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Etude du projet de loi no 240
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la justice se réunit pour
procéder à l'étude, article par article, dans un premier
temps, du projet de loi privé no 240 intitulé: Loi annulant la
servitude grevant certains lots du cadastre de la paroisse de
Cap-de-la-Madeleine, et dans un deuxième temps, pour étudier
également article par article, le projet de loi no 57 intitulé:
Loi sur le Conseil de sécurité publique et le service de police
de la Communauté urbaine de Montréal.
Les membres de la commission pour aujourd'hui sont: M. Alfred
(Papineau), M. Bédard (Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M. Burns
(Maisonneuve), M. Charbonneau (Verchères), M. Ciaccia (Mont-Royal), M.
Clair (Drummond), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Bordeleau (Abitibi-Est)
remplace M. Johnson (Anjou); M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Gagnon (Champlain)
remplace M. Marois (Laporte); M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Springate (Westmount), M. Tardif (Crémazie), M.
Vaillancourt (Jonquière).
M. Lalonde: M. le Président, sur la question des membres
vous avez passé rapidement sur M. Ciaccia, député de
Mont-Royal. Serait-il possible de le remplacer par...
M. Charbonneau: Vous pouvez le remplacer...
M. Lalonde: Non. Je ne veux pas justement le remplacer ici... par
M. Pagé, député de Portneuf.
Le Président (M. Clair): ... par M. Pagé, de
Portneuf. Je voudrais simplement vous souligner, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, que j'ai passé sur le nom de M. Ciaccia à
la même vitesse que les autres.
M. Lalonde: Oui. Je ne voulais pas suggérer que vous avez
passé plus rapidement, mais simplement que je n'ai pas eu le temps, au
moment où vous avez passé de vous le dire.
Projet de loi no 240
Le Président (M. Clair): Cela va. Merci.
Il y aurait maintenant lieu de désigner un rapporteur,
premièrement pour le projet de loi privé no 240. Le
député de Champlain qui est le parrain du bill acceptera
sûrement d'agir comme rapporteur. Vous voudrez bien faire rapport au
moment opportun. Concernant le projet de loi no 240, M. le ministre de la
Justice, avez-vous des commentaires généraux à faire
à ce stade-ci?
M. Bédard: Je n'ai pas de commentaires
généraux à ce stade-ci. J'imagine que le parrain a
peut-être quelques mots à dire et nous passerons aux explications
que nous donnera Me Pinson-nault.
M. Gagnon: Simplement pour vous présenter M. Desrosiers,
le maire du Cap-de-la-Madeleine, et Me Pinsonnault qui expliquera pourquoi on
veut faire annuler cette servitude dans le projet de loi 240.
Je passe la parole à Me Pinsonnault.
Le Président (M. Clair): Me Pinsonnault, je vois qu'il y a
une autre personne qui vous accompagne. Si vous voulez la présenter...
On nous a présenté M. le maire du Cap-de-la-Madeleine.
M. Pinsonnault (Guy): Alors, M. Desrosiers, maire du
Cap-de-la-Madeleine, Me Beaumier qui est le procureur représentant les
gens intéressés à ce projet de construction sur l'immeuble
en question, et j'ai avec moi également, M. Desaulniers, gérant
de la ville de Cap-de-la-Madeleine.
Le Président (M. Clair): C'est bien, Me Pinsonnault. Nous
sommes disposés immédiatement, je pense, à entendre vos
représentations concernant ce projet de loi no 240.
Si vous voulez demeurer assis, je ne pense pas que les membres de la
commission aient d'objection.
M. Lalonde: Au contraire, parce que je pense qu'on n'entendrait
pas dans son micro.
M. Pinsonnault: La voix peut s'amplifier aussi. Je vous remercie
beaucoup.
M. le Président, messieurs les membres de la commission, je
voudrais, au départ, attirer l'attention de la commission sur un point
qui est fondamental dans ce projet de loi.
Dans le cas présent, il s'agit d'un problème municipal et
le problème a été causé vous me permettrez
de faire un tout petit historique par les faits suivants: En 1961, il y
a eu une vente entre deux personnes, une vente de Model Plan Corporation
à un M. Dalton. C'est le point de départ. Dans ce contrat de
vente, il y a eu une clause inscrite et, si vous n'avez pas le contrat, je peux
vous en passer un exemplaire, cette clause spécifie
précisément que la base du terrain ne pourrait être
utilisée...
Je vous lis la clause, l'article 4: "... de n'utiliser le terrain
faisant l'objet des présentes que pour fins exclusivement commerciales,
cette condition stipulant... etc". En somme, ce que les deux personnes ont
fait, le vendeur et l'acheteur, elles ont, à l'intérieur d'un
contrat de nature civile, fait du zonage. Or le zonage est une fonction
strictement municipale. En faisant du zonage de cette façon, elles ont
donc créé un problème.
Elles ne le voyaient probablement pas à ce moment mais
elles ont créé un problème à la
municipalité, parce que la parcelle de terrain affectée de cette
condition, on ne discutera pas du
mérite juridique de la création de cette servitude
c'est une servitude réelle et personnelle, si tout est bien conforme aux
exigences de la loi pour créer une telle servitude...
Il suffit que dans le contrat de vente il y ait un tel texte. Ce texte
fait qu'à l'heure actuelle la ville est prête à accepter un
projet de promoteurs, représentés ici par Me Beaumier, un projet
d'investissement et de développement d'un terrain de l'ordre de $2
millions. Le terrain en question a une superficie de 1,5 million de pieds
carrés. Or, ceux qui veulent construire une usine sur ce terrain veulent
avoir des titres immaculés. Vous allez peut-être me dire que ce
sont les seules choses immaculées qu'ils veulent avoir. Ils veulent
avoir des titres clairs. C'est tout à fait normal. Ils veulent, et la
ville, en premier chef, veut enlever, quel que soit le projet en cours
présentement, pour n'importe quel autre projet, la ville a besoin
d'avoir les mains libres du point de vue, de la corporation municipale pour
faire son zonage. Autrement, on aboutit à l'imbroglio et à
l'absurdité suivante: Le zonage est une fonction municipale. C'est une
responsabilité unique de la ville et la ville, en faisant son zonage,
sent qu'elle est quand même liée, dans une certaine mesure
à moins de vouloir débattre cela indéfiniment devant les
cours par cette condition qui se trouve dans le contrat, sur cette
parcelle de terrain de 1,5 million de pieds carrés.
La ville a besoin, quel que soit le projet qui se réalise
à cet endroit, de faire disparaître cette condition du contrat,
que ce soit pour de la construction domiciliaire ou pour toute construction
autre que commerciale. Or, la clause mise dans le contrat est une restriction
qui dit: On ne pourra faire de cet endroit qu'un usage commercial.
Dans les circonstances, il y a, en plus de cela, une usine,
déjà, qui est sur ce terrain. Cette usine, qui s'appelle les
Breuvages Bégin Ltée, est déjà sur ce terrain. La
vocation commerciale de cette parcelle de terrain a déjà disparu.
L'usine est là. Le projet consiste à ajouter à cela deux
autres usines et à améliorer cette usine. Il faudrait simplement
faire disparaître du contrat cette clause restrictive. Nous vous
soulignons que sur ce terrain, depuis que la clause restrictive a
été insérée, il y a eu trois expropriations faites
par le gouvernement du Québec, le ministère de la Voirie, etc et
l'Hydro-Québec. Ces expropriations, évidemment, étaient
toujours sujettes à cette clause. Si des propriétaires avaient
voulu faire des revendications, ils n'auraient eu aucun recours, rien. Aucun
recours n'a été pris contre la ville, l'Hydro-Québec ou le
gouvernement.
En plus de cela, la municipalité a quand même
modifié, il y a quatre ou cinq ans, son règlement de zonage pour
zoner cette partie industrielle. Aucune personne ne s'est opposée. Donc,
on est en face de la situation suivante: L'autorité municipale qui,
juridiquement, est la seule à avoir le droit de zoner, a effectivement
zoné et a zoné en fonction d'industries. On a une industrie qui
demande un permis de construction pour s'installer, conformément aux
règlements de zonage. A cet endroit, la ville est prise entre... Va-t-on
émettre le permis de construction ou non, sachant qu'il y a dans un
contrat de nature strictement privée une clause restrictive qui limite
cela à l'usage commercial. En fait, même sur ce terrain, il y a
déjà un usage industriel. Il s'agit de l'usine que je vous ai
mentionnée tout à l'heure.
La seule chose que nous demandons à la commission parlementaire,
c'est d'enlever cette restriction. M. le Président, j'attire l'attention
de la commission sur le fait suivant: On n'enlève aucun recours à
personne en faisant cela. Dans le projet de loi, on a bien indiqué que
les recours demeurent et que ces recours peuvent être pris contre les
municipalités et on a inséré évidemment une
prescription de deux ans à partir de la date de l'adoption du projet de
loi. Nous aimerions que cette prescription soit, comme dans des cas semblables,
limitée à six mois, quitte à ce que vous nous obligiez
à faire une publicité de la chose postérieurement à
l'adoption du projet de loi, mais, de grâce, nous vous demandons de ne
pas confondre la question de droit civil avec la question de droit municipal.
Là, c'est une municipalité qui, de toute façon, quel que
soit le projet qu'on voudra réaliser à cet endroit, a les mains
liées et doit, comme municipalité, comme corps public qui est la
seule à avoir juridiquement le droit de zonage... Elle demande justement
qu'on enlève cette clause.
C'est le principe, c'est l'historique de la question.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Me Pinsonnault, à quelle date la ville
a-t-elle affecté cette parcelle de terrain par son règlement de
zonage?
M. Pinsonnault: En 1972.
M. Lalonde: En 1972; donc, en 1961, lors du contrat, il n'y avait
aucune disposition de zonage sur cette parcelle de terrain?
M. Pinsonnault: Probablement que non; c'est peut-être pour
cela que le propriétaire a lui-même jugé bon
d'insérer dans ce contrat des dispositions de la nature du zonage.
M. Lalonde: Vous dites que c'est une clause restrictive d'usage
du terrain et du zonage?
M. Pinsonnault: C'est effectivement cela.
M. Lalonde: Ne voyez-vous pas une différence entre un
engagement, entre un vendeur et un acheteur, quant à l'usage du terrain
vendu à l'acheteur, et le zonage qui, au fond, est fait par une
municipalité pour déterminer quel sera l'usage de tel quartier et
quel sera l'usage de tel autre? Je vois difficilement quel est votre fondement
juridique quand vous dites que cela est du zonage, cette clause restrictive, et
que seule la municipalité a le droit de faire ce genre de choses, alors
que le Code civil donne au propriétaire le droit de le faire.
M. Pinsonnault: Oui, pour répondre à cela, il faut
prendre l'historique du droit, je pense bien, avant que les
municipalités aient le pouvoir juridique de faire du zonage,
c'est-à-dire de restreindre le droit de propriété des
individus, chose qui n'est arrivée, dans la Loi des cités et
villes si je ne me trompe que vers 1895, 1900 ou 1910. Avant
cela, le Code civil existait. Le Code civil permettait justement
d'établir les servitudes que l'on voulait, d'établir les
conditions entre acheteur et vendeur que l'on voulait, mais, à ce
moment-là, les villes n'avaient jamais le pouvoir de restreindre le
droit de propriété ou le droit d'usage par ce qui est l'essence
même de la fonction de zonage.
Les corporations municipales, il y a à peu près 50 ans,
ont obtenu ce droit. Le droit de zonage et l'exercice du droit de zonage sont,
par essence, une limitation du droit de propriété, du droit
d'usage de la propriété, dans son essence même. Il est bien
évident qu'à ce moment, les corporations municipales, quand elles
agissent, relèvent du droit public; ce droit public a priorité
sur le droit privé, mais c'est postérieur aux dispositions de
droit privé qui étaient dans le droit civil. C'est ainsi que les
choses se sont passées. C'est pour cela que je vous dis qu'en fait, le
zonage, dans son essence même, est une limitation du droit de
propriété, comme, par exemple, deux personnes ensemble, dans un
contrat, peuvent très bien, si elles le veulent, insérer
elles-mêmes des conditions juridiques de droit civil qui, elles aussi,
sont des restrictions de droit de propriété.
