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(Dix heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la justice devait se réunir ce matin et le
président constatant qu'il n'y a pas quorum, ajourne les travaux sine
die.
(Fin de la séance à 10 h 25)
Le mercredi 9 novembre 1977
Etude des projets de loi nos 64 et 65
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la justice s'est réunie pour étudier les
projets de loi 32, 64 et 65 article par article. Les membres de la commission
sont: M. Alfred (Papineau), M. Bédard (Chicoutimi), M. Blank
(Saint-Louis), M. Burns (Maisonneuve), M. Charbonneau (Verchères), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. Clair (Drummond), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M.
Ouellette (Beauce-Nord) remplace M. Johnson (Anjou); M. Laberge (Jeanne-Mance);
M. Beauséjour (Iberville) remplace M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Marois (Laporte), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Springate (Westmount), M. Tardif (Crémazie), M.
Vaillancourt (Jonquière).
Il y aurait lieu, tout d'abord, de proposer un rapporteur, M. Alfred
(Papineau).
M. Alfred: J'accepte de bon coeur.
Le Président (M. Boucher): Dans l'ordre, les projets de
loi 32, 64 et 65.
M. Bédard: Nous allons commencer par 64, pu is 65 et
32.
Le Président (M. Boucher): D'accord!
M. Lalonde: M. le Président, je sais qu'on n'a pas de
motion non annoncée ici, mais je voudrais quand même souligner la
présence, aujourd'hui, autour de la table, des députés
ministériels. C'est sûrement beaucoup de condescendance dont ils
ont fait preuve, surtout le député de Verchères, qui avait
accordé plus d'importance au projet de loi 24 qu'au projet de loi 32.
J'espère qu'il a fait ses excuses au ministre depuis ce temps.
M. Bédard: Je vous avoue personnellement que c'est dur de
faire la part des choses entre l'importance de l'un et de l'autre.
M. Lalonde: Je sais que le ministre voterait probablement pour
cette motion.
M. Bédard: Le projet de loi 24, sur la protection de la
jeunesse, qui était attendu depuis très longtemps, était
très important aussi.
M. Lalonde: Je trouve quand même que comme
députés de l'Opposition, modestes, nous devons beaucoup de
reconnaissance à ces députés ministériels qui se
sont présentés ici, ce matin. Nous espérons que le
gouvernement mettra sur pied des mesures d'accueil à l'avenir pour les
amener à venir aux commissions parlementaires. Peut-être du
café, M. le Président, une pause quelconque parce que,
réellement, on aurait pu procéder sans eux la semaine
dernière, mais on ne voulait pas leur faire cet affront. J'espère
qu'ils vont se sentir heureux avec nous. Nous allons, du côté de
l'Opposition, leur faire la vie la plus agréable possible.
M. Charbonneau: Je voudrais remercier le député de
Marguerite-Bourgeoys de cette bienveillance en cette matinée. Je puis
l'assurer de notre compréhension et de notre chaleur réceptive
à ses propos. S'il veut nous payer le café, on ne demande pas
mieux.
M. Lalonde: Pas de pots-de-vin, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charbonneau: On regrette simplement que, pendant six ans, la
réforme parlementaire n'ait pas permis de régler les
problèmes qu'on a eus la semaine dernière.
M. Bédard: M. le Président, je me suis enquis des
raisons de cette absence. Peut-être que c'est le fait que les
députés ministériels avaient pleinement confiance dans les
projets de loi qui étaient présentés par le ministre de la
Justice.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'ils ont perdu leur
confiance durant la semaine? Pourquoi sont-ils ici ce matin?
M. Bédard: Question de règlement.
Projet de loi no 64
Le Président (M. Boucher): Nous sommes ici pour
étudier les projets de loi 64, 65 et 32. Nous commençons par le
projet de loi 64, Loi concernant la poursuite d'infractions par le procureur
général et l'application de règlements relatifs au
stationnement et à la circulation et modifiant la Loi du
ministère de la Justice. M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, nous allons
procéder article par article.
Le Président (M. Boucher): J'appelle l'article 1.
Agents spéciaux pour le stationnement
M. Bédard: A l'article 1, M. le Président, nous
aurions deux amendements à faire. Je ne sais pas si on les a fait
distribuer.
M. Lalonde: Oui, on vient de recevoir les projets
d'amendements.
M. Bédard: L'amendement vise à modifier l'article 1
qui modifie l'article 426 de la Loi des cités et villes en supprimant:
a) aux huitième et neuvième lignes du premier alinéa du
paragraphe 17 proposé les mots "à titre d'agent
spécial."
M. Lalonde: Un instant.
M. Bédard: C'est simplement pour éviter une
confusion entre ces agents et les constables spéciaux dont les services
peuvent être retenus par certaines villes. Nous aurions une autre
modification à l'article 1 du projet de loi en insérant, entre
les deuxième et troisième alinéas du paragraphe 17 qui est
proposé, le paragraphe suivant: "La personne autorisée a
également le pouvoir de déplacer ou de faire déplacer un
véhicule automobile en cas d'enlèvement de la neige ou dans les
cas d'urgence déterminés par règlement." Cette
modification est faite suite quand même à des demandes qui ont
été exprimées par plusieurs municipalités, surtout
par la Communauté urbaine de Montréal, face à tous les
problèmes que leur occasionne la période d'hiver.
M. Blank: M. le Président, une question. Si vous donnez le
droit d'enlèvement d'une voiture par une remorque, ici à
Québec, on fait cela par des garages privés. A Montréal,
normalement, on la prend et on la met dans un garage municipal, public. Quand
on veut avoir cette voiture à Québec ou à Montréal,
on doit payer pour. Ici, je ne vois pas où on règle la question
de qui va payer.
Au contraire, je constate ici que le paragraphe 3 actuel, dans la
dernière partie, dit: "Le paiement de l'amende et le reçu
donné par la personne désignée par le conseil
libèrent le contrevenant de toute autre peine relativement à
cette infraction". Est-ce que cela couvre le coût de l'enlèvement,
le coût d'entreposage et des affaires comme ça? C'est ce que je me
demande. Si on donne le droit de l'enlever, quelqu'un doit payer pour cela.
Où couvre-t-on cela dans cette section?
M. Bédard: On ne le couvre pas. Je pense que la situation
qui existe présentement demeure. L'effet de l'amendement est simplement
de permettre une activité additionnelle qui pourrait être
exécutée par les constables spéciaux.
M. Blank: Je suis d'accord. Mais, si quelqu'un va en Cour
municipale, paie l'amende et qu'après cela le garagiste qui a fait
l'enlèvement veut être payé...
M. Lalonde: II y a un droit de rétention.
M. Blank: Lui a un droit de rétention et le monsieur a le
droit d'avoir sa voiture, parce que, suivant la loi, il a déjà
tout payé. C'est pour éviter de la chicane pour rien. C'est la
situation actuelle. La chose qui arrive, c'est que les gens ne vont pas en cour
pour $12, mais cela peut arriver. Il ne faut pas laisser la porte ouverte
à cela.
M. Ciaccia: II faudrait faire un amendement.
M. Blank: "Le paiement de l'amende et le reçu donné
par la personne désignée"... libèrent le contrevenant de
toute peine, non inclus les frais d'enlèvement et d'entreposage?
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Drummond.
M. Clair:... je pense que ce à quoi fait allusion le
député de Saint-Louis, c'est à l'aspect civil, tandis
qu'ici ce qui est bien prévu c'est la peine. On dit bien: "Le paiement
de l'amende et le reçu donné par la personne
désignée par le conseil libèrent le contrevenant de toute
autre peine" et non de toute autre responsabilité civile. J'ai
l'impression que c'est la distinction qu'il faudrait faire entre
responsabilité pénale et responsabilité civile.
M. Blank: Est-ce que vraiment le garagiste a une
réclamation civile contre le propriétaire de la voiture? Ce n'est
pas lui qui a donné l'ordre de la prendre, cela a été fait
par le policier. Cela fait partie de la peine.
M. Clair: Je n'ai pas avec moi ni mon Code civil, ni ma Loi des
cités et villes, ni la Charte de Montréal, mais il me
paraît qu'il y a sûrement des dispositions qui régissent
déjà ces situations.
M. Blank: C'est cela que la loi fait.
M. Bédard: II y a des règlements à l'heure
actuelle.
M. Clair: II y a déjà des dispositions qui
régissent cette situation.
M. Lalonde: Quels sont les règlements auxquels vous vous
référez?
M. Bédard: 429.10 des cités et villes.
Je vais lire l'article: "Pour permettre le détournement de la
circulation dans les rues de la municipalité pour y exécuter des
travaux de voirie, incluant l'enlèvement et le déblaiement de la
neige et pour toute autre raison de nécessité ou d'urgence et
donner aux officiers et employés compétents de la corporation
municipale l'autorité et les pouvoirs nécessaires pour
l'exécution des règlements adoptés à ces fins, y
compris l'enlèvement et le déplacement de tout véhicule
stationné à un endroit où il nuit aux travaux de la
corporation et
le touage de ce véhicule ailleurs, notamment à un garage,
aux frais du propriétaire...
M. Blank: Oui, aux frais du propriétaire.
M. Bédard: ... avec stipulation qu'il ne peut recouvrer la
possession que sur paiement des frais de touage, qui ne doivent pas
excéder $15, et de remisage, qui ne doivent pas excéder un loyer
basé sur les taux courants du garage intéressé pour
remisage des automobiles".
M. Blank: C'est dans le règlement qui s'applique ici.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: C'est couvert par un règlement.
Une Voix: C'est déjà en vigueur.
M. Blank: Ils ont déjà pensé à
cela.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Lalonde: Seulement une question. La raison pour laquelle on a
enlevé "à titre d'agent spécial"; je voudrais simplement
savoir si c'était une erreur avant.
M. Bédard: C'est pour qu'il n'y ait pas de confusion avec
les constables spéciaux. C'est simplement pour éviter une
confusion.
M. Lalonde: C'est pour ne pas inclure le député de
Verchères, autrement dit? C'est ça?
M. Bédard: Si vous le considérez comme tel.
M. Lalonde: C'est "très spécial" qu'il faudrait
mettre.
M. Bédard: Je le laisse se défendre,
là-dessus. Ce n'est pas un défaut d'être très
spécial.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 1,
adopté tel qu'amendé. Article 2.
M. Charbonneau: Seulement le mercredi matin.
M. Lalonde: Du lundi matin jusqu'au vendredi soir.
Le Président (M. Boucher): Article 2, M. le ministre.
M. Bédard: L'article 2, c'est à l'effet de faire
les mêmes amendements pour donner une suite ou une concordance aux
amendements déjà faits à l'article 1. On fait les
mêmes amendements à l'article 2, en supprimant, aux dixième
et onzième lignes du premier alinéa de l'article 410a
proposé, les mots "à titre d'agent spécial"; b) en
insérant, entre les deuxième et troisième alinéas
de l'article 410a proposé, les mots suivants "la personne
autorisée". Je cite: "La personne autorisée a également le
pouvoir de déplacer ou de faire déplacer un véhicule
automobile en cas d'enlèvement de la neige ou dans les cas d'urgence
déterminés par règlement." C'est une question de
concordance.
M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Boucher): Cet amendement est-il
adopté?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 2,
adopté tel qu'amendé?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3,
adopté?
M. Lalonde: II n'y a pas d'amendement?
Autorisations de signature
M. Bédard: Non, il n'y a pas d'amendement. Au niveau des
commentaires, le but poursuivi par l'addition de nouveaux alinéas au
paragraphe 4 de l'article 71 du Code de la route, c'est de permettre au
directeur du bureau juridique du Code de la route, M. Louis Dufour en
l'occurrence, d'apposer sa signature sur tout document nécessaire
à l'application du Code de la route et des règlements qui en
découlent.
Il est aussi prévu que la signature de M. Dufour pourra
être apposée sur ces documents par l'un de ses
préposés au moyen d'un appareil automatique ou d'autres moyens
mécaniques. Cette modification est rendue nécessaire par suite du
rejet, par le Tribunal des transports, depuis quelques mois, de nombreuses
poursuites qui ont été intentées en vertu du Code de la
route, pour le motif que des fonctionnaires qui n'étaient pas
habilités à le faire avaient apposé leur signature sur des
documents pertinents à ces poursuites.
