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Étude des projets de loi privés nos 266
et 283
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Marcoux): La commission permanente de la
justice se réunit, ce matin, pour faire l'étude article par
article du projet de loi privé no 283, Loi concernant certains terrains
du cadastre de la cité de Montréal, quartier Saint-Antoine, et du
projet de loi privé no 266, Loi concernant le titre de la ville de Hull
sur certains immeubles.
Les membres de la commission sont: MM. Alfred (Papineau), Bédard
(Chicoutimi), Blank (Saint-Louis), Charbonneau (Verchères), Clair
(Drummond), Fontaine (Nicolet-Yamaska), Lacoste (Sainte-Anne), Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), Samson (Rouyn-Noranda); M. Vaillancourt
(Jonquière) remplacé par M. Gendron (Abitibi-Ouest).
Les intervenants sont: MM. Ciaccia (Mont-Royal), Cordeau
(Saint-Hyacinthe), Duhaime (Saint-Maurice), Lavigne (Beauharnois), Léger
(Lafontaine, Marois (Laporte), Pagé (Portneuf), Roy (Beauce-Sud), Tardif
(Crémazie).
Je suggère que le rapporteur de nos travaux soit le
député de Sainte-Anne. C'est accepté?
Une voix: Oui.
Projet de loi no 266
Le Président (M. Marcoux): J'ai appelé le projet de
loi no 266, Loi concernant le titre de la ville de Hull sur certains immeubles.
J'inviterais ceux qui présentent le projet de loi à s'approcher
et à se présenter.
M. Leblanc (Clément): Clément Leblanc,
arpenteur-géomètre.
M. Lesage (Robert): Robert Lesage, greffier.
M. Beaudry (Marcel): Marcel Beaudry, conseiller juridique.
M. Desrosiers (Pierre): Pierre Desrosiers, notaire.
M. Brunet (Paul): Paul Brunet, vice-président par
intérim du comité exécutif de la ville de Hull.
Le Président (M. Marcoux): Vous pourriez peut-être
nous présenter l'intention du projet de loi de façon globale,
avant qu'on ne l'étudie article par article.
M. Beaudry: M. le Président, M. le ministre...
M. Bédard: On nous a remis des amendements au projet
initial, alors...
M. Beaudry: Ce sont des amendements qui sont apportés qui
ne changent pas substantiellement le...
Le Président (M. Marcoux): Un instant, on va distribuer
les amendements. (10 h 15)
M. Beaudry: M. le Président, M. le ministre, il s'agit
essentiellement d'une demande de la ville de Hull pour corriger ou assurer que
les titres d'une propriété qui a été acquise en
1968, par la ville de Hull, à la suite d'une vente pour taxes, soient
des titres sûrs et qui donnent une chaîne de titres
assurés.
L'historique de cela, c'est qu'avant 1966 une partie de l'ancienne
municipalité de Hull-Ouest a été annexée à
la ville de Hull; dans une partie de ce territoire qui faisait partie de
Hull-Ouest et qui fait aujourd'hui l'objet du présent projet de loi, les
propriétaires de ce terrain n'ont pas payé les taxes et, en 1966,
le terrain a été vendu. La description qu'il y avait au
rôle d'évaluation, dans le temps, était qu'il s'agissait
d'une partie du lot 4a dans le rang V.
Lors de l'adjudication en 1966, aucun adjudicataire n'a agi, sauf la
ville de Hull, et la ville de Hull s'est portée acquéreur, en
conséquence. En 1968, personne n'avait utilisé le droit de
retrait, ce qui a fait qu'en 1968, un acte enregistré en bonne et due
forme a été passé rendant ta ville de Hull
propriétaire du terrain en question.
Subséquemment à cette vente, il y a eu d'autres
transactions faites toujours sur le même terrain, en particulier, une
vente à un dénommé Jules Tremblay et une autre à un
dénommé Larivière et, récemment, en 1978,
l'Hydro-Québec a voulu acquérir une partie de ce terrain qui est
controversé pour y construire ses garages et ses bureaux administratifs.
