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Étude des crédits du ministère de
la Justice
(Dix heures quatre minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, mesdames,
messieurs! Veuillez prendre vos places, s'il vous plaît!
Reprise des travaux de la commission de la justice pour l'étude
des crédits budgétaires de l'année 1978/79.
Sont membres de cette commission: M. Alfred (Papineau), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M. Charbonneau (Verchères), M.
Clair (Drummond), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Lacoste (Sainte-Anne), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Les intervenants sont: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe); M. Gernier (Mégantic-Compton) remplace M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe).
M. Lalonde: Comté de Marion, non, de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Vous y avez quasiment touché.
M. Lalonde: C'est drôle, en vous voyant apparaître,
on a pensé à cela.
M. Grenier: Ce matin...
Le Président (M. Laplante): M. Duhaime (Saint-Maurice), M.
Lavigne (Beauharnois). Cela présage bien. M. Léger (Lafontaine),
M. Marois (Laporte), M. Pagé (Portneuf), M. Roy (Beauce-Sud), M. Tardif
(Crémazie). Tel qu'il a été entendu à la
réunion d'hier, on débutera ce matin par le programme 15.
Programme 15, Sûreté du Québec. M. le ministre, si vous
voulez commencer vos remarques générales.
M. Bédard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Avant, les membres de la
commission vont recevoir l'annuaire 1978/79, le dépôt du ministre
de la Justice. Est-ce que vous avez des remarques générales, M.
le ministre?
M. Bédard: Toujours, M. le Président, c'est parce
qu'il y en a beaucoup.
M. Lalonde: Une motion de félicitations?
M. Bédard: On pourrait reprendre, vous allez avoir
l'occasion de vous racheter.
M. Lalonde: On pourrait peut-être commencer par une motion
de félicitations.
Sûreté du Québec
M. Bédard: Quelques remarques générales au
début de l'étude de ce programme. Au cours de l'année
écoulée, nous avons connu une diminution de la criminalité
de près de 5% par rapport à la moyenne des dernières
années et de 1,2% si on se compare à l'année 1976.
M. Lalonde: Voulez-vous parler plus fort...
M. Bédard: Le député de Marguerite-Bourgeoys
aimerait que je répète, parce qu'il y a du bruit, M. le
Président. Au cours de l'année écoulée, nous avons
connu une diminution de la criminalité de 5% par rapport à la
moyenne des dernières années et de 1,2%, si on compare avec
l'année 1976. Par contre, le taux de solution de cette
criminalité a été de 35,4%, alors qu'en 1976 il
s'était maintenu à 35,8%.
Dans le domaine de la sécurité routière, nous avons
terminé l'année 1977 avec sept mortalités de moins qu'en
1976, deux accidents avec blessés de plus et, un fait qui vaut la peine
d'être mentionné, une diminution de 3345 accidents
matériels.
Ces résultats ont pu être atteints, je crois, grâce
à l'amélioration des programmes policiers et au travail
professionnel et dynamique de nos policiers. Je n'en viens pas à une
motion de félicitations, M. le Président.
Ces données offrent une image plus probante...
M. Lalonde: On s'en chargera.
M. Bédard: Vous allez vous en charger, parfait.
Ces données offrent une image plus probante de l'effort accompli,
quand on sait que, dans le parc-automobiles du Québec, le nombre de
nouveaux détenteurs de permis de conduire s'est accru, en moyenne, de
8,8% au cours des cinq dernières années.
Il est bon de signaler que nous avons connu une diminution
marquée des opérations de maintien de l'ordre et ce, à
cause de la sérénité du climat dans le secteur des
relations de travail en général. Il y a évidemment eu des
grèves, mais celles-ci n'ont pas connu l'affrontement exigeant
d'interventions fréquentes de la Sûreté du Québec.
Il a donc été possible d'affecter les efforts à d'autres
secteurs vitaux dans la lutte contre le crime.
Concernant les objectifs en 1978, nous avons toujours comme objectif de
diminuer la criminalité et d'augmenter la sécurité
routière, du moins de maintenir une stabilité acceptable. Nous
savons que cela sera difficile, si l'on est conscient du fait que les efforts
des criminels ne diminuent en rien et qu'aucun programme visant à
modifier les attitudes et les comportements des conducteurs n'est offert aux
automobilistes.
Par contre, la crise de l'énergie, la hausse du coût de
l'essence et la venue sur le marché de voitures moins puissantes que
s'attire la popularité du grand public sont autant de facteurs qui
contribueront au maintien d'une stabilité comparable à
l'année 1977 en matière de prévention criminelle. Cela
devrait nous permettre d'atteindre les résultats souhaités dans
le domaine de la criminalité.
Nous avons, en effet, l'intention de raffiner sur les programmes de
prévention du crime et de les activer le plus possible, en collaboration
avec les divers corps policiers municipaux, par le biais de spécialistes
régionaux prenant ainsi la relève de la Commission de police qui
s'est retirée du secteur de la prévention, laissant le champ
à la Direction générale de la sécurité
publique, en termes de coordination.
M. le Président, au niveau de la sécurité
routière, les membres de l'Assemblée nationale ont
été à même de le constater la semaine
dernière, nous avons fait le lancement en collaboration avec les clubs
Optimiste du Québec, et nous espérons que d'autres clubs sociaux
vont se joindre à eux, d'une campagne de sensibilisation de la
population, ayant comme objectif de sauver des vies, par une meilleure
information auprès des usagers de la route.
Voilà les remarques préliminaires. Concernant les
ressources financières, le budget du programme 15 de la
Sûreté du Québec est de $140 792 millions, comparativement
à $133 692 900 en 1977/78. Cet écart de $7 millions qui se
retrouve à l'élément 1, concernant la protection de la
société, des citoyens et de leurs biens, est attribuable au
facteur suivant: la hausse des traitements due à la mise en application
des conventions collectives qui va nécessiter des
déboursés additionnels de $6,686 900.
Une diminution de $119 200 a été apportée à
l'élément 1 concernant l'enveloppe de base des autres
dépenses de fonctionnement. Cet écart est également
dû à la hausse des traitements nécessitée par
l'application des conventions collectives, ce qui représente un montant
de $1 054 400. M. le Président, on pourra remarquer qu'une diminution de
$522 000 a été apportée à l'enveloppe de base.
C'est l'essentiel, M. le Président, des commentaires
généraux que nous avons à faire.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous voulez procéder tout
de suite à une période de questions ou de remarques
générales, parce que je voudrais établir la règle
avant de commencer?
M. Lalonde: Si cela vous convient, je pourrais faire quelques
remarques très brèves. Peut-être que l'Union Nationale a
aussi l'intention de procéder de la même façon. Ensuite on
pourra procéder aux questions.
Le Président (M. Laplante): D'accord, M. le
député. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je remercie le ministre pour
ces quelques paroles qui contiennent quelques bonnes nouvelles, en particulier
la réduction de la criminalité. Je sais que, l'an dernier, nous
avions eu le plaisir d'avoir le rapport de la Sûreté avant
l'étude des crédits. L'Opposition avait sûrement
félicité le ministre, et particulièrement la
Sûreté, de cette gentillesse. (10 h 15)
Cette année, on étudie les crédits un mois plus
tôt et on n'a pas encore le rapport.
M. Bédard: C'est une des raisons. J'aurais aimé
m'attirer ces mêmes félicitations en vous présentant le
rapport. Il y a eu des difficultés au niveau de l'impression. C'est ce
que me dit le directeur de la Sûreté du Québec.
M. Lalonde: De toute façon, ce n'est pas un reproche que
je fais. Étant donné qu'on étudie les crédits un
mois plus tôt que l'an dernier, j'avais pensé que c'était
justement la raison. Je voudrais d'abord saluer la présence du
directeur, qui est à la table à côté du ministre, M.
Jacques Beaudoin. Le sentiment que nous avons, et qui me semble partagé
de plus en plus par un plus grand nombre de la population, c'est que la
Sûreté du Québec est devenue ces dernières
années, depuis peut-être une quinzaine d'années, un corps
policier réellement digne de l'envie de beaucoup de corps policiers.
Beaucoup de territoires pourraient nous envier. C'est le résultat
naturellement, d'un long processus de formation et de professionnalisme. Je
tiens ici à réitérer ce sentiment auprès de la
Sûreté du Québec et je l'encourage à continuer dans
cette voie. Je sais que, de plus en plus, à cause des structures de plus
en plus raffinées, cette augmentation de la qualité du service
policier à la Sûreté du Québec dépend de
moins en moins des autorités politiques. C'est pour cela que mes
félicitations s'adressent strictement à la Sûreté du
Québec.
M. Bédard: Autrement dit, elle est prête à
remplacer la Gendarmerie royale du Canada.
M. Fontaine: On l'espère!
M. Lalonde: Je sais que, lorsque le ministre est mal pris, il
s'accroche toujours à son rêve qui devient de moins en moins
réaliste, mais, quand même, si cela peut le rassurer, chacun a
besoin d'une béquille. La sienne, c'est l'indépendance.
M. Bédard: Je ne me sens pas mal pris, au contraire.
M. Lalonde: La réduction de la criminalité, c'est
excellent. Pour ce qui est de la sécurité routière, on
avait cru, il y a un an à peu près, qu'il y avait une certaine
hésitation, enfin, elle était moins visible qu'auparavant.
Maintenant, on voit que les résultats témoignent d'une
recrudescence ou d'une intensification de cette surveillance routière,
de façon à assurer la sécurité routière.
J'encourage, encore une fois, la Sûreté du Québec à
intensifier cette surveillance routière pour réduire
les coûts sociaux et économiques que nous avons connus ces
dernières années au niveau des accidents d'automobiles.
Le ministre n'a pas parlé plus particulièrement de la
criminalité économique. Il en avait parlé l'an dernier.
Lorsque les remarques préliminaires seront terminées, j'aurai
quelques questions à poser au directeur de la Sûreté du
Québec ou au ministre, à ce sujet. J'aurai aussi des questions
à poser, à savoir si le ministre a l'intention de mettre sur pied
comme certaines nouvelles nous l'ont appris il y a plusieurs mois
un service de renseignements au niveau du ministère ou de la
Sûreté du Québec je ne sais pas au juste qui,
d'après la description qu'on a lue dans les journaux, ressemblait
beaucoup à ce qu'on avait occis avec beaucoup de publicité et
qu'on appelait le CAD autrefois. Je poserai cette question au ministre de la
Justice.
Quant à la Sûreté du Québec, je pense qu'il
faut également souligner le dénouement heureux des
négociations qui ne dépendent pas nécessairement
uniquement des autorités de la Sûreté du Québec,
mais aussi des représentants de la partie syndicale. Je sais que M.
Beaudoin sera probablement le premier à le reconnaître.
On parle de $140 millions, M. le Président. On n'a que quelques
mots à dire; parce que tout le monde sait et ne remet pas en doute
l'importance de la Sûreté du Québec dans notre
système de justice, système tout d'abord de prévention et
ensuite de lutte contre le crime. Nos questions, en ce qui concerne
l'Opposition, seront plutôt des questions de détail, des questions
qui se rapporteront à des cas plus particuliers.
Je termine ici mes remarques.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Fontaine: Nicolet-Yamaska.
Le Président (M. Laplante): Nicolet-Yamaska, je
m'excuse.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. C'est
Nicolet-Yamaska; je représente deux comtés en fait.
Le Président (M. Laplante): C'est bien, monsieur.
M. Grenier: C'est un bon député.
Le Président (M. Laplante): Remarques
générales.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais à mon
tour me joindre aux paroles du député de Marguerite-Bourgeoys qui
représente, lui aussi, deux comtés.
Bien sûr, il est bon de sensibiliser toute la population au
travail énorme qui est fait par la Sûreté du Québec.
On doit se réjouir du professionnalisme de ce corps policier et, lorsque
le ministre nous parle de la diminution de la criminalité en 1977, je
pense que c'est attribuable, en partie, au bon travail de ce corps de
police.
On nous parle, par exemple, de la réduction des accidents au
niveau des dommages matériels et c'est très important, mais il
faudrait aussi noter qu'il y a, dans les dommages corporels ou les
mortalités, une légère diminution ou une
légère augmentation. Ce n'est presque pas sensible par rapport
aux chiffres de l'année dernière. Je pense qu'il est important de
noter qu'il faudrait mettre l'accent de ce côté pour essayer de
réduire, le plus possible, ces genres d'accidents, d'autant plus que
cela a une importance très grande quant au coût de l'assurance
automobile qui a été instauré par le gouvernement du Parti
québécois et, à ce moment...
Comme on voit aujourd'hui, dans le journal, que Mme Payette, le ministre
des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, se
prépare à nous servir une augmentation pour l'an prochain...
M. Grenier: Eh bien!
M. Fontaine: ... il serait peut-être important que la
Sûreté du Québec et le ministre de la Justice fassent tout
leur possible pour que ce domaine soit réglementé de plus en plus
sévèrement.
On a parlé également d'une campagne de sensibilisation de
la population en collaboration avec différents clubs sociaux. Nous
sommes, bien sûr, d'accord avec ces campagnes de sensibilisation.
Cependant, je note avec regret que la catégorie communications a
été diminuée par rapport à ce qu'elle était
l'an dernier. Cette année, on a $2 073 100 alors que l'an dernier, on
avait $2 182 200, si je ne m'abuse.
Je pense que le ministre pourrait peut-être nous donner des
explications là-dessus; alors qu'il nous dit qu'il veut faire des
campagnes de sécurité, des campagnes de sensibilisation de la
population, on note une diminution de ce budget.
De ce côté, il y aurait peut-être des explications
à apporter de la part du ministre. J'aurai, bien sûr, plusieurs
autres questions à formuler. Pour l'instant, aux remarques
générales, je pense que cela pourrait compléter mon
intervention, sauf que je voudrais, en dernier lieu, attirer l'attention du
ministre et du directeur de la Sûreté du Québec sur
l'annuaire 1978/79 de l'Institut de police qu'il nous remet ce matin. Je pense
qu'il y a une erreur dans cet annuaire, à la page 2, où on nous
montre une photo de l'Institut de police. Je pense qu'il faudrait noter que
c'est une vieille photo, parce que la partie qui a brûlé n'a
jamais été réparée et on nous montre une photo de
l'institut tel qu'il était auparavant.
M. Bédard: La photo du ministre n'est pas dedans.
Le Président (M. Laplante); Merci, M. le
député. Avez-vous une réponse ou des remarques
générales?
M. Bédard: Sur le dernier point soulevé, la
diminution qu'on remarque au niveau de l'enveloppe de base en ce qui a
trait aux communications, je voudrais simplement dire au député
que c'est tout simplement une baisse au niveau des frais de voyage qui peuvent
être occasionnés à cet élément. Cela
n'influence en aucune façon les sommes affectées à
l'information du public et à la sensibilisation du public.
M. Fontaine: Je suis heureux de le constater.
M. Bédard: En ce qui a trait aux crimes
économiques, je dois dire que nous avons posé des gestes
précis, parce que nous sommes à même de constater que les
criminels raffinent de jour en jour leurs méthodes. À ce
moment-là, il faut nécessairement répondre par une
spécialisation de plus en plus grande de nos corps policiers et aussi
par l'affectation d'un plus grand nombre d'agents à ce secteur de la
lutte contre le crime. En ce qui a trait à Montréal, en 1976, il
y avait 37 policiers affectés à la section des crimes
économiques; en 1977, il y a eu une augmentation à 46, nous en
avons augmenté de 11 le nombre et, à Québec, en 1976, il y
avait 22 personnes affectées à ce secteur. Nous avons
augmenté ce nombre pour l'année 1977 à 32 personnes.
Le directeur de la Sûreté me souffle à l'oreille
que, cette année, il faudrait l'augmenter encore d'une vingtaine.
M. Lalonde: Est-ce que vous acceptez? C'est le temps de
négocier, M. le directeur. Je vais vous poser la question. Est-ce que
vous en voudriez davantage?
M. Bédard: Une chose est certaine, on doit, je pense,
porter une attention tout à fait particulière à une
demande de ce genre, étant donné, comme je le disais tout
à l'heure, que la lutte doit s'accentuer dans le domaine du crime
économique et ceci fera nécessairement l'objet de
négociations avec nos amis du Conseil du trésor. Pour ce qui est
de la référence qu'a faite le député de
Marguerite-Bourgeoys à l'instauration d'un nouveau CAD, je dois lui dire
et lui répéter qu'il n'est en aucune façon question de
ressuciter le CAD. Il est bien mort et cette décision gouvernementale
sera respectée. Je crois cependant qu'il y a la nécessité
de la formation d'un groupe d'analyse qui pourrait se situer au niveau de la
direction générale de la sécurité publique et qui
aurait comme fonction justement de procéder à l'analyse de tous
les renseignements criminels qui nous viennent des différents corps
policiers, tant de la Sûreté du Québec que des corps
policiers municipaux comme celui de la CUM. Je crois que c'est un besoin.
Maintenant, il est évident que, lorsque nous procéderons
à la mise sur pied de ce groupe, nous respecterons en même temps
l'engagement qui avait été pris par le gouvernement d'en faire
connaître les règles publiquement aux membres de
l'Assemblée nationale qui seront en mesure de porter un jugement de
valeur.
Alors, concernant les remarques faites par les députés de
l'Opposition, M. le directeur de la Sû- reté du Québec
pourrait enchaîner avec d'autres précisions.
(10 h 30)
Le Président (M. Laplante): À ce moment-ci, M. le
ministre, les membres de la commission...
M. Bédard: Au nom du ministre.
Le Président (M. Laplante): Ce sera toujours au nom du
ministre lorsque le directeur répondra aux questions des membres de
cette commission. Élément 1, protection de la
société, des citoyens...
M. Bédard: Une seconde, M. le Président, ce
seraient des remarques sur les questions...
Le Président (M. Laplante): D'accord, je suis bien
d'accord.
M. Bédard: ... générales soulevées
par l'Opposition.
Peut-être pour compléter. D'abord, merci, M. le
Président, de me donner l'occasion de m'exprimer devant les membres de
cette commission par l'entremise de la voix du ministre de la Justice.
Seulement une petite remarque concernant la question que le
député de Marguerite-Bourgeoys a soulevée tout à
l'heure. Au mois de novembre 1977, la Sûreté du Québec,
dans sa revue annuelle, a publié un numéro spécifiquement
sur une orientation des renseignements. Malheureusement, nous en avons
manqué, le tirage était assez limité. Mais, avec la
permission du ministre, j'ai des photocopies de la revue ici. Si ça peut
intéresser les membres de la commission.
Je suis convaincu que ça va intéresser les membres de la
commission.
Vous excuserez la qualité de l'imprimerie; j'aurais aimé
avoir la revue originale, mais elle était épuisée.
Le Président (M. Laplante): D'autres remarques?
M. Bédard: C'est tout ce que j'avais pour le moment. Je
pense que le ministre avait fait un bon tour d'horizon.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on est prêt
pour l'élément 1?
M. Lalonde: J'aurais quelques questions, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Allez-y, monsieur le
député. D'accord, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys et ensuite, M. le député de
Verchères, M. le député de Drummond; d'accord?
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais poser seulement
quelques questions à M. Beaudoin. La diminution de la
criminalité, qui est de 5% comparativement à la moyenne des
années antérieures, si j'ai bien compris je crois
qu'à ce moment-là, on suit le même tableau qu'on avait dans
le rapport de 1976 cette diminution de 1,2% sur 1976 se retrouve dans
quel secteur en particulier?
Avant que vous répondiez, le même tableau pour
l'année 1976 montrait des diminutions marquées dans les vols
qualifiés, par exemple, de 19,3%, une augmentation, d'autre part, dans
les vols par effraction, de 14,7%. La plus forte augmentation était dans
les armes offensives, de 27,1%, et la plus forte diminution était dans
la criminalité dans la moralité, de 74,3%.
Je ne sais pas si vous avez ces renseignements. J'aimerais que vous nous
donniez les diminutions, les cas d'augmentation, de même que les raisons.
Je sais que vous êtes très conscient de cette mission du corps de
police de la Sûreté du Québec qui est de combattre la
criminalité par la prévention et la répression.
M. Bédard: Disons pour votre information, que la baisse
porte sur la moyenne des cinq dernières années. Je pense que
c'est assez important. Cette année, dans les vols qualifiés, on a
connu 288 cas, comparativement à 318 l'année dernière.
C'est un secteur assez vital, où il y a eu une diminution sensible.
Cela a été aussi le cas des vols avec effraction. Il y a
eu une diminution, surtout dans les vols avec effraction dans les chalets. Nous
avons mis l'accent sur l'opération Volcan, consistant à demander
aux gens d'enlever les choses de valeur de leurs chalets, à l'automne,
lorsqu'on les ferme et à leur demander d'identifier leurs biens de
valeur qui sont restés là. On a ensuite demandé d'essayer
d'avoir quelqu'un qui va y voir de temps à autre. Ce qui est important
pour la police, c'est, quand vous laissez votre chalet à l'automne et
que vous y retournez au printemps, de ne pas constater le vol au printemps.
C'est d'essayer de se rapprocher du moment de la commission de
l'effraction.
Cet accent sur la sensibilisation du public nous a permis, lors
d'interceptions, de blocages de routes, d'opérations de
prévention, d'intercepter des gens qui venaient de commettre des
délits. Ils avaient à bord de l'automobile, des articles avec
lesquels on pouvait très bien remonter au propriétaire, du fait
que les articles portaient le numéro de permis de conduire. Avec le
CRPQ, c'est facile.
Tout cela nous a permis de dissuader les criminels et, en somme, de
parvenir à diminuer un peu les crimes dans ce secteur. Vou avez des
secteurs où c'est une plaie, comme le nord des Laurentides. Vous avez la
région de Québec, le Lac-Saint-Joseph, le Lac-Beauport et les
Cantons-de-l'Est, régions qui sont reconnues pour être des
régions de villégiature, où il y a de nombreux chalets
d'été. Si cela peut répondre à votre question, cela
se situe dans ces secteurs d'activité.
M. Lalonde: II y a eu une diminution des vols avec effraction en
1977, comparé à 1976.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: II y en a eu 11 035 en 1976.
M. Bédard: Oui. Le pourcentage exact, je ne l'ai pas.
Malheureusement, j'aurais bien aimé avoir mon rapport annuel. Cela nous
aurait...
M. Lalonde: Si vous n'avez pas les renseignements, naturellement,
on...
M. Bédard: Je peux vous donner quelques notes
générales. L'année dernière, certains districts ont
comme une variance, soit à la hausse, soit à la baisse. Cette
année, la diminution a été générale dans
tous les districts, à l'exception de la Mauricie où il y a eu une
augmentation de 2,1%. Cette région, la Mauricie, était
renommée, il y a quelques années, pour les vols à main
armée, surtout les régions de Trois-Rivières et de
Shawinigan. Il y a eu une diminution de presque 90% dans ce secteur.
M. Lalonde: Lorsque vous parlez de sécurité
routière et de diminution, de sept mortalités, en 1977
comparativement à 1976, j'aimerais que vous nous replaciez dans le
contexte. Vos statistiques ne couvrent que les accidents qui sont
arrivés sur les routes et non pas dans les villes et les villages. Ai-je
raison?
M. Bédard: C'est exact. C'est un peu plus de 800
mortalités qui sont survenues dans tous les territoires desservis par la
Sûreté du Québec. Si on additionne cela avec les villes,
cela donne autour de 1500 mortalités au Québec.
L'année dernière, on avait eu une diminution très
appréciable de près de 200 mortalités. On en vient
à un moment donné à un point où c'est un peu comme
au golf, j'oserais dire; la progression, quand on arrive à un certain
niveau, est plus difficile. Je pense qu'on a atteint cette marge entre la
difficulté d'atteindre une diminution... L'exemple peut paraître
un peu étrange, mais cela s'explique très bien.
Pour un joueur de golf, cela se comprend rapidement.
M. Lalonde: II en est de même naturellement des accidents
avec dommages matériels. C'est seulement sur le secteur desservi par la
Sûreté du Québec?
M. Bédard: Exactement aussi.
M. Lalonde: Quant à l'analyse de renseignements, vous
venez de nous distribuer un fascicule qui a été publié par
la Sûreté du Québec je n'ai pas eu l'occasion de le
consulter qui témoigne de la très haute importance que
vous accordez aux renseignements et au traitement des renseignements.
Concevez-vous que l'analyse des renseignements doit être faite à
l'intérieur d'un corps policier ou est-ce que cela pourrait se faire
à l'extérieur, par exemple, à la Direction
générale de la sécurité publique, comme le ministre
vient de nous le dire?
M. Bédard: Pour répondre précisément
à votre question, sans long préambule, il y a d'abord une analyse
qui se fait au niveau policier, dans un contexte bien particulier qu'on peut
appeler tacti-
que. Disons que c'est assez important, lorsqu'il y a des manifestations,
de pouvoir compter sur l'information, de façon à pouvoir engager
les forces nécessaires pour ne pas mettre plus de policiers qu'il peut y
avoir de manifestants. C'est une première analyse tactique.
Maintenant, il y a certaines tendances qui seront nécessaires, je
crois, au ministère de la Justice dans le domaine de l'agitation
sociale. Cela doit être vu dans une perspective différente de
celle de la police, parce que quand c'est vu à un plus haut niveau,
nous, habituellement, nous nous comportons toujours selon les effets de cela.
Il y a quelqu'un qui peut avoir une influence sur les causes. Ces causes, vous
savez comme moi, sont de nature socio-politico-économique. Quand elles
sont analysées, traitées à un plus haut niveau, je pense
que ceux qui ont un pouvoir exécutif décisionnel sur les causes,
peuvent exercer une certaine influence. C'est dans le domaine de la
sécurité.
Dans le domaine de la criminalité, vous avez l'information qui
permet d'évaluer la criminalité dans son ensemble, diminution ou
augmentation. Ce n'est pas tellement compliqué. Là, où,
entre le renseignement criminel, on a une foule de crimes qui surviennent
où les victimes parfois ne sont pas intéressées à
porter plainte, ou sont peut-être dissuadées de porter plainte par
rapport au contexte qui peut prévaloir. Si on n'a pas une cueillette du
renseignement et une analyse du renseignement pour extrapoler ce qu'on peut
appeler une plainte, je pense que le député se rappelle
l'expérience qu'il a vécue, alors qu'il était ministre et
que nous travaillions ensemble...
M. Lalonde: Dans l'Opposition, on n'a plus de mémoire du
tout. Continuez, vous allez peut-être me rafraîchir la
mémoire.
M. Bédard: Le dossier de l'enquête olympique est un
dossier où, effectivement, personne ne s'est plaint, parce que,
finalement, cela profite un peu à tout le monde. C'est une analyse de
parcelles d'information qui nous a permis d'établir un tableau
démontrant qu'il y avait un certain système de corruption qui
pouvait être mis en place par les gens. Maintenant, on ne peut pas en
parler, étant donné que c'est actuellement devant les tribunaux,
c'est sub judice.
M. Lalonde: Le village olympique.
M. Bédard: C'est cela. C'est l'exemple flagrant où
on n'aurait jamais reçu de plaintes des victimes, parce que les
victimes, c'étaient des contractants qui étaient
intéressés à avoir un contrat. Le renseignement se divise
en deux volets: La sécurité et les renseignements criminels.
Pour conclure, il est nécessaire, en matière de
renseignements, d'avoir une analyse à un niveau où des gens
peuvent avoir... Nous avons une préoccupation, c'est de poser un geste,
poser une action qui peut entraîner l'arrestation des individus qui
agissent dans cela. Par exemple, dans le crime économique, il y a
beaucoup de recomman- dations qui peuvent être faites pour amender
certaines lois. La Loi de protection du consommateur a subi des amendements,
parce que, parmi les enquêtes qui ont été faites au cours
des années, on s'est aperçu qu'avec notre ère de
mercantilisme où tout le monde, toutes les institutions sont en
concurrence pour vous fournir des services, les possibilités de se faire
frauder sont plus grandes. Cela demande un plus grand contrôle. (10 h
45)
Je pense aux agents, aux vendeurs qui se présentent aux maisons
et qui, avant, s'improvisaient vendeurs facilement. Mais aujourd'hui, ils
doivent détenir un permis de l'Office de la protection du consommateur
et ils doivent, lorsqu'ils vous vendent quelque chose qui coûte plus de
$25, vous laisser une copie du contrat, alors qu'autrefois bien des
transactions se faisaient verbalement.
Criminalité économique
M. Lalonde: Je ne me souviens pas si, à ce
moment-là, vous étiez directeur de la Sûreté du
Québec, mais, en 1972, quand on a fait face à une situation de
criminalité économique dans le secteur des valeurs
mobilières, on s'était aperçu jusqu'à quel point
nos corps policiers étaient démunis en matière de lutte
contre ce genre de criminalité. Tantôt, M. le ministre nous a dit
que vous aviez déjà affecté à cela une cinquantaine
de personnes à Montréal et une trentaine à Québec.
Il ne faut pas oublier non plus que la direction je ne sais pas comment
on appelle cela des faillites frauduleuses...
M. Bédard: Direction des services de faillites et
fraudes.
M. Lalonde: ... a été extrêmement
précieuse. Son apport a été extrêmement
précieux durant ces années pour mettre ensemble ce qui existait
à peine. En plus de ce service, avec quels organismes gouvernementaux
faites-vous la liaison on peut penser à la CECO, on peut penser
à la Commission des valeurs mobilières... Est-ce qu'il y a une
coordination satisfaisante, d'après vous, pour que la lutte contre le
crime économique se fasse d'une façon efficace et pour qu'il y
ait aussi une présence telle qu'elle serve de prévention?
M. Bédard: Effectivement, il y a beaucoup de coordination.
En 1973, on avait commencé un travail conjoint avec la Direction des
services de faillites et fraudes. Par la suite, en 1974, il y a eu un
changement d'orientation et on a mis sur pied la section des crimes
économiques à la Sûreté du Québec. Tout
à l'heure, le ministre vous a donné les chiffres. Il y a,
effectivement, une coordination. Nos gens travaillent avec le ministère
des Affaires municipales, le ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, la Commission des
valeurs mobilières, la Bourse, bien entendu. En somme, on travaille avec
tous les ministères. Une bonne volonté se manifeste de part et
d'autre; il y a un effort de coordination énorme. À titre de
suggestion, on aurait besoin
d'un certain cadre parce que, vous le savez, la collaboration peut se
faire de bonne volonté, à l'intérieur d'un cadre.
Actuellement, on peut dire que cela se fait de bonne volonté; tous et
chacun sentent le besoin de collaborer. Mais peut-être que, si cela
était régi à l'intérieur d'un cadre, il y aurait
une plus grande collaboration parce qu'il y aurait une obligation.
M. Lalonde: À quel genre de cadre pensez-vous? La question
s'adresse au ministre également, s'il veut répondre.
M. Bédard: Cela mérite réflexion. C'est
peut-être prématuré.
M. Lalonde: Une espèce d'office ou de...
M. Bédard: C'est peut-être prématuré,
mais c'est une préoccupation que d'avoir une meilleure coordination.
Nous avons déjà eu l'occasion d'en discuter avec le directeur de
la Sûreté du Québec de même qu'avec les directeurs
d'autres corps policiers importants comme celui de la CUM. Nous allons trouver
la solution qui pourrait amener une meilleure coordination. Lorsque je parlais
de la nécessité de la formation d'un groupe d'analyse, c'est que,
outre les renseignements criminels qui viennent de la part de la Direction des
services de faillites et fraudes de la Sûreté du Québec, il
y a aussi tous les renseignements criminels qui peuvent venir de corps
policiers municipaux. Je pense qu'il y a vraiment une nécessité
d'analyse pour en arriver à une meilleure coordination des actions
policières dans le domaine de la criminalité en
général.
M. Lalonde: Je vais passer la parole à d'autres personnes
et peut-être que je reviendrai avec d'autres questions.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères.
Sécurité de l'État
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je voudrais poser
une question au directeur de la Sûreté du Québec. Au sujet
des renseignements de la sécurité et de la sécurité
d'État, actuellement, est-il en mesure de nous indiquer si la
Sûreté du Québec a toute la collaboration nécessaire
des autres corps policiers, y compris des corps policiers extérieurs au
Québec, concernant les renseignements essentiels qui doivent permettre
aux agents de la paix qui relèvent de l'État
québécois d'assumer leurs responsabilités en
matière de sécurité d'État pour le
Québec?
En plus clair, si on veut être plus précis, peut-on dire
qu'il existe encore ces lacunes qu'on a souvent déplorées
vis-à-vis des renseignements que la Sûreté devait obtenir
pour effectuer son travail efficacement auprès de la Gendarmerie
royale.
M. Bédard: C'est une question qui demande une
sérieuse réflexion.
M. Lalonde: La filière québécoise.
Le Président (M. Laplante): Afin de travailler dans
l'ordre, ici, à cette commission, que les questions soient posées
directement au président. Le ministre pourra en prendre connaissance et
pourra donner l'autorisation au directeur d'y répondre, s'il vous
plaît.
M. Charbonneau: D'accord, M. le Président.
M. Bédard: Actuellement, la Sûreté du
Québec travaille, en matière de renseignement, en s'inspirant de
l'article 29 de la Loi de police où on dit que la sécurité
des citoyens, etc., et on n'a pas de mandat relativement à la
sécurité d'État proprement dite. On va attendre le
jugement sur l'entente Keable.
On travaille, effectivement, en étroite collaboration avec tous
les corps policiers municipaux pour toute information qui pourrait nous
permettre d'identifier des situations, sauf qu'en ce qui a trait à la
sécurité d'État qui relève de la Gendarmerie
royale, bien entendu ; de la part de la Gendarmerie royale, nous recevons de
nombreuses informations dans de multiples autres domaines, mais dans ce
domaine, c'est donné avec énormément de parcimonie.
M. Charbonneau: Je m'excuse. Seulement pour préciser. Je
suis d'accord que la sécurité d'État quand on l'entend en
termes de souveraineté internationale et donc d'espionnage et de
contre-espionnage, c'est l'exclusivité de la Gendarmerie royale, mais je
sais c'est de notoriété publique que la
Sûreté du Québec a une responsabilité, dans le
domaine de la sécurité d'État, par exemple, au niveau des
activités terroristes, ou de subversion, de la sécurité
d'hommes d'État, des dignitaires on n'a qu'à lire
l'organigramme que vous nous avez publié dans votre revue à la
page 3 ce sont tous des éléments finalement de ce qu'on
appelle la sécurité d'État. Ce ne sont pas uniquement
l'espionnage étranger ou les activités de contre-espionnage dans
un territoire. On est bien d'accord que le statut politique de l'État
québécois ne permet pas encore d'avoir ce mandat, mais je pense
que les renseignements qu'on peut obtenir quand on lutte dans le domaine de
l'espionnage ou du contre-espionnage peuvent avoir des conséquences
considérables sur des activités de terrorisme ou de subversion
qui, elles, sont du ressort, entre autres, de la Sûreté du
Québec et, dans ce sens, si ce que vous nous indiquez doit être
interprété comme je l'interprète, c'est-à-dire
comme ces renseignements sont donnés avec beaucoup de parcimonie, pour
le moins, j'ai l'impression que cela doit rendre la tâche des officiers
de la Sûreté du Québec, dans le domaine du renseignement,
à certains moments, assez difficile.
M. Bédard: Nous croyons que les provinces ont une
juridiction en ce qui a trait à la sécurité d'État.
Les choses vont peut-être se préciser dans l'avenir. Nous avons
constamment fait part de notre conviction qu'il était nécessaire
que le ministre
de la Justice d'une province soit mis au courant, complètement,
de toutes les activités policières exercées dans le
territoire de la province, par quelque corps policier que ce soit, y compris la
Gendarmerie royale. Sur l'aspect de la sécurité d'État, je
crois qu'il est important que les ministres de la Justice des provinces soient
complètement mis au courant des informations de la Gendarmerie royale.
C'est bien beau de se faire dire par les autorités
fédérales que celle-ci a comme mandat d'assurer cette
sécurité d'État, mais je pense qu'il est important que
ceux dont elle prétend assurer la sécurité soient au
courant des moyens employés pour assurer cette sécurité.
Personnellement, je suis toujours porté à avoir un doute sur
quelqu'un qui prétend assurer ma sécurité et qui ne trouve
pas le moyen de me dire comment on assure cette sécurité. Dans ce
sens, je crois que les ministres de la Justice doivent être
complètement au courant dans ce domaine.
Il y a également le domaine des actions policières:
l'administration de la justice est de juridiction exclusive des provinces et
les actions policières, de quelque cadre policier que ce soit, font
partie intégrante de cette administration de la justice. Il y a donc,
nécessité pour le ministre de la Justice d'une province
d'être au courant de toutes ces actions policières afin de pouvoir
en assurer une meilleure coordination. Il arrive très souvent que, dans
des enquêtes on se rend parfois compte que la Gendarmerie royale affecte
des ressources financières et des ressources humaines au même
dossier que la Sûreté du Québec et même, dans
certains cas, que le service de police de la CUM. Il est évident que si
le ministre de la Justice avait une meilleure connaissance de toutes les
actions policières, ceci permettrait une meilleure coordination des
actions policières, et cela permettrait également
d'épargner des ressources financières et des énergies qui
pourraient être employées à d'autres fins.
M. Charbonneau: Dans la même lignée, je voudrais
demander au ministre...
M. Bédard: D'ailleurs, si vous me le permettez, les
actions policières, à mon humble opinion, ont aussi une relation
directe avec la protection des droits et libertés individuels. Dans ce
sens, il est évident que les ministres de la Justice des provinces
doivent être au courant, ayant une responsabilité très
précise concernant leur obligation de conserver ces droits et
libertés individuels.
M. Charbonneau: Dans la même lignée, je voudrais
demander au ministre s'il a pu vérifier, par les rapports qu'il a eus
des gens de la Sûreté du Québec, en particulier du
directeur et là, on ne se cachera pas si, à cause
de l'enquête et également des autres révélations
il y a eu la commission fédérale qui en a fait
également il y a eu une attitude d'isolement ou de repli sur soi
qui a accentué une tendance qui existait déjà de la part
de la police fédérale et qui ferait que, depuis un certain temps,
la Sûreté du Québec est encore moins en possession
d'informations qu'elle devrait avoir pour effectuer efficacement son travail
qu'elle ne l'était auparavant.
M. Bédard: Peut-être qu'à partir de cet
état de fait, la Sûreté du Québec sent le besoin
d'être plus au courant maintenant et de prendre les moyens de
l'être.
M. Charbonneau: Une autre question. Il y en a qui pourraient
s'imaginer que c'est une innovation où comme certains pourraient
dire on a fait la trouvaille du siècle, au sujet du groupe
d'analyse. Est-ce que le ministre peut nous préciser si cet organisme
existe à d'autres niveaux de gouvernement concernant la
sécurité d'État? Est-ce que ce ne serait pas exact, par
exemple, de dire qu'il existe un groupe semblable au bureau du Solliciteur
général du Canada?
M. Bédard: II existe un groupe semblable au niveau du
Solliciteur général et...
M. Charbonneau: Même ailleurs, dans d'autres pays. (11
heures)
M. Bédard: Dans d'autres pays. Tel que je l'ai dit tout
à l'heure, pour une question d'efficacité, je crois que c'est
nécessaire de mettre sur pied un tel groupe d'analyse et d'en faire
connaître, conformément à la politique du gouvernement, les
règles de fonctionnement, de manière que la population sache
qu'à l'intérieur de ce fonctionnement les droits et
libertés individuelles sont préservés.
M. Charbonneau: Est-il également exact de dire que non
seulement il y aurait des règles, mais qu'il y aurait une
différence fondamentale entre un organisme de cette nature et ce qu'on
appellait avant le CAD, organisme qui relevait directement du bureau du premier
ministre, alors que vous avez là un organisme situé dans la
hiérarchie du ministère de la Justice et de l'appareil de
sécurité de l'État?
M. Bédard: C'est une différence fondamentale.
M. Charbonneau: Un dernier point qui...
M. Bédard: II est nécessaire... je ne vois pas,
justement, comment ça pourrait relever, comme c'était le cas
précédemment pour le CAD...
M. Charbonneau: II y a un autre point. Je vais en profiter
je ne veux pas "tasser" le ministre pour lui demander s'il pourrait
permettre au directeur de la Sûreté du Québec
d'émettre une opinion au sujet de l'utilité que pourrait avoir,
pour ses services, dans le domaine de la lutte contre la criminalité
organisée, une section spéciale de procureurs de la couronne qui
pourraient travailler uniquement sur ces dossiers, un peu comme ça se
fait pour les faillites frauduleuses où
certains procureurs sont spécialement attachés à
ces questions et qui, s'étant spécialisés, offrent de
meilleurs conseils juridiques aux enquêteurs sur le terrain?
M. Bédard: Disons que, déjà, il existe, tel
qu'on l'a mentionné, comme au service des faillites et fraudes, des
avocats qui travaillent d'une façon tout à fait
particulière et continue avec les policiers.
Régulièrement, dans des enquêtes très importantes,
nous assignons des procureurs de la couronne aux fins d'assister les policiers.
En fait, ce groupe de procureurs de la couronne qui travaillent d'une
façon continue avec la Sûreté du Québec existe
à l'heure actuelle, sauf qu'il n'y en a pas d'identifié comme
tel, mais ces mandats sont donnés selon les circonstances et les
besoins.
