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Étude des crédits du ministère de
la Justice
(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, mesdames,
messieurs! Si vous voulez prendre vos places, s'il vous plaît!
M. le député de Gaspé?
M. Le Moignan: II est en route.
Le Président (M. Laplante): Nous commençons ce
matin une nouvelle séance de la commission de la justice pour
l'étude des crédits budgétaires de l'année
1978/79.
Sont membres de cette commission: M. Alfred (Papineau)...
M. Godin: Remplacé par Godin (Mercier).
Le Président (M. Laplante): ... remplacé par M.
Godin (Mercier); M. Bédard (Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M.
Charbonneau (Verchères), M. Clair (Drummond), M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska) remplacé par...
M. Le Moignan: Par Le Moignan (Gaspé).
Le Président (M. Laplante): ... M. Le Moignan
(Gaspé); M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Jonquière). Les intervenants
sont M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M.
Marois (Laporte), M. Pagé (Portneuf), M. Roy (Beauce-Sud), M. Tardif
(Crémazie).
Gestion interne et soutien (suite)
Nous étions rendus au programme 3. Il nous restait un
élément à adopter, mais on me dit ce matin qu'on pourrait
adopter l'élément 6 à condition que le
député de Nicolet-Yamaska puisse poser une question cet
après-midi. Est-ce que les membres de cette commission sont
d'accord?
M. Bédard: Aucune objection, M. le Président.
M. Blank: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Élément 6 du
programme 3, adopté. Le programme 3 en entier est adopté.
Programme 4.
M. Bédard: M. le Président, avec la permission des
membres de l'Opposition, nous aimerions procéder à l'étude
des crédits concernant la Commission de police. Étant
donné que M. le juge Gosselin, président de la Commission de
police, aurait des rendez-vous qui semblent assez importants...
Le Président (M. Laplante): Je n'ai aucune objection,
à moins que les membres ne soient pas d'accord. À quel programme,
M. le Président?
M. Le Moignan: M. le Président, je crois que le
député de Nicolet-Yamaska aurait aimé être
présent quand vous allez étudier les crédits de la
Commission de police. Il va être de retour cet après-midi. Est-ce
qu'il y aurait moyen de déplacer cela?
M. Bédard: Je me fais l'écho du président de
la Commission de police. Je veux que les membres de l'Opposition soient bien
à l'aise.
M. Blank: C'est la même chose, oui... La seule chose qu'on
pourrait faire, pour donner raison au juge Gosselin, ce serait de commencer cet
après-midi.
M. Bédard: Plutôt que de commencer et de
continuer... C'est aussi bien de prendre un programme que les membres de
l'Opposition pensent être capables de mener à terme à cette
séance.
Le Président (M. Laplante): En ce cas, on continuerait le
programme 4?
M. Blank: On pourrait arrêter où nous en sommes et
ne commencer l'étude de la police que cet après midi, quand les
députés de Nicolet-Yamaska et de Marguerite-Bourgeoys seront ici,
car ils sont au courant. Je connais un peu de faits, mais pas sur ce sujet.
M. Bédard: M. le Président, on risque d'être
obligé de reprendre toute la discussion à partir du moment
où les représentants de l'Opposition vont être
changés et je pense bien que dans...
M. Blank: C'est pour cela que j'aimerais mieux que vous mettiez
de côté l'étude de la Commission de police jusqu'à
cet après-midi.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas-là,
programme 4, "Garde des détenus et des prévenus", un programme
qui vise à protéger la société en gardant dans les
établissements prévus à cette fin les personnes
condamnées à l'incarcération par les tribunaux et
certaines personnes en attente de procès. M. le ministre, programme
4.
M. Le Moignan: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): La parole est au ministre.
M. Le Moignan: Étant donné que les programmes 4 et
5 sont la responsabilité d'une même direction à
l'intérieur du ministère, est-ce qu'il y aurait
possibilité d'étudier conjointement les programmes 4 et 5,
"Direction générale de la probation et des établissements
de détention"?
M. Bédard: Je n'ai aucune objection.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis, avez-vous objection?
M. Blank: Non.
Garde des détenus et des prévenus et
réinsertion sociale des délinquants
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas-là,
l'étude se fera sur les programmes 4 et 5; Garde des détenus et
des prévenus et Réinsertion sociale des délinquants. M. le
ministre avez-vous des commentaires sur ces deux programmes?
M. Bédard: Nous sommes à même de constater
que les crédits prévus au programme 4, passeront de $43 186 700
à $49 889 700, soit une hausse de $6 703 000, hausse de 15,5% par
rapport au budget comparatif de 1977/78. Cet accroissement, M. le
Président, est imputable en majeure partie à la hausse des
traitements due à l'application des conventions collectives en vigueur
et à venir, à l'augmentation de la population carcérale,
laquelle a été estimée à 10% supérieure
à celle prévue au budget officiel de 1977/78, et à la
croissance des prix en fonction de la hausse du coût de la vie.
La moyenne annuelle de la population carcérale a
été de 2263 détenus en 1976/77. Celle estimée pour
l'exercice financier de 1978/79 serait identique à celle que l'on
prévoit pour l'exercice de 1977/78, soit environ 2489,
c'est-à-dire une hausse de 10% par rapport à celle
enregistrée en 1976/77.
Concernant les effectifs réguliers, c'est-à-dire les corps
des agents de la paix, le 23 mars 1978, le nombre de postes occupés par
les agents de la paix était de 1881, comparativement à 1747 le 25
mars 1977, ce qui représente une hausse de l'effectif en place au niveau
de ce corps d'emploi de 131 postes ou de 7,5% pour cette période. On
prévoit pour l'exercice financier de 1978/79, une croissance de
l'effectif en place de 3%, ce qui représente 57 postes. En
conséquence, l'effectif en place des agents de la paix aura connu une
croissance de 191 postes ou de 10,9% au cours de la période se situant
entre le 25 mars 1977 et le 31 mars 1979.
M. le Président, c'étaient mes commentaires
généraux au niveau des crédits.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Louis, vous avez des questions sur les programmes
4 et 5?
M. Blank: Oui. Pour commencer, j'aimerais revenir à la
fameuse prison Parthenais. Est-ce que le gouvernement a des projets en vue de
fermer la prison Parthenais?
M. Bédard: J'ai déjà dit et je
répète que le seul avenir de la prison Parthenais, c'est sa
fermeture. Il est clair que ceci ne peut se faire qu'à
l'intérieur d'une période que nous avons déjà
évaluée à environ cinq ans.
M. Blank: Est-ce que vous avez quelque chose de particulier en
vue, une autre construction?
M. Bédard: II y a des décisions fondamentales
à prendre du point de vue gouvernemental, à savoir s'il y a lieu
de convertir la prison de Bordeaux en un centre de prévention ou encore
d'en arriver à la conclusion d'effectuer une nouvelle construction.
Maintenant, si tel était le cas, ceci représenterait une
dépense d'au-delà de $30 millions, ce qui indique jusqu'à
quel point il y a lieu de s'interroger sur d'autres possibilités pour
essayer de régler le problème.
Les recommandations du rapport Thiffault s'inscrivent dans notre ligne
de pensée, dans le sens de régionaliser les institutions de
détention de manière à pouvoir garder les détenus
sur place avec la construction d'institutions multisécuritaires
où on prévoit la possibilité de sécurité
maximale en même temps que la possibilité de garder les
détenus qui n'exigent pas une telle précaution. Cela peut
contribuer, en gardant les détenus chacun dans sa région
respective, à diminuer, d'une certaine façon, la population
carcérale qui s'accumule dans la région de Montréal.
À l'heure actuelle, la construction de la prison de Sherbrooke,
celle de Trois-Rivières et également celle de
Saint-Jérôme constitue déjà des
éléments qui seront de nature à diminuer cette population
carcérale, d'une façon générale, qui s'accumule
à Montréal.
M. Blank: Ne pensez-vous pas, M. le ministre, que de faire un
changement des prévenus de Bordeaux pour une autre prison en attendant
serait peut-être un gaspillage d'argent encore, parce que je crois qu'il
serait mieux de penser de trouver ces $30 millions pour construire quelque
chose de bon qui serait utilisé à de meilleures fins?
M. Bédard: Je pense bien que le député
réalise qu'avec une marge de $150 millions à peu près dans
un budget global du gouvernement, lorsqu'une décision affecte
près de $30 millions, il y a lieu d'essayer de voir jusqu'à quel
point il peut se présenter d'autres hypothèses, d'autres avenues.
Nous sommes aussi conscients, que, peut-être, s'il y avait une
construction à faire, nous devrions penser à la rive sud pour
essayer de...
M. Blank: Vous n'avez pas pensé à ma suggestion de
l'année passée?
M. Bédard: Pardon?
M. Blank: Vous n'avez pas pensé à ma suggestion de
l'année passée, soit de construire une prison pour des
prévenus, juste en face du palais de justice, au nord de la rue Craig,
munie d'un tunnel? Cela éliminerait le coût du transport, le
problème des avocats qui veulent voir leurs clients et la remise des
causes provoquée par la neige, les grèves, des lock-out, ou toute
chose semblable.
M. Bédard: Je dois dire qu'on y a pensé et que les
suggestions...
M. Blank: Le problème appartient au gouvernement.
M. Bédard: ... qui avaient été faites l'an
passé, on en a fait l'évaluation. Je comprends que l'Opposition
était très bien intentionnée en ce faisant...
M. Blank: Je crois que...
M. Bédard: ... mais cela coûterait une fortune,
effectivement. Dans ce sens, disons qu'en relation avec une nouvelle politique
dont les lignes directrices ont été énoncées par le
dépôt du rapport Thiffault, tout cela doit s'imbriquer dans une
réflexion, dans la capacité d'avoir une solution globale au
problème de la diminution de notre population carcérale.
M. Blank: Oui, mais la population de Parthe-nais, à mon
avis, augmente depuis la nomination du juge Chaloux aux comparutions.
M. Bédard: Je prends note de la remarque de mon
collègue...
M. Blank: Si vous faites une vérification, vous trouverez
que depuis la nomination du juge Chaloux à la chambre 307 à
Montréal, il y a plus de personnes à Parthenais qu'avant.
M. Bédard: Vous comprendrez, étant donné
l'indépendance judiciaire, que je n'ai pas de remarque
supplémentaire à faire.
M. Blank: En fait, est-ce qu'il y eu une augmentation de
population à Parthenais?
M. Bédard: II y a eu une augmentation... Il y a, en
moyenne, 650 prévenus.
M. Blank: En moyenne?
M. Bédard: Oui.
M. Blank: Est-ce qu'on va faire encore des transferts à
Orsainville et à d'autres endroits?
M. Bédard: Oui, on doit faire encore certains transferts.
Cela représente des coûts. C'est pour cela qu'il faut vraiment
essayer de trouver une solution globale.
M. Blank: Il y a une expression anglaise qui dit: "penny wise and
pound foolish". Cela veut dire que pour épargner un cent, vous perdrez
des dollars. Cela veut dire que pour épargner ces $30 millions pour la
construction de nouvelles prisons, peut-être que dans deux ou trois ans
cela va coûter ces mêmes $30 millions, et à la fin vous
n'aurez rien.
M. Bédard: Je voudrais bien que le député de
l'Opposition accepte quand même qu'une évaluation a
été faite. Là, on ne parle pas de cents et de dollars, on
parle de $30 millions et peut-être même plus de $30 millions, s'il
fallait en arriver à la conclusion de la construction d'une nouvelle
prison à Montréal.
M. Blank: Le ministre, en réponse à une question, a
dit que Parthenais était une affaire de quatre ou cinq ans encore, mais
les conditions à Parthenais sont pas mal terribles. Attendre encore
quatre ou cinq ans pour une erreur qui a été faite un peu par
nous...
M. Bédard: Oui, je suis très heureux que le
député mentionne que l'erreur n'a pu être commise par nous.
Nous nous sommes trouvés aux prises avec le problème le 15
novembre. Maintenant, lorsqu'on parle de quatre ou cinq ans, cela ne veut pas
dire que la solution va être opérante seulement dans cinq ans.
Dès maintenant, peut-être qu'avec une
décentralisation au niveau de la garde des détenus, dans les
différentes régions du Québec, peut-être qu'avec
certaines politiques, certains projets de loi que nous avons mis de l'avant et
dont le député est au courant, qui sont déjà
adoptés en deuxième lecture, ceci peut venir à contribuer
à diminuer...
M. Blank: Oui, mais ceci ne couvre pas le cas de Parthenais.
M. Bédard: Non, mais ceci peut quand même venir
à avoir pour conséquence de diminuer la population
carcérale et de permettre plus facilement les transferts d'une
institution à une autre.
Il est évident que, lorsqu'on parle de la possibilité de
convertir Bordeaux en centre de prévention, cela peut avoir des
inconvénients, cela peut être discutable comme solution, mais en
fin de compte, cela ne représente pas $30 millions et plus
d'investissement du point de vue gouvernemental. (10 h 30)
M. Blank: Je crois que le député de Gaspé a
une question.
M. Le Moignan: Oui, j'aurais une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé.
M. Bédard: Quand on parle du délai de cinq ans,
cela veut dire que, dès maintenant, on pose des gestes pour essayer de
diminuer cette population carcérale à Parthenais pour en arriver
graduellement à une solution finale du problème d'ici quatre ou
cinq ans.
M. Le Moignan: Une question additionnelle; je pense que, pour la
deuxième année consécutive, dans le rapport annuel de la
direction générale de la probation et des établissements,
on mentionne à peu près les mêmes lignes. Je me permettrais
de vous les lire, M. le ministre. On dit: "Malgré la réouverture
du centre de...
M. Bédard: S'agit-il du rapport produit par la direction
générale?
M. Le Moignan: Oui, direction générale des
établissements. On y dit: "Malgré la réouverture du centre
de détention de Sorel qui accueillait épisodiquement son
trop-plein, 511 transferts, et l'envoi massif de prévenus au centre de
détention de Québec, 989 transferts, le centre de
prévention de Montréal a continuellement débordé
ses capacités cellulaires en 1977, comme ce fut le cas en 1976. Cette
situation de surpopulation serait causée, en grande partie, par la
longueur excessive de la durée de séjour de ces derniers. Une
étude effectuée en 1977 révélait que la population
présente au centre de prévention, le 25 mai 1977, a connu une
durée moyenne de séjour de plus de 80 jours. Cette durée
moyenne comprenait l'ensemble du séjour des prévenus selon ce
statut, peu importe s'il s'était déroulé, en tout ou en
partie, à ce centre de prévention. Cette même étude
faisait observer que la durée moyenne de séjour de ceux qui
obtenaient finalement un cautionnement ou qui étaient condamnés
à une peine autre que l'emprisonnement était de 51 jours.
Même si beaucoup de cautionnements avaient été
refusés chez ces derniers pour subir des examens psychiatriques, cela
soulève des doutes sur la célérité du processus
judiciaire..." et ensuite, on dit encore:" Cette surpopulation, au centre de
prévention de Montréal, contribue à la hausse
générale des populations dans les autres établissements,
qui doivent garder leurs prévenus et, dans certains cas, accueillir le
déversement de celui-ci, comme ce fut le cas aux centres de
détention de Québec et de Sorel."
Et si on veut continuer un peu plus loin, "... cette situation de
surpopulation est très inconfortable pour toutes les catégories
de personnes qui se trouvent dans le réseau. Les contrevenants qui sont
incarcérés connaissent des conditions de détention qui
deviennent plus pénibles. Le personnel, dont les effectifs réels
n'ont pas augmenté au rythme que nous aurions voulu, est
surchargé. Par ailleurs, pour faire face à la situation,
l'administration a dû rouvrir le centre de détention de Sorel en
1976, faire occuper un étage complet appartenant à la
Sûreté du Québec, supporter des coûts exorbitants de
temps supplémentaire et régler les conflits suscités par
cette situation".
Et, si on regarde la déclaration du ministre du 2 mars 1978, en
parlant justement de Parthenais, vous avez parlé de la
réorientation et du réaménagement et des coûts. Que
cela peut-il représenter? Est-ce dans le sens que vous avez
mentionné?
M. Bédard: C'est dans le sens que j'ai mentionné
tout à l'heure au député de Saint-Louis. Tel que je vous
ai dit, je pense que tous les députés sont à même de
l'avoir constaté. À mon arrivée au ministère, il
existait quand même plusieurs situations au problème au niveau du
secteur correctionnel adulte québécois. Pour des raisons
humanitaires dans certains cas évidents et d'autres raisons, il fallait
songer à remplacer les équipements carcéraux
désuets des régions de Sherbrooke, Trois-Rivières et
Saint-Jérôme.
Il fallait quand même envisager des solutions aux problèmes
que posait le centre de prévention de Parthenais. Ces
nécessités ont fait ressortir le besoin et l'obligation d'une
réflexion globale sur l'orientation de l'ensemble du secteur
correctionnel québécois. Elles ont fait aussi ressortir, je
crois, la nécessité et le besoin d'asseoir le remplacement des
équipements désuets sur des principes directeurs et des
orientations fondamentales avant de s'embarquer, une fois pour toutes, dans ce
secteur.
C'était dans ce contexte que nous avions mis sur pied le
comité consultatif sur le secteur correctionnel québécois
qui nous a fait connaître les orientations que vous connaissez avec
lesquelles nous sommes d'accord, entre autres orientations sur le besoin de
décentralisation, le besoin de régionalisation, le besoin de
construction d'établissements multisécuritaires et
également l'obligation de corriger rapidement certains problèmes
majeurs d'institutions, comme celles de Sorel, de Saint-Jérôme et
de Trois-Rivières. Ce que nous avons fait. Pour ce qui est du cas
particulier de Sorel, auquel vous faites allusion, peut-être serait-il
bon de souligner qu'en 1974 la population carcérale était de
1328; elle est passée de 1974 à la fin de 1977 à une
moyenne annuelle de $2403... ou plutôt 2403 détenus, de moyenne
carcérale. Alors, inutile de vous dire que cela crée une moyenne
pression rapidement et on n'est pas en mesure de résoudre rapidement
tous ces problèmes étant donné la pression que cela
représente, étant donné l'augmentation plus que
significative de la population carcérale moyenne. Alors, c'est dans ce
sens qu'on a essayé d'avoir un plan directeur, un plan d'action qui soit
de nature à ce que les gestes que nous posons s'inscrivent dans un cadre
général d'action...
M. Le Moignan: Puisque le ministre parle de dollars, quels sont
les coûts à ce moment-là?
M. Bédard: Non, je parlais de détenus, le
député l'a bien compris.
M. Le Moignan: Oui. Pour revenir aux dollars que vous avez
mentionnés, quels seraient les coûts impliqués pour toutes
ces transactions.
M. Bédard: Tout l'ensemble du réseau? M. Le
Moignan: Oui.
M. Bédard: Une seconde.
M. Le Moignan: Si vous fermez Parthenais, vous allez relocaliser
les gens ailleurs. Cela va donc supposer des sommes d'argent.
M. Bédard: Certainement, comme je l'ai expliqué
tout à l'heure, en réponse aux questions du député
de Saint-Louis. Il n'y a pas que Parthenais, il y a d'autres problèmes
aussi dans le Québec en ce qui a trait aux institutions de
détention.
M. Le Moignan: Oui, on en a dans ma région, je pense. Je
pourrai peut-être poser une question tout à l'heure. Vous avez
parlé tout à l'heure des agents de la paix, M. le ministre...
M. Bédard: Par rapport à votre question, je vais
demander à M. Gauthier, sous-ministre associé, de nous donner
quelques statistiques qui seraient de nature à nous faire mieux saisir
l'ensemble du coût.
Nous avons le coût journalier pour chaque détenu. Il en
coûte, en moyenne, dans la province de Québec, pour J'année
1976/77, en se basant sur les comptes publics, $50.67 par détenu. Vous
avez une moyenne différente pour chaque établissement. Plus
l'établissement est gros, c'est-à-dire plus il y a de
détenus dans leur établissement, moins cela coûte cher,
moins il y a de personnes dans un établissement plus cela coûte
cher. Ainsi, dans des endroits comme Waterloo, par exemple, vous avez une
moyenne de $28 par jour, alors que, si vous allez plutôt dans la
région de Montréal, dans de gros établissements, au centre
de prévention, où il y a beaucoup de sécurité,
c'est $48.80. À la prison de Montréal, à Bordeaux, c'est
$40 par jour, parce que, là, il y a moins de sécurité,
maintenant, plus vous allez dans de petites institutions, plus cela va vous
coûter cher. Si vous allez à Percé, par exemple, cela peut
intéresser le député de Gaspé...
M. Le Moignan: Oui, parlez-en de Percé, je reçois
un appel téléphonique au moins...
M. Bédard: Cela va répondre d'avance à la
question que vous vouliez poser.
M. Le Moignan: ... je reçois au moins un appel
téléphonique par semaine, j'aimerais être capable de
répondre une fois pour toutes...
M. Bédard: Pour l'exercice 1976/77, cela a
coûté $297.78 par jour, pour garder un détenu.
M. Blank: On peut les loger dans les meilleurs hôtels de
Percé, cela coûterait moins cher.
M. Le Moignan: C'est par détenu par jour à
Percé.
M. Bédard: Si vous regardez à Matane, par exemple,
cela a coûté $128. Vous vous demandez comment il se fait que cela
coûte aussi cher. Disons que nous sommes aux prises avec des conventions
collectives tout simplement. Il faut comprendre ceci, c'est que, dans un
établissement, il faut toujours qu'il y ait au moins deux surveillants.
Mais comme, pour le poste de surveillant, cela nous prend cinq surveillants
pour le couvrir 365 jours par année, cela vous prend donc dix
surveillants. En plus de cela, il faut aussi avoir des patrons. Le minimum que
nous pouvons avoir dans ces établissements est de 14 employés.
Mais comme la moyenne des salaires est rendue à $14 000, cela augmente
le coût, et surtout, si vous considérez qu'à Percé
notre moyenne quotidienne est entre trois et cinq détenus, c'est pour
cela que ça coûte cher, tout simplement parce que la prison n'est
pas remplie.
M. Blank: Combien en coûte-t-il par jour pour une personne
qui est sous probation?
M. Bédard: C'est $750. M. Blank: Par jour?
M. Bédard: Par jour. Non, non, par année,
excusez.
M. Blank: Par année. $2 par jour.
M. Bédard: Pour garder un détenu, en moyenne, cela
nous revient, voyez-vous, à $50 par jour, ce qui revient aux alentours
de $16 000 à $17 000 par année.
M. Blank: $16 000 par année pour garder un détenu
en prison et $750 s'il est sous liberté contrôlée?
M. Bédard: C'est bien cela.
M. Blank: Qu'est-ce qu'on fait pour avoir plus de population en
dehors de la prison sous le contrôle des officiers de probation pour non
seulement sauver ces gens, mais économiser un peu l'argent de la
province aussi?
M. Bédard: Quand on regarde les coûts astronomiques
que cela représente, on voit jusqu'à quel point sous l'aspect
social, pas seulement sous l'aspect des coûts, il y a lieu de penser
à se donner des politiques de réinsertion sociale et...
M. Blank: Je suis d'accord à 100%.
M. Bédard: ... c'est dans ce sens qu'on a
déposé à l'Assemblée nationale deux projets de loi,
un concernant la formation d'une commission de libération conditionnelle
québécoise et également un autre projet de loi en ce qui a
trait à la possibilité de travail rémunéré
pour des détenus. C'est aussi dans ce sens que d'autres politiques ont
été appliquées dans le Québec par le
ministère de la Justice, à savoir un programme de travaux
communautaires qui permet à un juge, plutôt que de condamner
à la prison, de condamner l'individu à effectuer des travaux qui
peuvent être utiles à la société ou au milieu.
Il y a également un autre programme de restitution qui permet
à un juge, plutôt que de condamner à la prison, d'obliger
la personne à indemniser la victime. C'est avec des programmes de cette
nature, une législation de cette nature, avec la collaboration de chacun
des milieux concernés, que nous pouvons espérer en arriver
à diminuer la population carcérale, ce qui représente, au
bout de la ligne, une épargne importante du point de vue
économique. Mais ce qui est plus
important encore, c'est que, du point de vue social, lorsque la
société ne met pas les efforts nécessaires pour
réintégrer ou réinsérer socialement des individus
qui en sont à leur première offense, qui sont condamnés
pour des crimes mineurs je ne parle pas des récidivistes notoires
cela représente aussi un coût social. C'est dans cet esprit
de vouloir diminuer et le coût économique et le coût social
que nous mettons en place une législation et des programmes de nature
à permettre la réinsertion sociale et aussi à diminuer la
population carcérale.
M. Blank: Mais quand vous donnez le chiffre de la population
carcérale à 2450 environ, est-ce que cela inclut les gens qui
sont en probation de jour?
M. Bédard: Cela n'inclut pas ces gens-là.
M. Le Moignan: Est-ce qu'il y a une augmentation de la population
carcérale, dans les détenus et les prévenus, par exemple,
en 1976/77? Est-ce que cela augmente beaucoup?
M. Bédard: Cela a augmenté de 10%, de 14%...
C'est mentionné dans le rapport. Si vous regardez aux pages 43 et
44, tout est explicité. Cela a augmenté de 14%. (10 h 45)
II faut comprendre que cette augmentation que nous subissons ici, au
Québec, est mondiale. Ne pensez pas que ce soit un problème
particulier au Québec. Vous le retrouvez non seulement en
Amérique du Nord, mais même aussi en Europe. Il semble que, depuis
trois ans, dans tous les pays, la population des prisons a doublé tout
simplement.
M. Blank: Est-ce que cela a augmenté dans les prisons
fédérales aussi?
M. Bédard: Oui, conjointement.
M. Blank: Cela veut dire qu'il n'est pas question que les juges
imposent des sentences plus courtes et que cela retombe dans nos prisons au
lieu de...
M. Bédard: Non.
M. Blank: C'est seulement une augmentation du crime?
M. Bédard: Ce que nous remarquons à travers le
Canada et c'est la même chose ici, au Québec c'est
la durée du séjour, tant chez les prévenus que chez les
détenus, qui a augmenté. Par exemple, au niveau des
prévenus, nous avons fait une étude conjointe avec l'Ontario pour
comparer Toronto et Montréal. Nous avons noté qu'en 1972, par
exemple, la moyenne de séjour pour les prévenus se tenait
à 19 jours, alors que, maintenant, elle a dépassé les 70
jours. À quoi peut-on attribuer ce phénomène? C'est
très difficile à voir.
M. Blank: On a le changement dans la Loi des cautionnements, qui
est maintenant plus sévère. On a aussi le changement des juges,
dans les cours de coopération, qui sont plus sévères
également.
M. Bédard: Disons que cela n'explique pas tout. Nous
remarquons qu'il y a de moins en moins de personnes qui se déclarent
coupables. Il faut qu'elles se déclarent non coupables et, à ce
moment-là, vous allongez...
M. Blank: C'est peut-être à cause de l'aide
juridique.
M. Bédard: Encore une fois, c'est difficile de savoir
quelles sont les causes, étant donné que le problème est
général, non seulement au Québec, mais aussi dans toutes
les autres provinces.
M. Blank: Mais l'aide juridique, c'est général
aussi maintenant.
M. Bédard: Je vois que le député...
M. Blank: Les avocats de l'aide juridique, en premier lieu,
conseillent de plaider non coupables et de décider par la suite.
M. Bédard: ... dit cela avec le sourire. Je ne crois pas
que cela dépende de l'aide juridique.
M. Blank: Je ne suis pas certain...
M. Bédard: En fait, peut-être que les individus,
étant mieux au courant de leurs droits, s'en prévalent. Je ne
crois pas qu'on puisse faire d'autres remarques que celle-là.
M. Blank: Vous trouverez que le pourcentage de ceux qui plaident
coupables est un peu plus haut chez les avocats de la pratique privée
que dans les causes de l'aide juridique où les remises ne coûtent
rien.
M. Bédard: On aura l'occasion d'avoir avec nous tout
à l'heure le président de la Commission de l'aide juridique.
M. Blank: Oui, on viendra.
M. Bédard: Peut-être que ce sera une question
à retenir.
M. Le Moignan: M. le Président, j'ai un article ici du
Journal de Québec qui dit qu'un détenu coûte cher. Le
détenu coûterait environ $18 000 annuellement aux contribuables du
Québec. Est-ce que ce chiffre est exact?
M. Bédard: Pardon?
M. Le Moignan: Le Journal de Québec mentionne qu'un
détenu coûte à la province $18 000.
M. Bédard: Si vous multipliez 50 par 365 jours, vous
arrivez à cela.
M. Le Moignan: Vous êtes bon en mathématiques.
M. Bédard: Un détenu coûte en moyenne $18 000
par année.
M. Le Moignan: Vous avez mentionné Percé. Je
voudrais poser une dernière question, je ne veux pas éterniser
cela. Vous avez dit que cela coûtait $297. Vous transporterez les
prisonniers à New Carlisle en fin de semaine. C'est le point qui
inquiète les gardiens de Percé. À ce moment-là,
est-ce que cela coûtera plus cher à la province ou est-ce que vous
épargnerez de l'argent en les transportant à New Carlisle? Il y a
peut-être un, deux ou trois prisonniers.
M. Bédard: Nous épargnerons de l'argent, c'est
évident, parce que nous emploierons notre personnel strictement pour
cinq jours et non pas pour sept jours.
M. Le Moignan: Autrement, vous devriez ajouter du personnel
à Percé.
M. Bédard: C'est bien cela.
Justement pour revenir au problème de la population, il faut
comprendre que c'est au Québec qu'il y a le moins de personnes en prison
per capita. Si vous comparez cela avec les autres provinces, je crois que,
l'année passée, lorsque l'étude a été faite,
une seule province avait moins de personnes que nous per capita, et
c'était l'Île-du-Prince-Édouard. En Ontario et en
Colombie-Britannique surtout, vous avez un nombre effarant de personnes, qui
entre même dans les maximums. Si vous comparez notre population
carcérale moyenne à celle à travers le monde, nous sommes
dans la moyenne basse.
M. Le Moignan: Vous avez dit tout à l'heure qu'il y avait
une augmentation de 14% pour 1976/77, ici au Québec.
M. Bédard: Oui. Il faut bien comprendre, lorsqu'on parle
d'augmentation, que c'est l'augmentation moyenne. Cela ne veut pas dire qu'il y
a plus de personnes qui entrent en prison. Le nombre d'entrées reste
à peu près le même, mais ce sont les durées de
séjour qui ont augmenté.
C'est évident, comme je le disais tout à l'heure, que,
comme les prévenus demeuraient 19 jours en moyenne et que nous sommes
rendus à plus de 70 jours pour la même personne, à ce
moment-là, cela se multiplie.
Vous avez aussi le même phénomène au niveau des
sentences. Depuis deux ans, les sentences ont augmenté à tel
point, par exemple, qu'à la prison de Montréal, actuellement,
nous avons 600 personnes avec des sentences de plus de six mois, chose qu'on
n'a jamais vue par le passé. Ce sont les durées de séjour
qui ont augmenté, tout simplement.
M. Le Moignan: Je voudrais revenir... Seule- ment une petite
question. M. le ministre, vous avez parlé des agents de la paix tout
à l'heure. Je crois qu'ils sont en négociation dans le
moment.
M. Bédard: La négociation est terminée.
M. Le Moignan: Est-elle terminée?
M. Bédard: La signature a eu lieu la semaine
passée. Je puis vous dire qu'on est très heureux, au
ministère de la Justice, d'en être arrivé à une
convention collective négociée. Je crois que c'est une heureuse
nouvelle.
M. Blank: Sur le même sujet, est-ce qu'on a engagé
plus d'officiers de probation cette année que l'année
précédente?
M. Bédard: Non. En fait, nous avons le même nombre
d'agents de probation que celui de l'année passée.
M. Blank: Vous ne pensez pas que, voyant le coût d'une
personne en probation, ce ne serait pas possible de...
M. Bédard: Je crois qu'avec la mise en place de certaines
lois dont on a parlé tout à l'heure...
M. Blank: Oui.
M. Bédard:... le fonctionnement, par exemple, de la
commission de libération conditionnelle québécoise,
également la mise en place de différents programmes qui sont
axés vers la réinsertion sociale, nécessairement, cela
peut avoir comme conséquence l'obligation d'augmenter ce nombre de
personnes, le nombre des agents de probation. Je crois qu'en fin de compte,
cela se traduira quand même par des épargnes du point de vue
économique, étant donné le coût que
représente un individu qui est gardé en prison.
M. Blank: Dans la catégorie de la réinsertion
sociale des délinquants, les coûts des services ont
augmenté d'environ $200 000, à l'élément 4...
M. Bédard: À l'élément 4.
M. Blank: ... programme 5. Non, élément 2,
catégorie 4.
M. Bédard: Élément 2. L'explication, c'est
qu'on prévoit consacrer, pour l'exercice 1978/79, une somme
additionnelle de $370 500 pour des services rendus par des organismes
privés ou pa-rapublics s'occupant de réinsertion sociale. Les
principaux organismes utilisés sont l'Institut Philippe-Pinel et le
programme Portage, relatif à la drogue au niveau du secteur des
ressources spécialisées, la Maison Painchaud de Québec,
Carrefour Nouveau-Monde, les agences sociales spécialisées de
Hull et plusieurs autres organismes dans le secteur des centres
résidentiels et communautaires. Il y a aussi les établissements
du Gen-
tilhomme Inc., à Beauport, les Ateliers Dominique, de Hull, comme
ateliers de réadaptation sociale, et également le service de
réadaptation sociale, de même que plusieurs autres ressources
auxiliaires et bénévoles. Cette somme additionnelle servira,
d'une part, à compenser les dépenses additionnelles encourues par
ces organismes, à cause de la hausse du coût de la vie. Cela
représente $192 100. D'autre part, elle permettra d'augmenter le volume
des services rendus par les organismes utilisés actuellement ainsi que
de recourir à de nouveaux organismes; on évalue cette hausse
à environ $168 400. Ces deux facteurs expliquent l'augmentation.
M. Blank: Le sous-ministre associé, le Dr Gauthier, a
mentionné que c'est la première fois qu'on constate qu'il y a
beaucoup de gens à Bordeaux qui ont des sentences de plus de six mois.
Est-ce que c'est depuis cette année ou depuis une couple d'années
que cela fonctionne d'une façon semblable?
M. Bédard: Non, le phénomène a
commencé l'année passée, en 1976.
M. Blank: Est-ce que le ministre de la Justice, qui est en charge
des avocats de la couronne... Je constate moi-même, depuis une certaine
période, peut-être un an, deux ans, que les avocats de la couronne
exigent des sentences plus dures. Est-ce que c'est une politique du
gouvernement d'essayer d'augmenter les sentences ou si les avocats de la
couronne marchent eux-mêmes seuls ou s'il y a un programme
concentré ou des instructions générales
données?
M. Bédard: Non, ce n'est pas une politique du
ministère, c'est simplement l'évaluation de chacun des cas par
les procureurs de la Couronne qui jugent bon dans certains cas
précis, on fonctionne cas par cas de faire des
représentations appropriées.
M. Blank: J'ai aussi pensé, dans ma pratique, que
c'était cas par cas, mais quand le Dr Gauthier vient me dire que, depuis
deux ans, il y a une si grande augmentation des sentences supérieures
qui est normale, je me demande si ce n'est pas une politique
générale du gouvernement qui demande ces sentences.
M. Bédard: Ce n'est pas une politique
générale du gouvernement qui demande ces sentences.
Nous ne savons pas s'il y a cause à effet, mais cette tendance a
commencé avec la sanction de la loi C-51, à Ottawa. En vertu de
cette loi, lorsqu'on a aboli la peine de mort, on a augmenté les
sentences. Il semble que, depuis ce temps, le phénomène est le
même à travers le Canada. Tous les juges ont augmenté les
sentences, en accord avec l'esprit de cette loi. Naturellement, il y a une
tendance à la sévérité.
M. Blank: Un virage à droite.
M. Bédard: C'est cela.
Il y a certains genres de crimes qui, étant donné leur
répétition et leur gravité, exigeaient que des
instructions soient données, au point de vue gouvernemental, par le
ministre de la Justice, dans le sens de demander des sentences plus
exemplaires. Il y a les crimes tels que le viol et le vol à main
armée. Étant donné leur multiplication depuis un certain
temps, j'ai demandé que des instructions soient données aux
procureurs de la Couronne pour que, dans ces cas, on soit plus
sévère.
M. Blank: Cela veut dire que c'est une politique de...
M. Bédard: Dans des cas précis...
M. Blank: Mais, vous parlez de tous les...
M. Bédard: À un moment donné, on assistait
presque à une épidémie de viols à travers
l'ensemble du Québec, je pense qu'il était nécessaire
qu'il y ait plus de sévérité.
M. Le Moignan: M. le ministre, vous avez parlé, tout
à l'heure, du service de la participation communautaire. L'an dernier,
c'était $2 566 000, pour l'année en cours. Est-ce que ce montant
va être augmenté de beaucoup? Dans ce partage des subventions,
vous avez mentionné certains exemples, certaines institutions; sur quoi
vous basez-vous pour faire un partage des sommes et quelle est l'augmentation
prévue pour cette année?
M. Bédard: II y a une augmentation, tel que je l'ai
mentionné tout à l'heure, d'environ $360 500 qui est
prévue pour les organismes qui s'occupent de réinsertion sociale.
Il y a également une somme de $168 400 qui est prévue en fonction
de la possibilité de nouveaux organismes qui se créent et de la
nécessité de les aider financièrement.
Est-ce que le député nous demande ce qui est
octroyé à chacun de ces organismes?
M. Le Moignan: Non, vous n'avez pas à entrer dans le
détail.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions,
messieurs?
