
Dans l'ordre, le député de Verchères, le
député de Marguerite-Bourgeoys, de Saint-Louis, de Sainte-Anne et
de Rimouski. Le député de Verchères.
M. Charbonneau: Seulement quelques ques-
tions au ministre. Au sujet de l'aspect des relations publiques de la
Commission des services juridiques, j'ai cru remarquer dans le dernier rapport
qu'on avait abandonné certaines initiatives. Est-ce
qu'éventuellement... On a également indiqué dans le
rapport de 1976 qu'il y aurait avantage à ce qu'on reprenne ces
initiatives en particulier. Je pense qu'il y a "La minute juridique" à
la télévision. Est-ce que vous avez des projets en ce sens pour
rétablir cette initiative?
M. Bédard: Pour le moment, c'est définitivement une
question de budget qui a pu être une des raisons de la diminution du
programme de publicité.
M. Charbonneau: Est-ce qu'on a pu évaluer je posais
la même question hier pour un autre service l'impact qu'avait
créé dans le public, la publicité ou l'effort qu'on avait
mis, en termes de relations publiques? Est-ce que finalement, on en avait
conclu que pour les sommes qu'on avait investies dans ce domaine-là, on
avait réussi à bénéficier ou à obtenir des
avantages proportionnels aux investissements?
M. Bédard: Si vous le permettez. Durant la campagne de
publicité, nous avons fait faire une enquête par une maison
spécialisée, je pense que c'est SORECOM. L'enquête a
démontré que la pénétration de "La minute
juridique" qui était à la radio et à la
télévision et avec des documents d'appui dans les caisses
populaires et les banques, se vendait aussi bien que le savon. Pour nous, c'est
un critère d'efficacité. Si cela se vend aussi bien que le savon,
c'est parce que cela a réellement franchi la barrière.
Effectivement, on s'en est aperçu aussi par les services qui ont
été requis dans nos bureaux immédiatement, sur les
différentes "minutes". Si on passait une "minute" sur l'aide sociale,
dans la demi-heure qui suivait, effectivement, nous avions beaucoup d'appels
sur ce point.
C'est difficile à évaluer à long terme, en ce sens
que cela peut créer une demande immédiate de services, mais
l'information qui est diffusée à ce moment-là, aussi, peut
peut-être servir, à long terme, de telle sorte que des personnes
n'aient pas besoin, peut-être, de services juridiques quand le fait se
présentera, parce qu'elles pourront peut-être le régler
elles-mêmes. Disons que ce sont les deux côtés de
l'information qu'on est obligé de donner, en vertu de la loi.
Je pourrais ajouter aussi que même si "La minute juridique"
n'existe plus, il reste quand même qu'il y a beaucoup d'avocats de l'aide
juridique qui ont l'occasion de faire une publicité valable par le biais
de programmes qui sont mis gratuitement à leur disposition ou encore
à l'occasion de chroniques dans les journaux ou encore, tel que je le
disais, de programmes auxquels participent les avocats de l'aide juridique, qui
contribuent en fait à renseigner la population le plus
équitablement possible, tenant compte des circonstances et des services
qui peuvent être offerts à la population.
M. Charbonneau: Est-ce que vous pourriez nous préciser, M.
le ministre, ce qui reste comme outil de travail ou comme moyen d'intervention,
en termes de relations publiques, pour des raisons budgétaires, si on a
laissé tomber tout l'aspect radio-télévision qui est le
moyen de communication le plus pénétrant par les temps qui
courent?
M. Bédard: Avant de faire l'information par "La minute
juridique", il y avait déjà une enquête sociologique qu'on
avait fait faire chez nous, qui s'appelait "Les mains de la loi" et dans "Les
mains de la loi", on avait révélé ce que vous dites, c'est
que le premier médium, en importance, c'est la télévision,
c'est évident, deuxièmement, la radio et troisièmement les
publications. C'est pourquoi on avait décidé parce
qu'à ce moment-là, on avait eu des fonds d'ouvrir, avec un
commanditaire, dans ces trois domaines à la fois, pour inonder, donner
un choc pendant 26 semaines.
Par contre on en récolte encore aujourd'hui les fruits, en ce
sens qu'on a pu entrer et on entre encore dans certains postes de radio, comme
messages d'intérêt public et cela nous est fourni
gratuitement.
Présentement, on essaie, avec le budget de $100 000 qu'on a, de
voir si cela ne serait pas possible de regrouper différents organismes
publics ou parapublics qui pourraient peut-être également nous
donner un certain budget, de telle sorte qu'on puisse orchestrer une certaine
diffusion d'information et si c'est possible de se rendre à la
télévision, si on a assez de moyen, on va y aller aussi.
Autrement dit, on essaie de faire beaucoup avec rien
présentement, autant que possible.
M. Charbonneau: Est-ce qu'on a éventuellement pensé
à intervenir dans ce domaine, en utilisant l'école ou le
collège, en fait, les étudiants, comme des personnes pouvant
d'abord elles-mêmes bénéficier éventuellement de
certains services, mais deuxièmement, de pouvoir amener dans les
familles des connaissances qui pourraient être bénéfiques
pour l'ensemble des membres des familles?
M. Bédard: II y a présentement en cours ce qu'on
appelle le guide d'information en droit. Le guide d'information en droit est
une créature de la commission des services juridiques du
ministère provincial de la Justice. Le gouvernement
fédéral aussi y a contribué d'une certaine façon.
Des gens du ministère de l'Éducation, du ministère des
Affaires culturelles, du Barreau et de la Chambre des notaires se sont
réunis afin d'engager des rédacteurs pour rédiger un
manuel de vulgarisation du droit.