M. Charbonneau: En tout cas, je voudrais profiter de l'occasion
pour...
La CECO
M. Bédard: M. le directeur pourrait ajouter quelque
chose.
Pour ajouter à ce que le ministre vient de dire, au niveau de la
CECO, auparavant, comme vous le savez, on procédait avec des procureurs
à vacation, des gens engagés spécifiquement pour un
dossier. Compte tenu de la nécessité d'une continuité des
procédures... La petite faiblesse des commissions d'enquête, dans
ce domaine, c'est de faire un gros battage publicitaire et, par la suite, les
procédures ne suivent pas.
Donc, la philosophie a été changée et maintenant la
CECO travaille avec des procureurs permanents de la couronne. Actuellement, il
y a un dossier en audition publique dont vous êtes au courant.
M. Charbonneau: Oui, c'est dans ma région.
M. Bédard: Oui, ça couvre votre région.
Actuellement, c'est un procureur de la couronne, Me Chamard, qui dirige le
dossier. Ce qui est important, c'est que, par la suite, on s'attend que
ça débouche sur une centaine d'accusations criminelles.
Donc...
M. Charbonneau: Dans le dossier particulier; c'est important.
M. Bédard: C'est ça. Donc, nécessité
d'une continuité devant les tribunaux judiciaires des actions qui sont
mises en évidence par la CECO et de procureurs qui sont partie du
processus continu de la justice. Je pense que ça peut répondre
à une partie de votre question.
Si je puis ajouter quelque chose concernant la CECO, dont on a
renouvelé le mandat jusqu'en décembre de cette année, j'ai
communiqué avec le président. Nous avons eu l'occasion d'en
discuter. Plutôt que de faire un rapport seulement à la fin des
enquêtes, à la fin de leurs activités, j'ai demandé
qu'après que chaque phase d'enquête soit terminée, on fasse
tout de suite des recommandations au ministère de la Justice de
manière qu'on puisse agir plus rapidement que cela ne se faisait
auparavant.
M. Charbonneau: Je profite bien naïvement de la
présence des media ici, car, pour notre région, c'est important.
Les gens se sont demandé, à la suite des dernières
auditions dans la région de Sorel, si cela déboucherait sur
quelque chose. Ils ont eu l'impression que cela se terminait en queue de
poisson. Mais, à la façon dont le directeur de la
Sûreté du Québec vient de répondre, on peut
s'attendre, dans un délai plus ou moins court, selon les
compléments d'enquête exigés, que cela
débouche...
M. Bédard: Dans le cas précis de cette
enquête, un rapport va être présenté par la CECO au
ministère de la Justice. Une chose est certaine, nous aviserons
rapidement sur les recommandations qui pourraient être faites par les
commissaires.
M. Charbonneau: II y a un autre point que je voudrais
également faire préciser par le ministre, par le truchement du
directeur de la Sûreté du Québec, au sujet de la CECO. Il y
a une impression qui veut que la CECO ne soit pas efficace tant qu'on n'a pas
réussi à faire emprisonner des gens.
Mais n'est-il pas exact de dire qu'il y a plusieurs enquêtes
policières qui ont abouti à des accusations, parfois même
à des condamnations, sans que nécessairement il y ait des
audiences publiques de la CECO, simplement parce qu'on avait un
mécanisme qui était peut-être semblable à ce qui
existe en France au sujet d'un juge d'instruction, qui permettait à la
commission d'interroger des témoins, d'aller chercher des
compléments d'information et de permettre à des policiers de
pousser plus loin leur enquête, ce qu'il n'aurait pas été
possible de faire, parce qu'ils n'avaient pas les possibilités de...
M. Bédard: C'est le genre de service que nous rend la
CECO. C'est un outil important contre la lutte contre le crime organisé
où, à un moment donné, avec les moyens conventionnels mis
à la disposition de la police, c'est difficile d'en venir à une
conclusion. À ce moment-là, un organisme comme la CECO peut
contribuer à illustrer au public une situation qui prévaut dans
un secteur donné et, par le fait même, mettre le public en garde
contre des situations semblables. C'est l'éducation du public, je pense.
C'est un point peut-être vital dans tout cela.
M. Charbonneau: Je pense qu'il faut se comprendre, parce qu'il y
en a qui pourraient s'imaginer que la CECO sert à n'importe quoi. C'est
toujours dans son mandat d'enquêter sur les activités du milieu
criminel.
M. Bédard: C'est cela, son mandat est très
précis.
M. Blank: Sur le même sujet.
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet.
M. Blank: C'est une toute petite question pour faire suite
à la question du député de Verchères. Vous avez
parlé d'environ 100 plaintes que le procureur va peut-être porter
à la fin des enquêtes de la CECO. Je veux savoir si l'avocat de la
couronne...
M. Bédard: Sur ce point, disons que le directeur de la
Sûreté du Québec a parlé d'une
éventualité.
M. Blank: Oui, une éventualité. Mais la
question...
M. Bédard: Je dois dire que, sur ce point, un rapport va
être produit par la CECO au ministère.
M. Blank: Mais c'est une question très importante. C'est
toute la base de notre système judiciaire qui est en jeu. Je veux savoir
du directeur s'il est au courant que cet avocat de la couronne, qui est au
dossier, possède déjà la preuve pour ces plaintes avant
que la commission n'ait commencé ses enquêtes. C'est cela qu'il
est intéressant de savoir.
M. Charbonneau: Dans une enquête, c'est permis de...
M. Blank: Une minute!
M. Bédard: Le directeur de la Sûreté me fait
remarquer qu'il n'avait pas ces preuves, parce qu'autrement il ne serait pas
allé devant la CECO.
M. Blank: Cela veut dire qu'on a utilisé l'enquête
pour ce qu'on appelle en anglais de la "self incrimination", à
l'encontre de toute la tradition de la justice criminelle au Canada. Ce n'est
pas nécessairement, comme le député de Verchères
l'a dit, pour montrer au public des systèmes, mais pour essayer de
trouver une preuve, par des moyens détournés, à l'encontre
des règles de notre système judiciaire. C'est cela le but de la
CECO?
M. Charbonneau: Non, non.
M. Bédard: Non.
M. Blank: Mais c'est de cela que cela a l'air, si on
écoute le député de Verchères et la réponse
du directeur.
M. Charbonneau: Prenez donc la logique de votre argumentation
d'hier pour demander une commission d'enquête. Hier, c'est exactement ce
que vous vouliez faire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères, à l'ordre!
M. Blank: Dans l'enquête, si je demande une autre chose
c'est pour renseigner le public sur la machination politique, pas sur des
affaires criminelles.
M. Charbonneau: Un instant!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis, à l'ordre!
M. Charbonneau: Ne charriez pas et n'essayez pas de
détourner votre affaire.
Le Président (M. Laplante): Vous avez posé une
question au président?
M. Blank: J'ai fini ma question.
Le Président (M. Laplante): Vous avez fini votre
question?
M. Blank: Oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Blank: J'attends la réponse.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, avez-vous une
réponse?
M. Bédard: Le principe de base de l'économie de
notre droit au Canada dit qu'un crime débute par une victime. Dans cette
catégorie de crimes d'extorsion, de dépossession de quelqu'un de
ses biens, habituellement la personne subit beaucoup de pressions. Face aux
policiers uniquement, elle n'est pas toujours intéressée à
porter plainte, un peu comme on l'a dit tout à l'heure pour le
système de renseignements où on n'a pas de plainte. Mais face
à un organisme qui lui assure une certaine protection, la victime
commence à s'ouvrir et, effectivement, nous met en présence d'un
secteur de criminalité. Je pense que c'est un des buts fondamentaux.
M. Blank: C'est la même chose de se servir d'une
enquête pour détourner le principe de base de notre système
de droit. C'est cela la chose terrible dans cette affaire. Je n'ai rien contre
la CECO, qui publie, qui montre au public certains systèmes...
M. Charbonneau: M. le Président...
M. Blank: ... mais qu'on utilise la CECO pour faire la preuve
contre des individus que le système normal de la justice ne peut pas
faire parler, je trouve que cela va contre tous nos principes.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Bédard: Le député de Saint-Louis sait
très bien que...
M. Blank: J'ai le droit comme avocat de plaider...
M. Bédard: ... la commission, la CECO, a été
mise sur pied...
M. Blank: Je n'ai rien contre la CECO. Le but de la CECO est
d'exposer au grand public les systèmes de crimes organisés, de
fraude, d'extorsion. D'accord, il y a ce but, mais...
M. Bédard: C'est essentiellement le but de la CECO,
à l'intérieur...
M. Blank: Oui, c'est cela, mais quand on...
M. Bédard: Comme ministre de la Justice, je vous dis que
c'est essentiellement le but de la CECO.
M. Blank: Oui.
M. Bédard: Cette commission oeuvre à
l'intérieur des règles qui lui avaient été
accordées.
M. Blank: D'accord, mais il semble que cela ait changé. Il
semble qu'on ait utilisé cette commission pour faire la preuve... Ce
n'est pas le but, le mandat de cette commission.
M. Charbonneau: M. le Président, j'avais des...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mégantic-Compton. Le député de
Mégantic-Compton.
M. Charbonneau: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Charbonneau: Un instant! Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): De règlement?
M. Charbonneau: J'ai commencé à parler
tantôt. J'avais la parole. Vous avez permis au député de
Saint-Louis une question additionnelle sur le même sujet. J'avais encore
la parole.
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Non.
Le Président (M. Laplante): Non. Le député
de Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président.
M. Bédard: Avec la permission du député de
Verchères, puis-je me permettre de rappeler aux membres de la commission
que nous avons fait des consultations, tel que je le disais hier, chez ceux qui
ont travaillé d'une façon tout à fait spéciale
à l'intérieur de la CECO dans sa lutte contre le crime
organisé et que, justement, nous avons l'intention de continuer ces
consultations avec les membres de la commission parlementaire afin d'en arriver
à expliciter le mieux possible dans quel cadre la CECO devrait exercer
ses responsabilités, qui sont très importantes, à savoir
la lutte contre le crime organisé.
Une voix: II y a déjà eu des...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je voudrais
seulement faire préciser une chose, parce que j'ai eu assez à
travailler avec la CECO... J'ai l'impression que le mandat de la CECO n'est pas
uniquement de faire un spectacle et d'expliquer au public comment fonctionne le
monde de la pègre.
J'ai l'impression que le mandat prévoit aussi, carrément,
une lutte contre les éléments criminels qui s'organisent en
"gang" ou en organisation à l'intérieur de la
société. Quand on suppose lutte, on suppose qu'à un moment
donné on fait la preuve contre des individus pour les
désorganiser et faire en sorte qu'ils cessent leurs
activités.
Je ne pense pas que le mandat de la CECO, comme le laisse entendre le
député de Saint-Louis, soit de faire uniquement un spectacle pour
montrer aux Québécois comment cela fonctionne.
D'ailleurs, on a reproché à la CECO, à un moment
donné, de prendre uniquement cette tendance. Qu'on ne vienne pas
aujourd'hui accuser le gouvernement, ou le ministère de la Justice, ou
la CECO, de faire aussi un travail de lutte efficace qui donne des
résultats et qui amène des condamnations.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, dans un autre ordre
d'idées, je voudrais bien qu'on sente que, de notre côté,
nous sommes aussi pleinement satisfaits du travail qui se fait à la
Sûreté du Québec. J'associe le ministre à
l'efficacité qu'il peut y avoir à la Sûreté du
Québec, contrairement à ce qui se disait tout à l'heure.
Je le connais depuis assez longtemps pour pouvoir apprécier son aspect
humain et son sens de la justice, j'oserais même dire le grand jugement
qu'il a démontré il y a au-delà d'une vingtaine
d'années quand il a décidé de m'appuyer à la
présidence des étudiants de l'Université d'Ottawa contre
deux libéraux affichés, l'actuel député de
Montréal-Saint-Denis et l'ancien député de Saguenay. (11 h
15)
Alors, ce n'est pas peu dire. Je pense bien que son jugement n'a pas
changé depuis ce temps. Également...
M. Bédard: Vous admettrez avec moi qu'avec cet exemple
votre jugement de valeur perd un petit peu de sa crédibilité.
L'affaire Marion
M. Grenier: Je ne suis pas prêt à l'admettre. Je
devrais dire aussi que le directeur de la Sûreté du Québec,
à mon point de vue, est un homme qui accomplit vraiment son travail et a
le sens de l'efficacité. J'ai des documents à l'appui, qui ne
sont pas plus vieux que de la semaine dernière, qui démontrent
jusqu'à quel point il s'occupe des problèmes, non seulement de la
collectivité, mais aussi des individus. Je dois lui en être
reconnaissant aujourd'hui.
Lors de la publication d'un document qui a été
distribué dans le comté sous l'autorité du gouvernement,
j'ai posé certaines questions à mes électeurs. Ils ont
répondu assez largement, dans une proportion de 1087. On a gardé
989 réponses. Les questions étaient posées sur
différents sujets, à savoir la souveraineté,
l'indépendance, l'âge de vote à 16 ans, le zonage agricole.
Il y en avait une qui n'a laissé personne indifférent,
c'était le dossier de Marion, dans la région des Cantons de
l'Est. Quant aux autres questions, plusieurs étaient indécis,
mais, à celle-là, tout le monde avait l'air sensibilisé.
Je ne voudrais pas loin de moi cette intention vouloir passer
pour un spécialiste de la question et un enquêteur, ce n'est pas
mon intention du tout, mais c'est une question qui a intéressé ma
région et mon comté d'une façon bien particulière
puisque l'événement s'est en grande partie déroulé
dans mon comté. Je connais plusieurs personnes de cette famille.
À titre de député de l'Opposition du gouvernement, j'ai le
droit de savoir ce que cette enquête a donné, et comment cette
chose s'est déroulée.
J'aimerais, si le ministre le veut ou le directeur de la
Sûreté, si on pouvait aujourd'hui faire le point sur
l'enquête, savoir si elle est encore en cours et ce qu'on pourrait nous
donner sur cette enquête qui a alerté l'opinion publique, non
seulement au Québec mais au niveau national.
M. Bédard: Pour répondre au député,
l'enquête continue. Elle est extrêmement difficile. À mesure
qu'on avance dans le temps, je pense qu'on peut facilement réaliser,
même si on n'est pas des enquêteurs, qu'elle se
révèle de plus en plus difficile. Maintenant, le
député a mentionné qu'il n'avait pas l'intention de
devenir enquêteur, qu'il ne voulait pas jouer ce rôle de policier.
Il est normal qu'il soit préoccupé par cette affaire qui a quand
même fait les manchettes durant pas mal de temps au Québec.
Jusqu'à maintenant, deux objectifs ont été atteints,
à savoir que la vie de l'otage a été
préservée et que les interventions de la Sûreté ont
eu pour effet que la rançon de $1 million qui était
demandée au départ soit tellement réduite qu'elle ne
constitue pas un élément qui pourrait inciter d'autres personnes
à s'aventurer dans la commission de ce genre de crime. Ces deux
objectifs ont été réalisés. Je sais que le
dé- puté m'a fait tenir une série de questions sur cette
affaire, que j'ai d'ailleurs remises au directeur de la Sûreté du
Québec.
Le député avait exprimé l'importance qu'il voyait
à ce qu'une enquête soit faite par la Sûreté du
Québec pour vérifier s'il n'y avait pas de complicité
à l'intérieur des cadres de la Sûreté du
Québec. Je peux lui dire qu'effectivement, à ma demande, le
directeur de la Sûreté du Québec a procédé
à cette enquête et nous pouvons rassurer, non seulement le
député, mais la population en disant qu'il n'y a eu aucune
complicité de quelque nature que ce soit qui puisse être
décelée à l'intérieur des cadres de la
Sûreté du Québec. Cela demeure une enquête qui
était extrêmement difficile, comme je l'ai dit, et cette
enquête se poursuit. Nous espérons comme le
député et l'ensemble de la population que les agents de la
Sûreté du Québec pourront en arriver à une
conclusion heureuse dans ce dossier, qui consisterait à mettre la main
sur les coupables.
M. Grenier: Je remercie le ministre. Il a apporté une
précision importante à l'opinion publique.
M. Bédard: Je pense que le député comprendra
qu'on ne peut pas entrer dans la discussion sur l'enquête
policière elle-même.
M. Grenier: On sait, bien sûr, que dans une enquête
de ce genre, bien des choses farfelues circulent. Beaucoup de gens se
prétendent enquêteurs et possesseurs d'éléments de
solution. La précision que fait le ministre va certainement
atténuer une partie de l'opinion publique qui soupçonne bien des
choses qui sont, souventefois, sans fondement.
Est-ce que le directeur de la Sûreté du Québec
pourrait préciser c'est une question un peu technique
combien de personnes sont encore en fonction relativement à
l'enquête Marion?
M. Bédard: Six enquêteurs étudient encore le
dossier. Je pense que c'est la meilleure preuve que c'est un dossier qui n'a
pas été mis sur les tablettes. Le député me
permettra de lui signaler que, depuis trois ans, il y a eu 35
enlèvements au Québec qui, à un moment donné, ont
relevé de la responsabilité de la Sûreté du
Québec pour enquête. Or, sur ces 35 enlèvements, 31 ont
été solutionnés. Ce qui constitue, je pense, un taux de
solution qui peut nous permettre non seulement de continuer a avoir confiance
en la Sûreté du Québec, mais espérer qu'à un
moment donné on puisse en venir à mettre la main sur les
coupables et à solutionner cette affaire une fois pour toutes.
M. Grenier: Et comme...
M. Bédard: Le directeur de la Sûreté du
Québec me faisait remarquer qu'il faut être conscient qu'il y a
toujours 65% environ des crimes qui ne sont pas solutionnés.
M. Grenier: Est-ce qu'on pourrait savoir, à ce jour...
M. Bédard: Nous espérons que ce cas n'entrera pas
dans ce pourcentage.
M. Grenier: Combien cette enquête a coûté en
temps ordinaire, en temps supplémentaire, en différentes autres
manières, soit instruments utilisés, ou avions?
M. Bédard: Les frais d'enquête sont les suivants: Le
nombre d'heures supplémentaires: 19 360. Le coût approximatif de
l'opération au niveau des heures supplémentaires est de $756 690.
Les frais de voyages nécessairement occasionnés: $65 348.
D'autres frais de l'ordre de $82.73. Le coût total, excluant le temps
régulier et les autres frais qu'il est impossible de dissocier d'une
opération normale, serait de $822 122.07.
M. Grenier: Le ministre peut-il nous dire s'il y a eu
c'est un sentiment assez répandu intervention de la part de la
Gendarmerie royale du Canada dans l'affaire Marion?
M. Bédard: II n'y a eu aucune intervention de la
Gendarmerie royale dans cette affaire.
M. Grenier: C'est-à-dire que le ministre ne lui a pas fait
appel.
M. Bédard: Pouvez-vous préciser votre question?
M. Grenier: Le ministre n'a pas fait appel à la
Gendarmerie royale, mais la Gendarmerie royale ne s'est pas proposée,
n'est pas venue sur le terrain de l'opération non plus. Il semble
cependant que cela arrive, de temps en temps, qu'elle vienne sans qu'on le lui
demande.
M. Bédard: II y a eu des contacts avec la Gendarmerie pour
des vérifications seulement.
M. Grenier: Ah bon!
M. Bédard: II y a eu certains contacts de la
Sûreté du Québec avec la Gendarmerie, mais pour des
vérifications de détails seulement.
M. Grenier: Une dernière question. On a
éliminé, bien sûr, la possibilité que les agents
Lalonde et Hewitt, qui ont été arrêtés à
Saint-Jovite, aient été mêlés à l'affaire
Marion. Le directeur peut-il nous répondre qu'il n'y a eu aucune
connotation entre l'affaire Marion et ces deux personnes?
M. Bédard: Tel que je l'ai dit en Chambre, je n'ai
absolument aucun renseignement qui puisse me permettre de faire une relation
entre ce qui s'est passé à Saint-Jovite et à
Saint-Jérôme.
M. Grenier: Nous vivons actuellement une sé- rie
d'enlèvements, mais y a-t-il un montant le ministre peut-il nous
répondre au budget, un programme d'entraînement contre les
enlèvements? Y a-t-il quelque chose de prévu et de quel
ordre?
M. Bédard: Nous avons déjà eu l'occasion
d'en discuter avec le directeur de la Sûreté et je vais le laisser
expliciter ce qui se fait présentement pour parer à ces
éventualités que vous venez de mentionner.
Effectivement, à l'intérieur du budget sur le programme de
développement des ressources humaines de la Sûreté du
Québec, il y a des sommes prévues pour des séminaires de
formation. On a envoyé de nos gens aux États-Unis suivre des
séminaires parrainés par l'Association internationale des chefs
de police, justement sur les enlèvements, les diverses sortes
d'enlèvements, les techniques employées. Ces séminaires
sont basés sur des expériences vécues. On a
commencé à mettre l'accent dans ce domaine pendant la
période préolympique, étant donné
l'expérience qui avait été vécue à Munich.
On voulait mettre de notre côté toutes les chances possibles de
manoeuvrer adéquatement dans des circonstances semblables, si elles se
produisaient. Un capitaine de la police de New York qui est
spécialisé dans ce domaine est venu animer des sessions de
formation. Il y a eu également le Dr Hubard, qui est attaché
à un institut de recherche à Dallas, au Texas, qui a
interviewé plus de 60 personnes qui ont été les auteurs
d'enlèvements et surtout de détournements d'avions. Se basant sur
ces confessions, il a mis sur pied une série de conférences, tout
cela pour aider la population à bien réagir, et aider la police
à poser des actions adéquates.
On insiste donc énormément sur la formation. II y a la
négociation proprement dite et il y a également les mesures
à prendre et les moyens pour prévenir cela.
M. Grenier: Pourriez-vous nous dire combien de
spécialistes de la Sûreté du Québec sont
entraînés à s'occuper des enlèvements?
M. Bédard: On n'en fait pas une spécialité
comme telle, mais on a cinq policiers qui sont des enquêteurs
réguliers. Vous avez un exemple dans l'affaire de
Saint-Jérôme. C'est le capitaine Lavallée qui a
manoeuvré cette affaire avec l'agent Daniel Duchesnes, qui était
également dans l'affaire Marion. Ils sont cinq sur lesquels on a fait
des efforts plus grands pour leur donner une compétence, une expertise
technique et professionnelle grâce à la somme de toutes les
connaissances accumulées. (11 h 30)
L'accent a été mis dans ce domaine depuis les dix
dernières années. Comme moyen de formation je ne voudrais
faire sourire personne on prévoirait un échange avec des
pays étrangers, par exemple envoyer une délégation en
Allemagne, où on a vécu l'expérience de l'affaire de
Mogadiscio. Il y a aussi l'Italie, quoique l'Italie ait un record assez...
Eloquent.
Pas tellement éloquent, non. La situation des enlèvements
dans le monde est critique. Des 77 enlèvements en Italie, de l'an
dernier, 39 personnes sont encore manquantes. Mais cela vaut la peine d'aller
voir ces gens, parce qu'ils vivent actuellement une expérience assez
unique avec l'affaire Aldo Moro. Donc, on met l'accent sur cela. Il n'y a pas
de recette magique. Nos gens reviennent de tous les séminaires auxquels
ils participent en disant: On a beaucoup appris, mais on s'aperçoit
qu'il n'y a pas de recette magique, pas tellement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Prise d'otages à
Saint-Jérôme
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais parler de
l'affaire de Saint-Jérôme pendant quelques minutes. Il y a deux
sortes d'enlèvements auxquels la Sûreté du Québec ou
un corps policier peut faire face. Il y a l'enlèvement où on ne
sait pas où se trouvent ni les ravisseurs ni l'otage. À ce
moment-là, cela peut durer un mois, deux mois, six mois, aussi longtemps
qu'on ne l'a pas trouvé. On a vu cela dans l'affaire Marion. Cela a
duré quand même assez longtemps. Il y a l'enlèvement, comme
à Orsainville, où le prisonnier ou le détenu enlève
des gardiens et il y a les prises d'otages dans des cours de justice, comme on
en a vu, je pense, aux États-Unis; autrement dit, où
l'élément "savoir où ils sont" et l'élément
"communication" sont réglés. Dans le passé, cette
deuxième catégorie d'enlèvements a toujours
été réglée de façon plus rapide que la
première, parce que, justement, on connaît l'endroit où
sont les gens; souvent ce sont des endroits publics ou même des endroits
qui appartiennent à l'administration publique. Alors, on sait exactement
où sont les téléphones et les portes et de quel
côté elles s'ouvrent. L'élément "communication" est
déjà réglé.
Il y a deux questions, je pense, qui sont demeurées sans
réponse dans l'esprit de la population. Pourquoi, dans l'affaire de
Saint-Jérôme, cela a-t-il duré, je crois, deux semaines,
alors que ces deux éléments étaient réglés?
Ceux qui ont un peu plus de connaissances, de par leur fonction, de ce genre
d'événement se souviendront, par exemple, qu'à Orsainville
je parle de celui-là parce que j'étais, à ce
moment-là, dans la chaise qu'occupe le député de
Chicoutimi 24 ou 48 heures après l'escouade spéciale de la
Sûreté, qui est extrêmement compétente et endurcie,
avait réussi à mettre fin à cet événement et
à libérer le gardien qui était détenu en otage.
Donc, premièrement, pourquoi est-ce que cela a duré si
longtemps? Il y a peut-être de bonnes raisons. On voudrait le savoir, si
vous êtes capable de le dire maintenant. Deuxièmement, comment se
fait-il que des détenus, ou des prévenus, je ne me souviens plus
exactement quelle qualité ils avaient à ce moment-là,
aient pu se rendre maîtres d'une partie aussi importante d'un
édifice public comme le palais de justice de Saint-Jérôme?
Ce sont les deux premières questions que j'aimerais poser. Il y en a
peut-être une qui s'adresse au ministre.
M. Bédard: Comme c'est très technique, je vais
laisser le directeur de la Sûreté y répondre et
j'ajouterai.
Concernant la première explication, l'opération
d'Orsainville a été une excellente opération, mais cela
faisait penser un peu à des opérations dans des
pénitenciers où les individus opèrent dans un bloc
cellulaire ou dans une section, uniquement; on peut restreindre leurs
allées et venues et les localiser. Le fait est que la bâtisse se
prêtait à une entrée subreptice, si on peut dire; il y
avait l'élément surprise, l'élément
rapidité. L'endroit était tactiquement idéal.
En ce qui a trait à Saint-Jérôme, pourquoi cela
a-t-il duré longtemps? Je dois dire, avec tout le respect que j'ai pour
les membres ici présents, que nous sommes chanceux que cela n'ait
duré que deux semaines. Personnellement et le ministre va vous le
dire j'ai dit: Peut-être que dans 83 jours je pensais
à l'affaire Marion on se parlera encore de cette affaire.
Parfois, je m'en remets un peu à l'histoire, parce que l'histoire
explique...
C'était une forteresse imprenable dans le sens que les gens ont
pris le contrôle d'une prison complète, une prison vétuste
et moyenâgeuse, si on peut dire, avec des murs de pierre qui ont
près de deux pieds d'épaisseur, avec un ensemble de labyrinthes
et de dédales qui nous permettait de savoir, à un moment
donné, quand ils nous parlaient, qu'ils étaient là, parce
que le téléphone est là, mais où exactement? Le
problème, c'était que, d'abord, ils contrôlaient une prison
complète. La deuxième chose qui ne s'était jamais vue dans
des prises d'otages à l'intérieur de prisons ou de
pénitenciers, c'est qu'ils avaient des armes, des armes à feu et
une bonne provision de munitions. Un troisième facteur rendait
l'intervention de la police doublement hasardeuse. C'était le fait qu'il
y avait enlevons les trois mutins 25 autres personnes qui
n'avaient rien à voir avec cette affaire. Je pense à un individu
que le juge Cliche avait envoyé réfléchir, à la
suite d'une cause de facultés affaiblies. Il lui a imposé une
amende et lui a dit: Je pense qu'une réflexion de 24 heures, à
l'intérieur d'une prison, va vous amener à penser à votre
problème. Quand il est sorti de là, le gars a dit: Je n'ai plus
besoin de réflexion, mon problème est fini,
réglé.
C'est un côté un peu spirituel de l'affaire. Mais
l'intervention, telle que...
M. le directeur sait allier l'aspect spirituel à l'aspect
politique.
M. Lalonde: Je le connais bien, il est très spirituel.
M. Bédard: On peut faire de l'éducation en
même temps.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: C'est là le côté
très difficile, comparativement à Orsainville, où une
intervention rapide, tactique et rapide, était possible. Pour une
intervention policière, à Saint-Jérôme,
répressive, si on peut dire, on évaluait d'abord le risque
d'avoir une foule de blessés et même de tués parmi les
otages. C'était l'aspect le plus important. Le deuxième aspect
important, peut-être au même niveau, c'est qu'on risquait de faire
tuer des policiers. C'était une opération suicide. On a fait des
maquettes, on a étudié toute l'affaire et, finalement, pris pour
pris, il aurait fallu faire quelque chose.
L'idée était de diminuer le nombre d'otages, d'en sortir
le plus possible, de sorte que, in extremis, si on avait à faire une
intervention, parce que je pense qu'au bout de trois mois, il aurait fallu
faire quelque chose, on avait des éléments de solution. À
ce moment-là, je pense que la possibilité de faire des victimes
parmi des gens qui n'avaient rien à voir là-dedans aurait
été minimisée.
En somme, c'est ça, le contrôle d'une prison assortie de
nombreuses pièces et les mutins avaient le contrôle complet des
deux étages, d'où la difficulté de localiser le
problème.
M. Lalonde: Je remercie beaucoup le directeur de la
Sûreté, c'est justement le genre de réponses qu'on voulait
avoir du ministre avant de formuler des félicitations à qui de
droit. C'était ma première question. Il m'apparaît que la
deuxième n'est peut-être pas adressée au directeur de la
Sûreté, parce que, s'il y a eu cette prise de contrôle, qui
est l'élément principal de la durée et de la
gravité de cette prise d'otages, par quelques mutins de toute une
prison, comment cela s'est passé, la Sûreté n'était
peut-être pas en charge, ni des mutins...
M. Bédard: La Sûreté n'était pas en
charge.
M. Lalonde: ... ni de l'édifice. Ma deuxième
question s'adresse donc au ministre ou peut-être devrait-on la suspendre
jusqu'à ce que les responsables des services carcéraux soient
ici. Mais comment se fait-il qu'on ait laissé quelques mutins prendre
contrôle de toute une prison? Là-dessus, M. le Président,
vous me permettrez de faire état d'une nouvelle parue dans le Journal de
Québec le 24 mars 1978, sous la signature de Jean-François
Lebrun, intitulée comme ceci: "Le ministère avait
été prévenu depuis trois mois", et je lis ceci: "II y a
trois mois, le syndicat des agents de la paix avait fait des
représentations auprès des autorités de la justice pour
qu'on n'utilise plus la prison commune de Saint-Jérôme pour garder
des prévenus. Si cette recommandation avait été suivie, la
spectaculaire prise d'otages qui a tenu la ville de Saint-Jérôme
sur les dents n'aurait jamais eu lieu."
J'aimerais savoir tout d'abord si c'est exact qu'on avait prévenu
les autorités du ministère et, deuxièmement, comment il se
fait qu'on ait laissé prendre le contrôle de toute une prison par
quelques mutins.
M. Bédard: M. le Président, au sujet de la
déclaration du syndicat qui nous avait prévenu, voici ce qui
s'est passé. De fait, nous voulions fermer la prison il y a quelque
temps, pour diverses raisons, parce qu'à cette prison il faut comprendre
que c'est strictement une prison de passage. C'était plus facile pour
nous car presque tous les prévenus qui sont à
Saint-Jérôme viennent de Montréal ou encore des
pénitenciers. Il faut comprendre ceci: Dans le district de Terrebonne se
trouve aussi le pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines. C'est un
pénitencier à sécurité maximale, où il se
passe de nombreux incidents. Chaque fois qu'il y a un incident grave où
il y a lieu d'avoir une intervention judiciaire, naturellement, le
procès se passe à Saint-Jérôme.
Cela fait une prison un peu particulière. C'est d'ailleurs en
vertu de ce principe que nous avions donné des directives de
façon que personne n'entre dans la prison, qu'on se rende
immédiatement au palais de justice et qu'après, on ramène
les prévenus immédiatement à leur lieu de
résidence.
Mais, ce jour-là, le procès a duré plus longtemps
que d'habitude et les gens ont couru le risque d'aller manger à
l'institution avec les détenus avant de se rendre à l'autre
institution.
M. Lalonde: Excusez-moi, je ne veux pas vous interrompre, mais je
veux bien comprendre. Jusqu'à maintenant, c'est très clair.
D'aller manger à l'institution, c'est...
M. Bédard: D'aller à Saint-Jérôme.
M. Lalonde: À Saint-Jérôme, oui.
M. Bédard: De se rendre à
Saint-Jérôme, parce que le procès s'était
terminé vers 12 h 30, tandis que, d'habitude, il se termine vers 11 h
30. Cela leur permet de se rendre à l'institution...
M. Lalonde: À Sainte-Anne-des-Plaines?
M. Bédard: À Sainte-Anne-des-Plaines ou encore le
centre de prévention.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: À ce moment-là, les surveillants
sont libérés. Mais, comme ils étaient en retard, ils ont
dit: Nous allons aller manger à Saint-Jérôme. C'est de
cette façon que nous avons eu l'incident.
Il y a la deuxième question à laquelle il faut
répondre. Comment se fait-il qu'il y avait une personne armée?
Encore une fois, l'enquête nous a démontré ceci. Il y avait
un détenu qui avait une arme, mais l'arme était faite de bois.
Cette arme avait été fabriquée par Simard lui-même,
au pénitencier de Millhaven. Lui-même a avoué que cela
faisait la troisième fois qu'il la transportait.
Il faut comprendre ceci. C'était une arme faite en bois, mais
coupée en lamelles. Lorsque vous preniez toutes ces lamelles, cela
faisait une arme. Chaque fois qu'un prévenu passe devant la cour, on lui
permet d'apporter ses documents. On met
cela dans un carton. Lui, il avait pris les lamelles et il les avait
insérées au milieu des papiers. Chaque fois que vous passez au
centre de prévention, tous les documents passent devant une machine,
pour voir s'il n'y a pas d'arme, pour voir s'il n'y a pas de fer. À ce
moment-là, il n'y avait absolument rien.
C'est comme cela que la personne s'est rendue à
Saint-Jérôme. Rendue là, elle avait toujours ses papiers.
Au palais de justice, lorsqu'il est entré à l'intérieur de
l'établissement de détention, Simard avait encore ses papiers et
là, il a bâti son arme. Il avait été fouillé,
refouillé et fouillé. Il a demandé d'aller aux toilettes,
les surveillants ont ouvert la cellule, et la première chose que vous
avez sue, c'est que le pauvre surveillant avait une arme... Il ne s'est pas
demandé si c'était une arme fausse ou vraie.
M. Lalonde: Vous faites un geste qu'on voit, mais, dans le
journal des Débats, on ne comprendra pas. Vous indiquez que le
surveillant avait l'arme sur la gorge. (11 h 45)
M. Bédard: C'est cela. À ce moment-là, il a
levé les bras. Mais comme la couronne nous avait demandé de
séparer Simard de Roussel et des autres, la cellule où se
trouvait Simard était dans la section dite des femmes. Dans cette
section, se trouve une seule cellule. Cette cellule ouvre sur le contrôle
de la prison. C'est ainsi que Simard se trouvait dans une situation
privilégiée. En sortant de sa cellule, il s'emparait du
contrôle de la prison.
M. Lalonde: Peut-on conclure qu'il s'agit d'une série
d'imprudences, le fait d'avoir amené des détenus, quand
même, à prendre le lunch à la prison?
M. Bédard: Non, il n'y avait pas d'imprudence, puisque,
à ce moment-là, les autorités avaient demandé
l'aide de la Sûreté et, à l'intérieur de
l'établissement, il y avait des agents de la Sûreté du
Québec aussi.
M. Lalonde: Oui, mais le fait de loger Simard dans la seule
cellule qui ouvrait sur les contrôles ne m'apparaît pas la mesure
la plus sécuritaire.
M. Bédard: Je crois que toutes les précautions
avaient été prises, mais, personne ne pouvait s'imaginer que
Simard pouvait exhiber une arme, surtout que cette arme, je vais vous le dire,
c'était un petit bijou. La serviette avait été
vérifiée.
M. Lalonde: Des mesures ont-elles été prises,
depuis ce temps, pour que les fouilles se fassent de façon à
présumer qu'il peut y avoir de petits bijoux en bois?
M. Bédard: II y a eu consultation avec les
pénitenciers et avec tout le monde. D'ailleurs, je peux vous dire que
nous avons assisté à une réunion en présence des
autres provinces. Ce cas spécifique a été
étudié, parce qu'il s'agit d'un événement tout
à fait spécial et nouveau.
Je peux vous dire qu'aujourd'hui tous les prévenus qui sont en
provenance, soit de Sainte-Anne-des-Plaines ou du Centre de prévention
de Montréal n'arrêtent plus à la prison de
Saint-Jérôme. Dès que la cour en a fini avec eux, ils sont
transportés immédiatement à leur lieu d'origine.
M. Lalonde: Je vous remercie, M. Gauthier.
M. Bédard: Si vous me permettez d'ajouter, M. le
Président, que l'on fait également l'examen plus attentif du
contenu de la serviette. Peut-être que je pourrais également
ajouter, pour le bénéfice des membres de la commission, les
coûts de cette opération qui se chiffrent par $326 072.96
répartis comme suit: Le temps régulier, 10 367 heures, ce qui
représente un montant de $104 524.05; les heures supplémentaires:
13 498, ce qui représente un montant de $200 813.35; les repas ont
représenté une dépense de $13 321; les dépenses du
coucher, $6 714.46 et des dépenses diverses de l'ordre de $700, pour un
montant global de $326 072.96.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. On sait que dans
cette prise d'otages de Saint-Jérôme sont intervenus deux
négociateurs indépendants de la Sûreté du
Québec. Pourrait-on savoir aujourd'hui, soit du directeur de la
Sûreté ou du ministre de la Justice comment il voit cette
intervention, non pas nécessairement dans cette prise d'otages, mais
dans toutes les prises d'otages où il y a des intervenants de
l'extérieur? Voit-il cela d'un bon oeil? Est-ce que cela aide aux
négociations ou est-ce qu'il prétend que cela peut nuire dans
certains cas?
M. Bédard: Cela peut certainement aider les
négociations, parce que, comme c'est le cas de
Saint-Jérôme, lorsque les mutins font appel à des individus
particuliers pour fins de discussion avec les autorités de la
Sûreté, je pense bien qu'il est difficile de dire non à
cette demande.
Cela contribue également, dès l'abord, à engager un
dialogue qui est nécessaire entre la Sûreté et les mutins
en essayant, par ces discussions, de créer un certain climat de
confiance.
M. Fontaine: Je remercie d'abord le responsable...
M. Bédard: ... le Dr Gauthier de vous avoir fourni les
explications que vous désiriez.
M. Fontaine: ... pour les explications qu'il nous a
données. Je pense que c'est ce genre d'explications que la population du
Québec attendait depuis longtemps. Je voudrais, en terminant sur ce
sujet, attirer l'attention du ministre sur le fait que lorsque nous lui avions
posé des questions en Chambre, il nous avait dit, à ce moment,
qu'il n'y avait eu aucune concession faite aux mutins. Or, quelque temps
après, je me rappelle avoir
vu à la télévision, au cours d'une émission
journalière, les deux négociateurs indépendants, ainsi
qu'un agent de la Sûreté du Québec, qui étaient
interrogés. À ce moment, on nous avait
révélé qu'on avait fait, en fait, certaines concessions,
mais qu'on avait laissé le soin, soit aux mutins eux-mêmes, soit
à la Sûreté du Québec ou au ministre de la Justice,
de révéler ou non le contenu de ces concessions. Est-ce que le
ministre juge aujourd'hui opportun de nous dire quelles ont été
ces concessions, si minimes soient-elles, qui ont pu être faites aux
mutins en question?
M. Bédard: L'opération s'est terminée par
des discussions entre les représentants de la Sûreté et les
mutins. Je puis vous dire que dans ce cas, il n'y a pas eu de concessions
concernant les demandes qui avaient été faites par les
prévenus, à savoir la demande de sauf-conduit, la demande de
sommes d'argent, la demande de transfert de prisonniers des prisons à
l'extérieur du Québec en direction des prisons du Québec.
Les transferts qui ont été effectués, l'ont
été dans l'application d'une politique qui était
déjà explicitée par le gouvernement fédéral
et ils se sont effectués à la date que vous connaissez, parce
qu'à ce moment l'unité spéciale du pénitencier de
Saint-Vincent-de-Paul était préparée à recevoir ces
détenus. Je puis vous dire que des travaux de
réaménagement se poursuivent à l'institut
Saint-Vincent-de-Paul, ce qui va permettre à d'autres prisonniers,
d'autres détenus qui sont à l'extérieur du Québec
d'être également transférés dans des
pénitenciers du Québec. Si vous avez des questions
précises...
M. Fontaine: J'aime bien votre réponse, mais ce n'est pas
cela que je veux savoir.