M. Blank: Le ministre associé, le Dr Gauthier, a
mentionné Waterloo. Waterloo est une prison à
sécurité minimale; trouvez-vous que ce projet d'une prison
à sécurité minimale pour des cas spéciaux est une
réussite?
M. Bédard: Nous sommes satisfaits de l'institution de
Waterloo, en ce sens que cela a prouvé que, au Québec, il
était possible d'avoir une institution sans barreaux. Actuellement,
à cause de la surpopulation, nous avons près de 200
détenus à cet endroit, de sorte, autrefois et jusqu'à il y
a deux ans, presque tous les détenus avaient un emploi à
l'extérieur: ils sortaient le matin, allaient travailler et revenaient
le soir, mais avec le pro-
blème de chômage que nous avons actuellement et surtout la
surpopulation, nous sommes en train de réviser tous nos programmes.
D'ailleurs, justement, la nouvelle loi 85 va nous aider, avec la formation d'un
comité, à former un bon programme. Si nous regardons les dix ans
d'existence de Waterloo, nous sommes très satisfaits des
résultats. (11 heures)
M. Blank: J'ai peut-être mal compris jeudi. À cause
du chômage, vous n'avez plus de gens qui sortent pour aller
travailler?
M. Bédard: II n'y en a plus.
M. Blank: Est-ce parce qu'ils ne peuvent sortir pour aller
travailler ou parce qu'ils ne peuvent trouver du travail?
M. Bédard: Autrefois, il y avait beaucoup de contrats
à l'extérieur. Plusieurs manufactures des alentours engageaient
nos détenus. Nous avions, en fait, plus d'emplois que de détenus,
mais aussitôt que le chômage a commencé à
sévir, naturellement, à ce moment, on a exclu nos détenus
parce que les gens de l'extérieur ont accepté les positions, tout
simplement. C'est à nous maintenant de bâtir nos propres
programmes.
M. Blank: Vous avez cessé de faire sortir des gens de
Waterloo pour qu'ils aillent travailler.
M. Bédard: Non. Il en sort. Je crois que nous en avons une
cinquantaine qui sortent actuellement.
Les programmes continuent. Ils sont plus difficiles d'application. Il y
a un autre élément que le chômage, soit l'augmentation de
la population carcérale...
M. Blank: Maintenant, je voudrais savoir si, concernant le fait
qu'il y a moins de gens qui sortent pour aller travailler, l'initiative est
venue de l'extérieur ou de votre service? Est-ce qu'en raison du
chômage à l'extérieur vous essayez d'empêcher les
prévenus de sortir pour aller travailler?
M. Bédard: Lorsque nous avons commencé à
Waterloo, cela a été, pour nous, une surprise de constater que
les gens de l'extérieur venaient justement nous offrir des emplois.
C'est comme cela que, jusqu'en 1974, nous avions plus d'emplois que de
détenus, mais, naturellement, graduellement, avec le changement un autre
phénomène s'est produit: jusqu'en 1974, la population de Waterloo
était d'une centaine, mais elle a augmenté à 200.
M. Blank: Trouvez-vous que les gens qui ont
séjourné à Waterloo sont moins susceptibles de retourner
que les autres?
M. Bédard: Normalement oui, étant donné la
sélection que nous faisons des détenus. Il n'y a pas
d'étude qui ait été faite.
M. Blank: On n'avait pas d'étude.
M. Le Moignan: Concernant le salaire de base des agents de la
paix, si la convention a été négociée, quelle
hausse cela représente-t-il à ce moment?
M. Bédard: Au bout de l'année, une indication
précise... est-ce qu'on pourrait attendre quelques instants? C'est
autour de $14 000.
M. Le Moignan: En moyenne. Auparavant, combien avaient-ils?
M. Bédard: 12% de moins. La moyenne des traitements de
base est exactement de $14 500.
M. Blank: Une dernière question. Avez-vous encore des
problèmes avec les gens qui ont des sentences pour les fins de semaine
et pour qui il n'y avait pas de place?
M. Bédard: Oui. Nous avons encore des problèmes,
étant donné que nous en avons environ 450 toutes les fins de
semaine. Comme nous ne sommes jamais capables de prévoir le nombre,
à certains endroits, cela crée vraiment des problèmes.
M. Blank: Cela veut dire qu'il y a des gens qui sont
retournés chez eux.
M. Bédard: Oui. Nous avons entrepris une consultation avec
les juges et à Sherbrooke, par exemple, nous avons maintenant des
sentences indéterminées, pas simplement la fin de semaine, mais
tous les jours, de sorte que, suite à cette expérience, nous
sommes capables de suffire à la demande des juges.
Le problème, c'est qu'ils s'entassaient tous pour la fin de
semaine, les samedi et dimanche. Il y avait souvent plus de détenus que
de places à certains endroits.
M. Blank: Si les juges les envoyaient en prison, supposons les
mercredi et jeudi, ils perdraient leur emploi. Le but est qu'ils gardent leur
emploi en leur faisant purger leur sentence les fins de semaine.
M. Bédard: C'est possible d'adapter les situations
à chacun. Le juge peut dire à quelqu'un: Tu vas aller travailler
le jour, mais tu vas revenir le soir à la prison pendant deux jours.
C'est une sentence. C'est lui-même qui donne à ce moment ce qu'on
appelle l'absence temporaire. C'est l'expérience qu'on a tentée
à Sherbrooke, qui a très bien fonctionné et que nous
sommes en train d'étendre à toute la province, de sorte que le
juge sait que lorsqu'il va donner une sentence de fin de semaine, nous allons
l'appliquer.
M. Le Moignan: Ce qui veut dire qu'en pratique c'est plus
avantageux de faire travailler les prisonniers que de les garder à
l'intérieur. C'est ce que le député mentionne, je pense.
Mais les détenus, pour leur réinsertion sociale, est-ce que vous
essayez de plus en plus de les intégrer, de les faire
travailler plutôt que de les garder enfermés, surtout ceux
qui ne sont pas des criminels?
M. Bédard: Certainement, il y a des programmes dont je
vous parlais, qu'on a mis en application et il y a aussi...
M. Le Moignan: Essayer de les reprendre...
M. Bédard: ... de plus en plus, une collaboration
étroite et continue entre les autorités du ministère et
les organismes dans le milieu qui sont préoccupés par la
nécessité de la réinsertion sociale et cette collaboration
nous permet, premièrement, de constater qu'à l'intérieur
de chaque milieu il y a beaucoup plus de gens qu'on croit qui sont
préoccupés par cette nécessité de la
réinsertion sociale et qui sont en mesure de nous aider.
M. Le Moignan: Comme dans nos milieux, chez nous, ce ne sont pas
de vrais bandits, il y a possibilité...
M. Bédard: Le meilleur exemple que je puisse vous donner,
c'est justement celui de Québec avec l'île d'Orléans. Nous
avons une expérience, pour l'été prochain, par exemple,
où nous aurons 40 détenus qui demeureront à l'île
d'Orléans et qui deviendront des ouvriers agricoles, qui vont être
intégrés à la population. C'est une expérience qui
dure depuis quelques années. À Rimouski, c'est un secteur que
vous connaissez, de concert avec la ville, au cours de l'hiver et au cours de
l'été, ce sont nos détenus qui vont arranger les terrains
de jeux ou les patinoires en hiver pour la population. Vous avez de plus en
plus, comme cela, de contrats que nous avons avec l'extérieur et qui
faciliteront l'intégration des détenus à la
société.
M. Le Moignan: Très bien, continuez.
M. Blank: Combien de prisons de femmes y a-t-il au
Québec?
M. Bédard: Québec et Montréal.
M. Blank: À Québec, il y a une population moyenne
de combien?
M. Bédard: Entre quinze et vingt par jour. M. Blank:
Et à Montréal?
M. Bédard: À Montréal, cela se tient entre
100 et 110.
M. Blank: Est-ce qu'il y a des transferts...
M. Bédard: Lorsque je parle de la prison de
Montréal, la Maison Tanguay, nous avons 110 détenues, mais nous
en avons 34 qui viennent de pénitenciers...
M. Blank: C'est cela que je vous demandais.
M. Bédard: ... qui ont des sentences de deux ans et
plus.
M. Blank: Et on les envoie ici pour une question de langue
et...
M. Bédard: Question de langue, question de
résidence, etc.
M. Blank: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Autres questions? Programme 4,
élément 1, adopté.
M. Bédard: Probablement l'ensemble du programme.
Le Président (M. Laplante): Oui. Programme 4,
élément 2, adopté?
M. Blank: Oui.
Le Président (M. Laplante): Programme 4 dans son entier,
adopté. Programme 5, élément 1, adopté? Programme
5, élément 2, adopté? Personne ne dit: Adopté?
M. Blank: Adopté.
Aide juridique et financière
Le Président (M. Laplante): Le programme 5 dans son entier
est adopté. Programme 6: Aide juridique et financière. Le
programme vise à assurer l'accès à la justice aux
personnes économiquement défavorisées ainsi que
l'indemnisation de victimes d'actes criminels. M. le ministre.
M. Bédard: Comme commentaires généraux, M.
le Président, on peut constater que les crédits prévus au
niveau de ce programme passeront de $28 978 300 à $33 233 400, soit une
augmentation de $4 255 100 ou 14,7% par rapport aux crédits de
l'année 1977/78. Ce programme est composé des ressources
prévues au niveau de l'aide juridique pour une somme de $29 972 600 et
de celles qui seront consacrées à l'indemnisation des victimes
d'actes criminels pour un montant totalisant $3 260 800. Les membres de la
commission sont au courant qu'il y a deux semaines nous avons fait
connaître au public la décision du Conseil des ministres
d'augmenter les barèmes d'admission à l'aide juridique et on peut
aussi constater que l'augmentation des crédits de 14,7% est une
augmentation substantielle. Je ne dis pas qu'il ne faudrait pas faire mieux,
mais c'est une augmentation substantielle par rapport au pourcentage
d'augmentation qu'on peut déceler dans l'ensemble des autres programmes
du ministère.
M. Blank: Quel est le barème maintenant?
M. Bédard: Pour une personne seule, de $115 à $135;
pour un couple, de $130 à $150.
Ceci représente à peu près l'indexation qui
était nécessaire puisqu'il n'y avait pas eu
d'augmentation des barèmes depuis déjà
au-delà de deux ans. Ceci n'aura pas comme effet d'augmenter la
population qui était desservie par l'aide juridique il y a deux ans,
mais c'est un rajustement pour que la même clientèle qui
était desservie il y a deux ans le soit encore, tenant compte de la
hausse du coût de la vie.
M. Blank: Le nombre des clients de l'aide juridique proprement
dite et de l'aide juridique des avocats privés a-t-il augmenté
depuis l'année passée?
M. Bédard: Mettons 1 600 000, la moyenne.
M. Blank: Quel pourcentage de ces cas est allé aux avocats
privés?
M. Bédard: II n'y a pas eu 1 600 000 cas, mais la
potentialité de ceux qui peuvent requérir les services de l'aide
juridique représente à peu près 1 600 000; mais ce n'est
pas la question...
M. Blank: La réponse à ma question, c'est quoi?
M. Bédard: La proportion est de 25% qui est
déférée à la pratique privée.
M. Blank: Est-ce que cela est resté le même chiffre
depuis deux ou trois ans?
M. Bédard: Cela augmente peut-être de 1% ou 2%;
tenant compte des années, on peut dire que cela se maintient.
M. Blank: Dans le programme du Parti québécois,
vous avez suggéré et je lis: "Le régime actuel d'aide
juridique est gratuit et universel, de façon que toute personne, quelle
que soit sa ressource financière, soit admissible." Est-ce que vous
travaillez dans ce sens-là?
M. Bédard: II y a toujours les contingences
financières dont il faut tenir compte. Je ne dis pas que ce n'est
pas...
M. Blank: C'est facile de faire des promesses.
M. Bédard: Non, ce n'est pas une promesse, c'est un
programme politique et je pense que...
M. Blank: Mais qu'est-ce que c'est un programme politique, ce
n'est pas une promesse?
M. Bédard: On ne peut quand même pas tout le
réaliser dans l'espace d'un an ou un an et demi. On doit tendre, comme
ministère, comme société, à ce que le plus de
citoyens possible puissent bénéficier de services gratuits,
à peut-être essayer...
M. Blank: Mais quand, la semaine passée...
M. Bédard: ... quand les contingences financières
nous le permettront, que la classe moyenne puisse également avoir
accès à des services gratuits du point de vue juridique.
Maintenant...
M. Blank: Une chose me surprend. La semaine dernière,
quand vous avez annoncé le changement de barème, vous avez
émis l'idée que vous augmentiez le nombre des personnes, qu'il y
avait d'autres personnes qui y auraient droit. Maintenant, cela reste le
même réservoir de 1 600 000.
M. Bédard: Non, j'ai dit exactement le contraire. J'ai
encore ma déclaration. L'interprétation qu'on peut en faire...
J'ai encore ma déclaration textuelle selon laquelle nous étions
conscients que cette augmentation des barèmes ne permettait que de
récupérer une certaine partie de la population qui n'avait plus
droit aux services juridiques et qui y avait droit il y a deux ans.
M. Blank: En fait, il n'y avait pas d'augmentation de
clientèle.
M. Bédard: II y avait une récupération d'une
clientèle, étant donné l'augmentation du coût de la
vie, d'une certaine clientèle qu'on voulait protéger il y a deux
ans et qui ne l'était plus maintenant; c'est dans ce sens qu'il
était nécessaire de rajuster les barèmes.
M. Blank: C'est un autre cadeau de Grec.
M. Bédard: Avant d'aller plus loin, d'atteindre une autre
population qui est la classe moyenne, tel que je vous le dis, il y a quand
même des contingences financières. (11 h 15)
M. Blank: Cela fait presque deux ans que vous êtes
élus et vous n'allez pas un pouce dans la direction de votre programme
politique.
M. Bédard: Pardon?
M. Blank: J'ai dit que cela fait presque deux ans que vous
êtes élus et vous ne faites aucune démarche, même pas
un pouce en direction de votre programme politique.
M. Bédard: Vous ne faites pas la distinction entre un
programme et une plate-forme politique. Durant la dernière campagne
électorale, il n'y a pas eu de déclaration spécifique dans
ce sens-là. Mais ce que je vous dis...
M. Blank: Chaque fois qu'il tente d'appliquer ce mot sur une
estrade, il dit: Regardez notre programme. Et voilà votre programme,
encore une autre promesse mise de côté.
M. Bédard: Le réseau de garderies est dans le
programme du Parti libéral depuis 1971.
M. Blank: C'est pour cette raison que la population nous a mis de
côté. Elle va faire la même chose avec vous. Si vous ne
remplissez pas vos promesses, vous allez prendre la porte.
M. Bédard: Est-ce que je dois comprendre que vous
désirez qu'on ne les remplisse pas? Une chose certaine, c'est que nos
efforts vont tenter d'augmenter la population qui pourrait avoir accès
à des services juridiques gratuits.
M. Blank: Vous avez déjà eu deux chances qui vous
ont été offertes et, jusqu'à maintenant, vous ne les avez
pas prises.
M. Le Moignan: Mais en plus du programme, l'an dernier, en
commission parlementaire, vous aviez mentionné cette tendance à
vous occuper un peu plus de la classe moyenne. Cette année, cela demeure
encoure flou. Est-ce que vous avez un échéancier? Quand
allez-vous avancer dans ce sens-là?
M. Bédard: Je ne peux pas prévoir les budgets. Une
chose certaine, c'est que notre objectif tend à augmenter le nombre de
personnes qui auront accès à ces services juridiques gratuits.
Dès que nous croirons, du point de vue financier, que, comme
société, nous pourrons les payer, c'est clair que ce n'est pas
qu'une préoccupation, c'est un objectif que nous voudrions
atteindre.
M. Le Moignan: En parlant de services, dans votre
déclaration, vous aviez parlé de certains secteurs de
négociations avec le ministère fédéral de la
Justice. Est-ce que vous êtes toujours en négociation?
M. Bédard: Oui, les négociations se poursuivent
à l'heure actuelle avec le gouvernement fédéral,
concernant l'aide juridique. Étant donné que nous sommes en
négociation, je pense qu'il ne serait pas tellement à propos de
faire de plus amples remarques.
M. Le Moignan: Est-ce que le gouvernement fédéral a
contribué pour beaucoup à ce service?
M. Bédard: Excusez ma voix. En vertu du système de
financement actuel, le gouvernement fédéral défraie la
moindre des deux sommes, $0.75 par habitant ou 90%. Au niveau criminel, la
réclamation du Québec pour l'année 1976/77 a
été de $4,6 millions environ, en vertu de $0.75 per capita, par
habitant.
C'est cette formule de financement qui est en discussion avec le
gouvernement fédéral actuellement, qui est prévue depuis
le début du programme.
M. Le Moignan: Oui.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez d'autres
questions, messieurs?
M. Blank: La question que je vais poser, je ne sais pas si le
président de la Commission de l'aide juridique est...
Le Président (M. Laplante): II serait
préféra- ble de s'adresser au président de la commission
parlementaire au lieu d'interroger directement celui qui parle au nom du
ministre.
M. Blank: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Je ne sais pas si le président de la Commission
de l'aide juridique était dans cette salle quand j'ai posé la
question sur l'élément du programme alors que l'on m'a
demandé d'attendre pour poser ma question à ce programme-ci.
M. Bédard: Je crois que ce serait bien indiqué,
à ce moment-ci, de poser la question, pour avoir les explications.
M. Blank: Je ne sais pas s'il était ici. J'ai l'impression
que les avocats de l'aide juridique jouent un peu plus avec la loi que les
avocats du domaine privé. Je veux savoir si une étude a
été faite dans des causes criminelles, sur des questions de
plaidoyers de non-culpabilité, ou des inscriptions en appel. Est-ce que
le pourcentage est différent de la moyenne des avocats de pratique
privée?
M. Bédard: M. le Président, nous n'avons pas fait
d'études spécifiques pour savoir quelle est la proportion des
plaidoyers de culpabilité enregistrée lorsque des clients
détenaient des mandats d'aide juridique, soit en faveur de permanents
d'aide juridique, d'avocats salariés, ou d'avocats de pratique
privée. Nous n'avons pas fait la différence entre les deux types
d'avocats et nous n'avons pas non plus comparé, par rapport à ce
qui se fait dans la pratique privée, là où il n'y a pas de
causes de l'aide juridique. Je ne peux pas vous dire la différence entre
les deux; nous n'avons jamais fait ce rapport.
M. Blank: Ne pensez-vous pas qu'il y aurait peut-être un
intérêt à épargner quelques dollars? Je ne vais pas
souvent à la cour criminelle, mais, de temps en temps, je suis là
comme avocat de la défense, et je vois des procédures que je
trouve absolument inutiles. Ce serait parfois du meilleur intérêt
du client de ne pas procéder. Y a-t-il des études ou est-ce qu'il
y a quelqu'un qui, peut-être, surveille ces gens?
M. Bédard: Je crois que ce serait important. Je vais
demander à la Commission de l'aide juridique de faire cette étude
comparative que vous suggérez.
M. Blank: L'aide juridique pourrait peut-être faire des
études comparatives ou exercer une surveillance de vos avocats dans les
cours pour voir comment ils agissent, parce que, parfois, la relation entre le
client et l'avocat n'est pas exactement la même, quand celui-ci n'a rien
à perdre du côté pécuniaire. Quand un avocat de la
pratique privée a un client, il veut lui donner satisfaction, parce
qu'il veut qu'il lui revienne peut-être un autre jour, non pas
nécessairement avec une cause criminelle, mais peut-être une cause
civile. Je trouve que cette relation n'existe pas entre des avocats de l'aide
juridique et leurs clients. Je dois dire que, parfois, pour des questions de
principe, des avocats de l'aide juridique prennent des procédures ou
font certaines démarches qui ne sont pas tellement de
l'intérêt du client. Je me demande s'il y a des études ou
des recherches dans ce sens.
M. Bédard: Non.
La surveillance des avocats appartient à l'organisme
professionnel qui s'appelle le Barreau, tant pour les avocats de la pratique
privée que pour les avocats permanents de l'aide juridique. En partant,
ils ont tous la même formation universitaire. Autrement dit, il y a eu un
contrôle de l'extérieur.
Quant aux procédures elles-mêmes, c'est bien sûr que
des gens peuvent avoir intérêt à faire des
procédures. C'est évident que si tu es payé à
l'acte, à la procédure que tu fais, tu peux être
porté à en faire plus que si tu n'es pas payé suivant les
actes que tu fais, qu'à ce moment-là tu es payé à
la semaine.
Dans le fond, c'est très difficile de juger de
l'extérieur, à savoir si la procédure était utile
ou non utile dans les circonstances.
M. Blank: Je pense que je me suis mal exprimé.
M. Bédard: Peut-être que j'ai mal compris.
M. Blank: Ce n'est pas des avocats de l'aide juridique
privée que je me plains, parce que, normalement, le montant pour lequel
ils sont payés pour des actes de procédure ne fait pas
énormément leur affaire. Je parle des avocats payés
à la semaine, qui n'ont rien à perdre, qui, pour une question de
principe, pour essayer de créer de la jurisprudence, ou pour toutes
sortes d'autres raisons, prennent des procédures que je trouve inutiles.
Peut-être que c'est seulement mon opinion. Quand je parle de
surveillance, je ne parle pas d'une surveillance pour malhonnêteté
ou des choses comme cela. Ce n'est pas cela. C'est peut-être un jugement
professionnel sur lequel le Barreau n'a aucun contrôle. Si une affaire
doit être portée en appel ou non, si on doit plaider coupable ou
non, si c'est l'intérêt du client de le faire, c'est de cela que
je parle. Je ne parle pas de la malhonnêteté des gens, je ne parle
pas de cela du tout. Je trouve parfois qu'il y a un gaspillage d'argent de la
province pour rien. Cela n'arrive à rien et cela fait tort au client,
parce que, parfois, c'est mieux de faire une entente avec un avocat de la
couronne sur une question de playdoyer, de sentence, que de traîner cela
pendant des semaines, des mois et des mois en finissant avec une sentence plus
longue que celle qu'on pouvait avoir avant. C'est à la connaissance de
l'avocat, mais il veut prouver quelque chose.
M. Bédard: Je crois que les remarques du
député s'insèrent dans une préoccupation qu'il a
que le système coûte le moins cher possible tout en ayant...
M. Blank: Je n'ai aucune objection, je dois dire...
M. Bédard: ... à l'idée que la justice soit
le mieux rendue possible et la défense des prévenus le mieux
assurée possible. Je lui ai dit tout à l'heure et je lui dis
à nouveau que nous allons essayer d'avoir des statistiques dans le sens
des représentations qu'il a faites. Je voudrais lui souligner aussi que,
le 4 mai 1977, il y a eu un Code de déontologie du Barreau qui a
été accepté par le Conseil des ministres, où nous
avions fait insérer un article précis dans le sens d'obliger les
membres du Barreau à réduire au minimum la multiplication des
procédures judiciaires.
M. Blank: Je veux expliquer au ministre que, même comme
avocat de la pratique privée, je ne suis pas contre l'aide juridique
dans les affaires criminelles. À un certain moment, même ici,
devant cette commission, durant les années où l'on était
au pouvoir, j'ai même suggéré un système de "public
defenders" ou des choses comme cela, parce que je trouve que même avec le
système judiciaire, même avec l'aide juridique aujourd'hui, la
balance est encore en faveur de la couronne dans des causes criminelles, parce
que les avocats de la défense n'ont pas de ressource humaine ou
financière pour faire des recherches, des enquêtes, même
dans l'aide juridique. J'ai toujours prêché qu'on devrait avoir un
système de "public defenders" ou des frais de recherches et des
enquêteurs, etc., qui seraient payés par la couronne. Je ne suis
pas contre cela dans les affaires criminelles, mais voyant qu'on insiste
maintenant, je trouve que quand je suis là, et que je vois des
choses...
M. Bédard: Le député de Saint-Louis peut
être assuré que nous acceptons ses représentations dans le
sens positif.
M. Blank: II y a une autre affaire que j'ai vue, et j'ai
même eu des plaintes des juges en cour, parce que les juges savent que je
suis député et je suis assis à la cour... Dans des cas de
divorce où les avocats de l'aide juridique sont des avocats des
requérants, dans presque tous les cas, ils ne demandent pas de frais,
nonobstant le fait que l'intimé travaille et a l'argent. Il y a des
juges qui font des remarques: Comment se fait-il que vous ne demandez pas
d'argent? Il y a toutes sortes d'excuses. Encore là, cela demande une
petite recherche, parce que même si les frais sont seulement de $150, il
y a des centaines de causes de divorce...
M. Bédard: Le nombre de causes...
M. Blank: ... où l'intimé travaille et fait un bon
salaire. C'est vrai que le requérant a droit à l'assistance
judiciaire, mais l'intimé qui travaille, qui a l'argent...
M. Bédard: Il n'y a pas droit.
M. Blank: II n'y a pas droit, mais au moins s'il est
condamné par la cour, pourquoi ne pas lui réclamer des frais? Les
frais tomberaient dans le fonds consolidé de l'aide juridique.
M. Bédard: Si vous permettez, effectivement, le tribunal
est toujours maître des frais. Il peut exiger des frais quand bon lui
semble aussi, même si vous ne les demandez pas. Deuxième chose, il
s'agit de savoir si on va priver la cliente de recevoir sa pension alimentaire
pour percevoir les frais. C'est aussi un de nos gestes. C'est aussi courant, en
pratique privée, lorsqu'il n'y a pas d'aide juridique, dans les causes
de séparation ou de divorce, où les parties renoncent aux
frais.
M. Blank: Oui, c'est différent, parce que l'avocat
privé est maître de ses moyens financiers; mais ici, c'est
l'argent du peuple, c'est un peu différent. Les $150 de frais que le
gars doit payer viennent du contribuable. Il paie moins de taxe à long
terme. Je ne suis pas d'accord avec M. le Président. Si on ne demande
pas de frais dans l'action, le juge n'a pas le droit de les donner, parce que
c'est audi repetita, il n'a pas le droit, si on ne le demande pas.
M. Bédard: II ne peut aller au-delà des
allégués.
M. Blank: Oui. Je vois que même le président de la
commission n'est pas d'accord pour qu'on demande des frais, mais je pense que,
si on demande des frais, je vois combien de montants on peut percevoir. Il y a
des gens qui font assez d'argent pour payer des pensions alimentaires et pour
payer les frais. Dans beaucoup de cas, il n'y a pas de pension alimentaire.
Quand il n'y a pas d'enfant, normalement la femme travaille, elle fait un peu
d'argent, elle tombe sous l'aide juridique, mais là encore, on n'insiste
pas sur les frais. Comme je l'ai dit, au moins à deux ou trois
occasions, des juges de la Cour supérieure m'ont fait des remarques,
parce que j'étais assis en cour.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je ne travaille pas souvent à la commission
parlementaire de la justice, mais il me semble que, l'an dernier, si je me
souviens du rapport annuel qui avait été publié, est-ce
qu'il n'y avait pas un projet pilote en Gaspésie pour l'aide
juridique?
M. Bédard: Je vais laisser le président de la
commission vous répondre, à ce sujet.
Ce dont le rapport faisait état l'année der- nière,
c'était un projet de paralégaux à Rimouski et à
Gaspé. Le paralégal de Rimouski, c'était une personne qui
donnait un coup de main aux gens vis-à-vis de l'aide sociale et de
l'assurance-chômage. Elle les aidait à compléter leur
feuille de renseignements et à répondre aussi aux questions de
l'appareil gouvernemental pour ces différents régimes.
Effectivement, avec cette personne, le programme a été
satisfaisant, puisqu'elle est demeurée en poste; elle donne un bon coup
de main aux avocats vis-à-vis de ces genres de cas. C'est même
arrivé à la personne de représenter ces gens devant des
régies ou des commissions. Elle a très bien agi, avec l'appui,
bien entendu, des avocats qui lui donnent un coup de main à l'occasion.
(11 h 30)
Quant au projet pilote qui a eu lieu à Gaspé, il a
été suspendu; il s'agissait d'une enquête sur la
consommation. Effectivement, l'enquête s'est faite et les
résultats ont été produits et publiés dans la
région à ce moment. Maintenant, le programme n'a pas
été repris cette année.
M. Le Moignan: Je vois que vous avez une certaine augmentation
pour l'aide juridique. Est-ce que les conventions collectives qui expiraient,
je crois, à la fin de mars sont renouvelées ou est-ce en voie de
négociation actuellement?
M. Bédard: Les conventions des avocats, dans les six
régions qui sont syndiquées sur les onze, sont sur le point
d'aboutir à un résultat, je l'espère.
M. Le Moignan: Est-ce que cela représente...
M. Bédard: Disons qu'on peut être optimiste en
fonction des négociations qui se poursuivent.
M. Le Moignan: Vous êtes toujours optimiste en fonction de
l'argent aussi? Cela représente des coûts de 10% ou 12%, le
coût de la vie quoi?
M. Bédard: Cela représente environ 12,8%.
M. Blank: J'ai une autre question; une pour moi et une pour le
député de Sainte-Anne.
Qu'adviendra-t-il maintenant de l'aide juridique de Saint-Louis et de
l'aide juridique de Pointe Saint-Charles?
M. Bédard: Ces deux anciennes cliniques ces bureaux
existaient avant l'aide juridique, donc à ce moment c'étaient des
cliniques relèvent de la Corporation régionale de
Montréal.
À ma connaissance, la clinique juridique Saint-Louis ne
fonctionne plus comme clinique indépendante; le territoire a
été divisé en deux bureaux d'aide juridique depuis environ
un an.
Quant à la clinique de Pointe Saint-Charles, elle continue
à agir comme clinique et reçoit une subvention de la part de la
corporation régionale. Je sais qu'elle a reçu une subvention
directement du fédéral pour continuer le travail.
M. Blank: Est-ce parce qu'il y a un député
ministériel à Pointe Saint-Charles et un député de
l'Opposition à Saint-Louis?
M. Bédard: Ce n'est sûrement pas la raison. Il y a
des procédures qui sont en cours et qu'il faut respecter.
Dans le cas de Saint-Louis, la demande est en appel.
M. Blank: Oui, je sais, c'est pour cela que je ne vais pas plus
loin! Mais on essaie de faire une commission politique.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions,
M. le député de Saint-Louis?
M. Blank: Franchement, non.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé?
M. Le Moignan: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. Programme 6,
élément 1, adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 6,
élément 2, adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 6, adopté en
son entier.
Enregistrement officiel
Programme 7: Enregistrement officiel. Ce programme vise à assurer
la conservation des actes de l'état civil, des actes relatifs au
patrimoine et d'autres documents officiels. M. le ministre.
M. Bédard: Au niveau des commentaires
généraux sur l'ensemble du programme, on peut constater que les
crédits prévus au niveau de ce programme vont passer de $8 485
600 à $9 306 900, soit une hausse de $821 300, ce qui représente
9,7% d'augmentation par rapport au budget comparatif de 1977/78. Cet
accroissement est imputable, en majeure partie, à la mise en application
de conventions collectives de travail.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Vous avez douze employés de moins?
M. Bédard: C'est la réduction des occasionnels.
M. Blank: Oui, c'est vrai, c'est la réduction des
occasionnels.
M. Bédard: C'est cela.
M. Blank: Vous avez augmenté d'une permanente.
M. Bédard: C'est cela.
M. Blank: II y a une augmentation ici, dans les services,
à 4...
M. Bédard: À quel élément?
M. Blank: Élément 1, catégorie 4, d'environ
$100 000. Programme 7, élément 1, catégorie 4.
M. Bédard: Les crédits additionnels prévus
à cette catégorie de dépenses vont servir à
financer le projet de mécanisation des registres aux bureaux
d'enregistrement de Montréal et de Laval.
L'objectif général visé par ce projet est d'assurer
la conservation de l'information enregistrée et de s'assurer du maintien
d'un outil donnant accès à cette information.
D'une façon plus spécifique, cette augmentation permet
d'assurer une uniformisation des opérations, d'éliminer la
répétition des inscriptions, d'assurer l'intégrité
de l'information et d'avoir un meilleur contrôle des opérations
internes, ce qui représente l'essentiel de la motivation de
l'augmentation de $99 100.
M. Blank: J'ai entendu dire mais je ne sais pas si c'est
vrai, j'ai vu quelque chose dans les journaux que, le 1er mai qui vient,
toutes les quittances qui seraient enregistrées aux bureaux
d'enregistrement doivent être seulement en français, qu'on
n'acceptera plus d'enregistrement de quittances en anglais.
M. Bédard: C'est exact, en fonction de l'application de la
loi 101.
M. Blank: Par qui est donnée cette interprétation
à la loi 101, parce qu'à mon avis, en lisant la loi 101, ce n'est
pas cela que la loi 101 dit. Je veux savoir qui a donné cette
interprétation. Est-ce le ministre de la Justice ou le ministre
d'État au développement culturel ou qui?
M. Bédard: C'est une opinion qui a été
donnée par le ministère de la Justice.
M. Blank: Le ministère de la Justice. M. Bédard:
C'est cela.
M. Blank: Y a-t-il eu des contestations de la Chambre des
notaires?
M. Bédard: Non. Il n'y a pas eu de contestation de la
Chambre des notaires, mais elle nous a demandé une
interprétation, et c'est à la suite de cette demande que nous
avons fait connaître notre opinion juridique au niveau du
ministère de la Justice.
M. Blank: Je trouve cela curieux parce que mon
interprétation est que lorsque l'inscription a lieu dans... Mais suivant
le jugement Deschênes, ne pensez-vous pas...
M. Bédard: Nous essayons de donner le plus
d'élasticité possible, tenant compte de ce que vous venez de
mentionner, mais en ce qui a trait à l'enregistrement, nous croyons que
c'est l'interprétation qu'il faut donner à la loi 101.
M. Blank: C'est une interprétation très stricte,
parce que le mot "quittance", dans la loi 101, ne tombe pas dans la section des
cours, cela tombe dans le milieu des affaires et c'est la quittance...
Après discussion en commission, ce sont les quittances qu'on donne
après un paiement sur les contrats aux termes de telles choses. Les
actes notariés, c'est dans une autre section complètement. Le mot
"quittance" qui est reçu en anglais, ce n'est pas la même chose
qu'une quittance notariée. Je trouve que la personne qui a donné
cette opinion a donné une opinion très étroite sur une
question très large.
M. Bédard: II n'y a pas eu de contestation jusqu'à
maintenant sur cette...
M. Blank: II n'y a pas eu de contestation, parce que le monde
n'est pas au courant.
M. Bédard: Vous me permettez de terminer? Il n'y a pas eu
de contestation jusqu'à maintenant sur cette interprétation. Il y
en a qui étaient au courant puisque c'est à la suite de demandes
qui nous ont été faites par des notaires que nous avons
donné cette interprétation, et quand il s'agit d'enregistrement,
je crois que nous devons y aller de la manière la plus
sécuritaire possible.
M. Le Moignan: Y a-t-il moyen d'avoir une copie de cette opinion
que vous avez donnée? Y a-t-il un document qui traite de cela?
M. Bédard: Je ne crois pas que cela soit l'habitude de
faire circuler les opinions juridiques qui sont données au niveau
gouvernemental. S'il fallait commencer cela...
M. Blank: Vous parlez de l'aspect sécuritaire, je dois
dire qu'une personne de langue anglaise qui est un citoyen du Québec, un
Québécois, va signer un document qu'il ne comprend pas?
M. Bédard: Non, mais l'interprétation étant
donnée, je crois que les parties trouvent moyen de s'ajuster à
cette interprétation et que la compréhension ne diminue en aucune
façon pour les parties concernées, il y a simplement certaines
précautions qui doivent être prises, de la part des parties
impliquées dans un contrat.
M. Blank: Pour moi, c'est un autre exemple du harcèlement
de la population anglophone dans cette province. On fait des choses qui ne sont
pas nécessaires du tout. Pour chaque personne, si la quittance
était signée en anglais par la personne qui veut la signer en
anglais... La prochaine chose qu'on va faire, les actes notariés vont
tous être en français, tous les contrats. D'un côté,
vous dites que les personnes peuvent parler leur langue...
M. Bédard: Je ne veux pas faire de débat sur le
fond de la loi, mais on ne pouvait faire autrement au niveau du
ministère de là Justice que d'avoir une interprétation
sécuritaire.
M. Blank: Avez-vous demandé l'avis juridique d'une
personne ou de plus d'une personne?
M. Bédard: C'est un avis juridique du ministère de
la Justice, du contentieux du ministère de la Justice.
M. Blank: Avez-vous demandé l'avis des avocats
privés?
M. Bédard: Nous n'avons pas demandé d'avis des
avocats privés.
M. Blank: Est-ce que vous ne pensez pas que, dans une affaire
assez sérieuse, vous pourriez avoir deux avis juridiques?
M. Bédard: Tel que je vous l'ai dit tout à l'heure,
nous n'avons eu aucune contestation à la suite de cette
interprétation légale qui a été donnée.
M. Blank: Vous n'avez eu aucune contestation parce que toute
l'affaire a été un peu cachée. C'est sûrement par
hasard que je l'ai constatée. Il n'y a rien dans les journaux.
M. Bédard: Non, il n'y a rien de caché. On n'est
quand même pas obligé de monter sur des estrades pour faire
connaître un avis juridique concernant l'interprétation d'une loi.
Ceux qui ont à être confrontés avec l'application de cette
loi sont en mesure de constater l'essentiel des directives qui ont
été données et, tel que je vous le dis, il n'y a eu aucune
contestation acheminée au ministère de la Justice.
M. Le Moignan: Sur le programme...
M. Bédard: ... il a d'ailleurs été
envoyé à tous les registrateurs...
M. Blank: Est-ce que cela a été envoyé
à tous les notaires?
M. Bédard: ... et est affiché dans les bureaux
d'enregistrement où tout le monde est en mesure d'en prendre
connaissance. Il n'y a rien de caché là-dedans. Cela fait un mois
et demi, à peu près, que cette directive a été
envoyée.