C'est fort possible, mais je vous dis qu'à partir du moment
où les corporations municipales ont obtenu ce pouvoir extraordinaire et
limitatif d'ailleurs de droit public, de restreindre le droit de
propriété en restreignant l'usage de propriété, ce
qui est l'essence même du zonage, à partir de ce moment-là,
justement, comme le droit public a priorité sur le droit privé et
que ces dispositions sont d'ordre public, parce que ce sont des dispositions
qui sont faites pour le bénéfice commun d'une
collectivité, les contribuables d'une municipalité, ces
dispositions ont priorité, c'est-à-dire ce droit de faire du
zonage ou de limiter le droit de propriété pour fins de zonage a
priorité sur le droit que les individus ont dans le Code civil
même; c'est pour cela que je dis qu'à partir de ce
moment-là, les propriétaires individuels ne devraient jamais
insérer des conditions semblables dans des contrats de nature
civile.
M. Lalonde: M. Pinsonnault, si vous avez raison, vous n'avez pas
besoin de venir nous voir à ce moment-là, vous allez en cour.
M. Pinsonnault: Je m'attendais à cela.
M. Lalonde: Je ne veux pas dire que je partage votre
thèse, mais si votre thèse est valide en droit, à ce
moment-là, les cours sont là pour la faire valoir.
M. Pinsonnault: Je suis entièrement d'accord, mais
remarquez bien qu'on fait face à un problème strictement
pratique. Actuellement, à peu près 250 propriétaires sont
concernés. En plus de cela, ces propriétaires étaient les
propriétaires d'origine de ces terrains qui ont été lotis
postérieurement à ce contrat. Il y a de ces propriétaires
qui ont vendu; il y a des successions en voie de règlement; il y a des
personnes qui sont disparues; il y a des personnes qui sont
séparées. Vous savez qu'il y a des divorces qui ne sont
même pas réglés et que cela prend très souvent assez
longtemps à les régler, mais, de toute façon,
juridiquement on fait face à un problème d'ordre
strictement municipal et strictement pratique on n'est pas capable,
physiquement, de rejoindre toutes les personnes qui, juridiquement, pourraient
signer un contrat. On y a pensé, c'est la première des choses
à laquelle on a pensé; on a dit: Pourquoi ne pas faire un contrat
notarié où on va faire signer toutes les personnes
intéressées? Or, il faut trouver les personnes qui sont
juridiquement intéressées. Comme on en a au-delà de 250 et
qu'en plus, il y en a qui, juridiquement, ne pourraient pas signer cela, parce
que cela comprend des successions non réglées, des divorces qui
ne sont pas réglés, des communautés non partagées.
Dans dix ans, on va être encore au même point et tout cela bloque
le développement d'une ville.
M. Bédard: M. Pinsonnault, vous avez parlé,
à un moment donné, de 100 propriétaires concernés
et vous venez parler de 250.
M. Pinsonnault: Là, je parle de 250, parce qu'après
vérification... Je croyais qu'il y en avait 100, mais il y a
rectification, c'est mon erreur, il y en a à peu près 250. Je ne
vous donne pas le chiffre de façon certaine, mais approximativement. M.
le maire est ici et il pourra vous le mentionner.
M. Lalonde: Mais le fait qu'il y ait 250 personnes
intéressées, ce qui, pour vous, est un argument pour
procéder de façon plus radicale que vous le proposez ici, est
peut-être pour nous, un argument nous justifiant d'y aller beaucoup plus
prudemment. Si on doit changer les rapports juridiques je n'ai pas
employé le mot "lésé", parce que cela inclut un jugement
de valeur si on doit modifier les rapports juridiques sans le
consentement des personnes, le législateur doit y aller prudemment,
à ce moment-là, Me Pinsonnault. Vous considérez qu'il
pourrait y avoir, ne serait-ce que par pure hypothèse, surtout que M. le
maire a dit tantôt, quand on a changé le zonage, récemment,
qu'il n'y a pas une seule âme de ce coin qui se soit opposée
à cela, quoiqu'on sait très bien comment cela se passe. Souvent
on ne lit pas le journal le jour de la publication de l'avis en question et on
n'a pas connaissance de ce changement, mais, même s'il y en avait
seulement un ou deux qui verraient un intérêt à ce que cela
demeure commercial, à ce moment-là, ne se trouverait-on pas
à changer les rapports juridiques sans sa connaissance et sans son
accord?
M. Pinsonnault: Deux choses. Premièrement, depuis 1972, ce
n'est plus commercial. Même si un gars voulait y faire du commerce, il ne
le pourrait
pas, parce que c'est zone pour fins industrielles, par règlement
de zonage, et personne ne s'y est opposé. C'est zoné, c'est en
vigueur présentement. Personne ne peut l'utiliser, dans le concret, pour
fins commerciales. La réalité est là. On ne le peut pas,
parce que le règlement de zonage a été modifié en
1972 et que ce règlement a donné comme usage à cette
parcelle de terrain l'usage industriel.
M. Bédard: N'y aurait-il pas la possibilité que des
propriétaires fassent sauter, excusez l'expression, le règlement
de zonage en se basant sur des droits acquis?
M. Pinsonnault: Premièrement, ils ont trois mois, ils
avaient trois mois après l'adoption du règlement pour faire
casser le règlement.
Deuxièmement, si, effectivement, tout usage industriel de ce
terrain de 1,5 million de pieds carrés causait quelque préjudice
que ce soit, ils seraient déjà intervenus depuis 1972 soit pour
le faire casser en vertu de toute irrégularité ou
illégalité dans les trois mois de prescription après
'l'adoption du règlement, soit pour ultra vires ou injustice grave
équivalant à fraude, nullité absolue en vertu de l'article
33 du Code de procédure civile. Pour cela, il n'y a pas de prescription.
Ils auraient pu le faire. C'est donc qu'en fait qu'il n'y a aucun
préjudice.
Deuxièmement, c'est tellement vrai qu'il n'y a aucun
préjudice que, quand le règlement de zonage a été
voté, la modification pour changer le zonage de commercial à
industriel, il n'y a personne qui s'est objecté.
Troisièmement, et là-dessus je suis obligé de vous
exprimer simplement une opinion, mais qui est partagée par tous les
juristes et tous les spécialistes en droit municipal, une modification
de zonage ne donne jamais recours à des dommages-intérêts.
Si cela était, il n'y a pas une municipalité qui pourrait bouger.
Donc, toute modification au zonage, c'est-à-dire quant à l'usage
d'un terrain, ne crée pas ou ne peut pas créer de dommages en soi
par le changement d'usage.
Mais le bill va beaucoup plus loin que cela. Pour répondre
d'ailleurs à votre préoccupation qui honore toute la commission,
on ne veut léser personne. Le droit que les gens ont dans ce document,
qui est le contrat qui a été passé, ce droit, on le
retrouve et il est consacré dans l'article 2 du bill. La seule chose
qu'on dit, c'est qu'on va tout de même y mettre un terme. Le droit est
là. S'il y a des dommages, ils prendront action dans les deux ans, mais
il faut tout de même libérer à un moment donné ce
terrain pour que la municipalité puisse émettre un permis de
construction. Autrement, vous allez laisser une municipalité avec une
parcelle gelée de territoire. Cette parcelle se trouvant à
l'intérieur d'une partie urbanisée, vous gelez également
tout le pourtour. C'est pour cela que je vous disais que c'était une
question d'ordre public et d'intérêt public.
M. Bédard: Je pense bien résumer votre pen-
sée. D'ailleurs, on a eu l'occasion d'étudier le projet de loi
que vous nous présentez ce matin. C'est un projet de loi qui,
effectivement, comme vous l'avez dit, annule une servitude contractuelle
limitant à des fins commerciales l'utilisation de certains terrains.
Cette disposition a pour effet de toucher quand même environ 250
propriétaires.
Tel que vous nous l'avez dit aussi, vous me corrigerez si ce n'est pas
exact, une compagnie a été formée. Elle a fait une offre
d'achat pour un terrain dont une partie est justement gênée ou
grevée par la servitude en question. Cette offre a déjà
été prolongée à deux reprises...
M. Pinsonnault: A deux reprises jusqu'au 20 août.
M. Bédard: La compagnie, vous nous l'avez dit, a un projet
d'envergure, de construction d'habitations à forte densité. Elle
a aussi l'intention d'utiliser déjà des bâtiments qui sont
en place et qui ont été construits pour des fins industrielles
après qu'il y ait eu justement le changement de zonage,
c'est-à-dire de commercial qu'il était en zone industrielle.
Vous nous avez mentionné que la municipalité avait fait
modifier ce règlement.
M. Pinsonnault: En 1972.
M. Bédard: ... en 1972 et qu'un avis en bonne et due forme
avait été envoyé à tous les propriétaires et
que personne n'est venu contester cet avis.
En ce qui nous regarde, on n'a aucune objection de principe je ne
sais pas si je me fais l'interprète de tous les membres de la commission
du point de vue gouvernemental, on n'a aucune objection de principe.
Cependant, comme vous l'avez dit, vous ne voulez léser aucun des
propriétaires. Vous avez prévu une disposition à l'article
2 qui indique cette intention de ne pas léser pécuniairement
quelque propriétaire que ce soit par ce projet de loi. Je conçois
aussi que vous ne voulez pas les léser dans leur droit de s'exprimer
face à un projet de loi comme celui que vous présentez. Je ne
sais pas pour quelle raison, ce sera à eux à l'évaluer, de
pouvoir venir s'exprimer en commission parlementaire s'ils le jugent à
propos.
Nous n'avons aucune objection de principe, cependant, je crois que les
250 propriétaires ce qui n'a pas été fait
devraient être avertis pour leur permettre de venir se faire entendre, si
tel est leur désir. Il y a d'ailleurs déjà eu d'autres
projets de loi de nature semblable qui ont été
présentés où étaient concernés des
individus. Au sujet de leurs droits civils... Vous dites que ce n'est qu'une
question de zonage. Il y a quand même une question de droit civil. Je
pense, entre autres, au cas d'Ivanhoe Corporation qui a été
présenté en 1974. La commission avait décidé qu'il
était préférable que les propriétaires
concernés puissent être avertis de manière qu'ils puissent
venir s'exprimer. D'autre part, vous nous avez indiqué des délais
assez courts quand même, étant donné les offres
d'achats. Je pense qu'il y aurait possibilité de concilier votre
urgence, ou celle de la municipalité, à voir clarifiée la
situation en même temps que cette préoccupation quont toujours eue
les commissions parlementaires d'entendre, de permettre au moins...
d'être convaincues que les intéressés ont la
possibilité de se faire entendre lorsqu'un projet de loi quelconque les
concernant est présenté.
Suspension de l'étude du projet de loi
M. Bédard: Je vous proposerais la solution suivante: Que,
dès maintenant, nous ajournions nos travaux concernant ce projet de loi
pendant précisément une semaine, que, dès maintenant, vous
avertissiez chacun des propriétaires de manière que, dès
la semaine prochaine, on puisse vous réentendre. A ce moment-là,
les propriétaires, ayant été avertis, s'ils veulent venir
s'exprimer, viendront.
M. Pinsonnault: M. le ministre, je vous remercie de cette...
M. Bédard: Si vous me permettez, juste une petite... Dans
le cas d'Ivanhoe Corporation, on m'informe qu'on avait demandé que les
propriétaires concernés soient informés et qu'on leur
adresse une copie du projet de loi.
M. Pinsonnault: Justement, j'allais suggérer que nous
fassions polycopier le projet de loi et que vous l'envoyiez à toutes les
personnes intéressées. Je voudrais simplement souligner que nous
avons déjà je ne voudrais pas que vous pensiez qu'on
essaie de passer un projet de loi à l'insu des contribuables
depuis quatre mois, fait neuf publications c'est bien connu à
l'hôtel de ville, et par les contribuables nous avons fait quatre
publications dans le Nouvelliste, quatre publications dans un journal anglais,
de même que dans la Gazette officielle. De toute façon, c'est une
suggestion que la municipalité accepte, je pense. Nous, si cela vous
convient et si vous acceptez l'attestation des officiers de la corporation
municipale, nous allons faire polycopier le projet de loi et nous allons
l'envoyer à toutes les personnes qui en prendront connaissance. Nous
reviendrons devant la commission parlementaire.
M. Lalonde: M. le Président.
M. Bédard: En leur donnant l'avis que, d'ici une dizaine
de jours, il va être présenté ici.