Quand on imagine le nombre de poursuites que cela peut
représenter, il est évident qu'il fallait trouver une
manière de rendre le tout légal.
M. Lalonde: M. le Président, cela m'apparaît
simplement être une mesure pour rendre l'administration de cette loi plus
facile, plus commode. Cela ressemble d'ailleurs à des dispositions qui
existent dans d'autres lois.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: La rendre bien efficace...
M. Bédard: II s'agissait de faire un appel avec ce motif
et puis les plaintes étaient rejetées.
M. Lalonde: Oui.
M. Fontaine: Je suis d'accord sur cet amendement qui est
proposé. Maintenant, j'ai eu, moi, à aller à quelques
reprises devant le Tribunal des transports et je sais pertinemment qu'il y a
plusieurs autres trous dans cette loi. Je me demande s'il n'y aurait pas eu
lieu de corriger le tout en même temps. Actuellement, par exemple, si
quelqu'un se présente devant le Tribunal des transports et qu'il a
payé tout simplement un billet d'infraction sans avoir été
condamné, il n'a qu'à se présenter devant un juge et dire:
II n'y a rien qui apparaît au dossier disant que c'est moi-même qui
ai payé cette contravention. On ne sait pas qui l'a payée; alors
le juge l'acquitte automatiquement et lui redonne ses points.
M. Bédard: Ceci fera partie de modifications qui vont
être apportées par le ministre des Transports.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Article 3, adopté.
Une Voix: Adopté.
M. Bédard: II y a une réforme du Code de la route
qui...
M. Lalonde: Oui, adopté. Le ministre vient de dire qu'il
va y avoir une réforme du Code de la route. Ce n'est pas le projet de
loi qui a été déposé hier?
M. Bédard: Non, non.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre sait quand cela va se
faire?
M. Bédard: C'est beaucoup plus large que cela en termes de
réforme. Maintenant...
M. Lalonde: Pas à cette session-ci?
M. Bédard: Non assurément pas.
Le Président (M. Boucher): Article 4.
Renonciation à des poursuites
M. Bédard: Cela rejoint les ententes.
M. Lalonde: Les ententes qu'il y a pour Longueuil
actuellement.
M. Bédard: Ce sont des ententes qui existaient
déjà et on veut étendre la possibilité pour des
municipalités de conclure de telles ententes avec le
procureur-général.
Une Voix: Adopté.
M. Bédard: II y a trois villes qui ont des ententes avec
le procureur général. Ce sont Longueuil, Saint-Hubert et
Greenfield Park qui, effectivement, par ces ententes, renonçaient
à poursuivre les infractions commises dans leur territoire aux lois et
règlements concernant la circulation et le stationnement. Ces ententes
prévoyaient que, lorsqu'il n'y avait pas de poursuites, le gouvernement
remettait 75%, je crois, des amendes aux municipalités. Lorsqu'il y
avait poursuite, il n'y avait aucune remise de faite.
M. Lalonde: Puis-je demander au ministre si un certain calcul a
été fait concernant la rentabilité, parce qu'il y a un
coût inclus là-dedans? Autant les municipalités se
plaignent régulièrement de devoir payer les frais de la fonction
policière pour l'application des lois provinciales, autant il y a
sûrement un coût dans le fait pour le gouvernement d'assumer
l'application des règlements municipaux. Je comprends que, quand il n'y
a pas de contestation ou de condamnation...
M. Bédard: Quand il n'y a pas la nécessité
d'introduire des procédures.
M. Lalonde: ... à ce moment-là, il y a une remise
partielle de l'amende. Est-ce que cela veut dire qu'on peut conclure que les
amendes recouvrées défraient de façon assez
complète les coûts de l'administration de ces ententes?
M. Bédard: Je n'ai pas de chiffres précis. J'ai
l'impression que oui, simplement en fonction du contenu des ententes
elles-mêmes qui ne semblent pas devoir se traduire par des
déficits, par un coût qui serait important pour le gouvernement au
moment où il conclut de telles ententes avec les municipalités.
Maintenant, pour le bénéfice du député de
Marguerite-Bourgeoys, on pourrait lui produire...
M. Lalonde: Ce n'est pas tellement pour mon
bénéfice, M. le Président. C'est pour savoir qui paie
quoi. Je comprends que c'est commode. Cela a été fait à
Longueuil, à Greenfield Park et à Saint-Hubert. C'est
limité, d'après ce que je vois, aux règlements concernant
la circulation et le stationnement.
M. Bédard: La circulation et le stationnement.
M. Lalonde: II reste que cela peut sûrement ouvrir la porte
à d'autres ententes pour l'application d'autres règlements ou
d'autres lois. Il serait intéressant pour le gouvernement de savoir
exactement quelle est la rentabilité de ce genre d'attentes. On les
élargit possiblement à toute la province.
M. Bédard: C'est une base volontaire.
M. Lalonde: Oui, c'est une base volontaire, je comprends, mais il
y a la possibilité de le faire. Au-
trefois, il fallait une autorisation particulière à chaque
fois.
M. Bédard: C'est d'ailleurs pourquoi on a
présenté ce projet de loi afin d'éviter qu'à chaque
fois que le cas d'une municipalité intéressée à
conclure une telle entente se présenterait on soit obligé de
modifier la loi pour inclure le nom de cette ville. Il y a déjà
deux autres municipalités qui ont également fait part de leur
désir de conclure de telles ententes. Sur l'évaluation
financière de cette opération, nous verrons à faire le
nécessaire.
M. Lalonde: Oui, parce qu'on dit que c'est pour poursuivre les
infractions, commises dans son territoire, aux lois et règlements
concernant la circulation et le stationnement. Donc cela peut être
nécessairement des règlements municipaux. Cela peut être
aussi une loi provinciale s'il s'agit d'une route provinciale qui traverse un
territoire et dont la province aurait conservé la responsabilité
pour l'administration des lois, l'entretien et tout cela. Cela peut être
nécessairement des règlements municipaux, le stationnement, par
exemple.
M. Bédard: En principe, je ne vois pas jusqu'à quel
point cela peut se traduire par un coût important pour le gouvernement
qui a à conclure de telles ententes avec les municipalités. A
partir du moment où il n'y a pas de poursuite, 75% de l'amende sont
remis entre les mains des municipalités. Lorsqu'il y a effectivement
poursuite, l'amende est complètement acheminée vers les coffres
gouvernementaux. Il y aurait lieu, à la suggestion du
député de Marguerite-Bourgeoys, de faire l'évaluation.
M. Lalonde: Une dernière question, M. le Président.
Ces ententes prévoient-elles la possibilité pour la
municipalité de mettre fin à l'entente n'importe quand?
M. Bédard: Ce sont des ententes qui sont conclues pour
cinq ans, celles qu'on a présentement.
M. Lalonde: C'est un peu une intégration par la fonction.
On sait, par exemple, sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal, combien les municipalités de banlieue se sont plaintes
souvent.
Enfin, dans mon comté, à LaSalle,
régulièrement, depuis l'intégration, les policiers ont
moins de préoccupation quant à l'application des
règlements de cette municipalité. On sait que les
règlements municipaux qui devaient être fondus dans un code pour
toute la communauté n'ont pas encore été faits; c'est un
travail quand même assez considérable.
Donc, il y a un certain sentiment d'aliénation entre le citoyen
et le policier pour l'application des règlements sur sa
municipalité depuis que c'est fait par un corps policier plus large. De
même, dans une municipalité où le gouvernement aurait
assumé la responsabilité de l'application de ces
règlements de la circulation et de stationnement; entre
parenthèses, c'est surtout de la circulation dont on se plaint. On dit:
Depuis ce temps, les automobiles vont trop rapidement dans les rues et nos
enfants sont en danger, etc.
Ne pourrait-il pas y avoir ce même sentiment d'une population,
d'une municipalité qui a conclu une entente avec le gouvernement, au
bout de deux ans, que ces règlements ne sont pas réellement
appliqués et qu'on pourrait sortir, au moins, de l'entente?
M. Bédard: D'abord, tel que nous l'avons dit, c'est sur
une base volontaire. Deuxièmement, pour ce qui est des
municipalités qui ont déjà conclu de telles ententes, il
n'y a pas eu de récriminations en ce sens.
M. Lalonde: Très bien. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, la question soulevée
par le député de Marguerite-Bourgeoys est assez importante. Il
serait important de savoir si le gouvernement retire des profits de ces
ententes ou s'il subventionne des municipalités en faisant des ententes.
Je pense que l'expérience de Lon-gueuil et des environs pourrait nous
donner un éclaircissement là-dessus.
Lors de mon discours de deuxième lecture, j'avais soulevé
le point qui était rapporté dans le rapport du
Vérificateur général qui disait: Encore cette
année, Une ville importante du Québec perçoit les amendes
imposées par sa Cour municipale en vertu de certaines lois provinciales
et en retient 50% sans qu'il y ait eu, de part et d'autre, une entente
écrite ou un règlement prévoyant le mode de
répartition du produit de ces amendes avec le gouvernement du
Québec.
Je comprends que cela n'entre pas exactement dans cet article, mais il
serait peut-être bon qu'il y ait une vérification de faite de
côté pour voir à ce que cette anomalie soit
corrigée.
M. Bédard: Dans le discours de deuxième lecture
aussi, le député avait souligné la possibilité
d'étendre la juridiction encore plus concernant les constables
spéciaux qui sont prévus par cette loi, leur donner encore des
pouvoirs plus grands, outre le stationnement, le déneigement.
Là-dessus, j'ai pris note des remarques qui ont été faites
par le représentant de l'Union Nationale, et je crois qu'avant
d'élargir le champ de responsabilité il est
préférable d'attendre les conclusions du rapport Saulnier sur
l'ensemble des fonctions policières.
M. Fontaine: Pour ma part, ce serait adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 4 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): A l'article 5, II y a un
amendement.
Versement d'honoraires au fonds
consolidé
M. Bédard: A l'article 5, il y a un amendement, M. le
Président, voulant modifier l'article 5 du projet: a) en supprimant, au
premier alinéa de l'article 16 proposé, les mots "ou d'un
organisme public", dans les lignes 5 et 6, et les mots "ou à l'organisme
public", dans les lignes 8 et 9 et dans les lignes 10 et 11; b) en
insérant, après le premier alinéa de cet article 16, le
suivant, et je cite: "De même les frais et les honoraires judiciaires ou
les autres honoraires dus à un avocat ou à un notaire à
l'emploi d'un organisme public appartiennent à cet organisme et lui sont
versés lorsqu'ils sont recouvrés, à moins que le
lieutenant-gouverneur en conseil n'exclue l'organisme public, s'il est une
corporation, de l'application du présent article". Cet amendement a
été apporté afin de prévoir des situations qui
existent à l'Hydro-Québec, par exemple, où les honoraires
perçus par les avocats de l'organisme sont répartis entre les
avocats de son contentieux. C'est simplement pour prévoir cela.
M. Lalonde: Est-ce que ce sont toutes les explications que le
ministre veut faire pour cet article?
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Cet article, dans une certaine mesure, tend à
généraliser une situation qui existe déjà souvent
au gouvernement. En fait, le principe qui est reconnu à l'article 16
actuel de la Loi du ministère de la Justice est que les dépens
taxables contre la partie adverse dans une cause où un fonctionnaire
représente le Procureur général sont versés
déjà au fonds consolidé de la province. Mais il
soulève quand même une question qui n'a pas été
réglée au niveau du Barreau, par exemple. C'est justement le
règlement qui défend à un avocat de renoncer à ses
honoraires en faveur de son client. La raison d'être, le fondement ou
enfin l'objectif visé par ce principe, c'est de permettre à
l'avocat de conserver une mesure d'indépendance à l'égard
de son client, indépendance professionnelle qui lui permet d'exercer son
jugement professionnel le mieux possible.