M. Blank: II n'y avait pas de communiqué de presse, ni
rien? Vous ne trouvez pas l'affaire sérieuse?
M. Bédard: Je trouve cela très sérieux. Au
contraire, je trouve cela très sérieux, mais, tel que je viens de
le mentionner au député de Saint-Louis, il n'y a rien de
caché là-dedans. C'est envoyé aux registraires et
je pense bien que c'est plus que l'équivalent d'un communiqué qui
ne dure qu'une journée ou qui ne fait que l'objet d'une nouvelle
qui affichent cette directive quotidiennement dans leur bureau d'enregistrement
où les gens sont en mesure de constater les directives.
M. Blank: C'est le notaire qui va le savoir. Le client, la
personne, les deux millions d'anglophones de la province de Québec ne
seront pas au courant qu'il faut qu'ils aillent chez un notaire pour signer une
quittance. À ce moment-là, c'est trop tard. Ne pensez-vous pas
que c'est une chose qui peut affecter les droits de tout un grand secteur de la
population qui a des hypothèques sur les maisons, des servitudes et
toutes sortes de choses, des privilèges? À un moment
donné, ces gens seront aux prises avec cette situation et ne seront pas
au courant qu'à l'avenir on doit leur demander de signer un document
qu'ils ne comprennent pas.
M. Bédard: Nous avons donné, au ministère de
la Justice, notre avis juridique le plus sécuritaire possible en
fonction de l'application de la loi 101...
M. Blank: Mais, quand vous dites sécuritaire...
M. Bédard: ... si vous me permettez. Et cette directive
est affichée dans tous les bureaux d'enregistrement où la
population non seulement francophone, mais la population anglophone est
à même d'en prendre connaissance.
M. Blank: Mais quand vous parlez de prendre des
précautions sécuritaires...
M. Bédard: Je puis vous dire que nous n'avons pas eu,
depuis ce temps, de contestation.
M. Blank: Attendez. Cela viendra. Le ministre a dit qu'il a
donné instruction de prendre des précautions sécuritaires.
Quelles sortes de précautions sécuritaires sont
envisagées?
M. Bédard: Non, c'était l'interprétation
sécuritaire qu'il fallait faire de la loi 101.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: J'aurais une question en fonction de
l'élément 1. Je crois que nous avons adopté un projet de
loi, en décembre dernier, au sujet des transsexués je n'ai
rien contre eux...
M. Bédard: Vous avez d'ailleurs voté pour le projet
de loi.
M. Le Moignan: Oui, j'ai voté pour le projet de loi; je
n'ai rien contre ces gens-là, quel que soit leur sexe. Est-ce que le
gouvernement a reçu beaucoup de demandes de changement de nom depuis
l'adoption de la loi?
M. Bédard: La loi entrait en vigueur le 1er avril. Alors,
on n'a pas reçu de demande encore.
M. Le Moignan: Jusqu'ici, qu'est-ce que cela représente,
pour satisfaire ma curiosité?
M. Bédard: Cela représente environ... 320, l'an
passé.
M. Le Moignan: 320, l'an passé dans la province.
M. Bédard: Sur les transsexués, cela
représente vraiment un nombre mineur. D'ailleurs nous l'avions
indiqué lors de l'adoption de la loi. Cela peut représenter, au
plus, une centaine de personnes, mais, à notre connaissance,
peut-être 25 ou 30 personnes. Cela représentait quand même
un cas humain, un cas social qu'il fallait régler dans le sens du projet
de loi qui a été adopté unanimement.
M. Le Moignan: Est-ce que les procédures sont
compliquées ou si c'est assez simple? (11 h 45)
M. Bédard: Cela prend, comme vous le savez, un certificat
médical. Ce certificat médical doit provenir d'institutions
hospitalières qui ont suivi le cas des personnes qui pourront se
prévaloir des dispositions de cette loi. La loi étant en
application seulement depuis le 1er avril, il est évident que nous
n'avons pas encore reçu de demandes en bonne et due forme. M. le
Président, à moins qu'il y ait d'autres questions...
M. Blank: Non, il n'y a pas d'autres questions.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas d'autres
questions. Programme 7, élément 1, adopté. Programme 7,
élément 2, adopté.
M. Bédard: C'est l'ensemble du programme.
M. Le Moignan: J'aimerais demander au ministre une petite
explication sur l'élément 2, les enregistrements d'actes relatifs
au patrimoine.
M. Bédard: Au niveau de cette activité, disons
qu'on prévoit utiliser des crédits additionnels, qui sont
indiqués, de l'ordre de $762 100. Ces crédits serviront
principalement à financer l'impact budgétaire faisant suite
à la mise en application de conventions collectives en vigueur ou
à venir. C'est essentiellement la raison de cette augmentation.
Contentieux général du
gouvernement
Le Président (M. Laplante): Élément 2,
adopté. Programme 7, adopté. Nous passons au programme 9, 8 ayant
déjà été adopté. Programme
9, "Contentieux général du gouvernement". Ce programme
vise à assurer les services juridiques aux différents
ministères. M. le ministre.
M. Bédard: Concernant les commentaires
généraux, les crédits prévus à ce programme
passeront de $9 744 900 à $10 210 700, soit une hausse de $465 800, ce
qui représente 4,8% d'augmentation par rapport au budget comparatif de
1977/78. Cette augmentation est causée principalement par la mise en
application des conventions collectives de travail en vigueur et à
venir. Il y a eu aussi la mise en place du système de plaidoirie interne
en matière civile et pénale. M. le Président, ma politique
ayant trait à l'implantation d'un système de plaidoirie interne
en matière civile et pénale au sein du ministère affecte
trois de nos programmes, soit les programmes des contentieux civil,
pénal et criminel. C'est pourquoi il me faut vous expliquer d'une
façon globale les crédits prévus aux fins de ce
système. Le budget prévu pour l'exercice de 1977/78 a
été estimé à $5 235 000 et l'effectif à 190
postes. Ces crédits se répartissent comme suit: contentieux
civil, $2 665 000 pour 110 postes; contentieux criminel, $1 260 000 pour 80
postes. Les dépenses qui seront absorbées par les autres
ministères pour l'aménagement, la location, l'ameublement et pour
les avantages sociaux se situeront à environ $1 310 000. M. le
Président, si on avait maintenu la politique de recours aux services des
avocats et notaires de la pratique privée, le coût probable pour
l'année 1977/78 aurait été de $6 800 000 et cela en tenant
compte d'une révision des tarifs. Le coût des honoraires pour des
causes pénales aurait été de $2 970 000, ceux au niveau
civil de $3 680 000 et au niveau criminel de $150 000. Les
bénéfices que l'on prévoit donc réaliser avec
l'application de cette nouvelle politique, au cours de cet exercice, seront de
$1 565 000 en ne tenant pas compte des honoraires résultant des mandats
confiés avant le 15 novembre 1976.
Il est à remarquer que, dans le coût probable pour
l'exercice 1977/78, nous avons prévu une somme de $680 000 pour
l'aménagement, l'achat de mobilier et d'équipement de bureau.
Pour l'exercice 1978/79, le coût du système de plaidoirie
que nous avons mis en place a été estimé à $4 865
000, comparativement à $7 070 000 que cela aurait pu coûter si on
avait maintenu la politique de recours aux avocats et notaires de la pratique
privée. On prévoit donc réaliser, pour l'exercice 1978/79
et les autres années à venir, une somme annuelle
évaluée à environ $2 205 000, soit $415 000 au niveau des
causes civiles et $1 790 000 ayant trait aux causes pénales.
Ce sont les commentaires généraux qui...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Quand vous parlez des causes pénales, vous
parlez des causes autres que celles des avocats de la couronne? De quelles
causes pénales parlez-vous?
M. Bédard: Je parle de toutes les infractions aux lois et
règlements du Québec.
M. Blank: Pardon?
M. Bédard: De toutes les infractions qui sont faites aux
lois et règlements du Québec.
M. Blank: Mais les avocats de la couronne ne touchent pas
à ces cas-là?
M. Bédard: À l'heure actuelle, contrairement
à ce qui existait auparavant, où c'étaient des avocats de
la pratique privée qui faisaient ce travail, ce sont maintenant des
avocats de la couronne qui, effectivement, s'occupent de ces plaintes
pénales.
M. Blank: Mais vous avez $1 200 000 pour les causes criminelles.
Ce n'est pas dans un autre programme, le contentieux pénal ou le
contentieux criminel? Vous avez donné des chiffres...
M. Bédard: Oui.
M. Blank: ... pour le contentieux civil, vous avez dit $2 765
000.
M. Bédard: Pour le contentieux civil.
M. Blank: Et, pour le contentieux criminel, $1 200 000
environ?
M. Bédard: C'est cela.
M. Blank: Oui. C'est en plus des autres éléments
qui viendront, contentieux pénal et contentieux criminel. Cela veut dire
qu'il y a un troisième élément criminel.
M. Bédard: La couronne, c'est un autre
élément à part.
M. Blank: Oui, et le contentieux pénal?
M. Bédard: Cela couvre les deux programmes. Les chiffres
que nous avons donnés couvrent les programmes 9 et 11.
M. Blank: 9 et 11 ou 9 et 10?
M. Bédard: Les procureurs de la couronne, c'est le
programme 11, les affaires criminelles, M. le Président.
M. Blank: Oui, pour le contentieux pénal du Code de la
route.
M. Bédard: En fait, c'est... pour plaider les infractions
pénales.
M. Blank: Mais M. le ministre a dit que, dans ce montant de $1
200 000, il y avait des effectifs de 80 personnes. Est-ce que ce sont les
mêmes 80
personnes qui sont affectées aux éléments 10 et
11?
M. Bédard: II faudrait se référer au budget
de l'année passée. Les effectifs additionnels ont
été accordés en cours d'année chez les procureurs
de la couronne, pour qu'ils puissent prendre charge du pénal devant les
cours, de sorte que le comparatif qui apparaît cette année, c'est
un comparatif modifié par rapport au budget initial de l'année
dernière.
L'effectif des procureurs a été augmenté, je pense,
de 22 postes en 1977/78 de sorte qu'il y a un écart au niveau des
traitements chez les procureurs qui est attribuable à leur prise en
charge des poursuites pénales. Il y a un écart de l'ordre de $1
200 000.
M. Blank: Le civil, quand vous dites $2 665 000 pour 110
personnes, cela inclut des notaires aussi, ce sont 110 avocats et notaires ou
est-ce que cela comprend des secrétaires aussi?
M. Bédard: Cela comprend les notaires
également.
M. Blank: Les secrétaires de bureaux, les dactylos
et...
M. Bédard: L'ensemble du service.
M. Blank: Combien d'avocats sont dans le civil?
M. Bédard: Des avocats plaideurs?
M. Blank: Des avocats plaideurs.
M. Bédard: Au niveau des avocats plaideurs, 17, soit 7
à Québec; 10 à Montréal. Concernant les notaires
praticiens, il y en a 9, soit 4 à Québec; 5 à
Montréal et l'ensemble du personnel de soutien qui est
nécessaire, ce qui veut dire 26 plaideurs.
M. Blank: Ces notaires que vous avez, ou à
Montréal, ou à Québec, ce sont des notaires qui s'occupent
d'actes pour des expropriations?
M. Bédard: Pas uniquement les expropriations, mais c'est
une bonne partie de leur travail.
M. Blank: Vous n'envoyez plus maintenant de dossiers
d'expropriation aux notaires privés?
M. Bédard: II arrive que des expropriations soient
envoyées à la pratique privée. D'ailleurs, un nombre
très impressionnant a dû être référé
à la pratique privée, surtout pour ce qui a trait aux
expropriations concernant le ministère des Transports, étant
donné que nous étions à mettre en place un système
qui n'était pas capable de répondre immédiatement à
toutes les demandes. À ce moment-là, nous avons eu recours
à la pratique privée. Pour qu'il n'y ait pas de patronage, nous
avons édicté la règle que le notaire qui devait être
choisi le serait par l'exproprié.
M. Blank: Combien d'honoraires avez-vous payés à
des notaires privés, cette année?
M. Bédard: Nous ne sommes pas en mesure de vous le dire
immédiatement. Peut-être qu'avant la fin de l'étude des
crédits, je vous le donnerai.
M. Blank: Y a-t-il encore un grand retard ici pour des actes
notariés pour des expropriations? Je pense que le député
de Charlevoix s'est plaint en Chambre, il n'y a pas longtemps, qu'il y avait
des retards.
M. Bédard: II n'y a pas longtemps, justement, il y a quand
même quelque temps. C'était à ce moment-là que nous
avions indiqué...
M. Blank: Décidé.
M. Bédard: ... pour répondre aux besoins et aux
urgences, qu'une décision avait été prise par le
ministère de la Justice afin de se référer à des
notaires de la pratique privée, selon le choix des expropriés.
C'est évident que ce système, que ce soit au niveau des avocats
ou des notaires, est fait en fonction non seulement d'épargner de
l'argent, mais de rendre le plus grand service possible aux citoyens. Si des
cas de même nature se présentent, nous prendrons les
décisions qui s'imposeront à ce moment-là.
M. Blank: Cela veut dire...
M. Bédard: Mais l'essentiel de cette nouvelle politique
d'octroi de mandats, non seulement nous a permis de réaliser des
épargnes assez considérables, mais l'essentiel de la mise en
application de cette politique, c'est aussi et surtout de former, au niveau du
ministère de la Justice et du gouvernement, un contentieux qui soit le
plus en mesure possible de répondre aux critères de ce que doit
être un véritable contentieux gouvernemental. C'est dans cet
esprit aussi que s'est inscrite nous en avons parlé
précédemment la mise en application d'une politique qui va
demander l'engagement d'un nombre additionnel d'avocats au niveau de la
législation gouvernementale.
M. Blank: Mais, du côté du notariat, cela a l'air de
ne pas marcher comme vous le voulez, vous devez encore les donner aux notaires
privés?
M. Bédard: Je pense qu'il fallait s'y attendre. Du jour au
lendemain, on ne peut quand même pas corriger l'ensemble de la situation,
répondre à tous les besoins surtout que, dans le cas des
notaires, il y avait un nombre d'expropriations très important auquel
nous devions faire face qui nous avait été laissé par la
précédente administration qui, je dois le dire, ne faisait pas
preuve d'une très grande célérité pour
régler le problème des expropriés, a tel point qu'à
un moment donné c'étaient les expropriés qui... (12
heures)
M. Blank: Oui, mais le problème n'était pas au
ministère de la Justice, le problème a peut-être
été au ministère des Transports.
M. Bédard: Enfin.
M. Blank: On discutera de cela à la commission du
ministère des transports.
M. Bédard: Je me place dans un contexte
gouvernemental...
M. Blank: Je parle de l'aspect juridique...
M. Bédard: ... où les expropriés n'ont pas
à subir des délais indus, parce que, du point de vue
gouvernemental, on n'est pas prêt à répondre aux
besoins.
M. Blank: Le ministre contourne le sujet. On parle maintenant du
côté juridique. Il n'y a eu aucun problème dans le
gouvernement antérieur: du moment que le prix était fixé,
c'était donné à un notaire privé. Peut-être
qu'il peut y avoir des questions: Comment ce notaire a-t-il eu le mandat? C'est
une autre affaire. Les délais n'étaient pas là. S'il y a
eu des délais, c'était au ministère des Transports, qui
n'a rien à faire avec cette commission. Deuxièmement, au sujet
des avocats de pratique civile, est-ce qu'il y a eu dans les années
précédentes des mandats privés aussi?
M. Bédard: Oui, nous avons eu des mandats à la
pratique privée.
M. Blank: Combien?
M. Bédard: Dans l'année écoulée, 38
mandats ont été donnés à la pratique
privée.
M. Blank: Pour une valeur de combien?
M. Bédard: Des mandats, entre autres, pour la plaidoirie
ou pour assistance à la plaidoirie, comme plaideur principal, 25
mandats, comme conseil au plaideur principal, 13 mandats. Nous ne sommes pas en
mesure de vous dire ce que cela a coûté exactement, parce qu'ils
sont payés à l'heure. Les mandats ne sont pas encore
expirés, dans la plupart des cas, c'est-à-dire que les causes ne
sont pas terminées.
M. Blank: Combien avez-vous dépensé
déjà durant l'année? Le savez-vous?
M. Bédard: Si nous vous donnions ces chiffres, cela ne
refléterait pas ce que nous ont coûté les mandats qui ont
été octroyés à la pratique privée depuis la
mise en application de notre politique d'octroi de mandats, parce que, cette
année, nous avons eu à payer des mandats qui avaient
été confiés à la pratique privée, un nombre
considérable de mandats qui avaient été confiés
à la pratique privée, par l'autre gouvernement et avant
l'application de cette nouvelle politique.
M. Blank: Pour quelle raison n'avez-vous pas employé les
propres avocats que vous aviez engagés au lieu de donner les causes
à des...
M. Bédard: Tel que nous l'avions indiqué dans notre
déclaration ministérielle, lorsque nous avons fait la mise en
application de cette nouvelle politique, nous avions très bien
indiqué qu'il y avait des cas exceptionnels où, à ce
moment, nous jugerions bon de faire appel à la pratique
privée.
M. Blank: Quel système avez-vous utilisé pour
choisir ces avocats? Avez-vous une liste A, B, C?
M. Bédard: II n'y a en aucune façon de liste A, B,
C.
M. Blank: Mais comment?
M. Bédard: Prenez, par exemple, dans le cas du juge
Fabien, on a retenu les services d'un spécialiste en termes
constitutionnels, Me Yves Pratte, qui est maintenant juge de la Cour
suprême; dans le cas de la commission Keable, nous avons retenu les
services de Me Roger Thibodeau. Je ne pense pas qu'on puisse nous
accuser...
M. Blank: Quand on parle de la commission Keable, est-ce que cela
tombe dans ce programme ou dans un autre programme? Dans quel programme cela se
situe-t-il?
M. Bédard: Cela tombait dans le programme 3, concernant
l'administration de la justice.
M. Blank: Est-ce qu'on a déjà passé ce
programme?
M. Bédard: Oui. Quand même, ce qui doit être
payé concernant l'enquête Keable, en termes de frais d'avocats
judiciaires, c'est à même le programme 9.
M. Blank: II y a un nommé Me Sacy dans cette commission,
est-ce que c'est un avocat?
M. Bédard: Oui, c'est un relationniste dont les services
ont été retenus par la commission Keable.
M. Blank: Sur quelle base de salaire?
M. Bédard: Ce serait dans les engagements financiers, mais
je crois, sous toute réserve, que c'est $25 l'heure.
M. Blank: Des 38 avocats que vous avez mentionnés, vous
avez pris la peine de trouver deux bons "rouges", de les mentionner, mais les
36 autres...
M. Bédard: Je ne l'ai pas fait dans ce but. Ce sont des
causes qui ont fait un peu plus l'actualité que d'autres.
M. Blank: Je vous donnerai un autre cas qui a fait aussi
l'actualité.
M. Bédard: Si vous voulez la liste, je peux vous en faire
connaître la teneur.
M. Blank: Oui, s'il vous plaît!
M. Bédard: D'abord, il y a eu Me Gérald Beaudoin,
cause 10312. C'était une cause en appel concernant la loi 22. Cela vous
dit quelque chose?
M. Blank: Oui.
M. Bédard: Me Rosaire Beaulé, dans une cause...
Est-ce que vous voulez juste les noms, ou aussi les causes?
M. Blank: Non, seulement les noms.
M. Bédard: Me Rosaire Beaulé, un mandat. Me
Jean-Marc Bertrand. Me Henri Brun.
M. Blank: Est-ce le même Me Jean-Marc Bertrand qui a
été président de l'association péquiste et
candidat?
M. Bédard: En aucune façon, je ne vous ai dit,
autant pour Me Roger Thibodeau que pour d'autres avocats...
M. Blank: D'accord, on va voir le reste.
M. Bédard: Si c'est le but que vous poursuivez, ce n'est
pas celui que je poursuis quand j'assigne des mandats.
Me Robert-J. Cardinal. Me Jacques Clément, qui a eu deux mandats.
Me Claude-René Dumais, trois mandats. Me Georges Emery. Me Jean Fortin.
Me Robert-P. Gagnon.
M. Blank: Me Robert-P. Gaanon. est-ce lui qui a eu le mandat de
Val-Martin?
M. Bédard: Oui.
M. Blank: Combien lui a-t-on payé?
M. Bédard: Nous n'avons pas encore la facture.
M. Blank: II n'y a pas encore de facture? Le même
Robert-P...
M. Bédard: Ce sont des mandats qui sont en action.
M. Blank: C'est le même Robert-P. Gagnon qui a
été président de l'association péquiste de
Jean-Talon comme bénévole?
M. Bédard: On me dit que c'est le même.
M. Blank: Y a-t-il un autre avocat dans cette cause de
Val-Martin?
M. Bédard: II a travaillé conjointement avec Me
Robert Cardinal.
M. Blank: Oui, mais pourquoi deux avocats dans ce cas? Y a-t-il
une raison spéciale?
M. Bédard: Le sous-ministre aux affaires
législatives, qui a d'ailleurs été chargé de ce
dossier, me fait remarquer que le dossier concernant les affaires
immobilières était extrêmement complexe et que les services
de Me Cardinal et de Me Gagnon ont été retenus à cette
fin.
M. Blank: Ce sont les mêmes avocats qui agissent
personnellement pour le ministre des Affaires municipales?
M. Bédard: Ce cas-là relevait également des
Affaires municipales.
M. Blank: Est-ce que...
M. Bédard: Avez-vous des remarques à faire
concernant leur travail?
M. Blank: Non, pas encore. J'aimerais seulement savoir combien
ils seront payés et si vous avez ces chiffres. Vous ne les avez pas?
M. Bédard: Une chose est certaine, pas plus de $50
l'heure. Nous essayons dans les mandats qui sont confiés à la
pratique privée de limiter le plus possible le taux horaire, tout en
tenant quand même compte du degré de spécialité que
nous exigeons en regard des causes qui sont concernées.
M. Blank: Dans le cas de Val-Martin, vous n'avez pas encore de
facture?
M. Bédard: Pas encore; en tout cas, il n'y a aucune
indication dans les renseignements que j'ai datant du 28 mars 1978.
Voulez-vous les autres?
M. Blank: Oui, on va les vérifier.
M. Bédard: Me Roger Garneau, deux mandats; Me Pierre
Gauthier pas de remarques? deux mandats; Me Paul-A. Gendreau; Me
Jean-Pierre Gignac; Me Nicol Henry vous le connaissez bien?
M. Le Moignan: Je le connais bien.
M. Bédard: Me Reynald Langlois vous le
connaissez? Me Jean Lemelin; Me André Lavoie; Me Pierre Lesage; Me
Édouard Martin; Me Yves Ouellet; Me G. Pothier; Me Claude Pouliot; Me
Pierre Taché; Me Roger Thibaudeau, cinq mandats; Me André
Tremblay...
M. Blank: ... intéressant.
M. Bédard: ... Me Marcel Trudeau, six mandats...
M. Blank: Est-ce un ancien juge, Marcel Trudeau?
M. Bédard: Non. C'est un avocat de la ville de
Montréal.
M. Blank: C'est tout?
M. Bédard: Celui-là, vous devez le connaître
aussi: Me Pierre-Paul Vigneault.
M. Blank: Qui fait le choix de ces avocats?
M. Bédard: C'est le sous-ministre associé aux
affaires civiles.
M. Blank: Prend-il des recommandations du Barreau ou des
personnes à côté? Comment arrive-t-il à choisir ces
personnes?
M. Bédard: Dans une cause en particulier, il y a certains
services spécialisés qui peuvent être demandés. Il y
a quand même des avocats qui sont reconnus, en termes de
spécialités. Il n'y a pas de spécialités
désignées par le Barreau comme telles, mais des
spécialités reconnues par l'affectation que certains avocats ont
faite dans certains genres de causes et une chose est certaine, ce n'est pas
à partir d'une liste numérotée.
M. Blank: Pas numérotée. C'était une liste
par ordre alphabétique.
M. Bédard: Et non par ordre alphabétique.
M. Le Moignan: Avez-vous encore en main beaucoup de mandats qui
furent donnés avant le 15 novembre 1976?
M. Bédard: II y en a encore plusieurs de ces mandats.
Environ 150.
M. Le Moignan: Combien cela peut-il coûter à peu
près? Ce n'est pas réglé non plus?
M. Bédard: On ne peut pas nous accuser d'ostracisme dans
ces cas.
On a prévu une somme de $225 000.
Nous avons prévu une somme de $225 000 dans le budget actuel.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres questions?
Programme 9. Élément 1. Adopté?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
Élément 2. Adopté?
M. Blank: Adopté.
Contentieux pénal
Le Président (M. Laplante): Adopté. Programme 9
dans son entier. Adopté.
Programme 10: Contentieux pénal. Ce programme vise à
assurer l'application des diverses lois pénales du Québec.
M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Les crédits prévus au niveau de
ce programme passeront de $2 276 100 à $1 547 700, soit une baisse de
$728 400, qui représente 32% de baisse par rapport aux crédits
inscrits au budget comparatif de l'exercice financier 1977/78.
À l'examen du cahier des crédits, vous constaterez que les
crédits à titre d'honoraires passent de $946 300 à $98
900, soit une réduction de $847 000. Cette réduction
résulte justement de ma politique de confier des causes pénales
aux procureurs du ministère de la Justice plutôt qu'à la
pratique privée.
Le Président (M. Laplante): Une question, M. le
député de Saint-Louis?
M. Blank: Oui.
M. Bédard: Je pense bien que c'est une épargne
très significative et je puis ajouter, M. le Président, que le
travail se fait avec beaucoup plus de célérité qu'il ne se
faisait auparavant, selon les commentaires que j'ai eus de la part de juges. Il
y a eu aussi non seulement une baisse du coût pour l'ensemble des
contribuables québécois, mais une augmentation
d'efficacité dans ce domaine. (12 h 15)
M. Blank: Dans les districts ruraux, est-ce l'avocat de la
couronne qui s'occupe de ces affaires?
M. Bédard: Oui.
M. Blank: Dans les grands centres, est-ce qu'il y a des avocats
spécialisés qui s'en occupent?
M. Bédard: II y a des avocats de la couronne qui sont
chargés d'une façon particulière de l'administration de ce
programme, partout d'ailleurs. Partout, ce sont des procureurs de la couronne,
et ceci fait partie des responsabilités du procureur chef de la couronne
d'assigner des avocats en fonction des causes pénales. Je trouve que
cela procède avec célérité.
M. Blank: À quel programme retrouve-t-on les avocats de la
couronne comme tels. Si je veux poser des questions sur les avocats de la
couronne, où est-ce que je pose mes questions?
M. Bédard: Au programme 11.
M. Blank: Les 78 personnes qui travaillent ici ne sont pas des
avocats. Ce sont d'autres personnes...
M. Bédard: II y a 22 avocats de la couronne auxquels on a
fait allusion tout à l'heure, avec le personnel de soutien qui est
nécessaire.
M. Blank: Mais ces 22 avocats qui sont ici...
M. Bédard: Ce sont des procureurs de la couronne.
M. Blank:... au programme 10, font le travail des
avocats au programme 11 aussi? Et les avocats du programme 11
travaillent aussi au programme 10?
M. Bédard: Ils relèvent de la direction des
affaires criminelles.
M. Blank: Oui.
M. Bédard: Mais ils sont affectés au pénal
au niveau du programme 10.
M. Blank: Cela veut dire que les 334 ou 336 causes sur
l'ivressomètre et les autres, ce sont des avocats
spécialisés? Ce ne sont pas les mêmes avocats qui vont
plaider une cause de vol?
M. Bédard: Pas nécessairement. Cela
relève... On est quand même au programme 11.
M. Blank: Non, c'est cela que je veux savoir. Je trouve qu'on
mélange les avocats. Quand on en a parlé au programme 9, on a
donné des frais d'avocats qui font un travail prévu au programme
11...
M. Bédard: Ce que je vous ai exposé jusqu'à
maintenant, c'est l'application d'une politique selon laquelle, plutôt
que de référer les causes pénales à la pratique
privée, on a décidé qu'elles seraient plaidées par
des avocats de la couronne. Cela nous a amenés une augmentation de 22
avocats de la couronne qui ne font pas seulement le pénal mais peuvent
être affectés aussi à faire autre chose.
M. Blank: D'accord, mais à la question qui suit
immédiatement pourquoi séparer les programmes 10 et 11?
M. Bédard: C'est pour séparer le pénal du
criminel.
M. Blank: Mais pourquoi est-ce qu'on n'en fait pas un seul
programme? Vous me parlez des gens qui sont payés en vertu de ce
programme et qui travaillent en vertu d'un autre programme et les gens qui sont
payés à l'autre sont payés à celui-ci?
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous aimeriez
étudier les programmes 10 et 11 ensemble?
M. Blank: Non. Ce n'est pas cela du tout.
Le Président (M. Laplante): D'accord. On va faire le
programme 10.
M. Bédard: II y aurait peut-être lieu de
réunir les programmes, parce qu'avant, il n'y avait pas cette nouvelle
politique d'octroi...
M. Blank: Je comprends, mais à ce moment-ci, cela ne donne
pas un reflet de dépenses, parce que les dépenses pour les 22
avocats qui sont sur la liste du programme que nous étudions
présentement se retrouvent également au programme 11.
M. Bédard: Non.
M. Blank: Pas du tout.
M. Bédard: Ils sont payés dans 11,
complètement, on l'a mis là pour explication
générale civile et pénale.
M. Blank: Vous avez mis dans 10, ils sont payés par 10,
mais ils font un peu de travail dans 11.
M. Bédard: Non, les procureurs de la Couronne sont tous
payés dans 11.
M. Blank: C'est-à-dire que les 22 avocats ne sont pas
ici.
M. Bédard: Ce ne sont pas des avocats, c'est du personnel
de la justice.
M. Blank: C'est ce que j'ai demandé et on me dit que 22
avocats sont ici.
M. Bédard: Comme explication...
M. Blank: Les 78 personnes ne sont pas des avocats.
M. Bédard: Comme explication générale, parce
que ce programme reflète les effets de la nouvelle politique d'octroi de
mandats.
M. Blank: D'accord, mais 78 employés dans cette section ne
sont pas des avocats plaideurs? Peut-être y a-t-il des avocats d'autres
bureaux, mais pas...
M. Bédard: II s'agit du personnel de soutien du Code de la
route.
M. Blank: Du personnel de soutien? M. Bédard: En
fait, c'est cela.
M. Blank: Est-ce que les causes du Code de la route ont
augmenté cette année, comparativement à l'année
passée?
M. Bédard: Je n'ai pas cette statistique en main. Si vous
n'y voyez pas d'objection, on pourra vous fournir cela avant la fin des travaux
de la commission, si cela est possible.
M. Blank: Aussi, avez-vous eu beaucoup de plaintes concernant la
section des ceintures de sécurité?
M. Bédard: Une opération particulière a
été effectuée par la Sûreté du Québec;
l'opération clic a eu pour conséquence une augmentation
consi-
dérable du nombre de plaintes qui ont été
portées en ce qui a trait à la ceinture de
sécurité.
M. Blank: Vous n'avez pas le nombre?
M. Bédard: La dernière opération, environ 10
000 plaintes.
M. Le Moignan: Est-ce qu'il y a eu autant de poursuites?
M. Bédard: 10 000 plaintes.
M. Blank: Quelle est l'amende moyenne dans ces
affaires-là?
M. Bédard: C'est $10.
M. Blank: $10.
M. Le Moignan: Est-ce que la Sûreté de Québec
relâche sa vigilance ou est-ce qu'on continue...
M. Bédard: Au contraire, elle l'augmente. Vous avez pu
constater qu'une semaine de la sécurité routière est
présentement en branle; la Sûreté du Québec y a
impliqué bien d'autres organismes sociaux, tels que les clubs Optimiste.
Il y a eu l'opération clic, concernant la ceinture de
sécurité, l'opération sagix aussi, enfin, je crois que du
côté de la Sûreté du Québec, nous sommes en
mesure de dire qu'il y a une intensification. C'est heureux parce que cela
permet une meilleure sensibilisation.
Le Président (M. Laplante): Autres questions dans le
programme 10? Programme 10, adopté.
M. Blank: Le programme 10, adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
M. Blank: Je cherche encore le 11...
Le Président (M. Laplante): Programme 11.
M. Blank: Je cherche encore ces 22 avocats.
M. Bédard: Vous allez les avoir.
M. Blank: Je constate que l'augmentation des effectifs
étaient seulement de 14 personnes et seulement 8 avocats.
M. Bédard: Cela s'est fait en cours d'année.
Même si on obtient des postes, cela ne veut pas dire qu'ils sont remplis
du jour au lendemain.
M. Blank: Quand le ministre se vantait, dans le programme
antérieur, d'avoir épargné...
M. Bédard: Je ne me suis pas vanté, j'ai simplement
explicité la situation.
M. Blank: ... environ $900 000 sur la question des services et
qu'on doit payer des salaires à ces 22 avocats... Combien vont
coûter ces 22 avocats?
M. Bédard: Quand nous disons que la nouvelle politique
s'est traduite quand on parle du civil, du pénal et du criminel
par une épargne de $1 505 000 au cours de la présente
année, cela comprend effectivement l'évaluation de tous les
salaires et de tout le personnel de soutien qui a été
nécessaire pour mettre en application cette politique, par comparaison
à ce que cela coûtait auparavant.
M. Blank: Mais quand vous vous êtes vanté, dans le
dernier programme, d'épargner presque $1 million, ce n'était pas
tout à fait vrai. C'est dans les trois programmes que vous avez
épargné $1 million.
M. Bédard: Mais d'une façon tout à fait
particulière vis-à-vis du pénal; c'est là qu'on
épargne de la façon la plus considérable.
M. Blank: Mais vous engagez 22 autres avocats pour couvrir cette
affaire-là! Cela coûte de l'argent, 22 avocats.
M. Bédard: On en tient compte lorsqu'on fait
l'évaluation globale de ce que cela a pu nous coûter.
M. Blank: Oui, mais quand vous épargnez $1 million, vous
le faites dans trois programmes, pas dans celui-là.
M. Bédard: C'est facile de se rendre compte que la grande
partie de l'épargne se situe au niveau du droit pénal qui est
maintenant fait par les avocats de la couronne. C'est très clair.
M. Blank: Combien ça coûte, 22 avocats, par
année?
M. Bédard: Cela dépend des revenus. Environ $600
000.
M. Blank: $600 000. Et les secrétaires de ces 22
avocats?
M. Bédard: Tout est compté là-dedans.
M. Blank: Tout est compté. Cela veut dire que le $1
million tombe à $400 000.
M. Bédard: Pas du tout. Je vous ai donné, au
départ, toutes les explications. Si vous me demandez des détails
sur le montant de $600 000 que cela a pu coûter, je peux vous en
donner.
M. Lacoste: II est avocat, mais il n'est pas comptable.
M. Blank: Je peux compter.
M. Bédard: C'est clair que c'est une épargne
considérable. Il s'agit de voir les remarques que
j'ai de la part de certains avocats de la pratique privée.
M. Blank: Oui, peut-être que certains avocats de la
pratique privée, en particulier, étaient privés d'argent.
Mais quand cela vient de la masse, quand on doit payer les 38 mandats que vous
avez donnés, on va voir comment va tomber votre épargne. À
rien.
M. Bédard: Vous vous trompez; tout cela est
calculé, on vous l'a dit. Je vous ai donné tout à l'heure
tout ce que représentaient les salaires des avocats...
M. Blank: Oui.
M. Bédard: ... du contentieux civil, du contentieux
criminel des autres ministères, c'est-à-dire tout ce que cela a
pu coûter en termes d'ameublement, de location et d'avantages sociaux. Je
peux vous donner la colonne. Concernant le contentieux civil, c'est $2 440 000
pour les salaires; le contentieux criminel, $1 260 000, pour un total de $3 700
000, auquel il faut ajouter les frais de l'aménagement, de la location
et de l'ameublement; $970 000, pour l'aménagement, la location et
l'ameublement et $340 000 pour les avantages sociaux, pour un grand total de $5
010 000.
Ensuite, il y a eu une estimation du coût des mandats
confiés à des avocats de la pratique privée, auxquels je
référais tout à l'heure. Les mandats au niveau du
contentieux civil sont de l'ordre de $225 000 l'estimation qui en a
été faite ce qui fait un total de $5 235 000.
Nous avons fait une estimation de ce que cela aurait coûté
par mandat, si nous les avions confiés à la pratique
privée.
M. Blank: ... les notaires dans...
M. Bédard: Cette estimation se situe à $6 800 000
par rapport à $5 235 000. C'est ce que cela nous a coûté
à cause de la mise en application de notre nouvelle politique concernant
les mandats, ce qui veut dire une épargne d'environ $1 565 000.
M. Blank: C'est basé sur l'estimation des 38 mandats. Tous
les notaires que vous avez engagés vont coûter seulement $200 000?
Quelqu'un rêve en couleur.
M. Bédard: Vous avez peut-être avantage,
politiquement, à dire qu'on rêve en couleur, mais les chiffres
sont là.
M. Blank: Les chiffres...
M. Bédard: Sur la question de l'estimation des mandats
confiés à la pratique privée, qu'il y ait...
M. Blank: Et les notaires?
M. Bédard: ... au niveau de cette estimation...
M. Blank: Les notaires.
M. Bédard: ... une différence de $25 000, il reste
qu'au bout du compte, non seulement on épargne d'une façon
très significative, mais ce qui est important, c'est qu'on est en train
de former un contentieux digne d'un gouvernement.
M. Blank: Mais dans les $225 000...
M. Bédard: Cela enlève le patronage une fois pour
toutes.