M. Pinsonnault: Maintenant, M. le ministre, je vous demanderais
nous acceptons la suggestion... Le texte de loi prévoit à
l'article 2 un délai de prescription de deux ans. Or,
généralement, le délai de prescription en ces
matières, dans les projets de loi antérieurs, était de six
mois. Etant donné que nous allons faire une publication chez tout le
monde, je demanderais que vous acceptiez tout de même, dès
maintenant, de modifier ce chiffre de "deux ans", par "six mois", remplacer le
délai par six mois.
M. Bédard: J'aimerais mieux, à ce stade-ci, ne pas
m'engager ni engager la commission, de quelque manière que ce soit, dans
des amendements qui, à mon sens, seraient prématurés, au
moment où...
M. Pinsonnault: Dans une semaine, on pourrait faire la même
demande.
M. Bédard: On pourra en rediscuter et, nous-mêmes,
nous nous informerons.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je veux accueillir avec satisfaction la
circonspection du ministre à l'égard de votre problème. Je
pense que quand les droits des gens sont affectés on ne parle pas
naturellement de droits fondamentaux ici, on parle quand même de droits
civils il faut agir de telle sorte que l'exercice de ce droit et de ces
droits soit possible.
Quand, Me Pinsonnault, vous me dites que la ville est gelée, je
vais vous dire que la ville s'est gelée. Lorsque la ville a fait son
règlement de zonage, vous m'avez dit que c'étaient plusieurs
années après ce contrat; il me semble qu'un simple examen des
titres de cette propriété aurait révélé
qu'il y avait des problèmes et que, parfois ce n'est pas un
jugement que je porte à votre cliente les municipalités se
conduisent avec un petit peu d'imprudence dans des cas comme ça. On
pense, parce qu'on est une autorité civile, une autorité
municipale, qu'on a le droit de patauger dans les droits des gens et, à
ce moment-là, on s'aperçoit qu'on est obligé de se
retrouver devant une commission parlementaire.
C'est pour ça que j'accepte avec beaucoup de réserve
l'argument voulant que la ville soit gelée; il faut venir à son
secours. Si la ville s'est gelée, qu'elle se dégèle. Et la
question, à savoir: Maintenant, on a un gros développement, et si
c'est un développement commercial, c'est fort possible que ce soit la
ville qui a décidé que ce soit industriel, à un moment
donné. Alors, j'accueille avec un peu de réserve votre argument
là-dessus.
Sur la suggestion du ministre, naturellement, j'ai dit que j'accueillais
avec satisfaction sa circonspection. Maintenant, l'avis d'une semaine, je ne
voudrais pas que ce soit simplement une formalité. Cela
m'apparaît, si peu de gens ou, enfin, aucun, n'a réagi à un
changement de zonage récemment, je me demande si réellement, on
pense sérieusement qu'ayant reçu une copie de ce projet de loi
qui, quand même, est en jargon juridique il faut l'avouer, c'est
normal qu'ils vont se rendre à Québec pour venir en
commission parlementaire à leurs frais. Cela, je voudrais... Et
naturellement, je constate que c'est un effort additionnel que le ministre vous
suggère, qu'il le fait su-
rement de bonne foi; mais je réserve, quant à moi,
à la prochaine séance de cette commission, mon opinion, à
savoir si réellement, j'ai la satisfaction que le maximum a
été fait pour faire en sorte que l'exercice de ces droits, qui
ont été créés en vertu d'un Code civil, qui est
aussi officiel, qui est aussi bon que le Code municipal et que la Loi des
cités et villes, que l'exercice de ces droits soit possible, dans les
meilleures conditions possible.
C'est donc un au revoir qu'on vous donne, en ce qui me concerne, mais je
réserve mon opinion là-dessus.
M. Bédard: Pour, peut-être...
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aurais seulement quelques mots à ajouter.
Je pense que quel que soit l'historique qu'on a suivi dans ce dossier, que ce
soit la faute de la municipalité ou des gens qui ont fait le contrat
à l'époque, je pense qu'on est en face de faits et qu'il y a un
problème qu'il faut régler. Bien sûr j'accepte la
suggestion du ministre d'emblée, parce qu'il faut nécessairement
avertir les propriétaires du changement qui va avoir lieu sur leurs
propres terrains. On comprend qu'il y a eu plusieurs publications à ce
sujet-là, mais il peut y avoir des propriétaires qui sont de
l'extérieur, qu'il a été difficile de rejoindre par ces
publications. Alors, j'accepte d'emblée la suggestion du ministre
là-dessus, et je pense que lorsque les gens qui sont
propriétaires de terrains recevront le projet de loi, peut-être
avec une lettre d'explication, à ce moment-là, si cela les
affecte, ils vont sûrement se déplacer pour venir nous faire part
de leurs commentaires. A ce moment-là, on pourra juger de la
façon dont on procédera.
M. Bédard: Alors, on s'entend? Vous avertissez tous les
gens qui pourraient prétendre à des droits. Egalement, pour faire
suite à une remarque faite par le représentant de l'Opposition
officielle qui signalait que la remise de ce projet de loi est quand même
de nature, pour ceux qui n'y sont pas habitués, très difficile de
compréhension, peut-être y aurait-il lieu, pour une meilleure
compréhension, de rédiger un petit texte, que tout le monde peut
comprendre, qui leur ferait voir très clairement quel est l'objet de la
communication, et je pense qu'avec un délai de dix jours...
Si je dis dix jours, c'est parce que je pense qu'il faut tenir compte du
fait qu'il y a quand même un délai au-delà duquel certaines
offres ne seront plus valables.
M. Pinsonnault: Exact, M. le ministre. J'ai d'ailleurs remis
à Me D'Amours des documents, à titre confidentiel
évidemment, mais qui indiquent bien que l'offre a été
prolongée, à cause du retard dans la présentation du
projet de loi, au 20 août. Il faudrait que cela soit avant le 20
août.
M. Bédard: Bon.
M. Pinsonnault: Ce serait ajourné à quand?
J'aimerais que M. le maire vous dise un petit mot.
M. Desrosiers (Réal): C'est simplement pour vous dire
merci d'avoir bien voulu nous écouter. Je pense que c'est
sérieux. Cela s'est produit en 1961. L'intention du vendeur, à ce
moment-là, était de ne pas se créer de concurrence. Model
Plan Development était propriétaire de toute l'étendue du
terrain. Ne voulant pas, elle-même, se créer de concurrence parce
qu'elle en vendait une grande partie pour un centre commercial, elle a
évidemment mis des réserves sur le résidu. Maintenant le
résidu a été vendu. C'est habité, c'est
occupé. Le centre commercial est disparu, cela a fait faillite. Cela a
été récupéré par un autre
propriétaire qui a revendu les espaces pour de l'industrie. La
municipalité, en 1972, a zoné cela industriel, et on se retrouve
dans un imbroglio. Nous n'avons aucune objection à consulter tout ce
monde-là; je vais même m'en occuper personnellement et, pour
consoler M. Lalonde, je lui dirai que, le 6 décembre 1961, il y avait
exactement six mois que j'étais maire. En 1977, on ne me passera pas le
même sapin, même dans un contrat privé. A ce
moment-là, les mutations parvenaient à l'hôtel de ville
trois ans après que les contrats privés étaient faits.
Aujourd'hui qu'on a les contrats dans les semaines qui suivent, on est en
mesure d'accepter ou de refuser certaines clauses, même dans les contrats
privés, et de faire intervenir la réglementation municipale
immédiatement, ce qui n'était pas le cas en 1961 et je n'avais
pas 18 ans d'expérience.
M. Lalonde: M. le maire, je vous félicite de votre
longévité comme maire, je ne savais pas que vous étiez
maire depuis si longtemps. L'avoir su, j'aurais peut-être formulé
autrement mes réserves. Mais, ce n'était sûrement pas un
reproche personnel que je vous adressais.
Le Président (M. Clair): M. le maire, Me Pinsonnault, je
pense qu'il n'y a pas d.'autres...
M. Pinsonnault: La date de l'ajournement?
M. Bédard: Avec votre permission, M. le Président.
Il y avait un élément à soulever, la date de
l'ajournement; c'est un peu embêtant parce qu'on ne le sait pas. Nous
devons fonctionner en respectant les ordres de la Chambre.
Le Président (M. Clair): Je pense que la commission n'a
pas le pouvoir, à mon sens, d'ajourner les travaux à une date
précise. Nous devons ajourner sine die.
M. Bédard: Donnez-vous un délai raisonnable. Nous
communiquerons avec vous pour vous dire quelle serait la date d'audition.
M. Pinsonnault: Nous sommes aujourd'hui le 10. Si on disait 17,
ajournement au 17, serait-ce possible à titre...
M. Lalonde: On ne peut pas ajourner au 17 la commission
parlementaire. Je suggère respectueusement... On meurt à midi ou
à 13 heures; on est en vertu d'un ordre de la Chambre ou d'une
motion.
Le Président (M. Clair): Je pense que, techniquement, on
doit suspendre l'étude de ce projet de loi. Nous entamons par la suite
l'étude du projet de loi no 57. Lorsque la Chambre nous ordonnera de
nous réunir à nouveau, à ce moment-là, la
commission sera convoquée. J'imagine que le secrétariat des
commissions vous informera, dans les meilleurs délais possible, de la
date à laquelle il y aura convocation de la commission pour les fins du
projet de loi privé no 240, après consultation avec le leader du
gouvernement; j'imagine que vous serez avisés suffisamment
tôt.
M. Lalonde: C'est...
M. Bédard: Je pense que, justement, cela ne répond
pas à l'autre élément. C'est que les gens doivent savoir
à qui s'adresser, entre-temps. Peut-être y aurait-il lieu de
prévoir dans votre lettre que cegx qui ont des objections à
formuler, qu'ils les formulent dans un délai "x" au niveau du
secrétariat des commissions.
M. Pinsonnault: Au secrétariat des commissions.
M. Bédard: Ensuite...
M. Pinsonnault: On part quand même assurés que,
nonobstant ce que M. Lalonde a dit tout à l'heure, la commission,
juridiquement, va continuer à exister et qu'elle pourra siéger.
J'ai cru percevoir que...
M. Lalonde: Voici. La commission ne peut pas ajourner
elle-même les travaux. On vit en vertu d'un ordre de la Chambre,
aujourd'hui. Maintenant, une assurance du ministre de la Justice, à
votre place, je l'accepterais...
M. Pinsonnault: Je vous remercie de votre conseil.
M. Lalonde: II parlera au leader du gouvernement.
M. Pinsonnault: Merci beaucoup, M. le Président; merci, M.
le ministre; merci, messieurs.
Le Président (M. Clair): La commission suspend donc pour
l'instant l'étude du projet de loi no 240.
M. Bédard: Avant de procéder à
l'étude du projet de loi 57, m'accorderiez-vous deux ou trois minutes de
suspension?
M. Lalonde: Sûrement.
Le Président (M. Clair): Je vous indique
immédiatement avant de commencer l'étude, article par article, du
projet de loi no 57 que s'est joint à nous, M. Gravel (Limoilou) en
remplacement de M. Alfred (Papineau).
M. Lalonde: Si vous permettez des changements au milieu, je n'ai
pas d'objection, mais je voulais le savoir.
Le Président (M. Clair): Je vous indique que je n'ai pas
voulu procéder au.changement au début, au moment où est
arrivé le député de Limoilou, pour la simple raison que
j'aurais interrompu à ce moment les intervenants. J'ai
préféré attendre à ce moment simplement.
M. Lalonde: Cela me fait plaisir.
M. Charbonneau: Je n'ai pas d'objection à ce que M. le
député de Marguerite-Bourgeoys soit remplacé par M. le
député de Mont-Royal.
M. Lalonde: M. le Président, on désire ma
disparition...
M. Charbonneau: Non, on est certain qu'on a besoin de vous.
M. Lalonde: II faudrait un bon alibi au député de
Verchères, si jamais je disparaissais.
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys a raison en ce sens qu'il n'est pas de coutume de
remplacer des gens en cours de séance, mais...
M. Lalonde: Non, j'admire votre libéralité.
Le Président (M. Clair): Je vous en remercie. Il y a
consentement?
M. Lalonde: Oui.
Projet de loi no 57
Le Président (M. Clair): II y aurait maintenant lieu de
désigner un rapporteur pour le projet de loi no 57. M. Gagnon est-il
bien membre de la commission? Oui, il est membre pour aujourd'hui, alors M.
Gagnon (Champlain) agira également comme rapporteur pour ce projet de
loi.
