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Étude des crédits du ministère de
la Justice
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
La commission de la justice se réunit pour continuer l'examen des
crédits budgétaires du ministère de la Justice.
Les membres de la commission pour aujourd'hui sont: M. Alfred
(Papineau), M. Bédard (Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M.
Charbonneau (Verchères), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Clair (Drummond),
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Johnson (Anjou), M. Laberge (Jeanne-Mance),
M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Pagé (Portneuf), en remplacement de M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Marois (Laporte), M. Samson (Rouyn-Noranda),
M. Shaw (Pointe-Claire), M. Springate (Westmount), M. Proulx (Saint-Jean), M.
Gravel (Limoilou) en remplacement de M. Tardif (Crémazie) et M.
Vaillancourt (Jonquière).
M. Pagé: M. Lavoie, de Laval, va remplacer M. Ciaccia.
Le Président (M. Clair): M. Lavoie, de Laval, en
remplacement de M. Ciaccia, de Mont-Royal.
M. Pagé: C'est cela.
Sûreté du Québec
Le Président (M. Clair): Lorsque nous avons ajourné
nos travaux, vendredi dernier, nous avions convenu de commencer ce matin avec
l'étude du programme 15, concernant la Sûreté du
Québec, c'est bien cela, M. le ministre?
M. Bédard: C'est cela, M. le Président. Le
Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, ce programme traite des
crédits octroyés à la Sûreté du
Québec. Au mois d'avril, à Drummondville, nous avons eu
l'occasion de vivre des événements assez difficiles. Maintenant,
je puis vous dire que, depuis ce temps, également, depuis que les
travaux de la commission parlementaire se sont terminés, les
négociations ont repris d'une façon intense entre les parties,
aux fins d'en arriver à une entente.
Je puis vous annoncer ce matin que les parties se sont entendues sur la
grille des cas spéciaux présentant des risques, un des
éléments importants de la négociation. En ce qui a trait
au reste des négociations, cela fonctionne normalement.
Quant à ce programme, il y a deux éléments qu'il
vaudrait la peine de souligner. Entre autres, c'est l'intention de la
Sûreté du Québec de s'engager dans un programme intensif de
sécurité routière. On sait que les principaux objectifs du
programme de la surveillance sélective implanté à la
Sûreté du Québec depuis plusieurs années sont
d'assurer une surveillance policière suffisante et vigilante aux heures,
aux jours et aux endroits où les accidents surviennent ou sont
susceptibles de survenir, et de faire en sorte que cette présence
policière, destinée à assurer le respect des lois, ait
pour effet d'inciter les usagers de la route à la prudence.
On sait que lorsque les causes d'accidents ont été bien
identifiées et que la répartition des effectifs a
été bien effectuée, les membres de la Sûreté
du Québec concentrent leurs efforts à l'égard des
infractions qui sont à l'origine de ces accidents. Comme le facteur
humain est la cause 'certaine d'au moins 73% des accidents et qu'il contribue
à en aggraver les conséquences d'environ 91%, la
Sûreté du Québec, dans son programme, a prévu de
s'attaquer à ce facteur sous tous ses aspects, dans le but de
réduire, effectivement, le nombre des accidents et d'en minimiser la
gravité.
Au cours des dernières années et particulièrement
pour l'année en cours, solidairement avec la Sûreté du
Québec, nous nous sommes fixé plusieurs objectifs pour atteindre
les résultats préconisés ci-devant, dont voici les
principaux:
Premièrement, une surveillance plus accrue du transport
d'écoliers; deuxièmement, l'intensification de la surveillance
concernant les abus d'alcool au volant, augmentation du nombre d'appareils
ivressomètres et de techniciens, l'augmentation du nombre des appareils
de radar et la formation d'un plus grand nombre d'opérateurs, en vue
d'assurer un meilleur contrôle des infractions de vitesse aux endroits
stratégiques; également une surveillance plus
élaborée concernant le port obligatoire de la ceinture de
sécurité.
Il faut y ajouter un programme de vérification mécanique
visuelle des véhicules automobiles avec une émission de collants
dans le but d'enlever des chemins publics les véhicules qui ne sont pas
en condition pour y circuler d'une manière sécuritaire.
Également, l'intensification des efforts des patrouilleurs afin de
renseigner davantage les automobilistes et les autres usagers des chemins
publics afin de les familiariser avec les lois en vigueur et de les inciter
à plus de prudence et de courtoisie, enfin, une surveillance accrue
concernant la circulation des cyclomoteurs et des moto-neiges, afin d'inciter
davantage les conducteurs de ces véhicules à la prudence et au
respect des lois. Également nous l'avions fixé comme
priorité non seulement au niveau du ministère de la Justice, mais
comme priorité gouvernementale nous voulons intensifier les
efforts dans la lutte contre le crime organisé et, à cet effet,
nous avons eu une discussion au début des crédits où nous
avons informé les membres de la commission de l'intention du
gouvernement, avant que le rapport final de la CECO ne soit
présenté, d'avoir l'occasion de tenir une ou deux réunions
de ceux parmi les principaux intéressés qui ont oeuvré
jusqu'à maintenant dans la structure qu'on connaît contre le crime
organisé, également notre intention d'y associer dans la mesure
du possible
même certains membres, même les membres de l'Opposition, des
autres partis puisque je pense que c'est un sujet de réflexion qui
intéresse assurément chacun, non seulement le gouvernement, mais
également les partis. Quant à la forme ou la structure que
prendra la lutte contre le crime organisé, je crois que ces
réunions nous permettront justement de définir de façon
plus appropriée cette structure et cette forme.
Il y a également une autre priorité gouvernementale,
priorité du ministère, en tout cas, que je me suis fixée,
c'est d'intensifier également la lutte contre les crimes
économiques. On sait que, de plus en plus, les fraudeurs se
perfectionnent et perfectionnent leurs moyens, on sait que la lutte contre les
crimes économiques peut toucher des milliers de personnes. Les moyens
des fraudeurs se raffinent de jour en jour, d'où la
nécessité également de perfectionner les moyens pour
lutter efficacement dans ce domaine et déjà, il y a de cela je
crois deux semaines, il y a eu un colloque qui a été tenu par la
Sûreté du Québec, section est du Québec, sur les
moyens à prendre pour lutter efficacement dans ce domaine et c'est notre
intention, une fois ces colloques parce qu'il y en a un autre de
prévu, je crois une fois ces colloques arrivés à
terme au niveau des recommandations... je puis assurer les membres de la
commission que le ministère de la Justice est disposé, parce que
c'est une priorité et une urgence, à fournir les outils
nécessaires pour engager résolument cette lutte contre le crime
économique. S'il y a une nécessité d'une
législation, d'une modification dans les lois, nous serons très
ouverts. Également, s'il y a nécessité de crédits
additionnels pour, disons engager cette lutte d'une façon efficace, nous
ferons les démarches nécessaires. Alors, c'est dans l'ensemble
quelques points que je voulais soulever au début de l'étude de ce
programme.
Nous avons avec nous le directeur de la Sûreté du
Québec, M. Beaudoin, alors il y aura lieu si tel est le désir des
membres de la commission de lui adresser des questions afin d'avoir des
renseignements les plus détaillés possible.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci M. le Président. D'abord, je tiens
à remercier les autorités de la Sûreté de nous avoir
fait parvenir ce matin le rapport annuel.
M. Bédard: Le rapport annuel 1976. M. Pagé:
C'est cela et...
M. Bédard: Nous aurions aimé le faire auparavant,
avant même l'étude des crédits. Maintenant on a
déjà indiqué qu'on ferait tous les efforts
nécessaires pour que dans l'avenir avant que les crédits
commencent, tous les rapports soient déposés.
M. Fontaine: M. le Président.
M. Bédard: Le rapport a été
déposé en Chambre il y a deux semaines.
M. Pagé: Ils nous avaient fait parvenir une copie
personnellement ce matin. D'abord, on tient à faire part de notre
appréciation et de notre satisfaction à l'énoncé
que le ministre nous a fait ce matin concernant les négociations avec
les policiers de la Sûreté du Québec. On est bien heureux
du dénouement.
M. le Président, j'aurais quelques questions ce matin à
poser au ministre, je ne sais pas si ces questions ont été
abordées au début des travaux, soit la question de l'orientation
de l'avenir de la Sûreté du Québec, la juridiction de la
GRC ici, seulement quelques questions suite à sa première
apparition publique, je pense que c'était au mois de janvier dernier. Le
ministre, dans un article qui est rapporté dans le "Soleil" du 12
janvier, le titre est assez explicite, il est mentionné que le ministre
de la Justice remet en question le rôle de la GRC au Québec et on
peut y lire, on peut y constater, je cite M. le Président: "Après
avoir précisé le rôle des policiers fédéraux
sur le territoire québécois, le gouvernement Lévesque
rêve en effet de faire de la Sûreté du Québec une
véritable sûreté nationale avec tous les attributs que
cette notion comporte, y compris justement le rôle d'assurer la
sécurité de l'État." J'aimerais, M. le Président,
s'il était possible que le ministre explicite davantage ses
considérations en tant que nouveau titulaire du ministère.
L'approche qu'on veut donner à cette orientation de la
Sûreté, des attributs de la Sûreté sur le territoire
du Québec par rapport à la Gendarmerie Royale du Canada.
Qu'est-ce qu'il y a eu de fait jusqu'ici?
M. Bédard: Nous avons eu déjà l'occasion de
discuter de ce sujet au début de l'étude des crédits. Je
ne veux pas être désagréable vis-à-vis mon
collègue d'en face, je comprends qu'il n'est peut-être pas
à ce moment...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs, mes chers confrères, encore une fois, je vous
demande de vous exprimer un à la fois, je pense qu'on a la mauvaise
habitude de parler plusieurs en même temps. C'est très mauvais
pour la reproduction de propos si intelligents dans le journal des
Débats.
M. Pagé: C'est l'enthousiasme. M. le Président, le
ministre semble me faire reproche de n'avoir pu assister au début des
travaux, je ne voudrais pas cela parce qu'à ce moment, j'étais
pris dans une autre commission où j'avais à assumer le rôle
de l'Opposition officielle et je pense que je suis en droit dans ce programme
de poser des questions comme celle-là.
M. Bédard: Non seulement je ne vous fais pas de
reproche...
M. Pagé: Et, par surcroît, si le ministre a
déjà eu l'occasion d'aborder ces questions il sera d'autant plus
facile pour lui de résumer et de nous en faire part à nouveau
même si c'est succinct.
M. Bédard: Non seulement je ne vous fais pas reproche de
poser ces questions, j'avais même
pris la peine de souligner que vous ne pouviez, vous n'étiez pas
présent lors du début de l'étude des crédits du
ministère. Essentiellement, nous avons parlé de
"sûreté nationale" dans l'expectative que les
Québécois décideraient majoritairement que le
Québec devait s'acheminer dans une voie bien précise celle de la
souveraineté du Québec. Il est évident qu'à partir
du moment où cette situation existerait, il n'est que normal de penser
qu'il doit y avoir un corps de police qui ait comme fonction d'assurer la
sécurité du territoire. Dans cette optique, je crois que la
Sûreté du Québec constitue à l'heure actuelle un
corps policier, qui non seulement couvre tout le territoire du Québec,
mais un corps policier qui se spécialise de plus en plus dans tous les
domaines et qu'étant donné sa structuration il était
normal de penser que ceci pouvait constituer une vocation d'avenir pour la
Sûreté du Québec.
Sans préciser davantage, il est évident que si les
Québécois décidaient de la souveraineté du
Québec, si la Sûreté du Québec devenait ce corps
policier ayant pour fonction d'assurer la sécurité du territoire,
il y aurait naturellement des fonctions très précises qui lui
seraient dévolues, mais je pense qu'il est prématuré, pour
le moment, d'entrer plus avant dans ce domaine.
M. Pagé: Le ministre semble relier toute cette question
à l'hypothétique résultat du référendum.
Est-ce à dire que le ministère attend ce référendum
pour préciser son travail ou ses intentions là-dessus? Ou y
a-t-il du travail qui se fait déjà, actuellement?
M. Bédard: À l'heure actuelle, il y a quand
même, je le rappelle au député, l'existence d'un groupe de
travail qui a comme fonction de déterminer de la façon la plus
spécifique possible, les fonctions policières et les
responsabilités qui pourraient être dévolues à
chacun des corps policiers oeuvrant sur le territoire du Québec. Je
crois que les travaux de ce groupe seront assurément de nature à
nous donner des indications qui nous permettront tranquillement de
préciser l'action de chacun des corps policiers.
M. Pagé: D'accord. Par contre, est-ce que vous nous
confirmez ce matin qu'il est dans les attributions actuelles du comité
qui a été formé d'étudier la question que la
Sûreté du Québec devienne la Sûreté nationale
du Québec?
M. Bédard: II n'est pas dans les attributions
spécifiques de ce groupe de travail d'étudier le sujet
auquel vous vous référez. Mais je crois que l'ensemble du travail
qui sera effectué par ce groupe sera quand même de nature à
apporter un éclairage qui pourra constituer des éléments
de préparation en fonction d'une hypothèse qui, nous en avons la
conviction, deviendra réalité.
M. Pagé: Vous en avez la conviction? M.Bédard: Sûrement.
M. Pagé: On peut donc en conclure qu'actuellement, c'est
strictement...
M. Bédard: Entre-temps, notre travail, au niveau du
ministère de la Justice, c'est de faire en sorte que chacun des corps
policiers existants soit le plus efficace possible, et, seront sûrement
de nature à nous aider.
M. Pagé: D'accord. De toute façon, on pourra y
revenir lorsqu'on abordera la question de la sûreté municipale.
Dans la même entrevue que le ministre donnait à ce
moment-là, il disait: Quant au refus d'Ottawa de se rendre à une
réclamation de quelque $370 millions que le Québec réclame
à titre de compensation financière, le ministre
québécois a indiqué son intention de poursuivre la lutte
pour obtenir gain de cause dans cette réclamation logée par ses
prédécesseurs. Je pense, M. le Président, que les travaux
de cette commission seraient le moment le mieux choisi pour faire état
aux membres de l'Assemblée de ce qu'il y a eu de fait depuis que le
ministre est en fonction. Je suis convaincu que celui-ci a eu beaucoup d'autres
chats à fouetter, mais je suis quand même certain qu'il a su
consacrer des efforts particuliers à ce dossier. Comme celui-ci
l'indique, cela avait été amorcé par ses
prédécesseurs et on est en droit de s'attendre à un compte
rendu ou a un exposé de la situation de la part du ministre, ce
matin.
M. Bédard: Cette demande, comme vous dites, a
déjà été amorcée par nos
prédécesseurs. C'est peut-être un exemple des plus
frappants de l'injustice du fédéral envers le Québec.
M. Pagé: Je ne vous demande pas des jugements de valeur,
je vous demande ce qui a été fait depuis...
M. Bédard: Laissez-moi répondre, vous avez droit
à la question, mais...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf, s'il vous plaît!
M. Bédard: C'est peut-être un des exemples les plus
frappants de la cécité du fédéral devant la
situation qui fait qu'en toute justice, il doit rembourser au Québec les
sommes que nous réclamons et qui s'accumulent toujours d'année en
année.
Dès le début, j'ai déjà fait en sorte de
communiquer le dossier et d'en discuter avec le ministre des Finances qui a,
dès la première réunion fédérale-provinciale
des ministres des Finances à Ottawa, fait des revendications concernant
ce dossier, se retrouvant, comme d'habitude, devant un non formel de la part
d'Ottawa qui se borne à dire non, mais ne veut jamais discuter du
bien-fondé de la réclamation, puisque le bien-fondé est
indiscutable. Cette démarche a déjà été
faite à l'endroit de mon collègue des Finances. Nous avons,
à la fin du mois de juin, une conférence
fédérale-provinciale au cours de laquelle nous
acheminerons encore notre réclamation au fédéral,
nous ferons les représentations les plus énergiques possible,
pour faire en sorte que le fédéral, une fois pour toutes, ouvre
les yeux. Nous ne nous faisons pas plus d'illusions qu'il ne faut, mais je
demeure convaincu qu'en intensifiant les efforts, il est possible que le
fédéral réalise jusqu'à quel point il endosse une
situation d'injustice envers le Québec en ne retournant pas au
Québec ces sommes de l'ordre de $300 millions et plus qui lui sont dues.
Nous avons eu l'occasion d'en discuter au début des crédits, et
j'essaie de résumer la discussion que nous avons eue à ce
moment.
M. Pagé: D'accord. Alors, jusqu'à maintenant, si je
comprends bien, les discussions ou ce qui a été fait de la part
du gouvernement du Québec, l'a été par le ministre des
Finances, suite à une requête ou à un exposé de la
situation que lui aurait fait le ministre de la Justice. C'est tout ce qui a
été fait de la part du ministre de la Justice jusqu'à
maintenant.
M. Bédard: Nous avons également demandé que
soit inscrit à l'ordre du jour, dans la prochaine conférence
fédérale-provinciale des ministres de la Justice, cette question
qui est très importante.
M. Pagé: Est-ce qu'en prévision de cette
conférence, le ministre de la Justice a établi des contacts,
jusqu'à maintenant, avec d'autres provinces, notamment l'Ontario, pour
voir à la possibilité qu'une solidarité de la part de ces
deux provinces puisse être exprimée lors de la conférence
fédérale-provinciale?
M. Bédard: Nous avons déjà eu l'appui de
l'Ontario sur cette question. Maintenant, nous allons attendre le
résultat des élections pour voir si cette solidarité
continuera.
M. Pagé: Sera aussi clairement exprimée. M.
Bédard: Je ne doute pas qu'elle continue.
M. Pagé: D'accord, c'est à continuer, je vous
encourage à continuer dans ce sens.
M. Bédard: Là-dessus, on a besoin d'encouragement,
il n'y a pas de doute, mais on a surtout besoin de compréhension de la
part du gouvernement fédéral.
M. Pagé: Continuez. Alors, M. le Président, j'ai
une autre question, peut-être plus précise. Le ministre, dans son
exposé, a abordé la question de la sécurité
routière, faisant état que des efforts particuliers seraient
déployés par la Sûreté du Québec, cette
année, notamment en ce qui concerne le transport scolaire, les
conducteurs en état d'ébriété, le radar, la
ceinture de sécurité et tout. Les représentants de la
Sûreté pourraient-ils nous faire état de la situation telle
qu'elle prévaut actuellement, suite à l'adoption de mesures
réglementaires concernant le port de la ceinture de
sécurité? Comment cela s'est-il traduit chez l'effectif de la
Sûreté? Y a-t-il un effectif particulier affecté à
la vérification? Êtes-vous à même de constater les
résultats, suite à cette réglementation? Et enfin, y
a-t-il beaucoup de contraventions et de poursuites qui ont été
amorcées suite à l'adoption de ce règlement?
M. Bédard: On pourrait peut-être rappeler au
député que, lors de l'adoption de la loi concernant le port
obligatoire de la ceinture de sécurité, l'ancien ministre des
Transports avait bien spécifié qu'il voulait orienter surtout son
action vers une publicité incitative qui soit la plus convaincante
possible pour convaincre les citoyens d'accepter le port obligatoire de la
ceinture de sécurité.
Il était je le sais, d'autant plus que j'étais
à ce moment critique de l'Opposition en matière de transports
il n'était pas question d'une campagne intensive de la part de la
Sûreté du Québec aux fins, non seulement, de
vérifier, mais de coller des infractions autant que cela était
possible, d'autant plus que la preuve est toujours extrêmement difficile
à faire si l'on se reporte à la formulation même du texte
de la loi. Il y a certainement eu une surveillance, nous avons
été à même de le constater, une surveillance
étroite, et qui ne s'est pas soldée par une avalanche de plaintes
ou de contraventions. Nous voulons, en regard de l'année qui s'en vient,
accentuer plus que cela ne l'a été fait dans le passé,
sans partir en croisade plus qu'il ne le faut, mais accentuer, disons, les
interventions de la Sûreté du Québec dans ce domaine.
M. Pagé: Je suis d'accord, M. le Président, qu'au
début il avait été clairement indiqué par le
gouvernement quelques jours après l'adoption, lors de l'entrée en
vigueur de la loi, que des mesures réglementaires s'appliqueraient pour
que l'approche des policiers, l'approche globale du gouvernement soit comme le
ministre l'a dit, beaucoup plus incitative que coercitive et cela pour laisser
le temps aux gens d'accepter de porter la ceinture...
M. Bédard (Chicoutimi): Dans le changement.
M. Pagé: C'est cela. Mais, par contre, je ne pense pas que
cela ait été l'intention du législateur à ce moment
d'établir en permanence des mesures strictement incitatives. Cela fait
quand même près d'un an que cela a été
adopté. Je suis certain que vous avez été en mesure de
constater des résultats par suite du port de la ceinture de
sécurité et j'aimerais que M. Beaudoin nous en fasse part. Ma
question est celle-ci: Au moment où on se parle et à compter
d'aujourd'hui, pour l'année 1977, le policier qui, par exemple,
arrêtera un véhicule pour une simple vérification ou pour
autre chose, est-ce qu'il continuera à dire au citoyen: Monsieur, je
pourrais vous coller une infraction, parce que vous ne portez pas votre
ceinture de sécurité ou bien alors que fera-t-il? Est-ce qu'il va
continuer à dire: je pourrais ou s'il y aura une position plus
précise en ce qui concerne une infraction ou autre chose?
M. Bédard: Je vous remercie, M. le ministre. Pour
répondre à votre question, on pourrait peut-être faire une
brève rétrospective en matière de sécurité
routière de ce qu'était la situation en 1976. Si on part du
principe que le ministre vous a expliqué tout à l'heure, à
savoir l'application sélective du code de la route, on verra que l'on
s'efforce par une planification basée sur les données des trois
dernières années antérieures d'anticiper les endroits
où sont susceptibles de survenir les accidents. Ces accidents sont, la
plupart du temps, attribuables à une infraction ou à une erreur
humaine. Donc en termes de résultats, si on se réfère
à la page 37 du rapport que je vous ai soumis, en 1976, la
Sûreté du Québec a enquêté sur 889 accidents
mortels, 8499 accidents occasionnant des blessures et 46 941 accidents causant
des dommages matériels. Nos accidents, globalement ont connu une
augmentation de 1,3% par rapport à 1975. Ce n'est pas si mal, compte
tenu qu'au cours des cinq dernières années l'augmentation du parc
automobile du Québec, de la province de Québec a
été de l'ordre de 8 à 9%, donc on a augmenté les
véhicules de 8 à 9% et les accidents, compte tenu de cela, n'ont
augmenté que de 1,3% l'année dernière.
L'élément le plus positif dont on peut se glorifier, si
Ton peut dire, parce qu'il y a des choses agréables et d'autres plus
désagréables, c'est surtout que pour les accidents mortels, on a
identifié, grâce à l'application sélective, ce qu'on
appelle les points noirs. On a un programme conjoint avec le ministère
des Transports où tous les accidents mortels sont catalogués par
rapport à l'endroit, par rapport aux causes, par rapport à tous
les facteurs qui peuvent entrer en ligne de compte.
En se servant de l'expérience des trois dernières
années, on assigne ces points particuliers à nos patrouilleurs.
On a réussi à avoir 225 accidents mortels de moins,
évitant ainsi au-delà de 285 victimes. On a eu aussi une
diminution de 1529 accidents avec blessés.
Cela nous ramène à la ceinture de sécurité.
On sait que le port de la ceinture de sécurité ne diminuera pas
les accidents comme tels, mais il va influencer énormément les
blessures qui en résulteraient. On rencontre énormément de
personnes qui, au cours d'une collision où l'auto va emboutir
l'arrière d'un véhicule le passager surtout sont
projetées dans le pare-brise. Cette année, on s'aperçoit
que les accidents avec blessés ont baissé.
En toute sincérité, comme le ministre l'a dit tout
à l'heure, et vous l'avez bien compris, cette loi était
d'abord... il y a eu d'abord une approche éducative, incitative.
L'année dernière, on a distribué 1000 contraventions.
Cette année, d'après nos 2000 patrouilleurs et plus qui sont sur
les routes, on s'aperçoit que les gens commencent à être
beaucoup plus conscients de l'application de cette loi et de l'effet que cela
peut avoir sur eux. Dans le cas d'une collision ou d'un capotage, cela
évite au conducteur d'être éjecté. C'est l'aspect
positif.
Il y a plusieurs façons de travailler dans cela. D'abord, le
programme de vérification mécanique des véhicules visuels.
Quand on intercepte un in- dividu, un automobiliste le long d'une route, s'il
ne porte pas sa ceinture, à ce moment, on peut lui donner une
contravention. L'autre façon c'est lorsqu'on le suit, la ceinture
latérale est visible par notre patrouilleur. Quand il ne la voit pas, il
fait l'interception. À ce moment, la personne porte parfois la ceinture
conventionnelle au niveau de l'abdomen. Là encore, il y a des
contraventions qui se donnent.
On a essayé d'adopter non pas une attitude de noblesse, mais une
approche éducative. Dans les trois premiers mois qui ont suivi la
ratification de cette loi, on a distribué des boniments aimables. On
avait même les données quantitatives qui ont servi aux
législateurs pour élaborer cette loi et on les a
distribuées aux automobilistes de façon à les rendre
conscients que c'est pour assurer leur sécurité.
Cette année, bien entendu, on a l'intention de continuer dans le
même domaine. On s'aperçoit qu'au chapitre de la
prévention, par rapport à l'année 1975, on a émis
326 034 billets d'infraction transmis au ministère de la Justice pour
poursuites. Ce sont des infractions qui, à 99,9% se résument
à une amende. Donc, il y a eu une augmentation de 39 000 billets. Vous
constatez que selon le principe de la loi, principe de cause à effet, on
distribue des contraventions en fonction des causes. On amène ainsi une
stabilisation des accidents d'automobiles et une diminution des accidents
mortels.
Dans les vérifications mécaniques visuelles, on a
donné 329 000 billets de 48 heures; ce qui est une augmentation de 11
000 comparativement à l'année précédente. Nous
avons l'intention de continuer dans le même domaine, cette
année.
Quant aux facultés affaiblies, c'est toujours une des causes les
plus importantes d'accidents. On peut dire que, progressivement, depuis
l'implantation du premier ivressomètre, en 1969, il y a eu une
augmentation de 7% à 8% pour atteindre tout près de 18 000
arrestations pour facultés affaiblies. Cela monte graduellement. C'est
assez étrange de constater qu'il ne se fait pas beaucoup
d'éducation dans ce domaine. C'est aussi fructueux d'une année
à l'autre.
D'autre part, le législateur fédéral a
amendé le Code criminel de façon à nous permettre de faire
des vérifications sporadiques et stratégiques le long des routes.
Et cela nous amène actuellement... Nous serons bientôt prêts
à le faire, mais c'est une question d'équipement. Actuellement,
on a une étude en cours. C'est beau, on dit ceci: de permettre à
un agent de la paix d'interpeller un automobiliste le long d'une route pour
faire un test d'ivressomètre, mais le test d'ivressomètre est
beaucoup moins précis que le test conventionnel de Borkenstein que nous
avons actuellement Nous sommes actuellement en étude avec le
médico-légal de façon à déterminer
l'appareil qui pourrait convenir le mieux. Actuellement, il y a un petit
appareil qui est à peu près de la grosseur de mon crayon, dans
lequel on invite l'automobiliste à souffler, et le centre fait penser un
peu à un sablier; au centre, vous avez une solution de bichromate de
potasse qui est blanche. Si la per-
sonne a au-delà de .08, cette partie devient jaune. Donc, c'est
un signe indicateur que la personne est apte à être conduite au
test réel. Je crois que cela créera un immense effet de
dissuasion. Parce qu'on pourra déceler des gens qu'on pourrait
peut-être inviter à laisser leur voiture à un endroit
déterminé et à s'en aller chez eux par mesure de
sécurité. D'autre part, on n'aura pas besoin de se fier
uniquement aux moyens conventionnels de conduite de gauche à droite, en
fin de compte, d'avoir tous les signes avant-coureurs de danger avant de
pouvoir intercepter les gens. Je pense que cela va avoir des effets
bénéfiques qui vont être à même d'appuyer, de
mieux épauler les efforts des policiers dans l'application de la
loi.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf.
M. Fontaine: Juste une petite question sur le même sujet,
celui du port de la ceinture obligatoire.
Le Président (M. Clair): C'est sur le même sujet. Le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le directeur de la Sûreté du
Québec nous a donné des statistiques concernant les
différentes poursuites qui ont été faites au
Québec, ou les plaintes qui ont été portées, ou les
sommations ou les billets d'infraction qui ont été donnés,
dans tous les domaines du Code de la route. Mais, avez-vous les statistiques
qui nous démontreraient combien de plaintes ont été
portées seulement sur le port obligatoire de la ceinture de
sécurité?
M. Bédard: Je ne l'ai pas dans cela, mais nous avions fait
une étude à la demande du ministère et c'était dans
les environs, si vous me permettez, de 1000 ou 1100 infractions qui ont
été distribuées à travers la province. Ça,
c'était pour la Sûreté du Québec. Je n'ai pas les
statistiques pour les corps policiers municipaux.
M. Fontaine: Vous avouerez que c'est quand même assez
minime pour le nombre d'infractions qui- peuvent se commettre. On sait qu'il
s'en commet régulièrement, à tous les instants.
M. Bédard: C'est certainement minime, et c'est dans ce
sens qu'on veut intensifier les actions de la Sûreté du
Québec, parce qu'on se rend compte que le port de la ceinture de
sécurité a sûrement contribué à diminuer le
nombre d'accidents mortels et également la gravité des blessures
dans l'ensemble des accidents sur le circuit routier du Québec. Il y a
lieu de continuer les efforts.
M. Fontaine: Je pense que la principale difficulté qui
surgit dans ce règlement, c'est le problème de preuve qu'il y a
en cour. Les policiers, comme n'importe quel citoyen, ne sont pas inté-
ressés à aller perdre leur temps en cour, à faire rire
d'eux, parce qu'ils perdent toutes leurs causes. Est-ce que la
Sûreté du Québec a des solutions, envisage des solutions?
On sait que l'Ontario a adopté un règlement concernant les
ceintures de sécurité. La Sûreté du Québec
a-t-elle consulté ces règlements? Y a-t-il des solutions qui sont
envisagées, en fin de compte, au système de preuve? Si les
policiers étaient capables de prouver en cour que telle personne ne
portait pas sa ceinture de sécurité, alors qu'elle a
été arrêtée ou poursuivie, c'est sûr que, s'il
y avait un nombre considérable de plaintes qui étaient
maintenues, cela inciterait beaucoup plus les gens à faire
attention.
M. Bédard: J'ai le chiffre exact. C'est 1738 infractions
pour avoir négligé de porter la ceinture qui ont
été rédigées en 1976.
Il faut tenir compte, par exemple, qu'on a commencé à la
fin de l'été à appliquer ce règlement, cet aspect
du Code de la route était très récent.
Le problème de preuve n'est pas un problème majeur pour
nous, actuellement. Ce n'est pas vraiment un problème majeur, comme je
vous dis, le seul petit tour qu'on peut se faire jouer, c'est quand on
intercepte quelqu'un et, que, sachant qu'il est intercepté, le gars se
dépêche à mettre sa ceinture. C'est le même
problème quand une personne consomme dans un véhicule et se
dépêche de se débarrasser de la bouteille avant ou de la
changer de main, pour que ce ne soit pas le conducteur qui la tienne au moment
où le policier l'intercepte.
Il y a trois catégories d'individus dans le plus grand nombre
d'interceptions qui surviennent. Il y a les gens qui le savent, qui connaissent
le règlement et qui portent la ceinture. Il y en a d'autres qui, par
ignorance, malheureusement, tombent bien facilement dans nos
vérifications visuelles, alors qu'on veut vérifier l'état
du véhicule et que l'individu ne porte pas sa ceinture. Il y en a
d'autres qui, délibérément, feignent l'ignorance un peu
naïve de ne pas vouloir la porter. Le problème n'est pas un
problème de preuve. On n'a pas eu de problème, à ce que je
sache, et il n'y a pas eu tellement de contestations. D'ailleurs, l'amende
n'est pas tellement élevée.
M. Fontaine: Comment expliquez-vous qu'il n'y ait pas plus de
plaintes de portées? Je me promène sur la route, seulement pour
me rendre à ma maison privée, et je vois des dizaines de
personnes qui ne portent pas la ceinture. Je me suis même
déjà fait avertir par le président de la commission que
j'avais oublié de porter ma ceinture.
M. Pagé: Le député est imprudent, il passe
son temps à regarder les autres véhicules. Il ne faudrait
pas.
M. Fontaine: Quand on conduit, il faut regarder tout autour.
M. Bédard: D'autre part, M. Faucher, il faut tenir compte
que cela...
M. Fontaine: C'est l'ancien député...
M. Bédard: II faut que je me remette à la page.
M. Pagé: Vous voyez, M. le Président, comme nous
avions un bon député, son nom plane encore.
M. Fontaine: L'autre ne vous aurait sûrement pas
posé de question.
M. Bédard: C'est peut-être pour cela que je l'avais
remarqué.
M. Pagé: L'autre n'était pas membre de la
commission de la justice.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: De toute façon, les crédits
n'étaient pas longs avec l'autre.
Voulez-vous répéter votre question, s'il vous
plaît?
M. Fontaine: Comment expliquez-vous le fait qu'il n'y ait que
1100 ou 1200 plaintes?
M. Bédard: Pardon, 1700. C'est facile à comprendre.
D'abord, il y a eu cette rectification, le règlement a été
adopté en juillet, je crois. Il y avait eu une entente tacite avec le
ministre du Transport pour laisser le temps de l'annoncer, période qui a
duré trois mois. Cela nous amène à octobre. Les
statistiques que je vous donne sont pour octobre, novembre, décembre,
disons trois mois. On peut dire, en toute sincérité, que nous
n'avons pas demandé à nos agents d'y aller à tour de bras,
comme on le fait dans le cas des facultés affaiblies, des excès
de vitesse ou des dépassements.
C'est un peu dans la période de participation et de
compréhension qu'on vit aujourd'hui; on a voulu donner aux citoyens la
chance de s'adapter à un système qui est nouveau, faire
comprendre. Si on se situe dans une période de trois mois et qu'on
multiplie cela par quatre l'année prochaine, si on garde le même
rythme, cela voudrait dire qu'on devrait être au moins à 6000
infractions. Vous avez effectivement raison, on n'y est pas allé avec
toute l'ardeur qu'on pourrait y mettre. Le tempo va certainement changer et
nous serons plus sévères à l'avenir, parce que les gens
sont au courant, il y a eu une publicité faite là-dessus et il y
a eu beaucoup de choses dites. Comme je le disais au député de
Portneuf tout à l'heure, cela prouve que cela diminue la gravité
des blessures et peut-être le nombre des mortalités, il y en a
très peu dans le cas où un véhicule a capoté.
Le nombre restreint des plaintes a quand même une autre cause, qui
est celle que j'énonçais tout à l'heure, car l'ancien
ministre des Transports avait quand même demandé au minis-
tère de la justice de mettre la pédale douce en ce qui a trait au
fait de porter des plaintes. Je pense que c'était justifié,
puisque, dans un premier temps, il y avait lieu d'y aller beaucoup plus par des
méthodes incitatives, des campagnes d'éducation.
Les résultats tels qu'on les constatait tout à l'heure, de
la diminution de la gravité des accidents, de la diminution des
accidents mortels, je pense que tout cela va constituer quand même un
autre élément d'information qui va accélérer la
conviction que nous devons faire partager à l'ensemble de la population,
les conducteurs de véhicules, les passagers, qu'il est non seulement
indiqué, mais qu'il est nécessaire, en termes de
sécurité, d'accepter le port de la ceinture de
sécurité.
M. Fontaine: Je sais que le nouveau ministre des Transports, en
commission parlementaire des transports, a manifesté l'intention ferme
de demander à la Sûreté du Québec d'être un
peu plus sévère dans l'application de ce règlement.
M. Bédard: J'ai eu des indications de la part du ministre
des Transports qui m'a fait part effectivement de son intention de nous
demander d'intensifier dans ce domaine, c'est ce que nous allons faire.
M. Fontaine: Sur la question de l'ivressomètre qu'on avait
abordée tout à l'heure, si vous me le permettez...
M. Pagé: J'ai une petite question là-dessus, M. le
Président. Le ministre, dans son exposé, au début du
programme, a fait état de nouveaux moyens, de nouveaux
procédés techniques dans le cas de l'application de
l'ivressomètre. Vous avez fait état, M. Beaudoin, tout à
l'heure, de nouveaux équipements que les policiers auraient
bientôt. Quant à moi, je suis bien satisfait de cette initiative.
