Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Étude du projet de loi no 40
(Vingt heures quinze minutes)
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre,
messieurs.
La commission de la justice est réunie pour faire l'étude
article par article du projet de loi no 40, Loi modifiant la Loi des tribunaux
judiciaires et le Code de procédure civile et instituant le Conseil de
la magistrature.
Les membres de la commission sont M. Alfred (Papineau), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis) remplacé par M. Pagé
(Portneuf);
M. Bédard: Est-ce possible d'arrêter...
Le Président (M. Marcoux): Pardon? M. Bédard:
... le ventilateur?
M. Lalonde: Je ne sais pas dans quelle mesure c'est vivable sans
ventilateur. Je vous entends à peine. Cela ne fait rien. Est-ce qu'on
monte au salon rouge après?
M. Pagé: Le salon de l'avenir.
M. Lalonde: Quelqu'un m'a dit cela tout à l'heure.
M. Pagé: Le salon de l'avenir.
M. Bédard: On va attendre une dizaine d'années.
Le Président (M. Marcoux): Les autres membres de la
commission sont M. Charbonneau (Verchères), M. Clair (Drummond), M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Les intervenants sont M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Lavigne (Beauharnois), M.
Léger (Lafontaine), M. Marois (Laporte), M. Roy (Beauce-Sud), M. Tardif
(Crémazie).
Est-ce que le député de Sainte-Anne accepterait
d'être rapporteur des travaux de cette commission?
M. Clair: Je le suggère, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Y a-t-il accord? Le
député de Sainte-Anne sera le rapporteur des travaux de la
commission. M. le ministre, pour les remarques générales.
Remarques préliminaires
M. Bédard: M. le Président, nous sommes
disposés à procéder article par article. Je crois que nous
avons eu un débat assez élaboré lors de la deuxième
lecture. Peut-être qu'il y a lieu, tout au cours de l'étude
article par article de ce projet de loi, d'émettre les commentaires que
chacun jugera à propos de faire.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, en effet, c'est le
début de l'étude article par article. Je pense qu'il serait quand
même illusoire de traiter de ce début d'étude comme d'une
autre étude, parce qu'on ne peut pas oublier que le gouvernement a
demandé à la commission d'étudier article par article ce
projet de loi maintenant, en ce 21 juin, avec l'espoir qu'il soit adopté
complètement avant notre congé estival.
C'est dans cet esprit que nous abordons l'étude article par
article, parce que, de la façon que cela nous a été
présenté, si les chances de compléter cette étude
et de passer à la troisième lecture avaient été
minces ou inexistantes, je ne pense pas qu'on l'aurait abordé ce soir,
compte tenu de tous les autres travaux.
M. Bédard: Vous avez parfaitement raison.
M. Lalonde: Je pense que cela doit être dit, parce que cela
va sûrement se refléter sur l'allure de nos travaux ce soir. C'est
dans cet esprit que nous l'abordons. Cela n'aurait pas pu être possible
sans l'initiative du ministre qui nous a communiqué, et je pense aussi
à l'Union Nationale, et sûrement à ses
députés, tout un jeu d'amendements qui m'apparaissent, dans
certains cas, essentiels et qui répondent, dans plusieurs cas, à
des interrogations et même à des critiques que nous avions et que
d'autres avaient formulées à l'égard du projet de loi.
C'est donc compte tenu de ces amendements qui nous ont été
communiqués cet après-midi qu'en ce qui nous concerne,
l'Opposition officielle, nous croyons que, dans les quelques heures qui vont
suivre, nous pouvons faire une étude efficace article par article pour
améliorer le projet de loi sans présumer, naturellement, du
résultat de cette commission.
On peut peut-être s'accrocher je l'ai dit d'ailleurs au
ministre cet après-midi sur un problème
imprévisible que je ne prévois pas et que je ne peux donc pas
garantir d'avance, mais le dilemme que nous avions, c'est que nous sommes
contre le principe du projet de loi 40 tel quel. Actuellement, nous allons
voter à l'encontre.
Normalement, dans un tel projet de loi, l'étude article par
article souffre un certain nombre de débats, qui sont plus ou moins
longs et à l'aide desquels l'Opposition tente de l'améliorer.
Dans ce cas, on prévoit l'augmentation des salaires des juges, dans une
première partie, et d'autres dispositions concernant le Conseil de la
magistrature et la pension. Je pense que ce sont trois principes majeurs qu'on
retrouve dans ce projet de loi.
Je pense que c'est strictement une question d'être des citoyens et
des députés responsables. C'est sur ce principe que nous avons
décidé de
tout tenter, malgré notre opposition à certains principes,
pour faire adopter ce projet de loi le plus tôt possible, parce que nous
croyons qu'une démocratie a les juges qu'elle mérite. Si elle ne
les paie pas, si elle ne les traite pas, à tout point de vue, y compris
le salaire, de façon juste, c'est toute la démocratie qui va se
trouver à y perdre.
C'est au-delà de tous les débats démagogiques qu'on
a vus ici, à cette Assemblée nationale et en commission
parlementaire depuis quelques années. Nous n'avons pas l'intention,
nous, de l'Opposition officielle, de nous abaisser à nous servir des
juges pour tenter de nous gagner quelques points politiques. Nous croyons que
quiconque a un travail comme celui de juge d'autres fonctions sont aussi
honorables, mais on parle de juge ici a le droit d'être
traité avec justice et suivant le service qui est rendu. C'est la
principale considération qui nous fait nous retrouver ici, ce soir, avec
l'espoir que nous allons passer à travers tout le projet de loi assez
rapidement pour que nous réglions ce problème, même si la
solution proposée par le gouvernement ne nous plaît pas du tout.
Mais, au moins, c'est mieux que rien. Cela va permettre au gouvernement, tout
en ravalant un certain nombre de positions prises antérieurement, de
tenter de donner justice à nos juges.
C'est dans cet esprit que nous abordons l'étude article par
article de ce projet de loi.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. C'est
également dans le but de vouloir adopter le projet de loi, si possible,
ce soir que nous abordons les travaux de cette commission.
Nous avons eu déjà l'occasion... le ministre a
été assez aimable de nous faire parvenir une copie de tous les
amendements qu'il entend proposer ce soir. Je les ai lus avec attention. La
plupart des amendements qui nous sont proposés sont de nature à
faire avancer le débat rapidement, parce qu'ils répondent
à de nombreuses questions, tant de l'Opposition officielle que de
l'Union Nationale, du Barreau du Québec, de différents
intervenants et de la Conférence des juges. À cet égard,
il y a plusieurs points qui ont été résolus ou des
amendements qui apportent des solutions aux questions posées.
Cependant, il reste toujours un point, à notre avis, sur lequel
nous avions fait un débat assez important en deuxième lecture. Il
s'agit de l'ingérence de l'exécutif dans le judiciaire. Avec les
amendements que le ministre nous propose, nous sommes, bien entendu, d'accord
sur le fait que cela améliore la situation actuelle et cela
empêchera probablement des débats souvent démagogiques qui
se sont produits à l'Assemblée nationale. Cependant, nous avions
proposé une solution de rechange en deuxième lecture, et nous
sommes toujours d'avis que cette solution aurait été la
meilleure, mais le gouvernement n'a pas décidé de la suivre.
Alors, nous allons quand même maintenir notre position, mais nous n'avons
pas l'intention de bloquer l'adoption du projet de loi pour autant.
Cependant, nous avons l'intention, au cours du débat, de
manifester notre désapprobation vis-à-vis de la façon de
procéder. Quant au reste, les points importants autres que celui que je
viens de mentionner ont été abordés dans les amendements
à la satisfaction, je pense, de la grande majorité.
M. Bédard: M. le Président, je n'ai pas d'autre
commentaire que celui de vous dire que le projet de loi que le ministre de la
Justice présente et que nous allons étudier, article par article,
constitue, je crois, la meilleure preuve du profond respect que je
témoigne et que le gouvernement témoigne à l'endroit de la
magistrature. Je suis très heureux de constater que les oppositions sont
unanimes à reconnaître que plusieurs des amendements que nous leur
avons proposés, que nous avons portés à leur attention
sont de nature à améliorer grandement le projet de loi; dans
certains cas, il dissipe, à mon humble avis, certains malentendus ou de
mauvaises interprétations qui ont pu être faites de certains
articles.
Pour ce qui est du point particulier mentionné par le
député de Nicolet-Yamaska concernant le mode de fixation de la
rémunération des juges, nous serons à même de
l'étudier sans aller textuellement dans le sens proposé lors du
discours de deuxième lecture par les représentants de l'Union
Nationale. Il reste que la formule que nous proposons sera de nature à
apporter non seulement un éclaircissement, mais à mieux
établir que ne pouvait le faire le projet de loi, de toute façon,
les positions gouvernementales.
M. le Président, nous sommes prêts à procéder
à I'article 1.
Juridiction concurrente
Le Président (M. Marcoux): Alors, je vais appeler
I'article 1.
M. Bédard: M. le Président, cet article a pour
objet de donner une juridiction concurrente aux tribunaux des districts de
Bedford et de Saint-Hyacinthe sur les municipalités des cantons de
Sainte-Cécile-de-Milton et de Saint-Valérien-de-Milton. Il s'agit
d'une demande qui a été présentée au
ministère de la Justice par les représentants du Barreau local.
Nous n'avons aucune objection à cette demande qui nous apparaît
justifiée en tout point.
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai aucun commentaire.
Vous pouvez l'adopter.
Le Président (M. Marcoux): Adopté M. Fontaine:
Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Nombre de juges
Le Président (M. Marcoux): Article 2. M. Bédard:
L'article 2 reprend essentiellement
la substance de l'article 71 de la loi, sauf qu'il y transfère
une disposition qui se trouve actuellement à l'article 72 et qui
concerne le nombre de juges. Je pense qu'il est important de souligner que ce
nombre, qui ne peut actuellement dépasser 67, est porté à
68, compte tenu de la transformation du poste de juge en chef adjoint en celui
d'associé, tel que stipulé dans le projet de loi, et tenant
compte de la création d'un poste de juge en chef adjoint à
Montréal. À ce moment-là, automatiquement, il y avait
augmentation d'un juge.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 3.
M. Bédard: À l'article 3, M. le Président,
on peut constater que les neuf derniers alinéas de cet article sont
supprimés, non pas que les règles qu'ils établissent
soient abrogées, mais elles sont déplacées par le biais
des articles 4 et 6 du projet que nous allons avoir à étudier
tout à l'heure.
Le Président (M. Marcoux): Article 3, adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 4?
M. Bédard: À l'article 4, M. le Président,
nous avons trois amendements.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que tous les membres de
la commission ont la liste complète des amendements?
M. Fontaine: Oui.
M. Lalonde: Est-ce que je pourrais poser une question? Est-ce que
la liste qu'on a distribuée tantôt est la même que celle de
la communication qu'on a eue cet après-midi?
M. Bédard: II y a peut-être deux ou trois
corrections. On vous en informera à ce moment-là.
M. Lalonde: À mesure, s'il vous plaît.
M. Bédard: À l'article 4 du projet, il s'agit de
remplacer le troisième alinéa de l'article 72a proposé par
le suivant: "Le juge en chef, le juge en chef associé, le juge en chef
adjoint sont nommés pour une période de sept ans. Leur mandat ne
peut être renouvelé. '
L'autre amendement remplace l'article 72b proposé... (20 h
30)
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on peut
procéder, article par article, et on arrivera à 72a, si vous le
permettez?
M. Bédard: Cela va être plus facile.
Le Président (M. Marcoux): Article 72a. D'abord,
l'amendement.
M. Bédard: Concernant l'amendement proposé, M. le
Président, ce dernier a pour effet de déterminer un mandat pour
une période fixe de sept ans. J'avais d'ailleurs indiqué, lors du
discours de deuxième lecture, que nous étions très ouverts
sur des modifications concernant une disposition qui prévoyait un terme
de cinq ans renouvelable une fois. Nous avons été à
même de recueillir certains commentaires de part et d'autre. Il nous
semble, à moins que l'Opposition ait des remarques particulières
à faire, il nous semble que cet amendement répond beaucoup plus
aux opinions exprimées. Plusieurs représentations nous ont
été faites disant que le renouvellement d'un mandat pouvait
susciter des difficultés en ce sens que le juge qui exerçait une
fonction de juge en chef, de juge associé ou d'adjoint pouvait, afin
d'obtenir un renouvellement de mandat, se soumettre à des pressions de
la part du pouvoir exécutif.
Notre proposition est donc de présenter un terme fixe et
d'éviter le renouvellement. Nous suggérons un terme de sept ans
qui se trouve un moyen terme entre les cinq ans et les dix ans qui faisaient
l'objet de nos propositions. Un mandat de cette durée devrait permettre
au juge qui exerce une fonction administrative de fournir, durant cette
période, un apport maximal.
M. le Président, c'est l'essentiel des remarques que j'ai
à faire. Personnellement, j'ai trop de respect pour la fonction de juge
en chef, adjoint ou associé pour présumer que de telles
pressions, si malheureusement elles devaient s'exercer, pourraient avoir un
effet. Pour mieux clarifier, au niveau de la loi, l'absence de toute
possibilité de tentative de pression, je crois que cet amendement
répond plus valablement à certaines préoccupations
énoncées.
M. Lalonde: M. le Président, nous avons reproché au
gouvernement, dans ce projet de loi, de faire ingérence constamment dans
le judiciaire. Tout amendement qui sera de nature à dissiper les
soupçons ou à enlever les doutes que nous avions à cet
égard sera accueilli avec beaucoup de plaisir de notre part.
En ce qui concerne la période de temps, je pense que le principe
veut que ce ne soit plus à vie. Je suis d'accord avec ce principe. Il ne
reste plus beaucoup de fonctions qui sont permanentes à ce point, M. le
Président.
En ce qui concerne le délai, que ce soit cinq ans, dix ans ou
sept ans, il n'y a pas de vérité absolue. Je suis prêt
à me ranger à la proposition du ministre et à sa
suggestion selon laquelle le mandat ne soit pas renouvelé. Cela donnera
la chance à la judicature de créer sa propre relève.
Pour l'efficacité d'un organisme comme une cour de justice, ce
n'est sûrement pas à dédaigner.
Avant de terminer, il y a seulement une chose. Le ministre a
passé sur les deux premiers alinéas sans explication. Il me
semble que c'est rendre la Cour des sessions de la paix conforme à ce
qui existe à la Cour provinciale.
M. Bédard: À la Cour supérieure... M.
Lalonde: À la Cour supérieure.
M. Bédard: ... où il y a un juge en chef, un juge
en chef associé et un juge en chef adjoint.
M. Lalonde: À la Cour provinciale aussi? Le juge Cliche
est...
M. Bédard: Par le projet de loi, nous allons créer
la même situation pour chacune des cours,
M. Lalonde: Ah bon!
M. Bédard: C'est bien évident que nous ne voulons
pas toucher les droits acquis de ceux déjà nommés, ce qui
veut dire que ceux qui sont présentement juges en chef en titre le sont
à vie.
M. Lalonde: Ceux qui ont des fonctions à vie
demeurent...
M. Bédard: Ils le demeurent. Cela peut expliquer certains
retards dans certaines nominations, puisque nous voulions logiquement un projet
de loi qui donne des résultats pratiques immédiatement.
M. Fontaine: Nous, de notre formation politique, étions
également réticents à adopter la formule proposée
du renouvellement du mandat, parce que cela pouvait laisser...
M. Bédard: Bien des soupçons.
M. Fontaine: Oui. Je pense que l'amendement qui est
proposé est de nature à bonifier la loi et nous sommes d'accord
pour l'adopter immédiatement.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Lalonde: L'amendement est adopté, oui.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 72a est
adopté?
M. Lalonde: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Article 72b. M. le
ministre.
M. Bédard: L'amendement est aux fins de remplacer
l'article 72b qui était proposé par le suivant: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, sur la recommandation du juge en chef ou
du juge en chef associé, selon la division concernée, nommer pour
une période de cinq ans trois juges coordonnateurs dans chacune des
divisions de Montréal et de Québec. Le mandat d'un juge
coordonnateur ne peut être renouvelé."
Le Président (M. Marcoux): Cet amendement sera-t-il
adopté?
M. Bédard: Cet amendement, M. le Président, fait
suite à une suggestion qui nous a été faite par la
conférence des juges pour permettre au niveau des coordonnateurs une
nomination sur recommandation. La durée des mandats de coordonnateurs
est un peu moins que celle des juges en chef associé et adjoint
puisqu'elle est de cinq ans fixes, mais, compte tenu que c'est à ce
stade que peuvent se développer les qualités d'administration,
nous croyons que le renouvellement des juges à ces postes peut
être bénéfique.
M. Lalonde: M. le Président, nous avions, quant à
nous, reproché au gouvernement à l'article 72b, avant
l'amendement, tel qu'il existait, de permettre au lieutenant-gouverneur de
nommer ces juges coordonnateurs. Nous croyons que, si I'on confie au juge en
chef la responsabilité d'assurer le bon fonctionnement cela
comprend tout ce qui peut consister en coordination des travaux et des
effectifs, des ressources on doit lui permettre de l'exercer et non pas
permettre de s'ingérer dans l'administration et de nommer ceux qu'il
veut bien nommer.
J'aurais préféré que l'article permette au juge en
chef de les nommer. On a fait valoir certaines difficultés au niveau des
traditions administratives, mais j'accepte l'amendement qui éloigne de
beaucoup l'ingérence de l'exécutif en assujettissant la
nomination de ces juges coordonnateurs à la recommandation du juge en
chef, de sorte que la nomination par le lieutenant-gouverneur en conseil
devient plutôt une formalité de nomination puisque le
lieutenant-gouverneur en conseil ne pourra nommer que ceux qui seront
recommandés par le juge en chef ou que des gens parmi ceux qui seront
recommandés par le juge en chef, s'il en recommande un nombre plus grand
que celui des postes vacants. Je suis prêt à voter pour, M. le
Président.
M. Bédard: Je pense que l'Opposition sait que, dès
la deuxième lecture, j'avais indiqué qu'il y aurait un changement
de ce côté-là.
M. Fontaine: C'est une bonne amélioration.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Troisième
amendement.
M. Bédard: Troisième amendement aux fins de
remplacer le deuxième alinéa de l'article 72c
proposé par le suivant: "Un projet de règlement doit
être publié dans la Gazette officielle du Québec au moins
trente jours avant son adoption et, s'il est adopté, le règlement
entre en fonction à la date de sa publication dans la Gazette officielle
du Québec ou à une date ultérieure qui y est
fixée".
Cet amendement tient compte d'une suggestion du Barreau du
Québec, c'est-à-dire que le règlement puisse faire l'objet
d'une publication préalable au moins trente jours avant.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement sera-t-il
adopté?
M. Lalonde: M. le Président, sur cet amendement, lors de
nos conversations aujourd'hui, il était convenu que le ministre, parce
que nous abordons l'article le plus controversé...
M. Bédard: Cela ne concerne pas le règlement fixant
la rémunération.
M. Lalonde: Non, laissez-moi terminer. M. Bédard:
Excusez.
M. Lalonde: C'est l'article 72c qui autorise le
lieutenant-gouverneur en conseil, par règlement, à établir
une procédure... Non, excusez-moi, on n'est pas à l'article
5?
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Cela va. Là-dessus...
Le Président (M. Marcoux): L'amendement...
M. Lalonde: Sur cet amendement, je suis d'accord. On pourra
parler sur la motion principale plus tard, c'est-à-dire après
l'amendement.
Le Président (M. Marcoux): D'accord. L'amendement est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Critères de sélection des juges
Le Président (M. Marcoux): Adopté. L'article 72c
est-il adopté?
M. Lalonde: Je ne sais pas si le ministre veut expliquer
l'article 72c. J'aurais certaines réserves à formuler.
M. Bédard: Vous me permettez?
M. Lalonde: Ah bon!
M. Bédard: Concernant l'article 72c on sait
déjà que les juges de la Cour provinciale, de la Cour des
sessions de la paix et du Tribunal de la jeunesse sont nommés durant
bonne conduite par le gouvernement. Le pouvoir de nomination du gouvernement
est un pouvoir discrétionnaire. Il n'est limité par aucune
disposition législative, si ce n'est que les juges doivent être
choisis parmi les avocats, ayant au moins dix années de pratique ou
l'équivalent. C'est donc dire que le gouvernement peut procéder
à la nomination d'un juge sans être tenu à des
procédures ou formalités préalables. Il peut, toutefois,
faire des consultations auprès d'organisme ou de personnes qu'il
choisit. Il peut aussi, comme il a été fait récemment,
procéder par voie de concours de recrutement. Le mécanisme de
sélection des juges mis sur pied en janvier 1977 au ministère de
la Justice a donné jusqu'ici, je crois qu'on peut le dire, de
très bons résultats. Ainsi, lorsque des postes sont vacants, un
avis de nomination prochaine de nouveaux juges est publié, indiquant les
postes à pourvoir. Tout avocat admissible peut se porter candidat
à un poste, et un comité de sélection
généralement formé d'un juge, d'un représentant du
Barreau et d'un représentant du public examine la candidature, ensuite
fait rapport au ministre de la Justice.
Le choix s'effectue parmi cela a été un engagement
de la part du ministre de la Justice et du gouvernement les candidatures
ayant fait l'objet d'un rapport favorable d'un comité. Tous, je pense,
seront d'accord avec moi pour considérer comme souhaitable, en principe,
l'introduction d'un mécanisme de sélection. Il aurait
été possible de légiférer d'une manière
assez complète sur un tel mécanisme, mais comme le
mécanisme que nous avons mis sur pied est en pleine évolution et
que nous voulons conserver une certaine souplesse, nous avons
préféré proposer de permettre l'adoption par
règlement d'une procédure de sélection. Le pouvoir
réglementaire est suffisamment détaillé pour indiquer
notre volonté, et en même temps, il laisse assez de souplesse pour
permettre l'évolution du mode de nomination, du mode de sélection
des juges que nous avons mis de l'avant.
C'est l'essentiel, pour le moment, de ce que j'avais à dire sur
le sujet.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, lorsqu'on dit l'article 72c,
on se demande pourquoi on l'a mis dans la loi. Ce sont des choses que le
gouvernement peut parfaitement faire sans autorisation additionnelle de la loi.
C'est pour cette raison que j'ai été surpris de voir l'article
72c, sous-paragraphe e), qui permet au gouvernement de déterminer les
critères de sélection. Si on prend la peine d'en
référer au législateur, on doit quand même lui
demander de faire quelque chose. Puisqu'on a suggéré de
légiférer en cette matière, j'aurais espéré
que le ministre donne au moins au législateur une certaine
responsabilité, celle de déterminer des critères de
sélection. Le reste appartient plutôt au mécanisme. Qu'on
forme des comités, on a fait un grand article pour ne pas dire
grand-chose, au fond, parce que former des comités, la composition et
les indemnités, les renseignements, tout cela, c'est de la tuyauterie.
Ce qui est important, ce sont les critères. (20 h 45)
Si le gouvernement veut s'en référer au législateur
actuellement, alors qu'il a parfaitement le droit de déterminer les
critères qu'il veut, suivant les lois actuelles, je me demande dans
quelle mesure on fait oeuvre utile actuellement à
légiférer, à moins qu'on nous dise: Voici! Le
comité va pouvoir agir, mais suivant les critères de
sélection suivants: par exemple, naturellement,
l'intégrité, la compétence, et on peut en mettre d'autres.
Je ne peux pas voter contre, parce qu'il n'y a rien contre quoi voter, mais
j'aimerais, quant à voter pour, avoir un petit peu plus de choses.
M. Bédard: Disons que ça s'inspire quand même
du livre blanc sur la justice contemporaine, qui suggérait la
création d'un Conseil de la magistrature composé de trois juges,
de deux avocats et d'une personne hors du monde juridique
désignés par le gouvernement. Ce conseil aurait eu comme
responsabilité de donner son avis au ministre de la Justice sur les
candidats à une charge de juge. L'avis aurait été
nécessaire et un avis défavorable aurait lié le
gouvernement. Là-dessus, nous nous sommes engagés, comme vous le
savez, et nous n'avons pas dérogé à cet engagement de
choisir à l'intérieur parmi ceux qui font l'objet de
recommandations de la part d'un comité de sélection.
Je pense que la proposition du livre blanc s'inspirait quand même
du fait que ces mécanismes sont introduits dans plusieurs États
américains alors que la pratique actuelle constitue un mécanisme
original, intéressant, qui permet de répondre aux mêmes
objectifs avec plus de souplesse. Il serait vraisemblablement en tout
cas, à notre humble opinion prématuré de mettre ce
mécanisme de côté et de modifier la loi pour adopter la
solution proposée par le livre blanc. Ce que nous voulons
essentiellement, ce sont des normes générales pour que les
comités fonctionnent le plus uniformément possible, de
manière à pouvoir en arriver à la fixation de
critères qui seront plus précis, à mesure que
l'expérience sera plus avancée.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, vous me permettrez de
différer d'opinion là-dessus avec le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Je pense que c'est important que ces critères soient
insérés dans une loi pour permettre au gouvernement de ne pas les
changer selon son bon plaisir, parce qu'on sait qu'actuellement, ces
règles sont déjà en application, mais le gouvernement
pourrait les changer... Ce n'est même pas un arrêté en
conseil, je pense. Ce n'est qu'une déclaration ministérielle que
le ministre a faite.
M. Bédard: C'est exact.
M. Fontaine: Alors, cela pourrait être changé
n'importe quand et personne n'aurait un mot à dire. Tandis que si on
l'inscrit dans la loi, il y aura nécessairement un règlement qui
en découlera et, à ce moment-là, on pourra au moins
prendre connaissance du règlement qui sera publié dans la Gazette
officielle et, s'il y a des changements dans la loi. on devra revenir devant
l'Assemblée nationale.
Pour ma part, cet article-là me satisfait.
M. Lalonde: Article 96, M. le Président. Le
député de Nicolet-Yamaska a dit tantôt qu'il
différait d'opinion avec moi et qu'il préférait que les
critères soient dans la loi. Je pense que c'est justement ce que j'ai
demandé. Peut-être que le député de Nicolet-Yamaska
voulait dire qu'il préférait que tout cet article soit dans la
loi. Mais, quant à légiférer là-dessus, au moins
qu'on permette au législateur de déterminer les critères,
le gouvernement va être lié ensuite par la loi et, pour le reste,
pour la tuyauterie, il pourra la changer quand il veut, selon
l'efficacité.
M. Bédard: En tout cas, sans en faire une discussion plus
avancée, nous avions fait cette déclaration ministérielle
qui avait pour but de rendre le plus possible crédible toute nomination
à un poste de juge. Je vous dis très honnêtement que le
mécanisme étant en opération présentement, je ne me
sentirais pas suffisamment à point pour y aller de la fixation de
critères.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Bédard: Ce qui est important, comme le disait quand
même... Je pense que ça rejoint aussi l'idée du
député de Marguerite-Bourgeoys, c'est qu'on prévoit qu'il
y aura un mécanisme et de telle façon que c'est dans la loi, et
il y aura des règlements qui seront publiés et quand un
gouvernement voudra, dans l'avenir, en arriver à ce qu'il n'y ait plus
de mécanisme et qu'on procède comme avant, il sera obligé
d'expliquer pourquoi il en vient à cette décision.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Lalonde: J'aurais une question si vous permettez?
M. Fontaine: Oui.
M. Lalonde: Étant donné que les critères de
sélection, d'après le sous-paragraphe e), devront être
déterminés par le règlement et que le règlement
doit être quand même préparé par le gouvernement,
vous devez avoir une idée des critères?
M. Bédard: Oui, j'ai une bonne idée. D'abord, j'ai
la conviction que le mécanisme que nous avons mis sur pied est
très valable; il a peut-être comme résultat certaines
lenteurs, étant donné l'obligation que les personnes
nommées aux différents jurys soient dans l'obligation de
rencontrer les candidats et de faire rapport. Tel que je vous l'ai dit, je ne
suis pas assez fixé, présentement, pour me permettre, dans une
loi, de défendre une série de critères que je ne crois pas
suffisamment éprouvés par la pratique qui est déjà
adoptée.
M. Lalonde: Quels critères ont été
appliqués depuis que vous avez adopté cette façon de voir
les choses, cette façon de faire? La compétence,
l'intégrité...
M. Bédard: La compétence,
l'intégrité... M. Lalonde: L'expérience...
M. Bédard: ... l'expérience, le côté
humain du candidat je pense que c'est important sa manière
de voir la société, de voir son rôle comme juge.
M. Lalonde: Comme juge.
M. Bédard: Oui... pas la société politique
du Québec.
M. Lalonde: Ah bon! Excusez ma méfiance, mais je suis un
peu échaudé.
M. Bédard: Assurément, vous avez de la
misère à vous corriger de cette méfiance.
M. Lalonde: C'est à vous de m'en corriger.
M. Bédard: Je vous donne, je pense, suffisamment
d'éléments qui soient de nature à faire disparaître
cette méfiance.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 72c,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 72d?
M. Bédard: Cet article reprend en substance la
règle prévue par l'article 72a de la loi actuelle.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
M. Lalonde: M. le Président, pourquoi est-ce le
lieutenant-gouverneur en conseil qui doit déterminer un juge des
sessions à la retraite à exercer des fonctions judiciaires?
Pourquoi ne serait-ce pas le juge en chef?
M. Bédard: C'est toute la question des
surnuméraires. Concernant l'administration de la justice, cela doit
revenir au ministre de la Justice, en consultant toujours le juge en chef,
puisque le juge en chef a l'occasion, à ce moment-là, de faire
les représentations nécessaires. Je pense qu'il est normal que le
ministre de la Justice, le ministère de la Justice puisse exprimer sa
manière de voir les choses.
M. Lalonde: La seule raison que je verrais, c'est qu'on se trouve
à donner à ce juge le traitement d'un juge des sessions. Cela
affecte les trésors publics. J'espère que c'est la seule raison
parce que si on veut conserver un peu...
M. Bédard: II est à la pension, à ce
moment-là. On lui donne la différence entre sa pension et le
salaire...
M. Lalonde: C'est la seule bonne raison que je vois. Autrement,
c'est une question d'administration, d'effectifs, de ressources humaines qui
sont confiées par la loi au juge en chef.
M. Bédard: Non, non. Sans s'ingérer, je pense qu'il
n'est pas mauvais, il ne faut pas pousser le principe à l'extrême
au point que le ministre de la Justice n'ait plus droit de regard. Le ministre
de la Justice a quand même à répondre, devant
l'Assemblée nationale, de ses gestes concernant l'administration de la
justice. En conséquence, je crois que c'est indiqué de garder la
formule qui existait auparavant.
Le Président (M. Marcoux): L'article 72d est-il
adopté?
M. Fontaine: Le Barreau, qui faisait des représentations,
faisait une relation entre l'article 72d et l'article 241...
M. Bédard: Je vous le dis sincèrement, je ne suis
pas d'accord avec le Barreau là-dessus. Je suis d'accord sur bien
d'autres points, mais pas sur celui-là.
Le Président (M. Marcoux): L'article 72d est-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 4, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Traitement des juges
Le Président (M. Marcoux): L'article 5.
M. Bédard: Nous allons distribuer, M. le Président,
le projet de règlement que le Conseil des ministres devra adopter
dès que la sanction de cette loi aura été faite et qui
répondra à un voeu des oppositions et à un désir
aussi du gouvernement que, cette loi adoptée, déjà nous
sachions très clairement, non seulement les membres de
l'Assemblée nationale, mais également les juges concernés,
quelles seront exactement les dispositions qui seront adoptées par le
Conseil des ministres concernant leur rémunération dans
l'avenir.
J'ai déjà eu l'occasion de porter à la connaissance
des représentants de l'Opposition l'essentiel du contenu ou de la
politique adoptée. Il ne restait qu'à fixer la hausse de
traitement que nous envisagions. Je ne sais pas si vous voulez que je cite
textuellement, pour le journal des Débats, ce projet de règlement
que vous vous engagez à adopter.
M. Lalonde: C'est à la guise du ministre. S'il n'a pas
honte de son règlement, il doit le citer avec plaisir.
M. Bédard: Loin d'en avoir honte... Vous avez toujours
l'art de susciter des débats. Concernant le traitement des juges de la
Cour des sessions de la paix, du Tribunal de la jeunesse, de la Cour
provinciale et des rémunérations additionnelles des juges en
chef, juges en chef associés et juges en chef adjoints de ces cours;
Attendu que les articles 74, 105 et 125 de la Loi des tribunaux
judiciaires autorisent le lieutenant-gouverneur en conseil à fixer le
traitement des juges de la Cour des sessions de la paix, du Tribunal de la
jeunesse, de la Cour provinciale et des rémunérations des juges
en chef, des juges en chef associés et des juges en chef adjoints de ces
cours;
Attendu qu'il y a lieu de fixer le traitement et les
rémunérations additionnelles de ces juges.
Il est proposé par le ministre de la Justice:
Que le règlement concernant le traitement des juges de la Cour
des sessions de la paix, du Tribunal de la jeunesse, de la Cour provinciale et
la rémunération additionnelle des juges en chef, juges en chef
associés et juges en chef adjoints de ces cours qui suit soit
adopté.
Le traitement d'un juge des sessions est: 1.Le traitement d'un juge des
sessions est, le 31 décembre 1977, augmenté de $2400.
À compter de 1978 et pour les années subséquentes,
le traitement d'un juge des sessions est, le premier janvier de chaque
année, modifié en y ajoutant le produit de la multiplication du
traitement au 31 décembre de l'année précédente par
le pourcentage de l'accroissement moyen de la masse salariale des cadres
supérieurs nommés en vertu de la Loi de la fonction publique, loi
votée en 1965, première session, chapitre 14,
dégagé annuellement par le Conseil du trésor.
Lorsque le produit du calcul n'est pas un multiple de dix, le niveau du
traitement est porté au plus proche multiple de dix. 2.À compter
du 1er janvier 1978, il est ajouté au traitement prévu par
l'article 74 une rémunération additionnelle égale. a) pour
le juge en chef et le juge en chef associé, à 11% du traitement:
b) pour le juge en chef adjoint, à 8% du traitement; c) pour un juge
coordonnateur, à 5% du traitement. 3. À compter de l'année
1979, si, au cours d'une année, il est versé une somme
forfaitaire aux cadres supérieurs de la fonction publique; un juge des
sessions reçoit, à titre forfaitaire, une somme
équivalente ou déterminée selon le pourcentage moyen
utilisé à l'égard de ses fonctionnaires. 4. Le
présent règlement entre en vigueur le 31 décembre
1977.
Il y aurait une correction à faire à l'article 2 où
je lisais: "À compter du 1er janvier 1978, il est ajouté au
traitement prévu par l'article 1", j'avais dit l'article 74. (21
heures)
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président... M. Bédard:
Encore.
M. Lalonde: ... j'aimerais poser quelques questions au ministre.
Quelle a été la date de la dernière augmentation des juges
de nomination provinciale?
M. Bédard: En 1976, applicable au 1er janvier 1976.
M. Lalonde: Au 1er janvier 1976. M. Bédard: C'est
ça.
M. Lalonde: C'est-à-dire qu'ils n'ont pas eu
d'augmentation en 1977.
M. Bédard: C'est ça.
M. Lalonde: Cela a été établi à $42
000...
M. Bédard: $42 240.
M. Lalonde: En 1976, pour l'année 1976.
M. Bédard: Cela représentait, à ce
moment-là, 28% d'augmentation.
M. Lalonde: 28% sur le montant précédent... M.
Bédard: C'est ça.
M. Lalonde: ... mais qui était de combien d'années
en retard?
M. Bédard: Qui avait été voté en
1973. je crois.
M. Lalonde: Alors, il y avait trois ans de rattrapage.
M. Bédard: Deux ans.
M. Lalonde: Deux ans de rattrapage.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre peut nous dire quel a
été le taux d'augmentation ou de rattrapage, comme vous voulez,
des fonctionnaires en général, des cadres supérieurs,
depuis 1976?
M. Bédard: En 1977, 8.92%, donné en deux parties.
En 1978, ça reste à déterminer, ce n'est pas encore
déterminé. Mais avec un maximum de $2400, en conformité
à la loi des mesures anti-in-
flationnistes, ce qui explique l'augmentation que nous prévoyons
au 31 décembre 1977, de l'ordre de $2400.