M. Blank: ... est-ce que les notaires sont inclus?
M. Bédard: Oui, cela comprend tout.
Oui, cela comprend également les notaires.
M. Blank: Également les notaires? M. Bédard:
C'est cela.
M. Blank: Je vous poserai la même question l'année
prochaine, avec les chiffres actuels, pour voir la différence. Je pense
que...
M. Bédard: Attendez l'année prochaine avant de dire
qu'on rêve en couleur...
M. Blank: Oui, l'année prochaine, si vous êtes
encore ici.
M. Bédard: ... vous vous rendrez compte encore que vous
vous trompez, j'imagine.
M. Blank: Je ne me trompe pas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis, pas d'autre question? M. le député de
Gaspé.
M. Blank: Non, je n'ai pas encore commencé. Je
laisse...
M. Le Moignan: Les procureurs de la couronne dans les districts
ruraux ne reçoivent pas de salaire, est-ce qu'ils sont
rémunérés à l'acte ou à la pièce? Je
ne sais pas comment vous appelez cela.
M. Bédard: Ils sont tous à temps plein .
M. Le Moignan: lis sont à temps plein? Ils
reçoivent un salaire du gouvernement?
M. Bédard: Du gouvernement.
M. Blank: Est-ce qu'on peut ajourner maintenant, parce que je
pense que M. Lalonde a des questions sur ce sujet? Il reste seulement deux
minutes.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Il n'y a pas
d'objection pour deux minutes? Les travaux sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 12 h 29)
Reprise de la séance à 16 h 8
Le Président (M. Laplante): À l'ordre,
messieurs!
Reprise des travaux de la Commission de la justice pour l'étude
des crédits budgétaires 1978/79.
M. Alfred (Papineau), M. Bédard (Chicoutimi), M. Blank
(Saint-Louis), M. Charbonneau (Verchères), M. Clair (Drummond), M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Intervenants: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M.
Duhaime (Saint-Maurice), M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger
(Lafontaine), M. Marois (Laporte), M. Pagé (Portneuf), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Tardif (Crémazie).
Nous en étions au programme 11: Contentieux criminel. Le
député de Saint-Louis avait la parole lorsque nous avons suspendu
nos travaux.
M. Lalonde: M. le Président, étant donné
que...
Le Président (M. Laplante): II nous avait dit que vous
aviez beaucoup de choses à dire là-dessus.
M. Lalonde: M. le Président, avant de commencer, je ne
voudrais pas répéter les mêmes choses que ce matin. Est-ce
qu'on commence: Contentieux criminel?
Le Président (M. Laplante): Nous commençons au
programme 11.
M. Lalonde: Je vous fais confiance, n'en profitez pas.
M. Bédard: Nous commençons. Certaines questions
à ce programme ont été posées
précédemment, il s'agira de vous en informer à mesure que
nous avancerons.
M. Lalonde: Alors, c'est le programme 10? Des voix: Non,
le programme 11. Contentieux criminel
M. Bédard: M. le Président, le budget du programme
11, comme on peut le constater, a été estimé à $7
945 600 pour l'année financière 1978/79, ce qui représente
une augmentation de $912 300.
Les principales raisons justifiant cette variation budgétaire
sont la mise en application des différentes conventions collectives:
$539 400 et une augmentation de l'effectif moyen en place d'environ douze
employés, ce qui occasionnera un accroissement du nombre de jours de
travail et, par le fait même, des dépenses additionnelles
estimées à $231 100. De plus, cinq postes d'occasionnels ainsi
qu'une somme de $40 000 ont été transférés de
l'élément 1 du programme 3 du ministère pour l'embauche de
stagiaires en droit. Enfin, des crédits additionnels de $54 900 sont
prévus à la suite d'une augmentation dans le nombre de factums
préparés dans les causes portées en appel par la couronne
et aussi d'une hausse du nombre d'abonnements requis découlant d'une
augmentation de l'effectif en place.
Le Président (M. Laplante): Ce sont là toutes vos
remarques?
M. Bédard: C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on voit que ce programme ne
semble pas présenter de problèmes particuliers pour
l'année en cours, sauf une augmentation de douze employés.
Peut-être pourrait-on demander au ministre à quelle affectation
ces employés sont destinés?
M. Bédard: Ce sont des occasionnels qui sont devenus
permanents à la couronne.
M. Lalonde: Je vous remercie. Il y a une autre question que je
voudrais poser peut-être avant d'aborder l'évolution de ce
programme. C'est le remplacement de trois des principaux procureurs de la
couronne à Montréal, je crois. Il y a Gérard Girouard, le
procureur chef, qui a été nommé juge, je pense à
Joe Tarasofsky aussi; l'autre, son nom m'échappe...
M. Bédard: Gilbert Maurier.
M. Lalonde: Gilbert Maurier qui ont été
nommés il y a quelques semaines.
M. Bédard: Concernant le procureur chef de la couronne,
j'ai reçu aujourd'hui des recommandations venant du comité qui a
été formé pour étudier les différentes
candidatures et nous allons, dès cette semaine, procéder à
la nomination.
Concernant les autres substituts, pour remplacer les deux procureurs de
la couronne qui ont été nommés juges, il y aura rapidement
un jury qui sera formé à l'intérieur duquel, normalement,
siège le procureur chef de la couronne, pour procéder au
remplacement rapidement.
M. Lalonde: Si je comprends bien, pour le procureur chef, il n'y
a pas de concours. C'est strictement... Parce que, de la façon que je
l'ai compris, c'est que vous aviez des recommandations et que vous le
nommeriez.
M. Bédard: Ce n'est pas un concours selon les
règles qui prévalent, un concours de la fonction publique, mais
il y a quand même un jury. ... en vertu du règlement des
substituts de la couronne. Il y a un jury de formé. On a reçu une
dizaine de candidats et le jury a fait sa recommandation au ministre. Le jury a
tenu ses séances le 17 mars.
M. Lalonde: Je vous remercie. Je ne voudrais pas trop faire
parler le sous-ministre, qui semble avoir une laryngite.
M. Bédard: Cela paraît plus douloureux que cela ne
l'est.
M. Lalonde: Oui. Comme cela, c'est en marche et vous ne
prévoyez pas de difficultés à faire le remplacement.
M. Bédard: Nous n'en prévoyons pas. Il y a
d'excellents candidats et, dès cette semaine, au plus tard au
début de la semaine prochaine, nous allons procéder à
cette nomination.
M. Lalonde: II semble que les procureurs de la couronne
constituent un bassin quasi privilégié pour la nomination de
juges en matière criminelle aux sessions de la paix. Ce n'est pas une
tradition qui a commencé ces derniers mois. Cela a été
fait pendant plusieurs années avec comme conséquence, je pense,
que tout le monde déplorait, dans une certaine mesure, mais sans savoir
exactement quoi faire, que l'âge moyen de la couronne était
réduit. Quand je parle d'âge moyen, je parle aussi
d'expérience. Est-ce que le ministre a considéré des
démarches à entreprendre, des mesures à prendre pour qu'en
décapitant comme cela la couronne... Parce que, si je me souviens bien,
et Maurier et Tarasofsky étaient des procureurs chevronnés.
M. Bédard: Dans le cas de M. Maurier, oui, mais pas dans
le cas de M. Tarasofsky.
M. Lalonde: Au niveau de l'expérience, M. Tarasofsky se
trouvait à avoir des enquêtes très difficiles.
M. Bédard: C'était un homme avec une très
bonne expérience, ce qui a fait que les jurys, eux aussi, ce sont rendu
compte de ses qualités et il était parmi les personnes
recommandées.
M. Lalonde: C'est un cercle vicieux. Plus ils sont
désirables comme juges, oui. Autrement dit, est-ce que vous vous
êtes penchés sur cette question de tenter de mettre plus
d'expérience... Je comprends que cela ne veut pas dire que les jeunes ne
sont pas valables; au contraire, je suis sûr que vous avez, dans la
couronne dont vous avez hérité, plusieurs sujets, en fait, un
grand nombre de sujets qui sont tout à fait valables, mais il reste que
l'âge et le nombre d'années souvent ajoutent du poids au travail
et à l'efficacité.
M. Bédard: Nous essayons de faire des efforts afin de
recruter du personnel et d'entrer en contact avec des personnes aux fins de
postuler dans les concours qui seront en marche, rapidement. Nous
espérons que ceci donnera des résultats. Il est évident
que nous ne pouvons contraindre quelqu'un avec expérience à
postuler. Nous ne pouvons que désirer qu'il en soit ainsi et faire les
démarches que nous faisons, la sensibilisation auprès de certains
candidats à poser leur candidature.
M. Lalonde: II y a une autre façon, naturellement, de
réduire les rangs, c'est par les départs; non pas par nomination
de juges, mais par des départs volontaires. Est-ce qu'il y en a eu
quelques-uns récemment?
M. Bédard: Un à Québec, deux à
Montréal.
M. Lalonde: II n'y a rien d'anormal, suivant la tradition?
M. Bédard: II n'y a rien d'anormal. C'étaient des
gens qui voulaient s'orienter temporairement vers une autre
carrière.
M. Lalonde: Est-ce que la couronne a des problèmes
particuliers de fonctionnement, en 1977/78? Je ne sais pas si c'est encore le
cas, mais pendant plusieurs années le district judiciaire de
Montréal a été le district judiciaire le plus
considérable du Canada en matière criminelle. C'est
peut-être encore le cas, ce qui voudrait dire qu'il s'agit là
d'une opération majeure dans la lutte à la
criminalité.
Je n'aime pas passer sur $8 000 000 de crédit pour une
opération qui a quand même été importante et qui a
été le résultat de réformes assez
considérables dans les dix dernières années, alors qu'une
couronne permanente a été établie. J'aimerais que le
ministre soit un peu plus bavard sur les opérations de la couronne, pas
seulement à Montréal, mais aussi dans les autres districts, s'il
y a lieu. (16 h 15)
M. Bédard: Le sous-ministre associé aux affaires
criminelles pourra ajouter des choses, maintenant, on n'affronte pas de
problèmes majeurs concernant l'efficacité des procureurs de la
couronne en place présentement. Il y en a, comme vous le savez, 63
à Montréal présentement, dont 47 permanents et 16
occasionnels. Je voudrais être plus loquace, mais les problèmes ne
sont pas tels que cela nous le permette. Nous essayons d'affecter, le mieux
possible, l'efficacité de chacun en fonction des problèmes qui se
présentent avec un ministère de la Justice qui est quand
même opérationnel. Le député de Marguerite-Bourgeoys
en sait quelque chose. Au niveau de la lutte contre le crime organisé,
il y en a un de Québec dont les services ont été retenus
par la CECO. Nous nous proposons aussi de combler un poste qui ne l'avait pas
été depuis quelques années, celui de procureur-chef de la
CECO. Peut-être cela sera-t-il de nature à permettre une
coordination des efforts des procureurs qui sont déjà
affectés à cette commission?
Au cours de l'année 1977, il y a eu au-delà de 15 000
causes pour Montréal et Longueuil. Nous pouvons dire qu'il n'y a pas de
retard significatif quant à l'audition des causes au criminel.
M. Lalonde: Ces retards avaient été réduits,
en ce qui concerne les assises, il y a quelques années, par un effort
d'administration. Je me souviens quand le juge Lamer est arrivé sur le
banc et a corrigé beaucoup de vieilles traditions et de mauvaises
habitudes.
Pour un procès par jury, quiconque voulait avoir son
procès parce qu'il y a des accusés qui veulent remettre
indéfiniment il avait réduit cela à trois mois ou
quatre mois, je crois. Est-ce que c'est encore le cas?
M. Bédard: À l'heure actuelle, c'est six semaines,
à partir du choix.
M. Lalonde: C'est six semaines.
M. Bédard: Je pense bien que c'est difficile d'aller plus
rapidement.
M. Lalonde: C'est extrêmement encourageant pour
l'efficacité de la justice.
Pour le procès devant juge seul, quel est le délai?
M. Bédard: La moyenne est de trois mois. M. Lalonde:
Trois mois.
M. Bédard: II y a toujours certaines causes qui sont
sujettes à bien des remises. On sait qu'en droit criminel cela constitue
presque un moyen de défense, dans certains cas. Je crois que la moyenne
de trois mois pour les causes devant juge seul et de six semaines devant un
jury témoigne de l'efficacité des procureurs de la couronne
actuellement en place.
M. Lalonde: Je vais laisser la parole au député de
Nicolet-Yamaska pour qu'il pose ses questions; je pourrai revenir par la
suite.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aurais seulement quelques questions concernant le
droit pénal. Ce sont les procureurs de la couronne maintenant qui font
tant le criminel que le pénal.
M. Bédard: C'est cela.
M. Fontaine: Est-ce qu'il y a également d'autres
ministères qui fournissent leurs propres avocats dans certains
domaines?
M. Bédard: II y a le ministère du Revenu où
les causes sont assumées par le contentieux même du
ministère, à cause du caractère particulier des
causes.
M. Fontaine: II y a seulement le ministère.
M. Bédard: Et la Commission du salaire minimum
également.
M. Fontaine: Y a-t-il encore des procureurs à la
pièce?
M. Bédard: II n'y en a plus. Au niveau du pénal, il
n'y a absolument plus aucun mandat qui est déféré à
la pratique privée. Ceci nous a permis d'épargner, au cours de la
présente année, je le disais au début de mes commentaires,
tout simplement dans ce secteur, pas loin de $1 million.
M. Fontaine: Reste-t-il encore des mandats à
exécuter de la part de la pratique privée?
M. Bédard: Au pénal, je ne crois pas. Dans les
autres secteurs, au civil, oui, environ, je crois, 150 causes.
M. Fontaine: L'Office de la construction n'emploie-t-il pas des
procureurs de la pratique privée?
M. Bédard: Ce sont des procureurs de la couronne.
M. Fontaine: Au niveau des modifications qui ont
été apportées, est-ce que vous avez des remarques à
faire quant...
M. Bédard: Au nouveau système?
M. Fontaine:... au nouveau système, au niveau des
coûts et au niveau de la rentabilité également?
M. Bédard: Au niveau des coûts, on vient d'en parler
et, au niveau de l'efficacité, les commentaires que j'ai, je suis
très heureux de le dire, de la part des juges nous sommes
à même de le constater au niveau du ministère c'est
que cela se traduit par beaucoup plus d'efficacité, beaucoup plus de
rapidité dans la façon de disposer de ces causes du point de vue
pénal.
Je dois dire que nous devons mentionner d'une façon
particulière le travail, c'est-à-dire la collaboration que nous
avons obtenue de la part de chacun des procureurs-chefs de la couronne et des
procureurs qui ont été assignés d'une façon
particulière au droit pénal, qui ont pris assurément leur
travail au sérieux et ont fourni les efforts nécessaires pour
rentabiliser cette nouvelle formule d'octroi de mandats, cette nouvelle
manière de procéder.
M. Fontaine: II y a actuellement, M. le Président,
beaucoup de commentaires qui nous parviennent de la part de camionneurs
concernant les infractions sur le poids. Est-ce que le ministre envisage de
modifier ces arrêtés en conseil prochainement? Également,
est-ce qu'il envisage de...
M. Bédard: Je crois que cela relève de la
Commission des transports. Une fois la personne condamnée, pour ce qui a
trait au paiement des amendes, là-dessus, le ministère de la
Justice essaie de faire preuve de la plus grande compréhen-
sion possible en permettant, selon les cas, d'évaluer ou
d'échelonner certaines difficultés à ceux qui ont à
payer ces...
M. Fontaine: C'est également la possibilité de
retirer certaines plaintes.
M. Bédard: Nous n'en voyons pas.
M. Fontaine: Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'ai une question. Le ministre a parlé
tantôt de la nomination possible d'un procureur-chef à la CECO. Je
ne sais pas si cela nous donne le droit de parler de la CECO à ce
programme, étant donné que le ministre l'a fait. On sait que
certains observateurs des activités récentes de la CECO
qualifient de façon plutôt négative les succès de la
dernière période...
M. Bédard: Concernant l'enquête...
M. Lalonde: Je n'ai pas eu l'occasion, étant ici, de
porter un jugement personnel là-dessus, mais je fais simplement rapport
des jugements, des appréciations qui ont été faits dans
les journaux. On m'a même dit ce midi que le ministre aurait et je
dis cela sous toutes réserves, parce que c'est par personne
interposée indiqué son intention de faire une
déclaration à ce sujet, sur l'avenir de la CECO.
M. Bédard: Ce n'est pas le cas. Je crois que nous serons
en mesure de constater que les auditions qui ont été tenues par
le CECO dans le cas qui nous concerne auront quand même été
de nature très positive. Dans ce sens, tel que l'a indiqué le
président de la commission d'enquête, un rapport d'étapes
sera présenté assez rapidement au ministère de la Justice
afin d'évaluer quelles seraient les plaintes à porter.
M. Lalonde: M. le Président, cela aurait sûrement
été très injuste de ma part de demander au ministre une
appréciation avant d'avoir ce rapport. J'avais entendu dire qu'il
s'apprêtait à faire une déclaration sur l'avenir de la
CECO. Alors, il n'en est pas question maintenant.
M. Bédard: Ce n'est pas le cas.
M. Lalonde: C'est tout.
M. Bédard: Je reviens à ce que nous avions...
Le Président (M. Laplante): Programme 11,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: Si vous permettez, je demeure convaincu que
c'est un instrument de première va- leur concernant la lutte contre le
crime organisé. Maintenant, nous aurons une réflexion commune
à faire, nous l'avons déjà indiqué, une fois la
prolongation du mandat terminée, une fois pour toutes, sur l'avenir
définitif de la CECO.
Coordination des activités de la
sécurité publique
Le Président (M. Laplante): J'appelle le programme 12:
Coordination des activités de la sécurité publique. Ce
programme vise à informer le ministère sur l'évolution de
la criminalité au Québec, à suggérer les politiques
et les programmes au ministère dans le domaine de la police et à
assurer la coordination de l'activité policière.
M. le ministre.
M. Bédard: Concernant les commentaires
généraux, les crédits prévus au niveau de ce
programme passeront à $4 200 800 à $5 089 600, soit une hausse de
$888 800, c'est-à-dire 21,2% d'augmentation par rapport au budget
comparatif de 1977/78. Cet accroissement des crédits fait suite, en
majeure partie, à la mise en application de la politique
gouvernementale, laquelle confie au ministère de la Justice, la
responsabilité du service de sécurité du
lieutenant-gouverneur et le service de transport et de sécurité
des membres du Conseil exécutif, des chefs de partis reconnus et du
service de protocole. Autrefois, cette responsabilité relevait de chaque
ministère et le service était limité au rôle de
chauffeur, sauf à l'exception des ministères qui recouraient
déjà il y en avait en fait plusieurs au service de
sécurité du ministère de la Justice.
Également, une partie de cette hausse de crédits sera
utilisée pour financer le coût de l'impact budgétaire,
faisant suite à la mise en application des conventions collectives en
vigueur et à venir. Les crédits additionnels prévus au
niveau de ce programme se répartissent de la façon suivante: mise
en application de la politique gouvernementale concernant la
sécurité du transport, $807 400; mise en application des
conventions collectives de travail en vigueur et à venir, $81 400.
Le Président (M. Laplante): D'autres remarques?
M. Bédard: Si on veut plus de détails,
peut-être y a-t-il lieu d'en donner.
Les ressources financières et humaines prévues pour la
mise en application de la politique gouvernementale concernant la
sécurité du lieutenant-gouverneur et le transport et la
sécurité des membres du Conseil exécutif, des chefs de
partis reconnus, du service de protocole nécessitent des ressources
financières de $1 811 200 et des ressources humaines de 60
employés réguliers. Les ressources prévues permettent
d'assurer, premièrement, la sécurité du
lieutenant-gouverneur, le transport et la sécurité des 24 membres
du Conseil exécutif, le transport de deux chefs de partis reconnus, le
transport au niveau du service de protocole.
Comme vous le savez, M. le Président, les personnes n'utilisant
pas ces services sont: le premier ministre, le ministre de la Justice et le
président de l'Assemblée nationale.
L'effectif qui est affecté au service de transport et de
sécurité se compose de 59 postes réguliers au lieu
des 60, comme j'ai dit tout à l'heure lesquels se
répartissent de la façon suivante: 42 gardes du corps ou
chauffeurs sont affectés auprès des membres du Conseil
exécutif et du lieutenant-gouverneur; 6 chauffeurs pour le service de
transport du protocole; 2 pour le service de transport de chefs de partis
reconnus; 9 personnes seront affectées à l'administration de ce
service. Le nombre total de postes prévus, soit 59, est atteint par le
recours aux 38 postes actuels du service de la sécurité interne,
par le transfert de 16 postes appartenant antérieurement aux divers
ministères et par la création de cinq nouveaux postes.
Les besoins prévus pour le service de sécurité du
lieutenant-gouverneur et le service de transport et de sécurité
des membres du Conseil exécutif nécessitent de disposer de 42
gardes du corps ou chauffeurs, soit un équipe de 36 hommes, plus une
allocation de six hommes pour les absents.
Ceci permet d'offrir le service d'un garde du corps ou chauffeur par
ministre, lequel est appuyé par un deuxième garde du corps ou
chauffeur que l'on retrouve au service d'au plus deux ministres à la
fois.
Concernant la flotte véhiculaire des véhicules
un projet concernant les normes d'utilisation et d'acquisition de la
flotte véhiculaire a été déposé
récemment auprès du Conseil des ministres et le nombre des
véhicules requis pour le maintien du service de transport et de
sécurité est de 36. Cette flotte véhiculaire se
répartit comme suit: 25 véhicules pour répondre au besoin
des chefs de partis reconnus et des ministres qui utiliseront des
véhicules de service; huit véhicules affectés au service
du protocole et au dépannage dont trois seront en service à
Montréal, et trois véhicules spéciaux.
Ce sont les commentaires généraux, M. le Président,
expliquant la hausse au niveau de ce programme.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je remercie le ministre de ces détails qui
s'adressent plutôt presque exclusivement à l'élément
3, étant donné que c'est là qu'on retrouve l'augmentation.
J'y reviendrai tantôt.
J'aimerais demander au ministre s'il s'est penché sur la mission
de ce programme de la coordination des activités de la
sécurité publique. Il n'est sûrement pas sans savoir que,
depuis la création de la direction générale de la
sécurité publique au ministère de la Justice, il y a eu
des réflexions qui ont été faites par ses
prédécesseurs, en particulier, sûrement par lui aussi, sur
la coordination des activités de ce service, de cette direction
générale, en rapport avec la mission de la Commission de
police.
On retrouve ici, par exemple, à l'élément 2:
Formation et perfectionnement des policiers, préoccupation qu'on
retrouve aussi au niveau de la Commission de police. Il y avait
déjà eu des tentatives dans le passé et plus
particulièrement la dernière, celle que je connais davantage, qui
se retrouvait dans un projet de loi, le projet de loi 41 en 1976 je
pense, au début de 1976 qui n'a fait que voir le jour, mais qui
n'a pas été adopté, et je me demande si le ministre se
propose de faire des démarches à ce propos pour préciser
les zones grises qui existent entre...
M. Bédard: ... les deux organismes... M. Lalonde:
... les deux organismes.
M. Bédard: II est clair qu'il existe des zones grises qui
ont été signalées d'ailleurs dans les recommandations du
rapport Saulnier et je ne puis pas vous dire que je suis en mesure,
présentement... c'est-à-dire qu'il y a des décisions
finales qui ont été prises au niveau de la clarification. Il y a
une réflexion qui a été amenée concernant le
rôle de la direction générale de la sécurité
publique et de la Commission de police à la suite du rapport Saulnier
qui a, entre autres, indiqué l'intention de donner suite et cela,
le plus rapidement possible à la recommandation pour
l'instauration d'un inspectorat qui, au lieu dans mon humble opinion
de constituer un organisme tout à fait à part, devrait
plutôt se situer à l'intérieur de la direction
générale de la sécurité publique.
Il y a eu aussi une réflexion qui a été faite sur
le travail même de la direction générale de la
sécurité publique. Nous avons eu l'occasion d'en dire quelques
mots au début de la discussion des crédits lorsque nous avons
parlé de la nécessité de la formation d'un groupe
d'analyse afin de colliger, d'analyser, d'étudier les renseignements
criminels qui venaient des différents corps policiers dans tout le
Québec et je puis dire...
À l'heure actuelle, j'ai eu l'occasion de discuter avec un
sous-ministre associé à la direction générale de la
sécurité publique, M. Benoît, de même qu'avec le
président de la Commission de police, M. le juge Gosselin. Je pense que
les deux parties sont conscientes que, non seulement suite au rapport Saulnier,
mais suite à certaines analyses au point de vue de la recherche de la
meilleure efficacité possible des deux directions, la Commission de
police et la Direction générale de sécurité, il y
aura lieu d'ici l'automne de préciser davantage les fonctions qu'elles
ne le sont présentement, de manière qu'il n'y ait pas double
emploi, ce qui arrive dans certains cas.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre nous annonce un projet de loi
pour l'automne à ce propos?
M. Bédard: Je crois qu'à l'automne il va falloir
que cela soit clarifié.
M. Lalonde: L'inspectorat que le ministre vient de mentionner,
qu'est-ce que c'est au juste?
M. Bédard: Ce sera probablement à l'automne
aussi.
M. Lalonde: Qu'est-ce au juste que l'inspectorat?
M. Bédard: C'est l'organisme que le rapport Saulnier a
recommandé de constituer aux fins de procéder à l'analyse
de l'efficacité policière à travers l'ensemble du
territoire québécois, pour en arriver, peut-être, à
des critères qui nous permettent de mieux analyser cette
efficacité policière. C'est aussi un organisme
privilégié comme conseiller auprès du ministre de la
Justice en ce qui regarde l'ensemble du fonctionnement des corps policiers.
M. Lalonde: Cela se retrouverait à la Direction
générale de la sécurité publique?
M. Bédard: Au moment où on se parle, c'est
là que pourrait se situer cet inspectorat, selon moi.
M. Lalonde: M. le Président, à
l'élément 1, on voit une diminution d'environ $15 000 des
crédits affectés à ce programme.
M. Bédard: À l'élément 1?
M. Lalonde: Oui. Une réduction d'à peu près
$15 000. Est-ce qu'on a confié à la Commission de ' police ou
à la direction générale je pense que le ministre a
déjà dit que ce serait à la direction
générale, mais je ne veux pas faire erreur le soin
d'analyser le rapport Saulnier?
M. Bédard: On l'a fait au ministère et la
Commission de police aussi le fait à l'heure actuelle. La plupart des
municipalités doivent... Nous estimons qu'il est possible d'avoir leurs
réactions, parce qu'il s'agit quand même d'une réforme non
seulement globale, mais assez importante et avant de s'y embarquer, il y a lieu
d'évaluer toutes les avenues.
M. Lalonde: Est-ce que ce serait à ce programme-ci
que...
M. Bédard: L'élément 1?
M. Lalonde:... le programme 12 ...une discussion
serait pertinente relativement au cheminement du travail du rapport Saulnier et
du groupe de travail? Il me semble que c'est à peu près ici que
cela se situe. Quel est l'échéancier que le ministre propose pour
l'examen de ce rapport et la mise en place des dispositions que le
ministère accepterait de prendre relativement à la fonction
policière au Québec?
M. Bédard: Ce que nous avons dit, c'est que nous
considérions, du point de vue gouvernemental, le rapport Saulnier comme
un instrument privilégié de réflexion en fonction de
réformes à apporter dans le domaine. Comme plusieurs
ministères sont concernés, entre autres celui des Finances de
façon particulière, l'Aménagement, les Affaires
municipales, il y aura une consultation et un travail d'équipe entre ces
différents ministères, ce que nous faisons d'ailleurs à
l'heure actuelle. Il y aura aussi, soit par le biais des Affaires municipales,
soit directement par le ministère de la Justice, une consultation des
municipalités. Nous avons indiqué notre intention de ne pas
appliquer ce rapport, si on parle de la ligne maîtresse, de la
régionalisation, de ne pas l'imposer, mais qu'elle soit
appliquée, s'il y a lieu, après une consultation
appropriée des différents ministères, des
disponibilités financières et de la réception que lui
feront les municipalités concernées, les territoires
concernés. Il y a une consultation régulière qui se fait,
un travail de différents fonctionnaires, au niveau de chacun des
ministères, sur l'étude du rapport Saulnier pour en arriver
à ce qu'à l'automne c'est ce que j'ai dit à la
Commission de police lors des études de cette dernière
nous soyons capables, nous soyons en mesure de donner les directions
gouvernementales les plus précises possibles.
M. Lalonde: Alors, l'échéance que le ministre se
propose de respecter pour prendre les décisions, ce serait
l'automne?
M. Bédard: Oui, je ne dis pas que toutes les
décisions vont être prises à l'automne. Je crois qu'on doit
procéder avec assez de célérité pour ne pas laisser
l'ensemble du monde policier dans un certain climat d'incertitude qui a pu
surgir à la suite de la publication du rapport Saulnier. D'autre part,
comme le président lui-même, M. Saulnier, le disait, il y a lieu
de s'accorder la réflexion nécessaire, mais, à partir du
moment où une décision est prise, il faudra l'appliquer assez
rapidement.
M. Lalonde: M. le Président, je ne veux pas rappeler le
ministre à l'ordre, ce n'est pas ma fonction, mais il a parlé de
climat d'incertitude; je lui rappellerai que c'est un mot tabou dans la bouche
de ce gouvernement. Je me permettrai de l'inviter à faire diligence,
étant donné qu'il a besoin d'un examen en profondeur réel.
D'ailleurs, cela date d'avant l'entrée en fonction de ce gouvernement;
on retourne donc il y a à peu près deux ans, lorsqu'un groupe de
travail précédent ou à peu près semblable, qui a
été modifié, a été mis en place en 1976. Il
y avait, à ce moment, un besoin très réel de
procéder à certaines définitions et le milieu policier
était extrêmement conscient de la nécessité de
procéder rapidement parce que de nombreux griefs et de nombreuses
réclamations étaient faites venant, entre autres, de la
fédération, des policiers, de syndicats et même de
l'Association des chefs de police sur la clarification des intentions
gouvernementales relativement à la fonction policière au
Québec. Je l'invite à ne pas profiter trop longtemps de ce
congé qu'il s'est vu donner par tous ceux qui sont
intéressés par cette question et qui va atteindre bientôt
deux ans.
M. Bédard: II y a eu beaucoup de recommandations ou encore
d'expressions d'opinions dans le rapport Saulnier concernant des
possibilités d'améliorer l'efficacité policière
à l'intérieur du système qui existe présentement.
Il n'est pas question d'attendre qu'une décision globale soit prise sur
des questions aussi fondamentales que celle de la régionalisation avant
de faire en sorte, lorsque c'est possible, dans le contexte qui existe, de
poser des gestes concernant l'amélioration de l'efficacité
policière, de le faire.
Prenez à Montréal, à l'heure actuelle. Il y a la
mise en application du plan d'allocation de ressources humaines et physiques et
il y a eu plusieurs c'est à notre connaissance
énoncés d'opinions sur la manière d'améliorer
l'efficacité policière qui ont été faits par le
rapport Saulnier qui font déjà l'objet d'analyses par des
directeurs de police et, pour autant qu'ils peuvent poser des gestes dans le
sens de cette amélioration, ils le font. (16 h 45)
M. Lalonde: Lesquelles de ces recommandations sont actuellement
en voie d'application? Est-ce que le ministre peut être un peu plus
précis là-dessus?
M. Bédard: À Montréal...
M. Lalonde: Je ne parle pas de Montréal, car il ne faut
pas confondre. C'était le rapport Daignault.
M. Bédard: II y avait déjà un plan.
M. Lalonde: C'était le rapport Daignault, sur
l'intégration des ressources humaines et physiques. C'est le rapport
Daignault qui a fait l'objet d'une étude de la Commission de police,
etc., qui était une des fonctions les plus importantes de
l'intégration, le résultat de l'intégration est une
principale étape... mais on retourne en 1972. Je pense qu'il ne faut pas
mêler les deux.
En ce qui concerne le rapport Saulnier, le ministre a dit qu'il y a
plusieurs recommandations qui sont déjà en voie d'examen et
d'application par différents chefs de police ou différentes
autorités municipales. Est-ce qu'il pourrait préciser
lesquelles?
M. Bédard: Sans énumérer, je pense aux
analyses qui se font concernant la patrouille, le rôle du patrouilleur,
l'utilisation la plus rationnelle possible de la patrouille à deux, la
possibilité de débanaliser certains véhicules, entre
autres les plus visibles. Ce sont des points qui font continuellement l'objet
de consultations de la part de la direction générale de la
sécurité vis-à-vis de certains corps policiers.
M. Lalonde: Quant à la régionalisation, c'est un
problème qui n'est pas, non plus, né d'hier.
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Le ministre aura probablement reconnu dans les
dossiers du ministère de la Justice, lorsqu'il est entré en
fonction, certains projets à ce propos qui s'appuyaient de façon
essentielle sur un effort budgétaire, une contribution financière
de la part du gouvernement.
Sans demander au ministre de porter des jugements ou de faire des
conclusions maintenant, est-ce qu'il croit que toute régionalisation
volontaire ne devrait pas être encouragée ou encadrée par
une politique financière de la part du gouvernement?
M. Bédard: Même si nous n'y croyions pas, une chose
est certaine, nous pouvons nous attendre que les municipalités
intéressées expriment leurs besoins d'aide financière de
la part du gouvernement. C'est dans ce sens-là. Quand on parle de la
régionalisation, on disait qu'il y a plusieurs ministères
intéressés, entre autres le ministère des Finances, parce
que nous sommes conscients que cela peut impliquer des ressources
financières importantes qui devraient être mises à la
disposition des municipalités, dans les cas de réorganisation ou
de régionalisation.
On peut difficilement s'avancer, à cet égard, sur le
thème de la régionalisation, sans auparavant avoir l'occasion de
consulter les municipalités. Vous savez que ce problème de l'aide
financière est également relié à une étude
qui se poursuit sur la fiscalité municipale, où des discussions
ont lieu entre le gouvernement et les municipalités relativement
à un réaménagement de la fiscalité municipale. Dans
ce sens-là, déjà, une rencontre a été
prévue entre le gouvernement provincial et les municipalités,
à l'intérieur de laquelle nous allons essayer de nous placer pour
discuter un peu de l'ensemble des problèmes policiers. Nous ne nous
faisons pas d'illusions, parce qu'il y a d'autres sujets aussi très
importans qui sont à l'ordre du jour de cette rencontre, entre autres,
l'aménagement du territoire, la décentralisation.
Comme on sait que la régionalisation s'inscrit quand même
dans une politique globale du gouvernement, vis-à-vis de la
décentralisation, le réaménagement de la fiscalité
municipale, je crois que c'est dans ce sens-là qu'on ne peut pas en
arriver maintenant à des conclusions sans des échanges continus
et des consultations entre les ministères impliqués des Finances,
des Affaires municipales et de l'aménagement.
M. Lalonde: M. le Président, je suis un peu
déçu de l'hésitation du ministre quand il dit qu'il va
peut-être tenter de s'insérer dans les discus-sions, dans les
consultations qui ont lieu actuellement relativement à la
fiscalité minicipale. Je pense qu'il devrait, de façon
très décisive, imposer à l'ordre du jour la question de la
régionalisation et des dépenses policières pour les
municipalités.
On sait que pour les municipalités, le service policier est un
fardeau très lourd, c'est en fait un des plus importants de l'effort
financier d'une municipalité. On sait que cela coûte cher et que
c'est un service essentiel. Je pense que c'est à bon droit qu'il
soulève la question de la fiscalité municipale. Je ne le prends
pas comme une tentative de mêler
le problème, au contraire, il faut que ce soit là, que ce
soit discuté. Je l'invite, de façon tout à fait formelle,
à faire mettre à l'ordre du jour de cette conférence
provinciale-municipale la question des services policiers et de la
régionalisation d'une meilleure distribution du fardeau financier et
aussi d'une plus grande efficacité des services policiers par la voie de
la régionalisation ou du regroupement, quand c'est nécessaire et
quand c'est utile.
M. Bédard: C'est peut-être ma prudence habituelle en
tout cas qui m'a fait employer cette terminologie. Il est évident que,
non seulement en termes de consultation, mais en termes de décision
à prendre dans un avenir assez rapide, je crois qu'il y a lieu de
profiter de cette rencontre privilégiée, c'est-à-dire qui
peut s'avérer comme un endroit privilégié pour en parler;
mais, dans une rencontre de la province et des municipalités, il y a
d'autres problèmes aussi, comme le problème des loisirs. Il y a
bien des ministères qui voudraient mettre à l'ordre du jour leurs
préoccupations ou des préoccupations qui sont importantes aussi
au niveau des municipalités.
Je suis convaincu que j'aurai l'occasion d'aborder ce sujet à
l'occasion de la rencontre dont je vous ai parlé.
M. Lalonde: Je suis sûr que si le ministre consulte les
municipalités, à savoir si elles désirent que cette
question soit considérée, et plus que considérée,
en fait, soit étudiée lors de leur rencontre, il va trouver un
accueil très favorable de la part des municipalités, car on sait
que certaines municipalités affectent 20%, 30%...
M. Bédard: Sauf que vous avez les
municipalités...
M. Lalonde: ... 35% de leur budget aux services policiers.
M. Bédard: Je comprends l'importance des
affectations...
M. Lalonde: Les loisirs, c'est extrêmement important,
mais...
M. Bédard: ... financières qui sont données
par les municipalités pour assurer le maintien des corps policiers;
d'autre part, il y a des municipalités qui donnent le message que s'il y
a un réaménagement fiscal imposant et que si elles ont les
deniers nécessaires à leur disposition, elles vont s'occuper de
ces problèmes.
M. Lalonde: Raison de plus d'en parler à la
réunion, d'autant plus qu'on sait que...