J'espère qu'elle sera concluante, que les rapports que vous aurez du
service médico-légal seront concluants et que cela pourra
être mis en application dans des délais très brefs. Ma
question est celle-ci. À quel moment prévoyez-vous que de tels
équipements pourront être à la disposition des policiers et
quand peut-on prévoir que cette mesure sera appliquée sur les
routes du Québec?
M. Bédard: II n'est pas capable, au moment où on se
parle, de spécifier un délai très clair.
M. Pagé: D'accord. Alors, vous étudiez la
possibilité...
M. Bédard: C'est cela.
M. Pagé: ... de doter les effectifs de la
Sûreté d'un nouvel équipement qui leur permettrait, de
façon beaucoup plus expéditive de constater...
M. Bédard: Plus efficace contre ceux qui, effectivement,
s'aventurent à conduire avec des capacités affaiblies.
M. Pagé: Alors, c'est à continuer, M. le
Président.
M. Fontaine: Est-ce que cela nécessiterait un amendement
au Code criminel?
M. Bédard: On fait une étude, sur ce point, d'une
façon plus particulière. Je crois que déjà le Code
criminel répond il est déjà modifié de toute
façon aux critères dont on a besoin pour intensifier la
lutte dont on vient de parler et en ce qui a trait aux moyens techniques, de
là à la mise en application, il y a lieu encore de faire...
M. Pagé: Vous expérimentez...
M. Bédard: Oui, il y a encore une certaine période
d'expertise pour ensuite s'aventurer une fois pour toutes.
M. Pagé: Mais dans ce nouveau moyen utilisé, ce
n'est pas le test comme tel au véhicule qui pourrait servir de preuve.
Ce n'est pas ce qui serait mis en preuve. Ce moyen serait tout simplement pour
indiquer au policier qu'il doit, dans les circonstances, compte tenu du
résultat du test local, si on peut l'appeler ainsi...
M. Bédard: II s'agit d'un test préliminaire.
M. Pagé: C'est cela, du test préliminaire. Cela lui
permettrait de déterminer s'il doit ou non amener le conducteur au poste
et sur la foi de cela, agir.
M. Bédard: Exactement.
M. Fontaine: II y a eu récemment, dans les journaux, une
cause qui avait été rapportée indiquant que
l'ivressomètre avait été contesté et que la
personne avait eu gain de cause. Est-ce que le ministre pourrait nous faire le
bilan de la situation juridique concernant l'usage de
l'ivressomètre?
M. Pagé: ... plus de .08.
M. Bédard: Est-ce que vous faites référence
à la décision de la Cour d'appel qui a spécifié que
le pourcentage pourrait varier de 1% ou encore...
M. Pagé: De un dixième.
M. Fontaine: II y a celle-là et il y en a une autre.
M. Bédard: Ou encore si c'est la cause qui a
été rejetée suite à un point précis,
à savoir le fait que l'avocat n'avait pas été
appelé auprès de son client, suite à la demande
exprimée par ce client?
M. Fontaine: C'est celle-là, la deuxième.
C'était à la Cour municipale de Montréal, je pense.
M. Bédard: Celle-ci est en appel présentement.
Le Président (M. Clair): Y a-t-il d'autres questions sur
le programme 15?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Oui, M. le député
de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, le ministre a fait
état tout à l'heure, dans les explications qu'il donnait de
l'augmentation des efforts déployés au chapitre de la
sécurité routière, par les policiers, du secteur du
transport scolaire.
C'est un secteur qui me concerne particulièrement, parce que j'ai
eu à agir pendant quelques années dans ce secteur. Je crois
être en mesure de saisir toute la dimension et toute l'importance des
mesures de contrôle, des règlements et des pénalités
dans le cas du transport scolaire.
Dans un premier temps, M. Beaudoin peut-il nous donner les informations
concernant les infractions qui ont été commises, les
contraventions qui ont été signifiées, les poursuites qui
ont été entreprises par le ministère de la Justice dans le
transport à bord des véhicules scolaires? Par la suite, j'aurai
une couple de questions à poser au ministre.
M. Bédard: Les cas ne sont pas nombreux, vous savez, en
1975, 31 et en 1976, 32. Le problème est le suivant, c'est qu'on
travaille au niveau préventif, un patrouilleur se voit assigner un
secteur de patrouille, c'est peut-être le secteur est ou ouest de son
territoire. À ce moment-là, il se colle en arrière des
autobus scolaires, mais de façon à être bien vu, et c'est
assez rare que, quand il y a... Finalement, on a déjà
employé des véhicules fantômes, mais les véhicules
non identifiés...
M. Pagé: Sont souventefois facilement identifiables.
M. Bédard: Oui.
M. Pagé: Surtout au niveau des comtés, on finit par
les connaître. Je tiens à rassurer le ministre qu'on ne
déroge pas à la loi pour autant.
M. Bédard: Est-ce que je dois me poser des questions?
M. Pagé: Non, ne vous en posez pas, je suis très
prudent.
M. Bédard: Je me suis trompé, ce sont les accidents
que je vous ai mentionnés tout à l'heure, dans les
dépassements.
M. Pagé: 32.
M. Bédard: Et les infractions, c'est 970 en 1975 et 828 en
1976. On s'aperçoit que, pour être en mesure de surprendre les
auteurs d'infractions dans le cas de dépassement, par exemple les
véhicules dépassant les voitures immobilisées, etc., il
faut agir un peu de façon roublarde, comme uti-
liser un véhicule non identifié. Vous savez les
polémiques que cela a causées au Québec. On se dit qu'il y
a bien des façons de parvenir à nos fins. Les accidents
à part l'accident qui est survenu dans le bout de Chambly, où
même s'il y avait eu un véhicule de police, ça n'aurait
rien fait, parce que c'était à un passage à niveau
ce n'est pas si mal dans l'ensemble au Québec.
Mais, chaque matin et chaque soir, les patrouilleurs des
différents postes de la Sûreté du Québec sont
assignés à la surveillance des autobus scolaires, de façon
à créer un effet de dissuasion chez les automobilistes.
M. Pagé: D'accord. Il n'y a pas eu une augmentation
très sensible du nombre des accidents, mais il y a quand même des
accidents. J'aurais le commentaire suivant, en ce qui a trait à
l'autobus scolaire lui-même, dans l'application des règles de
circulation et autres. Je me demande si le ministre de la Justice ne pourrait
pas consulter le ministre des Transports sur la façon dont les
véhicules de transport scolaire doivent arrêter pour faire
descendre les enfants. Cela varie selon les régions et ça varie
souvent selon les transporteurs. Je pense que les règles sont bien
claires là-dessus: l'autobus scolaire doit toujours circuler sur la voie
pavée, c'est un exemple. Souventefois, on constate qu'en raison d'une
circulation assez dense, en arrière du véhicule, probablement
pour faciliter la circulation, le chauffeur du véhicule se rangera du
côté de l'accotement. Bien souvent, du fait que le véhicule
scolaire soit du coté de l'accotement, le conducteur du véhicule
qui circule à l'arrière croit ou considère qu'il peut
passer.
Il y a beaucoup de problèmes au niveau de
l'interprétation, sur la façon que le transport doit se faire. La
même chose pour les fameux "flashers", les "flashers" jaunes en avant,
rouges en arrière. Bien souvent, l'autobus va s'immobiliser, le
chauffeur ne fait pas fonctionner ses "flashers" immédiatement pour
laisser passer des véhicules.
Je crois que, dans ces circonstances, le ministère de la Justice
ou le ministère des Transports devrait émettre des directives
très précises aux compagnies de transport scolaire. Je pense que
les compagnies de transport scolaire et les propriétaires d'autobus
scolaires seraient satisfaits d'avoir une directive comme celle-là,
parce que cela leur permettrait de l'appliquer sur tout le territoire du
Québec. C'est dans un premier temps.
Dans un deuxième temps, en ce qui concerne les
pénalités à la suite des dépassements, des
accidents, le ministre de la Justice est, en quelque sorte, le jurisconsulte du
gouvernement du Québec, de tous les autres ministères.
Est-ce que le ministre ne croit pas qu'il serait opportun, ou encore
est-ce qu'il a déjà eu des demandes à cet effet de la part
du ministère des Transports pour voir à la possibilité...
Sans avoir une position draconienne, une position arbitraire, une position
inéquitable par rapport aux pénalités attribuées
à d'autres infractions, je pense, personnellement c'est une
opinion bien personnelle que j'ai, mais je suis en droit de l'émettre
ici que les pénalités, dans le cas des infractions aux
règlements ou aux lois touchant le transport scolaire, et
particulièrement en ce qui concerne le dépassement de ces
véhicules, devraient être reconsidérées par le
gouvernement.
Sans vouloir vider un cas qui est survenu ici, dans la région de
Québec, sans vouloir apporter une critique au jugement c'est le
cas que chacun des jugements sur des infractions ou des plaintes portées
par le ministère doit être jugé et analysé à
son mérite respectif j'ai été surpris de constater,
entre autres, dans la région de Québec, récemment, dans un
accident à la suite d'un dépassement scolaire qui a
entraîné la mort de deux enfants, qu'il y a eu une infraction avec
une amende de $300.
Je pense que, dans des circonstances comme celles-là, dans un
secteur aussi important que celui de la sécurité routière
où la vie des enfants est mise en danger, je pense que notre
réglementation, nos lois, devraient prévoir des mesures beaucoup
plus sévères à l'égard des contrevenants. Je pense
que, dans certains cas, on devrait utiliser plus souvent le terme "doit" que le
terme "peut" dans les amendes.
J'ai été abasourdi de constater qu'une infraction comme
celle-là, d'autant plus que le chauffeur et cela a
été mis en preuve du véhicule avait consommé
des boissons alcooliques, a résulté en une amende de $300.
Vous allez me dire: Ce n'est pas dans un esprit juridique de comparer
les jugements. Je suis d'accord. On est quand même...
M. Bédard: Ce n'est pas cela que je vais vous dire.
M. Pagé: On est quand même dans une
société où on est en mesure de comparer les
pénalités à la suite des infractions. Qu'on regarde les
lois, les mesures sous la juridiction du gouvernement du Québec. Le type
qui a happé deux enfants, qui les a tués, a été
condamné à une amende de $300. Si ce même type, en tant que
patron, avait engagé un menuisier qui n'avait pas sa carte, cela lui
aurait coûté $400. Il y a quand même de quoi se poser des
questions.
C'est une question que je pose au ministre. Le ministre ne croit-il pas
que le gouvernement devrait modifier ses lois ou ses règlements pour
imposer des pénalités plus sévères, dans le cas
d'un secteur aussi particulier que celui du transport scolaire?
M. Bédard: Nous nous sommes déjà posé
les questions que se pose à l'heure actuelle le député de
Portneuf. Dans le cas précis auquel il se réfère, qui a
résulté en une amende de $300, la cause est présentement
en appel.
M. Pagé: L'appel a été
débouté.
M. Bédard: La cause est présentement en appel.
M. Pagé: Mes informations sont que... C'est
un appel sur la sentence et mes informations sont que l'appel aurait
été débouté jeudi ou vendredi dernier, si ma
mémoire est fidèle. On n'y peut rien de toute façon.
M. Bédard: De toute façon, je n'ai quand même
pas à décider pour les tribunaux.
M. Pagé: Ce n'est pas ce que je veux dire.
M. Bédard: Mais, pour être sensible à la
situation à laquelle se réfère le député de
Portneuf, c'est évident que, dans des cas comme ceux-là, il y a
nécessité, lorsque l'on parle de l'ensemble de la
sécurité du transport des écoliers, je crois qu'il y a
lieu de ne pas hésiter à réviser et, dans ce sens, je puis
vous dire qu'à l'heure actuelle un comité a été
formé conjointement par le ministère des Transports et le
ministère de la Justice en fonction de la révision globale du
Code de la route...
M. Pagé: De la route.
M. Bédard:... qui doit se faire à l'automne. Ce
sont des sujets sur lesquels nous nous penchons d'une façon tout
à fait particulière.
Je sais également que le ministère des Transports,
à l'heure actuelle, attache de plus en plus d'importance à la
vérification des normes de sécurité des autobus scolaires,
ce qui est très important, également, à l'utilisation la
plus sécuritaire possible on réfère au Code de la
route des autobus scolaires. Vous pouvez être convaincus qu'il y
aura une action très précise d'entreprise dans ce sens.
M. Pagé: Je vous remercie, M. le Président, je
remercie le ministre de l'encouragement qu'il me donne que ces
différentes mesures seront révisées et, en ce qui concerne
le commentaire que je formulais relativement à la conduite du
véhicule comme tel c'est un voeu que je formule
j'apprécierais que des directives strictes soient émises à
l'égard de tous les chauffeurs d'autobus scolaires pour la conduite
comme telle, quand je faisais état des fameux signaux clignotants et de
la conduite sur l'accotement.
M. Bédard: II y a certainement nécessité
d'une campagne d'information intensive, non seulement auprès du public,
mais auprès des conducteurs mêmes d'autobus et cela se fera.
M. Pagé: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Sur cette même question des autobus scolaires,
je voudrais attirer l'attention du ministre sur simplement un petit point qui a
été porté à mon attention également, c'est
la question de la couleur des autobus. Cela cause des problèmes, assez
souvent, parce qu'il y a des person- nes qui utilisent des autobus de
différentes couleurs et, parfois, cela peut causer des problèmes.
J'ai eu personnellement l'occasion de discuter avec un de mes associés
la semaine dernière qui avait été impliqué dans une
cause où quelqu'un ne s'était pas arrêté parce que
l'autobus était de couleur verte et qu'il pensait que c'était le
boulanger du coin qui était là.
M. Bédard: Je crois que c'est un point qui peut être
de nature à créer de la confusion, j'en conviens avec le
député. J'aimerais vérifier jusqu'à quel point il y
a des infractions de ce côté-là dans le sens de savoir s'il
y a des règlements au niveau du ministère des Transports
demandant l'uniformité dans ce domaine. Si tel est le cas, il y a lieu
d'agir...
M. Pagé: Le problème...
M. Bédard: ... pour que ces règlements soient
respectés.
M. Pagé: ... M. le Président, si le ministre me
permet, pour l'information, c'est que les véhicules possédant une
plaque d'immatriculation AE, autobus d'écoliers, d'après les
règlements, sont obligés d'être peints en jaune, mais
là où le problème intervient, c'est lorsqu'un
véhicule scolaire... Souvent, on voit des compagnies qui ont des
véhicules qui servent non seulement pour le transport scolaire, mais
aussi pour le transport des personnes, qui ont un permis A, un permis d'autobus
urbain comme tel, à ce moment-là, il n'y a aucune
prévision.
M. Bédard: À ce moment-là, ils ne sont pas
obligés...
M. Pagé: C'est cela, ils ne sont pas obligés de le
peindre en jaune.
M. Bédard: ... d'adopter la couleur jaune qui est
traditionnelle.
M. Pagé: Mais, même s'ils ne sont pas obligés
de le peindre en jaune, ils peuvent s'en servir pour d'autres fins que le
transport scolaire et aussi pour le transport scolaire et c'est là que
le problème soulevé par le député de
Nicolet-Yamaska intervient.
M. Fontaine: Concernant le problème plus
général de la révision du Code de la route, on a
mentionné tout à l'heure que le Code de la route doit être
révisé en profondeur à l'automne. Le ministre, au
début de son exposé, a fait état de différents
objectifs qu'il visait. Est-ce que la Sûreté du Québec a
été consultée pour apporter sa contribution aux
différents amendements qu'elle pourrait proposer? Est-ce que la
Sûreté du Québec a fait des recommandations?
M. Bédard: La Sûreté du Québec est un
membre permanent au comité de travail et a fait des recommandations
continuellement.
Tant de la part du ministère de la Justice que de la part du
ministère des Transports, il y a des communications dans ce domaine avec
la Sûreté du Québec et des relations qui
s'établissent, vice versa.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre envisage ou pourrait
envisager la question d'une vérification permanente des véhicules
automobiles au Québec?
M. Pagé: C'est prévu dans un projet de loi sur les
assurances.
M. Bédard: À l'heure actuelle, cela ne se fait pas,
cette vérification permanente. Assurément, cela peut être
envisagé en fonction de l'avenir. Maintenant, quelle forme cela pourrait
prendre, je pense bien que, puisque je vous ai dit tout à l'heure qu'on
était en train d'essayer d'élaborer un programme global de
sécurité routière joint à une révision du
Code de la route, tout cela s'inscrira dans un tout global.
M. Pagé: Sur le même sujet, M. le Président,
parce que le ministre, dans son exposé d'ouverture, à
l'étude du programme 15, a fait état d'un programme de
vérification mécanique des véhicules, est-ce à dire
que, cette année, à même les budgets qu'on demande
d'adopter ici ce matin, il y aura des éléments nouveaux dans ce
qui était fait antérieurement, dans la vérification des
véhicules moteurs?
M. Bédard: Une intensification de la
vérification.
M. Pagé: Une intensification. D'accord.
M. Bédard: Maintenant, de là à aller
à la vérification permanente et systématique, c'est ce
qu'on est en train d'étudier à l'intérieur d'une politique
globale.
M. Pagé: Là-dessus, M. le Président...
M. Fontaine: Est-ce que cette vérification permanente se
fait actuellement pour les autobus scolaires?
M. Pagé: Oui.
M. Bédard: Tout à l'heure, je l'ai
mentionné, concernant le respect et un contrôle adéquat des
normes de sécurité des autobus, des véhicules
eux-mêmes, cela relève essentiellement du ministère des
Transports.
M. Fontaine: L'inspection relève de qui?
M. Pagé: Du ministère des Transports et cela se
fait.
M. Bédard: Du ministère des Transports. Disons que
cela se fait, mais je pense que, là aussi...
M. Pagé: II y a un système de
vérification.
M. Bédard: ...il pourrait y avoir une intensification,
peut-être un durcissement des normes...
M. Pagé: II pourrait certainement y avoir
amélioration. Tout est sujet, M. le ministre, à
amélioration.
M. Bédard: ...à respecter aussi.
M. Pagé: C'est davantage systématisé, le
transport scolaire que le transport des véhicules automobiles. Sur cette
question, on est pleinement d'accord, pleinement solidaire avec la
volonté du gouvernement d'en arriver, éventuellement, à
une vérification systématique de tous les véhicules.
D'ailleurs, c'est prévu dans le livre qui a été
déposé par le ministre des Consommateurs, sur la question des
assurances, avec en appendice un mémoire ou un exposé du ministre
des Transports. En attendant, les policiers de la Sûreté du
Québec sont chargés de la vérification mécanique.
Ils collent un petit collant. Je suis d'accord qu'il y a beaucoup d'efforts
déployés dans ce sens, ce sera intensifié cette
année. Pour beaucoup de gens, c'est important que leur véhicule,
tel que M. Beaudoin l'exposait lors d'une commission précédente,
soit en bon ordre et confirmé par la Sûreté du
Québec. Je présume que ce qui se donne, ce sont des avis de 48
heures. M. Beaudoin, est-ce que vous pourriez nous informer sur le nombre de
véhicules? Est-ce qu'il y a des véhicules automobiles au
Québec qui, suite à des vérifications de la
Sûreté du Québec, auraient été retirés
du marché ou de la circulation et quel est le nombre? Je suis certain
qu'il y a des "minounes" qui se promènent sur les routes du
Québec. S'il fallait leur donner un avis de 48 heures pour chacune des
irrégularités mécaniques, il y en aurait un paquet. Alors,
à ce moment, qu'est-ce que vous faites? Est-ce que vous retirez le
véhicule? Est-ce que vous avez le pouvoir de retirer les plaques
d'immatriculation du véhicule et de laisser le véhicule au
rancart? Qu'est-ce qui arrive dans tout cela?
M. Bédard: II faut bien dissocier, M. le
député, les deux genres de vérification qui se font.
Celles que l'on fait de façon visuelle, on regarde l'état des
pneus, on regarde les freins en avançant et en reculant. Cela donne ce
que cela vaut. Avec les lumières, on sait que le soir, si un
véhicule reste en panne ou n'a pas les lumières dont la loi
l'oblige à être pourvu, c'est un aspect préventif.
Quand on voit un genre de "minounes" comme ça, il y a deux
façons: Si ça nous semble adéquat, on peut servir une
contravention et obliger le conducteur à aller au garage
immédiatement faire faire des vérifications, les
réparations et se conformer aux normes avec un papier d'un
mécanicien. D'autre part, ces vérifications, nous permettent de
faire un inventaire de toutes les "minounes" du coin où on travaille, et
si on n'est pas en mesure de les sortir de la circulation par les moyens
visuels parce que nos moyens sont
toujours visuels, et c'est très relatif, si vous êtes
d'accord avec moi là, on les identifie, et c'est un petit peu le
besoin des vérifications mécaniques, disons, bien
systématiques du ministère des Transports qu'on appelle les
allées d'inspection et, à ce moment-là, avec les gens du
ministère des Transports, on fait une cédule et on essaie de
visiter toutes les régions, sauf qu'il est impossible de se rendre
à toutes les demandes qu'on a. Au niveau des régions, les
premiers clients qui sont convoqués aux allées d'inspection, ce
sont les conducteurs de "minounes", parce qu'on en a fait l'inventaire et le
nombre, je ne peux pas vous le dire comme ça, mais je sais par
expérience que les allées d'inspection, parfois, servent...
Encore, l'été dernier, dans une certaine région, il y a eu
50 "minounes" de retirées de la circulation pendant une période
de trois jours. C'est peut-être pour être bien systématique.
Donc, si on avait des allées d'inspection régionale qui
fonctionneraient peut-être dès les beaux jours du printemps
jusqu'aux derniers jours avant la neige, ça nous permettrait de faire
une vérification systématique de tous les véhicules et on
en sortirait beaucoup plus de la circulation.
Par contre, les conducteurs de "minounes" qu'on invite visuellement
à aller au garage pour, disons, régulariser certaines
défaillances mécaniques qu'on peut drôlement percevoir
d'ores et déjà visuellement et qu'on rencontre sur les routes,
ces conducteurs sont un peu l'objet d'attentions toutes particulières de
la part de nos membres, et c'est pour ça que, parfois, on reçoit
des lettres de bons citoyens qui se disent harassés par la police, mais
c'est beaucoup plus la voiture qui est harassée que le citoyen en
particulier.
M. Pagé: On n'en doute pas. C'est bien, continuez. Il y a
trop de "minounes" au Québec.
M. Bédard: Si, dans les 48 heures, on disait tout à
l'heure... Parce que c'est tellement général, ça, 319 700
infractions. L'année dernière, 336 000 infractions. Par contre,
si on parle de freins défectueux, on a 70 cas qui ont été
immédiatement dirigés vers un garage. Ce n'est pas beaucoup, vous
savez. Mais que vos freins soient défectueux en partie... Autrefois, il
y avait une technique où il y avait un bloc de bois qu'on mettait sous
la pédale du plancher ce n'est pas d'hier et si le frein
descendait en bas de ça, c'était le garage.
M. Pagé: Je ne me rappelle pas ça.
M. Bédard: Mais, aujourd'hui, la façon de
circonscrire ce problème et d'enlever de la circulation les
véhicules qui ne correspondent pas aux normes... Moi, je vais plus loin
que ça. Je me dis que tout véhicule qui a plus de trois ans de
service, obligatoirement, quand on l'enregistre, devrait avoir un
laissez-passer de l'allée d'inspection, cela circonscrirait beaucoup de
problèmes, dans une politique globale, très rationnelle, et tout
le monde s'y imbriquerait. Ce n'est pas beaucoup, vous savez, 70... Pardon?
M. Pagé: J'espère que le ministre de la Justice,
dans sa consultation, relativement à la refonte du Code de la route,
tiendra compte de ce voeu, parce que...
M. Bédard: Je suis convaincu qu'il n'a aucun doute sur
cette voie.
M. Pagé: Très bien. On s'entend bien ce matin.
Est-ce que j'ai bien compris, ou si j'ai mal saisi ce que vous avez
voulu dire, qu'à certains moments, la Sûreté du
Québec demande au service d'inspection du ministère des
Transports d'aller dans des régions et de vérifier certains
véhicules? Est-ce que j'ai bien compris, quand vous avez dit que
c'était souventefois impossible de la part du ministère des
Transports, faute d'effectifs.
M. Bédard: C'est sensiblement ça. Au début
du printemps, de concert avec le ministère des Transports, on fait un
programme. On dit: On va aller en Gaspésie, à tel endroit, tel
endroit.
On établit les dates et, à ce moment, notre période
intensive d'identification des "minounes" commence et, en
réalité, c'est pendant une semaine une tournée de la
Gaspésie ou du Saguenay-Lac-Saint-Jean ou encore de la région du
Nord-Ouest de Québec mais ce n'est pas assez. Cela prendrait une
année d'inspection, il faudrait être constamment en action, aller
dans tous nos postes et revenir périodiquement. Effectivement, on n'a
pas assez de personnes qualifiées en la matière.
Vous connaissez les normes d'inspection, comment cela fonctionne, le
système de freins. En somme, ce sont des gens qui ont une formation
beaucoup plus mécanique que d'application de la loi, mais il n'y en a
pas assez. Il faudrait que cela soit sur une base régionale, je dirais
même une opération annuelle. À ce moment, cela
répondrait aux besoins des régions. Cela répondrait
à un souci de protection de la population que d'utiliser des
véhicules en meilleure condition.
M. Pagé: Merci, M. le Président. C'étaient
les questions que j'avais à poser sur la sécurité
routière. Je remercie mon collègue non pas M. Faucher,
mais...
M. Bédard: M. Fontaine.
M. Pagé: Si mon collègue de Nicolet-Yamaska, M.
Fontaine a des questions sur cet aspect?
M. Fontaine: Je n'ai pas de question sur cet aspect. J'en ai sur
d'autres sujets.
Le Président (M. Clair): Le député de
Portneuf.
Corps de police municipaux
M. Pagé: Pour en discuter à ce programme-ci...
Depuis quelque temps, on discute de la ques-
tion des policiers municipaux, elle est une question fort
épineuse. D'ailleurs, un comité a été formé
récemment il y a quelques mois, dis-je concernant les
attributions, l'orientation, le financement, la participation financière
possible de paliers de gouvernement supérieurs aux différents
corps de police municipaux.
Le ministre pourrait-il faire état de ses considérations
sur le problème que plusieurs municipalités du Québec
éprouvent actuellement dans le financement de leurs services policiers.
Je suis convaincu que le ministre est fort sensibilisé à cette
question. Je présume d'ailleurs qu'il a eu à travailler sur ces
dossiers. Il a peut-être eu des rencontres avec des représentants
des municipalités au Québec qui font face à ces
problèmes, et j'aimerais savoir où le ministre en est rendu dans
ses études et dans ses considérations sur le problème.
M. Bédard: Je dois informer le député de
Portneuf que nous avons eu l'occasion de discuter longuement de cette question
également lors de l'étude des crédits. C'est une question
importante...
M. Pagé: C'est cela.
M. Bédard: ...et nous avons eu également l'occasion
d'en discuter encore lors de la dernière séance de la commission,
jeudi, lorsque nous avons déposé certaines statistiques
concernant les demandes d'abandon des corps policiers municipaux. Je vais
résumer cela...
M. Pagé: D'accord.
M. Bédard: ...en disant qu'à l'heure actuelle, il y
a huit demandes qui ont été formulées au ministère
de la Justice par des autorités municipales aux fins d'abandonner leur
corps policier. Ces demandes ont été acheminées
puisque c'est la procédure à la Commission de police, qui
doit nous faire des recommandations dans ces cas précis.
Nous n'avons pas encore eu ces recommandations, lorsque nous les aurons,
il est évident que la procédure prévoit que c'est le
Conseil des ministres ou le lieutenant-gouverneur en conseil qui peut autoriser
une municipalité à abandonner son corps policier, après
une demande du ministre de la Justice à cet effet.
Pour le moment, je sais qu'il y a beaucoup de municipalités qui
ont des problèmes à financer leur corps policier. Si nous avions
les millions que nous réclamons du fédéral, nous serions
sûrement en mesure de penser à l'élaboration d'une
politique d'aide aux municipalités dans ce domaine.
Je dois assurer, par exemple, le député de Portneuf que
dans toutes les municipalités où il y a eu demande d'abandon,
où les autorités municipales ont effectivement presque
procédé à la "liquidation" de leur corps policier, la
sécurité de la population n'a pas été en danger
puisque dans la plupart de ces cas la relève a été
assurée par la Sûreté du Québec. Il est
évident que cette situa- tion ne peut pas continuer, parce que cela
place des municipalités dans une situation avantageuse,
pécuniairement parlant, par rapport à d'autres
municipalités qui maintiennent leur corps policier. Il y a
nécessairement la possibilité que nous inventorions le fait, dans
des cas précis, où la demande pourrait être octroyée
à une municipalité aux fins de l'abandon de son corps policier,
que les services de la Sûreté du Québec puissent être
retenus et payés en conséquence. Une chose est certaine, c'est
qu'encore une fois, dans ce domaine, le groupe de travail, qui a
été constitué, qui se doit d'étudier l'ensemble des
fonctions policières, l'ensemble des fonctions des différents
corps municipaux, leur utilité, leur nécessité, leur
utilisation rationnelle, sera de nature à nous permettre d'aller dans le
sens de l'élaboration d'une politique globale qui est nécessaire
au niveau de l'ensemble du territoire québécois.
M. Pagé: M. le Président, il y a trois
éléments qui sont certainement hypothétiques dans ce
débat, ou l'analyse du problème. D'une part, le ministre fait
état de la participation possible du gouvernement fédéral
aux activités policières du Québec. Je disais, M. le
ministre, que dans...
M. Bédard: Je n'ai pas parlé de l'implication
possible...
M. Pagé: La participation possible. M. Bédard:
Non, financièrement.
M. Pagé: C'est cela. C'est ce que je disais. La
participation financière possible du gouvernement
fédéral...
M. Bédard: C'est-à-dire restitution...
M. Pagé: Écoutez, on ne se chicanera pas sur les
termes.
M. Bédard: ...de certaines sommes que nous doit le
fédéral. C'est différent.
M. Pagé: On ne se chicanera pas sur les termes. De toute
façon, au début de nos travaux on en a parlé. Je vous ai
incité, je vous ai encouragé à continuer. J'étais
heureux de voir la solidarité exprimée de la part de l'Ontario.
Je vous ai invité à avoir une position ferme et
catégorique à la conférence
fédérale-provinciale des ministres de la Justice. Il y a cet
aspect. D'ailleurs, si j'en fais état, c'est parce que le ministre, dans
la réponse qu'il vient de me donner, en faisait état aussi. Il
disait: Si on avait plus d'argent d'Ottawa, si Ottawa nous donnait les sommes
qui nous reviennent, auxquelles on a droit, on aurait peut-être plus
d'allocation, une meilleure disponibilité pour une aide ou une
révision de la participation financière possible d'un palier de
gouvernement supérieur aux activités de police municipale. Cela
est un élément. D'accord? L'autre élément qui n'est
pas devenu définitif encore, c'est le rapport du comité
d'étude qui se penche actuellement là-dessus. Enfin, il y a
toute la question de refonte de la fiscalité municipale où
le gouvernement tiendra certainement compte de l'implication financière
pour certaines municipalités du Québec, suite à leur
obligation de maintenir un corps policier. Mais en attendant que le
gouvernement ait fait son lit, suite aux précisions de ces trois
éléments, qu'est-ce qu'il adviendra des requêtes qui sont
déposées actuellement, qui ont été
présentées au lieutenant-gouverneur, qui sont transmises pour
commentaires ou considération à la Commission de police?
M. Bédard: Au ministère des Affaires municipales,
il n'y a aucune demande qui n'a été transmise au
lieutenant-gouverneur en conseil, au Conseil des ministres. Les demandes qui
ont été faites d'abandon ont été acheminées
à la Commission de police...
M. Pagé: On été acheminées à
la Commission de police.
M. Bédard: ...et celle-ci se doit, dans la
procédure normale, de nous faire des recommandations. Nous n'avons
reçu aucune recommandation. Alors, entre-temps, nous allons traiter cas
par cas, à mesure qu'ils se présentent, et une fois que nous
aurons les recommandations du groupe de travail, il nous faudra
nécessairement procéder à l'élaboration d'une
politique globale dans ce domaine.
M. Pagé: Est-ce à dire que les municipalités
qui ont présenté des requêtes, qui actuellement sont
transmises à la Commission de police, devront attendre la politique
globale, suite aux recommandations du comité, avant d'avoir une
réponse aux requêtes qui ont été
présentées?
M. Bédard: Non, cela ne veut pas nécessairement
dire cela. Dès que nous aurons des recommandations sur les cas
précis, auxquels j'ai référé, nous suivrons la
procédure normale et nous agirons.
M. Pagé: Vous agirez cas par cas. D'accord.
M. le Président, sur le même sujet, le
précédent gouvernement, dans un projet de loi qu'il avait
déposé à l'Assemblée nationale touchait cette
question du droit pour une municipalité de moins de 5000 habitants de
mettre fin... Enfin, le droit d'y mettre fin était présumé
dans le projet de loi tel qu'il avait été déposé
parce qu'elle n'était pas tenue de le maintenir.
M. Bédard: Pour toute municipalité de moins de 5000
âmes...
M. Pagé: De moins de 5000 habitants...
M. Bédard: ...de pouvoir abandonner d'elle-même son
corps policier. C'était le projet de loi 41.
M. Pagé: Sans vouloir fouiller dans les intentions du
ministre, je suis d'accord que le ministre n'a pas à faire état
ici des projets de loi qu'il en- tend déposer. Quand même, sur cet
aspect particulier, sans reprendre tout ce qui était prévu dans
la loi 41, c'est-à-dire la possibilité donnée par la loi,
le droit aux municipalités de moins de 5000 habitants de mettre fin
à leurs services policiers, est-ce que le ministre a des opinions
particulières, ou encore, dans ce cas, attend-il les recommandations du
comité d'étude qui a été formé?
M. Bédard: Je ne suis pas prêt à faire des
recommandations. J'attends plutôt les recommandations de la part du
groupe de travail que nous avons constitué. Maintenant, si la situation
devait s'amplifier au niveau des demandes, il est évident que, comme je
l'ai dit tout à l'heure, nous agirons cas par cas, mais, s'il y a une
situation qui devient plus urgente ou encore si certaines recommandations
semblent vouloir devenir assez claires de la part du groupe de travail qui doit
nous présenter un prérapport le 6 septembre prochain,
peut-être que, sur cet aspect particulier des recommandations du groupe
de travail, nous nous serons déjà acheminés. Ceci
n'empêche en aucune façon la possibilité de pouvoir
légiférer avant que soit déposé l'ensemble des
recommandations du groupe de travail.
M. Pagé: Vous pouvez, à la lueur des
recommandations qui vous seront formulées en septembre prochain, donner
suite aux recommandations, compte tenu du problème des policiers
municipaux, des demandes de base.
M. Bédard: C'est dans l'ordre du possible.
Régionalisation des services
M. Pagé: D'accord, M. le Président. Si mon
collègue a des questions là-dessus...
Dans un autre ordre d'idées qui touche spécifiquement la
Sûreté du Québec, dans une commission parlementaire de
récente date où on a eu l'occasion d'échanger avec la
Sûreté, on a fait état d'une régionalisation des
services policiers de la Sûreté du Québec dans plusieurs
régions. Ce n'était pas le moment de discuter du
bien-fondé de cette approche de la part de la Sûreté, de ce
qu'elle impliquait en termes de protection sur le territoire du Québec
et des réaménagements des structures à l'intérieur
du Québec. J'aimerais savoir de M. Beaudoin quelle est la politique de
régionalisation jusqu'à maintenant; ça va se traduire
comment dans les faits? Quelles sont les intentions de la Sûreté
concernant les régions? J'aimerais avoir les commentaires de M. Beaudoin
là-dessus.
M. Bédard: Pour répondre à votre question,
cette régionalisation fait suite à une étude qui avait
été faite par une firme de consultants en 1969 et qui avait dit,
dans le temps: Si la Sûreté du Québec veut vraiment
répondre au mandat de servir tous les citoyens du Québec, compte
tenu des particularismes régionaux de toutes les régions, on
recommande le concept de la régionalisation. En 1970, on a
commencé avec deux districts pilo-
tes, celui du Bas Saint-Laurent, qui comprenait également la
Côte-Nord, où il y avait un vice tout de suite en partant. Il y
avait aussi la région de l'Estrie. En 1973, l'expérience pilote
s'étant avérée très positive, officiellement, par
arrêté en conseil, on a régionalisé nos services en
se guidant sur les principes énoncés par le ministère de
l'Industrie et du Commerce sur les régions économiques, à
savoir la région no 1, Bas Saint-Laurent; région no 2,
Saguenay-Lac-Saint-Jean; région no 3, Québec; région no 4,
la Mauricie; région no 5, l'Estrie; région no 6, la région
métropolitaine de Montréal; région no 7, l'Outaouais et
région no 8, l'Abitibi.