M. Lalonde: Mais ce n'est pas une augmentation pour 1977?
M. Bédard: Non, nous aurions pu dire, peut-être que
cela aurait été plus facilement compréhensible, que nous
augmentions, au 1er janvier 1978, le salaire des juges, de $2400, plus
indexation, sans montant forfaitaire. Maintenant, on nous a dit que du point de
vue technique, c'était mieux de situer cette augmentation au 31
décembre 1977 et de prévoir, tel que nous le faisons dans le
règlement, l'indexation à partir du 1er janvier 1978.
M. Lalonde: Si je comprends bien, en 1976, un juge gagnait $42
240, en 1977, il gagnait $42 240 et en 1978...
M. Bédard: Ça va.
M. Lalonde: ... en 1978, il va gagner $44 640, plus ce que le
gouvernement va décider de donner d'augmentation, en moyenne, à
ses cadres supérieurs.
M. Bédard: Plus l'indexation qui va être
prévue pour les cadres supérieurs. Ce n'est pas
déterminé présentement, alors, je peux difficilement
m'avancer.
M. Lalonde: C'est à peu près en juin que le
gouvernement détermine ça, généralement, bon an,
mal an? L'an dernier, c'était combien?
M. Bédard: II y a des consultations à faire avec
l'Association des cadres et celles-ci n'étant pas à terme, je ne
peux préciser quand sera fixé ce taux.
M. Lalonde: La moyenne, l'an dernier, était de
combien?
M. Bédard: On me dit que, l'an passé, cela aurait
été 7,92%.
M. Lalonde: En projetant, en faisant un peu de prophétie
ou de projection, si c'était 8% cette année, cela voudrait dire
qu'un juge gagnerait...
M. Bédard: Je comprends qu'on pourrait faire des
projections à partir de l'an passé, mais disons que les membres
de la commission comprendront que, personnellement, comme ministre, je ne ferai
pas de projection, pour la bonne et simple raison que je ne sais pas quel sera
le taux qui sera fixé cette année.
M. Lalonde: D'ailleurs, je ne pose pas la question au ministre.
Je lui suggère que, sur la base de la moyenne de l'an dernier, le
ministre vient de donner une augmentation qui porte le salaire de $42 240
à $50 000 à peu près, pour les juges, pour 1978.
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: 8% sur $46 440, c'est $3715.20; ajouté
à $46 700, cela fait $50 100 environ.
M. Bédard: C'est moins que cela.
M. Lalonde: C'est $44 640 et non pas $46 440, je me suis
trompé.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre a mentionné
l'augmentation des cadres l'an dernier?
M. Bédard: Je crois que c'est très
présomptueux de penser que cela va être 8% pour l'année
1978.
M. Lalonde: Cela ferait à peu près $48 000.
M. Bédard: Je vous laisse faire des projections, mais je
dois vous dire que je crois que ce serait présomptueux de ma part d'en
faire. Si je vous dis que c'est plus, j'ai l'air à annoncer certains
taux qui sont à déterminer par le gouvernement. Si je vous dis
que c'est moins... Vous le savez très bien, d'ailleurs.
M. Lalonde: Je sais très bien que le ministre ne sait pas
le taux ou, s'il le sait, il ne veut pas le dire.
M. Bédard: Mais cela dépend du taux, pour pouvoir
déterminer le salaire.
M. Lalonde: Mais ce que je vous ai demandé, c'est sur la
base de l'an dernier, qui était 7,92% ou 8,92%.
M. Bédard: 7,92%.
M. Lalonde: 7,92%. Cela ferait à peu près $48 000,
sur la projection de l'an dernier.
M. Bédard: Sur la projection de l'an dernier, je ne peux
pas vous dire que vous auriez tort, mais je suis obligé de vous dire que
c'est très présomptueux de faire cette projection en fonction des
indices que je peux avoir concernant les normes qui seront fixées cette
année.
M. Lalonde: Je présume que, si c'est le ministre qui a
l'intention de proposer cette augmentation au Conseil des ministres, de
même que cette formule, il est donc d'avis que $48 000, c'est un salaire
honorable pour un juge et que le Parti québécois est bien
fondé de proposer une augmentation de $42 000 à $48 000, pour
1978.
M. Bédard: II y a également l'indexation qui est
prévue, comme pour la plupart des citoyens, en fonction de
l'année 1979 qui s'en vient.
M. Lalonde: Pardon?
M. Bédard: Je dis qu'il y a l'indexation prévue en
fonction de l'année 1979 qui s'en vient.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre suggère que le salaire
des juges soit indexé?
M. Bédard: Dans la formule actuelle, à compter du
1er janvier 1978, il va y avoir une augmentation, celle des cadres.
M. Lalonde: Oui, celle des cadres. Est-ce que cette augmentation
est faite en fonction de l'indexation mécanique ou est-ce simplement une
décision du gouvernement de mettre à la disposition de ces cadres
une enveloppe qui est ensuite distribuée suivant le mérite?
M. Bédard: C'est un pourcentage de masse salariale que
fixe le gouvernement.
M. Lalonde: Ce n'est pas l'indexation comme pour les
fonctionnaires, l'indexation inscrite dans les échelles comme pour les
fonctionnaires.
M. Bédard: Non.
Le Président (M. Marcoux): Y a-t-il d'autres commentaires
sur l'article 5? M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. La Conférence
des juges, M. le Président, a demandé et demande depuis longtemps
de pouvoir rémunérer les juges de la Cour provinciale à
peu près sur la même base que les juges de la Cour
supérieure. Nous avons pris connaissance d'études qui ont
été faites par des experts qui nous démontrent qu'en 1970,
les juges du Québec et les juges de la Cour supérieure
étaient sur le même pied, soit $28 000; en 1971, encore $28 000
pour les juges de la Cour provinciale et, en octobre 1971, les juges de la Cour
supérieure ont obtenu $38 000; au mois de juillet 1972, la Cour
provinciale, $31 000 et la Cour supérieure, toujours $38 000; en 1973,
la Cour provinciale, $33 000 et la Cour supérieure, $38 000; en 1974,
toujours $33 000 à la Cour provinciale et, au mois d'avril 1974,
à la Cour supérieure, on était rendu à $45 000; en
1975, les juges du provincial avaient $35 620 et, au fédéral, en
avril, ils ont eu $53 000; en 1976, $42 260 pour les juges du provincial et, au
fédéral, on a eu $53 000 portés à $55 000 en avril.
Actuellement, en 1978, les juges du Québec ont $42 260 tandis que les
juges de la Cour supérieure gagnent $57 000.
Les études ont également démontré que le
revenu réel des juges en décembre 1977 était
inférieur de 10,6% aux revenus de décembre 1969. Au lieu
d'augmenter, la rémunération réelle des juges a
diminué. En effet, les $28 000 de décembre 1969
représentaient, par rapport au niveau de prix de décembre 1977,
un montant de $47 264. Or, le salaire des juges est actuellement fixé
à $42 260.
La situation relative des juges par rapport aux autres groupes de
l'économie s'est détériorée de près de 35%
entre décembre 1969 et décembre 1977. Depuis 1976, la
rémunération des juges de nomination provinciale est
demeurée constante, alors que celle reçue par les juges de la
Cour supérieure s'est accrue. En décembre 1977, la
différence en rémunération s'établissait à
$12 740. comme je l'ai mentionné tantôt. En effet, depuis avril
1978, les juges de la Cour supérieure gagnent maintenant $57 000.
M. le Président, face à cette situation, je me demande
quel peut être l'avis du gouvernement. Il me semble que les juges
nommés par le provincial font à peu près le même
travail, les mêmes heures de travail. On devrait chercher à
obtenir de plus en plus la parité, comme cela a été
donné en 1969. d'ailleurs, par M. Rémi Paul, chose qui avait
été promise depuis longtemps, sous un gouvernement de l'Union
Nationale.
Avec la formule qu'on nous propose, on n'arrive pas à cette
parité de salaires. J'imagine qu'on ne peut pas la donner tout d'un
coup, immédiatement, en disant: On met cela égal. Mais avec la
formule d'indexation automatique que nous avions proposée lorsque nous
avons demandé d'inclure dans la loi une formule semblable à la
formule qui est appliquée dans la loi pour les députés, je
pense qu'on aurait pu d'ici quelques années... La formule actuelle, oui.
(21 h 15)
M. Clair: Celle qui est suspendue actuellement?
M. Fontaine: Oui, celle qui est suspendue. qu'on retrouve
à l'article 92 de la Loi de la Législature. Cela aurait permis
d'en arriver à une parité de salaires d'ici quelques
années. Je ne vous demande pas de fixer une parité
immédiatement, mais je pense que l'indexation aurait permis d'en arriver
à cette situation. Je demande si le ministre ne pourrait pas envisager
cette façon de procéder.
M. Bédard: On pourrait avoir une très longue
discussion là-dessus. Il n'y a peut-être pas l'indexation
automatique au coût de la vie mais il y a quand même une
augmentation automatique qui est prévue, qui sera conforme à
celle qui sera accordée aux cadres supérieurs. Je pense qu'on en
est sur des formules, mais je crois que ce qui aurait dû être fait
bien longtemps avant, à savoir trouver une sorte d'automatisme au niveau
de l'augmentation du salaire des juges, si cela avait été fait,
peut-être n'aurions-nous pas à discuter de ce sujet aujourd'hui.
Le principe que nous mettons de l'avant est de nature à corriger des
situations, de la même façon qu'il faut nous rendre compte que
l'écart entre les juges fédéraux et les juges provinciaux
a tellement pris d'ampleur... d'ailleurs, ce n'est pas ce que demande le
représentant de l'Union Nationale présentement, parce que je
pense qu'il est à même de constater l'effet d'entraînement
que cela pourrait constituer.
Le Président (M. Marcoux): M. le
député...
M. Fontaine: Une formule d'indexation automatique, comme il est
prévu dans la Loi de la
Législature, aurait permis d'une part de faire ce rattrapage
possiblement, et d'autre part, de respecter l'autre principe, le principe pour
lequel nous nous sommes battus en deuxième lecture, soit qu'il n'y ait
pas d'ingérence de l'exécutif dans le judiciaire. Je pense que
cette formule aurait eu un avantage certain si le ministre avait voulu y
apporter une attention et employer à peu près la même
formule que pour les députés. Je pense que cela aurait pu
être bénéfique pour tout le monde.
M. Bédard: Sans vouloir élaborer plus qu'il ne le
faut, je vais vous exprimer ma conviction profonde que la
rémunération des juges faite par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil plutôt que par l'Assemblée
nationale, ne constitue pas, en aucune façon, à moins de croire
qu'avec de l'argent, on peut faire n'importe quoi il y a un bout
à voir de l'ingérence partout une ingérence dans le
domaine judiciaire. Vous trouvez cette méthode de fonctionner dans neuf
provinces sur dix, lesquelles, je pense, ont la même préoccupation
que le gouvernement du Québec peut avoir, soit la séparation du
pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire, de la nécessité
de l'indépendance de ces deux pouvoirs. Je puis vous dire que nous avons
été à même d'avoir des remarques de la part du
Barreau qui n'y voit en aucune façon un ingérence, au contraire,
il considère que c'est une très bonne décision, puisque
cela contribuera à dépolitiser la question de la
rémunération des juges. Je pourrais même ajouter que la
Conférence des juges elle-même a exprimé son accord avec
cette mesure que nous mettons de l'avant dans le projet de loi pour faire fixer
la rémunération des juges par le lieutenant-gouverneur en conseil
plutôt que par l'Assemblée nationale. Je pourrais vous donner
encore d'autres exemples qui vont dans le même sens. Il me semble que les
principaux intéressés, la Conférence des juges ayant
exprimé son opinion là-dessus, dans le sens de ce que nous
proposons dans le projet de loi constitue quand même une opinion qui est
plus que respectable. Je conviens que ceci ne nous empêche pas, comme
parlementaires, de voir les choses à notre manière, mais
personnellement je dois vous dire que je partage entièrement l'opinion
du Barreau sur ce sujet et l'opinion exprimée par la Conférence
des juges.
M. Fontaine: M. le Président, je ne nie pas que le Barreau
et la Conférence des juges aient exprimé une opinion favorable
à cette façon de procéder. Mais je suis sûr
également que, par exemple, la Conférence des juges ne serait pas
défavorable, loin de là, à la formule que nous
préconisons, c'est-à-dire d'indexer automatiquement le salaire
des juges dans une loi pour classer définitivement cette
affaire-là.
M. Bédard: Cela, j'en conviens avec le
député de Nicolet-Yamaska. Maintenant, nous en sommes sur les
technicités au niveau du fonctionnement.
M. Fontaine: Moi je pense, M. le Président, que, par cet
article tel que proposé, qui demeure inchangé, le Conseil des
ministres pourrait d'office, à n'importe quel moment, modifier le
règlement. Il n'existe donc aucune certitude que ce règlement
demeurera intact, il peut être changé au bon plaisir de...
M. Bédard: Pas au bon plaisir, comme vous le dites, parce
qu'il y a un article dans le projet de loi qui empêche justement le
gouvernement de diminuer...
M. Fontaine: Ah! de diminuer.
M. Bédard: ... le salaire des juges. Concernant
l'augmentation du salaire des juges, il y aura une réglementation...
M. Fontaine: Cela n'empêche pas de le geler, par
exemple.
M. Bédard: ... elle sera publique. Il y aura un
règlement, c'est-à-dire, il sera public et il permettra à
chacun des membres de l'Assemblée nationale de pouvoir interroger le
gouvernement, que ce soit le nôtre ou que ce soit d'autres gouvernements,
si cela arrive, qui pourront nous succéder, et d'interroger le
gouvernement concernant ces hausses qui sont accordées par
règlement.
M. Fontaine: Oui, mais il y aurait également la
possibilité de geler le salaire, par règlement tout
simplement.
M. Bédard: Vous avez déjà, je pense, d'une
façon très explicite, le contenu de ce...
M. Fontaine: Est-ce que vous maintenez que ce ne serait pas une
ingérence dans le judiciaire?
M. Bédard: Bien oui, je le maintiens, sûrement que
je le maintiens! Parce que moi, je ne mêle pas les questions d'argent
avec l'indépendance judiciaire. C'est bien malheureux, mais on ne me
convaincra jamais de ça, tout en respectant l'opinion de ceux qui sont
devant moi.
Je pense que le traitement, le salaire des juges, comme le traitement de
n'importe quelle classe de la société, ça doit
s'évaluer en fonction des responsabilités, en fonction aussi de
la capacité de payer et en fonction de ce qui nous semble le plus
raisonnable possible, tenant compte des circonstances et des situations. On ne
changera jamais ça. Que ce soit dans une loi ou par
réglementation, ce seront toujours des critères dont le
gouvernement devra tenir compte lorsqu'il prévoit une augmentation, que
ce soit pour les juges ou que ce soit pour les fonctionnaires ou pour d'autres
classes de la société, d'autres travailleurs qui relèvent
de sa juridiction. Je vous le dis sincèrement, je ne suis pas capable de
suivre le raisonnement de ceux qui croient qu'il y a une ingérence parce
qu'on fixe les salaires, comme je ne suis pas capable d'accepter... J'ai fait
des amendements dans ce projet de loi pour remplacer "consultation" par
"recommandation"; je l'ai fait, d'accord, pour donner suite à certaines
repré-
sentations. Mais j'aurai l'occasion de le faire tout à l'heure.
Je veux quand même exprimer également ma conviction que ce n'est
pas parce qu'un gouvernement nomme quelqu'un à une responsabilité
aussi importante que celle de juge qu'il peut prétendre, de quelque
façon que ce soit, contrôler de quelque manière que ce
soit. Sinon, il aurait fait une mauvaise nomination, à plus forte raison
lorsqu'il s'agit de rémunération.
M. Fontaine: Ce que nous voulons dire, M. le Président,
c'est que, depuis plusieurs années, les juges en étaient
réduits à venir quêter devant l'Assemblée nationale
pour avoir des augmentations et là, au lieu de venir quêter devant
l'Assemblée nationale, ils vont aller quêter au Conseil des
ministres, tout simplement. C'est ça qu'on dit.
M. Bédard: Oui, mais quelque mécanisme qu'on
établisse dans une loi, à un moment donné, il faut qu'il y
ait une instance qui décide, s'il y a lieu, d'une augmentation pour les
juges; de la même manière qu'il faut une instance qui
décide s'il y a une augmentation pour les fonctionnaires. Que ce soit le
gouvernement qui fixe une augmentation pour les fonctionnaires, cela ne veut
pas dire que les fonctionnaires sont contrôlés par le
gouvernement, cela ne veut pas dire qu'il y a une ingérence de la part
du gouvernement, de la part de l'Exécutif dans la fonction publique.
Pourquoi penser que les choses sont différentes lorsqu'il s'agit de la
rémunération de juges par rapport à la
rémunération de fonctionnaires? Il n'y a pas un gouvernement, il
n'y a pas un individu qui va penser qu'il y a une ingérence dans le
fonctionnarisme, dans la fonction publique, parce que c'est le gouvernement qui
fixe les rémunérations ou les augmentations. À plus forte
raison, disons, pour ne pas charrier, qu'il faut raisonner de la même
façon pour les juges.
M. Fontaine: Les juges ne sont pas des fonctionnaires.
M. Bédard: Non, mais ce que je veux dire, c'est que ce
n'est pas assimiler le juge aux fonctionnaires, c'est faire un rapport de
situation en fonction d'un point donné, qui est la
rémunération, la capacité de donner une
rémunération. Je crois que cette capacité de donner une
rémunération, que ce soit par l'Assemblée nationale ou que
ce soit par le lieutenant-gouverneur, ne constitue pas et ne constituera pas,
c'est ma profonde conviction, une ingérence dans le pouvoir judiciaire.
Sinon, il faudrait conclure que, lorsque l'Assemblée nationale
décide d'augmenter le salaire des juges, c'est une ingérence de
l'Assemblée nationale dans le domaine judiciaire. En aucune
façon!
M. Fontaine: Est-ce que le ministre conviendrait que, si on
fixait une augmentation, une indexation automatique du salaire des juges dans
la loi, comme cela se fait pour le salaire des députés, à
ce moment-là, le problème serait réglé une fois
pour toutes et qu'il n'y aurait aucune ingérence de qui que ce soit?
M. Bédard: Non, justement, ce ne serait pas un
problème réglé une fois pour toutes, parce qu'il y a
toujours la possibilité pour un gouvernement ou une Assemblée
nationale, de la même façon que pour un Conseil des ministres, de
changer une loi.
M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: Non, mais de la même façon.
M. Lalonde: C'est la population qui est à
l'Assemblée nationale...
M. Bédard: Oui, mais quand le...
M. Lalonde: Cela se fait dans le "bunker".
M. Bédard: Quand le lieutenant-gouverneur en conseil,
à savoir le Conseil des ministres, décide, par une
réglementation, de faire connaître certaines augmentations
concernant la rémunération du salaire des juges, c'est quand
même le gouvernement qui a été élu par la
population. Il ne fait pas cette augmentation dans le "bunker" je
n'accepterai jamais cette manière de penser il la fait là
où il doit la faire, à savoir au Conseil des ministres, et il
fait connaître cette décision non seulement aux juges, puisqu'il
s'agit d'un règlement, mais à l'ensemble de la population. Ceci
permet à l'ensemble de la population d'exprimer son accord ou son
désaccord en fonction de cette réglementation ou de cette
augmentation et ceci permet à tous les membres de l'Assemblée
nationale de faire connaître leur point de vue. Je vous le dis
honnêtement, j'essaie de me convaincre de votre point de vue, qui m'a
d'ailleurs été exprimé auparavant, et je ne suis pas
capable.
Cependant, j'avoue et je constate je pense qu'il est facile de le
faire que la méthode que nous prenons, que nous proposons par le
règlement que j'ai porté à l'attention des membres de la
commission, n'est pas tout à fait le même mécanisme que
celui prévu ou mis de l'avant par le député de
Nicolet-Yamaska. Là-dessus, je ne veux pas porter de jugement de valeur,
je ne vous dis pas que cette proposition à laquelle vous faites allusion
est une proposition à rejeter du revers de la main, mais je suis tout
aussi convaincu que celle que nous proposons en est une qui est valable,
également.
M. Charbonneau: Est-ce que le député de
Nicolet-Yamaska me permettrait une question?
M. Fontaine: Oui.
M. Charbonneau: Est-ce que vous ne considérez pas que le
fait que les députés avaient une indexation automatique n'a pas
nécessairement réglé le problème, puisque, l'an
dernier, on a décidé de geler le salaire parce qu'on trouvait,
finalement, que le multiplicateur créait un problème et que
à un moment donné, quand on a des salaires dans des
catégories supérieures avec des multiplicateurs, on finit par
avoir des injustices et
des disproportions? Ce serait peut-être la même chose pour
les juges, finalement.
M. Fontaine: C'est justement, M. le Président, dans la
question du salaire des juges, tous les juges sont sur le même pied.
Cette disproportion n'existerait pas et il y aurait possibilité,
également, de modifier la formule. C'est comme principe que je l'aborde,
pour indiquer dans une loi de l'Assemblée nationale, votée
à l'Assemblée nationale par les députés élus
par le peuple, qu'il y aurait une indexation automatique. La formule, ce serait
au gouvernement à la trouver. Je n'ai pas l'expertise nécessaire
pour vous la donner. (21 h 30)
M. Bédard: Que vous l'appeliez indexation ou autrement, il
y a des augmentations automatiques qui sont prévues par le
règlement dont je vous ai parlé.
M. Fontaine: Indexations automatiques révisées
chaque année. À ce moment-là, vous allez voir les juges
venir devant le Conseil des ministres demander une augmentation.
M. Bédard: Je veux essayer de faire comprendre au
député de Nicolet-Yamaska que ce ne sont pas des augmentations
révisées spécialement pour les juges et pour l'ensemble de
la fonction publique, qui s'ajustent à la fonction publique. Il n'y a
pas de particularisme à cela. Si c'était justement un mode qui
prévoit une situation particulière d'augmentation ou des
règles particulières de base pour décider de
l'augmentation du salaire des juges par rapport à d'autres classes, ce
serait une autre affaire, mais ce n'est pas cela. Je ne veux pas m'avancer plus
dans le sujet qu'il ne le faut. Il reste que le député de
Verchères a mentionné que l'indexation au coût de la vie,
lorsqu'il s'agit de salaires élevés, peut mener à
certaines situations sur lesquelles un législateur pourra être
appelé à se pencher. Celle que nous faisons présentement
se situe à l'intérieur d'une réflexion globale qui se fait
non seulement sur le salaire des juges, mais également sur les salaires
octroyés à l'ensemble de la fonction publique.
M. Fontaine: Si la formule proposée était
acceptable pour une période de dix ans, cela serait au moins cela de
gagné. Si, au bout de dix ans, on s'aperçoit que cela ne
fonctionne pas, on l'arrête.
M. Charbonneau: Dans le cas des députés, cela n'a
duré qu'un an ou deux.
M. Fontaine: Parce que vous avez voulu l'arrêter. Nous
n'étions pas tout à fait d'accord là-dessus.
M. Bédard: Enfin, je ne voudrais pas...
M. Charbonneau: Demandez aux travailleurs si eux autres...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Drummond.
M. Clair: Je voulais simplement dire au député de
Nicolet-Yamaska que, quand il dit qu'il recherche une formule qui soit
permanente et qui règle le problème une fois pour toutes, de mon
côté, je partage ce souhait, sauf qu'il m'apparaît que c'est
utopique. La meilleure preuve est qu'on n'a pu, dans le passé, trouver
de formule idéale, permanente. On n'a qu'à prendre nos propres
salaires, sans faire référence nécessairement à ce
qui se passe pour nous cette année. S'il y a eu des débats
partisans, cela a bien été chaque fois à peu près
sur l'augmentation. C'est difficile de parler des traitements des
députés. Si on avait pu trouver une formule magique qui
règle le problème en permanence, il me semble qu'on l'aurait
fait. Ce qu'il faut essayer, c'est justement de s'assurer que le salaire des
juges dans ce cas soit le plus dépolitisé possible. Il me semble
que la formule proposée sur le plan de la dépolitisation
et je suis convaincu que c'est ce que le député de
Nicolet-Yamaska souhaite aussi il m'apparaît que la formule, sans
être une formule miracle, est la formule la plus permanente qu'on puisse
atteindre en même temps que la plus dépolitisée.
M. Fontaine: Est-ce que le député admet que si le
premier ministre n'avait pas décidé cette année de geler
le salaire des députés, il n'y aurait pas eu de débat
partisan à l'Assemblée nationale?
M. Clair: II n'y en aurait peut-être pas eu cette
année, mais il y en aurait eu rapidement parce qu'on admet, de part et
d'autre, de l'Assemblée nationale je pense que cette loi a
été adoptée à l'unanimité, si je ne me
trompe pas...
M. Lalonde: Pardon?
M. Clair: Non, à la majorité. Cela n'a pas
été adopté...
M. Lalonde: Oui, la majorité a imposé son diktat,
après avoir laissé les ministres prendre deux augmentations en
deux mois.
M. Bédard: Ne commençons pas un débat. On a
la chance...
M. Clair: Mais de toute façon...
M. Bédard: On a la chance, M. le Président, de
faire une argumentation qui ne soit pas politique, partisane...
M. Lalonde: Regardez-moi donc qui est-ce qui demande cela!
Là, par exemple, ne commencez pas parce que vous allez être ici
longtemps. Voulez-vous que je vous donne un exemple d'argumentation
politique?
M. Pagé: Son débat en 1976?
M. Lalonde: Oui, en 1973. Le 14 décembre 1973, M. le
Président. Je vais vous donner cela tout à l'heure. Donnez-moi la
parole tout à l'heure.
M. Pagé: Vous allez être gêné, M. le
Président.
M. Clair: Pour répondre à la question du
député de Nicolet-Yamaska, je lui poserais moi-même une
question, à savoir: Si le problème ne s'était pas
présenté cette année avec la formule qui était dans
la Loi de la législature, est-ce qu'il admettra que, rapidement, de
toute façon, le problème se serait posé et que la formule
aurait dû être révisée puisqu'elle n'était pas
magique?
M. Fontaine: C'est la formule d'indexation qui n'est pas tout
à fait ce qu'elle devrait être, mais le principe de l'inclure dans
la loi, je pense qu'il est excellent. C'est réviser la formule pour
qu'elle soit améliorée, pour ne pas que les augmentations soient
trop élevées d'année en année. Que la formule soit
révisée, je pense qu'on va avoir... D'ailleurs, actuellement il y
a une commission de l'Assemblée nationale qui étudie ce
problème et on va nous proposer prochainement des modifications à
la formule.
Mais ce dont j'ai peur, c'est qu'à un moment donné, on en
soit arrivé... parce qu'on sait qu'actuellement les cadres sont en train
de se syndiquer. Si on en arrive à une négociation du salaire par
les cadres, est-ce que les juges vont être obligés de faire la
même chose? Pour négocier leurs salaires?
M. Bédard: Ils sont accrochés aux cadres. M.
Lalonde: C'est ça.
M. Fontaine: Mais ils vont vouloir négocier eux aussi.
M. Lalonde: Faire négocier ça par d'autres.
M. Fontaine: Ils ne laisseront pas les cadres négocier
leurs salaires.
M. Bédard: Permettez-moi de ne pas exprimer d'opinion
là-dessus.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a
d'autres...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... parce que le ministre a eu une petite remarque un
peu dangereuse tantôt, il ne voulait pas qu'on précise...
M. Bédard: Pas moyen de faire une petite ouverture.
M. Lalonde: ... le débat. Je vais vous donner quelques
exemples sur une étude, article par article d'un projet de loi sur le
salaire des juges. C'est bien ça, je suis dans la pertinence, c'est du
salaire des juges dont on parle. "Le 14 décembre 1973, la commission
parlementaire a siégé environ 5 heures, dont plus de la
moitié furent consacrées au choix d'un rapporteur."
C'était pour étudier le projet de loi 8. "Le lendemain, les
députés du Parti québécois se retirent sous
prétexte que la motion d'ajournement des travaux de la séance
précédente n'avait pas été adoptée avant
minuit." Il y avait un autre règlement que celui qu'on a actuellement.
"À la suite de cet incident relatif à l'ajournement, le
député de Maisonneuve présente une motion de blâme
à l'endroit du député de Roberval pour la façon
dont il avait présidé la commission parlementaire. Le
débat de cette motion a duré deux jours, soit les 19 et 20
décembre, au cours desquels les députés du PQ ont
présenté dix motions d'amendement à la motion
principale."
M. Bédard: Cela vous rappelle le projet de loi 92.
M. Lalonde: "La motion visait avant tout à paralyser..."
Au projet de loi 92, vous n'avez pas eu...
M. Pagé: Ce n'était pas dilatoire, le projet de loi
92.
M. Lalonde: ... le blâme au président; on a
été très bien dirigés là-dessus par le
député de Drummond.
M. Clair: J'ai été bien remercié
d'ailleurs.
M. Lalonde: Je n'étais pas à la fin des travaux,
mais j'ai entendu les félicitations qui vous ont été
adressées et je veux y participer.
M. Bédard: J'ai eu droit aux amendements. Le
président a eu droit aux félicitations.
M. Lalonde: M. le Président, quand le ministre souhaite...
je ne peux pas trouver un qualificatif parlementaire pour le dire, qu'on ne
fasse pas un débat politique ce soir, M. le Président, ça
me ferait brailler. L'hypocrisie a ses limites. Il fait partie d'un parti qui a
fait de la grosse démagogie, de la petite politique partisane sur le dos
des juges et là, il est mal à l'aise de venir nous dire qu'il les
augmente de $5000. C'est ça qui est son problème.
M. Bédard: Est-ce que j'ai dit que j'étais mal
à l'aise? Je ne crois pas que mes propos...
M. Lalonde: C'est ce que je pense, d'accord, c'est ce que je
pense. Cela a été évident. Il a fait ça par...
M. Bédard: Je ne peux pas vous refuser le droit de
penser.
M. Lalonde: ... un petit détour de $2400 pour un jour,
d'abord et ensuite, avec l'augmentation des cadres, ça va arriver
probablement à $5000.
M. le Président, je ne porte pas de jugement là-dessus.
Quant à moi, je pense qu'un gouvernement responsable, et c'est le
problème du ministre actuellement d'être un ministre responsable
après l'histoire de petite politique dont son parti s'est rendu coupable
dans le passé relativement au salaire des juges. Je pense qu'un
gouvernement responsable doit payer ses juges comme il le faut, et les bien
payer, ne pas avoir peur de se lever en Chambre et de dire: Moi, je pense qu'on
devrait avoir la meilleure justice possible et je pense que nos juges devraient
être payés en conséquence.
Je pense que c'est un acte de courage qu'on demande trop au
ministre.
M. Bédard: C'est ce que je fais présentement.
M. Lalonde: Ce n'est pas par un détour, trois ou quatre
détours, qu'on arrive à un résultat; je ne sais même
pas s'il est satisfaisant. La formule de l'augmentation par le biais de la
masse salariale des cadres est une formule qui a, quant à moi,
l'avantage de ne pas associer, oui associer, les juges à une classe
particulière de fonctionnaires. D'ailleurs, je l'ai dit au ministre, je
pense qu'en ce qui concerne l'indépendance, l'exécutif se trouve
un peu plus éloigné d'une intervention directe que s'il avait
assimilé les juges à une classe de fonctionnaires.
Mais je pense que cette formule n'est pas acceptable non plus, parce que
ce n'est pas reconnaître le véritable rôle d'un juge. Le
fonctionnaire a un travail à faire, une responsabilité
importante, surtout quand on parle des cadres; le degré d'initiative, la
compétence, l'expérience, tout ça commande des bons
salaires, oui. Mais le juge est quotidiennement dans le conflit social. C'est
lui qui est à la ligne de feu. On ne peut pas assimiler sa fonction avec
celle d'un fonctionnaire qui, tout en ayant une dans le conflit social. C'est
lui qui est à la ligne de feu. On ne peut pas assimiler sa fonction avec
celle d'un fonctionnaire qui, tout en ayant une fonction difficile et je
pense au sous-ministre je sais ce que c'est, j'ai déjà
été là-dedans, de même que les directeurs
généraux, parce qu'on parle des cadres supérieurs, ce
n'est pas faire injure aux subalternes non plus. Mais dans votre
règlement, on parle de cadres supérieurs. Je sais qu'ils ont des
responsabilités. Mais ce ne sont pas eux qui, tous les jours, ont
à déterminer qui est coupable ou non, et quelle sentence donner,
de même que départager des gens qui viennent chercher justice
devant eux.
Je pense que le ministre et ce gouvernement, surtout à cause de
son passé noir là-dessus, a un bon examen de conscience à
s'imposer à cet égard. Cela va être dur. Il va y avoir des
retournements et cela va craquer, comme cela craque ce soir. L'orgueil, on va
le sentir fondre et cela va être difficile, je le sais. On va l'aider. On
va l'aider, le gouvernement.
M. Alfred: Faites vite.
M. Lalonde: Au-delà. Et ce n'est pas pour rien que je
crois que le pouvoir judiciaire est un des pouvoirs je ne veux pas faire
de mélo là-dessus absolument essentiel à une
démocratie qui mérite ce nom. Voilà pour le pouvoir.
Quant à la fonction même de juge, il est temps qu'on la
revalorise. Il est temps qu'on arrête de penser que les juges sont des
gens trop payés, qui n'ont rien à faire. Il faudrait probablement
que le ministre soit juge, pendant quelques semaines, pour se rendre compte
jusqu'à quel point c'est une fonction qui n'est pas facile et qui se
distingue de toutes les autres fonctions importantes de notre
démocratie.
Vous allez comparer cela aux ministres? C'est une fonction difficile que
celle de ministre. Mais au moins, il peut parler et il peut se défendre,
et il peut attaquer. Le juge doit être attaqué quotidiennement,
soit par les parties, soit par les avocats, par la presse, souvent par les
politiciens on l'a vu lorsque le Parti québécois
était dans l'Opposition et ne pas parler.
Mais cela est bien plus difficile qu'être ministre. Et pourtant,
c'est à ces juges qu'on confie l'application de nos lois qui, souvent,
ne sont pas bonnes. Combien de fois? Et on peut même faire des mea-culpa
des deux côtés de la table, là-dessus. On a fait des lois
en disant: Les juges régleront cela.
Encore une fois, qu'on n'ait donc pas peur de se lever et dire: Les
juges, cela vaut la peine qu'on les paie et si cela vaut tant, qu'on leur
donne. Pas par le biais d'un petit détour de $2400 plus un pourcentage
qui, peut-être, va faire quelque chose, que cela va être $48 000 et
peut-être autre chose. Qu'on soit donc clair.
On ne peut pas assimiler la fonction de juge à la fonction de
fonctionnaire, directement ou indirectement. Directement, j'aurais
hurlé. Mais indirectement, je pense que c'est aussi inacceptable. La
seule protection, celle que j'ai dit tantôt, c'est que cela
éloigne un peu la décision de l'exécutif de la judicature.
Cela l'éloigne un peu, parce que je ne vois pas un gouvernement qui va
consciemment et volontairement réduire son enveloppe globale pour la
rémunération des cadres supérieurs simplement pour
attaquer les juges.
Je pense qu'il y a une police d'assurance montrant que cela va
être relativement séparé. Mais il me semble que c'est une
mauvaise approche sur la revalorisation des juges. Et il est possible que nos
politiciens aient manqué de confiance, aient perdu confiance en certains
juges, ou en des juges en général. Le comportement de certains
politiciens, dans le passé, en était un exemple et une preuve
irréfutable.
Cela se corrige. Les politiciens, on peut les battre, on peut les
changer. Et souvent, on peut les faire changer d'idée assez rapidement
quand on a des sondages et que l'opinion publique se met en arrière.
Mais la confiance que les juges ont dans les deux autres pouvoirs, c'est
une chose qu'on ne
doit pas toucher. Si les juges perdent confiance, collectivement, dans
ces deux pouvoirs auxquels ils se sont littéralement liés,
livrés, lorsqu'ils ont accepté cette fonction difficile, ils ont
accepté le silence, ils ont accepté d'agir dans l'ombre, mais
dans l'ombre, c'est étrange, à la première ligne de feu,
si les juges, en général, perdent confiance dans leur pouvoir
exécutif et dans leur pouvoir législatif, dis-je, on a tout un
travail à faire. C'est la responsabilité du ministre de la
Justice, comme ministre de la Justice, de voir à ce que cela n'arrive
pas. La condition pour que cela n'arrive pas, c'est de traiter en toute justice
ces gens-là, en n'ayant pas peur de se lever et de dire combien vaut un
juge. Je pense que cela vaut tant et on va les payer tant. On a des exemples
autour. Combien de fois on a invoqué l'Ontario, l'Alberta, le Manitoba!