Concernant le projet de loi no 57, M. le ministre de la Justice.
Exposé du ministre, M. Marc-André
Bédard
M. Bédard: M. le Président, je n'ai pas l'intention
de faire un long exposé, puisque nous avons déjà eu
l'occasion de faire quand même lors...
M. Lalonde: Je m'excuse d'interrompre le ministre, mais, à
mon sens, je ne l'interromps pas, parce que je ne l'entends pas, à cause
du bruit ici. S'il avait la gentillesse de s'approcher de son micro.
M. Bédard: Ou si on avait la gentillesse de voir si on
peut faire cesser ce bruit.
M. Lalonde: Je ne suis pas au pouvoir, pour encore quelque
temps.
M. Charbonneau: Prenez votre mal en patience, vous en avez pour
longtemps.
M. Bédard: Comme je le disais, M. le Président, je
n'ai pas l'intention de faire un long exposé au début des travaux
concernant l'étude de ce projet de loi, article par article, puisque
nous avons déjà eu l'occasion de le faire lors de la
deuxième lecture. J'avais indiqué que ce projet de loi
constituait une série de mesures immédiates qui s'imposaient pour
répondre à une situation bien précise. J'avais
indiqué aussi que ceci était nécessaire, puisqu'il y avait
un problème de structure qui se posait, ce qui faisait qu'il y avait une
nécessité de clarifier certaines fonctions, entre autres celles
du Conseil de sécurité publique et celles du directeur du service
de police et qu'il y avait également un problème d'hommes. Il est
évident que ma conviction n'a pas changé, M. le Président,
et je crois qu'il serait opportun de peut-être faire le point sur les
hommes concernés par ce projet de loi d'une façon tout à
fait particulière, à savoir M. L'Ecuyer, président du
Conseil de sécurité publique, et M. Daigneault, directeur du
service de police de la Communauté urbaine de Montréal.
M. le Président, je voudrais porter à l'attention de la
commission qu'en date du 3 août 1977, j'ai reçu, de la part de M.
L'Ecuyer, une lettre qui confirme son intention de démissionner, dont
j'avais fait part à l'Assemblée nationale, suite à des
questions précises. La lettre se lit ainsi:
M. le Président,
Je fais suite à nos pourparlers récents au sujet de ma
situation personnelle dans le cadre des modifications que vous entendez
apporter à la loi créant le Conseil de sécurité
publique par les amendements prévus au projet de loi 57 que vous avez
déposé dernièrement.
Ainsi que je vous l'ai dit, je vous confirme que je suis disposé
à donner ma démission du poste que j'occupe de président
du Conseil de sécurité publique, étant donné que
les changements proposés comportent des modifications substantielles au
rôle et à la tâche que jouera dorénavant le
président du futur Conseil de sécurité publique.
Dans ces conditions, je démissionne du poste que j'occupe
actuellement, ma démission devant prendre effet au moment où le
gouvernement le jugera opportun.
Veuillez agréer, monsieur, mes salutations
distinguées.
M. Paul-Emile L'Ecuyer.
Avec, comme témoin, la signature de M. Jérôme
Choquette.
J'avais indiqué, M. le Président, à un moment
donné que M. L'Ecuyer m'avait fait part de son intention de
démissionner, ce qui se concrétise maintenant, mais qu'il y avait
des discussions sur une compensation financière qui devait être
discutée du fait que cette démission avait pour effet
d'écourter son mandat de deux ans, du fait également qu'il y
avait une promesse bien spécifique de la part du premier ministre
Bourassa qu'une pension lui soit accordée étant donné une
certaine situation particulière. C'est ce qui explique la
deuxième lettre datée du même jour qui me fut
adressée: "Cher Monsieur, "Mon offre de démission en date
d'aujourd'hui, à votre demande, en raison des modifications que vous
entendez apporter au Conseil de la sécurité publique de la
Communauté urbaine de Montréal et de la fonction de
président doit néanmoins respecter l'entente intervenue entre
nous prévoyant le paiement d'une indemnité de départ ou
montant forfaitaire pour tenir lieu des dommages que je subis par la perte de
ma charge et la renonciation à mes droits de pension découlant,
notamment, du document du 23 mai 1975 portant la signature du premier ministre,
M. Robert Bourassa. "Tel que nous l'avons convenu, il me sera versé, au
moment de mon départ, un montant de $75 000. Sur paiement de ce montant,
je donnerai quittance complète et finale au gouvernement du
Québec et à la Communauté urbaine de Montréal.
"Veuillez agréer, cher Monsieur, mes salutations
distinguées".
M. le Président, ceci confirme les discussions que nous avons
eues, M. L'Ecuyer et moi. Il y est joint un autre document dont il est fait
état dans la lettre de M. L'Ecuyer, à savoir le document
signé par M. Bourassa concernant le fonds de pension, qui se lit comme
suit: "M. le Président, on a porté à mon attention que
vous avez dû, en acceptant d'assumer la présidence du Conseil de
sécurité publique de la Communauté urbaine de
Montréal, renoncer à l'exercice de votre profession d'avocat et
qu'aucune pension de retraite n'est prévue dans la loi en vertu de
laquelle vous avez été nommé. "J'ai l'honneur de vous
aviser que j'ai donné mes instructions afin qu'un projet de loi soit
préparé et présenté à l'Assemblée
nationale dès que les circonstances le permettront afin que vous
puissiez bénéficier d'un régime de retraite suivant des
modalités qui restent à être déterminées.
"J'ai aussi demandé que ce projet ait un effet rétroactif
à la date de votre nomination dans les fonctions que vous occupez.
"Veuillez agréer, M. le Président, l'expression de ma
considération distinguée. "Robert Bourassa".
Je conçois que si le projet de loi était adopté, il
est évident, sans qu'il y ait eu entente sur une compensation
financière, que, légalement, il n'y aurait eu aucun recours pour
M. L'Ecuyer, ce qui imposait, à mon humble opinion, une obligation
morale de tenir compte des circonstances dans lesquelles il donnait sa
démission. Le montant de $75 000 est une somme importante. Un calcul
rapide de ce qu'aurait pu entraîner comme dépense le fait que M.
L'Ecuyer continue à son poste et qu'on donne suite à la promesse
formelle de l'ancien premier ministre, M. Robert Bourassa, aurait quand
même totalisé un montant approximatif d'environ $185 800 dans le
sens suivant. C'est que
le traitement de M. L'Ecuyer au premier août 1977 était de
$44 800. Sur deux ans, ceci veut dire une somme de $89 600. Il avait une
allocation de dépenses annuelles de $3600.
Sur deux ans, ceci représente $7200, ce qui veut dire, en tout,
pour deux ans, s'il y avait eu fin de son mandat, une somme d'environ $95 800,
plus une valeur minimale et, je pense, conservatrice, que représente la
rente qui lui avait été promise par la lettre que je vous ai
signalée tout à l'heure. Cela aurait pu représenter un
montant d'environ $89 000, ce qui fait un total appoximatif, tel celui que j'ai
mentionné tout à l'heure, de $185 000.
M. le Président, il y a également je veux
déposer ces documents devant les membres de la commission une
autre personne concernée, d'une façon très
spécifique, par ce projet de loi, à savoir le directeur du
service de police de la communauté urbaine. J'ai eu l'occasion d'avoir
plusieurs rencontres avec M. Daigneault. A la suite d'une de ces rencontres, le
directeur du service, M. Daigneault, me faisait parvenir une lettre
datée du 12 juillet 1977 qui m'était adressée dans les
termes suivants: "M. le ministre, je me réfère à notre
entretien de ce matin, suite à votre convocation au cours de laquelle
vous m'avez demandé de présenter ma démission comme
directeur du service de police de la Communauté urbaine de
Montréal. Pour l'intérêt public et pour celui du service
que je dirige, j'ai demandé de comparaître devant le groupe de
travail que vous avez constitué pour évaluer les fonctions
policières. Je compte présenter un mémoire devant ladite
commission d'ici dix jours chose faite au moment où on se parle,
M. le Président, et la lettre continue dans ces termes: "Dès que
cette étape aura été franchie, je donnerai suite à
votre proposition de démission à la condition sine qua non dont
vous m'avez donné, ce matin, l'assurance, c'est-à-dire que le
président du Conseil de la sécurité publique en fera
autant."
Je dois vous dire, M. le Président, que cette assurance que je
lui ai donnée est exacte. Elle était d'autant plus facile
à donner de ma part que, préalablement à cette rencontre,
le président du Conseil de la sécurité, M. L'Ecuyer,
m'avait très clairement, indiqué son intention de quitter. Tel
que j'ai eu l'occasion de le dire, c'est ma conviction que, pour un nouveau
départ, il y a avantage à ce que deux départs se
fassent.
La lettre poursuit dans ces termes: "Je vous prierais, M. le ministre,
de considérer la présente lettre, comme reflétant ma prise
de position définitive dans la situation actuelle et d'agréer
l'expression de ma haute considération." Signé: M.
Dai-qneault.
On y joint une autre lettre qui fait suite à une rencontre, cette
semaine, qui, effectivement... Elle est assez longue, il n'est peut-être
pas nécessaire de la lire. En fait, cela revient, peut-être plus
en détail, sur ce qui est essentiellement contenu dans la
première lettre, que je viens de porter à l'attention de la
commission. J'informe également les membres de la commission que j'ai
informé M. Daigneault, ce matin, que je déposerais cette cor-
respondance et qu'effectivement il y aura dans la loi un article qui stipulera
que ses fonctions cesseront lors de la nomination de son remplaçant.
M. le Président, c'est le point que je devais faire auprès
des membres de la commission sur ce sujet particulier des deux hommes
concernées d'une façon tout à fait spéciale par ce
projet de loi. Ceci fait, je crois qu'il y aurait lieu de passer à
l'étude du projet de loi, article par article, qui traite des
structures.
Le Président (M. Clair): Avant de donner la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys, M. le ministre, je comprends,
étant donné qu'il y a eu distribution des documents en cause, que
vous n'insistez pas pour qu'il y ait véritablement dépôt et
que lesdits documents soient reproduits en annexe au journal des Débats
ou si...
Parce que les possibilités qui s'offrent à nous sont
celles d'une simple distribution aux membres comme on vient de faire ou encore
de demander formellement...
M. Bédard: Comme j'en ai donné le contenu d'une
façon très explicite...
Le Président (M. Clair): ...presque exhaustive...
M. Bédard: ...je ne crois pas que cela soit
nécessaire que ce soit textuellement inclus au journal des
Débats.
Le Président (M. Clair): Je crois que c'est
préférable.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Remarques de l'Opposition M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: ...nous allons passer à l'article 1,
étant donné que le ministre a choisi cet endroit pour annoncer
des décisions. Vous me permettrez de réagir, avant de passer
à l'article 1 de ce projet de loi.
Il s'agit, naturellement du problème d'hommes que le ministre a
mentionné depuis déjà quelques semaines à
l'Assemblée nationale. Je pense que c'est le député de
Verdun qui lui a posé le problème d'une façon un peu
différente, mais je pense qu'il était un peu tard. Lorsqu'il y a
un conflit de personnalités entre deux personnes qui occupent des
fonctions différentes, mais qui sont appelées à
communiquer, à travailler ensemble, il me semble que cela saute aux yeux
qu'en remplaçant une des deux personnes, on élimine le
conflit.
Le ministre a choisi de remplacer les deux personnes c'est son
choix mais il y a peut-être là une exagération.
Peut-être sa décision est-elle un peu exorbitante. Elle
n'était pas strictement
nécessaire pour éliminer le conflit de
personnalités. Quoi qu'il en soit, on va voir combien cela
coûte.
Les documents déposés indiquent que, quant à M.
L'Ecuyer, c'est un montant de $75 000. Le ministre a fait un calcul qui, je
crois, ne serait pas accepté, selon les règles les plus
élémentaires de la validité mathématique, parce
qu'il calcule deux ans de salaire et d'allocations, enfin ce que Me L'Ecuyer
aurait reçu s'il était resté en poste pendant deux ans
c'est la façon dont je l'ai comprise pour arriver à
$96 800, comme s'il réglait à fort bon compte à $75 000
une dette de $96 800.