M. Bédard: C'est un tout. Comme vous le disiez tout
à l'heure, en fait, c'est un tout.
M. Lalonde: C'est un tout, sûrement. On sait que la
suspension des services policiers de quelques municipalités est
directement reliée à la fiscalité...
M. Bédard: C'est le problème financier que cela
représente.
M. Lalonde: ... au problème financier. Ce n'est pas parce
qu'elles ne veulent pas protéger leurs citoyens, au contraire, d'autant
plus que, lors de ces réunions, les sommets et mini-sommets qu'on a eus
et à leur suite, concernant un secteur particulier, il y a des dossiers
qui se font. Il y a donc un effort fait par tous ceux qui sont
concernés, qui sont intéressés au problème pour
rationaliser leur pensée et pour élaborer leurs suggestions. Ce
serait, il me semble, un forum tout à fait exceptionnel, tout à
fait désirable de la part du ministre de la Justice d'introduire cela,
de sorte que...
M. Bédard: Remarquez que je serais prêt à en
parler durant trois jours avec les municipalités pour régler mon
problème...
M. Lalonde: Bravo, j'encourage le ministre aussi.
M. Bédard: ... sauf qu'il y a d'autres problèmes
aussi qui...
M. Lalonde: Si c'est nécessaire, qu'il dise au premier
ministre que l'Opposition est tout à fait d'accord. Je pense que ce sera
décisif à ce moment-là.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Bédard: Je souris, mais je prends note de la
suggestion.
M. Fontaine: Je pense que le député a parlé
d'autres éléments, mais, étant donné que le
ministre n'est pas tellement enthousiaste sur la possibilité de pouvoir
réinsérer cette discussion à l'intérieur des
conférences municipales-provinciales, est-ce qu'il a d'autres
suggestions à nous faire quant à l'opportunité de pouvoir
discuter de ce problème avec les municipalités? Parce qu'on sait,
comme on a dit tantôt, que les services policiers représentent une
grande part du budget des municipalités, d'autant plus que, depuis que
le rapport Saulnier est sorti, on a eu différentes déclarations
dans les journaux, surtout au sujet de la régionalisation. Le ministre
nous dit qu'il veut intervenir dans ce domaine pour essayer que cela se fasse
l'automne prochain. Il faudra certainement qu'il y ait une forme de
consultation quelconque. Quelle sera cette forme de consultation?
M. Bédard: II y en a une entre les ministères
concernés dont je vous ai parlé. Il y a aussi une consultation
et on n'a pas besoin de courir après, cela vient par la force des
choses de la part des Affaires municipales, par les municipalités
qui véhiculent auprès du ministère des Affaires
municipales leurs difficultés financières d'absorber les
coûts du maintien de la force policière. C'est la même chose
au niveau du ministère de la Justice. Maintenant, si nous pouvions le
faire à
l'intérieur d'un cadre privilégié, je crois que ce
serait préférable.
M. Fontaine: C'est bien sûr que les municipalités
feront des représentations au ministère des Affaires municipales
concernant la question financière, mais il y a aussi la question de
l'organisation policière. Cela regarde exclusivement le ministère
de la Justice.
M. Bédard: Pas seulement le ministère de la Justice
parce que, comme je vous disais tout à l'heure, on ne peut pas penser
à la régionalisation, que ce soit au niveau des corps policiers
ou dans d'autres domaines, sans que cela s'insère dans un cadre global
de décentralisation, une politique globale de décentralisation,
une politique globale d'aménagement du territoire. Il ne faut pas le
prendre seulement comme un problème particulier.
M. Fontaine: Le ministre nous dit qu'il a élaboré
une certaine forme de consultation interministérielle. C'est très
bien, mais est-ce qu'il n'y aurait pas également lieu de préparer
une forme de consultation structurée à l'endroit des
municipalités, peut-être de certains autres organismes qui
seraient intéressés à donner leur opinion sur ce
sujet?
M. Bédard: Remarquez que, lorsque la commission Saulnier a
tenu ses auditions, il y a quand même eu non seulement les corps
policiers qui ont tenu à se faire entendre, mais il y a également
les municipalités qui se sont fait entendre devant cette commission et
qui ont explicité leur manière de voir les choses. Je ne dois pas
mettre de côté cette expression d'opinion qui a déjà
été formulée par les représentants des
municipalités.
M. Fontaine: C'était pour l'élaboration du rapport,
mais, à la suite de la présentation du rapport...
M. Bédard: Depuis ce temps, au niveau de la direction
générale de la sécurité publique, nous recevons,
non seulement de la direction générale de la
sécurité publique, mais également au niveau du
ministère, des représentations de la part de bien des
municipalités, à la suite de la publication du rapport.
M. Fontaine: Si je prends un exemple, dans le Nouvelliste du 7
mars 1978, M. Brault qui faisait partie de la commission disait qu'il y aurait
environ 714 corps policiers municipaux qui seraient directement touchés
par la recommandation, seulement dans la région de La Mauricie, ce qui
représente 705 policiers. La disparition de ces corps policiers ne
signifie pas pour autant la mise à pied partielle ou complète des
policiers. Il y a sûrement des représentations qui doivent
être faites par les syndicats des policiers par les villes
concernées et les municipalités concernées
également.
M. Bédard: Continuellement. On a des recommandations.
M. Fontaine: Cela se fait privément.
M. Bédard: Au niveau du ministère de la Justice, de
la part des municipalités qui prennent l'initiative de nous faire
connaître leur manière de voir les choses; de la part des
syndicats policiers aussi. Je m'excuse de ne pas l'avoir mentionné,
mais, au niveau des journées de la Commission de police, les deux
journées ont été strictement consacrées à
l'étude du rapport Saulnier. On pouvait constater la présence
à ces journées d'étude du président des
municipalités du Québec.
M. Lalonde: L'Union des municipalités.
M. Bédard: L'Union des municipalités du
Québec.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Sainte-Anne. (17 heures)
M. Lacoste: Sur le même sujet, en fait, il serait
peut-être plus facile de fonctionner, au niveau de la Justice, si on
pouvait récupérer le $1 milliard que le fédéral
nous doit. Cela aiderait au niveau budgétaire. Les membres de
l'Opposition seront probablement d'accord là-dessus.
M. Fontaine: ... d'accord là-dessus.
M. Lalonde: On en a parlé pendant que vous n'étiez
pas là, on a fait une motion de félicitations au ministre. Tous
les jours, on fait une motion de félicitations au ministre.
M. Bédard: Je pense que le député a quand
même raison de le mentionner. Nous n'avons pas l'intention de
conditionner une réforme à la compréhension
fédérale, par rapport à une réclamation juste,
telle que celle formulée par le Québec. Nous sommes très
conscients que si le fédéral continue à faire la sourde
oreille...
M. Fontaine:... pour la campagne à la chefferie du Parti
libéral.
M. Bédard: ... cela ne doit pas nous empêcher
d'essayer de résoudre les problèmes avec les moyens financiers
que nous avons, sauf que cela nous permettrait sûrement de les
résoudre avec un peu plus de facilité, si on nous remettait notre
dû.
M. Lacoste: Cela aiderait à boucler le budget. Le maire de
Verdun, également député libéral de Verdun disait
qu'au niveau de la police de la Communauté urbaine de Montréal,
ces budgets du fédéral aideraient à boucler le budget;
c'est quand même un $1 milliard.
M. Bédard: Seulement l'intérêt de cette
somme, pas loin de $100 millions, représente presque l'ensemble de la
marge de manoeuvre du point de vue du gouvernement du Québec. Quand on y
pense, il y a de quoi réfléchir.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: J'allais avancer que c'est là une autre preuve
de la non-rentabilité du fédéralisme.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on peut parler
là-dessus ou allez-vous me rappeler à l'ordre?
Le Président (M. Clair): Je pourrais appeler
immédiatement, pour adoption, l'élément 1 du programme 12.
Cela donnerait un nouveau sujet de conversation.
M. Lalonde: Je ne sais pas si le député de
Papineau, dont l'inoffensive intervention tantôt a rappelé...
M. Bédard: Vous pouvez toujours en parler, mais je ne
crois pas que ce soit le meilleur exemple de rentabilité du
fédéralisme.
M. Lalonde: Ah, mais il faudrait tout apporter, à ce
moment, dans le bilan!
M. Bédard: Plus la taxe de vente, $226 millions.
M. Lalonde: Oui, plus le pétrole, c'est un autre $1
milliard.
M. Bédard: À l'ordre, M. le Président!
M. Lalonde: À l'ordre! Voyez-vous ce qui arrive!
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs! L'élément 1...
M. Bédard: Je n'ai pas dit à l'ordre, j'ai dit
"Alors, M. le Président". On voit que, si on commence la discussion,
elle peut s'échelonner sur plusieurs heures.
Le Président (M. Clair): Vous avez encore quelques
questions, M. le député de Nicolet-Yamaska? Vous avez la
parole.
M. Fontaine: On a également parlé assez souvent
le ministre en a parlé d'une loi que le ministre voudrait
présenter pour avoir un contrôle sur les activités de la
Gendarmerie royale du Canada au Québec. Est-ce que le ministre maintient
toujours sa position et quand entend-il nous présenter ce projet de
loi?
M. Bédard: Au cours de la présente session, ce qui
se situerait normalement à l'automne. Si des aménagements
devaient être présentés concernant la clarification entre
les pouvoirs de la Commission de police et ceux de la Direction
générale de la sécurité, cela pourrait
s'insérer comme un élément important, qui pourrait
être soumis à l'approbation de l'Assemblée nationale.
Je ne doute en aucune façon que tous les membres de
l'Assemblée nationale seront d'accord avec le fait que les
autorités gouvernementales provinciales doivent avoir un droit de
contrôle sur les actions policières de la Gendarmerie royale
à l'intérieur du territoire du Québec.
M. Fontaine: On a également parlé d'abolir le
conseil de sécurité de la CUM. Est-ce que le ministre, suite au
rapport Saulnier, maintient toujours cela?
M. Bédard: Pour le moment, cela va très bien.
Disons qu'on va aller aux problèmes les plus criants avant de jouer dans
la structure pour le plaisir de le faire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Concernant les activités de la Gendarmerie
royale, je pense que j'ai déjà exprimé mon opinion
là-dessus, mais le ministre pourrait me dire...
M. Bédard: ... la mienne.
M. Lalonde: Le ministre a entendu ma voix et, ensuite, a pris sa
décision.
Le ministre pourrait nous dire quelles autres provinces ont justement
des commissions de police qui ont un droit de regard sur le comportement de la
Gendarmerie royale. Il y en a au moins une.
M. Bédard: Oui, le Nouveau-Brunswick, je crois; la
Colombie-Britannique et la Saskatchewan.
M. Lalonde: Alors, je suis sûr que le ministre va trouver
les moyens de faire en sorte que par la Commission de police il me
semble que c'est là que cela devrait aller l'on puisse avoir un
droit de contrôle sur le comportement de tous les policiers qui font
partie de l'administration de la justice au Québec qui est parfaitement
une compétence souveraine du Québec.
En ce qui concerne le Conseil de sécurité, je pense que le
ministre est conscient de la raison pour laquelle cela avait été
fait au début, pour éviter que le déséquilibre
d'influence au niveau de la CUM où la ville de Montréal
était représentée...
M. Bédard: La ville de Montréal par le biais des
banlieues.
M. Lalonde: Oui, par rapport aux banlieues, que toute
démarche à faire je ne veux pas donner de conseils
relativement à l'élimination du Conseil de sécurité
devrait être accompagnée aussi d'un rétablissement
d'équilibre entre Montréal, d'une part, et les
municipalités de banlieue, d'autre part.
Pour ce qui concerne le programme 1, j'ai demandé tantôt
mais on est allé un peu plus loin la raison pour
laquelle...
M. Bédard: ... il y a une diminution...
M. Lalonde: ... on avait diminué de $15 000.
M. Bédard: La diminution de crédits qui est
estimée à $14 800 est prévue au niveau de cette
activité qui concerne la recherche et la programmation. Cette baisse de
crédit est apportée afin de tenir compte des facteurs suivants:
Premièrement, des crédits additionnels estimés à
$34 900 sont prévus pour la mise en application des conventions
collectives en vigueur et à venir; une réduction des
crédits estimée à $55 000 est prévue afin de tenir
compte du fait que tous les coûts d'informatique sont absorbés,
centralement, à même le budget de l'élément 3.
M. Lalonde: Le ministre peut-il donner des détails sur les
transferts? C'est le seul élément où on a des transferts,
c'est-à-dire $85 000. Pourrait-il nous donner, pas nécessairement
la liste exhaustive, si c'est trop long, mais au moins une idée, savoir
à qui ces sommes d'argent sont-elles remises?
M. Bédard: Peut-être un commentaire additionnel en
attendant qu'on trouve... Il y a eu le paiement à des organismes qui
s'occupent d'assurer les services de police dans les réserves indiennes
de Caughnawaga et de Saint-Régis; Caughnawaga: $45 000;
Saint-Régis: $18 500; pour un total de $63 500. Également, le
transfert de fonds à d'autres organismes pour favoriser les
échanges entre les associations de police et les responsables de la
sécurité publique au Québec: l'Association canadienne des
chefs de police: $8000; l'Association des chefs de police et des pompiers de la
province de Québec: $11 000; la Fédération des policiers
du Québec: $2500; l'Association internationale des chefs de police:
$1200; pour un total de $21 500, ce qui constitue le total global de $85
000.
M. Lalonde: Je vous remercie. Peut-on passer à
l'élément 2 ou si vous préférez qu'on...
Le Président (M. Laplante): On peut étudier en bloc
le programme 12 puis on l'adoptera.
Formation et perfectionnement des policiers
M. Lalonde: II n'y a à peu près pas d'augmentations
à l'élément 2: Formation et perfectionnement des
policiers.
M. Bédard: Non. Des crédits de $96 500.
M. Lalonde: Quelles sont les questions étudiées au
niveau de la direction générale de la sécurité
publique pour ce qui concerne la formation et le perfectionnement des
policiers? Des règlements, je crois, ont été
adoptés, au cours des dernières années, ou des
études ont été faites à la direction. Que fait-on
actuellement?
M. Bédard: Quant aux études, c'est toujours une
mise à jour des cours de formation pour les adopter aux besoins de la
clientèle. C'est ainsi que la plupart des cours sont continuellement
révisés. La dernière révision a été
faite en fonction du cours de base dans lequel il y a eu certaines
décisions de prises relativement à l'accroissement des
séances sur le comportement humain, donc surtout dans les sciences
humaines. On l'a fait au détriment de la formation militaire; mais
aujourd'hui, elle a une importance moindre qu'autrefois. C'est au niveau des
sciences humaines qu'on va augmenter les périodes de formation.
Il y a certaines autres séances d'information, qui étaient
peut-être un peu longues en fonction des besoins du policier, qui ont
été réduites de façon à porter l'accent sur
les sciences humaines.
M. Lalonde: Merci, M. Benoît. Est-ce que c'est la
même chose?
Le Président (M. Laplante): Le député de
Papineau, à l'élément 1, tout à l'heure, je l'avais
oublié. Je m'excuse.
M. Alfred: M. le Président, le ministre de la Justice est
au courant que la ville de Gatineau fait face à des problèmes
énormes qui proviennent du regroupement non planifié qui a
été effectué en 1975 et...
M. Bédard: Proviennent?
M. Alfred: Le chef de police de Gatineau, l'autre jour, à
la télévision, de 11 heures à minuit, a dit que la ville
fait face à des problèmes insurmontables au point de vue
délinquance et la ville n'avait pas les moyens, à cause des
problèmes suscités par le regroupement qui n'a pas
été planifié, de faire de la prévention et la
police a été obligée de faire de la répression.
Devant de tels énoncés et devant les problèmes
qu'éprouve la ville de Gatineau, est-ce que le ministre entend
intervenir de quelque façon que ce soit pour apporter de l'aide au
niveau formatif et préventif des policiers et également pour
aider la ville à faire de la prévention pour empêcher que
le taux de délinquance augmente encore?
M. Bédard: Du côté de la délinquance,
en ce qui regarde le problème particulier auquel vous faites allusion,
la Sûreté du Québec a pris la situation en main depuis un
mois. C'est la forme d'aide que nous pouvons apporter, je pense, dans les
circonstances.
M. Alfred: Dans cette aide, M. le Président, nous allons
mettre l'accent davantage sur le côté éducatif, de
façon à ne pas aggraver encore, je pense, le caractère
explosif qui existe déjà dans la ville, étant donné
que la ville est incapable de faire face aux problèmes qui lui
incombent, parce qu'en 1975, quand le regroupement a été fait, on
n'avait rien mis en plan pour faire face aux problèmes qui allaient
surgir à partir de ce regroupement. Devant
une telle situation la police fait face à des problèmes et
la population aussi. Je comprends très bien que la Sûreté
du Québec fait un bon travail, mais est-ce qu'on peut accentuer
davantage le côté éducatif pour qu'il n'y ait pas trop
d'affrontements entre les délinquants provoqués par le
système social qu'on a créé et la répression que
doit faire la police?
M. Bédard: J'ai déjà explicité que je
n'étais en aucune façon d'accord avec une approche qui donne
l'image d'une justice répressive ou vindicative et qu'il faut essayer de
privilégier le plus possible, surtout quand on parle de problèmes
de délinquance, une approche beaucoup plus humaine que dans le
passé. Il y a des lois qui ont été votées et qui
sont de nature, je pense, à améliorer cette approche des
délinquants en puissance.
M. Alfred: ... par exemple...
M. Bédard: Oui, entre autres. Pour ce qui est des
difficultés financières pour une ville de se donner les effectifs
policiers nécessaires pour répondre à des
impératifs comme ceux-là, on voit bien la discussion globale de
tout à l'heure sur la nécessité, à la suite d'un
réaménagement de la fiscalité municipale, de donner aux
différentes municipalités plus de ressources pour faire face
à ces situations.
M. Alfred: Je ne pense pas, M. le Président, qu'il faille
augmenter le nombre de policiers. Je mettrais davantage l'accent sur le
côté formatif et préventif, je mettrais l'accent davantage
sur le rôle d'éducateur que doit jouer le policier dans une
société qui se veut civilisée.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Concernant
l'élément 2...
M. Bédard: Si vous me le permettez, sur cette information
auprès des policiers, cette sensibilisation, une approche plus humaine,
je crois qu'il se fait beaucoup de travail quand même. M. le
sous-ministre associé a cité tout à l'heure toutes les
séances d'étude ou d'information qui se font dans ce sens. Nous
sommes à même de constater, si on parle de la loi 24, que les
policiers étaient très sensibilisés et réclamaient,
en fait, une nouvelle Loi sur la protection de la jeunesse qui puisse leur
permettre une approche non pas policière, mais beaucoup plus sociale
auprès des délinquants. L'application de la Loi sur la protection
de la jeunesse leur permet cette approche. (17 h 15)
M. Fontaine: M. le Président, au niveau de
l'élément 2, "Formation et perfectionnement des policiers", je
voudrais aborder la question de l'Institut de police de Nicolet. On sait que
cet institut de police, situé au coeur du Québec, nous semble
très bien situé, depuis...
M. Bédard: Je puis vous dire qu'il n'est pas question de
changer d'endroit, même s'il y a eu des rumeurs à cet effet.
M. Fontaine: II y a toujours des rumeurs, chaque fois qu'il y a
un changement de gouvernement.
M. Lalonde: Pourvu qu'il ne passe pas au feu
complètement.
M. Bédard: On va régler ce
problème-là.
M. Fontaine: On sait qu'il y a plus de 6000 étudiants qui
sont passés par l'institut de police depuis sa formation. Cette
année, il y a eu 1776 étudiants dans différents domaines.
La question que je me pose est la suivante: Est-ce que les locaux actuels sont
adéquats? On sait qu'il y a une partie de l'institut qui était
auparavant utilisée et qui a passé au feu depuis... je ne me
rappelle pas la date. Trois ans à peu près? Je me demande si le
ministre envisage la possibilité d'une réutilisation de cette
partie de l'institut. Étant donné également qu'il s'agit
d'une espèce de relique, non pas celle de l'Union Nationale, une
relique...
M. Lalonde: ... institut national.
M. Bédard: Je dois vous dire bien sincèrement que
je n'ai pas eu de représentations au niveau du ministère de la
Justice selon lesquelles l'institut ne répondrait pas aux besoins qui y
sont exprimés et qu'il y aurait nécessité de
réaménagement ou d'agrandissement. Si agrandissement il devait y
avoir, cela ne se fera sûrement pas dans la partie qui est
déjà brûlée et qui est classée monument
historique. Cela se ferait autrement...
M. Fontaine: Par ailleurs... autrement.
M. Bédard: Je dois vous dire sincèrement que je
n'ai pas eu de représentations selon lesquelles cela ne
répondrait pas à la demande.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre des Affaires culturelles a
fait des représentations auprès du ministre de la Justice pour
savoir quelle utilisation il envisageait de faire de cette partie qui est
passée au feu?
M. Bédard: Non.
M. Fontaine: Est-ce que des études ont été
faites concernant les coûts de réparation de cette partie de
l'institut?
M. Bédard: À partir du moment où c'est
classé monument historique, cela regarde vraiment le ministère
des Affaires culturelles.
M. Fontaine: La bâtisse appartient aux Travaux publics.
M. Bédard: Oui.
M. Fontaine: Alors, cela concerne les trois
ministères.
M. Bédard: Oui, mais à partir du moment où
c'est classé monument historique, j'imagine que les Travaux publics ne
peuvent se mettre en action sans que, préalablement, une commande
à cet effet leur ait été acheminée par le
ministère des Affaires culturelles.
M. Fontaine: Le ministre nous informe aujourd'hui que
l'édifice, tel qu'il existe actuellement, répond aux besoins
actuels.
M. Bédard: Je ne veux pas aller plus loin. Je vous ai dit
que je n'avais pas eu de représentations au ministère de la
Justice, de corps policiers ou d'organismes, disant que ce qui existe
actuellement ne répond pas à la demande et ne correspond pas
à la situation actuelle.
M. Fontaine: D'accord. On a parlé d'une espèce de
fusion des inspecteurs des transports et de la Sûreté du
Québec. Est-ce qu'il en est toujours question?
M. Bédard: Oui, le Code de la route.
Il n'y a pas de décision de prise de ce côté. J'ai
eu récemment une réunion avec les représentants du
syndicat de l'office des autoroutes. Nous devons nous rencontrer de nouveau
à la fin du mois de juin. Je suis conscient qu'il ne faudra pas retarder
plus qu'il ne le faut une décision concernant l'intégration, ou
pas, de la police des autoroutes ou des policiers de la Commission des
Transports.
M. Fontaine: Je n'ai pas d'autre question sur cet
élément, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je vois que pour la
programmation des cours de 1978/79, donc l'année courante, on
prévoit à l'Institut de police une centaine de candidats au cours
d'agent de conservation de la faune.
Compte tenu de la nouvelle politique de dé-clubage, comme on l'a
appelée, je ne sais pas si c'est français, est-ce que...
M. Bédard: En tout cas, l'effet va être très
québécois, parce que l'usage de la forêt sera
dorénavant aux Québécois.
M. Lalonde: Pourvu qu'il reste de la faune. Mais en fait, c'est
très bien.
M. Bédard: Justement, au rythme où on s'en allait,
il fallait se poser des questions.
M. Lalonde: Ne tentez pas de me convaincre, essayez de convaincre
la population qui...
M. Bédard: On va essayer de s'employer à la
convaincre.
M. Lalonde: ... chahute vos ministres actuellement dans les
régions. Écoutez, je ne faisais pas de politique, je voulais
seulement obtenir un renseignement. Je pourrais en faire, mais je pense que ce
ne serait pas à l'avantage du ministre.
Les candidats sont au nombre de 100, pour toute la période du 3
juillet 1978 au 27 juillet 1979. Est-ce qu'il n'y a pas un effort à
faire pour en former davantage, étant donné que toute la
protection de la faune, à ce moment-ci, avec le déclubage, va
relever naturellement du gouvernement?
M. Bédard: De toute façon, déclubage ou non,
je pense qu'il y aurait eu nécessité...
M. Lalonde: II y en a déjà.
M. Bédard: ... d'une plus grande attention au niveau de la
protection du territoire. Il y en avait 56 l'an passé, ce nombre
augmente à 100 pour la présente année. Je ne sais pas s'il
y a une relation à faire avec la nouvelle politique à laquelle
vous référez.
M. Lalonde: Avez-vous reçu une demande du ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, de qui relèvent ces
agents? Est-ce qu'il y a eu une demande particulière à l'Institut
de police, pour augmenter les possibilités de formation, étant
donné l'augmentation de 56 à 100?
M. Bédard: Je ne crois pas que nous ayons eu de demande
particulière de la part du ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, ou du ministère des Terres et Forêts.
M. Fontaine: On va former des avions à la place.
M. Bédard: On va y aller par étapes.
Premièrement, le territoire va nous appartenir, puis, on le
protégera.
Le Président (M. Laplante): Programme 12,
élément 1, adopté?
M. Lalonde: Éléments 1 et 2, adopté; mais
à l'élément 3, j'ai des questions.
Le Président (M. Laplante): Éléments 1 et 2,
d'accord. Programme 12, élément 2, adopté
également.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Laplante): Élément 3.
Sécurité interne
M. Lalonde: À l'élément 3, on voit une
augmentation, sur laquelle le ministre a donné des explications, qui
m'étonne quand même. C'est à
peu près 80%, soit de $1 million à $1,8 million. J'ai pris
des notes et il me semble que la convention collective, c'est $539 000, alors
qu'on a affaire à peu près à une soixantaine
d'employés permanents.
M. Bédard: Au niveau de la sécurité?
M. Lalonde: Oui, la sécurité interne, à
l'élément 3.
M. Bédard: La sécurité interne?
M. Lalonde: À l'élément 3, oui. On ne voit
pas cette tendance si forte dans les autres éléments. Ici, on
passe de $1 million à $1 539 000, ou $1 004 100 à $1 539 000,
seulement au niveau de l'application de la convention collective. Est-ce qu'on
pourrait avoir des explications additionnelles?
M. Bédard: Je vais vous donner l'explication la plus
rapide, la plus concise possible, j'espère.
M. Lalonde: L'augmentation d'employés aussi.
M. Bédard: Auparavant, chacun des ministères, sauf
ceux qui faisaient déjà appel au ministère de la Justice,
s'occupaient de l'achat du véhicule et de l'engagement d'un chauffeur,
garde du corps.
Suite à une nouvelle politique, tout cela a été
ramené sous la responsabilité du ministère de la Justice,
ce qui a tout simplement occasionné des transferts de postes et les
transferts des crédits qui étaient affectés pour l'achat
d'un véhicule au niveau des ministères concernés.
M. Lalonde: L'application de la convention collective apporte une
augmentation de $539 000, comme vous nous l'avez dit au début. Est-ce
que cela comprend autre chose aussi? Est-ce que cela comprend les douze
employés additionnels? Est-ce que cela comprend les transferts de
postes? Ou si c'est simplement l'application de la convention collective, ce
qui m'apparaîtrait assez...
M. Bédard: Ce sont des transferts de postes et non pas
seulement l'application de la convention collective, ainsi que le transfert de
toute la flotte d'automobiles.
Pour la mise en application des conventions collectives en vigueur ou
les prochaines conventions, c'est un montant de $193 400 qu'on a
prévu.
M. Lalonde: Parce que, tantôt, vous avez dit $539 000.
M. Bédard: Pour la mise en application de la politique
concernant le service de sécurité du lieutenant-gouverneur et le
service de transport et de sécurité des membres du Conseil
exécutif, des chefs de partis reconnus et du service du protocole, c'est
$411 900.
Cela donne l'impression d'une augmentation imposante, mais, en
réalité, ce n'est pas le cas; c'est tout simplement qu'ayant
centralisé cela au niveau du ministère de la Justice, il y a eu
le transfert des postes et le transfert des véhicules au
ministère de la Justice.
M. Lalonde: Le service de sécurité du ministre de
la Justice et du premier ministre relève, je pense, de la
Sûreté du Québec.
M. Bédard: De la Sûreté du Québec,
c'est cela.
M. Lalonde: Cela se retrouve là. Pour le président
de l'Assemblée nationale, c'est...
M. Bédard: Également, cela relève de la
Sûreté du Québec.
M. Lalonde: Cela relève aussi de la Sûreté du
Québec.
M. Bédard: Cela relève aussi de la
Sûreté du Québec.
M. Lalonde: Je n'ai pas d'autres questions là-dessus.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Pas de questions.
Le Président (M. Laplante): Élément 3 du
programme 12, adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 12,
adopté.
Normalisation et surveillance de l'exercice des fonctions de police
Programme 13, normalisation et surveillance de l'exercice des fonctions
de police. Ce programme vise à assurer l'élaboration de
politiques et normes concernant les activités des corps de police du
Québec, leur surveillance et leur coordination.
M. le ministre.
M. Bédard: Comme commentaire général, M. le
Président, on peut voir que le budget du programme 13, normalisation et
surveillance de l'exercice des fonctions de police, a été
porté de $2 040 500 à $2 044 800 pour l'exercice financier
1978/79. Cette estimation tient compte d'une somme de $213 000 pour les
activités de la Commission d'enquête sur le crime organisé.
Ce sont les seuls commentaires généraux pour le moment.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Commission Keable
M. Lalonde: M. le Président, on entre ici dans une
question qui a fait l'objet d'attentions particulières de la population
au cours de l'année. Il s'agit de la surveillance de l'exercice des
fonctions de police. Au cours de cette année, le ministre a
institué une enquête spéciale à la tête de
laquelle il a nommé un jeune avocat. J'avais posé la question au
premier ministre, le 23 juin 1977, en l'absence du ministre de la Justice de
l'Assemblée nationale, à savoir si... Je cite la question que
j'ai posée à la page 1605: "Le premier ministre ne croit-il pas
qu'il aurait dû faire preuve de prudence, que le gouvernement aurait
dû faire preuve de prudence en confiant cette enquête à une
personne non seulement compétente, mais aussi d'expérience, et
non pas à une personne qui a eu des activités politiques dans le
Parti québécois, qui était candidat du Parti
québécois en 1973?" La réponse du premier ministre est la
suivante: 'Franchement, je ne vois pas pourquoi, dans des cas comme
ceux-là, on ne se fierait pas aussi parfois à des gens avec qui
on a travaillé et pas uniquement à des gens qui ont
travaillé contre nous. "
Je demanderais au ministre de la Justice quelle autre
référence que celle qui a été décrite par le
premier ministre il a considérée dans la nomination de Me Keable
à l'emploi, à la tête de cette commission d'enquête,
quelle est l'expérience en matière policière, par exemple,
qu'on retrouve largement à la Commission de police, et quelle est
l'expérience de M. Keable en matière d'enquête en
général et, plus particulièrement, en matière
policière.
M. Bédard: Comme point fondamental, M. Keable nous est
apparu un homme sérieux, capable de remplir cette fonction. Je dois vous
dire que nous ne pouvons que nous féliciter je parle au nom du
gouvernement et je dirais même au niveau de l'Assemblée nationale,
je le crois que nous pouvons être en position de nous
féliciter de ce choix puisque M. Keable a eu, tout au cours des travaux,
un respect vraiment unanime de la part de la presse en général,
sur la manière dont il a conduit cette commission, sur les règles
qu'il a adoptées avant de procéder aux travaux et aux auditions,
règles aussi qu'il a respectées. (17 h 30)
Si on regarde, en fait, les commentaires qui ont été faits
par les principaux éditorialistes, pas seulement du côté
francophone, mais même dans des journaux anglophones, sur la
manière efficace et compétente dont M. Keable s'est
acquitté de sa tâche, par comparaison à certains
commentaires qui ont été faits à l'endroit de
représentants d'autres commissions d'enquête, je crois que nous
sommes maintenant en mesure de constater jusqu'à quel point, sur le plan
de la compétence et de la capacité de faire une telle
enquête, le choix du gouvernement était indiqué et
justifié.
M. Lalonde: M. le Président, j'avais posé...
M. Bédard: Je ne vous dis pas que quelqu'un d'autre
n'aurait pas pu faire ce travail de façon correcte, mais ce qui est
important, c'est que nous sommes en mesure de dire que le choix de M. Keable
s'est avéré un choix judicieux, de l'avis même de tous les
observateurs et des éditorialistes des différents journaux.
M. Lalonde: M. le Président, si j'avais demandé si
le ministre est satisfait de son enquêteur si les journaux sont
satisfaits, je me serais attendu à cette réponse. Ce que j'ai
demandé c'est quelle était l'expérience
particulière de M. Keable en matière d'enquête, lorsqu'il a
été nommé, pas depuis, mais quelle était cette
expérience qui a porté le ministre à le recommander au
Conseil des ministres, en matière d'enquête, et plus
particulièrement, en matière policière. Est-ce qu'il avait
une expérience particulière?
M. Bédard: M. Keable est un avocat qui a pratiqué
et qui, à l'intérieur du Barreau...
M. Lalonde: II avait une dizaine d'années de pratique,
à peu près?
M. Bédard: Une dizaine d'années de pratique, et
à l'intérieur du Barreau, il jouissait du respect de ses
collègues, quant à son travail professionnel. Je ne vois vraiment
pas pourquoi il y aurait eu lieu de le mettre de côté.
M. Lalonde: II ne s'agit pas de le mettre... Vous avez mis de
côté la Commission de police...
M. Bédard: Les gouvernements précédents ont
eu, à un moment donné, à former...
M. Lalonde: II ne s'agissait pas de le mettre de
côté.
M. Bédard: ... des commissions d'enquête et à
nommer quelqu'un de responsable, qui pouvait en être aussi à ses
premières armes.
M. Lalonde: À la commission Cliche, il y avait des gens
d'expérience et sans influence politique. Le juge Cliche, M. Mulroney,
même M. Chevrette...
M. Bédard: Ce n'est pas une question d'influence
politique. Je pourrais vous dire qu'on a nommé le juge Malouf. Car il y
en a eu une autre commission d'enquête et nous avons nommé le juge
Malouf. Vous ne pouvez toujours pas nous accuser de partisanerie, dans ce
cas.
M. Lalonde: Dans ce cas-ci, à caractère très
politique...
M. Bédard: Dans ce cas-ci, il n'y a pas de partisanerie
non plus. Il y a eu une évaluation qui a été faite des
capacités de M. Keable, après cela, afin de voir jusqu'à
quel point on pouvait lui
confier cette responsabilité, et nous en sommes venus à
une décision positive. Nous ne pouvons que nous féliciter de ce
choix...
M. Lalonde: Pourquoi ne pas avoir confié cette
enquête à la Commission de police on pourra me dire qu'il
n'y avait pas de juridiction sur la police fédérale ou
à quelqu'un de la Commission de police qui avait toute cette
expérience, qui aurait pu être détaché de la
Commission de police, comme on a détaché des gens de la
Commission de police pour la CECO, par exemple, qui avaient, au moins,
l'expérience en matière policière, l'expérience
tout à fait privilégiée pour le gouvernement en ce qui
concerne le comportement des policiers? C'est ma question. Il ne s'agit pas de
mettre de côté M. Keable, comme on n'aurait pas mis de
côté 2000 avocats.
M. Bédard: Bon!
M. Lalonde: II s'agit d'aller chercher la compétence
là où elle est.
M. Bédard: Est-ce que vous êtes d'accord pour dire
qu'on est allé chercher la compétence là où elle
était?
M. Lalonde: Non.
M. Bédard: Est-ce que vous êtes d'accord sur le fait
que M. Keable s'est acquis de la part de tous ceux qui ont suivi les
travaux...
M. Lalonde: Attendons.
M. Bédard: ... des qualités d'expérience,
c'est-à-dire des commentaires très élogieux sur la
manière de fonctionner?
M. Lalonde: Attendons les résultats finals. Ayant
été témoin à cette enquête, je ferai mes
commentaires après le rapport...
M. Bédard: Sur cela, vous aurez...
M. Lalonde: ... mais j'en aurais déjà à
faire actuellement.
M. Bédard: J'espère qu'il n'y a rien qui vous
empêche de le faire.
M. Lalonde: Je pense que je dois laisser à la commission
d'enquête la chance de faire son rapport avant de faire mes commentaires
sur sa façon de procéder.
M. Bédard: II vous sera loisible de faire vos
commentaires...
M. Lalonde: Oui, je le ferai à ce moment, mais puisque
vous me posez la question.
M. Bédard: D'accord.
M. Lalonde: Mais je pense que c'est un trait du ministre de la
Justice que j'aurai l'occasion de souligner à d'autres endroits
même ici, à d'autres moments lorsqu'il y a une question
hautement politique, c'est de ne pas faire appel à des critères
rigoureux, indispensables à l'intégrité de
l'administration de la justice. C'est la raison pour laquelle j'ai posé
la question, M. le Président. Quelle était...
M. Bédard: Cela peut être votre opinion concernant
M. Keable, mais je partage l'opinion contraire.
M. Lalonde: Je n'ai pas terminé ma question. M. le
Président, est-ce que j'ai...
Le Président (M. Laplante): Allez-y.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai posé la question
pour savoir quelle était l'expérience particulière de M.
Keable en matière policière, en matière d'enquête,
et je n'ai pas eu de réponse. Maintenant...
M. Bédard: II a dix ans de pratique au Barreau; il s'est
acquis le respect de ses...
M. Lalonde: II y a des dizaines et des centaines d'avocats qui
ont dix ans de pratique au Barreau, mais qui n'ont aucune expérience en
matière policière.
M. Bédard: Une centaine aurait pu être
nommée, mais à un moment donné il faut arrêter son
choix et M. Keable semblait très indiqué. Si cela peut vous faire
plaisir, je ne le connaissais même pas avant que j'assume les
responsabilités de ministre de la Justice.