M. Bédard: Dites-le moi ce que vous voulez savoir!
M. Fontaine: Ce n'est pas la question que j'ai posée. Je
vous demande...
M. Lalonde: ... la première fois.
M. Bédard: Dites-le moi ce que vous voulez savoir!
Écoutez!
M. Fontaine: Je vous l'ai posée la question, elle
était très claire. Vous dites qu'il n'y a pas eu de concessions
sur les demandes des mutins...
M. Bédard: Non, je vous dis qu'il n'y en a pas eu.
M. Fontaine: ... mais est-ce qu'il y a eu d'autres concessions?
C'est ce que je veux savoir?
M. Lalonde: Pas relatives aux demandes des mutins, d'autres?
M. Bédard: Dites précisément par rapport
à quoi?
M. Fontaine: Lorsqu'on a réglé ce dossier, le matin
où on s'est entendu, est-ce qu'il y a eu des concessions, quelles que
concessions que ce soient de la part de la Sûreté du Québec
ou du gouvernement?
M. Lalonde: Dans le traitement, par exemple, des mutins?
M. Bédard: Allez-y! Précisez donc vos questions et
je vais vous répondre!
M. Fontaine: Écoutez, on vous pose des questions,
répondez donc!
M. Bédard: Je vous dis que dans mon esprit, il n'y a pas
eu de concessions.
M. Lalonde: II n'y en a pas eues du tout?
M. Bédard: Si vous me parlez du traitement des
mutins...
M. Lalonde: Ce n'est pas de votre esprit qu'on vous parle, on
parle des faits.
M. Blank: ... Est-ce qu'on a donné des boîtes de
médicaments, des pilules?
M. Bédard: Si vous parlez d'une bouteille de cognac,
franchement...
M. Fontaine: Est-ce que les prisonniers ont été
traités différemment...
M. Lalonde: On leur a au moins payé un coup! M.
Fontaine: ... de d'autres prisonniers?
M. Bédard: Quand il y a la vie de 23 personnes en
jeu...
M. Lalonde: Ne faites pas de braillage! Y a-t-il eu des
concessions ou non?
M. Bédard: ... vous ne me ferez pas dire que donner une
bouteille de cognac, c'est faire une concession. Je pourrais vous ajouter que
du temps...
M. Blank: C'est ce qu'on veut savoir.
M. Bédard: ... qu'a eu lieu cette prise d'otages, on a
nourri également les otages, on a nourri également les mutins.
Ils ont peut-être eu des pizzas, ils ont peut-être eu d'autres
mets, je ne le sais pas, mais si vous pensez que je vais commencer à
identifier cela à une concession, quand la vie de 23 personnes est en
jeu... Il y a toujours un bout, il ne faut pas être enfant
d'école, non plus!
M. Fontaine: Je ne vous parle pas pendant que les
négociations se déroulaient, je vous demande après,
lorsqu'il y a eu une conclusion de l'affaire, est-ce qu'il y a eu des
concessions qui ont été faites?
M. Charbonneau: Une bouteille de cognac pour laisser 23 personnes
sortir...
M. Fontaine: Ce n'est pas cela que je vous demande...
M. Bédard: Non, je vous dis...
M. Fontaine: ... je veux savoir ce qu'il y a eu comme
concessions. Je ne sais pas ce qu'il y a eu, mais est-ce que vous le savez?
M. Lalonde: II y en a eu.
M. Charbonneau: ... c'est toujours bien français.
M. Bédard: Si vous voulez parler des rencontres ou
contacts auxquels faisait allusion le député de
Marguerite-Bourgeoys, est-ce que c'est cela?
M. Lalonde: Je n'ai pas fait allusion à...
M. Bédard: Non, mais allez-y directement. Dans mon
idée...
M. Fontaine: On vous pose la question, voulez-vous
répondre?
M. Bédard: Si vous voulez...
M. Lalonde: C'est vous qui le savez.
M. Bédard: Voulez-vous affirmer que les rencontres
contacts et une bouteille de cognac sont des concessions? Je vous dis qu'il n'y
a pas eu de concessions?
M. Fontaine: Vous nous apprenez qu'il y a eu des rencontres
contacts.
M. Bédard: Mais oui.
M. Fontaine: On ne le savait même pas; vous ne l'avez
jamais dit. C'est la première fois que vous en parlez aujourd'hui.
M. Charbonneau: Vous le saviez, mais vous n'avez jamais eu le
courage de poser la question.
M. Bédard: Vous n'avez jamais été capables
de poser des questions en Chambre à ce sujet. Je vous ai dit qu'il n'y
avait pas eu de concessions c'est cela, l'essentiel sur les
demandes qui avaient été faites par les prévenus, par les
mutins, à savoir la demande de sauf-conduits, la demande de sommes
d'argent et la demande de transfert de prisonniers, de changement de politique
dans le transfert des prisonniers. C'est exactement la vérité. Si
vous me parlez d'une bouteille de cognac, je viens de vous dire ce que j'en
pense. Vous ne me ferez jamais admettre que c'est une concession, quand la vie
de 23 personnes est en jeu. Si vous voulez parler des rencontres contacts, je
peux vous dire qu'il y en a eu, mais c'est à l'inté- rieur
c'est un aménagement d'une politique qui existe
déjà dans les pénitenciers fédéraux.
M. Lalonde: Mais pendant la prise d'otages aussi?
M. Bédard: Pardon?
M. Lalonde: Pendant la prise d'otages? Pendant les deux semaines
que cela a duré? Non?
M. Bédard: Voulez-vous prétendre qu'il y a eu des
rencontres contacts...
M. Lalonde: C'est ce que je vous demande.
M. Bédard: ... pendant la prise d'otages? En aucune
façon.
M. Lalonde: Ah bon!
M. Bédard: En aucune façon, voyons donc!
M. Lalonde: Alors, c'est après?
M. Bédard: Bien.
M. Charbonneau: Vous avez déjà été
meilleur.
M. Bédard: Sur ce point-là non plus, vous ne me
ferez pas admettre que c'est une concession. C'est un aménagement
à l'intérieur d'une politique qui existe déjà.
M. Fontaine: Pourquoi vous êtes-vous refusé,
jusqu'à présent à répondre?
M. Bédard: Non, non...
M. Lalonde: Ne vous défendez pas; c'est clair, c'est
simple.
M. Fontaine: Ce n'est pas plus compliqué que cela.
M. Bédard: C'est que je n'accepte pas que vous y alliez
simplement d'une façon générale.
M. Lalonde: On dirait que vous avez quelque chose à
cacher; dites-le simplement.
M. Bédard: II n'y a jamais rien à cacher, sauf que
j'aime que l'Opposition précise ses questions. Autrement dit...
M. Lalonde: Vous voudriez qu'on mette les réponses
à nos questions.
M. Fontaine: Vous nous faites préciser les questions et
c'est vous qui avez les réponses. Nous avons les questions et vous avez
les réponses. Donnez-les.
M. Bédard: Votre question est la suivante: Y a-t-il eu
d'autres concessions? Je vous ai répondu
tout de suite: II n'y en a pas eu de concessions. Bon! Si je m'en
étais tenu à cette réponse-là...
M. Fontaine: Selon votre définition à vous des
concessions.
M. Bédard: ... si je n'avais pas pris la précaution
de faire préciser vos questions, vous auriez continué de laisser
entendre que, parce qu'il y a eu des rencontres contacts, parce qu'il y a eu
une bouteille de cognac qui a été donnée, le ministre n'a
pas dit la vérité et qu'il y a eu des concessions. Or, dans mon
esprit, ce ne sont pas des concessions. Bon. C'est pour cela que je demande
à l'Opposition de préciser ses questions.
M. Fontaine: Y a-t-il eu d'autres concessions qui ne sont pas des
concessions?
M. Bédard: Cela va lui permettre peut-être de
paraître pas mal plus intelligente sur un sujet aussi important que
celui-là.
M. Lalonde: Parlant d'apparence, je pense que le ministre...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Blank: II semble qu'il y a...
M. Fontaine: Y a-t-il eu autre chose que cela?
M. Bédard: Des conditions de détention et des
concessions, c'est autre chose.
M. Lalonde: Quand il se fâche...
M. Blank: Quand il se fâche trop vite, il veut toujours
faire quelque chose de mieux.
M. Lalonde: On devient suspicieux.
Le Président (M. Laplante): Avant que les contacts ne
deviennent trop rudes, est-ce qu'on peut aller à l'élément
1?
M. Fontaine: Y a-t-il eu autre chose que celle-là. M. le
Président, y a-t-il eu autre chose que cela?
M. Bédard: Est-ce que cela répond bien à vos
questions? En avez-vous d'autres plus précises?
M. Fontaine: Oui, je suis satisfait. Y a-t-il eu d'autres
concessions que celles que vous venez de mentionner?
M. Blank: Avez-vous eu de la drogue?
M. Lalonde: Je ne sais pas.
M. Charbonneau: C'est du ressort de la GRC.
M. Bédard: Est-ce que vous me permettez une seconde?
M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: On me dit qu'on leur a permis d'appeler dans
leurs familles. Je ne sais pas si vous appelez cela des concessions. Ce peuvent
être des conditions; ce sont des choses qu'on ne peut pas refuser.
M. Lalonde: D'accord. On va maintenant parler des conditions. On
n'avait pas le bon mot.
M. Bédard: Cela ne peut être identifié
à des concessions...
M. Lalonde: Quelles sont les autres conditions?
M. Bédard: ... quand la vie de 23 personnes est en
jeu.
M. Fontaine: M. le Président, on n'a pas
d'objection...
M. Lalonde: On veut savoir.
M. Fontaine: ... à ce qu'il y ait eu des concessions ou
des conditions. On demande tout simplement s'il est possible de le savoir. Si
cela n'est pas d'intérêt public, dites-nous que cela n'est pas
d'intérêt public et ne répondez pas. Mais quand on vous
pose une question, on aimerait avoir une réponse, si c'est
d'intérêt public.
M. Bédard: Je vous ai donné toutes les
réponses qui sont d'intérêt public...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le
député de Nicolet-Yamaska est satisfait des réponses?
M. Bédard: ... et qui prouvent éloquemment qu'il
n'y a pas eu de concessions.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres
questions?
M. Fontaine: Oui.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que d'autres
députés veulent prendre la parole?
M. Lalonde: Sur cette question, je pense qu'une fois qu'on aura
terminé les réponses, pour les éléments, on va
aller rapidement.
Le Président (M. Laplante): Oui, d'accord.
M. Lalonde: Le programme du Parti québécois...
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: ... contient certaines dispositions relativement aux
forces policières. En ce qui concerne la Sûreté du
Québec, il veut la trans-
former en une police nationale spécialisée en
matière criminelle. Pour ce qui est du "national", on n'a pas besoin
d'attendre que les rêves deviennent des souvenirs. Il reste qu'on a
déjà une Société nationale de l'amiante ou presque.
Alors, on peut peut-être parler d'une police nationale...
M. Charbonneau: M. Ryan est d'accord avec la définition
qu'on a de la nationaliser.
M. Lalonde: ... spécialisée en... Il vous fatigue
donc, lui!
M. Charbonneau: Non, je vous dis cela. Vous devriez le savoir,
par exemple.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères!
M. Lalonde: II vous fatigue donc! Je vous l'ai dit. S'il vous a
endurés pendant cinq ans, il doit être patient; cela va être
épouvantable.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Vous devriez le savoir. Je ne sais pas qui a
enduré l'autre, en tout cas. (12 heures)
M. Bédard: On a une Assemblée nationale aussi.
M. Lalonde: On a une Assemblée nationale et on a
même des reliques comme l'Union Nationale.
M. Fontaine: Les reliques vous font peur aussi!
M. Lalonde: Je n'ai aucune objection à ce que nos
institutions importantes ou nos reliques aient le mot "national".
M. Fontaine: Est-ce que c'est le pape qui vous fait parler de
reliques?
M. Lalonde: Y a-t-il des plans plus précis pour 1978 de
transformer la Sûreté du Québec en cette police
spécialisée en matière criminelle qui puisse intervenir
dans les cas nécessitant une expertise poussée? Y a-t-il des
démarches qui ont été prises dans ce sens ou sont-elles
envisagées par le...
M. Bédard: II n'y a pas de démarches qui ont
été faites dans ce sens précis du programme du Parti
québécois auquel vous vous référez, sauf que nous
employons nos efforts, comme ministre de la Justice, à travailler en
collaboration étroite et soutenue avec les autorités de la
Sûreté de Québec pour qu'elle puisse le plus efficacement
possible remplir le rôle qu'elle a à remplir.
Nous avons parlé, tout à l'heure, de l'augmentation des
effectifs dans la section des crimes économiques. M. le directeur vous a
aussi parlé tout à l'heure de la spécialisation...
M. Lalonde: Ne me dites pas tout ce qu'il a dit. Cela va prendre
une autre demi-heure.
M. Bédard: ... qui se faisait concernant les
enlèvements; dans tous les secteurs, on essaie d'améliorer le
service.
M. Lalonde: Pendant combien de temps le ministre va-t-il mettre
de côté le programme du Parti québécois en ce qui
concerne les forces policières, ou a-t-il décidé de
changer de programme?
M. Bédard: Je suis convaincu qu'on va arriver à la
Sûreté nationale. C'est conditionnel au désir...
M. Lalonde: C'est un programme qui...
M. Bédard: Non. Attendez. Me laissez-vous finir?
M. Lalonde: ... en ce qui concerne la Sûreté du
Québec... J'ai compris qu'en ce qui concerne la Sûreté du
Québec, c'est assujetti...
M. Bédard: Le programme du Parti québécois,
il ne faudrait jamais que vous l'oubliiez...
M. Lalonde: ... à une autre...
M. Bédard: ... prône la souveraineté
politique du Québec, ce qui implique nécessairement qu'une fois
que les citoyens du Québec auront donné leur approbation à
ce désir...
M. Lalonde: On ne comprend plus rien! Est-ce que tous les
chapitres du programme du Parti québécois sont assujettis...
M. Bédard: Non, pas tous les chapitres... M. Lalonde:
... à ce rêve? M. Bédard: ... comme vous le
voyez... M. Lalonde: Alors, à ce moment...
M. Bédard: ... l'efficacité policière qu'on
réclame dans le programme...
M. Lalonde: Vous pouvez réformer le système de
jury, par exemple.
M. Bédard: ... du Parti québécois...
M. Lalonde: Vous parlez de l'adoption d'un code d'éthique
de la magistrature.
M. Bédard: Nous nous employons à essayer de...
M. Lalonde: Pas besoin d'attendre les chimères du Parti
québécois pour cela. On peut parler de la transformation de la
Sûreté du Québec, de son rôle. D'ailleurs, je pense
que ce n'est pas une invention. Je pense qu'avec...
M. Bédard: Cela ne pourra pas s'appliquer aux juges
fédéraux.
M. Lalonde: Je parle de la Sûreté du Québec.
Je ne parle pas des juges fédéraux.
M. Bédard: C'est ce que vous venez de dire, ou j'avais
compris... Vous avez parlé des jurys, des juges. Il faudrait que vous
précisiez votre intervention.
M. Lalonde: J'ai essayé de prendre, par exemple, les
municipalités, tout ce qui concerne les municipalités. Allez-vous
attendre que vos chimères soient disparues?
M. Bédard: En aucune façon. D'ailleurs... M.
Lalonde: Non? Bon.
M. Bédard: ... on en a parlé hier et je vous ai dit
qu'il se faisait des consultations à l'heure actuelle concernant la
réorganisation des forces policières.
M. Lalonde: Ah bon!
M. Bédard: Nous avons mis sur pied le comité
Saulnier qui nous a fourni le rapport dont nous allons nous inspirer pour en
arriver à une réorganisation, mais après les consultations
nécessaires.
M. Lalonde: II n'y a rien de précis, actuellement, par
exemple, sur la Sûreté du Québec.
M. Bédard: Je ne vois pas du tout le sens de votre
question. Pardon?
M. Lalonde: II n'y a rien de précis actuellement sur toute
modification de la mission de la Sûreté du Québec?
M. Bédard: À l'heure actuelle, il y a les efforts
constants du ministre et du gouvernement de fournir tous les instruments
nécessaires à la Sûreté du Québec...
M. Lalonde: Oui, mais sur le...
M. Bédard: ... afin qu'elle puisse jouer pleinement son
rôle.
M. Lalonde: ... changement de sa mission, il n'en est pas
question actuellement.
M. Bédard: Quel changement voulez-vous avoir?
M. Lalonde: On parle de transformer la Sûreté du
Québec. Il n'en est pas question aujourd'hui?
M. Bédard: Je viens de vous répondre. Dans le cadre
qui existe à l'heure actuelle et que nous respectons, les efforts du
ministre et des autorités gouvernementales, c'est de fournir tous les
moyens nécessaires à la Sûreté du Québec pour
qu'elle puisse remplir efficacement le rôle qui lui est
assigné.
M. Lalonde: On a tous lu le petit catéchisme. Tout le
monde est pour la maternité.
M. Bédard: Bien oui! Le petit catéchisme, c'est
cela.
M. Lalonde: Mais là, on vous demande si votre programme de
transformer...
M. Bédard: Si les Québécois...
M. Lalonde: ... la Sûreté du Québec...
M. Bédard: ... disent oui au
référendum...
M. Lalonde: C'est assujetti aux chimères du Parti
québécois. Cela veut dire...
M. Bédard: ... il est évident qu'on aura
besoin...
M. Lalonde: ... que je peux effacer cela.
M. Bédard: Non. Si les Québécois disent oui
au référendum...
M. Lalonde: Ah bon! Cela sera pour jamais. M. Bédard:
Laissez-nous répondre au moins! M. Lalonde: Très bien.
J'ai effacé.
M. Bédard: Laissez-nous répondre. Si les
Québécois, comme cela sera le cas, j'en suis convaincu, disent
oui à la souveraineté politique du Québec, à plus
de pouvoirs, à plus de responsabilités, à ce moment, il
sera nécessaire d'avoir notre Sûreté nationale...
M. Lalonde: Le ministre se rend-il compte...
M. Bédard: ... et, dans ce sens, je n'ai aucune
inquiétude, la Sûreté du Québec sera capable non
seulement de jouer son rôle, mais de remplacer efficacement ce que fait
la Gendarmerie royale ici au Québec en termes de sécurité
d'État.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre se rend compte qu'il peut fort
bien planifier la transformation de la Sûreté du Québec en
une police spécialisée en matière criminelle sans changer
le cadre politique?
M. Bédard: Certainement. C'est pour cela que nous
orientons nos efforts dans ce sens.
M. Lalonde: Alors, pourquoi ne pas... Vous nous dites que vous ne
faites rien. Vous attendez vos rêves.
M. Bédard: Au contraire. Je vous l'ai dit tout à
l'heure, vous ne m'avez pas laissé continuer. Je vous ai parlé
des efforts qu'on faisait concernant la lutte contre les crimes
économiques. Dans tous les secteurs d'activité de la
Sûreté...
M. Lalonde: Cela n'a pas commencé avec vous.
M. Bédard: Mais oui.
M. Lalonde: Voyons!
M. Bédard: II faut continuer les efforts.
M. Lalonde: D'accord.
M. Bédard: II faut améliorer ce que vous n'avez pas
eu le temps d'améliorer. C'est ce que nous faisons. Il est clair que,
lorsque le fédéral nous donnera le $1 milliard qu'il nous doit,
cela permettra, je pense, à l'ensemble de la collectivité
québécoise...
M. Lalonde: Là-dessus, le ministre sait qu'il a l'appui de
tout le monde; le ministre sait qu'il a l'appui de tous les partis de
l'Opposition. On peut le répéter, mais il s'agirait de faire
quelque chose.
M. Bédard: II faudrait que vous constatiez une fois pour
toutes jusqu'à quel point le fédéral fait la sourde
oreille à cette demande justifiée du Québec.
M. Lalonde: On l'a constaté; nous-mêmes avons eu la
même oreille.
M. Charbonneau: C'est pour cela que, quand on négocie,
cela nous prend un pouvoir de négociation. Quand on n'est même pas
capable de se le donner, on se fait toujours dire non.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous aviez
demandé de faire une intervention, M. le député de
Verchères?
M. Charbonneau: Je viens de la faire. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Vous venez de la faire. Est-ce
qu'il y aurait d'autres questions?
M. Fontaine: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je pense que tout à l'heure le
député de Verchères a justement parlé de la
question de la subversion. Est-ce que la Sûreté du Québec
entend, dans les mois ou les années à venir, prendre toute la
responsabilité dans ce domaine, c'est-à-dire enlever la
responsabilité que la GRC peut avoir au Québec à ce
sujet?
M. Bédard: Je pense que j'ai été assez clair
là-dessus. Effectivement, la Sûreté du Québec
devrait prendre l'entière responsabilité de ce domaine, parce
qu'elle est plus en mesure de traiter de ces situations que ne le sont les
agents de la Gendarmerie royale du Canada.
M. Fontaine: Est-ce qu'un pas en avant a été fait
dans ce sens jusqu'à maintenant?
M. Bédard: La Sûreté du Québec
travaille constamment dans ce domaine. Peut-être le directeur pourra-t-il
ajouter quelques mots. Vous comprendrez aisément qu'une plus grande
activité dans ce domaine représente une augmentation des
ressources financières. Dans ce sens, vous savez jusqu'à quel
point on est limité par le fédéral, pas seulement
concernant la taxe de vente. Il fait la sourde oreille à la
réclamation du milliard auquel a droit l'ensemble de la population du
Québec.
M. Fontaine: Vous disiez que M. Beaudoin avait quelque chose
à ajouter là-dessus.
M. Bédard: Avec votre permission, M. le ministre. Si vous
lisez le jugement du juge Hugessen, vous verrez qu'il fait un inventaire de
toutes les infractions au Code criminel qui, selon son opinion, relèvent
de l'administration de la justice provinciale et qui devraient être non
pas le lot unique de la Gendarmerie royale, mais la préoccupation de
tout corps policier. On parle ici de subversion, mais la sémantique
étant ce qu'elle est, j'aime beaucoup mieux parler de conspiration de
sédition ou de tout ce qui entoure la perturbation de l'ordre
établi. Effectivement, le juge Hugessen fait, dans son jugement,
l'inventaire des articles du Code criminel. Nous travaillons depuis plusieurs
années à des programmes de prévention et de
dépistage pour essayer de freiner les gens qui pourraient avoir des
idées semblables, qui ne sont pas acceptées dans notre
démocratie.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre a entrepris des
négociations avec le fédéral, soit le gouvernement ou la
Gendarmerie, pour prendre des ententes à ce sujet-là, avec
remboursement d'argent, s'il le faut?
M. Bédard: Pardon?
M. Fontaine: Avec remboursement d'argent, s'il le faut.
M. Bédard: Écoutez, quand on voit la réponse
du fédéral face à une réclamation aussi
justifiée que celle de $1 milliard pour le maintien des frais de police,
vous pouvez vous imaginer jusqu'à quel point les chances sont
inexistantes d'obtenir que ce dernier collabore dans ce domaine.
M. Fontaine: Votre réclamation se fait pour...
M. Bédard: On n'est pas capable d'avoir des
renseignements; alors, imaginez.
M. Fontaine: Votre réclamation se fait pour le
passé; les négociations, c'est pour l'avenir. Le ministre n'a
entrepris aucune négociation à ce sujet, il n'a pas l'intention
d'en entreprendre non plus.
M. Bédard: Je ne vois aucune chance de réussir de
ce côté, parce que le fédéral est plus
que parcimonieux en termes de renseignements à donner. Prenez
seulement dans le domaine des drogues. À l'heure actuelle, nous avons
dû entreprendre des procédures; même si nous avons obtenu un
jugement qui nous était favorable, le fédéral est
allé en appel de cette décision, ce qui, je pense, explicite
très clairement sa détermination de ne rien céder dans ce
domaine.
M. Fontaine: Concernant un autre point, on a parlé...
M. Charbonneau: Est-ce que le député me permettrait
de continuer sur ce point?
M. Bédard: Si vous me permettez, peut-être que les
décisions que nous attendons, qui sont très importantes,
concernant l'enquête Keable et aussi les drogues... Lorsque les jugements
seront rendus, nous serons peut-être plus en mesure de voir la situation.
Peut-être que notre pouvoir de négociation sera
augmenté.
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet, le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Sur le même sujet, je voudrais faire
préciser, de la part du ministre ou du directeur de la
Sûreté du Québec, s'il est exact que la Sûreté
du Québec est dépendante de la Gendarmerie royale, non seulement
pour des informations que la GRC pourrait posséder, dans le cadre de ses
activités sur le territoire québécois, tant dans le
domaine de la sécurité que dans le domaine du renseignement
criminel, mais qu'elle est également dépendante de la GRC
concernant des renseignements du même ordre, tant du point de vue
sécuritaire que du point de vue de la criminalité normale ou
régulière, d'autres corps policiers étrangers.
Par exemple, si la Sûreté du Québec veut avoir des
contacts avec des policiers de l'État de New York sur des
activités qui ne relèvent pas du contre-espionnage, elle doit
malgré tout s'adresser à la Gendarmerie royale. Est-ce qu'il n'y
aurait pas moyen, par ailleurs, sans nécessairement que la
Sûreté du Québec, tant qu'elle ne jouira pas du statut de
police d'un État souverain, normal... Est-ce qu'elle ne pourrait pas,
malgré tout, entreprendre des négociations pour pouvoir transiger
elle-même directement avec des agences policières d'autres
pays?
Est-ce qu'elle ne pourrait pas négocier pour faire partie,
à part entière, de ce qu'on appelle l'Interpol, la banque de
renseignements des polices de différents États?
M. Bédard: M. le Président, la question a plusieurs
volets. D'abord, sur un plan de renseignements criminels, le gouvernement du
Canada, avec la collaboration des provinces, en 1966, a mis sur pied un
organisme qui s'appelle le service canadien de renseignements criminels. C'est
à cette rencontre que je dois assister la semaine prochaine. M. le
ministre avait dit une conférence, un congrès, cela a fait rire
les gens.
M. Lalonde: C'est plus sévère.
M. Bédard: C'est plus sévère et c'est plus
laborieux aussi.
M. Lalonde: Je vous souhaite bonne chance.
M. Bédard: Vous allez travailler.
Le bureau de recherche sur le crime organisé du Québec est
un organisme provincial qui fait partie de cette pyramide. Le but est de
favoriser l'échange de renseignements à travers les provinces,
à travers les corps policiers canadiens. C'est la première
chose.
Quant aux renseignements criminels, avec la GRC et avec les autres corps
policiers, cela va bien. (12 h 15)
D'autre part, sur le plan de la criminalité conventionnelle, il y
a le Centre canadien d'informations policières qui est une banque de
données avec divers fichiers, relativement aux personnes
recherchées sur mandat, ou encore aux véhicules volés,
à la marchandise volée, etc. C'est un système pancanadien
où chaque corps de police a un terminal qui a accès à une
banque centrale qui est à Ottawa.
Le gouvernement du Québec, en 1970, s'était donné
il a différé un peu de la politique canadienne à
cet égard ce qu'on appelle le Centre de renseignements policiers
du Québec. À travers le Québec, on a 100 terminaux, sous
l'égide de la Sûreté du Québec. Je crois que la
proportion est de 43 terminaux municipaux et 57 terminaux dans les
unités de la Sûreté du Québec.
Cela donne accès, par le CRPQ, à l'information qui est
disponible à tous les policiers à travers le Canada. Le
prolongement se fait également par le National Crime Information Center,
à Washington, où vous avez tous les États-Unis. Cela est
pour l'information conventionnelle policière régulière
criminelle.
L'autre élément, M. le Président, c'est de savoir
comment la Sûreté du Québec doit communiquer avec les
autres pays. Le fédéral, par la Gendarmerie royale, a une
politique, à savoir que pour aller dans un autre pays, si on veut se
faire ouvrir les portes, on doit entrer en contact avec le
fédéral. Il nous ouvre les portes de toutes les ambassades, de
toute la filière diplomatique qui peut exister et que vous
connaissez.
Effectivement, si on veut envoyer des gens en Espagne, en France, etc.,
on doit faire ouvrir les portes par le truchement de la Gendarmerie royale.
Quant à la possibilité que le Québec fasse partie
de l'Interpol, c'est un organisme qui pourrait s'apparenter, en principe, au
Service canadien de renseignements criminels. C'est un organisme mondial qui
est très fort surtout en Europe, mais qui est une fondation des Nations
Unies. Pour y appartenir, il faut avoir un statut de pays aux Nations Unies. Je
dois dire que ce sont les pays démocratiques et non les pays du bloc
communiste qui en font partie. Il y a environ 67 nations qui font partie de cet
organisme. Je dois vous dire que
l'organisme mandaté au Canada, reconnu, c'est la Gendarmerie
royale, et on doit passer par elle. Même à la conférence
d'Interpol qui s'est tenue en Suède, cette année, à
Stockholm, la Gendarmerie royale était représentée, elle
dirigeait officiellement la délégation canadienne. L'Association
canadienne des chefs de police y avait délégué des
représentants, mais ils y avaient seulement le statut d'observateur. Il
n'y a pas de corps policier qui peut siéger là, c'est tout le
mécanisme de pays qui régit cela.
M. Charbonneau: En somme, il y a une confusion, non pas celle du
directeur de la Sûreté du Québec, mais la mienne.
Finalement, on est fort dépendant de la Gendarmerie royale pour nos
renseignements, en particulier les renseignements qui sont d'une importance
capitale pour la sécurité d'État. Plus le couloir, le
canal se rétrécit, plus les informations parviennent
difficilement à la Sûreté du Québec, et plus
celle-ci est en difficulté pour exercer son travail efficacement.
M. Bédard: Je pense que le directeur de la
Sûreté a explicité suffisamment le mécanisme.
M. Charbonneau: Je ne vous demanderai pas de commentaires
d'ailleurs.
M. Lalonde: En tout cas, ce sont les conclusions. On ne savait
pas que le député de Verchères parlait de la même
chose, mais ce n'est pas la première fois, M. le Président.
J'aimerais poser une question au directeur de la Sûreté. Il
dit qu'il faut compter sur les services du gouvernement fédéral,
comme la GRC, pour ouvrir les portes, lorsque vous voulez avoir des contacts
avec d'autres pays.
Est-ce que, dans le passé, de façon
générale, vous avez eu des difficultés à vous faire
ouvrir les portes, par exemple, pour avoir des contrats à travers ce
couloir?
M. Bédard: Pour les enquêtes criminelles proprement
dites, cela va bien. Aux États-Unis la politique est plus souple. Il
faut dire aussi que, dans la police, c'est un peu comme dans d'autres domaines
professionnels, c'est que les contacts personnels jouent pour beaucoup. Si
quelqu'un de la Colombie-Britannique m'appelle, vient travailler sur une
enquête ici au Québec et nous demande notre assistance, on va
ouvrir toute la machine pour lui donner de l'aide. C'est inversement ce qui se
fait. C'est la même chose quand on va aux États-Unis. Il y a un
certain assouplissement des politiques. On peut fonctionner de personne
à personne. En somme, il n'y a rien.
M. Lalonde: Au nom de la justice.
M. Bédard: Au nom de la justice. Je pense que, pour
l'efficacité de la justice, cela n'empêche pas les individus de se
parler pour finalement résoudre un dossier.
En matière de sécurité, c'est très
fermé, c'est un cercle très hermétique.
M. Lalonde: De la part de la GRC?
M. Bédard: Oui, à travers les autres pays aussi.
J'ai eu l'occasion d'aller en Europe. On a des contacts de personne à
personne, mais quand on parle de choses officielles, cela doit se faire par des
relations de pays à pays.
M. Lalonde: Je ne sais pas si l'on peut parler de...
M. Bédard: À d'autres niveaux.
M. Lalonde: ... sécurité, mais je me souviens
d'avoir pris part, en 1976 à un voyage officiel en France pour
étudier toute la structure des corps policiers. Je ne me souviens pas
d'être passé par les autorités fédérales.
Nous avions eu des contacts très ouverts avec toute la structure de la
Sûreté nationale, même la division des renseignements.
Enfin...
M. Bédard: C'est une chose de savoir comment cela
marche...
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: ... quel est l'organigramme et d'avoir des
renseignements.
M. Lalonde: Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'avais encore la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, allez-y.
M. Fontaine: On a parlé, lors des discours d'introduction,
des corps de police municipaux. On avait, à ce moment-là,
demandé au ministre de nous dire, premièrement, si,
effectivement, il y a des municipalités qui renoncent à leur
service de police. Combien? C'est parce que cela a une incidence sur la
Sûreté du Québec.
M. Bédard: Est-ce que vous auriez objection, sur cet
aspect particulier, à ce qu'on en discute peut-être lors de
l'étude des programmes qui concernent la Commission de police et
également la direction générale de la
sécurité publique...
M. Fontaine: Ce que je veux...
M. Bédard: ... parce qu'ils sont affectés d'une
façon tout à fait particulière à ce
problème, et à ce moment, ils sont plus en mesure de donner les
renseignements que demande le député?
M. Fontaine: Le but de ma question... M. Bédard: Si
vous me permettez... M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: ... je peux vous dire que, pour les
municipalités qui ont abandonné leur service et où la
Sûreté du Québec a pris la place des policiers municipaux,
le travail se fait très bien à l'heure actuelle.
M. Fontaine: Le but de ma question était de savoir combien
de policiers supplémentaires étaient affectés à
cela. Qu'est-ce que cela coûte, en fait, de plus à la
Sûreté du Québec?
M. Bédard: Ils le font, à l'heure actuelle,
à l'intérieur des effectifs qu'ils ont présentement.
M. Fontaine: Les heures supplémentaires?
M. Bédard: Probablement que des heures
supplémentaires sont nécessaires. Maintenant, au chapitre des
heures supplémentaires, la Sûreté du Québec a
réduit d'au-delà de $1 million le montant qu'elle affectait
préalablement à ce sujet. Je pense que c'est un effort assez
louable de la part de la Sûreté du Québec. Pour les autres
renseignements, si vous le désirez, peut-être qu'il y aurait lieu
d'en discuter lors de l'étude des programmes concernant la Commission de
police et la direction générale de la sécurité
publique.
M. Fontaine: D'accord.
M. Lalonde: Je suis d'accord, parce qu'il y a beaucoup de
questions que j'ai retenues concernant la fonction policière pour
l'étude de la Commission de police et de la direction
générale de la sécurité publique.
M. Fontaine: Concernant les coûts supplémentaires,
il me paraissait que c'était la Sûreté du Québec qui
pouvait y répondre, plutôt que la Commission de police.
M. Bédard: On me faisait remarquer tout à l'heure
que les heures supplémentaires ont diminué, parce
qu'essentiellement il y a beaucoup moins de conflits de travail.
M. Lalonde: C'est parce qu'il y a beaucoup moins de gens qui
travaillent. C'est pour cela.
M. Bédard: Ce renseignement vérifie...
M. Lalonde: Ce ne sont pas les chômeurs qui sont en
grève.
M. Bédard: Pas nécessairement. Les industries sont
toujours là.
M. Lalonde: Ce ne sont pas les chômeurs qui sont en
grève.
M. Bédard: Les industries où se situaient les
conflits sont toujours en place...
M. Lalonde: Des industries, il y en a qui ferment toutes les
semaines.
M. Fontaine: Si vous lisez le Devoir de ce matin...
M. Lalonde: À un moment donné, on va avoir trop de
policiers...
M. Bédard: Je pense que ceci est dû à une
approche...
M. Lalonde: ... si vous êtes au pouvoir trop longtemps.
M. Bédard: ... beaucoup plus humaine, une approche
beaucoup plus sociale et compréhensive de la part du gouvernement
vis-à-vis des travailleurs.
M. Lalonde: ...
M. Fontaine: C'est pour cela qu'ils en ont arrêté 80
hier.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on peut...
M. Bédard: Quand c'est nécessaire, par exemple, il
faut agir.
M. Fontaine: M. le Président, je passe à un autre
sujet. L'an dernier, on avait parlé de régionalisation. On nous
avait dit, à ce moment-là, que c'était en train
d'être complété. Est-ce que cette régionalisation
est terminée actuellement ou est-ce qu'on continue d'avancer dans ce
domaine?
M. Bédard: Elle n'est pas terminée à l'heure
actuelle. Parlez-vous de la construction de postes à la
Sûreté du Québec?
M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: Ah bon! La structure de régionalisation
est en place présentement. On aura peut-être l'occasion d'en
discuter. Nous avons fait faire une étude sur les besoins qui existaient
concernant la construction de postes à la Sûreté du
Québec afin d'avoir une vue d'ensemble qui permette justement d'avoir
une politique plus articulée lorsque nous nous présenterons
devant le Conseil du trésor. Nous avons présentement cette
politique de besoins et nous essayons de procéder le plus rapidement
possible tout en tenant compte des contingences financières.
M. Fontaine: Est-ce que les unités spéciales ont
été maintenues partout?
M. Bédard: Vous voulez parler des unités
d'urgence?
M. Fontaine: Des unités d'urgence, oui.
M. Bédard: On a procédé à une
certaine diminution pour essayer d'accélérer le processus du
jumelage des patrouilles, mais on a gardé sensi-
blement la même structure. Il y a eu des changements mineurs.
M. Fontaine: Quand vous parlez de jumelage, c'est la question des
deux policiers par auto?
M. Bédard: C'est cela. Je dois dire que c'est une
orientation de mobilité que l'on s'était donnée vers les
années 1971-1972. Cela nous a bien servi. Notre horaire de travail
étant excessivement rigide, tout événement qui sort du
cadre régulier des activités d'un poste nécessite un
accroissement des ressources. Ces gens-là peuvent manoeuvrer ces
situations, bien qu'ils aient à se déplacer. C'est un peu leur
rôle.
M. Fontaine: L'an dernier, vous nous avez dit que vous mainteniez
les unités d'urgence dans le but de faire des interventions plus
rapides. Est-ce que le fait d'avoir diminué ces unités d'urgence
à certains endroits et d'avoir deux policiers par auto a diminué
les délais d'intervention ou cela les a-t-il augmentés?
M. Bédard: Cette année, concernant la situation
dans les conflits de travail, moins de conventions collectives venaient
à échéance. Les conflits de travail engagent
peut-être 20% ou 25% du temps, selon l'expérience passée.
Donc, on a profité de cette période d'accalmie pour essayer de
progresser avec la patrouille jumelée, quitte à ce que les
effectifs qui nous sont alloués soient redistribués à ces
endroits, mais c'est simplement une situation de réaménagement de
priorités.
Mais cela nous a donné d'excellents résultats. Je vous dis
qu'il faudra y penser sérieusement avant de penser à
démanteler cela, parce que dans la police, la mobilité...
Seulement l'exemple de Saint-Jérôme. Le poste de
Saint-Jérôme, qui est dans un des plus gros postes de la
Sûreté n'aurait pu manoeuvrer uniquement l'affaire de
Saint-Jérôme, parce qu'il devait continuer à servir la
population.
Donc, l'unité d'urgence de Montréal qui a 100 hommes,
à savoir un peloton par relève, 25 hommes par relève,
donc, a manoeuvré le périmètre, l'encadrement parce qu'il
fallait y fournir une sécurité. Cela a été pendant
deux semaines sa mission unique, alors que le poste de
Saint-Jérôme continuait à vaquer à ses
occupations.
Il faut se garder une certaine souplesse d'effectifs là-dedans.
Je me rappelle que le problème a été soulevé par
l'association. Avec les meilleures intentions du monde. Bien entendu. Ils
réglaient leurs problèmes en prenant... C'était changer
quatre $0.25 pour $1.
M. Lalonde: Une dernière question. Il reste 30 secondes.
Comment peut-on expliquer la réduction des effectifs de 1977/78 qui
étaient de 5456 permanents à 5446 pour 1978/79?
M. Bédard: C'est simplement une coupure de 1% des
effectifs civils. C'est très mineur, je crois, parce que les effectifs
autorisés de la Sûreté étaient de 4300
l'année dernière et cette année, on en a eu 100
d'autorisés dans l'exercice budgétaire de l'année
écoulée. Notre objectif est d'obtenir 170 additionnels cette
année pour terminer la patrouille jumelée. Donc, cela porterait,
possiblement, théoriquement, nos effectifs à 4570 policiers et
les civils, il y a une coupure... (12 h 30)
M. Lalonde: C'est une déduction dans la fonction
policière. Ce sont des civils dans les services...
M. Bédard: Comme le reste du gouvernement. Il y a eu une
politique...
M. Lalonde: Au niveau des fonctions policières, il y a eu
l'augmentation nécessaire pour compléter le jumelage.
M. Bédard: Oui. On peut dire que, sur 270, on avait 54
postes à jumeler qui demandaient 270 hommes additionnels. Le Conseil du
trésor, par le biais du ministère de la Justice, nous a
accordé 100 agents. On devrait finir de compléter ce recrutement
au début de juin. Actuellement les démarches sont en cours pour
un accroissement de 170, plus 50 policiers pour diverses tâches
spécialisées et environ 20 à 25 employés civils
pour les services de bureau nécessaires.
M. Lalonde: M. le Président, compte tenu du fait qu'on va
retoucher la question policière à l'occasion d'autres programmes,
je serais prêt, à moins que mon collègue de l'Union
Nationale ait des questions plus précises sur les
éléments, à adopter les éléments avant
l'ajournement.