Lorsque le notaire Desrosiers a fait la recherche sur la chaîne de
titres, il s'est rendu compte de l'anomalie qui existait et, en
conséquence, on a jugé à propos de présenter un
projet de loi privé pour faire corriger cette situation.
C'est ce qui fait l'objet, en quelques mots, de la présentation
de ce projet de loi actuellement.
M. Bédard: Est-ce qu'il y a des opposants ici
aujourd'hui?
M. Beaudry: II n'y a pas d'opposition au projet de loi.
M. Bédard: Vous nous parlez de M. Jules Tremblay et de M.
Larivière; ils sont au courant de cette démarche?
M. Beaudry: M. Jules Tremblay et M. Larivière ont acquis
une partie de ce terrain, les actes ont été passés. Dans
le cas de M. Larivière, en particulier, je sais qu'il y a une compagnie
de prêts hypothécaires qui a refusé les titres en question;
M. Larivière a essayé d'hypothéquer son immeuble et il n'a
pas pu obtenir le financement justement parce que le titre, au point de vue de
la compagnie était vicié. Je comprends que, de la part de
l'Hydro-Québec, le même problème existe actuellement.
Le notaire Desrosiers, qui est ici présent, n'est pas prêt
à certifier que le titre est valable dans les circonstances actuelles,
étant donné la description insuffisante qui existait en 1968.
M. Blank: Cela va aussi régler le cas de M.
Larivière, ce projet de loi?
M. Beaudry: Cela va régler le cas de Larivière,
cela règle le cas de M. Tremblay et cela règle le cas de
l'Hydro-Québec. Cela règle, en fait, le cas du lot en question.
Pour faciliter la description de ce terrain qui était, dans le temps,
partie du lot 4a dans le rang V, la ville de Hull, par l'entremise de
l'arpenteur qui est ici, a fait cadastrer tous les lots en lots officiels.
C'est pourquoi on retrouve aujourd'hui dans le projet de loi une dizaine de
lots qui sont des lots officiels. Pour s'assurer que tout le terrain qui a
été acquis en 1968 par l'acte de vente soit bien reconnu
aujourd'hui comme étant la propriété de la ville de Hull,
la description qui est donnée dans le projet de loi est une description
délimitant les bornes du terrain.
On va aux limites du rang V, la ligne séparative V et VI, aux
limites du lot 3a, aux limites de la partie du 4b et, du côté
ouest, on se retrouve avec un terrain qui appartenait déjà
à la ville et qui avait été acquis par voie
d'expropriation antérieurement à cette date de 1966 de la
compagnie Les Entreprises Chelsea, ce qui fait que le terrain qui était
délimité d'une façon plutôt vague et insuffisante,
aujourd'hui on s'assure que tout le terrain retombe dans le patrimoine de la
ville et devienne la propriété de la ville
M. Bédard: Est-ce que vous pourriez nous dire quelques
mots sur l'amendement que vous avez présenté ce matin. Disons que
nous avons...
M. Beaudry: L'amendement en question, M. le ministre, c'est
simplement pour signaler qu'à l'article 1, on référait
tout simplement à la vente pour taxes et dans l'amendement, nous avons
jugé opportun d'y ajouter la date de l'adjudication parce
qu'effectivement, c'est au 10 novembre 1966 qu'elle a eu lieu. Ce qu'on
suggère, c'est de remplacer les deux premières lignes de
l'article 1 par les lignes suivantes et, en conséquence, l'article se
lirait comme suit: "L'adjudication du 10 novembre 1966 suivie de l'acte de
vente pour taxes du 14 novembre 1968 enregistré à Hull sous le
numéro 179-183 ont eu pour objet, à leur date respective
et on va à la troisième ligne de l'article 1 la partie du
lot 4a, rang V du cadastre du canton de Hull bornée au nord par la ligne
séparative des rangs V et VI, à l'est, par le lot 3a du rang V,
au sud, par le lot 4b du rang V, à l'ouest, par une autre partie du lot
4a appartenant à la cité de Hull et acquise de Les Entreprises
Chelsea Ltée le 21 janvier 1966 suivant acte enregistré sous le
numéro 162-511."