Je dis que c'est invalide comme calcul, puisque, si M. L'Ecuyer
était resté en fonction, il aurait travaillé pour ce
salaire. Or, on ne peut pas le calculer comme tel. Ce n'est pas une dette. Cela
devenait une dette seulement si Me L'Ecuyer restait en fonction. Ce qu'il faut
considérer, c'est l'engagement de l'ancien premier ministre, qui restait
un engagement de principe, et je cite le passage de sa lettre du 23 mai 1975,
au deuxième paragraphe: "...afin que vous puissiez
bénéficier d'un régime de retraite suivant des
modalités qui restent à être
déterminées".
On ne peut pas conclure de cet engagement à des chiffres, sauf en
allant voir l'ancien projet de loi 41.
M. Bédard: Voulez-vous me permettre de mentionner que le
calcul, j'ai bien dit qu'il était tait d'une façon globale,
à partir justement de la disposition contenue dans le projet de loi
41.
M. Lalonde: C'est cela. J'ai voulu y venir parce que je pense que
le ministre avait oublié de le mentionner...
M. Bédard: Oui. Je l'avais oublié.
M. Lalonde: C'est le seul critère auquel on puisse
s'accrocher.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: ...pour savoir quel était l'engagement du
gouvernement. Le projet de loi 41 mentionnait, à l'article 62 je crois,
que le président du Conseil de sécurité publique de la
Communauté urbaine de Montréal, qui occupe ce poste à la
date du dépôt de la présente loi, aura droit à une
pension annuelle égale au quart, à la moitié ou à
70% du traitement qu'il recevra à la date où il cessera d'occuper
ce poste pour quelque cause que ce soit et selon que, à cette date, il
aura occupé ce poste pendant au moins cinq, dix ou quinze ans.
Donc, en essayant de clarifier le jargon, je pense que, dans le cas de
Me L'Ecuyer, il aurait eu droit, aujourd'hui, au quart. Je pense que cela fait
moins de cinq ans qu'il est là.
M. Bédard: Rétroactif et indexé.
M. Lalonde: Oui, mais c'est au quart quand même.
M. Bédard: Indexé dans vingt ans.
M. Lalonde: On parle du quart. L'indexation vient au
deuxième paragraphe.
Une Voix: C'est cela!
M. Lalonde: II aurait droit au quart du salaire qu'il aurait,
admettons... Si on transpose cela aujourd'hui, $44 000; donc, à peu
près une pension de $11 000, mais indexée, il est vrai, mais
à partir de 65 ans, pas maintenant; dans une vingtaine d'années
parce que Me L'Ecuyer a à peu près 40 ans ou 45 ans. Dans une
vingtaine d'années, il aurait droit à sa pension indexée,
comme toutes les pensions du gouvernement. D'ailleurs, l'indexation, on le dit
bien au deuxième paragraphe; "Le montant calculé
conformément au paragraphe 1 sera, à compter de la date où
le président cessera d'occuper son poste, ajusté annuellement par
indexation de la manière et à l'époque prescrite
conformément à l'article 130 du Régime des rentes du
Québec". Donc, c'est pour tout le monde. C'est indexé pour tout
le monde. Il me semble que le ministre y est allé un peu fort. Il me
semble que, pour acheter sa paix, pour faire le ménage, il y est
allé un peu fort. On verra peut-être... Je viens seulement d'avoir
ces chiffres, c'est assez difficile. Je ne le lui reproche pas d'avoir
traité avec justice Me L'Ecuyer; au contraire. Je pense qu'il savait que
c'est une des conditions que, quant à moi, j'aurais exigées.
Quand on exige le départ de quelqu'un, il faut que cette personne soit
traitée avec justice. Maintenant, me mettant quand même du
côté de l'administration publique, est-ce que ce n'est pas un peu
cher pour une décision qui, à mon sens, n'était pas
nécessaire, étant donné que le conflit
d'intérêts aurait pu fort bien se régler par le
départ d'un des deux? Mais on voit, par la lettre de Me Daigneault, que
lui, il voyait autrement.
M. Bédard: On ne peut quand même pas tirer au hasard
pour savoir qui doit partir.
M. Lalonde: Pardon?
M. Bédard: On ne peut quand même pas tirer cela au
hasard, pour savoir qui doit partir.
M. Lalonde: C'est une question de jugement.
M. Bédard: C'est une question de jugement de
décider si les deux doivent partir. Je n'ai pas simplement basé
ce départ sur une question de conflit de personnalités. J'ai
parlé d'un nouveau départ, de nouvelles structures et je crois
qu'il était en tout cas, c'est ma conviction
indiqué qu'au niveau des hommes et au niveau de la structure, un
changement se fasse. Je n'ai pas voulu faire d'acrobatie mathématique en
mentionnant certains chiffres de comparaison qui ont été des
indicatifs, en ce qui me regarde, afin de déterminer ce que pouvait
être, comme vous l'avez dit, une compensation juste, étant
donné les circonstances, tenant compte, d'une part, des deux ans
d'abrègement du mandat de M. L'Ecuyer, tenant compte
également de la promesse de fonds de pension que nous avons
évoquée. Vous m'avez dit que vous n'avez sûrement pas
objection à ce que M. L'Ecuyer soit traité avec justice.
M. Lalonde: Au contraire.
M. Bédard: Au contraire, vous en faisiez une condition,
quand même importante, une oeuvre d'appréciation importante. Ce
sont ces motifs qui, je pense, justifient les décisions qui ont
été prises.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question
à poser. Etant donné que M. Daigneault semble assujetti à
sa démission à la condition sine qua non... Je pense que c'est
même mentionné dans la lettre, mais oui: "à la condition
sine qua non que le président du Conseil de sécurité
publique en ferait autant". Etant donné que la lettre tfe Me L'Ecuyer
laisse au bon jugement du gouvernement la date de son départ, est-ce
que, pour rassurer M. Daigneault, vous pourriez nous dire quand le gouvernement
a l'intention de demander à M. L'Ecuyer de partir?
M. Bédard: Je sus informé qu'il doit y avoir...
D'abord, je crois qu'il est important que le projet de loi soit adopté
le plus rapidement possible, tenant compte du fait qu'il y a quand même
des clauses à l'intérieur du projet de loi qui concernent les
négociations et que celles-ci se doivent de reprendre vers le 15 ou le
16 août. Je suis informé, d'autre part, qu'il y aurait,
normalement, une réunion la semaine prochaine du Conseil de la
communauté urbaine où seraient probablement
déterminés, à ce moment-là, les membres qui devront
être nommés pour faire partie du Conseil de
sécurité.
M. Lalonde: Je comprends. C'est lorsque le prochain Conseil de
sécurité sera mis sur pied; à ce moment-là, Me
L'Ecuyer partirait.
M. Bédard: C'est cela, ce qui ne devrait pas tarder.
M. Lalonde: Cela ne devrait pas tarder. Je pense que le
gouvernement, comme il l'a vu jusqu'à maintenant, sauf quant à
notre désir de voir reporter ce projet de loi à deux mois...
M. Charbonneau: Vous avez ce désir-là pour tous les
projets de loi.
M. Lalonde: ... il peut compter sur l'Opposition officielle, en
tout cas, pour que l'examen de ce projet de loi ne tarde pas, sans que ce
soit...
M. Bédard: D'ailleurs, j'ai mentionné en
deuxième lecture je comprends que le député de
Marguerite-Bourgeoys était occupé en commission parlementaire
à ce moment-là, concernant le projet de loi 101 j'ai
mentionné quand même l'appréciation que j'avais du fait que
les oppositions, autant du côté de l'Opposition officielle que du
côté de l'Union Nationale, avaient voté en faveur du projet
de loi en deuxième lecture. Concernant la motion de retard à deux
mois, cela m'aurait fait plaisir d'aller à une commission parlementaire
élargie. Je dois vous dire que j'ai fait plusieurs consultations avant
que le projet de loi soit déposé. Une fois qu'il a
été déposé, j'ai consulté à nouveau
certaines personnes qui sont concernées d'une façon
spécifique par le projet de loi. Je devais tenir compte également
du fait que ce que je vous ai mentionné tout à l'heure, que les
négociations doivent continuer et qu'il est important qu'il y ait un
vis-à-vis le plus rapidement possible pour que les négociations
continuent avec la Fraternité des policiers.
M. Lalonde: M. le Président, donc pour conclure cette
question, j'accepte avec beaucoup de réserve la raison qui dit que c'est
un nouveau départ, et que les gens doivent être changés. A
ce moment-là, à ce compte-là, tous les hauts
fonctionnaires du gouvernement seraient changés à chaque nouveau
départ, à chaque changement de structure. Je pense que ces deux
hommes...
M. Bédard: Je n'ai pas fait un principe
général.
M. Lalonde: Je pense que ces deux hommes ont rendu des services
très importants à leurs concitoyens. Je connais moins le
directeur du service de police qui a sûrement le service de police le
plus complexe et la fonction policière la plus difficile au
Québec, ayant non seulement le corps de police le plus
considérable, mais le milieu le plus difficile au point de vue de
l'exercice de la fonction policière en milieu urbain. Donc, je pense que
c'est un homme qui a quand même fait ses preuves. Quant à Me
L'Ecuyer, avec qui j'ai eu l'occasion de travailler plus directement quand il
était président du Conseil de la sécurité, je crois
qu'il a injecté dans ce service une certaine cohérence
administrative. Il a réussi à rrîettre un contrôle
aux augmentations des coûts de service policier qu'on avait vues depuis
l'intégration, et qui ne semblaient pas devoir être facilement
contrôlées. Il a aussi, et ce n'est pas peu dire, je pense, fait
un travail non seulement de trait d'union, mais d'explication et de
vulgarisation, de justification du service de police vis-à-vis des
municipalités de banlieue. Il a réconcilié, dans une bonne
mesure, non pas que toutes les municipalités de banlieue soient
satisfaites ou aient été satisfaites du service de police de la
CUM, mais il a quand même établi des systèmes de
communication entre le Conseil de sécurité, entre le service de
police et les municipalités de banlieue qui autrefois se plaignaient,
mais se plaignaient au niveau du conseil et ne semblaient pas satisfaites de ce
que le service de police les écoute.
Là-dessus...
M. Bédard: Si vous me permettez, au chapitre de
l'appréciation des deux hommes, j'aimerais quand même vous
indiquer que dans des notes que j'ai adressées à tous les maires
de la commu-
nauté, à tous les maires de banlieue, de même qu'au
maire de Montréal, j'avais tenu, justement, à souligner leur
travail en ces termes et je cite ce n'est pas aujourd'hui que je fais
cette appréciation, mais je l'ai faite au moment où j'ai
déposé le projet de loi. "Je tiens ici à rendre un
tribut mérité à deux hommes qui ont été sur
la ligne de feu dans des conditions extrêmement difficiles, si on s'en
reporte à l'intégration des forces policières et à
toute la situation de structures avec laquelle ils devaient vivre."
Je continuais: "Déjà, il y a un certain temps, tous deux
m'ont indiqué en même temps leurs désirs de continuer
à servir leurs concitoyens et leur entière disponibilité
à quitter leur poste respectif de directeur du service de la police et
de président du conseil de sécurité afin que tous
ensemble, sur le territoire de la CUM, nous profitions d'un nouvel essor avec
une structure plus appropriée aux mois que nous vivons et de nouveaux
responsables qui accepteront à leur tour de consacrer quelques
années à la tête de ces organismes ". Ces offres de MM.
Daigneault et L'Ecuyernaturellement, je les ai acceptées, mais je
les ai priés de demeurer quand même en fonction jusqu'à la
nomination de leurs successeurs respectifs, après l'adoption de la
loi... Je continuais en spécifiant que je voulais les remercier de leurs
longs et patients efforts ainsi que de leur travail inlassable au service de la
communauté dans ces difficiles fonctions qu'ils avaient à
assumer.
Je pense bien que nous sommes sur la même longueur d'onde.
M. Lalonde: Sauf, M. le Président, si vous me permettez
je ne veux pas que cela devienne un débat que ces offres
de démissionner sont interprétées par Me Daigneault comme
je vais mentionner sa lettre du 12 juillet "Je me
réfère à notre entretien de ce matin, suite à votre
convocation au cours duquel vous m'avez demandé de présenter ma
démission", et sa lettre du 9 août le début de sa
lettre est celui-ci: "En revenant à mon bureau, hier soir, au terme d'un
second entretien où, à nouveau, vous avez exigé ma
démission..." M. le Président, il ne faudrait quand même
pas, tout en y mettant les formes, modifier la réalité à
ce point. Je comprends que...
M. Bédard: D'accord! Mais j'espère que vous n'avez
rien contre les formes.