Jusqu'à maintenant, quatre tomes sont pratiquement prêts.
Cela sera fait sous forme de feuilles mobiles qui seront distribuées, au
début, dans les bibliothèques publiques et cela pourra aussi
servir de manuel de maître, peut-être pour le secondaire IV et V,
de sorte qu'on puisse, dès
l'école, posséder certains rudiments de droit qui
permettent de se guider dans la vie par la suite, comme, par exemple, les
lettres de change. Il y a beaucoup de personnes qui ne savent même pas
faire un chèque. On espère au moins être capable,
immédiatement, dès l'école, de fournir certaines bribes
d'information en droit. C'est un des projets qui sont en cours.
M. Charbonneau: Est-ce que vous êtes en mesure de nous
préciser l'échéancier? Quand prévoyez-vous pouvoir
commencer à utiliser ces textes et ces documents?
M. Bédard: Un premier cahier doit sortir au mois de
septembre. Les autres devraient être échelonnés... il y en
a cinq qui doivent sortir d'ici le mois de décembre. C'est un projet
conjoint des comités de rédacteurs et de l'impression, mais,
quand même, au mois de décembre, environ cinq tomes devraient
avoir été produits.
M. Charbonneau: Est-ce que vous prévoyez
éventuellement mettre dans le coup le ministère de
l'Éducation pour qu'il, par exemple...
M. Bédard: Il l'est déjà.
M. Charbonneau: II est déjà dans le coup. Une
dernière question. Est-ce que l'aspect des relations publiques je
n'aime pas le terme, parce que cela a l'air un peu artificiel se fait de
façon regroupée, c'est-à-dire un bureau pour l'ensemble de
la commission à travers le Québec, ou cela se fait-il sur une
base régionale?
M. Bédard: II y a deux formes, si vous me permettez,
d'information qui se donne; l'information nationale, si je puis dire, qui se
fait à partir du bureau central de la commission. Étant
divisée en onze corporations, il y a quand même des choses qui
sont plus régionales et, à ce moment-là, c'est la
région qui a la main haute sur le genre de publicité qu'elle
fait.
M. Charbonneau: Est-ce que les budgets sont administrés
régionalement?
M. Bédard: Les budgets sont administrés de
façon provinciale, parce que, de toute façon, les corporations
doivent procéder gratuitement à l'information. On prend ce qu'il
y a de gratuit. De toute façon, on n'a pas de budget.
M. Charbonneau: D'accord, merci.
Le Président (M. Clair): Le député de
Gaspé, sur le même sujet.
M. Le Moignan: Sur le même sujet, M. le Président,
le député de Verchères vient de parler d'éducation
et d'information et, dans le rapport financier que la commission a
déposé pour l'année 1975/76, cela est estimé
à $501 000. J'aimerais savoir ce qu'on entend par information et
éducation.
M. Bédard: C'est un domaine très vaste,
l'éducation et l'information! Cependant, je vais essayer de
résumer un peu ce que l'on conçoit par cela. On voudrait
qu'à la longue les personnes puissent d'elles-mêmes trouver les
services qui leur sont offerts, entre autres. C'est un des buts premiers. Par
exemple, on aimerait dire: La Régie des loyers existe, si vous avez des
problèmes de fixation de loyers. On peut aussi dire: À l'aide
sociale, par exemple, il y a des services qui peuvent répondre à
des besoins spéciaux. En ce qui concerne l'assurance-chômage, il
existe des comités d'arbitrage, des comités d'appels aussi.
Autrement dit, tout cela n'est qu'au niveau de l'information. C'est aussi bien
évident qu'en informant on ne peut faire autrement
qu'éduquer.
C'est sûr que, quand on dit aux personnes: Selon le droit
pénal, si vous faites telle chose, il y aura telle conséquence,
il y a quand même un effet bénéfique au niveau de la
prévention. La personne avertie sait que, si elle commet telle
infraction, à ce moment-là, il y aura telle sanction.
Effectivement, on espère qu'elle ne commettra pas l'infraction. C'est un
domaine très vaste. Cela s'adresse tant à l'école qu'au
grand public. Il y a aussi les séances d'information qui,
habituellement, concernent un sujet particulier que des personnes nous ont
demandé. Là, c'est plus facile. Par exemple, on va assez souvent
dans des maisons où il y a des personnes retraitées ou des
personnes âgées. C'est évident que le sujet de discussion,
c'est le Régime des rentes du Québec et la question des
testaments. Ce sont des choses qui les concernent plus, mais c'est un domaine
tellement vaste que c'est difficile pour moi de vous l'expliquer.
M. Le Moignan: Cela je comprend, par exemple, les services
paralégaux comme certains projets pilotes en Gaspésie.
M. Bédard: Effectivement, des projets pilotes ont
été tentés pour voir quelle en était l'incidence.
Vous en avez eu un, par exemple, à Rimouski en aide sociale et en
assurance-chômage; c'était un paralégal,
c'est-à-dire une dame paralégale, qui allait remplir les formules
chez les gens qui ne pouvaient pas se déplacer. Elle allait à
l'aide sociale ou à l'assurance-chômage pour faire des
représentations pour ces gens. C'était pour voir si
c'était possible, si c'était aussi rentable, et si les gens
étaient satisfaits de ce genre de service. Ce sont des projets pilotes,
pour savoir comment se guider.
M. Le Moignan: Est-ce que le projet pilote a été
concluant, quant au rôle des personnes impliquées dans ce
réseau d'aide juridique?
M. Bédard: On est en train de faire l'évaluation
des résultats obtenus dans la région; en attendant, je sais que
le projet pilote de Rimouski a été continué par le
paralégal situé à cet endroit, en attendant de
décider...