Le deuxième amendement que nous avons voulu apporter c'est pour
réserver, si jamais il y avait des gens qui prétendaient avoir
certains droits, au moins des droits de nature personnelle et non réelle
à ces personnes-là. C'est pourquoi nous suggérons
qu'après l'article 2 on insère l'article suivant: "S'il est
quelque personne, société ou corporation qui, sans l'article 1,
aurait eu droit de réclamer en justice quelque droit de
propriété sur la totalité ou quelque partie de ces lots,
sa réclamation est convertie en une réclamation personnelle
contre la ville de Hull pour un montant égal à la valeur de tel
droit de propriété calculée à la date de la
sanction de la présente loi; toute telle réclamation personnelle
sera prescrite le même jour que l'aurait été la
réclamation du droit de propriété dont elle tient lieu si
elle n'avait pas été ainsi convertie et elle ne constituera pas
un droit réel, ni une charge ou une hypothèque quant à ces
lots ou à l'une quelconque de leur-parties. Le tout sous
préjudice au recours en garantie de la ville de Hull contre toute
personne, société ou corporation pouvant être tenue au
paiement de telle réclamation.
Ce texte, M. le Président, MM. les membres, a été
tiré d'un bill qui a été adopté, le bill 119, et
sanctionné le 30 juin 1972; c'était un bill qui concernait les
titres de la Caisse de dépôt et placement du Québec sur
certains immeubles. C'est le texte intégral reproduit aujourd'hui,
l'article 3 de ce bill.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a des questions
des membres de la commission?
M. Gendron: Si vous permettez, M. le Président, je
voudrais savoir si les motivations qui vous ont justifié
d'insérer, après l'article 2... À part faire la
référence que vous venez de faire au titre de la Caisse de
dépôt et placement, vous l'avez mentionné, est-ce qu'il y a
quelque chose sur lequel on pourrait porter un jugement? Sur quoi, en fait,
est-il justifié d'avoir ce texte? C'est pour plus de garantie ou
si...
M. Beaudry: C'est pour s'assurer que personne ne sera
brimé dans ses droits d'une façon quelconque. Si jamais quelqu'un
s'apercevait qu'il a peut-être des droits sur ce terrain, comme
héritier ou autrement, il lui resterait quand même un droit
personnel contre la ville. Il pourrait le faire valoir le cas
échéant. S'il n'y en a pas, il n'y en a pas et, s'il y en a, il
est protégé. C'est simplement ça.
M. Gendron: À ce moment-ci, il n'y a pas de motif
identifié, connu.
M. Beaudry: Absolument aucun. Depuis la vente, d'ailleurs, il n'y
a jamais eu aucune demande, aucune démarche, absolument rien qui a pu
laisser croire à la ville de Hull que quelqu'un pourrait
prétendre avoir des droits sur ce terrain, d'aucune façon. C'est
simplement par mesure préventive qu'on a pensé ajouter ce
paragraphe.
M. Bédard: Même si l'amendement est à la
dernière minute, c'est le cas de le dire, nous n'avons pas objection,
parce que ça rejoint les clauses usuelles qui sont inscrites dans de
tels
projets de loi. Une chose qui est certaine, comme ligne de conduite au
niveau de la commission parlementaire, c'est qu'on accepte avec beaucoup de
réticence des amendements à la dernière minute qui
seraient de nature à exiger une certaine expertise avant que les membres
de la commission puissent se prononcer.
Dans le cas présent, nous n'avons pas objection à
l'inscription de cette clause.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Moi non plus, de mon
côté, je n'ai absolument aucune espèce d'objection à
l'amendement, aux amendements proposés, parce que je pense que, d'une
part, ça va protéger la ville de Hull, au premier amendement,
quant à l'adjudication et, d'autre part, c'est important, si jamais il y
avait des personnes qui pouvaient un jour avoir une réclamation, que
leurs droits soient conservés. Je pense que l'amendement a sa place. Je
suis d'accord.