Est-ce à dire que l'avocat du gouvernement va pouvoir exercer son
jugement le mieux possible sans avoir cette condition? Possiblement oui. Je
pense bien que dans les contentieux... D'ailleurs, le gouvernement a
probablement le plus gros bureau d'avocats de la province...
M. Bédard: Oui, par suite, surtout, d'une certaine
politique que nous avons mise de l'avant.
M. Lalonde: ... que Me Lyse Lemieux, une femme, d'ailleurs,
dirige. C'est l'ancien gouverne- ment qui avait mis cela de l'avant.
C'était déjà en place, n'en déplaise au ministre.
C'était déjà une femme qui avait été choisie
par l'ancien gouvernement pour le diriger, Me Lyse Lemieux.
M. Bédard: Je fais référence à la
nouvelle politique que nous avons mise de l'avant, le nouveau contentieux qui
avait pour effet de retirer certains mandats qui étaient octroyés
à des avocats de la pratique privée pour...
M. Lalonde: II n'y en a plus de mandats à des avocats de
la pratique privée?
M. Bédard: Très peu.
M. Lalonde: Les mandats pas beaux, les mandats pas bons.
M. Bédard: D'ailleurs, lorsqu'on fait l'étude des
crédits, vous avez été à même de constater
l'épargne que cela représentait.
M. Lalonde: On examinera cela au mois de mars, au mois de
juin.
M. Bédard: Je n'ai jamais considéré que la
question d'épargne était la plus importante. Ce qui est surtout
important, c'est de créer en fait, au niveau du gouvernement, un
contentieux qui soit digne d'un gouvernement.
M. Lalonde: On examinera cela, M. le Président, au niveau
des crédits, quand on étudiera les crédits pour l'an
prochain, et on verra exactement ce qu'est la sagesse de cette
décision.
M. Bédard: Je tiens à dire que ce n'est pas le seul
facteur je l'ai dit à ce moment qui a motivé le
gouvernement à procéder à cette refonte.
M. Lalonde: Enfin, il y a cette question, tout d'abord, qui n'est
pas réglée. Ce n'est pas au gouvernement que je m'adresse; je
m'adresse plutôt au Barreau et au ministre comme membre du Barreau. Il
faudrait que le Barreau retire de ses statuts un règlement qui est
contredit par une loi. Il y a une contradiction qui n'est sûrement pas
désirable.
M. Bédard: Je n'appelle pas cela une contradiction.
J'appelle cela une adaptation. Compte tenu que du fait que, depuis plusieurs
mois, le ministère de la Justice emploie ses propres avocats pour
plaider les causes du gouvernement, puis des organismes publics, ainsi que ses
propres notaires pour recevoir les actes qui le concernent, il était
urgent de modifier l'article 16 du ministère de la Justice afin
d'éviter que ces conseillers juridiques ne soient en infraction
justement avec leur loi professionnelle et puis pour permettre un régime
qui soit approprié à la situation du gouvernement. Je n'appelle
pas cela une contradiction; j'appelle cela une adaptation à de nouvelles
politiques qui ont été mises de l'avant par le gouvernement.
M. Lalonde: II reste que le règlement de la corporation
professionnelle continue de défendre aux avocats de renoncer à
leurs honoraires en faveur de leurs clients. Si ce n'est pas une contradiction,
je ne sais pas ce que c'est une contradiction dans l'esprit du ministre.
M. Bédard: Cela s'adresse à des avocats qui ont
fait un choix de donner leurs services au niveau du gouvernement.
M. Lalonde: Mais pourquoi le gouvernement, vis-à-vis de
l'avocat, serait-il autre chose qu'un client? Est-ce qu'il y a une vertu
spéciale, dès qu'un avocat travaille pour le gouvernement, par
rapport à l'avocat qui travaille pour la grosse compagnie? Je comprends
que, pour ce gouvernement, une grosse compagnie, c'est mauvais.
M. Bédard: C'est ce que vous dites. Moi, je ne l'ai jamais
dit.
M. Lalonde: Peut-être pas le ministre de la Justice, mais
de ses collègues.
M. Bédard: Non, mes collègues non plus.
M. Lalonde: II reste qu'il y aurait un principe pour le
gouvernement, parce qu'il y aurait une vertu spéciale quelconque pour
travailler pour le gouvernement et puis il n'y en aurait pas pour l'avocat dans
une situation semblable qui travaille à plein temps, à salaire
pour Bell Canada ou appelez cela comme vous voudrez. Lui n'a pas le droit de
renoncer à ses honoraires, alors qu'au contraire l'avocat qui travaille
pour le gouvernement n'aurait pas le droit de conserver ses honoraires. Il
faudrait qu'il les donne au gouvernement. Il me semble qu'il y a une
contradiction. Enfin, je souhaite que cela disparaisse si jamais c'est cela. Je
ne suis pas en désaccord avec l'article, mais là où la
deuxième contradiction arrive, c'est lorsque le ministre vient nous
faire un amendement aujourd'hui pour nous dire: Vous savez, il faut
prévoir qu'à l'Hydro-Québec ce n'est pas comme cela. Il me
semble que le principe est le même. L'Hydro-Québec, je le sais,
c'est une corporation qu'on appelle une société de la couronne.
Il reste qu'il faudrait que le ministre ait des arguments un peu plus frappants
pour nous faire passer l'amendement. Ou bien c'est bon, son article, ou bien
l'amendement est bon ou le sous-amendement est bon. Il y en a un des deux qui
est bon. Il faudrait qu'il nous dise lequel; après cela, on saura
pourquoi on vote.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Drummond.
M. Bédard: On me dit que c'est une pratique...
M. Clair: Sans engager de débat avec le
député de Marguerite-Bourgeoys, il me paraît que les
raisons fondamentales qui justifient à bon droit le règlement du
Barreau interdisant la renonciation par un avocat en faveur d'un client
à ses honoraires judiciaires ne semblent pas s'appliquer dans le cas du
gouvernement. C'est pour assurer l'indépendance du professionnel et pour
s'assurer que la profession d'avocat ne devienne pas un commerce, à
toutes fins pratiques, ou un travail à la commission.
Je pense que l'avocat qui travaille pour un ministère ou pour un
organisme parapublic, au point de vue de l'indépendance, dans
l'intégrité de la pratique de sa profession, il est un
privilégié d'une certaine façon parce qu'il a souvent
comme support aussi bien des bibliothèques que des fonds beaucoup plus
importants pour assurer l'intégrité de sa profession.
Si un ministère a un contentieux, l'avocat a beaucoup plus de
ressources qu'il peut en avoir à l'égard d'une compagnie comme
Bell Canada, justement. Il me paraît, même si c'est difficile
à analyser, que les vraies raisons qui justifient, à bon droit,
le règlement du Barreau à l'effet qu'on ne peut renoncer à
ses honoraires, ne s'appliquent pas. On ne retrouve pas ces raisons lorsqu'un
avocat est dans le contentieux d'un ministère ou d'un organisme public
ou parapublic.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... si vous me permettez. Le député de
Mont-Royal a quelque chose à dire lui aussi. Le député de
Drummond faisait référence à mes propos; je pense qu'il
n'a pas réellement saisi. Je ne peux pas lui en vouloir, je pense qu'il
est issu de la pratique privée, comme plusieurs d'entre nous qui avons
eu une expérience là-dedans.
M. Clair: J'ai pratiqué trois ans et demi de mes quatre
ans à l'aide juridique.
M. Lalonde: A l'aide juridique.
M. Blank: Ce n'est pas la même chose.
M. Lalonde: Ce n'est pas la même chose que dans un
contentieux, c'est différent d'un membre d'un contentieux dans un
ministère. Si je peux faire appel à mon expérience, qui a
été assez courte dans un ministère où il y avait un
service du contentieux, le ministère qu'on appelle maintenant des
Consommateurs, des Coopératives et des Institutions financières,
je ne rejoins pas le député de Drummond dans sa proposition
à l'effet que l'avocat d'un contentieux d'un ministère serait
privilégié parce qu'il aurait plus de ressources, des
bibliothèques. Ce n'est pas là que se situe le danger; c'est,
dans la décision professionnelle, d'être complètement
indépendant.
Quotidiennement, grâce à la bonne qualité des
avocats que nous avons et aussi grâce à l'organisation qui, depuis
quelques années, fait que les membres des contentieux font partie du
minis-
tère de la Justice, donc, depuis qu'ils ont une
indépendance quant à leur échelle de salaires, au point de
vue administratif, quant à leur avenir ou à leur plan de
carrière, ils ont une indépendance à l'égard du
ministère pour qui ils travaillent. Grâce à cette
structure, ils peuvent continuer d'avoir une certaine mesure
d'indépendance. J'ai vu plusieurs cas où un ou des avocats
étaient dans un conflit très difficile, où des
sous-ministres je ne parie pas du ministère de la Justice
faisaient du tor-dage de bras, un peu, pour avoir le genre d'opinion qu'ils
voulaient avoir. C'était très difficile pour l'avocat d'exercer
en pleine indépendance.
M. Bédard: Cela se passait sûrement avant qu'on soit
là, parce que depuis que je suis là, jamais il n'y a eu de
tordage de bras!
M. Blank: Plus ça change, plus c'est pareil. M.
Lalonde: Les oreilles me bourdonnent.
M. Bédard: Depuis que je suis là, jamais il n'y a
eu de tordage de bras.
Une Voix: Les sous-ministres n'ont pas tous été
changés.
M. Clair: Encore là, s'il y a du tordage de bras, comme
vous dites, c'est pour aller chercher...
M. Lalonde: Cela peut être très moral. C'est
moral!
M. Clair: ... une opinion, je pense que ce n'est pas pour aller
chercher des honoraires. C'est ce genre de tordage de bras, pour aller chercher
des honoraires, que le règlement du Barreau veut empêcher.
M. Lalonde: Cela fait partie de la même chose. Tout son
revenu vient de la même source que l'influence du sous-ministre peut se
faire sentir. Comme je l'ai dit, c'est moins important actuellement parce
que...
M. Clair: C'est le Parti québécois qui est au
pouvoir.
M. Lalonde: ... grâce à la sagesse de l'ancien
gouvernement...
M. Bédard: Je ne puis pas croire qu'une telle situation
existait avant.
M. Lalonde: Tous les contentieux relèvent maintenant du
ministère de la Justice. Le contentieux au ministère, par
exemple, du Travail, que je ne connais pas, exerce ses fonctions comme un
bureau d'avocat le ferait pour un client, comme un avocat ferait pour un client
mais ensuite il va chercher ses honoraires ailleurs. Donc le danger existe
quand même. Et on est prêt à renoncer à cela,
à reconnaître le principe que, dans une organisation comme le
gouvernement, il y a peut- être d'autres mesures qui sont prises pour
assurer l'indépendance professionnelle de l'avocat, mais de là
à dire qu'à l'Hydro-Québec ils n'ont pas ce
problème, je ne sais pas.
M. Bédard: Non, je ne crois pas qu'il y ait de
problème avec cette formule. Au contraire, elle est en vigueur depuis
1945, depuis le début. Cette idée de fonds commun au
bénéfice des avocats d'un contentieux c'est une règle qui
n'est pas générale, je l'admets, mais c'est une règle
adoptée par les contentieux des villes de Montréal et de
Québec, ainsi que dans le contentieux de certaines banques. Ce sera
aussi, à ce qu'on me dit, la pratique au contentieux du Canadien
National et c'est celle que proposerait d'adopter la Société de
développement de la baie James.
Pour ce qui est de l'Hydro-Québec, qui constitue un contentieux
composé d'une quinzaine d'avocats, quatre notaires, la situation fait
que, depuis toujours, ils reçoivent un salaire de base de leur
employeur, mais par ailleurs reçoivent les honoraires judiciaires
gagnés contre le tiers. Ces honoraires judiciaires représentent
en fait une partie du salaire qui est payé à chaque avocat. Comme
cette situation existe depuis 1945, on ne veut quand même pas tout
bouleverser et elle n'a pas été préjudiciable en aucune
façon.