M. Le Moignan: Est-ce que vous avez l'intention de continuer dans
d'autres régions les mêmes expériences?
M. Bédard: II y a présentement une
expérience d'un genre un peu différent, d'un autre type de
paralégal, dans le Grand-Nord. Nous avions un Cri avant qui était
traducteur et paralégal aussi, parce qu'il allait chercher nos clients
et il leur expliquait certains rudiments de loi. Présentement, c'est le
grand conseil des Cris qui l'a engagé, donc, on n'a plus besoin de le
payer, mais on s'en sert. Chez les Inuit, présentement, il y a aussi un
autre paralégal que nous avons engagé à temps partiel,
parce que ce sont des situations particulières où un avocat a
beaucoup de difficulté même à comprendre la
mentalité des gens. Alors, on a demandé un paralégal dans
ces circonstances.
M. Le Moignan: Dernière question sur le sujet?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gaspé, quand je vous ai accordé la parole, c'était sur des
questions additionnelles au point de vue de l'information, parce que j'avais
déjà sur ma liste un bon nombre de députés qui
avaient manifesté le désir d'intervenir...
M. Le Moignan: Je suis très soumis, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Je pense qu'on va continuer,
effectivement... Est-ce sur le sujet de l'information?
M. Marcoux: L'information et les paralégaux.
Le Président (M. Clair): Pour les paralégaux, vous
aurez l'occasion de revenir. Vous êtes le sixième sur la liste. Le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Dans votre budget de communications, je vois qu'il y
a $33 200 pour l'exercice courant. Quelle est l'augmentation de ce budget sur
l'année précédente?
M. Bédard: On m'informe que c'est la même chose que
l'année dernière. Il n'y a aucune augmentation.
M. Lalonde: II n'y a aucune augmentation. Tantôt, on a
parlé d'augmenter l'accessibilité ou l'admissibilité aux
services juridiques à ce qu'on appelle la classe moyenne. Je vois, dans
les renseignements que vous nous avez donnés, que votre clientèle
se situe au niveau des assistés sociaux, des chômeurs, des
bénéficiaires de mesures sociales. Est-ce que vous avez la
certitude ou au moins l'impression que vous remplissez complètement les
besoins de ce qui serait en deçà de la classe moyenne, avant de
parler d'augmenter les services à la classe moyenne? Peut-être que
le ministre préférerait répondre?
M. Bédard: Avec votre permission, M. le Président.
Au début, le taux d'utilisation était de 4% des personnes
admissibles. Autrement dit, on a fait une approximation au début, disant
que, suivant les normes, il y avait environ 2,2 millions de personnes au
Québec qui pourraient bénéficier de l'aide juridique. Le
taux d'utilisation était de 4%, la première année.
Graduellement, on en est maintenant rendu à 10%; dans des
régions, c'est 12%, 14%; dans d'autres régions, c'est 6% ou 8%.
Il faut aussi noter que ce taux ne veut pas dire qu'on a seulement une
pénétration partielle; cela ne veut pas dire que les personnes
ont toutes besoin de services juridiques la même année. Cela ne
veut rien...
M. Lalonde: C'était la question que j'allais vous poser.
Est-ce que vos études vous ont permis de conclure que ce pourcentage,
soit de 10%, 14% ou 8%, selon les régions, équivaut à peu
près aux besoins? Est-ce que ces chiffres existent? Peut-être
pas.
M. Bédard: Le chiffre existe aux États-Unis par
rapport aux programmes qu'il y avait aux États-Unis. On y a fait des
programmes globaux et des programmes très limités, des programmes
limités, par exemple, dans une ville particulière je pense
que c'est Shreveport il y avait un taux d'utilisation de 14% qui a
été atteint, mais, après une diffusion d'information
seulement à un endroit concentré. Ailleurs, le taux
d'utilisation, aux États-Unis, se situait entre 4% et 8%. Autrement dit,
on pense que le taux d'utilisation est à peu près normal, mais
ça ne veut pas dire que tous les gens sont informés, j'en serais
très surpris.
M. Lalonde: Bon! Est-ce que vous avez été à
même de constater une demande de... encore là, entre guillemets,
ce qu'on appelle la "classe moyenne" ou, enfin, d'autres personnes qui ne
remplissent pas les critères, que vous devez refuser à cause des
critères d'admissibilité? Est-ce que vous avez tenu compte du
nombre ou d'une certaine proportion?
M. Bédard: Au niveau des refus, pour cette année,
c'est comme l'année dernière. Il y a 13% de refus. Il y a deux
raisons au refus d'aide juridique, c'est soit d'être
économiquement favorisé, dans le cas du refus, et aussi au niveau
de la vraisemblance de droit. Au niveau de la vraisemblance de droit, je
dirais, approximativement 2%, 3%. Donc, ça pourrait laisser, à ce
jour, 10% des personnes qui se présentent chez nous et qui sont non
admissibles. Il faut dire qu'il y a beaucoup de personnes qui ne se
présentent pas non plus, étant donné la diffusion qu'on a
faite des critères d'admissibilité et qui seraient
peut-être admissibles, si c'était étendu graduellement
à la classe moyenne. Mais, encore là, il y a peut-être
aussi beaucoup de réformes à faire avant. Je ne le sais pas.
C'est à y voir.
M. Lalonde: Je pense que la question logique
qui doit suivre ça vous n'avez peut-être pas la
réponse c'est de se demander si vous pouvez connaître ou
sentir que des droits, des cas d'injustice sont commis à cause du manque
de services juridiques qui seraient offerts à ces gens non admissibles
strictement pour des raisons qui ne répondent pas aux critères?