Je voudrais vous poser quelques questions concernant l'usage de cet
immeuble. On nous a parlé d'acquisition éventuelle par
l'Hydro-Québec d'une partie de ce terrain, et de construction
éventuelle importante. Est-ce que vous pourriez expliciter ce point.
M. Beaudry: II y a un arrêté en conseil qui est
passé, permettant à l'Hydro-Québec d'acquérir ce
terrain. On sait que les gens de l'Hydro ont l'intention d'y construire leur
garage et leurs bureaux administratifs. Je ne serais pas en mesure de me
prononcer sur la valeur exacte. Peut-être que le vice-président du
comité exécutif... Je pense que personne de la ville de Hull ne
sache exactement l'investissement qu'entend faire l'Hydro-Québec.
M. Bédard: ... l'Hydro-Québec...
M. Fontaine: Est-ce qu'elle va acquérir tout le terrain
qui est décrit dans le projet de loi?
M. Beaudry: Non, il y a déjà une partie de ce
terrain qui est décrit comme rue. Il y en a une partie qui a
déjà été vendue. Ce que l'Hydro-Québec se
trouve à acquérir de la ville de Hull, c'est le lot 4A-19 du rang
V et elle agrandit en acquérant un terrain d'autres propriétaires
environnants, dont la Canada Cernent, terrain qui est contigu à celui
que possède la ville de Hull dans cette partie qui est
controversée.
M. Bédard: M. le Président, quant à nous,
nous n'avons pas d'autres questions à poser.
M. Blank: M. le Président, nous pourrions procéder
à l'étude article par article.
M. Beaudry: Avec votre permission, il y a une correction à
apporter à l'article 2. Quand on lit: "Cet immeuble comprend les lots
4a-7-1 (rue), 4a-8-1," il faudrait ajouter encore une parenthèse et y
inclure le mot "(rue)". Cela a été oublié dans
l'impression. Les autres numéros officiels sont tels quels.
M. Bédard: C'est à l'article 2, n'est-ce pas? M.
Beaudry: À l'article 2.
M. Blank: C'est dans la liste des amendements.
M. Fontaine: Procédez article par article.
Le Président (M. Marcoux): Je vais appeler l'article 1.
Tout d'abord l'amendement. Est-ce que l'amendement pour remplacer les deux
premières lignes de l'article 1 par ce qui suit: "1. L'adjudication du
10 novembre 1966..." jusqu'à "respective." sera adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Blank: Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 1 tel
qu'amendé sera adopté?
Des voix: Adopté, M. le Président.
M. Bédard: C'est la même chose pour l'article 2, tel
qu'amendé.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement à l'article
2 sera-t-il adopté?
M. Blank: Adopté. Le nouvel article 3, adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 3est-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
M. Bédard: Adopté.
M. Blank: Le nouvel article 4, adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 4est-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
M. Beaudry: Merci, M. le Président, M. le ministre.
M. Bédard: On vous remercie également de...
M. Beaudry: Vous avez été aimable de nous recevoir
pendant la prolongation de cette session. Vous avez fait un spécial et
nous l'apprécions.
M. Fontaine: C'est grâce à l'Union Nationale.
M. Bédard: On vous remercie également pas le
projet de loi, la continuation de la session, oui de votre exposé
précis qui nous a permis d'en prendre connaissance rapidement et on
espère que l'arrêté ministériel dont vous parlez
aura des suites le plus rapidement possible.
M. Blank: On est toujours pour la présentation de
n'importe quel projet de loi qui crée de l'emploi et des investissements
dans la province. On est même prêt à avoir des sessions
spéciales pour ces projets-là.
M. Brunet: M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission, au nom de la ville de Hull, permettez-moi de vous
remercier de nous avoir reçus ce matin.
Projet de loi no 283
Le Président (M. Marcoux): On vous remercie
également. J'appelle maintenant le projet de loi no 283, Loi concernant
certains terrains du cadastre de la cité de Montréal, quartier
Saint-Antoine. Le parrain du projet veut-il nous parler des intentions du
projet?