Nous avons apporté l'amendement afin de faire en sorte que cela
n'amène pas de difficultés dans des organismes tels que
l'Hydro-Québec ou d'autres dont je vous ai parlé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: S'il est acceptable ce principe que vous voulez
imposer à un organisme public, quelle est la différence?
M. Bédard: Non, on ne l'impose pas à l'organisme
public, c'est simplement un amendement pour reconnaître une situation qui
existe déjà.
M. Ciaccia: Pourquoi alors, quelle différence? Le
député de Drummond s'est référé à
l'Hydro-Québec; quelle différence, vous voyez?
M. Clair: Quelqu'un à l'Hydro-Québec.
M. Ciaccia: Quelle différence entre l'Hydro-Québec
ou Bell Canada? Pourquoi semblez-vous faire une distinction entre un organisme
public et une compagnie privée?
M. Bédard: C'est un organisme gouvernemental où une
situation existe depuis 1945. On ne peut pas bouleverser toute la situation,
qui n'a pas eu de conséquences préjudiciables selon les
représentations qui nous a été faites.
M. Ciaccia: Est-ce que cela veut dire qu'il va y avoir des
règles différentes pour les organismes publics et pour les
corporations?
M. Bédard: C'est le seul cas et on prévoit que, si
d'autres cas se présentaient, ils seraient évalués
à leur mérite. C'est dans ce sens qu'on prévoit. Si
de telles situations existaient pour d'autres organismes, il y aurait une
décision du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, si je comprends bien, cela
veut dire qu'à l'Hydro-Québec, par exemple, les avocats qui
travaillent là pourront garder pour eux les honoraires qu'ils vont
retirer, tandis que, dans les autres organismes du gouvernement ou de la
fonction publique, eux vont devoir remettre les honoraires au fonds
consolidé de la province?
M. Bédard: C'est que l'Hydro-Québec est le seul cas
qui fonctionne comme cela et...
M. Fontaine: Vous ne craignez pas qu'il y ait des protestations
de la part des autres avocats qui travaillent dans les différents
ministères?
M. Bédard: Non, on n'a aucune...
M. Ciaccia: Quelle est la réaction du Barreau, est-ce que
le Barreau s'est prononcé sur cela?
M. Bédard: Le Barreau n'a jamais fait de
représentations contre la situation qui existait à
l'Hydro-Québec, et par l'amendement on fait simplement confirmer cette
situation. Je ne vois vraiment pas...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, la défense, je
comprends que le ministre est peut-être un peu mal à l'aise.
M. Bédard: C'est ce qu'ils ont fait à
l'Hydro-Québec. Ils ont suivi la Loi du Barreau. Les honoraires que le
contentieux perçoit, à la suite des causes gagnées, sont
répartis entre les avocats et constituent un supplément, un
salaire de base qui est fixé en conséquence.
M. Blank: C'est un bon arrangement. Ils n'ont rien à
perdre. Ils ont tout à gagner. Ils perdent de l'argent...
M. Lalonde: M. le Président, le dernier argument du
ministre reconnaît la nécessité que j'ai
énoncée au début de faire un peu de logique dans cela. Il
y a le règlement du Barreau qui défend de renoncer aux honoraires
et il y a la loi qui défend de les garder. Entre les deux, il y a
l'Hydro-Québec.
M. Bédard: Entre les deux, il y a deux situations que je
voudrais bien...
M. Lalonde: Non, laissez-moi terminer. C'est moi qui parle. Entre
les deux, il y a l'Hydro-Québec.
M. Bédard: II y a la situation qui existe à
l'Hydro-Québec, qui n'est pas la situation qui existe
présentement au niveau d'un contentieux du gouvernement.
M. Lalonde: Ce n'est pas ce que l'amendement dit. Le nouvel
amendement d'aujourd'hui dit: De même les frais et les honoraires
judiciaires, les autres honoraires dus à un avocat ou à un
notaire à l'emploi d'un organisme public appartiennent à cet
organisme et lui sont versés lorsqu'ils sont recouvrés, à
moins que le lieutenant-gouverneur en conseil n'exclue l'organisme public.
J'imagine que cette exclusion est toute prête pour l'Hydro-Québec,
lorsque cette loi sera en vigueur. Il va peut-être y en avoir d'autres,
à part cela, parce que le gouvernement conserve et garde la
possibilité de faire d'autres exclusions, et non plus le
législateur, ce qui ouvre la porte à toutes sortes de tractations
en faveur d'avocats, de contentieux d'organismes publics.
M. Bédard: Je ne crois pas.
M. Lalonde: Tout d'abord, le fait que cela existe de même
à l'Hydro-Québec, c'est sûrement possible. Je crois le
ministre, cela existe probablement depuis longtemps, mais alors...
M. Bédard: Depuis 1945.
M. Lalonde: Qu'est-ce qui est désirable? Que cela n'existe
pas ou que cela existe? A la défense du principe, le ministre est un peu
plus vigoureux et éloquent. A ce moment, j'émets une
réserve. Il y a une contradiction avec un règlement du Barreau,
mais je suis prêt à suivre le ministre et le gouvernement sur
cela. Il y a déjà un précédent, mais, dans
l'exception, la défense est pauvre. Je m'excuse, il y a le fait que cela
existe, oui, il y a bien des choses qui existent, mais sommes-nous ici pour les
conserver ou pour les changer? Si nous avons un principe, nous allons
l'appliquer.
M. Bédard: En fait, quand on parle de
l'Hydro-Québec, il y a quand même un principe de droits acquis.
Depuis 1945, cette situation existe et nous ne voudrions pas, par un amendement
à la loi, bouleverser une situation qui existe déjà et
à propos de laquelle on ne m'a pas fait de représentation
négative.
Si d'autres cas se présentent, ils seront évalués
à leur mérite.
M. Lalonde: Oui, mais évalués sur quels principes,
sur quelles normes? Nous avons deux normes, une qui dit que l'avocat ne doit
pas renoncer à ses honoraires en faveur du client, et on a l'autre, ici,
dans la loi, l'article 16 de la Loi du ministère de la Justice, et qu'on
répète encore, cette fois, et, entre les deux, il y a le
gouvernement qui
sera assis dans l'arbitraire le plus complet, qui dira: C'est
l'Hydro-Québec, c'est très gros, c'est vrai, et depuis 1945.
Si cela existe seulement depuis 1946, le gouvernement va-t-il le
reconnaître? Par exemple, une autre société d'Etat, SIDBEC,
ou un autre organisme, qu'est-ce que sont les droits acquis pour l'avenir? Un
instant, si le principe vaut la peine qu'on légifère, à ce
moment, il me semble que la question des droits acquis est bonne pour la clause
grand-père. Par exemple, les droits acquis, on dit: Oui. Mais on ne
changera pas jusqu'à ce que les avocats qui ont cette formule, qui ont
des contrats de quatre ou cinq ans, que ce soit terminé et après
cela le principe s'appliquera. C'est ce à quoi sert le concept des
droits acquis pour faire des clauses grands-pères.
Maintenant, pour donner au gouvernement un blanc-seing, un mandat sans
aucune norme de faire des exceptions entre deux principes qui sont choisis, le
principe du Barreau et celui du gouvernement, je trouve que le gouvernement
nous en demande trop actuellement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, sur le point soulevé par
le député de Marguerite-Bourgeoys, concernant
l'Hydro-Québec, j'aimerais demander au ministre je comprends
qu'il ne les a peut-être pas si ce serait possible d'avoir les
revenus au moins globaux, si ce n'est pas par individu, pour les avocats de
l'Hydro-Québec. Finalement, derrière cela, il y a
également une question de revenu de ces gens. Il me paraîtrait
normal, en tout cas, que si on fait une exclusion on puisse connaître un
peu mieux ce que sont les revenus des avocats de l'Hydro-Québec à
ce chapitre.
Je comprends que le contentieux de l'Hydro-Québec ne
relève pas du ministère de la Justice, mais je ne sais pas s'il y
a des chiffres disponibles à cet effet, parce que finalement si tous les
avocats avaient droit à leurs frais, si tous les avocats du gouvernement
avaient droit à leurs frais, c'est bien entendu qu'il faudrait en tenir
compte dans le régime salarial, et l'inverse est également
vrai.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Bédard: Je dois vous dire que je n'ai pas de chiffres
qui me permettraient de vous répondre.
M. Clair: J'aurais deux autres questions. A la fin du premier
alinéa, on mentionne "et lorsqu'ils sont recouvrés", en parlant
des frais ou honoraires, "ils sont versés au fonds consolidé du
revenu ou à l'organisme public." Est-ce que je comprends que dans le cas
des organismes publics, cela va directement à l'organisme public? A qui
appartient le choix, autrement dit?
M. Bédard: II y a eu un amendement là-dessus.
M. Blank: Pour l'assistance judiciaire qu'est- ce que la loi dit
sur les honoraires des avocats qui travaillent pour l'assistance judiciaire?
Est-ce que cela tombe dans le "pot", va aux avocats, ou quoi?
M. Clair: Pas aux avocats.
M. Blank: Est-ce que c'est une coutume...
M. Clair: En pratique cela ne va pas aux avocats. De
mémoire, je pense que cela va à la corporation régionale,
je n'en suis pas sûr.
M. Bédard: Cela va à la corporation.
M. Blank: Est-ce que c'est dans loi ou si c'est seulement sur une
base d'arrangement?
M. Bédard: La situation qui existe à
l'Hydro-Québec...
M. Lalonde: Les honoraires vont à la corporation.
M. Bédard: ... n'est pas contraire à la Loi du
Barreau.
M. Blank: Non, non, je suis entièrement d'accord.
M. Lalonde: Les honoraires vont à la corporation, mais
c'est distribué aux avocats.
Des Voix: Non, non.
M. Lalonde: Non, cela va dans un fonds consolidé.
M. Bédard: Oui, sauf qu'à
l'Hydro-Québec...
M. Lalonde: Je ne parle pas de l'Hydro-Québec, je parle de
l'aide juridique.
M. Bédard: Excusez-moi, je pensais que vous me parliez de
l'Hydro-Québec.
M. Lalonde: Dans le fonds de l'organisme mais pas pour être
distribué aux avocats.
M. Bédard: Non, non.
M. Lalonde: Non.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Drummond.
M. Clair: Une autre question. Est-ce qu'on doit retenir à
ce moment-là de la loi, de l'article proposé, que l'organisme en
question doit procéder au recouvrement de chaque avocat, par exemple,
à l'aide juridique, qu'il doit dans tous les cas exécuter son
mémoire de frais, par exemple, ou est-ce que l'organisme en question
conserve la discrétion pour réclamer ou ne pas réclamer
les frais? Parce qu'à l'aide juridique il y a des dispositions qui
prévoient à toutes fins pratiques la compensa-
tion quand ce sont deux bénéficiaires de l'aide juridique,
mais quand, à l'occasion, l'aide juridique gagne un divorce, par
exemple, contre un individu qui a peu de revenu et contre lequel on a peu de
chance de faire exécuter le mémoire de frais, la question peut se
poser, une question d'opportunité, pour l'organisme de savoir si oui ou
non il y a avantage à essayer d'exécuter les frais ou pas.
M. Bédard: L'organisme garde la discrétion. M.
Clair: L'organisme garde la discrétion.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, on a répondu à
mes questions un peu après les questions du député de
Marguerite-Bourgeoys, mais encore une fois je ne vois pas cette distinction que
vous faites dans la loi entre ce que le gouvernement va faire avec les avocats
et les frais des avocats, les honoraires des avocats et l'exception pour
l'Hydro-Québec. Ou le principe est bon, ou le principe n'est pas bon. Si
c'est bon pour le gouvernement, je ne vois pas pourquoi vous faites cette
distinction; puis si c'est bon pour l'Hydro-Québec, je ne comprends pas
pourquoi vous insérez l'article 16, pour avoir ce contrôle ou ces
frais pour le gouvernement.
M. Bédard: Je l'ai dit tout à l'heure, ce n'est pas
au niveau du principe comme au niveau du fait de tenir compte d'une situation
qui existe depuis 1945 à I'Hydro.