Maintenant, je vous disais qu'il y avait eu un vice de forme en partant
avec le Bas Saint-Laurent. C'était illusoire de croire que la
Côte-Nord avait les mêmes problèmes que ceux du Bas
Saint-Laurent et les dernières années nous l'ont
prouvé.
Incessamment, sur recommandation du ministre, on veut
régionaliser la Côte-Nord, où il y a déjà des
services. La politique se traduit comme suit: c'est d'abord la politique
générale de la Sûreté du Québec de faire la
police partout où il n'y a pas de corps de police organisé.
D'autre part, on assume les responsabilités qui ne peuvent être
assumées en entier par les corps de police qui n'ont pas toujours les
ressources nécessaires, surtout au niveau de l'enquête
spécialisée et au niveau du maintien de l'ordre. Dans chaque
région peut-être qu'on pourrait s'inspirer de
l'organigramme qu'il y a dans le rapport annuel, à la page 13, si on va
au bas de la page complètement, vous avez les régions comme
telles. Si on va à la page suivante, vous allez avoir les services qui
existent au niveau des régions. On retrouve un district avec son
commandant, son bureau de sécurité, le chef surveillant, le
coordonnateur, plus des unités qu'on appelle le deuxième
palier les unités spécialisées, à savoir:
unité d'urgence, en ce qui a trait à combattre des tendances
à la criminalité; la prévention du crime ou encore, la
participation à des opérations de maintien de l'ordre. Dans le
domaine des bureaux d'alcool et de moralité, on a ajouté depuis
deux ans les drogues, parce que c'est un phénomène qui prend une
grande importance au Québec. La sécurité routière,
c'est un petit bureau de conseillers qui a pour but d'implanter des programmes
au niveau d'une région. On sait fort bien que la région de la
Mauricie est fort différente de la Gaspésie. C'est en tenant
compte des particularismes régionaux que ces gens-là travaillent,
à partir de grands problèmes d'ensemble élaborés au
quartier général.
Vous avez le bureau des enquêtes criminelles, c'est
peut-être celui qui est le plus connu, qui manoeuvre toutes les
enquêtes importantes. Le bureau technique, c'est le service de
scènes de crimes, tous les permis de port d'armes, la Loi des explosifs,
le bill 35, qui a vu le jour en 1970, et le bureau du personnel.
Sous cela, vous avez un ensemble de postes. C'est à peu
près, grosso modo, la politique de la Sûreté. C'est d'avoir
dans une région toutes les ressources qu'il faut pour régler le
problème et assister les corps policiers municipaux dans les
activités qui débordent le cadre de leur capacité ou de
leurs ressources humaines, si on peut dire.
M. Pagé: D'accord. Cette politique qui se traduit par
différentes expériences pilotes, est-ce que vous vous êtes
fixé des échéanciers pour sa réalisation? Est-ce
qu'à la lumière des crédits qu'on demande d'adopter...
M. Bédard: C'est presque fait. Il reste seulement la
Côte-Nord...
M. Pagé: Oui.
M. Bédard: ...où la décision a
été prise. Vous avez là l'ensemble des districts qui sont
représentés, Bas Saint-Laurent, Saguenay-Lac-Saint-Jean,
Québec, Mauricie, Estrie, Montréal, Outaouais, Nord-Ouest et la
section du Nord.
M. Pagé: D'accord, M. le ministre, mais cette
régionalisation, je présume, va se traduire par des modifications
dans les sous-régions. On prend la région de Québec, par
exemple. Est-ce que la régionalisation va avoir des effets dans des
comtés comme Montmorency, Portneuf, au niveau de sa centralisation?
Comment cela va-t-il se traduire? Est-ce qu'il y aura un impact sur la
centralisation des effectifs et tout cela?
M. Bédard: Est-ce que vous voulez parler de
l'établissement de postes à l'intérieur de... pour
desservir l'ensemble du territoire le plus efficacement possible?
M. Pagé: Je présume qu'une approche globale comme
celle-là implique de reconsidérer les effectifs ou les
différents modes opérationnels à l'intérieur des
sous-régions. C'est ce que je veux savoir. Comment cela va-t-il se
traduire? Et où en êtes-vous rendus dans cela? Est-ce que vous
avez un échéancier?
M. Bédard: Actuellement, on a un échéancier,
qui devrait nous conduire au 15 septembre, sur une étude de
relocalisation de certaines unités. On s'aperçoit qu'avec la
contrainte du contrat de travail, qui est la semaine de quatre jours, cela
prend cinq hommes pour en avoir un pendant une période de 24 heures; les
petites unités de dix, c'est non rentable, et on s'aperçoit que
probablement je ne voudrais pas m'avancer trop loin, on soumettra notre
étude au ministre on va devoir regrouper obligatoirement, dans un
concept d'austérité et de régionalisation
sous-régionale si on peut le dire ainsi certaines
unités.
On s'aperçoit, pour prendre l'exemple qui peut peut-être
vous frapper, que, dans votre comté, si on avait un bon
détachement de cinquante hommes placés au centre du territoire de
façon à rayonner équitablement par tout le territoire, la
population aurait deux fois plus de services qu'en ayant deux ou trois petits
détachements boiteux. C'est à peu près
peut-être...
M. Pagé: Je suis d'accord sur cela. J'apprécie
qu'on ait pleinement...
M. Bédard: On va s'engager dans une longue discussion si
on parle de Portneuf en particulier.
M. Pagé: Pourquoi, M. le Président? Je vous
donnerai un petit exemple tantôt, je vous donnerai un petit exemple, M.
le ministre.
M. Bédard: Non, je comprends vos
préoccupations.
M. Pagé: On ne parlera pas de Chicoutimi, on va parier
seulement de Portneuf.
M. Bédard: Le problème est réglé
à Chicoutimi.
M. Pagé: Je suis d'accord, M. le Président, sur la
volonté de la Sûreté du Québec de
régionaliser. Je pense que l'organigramme qui apparaît dans le
rapport annuel témoigne d'un effort particulier et d'une volonté
bien arrêtée de donner aux contribuables du Québec une
meilleure protection, par une meilleure organisation. On aura tous les services
au niveau de chacune des régions. C'était souhaitable et c'est
tout à fait louable que cela se concrétise, mais ces services se
traduisent tout le temps par une question d'effectifs.
Je suis certain, je présume, non seulement je le présume,
mais je suis convaincu que, dans l'étude que vous faites des
sous-régions, de la relocalisation des postes et tout cela, je suis
d'accord comme vous avez donné l'exemple de Portneuf, je peux en
parler fort à mon aise, j'ai à le représenter que,
dans un certain sens, il est possible qu'une centralisation améliore le
service, mais à condition qu'il y ait des effectifs.
Ma question est celle-ci. Dans la relocalisation des postes et tout cela
c'est bien beau, cela, c'est parfait jusqu'où la
Sûreté du Québec est-elle certaine d'avoir suffisamment
d'effectifs pour mettre tout cela en application et jusqu'où la
Sûreté, dans la relocalisation des postes... c'est ma
première question.
Ma deuxième, dans une centralisation, tient-on compte... On tient
compte de la population, on tient compte des besoins, des indices de
criminalité et tout cela. On tient compte aussi du réseau
routier, de la répartition des municipalités dans un territoire.
Jusqu'où la Sûreté est-elle convaincue d'avoir les
effectifs nécessaires pour donner un service qu'elle voudrait donner
dans le cadre de cette régionalisation et de la relocalisation des
postes à l'intérieur des sous-régions?
M. Bédard: M. le député, parfois, un
réaménagement nous amène à grouper, à un
endroit donné, plus d'effectifs. Je vais vous citer l'exemple d'un poste
qu'on a fermé pour grouper ces effectifs. Cela a été dans
le comté de Charlevoix, le poste de Saint-Siméon où on
avait neuf policiers. Sur neuf policiers, quand vous en aviez un en vacances et
un autre malade, vous n'en aviez plus et on s'apercevait que c'était
fort boiteux. Or, on a groupé à La Malbaie, qui est à une
très faible distance de là, l'effectif et, finalement, savez-vous
que ces gens, le maire en tête, apprécient aujourd'hui avoir un
meilleur service qu'ils avaient par le passé, même si les
policiers ne sont pas à l'endroit donné.
Le deuxième volet de cette question, à savoir où
va-t-elle prendre l'effectif, parce que cela va en prendre un peu plus à
certains endroits. Actuellement, bien entendu, il va falloir échelonner
cela, d'abord, selon que le ministre va souscrire aux recommandations et ce
n'est pas sûr non plus qu'on va régionaliser partout. C'est
l'autre aspect. Mais il va falloir échelonner cela dans le temps et dans
l'espace pour tenir compte qu'avec les derniers événements, on
vient de prendre un recul d'une couple d'années, parce que les 54 postes
qu'on doit combler pour faire des paires, parce qu'il y a des nombres impairs,
trois ou cinq ou des choses comme cela, multiplier par cinq 270, ce sont des
effectifs injectés dans des postes qui étaient déjà
existants et qui ne permettent pas de donner de services plus accrus, mais
simplement de remplir les conséquences d'une condition de travail.
Je ne suis peut-être pas clair, mais c'est difficile de
l'être davantage, vous savez. Il y a tellement d'incertitude du
lendemain. D'autre part, il y a aussi le comité des fonctions
policières, le rôle de la Sûreté dans ce qu'on va
soumettre dans notre mémoire, nos recommandations, de ce qu'on pense que
devrait être la Sûreté du Québec dans des
régions telles que celles dont on parle.
Est-ce nécessaire d'avoir à un endroit deux policiers
municipaux qui donnent quoi comme services, ou est-ce préférable
de se retourner vers la Sûreté? Ce sont des hypothèses qui
sont envisagées pour l'ensemble. Assurément, je puis dire que
pour les deux prochaines années, notre échéancier sera
drôlement perturbé.
M. Pagé: Je n'en doute pas. Je mets en lumière le
problème des effectifs et vous me permettrez de faire un bref
commentaire. J'espère que le ministre, dans les représentations
qu'il fait régulièrement auprès du Conseil des ministres
concernant les sommes allouées à son ministère, et
particulièrement, les sommes qui lui permettront d'atteindre les
objectifs que s'est fixée la Sûreté du Québec... Je
suis convaincu que le ministre ne ménage pas ses efforts, mais
j'espère qu'il y aura des résultats concluants, parce que dans
certaines régions... Si je vous ai posé la question, c'est que je
suis certain que je ne suis pas le seul député, ici, à
l'Assemblée, qui ait eu à faire face à des
problèmes dans ces régions. Vous savez, quand je parlais
tantôt du territoire qui est vaste, il y a des secteurs ou des petits
postes, comme vous les qualifiez, où peut-être douze ou quinze
policiers ont un secteur routier de plusieurs centaines de milles, d'un bout
à l'autre du comté bien souvent, peut-être 75 milles, alors
je me dis qu'il y a certainement un problème d'effectif quelque part.
Si, lors de nos discussions dans la précédente commission
parlementaire, votre présence et votre
intervention ont pu régler le problème de la couverture et
des effectifs additionnels la nuit, j'espère que cette commission pourra
mieux sensibiliser le ministre à la possibilité d'augmenter les
effectifs de façon sensible. Je vous donne un exemple concret, M. le
ministre...
M. Bédard: Le ministre est déjà très
sensibilisé, de la même façon qu'il est sensibilisé
au fait qu'il y a des difficultés de recrutement aussi qui se posent. En
fait, tout n'est pas si simple que cela peut paraître...
M. Pagé: On n'en doute pas.
M. Bédard: Une chose est importante, c'est qu'on ait la
préoccupation, et je peux vous assurer que je l'ai, de voir à ce
que la sécurité maximale, que les services maximaux soient
assurés à l'ensemble des citoyens qui, quand même, ont
à défrayer des sommes importantes pour le maintien d'une force
telle que celle de la Sûreté du Québec, de la même
façon qu'ils le font pour le maintien de leurs corps policiers
municipaux. C'est dans ce sens que je crois qu'une politique globale est
nécessaire pour l'ensemble, quand on parle du domaine policier, de la
protection policière. Une politique globale est nécessaire pour
l'ensemble du Québec afin d'inventorier toutes les possibilités
qui permettent le plus efficacement possible d'employer les effectifs tant de
la Sûreté du Québec que des corps policiers municipaux
existants, en fonction d'un but à poursuivre qui est de donner les
services aux citoyens.
M. Pagé: D'accord. M. Beaudoin, est-ce que les effectifs
des unités d'urgence dans certaines régions sont encore, au
moment où on se parle, appelés à couvrir certaines
régions, certaines sous-régions ou certains postes locaux dans
les cas où ces postes n'ont pas les effectifs suffisants?
M. Bédard: Oui, ils le sont encore. Par contre, les
effectifs vont être comblés incessamment. J'ai à l'esprit
l'endroit que vous avez probablement vous-même à l'esprit
où des mutations devraient se faire dans le cours du mois de juin.
À mesure que nos contingents sortiront de l'institut, à mesure
que nous pourrons, dès la fin des classes, faire les mutations, on va
combler ces effectifs. Cela fait partie, comme je vous le disais tout à
l'heure, des 54 postes où il y avait des nombres impairs où,
entre autres, il y avait deux policiers la nuit et quand il en manque un... ou
encore, s'il y en a trois, il en manque donc un. Cela fait partie... Je crois,
tout en étant optimiste, que d'ici le 15 juillet, cette situation
devrait être résorbée, on pourrait dire, à
50%...
M. Pagé: D'accord.
M. Bédard: Je peux vous dire qu'actuellement notre rythme
de recrutement est excellent. Même, on a fait des demandes de
crédit au ministre pour nos effectifs qui étaient de 4300
policiers autorisés.
Au moment où on était en commission parlementaire, on ne
croyait pas les dépasser et, cette année, on avait demandé
50 policiers additionnels. On demande un effectif autorisé de 4400,
donc, ça veut dire que, le 1er avril 1978, lorsque l'année
financière sera complétée, on prétend avoir atteint
les effectifs de 4400, ce qui sera 235 au-dessus de ce que nous avions
prévu. Donc, c'est de bonne augure.
M. Pagé: Tant mieux. M. le Président, le ministre
me permettra certainement une petite question concernant mon comté. Je
ne veux pas en faire une question de clocher, mais il y a un problème
particulier chez nous. Je pense que c'est le moment le mieux choisi pour
signaler cette question.
M. Bédard: Je ne manquais jamais ces occasions, quand
j'étais dans l'Opposition.
M. Pagé: Très bien. M. le Président, chez
nous, on a le poste de Portneuf, qui a à couvrir un territoire assez
vaste, c'est-à-dire à partir de près de Saint-Augustin
ici, tout près de Québec, pour se rendre au Lac-aux-Sables,
Hervey-Jonction, c'est-à-dire aux limites de Saint-Tite,
Sainte-Thècle et Shawinigan, tout ce secteur-là et, depuis
quelques années, beaucoup de représentations me sont
formulées, tant par des groupes de citoyens que par des
municipalités, pour que la Sûreté dispense un meilleur
service dans le secteur, et là où ces représentations sont
faites, ce n'est pas pour reprocher quoi que ce soit aux policiers, aux cadres
ou à ceux qui ont à administrer le poste de Portneuf. Que
voulez-vous? ils ont un territoire immense, et quand ils couvrent un accident
à Neuville, ils ne peuvent pas être en même temps à
Lac-aux-Sables, et ça donne 60 milles. Or, faire 60 milles dans des
conditions routières plus ou moins acceptables, ça prend
peut-être une demi-heure, trois quarts d'heure et tout. C'est assez
épineux. Le ministre pourra sourire, mais ça va aussi loin
que...
M. Bédard: Je n'ai pas de sourire. Vous interprétez
mal...
M. Pagé: Non, mais je veux vous conter une anecdote qui
est arrivée, qui témoigne vraiment de la situation.
J'ai déjà eu, M. le Président, des appels, à
1 heure du matin, à ma résidence. Le type me dit: J'ai
appelé la police. Elle ne peut pas venir. J'ai le 30-30 et j'ai un gars
au bout. Qu'est-ce que je fais? Je vous dis que ce n'est pas facile. Cela
n'entre pas dans les attributions du législateur. Tu as beau lui dire:
Ne tire pas...
M. Bédard: ...ni du député...
M. Pagé: ...ni du député, mais ce sont des
situations qui prévalent et qui existent. Je prie le ministre de me
croire. C'est arrivé chez nous. Tu
as beau dire au gars: Ne tire pas, ne fais pas le fou, la police va y
aller. Bon! Et patati, patata. Dans ce cas-là, la police n'a pas pu y
aller. Après vérification avec la Sûreté du
Québec, elle n'a pas pu y aller.
Il y a eu un autre appel de la part du citoyen en question. Deux jours
après, des coups de feu se sont tirés. Cela a fini par aboutir,
mais c'est une situation qui n'est pas facile. Quand les gens n'appellent pas
le député, c'est le maire qu'ils appellent. Quand le maire n'est
pas là, ils appellent les conseillers municipaux et c'est vraiment un
problème régional. Je ne blâme pas du tout les gens de la
Sûreté du Québec. Ils font leur possible. Ils sont pris.
Ils ont toute la patrouille de la route 2, tout le travail de la route 2 et
tout, et j'aimerais sensibiliser M. Beaudoin et le ministre à ce
problème. D'ailleurs, je pense que le ministre a certainement dû
recevoir des lettres de municipalités du secteur qui demandent une
augmentation des effectifs au poste de Portneuf particulièrement, pour
couvrir le secteur nord-ouest du comté qui, entre autres, fait partie de
la région 04, qui ne fait pas partie de la région 03, mais dont
la protection est assumée par le poste de Portneuf et qui aurait
vraiment besoin d'effectifs additionnels.
M. Bédard: J'ai effectivement reçu des
représentations, tant du député que d'autres citoyens, et
je les ai prises en sérieuse considération. J'ai eu l'occasion
d'en discuter avec les autorités de la Sûreté du
Québec et, à l'heure actuelle, on est en train
d'élaborer... Tout à l'heure, M. Beaudoin y a quand même
fait allusion, lorsqu'il a parlé de regroupement. Peut-être qu'il
aurait d'autre chose à ajouter de plus précis.
Oui, c'est un peu ce que j'avais à l'esprit tout à l'heure
quand j'ai dit que probablement on a tous les deux à l'esprit la
même préoccupation. Effectivement, des transferts ont
été signés pour accroître le personnel, du moins,
équilibrer le personnel, je ne dirais pas accroître, parce qu'avec
les problèmes qu'on a vécus, mais c'est beaucoup plus pour
équilibrer le personnel. Je sais que le comté de Portneuf est pas
mal effervescent. On reçoit des demandes un peu de toutes les
municipalités, entre autres Saint-Raymond, qui a abandonné son
corps policier et demandé à la Sûreté du
Québec d'assumer le travail qui se faisait là autrefois.
M. Pagé: Soit dit en passant, M. Beaudoin, la ville de
Saint-Raymond est très satisfaite des services dispensés par les
policiers de la Sûreté du Québec. C'est très bien
fait, et je ne sais pas si c'est parce que les citoyens craignent davantage la
Sûreté du Québec que la sûreté municipale,
mais M. le maire me disait récemment: Michel, ce n'est plus la
même ville. Il y a de l'ordre.
Les gens arrêtent de faire virer les roues dessous, pour utiliser
l'expression, à une heure ou à deux heures du matin. Ils sont
très vigilants et surtout, cela coûte moins cher.
M. Bédard: Ne partons pas de bataille d'efficacité.
Je vois qu'il y a des représentants de corps policiers municipaux
ici.
M. Pagé: Je traduis ce que le maire me signalait il y a
quelques jours.
M. Bédard: Je vous remercie pour nos membres, mais le
problème est peut-être le suivant: si vous avez deux policiers,
malgré toute leur meilleure volonté, ils ne peuvent pas donner un
service de 24 heures par jour et c'est un peu ce qu'on disait tout à
l'heure. Donc, il y a Saint-Ubald-de-Portneuf qui demandait l'ouverture d'un
poste, etc..
M. Pagé: Un détachement... M. Bédard:
...un détachement... M. Pagé: ...local.
M. Bédard: ...local pour desservir le haut du comté
et notre politique, en ce moment, en fonction de toutes les contraintes
d'austérité et d'argent que vous connaissez aussi bien que moi,
est d'essayer de regrouper les services le plus possible, mais, dans un premier
temps, on est en train de combler les effectifs au niveau de votre
région.
Il y a une autre préoccupation actuellement. C'est
Saint-Augustin. Il est un peu question d'un développement
économique. On avait reçu, l'automne dernier, des demandes.
La solution n'est pas toujours d'avoir un poste à l'endroit
où il y a un problème, mais d'avoir un poste qui peut
régler le problème qui se situe dans une région. Mais
soyez assuré qu'on tente un peu le ministre est bien placé
pour le dire, on reçoit des demandes un peu de tous les comtés de
la province, spécialement où la Sûreté du
Québec est peut-être plus en prédominance, les
comtés ruraux, nos objectifs sont de donner, au moins, les effectifs
nécessaires pour assurer à la population un service
adéquat.
M. Pagé: D'accord.
M. Bédard: Le député peut le constater, le
ministre a donné rapidement suite à ses
représentations.
M. Pagé: Je vous remercie. Je tiens à remercier M.
Beaudoin pour l'effort particulier que la Sûreté du Québec
démontre pour ce secteur du comté de Portneuf, fort sensible
qu'elle est des besoins du milieu. J'espère que le député
et les maires auront moins d'appels téléphoniques à une
heure du matin de gars qui ont des fusils dans les mains... Si mon
collègue a des questions sur la régionalisation, et le tout.
M. Fontaine: Je me pose une question. Quand on parle de
régionalisation, je sais que M. Beaudoin est sûrement conscient de
ce problème. Lorsqu'on veut régionaliser, cela peut dans certains
cas, améliorer la situation, mais, dans d'autres cas, cela peut aussi la
détériorer parce qu'il faut calculer les délais
d'intervention. Quand l'Association des policiers a témoigné
à la commission parlementaire de la justice, elle a fait état
de
délais d'intervention assez élevés. J'espère
que M. Beaudoin tient compte de ce facteur très important dans le
système de régionalisation qu'il veut mettre en place.
On a parlé des unités d'urgence. Dois-je comprendre que,
lorsque la régionalisation sera faite un peu partout, on
procédera au démantèlement des unités
d'urgence?
M. Bédard: Je pense qu'on s'interprète mal. La
régionalisation existe actuellement, mais si vous permettez, seulement
une petite mise au point, les membres de l'Association des policiers avaient
fait allusion dans leur exposé au facteur d'intervention, mais il y
avait quelque chose... Je ne pense pas que personne ne l'ait relevé ou
bien quelqu'un l'a relevé et, dans le cours du temps, c'est tombé
dans l'oubli... On misait beaucoup sur le facteur intervention, mais, par
contre, à un certain moment, vous avez remarqué que le
ministre... on lui a fermé un paquet de postes et, à ce moment,
on regroupait, centralisait tout l'effectif au niveau de sa région. On
ne pensait plus aux délais d'intervention, mais on en tient compte,
effectivement, et vous savez, il faut savoir un peu comment fonctionne un corps
policier.
Disons, pour les besoins de la discussion, dans une région qui
vous est chère, votre comté, qu'on regroupait au niveau d'un
point névralgique supposons Bécancour, pour les fins de la
discussion et qu'on prendrait un effectif policier de 35 ou 45 hommes
pour les placer à un point névralgique et, le matin ou au
début de la relève, le policier est assigné dans un
secteur de patrouille, soit le secteur en allant vers Sorel, soit celui en
allant vers le côté est, soit celui en allant vers Drummondville
et Arthabaska, parce que les deux viennent dans cette région.
À ce moment-là, le poste devient un centre
névralgique, mais les assignations de patrouille, le policier passe sa
journée, sa relève, dans un territoire donné, et la
présence policière avec les communications qu'on a, est toujours
disponible au niveau de cette région particulière. Quand le
changement de relève se fait, on a un chevauchement des relèves
qui nous permet d'avoir toujours une présence policière alors
que, dans un petit poste, l'individu revient au poste pour céder la
voiture à son copain et il y a alors une période d'une heure ou
deux où il n'y a plus personne. Mais on va certainement en tenir compte.
On sait que ce n'est pas facile. Je pense qu'on peut atteindre les objectifs de
mieux servir.
Concernant Bécancour en particulier, nous avons eu une demande
d'abandon du corps policier municipal. Nous nous apprêtons à
donner une réponse favorable, tenant compte de la faible densité
de population et tenant compte aussi de la grandeur du territoire, de
l'étendue du territoire.
M. Fontaine: Merci, M. le ministre. La deuxième partie de
ma question faisait référence aux unités d'urgence. Est-ce
que j'ai bien compris qu'on abandonnerait les unités d'urgence?
Supposons qu'il y a un poste au Cap-de-la-Madeleine, une unité
d'urgence. S'il y avait un poste qui était créé au niveau
régional à Nicolet et qui desservirait tout le comté de
Nicolet-Yamaska, est-ce qu'on abandonnerait le recours aux services
d'unités d'urgence à ce moment-là?
M. Bédard: Si vous permettez, l'unité d'urgence a
été créée en 1971. Cela a été fait
dans le temps avec le but bien précis d'assumer toutes les missions qui
débordent le cadre régulier du poste. Si on prend le poste que je
vous citais tout à l'heure comme modèle, et que, pour une
situation donnée, un service d'ordre, une manifestation quelconque, un
conflit ouvrier, on devrait retirer les policiers sur la relève, ou
encore en faire entrer d'autres en temps supplémentaire, à ce
moment-là, il y a la question de coût; deuxièmement, il y a
la question de l'efficacité. On ne dessert plus la population, notre
première mission au niveau du poste. On a besoin, au niveau d'une
région telle que la Mauricie, que vous connaissez bien, qui inclut une
partie de la région des Bois-Francs, on a besoin de groupes mobiles
tactiques pour, tous les jours, soit contre une vague de criminalité qui
survient, soit un conflit ouvrier, soit un événement sportif,
soit une présence policière accrue dans un domaine particulier.
Vous savez, la fermeture de nos unités d'urgence, cela avait juste un
but, cela nous aurait amené plus de temps supplémentaire et,
finalement, les gens chargés de desservir un secteur de patrouille bien
particulier, si on est obligé de les enlever là, à cause
d'une urgence, à ce moment-là la population n'a plus le service
qu'elle est en droit de recevoir. Donc, notre politique de
régionalisation, c'était d'avoir le service d'une unité
d'urgence qui est mobile. C'est un principe de mobilité qui permet de
rayonner au niveau d'une région. Ces gens-là sont toujours
occupés, mais 80% de leur temps est accordé au soutien des
postes. Dans la région de Drummondville, vous avez connu un peu de
conflits ouvriers, dernièrement, ils sont allés là. Si
vous avez une vague de crimes qui survient, là encore, c'est le
même problème, quoique, à ce moment-là, il n'est pas
question, à moins qu'on ne reçoive des ordres bien précis,
quant à nous ce ne serait pas rentable, parce que cela nous a
assuré... Je peux vous dire que depuis 1971, on a ces unités
d'urgence. On a passé au Québec à travers des
événements régionaux, provinciaux et locaux excessivement
graves et on en est sorti, je pense, sans affecter l'image de la
Sûreté du Québec en termes de répression.
M. Fontaine: C'est tout là-dessus.
M. Bédard: Est-ce qu'il y a d'autres questions sur ce
programme?
Crime organisé
M. Pagé: II reste une couple de questions, M. le
Président. M. le ministre faisait état ce matin de la Commission
d'enquête sur le crime organisé, qui parlait de l'escouade des
crimes économiques.
Au moment où on se parle, est-ce qu'il y a d'autres moyens que la
Commission d'enquête sur le crime organisé et l'escouade sur les
crimes économiques, pour combattre le crime organisé comme
tel?
M. Bédard: Vous savez, l'ensemble des effectifs
policiers...
M. Pagé: Oui, je suis d'accord, mais est-ce qu'il y a des
mesures particulières qui sont mises de l'avant pour la
Sûreté, ailleurs que dans le cadre de la commission
d'enquête et celui de l'escouade du crime organisé du crime
économique.
M. Bédard: II y a une intensification tout à fait
particulière qui se fait au niveau de la Sûreté du
Québec en ce qui a trait à la formation d'une équipe la
plus spécialisée possible qui puisse lutter contre le crime
économique. Déjà, les résultats se font sentir au
niveau du nombre d'enquêtes qui peuvent être effectuées,
complétées; ce sont naturellement toujours de très longues
enquêtes où le besoin de spécialisation est
nécessaire. En 1974, il n'y avait absolument rien au niveau
d'enquêtes sur des crimes économiques; en 1975, il y en a eu 60;
en 1976, il y en a eu 75 et en 1977, on est rendu à 90 enquêtes au
niveau de l'ensemble d'une escouade dont les efforts sont certainement
orientés en fonction de la lutte contre le crime économique.
Je parle d'enquêtes, je veux dire des hommes; c'est un lapsus. En
1974, il n'y avait rien qui existait, de 60 hommes en 1975, on est passé
à 90 hommes. Assurément, c'est notre intention d'intensifier
encore davantage, ça ne veut pas nécessairement dire une
augmentation d'hommes d'une façon considérable, c'est surtout
s'orienter vers une spécialisation de plus en plus poussée des
policiers qui ont à oeuvrer à l'intérieur de cette
escouade particulière.
En 1976, les unités du crime économique à
Montréal et à Québec ont porté 1934 chefs
d'accusation contre 199 individus ou sociétés. Il est
évident que plus on inventorie la situation, tel que je l'ai dit tout
à l'heure, plus on se rend compte jusqu'à quel point les
fraudeurs sont subtils, perfectionnent leurs moyens. Il y a une urgence de
donner les outils nécessaires à la Sûreté du
Québec, aux corps policiers, pour lutter efficacement contre ces crimes
économiques.
M. Pagé: Là-dessus, M. le Président,
l'Opposition officielle se dit très satisfaite du travail fait par
l'escouade du crime économique. Il y a quelque temps, la revue mensuelle
de la Sûreté du Québec faisait état de cette
escouade en particulier, des hommes qui la composaient, des dirigeants, du
travail qui était fait. Quant à moi, chapeau, ça semblait
bien fait. Je suis assuré de cela et, par les statistiques dont le
ministre fait état ce matin, il apparaît clairement qu'une telle
escouade doit continuer, doit être bien organisée, doit avoir en
sa possession tous les moyens techniques ou autres pour atteindre les objectifs
qu'elle se fixe.
M. Bédard: Surtout lorsqu'on voit que ces crimes touchent
effectivement des milliers de citoyens par comparaison, par exemple, aux vols
à main armée qui n'ont pas du tout les mêmes
conséquences au niveau des répercussions sur l'ensemble des
citoyens. Je pense qu'il y a assurément avantage à ce que
ça représente une priorité.
M. Pagé: Tout à l'heure, M. le Président, le
ministre a fait état, dans toute cette question de l'avenir de la
commission d'enquête sur le crime organisé, de la
possibilité de créer un comité de travail auquel seraient
invités l'Opposition officielle et des représentants de
l'Assemblée, ici.
Est-ce que le ministre pourrait donner davantage d'informations ou mieux
définir ce qu'il a énoncé tout à l'heure?
M. Bédard: Sans parler de comités de travail
formés de façon bien spécifique, tel qu'on l'entend
normalement, au moment où on se parle, ce que j'ai dans l'idée
c'est qu'il y ait des réunions, une ou deux réunions possibles,
qu'il y ait des réunions de personnes qui ont oeuvré, d'une
façon tout à fait particulière, depuis le commencement des
travaux de la CECO, qu'on ajoute aussi à ces personnes des experts qui
ont toujours eu une attention particulière dans ce domaine et
également qu'on associe, d'une certaine façon l'Opposition, les
partis, les différents partis. Cela peut se matérialiser par deux
ou trois réunions je n'appellerai pas cela des colloques
où on a l'occasion, où tous les participants ont l'occasion de
faire le point sur la situation et d'élaborer certaines avenues en
fonction d'une lutte, de l'intensification de la lutte contre le crime
organisé et également, d'aller dans le sens même des
recommandations les plus précises possible concernant la forme et la
structure la plus efficace qui pourrait être adoptée, afin que
cette lutte contre le crime organisé s'intensifie et devienne de plus en
plus efficace.
M. Pagé: Alors, on peut s'attendre que des
représentants de notre équipe soient invités
éventuellement par le ministre à se pencher sur cette question,
pour faire des recommandations au ministre. Est-ce que vous prévoyez des
délais?
M. Bédard: Mon intention était de procéder
le plus rapidement possible. J'ai encore cette intention, ce qui veut dire que,
dans le cours du mois de juillet, peut-être même d'ici la fin de
juin, une première réunion pourrait avoir lieu, de manière
que, lorsque la CECO présentera son rapport définitif, on soit
déjà fixé sur une bonne partie de l'orientation
future.
M. Pagé: D'accord. On attend votre invitation.
Lorsqu'on parle de crime organisé, dans les méthodes
utilisées pour lutter contre le crime organisé, on constate que
l'écoute électronique constitue un atout important. Il y a
quelques semaines ou quelques jours, le ministre a déposé un
document en Chambre faisant état du nombre de
personnes qui étaient sujettes à l'écoute
électronique.
Je voudrais savoir du ministre combien, dans les prévisions
budgétaires que celui-ci demande d'adopter ce matin, quelles sont les
sommes qui sont affectées à l'écoute électronique.
Cela coûte combien, tout cela?
M. Bédard: C'est un travail qui est fait par un groupe
connu sous l'étiquette de "Renseignements scientifiques", qui regroupe
un certain nombre de policiers. L'ensemble de la dépense que cela peut
représenter, c'est autour c'est un chiffre approximatif de
$400 000, de $400 000 à $500 000.
M. Pagé: $400 000 par année, comme somme
affectée au service des renseignements, pour couvrir les frais de
l'écoute électronique?
M. Bédard: Pour couvrir, d'une façon
spécifique, les besoins financiers, en termes d'hommes, qui sont
nécessaires à cet article.
M. Pagé: À la lueur du rapport que vous avez
déposé, la situation a peut-être évolué
depuis que ce rapport a été confectionné. Est-ce que le
ministre est en mesure de nous dire combien il y aurait de personnes,
actuellement au Québec, qui auraient à vivre l'écoute
électronique?
M. Bédard: Pardon?
M. Pagé: Combien y aurait-il de personnes, actuellement,
qui seraient sujettes à l'écoute électronique?
M. Bédard: Je crois qu'il n'y a pas lieu de sortir des
statistiques qui ont été livrées à la connaissance
de l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale dans le rapport
annuel que j'ai déposé il y a une quinzaine de jours.
M. Pagé: Vous vous en tenez au rapport? M.
Bédard: C'est cela.
M. Pagé: D'accord. Est-ce que le ministre peut
infirmer...
M. Bédard: La loi d'ailleurs m'oblige à m'en tenir
au rapport.
M. Pagé: Pardon? Oui, on peut essayer. Est-ce que M. le
ministre peut infirmer ou confirmer l'information voulant qu'actuellement au
Québec il y ait des organismes politiques ou des hommes politiques qui
fassent l'objet d'une écoute électronique?
M. Bédard: II y a, au moment où on se parle...
Est-ce que vous voulez parler des membres de l'Assemblée nationale?
M. Pagé: Oui.
M. Bédard: Aucun membre de l'Assemblée nationale ne
fait l'objet d'écoute électronique, je puis vous l'assurer, de la
part des mandataires du ministre de la Justice du Québec. Est-ce qu'il y
en a qui font l'objet d'écoute électronique de la part du
fédéral? Cela, je ne suis pas en mesure de vous le dire.
D'ailleurs, lorsque j'étais dans l'Opposition, j'avais soulevé le
fait qu'il était inadmissible que de l'écoute électronique
soit faite sur des citoyens, des citoyens québécois, sans que le
gouvernement du Québec n'en soit informé, de façon
catégorique et convaincante. Le ministre d'alors, M. Jérôme
Choquette, je pense, partageait partiellement mes opinions. Je n'ai pas
changé d'opinion là-dessus.
Cependant, je puis vous dire que les informations que nous avons ne
laissent pas croire que des membres de l'Assemblée nationale du
Québec feraient l'objet d'écoute électronique de la part
du gouvernement fédéral non plus.
M. Pagé: Vos informations indiquent qu'aucun membre ne
ferait l'objet d'écoute électronique de la part du gouvernement
fédéral actuellement.