Autrement dit, est-ce que vous savez que, ces 10% qui ne sont pas venus vous
voir ont simplement abandonné, par exemple? C'est impossible de le
savoir?
M. Bédard: Je ne peux pas vous dire. Je pense bien que
c'est bien difficile de faire cette évaluation.
M. Lalonde: Peut-être que des témoignages auraient
pu vous être rendus simplement?
M. Bédard: Non, pas à ma connaissance.
M. Lalonde: Je veux en venir à ce projet, assez
préliminaire du gouvernement, d'après ce que je vois,
d'étendre ça à la classe moyenne éventuellement.
Naturellement, c'est un choix politique. Le ministre a un peu associé
tantôt l'Opposition à ce désir. Je ne sache pas que nous
ayons fait ce choix d'étendre l'État providence à ceux qui
ont les moyens de se payer eux-mêmes des services de droit, et c'est pour
ça que je vous le demandais à vous. Peut-être que le
ministre aurait au ministère des données qui autoriseraient le
gouvernement à souhaiter que, pour assurer l'accès à la
justice, donc, une meilleure justice, une meilleure qualité de vie
démocratique, il y ait lieu, pour l'État en
général, de faire un effort budgétaire additionnel afin de
permettre que des gens qui n'ont pas justice actuellement aient justice, et ce
seraient des gens d'un revenu moyen plus élevé que les
critères. Il y a une certaine... Il faut qu'il y ait une logique. Ce
n'est pas seulement un voeu pieux, j'imagine, de la part du ministre.
M. Bédard: Je crois qu'on doit avoir comme objectif,
étant donné les critères existants à l'heure
actuelle, qui représentent quand même un minimum, de ne pas faire
autrement que de viser à la possibilité que plus de citoyens
réussissent, avec des salaires très moyens, à recourir aux
services d'aide juridique. C'est globalement, je pense, un objectif auquel
j'avais associé l'Opposition. Si l'Opposition croit indiqué de
faire connaître une position contraire en fonction de l'atteinte de cet
objectif, ça me surprend.
M. Lalonde: Le ministre a dit tantôt que... Le ministre
peut être surpris, tant mieux! Mais je veux dire que le ministre met
strictement cela en fonction d'un accès plus grand de la classe moyenne
à l'aide juridique alors que je pense qu'il faut mettre l'objectif ou le
décrire d'une autre façon, de faire en sorte que tous les
citoyens, soit des classes moyennes ou autres, aient accès à la
justice. Est-ce par le biais de l'aide juridique? Est-ce par le biais de
l'étatisation de tout le système? C'est un autre choix,
l'objectif auquel concourt l'Opposition sûrement. Et d'ailleurs ce
programme a été inauguré par l'ancien gouvernement qui est
l'Opposition officielle actuellement, c'est la preuve la plus flagrante.
L'Opposition a sûrement comme objectif de travailler dans le sens
d'augmenter l'accès à la justice.
Maintenant, cela doit-il être par le biais d'un organisme
gouvernemental étatique? C'est une autre question et c'est là que
je demande au ministre de ne pas associer l'Opposition nécessairement
avec le moyen mais à l'objectif, sûrement.
M. Bédard: À l'heure actuelle, la famille moyenne
qui n'a pas accès aux services de l'aide juridique paie quand
même, d'une certaine façon, les services donnés à
ceux qui peuvent en bénéficier au moment où on se
parle.
Quand on voit un salaire de $7000, par exemple, avec deux
dépendants, au moment où on se parle, cela permet une
accessibilité aux services gratuits juridiques. Entre vous et moi, un
salaire de $7000, avec deux dépendants, ce n'est pas tellement un
salaire qui permet de joindre les deux bouts facilement et je pense que c'est
tout à fait normal de se fixer comme objectif, tenant compte quand
même de la difficulté que des familles ont de joindre les deux
bouts, d'augmenter le nombre de ceux qui pourraient avoir accès aux
services juridiques.
M. Lalonde: Autrement dit, on en est à définir ce
qu'est la classe moyenne. C'est ça au fond. Ce n'est peut-être pas
la classe moyenne comme vous dites, $7000 avec deux dépendants.
M. Bédard: J'ai bien dit classe moyenne, entre
guillemets.
M. Lalonde: C'est celle qui n'est pas actuellement admissible
celle qui serait un peu au-dessus de l'admissibilité. Alors, c'est pour
cela que la question de classe moyenne, il faudrait...
M. Bédard: J'ai bien dit, entre guillemets, "classe
moyenne", mais tous ceux qui, à l'heure actuelle, ont charge de famille,
ont un salaire qui, effectivement, ne leur permet pas de joindre les deux
bouts. À ce moment, je crois qu'il y a avantage à orienter des
efforts pour que ces familles, ces individus, ces citoyens puissent avoir la
latitude de recourir à la gratuité des services juridiques. Il y
a une pondération à faire. C'est évident. Il y a aussi des
contraintes budgétaires. On en a parlé tantôt. Il y a la
possibilité d'inventorier d'autres avenues qui pourraient permettre
à plus de gens d'avoir accès aux services juridiques et on a
mentionné, tout à l'heure, que la Commission des services
juridiques faisait une étude dans ce sens. Peut-être qu'avec les
conclusions qui seront portées à notre attention, on sera plus en
mesure de poser des gestes concrets du côté gouvernemental.
Le Président (M. Clair): Une courte question, sur le
même sujet, au député de Gaspé.
M. Le Moignan: Très petite. Cela veut-il dire
que le ministère songe à s'aventurer vers le "Judi-care"
comme on a le "Medicare" aux Affaires sociales, par exemple?