On a invoqué neuf provinces pour nous enlever notre pouvoir à la
Législature de déterminer les salaires. Allez donc voir combien
on paie les juges dans les autres provinces. (21 h 45)
Lorsqu'on aura revalorisé le pouvoir judiciaire, surtout la
fonction de juge, on aura peut-être moins de questions à se poser,
à savoir: Font-ils leur "job " comme il faut? Pour avoir
été au ministère de la Justice, quoique je n'avais pas la
responsabilité de l'administration des juges en particulier, je sais
jusqu'à quel point on se pose des questions au ministère de la
Justice pour savoir si ces juges sont efficaces. C'est une question d'autant
plus pertinente qu'au Québec on a passablement plus de juges que dans
d'autres provinces par tête de pipe. Il y a sûrement des questions
pertinentes à se poser, mais je pense que la condition primordiale, au
départ, c'est de les traiter comme il faut. Seulement après cela,
vous allez pouvoir parler d'une justice qui va avoir des chances d'être
une bonne justice pour tout le monde.
M. Fontaine: Est-ce que vous me permettriez d'ajouter quelque
chose? Vous pourrez répondre aux deux en même temps. J'aimerais,
M. le Président...
M. Bédard: J'ai une réponse assez rapide.
M. Fontaine: Oui, comme d'habitude. M. le Président, je
voudrais tout simplement vous rapporter quelques paroles qui ont
été prononcées par le député de Maisonneuve
lors de l'étude, article par article, du projet de loi 84; il
était alors leader de l'Opposition officielle et est maintenant leader
du gouvernement. Il disait ceci: Je vais vous dire que, maintenant que
l'article 5 du projet de loi no 87 est adopté dans une autre commission,
celle de l'Assemblée nationale, j'aurais même été
favorable, moi, à ce que le problème de l'indexation du salaire
des juges pour l'avenir soit réglé définitivement, qu'on
n'ait pas chaque année à réévaluer le salaire des
juges comme on réévalue de la marchandise. Je trouve cela...
M. Bédard: C'est ce qu'on fait par le règlement,
sur cette partie-là.
M. Fontaine: Non, laissez-moi terminer.
M. Bédard: Je sais quel bout vous allez amener. Sur
l'autre bout, j'ai autre chose à dire.
M. Fontaine: Je trouve aussi malheureux qu'on soit obligé
de refaire cela d'année en année, de soupeser à nouveau le
travail des juges et souvent de les mettre, eux qui n'ont pas de voix sur la
place publique là je recoupe les paroles du député
de Marguerite-Bourgeoys dans des positions difficiles. Il disait un peu
plus loin: Vous pourrez me le poser peut-être l'année prochaine
quand on reviendra discuter du salaire des juges, mais je pense que cela aurait
valu la peine, si on avait eu suffisamment d'informations sur l'ensemble du
traitement des juges, de l'indexer définitivement. J'espère que
dans les solutions recherchées éventuellement quant au traitement
des juges, on tâchera de trouver la formule analogue, peut-être
plus adaptée, en ce qui concerne les juges, mais une formule analogue
à celle qui, actuellement, est en train de se discuter pour les
députés.
Je vous laisse avec ces commentaires, M. le Président.
M. Bédard: Oui, je répondrai que nous avons fait
cette recherche pour en arriver à une situation analogue,
peut-être c'est ce qu'a dit le député de Maisonneuve
qui fasse qu'on n'ait pas à revenir chaque année fixer la
rémunération de nos juges. Ce n'est pas on l'a dit, je ne
veux pas revenir là-dessus exactement ce qui est avancé,
la formule avancée par le député de Nicolet-Yamaska dans
l'étude à laquelle il faisait allusion. Vous serez quand
même obligés d'admettre que c'est une formule d'automatisme qui,
sans être celle des députés de l'Assemblée
nationale, a le mérite de pouvoir régler la situation pour un
certain temps.
Personnellement, M. le Président, je l'ai dit au début des
travaux de cette commission, j'ai toujours eu et je continue d'avoir un profond
respect pour la magistrature. La meilleure preuve est que je n'ai jamais dit
que les juges étaient trop payés. La meilleure preuve, non
seulement de ce respect de la magistrature, mais de cette
nécessité de prévoir des augmentations raisonnables est la
présentation du projet de loi que nous étudions article par
article.
Je savais très bien qu'en déposant ce projet de loi
prévoyant une rémunération additionnelle pour les juges,
on m'invoquerait, ce qu'on a fait avec profusion, les propos tenus par le Parti
québécois, par des membres du Parti québécois
à l'Assemblée nationale lors de certains débats. Je savais
qu'on me ferait grand état de cette obstruction. Cependant,
malgré cela, j'ai pris mes responsabilités comme ministre de la
Justice. Ce n'est pas parce que je savais qu'on me remémorerait certains
débats que je me suis cru justifié de ne pas présenter un
projet de loi dans lequel il est prévu une rémunération
additionnelle pour les juges. J'ai pris mes responsabilités. Je ne veux
pas faire un débat partisan là-dessus, je l'ai dit, parce
que je pourrais très bien dire: C'est bien beau de faire allusion
à l'obstruction du Parti québécois en 1974...
M. Lalonde: 1972, 1973, 1974, enfin, souvent.
M. Bédard: ... lorsqu'il était question de
l'augmentation du salaire des juges. Il est bien beau et bien facile de parler
avec le plus d'éloquence possible du rôle des juges, de la
nécessité de revaloriser leur fonction, de revaloriser leur
statut, non seulement par des rémunérations additionnelles, mais
également par un cadre général qui soit de nature à
donner le plus de confiance possible à la population envers l'ensemble
de la magistrature.
Il ne faudrait pas oublier que le présent ministre de la Justice
ne l'est que depuis le 15 novembre 1976, ce qui veut dire qu'avant le 15
novembre 1976, ceux qui avaient ces bonnes intentions dont on nous a fait grand
état ce soir avaient, eux la responsabilité et la
possibilité d'amener des projets de loi prévoyant une
réforme globale concernant nos tribunaux judiciaires, des projets de loi
concernant l'augmentation du salaire des juges. C'était leur
responsabilité, à ce moment. Quand on me dit qu'il y a un grand
retard qui a été pris dans le domaine, j'en conviens, mais il ne
faudrait quand même pas essayer de nous faire croire que ce retard
n'existe que depuis le 15 novembre 1976. Il existait préalablement. Ce
sont d'autres qui avaient la responsabilité de revaloriser, tel qu'on
l'a dit tout à l'heure, la fonction de juge. Je ne veux pas en discuter
plus longtemps que cela, mais je pense prendre mes responsabilités.
Peut-être que je n'aurais pas à les prendre de cette façon,
avec cette ampleur si, préalablement, d'autres ministres de la Justice
avaient peut-être pris leurs responsabilités quand c'était
le temps. Je pense qu'il faut être objectif quand on fait un débat
de cette nature.
Encore une fois, je savais qu'on me remémorerait ces
débats auxquels on a fait allusion, mais j'ai cru de mon devoir, comme
ministre responsable, et le gouvernement, comme gouvernement responsable, en
faisant abstraction de ce qui a pu être dit dans le passé parce
que c'est normal, de présenter un projet de loi prévoyant les
rémunérations dont je vous parle, qui sont insérées
également dans un projet de loi qui est beaucoup plus global, concernant
une étape vers la réorganisation de nos tribunaux judiciaires.
Enfin, ce sont les seuls commentaires que j'aurais à faire, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 5 sera
adopté?
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais simplement... J'ai
fait des calculs concernant l'amélioration que le règlement peut
apporter. Cela équivaut disons de $42 260 plus $2400, c'est $44 660,
plus 8% d'augmentation, ce qui a été le taux de l'an dernier; ce
n'est pas faire de la démagogie, disons, que de prendre celle de l'an
dernier. Cela peut être moins, ça peut être plus.
M. Bédard: Je pense que vous comprenez que je ne peux pas
présumer de celle de cette année.
M. Lalonde: Le ministre ne peut pas me le dire. Ceci ferait une
augmentation de $3572.80 pour un total de $48 232, ce qui veut dire que le
salaire des juges passerait, entre le 31 décembre 1977 et le 1er janvier
1978, de $42 260 à $48 232, à peu près une augmentation de
$6000, ce qui est un taux de 14% à 15%.
M. Bédard: Je ne suis pas sûr.
M. Lalonde: Les députés de ce parti avaient
hurlé comme des putois quand on avait donné des augmentations de
$35 620 en 1975 à $42 260 en 1976 et de $28 000 en 1969 à $31 000
en 1972, de $31 000 à $33 000 de 1972 à 1973, M. le
Président. J'aurais espéré que le ministre fasse avec plus
de transparence sa décision sur la rémunération des juges.
Je ne peux pas m'empêcher de dénoncer l'hypocrisie de ce
gouvernement en ce qui concerne le salaire des juges.
M. Bédard: M. le Président, je ne ferai pas de
débat. Le seul montant que je pouvais préciser, c'est celui de
$2400, et je pense que ça se comprend facilement, je ne peux quand
même pas préciser une augmentation en termes de chiffres au
cent...
M. Lalonde: Je ne vous ai pas dit de le préciser.
M. Bédard: ... parce que l'indexation concernant les
cadres supérieurs n'est pas encore déterminée du point de
vue gouvernemental.
M. Lalonde: C'est parce que le ministre a choisi de ne pas le
préciser, M. le Président.
M. Bédard: Oui, mais, de là à aller
jusqu'à parler d'hypocrisie! À chacun ses termes.
M. Lalonde: II a préféré s'en remettre
encore à d'autres.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 5 sera
adopté?
M. Lalonde: Sur division.
M. Fontaine: Sur division, oui.
Le Président (M. Marcoux): Article 6?
Fonctions des juges
M. Bédard: L'article 6, M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): II y a plusieurs
amendements.
M. Bédard: Oui, M. le Président. Un amen-
dement à l'article 75 proposé, aux fins de remplacer le
deuxième alinéa par le suivant: "II a aussi pour fonction de
s'assurer que les juges des sessions exercent utilement leurs fonctions et
qu'ils respectent le Code de déontologie."
L'amendement à l'article 75 assure une concordance avec des
amendements qui ont été demandés par la Conférence
des juges à l'article 271 proposé par l'article 33 du projet de
loi.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est-il
adopté?
M. Lalonde: Un instant, s'il vous plaît, M. le
Président!
M. Bédard: On a remplacé simplement "de
manière satisfaisante" par le mot "utilement ".
M. Lalonde: Est-ce que le ministre peut me dire ce que c'est que
les politiques générales de la cour en matière judiciaire?
Il nous propose un article "que le juge en chef est chargé, en
matière judiciaire, des politiques générales de la cour".
Est-ce qu'il peut nous donner des exemples de ce que lui, comme ministre de la
Justice, conçoit devoir être...
M. Bédard: En matière judiciaire, le juge en chef
est chargé de l'application des politiques générales et de
l'orientation de sa cour.
M. Lalonde: Ce sont seulement des détails. Je ne veux pas
qu'il me répète les politiques générales. Quelles
sont les politiques générales? Est-ce que c'est lui qui
détermine les rôles, les termes, l'heure des séances,
l'emploi du temps?
M. Bédard: Non, ce sont ses juges qui déterminent
les rôles... C'est une autorité globale sur ses juges qui lui
permet, tel que le dit le texte, de s'assurer que chacun de ses juges exerce
correctement ses fonctions et de la façon la plus efficace pour
l'ensemble du fonctionnement du système judiciaire.
M. Lalonde: Ce qui m'apparaît... (22 heures)
M. Bédard: Cela pourrait permettre au juge en chef de
réunir ses juges, de discuter avec eux des politiques à appliquer
soit pour uniformiser ou soit pour augmenter l'efficacité du
fonctionnement de l'ensemble de sa cour. Cela existe, d'ailleurs, pour la Cour
supérieure.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre peut me dire comment l'article
75 qu'il remplace se lit actuellement?
M. Bédard: C'est le deuxième alinéa qui est
remplacé. Il a aussi pour fonction de s'assurer que les juges des
sessions exercent leur fonction de manière satisfaisante et qu'ils
respectent le code de déontologie.
M. Lalonde: Je veux dire l'article 75 actuel...
L'article 6 dit: L'article 75 de ladite loi, modifié par
l'article 3...
M. Bédard: Ah oui!
M. Lalonde: ... est remplacé par les suivants.
M. Fontaine: Le juge en chef des sessions qui a exercé
cette fonction pendant au moins dix ans peut donner sa démission...
M. Lalonde: L'article que j'ai, c'est la démission d'un
juge en chef des sessions et on le remplace par ses fonctions.
M. Bédard: C'est parce qu'on a repris tout un bloc
d'articles qui sont à l'intérieur, un peu plus loin, où
vous retrouverez l'essentiel de cet article 75.
M. Lalonde: Autrement dit, dans l'article 75 actuel...
M. Bédard: II y a plusieurs articles qui sont
ramenés globalement.
M. Lalonde: Dans la loi, il n'y a pas de description des
fonctions du juge en chef, et la description de ses fonctions que le ministre
nous propose, c'est qu'il est chargé des politiques
générales.
M. Bédard: C'est-à-dire de s'assurer que l'ensemble
de ses juges exercent utilement leur fonction et qu'ils respectent le code de
déontologie qui est prévu dans d'autres articles de ce projet de
loi. D'ailleurs, vous allez voir qu'à l'article 75c on définit
que, dans la division où il a sa résidence, le juge en chef ou le
juge en chef associé coordonne, répartit et surveille le travail
des juges qui. à cet égard, doivent se soumettre à ses
ordres et à ses directives.
M. Lalonde: II y a de la matière là-dedans, mais,
dans le premier...
M. Bédard: C'est pour cela que je vous dis que vous allez
le retrouver dans l'ensemble de l'article.
M. Lalonde: C'est pour cela. Cela m'apparaît une
déclaration simplement vide parce que la substance est plus loin.
M. Bédard: Toute déclaration générale
est un énoncé de principe; quand même on entrerait dans les
détails...
M. Lalonde: Non, c'est une question importante, on ne
légifère pas pour rien. On doit vouloir dire quelque chose; je
vous demande ce que vous voulez dire et vous me dites que vous voulez dire ce
qui est à c). À ce moment-là, qu'on le fasse à
c)
M. Bédard: On donne quelque chose que la Cour
supérieure a déjà et quelle utilise, et c'est selon une
terminologie aussi générale que celle-là.
M. Lalonde: Vous avez pris cela dans la Cour
supérieure.
M. Bédard: Cela me semblait répondre à une
des préoccupations.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement visant
à remplacer le deuxième alinéa sera adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: À l'article 75f proposé, nous
demandons un amendement...
M. Fontaine: Est-ce qu'on fait a), b), et c)? M.
Bédard: D'accord. Le Président (M. Marcoux): L'article
75a? M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: L'article 75a indique que le juge en chef
associé exerce ses fonctions sous l'autorité du juge en chef.
C'est cette règle qui prévaut à la Cour supérieure,
article 20. L'article 75b...
M. Lalonde: On adopte a)?
Le Président (M. Marcoux): Adopté. L'article
75b?
M. Bédard: L'article 75b détermine les deux
divisions dans lesquelles les jupes en chef et juges en chef associés
ont à oeuvrer. Ces divisions sont les mêmes que celles dans
lesquelles les juges en chef de la Cour supérieure oeuvrent et nous
proposons également, par l'article 47 du projet de loi, d'assurer la
concordance avec les divisions d'appel de Montréal et de
Québec.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 75c?
M. Bédard: L'article 75c reprend la règle
actuelle.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. M. Lalonde:
Adopté.
M. Lalonde: Vous n'avez pas d'amendement à l'article
75c?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Qui a la fonction de fixer les séances de la
cour?
M. Bédard: Cela entre dans le mandat général
des juges en chef et des juges coordonnateurs qui, dans chaque région,
seront nommés. C'est dans leur mandat général.
M. Lalonde: C'est-à-dire que c'est dans le mandat du juge
coordonnateur d'après 75f, mais le juge en chef n'a pas le droit de les
fixer.
M. Bédard: II a toujours un pouvoir de supervision comme
juge en chef. Il y a une modification que nous faisons à 75f qui
spécifie que tout cela se fait sous l'autorité du juge en
chef.
M. Lalonde: D'accord, si vous le mettez sous l'autorité du
juge en chef, cela va. Parce qu'il aurait pu y avoir un conflit entre...
M. Bédard: Alors, s'il y a conflit, c'est le juge en chef
qui tranche. Article 75d, cet article indique les fonctions du juge en chef
adjoint et il reprend pour les sessions les règles établies pour
la Cour supérieure aux articles 24a et 24b.
M. Lalonde: Là, on est rendu à 75d.
M. Bédard: C'est cela, qui indique les fonctions du juge
en chef adjoint.
M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Marcoux): Article 75c, adopté;
article 75d, adopté. Article 75e?
M. Bédard: Cet article applique aux sessions la
règle établie pour la Cour supérieure à l'article
24b.
M. Fontaine: Adopté.
M. Lalonde: Vous n'avez pas d'amendement avant 75f, je crois.
M. Bédard: Pas avant 75i. À 75f... Est-ce que c'est
adopté?
Le Président (M. Marcoux): Alors, adopté? M.
Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 75e, adopté.
Article 75f?
M. Bédard: À l'article 75f, nous proposons
d'insérer à la première ligne du premier alinéa,
après le mot fonction, ce qui suit: "Sous l'autorité du juge en
chef ou du juge en chef associé, selon le cas". Alors, c'est
l'amendement qui répond à une question posée par le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: D'accord. Amendement adopté. Le
Président (M. Marcoux): Adopté. M. Lalonde: Article
adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 75f, adopté.
Article 75g?
M. Bédard: Cet article reprend pour les sessions la
règle prévue par l'article 24c de la Cour supérieure.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 75g, adopté.
Article 75h?
M. Bédard: C'est une adaptation de la règle
actuelle.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 75i?
M. Bédard: À l'article 75i qui est proposé,
nous faisons un amendement aux fins de remplacer le premier alinéa par
le suivant: En cas d'absence ou d'incapacité temporaire d'un juge
coordonnateur, le juge en chef ou le juge en chef associé peut
désigner un autre juge pour exercer temporairement les fonctions de juge
coordonnateur. On enlève l'autorisation du ministre de la Justice.
M. Lalonde: Comme amendement, cela aurait pu être plus
évident, si on avait dit: Enlever avec l'approbation préalable du
ministre de la Justice, et un autre petit changement grammatical un peu avant.
Cela répond à une des nombreuses préoccupations qui fait
que nous sommes ici à étudier très positivement ce projet
de loi.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement 75i,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 75i est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: À l'article j) qui est proposé,
nous demandons qu'au premier alinéa soient supprimés à la
troisième et à la quatrième ligne les mots: "nommé
de nouveau ou". C'est une question de concordance.
Le Président (M. Marcoux): Article 75j, le premier
amendement est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: Adopté.
M. Bédard: Un autre amendement, aux fins de remplacer le
deuxième alinéa par le suivant: "II demeure juge des sessions
lorsqu'il cesse d'exercer les fonctions qu'il occupait si aucun poste de juge
n'est alors vacant. La Cour des sessions est réputée
composée, jusqu'à ce que vacance se produise, du nombre de juges
prévus par l'article 71 et d'un poste additionnel de juge.
C'est pour nous éviter l'obligation d'amender la loi lorsqu'un
juge en chef quitte après sept ans d'exercice. Le nombre des juges est
réputé être augmenté de un et lorsqu'un autre doit
quitter, cela revient au nombre normal prévu par la loi.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Le deuxième amendement
est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 75) est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Fontaine: M. le Président, je pense que ce ne seraient
pas des amendements que nous adoptons, ce sont simplement des remplacements
d'articles.
M. Bédard: Oui, je pense qu'on pourrait s'entendre
là-dessus.
Le Président (M. Marcoux): Par rapport au texte original,
c'est un amendement.
M. Bédard: Oui, mais on peut s'entendre, c'est
incorporé.
M. Fontaine: Que le texte proposé par le ministre soit le
texte original.
Le Président (M. Marcoux): Oui. Pour appeler l'article,
c'est plus clair... Si j'appelle des articles tout le temps...
M. Bédard: Je vais continuer selon la formule, c'est la
meilleure pour se comprendre.
M. Lalonde: On vous fait confiance, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): De toute façon, on ne
s'est pas enfargé jusqu'à maintenant. Alors, l'article 75j est
adopté. Article 75k.
M. Bédard: À l'article 75k qui est proposé,
nous demandons de remplacer les deux premières lignes par les suivantes:
"Un juge des sessions qui a exercé la fonction de juge en chef, de juge
en chef associé ou de juge en chef adjoint pendant au moins sept ans ou
de juge. " Concordance.
Le Président (M. Marcoux): Cet amendement est-il
adopté?
M. Lalonde: J'aimerais avoir un peu plus... Ah, oui, je vois.
C'est parce qu'avant, les cinq années s'appliquaient à tous
les...
M. Bédard: Comme nous avons spécifié que ce
serait un mandat d'une durée de sept ans, nous devons faire la
concordance en conséquence.
M. Lalonde: Mais vous l'obligez à faire ses sept
années complètes pour avoir le bénéfice de
l'article 75k. Cela va, adopté.
M. Bédard: L'article 6, adopté? M. Lalonde:
Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 75k, adopté.
Amendement, bon. Article 6. Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 7.
M. Bédard: L'article 7 est de concordance avec la nouvelle
organisation de la cour que nous avons proposée, qui suppose un juge en
chef, un juge en chef associé, un juge en chef adjoint, des juges
coordonnateurs, concernant la prestation des serments.
M. Lalonde: Cela va. M. Fontaine: Adopté. Le
Président (M. Marcoux): Article 8.
M. Bédard: "Cet article établit pour la Cour des
sessions la règle qui prévaut pour les tribunaux de juridiction
civile et qui permet d'adopter des règles de pratique, soit à une
assemblée ou par courrier et d'adopter, en outre, des règles
spéciales pour les districts les plus achalandés, soit ceux de
Montréal et de Québec. '
Règles de pratique
Le Président (M. Marcoux): L'article 8 est-il
adopté?
M. Lalonde: C'est l'article 89 que vous remplacez.
M. Bédard: C'est ça.
M. Lalonde: L'article 89 de la loi actuelle.
M. Bédard: C'est ça.
M. Lalonde: Quel est le changement exact que vous faites, parce
que vous remplacez l'article et l'article actuel dit bien que les juges... en
fait, c'est la majorité, on dit: "Les juges des sessions de la paix ou
la majorité d'entre eux dans l'article actuel peuvent
faire les règles de pratique nécessaires pour déterminer
la procédure."
M. Bédard: On ajoute la consultation par courrier et la
question des districts de Montréal et de Québec.
M. Fontaine: II n'y a plus d'approbation par le
lieutenant-gouverneur.
M. Bédard: Où il peut y avoir des règles de
pratique spéciales. D'accord?
M. Lalonde: Oui, l'article 89 est adopté. Le
Président (M. Marcoux): Article 89a.
M. Bédard: "Cet article applique aux sessions les
mêmes règles de publication à l'égard des
règles de pratique que celles prévues par l'article 48 du Code de
procédure civile. "
Le Président (M. Marcoux): L'article 8 au complet...
M. Lalonde: Un instant!
Le Président (M, Marcoux): ... article 89a, pardon.
M. Lalonde: L'article 89a n'est pas encore adopté, M. le
Président.
J'ai déjà exprimé mon désaccord avec
l'approbation qui est suggérée ici, non pas que ce soit un
nouveau concept de droit, on le retrouve dans l'article 89 actuel, quoique le
libellé soit différent. Actuellement, on dit que ces
règles doivent être approuvées par le lieutenant-gouverneur
en conseil pour entrer en vigueur. C'est-à-dire qu'elles ne peuvent pas
entrer en vigueur sans être approuvées.
Dans l'article 89a, on dit que les règles de pratique sont
soumises à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil et entrent
en vigueur dix jours après leur publication. Ce qui va plus loin, c'est
ce qui implique le pouvoir du lieutenant-gouverneur en conseil de les
modifier.
M. Bédard: Ce n'est pas le pouvoir de les modifier, c'est
simplement un veto, le fait qu'il peut ne pas les accepter. (22 h 15)
M. Lalonde: Pourquoi ne pas avoir employé la formulation
beaucoup plus claire de l'article actuel? On dit que pour entrer en vigueur,
elles doivent être approuvées. Tandis que là, elles sont
soumises à l'approbation et l'entrée en vigueur est une
formalité de publication dans la Gazette officielle.
Je n'ai pas le programme du Parti québécois que je
traîne toujours avec moi, M. le Président, pour mon
édification personnelle...
M. Alfred: ... bible.
M. Lalonde: ... mais j'ai déjà vu dans ce programme
que le Parti québécois avait promis d'encourager l'autonomie
administrative en matière judiciaire. C'est une préoccupation que
nous avons aussi dans le Parti libéral.
Je comprends qu'avant d'instaurer cette règle d'un bout à
l'autre de la table judiciaire, on devrait
soumettre la question à un large débat et examiner les
tenants et aboutissants de la question.
Mais en attendant d'en arriver à ce débat, qui, je
l'espère, va nous être soumis par le gouvernement bientôt,
il m'apparaît désirable, pour être conforme à ce que
le Parti québécois promettait, de prendre toutes les occasions
pour encourager cette autonomie administrative.
Quand on parle de règles de pratique, le ministre le sait bien,
on parle non pas de lois, non pas de règlements de très grande
portée, qui font appel à des principes ou à des valeurs
fondamentales, on parle d'organisation quotidienne de la cour, de la marche des
affaires judiciaires. On est réellement dans l'administration
quotidienne de la cour.
Pourquoi ne pas avoir fait confiance, ne pas avoir fait un premier pas
vers l'autonomie administrative des cours? Pourquoi ne pas avoir fait confiance
aux juges, à tout l'appareil qu'on vient de rafistoler comme il faut,
avec des juges en chef associés, des juges coordonnateurs, des juges en
chef adjoints? Cette préoccupation que le ministre démontre de
vouloir réellement rendre encore plus solide l'administration des cours,
pourquoi ne pas leur faire confiance quant à leur aide?
M. Bédard: Globalement, à un moment donné,
nous aurons l'occasion de statuer sur cette autre étape ou cet autre
aspect qui doit retenir notre attention concernant l'administration judiciaire.
Je sais très bien, comme l'a évoqué le
député de Marguerite-Bourgeoys, que la plupart des choses que
nous avançons présentement ont fait l'objet de grandes
préoccupations et de longues réflexions de la part des
gouvernements qui nous ont précédés.
M. Lalonde: C'est tout? Si j'étais Cyrano, je dirais:
C'est un peu court, jeune homme.
M. Bédard: Vous ne l'êtes pas.
M. Lalonde: Dire que c'est la faute des autres...
M. Bédard: Autrement dit, vous êtes comme
Cyrano.
M. Lalonde: Vous vous souvenez, M. le Président, quand on
était petit, c'était toujours la faute du voisin. Vieillissez un
peu, vous êtes rendu ministre, cela fait un an et demi.
M. Bédard: Vous êtes un peu comme Cyrano, vous
acceptez de vous servir des reproches, mais vous n'acceptez pas qu'un autre
vous les serve.
M. Lalonde: Ceux qui l'ont tenté ont peut-être
goûté la médecine de Cyrano. C'est peut-être pour
cela.
M. Bédard: Les dommages ne sont pas considérables,
chose certaine.
M. Lalonde: Je me les sers moi-même avec assez de verve
si le ministre se souvient de ces vers mais je ne permets pas
qu'un autre me les serve.
M. Bédard: Oui, je m'en souviens par coeur. J'ai
changé par le mot reproche...
M. Lalonde: Comme d'habitude, vous avez pris le petit bout qui
faisait votre affaire.
M. Bédard: Pour l'adapter à la situation.
M. Lalonde: Ce qu'il faut savoir, M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): On voit que vous avez tous les
deux de la culture.
M. Lalonde: Ce qu'il faut savoir, M. le Président, c'est
que le ministre a le choix de suivre deux exemples. Un où l'intervention
du gouvernement est inscrite déjà dans la loi, l'article 89
actuel, et l'autre qui ne prévoit pas d'intervention du gouvernement
dans des règles de pratique.
S'il y avait eu une longue tradition de précédents dans le
sens que le ministre nous le propose actuellement, je me dirais: On a un
ministre prudent et, avant de changer l'ordre des choses, il veut
étudier, d'accord...
M. Bédard: Globalement.
M. Lalonde: ... mais, actuellement, on a deux
précédents exactement contraires. Pourquoi ne pas choisir celui
qui est en conformité de votre programme? Je vous pose la question.
M. Bédard: J'aime mieux le faire globalement. D'ailleurs,
il y a déjà des études. J'ai des groupes de travail qui
réfléchissent à l'heure actuelle non seulement sur la
question de l'autonomie administrative, mais il y a un autre groupe de travail
également sur la réorganisation judiciaire, de nos tribunaux
judiciaires. Je pense qu'à la...
M. Lalonde: Quand est-ce qu'on peut s'attendre à avoir des
rapports?
M. Bédard: ... lumière de ces études, on
sera plus en mesure de voir ce qu'il y a à faire.
M. Lalonde: Vers quelle date le ministre s'attend-il d'avoir des
réponses sur ces études?
M. Bédard: Je ne suis pas en mesure de le
préciser.
M. Lalonde: Je vais en prendre note pour les crédits l'an
prochain. Je vous donne un an.
M. Bédard: Oui, à ce moment-là, je serai
probablement en mesure de vous donner une réponse qui, j'espère,
vous satisfera.
M. Lalonde: Je ne veux pas être prétentieux. On sait
jusqu'à quel point le ministre est modeste. Il devrait dire "je" ou "mon
successeur".
M. Bédard: Je n'oserai jamais prétendre que je
puisse vous satisfaire.
M. Lalonde: Bon!
M. Bédard: J'ai assez de preuves jusqu'à
maintenant.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai soulevé la
question, mais avec...
Le Président (M. Marcoux): Article 89a, adopté?
M. Fontaine: M. le Président, je fais
référence au Code de procédure civile, à l'article
48. Je pense qu'à ce moment les règles de pratique sont
adoptées tout simplement par les juges de la Cour supérieure et
sont publiées dans la Gazette officielle sans être soumises au
Conseil des ministres. Je ne vois pas pourquoi à ce
moment-là...
M. Bédard: C'est vrai sous cet aspect, mais le texte
actuel...
M. Fontaine: Article 48...
M. Bédard: ... dit ceci: "Les juges des sessions en
fonction ou la majorité d'entre eux peuvent faire des règles de
pratique nécessaires pour déterminer la procédure à
suivre dans les causes mues devant eux et pour le maintien du bon ordre, du
décorum et du fonctionnement de la cour. Ces règles doivent
être approuvées par le lieutenant-gouverneur en conseil pour
entrer en vigueur".
M. Fontaine: Je ne vois pas pourquoi on aurait besoin d'une
étude qui va durer un an pour savoir ce qu'on va faire dans ce
domaine.
M. Bédard: Non, ce n'est pas là-dessus, c'est sur
l'ensemble du problème, sur le problème global,
l'autorité...
M. Fontaine: Ce soir, on étudie cet article.
M. Bédard: Non, je ne pense pas être anathème
en reproduisant ce qui est là. Pour le moment, ce sont nos
intentions.
M. Lalonde: Pour accélérer les débats,
peut-être que le ministre pourrait faire un bon geste.
M. Bédard: Ce n'est peut-être pas une mauvaise
suggestion.
M. Lalonde: Étant donné qu'il prend de la Cour
supérieure seulement ce qui fait son affaire. Tantôt, il nous en a
invoqué un exemple, mais il n'a pas pris les salaires, par exemple.
M. Bédard: Non, mais je suis assez ouvert. Je ne m'en fais
pas reproche.
M. Lalonde: Libérez-vous un peu de cette peur, traitez vos
juges comme des hommes. Ils sont capables de faire des règles de
pratique quand même.
M. Bédard: Je suis très libéré, mais
pas plus qu'il ne le faut dans lès circonstances.
M. Lalonde: Ils sont capables de faire des règles de
pratique. Si on les traite comme des enfants et qu'il faut les surveiller tout
le temps...
Le Président (M. Marcoux): L'article 89a serait-il
adopté?
M. Fontaine: Sur division. M.Lalonde: Sur
division. Le Président (M. Marcoux): Article 89,
adopté.
M. Bédard: L'article 90, cet article... L'article 9,
pardon.
Le Président (M. Marcoux): ... qui vise l'article...
M. Fontaine: M. le Président, c'est l'article 8 qui a
été adopté.
Le Président (M. Marcoux): J'ai dit l'article 9. M.Fontaine: Vous avez dit l'article 89. M.Lalonde: ... a et
8.
Le Président (M. Marcoux): D'accord. Article 8,
adopté.
M. Lalonde: Adopté, sur division naturellement, parce
qu'on s'est divisé sur le...
M. Bédard: L'article 9, M. le Président. "Cet
article a pour but d'uniformiser la situation entre les juges des sessions et
ceux de la Cour provinciale relativement aux rapports d'activités que
les juges doivent soumettre mensuellement au juge en chef je dis bien au
juge en chef et au juge en chef associé ou au ministre de la
Justice. Cette règle est en concordance avec les fonctions des juges en
chef prévues par les articles 75 à 75e édictés par
l'article 6 et elle répond à certains besoins pour obtenir des
données statistiques pour le fonctionnement des cours afin de mieux
planifier leur développement.
Nous avons cependant un amendement à l'article 136 qui va
répondre à une interrogation que je vois déjà dans
le visage du député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Vous appelez cela une interrogation?
Le Président (M. Marcoux): L'article 9 serait-il
adopté?
Une voix: Le souci...
M. Bédard: ... que je décèle.
M. Lalonde: À l'article 9, M. le Président, le
problème, c'est qu'on sait qu'il y a un amendement qui est
considérable, je pense, et pas nécessairement complet, qui s'en
vient. Si on vote pour cet article tel quel, j'ai un problème de
conscience, M. le Président. Est-ce qu'on peut le suspendre, M. le
Président? Vous pouvez y revenir, parce que...
M. Bédard: Nous pourrions tous... M. Lalonde:
Oui.
M. Bédard: Est-ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys me fait confiance, parce qu'il y a quand même un
autre article qui traite du sujet?
M. Lalonde: Naturellement, je fais confiance au ministre.
M. Bédard: Nous étions tous très
traumatisés par cet article.
M. Fontaine: M. le Président, on a vu une autre commission
parlementaire où on suspendait beaucoup d'articles...
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Cela a traîné en
longueur aussi.
M. Lalonde: À tel point que le leader a été
tenté de convoquer la commission parlementaire, non pas pour
étudier les articles, mais les suspendre.
M. Bédard: Suspendez-le, si vous voulez.
Le Président (M. Marcoux): Article 9, suspendu. Article
10?
M. Bédard: On ne commercera pas une bataille pour
cela.
Le Président (M. Marcoux): Article 10?
M. Bédard: L'article 10 est de concordance avec l'article
11.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
M. Lalonde: Un instant! Vous supprimez le deuxième
alinéa de l'article 94.
M. Bédard: C'est parce qu'on transfert au Conseil de la
magistrature certaines responsabilités qui auparavant appartenaient
à la Cour d'appel.
M. Fontaine: D'accord. Adopté, quant à moi.
M. Bédard: Est-ce qu'on suspend et qu'on étudie
l'article 11 avant?
M. Lalonde: Vous supprimez le deuxième alinéa qui
se lit comme suit...
M. Bédard: Concernant l'incapacité.
M. Lalonde: L'incapacité permanente prévue au
présent article est établie par la Cour d'appel...
M. Bédard: Par la Cour d'appel...
M. Lalonde: ... après enquête faite sur
requête du procureur général. Où retrouve-t-on
celui-là?
M. Bédard: À l'article suivant, 94a. On pourrait
peut-être suspendre l'article 94 et aller à 94a.
M. Lalonde: Cela va. Il est déjà dans la loi. Ce
n'est pas un amendement que vous devez apporter?
M. Fontaine: Oui, on l'a.
M. Lalonde: Vous voyez comme on vous fait confiance.
M. Bédard: Alors, l'article 94. M.Fontaine:
Article 11, adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 10, adopté?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Article 11, adopté?
M. Bédard: L'article 94 prévoyait que si le
lieutenant-gouverneur en conseil estimait qu'un juge devait être mis
à la retraite pour incapacité, celle-ci devait être
établie par la Cour d'appel. Vu l'institution du Conseil de la
magistrature et de comités d'enquête au sein de ce conseil et vu
aussi que le nouveau régime de pension accorde cette
responsabilité au Conseil de la magistrature, nous croyons que
l'amendement est justifié pour éviter un double régime.