M. Fontaine: M. le Président, je serais prêt
à adopter les éléments sauf que j'avais des
représentations particulières à faire concernant
l'Institut de police, mais je pourrai probablement les faire lors de
l'étude de la Commission de police.
M. Bédard: Lors de l'étude des crédits de la
Direction générale de la sécurité publique.
M. Lalonde: Cela ne rentre pas ici du tout.
M. Fontaine: Mais le directeur de la Sûreté du
Québec ne...
M. Lalonde: C'est parce qu'il est membre du conseil...
M. Fontaine: Oui. On est prêt à adopter.
Le Président (M. Laplante): Programme 15,
élément 1, adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Élément 2,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 15, adopté au
complet.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Merci. Nous ajournons sine
die. Excusez-moi, avant d'ajourner, M. le directeur.
M. Bédard: M. le ministre, messieurs les membres de la
commission, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de plaider la
cause de la Sûreté du Québec, si on peut dire. Je vous
remercie de votre bonne compréhension et de la pertinence de toutes vos
questions, ce qui démontre l'intérêt de tous les membres de
la commission parlementaire envers toutes les activités de la
Sûreté du Québec.
M. Lalonde: Est-ce que vous nous libérez maintenant? Ce
n'est pas conditionnel, toujours?
M. Bédard: J'en profite, M. le Président, pour vous
présenter des félicitations unanimes pour le travail de la
Sûreté du Québec.
M. Lalonde: On n'avait pas besoin de le faire, le directeur est
assez intelligent pour s'apercevoir de cela.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont
ajournés sine die. Après la période des questions,
probablement que l'Assemblée nationale donnera l'ordre, vers 3 h 15, que
nous continuions nos travaux.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
Reprise de la séance à 15 h 38
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, mesdames,
messieurs! Si vous voulez prendre vos places, s'il vous plaît!
Reprise des travaux de la commission de la justice pour l'étude
des crédits budgétaires de l'année 1978/79.
Sont membres de cette commission: M. Alfred (Papineau), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M. Charbonneau (Verchères), M.
Clair (Drummond), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Lacoste (Sainte-Anne), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Les intervenants sont: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Lavigne (Beauharnois), M.
Léger (Lafontaine), M. Marois (Laporte), M. Pagé (Portneuf), M.
Roy (Beauce-Sud), M. Tardif (Crémazie).
Lorsque nous avons terminé nos travaux hier, nous étions
encore... Hier, parce que ce matin on a, avec l'accord de tous les partis,
commencé le programme 15 qui est terminé, mais nous en
étions encore aux préliminaires de l'étude des programmes.
C'est cela?
M. Bédard: Oui, c'était ce que nous avions
décidé. Je ne pense pas que l'Opposition...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez
continuer ou avez-vous l'intention de commencer, programme par programme? Vous
aviez terminé?
M. Bédard: On recommence.
M. Blank: J'aurais seulement une question d'ordre
général. Pour faire suite à vos réponses en
Chambre, dans l'affaire de Commonwealth, vous avez identifié les gens,
la centaine de gens de l'extrême-gauche. Est-ce que vous avez plus
d'explications? Est-ce que ce sont des groupements politiques ou des
groupements sociaux? Quoi?
M. Clair: Ce sont des fédéralistes.
M. Blank: Peut-être, c'est cela que je veux savoir. Le
même gars, qui était à la United Aircraft, était
fédéraliste et honnête travailleur... aujourd'hui, ce sont
des gens d'extrême-gauche. Je veux savoir quel extrême-gauche.
Est-ce qu'ils sont membres des syndicats? Est-ce qu'ils sont membres des
groupes maoïstes, léninistes, du Parti communiste, ou du Parti
québécois ou du Parti libéral?
M. Bédard: Disons mouvement communiste à tendance
communiste, maoïste, de cette...
M. Blank: Est-ce que la police a pris le soin de vérifier
si ce sont les mêmes groupes qui étaient à la United
Aircraft?
M. Bédard: Je n'ai pas d'indication en ce sens, mais si
c'est une suggestion que fait le député, elle est heureuse.
M. Blank: Oui, peut-être, parce qu'à ce
moment-là on nous a accusé de matraquer d'honnêtes
travailleurs et ici on ne matraque que des gens de gauche. Je veux savoir s'il
y a une connexion.
M. Bédard: Les mouvements de gauche ont beaucoup
changé depuis le 15 novembre 1976.
M. Blank: Ils ont changé? Ils sont rendus ici maintenant?
Pas du côté gauche.
M. Bédard: Pardon, d'extrême-gauche.
M. Blank: Ils sont peut-être rendus à droite.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
questions ou si on commence l'étude du programme 1?
M. Blank: On commence les programmes.
Le Président (M. Laplante): Programme 1, programme qui
vise à assurer le fonctionnement des cours de justice et à leur
fournir le soutien administratif nécessaire. M. le ministre, est-ce que
vous avez des explications avant de commencer l'étude des
éléments?
M. Bédard: M. le Président, avant de passer aux
commentaires généraux concernant le programme... C'est
peut-être la manière dont on va procéder pour tous les
autres programmes, si l'Opposition est d'accord, à savoir donner
certains commentaires généraux et, ensuite, y aller avec des
questions. J'aimerais avoir l'accord de l'Opposition pour accepter que ce soir,
on puisse étudier le programme concernant la Commission de
contrôle des permis d'alcool.
M. Fontaine: Oui. D'ailleurs, nous avons remarqué que le
juge est ici depuis deux jours.
M. Blank: On peut le faire maintenant, si on veut. Pour moi, ce
serait mieux qu'on le fasse maintenant. Je devrai peut-être m'absenter ce
soir, au moins...
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a
unanimité parmi les membres pour que le programme 8 débute tout
de suite?
M. Fontaine: Cela ne me fait rien.
Le Président (M. Laplante): D'accord, programme 8.
M. Blank: Excusez-moi, c'est parce que je suis un peu plus
renseigné sur cet aspect, et M. Lalonde sera ici dans une heure ou une
heure et demie. Cela va faire mon affaire de discuter avec le juge Trahan.
Contrôle des permis d'alcool
Le Président (M. Laplante): Programme 8, contrôle
des permis d'alcool. Ce programme vise à protéger le public en
contrôlant l'exploitation des débits d'alcool. M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, au niveau de ce
programme, des crédits additionnels de $21 400 ont été
prévus pour l'exercice 1978/79. Cette augmentation fait suite à
certains ajustements apportés au niveau des catégories de
dépenses suivantes. Concernant la catégorie 1, qui aborde la
question des traitements, une somme estimée de $200 800 a
été ajoutée au budget, principalement pour donner suite
à la mise en application des différentes conventions
collectives.
Le total de l'effectif autorisé en hommes-année a
été réduit de quatre postes, ce qui occasionne une
diminution des crédits requis de $29 500, ce qu'on retrouve à la
catégorie 2.
À la catégorie communications, les raisons majeures
justifiant une augmentation des crédits prévus à cette
catégorie de dépenses sont la révision des tarifs
accordés pour les frais de déplacement, laquelle a
été estimée à 10%. Il y a aussi une hausse
d'environ 5% du nombre de voyages effectués, ce qui représente
une somme de $58 000.
Une partie de cette augmentation sera financée par une
réduction apportée au niveau des dépenses relatives aux
avis de publication.
À la catégorie 4, on peut remarquer une réduction
de $34 500 qui a été apportée à cette
catégorie de dépenses, étant donné qu'il ne sera
plus nécessaire d'utiliser les services d'agences de
sécurité concernant la garde des bureaux de la Commission de
contrôle des permis d'alcool.
À la catégorie 7, aucun montant n'a été
prévu concernant les remboursements à la Société
des alcools du Québec pour les frais d'impression des timbres
posés par la société sur les bouteilles de vin et de
spiritueux. Depuis deux ans, aucun montant n'a été facturé
par la Société des alcools. De plus, une réduction de $20
000 a été apportée pour tenir compte du fait que, depuis
le 1er octobre 1977, le service des postes et messageries du ministère
des Travaux publics défraie le coût de l'affranchissement postal
du courrier de tous les ministères, ce qui représente une somme
de $20 000. (15 h 45)
À la catégorie 10, concernant les transferts, en vertu de
la Loi de la Commission de contrôle des permis d'alcool, 25% du droit de
8% de l'argent perçu est remboursé aux municipalités en
fonction des ventes de spiritueux et de vin pour les détenteurs de
permis sur leur territoire. Les revenus provenant de ce droit de 8% ont
été estimés à $7 012 800 pour l'exercice 1978/79.
Cette estimation a été calculée en tenant compte des
revenus réalisés en 1976/77 et de ceux enregistrés au
cours des neuf premiers mois de l'e;.ercice 1977/78.
Étant donné que le montant des revenus estimés pour
l'année financière 1978/79, soit $7 012 800, est inférieur
à celui qu'on avait estimé
lors de la préparation du budget pour 1977/78, soit $7 332 800,
nous avons apporté une réduction de $80 000 aux crédits
requis à cette catégorie de dépenses.
M. le Président, c'étaient mes commentaires
généraux concernant l'ensemble du programme et les
différents éléments.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Le seul commentaire que j'ai sur tous les chiffres que
vous avez donnés, c'est qu'il n'y a rien de gros dans cette affaire. Il
y a eu un changement. La régie a transféré ses locaux de
la rue Fullum au palais de justice.
M. Bédard: C'est cela.
M. Blank: Pour ma part, je pense que c'est un transfert
très logique. Cela fait l'affaire de presque tout le monde, même
des commissaires, je pense, qui sont dans des locaux un peu plus
"civilisés" maintenant. Il y a des enquêtes dans une vraie cour,
non pas au bout de la table, comme on devait le faire sur le rue Fullum et la
rue Parthenais. Ce n'est pas Parthenais, c'est l'autre rue en arrière,
dont je ne sais pas le nom.
La question que je me pose, c'est qu'on n'a pas fait tellement de
changements à la loi des contrôles pour l'émission des
permis. Je suis certain que beaucoup de problèmes sont arrivés
depuis les derniers changements. Le ministre a-t-il reçu des
recommandations des commissaires pour des changements? Si oui, qu'est-ce qu'il
entend faire?
M. Bédard: Je n'ai encore reçu aucune
recommandation des commissaires, puisque le comité n'a pas encore fini
son travail. On m'informe que, d'ici la fin du mois de mai, le comité
sera en mesure de présenter ses recommandations au ministère de
la Justice. Vous pouvez être assurés que nous allons essayer de
procéder avec célérité, puisque le besoin est
là. Les problèmes sont à la connaissance de tous les
députés. L'an dernier, lors de l'étude des crédits,
plusieurs de ces problèmes avaient été
évoqués par l'Opposition et les députés du
côté gouvernemental.
Nous espérons être en mesure de procéder rapidement,
dès que nous aurons reçu ces recommandations.
M. Blank: Le ministre envisage-t-il une commission parlementaire
de la justice pour entendre des témoins, même des commissaires,
même des associations d'hôteliers, des associations de
restaurateurs? Je me souviens que cela fait longtemps, c'est en 1960 que, pour
la dernière fois, nous avons eu une commission qui a entendu toutes les
parties en cause, lorsqu'on a rédigé la nouvelle Loi de la
Régie des alcools, qui a effectué un changement complet par
rapport à ce qui existait avant.
Cela fait presque 18 ans. Depuis, on a entendu des propositions, des
commentaires du public, de gens qui sont impliqués dans la vente de
l'alcool. Je ne parle pas seulement de gens qui vendent de l'alcool, mais aussi
des gens qui ne veulent pas qu'on vende de l'alcool. Peut-être que cela
profiterait à tout le monde si la commission parlementaire de la justice
pouvait entendre les parties, après avoir eu ces rapports.
J'espère même que le rapport sera public, parce qu'il n'y a rien
de politique dans cela. Après cela, on pourra avoir une commission
parlementaire pour entendre les parties en cause pour essayer de produire une
loi qui soit bien pour tout le monde à ce jour, parce qu'une loi qui
date de 1960 ou de 1925... les temps changent.
M. Bédard: Je puis assurer le député que le
rapport sera rendu public. Je ne vois absolument aucune raison qui pourrait
faire qu'il en soit autrement. Le député est également au
courant qu'il y a déjà eu la commission Thinel qui a émis
certaines recommandations. Nous allons pouvoir y ajouter les recommandations
faites par le comité. Je n'écarte pas cette suggestion qui est
soumise par le député. Mainenant, je crois qu'on sera plus en
mesure d'évaluer la suite à donner à cette suggestion
lorsque nous serons en possession des recommandations.
M. Blank: Une commission parlementaire est complètement
différente de celle de l'enquête Thinel. L'enquête Thinel,
c'était...
M. Bédard: C'est plus lointain, il n'y a aucun doute.
M. Blank: Oui, c'est une affaire complètement
différente. Ici, on essaie de faire une loi qui sera acceptable pour
toute la population, parce que c'est nous, les députés, qui
représentons la population. C'est nous qui savons un peu plus ce que la
population veut avoir dans ce domaine. Parfois, il est bon que le gouvernement
dirige la population, mais parfois c'est la population qui doit diriger... Dans
un domaine assez personnel comme l'utilisation de l'alcool... je suis expert
dans l'utilisation des cigarettes, mais s'il y a une loi sur... le feuilleton
de la Chambre. Je pense que quand on en vient à la régie des
alcools, les amendements à la loi affectent presque tout le monde.
Alors, je pense qu'une commission parlementaire n'est pas une chose
exagérée.
M. Bédard: Je sais personnellement que bien des
"remarques", pour n'employer que ce mot, sont faites
régulièrement à chacun des députés qui me
transmettent...
M. Blank: Oui, je suis certain que dans votre caucus comme dans
le mien...
M. Bédard: ... ces plaintes concernant les retards
auxquels les citoyens peuvent être sujets...
M. Blank: Pas seulement des retards. Il y a des petits
détails, parfois...
M. Bédard: ... au niveau du fonctionnement.
M. Blank: ... qui ne sont pas logiques. J'ai été
témoin d'une affaire, parce que, comme avocat, je plaide de temps en
temps devant la régie des alcools... On a essayé
d'améliorer la loi en disant que chaque épicier avait droit
à un permis; selon moi, c'était une bonne idée. Cela
éliminera la concurrence entre les gens du coin. Quant au mot
"épicier ", on a essayé de le définir. On dit qu'il a
besoin de 50% des ventes. Le même matin, j'ai vu devant la Commission de
contrôle des alcools qu'une personne qui vend pour $350 d'aliments par
semaine va avoir son permis, parce qu'elle vend d'autres articles pour
seulement $320. Un commerce vend pour environ $600 par semaine. Voici un autre
cas, celui d'un épicier dépanneur, dont le commerce est un peu
plus grand; il vend pour $2000 d'aliments par semaine, mais il vend pour $2500
d'autres articles. Or il n'a pas droit à un permis. Il y a quelque chose
qui ne va pas.
M. Bédard: C'est le genre de situation... M. Blank:
Oui.
M. Bédard: ... qu'il faut tirer au clair. M. Blank:
On peut la régler.
M. Bédard: Nous avons avec nous aujourd'hui...
M. Blank: Oui, je sais. Je suis certain que le juge...
M. Bédard: ... le président de la commission.
M. Blank: J'ai souligné un cas seulement; je suis certain
qu'il y en a des centaines de semblables. Il est difficile de définir
cela cas par cas. Ce n'est pas logique qu'un type je ne veux pas
utiliser le mot "trou" dans une petite localité, qui vend pour
quelques dollars par jour, ail droit à un permis tandis qu'un autre qui
a fait un investissement considérable et qui dessert toute une
population et vend pour $2000 à $3000 par semaine de produits
d'alimentation n'a pas droit à un permis. Il n'y a pas de
classification; il n'a pas le droit; c'est la loi, c'est le règlement.
Ce sont des choses comme celles-là qu'on déplore.
M. Bédard: À partir des exemples que vous venez de
mentionner, on pourrait en profiter immédiatement...
M. Blank: Oui.
M. Bédard: ... pour demander au président de la
commission de nous faire certains commentaires.
M. Blank: Peut-être y a-t-il d'autres champs
d'activités où il existe des problèmes semblables. Je ne
les connais pas tous.
M. Bédard: Ce à quoi vous faites allusion doit
être un cas extrêmement rare parce qu'on a toujours pris l'habitude
de se servir de notre tête au lieu de nos pieds. La loi est toujours
interprétable. Il n'y a qu'un seul endroit où on lit: Doit. C'est
51% et non pas 50%; 51% en denrées alimentaires. Pour ce qui est de
$400: quand c'est $390, on lit "environ". C'est la même chose pour les
$2000, "environ". Règle générale, on se sert de cela.
Quand des types ont des ventes se chiffrant à $2000 pour des
denrées alimentaires et $2500 de ventes de marchandise
générale, que, sur cela, on a des boissons gazeuses pour $500
à $600, et des cigarettes pour $700 à $800, je pense bien qu'on
peut interpréter que le type peut avoir son permis. Ce serait
dérisoire de ne pas donner un permis à un type qui vend $2000
d'épicerie, alors que l'autre en vend pour $390 ou $400 et obtient un
permis. C'est la politique de la commission en général.
M. Blank: Y a-t-il d'autres lacunes de la loi que vous trouvez...
On peut entendre le juge Trahan devant cette commission quand le ministre nous
le permettra.
M. Bédard: On a fait parvenir au ministre à peu
près 95 suggestions et non pas des propositions, seulement des
suggestions, parce que c'est lui qui prendra la décision, comme vous
l'avez prise lorsque vous étiez au pouvoir et la loi qu'on
applique est celle que vous avez fait adopter.
Hier, M. le député de Verchères parlait des salles
de réception, entre autres. Il est écrit dans le règlement
que c'est impossible et qu'on ne pouvait pas donner cela à ces gens. On
n'a qu'à regarder le règlement no 504: "La commission
n'émet des permis de réunion pour vente au nom d'une personne
physique que pour le bénéfice d'un parti politique ou d'une
corporation sans but lucratif qui poursuit un but charitable, sportif ou des
fins d'éducation."
Ce dont nous parlait M. le député de Verchères,
hier, n'était pas pour des fins sportives, ni pour des fins
éducatives et ni pour des fins charitables. C'était pour les fins
du... Je n'ai pas d'objection si l'Assemblée nationale décide
d'accorder ces genres de permis. C'est comme le permis de cabane à
sucre. On n'a pas le droit d'apporter de la boisson dans les cabanes à
sucre. Or, visitez les cabanes à sucre aujourd'hui, c'est rempli de
boisson. On pense qu'on devrait peut-être avoir un permis de cabane
à sucre pour tant de mois, soit du début de la période des
sucres jusqu'à la fin. C'est vous qui allez faire cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'ai bien de la sympathie pour le juge Trahan, parce
que je sais qu'il est obligé d'appliquer la loi et la loi est assez mal
faite. On la critique depuis plusieurs années et il est obligé de
subir les critiques des députés. Tout le monde chiâle
continuellement contre cette loi.
C'est pour cette raison que je le trouve bien à plaindre, mais
par contre, on sait qu'il y a un comité de formé depuis un
certain temps. Je vois un article du Devoir, du 7 février 1978, qui nous
disait que le rapport devait être rendu public au mois de mars. Je pense
qu'il n'est pas encore public.
M. Bédard: Pour un retard de deux mois, je pense bien
qu'il n'y a pas lieu de faire une longue discussion là-dessus, mais je
peux vous dire que j'ai hâte de le recevoir. Je sais que c'est le genre
de loi qui sera très bien accepté par l'ensemble des
députés.
M. Fontaine: On sait, par contre, qu'à ce comité,
siègent le juge Gérald Bossé, vice-président de la
commission, Me Daniel Jacoby et Me Langevin. Je me demande comment il se fait
que le président de la commission n'ait pas été inclus
dans ce comité.
M. Bédard: II n'y a pas de raison précise, sauf
celle que nous avons dite, M. le président et moi. Nous avons cru bon
qu'effectivement le président ne fasse pas partie de cette commission,
étant donné sa fonction, et qu'il me fasse parvenir, tel qu'il
l'a dit tout à l'heure, les suggestions que lui-même voudrait voir
se traduire en termes de législation, ce qui me permettra, au bout du
compte, de n'avoir pas seulement un rapport, mais peut-être deux.
À partir de cela...
M. Fontaine: C'est donc dire que tant le président que les
commissaires ont été consultés pour l'élaboration
d'une nouvelle loi.
M. Bédard: Pardon?
M. Fontaine: Les commissaires et le président de la
commission ont été consultés. (16 heures)
M. Bédard: Certainement.
Excusez-moi, M. le ministre. Bien plus que cela. Il y en a qui n'ont pas
voulu parapher certaines suggestions, parce qu'elles ne représentaient
pas leur opinion. Alors, on a remis cela au ministre et lui prendra la
décision.
Ce qui prouve que j'avais probablement raison de penser qu'il se pouvait
qu'il y ait deux rapports. Il s'agira que les parlementaires, ensemble, fassent
le point sur la situation.
M. Fontaine: On sait que cette loi, qui est assez complexe,
touche différents ministères, entre autres le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, le ministère du Travail, le
ministère des Finances, le ministère de la Justice, bien
sûr, et peut-être d'autres ministères dont j'oublie le nom.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il y a eu des rencontres du
comité ou de la commission avec les représentants de ces
différents ministères pour établir une certaine
concertation, pour que toutes ces questions puissent être
réglées en même temps?
M. Bédard: Les membres du comité ont
rencontré les représentants de tous les ministères, sauf
un qu'ils doivent rencontrer incessamment, plus les associations qui ont soumis
des mémoires à ce comité. Alors, je pense bien qu'en
termes de consultation, on a vraiment fait le tour de la situation, ce qui nous
permettra d'avoir...
M. Fontaine: On les a rencontrés un à un ou tous
ensemble?
M. Bédard: Là, vous allez dans des détails
que je ne peux pas vous donner personnellement. Selon les informations que j'ai
d'un des membres du comité, Me René Langevin, les associations et
les... Me Langevin et Me Daniel Jacoby, les rencontres ont eu lieu une à
une, séparément.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre ne croirait pas important que
tous se rencontrent pour obtenir la concertation de ces différents
ministères qui voient à une certaine partie de l'application de
la loi?
M. Bédard: Je pense que l'intention du comité
était justement de rencontrer chacun séparément pour voir
comment préparer cette action. Quand on aura les recommandations du
comité, chaque ministère aura l'occasion d'en prendre
connaissance et ils seront invités à nous faire parvenir leur
appréciation, s'ils le jugent à propos. À moins que le
député m'explicite un peu plus la raison pour laquelle il
faudrait qu'ils se rencontrent tous encore une fois...
M. Fontaine: Étant donné que plusieurs de ces
ministères sont concernés par l'application de la loi dans
différents domaines, étant donné que la position de chaque
ministère peut influencer celle de l'autre, s'il y avait une rencontre
entre les différents représentants des ministères, il
pourrait peut-être y avoir les ajustements nécessaires pour que
l'application de la loi puisse se faire...
M. Bédard: II me semble que le travail du comité
est justement d'essayer de faire cet ajustement nécessaire entre les
différents ministères concernés, pour en arriver à
des recommandations qui ne plairont peut-être pas à tout le monde,
mais que ces gens jugeront appropriées.
M. Fontaine: On sait qu'actuellement, ce n'est peut-être
pas nécessairement la loi qui cause...
M. Bédard: Me Daniel Jacoby, un des membres du
comité, me fait remarquer que, s'il y a des suggestions contradictoires
d'un ministère ou de deux ministères, il n'est pas impossible
qu'ils se soient rencontrés.
M. Fontaine: On sait qu'actuellement, nous avons une loi et que
ce n'est pas nécessairement la loi qui cause des problèmes, mais
plutôt les règlements. Est-ce que le ministre a l'intention de
faire de sa nouvelle loi une loi complète, le plus
possible, pour qu'il n'y ait pas une série de règlements
qui viennent quelquefois contredire ce qui est dit dans la loi?
M. Bédard: J'aimerais bien avoir des réponses
très claires sur ce point, mais il me semble que je serai en mesure
d'aviser lorsque j'aurai le rapport en main et les recommandations aussi. Le
faire avant, ce serait un peu prématuré, je pense. Je peux vous
signaler également que les corps policiers ont présenté
des mémoires, la CUM, la Sûreté du Québec qui a
aussi son mot à dire dans l'application de cette loi.
M. Blank: Sur la question de la loi, il n'y a pas tellement de
discussion possible, c'est difficile de la critiquer ou de demander des
changements avant qu'on ait ce rapport du comité.
M. Bédard: II me semble.
M. Blank: Moi, je poserai peu de questions sur cet aspect.
Peut-être seulement quelques questions sur le fonctionnement pratique de
la commission.
M. Fontaine: C'est en fait une suggestion que je veux faire au
ministre...
M. Bédard: D'accord.
M. Fontaine: ... c'est, le plus possible, de faire en sorte,
comme dans toutes les autres lois d'ailleurs, que la réglementation soit
la plus limitée possible, que tout soit inclus dans la loi.
M. Bédard: D'accord, nous prenons note de cette
suggestion. C'est d'autant plus l'endroit pour la faire que deux des membres du
comité sont ici avec nous.
M. Blank: Sur le côté pratique de la loi, combien de
temps, en moyenne, est-ce que ça prend pour avoir un permis? Disons dans
le district de Montréal, on va commencer par Montréal.
M. Bédard: II a été un temps où
ça prenait deux mois et demi; maintenant, c'est à peu près
quatre mois ou quatre mois et demi.
M. Blank: La raison?
M. Bédard: La raison, c'est qu'on nous informe, à
un moment donné, qu'à cause des postes, les demandes ont pu
entrer en retard. On nous informe, par la suite, qu'à cause du
renouvellement des permis, l'émission des permis est
retardée.
De la manière que nous procédons, si les dossiers nous
sont apportés normalement, parce que nous autres, on prend le dossier
lorsqu'il est rendu chez nous... Il a plusieurs étapes à franchir
avant qu'il n'arrive chez nous. Quand il arrive chez nous, règle
générale, dans l'espace d'une semaine, dix jours au plus, tout
est fini.
M. Blank: Où est le blocage? À quelle étape?
Vous n'accepterez pas un dossier à moins qu'il ne soit complet? Vous
retournez toute l'affaire...
Le Président (M. Laplante): M. le député,
pourriez-vous vous adresser à la présidence, étant
donné que M. le juge parle au nom du ministre actuellement. Je ne
voudrais pas avoir d'embêtement là-dessus.
M. Blank: Je ne demande pas de questions politiques, seulement
sur la procédure.
M. Bédard: Je suis bien heureux d'être
incorporé à la personne du ministre.
Je crois que le rapport sera en mesure de vous faire état des
difficultés.
M. Blank: Je sais, avec l'expérience que j'ai devant cette
régie, qu'on n'accepte pas un dossier qui n'est pas complet,
c'est-à-dire qu'on le retourne, même s'il y a un petit document
qui manque et on a raison de le faire. Sinon, il va y avoir des archives
pleines de dossiers incomplets.
Du moment que le dossier arrive, qu'il est complet, que tous les
documents sont là, le juge dit que cela prend environ quatre mois avant
que cela arrive chez lui...
M. Bédard: Une fois que tout est fini.
M. Blank: Mais vous dites que cela prend une semaine seulement
pour rendre votre jugement.
M. Bédard: Seulement, une fois que le jugement est rendu,
cela va à la certification, à l'enregistrement, à la
préparation du compte; on envoie l'ordonnance et le compte à la
personne qui obtient son permis. Il faut que cette personne retourne son
chèque, retourne son permis de la municipalité.
M. Blank: Après que vous ayez décidé que
telle personne a droit è un permis, cela lui prend deux ou trois mois
avant qu'il ne l'obtienne?
M. Bédard: Non.
M. Blank: Combien de temps?
M. Bédard: Cela peut prendre 20 ou 25 jours. Là
encore, cela dépend bien des fois de celui qui a obtenu le permis. S'il
fait diligence, il va l'avoir plus vite. Bien des fois, il prend du temps
à retourner son chèque, à retourner le permis de la
municipalité. L'article 39 du règlement exige cela.
M. Blank: Comme avocat, je pense que lorsque le jugement est
rendu, vous rendez votre ordonnance. S'il y a retard, à ce
moment-là, c'est de la responsabilité du détenteur du
permis. Entre le dépôt de sa demande et le moment où vous
avez émis votre ordonnance, combien de temps cela prend-il, en
moyenne?
M. Bédard: Cela a changé. Vous n'avez qu'à
regarder le rapport qu'on vous a envoyé l'an dernier, c'est
marqué dedans et cela va être marqué encore cette
année. Je ne peux pas le dire pour chacune des demandes, parce que cela
varie. Mais normalement, cela doit prendre environ deux mois et demi à
trois mois, parce que vous êtes obligé d'attendre l'arrivée
de la demande, les quinze jours pour la publication, pour savoir s'il y a des
oppositions. Après, il y a l'inspection, l'analyse du dossier.
Finalement, on nous le présente.
M. Blank: Mais l'année passée, c'était deux
mois et demi, cette année, c'est quatre mois. Il y a une augmentation de
un mois et demi. Quelle en est la raison? Est-ce que c'est le manque de
personnel? Le manque de locaux? Le manque d'encre? Le manque
d'étampes?
M. Bédard: Je l'ai très bien mentionné dans
mon exposé préliminaire. Au niveau de la Commission de
contrôle des permis d'alcool, il y avait à clarifier certaines
responsabilités administratives. J'imagine que nous aurons des... Je ne
veux pas influencer plus qu'il ne le faut le rapport, mais nous aurons des
recommandations précises dans ce domaine.
M. Blank: Est-ce que le ministre pense que d'ici l'année
prochaine, on va retourner au moins aux deux mois et demi?
M. Bédard: Nous allons tout faire pour qu'il en soit ainsi
parce que...
M. Blank: Est-ce qu'on peut faire cela sans augmentation de
personnel?
M. Bédard: Ce sera à évaluer. Une chose est
certaine, ce n'est pas seulement le nombre de demandes au cours de
l'année qui est la cause de l'augmentation du délai de trois mois
à quatre mois et demi qui a été mentionné par le
président de la commission, puisque les demandes cette année ont
été à peu près les mêmes que celles de l'an
passé.
Les demandes reçues pour 1976/77 ont été de 5212 et
en 1977/78 de 5211. Au niveau des demandes retournées parce qu'elles
étaient incomplètes, il y en a eu 1545 en 1976/77 et 1520 en
1977/78.
Concernant les demandes de permis de réunions, en 1976/77, il y
en a eu 31 080; en 1977/78, 33 662. Il y a eu 1731 audiences publiques en
1976/77 par rapport à 1996 en 1977/78.
Concernant les demandes en suspens, le 28 février 1977, il y en
avait 1268; le 28 février 1978, il y en avait 1244.
On se rend compte que le volume est à peu près semblable.
Il n'y a pas eu d'augmentation significative des demandes, etc. Il y a
sûrement des problèmes qui se situent à d'autres
niveaux.
M. Blank: Peut-on espérer que les problèmes se
règlent le plus tôt possible?
M. Bédard: II y a un comité qui travaille
là-dessus depuis quelques mois.
M. Blank: Est-ce le même comité qui va régler
le problème d'administration intérieure aussi?
M. Bédard: II peut y avoir des recommandations au niveau
du...
M. Fontaine: M. le Président...
M. Bédard: Le mandat qui a été confié
à ce comité a pour but de nous faire des recommandations non
seulement sur le plan législatif, mais également sur le plan
administratif. C'est très bien indiqué dans le mandat.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Bien sûr, on peut s'attendre à avoir
une nouvelle loi dans les mois à venir, mais cela peut prendre presque
un an avant qu'on puisse adopter une loi. N'y aurait-il pas, entre-temps, des
modifications d'ordre administratif que le ministre pourrait faire?
M. Bédard: Est-ce que le député veut me
proposer d'y aller par règlement le plus possible?
M. Blank: En attendant.
M. Fontaine: En attendant, si on ne peut faire autrement.
M. Bédard: Je vais arriver au résultat contraire
à la suggestion qu'il me faisait tout à l'heure. Il y a un autre
élément, dont je suis informé, qui a contribué
à certaines lenteurs, c'est la maladie du juge Moscovitch. En cas de
maladie d'un juge, la loi même ne me permet pas de le remplacer ou d'en
nommer un autre. Vous pouvez déjà voir une des lacunes de la loi.
(16 h 15}
M. Fontaine: N'y aurait-il pas également un certain manque
d'information parmi le public face à cette loi et à ces
règlements? Par exemple, pour quelqu'un qui veut faire une demande, cela
me paraît assez complexe. En tant qu'avocat, j'ai l'occasion d'en faire
quelques-unes, et je pense que le profane doit être assez
embêté pour compléter et remplir ces demandes seul et
pouvoir se présenter seul devant une commission, de pouvoir rendre son
dossier...
M. Bédard: D'ici un mois, nous allons avoir une nouvelle
codification administrative des règlements de la commission. Une chose
qui est certaine, on va essayer d'en faire une diffusion, la plus valable
possible.
M. Blank: Dans le même sens que le député de
Nicolet-Yamaska, la question des gens qui ont des problèmes à
comprendre et à remplir les formules, nonobstant le fait que dans la loi
101, le
gouvernement a même dit que la personne peut communiquer avec
l'administration dans la langue française ou dans la langue anglaise, et
elle va avoir des réponses dans la langue qu'elle préfère;
or, toutes les formules de la régie et de la commission sont seulement
en français. Je comprends que quand une corporation formule une demande,
la loi dit: Elle doit le faire en français. Quand c'est un particulier,
un individu, même la loi 101 lui donne le droit de faire sa demande en
anglais. Comment se fait-il que les formules ne soient pas bilingues, ou tout
au moins qu'il n'y en ait pas en anglais? Car ces documents sont
techniques.
M. Bédard: Depuis le 15 novembre 1976, le président
de la commission me fait remarquer qu'il n'y a pas eu de changement concernant
la politique des formules...
M. Blank: Oui, je sais, mais la loi 101 a été
adoptée...
M. Bédard: ... mais il me dit également qu'il
existe des formules en anglais.
M. Blank: Les nouvelles sont entièrement en
français.
M. Bédard: Cela doit être énormément
nouveau, parce que j'en ai vu souvent en anglais encore dans les dossiers.
M. Blank: Oui, les anciennes formules, depuis quelques
années, mais les nouvelles.
M. Bédard: Non , ces derniers mois.
M. Blank: Si vous descendez à votre bureau, au
neuvième étage, on nous donne seulement des formules en
français et on nous dit: On n'a pas de formule en anglais.
M. Bédard: C'est la première nouvelle que j'en
ai.
M. Blank: Voulez-vous vérifier pourquoi il n'y a pas de
formule en anglais?
M. Bédard: Nous vérifierons.
M. Blank: Avec les anciennes, on en avait. Peut-être qu'il
reste encore des anciennes. Je sais que dans mon bureau d'avocat, j'ai au moins
quatre ou cinq formules différentes qu'on a changées. Tous les
six mois, on change de formule. Mais les deux dernières sont seulement
en français. Les trois autres sont bilingues.
M. Bédard: Alors, tout ce que je peux dire...
M. Blank: Je pense que sur certaines, à un moment
donné, il y avait les deux langues, un côté en anglais et
un côté en français. Maintenant, c'est seulement en
français.
M. Bédard: Tout ce que je peux dire au
député de Saint-Louis, c'est que depuis le 15 novembre 1976, il
n'y a eu aucun changement dans la politique des formulaires.
M. Blank: Ce n'est pas changé. Vous avez adopté une
loi pour donner plus de droits aux anglophones et vous ne suivez même pas
votre propre loi. Un cadeau de grec peut-être.
M. Bédard: Non, je ne crois pas que le
député puisse dire cela. De toute façon, il sait
très bien que le ministre n'en est pas jusqu'à surveiller les
formulaires.
M. Blank: Je n'ai jamais eu de problème personnel, parce
que quand il y a des gens qui viennent à mon bureau pour remplir des
formules, il rVy a pas de problème pour les remplir en français.
Comme le député de Nicolet-Yamaska dit, les formules sont
très techniques pour des profanes, pour utiliser ce terme. Quand on a
une personne qui n'a pas une connaissance suffisante de la langue
française, c'est très difficile. Cela veut dire qu'elle est
forcée d'aller voir un avocat, et ce n'est pas nécessaire.
M. Bédard: En fait...
Le Président (M. Laplante): Pardon?
M. Fontaine: Un instant, M. le Président! Je voudrais
poser une autre question qui concerne la taxe. Cette question nous est
posée souvent par les hôteliers. On ne sait pas trop quoi leur
répondre. On sait qu'ils paient une taxe sur la bière qu'ils
vendent dans leur établissement, tandis que dans les brasseries, si je
ne m'abuse, ils ne paient pas la taxe. Est-ce qu'il y a une raison
spéciale pourquoi il y a une différence entre deux sortes
d'établissement?
Le Président (M. Laplante): Je crois que cela ne
s'applique pas beaucoup au programme qu'on étudie actuellement. C'est au
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Fontaine: Question de règlement. En commission,
lorsqu'on étudie les crédits, on a le droit de poser toutes les
questions qu'on veut sur n'importe quel sujet.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais il faut que cela
corresponde au programme que vous étudiez. Actuellement, c'est sur la
justice.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez
répondre, répondez.
M. Bédard: Le président de la commission me fait
remarquer que, lorsqu'il y a des boissons alcooliques qui sont vendues avec des
repas, à ce moment-là, une taxe est exigée.
M. Fontaine: Mais, dans les bars, on ne vend pas la boisson avec
des repas.
M. Bédard: Non, dans les brasseries.
M. Fontaine: Dans les bars, on paie une taxe sur la bière
qu'on vend tandis que, dans les brasseries, on n'en paie pas.
M. Bédard: La loi a été faite ainsi; elle a
toujours été comme cela depuis mon arrivée à la
commission. Cela existait auparavant; cela n'a pas été
changé.
M. Fontaine: Je ne vous en fais pas de reproche, remarquez bien.
Je pense que le ministre pourrait faire des représentations
auprès du ministre des Finances et du ministre du Revenu pour essayer de
voir à ce qu'il y ait une concordance entre les deux sortes
d'établissements. Cela m'apparaît une injustice.
M. Clair: ... mettre des taxes.
M. Fontaine: Non, on peut les enlever. C'est tout pour ma part,
M. le Président.
M. Bédard: Alors, s'il n'y a pas d'autres questions...
M. Blank: Pas d'autres questions?
Le Président (M. Laplante): S'il n'y a pas d'autres
questions, est-ce que le programme 8 est adopté?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Merci.
M. Bédard: Je remercie le président de la
Commission de contrôle d'avoir été avec nous.
Je vous remercie de me renvoyer à mon travail.
Fonctionnement du système judiciaire
Le Président (M. Laplante): J'appelle le programme 1:
fonctionnement du système judiciaire, programme qui vise à
assurer le fonctionnement des cours de justice et à leur fournir le
soutien administratif nécessaire. M. le ministre, élément
1.
M. Bédard: Au niveau des commentaires
généraux sur le programme 1, qui traite du fonctionnement du
système judiciaire, le budget a été estimé à
$58 314 100 pour l'année financière 1978/79, ce qui
représente une augmentation de $4 165 900. Les principales raisons
justifiant cette variation budgétaire sont la mise en application des
différentes conventions collectives, $2 958 800, et les dépenses
additionnelles occasionnées à la suite d'une augmentation de
volume et de la révision des tarifs accordés aux jurés,
aux témoins et aux huissiers, qui représentent une somme de $1
426 000. Comme les membres de l'Assemblée nationale le savent, les
indemnités payables aux jurés et aux témoins ont
été révisées à compter du 1er octobre 1977.
C'est ce qui occasionne, en fait, une augmentation de $1 426 000. Cette
révision représente une augmentation moyenne du total des
réclamations de 70,3% pour les jurés et de 92,5% pour les
témoins. On peut voir jusqu'à quel point il y avait
nécessité de légiférer dans ce domaine. Les tarifs
d'honoraires versés aux huissiers ont été
révisés à compter du 9 mars 1977; l'impact financier a
été estimé à 18% de la dépense réelle
enregistrée au cours de l'exercice 1976/77.
Également, en vue de l'ouverture d'un nouveau palais de justice
à Hull, une somme de $295 000 a été estimée pour la
mise en place d'un système centralisé d'enregistrement
mécanique des débats judiciaires. Le nouveau palais de justice de
Hull sera en activité en juin 1978. Une demande a été
faite au service technique du ministère des Communications dans le but
de nous fournir des plans et devis visant à pourvoir les 13 salles
d'audience et la salle d'examen, au préalable, d'un système
centralisé d'enregistrement mécanique avec les accessoires
habituels pour la transcription des débats judiciaires. L'estimation qui
nous a été fournie pour l'achat d'équipement totalise une
somme de $295 000.
Enfin, des directives ont été émises par le Conseil
du trésor en ce qui regarde les responsabilités de gardiennage
des divers palais de justice et des cours de bien-être social. De ce
fait, une somme de $495 600 ainsi que 14 postes de gardiens constables ont
été transférés du ministère de la Justice au
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement pour assumer ces
responsabilités. De ce montant, $355 600 étaient prévus
pour l'utilisation d'agences de sécurité. Ce sont les
commentaires généraux que nous avions à faire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: II n'y a pas tellement de commentaires
généraux, seulement des questions. C'est à ce programme
que vient la nomination des juges? Vous avez instauré ce nouveau
système...