M. Blank: Oui. Je vais dire quelques mots avant que...
Le Président (M. Marcoux): Avant que nos invités
prennent place.
M. Blank: Mais laissez les prendre place. Le Président
(M. Marcoux): Oui.
M. Blank: Je pense qu'on va les présenter avant.
Le Président (M. Marcoux): Oui. Pourriez-vous vous
présenter, messieurs? M. Hurtubise... (10 h 30)
M. Duhamel (Claude): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, permettez-moi d'abord de vous présenter
ceux qui m'accompagnent ici, ce matin. À ma gauche, M. Georges Fortin,
vice-président de la Banque Provinciale du Canada. Il est
accompagné de M. Jean-François Hudon, avocat du contentieux de la
banque. À ma droite, le notaire Hubert Leroux du contentieux de Bell
Canada et Me Paul Hurtubise, chef du contentieux également de Bell
Canada. Je suis Claude Duhamel, vice-président de Bell Canada. Je vous
remercie d'avoir accepté d'étudier le projet de loi 283
intitulé Loi concernant certains terrains du cadastre de la cité
de Montréal, quartier Saint-Antoine.
Comme vous le savez, Bell Canada, de concert avec la Banque Provinciale
du Canada, se propose de construire prochainement un complexe immobilier dans
le centre-ville de Montréal. Nous aimerions vous exposer notre projet
dans ses grandes lignes et aussi avoir l'occasion de répondre à
toutes les questions qui seront soulevées par l'étude de notre
projet de loi.
M. le Président, nous sommes conscients que le complexe Bell
Canada-Banque Provinciale, dans son ensemble, est le plus important projet
à caractère privé à être construit à
Montréal depuis une dizaine d'années. Ce complexe immobilier sera
situé dans le quadrilatère bordé à l'est par la
côte du Beaver Hall, à l'ouest par la rue University, par la rue
de Vitré au sud, et par la rue La Gauchetière au nord.
Comme vous pouvez le constater par les dessins architecturaux dont vous
avez copie, il s'agit de deux tours, l'une de 34 étages, où
logeront les bureaux de Bell Canada, et l'autre de 22 étages, qui
accueillera le siège social de la Banque Provinciale du Canada et ses
autres services. Ce vaste complexe immobilier est évalué à
plus de $100 millions. Le complexe, qui aura une superficie totale de 2
millions de pieds carrés, accueillera chaque jour plus de 6000
employés des deux propriétaires et des autres locataires, en plus
des milliers de personnes qui viendront transiger leurs affaires au sein du
complexe ou simplement fréquenter les restaurants et les boutiques. Ces
personnes auront accès à des stations de métro, aux gares
Centrale et Windsor par voie souterraine, en plus de pouvoir accéder en
tout confort aux places avoisinantes, Place Ville-Marie, Place Bonaventure et
Place Victoria et aux autres commerces et hôtels où ils sont
logés.
Vous conviendrez qu'un tel projet revêt une importance primordiale
pour l'industrie de la construction à Montréal. Pour donner le
feu vert à ce projet d'envergure et pour permettre que les travaux
débutent dès la fonte des neiges, il reste un obstacle qui nous
amène devant vous ce matin. Vous constaterez sa dimension dans le projet
de loi 283, qui concerne certains terrains du cadastre de la ville de
Montréal, quartier Saint-Antoine. L'aménagement d'un
quadrilatère dans le centre-ville entraîne, selon les exigences de
la ville de Montréal, qu'un plan signé par un
arpenteur-géomètre soit déposé afin de recadastrer
le quadrilatère avant l'émission de tout permis. Ces exigences de
la cité ne peuvent être satisfaites parce qu'il existe, à
l'intérieur de ce quadrilatère, certaines incertitudes quant
à deux parcelles de terrain qui ne furent jamais déclarées
ruelles publiques et qui n'ont jamais appartenu à la ville de
Montréal et ne figurent pas au registre spécial de la ville de
Montréal pour les ruelles ouvertes au public, tel que mentionné
dans les attendus de notre projet de loi.