M. Ciaccia: Alors, pourquoi insérer l'article 16?
M. Blank: Est-ce qu'il y a d'autres corporations qui...
M. Lalonde: Mettez l'Hydro-Québec là-dedans,
d'accord mais ne vous donnez pas un blanc-seing pour tout l'avenir, pour tout
organisme, vous en demandez trop.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Bédard: Là-dessus, je n'ai pas d'objection
à faire un amendement en fonction de l'avenir, mais je pense qu'il est
nécessaire, en tout cas ce que je crois nécessaire c'est quand
même de tenir compte d'une situation qui existe depuis 1945 à
l'Hydro. Est-ce qu'on pourrait formuler autrement l'article, de manière
que ce ne soit pas la porte ouverte à des discrétions
continuelles concernant d'autres organismes ou d'autres demandes qui pourraient
être acheminées au niveau gouvernemental? On pourrait
peut-être...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: C'est ce que j'allais suggérer. Je me
demandais s'il n'y aurait pas possibilité d'éteindre pour
l'avenir cette exception qui est faite pour l'Hydro-Québec.
Quand on nous dit que cela existe depuis 1945, je suis bien d'accord,
mais il y a peut-être des avocats à l'Hydro-Québec qui ont
commencé à travailler il y a un mois, deux mois, trois mois ou un
an et qui bénéficient des avantages de cette loi, même
s'ils viennent juste de commencer à travailler. Je pense qu'il y aurait
peut-être lieu de faire une démarcation et de dire: A l'avenir,
à l'Hydro-Québec comme ailleurs, ce sera tel principe qu'on
appliquera, en préservant, par exemple, les droits acquis de ceux qui
travaillent actuellement.
M. Bédard: Commencer, à l'intérieur d'un
organisme, à faire deux catégories, je pense que cela
compliquerait la situation. Vous avez évoqué, de même que
le député de Marguerite-Bourgeoys, la question de principe qui me
semble importante selon laquelle si, d'une part ce qui est assez normal
on veut tenir compte d'une situation qui existe depuis 1945 à
l'Hydro, par la même occasion, on ne doit pas ouvrir la porte sur un
principe qui pourrait s'étendre à d'autres organismes. Si vous
voulez, on peut suspendre pour quelques instants l'étude de cet article
afin d'apporter un amendement qui pourrait, je l'espère, rejoindre cette
question de principe qui a été évoquée par le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je remercie le ministre de son ouverture d'esprit. Il
y a plusieurs contradictions là-dedans et je ne suis pas sûr que,
si on ne prend soin que de l'avenir, on va réussir à nous
persuader. Mais ce serait quand même une amélioration valable. A
ce moment-là, j'accepte d'y souscrire.
M. Bédard: Est-ce qu'on peut se donner quelques minutes
pour rédiger un amendement en conséquence?
Le Président (M. Boucher): Nous suspendons l'article 5.
Article 6? M. le ministre.
M. Lalonde: M. le député revient de voyage? M.
Clair: II se documentait.
M. Lalonde: Ils ne seront pas au pouvoir pendant longtemps;
alors, cela ne pourrait pas être considéré comme un
pot-de-vin.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le ministre.
M. Bédard: On pourrait peut-être régler tout
de suite le cas de l'article 5, en gardant le texte tel qu'il était
rédigé.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous revenons à l'article 5. M. le ministre.
M. Bédard: On pourrait régler le cas de l'article 5
tout de suite, en gardant le texte tel qu'il était proposé dans
le projet de loi et en ajoutant un autre article qui serait 5a et qui se lirait
comme suit: "L'article 5 ne s'applique pas à la Commission
hydroélectrique de Québec".
M. Fontaine: Cela reste la même chose.
M. Lalonde: Cela réduit l'erreur, mais cela ne la corrige
pas complètement, parce qu'il reste cette contradiction.
M. Bédard: Je ne crois pas que cela soit une erreur de
tenir compte d'une situation qui existe, quand même depuis très
longtemps.
M. Ciaccia: Pas pour le gouvernement et pas pour
l'Hydro-Québec.
M. Lalonde: Je préférerais que, s'il faut tenir
compte de droits acquis, on le fasse sous une forme de clause grand-père
qui s'éteint après l'expiration de la période où
les droits acquis disparaissent.
On ne pourra pas voter en faveur.
M. Bédard: II me semble que cet amendement, effectivement,
rejoint les représentations qui ont été faites.
M. Lalonde: II n'y a pas assez de révision.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Je devrais m'inscrire en faux contre le mot
"erreur", parce qu'une chose qui perdure depuis 1945, qui a été
acceptée, tolérée et même encouragée, cela ne
doit pas être une erreur. Mais j'aimerais savoir du ministre une
chose.
M. Laionde: Je ne faisais pas allusion à ce qui se fait
depuis 1945. Je faisais allusion à ce qui se fait depuis le 15 novembre
dernier.
M. Ouellette: Parce que c'est là que commencent les
erreurs?
M. Bédard: A votre tour, soyez logique dans vos
représentations.
M. Lalonde: Cela vous arrive de ne pas en faire.
M. Bédard: Soyez logique dans vos
représentations.
M. Lalonde: Je les reconnais dans ce temps.
M. Bédard: Si c'est une erreur, comme vous le dites, vous
l'avez perpétuée depuis pas mal longtemps.
M. Lalonde: Je trouve que c'est une contradiction.
M. Bédard: Premièrement, je ne crois pas que ce
soit une erreur de tenir compte d'une situation qui existe dans un organisme
comme l'Hydro-Québec depuis 1945.
M. Lalonde: Pour une clause grand-père, oui.
M. Bédard: Et un amendement dans le sens de celui qu'on
propose, si on fait abstraction de partisanerie, rejoint justement l'objectif
que nous voulons atteindre pour tenir compte de cette situation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Je reviens avec la deuxième partie de mon
intervention. Il se dégage, à la suite des conversations qui ont
été faites entre avocats, qu'il y a deux situations
différentes entre les avocats qui travaillent pour l'Hydro-Québec
et ceux qui font partie du contentieux du ministère de la Justice. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys parle de
déséquilibre ou de contradiction. Est-ce votre intention, lors de
la négociation salariale des avocats à l'emploi de
l'Hydro-Québec, de corriger cette situation? Je ne veux pas entrer dans
les principes philosophiques.
M. Bédard: Non, comme je ne veux pas entrer dans leurs
négociations.
M. Lalonde: Ne me posez pas la question à moi.
M. Bédard: Ils ne sont pas à notre emploi.
M. Lalonde: A compter de 1979-1980 on pourra vous
répondre.
M. Ouellette: Quand même, le gouvernement a un certain mot
à dire en ce qui concerne l'administration de l'Hydro-Québec.
M. Bédard: Vous avez bien dit: Un certain mot à
dire.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre de la Justice a l'intention de
nationaliser le contentieux de l'Hydro-Québec?
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Lalonde: Avec l'Asbestos, peut-être qu'il pourrait
acheter aussi le contentieux?
M. Bédard: Ne risquez pas de vous égarer en
mêlant Asbestos puis Hydro-Québec.
M. Lalonde: C'est votre collègue.
Le Président: S'il vous plaît, l'amendement
prop0sé à l'article 5 serait à l'effet d'ajouter,
après le dernier paragraphe de l'article 5, l'article 5a qui
mentionnerait que l'article 5 ne s'applique pas à la Commission
hydro-électrique de Québec. Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Fontaine: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division.
M. Clair: M. le Président, pour fins de clarification
seulement, l'article 5 comme tel est-il adopté actuellement?
Le Président (M. Boucher): On va adopter l'amendement sur
division. Est-ce que l'article 5 est adopté?
M. Lalonde: M. le Président... M. Clair: Mais
l'article 5...
M. Lalonde: J'aimerais savoir ce qu'il a l'air l'article 5, par
exemple.
M. Bédard: Tel que proposé.
M. Lalonde: Moins l'amendement de ce matin. Vous retirez
l'amendement de ce matin?
M. Bédard: On retire l'amendement de ce matin pour le
remplacer par l'article 5a qui, effectivement, prévoit...
M. Clair: M. le Président, on garde l'article 5
intégralement tel qu'il était dans le projet de loi,
c'est-à-dire qu'on n'enlève pas non plus les mots "ou d'un
organisme public" dans les premier et deuxième paragraphes. On laisse
cela également tel quel.
M. Bédard: Tel que rédigé, mais on ajoute
l'article 5a.
Le Président (M. Boucher): Article 5 adopté? M.
Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Boucher): L'article 5a sur division.
M. Lalonde: Les deux.
Le Président (M. Boucher): Les deux sur division.
Article 6.
M. Lalonde: On va attendre les explications du ministre
là-dessus.
M. Bédard: Cet article abroge les articles 3 et 5 de la
Loi modifiant la Loi des autoroutes, le Code de la route qui ont
été repris avec modifications dans l'article 4 du présent
projet et le deuxième alinéa du présent article.
C'était dans cette loi qu'on avait énuméré les
trois villes dont j'ai parlé, et que nous avons mentionnées tout
à l'heure: Longueuil, Greenfield Park et...
M. Lalonde: Oui, je vois c'est le deuxième paragraphe.
M. Bédard: Alors comme cela devient une règle
générale et non pas...
M. Lalonde: D'accord, cela marche.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 7.
M. Lalonde: II est changé, il est remplacé.
M. Blank: Nous avions demandé pourquoi.
M. Lalonde: L'Hydro-Québec va être contente.
M. Blank: L'article 7, comme c'est dans la loi.
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Bédard: II ne m'importe pas que l'Hydro-Québec
soit contente ou pas, il m'importe surtout de tenir compte de certaines
situations qui existent depuis longtemps.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 64 est donc
adopté tel qu'amendé. Je prie le rapporteur de faire rapport a
l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission. Projet de loi
65, Loi modifiant le Code civil et concernant certains recours en
matière de responsabilité médicale. Article 1. M. le
ministre.
Projet de loi no 65 Autorité parentale
M. Bédard: M. le Président, tel que nous l'avions
explicité dans le discours de deuxième lecture, la plupart des
modifications qui sont apportées au Code civil dans le cadre de la
présente loi ont été rendues nécessaires par
l'adoption du principe de l'autorité parentale qui doit remplacer celui
de l'autorité paternelle. En 1964, le législateur adoptait une
loi qui visait à donner à la femme mariée la
capacité juridique au même titre que le mari. Toutefois, quelle
qu'en soit la raison, le Code civil n'a pas été modifié au
chapitre de la puissance paternelle.
Bien plus, en 1970, le code fut modifié pour attribuer, dans le
cas de parents d'enfants naturels, non pas la puissance paternelle au
père, mais l'autorité parentale au père et à la
mère. Il semble donc opportun et logique de statuer
définitivement en cette matière. A l'article 1, je ne sais pas
s'il y a des remarques. Actuellement, en vertu du deuxième alinéa
de l'article 20 du Code civil, le mineur qui a obtenu consentement du titulaire
de l'autorité paternelle et l'autorisation d'un juge de la Cour
supérieure peut consentir par écrit à l'aliénation
entre vifs d'une partie de son corps. La
modification prévoit que cette décision très
importante à prendre pour un mineur ne pourra être applicable sans
le consentement du titulaire de l'autorité parentale, soit en principe
celui de son père et de sa mère.
Toutefois, il faut souligner qu'en vertu de l'article 245c, qui est un
nouvel article qu'on ajoute, qui constitue du droit nouveau, l'un des parents
sera réputé agir avec l'accord de l'autre à l'égard
des tiers de bonne foi dont il faut tenir compte. Je ne sais pas s'il y a des
remarques.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, à l'article 1, le
remplacement que vous faites, j'ai l'impression que vous changez pour rendre
concordante l'autorité parentale et la puissance paternelle. Mais, dans
l'article 20 du Code civil, on parle de consentement du titulaire de la
puissance paternelle. Vous changez cela pour de l'autorité parentale. Il
était logique de parler du titulaire, mais maintenant que vous dites
autorité parentale et que vous avez plus d'un titulaire, est-ce qu'il
est nécessaire de changer "du titulaire"? Ce n'est plus le titulaire de
l'autorité parentale, ce sont les titulaires.