M. Bédard: Oui.
M. Blank: Tous les postes que vous avez annoncés...
M. Bédard: Depuis que le système a
été instauré et fonctionne, nous avons eu l'occasion de
former plusieurs jurys dont j'ai déjà d'ailleurs donné les
noms l'an passé lors des travaux en commission parlementaire. L'ensemble
des membres des différents jurys nous a fait parvenir des commentaires
très positifs sur ce nouveau mécanisme que nous avons mis de
l'avant et qui permet, je crois, non seulement de dépolitiser la
nomination des juges, mais surtout de démystifier le processus de
nomination au niveau de l'ensemble de la population.
Je suis très conscient qu'il y aura encore probablement des
améliorations à apporter à ce système.
M. Blank: Tous les postes que vous avez annoncés ont-ils
été remplis?
M. Bédard: Pardon?
M. Blank: Tous les postes que vous avez annoncés dans les
journaux ont-ils été remplis?
M. Bédard: Pas tous. Quant aux juges nommés
dernièrement, il y a eu, à la Cour provinciale de New Carlisle,
M. Roch Roy, à la Cour des sessions de la paix à Montréal,
M. Girouard, M. Mau-rier, M. Tarasofsky et, présentement...
M. Blank: N'est-ce pas la politique du ministre de la Justice de
nommer les avocats de la couronne?
M. Bédard: Non. Ce n'est pas...
M. Blank: Parce que les trois derniers étaient des avocats
de la couronne. Est-ce seulement par hasard?
M. Bédard: II pourra très bien arriver que, lors
d'une prochaine nomination, ils soient tous des avocats de pratique
privée. Je pense qu'il faut essayer de tendre à un
équilibre...
M. Blank: Oui, c'est cela. On doit avoir un équilibre
parce que...
M. Bédard: Même le député de
Saint-Louis pourra postuler un poste. Étant de la pratique
privée, il pourrait être un candidat sérieux.
M. Blank: Parfois, les pensées ne sont pas exactement les
mêmes.
M. Fontaine: II pourrait ouvrir un comté pour son
chef!
M. Bédard: J'ai reçu, très récemment
le résultat de trois concours qui avaient été
lancés pour des nominations à Montréal et elles seront
faites incessamment au niveau de la Cour provinciale.
M. Blank: Vous parlez... de Montréal? Avez-vous
demandé des nominations...?
M. Bédard: Et un au niveau du Tribunal de
l'expropriation.
M. Blank: Avez-vous demandé des candidatures pour la Cour
municipale de Montréal?
M. Bédard: Oui. Nous en avons demandé. Les
résultats du concours m'ont été communiqués. Je
dois dire que j'ai retardé un certain temps avant de procéder
à une nomination parce que nous étions à faire une
étude sur une réorganisation possible de nos cours municipales.
Cette étude, m'a-t-on dit dernièrement, va prendre un peu plus de
temps qu'on l'avait cru au départ. Très rapidement, d'ici une
quinzaine de jours, nous allons essayer de procéder à une
nomination à la Cour municipale, parce que je sais que le besoin
existe.
M. Blank: Oui. Il y a un besoin terrible à la Cour
municipale de Montréal. Il y a un blocage des causes, un retard
énorme. J'ai rencontré le juge en chef par hasard et la cause
pour laquelle j'avais demandé de procéder a été
remise de trois ou quatre mois parce qu'il manque de juges. Je pense qu'il
manque deux juges.
M. Bédard: Remarquez qu'il n'y a qu'une nomination...
M. Blank: Mais il y manque deux juges, je pense.
M. Bédard: C'est-à-dire qu'à l'heure
actuelle il n'y a qu'une vacance. Ce n'est sûrement pas la seule raison
de l'embourbement momentané qui existe à la Cour municipale de
Montréal.
M. Blank: Mais on va avoir la nomination d'ici quinze jours ou un
mois?
M. Bédard: Oui.
M. Blank: Et il n'y a qu'une vacance à la Cour municipale,
selon ce que vous dites?
M. Bédard: Concernant la Cour des sessions de la paix,
trois concours ont été ouverts, un à Montréal, pour
un juge à Montréal, à Joliette et à Sherbrooke. Ce
sont les trois postes dont je parlais tout à l'heure. Je viens juste de
recevoir les recommandations.
M. Blank: Le prochain concours va-t-il donner des chances aux
avocats de la défense à la Cour des sessions?
(16 h 30)
M. Bédard: Je suis convaincu, ayant été
avocat de la défense durant plus de dix ans...
M. Blank: Oui, je sais. Exactement. On doit avoir plus
d'équilibre.
M. Bédard: ... que les avocats de la défense
peuvent être de bons juges, comme les avocats de la couronne et les
avocats de la pratique privée en général.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska. Avez-vous d'autres réponses à donner, M. le
ministre?
M. Bédard: Je voudrais être très clair.
Concernant les trois postes à la Cour des sessions de la paix, je n'ai
pas encore eu les recommandations de la part des comités qui ont
siégé et rencontré les candidats.
M. Blank: Est-ce qu'il y a...
M. Bédard: J'ai reçu, par exemple, tout der-
nièrement, les recommandations concernant les postes vacants
à la Cour provinciale et à Montréal.
M. Blank: Quand vous dites: les "recommandations", est-ce que ce
jury recommande un ou trois ou quatre groupes, ou est-ce vous qui faites le
choix?
M. Bédard: Oui, je crois que la discrétion
ministérielle va continuer de s'exercer.
M. Blank: Oui, d'accord. Je suis pour la discrétion
ministérielle; c'est vous qui en avez la responsabilité, pas le
jury.
M. Bédard: La politique générale, c'est de
demander aux membres de ces comités, aux membres du jury, de nous faire
connaître les noms des avocats qu'ils croient aptes à être
nommés juges, tout en donnant des indications précises sur quatre
ou cinq qu'ils croiraient, d'une façon plus spéciale, aptes
à occuper ce poste.
M. Blank: Est-ce que vous gardez les noms recommandés par
le comité pour d'autres concours ou ces avocats doivent-ils retourner
à un deuxième concours...
M. Bédard: C'est un des aspects qu'il nous faudra regarder
plus à fond concernant la marche à suivre.
M. Blank: C'est un peu embarrasant pour un avocat qui est
recommandé trois, quatre ou cinq fois de retourner trois, quatre ou cinq
fois devant le même jury.
M. Bédard: C'est dans ce sens-là que je dis qu'il y
a certaines améliorations qu'il faudra apporter sans tomber dans ce
qu'on appelle la liste permanente. Il y a sûrement moyen de faire en
sorte de ne pas obliger des candidats à revenir indéfiniment
passer une audition devant des jurys.
M. Fontaine: Est-ce que depuis que ce système a
été instauré l'an dernier, les recommandations des
comités ont été suivies, c'est-à-dire est-ce qu'il
y a des choix à l'extérieur de ces recommandations?
M. Bédard: Non. Aucun choix n'a été fait
à l'extérieur des recommandations générales faites
par les membres des jurys. D'ailleurs, je m'y étais engagé dans
ma déclaration ministérielle. Maintenant, à
l'intérieur des noms qui sont suggérés par le jury, comme
je l'ai dit tout à l'heure, la discrétion ministérielle
doit s'exercer, il n'y a aucun doute.
M. Fontaine: II reste combien de postes à combler
actuellement dans les différentes cours?
M. Bédard: Dix postes.
M. Fontaine: À quelles cours?
M. Bédard: À la Cour provinciale et à la
Cour des sessions de la paix, et un au tribunal de la jeunesse, suite à
la démission du juge en chef dernièrement.
M. Fontaine: Combien à la Cour provinciale et combien aux
sessions de la paix?
M. Bédard: Sept à la Cour provinciale, en y
incluant la Commission des transports, un à la Commission des transports
et un au tribunal du travail.
M. Fontaine: Aux sessions de la paix? M. Bédard:
Aux sessions de la paix, trois. M. Fontaine: Cela fait onze.
M. Bédard: II y a des concours qui viennent tout juste
d'être lancés, parce que la vacance est très récente
et même dans certains cas on la prévoit.
M. Fontaine: Est-ce qu'on a commencé
l'élément 1, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Oui. Vous pouvez passer aux
remarques générales. Cela va plus vite de cette façon que
d'y aller élément par élément.
M. Fontaine: L'élément "Formulation de jugements",
cela comprend les traitements des juges et des coroners, si je ne me
trompe?
M. Bédard: Cela comprend le traitement des juges
seulement.
M. Fontaine: Les coroners...
M. Bédard: Vous pouvez remarquer qu'une diminution de $15
400 est prévue au budget pour l'exercice 1978/79 et cet ajustement tient
compte de deux variations importantes, soit une majoration de $100 000 des
crédits prévus pour les pensions versées aux juges
retraités, une réduction de $119 800 appliquée contre les
crédits requis pour combler les postes vacants.
M. Fontaine: Où retrouve-t-on les coroners?
M. Bédard: Dans le programme 16.
M. Fontaine: Ah bon!
M. Bédard: On aura l'occasion d'aborder...
M. Fontaine: D'accord.
M. Bédard: ... ce sujet à ce moment-là.
M. Fontaine: On sait qu'avec l'adoption de la nouvelle loi 101,
il y a des dispositions applicables au jugement. À votre connaissance,
est-ce qu'il y a eu des problèmes d'application de cette loi
concernant l'élaboration des jugements depuis l'adoption de la
loi 101?
M. Bédard: II n'y a pas de problèmes majeurs. Comme
vous le savez, il y a, à l'heure actuelle, le jugement Deschênes
qui a été porté en appel. La loi continue de s'appliquer
telle qu'elle a été adoptée par l'Assemblée
nationale.
M. Fontaine: Je n'ai pas d'autres questions pour l'instant, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, je vois qu'on vient d'aborder
le programme 1, fonctionnement du système judiciaire. Je pense qu'on ne
peut pas s'empêcher de parler de la réforme des tribunaux. Le
ministre, l'an dernier, le 19 mai, avant d'aborder la question de la
réforme de la loi, a parlé du projet pilote de Longueuil. Je ne
sais pas si on a abordé ce sujet avant que j'arrive et, s'il y a lieu,
la poursuite de l'intégration des cours municipales de façon
progressive et sur une base volontaire.
Est-ce que le ministre peut nous informer tout d'abord du progrès
que ce projet pilote de Longueuil et ensuite l'intégration des cours
municipales auraient fait au cours de l'année et quelles sont les
démarches qu'il se propose de faire pour l'année courante?
M. Bédard: Concernant Longueuil, on n'a pas
décidé encore s'il y avait lieu de faire l'intégration. On
a mis un comité sur pied au ministère afin d'évaluer dans
quel sens une décision devrait être prise. Sur l'évaluation
de l'expérience de Longueuil, M. Dorion pourrait fort probablement nous
donner plus de renseignements.
Il y a un groupe de travail qui a été mis sur pied au
ministère, étant donné qu'il y a plusieurs directions
générales impliquées dans le problème de
l'intégration des cours municipales, c'est-à-dire la direction
générale des greffes, qui fournit le soutien administratif aux
tribunaux. Vous avez également la direction générale des
affaires civiles et pénales, qui s'occupe notamment du Code de la route,
du bureau juridique du Code de la route, et vous avez également la
direction générale des affaires criminelles, qui s'occupe des
infractions au Code criminel.
Dans ce groupe de travail, il y a également la direction
générale de la probation et de la détention, qui s'occupe
du transport et de la garde des prévenus. Nous sommes
présentement dans ce que j'appellerais une phase très pratique
pour proposer éventuellement un échéancier et un mode de
fonctionnement. Succinctement, c'est l'approche qui existe présentement,
un groupe de travail composé de représentants des
différentes directions générales du ministère qui
sont directement impliquées dans le processus.
M. Lalonde: Si je comprends bien, M. Dorion, ce que vous venez de
décrire, c'est à propos du projet pilote de Longueuil...
M. Bédard: Cela déborde le projet pilote.
M. Lalonde: Alors, ça irait vers une réforme plus
globale des cours municipales?
M. Bédard: Suivant les options que le gouvernement
décidera évidemment.
M. Lalonde: Quel est le calendrier du programme de travail de ce
groupe?
M. Bédard: Assurément, le sous-ministre en a
déjà eu un.
Si vous le permettez, sur la question de l'intégration des cours
municipales, il y a le projet de loi 64 qui a été adopté
et qui permet, par entente avec le procureur général et les
municipalités, de procéder. Dans ce cadre-là, comme M.
Dorion vient de le mentionner, il y a un groupe de travail horizontal qui
touche toutes les directions impliquées qui a été mis sur
pied. On a reçu, au ministère, une quinzaine de demandes de
diverses municipalités souhaitant une intégration. Ce
comité a la charge d'analyser ces demandes. On veut regarder la question
en fonction du débit possible, selon les circonstances et le support
informatique qui est nécessaire au ministère de la Justice.
Ce comité, effectivement, a la charge de regarder chacune des
demandes qui viennent et de faire des recommandations au ministre pour chacun
des cas.
M. Lalonde: Merci, Me Dussault. La quinzaine de demandes que vous
avez reçues, est-ce que c'est dans une région en particulier ou
si cela vient d'un peu partout?
M. Bédard: C'est réparti sur le territoire. Il n'y
a pas de bloc géographique ou des régions en particulier. C'est
fort varié.
M. Lalonde: Je vous remercie. En ce qui concerne la
réorganisation des tribunaux judiciaires, je sais qu'on a
déjà eu une promesse il y a un an, le 19 mai, et je cite: "De
plus, je déposerai cet automne un projet de loi sur la
réorganisation des tribunaux judiciaires et quasi judiciaires". L'auteur
de cette promesse était le ministre de la Justice.
M. Bédard: C'était la seule promesse que j'avais
faite.
M. Lalonde: Je me demande où on en est.
M. Bédard: Nous continuons d'être
préoccupés par la réorganisation des tribunaux
judiciaires. Mais je crois, à juste titre, qu'il fallait, dans un
premier temps, après avoir étudié la situation, s'orienter
vers la préparation d'un projet de loi, que nous voulons déposer
au cours de la présente session, prévoyant la formation d'un
conseil de la magistrature, de même qu'un code de déontologie pour
les juges; il contiendra aussi je ne veux pas aller plus loin, parce que
c'est en discussion présentement plusieurs autres dispositions
qui sont importantes.
Concernant la réorganisation, nous avons cru que c'était
peut-être préférable d'aller plus vite dans ce
sens-là. Concernant la réorganisation des tribunaux, les
recherches continuent. D'avance, nous sommes conscients qu'il y a beaucoup de
difficultés, surtout concernant le problème des juridictions
provinciales-fédérales. Il y aura une réorganisation des
tribunaux avec une cour du Québec et des cours
spécialisées, dans le domaine du travail, de la famille,
concernant le droit administratif. Cela pose des problèmes, à
cause des difficultés de juridiction, si on veut que cette
réorganisation soit significative.
Prenez simplement le fait d'en arriver à la formation d'un
tribunal de la famille. Auparavant, si on veut que cela veuille dire quelque
chose, il faut que certains contentieux qui existent entre le
fédéral et le provincial soient réglés. Je pense
qu'un tribunal de la famille et c'est une nécessité au
Québec pour vraiment être significatif, doit être en
mesure de traiter tous les problèmes de la famille, à partir des
problèmes de l'enfant, des problèmes du couple, de la pension
alimentaire, etc. (16 h 45)
On sait qu'étant donné le partage des juridictions, cela
ne serait pas possible de le faire à l'heure actuelle. Les divorces
représentent au-delà de 50% de ce qu'on pourrait appeler le droit
familial. Cela relève de la Cour supérieure. Si une famille a des
problèmes d'adoption, il faut qu'elle aille à la Cour de
bien-être social. Si elle a des problèmes avec un enfant en
difficulté, c'est également la Cour de bien-être social,
maintenant le tribunal de la jeunesse.
Cela donne comme résultat que c'est presque impossible d'en
arriver à la formation d'un tribunal de la famille qui veuille vraiment
dire quelque chose et qui nous permettrait d'avoir une cohésion dans le
traitement de l'ensemble des problèmes auxquels les couples ou les
familles peuvent avoir à faire face sur le plan judiciaire.
Si on parle du tribunal du travail, il serait peut-être opportun
que les injonctions soient entendues par un tribunal du travail qui serait
spécialisé. Ce n'est pas possible, à l'heure actuelle,
étant donné que la juridiction, au niveau des injonctions,
appartient à la Cour supérieure.
Je pourrais vous amener bien des exemples qui, à mon humble avis,
font que de procéder, à l'heure actuelle, à une
réorganisation des tribunaux, aurait peut-être un effet reluisant,
cela pourrait peut-être avoir l'air de fonctionner efficacement, mais,
dans la réalité, quand on regarde tous les problèmes que
cela peut poser, je crois qu'il y a lieu d'attendre encore un peu, d'essayer de
régler certains contentieux qui existent entre les provinces et le
fédéral et, après, procéder à une
réorganisation significative.
M. Lalonde: Quels sont les contentieux que le ministre veut
régler avec le fédéral qui sont préalables
à...
M. Bédard: Si on parle du tribunal de la fa- mille, lors
de la dernière conférence fédérale-provinciale,
nous avions demandé au fédéral d'apporter un amendement
à la Loi du divorce qui aurait permis justement de référer
cette responsabilité à un tribunal de la famille. Même si
nous avions, je crois, l'appui de la plupart des provinces, M. Basford,
ministre de la Justice au fédéral nous a opposé une fin de
non-recevoir. Comme d'ailleurs nous avons eu une fin de non-recevoir concernant
un amendement pour ce qui a trait à la fixation de l'âge de la
criminalité qui nous aurait permis d'éviter certains
problèmes qui peuvent se poser au niveau du tribunal de la jeunesse.
Comme vous le savez, l'âge de la criminalité est fixé
à douze ans par le fédéral dans la Loi des jeunes
délinquants. Nous voulions que l'âge de la criminalité soit
fixé à quatorze ans. C'est ce que nous avons Tait dans la Loi de
la protection de la jeunesse.
Nous avions là-dessus l'appui unanime des provinces, savoir que
le fédéral devrait donner la possibilité, dans ce domaine,
à chacune des provinces de déterminer cet âge de la
criminalité. Nous nous sommes heurtés à un non
catégorique de la part du fédéral.
M. Lalonde: Ce sont deux contentieux, mais le ministre ne
trouve-t-il pas qu'à l'intérieur de la compétence du
provincial, il y aurait lieu quand même de procéder à des
réformes des tribunaux judiciaires? En particulier, si je m'en rapporte
au programme du Parti québécois, au paragraphe 3a, au chapitre
VII, on dit qu'on veut accorder l'autonomie administrative du pouvoir
judiciaire. À l'intérieur de la compétence, on peut tout
remettre après le rêve...
M. Bédard: Me permettez-vous? Non, ce n'est pas
après le rêve. Je ne voudrais pas faire de la politique
là-dessus.
M. Lalonde: Non, vous ne voulez pas faire de la politique, mais
vous faites de la politique.
M. Bédard: Je pense que la justice, en ce qui me regarde,
ce n'est vraiment pas le domaine où on essaie de faire de la
politique.
M. Lalonde: On peut toujours avoir d'excellentes raisons de ne
rien faire.
M. Bédard: Non, mais si vous voulez me permettre. Je ne
crois pas qu'on doive faire de la politique dans ce domaine, même si j'ai
promis...
M. Lalonde: C'est une décision politique.
M. Bédard: ... ou si j'ai laissé entendre qu'on
procéderait rapidement à la réorganisation des tribunaux,
si, comme ministre de la Justice, j'en viens à la conclusion qu'on ne
peut pas faire une réforme significative dans ce domaine, étant
donné les contentieux qui existent avec le fédéral, j'en
arrive à la conclusion qu'il est mieux de retarder et d'essayer de
régler ces contentieux juste-
ment dans l'intérêt de l'administration de la justice.
Est-ce que le député me permettrait de lui rappeler tout le
contentieux que nous avons concernant le droit administratif, nos tribunaux
administratifs? Même si on voulait faire une réorganisation des
tribunaux et avoir une spécialité concernant le droit
administratif, nous sommes dans une période d'insécurité
de ce côté, parce qu'il y a des jugements, de l'incertitude
créée par le fédéral...
M. Lalonde: De l'incertitude peut-être?
M. Bédard: ... ou encore créée par des
jugements dont nous attendons le résultat.
M. Lalonde: L'autonomie administrative du pouvoir
judiciaire...
M. Bédard: C'est tout cela qui fait qu'il faut
attendre.
M. Lalonde: ... qui existe actuellement à
l'intérieur des compétences provinciales, est-ce que ce n'est pas
quelque chose qu'on peut tenter de régler? Il me semble que c'est une
promesse. C'est dans le programme du Parti québécois. Si on remet
naturellement toutes les décisions de réformes globales au moment
où on sera rendu au paradis, il me semble que...
M. Bédard: II n'y a pas longtemps, vous nous accusiez
d'aller trop vite dans nos réformes. Maintenant, quoi?
M. Lalonde: Oui, mais il faut quand même...
M. Bédard: Vous changez votre fusil d'épaule?
M. Lalonde: ... ne pas avoir tellement peur d'agir. Je comprends
que quand on fait une année pleine de bêtises, et qu'on se fait
taper sur les doigts par la population, on puisse dire: Un instant! On va
regarder, mais ce n'est pas une bonne raison de s'asseoir sur notre steak et
d'attendre que le temps passe.
M. Bédard: C'est plutôt drôle de vous entendre
dire cela après le budget qui a été livré par le
ministre des Finances et qui reçoit...
M. Lalonde: Votre $1,5 milliard de déficit...
M. Bédard: ... l'approbation de l'ensemble de la
population...
M. Lalonde: ... il est en train de se faire déchirer en
pièces, votre budget...
M. Bédard: ... et également la décision du
ministre des Finances concernant...
M. Lalonde: Si vous voulez, on peut ajourner et aller
écouter...
M. Bédard: ... la baisse des taxes sur les
vêtements...
M. Lalonde: ... le député de Jean-Talon le mettra
en pièces, votre budget.
M. Clair: 9% d'emprunt, 25% au fédéral.
M. Lalonde: Oui, avec $1,25 milliard de déficit, on peut
faire bien des choses.
M. Bédard: La baisse des taxes. Vous ne vous promenez pas
assez dans la rue, vous seriez en mesure de constater que les gens sont
très heureux de voir que les taxes sont complètement
enlevées sur les vêtements, le textile, les meubles.
M. Lalonde: Sûrement, mais ne venez pas dire que vous avez
inventé quelque chose. Le Parti libéral, en 1975/76, avait fait
$540 millions de réduction de taxes, alors que vous faites un petit $320
millions, et avec $1,25 milliard de déficit...
M. Bédard: On n'a rien inventé. On essaie
d'être un bon gouvernement, tel que nous l'avions promis...
M. Lalonde: Vous n'essayez pas assez souvent. Essayez...
M. Bédard: ... et tel que le disait ce matin M.
Jean-Claude Leclerc dans son éditorial.
M. Lalonde: Essayez avec l'autonomie administrative du pouvoir
judiciaire M. le Président, avant que vous nous rappeliez
à l'ordre, pour revenir à la pertinence des débats
c'est extrêmement important. Il me semble que c'est une promesse
formelle.
M. Bédard: J'ignore...
M. Lalonde: Par exemple, la Cour des sessions de la paix, est-ce
qu'il y a de gros problèmes de juridiction là-dedans qui
empêcheraient le ministre de proposer une loi pour donner l'autonomie
administrative du pouvoir judiciaire?
M. Bédard: Vous mêlez tout en même temps. Vous
parlez de la réorganisation...
M. Lalonde: Ma question est bien simple.
M. Bédard: ... et là, vous tombez dans un autre
sujet, qui est l'autonomie administrative au niveau des juges.
M. Lalonde: Le ministre a mis cela en dessous du tapis, la
réorganisation des tribunaux.
M. Bédard: Ce sont deux choses.
M. Lalonde: C'est clair, c'est réglé. J'ai compris
le message. On ne fait rien.
M. Bédard: Vous n'avez rien compris encore une fois.
M. Lalonde: Je prends votre bible et je lis: Accorder l'autonomie
administrative du pouvoir judiciaire, cela arrive à l'article 3 du
chapitre de la justice. C'est sérieux, cela.
M. Bédard: Oui. Puis-je dire...
M. Lalonde: Quand allez-vous le faire?
M. Bédard: Mon Dieu, je serais porté à vous
dire: Pourquoi, si c'est si important que cela pour le député de
Marguerite-Bourgeoys, ne l'avez-vous pas fait depuis 1970, lorsque vous
étiez là?
M. Lalonde: Ce n'était pas votre programme qui
était ma bible.
M. Bédard: Non, ce n'était pas une priorité.
Cela ne vous intéressait pas. C'est ce que vous voulez dire?
M. Lalonde: Au niveau de la justice, on n'a pas de leçon
à recevoir du tout...
M. Bédard: Ce n'était pas nouveau. Nous non plus,
on n'en a pas à recevoir. Dites-vous bien cela.
M. Lalonde: ... et même votre chef a loué des
réformes qui ont été faites par le Parti libéral,
n'oubliez pas cela.
Le Président (M. Laplante): II faudrait revenir à
la pertinence du programme 1, s'il vous plaît!
M. Bédard: M. le Président, que le
député de Marguerite-Bourgeoys me laisse répondre sur un
sujet sérieux, qui est la réorganisation des tribunaux. Il a
laissé entendre que cela ne nous intéressait pas parce que nous
n'y avons pas procédé jusqu'à maintenant. Je pense avoir
essayé de lui expliquer toutes les raisons qui motivent le fait que nous
ne devions pas procéder dès maintenant, étant donné
les contentieux qui existent du point de vue provincial-fédéral.
Ce qui ne veut pas dire que nous n'y sommes pas intéressés, au
contraire. Il y a un groupe d'étude qui se penche encore sur ce
sujet.
Concernant l'autonomie administrative des juges, il n'y a pas plus de
quinze jours, j'ai eu l'occasion de rencontrer l'exécutif de la
Conférence des juges. Nous avons discuté longuement de ce sujet
qui les préoccupe. La Conférence des juges, par la voie de son
président, m'a dit qu'elle travaillerait à présenter un
projet au ministère de la Justice, que nous serions en mesure
d'évaluer. Il est évident que ceci nous préoccupe, mais on
ne peut quand même pas tout faire en même temps.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Drummond, sur le même sujet.
M. Clair: M. le Président, c'est au sujet de la
réorganisation des tribunaux judiciaires, notamment au sujet des
tribunaux spécialisés. J'aimerais savoir si, au niveau des
réflexions qui se continuent au ministère, on envisage et on
étudie sérieusement la possibilité d'un tribunal
spécialisé en matière agricole. On sait que de plus en
plus le monde agricole est régi par une panoplie de lois et de
règlements assez spécialisés. Souvent, la classe agricole
est plus ou moins satisfaite des décisions qui sont rendues, parce
qu'elle considère avoir plus de difficultés qu'une autre classe
à expliquer ses problèmes, surtout au niveau des plans conjoints
qui sont complexes. Encore là, il y a des problèmes de
juridiction avec le gouvernement fédéral, notamment au niveau de
la Régie des marchés agricoles.
J'aimerais savoir si, avec le ministère de l'Agriculture, on
creuse l'hypothèse d'un tribunal spécialisé pour les
questions agricoles.
M. Bédard: J'ai eu l'occasion d'en discuter à
plusieurs reprises avec le ministre de l'Agriculture. Nous sommes conscients
que, pour les raisons et les motifs que vous avez explicités tout
à l'heure, il faudrait trouver le moyen sinon d'avoir une cour
spécialisée en matière agricole, tout au moins avoir la
préoccupation qu'il y ait des juges qui soient spécialisés
d'une façon particulière dans ce domaine. De là à
créer une cour spéciale dans ce domaine, je ne le crois pas. Mais
disons qu'on va avoir la préoccupation d'essayer...
M. Clair: Le problème soulevé est actuellement
scruté comme un problème spécifique, au niveau du
ministère de la Justice. C'est ce que je voulais savoir.
M. Bédard: Oui, absolument. M. Clair: Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Les coroners ne sont pas compris dans ce
programme?
M. Bédard: Non, dans le programme 16.
M. Lalonde: 16.
M. Fontaine: En attendant...
M. Lalonde: Oui, allez donc.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Lalonde: Je ne pense pas avoir de questions à poser, M.
le Président.
M. Fontaine: À la fin de la dernière session, on
avait projeté de présenter un projet de loi sur des
modifications à faire aux districts judiciaires. Est-ce que
c'est...
M. Bédard: Le projet de loi est toujours
déposé en première lecture. J'avais fait parvenir des
lettres à... C'est sur la division?
M. Lalonde: Judiciaire; ce n'est pas électoraux.
M. Bédard: Je m'excuse. Cela concernait les divisions
territoriales.
M. Lalonde: Divisions territoriales.
M. Bédard: À l'heure actuelle, il y a des
études qui se font au ministère concernant Laval et Lon-gueuil.
Nous ne sommes pas en mesure de faire connaître une décision
à ce stade-ci.
M. Lalonde: N'y a-t-il pas un problème financier?
C'est-à-dire que si vous créez un district judiciaire, il vous
faut construire un palais de justice...
M. Bédard: À partir du moment où on
crée un district judiciaire, c'est la construction du palais de justice,
de la prison.
M. Fontaine: Je parle de certains réaménagements.
(17 heures)
M. Bédard: II faut y penser deux fois à cause des
implications budgétaires, ce qui ne veut pas dire que cela ne serait pas
indiqué, à l'heure actuelle, concernant Laval et Longueuil.
M. Fontaine: C'était la Loi sur la division des limites
territoriales. On a fait certaines modifications.
M. Bédard: Pardon?
M. Fontaine: La Loi sur la division des limites
territoriales.
M. Bédard: Je l'ai dit tout à l'heure. Nous avons
déposé ce projet de loi en première lecture. J'ai pris la
précaution d'écrire à tous tes députés pour
que ces derniers nous fassent connaître leur point de vue sur des
modifications qu'ils pourraient croire opportunes de faire concernant les
comtés qu'ils représentent. Je dois vous dire que j'ai eu
tellement de représentations de députés, que nous sommes
à évaluer avant de décider de passer à la
deuxième lecture sur le projet de loi tel que rédigé...
parce que, s'il fallait donner suite à toutes les suggestions qu'ils
nous ont faites, il est évident que les amendements
représenteraient beaucoup plus que le projet de loi
déposé.
M. Fontaine: II y a eu également des recommandations de
faites par les sections de Barreau?
M. Bédard: Oui, également.
M. Lalonde: J'aurais seulement une dernière question, si
vous le permettez. Il s'agit de la nomination des juges. Je sais que vous en
avez parlé avant que je n'arrive je ne veux pas revenir
là-dessus mais on m'a déjà posé la question:
Pourquoi un notaire ne serait-il pas nommé juge? On sait que...
M. Bédard: Ce sont pourtant nos chers
confrères.
M. Lalonde: Je ne veux pas défendre les notaires. Je ne
dirai pas qui m'a demandé de poser cette question, mais c'est
sûrement un notaire. Il est vrai qu'à plusieurs reprises, on
pense... Et si je me reporte encore, par exemple, à ce qui est devenu ma
lecture de chevet il faut dire que je dors très mal de ce
temps-ci c'est-à-dire le programme du Parti
québécois...
M. Bédard: Vous dormez très mal à cause du
programme du Parti québécois.
M. Lalonde: II y a des affaires qui ne tiennent pas debout.
M. Bédard: Je ne vous comprends pas! M. Lalonde:
L'incohérence...
M. Bédard: Vous dites qu'on n'a pas de chance de gagner le
référendum et que vous êtes très serein et vous vous
énervez avec le programme!
M. Lalonde: On parle, dans l'An I du paradis, de diviser le
procès pénal en deux étapes.
M. Bédard: Je me demande si vous méritez le
paradis!
M. Lalonde: Je ne mérite sûrement pas cela. On dit
que la deuxième étape, au ciel, cela va porter sur la
sentence...
M. Bédard: C'est le nouveau "bag"? C'est votre nouveau
"bag" au ciel?
M. Lalonde: ... et il y aura des anges, c'est-à-dire qu'il
y aura des juges. Cela sera une équipe de trois personnes comprenant un
juge de la peine et deux assesseurs spécialisés. Autrement dit,
on injecte de plus en plus la possibilité d'avoir recours à des
gens qui ne sont pas nécessairement des avocats pour participer à
la fonction de décision judiciaire. La formation légale d'un
notaire ne serait-elle pas, quand même, une base quelconque sur laquelle
on pourrait s'appuyer pour considérer favorablement cette
possibilité?
M. Bédard: Voulez-vous me donner votre opinion?
M. Lalonde: Si le ministre veut démissionner et le
gouvernement aussi, je pourrai prendre sa place et prendre mes
décisions.
M. Bédard: On pourrait en discuter bien longtemps. Je ne
vois pas, en pratique, pourquoi les notaires seraient exclus de...
M. Lalonde: Je ne pose pas une question parce que c'est trop
large. C'est simplement une pensée.
M. Bédard: ... la possibilité d'être
nommés juges, comme peut-être même des personnes qui ne sont
pas avocats...
M. Fontaine: À la Commission des affaires sociales, il y a
des médecins...
M. Bédard: ... pourraient l'être dans
l'administration, par exemple, de la Loi de la protection de la jeunesse.
L'état de la loi, à l'heure actuelle, fait que, pour être
nommé juge, il faut dix ans de pratique de droit.
Je pense que, comme l'Opposition, on en est au niveau de la
réflexion.
Le Président (M. Laplante): Programme 1,
élément 1. Adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Élément 2.
Adopté. Élément 3.
M. Lalonde: Un instant.
M. Fontaine: M. le Président, vous êtes bien rapide
cet après-midi.
Le Président (M. Laplante): Non. Je croyais que tout le
programme était adopté. Je m'excuse.
M. Lalonde: On a déjà procédé ainsi
de temps en temps. Je vous comprends.
Le Président (M. Laplante): Vous me comprenez?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il des réflexions
à l'élément 2?
M. Lalonde: Vous faites un excellent président, surtout
que vous ne parlez pas. On dirait que vous êtes d'une
sérénité tout à fait admirable.
Soutien administratif aux cours de justice
Le Président (M. Laplante): C'est serein aussi.
Élément 2, adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Fontaine: J'aurais des questions, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Allez, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je pense qu'il y a une diminution du personnel dans
le soutien administratif des cours de justice. Est-ce qu'il n'y aurait pas une
diminution du personnel à ce moment-là?
M. Bédard: Oui, c'est la réduction des ressources
humaines, du personnel, occasionnée par un transfert de
responsabilités pour les frais relatifs au gardiennage des palais de
justice. Quatorze postes de gardiens-constables, ainsi qu'une somme de $495 600
ont donc été transférés au ministère des
Travaux publics et de l'Approvisionnement.
M. Fontaine: D'accord.
M. Bédard: C'est ce qui explique la diminution de
personnel.
Le Président (M. Laplante): Élément 2,
adopté? Encore?
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Excusez-moi, je pensais que
vous aviez fini, parce que vous avez dit: D'accord, en voulant dire que vous
aviez fini.
M. Fontaine: II y a une diminution de personnel et il y a une
augmentation de traitements, est-ce qu'il y a une explication?
M. Bédard: Les conventions collectives.
M. Fontaine: Malgré qu'il y ait une diminution.
M. Bédard: Même s'il y a une diminution des
postes.
M. Fontaine: C'est $2,7 millions d'augmentation.
M. Bédard: Dans ce réseau, il y a 2900 personnes.
Alors, même s'il y en a quatorze qui ont quitté, lorsque vient le
temps des...
M. Lalonde: 2414 permanents et 240 à temps partiel.
M. Bédard: 2414. On est à peu près dans le
même ordre.
M. Fontaine: II y a également une augmentation au niveau
des services de près de $2 millions.
M. Bédard: Je l'ai mentionné tout à l'heure.
Ce sont les indemnités payables aux jurés et aux témoins
qui ont été révisées à compter du 1er
octobre 1977, les deux lois que nous avions votées, qui font que les
tarifs maximaux en vigueur depuis cette date sont, concernant les
témoins, pour la
perte de temps, rendus à $20 par jour et pour les experts $40 par
jour. Pour les jurés, c'est maintenant $25 par jour. Il y a d'autres
frais qui sont occasionnés pour les dépenses des jurés en
ce qui a trait à leurs repas, c'est augmenté à $13 par
jour et il y a aussi une somme de $0.18 le mille qui est donnée aux
jurés pour l'utilisation du véhicule personnel, de même
qu'une somme de $30 qui est affectée aux jurés pour les frais du
coucher.
Cette révision, je l'ai mentionnée tout à l'heure,
représente une augmentation moyenne du total des réclamations de
70,13% pour les jurés et de 92,5% pour les témoins.
M. Fontaine: À la catégorie Fournitures, il y a une
augmentation également, est-ce que c'est l'affaire de
Saint-Jérôme...
M. Bédard: À quel élément?
M. Fontaine: Élément 2, catégorie 7.
M. Bédard: Depuis le 1er octobre, les services des postes
et messageries du ministère des Travaux publics défraient le
coût de l'affranchissement de tout le courrier postal des
ministères. L'application de cette directive permettra de réduire
les crédits prévus de cette catégorie de dépenses
de $150 000.
M. Fontaine: C'est une diminution. J'avais dit une augmentation.
Je m'aperçois que j'avais fait une erreur avec l'an passé. Je
n'ai pas d'autre question, M. le Président.
M. Lalonde: Avant de laisser cet élément, M. le
Président, est-ce qu'on pourrait demander au ministre de la Justice s'il
a réussi à rejoindre Me Alfred Chevalier pour lui poser la
question qu'on lui posait, hier, à savoir comment il est venu en
possession du rapport de la police?
M. Bédard: Vous savez très bien que le ministre de
la Justice ne communiquera pas avec M. Chevalier.
M. Lalonde: Vous pouvez demander à quelqu'un de
communiquer.
M. Bédard: Je vous ai dit, hier après-midi, que la
Sûreté du Québec avait fait enquête, la même
chose s'est faite au niveau du ministère. Nous n'avons pu, en fait,
obtenir de réponse suite à cette enquête. L'ancien
solliciteur général sait très bien que lorsqu'il y a des
fuites il en a connu, lui aussi ce n'est pas facilement
identifiable. Il n'est pas facile d'identifier les personnes qui en sont
responsables.
M. Lalonde: M. le Président, dans ce cas-ci, il s'agit de
quelqu'un qui a collaboré avec la justice. Est-ce que Me Chevalier a
cessé de collaborer avec le ministère?
M. Bédard: Non, le directeur de la Sûreté
du
Québec lui-même m'a informé qu'en aucune
façon la Sûreté du Québec n'avait remis de documents
à M. Chevalier.
M. Lalonde: Non, mais est-ce qu'on a demandé à Me
Chevalier comment il les avait reçus?
M. Bédard: II ne faut quand même pas oublier que Me
Chevalier, qui était le dénonciateur, était quand
même au courant, personnellement, de certains éléments de
cette enquête, qu'il a eu à maintes reprises à rencontrer
l'enquêteur principal, M. Bousquet, de même que d'autres policiers
chargés de cette enquête, et qu'il est probablement en mesure de
faire un portrait de certains éléments de cette
enquête.
M. Lalonde: Le ministre nous dit qu'il n'ira pas plus loin.
M. Bédard: Je ne vous ai pas dit ça.
Pourquoi...
M. Lalonde: Vous n'allez pas...
M. Bédard: On dirait que vous avez peur qu'on aille plus
loin. Ce que je vous ai dit...
M. Lalonde: Ce n'est pas que j'aie peur, on vous le demande
depuis hier.
M. Bédard: ... c'est qu'à l'heure actuelle, il y a
une enquête judiciaire...
M. Lalonde: On vous demande depuis hier de faire une
enquête.
M. Bédard: Ce n'est pas depuis hier... Vous n'auriez pas
eu besoin de me le demander. Dès que nous avons cru qu'il aurait pu y
avoir une fuite... C'est la politique que nous appliquons dans tous les autres
cas qui peuvent être semblables. À ce moment-là, nous nous
faisons fort d'instituer une enquête pour essayer d'identifier quels
pourraient être les responsables de cette fuite, comme de toutes les
autres fuites qu'il peut y avoir dans n'importe quel ministère du
gouvernement. Comme je viens de vous le dire, vous savez très bien que
ce n'est jamais facile d'identifier et de trouver les responsables des fuites
gouvernementales.
M. Lalonde: On ne demandera pas à Me Chevalier comment il
l'a eu. C'est ce que je comprends comme réponse.
M. Bédard: Je ne sais même pas s'il l'a eu. M.
Lalonde: II a dit qu'il l'avait eu.
M. Bédard: Écoutez, il y a bien des gens qui disent
bien des choses. S'il fallait faire une enquête à propos de tout
ce qu'on lit dans les journaux et de ce qu'on entend en termes d'information,
je vous assure qu'on ne fournirait pas de faire des enquêtes.
M. Lalonde: D'accord, je porterai mes conclusions
moi-même.