M. Lalonde: Qui vous l'a recommandé?
M. Bédard: On a fait l'évaluation de
différents noms et celui-ci me semblait très indiqué. La
preuve est qu'il a très bien rempli cette responsabilité.
M. Lalonde: Est-ce qu'il est vrai que le gouvernement a
augmenté considérablement je n'ai pas les chiffres devant
moi les honoraires des avocats de la commission d'enquête Keable
par voie d'arrêté en conseil, qui aurait été
adopté ces dernières semaines, au moment où
l'enquête était arrêtée?
M. Bédard: Une estimation des coûts a
été faite concernant l'enquête Keable par rapport à
d'autres commissions d'enquête comme la commission MacDonald, et des
salaires qui ont été payés au commissaire et aux
procureurs de la commission par rapport à d'autres procureurs d'autres
commissions. Le taux horaire a été de $50.
M. Lalonde: Depuis le début?
M. Bédard: Depuis le début, sauf que... Il y a
effectivement eu un arrêté ministériel qui a
été...
M. Lalonde: C'est récemment. Je puis vous en donner une
copie, si vous voulez.
M. Bédard: II ne s'agit pas d'un scandale, ce n'est pas la
fin du monde, je trouve que...
M. Lalonde: Je n'ai pas parlé de scandale, M. le
Président, je pose la question.
M. Bédard: Non, mais votre offre de m'en donner une
copie...
M. Lalonde: Si le ministre trouve cela scandaleux, libre à
lui.
M. Bédard: Non, en aucune façon. Le tarif n'a pas
changé, mais le nombre d'heures de travail possible a été
augmenté.
M. Lalonde: La limite d'heures par jour, qui était
traditionnellement de sept heures et demie, je pense, a été
enlevée.
M. Bédard: La limite a été augmentée
de sept heures et demie à douze heures depuis le 9 janvier dernier,
c'est-à-dire rétroactivement au 9 janvier dernier, suite à
une demande qui avait été faite préalablement, mais qu'on
n'avait pu acheminer et qui me semble représenter, en fait, un montant
assez raisonnable, si on fait la comparaison avec ce qui est payé
à d'autres commissaires et à d'autres procureurs qui ont à
occuper des postes similaires à l'intérieur d'autres commissions
d'enquête.
M. Lalonde: Cela est pour l'enquêteur et les avocats. Il y
a trois personnes, quoi?
M. Bédard: Non, les autres, les avocats, sont payés
$45 l'heure; Me J.-Pierre Lussier, Me Michel Decary: $45 l'heure. Il y a aussi
Mario Bilodeau, qui n'est pas là.
M. Lalonde: Et quand cette décision a-t-elle
été prise?
M. Bédard: L'arrêté ministériel a
été adopté au cours du mois de mars.
M. Lalonde: À ce moment, l'enquête était
arrêtée. Elle avait été suspendue, au moment
où la décision a été prise.
M. Bédard: Au moment de l'arrêté
ministériel, sauf que je dois vous dire qu'au moment où il a
été adopté, je pense que j'étais même
à l'extérieur du Québec je m'étais permis
quelques jours de vacances mais je dois vous dire que
l'arrêté ministériel a été adopté
à cette date, mais j'avais eu des représentations
préalablement afin d'en arriver à ce traitement, et cela a
peut-être été présenté en retard.
Il ne faut pas oublier que, depuis que les travaux de la commission sont
arrêtés...
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet?
M. Bédard: ... les procureurs ont travaillé
continuellement sur le factum à préparer en fonction de la Cour
suprême...
M. Blank: ...
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet, le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Bédard: Oui, M. Keable également.
Le Président (M. Laplante): Vous n'avez pas
terminé? Allez-y, M...
M. Alfred: M. le Président... M. Lalonde: C'est
moi?
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet.
M. Lalonde: Ces avocats enquêteurs ont à leur
disposition tout l'appareil nécessaire au point de vue bureaux, locaux,
services, dont le service du secrétariat.
M. Bédard: Je pourrais vous donner toutes les
dépenses de la commission en date du 7 avril, si cela peut vous
intéresser.
M. Lalonde: C'est-à-dire que cela est une autre question,
quant à moi.
M. Bédard: Non, mais le représentant de l'Union
Nationale semble intéressé.
M. Fontaine: Si vous voulez les déposer, je...
M. Lalonde: Oui, vous pouvez les déposer, mais ma
question...
M. Bédard: Vous verrez que c'est...
M. Lalonde: ... est que les honoraires de ces gens concernent
leur travail à la commission et la commission leur fournit tous ces
services. Ils ne sont pas obligés de fournir ce genre de services de
leurs propres bureaux.
M. Bédard: Les procureurs ont quand même leurs
bureaux qui continuent. Il y a un certain travail qui peut être fait par
leurs secrétaires.
M. Lalonde: Mais M. Keable s'est détaché de son
bureau?
M. Bédard: Oui, vu l'importance de...
M. Lalonde: M. Sacy, qui est à l'enquête, qui est
probablement dans les effectifs, quelle était sa
fonction avant d'être à l'enquête et quel est son
curriculum vitae?
M. Bédard: M. Sacy est un relationniste. Il était
attaché à la Centrale de l'enseignement du Québec
la CEQ et il a été payé $25 l'heure.
M. Lalonde: $25 l'heure. La limite a-t-elle été
relevée pour lui aussi? La limite de sept heures et demie?
M. Bédard: Relationniste de la commission.
M. Lalonde: La limite de sept heures et demie par jour a-t-elle
été enlevée?
M. Bédard: Elle l'a été aussi.
M. Lalonde: Alors, il n'a pas de bureau d'avocat.
M. Bédard: Tel que je vous l'ai dit, l'arrêté
ministériel a été adopté à la date que vous
avez mentionnée. La décision qu'il y ait nécessité
d'une augmentation a été prise préalablement, face
à des représentations qui m'ont été faites de la
part des procureurs, de la part du commissaire et des parties
concernées. C'est simplement que cela a été
acheminé en retard au niveau du Conseil des ministres, mais je crois
que, tel que je vous le disais tout à l'heure, si on compare les
honoraires versés tant aux relationnistes qu'aux procureurs, qu'au
président de la commission, si on les compare avec les émoluments
qui sont donnés, qui ont été consentis à d'autres
avocats et commissaires dans d'autres commissions comme la commission McDonald,
ce n'était certainement pas exagéré.
M. Lalonde: Des relationnistes à $25 l'heure, douze heures
par jour, $300 par jour, $1500 par semaine, $75 000 par année, vous ne
trouvez pas que c'est...
M. Bédard: C'est le nombre d'heures.
M. Lalonde: Le nombre maximum, mais est-ce que ce n'est pas
inusité de payer un relationniste à l'heure? (17 h 45)
M. Bédard: C'est le nombre d'heures travaillées, 25
heures.
M. Lalonde: Oui, mais puisqu'on fait un relevé de 7 h 30
à 12 heures, c'est qu'on travaille plus de sept heures et demie par
jour. J'imagine qu'ils ont de longues journées et que vous avez
considéré que c'était juste de...
M. Bédard: C'est exact. Parce que je puis vous dire qu'en
fait, les 12 heures par jour au niveau de la commission Keable, je n'ai aucune
difficulté à croire que...
M. Lalonde: Moi non plus, je n'ai aucune difficulté
à croire que, de temps à autre, ils travaillent.
M. Bédard: ... les douze heures ont été
travaillées parce que...
M. Blank: Les juges de la Cour des sessions de la paix, c'est $43
000 et le juge Keable, $150 000 par année.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis, je vous accorderai la parole tout à l'heure. À
l'ordre, M. le député de Saint-Louis!
M. Blank: Je trouve cela un peu, non pas
déraisonnable...
M. Lalonde: Pour un relationniste...
M. Bédard: Si vous voulez me faire des comparaisons...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, je vous
inviterais à répondre aux questions du député de
Marguerite-Bourgeoys. J'ai vos noms sur la liste; tout à l'heure,
après les questions du député de Marguerite-Bourgeoys,
vous aurez votre tour.
M. Lalonde: Pour M. Sacy, relationniste, est-ce que ce n'est pas
inusité de le payer une possibilité de $300 par jour, s'il
travaille 12 heures?
M. Bédard: Si vous voulez faire une comparaison entre ce
que nous avons payé et ce qui se payait auparavant, des taux horaires
des avocats auparavant...
M. Lalonde: Non, je parle de M. Sacy.
M. Bédard:... lors de mon entrée au
ministère. Ce n'était pas $50 l'heure. Il y en avait à
$125 et $150 l'heure...
M. Lalonde: Je ne parle pas de... M. le Président.
M. Bédard: ... qui montaient des comptes
astronomiques.
M. Blank: II n'y a rien de gratuit avec les avocats; ils ont
leurs bureaux, ils paient des secrétaires, les dépenses
d'électricité et tout. Vous donnez tout à ces
gens-là et vous leur payez des honoraires ridicules.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis, à l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Saint-Louis, est-ce qu'il y a moyen d'avoir votre
collaboration durant deux minutes et de demander, comme tout membre de cette
commission, de vous faire entendre?
M. Blank: Quand j'entends des choses qui n'ont pas de bon sens,
cela m'enrage.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît. Le
climat était bon, il faudrait continuer. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je posais une question bien
précise à propos de M. Sacy, relationniste.
M. Bédard: M. Sacy se trouvait également, à
ce qu'on me dit, coordonnateur de la recherche au niveau de l'ensemble des
travaux de la commission.
M. Lalonde: Mais il n'a pas de bureau à supporter, il n'a
pas de loyer à payer, il n'a pas d'employé à payer
à son bureau comme un avocat a à le faire, un avocat de pratique
privée. Est-ce que vous ne trouvez pas cela exagéré de
payer, pour une journée de 12 heures serait-ce une journée
de 12 heures, parce que tout le monde, même les avocats de la
défense, travaillent douze heures dans ces enquêtes de
payer une possibilité de $300 par jour à quelqu'un qui n'a pas
à contribuer, avec ses associés, à payer un loyer pour son
bureau, à payer sa secrétaire?
M. Bédard: Je ne le crois pas parce que nous avons,
contrairement à ce qui s'est fait pour d'autres commissions,
limité vraiment le nombre de ceux qui ont eu à assumer cette
responsabilité, la responsabilité de cette commission
d'enquête. Quand on regarde le nombre de personnes qui existent dans la
formation d'autres commissions, on est à même de constater
jusqu'à quel point des effectifs restreints étaient
affectés à la commission Keable. Si vous prenez soit le travail
de M. Sacy, soit le travail des avocats qui ont été
engagés à $50 l'heure, et si vous comparez cela aux taux horaires
qui existaient auparavant, avant mon entrée au ministère de la
Justice, qui se situaient facilement dans les $75 et $100 l'heure pour certains
avocats de la pratique privée, je trouve que...
M. Blank: Mais ils payaient leur propre bureau, ces
gens-là.
M. Bédard: Oui, mais on confiait des mandats à ces
avocats à $100 et $125 l'heure.
M. Lalonde: M. le Président, je fais la distinction
très formelle entre l'avocat de la pratique privée qui reste
à son bureau ma question s'adresse au ministre je fais une
distinction très formelle entre l'avocat qui continue d'avoir son propre
bureau, qui doit donc pour payer le loyer et tous les effectifs de son bureau
avoir un taux horaire plus élevé, mais qui profite
personnellement seulement d'une partie de cela... On sait que les frais fixes
d'un bureau d'avocats se situent entre 45% et 55%, bon an mal an. Est-ce que
pour M. Keable, qui n'a pas de bureau à supporter, puisqu'il est
détaché de son bureau, à $50 l'heure, douze heures par
jour, si c'est $75 000 pour ceci, c'est $150 000, le double pour M.
Keable...
M. Bédard: Avez-vous pensé...
M. Lalonde: Est-ce qu'il n'y a pas une exagération?
M. Bédard: Non, je ne crois vraiment pas qu'il y ait une
exagération, toujours par comparaison. Dans le cas de M. Keable, il
faut, quand même et cela je n'ai pas à l'expliquer à des
avocats, il a dû quitter complètement son bureau et...
M. Lalonde: Donc, il profite complètement de ses
$50...
M. Bédard: Oui, sauf, que lorsqu'il aura à revenir
à la pratique, à se réinsérer dans la pratique,
vous savez ce que cela veut dire que d'être absent de la pratique pendant
un an.
M. Lalonde: Je l'ai été pendant six ans,
absent.
M. Blank: C'est un choix qu'il a fait.
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet, M. le
député de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: Quand on voit le ministre des Finances se promener
à travers le Québec et dire que depuis un an il a fait des
efforts considérables pour restreindre les dépenses, je me
demande comment il se fait que le ministre de la Justice puisse venir nous dire
aujourd'hui qu'il ne trouve pas exagéré un salaire possible de
$150 000 par année pour un président de...
M. Bédard: Possible...
M. Fontaine: Si on a demandé d'augmenter à 12
heures par jour, c'est qu'on a l'intention de les demander 12 heures par jour.
Alors, $150 000 par année pour le président de la commission et
combien pour un avocat?
M. Blank: $130 000.
M. Fontaine: $130 000 par année pour un procureur de cette
commission. Je me demande, M. le Président, si cela n'aura pas un effet
d'entraînement sur les procureurs de la couronne. Je suis sûr
qu'eux ne sont pas payés à ce salaire. Il y a également
les juges qui n'ont pas ce salaire.
Une voix: $43 000.
M. Fontaine: Je ne comprends pas comment il se fait qu'un
président de commission et des avocats puissent gagner un tel salaire,
alors qu'à côté d'eux il y a des gens qui servent
régulièrement la justice et...
M. Bédard: Vous auriez eu de quoi à parler, parce
qu'avant mon entrée au ministère de la Justice le taux horaire
n'était pas $50 l'heure, mais $100 à $125 pour des avocats de la
pratique privée.
M. Fontaine: Mais ces gens, M. le Président, fournissaient
leur bureau, leur secrétaire, et tous les services, tandis qu'à
la commission on leur
fournit tout cela gratuitement. Ils ont tout simplement à retirer
leur salaire.
M. Lalonde: Sauf les deux avocats.
M. Bédard: Quand on regarde tous les mandats qui
étaient confiés auparavant aux avocats de la pratique
privée concernant le pénal, ne venez pas trop me parler des frais
de secrétaire. Cela représente un déboursé
très minime, vous le savez très bien.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Papineau sur le même sujet.
M. Alfred: M. le Président, je m'interroge..:
M. Fontaine: C'est plus payant de se faire battre aux
élections que de gagner.
M. Alfred: Décidément, M. le Président, le
député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Bédard: Je ne sais pas. Je me suis fait battre aux
élections, je n'ai eu aucun mandat et je me suis
représenté.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, décidément, le
député de Marguerite-Bourgeoys cherche des poux...
M. Lalonde: Et j'en trouve beaucoup.
M. Alfred: ... quand il met en doute l'intégrité de
certains membres de la commission Keable. J'aurais voulu qu'il ne
s'éloigne pas de la question de fond.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président.
Article 96.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur une question de règlement.
M. Lalonde: M. le Président, je déteste interrompre
le député de Papineau.
M. Alfred: Allez-y.
M. Lalonde: Mais je dois quand même invoquer l'article 96,
parce que le député a très mal interprété
mes paroles. Je n'ai pas du tout mis en doute l'intégrité de la
commission, ni celle des commissaires. J'ai simplement posé des
questions sur l'expérience et la compétence de celui qui a
été nommé, au moment où il a été
nommé, de même que sur la structure salariale ou sur le revenu des
membres.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Papineau, je vous demanderais de vous en tenir aux salaires et aux
dépenses.
M. Alfred: M. le Président, je reviens encore sur
l'intervention du député de Marguerite-Bourgeoys qui
paraîtrait mettre en doute l'intégrité de la commission.
Cependant, j'aurais voulu qu'il apportât des questions de fond, à
savoir pourquoi le gouvernement fédéral n'a pas voulu laisser
continuer l'enquête et pourquoi les juges fédéraux ont fait
tout en leur possible pour bloquer l'enquête.
Le Président (M. Laplante): Je vais être
obligé de vous arrêter.
M. Lalonde: Pertinence.
M. Alfred: Cela aurait été des questions de fond
que j'aurais bien aimé voir posées de la part du
député de Marguerite-Bourgeoys. Cela aurait apporté
beaucoup de lumière et de rigueur dans son intervention.
M. Blank: Si vous voulez nous payer $50 l'heure, on va faire la
recherche nécessaire.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 13?
M. Fontaine: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Bédard: Si on regarde simplement le montant de $50
l'heure, on peut tirer les conclusions que vous tirez, quoique lorsque vous
étiez au gouvernement, ce n'était pas $50 l'heure, mais bien $75
et $100 l'heure.
Je dois vous faire remarquer une chose, aussi gros que cela puisse
paraître au bout de la ligne, à $50 l'heure, ce n'est pas facile
d'avoir des avocats qui vont accepter de prendre des responsabilités,
soit de procureur de commission d'enquête, soit de présidence de
commission d'enquête, je tiens à vous le dire.
M. Fontaine: Je peux vous en trouver. M. Blank: Je suis
prêt.
M. Fontaine: Est-ce que vous allez déposer le
document?
M. Lalonde: Plus d'expérience. M. Blank: Vingt-sept
ans.
M. Bédard: Vous pouvez dire cela, mais vous savez
très bien que, pour ceux qui nous ont précédés et
qui veulent être corrects, ce n'est pas si facile que cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que vous allez déposer le
document nous indiquant les salaires payés jusqu'à
maintenant?
M. Bédard: Je pourrais vous déposer l'ensemble du
coût de la commission jusqu'à la date présente.
M. Fontaine: Est-ce que cela indique les honoraires payés
à chaque personne employée par la commission?
M. Bédard: C'est-à-dire pas à chaque
employé, c'est l'ensemble de la somme payée aux commissaires, aux
procureurs, aux sténographes, à M. Hubert Sacy.
M. Fontaine: Quel est le total, pour nous donner une
indication?
M. Bédard: L'ensemble du coût, si vous ajoutez les
dépenses du service des communications, les dépenses de location,
la fourniture, les achats de matériel de bureau, les frais des
sténographes, les salaires des procureurs et du commissaire, de
même que ceux du conseiller, ceci représente jusqu'à
maintenant un montant de $245 801.01.
Si vous pensez qu'il y a eu des exagérations, je vous inviterais
à comparer, avant de faire des remarques partisanes, le coût de
cette commission avec le coût de la commission McDonald, qui avait
exactement le même travail à faire.
M. Blank: Le juge McDonald a un salaire de base de $53 000 par
année, pas un cent de plus.
M. Bédard: Vous me donnez le montant du salaire du juge,
je vous dis de prendre l'ensemble du coût de la commission Keable de qui
on peut dire que cela a fonctionné aussi bien, sinon mieux, selon l'avis
de tout le monde, que la commission McDonald, et vous allez vous rendre
compte...
M. Blank: De tout le monde...
M. Bédard: ... jusqu'à quel point les
déboursés sont beaucoup moins élevés pour ce qui a
trait à la commission Keable qu'à la commission McDonald.
D'ailleurs, vous avez été à même, je pense,
de constater qu'une telle étude comparative a été faite,
je crois, par Radio-Canada. Elle a été portée à
l'attention des citoyens. On pouvait très bien réaliser que la
commission Keable, le gouvernement québécois dépendait
beaucoup moins que le gouvernement fédéral pour le même
genre de commission.
M. Lalonde: II reste deux minutes.
M. le Président, il est naturellement trop tôt pour mesurer
le coût. C'est possible que ce ne soit même pas assez cher, pour
l'efficacité.
M. Bédard: Enfin, on verra les résultats aussi.
M. Lalonde: On verra cela aux résultats. Je pense qu'il
est trop tôt pour porter un jugement sur le coût total de
l'enquête. C'est mesuré en fonction des résultats.
Là-dessus, je pense qu'on serait injuste de le faire actuellement. Nous
posions ces questions parce que c'est réduit à quelques personnes
seulement. Si, à une enquête, on décide de mettre beaucoup
d'effectifs, des policiers ou des enquêteurs, naturellement, cela
augmente énormément les coûts. C'est distribué sur
un plus grand nombre de personnes. C'est pour cela que les comparaisons sont
assez difficiles. En ce qui concerne les avocats en pratique privée,
j'ai fait la distinction formelle là-dessus: ils ont des contributions
à apporter à leur bureau. C'est simplement la question de
l'enquêteur et du relationniste que je trouvais...
M. Bédard: Concernant l'enquêteur, je vous ai
mentionné qu'il avait dû quitter son bureau et que cela devait
entrer...
M. Lalonde: II faut en tenir compte, je suis d'accord avec le
ministre, il faut en tenir compte dans une certaine proportion.
M. Bédard: Je pense qu'il faut tenir compte, dans une
certaine proportion, qu'il n'y a pas d'avantages sociaux. Ce n'est pas
quelqu'un de la fonction publique quand même. Quand son mandat est fini,
il est fini.
Le Président (M. Laplante): La commission ajourne ses
travaux à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Laplante): À l'ordre,
messieurs!
Reprise des travaux pour l'étude des crédits du
ministère de la Justice pour 1978/79.
Nous étions rendus au programme 13 et la parole était
à M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'avais terminé, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous aviez terminé, M.
le député.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'avais d'autres questions, M. le Président,
concernant une autre commission, celle du juge Malouf, qui a
étudié la question des Jeux olympiques.
M. Bédard: Je dois vous dire que cela ne relève pas
de ma responsabilité.
M. Fontaine: Bon, on n'en parlera pas. Cela relève du
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports?
M. Bédard: Du Conseil exécutif et aussi du
ministère des Finances parce que... C'est au budget du Conseil
exécutif.
M. Fontaine: D'accord, merci.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions,
M. le député?
M. Fontaine: Non.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Commission de police
M. Lalonde: Sur le programme 13, M. le Président, on avait
parlé seulement de la commission Keable, mais il ne faudrait pas oublier
de parler de la Commission de police.
Je vois qu'il n'y a à peu près pas d'augmentation du
budget. Les traitements, par exemple, passent de $1 599 000 à $1 634
000. Est-ce qu'il n'y a pas d'application de la convention collective?
M. Bédard: Oui, c'est prévu aux traitements
réguliers, principalement pour la mise en application de
différentes conventions collectives. C'est l'augmentation de $34 900
à laquelle vous vous référez?
M. Lalonde: Oui, seulement $34 900 d'augmentation. La diminution
des services de $206 000 à $149 000 est expliquée de quelle
façon?
M. Bédard: Disons que des réductions ont
été apportées au niveau des crédits requis pour les
honoraires d'avocats représentant la commission dans certaines causes et
aussi pour la prise de notes sténographiques. Ces diminutions tiennent
compte de la dépense réelle enregistrée en 1976/77 et de
l'évolution de la dépense au cours des huit premiers mois de
l'exercice 1977/78, ce qui représente les $57 100.
M. Lalonde: Quelle est la proportion qui est allouée
à la CECO dans ce budget?
M. Bédard: $213 000? Une seconde. Tel que je l'ai dit dans
les commentaires généraux, cette estimation tient compte d'une
somme de $213 000 pour les activités de la Commission d'enquête
sur le crime organisé.
M. Lalonde: C'est au-delà, naturellement, des salaires des
juges qui sont...
M. Bédard: ... payés selon la Loi des juges...
M. Lalonde: ... et qui sont à un autre programme.
M. Bédard: C'est juste. Comme les juges qui sont
présidents de commission.
M. Lalonde: Quelle est l'échéance du mandat de la
CECO?
M. Bédard: Le 31 décembre 1978. M. Lalonde:
1978?
M. Bédard: C'est juste. Elle vient de terminer
l'opération que vous savez. Maintenant, son attention sera surtout
retenue relativement à une enquête sur différents groupes
de motards, dans l'ensemble du Québec.
M. Lalonde: C'est assez difficile de prévoir
l'évolution des enquêtes avant qu'elles ne soient
commencées. C'est même parfois assez difficile de prévoir,
publiquement, quel sera le but des enquêtes.
M. Bédard: Je me permets de le dire parce que,
déjà, le président de la commission m'a indiqué
cette intention. (20 h 15)
M. Lalonde: On a beaucoup parlé dans le passé de
l'aspect public, de l'aspect de la publicité des séances de la
Commission d'enquête sur le crime organisé. On sait que dans la
période qu'on peut appeler Sorel, il n'y a pas eu de
télédiffusion.
Le ministre a-t-il des idées particulières sur la
télédiffusion des séances? Parce qu'il y a deux
écoles. L'une prétend j'ai eu l'occasion de participer
à l'élaboration de cette idée dans le passé
que la publicité faite des séances de la Commission
d'enquête sur le crime organisé faisait partie d'un programme
d'éducation, de sensibilisation de la population à l'égard
de certaines formes de criminalité. L'autre école veut que
cette
publicité réduise, dans une certaine mesure, la
possibilité de mettre en application les façons normales, les
façons usuelles d'administrer la justice. Est-ce que le ministre a des
idées particulières relativement à la
télédiffusion des séances de la Commission d'enquête
sur le crime organisé?
J'ai eu l'occasion d'en discuter avec le président et les autres
personnes qui ont été consultées par l'entremise du
ministre associé à la direction des affaires criminelles. On a
parlé d'une utilisation rationnelle de la télévision. Je
ne me situerais pas dans une école plutôt qu'une autre. Il ne faut
pas non plus qu'il y ait d'excès concernant l'utilisation de la
télévision. Il ne faut quand même pas donner l'impression
qu'on s'oriente seulement vers la publicité. Il faut qu'au bout du
compte il y ait des résultats pratiques qui se traduisent par des mises
en accusation et non pas seulement par du tapage publicitaire.
M. Lalonde: Lorsqu'il était...
M. Bédard: Je ne dis pas que, dans le passé, il y a
eu un tapage publicitaire inacceptable. Je pense que, dès l'instauration
de la CECO, il y avait quand même la nécessité primordiale
que les auditions soient davantage publiques afin de faire connaître
l'organisme et d'en arriver à une forme de lutte contre la
criminalité, qui est de faire connaître vraiment les rouages qui
existent dans ce milieu.
M. Lalonde: M. le Président, dans le passé, je me
souviens en particulier de certaines interventions du député de
Maisonneuve, alors qu'il était dans l'Opposition. Il réclamait
que l'enquête sur le crime organisé soit
récupérée dans une certaine mesure par la loi des
commissions d'enquête, dans le sens qu'on devrait introduire dans cette
loi des amendements qui permettent de faire cette enquête sur le crime
organisé, de perpétuer cette enquête, mais non plus
à l'intérieur de la Loi de police, comme cela a été
fait en 1973 ou 1974, je ne me souviens plus.
M. Bédard: En octobre...
M. Lalonde: C'était, dans une bonne mesure, le but de
certains amendements qui étaient compris dans le projet de loi 41 que
j'ai mentionnés plus tôt aujourd'hui et qui n'ont pas
été adoptés. Est-ce que le ministre propose de faire des
amendements à la loi pour permettre que l'enquête sur le crime
organisé continue, mais à l'intérieur des dispositions,
dans le cadre de la loi des commissions d'enquête?
M. Bédard: Cette réflexion se situe à
l'intérieur des attributions et des clarifications que nous voulons
apporter concernant les pouvoirs de la Commission de police par rapport aux
pouvoirs d'autres directions au niveau du ministère de la Justice.
J'avais indiqué l'an passé que nous effectuerions une
consultation auprès des différentes personnes qui ont
été impliquées très précisément dans
les travaux de la CECO, ce qui a été fait, ce qui
représente une consultation au niveau d'une vingtaine de personnes qui
également doit être continuée par une consultation des
membres, une consultation informelle des membres de la commission parlementaire
de la justice pour faire en sorte que, lors de l'expiration du délai de
la prolongation que nous avons donnée à la CECO, on soit en
mesure, une fois pour toutes, d'indiquer dans quel sens cela doit
continuer.
M. Lalonde: M. le Président, je me souviens que, lors de
la prolongation du mandat de la CECO, dans le temps où le Parti
québécois était dans l'Opposition, on nous avait
reproché de donner un mandat au compte-gouttes. Je comprends le ministre
de faire preuve d'une certaine circonspection à cet égard, ce qui
fait ravaler certains reproches, M. le Président. Mais le pouvoir, vous
savez, contient un certain nombre de leçons. Mais il reste
qu'après un peu plus de deux ans de prolongation ponctuelle du mandat de
la CECO, est-ce que le ministre se propose d'établir, de façon
permanente, l'enquête sur le crime organisé? Se propose-t-il, au
contraire, de faire la lutte au crime organisé, d'une façon
différente, non pas par enquête publique, mais par des
démarches à l'intérieur des corps policiers? Est-ce qu'il
pourrait nous donner un certain éclairage là-dessus?
M. Bédard: Je vais vous dire bien sincèrement que
je ne suis pas encore gagné à l'idée d'une commission
permanente. Je crois qu'au moment où je vous parle, avec les
consultations qui ont été faites, il est peut-être
préférable d'accorder des prolongations de mandat d'une
durée telle que les commissaires puissent être en mesure de se
tracer un plan d'action en fonction de l'efficacité. Il y aurait
peut-être lieu également que le ministère de la Justice,
dans la lutte contre le crime organisé, ait plus à dire
concernant les secteurs où nous aimerions qu'une telle commission
agisse. Nous pourrions exiger, comme cela sera fait, des rapports
d'étapes qui nous permettent, au niveau du ministère de la
Justice, plutôt que d'attendre l'expiration du mandat de prolongation et
que l'on nous donne un rapport sur l'ensemble des travaux effectués par
cette commission, permettant d'agir rapidement, d'une façon ponctuelle,
dès qu'une phase d'enquête est terminée.
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que vous me
permettriez une courte question?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Fontaine: Le ministre nous dit qu'il n'est pas encore
gagné à l'idée d'une permanence. Est-ce qu'il pourrait
nous donner les raisons qu'il a retenues, qui militent contre cette
permanence?
M. Bédard: À partir des consultations que nous
avons faites auprès d'une vingtaine de personnes qui ont quand
même été impliquées dans le milieu, il se
dégage l'idée qu'il est peut-être
mieux de procéder par des prolongations assez longues pour
pouvoir avoir un plan d'action, mais...
M. Fontaine: D'après les résultats de votre
consultation, quels sont les éléments qui nous disent que vous
avez raison?
M. Bédard: De façon bien précise...
M. Lalonde: Quels sont les dangers d'une enquête
permanente? J'aimerais entendre le ministre qui, pour une fois, s'ouvre d'une
façon très franche. Le problème est complexe. Il a toute
ma sympathie, parce que ce n'est pas un problème facile.
M. Bédard: C'est un problème auquel je convierai
les autres membres de la commission parlementaire à
réfléchir avec moi.
M. Lalonde: Parce que certains membres de cette commission, j'en
suis sûr je n'en regarde aucun en particulier, je ne veux pas du
tout me référer au député de
Verchères...
M. Charbonneau: C'est maintenant fait.
M. Lalonde: ... parce qu'il n'est pas question de faire la
filière québécoise, ce soir sont sûrement
inquiets ou pourraient s'inquiéter d'un manque de volonté
politique qui pourrait prêter à confusion et pourrait être
interprété dans le sens de mettre fin à l'enquête
d'une façon permanente, quoique, personnellement
là-dessus, je rejoins le ministre de la Justice je m'interroge et
je crois qu'il faut s'interroger sur l'efficacité d'une enquête
permanente qui...
M. Bédard: D'une structure permanente.
M. Lalonde: ... d'une structure permanente qui, souvent, veut
rechercher ses raisons d'exister et de se perpétuer. Je rejoins aussi le
ministre de la Justice dans le sens qu'on doit laisser au pouvoir
exécutif, à ceux qui se font élire et, espérons-le,
se feront battre, le soin de déterminer quels sont les secteurs de
l'activité criminelle qui doivent être, à un moment
donné, dans le temps, attaqués de façon
particulière, de façon prioritaire, alors qu'actuellement c'est
un corps organisé qui ne répond pas aux demandes de la population
de façon directe qui décide d'aller à tel endroit ou
à tel autre. À ce point de vue, que l'on introduise dans la Loi
des commissions d'enquête un secteur d'activités...
M. Bédard: Des dispositions.
M. Lalonde:... ou des dispositions qui permettent des
enquêtes sur le crime organisé, que l'on introduise surtout au
niveau des corps policiers et au ministère de la Justice, que ce soit
dans une direction générale ou une autre, que ce soit par des
commissions de police, des moyens, des ressources financières ou des
ressources humaines qui surveillent constamment ce phénomène du
crime organisé, quitte pour le gouvernement, à un moment
donné, à dire: Nous allons examiner tel secteur. À ce
moment, je pense qu'on ne pourrait pas accuser le gouvernement de se fermer les
yeux sur le crime organisé. Je ne sais pas si c'est à la mesure
de la réflexion du ministre, mais...
M. Bédard: Cela rejoint les considérations qui
m'amènent à douter encore de la nécessité d'une
structure permanente. Je me demande, au bout du compte, si une structure
permanente ne donnera pas comme résultat un manque de souplesse, qui est
nécessaire, de mobilité et aussi... Il y a toujours le danger
qu'un certain fonctionnarisme s'installe, lorsque c'est sur une base
permanente. Je n'ai rien contre...
M. Lalonde: C'est dans le sens péjoratif... Vous
êtes entouré de fonctionnaires... J'imagine que ce n'est pas un
jugement de valeur que vous portez sur le fonctionnarisme.
M. Bédard: Non, vous ne m'avez pas laissé le temps
de le dire. Je n'ai rien contre le fonctionnarisme comme tel, mais lorsqu'on
parle spécifiquement de commission d'enquête, de la
nécessité, parfois, d'aller rapidement dans des secteurs qui,
à mon sens, devraient être déterminés par
l'exécutif... Dans ce sens, je rejoins l'idée exprimée par
le député de Marguerite-Bourgeoys, à savoir que ce serait
assez normal que ce soit l'exécutif, soit les gens qui sont élus,
qui puisse avoir son mot à dire sur le secteur de la criminalité
où il désire voir porter les efforts. Si sa décision est
juste, à ce moment, contrairement au désir qu'a exprimé
tout à l'heure le député de Marguerite-Bourgeoys, ce sera
efficace...
M. Lalonde: Non, j'espère que ce sera efficace.
M. Bédard: ... et il ne sera pas battu.
M. Lalonde: Cela viendra autrement, de toute façon.
J'invite le ministre à songer, s'il ne favorise pas la permanence de
l'enquête comme telle, à favoriser au moins la permanence des
moyens au niveau des corps policiers et du ministère de la Justice, que
ce soit sous forme d'un bureau du crime organisé on n'aime pas le
mot "bureau", parce que cela rappelle... (20 h 30)
M. Bédard: Cela rappelle...
M. Lalonde: ... des souvenirs que personne ne veut partager
mais d'un organisme quelconque dont la principale préoccupation
serait justement le phénomène du crime organisé.
M. Charbonneau: Si le député de
Marguerite-Bourgeoys...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: ... qui m'a si indirectement pointé
tantôt me le permet, je ne sais pas si le député de
Marguerite-Bourgeoys le sait, mais il existe de ces structures permanentes
actuellement. Il y a le bureau de recherche du Québec sur le crime
organisé. Il y a des services de renseignements policiers qui sont
spécialement affectés à la lutte contre le milieu
criminel, tant à la Sûreté du Québec qu'à la
police de la Communauté urbaine et même au niveau de la police
fédérale. Il existe une commission d'enquête qui est
actuellement une section de la Commission de police du Québec.
Finalement, le problème est: Comment fait-on pour lutter contre un
problème permanent avec des outils de travail? Je pense que la
commission j'ai participé, à un moment donné, comme
conseiller dans la rédaction d'un rapport n'a jamais
recommandé la permanence; ce qu'elle avait recommandé, c'est un
essai de cinq ans qui aurait pu être évalué, compte tenu
des problèmes, mais il faut se rendre compte d'une chose: c'est qu'on a
à faire face à une réalité qui, elle, ne changera
pas, elle ne disparaîtra pas dans cinq ans. La difficulté, c'est
que, peut-être au début, on voulait exposer au public
québécois la réalité d'un phénomène
qui est permanent, mais il y a un autre problème; ce n'est pas tout de
dire aux gens qu'il y a un problème et de leur expliquer comment cela
marche dans le milieu criminel; il faut peut-être aussi arriver à
démembrer les organisations qui fonctionnent et qui se recréent.
Il y a peut-être des groupes, à Montréal, sur lesquels on a
fini d'enquêter, au niveau de la CECO, et on s'imagine qu'il n'y a plus
rien là et qu'ils sont finis. Mais ces gens ne sont pas en prison, ils
ne sont pas morts; ils ont juste réorganisé leur affaire et ils
sont aussi actifs qu'avant.
Je pense que la difficulté, c'est qu'actuellement les services
policiers ne sont pas équipés pour faire face à des
organisations criminelles qui fonctionnent de la façon qu'ils
fonctionnent et cela prend peut-être une structure, en tout cas, à
mon sens et là, je n'engage ni le gouvernement... je ne suis
même pas membre du gouvernement; alors, je suis à l'aise pour en
parler...
M. Lalonde: Grâce à Dieu!
M. Charbonneau: Ce n'est certainement pas grâce à
votre patron, en tout cas! Il y a Dieu et il y a le pape tout de suite
après, n'est-ce pas?
M. Bédard: Au contraire, le député de
Verchères est toujours très judicieux dans ses conseils et dans
ses représentations.
M. Fontaine: ... à l'Assemblée nationale!
M. Charbonneau: II arrive parfois qu'on n'a pas besoin de les
"planter" au ministre, mais il y a des interprétations
différentes de la part des media ou des gens de l'Opposition, mais, en
tout cas...