M. Bédard: Non.
Le Président (M. Clair): Le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Peut-être que vous pouvez deviner ma question!
À la clinique d'aide juridique Saint-Louis, le problème est-il
réglé?
M. Bédard: II y a présentement un mandamus qui a
été intenté par les services juridiques populaires de
Saint-Louis.
M. Blank: Mon ami Ziggy Finkelstein vous a fait cela?
M. Bédard: Effectivement, les tribunaux appartiennent
à tout le monde et la clinique s'est servie des tribunaux pour
contraindre la Commission des services juridiques...
M. Blank: II faut dire que c'est sub judice. M. Bédard:
C'est cela.
M. Blank: Je veux poser une petite question qui n'est pas sub
judice, peut-être! Dans votre rapport de 1976, vous parlez de
Saint-Louis, mais vous dites que l'un des problèmes, c'est que les
lettres patentes et les règlements de ladite corporation ne sont pas
corrects, mais comme c'est moi qui ai préparé les lettres
patentes, qu'est-ce qui ne marche pas?
M. Bédard: M. le Président, si vous me le
permettez, je peux peut-être venir à la rescousse du
député. Effectivement, quand vous avez fait les lettres patentes,
la Loi de l'aide juridique n'existait pas. Vous ne pouviez peut-être pas
tenir compte de ce qui était pour apparaître dans une future
loi.
M. Blank: Cela a été fait avec M. Michel Bergevin
qui est maintenant un de vos administrateurs à
Saint-Jérôme.
Le Président (M. Clair): Le député de
Sainte-Anne.
M. Lacoste: J'aurais peut-être une question à poser
à M. Lafontaine ou au ministre. Je ne sais pas si vous êtes au
courant que l'aide sociale, fait signer un document aux prestataires d'aide
sociale pour faire enquête dans différents ministères,
autant pour le fonds de pension fédéral que pour le fonds
provincial, pour les accidents du travail, autorisant le ministère
à faire enquête, et inclut dans ce document l'aide juridique.
Anciennement, il y avait un autre document qui parlait des avocats, des
médecins. Cela a été aboli. On a gardé l'aide
juridique comme enquête.
M. Bédard: Je ne saisis pas très bien votre
question.
M. Johnson: II me semble que j'ai entendu parler de cela,
effectivement. Le service d'aide sociale du MAS ferait signer une formule aux
gens qui bénéficient de l'aide sociale, par laquelle ceux-ci
acceptent que l'aide sociale puisse faire enquête auprès de
différents ministères quant à leurs revenus, quant
à leur situation, quant à leurs revenus, par exemple, de la
Régie des rentes, etc., et on inclurait également une
renonciation à la confidentialité des renseignements reçus
à l'aide juridique à leur sujet.
M. Bédard: Effectivement, nous n'avons jamais donné
de renseignements là-dessus et c'est la loi qui nous y contraint en
vertu de l'article 90; et nous n'en donnerons jamais, du moins le temps que je
serai là.
C'est définitivement défendu par la loi et ce sont des
communications privilégiées.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Ma question touche à ce dont on a
commencé à parler tantôt: la question des
para-légaux. Vous avez parlé d'une expérience faite
à Rimouski, je croyais que cette expérience était
également étendue à Gaspé, sauf erreur. Vous dites
que vous êtes en train de l'évaluer et vous la prolongez pour l'an
prochain, si mes informations sont exactes. Vous êtes en train de
l'évaluer. Est-ce que je peux savoir comment vous allez procéder
pour évaluer ce type d'utilité, parce que, vu d'un point de vue
extérieur, en ce qui me concerne et quant aux réactions que j'ai
pu avoir des gens, de la population de la région, je pense que c'est
s'offrir d'excellents services à bon marché puisque, souvent,
c'est ce qu'on pourrait appeler des avocats populaires. Ce sont de simples
citoyens qui ont acquis, par l'expérience, par leur propre formation,
toutes les données soit sur l'aide sociale, soit sur
l'assurance-chômage, et qui défendent ces citoyens auprès
de la fonction publique. Je sais aussi que les avocats apprécient
beaucoup ce type d'employés parce que, souvent, ce sont des causes
où il n'y a pas de véritable conflit juridique comme tel; mais
c'est plutôt un genre d'ombudsman populaire dont on a besoin et qui
semble très utile.
Ce que je voudrais savoir, c'est, à partir de votre
première évaluation, est-ce que vous pensez étendre
à travers le Québec ce type d'avocats populaires
intégrés aux bureaux de l'aide juridique, puisqu'il semble
qu'après une première évaluation, dans notre
région, que ce soit très utile?
Je vais poser ma deuxième question tout de suite, ça ne
concerne pas les paralégaux comme tels, je voudrais savoir, dans la
proportion des salaires que vous versez aux avocats actuellement, quelle est la
somme que vous versez aux avocats de l'aide juridique par rapport à la
somme que vous versez aux avocats privés qui ont des mandats d'aide
juridique?
M. Bédard: La question des paralégaux est quand
même complexe. D'abord, c'est une impor-
tation des États-Unis; au début, c'étaient des
choses qu'on ne connaissait pas ici. Aux États-Unis, il y a un
phénomène particulier, c'est qu'il y a eu un manque d'avocats
dans des régions pendant très longtemps. Je ne pense pas que ce
soit la situation qu'on vit actuellement au Québec.