M. Bédard: La conclusion... Il y a eu une enquête et
ce n'est pas à votre demande, ce n'est pas à la demande de
l'Opposition. Dès que nous avons eu une indication selon laquelle il se
pourrait que M. Chevalier ait pu avoir en main des documents qu'il
n'était pas de son ressort d'avoir, nous avons pris les devants
nous-mêmes, nous avons demandé une enquête. Le directeur de
la Sûreté du Québec m'a indiqué qu'il n'y avait
aucun document qui avait été remis à M. Chevalier par les
enquêteurs ou par quelque autre agent chargé de
l'enquête.
M. Lalonde: M. le Président, ce qui m'étonne, c'est
qu'on refuse de demander à Me Chevalier lui-même comment il est
venu en possession de ce rapport.
M. Bédard: Si ça peut... M. Lalonde: Cela
m'étonne.
M. Bédard: M. le Président, je n'ai pas de
réticence à cela. J'avais l'impression que le
député de Marguerite-Bourgeoys pensait que le ministre de la
Justice allait appeler M. Alfred Chevalier pour lui demander une telle
information.
M. Lalonde: Bien non, voyons!
M. Bédard: Franchement, je ne suis pas enquêteur. Ce
n'est pas pour rien que la Sûreté du Québec est
là.
M. Lalonde: C'est ridicule. M. Bédard: Je crois
bien que...
M. Lalonde: Je sais bien que vous avez tout ce qu'il faut pour
communiquer avec Me Chevalier.
M. Bédard: Je pourrai transmettre la suggestion que vous
nous faites, soit de demander à la Sûreté si elle avait
demandé à M. Chevalier lui-même s'il avait eu en sa
possession des documents, tel qu'il l'affirme. Mais je suis convaincu qu'ayant
demandé à la Sûreté de faire enquête, cette
question a sûrement été posée à Me
Chevalier.
M. Fontaine: M. le Président, sur cette même
question. Étant donné que toute cette affaire a
débuté devant la Commission d'enquête sur le crime
organisé par une déclaration de Me Chevalier et que le citoyen
Fabien est un citoyen comme les autres, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
d'élargir le mandat de la commission d'enquête pour qu'elle puisse
être saisie de ce cas et appeler des témoins pour faire toute la
lumière sur ce dossier? (17 h 15)
M. Bédard: Pour le moment, tel que je l'ai exprimé
à maintes reprises et la journée même de la
démission de M. André Fabien, le dossier reste ouvert,
l'enquête policière se continue. Je peux assurer le
député que c'est un dossier actif. Je crois qu'il y a lieu
d'attendre pour voir les résultats que pourrait donner cette
enquête policière. Ensuite, il y aura lieu d'aviser en
conséquence.
M. Fontaine: Vous n'écartez pas cette
possibilité?
M. Bédard: Je crois qu'on ne doit jamais écarter
quelque possibilité que ce soit. On ne doit pas affirmer une
orientation, quelle qu'elle soit, sans que, préalablement, je n'aie en
main les résultats définitifs qui seraient portés à
mon attention par les enquêteurs chargés de cette affaire.
M. Fontaine: Mais si vous avez toutes les informations, vous
pourrez prendre position sans faire une enquête publique. C'est au moment
où vous vous apercevrez que l'enquête piétine et qu'on ne
peut pas trouver autre chose qu'il y aurait peut-être lieu de penser
à la Commission d'enquête sur le crime organisé.
M. Bédard: Je suis porté à avoir
énormément confiance au processus normal en ce qui a trait
à l'administration de la justice. J'ai eu l'occasion de dire
c'est ma conviction que, par rapport à un citoyen, quel qu'il
soit, une commission d'enquête me semble un moyen disproportionné
et qu'une enquête judiciaire, une enquête policière est le
processus normal dans de tels cas. J'ai la conviction que l'enquête
policière sera menée avec impartialité et avec
efficacité, que ce soit dans un sens ou dans l'autre.
Le ministre de la Justice ne court pas après les condamnations.
Il est surtout important de faire en sorte que le processus normal de la
justice se poursuive, en espérant qu'il donnera des résultats
positifs. Je n'ai pas de dessin à faire à qui que ce soit de
l'Opposition pour lui rappeler qu'il arrive que des enquêtes
policières soient longues et que d'autres aboutissent rapidement. C'est
le processus normal et, j'en suis convaincu, le plus efficace.
M. Fontaine: M. le Président, il m'apparaît que
lorsqu'un juge de la Cour des sessions de la paix, en plus un juge en chef, a
été forcé de démissionner à la suite...
M. Bédard: Pardon, il n'a jamais été
forcé de démissionner. Pardon.
M. Fontaine: Vous l'interpréterez comme vous voulez.
M. Bédard: Vous aussi, vous l'interpréterez comme
vous voudrez, mais j'ai le droit de l'interpréter à ma
manière.
M. Fontaine: À la suite de soupçons qu'on a
portés contre cette personne, il m'apparaît essentiel qu'une suite
soit donnée à cette enquête,
d'une façon ou d'une autre. J'espère que le ministre fera
en sorte que, quels que soient les moyens qu'il emploiera dans les mois
à venir, on pourra enfin connaître la vérité sur ce
dossier.
M. Bédard: Je l'espère également.
Le Président (M. Laplante): Élément 2,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Élément 3,
adopté?
Tribunal de l'expropriation
M. Lalonde: II s'agit du Tribunal de l'expropriation. Est-ce que
le ministre pourrait préciser un peu les activités...
M. Bédard: Est-ce que vous auriez objection à ce
qu'on reporte cette partie du programme, étant donné que le juge
Dorion n'est pas ici présentement?
M. Lalonde: On peut le reporter, oui.
Le Président (M. Laplante): Le programme 1,
élément 3, est reporté.
M. Bédard: C'est évident que les remarques
générales sont très succinctes. À cet
élément 3, il y a des crédits additionnels de l'ordre de
$74 300 qui sont requis au budget du tribunal de l'expropriation pour cet
exercice. Cette augmentation est due principalement à la mise en
application de certaines conventions collectives.
Il y a eu également le transfert de quatorze postes au budget du
ministère des Travaux...
M. Lalonde: Moi, je n'ai pas de question.
Le Président (M. Laplante): Élément 3, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aimerais savoir combien de causes ont
été entendues depuis l'an dernier?
M. Bédard: Je pourrais vous donner cela. Du 1er octobre
1976 au 30 septembre 1977: 2172 dossiers. Les dossiers en filière au 1er
octobre 1977: 6852. Le nombre de jours d'audition, toujours du 1er octobre 1976
au 30 septembre 1977: 414 par rapport à 403, l'an passé.
Il y a eu 307 ordonnances définitives qui ont été
rendues par le tribunal, du 1er octobre 1976 au 30 septembre 1977, par rapport
à 243 pour la même période de l'année
précédente.
Concernant les indemnités, du 1er octobre 1976 au 30 septembre
1977, il y a eu $8 138 315.88 qui ont été accordés sur
ordonnance définitive et $49 180 125.26 sur règlement par rapport
à $9 290 617.37 qui avaient été octroyés sur
ordonnance définitive pour la même période l'année
précédente et $47 861 466.81 qui avaient été
octroyés pour la même période par la commission sur
règlement.
M. Fontaine: Quels sont les délais entre l'instauration
d'une cause devant le tribunal et le règlement ou le jugement?
M. Bédard: La longueur des délibérés,
dans certains cas à Montréal, entre autres, il y a des cas
spéciaux va jusqu'à dépasser deux ans. Dans le
rapport qu'il m'a fait, le président du Tribunal de l'expropriation
m'assure que le vice-président, à Montréal, fait les
démarches et les pressions nécessaires auprès du
président des divisions responsables pour hâter l'émission
des ordonnances. Il y aura d'ici quelque temps la nomination d'un membre
additionnel au niveau du Tribunal de l'expropriation.
M. Fontaine: J'allais vous poser la question, parce que je vois
qu'il y a 67 employés permanents et 6 à temps partiel. Est-ce que
vous croyez que ce personnel est suffisant, étant donné les
délais qu'on peut connaître dans certains cas?
M. Bédard: Je dois vous dire que je n'ai pas eu de
remarque dans le sens d'augmenter le personnel de soutien. La longueur des
délibérés est sûrement due, en grande partie,
à la complication de certaines causes et à l'importance de
certaines expropriations.
M. Fontaine: En moyenne...
M. Bédard: Je crois qu'on doit essayer de faire en sorte
de diminuer ces délais qui sont quand même très longs.
M. Fontaine: En moyenne, qu'est-ce que cela peut donner comme
délai? Est-ce que vous avez des statistiques là-dessus?
M. Bédard: Je pourrais vous fournir cet
élément additionnel à une autre occasion. Je ne l'ai
pas.
M. Fontaine: Est-ce qu'il y a des amendements législatifs
ou administratifs de prévus dans cette loi?
M. Bédard: Nous avons, à l'heure actuelle, au
niveau du ministère, des suggestions d'amendements qui nous ont
été présentées et que les fonctionnaires du
ministère sont à évaluer.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions.
M. Fontaine: C'est tout.
Le Président (M. Laplante): Élément 3,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Au programme 1, tous les
éléments sont adoptés.
M. Fontaine: Adopté.
Protection des droits et libertés de la
personne
Le Président (M. Laplante): Programme 2, Protection des
droits et libertés de la personne, programme qui vise à
promouvoir, par toutes mesures appropriées, les principes contenus dans
la Charte des droits et libertés de la personne. M. le ministre.
M. Bédard: Comme commentaires généraux
à ce programme, il est à remarquer que le budget du programme 2,
protection des droits et libertés de la personne, est composé des
ressources requises pour le fonctionnement de la Commission des droits de la
personne, soit $1 639 300, et pour les activités du Comité de la
protection de la jeunesse. Ce programme traite des structures que
représentent le Comité de la protection de la jeunesse et la
Commission des droits de la personne.
En ce qui a trait à la Commission des droits de la personne, les
principales raisons justifiant une augmentation budgétaire de $323
900... En fait, une somme de $91 300 a été ajoutée au
budget de 1977/78 de la Commission des droits de la personne. Cette majoration
servira principalement à financer la variation du salaire des
employés en place, ce qui représente un montant de $62 300, et
à défrayer une légère augmentation prévue au
niveau des frais de déplacement, qui représente un montant de $28
300. Ce sont les seuls commentaires que nous avons à faire au niveau du
budget.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pense qu'on aborde ici des secteurs des plus
importants qui sont de la compétence du ministre de la Justice, quoique
la Commission des droits de la personne ne fasse pas rapport au ministre comme
tel, mais plutôt à l'Assemblée nationale. Il reste que le
ministre de la Justice est le ministre responsable de l'application de la loi
qui crée la charte. Nous avons eu le plaisir d'examiner le premier
rapport annuel de 1976, qui a été distribué en 1977. Il y
a une information que je voudrais demander à Me Hurtubise. Si le rapport
de l'année courante je pense bien que la réponse est oui
est en voie de préparation, dans quel délai
prévoit-on qu'il sera prêt?
M. Bédard: J'ai eu l'occasion d'en discuter avec le
président de la commission, il est en préparation et il devrait
être prêt d'ici une semaine. Mais, avec l'impression, cela peut
aller jusqu'au mois de juin. Je crois que, l'an passé, lors de
l'étude des crédits du ministère de la Justice, nous
n'avions pas le rapport en main.
M. Fontaine: C'est-à-dire qu'il était prêt.
On en avait demandé le dépôt en commission...
M. Bédard: Oui.
M. Fontaine: ... et on l'avait refusé parce que, en fait,
c'était le...
M. Bédard: C'est un rapport qui doit être fait
directement au président de l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: Oui. J'aimerais savoir si le rapport de
l'année dernière l'année qui sera couverte par le
rapport qui est la deuxième véritable année
d'activités de la commission, révèle les mêmes
tendances que le premier rapport relativement aux motifs de discrimination.
Pour la première année, les motifs de discrimination les plus
fréquents sont en vertu de l'article 10. Je me réfère
à la page 49 du premier rapport annuel: quant au sexe, 30%, quant
à la race, la couleur, l'origine ethnique ou nationale, 20%; quant aux
convictions politiques, 13%, quant aux conditions sociales, 10%; quant aux
autres motifs, 27%. Dans l'ensemble, est-ce que ces tendances se sont
maintenues ou si vous avez une expérience différente?
M. Bédard: Je peux dire que, dans les grandes lignes, les
tendances se sont maintenues. Effectivement, si l'on prend l'une des fonctions
de la commission, à savoir le fait de recevoir des plaintes donc,
la dimension curative à peu près 50% des plaintes ont
porté sur des cas de discrimination ou d'exploitation,
c'est-à-dire les articles 10 à 20 et 48; 20% sur les droits
fondamentaux; 15% sur les droits judiciaires; et le reste, évidemment,
est plus épars.
En termes de motifs de discrimination, c'est la discrimination
basée sur le sexe qui vient en tête de liste avec 27%;
l'année dernière, c'était 30%; donc, on peut dire que la
tendance se maintient. La discrimination pour conditions sociales a
augmenté; nous avons à peu près 26%.
M. Lalonde: Presque triplé.
M. Bédard: Oui. Origine ethnique nationale, à peu
près 15%; état civil, 11%; race et couleur, 9%.
Évidemment, on pourrait combiner origine ethnique nationale et race et
couleur il y a une certaine ressemblance; ce qui ferait à peu
près 23%.
M. Lalonde: C'était 20% l'an dernier. M. Bédard:
Alors, grosso modo...
M. Lalonde: Ces tendances se sont aussi maintenues.
M. Bédard: ... les tendances se maintiennent. M.
Lalonde: Merci.
M. Bédard: Le président m'a informé que,
durant l'année, 10 802 demandes avaient été
adressées à la commission.
M. Lalonde: Comparativement à combien l'an dernier?
M. Bédard: Je n'ai pas en mémoire les chiffres de
l'an dernier. Nous avons fonctionné pendant une période de six
mois seulement. Il est difficile de comparer les chiffres puisque c'est la
première année complète d'activités de la
commission. En termes de plaintes, par exemple, nous avons plus que
doublé pour atteindre le chiffre d'environ 655 plaintes formelles.
M. Lalonde: Vous aviez un peu moins de 2 000 demandes pour ces
six mois.
M. Bédard: C'est cela et de tout genre. Évidemment,
c'est normal puisque c'est un organisme en croissance... Alors, pour six mois,
normalement, si on avait simplement doublé, on serait passé aux
environs de 4000. Alors, en termes d'activités globales, au sens de
notre charte, nous avons eu au-delà de 10 800 interventions de tout
genre.
M. Lalonde: Vos effectifs actuels suffisent-ils pour traiter,
à votre satisfaction, la majorité de ces plaintes? C'est une
question que je ne voudrais pas que vous considéreriez comme un
piège. Je ne m'attends pas que le président dise: Non. C'est
épouvantable. Cela en prendrait deux fois plus. Je vous dis cela, parce
qu'on étudie les crédits ici. Il faut se poser la question
à un certain moment.
M. Bédard: Le président de la commission a fait des
représentations afin que l'on augmente, peut-être, les effectifs.
Il est évident qu'il y a bien des champs d'activité qui s'ouvrent
et il y aurait la possibilité d'affecter d'autres énergies dans
plusieurs secteurs de recherche au niveau des travaux que fait la
commission.
Au niveau du gouvernement, nous avons aussi nos contingences
financières auxquelles il faut faire face. Je dois dire que depuis que
je suis ministre de la Justice, mes relations ont toujours été
très positives avec les membres de la commission de qui nous pouvons
attendre beaucoup de collaboration. Également, il arrive assez
régulièrement, une sensibilisation ayant été faite
à cet égard, que d'autres membres du gouvernement communiquent
avec la commission aux fins de demander des opinions. Je pense que cela
représente une ambiance de collaboration étroite entre, d'une
part, la Commission des droits de la personne et les différents
ministères du gouvernement, d'autre part.
M. Lalonde: Je vous remercie. Justement, poursuivant
peut-être la dernière partie des propos du ministre, pour ce qui
concerne les demandes, vous en recevez, naturellement, des milliers
maintenant.
Je voudrais simplement avoir votre opinion sur l'article 67 relativement
aux devoirs de la commission. La commission doit, notamment, recevoir les
suggestions, recommandations et demandes qui lui sont faites touchant les
droits et libertés de la personne. Je présume que c'est recevoir
de n'importe qui. Ensuite, on dit: ... les étu- dier et faire au
gouvernement les recommandations appropriées.
À la lecture de cet article, ne peut-on pas avoir l'impression
que ce sont seulement les demandes du gouvernement que vous devez traiter?
M. Bédard: Ce n'est pas de cette manière que nous
l'interprétons.
M. Lalonde: Non. Ce n'est pas ainsi que vous l'avez
interprété.
M. Bédard: Ce n'est pas ainsi que cet article doit
être interprété. Les demandes viennent de tous ceux qui
veulent bien s'adresser à la commission. La preuve en est que 10 802
demandes ont été formulées à la commission au cours
de l'année.
M. Lalonde: De toute évidence, cela ne vient pas seulement
du gouvernement.
M. Bédard: II est évident que cela ne vient pas
seulement des membres du gouvernement, mais à la suite des
demandes...
M. Lalonde: Faites-vous un rapport chaque fois au
gouvernement?
M. Bédard: Vous permettez?
M. Lalonde: Faites-vous une recommandation chaque fois au
gouvernement?
M. Bédard: Pas nécessairement. La commission juge
selon le problème qui est soulevé par les personnes qui
communiquent avec cette dernière. La commission juge là-propos
qu'il y a de faire certaines recommandations au gouvernement.
M. Lalonde: Me Hurtubise pourrait-il nous dire comment, à
ce moment... Parce qu'on dit: "... et faire rapport et faire des
recommandations au gouvernement... " comme si c'était à chaque
demande. N'est-ce pas à chaque demande que vous faites des
recommandations au gouvernement?
M. Bédard: Non, assurément pas. Les demandes sont
de tout genre. Il y a des demandes par lesquelles on nous invite à aller
dans une industrie donnée, auprès d'un syndicat pour faire des
sessions d'information ou encore des sessions d'éducation, sur toutes
les valeurs véhiculées par la charte, sur des explications
concernant les conséquences dans le domaine du travail, par exemple, que
l'article 19 sur l'équivalence en emplois, etc.
Il y en a d'autres qui sont d'un autre type et qui nous amènent
à faire des recommandations au gouvernement. Si des gens
dénoncent telle situation de fait, ou tel règlement, ou telle
loi, encore là cela va dépendre du cas qui nous sera
souligné. Nous sommes à revoir toute la législation
sociale. Nous avons terminé. Nous allons bientôt remettre au
gouvernement notre analyse de la législation sociale. Si des gens
viennent nous faire des sug-
gestions pendant que nous sommes à l'étude, c'est
évident que nous n'allons pas immédiatement transmettre au
gouvernement une recommandation, mais, en d'autres cas, je ne sais pas, on peut
donner l'exemple de l'Association des gais du Québec qui est venue nous
rencontrer pour demander certaines choses; nous avons adressé au
gouvernement des recommandations. L'éventail est assez variable,
forcément.
M. Lalonde: Mais, concernant l'examen de cette
législation, un autre article, je pense, vous donne l'obligation
d'étudier...
M. Bédard: Le même article, à l'alinéa
d); l'article 67.
M. Lalonde: Voilà. Justement, dans ces questions, vous
parliez de lois. Vous avez fait une recommandation préliminaire au
projet de loi 92 et il y a eu une question en Chambre, il y a quelques jours,
sur la consultation populaire. Votre texte était qualifié de
préliminaire. Je voudrais vous demander si vous avez l'intention de
faire des recommandations... ce n'était pas sur le projet de loi,
c'était sur le livre blanc, à ce moment-là. D'ailleurs,
vous aviez vous-même...
M. Bédard: C'est différent.
M. Lalonde: ... ou la commission avait elle-même dit que
c'était un peu moins confortable de faire cela sur un livre blanc que
sur un texte plus serré qu'est un projet de loi. Est-ce que vous avez
l'intention d'en faire une sur le projet de loi lui-même?
M. Bédard: Je pense que la position a été
exprimée par le leader du gouvernement.
M. Lalonde: Je pose la question à la commission et
j'espère que le ministre va les laisser répondre.
M. Bédard: Oui, je ne veux pas lui enlever la
possibilité de répondre...
M. Lalonde: La liberté de parole.
M. Bédard: ... mais le leader du gouvernement a bien
explicité, concernant cette loi, qu'il n'avait pas fait de demande
précise à la commission. Si la commission juge bon d'exprimer son
opinion, elle pourra le faire. Je pense que c'est la démocratie.
Sur la question du livre blanc, nous avions d'ailleurs été
invités par les autorités à réagir. Nous avons
accepté l'invitation en donnant les espèces d'explications
préalables auxquelles vous avez fait allusion. C'est plutôt
exceptionnel, parce que d'habitude nous préférons réagir
sur les projets de loi, puisque c'est plus incarné que les grands
principes que l'on retrouve dans les livres blancs.
Ceci dit, dans la mesure où le projet de loi ne ferait que
reprendre ces grands principes, je pense qu'il n'y aurait pas lieu de revenir
à la charge, puisque notre fonction est tout simplement et je
tiens à le préciser d'appliquer une grille d'analyse qui
est celle que l'on retrouve dans la charte. La charte énonce un certain
nombre de valeurs. Nous vérifions si un projet de loi est respectueux de
ces valeurs ou non et nous transmettons l'avis. Après cela, notre
rôle se termine. Dans la mesure où ce que nous avons dit sur le
livre blanc est à peu près ce qu'on pourrait
répéter sur le projet de loi, je pense que nous n'avons pas
l'intention de revenir à la charge, à moins qu'il...
M. Lalonde: Je posais cette question-là que, d'abord, la
question avait été posée en Chambre par le leader de
l'Opposition officielle. Dans votre texte qualifié de
préliminaire, ça laisse aussi présumer qu'il y en a un
autre, étant donné que c'en est un préliminaire; ensuite,
étant donné que vous aviez exprimé, dans ce texte, un
certain inconfort d'avoir à réagir à un livre blanc
plutôt qu'à un projet de loi, puisqu'on a le projet de loi
actuellement, c'est pour cette raison que je pensais que la commission
s'apprêtait à remettre au gouvernement un texte plus directement
relié au projet de loi.
M. Bédard: Je crois que, d'une façon
générale on pourra me corriger tous les projets de
loi font l'objet d'une analyse de la part de la Commission des droits de la
personne, et celle-ci juge de l'à-propos d'acheminer des remarques aux
autorités gouvernementales.
M. Lalonde: Alors le projet de loi 92 a fait l'objet d'une
étude à la commission et la commission ne se propose pas de faire
parvenir d'autres documents. (17 h 45)
M. Bédard: Actuellement non.
Le Président (M. Laplante): Je présume que les
questions du député de Marguerite-Bourgeoys s'adressent au
président.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, toujours.
Le Président (M. Laplante): C'est bien, monsieur.
M. Lalonde: M. le Président, je vous demandais donc si la
commission avait pris connaissance du projet de loi 92? On m'a fait signe que
oui, mais comme ce n'est pas inscrit au journal des Débats...
M. Bédard: Elle en a pris connaissance.
M. Lalonde: Et la commission ne juge pas bon de réagir une
autre fois à ce projet de loi?
M. Bédard: Étant donné que,
déjà, des commentaires ont été exprimés par
la commission en ce qui a trait au livre blanc.
M. Lalonde: Et que le projet de loi est très sensiblement
semblable au livre blanc. Est-ce que c'est ça?
M. Bédard: On verra quand la loi sera
adoptée...
M. Lalonde: On est rendu en deuxième lecture.
M. Bédard: ... définitivement. Oui, mais il y a
l'étude article par article.
M. Lalonde: Naturellement, on ne parle pas d'un texte dans un an,
on parle du texte qu'on a devant nous.
M. Bédard: Je crois que le président de la
commission a été très explicite, je ne vois pas pourquoi
le député de Marguerite-Bourgeoys élève la voix.
Déjà, une analyse a été faite concernant le livre
blanc...
M. Lalonde: Le président de la commission est toujours
très clair. C'est le ministre qui est "méandreux", des fois.
M. Bédard: Je comprends que vous puissiez avoir cette
impression.
M. Lalonde: C'est épouvantable. Enfin...
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
questions au programme 2?
M. Bédard: Avez-vous autre chose d'intelligent à
nous dire?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Lalonde: Je vais passer la parole au député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président... M. Lalonde:
Pour l'instant. M. Bédard: Cela va être mieux.
M. Fontaine: La commission a diffusé quelques brochures,
je pense, entre autres, une sur l'égalité des chances dans
l'emploi, une brochure qui me semble assez bien faite. Est-ce que le
président de la commission pourrait nous donner, n'en déplaise au
député de Deux-Montagnes, le "feedback " de cette diffusion?
M. Bédard: C'est une brochure à laquelle nous avons
travaillé pendant plusieurs mois, qui a été lancée
en mars, à Montréal et à Québec, qui a
été adressée à un grand nombre d'employeurs, en
fait de gens du milieu du travail, employeurs et syndicats. Nous avons, comme
réaction, des commentaires plutôt positifs, mais beaucoup de
demandes de sessions d'information ou de sessions d'éducation.
Ceci veut dire qu'on est en train de dresser un échéancier
pour aller rencontrer les divers employeurs ou groupes d'employeurs, ou
syndicats, pour faire avec eux le tour de cette brochure et les informer, de
façon générale, sur les implications de la charte dans le
monde du travail.
M. Fontaine: Est-ce que c'est surtout à ce niveau que vous
demandez une augmentation de personnel, pour donner plus d'information?
M. Bédard: Une de nos priorités, lorsqu'on parlait
d'augmenter le personnel, c'était ceci. Nous avons constaté que
86% de nos demandes viennent de la grande région de Montréal et
de Québec. Évidemment, on ne peut pas s'empêcher de noter
que les gens des autres régions semblent être moins
informés, malgré des tournées que nous faisons. Nous avons
couvert une bonne partie de la province l'année dernière, que ce
soit le Bas-du-Fleuve, la Gaspésie, la Côte-Nord, l'Abitibi,
l'Outaouais, etc. On constate que, lorsqu'on y est passé, pendant
quelques semaines, les demandes de ces régions augmentent, se
stabilisent, et cela redescend. On a l'impression et c'est ce qu'on a
transmis à M. le ministre qu'éventuellement, il faudrait
s'assurer que la même qualité de services puisse être
offerte aux gens des différentes régions, qu'ils aient un
accès aussi facile à nos services et, bien sûr, qu'on
puisse faire une meilleure analyse de leurs besoins régionaux concrets
en termes de droits de la personne; éventuellement, cela voudrait dire
qu'on puisse avoir une certaine présence, même minimale, dans les
dix régions administratives du Québec.
C'est l'essentiel.
M. Fontaine: Est-ce que vous avez publié d'autres
brochures semblables?
M. Bédard: Non, c'est la première,
l'égalité des chances à l'emploi. On va publier
incessamment d'autres études ou brochures. On en a une qui va sortir
incessamment sur l'équivalence en emploi. On a de plus petites
brochures, mais je parle de brochures de cette envergure; non, c'est la
première que nous publions.
M. Fontaine: Les plaintes que vous recevez touchent quel
domaine?
M. Bédard: On a eu l'occasion d'en parler tout à
l'heure.
M. Fontaine: Je m'excuse, je me suis absenté deux
minutes.
M. Bédard: Je vous en prie, ce n'est pas un reproche.
La grande majorité des plaintes portent sur la discrimination, un
peu sur l'exploitation, mais surtout dans le secteur du travail. Entre 50% et
60% portent sur le secteur du travail, ensuite vient le
secteur du logement. Le reste est beaucoup plus... Le logement est
peut-être d'environ 20%.
Comme je le disais tantôt, encore là, le premier motif de
discrimination qui est invoqué, le premier motif illicite, c'est
évidemment le sexe. Il faut bien le dire, quatre femmes pour un homme.
Sur cinq plaintes, nous avons quatre femmes, qui invoquent une discrimination
basée sur le sexe, contre un homme. C'était facile à
prévoir. Malheureusement, c'est la situation sociale.
M. Fontaine: Dans quelle proportion ces plaintes
s'avèrent-elles fondées?
M. Bédard: Oh! mon Dieu. 125 demandes d'enquête se
sont avérées fondées, sur les 655 dossiers
d'enquête...
C'est cela, il y a peut-être une petite correction, 125 demandes
d'enquête, tel que je le disais, se sont avérées
fondées sur les 421 dossiers qui ont été fermés au
cours de l'année 1977.
M. Fontaine: En vertu de l'article 83 de la loi, on dit: "Lorsque
la recommandation prévue par l'article 82 n'a pas été
à la satisfaction de la commission ou suivie dans le délai
fixé, la commission peut, avec le consentement écrit de la
victime, s'adresser au tribunal en vue d'obtenir une injonction contre la
personne en défaut. Elle peut aussi, avec le même consentement,
s'adresser au tribunal pour réclamer, en faveur de la victime
l'indemnité dont elle avait recommandé le paiement. Si la
recommandation profite à une personne pour qui une enquête a
été demandée sans son consentement, en vertu du
deuxième alinéa de l'article 110, le tribunal doit, malgré
le Code de procédure civile, si les circonstances l'exigent, dans
l'intérêt de cette personne, accepter d'entendre la demande sans
le consentement de celle-ci ".
Pourriez-vous me dire dans chaque domaine et combien de plaintes ont
été faites et quels ont été les résultats de
ces plaintes, les demandes de remboursement, injonctions ou...
M. Bédard: Vous avez trois étapes, si vous me
permettez, lorsque les plaintes sont adressées à la commission.
Nous avons d'abord, suite au rapport d'enquête, lorsque la commission est
d'opinion que la plainte est fondée, l'obligation de tenter d'amener les
parties à régler leur différend, c'est-à-dire une
espèce de médiation. C'est l'article 81.
Je dois dire, à l'oeil, qu'un peu plus que 80% des cas où
la plainte est fondée se règlent par la médiation. C'est
important de le noter, parce que cela implique une dimension
éducative.
Lorsque ce n'est pas possible, c'est l'article 82, qui suit, qui dit
alors: En cas d'incapacité de ramener les parties à s'entendre,
la commission formule des recommandations fermes et les adresse aux parties qui
doivent les respecter dans un délai qui varie suivant la
complexité du cas.
Si les parties ne les respectent pas, on va alors devant les tribunaux
et on commence un procès de novo tout simplement.
Il arrive souvent qu'à la phase II on formule des recommandations
et que la médiation reprend. C'est arrivé dans plusieurs cas.
Finalement, à la fin de décembre, il y avait
peut-être une quinzaine de cas seulement pour lesquels nous étions
devant les tribunaux, soit en demande, soit en défense, etc. C'est quand
même assez minime pour le moment. Évidemment, nous avons tout
simplement quelques résultats. Vu que ce n'est que notre première
année complète d'existence, nous attendons les décisions
des tribunaux dans un certain nombre de ces cas. Nous y allons pour des cas de
principes. Évidemment, il y en a qui sont plus connus, comme nos
difficultés dans les cas des employés du COJO et de la
Gendarmerie royale, ces trucs-là.
C'est plus laborieux.
C'est plus laborieux, mais, évidemment, ces cas ne sont pas
nombreux.
M. Fontaine: En vertu de l'article 78, le Protecteur du citoyen
qui reçoit une plainte relevant de la compétence de la commission
transmet le dossier à cette dernière, laquelle en est saisie de
plein droit. Est-ce que vous pouvez me dire si cela arrive fréquemment
que le Protecteur du citoyen envoie...
M. Bédard: Fréquemment... cela arrive. De toute
façon, indépendamment de notre article 78, il y avait dans la
propre loi du Protecteur du citoyen un article qui l'aurait obligé
à faire de la référence. Cela arrive. Je m'excuse, mais je
n'ai pas de chiffre exact. Ce n'est pas très fréquent, mais c'est
une pratique assez courante. Nous faisons aussi l'inverse, d'ailleurs, de temps
en temps; des gens viennent chez nous qui auraient dû plutôt
s'adresser au Protecteur du citoyen.
M. Fontaine: Une dernière question concernant la
rémunération des personnes employées à la
commission. Il n'y a rien à la catégorie des traitements; je ne
comprends pas la façon de procéder.
M. Lalonde: À la page 16-6, il y a...
M. Bédard: Ils ne sont pas dans la fonction publique. Ce
serait contenu dans "autres rémunérations". Les crédits
affectés à cette catégorie sont de l'ordre de $1 381
300...
M. Fontaine: C'est ce que j'avais pensé...
M. Bédard: ... par rapport à $1 313 000 l'an
passé.
M. Fontaine: ... mais je me demande pourquoi. Ce ne sont pas des
employés de la fonction publique?
M. Bédard: Ce ne sont pas des employés de la
fonction publique en vertu de la loi.
M. Fontaine: Est-ce que chaque employé négocie son
propre contrat?
M. Bédard: II y a quand même un arrêté
en conseil qui fixe les salaires.
M. Fontaine: On sait que le vice-président, M. Champagne,
a démissionné il y a quelque temps. Il n'a pas encore
été remplacé?
M. Bédard: Non. Il doit être remplacé par le
vote des deux tiers de l'Assemblée nationale. On est en train
d'étudier différentes candidatures et nous sommes convaincus que
nous présenterons à l'Assemblée nationale quelqu'un
capable de remplir le poste adéquatement.
M. Fontaine: II ne reste plus beaucoup de membres du Parti
québécois qui n'ont pas de poste. Vous allez avoir de la
difficulté à en trouver un.
M. Bédard: Mon Dieu!
M. Lalonde: Vous avez de la misère à en
trouver.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
questions à l'élément du programme 2?
M. Lalonde: J'ai une question, M. le Président. C'est au
niveau des communications. Il y a une augmentation de combien?
M. Bédard: II y a une augmentation de $34 000.
M. Lalonde: Pourrait-on nous décrire les projets couverts
par cette augmentation?
M. Bédard: Voulez-vous que je vous donne le
détail?
M. Lalonde: D'abord, y a-t-il des projets précis couverts
par cette augmentation? (18 heures)
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, on continuera
ce soir à vingt heures.
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: On pourrait prendre une minute. C'est ma
dernière question.
M. Bédard: Si on peut libérer M. Hurtubise.
Le Président (M. Laplante): Vous avez fini, c'est votre
dernière question.
M. Bédard: Dans les publications, il y a la
réimpression d'une certaine documentation comme les chartes
françaises, certaines chartes anglaises; ces publications
représentent $11 000; la production d'un nouveau dépliant, $15
000; l'impression des dossiers de la commission, $10 000; la publication des
décisions de la commission, $5 000; la production de brochures, secteur
de l'éducation, qui couvre deux sujets, l'équivalence à
l'emploi, des tests psychométriques et médicaux: $15 000; rapport
annuel : $5000; publication de documents, par exemple, concernant le service
des enquêtes: $3000; le service de la recherche: $2000, ce qui fait un
total de $66 000 qui est affecté au niveau de l'article:
publication.
M. Lalonde: On a $166 000.
M. Bédard: $66 000.
M. Lalonde: On a $166 000 au niveau des communications. C'est une
augmentation...
M. Bédard: Cela comprend des frais de voyage. Par exemple,
service de transport et de communication, frais de déplacement qui sont
prévus pour les commissaires afin d'assister aux réunions
bimensuelles de la commission. Pour les autres employés appelés
à voyager dans l'exercice de leur fonction, cela représente un
montant de $63 000. Au niveau de la publicité, il y a $8300 qui sont
consacrés aux journaux et au service de la... Il y a $16 000 pour le
renouvellement des messages transmis dans le cadre de la minute juridique, les
messages à la radio, et $3000 pour des copies du film qui sera
réalisé au cours de l'exercice 1977/78.
Je pense que ceci, ajouté à des dépenses
d'honoraires d'avocats agissant à titre de consultants qui
représentent $6200 et certains services techniques représentant
des honoraires de professionnels agissant à titre de consultants pour la
commission: $11000, constitue le montant de $166 000 auquel vous faites
allusion.
Le Président (M. Laplante): On adoptera
l'élément 1 en revenant à 20 heures. Nous suspendons nos
travaux à 20 heures. M. le député de Nicolet-Yamaska a des
questions à poser sur l'élément 2.
M. Fontaine: On peut adopter l'élément 1.
Le Président (M. Laplante): Élément 1.
Adopté?
M. Lalonde: Seulement l'élément 1.
Le Président (M. Laplante): Seulement
l'élément 1 du programme 2. Adopté.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Laplante): La commission suspend ses
travaux à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 17
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, mesdames,
messieurs!
Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen, M. le ministre, pour les autres
séances, d'être à peu près à l'heure parce
que, vous savez, les minutes sont comptées? Depuis hier, cela fait
déjà une heure qu'on perd seulement par les retards.
M. Bédard: Je m'excuse, M. le Président, d'avoir
été dix minutes en retard.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie de votre
intervention. On dirait même que le gouvernement a des choses à
cacher puisqu'il nous enlève une heure d'examen.
Le Président (M. Laplante): Je ne voulais pas soulever de
débat là-dessus. C'est seulement une demande de
coopération que j'ai faite, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Reprise des travaux de la commission de la justice...
M. Bédard: Ils ont toujours ce terme-là à la
bouche.
Le Président (M. Laplante): ... pour l'étude des
crédits budgétaires de l'année 1978/79. Nous étions
rendus au programme 2, élément 2. Comité pour la
protection de la jeunesse.
Comité de protection pour la jeunesse
M. Bédard: M. le Président, au niveau des
considérations générales, des crédits additionnels
estimés à $232 600 sont requis à cet élément
du programme pour l'exercice 1978/79. La majeure partie de cette hausse est
attribuable aux dépenses relatives au paiement des traitements
réguliers. En effet, environ $65 000 sont requis pour la mise en
application des différentes conventions collectives et un montant de
$150 000 est nécessaire pour financer l'accroissement du nombre
d'employés réguliers en place qui est passé de 32 à
41. Pour donner suite également à des questions, j'imagine, qui
viendront de la part de l'Opposition, on sait qu'à ce chapitre il y a
lieu de faire état de la nouvelle loi 24...
M. Lalonde: On s'attend à tout...
M. Bédard: ... concernant la protection de la jeunesse.
Alors, le comité pour la protection de la jeunesse a soumis au Conseil
du trésor son plan d'organisation afin de donner suite aux exigences de
la loi 24, relativement à la protection de la jeunesse. Les ressources
additionnelles requises pour la mise en application de cette loi ont
été estiméesje dis bien estimées
à environ $1 697 600 et requièrent 64 postes, ce qui fera passer
le budget de $1 099 100 à $2 796 700, dont une somme de $199 100 sera
affectée au ministère des Travaux publics. Le nombre total de
postes prévu est de 105. Nous avons, M. le Président, avec nous,
le président du Comité pour la protection de la jeunesse et nous
sommes prêts à répondre aux questions de l'Opposition.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, heureusement que la loi 24 a
été adoptée; elle est plus éloquente que le
ministre.
M. Bédard: On n'est pas ici pour faire de
l'éloquence, on parle de chiffres et de budget.
M. Lalonde: II reste quand même que je me serais attendu
à une démonstration beaucoup plus évidente, beaucoup
plus...
M. Bédard: Exubérante.
M. Lalonde: ... non, pas exubérante, mais beaucoup plus
convaincante de la volonté du gouvernement de mettre en application le
projet de loi no 24 qui, comme tous les participants à la commission
parlementaire l'ont reconnu à la fin des travaux qui ont
présidé à l'adoption de cette loi, est un projet commun de
tous les partis politiques. Ils ont pu contribuer d'ailleurs à son
amélioration lors de l'étude article par article.
J'aimerais savoir dans quelle mesure le nouveau budget, dont les
crédits sont prévus... là-dessus je vais ouvrir une
parenthèse. Il me semble que j'ai entendu le ministre dire qu'au niveau
des employés permanents, nous étions rendus à 107?
M. Bédard: Non, c'est le nombre... Si vous aviez
écouté un peu mieux les représentations que j'ai faites
tout à l'heure, les considérations générales, je
pense que vous n'auriez pas...
M. Lalonde: J'ai bien écouté, mais c'était
assez mêlé.
M. Bédard: Non, ça ne peut pas être
mêlé. Que vous soyez mêlé, c'est une chose, mais ne
mêlez pas tout le monde.
M. Lalonde: Reprenez-vous, je vous donne une deuxième
chance.
M. Bédard: Je vais vous donner la chance de vous
comprendre. Si vous aviez suivi les explications comme il le faut, vous auriez
réalisé que les demandes qui sont faites à l'heure
actuelle au niveau du Conseil du trésor, qui se chiffrent par $1 697 000
à peu près, et la demande de 105 postes additionnels expriment
éloquemment, beaucoup plus que des paroles ou des discours, le
désir du ministère de la Justice de mettre en application cette
loi 24 qui a été adoptée unanimement par
l'Assemblée nationale et unanimement aussi par les groupes
concernés.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre ne devrait quand
même pas s'étonner que l'Opposition...
M. Bédard: ... de votre incompréhension.
M. Lalonde: ... demande des détails lorsque les
crédits mêmes du Conseil du trésor ne font pas état
de cette demande. Les crédits du Conseil du trésor pour
l'année 1978/79, à l'élément 2 du programme 2,
comité pour la protection de la jeunesse, font état
d'employés permanents seulement. Je ne vois pas pourquoi le ministre se
surprend, quand il lance un chiffre de 105 employés, que l'Opposition se
pose une question.