M. Lalonde: Non, mais il ne faudrait quand même pas que ce
soit...
M. Bédard: D'accord!
M. Lalonde: ... décrit différemment de la
réalité. Le ministre a exigé la démission du
directeur du service de la police, qu'il en prenne la responsabilité,
tout simplement.
M. le Président, quant à moi, je suis prêt
à... A moins que le ministre ait quelque chose à ajouter.
M. Bédard: Non, je n'ai pas autre chose.
Le Président (M. Clair): J'appelle immédiatement le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: M. le Président, j'ai seulement quelques mots
à dire là-dessus. Je comprends, d'après les lettres qu'on
nous a remises et tout le contexte de l'affaire, que Me L'Ecuyer a sans doute
négocié la somme forfaitaire de $75 000 qui lui a
été accordée. Je comprends également, je pense que
c'est Me Jérôme Choquette...
M. Bédard: Je m'excuse, il y aura d ailleurs un article
dans la loi autorisant le lieutenant-gouverneur au paiement d'une telle
indemnité.
M. Fontaine: Je pense que c'est Me Jérôme Choquette
qui était avec lui pour négocier ce contrat. Est-ce que vous
pouvez nous dire, étant donné qu'il y a eu des
négociations, quel montant était demandé au départ
pour...
M. Bédard: Je crois que ce serait quand même...
M. Fontaine: Cela nous permettrait d'apprécier comment le
gouvernement...
M. Bédard: La meilleure appréciation que je puis
donner, ce sont les éléments, les critères sur lesquels je
me suis basé pour en venir à ce que je crois être un
montant important, mais en même temps un montant raisonnable dans les
circonstances.
M. Fontaine: Je veux savoir s'il y a eu véritablement
négociation ou si on a exigé $75 000 et qu'on a donné $75
000, ou si on demandait plus et qu'on a...
M. Bédard: Non. Il y a eu véritablement des
négociations qui ont débuté par une demande pure et simple
de donner suite à la promesse de fonds de pension faite par le premier
ministre de l'ancien gouvernement à laquelle je n'ai pas souscrit.
M. Lalonde: Mais peut-être au salaire auquel il aurait eu
droit jusqu'à la fin de son contrat aussi.
M. Bédard: II y a eu également négociations
sur l'ensemble du montant ou des conditions à son départ.
M. Fontaine: Est-ce qu'à ce montant de $75 000 est
également annexée une somme pour le paiement des honoraires
d'avocats?
M. Bédard: Non. C'est uniquement ce montant. Il fallait
quand même tenir compte, je pense, moralement, des engagements pris par
un autre gouvernement que celui dont je fais partie.
M. Lalonde: Arrêtez donc de mettre cela sur la
faute des autres. Vous auriez dû quand même pour le
traiter...
M. Bédard: Ecoutez, vous savez fort bien que ce n'est pas
mon intention de...
M. Lalonde: Bien voyons! Toujours se cacher...
M. Bédard: ... mettre cela sur la faute des autres.
Je n'ai jamais employé le mot "faute". Si vous croyez bon de
l'employer, c'est votre décision, mais il fallait quand même tenir
compte des écrits des autres.
M. Lalonde: Les écrits des autres, c'est simplement la
pension, $11 000, à partir de 1995.
M. Bédard: Plus un projet de loi qui était
là. M. Lalonde: Non, c'est simplement la pension. M.
Bédard: Oui, mais...
M. Lalonde: A part de ça, si vous avez voulu le mettre
à la porte avant la fin de son contrat, à ce moment-là,
c'est votre décision que d'être obligé de le payer
jusqu'à la fin de son contrat. Ce n'est pas la décision de
l'ancien premier ministre, voyons!
M. Bédard: Pardon! Je crois qu'il faudrait bien comprendre
que, à $75 000, ce règlement ne tient pas seulement compte du
fait qu'il lui restait deux ans; il tient compte aussi, au niveau de la
négociation, de la promesse de pension...
M. Lalonde: Sûrement...
M. Bédard: ... et de la somme que ça
représentait.
M. Lalonde: ... mais la promesse de pension est au projet de loi
no 41, en autant que les chiffres...
M. Bédard: Oui, mais c'est ce que je vous dis. J'ai tenu
compte des écrits des autres. C'est ce que je peux vous dire.
M. Lalonde: Pourquoi vous cacher derrière les autres?
...certainement...
M. Bédard: Je ne me cache pas derrière les autres.
Les autres ont été très clairs...
M. Lalonde: Ah oui! C'est facile. M. Bédard: ...
avant moi.
M. Lalonde: Vous auriez simplement pu continuer ce contrat et
garder le projet de loi no 41 et cela aurait été correct.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Bédard: Est-ce que vous voulez dire que c'est injuste,
la compensation...
M. Lalonde: Ce n'est pas ça que je dis, mais prenez donc
la responsabilité de vos gestes.
M. Bédard: On la prend, et je vous dis...
M. Lalonde: Je ne trouve pas cela tellement élégant
de toujours dire "les écrits des autres".
M. Bédard: ... sur quoi je me suis basé...
Le Président (M. Clair): A l'ordre! A l'ordre, messieurs,
s'il vous plaît!
M. Bédard: ... justement...
M. Lalonde: Prenez vos responsabilités.
M. Gagnon: Vous avez l'air de ne pas prendre les vôtres,
vous autres.
M. Bédard: ... prenant mes responsabilités pour en
arriver à un montant de compensation.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
Le député de Nicolet-Yamaska avait demandé la
parole. C'est lui qui l'avait.
M. le député de Nicolet-Yamaska, désirez-vous
intervenir à nouveau?
M. Fontaine: Oui. M. le Président, vous excuserez
peut-être mon ignorance, mais est-ce que le même problème se
pose pour M. Daigneault? Est-ce qu'il aurait également une pension
à verser? Non?
M. Bédard: La question de pension est prévue
concernant les policiers.
M. Fontaine: Je comprends que la négociation avec la
Fraternité des policiers doit se continuer prochainement et que,
aussitôt le projet de loi adopté, il y aura probablement de
nouvelles nominations. Est-ce qu'on peut s'attendre que ces nominations aient
lieu bientôt?
M. Bédard: Dès l'adoption du projet de loi, je vais
procéder aux consultations qui sont indiquées, d'ailleurs, dans
le projet de loi, avant de faire ces nominations. Je vais le faire le plus
rapidement possible, tenant compte d'une situation que je vous ai
exposée tout à l'heure.
Le Président (M. Clair): J'appelle immédiatement
l'article 1. Excusez! Le député de Verchères avait
demandé la parole sur ce sujet, je pense, auparavant.
M. Charbonneau: Rapidement, M. le Président, seulement
pour souligner une remarque du député de Marguerite-Bourgeoys.
Comme ancien Solliciteur général, je m'étonne de voir
qu'il est, à ce point...
M. Fontaine: Est-ce que c'est une question de
règlement?
Commentaires de M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Non, ce n'est pas une question de
règlement, c'est une question d'intervention. J'ai le droit
d'intervenir. Vous êtes intervenu? Vous êtes député?
Moi aussi.
Dans ce sens, M. le Président, je m'étonne que l'ancien
Solliciteur général, qui a pourtant eu à travailler
d'assez près avec les autorités de la police de la
Communauté urbaine de Montréal et du Conseil de
sécurité, ait à ce point mal compris la situation qui
règne dans ce service policier et depuis de nombreuses années,
pour le résumer simplement à une question de conflit de
personnalités.
Quand le ministre...
M. Lalonde: Le ministre, ce qu'il dit, ce n'est pas...
M. Charbonneau: Non, il a parlé de problèmes
d'hommes, mais si vous lisez, par exemple, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, le rapport assez exhaustif qui a été
préparé par Me Dagenais sur la satisfaction du travail des
policiers de la Communauté urbaine de Montréal, qui a
été publié il y a quelques semaines à peine,
travail auquel ont collaboré de nombreux policiers de la
métropole, vous allez vous rendre compte que les problèmes
humains sont autrement plus complexes qu'un simple problème de conflit
de personnalités entre deux hommes qui ne sont pas capables de
s'entendre et de se parler.
Vous n'étiez peut-être pas là à ce
moment-là, mais j'en ai parlé, M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères, n'oubliez pas de toujours vous adresser au
président.
M. Charbonneau: M. le Président, j'ai eu l'occasion, lors
d'un discours en deuxième lecture...
M. Lalonde: On se cite...
M. Charbonneau: ... sur le projet de loi, de rappeler plusieurs
de ces facettes nombreuses et complexes du problème d'hommes et
également de structures qu'on vit actuellement et qu'on vit depuis de
nombreuses années, bien avant l'intégration des services de la
police de la Communauté urbaine à l'intérieur de ces
services, et vouloir résumer bêtement tout ce problème
complexe et grave, et qui perdure depuis de nombreuses années, à
une simple question de conflit de personnalités, je pense que c'est
très mal comprendre la situation qui se vit et le problème de la
sécurité publique qui se vit sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal.
Comme je l'ai indiqué, je pense qu'à juste titre, le
président de la Fraternité des policiers de la Communauté
urbaine, dans un commentaire qu'il a fait au mois de juillet dernier au
mois d'août, c'est la publication de la fraternité pour les mois
de juillet et d'août on commentait justement le mémoire ou
le rapport de Me Dagenais, on indiquait que le directeur Daigneault a eu des
faiblesses nous l'avons d'ailleurs dit mais que toute la
responsabilité du marasme dans lequel la police de la CUM se trouve
présentement retombe sur ses épaules, nous ne sommes pas d'accord
et nous cherchons encore dans notre société l'homme qui aurait
été capable de mener à bien une expérience aussi
farfelue et aussi incohérente que l'intégration des forces
policières de la CUM, intégration et expérience farfelue
que votre gouvernement a lancée et...
M. Lalonde: Vous avez fini?
M. Charbonneau: Non, je n'ai pas fini.
M. Lalonde: M. le Président, je peux bien le laisser
aller. Cela ne me fait rien. Ce n'est pas ma commission, mais où s'en
va-til?
M. Charbonneau: M. le Président, je pense que j'avais le
droit de faire quelques commentaires.
M. Lalonde: Oui. C'est correct. J'ai des question à vous
poser.
M. Charbonneau: Si cela vous énerve, sortez donc.
Arrêtez donc de vous énerver. Vous n'êtes pas à la
commission sur le projet de loi no 101 ici! Vous êtes bien nerveux.
M. Lalonde: J'ai des question à vous poser.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! A l'ordre! M. le
député de Verchères, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charbonneau: Calmez-vous les nerfs un peu.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! Je pense que nous sommes prêts à commencer
immédiatement l'étude, article par article, du projet de loi.
M. Charbonneau: M. le Président, seulement en terminant,
je n'ai pas à me faire imposer une conclusion par le
député de Marguerite-Bourgeoys. Quand on parlait...
A un certain moment, le député de Marguerite-Bourgeoys a
utilisé l'expression faire le ménage et il a pourtant
contesté l'autre expression du ministre, qui était d'amener un
nouveau départ. Je pense que si on accepte le principe qu'il faut faire
le ménage, il faut peut-être commencer quelque part, et cela fait
assez longtemps que les gens à l'intérieur du service de police
de la Communauté urbaine et les citoyens de la métropole
attendent ce nouveau départ pour que, maintenant, on joue les vierges
offensées, qu'on résume toute la question à un conflit de
personnalités.
M. Lalonde: Après la cohérence illuminante
des propos du député de Verchères, pourrait-on
passer à l'article 1, sans cela, on va faire un débat sur le
service de police?
M. Charbonneau: Cela vous inquiète, hein?
Le Président (M. Clair): J'appelle immédiatement
l'article 1.
M. Bédard: Je voudrais quand même...
M. Lalonde: C'est difficile de faire avancer les choses avec
vous.
M. Charbonneau: Avec vous également.
M. Bédard: Je voudrais quand même mentionner
je pense que là-dessus, le député de Marguerite-Bourgeoys
sera d'accord avec moi - qu'il y avait un malaise évident
au niveau de l'ensemble du corps policier, au niveau du fonctionnement de la
structure.
M. Lalonde: Sûrement.
M. Bédard: Je ne prétends pas, par ce projet de
loi, régler tous les problèmes. Je sais très bien que,
quelque structure qu'on fasse, quelque parfaite qu'elle puisse être, elle
n'a de chance de réussir que si on peut y retrouver, à
l'intérieur aussi, la bonne volonté des hommes qui ont à y
oeuvrer et je pense...