Il était donc nécessaire d'obtenir de l'Assemblée
nationale la certitude de la nature et de l'étendue des droits de Bell
Canada sur ces parcelles, à titre de propriétaire de tous les
lots contigus à ces parcelles. C'est pourquoi, comme dans plusieurs cas
similaires, il est nécessaire d'obtenir de l'Assemblée nationale
une telle confirmation des titres et Bell sollicite l'adoption, par
l'Assemblée nationale, du projet de loi no 283.
Nous avons de plus prévu, dans le corps de notre projet de loi,
que si quelque personne, société ou corporation avait eu des
droits de réclamer en justice, en partie ou en totalité, les
terrains sur lesquels les ruelles ont été aména-
gées, Bell Canada s'engage à indemniser ces personnes pour
toute réclamation découlant d'un droit réel de
propriété.
Nous sommes donc à votre disposition, M. le Président,
pour répondre à toutes les questions relatives au projet de loi;
cependant, je me demande si M. Fortin aurait quelques mots à ajouter de
la part de la Banque Provinciale du Canada. Merci.
M. Fortin (Georges): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, ma présence à titre de
vice-président de la banque a pour but de démontrer l'importance
que nous attachons à la réalisation de ce projet.
Depuis quelques années, vous le savez, la banque a acquis une
stature qui exige que son siège social soit aménagé
ailleurs qu'à l'endroit où il est actuellement. Dans ce but, nous
avons examiné divers projets qui nous ont été
présentés à plusieurs occasions et celui qui fait l'objet
de notre présence ici est celui qui nous apparaît de loin le plus
attrayant, autant par son ampleur que par sa situation stratégique au
centre de Montréal. Nous croyons que ce projet est à la mesure du
dynamisme de la banque et qu'il contribuera à donner à
Montréal et au Québec un élan dont tous les
Québécois bénéficieront.
Nous avons, bien sûr, des responsabilités de tous ordres
dans le domaine économique et nous croyons que ce projet,
éminemment souhaitable, apportera à toute la province de
Québec une contribution positive à l'essor économique et
répondra également à l'appel des instances
supérieures qui demandent à ceux qui ont des
responsabilités dans le domaine économique de faire des efforts
afin de nous faire avancer dans ce domaine. C'est la raison pour laquelle je
suis ici et pour laquelle je veux vous dire que la banque attache tellement
d'importance à ce projet.
M. Bédard: M. le Président...
M. Blank: Avant de commencer l'étude de ce projet de loi,
je veux dire seulement quelques mots.
Je suis très heureux de ce projet de Bell Canada et de la Banque
Provinciale qui, par hasard, tombe dans le comté de Saint-Louis, comme
tous les grands projets à Montréal, mais, comme M. Duhamel l'a
dit, c'est le plus grand projet de l'entreprise privée dans les quelque
dix dernières années dans le coeur de Montréal; le dernier
était la Place Desjardins, ce n'était pas directement
l'entreprise privée, mais ici, cela montre la place que l'entreprise
privée a dans notre société et ce qu'elle peut faire quand
elle veut le faire.
Aussi ce projet de loi pourrait faire plaisir au ministre du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche parce que, maintenant, l'accès au
système souterrain de Montréal se rapproche encore de deux rues
du fameux centre des congrès. On est rendu à peu près
à un quart de mille du centre des congrès et, par hasard, on peut
voir la différence entre les projets publics et les projets des
entrepri- ses privées. Cela fait au moins deux ans qu'on parle de ce
centre des congrès et c'est encore au stade de la planification et on ne
sait pas encore quand aura lieu la levée de la première
pelletée de terre. En décembre, on annonce que l'on commencera la
construction au mois de mai ou de juin. Voilà la différence. Cela
prend l'initiative de l'entreprise privée pour créer les emplois
dans cette province. Avec un projet de l'envergure de celui-ci, on va
créer de l'emploi, on va donner une nouvelle vie à la
construction dans la ville de Montréal.
Pour ces raisons, je suis entièrement pour le principe de ce
projet de loi et je suis très heureux d'en être le parrain.