M. Bédard: Si vous aviez écouté tout
à l'heure, j'ai très bien mentionné 105 employés.
Cela part de 41 à 105 employés.
M. Lalonde: Actuellement, on étudie $1099 1... Si vous
voulez tout changer cela, passez-nous des papiers et on va étudier autre
chose. Ce que j'ai actuellement, c'est $1 099 100 et 41 employés
permanents. Le ministre nous arrive avec toutes sortes de...
M. Bédard: Voulez-vous que je vous relise textuellement ce
que j'ai dit? Vous allez vous comprendre. Vous venez peut-être juste de
souper.
M. Lalonde: Qui doit-on croire, le ministre des Finances ou le
ministre de la Justice?
M. Bédard: Je vais vous relire exactement ce que je viens
de lire, au tout début des considérations. C'est exactement
ceci...
M. Lalonde: Je sais qu'il y a $1 600 000 et 105
employés.
M. Bédard: Bien alors.
M. Lalonde: Comment se fait-il que ce ne soit pas dans les
crédits? Est-ce que c'est un budget supplémentaire que vous
présentez ce soir?
M. Bédard: Si vous aviez suivi aussi bien que vous essayez
de le faire croire aux gens les discussions sur la Loi de la protection de la
jeunesse, vous auriez au moins constaté que ce budget est pris à
même le fonds consolidé. Pour les deux prochaines années...
c'était dans le loi elle-même.
M. Lalonde: On nous présente des chiffres, M. le
Président. Je me demande jusqu'à quel point on est sérieux
quand on nous présente des chiffres qui ne sont quand même pas
datés de l'an dernier. Ce document a été distribué
aux députés et au public, il y a seulement quelques semaines.
Voilà que le ministre veut qu'on discute de 105 postes permanents et de
$1 600 000. Je vais poser des questions...
M. Bédard: Vous avez l'air de vous comprendre, en tout
cas.
M. Lalonde: ... sur les documents que j'ai, do- cuments que le
gouvernement nous a soumis. Ensuite, on pourra quand même demander des
explications au ministre sur les prétentions qu'il vient de nous
communiquer.
Nous avons d'abord un premier rapport d'activités du
Comité pour la protection de la jeunesse qui a été, vous
le savez, le résultat d'une loi d'urgence que l'ancien gouvernement
avait cru bon de faire adopter dans l'attente d'une loi plus globale qui a
trouvé sa forme dans le projet de loi no 24. C'est un premier paragraphe
qui est très éloquent et qui fait état des
démarches qui ont été faites depuis quelques années
pour tenter de régler un problème crucial, à savoir la
protection de la jeunesse.
J'aimerais demander au ministre de quelle façon et quand
l'application de la loi 24 va pouvoir s'imbriquer dans l'action du
Comité pour la protection de la jeunesse qui est déjà en
fonction, qui a déjà fait ses preuves et qui a déjà
d'ailleurs produit son rapport. Quelles sont les démarches
concrètes qui seront faites durant l'année en cours et quelles
ont été les activités, parce que le rapport que nous
avons, qui est daté du 20 mai 1977, couvre naturellement la
période précédente... Il est possible que le ministre
demande à ses fonctionnaires de nous donner une vue d'ensemble. Je
comprends que le rapport de l'année dernière ne soit pas
prêt. C'est à peu près la situation dans laquelle nous
sommes à l'égard d'à peu près tous les organismes,
l'exercice financier s'étant terminé il n'y a quand même
pas tellement longtemps.
J'aimerais tout d'abord avoir l'état de ce qui s'est passé
l'année dernière et savoir comment l'application de la loi 24
sera faite; de quelle façon et quand les Québécois
pourront bénéficier de l'application de la loi 24.
M. Bédard: Au niveau des activités relevant
directement du mandat du comité, pour l'année 1977/78 par rapport
à 1976/77, la permanence, qui est, comme vous le savez, à la
disposition du public 24 heures par jour, sept jours par semaine, a reçu
9316 appels par rapport à 5049 appels mentionnés dans le rapport
de l'an passé.
Au niveau des signalements retenus pour fins de vérification,
suite à ces appels, en 1977/78, il y a eu 2882 appels par rapport
à 1731 l'an passé. Dans chaque cas vérifié, une
décision doit être prise quant à l'opportunité et
aux modalités d'intervention. Dans chaque cas
référé pour les services, le suivi du cas est
assumé, comme vous le savez, par le comité.
Au niveau des autres activités du comité, durant la
présente année, à la catégorie recrutement, les
effectifs du comité ont été portés, tel que je l'ai
dit tout à l'heure, à 41 réguliers et 6 occasionnels,
à la suite d'un concours de recrutement lancé en mai 1977, qui
s'est terminé en septembre 1977 et qui a permis d'engager onze nouveaux
conseillers en matière de protection juvénile.
Le comité a, de ce fait, poursuivi sa politique de
régionalisation en ouvrant des bureaux à Amos, à
Sherbrooke, à Chicoutimi et à Rimouski. Un
conseiller en protection juvénile à temps plein assure la
permanence du comité dans chacune de ces régions que je viens de
vous mentionner.
Au niveau des activités des postes budgétaires, la
régionalisation et les effectifs restreints ont apporté la
croissance rapide de certains postes budgétaires, comme le temps
supplémentaire et les frais de voyage. Le nouveau personnel a eu
à faire face à une charge de travail énorme,
suscitée par une présence directe auprès d'une population
assez peu sensibilisée jusqu'ici à la problématique de
l'enfance maltraitée. (20 h 30)
En juin 1977, le comité publiait, nous le savons, un premier
rapport d'activités couvrant ses opérations d'octobre 1975 au 31
mars 1977. Ce rapport comprenait les résultats d'une recherche
effectuée par le comité sur les caractéristiques des
parents abusifs et des enfants maltraités: 5000 copies de ce rapport ont
été distribuées aux organismes du réseau
socio-juridique, ainsi qu'aux professionnels de la santé et des affaires
sociales, de l'éducation, par l'intermédiaire de l'Editeur
officiel du Québec. Je pense que cela a servi également à
sensibiliser beaucoup des membres du comité interministériel qui
avait à faire le travail de préparation pour la loi 24.
Il y a eu également beaucoup d'autres activités qui ont
été amorcées et menées à terme par le
Comité de protection de la jeunesse. Le 1er avril, si on parle de la loi
24 elle-même, il y a une structure qui a été mise sur pied
et qui, à l'heure actuelle, travaille à ce que nous en arrivions
à ce que la Loi sur la protection de la jeunesse, dans son ensemble,
soit pleinement en application vers les mois d'octobre ou novembre, soit
dès cet automne. C'est un travail quand même assez ardu.
M. Lalonde: Oui, je remercie le ministre de ces précisions
qui nous rassurent quant à la volonté du gouvernement de mettre
en application cette loi le plus tôt possible. Si je comprends bien,
à l'automne de cette année, la totalité de la loi
24...
M. Bédard: De la loi 24.
M. Lalonde: ... dont le ministre de la Justice n'a qu'une partie
de la responsabilité...
M. Bédard: C'est-à-dire...
M. Lalonde: ... quant à l'application de la loi.
M. Bédard: ... que, quant à l'application, je crois
que la plupart des articles...
M. Lalonde: Non, le ministre de la Justice est chargé de
l'application des articles 12 à 30, 47, 73 à 131, 134 à
136, et le reste.
M. Bédard: Je pense que vous pouvez...
M. Lalonde: Et le ministre des Affaires sociales est
chargé du reste.
M. Bédard: Si vous vous référez aux
articles, vous pouvez constater que c'est une grande partie...
M. Lalonde: C'est considérable.
M. Bédard: ... de l'application de cette loi qui
relève du ministre de la Justice. D'ici la semaine prochaine, tous les
membres du nouveau Comité de la protection de la jeunesse seront
nommés. Comme vous le savez, nous avons, dans un premier temps, mis en
vigueur certains articles du projet de loi 24 qui nous permettent justement de
mettre en place les structures afin d'en arriver à sa pleine application
à l'automne.
M. Lalonde: Donc, M. le Président, je disais que nous
étions rassurés quant à l'application de cette loi. Je
voudrais poser quelques questions. Naturellement, toutes les autres questions
deviennent un peu suspendues, étant donné qu'on ne peut pas
s'interroger actuellement sur l'efficacité de la loi, sur ses
conséquences; nous devons attendre que la loi soit mise en application.
Consé-quemment, je pense que, tout en assurant le ministre et ses
fonctionnaires et le Comité de la protection de la jeunesse de la plus
grande collaboration de la part de l'Opposition officielle, le cas
échéant, au cas où cette collaboration serait
nécessaire, quant à la mise en vigueur, à l'application la
plus intégrale de cette loi, nous devons nous en reporter au
passé pour examiner quels ont été les problèmes.
J'ai remarqué dans le premier rapport d'activités c'est le
seul que nous ayons d'ailleurs du Comité de la protection de la jeunesse
certaines interrogations que le comité formulait en rapport avec
l'application de la loi et certaines conséquences pratiques. Ainsi,
à la page 22, on dit que certaines clarifications sur les pouvoirs quasi
judiciaires du CPJ doivent être rapportées, qu'il existe,
d'après l'opinion du comité, un écart entre ce qui semble,
avoir été l'intention du législateur et la portée
véritable du texte de loi. Remarquez, M. le Président, que je
parle toujours de la loi qui était en vigueur avant la loi 24. Est-ce
que les dispositions de la loi 24 ont corrigé cet écart, ont
apporté des clarifications que le comité souhaitait relativement
aux pouvoirs quasi judiciaires du comité?
M. Bédard: Oui, certaines représentations nous
avaient été faites concernant un premier projet que nous avions
mis de l'avant. Je ne veux pas répondre pour le président du
comité. Le gouvernement a certainement répondu aux
représentations qui avaient faites par le président du
Comité pour la protection de la jeunesse. D'ailleurs, je dois vous dire
que le président, M. Périard, et plusieurs des membres ont
travaillé très activement à la préparation de la
loi 24. Je pense qu'on peut leur rendre hommage.
M. Lalonde: Je suis d'accord avec cette déclaration
révélant que toutes les clarifications relativement aux pouvoirs
quasi judiciaires du comité ont été apportées. M.
le ministre invitait...
M. Bédard: Oui, nos préoccupations concernaient
surtout l'accessibilité des dossiers, cette possibilité d'avoir
accès aux dossiers. En vertu du chapitre 48 de la Loi des services de
santé et des services sociaux, l'article 7, il n'y avait pas
possibilité que le comité puisse avoir accès aux dossiers
des services sociaux, des hôpitaux, etc. Cela a été
corrigé dans la loi 24, la nouvelle Loi sur la protection de la
jeunesse; il y a un article spécifique qui permet au comité
d'avoir accès aux dossiers, donc, d'avoir les informations
nécessaires pour assurer son rôle de protection, de surveillance
de l'application de la loi.
M. Lalonde: Bon, je vous remercie. Je n'ai pas d'autres
questions. Sauf, la dernière, c'est la suivante. Pour ce qui concerne la
dernière année, donc celle qui a suivi l'année couverte
par le premier rapport d'activité, est-ce que vous avez connu le
même genre d'expérience au niveau des tendances quant aux
plaintes, quant aux cas qui vous sont soumis, les enquêtes que vous devez
faire? Est-ce que vous pourriez, sans faire naturellement un sommaire du
prochain rapport annuel, donner peut-être à cette commission une
vue d'ensemble de l'expérience que vous avez vécue lors de la
dernière année?
M. Bédard: Allez! Nous sommes un peu dans la même
situation que la Commission des droits de la personne. Je pense que,
grâce aux interventions du comité, le profil des situations s'est
répété dans la deuxième année. C'est le
profil des situations de la première année qui s'est
répété dans la deuxième année.
C'est-à-dire que nous avons eu, au fur et à mesure que le
comité est connu, notamment à cause de la régionalisation
qu'on a pu effectuer quand le comité est connu dans certaines
régions, le nombre de signalements. Nous appelons des signalements ce
que les gens appellent souvent des plaintes, et ce nombre a augmenté en
proportion de l'information qu'on a pu donner ou de l'implantation du
comité dans les régions. Les signalements sont du même type
aussi. D'une manière générale, ce qui est
intéressant, progressivement, les signalements sont venus en plus grand
nombre des professionnels que de la population.
Au début c'est la population, la voisine, la belle-mère,
des gens comme cela, ce qui veut dire que, très souvent, les
signalements s'avéraient plus ou moins fondés. Les professionnels
ayant été sensibilisés, je pense surtout aux
médecins, aux travailleurs sociaux, au monde scolaire, des gens qui sont
en contact avec les enfants, ces gens-là ont signalé, en plus
grand nombre, dans la deuxième année, ce qui nous apparaissait
répondre à l'effort qu'on avait fait de sensibiliser les milieux
professionnels particulièrement en contact avec les enfants.
Ces signalements-là se sont avérés fondés,
d'une manière générale, plus souvent que les signalements
venant de la population en général. Actuellement, il y a à
peu près la moitié des signalements qui nous viennent de la
population, l'autre moitié nous vient de ce que nous appelons les
professionnels, c'est-à-dire des gens qui, par leurs fonctions, sont en
contact avec les enfants.
Des signalements que nous recevons, plus de la moitié
s'avèrent fondés et la proportion de ceux qui nous viennent des
professionnels est plus grande, les cas fondés sont plus nombreux que
ceux qui nous viennent de la population.
En somme, on peut dire que le rapport, qui couvre les premiers mois
d'activités, une année et quelques mois, s'est
développé dans la même ligne dans l'année
subséquente, et notre deuxième rapport, je pense, va confirmer le
point de vue du profil des enfants maltraités et des parents abusifs au
Québec, il va ne faire qu'accentuer les traits qu'on a
déjà vus lors des premières interventions durant la
première période d'activités du comité.
M. Lalonde: Je vous remercie. Compte tenu de votre
expérience, donc deux ans et quelques mois, je pense que la seule
conclusion que nous pouvons apporter actuellement, et compte tenu surtout de
l'existence de la loi 24, que vous allez être appelé à
appliquer de façon progressive, est que nous ne pouvons que vous
souhaiter la meilleure chance possible et vous exprimer l'appui de la
population que nous représentons dans l'action que vous faites.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Pour continuer dans
la même veine, on a beaucoup parlé de déjudiciarisation.
Parmi les cas fondés que vous recevez, est-ce que vous pouvez nous dire
dans quelle proportion on a pu régler le problème d'une
façon volontaire?
M. Bédard: Nous avions un rapport, l'an passé, qui
était très éloquent sur cet aspect que soulève le
député de l'Union Nationale. Il explicitait jusqu'à quel
point étaient peu nombreux les cas où il avait fallu recourir aux
tribunaux. Cette année, c'est seulement entre 4% et 8% des cas qui ont
dû être référés au tribunal qui est, en
l'occurrence, la Cour du bien-être social. Tous les autres cas ont
été réglés par une approche non pas judiciaire,
mais beaucoup plus humaine, par la préoccupation que les membres du
comité ont apportée, à donner un traitement plutôt
social que judiciaire à ces cas de jeune délinquance.
D'ailleurs, c'était à la recommandation et aux suggestions
qui nous avaient été faites par des membres du comité que
nous avions formulé la demande au fédéral de hausser
l'âge de la criminalité de 12 ans à 14 ans, en ce qui a
trait à l'application de la Loi sur la protection de la jeunesse. Nous
n'avons pu obtenir gain de cause auprès du fédéral, mais
nous étions convaincus et nous sommes toujours convaincus que
l'âge de la criminalité devrait se situer à 14 ans, parce
que l'enfant de 12 ans, 13 ans, qui est en difficulté représente
beaucoup plus un cas social, à mon humble opinion, qu'un cas qui doit
être traité par les mécanismes judiciaires.
M. Fontaine: Est-ce que vous prévoyez qu'avec la nouvelle
loi 24, ce pourcentage va encore baisser?
M. Bédard: Je serais porté à dire que oui,
en principe; maintenant, je crois qu'il faut être prudent, parce que,
outre les cas de délinquance, avec la nouvelle Loi sur la protection de
la jeunesse, il va y avoir tous les autres cas additionnels qui
représentent une autre clientèle de jeunes qui vont être
soumis à l'application de la loi 24. Je pense bien que c'est
peut-être hasardeux, à ce moment-ci, de prévoir un
pourcentage des cas qui devront être traités par le judiciaire,
avec l'application de la loi 24.
M. Fontaine: J'aurais une dernière question, M. le
Président. Je voudrais savoir comment le comité voit, de quel
oeil il voit l'intervention d'un député dans un dossier. Parce
qu'il m'est arrivé, à quelques occasions, d'avoir à
intervenir et on m'a souvent fait la réponse: Demandez aux parents de
communiquer avec nous et on va s'occuper du cas, en me laissant entendre que
ces gens aimaient mieux qu'un député n'intervienne pas dans une
chose comme ça. Est-ce une politique générale ou si c'est
un cas particulier? (20 h 45)
M. Bédard: C'était spécifiquement dans les
cas d'enfants battus ou maltraités.
M. Fontaine: Pas nécessairement. Dans des cas où
les enfants avaient des problèmes particuliers,
référés par des écoles.
M. Bédard: Au fond, ce qui nous préoccupe beaucoup,
c'est qu'on intervient dans la vie intime et familiale des gens. Les gens,
parfois, veulent avoir des informations sur les interventions qu'on est
censé avoir faites. Quand la personne n'est pas le déclarant
lui-même, qu'on peut identifier comme celui qui nous a signalé la
situation, on est très réticent à donner des informations,
car il faudrait vérifier quelle est la personne qui veut s'informer.
Cela peut être très subtil. On essaie de se servir de nous,
notamment dans les litiges familiaux, les problèmes conjugaux, etc.,
parfois dans les requêtes en divorce qui sont pendantes devant le
tribunal, etc.
Ce n'est pas le fait que quelqu'un soit député, mais
quelle que soit la personne qui nous appelle pour avoir des informations sur
une situation donnée, d'une manière générale on ne
les donne pas, à moins que ce soit la personne elle-même qui nous
ait signalé la situation, par exemple un professionnel impliqué
dans la situation qu'on est capable de bien identifier. Autrement, n'importe
qui pourrait utiliser les renseignements qu'on a, qui proviennent de notre
entrée dans la vie intime des gens. C'est ce qu'on essaie de
respecter.
M. Fontaine: D'accord, merci.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
élément 2, adopté?
M. Lalonde: Adopté, tel que représenté dans
le...
Le Président (M. Laplante): Dans le livre?
M. Lalonde: Dans le livre du ministre des Finances, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Programme 2, adopté en
entier?
M. Lalonde: Adopté.
Gestion interne et soutien
Le Président (M. Laplante): Programme 3: Gestion interne
et soutien. C'est un programme qui vise à planifier, diriger et
coordonner les ressources humaines, physiques et financières
essentielles à la gestion des programmes du ministère.
M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, quelques commentaires
sur les variations budgétaires qu'on peut remarquer dans ces programmes.
Le budget du programme 3: Gestion interne et soutien, a été
estimé à $14 534 600 pour l'année financière
1978/79, ce qui représente une augmentation de $1 442 700.
La raison majeure justifiant l'addition de ces crédits consiste
dans l'application de la nouvelle politique en matière de
préparation de la législation gouvernementale. Ceci implique un
effectif additionnel de 37 personnes ainsi que des coûts estimés
à $958 300 pour les traitements et autres dépenses.
De plus, des sommes importantes ont été ajoutées au
budget, d'abord au niveau des traitements, pour la mise en application des
différentes conventions collectives des employés, ce qui
représente un montant de $631 200, et au niveau des services
professionnels, suite au renouvellement du contrat pour le service
d'informatique avec la firme Aquila, ce qui représente un montant de
$425 000.
Enfin, un nouveau programme d'information et de publicité a
été prévu afin de mieux faire connaître le
ministère de la Justice, tant au grand public qu'aux individus à
l'emploi du ministère. Il s'agit d'un budget de l'ordre de $200 000.
D'autre part, lors de l'établissement des prévisions
budgétaires, des réaménagements totalisant environ $750
000 ont été apportés pour tenir compte de certains
facteurs, dont les plus importants sont les suivants: premièrement,
l'imputation à d'autres programmes du ministère des ressources
prévues en ce qui regarde l'embauche des stagiaires en droit et une
entente avec la ville de Longueuil concernant la garde et le transport des
contrevenants. Cela représente un montant de $365 000.
Également, il y a la cessation des activités de l'Office
de révision du Code civil qu'il faut souligner. On peut remarquer une
somme de $230 000 en moins.
C'est l'essentiel des commentaires généraux. Selon le
désir des membres de l'Opposition, on peut aller élément
par élément ou par des questions générales.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Globalement, comme d'habitude, sur l'ensemble,
d'accord.
M. Lalonde: Sur l'ensemble des éléments, oui.
Au niveau de la direction, à l'élément 1, je vois
une diminution de $3,2 millions à $2,4 millions. Est-ce que cela veut
dire qu'on va avoir un ministère encore plus faible...
M. Bédard: À l'élément?
M. Lalonde: ... une direction encore plus faible que celle de
l'année dernière?
Le Président (M. Laplante): Élément 1.
M. Lalonde: L'élément 1, la direction, on passe de
$3,2 millions à $2,4 millions.
M. Bédard: Les explications sont les suivantes: Lors de
l'établissement des prévisions budgétaires pour l'exercice
1978/79, des ajustements ont été apportés à
certains postes budgétaires pour tenir compte de variations importantes
dans les activités des divers centres de responsabilité.
L'élément 1, Direction du programme 3... Une seconde.
Direction
M. Lalonde: L'élément 1, intitulé Direction,
du programme 3.
M. Bédard: L'élément 1 du programme 3,
etc.
Les centres de responsabilité dont il est question sont le
cabinet du ministre, le cabinet du sous-ministre, le service de l'information,
le bureau de l'administration de la Loi des huissiers.
Le résultat arithmétique de ces ajustements permet de
constater une diminution budgétaire de l'ordre de $738 900 pour
l'année financière 1978/79, laquelle s'explique par les faits
suivants: d'abord, une diminution des crédits requis pour donner suite
à divers transferts de postes effectués au cours de l'exercice
1977/78, principalement au bénéfice de la direction
générale des affaires législatives, ce qui
représente un montant de $245 900; une diminution du nombre
d'hommes-année, suite à un transfert de quarante postes à
temps partiel au contentieux civil et criminel pour l'embauche de stagiaires en
droit, ce qui représente $227 600. Il y a eu la cessation des travaux
exécutés par l'Office de révision du Code civil. Cela
représente un montant de $230 000. Dans les autres raisons expliquant
cette diminution budgétaire, il y a le transfert des ressources à
l'élément 2 du programme 4 du ministère pour ce qui
regarde l'entente avec la ville de Longueuil pour le transport et la garde des
contrevenants.
Cela représente un montant de $140 000. Le transfert, à
l'élément 6 du programme 3, des crédits
réservés pour la préparation de projets de loi, de
réglementations et de législations représente une somme de
$60 000. Il y a également la réduction des crédits
réservés pour certaines études ou dépenses
spéciales dans le but d'affecter ces ressources à d'autres fins
jugées plus prioritaires. Cela représente une somme de $100 000
en termes de diminution. Il y a des crédits additionnels requis pour la
mise en application de différentes conventions collectives, ce qui
représente $107 800. Enfin, il y a l'augmentation des crédits
requis pour donner suite au programme d'information et de publicité
projeté afin de mieux faire connaître le ministère de la
Justice, tant au grand public qu'aux individus à l'emploi du
ministère. Ceci représente une somme de $200 000. Ceci constitue
l'ensemble des éléments qui expliquent la somme que vous avez
mentionnée.
M. Lalonde: Le ministre peut-il nous dire si son cabinet, le
cabinet du ministre a été modifié, augmenté durant
l'année précédente?
M. Bédard: L'an passé, je n'ai eu aucune
hésitation, c'est avec plaisir que j'ai produit la liste de tous les
membres de mon cabinet. Je ne peux pas vous citer cela par coeur.
Peut-être que la commission...
M. Lalonde: Ma question, c'est: Est-ce qu'il y a eu des
augmentations, tout simplement?
M. Bédard: ... accepterait que je dépose aussi la
liste pour la présente année.
M. Lalonde: Oui. Écoutez, au lieu de prendre du temps, si
mardi matin on revient, de toute façon, vous déposez la
liste.
M. Bédard: En tout cas, je peux vous dire une chose, il
n'y a sûrement pas eu d'augmentation substantielle des membres de mon
cabinet, peut-être une personne au niveau des secrétaires, ou
l'équivalent. Je peux déposer la liste immédiatement, avec
les salaires.
M. Lalonde: Étant donné que vous n'avez pas toutes
les copies, si vous la distribuez mardi matin, on pourrait passer à
autre chose.
Le Président (M. Laplante): Vous pourriez en faire la
distribution volontairement mardi, pour les autres membres de la
commission.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
M. Bédard: À mon souvenir, il y a peut-être
un poste de plus rempli par une secrétaire.
M. Lalonde: On se fie à la parole du ministre, et on va
s'appuyer sur le document.
Pour ce qui concerne les $200 000 d'augmentation au niveau des
communications, j'ai remar-
qué qu'à plusieurs reprises... J'ai participé aux
débats sur les crédits d'un autre ministère avant de venir
ici, et on remarque une tendance un peu générale des organismes,
des gouvernements, des ministères d'augmenter de façon assez
substantielle les crédits au niveau des communications. Il n'y a aucun
doute que tout le monde étant pour la vertu et la maternité,
personne ne peut critiquer le désir que les actions du gouvernement
soient connues du public. Nous, de notre côté, l'Opposition
officielle, plus le public va connaître les actions du gouvernement, plus
rapide va être notre arrivée au pouvoir. Je n'aimerais pas que
cela se fasse...
M. Bédard: On n'a pas peur de courir le risque.
M. Lalonde: ... aux dépens des concitoyens, par exemple.
J'aimerais que le ministre nous indique quels sont les programmes particuliers
assez précis qui seront financés par les fonds de tous nos
concitoyens pour faire connaître le ministre et son ministère
jusqu'à concurrence de $200 000 d'augmentation cette année.
M. Bédard: D'une façon générale, mon
sous-ministre...
M. Lalonde: On sait qu'il y a un référendum qui
s'en vient, mais on ne voudrait pas que cela serve d'occasion au
ministre...
M. Bédard: Je pense même qu'il... M. Lalonde:
... de pécher.
M. Bédard: Qu'il me soit permis de dire au
représentant de l'Opposition officielle qu'il est superflu d'avertir le
gouvernement, concernant l'utilisation de la publicité. Ces
augmentations sont, je pense, nécessaires. Nous savons jusqu'à
quel point on l'a vu avec la Sûreté du Québec, ce matin,
qui nous a fait la preuve, la démonstration jusqu'à quel point il
peut être positif de renseigner équitablement le public sur ses
droits. Avec la Sûreté du Québec, en ce qui a trait aux
campagnes de sécurité routière, vous avez
été à même de constater qu'également les
efforts de publicité pour renseigner le public augmentaient dans ce
secteur du programme. Je pense que cela nous donnait comme effet qu'au niveau
des accidents, la population étant mieux sensibilisée, on a un
meilleur respect des lois. Je ne veux pas être long là-dessus.
M. Lalonde: Vous n'avez qu'à nous donner des
réponses courtes et cela va aller.
M. Bédard: Un des buts principaux, c'est de faire valoir
davantage l'aspect social de l'administration de la justice en soutenant, entre
autres, d'une façon bien spéciale, l'action du Comité pour
la protection de la jeunesse dont on a parlé tout à l'heure.
M. Lalonde: Combien d'argent pour le Comité pour la
protection de la jeunesse?
M. Bédard: Le sous-ministre va vous donner, avec le plus
de détails possible, l'ensemble du programme qui a été
prévu. (21 heures)
M. Lalonde: Un montant de $77 000 avait déjà
été consacré au Comité pour la protection de la
jeunesse à l'élément 2 du programme 2.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Combien votre soutien nous coûte-t-il?
M. Bédard: Permettez-vous qu'on réponde?
M. Lalonde: Oui, s'il vous plaît!
M. Bédard: Je vous remercie. M. le Président, sur
la question de l'information et de la Direction des communications, il y a eu,
durant la dernière année, un rattachement du programme 06 au
programme 03 de la Direction des communications. Je dois dire qu'actuellement,
sur le plan des effectifs, il y a 13 personnes permanentes dans le service; ce
qui signifie certainement pour un ministère de l'importance de celui de
la Justice une situation qui laisse place à de l'amélioration.
Dans cette optique, il a été prévu cette année, sur
le plan budgétaire, compte tenu du fait qu'une évaluation du
service a été faite et que le recrutement n'est pas facile, de
compenser en ayant une somme additionnelle de $200 000. Le budget de l'an
passé pour l'information était de $200 000, y inclus les
traitements du personnel en place.
Il y a une foule de programmes un peu de routine, mais essentiels
comme le placement, dans les media, de soutien de divers organismes,
comités ou commissions; le soutien publicitaire pour la mise sur pied
d'une semaine juridique; la conception et la fabrication d'un kiosque et la
réservation d'espace; la réimpression d'un nombre important de
brochures sur les régimes matrimoniaux, les dépôts
volontaires, le mariage civil, le système judiciaire, les guides
d'accès à la loi de la justice, le citoyen face au Code criminel.
Il y a une réimpression de ces brochures.
Il y a de nouvelles brochures sur les témoins, les jurés,
les actes d'état civil et le recours collectif qu'on souhaite mettre de
l'avant. Il y a également un dépliant sur la Loi des armes
à feu en collaboration avec le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, plus la possibilité d'une campagne
publicitaire sur le ministère de la Justice qui n'est pas
décidée pour laquelle il y aura un certain montant.
Quant au Comité pour la protection de la jeunesse, dont le budget
est prévu sur le fonds consolidé celui dont il a
été question tantôt il y a une somme de $1 600 000
environ. Il y a des fonds de prévus pour l'information
spécifiquement à ce niveau.
M. Lalonde: Donc, ils ne sont pas contenus dans les $200 000.
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Vous a-t-il été possible de mettre des
chiffres sur chacun des postes que vous venez de nous mentionner soit sur la
semaine juridique, soit sur un kiosque j'imagine que le kiosque, c'est
à l'occasion d'une réunion ou d'une fin de semaine...
M. Bédard: Le congrès du Barreau. M. Lalonde:
Ah! du congrès du Barreau. M. Bédard: Nous serons
présents. M. Lalonde: C'est excellent.
M. Bédard: C'est le moment pour le ministère
d'être présent partout.
M. Lalonde: ... soit des brochures... Le ministre a beaucoup
à faire pour dorer son image auprès du Barreau.
M. Bédard: Je ne serais pas inquiet de comparer mon
image...
M. Lalonde: Alors, je l'encourage à avoir un beau
kiosque.
M. Bédard: ... à celle que vous aviez.
M. Lalonde: Un excellent kiosque; pas trop cher, par exemple.
Combien coûte la semaine juridique et le kiosque? C'est important. Vous
demandez $200 000 de notre argent.
M. Bédard: Oui, mais attendez.
Le soutien publicitaire pour la semaine juridique coûte $25 000.
Le kiosque coûte $5 000 pour la conception et la fabrication et $1 000
pour la réservation d'espace.
M. Lalonde: On arrive à $31 000. Il me reste $169 000
à aller chercher...
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: ... dans la réimpression de brochures.
M. Bédard: Pour une somme de $80 000.
M. Charbonneau: S'il avait fallu faire cela avec les
Olympiques.
M. Bédard: Vous auriez mieux fait de surveiller les
Olympiques.
M. Lalonde: Quand le gouvernement est mal pris, il s'accroche
toujours à de vieilles affaires.
M. Bédard: On n'est pas mal pris du tout; on vous donne
toutes les explications. Cela me fait rire.
M. Alfred: M. le Président...
M. Lalonde: Alors, pourquoi ai-je entendu le député
de Verchères japper?
Le Président (M. Laplante): Peut-on retourner à
l'élément du programme 3, s'il vous plaît?
M. Alfred: M. le Président.
M. Bédard: En tout cas, c'est moins difficile d'expliquer
$200 000 que le déficit des Olympiques de $1 milliard.
M. Lalonde: Mais allez-vous expliquer le déficit de $1
milliard du ministre des Finances?
M. Bédard: On va tout vous expliquer cela. M. Alfred:
Les 18 milliards pour la baie James. M. Clair: 9% du budget.
M. Lalonde: II me semblait que votre chef était d'accord
avec la baie James.
M. Alfred: ... il est d'accord en soi... M. Lalonde:
Est-ce qu'il est d'accord?
M. Alfred: ... mais il n'est pas d'accord avec la
non-planification de la baie James.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre!
M. Lalonde: Je n'ai pas invoqué le règlement. Je
voulais...
Le Président (M. Laplante): Non, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous voulez continuer dans la
même...
M. Lalonde: ... que le député de Papineau
m'explique pourquoi son chef est d'accord avec la baie James, les 18
milliards.
M. Alfred: M. le Président, il a mal compris
l'intervention du premier ministre.
Le Président (M. Laplante): Je ne suis pas d'accord pour
qu'il explique... À l'ordre, s'il vous plaît, M. le
député de Papineau! Vous pouvez continuer, M. le ministre, avec
votre réponse. S'il vous plaît!
M. Lalonde: Des milliards.
M. Alfred: M. le Président, je crois que le ministre a mal
compris l'intervention du premier ministre.
M. Fontaine: Le ministre lui a dit de ne pas parler.
M. Lalonde: Alors, $80 000 pour les brochures
réimprimées, la réimpression de brochures, $25 000 pour la
semaine juridique et $6000 pour le kiosque. Nous sommes rendus à un plus
de $100 000.
M. Bédard: $24 000 pour les nouvelles brochures, pour les
témoins, les jurés, le recours collectif etc.,
C'est loin du référendum.
Les dépliants sur les armes à feu.
M. Lalonde: On va vous surveiller à chaque pas.
M. Alfred: Aussi bien que Québec-Canada aussi.
M. Lalonde: Comptez sur nous.
M. Bédard: Je regrette que vous ne vous soyez pas
surveillés aussi bien quand vous étiez là, on n'aurait pas
eu le déficit d'un milliard des Olympiques.
M. Lalonde: Quand on est mal pris, on évoque toujours des
vieilles affaires. Est-ce que vous avez d'autres révélations
à nous faire? Faites-nous une révélation.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre. M. Lalonde:
L'affaire Fabien, par exemple.
M. Alfred: Vous avez... Positive Action,
Québec-Canada.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous continuer, s'il
vous plaît, monsieur...
M. Bédard: S'il avait fallu que vous ayez le courage de
faire les enquêtes que vous auriez dû faire.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre vous voulez
donner d'autres chiffres, s'il vous plaît, pour compléter les $200
000?
M. Alfred: On parle du Québec là-dedans.
M. Lalonde: M. le Président, cela fait deux fois que vous
rappelez le ministre à l'ordre.
Le Président (M. Laplante): Non, je ne l'ai pas
rappelé à l'ordre, je lui ai seulement demandé de
compléter les chiffres, monsieur.
M. Lalonde: Au début, à cause de son retard
inexplicable.
M. Bédard: II y a seulement en commission que j'ai le
droit à un petit peu de désordre.
M. Lalonde: Laissez parler le sous-ministre, c'est beaucoup
mieux. Remarquez qu'au journal des Débats cela va paraître comme
étant le ministre.
M. Bédard: Nous allons continuer.
M. Lalonde: C'est tellement beau à lire parfois, on
s'aperçoit que c'est quelqu'un d'autre qui parle.
M. Bédard: Nous allons continuer. Si vous aviez quelqu'un
pour parler à votre place ce serait probablement plus
compréhensible.
M. Lalonde: Allez! Une réponse.
M. Bédard: Pour compléter, pour les nouveaux
dépliants $5,500...
M. Lalonde: On est rendu à $5000.
M. Bédard: ... ce sont les armes à feu et d'autres
publications. Il reste, pour compléter les $200 000, une somme de $102
000 qui n'est pas arrêtée quant aux types de campagne, en fait ce
qui est en réfection c'est une campagne de présentation du
ministère de la Justice à ce moment-ci.
M. Lalonde: Sur le ministère de la Justice.
M. Bédard: Vous surveillerez. Comme ministère de
services aux citoyens.
M. Lalonde: Nous sommes remplis d'appréhension, M. le
Président.
M. Alfred: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Alfred: Est-ce que je peux parler?
Le Président (M. Laplante): Avez-vous donné votre
nom?
M. Alfred: Non, j'allais intervenir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Relativement à la direction du
ministère, M. le Président, c'est là qu'on touche de plus
près, disons, à l'action du ministre de la Justice. On sait que
le ministre de la Justice a pour fonction primordiale, en plus de celle de
Procureur général, celle de jurisconsulte du gouvernement et de
ses membres. Je voudrais poser une question au ministre à savoir s'il
est d'accord, comme jurisconsulte du gouvernement et de ses membres, avec
l'intervention de membres du gouvernement à titre de témoins
auprès d'organismes quasi judiciaires du gouvernement. Comme
exemple...
M. Bédard: Ma réponse sera très claire. Je
crois que chaque ministre doit prendre ses responsabilités et
répondre de ses actions.
M. Lalonde: Alors le ministre de la Justice ne s'inquiète
pas du tout de l'influence que cela peut...
M. Bédard: Je ne vous ai pas dit... Prenez donc les
réponses. Vous m'avez demandé une réponse là.
M. Lalonde: Oui, sûrement, je...
M. Bédard: Je vous la donne. Alors arrêtez de faire
des interprétations.
M. Lalonde: Non, je regrette. Le ministre prend la
responsabilité de ses réponses. Mais, je peux faire les
interprétations que je veux.
M. Bédard: On a un gouvernement où chacun est
capable de prendre ses responsabilités et a à répondre de
ses actions.
M. Lalonde: M. le Président, ma deuxième question:
Est-ce que le ministre ne trouve pas dangereux, au niveau de la liberté,
de l'indépendance des organismes quasi judiciaires, que des ministres
acceptent de témoigner auprès de ces organismes, comme par
exemple, celui de la Commission des transports, où le
député de Maisonneuve, ministre d'État à la
réforme parlementaire et de toutes sortes d'autres choses, est
allé témoigner? Il a même admis, dans son
témoignage, qu'il ne pouvait pas briser sa personnalité en deux
ou en trois, qu'il parlait comme ministre tout en n'ayant aucun mandat du
gouvernement pour intervenir. Est-ce que le ministre de la Justice,
jurisconsulte du gouvernement, protecteur de l'intégrité de la
justice en cette province, ne se rend pas compte qu'une intervention comme
celle-ci...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, cela m'embête un peu...
M. Lalonde: Cela embête surtout le ministre, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Non, cela m'embête un
peu, parce que je crois que cela sort du programme 3 actuellement...
M. Bédard: Gardez votre manière d'aller...
M. Lalonde: Je parle de direction. Nous sommes dans la
direction.
M. Bédard: Gardez votre manière d'aller, des
insinuations continuelles.
M. Lalonde: Nous sommes dans la direction du ministère, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): C'est pas mal sur la
clôture.
M. Lalonde: Merci pour la clôture, M. le Président,
je sais que, démocrate comme vous êtes...
Le Président (M. Laplante): Je vous demanderais
d'être très prudent par exemple dans...
M. Lalonde: Vous avez vu ma ligne d'action. C'est très
clair.
M. Bédard: La ligne d'insinuation. Allez-y.
Le Président (M. Laplante): Non, je n'ai pas à
juger de cela.
M. Lalonde: Cela fait mal. Alors, répondez donc aux
questions. Est-ce que le ministre ne se rend pas compte...
M. Bédard: Décidez-vous à formuler votre
question.
M. Lalonde: Je l'avais formulée, j'ai été
interrompu par le président. Est-ce que vous critiquez l'action du
président?
M. Bédard: C'est toujours la même chose, il se
défend sur les autres. Il a toujours fait cela.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre ne se rend pas compte qu'il
est dangereux pour l'indépendance des organismes quasi judiciaires qu'un
ministre intervienne comme témoin? Dans le cas du député
de Maisonneuve, celui-ci a même admis qu'il ne pouvait pas nier qu'il
était ministre, que ce n'était pas avec un mandat du Conseil des
ministres, mais que l'influence du ministre s'est fait sentir. Est-ce que le
ministre de la Justice, avec son sentiment...
M. Clair: M. le Président, une question de
règlement.
M. Lalonde: ... le sens de la justice que je lui connais, ne
trouve pas cela dangereux?
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur le
député de Drummond.
M. Alfred: Une question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Une question de
règlement, monsieur.
M. Clair: M. le Président, je soulève une question
de règlement, parce que, premièrement, il me semble qu'il y a
là dans les propos du député de Marguerite-Bourgeoys des
insinuations absolument malveillantes à l'endroit du
député de Maisonneuve. Dans ce sens-là, M. le
Président, il me semble que si le député de
Marguerite-Bourgeoys désire attaquer la conduite de quelque membre que
ce soit à l'Assemblée nationale, il peut le faire, il y a des
moyens prévus à l'Assemblée nationale. Qu'il utilise donc
les moyens prévus plutôt que de faire des insinuations en
commission parlementaire au moment où on est à étudier les
crédits du
ministère et non pas pour attaquer la conduite d'un membre de
l'Assemblée nationale, quel qu'il soit, M. le Président.