M. Bédard: Ce sont bien mes informations.
M. Pagé: Ce sont vos informations et vous nous confirmez
que de la part de vos mandataires, ceux qui relèvent du ministère
de la Justice du Québec, actuellement, au moment où on se parle,
il n'y a aucun membre de l'Assemblée, il n'y a aucun organisme politique
qui ne fasse l'objet d'écoute électronique?
M. Bédard: Aucun organisme politique ne peut faire l'objet
d'écoute électronique.
M. Pagé: Est-ce que le ministre désire ajouter
à sa réponse?
M. Bédard: Non, simplement une nuance qu'aura sans doute
comprise le député de Portneuf, lorsque j'ai dit qu'aucun membre
de l'Assemblée nationale ne faisait l'objet d'écoute
électronique. C'est exact, mais c'est évident que cela ne couvre
pas le fait qu'il puisse y avoir des personnes qui fassent l'objet
d'écoute électronique. Si à un moment donné, un
membre de l'Assemblée nationale je ne vous dis pas que c'est le
cas a l'occasion de communiquer avec une telle personne, il est
évident qu'indirectement cela peut constituer, non pas une écoute
électronique, mais une conversation qui est relatée. Dans un cas
comme celui-là, ce n'est pas le membre de l'Assemblée nationale
qui fait l'objet d'écoute électronique...
M. Pagé: D'accord, M. le Président. C'est...
M. Bédard: ... des appels que peuvent faire certains
membres de l'Assemblée nationale...
M. Pagé: D'accord, je suis heureux d'entendre...
M. Bédard: ... mais il n'y a aucun cas à souligner
d'une façon...
M. Pagé: Merci, M. le Président. Quant à
moi, ce sera tout pour les questions concernant le programme 15.
Le Président (M. Clair): Nous serions donc prêts
à adopter le programme 15 dans son ensemble? Le député de
Nicolet-Yamaska a d'autres questions? M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aurais encore quelques petites questions. Sans
vouloir donner trop d'importance à de récentes
déclarations relativement à l'existence d'un réseau de
terroristes québécois qui s'entraîneraient quelque part en
Algérie ou en Allemagne, est-ce qu'il appartient à la direction
des services de renseignement de la Sûreté du Québec de
faire enquête sur la véracité de ces faits, conjointement
avec la GRC ou avec des organismes internationaux?
M. Bédard: II n'y a absolument rien de spécial,
concernant le cas...
M. Fontaine: II n'y a pas d'enquêtes qui se font?
M. Bédard: ...auquel se réfère le
député. Il est évident que ces nouvelles, parce que ce
sont des nouvelles, sont vérifiées par la Sûreté du
Québec, au service de renseignements, mais il n'y a absolument rien de
spécial à signaler.
M. Fontaine: II n'y a pas d'enquêtes qui se font à
ce sujet actuellement?
M. Pagé: Est-ce que le ministère, suite à
cette information a jugé bon de faire une enquête, de
décréter une enquête pour voir si les sources de
renseignements, ces informations données étaient fondées,
oui ou non?
M. Bédard: À l'heure actuelle, c'est normal, la
Sûreté du Québec est en train de vérifier cela,
mais...
M. Pagé: La Sûreté du Québec fait
enquête?
M. Bédard: ...M. le directeur mentionne qu'il n'y a
absolument rien de spécial à signaler, au moment où on se
parle.
M. Pagé: II y aurait une enquête actuellement?
M. Bédard: Ce n'est pas une enquête, c'est une
vérification d'informations, une vérification de nouvelles qui
paraissent continuellement et qui peuvent être sujet
d'intérêt.
M. Fontaine: Le député de Portneuf a fait
état tout à l'heure de sa satisfaction de la façon dont
fonctionne l'escouade contre les crimes économi- ques. Pourtant, au
rapport annuel de 1976, à la page 36, on dit: II est toutefois
évident que ces groupes n'étaient pas parfaitement
structurés et qu'ils ne pouvaient se dédier à
l'enquête sur le crime économique avec la même
envergure.
M. Pagé: M. le Président, vu qu'on a cité
certains de mes commentaires, si j'ai fait état de ma satisfaction du
travail effectué par l'escouade des crimes économiques, c'est
suite à des renseignements pris à même les publications,
pris à même le rapport de documents mensuels de la
Sûreté du Québec et sur la façon, avec les
équipements qu'elle a, dont le travail se fait actuellement. M. le
ministre, dans sa déclaration d'ouverture, a clairement indiqué
qu'un accent particulier serait mis dans les efforts déployés par
la Sûreté du Québec à ce chapitre et qu'on ne peut
faire autrement que s'en déclarer satisfait.
M. Bédard: J'aimerais souligner qu'à la lecture
même, on dit: "II est toutefois évident que ces groupes
n'étaient pas parfaitement structurés et qu'ils ne pouvaient se
dédier à l'enquête sur le crime économique avec la
même envergure". C'est au passé, à l'imparfait.
M. Pagé: D'accord. C'est parce que le député
retourne à l'ancien style.
M. Bédard: Je peux vous dire que depuis ce temps, il y a
un travail de structuration très significatif qui a été
fait. Un travail de formation a été effectué et peut nous
permettre, à l'heure actuelle, de dire qu'il y a la possibilité
de lutter efficacement, mais n'importe quelle structure est susceptible
d'amélioration. En ce sens, nos efforts doivent s'orienter en fonction
de l'améliorer constamment.
M. Fontaine: Actuellement, au moment où on se parle, la
situation est encore la même. Il n'y a rien de changé.
M. Bédard: Non, elle est définitivement
améliorée au moment où on se parle.
M. Fontaine: Quelles transformations la Sûreté du
Québec ou le ministre entendent-ils apporter pour changer cette
situation?
M. Bédard: Je vous ai souligné quand même
certains chiffres tout à l'heure, de zéro en 1974, l'escouade
économique, à l'heure actuelle, regroupe 90 policiers qui sont,
d'une façon tout à fait spéciale, chargés de la
lutte contre les crimes économiques de plus en plus... Je pense que cela
commence à être un groupe quand même assez imposant.
À l'intérieur de ce groupe, il y a, comme je l'ai dit tout
à l'heure, un travail de formation accélérée qui a
été mené à terme. Le groupe, à l'heure
actuelle, est outillé pour lutter efficacement, mais, encore une fois,
il y a toujours possibilité d'amélioration, que ce soit au niveau
des effectifs, que ce soit au niveau de la formation, au ni-
veau des moyens qu'on peut donner, je parlais même de
possibilité de modification des lois, selon que les colloques ou les
études qui se font nous fassent des recommandations précises en
ce sens.
Ce groupe est constamment en relation avec nos procureurs de la
couronne, les comptables également, puisque c'est un travail de
spécialisation, tel qu'on l'a mentionné tout à l'heure, et
continuellement en relation avec le service d'enquête des faillites et
des fraudes au niveau de l'ensemble du Québec.
M. Fontaine: Justement là-dessus, quand on connaît
la complexité des problèmes des crimes économiques, est-ce
que la Sûreté du Québec prévoit ou a
déjà prévu l'engagement de spécialistes à la
Sûreté du Québec ou si on a recours à des contrats
qu'on donne à des firmes privées?
M. Bédard: Le ministère fournit les
compétences nécessaires. On les a déjà, à
l'heure actuelle. Ces personnes se retrouvent surtout au niveau du service des
faillites et des fraudes. N'importe quel temps où l'escouade a besoin de
recourir aux services de ces experts, le ministère de la Justice, c'est
évident, se fait un devoir de les mettre à sa disposition.
On me fait remarquer que ces spécialistes, au niveau des services
des faillites et fraudes, contribuent aussi à l'amélioration des
connaissances des policiers qui oeuvrent à l'intérieur de
l'escouade, que ce soit dans le domaine de la comptabilité ou dans le
domaine de la gestion, et ceci contribue nécessairement à
améliorer l'ensemble du service.
M. Fontaine: D'accord. Dans le rapport de 1976, on fait
état du Centre de renseignements policiers du Québec, le CRPQ,
administré par la direction de la planification du Québec. Ce
centre permet à tous les policiers du Québec l'accès
à l'information. Serait-il possible de nous dire de quelles sortes
d'informations il s'agit précisément, tant au niveau de la
Sûreté du Québec qu'au niveau des policiers municipaux?
M. Bédard: Si le ministre me permet. C'est un centre qui a
été mis sur pied, qui est une extension du Centre canadien
d'information policière. C'est un système qui est branché
à un ordinateur central à Ottawa, où on retrouve des
banques de données qui sont les suivantes: d'abord, les personnes
recherchées sur mandat, contre lesquelles vous avez un mandat, les
objets volés, les armes, d'abord, les moteurs, tout ce qui peut avoir un
numéro de série. Donc, fichier des objets volés, fichier
des personnes recherchées ou voulues sur mandat ou encore
évadées et l'autre fichier, c'est le fichier des bureaux des
véhicules automobiles. Cela, c'est au Québec. Donc, ça
veut dire qu'un policier, qui est sur la route... Ah oui! Le fichier des
dossiers criminels, l'historique criminel. On intercepte un individu sur la
route, notre policier veut savoir à qui il a affaire. En questionnant,
à travers son terminal... On a 100 terminaux au Québec, dont
environ 60 à la Sûreté du Québec et une quarantaine
dans les corps policiers municipaux. L'ordinateur interroge à Ottawa et
on va vous dire qu'un individu a été arrêté,
condamné, parce que l'historique criminel est appuyé par des
condamnations et l'identification par empreintes digitales. D'autre part, vous
interceptez un autre individu. On va vous dire qu'il est voulu soit sur un
mandat criminel, soit sur un mandat pour une infraction à une loi du
Québec ou, encore, à une loi municipale, une cour municipale.
Ensuite, l'aspect bien important sur un plan pratique parce que c'est le
fichier qui fonctionne le plus activement, c'est encore le même fichier,
sauf qu'au lieu d'aller tourner à Ottawa pour chercher une information,
vous allez au bureau des véhicules automobiles ici, à
Québec, qui est relié à notre ordinateur à
Montréal. Cela vous donne le statut du véhicule, cela vous donne
le statut du chauffeur.
Vous interceptez un individu et vous voulez savoir quel est son statut.
On va vous dire s'il a perdu des points de démérite, on va vous
dire s'il est sous le coup d'une suspension légale, en somme on va vous
dire... Et la même chose pour le véhicule. À un certain
moment, on retrouve des véhicules volés et on s'aperçoit
que le véhicule qu'on a entre les mains, que notre policier a entre les
mains, n'est pas le même que celui qui nous vient du bureau des
véhicules automobiles. Ce système a l'avantage suivant: Dans une
relation pancanadienne... J'ai à l'esprit l'exemple d'un individu qui
était recherché pour une fraude de $8000 à Rimouski et qui
a été arrêté en Colombie-Britannique. Le policier de
Colombie-Britannique qui intercepte l'individu du Québec contre lequel
il y a un mandat d'émis pour un acte criminel à travers tout le
Canada parce qu'on a des normes pour une voie de fait ou encore
un refus de pourvoir, on ne mettra pas "voulu" à travers tout le Canada,
on va le restreindre dans un rayon, mais c'est l'exemple du
bénéfice de l'affaire. On est aussi branché, à
travers le centre canadien, au National Crime Information Center
américain. Pour vous donner un exemple de la valeur d'un tel
système, c'est que, vous le savez, un individu est
décédé aujourd'hui, dans le cas de la petite Therrien.
L'individu avait été relâché provisoirement et
finalement il n'était pas revenu. À ce moment on l'a
enregistré comme personne recherchée et quatre jours plus tard il
était repris à Sacramento en Californie, grâce à
cette information.
M. Fontaine: Cela veut dire que tous les renseignements sont
compilés à Ottawa, et n'importe quel policier, municipal ou
provincial, peut avoir accès à ces informations dans un
délai très court.
M. Bédard: Ils ne sont pas tous compilés à
Ottawa, le Québec a aussi sa banque de renseignements.
M. Fontaine: Le Québec a sa banque seulement pour les
infractions au Code de la route.
M. Bédard: On a notre ordinateur, on a le bureau des
véhicules automobiles et on a disons que le Québec s'est
donné une politique d'autonomie dans ce domaine, de façon
à constituer certains fichiers qui puissent lui être propres.
Actuellement, il y a un fichier qui est en voie d'être constitué.
On est à en faire le rodage. Ce fichier pourrait être accessible
aux policiers du Québec et si cela faisait l'affaire des policiers
canadiens, on l'étendra. Mais il y a, effectivement, des informations
qui sont pertinentes au Québec et d'autres qui sont
transcanadiennes.
M. le Président, avec la permission du représentant de
l'Union Nationale, le député de Portneuf m'a demandé si on
pouvait abréger d'un quart d'heure, quitte à reprendre plus
à bonne heure une autre séance. Il n'y a absolument pas
d'objection.
M. Fontaine: S'il est fatigué...
M. Pagé: Non, ce n'est pas parce que je suis
fatigué, ne soyez pas inquiet. Je suis en pleine forme et je n'ai pas de
leçon de mise en forme à recevoir du député, non
pas de M. Faucher, mais de M. Fontaine.
Avant l'adoption du programme, M. le Président, j'aurais
peut-être une dernière petite question oui, on va
l'adopter, mais j'ai une dernière question . Si vous aviez
été membre de la dernière législature, M. le
Président, vous seriez à même de constater que lors du
dépôt des recommandations du groupe de travail sur l'urbanisme par
M. Castonguay, en 1976, les membres de l'Assemblée, qui forment
aujourd'hui le gouvernement, avaient exprimé beaucoup de
solidarité à l'égard de ce rapport, des recommandations de
ce rapport. On se rappellera qu'à plusieurs reprises le document vous
avait été cité ou des éléments des
recommandations contenues dans le document avaient été
allégués par les membres de l'Opposition d'alors qui forment le
gouvernement d'aujourd'hui.
Dans ce document, une recommandation était formulée
et c'est une dernière question que j'ai pour le ministre -... D'accord,
il y a un groupe de travail qui étudie actuellement toute la question
des policiers municipaux, mais dans le document de travail de M. Castonguay, il
y avait une recommandation voulant que les corps policiers municipaux
abandonnent au profit de la Sûreté du Québec tout le
secteur de la Sûreté, de leurs activités, pour se limiter
à l'aspect, au secteur de la gendarmerie et de la protection publique.
Est-ce que le ministre a des considérations particulières sur
cette question?
M. Bédard: J'ai des considérations
particulières et j'ai des idées bien précises
là-dessus, mais je croirais vraiment prématuré de les
exprimer. J'aurais même l'impression de court-circuiter d'une certaine
façon ou de rendre plus difficile le travail qui a été
effectué par le groupe jusqu'à maintenant. Je pense qu'il y a
nécessité si on ne veut pas court-circuiter ce travail,
d'attendre qu'on ait terminé la période de consultation et qu'on
ait formulé des recommandations, quitte ensuite à procéder
à une discussion franche sur chacune des recommandations qui aura
été portée à notre attention sinon, cela
paraîtrait je pense, inconvenant, c'est le moins que je puisse dire, de
demander à un groupe de faire un travail bien précis et de
penser, d'exprimer carrément nos décisions avant même que
ce groupe de travail n'ait produit le fruit de ses réflexions.
M. Pagé: Alors, même si vous avez une opinion sur
une recommandation comme celle-là, vous ne l'émettrez pas tant
que le groupe de travail n'aura pas complété son travail?
M. Bédard: Je pense que c'est une des avenues qui se doit
d'être inventoriée et qui le sera nécessairement par le
groupe de travail qui a pour fonction de déterminer les fonctions
policières, les fonctions des différents corps policiers du
Québec. Cela entre carrément dans leur mandat.
M. Pagé: Adopté, quant à moi.
Le Président (M. Clair): Étant donné que le
député de Nicolet-Yamaska a encore d'autres questions, je pense
qu'il y aurait lieu d'ajourner nos travaux; de toute façon, je crois
que, dès cet après-midi, un nouvel ordre sera donné en
Chambre pour que la commission siège à compter de 16 heures ou
immédiatement après la période des questions, suivant
celle qui sera la plus rapprochée.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, normalement, on pourrait
procéder, M. le Président, à l'étude du programme
concernant la commission de contrôle des permis d'alcool. On m'informe
que le juge Trahan serait présent dès 4 heures.
Le Président (M. Clair): Alors, nous ajournons nos travaux
sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 48)
Reprise de la séance à 16 h 46
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la justice se réunit pour continuer
l'examen des crédits du ministère de la Justice.
Lorsque nous avons suspendu nos travaux ce midi, nous en étions
à l'étude du programme 15. Il n'y avait que le
député de Nicolet-Yamaska qui avait encore quelques petites
questions, nous avait-il dit, concernant le programme 15, avant de
procéder à son adoption.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Bédard: M. le Président, en attendant ses
questions, à la suite d'une question du député de
Verchères, je voudrais déposer la liste des agences de
sécurité, ainsi que les noms des endroits qui sont gardés
par chacune d'elles. Chacun de ces contrats n'est valide que pour une
période d'un mois et se renouvelle automatiquement de mois en mois. Tous
peuvent être résiliés par l'une ou l'autre des parties, en
tout temps, après un avis écrit de 30 jours en ce sens.
Le Président (M. Clair): La distribution est faite. M. le
député de Nicolet-Yamaska. Aviez-vous d'autres commentaires, M.
le ministre?
M. Bédard: Non, M. le Président.
Sûreté du Québec (suite)
M. Fontaine: M. le Président, serait-il possible d'avoir
un état détaillé des coûts de la participation de la
Sûreté du Québec à l'organisation et à la
tenue des Jeux olympiques, au cours de l'année 1976? Par exemple,
pourrait-on savoir le nombre de policiers qui ont été
affectés à ce secteur d'activité, la mise en place du
centre d'hébergement des policiers provinciaux, combien cela a-t-il
coûté? L'élaboration d'un programme particulier de
formation pour certaines catégories de membres affectées aux Jeux
olympiques et les demandes au Conseil du trésor de 63 postes
occasionnels pour le temps des Jeux olympiques, peut-on avoir les
détails?
M. Bédard: Le député aurait-il objection
d'attendre, d'ici peut-être la fin de l'étude des crédits,
afin que nous puissions avoir un certain délai pour déposer les
réponses adéquates à ces questions. Étant
donné que je ne peux pas apporter en détail les réponses
au moment où les questions me sont posées?
M. Fontaine: D'accord, mais d'une façon globale...
M. Bédard:... M. le directeur général de la
Sûreté du Québec me dit qu'il va faire en sorte que les
réponses vous soient données à toutes les questions que
vous avez posées.
M. Fontaine: D'une façon globale, le ministre peut-il nous
dire dès à présent combien cela a coûté pour
toute la Sûreté du Québec, aux Jeux olympiques?
M. Bédard: Globalement, sans m'engager plus qu'il ne le
faut, environ $12 millions, ce qui est une somme d'argent assez
impressionnante, comme vous pouvez le constater.
M. Fontaine: Le centre d'hébergement dont j'ai
parlé tout à l'heure, est-ce que c'était un centre
temporaire? Existe-t-il encore? Qu'en a-t-on fait?
M. Bédard: C'est une école qui a été
utilisée pour l'été.
M. Fontaine: C'était loué? M. Bédard:
C'est cela.
M. Fontaine: Pourrait-on également savoir combien cela a
coûté pour la location?
M. Bédard: Sûrement. Y a-t-il d'autres questions sur
le programme?
M. Fontaine: Dans le rapport annuel de 1976, à la page 22,
on mentionne que la réalisation d'une étude sur la
spécialisation de la Sûreté du Québec ainsi que
l'orientation future des forces policières et parapolicières du
Québec est censée avoir été faite. Est-ce que le
directeur de la Sûreté du Québec, M. Beaudoin, peut nous
dire où en est cette étude et quelle orientation future il entend
donner dans ce domaine?
M. Bédard: Cette étude est en cours. Disons que
l'objectif est de pouvoir faire une représentation au comité
présidé par M. Saulnier et qui a été
institué par le ministre de la Justice. Les orientations,
peut-être que c'est un peu dans la philosophie du ministre. On n'a pas
fini complètement. On a encore du travail à faire et on a pris du
retard là-dedans. Notre date d'échéance est le 22 juin
pour faire la présentation à M. Saulnier. L'aspect le plus
particulier qui ressort de cela, ce sont les policiers auxiliaires, des
fonctions auxiliaires, qui pourraient être remplies par des policiers
d'une catégorie toute particulière. C'est peut-être
l'aspect, la dimension qui revêt la plus grande importance.
M. Fontaine: Ce rapport va-t-il être rendu public? Et
quand?
M. Bédard: Le 22, on va en remettre une copie, et, avant,
on va le remettre au ministre de la Justice, bien entendu, et ce sera à
lui de juger et d'en disposer.
M. Fontaine: Le 22 juin?
M. Bédard: C'est le 22 juin qu'on remettra le rapport,
mais, là-dessus, avant de le rendre public ou pas, j'aurais à
rencontrer quand même le
groupe de travail de M. Saulnier, afin de l'évaluer, puisque bien
des mémoires sont acheminés à l'heure actuelle à ce
groupe de travail. Plusieurs groupes, même des individus, expriment le
désir de se faire entendre. Il y a également des personnes
désignées, que le groupe de travail veut entendre
également, au niveau des représentations. Nous aurons à
décider ou à déterminer s'il y a lieu de rendre public
l'ensemble de ces mémoires. Je vous dis bien sincèrement que je
n'y vois pas d'objection au départ.
M. Fontaine: Concernant la direction des renseignements, dans le
rapport annuel, il y a un organigramme. Cette direction est placée
à un échelon élevé, je pense, pratiquement
égal à celui du directeur de la Sûreté. Y a-t-il
quelque chose de particulier pour qu'on élève cette direction
au-dessus des autres?
M. Bédard: La réponse est un peu farfelue. C'est
parce qu'on a manqué de longueur de papier pour la garder au même
niveau que les autres.
M. Fontaine: Pourriez-vous préciser? Il y a cinq services
de renseignements. Pourriez-vous préciser et nous donner une idée
de chacun des services?
M. Bédard: La direction des renseignements... D'abord,
vous avez la protection des hommes d'État, ce qui est la partie
protection. Vous avez le renseignement criminel. Il s'agit d'un groupe qui fait
ce qu'on appelle, en anglais "l'Intelligence". On sait qu'il se commet beaucoup
de crimes dans divers secteurs de la société où on n'a pas
de plaintes. Pour vous donner un exemple du renseignement criminel, disons que
l'enquête sur les Jeux olympiques, qui est actuellement devant le
tribunal, on n'a pas eu de plaintes dans cela. C'est par la cueillette de
l'information, l'analyse du renseignement qu'on est venu à
décortiquer qu'il y avait une situation anormale qui prévalait.
Le même exemple peut prévaloir dans divers secteurs du criminel.
En ce qui concerne les renseignements-sécurité, ce sont les
mouvements d'agitation sociale, subversifs, et c'est toujours en fonction de la
prévention du crime.
Quand il y a un conflit ouvrier, il y a toujours des groupes marginaux,
des groupes qui se servent de toutes ces situations pour perturber l'ordre
social. Et quand on va sur une situation comme celle-là, il est fort
important pour la police de savoir si ce sont des gens qui sont de bonne foi et
qui manifestent tout simplement leur droit, le droit que la démocratie
leur reconnaît de faire connaître leur mécontentement, ou
s'il y a des gens qui profitent de cette occasion pour faire de l'agitation et
créer des affrontements.
C'est un peu grâce à... Cela nous permet d'engager des
opérations de maintien de l'ordre. Premièrement, de jauger la
situation et, deuxièmement, d'engager les effectifs suffisants, et non
d'engager trop d'effectifs, parce que c'est assez important de ne pas avoir
plus de policiers qu'il n'y a de manifestants. Donc, cela nous permet, en
somme, de jauger une situation.
Vous avez aussi tout l'aspect de subversion qui peut survenir, la
sédition, la conspiration de sédition ou la conspiration pour
commettre des actes criminels. C'est dans ce cadre-là. On a
également toute la situation...
M. Fontaine: Sur ce point, la question de groupe subversif,
est-ce que la Sûreté du Québec, actuellement, enquête
sur différents groupes subversifs au Québec?
M. Bédard: On peut dire qu'on garde à l'oeil des
gens qui ont des desseins de subversion. Dans les premières
années soixante, il y a eu des attendats à la bombe, etc., et
cela s'est amené jusque... il y a eu diverses vagues, donc c'est
toujours en puissance, mais notre philosophie, c'est toujours d'agir en
fonction de la prévention du crime.
L'autre aspect de surveillance, d'enseignement scientifique... Ce matin,
je crois que c'est vous-même n'est-ce pas qui avez posé la
question? Cela, c'est l'écoute électronique et la surveillance,
ce sont des moyens pour ajouter un complément à l'écoute
électronique, des moyens physiques. Si vous me permettez, je ne crois
pas qu'il soit d'intérêt public filature, vous avez
semblé connaître cette partie ce sont des moyens physiques
pour ajouter un complément au premier...
M. Fontaine: Non seulement le service de la protection... Je
pense que c'est ce service qui s'occupe de la protection du premier ministre et
du ministre de la Justice?
M. Bédard: Uniquement ces deux-là actuellement. Le
premier ministre et le ministre de la Justice.
M. Fontaine: Pourriez-vous nous dire combien il en coûte
par année pour ces deux protections?
M. Bédard: II y a également le chef de
l'Opposition, de l'Opposition officielle, dont la sécurité est
assurée par la Sûreté du Québec.
M. Fontaine: A-t-il besoin d'être
protégé?
M. Pagé: II est protégé et il est bien
protégé, chose certaine.
Je pense que c'est son chauffeur qui assume le travail de
protection.
M. Bédard: Les autres sont... La sécurité
des autres est assurée par une agence qui est effectivement
formée de chauffeurs gardes du corps.
M. Fontaine: Ce n'est pas la Sûreté du Québec
qui effectue cette protection?
M. Bédard: La Sûreté du Québec, son
action en termes de sécurité de personnes est limitée au
premier ministre, au ministre de la Justice et au chef de l'Opposition
officielle.
M. Fontaine: Qu'est-ce que cela représente comme
personnel?
M. Bédard: À l'heure actuelle cela est
réduit au minimum, si on compare cette situation avec celle qui existait
avant le 15 novembre. Concernant la sécurité du premier ministre
et du ministre de la Justice, c'est une équipe de douze policiers. Il
s'agit de deux équipes, une à Québec et une à
Montréal, qui se relèvent selon les circonstances et selon les
besoins. Concernant le chef de l'Opposition officielle, il y a un policier qui
est affecté à ce travail particulier.
M. Fontaine: Si on regarde à l'élément 1,
les crédits de 1976/77, $100 558 000 ont été
affectés...
M. Bédard: Si vous permettez, simplement pour continuer,
j'ai bien mentionné que c'étaient des effectifs restreints, par
rapport à ce qui existait avant le 15 novembre. M. le directeur
général m'informe qu'avant le 15 novembre, le nombre des
policiers affectés à la sécurité des personnes
qu'on vient de mentionner était d'environ 40.
M. Pagé: Tout le cabinet.
M. Fontaine: Comparativement à...
M. Bédard: Non, pas tout le cabinet, seulement les
mêmes personnes, celles que j'ai mentionnées.
M. Pagé: Le premier ministre, le ministre de la Justice,
le chef de l'Opposition.
M. Bédard: Le Solliciteur général, qu'il
fallait au moment où le ministère a été
scindé.
M. Fontaine: Y a-t-il des dispositifs de sécurité
spéciaux concernant ces personnages?
M. Bédard: Que voulez-vous dire exactement? M.
Fontaine: II y avait le fameux "bunker"
M. Bédard: Disons que la bâtisse est restée
là, mais son utilisation a beaucoup changé depuis.
M. Fontaine: Qu'en fait-on maintenant?
M. Bédard: À l'heure actuelle, il y a des bureaux
qui y ont été aménagés. Il n'y a absolument rien
qui concerne la sécurité d'une façon spéciale.
M. Blank: Le premier ministre n'habite pas là? M.
Bédard: Le premier ministre habite là. M. Blank: Comme
avant, dans le "bunker".
M. Bédard: II a son bureau là. Il n'habite pas
là, c'est une manière de dire. Il a un bureau qui...
M. Blank: L'ancien premier ministre habitait ici, à
l'Assemblée nationale.
M. Bédard: Ce n'est pas le cas pour le premier ministre
actuel, qui a ses appartements à l'extérieur.
M. Blank: Nous ne demanderons pas où.
M. Springate: Ce n'est pas à 501 Landsdowne, dans le
comté de Westmount, par hasard?
M. Fontaine: Si on revient à l'élément 1,
aux crédits qu'on nous demande d'accepter, en 1976/77, il y avait $100
558 200 et en 1977/78, on n'a que $99 904 000. Il y a donc une diminution de
$600 000 environ. Le ministre pourrait-il nous donner une explication sur cette
diminution, malgré qu'il y ait une augmentation de 35
employés?
M. Bédard: Au niveau de l'élément 1, on
tient compte de la diminution des coûts, naturellement, qui ont
été prévus pour les Jeux olympiques. Comme cela ne se
renouvelle pas tous les ans, ceci représente une somme de $7,8 millions.
Il y avait des occasionnels dont les services avaient été requis
en fonction des Olympiques, $650 000; des frais de voyages, aussi
occasionnés par les Olympiques: $850 000, pour un total de $9,3 millions
qui n'a pas à être reproduit au budget.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Westmount, vous aviez demandé la parole.
M. Springate: Oui, M. le Président et je suis heureux
d'avoir l'occasion de suivre le député de Nicolet-Yamaska, M.
Faucher.
M. Fontaine: Ne commencez pas cela.
M. Springate: C'est seulement une question. Il y a un mois, cette
commission a siégé durant sept à huit jours...
M. Fontaine: II n'y a pas de question de privilège en
commission parlementaire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Westmount.
M. Springate: ...concernant la fameuse question des deux hommes
en auto. Je suis heureux d'apprendre que le cas est réglé
maintenant. Le ministre nous a dit ce matin que la grille a été
acceptée.
M. Bédard: Que voulez-vous dire par là? M.Pagé: II veut dire qu'il est heureux.
M. Bédard: Le cas est réglé, dans le sens
que c'est le respect intégral des offres que nous avions faites, sauf
qu'il y a eu entente sur une grille qui représente les cas
spéciaux où il y avait des risques, où il y a eu entente
entre la Sûreté du Québec et l'Association des policiers
provinciaux.
M. Springate: Cela ramène à ma question.
Maintenant, il y a un maximum de deux hommes
en auto, durant des heures spécifiques, tel que
spécifié dans l'entente.
M. Fontaine: Un maximum de deux hommes.
M. Springate: C'est cela, un maximum de deux hommes. Le 11 mai,
vers 8 h 30, le soir, dans le comté de Jacques-Cartier, j'ai
été arrêté pour avoir fait de la vitesse, un billet
bien mérité, je dois le dire en passant, mais la seule chose est
qu'il y avait trois hommes dans cette auto.
Une voix: C'est parce que c'était vous!
M. Springate: Est-ce parce que c'est un membre de l'Opposition ou
quoi? On a payé pendant huit jours pour savoir si on devrait avoir deux
hommes, oui ou non, dans une auto, et là, une auto me poursuit,
m'arrête, ils sont trois...
M. Bédard: Je comprends que vous voulez vous amuser; il
n'y a rien qui s'oppose à ce qu'on ait quelques moments non
sérieux en termes de discussions...
M. Springate: La question c'est, est-ce parce que...
M. Bédard: ... mais, écoutez, s'il y avait trois
hommes, c'était sûrement une occasion spéciale.
M. Springate: Je me demandais s'il y avait un manque
d'équipement dans le poste et si c'est pour cela qu'il y en avait
trois.
M. Bédard: lis n'ont peut-être pas couru de risques,
ils s'attendaient d'appréhender un ancien joueur de football.
Le Président (M. Clair): Le programme 15; le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Parlant de l'effectif de votre unité
d'intelligence, avez-vous le même effectif maintenant que celui d'avant
le 15 novembre?
M. Bédard: Vous avez dit: intelligence-renseignements?
M. Blank: Oui. Ce groupe qui vérifie les organisations
subversives, les choses comme cela.
M. Bédard: Oui, c'est le même effectif que celui de
l'année passée. Il n'y a pas eu de changement.
M. Blank: II n'y a pas eu de changement. Vous avez le même
travail?
M. Bédard: J'espère que cela rassure le
député de l'Opposition.
M. Blank: Ce n'est pas une réponse.
M. Pagé: Y a-t-il autant de travail? Est-ce qu'il y a
autant de contestations...
Le Président (M. Clair): Le programme...
M. Bédard: II y a beaucoup moins de contestations depuis
le 15 novembre.
M. Pagé: Elles sont de ce côté.
M. Blank: Elles sont à l'Assemblée nationale.
Une voix: Ou chez les attachés de presse.
M. Bédard: C'est ce que vous disiez durant la campagne
électorale; maintenant, les citoyens sont à même de
constater que vous ne disiez pas toujours la vérité quand vous
identifiiez le Parti québécois à un groupe de
contestataires.
M. Blank: Vous dites le contraire. Vous dites qu'il y en a moins
maintenant. Cela veut dire qu'ils sont tous à la Chambre.
M. Bédard: Parce qu'il y a un bon gouvernement, un bon
gouvernement qui arrête de faire de la provocation au niveau des
ouvriers; c'est tout.
M. Blank: Oui, mais ils sont tous à la Chambre maintenant.
Ils sont tous à la Chambre ou aux cabinets des ministres. C'est ce qui
arrive, ils ne sont plus dans les rues pour manifester.
M. Bédard: La raison essentielle, c'est parce qu'il y a un
bon gouvernement qui a réussi à rétablir tranquillement le
climat social; il faut toujours essayer d'orienter nos efforts en fonction de
l'améliorer encore plus; il va faire la même chose pour le climat
économique.
M. Blank: On va voir.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs, s'il
vous plaît!
M. Pagé: Si j'étais à la place du ministre
de la Justice, je ne m'aventurerais pas là-dessus.
M. Bédard: À ce moment-là, vous en aurez
pour plusieurs années à me poser des questions.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs! Il
me semble que nous nous aventurons sur un terrain glissant. Le programme 15
dans son entier est-il adopté?
M. Bédard: Adopté à l'unanimité, M.
le Président.
Le Président (M. Clair): Le programme dans son entier
est-il adopté? Adopté. Tel que convenu, je pense...
M. Bédard: ... un bon gouvernement, M. le
Président.
M. Pagé: On vous prie de ne pas vous aventurer dans la
question économique, parce que cela va être long.
Le Président (M. Clair): Je pense que nous avions convenu
d'étudier, immédiatement après le programme 15, le
programme 8 concernant le contrôle des permis d'alcool. Est-ce bien
exact, M. le ministre?
M. Bédard: Vous avez parfaitement raison, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: En quelle année était-ce, votre
contravention pour vitesse?
M. Springate: Le 11 mai.
M. Bédard: Encore?
M. Springate: Au moins, cette fois, je ne suivais pas le
ministre.
Contrôle des permis d'alcool
M. Bédard: Concernant l'étude du programme qui a
trait aux crédits qui concernent la commission de contrôle des
permis d'alcool, je voudrais simplement expliciter une chose dont j'ai
déjà parlé au début de l'étude des
crédits, à savoir que nous nous proposons, parce que nous le
croyons nécessaire, d'effectuer une refonte de la loi et aussi une
refonte des règlements concernant l'ensemble de la question de
l'émission et du contrôle des permis d'alcool. Je pense que cela
s'impose. J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'en discuter avec le président
de la commission et, déjà, un comité recueille les
informations nécessaires afin de pouvoir colliger l'ensemble des
revendications ou des points qui sont soulevés par tous les
députés de l'Assemblée nationale, qu'ils soient au niveau
gouvernemental ou au niveau de l'Opposition.
Avec ces premiers sons de cloche, ajoutés à toutes les
demandes dans ce sens qui nous sont faites par les citoyens, je pense que c'est
tout à fait normal, nous nous donnons quand même un délai
qui peut être d'un an, peut-être moins, si c'est possible, afin de
pouvoir, avec le président de la commission, clarifier plusieurs des
situations.
M. Blank: II faut songer à avoir des audiences publiques
pour avoir des groupements qui sont intéressés comme des
hôteliers, et d'autres qui peuvent peut-être...
M. Bédard: Je ne suis pas rendu à une
décision sur ce point de la nécessité de tenir des
audiences publiques. Il y aura sûrement la nécessité de
rencontrer la plupart de ceux qui sont concernés soit par
l'émission ou le renouvellement d'un permis d'alcool. Si nous le jugeons
à propos, des audiences publiques pourront être
convoquées.