M. Bédard: Oui, mais ils ne peuvent pas pratiquer
là-bas tant qu'ils ne sont pas inscrits, c'est un fait. Maintenant, il
n'est pas question non plus d'engager des personnes comme étant du
"cheap labor" comme on dit, c'est-à-dire du travail qui pourrait
être payé à un coût moindre. Je pense bien que ce ne
serait pas normal non plus. Présentement, vous avez sur le marché
des avocats qui sont sans travail. Chez nous, quand quelqu'un entre à
l'aide juridique, suivant la norme automatique, la personne est payée
$12 200 ou $12 199. C'est donc dire que si vous parlez d'un coût
financier comparable, je pense que c'est à peu près comparable.
C'est bien sûr que suivant les années d'expérience au
Barreau, ça devient plus cher. Parce que le paralégal a tendance
à stabiliser son revenu, tandis que l'avocat va en augmentant suivant
une échelle prévue.
C'est évident que le service qu'un paralégal peut donner
est aussi dans un domaine très particulier, parce que le domaine d'un
avocat peut être plus vaste. Mais il faut aussi considérer si
l'avocat va s'éloigner de sa clientèle s'il met un
paralégal entre lui et la clientèle. Cela aussi, il faut observer
ça, parce qu'il y a des personnes qui aiment mieux faire des beaux
dossiers de droit et vont laisser la cuisine plutôt au paralégal.
Ce sont des choses qui se sont vérifiées aux États-Unis.
Il y a différents types de paralégaux, on avait
décelé six sortes en partant de paralégaux, ça va
de l'interprète, celui qui fait des enquêtes pour ceux qui
agissent en défense en matière criminelle et ça va aussi
chez ceux qui vont faire des recherches en droit dans la bibliothèque,
chez d'autres qui sont connaissants en lois particulières. Il y en a
différents types.
Jusqu'à maintenant, on n'a pas voulu se lier les mains
vis-à-vis des projets éventuels, on a dit qu'on utiliserait
chacun à son mérite, suivant l'évolution du milieu et
suivant les endroits. Jusqu'à maintenant, je peux vous dire que dans la
région chez vous, celui de Rimouski est prolongé cette
année. Celui de Gaspé, présentement, on y a mis fin.
M. Le Moignan: M. le Président, comme vous parlez de
Gaspé, que le député de Rimouski a mentionné ce
réseau...
M. Marcoux: Vous l'aviez oublié tantôt? Vous
êtes mal informé sur ce qui se passe dans votre comté.
M. Le Moignan: Je suis très mal informé, je
découvre ça, je ne participe pas souvent aux affaires
juridiques.
M. Marcoux: La prochaine fois, on va nommer un bon
député.
M. Le Moignan: Vous n'aurez aucune chance. Ils en ont élu
un bon et les gens de Gaspé vont le garder. Un rapport devait être
déposé en février 1977 sur l'expérience de
Gaspé. Est-il déposé ou qu'est-ce qui retarde le
dépôt du rapport?
M. Bédard: Effectivement, il y a eu un rapport
déposé au niveau de l'expérience de Gaspé. Il y a
eu une réunion de la commission et des directeurs
généraux. De ces réunions, découle le fait qu'on a
voulu maintenant les prendre un par un et les évaluer suivant les
endroits et surtout les personnes impliquées.
Pour répondre à la deuxième question que vous me
posez, si vous le permettez...
M. Marcoux: Est-ce qu'il y a des documents que vous pourriez
faire parvenir aux membres de la commission? Vous avez parlé de
différentes sortes de paralégaux, ou des documents d'une
première évaluation que vous avez pu faire de ces
expériences, qui seraient de nature à informer les membres de la
commission.
M. Bédard: J'aurai l'occasion de communiquer avec M.
Fontaine, s'il y a lieu, parce que cela peut être assez impressionnant
comme documents.
M. Marcoux: S'il y a des documents qui peuvent être
d'intérêt public, en tout cas. Je ne tiens pas à lire des
rapports de 600 ou 700 pages.
M. Bédard: On verra...
M. Marcoux: S'il y a des documents qui peuvent être rendus
publics, qui pourraient être d'intérêt public, en tout cas,
cela m'intéresserait.
Ma deuxième question?
M. Bédard: La deuxième question, pour
l'année 1977/78, l'année courante, on a prévu, au niveau
du libre choix, c'est-à-dire des avocats de pratique privée, $7
072 000, mais il faut en enlever $728 000 pour les notaires, parce que l'aide
juridique comprend aussi les services de notaires, par rapport à un
budget d'opération, pour les permanents de l'aide juridique, de $17 338
000.
Ce n'est pas tout à fait exact, parce que, dans le budget de
l'aide juridique des permanents, sont inclus aussi tous les
déboursés faits par les avocats de pratique privée qui
sont payés, et aussi l'admissibilité qui est faite dans les
bureaux d'aide juridique est imputée à notre propre budget aussi,
l'admissibilité pour la pratique privée, par exemple.
C'est donc une approximation que je vous donne, sauf pour le nombre
total de ce que cela coûte.
Quant au pourcentage de libre choix, c'est-à-dire à quel
taux les gens choisissent la pratique privée plutôt qu'un
permanent de l'aide juridique, je dirais que la moyenne se tient
approximativement aux environs de 25%, 27% annuellement.
M. Marcoux: II y a une chose que je ne suis
pas certain d'avoir très bien comprise. Vous avez dit qu'en
salaires, aux avocats de l'aide juridique, vous versez environ $7 millions?
M. Bédard: Non.
M. Marcoux: Moins les notaires, $6,3 millions. C'est pour les
avocats qui sont payés par l'aide juridique directement. Mais ceux de la
pratique privée?
M. Bédard: Ce sont ceux de la pratique privée que
je vous ai donnés.
M. Marcoux: Ceux de la pratique privée, d'accord. Cela
va.
M. Le Moignan: Le rapport qui existe, est-ce qu'il est possible
d'en avoir une copie?