M. Alfred: Une question de règlement, M. le
Président, surtout quand celui qui parle a été ministre de
la Justice.
M. Lalonde: M. le Président, je ne sais pas s'il y a un
règlement qui me permet de corriger. Je n'ai jamais été
ministre de la Justice.
M. Alfred: Solliciteur général.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous ferai remarquer une chose. C'est une question que
j'aurais bien pu laisser passer dans le programme 1, qui concerne
l'administration et le fonctionnement du système judiciaire. Il y a des
questions qui ont été posées. Actuellement, on regarde le
programme de gestion interne et soutien. Ce programme vise à planifier,
diriger et coordonner les ressources humaines physiques et financières
essentielles à la gestion des programmes du ministère. C'est
difficile, à l'étude des crédits...
M. Lalonde: M. le Président, je pourrais peut-être
poser la question au programme 5, la réinsertion des délinquants
ou dans le contentieux général du gouvernement, au programme 9.
On doit trouver là une espèce de direction du ministre de la
Justice sur ce qui se passe. Si on veut être formaliste, je peux...
Le Président (M. Laplante): C'est justement ce que je ne
voudrais pas. La commission, depuis le début de l'étude des
crédits, va bien. Autant que possible, j'aimerais me tenir dans le cadre
de chacun des programmes. Ce que je vous demande, c'est votre
coopération. Autant que possible il faut rester à
l'intérieur du cadre de chaque programme.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question de
règlement à soulever. C'est un peu sur la question de
règlement du député de Drummond, à savoir que ma
question se trouve à attaquer la conduite d'un membre de cette Chambre.
Je pense que je suis tout à fait autorisé à demander au
ministre de la Justice quelle est son opinion sur la légalité
d'une action du gouvernement ou de ses membres, ou même pas
nécessairement la légalité, mais le caractère
désirable dans notre système de justice, ici au Québec.
(21 h 15)
Si la conduite d'un membre avait donné ouverture à
l'application d'un règlement qui aurait pu nous amener à un
débat sur sa conduite, cela aurait été à un autre
endroit qu'on aurait dû le faire. C'est pour ça qu'il faut bien
distinguer entre la question que je pose actuellement au ministre de la
Justice, comme jurisconsulte, au niveau de l'élément direction du
ministère. Il l'a dit, son cabinet et lui-même sont inclus
actuellement dans cet élément de programme.
Alors, il me semble que c'est ici, comme ailleurs, d'ailleurs, que je
pourrai le faire, que je dois poser une question d'opinion, de leadership du
ministre de la Justice en ce qui concerne l'administration de la justice au
Québec. Là-dessus, je vais...
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: Je n'ai pas terminé, M. le Président,
je n'ai pas terminé.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Vous n'avez pas
terminé? D'accord, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Là-dessus, M. le Président, si vous
considérez que la pertinence se retrouvait ailleurs, je vais
sûrement m'incliner devant votre décision. Mais je pense que je
devais parler sur la question de règlement soulevée par le
député de Drummond, parce que c'est au ministre de la Justice que
je pose la question. C'est seulement ici, au niveau des crédits, que je
peux le faire. Alors, c'est important, pour l'administration de la justice, de
savoir si les ministres vont s'éparpiller d'organisme en organisme, de
régie en commission, pour influencer, même de bonne foi; on dit
que c'est de la transparence, mais il ne faut quand même pas être
aveugle, ça influence.
Est-ce que le ministre de la Justice, comme protecteur de
l'intégrité de l'administration de la Justice au Québec,
est d'accord avec ça? Je pense que beaucoup de critiques ont
été exprimées à l'égard d'un fait en
particulier; c'est à l'occasion de ce fait que je pose la question
générale au ministre. Je pense qu'il est tout à fait
pertinent que cette commission parlementaire, à l'occasion de l'examen
des crédits de la direction du ministère c'est la
direction de tout le ministère; donc, la direction du ministère
de la Justice, jurisconsulte de tout le gouvernement la conduite,
l'opinion, pose la question au ministre: Quel est son opinion à cet
égard?
Si vous préférez que je la pose à un autre moment,
je le ferai.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, pour faire avancer le
débat, peu importe à quel programme pourrait se situer une telle
question, je suis prêt à répondre au député
de Marguerite-Bourgeoys dans le sens où je l'ai déjà fait,
à savoir que chacun des ministres, au niveau de ce gouvernement, est
responsable des actes qu'il a à poser; responsable non seulement
vis-à-vis du Conseil des ministres, vis-à-vis de l'ensemble des
membres de l'Assemblée nationale, mais également vis-à-vis
de l'ensemble de la population.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, honnêtement...
M. Bédard: Le ministre... M. le Président...
Le Président (M. Laplante): ... je serais
embêté de ne pas vous laisser poser votre question, parce que je
cherche actuellement...
M. Bédard: Mais, M. le Président, je l'ai
acceptée.
Le Président (M. Laplante): Vous l'acceptez?
Parce qu'il n'y a aucun programme, ce que je voulais noter, qui
m'indique à quel moment une demande de ce genre peut se situer dans un
programme quelconque.
J'accepte votre question, M. le député.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
M. Bédard: M. le Président, j'ai répondu au
député de Marguerite-Bourgeoys. Il ne faut quand même pas
essayer d'identifier le poste de ministre à celui de policier de
l'Assemblée nationale. Chaque ministre est quand même responsable
de ses actes et c'est ainsi que je conçois que, si le
député a des questions à poser, d'une façon plus
particulière, à un ministre ou à un autre, concernant des
actes posés, je crois qu'il lui est loisible de le faire à
n'importe quel moment, à l'Assemblée nationale ou encore à
l'occasion d'études de crédits, ou directement à la
personne à qui il a fait allusion.
M. Lalonde: Le ministre ne croit-il pas de son devoir de
protecteur de l'intégrité et de l'administration de la justice,
de l'intégrité du gouvernement aussi, dans une certaine mesure
la population regarde le ministre de la Justice comme étant celui
qui doit déterminer les normes de rappeler certaines normes? Il
ne s'est pas prononcé à savoir s'il croit que cela peut porter
atteinte au caractère d'indépendance de certains organismes quasi
judiciaires qu'on a instaurés dans la loi, que le législateur
avant nous a créés, indépendants du gouvernement, des
ministres, des ministères et des députés, pour que leur
action soit complètement indépendante et conforme à la
loi.
Ne croit-il pas de son devoir d'établir un certain nombre de
normes, vu l'exemple que je viens de mentionner, simplement pour
protéger l'intégrité de l'administration de la justice? Je
pense que c'est le ministre de la Justice qui est le principal interlocuteur
que la population regarde. Exception faite du chef du gouvernement. Nous sommes
aux crédits du ministère de la Justice et je pense que c'est
l'interlocuteur privilégié de toute la population pour ce qui
concerne l'intégrité de l'administration de la justice. Est-ce
qu'il ne croit pas de son devoir d'établir des normes aux membres du
gouvernement? D'accord ce n'est pas répondre à la question
tout le monde est responsable de ses gestes. Mais il est quand
même le chef du ministère de la Justice.
M. Bédard: Même si on est chef du ministère
de la Justice, il reste que chacun des ministres est responsable des actes
qu'il doit poser ou qu'il a posés. Dans ce sens-là, il ne faut
pas assimiler le rôle du ministre de la Justice à celui de
policier, tel que je vous l'ai mentionné tout à l'heure. Je crois
que si le député de Marguerite-Bourgeoys veut avoir
réponse à la question qui le préoccupait concernant un
membre du Conseil des ministres qu'il a mentionné, il me semble que la
voie directe, c'est de lui poser la question personnellement, à la
première occasion.
M. Lalonde: M. le Président, cela ne répond pas
à ma question. On pourrait peut-être critiquer la conduite d'un
membre, y compris celle du député de Maisonneuve. C'est possible
que cela se fasse un jour, c'est possible que cela se fasse ailleurs, c'est
possible que cela se fasse à l'occasion d'autres crédits.
Mais ma question est beaucoup plus fondamentale. Ma question concerne la
responsabilité du ministre de la Justice, c'est ce qu'on étudie
ici. Nous sommes à la direction du ministère de la Justice. En
admettant que la discussion concernant la conduite d'un autre membre se fasse
ailleurs, à un moment donné, peut-être aux crédits
des Transports, je ne sais pas si la question a été posée,
les crédits des Transports sont terminés...
M. Fontaine: II reste une heure.
M. Lalonde: L'étude n'est pas terminée, bon.
Concernant le cas particulier de Alliance Sécurité Blindé,
cela peut se faire, à ce moment-là. Mais je demande au ministre
de la Justice...
M. Bédard: La commission relève du ministre des
Transports.
M. Lalonde: Pardon?
M. Bédard: La commission relève, comme vous le
savez, du ministre des Transports.
M. Lalonde: Oui. Mais tout ce qu'on peut savoir du ministre des
Transports: Est-ce que les lois ont été appliquées comme
il le faut, les lois du transport, les lois de la commission? Ce n'est pas une
question de loi, à ce moment-là, c'est une question
d'équité, c'est une question d'éthique politique. Le
ministre de la Justice, dans son action, dans sa direction, dans sa mission de
protecteur de l'intégrité de l'administration de la justice, a
une vue d'ensemble beaucoup plus large. C'est pour cette raison que je pose la
question ici. C'est ici qu'elle doit se poser, en plus d'être
posée ailleurs, s'il le faut.
Mais au-delà de tout débat qui peut avoir lieu ailleurs,
il me semble que c'est ici, comme ministre de la Justice... Est-ce que le
ministre ne pense pas que cela peut porter atteinte au caractère
d'indépendance que de voir, de la part d'un président de
commission, d'un président de régie, d'un ministre, venir
témoigner et dire: Moi, je veux que tel permis soit accordé
à telle personne.
Est-ce que vous ne trouvez pas qu'il y a une certaine atteinte à
l'intégrité, à l'indépendance, que la loi tente de
donner à cet organisme? Comme ministre de la Justice, est-ce qu'il ne
devrait pas émettre une mise en garde au moins, un rappel à
l'intégrité de l'administration de la justice? Voilà mon
avis.
M. Bédard: Je n'ai pas de rappel à faire au niveau
de l'intégrité.
M. Lalcnde: J'ai posé la question cinq fois, c'est
assez.
M. Bédard: C'est assez, sûrement.
M. Lalonde: Nous porterons nos conclusions...
M. Bédard: Vous auriez pu prendre la première
réponse que je vous ai donnée: c'est la même. Même si
vous me posez vingt fois la même question, je vous ai très bien
exprimé que ma conviction était que chaque membre...
M. Lalonde: ... que vous ne voulez rien faire, de l'attentisme,
ne rien faire, c'est cela.
M. Bédard: ... du gouvernement était responsable
des actes qu'il avait à poser. Il faudrait arrêter d'assimiler le
rôle de jurisconsulte à celui de policier des autres ministres ou
des membres de l'Assemblée nationale. Il reste que chaque
député est quand même responsable de ses actes. Quant aux
actes qu'il pose publiquement, je crois que la manière la plus rapide et
la plus correcte d'avoir une réponse très précise, c'est
de poser la question à la personne qui est désignée par le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai posé la question
quatre ou cinq fois. Je suis prêt maintenant à adopter
l'élément no 1 qui s'intitule Direction, en reconnaissant que
c'est très cher pour le genre de direction qu'on vient de voir.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. Président. Quoiqu'on ait
touché à passablement de questions concernant cet
élément, j'aurais seulement une couple de questions à
poser. La première concerne le montant mentionné à la
catégorie 10 de l'élément 1 sur les transferts. On
remarque qu'il y a $90 000 de moins à ce titre. J'aimerais savoir
à qui sont versés ces transferts, à quel endroit.
M. Bédard: Au niveau de l'élément 1, que
vous avez mentionné...
M. Fontaine: Oui, $100 000. Les transferts, ce sont
habituellement des subventions.
M. Bédard: Ceci représente diverses subventions qui
ont été versées par le ministère. La programmation
est la suivante. Il y a des subventions accordées pour la publication de
documents juridiques, $40 000; des dépenses qui ont été
occasionnées pour des réunions, congrès et
assemblées d'organismes s'occupant d'activités reliées aux
fonctions du ministère, $20 000. Il y a eu également des projets
de recherche et d'étude pour une somme de $40 000; ce qui
représente la somme de $100 000.
M. Fontaine: Le ministre pourrait-il nous dire à qui ces
subventions ont été versées?
M. Bédard: Si vous me donnez quelques instants...
M. Fontaine: Certainement.
M. Bédard: Vous allez pouvoir le constater.
M. Fontaine: ... déposer.
M. Bédard: L'Association canadienne pour la santé
mentale, $750; l'assemblée générale annuelle des juges de
la Cour supérieure...
M. Fontaine: M. le Président...
M. Bédard: ... $1000; Centraide, aux victimes du viol,
$5000; le Centre international de criminologie comparée de
l'Université de Montréal, $1000; la conférence des juges
municipaux, $1000...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que, M. le ministre, au
lieu de...
M. Bédard: Est-ce que vous voulez que je continue?
M. Lalonde: Voulez-vous le déposer?
M. Fontaine: J'allais justement intervenir pour vous demander si
vous vouliez déposer la liste? Je ne tiens pas...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous seriez
d'accord pour la déposer mardi?
M. Bédard: Cela vous donne déjà une
idée.
M. Fontaine: Oui. On remarque également, M. le
Président, que le nombre d'employés permanents a diminué
de 84 à 77 et, quant aux employés à temps partiel, de 116
à 60. (21 h 30)
Est-ce que c'est parce qu'il y a des employés qui ont pris leur
retraite ou leur préretraite? Est-ce qu'il y a eu des mises à
pied?
M. Bédard: Cela dépend plutôt de certains
réaménagements...
M. Fontaine: Des transferts?
M. Bédard: ... mais, pour vous donner plus de
détails, il y a une banque de postes disponibles
qui demeurent à l'élément 3 pour parer aux coups et
aux priorités les plus pressantes dans l'année. Il y a des
effectifs qui ne sont pas directement figés à tous les
gestionnaires. Il y a eu un transfert d'effectifs dans le courant de
l'année, à partir de deux transferts importants du
côté des affaires civiles et pénales, et aussi du
côté des affaires législatives, il y a eu 18 postes de
transférés pour amorcer la démarche qui a
été complétée par d'autres postes additionnels,
à la suite de la réforme dont le ministre a fait état dans
son introduction, la réorganisation de la législation. Ce sont
des transferts de ce type.
M. Fontaine: C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Programme 3,
élément 1, adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Administration du personnel
Le Président (M. Laplante): Élément 2:
Administration du personnel.
M. Bédard: M. le Président, des crédits
additionnels de l'ordre de $216 000 sont requis à cet
élément 2 du programme pour l'exercice 1978/79. Cette majoration
est due principalement à la mise en application des différentes
conventions collectives des employés, qui représente un montant
de $179 900 et aussi une augmentation sensible de l'effectif autorisé,
à savoir trois postes.
M. Lalonde: Je n'ai pas de question, M. le Président.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de question sur
l'élément 2? M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je n'ai pas de question.
Administration de l'équipement
Le Président (M. Laplante): Élément 2,
adopté. Élément 3: Administration de
l'équipement.
M. Bédard: Le budget pour le service de l'administration
de l'équipement a été porté à $1 286 900
pour l'année financière 1978/79, ce qui représente une
augmentation de $137 700. Cette addition est due en partie à la mise en
application des différentes conventions collectives des employés,
$72 700. De plus, à la suite des changements de politique en ce qui
regarde le paiement de la taxe fédérale, et en tenant compte
d'une variation estimée à 7% des prix dans l'industrie des
pâtes et papiers, un ajustement de $86 600 a été
apporté au budget pour l'achat de diverses fournitures au service
général des achats du ministère des Travaux publics.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Aucune question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: Quant à moi, on pourrait peut-être
adopter l'élément 3 et passer rapidement à
l'élément 4.
Le Président (M. Laplante): Élément 3,
adopté.
M. Lalonde: Oui, il n'y a pas de problème à
l'élément 3.
Administration financière
Le Président (M. Laplante): Élément 4:
Administration financière.
M. Bédard: À cet élément, des
crédits additionnels de $90 300 sont requis au budget du service de
l'administration financière du ministère. Cette hausse
résulte principalement de la mise en application des conventions
collectives.
M. Fontaine: Je n'ai pas de question.
Le Président (M. Laplante): Élément 4,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Systèmes de gestion
Le Président (M. Laplante): Élément 5:
Systèmes de gestion.
M. Bédard: M. le Président, il y a une augmentation
de $719 300 à cet élément.
M. Lalonde: Que vous avez expliquée au début.
M. Bédard: Oui, il s'agit de la mise en application encore
une fois de différentes conventions collectives des
employés...
Le Président (M. Laplante): Élément 5,
adopté?
M. Lalonde: On va le laisser terminer.
M. Fontaine: Un instant!
M. Bédard: ... et aussi le renouvellement du contrat de
service d'informatique avec la firme Aquila pour un montant de $420 000.
Le Président (M. Laplante): Adopté? M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Seulement une question. Quel est le montant de ce
contrat de publicité?
M. Bédard: C'est un contrat de $5 453 000.
M. Fontaine: Est-ce que cela fait longtemps que cette firme a le
contrat?
M. Bédard: Elle en avait précédemment avec
le ministère.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez demandé des soumissions
pour cela?
M. Bédard: II y a eu des appels d'offres. C'est une
des...
M. Lalonde: Des quoi?
M. Bédard: Voulez-vous plus de détails?
M. Lalonde: Oui, c'est un contrat de $5 millions. Je veux des
détails; je veux savoir s'il y a eu des soumissions, c'est tout. S'il y
a eu des soumissions, c'est parfait.
M. Bédard: II y a des soumissions... M. Lalonde:
C'est la plus basse?
M. Bédard: ... en guise de garantie, un des directeurs de
la compagnie en question, M. Paul Berthiaume, qui est un ancien
député à l'Assemblée nationale...
M. Lalonde: II est retourné à cette compagnie?
M. Bédard:... du côté gouvernemental
d'alors.
M. Lalonde: II n'était pas à cette compagnie
lorsque le gouvernement a fait ce...
M. Bédard: Je n'ai pas posé la question... M.
Lalonde: Non, mais quand même...
M. Bédard: ... et je vous dis que c'est cela. Alors, comme
vous pouvez...
M. Lalonde: ... vos insinuations...
M. Bédard: Je n'ai même pas insinué...
M. Lalonde: ... malveillantes comme d'habitude.
M. Bédard: Je veux simplement vous exprimer que justement
au ministère de la Justice, le ministre de la Justice étant
préoccupé par l'idée de donner justice à tout le
monde ne fait aucune par-tisanerie de quelque manière que ce soit.
M. Lalonde: Vous n'avez pas le choix; c'est la meilleure
soumission. Voyons! Arrêtez donc d'avoir l'air...
M. Bédard: II y avait une discussion...
M. Lalonde:... de vous donner de grands airs.
M. Fontaine: Est-ce qu'il y avait eu une soumission lors du
premier contrat?
M. Bédard: Voulez-vous avoir plus de détails
là-dessus?
M. Fontaine: Oui, s'il vous plaît!
M. Bédard: Je déposerai les soumissions qui ont
été faites...
M. Lalonde: Quelle est la durée du contrat? M.
Bédard: Cinq années.
M. Lalonde: Cinq années. C'est à peu près un
million de dollars par année?
M. Bédard: Quatre ans; c'est quatre ans. Alors, cela fait
environ un million et quelque cent mille dollars par année.
M. Lalonde: Et c'est tout de l'informatique du ministère
et des organismes? Est-ce que cela comprend les palais de justice et les
greffes?
M. Bédard: Exactement.
M. Lalonde: C'est considérable.
M. Bédard: Si vous voulez plus de détails: pour
l'année 1978/79, c'est $1 303 000; pour l'année 1979/80, c'est $1
343 000; pour l'année 1980/81, c'est $1 384 000; pour l'année
1981/82, c'est $1 423 000.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions?
M. Fontaine: De combien d'années est la durée du
contrat?
M. Lalonde: Je ne le sais pas. Je n'étais pas au courant
que c'était cette compagnie qui avait cela au ministère. Cela
devait être un contrat qui avait été passé avant que
j'arrive.
M. Bédard: Vous ne le saviez pas, mais vous disiez, tout
à l'heure, que c'était...
M. Lalonde: Je sais que Paul Berthiaume...
M. Bédard: ... un des programmes où on voyait le
mieux comment un ministre administrait son ministère.
M. Lalonde: Je n'étais pas ministre de la Justice.
M. Bédard: Je comprends que vous ne vous rappelez pas.
M. Lalonde: J'étais Solliciteur général
respon-
sable des affaires criminelles et policières et non pas
d'administration du ministère.
M. Bédard: Ah! vous vous gardiez bien de regarder
ailleurs.
M. Lalonde: Non, mais le ministre de la Justice d'alors, l'actuel
député de Bonaventure...
M. Bédard: Comme jurisconsulte aussi.
M. Lalonde: ... était responsable de l'administration du
ministère.
M. Bédard: Solliciteur général et aussi le
protecteur de l'intégrité.
M. Lalonde: II n'était pas... Le Solliciteur
général n'était pas responsable de l'administration du
ministère.
M. Bédard: Mais le Solliciteur général est
aussi responsable de l'intégrité.
M. Lalonde: Sûrement. On s'en occupait plus que vous.
M. Bédard: Cela a paru le 15 novembre 1976.
M. Lalonde: Attendez! Donnez-moi deux autres... et on vous
enterre.
Le Président (M. Laplante): Nous abordons
l'élément 5. Avez-vous d'autres questions, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Bédard: Vous ne vous imaginez toujours pas que c'est
à cause de votre travail que vous êtes demeuré
là.
M. Lalonde: On va vous enterrer politiquement.
Le Président (M. Laplante): Posez vos autres
questions.
M. Fontaine: Je veux savoir si le ministre peut prendre des
informations à savoir quand ce contrat a été
accordé pour la première fois et s'il y avait eu des soumissions
publiques.
M. Bédard: Je vous donnerai toutes ces informations. Vous
voyez que je ne suis pas à la recherche.
M. Lalonde: "Tout d'un coup que c'est ' sous l'Union
Nationale.
Le Président (M. Laplante): L'élément 5
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Moi, je n'étais sûrement pas là,
en tout cas.
M. Lalonde: Élément 5 adopté, M. le
Président.
Affaires législatives
Le Président (M. Laplante): Élément 6:
Affaires législatives.
M. Fontaine: J'ai des questions, M. le Président.
M. Bédard: L'augmentation budgétaire estimée
à $1 018 300 pour l'exercice 1978/79 résulte des
responsabilités additionnelles confiées à la direction des
affaires législatives en matière de préparation de la
législation gouvernementale. Comme vous le savez, cette politique a
été approuvée par le Conseil des ministres en date du 12
octobre 1977 et j'ai justement fait état de cette réorganisation
lors de mon exposé d'ouverture.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous avez des questions.
M. Fontaine: Oui.
M. Lalonde: C'est l'addition d'un million de dollars par le
transfert d'effectifs, de postes à cet élément.
M. Bédard: Si vous voulez plus de détails.
L'effectif autorisé de 60 postes, prévu aux affaires
législatives, a été réparti en fonction des centres
budgétaires suivants: Direction générale, 6 postes;
Direction de la recherche, 15 postes; Direction de la législation
déléguée, 17 postes; Direction de la législation
gouvernementale, 11 postes; Direction de la législation
ministérielle, 11 postes. À l'heure actuelle, il y a 37 postes de
comblés; les autres...
M. Lalonde: 37 sur...?
M. Bédard: Sur 60.
M. Lalonde: Est-ce que, lorsque les 60 postes seront
comblés, le service va compter beaucoup plus de légistes qu'il y
en a actuellement, un peu distribués, et pourquoi?
M. Bédard: Si vous me le permettez, M. le
Président. En fait, le service, qui comportait une direction de la
législation, comporte actuellement, outre le sous-ministre
associé, M. Daniel Jacoby, six légistes. Avec la
réorganisation, il est prévu, pour la législation interne
du ministère, un directeur et cinq légistes et, pour la
législation gouvernementale, huit légistes, un directeur et un
directeur adjoint. Ce qui fait, à toutes fins utiles, passer le nombre
à seize légistes. Également, il est prévu une
augmentation des légistes auprès du bureau de la
législation déléguée, également d'agents
de
recherche au bureau de la recherche, mais plus particulièrement
pour travailler à la préparation de manuels de rédaction
des lois, de normes et des règlements. Il est temps de renforcer et de
permettre, dans les contentieux des ministères, de développer
davantage ce type d'expertise. Cette année, on a déjà,
avant d'avoir les nouveaux postes autorisés, transféré 18
postes pour effectuer cette réforme de l'élément 3,
jusqu'au 1er avril, ce qui a porté l'effectif de 19 à 37.
Ce sera comblé dans le courant de l'année jusqu'à
60.
M. Lalonde: Je veux bien vous comprendre. Par le transfert de
postes d'autres directions à cet élément-là, on
arrive à 37 postes et, maintenant, vous demandez l'autorisation au
législateur d'augmenter cela à 60 postes?
M. Bédard: C'est accordé par le Conseil du
Trésor.
M. Lalonde: Oui, accordé par le Conseil du Trésor.
Maintenant, il faut que ce soit l'Assemblée nationale qui
entérine. Ce n'est pas seulement un exercice de futilité qu'on
fait ici. Qu'est-ce que vous avez démontré de besoins de
législation pour obtenir 23 postes? Est-ce que les projets de
législation du gouvernement sont tels que l'on doive, sinon doubler, du
moins augmenter de plus de 50% des effectifs?
M. Bédard: Même si les légistes en poste
étaient excellents, il y avait un besoin essentiel de préparer
une relève. C'est ce à quoi un gouvernement responsable doit
s'attacher et se préoccuper.
M. Lalonde: Alors, les 37 sont surchargés.
M. Bédard: Quand l'ensemble du système, la
Direction générale, la Direction de la législation
gouvernementale, la Direction de la législation ministérielle, de
même que la Direction de la recherche, quand tous les postes seront
remplis, je crois qu'à partir de ce moment-là nous aurons une
relève de légistes bien formés. Nous aurons aussi la
possibilité d'effectuer beaucoup plus de recherche au niveau juridique.
Je pense que c'est nécessaire. (22 h 45)
M. Lalonde: Naturellement, M. le Président, je suis
tenté d'abonder dans le même sens que le ministre, parce que la
rédaction de nos lois et de nos règlements mérite
sûrement une attention et une expertise des plus compétentes
possibles, mais je dois presque faire un acte de foi en étant d'accord
pour la création de 23 postes, alors qu'on nous dit qu'il s'agit de
faire une relève. S'il fallait faire la relève de toute la
fonction publique, M. le Président, on se trouverait à augmenter
de 50% les effectifs. Il y a certainement un plan. Peut-être qu'on
pourrait nous dire quel est le plan de développement de ce service, ce
qui répondrait un peu plus à nos attentes.
M. Bédard: Seulement à la recherche, il y avait
quatre personnes, quatre postes affectés à cette direction. Le
nombre sera porté à quinze.
M. Lalonde: Parce qu'ils sont débordés ou que la
recherche n'est pas faite.
M. Bédard: C'est qu'il y a un besoin, je crois...
M. Lalonde: J'imagine qu'il y a une étude
là-dessus. Vous n'avez pas pris onze postes en l'air, comme cela.
L'étude, qu'est-ce qu'elle donne, qui l'a faite, comment se fait-il
qu'on en arrive à onze postes nouveaux? J'aimerais avoir... C'est
extrêmement intéressant cela.
M. Bédard: II y a un mémoire qui a
été soumis en ce sens au Conseil des ministres et Me Daniel
Jacoby, sous-ministre associé aux affaires législatives, pourrait
vous donner de plus amples informations.
Effectivement, le gouvernement a demandé au ministère de
la Justice de prévoir un programme d'amélioration de la
qualité de la législation et de la réglementation.
À partir d'études dans d'autres juridictions, notamment à
Ottawa, en Europe, et ainsi de suite, on a pu développer un programme
qui implique, non seulement la formation de légistes, mais aussi la mise
sur pied de tous les instruments didactiques qui permettront d'améliorer
la législation et la réglementation, notamment la
préparation d'un manuel de rédaction des lois et des
règlements. Comme vous le savez, il y a déjà un manuel qui
a été rédigé par M. Pigeon et ce manuel
répond à de grandes questions, mais sur le mécanismes, il
n'y a pas réponse à tout.
Évidemment une entreprise comme ça, simplement la
préparation d'un manuel qui serait mis à jour et
complété tous les ans demande au moins quatre personnes
affectées à la recherche et à la rédaction de ce
manuel. Déjà là, il y a des ressources. Par ailleurs, de
manière que les légistes ne travaillent pas en vase clos, on a
songé à mettre sur pied un service de documentation
spécialisé en législation et en légistique.
Cela implique deux personnes pour tenir ce service de documentation. Ces
six personnes n'ont pas encore commencé à rédiger, n'ont
pas encore commencé à réviser les lois et n'ont pas encore
commencé à former des légistes dans les contentieux. Toute
cette autre opération nécessite les postes dont on parlait tout
à l'heure. Il est évident que, quand on entreprend un programme
à long terme ou plutôt à moyen terme et qu'on veut mettre
le paquet, ça demande des ressources additionnelles.
Je suis convaincu que c'est une des décisions majeures qu'a
prises le gouvernement et qui va sûrement porter des fruits, je suis
convaincu également qu'elle aurait dû être prise bien avant
aujourd'hui.
M. Lalonde: II y a trente ans au moins. M. Bédard:
Oui.
M. Lalonde: Je suis d'accord, M. le Président, qu'on
affecte...
M. Bédard: II fallait qu'un ministre se décide,
qu'un gouvernement se décide.
M. Lalonde: ... surtout après le genre de
législation que vous nous avez présentée l'an dernier, qui
n'est sûrement pas passée par vos experts.
M. Bédard: Vous avez adopté unanimement...
M. Lalonde: La loi 101 n'est sûrement pas passée par
vos experts.
M. Bédard: Vous avez l'air d'oublier que vous avez
adopté unanimement les dix lois présentées par le ministre
de la Justice...
M. Lalonde: Ah oui! le ministre de la Justice, d'accord.
M. Bédard: ... sans aucun amendement ou presque.
M. Lalonde: Excusez-moi, quand je dis vous, je parle du
gouvernement. La loi 101 n'est sûrement pas passée par vous...
M. Bédard: Quand ça ne fait pas votre affaire, vous
allez au gouvernement...
M. Lalonde: ... je n'ose pas poser de questions, mais la loi 101
n'est sûrement pas passée chez vous.
Le Président (M. Laplante): le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: On a parlé, dans l'intervention de M. Jacoby,
de matériel didactique et on a dit également qu'on espère
enseigner à des légistes la façon de procéder. Je
suis d'accord que c'est nécessaire, mais il y a des institutions qui
sont spécialisées dans ces choses, comme les universités.
Est-ce que vous n'avez pas pensé à avoir recours à ces
universités avant de monter votre propre système?
M. Bédard: Sauf que ça nous amène à
payer des sommes énormes pour faire effectuer des travaux, avec le
résultat qu'on se ramasse avec une relève qui n'existe pas. Je
pense que, sous cet aspect, une décision rapide s'imposait.
M. Lalonde: Si vous me permettez, dans le même sens, je ne
pense pas que les universités aient actuellement cette expertise, il
faut que vous la fassiez vous-même. Vous auriez pu aller chercher des
professeurs d'université pour faire ce travail, dit-on, et,
là-dessus, le ministre répond : On veut lafairecheznouspour avoir
la relève, je suis d'accord avec ça.
M. Bédard: Cela n'empêche pas d'aller dans les
universités pour d'autres recherches.
M. Lalonde: Peut-être que la question du dé-
puté de Nicolet-Yamaska peut laisser à penser que cette expertise
existe à l'université, je ne pense pas qu'elle y existe.
M. Fontaine: Je sais qu'elle n'existe pas, mais elle aurait
sûrement pu exister, par exemple.
M. Lalonde: Elle n'est pas là.
M. Fontaine: Si le ministère de la Justice décide
de faire cette dépense et de se lancer dans ce domaine, il aurait
sûrement été possible aussi de demander à
l'université de se spécialiser dans ce domaine, plutôt que
le ministère.
M. Bédard: Si vous le permettez, sur le plan du travail de
la législation, la seule façon de devenir compétent, c'est
d'en faire à temps plein, régulièrement, pendant une
certaine période de temps, non pas en simulation, mais dans la
réalité.
Dans ce sens-là, je pense qu'il est essentiel qu'on ait sur place
des légistes entraînés et qu'on puisse éviter
d'avoir recours à des contrats extérieurs où, même
là encore, la main-d'oeuvre est extrêmement difficile à
trouver; elle est très rare. Sur le plan des universités, par
contre, il y a un impact qui est donné à la dimension recherche
du ministère, à la direction, non seulement sur le plan interne,
mais également pour pouvoir fonctionner avec les diverses
universités sur le plan des commandites de recherche
intégrées à des programmes. Cela prend une main-d'oeuvre
maison pour pouvoir suivre ces projets, pour faire en sorte que cela puisse
aboutir à des projets et à des réalisations
concrètes sur diverses politiques.
C'est dans ce sens-là, dans le fond, que la démarche a
été accomplie et il y a une volonté de... Le fait de
développer la recherche au ministère de la Justice va avoir un
impact de stimulation des universités et des facultés de droit en
particulier.
Le Président (M. Laplante): Le programme 6 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Fontaine: M. le Président, j'ai d'autres questions.
M. Lalonde: Excusez-moi.
M. Fontaine: Est-ce que vous pouvez m'expliquer votre
façon de voir les choses, lorsque vous divisez la législation
ministérielle et la législation gouvernementale?
M. Bédard: Au niveau de la législation
ministérielle, il s'agit spécifiquement de la législation
du ministère de la Justice. Concernant la législation
gouvernementale, ce sont, à ce moment-là, les services que nous
offrons au niveau de chacun des autres ministères du gouvernement, en
termes d'analyse de législation, de préparation de
législation ou d'étude de législation. Cela se fera sur
une base volontaire.
M. Fontaine: On les retrouve dans le même service.
M. Bédard: Ce sont deux services différents. Vous
avez la Direction de la législation gouvernementale, qui est
orientée vers l'extérieur, c'est-à-dire vers les autres
ministères, et qui constitue un instrument qu'on met à la
disposition de ces différents ministère, au niveau de la
législation, de la préparation de la législation. Il y a
aussi la Direction de la législation ministérielle qui, elle, est
plutôt interne en ce sens que sa fonction est spécifiquement de
préparer les projets de loi du ministère de la Justice.
M. Fontaine: Comment pouvez-vous m'expliquer le partage de la
hausse de $1,018 million qu'il y a à cet élément?
M. Bédard: Cela résulte des responsabilités
additionnelles qui sont confiées à la Direction des affaires
législatives en matière de préparation de
législations gouvernementales. Ce sont des salaires.
M. Fontaine: Cela comprend les crédits permanents?
M. Bédard: II n'y a qu'une explication que je puisse vous
donner, c'est la seule. Ce montant se répartit par le nombre de postes
que je vous ai mentionné tout à l'heure, qui représentent
des salaires.
M. Fontaine: Me Jacoby a tout à l'heure fait allusion
à d'autres expériences qui ont été mises en
application ailleurs, entre autres, à Ottawa. Je ne sais pas, mais je
pense qu'à ce moment-là, il voulait faire allusion à la
réforme prévue dans la législation
déléguée. Pourriez-vous me donner des détails
additionnels sur la réforme envisagée relativement aux textes
réglementaires et principalement au rôle que pourrait y jouer le
député? Est-ce que cela pourrait aboutir, comme à Ottawa,
à une commission permanente?
M. Bédard: À ce stade-ci, nous sommes encore au
niveau de la recherche et à l'identification des problèmes. Les
quatre principaux problèmes qui ont été identifiés
jusqu'ici sont d'abord celui de la prépublication possible des projets
de règlements. Le deuxième aspect, c'est le contrôle de la
légalité et de la régularité des règlements
par un organisme central. Il y a aussi le problème de l'enregistrement
et de la publicité des règlements. Enfin, il y a la question du
contrôle parlementaire des règlements.
Les études que nous avons effectuées,
particulièrement dans les régimes de tradition britannique,
montrent qu'il y a généralement dans ces régimes un
contrôle a posteriori des règlements adoptés par le
gouvernement.
Il y a différentes modalités de ce contrôle.
D'abord, pour l'objet de ce contrôle, on examine, par exemple, si le
contrôle parlementaire doit porter sur l'opportunité des
règlements, de la politi- que réglementaire ou s'il doit se
limiter à une deuxième vérification par les parlementaires
de la régularité, de la légalité des
règlements. C'est l'objet. Ensuite, il y a les modalités
d'intervention dans certaines juridictions. Cela se fait par résolution
affirmative, une fois que le projet de règlement a été
déposé en Chambre, ou encore par résolution
négative, qui empêche un règlement d'entrer en vigueur.
Alors, il y a toutes sortes de modalités. Ensuite, on est en train
d'analyser les normes de vérification, les possibilités de
prévoir des normes de vérification parlementaire sur les
règlements adoptés par le gouvernement.
À ce stade, nous en sommes encore au niveau des études. On
a identifié les problèmes et on est en train actuellement de voir
toutes les solutions possibles à ces problèmes.
M. Fontaine: Est-ce que cette réforme est sous la
responsabilité du ministre de la Justice ou du ministre d'État
à la réforme parlementaire?
M. Bédard: Une loi sur les textes réglementaires
relève généralement d'un ministre de la Justice, quelles
que soient les juridictions. Cependant, ce qui est strictement du
contrôle parlementaire relève essentiellement du ministre
d'État à la réforme parlementaire. Cependant, il est
évident, puisqu'il s'agit d'une réforme d'ensemble, que les deux
ministères, les fonctionnaires des deux ministères, au niveau des
études, doivent travailler en collaboration et en concertation.
C'est pour cela que j'ai écrit dans mon texte d'ouverture que ce
travail se faisait en collaboration avec le ministre d'État à la
réforme parlementaire. (22 heures)
Le Président (M. Laplante): Élément 6,
adopté?
M. Fontaine: J'aurais une dernière question avant qu'on
arrive à 22 heures.
M. Bédard: On m'a communiqué un renseignement tout
à l'heure, à la suite d'une question du représentant de
l'Union Nationale, le député de Nicolet-Yamaska, sur le contrat
qui a été accordé à la firme Aquila BST
Ltée; je crois avoir dit que c'était la plus basse soumission.
Maintenant, je dois dire que, relativement au coût, ce n'était pas
la plus basse soumission.
Tenant compte d'une évaluation des avantages et des
désavantages et tenant compte également du fait que l'autre
compagnie qui, en termes de coût, était le plus bas
soumissionnaire et, avait son siège social à l'extérieur
du Québec, nous avons considéré cet aspect.
M. Lalonde: Quelle différence?
M. Bédard: Je crois que c'était $30 000.
M. Lalonde: Sur $5 millions?
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Quel est le pourcentage? Moins de 1%?
M. Bédard: Non, le problème n'est pas là.
C'est parce que vous avez, tout à l'heure...
M. Fontaine: ... avec l'affaire des autobus.
M. Bédard:... vous avez, tout à l'heure, dit que je
n'avais pas de décision à prendre étant donné que
c'était la plus basse soumission. Je tenais à mentionner qu'il y
avait une décision à prendre.
M. Lalonde: ... toujours rectifié.
M. Bédard: Cela remet en lumière ce que j'ai dit
tout à l'heure...
M. Lalonde: On vous laissera toujours rectifier vos
déclarations, pour dire la vérité.
M. Bédard: ... sur l'objectivité du ministre de la
Justice.
M. Fontaine: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Laplante): Une très courte
question.
M. Fontaine: ... de toute façon, vous devez revenir la
semaine prochaine.
M. Bédard: Je déposerai les documents en
question.
M. Fontaine: Est-ce que vous revenez? Une voix: Le
sous-ministre, en tout cas.
M. Bédard: Ne pourrait-on pas régler cet
élément ce soir?
M. Fontaine: J'aurais encore quelques questions à
poser.
M. Bédard: Je ne sais pas...
Le Président (M. Laplante): Seriez-vous d'accord, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, pour poursuivre cinq minutes
encore?
M. Bédard: Avec l'accord des membres de l'Opposition, on
pourrait peut-être se donner cinq minutes.
M. Fontaine: De toute façon, mes questions
s'adressent...
M. Lalonde: Non.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Marguerite-Bourgeoys n'est pas d'accord.
M. Lalonde: On n'est pas obligé de faire revenir tous les
fonctionnaires.
M. Bédard: Non, pas nécessairement.
M. Fontaine: Alors le sous-ministre ne sera pas là la
semaine prochaine.
M. Lalonde: Continuez si vous voulez. Moi, je m'en vais.
M. Bédard: Je veux remercier l'Opposition de sa
collaboration.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont
ajournés à mardi dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 3)