Le Président (M. Clair): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. D'abord, je
voudrais saluer M. le juge Trahan et souligner sa présence avec
nous.
M. le Président, j'aurais quelques questions à poser. Je
suis particulièrement heureux de me retrouver en face du ministre de la
Justice. Je me rappelle, lorsqu'on avait adopté la loi 21 qui avait
été présentée ici, à l'Assemblée, par
le précédent gouvernement, qu'il y avait quelques
éléments de ce projet de loi avec lesquels, moi-même, en
tant que député, je n'étais pas d'accord. J'avais eu
l'occasion de le faire valoir, et je me rappelle fort bien toute la
solidarité que m'avait exprimée le député de
Chicoutimi d'alors, qui est aujourd'hui ministre de la Justice. J'ose croire,
et je peux même présumer qu'à la lumière des
discussions que nous aurons, nous pourrons nous rejoindre aussi facilement
qu'on pouvait le faire lorsque nous occupions des banquettes
différentes.
J'aurais une première question, M. le Président...
M. Bédard: Je ne vois pas de difficulté majeure, au
moment où nous en sommes rendus.
M. Pagé: Aller jusque là, cela va pas mal! Nous
allons essayer de continuer.
Au niveau des effectifs qui sont alloués à la commission
de contrôle, j'aimerais savoir ce qu'il y a eu de fait depuis un an,
particulièrement à la lumière des crédits qui sont
requis pour adoption ce matin, au programme 8. J'aimerais savoir si on
assistera à une augmentation des effectifs. Je constate qu'il y a une
augmentation d'environ $600 000 au budget. Un montant comme celui-là
est-il suffisant pour répondre aux besoins, tels que la commission peut
les saisir actuellement, avec toutes les requêtes qui sont pendantes?
M. Bédard: Peut-être que le député
aimerait avoir un tableau...
M. Pagé: Un tableau. Un portrait le plus fidèle
possible.
M. Bédard: ...de l'ensemble de l'affectation des
crédits, des augmentations de crédits que nous avons
prévues pour l'exercice financier 1977/78 qui se chiffre au montant de
$634 000. L'augmentation des crédits estimés pour l'exercice
1977/78 peut s'expliquer en majeure partie pour les raisons suivantes:
Au niveau des traitements, la mise en application des conventions
collectives nécessiteront au cours de l'exercice 1977/78 des
crédits additionnels d'environ $141 600. On prévoit pour 1977/78
un accroissement du nombre de jours-homme de travail en raison du programme de
recrutement de la Commission de contrôle des permis d'alcool, $26 200. Il
y a cinq nouveaux postes qui sont accordés à cause de
l'augmentation du volume d'activité du service d'inspection et
d'enquête de la Commission de contrôle des permis d'alcool, $40
000, diverses augmentations et diminutions pour un montant de $3000.
Au chapitre des communications, les tarifs concernant les frais de
voyage ont augmenté d'environ 15%. Des crédits additionnels de
$30 000 ont dû être ajoutés pour tenir compte de cette
augmentation de tarifs. L'augmentation du nombre de jours-homme au service
d'inspection et d'enquête amène une augmentation dans le
coût des frais de déplacement de $22 200.
On prévoit également un accroissement d'environ 24% pour
la partie des droits exigés des détenteurs des permis d'alcool
qui est distribuable aux municipalités en raison de l'augmentation des
revenus provenant de ces droits. Les revenus pour l'exercice 1976/77 avait
été estimés à $9,9 millions, mais seront
vraisemblablement de l'ordre de $10,7 millions.
Les revenus de 1977/78 sont estimés approximativement à
$12,3 millions, d'où un coefficient de croissance prévu pour
1977/78 de l'ordre de 15%, ce qui représente une somme de $350 400
d'augmentation.
M. Pagé: D'accord. Dans les nouveaux postes en fait,
l'augmentation des crédits de quelque $600 000 peut se résumer
à une augmentation nette de cinq postes seulement?
M. Bédard: Oui.
M. Pagé: Est-ce que...
M. Bédard: Qui ont été
nécessités, selon les représentations qui m'ont
été faites, par l'accroissement du volume d'activités.
M. Pagé: J'aimerais savoir particulièrement
peut-être de la part du président de la commission... À
plusieurs reprises, et cela non seulement dans les comtés comme le mien
ou dans certaines régions je pense que c'est un problème
qui couvre tout le territoire du Québec il semble y avoir
certains problèmes particuliers au niveau des délais entre le
moment où une requête est présentée et le moment
où une acceptation, un refus ou une décision de la commission
prend effet. Avec les budgets qu'on a étudiés au programme 9,
est-ce que ces sommes sont vraiment suffisantes pour améliorer le
service d'une part? Et, est-ce qu'à la lueur des 5 postes additionnels,
la commission de contrôle est satisfaite des effectifs qui lui sont ainsi
alloués? Je suis convaincu que la commission est tellement sensible
à ce problème parce que vous devez avoir des appels
téléphoniques, des lettres et tout cela. Alors...
M. Bédard: II est évident que les délais
sont trop longs à l'heure actuelle. Les plaintes affluent, il n'y a pas
de doute là-dessus.
M. Blank: Quel est le temps moyen de délai? M.
Pagé: Le délai moyen, oui?
M. Bédard: M. le Président pourrait peut-être
nous donner certaines... peut-être un tableau des délais. À
la date du 2 juin, nous étudions les demandes entrées le 25 mars
1977. Alors, ce n'est pas énorme.
M. Pagé: Deux mois, neuf semaines?
M. Bédard: Ce qu'il y a, c'est que si les personnes qui
font les demandes prenaient la précaution de fournir tout ce qu'il faut,
ce serait beaucoup plus facile pour la commission de remplir son rôle
plus adéquatement. Le malheur qu'il y a, c'est que de nombreux
requérants oublient de produire ce qu'il faut produire, et alors,
à ce moment les délais se prolongent.
M. Pagé: Des photos, des choses comme celle-là.
M. Bédard: Deuxièmement, nous sommes
obligés, parce que nous n'avons pas suffisamment de détails dans
nos dossiers, de convoquer les requérants, en vertu de l'article 48.
Alors, à cause du nombre de personnes que nous sommes obligés de
convoquer, cela cause des délais. Si ce matin j'étudie... Ce
matin, avant de partir j'ai étudié à peu près une
trentaine de dossiers avec les autres commissaires, nous avons demandé
des convocations, en vertu de l'article 48, à peu près dans dix
cas. Si ces gens nous avaient fourni les détails qu'il fallait,
dès aujourd'hui on pourrait décider de leur dossier. Cela va
peut-être prendre un mois, à cause du nombre de cas qu'on a et des
séances que nous avons à tenir.
M. Pagé: Vous faites état d'environ neuf semaines,
entre le moment où la requête est déposée et le
moment où le dossier est étudié sur la table, soit du
président ou des commissaires. Mais, quel est le délai entre le
moment où la requête est déposée et le moment
où la décision est rendue?
M. Bédard: En règle générale, pour
une demande qui a été étudiée aujourd'hui, mon
ordonnance est faite, présentée pour signature, dans deux ou
trois jours. Après cela, cela s'en va au département de
l'administration qui doit l'enregistrer, qui doit l'envoyer, envoyer le compte,
parce qu'il ne faut pas oublier qu'il faut se faire payer, toutes ces choses
peuvent prendre un peu de temps. Le type qui reçoit sa demande, cela lui
prend parfois un peu de temps à nous envoyer son chèque, parce
qu'il n'a peut-être pas toujours ce qu'il lui faut, parfois c'est de sa
faute et non pas de notre faute.
M. Blank: Cela prend combien de temps après que votre
ordonnance est prête, pour que le monsieur puisse faire son paiement?
M. Bédard: Normalement, quinze jours au plus.
M. Blank: Quinze jours.
M. Pagé: Cela veut dire... M. Blank: À quoi
est-ce dû?
M. Bédard: II faut envoyer l'ordonnance avec le compte et
il faut que le type nous retourne son chèque, parce qu'on ne donne pas
de permis tant qu'on n'est pas payé. À ce moment, le permis part
immédiatement.
M. Blank: Si vous aviez plus d'effectifs, pourriez-vous
raccourcir ce délai?
M. Bédard: C'est comme dans une armée, plus vous
avez de soldats, mieux cela va.
M. Pagé: Cela veut donc dire en moyenne onze semaines, M.
le Président, entre le moment où la requête est
déposée et le moment où l'ordonnance est émise.
M. Bédard: Cela prend à peu près trois mois
entre le dépôt de l'ordonnance, la demande et l'émission du
permis.
M. le Président, si vous me permettez d'ajouter ceci: Comme on a
l'intention de faire une révision de la loi et des règlements et
que cela s'impose, je crois qu'il ne serait pas opportun de penser tout de
suite à augmenter de façon significative les effectifs. J'ai la
conviction qu'une étude approfondie de ces règlements et de cette
loi pourrait peut-être contribuer, en fin de compte, non pas avec une
augmentation de personnel, mais avec une meilleure rationalisation, ou encore
avec des modifications qui pourraient être apportées au
règlement, j'ai la conviction que cela contribuera, sans augmentation
imposante de personnel, à donner le service le plus rapide possible.
De toute façon, lorsqu'on se propose de réviser en
profondeur la loi et les règlements, ce serait assez inopportun de se
lancer tout de suite dans une augmentation de personnel trop significative.
M. Pagé: Je suis d'accord, M. le Président, qu'on
peut prévoir, comme le ministre en a fait état au début de
l'étude de ce programme, que d'ici un an, tel qu'il l'a
mentionné, on pourrait être en mesure de voir sur la table de
l'Assemblée nationale l'étude d'un projet de loi de refonte
complète de la commission de contrôle. D'ici un an, à la
lueur des centaines et des centaines de demandes de renouvellement, de
modifications ou d'émissions de nouveaux permis, je pense qu'on est
quand même en droit de poser des questions sur ce sujet. On est quand
même en droit de sensibiliser le ministre à la possibilité
qu'il aurait d'augmenter, à titre temporaire même si ce
n'était que pour un an les effectifs de façon à
améliorer le service. On pourra revenir tantôt sur d'autres
aspects particuliers.
M. Bédard: À condition que j'aie la conviction que
l'augmentation des effectifs améliorera nécessairement le
service.
M. Pagé: Les cinq personnes vont travailler à quel
niveau dans ces cinq postes?
M. Bédard: Ce sont des inspecteurs. M. Pagé:
Des inspecteurs.
M. Springate: Des inspecteurs. Vous nous avez dit que le salaire,
pour les cinq, est de $40 000. Donc, on paie les inspecteurs $8000 par
année. C'est ce que vous nous avez dit.
M. Bédard: Oui, c'est le chiffre que j'ai
mentionné. Je peux vous donner des explications additionnelles. Ils ne
sont pas tous engagés au moment où on se parle, alors,
étant donné qu'on est déjà rendu au mois de juin,
nécessairement, cela implique une dépense qui ne s'étend
pas sur les douze mois. Il est évident qu'on ne réussit pas
à s'approprier les services d'inspecteurs pour $8500 par année.
À l'heure actuelle la moyenne est d'environ $13 500.
M. Fontaine: M. le Président, sur cette même
question, je crois savoir que le président de la commission de
contrôle n'a pas de pouvoirs sur le directeur du personnel de
l'administration. Je ne sais si je me trompe.
M. Bédard: Vous voulez parler de l'article 41 de la
loi.
M. Fontaine: Je ne sais pas si c'est l'article 41. M.
Springate: Probablement.
M. Fontaine: Si le président de la commission de
contrôle pouvait donner des directives à cette direction du
personnel, est-ce que cela pourrait améliorer le service, sans pour
autant avoir recours à du personnel additionnel? On a fait état
tout à l'heure des délais occasionnés par
l'administration, lorsque l'ordonnance est émise. Si le président
avait des pouvoirs sur cette administration, pourrait-il améliorer la
situation?
M. Bédard: Avec la nouvelle loi, on a scindé un peu
le parajudiciaire et le côté administratif.
M. Fontaine: C'est justement. Si vous aviez des pouvoirs sur ce
côté administratif, pensez-vous pouvoir améliorer la
situation, sans avoir recours à du personnel additionnel?
M. Bédard: Je ne voudrais pas rendre un jugement et ne pas
pouvoir aller en appel ensuite. Réellement, la question que vous me
posez... C'est problématique. C'est une analyse que nous allons faire le
plus rapidement possible. Et à ce moment, nous serons plus en mesure de
répondre à votre question.
M. Fontaine: Simplement du point de vue administratif, les
directives que vous pourriez émettre envers l'administration
pourraient-elles avoir
pour effet de diminuer les délais entre l'émission de
l'ordonnance et la réception du permis chez la personne qui le
détient?
M. Bédard: Comme le ministre vous l'a dit tout à
l'heure, il va faire une étude et je pense qu'il est
préférable de répondre après que l'étude
aura été faite, parce que vous pouvez nous placer dans des
situations qui ne sont intéressantes pour personne. Je pense qu'il est
préférable que l'étude soit faite à fond et quand
l'étude sera faite, les décisions seront prises et on les suivra.
Il y aura lieu de porter jugement après.
M. Pagé: Et il y aura lieu de faire des
représentations.
M. Bédard: Sûrement.
Le Président (M. Clair): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: Une question au président. L'étude
de l'analyse des dossiers se fait à Québec et à
Montréal. Des ordonnances peuvent être rendues à
Québec, je présume? Comment expliquer le fait qu'à
certaines occasions des gens, ou même un député parce que
je pense que cela entre dans le cadre de ses fonctions de voir où en
sont rendus les dossiers de ses commettants et tout cela... Comment expliquer
le fait qu'à plusieurs reprises, on se fait dire que le dossier qui est
étudié est, soit à Montréal et que s'il
était à Québec ce serait plus expéditif ou
l'inverse? Y a-t-il un problème particulier à ce niveau? Comment
résumez-vous la situation? Cela va-t-il pour le mieux dans le meilleur
des mondes à ce chapitre? Qu'arrive-t-il avec tout cela?
M. Bédard: Encore là, je me demande s'il ne serait
pas préférable qu'on attende l'étude à fond des
amendements qu'on veut faire. Parce que... Je me rappelle que, lorsque
j'étais dans l'Opposition, j'avais posé beaucoup de questions
auxquelles je n'ai pas eu de réponse dans le temps, sur le
bien-fondé de cette centralisation à Montréal.
M. Pagé: Vous en avez de meilleures aujourd'hui.
M. Bédard: Non. Ce que je vous dis, c'est que
j'étais d'autant sensibilisé que je crois que, tel que je vous
l'ai dit, il est nécessaire d'effectuer une étude en profondeur
de l'ensemble. Même si on essayait de donner des réponses sur
chacun des petits points sur lesquels vous posez des questions, je pense que
c'est une étude en profondeur, globale, qui va nous permettre de
déceler quels sont les meilleurs éléments, les meilleurs
gestes à poser, en fonction d'améliorer l'ensemble du service, ce
qu'il est nécessaire de faire.
M. Pagé: Je suis d'accord, le ministre nous a dit cela
tantôt. On est quand même en droit de se poser ces questions.
M. Bédard: Je ne vous empêche pas de vous les
poser.
M. Pagé: On est quand même en droit aussi de
s'attendre à des réponses...
M. Bédard: Je trouve même que vous étiez plus
éloquent lorsque j'étais à côté de vous dans
l'Opposition.
M. Pagé: Pardon? Que dites-vous?
M. Bédard: Je trouve même que vous étiez plus
éloquent lorsque j'étais à côté de vous dans
l'Opposition.
M. Pagé: Comment, j'étais plus éloquent?
M. Bédard: Hé bien! Enfin!
M. Pagé: M. le Président, ce qui arrive, c'est
qu'on est à étudier les crédits de la commission, et toute
la question du contrôle des permis d'alcool. Je ne crois pas qu'il soit
de bon aloi, de la part du ministre, de se retrancher tout le temps
derrière cette étude, ce groupe qui aura à étudier
tous ces problèmes auxquels on est appelé à faire face et
qu'on peut soulever ici, actuellement. Si c'est cela, on va l'adopter le
programme on va dire: D'accord, on ne posera aucune question, on va s'en
référer strictement à un comité qui serait
éventuellement formé, auquel seront peut-être
conviés les membres de l'Assemblée pour faire part de leurs
commentaires, pour en arriver, éventuellement, par la suite,
possiblement, seulement dans un délai d'un an, au dépôt
d'un projet de loi. Il y a quand même des problèmes particuliers
qui existent actuellement et je présume, je crois, j'espère tout
au moins, que certains de ces problèmes peuvent être
réglés avant et sans que nous soyons obligés de passer par
une refonte complète de la loi. On parlait tout à l'heure des
délais. On a semblé dire que douze semaines, c'était assez
acceptable. Cela m'amène à une autre question. Lorsque la loi 21
a été adoptée par le législateur, on se rappellera
que, dans le cas des permis d'épicerie, par exemple.
Dans le cas de ces permis, on a enlevé l'obligation pour
l'épicier de prouver que son service ou le fait d'avoir un permis,
c'était d'utilité publique pour lui. On était dans le
droit de s'attendre à ce moment que, dans le cas de requêtes
présentées pour l'obtention de permis d'épicerie, les
délais soient plus courts. Or, il parait que ce n'est pas le cas, parce
que, dans certains cas, M. le Président, je présume que vous avez
peut-être eu à vivre des cas comme celui-là, pour des
permis d'épicerie, cela peut aller jusqu'à cinq mois. Alors,
qu'est-ce qui arrive?
M. Bédard: Je vais vous donner la raison, M. le
député de Portneuf. C'est que, dans les cas d'épicerie, il
y a un règlement qui dit qu'il faut qu'il y ait $2000 de denrées
alimentaires, qu'on vende pour $400 de denrées alimentaires, que le
chiffre
d'affaires en denrées alimentaires représente au moins 51%
du chiffre total d'affaires. Malheureusement, à cause de la loi, telle
qu'elle est faite maintenant, tout le monde peut faire une demande de permis
d'épicerie, on n'est plus obligé de couvrir l'utilité
publique ni l'intérêt public.
Par contre, il faut qu'ils répondent à ces critères
et un nombre incalculable de personnes qui font des demandes de permis
d'épicerie n'ont pas pris la précaution de nous apporter ces
documents afin qu'ils soient véridiques et vérifiés
surtout. Alors, cela nous retarde, ce sont ceux-là avec lesquels on a le
plus de difficulté et cela représente à peu près
75% de nos convocations en vertu l'article 48.
M. Pagé: Vous pourriez faire une publicité, vous
pourriez, je ne sais pas si cela pouvait être possible d'avoir une
information dans ce sens...
M. Blank: Avez-vous des règlements à donner
à des gens qui viennent faire quand une personne vient demander
une formule, est-ce que vous pouvez lui donner une copie de la loi ainsi qu'une
copie du règlement et savoir ce qu'elle fait?
M. Pagé: Compte tenu de celui qui le demande.
M. Blank: Est-ce que vous avez essayé cela?
M. Bédard: Je comprends qu'on a discuté avec M. le
ministre lors de la première rencontre qu'on a eue au sujet des
crédits de la commission de contrôle, et M. le ministre a dit
qu'il verrait à avoir les documents nécessaires pour les remettre
à qui de droit.
M. Blank: Maintenant, si je demande un permis d'épicier,
personne ne peut me donner une copie du règlement ou de la loi pour
savoir si...
M. Bédard: Malheureusement, je suis obligé de vous
dire oui. C'est la raison pour laquelle on est obligé d'ajouter dans
notre ordonnance une annexe et on n'attendra pas une nouvelle loi pour corriger
cette situation.
M. Blank: J'espère qu'on va corriger cela.
M. Bédard: Toutes les critiques qui sont faites et je
crois qu'il y en a beaucoup...
M. Blank: Même moi, comme avocat, j'ai fait des demandes
pour des épiceries et je n'ai jamais entendu parler de ces chiffres. Je
savais qu'il devait y avoir prépondérance des épiceries,
mais je ne savais même pas qu'il fallait qu'on ait des critères de
$400 par semaine et $2000...
M. Bédard: Me permettez-vous d'être malin, M. le
député? Il me semble que c'est vous qui avez voté la
loi.
M. Blank: Oui, j'ai voté la loi, mais les règle-
ments ne passent pas ici, c'est dans le "bunker" qu'on fait cela.
M. Pagé: Le règlement, M. le Président, est
adopté au Conseil des ministres.
M. Bédard: On va essayer de mieux faire cela ensemble,
avec le concours de l'Opposition.
M. Blank: Avoir au moins une copie pour les
députés.
M. Fontaine: Y a-t-il des gens qui...
M. Bédard: Je l'ai dit tout à l'heure, globalement,
à la suite des représentations qui me sont faites par nombre de
députés et venant également d'autres sources, la situation
n'est pas satisfaisante. Il nous faut, de toute urgence, l'améliorer. La
plupart des questions que vous avez posées, je les ai posées au
président de la commission, lors de l'étude préalable des
crédits. Je pense devoir être correct en donnant au
président de la commission le temps nécessaire, le plus court
possible, j'espère, pour me faire part de ses recommandations aux fins
d'améliorer l'ensemble de ces points.
M. Pagé: Dans le cadre de l'étude que vous
amorcerez bientôt... est-ce que vous l'amorcerez ou est-elle
déjà amorcée, est-ce que le ministère de la Justice
a déjà eu à se pencher, est-ce que vous avez des gens chez
vous qui travaillent actuellement à un projet de réforme?
M. Bédard: À l'heure actuelle, nous colligeons
toutes les informations et toutes les critiques qui nous sont
acheminées. Quand j'aurai reçu les recommandations du
président de la commission sur les possibilités
d'améliorer la plupart des situations qui sont énoncées,
je suis convaincu d'avance qu'il y a la moitié de ces situations qui
n'ont pas besoin d'attendre qu'une loi soit déposée ou qu'une
révision globale soit effectuée pour être
améliorée, et c'est ce à quoi nous emploierons nos
efforts.
M. Blank: Etudiez-vous la possibilité de donner toute la
juridiction à la commission de contrôle sur toutes les questions
des permis d'alcool? Il y a des cas où on doit aller plaider une cause
à la Cour municipale, ensuite, on doit aller à la
Société des alcools, pour plaider la même cause pour une
autre offense.
M. Bédard: Certainement, cela fait partie de
l'étude.
M. Blank: Ce serait plus logique de tout avoir à la
même cour. On essaie de faire cela avec une cour de famille, on essaie
pour des juvéniles, pourquoi pas pour la Société des
alcools? Si une personne fait une contravention à la loi une ou deux
fois, elle va à la Cour municipale, elle passe deux, trois semaines,
peut-être des mois avant d'être entendue, elle a une amende,
après cela,
elle est convoquée devant la société et elle doit
faire exactement la même preuve et il est possible qu'elle ait des
jugements contradictoires, parce que ce n'est pas exactement la même loi.
Je pense que ce serait mieux d'avoir un tribunal pour cela et qu'on soit en
pleine connaissance de tous les faits afin de rendre un jugement global. Tout
le monde serait heureux et cela coûterait moins cher à
l'État. Vous notez cela, merci.
M. Bédard: Je prends note de vos recommandations.
Le Président (M. Clair): Le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: M. le Président, je voudrais soulever une
question. Peut-être que cela existe déjà, mais j'aimerais
que, quand un nouveau commerce, soit un bar-salon ou un hôtel, fait la
demande pour un nouveau permis, on puisse instaurer un système de
vérification de l'augmentation de la population dans le secteur
donné. Si je vous dis cela, c'est que j'ai rencontré
dernièrement les détenteurs de permis d'alcool de mon
comté. Plusieurs de ces détenteurs de permis me signalent qu'il y
a plusieurs permis qui sont demandés présentement. En supposant
que ces permis soient accordés, si l'augmentation de la population est
très sensible ou presque stagnante dans le coin et que, par contre, on
augmente le nombre de détenteurs de permis, ils en arrivent à une
telle concurrence que chacun se nuit. Avant d'émettre un permis, je me
demande s'il n'y aurait pas lieu de faire une vérification du bassin de
population que ces gens ont à desservir.
C'est une première question à laquelle j'aimerais avoir
une réponse. Il y a aussi un autre aspect. Je ne sais si la
Société des alcools est au courant de ce qui se produit
présentement. Je sais que cela se produit chez moi. Il y a des gens qui
s'improvisent comme "faiseux de party" si on veut, les détenteurs de
permis ont soulevé cette question. Souvent, surtout à ce temps de
l'année, il y a quelques individus qui organisent des "showers", des
mariages, des fêtes de toutes sortes, soit dans les sous-sols des
églises ou dans des salles d'école, ils obtiennent un permis peu
dispendieux pour une soirée. Ces gens n'ont pas eu à investir
dans un hôtel ou un établissement permanent. Ils font passer des
annonces dans les journaux comme quoi, avec $2.50 ou $3 comme entrée, on
peut assister à la fête en question. Ce ne sont pas, semble-t-il,
des fêtes de famille. Donc, ils drainent une bonne partie de la
population, le samedi soir, avec un permis qu'ils obtiennent au coût de
$20 je pense. Ils vendent la bière ou l'alcool à un coût
inférieur, comparativement aux hôtels. Cela fait une
compétition malsaine à mon avis.
Je voudrais sensibiliser les personnes à cette situation. Je
voudrais savoir si M. le ministre est au courant. J'aimerais savoir s'il y a
des mesures à apporter dans ce sens.
M. Bédard: Dans le cas dont vous parlez, lors des derniers
amendements à la loi, il a été entendu qu'il n'y aurait
pas plus de douze permis de réception accordés et pas plus de six
pour vendre. J'avais donné une nomenclature à ce moment du genre
de permis qui nous étaient demandés. La loi est arrivée et
les permis ont été fixés à douze. Nous nous en
tenons à douze, cependant, dans le règlement, on dit: "La
commission n'émet de permis de réunion pour vendre au nom d'une
personne physique que pour le bénéfice d'un parti politique ou
d'une corporation sans but lucratif qui poursuit un but charitable, sportif ou
des fins d'éducation." Si vous voyiez le nombre de corporations qui se
sont formées depuis ce temps, à mon point de vue, avec le peu
d'expérience que j'ai, aussitôt qu'une loi est adoptée, au
lieu d'apprendre la loi, les gens essaient de trouver les moyens de passer
à côté. On a un lot énorme de compagnies qui se
forment en lettres patentes pour représenter soit l'âge d'or, les
clubs sociaux. En vertu de la loi, telle qu'elle est faite, nous sommes
obligés de donner presque les douze permis. Il faudrait
nécessairement se pencher sur ce problème. J'en ai parlé
avec le ministre et je pense bien qu'il y a beaucoup de choses à faire
dans ce sens.
M. Pagé: Le ministre peut-il nous faire part de ses
commentaires?
M. Lavigne: J'ai une question additionnelle. Cela répond
assez bien à la deuxième partie de ma question, mais il y a aussi
quand un nouvel établissement...
M. Bédard: Au sujet de la population?
M. Lavigne: Oui, la question de la population, y a-t-il quelque
chose là-dessus?
M. Bédard: Nous sommes liés par la loi. C'est
inscrit dans notre loi que la population est celle qui apparaît au
répertoire des municipalités. Il y a un autre article dans notre
règlement qui dit que le secrétaire-trésorier peut nous
faire part de son dernier recensement, et à ce moment, on suit la
population qui est donnée par ce recensement. Le grand malheur, c'est
que nous de la commission, nous travaillons avec les instruments, les outils
que nous avons, et que ceux qui devraient combattre les demandes ne le font
pas. Si les gens, quand une demande de permis est faite dans un milieu,
manifestaient leur opposition, on aurait les deux côtés de la
médaille, tandis que là, on a seulement un côté de
la médaille. Le deuxième côté de la médaille,
je l'ai quand je vais rencontrer les associations. Cela m'arrive très
souvent d'aller rencontrer les associations pour discuter avec elles et je leur
demande toujours de bien vouloir présenter devant la commission leur
opposition pour qu'on ait les deux côtés de la médaille et
qu'on puisse se prononcer de façon complète avec un dossier
complet. Si elles ne le font pas, nous sommes obligés de prendre ce que
nous avons dans notre dossier, ce qu'on veut bien nous apporter. Cela nous est
apporté par les ins-
pecteurs et par notre service d'analyse. Nous prenons le dossier tel
qu'il est et nous décidons avec les documents qui sont au dossier.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Avez-vous un personnel qui peut recevoir les gens
qui vont s'informer pour faire une nouvelle demande? Avez-vous un personnel qui
peut leur donner des renseignements sur la façon de remplir leur
formulaire et tout cela?
M. Bédard: Normalement, nous avons tout le personnel
voulu. Nous avons même des avocats qui sont là pour fournir
à notre personnel les informations voulues, lorsqu'il n'est pas en
position de les donner. Les gens n'ont qu'à le demander et ils vont
recevoir toutes les informations qu'il leur faut.
M. Blank: Y a-t-il un service, comme au ministère du
revenu en période d'impôt, qui peut aider ces gens à
remplir leur formulaire?
M. Bédard: Ils viennent au bureau et nous demandent ce
qu'il y a à remplir, quels sont les documents à fournir, et on
leur donne le dépliant. Nous leur disons qu'il faut tel ou tel document.
Parfois, malgré qu'on le leur ait dit, ils ne nous les envoient pas.
Le Président (M. Clair): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: J'étais bien heureux d'entendre les
commentaires formulés par le député de Beauharnois qui, je
pense, résument très bien une situation qui prévaut et
j'espère, je suis certain que le ministre en a pris bonne note.
Déjà lui-même faisait part de ses représentations.
J'espère que nous verrons...
M. Bédard: C'est un cas où les règlements se
doivent d'être révisés, où les exigences se doivent
d'être repensées et je pense augmentées. Il faut quand
même tenir compte du fait qu'il y a des individus, des
propriétaires, qui ont investi des sommes d'argent assez importantes,
qui paient des taxes à des municipalités et qui ont besoin d'un
certain volume d'affaires pour être à même d'assurer la
rentabilité de leur entreprise. C'est évident que cela
représente un cas où il va falloir, collectivement, avec
l'Opposition, qui aura sûrement de bonnes représentations ou
suggestions à faire, penser à améliorer cette
situation.
M. Pagé: Le ministre veut-il dire par là qu'il
entend soumettre les règlements avant leur adoption par le Conseil?
M. Bédard: C'est une possibilité, mais de toute
façon on trouvera le moyen pour que l'Opposition puisse faire valoir ses
représentations.
M. Pagé: Sur les règlements. D'accord, M. le
Président. Une autre question à M. le juge. Dans toute cette
question de comité qui aura à se pencher et à
étudier les solutions possibles, les amendements, la refonte de la loi,
les amendements au règlement et tout, M. le président de la
commission est certainement une personne très bien placée pour
nous faire part de ses commentaires et de ses recommandations sur certains
points particuliers. Au sens de la loi 21, le transfert d'un permis comme tel
n'est pas possible. Ne croyez-vous pas qu'il serait opportun que cette
possibilité soit étudiée à tout son mérite,
dans le cadre d'un projet de loi de refonte, pour en arriver à la
possibilité de transfert de permis comme tel? Parce que, avec la
situation qui prévaut actuellement, le requérant qui
achète, qui loue ou je ne sais pas, un local où il y a
déjà un permis d'octroyé, doit recommencer toute la
procédure de requête pour un nouveau permis. Aux yeux de la
commission comme telle, est-ce que cela permettrait au gouvernement et à
la commission de dispenser un meilleur service que d'officialiser et d'accepter
le principe des transferts de permis, toujours à certaines conditions,
évidemment?
M. Bédard: Personnellement, j'ai pris la loi telle qu'elle
était faite. Je l'ai appliquée telle qu'elle était faite.
J'ai fait des représentations pour dire que j'aurais
préféré qu'on garde le transfert de permis tel qu'il
existait avant mon arrivée. Malheureusement, j'applique la loi telle
qu'elle est faite, c'est mon obligation. Je pense bien que nous aurons
l'occasion d'en discuter de nouveau avec M. le ministre. On l'a
déjà fait. On va continuer. C'est certainement un point où
je crois qu'il y a lieu de simplifier les procédures lorsqu'il s'agit
d'un transfert de permis. Parce que le fait d'obliger les gens à
recommencer, du début à la fin, une procédure qui est
déjà compliquée, à mon sens, cela n'apporte pas
plus de renseignements adéquats à la commission de
contrôle, sauf que cela complique la vie de pas mal de gens. Pour un
transfert, on pourrait évaluer la possibilité de le faire
rapidement, sous conditions, quitte, après cela, à ce que
l'évaluation soit faite.
M. Pagé: Parfait, je vous remercie.
M. Bédard: Vous devez vous rendre compte que vous avez de
meilleures réponses que celles que j'avais.
M. Pagé: On a des bonnes réponses.
M. Bédard: Je vous l'ai dit tout à l'heure, je suis
convaincu qu'il y a peut-être 50% des anomalies ou encore des plaintes
qui sont portées à notre attention auxquelles on peut apporter
des corrections avant le dépôt d'une réforme globale de la
loi ou de la révision des règlements.
M. Pagé: D'accord, mais quand vous dites que vous croyez
être en mesure de pallier peut-être 50% des problèmes que
vous avez actuellement, cela sera toujours dans le cadre d'une loi qui est
là, qui existe actuellement. Vous aurez toujours cela comme limite.
On a parlé tout à l'heure des services d'inspection, et
j'ai appris, M. le Président, que plusieurs ministères par leur
service d'inspection ont affaire ou sont en relations constantes avec les gens
de l'hôtellerie, les gens de la restauration et tout cela. À une
commission parlementaire, particulièrement celle pour l'étude des
crédits du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, j'avais eu l'occasion de sensibiliser le ministre à toute
cette question des inspections aux établissements hôteliers et de
lui faire part des nombreux problèmes que les détenteurs de
permis ont actuellement. Vous savez, bien souvent, pour l'hôtelier qui a
des permis de bar, de salle de spectacles, de restaurant, il est
fréquent qu'il ait la visite d'une foule d'inspecteurs de
ministères différents, que ce soient la commission de
contrôle, le ministère du Tourisme, le service de
l'hôtellerie, le ministère du Travail, le ministère de la
Santé...
M. Springate: La municipalité.
M. Pagé: La municipalité, il y a un paquet de gens
qui ont à régir des activités données. Bien
souvent, on voit que des recommandations ou des exigences formulées par
les gens du ministère du Travail ne sont pas les mêmes que celles
formulées par des gens de la commission de contrôle par exemple.
Voici le sens de ma question au ministre du Tourisme, pour l'information de M.
le ministre de la Justice. Je me demandais s'il était sensible à
ce problème et quelles étaient ses opinions pour régler un
problème comme celui-là? Il m'a dit: Non seulement je suis
sensible, mais je suis très sensible, et j'ai l'intention cette
année, en tant que ministre du Tourisme... je pense que je le cite
d'ailleurs exactement, M. le ministre de la Justice pourra vérifier avec
le journal des Débats d'il y a deux semaines et le ministre du
Tourisme m'a clairement indiqué qu'il entendait, il m'a d'ailleurs dit
que cela avait été amorcé avec ses collègues du
cabinet, la possibilité de ramener tous ces services d'inspection qui
sont actuellement sous la juridiction d'autant de ministères
différents, de regrouper ces services, le service du ministère du
Travail, notamment, à l'intérieur du service de
l'hôtellerie du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
J'aimerais savoir si le ministre de la Justice, d'une part, participe
à ce groupe qui étudierait cette question actuellement, à
savoir si cela va s'inscrire dans le cadre de refonte de la loi de la
commission, ou encore comme le ministre du Tourisme l'a signalé, s'il
est possible que, dans des délais quand même assez brefs, il y ait
des modifications aux règlements du gouvernement. Je suis d'accord qu'on
parle de ministères privés, mais comme il n'y a qu'une couronne
au-dessus de tout cela, qui est le gouvernement, j'aimerais savoir si le
ministre est consulté à ce sujet, ce qui se fait actuellement et
jusqu'où cela pourrait affecter la commission de contrôle?
M. Bédard: J'ai eu l'occasion d'avoir de très
brèves discussions sur le sujet. Je sais que le ministre du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche a l'intention de procéder assez
rapidement. En ce qui nous regarde, je pense que notre travail va consister
à lui apporter toute la collaboration nécessaire. Maintenant,
c'est le ministre du Tourisme qui, à l'heure actuelle...
M. Pagé: Oui, d'accord, dans le champ de juridiction du
ministère du Tourisme.
M. Bédard: ...dans son champ de juridiction.
M. Pagé: Mais quand le ministre du Tourisme
répondait à ma question, c'était de savoir si le
gouvernement entendait centraliser ces différents services d'inspection.