M. Bédard: M. le Président, nous sommes à
même de constater qu'il s'agit d'un projet majeur de développement
qui, effectivement, comme on l'a mentionné tout à l'heure, peut
constituer un élément important lorsqu'on parle d'essor
économique. Je pense bien que la mise en plan d'un tel projet est la
meilleure preuve que si certains sont insécures, nos hommes d'affaires,
nos grands organismes au niveau de l'État, croient à la
sécurité de l'avenir au Québec et que, depuis
peut-être les derniers 25 ans, ce soit un des projets les plus imposants,
est de nature à réjouir non seulement le député de
Saint-Louis, mais l'ensemble de la population de Montréal.
Nous avons eu l'occasion d'étudier le projet de loi
présenté; globalement, l'adoption ne pose pas de problème.
Nous avons constaté avec plaisir que les droits des tiers, les droits
personnels étaient protégés. Je pense que c'est un
élément important pour chacun des membres de la commission, de
manière que quelque loi que ce soit ne soit pas de nature à
brimer les droits des autres, même s'il s'agit de développement ou
de projet précis. Nous avons ces assurances dans le projet de loi que
nous avons eu l'occasion d'étudier. Nous partageons avec Bell Canada et
la Banque Provinciale, le même espoir solidaire en l'avenir.
Nous pourrions peut-être procéder à l'étude
article par article.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, c'est pour dire
également que moi aussi, de l'Union Nationale, je suis très
heureux de voir que la Banque Provinciale et Bell Canada, deux entreprises
privées, décident d'investir à Montréal, un endroit
où, actuellement, la construction est assez déficitaire et
presque inexistante à certains endroits. Je suis très heureux de
voir que cela va créer un bon nombre d'emplois, pour un bout de temps,
du moins. J'espère aussi que le gouvernement fera sa part dans d'autres
dossiers...
M. Bédard: Le gouvernement fait toujours sa part.
M. Fontaine: ... pour accélérer, par exemple,
la réalisation du Centre municipal des congrès. Je
souhaite également que beaucoup d'autres entreprises, tant
privées que gouvernementales, fassent un effort supplémentaire
d'ici quelques années pour réaliser d'autres projets d'autant
d'envergure.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'avant d'entreprendre
l'étude article par article, vous avez des commentaires à faire?
Est-ce que les membres de la commission ont des questions sur les articles?
M. Bédard: J'ai une question. Est-ce que Bell Canada et la
Banque Provinciale sont les seuls promoteurs de ce projet?
M. Duhamel: On est les seuls. Effectivement, nous en sommes au
stade de choisir un gérant de projet et un gérant de
construction, mais c'est un projet unique de Bell Canada et de la Banque
Provinciale. Il n'y a aucun promoteur ou aucun autre développeur
impliqué.
M. Bédard: Ce qui veut dire que le temps de mettre au
point les projets, le commencement de la construction sera vers quel temps?
M. Duhamel: Dans les offres de services des cinq ou six qui ont
été invités, la durée du projet varie entre deux
ans et demi et trois ans environ. Si tout commence, il nous faut... Les
architectes sont au travail actuellement. Il y a tout un réseau
souterrain à compléter et si le projet de loi est adopté
et qu'on obtient de la ville les permis de démolition, dès juin
on devrait commencer la mise en chantier.
Le Président (M. Marcoux): Alors, j'appelle l'article 1.
Est-ce que l'article 1 serait adopté?
M. Bédard: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 2 serait
adopté?
M. Bédard: Oui, M. le Président. M. Blank:
Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 3 serait
adopté?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 4 serait
adopté?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'annexe
décrivant les parties de lots, ruelles, serait adoptée?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le projet de loi no 283 est
adopté. La commission a adopté, article par article, le projet de
loi no 283 sans amendement ainsi que le projet de loi no 266 avec amendement.
M. le député de Papineau, pour le mot de la fin.
M. Alfred: M. le Président, comme le député
de Saint-Louis, je félicite ces hommes d'affaires qui ont foi dans
l'avenir. Je profite en même temps de l'occasion pour rappeler au
député de Saint-Louis que sa comparaison avec l'entreprise
étatique n'est pas juste parce que rien ne nous dit depuis combien de
temps ces hommes d'affaires pensent à accoucher de ce projet-là.