M. Bédard: Non, c'est que le singulier comprend le
pluriel; le titulaire, dans l'esprit de la présente loi, c'est le
père et la mère. On n'a pas à changer la terminologie,
sauf que titulaire, dans la présente loi, n'a pas la même
signification qu'il avait dans ce qui existait précédemment,
où le titulaire représentait l'autorité paternelle.
Là, le titulaire représente l'autorité parentale,
l'autorité du père et de la mère. D'accord?
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 2?
M. Bédard: A l'article 2, actuellement, en vertu du
deuxième alinéa de l'article 21, le mineur qui a obtenu le
consentement du titulaire de l'autorité paternelle peut, par
écrit, régler les conditions de ses funérailles et le mode
de disposition de son cadavre. La modification prévoit qu'il pourra le
faire avec le seul consentement de son père ou de sa mère.
Le Président (M. Boucher): L'article 2 est-il
adopté?
Une Voix: Alors, le mariage, c'est vrai?
M. Blank: Le mariage, c'est vrai. Le titulaire, c'est les
deux.
Le Président (M. Boucher): Article 2, adopté. M.
Bédard: Ce qui enlève le fondement...
M. Lalonde: Et si le titulaire n'est pas unanime?
M. Bédard:... d'une grande partie de votre critique en
deuxième lecture.
M. Lalonde: Si le titulaire n'est pas unanime, à ce
moment-là, ma critique est quand même valable.
M. Bédard: C'est une question grammaticale.
M. Lalonde: Si cela prend deux personnes pour donner le
consentement, si une personne dit oui et que l'autre dit non?
M. Bédard: A ce moment-là, une procédure est
prévue.
M. Lalonde: Oui, d'accord.
M. Bédard: II y a un recours à la Cour
supérieure par voie de requête afin de statuer lorsqu'il y a
division entre le père et la mère.
M. Fontaine: Le recours, ce n'est pas la Commission des affaires
sociales.
M. Ciaccia: Le café est la gracieuseté du
comté de Mont-Royal. Le député de Mont-Royal vous offre le
café.
M. Bédard: Pour digérer l'autorité
parentale?
Le Président (M. Boucher): L'article 2 est-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3.
M. Bédard: En vertu de l'article 53a du Code civil,
obligation est faite au père ou, en son absence, à la
mère, de faire enregistrer la naissance de son enfant. La modification
prévoit que cette obligation pourra maintenant être remplie par
l'un ou l'autre ou même, à défaut, par la personne qui a la
garde de l'enfant. Cette modification est faite aux deux premiers
alinéas. Par ailleurs, il est prévu dans ces deux alinéas,
de même qu'au premier alinéa, que cette obligation de faire
enregistrer son enfant doit être remplie à l'intérieur d'un
délai bien précis. Selon le cas, il s'agit de quatre mois, douze
mois et même trois ans. Toutefois, si on les interprétait
strictement, ces dispositions signifieraient qu'il serait impossible aux
parents, passé ces délais, de faire enregistrer la naissance d'un
enfant, avec la conséquence qu'une personne pourrait exister
physiquement sans exister légalement et être ainsi privée
de la jouissance de ses droits civils.
C'est clair que cela ne pouvait être l'intention du
législateur. Les délais dont il s'agit sont plutôt
établis en fonction d'une pénalité imposée aux
contrevenants si la naissance n'est pas enregistrée
dans les délais prescrits. Il me paraît donc pertinent
de...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: J'ai lu un article, récemment, dans l'une des
publications du Barreau, qui a fait toute une histoire avec la question de
l'enregistrement des naissances. On conclut que si une personne n'enregistre
pas un enfant, la seule pénalité serait une amende et que toutes
les requêtes de rectification des registres sont mal fondées,
qu'on n'a pas le droit de faire cela, suivant l'article. Je ne sais pas si
votre contentieux a lu cet article, mais la personne qui l'a écrit
suggérait des amendements au Code civil pour donner des ouvertures. Il
explique qu'avec la loi actuelle, la façon dont le Code civil est fait,
on n'a pas le droit d'enregistrer une naissance qui ne l'a pas
été durant les délais, parce que ce n'est pas une
rectification des registres, c'est ajouter quelque chose aux registres, ce qui
n'est pas prévu par le Code civil.
M. Bédard: C'est dans ce sens-là qu'on dit...
M. Blank: Cela ne règle pas ce problème... Il
discute le jugement du juge Nichols et son argumentation a l'air logique.
M. Ciaccia: D'après l'article 864, c'est une demande de
rectification d'un acte d'état civil. S'il n'a pas été
enregistré, vous ne pouvez pas rectifier quelque chose qui n'existe pas.
Il faut le refaire.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
ministre.
M. Lalonde: Je pense que Me Jacoby veut répondre.
M. Bédard: Pour répondre à votre question...
M. Blank: ... j'ai lu cet article.
M. Bédard: ... l'article dont vous faites mention est une
opinion discutable. Il n'en demeure pas moins que depuis toujours les tribunaux
ont permis l'enregistrement par le biais du Code de procédure
civile.
A l'article 864, c'est clair, on dit: "La demande en rectification d'un
acte de l'état civil ainsi que celle visant à faire
insérer dans les registres un acte qui devrait s'y trouver". Cela vise
le cas. L'article est indiscutable puisque le Code de procédure civile
est très clair. Ce qui est ajouté en plus, à l'article 53a
pour que les gens soient au courant, c'est qu'on fait une
référence au Code de procédure civile dans les cas
où la naissance n'a pas été enregistrée dans les
mois prescrits.
Le Président (M. Boucher): L'article 3 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 4?
M. Lalonde: Oui. L'autorité parentale. Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 5?
M. Bédard: L'article 5 remplace en bloc toutes les
dispositions que l'on retrouve sous le titre de la puissance paternelle,
à l'exception de l'article 242 qui se lit comme suit: "L'enfant à
tout âge doit honneur et respect à ses pères et
mères". Cela reproduit ce qui existait. L'article 242 demeure tel quel.
On commence à 243. Le texte qui est proposé se lit comme suit:
"II est sous leur autorité jusqu'à sa majorité ou à
son émancipation". L'article 243 actuel stipule que l'enfant mineur est
sous l'autorité de son père et de sa mère jusqu'à
sa majorité ou à son émancipation, mais il précise
que le père seul exerce l'autorité sur son enfant mineur pendant
le mariage. Le nouvel article 243 ne retient que l'autorité conjointe en
tout temps. C'est une question de logique.
L'article 244 consacre l'idée, aujourd'hui courante, de
l'égalité des droits entre parents. Il stipule que
l'autorité parentale est exercée par le père et la
mère et qu'aucun d'eux ne peut prétendre à un droit
prioritaire. En vertu de cet article, comme il est mentionné au tout
début des commentaires, le père et la mère sont le
titulaire de l'autorité parentale. Il est aussi prévu que
l'autorité parentale est exercée par le père ou la
mère si l'un d'eux décède ou n'est pas en mesure de
manifester sa volonté. Dans l'hypothèse où le père
et la mère décideraient simultanément, à ce moment,
les dispositions du Code civil concernant la tutelle s'appliqueraient.
Les articles 245a et 245b qui constituent du droit nouveau, reprennent
l'article 245 en vigueur et le modifient. Actuellement, le père, et
à son défaut la mère, a sur son enfant mineur et non
émancipé un droit de correction modérée et
raisonnable, droit qui peut être délégué et que
peuvent exercer ceux à qui l'éducation de cet enfant a
été confiée". Cette délégation est encore
possible en vertu de l'article 245, sauf qu'elle est le fait du titulaire de
l'autorité parentale, donc à la fois du père et de la
mère. Finalement, rappelons que le droit même à
l'autorité parentale étant en principe incessible, sauf en cas de
consentement à l'adoption, la délégation ne porte ici que
sur l'exercice de ce droit.
M. Ciaccia: J'ai compris, M. le ministre, votre explication sur
le titulaire comprenant les deux, mais, si vous regardez la traduction en
anglais, il va falloir que vous changiez cette traduction parce que, dans ce
cas-là, on dit "the person", c'est la personne ayant l'autorité
parentale.
M. Bédard: On fera les accommodations
nécessaires.
M. Ciaccia: Pour moi, cela aurait été certainement
plus clair de l'avoir mis au pluriel.
M. Alfred: M. le Président, c'est regrettable parce que
toute traduction est une trahison.
Une Voix: Suivant les anglophones.
M. Ciaccia: Je ne suis pas expert en trahisons. Je ne pourrais
pas vous le dire.
M. Alfred: Quand vous traduisez, vous trahissez. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys me comprend.
M. Lalonde: Je vous ai toujours compris.
M. Bédard: On va essayer de traduire correctement pour que
cela reflète...
M. Ciaccia: Cela peut causer certaines
ambiguïtés.
M. Bédard: II faut que la traduction soit faite de
manière à enlever toute ambiguïté possible. L'article
245a se lit comme suit: "Le mineur non émancipé ne peut quitter
la résidence familiale sans le consentement du titulaire de
l'autorité parentale". Cet article reprend et modifie l'article 244
actuel qui suppose que le mineur non émancipé ne peut quitter la
maison paternelle sans la permission de son père. La modification
prévoit que ce départ ne sera possible qu'avec le consentement du
titulaire de l'autorité parentale, soit, en principe, du père et
de la mère.
L'article 245c adopte la règle voulant qu'à l'égard
des tiers de bonne foi, chacun des parents est réputé avoir le
mandat de l'autre lorsqu'il pose un acte d'autorité concernant l'enfant.
En effet, étant donné que l'autorité parentale
relève également du père et de la mère, que les
actes d'autorité se manifestent de façon presque quotidienne et
qu'il est souvent difficile de connaître de façon précise
la volonté du père et de la mère, je pense qu'il est
évident qu'il apparaît nécessaire de créer, à
l'égard des tiers de bonne foi, cette présomption
irréfragable que l'acte d'autorité du père et de la
mère à l'égard de la personne de l'enfant a reçu
l'accord de l'autre.
L'article 245d se lit comme suit: "Le père ou la mère
peut, sur requête, saisir le tribunal de tout différend relatif
à l'exercice de l'autorité parentale. Le tribunal ordonne alors
les mesures appropriées dans l'intérêt de l'enfant". Alors,
c'était nécessaire parce qu'il est prévisible que la
consécration législative de l'égalité des droits
entre parents puisse être la source de conflits. Il semblait donc
indispensable de recourir à un arbitre, le cas échéant, en
l'occurrence, le tribunal. Ainsi, nous proposons un nouvel article, qui est
l'article 245d selon lequel le père ou la mère peut saisir le
tribunal de tout différend relatif à l'exercice de
l'autorité parentale. Le tribunal sera donc appelé à
résoudre ce genre de difficulté en s'inspirant du principe de
l'intérêt de l'enfant qui constitue l'une des règles de
base du droit familial nouveau.
L'article 245e, qui est du droit nouveau, énonce le principe
fondamental que le droit à l'au- torité parentale n'est plus un
droit dont les titulaires ne peuvent pas être privés.
Jusqu'à présent, en effet, le droit civil a toujours
considéré qu'un parent pouvait se voir retirer le droit
d'exercice mais jamais le droit de jouissance de l'autorité parentale.
Le tribunal pourra maintenant prononcer cette déchéance pour
motif grave et dans l'intérêt de l'enfant. Ce pourrait être
le cas dans l'hypothèse où les parents se voient condamnés
pour des crimes sur la personne de l'enfant, négligent gravement leurs
devoirs envers l'enfant, ou encore l'abandonnent pendant une longue
période ou dans les cas où les parents abusent manifestement de
leur autorité.
L'article 245f vise à établir que la
déchéance met fin à tous les droits du parent. De plus,
lorsque le prononcé de la mesure se justifie en raison de la
gravité des faits, nous croyons opportun qu'il puisse s'étendre
à tous les enfants du parent déchu.
M. Ciaccia: Est-ce que M. le ministre a trouvé que
l'article 245f suit nécessairement l'article 245e, spécialement
l'obligation alimentaire?