Le ministre du Tourisme m'a dit que cela se faisait actuellement.
M. Bédard: Ce que je peux vous dire, c'est que ce n'est
pas décidé.
M. Pagé: Ce n'est pas décidé. Qu'en pense le
ministre de la Justice? Souscrit-il à une telle initiative de
centralisation des services d'inspection?
M. Bédard: C'est un vieux problème que vous
évoquez. Il faut y apporter un remède. Vous pouvez être
convaincu que ma collaboration est entièrement acquise au ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. Pagé: Je ne doute pas que votre collaboration lui est
acquise.
M. Bédard: Voulez-vous que j'entre dans les détails
d'une politique qui n'est même pas élaborée?
M. Pagé: Non, mais je vous demande si vous envisagez s'il
est possible...
M. Bédard: Nous envisageons.
M. Pagé: Vous envisagez la possibilité je
vais continuer de placer sous la juridiction du ministère du
Tourisme, par le service de l'hôtellerie, certains services qui sont
actuellement sous la juridiction de la Commission de contrôle des permis
d'alcool?
M. Bédard: Nous envisageons, mais ce n'est pas plus
engageant que cela.
M. Pagé: Vous envisagez, continuez à envisager.
Le Président (M. Clair): Le député de
Pointe-Claire.
M. Bédard: Quand même je vous dirais qu'on a eu le
temps de tout faire dans six mois.
M. Pagé: Non, je comprends.
M. Shaw: Peut-on demander au ministre s'il y a des
établissements qui ont perdu leur permis avec les preuves qu'ils ont
vendu des boissons
aux enfants de moins de 18 ans? Ces mêmes personnes peuvent-elles
faire une autre demande pour un nouveau permis?
M. Bédard: Mon rapport annuel sera présenté
au ministre très bientôt. Vous allez voir, on donne le nom des
établissements qu'on a fermés, dont on a suspendu le permis ou
que l'on a fermés complètement. Il y a environ 200 pour
l'année dernière.
M. Shaw: 200?
M. Bédard: 200 suspensions ou annulations. En plus, celui
qui a perdu son permis ne peut pas faire une nouvelle demande avant un an.
Quant à l'établissement dont le permis a été
suspendu, un nouveau requérant ne peut pas faire sa demande avant six
mois de la date de la suspension.
M. Shaw: Quelles sont les différences, quand un
établissement a une suspension et que les autres sont fermés?
M. Bédard: Cela dépend de la preuve qui est faite
devant nous. Si vous avez un établissement où il y a un gros
commerce de drogue, où on admet les mineurs continuellement et où
la loi est toujours mise en brèche, je ne pense pas qu'on puisse laisser
fonctionner cet établissement. Tout est indiqué dans les
ordonnances que nous rendons. Peut-être que nous donnons des ordonnances
trop longues. Peut-être faudrait-il se pencher sur cela pour voir s'il
n'y aurait pas moyen de les rapetisser, de les rendre plus simples. À ce
moment, nous avons agi suivant les instructions reçues. Peut-être
que les instructions peuvent changer après l'étude.
M. Blank: Est-ce qu'on suspend des permis pour les endroits
où il y a des "topless" et des "bottomless"?
Une voix: C'est le service du ministère des" loisirs.
Le Président (M. Clair): Le député de
Portneuf, et ensuite, le député de Nicolet-Yamaska. À
moins que, pour le député de Nicolet-Yamaska, ce soit exactement
sur le même sujet.
M. Pagé: Sur les "topless"? M. Fontaine: Non.
Le Président (M. Clair): Le député de
Portneuf et le député de Nicolet-Yamaska.
M. Pagé: Merci, M. le Président. M. le
député de Pointe-Claire a fait état du problème que
plusieurs établissements ont avec les jeunes de moins de 18 ans. On se
rappellera que cela avait été longuement discuté lors de
l'étude en commission de la loi 21. En dehors de l'expérience
qu'il a de toute cette question, le ministre ne croit-il pas que l'étude
de refonte de la loi serait le moment choisi pour régler cette question
des personnes de moins de 18 ans qui sont dans des établissements
hôteliers et qui, dans certains cas, peuvent amener des plaintes,
même la suspension ou la révocation d'un permis pour un
hôtelier?
On se rappellera les représentations formulées par les
différents groupes intervenus devant nous lors de l'étude de la
loi 21 et j'étais d'accord avec eux. Le ministre à ce moment
n'était pas d'accord, mais malheureusement, de toute façon
est-ce que vous attendez...
M. Bédard: II pourra dire qu'il a été moins
chanceux que vous. Il aurait dû vous écouter.
M. Pagé: Probablement. Il aurait dû nous
écouter. Non, c'était ce que les associations disaient et c'est
le cas, souvent le détenteur d'un permis va voir arriver chez lui des
gens qui sont sur la "limite". Je donnais l'exemple lors de l'étude de
la loi, de cinq, six motards qui entrent dans le bar, des hommes bien
plantés, et la pauvre petite fille qui est là, qui n'est pas
certaine s'il y en a un dans le groupe qui a 17 ans, 17 ans et demi ou 18 ans
n'a aucun moyen de contrôle et il va suffire d'une descente
policière pour constater que cette personne a moins de 18 ans et,
d'autre part, faire en sorte que le détenteur du permis, que le
propriétaire de l'établissement ait des problèmes avec la
commission parce qu'il aura servi des boissons alcooliques à des
personnes de moins de 18 ans chez lui.
Alors, est-ce que le ministre, je ne lui demande pas s'il envisage de
régler ce problème, probablement qu'il envisage de le
régler et je lui demande...
M. Bédard: II y a un angle particulier. Je me rappelle que
l'essentiel des représentations que l'on faisait à ce moment,
c'était le fait de déplorer que le fardeau de la preuve soit
entre les mains du détenteur de permis, ce qui n'était pas
très facile, loin de là, et pour le propriétaire
également, il y avait le fait que le propriétaire ne pouvait
même pas faire la preuve de sa bonne foi. À ce moment, cela
rendait les choses difficiles. Même un propriétaire qui veut
opérer de bonne foi, risque de ne pouvoir aller à l'encontre du
fardeau de la preuve qui lui était imposé. Je n'ai pas
changé d'opinion.
M. Pagé: Comme cela vous croyez que l'étude de la
refonte de la loi serait le moment le mieux choisi pour régler ce
problème?
M. Bédard: Oui, je crois que ce sont des points sur
lesquels il nous faudra assurément nous pencher ensuite faire justice
aux propriétaires, quand même, à ceux des
propriétaires qui exploitent valablement leur permis et qui ne sont pas
toujours en mesure de vérifier l'âge des personnes qui
fréquentent leur établissement.
M. Pagé: C'est cela. D'accord, M. le Président.
M. Shaw: Est-ce que cela se doit? Il y a beaucoup de situations
dans lesquelles la preuve a été
faite, disons qu'une fois, ce n'est pas assez. Admettons que la police
fasse une petite visite dans un établissement et qu'elle trouve une
douzaine de jeunes qui ont moins de 18 ans, est-ce suffisant pour fermer cet
établissement ou est-ce qu'il peut être visité cinq ou six
fois avant de le fermer?
M. Bédard: Le seul malheur, c'est que vous n'avez pas
l'avantage d'assister aux séances de la commission comme nous on a
l'avantage d'assister aux vôtres parce que vous verriez que tout ce qu'on
vous raconte bien des fois, ce ne sont pas tout à fait les faits
véridiques. Quand vous avez un établissement dans lequel il y a
50 personnes et que la police arrive et qu'elle y trouve 40 mineurs, si la
police était venue vérifier trois, quatre semaines avant
on commence par une semaine, on y va une deuxième semaine, une
troisième semaine et on fait la descente, et si on arrive avec cela et
que, à chaque fois qu'ils y sont allés, c'était toujours
la même chose, je pense qu'il est nécessaire qu'on fasse appliquer
notre loi. Pour un mineur, on n'a jamais fermé un établissement,
on n'en a jamais suspendu, mais il faut nécessairement prouver de
façon certaine que c'est un endroit où on accepte les mineurs
continuellement et que l'on ne veut pas faire quoi que ce soit pour
empêcher que les mineurs y entrent. Alors, là, on est
obligé d'intervenir.
M. Shaw: Parce que, dans mon comté, il y a au moins quatre
établissements où des jeunes de quatorze ans sont des clients
moyens. Chaque semaine, les policiers font leur petite descente, mais ils sont
encore ouverts. Et la vente de la drogue, c'est incroyable.
M. Bédard: On prend les causes qui nous sont
apportées.
M. Shaw: Qui doit vous apporter ces causes?
M. Bédard: C'est à la police de faire son travail
équitablement. Je pense que personne, surtout pas le ministre de la
Justice, ne donne des instructions aux policiers de faire leur travail avec
moins de diligence. C'est leur devoir.
M. Shaw: C'est aux policiers de vous donner ces causes.
Le Président (M. Clair): II est présentement 18
heures, cependant le député de Nicolet-Yamaska et le
député de Portneuf m'indiquent qu'ils n'ont qu'une question
chacun et qu'ils seraient disposés à adopter le programme
ensuite, si j'ai bien compris.
M. Pagé: Très brève d'ailleurs.
Le Président (M. Clair): Alors le député de
Portneuf et le député de Yamaska.
M. Pagé: N'est-ce pas le cas qu'il y aurait une
ambiguïté sur l'interprétation à donner à la
loi ou aux règlements en ce qui concerne la fermeture des
établissements hôteliers le vendredi saint?
M. Bédard: II y a un jugement qui a été
rendu par la Cour d'appel, qui l'a fixé. Alors nous suivons ce que la
loi dit. D'ailleurs, M. Normand, le sous-ministre, a déjà
écrit une lettre pour donner ses instructions à ce sujet.
M. Pagé: Que dit la loi? Est-ce très clair,
très évident dans le texte de loi ou dans le règlement, la
question de fermeture le soir du vendredi saint?
M. Bédard: Nous avons déjà reçu une
lettre et je veux me conformer à la lettre en ce sens que ce
n'était pas à nous de donner des instructions sur l'application
de cette loi, c'était au procureur général. C'est ce que
Me Normand a fait. Les instructions sont données par le procureur
général aux policiers pour qu'ils appliquent la loi telle qu'elle
a été comprise, qu'elle a été entendue.
M. Pagé: La loi ou les règlements disent-ils que le
vendredi saint, les établissements hôteliers doivent fermer
à minuit?
M. Bédard: De minuit le jeudi à minuit le vendredi
saint au soir.
M. Pagé: C'est cela. La loi 21 a été
adoptée, si ma mémoire est fidèle, en 1974. L'année
suivant 1974, n'y a-t-il pas eu un problème d'interprétation de
la part des hôteliers sur les prévisions du règlement ou de
la loi? Parce qu'elle...
M. Bédard: Pas à notre connaissance.
M. Pagé: Pas à votre connaissance? Parce que je me
réfère à des événements qui sont survenus
dans la région de Québec, suite à l'application de la loi,
eu égard au vendredi saint, et si ma mémoire est fidèle,
l'Association des hôteliers avait, suite à des demandes qui lui
avaient été formulées par différents
détenteurs de permis, à savoir, la nouvelle loi vient
d'être adoptée il y a quelque temps... A-t-on le droit d'ouvrir
jusqu'à 2 heures ou 3 heures du matin? L'association leur avait dit oui.
Sauf que le jeudi saint au soir, vers 6 heures, il y avait eu un
communiqué d'émis de la part, je ne sais pas si c'était du
ministère de la Justice ou de la commission de contrôle, en ce
sens que les établissements devaient fermer à minuit le jeudi
saint au soir. Il y a des établissements qui, forts de la réponse
qu'ils avaient reçue de leur association qui elle croyait qu'elle
était en droit de donner une réponse comme celle-là, ont
maintenu des établissements ouverts jusqu'à 2 heures ou 3 heures.
Cela a donné des plaintes, des poursuites, dans certains cas même,
avec des suspensions de permis.
M. Bédard: Nous avons reçu un mémoire de
l'Association des hôteliers afin d'apporter un amendement. Je pense
franchement qu'ils ont raison. La situation ambiguë ne doit pas
continuer.
M. Pagé: Est-ce à dire que le ministre envisage
dans les amendements ou dans le projet de refonte, que le vendredi saint, les
bars soient ouverts?
M. Bédard: Oui. M. Pagé: Oui?
M. Bédard: Oui.
M. Pagé: D'accord. C'est tout, c'était ma
dernière question.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, le rapport de la
Sûreté du Québec, d'avril 1977...
M. Bédard: C'est ouvert à Noël et c'est ouvert
au Jour de l'An, à moins que l'Opposition ait des objections
fondamentales.
M. Pagé: Non, on n'a pas d'objection, on vous demande de
clarifier la situation, M. le ministre.
M. Blank: Le député de Rouyn-Noranda... de faire
une autre prière.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Dans le rapport de la Sûreté du
Québec d'avril 1977, à la page 15, il y a un paragraphe qui dit:
"Tous les articles de la Loi de commission de contrôle des permis
d'alcool du Québec sont présentement en force, à
l'exception de l'article 82, tel que modifié par le chapitre XIV des
lois du Québec, 1974, lequel n'est jamais entré en vigueur. Il
s'agit d'un article d'une extrême importance, non seulement pour la
Sûreté du Québec, mais également pour la commission,
car il permettrait d'exercer un contrôle sur les personnes pouvant ou
voulant travailler dans certains établissements détenteurs de
permis de la CCPAQ."
Le ministre de la Justice a-t-il l'intention de promulguer cet article
82 sans attendre les amendements généraux qu'on entend apporter
l'an prochain?
M. Bédard: Si vous permettez, c'est un article qui est
d'abord très contentieux quant à sa substance, et
deuxièmement, très difficile d'application. Il est contentieux
quant à sa substance de la façon suivante: II part d'un bon
motif, je pense, soit de s'assurer que les personnes qui travaillent dans des
établissements sous permis soient libres de casiers judiciaires, de
façon à éviter que les repris de justice puissent investir
un établissement et le mettre sous contrôle
d'éléments peu recommandables de notre société.
À l'inverse, cependant, il se trouve à priver un lot de
personnes d'une possibilité d'emplois, de personnes qui, souvent,
verraient un débouché normal dans ce type d'emploi dont elles
pourraient s'acquitter d'ailleurs fort adéquatement, de sorte que, sur
le fond, c'est déjà contentieux. Je ne voudrais pas,
évidemment, revenir là-dessus, vu que la loi est telle
présentement. Dans le cadre du réexamen qui se fera incessamment,
il y a peut-être lieu de reprendre cette question quant au fond.
En ce qui concerne l'administration, cela devient très complexe.
Cela implique que toute personne, pour travailler dans un établissement
sous permis, devrait, au préalable, obtenir une carte s'assurant qu'elle
est indemne de casier judiciaire ou de poursuites, avec photographie,
vraisemblablement, à ce moment.
Cela va très bien pour Montréal et Québec, ce
système d'émission permanente de cartes, mais quand on tombe dans
les établissements des coins reculés de la province, où la
main-d'oeuvre est très volatile, et où les personnes qui
travaillent dans ces établissements changent fréquemment, cela
devient imposer des contraintes administratives très sérieuses
aux détenteurs d'établissements pour pouvoir mettre cet article
en application. C'est ce qui nous a retenus jusqu'à présent.
M. Blank: J'ai voté contre cet article, quand le projet de
loi est venu.
M. Bédard: Je comprends que le sous-ministre a
parlé de régions reculées non dans un sens
péjoratif. J'ai compris qu'il s'agissait de régions
éloignées.
M. Fontaine: J'espère. Je ne me considère pas dans
une région éloignée, moi non plus.
M. Blank: Avec cet article, vous perdrez tous vos "bouncers".
Le Président (M. Clair): Le programme 8 sera-t-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 9)
Reprise de la séance à 20 h 15
M. Clair (président de la commission): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de la justice s'est réunie pour
continuer l'examen des crédits du ministère de la Justice.
Lorsque nous avons suspendu nos travaux, à 18 h ce soir, nous venions
d'adopter le programme 8, c'est donc à dire qu'il nous reste à
étudier les programmes 4, 5, 6, en ce qui concerne la deuxième
partie concernant l'indemnisation des victimes d'acte criminel, 7, 9, 10 et 11,
12, 13, 14 et 16. Y a-t-il un ordre particulier que quelqu'un
suggérerait ou si on commence avec 4?
J'appelle immédiatement le programme 4.
M. le ministre de la Justice, si vous avez des commentaires
généraux.
Garde des prévenus et des
détenus
M. Bédard: En ce qui a trait au programme 4, nous avons eu
l'occasion, déjà, dans la discussion générale,
d'aborder un des problèmes majeurs que nous avons à rencontrer,
qui est la surpopulation qui existe à l'heure actuelle dans nos prisons,
la population moyenne de nos prisons étant passée de 1328, en
1974, à 2728 en mars 1977. Le nombre des prévenus a triplé
depuis janvier 1975, ce qui pose, par voie de conséquences, des
problèmes sérieux de logement, de relations de travail. Cela pose
également des problèmes de coût, si on s'en
réfère au fait que le coût total moyen, par jour, pour un
détenu, se situe aux alentours de $76.14.
Il y a certains éléments de solution à court terme
auxquels on a pensé, entre autres, des mesures alternatives à
l'incarcération dont je pourrai parler tout à l'heure. À
plus long terme, nous essayons de travailler en fonction d'amplifier le
programme des mesures alternatives à l'emprisonnement, de trouver aussi
des solutions au problème de l'emprisonnement pour défaut de
paiement d'amende, qui se produit beaucoup trop souvent et qui
représente, en fait, une des causes de l'incarcération d'un
nombre imposant de la clientèle de nos institutions.
Nous avons également mis sur pied deux programmes afin de
diminuer l'incarcération des prévenus; entre autres, le programme
restitution qui permet à un juge, plutôt que de condamner un
individu à la prison, de le condamner à dédommager la
victime d'un acte posé. Également, le programme de travaux
communautaires qui permet à un juge, au lieu de condamner à la
prison, d'imposer une sentence qui oblige un prévenu à accomplir
un travail en particulier. Ces deux programmes, nous les avons
appliqués, depuis le 1er avril, dans six grands centres et
déjà, nous avons des résultats qui sont très
intéressants. Jusqu'à maintenant, 30 ordonnances ont
été émises par des juges, pour ce qui est du programme de
restitution, à l'effet d'imposer un dédommagement qui se situe
entre $100 et $500.
Il y a également eu deux cas spéciaux, selon ce programme,
de condamnation, de la part du juge, du prévenu à
débourser des montants; un, de l'ordre de $1167 et l'autre, de
$4482.
Concernant le programme de travaux communautaires, il y a
présentement quinze dossiers en marche. Disons, d'une façon
globale, qu'au lieu de condamner à la prison, il y a eu des
condamnations pour un total approximatif de 600 heures qui ont
été imposées à des prévenus, ce qui a
évité, en fait, des peines d'emprisonnement.
Cela contribue non seulement, je ne dirai pas à régler en
grande partie le problème de surpopulation, mais contribue, si on juge
à propos de l'étendre au niveau de l'ensemble du Québec,
cela peut devenir quelque chose de vraiment représentatif. Maintenant,
il y a un autre élément qui est très important dans ces
programmes, c'est la réinsertion sociale. Il est évident que la
prison, en aucune façon, ne constitue un moyen de réhabilitation
en ce qui me regarde, ma conviction est faite là-dessus. Ces
nouvelles possibilités qui sont offertes à des juges, que ce soit
au niveau du programme de la restitution au travail ou du programme des travaux
communautaires, constituent autant d'éléments qui, à mon
sens, permettent une réinsertion sociale du contrevenant beaucoup plus
rapidement et qui ne marque pas, au niveau de la société, comme
quelqu'un qui a fait de la prison.
C'est peut-être les remarques générales que je
pourrais faire.
M. Blank: Sur la question de travail communautaire, vous avez
quinze dossiers que vous dites. Quelle sorte de travail? Le travail
communautaire c'est très large. De quoi s'agit-il?
M. Bédard: Ordinairement, ce sont des travaux
communautaires, des travaux d'ordre bénévole. Dans la
région de Longueuil, par exemple, nous avons une entente avec les CSS
pour aider, de façon bénévole, les paraplégiques.
Durant la fin de semaine, ceux qui sont condamnés à ce genre de
sentence doivent promener les paraplégiques ou bien disons tous les
handicapés d'un endroit à l'autre. Donc, ils participent au
même titre que les autres bénévoles. Notre premier cas,
c'était dans la région de Montmagny. Un homme avait volé
des ciboires et des calices dans une église et il a été
condamné à 60 heures de travaux...
M. Blank: Dans l'église.
M. Bédard: Dans l'église. C'est le curé qui
a supervisé le travail.
M. Blank: J'espère qu'il était catholique.
M. Bédard: II était catholique. De fait, à
ce moment, c'était une petite paroisse et on l'a occupé à
faire des réparations au cimetière et aussi peinturer
l'église.
M. Springate: M. le ministre trouve le moyen de régler les
cas, mais on m'a dit que les gens qui ont été condamnés
à passer des fins de semaine à
Valleyfield se présentent à ce centre de détention
à Valleyfield et, comme il y a surpopulation, le centre ne peut pas les
recevoir. Est-ce que c'est vrai et, si c'est vrai, est-ce qu'il y a d'autres
centres de détention de la province qui se trouvent dans la même
position?
M. Bédard: De fait, le nombre de sentences intermittentes,
durant les fins de semaine, a atteint des proportions assez astronomiques. Nous
avions environ 450 fins de semaine et c'est impossible de prédire
d'avance combien de personnes nous avons. Lorsqu'on dit que nous avons
refusé des personnes, c'est vrai et ce n'est pas vrai.
C'est-à-dire que voici ce que nous faisons: Nous avons un nombre de
places limitées, dans chaque établissement de détention.
Je vais vous donner l'exemple de la prison de Montréal. Nous avons de la
place pour 250, pour la fin de semaine. Mais, lorsque la population atteint
350, c'est évident que c'est difficile de faire entrer les 100 personnes
de surplus parce qu'à ce moment il faudrait les mêler aux autres,
et c'est ce que nous voulons éviter. Ce que nous faisons, c'est que tous
ceux qui ont le tiers du temps se présentent à la prison et on
leur dit: Vous pouvez retourner chez vous en accord avec l'article 20 de la
loi. De la sorte la loi est appliquée, mais c'est vrai qu'à ce
moment il y a des gens qui sont retournés chez eux qui ne purgent pas
toute leur sentence. Cela se fait techniquement, c'est légal.
M. Springate: Juste pour changer de sujet
complètement.
M. Bédard: II y a aussi un programme auquel on pense en
termes de réalisation, c'est qu'on n'est pas sans se rendre compte qu'il
y a bien des gens, et ils représentent un bon pourcentage de ceux qui
font un court séjour en prison, qui sont condamnés, disons, pour
facultés affaiblies, une amende à payer, et ils ne sont pas
capables de la payer. À ce moment, d'une part, c'est assez inacceptable
que des gens soient obligés, faute de pouvoir payer une amende, d'aller
en prison, en plus de cela d'aller dans des maisons où ils sont,
à ce moment, souvent mêlés à des détenus qui
ont un certain caractère de récidivité dans certains
cas.
C'est encore plus inacceptable. On est en train de penser à la
possibilité d'établir des maisons de transition qui feraient que
ces gens qui, faute d'amende, sont obligés d'aller dans des prisons
telles qu'on les connaît pourraient passer ce temps dans une maison dite
de transition qui n'aurait rien de commun avec les prisons telles qu'on les
connaît maintenant.
M. Blank: Exactement comme sur la rue Craig, l'ancienne caserne
militaire.
M. Bédard: En fait, ce programme est déjà
commencé.
M. Springate: II y en a une autre à Pointe
Saint-Charles. Est-ce que vous envisagez d'augmenter le nombre de
gardiens dans les différents centres de détention?
M. Bédard: Déjà, cette année, avec un
effort particulier, en tout cas, nous avons obtenu une augmentation des
effectifs de 150 personnes, grâce en grande partie aux efforts de notre
direction du personnel. Il est évident que cela s'imposait.
M. Blank: Est-ce qu'on peut prévoir aussi qu'il y aurait
une diminution dans le temps supplémentaire à cause de
l'augmentation de l'effectif ou bien est-ce que vous prévoyez que...
M. Bédard: Disons que le gros problème, autrefois,
c'est que nous avions de la difficulté à combler les postes
vacants. Actuellement, nous en sommes rendus à 4.8% de postes vacants,
ce qui est très bien parce que, ordinairement, avec un gros service
comme le nôtre où vous avez 2500 personnes, 5% est tout à
fait normal, alors que l'année passée, nous nous en tenions,
à peu près à la même date, aux alentours de 8%
à 9%. Maintenant, avec les additions de personnel, plus la baisse du
nombre de postes vacants, nous nous apercevons graduellement que le temps
supplémentaire baisse. Naturellement, il faut comprendre, au sujet du
temps supplémentaire, que nous ne contrôlons pas le nombre
d'entrées. Ce n'est pas comme un autre endroit, lorsque la prison est
pleine, nous ne pouvons pas renvoyer les gens. Durant tout l'hiver, nous avons
eu treize prisons où il a fallu coucher les gens dans les corridors.
C'est évident que nous avons le personnel strictement pour une prison
qui est pleine et que quand nous avons un surplus, il faut que nous assignions
des surveillants. C'est ce qui nous a fait augmenter le temps
supplémentaire. Naturellement, à cause de la surcharge de la
population, il a fallu faire de nombreux transferts, mais cela, c'était
encore des frais additionnels qui ont occasionné du temps
supplémentaire parce que ce n'était pas prévu
préalablement au budget.
M. Blank: Je comprends que, de temps en temps, vous gardez des
prisonniers pour le gouvernement fédéral, comme des cas
d'immigration. Est-ce que vous avez un contrat spécial avec le
gouvernement fédéral pour payer les frais? Est-ce à prix
fixe, à contrat, ou quoi?
M. Bédard: En fait, nous avons un contrat avec le
gouvernement fédéral non seulement pour les cas d'immigration
mais aussi pour les personnes condamnées au pénitencier et qu'un
stage dans une prison provinciale pourrait aider. Par exemple, il n'y a aucune
femme condamnée à plus de deux ans qui est envoyée
à Kingston; elles demeurent toutes à la maison Tanguay à
Montréal, comme vous le savez. À ce moment-là, nous
exigeons du gouvernement fédéral le prix que cela nous
coûte pour une journée. Vous avez naturellement divers prix. Tout
dépend de la prison parce que chaque prison a un prix
différent.
M. Blank: C'est comme les hôtels à
Québec.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le ministre, vous avez parlé tout à
l'heure de nouveaux genres de sentences qui sont prononcées. Je me
demande comment cela peut fonctionner. Comment font les juges pour prononcer
ces sentences qui doivent l'être en vertu du Code criminel, qui est de
juridiction fédérale? Comment se fait-il que le gouvernement
provincial peut demander à des juges de rendre des sentences comme
celles-là?
M. Bédard: Cela se fait avec un certain accord tacite au
moment où on se parle. D'ailleurs, la loi le permet via les ordonnances
de probation.
M. Fontaine: On avait déjà posé pas mal de
questions sur ces sujets dans les éléments antérieurs. Je
n'ai pas d'autres questions actuellement. Je ne sais pas s'il y a d'autres
députés qui en ont.
Le Président (M. Clair): D'autres questions concernant le
programme 4? Le programme 4 est-il adopté?
M. Springate: Adopté. M. Blank: Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Le programme 5. Le
ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président. M. Blank: C'est
un peu...
M. Springate: C'est le même sujet, c'est exactement
cela.
M. Bédard: On en a parlé tout à l'heure.
M. Blank: Dans le livre blanc de la justice, on a fait des
recommandations. Il y a huit recommandations. Est-ce que vous appliquez ces
recommandations?
M. Bédard: II y avait des recommandations concernant la
participation communautaire, concernant le système d'approbation. Cela
rejoint certaines des mesures dont on a parlé tout à l'heure.
Le Président (M. Clair): Le programme 5 est-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Clair): Au programme 6, nous avions
déjà adopté l'élément 1. Cependant, M. le
ministre, si ma mémoire est fidèle, lorsque nous avons
adopté l'élément 1 du programme 6, le député
de Nicolet-Yamaska était absent et il m'a manifesté tantôt
le désir de poser une question particulière concernant le
programme d'aide juridique et je pense qu'effectivement, ses droits avaient
été réservés pour d'autres questions sur l'aide
juridique. M. le député de Nicolet-Yamaska, avant d'entamer
l'élément 2 du programme 6, je vous promets une question sur
l'élément 1 du programme 6.
M. Fontaine: C'est sur la question d'admissibilité
à l'aide juridique. Il y a un an ou un an et demi, on avait entendu
parler d'un projet pilote qui devait s'effectuer dans la région du
Lac-Saint-Jean, où les bureaux d'avocats pourraient, sur une base
expérimentale, faire eux-mêmes l'admissibilité des
personnes à l'aide juridique. Est-ce que le ministre de la Justice peut
nous informer où en est rendu ce programme? Est-ce qu'on l'a
expérimenté ou si cela a été bloqué, et
pourquoi cela n'a pas fonctionné si cela n'a pas fonctionné?
M. Bédard: Sur ce sujet particulier, étant
donné que c'était une initiative du sous-ministre de la Justice,
dans le temps, et encore présentement...
M. Springate: Pas pour longtemps, on nous dit.
M. Bédard: ...peut-être que ce dernier
pourrait...
M. Fontaine: Je sais qu'il avait touché de près ce
problème.
M. Bédard: Le contenu de ce projet pilote auquel vous
référez...
Si vous me permettez une toute petite correction, M. le ministre,
c'était une initiative peut-être du sous-ministre, mais
commandée par le ministre, parce que le rôle du sous-ministre est
de respecter la volonté du ministre qu'il sert.
M. Blank: ...changé.
M. Bédard: Non plus.
Sans commentaires.
Voici. La question du projet pilote se posait de la façon
suivante. Les avocats de la pratique privée avaient l'impression que les
justiciables voulant bénéficier de l'aide juridique étant
obligés d'aller obtenir un certificat d'admissibilité dans une
corporation régionale ou chez le directeur de l'aide juridique, à
ce moment, une clientèle possible pour eux leur échappait au
passage et se faisait happer, prétendent-ils, par les avocats permanents
de l'aide juridique, d'une part. D'autre part, certains cas ont
été portés à notre attention, suivant lesquels les
critères d'admissibilité n'ont peut-être pas, sur un plan
financier, été respectés totalement dans tous les cas.
Pour éviter ces difficultés nous avions imaginé un
projet pilote, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui
aurait fait en sorte que les justiciables auraient fait évaluer
leur admissibilité financière non pas dans un bureau d'aide
juridique, ni dans un bureau de la pratique privée. L'évaluation
financière aurait été faite par un tiers,
vraisemblablement le ministère des Affaires sociales, qui a
déjà l'expérience pour faire ce type d'évaluation
et qui a déjà un certain nombre d'enquêteurs à sa
disposition pour faire les vérifications requises puisque la
clientèle admissible à l'aide juridique, pour une bonne partie,
est identique à la clientèle déjà admissible aux
fins d'aide sociale.
Pour réaliser ce projet pilote, il fallait l'accord de la
corporation régionale d'aide juridique du Saguenay-Lac-Saint-Jean et
l'accord du directeur de cette corporation, de sorte qu'ils puissent donner des
délégations d'autorité au ministère des Affaires
sociales, lequel aurait fait, à leur place, les devoirs prévus
par la loi qui incombent présentement au directeur et à la
corporation.
Nous avons eu de longues discussions, les perceptions du projet que nous
avions mis de l'avant n'ont pas été tout à fait identiques
à celles que je vous indique présentement ou à la nature
exacte du projet, de sorte que, pour différentes raisons, nous n'avons
pas pu obtenir cette collaboration qui était requise.
Conséquemment, tout le problème de l'admissibilité doit
être repensé et je pense qu'au cours de l'été il
nous sera possible de replonger dans ce dossier afin de voir de quelle
façon nous pourrons apporter des amendements législatifs, si
besoin était.
D'autre part, il est assez difficile de s'aventurer plus avant dans ce
terrain présentement, étant donné que nous sommes en
négociation avec le Barreau en vue du renouvellement de l'entente sur
les tarifs des avocats en matière d'aide juridique et qu'une des
demandes des avocats concerne précisément les modifications
à l'admissibilité, de sorte que vouloir commenter ou
révéler plus avant les intentions du ministère serait
peut-être mal servir l'intérêt public au moment où
l'on se parle.
M. Fontaine: Je ne veux pas argumenter là-dessus, mais il
y a quelque chose qui me frappe dans ce que vous me dites, c'est que c'est un
directeur régional, en fin de compte, qui a bloqué tout le
projet. Est-ce que le ministre de la Justice n'avait pas le pouvoir de le
forcer?
M. Bédard: II n'a pas le pouvoir de forcer le directeur.
La loi ne lui donne pas ce pouvoir. Il y a l'ensemble de la corporation et vous
savez que l'aide juridique constitue un organisme très autonome et
très jaloux de son autonomie.
M. Fontaine: C'est quand même le ministre de la Justice qui
nomme le président de la Commission des services juridiques?
M. Bédard: Oui, il le nomme. Cela ne veut pas dire qu'il
le dirige.
Le Président (M. Clair): Nous entamons donc
immédiatement l'étude de l'élément 2, puisque
l'élément 1 avait été adopté. En fait,
c'était simplement une réserve de droit pour le
député de Nicolet-Yamaska. L'élément 2 du programme
6 porte sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels.
Indemnisation des victimes d'actes criminels
M. Bédard: Concernant cet élément, M. le
Président, l'indemnisation des victimes d'actes criminels
nécessitera des crédits supplémentaires
évalués à $21 400 en raison de la hausse des frais
facturés par la Commission des accidents du travail concernant
l'administration de ce service. Cette hausse est due principalement à
l'augmentation des traitements accordés aux employés. Alors, il
n'y a pas d'autres commentaires spéciaux en ce qui a trait à ce
programme?
M. Blank: Quel est le montant qui a été
versé en indemnités au cours de l'année 1976/77,
comparativement à l'année précédente?
M. Bédard: Le montant effectivement versé pour
1976/77 est de $2 523 940. Les prévisions pour 1977/78 sont de $3 590
000. Je sais que vous me le demandez, par comparaison à ce qui aurait
été payé l'année précédente, je ne
l'ai pas en main.
M. Blank: En fait, cette année, 1976/77, les demandes
ont-elles augmenté?
M. Bédard: Je n'ai pas ce renseignement. Je pourrais vous
le communiquer.
M. Blank: Le ministère fait-il une publicité sur ce
genre de fonds? Franchement, il y a beaucoup de gens éligibles qui ne
savent pas que cette loi existe. Étant un des anciens parrains de cette
loi, je suis particulièrement intéressé. Je trouve qu'il
n'y a pas tellement de publicité au Québec, afin que les gens
sachent que cette loi existe. C'est une des meilleures lois au Canada, je
pense. Fait-on une publicité?
M. Bédard: C'est exact qu'il n'y a pas tellement de
publicité faite autour de ce programme. Il y a peut-être bien des
gens qui pourraient y avoir recours et qui ne peuvent le faire par ignorance de
la loi. Maintenant, je tiens à vous dire qu'à l'heure actuelle il
y a un concours ouvert au niveau du ministère, en ce qui a trait au
responsable de l'information. À ce moment, au point de vue de la
publicité, on pourra corriger la situation.
M. Blank: Est-ce qu'à la commission de police, on donne
des instructions aux enquêteurs pour qu'ils remettent un dépliant
aux victimes chaque fois qu'il se commet un acte criminel, pour savoir?...
M. Bédard: II y aurait cela, plus une publicité
à l'intérieur des palais de justice, parce que...
M. Blank: Oui, les palais de justice mais...
M. Bédard: ...c'est là que se retrouvent la plupart
de ceux et celles qui ont été victimes.
M. Blank: ...dans les palais de justice, je pense qu'un grand
pourcentage des victimes ne s'y retrouvent pas, parce que les gens plaident
coupables et on ne voit pas de victimes. C'est la victime qu'on doit...
M. Bédard: Non, je comprends que ce n'est pas le seul
endroit, mais c'est un endroit entre autres... Je pense qu'on devrait faire une
publicité globalement.
M. Blank: Non, je pense qu'il faut avoir une publicité
directe parce que la personne visée par un acte criminel, c'est la
victime, et on veut indemniser les victimes. Si il y a des instructions
pour mener une enquête on doit remettre un dépliant
car il y a des dépliants à la victime, alors la victime
saura que...