M. Bédard: Pas d'objection.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gaspé, ce serait maintenant votre tour. Est-ce que votre question a
été posée?
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection à donner tous
les renseignements nécessaires à un député pour
qu'il remplisse bien son devoir.
Le Président (M. Clair): C'est ce que je voulais vous
faire constater.
M. Le Moignan: Je suis distrait ce matin.
M. Marcoux: J'aurais une brève question
supplémentaire. Quels sont les éléments qui vous ont
amenés à fermer le bureau de l'aide juridique aux
Îles-de-la-Madeleine?
M. Bédard: II y a, je pense, deux raisons. Ce n'est pas
à la commission à décider de l'ouverture ou de la
fermeture des bureaux, c'est aux corporations régionales que cela
appartient.
M. Marcoux: Compte tenu de leurs revenus?
M. Bédard: Compte tenu, bien entendu, des
impératifs budgétaires, tel que cela l'est pour la commission des
services juridiques aussi, vis-à-vis de l'appareil étatique. On
dépend aussi d'un fonds commun qui s'appelle le Trésor. Je pense
que tout le monde en dépend aussi.
À l'intérieur de ces contraintes, les corporations ont
évalué les services rendus par rapport aux coûts. Si ce
n'était que de moi, il y aurait des bureaux permanents d'aide juridique
partout à travers la province, partout où des personnes
pourraient en demander. Par contre, il y a des contraintes qui s'appellent les
distances, les coûts et la population qui peut l'utiliser.
Aux Îles-de-la-Madeleine, il y avait des difficultés au
niveau du personnel, qui est difficile à recruter.
Par contre le bureau est devenu un bureau volant, c'est-à-dire
que, présentement, on en a trente à travers la province qui sont
des bureaux où l'avocat va à l'occasion, étant
donné l'importance des populations, comme, à titre d'exemple,
à Havre-Saint-Pierre, on y va une fois tous les deux mois; à
Poste-à-la-Baleine, on y va à toutes les trois semaines, parce
qu'il n'y a pas une clientèle suffisante pour y avoir une
permanence.
C'est arrivé comme cela aux Îles-de-la-Madeleine. Par
contre, je regardais, avant de partir, les chiffres pour les
Îles-de-la-Madeleine, en autant que des chiffres peuvent être
révélateurs, parce que je sais qu'il y a bien de
l'impondérable là-dedans. Les chiffres démontrent que
depuis qu'il n'y a plus de permanence aux Îles-de-la-Madeleine,
effectivement, il y a plus de services juridiques de rendus quantitativement,
en tout cas, d'après les chiffres que nous avons chez nous qui nous sont
parvenus du bureau des Îles-de-la-Madeleine. Je pense que,
peut-être, les...
M. Marcoux: Est-ce qu'il y en a plus qui sont rendus par les
avocats privés ou par les avocats de l'aide juridique qui vont à
l'occasion aux Îles-de-la-Madeleine?
M. Bédard: Par les avocats de l'aide juridique qui y vont
à l'occasion. C'est d'ailleurs le même permanent qui, maintenant,
le dessert à partir, je pense, de Rimouski, en avion.
Le Président (M. Clair): Le député d'Anjou.
Le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, seulement une question avant
l'ajournement des travaux, concernant les avocats de la pratique privée.
Est-ce qu'il existe encore des écarts importants entre le coût des
dossiers traités par les avocats de la pratique privée, celui des
dossiers traités par les services des corporations, celui des services
de l'aide juridique?
En deuxième lieu, les abus dont a fait état l'ancien
président de la commission, en quittant sa fonction, et qui ont
créé une certaine controverse avec le Barreau, est-ce que cette
question a été vidée?
M. Bédard: Tout d'abord, la première question sur
la différence des coûts entre un dossier confié à la
pratique privée et un dossier confié à l'aide juridique,
nous avons renoncé à essayer de calculer des coûts, parce
que cela devenait très difficile, en ce sens qu'à travers notre
budget on retrouve des éléments qui sont créés par
les gestes posés par la pratique privée. Je donnais tantôt,
par exemple, les déboursés, ils sont inclus à notre budget
à nous plutôt que d'être dans le budget des honoraires de
l'article 52. La portion, par exemple, d'administration pour le libre choix,
c'est-à-dire de recevoir les clients, de déterminer leur
admissibilité et de confier le mandat à l'avocat et, après
cela, effectuer le paiement pour cet avocat, après avoir
vérifié le dossier et son jugement, c'est facturé à
la portion des permanents aussi. Cela devenait trop difficile, mais, tout ce
qu'on peut vous dire, c'est que c'est un sentiment qu'on
en a. Il semble qu'effectivement ce soit beaucoup plus rentable, mais,
encore là, je ne pourrais certainement pas donner de chiffres, cela
deviendrait trop difficile.
Peut-être que c'est possible maintenant, je ne le sais pas, il
existe peut-être des façons comptables de l'évaluer. Cela
deviendrait intéressant. Il y a une autre grosse difficulté,
c'est que nous n'oeuvrons pas dans les mêmes champs non plus. Cela
devient donc très difficile à comparer.
Vous prenez, par exemple, la Cour de bien-être social. Il n'y a
pas de procureur privé, à ma connaissance, qui représente
des enfants à la Cour de bien-être social, alors que, chez nous,
il y en a 17 en permanence qui représentent des enfants à la Cour
de bien-être social. Donc, toute cette portion est très difficile
à évaluer, et l'assurance-chômage, l'aide sociale...