Pour cette même raison, nous assujettissons l'incapacité dont il
est question à l'article 92 à cette même règle. Il
s'agit à cet article d'une mise à la retraite pour
incapacité si le juge donne sa démission.
Le Président (M. Marcoux): Article 11, adopté?
M. Lalonde: Cette incapacité qui est... C'est
l'incapacité de l'article 92; cela va.
M. Fontaine: Avant, c'était le Conseil des ministres qui
faisait la demande.
M. Bédard: C'était la Cour d'appel.
M. Fontaine : Non, mais qui faisait la demande à la Cour
d'appel? C'était le Conseil des ministres, le lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. Bédard: C'est cela.
M. Fontaine: Maintenant, c'est le ministre lui-même.
M. Bédard: Oui, c'est-à-dire que cela a toujours
été une requête du procureur général à
la Cour d'appel.
M. Lalonde: Le ministre fait comme les autres. Il augmente son
pouvoir. C'est aux dépens du conseil.
M. Fontaine: Dans la loi... Non, c'est cela, sur requête du
procureur général.
M. Bédard: C'est la même chose.
Le Président (M. Marcoux): Article 11, adopté?
M. Lalonde: Article 11, adopté.
M. Bédard: L'article 12 est de concordance.
Le Président (M. Marcoux): L'article 12 est de
concordance. Est-ce qu'on adopte la concordance?
M. Lalonde: Oui. L'article 12 comprend... Un instant! Cela
comprend 100a, 100b et 100c.
M. Bédard: L'article 12, en ce qui a trait à
l'article 100a...
M. Lalonde: 100a est de concordance.
M. Bédard: 100b, cet article a pour but de permettre
l'indexation des pensions payées en vertu du régime de retraite
actuel des juges. Le taux d'indexation applicable sera le même que celui
proposé par le nouveau régime, soit le taux du Régime de
rentes du Québec. Cette disposition permettra d'éviter la
révision des montants de pension fixés par la loi, montants qui
ont d'ailleurs déjà été indexés
indirectement en 1976. Je souligne, toutefois, qu'afin d'inciter les juges en
fonction à opter pour le nouveau régime, cette règle
d'indexation ne s'applique qu'aux pensions versées aux juges admis
à la retraite avant le 30 mai 1978 ou encore à leur conjoint et
survivants.
M. Lalonde: Est-ce que cette explication est toujours valide,
compte tenu des amendements que vous devez apporter?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Article 12, adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 13? M.
Bédard: L'article 12 est adopté.
Le Président (M. Marcoux): Oui, l'article 12 est
adopté.
M. Lalonde: Non, pas l'article 12, c'est 100b qui est
adopté.
Le Président (M. Marcoux): Alors, 100b est adopté.
100c?
M. Lalonde: Parce que 100c est dans l'article 12.
(22 h 30)
M. Bédard: C'est ça.
L'article 100c: Cet article a pour but de permettre au gouvernement
d'adopter un règlement pour établir des régimes
d'avantages sociaux pour les juges, tels des régimes d'assurance-vie,
d'assurance-salaire, d'assurance-invalidité ou d'assurance-maladie.
Actuellement, certains juges en congé sans traitement participent
déjà aux régimes d'avantages sociaux établis pour
les cadres du gouvernement et auxquels ce dernier contribue. Les juges qui
exercent leurs fonctions judiciaires auprès des tribunaux n'ont pas cet
avantage. Ils doivent soit souscrire à un régime privé,
soit souscrire collectivement à certains régimes qu'ils peuvent
choisir selon leur décision.
Dans ce dernier cas, les avantages qu'ils en retirent sont moindres. Il
nous semblerait normal c'est l'orientation que j'entends prendre lors de
la présentation des règlements que les régimes
d'avantages sociaux viennent compléter le régime de retraite, de
telle sorte que l'ensemble des avantages offerts soit à peu près
les mêmes que ceux qui sont offerts aux cadres de la fonction
publique.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que c'est le plan "A"
que le gouvernement a en tête pour les juges?
M. Bédard: C'est ça.
M. Lalonde: Le plan "A", avec l'assurance-vie,
l'assurance-invalidité.
M. Bédard: Oui; salaires? Non, pas les salaires.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre est prêt à faire
une recommandation dans ce sens-là au Conseil des ministres? Quels sont
ses projets à court terme?
M. Bédard: Nous sommes prêts à faire une
recommandation...
M. Lalonde: Vous êtes prêt maintenant?
M. Bédard: ... au Conseil des ministres dès que la
loi sera adoptée.
M. Lalonde: Et cela pourrait entrer en vigueur soit avant ou pas
plus tard que l'entrée en vigueur du nouveau plan de pension?
M. Bédard: Afin de permettre un ajustement qui est
à souhaiter, ça pourrait entrer en vigueur probablement au plus
tard le 1er janvier 1979.
M. Lalonde: Le 1er janvier 1979. M. Bédard: C'est
ça.
M. Lalonde: Et le plan de pension, lui, à la même
date?
M. Bédard: En même temps. M. Lalonde: Bon!
Cela va!
Le Président (M. Marcoux): 100c, adopté. L'article
12, adopté?
M. Fontaine: Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 13?
M. Bédard: Cet article a pour but de reconnaître au
Tribunal de la jeunesse son caractère de juridiction mixte.
Actuellement, ce tribunal est classé avec les tribunaux de juridiction
criminelle, ce qui, à notre humble opinion, constitue une
méconnaissance de sa compétence civile, notamment, par exemple,
en matière d'adoption. Il y a peut-être d'autres domaines que vous
avez à l'esprit.
Le Président (M. Marcoux): Article 13?
M. Lalonde: Article 13, adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Tribunal de la jeunesse
Le Président (M. Marcoux): Article 14?
M. Bédard: Article 14: Cet article est de concordance avec
l'institution d'un poste de juge en chef associé et le nouveau
rôle du juge en chef adjoint, ce qui ajoute un poste
supplémentaire de juge.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: L'article 15...
Le Président (M. Marcoux): Article 15? Article 14,
adopté.
M. Bédard: C'est ça. L'article 15 constitue un
article de concordance, vu la création du poste de juge en chef
associé et le nouveau rôle du juge en chef adjoint. Pour le reste,
ça reprend essentiellement ce qui existe présentement dans
l'article 103.
Le Président (M. Marcoux): L'article...
M. Lalonde: M. le Président, je me demande pourquoi on
exige, dans l'article 103, l'approbation préalable du ministre de la
Justice pour désigner un suppléant d'un juge du Tribunal de la
jeunesse dans le cas d'absence ou d'incapacité. Pourquoi le juge en chef
ou le juge en chef adjoint du tribunal ne pourrait-il pas le faire?
M. Bédard: Cela existe présentement dans la loi et
il se peut qu'au Tribunal de la jeunesse, un suppléant ne soit pas
nécessairement un juge. Je ne vois pas les raisons de modifier ce qui
existe déjà.
M. Lalonde: Parce qu'il s'agit d'absence temporaire?
M. Bédard: C'est ça.
M. Fontaine: Ce ne serait pas un inconvénient
administratif?
M. Bédard: Non. Le ministre de la Justice est responsable
de l'administration de la justice et ce qui était prévu
auparavant était très indiqué. Je ne vois vraiment pas
quels seraient les arguments qui pourraient nous inciter à changer cet
article.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 15 sera
adopté?
M. Lalonde: Un instant, M. le Président. Même le
traitement est fixé par le ministre de la Justice.
M. Fontaine: Pourquoi est-ce qu'il ne recevrait pas le traitement
de celui qu'il remplace?
M. Bédard: Cela peut être un fonctionnaire qui soit
nommé juge suppléant. Il faut nécessairement que ce soit
fixé par un membre...
M. Fontaine: Si on le juge...
M. Bédard: ... par le ministre de la Justice.
M. Fontaine: Si on le juge apte à remplir la fonction de
celui qui est absent temporairement...
M. Bédard: II fait cela à temps partiel et je ne
vois pas...
M. Fontaine: À ce moment-là, il ne serait pas
rémunéré?
M. Bédard: II y a une rémunération
additionnelle qui peut être prévue.
M. Lalonde: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): L'article 15, adopté.
L'article 16.
M. Lalonde: Adopté sur division.
M. Bédard: Je me demande pourquoi...
M. Lalonde: Est-ce que je n'ai pas le droit...
M. Bédard: Non, mais comme j'essaie
d'améliorer...
M. Lalonde: J'espère que cela ne vous affecte pas
trop.
M. Bédard: Pas trop, je suis habitué à vos
divisions, mais je n'ai pas entendu d'argumentation...
Le Président (M. Marcoux): Si cet article est
adopté, on va passer à l'article 16.
M. Lalonde: En principe, même s'il faut changer la loi
actuelle, je sais que la loi, l'article 103 est dans le sens que vous le
proposez actuellement.
M. Bédard: Non, mais je...
M. Lalonde: Même si ce n'est pas conforme à
l'article 103, je pense qu'on devrait divorcer le plus possible
d'administration des cours, de l'exécutif. C'est cela...
M. Bédard: Divorce, séparation, je n'aime pas cela,
mais ce n'est pas que nous ne voulons pas nous écarter ou que nous
refusons de nous écarter du texte actuel, mais lorsque nous ne voyons
pas de raison majeure... Ce n'est pas un principe de s'écarter de la loi
actuelle.
Le Président (M. Marcoux): L'article 16.
M. Bédard: À l'article 16, il y a une
modification.
Le Président (M. Marcoux): Au deuxième
alinéa?
M. Bédard: Aux fins de remplacer le deuxième
alinéa du texte proposé par le suivant: "Le juge en chef, le juge
en chef associé, le juge en chef adjoint sont nommés pour une
période de sept ans. Leur mandat ne peut être
renouvelé."
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Ce n'est pas plutôt le
troisième alinéa?
M. Lalonde: Non, c'est le deuxième parce que le premier
n'en est pas un. Le premier, c'est le deuxième.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 16,
adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: Adopté.
M. Clair: C'est le deuxième alinéa du texte
proposé.
M. Lalonde: L'amendement, c'est ce qui commence par les
guillemets. Or, il y a deux alinéas dans les guillemets.
M. Clair: ... indiqué à la fin...
M. Bédard: Non, mais le deuxième alinéa du
texte proposé.
M. Lalonde: C'est cela, le texte proposé a seulement deux
alinéas.
M. Bédard: Pour une fois, on n'est pas en division.
M. Lalonde: Cela vous surprend qu'on soit d'accord?
M. Bédard: Enormément!
Le Président (M. Marcoux): De toute façon,
l'article 16 est adopté. L'article 17.
M. Bédard: L'article 17 a pour but d'appliquer aux juges
du Tribunal de la jeunesse, les mêmes règles que celles qui sont
prévues par la Cour des sessions de la paix et ses juges.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 17 sera
adopté?
M. Lalonde: Un instant... Encore là, on arrive avec les
articles 134 à 136 qu'on avait suspendus pour...
M. Bédard: Vous voulez suspendre?
M. Lalonde: On va suspendre, on y reviendra avec plaisir, tout
à l'heure.
Le Président (M. Marcoux): L'article 17 est suspendu.
M. Grenier: Cela suspend...
M. Lalonde: On a pris des mauvaises habitudes.
M. Grenier: C'est bon pour le 92.
M. Bédard: Ils sont suspendus et attentionnés.
Le Président (M. Marcoux): L'article 18.
M. Bédard: L'article 18 a pour but de donner aux juges du
Tribunal de la jeunesse les pouvoirs d'un ou de deux juges de la paix. Je ne
sais pas si on a besoin de plus d'explications.
M. Lalonde: Non, cela va.
M. Fontaine: Cela devrait être adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 18,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 19.
M. Bédard: M. le Président, cet article est de
concordance avec la création d'un poste de juge en chef
associé.
Le Président (M. Marcoux): L'article 19,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 20.
M. Bédard: L'article 20 est un article de concordance,
également.
Le Président (M. Marcoux): L'article 20,
adopté?
M. Lalonde: L'article 20?
Le Président (M. Marcoux): À l'article 20, vous
aviez un projet d'amendement?
M. Lalonde: Un instant, à l'article 20, vous avez un
amendement.
M. Bédard: Excusez. Nous aurions un projet d'amendement
afin de remplacer à la dernière ligne du premier alinéa de
l'article 108a tel que proposé les mots "loi de" par les mots "loi
sur".
M. Lalonde: Le mot "de" par le mot "sur".
M. Bédard: C'est une loi sûre qu'on fait là.
C'est technique.
M. Fontaine: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté tel
qu'amendé.
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: Pas de division?
M. Fontaine: M. le Président, voulez-vous noter la
division du ministre de la Justice?
Le Président (M. Marcoux): Article 21.
M. Bédard: L'article 21 est un article de concordance avec
les nouveaux articles 74 et 105 de la Loi des tribunaux judiciaires. Quant au
deuxième alinéa, il n'est pas nécessaire...
M. Lalonde: Avec l'article 116 actuel, on lit: Les salaires et
frais de voyage des juges de la Cour du bien-être social sont
payés sur le fonds consolidé du revenu.
M. Bédard: Ce n'est pas nécessaire, compte tenu des
règles générales de l'administration financière. On
peut souligner qu'une telle disposition qui existe pour le Tribunal de la
jeunesse n'existe pas pour les autres.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 21, adopté.
Article 22?
M. Bédard: Comme vous voyez, on n'hésite pas
à amender des articles déjà existants.
M. Lalonde: C'est la grande réforme judiciaire, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): L'article 22 est-il
adopté?
M. Bédard: Je suis content que le député de
Marguerite-Bourgeoys s'en réjouisse. Cet article est de concordance avec
l'article 13.
M. Lalonde: II y a quelque chose qui manque dans mon affaire.
M. Bédard: C'est pour faire la section II.
M. Lalonde: Oui, parce que c'est drôlement situé
dans la loi. Vous avez deux points et on tourne la page et on a une section II
comme si c'était une nouvelle section de la loi. C'est seulement cela
que vous... Cela va.
M. Bédard: Oui, mais ce n'est pas cela.
M. Lalonde: Tant que vous êtes inoffensif, cela va
bien.
Cour provinciale Le Président (M. Marcoux): Article
23?
M. Bédard: Cela m'indique pourquoi vous réagissez
comme cela. Cet article crée un poste additionnel à la Cour
provinciale. Ceci résulte de la création du poste de juge en chef
associé.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 24?
M. Bédard: À l'article 24, nous avons un
amendement, aux fins de remplacer le deuxième alinéa du texte
proposé par le suivant: "Le juge en chef, le juge en chef associé
et le juge en chef adjoint sont nommés pour une période de sept
ans; leur mandat ne peut être renouvelé".
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est
adopté?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Marcoux): L'article 24 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté. L'article 25 aussi.
Le Président (M. Marcoux): Article 25?
M. Bédard: C'est un article de concordance.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
M. Bédard: L'article 26 également.
M. Lalonde: Un instant!
M. Bédard: II est de concordance avec le nouvel article 74
de la Loi des tribunaux judiciaires et l'article 27 du présent projet de
loi. L'article 27 vient après.
M. Lalonde: Un instant1 C'est le traitement.
Naturellement, c'est sur division, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'article 26 est adopté
sur division.
M. Bédard: Même la technique.
M. Lalonde: C'est que c'est un reste de vos trouvailles. Soyons
cohérents.
Le Président (M. Marcoux): Article 26, adopté sur
division.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Bédard: Par comparaison aux trouvailles
précédentes, c'est une amélioration.
M. Fontaine: ... seulement une question d'information. Est-ce
qu'à l'article 74, on va prévoir les dépenses, les frais
de voyage?
M. Bédard: C'est l'article 124 qui prévoit
cela.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Article 27?
M. Bédard: Cet article a un double objet. Le premier
alinéa a pour but d'appliquer à la Cour provinciale et à
ses juges le même schéma d'organisation administrative que pour
les juges des sessions ou du Tribunal de la jeunesse. Je me
réfère aux commentaires faits lors de l'étude de l'article
17. Je pense bien que c'est...
M. Lalonde: À cause du traitement, M. le
Président...
M. Bédard: La seule modification est que les articles 89
et 89a ne s'appliquent pas. Ceci s'explique vu l'article 47 du Code de
procédure civile et l'article 28 du projet, que ces deux articles
pourvoient à l'adoption des règles de pratique. Quant au
deuxième alinéa, il est de concordance avec les notions
proposées de traitement, de rémunération additionnelle ou
de pension.
M. Lalonde: J'ai une question, M. le Président. Le
ministre s'est référé à l'article 17, où on
remplace l'article 105 en faisant référence aux articles 134
à 136, et les articles 134 et 136, on ne les retrouve pas pour les juges
de la Cour provinciale. (22 h 45)
M. Bédard: Ils sont déjà situés dans
la section de la Cour provinciale.
M. Lalonde: Un instant.
M. Bédard: J'espère que vous n'êtes pas
soupçonneux au point de penser qu'on a fait sauter cette section.
M. Lalonde: Non, je vais regarder ça.
M. Fontaine: Étant donné qu'on fait
référence à l'article 136, il faudrait le suspendre.
M. Lalonde: Non, on n'y fait pas référence, on l'a
échappé. Je comprends pourquoi, c'est justement l'article 136 qui
parle des juges de la Cour provinciale.
À cause de la référence à l'article 75 qui
parle des traitements... non, article 74, un instant. L'article 74, lavez-vous
laissé tombé?
M. Bédard: Non, l'article 74, troisième ligne.
M.Lalonde: D'accord, adopté sur division.
Le Président (M. Marcoux): Article 27. Adopté sur
division. Article 28.
M. Bédard: Article 28: Ces articles visent à
permettre aux juges de la Cour provinciale qui agissent en vertu de la Loi des
poursuites sommaires de choisir, d'appliquer les règles de pratique
établies par les juges des sessions, s'il y en a, ou encore d'en adopter
eux-mêmes. Leur pouvoir en matière civile est prévu par le
Code de procédure civile à l'article 47. L'article 127b vise
à la publication de ces règles, il s'inspire de l'article 48 du
Code de procédure pour la publication.
M. Fontaine: Pour les mêmes raisons que tantôt,
adopté sur division.
M. Lalonde: Article 127a, d'accord. Article 127b, adopté
sur division.
Le Président (M. Marcoux): L'article 28 sera-t-il
adopté?
M. Fontaine: Sur division.
M. Lalonde: Sur division.
M. Bédard: À l'article 29, nous avons une
modification. Remplacer l'article 136 proposé par le suivant.
M. Lalonde: M. le Président, on a les articles 134 et 135
avant; si vous voulez, on peut peut-être les adopter ou les passer, pour
arriver à l'article 136 ensuite.
M. Bédard: Les articles 134 et 135 sont des articles de
concordance. On parle du juge en chef associé et du juge en chef
adjoint.
M. Lalonde: Cela va. L'article 134 est adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 134. Adopté.
Article 135.
M. Lalonde: L'article 135, ce sont les rapports du juge en chef
au ministre de la Justice, ça va bien.
Le Président (M. Marcoux): Article 136. Il y a plusieurs
amendements.
M. Fontaine: II y a eu des améliorations.
M. Bédard: II s'agit de remplacer l'article 136
proposé par le suivant: "Le juge en chef et le juge en chef
associé de la Cour provinciale transmettent au ministre de la Justice,
au moins deux fois par année, un rapport des activités de la cour
et des juges. Ce rapport mentionne notamment, pour chacun des districts
judiciaires des divisions de Montréal ou de Québec et pour chaque
mois, les renseignements suivants: a) le nombre de jours où il a
été tenu séance et le temps moyen qui a été
consacré; b) le nombre de causes entendues; c), les endroits et les
dates d'audition; d) le nombre de causes prises en
délibéré et le temps moyen consacré au
délibéré; e) le nombre de jugements rendus."
L'article 136 proposé par le projet de loi reprenait, à
peu de choses près, une disposition qui existait déjà dans
la Loi des tribunaux judiciaires pour la Cour provinciale, mais qui n'avait pas
été appliquée dans les dernières années. Le
projet de loi avait pour but d'appliquer l'article à la Cour des
sessions de la paix ainsi qu'au Tribunal de la jeunesse et de plus de faire que
les rapports soient acheminés vers le juge en chef, le juge en chef
associé et non directement au ministre de la Justice.
L'article 136 avait pour but de permettre au ministère de la
Justice d'obtenir des informations sur l'administration courante des cours, de
telle sorte qu'il puisse prévoir les besoins en matière de juges,
de locaux, de personnel administratif, de greffes ou d'équipement.
Toutefois, comme certains ont considéré que, dans sa forme,
l'article 136 semblait introduire une ingérence du pouvoir
exécutif dans le pouvoir judiciaire, nous proposons un amendement qui
tienne compte des besoins du ministère de la Justice et de l'adminis-
tration de la justice, tout en évitant cette ingérence.
En effet, l'amendement proposé n'établit de lien qu'entre
le ministre de la Justice et les juges en chef et les juges en chef
associés, lesquels, deux fois par année, pourraient faire un
rapport au ministre de la Justice transmettant certaines informations.
Il faut souligner que nous n'intervenons pas dans les rapports qui
doivent exister alors entre le juge en chef, le juge en chef associé et
les juges de la cour, non plus que nous n'obtenons de documents permettant
d'identifier expressément des juges.
C'était, d'ailleurs, dans l'ancienne loi.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bédard: Et on corrige, parce qu'avant, dans l'ancienne
loi, on faisait rapport directement au ministre de la Justice. Maintenant, on
préfère, étant donné que ce sont des questions
administratives dans la plupart des cas. que ces dits rapports qui, autrefois,
étaient référés au ministre de la Justice, soient
faits au juge en chef qui, lui, communique avec le ministre de la Justice.
M. Lalonde: M. le Président, c'est édifiant, mais
je vais vous lire la loi actuelle. Chaque juge va transmettre au procureur
général, à l'expiration de chaque mois, un rapport
mentionnant: Premièrement, le nombre de causes entendues par lui pendant
le mois; c'est un chiffre. Deuxièmement, le nom des parties; c'est
public, c'est dans les dossiers, etc.
M. Bédard: Oui, mais c'est du travail.
M. Lalonde: Troisièmement, l'endroit et la date de
l'audition; cela aussi, c'est relativement simple.
Quatrièmement, la date du jugement: il n'y a rien là.
Et cinquièmement, la nature du jugement.
Il est loisible...
M. Bédard: C'est un peu compliqué, cela.
M. Lalonde: C'est un rapport strictement statistique qu'on a ici,
dans la loi actuelle.
M. Bédard: C'est plus que cela.
M. Lalonde: On a le nombre de causes, le nom des parties,
l'endroit, la date d'audition...
M. Bédard: Le nombre de jours. M. Lalonde:
Pardon?
M. Bédard: Le nombre de jours où il a
été tenu séance et le temps moyen qui a été
consacré. C'est comme l'ancien texte. Ce sont des chiffres. Le nombre,
ce sont des statistiques. Le nombre de causes entendues, je pense bien que ce
sont des statistiques. Les endroits et les dates d'audition, il
me semble que cela ne compromet personne. Le nombre de causes prises en
délibéré, c'est statistique. Et le temps moyen
consacré aux délibérés, c'est statistique. Le
nombre de jugements rendus...
M. Lalonde: Vous lisez votre amendement actuel?
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Le temps des délibérés
n'était pas dans la loi. Tantôt, le ministre a dit: C'est comme
dans la loi actuelle. Dans la loi actuelle, ce sont des faits qui n'engagent en
rien la fonction même du juge. Le nombre de causes entendues pendant le
mois, un juge peut en entendre une et prendre trois mois pour en entendre une,
aux sessions de la paix.
M. Bédard: II faut faire confiance, quand même. Nous
ne sommes pas des novices.
M. Lalonde: Laissez-moi terminer. C'est moi qui ai la parole, M.
le Président. Le nom des parties, c'est dans les dossiers. Il n'y a pas
de problème. L'endroit et la date d'audition, naturellement, il y a des
juges qui voyagent de district en district ou de palais de justice en palais de
justice. La date des jugements, encore là, c'est très facile
à vérifier, et la nature des jugements aussi.
Ce qu'on nous propose, c'est le nombre de jours où il a
été tenu séance et le temps moyen qui y a
été consacré. Le temps moyen qui y a été
consacré par jour?
M. Bédard: N'oubliez pas que ce n'est pas pour chaque
juge, c'est pour l'ensemble de la cour.
M. Lalonde: Un instant!
M. Bédard: C'est pour connaître le taux d'occupation
des cours.
M. Lalonde: Écoutez, il ne faut quand même pas se
cacher. Le juge en chef n'inventera pas ces chiffres. Il va falloir qu'il les
obtienne de ses juges.
M. Bédard: II ne nous les donnera pas, par exemple.
M. Lalonde: Qu'on n'impose pas au juge de faire rapport
directement au procureur général ou au ministre de la Justice,
c'est très bien. Le juge en chef est responsable de l'administration de
sa cour, c'est excellent. Mais c'est chaque juge qui devra faire son rapport
quand même. Au lieu de l'envoyer au ministre, il va l'envoyer au juge en
chef.
Donc, pour le nombre de jours où il a été tenu
séance, le temps moyen qui a été consacré,
qu'est-ce que le ministre veut avoir sur le temps moyen? Qu'est-ce qu'il
cherche?
M. Bédard: Le taux d'occupation des cours.
M. Lalonde: Le taux d'occupation des cours. M. Bédard:
Un point c'est tout. Rien d'autre. M. Lalonde: Les salles.
M. Bédard: Oui. Je ne vois pas ce que j'aurais
à...
M. Lalonde: D'accord. Le nombre de causes entendues, c'est un peu
comme avant. Les endroits, les dates d'audition, c'est relativement simple. Et
le nombre de jugements rendus, c'est la même chose.
Le nombre de causes prises en délibéré...
M. Bédard: Cela va.
M. Lalonde: C'est très actuel, cela aussi. Il y a des
causes qui ne sont pas prises en délibéré et il y en a qui
sont prises en délibéré. Il s'agit de faire
l'addition.
Qu'est-ce qu'on peut espérer tirer de cette donnée? Par
exemple, que le juge en chef de la Cour provinciale du district de
Québec vous dise qu'il y a 30% des causes qui ont été
prises en délibéré, ou 70% des causes qui ont
été prises en délibéré. Qu'est-ce que vous
allez faire avec cette donnée?
M. Bédard: Ce sont des informations qui sont
demandées.
M. Lalonde: Un instant! Vous demandez des informations, c'est
pour les traiter. J'espère que ce n'est pas pour empiler cela dans vos
tiroirs. On demande des données pour... C'est un "input" cela.
L'"output" serait quoi?
M. Bédard: Je l'ai dit tout à l'heure dans mes
explications. C'est un des éléments qui pourrait permettre
d'évaluer le besoin en juges par rapport aux causes prises en
délibéré, aux causes qui ont été
introduites, la moyenne de durée des délibérés.
C'est tout. Je pense que cela a un impact très direct sur le nombre de
juges. C'est quand même une décision importante à
prendre.
M. Lalonde: Le fait de prendre une cause en
délibéré ou non est un acte parfaitement autonome du
juge.
M. Bédard: Parfait, il n'y a pas de problème. On ne
veut pas le rendre dépendant non plus.
M. Lalonde: II y a des juges qui en prennent moins, d'autres en
prennent davantage. C'est en fonction de leur tempérament, de...
M. Bédard: C'est cela, chacun a aussi des raisons
particulières. Tout ce qu'on cherche, je peux vous le dire, c'est la
moyenne, parce que cela peut avoir un impact direct sur le nombre de juges
requis. Je pense que le...
M. Lalonde: Le nombre de causes prises en
délibéré n'a rien à voir avec l'occupation des
salles.
M. Bédard: Non, la moyenne du nombre de causes prises en
délibéré additionnée du temps moyen qui a
été consacré à ces
délibérés...
M. Lalonde: On va y arriver au temps moyen. Vous allez voir
comment cela se fait.
M. Bédard: On verra ce que cela donne.
M. Lalonde: Comment pensez-vous que le juge en chef va trouver le
temps moyen? Il faut qu'il prenne le temps de tous les
délibérés pour avoir le temps moyen.
M. Bédard: Je ne vous dis pas qu'on a la perfection, mais
il est important que le ministère de la Justice ait certaines
statistiques qui lui permettent de prendre les décisions les plus
correctes. On verra ce que cela donnera comme rapport.
M. Lalonde: Oui, mais on ne demande pas des données en
disant on verra. Quand même!
M. Bédard: Non, je ne vous ai pas dit cela. Vous prenez
toujours une...
M. Lalonde: Vous venez de dire: On verra ce que cela va
donner.
M. Bédard: Non, mais laissez-nous finir. On verra ce que
le juge en chef peut tirer de ces données. On peut en discuter avec lui
et, après cela, évaluer, comme je l'ai dit, le nombre de juges
nécessaires. Augmenter le nombre de juges d'une cour, d'une juridiction,
c'est un geste important qu'il faut essayer d'analyser à partir de
données telles que celles-là.
M. Lalonde: D'après le ministre, le temps de
délibéré, c'est quoi? Est-ce que c'est le temps qui
s'écoule entre la fin de l'audition et la date du jugement?
M. Bédard: Non, c'est le temps consacré aux
délibérés. Il peut fort bien arriver qu'un
délibéré soit terminé et, parce qu'une date a
été fixée pour rendre jugement, que le jugement soit rendu
une semaine ou deux semaines plus tard. Ce n'est certainement pas la date de la
prise en délibéré par rapport à la date où
le jugement est rendu. C'est le temps que le juge a dû consacrer, pendant
lequel il ne siégeait pas pour faire son délibéré.
C'est tout.
M. Lalonde: C'est le temps qu'il a mis à examiner la cause
une fois entendue et à prendre sa décision. Si vous étiez
juge et que j'étais juge en chef, comment pensez-vous que je pourrais
vous demander de me donner, de la façon la plus précise possible
parce que sans cela, si on a des données qui ne sont pas
précises, cela ne vaut pas le papier sur lequel c'est écrit
de me dire combien d'heures vous avez délibéré? Si
vous avez une sentence à rendre demain matin, vous allez probablement y
penser toute la soirée chez vous. Est-ce que réellement
c'est...
M. Bédard: II faut faire confiance au bon sens. Mon
Dieu!
M. Lalonde: On ne fait pas confiance au juge dans ce
temps-là. N'exigez pas des choses qui n'ont pas de bon sens justement.
C'est très aléatoire que de demander à un juge combien de
temps il a pris pour délibérer.
M. Bédard: Si cela n'a pas de bon sens, je dois vous dire
que le juge Deschênes lui-même le demande, le juge en chef de la
Cour supérieure.
M. Lalonde: Qu'est-ce que cela a donné jusqu'à
maintenant?
M. Bédard: Vous pourriez peut-être lui poser la
question. Ce n'est peut-être pas bête non plus...
M. Lalonde: Ce n'est pas moi qui l'invoque, c'est vous.
M. Bédard: Non, mais vous affirmez comme cela, sans aucune
explication et sans aucun motif, que cela n'a pas de bon sens.
M. Lalonde: C'est moi qui vous donne les explications. Je vous
demande des explications.
M. Bédard: Si cela n'a pas de bon sens, je dois vous
informer que le juge en chef de la Cour supérieure qui, je pense, dirige
bien sa cour, a cru bon d'avoir ce genre d'information; il estimait que
c'était important.
M. Lalonde: II obtient de tous ses juges le temps des
délibérés? (23 heures)
M. Bédard: On ne demande pas une précision à
tout casser. Ce n'est pas pour faire des tracasseries. C'est pour avoir une
moyenne qui nous permette une certaine précision qui est loin
d'être parfaite, mais qui est de beaucoup préférable
à l'imprécision qui existe à l'heure actuelle, en
l'absence totale de données qui existe à l'heure actuelle,
essayer de planifier les causes, planifier les locaux.
M. Lalonde: M. le Président, cela ne m'apparaît pas
réaliste. Cela m'apparaît une tentative maladroite,
peut-être de bonne foi, sûrement de bonne foi, de tenter
d'augmenter l'efficacité des cours. Il n'y a aucun doute qu'on ne peut
pas reprocher à un gouvernement d'augmenter l'efficacité ou de
voir à l'augmentation de l'efficacité des tribunaux, mais cela
m'apparaît d'abord très maladroit, parce que c'est
littéralement traiter les juges d'une façon mécanique,
comme si leurs fonctions pouvaient se traiter de façon
mécanique,
comme le bonhomme qui arrive à 8 heures le matin et qui va
"puncher" comme on dit, qui sort à 16 h 30 et qui "punche".
Écoutez, un juge qui a ses préoccupations constantes sur des
jugements à rendre...
M. Bédard: Mais oui...
M. Lalonde: ... ses délibérés, vous allez en
avoir du temps, cela va être épouvantable...
M. Bédard: Oui, mais on ne lui demandera pas. Ce n'est pas
un minutage auquel on essaie de faire croire. Il me semble qu'il y a de la
place pour un peu plus de largeur d'esprit et un peu plus de confiance
dans...
M. Lalonde: Oui, mais montrez votre confiance.
M. Bédard: Si vous me laissez terminer! ... dans la
nécessité d'avoir certaines données qu'on n'a pas et qui
peuvent influencer non seulement sur le nombre de juges à nommer, mais
sur la bonne marche de la justice, la rapidité de la justice, influencer
aussi même au niveau de la construction de salles d'audience. Ce sont des
données qui n'engagent absolument personne, n'identifient personne et
qui peuvent être de nature à être très utiles au
niveau du ministère de la Justice tel que je vous le dis. Par exemple,
l'honorable juge en chef de la Cour supérieure se fait une règle
très stricte au niveau de l'évaluation des
délibérés, parce que cela a une influence directe sur la
célérité à procéder du point de vue
judiciaire.
M. Lalonde: II y a un juge il y en a plusieurs
...
M. Bédard:... certaines craintes, mais là...
M. Lalonde: Oui, je vais vous dire les craintes qu'ils ont
exprimées, ils ont appelé cela l'invasion du
délibéré. Sûrement! Je vais vous dire, à part
de cela, que votre... Au début, à la première lecture,
votre amendement m'apparaissait beaucoup mieux que l'article qui a
soulevé un tollé. Pourquoi a-t-il soulevé un tollé?
Parce que vous disiez au sous-paragraphe e), ce qui apparaît actuellement
dans la loi 40, avant votre amendement, le temps consacré à
chaque délibéré. Or, si vous voulez avoir le temps moyen
consacré aux délibérés, il va falloir que vous ayez
le temps consacré à chaque délibéré. Pour
avoir une moyenne, il faut avoir toutes les données. Or, cela n'a pas
changé. Ce n'est pas un changement.
M. Bédard: C'est complètement faux, ce que vous
dites, parce que le juge lui-même peut faire sa propre moyenne de
délibérés, de temps de délibérés. Ce
n'est pas une question de minutage. Ce n'est pas une question de remplir une
liste: Telle cause a pris tel temps de délibéré, etc. Je
pense qu'un juge, quand il évalue son mois de travail, peut facilement
identifier quelle est la moyenne du temps qu'il a consacré à des
délibérés.
M. Lalonde: Comme ministre de la Justice, excusez-moi,
laissez-moi terminer...
M. Bédard: Vraiment, on est loin des craintes et de la
situation qui a été dénoncée.
M. Lalonde: Non, mais comme ministre de la Justice, vous affirmez
publiquement que vous serez satisfait si le juge en chef exige de chaque juge,
non pas le temps consacré à chaque délibéré,
mais une moyenne de délibérés.
M. Bédard: Écoutez, je veux être en
conformité avec le projet de loi que je fais. Le juge en chef prendra
ses responsabilités.
M. Lalonde: Un petit recul! Une petite pirouette!
M. Bédard: Non, il n'y a même pas de recul. Il y a
une conformité avec l'esprit... Là, si je vous disais oui, vous
diriez: Qu'est-ce que vous faites dans le domaine des responsabilités du
juge en chef? Je voudrais que vous soyez logique aussi avec un raisonnement qui
vous a aidé jusqu'à maintenant.
M. Lalonde: Vous êtes méfiant pour rien.
M. Bédard: Remarquez que je ne vous rends pas votre
méfiance. Je ne serais jamais capable.
M. Lalonde: Je termine là-dessus, pour laisser le
député de Nicolet-Yamaska continuer.