M. Lalonde: Est-ce que ce n'est pas la seule obligation que
l'enfant a à l'égard du parent, la clause
d'obéissance?
M. Ciaccia: Pour certaines raisons, il peut y avoir une
déchéance déclarée de l'autorité parentale
parce que, dans l'exercice de cette autorité, un des parents ne se
conforme pas à ses devoirs. Mais est-ce que, de ce fait, on doit aller
jusqu'au point de dire que cela enlève l'obligation alimentaire de
l'enfant? Est-ce que l'un est nécessairement relié à
l'autre?
M. Bédard: II me semble que c'est très logique que
des parents ayant abusé de leur autorité, l'enfant ne soit, en
aucune façon, redevable d'aliment à leur endroit.
M. Ciaccia: Une, c'est notre obligation.
M. Bédard: C'est l'essentiel d'une recommandation qui a
été faite par l'office de révision du Code civil qui a
analysé l'ensemble de cette...
M. Ciaccia: Une, c'était une obligation morale et l'autre
c'est une obligation économique. Je ne voyais pas tout à fait le
lien entre les deux.
M. Bédard: On me dit également que cette situation
que nous prévoyons par l'article existe dans toutes les autres provinces
canadiennes.
M. Alfred: M. le Président, il y a une concordance entre
cet article et la loi 24, ayant trait à la protection de la jeunesse. Si
je ne me trompe pas, cet article est concordant avec cette loi.
M. Bédard: II me semble que c'est la logique que les
droits qui sont reconnus aux parents, à partir du moment où ces
droits sont annihilés, il
n'existe plus, par rapport à l'enfant, des obligations envers ces
parents qui, en fait, ont abusé de leurs droits.
M. Lalonde: Je suis d'accord avec cela.
M. Bédard: 245g stipule que l'enfant conserve tous ses
droits à l'égard du parent qui a fait l'objet d'une
déchéance. On stipule que le fait que des parents ont
été déchus de leur autorité, cela n'enlève
pas quand même les droits de l'enfant vis-à-vis de ses parents.
C'est la consécration d'un principe fondamental du droit familial.
L'enfant ne perd jamais ses droits, quelle que soit la mesure prononcée
contre les parents ou les circonstances dans lesquelles ceux-ci peuvent se
trouver.
M. Ciaccia: D'accord.
M. Bédard: L'article 245h vise à donner
priorité à l'instruction d'une requête pour
déchéance de l'autorité parentale et à celle pour
différends, relatifs à l'exercice de cette autorité
parentale.
M. Lalonde: D'accord.
M. Bédard: il est nécessaire de procéder
avec célérité dans ces cas. L'article 245i reprend, de
façon plus concise, l'article 245a actuel. Il est mentionné, au
tout début des commentaires, que le législateur avait, en 1970,
modifié le Code civil, pour attribuer, dans le cas de parents d'enfants
naturels, non pas la puissance paternelle au père, mais
l'autorité parentale, au père et à la mère.
M. Lalonde: C'est justement là le problème, qui
n'en est peut-être pas un non plus. Je veux simplement demander au
ministre s'il est bien satisfait que cet article, non seulement s'applique au
père ou à la mère d'un enfant naturel, pour les droits,
mais aussi à l'enfant naturel, pour ses droits à l'égard
de ses père et mère. Autrement dit... Non, je pense qu'à
la réflexion, étant donné qu'on n'enlève jamais les
droits à l'enfant, quelle que soit la déchéance, on n'a
pas ici à les reprendre.
M. Bédard: Et quelles que soient la
déchéance ou les circonstances; je pense que cela couvre cette
préoccupation énoncée par le député.
L'article 245j, qui stipule ceci: A moins que le contexte ne le permette
manifestement pas, l'on doit étendre au père et à la
mère l'application d'une loi ou d'un règlement d'application
d'une loi qui confère un droit ou impose une obligation à l'un
deux, à l'égard de l'enfant.
Il s'agit d'une disposition de fait omnibus qui a pour effet
d'étendre l'application du principe de l'autorité parentale
consacrée par le Code civil, au moyen de modifications qui ont fait
l'objet des permiers articles de la présente loi, à toutes les
lois et à tous les règlements qui confèrent un droit ou
imposent une obligation au père ou à la mère, à
l'égard de l'enfant. L'application de ce principe n'est
évidemment réalisable que dans la mesure où le contexte le
permet.
Ainsi, dans le cas de recherche de paternité, il est
évident que ce droit ne s'étend pas au titulaire de
l'autorité parentale, c'est-à-dire au père et à la
mère. C'est là la raison d'être, dans le texte de l'article
245j des mots "à moins que le contexte ne le permette manifestement
pas".
Par ailleurs, la substitution de l'autorité parentale à la
puissance paternelle aura des effets sur certaines directives, telles celles
émises par le gouvernement fédéral et relatives aux
conditions d'obtention des passeports ou d'inscription de noms sur un
passeport. Actuellement, lorsqu'une femme mariée veut faire inscrire ses
enfants sur un passeport, elle doit obtenir l'autorisation de son mari. Cette
condition n'existe que pour le Québec où subsiste toujours la
puissance paternelle. Avec le changement...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on a bien
mesuré la portée de cette clause omnibus et les
conséquences qu'elle peut avoir? Généralement, quand on
veut étendre l'application d'un principe un peu à l'aveuglette,
on retrouve des situations cocasses. Je me demande si on a au moins
tenté de voir ce que cela pourrait donner en pratique.
M. Bédard: Peut-être...
M. Lalonde: Oui, si Me Jacoby veut...
M. Bédard: Nous avons fait un inventaire, un
échantillonnage dans les lois. Finalement, les lois attribuent des
droits au père tout simplement à cause du Code civil. On a
gardé cette tradition. Dans tous les cas qu'on a pu examiner, cela ne
posait aucun problème, que ce soit indistinctement le père ou la
mère qui agisse. Cette disposition ombibus va obliger, au niveau de la
refonte des lois, à modifier toutes les lois sectorielles et les
règlements d'application, sauf dans les cas où c'est impossible,
lorsque le contexte ne le permet pas. Par exemple, c'est évident qu'une
action en recherche de paternité...
M. Lalonde: Ne peut être faite par la mère. On peut
comprendre cela. Je vous remercie, Me Jacoby.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'aurais quelques remarques
concernant tous ces articles en général. Je pense que cela
découle du rapport de l'Office de révision du Code civil qui a
été déposé en 1975. Il y a certaines choses...
M. Bédard: La situation existait déjà dans
le Code de procédure.
M. Fontaine: A l'article 245, on dit: "le titulaire qui a
l'autorité parentale". Je me demande pourquoi on indique le titulaire. A
la page 48 du rapport, l'article qui était proposé disait: "Les
parents peuvent déléguer la garde, l'éducation et la
surveillance de leur enfant". Je me demande pourquoi on inscrit ici le
titulaire de l'autorité. On se demande, à ce moment-là,
comment on va pouvoir faire appliquer cet article.
M. Bédard: Oui, mais le titulaire, dans l'esprit de la
loi, c'est le père et la mère, à moins qu'il y ait une
situation qui fasse qu'il soit identifié autrement.
M. Fontaine: On permet de déléguer la garde... S'il
y a seulement un des deux qui veut déléguer
l'autorité...
M. Bédard: A ce moment-là, il y a la
possibilité de recours, lorsqu'ils ne sont pas d'accord, par voie de
requête au tribunal. Déléguer la garde d'un enfant, c'est
quand même une décision importante. On doit obtenir le
consentement des deux parents.
M. Fontaine: S'il n'y a pas d'accord, à ce
moment-là, il y a une requête devant le tribunal.
M. Bédard: S'il n'y a pas d'accord, il y a la
possibilité d'une requête au tribunal.
M. Fontaine: D'accord. A l'article 245e: "Le tribunal peut, sur
requête, pour motif grave et, dans l'intérêt de l'enfant,
prononcer la déchéance totale ou partielle". Qui va
présenter cette requête?
M. Lalonde: Est-ce qu'il y a un intérêt?
M. Bédard: Si un des parents est susceptible de
déchéance, ce sera l'autre parent.
M. Fontaine: Si les deux...
M. Bédard: Si ce sont les deux, à ce
moment-là, cela peut être un tiers.
M. Lalonde: Quiconque a un intérêt.
M. Bédard: Qui?
M. Lalonde: ... un intérêt.
M. Fontaine: Ne serait-il pas mieux de le mentionner? Si c'est un
voisin, par exemple, est-ce qu'il a un intérêt?
M. Ciaccia: Peut-être, cela dépendrait du cas.
Supposons que des actes criminels soient commis, des abus qui perturberaient...
si c'est de l'ordre social... Cela se peut que, dans les circonstances, un
voisin puisse...
M. Bédard: Dans la nouvelle Loi de la protection de la
jeunesse...
M. Ciaccia: Je ne pense pas qu'on puisse le restreindre à
cet article-ci.
M. Bédard: ... il est stipulé que le directeur peut
prendre l'intiative d'instruire une telle requête auprès du
tribunal, lorsqu'une situation de déchéance possible est
portée à son attention.
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Drummond.
M. Clair: Merci, M. le Président. C'était
exactement la même question que le député de
Nicolet-Yamaska.
Le Président (M. Boucher): Ah bon! L'article 5 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 6.
Placement en fidéicommis pour un enfant
mineur
M. Bédard: L'article 6 propose une solution à l'un
des problèmes soulevés par le juge Deschênes dans un
mémoire qu'il nous avait remis, au niveau du ministère, où
il était aux prises avec la situation découlant du fait qu'il
avait autorisé le règlement de 27 réclamations d'enfants
victimes de la thalidomide. Ces transactions impliquaient un montant total de
$7 818 664.38.
Or, étant donné les indemnités importantes
accordées aux victimes, la difficulté d'administration de telles
sommes et l'inexpérience des parents dans le domaine financier, les
parties avaient convenu d'une fiducie à long terme. De toute
évidence, c'était dans l'intérêt des mineurs.
Toutefois, un tel dépôt ne peut être autorisé
en vertu de l'article 985r du Code civil, qui se lit comme suit: "Les personnes
visées à l'article 981o..." et le tuteur est compris dans
cette énumération "... peuvent déposer l'argent dont
elles sont saisies dans une banque, une banque d'épargne, une compagnie
de fidéicommis ou une caisse d'épargne et de crédit si le
dépôt est remboursable à demande ou sur avis d'au plus
trente jours."
Alors, le juge Deschênes, dans son jugement, avait tenté de
contourner l'obstacle par le recours aux articles 297, 298 et 307 du Code
civil. L'article 297 traite des procédures auxquelles doit se soumettre
le tuteur ou de l'autorisation qu'il doit obtenir d'un juge, si les
procédures ne sont pas pertinentes dans l'hypothèse où il
veut emprunter pour son pupille, aliéner ou hypothéquer ses
immeubles, céder ou transporter ses capitaux ou ses actions dans les
compagnies de finance, de commerce et d'industrie.
L'article 298 ajoute que cette autorisation n'est accordée que
pour cause de nécessité ou
d'un avantage évident. Quant à l'article 307, qui nous
semble plus pertinent, il oblige le tuteur à obtenir l'autorisation du
tribunal sur avis du conseil de famille pour transiger au nom du mineur.
Après s'être appuyé sur ces articles pour sanctionner les
conventions intervenues entre les parties, il reste quand même que le
juge Deschênes admet, avec raison, qu'il subsiste néanmoins un
certain doute. Compte tenu de la certitude que d'autres cas semblables
pourraient se présenter encore dans l'avenir, ce dernier le juge
Deschênes nous avait fait des représentations afin de
trouver le moyen de supprimer cette difficulté, non seulement pour les
cas sur lesquels il avait été appelé à rendre
jugement, mais aussi en fonction des cas futurs qui pourront se
présenter. La solution proposée par l'article 6 est
d'édicter au moyen d'un nouvel article 296a que le tuteur peut, avec
l'autorisation du juge et aux conditions fixées par ce dernier et sur
avis du conseil de famille, effectuer le placement en fidéicommis de
sommes d'argent appartenant au mineur, si ce dépôt est à
l'avantage de ce dernier.