Ce que je voulais dire, c'est qu'il faudra peut-être trouver une
solution qui tienne compte d'une réalité, c'est qu'il y a un
phénomène permanent. Il y a un problème, il y a des gens
qui fonctionnent dans l'illégalité de façon permanente et
qui se regroupent régulièrement en des organisations. Je le sais
parce que cela a concerné mon comté et ma région. La
dernière audition publique, dans la région de Sorel, il y a bien
des gens qui s'imaginent que cela n'a rien donné parce que, le lendemain
matin, il n'y avait pas X personnes derrière les barreaux, mais
détruire des réseaux d'influence, détruire des fiefs et
des petits pouvoirs locaux... Parfois, les pouvoirs locaux à Sorel
étaient aussi importants pour le milieu, pour la communauté de la
région que ce que pouvaient être les pouvoirs de certains
personnages dans la métropole, à Montréal, et dans
certains quartiers à Montréal. Le bienfait de la CECO, par
exemple à Montréal, n'a pas été uniquement de
mettre des gens en prison; les "barons" du milieu et la plupart de ceux qui ont
été identifiés par la CECO sont encore en liberté,
mais, pour un temps, leurs activités ont été difficiles
à faire fonctionner, leurs organisations ont été
difficiles à diriger et leur présence et leur effet
négatif sur la société et sur le milieu, pour un temps,
s'est atténué.
Je pense que c'est bien beau de dire qu'il faut lutter contre le crime
organisé avec des structures, mais on a peur parce que c'est permanent.
Oui, mais il y a une réalité qui est aussi permanente. Ce qui est
intéressant à signaler, c'est que c'est l'un des seuls endroits
en Amérique du Nord où on a réussi à avoir des
résultats qui, je pense, sont assez tangibles. Si Toronto et l'Ontario
avaient un organisme comme le nôtre, ils ne seraient peut-être pas
"poignés" avec les problèmes auxquels ils ont à faire face
à Toronto et à Hamilton. Là, le milieu criminel est
organisé, il fonctionne drôlement plus qu'il le faisait au
Québec.
Je pense qu'avant d'abandonner un outil de travail qui, malgré
ses imperfections, a donné de sacrés bons résultats au
Québec, il faudrait y penser deux fois parce qu'il y a des gens des
États américains et des endroits ailleurs en Amérique du
Nord qui viennent au Québec voir comment cela fonctionne et si cela ne
serait pas intéressant pour eux d'avoir un organisme comme celui que
nous avons au Québec.
Le Président (M. Laplante): Peut-on...
M. Bédard: Je pense bien qu'on n'en est pas à se
demander s'il faut abandonner un instrument que j'ai d'ailleurs dit très
important dans la lutte contre le crime organisé, instrument que
représente la CECO. On en est simplement sur l'opportunité d'une
permanence à accorder.
M. Charbonneau: J'invite le ministre à une chose,
c'est-à-dire à ressortir j'espère qu'il n'est pas
sur les tablettes le premier rapport de la CECO sous la
présidence du juge Dutil. Il y avait une série de recommandations
fort pertinentes dans ce rapport et qui n'ont pas encore été
mises en application. Ce rapport ne recommandait pas la permanence, mais il
recommandait d'essayer cinq
ans et de donner des moyens de planifier un peu plus à long
terme.
Il y a aussi une autre réalité à l'intérieur
de la CECO. Ce sont des êtres vivants qui y travaillent et non pas des
machines, et quand des gens se demandent tous les six mois s'ils ne vont pas
cesser leur travail, vous ne planifiez pas...
J'ai travaillé avec des policiers, comme journaliste, à
suivre leurs activités journalières. Il y a des enquêtes
qui ont duré des mois et des années. Tu ne peux pas
prévoir les échéanciers aussi facilement que dans autre
chose et sur le moral des gens qui y travaillent et pour l'efficacité
d'un organisme qui ne sait jamais s'il va exister encore dans trois mois,
bien...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Bédard: C'est...
Le Président (M. Laplante): Excusez. Vous voulez donner
une réponse?
M. Lalonde: Si le ministre veut réagir...
M. Bédard: C'est d'ailleurs ayant à l'esprit la
nécessité d'avoir quand même, lorsqu'il y a une
prolongation, un délai raisonnable qui soit donné que nous avons
décidé de la prolongation d'un an, qui permet une certaine
planification de l'action plutôt que des prolongations de trois mois en
trois mois ou de six mois en six mois qui rendent difficile une programmation
pour les commissaires.
M. Lalonde: Je voudrais simplement rappeler au
député de Verchères que, lorsqu'il a parlé du
bureau de recherche sur le crime organisé, ce n'est pas là une
structure permanente. C'est le résultat d'un contrat que, d'ailleurs,
dans le projet de loi 41, j'avais voulu institutionnaliser pour que cela soit
permanent. Je pense que cela devrait être permanent.
M. Charbonneau: D'accord, mais, dans les faits, c'est un
organisme permanent.
M. Lalonde: Au niveau des corps policiers, il devrait y avoir des
dispositions permanentes aussi, soit des escouades permanentes, comme on le
fait actuellement pour le crime économique seulement depuis quelques
années.
M. Bédard: II y a possibilité de faire cela.
M. Charbonneau: II devrait y avoir une brigade antigangs comme il
y en a dans certains pays.
M. Lalonde: Quitte éventuellement au ministre de la
Justice, c'est-à-dire au pouvoir exécutif, de dire: Dans tel
secteur d'activités, les dispositions que nous avons,
c'est-à-dire les corps policiers, soit un centre de recherche sur le
crime organisé, sont insuffisants et il y faut les pouvoirs de la Loi
des commissions d'enquête pour forcer les gens à venir
témoigner.
À ce moment, c'est ce que je pense qui devrait au moins exister
au point de vue de permanence et d'efforts quotidiens au niveau des structures
permanentes et éventuellement de l'enquête, l'enquête avec
les pouvoirs exceptionnels.
M. Charbonneau: Juste un dernier élément à
la remarque du député de Marguerite-Bourgeoys. Dans le rapport de
la CECO dont je faisais mention tantôt, on parle justement du BRQCO, du
Bureau de recherche du Québec sur le crime organisé et du lien
qu'il devrait y avoir avec la Commission d'enquête, c'est-à-dire
qu'il y a toute une banque de renseignements qui est constituée par les
corps policiers. Peut-être que, légalement, cette banque de
renseignements n'est pas permanente, mais, dans les faits, elle existe depuis
maintenant plus de dix ans ou au moins une dizaine d'années.
Si je ne me trompe, cela a été créé vers
1967 ou 1968, sinon avant.
M. Bédard: Je dois dire que les membres de la commission
assistent à la plupart des réunions du BRQCO. Donc, ce lien
continu, que réclame le député de Verchères...
M. Charbonneau: Je ne veux pas en faire une discussion toute la
soirée, mais ce qu'on avait entre autres abordé, c'est qu'il
aurait pu y avoir une institunationalisation d'un organisme comme le BRQCO,
qui, à un certain moment, aurait pu avoir à son bureau de
direction des gens qui, légalement, auraient été
autorisés, lorsque des compléments d'enquête auraient
été nécessaires, à faire des enquêtes du
genre de celle que fait actuellement la CECO. Mais ce qui est important, c'est
d'avoir d'une part une banque de renseignements qui est efficace et
deuxièmement des brigades antigangs. Parce que, en
réalité, les mots "crime organisé" ne veulent rien dire,
ils ne sont même pas définis. Il y a une réalité
qui, au-delà de ces mots-là qui ne veulent rien dire, s'appelle
les organisations criminelles. Il s'agit des gangs, finalement. La
criminalité se fait soit individuellement ou en groupe. Le
problème, c'est quand les groupes deviennent tellement puissants qu'ils
contrôlent des quartiers et des secteurs géographiques comme cela
se faisait dans la région de Sorel, comme cela se faisait ailleurs
à Montréal et dans d'autres coins du Québec.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions,
monsieur?
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on pourrait savoir,
pour revenir strictement au programme 13, à la Commission de police,
quelles sont les activités particulières, le nombre
d'enquêtes durant l'année dernière? Est-ce que le ministre
ou le président de la commission pourrait nous indiquer quelles sont les
tendances au niveau de la criminalité qu'il aurait pu déceler en
raison de
l'expérience récente et des tendances qu'on peut
prévoir pour l'année en cours?
M. Bédard: Je dois vous dire, avec votre permission, M. le
Président, qu'au cours de l'année la commission a reçu 213
demandes d'enquête, ce qui comportait une augmentation de plus de 25% sur
l'année précédente. Au cours de l'année
précédente, nous avions reçu 161 demandes, au cours de
l'année nous en avons reçu 213. Nous avons disposé de 149
dossiers.
Nous travaillons avec un retard pour l'année, en plus d'un retard
accumulé des années antérieures. Ces retards proviennent
possiblement du fait que nous avons eu des difficultés à
compléter nos cadres. Nous avons des postes vacants depuis nombres
d'années et ce n'est qu'à la graine que nous réussissons
à les compléter. La Commission de la fonction publique publie
périodiquement nos concours. Depuis le 1er janvier, cependant, nous
avons augmenté notre nombre d'enquêteurs de trois et cela nous
permettra, au cours de l'année, de reprendre une partie des retards, non
pas tous les retards.
Je dois dire que lorsque nous avons disposé de 149 dossiers, cela
ne veut pas dire qu'il y a eu 149 enquêtes publiques. Cela veut dire que,
dans tous les cas, les faits ont été vérifiés par
des enquêteurs de la commission et lorsque les faits justifiaient la
tenue d'une enquête, nous procédions à l'enquête.
Nous procédons à enquête, de fait, dans environ 13%
à 14% des cas. Dans un autre pourcentage de cas, il nous est possible de
disposer du dossier en formulant des recommandations sans qu'il ne soit
nécessaire de tenir une enquête publique. Donc, en tout et
partout, nous avons disposé de 149 dossiers au cours de
l'année.
Je dois dire qu'au cours de l'année, nous n'avions, à
cause de ce nombre de membres de la commission affectés à
l'enquête sur le crime organisé, qu'un juge pour procéder
à la présidence de chacune de ces enquêtes.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que la question est
évidente, après cette démonstration. Avec un budget qui
n'augmente pas, à peine $4000, est-ce que...
M. Bédard: Ce n'est pas au niveau du budget, comme le dit
le président de la commission, il y a douze postes vacants et s'ils sont
vacants ce n'est pas la faute du gouvernement ou des fonds qui sont mis
à la disposition de la commission, c'est tout simplement qu'il y a des
concours qui sont faits au niveau de la fonction publique et il y a une
difficulté de trouver des candidats.
M. Lalonde: Est-ce que cette difficulté a
été identifiée? Est-ce que c'est au niveau de la
rémunération, par exemple? À ce moment, cela toucherait
directement le budget.
M. Bédard: Je dirais qu'il y a possiblement deux causes.
Évidemment, nos enquêteurs doivent demeurer soit à
Québec, soit à Montréal et tous nos professionnels doivent
demeurer soit à Québec ou à Montréal. Nous avons
notre bureau principal à Québec, un pied-à-terre à
la Place de la justice à Montréal. Cela peut constituer, dans
certains cas, un empêchement à recevoir des candidats valables.
(20 h 45)
Nous avons aussi la difficulté des traitements; nos
professionnels font partie de la catégorie des professionnels et sont
rémunérés selon les échelles de la fonction
publique, mais ces échelles de traitements progressent moins rapidement
que chez les corps policiers, si bien que si un individu est lieutenant ou
capitaine dans un corps policier et qu'il vient chez nous au moment de son
arrivée, il recevra possiblement un traitement à peu près
équivalent, mais s'il demeure dans son corps de police, quatre ou cinq
ans après, il aura largement dépassé celui qui sera venu
chez nous. Je dois vous dire qu'on ne demande pas de candidatures en ce sens
qu'on en reçoit beaucoup, mais il nous faut faire une sélection
et les aspirants doivent passer un examen de la fonction publique et aussi un
examen préparé par la commission, et nous préférons
embaucher des candidats d'expérience que d'embaucher des personnes qui
pourraient constituer des boulets en cours de route.
M. Lalonde: Quelles seraient les dispositions qui pourraient
être prises pour réduire cet écart entre les chances
d'augmentation dans les corps policiers, d'une part, et au niveau de la
Commission de police?
M. Bédard: Dans les structures actuelles, dans les
rémunérations prévues pour la fonction publique, il n'y a
pas de possibilité, à moins de créer une catégorie
spéciale pour les professionnels de la Commission de police.
M. Lalonde: Qu'est-ce que le ministre en pense?
M. Bédard: On peut en penser beaucoup de bien, mais je
puis vous assurer d'avance que je présume de la réponse de la
Commission de la fonction publique.
M. Lalonde: Si on présume toujours, on ne fait jamais
rien.
M. Bédard: Ce sont quand même deux systèmes
différents auxquels on a affaire que la Commission de la fonction
publique et les traitements accordés au niveau des corps policiers.
M. Lalonde: Est-ce que la réponse est terminée?
M. Bédard: Non, elle est terminée dans le sens que
je ne vois vraiment pas la possibilité pour la fonction publique de nous
accorder une classe spéciale. On a eu à vivre un peu
l'expérience avec nos demandes pour les avocats plaideurs, au niveau de
différents contentieux que nous voulions mettre en place.
M. Lalonde: Mais, si je faisais le parallèle entre la
situation qui existe à la Commission de police, avec la concurrence des
corps policiers et, d'autre part, ce qui a été fait ces
dernières années pour les procureurs de la couronne, qui oeuvrent
dans le même milieu, dans le même milieu de concurrence aussi, les
procureurs de la couronne ont eu une échelle de salaires
différente plus avantageuse et qui a été quand même
permise par les autorités gouvernementales après maints efforts,
il faut le reconnaître, et les autorités du ministère de la
Justice d'autrefois. Est-ce que le ministre ne pourrait pas prendre son courage
à deux mains et affronter, avec toute l'audace qu'on lui connaît,
les grands messieurs de la Commission de la fonction publique, pour rendre
justice à la Commission de la fonction publique?
M. Bédard: Vous semblez oublier que, pour les procureurs
de la couronne, cela a pris une loi spéciale. Ce n'est pas la Commission
de la fonction publique qui a décidé...
M. Lalonde: J'offre d'avance la coopération de
l'Opposition officielle pour une telle loi.
M. Bédard: D'accord. Forts de cette coopération,
nous allons faire des représentations dans un premier temps
auprès de la fonction publique.
M. Lalonde: J'espère que vous n'oublierez pas de dire
à la Commission de la fonction publique que l'Opposition est de votre
côté.
M. Bédard: Je vais lui dire que je suis appuyé par
les membres de l'Opposition et je suis convaincu que tous les obstacles vont
disparaître, y compris l'Opposition.
M. Lalonde: Oui, l'Opposition va disparaître très
bientôt, parce qu'elle va être rendue au pouvoir.
M. Fontaine: Quelle Opposition? M. Lalonde:
Libérale naturellement.
M. Bédard: Vous voyez, vous n'êtes
déjà pas d'accord.
M. Lalonde: Non, on n'est sûrement pas d'accord avec
l'Union Nationale.
M. Bédard: Non?
M. Lalonde: Les antiquités, c'est pour la fin de
semaine.
M. Bédard: Prenez garde aux antiquités.
M. Fontaine: Cela leur a pris trois mois pour réunir 6000
personnes alors que cela nous a pris quinze jours pour...
M. Lalonde: Vous auriez dû prendre six mois pour vous
trouver un chef.
Le Président (M. Laplante): Pour revenir aux choses
sérieuses, est-ce que le programme 16 est adopté?
M. Bédard: Je dois vous dire que j'aime bien la...
M. Lalonde: À moins que le président de la
Commission de police ait autre chose à ajouter relativement aux
opérations.
M. Bédard: Je dois vous dire que nous n'avons pas fait que
des enquêtes. Nous avons procédé à la visite de 119
corps policiers au cours de l'année. De ces visites, 77 étaient
des visites non sollicitées et pour les autres, nous avons
répondu à une demande provenant, soit de la direction de la
police ou des autorités municipales.
Nous avons eu, en plus de cela, nombre d'entrevues, soit à nos
bureaux ou sur place, avec des administrations municipales et des
représentants de corps policiers. Nous avons tenu des journées
d'étude. Nous avons vu à l'organisation de la semaine de la
police et nous avons procédé à certaines études
portant sur les normes des postes de police, les vestes antiballes, les gaz
lacrymogènes, une partie de l'équipement policier.
Nous avons aussi adopté des règlements, dont les
règlements 13 et 14. Nous avons adopté le règlement no 6
prescrivant une nouvelle formule pour le rapport des accidents d'automobiles.
Nous avons procédé à une révision du
règlement no 7 déterminant les normes d'embauche. Cette
révision n'est pas terminée. Nous avions encore des
vérifications à faire à l'expiration de l'année sur
les normes médicales. Ce nouveau règlement, lorsqu'il aura
été adopté, prévoira évidemment l'embauche
de femmes dans les corps policiers et des normes médicales
particulières pour elles. Il augmentera l'âge d'embauche à
35 ans, et prévoira les normes scolaires pour être
embauchés dans les corps policiers; en somme, toute cette série
de normes pour que quelqu'un puisse devenir membre d'un corps policier.
Advenant des modifications à la loi, nous voudrions aussi pouvoir
prévoir le transfert d'un corps policier à un autre, de
façon que les policiers puissent avoir devant eux un plan de
carrière. Vous comprendrez que le plan de carrière d'un policier
qui est membre d'un corps policier de cinq, six, huit ou dix hommes est assez
limité. Il y a déjà un directeur en place, ensuite c'est
le sergent et enfin ce sont les constables.
Lorsqu'un policier a pris une expérience dans un corps policier,
il pourrait vouloir accéder à un plus haut poste dans un autre
corps policier, en allant dans une plus grosse structure. Advenant une
régionalisation et même s'il y en avait une il
faudrait prévoir des transferts.
Il arrive aussi qu'un policier soit dans une région, ait une
famille, des enfants qui sont d'âge universitaire et qu'il ait
l'expérience pour oeuvrer dans un corps policier urbain, près
d'une université. À ce moment-là, cela peut comporter des
avantages pour lui. Actuellement, la Loi de police ne nous permet pas de
décider ou de prévoir des normes de transfert.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de...
M. Fontaine: M. le Président, c'est sur un autre
sujet.
M. Lalonde: Moi, c'est sur la Commission de police.
M. Bédard: Le règlement 13 prévoyait le
dossier uniforme du personnel dans les corps policiers. Le règlement 14
concernait l'identification du véhicule des corps policiers municipaux,
règlement qui avait été préalablement adopté
et modifié au cours de 1977.
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions à poser sur la Commission de police. Avant de terminer, je
voudrais réitérer l'importance que la Commission de police a eue
dans la transformation du service policier au Québec. C'est la
création d'un ancien gouvernement, de l'Union Nationale, il faut le
reconnaître. Il y a certains moribonds qui ont des enfants plus en
santé...
M. Fontaine: Je m'aperçois...
M. Bédard: Ils sont agressifs, ces libéraux, c'est
effrayant.
M. Fontaine: C'est qu'ils ont vu qu'on reprenait de la vie et ils
essaient de nous détruire.
M. Lalonde: M. le Président, je n'essaierai même pas
de les détruire, ils font très bien cela tout seuls.
M. Bédard: Je dois dire qu'il existe, chez l'Union
Nationale, un sentiment nationaliste qu'on ne retrouve pas dans l'autre partie
de l'Opposition.
M. Lalonde: Le ministre de la Justice fait du nationalisme, M. le
Président, j'aimerais qu'il fasse de la justice.
M. Bédard: Oui, tant que vous faites de la politique, on
peut faire du nationalisme.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais quand même
réitérer l'importance de la Commission de police dans cette
évolution de la fonction policière au Québec...
M. Fontaine: ... pour se faire élire, on le verra.
M. Lalonde: ... depuis une dizaine d'années je
pense que c'est en 1968 que la Commission de police a vu le jour et
aussi espérer que toutes les dispositions qui pourraient être
prises par le gouvernement pour modifier les responsabilités des divers
organismes relatifs à la fonction policière conservent à
la Commission de police toute la vitalité qui est absolument
nécessaire pour lui permettre de continuer sa mission.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Bédard: C'est compte tenu de l'importance que nous
reconnaissons à la Commission de police que nous nous sommes fait fort
d'adopter les règlements qui nous ont été
présentés par la Commission de police, qui avaient d'ailleurs
été présentés à l'ancien gouvernement vers
l'année 1975 et qui n'avaient pas encore été
adoptés.
M. Lalonde: Qui n'avaient pas été refusés,
mais qui ont été...
M. Bédard: Qui n'avaient pas été
adoptés. M. Lalonde: ... fignolés.
M. Bédard: Qui n'avaient pas encore été
adoptés.
M. Lalonde: Qui ont été perfectionnés
entre-temps. Vous avez hérité de la perfection.
M. Bédard: Au ministère de la Justice, on parle
peut-être moins qu'avant, mais on essaie d'agir.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais tout d'abord
remercier le député de Marguerite-Bourgeoys et le
député de Verchères qui font l'éloge de l'Union
Nationale depuis vingt minutes.
M. Lalonde: On fait de l'histoire. On fait de l'histoire
ancienne, on aime cela.
Corps policiers municipaux
M. Fontaine: Vous savez que l'histoire se répète
toujours.
Je voudrais parler de la question des corps policiers municipaux. On l'a
déjà abordée au cours de l'étude des
crédits...
M. Bédard: Dans la discussion générale.
M. Fontaine: ... mais je pense qu'il serait important d'en
parler, étant donné que le président de la Commission de
police est ici. Je n'ai que le rapport de 1976 ici, mais je pense que l'autre
est à l'impression actuellement.
M. Bédard: II est à l'impression. Suivant les
renseignements que nous avons de l'Editeur du Québec, ce rapport serait
disponible dans la semaine du 1er mai.
M. Fontaine: Pourriez-vous nous faire rapport, avant qu'il ne
soit déposé, de l'état des abandons de corps policiers
municipaux?
M. Bédard: Entre mars 1977 et avril 1978, il y a eu une
diminution de quatorze corps de police qui a touché environ... La
diminution de ces quatorze corps de police représente une diminution de
trente policiers.
M. Fontaine: C'est donc dans de très petites
municipalités?
M. Bédard: Oui, dans de petites
agglomérations...
M. Fontaine: Y a-t-il eu également...
M. Bédard: ... que je pourrais vous citer, dont je
pourrais vous citer les noms.
M. Fontaine: Ce n'est pas nécessaire. M. Bédard:
Ce n'est pas nécessaire.
M. Fontaine: Y a-t-il eu également des demandes
d'exemption qui ont été accordées?
M. Bédard: II y en a eu deux, je crois. M. Fontaine:
À quel endroit?
M. Bédard: Château-Richer et Richelieu, ainsi que
celle de Percé.
M. Fontaine: Y a-t-il eu des demandes d'exemption qui ont
été refusées?
M. Bédard: II y en a plusieurs en suspens à l'heure
actuelle.
M. Fontaine: Dans le rapport de l'an dernier, on a une demande
d'exemption qui a été refusée chez nous, à la ville
de Bécancour. Le ministre ou le président de la commission a-t-il
eu l'occasion de réexaminer cette demande? Il s'agit d'un territoire
très grand qui doit être desservi par un corps policier municipal
et qui est très coûteux.
M. Bédard: Bécancour bénéficie
actuellement d'une exemption qui va jusqu'au 1er juillet 1978.
M. Fontaine: Oui, mais c'est temporaire.
M. Bédard: Oui, mais il n'y a pas eu de nouvelle
demande...
M. Fontaine: D'accord.
M. Bédard: Pour autant que je sache, il n'y a pas eu de
nouvelle demande transmise à la Commission de police.
M. Fontaine: D'accord. Le ministre entend-il prendre des mesures
spéciales à l'endroit des qua- torze municipalités qui ont
abandonné leur corps de police?
M. Bédard: C'est que, dans les quatorze, ce ne sont pas
quatorze municipalités régies par la Loi des cités et
villes qui ont l'obligation de maintenir les corps policiers. Sur ces quatorze,
il y en a sept qui étaient régies par le Code municipal...
M. Fontaine: Ah bon!
M. Bédard: ... qui n'avaient donc pas l'obligation de
maintenir leur corps policier, j'entends l'obligation légale.
M. Fontaine: En fait, il y en a seulement sept.
M. Bédard: II s'agit de Melocheville, de Pointe-au-Pic, de
Rawdon, de Saint-David-de-Falardeau, de Saint-Léonard-d'Aston, de
Saint-Sauveur paroisse et de Shipshaw. (21 heures)
M. Fontaine: C'est régi par la Loi des cités et
villes, par le Code municipal?
M. Bédard: Par le Code municipal.
M. Fontaine: II y en a sept, régies par la Loi des
cités et villes, qui ont été obligées et qui ont
abandonné.
M. Bédard: Oui, ces sept sont Château-Richer, 3150;
Danville, 2367 habitants; Saint-Raymond, 3742 habitants; Senneterre, 4289;
Témiscamingue, 2130 et Ville-Marie, 2020. Alors, il y en a cinq qui ont
abandonné leur corps policier, tout en étant régies par la
Loi des cités et villes.
M. Fontaine: À ces cinq endroits, c'est la
Sûreté du Québec qui assure les services policiers.
M. Bédard: La Sûreté du Québec assure
la relève. Nous pouvons dire que la sécurité publique
n'est aucunement en danger. Nous devons dire aussi que cela crée une
situation d'injustice par rapport à d'autres municipalités qui,
elles, respectent la loi, alors que celles que je viens de vous
mentionner...
M. Lalonde: Vous n'êtes pas obligé de faire la loi
pour celles que vous venez de mentionner. Château-Richer avait un
policier.
M. Bédard: La Loi des cités et villes. M.
Lalonde: Cités et villes? M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: La population à Château-Richer est de
2703.
M. Bédard: Vous avez des villes qui ont des populations de
sept habitants et qui ont le statut de ville.
M. Lalonde: C'est à cause du statut et non pas à
cause du nombre de population. Ce n'est pas 5000 et moins.
M. Bédard: Oui, ce sont celles qui sont régies par
la Loi des cités et villes.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre entend prendre des
mesures...
M. Lalonde: Disons que cela change un peu l'injustice. Quand il y
a sept habitants...
M. Bédard: Ce sont des statuts qui ont été
accordés.
Oui, mais ce n'est pas le cas des cinq dont on a parlé.
Au temps des travaux d'hiver, c'est pour permettre à certaines
municipalités...
Ce n'est pas le cas des sept dont on a parlé. De toute
façon, celles-ci peuvent se comparer, du point de vue du nombre de leur
population, à d'autres municipalités régies par la Loi des
cités et villes, qui respectent la loi et qui maintiennent leur corps
policier. C'est évident que cette situation en est une d'injustice
très claire, puisque certaines municipalités sont
pénalisées parce qu'elles respectent la loi et assurent le
maintien de leur corps policier, alors que d'autres, en violant la loi, se
trouvent à bénéficier des services de la
Sûreté du Québec. Nous avons indiqué que nous avions
fait un appel aux différentes municipalités qui pouvaient
être susceptibles d'abandonner leur corps policier, tout en étant
régies par la Loi des cités et villes. Nous allons voir ce que
donnera cet appel. Il y a présentement, au ministère de la
Justice, une loi en préparation, au cas où la chose serait
nécessaire.
M. Fontaine: Vous donnez jusqu'à quand aux
municipalités pour remédier à cette situation, avant de
présenter votre loi d'exception?
M. Bédard: Celles qui sont régies par le Code
municipal, on n'y peut rien, mais nous allons suivre l'évolution de la
situation. Si c'est nécessaire d'ici l'ajournement, on verra.
M. Lalonde: Ce n'est pas une bien grosse menace.
M. Fontaine: Vous ne voulez pas leur donner un délai
fixe?
M. Lalonde: ... la situation.
M. Bédard: Non, je ne suis pas le genre qui menace, je
suis le genre à dire que, quand cela n'aura plus d'allure, il va y avoir
une loi et elle peut venir plus rapidement qu'on ne le pense. C'est aussi
simple.
M. Lalonde: Quand cela n'aura-t-il plus d'allure? S'il y en a
d'autres?
M. Bédard: Je me permets d'être juge de la
situation, conseillé par les principaux responsables au ministère
de la Justice.
M. Lalonde: Le ministre peut constater que cette menace...
M. Bédard: Cela peut être une loi
rétroactive. Cela peut être aussi une loi qui va tenir compte du
fait que certaines municipalités, n'ayant pas respecté la loi, se
sont placées dans une situation d'injustice par rapport à
d'autres municipalités et que ce n'est pas les services de la
Sûreté du Québec... Il n'y a aucune base légale qui
leur permette de s'assurer les services de la Sûreté du
Québec sans qu'il y ait de compensation envers le gouvernement.
M. Fontaine: Vous risquez de recevoir des mémoires de
municipalités réclamant des montants d'argent, comme vous faites
avec le fédéral.
M. Bédard: Ce n'est pas votre meilleure suggestion au
cours des travaux de cette commission.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Je voulais demander au président de la
Commission de police s'il a déjà été saisi du
problème des policiers spéciaux pour effectuer un certain type de
travail. Je sais que, par exemple, au niveau de la police
fédérale, on engage ce qu'on appelle les agents spéciaux
pour les escouades de filature et de services techniques, ce qui assure un
recrutement peut-être plus abondant, étant donné qu'on n'a
pas les mêmes critères, qu'on n'est pas obligé, par
exemple, de mesurer cinq pieds et huit ou cinq pieds et neuf ou je ne sais trop
quoi. Est-ce que cette situation...
M. Lalonde: Est-ce que vous avez fait une demande?
M. Charbonneau: Non, j'ai décidé d'être
journaliste è la place, finalement cela a bien tourné.
M. Bédard: Au Québec, c'est l'article 64 de la Loi
de police qui permet au Procureur général de nommer des
constables spéciaux. À la Gendarmerie royale, on les appelle les
agents spéciaux, ici, au Québec, on les appelle des constables
spéciaux. Il n'y a pas de constables spéciaux dans les corps
policiers, sauf exception advenant que des policiers soient envoyés pour
suivre leur cours à l'institut et que cela ait pour effet de paralyser
les opérations policières; le Procureur général
pourra possiblement autoriser la nomination de constables spéciaux, mais
pour une durée assez limitée.
M. Charbonneau: Les corps policiers d'envergure, comme la police
de la communauté urbaine ou d'autres corps policiers du Québec,
la Sûreté du Québec, n'ont jamais demandé à
la Commission de police avis sur...
M. Bédard: Non, on n'a jamais eu de demande dans ce sens.
Je ne pense pas que les corps poli-
ciers soient tellement favorables à créer des policiers de
seconde classe au Québec.
M. Charbonneau: Remarquez que cela crée ce problème
ailleurs.
M. Bédard: Oui, mais on n'a jamais eu cette demande de la
part des corps policiers. Cela voudrait dire constituer, de façon
permanente, des policiers de seconde classe.
M. Charbonneau: Par ailleurs, est-ce que la commission effectue
toujours ces espèces de consultations régionales? Je ne me
rappelle plus le terme, mais j'avais participé à deux de ces
rencontres, il y a quelques années.
M. Bédard: Nous avons toujours nos journées
d'étude, nous assistons aux congrès des associations
policières et...
M. Charbonneau: Mais, sur une base régionale, il y avait
des espèces de comités de travail ou...
M. Bédard: Des comités de prévention du
crime.
M. Charbonneau: Oui, c'est cela.
M. Bédard: Aux comités de prévention du
crime, nous n'avons pas assuré la même présence à
cause d'un manque de professionnels; nous n'avons fait que répondre
à la demande cette année. Parce qu'il avait été
question, lors du dépôt de la loi 41, en juin 1976, que cette
responsabilité passe à la Direction générale de
sécurité publique. Nous avons quelque peu modifié nos
structures depuis, bien qu'on ait continué à s'occuper de la
prévention de la criminalité, on a des programmes qui ont
fonctionné dans deux régions pilotes pour la compilation
journalière des statistiques criminelles, dans la Mauricie et dans
l'Outaouais; nous avons aussi, sur le plan local, proposé des programmes
de prévention. Je ne sais pas si c'est l'effet de nos efforts, mais
aussi joints aux efforts des corps policiers, mais, en 1977, la
criminalité, dans l'ensemble, a baissé de 4,1% au
Québec.
Nous avons aussi des réunions régionales des directeurs de
police; nous avons entrepris cela au cours de l'année 1977 et nous
avions, au cours de l'année 1977, visité cinq ou six
régions. Cela se continue. De fait, demain, je vais dans une
région pour rencontrer tous les chefs régionaux qui nous exposent
leurs problèmes, on en discute ensemble et on voit dans quelle mesure
dans les limites de notre juridiction on peut leur donner une
assistance. Mais, depuis que nous avons entrepris une visite périodique
des corps policiers, je pense que cela a aidé considérablement
les corps policiers. Lorsque nous procédons à une étude,
au lieu tout simplement d'envoyer un rapport aux corps policiers, nos
conseillers sont sur place pour aider à l'implantation du rapport. Je
pense que les administrations municipales et policières sont satisfaites
de cette façon de travailler. Il faut vous dire qu'on fonctionne
toujours en consultation, lorsqu'on adopte un règlement, on crée
un comité, on invite les associations policières, les principaux
corps de police à formuler leurs points de vue, on obtient un
éventail et, à un certain moment, il faut prendre une
décision et on la prend.
M. Charbonneau: Un des rôles que les comités de
prévention avaient était de coordonner un peu leur enseignement
policier sur une base régionale, parce qu'il y avait...
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas que cela
soit un dialogue, parce que monsieur répond au nom du ministre. Si vous
avez des questions à poser, veuillez les poser au président.
M. Charbonneau: On peut très bien faire cela dans les
formes, M. le Président, si vous y tenez absolument...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît,
oui.
M. Charbonneau: Par votre intermédiaire, le ministre ou le
président de la Commission de police pourrait-il m'indiquer,
étant donné qu'il y a eu des problèmes au cours des
derniers mois reliés à la permanence de cette opération
des comités de prévention qui, à mon sens, d'après
ce que j'en connaissais, avaient un rôle, en termes de rationalisation et
d'échange de renseignements au niveau régional, dans les
régions où cela fonctionne le moins, où il n'y a pas de
comité de prévention, si la commission a décelé des
lacunes, en termes d'efficacité policière? Y a-t-il eu, par
exemple, des études? Vous dites que la criminalité a
baissé. A-t-on pu établir que, dans les régions où
il existait des comités de prévention plus efficace, qui
étaient plus opérationnels, il y avait un effect direct sur
l'efficacité policière?
M. Bédard: Les comités qui avaient
été créés en 1971 ou en 1972 étaient des
comités de détection et de prévention et, à
l'origine, ces comités avaient orienté leur action surtout sur la
détection et cela servait comme échange d'informations.
Nous avions établi ces comités dans dix régions du
Québec; la plupart de ces comités ont continué de
fonctionner et nous avions vu à ce que le comité élise son
propre président, son secrétaire et son vice-président;
nous ne faisions qu'assurer une assistance et une présence à
l'occasion.
La plupart des régions ont continué et, dans les cas
où on nous a demandé d'assister à ces réunions,
nous y sommes allés. Personnellement, j'ai assisté à trois
réunions de comités de prévention au cours de
l'année 1977. Il y a certains professionnels qui y sont allés
aussi, mais on n'a pas visité tous ces comités au cours de
l'année. Il y en a où cela fonctionne moins bien que cela
fonctionnait. Il y a possiblement manqué un peu de continuité de
notre part à cause de cette possibi-
lité que cela doive passer, presque du jour au lendemain, lors du
dépôt du projet de loi 41, à la direction
générale.
M. Charbonneau: Un dernier élément toujours
relié à cela. Indépendamment que cela soit sous la
juridiction de la Commission de police ou éventuellement sous la
juridiction de la Direction générale de la sécurité
publique, n'y aurait-il pas lieu d'envisager de créer sur une base
régionale ce qui existe sur une base nationale, mais qui, finalement, ne
concerne que les deux grands centres, sinon uniquement la région de
Montréal?
On a parlé tantôt du Bureau de recherche du Québec
sur le crime organisé. C'est peut-être un organisme
québécois au niveau national, mais, dans les faits, c'est
pratiquement concentré sur Montréal.
J'ai remarqué, lorsque j'ai participé à des
réunions avec le comité de formation, que les policiers, sur une
base régionale, connaissent assez peu finalement la configuration du
milieu criminel de leur région et je me demande si on n'a pas
déjà étudié cette possibilité d'avoir, sur
une base régionale, des structures et des organismes, des outils de
travail qui permettraient de connaître l'évolution de la
criminalité, de connaître l'organisation des réseaux au
niveau régional, parce que j'avais remarqué qu'il y avait une
lacune à ce niveau?
M. Bédard: II existe quand même, à l'heure
actuelle, une collaboration, je dirais même un suivi de consultations
entre la Commission d'enquête sur le crime organisé et
l'état de la criminalité au niveau des différentes
régions puisque les commissaires ont eu l'occasion et ont assez
régulièrement l'occasion de visiter les régions du
Québec, de s'entretenir avec les chefs de police et les corps policiers,
si nécessaire, et ceci, déjà, constitue un moyen qui leur
permet, en fait, de s'informer d'une façon assez juste et avec assez
d'efficacité de l'état de la criminalité, non seulement
à Montréal, mais dans chacune des régions. C'est à
partir de consultations comme celles-là que l'idée, d'ailleurs,
est venue d'orienter leur action vers l'étude de certains groupes de
motards, après discussion avec des chefs de police dans
différentes régions du Québec. (21 h 15)
M. Charbonneau: Disons que c'est une amorce importante, mais
indépendamment de cela, il serait utile d'avoir des structures qui
permettent de suivre l'évolution des groupes et des individus au niveau
régional. Cela ne fait pas si longtemps que j'ai quitté, comme
journaliste, ce milieu, que je suivais d'assez proche, et j'ai l'impression que
ce qui a manqué, c'est que, finalement, au niveau régional, on ne
pouvait pas suivre le déplacement des groupes d'individus. À un
moment donné, on perdait de vue un certain nombre d'individus qui
étaient actifs dans une municipalité ou un secteur, mais ils
pouvaient être actifs 30 milles plus loin et on l'ignorait. Dans le
secteur où ces gens étaient actifs, il n'y a pas eu de
transmission de renseignements à l'autre localité ou à
l'autre secteur d'une région plus ou moins vaste.