M. Fontaine: Allez-y!
M. Lalonde: Ces données au fond, c'est fait pour quoi?
Oui, de bonne foi, on va avoir des statistiques et essayer de faire des grands
tableaux, mais vous allez avoir le juge qui, lui, a eu la cause la plus
compliquée qui a duré, je ne sais pas, moi... L'affaire du sucre,
par exemple. L'enquête préliminaire a duré combien de mois?
Plusieurs mois, et le délibéré, je ne me souviens plus. Un
juge peut délibérer trois mois sur une cause.
M. Bédard: Et si vous avez beaucoup de causes
compliquées.
M. Lalonde: Et son voisin aura eu peut-être je ne
sais pas, moi 50 petites causes, pendant ce temps-là, pour
lesquelles il a délibéré une heure. Cela va donner quoi,
ça?
M. Bédard: Justement, si vous vouliez essayer de
comprendre, être seulement attentif; je ne vous demande même pas
d'être ouvert, de faire preuve d'ouverture...
M. Lalonde: Je vous écoute.
M. Bédard: Bon! Le problème n'est pas de savoir si
un juge délibère plus longtemps qu'un autre, mais si, justement,
la moyenne de délibérés montre que le nombre de causes
compliquées est beaucoup plus élevé qu'on ne le croit;
à ce moment-là, ça peut influencer sur la
nécessité de la nomination d'un nouveau juge. Ce sont des
statistiques moyennes. Moi, je fais entière confiance au juge en chef de
chacune des cours pour ne pas se servir de cet article-là autrement que
dans le but d'une meilleure administration de la justice. D'ailleurs, c'est
l'esprit avec lequel nous l'avons inséré dans le projet de
loi.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre de la Justice pourrait nous
dire s'il y a eu des représentations, des discussions avec le Barreau ou
la Conférence des juges au sujet de ces renseignements qui sont
demandés?
M. Bédard: Personnellement, je dois vous dire que j'ai eu
l'occasion, je pense mais je ne voudrais pas trop m'avancer
peut-être d'en discuter au téléphone avec le
président de la Conférence des juges qui m'exprimait des craintes
sur l'ancienne formulation et qui, effectivement, a formulé les
mêmes craintes au sous-ministre de la Justice. La nouvelle formulation et
l'esprit qui prévaut dans cette nouvelle formulation me semblent
être de nature à ne créer aucun soupçon sur quelque
intention que ce soit et, au contraire, cette formulation doit être vue
comme une mesure normale pour bien analyser l'ensemble de l'efficacité
de l'appareil judiciaire.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre aurait objection à
entendre le président de la Conférence des juges sur ce
point-là, s'il veut le faire?
M. Bédard: Non, M. le Président. Je ne pense pas
qu'on commence...
M. Fontaine: Seulement sur ce point-là. M. Lalonde:
M. le Président...
M. Bédard: Non, M. le Président; je prends mes
responsabilités, c'est ça.
M. Fontaine: D'accord.
M. Lalonde: II n'est pas loin.
M. Bédard: Je sais. Il n'est pas loin et il n'est pas loin
de moi non plus, dans tous les sens du mot. D'accord? J'ai beaucoup de respect
pour lui, en passant.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement à l'article
136 ou le nouvel article 136 sera-t-il adopté?
M. Lalonde: Sur division.
M. Fontaine: Sur division.
M. Bédard: J'espère, M. le Président, que
les explications que j'ai données... Je savais d'avance qu'elles ne
seraient pas de nature à répondre complètement aux
interrogations de l'Opposition, mais elles seront de nature à rassurer
non seulement le président de la Conférence des juges, mais
également l'ensemble des juges qui, comme moi, feront confiance aux
juges en chef.
Le Président (M. Marcoux): Pour procéder dans
l'ordre, je vais appeler l'article 9. Je crois que vous serez prêts
à l'adopter, ou presque?
M. Lalonde: Un instant! C'est l'article 29, ce n'est pas
l'article 9.
Le Président (M. Marcoux): On l'avait suspendu...
M. Lalonde: Ah bon! alors on va commencer... M. Bédard:
Ah oui!...
Le Président (M. Marcoux): Ah oui! On va adopter l'article
29 au complet, d'abord. L'article 29, tel qu'amendé, sera-t-il
adopté?
M. Lalonde: Sur division. M. Fontaine: Sur division.
Le Président (M. Marcoux): Bon! Je n'ai pas besoin de
revenir à l'article 9.
M. Bédard: Alors, l'article 9...
Le Président (M. Marcoux): Article 9 adopté sur
division. Article 17?
M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Marcoux): Nous revenons à
l'article 30.
M. Lalonde: Sur division... Non, on est à l'article
30.
M. Bédard: C'est une habitude chez vous.
M. Lalonde: Je pensais qu'on en avait suspendu plus que cela.
M. Bédard: C'est seulement un article de concordance,
celui-là.
M. Lalonde: On n'en avait pas un autre, par rapport à
l'article 17?
M. Bédard: L'habitude corrompt, parfois.
Le Président (M. Marcoux): Nous revenons a l'article
30.
M. Bédard: Je comprends que le député de
Marguerite-Bourgeoys voulait maintenir sa concordance avec sa
division.
M. Lalonde: J'étais distrait par les bonnes nouvelles qui
nous sont... On a des bonnes nouvelles ces temps-ci et cela nous distrait un
peu.
M. Bédard: II faut bien que vous ayez votre période
de bonnes nouvelles.
M. Lalonde: Vous n'avez pas d'objection à arriver à
l'article 33? Vous ne frémirez pas?
M. Bédard: Je ne suis pas très porté
à frémir.
M. Lalonde: À l'article 31, c'est une concordance.
Le Président (M. Marcoux): L'article 30 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 31 ?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 32?
M. Bédard: À l'article 32: ... dont certains juges
de paix nommés en vertu de l'article 196 sont soumis à l'article
76 de la Loi des tribunaux judiciaires sur la destitution des juges et au
régime de retraite des employés du gouvernement.
Or, la loi ne prévoit pas le mode de fixation de traitement.
Certains sont d'anciens procureurs de la Couronne dont les postes ont
été transformés en postes d'adjoints aux cadres alors que
d'autres viennent de l'extérieur. On applique à ces juges de
paix, les mêmes traitements que ceux des adjoints aux cadres. Il convient
de reconnaître ce fait.
M. Lalonde: Excusez-moi un instant... l'article 198...
M. Bédard: C'est un autre problème qu'on
règle en passant; on les payait mais on n'avait pas l'autorité
légale de les payer, alors on se donne l'autorité légale
de les payer.
M. Lalonde: Qui, jusqu'à maintenant, fixait leur
salaire?
M. Bédard: C'était fixé par le
gouvernement.
M. Lalonde: Jusqu'à maintenant c'est cela. Alors, il n'y a
pas de changement.
Le Président (M. Marcoux): L'article 32 sera-t-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 33 sera-t-il
adopté?
M. Lalonde: On va passer beaucoup de temps là-dessus, M.
le Président.
Le Président (M. Marcoux): On va commencer par le
commencement. Le paragraphe 233?
M. Lalonde: 33%, excusez... L'article 33...
M. Clair: Adopté.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bédard: On est à l'article 33.
La retraite et la pension des juges
Le Président (M. Marcoux): Article 33, paragraphe 233.
M. Bédard: Je pense qu'il y a lieu de le prendre en bloc,
M. le Président, pour une meilleure discussion.
Le Président (M. Marcoux): L'article 33? Pour une
meilleure présentation?
M. Bédard: Je ne sais quelle est l'idée...
Le Président (M. Marcoux): C'est parce que vous avez
beaucoup d'amendements, il faudra procéder paragraphe par
paragraphe.
M. Fontaine: Oui, oui. Très lentement.
Le Président (M. Marcoux): S'il n'y avait pas
d'amendements... À moins que vous n'ayez pas le temps d'examiner les
amendements pour les adopter en bloc?
M. Bédard: Vous me permettrez sûrement un
commentaire général concernant l'article 33. Cet article a pour
but d'introduire deux nouvelles parties à la Loi des tribunaux
judiciaires, soit une sixième partie sur la retraite et la pension des
juges et une septième partie sur le Conseil de la magistrature, le
perfectionnement des juges et la déontologie judiciaire.
Les objectifs visés par ces modifications ont été
exprimés lors du discours de deuxième lecture. Compte tenu du
nombre de dispositions proposées, peut-être qu'on aura à
faire les commentaires article par article. Si nous nous permettons un
commentaire général sur le régime de retraite, la
proposition du projet de loi, quant à l'établissement d'un
nouveau régime de retraite pour les juges, a pour but de rationaliser et
de pallier les inconvénients du régime actuel sur lequel
s'étaient sans doute penchés longuement les anciens gouvernements
qui nous ont précédé. Cela a pour but de pallier les
inconvénients du régime actuel et de rationaliser les
règles relatives à la retraite des juges, de telle sorte qu'il
soit permis, dans l'avenir, de développer une structure cohérente
à l'égard de la rémunération des juges.
Parmi les inconvénients du régime actuel, nous pouvons
souligner l'absence de rapports
entre les années d'exercice de la charge et la retraite,
l'absence de relations automatiques entre la pension et le traitement. Le
régime de retraite qui est proposé dans cette loi pallie ces
inconvénients, corrige ces inconvénients.
En outre, ce régime devient contributif, ce qui permettra
d'augmenter les bénéfices offerts et ce régime s'aligne
sur les autres régimes publics, tout en tenant compte des
caractéristiques particulières à la magistrature. (23 h
15)
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'on amende l'article
233?
M. Bédard: Au niveau des comparaisons, c'est difficile
d'avoir des bases, parce que le livre blanc considérait que le
régime de retraite actuel était un des meilleurs et des plus
avancés puisqu'il était non contributif. La seule recommandation
du livre blanc est en ce sens que des dispositions législatives soient
adoptées pour qu'au décès d'un juge certains
bénéfices puissent être payables à ses enfants
mineurs ou étudiants. On va plus loin que cela.
M. Lalonde: Sur l'article 233, puisqu'il y a eu des remarques
préliminaires, il n'y a aucun doute que nous sommes prêts à
étudier très positivement la proposition du ministre en ce qui
concerne la pension des juges. Essentiellement il introduit un plan de pension
de type contributif, ce qui n'est pas une exception, au contraire.
C'était le contraire qui était l'exception. Là-dessus, je
n'ai aucun problème au niveau des principes. C'est le passage du
système actuel au nouveau système qui va faire l'objet de nos
préoccupations. C'est le respect des droits acquis pour ceux qui sont
entrés dans cette fonction avec les règles existantes qui va
faire aussi l'objet de nos préoccupations.
M. Bédard: Les dispositions de transition concernant les
droits acquis vont être traités de l'article 237 à
l'article 243.
M. Lalonde: Oui. Je sais que cela vient après. Alors,
c'est pour cela que les articles 233, 234, 235 avec l'amendement, 236, ne
créent pas de problème.
M. Bédard: Alors, est-ce qu'on pourrait les appeler?
M. Lalonde: Avec l'amendement.
Le Président (M. Marcoux): Article 233 adopté?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Article 234 adopté?
M. Lalonde: Oui, c'est l'administration du régime.
Le Président (M. Marcoux): Article 235, il y a un
amendement. L'amendement est-il adopté?
M. Fontaine: Un instant. M. Bédard: ... de
modifier...
M. Fontaine: II faudrait qu'il soit lu pour paraître au
journal des Débats.
M. Lalonde: II faudrait quand même qu'il lise
l'amendement.
M. Bédard: II faudrait que je fasse l'amendement.
M. Lalonde: On a un président pressé.
M. Bédard: L'article serait modifié par l'addition
de l'alinéa suivant à l'article 235 proposé: "Le juge qui
a exercé sa charge pendant au moins 25 ans a droit d'être admis
à la retraite avec pension". Alors cet amendement a pour objet de mieux
faire ressortir les deux règles d'accès à la retraite avec
pension dans un même article, soit celle découlant de l'âge
et celle découlant du fait qu'un juge ait exercé sa charge
pendant au moins 25 ans. Cela va? Article 235 adopté?
M. Lalonde: L'amendement fait notre affaire, M. le
Président, et nous l'adoptons.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est adopté.
Article 235 adopté tel qu'amendé?
M. Lalonde: Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Marcoux): Article 236? Il y a un
amendement.
M. Bédard: II y a un amendement aux fins de remplacer
l'article par le suivant: "La pension accordée à un juge qui a
exercé sa charge pendant 25 ans ou plus, qu'il ait atteint ou non
l'âge de 70 ans, est égale à 70% du traitement moyen des
cinq années d'exercice de sa charge les mieux
rémunérées". L'amendement a pour but de clarifier le texte
afin de faire mieux ressortir le fait que le juge qui a exercé sa charge
pendant 25 ans ou plus ne reçoit qu'une pension égale à
70% du traitement moyen pour les cinq années d'exercice les mieux
rémunérées.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le nouvel article
sera adopté?
M. Bédard: C'est conforme sous le rapport de la fonction
publique.
Le Président (M. Marcoux): Article 237.
M. Lalonde: On va d'abord adopter 236. Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Oui. Il est adopté?
Article 237.
M. Bédard: Article 238.
Le Président (M. Marcoux): 237 d'abord. Est-il
adopté?
M. Bédard: Je pense que oui. On établit celui de
2,8% par 25 ans, l'annualité.
M. Lalonde: Ces 2,8% se retrouvent dans le plan de pension des
fonctionnaires, je pense.
M. Bédard: C'est 2%, parce que c'est 35 ans.
M. Lalonde: C'est 35 ans, oui, c'est ça, c'est 2,8% pour
25 ans.
M. Bédard: ... alors que là, c'est 25 ans.
Le Président (M. Marcoux): L'article 237 est
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
M. Lalonde: L'article 238 est adopté. Article 237,
adopté, oui.
Le Président (M. Marcoux): Article 238. Adopté?
M. Bédard: Cet article prévoit le cas du juge qui,
de l'avis du gouvernement, est incapable de remplir ses fonctions et qui n'a
pas l'âge de la retraite. Soulignons que cette incapacité n'est
pas établie à la discrétion du gouvernement, mais par le
Conseil de la magistrature avec la portée de ce projet de loi. Cette
règle est concordante avec l'article 11 du projet de loi. On l'a
déjà souligné tantôt.
Le Président (M. Marcoux): L'article 238 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 239.
M. Fontaine: Retiré.
M. Lalonde: II est retiré.
M. Bédard: II est retiré, M. le Président.
Les articles 240 à...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que...
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
très brièvement la raison du retrait?
M. Bédard: Je voudrais noter que les articles 240 à
248 sont renumérotés, 239 à 247. L'amendement a pour objet
de retirer l'article 239 proposé. En effet, nous avons eu
différents commentaires, notamment de la part de la Conférence
des juges, indiquant que cet article avait un caractère plutôt
péjoratif et qu'il pourrait, dans son application, tendre à
favoriser des juges dont on voudrait hâter le départ pour
différentes raisons, soit de santé ou autres.
Nous avons donc réévalué cet article et en sommes
venus à la conclusion qu'il introduisait dans le régime
proposé un élément de déséquilibre qu'il
était souhaitable de ne pas conserver. En effet, un des objectifs du
régime est d'assurer une meilleure indépendance du judiciaire par
rapport à l'exécutif en empêchant que ce dernier n'utilise
le régime de retraite pour favoriser des retraites hâtives ou des
démissions. Dès lors, les juges qui seront nommés
après le 30 mai 1978, devront exercer leur fonction pendant au moins 25
ans ou atteindre l'âge de 70 ans pour obtenir une retraite avec pension.
Toutefois, pour les juges en fonction au 30 mai 1978, nous conservons les
dispositions transitoires dont nous ferons état tout à
l'heure.
Le Président (M. Marcoux): L'article 239 est
retiré.
M. Lalonde: Le retrait est adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 240 devient l'article
239?
M. Bédard: À l'article 240 proposé et
renuméroté 239, nous proposons de remplacer l'article par le
suivant: "Le juge qui, au moment où il cesse d'exercer ses fonctions,
n'est pas admis à recevoir une pension en vertu des articles 236
à 238, a droit, s'il a exercé ses fonctions pendant au moins deux
ans, à une pension différée, établie à la
manière prévue par le deuxième alinéa de l'article
238 qui lui devient payable à l'âge de 70 ans. Autrement, il a
droit au remboursement de ses contributions avec les intérêts
courus au taux fixé par règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil. Le juge qui a droit à une pension différée peut,
en tout temps, avant qu'une pension ne lui devienne payable, obtenir le
remboursement de ses contributions avec les intérêts courus au
taux fixé par règlement du lieutenant-gouverneur en conseil."
Fin de l'amendement, M. le Président. Cet amendement a pour effet
d'appliquer aux juges une règle déjà établie dans
certains régimes de retraite publics pour que le droit acquis d'une
personne qui démissionne soit un droit à une pension
différée, mais que, par ailleurs, elle puisse avoir droit, si
elle le désire, au remboursement de ses contributions. Nous avons
introduit une règle établissant que cette pension
différée n'était payable que si le juge a exercé
pendant au moins deux ans et cette disposition se conçoit fort bien
puisqu'on évite ainsi le paiement de pensions fort réduites.
Enfin, quant au taux d'intérêt dont on a fait mention
fréquemment dans ce régime de retraite, nous prévoyons
qu'il est fixé par règlement comme cela se fait dans le
régime des employés du gouvernement et des organismes publics, le
taux étant actuellement de 8% à 9%.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que ce nouvel article
sera adopté?
M. Lalonde: Seulement une chose, une clari-
fication, quand on parle des contributions qu'il a droit de se faire
rembourser, est-ce bien clair que ça comprend toutes les contributions,
que ce soient celles faites en vertu de l'article 39, qui ont servi à
racheter du temps?
M. Bédard: Oui, il va y avoir une disposition qui va
prévoir ça.
M. Lalonde: C'est bien clair. M.Bédard:
Oui, c'est bien clair.
M. Lalonde: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'ajouter: y inclus
les sommes versées en vertu des articles 39 et 40?
M. Bédard: II va y avoir une disposition qui va
prévoir cela.
M. Lalonde: Où est-ce que c'est?
M. Bédard: II y a une disposition à l'article 40,
où on va ajouter très précisément l'alinéa
suivant qui va prévoir que, pour l'application de l'article 239
que nous étudions de la Loi des tribunaux judiciaires, les sommes
effectivement payées par un juge en vertu du présent article lui
sont remboursées comme si elles étaient une contribution.
M. Lalonde: Et l'article 40 parle bien des contributions de
l'article 39. C'est le coût du rachat... Cela va.
M. Bédard: Cela va?
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 239 sera-t-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: À l'article 240, nous n'avons pas
d'amendement.
M. Lalonde: Est-ce que vous vous référez aux
anciens numéros?
M. Bédard: C'est parce qu'on a
renuméroté.
Le Président (M. Marcoux): On va s'entendre sur un
même langage d'ici à la fin. Compte tenu que tout le monde a le
texte écrit des amendements, je vais utiliser directement la nouvelle
numérotation. D'accord?
M. Lalonde: Vous allez prendre la nouvelle
numérotation?
Le Président (M. Marcoux): Puisque vous avez tous les
amendements écrits.
M. Fontaine: Je pense que, pour le journal des Débats, il
serait préférable de dire article 240
renuméroté...
Le Président (M. Marcoux): Ce qui fait foi de rapport,
c'est le procès-verbal et c'est ce qui est écrit sur ceci.
M. Bédard: Nous continuons avec les articles tels que
numérotés et il y a une disposition où on
renumérote et la concordance se fait.
M. Lalonde: Et, à la fin, on renumérote. Il y a une
motion pour renuméroter. Oui.
M. Bédard: C'est peut-être mieux.
M. Lalonde: Quoique vos amendements soient déjà
renumérotés, c'est pour cela qu'il y a un peu de confusion. Ce
n'est pas grave.
M. Fontaine: On va se comprendre. Le Président (M.
Marcoux): Article 241.
M. Bédard: Cet article permet au gouvernement de prolonger
un juge dans ses fonctions, alors même qu'il a atteint l'âge de 70
ans, ou de l'autoriser a exercer une fonction judiciaire après cet
âge. Cette règle existe aussi dans le régime actuel et elle
complète l'article 72d proposé par le paragraphe a) et qui existe
déjà à l'article 72a de la loi.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 241 est
adopté?
M. Lalonde: C'est une exception à la règle de 70
ans, quoique ce soit la loi qui fixe la règle à 70 ans, c'est le
gouvernement...
M. Bédard: À un moment donné, pour les fins
d'une bonne administration de la justice, on peut permettre à un
juge...
M. Lalonde: II y a d'excellents juges qui sont encore
parfaitement capables à 70 ans, qui peuvent contribuer...
M. Bédard: Ou encore certains juges qui travaillent dans
un domaine très spécialisé. Leur remplacement peut prendre
un certain temps.
Le Président (M. Marcoux): Adopté? M. Lalonde:
D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 242.
M. Bédard: À l'article 242, cet article
prévoit le bénéfice du conjoint survivant. La valeur de la
rente est de 50%, ce qui est usuel dans les régimes de retraite, que ce
soit RREGOP ou le Régime de retraite des fonctionnaires. Je pense qu'on
peut noter que le deuxième alinéa est un avantage
spécifique qui est accordé par ce régime et dont il faudra
tenir compte lorsque des régimes d'avantages sociaux seront
souscrits.
Le Président (M. Marcoux): 242, adopté?
M. Fontaine: Adopté.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): 243.
M. Bédard: À 243, nous avons...
M. Lalonde: Vous n'avez pas un amendement à 242?
Le Président (M. Marcoux): 242? Non. À 243, il y a
un amendement.
M. Lalonde: D'accord.
M. Bédard: Remplacer, à la troisième ligne
du premier alinéa, le nombre 242 par le nombre 241.
Le Président (M. Marcoux): Adopté? M. Lalonde:
Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 243 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: II y a changement de numéros, mais on
revérifiera tout.
Le Président (M. Marcoux): À l'intérieur des
articles, il faut le faire tout de suite.
M. Bédard: À l'article 244 proposé, qui a
été renuméroté 243, il s'agit de remplacer,
à la deuxième ligne, le nombre 243 par le nombre 242, et
d'ajouter, à la fin de l'article proposé, la phrase suivante:
"S'il y a plus de quatre enfants bénéficiaires, le montant total
des pensions est divisé entre eux à parts égales". (23 h
30)
Les amendements ont deux buts, l'un est de concordance, le second a pour
effet de clarifier un point à la demande de la Conférence des
juges du Québec dans le sens que, s'il y a plus de quatre enfants qui
sont bénéficiaires, les montants prévus sont
divisés au prorata.
M. Lalonde: Cela va. Les deux amendements sont adoptés, M.
le Président.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est-il
adopté?
M. Lalonde: Les deux amendements sont adoptés.
Le Président (M. Marcoux): C'est parce que je ne les ai
pas encore, je m'excuse. Les deux amendements sont adoptés. L'article
244 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 245?
M. Bédard: À l'article 245 proposé,
renuméroté 244, remplacer les deux dernières lignes du
deuxième alinéa par ce qui suit: "une institution d'enseignement
ou, s'il souffre d'une invalidité, pour la période de cette
invalidité."
M. Lalonde: L'article 245...
M. Bédard: C'est une... C'est parce qu'on parlait
d'incapacité permanente...
M. Lalonde: Oui, il y avait...
M. Bédard: C'est une correction technique qui nous a
été demandée par la Conférence des juges.
M. Lalonde: Oui, il y avait une correction technique à une
erreur évidente, dans le sens que celui qui souffrait d'une
incapacité permanente pouvait...
M. Bédard: On en a deux comme cela, ce n'est pas
beaucoup.
M. Lalonde: On mentionnait... Voilà: "il fréquente
à temps plein une institution d'enseignement, ou s'il souffre d'une
incapacité permanente, pour la période de cette
incapacité." C'est vrai, la correction est faite.
Le Président (M. Marcoux): Article 245, adopté.
M. Lalonde: Un instant, M. le Président! J'ai des
questions à poser. C'est le problème, M. le Président, des
divorcés. Je sais qu'on avait introduit à la discussion sur la
Loi de l'assurance automobile une histoire un peu semblable.
M. Bédard: C'est déjà introduit.
M. Lalonde: Est-ce qu'il n'apparaît pas au ministre qu'il
peut y avoir des injustices là-dessus?
M. Bédard: Je ne crois pas.
M. Lalonde: Par exemple un juge divorce, il paie une pension
alimentaire à sa femme divorcée. Ensuite, il s'installe dans la
situation décrite dans le premier alinéa du paragraphe 245. Il
décède. La pension alimentaire naturellement tombe. La personne
bénéficiaire par le premier alinéa de l'article 245 se
trouve à être la seule qui bénéficie de la pension.
Vous ne trouvez pas qu'il y a des problèmes...
M. Bédard: Le moins qu'on puisse dire c'est que vous avez
le sens du dramatique, mais je comprends que c'est possible.
M. Lalonde: Si vous voulez que je dramatise, vous allez
pleurer.
M. Bédard: Je ne suis pas près...
M. Lalonde: On a dit cela très froidement.
M. Bédard: Ne me faites pas pleurer ce soir.
M. Lalonde: Je vous signale que le député de
Verchères vient de se réveiller.
M. Charbonneau: Non, je vous écoute attentivement.
M. Lalonde: II dit non, il n'est pas réveillé, M.
le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'article 245 est-il
adopté?
M. Clair: Quand il aura fini ses réflexions, on sera rendu
à 34.
M. Bédard: Je pense qu'il est difficile de donner à
la commission administrative le droit de venir s'ingérer dans une
situation qui est tranchée par le droit civil.
Le Président (M. Marcoux): L'article 245 est-il
adopté?
M. Lalonde: Sur division, M. le Président. Le
Président (M. Marcoux): Article 246. M. Bédard:
À l'article 246...
Le Président (M. Marcoux): ... il y a un amendement.
M. Bédard: II y a un amendement à l'article 246
proposé qui est renuméroté 245 aux fins de remplacer
l'article par le suivant: "La pension accordée en vertu de la
présente partie est viagère sauf à l'égard d'un
enfant, incessible et insaisissable. Elle est de plus payée au moins
mensuellement à même le fonds consolidé du revenu."
C'est la deuxième coquille. Je le dis avant que le
député de Marguerite-Bourgeoys le voie.
M. Fontaine: C'est un amendement de concordance avec ce que vous
avez proposé?
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Adopté.
M. Fontaine: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article est-il
adopté?
M. Bédard: C'est pour préciser que la pension ne
sera pas viagère à l'égard de l'enfant, ce qui est tout
à fait normal.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article sera-t-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 247?
M. Bédard: Cet article indique que le régime est
contributif. C'est le même pourcentage de contribution que pour RREGOP.
Le deuxième alinéa vise à permettre la déduction du
montant des contributions pour les fins d'impôt.
Le Président (M. Marcoux): 247 est-il adopté?
M. Lalonde: M. le Président, là-dessus, est-ce que
le ministre a considéré la possibilité ou
l'hypothèse de limiter la contribution aux 25 années auxquelles
est limitée la pension, enfin, la base de la pension? Au-delà de
25 ans...
M. Bédard: Dans tous les régimes, à l'heure
actuelle, on contribue au-delà de 25 ans jusqu'à un maximum de 35
ans. Comme le salaire va augmenter et que c'est basé sur les cinq
dernières années les mieux rémunérées, je
pense que c'est mieux de ne pas considérer cette hypothèse.
Même les juges vont préférer... Ils continuent à
contribuer.
M. Lalonde: On entre dans un domaine un peu technique.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Peut-être que le ministre pourrait nous
éclairer. Est-ce que le juge, après 25 ans de service, qui
aurait, à ce moment, 65 ou 66 ans, s'il contribue jusqu'à 70 ans,
pour les fins de la discussion, est-ce que sa pension augmente?
M. Bédard: Oui, sa pension est basée, selon le
principe...
M. Lalonde: C'est pour les cinq meilleures années.
M. Bédard: Si on part du principe que le salaire va
augmenter, sa pension est basée sur les cinq meilleures
années.
M. Lalonde: Même au-delà de 25 ans?
M. Bédard: Sauf que c'est toujours un maximum de 70% qu'il
peut recevoir, tel que nous l'avons spécifié auparavant. C'est la
même chose dans la fonction publique.
M. Lalonde: J'aimerais tout simplement, sans retarder, qu'on nous
indique l'article qui pourrait nous rassurer là-dessus. Les 70% se
trouvent...
M. Bédard: On l'a adopté tout à l'heure, je
n'ai pas cela par coeur.
M. Lalonde: Oui, je sais qu'il a été
adopté.
M. Bédard: J'ai quelqu'un à côté de
moi qui sait cela de mémoire. 236 spécifie que la pension
accordée à un juge qui a exercé sa fonction...
M. Lalonde: Oui, c'est vrai. Alors, ce sont les cinq
années d'exercice à sa charge les mieux
rémunérées. Il peut courir le risque de continuer
d'augmenter ainsi sa pension, en contribuant toutefois.
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Marcoux): 247, adopté?
M. Fontaine: M. le Président, seulement une remarque. Ici,
on demande une contribution de 7.5%, et au fédéral, c'est 7%
depuis 1977. Est-ce qu'il y a une raison spéciale pour laquelle on n'a
pas la même chose?
M. Bédard: Ce sont les mêmes normes suivies dans le
régime RREGOP depuis 1973.
Le Président (M. Marcoux): 247 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): 248?
M. Bédard: II y a un amendement à l'article 248
proposé, renuméroté 247, et qui se lit comme suit:
"À la première et à la deuxième ligne, remplacer
les mots "la pension est calculée" par les mots "la contribution et la
pension sont calculées". Il s'agit d'une correction technique.
M. Lalonde: J'ai essayé de la comprendre, cette...
M. Bédard: II s'agit d'une correction technique afin de
faire ressortir une intention qui était au projet de loi, selon laquelle
les contributions et les pensions prévues par la sixième partie
seraient calculées en fonction du traitement fixé à
l'article 74 de la loi, et non pas en fonction des traitements et des
rémunérations additionnelles. Il nous semble, en effet, plus
équitable de limiter ces calculs au traitement, puisqu'un juge en chef
n'a qu'un mandat de sept ans. Est-ce que cela répond...
M. Lalonde: Oui, cela répond à la question.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article, tel
qu'amendé, est adopté.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): 249? Il y a un nouvel
article.
M. Bédard: II y a un nouvel article.
Le Président (M. Marcoux): Après 248, il y a un
nouvel article.
M. Bédard: Après l'article 248 proposé,
renuméroté 247, il s'agirait d'inclure l'article suivant, qui est
un nouvel article et qui se lit comme suit: "Si le total des montants
versés à titre de pension à un juge, à son conjoint
ou à ses enfants est inférieur au montant total des contributions
versées à la date à laquelle le premier paiement de la
pension est effectué, en y comprenant les intérêts courus
aux taux d'intérêts fixés par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil, la différence est payée aux
héritiers du juge dès que cesse le versement de la pension
à la dernière personne qui y avait droit".
Il s'agit d'une règle qui n'avait pas été incluse,
par inadvertance, dans le projet de loi no 40, mais qui se retrouve dans les
régimes publics du gouvernement, qu'il s'agisse du régime de
retraite des fonctionnaires ou du régime des employés du
gouvernement et des organismes publics.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que ce nouvel article
sera adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): On va renuméroter
immédiatement, si vous voulez bien, les articles 240 à 248. Ils
seraient renumérotés de 239 à 247. Est-ce que cette motion
sera adoptée?
M. Fontaine: Elle sera adoptée, M. le Président,
mais on aurait pu suggérer au ministre...
M. Lalonde: Adopté, mais...
M. Fontaine: ... comme cela s'est fait dans la Loi sur la
consultation populaire, de confier cette tâche au président du
Conseil de la magistrature.
M. Lalonde: Vous avez fait ça pour le directeur
général des élections.
M. Bédard: Voulez-vous ne pas me rappeler...
M. Lalonde: De bons souvenirs.
M. Bédard:... de bons souvenirs! Très vivaces.
Le Président (M. Marcoux): J'ai assisté à la
fin de vos travaux hier. Je sais que vous avez fait ça...
M. Lalonde: Vous avez raison, oui; adopté.
M. Bédard: Admirablement, je vous ai compris, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, puisque c'est vous qui
proposez la motion, je l'adopte.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
M. Bédard: Je ne propose rien, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 248 est
évidemment adopté.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Article 249?
M. Bédard: 249: Cet article prévoit l'indexation au
coût de la vie. La règle prévaut dans les autres
régimes publics. Elle existe aussi pour le régime des juges
fédéraux en Ontario, au Manitoba et en Colombie-Britannique. Le
deuxième alinéa est un alinéa usuel.
Le Président (M. Marcoux): L'article 249 sera-t-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 250, amendement?
M. Bédard: Nous retirons l'article 250. Ce retrait a pour
objet, en fait... Ce serait devenu désuet dans des régimes
contributifs.
M. Lalonde: En fait, on ne retrouve plus ce genre de disposition
dans les régimes actuels.
M. Bédard: C'est ça.
Le Président (M. Marcoux): Article 250 retiré?
M. Lalonde: Avec plaisir, M. le Président.
M. Bédard: Quand nous tranchons dans la
désuétude...
Le Président (M. Marcoux): 251 renuméroté
250?
M. Bédard: Nous avons un amendement.
M. Lalonde: On les renumérotera tout à l'heure.
Le Président (M. Marcoux): II n'y en a que deux ou trois
d'affilée.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: À l'article 251, proposé,
renuméroté 250, il s'agit de remplacer, à la
troisième ligne, le nombre 240 par le nombre 239. Deuxièmement,
remplacer, à la cinquième ligne, le mot "accru" par le mot
"couru". C'est très technique.
M. Fontaine: Cela change quoi?
M. Bédard: Par concordance, il y a un changement de
renumérotation, et dans le deuxième cas, plutôt que de
parler d'intérêt accru, on doit dire intérêt couru,
selon nos légistes.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que les deux amendements
seront adoptés?
M. Fontaine: Adopté.
M. Lalonde: Oui, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 250 sera-t-il
adopté tel qu'amendé?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Article 252
renuméroté article 251?
M. Bédard: Oui, il s'agirait d'ajouter l'alinéa qui
suit: "Toutefois, si cette personne exerce alors une charge visée dans
la présente loi, elle ne peut acquérir aucun droit à un
montant supplémentaire de pension, et elle n'est pas tenue de verser la
contribution prévue par l'article 246. "
Cet amendement a pour objet de clarifier les intentions du projet de loi
40 à l'effet qu'une personne à la retraite qui vient agir comme
juge surnuméraire ne peut plus acquérir de droit à une
pension supplémentaire, mais que par contre, elle est aussi
dégagée de toute obligation de verser une contribution.
M. Lalonde: C'est correct. Maintenant, il y a seulement, une
coquille dans l'explication à la marge, le mot "personne" devrait
être écrit correctement.
Alors, le paragraphe 252, le nouveau paragraphe 251, adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est adopté,
le nouvel article 251 est adopté. L'article 253 renuméroté
252?
M. Bédard: C'est cela. Après l'article 253
proposé, renuméroté 252; il s'agit d'ajouter l'article
suivant: "Si une difficulté survient dans l'application d'une
disposition de la présente partie, le litige peut être soumis,
dans l'année, à un arbitre choisi par la Commission
administrative du régime de retraite, et le juge concerné,
à même une liste établie par le lieutenant-gouverneur en
conseil, après consultation du Conseil consultatif de la justice. Si les
parties ne s'entendent pas sur le choix d'un arbitre, celui-ci est choisi par
le Conseil consultatif de la justice." (23 h 45) "Le deuxième
alinéa de l'article 382 et les articles 383 à 392 du Code de
procédure civile s'appliquent en les adaptant à cet
arbitrage."
Le Président (M. Marcoux): Auparavant, il va falloir
adopter l'article 253 renuméroté 252. Est-ce qu'il est
adopté?
M. Lalonde: J'aimerais que le ministre ait l'occasion de donner
une explication, parce qu'il a passé par-dessus 253.
Le Président (M. Marcoux): L'article 253
renuméroté 252, vous avez oublié d'en parler de proposer
son adoption.
M. Bédard: Cette règle est similaire à
l'article prévu par l'article 98, sauf qu'elle prévoit le
versement d'un montant équivalent aux contributions remboursées
avec intérêt, si le juge avait été ainsi
remboursé.
M. Lalonde: C'est seulement un exemple que je voudrais avoir de
fonction judiciaire. Est-ce qu'il y a une définition de cette
expression?
M. Bédard: Une fonction judiciaire, c'est un juge.
M. Lalonde: C'est seulement un juge? M. Bédard:
C'est cela. M. Lalonde: Pas un protonotaire... M. Bédard:
Pas un protonotaire, pas...