M. Bédard: Sensibiliser les policiers à la
possibilité qu'ils ont d'informer les victimes de leur capacité
de recours en fonction de cette loi.
M. Blank: Oui, dans un cas particulier j'ai cela dans mon
bureau même avant que l'accusé ait été
condamné ou trouvé coupable d'une offense... Franchement, c'est
possible que cette personne soit acquittée et on dit que c'est la
victime même qui a causé l'affaire.
Il y a une section de la loi qu'on m'a montrée et cela
existe en vertu de laquelle on a déjà compensé de
prétendues victimes. Cela arrive-t-il souvent?
M. Bédard: Ce sont sûrement des cas exceptionnels,
en tout cas, à ma connaissance.
M. Blank: Oui, mais j'étais très surpris de voir un
état de choses semblable. J'ai pensé écrire au ministre,
mais je n'ai pas eu le temps c'était le temps des élections.
M. Bédard: L'élection était prioritaire?
M. Blank: Oui, c'est cela...
M. Fontaine: Par rapport aux années
antérieures...
M. Bédard: À la suite d'une information que vous
m'avez demandée tout à l'heure, la différence des montants
qui ont été payés en 1976/77 par rapport à
l'année précédente serait de l'ordre de $300 000 en
plus pour 1976/77 . Voulez-vous cela à un cent près?
M. Blank: Non, seulement j'ai peur. Quand cette loi a
été adoptée, beaucoup de monde a été mis au
courant l'année suivante parce qu'une grande publicité a
été faite dans les journaux, la radio et la
télévision, mais maintenant le public ne sait pas qu'elle existe.
Même si le crime augmente, les chiffres demeurent les mêmes, cela
veut dire qu'il y a quelque chose qui ne marche pas quelque part. C'est en
raison du manque de publicité.
M. Fontaine: Justement dans le même ordre d'idées,
vous avez mentionné le chiffre des indemnités, le montant des
indemnités qui est versé, mais c'est combien par rapport au
nombre de personnes qui est indemnisé?
M. Bédard: Pour 1976, le nombre de demandes
acceptées, 402, demandes rejetées, 89, pour un total de 491
demandes d'indemnisation. Il y a eu aussi 12 désistements.
M. Fontaine: Par rapport à 1975?
M. Bédard: Franchement, je n'ai pas les chiffres ici.
M. Fontaine: II y a seulement 500 victimes d'actes criminels qui
ont fait appel à cela?
M. Bédard: Cela prouve qu'il y aurait avantage à
faire une publicité qui soit de nature à bien informer les
citoyens de leurs droits en fonction de cette loi.
M. Fontaine: Je pense que c'est une loi avantageuse pour les
citoyens du Québec et il y aurait lieu d'améliorer l'information
adressée au public, car beaucoup de personnes auraient avantage à
connaître cette loi.
M. Blank: Peut-être que vos juges pourraient condamner
l'accusé à payer le fonds?
M. Bédard: II est évident que ce chiffre ne
représente pas le nombre exact de victimes qui a été
indemnisé à la suite d'actes criminels. Il y a probablement
plusieurs de ces personnes qui peuvent être indemnisées par des
assurances que peut avoir celui qui a commis l'acte criminel, je pense aux
négligences criminelles entre autres, aux vols avec effraction.
M. Fontaine: Par rapport au temps écoulé, lorsque
quelqu'un s'adresse à l'organisme en question pour obtenir une
indemnité, combien cela prend-il de temps en moyenne pour régler
chaque dossier?
M. Bédard: Comme vous le savez c'est administré par
la Commission des accidents du travail. Il semblerait que c'est dans l'ordre
des délais qui existent à la Commission des accidents du
travail.
M. Fontaine: C'est comme les autres dossiers de la
Commission.
M. Bédard: Je ne sais pas si c'est un
élément de référence valable, mais en tout cas. Je
n'ai vraiment pas la réponse exacte. Je pense que ce sont des
délais raisonnables.
M. Fontaine: Cela se compare désavantageusement avec le
reste des travaux de la Commission.
Le Président (M. Clair): L'élément 2 du
programme 6 sera-t-il adopté?
M. Springate: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
Le programme 7 concernant l'enregistrement officiel. Nous discuterons
les deux éléments d'un seul bloc, je pense.
Enregistrement officiel
M. Bédard: Oui, si vous me permettez, M. le
Président, peut-être quelques commentaires généraux
au niveau du programme. On peut se rendre compte que des crédits
additionnels estimés à $811 900 ont été
demandés afin d'être en mesure de répondre aux besoins
suivants: D'abord les révisions de traitement faisant suite à la
mise en application des conventions collectives qui vont occasionner des
déboursés additionnels évalués à environ
$750 800 plus diverses réductions et augmentations pour un total de $61
100. Ce sont les commentaires généraux que nous aurions à
faire.
M. Springate: Pensez-vous que vous allez ouvrir d'autres bureaux
d'enregistrement dans la province?
M. Bédard: Au moment où on se parle, il y en a
déjà 82. Il n'est pas dans notre intention d'en augmenter le
nombre.
M. Springate: La raison pour laquelle je vous pose la question,
c'est que l'an dernier votre confrère qui est actuellement ministre des
Transports, a dit qu'il aimerait voir un bureau d'enregistrement dans le haut
de son comté. La réponse a été non à
l'époque, je suis heureux de voir que vous abondez dans le même
sens que l'ancien ministre de la Justice qui m'avait dit qu'il n'avait pas
suffisamment de volume d'affaires dans le nord du comté.
M. Bédard: C'est la réponse que j'ai à faire
pour le moment, à moins qu'il y ait des besoins nouveaux qui naissent et
auxquels il faudra répondre. Pas seulement pour le comté de
Saguenay, mais pour d'autres comtés.
M. Fontaine: Allez-vous en fermer?
M. Bédard: II n'est pas question d'en fermer pour le
moment.
Le Président (M. Clair): D'autres questions concernant le
programme 7? Le programme 7 adopté?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Le programme 8 est
déjà adopté, nous passons donc au programme 9. Le ministre
de la Justice.
M. Bédard: Juste une seconde. Le Président (M.
Clair): Allez-y. Contentieux
M. Bédard: Au niveau du contentieux général,
nous avons eu l'occasion déjà d'en discuter beaucoup. Je ne sais
pas si vous avez...
M. Blank: Nous présenteriez-vous la plus belle des trois
avocats qui sont là?
M. Bédard: Oui, Mlle Lise Lemieux, sous-ministre. Elle a
peut-être bien des choses à vous dire.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Pourquoi fait-on cette grande distinction au niveau
des programmes entre contentieux général, contentieux
pénal et contentieux criminel? Doit-on comprendre que le contentieux
général se limite au civil ou est-ce que cela comprend un champ
de juridiction plus large?
M. Bédard: Le contentieux général c'est,
précisément, celui qui a juridiction sur tous les services
juridiques qui y sont rattachés dans tous les ministères, aux
plans civil et pénal, le pénal statutaire, c'est-à-dire,
toutes les lois provinciales qu'est chargé d'appliquer le gouvernement
du Québec.
Il y a le programme 10, qui comporte l'application du Code de la route
à la Société des alcools.
M. Fontaine: Quel est le nombre de membres des contentieux pour
le ministère de la Justice et des autres ministères
également?
M. Bédard: Dans l'ensemble, il y a environ 250 conseillers
juridiques répartis dans tous les ministères. Environ de 15
à 20 au contentieux général, à la direction
générale des affaires civiles et pénales et le reste dans
les contentieux.
Le Président (M. Clair): Ne soyez pas gênés,
messieurs.
M. Blank: On a discuté, dernièrement, la question
des nouveaux avocats de la couronne et des avocats civils...
M. Bédard: Et de toutes les épargnes que l'on
faisait...
M. Blank: ... supposément. On verra combien d'argent le
gouvernement perdra dans les causes payées.
M. Bédard: Je pense qu'il y avait un point sur lequel on
était d'accord, c'est que cela peut être une mesure qui va
certainement contribuer à former un véritable contentieux digne
d'un gouvernement.
Le Président (M. Clair): Adopté. Le programme 10,
le ministre de la Justice.
M. Bédard: Je vous remercie, M. le Président, je
n'étais pas habitué à ce rythme.
M. Blank: On vous avait averti!
M. Bédard: Comme vous pourrez le remarquer pour 1977/78 le
montant est diminué de $1 106 600 par rapport à celui de 1976/77.
La réduction des crédits estimés pour l'exercice 1977/78
s'explique, en majeure partie, par les raisons suivantes: d'abord la hausse des
traitements due à la mise en application des conventions collectives
nécessitera des déboursés additionnels estimés
à $56 000. Il est prévu, pour 1977/78, un accroissement du nombre
de jours-homme de travail, chez les employés permanents, qui
occasionnera des déboursés supplémentaires d'environ $22
800. Pour votre information, en raison de la création d'un service de
plaidoirie interne, les mandats pour des causes pénales sont maintenant
confiés aux substituts du procureur général, ce qui
amène une réduction de $1,2 million dans les crédits
prévus pour 1977/78.
Le montant de $946 100 prévu en 1977/78 pour les honoraires
d'avocats, servira à défrayer le coût des mandats
confiés avant le mois de décembre 1976 à des avocats de la
pratique privée. Ceci explique l'ensemble du programme.
M. Blank: On peut trouver une partie de ce montant à un
autre endroit.
M. Bédard: Dans le programme précédent.
Disons qu'il est plus explicite dans ce programme.
Le Président (M. Clair): Le programme 10 est-il
adopté?
M. Springate: Adopté.
Le Président (M. Clair): Le programme 11, concernant le
contentieux criminel. Le ministre de la Justice.
M. Bédard: Comme commentaires généraux, M.
le Président, le budget du contentieux criminel a été
porté de $6 133 400 à $6 999 900, soit une hausse de $866 500
pour l'année financière 1977/78. Cette augmentation est due,
principalement, à la formation du service de plaidoirie, lequel service
aura la tâche de plaider les causes qui, antérieurement,
étaient confiées à des avocats de pratique
privée.
Alors, la formation du service de plaidoirie nécessitera
l'embauche de 70 nouveaux employés, soit 30 substituts du procureur et
40 employés de bureau, pour $1 120 000.
Y a-t-il des questions particulières concernant ce programme?
M. Fontaine: Quelle est l'échelle de traitement des
procureurs de la couronne?
M. Bédard: C'est la même échelle de
traitement que celle de l'Aide juridique et des avocats permanents de la
couronne au moment où l'on se parle. Cela irait de $12 000 à $40
000; maintenant, cela est en révision.
M. Fontaine: Est-ce que c'est en négociation
actuellement?
M. Bédard: Oui.
M. Fontaine: Les procureurs de la couronne...
M. Bédard: On espère que cela va aboutir. C'est
presque réglé à 95%, mais il y a toujours les 5% qui font
qu'on ne peut pas dire que c'est réglé définitivement.
M. Fontaine: Est-ce qu'ils sont intégrés à
la fonction publique?
M. Bédard: Oui.
La Loi de la fonction publique s'applique à eux tel que je viens
de le dire. Leurs conditions de travail sont déterminées par
arrêté en conseil, le Iieutenant-gouverneur.
M. Fontaine: Mais ils ont quand même un pouvoir de
négociation. Ils se sont formés en association?
M. Bédard: Oui, mais ce n'est pas un syndicat
accrédité.
M. Blank: Est-ce qu'on a pensé à donner le droit de
vote à ces procureurs? Je n'ai jamais compris...
M. Bédard: Je vais vous le dire bien franchement. Je pense
que cela s'imposerait. Je n'ai jamais compris jusqu'à quel point pouvait
se justifier le fait d'enlever le droit de vote à des procureurs
permanents de la couronne.
M. Springate: Pour changer d'idée complètement, au
mois de février, vous avez reçu une lettre de quatre villes de la
banlieue de Montréal qui vous ont demandé de réglementer
la vente des revues pornographiques dans les différents kiosques
à Montréal et dans les banlieues de Montréal.
M. Bédard: Je m'excuse, j'étais distrait.
M. Springate: Au mois de février, vous avez reçu
une demande de quatre municipalités de la banlieue de Montréal
qui vous ont demandé de réglementer la vente des revues
pornographiques dans les différentes villes. Quelles démarches,
qu'est-ce que vous allez faire ou qu'est-ce que vous avez fait?
M. Bédard: Cette question de la pornographie a
été discutée lors de la dernière réunion des
ministres de la Justice des diverses provinces. Nous avions indiqué,
entre autres, la nécessité pour le fédéral d'agir
en ce qui a trait au fait puisque c'est le fédéral qui en
a la possibilité de bloquer l'entrée de ces revues au
pays, à la frontière. Il y a un comité, à l'heure
actuelle, qui a été formé avec la participation du
sous-ministre aux affaires criminelles, M. François Tremblay, qui est en
train d'étudier en fonction de faire des recommandations pour voir
quelle forme prendrait une action énergique dans ce domaine.
M. Blank: Y a-t-il des instructions particulières
données aux avocats de la couronne pour décider dans quelle cause
on doit procéder ou ne pas procéder en ce qui a trait à la
pornographie?
M. Bédard: Jusqu'à maintenant, les problèmes
que j'ai pu avoir ne sont pas tellement nombreux dans ce domaine, je tiens
à vous le dire. Ils ne se sont pas situés au niveau des
procureurs de la couronne, mais surtout chez les corps policiers qui ne savent
plus vraiment sur quel pied danser lorsqu'il s'agit d'exercer une saisie,
étant donné l'avalanche de pornographie qui existe à
l'heure actuelle.
M. Blank: Mais le problème survient dans une ville comme
Montréal où on a parfois deux mesures. Les procureurs de la Cour
municipale ne tombent pas sous la juridiction des avocats de la couronne de la
province. Leurs idées sont parfois complètement
différentes de celles des procureurs de la couronne. On voit que
certains policiers prennent eux-mêmes en charge et décident...
C'est le policier qui décide devant quelle cour aller et cela peut avoir
des résultats complètement différents. Non seulement sur
la question de la pornographie. Prenez les facultés affaiblies. À
la Cour municipale de Montréal, on insiste toujours sur la question de
la deuxième offense, pour signifier un avis avec un minimum de 14 jours.
Cela ne se fait presque jamais devant la Cour des sessions de Montréal.
Il faut dire que cela dépend. Si le pauvre gars s'est fait prendre sur
la rue Crémazie, la deuxième fois, il va avoir 14 jours de
prison. Mais s'il s'est fait prendre sur le boulevard Métropolitain par
la police provinciale, c'est une amende. Je trouve cela un peu inacceptable. Je
ne sais pas comment on peut arranger cette affaire et avoir la même
justice pour tout le monde. Mais, je vous dis franchement qu'à
Montréal, entre les deux cours il y a une différence dans la
justice.
M. Bédard: C'est exact. Les représentations que
vous faites sont exactes et je pense que la manière d'y trouver une
solution, c'est d'assurer ce que nous essaierons de faire une
meilleure coordination entre les procureurs qui sont affectés au niveau
de la Cour municipale et les procureurs permanents de la couronne à
Montréal. J'ai déjà eu l'occasion d'en parler, entre
autres, avec le procureur chef de la couronne à
Montréal, M. Girouard, qui doit effectivement tenter des efforts
de rapprochement afin de voir jusqu'à quel point la coordination peut
être rapide et efficace.
M. Blank: Si on va en dehors de Montréal, pour la CUM et
même en dehors de l'île de Montréal, dans les autres
districts, les juges de la Cour municipale de Montréal ont certains
pouvoirs de plus que ceux des autres juges municipaux... On peut avoir des cas
de Longueuil jugés à Montréal parce qu'on sait qu'on ne
gagnerait jamais des causes à Longueuil ou à la Cour de
bien-être social à Montréal. On les plaide devant la Cour
municipale de Montréal. J'ai vu des descentes à Beauharnois et
à Valleyfield, pour des billets de loterie, devant la Cour municipale de
Montréal.
M. Bédard: D'ailleurs, ce n'est pas seulement dans ce
domaine. Il y a aussi d'autres domaines où on remarque une
différence de traitement si je peux employer l'expression, qui est faite
aux prévenus par rapport à certaines offenses, selon qu'ils
comparaissent devant un ordre de juridiction ou un autre. C'est évident
qu'il y a besoin d'une action pour rétablir la situation, parce que deux
justices dans une même ville... En plus de cela, c'est... Il ne faut pas
exagérer la situation, mais il est évident qu'il y a place pour
de l'amélioration là-dessus.
M. Blank: Ce n'est pas exagéré, mais, pour le
pauvre petit gars qui est pris, des fois...
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: On sait que...
M. Bédard: Mais, au niveau de la pornographie, qui semble
être une de vos préoccupations au moment où on se
parle...
M. Blank: On a des célibataires ici...
M. Bédard: Ce qui me semble le plus important, c'est
surtout de trouver les moyens, et de les trouver rapidement, afin de soustraire
la pornographie de la portée des jeunes. Je pense que là est la
priorité. C'est dans ce sens qu'on va prioritairement orienter nos
efforts.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: On sait qu'habituellement, il y avait, pour des
causes particulières, l'engagement de procureurs ad hoc. Y a-t-il eu de
ces engagements en 1976?
M. Bédard: II y en a très peu, mais j'ai eu
l'occasion de mentionner tous les cas où il y avait eu demande de
service de la part...
M. Fontaine: Je veux dire au criminel. Ce que vous nous avez
donné l'autre soir, c'était au pénal.
M. Bédard: Cela regardait surtout le civil. Si vous me
permettez, il y en a tellement peu que... Voulez-vous que je les
énumère? Disons qu'il y en a eu sept.
M. Fontaine: Est-ce que vous pourriez le déposer ou en
faire la lecture?
M. Bédard: Le 18 mars 1977, les services de Me Claude
Gagnon ont été retenus pour représenter un agent de la
Sûreté du Québec accusé d'avoir causé des
lésions corporelles sur la personne de Robin Chouinard. Le 15 avril
1977, on a engagé Me Gabriel Lapointe, pour représenter le
procureur général devant la Cour suprême du Canada dans
l'affaire Buffalo Gas and Oil Corporation excusez ma prononciation
anglaise il s'agissait d'une manipulation frauduleuse
d'opérations boursières.
M. Blank: Vous prenez des cours maintenant. M. Springate:
Vous suivez des cours?
M. Blank: Vous suivez des cours avec Charlie Bronfman? Vous
fréquentez la même école?
M. Bédard: C'est ce que la nouvelle dit, mais ce n'est pas
le cas.
Mais oui, et M. Bronfman est venu faire son immersion française
dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. On a également
donné à Me Gabriel Lapointe un mandat pour représenter le
procureur général dans l'affaire de Me Guy Genest, à la
suite de la cause de Guy Lemay concernant des détournements de fonds,
malversations et fraudes.
Les services de Me Harvey Yarosky ont été retenus pour
représenter le juge Stephen Cuddihy sur bref de certiorari. Nous avons
retenu également les services de Me François Beaudoin le 14
décembre, pour représenter le procureur général en
Cour d'appel, dans l'affaire Bryan Fowley et Georges Mongrain, deux policiers
accusés de vol avec effraction, et pour représenter un coroner
contre qui avait été émis un bref de prohibition. Il
s'agissait du coroner Jean-Marc Langlois, à la suite d'une enquête
sur les circonstances du décès de l'agent Gérard
Desfossés. Ses services ont également été retenus
pour représenter le ministère He la Justice dans l'étude
du dossier Réal Chartrand et représenter le ministère de
la Justice, à la suite d'un avis d'appel reçu de Me Raymond
Daoust dans la cause Jean-Guy Matters.
Enfin, un mandat lui a été donné pour
déposer une dénonciation contre Roger Cormier, à la suite
de la perquisition illégale à l'Agence de presse libre du
Québec.
Me Beaudoin est un ancien procureur de la couronne qui semble avoir de
grandes possibilités d'y revenir.
M. Fontaine: On sait que dans le domaine...
M. Bédard: Je voudrais seulement souligner ceci: Comme
vous pouvez le remarquer, plusieurs mandats sont en vue de défendre
certains policiers. Je pense que cela s'impose qu'on retienne les services d'un
avocat de l'extérieur du ministère, puisqu'il pourrait y avoir
des possibilités de conflits d'intérêts.
M. Fontaine: On sait que dans le domaine civil on a
éliminé les procès par jury. Je sais que c'est de
juridiction fédérale, le criminel, mais je ne sais pas si le
ministre pourrait nous donner son point de vue là-dessus et nous dire
s'il entend faire des démarches auprès du gouvernement
fédéral pour obtenir des possibilités de changements dans
ce domaine.
M. Bédard: Je suis sensible au fait qu'une bonne partie de
la population n'était pas d'accord avec cette décision, mais je
veux vous dire que j'ai entrepris des démarches, au moment où on
se parle, afin de rétablir la situation existant auparavant. Dans ce
domaine, ce n'est pas le cas.
M. Blank: Vous parlez des cours civiles, maintenant?
M. Bédard: Les cours civiles.
M. Fontaine: Mais, au criminel?
Le Code criminel est de juridiction fédérale, mais c'est
quand même le provincial qui paie l'administration et toutes les
dépenses qu'occasionne...
M. Bédard: C'est un grave aspect pour les procès
par jury. Personnellement, ayant plaidé durant dix ans en droit
criminel, entre autres plusieurs causes de meurtre. J'ai eu l'occasion de
vérifier jusqu'à quel point des jurés peuvent être
en mesure de voir différemment des situations en ne considérant
que l'aspect légaliste d'une preuve.
M. Blank: Est-ce que la Commission de refonte des lois se penche
sur la question des jurés ou le nombre des jurés qui se prononce
pour une condamnation, la majorité ou dix ou douze...
M. Bédard: À ma connaissance, il n'en est pas
question au niveau de la Commission de refonte des lois.
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Clair): Le programme 11 est-il
adopté?
M. Blank: Oui, adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Programme 12:
Coordination des activités de la sécurité publique. Y
a-t-il lieu d'en discuter d'un seul bloc?
M. Bédard: Je pense que oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Alors nous en discuterons d'un
seul bloc. Le ministre de la Justice.
Coordination des activités de la
sécurité publique
M. Bédard: Au niveau des commentaires
généraux, le budget du programme 12, Coordination des
activités de la sécurité publique a été
estimé $4 185 600 pour 1977/78 comparativement à $3 472 600 pour
1976/77. Des crédits additionnels de $713 000 ont donc été
prévus à ce programme afin de répondre aux besoins
suivants. À savoir, un accroissement du rôle et des fonctions de
la direction générale de la sécurité publique est
à prévoir suite à une modification probable de la Loi de
police; ceci aurait un impact d'environ $140 000 sur le budget 1977/78. Il y a
également l'accroissement par rapport à l'exercice 1976/77 de
l'effectif en place estimé pour 1977/78 qui représenterait une
somme de $49100, diverses augmentations et diminutions de l'ordre de $21
700.
Je ne sais pas si vous voulez procéder...
M. Blank: On peut étudier le programme 13 et le programme
12 ensemble; c'est presque le même sujet.
M. Fontaine: Cela se ressemble...
Une voix: Cela se ressemble, c'est pour un montant de $2,5
millions.
M. Bédard: Je pense que ce n'est pas tout à fait la
même chose parce que...
M. Fontaine: Est-ce que vous pourriez nous indiquer la
différence entre les deux?
M. Bédard: En ce qui regarde la direction
générale de la sécurité publique dont les pouvoirs
sont bien définis, il s'agit d'une direction générale qui
existe depuis deux ans et demi.
Parmi les priorités de cette direction générale,
vous avez la recherche et la programmation. Il y a une préoccupation
tout à fait particulière pour la formation et le perfectionnement
des policiers. Également, le ministère s'occupe d'une
façon tout à fait spéciale de la sécurité
interne au niveau du ministère. Quant à la commission de police,
comme vous le savez, on tombe dans les travaux de la CECO, un organisme
au programme suivant qui s'occupe d'une façon tout à fait
particulière de certaines plaintes...
M. Springate: Est-ce que la CECO est au programme 12 ou 13? Au
programme 13.
M. Bédard: ...qui sont portées... non, on est au
programme 13.
C'est parce que le député me demandait la
différence entre les deux, la Commission de police qui a à
recevoir les plaintes, où il y a lieu de faire enquête sur
différents corps policiers...
M. Blank: Sécurité interne.
M. Bédard: ...différents policiers. On va s'en
tenir probablement pour le moment à la direction générale
de la sécurité publique.
M. Springate: M. le ministre, concernant le programme 12, est-ce
que vous avez l'intention de modifier le fameux règlement no 7 qui donne
toutes les normes d'admission pour ceux qui veulent devenir policiers?
M. Bédard: Oui, nous avons l'intention de modifier...
M. Springate: Quand?
M. Bédard: C'est au programme 13. M. Blank:
Qu'est-ce qu'il y a ici?
M. Springate: Non, c'est formation, c'est plutôt...
M. Blank: Sécurité interne...
M. Springate: Si je ne me trompe pas, M. le ministre...
M. Bédard: La sécurité interne, il s'agit
des gardes du corps des ministres.
M. Blank: C'est cela.
M. Springate: L'élément 7, ce n'est pas simplement
pour cela. Vous voyez ce qui arrive quand l'Union Nationale mélange les
choses.
M. Bédard: C'est parce que vous avez posé tous les
deux des questions. En ce qui a trait à la question posée par le
député, il s'agit, comme je l'ai dit tout à l'heure, d'une
responsabilité qui échoit à la Commission de police. On y
reviendra tout à l'heure. Pour ce qui est de l'autre allusion faite par
le député concernant la sécurité interne, cela se
situe à l'intérieur du programme que nous étudions,
à l'élément 3.
M. Blank: Quand vous dites: Sécurité interne, c'est
quoi?
M. Bédard: La sécurité interne, ce sont tous
les chauffeurs...
M. Blank: Est-ce que c'est le bureau de la discipline?
M. Bédard: ... cela concerne les chauffeurs et les gardes
du corps qui sont affectés à chacun des ministres.
M. Blank: Ce ne sont pas des comités de discipline des
policiers ou des choses de ce genre?
M. Bédard: Non. Cela représente une somme de $71
000 d'augmentation par rapport à l'an passé.
M. Springate: Pour changer de sujet, si je ne me trompe pas,
l'ex-ministre de la Justice a déjà
dit qu'à un moment donné il n'avait pas fixé
l'année pour devenir membre d'un corps de police au
Québec, soit à la Sûreté ou dans une
municipalité, il faudrait que le candidat soit diplômé d'un
cégep et qu'il ait passé quinze semaines à Nicolet. Est-ce
que vous pourriez nous donner la date à laquelle cela entrera en
vigueur?
M. Bédard: M. le ministre associé.
M. le Président, actuellement les entrées à
l'institut ou dans les corps policiers se font de deux façons. Il y a ce
qu'on appelle la formation de base auto-additionnelle qui est,
évidemment, l'embauche par les corps policiers des candidats qui
répondent aux normes du règlement no 7 de la Commission de
police. La scolarité requise est le secondaire V ou onze ans de
scolarité. Il y a aussi les étudiants qui ont suivi le cours de
technique policière dans les collèges, dans les cégeps et
qui font, évidemment, la sixième session à l'institut qui
est plus courte que celle des policiers qui viennent de secondaire V. Il faut
dire que les personnes qui sortent des cégeps ne suffisent pas à
la demande actuelle, aux besoins des corps de police qui actuellement
embauchent de 600 à 650 policiers par année, l'augmentation des
forces et les départs.
M. Springate: Ce qui arrive, c'est que des étudiants
passent deux ans et demi ou trois ans dans un cégep. Après cela,
ils vont à Nicolet. Les policiers qui sont embauchés de
façon normale sont payés pour aller à Nicolet tandis que
les étudiants ne le sont pas. C'est une chose. Il y a aussi le jeune
homme ou la jeune fille qui passe deux ans et demi dans un cégep. Ces
étudiants sont alors âgés de 18 ans et demi. Au lieu de
s'inscrire dans un cégep, ils peuvent à 18 ans et demi,
s'inscrire dans un corps de police et suivre des cours du soir au lieu de
fréquenter un cégep. Une raison pour laquelle l'ex-ministre de la
Justice a dit qu'il envisageait un jour que, pour devenir membre d'un corps de
police, cela prendrai un diplôme de cégep et un séjour
à Nicolet, c'était justement pour éviter ce genre de
chose. Deuxièmement, c'est pour que le policier soit plus instruit.
C'étaient les deux facteurs. Je remarque que vous ne pouvez pas nous
dire quand. Vous n'avez pas fixé de date. Vous allez laisser les jeunes
tomber dans le même panneau.
M. Bédard: Tout ce que je peux vous dire pour le moment et
peut-être que le président de la Commission de police pourra
expliciter, les amendements prévus au niveau du règlement no 7
sont à la veille d'être adoptés. Ils portent,
précisément, sur le sujet que vous venez d'aborder. Vous dire
exactement quand il y aura un changement dans le sens que vous prévoyez,
je pense qu'il est quand même difficile de vous l'affirmer avant que nous
n'ayons d'une façon définitive les représentations de la
Commission de police.
M. Blank: Ne serait-il pas possible de faire un peu pour
éviter les problèmes que le député de
Westmount a évoqués comme les Forces armées
canadiennes, c'est-à-dire engager le jeune homme dans le corps de police
comme étudiant-apprenti, le payer et l'envoyer au cégep passer
deux ans et demi comme policier avec salaire? À ce moment, vous verrez
des policiers qui auront ce background de cégep. Vous éviterez
à ce moment le processus des jeunes qui n'ont pas d'argent...
M. Bédard: On comprend très bien le sens des
représentations que vous faites et comme cela se situe au niveau
on est en train de chevaucher d'un programme à l'autre du
programme 13...
M. Blank: ...13 maintenant!
M. Bédard: Tout à l'heure, le président de
la Commission de police pourra expliciter. C'est à l'intérieur du
règlement no 7.
M. Springate: Le 11 janvier lorsque vous avez prononcé un
discours devant 300 policiers, vous avez déploré le fait que
plusieurs corps de police municipaux n'avaient pas de régime de retraite
et vous avez dit et je vous cite: "Les conditions varient tellement d'un corps
de police à l'autre qu'il devient très difficile d'assurer une
mobilité du personnel à travers le Québec."
Avez-vous fait des démarches pour améliorer cette
situation?
M. Bédard: J'ai fait plus que des démarches. Vous
savez qu'à l'heure actuelle, il y a un groupe de travail sous la
présidence de M. Saulnier qui est justement en train d'étudier
d'une façon toute particulière les fonds de retraite. Il est en
train d'étudier également des questions comme celle que vous
soulevez, de l'amélioration des possibilités de mobilisation de
personnel et je pense qu'il est indiqué d'attendre ces recommandations
avant de s'embarquer d'une façon générale dans une
réforme de ce côté.
M. Springate: J'ai peut-être deux autres questions. Je ne
sais pas si vous allez m'aimer ou pas pour cette question, mais je vais la
poser quand même. Savez-vous maintenant ce que la GRC fait au
Québec? Parce que vous avez dit la même chose le 11 janvier: Que
fait la Police montée au Québec? Peut-être aujourd'hui
pourriez-vous nous dire que vous savez exactement ce qu'elle fait au
Québec parce qu'il y en a 1200?
M. Bédard: 1200 au moins...
M. Springate: Ils sont 1200. Peut-être qu'Ottawa a
augmenté leur nombre depuis le 15 novembre!
M. Bédard: ...dont 600 affectés aux renseignements
d'une façon particulière, selon les informations que nous avons.
Qu'est-ce qu'ils font exactement? Il y a un certain domaine d'activités
que vous connaissez.
M. Blank: Nous autres, on le sait. On demande si vous le
savez.
M. Springate: Je sais ce qu'ils font. Je veux savoir si vous,
vous le savez.
M. Bédard: Êtes-vous un agent de la GRC?
M. Springate: Bien sûr que non, mais j'ai
déjà été un agent à Montréal.
M. Bédard: J'aurai peut-être l'occasion de
rencontrer M. Fox d'ici peu de temps. À ce moment, il y aura la
possibilité de savoir exactement ce que fait la GRC au Québec. Je
ne suis pas convaincu que lors de cette rencontre, je sache exactement ce
qu'elle fait au Québec.
M. Springate: Comme ça, vous ne savez pas ce qu'elle fait
exactement. Cela fait sept mois que vous êtes ministre et vous
n'êtes pas au courant.
M. Bédard: Non. Vous devriez vous rappeler qu'il y en a
qui ont été, avant moi, au moins pendant six à sept ans
ministre de la Justice et qui n'ont jamais su ce qu'elle faisait non plus.
M. Springate: Je pense qu'ils étaient pas mal au
courant.
M. Bédard: Vous pensez? M. Springate: Je pense
bien.
M. Bédard: Est-ce qu'ils étaient au courant, par
exemple, sur quelles personnes se faisait de l'écoute
électronique de la part du fédéral, sur quels citoyens il
pouvait se faire de l'écoute électronique?
Je vais vous donner la réponse. J'ai posé la question au
ministre Jérôme Choquette, dans le temps, deux ans de suite, et il
n'a jamais été capable de me donner la réponse.
M. Springate: Deux ans de suite, et il a dit non.
M. Bédard: Non, il n'a jamais été capable de
me donner la réponse. À une question entre autres que je lui
posais, à savoir si les membres de l'Assemblée nationale
faisaient l'objet d'écoute électronique de la part du
fédéral, il m'a candidement répondu qu'il n'était
pas capable de me le dire.
M. Springate: Je ne sais pas quelle réponse il vous a
donnée.
M. Bédard: À ce moment-là, vous devriez
revenir au journal des Débats, à l'étude des
crédits du ministère de la Justice.
M. Springate: Je ne mets pas votre réponse en doute. Je
vous dis que ce n'est pas la même réponse qu'il nous a
donnée. C'est seulement cela que je vous dis.
M. Bédard: Ce qui veut dire que ce qui se dit dans le
particulier...
M. Springate: Ce n'est pas cela.
M. Bédard: Moi, je n'ai qu'une version, en tout cas, en ce
qui me regarde.
M. Springate: J'accepte votre réponse.
M. Bédard: Je vous la dis très clairement, je crois
que c'est une préoccupation normale et très saine, de la part
d'un ministre de la Justice, de vouloir savoir exactement je dis bien
exactement quelles sont les activités...
M. Springate: D'accord.
M. Bédard: ... tous les aspects que cela peut
représenter, de la Gendarmerie royale, sur l'ensemble du territoire du
Québec.
M. Springate: Juste une autre question de ma part. À la
même date, le 11 janvier, vous avez parlé d'une force nationale,
une police nationale.
M. Bédard: On a même eu l'occasion d'en discuter
beaucoup à l'occasion de l'ouverture des crédits; ce matin
encore, nous en avons discuté au moins quelques minutes. Je ne sais pas
si vous voulez revenir sur le sujet?
M. Blank: Si c'est déjà passé, c'est
passé. On va le lire dans le journal des Débats.
Le Président (M. Clair): D'autres questions concernant le
programme 12?
M. Fontaine: Vous-même, M. le ministre, ce matin,
n'avez-vous pas dit que vous n'étiez pas trop au courant si la
gendarmerie faisait de l'écoute électronique?
M. Bédard: Je ne peux pas vous l'affirmer
carrément. Je vous ai dit que j'avais de bonnes informations qu'aucun
membre de l'Assemblée nationale ne faisait l'objet d'écoute
électronique de la part du fédéral.
M. Fontaine: Donc, votre réponse n'est pas plus
catégorique que celle de l'ancien ministre?
M. Bédard: Disons que j'aimerais être plus
catégorique. Cela fait simplement ressortir le fait qu'il y a une zone
grise qu'il nous faut essayer d'éclaircir. Nous avons eu certaines
offres de collaboration du fédéral, aux fins de nous communiquer
certaines informations. C'est évident que nous ne voulons pas des
informations que nous connaissons déjà. Nous verrons et nous
évaluerons jusqu'à quel point des rencontres pourraient
être vraiment profitables, dans ce domaine.
M. Blank: Est-ce qu'il y a une liaison entre la
Sûreté provinciale et la Gendarmerie? Est-ce qu'il y a un officier
spécial qui fait la liaison entre les deux?
M. Bédard: Au niveau des activités et des
opérations policières, il y a assurément nombre de cas
où les deux corps policiers collaborent.
M. Blank: Mais il n'y a pas une liaison permanente à un
échelon important?
M. Bédard: II n'y a pas de liaison permanente au sens
où vous l'entendez. Il y a certains domaines d'activité. Je pense
à la CECO, où vous avez une équipe de policiers de la
Sûreté du Québec et également une équipe de
la Gendarmerie royale et une autre de la CUM, qui travaillent solidairement sur
des cas bien précis.