M. Bédard: C'est justement ce que font les comités
de prévention.
M. Charbonneau: C'est cela.
M. Bédard: Je pense qu'il était de l'intention de
M. Benoît je ne veux pas parler pour lui d'avoir un
secrétariat permanent qui dépende de la Sûreté du
Québec, mais c'est encore en suspens.
M. Charbonneau: D'accord.
M. Bédard: Nous savons jusqu'à quel point le
député de Verchères est versé dans l'analyse de la
criminalité. Il peut être convaincu que nous prenons bonne note
des suggestions dont il nous fait part.
Le Président (M. Laplante): Programme 13,
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Protection civile
Le Président (M. Laplante): J'appelle le programme 14:
Protection civile. Ce programme vise à assurer la protection de la
population en cas de désastre. M. le ministre, un
préliminaire?
M. Bédard: Les crédits prévus au niveau de
ce programme passeront de $4 436 300 à $2 462 300, soit une baisse de $1
974 000 par rapport aux crédits inscrits au budget de l'exercice
financier de 1977/78. Cet écart est imputable en majeure partie à
la réduction apportée à la catégorie
budgétaire transfert. Un montant de $2 millions avait été
prévu au budget de 1977/78 pour le bureau d'aide financière
"inondations 1976". Aucun crédit n'est prévu au budget de 1978/79
à ce titre-là. Ce qui explique la baisse.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, si on a des inondations cette
année, à quels crédits peut-on recourir?
M. Bédard: II y a le fonds de suppléance auquel on
peut recourir.
M. Lalonde: Pour quelle raison, l'an dernier, y avait-il eu cette
prévision de $2 millions? À cause d'engagements
antérieurs?
M. Bédard: Oui, de sommes qui n'avaient pas
été payées suite à des inondations, à des
dommages causés par des inondations au cours de l'année 1976.
M. Fontaine: Est-ce qu'il reste encore des cas en suspens qui
n'ont pas été réglés?
M. Bédard: C'est terminé. Il y a peut-être
encore quelques cas de révision. Nous avons indiqué
aux personnes qui avaient fait une réclamation que, s'ils avaient
des factures ou des preuves supplémentaires à nous apporter, on
pourrait réviser le dossier. À toutes fins pratiques, c'est
terminé.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions sur le
programme 14?
M. Lalonde: Est-ce que le ministre prévoit des
transformations à ce programme, la protection civile?
M. Bédard: II y a, à l'heure actuelle, un projet de
loi en préparation. Nous sommes en discussion avec le sous-ministre
associé à la protection civile, M. Brown. Il n'est pas question
que ce soit présenté à cette première partie de la
session. Nous envisageons la possibilité pour la deuxième partie
de la session. Je pense qu'il serait prématuré d'entrer dans
l'essentiel de ce vers quoi nous nous orientons.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Lalonde: Quelles sont les dispositions? Puisqu'on
prévoit un projet de loi, on doit prévoir des modifications
importantes à la situation actuelle. Quels sont les objectifs du
ministre dans...
M. Bédard: Les objectifs, c'est le plus
d'efficacité possible. Maintenant, si j'entre...
M. Lalonde: Tout le monde est pour la maternité,
voyons!
M. Bédard: Tout le monde est pour la maternité et
la vertu, il y a une chose qui est certaine, je ne commencerai pas à
entrer dans l'essentiel des objectifs vers lesquels nous nous orientons. Vous
serez à même de le constater au niveau du projet de loi que nous
aurions è déposer. On sait que cette loi n'a pas
été touchée depuis 1961.
M. Lalonde: Depuis 1961? M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Est-ce l'intention du ministre d'intégrer la
protection civile à la fonction publique, parce qu'il s'agit d'un corps
flottant quelque part à l'extérieur des normes de la fonction
publique?
M. Bédard: Disons, que c'est en discussion.
M. Lalonde: La question des objectifs du ministre, il ne faudrait
tout de même pas qu'il y ait aucun secret pour nous. On est en petit
groupe ici.
Une voix: Une famille.
M. Lalonde: Vous pourriez nous faire des confidences.
M. Bédard: Je n'ai pas proprement de confi- dence à
faire sur ce sujet particulier, c'est vraiment un état de
réflexion.
M. Lalonde: Le ministre est conscient des services exceptionnels
qui sont rendus par cet organisme en des moments où ce n'est pas facile,
de toute la coordination au niveau municipal.
M. Bédard: On a eu l'occasion de s'en rendre compte,
même dans notre région lors du sinistre de Saint-Jean-Vianney; il
y a eu d'autres occasions, encore tout dernièrement, à
Saint-Eustache; la direction de la protection civile a assumé l'ensemble
de la responsabilité de la coordination des différents
ministères impliqués et je puis vous dire que j'ai beaucoup de
considération pour cet organisme.
M. Lalonde: Justement, en parlant de Saint-Eustache et d'autres
endroits en nombre assez limité, quand même, au Québec, ce
printemps le gouvernement est chanceux où il y a eu des
inondations, est-ce l'intention du gouvernement de prévoir une...
M. Bédard: Même le temps a changé depuis
qu'on est au pouvoir.
M. Lalonde: Des nuages s'amoncellent à l'horizon.
M. Bédard: Vous le souhaitez?
M. Lalonde: Non.
M. Bédard: Souhaitez cela pour le Québec.
M. Lalonde: Malheureusement, dans le climat d'incertitude que le
ministre décrivait tantôt...
M. Bédard: Vous n'êtes pas partisan à ce
point, j'espère?
M. Lalonde: ... avant le dîner, j'espère que, pour
les Québécois, cela va continuer ainsi. Pour revenir au sujet du
programme 14, est-ce que le gouvernement, parce que ce n'est pas simplement le
ministre qui est impliqué, prévoit des indemnités pour les
victimes de ces inondations dans certaines régions en nombre
limité actuellement, du Québec?
M. Bédard: Non, je ne pourrais pas m'engager d'avance pour
le gouvernement. Il est évident que si des cas se présentent ce
sera le cabinet qui aura à prendre les décisions qui
s'imposeront.
M. Lalonde: Ce sera au ministre de faire des recommandations?
M. Bédard: Sûrement.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre est prêt à en
faire.
M. Bédard: Les recommandations seront faites au niveau de
l'évaluation de la situation d'urgence, des dommages, d'ailleurs, comme
nous l'avons fait dans le cas de Saint-Eustache. Le Conseil des ministres a
accepté te principe d'aider la population concernée par ce
sinistre, mais les modalités...
M. Lalonde: II n'y a aucun doute que le gouvernement ne peut pas
se défiler?
M. Bédard: D'aider financièrement...
M. Lalonde: Financièrement les victimes?
M. Bédard: C'est cela, mais les modalités de
paiement sont encore à préciser. Il n'y aura sûrement pas
paiement sans qu'il n'y ait subrogation des droits en faveur du gouvernement
aux fins de recours contre des responsables, s'il y a lieu.
M. Lalonde: II y a eu quelques années, de sinistres par
inondation, en 1975 ou 1976.
M. Bédard: En 1974 et 1976.
M. Lalonde: II y a eu le fédéralisme rentable qui
s'est fait valoir à ce moment-là.
M. Bédard: C'est mieux pas d'inondation, puis on n'a pas
besoin du fédéralisme.
M. Lalonde: On a été inondé d'argent du
fédéral à ce moment...
M. Bédard: Oui?
M. Lalonde: ... pour rembourser, bien incomplètement, les
victimes, mais il est apparu à plusieurs reprises que certaines de ces
inondations étaient causées, soit par la configuration
géographique, soit par la proximité des habitations
d'été auprès des cours d'eau ou des lacs. À ce
moment-là, il y avait eu un commencement de tentative de
définition de responsabilités gouvernementales, parce que ce ne
sont...
M. Bédard: Cela n'allait pas vite non plus pour vous, "un
commencement de tentative de définition..."
M. Lalonde: Je le dis tel que c'est, parce qu'il nous est apparu
à ce moment-là ce ne sont pas mes crédits que je
défends.
M. Bédard: Vous me permettez de m'amuser un peu aussi?
M. Lalonde: ... qu'il fallait aller au plus rapide et
dédommager les gens. Mais il est apparu aussi qu'il fallait quand
même définir un cadre qui n'avait jamais été
défini auparavant, dans lequel le gouvernement se sentirait
obligé de dédommager les gens.
Est-ce que cette définition a été
accélérée?
M. Bédard: Dans le moment, il y a un travail qui se fait
par le ministère des Richesses naturelles pour cartographier les zones
inondables au Québec. C'est un projet qui va durer plusieurs
années, parce que, apparemment, c'est un travail monstre. Il ne sera pas
terminé avant quelques années.
M. Lalonde: Alors, lorsqu'on reviendra au pouvoir, M. le
Président, on pourra évaluer le travail de cartographie du
gouvernement.
M. Bédard: Vous aurez votre carte, vous aurez plus de
chance de vous retrouver.
M. Lalonde: Mais quand même, je pense que c'est le
résultat direct des sinistres qui ont eu lieu. Je voulais savoir
où en était le travail. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous avez des questions?
M. Fontaine: Je voulais revenir sur la loi qui s'en vient. Dans
son texte introductif, le ministre nous disait: Un autre projet visera
éventuellement à préciser les fonctions des principaux
intervenants, principalement la protection civile du Québec, en cas de
sinistres ou catastrophes naturels dans le territoire du Québec.
On pose des questions au ministre et il ne semble pas trop vouloir nous
donner de réponses précises. Est-ce que c'est un sujet tabou?
Qu'est-ce que c'est?
M. Bédard: Non seulement, je ne semble pas vouloir donner
de réponses précises, mais je suis très conscient que je
n'en donne pas de réponses, du tout. Le projet de loi est en
préparation. Le but et l'objectif que nous poursuivons, c'est une
meilleure coordination de l'action des différents ministères
lorsqu'il y a lieu que la protection civile intervienne quand il y a des
sinistres ou des situations urgentes. Cela va se situer aussi au niveau de
l'action que la protection civile va accentuer auprès des
différentes municipalités.
C'est dans ce cadre-là, c'est vers cet objectif-là, une
meilleure coordination, tel que je viens de le dire, que va s'orienter
l'essentiel du projet de loi. Commencer à entrer dans les
détails, plutôt que d'essayer de valser, j'aime autant vous dire
très simplement que c'est tout à fait prématuré que
d'en parler. Si vous avez des suggestions à me faire, par exemple, je
serai très disposé à les accueillir. On verra si cela peut
s'insérer à l'intérieur du projet de loi.
M. Fontaine: La protection civile comprend combien de personnes,
à l'heure actuelle?
M. Bédard: À l'heure actuelle, 98 personnes. M.
Fontaine: Où êtes-vous cantonnés?
M. Bédard: II y a un bureau principal, ici à
Québec, qui est le quartier général, ni plus ni
moins, où il y a trente employés. Il y a un bureau
à Montréal, à Rimouski, à Jonquière,
à Hull, à Rouyn et à Sherbrooke.
M. Fontaine: Lorsque vous devez intervenir, comme par exemple
dans le cas de Saint-Eustache, vous réunissez différents...
M. Bédard: C'est le directeur régional de
Montréal qui, à l'aide des agents de liaison, est allé
assister la municipalité.
M. Fontaine: C'est tout.
Le Président (M. Laplante): Programme 14,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Enquêtes et expertises scientifiques pour fins
judiciaires
Le Président (M. Laplante): Le programme 15 a
été adopté. Il a été le premier à
l'être. Programme 16: Enquêtes et expertises scientifiques pour
fins judiciaires. Ce programme vise à renseigner la justice par des
enquêtes qui ont pour objet de déterminer quels
décès ou incendies sont de nature criminelles et par des
expertises scientifiques qui permettent une connaissance plus approfondie de la
perpétration de certains crimes et méfaits. M. le ministre. (21 h
30)
M. Bédard: M. le Président, le budget du programme
16, Enquêtes et expertises scientifiques pour fins judiciaires, a
été estimé à $3 603 300 pour l'année
financière, ce qui représente une augmentation de $66 300. Cet
ajustement tient compte de trois variations budgétaires importantes,
à savoir une majoration de $228 600 des crédits prévus aux
traitements pour la mise en application de différentes conventions
collectives. Une réduction de $28 400 a été
apportée au budget pour l'embauche d'employés occasionnels. Cela
fait suite à une diminution de quatre hommes-année de l'effectif
autorisé. Il y a eu également une diminution de $77 800 qui est
prévue au niveau des crédits requis pour services professionnels.
Cette réduction fait suite à une baisse du nombre
d'enquêtes des coroners contractuels et du nombre d'autopsies
pratiquées par les patho-logistes contractuels. La baisse du nombre
d'enquêtes tenues par des coroners contractuels est attribuable, en
partie, à une diminution du nombre d'accidents mortels sur les routes et
aussi à la nomination de trois coroners permanents à la fin de
l'année financière 1976/77.
Au cours de l'exercice 1976/77, une analyse sommaire ainsi que des
rencontres avec certains pathologistes ont permis de constater qu'il y avait
excès dans le nombre d'autopsies pratiquées. En effet, dans
certains cas, des autopsies étaient demandées par des coroners en
vertu de l'article 12 de la Loi des coroners et ce, sans qu'il n'y ait aucun
soupçon de criminalité sur la mort accidentelle.
À la suite de ces constatations, le ministère a
émis des directives à tous les coroners de district. Cela e eu un
impact important sur le nombre d'autopsies pratiquées, principalement
à Québec et à Rimouski.
Au cours de l'exercice 1978/79, le ministère projette de
soumettre des demandes au Conseil du trésor en vue de réviser les
indemnités versées aux témoins et les tarifs servant
à l'établissement des honoraires versés aux
thanatologues.
Ce sont les commentaires généraux que nous avons à
faire, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, dans ce programme, nous
retrouvons deux éléments, l'un ayant trait aux enquêtes sur
les décès et les incendies et l'autre aux expertises
médico-légales et scientifiques.
Pour ce qui concerne les enquêtes sur les décès, il
existe, au ministère de la Justice, depuis plusieurs années, ou
enfin quelques années, un rapport sur la réforme de tout le
système des coroners. Il y avait eu une étude assez
poussée qui avait été faite là-dessus. Cela n'a
jamais été, on doit le constater, une priorité du
ministère. On est rendu à la fin d'avril 1978. Ce rapport, si mon
souvenir est bon, date de 1973 ou 1974.
M. Bédard: De 1972. M. Lalonde: De 1972.
M. Bédard: Cela n'a pas été une
priorité non plus pour eux.
M. Lalonde: Je ne sais pas où le ministre situe cette
question dans ses priorités. Il reste que c'est, je pense, un secteur
d'activités qui affecte la population dans une certaine mesure. Je
voulais seulement demander au ministre s'il a l'intention de considérer
des réformes à ce niveau.
M. Bédard: Je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys est d'accord avec moi pour exprimer que ce ne serait pas
un luxe qu'il y ait une réforme dans ce domaine. Je puis dire que nous
étudions sérieusement le rapport qui est au ministère
depuis bien longtemps. Je ne voudrais pas m'engager, très rapidement,
dans le sens de dire que c'est une priorité prioritaire, mais il est
fort possible que, d'ici l'étude des prochains crédits, il y ait
une action significative de la part du ministère qui ait
été faite dans ce domaine.
À l'heure actuelle, nous avons 6 coroners à temps plein,
74 coroners à temps partiel.
Le Président (M. Laplante): Autres questions?
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais demander au
ministre s'il lui est déjà arrivé de communiquer avec un
coroner après qu'il eut rendu son verdict pour lui faire...
M. Bédard: Cela m'est arrivé à plusieurs
reprises. J'ai eu l'occasion de rencontrer...
M. Lalonde: Laissez-moi terminer ma question. Communiquer avec un
coroner directement ou indirectement après son verdict pour lui apporter
un élément nouveau ou pour lui demander s'il aurait changé
son verdict? Est-ce que cela lui est déjà arrivé depuis
qu'il est en fonction?
M. Bédard: Est-ce que vous pourriez répéter
votre question, s'il vous plaît?
M. Lalonde: Est-ce que cela est déjà arrivé
au ministre de communiquer directement ou par personne interposée, par
un fonctionnaire, avec un coroner, après que le coroner eut rendu son
verdict, pour voir s'il avait considéré tous les
éléments, pour lui demander s'il aurait changé son
verdict, eût-il considéré un élément
nouveau?
M. Bédard: Je vous pose une petite question
générale. Est-ce que vous voulez vous référer, je
ne sais pas, à un cas particulier?
M. Lalonde: Je demande si le ministre a déjà, par
personne interposée ou directement, communiqué avec un coroner
pour lui apporter un élément nouveau et lui demander s'il aurait
changé de verdict s'il avait connu cet élément
nouveau.
M. Bédard: Personnellement, non, je n'ai pas eu à
communiquer avec quelque coroner que ce soit...
M. Lalonde: Est-ce qu'il aurait demandé à un
fonctionnaire de communiquer?
M. Bédard: Dans le sens de la question qui est
posée, il y a eu une communication. Peut-être que le sous-ministre
à la direction des affaires criminelles pourrait vous en parler.
M. Lalonde: Est-ce que c'est à la demande du ministre?
M. Bédard: Ce n'est pas à ma demande. Maintenant,
il y a eu un cas où un élément particulier a
été porté à notre connaissance après que le
coroner ait rendu sa décision, c'est dans le cas de l'accident...
M. Lalonde: Quel accident?
M. Bédard: ... qui a causé la mort de M. Trot-tier.
Le sous-ministre me dit qu'il avait communiqué après cela avec le
coroner pour savoir si sa décision aurait été autre s'il
avait été au courant, à ce moment, de
l'élément additionnel dont on avait fait part à la presse
lors de la conférence de presse que j'avais tenue, concernant cet
accident. À ce que me dit le sous-ministre, la réponse du coroner
a été que cela n'aurait pas changé sa décision.
M. Lalonde: C'est le seul cas où le ministre a
demandé à quelqu'un de communiquer...
M. Bédard: Je ne l'ai pas demandé. Il semble que le
sous-ministre c'était bien son droit de le faire ...
M. Lalonde: ... pourrait dire le ministre, parce qu'avant qu'il
n'affirme quelque chose de son siège, s'il se souvenait qu'à la
conférence de presse, il a dit, et je cite: "J'ai demandé au
sous-ministre associé aux affaires criminelles de communiquer avec le
coroner Laniel afin de savoir s'il avait constaté cet
élément. " À ce moment, peut-être qu'il se
souviendrait qu'il l'a lui-même demandé.
M. Bédard: Écoutez, c'est possible.
M. Lalonde: C'est le seul cas où le ministre a
demandé...
M. Bédard: C'est le seul cas.
M. Lalonde: ... de communiquer avec un coroner...
M. Bédard: Étant donné qu'un
élément additionnel avait été porté à
notre connaissance après que la décision du coroner eut
été rendue, c'est dans ce sens que nous avions demandé au
coroner, que nous avions porté à son attention cet
élément nouveau et demandé au coroner s'il aurait
changé sa décision, s'il aurait rendu une décision
différente si ce fait lui avait été soumis avant.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre trouve pour employer un
qualificatif cher au Parti québécois normal et
désirable qu'un ministre communique avec un fonctionnaire du
ministère de la Justice après qu'il a rendu son jugement, son
verdict, dans ce cas-ci, pour lui demander s'il juge bon de changer son
jugement?
M. Bédard: Dans ce cas, il s'agissait de savoir si le
coroner en question, devant l'élément nouveau, entrevoyait une
réouverture d'enquête. Tel n'était pas le cas.
M. Lalonde: Puisqu'il semble que ce soit le seul cas que le
ministre a cru bon...
M. Bédard: Je l'ai dit à la presse, vous me
rappelez que je lui ai dit.
M. Lalonde: On est rendu à la fin d'avril 1978, il y a un
an et demi que le ministre est en fonction, puisque c'est le seul cas où
il soit intervenu dans un verdict de coroner...
M. Bédard: Je ne suis pas intervenu dans le verdict d'un
coroner, soyez donc honnête.
M. Lalonde: Alors, qu'il a demandé de communiquer...
M. Bédard: C'était dans la conférence de
presse.
M. Lalonde: Puisque c'est le seul cas où le ministre a
demandé à un fonctionnaire de communiquer avec un coroner pour
savoir s'il a considéré un élément. Cet
élément, quel était-il?
M. Bédard: C'était le...
M. Lalonde: Les verres correcteurs.
M. Bédard: C'est qu'il y avait une restriction sur le
permis de conduire.
M. Lalonde: Comment cette restriction était-elle venue
à la connaissance du ministre?
M. Bédard: J'ai tout expliqué dans le temps, c'est
à la suite du rapport de police qui nous avait été
donné. L'étude minutieuse du rapport de police qui avait
été soumis à mon attention.
M. Lalonde: Le ministre a dit, dans sa conférence de
presse: "J'ai noté, cependant, que dans sa décision le coroner
Laniel ne faisait pas état d'une restriction apparaissant au permis de
conduire de M. Lévesque et mentionnée dans le rapport
d'accident."
Comment se fait-il que le coroner ne s'était pas rendu compte de
cette... Est-ce que cela donnait un caractère très rigoureux au
verdict, qu'il ne se soit même pas rendu compte qu'il y avait une
restriction?
M. Bédard: Si vous voulez mettre en doute l'esprit de
responsabilité du coroner!
M. Lalonde: Non, ce que...
M. Bédard: Ce n'était pas parvenu à son
attention. Moi, à la lecture du rapport de police qui a
été soumis à mon attention, comme ministre de la Justice,
j'ai porté la plus grande attention possible à ce dossier et j'ai
pu constater qu'il y avait...
M. Lalonde: II y a une certaine différence...
M. Bédard: Laissez-moi terminer ma réponse! ... un
élément dont ne semblait pas avoir tenu compte le coroner dans sa
décision, ou le coroner ne semblait pas s'être rendu compte et
c'est dans cet esprit qu'il y a eu la demande de communication dont vous avez
fait état.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre peut affirmer qu'il s'est
rendu compte de cette restriction dans le rapport de police?
M. Bédard: Certainement.
M. Lalonde: Dans le rapport de police?
M. Bédard: Dans le rapport de police qui est soumis
à notre attention.
M. Lalonde: Et le coroner qui était l'expert
là-dedans ne s'en est pas rendu compte? Je vais lire un extrait de la
lettre du coroner, le 24 février 1977, adressée au sous-ministre
associé, il dit ceci: "Veuillez trouver ci-inclus copie signée de
la déclaration remise aux journalistes le 21 février 1977
donc, son verdict a été rendu le 21 février 1977 ou avant,
mais sa déclaration a eu lieu le 21 février. Le 22
février, en matinée, j'ai reçu un appel
téléphonique anonyme ce n'est sûrement pas le
sous-ministre associé qui a fait l'appel anonyme m'avisant que M.
René Lévesque était myope et en ajoutant qu'il ne portait
pas de verres correcteurs."
Le ministre ne voit-il pas une différence entre sa version, qui
dit que c'est lui qui a révélé au coroner la restriction,
alors que le coroner, dans sa lettre, dit que c'est lui qui l'a...
M. Bédard: Je ne suis quand même pas au courant des
appels anonymes que peut recevoir un coroner! Franchement!
M. Lalonde: Ne s'est-il pas rendu compte, lors de la lecture de
la lettre, qu'il y avait une différence entre sa déclaration
à la presse et la lettre du coroner?
M. Bédard: Je vais laisser répondre le
sous-ministre. Il n'y a jamais eu de cachette dans ce dossier. Vous savez avec
quelles précautions nous avons traité ce dossier. Nous avons
donné... (21 h 45)
M. Lalonde: J'ai une autre question.
M. Bédard: ... toutes les versions à la
connaissance...
M. Lalonde: Je ne veux pas que vous reveniez là-dessus.
Tout cela est public.
M. Bédard: Bon!
M. Lalonde: Avant de...
M. Bédard: II faut revenir là-dessus pour montrer
justement...
M. Lalonde: Vous avez le tour de prendre une demi-heure pour dire
la même chose que vous avez dite il y a deux ans.
M. Bédard: ... que tous les témoignages ont
été donnés à la connaissance de la presse et chacun
a pu faire son évaluation. Nous avons eu l'occasion d'en discuter lors
des crédits de l'an dernier...
M. Lalonde: Le ministre s'est-il assuré que le coroner,
lorsqu'il a rendu son verdict additionnel relativement aux verres correcteurs,
a procédé à un examen qui lui permettait de mesurer la
restriction du port des verres correcteurs, de façon à conclure
que le fait de ne pas porter ces verres correcteurs ne constituait pas un cas
de négligence criminelle? Par exemple, il y en a qui ne peuvent pas voir
dix pieds devant eux. Le coroner
a-t-il fait faire un examen pour savoir s'il s'agissait d'un cas grave
ou d'un cas bénin? Le ministre s'est-il assuré de cela?
M. Bédard: II n'y a pas de cachette dans cette affaire. Je
vais laisser le sous-ministre aux affaires criminelles répondre.
Au meilleur de mon souvenir, lorsque j'ai communiqué avec le
coroner pour lui demander si son verdict eut été différent
à cause de cet élément nouveau, il m'a dit, effectivement,
comme vous l'avez mentionné, qu'il était au courant de ce fait et
qu'à tout événement son verdict aurait été
le même. Quant à la question précise que vous venez de
poser, là encore, au meilleur de mon souvenir, M. Lévesque
lui-même avait révélé aux enquêteurs
qu'effectivement, oui, il y avait une restriction sur son permis de conduire,
mais qu'il ne portait jamais de verres. Devant la foi de cette
déclaration, le coroner a tenu pour acquis qu'effectivement M.
Lévesque voyait très bien. Donc, ceci n'a changé en rien
son verdict ou une responsabilité criminelle éventuelle.
En d'autres mots, c'est un fait notoire que M. Lévesque n'a
jamais porté de lunettes ou à peu près jamais, du moins
selon les enquêteurs.
M. Lalonde: Alors, le coroner a appris cette restriction par un
appel téléphonique anonyme. Vous a-t-il déclaré
cela?
M. Bédard: II m'a mentionné qu'il était au
courant du fait que cette restriction existait.
M. Lalonde: Mais pas au moment de son verdict. Après.
M. Bédard: Après, oui. Sauf que je ne me souviens
pas qu'il m'ait dit que c'était un appel téléphonique
anonyme. Je ne m'en souviens pas.
M. Lalonde: Quelque part dans le rapport de police, fait-on
état de cette déclaration que vous venez de décrire, soit
que jamais M. Lévesque ne portait pas de verres?
M. Bédard: C'est assez délicat pour moi de
répondre parce que j'ai quand même eu, personnellement, un
entretien avec l'enquêteur et je ne peux pas me souvenir si cela a
été écrit dans son rapport ou s'il me l'a dit verbalement.
Cela fait quand même un an et demi. Je n'ai pas le dossier avec moi.
M. Lalonde: M. le Président, vous considérez qu'on
apprend des faits nouveaux...
M. Bédard: II n'y a pas de faits nouveaux. Il n'y a que
des faits nouveaux dans votre esprit. Vous essayez de réveiller des
morts. C'est tout ce que vous faites dans l'Opposition.
M. Lalcnde: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
parole? Non, malheureusement, on ne va pas les réveiller
ceux-là.
M. Bédard: C'est tout ce que vous essayez de faire.
M. Lalonde: Le ministre ne se rend pas compte jusqu'à quel
point...
M. Bédard: Au contraire, on s'est rendu compte qu'on a
pris nos responsabilités et on a donné tout à l'attention
du public et de la presse, chose que vous n'auriez jamais fait de votre
vie.
M. Lalonde: ... quand il y a un aspect politique... Ne vous
choquez pas. Avez-vous quelque chose à cacher?
M. Bédard: Je ne me choque pas, mais quand je vous vois
"zigonner " ainsi, par exemple...
M. Lalonde: Laissez-moi parler. C'est la première fois
qu'un ministre intervient dans le verdict d'un coroner. C'est la seule fois
dans les 18 mois de ses fonctions.
M. Bédard: Je ne suis pas intervenu... Encore là,
vous voyez la mauvaise foi dont vous faites preuve. Voyez donc la mauvaise foi
dont vous faites preuve.
M. Lalonde: J'ai posé la question, c'est la seule
fois.
M. Bédard: Vous mériteriez qu'on ne vous
réponde pas quand vous faites, au départ, preuve d'une aussi
mauvaise foi. Le ministre n'est jamais intervenu dans le verdict, ce que vous
essayez de laisser croire.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai été
obligé de rappeler... M. le Président, est-ce que j'ai droit de
parole?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'ai été obligé de rappeler au
ministre sa déclaration, pour qu'il ne trompe pas la commission en lui
rappelant que c'est lui qui avait demandé qu'on appelle le coroner. Je
lui ai posé la question combien de fois? C'est la seule fois en 18 mois
qu'il a fait cette intervention. C'est quand même exceptionnel. On a le
droit de se demander ce qui est arrivé et pourquoi. On a le droit de se
demander: Est-ce que le ministre était autorisé de croire
à un rapport du coroner aussi succinct et qui ne fait même pas
état de ce que le sous-ministre vient de nous dire tantôt. Il n'y
a aucun droit de blâmer les gens qui se posent des questions alors que le
rapport de police, qui a été publié à grands frais
et tapage de publicité pour essayer de jeter de la poudre aux yeux, ne
fait même pas état de ces cas-là.
M. Bédard: Continuez votre mauvaise foi.
M. Lalonde: Le ministre peut conclure à de la mauvaise
foi.
M. Bédard: C'est clair.
M. Lalonde: J'avertis le ministre...
M. Bédard: Vous avez eu l'occasion, dans les derniers
crédits, d'en discuter de long en large.
M. Lalonde: Oui, j'ai tenté de le faire, mais la mauvaise
foi du ministre était évidente à ce moment-là; mais
moi, j'ai tout le temps. Le ministre a fait son lit, à ce
moment-là. Il n'a pas voulu suivre nos conseils de faire une
enquête publique pour protéger l'intégrité des
institutions judiciaires, l'intégrité de l'administration de la
justice. Son lit est fait et il va falloir qu'il s'y couche.
M. Bédard: Oui, et ne vous inquiétez pas.
M. Lalonde: II n'a pas à reprocher à qui que ce
soit, et surtout pas à l'Opposition, de se poser des questions. Il y a
d'autres questions à poser dans ce dossier et nous allons continuer
à les poser...
M. Bédard: Poser des questions et faire des affirmations
fallacieuses, ce sont deux choses.
M. Lalonde: ... parce que l'honnêteté politique du
ministre est en jeu. Chaque fois, c'est un effet de trait de caractère
du ministre de la Justice, qu'il y a un caractère politique, surtout
quand c'est le grand projet d'indépendance, on le voit dans l'affaire de
l'accident où a trouvé la mort Edgar Trot-tier, on le voit dans
la commission Keable, chaque fois qu'il y a le grand projet
d'indépendance, là le ministre choisit, il choisit
l'indépendance au lieu de la justice. C'est ce que je reproche au
ministre.
M. Bédard: C'est votre affirmation.
M. Lalonde: C'est de plus en plus... J'ai dit au ministre dans
l'affaire Fabien, l'autre soir: Vous avez fini le temps où vous pouvez
affirmer quelque chose et que vous pensez que c'est la vérité,
que le monde va vous croire. Au début, c'était ainsi. Tout le
monde vous croyait. Naturellement, il y a toute l'euphorie du pouvoir et cela
est fini, la lune de miel est terminée. Arrêtez d'affirmer
simplement... Que le ministre arrête, M. le Président, d'affirmer
qu'il va créer la vérité en affirmant. Il y a des doutes
qui restent dans plusieurs gestes du ministre à cause du fait,
justement...
M. Bédard: L'euphorie du pouvoir existait peut-être
pour vous.
M. Lalonde: ... que lorsqu'il y a un caractère politique,
un élément politique qui entre en jeu, de moins en moins je suis
sûr qu'à ce moment-là c'est le Procureur
général qui parle et qui protège l'intégrité
des institutions juridiques. Je veux démontrer, M. le Président,
que le ministre n'a pas fait un jugement objectif dans ce cas-ci, comme il ne
l'a pas fait dans le cas Fabien non plus. Il a porté un jugement qui a
été influencé par la politi- que; autant on exige du
président de l'Assemblée nationale de se divorcer quotidiennement
de ses options politiques pour administrer correctement une institution qui est
tout à fait fondamentale de notre démocratie, autant et
c'est peut-être la seule autre institution qui est aussi près, au
niveau de l'indépendance qu'on exige on exige de la part du
Procureur général. Là-dessus, je mets en garde le ministre
de la Justice parce que, depuis le commencement de ses fonctions, chaque fois
qu'il y a eu un caractère, un élément politique et surtout
un élément d'indépendantisme, à ce moment, le
ministre a tendance à s'enfarger. Je le mets en garde contre cela parce
qu'il va perdre sa crédibilité. Ce qui m'intéresse, c'est
que la justice au Québec soit rendue le mieux possible, que les
institutions politiques, les institutions juridiques, les institutions
judiciaires soient au-dessus de tout soupçon. Que les grands projets
d'indépendance ou autres du gouvernement faillissent ou non, cela est
secondaire. Aussi longtemps qu'il fait partie d'un gouvernement qui a dit qu'il
ferait un bon gouvernement, aussi longtemps qu'il a accepté la fonction
de ministre de la Justice, M. le Président, le ministre doit mettre,
au-delà et au-dessus de ses options politiques, la volonté de
démontrer que ses décisions sont inspirées par le but,
l'objectif de rendre la justice au-dessus de tout soupçon.
Dans ce cas-ci comme dans d'autres, on n'a pas eu toutes les
réponses. Un an et demi après, il faut que j'extraie,
littéralement, comme un dentiste, du ministre, des bribes d'information
et il y en a d'autres que je n'ai pas le temps, parce qu'il nous reste cinq
minutes ce soir, de demander. Il y a d'autres questions à poser
là-dessus. On va les poser et jamais je n'accepterai de me faire accuser
de mauvaise foi parce que je pose des questions semblables.
M. Bédard: Permettez-vous d'accuser n'importe qui de
mauvaise foi, mais ne permettez pas à d'autres de vous dire que vous
affirmez des choses qui ne sont pas.
M. Lalonde: Ce n'est pas moi qui accuse de mauvaise foi, mais
c'est mon devoir de faire en sorte que, non seulement le ministre de la Justice
fasse son devoir correctement, suivant les exigences de sa fonction, mais aussi
que ce soit fait ouvertement. Je n'accepterai pas de me faire accuser de
mauvaise foi parce que je pose des questions sur les actes du ministre de la
Justice.
M. Bédard: Arrêtez d'accuser les autres de mauvaise
foi.
M. Lalonde: Je n'ai accusé personne de mauvaise foi; c'est
le ministre qui m'accuse de mauvaise foi parce que je pose des questions. Et
j'en ai d'autres.
M. Bédard: Vos prétentions de tout à l'heure
sont que je suis intervenu dans la décision d'un coroner alors que ce
n'est pas le cas du tout.
M. Lalonde: C'est la seule fois où le ministre, dans 18
mois de fonction, intervient.
M. Bédard: Changez votre vocabulaire ou exprimez-vous
comme il faut.
M. Lalonde: II demande au coroner: "Si tu avais su telle chose,
est-ce que tu aurais fait autrement?" Jamais on ne fait cela, c'est absolument
odieux, c'est absolument inacceptable. Jamais un ministre n'a fait cela avant
lui. C'est absolument inacceptable. Je n'ai jamais vu un coroner écrire
une lettre et dire: "Si j'avais su cela, peut-être que j'aurais fait la
même chose." C'est mettre le coroner dans une position intenable, et cela
ne se fait pas. Cela ne se fait pas. C'est comme dans l'affaire Fabien. Cela ne
se fait pas de menacer un juge d'une enquête, pour le faire
démissionner.
M. Bédard: Ce qui ne se faisait pas avant... Parlez-vous
d'autres affaires?
M. Lalonde: Je mets le ministre de la Justice en garde.
M. Bédard: Je n'ai pas besoin d'être mis en garde
par le représentant de l'Opposition.
M. Lalonde: Faites attention.
M. Bédard: Je conçois qu'il le fait dans un esprit
positif, mais il peut être assuré qu'avant qu'il fasse les mises
en garde qu'il juge à propos de faire, depuis que j'ai pris la fonction
de ministre de la Justice, j'ai été très conscient des
responsabilités que cela représentait, très conscient du
fait qu'il y a une certaine distance que le ministre de la Justice doit prendre
à l'égard des autres ministres, y compris le premier ministre, en
fonction d'en arriver à une administration de la justice qui soit
au-dessus de tout soupçon. C'est avec cet esprit et dans ce sens que
j'ai toujours pris mes décisions et que je vais continuer de les
prendre.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, est-ce que le
programme 16 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Je prierais le
rapporteur de cette commission de faire rapport à la Chambre que la
commission permanente de la justice a terminé l'étude de ses
crédits budgétaires pour l'année 1978/79. Les travaux sont
ajournés sine die.
(Fin de la séance à 21 h 56)