Je n'ai pas voulu élaborer sur les conflits de
personnalités. Il y a quand même eu des déclarations qui
ont été faites, tout dernièrement, qui sont
contradictoires, concernant certains départs, d'une part, par les maires
de banlieue, d'autre part, par certains représentants de la ville de
Montréal.
Je vous demanderais de tenir compte de cela au niveau de l'ensemble du
climat nouveau qu'on veut essayer d'instaurer pour le bon fonctionnement de la
structure et aussi du fait qu'il y avait une nécessité d'agir
très immédiatement, je l'ai dit, en se réservant la
possibilité de tenir compte de certaines recommandations qui pourraient
émaner du groupe de travail qui, à l'heure actuelle,
fonctionne le groupe de M. Saulnier et tenir compte aussi
éventuellement de certains projets de restructuration municipale que
pourrait avoir le ministre des Affaires municipales et qui ne sont pas pour
aujourd'hui; d'où l'importance de procéder pour essayer de
corriger ce malaise et, corrigeant la structure, je voudrais également
indiquer que je ne me fais pas d'illusion. La structure ou la réforme
n'a de chance de réussir que si elle trouve sur son chemin une bonne
collaboration de la part de tous ceux qui seront appelés à la
faire fonctionner.
Cet article 1 effectue donc le remplacement de deux sections de la Loi
de la Communauté urbaine de Montréal...
M. Lalonde: M. le Président, avant de commencer, le
ministre a fait une certaine introduction. On a parlé de
problèmes d'hommes. Je dois dire en concluant que le ministre a quand
même ma sympathie en ce qui concerne le règlement des
problèmes d'hommes ou de femmes, enfin des problèmes de
personnes. C'est souvent beaucoup plus complexe à régler que les
problèmes de structures.
La justice est sûrement le fondement sur lequel on doit s'appuyer.
Quant aux problèmes de structure, je dois dire que nous avons,
d'ailleurs, en deuxième lecture, appuyé cette démarche, en
principe. Je crois que des modifications aux structures étaient et sont
nécessaires. Nous en avions, quant à nous, préparé
quelques-unes qui n'ont pas atteint l'étape de ce projet de loi no 57.
C'est une question de choix politique, à savoir conserve-t-on le conseil
de sécurité? En fait-on un autre et comment le fait-on? Quant
à moi, je n'ai pas l'intention de m'attacher à ce qui existait et
de le justifier pour m'opposer à ce que le ministre suggère. J'ai
l'intention de l'examiner de façon positive pour faire en sorte que cela
marche. Si, au-delà des structures, on peut ensuite trouver les hommes
et les femmes qui puissent les faire fonctionner, tant mieux.
Etude article par article
M. Bédard: Je prends cela comme une première
collaboration acquise.
A l'article 1, je voudrais mentionner que cet article effectue le
remplacement de deux sections de la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal, soit la section VIII, qui traite du conseil de
sécurité et qui couvre les articles 196 à 240, et la
section-Villa, introduite par le chapitre 93 des lois de 1971 concernant le
service de police. Cette dernière section ne comporte qu'un seul article
de onze paragraphes, l'article 241a.
M. le Président, nous avons choisi de remplacer les deux sections
au complet plutôt que de triturer chacun des articles. Je crois que ceci
permettra aux personnes intéressées de mieux comprendre la
nouvelle organisation proposée tant pour le conseil de
sécurité que pour le service de police.
M. Lalonde: C'est plus propre, comme amendement.
M. Bédard: L'article 1... On peut constater que cet
article est substantiellement le même...
Le Président (M. Clair): L'article 196. Vous proposez
qu'on procède, article par article, à l'intérieur
même de l'article 1.
M. Lalonde: Oui, autrement, M. le Président, on aurait des
problèmes.
Le Président (M. Clair): Afin que les débats
portent uniquement sur chacun. Alors, l'article 196.
M. Lalonde: M. le Président, je peux dire tout de suite
que je n'ai aucun problème avec aucun de ces articles jusqu'à
201. Il s'agit d'une commission
de la communauté urbaine faite un peu de la même
façon que le conseil de sécurité actuel, sans
personnalité juridique. Il s'agit de sept personnes au lieu de six.
J'accueille la décision du gouvernement de redonner de plus en plus
ce qui était une tentative, une orientation que nous avions
donnée au projet de loi no 41 de redonner à la
responsabilité des élus le contrôle, le comportement ou,
enfin, la fonction de la sécurité publique. J'accueille aussi
avec satisfaction la division des responsabilités qu'il inclut dans la
composition du conseil, division qui met sur un pied d'égalité
les municipalités de la banlieue et la ville de Montréal, chacune
ayant trois représentants, chacune choisissant trois
représentants. Je pense que ce n'est pas exactement conforme aux
proportions, soit de population ou d'évaluation, mais dans l'ensemble,
cela se justifie.
A moins que d'autres aient des problèmes, moi, jusqu'à 200
je n'ai pas de problème.
M. Bédard: Tenons pour acquis que l'article 1 est
adopté.
M. Lalonde: Pas l'article 1...
Le Président (M. Clair): L'article...
M. Bédard: L'article 196. L'article 197, c'est pour plus
de compréhension. Très rapidement, M. le Président, il n'y
a aucune modification. Le Conseil de sécurité publique
n'étant pas un organisme distinct de la Communauté urbaine, mais
un organisme interne, cette disposition n'est pas essentielle, mais nous avons
préféré la répéter, compte tenu du texte
antérieur et pour éviter toute confusion ou discussion à
l'égard de sa disparition. Alors, article 197, adopté?
Le Président (M. Clair): Article 196 adopté Article
197?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Bédard: L'article 198: Le Conseil de
sécurité se compose de sept membres dont un président. Le
nombre de membres du Conseil de sécurité publique est
augmenté d'une personne, compte tenu de la
représentativité que l'on veut atteindre. Article 198,
accepté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Bédard: A l'article 199, nous aurions un amendement qui
se lirait comme suit: "Le Conseil nomme six des membres du Conseil de
sécurité de la manière suivante: le maire et les
conseillers de la ville de Montréal désignent parmi eux trois
personnes dont l'une au moins est en même temps membre du comité
exécutif... '
M. Lalonde: Ah oui! ce n'est pas limitatif, autrement dit...
M. Bédard: C'est cela et, dans la deuxième partie
"les délégués des municipalités autres que la ville
de Montréal désignent parmi eux trois personnes dont l'une au
moins est en même temps de concordance membre du
comité exécutif".
M. Lalonde: Quand on parle du comité exécutif, ici,
on parle de celui du Conseil de la Communauté urbaine de
Montréal?
M. Bédard: C'est cela.
Cet amendement est-il accepté?
M. Lalonde: Cela va, oui.
Une Voix: II s'appelle le Conseil de sécurité
publique.
M. Lalonde: Pardon?
Une Voix: II s'appelle le Conseil de sécurité
publique.
M. Lalonde: Non, c'est le Conseil de la Communauté urbaine
de Montréal.
Une Voix: C'est un comité exécutif.
M. Bédard: Je déposerai l'amendement, tel que
libellé, qui rejoint exactement ce que...
M. Lalonde: Je ne sais pas quelles sont les écritures que
le président doit faire à ce moment-ci, que le rapporteur doit
inscrire, mais il y a un amendement d'adopté.
M. Bédard: Ce serait le suivant, je pourrais le
formuler.
Le premier alinéa de l'article 199 est remplacé par le
suivant: Le Conseil nomme six des membres du Conseil de sécurité
de la manière suivante: le maire et les conseillers de la ville de
Montréal di-signent parmi eux trois personnes dont l'une au moins est en
même temps membre du comité exécutif; les
délégués des municipalités autres que la ville de
Montréal désignent parmi eux trois autres personnes dont l'une au
moins est en même temps membre du comité exécutif ".
M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Clair): L'article 199 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté, oui.
Le Président (M. Clair): Adopté. Je souligne qu'il
y avait également un deuxième alinéa à l'article
199.
M. Lalonde: Au deuxième alinéa de l'article 199, M.
le Président, peut-être que j'aurais quelque chose à dire
là-dessus. "Le lieutenant-gouverneur en conseil je remarque,
d'ailleurs, que les légistes du ministère de
la Justice ont conservé cette appellation alors que d'autres
parlent du gouvernement, maintenant, dans les lois nomme le
septième membre parmi des personnes autres que celles mentionnées
au premier alinéa".
Je sais, naturellement, que, depuis l'intégration, depuis la
formation du Conseil de sécurité, le gouvernement du
Québec s'était impliqué très largement dans la
responsabilité, dans ce secteur, en particulier dans la composition du
Conseil de sécurité où il nommait trois membres dont le
président. Les municipalités de banlieue en avaient un et la
ville de Montréal, deux. Le président avait une espèce de
veto...
M. Bédard: Veto.
M. Lalonde: ...quelconque, de sorte que le gouvernement du
Québec était réellement le patron de la police de la
Communauté urbaine de Montréal.
La tendance actuelle, que j'accueille avec beaucoup de satisfaction, est
de remettre aux élus locaux plus de responsabilité, va-t-elle
aller jusqu'à confier, éventuellement ce serait
peut-être une considération que le ministre pourrait avoir
actuellement au Conseil de la communauté le soin de nommer son
président du Conseil de sécurité? Je vois que c'est le
gouvernement qui continue de conserver l'autorité, par le
président.
M. Charbonneau: C'est à l'article 201.
M. Bédard: Pour le moment, il est évident que le
fait que le gouvernement nomme un membre représente une certaine
présence gouvernementale; vous avez mentionné avec raison que ce
membre nommé par le gouvernement n'aurait plus le droit de veto. J'ai
également mentionné que le membre nommé par le
gouvernement n'est pas nécessairement le président. Si une
unanimité se dégageait au niveau des élus, en fonction
d'un en particulier, à ce moment-là je serais très heureux
de donner suite à ce consensus.
M. Lalonde: Ce n'est pas ce que prévoit la loi. La loi dit
que c'est le lieutenant-gouverneur. Je comprends que je devance l'article 201,
mais 201 se trouve un peu introduit par le deuxième alinéa de
199. Le gouvernement commence par nommer un membre parmi les sept et ensuite
à l'article 201 il nomme le président du Conseil de
sécurité.
M. Charbonneau: Parmi les membres.
M. Bédard: Parmi les membres.
M. Lalonde: Parmi les membres. Mais c'est quand même le
gouvernement qui le nomme. Ne serait-il pas... Je n'en fais pas un amendement
actuellement. Mais j'invite le gouvernement à songer à faire un
"phasing out" qui est déjà commencé par le fait que les
élus nomment six des sept membres au lieu de trois des six autrefois.
N'y aurait-il pas lieu, si le gouvernement veut faire l'amendement
actuellement... Je pense que ce se- rait fort bienvenu de dire que
peut-être le premier président serait nommé par le
gouvernement, mais que les autres seraient nommés par le Conseil de la
communauté urbaine. J'aimerais savoir quelle est l'opinion du ministre
là-dessus. S'il a des réserves, qu'il me les dise.
M. Bédard: J'essaie de procéder par étape.
Je crois qu'il y a lieu de s'accorder encore une réflexion
là-dessus. Je pense que, pour le moment, on nomme un des membres. J'ai
indiqué que, pour ce qui est du président, si un consensus se
dégageait à ce moment-là, je le respecterais. Pour ce qui
est de continuer à nommer un membre représentant le gouvernement,
je pense que c'est important, parce que le ministre de la Justice et le
procureur général ont quand même une responsabilité
certaine pour assurer le maintien de la paix et de la sécurité
publiques sur l'ensemble du territoire québécois. Même s'il
n'a pas la responsabilité directe des corps policiers municipaux, il a
souvent, vous le savez, à répondre des activités
policières qui dépassent le cadre de l'application des
règlements municipaux. Il y aura, dans le cas des services policiers,
une façon tout à fait particulière de la CUM... je pense
que l'envergure et l'importance des services fournis justifient la
présence d'un représentant du gouvernement au Conseil de
sécurité publique afin d'offrir une certaine expertise et assurer
une collaboration avec l'Etat.
Le Président (M. Clair): L'article 199 est donc
adopté au complet avec amendement.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): L'article 200 est-il
adopté?