M. Lalonde: ... ou un président de régie qui a des
fonctions quasi judiciaires?
M. Bédard: Cela a toujours été
interprété comme tel dans l'ancien régime, il faut qu'il
soit juge.
M. Lalonde: C'est correct.
Le Président (M. Marcoux): L'article 252,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 253 sera-t-il
adopté?
M. Lalonde: Oui, je n'ai rien contre le fait de confier au
Conseil consultatif de la justice quelque fonction...
Le Président (M. Marcoux): À l'article 254, il y a
des amendements.
M. Bédard: À l'article 254... c'est cela, M. le
Président?
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Bédard: Premier amendement: Au paragraphe b) remplacer
les nombres 240, 250 et 251 par les nombres suivants: 239, 248, 250 et 252.
Deuxième amendement...
M. Lalonde: Excusez-moi, vous vous rendez compte que vous en avez
quatre au lieu de trois.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Cela va.
M. Bédard: Deuxième amendement: Au paragraphe c)
remplacer à la première ligne, le nombre 253 par le nombre 252;
troisième amendement au paragraphe d), a) remplacer à la
troisième ligne... Le troisième amendement, M. le
Président, au paragraphe d).
Le Président (M. Marcoux): Les deux amendements.
M. Bédard: C'est cela, a) Remplacer à la
troisième ligne le nombre 245 par le nombre 244; b) remplacer à
la quatrième ligne les mots incapacité permanente par le mot
invalidité. C'est de la concordance.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que ces
différents amendements sont adoptés?
M. Lalonde: Oui.
M. Fontaine: L'incapacité permanente, on l'a
changée aussi à 238?
M. Bédard: C'est cela, par invalidité.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 254 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Lalonde: Oui.
Le Conseil de la magistrature
Le Président (M. Marcoux): Article 255?
M. Bédard: Cet article institue un conseil de la
magistrature au Québec. La création d'un tel organisme est
discutée depuis plusieurs années. Je pense que son institution
s'avère une nécessité.
M. Fontaine: Avec grand enthousiasme, nous adoptons cet
article.
Le Président (M. Marcoux): Article 255, adopté?
M. Lalonde: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Article 256? Il y a des
amendements.
M. Bédard: II s'agit, à l'article 256
proposé, de remplacer les paragraphes e) f) et g) par les suivants: e)
Deux juges choisis parmi les juges de la Cour provinciale, de la Cour des
sessions de la paix, du Tribunal de la jeunesse ou des cours municipales de
Laval, de Montréal et de Québec et nommés sur la
recommandation d'un organisme représentatif des juges de ces cours; f)
Deux avocats nommés sur la recommandation du Barreau du Québec;
et g) deux personnes, qui ne sont ni juges ni avocats, nommées sur la
recommandation du Conseil consultatif de la justice.
Sur la composition du Conseil de la magistrature, nous avons
reçu, outre ceux de l'Opposition, différents commentaires tant du
Barreau du Québec que de la Conférence des juges, qui
répondent à...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que ces nouveaux
paragraphes sont... Je m'excuse.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Lalonde: M. le Président, je remercie le ministre
d'avoir accepté les recommandations de ces différents groupes
ainsi que de l'Opposition. Lors de l'étude en deuxième lecture,
cet article 256 avait provoqué plusieurs représentations et avait
sûrement influencé plusieurs députés à
réagir comme nous l'avons fait dans l'Opposition. Je pense que les
changements sont le résultat d'un mouvement de sagesse de la part du
ministre de s'éloigner de toute situation qui peut créer des
doutes.
M. Bédard: Je puis vous dire très
sincèrement que c'étaient mes intentions premières. Les
seules intentions que j'ai eues étaient mal exprimées par le mot
consultation plutôt que recommandation. C'est avec grand plaisir que nous
avons donné suite...
M. Lalonde: Je n'avais pas prêté d'intention au
ministre là-dessus, M. le Président. J'avais
constaté...
Le Président (M. Marcoux): Les trois nouveaux...
M. Lalonde: Un instant, M. le Président, que vous
êtes pressé!
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse.
M. Lalonde: Non, nous n'avions pas prêté
d'intentions au ministre, qu'il soit rassuré, sauf que, pour une bonne
administration de la justice, je pense qu'il vaut la peine que ce Conseil de la
magistrature soit à l'abri de toute espèce de semblant de
commencement de soupçon et les amendements, je pense, répondent
à nos interrogations.
Il y a seulement une chose, le ministre, au paragraphe e), a
ajouté, "les Cours municipales de Laval, de Montréal et de
Québec ", ce qui n'existait pas dans le premier projet.
M. Bédard: C'est parce que tous les membres de ces cours
font partie de la Conférence des juges.
M. Lalonde: Je vous remercie.
M. Fontaine: M. le Président, justement, sur ce que vient
de dire le ministre, on mentionne, à la fin du paragraphe, "un organisme
représentatif des juges de ces cours", et le ministre parle de la
Conférence des juges du Québec. Pourquoi ne mentionne-t-on
pas exactement cet organisme?
M. Bédard: Je pense qu'il faut quand même tenir
compte de la possibilité que d'autres organismes puissent se dire
représentatifs, peut-être en créer.
M. Fontaine: Actuellement, il n'y en a pas d'autres.
M. Bédard: Celui qui existe, la Conférence des
juges...
M. Fontaine: Actuellement, il y a seulement celui-là?
M. Bédard: Pardon?
M. Fontaine: Actuellement, il n'y en a pas d'autres?
M. Bédard: Actuellement, il n'y a que celui-là.
Dans notre esprit, c'est évident que c'est celui qui existe
présentement que nous considérons comme étant l'organisme
à consulter.
M. Fontaine: Pourquoi ne le reconnaît-on pas dans la
loi?
M. Bédard: Parce qu'il y a des possibilités qu'il
puisse y avoir d'autres organismes qui se prétendent consultatifs.
À ce moment-là, on aurait à faire des évaluations.
Je pense que les intentions sont très claires, la Conférence des
juges le sait. Lorsque nous parlons d'un organisme représentatif, en
tout cas, j'ai dans l'esprit très clairement que ce sera la
Conférence des juges.
M. Lalonde: M. le Président, là-dessus, on en a
discuté cet après-midi, il n'y a aucun doute que, si la
Conférence des juges avait une existence légale, j'aurais fait
cette recommandation au ministre.
M. Bédard: Elle ne l'a pas.
M. Lalonde: Elle a sûrement une existence de fait
très efficace, représentant 250 des 270 juges admissibles sur une
base volontaire.
M. Bédard: Et la meilleure...
M. Lalonde: Peu d'organismes professionnels ou syndicaux peuvent
invoquer une telle représentativité et c'est seulement dans
l'hypothèse qu'il pourrait y avoir un organisme représentatif des
juges d'une telle cour qu'il est plus sage de conserver le langage actuel.
M. Bédard: C'est cela. La meilleure preuve de la
représentativité de la conférence des juges, à mes
yeux, c'est qu'à plusieurs reprises, j'ai eu l'occasion de discourir
avec l'exécutif de la conférence des juges et ceci a
constitué des rencontres positives.
M. Lalonde: On n'est pas sans voir, dans la composition, qu'on a
beaucoup de patronat, dans les articles a, b, c et d. Et tout à coup,
quand on parle de la base, on a seulement deux juges. Je ne sais pas si c'est
un nouveau préjugé favorable dont le ministre veut faire
état ici.
M. Bédard: Je pense bien que ce n'est pas le temps de
faire des comparaisons entre la base et...
M. Lalonde: Mais c'est important.
M. Bédard: Ce qui est important, c'est de se conformer
à la réalité judiciaire du Québec qui fait que vous
avez trois juges en chef qui, vous le savez, ne siègent pas aux
mêmes endroits que les trois juges associés. Il y a
carrément, du point de vue administratif, deux grands districts, le
district de l'Est et le district de Montréal. C'est ce qui explique leur
présence, pour plus d'efficacité.
M. Lalonde: Je ne voulais pas conclure immédiatement
à l'embourgeoisement du Parti québécois, du gouvernement
actuel. On le voit à d'autres indices.
M. Bédard: Nous savons reconnaître certaines
situations.
M. Fontaine: Ils commencent à être plus
réalistes.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que les trois nouveaux
paragraphes, e), f), g), seront adoptés?
M. Bédard: Nous avons toujours été
réalistes. C'est d'ailleurs pour cela que le peuple nous a élus
le 15 novembre 1976.
M. Fontaine: Non, c'est parce qu'il n'avait pas le choix.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le paragraphe e)
sera adopté?
M. Lalonde: Mais ii commence à avoir le choix.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le paragraphe e)
sera adopté?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Le paragraphe f)?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Le paragraphe g)?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 256 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): 257.
M. Bédard: À l'article 257 proposé, il
s'agit de remplacer le premier alinéa par les suivants et je cite: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil nomme les membres du conseil visés dans
les paragraphes d) à g) de l'article 256. "Une personne visée
dans le paragraphe g) doit, pour siéger au conseil, avoir
prêté le serment ou fait l'affirmation solennelle contenue
à l'annexe 1, devant l'un des juges en chef ou juges en chef
associés visés dans les paragraphes a) b) ou c) de l'article 256.
"Le vice-président du conseil est élu par le conseil, parmi ses
membres."
L'amendement comporte deux choses. En premier lieu il prévoit, ce
qui n'avait pas été fait, le serment de discrétion pour
les membres du conseil de la magistrature qui proviennent du public et,
deuxièmement, il donne suite à une demande de la
conférence des juges dans le sens que le vice-président du
conseil soit élu par les autres membres du conseil et non pas
désigné par le gouvernement. Ce sera peut-être l'occasion
de rejoindre l'idée du député de Marguerite-Bourgeoys, de
faire confiance à la base.
M. Lalonde: C'est un petit commencement, mais j'espère que
cela va ouvrir plus fort que cela. On aurait des suggestions à vous
faire.
M. Bédard: Nous aussi.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement sera-t-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 258 tel
qu'amendé sera-t-il adopté?
M. Lalonde: Oui, adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 258?
M. Bédard: Ah! l'article 258, une seconde! Cela concerne
les allocations de présence. Est-ce qu'il y a des remarques?
M. Fontaine: Adopté. M. Lalonde: ...
M. Bédard: C'est aux fins de spécifier que les
membres qui seront nommés ne reçoivent aucun traitement, mais
qu'ils recevront une allocation de présence et ils seront
remboursés de leurs frais. Les juges ne reçoivent pas
d'allocation de présence mais leurs frais de déplacement seront
remboursés selon le mode habituel.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 258, adopté.
Article 259? Il y a un amendement.
M. Bédard: À l'article 259 proposé, nous
voulons remplacer l'article par le suivant: "Le quorum du conseil est de sept
membres dont le président ou le vice-président."
Cet amendement a pour effet d'assouplir la règle prévue
par l'article 259 qui a été proposé. En effet, on nous a
souligné que le fait d'exiger la présence à la fois d'un
avocat ou d'un représentant du public pour que le quorum soit
constitué pouvait amener des difficultés de fonctionnement
sérieuses au conseil puisqu'il suffirait de l'absence en même
temps de deux avocats ou de deux membres du public pour empêcher toute
réunion. L'amendement permet d'éviter ces problèmes. (0
heure)
M. Lalonde: M. le Président, les explications du ministre
me font penser à l'expression du ministre des Finances quand il parlait
du chômage. Il appelait cela la dislocation de l'emploi. En fait, ce
qu'on a reproché au ministre dans cet article, ce ne sont pas tellement
les difficultés de fonctionnement. C'est le mépris
caractériel de tous les membres dont la présence n'était
pas exigée...
M. Bédard: Vous vous rendez compte que vous aviez
exagéré. Je vous comprends.
M. Lalonde: ... de tous les membres, de par leurs fonctions,
n'étaient pas admis à briser le quorum. C'était faire peu
confiance au juge en chef, les paragraphes a), b) et c), etc., des juges
désignés sur recommandation d'un organisme représentatif
des juges. Je pense qu'il s'agit là d'un amendement majeur. Il faut le
souligner.
M. Bédard: La première formule avait
été pensée en fonction d'une incitation
particulière pour que le représentant du public soit
présent. Nous n'avions vraiment pas, à ce moment,
évalué les difficultés de fonctionnement que cela pouvait
amener.
M. Fontaine: M. le Président, j'entends... M. Lalonde:
La cloche. M. Fontaine: ... la cloche. M. Lalonde: II est
minuit.
M. Bédard: Est-ce que les membres de la commission
acceptent...
Le Président (M. Marcoux): Avant d'appeler l'article 259
au vote, est-ce que la commission désire mettre fin à ses
travaux? J'ajourne?
M. Lalonde: C'est vous, M. le Président, qui êtes
obligé, à moins qu'il y ait consentement pour que...
M. Bédard: Un consentement unanime?
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Lalonde: Je pourrais donner un consentement limité.
Le Président (M. Marcoux): Vous avez dit au début
de nos travaux que vous étiez intéressé à
compléter l'étude.
M. Lalonde: Est-ce qu'on a l'espoir de terminer les 52
articles...
M. Bédard: Sûrement, d'ici une heure.
M. Lalonde: ... dans un temps assez rapide...
M. Bédard: Je pense, relativement rapide.
M. Lalonde: Lorsque j'ai discuté avec le leader du
gouvernement, le député de Saint-Jacques, il m'a dit qu'il
était prêt à faire siéger cette commission demain
matin, après la période des questions aussi. Quant à moi,
je préférerais... Cela n'empêcherait pas le gouvernement
d'ailleurs, c'est en fonction de notre présence ici ce soir
de nous proposer, je ne veux pas engager tout mon caucus et tous les
autres...
M. Bédard: Cela obligera peut-être
l'Assemblée nationale à siéger plus longtemps qu'elle ne
devait le faire ou qu'elle ne se proposait de le faire. Si le
député de Marguerite-Bourgeoys et les autres membres de la
commission n'ont pas objection, je solliciterais leur consentement pour que
nous continuions un certain temps, étant donné que l'étude
du projet de loi, article par article, semble assez rapide dans les
circonstances.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Lalonde: Celui qui ne donne pas son consentement a l'air un
petit peu malappris.
M. Bédard: Je n'exige pas, je sollicite.
M. Lalonde: II faut être réaliste. Il nous reste les
pages 39 à 55...
M. Bédard: C'est très rapide.
M. Lalonde: Un peu moins de la moitié, surtout qu'on entre
dans la question des pensions...
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: ... que j'ai étudiée avec beaucoup
d'attention depuis quelques jours, surtout avec les amendements qui ont
été apportés cet après-midi...
M. Bédard: Je pense que cela va faciliter.
M. Lalonde: ... je me suis cassé la tête pour
essayer de comprendre cela. C'est très technique.
M. Bédard: Je pense que cela avancerait pas mal vite; il y
a au moins sept ou huit articles...
M. Lalonde: On pourrait vous assurer que, si on siège
demain, après la période des questions, à 1 heure, ce sera
réglé.
M. Bédard: Est-ce qu'on pourrait se donner deux ou trois
minutes pour aller vérifier pour demain?
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Je suis bien d'accord...
Le Président (M. Marcoux): Durant ces deux ou trois
minutes, on peut continuer l'article 259?
M. Bédard: En attendant que nous ayons la réponse,
il y a quatre ou cinq articles...
M. Lalonde: Vous comprenez que je veux qu'aucune
crédibilité ne soit perdue, parce qu'on l'aurait adopté
à 2 heures du matin.
M. Bédard: Je comprends très bien les arguments des
représentants de l'Opposition, mais je ne serai sûrement pas celui
qui passerait des remarques, parce qu'on ne peut pas faire autrement que de
constater une collaboration très soutenue. Peut-être que d'ici
à ce qu'on ait la nouvelle si nous pouvons siéger, on pourrait y
aller de quelques articles.
Le Président (M. Marcoux): L'article 259 est-il
adopté tel que reformulé?
M. Bédard: Je pense que oui, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article est-il
adopté?
M. Lalonde: Oui, adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 260.
M. Bédard: II s'agit d'ajouter à l'article 260
proposé l'alinéa suivant: "Le conseil a son siège social
dans la ville de Québec ou dans celle de Montréal, selon que le
décide le lieutenant-gouverneur en conseil ". C'est un amendement
technique.
M. Lalonde: Cela va. M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Fontaine: Adopté. on peut le reconnaître.
À cette heure avancée, je me demande si on va faire un bon
travail.
M. Bédard: En tout cas, le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Dans l'hypothèse où on...
M. Bédard: ... me semble en pleine forme. On pourrait
continuer quelques minutes, quelque temps...
M. Lalonde: ... l'adopte demain, article par article, avant 13
heures, est-ce que la commission peut faire rapport et procéder à
la prise en considération du rapport demain?
M. Bédard: C'est cela. On n'a pas les renseignements
suffisants pour nous permettre de vous dire oui. Si c'était le cas, je
ne solliciterais pas votre consentement, parce que, sachant que nous
avons...
M. Fontaine: Pour ma part...
M. Bédard: ... déjà travaillé quand
même assez fort, je le conçois...
M. Fontaine: Je suis un petit peu de l'avis du
député de Marguerite-Bourgeoys. Si on veut faire un travail
efficace, rendu à cette heure, c'est assez difficile. Maintenant, je
serais prêt certainement à engager mon caucus pour qu'on puisse,
même... Si on a besoin d'un consentement demain pour faire siéger
trois commissions en même temps que l'Assemblée nationale, je suis
pas mal sûr qu'il n'y aura pas de problème.
M. Bédard: Si je pouvais donner les renseignements...
M. Lalonde: Ce qui est important, c'est la
crédibilité de la loi. On siège à minuit, on a
réellement démontré notre collaboration...
M. Bédard: Cela ne fait aucun doute.
M. Lalonde: ... je le fais, parce que je ne veux pas que
l'opposition que j'ai à d'autres articles empêche la correction
des salaires d'avoir lieu le plus tôt possible, même si je ne suis
pas d'accord avec la façon dont vous le faites. Je ne veux pas
être la cause du fait que cela traîne encore au mois de septembre;
d'un autre côté, il ne faut pas enlever non plus à
l'étude de cette loi le soin indispensable; il ne faut pas la garrocher.
Il est minuit et on a des travaux de je ne sais pas combien d'heures depuis
trois semaines... S'il restait deux ou trois articles, d'accord, mais on ne les
aura pas finis à l'heure.
M. Bédard: Est-ce qu'on peut se donner une demi-heure et
ensuite évaluer?
M. Fontaine: Et on aurait passé à quoi?
Le Président (M. Marcoux): L'article 261.
M. Bédard: L'article 261 établit que le conseil
peut se faire des règles de fonctionnement. Je pense bien que...
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 261 est
adopté. L'article 262.
M. Bédard: L'article 262 concerne les
procès-verbaux, c'est usuel dans le cas de tous les
procès-verbaux.
Le Président (M. Marcoux): L'article 262 est-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
M. Lalonde: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'article 263.
M. Bédard: Cet article permet au conseil d'engager tout le
personnel nécessaire à l'exercice de ses fonctions, dont des
avocats ou des enquêteurs, s'il le juge utile.
Le Président (M. Marcoux): L'article 263 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 264.
M. Bédard: Cet article indique les fonctions du conseil.
Outre les fonctions de perfectionnement, d'adoption du Code de
déontologie et de discipline, le conseil pourra jouer un rôle
utile pour permettre d'uniformiser ou de tenter d'uniformiser le plus possible
les règles de procédure devant les tribunaux pour favoriser
l'efficacité dans le déroulement des procédures. Il pourra
également jouer un rôle d'étude des suggestions et
recommandations faites par des tiers sur l'administration de la justice.
M. Lalonde: Ce n'est pas un amendement, c'est votre...
M. Bédard: Non, non.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement 264 est-il
adopté?
M. Lalonde: C'est au niveau des...
M. Bédard: ... En plus des fonctions de perfectionnement,
d'adoption du code de déontologie, le conseil va pouvoir jouer un
rôle qui permettra l'uniformisation des règles de procédure
pour accélérer devant les tribunaux et également
étudier certaines suggestions qui pourraient être faites par le
public.
M. Lalonde: II y a seulement au niveau du Code de
déontologie que j'aurais quelques remarques. L'article proposé
suggère que ce soit le conseil qui adopte le Code de déontologie.
L'article 169 actuel prévoit une consultation des membres...
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: ... de la judicature, mais est-ce qu'on ne devrait
pas faire confiance à l'ensemble des juges pour adopter le Code de
déontologie. Je voudrais là-dessus invoquer ce qui a
déjà été fait jusqu'à maintenant, depuis
1975. La Conférence des juges, ou les juges se sont imposé un
effort de préparation. Il existe un code de projet qui est je ne
veux pas porter un jugement sur sa valeur sûrement
sérieux.
M. Bédard: C'est un travail sérieux de la part de
l'ensemble des juges.
M. Lalonde: Je me demande si le gouvernement ne devrait pas,
à compter de maintenant, à compter de cet article, tirer la ligne
entre un juge et un professionnel. De plus en plus, à partir d'ici, on
sent une inspiration assez soutenue du Code des professions, de l'approche
qu'on a eue à propos de la réforme des professions au
Québec. Je n'ai rien contre cela, au contraire. En principe, la
réforme des professions, on sait que c'est une des plus avancées
au monde. Elle a sûrement apporté des résultats valables.
Essentiellement, les juges ne sont pas des professionnels. Constituant le
pouvoir judiciaire, étant les représentants du pouvoir judiciaire
tout d'abord, comparé à une profession, ce n'est pas du tout la
même nature des choses. Deuxièmement, on va le voir
à l'article 271 la fonction même de juge est totalement
différente de celle d'un professionnel. Ce dernier est choisi par son
client ou son patient; le juge est appelé de par la nature même de
ses fonctions à départager entre les parties. Chaque
décision du juge...
M. Bédard: Vous avez neuf juges au Conseil de la
magistrature. La rédaction du Code de déontologie, c'est un des
rôles principaux du Conseil de la magistrature.
M. Lalonde: Oui, c'est l'application.
M, Bédard: Non, pas seulement l'application.
M. Lalonde: Ah! Parce qu'il faut un organisme. Il ne faut pas un
organisme pour l'application.
M. Bédard: La réaction aussi. C'est un de ses
rôles principaux.
M. Lalonde: C'est contre cela que j'en ai.
M. Bédard: II est clair qu'ils ne le feront pas sans une
consultation approfondie auprès de l'ensemble des juges. Cette formule
permet aussi la
participation d'avocats, du Barreau ou de membres du public aux fins de
faire des suggestions. Je pense que ce n'est pas mauvais. Je ne voudrais pas
diluer une des principales responsabilités du Conseil de la
magistrature.
M. Lalonde: Je pense que le ministre devrait faire un effort pour
distinguer essentiellement les juges de toute la structure qu'on a dans les
professions pour se rendre compte que la fonction de juge est totalement
différente de celle du professionnel.
M. Bédard: Dans la loi, on prévoit l'obligation de
la consultation de tous les jours.
M. Lalonde: Oui, je sais. Cela serait tellement rétablir
une confiance qui a besoin d'être nourrie que de dire aux juges, à
la majorité naturellement, ce ne sont pas des fous. Si neuf juges
peuvent l'adopter, pourquoi pas 150? Les impliquer davantage serait
déjà un exercice de motivation et d'éducation. À ce
moment, on reconnaîtrait que les juges remplissent une fonction, par
nature, différente.
M. Bédard: Je ne voudrais pas que le fait d'attribuer
cette fonction au Conseil de la magistrature soit interprété
comme étant un manque de confiance, loin de là. Je pense bien que
le député de Marguerite-Bourgeoys ne veut pas m'attribuer cette
pensée ou cette évaluation. Mais je crois sincèrement que
la composition, l'obligation de consulter tous les juges, la possibilité
que le public, par le Barreau du Québec, ou encore le public
lui-même puisse participer à acheminer des réflexions ou
des suggestions constituent vraiment quelque chose de très valable. Je
vous dis sincèrement que je ne serais pas porté à diluer
cela. (0 h 15)
M. Lalonde: Consciemment, je suis sûr que le fait de
proposer ce projet de loi, ce n'est pas un acte de non-confiance du ministre;
non, ce n'est pas ça. Ce que je lui dis, c'est, au contraire: Ayez une
attitude positive et faites-leur confiance de façon spéciale.
Dites-leur: Adoptez votre Code de déontologie et on va vous donner,
nous, la structure administrative pour l'appliquer, par le conseil. Il me
semble qu'on est rendu là actuellement et je préférerais
que le tout soit dirigé par le conseil. Autrement dit, qu'il voit
à faire adopter un Code de déontologie, oui, d'accord, mais que
ce soient les juges qui l'adoptent. À ce moment-là, on...
M. Bédard: Écoutez! Je pense bien qu'on ne se
rejoint pas, quoique, sur un point particulier, on ne mette pas en doute
chacune de nos intentions et de nos appréciations sur l'ensemble des
juges du Québec. Je crois qu'à un moment donné, il faut
qu'il y ait une responsabilité très précise qui soit
dévolue à un organisme précis qui est le Conseil de la
magistrature, et il faut aussi faire confiance à cet organisme.
M. Lalonde: Parce que, si le ministre ne veut pas changer la loi,
je souhaite que le conseil implique...
M. Bédard: Complètement les juges, d'accord.
M. Lalonde: ... les juges, pas seulement une consultation du bout
des lèvres. Naturellement, je n'ai pas de mauvaise intention à
l'imaginer, mais que, réellement, ce soit l'implication complète,
que les juges pensent, sachent que c'est leur code qu'ils ont eux-mêmes
adopté.
M. Bédard: Je crois que c'est nécessaire et ce
serait complètement irréaliste de la part du Conseil de la
magistrature de ne pas impliquer vraiment tous les juges dans la
réflexion, sachant très bien qu'une fois si je pense aux
juges en chef hors de leurs fonctions à l'intérieur du
Conseil de la magistrature, ils auront à exercer leurs fonctions de
juges en chef. Ils ont tout intérêt, c'est clair, à ce
qu'il y ait des règles qui puissent assurer la meilleure entente et la
meilleure efficacité.
M. Fontaine: M. le Président, il m'apparaît
évident que le Conseil de la magistrature va sûrement regarder le
Code de déontologie qui a déjà été
adopté par la Conférence des juges et qu'il va s'inspirer
largement de ce code-là, qui a été fait par les juges. Je
pense que ça va représenter fidèlement l'opinion des
juges.
Le Président (M. Marcoux): L'article 264 sera-t-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 265?
M. Lalonde: M. le Président, avant, est-ce qu'on a des
nouvelles des travaux de la Chambre?
M. Bédard: Nous sommes informés que
l'Assemblée nationale, demain matin, siège, qu'il y a deux
commissions de prévues déjà; effectivement, nous sommes
dans la même situation que celle d'une autre commission qui siège
pas loin de nous et qui a encore deux projets de lois à adopter. Je suis
dans la situation de solliciter votre consentement pour que nous puissions
continuer.
M. Fontaine: Même si on vous dit qu'on donnerait notre
consentement pour qu'il y ait trois commissions?
M. Bédard: C'est parce que vous savez comment c'est. Je
n'ai pas vu le leader. C'est quand même le leader qui dispose.
M. Bédard: L'article 265. Je vais essayer d'abréger
mes commentaires.
M. Lalonde: Consentement jusqu'à une heure, M. le
Président.
M. Fontaine: Quant à le donner, on va le finir.
M. Bédard: Je pense qu'on est capable de finir d'ici une
heure. C'est possible.
Le perfectionnement des juges
Le Président (M. Marcoux): Article 265.
M. Fontaine: On va dire que le gouvernement nous force la
main.
M. Bédard: Si vous n'avez pas de remarques
particulières, le conseil étant composé principalement de
juges pourra établir des programmes d'information, de formation de
perfectionnement, de recyclage adaptés aux besoins réels des
juges. Ceci pourrait se faire notamment lors de l'introduction de lois
importantes ou simplement pour permettre aux juges de se tenir au fait des
développements dans leur domaine et dans des domaines connexes.
M. Lalonde: Vous savez, M. le ministre, qu'actuellement la
conférence des juges à un programme dans ce sens. Le fait, par
votre article, de donner cela de façon carrée au conseil, est-ce
que cela exclut de toute manière la participation d'organismes...
M. Bédard: Non. Je comprends très bien. Le
député pose cette question fort à propos.
M. Lalonde: Oui, 266, il me semblait qu'il y avait quelque
chose...
M. Bédard: D'accord. Il va y avoir un amendement.
Le Président (M. Marcoux): L'article 265 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 266. Sur l'article
265?
M. Fontaine: M. le Président, sur l'article 265, seulement
une information. Est-ce qu'il y a des cours de perfectionnement
actuellement?
M. Bédard: Oui, qui se donnent.
M. Lalonde: C'est la conférence des juges.
M. Bédard: II y a des sessions de perfectionnement.
Là on va essayer d'avoir quelque chose de mieux structuré.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Article 266?
M. Bédard: À l'article 266, il est proposé,
à la troisième ligne, d'insérer après le mot
"collaboration " le texte suivant: Notamment avec un organisme
représentatif des juges visé au paragraphe e) de l'article 256".
L'amendement donne suite à une proposition de la conférence des
juges à l'effet de faire participer d'une manière plus certaine
les organismes représentatifs des juges dans les programmes de
perfectionnement. Il nous semble que c'est souhaitable.
M. Lalonde: Article 266 adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 266 est
adopté, l'amendement...
M. Lalonde: L'amendement de l'article est adopté et
l'article 267 est adopté quant à moi.
M. Fontaine: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Alors, les articles 266 et 267
sont adoptés. Article 268.
La déontologie judiciaire
M. Bédard: J'ai un amendement. Au premier alinéa,
supprimer le texte qui suit l'expression "la présente loi". Cet
amendement donne suite à une demande de la conférence des juges
et du Barreau du Québec à l'effet d'éviter les
distinctions entre les juges qui siègent aux tribunaux et ceux qui
occupent des fonctions administratives dans les organismes créés
par le gouvernement, qu'il s'agisse de commissions, d'offices ou de
régies. On a en effet souligné que même si ces juges
n'exerçaient pas des fonctions proprement judiciaires et qu'il
était vrai que la partie administrative de leurs fonctions relevait des
prérogatives du gouvernement en matière de destitution, le fait
que ces personnes appartiennent à la magistrature et utilisent le titre
de juge rendait souhaitable leur assujettissement au Code de déontologie
et à tout chapitre de la déontologie judiciaire.
M. Lalonde: Je suis d'accord, M. le Président, sauf que
l'amendement...
M. Fontaine: Oui.
M. Lalonde: Enlevez les deux points et vous allez comprendre.
C'est supprimer le texte qui suit l'expression "la présente loi " et non
pas supprimer le texte qui suit l'expression la présente loi.
Le Président (M. Marcoux): On met un point après
"la présente loi".
M. Lalonde: Oui, et enlevez les deux points. M. Bédard:
C'est peut-être la fatigue.
Le Président (M. Marcoux): Enlever les deux points
où?
En fait, le nouveau texte se lit: "Le présent chapitre s'applique
à un juge nommé en vertu de la présente loi". Le
deuxième alinéa n'est pas changé. Article 269. Article
268, adopté tel qu'amendé.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Article 269?
M. Bédard: II y a un amendement aux fins de remplacer les
troisième et quatrième alinéas par le suivant: Un
règlement adopté en vertu du présent article est
publié dans la Gazette officielle du Québec au moins 30 jours
avant d'être soumis à l'approbation du lieutenant-gouverneur en
conseil. S'il est ainsi approuvé, avec ou sans modifications, il entre
en vigueur à la date de sa publication dans la Gazette officielle du
Québec ou à une date ultérieure qui y est fixée".
L'amendement proposé donne suite à une demande du Barreau du
Québec de publier le règlement sur le code.
M. Lalonde: M. le Président, je suis en désaccord
avec l'avant-dernier alinéa à savoir que le règlement soit
soumis à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil. Je pense
qu'on devrait, encore là... déjà le gouvernement nomme les
membres de la conférence, déjà, la loi confie à la
conférence le soin de l'adopter, contrairement à ce que j'ai
suggéré, soit de laisser au juge le soin de le faire. En plus de
ça, il faut que le lieutenant-gouverneur en conseil, le Conseil des
ministres, le pouvoir exécutif, viennent s'ingérer
là-dedans.
M. le Président, je pense que le ministre devrait faire preuve de
confiance, au moins dans les organismes qu'il crée et dont il nomme
lui-même les membres. Cela m'apparaît très lourd,
très lourd. Pourquoi ne l'en levez-vous pas?
M. Bédard: Est-ce que votre intention serait qu'on laisse
seulement l'approbation? Je pense qu'il faut que ce soit approuvé par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Lalonde: Pourquoi? Pourquoi? S'il est adopté par le
Conseil de la magistrature, si la loi donne le droit au Conseil de la
magistrature de l'approuver, de le faire approuver par tous les juges.
M. Bédard: Je conçois la préoccupation du
député de Marguerite-Bourgeoys. Je serais prêt à
considérer qu'il n'y ait pas de modification...
M. Fontaine: ... modification.
M. Bédard: Oui. Est-ce que cela vous irait? S'il est
ainsi...
M. Lalonde: Autrement dit, il faut qu'il le rejette en bloc ou
qu'il l'accepte.
M. Bédard: S'il est ainsi approuvé, il entre en
vigueur à la date de...
M. Lalonde: Ce serait dans votre amendement. Il faudrait enlever
les mots, "avec ou sans modification"...
M. Bédard: C'est ça.
M. Lalonde: Aussi, dans l'avant-dernier alinéa, enlever
les mots "qui peut, s'il le juge nécessaire, lui apporter les
modifications".
M. Bédard: Non, on remplace les troisième et
quatrième alinéas par les suivants.
M. Lalonde: Ah, vous avez remplacé les deux.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): C'est ça. Dans
l'amendement proposé par le ministre, on bifferait les mots, "avec ou
sans modification ".
M. Bédard: C'est ça.
Le Président (M. Marcoux): Et on adopterait l'amendement
tel que sous-amendé?
M. Lalonde: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article...
M. Bédard: Pour faire suite aux représentations du
député de Marguerite-Bourgeoys et de l'Opposition.
Le Président (M. Marcoux): ... 269, tel qu'amendé,
est adopté?
M. Fontaine: Adopté.
M. Bédard: À l'article 270...
Le Président (M. Marcoux): Article 269, adopté tel
qu'amendé. Article 270.
M. Bédard: Est-ce qu'il y a des...
M. Lalonde: L'article 270 m'apparaît...
M. Bédard: Je peux vous donner des explications.
M. Lalonde: Oui, j'imagine que les explications vont être
très bien faites.
M. Bédard: Je vais essayer de...
M. Lalonde: Ce que j'aimerais, c'est que le ministre nous donne
la définition de déontologie, simplement.
Bien oui, on demande, pas à des enfants, à un conseil
qu'on crée nous-mêmes, dont on nomme les membres, de faire un code
de déontologie, au fond, à l'article 270, on devrait donner la
définition de déontologie. Pourtant, ils sont capables d'aller
regarder dans le dictionnaire. Les devoirs des juges envers le public, les
parties, les avocats.
M. Bédard: Vous savez, ce ne sont pas seulement des
obligations; ça définit des devoirs
moraux, des comportements. En raison de la nature même du code, il
est probable que ces termes établissent des normes
générales.
On leur permet de déterminer les activités qui seraient...
À l'heure actuelle, en vertu de la loi, il y a certaines
activités qui sont refusées aux juges.
M. Lalonde: La loi... tout ça.
M. Bédard: Non, c'est une ouverture. Nous faisons en sorte
que le Conseil de la magistrature se penche là-dessus et ait la
possibilité d'indiquer un champ d'action ou d'activité à
des juges, contrairement à ce...
M. Lalonde: Oui, mais il ne pourra pas changer la loi.
M. Bédard: ... qui existe présentement.
M. Lalonde: II faudrait changer les lois qui interdisent...
M. Bédard: On abroge l'article.
M. Lalonde: Disons que l'article est abrogé...
M. Bédard: C'est-à-dire malgré l'article. On
dit qu'ils vont pouvoir...
Ce sont des représentations qui nous ont été
faites. On l'a soumis au juge en chef de la Cour provinciale; j'ai eu
l'occasion de discuter à plusieurs reprises avec lui, de même
qu'avec d'autres juges en chef.