Il faut noter qu'en vertu du deuxième alinéa de ce nouvel
article, le juge conserve la possibilité de réviser sa
décision dans l'intérêt de l'enfant.
Enfin, il est prévu plus loin que ce nouvel article est
rétroactif de façon à valider explicitement les placements
mentionnés plus haut et à éviter que soit possible un
contentieux qui pourrait être préjudiciable aux victimes
auxquelles je me suis référé tout à l'heure.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Seulement une question. Naturellement, je vois que
l'article proposé a recours à peu près à toutes les
précautions qu'on peut imaginer. C'est l'autorisation du juge, l'avis du
conseil de famille. Il reste qu'on ne restreint pas le concept de l'institution
financière à ce qu'on retrouve par exemple dans le Code civil
actuellement.
Ce serait la seule précaution qu'on pourrait ajouter. Une
institution financière, ce n'est pas défini, je pense, par le
Code civil.
Jusqu'à maintenant, à l'article dont je ne me souviens pas
du numéro, mais que le ministre vient de mentionner, on
réfère aux banques à charte...
M. Bédard: ... de commerce et d'industrie.
M. Lalonde: Non, aux compagnies fidéicommis. On
réfère je pense que c'est l'article 985 aux caisses
d'épargne et de crédit. Cela aussi, c'est par la loi. C'est
défini ce qu'est une caisse d'épargne et de crédit. On
sait ce qu'est une banque à charte; mais dans l'article 296a
proposé, on parle d'institution financière.
Je comprends que le gouvernement et le ministre, en particulier, soient
satisfaits qu'avec les autres précautions, c'est-à-dire
l'autorisation du juge, l'avis du conseil de famille, on ne crée pas la
possibilité que le dépôt qui pourrait être important
on a vu l'exemple qu'il nous a donné; on parle de plusieurs
millions de dollars soit fait dans une institution financière qui
ne pourrait pas garantir le remboursement.
Je comprends que le ministre soit satisfait de cela.
M. Bédard: Oui. Je suis convaincu...
M. Ciaccia: Mais d'après l'article tel que
rédigé...
M. Bédard: Tel que l'article le dit, cela sera fixé
par le juge, en tenant compte également de l'avis du conseil de
famille... Aux conditions que le juge va croire importantes de
préciser...
M. Ciaccia: Mais l'article lui-même ne donne pas cette
précaution, cette protection. Parce qu'on va laisser au juge l'expertise
et le soin de décider si une certaine institution financière peut
répondre tandis que, s'il y avait une certaine restriction, on pourrait
fixer à l'avance que c'est seulement dans certaines institutions
financières, telles que les banques à charte ou autres
institutions semblables il y en a plusieurs, même aujourd'hui,
qu'on appelle institutions financières, mais sait-on si elles vont
pouvoir donner les garanties?
M. Bédard: II me semble qu'avec les précautions
qu'on prend, non seulement diminue-t-on les risques, quels qu'ils soient, mais
je ne vois vraiment pas comment un juge, sur avis du conseil de famille, ayant
à évaluer une situation, peut en venir à d'autres
conclusions, que de faire des placements dans des institutions où il n'y
a aucun risque de perdre...
M. Lalonde: Je verrais la réponse au député
de Mont-Royal... Le seul critère objectif qu'on ajoute à cela et
c'est à la fin du premier alinéa; si ce dépôt est
à l'avantage du pupille et le juge devra... Il faut faire confiance,
naturellement, une fois qu'il y a une norme inscrite dans la loi, au
système, en ce sens que cette norme sera appliquée correctement,
que le juge va se poser la question aussi, si le conseil de famille ne le fait
pas, à savoir davantage si l'enfant, ce n'est pas seulement le taux
d'intérêt ou le rendement...
M. Bédard:... spéculatif.
M. Lalonde: ... mais qui va faire aussi... Cela va comprendre
aussi la sécurité du dépôt.
M. Bédard: Surtout la sécurité du
dépôt.
M. Lalonde: II faut présumer que le juge va se poser la
question quant à la sécurité du dépôt et que
s'il s'agit d'un dépôt de quelques millions de dollars, il ne
l'autorisera pas chez une institution financière dont le capital est
minimal.
M. Bédard: La sécurité du dépôt
me semble le principe fondamental ou l'aspect fondamental sur lequel vont se
pencher le conseil de famille et le juge.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: A l'article 11, on dit que l'adoption de cet article
6 est rétroactive au 1er janvier. J'imagine que c'est pour valider le
jugement du juge Deschênes.
M. Bédard: C'est pour couvrir les cas que j'ai
mentionnés tout à l'heure qui représentent des sommes
très importantes.
M. Fontaine: A votre connaissance, y aurait-il d'autres cas que
celui-là, que ceux que vous avez mentionnés?
M. Bédard: On n'a pas d'autres cas qui sont
concernés par la rétroactivité et pas d'autres cas non
plus à couvrir. En prévoyant que dans l'avenir, ces situations
peuvent se présenter, on a couvert le passé avec la
rétroactivité et je pense que cela règle pas mal la
question pour l'avenir.
Le Président (M. Boucher): Article 6. Adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 7?
M. Lalonde: Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 8?
M. Bédard: Cela reprend l'article 1259 actuel pour y
apporter une modification de concordance. Il s'agit d'y substituer le titre de
l'autorité parentale à celui de la puissance paternelle. C'est
une concordance.
M. Lalonde: Oui, adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 9.
M. Lalonde: De concordance.
M. Bédard: De concordance également.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 10 est
retiré.
M. Bédard: L'article 10 est retiré, M. le
Président, du projet de loi. Des représentations ont
été faites par le Barreau qui, simultanément, je crois, a
porté ces représentations-là aussi à l'attention de
l'Opposition lors du discours de deuxième lecture. J'avais
indiqué qu'à la suite des représentations faites par
l'Opposition, je verrais à réévaluer la situation. Dans le
cas présent...
M. Fontaine: Cela fait impression. M. Lalonde: De temps
à autre.
M. Bédard: ... on ne décidera pas si l'Opposition
c'est bon ou non, mais une chose qui est certaine, c'est que les
représentations du Barreau, qui m'avaient été faites dans
l'après-midi même qui a précédé la discussion
en deuxième lecture étant donné le délai
minimum, c'est facile pour l'Opposition d'embarquer tout de suite dans les
représentations du Barreau je pense qu'il était normal
pour le gouvernement de se donner un temps de réflexion. A partir du
moment où cela me semble très sérieux, on en vient
à la conclusion qu'on procédera autrement. Cela ne veut pas dire
que les situations que nous prévoyions corriger par l'article 10 ne se
doivent pas d'être corrigées, mais nous allons trouver le moyen de
le faire autrement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mont-Royal.
M. Bédard: Peut-être par un bill de
député.
M. Ciaccia: Je suis heureux de voir que le ministre a
accepté les recommandations, non seulement du Barreau, mais aussi de
l'Opposition officielle. Nous avions fait nos études sur cet aspect de
l'article 10 et nous en sommes venus aux mêmes conclusions, même
avant les représentations du Barreau, parce que je crois que le chapitre
80 avait été adopté par l'ancien gouvernement,
spécifiquement pour corriger certaines situations difficiles...
M. Bédard: ... certaines situations. L'ancien gouvernement
avait déjà rétroactivement
légiféré.
M. Ciaccia:... alors, nous sommes heureux de voir que vous avez
accepté les suggestions et les critiques que nous avions faites et de
voir que cet article est supprimé du projet de loi.
M. Bédard: Quand ce n'est pas la critique pour la
critique.
M. Ciaccia: Non.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Juste une remarque, M. le Président. Je me
demande comment il se fait qu'après le dépôt en
première lecture, le Barreau n'ait pas fait de représentations
avant, c'est-à-dire une heure peut-être avant le discours de
deuxième lecture. Est-ce que c'est parce que ces gens n'ont pas
été consultés?
M. Bédard: Je serais mal placé pour expliciter les
raisons qui font que le Barreau a apporté ces
représentations à notre attention, au moment que je vous
ai mentionné. Je ne pense pas que ce soit à moi à donner
les explications. L'important, c'est qu'il l'ait fait. Tel que je l'ai dit,
cela demeure et le Barreau est d'accord, qu'il y a une situation qu'il nous
faudra corriger. Nous le ferons par un autre moyen qui pourrait être un
bill présenté par un député.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je veux simplement
reconnaître, comme le député de Mont-Royal, que le ministre
a écouté et s'est aperçu qu'il y avait un problème
particulier. Il n'y a rien de partisan là-dedans. Je pense que le
problème était réel. On l'a soulevé de cette
façon-là.
M. Bédard: Vous y penserez à deux fois quand je
dirai non à une de vos suggestions. Ce ne sera pas parce que je ne vous
aurai pas écouté.
M. Lalonde: On souhaite que le ministre conserve cette ouverture
et l'élargisse un peu. La brèche est mince, mais nous allons nous
attaquer à élargir la brèche de plus en plus pour faire de
ce gouvernement un bon et un vrai gouvernement. M. le Président, je veux
simplement terminer en disant que, si jamais la question doit être
soulevée de nouveau sur ce problème-là en particulier,
l'Opposition tentera encore d'éclairer le gouvernement très
positivement là-dessus.
Le Président (M. Boucher): L'article 11 qui devient
l'article 10 est-il adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 12 qui devient
l'article 11, est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: Adopté.
Titre du projet de loi modifié
M. Bédard: M. le Président, il y aurait lieu,
étant donné le retrait de l'article 10, de modifier le titre du
projet de loi 65. Au lieu de Loi modifiant le Code civil et concernant certains
recours en matière de responsabilité médicale, il est
suffisant de dire: Loi modifiant le Code civil.
Le Président (M. Boucher): Alors cet amendement est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 65 est
adopté tel qu'amendé et je prie le rapporteur de faire rapport
à l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission.
Comme nous en sommes à l'heure d'ajournement...
M. Bédard: M. le Président, à ce qu'on me
dit, ce sera très rapide.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Non, j'ai seulement suggéré qu'on
étudie le bill 32 ce midi, parce que de notre côté,
l'Opposition officielle, je pense que ça prendrait seulement une dizaine
de minutes. Je ne sais pas ce que mon confrère ici pense.
M. Fontaine: Cela ne devrait pas être trop long.
M. Bédard: II faudrait peut-être savoir dans quoi on
s'engage, en termes de temps.
M. Fontaine: II y a quand même plusieurs amendements qui
sont apportés là-dedans.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez beaucoup d'amendements?
M. Bédard: Beaucoup d'amendements.
M. Lalonde: Vous avez de nouveaux amendements.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Bon, pour en prendre connaissance, ça
prendrait plus de temps.
M. Blank: Est-ce qu'on peut nous donner des copies des
amendements?
M. Lalonde: Si le ministre pouvait déposer les amendements
maintenant, on pourrait...
M. Blank: Cela pourrait faciliter le progrès.
M. Lalonde: ... faciliter le progrès des travaux la
prochaine fois.
M. Bédard: D'accord, on va remettre dès maintenant
à l'Opposition les amendements que nous voulons apporter, ça
facilitera d'autant le travail de l'Opposition.
M. Lalonde: Est-ce que vous pourriez aussi les remettre aux
députés ministériels, s'il vous plaît, je me fais
leur porte-parole, vous avez dit que vous les remettiez à
l'Opposition.
M. Bédard: Ils savent très bien...
M. Lalonde: Tout à coup, il faut que je fasse une autre
réunion et je ne serai pas là la prochaine fois.
M. Bédard: ... acheminer leurs demandes.
M. Lalonde: Je vois le député de Verchères
qui est intéressé, il vous suppliait des yeux de lui
remettre...
M. Fontaine: II vient de finir la lecture de son journal.
M. Lalonde: II a fini la lecture de son journal, alors il peut
s'intéresser à nous.
M. Clair: Question de règlement, M. le Président,
il se documentait, je le voyais faire.
M. Blank: Les documentaires se font..
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne donc ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 2)