M. Blank: C'est la même chose avec la CUM? Il n'y a pas une
liaison permanente? Cela se fait seulement au niveau des enquêtes
spéciales ou des zones spéciales?
M. Bédard: C'est à peu près cela. Je peux
vous dire qu'avec la CUM, il n'y a vraiment pas de sérieuses
difficultés dans les communications. Les communications sont
régulières, entre le ministère de la Justice et...
M. Blank: Sur la question de l'écoute électronique
des membres de l'Assemblée nationale, vous êtes certain que la
CECO n'en fait pas, parce qu'elle est en communication avec la
Sûreté. Est-ce que vous êtes au courant?
M. Bédard: La CECO, tel qu'on me le fait remarquer, n'a
pas le mandat de faire de l'écoute électronique.
M. Blank: Elle n'a pas de mandat, mais vous ne savez pas si elle
le fait oui ou non.
M. Bédard: Plus que cela, on sait qu'elle n'en fait pas.
Elle n'est pas mandatée à cet effet. Concernant l'écoute
électronique, il y a des mandataires nommés spécifiquement
qui sont les seuls habilités par le ministre de la Justice à
procéder à de l'écoute électronique.
M. Blank: Est-ce que, durant l'année
précédente, le ministère de la Justice a découvert
des cas où les policiers de la Sûreté, de la CECO ou de la
CUM ont fait de l'écoute électronique illégale?
M. Bédard: Aucun cas n'a été porté
à ma connaissance.
M. Blank: Est-ce que le ministre est au courant s'il y en avait
avant son arrivée au ministère? Même réponse.
M. Bédard: Même réponse.
M. Springate: M. le ministre, êtes-vous en mesure de nous
affirmer qu'il n'y a pas de membres de l'Assemblée nationale qui fassent
l'objet, si vous voulez, d'une telle opération soit par les policiers de
Montréal ou par ceux de la Sûreté?
M. Bédard: Je l'ai dit ce matin. Selon les mandataires qui
sont spécifiquement nommés par le ministre de la Justice, je peux
vous assurer qu'il n'y a aucun membre de l'Assemblée nationale qui fasse
l'objet d'écoute électronique. Vous pouvez
téléphoner après 23 heures aujourd'hui!
Le Président (M. Clair): Le programme 12 est-il
adopté?
M. Fontaine: J'aurais quelques petites questions.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: On dit, au début du programme 12: Ce
programme vise à informer le ministère sur l'évolution de
la criminalité au Québec. Dans ce sens, sur l'île de
Montréal, concernant les policiers de la CUM, le taux de solution des
crimes majeurs dans l'île, en 1976, n'avait atteint que 13%. J'ai une
coupure de presse ici, du 3 mars 1977, dans laquelle le député de
Verchères disait qu'il était fort inquiet de cette situation.
M. Bédard: Pouvez-vous me dire à quel rapport vous
vous référez?
M. Fontaine: Ce doit être le rapport de la CUM, 1976. Je
n'ai pas le rapport ici, c'est une information que j'ai, mais on dit qu'il y a
un taux de solution de crimes de 13% alors que, pour la Sûreté du
Québec, on dit que c'est passablement plus élevé que cela.
Le député de Verchères disait, dans cet article de la
Presse du 3 mars 1977, qu'il était inquiet de cette situation.
M. Bédard: Je comprends qu'il y a de quoi être
inquiet, si les chiffres sont vraiment les pourcentages véridiques,
mais, de mémoire, il me semble que, lorsque nous avons eu des
séances de la commission parlementaire qui a siégé il n'y
a pas tellement longtemps, des pourcentages différents de ceux-là
ont été soumis à l'attention des membres de la commission
parlementaire, sauf que le rapport entre le taux plus élevé de
solution au niveau de la Sûreté du Québec et celui de la
CUM était exact de lui-même...
M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: ...mais je préférerais
vérifier cette donnée qui me semble, en tout cas... Dans le
rapport de la Commission de police du Québec, dans le rapport annuel
1976, le taux de solution pour la moyenne provinciale, en tout cas au niveau de
Québec, de Montréal, était de 22,86% et, à
Montréal, de 22,47%, pour l'année 1975.
Indépendamment de tout, il reste que c'est un taux de solution
qui est très bas...
M. Blank: Le pourcentage, c'est 22%, à ce moment.
M. Bédard: ... et qui fait ressortir la
nécessité de l'amélioration de l'efficacité
policière. Il n'y a aucun doute là-dedans.
M. Blank: Parmi ces 22% de solutions, est-ce que ce sont des
solutions que les policiers prennent ou si ce sont le taux de condamnations par
la cour?
M. Bédard: C'est le taux de solutions.
M. Springate: Solutions. Ce ne sont pas les condamnations.
M. Blank: Ce ne sont pas les condamnations.
M. Bédard: C'est le taux de solutions selon,
évidemment, les exigences de Statistique Canada qui prévoit des
normes pour tenir des statistiques, en vue d'atteindre l'uniformité dans
le pays.
M. Blank: Est-ce que...
M. Bédard: D'ailleurs, même pour le rapport 1975, il
était quand même indiqué que pour l'année 1975, la
région de Montréal possédait le plus haut taux de
criminalité par habitant, et le plus faible taux de solutions. Disons
que cela se retrouve d'année en année.
M. Blank: On ne doit pas parler trop de ces annonces, parce que
tous les criminels du monde vont se retrouver à Montréal.
M. Springate: On l'a déjà.
M. Bédard: II n'y a pas de quoi faire de publicité,
mais il y a de la place pour de l'amélioration, par exemple.
M. Fontaine: Par rapport au nombre de crimes, le taux de
condamnations...
M. Bédard: J'ai avec moi le procureur en chef de la
couronne de Montréal, mais j'ai peur qu'il soit porté à
amplifier le taux des condamnations comme preuve d'efficacité, quoique
tout le monde sait qu'il est très efficace. Le taux exact? On fait
remarquer, à bon droit, qu'il y a environ 85% des accusés qui
plaident coupables, ce qui veut dire que le taux des condamnations ne peut pas
être tellement élevé.
M. Fontaine: S'ils plaident coupable, ils sont condamnés
automatiquement.
M. Bédard: Oui, c'est clair. M. Fontaine: Par
rapport...
M. Bédard: Je pensais que vous vous référiez
au taux de condamnations après que la cause a été
entendue.
M. Fontaine: Non, je veux savoir sur le nombre de crimes
dont les policiers ont trouvé des solutions et disent: C'est telle
personne qui est coupable. À ce moment, la personne est accusée
le taux de condamnations des personnes qui sont accusées.
M. Bédard: Moins de 10%. Entre 90% et 85% plaident
coupable. Sur ce qui reste, il y en a environ 10% des procès qui peuvent
se terminer par l'acquittement. C'est quand même assez difficile de
donner des statistiques précises là-dessus.
M. Fontaine: Au niveau de la CUM, certaines manchettes dans les
journaux ont divulgué qu'il y avait une crise de leadership.
Également, une entrevue de l'ancien ministre des Affaires municipales,
M. Robert Lussier, révélait que la direction de la police doit
revenir au conseil de la CUM. Est-ce que le ministre de la Justice a pris
connaissance de cela? Est-ce qu'il a suggéré des solutions
à ces problèmes?
M. Bédard: Certainement, j'ai eu l'occasion de prendre
connaissance de ces problèmes lors du ralentissement de travail qui
s'est effectué à la fin du mois de janvier. Dès ce moment,
j'ai déclaré c'est encore ma conviction qu'il y
avait assurément un problème de leadership et un problème
de structure et qu'un remède devait y être apporté, et ce,
le plus rapidement possible. J'ai l'intention de le faire dans la
première partie de cette session.
Il se peut qu'avant la fin de la session vous soyez en mesure
d'étudier un projet de loi qui, effectivement en tout cas, c'est
mon humble opinion pourra contribuer à résoudre ces
problèmes de structures et de leadership. Il est clair qu'il y a,
à l'heure actuelle, des policiers qui à la Communauté
urbaine de Montréal, ont bien des motifs d'insatisfaction, qui ne savent
plus exactement à quel chef ils doivent obéir. Il y a
certainement lieu de clarifier les juridictions du conseil de
sécurité publique et les juridictions ou les pouvoirs du
directeur de la police. Normalement, nous devrions être en mesure de
présenter un projet de loi d'ici la fin de cette première partie
de la session.
Nous sommes conscients qu'il y a vraiment un problème urgent
à régler pour redonner de la motivation aux policiers qui
oeuvrent à l'intérieur d'un des corps policiers les plus
imposants au Canada et nous employons nos efforts, depuis quelques mois,
à essayer de trouver la solution qui serait de nature non seulement
à améliorer la situation, mais peut-être à la
régler pour un certain temps.
M. Fontaine: Dans un autre ordre d'idées j'entre
ça là-dedans, parce qu'on parle de formation et de
perfectionnement des policiers le ministre de la Justice est sans doute
au courant que l'Institut de police de Nicolet, depuis qu'il a
été incendié, il y a quoi, deux ans, trois ans? disons
trois ans, depuis ce temps, aucune réparation n'a été
faite à cette bâtisse. Je
comprends que ça dépend peut-être du
ministère des Travaux publics, mais la bâtisse de l'école
de police de Nicolet, qui est l'ancien séminaire de Nicolet, est une
bâtisse pratiquement historique et, depuis ce temps, aucune
réparation n'a été effectuée, quelque
réparation que ce soit, ni temporaire, ni permanente et, actuellement,
les murs restent en place sans toiture, ni fenêtres, ni rien. Cette
bâtisse est en train de se détériorer graduellement. Est-ce
que le ministère de la Justice pourrait envisager une solution, comme
installer un toit et quelques fenêtres pour boucher les trous, pour
essayer, peut-être pas réparer complètement, parce que ce
serait assez dispendieux, à ce qu'on me dit, mais pour essayer
d'apporter une solution temporaire à ça?
M. Bédard: Les remarques que vous me faites ont
déjà été portées à mon attention. Je
peux vous dire que vendredi de cette semaine, je dois me rendre à
Nicolet. J'aurai l'occasion de vérifier sur place...
M. Blank: ...pour...
M. Bédard: ...vos avancés.
M. Blank: Vous essayez de vous appliquer pour... Les
députés...
M. Bédard: Je n'y vois pas d'objection.
Une voix: Bien oui, allez-y.
M. Blank: Qui paie le lunch?
M. Springate: II n'y a pas de restaurant.
M. Blank: Avec des...
M. Fontaine: II y en a. C'est ce que je voulais porter à
l'attention du ministre.
M. Bédard: Vous serez en mesure de voir et de constater
qu'on n'y va pour une raison bien particulière.
Le Président (M. Clair): Sur le même sujet, M. le
ministre de la Justice, étant donné que c'est mon Alma Mater, le
séminaire de Nicolet, je sais qu'il y avait à l'intérieur
des murs du séminaire beaucoup d'objets d'une grande valeur historique
et le séminaire comme tel avait aussi une valeur historique
incontestable puisqu'il datait de 1803. Est-ce qu'il serait possible
d'intéresser le ministère des Affaires culturelles, tant
financièrement qu'autrement, à la reconstruction? Simplement
à titre de suggestion.
M. Bédard: Nous avons déjà contacté
le ministère des Affaires culturelles, tenant compte justement de
l'aspect historique.
Pas besoin de vous dire qu'il y a des questions de budget qui entrent en
ligne de compte.
Le Président (M. Clair): D'autres questions concernant le
programme 12? Le programme 12 serait-il adopté?
M. Springate: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Le programme 13.
Le ministre de la Justice.
M. Bédard: Au niveau des commentaires par programme, M. le
Président, au budget du programme 13, la normalisation et la
surveillance de l'exercice des fonctions policières ont
été estimées à $2 025 100 pour 1977/78,
comparativement à $2 329 900 pour 1976/77. L'écart de $304 800
est attribuable aux facteurs suivants: d'abord, lors de la préparation
du budget de l'exercice 1977/78, la décision de prolonger le mandat de
la CECO n'avait pas encore été prise, les crédits inscrits
au budget ont donc été prévus pour une période de
moins de 12 mois. En fait, les crédits inscrits au budget de la CECO,
$172 000, sont les mêmes que ceux inscrits au budget original de
l'exercice 1976/77, augmenté de $18 500. La CECO a obtenu, au cours de
l'exercice 1976/77, un montant supplémentaire de $303 000 pour le
prolongement de son mandat, lequel n'est pas reconduit au budget de 1977/78. Il
y a une réduction de $48 900 qui a été apportée au
budget de 1977/78, étant donné que les révisions de
traitements accordées au personnel-cadre ont coûté moins
cher que le montant accordé lors des prévisions
budgétaires de 1976/77. En fait, le montant en 1976/77, pour les
révisions des traitements, était basé sur le taux moyen,
environ 45%, accordé aux employés des secteurs publics, les
membres de la Commission de police et les employés-cadres ayant eu des
révisions de traitement à chaque année, le taux moyen
devenait trop élevé dans leur cas. Tous ces
éléments représentent une somme de $48 900 en raison de
l'augmentation de l'effectif en place estimé pour 1977/78. Il est
prévu qu'il y aura un accroissement du nombre de jours-homme de travail
par rapport à 1976/77, ce qui pourrait représenter une somme de
$32 000. Diverses augmentations et diminutions au montant de $15 100 forment la
somme globale de $304 800 qui représente l'écart que j'ai
mentionné tout à l'heure.
M. Springate: M. le ministre, je reviens à la question
concernant le règlement 7.
M. Bédard: D'accord.
M. Springate: C'est peut-être l'occasion de la poser et
d'avoir une réponse. Est-ce que le règlement 7 sera amendé
et pourriez-vous peut-être nous dire comment et de quelle
façon?
M. Bédard: De fait, nous avons déjà
amendé le règlement 7 et nous l'avons soumis au ministère.
Nous sommes actuellement en pourparlers avec le ministère, car ces
règlements sont soumis à l'approbation du lieutenant-gouverneur
en conseil et il appartient au ministre de la Justice de les soumettre au
lieutenant-gouverneur en conseil.
Je pense que le ministre veut être assuré que chacune des
clauses incluses aux règlements soit de nature à améliorer
la situation. Mais le règlement tel que préparé par nous
prévoit que, pour entrer dans un corps policier, il faudra passer par le
cégep, donc cinq sessions au cégep, une dernière à
l'institut, et les autres aussi qui voudraient oeuvrer dans un corps de police,
mais qui se décideraient plus tard qu'à l'âge du
cégep, pourraient entrer dans un corps policier pour autant qu'en 1982
ils détiennent un DEC, mais cela, évidemment, c'est sous
réserve de discussions avec le ministère de la Justice. Nous
avons déjà entrepris les pourparlers et il restera au ministre de
la Justice à se décider sur cette question.
M. Springate: Un autre problème aussi...
M. Bédard: Et ce règlement prévoit aussi la
mobilité, la transférabilité, la mutation d'un corps de
police à un autre.
M. Springate: Concernant l'âge, la grandeur, la pesanteur,
est-ce que vous avez fait des recommandations?
M. Bédard: On a baissé d'un pouce, on est rendu
à 5 pieds, 7 pouces; le règlement prévoyait le même
âge, 18 ans et demi à 30 ans. Mais ces questions sont en
discussion au ministère de la Justice.
M. Springate: Surtout la question de 18 ans et demi, ça
va, mais 30 ans, est-ce que... quelques-uns diraient que c'est trop jeune,
peut-être que vous pourriez porter ça à 35 ans?
M. Bédard: Je sais qu'il y a diverses opinions sur le
sujet, mais, lors d'une dernière réunion du conseil de l'Institut
de police, je m'informais auprès de la Sûreté du
Québec, de la police de Montréal, du directeur et du directeur de
l'Institut de police, pour qu'on m'indique, si l'âge était
augmenté à 35 ans, ce que ça comporterait comme effet. Je
sais que la police de Montréal est absolument contre l'idée de
voir l'âge excéder 30 ans à cause des implications sur le
fonds de pension.
De plus, le directeur de l'Institut de police me dit que si on devait
porter l'âge de 30 ans à 35 ans, il faudrait probablement
réexaminer tout notre programme de formation de base, plus
particulièrement l'entraînement physique. Il semble qu'un
individu, passé 30 ans, s'il a 33 ans, 34 ans ou 35 ans, aurait de la
difficulté à suivre le cours actuel, si bien que, si on augmente
l'âge d'admission, il faudrait préparer deux cours, un pour ceux
qui ont moins de 30 ans et un autre pour ceux de 30 ans à 35 ans.
La Sûreté du Québec doit aussi me faire valoir son
point de vue sur cette question pour me dire dans quelle situation cela la
placerait si l'âge d'admission était augmenté
jusqu'à 35 ans.
M. Springate: Dans un autre ordre d'idées, les femmes dans
la police...
M. Bédard: Le règlement prévoit l'admission
des femmes dans les corps policiers aussi.
M. Springate: Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire
si différents corps de police au Québec engagent actuellement des
femmes? Montréal ne le fait pas. La dernière année
où on a engagé des femmes, c'était en 1947. Maintenant, de
plus en plus, nous voyons des étudiantes des cégeps qui suivent
les cours de technique policière, qui font leur stage à Nicolet
et qui aimeraient oeuvrer à Montréal. Est-ce que vous ou le
ministre avez l'idée de faire pression sur les autorités de la
CUM pour qu'elles engagent des femmes? Quelle est leur mentalité,
pourquoi ne veulent-elles pas engager des femmes?
M. Bédard: En grande partie, c'est une question de
mentalité, parce qu'il y a sûrement un travail très
efficace qui peut être fait par des femmes policières.
M. Springate: Bien sûr.
M. Bédard: II y aurait peut-être lieu de faire des
pressions tout à fait particulières.
M. Fontaine: Est-ce que ce n'est pas une atteinte à la
Charte des droits et libertés de la personne?
M. Bédard: Cela pourrait aller même à
l'encontre des droits reconnus par la Charte des droits et libertés de
la personne. Maintenant, il y a également un autre sujet qui a
été souligné et sur lequel je me pose de sérieuses
questions, c'est le fait de ne pas pouvoir embaucher les candidats de 30 ans
à 35 ans. Je suis convaincu qu'il y a de fortes probabilités que
nous perdions de très sérieux candidats qui peuvent se situer
entre 30 ans et 35 ans.
En tout cas, il y aurait lieu de pousser pas mal plus à fond pour
savoir à quel point les raisons invoquées à l'encontre de
cette possibilité font véritablement le poids par rapport aux
arguments qui pourraient militer en faveur de cette mesure.
Ce sont des points, ainsi que tous les autres qui ont été
mentionnés tout à l'heure, sur lesquels nous avons à nous
pencher afin de prendre des décisions. Maintenant, vous êtes
à même de constater que la plupart des points qui ont
été mentionnés tout à l'heure, avant toute prise de
décisions, commandent quand même une certaine période de
consultation, parce que, d'un corps de police à l'autre, l'opinion
varie.
C'est ce travail de consultation que nous sommes en train d'effectuer
afin de prendre les décisions les plus valables possibles.
M. Springate: ...la dernière question pour moi, avez-vous
nommé un directeur permanent à l'Institut de police à
Nicolet? Si je ne me trompe, il y a un directeur intérimaire qui est
là actuellement et puis...
M. Bédard: Je suis allé à Nicolet... Vous
devinez ce pourquoi on y va! Effectivement, il y a eu
un concours, comme vous le savez, qui a été tenu et au
moment où on se parle, le candidat est choisi. Il s'agit du lieutenant
Marquis, qui, effectivement, est un candidat de choix, j'en suis convaincu, il
saura effectuer un travail vraiment valable au poste qui lui échoit.
M. Blank: Dans un autre ordre d'idées, la division des
enquêtes de la Commission de police a-t-elle un effectif suffisant
actuellement?
M. Bédard: Parlez-vous de nos enquêtes
générales ou de l'enquête sur le crime organisé?
M. Blank: Je parle de vos enquêtes
générales.
M. Bédard: Actuellement, nous avons un directeur au
service et six enquêteurs.
M. Blank: Est-ce assez pour couvrir toutes les plaintes que vous
recevez du public?
M. Bédard: Non, pas actuellement, parce que nous avions,
au cours des années, établi une moyenne de 150 plaintes par
année, mais pour l'année courante, nous avons près de 90
plaintes déjà et si cela devait se continuer, au lieu de 150,
nous allons dépasser les 200 et comme nos enquêteurs doivent
couvrir toute la province, c'est insuffisant. Mais on espère,
dépendant, évidemment, des décisions du gouvernement
relativement à l'enquête sur le crime organisé... Si on
récupère les effectifs qui sont affectés à
l'enquête sur le crime organisé, cela nous permettrait de
convertir certains postes en postes d'enquêteurs. Mais on a une
difficulté de recrutement.
M. Blank: La majorité des plaintes que vous recevez du
public sont-elles pour brutalité ou d'un autre genre?
M. Bédard: Cela concerne diverses affaires. Il y a un
certain pourcentage de ces plaintes qui se rapporte à la
brutalité, mais cela peut être aussi qu'un citoyen, à
l'occasion, a formulé une plainte parce qu'il s'est fait voler. Il
soumet sa plainte au corps de police, et il n'en entend pas parler. Parfois,
cela peut être une "trappe à trafic", comme on dit, pour se
constituer des amendes. Je peux vous donner les pourcentages ici. Sur un total
de 164 demandes d'enquête reçues en 1976, concernant la
brutalité, 116 concernaient la conduite de policiers. Certaines de ces
plaintes pouvaient toucher la brutalité et d'autres pouvaient concerner
d'autres offenses disciplinaires.
M. Blank: Sur ces chiffres, combien y en a-t-il eu, de plaintes
valables?
M. Bédard: Très peu. Je vous dirai que,
règle générale, nous constatons qu'il y a lieu de
procéder à une enquête dans environ 13% à 14% des
cas, mais ce n'est pas parce que nous faisons une enquête que,
nécessairement, il y aura un blâme de porté à la fin
de l'enquête et le nombre de poli- ciers blâmés à la
suite d'une enquête est assez minime si on considère qu'il y a 13
800 policiers au Québec parce que nos enquêtes portent sur les
membres de la Sûreté du Québec et sur les policiers
municipaux. C'est un pourcentage minime.
M. Blank: Avez-vous le chiffre exact des policiers qui ont
été condamnés par vous pour brutalité ou conduite
diffamatoire?
M. Bédard: Je pourrais le produire ici. Peut-être
qu'il y aura lieu de vous fournir... Je ne pourrais pas vous le donner
immédiatement, mais rapidement...
Puisque ce n'est pas détaillé à ce point au niveau
du rapport annuel qui a été fourni...
M. Blank: Sur la question de la CECO, est-ce l'intention du
ministre de renouveler le mandat ou de changer le format de la CECO?
M. Bédard: Nous avons eu l'occasion je ne sais pas
si vous voulez qu'on reprenne d'en parler au moins à trois
reprises au niveau de la discussion des crédits.
M. Blank: Très bien. Je le trouverai dans le journal des
Débats.
M. Bédard: Oui, et vous aurez peut-être l'occasion
même de participer un peu à la réflexion au niveau de la
continuation, de la forme et de la structure, pour reprendre la lutte contre le
crime organisé parce que c'est notre intention la formule reste
à être déterminée sans former de groupes
spécifiques, au niveau d'une réunion, d'un colloque ou d'une
journée à cette fin, d'inviter l'Opposition à participer,
à nous apporter ses lumières.
M. Blank: Ah oui!
M. Fontaine: M. le Président, étant donné
que mes collègues ont posé des questions, étant
donné également qu'on a eu l'occasion d'aborder ces sujets depuis
le début de la commission et aussi pour prendre connaissance du rapport
de la Commission de police, je n'ai pas de question additionnelle à
poser là-dessus.
Le Président (M. Clair): Le programme 13 est-il
adopté?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Programme 14,
concernant la protection civile. Le ministre de la Justice.
Protection civile
M. Bédard: Dans ce programme, vous serez à
même de constater qu'il y a eu une réduction de $18 122 600 qui a
été inscrite à ce programme pour l'exercice 1977/78. Les
principales raisons
motivant cette diminution des crédits prévus sont les
suivantes: D'abord, une réduction de $18 millions est apportée
aux crédits du bureau d'aide financière, inondations 1976. Le
bureau d'aide financière, inondations 1976, a obtenu, en 1976/77, un
montant de $20 millions par voie de mandat spécial. Un montant de $2
millions est prévu en 1977/78, à titre d'aide financière
pour les inondations de 1976. Par l'arrêté en conseil no 3485,
pour l'année 1976, du 6 octobre 1976, il a été
décidé que les réseaux de communication nécessaires
à la protection civile du Québec soient conçus,
développés, implantés et entretenus par le
ministère des Communications du Québec et que les budgets
prévus pour ces activités soient transférés au
ministère des Communications.
En conséquence, un montant de $173 600 a été
transféré au ministère des Communications. Un montant de
$220 000 a été inscrit au budget de 1976/77, afin de
défrayer un paiement forfaitaire faisant suite à l'approbation de
conventions collectives. Ce montant n'est plus requis pour l'année
1977/78, ce qui constituait une somme de $220 000.
Il y a eu l'augmentation des échelles de traitement des
employés de la protection civile du Québec, qui aura cependant un
impact d'environ $116 400. Le coût annuel des services rendus par
l'Ambulance Saint-Jean est estimé à $355 800, selon les nouvelles
ententes, alors qu'au budget de 1976/77, on avait prévu un montant de
$273 000.
Vu l'accroissement également des activités dans les
désastres naturels, la protection civile doit renouveler certains
véhicules à moteur achetés avant 1966. Je pense que
c'était le temps. Ceci amène une augmentation de $54 000 au
niveau du matériel de transport. Il y a d'autres augmentations de
l'ordre de $17 800, ce qui constitue l'ensemble du montant de $18 122 600 qui a
été indiqué tout à l'heure, comme réduction
au niveau de ce programme.
La raison est bien simple, il n'y a pas d'inondation.
M. Blank: Est-ce que la protection civile a des mesures pour les
sinistres autres que les inondations? Les attaques nucléaires, par
exemple?
M. Bédard: II a été un temps où
c'était la mode, la construction d'abris nucléaires.
Quant à la protection civile, au tout début, sa
préoccupation principale était les attaques nucléaires.
Mais depuis, au Québec, ainsi que dans les autres provinces, le souci de
la protection civile s'est porté vers les désastres produits
à la suite de causes naturelles.
M. Blank: Est-ce que vous travaillez en collaboration avec les
corps policiers, la Croix-Rouge...?
M. Bédard: Avec les municipalités aussi, d'une
façon tout à fait spéciale.
M. Blank: Est-ce que vous avez de l'équipement
spécial qui appartient à la protection civile, que vous
prêtez à des municipalités ou à des corps policiers,
en cas d'urgence?
M. Bédard: Oui, il y a une série de 116
véhicules qui appartiennent à la protection civile et qui sont
prêtés aux municipalités. Il s'agit, dans la plupart des
cas, de camions de secourisme, de camions pour la lutte contre les incendies,
de même que de l'équipement de radio détection. C'est ce
qui est prêté aux municipalités, en plus, dans certains
cas, d'équipement de télécommunication.
M. Blank: Est-ce que cet équipement est installé
partout dans la province ou si c'est concentré à Québec et
à Montréal?
M. Bédard: C'est installé partout dans la
province.
M. Blank: Est-ce que vous avez des employés permanents
dans les diverses régions de la province en cas d'urgence?
M. Bédard: Nous avons des employés actuellement
dans huit régions administratives du Québec.
M. Blank: Vous dites combien d'employés? 41, c'est
cela?
M. Bédard: II y a un total de 98 employés à
temps plein de la protection civile qui sont répartis dans les
différentes régions. Dans le Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie, il y en a sept; dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y en a
sept; à Québec, il y en a treize; à Trois-Rivières,
il y en a huit; à Sherbrooke, quatre; à Hull, quatre; à
Montréal, vingt et à Rouyn-Noranda, quatre.
M. Blank: Est-ce que vous donnez des cours spéciaux dans
des écoles, des cégeps, pour avoir un effectif auxiliaire?
M. Bédard: II y a des cours qui sont donnés
à des auxiliaires, non pas nécessairement dans les cégeps.
Il y a fort probablement des élèves de cégeps qui
participent à cela. L'an dernier, des cours ont été
donnés à 3838 auxiliaires, à 128 cadres municipaux,
à 22 fonctionnaires provinciaux, à 54 maires et conseillers et on
a formé, par des exercices, 1670 auxiliaires et 2806 cadres
municipaux.
M. Fontaine: Quel genre de cours est-ce que c'est?
M. Bédard: Ce sont des cours de sauvetage, des cours de
recherche pour les personnes perdues en forêt, différents
exercices.
M. Fontaine: Est-ce que vous avez des spécialistes qui
travaillent à votre emploi?
Je vous donne comme exemple Saint-Bonaventure, dans mon comté:
lorsqu'il y a eu la
tornade, on a ordonné de démolir l'église. Je pense
que c'est votre service qui a ordonné cela. Est-ce que vous avez des
experts qui sont habilités à faire de telles ordonnances?
M. Bédard: II n'y a pas d'experts comme tels reconnus dans
la question de désastres. Dans le cas de Saint-Bonaventure,
d'après le rapport qui m'a été fourni je
n'étais pas là au moment du désastre il s'agit
d'une consultation qui s'est tenue entre le directeur régional de la
protection civile à Trois-Rivières, de même que ses
employés et d'autres personnes de la Sûreté et du
village.
M. Fontaine: Est-ce que ces personnes ont des connaissances
techniques pour leur permettre de prendre une telle décision, comme, par
exemple, lorsqu'il y a un éboulement quelque part, vous dites: II n'y a
plus personne qui a droit d'aller à tel pâté de
maisons?
M. Bédard: La protection civile coordonne habituellement,
dans le cas d'un désastre. Dans le cas d'un glissement de terrain, elle
fait appel immédiatement aux services du ministère des Richesses
naturelles et ce sont les experts, les spécialistes du ministère
des Richesses naturelles qui indiquent aux gens de la protection civile que tel
pâté de maisons ou telle résidence devrait être
évacué. Le cas s'est produit, cette année, à
Saint-Fabien de Rimouski lors d'un affaissement de terrain et ce sont les
spécialistes du ministère des Richesses naturelles qui ont
indiqué les neuf résidences qui devaient être
évacuées.
M. Fontaine: Si on revient au cas de Saint-Bonaventure, est-ce
que c'est votre service qui a ordonné la démolition de
l'église?
M. Bédard: D'après les renseignements qui m'ont
été fournis, c'est le directeur régional de la protection
civile à Trois-Rivières qui, à la suite de consultations
avec d'autres personnes, a jugé bon, pour des raisons de
sécurité publique, de procéder à la
démolition de ce qui restait de l'église.
M. Fontaine: Quelle compétence a le directeur
régional à Trois-Rivières?
M. Bédard: II a simplement une expérience dans ce
domaine, dans le domaine de la protection civile.
M. Fontaine: Mais, est-ce que vous êtes conscient que vous
avez pu faire démolir quelque chose qui n'avait pas besoin d'être
démoli?
M. Bédard: Personnellement, je ne le suis pas. J'ai
discuté avec M. le curé de Saint-Bonaventure, avec les
marguilliers. Certaines personnes disent que, peut-être, on aurait
dû conserver l'église, mais je crois que la décision,
à ce moment-là, a été prise dans un souci de
protection de la population.
Les remarques qui sont faites par le député sont de nature
à nous inciter à avoir la préoccupation, peut-être,
de penser à aider ce service par des experts en la matière.
M. Fontaine: C'est parce que je pense que, quand on prend une
décision comme cela, on fait faire des dépenses à des
municipalités ou à des organismes comme à la fabrique de
Saint-Bonaventure qui a été obligée de reconstruire. Cela
a coûté un montant extraordinaire, alors que je sais pertinemment
que le démolisseur qui a démoli l'église a eu toutes les
misères du monde à la démolir.
M. Bédard: Même le démolisseur n'était
pas un expert? En tout cas, depuis que je suis au ministère, il n'y a
rien qui a été démoli de façon spéciale.
M. Blank: Sauf à Montréal, sur la rue Drummond.
M. Springate: Oui.
M. Bédard: On se rend vite compte qu'il y a lieu de
fournir, dans des cas bien précis, les experts qui sont
nécessaires afin de prendre les décisions qui s'imposent. Tel que
l'a fait remarquer tout à l'heure M. Bond, disons qu'il y a des cas
précis, lorsqu'il s'agit de glissements de terrain, où on fait
appel directement aux experts du ministère des Richesses naturelles. Je
sais que cela a été le cas, d'une façon tout à fait
particulière, lors du glissement de terrain de Saint-Jean-Vianney, on a
parlé également de ceux qui sont arrivés plus
récemment.
M. Fontaine: Merci. Je n'ai pas d'autre question
là-dessus.
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Clair): Le programme 14, adopté?
Adopté. Le programme 15 est déjà adopté. Nous
passons donc au programme, 16 qui s'intitule: Enquêtes et expertises
scientifiques pour fins judiciaires. Le ministre de la Justice.
Enquêtes et expertises scientifiques pour fins
judiciaires
M. Bédard: Tel qu'on peut le voir, ce programme vise
à renseigner la justice par des enquêtes qui ont pour objet de
déterminer quels décès ou incendies sont de nature
criminelle, et par des expertises scientifiques qui permettent la connaissance
plus approfondie de l'interprétation de certains crimes et de certains
méfaits. Les crédits prévus pour ce programme ont
été majorés de $163 500. Cette augmentation
budgétaire sera nécessaire pour défrayer les besoins
suivants: l'application des conventions collectives, y compris les
révisions de traitements et les avancements à l'échelon,
$120 700; accroissement du nombre de jours-homme de travail prévus pour
1977/78, en raison de l'augmentation de l'effectif permanent
en place, $22 000; il y a une somme de $120 000 qui a été
prévue au budget de 1976/77 afin de défrayer des dépenses
applicables à l'exercice 1975/76; étant donné que cette
somme ne sera plus requise pour 1977/78, il a été possible de
réduire les crédits prévus en 1977/78 pour un montant
similaire. Il y a d'autres augmentations de l'ordre de $9400, ce qui
représente la majoration de $28 800. Je ne sais pas s'il y a des
questions particulières qui peuvent venir de la part de l'Opposition. Il
y a des crédits concernant les expertises médico-légales
et scientifiques, il y a aussi des crédits additionnels requis pour la
mise en application des conventions collectives au montant de $98 000, et
l'accroissement de l'effectif en place, pour une somme d'environ $36 600.
M. Blank: Est-ce que ce service travaille conjointement avec les
policiers de la CUM?
M. Bédard: Assurément, avec les policiers de la
Communauté urbaine de Montréal.
M. Blank: Devant le nombre astronomique des incendies avec
soupçon d'origine criminelle dans mon comté de Saint-Louis,
est-ce qu'il y a un effort spécial de ce service pour aider la police de
Montréal?
M. Bédard: Vous avez raison de parler de croissance
inquiétante...
M. Blank: Oui.
M. Bédard: ... des incendies...
M. Blank: Dans Saint-Louis.
M. Bédard: ... dans le secteur auquel vous vous
référez. Je puis vous assurer que le ministère fait
procéder à des enquêtes minutieuses chaque fois qu'un
incendie peut laisser planer quelque soupçon d'origine criminelle. Je
pense qu'à partir du moment où les enquêtes sont faites
avec le plus d'approfondissement possible, quand il y a le moindrement
d'éléments qui font qu'on peut aller plus loin, les
enquêteurs ont des ordres tout à fait spéciaux.
Le Président (M. Clair): D'autres questions concernant le
programme 16? Le programme 16 est-il adopté?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. La commission
permanente de la justice a donc terminé l'étude des programmes.
Le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, comme on a
terminé l'étude des programmes, je tiens simplement, à la
fin de l'étude de ces premiers crédits, à remercier tous
ceux qui ont contribué à donner les renseignements
nécessaires aux membres de l'Opposition et à remercier
également, de façon toute particulière, l'Opposition
officielle, le parti de l'Union Nationale et son représentant, M.
Fontaine, de la collaboration positive qu'ils ont apportée tout au cours
de l'étude de ces crédits.
M. Blank: On peut dire seulement, comme on dit...
M. Bédard: Et vous remercier, M. le Président,
d'avoir présidé les débats de main de maître.
M. Blank: On peut dire, nous autres, comme les Dodgers de
Brooklyn: Attendez l'année prochaine.
M. Bédard: Vous avez dû remarquer que je ne me suis
pas trop engagé.
Le Président (M. Clair): La commission permanente de la
justice a donc terminé l'examen des crédits budgétaires du
ministère de la Justice après les avoir adoptés dans leur
ensemble.
La commission ajourne donc ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 16)