M. Lalonde: C'est là que commencent les difficultés
que je prévois à l'article 271. Quant à moi, un Code de
déontologie, on n'a pas besoin de définir dans une loi ce que
c'est. (0 h 30)
M. Bédard: Je pense qu'on va peut-être un peu loin
quand on parle de définition. C'est simplement une orientation, la
manière dont on le voit. Je crois qu'il y a de la place pour de la
souplesse. Les termes sont suffisamment généraux. J'ai eu
l'occasion de consulter des juges en chef. Nous n'avons eu absolument aucune
représentation concernant cet article. C'est un cadre
général.
M. Lalonde: Moi, je le trouve inutile et même un peu
vexatoire.
M. Fontaine: II est limitatif, à part cela. C'est
limitatif.
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: On voit encore là...
M. Bédard: Vous savez, ce n'est vraiment pas restrictif.
C'est très large. On signale des orientations.
M. Lalonde: Cela ressemble à de la littérature. Ce
n'est pas une loi.
M. Fontaine: Ce ne serait pas le député de Mercier
qui aurait rédigé cela?
M. Lalonde: On aurait pu faire cela en vers.
Le Président (M. Marcoux): L'article 270 est-il
adopté?
M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Marcoux): Article 271.
M. Bédard: À l'article 271, nous voulons remplacer
l'article par le suivant et je cite: "271. Le conseil reçoit et examine
une plainte portée par toute autre personne contre un juge et lui
reprochant un manquement au Code de déontologie ou lui reprochant: a)de
ne pas avoir rempli utilement ses fonctions; b)de s'être mis dans une
situation telle qu'il ne peut remplir utilement ses fonctions; ou c)d'avoir
commis un acte dérogatoire à l'honneur, à la
dignité ou à l'intégrité de la magistrature.
L'amendement à l'article 271 tient compte des
représentations qui ont été faites par le Barreau du
Québec ainsi que par la Conférence des juges du Québec.
Les uns craignaient que l'expression "de manière satisfaisante" qui
existait dans le texte auparavant soit interprétée de telle sorte
que les parties qui auraient perdu une cause devant un juge puissent se
plaindre de ce fait. On craignait également que cette expression ne soit
interprétée de manière à permettre une intrusion
dans le pouvoir judiciaire, même si c'est celui de l'adjudication.
Pour les autres, l'expression "mauvaise conduite", qui est d'ailleurs
celle employée dans la loi fédérale sur les juges,
risquait d'amener certaines difficultés outre son aspect plutôt
péjoratif. Nous avons donc remplacé cette expression par celle
d'acte dérogatoire à l'honneur, la dignité ou
l'intégrité de la magistrature.
M. Lalonde: M. le Président, je vois des problèmes
ici. Nous sommes dans le coeur des... En voulant trop embrasser dans cet
article, dans toute cette partie, en fait, on peut créer une situation
intenable.
Vous savez, il y a une différence je veux le
répéter quelques minutes entre un juge et un
professionnel. Un professionnel, généralement, son client le
choisit. Et c'est rare que les justiciables choisissent leur juge. Lorsque le
client n'est pas satisfait de son avocat ou du médecin, qu'on impose des
règles, c'est parfait. Mais, dans le cas du juge, chaque fois que
quelqu'un se présente devant lui, il départage.
Je vois très bien la situation qui va être
créée par cette approche envahissante, qui va permettre à
un avocat de littéralement faire sentir au juge qu'il a besoin de se
tenir comme il faut. Une partie qui ne sera pas satisfaite du jugement va
pouvoir se servir du conseil de la magistrature comme un appel, ou presque.
Je comprends qu'il y a un tamisage qui se fait à un article un
peu plus loin, mais, quand même.
M. Bédard: II y a plus que cela un peu.
M. Lalonde: II me semble qu'on devrait être un peu plus
sage ici et dire que le conseil reçoit, examine les plaintes pour
contravention au Code de déontologie. On a tout dit quand on a dit cela.
De là à dire de ne pas avoir rempli utilement ses fonctions, de
s'être mis dans des situations telles, il me semble qu'on va beaucoup
trop loin.
M. Bédard: Peut-être qu'on se comprend mal, s'il y a
un article que je pensais être de nature à faire plaisir au
député de Marguerite-Bourgeoys, dans le sens qu'on ne s'en va pas
dans des détails, qu'on s'en va dans des principes
généraux, c'est bien celui-là. Ce sont simplement des
principes généraux qui seront précisés par le Code
de déontologie lui-même. Ces principes généraux, on
les met dans la loi. Comme on vient de faire suite à une des suggestions
du député de Marguerite-Bourgeoys dans le sens de ne pas
permettre au lieutenant-gouverneur en conseil de modifier le code il a
à l'approuver ou à le refuser, point je pense que c'est de
nature à créer un état pas seulement... pas seulement un
climat, mais c'est carrément la marque que nous savons très bien
que des juges sont capables d'assumer cette responsabilité et nous
n'indiquons que des règles générales.
M. Lalonde: Parce qu'au fond, dans le paragraphe d), vous disiez
tout en reprochant à un juge d'avoir contrevenu au Code de
déontologie. Qu'est-ce que cela donne, les autres? On ne sait même
pas, au moment où on se parle, où on fait la loi, qu'est-ce qu'il
va y avoir dans le Code de déontologie. Il va sûrement y avoir
suffisamment de règles qui vont permettre au justiciable de faire valoir
ses droits et de faire une plainte.
M. Bédard: Oui, mais...
M. Lalonde: Quand on a dit... On dirait qu'on invite par cette
loi, qu'on profite donc de l'occasion pour traiter les juges d'une façon
différente, comme ils le méritent.
M. Bédard: Oui, mais c'est la reproduction presque
intégrale de ce qui existe au fédéral.
M. Lalonde: Je m'en balance.
M. Bédard: La seule chose que nous ajoutons...
M. Lalonde: Vous prenez ce que vous voulez au
fédéral et...
M. Bédard: ... c'est la question du Code de
déontologie. Non, ce n'est quand même pas je pense que vous
l'exprimez assez bien...
M. Lalonde: Je veux faire amendement.
M. Bédard: ... facile de légiférer
là-dedans, d'essayer d'y aller avec des notions générales
tout en concluant qu'il y aura un Code de déontologie qui aura à
préciser toutes ces données. Ce ne sont que des principes
généraux.
M. Lalonde: M. le Président, je pense qu'il est temps que,
dans cette loi, on injecte quelque chose de plus sérieux.
M. Bédard: Cela dépend. Il y a aussi des choses
sérieuses. Il est bon que l'Assemblée nationale exprime des
règles générales. Je pense que c'est une
responsabilité de l'Assemblée nationale. C'est une
responsabilité du point de vue gouvernemental, du point de vue des
membres de l'Assemblée nationale de dire d'une façon
générale quels sont les principes que nous croyons devoir
être traités tout en indiquant très clairement que le Code
de déontologie dont on a parlé et le Conseil de la magistrature
auront justement comme fonction de dire comment doivent être
traités ces principes généraux que nous ne faisons
qu'énoncer à l'article 271.
M. Lalonde: M. le Président, ces explications ne me sont
pas satisfaisantes. L'Assemblée nationale adopte la loi et la loi donne
le pouvoir au Conseil de la magistrature d'adopter le code et de
l'appliquer.
M. Bédard: Prenez par exemple...
M. Lalonde: Regardez cela, "reprochant un manquement au Code de
déontologie". Est-ce que cela ne serait pas suffisant? "ou lui
reprochant de ne pas avoir rempli utilement ses fonctions ", cela veut dire que
le Code de déontologie ne couvrira pas cela?
M. Bédard: Oui, il va couvrir cela.
M. Lalonde: S'il couvre cela, qu'est-ce que cela donne de le
mettre dans la loi?
M. Bédard: II va préciser cela.
M. Lalonde: Ce que je suggère, M. le Président,
c'est de retrancher tous les mots qui suivent les mots "Code de
déontologie" à la troisième ligne.
M. Bédard: C'est vraiment, M. le Président, vous
savez...
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous en faites un
amendement?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Sur l'amendement, M. le Président, si on
procédait par élimination; au paragraphe c) d'avoir commis un
acte dérogatoire à l'honneur, à la dignité ou
à l'intégrité de la magistrature, c'est déjà
mentionné à l'article 270 actuel où on dit: "Le Code de
déontologie détermine les règles de conduite et les
devoirs des juges envers le public, les parties à une instance et les
avocats et il indique notamment les actes et les omissions dérogatoires
à l'honneur".
Au moins, ce paragraphe c) est inutile. Je prétends qu'au moins
cela est superflu. J'ajouterai les paragraphes a) et b) également. Parce
que s'il y a un Code de déontologie, il va sûrement prévoir
ces cas.
M. Bédard: II y a une chose, on semble oublier qu'il va y
avoir un délai entre le moment où nous adoptons cette loi et le
moment où le Conseil de la magistrature aura abouti à un Code de
déontologie. Entre-temps, il faut bien, au niveau de la loi, nous fixer
certaines balises qui font que nous allons orienter vers le Conseil de la
magistrature certaines plaintes. Prenez par exemple, même si cela
apparaît large comme champ, il faut quand même ne pas limiter le
droit de toute personne de se plaindre. Actuellement, ces plaintes sont
reçues par le ministre de la Justice. À ce moment, elles seront
orientées. Il faut qu'il y ait un cadre d'action, elles seront
orientées vers le Conseil de la magistrature qui aura l'occasion
d'évaluer le sérieux ou le non sérieux de certaines de ces
plaintes.
M. Fontaine: Tant qu'il n'y aura pas de Code de
déontologie, comment voulez-vous que le Conseil de la magistrature
entende les plaintes pour savoir si quelqu'un a commis un acte
dérogatoire à l'honneur, à la dignité, à
l'intégrité de la magistrature?
M. Bédard: Certainement.
M. Fontaine: Si ce n'est pas dans un Code de
déontologie.
M. Bédard: C'est le Conseil de la magistrature qui va le
décider. Toutes les plaintes qui pourraient être orientées
vers le ministre de la Justice et acheminées vers le Conseil de la
magistrature; l'évaluation de ces plaintes va être faite. Il entre
en action dès maintenant. Or un Code de déontologie, on sait quel
temps il peut prendre avant d'être rédigé. On a
parlé tout à l'heure de toutes les consultations qui
étaient nécessaires. Il faut en tenir compte et ce sont ces
lignes de démarcation qui nous permettent d'énoncer les principes
généraux qui vont permettre au Conseil de la magistrature de se
pencher sur des cas qui lui seront référés.
M. Lalonde: M. le Président, sur l'amendement qui vise
à enlever tous les mots après les mots "Code de
déontologie", à la troisième ligne, on dit que le Conseil
de la magistrature est créé en partie c'est une de ses
fonctions pour faire un Code de déontologie. L'article 271 semble
suggérer que le Conseil pourra connaître des plaintes qui vont
aller au-delà du Code de déontologie, parce qu'on dit:
"reprochant un manque au Code de déontologie ou lui reprochant de ne pas
avoir rempli...'; il me semble qu'il y a une contradiction là-dedans.
Est-ce que ce sera dans le Code de déontologie ou non?
M. Bédard: Oui, mais ce sera toujours à
l'appréciation du conseil. Ce n'est pas un cadre
général.
M. Lalonde: Oui, mais le cadre général vous l'avez
dans la loi qui crée le conseil premièrement; qui donne au
conseil la fonction de faire un Code de déontologie, de l'adopter, de le
faire publier dans la Gazette officielle et ensuite de recevoir des plaintes
contre le Code de déontologie. C'est ce qu'on dit dans les trois
premières lignes de votre amendement. Pourquoi ensuite aller faire de
l'élaboration qui semble vouloir dire que le Code de déontologie
ne sera pas suffisant?
M. Bédard: II me semble que, comme législateur, on
doit imaginer la possibilité que le Code de déontologie ne
prévoit pas tout. D'avance, on ne peut quand même pas être
en mesure d'évaluer toutes les situations qui peuvent être
portées à notre attention et ces principes généraux
nous permettent justement d'orienter vers le Conseil de la magistrature qui
aura à apprécier les éléments portés
à son attention.
M. Lalonde: D'ouvrir la porte, quoi? De ne pas avoir rempli
utilement ses fonctions, un juge qui prend le lunch, n'a pas rempli utilement
ses fonctions.
M. Bédard: C'est le conseil qui va juger cela. (0 h
45)
M. Lalonde: Oui, mais...
M. Bédard: Je veux essayer d'expliquer le mieux possible;
peut-être que je n'ai pas les termes qu'il faut. Certains
éléments sont portés à la connaissance du ministre
de la Justice. Le Solliciteur général sait qu'au niveau du
ministre de la Justice il peut y avoir des lettres de citoyens, il peut y avoir
bien des remarques qui lui soient faites. À ce moment, ce sera tout
simplement de les référer au Conseil de la magistrature qui
doit... C'est pour cela qu'on doit se donner un cadre général
suffisant pour nous permettre d'orienter le tout et vraiment faire la
séparation complète entre le pouvoir judiciaire, le Conseil de la
magistrature dans ce domaine, et le ministère de la Justice comme tel.
C'est simplement ce canal, au niveau des principes généraux, que
nous évoquons.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement...
M. Lalonde: Je trouve cela très important qu'à ce
stade le gouvernement fasse un geste pour
bien faire la distinction entre une simple profession et toute la
structure qui est prévue, et la magistrature. Qu'on lui donne l'ordre
c'est ce qu'on fait comme législateurs de faire un Code de
déontologie et de l'administrer, cela va, mais qu'ensuite on
déborde du Code de déontologie... Si on ne voulait pas en
déborder, on en resterait aux trois lignes. On déborde du Code de
déontologie et on dit: Vous allez faire quelque chose. En plus de cela,
vous allez dire: Vous allez juger si les juges remplissent utilement leurs
fonctions.
M. Bédard: II peut y avoir des situations inédites,
des cas inédits qui soient acheminés vers le ministre de la
Justice. Ces critères vont nous permettre de les orienter et de demander
au Conseil de la magistrature de les analyser en fonction de ces
critères, c'est tout. Il peut arriver qu'une situation inédite ne
soit pas couverte par le Code de déontologie. Je pense, comme
législateurs, qu'on doit prévoir cette possibilité.
M. Lalonde: II ne faut pas non plus entourer la magistrature
d'une espèce de grande barrière de suspicion.
M. Bédard: Ce n'est pas une barrière. M.
Lalonde: Voyons!
M. Bédard: II ne faut pas imaginer le Code de
déontologie comme un catalogue d'actes criminels. Ce n'est pas cela du
tout. À l'heure actuelle, il y a des choses qui, à mon sens, sont
soumises au ministre de la Justice pour étude, pour analyse, qui
devraient être des recherches dévolues au Conseil de la
magistrature. Le Conseil de la magistrature va faire l'analyse
nécessaire. C'est tout.
M. Lalonde: Tout ce que vous avez à faire, c'est de vous
assurer que...
M. Bédard: On n'a pas le Code de déontologie.
M. Lalonde: Non, mais quand vous allez l'approuver, l'examiner
pour savoir si vous l'approuvez ou non, ce sera de vous assurer avant de
l'approuver qu'il contient ces trois choses. C'est tout.
M. Bédard: Cela peut être dans un an, un an et demi.
Entre-temps, il faut qu'il y ait des normes générales qui fassent
que le ministre de la Justice puisse soumettre des situations au Conseil de la
magistrature. Une fois que ce code sera adopté...
M. Lalonde: Si vous voulez mettre "jusqu'à ce qu'un Code
de déontologie soit en vigueur" pour qu'ils puissent faire certaines
choses, oui. Si c'est pour la période de transition, mais pas...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement
présenté par le député de Marguerite-
Bourgeoys visant à supprimer tous les mots après "code de
déontologie" sera adopté?
M. Bédard: Je pense que j'ai expliqué certaines
choses. Il y a l'autre suggestion. J'ai quand même apporté
certains éléments qui font qu'on doit être réaliste
en se disant que le Code de déontologie, c'est peut-être dans un
an qu'on va l'avoir. Entre-temps, il y a des balises à
l'intérieur desquelles je dois avoir la justification. Un ministre de la
Justice doit avoir la justification d'orienter certaines choses pour
appréciation de la part du Conseil de la magistrature.
M. Fontaine: C'était la suggestion...
M. Bédard: Peut-être que l'autre suggestion faite
par... Avec votre permission, peut-être que sur cet
élément, je demanderais...
M. Lalonde: Si vous voulez, on peut terminer 271 après
"Code de déontologie", et faire un autre article, qui dise: Avant
l'entrée en vigueur du Code de déontologie, le conseil
reçoit, examine une plainte portée par toute personne contre un
juge lui reprochant de ne pas avoir rempli utilement ses fonctions, de
s'être mis dans une situation telle, etc. Cela, c'est transitoire. Vous
fermez la porte...
M. Bédard: Me permettez-vous de suspendre cet article et
on va voir ce que ça donne? Cela nous permettrait d'avancer sur d'autre
chose.
Le Président (M. Marcoux): L'article 271 est suspendu.
Article 272?
M. Bédard: C'est technique.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 273?
M. Lalonde: Est-ce qu'on a des amendements à 273?
M. Bédard: À 273, ajouter l'alinéa suivant:
"Si la plainte est portée par un membre du conseil, celui-ci ne peut
participer à l'examen de la plainte par le conseil".
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: Je pense que ça n'a pas besoin
d'explication.
Le Président (M. Marcoux): L'alinéa ajouté
est adopté? Est-ce que le nouvel article tel qu'amendé sera
adopté?
M. Fontaine: Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 274?
M. Bédard: Je ne pense pas que ça demande
d'information.
M. Lalonde: J'aurais peut-être une question...
M. Bédard: Cet article oblige le conseil à informer
le juge concerné.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: S'il le juge utile, le conseil pourra demander
au juge des explications.
M. Lalonde: En fait, ma question aurait dû être
posée à 273. Est-ce que c'est tout le conseil? Parce que je n'ai
pas vu la possibilité que le conseil se forme en comité de
plainte?
M. Bédard: Oui, vous allez... Par sa régie interne,
il peut se faire des règlements pour établir des
comités...
M. Lalonde: Alors, c'est une bonne opinion légale que vous
me donnez, voulant que le fait qu'on dise "conseil", ici, ça n'oblige
pas tout le conseil...
M. Bédard: Non, ça n'oblige pas tout le conseil.
C'est évident.
M. Lalonde: Bon!
Le Président (M. Marcoux): L'article 274 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 275?
M. Lalonde: II est remplacé, je pense.
M. Bédard: Remplacé par le suivant: Si le conseil,
après l'examen d'une plainte, constate que celle-ci n'est pas
fondée ou que son caractère et son importance ne justifient pas
une enquête, il en avise le plaignant et le juge et lui indique ses
motifs".
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article...
M. Bédard: "... et leur indique les motifs".
Le Président (M. Marcoux): ... et leur indique..."
M. Bédard: "... les motifs".
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le nouvel article
sera adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 276?
M. Bédard: 276? Cet article prévoit que le conseil
peut instituer une enquête après avoir examiné une plainte
et constaté qu'elle est fondée.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
M. Lalonde: Un instant! Est-ce qu'il est changé?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: À 276, le conseil...
Le Président (M. Marcoux): Non, "... le conseil peut,
après examen, décider de faire enquête...
M. Lalonde: Oui, décider de faire enquête, mais
c'est le ministre de la Justice qui est obligé de faire
enquête.
M. Bédard: C'est ça. C'était correct,
ça.
Le Président (M. Marcoux): L'article 276 est-il
adopté?
M. Lalonde: Vous présumez que les ministres de la Justice
ne peuvent pas faire de plaintes...
M. Fontaine: Non fondées.
M. Bédard: II me semble que, devant le conseil de la
magistrature...
Le Président (M. Marcoux): Article 277?
M. Bédard: Pour mener l'enquête... Cet article
prévoit qu'une enquête sur un juge est menée par un
comité de cinq personnes désignées par le conseil parmi
ses membres. C'est à la suggestion...
Le Président (M. Marcoux): L'article 277 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 278?
M. Bédard: C'est une règle de fonctionnement.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 279?
M. Bédard: II y a un amendement aux fins de remplacer le
deuxième alinéa par le suivant: Dans les 30 jours qui suivent la
communication de la plainte, le comité convoque le juge concerné
et le plaignant pour procéder à l'enquête et à
l'audition. Il avise également le ministre de la Justice et celui-ci ou
son représentant peut intervenir lors de l'enquête ou de
l'audition."
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel alinéa
adopté?
M. Lalonde: Oui, adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 279 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Fontaine: Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté tel
qu'amendé. Article 280?
M. Lalonde: II n'y a pas de changement de numéros
à...
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Correct.
M. Bédard: L'article 280, je pense que...
M. Lalonde: M. le Président, à 280, j'ai une
objection. Les représentants des parties, qu'est-ce que c'est,
ça? Est-ce que quiconque va pouvoir agir comme avocat maintenant devant
le comité? Je n'ai pas regardé le mémoire du Barreau
là-dessus. J'imagine qu'il doit en parler.
M. Bédard: Si un juge veut se faire représenter par
un autre juge, cela peut arriver...
M. Fontaine: Par un autre juge?
M. Bédard: Oui, cela peut arriver, ce ne sont pas toujours
des plaintes très graves qui requièrent la présence d'un
avocat. Il peut arriver qu'un juge puisse vouloir se faire représenter
par un autre juge. On prévoit que...
M. Lalonde: Oui, mais vous ouvrez la porte. C'est bien beau de
dire un juge par un autre juge, mais là vous ouvrez la porte à
tout le monde.
M. Fontaine: À ce moment-là, c'est bon pour les
deux parties.
M. Lalonde: Tout le monde.
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection à l'enlever.
M. Lalonde: Un gars peut se faire représenter par son
cousin et vas-y!
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection à l'enlever:
"par leur procureur".
Le Président (M. Marcoux): Un amendement visant à
biffer "ou leur représentant ".
M. Bédard: C'est cela. M. Lalonde: C'est cela.
Le Président (M. Marcoux): L'article 280, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Bédard: Article
281.
M. Lalonde: Excusez-moi de revenir un peu à 280. Est-ce
que les réunions de ce comité sont publiques, est-ce qu'elles
peuvent être publiques, est-ce qu'elles doivent être publiques.
M. Bédard: Non, règle de fonctionnement, c'est
à lui à le déterminer.
M. Lalonde: Alors il pourra comme d'ailleurs cela se fait
dans le fonctionnement des comités de discipline, jusqu'à la
conclusion, avoir une certaine règle de non-publication?
M. Bédard: C'est tout à fait cela.
Le Président (M. Marcoux): L'article 281 est-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
M. Lalonde: Adopté. C'est fort!
Le Président (M. Marcoux): Article 282.
M. Lalonde: Qu'est-ce que c'est, 282?
M. Bédard: Compte tenu que le comité
d'enquête compte des juges ou des avocats, il importe de prévoir
les causes de récusation pour éviter des préjudices indus
aux plaignants ou aux juges.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 283.
M. Bédard: L'article 283 permet au comité
d'établir ses règles de procédure et il indique, pour
guider le comité, que les ordonnances de procédure s'inspireront
du code de procédure.
M. Lalonde: Celui-là n'a pas besoin d'être
approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Vous êtes généreux tout à
coup!
Le Président (M. Marcoux): À l'article 283, en
haut, "S'il est nécessaire...
M. Lalonde: D'accord, on va l'adopter.
Le Président (M. Marcoux): Article 283, adopté.
Article 284.
M. Bédard: À l'article 284, il y a un amendement
à l'effet de supprimer le texte suivant: "après consultation du
ministre de la Justice ".
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est-il
adopté? Oui?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 284, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 285.
M. Bédard: Je ne pense pas que cela pose de
problème.
Le Président (M. Marcoux): N'y a-t-il pas un amendement
à l'article?
M. Bédard: Oui, remplacer l'article par le suivant: "Le
comité soumet son rapport d'enquête et ses recommandations au
conseil. Il transmet au ministre de la Justice ce rapport ainsi que copie de
son dossier d'enquête."
M. Lalonde: Est-ce qu'on ne l'avait pas, celui-là?
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Ah oui, il vient après, plus loin.
M. Bédard: II est peut-être mal placé.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai une question
là-dessus. Quand j'ai lu cela, cet après-midi, j'avais compris
que c'était lorsqu'il y avait des recommandations de requête de
destitution et que, à ce moment, le ministre qui est celui qui va
prendre la décision d'aller devant la Cour d'appel doit avoir copie de
tout le dossier. Mais, dans les autres cas, pourquoi le ministre irait-il
examiner tous les dossiers de la discipline de la magistrature? On n'a
même pas cela dans le Code des professions. Est-ce que le Code des
professions reçoit tous les dossiers?
M. Bédard: Clairement, ce que nous visons, c'est lorsqu'il
y a destitution. Il est évident qu'il faut qu'on ait le dossier.
M. Lalonde: Alors, il faudrait le dire, parce que, tel que c'est
écrit, c'est que, chaque fois qu'il y a une recommandation au conseil,
tout le dossier s'en va au ministre de la Justice.
M. Bédard: On peut préciser: "Le comité
soumet son rapport d'enquête et ses recommandations au conseil... (1
heure)
M. Lalonde: II transmet au ministre.
M. Bédard: ... il transmet au ministre de la Justice ce
rapport ainsi que copie de son dossier d'enquête lorsqu'il recommande la
destitution.
M. Lalonde: II faudrait le mettre après "ainsi " pour
être bien sûr que cela s'applique seulement à la
recommandation de la destitution, ou la recommandation de la requête de
destitution.
M. Bédard: Cela va?
Le Président (M. Marcoux): Alors, l'amendement...
M. Lalonde: J'entends le coup d'une heure, M. le
Président.
M. Bédard: II reste quelques articles, cela
achève.
M. Fontaine: Le coq est à la veille de chanter.
M. Bédard: Le comité soumet son rapport
d'enquête et ses recommandations au conseil et il transmet au ministre de
la Justice ce rapport et le ministre a droit d'obtenir une copie du dossier de
l'enquête si le conseil fait la recommandation prévue au
paragraphe b) de l'article 287, qui traite de la destitution... C'est: Et
transmet au ministre de la Justice ce rapport... On va le refaire.
Le Président (M. Marcoux): Suspendu pour l'instant. On y
reviendra. Article 287.
M. Lalonde: 286, je pense.
Le Président (M. Marcoux): 286, oui.
M. Lalonde: II n'y a rien de spécial.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 287, il
y a un amendement, deux amendements.
M. Lalonde: II y a un amendement.
M. Bédard: Oui, proposer deux amendements.
Premièrement, au paragraphe b), supprimer le texte qui suit le nombre
"76".
Le Président (M. Marcoux): Cela veut dire qu'on supprime:
"et de suspendre le juge"... jusqu'à "détermine".
M. Bédard: C'est cela. Deuxième amendement, ajouter
l'alinéa suivant: "S'il fait la recommandation prévue par le
paragraphe b), le conseil suspend le juge pour une période de trente
jours".
M. Lalonde: Cela va se trouver dans le b). Cela va être un
deuxième alinéa de b)?
M. Bédard: ... alinéa de l'article.
M. Lalonde: Un instant. Qu'est-ce que cela va avoir l'air?
M. Bédard: Cela va être un alinéa distinct du
b).
M. Lalonde: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel alinéa c).
M. Lalonde: Non.
M. Bédard: C'est un alinéa
général.
M. Lalonde: C'est un alinéa général, pas
numéroté.
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que les deux amendements
sont adoptés?
M. Lalonde: Oui. M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 287, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. le Président, il se fait tard, il est une heure trois minutes.
Je ne veux pas que mon consentement me mène à cinq heures, j'ai
une grosse journée demain. Alors, je ne veux pas faire de menace, mais
si on s'accroche, le consentement, il va falloir qu'il aille à
demain.
M. Bédard: Cela ne nous mènera pas à cinq
heures. D'accord.
M. Fontaine: D'autant plus que nous avons appris que l'estafette
qu'on a envoyée tout à l'heure n'a pas réussi à
rejoindre le leader, à ce qu'il paraît.
M. Bédard: Alors, à l'article 288 proposé,
remplacer les deux dernières lignes par le texte qui suit: "Le juge est
suspendu de sa charge jusqu'au rapport de la cour".
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bédard: Cet article prévoit que, dans sa
requête à la Cour d'appel, le ministre peut demander à la
cour d'ordonner la suspension pendant l'enquête qu'elle est tenue de
faire.
M. Lalonde: Ce n'est pas mal, ça, c'est correct, c'est
concordant avec les amendements que vous venez d'apporter.
M. Bédard: C'est vraiment de la concordance, Le conseil
peut retenir à 289 les services d'un avocat pour assister
le comité dans la conduite de son enquête.
M. Lalonde: Cela marche. Adopté. M. Fontaine: Quel
salaire?
Le Président (M. Marcoux): L'article 288 est adopté
tel qu'amendé. Article 289. Adopté.
M. Lalonde: Oui, adopté.
M. Bédard: Alors, on va revenir... À l'article 289,
j'avais un amendement.
Le Président (M. Marcoux): À l'article 289...
M. Lalonde: Est-ce que vous avez apporté votre
amendement?
M. Bédard: Non, je ne l'ai pas apporté, parce que
le conseil peut retenir les services d'un avocat ou d'un autre expert pour
assister le comité dans la conduite de son enquête.
M. Lalonde: Vous faites la motion pour retirer...
M. Bédard: Retirer mon "adoption ". M. Lalonde: ...
l'adoption.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le nouvel article
289 sera adopté?
M. Lalonde: Oui, M. le Président.
M. Fontaine: ... il faut revenir à un article
déjà adopté.
M. Bédard: Article 290. C'est nouveau. Nous allons revenir
à l'article 271 qui était suspendu.
Le Président (M. Marcoux): Article 271, sur l'examen des
plaintes.
M. Bédard: Nous allons donner suite à la suggestion
de mettre ces règles générales transitoires. Cela va?
Le Président (M. Marcoux): Cela va se formuler
comment?
M. Bédard: Cela se lirait comme suit, au complet: "Le
conseil reçoit et examine une plainte portée par toute personne
contre un juge et lui reprochant un manque au Code de déontologie ".
Alinéa: "Jusqu'à l'entrée en vigueur d'un Code de
déontologie, le conseil reçoit et examine une plainte
portée par toute personne contre un juge et lui reprochant", a), b),
c).
M. Lalonde: II n'y a pas de mot, "et"
M. Bédard: Cela va?
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 271, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
M. Bédard: L'article 285 que nous avions suspendu, se
lirait comme suit, remplacer l'article par le suivant, "Le comité soumet
son rapport
d'enquête et ses recommandations au conseil. Il transmet au
ministre de la Justice ce rapport. De plus, le ministre "...
M. Lalonde: ... amendement, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement proposé par
le député de Marguerite-Bourgeoys, à l'article 271, est
retiré.
M. Bédard: Lorsque le comité fait la recommandation
prévue... On va le perfectionner, c'est le cas de le dire.
Le Président (M. Marcoux): Article 290.
Dispositions diverses
M. Bédard: Article 290. Dispositions diverses. M.
Lalonde: Oui.
M. Bédard: Adopté. Nous aurions une annexe à
proposer. Après l'article 290 proposé, ajouter le texte suivant:
"'Annexe 1 "(article 257) "Serment ou affirmation de discrétion. "Je,
A.B., jure (ou affirme solennellement) que je ne révélerai et ne
ferai connaître, sans y être autorisé par la loi, quoi que
ce soit dont j'aurai eu connaissance dans l'exercice de ma charge. (Dans le cas
d'une prestation de serment, ajouter: "Ainsi Dieu me soit en aide".)
Il s'agit d'une concordance, compte tenu de la modification de l'article
257.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que cela fait partie
intégrante de l'article 290?
M. Bédard: C'est une annexe. Cela va aller à la
fin.
M. Lalonde: Après l'article 290. C'est intitulé
annexe 1.
Le Président (M. Marcoux): Alors, faut-il adopter l'annexe
1 avant l'article 290 ou après?
M. Bédard: Après l'article 290.
Le Président (M. Marcoux): L'article 290 est-il
adopté?
M. Lalonde: Oui, adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'annexe 1 est-elle
adoptée?
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Nous sommes à l'article 34?
L'article 285 que nous avions suspendu se lirait comme suit: Remplacer
l'article par le suivant et je cite: "Le comité soumet son rapport
d'enquête et ses recommandations au conseil. Il transmet au ministre de
la Justice ce rapport. De plus, il lui transmet copie de son dossier
d'enquête dans le cas où le conseil fait la recommandation
prévue par le paragraphe b) de l'article 287."
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Le nouvel
article 285 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): On revient à l'article
34.
M. Bédard: L'article 34, c'est une disposition transitoire
qui tient compte du fait qu'actuellement, la Cour des sessions compte deux
juges en chef, l'un à Québec, l'autre à Montréal.
Aucun de ces juges n'a préséance sur l'autre. L'article indique
que, tant que le juge en chef de Québec ne sera pas admis à la
retraite, ce qui devrait normalement avoir lieu en 1979, il n'y aura pas de
juge en chef associé à cette cour.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 34 est adopté.
Article 35.
M. Bédard: À l'article 35, nous avons un amendement
aux fins de remplacer le deuxième alinéa par le suivant et je
cite: "En outre, si ce juge a exercé pendant au moins dix ans une charge
de juge en chef ou de juge en chef adjoint, ou s'il en a le statut, ou si, lors
de la sanction de la présente loi. il exerçait une telle charge
et qu'il l'exerce pendant au moins dix ans, il a droit de recevoir,
jusqu'à ce qu'il démissionne ou soit admis à la retraite,
ou jusqu'à l'entrée en vigueur d'un règlement
adopté en vertu de l'article 74 de la Loi des tribunaux judiciaires, le
traitement qu'un juge en chef reçoit lors de la sanction de la
présente loi et à l'entrée en vigueur dudit
règlement. "il a droit de recevoir, en sus du traitement de juge, le
montant de la rémunération additionnelle attaché à
la fonction de juge en chef".
C'est simplement un amendement qui apporte une correction technique,
parce qu'il y avait eu des ambiguïtés vu qu'on n'avait pas
indiqué "jusqu'à l'entrée en vigueur du règlement".
C'est pour le respect des droits acquis des juges qui sont déjà
en place.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le deuxième
alinéa, tel qu'amendé, sera adopté?
M. Lalonde: De la façon dont je le comprenais cet
après-midi, M. le Président, il est adopté.
M. Fontaine: Hier après-midi.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 35 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 36.
M. Bédard: À l'article 36, cet article
reconnaît que les juges en chef adjoints de la Cour provinciale ou du
Tribunal de la jeunesse remplissent effectivement des fonctions
d'associés.
Le Président (M. Marcoux): L'article 36 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 37.
M. Bédard: À l'article 37, il y a un amendement aux
fins de remplacer le deuxième alinéa par le suivant, et je cite:
"Si un juge décède avant d'avoir fait l'option prévue par
le premier alinéa, il est présumé l'avoir faite."
L'amendement opère deux choses. Il remplace le deuxième
alinéa pour éviter une distinction à l'encontre des juges
du Tribunal de la jeunesse et il crée une présomption que
l'option est faite, si un juge décède d'ici le 1er janvier.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est adopté.
Est-ce que l'article 37 sera adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 38.
M. Bédard: II nous reste dix articles.
M. Lalonde: On entre dans des choses pas compliquées. (1 h
15)
M. Bédard: Remplacer l'article proposé par le
suivant: "38". Le juge qui a fait l'option prévue par l'article 37
transfère dans le régime de retraite établi par la
sixième partie de la Loi des tribunaux judiciaires le nombre
d'années d'exercice de sa charge qui est requis, au 1er janvier 1979,
pour acquérir, dans ce régime, une rente d'une valeur d'au moins
$20 480 000; si ce juge a, au 1er janvier 1979, exercé pendant au moins
dix ans une charge de juge en chef, de juge en chef adjoint ou s'il en a eu le
statut ou si, à cette date, il exerçait une telle charge et qu'il
l'exerce pendant au moins dix ans, la valeur de la rente ainsi acquise est de
$23 040.00. "Le calcul du nombre d'années d'exercice de la charge requis
aux fins du premier alinéa s'effectue en tenant compte de l'âge du
juge au 1er janvier 1979, du nombre d'années pendant lesquelles le juge
peut encore exercer sa charge jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de
soixante-dix ans ou qu'il ait vingt-cinq années d'exercice, selon
l'événement le plus proche, et d'une hypothèse actuarielle
d'augmentation du traitement de 4 1/2% par année et d'indexation de la
pension de 3% par année. "Le montant de la rente prévue par le
premier alinéa est indexé à compter du 1er janvier 1979 en
la manière prévue par le premier alinéa de l'article 249
de la Loi des tribunaux judiciaires. "Le juge qui n'a pas exercé sa
charge pendant le nombre d'années d'exercice requis pour acquérir
la rente prévue par le premier alinéa et qui ne peut
l'acquérir avant d'atteindre l'âge de soixante-dix ans, a droit
néanmoins lorsqu'il est admis à sa retraite de recevoir la rente
prévue par le présent article."