Donc, faire une comparaison entre le centre des congrès de
Montréal et l'accouchement de ce projet, ce n'est peut-être pas
juste, parce que cela fait peut-être depuis quinze ou vingt ans qu'ils
planifient cela et, heureusement, c'est cette année qu'ils vont le
faire. (10 h 45)
M. Blank: Ce n'est pas cela du tout. Juste avant 1976, il y avait
un projet gouvernemental sur le même terrain pour le centre des
congrès, le centre international et le centre des communications
outre-mer, sur le même site, pour $650 millions, mais c'est
l'élection de 1976 qui a annulé cela.
M. Bédard: Ce n'est peut-être pas le temps de
discuter à fond d'un autre projet gouvernemental qui est le centre des
congrès. Je pense bien qu'on peut dire que cela fait peut-être dix
ou quinze ans qu'on parle d'un centre des congrès à
Montréal.
M. Blank: II y avait un plan sur ce terrain qu'on discute
aujourd'hui dans ce projet de loi.
M. Bédard: M. le député de Saint-Louis, si
vous saviez tous les plans que nous avons vus lorsque nous avons pris le
pouvoir le 15 novembre 1976, toutes les lois qui étaient en
préparation mais...
M. Blank: ... elle ne sont pas...
M. Bédard:... auxquelles il manquait le courage et la
volonté politique de les déposer, il y en avait beaucoup.
M. Blank: Ah oui! On ne bouleverse pas le monde!
M. Bédard: Disons que, depuis le 15 novembre 1976, depuis
deux ans, tant au niveau des grandes législations qu'au niveau des
projets...
M. Blank: On ne parle pas de législations, on parle des
projets où on va créer des emplois. Je vais vous donner un
exemple, M. le ministre. Dans le comté de Saint-Louis, seulement dans
mon comté, avant l'élection de 1976, il y avait en chantier $1
milliard de constructions, $1 milliard. Jusqu'à ce projet-ci, pas un
sou, dans deux ans. On parle de statistiques, je vais vous donner...
M. Bédard: Vous ne trouvez pas que ça commence
à être intéressant dans Saint-Louis?
M. Blank: Quoi?
M. Bédard: Vous ne trouvez pas que ça commence
à être intéressant dans Saint-Louis? $1 milliard.
M. Blank: C'est l'entreprise privée, ce n'est pas le
gouvernement.
M. Bédard: On ne peut pas tout faire dans le comté
de Saint-Louis, quand même.
M. Blank: Ce n'est pas seulement le coeur de la ville de
Montréal, c'est le coeur du Canada.
M. Bédard: On comprend que le député de
Saint-Louis est très sympathique, mais de là à centraliser
tous les investissements et à adopter toutes les législations en
fonction du comté de Saint-Louis, on y repensera, si vous voulez.
M. Blank: Ce sera bien pour la province, si on fait
ça.
M. Bédard: M. le Président, je veux simple- ment
terminer en remerciant les représentants de Bell Canada et de la Banque
Provinciale de nous avoir donné toutes les explications qui nous
permettent de nous prononcer assez rapidement sur un projet de loi qui semble
bénin en soi, mais qui permettra, en fait, la réalisation d'un
grand projet et qui permettra aussi de donner suite à la volonté
que vous avez exprimée tantôt, de vous associer, en tant
qu'entreprises privées, à tous les efforts, tant du point de vue
gouvernemental que du point du vue de l'entreprise privée, qu'on doit
faire solidairement pour assurer une relance.
Le Président (M. Marcoux): La commission permanente de la
justice...
M. Duhamel: M. le Président, je tiens à vous
remercier, au nom de mes collègues, de nous avoir si bien accueillis.
Nous vous avons tous trouvés bien sympathiques. Merci.
M. Bédard: Cela répond à nos amis d'en face,
qui sont toujours insécures.
Le Président (M. Marcoux): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 10 h 49)