L'année dernière, je pense qu'en aide sociale, il y a eu 20
mandats qui ont été donnés à la pratique
privée. Chez nous, il y a eu 1200 demandes qui ont été
acheminées par nos bureaux. Donc, il devient très difficile de
faire des comparaisons, parce qu'on ne comparerait pas les même choses.
C'est tout ce que je peux dire maintenant.
M. Lalonde: Sur les abus, est-ce que vous avez quelques mots
à dire, parce que je vois que l'horloge est un petit peu en avance?
M. Bédard: Concernant les abus qui ont été
dénoncés par le président sortant, il s'agissait de cas
d'exception. C'était très limité.
M. Lalonde: Très limité, exceptionnel. M.
Bédard: Exceptionnel.
M. Lalonde: Est-ce que des correctifs ont été
apportés?
M. Bédard: Une étude se fait sur l'ensemble, sur
les cas très exceptionnels qui ont été
mentionnés.
Le Président (M. Clair): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Une question, M. le Président. Est-ce que
c'est vrai que certains avocats exigent d'un client une somme souvent
considérable, en plus de ce qu'ils reçoivent de l'aide juridique?
Je crois que c'est interdit par la loi. Est-ce vrai que cela se fait dans la
pratique?
M. Bédard: Si le député est au courant de
semblables situations, j'aimerais qu'il nous en avise avec le nom de la
personne, parce qu'on va faire enquête immédiatement.
M. Le Moignan: Je crois que Gilles Sauvé en a
déjà parlé dans un article de journal.
M. Bédard: Oui, effectivement. Il y a quelques plaintes
que nous avons acheminées parce que nous avons eu connaissance de
certains faits semblables. Maintenant, je ne sais pas à quel taux.
Ce qu'on peut dire, c'est que, de notre côté, nous avons,
dans "La minute juridique", essayé d'aviser les gens de nous avertir si
jamais de telles choses se produisaient, étant donné que la loi
le défend.
M. Le Moignan: Vous répondez comme un politicien,
vous.
M. Lalonde: C'est une excellente réponse. Je pense qu'elle
est nuancée. Je pense qu'on en conclut, en fait, d'après la
réponse, que ce n'est pas généralisé, vous n'avez
pas l'impression que c'est généralisé. Si cela
l'était...
M. Bédard: C'est très difficile de le savoir.
Les cas d'abus auxquels se référait le juge Robert
Sauvé, c'est quelques cas, c'est même moins de dix. Il s'agit de
quatre ou cinq cas. Ces cas vont être étudiés. Il se fait,
à l'heure actuelle, au ministère, l'étude d'un profil de
pratique, mais ce n'est assurément pas à cause de cas d'exception
qu'on va changer l'économie générale de la situation.
Le Président (M. Clair): L'élément 1 du
programme 6 sera-t-il adopté?
M. Le Moignan: M. le Président, le député de
Nicolet-Yamaska aurait peut-être quelques questions à poser,
est-ce qu'on lui laisserait, même si on adopte cet élément,
la possibilité de revenir sur un point ou sur un autre.
M. Lalonde: Je pensais qu'on voulait libérer M. Lafontaine
ce matin.
M. Bédard: Bien oui. Effectivement.
M. Le Moignan: Ah!
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection fondamentale. C'est un
cas d'exception.
M. Le Moignan: Non, j'ai dit peut-être.
M. Bédard: M. le Président, avant d'ajourner, je
voudrais mentionner à la commission que nous avons, à l'heure
actuelle, onze heures de consacrées à l'étude des
crédits. Maintenant, je voudrais également m'assurer de la
collaboration des membres de l'Opposition, pour que mardi, dès la
reprise des travaux, nous puissions procéder aux crédits de la
Sûreté du Québec et de la Commission de contrôle des
permis d'alcool.
M. Lalonde: Oui, M. le Président...
M. Bédard: Parce que nous avons l'obligation de faire
venir certaines personnes de Montréal. Pour ce qui est des autres
programmes, c'est du personnel de la région de Québec ici, alors,
ça cause moins de difficultés.
M. Lalonde: M. le Président, je comprends le souci du
ministre. Je vois plusieurs personnes ex-
trêmement importantes qui ont autres choses à faire que
d'attendre. L'Opposition avait offert sa collaboration depuis le tout
début, sur la façon dont les éléments et les
programmes seraient étudiés. Le ministre avait même
accepté d'étudier le programme de la Commission de contrôle
la semaine prochaine, parce que ce sera le député de Portneuf qui
me remplacera. Moi, je serai retenu à la commission parlementaire de
l'éducation pour la loi no 1.
M. Bédard: Où j'irai vous rejoindre dès la
fin de l'étude des crédits.
M. Lalonde: Je regrette de ne pas pouvoir être ici, par
exemple, lorsque d'autres aspects qui me sont plus familiers seront
étudiés. Peut-être que je reviendrai.
Le Président (M. Clair): Alors, je repose la question:
L'élément 1, du programme 6, sera-t-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Alors,
étant donné qu'il y a consentement unanime, sauf erreur de ma
part, sur l'ordre de présentation des programmes lors de la reprise des
travaux mardi prochain, je comprends que nous étudierons en
priorité le programme concernant la Sûreté du Québec
et ensuite qui concerne la Commission de contrôle des permis
d'alcool...
M. Bédard: ...M. le Président...
Le Président (M. Clair): C'est bien ça. ...la
commission de la justice ajourne ses travaux sine die.
M. Johnson: Ce n'est pas à mardi?
Le Président (M. Clair): Je m'excuse. ...ajourne ses
travaux à mardi matin, 10 heures.
M. Lalonde: Mardi matin, parce que, sans ça, l'ordre de la
Chambre...
(Fin de la séance à 12 h 1)