M. Lalonde: Non. Il est changé actuellement.
M. Bédard: II y aura une modification à l'article
200, laquelle constitue une clarification. L'amendement se lirait comme suit,
à la place de l'article tel que libellé, on aurait le
libellé suivant: "Un membre du personnel du service de police ne peut
être membre du Conseil de sécurité, ceci afin de couvrir,
non seulement les policiers, mais également les civils qui peuvent
être à l'emploi du service de police."
M. Lalonde: Et qui de plus en plus occupent des fonctions qui ne
sont pas strictement policières. Alors, adopté quant à
moi.
Le Président (M. Clair): L'article 200 tel
qu'amendé est donc adopté?
M. Bédard: Je pense qu'on a fait la discussion. Je n'ai
rien à ajouter.
Le Président (M. Clair): L'article 201, adopté.
M. Bédard: L'article 202 stipule que le président
du Conseil de sécurité est nommé pour une période
n'excédant pas trois ans et que son man-
dat peut être renouvelé qu'une seule fois. Disons que le
mandat du président est réduit, comme on peut le constater, d'une
période de cinq ans ferme à une période maximale de trois
ans.
M. Lalonde: Sont-ce les mésaventures récentes du
ministre qui l'ont inspiré pour réduire cela de cinq à
trois ans?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Non?
M. Bédard: Je pense que...
M. Lalonde: Ce n'est pas long, trois ans, vous savez.
M. Bédard: Ce n'est pas long, mais cela peut être
long.
M. Lalonde: Pour assumer une fonction aussi grave...
M. Bédard: II y a des fois que cela peut être long
aussi. Il faut quand même tenir compte que c'est renouvelable.
M. Charbonneau: Cela devrait s'appliquer pour les
gouvernements.
M. Lalonde: Je n'aurais pas d'objection. M. Bédard:
II y a aussi un autre élément.
M. Charbonneau: Donc, il ne faudrait pas se presser à
vouloir nous changer.
M. Lalonde: Vous allez vous changer vous-mêmes assez
facilement.
M. Bédard: Je comprends que vous continuez
d'échanger avec votre ami.
M. Lalonde: Avec votre adjoint.
M. Bédard: II y a quand même un
élément important de changement dans cet article. L'obligation,
pour le président, de fournir des services exclusifs n'apparaît
pas au projet, ce qui veut dire qu'il peut arriver que le président ne
soit pas quelqu'un à temps plein. L'article le permet. Cette
modification en particulier a pour but d'assouplir la ligne d'autorité
du président. Le rôle de celui-ci, à notre humble opinion,
est moins d'exercer une autorité sur le Conseil de
sécurité publique, que de présider les réunions du
Conseil de sécurité publique et d'orienter son action, lorsque le
besoin s'en fait sentir.
Cela se retrouvera tout à l'heure, un peu plus loin, lorsque nous
discuterons des termes que nous prévoyons pour le directeur du service
de police, à certaines études qui ont été faites.
Nous essayons d'en tenir compte le plus valablement possible.
M. Lalonde: Je ne sais pas si je vais à rencontre du
règlement, M. le Président, mais, étant donné que
le ministre vient seulement de mentionner le fait que la présidence du
conseil de la sécurité ne serait plus en fonction à temps
plein, j'aimerais lui demander, à ce stade-ci, cela paraît
peut-être...
M. Bédard: Ce n'est pas que cela constituera une
épargne.
M. Lalonde: Non, mais...
M. Bédard: Je ne continuerai pas mes calculs de tout
à l'heure.
M. Lalonde: Je comprends qu'il y a quand même
peut-être un traitement additionnel, mais les maires des
municipalités de banlieue, en particulier si je parle des
municipalités de banlieue, c'est peut-être un peu parce que mon
comté est constitué d'une municipalité de banlieue
ont-ils exprimé un avis sur cette suggestion que le prochain
président ait plutôt une fonction à temps partiel?
M. Bédard: Ils n'ont exprimé aucune
réticence à l'endroit de cette disposition.
M. Lalonde: Aucune réticence. Quant à la ville de
Montréal? Aucune non plus?
M. Bédard: Pas à mon souvenir, au moment où
je vous parle.
M. Lalonde: Je comprends la dialectique du ministre, qui veut
qu'on donne moins de responsabilités, qu'on donne des
responsabilités plutôt consultatives, présider le conseil,
donner des orientations, le budget, tout cela, et non pas une autorité
directe, quotidienne. Je comprends cela, mais il est important de savoir quelle
sera la perception des gens quant au conseil de sécurité et quant
à l'autorité de son président. C'est pour cela que je
posais la question. Ceux qui représentent les élus locaux, qui
reçoivent les services de police quotidiennement, ont-ils exprimé
un avis sur cela?
M. Bédard: Ils n'ont exprimé aucun
désaccord, tel que je vous l'ai dit tout à l'heure. Le fait que
ce soit à temps partiel n'est pas la principale raison. A un moment
donné, il y a un choix à faire et je crois qu'il peut se
justifier.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Sur ce même sujet, le ministre ne croit-il pas
qu'il pourrait y avoir, à un moment donné, des conflits
d'intérêts qui pourraient surgir? Je n'ai peut-être pas
d'exemple en vue, mais un avocat qui serait président du conseil de
sécurité ne pourrait-il pas...
M. Bédard: II y a certains genres de pratique, dans
certains secteurs de pratique, qui pourraient être rendus difficiles
d'exercice. S'il y a conflit d'intérêts, c'est à nous
d'agir. C'est à la personne à prendre ses
responsabilités.
M. Lalonde: De toute façon, ce sera soit un élu, ou
celui qui est nommé par le gouvernement. Je ne veux pas faire une
caricature, mais cela ressemble un peu plus à ces comités de
police qu'on voit dans de plus petites villes où quelques
éche-vins sont réunis par décision du conseil, simplement
pour avoir non pas une responsabilité plus grande par la loi, mais une
préoccupation plus directe sur le service de police.
M. Bédard: Sauf que je vous ferais remarquer que nous
sommes seulement rendus à l'article 203.
M. Lalonde: Oui, mais je veux dire que...
M. Bédard: Un peu plus tard, nous verrons que cela n'a
rien de commun avec cette caricature.
Le Président (M. Clair): L'article 202 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. L'article 203?
M. Lalonde: Adopté, quant à moi.
M. Bédard: Le texte proposé est substantiellement
celui qui existait déjà. L'article a pour but d'éviter
qu'un membre nommé par le conseil de la CUM, parce qu'il est membre soit
du conseil ou du comité exécutif, continue d'agir, alors
même qu'il ne possède plus la qualité requise pour
être nommé. Si une telle personne agissait comme président,
le gouvernement lui nomme un remplaçant.
M. Fontaine: C'est l'article 204.
M. Lalonde: Nous sommes rendus à...
Le Président (M. Clair): On parlait de l'article 203.
M. Bédard: Je m'excuse.
Le Président (M. Clair): Alors, l'article 203...
M. Bédard: L'article 203, c'est substantiellement la
même chose.
M. Fontaine: ...parler.
Le Président (M. Clair): Est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Article 203, adopté.
Article 204?
M. Bédard: A l'article 204, je viens de faire les
remarques.
M. Lalonde: Quant à moi, l'article 204 est
adopté.
Le Président (M. Clair): Article 204, adopté.
M. Bédard: Article 205: Les membres du Conseil de
sécurité demeurent en fonction malgré l'expiration de leur
mandat, jusqu'à ce qu'ils soient nommés de nouveau ou
remplacés.
M. Lalonde: Adopté, c'est commun.
Le Président (M. Clair): Adopté. Article 206?
M. Bédard: Bon! Le texte du projet de loi stipule qu' "un
membre du Conseil de sécurité est réputé avoir
démissionné s'il fait défaut d'assister à trois
séances consécutives du Conseil de sécurité,
à moins que le lieutenant-gouverneur en conseil, s'il considère
que le membre a des motifs suffisants, ne relève ce dernier de son
défaut".
Cet article a été libellé ainsi, compte tenu des
nouvelles fonctions du Conseil de sécurité publique et du fait
que six des membres sont des élus nommés par leurs pairs. Il
n'est pas nécessaire, et il serait même contraire à
l'esprit du projet de loi, de conserver une telle procédure de
destitution, telle que prévue à l'ancien article.
Si un cas sérieux se présentait, le premier alinéa
de l'article 55 de la Loi d'interprétation serait suffisant pour
permettre la destitution sur décision du conseil de la CUM, à
l'égard des personnes qu'il nomme, ou sur décision du
gouvernement, quant au septième membre, ce, en vertu de l'article 55 qui
stipule à l'alinéa 1 que le droit de nomination à un
emploi ou à une fonction comporte celui de destitution. Cependant, afin
d'éviter que des membres désintéressés de leur
fonction n'empêchent le fonctionnement efficace du Conseil de
sécurité publique, une présomption de démission est
créée pour un membre qui fait défaut d'assister à
trois séances consécutives sans motif suffisant. Le gouvernement
peut relever le membre de son défaut.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai un problème
concernant l'article 206. Tout d'abord, le défaut d'assister à
trois séances, cela peut être pour d'excellentes raisons...
M. Bédard: Sans raison valable...
M. Lalonde: Mais, à ce moment-là, on établit
et on appesantit la tutelle du gouvernement au Conseil de
sécurité. Etant donné que le membre est dans la proportion
de six sur sept en présumant que ce n'est pas le membre nommé par
le gouvernement, un élu, qui fait partie du conseil de la
Communauté urbaine de Montréal, nécessairement, dont un au
moins fait partie du comité exé-
cutif, soit de la ville de Montréal, et un autre, du
comité exécutif de la Communauté urbaine, il me semble
qu'on devrait laisser à ce corps élu, le Conseil de la
Communauté urbaine de Montréal, décider si un membre n'a
pas assisté à trois séances. Parce qu'il était
malade, quand même.
M. Bédard: Sauf, comme vous le savez, concernant les
émoluments donnés à ceux qui sont nommés, au niveau
du Conseil de la sécurité, ces émoluments sont
déterminés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Pardon?
M. Lalonde: Ils sont payés par la Communauté
urbaine.
M. Bédard: Oui, déterminés par le
lieutenant-gouverneur en conseil...
M. Lalonde: Ils sont payés par elle.
M. Bédard: Cela peut être interprété
dans le sens que vous venez d'indiquer. Cela peut être aussi
interprété, je pense, dans le sens d'un appel à la
responsabilité. C'est quand même un organisme important et je
crois qu'il est bon de s'assurer que chacun y mette l'attention voulue pour
qu'il y ait non pas un désintéressement, mais, au contraire, une
action soutenue.
M. Lalonde: Avant de continuer, M. le Président, je
voudrais savoir si on ajourne à midi, comme on ajourne
généralement?
Le Président (M. Clair): Effectivement. Etant donné
qu'il est presque midi cinq, si nous pouvions adopter immédiatement
l'article 206, nous l'adopterions. Sinon, nous...
M. Lalonde: Moi, je ne peux pas l'adopter maintenant.
Le Président (M. Clair): ... ajournerons
immédiatement.
M. Lalonde: Alors, si on ajourne immédiatement, on
reprendra à l'article 206.
M. Bédard: M. le Président, on ajourne
immédiatement parce que?
Le Président (M. Clair): Parce que nous sommes un mercredi
et qu'il y a entente voulant que le mercredi, les commissions parlementaires
ajournent leurs travaux à midi.
M. Lalonde: J'ai indiqué au ministre, M. le
Président, avant cette séance, que j'aurais une certaine
souplesse, si on pensait pouvoir terminer avant une heure tout le projet de
loi.
M. Bédard: Je n'aurais pas d'objection. Moi, je pense que
ce serait possible.
M. Lalonde: Je me demande si on peut réellement, parce
qu'on est quand même... On avance assez rapidement, mais je serais
surpris qu'on ait terminé à une heure.
M. Bédard: Je ne parlerai sûrement pas de blocage,
au contraire, de collaboration.
M. Lalonde: Alors, à ce moment-là, je
préférerais ajourner et revenir... On peut présumer que le
leader fera une motion pour qu'on siège après la...
M. Bédard: Non, il semble qu'il n'y aura qu'une commission
qui siégera cet après-midi. Puisque c'est mercredi, ce serait
normalement demain matin.
M. Lalonde: Demain, pour ici?
M. Bédard: Oui. Je vais faire des représentations
auprès du leader du gouvernement pour qu'on continue demain matin.
M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Clair): La commission ajourne donc ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 6)