M. Fontaine: Pouvez-vous nous donner un exemple?
M. Lalonde: Pouvez-vous nous expliquer ce que cela veut dire?
M. Bédard: Je vais le donner. L'article 38 constitue une
des principales dispositions transitoires dans l'introduction du nouveau
régime de retraite. Différentes discussions ont eu lieu à
l'égard de cet article et l'amendement proposé est le
résultat de discussions et de réévaluations qui ont
été faites avec la participation tant de la Conférence des
juges que de la Commission administrative du régime de retraite et du
Conseil du trésor.
Le premier alinéa reprend d'une manière
générale le texte du premier alinéa du projet de loi sauf
qu'il fixe au 1er janvier 1979 la date des différentes
opérations.
Le deuxième alinéa vient préciser le mode de calcul
du nombre d'années d'exercice de la charge qui est requis aux fins du
premier alinéa. En effet, différentes personnes nous ont
signalé que telle que rédigée la règle pouvait
permettre une évaluation fixe de douze ans ou de seize ans, selon le
cas, qui ne permettait pas de tenir compte des situations particulières
en fonction de projections futures de traitement et d'indexation de la
pension.
Quant au troisième alinéa, il corrige une faiblesse de
l'article 38, tel qu'il était proposé, et il prévoit une
indexation du montant de la rente minimale. En effet, avec l'article 38, tel
qu'il se retrouve au projet de loi 40, on en arrivait à la situation
où le juge qui partait à la retraite avant même d'avoir
contribué se retrouvait avec une pension supérieure à
celle reçue par celui qui partait dans un an ou deux après avoir
contribué pendant toute cette période.
Quant au quatrième alinéa, il reprend d'une manière
plus précise la règle qui était déjà au
deuxième alinéa de l'article 38 tel que proposé.
Il y a eu des consultations suivies, M. le Président, sur cet
article avec la Conférence des juges, le Conseil du trésor et la
Commission administrative du régime de retraite.
Le Président (M. Marcoux): Tout le monde est prêt
à adopter cet article, si j'ai bien compris?
M. Lalonde: J'avais une copie du rapport de la commission
administrative.
M. Bédard: On a des copies additionnelles.
M. Lalonde: Oui, je la cherche, je ne sais pas où je l'ai
égarée.
M. Bédard: Tiens, c'est cela?
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: En veux-tu une?
M. Fontaine: C'est Charbonneau qui...
M. Lalonde: Merci.
M. Bédard: II faudrait prendre certains chiffres sous
réserve, étant donné qu'à ce moment-là on
n'avait pas indexé la rente minimale, le plancher.
M. Lalonde: Si je comprends bien, c'est pour permettre
d'éviter une espèce d'injustice qui aurait pu arriver avec le
système prévu, à savoir qu'un juge qui a 68 ans au moment
de l'adoption, qui aurait eu à contribuer pendant deux ans, aurait eu
droit à une pension de $20 000, en chiffres ronds, alors que celui qui
aurait 59 ans, d'après la liste que vous avez à la page 18 du
rapport de la commission administrative, qui aurait eu à contribuer
pendant plusieurs années, une douzaine d'années, serait
arrivé au même point à ce moment. Si je comprends bien,
votre calcul permet, par l'indexation de la pension à 3% par
année et l'hypothèse actuarielle d'augmentation du traitement de
4,5% par année, à celui qui va contribuer plus longtemps de ne
pas perdre à ce niveau. Cela n'indexe pas sa pension par cette
disposition.
M. Bédard: Si vous permettez, je pourrais
compléter. C'est certainement l'un des changements importants qui est
fait. Le changement a pour effet d'indexer au plein coût de la vie,
chaque année, le minimum de pension garantie qui est la pension
fixée actuellement dans la Loi des tribunaux judiciaires,
c'est-à-dire, pour un juge avec pleine pension, $20 480, de l'indexer
dès 1979 au coût de la vie pendant que le juge continue à
contribuer. En pratique, le juge qui a 65 ans, à ce moment, qui n'a pas
d'années suffisantes pour pouvoir racheter...
M. Lalonde: Complètement.
M. Bédard:... complètement... Si on regarde
à la page 17 du document qui a été distribué par la
Commission administrative du Régime de retraite, dans une
hypothèse où le coût de la vie augmenterait de 7% par
année, au bout de cinq ans, le minimum de pension garantie de $20 480
serait rendu à $28 724. Évidemment, il aurait contribué
pendant ce temps, pendant cinq années.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: II aurait un avantage qui n'existait pas dans
le projet de loi 40. Dans le projet de loi 40, le montant garanti demeurait le
même, $20 480. C'est un changement majeur. C'est lié à
l'option, évidemment. Cela s'applique pour les personnes qui font
l'option du nouveau régime.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: II y a deux avantages, à ce moment
outre la pension pour la veuve et les orphelins, où c'est
différent il y a l'avantage de l'indexation future, une fois
à la retraite, et il y a l'avantage de l'indexation immédiate du
plancher. On fait un peu la même chose pour le plancher minimum plus
tard, pour les vingt ans, les $17 900, c'est dans la loi. C'est la même
chose pour les juges en chef. C'est l'explication du changement. Maintenant,
les 4,5% et les 3%...
M. Lalonde: Je voudrais savoir comment...
M. Bédard: C'est pour expliquer le nombre d'années
dont on a besoin pour le transfert. Le transfert, c'est différent du
rachat. Le juge n'a pas à payer pour le transfert, pour avoir la pension
garantie.
M. Lalonde: Non, il transfère les années acquises.
C'est un acquis.
M. Bédard: C'est cela. Avant l'indexation du plancher, il
fallait avoir 58 ans ou moins pour avoir zéro. Pour le juge qui avait 69
ans, même s'il avait été nommé à 51 ans et
s'il avait 18 ans de services acquis, on lui transférait ses 18 ans
complets. Il n'y avait pas d'années de service acquis pour racheter,
parce que cela passait dans le transfert. C'est encore cela avec l'indexation,
sauf que cela va descendre un peu. On n'a pas les statistiques ce soir, mais au
lieu de 58 ans, cela va descendre à 54 ans. 54 ans.
M. Lalonde: Alors, actuellement, c'est à peu près
18 ans, presque 19 ans que cela prend de transfert pour arriver au
plancher.
M. Bédard: Oui, sauf que quelqu'un qui ne l'a pas, on le
lui donne automatiquement en vertu du projet de loi.
Avec la rente indexée, le juge de 54 ans aujourd'hui, en
contribuant au régime pendant 16 ans, avec un taux de projection
salariale de 4,5% par année et un taux d'indexation à long terme
de 3% par année au coût de la vie, va prendre 16 ans pour acheter
la rente qu'il va avoir quand il va partir, avec l'indexation jusqu'à la
mort.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez fait des projections à
savoir, sur cette base-là, quel serait le montant, par exemple, pour le
juge de 58 ans qui ferait son option à...
M. Bédard: La CARR peut les faire...
M. Lalonde: II n'y a pas eu de...
M. Bédard: L'indexation a été faite...
M. Lalonde: ... projections de faites là-dessus?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Sur les chiffres, enfin?
M. Bédard: On les a pour cinq ans, comme cela
apparaît là-haut.
M. Lalonde: Pour cinq ans.
M. Bédard: II y a quand même un point important,
c'est que le juge qui a 60 ans a automatiquement droit au montant de pension
garantie, même s'il n'a pas... On parle de 54 ans. Celui qui a 54 ans va
cotiser pendant seize ans. Cela va lui prendre ça pour équivaloir
au minimum indexé. $20 480, mais indexé au bout de seize ans,
à chaque année.
M. Lalonde: Bon!
M. Bédard: Mais, en vertu du projet de loi, quelqu'un qui
n'a pas suffisamment d'années de service pour en transférer,
parce qu'il a été nommé à un âge plus
avancé, a droit, de la même façon, au minimum de pension
garantie. C'est important...
M. Lalonde: Oui...
M. Bédard: ... parce que sans ça, il serait
lésé.
M. Lalonde: Sa pension, cependant, il va l'avoir plus rapidement.
Il est protégé corporativement de la même
façon...
M. Bédard: De la même façon.
M. Lalonde: ... même si le montant va être moins
élevé, étant donné qu'il sera indexé moins
longtemps. L'idée, c'est de les protéger contre l'inflation.
M. Bédard: C'est ça.
M. Lalonde: II y a une chose. Le troisième alinéa,
le montant de la rente prévu par le premier alinéa, est
indexé à compter du 1er janvier 1979 en la manière
prévue par le premier alinéa de l'article 249 de la Loi des
tribunaux judiciaires.
M. Bédard: ... régime des rentes. M. Lalonde:
Bon!
M. Bédard: C'est l'indexation conformément à
l'article 130 du régime des rentes du Québec.
M. Lalonde: Là, on parle d'une rente qui est non pas
acquise, enfin, qui est payée, quoi. On parle des juges qui vont arriver
à la retraite le 1er janvier 1979. La rente va être
indexée, c'est ce qu'on veut dire?
M. Bédard: Non, ce qu'on dit ici, techniquement, c'est que
le montant de $20 480 pour le juge...
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: ... le plancher, à compter de 1979, le
1er janvier, il va commencer à être indexé selon l'indice
prévu à l'article 130 du régime de rentes,
c'est-à-dire le plein coût de la vie.
M. Lalonde: Ah! c'est ça, mais je n'ai pas tout compris,
parce que ce n'est pas... Dans le deuxième alinéa, on fait des
projections, mais je pensais que de la façon qu'il est écrit, le
troisième alinéa semble quelque chose de payable
actuellement.
M. Bédard: À l'article 249, on parle d'une pension
versée.
M. Lalonde: Oui, c'est ça.
M. Bédard: II faut bien noter que l'indexation court du
moment du versement, alors que là, on parle du montant de la rente
prévue qui est indexé.
Le montant prévu dans le premier alinéa, c'est $20
480...
M. Lalonde: Ah bon! D'accord.
M. Bédard: ... qui est indexé à partir du
1er janvier.
M. Lalonde: Oui, c'est le premier alinéa de 38, c'est
ça?
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le nouvel article 38
sera adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
M. Bédard: L'article 39 vise à permettre aux
juges...
M. Lalonde: Excusez-moi. J'aurais seulement une question. On a
enlevé le dernier alinéa de l'article 38. On a tout
remplacé 38... Le dernier alinéa avait trois lignes: "En aucun
cas, cependant, le juge qui a ainsi opté ne peut recevoir, au moment
où il est admis à prendre sa retraite, une pension
inférieure à celle qu'il aurait reçue s'il n'avait pas
fait cette option ". Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle on l'a
enlevé?
M. Bédard: On a reproduit et précisé la
règle dans le quatrième alinéa du nouvel article 38.
M. Lalonde: On ne met pas de plancher c'est-à-dire...
M. Bédard: Cet alinéa pouvait s'appliquer seulement
aux juges qu'on visait qui ne pouvaient vraiment pas, à un moment
donné, acquérir ou transférer un nombre d'années
suffisant parce qu'ils ne l'avaient pas.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Ceux-là sont quand même
visés dans l'article 38.
M. Lalonde: Mais l'impossibilité d'avoir une rente, une
pension inférieure ne semble pas traduite dans le dernier alinéa
de l'article 38.
M. Bédard: Là, ça devient impossible parce
qu'on part de $20 480, qui est le plancher actuel pour 25 ans dans les articles
91 à 93 et on l'indexe à partir du 1er janvier 1979...
M. Lalonde: Ah bon! parce que vous avez l'indexation.
M. Bédard: ... donc, il est toujours plus...
M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Marcoux): Article 39?
(1 h 30)
M. Bédard: Cet article vise à permettre au juge qui
a plus de douze années d'exercice de sa charge, de racheter la valeur
des années qui excèdent douze années, jusqu'à
concurrence de 25 ans. Ainsi, un juge de 60 ans, qui a exercé sa charge
pendant 20 ans, pourra, en vertu du nouveau régime, prendre sa retraite
à 65 ans, après 25 ans. Lors de l'option, il a
transféré dans le nouveau régime la valeur de douze ans;
il peut donc racheter la valeur de huit ans. Il a jusqu'au 1er juillet 1979
pour effectuer ce rachat.
Le Président (M. Marcoux): Vous avez quelque chose
à ajouter?
M. Lalonde: Un instant, M. le Président, je comprends
qu'il est tard, mais je veux comprendre.
Le Président (M. Marcoux): C'est que j'entendais un grand
silence et je me demandais si vous étiez prêts à adopter
l'article.
M. Lalonde: Bon, d'accord.
Le Président (M. Marcoux): Article 39, adopté.
Article 40.
M. Bédard: À l'article 40, nous avons un amendement
pour ajouter, après le deuxième alinéa, l'alinéa
suivant: "Pour l'application de l'article 239 de la Loi des tribunaux
judiciaires, les sommes effectivement payées par un juge, en vertu du
présent article, lui sont remboursées comme si elles
étaient une contribution." Je pense que cela répond à une
question qui a été posée pour le rachat.
M. Lalonde: Oui, on a parlé de cela tantôt. Quant
à cet amendement, il est adopté, M. le Président.
Il y a cependant une question que je me pose quant au premier
alinéa, c'est le coût du rachat.
On sait que le premier alinéa parle de 7,5% de $42 240, qui est
le salaire actuel. Or, il y a des juges qui vont devoir racheter des
années pour lesquelles ils n'avaient pas un salaire de $42 240. Il y a
des juges qui vont devoir racheter des années pour lesquelles ils
avaient un salaire de $18 000, de $23 000, de $31 000, enfin à des
niveaux différents. Est-ce que ce n'est pas un peu exigeant pour eux que
de devoir le faire à 7,5% de $42 240, alors qu'au moment où ils
ont gagné ce qu'ils peuvent racheter, ils ne faisaient pas ce
salaire?
M. Bédard: Ce qui a été estimé avec
une moyenne statistique, c'est que les $42 240 seront le point milieu, compte
tenu de l'âge des juges, entre des salaires qui pouvaient même
être de $14 000 il y a un bon nombre d'années, pour un certain
nombre d'entre eux, et le salaire qu'ils vont avoir au moment de la retraite,
le tout basé sur une hypothèse conservatrice calculée
à 4,5%, une augmentation de salaire de 4,5% par année. Le point
milieu entre les plus bas salaires et ce que les $42 000, indexés
à 4,5%, donnent, c'est $42 000, le montant actuel. La pension sera
basée sur le salaire des cinq dernières années, 70%.
M. Lalonde: C'est qu'il y en a qui sont obligés de
racheter pour augmenter la valeur de la pension qui va leur être
versée. Ce point milieu est peut-être juste, globalement, et
très commode. D'un autre côté, il y a des juges d'un
certain âge qui vont devoir débourser un peu plus que ce qu'on
devrait leur demander pour obtenir cette pension. Est-ce qu'il y aurait moyen
de prévoir que ces ou est-ce un calcul trop compliqué
juges soient appelés à rembourser à 7,5% on
ne peut quand même pas trop augmenter cela du montant qu'ils
gagnaient pour les années de service qu'ils veulent racheter? Avez-vous
tenté de faire le calcul?
M. Bédard: Selon les experts des régimes de
retraite, dans les régimes de retraite on ne peut pas établir
tous les cas individuels exactement sur le même pied. C'est sûr
qu'il y a des gens, compte tenu de leur situation, qui paient davantage ou qui
paient en partie pour d'autres dans l'ensemble du régime. Il s'agit de
s'assurer qu'il y a une équité globale.
M. Lalonde: Je comprends cela, c'est un plan collectif, d'accord.
Mais ce que vous voulez, c'est implanter un nouveau plan en plein milieu de la
partie. Vous avez d'ailleurs tenté de rendre plus alléchant le
nouveau plan, dans une certaine mesure, pour vider le régime non
contributif. C'est justement dans cet effort de justice à l'égard
de ceux qui doivent racheter de vieilles années et dans un effort de
rendre votre nouveau plan tellement alléchant, tellement impossible
à refuser, est-ce qu'il y aurait moyen de prévoir cela dans la
loi? C'est difficile. On en est rendu à légiférer dans une
technique pas mal complexe et je ne suis pas sûr que tout le monde
comprenne exactement. Quant à moi, je vous assure qu'il a
fallu que je m'impose un cours rapide de trois heures cet
après-midi pour savoir exactement dans quelle mesure, dans les faits,
cela peut affecter les gens.
M. Bédard: Je peux vous dire que cela a fait l'objet de
longues discussions et que c'est le meilleur résultat auquel nous sommes
arrivés en tenant compte des règles d'équité.
À un moment donné, cela peut occasionner qu'une personne paie un
peu pour une autre, mais je pense qu'il faut toujours garder en perspective
l'ensemble du plan qui est offert et que nous essayons, comme vous le dites, de
rendre le plus valable possible.
Il y a aussi peut-être le fait qu'avec l'indexation du plancher
qui est apportée par l'amendement à l'article 38, le rachat
devient quelque chose de plus relatif comme décision. Cela vaut ce que
cela vaut, mais c'est une réalité.
M. Lalonde: II y a une question de capacité de rachat
aussi.
M. Bédard: L'option de ne pas racheter devient plus
plausible, compte tenu du fait que le plancher, à compter de 1979,
à $20 480, va être indexé au coût de la vie.
M. Lalonde: Parce que cela peut prendre des gros sous pour un
homme ou une femme, un juge qui a 60 ans et qui veut...
M. Bédard: C'est pour cela qu'on a prévu que cela
pouvait être étalé sur dix ans, les paiements.
M. Lalonde: Oui, à 6% avec un intérêt. C'est
absolument essentiel, cet intérêt?
M. Bédard: C'est la règle.
M. Lalonde: Ce sont tous des cas exceptionnels.
M. Bédard: C'est difficile d'aller à tous les cas
exceptionnels. Je pense que ce serait le cas dans n'importe quel groupe.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez reçu des
représentations là-dessus, sur les $42 000? Vous avez
essayé de le régler?
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Est-ce que, d'après vous, il y a plusieurs
juges qui seraient dans cette situation un peu difficile de racheter?
M. Bédard: Encore une fois, avec l'indexation du plancher,
qui va descendre le point de 58 à 54 ans, à peu près, il y
a moins de juges qui vont avoir des années disponibles pour racheter,
compte tenu de l'âge des nominations. Évidemment, il y aura un
choix à faire. Le choix ne sera pas de la même nature, compte tenu
de l'indexation. On a eu des représentations, on a fait des
discussions.
Le Président (M. Marcoux): L'article 40 sera-t-il
adopté tel qu'amendé?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 41.
M. Bédard: Cet article confère un avantage au
conjoint ou aux enfants puisqu'il prévoit la remise de la dette
contractée par le juge pour effectuer son rachat.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
M. Fontaine: À 42, il y a un amendement,
Le Président (M. Marcoux): Article 42.
M. Bédard: Nous avons un amendement dont le principe a
déjà été accepté dans les articles
précédents à l'effet de remplacer l'article par le
suivant: "Malgré l'article 235 de la Loi des tribunaux judiciaires, un
juge de la Cour des sessions de la paix, du Tribunal de la jeunesse ou de la
Cour provinciale en fonction le 30 mai 1978 et qui a fait l'option
prévue par l'article 37, conserve le droit de démissionner et
d'être admis à la retraite avec pension après avoir
exercé sa charge pendant au moins 20 ans. Il reçoit alors la
moindre d'une pension calculée conformément au deuxième
alinéa de l'article 238 de la Loi des tribunaux judiciaires ou d'une
pension d'un montant de $17 920 qui est indexée à compter du 1er
janvier 1979 en la manière prévue par le premier alinéa de
l'article 249 de ladite loi. Ce dernier montant est de $20 480, si ce juge a,
au 30 mai 1978, exercé pendant au moins dix ans une charge de juge en
chef, de juge en chef adjoint ou s'il en a eu le statut ou si, à cette
date, il a exercé une telle charge et qu'il l'exerce pendant au moins
dix ans." L'amendement a deux objets: d'une part, il enlève la
règle qui était prévue et qui est devenue inutile du fait
que l'on a retiré l'article 239 proposé dans l'article 33 du
projet de loi et d'autre part, il introduit une nouvelle règle qui veut
respecter le droit qui était déjà inscrit à
l'article 91 de la Loi des tribunaux judiciaires à l'effet que le juge
en fonction depuis au moins 20 ans peut démissionner et recevoir une
pension réduite. La fixation de cette pension tient compte, à la
fois, du régime proposé et du montant actuel de la pension
réduite et des droits des juges en chef."
M. Lalonde: M. le Président, j'ai deux questions. D'abord,
est-ce que vous avez oublié les juges de la Cour municipale dans le
premier alinéa?
M. Bédard: Non, on verra à la fin qu'il y a un
amendement concernant les juges de la Cour municipale.
M. Lalonde: Parce qu'ils ne sont pas là.
M. Bédard: Cela s'applique.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle on ne les a
pas inclus?
M. Bédard: En fait, les chartes des trois villes se
réfèrent aux traitements et aux pensions que les juges des
sessions ont en vertu de la Loi des tribunaux judiciaires, de sorte que tout
amendement qu'on fait s'appliquant aux juges des sessions, s'applique
automatiquement, compte tenu de la rédaction des trois chartes.
M. Lalonde: Je ne veux pas entrer là-dedans, c'est un peu
complexe, question de rédaction. Mais on ne parle pas seulement des
juges de la Cour des sessions, mais on parle du Tribunal de la jeunesse, de la
Cour provinciale...
M. Bédard: Oui, mais on a un article...
M. Lalonde: Autrement dit, on fait la nomenclature et on n'a
pas... Cet article se trouve où?
M. Bédard: Article 42.
M. Lalonde: On est à l'article 42. Non.
M. Bédard: C'est l'article 51. C'est le dernier, je viens
de le voir. C'est le tout dernier, article 51. D'accord?
M. Lalonde: D'accord...
Le Président (M. Marcoux): L'article 42...
M. Lalonde: Un instant, j'ai une autre chose. J'ai
sursauté quand j'ai vu le deuxième alinéa, "il
reçoit la moindre d'une pension calculée conformément au
deuxième alinéa ou de $17 920." Si, à la suite de ses
contributions et de l'effet de la loi, après vingt ans, il avait droit
à une pension plus élevée que $17 920, pourquoi ne pas lui
donner sa pension plus élevée?
M. Bédard: En vertu de la Loi des tribunaux judiciaires,
actuellement, il y a un droit, pour tous les juges en fonction au 30 mai, de
prendre leur retraite après vingt ans, avec une pension réduite
de $17 920. Ce qu'on garantit, en vertu de l'article, c'est ce droit de la
prendre automatiquement, sans en faire la demande, avec les $17 920
indexés ou encore, vingt fois 2.8%, ce qui sera acquis à ce
moment-là, qui est 56% des cinq années les mieux
rémunérées, la moindre des deux comme garantie.
M. Lalonde: Mais vous le pénalisez... à
démissionner.
S'il a contribué... c'est quoi, c'est vingt ans. Il reste cinq
ans pour avoir sa pension, pour être admissible. Pendant les cinq
dernières années, s'il a un salaire de $50 000 ou de $60 000.
M. Bédard: C'est parce que, dans cet article qui a
été fait spécifiquement à la suite des
représentations, on veut protéger les droits acquis.
M. Lalonde: Oui, mais vous protégez les droits acquis
d'une drôle de façon. Vous le forcez presque à prendre le
plancher, alors que s'il avait droit à plus, par ses contributions,
après vingt ans, vingt fois 2.8%, c'est exactement 56% des cinq
meilleures années, les cinq meilleures années, disons qu'elles se
situent à $50 000, en moyenne, ça lui fait 56% de $50 000, ce
n'est pas loin de $28 000; tout à coup, il reste cinq ans pour
continuer, il arrête au bout de vingt ans et il descend à $17
000.
Je comprends que ce n'est pas un encouragement de partir après
vingt ans.
M. Bédard: II faut bien penser que le montant de $17 000
est toujours indexé. À compter du 1er janvier 1979.
M. Lalonde: Oui, mais c'est le moindre... Disons qu'avec
l'indexation, $17 000, il est rendu à $22 000, M. le Président,
je ne comprends pas la dialectique là-dedans, c'est le salaire punitif
pour celui qui veut prendre sa retraite après vingt ans. Puisque vous
voulez permettre...
M. Bédard: Tout l'esprit de la loi est de permettre la
retraite à l'approche de 25 ans. Pour donner un exemple simple,
quelqu'un qui a dix-neuf ans, qui quitterait dans un an... (1 h 45)
M. Lalonde: Quelqu'un qui a dix-neuf ans actuellement?
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: II fait son option.
M. Bédard: Oui et il décide de quitter après
20 ans, soit dans un an.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: II aura $17 000 indexée au coût de
la vie l'an prochain. Si c'est 7% ou... Ou 56% de ses cinq années les
mieux rémunérées. Actuellement, $20 480, c'est 48% de $42
000. D'accord?
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Avec les changements de salaires, $2400 le 31
décembre 1977 plus ce qu'il aura en 1978... Je n'ai pas les chiffres
précis, mais cela sera certainement autour de $42 000 pour la moyenne
des cinq années les mieux rémunérées. D'accord?
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Alors, 56%, c'est déjà...
M. Lalonde: Au-delà de $22 000 ou $23 000.
M. Bédard: ... pas mal plus que les $20 000 actuels. On
dit qu'il aura la garantie du montant de $17 000 indexé au coût de
la vie. Comme pension réduite, comme garantie minimale, cela
apparaît
plus juste. Autrement, il pourrait y avoir des bénéfices
vraiment discordants par rapport à ceux qui vont aller jusqu'à 25
ans.
M. Lalonde: Autrement dit, vous voulez qu'il y ait une incitation
à aller à 25 ans?
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Pour que le régime se tienne.
M. Bédard: II n'y a pas de pénalité. Il y a
une certitude d'avoir mieux que la pension minimale actuelle, et certainement
mieux.
M. Lalonde: Si on parle de droits acquis, mettons-nous dans la
position où on est aujourd'hui, la loi n'est pas encore adoptée.
Si un juge démissionne ce matin, après vingt ans, il a...
M. Bédard: II a droit, en vertu... s'il n'a pas fait
l'option... s'il fait l'option...
M. Lalonde: Non, la loi n'est pas en vigueur. M.
Bédard: Alors, $17 920.
M. Lalonde: II a démissionné hier; donc, c'est $17
920.
M. Bédard: II est sûr, avec le nouveau
régime, d'avoir plus. Au moins l'indexation au coût de la vie.
M. Lalonde: II me semble que les policiers de la CUM ont eu mieux
que cela.
M. Bédard: On ne comparera pas des plans, parce que c'est
complexe, la CUM.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 42...
M. Lalonde: Mais vous n'êtes pas prêt à
examiner la possibilité de ne pas les pénaliser?
M. Bédard: On a essayé de faire des moyennes pour
que l'ensemble du plan se tienne, tel qu'on l'a exprimé tout à
l'heure. Il y a des garanties minimales et on veut une incitation à ce
que la règle générale de ce plan de pension soit
respectée, qui est de 25 ans. On n'enlève rien à
personne.
Le pronostic, c'est que les 56% ce qui fait 20 ans à 2,8%
du salaire, ce soit beaucoup plus haut, sensiblement plus haut que
l'indexation au coût de la vie. Sans cela, ce serait une discordance.
M. Charbonneau: Est-ce que je pourrais poser une question au
ministre ou au sous-ministre? Si un type contribue pendant 20 ans, qu'est-ce
qui arrive après, s'il décide de...?
M. Bédard: II a le droit de partir avec 20 fois 2,8%.
M. Lalonde: Non, le moindre de $17 000. M. Bédard:
Oui.
M. Lalonde: Le gars est nommé juge au mois d'août.
Il est dans le nouveau système complètement.
M. Bédard: À ce moment-là, il n'y a pas de
20 ans. Dans le nouveau système, c'est 25 ans uniquement. C'est pour
garder les droits acquis.
La règle, c'est 25 ans. Il faut qu'il y ait des règles
à un moment donné.
M. Lalonde: Cela s'applique seulement à celui qui
était en fonction le 30 mai. D'accord.
M. Bédard: C'est cela, c'est pour sauvegarder les droits
acquis de la Loi des tribunaux judiciaires, actuellement.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le nouvel article 42
sera adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 43.
M. Bédard: À l'article 43, nous avons un amendement
à la première ligne. Remplacer le nombre 248 par le nombre 246.
C'est une correction technique.
M. Lalonde: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Est-ce que
l'article tel qu'amendé sera adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 44.
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 45.
M. Bédard: À l'article 45, l'article 13 du projet a
voulu reconnaître le caractère de juridiction mixte, pénale
et civile du Tribunal de la jeunesse. L'article proposé vise à
reconnaître ce fait au Code de procédure civile.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 46?
M. Bédard: Article 46. L'article proposé est une
concordance avec l'article 13 qui est le précédent, ainsi qu'avec
les articles 101 et 102 de la Loi des tribunaux judiciaires.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 46, adopté.
Article 47?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 43?
M. Bédard: C'est en concordance avec les articles 13, 45
et 46.
Le Président (M. Marcoux): Article 48, adopté?
M. Lalonde: Oui, adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 49?
M. Bédard: C'est un article de concordance.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
M. Lalonde: L'article 49, c'est ce qui existe actuellement dans
la Loi des transports.
M. Bédard: C'est cela, c'est: "Le lieutenant-gouverneur en
conseil désigne un des juges du Tribunal des transports comme
président du tribunal et deux autres juges de la Cour provinciale comme
substituts des autres membres. Le président de ce tribunal a le
même statut et a droit aux mêmes traitements, pensions et
allocations que la loi attribue au juge en chef de la cour dont il est l'un des
juges."
M. Lalonde: Ce sont tous des articles de concordance dans les
lois?
M. Bédard: C'est déjà réglé
par l'article 125.
M. Lalonde: Article 49, adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 50?
M. Lalonde: Article 50, adopté.
M. Bédard: Après l'article 50...
Le Président (M. Marcoux): II faut adopter l'article 50
d'abord.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 50, adopté?
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 51 et
l'article 52.
M. Bédard: Une seconde. Après l'article 50 du
projet, nous voudrions insérer les articles suivants: Lorsque le juge en
chef de la Cour d'appel ou le juge en chef, le juge en chef associé ou
le juge en chef adjoint de la Cour supérieure informe le ministre de la
Justice et le ministre fédéral de la Justice de sa
décision d'abandonner son poste de juge en chef, de juge en chef
associé ou de juge en chef adjoint selon le cas, la Cour d'appel ou la
Cour supérieure, selon le cas, est alors réputée composer
jusqu'à..."
M. Lalonde: "jusqu'à ce", il manque un "ce".
M. Bédard: Oui. "... qu'une vacance se produise, du nombre
de juges prévu par les articles 6 ou 21 de la Loi des tribunaux
judiciaires et d'un poste additionnel de juge."
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 51, adopté.
M. Bédard: Article 52.
M. Lalonde: Un nouvel article 52.
M. Bédard: Un nouvel article 52. "Un règlement
adopté en vertu de l'article 72c de la Loi des tribunaux judiciaires de
même que l'article 73 de ladite loi s'appliquent à un juge de la
cour municipale de Laval, de Montréal ou de Québec."
M. Lalonde: Un instant! C'est sur quel règlement,
cela?
M. Bédard: Sur le processus de nomination.
M. Lalonde: Les articles 72c et 73. C'est-à-dire que
l'article 73 n'a pas été...
M. Bédard: C'est parce qu'il y a eu des doutes au niveau
de l'applicabilité de cette loi concernant les juges des cours
municipales.
M. Lalonde: L'article 73, c'est l'incompatibilité de
fonctions. Est-ce que dans les faits, c'était appliqué?
M. Bédard: Dans certaines cours; il y a eu des cas qui
nous ont été signalés.
M. Lalonde: On parle de juges de la Cour municipale dans cet
article. C'est seulement de Laval, Montréal et Québec! Cela va.
C'est à temps plein, ce sont des juges à temps plein.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: D'accord. C'est que je pensais qu'on englobait tous
les juges à temps partiel.
Le Président (M. Marcoux): Article 52, adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 51,
renuméroté 53, est-il adopté?
M. Lalonde: II y a des amendements.
M. Bédard: Une seconde! À l'article 51, qui est
numéroté maintenant 53, au deuxième alinéa,
premièrement, remplacer à la première ligne les mots et
nombres "les articles 38 à 43" par le deuxième alinéa de
l'article 37 et des articles 38 à 43.
Deuxième amendement: à la deuxième ligne, remplacer
le nombre "247" par le nombre 246. C'est de la concordance.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que les deux amendements
sont adoptés?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article
renuméroté 53 sera adopté tel qu'amendé?
M. Lalonde: Adopté, oui.
Le Président (M. Marcoux): L'article 52
renuméroté 54?
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: II est adopté, celui-là. Une
seconde! Parfait.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le projet de loi no
40, Loi modifiant la Loi des tribunaux judiciaires et le Code de
procédure...
M. Bédard: Est-ce qu'on l'a adopté,
celui-là? Le dernier?
M. Charbonneau: On l'avait suspendu, c'est certain,
tantôt.
M. Lalonde: On l'a adopté en dernier.
Le Président (M. Marcoux): À ma connaissance, tout
est fait.
M. Fontaine: Tout est adopté.
M. Bédard: Oui, je pense qu'on n'a suspendu aucun article.
On est revenu à...
Le Président (M. Marcoux): J'ai essayé de suivre
cela à l'oeil. Le projet de loi modifiant la Loi des tribunaux
judiciaires et le Code de procédure civile et instituant le Conseil de
la magistrature sera-t-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
M. Lalonde: Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
M. Bédard: M. le Président, avec votre permission,
je voudrais remercier d'une façon tout à fait particulière
le député de Marguerite-Bourgeoys et le député de
Nicolet-Yamaska pour leur collaboration, qui nous a permis, non seulement
d'étudier avec sérieux et à propos chacun des articles de
ce projet de loi, collaboration qui nous a aussi permis de dépasser
leurs heures normales. Je voudrais également remercier d'une
façon tout à fait particulière les fonctionnaires, au
niveau du journal des Débats, etc., que nous avons obligés
à travailler très tard cette nuit. Je les en remercie d'une
façon tout à fait particulière de même que vous, M.
le Président, qui avez présidé avec brio cette commission
parlementaire.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais me joindre au
ministre pour remercier les fonctionnaires. J'avoue que, lorsque j'ai
hésité à donner mon consentement, à minuit et un
peu plus tard, j'avais à la pensée ceux à qui on ne
demande pas leur consentement. Je pensais aussi à ceux et celles qui
vont devoir préparer le rapport si le député ou le
rapporteur, je ne sais qui il est, est-ce qu'on en a désigné un
au début?
M. Bédard: On en a nommé un pour passer la nuit
blanche.
M. Lalonde: Ceux qui vont devoir préparer, lorsque nous
aurons regagné nos gîtes. Je dois dire que cela a
été pour moi un privilège de participer à
l'étude de ce projet de loi, même dans ces conditions. Je l'ai
fait au nom de tous les justiciables et ceux qui sont appelés à
administrer la justice et, aussi, je dois le dire, c'est un peu, vous allez
trouver cela peut-être inusité, un peu pour le ministre de la
Justice, qui a eu une très dure session et à qui, je pense, on se
devait d'apporter notre collaboration la plus complète dans sa
dernière journée.
M. Bédard: Merci.
M. Fontaine: M. le Président, il m'a fait plaisir
également d'apporter cette collaboration au ministre de la Justice et au
gouvernement. Je pense qu'à la fin de ces sessions on se doit de
coopérer le plus possible pour faire avancer nos travaux et pour
permettre que des lois comme celles-là, des lois importantes, puissent
être adoptées. Je pense que c'est dans l'intérêt des
justiciables, dans l'intérêt de la population du Québec, et
nous sommes heureux d'y apporter notre consentement et notre concours.
Le Président (M. Marcoux): Le rapporteur de cette
commission, le député de Sainte-Anne, fera rapport de nos travaux
à l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: II se prépare. M. Bédard: En
esprit.
Le Président (M. Marcoux): La commission de la justice
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 2 heures)