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(Quinze heures treize minutes)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de la justice siège cet
après-midi dans le but d'étudier certains projets de loi
privés que j'énumère actuellement: le projet de loi no
222, Loi concernant certains lots de la partie révisée du
cadastre officiel du canton de York, division d'enregistrement de Gaspé.
Est-ce que les procureurs sont dans la salle? Merci. Le projet de loi no 238,
Loi concernant Place Notre-Dame de Hull Ltée. Cela va? Le projet de loi
no 259, Loi concernant un immeuble du cadastre de la paroisse de Sainte-Anne,
division d'enregistrement de Montréal, le projet de loi no 258, Loi
concernant un immeuble de l'Église Unie St-Andrew de Lachine et le
projet de loi no 221, Loi concernant la succession de J. Donat Langelier.
Les membres de la commission pour cette séance sont: M.
Bédard (Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis) remplacé par M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Boucher (Rivière-du-Loup), M.
Charbonneau (Verchères), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Forget
(Saint-Laurent), M. Guay (Taschereau), Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), M. Marquis (Matapédia) remplacé par
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata).
Je crois qu'il n'est pas nécessaire de mentionner les
intervenants. J'ai remarqué à la table la présence de M.
Shaw, député de Pointe-Claire, qui, étant parrain d'un des
projets de loi, pourrait peut-être, avec votre consentement, être
considéré comme membre de la commission cet
après-midi.
M. Bédard: Surtout que, pour une fois, il parraine un
projet de loi très acceptable.
Le Président (M. Laberge): M. Shaw (Pointe-Claire) sera
considéré comme membre de la commission.
M. Bédard: Est-ce qu'on devrait respecter l'ordre de
présentation? C'est peut-être la meilleure manière de
procéder.
Le Président (M. Laberge): J'appelle le projet de loi no
222, Loi concernant certains lots de la partie révisée du
cadastre officiel du canton de York, division d'enregistrement de Gaspé.
Le parrain du projet de loi est le député de Gaspé; le
procureur du requérant, Me Suzanne Charest, qui est présente.
Voudriez-vous présenter celui qui vous accompagne?
Projet de loi no 222
Mme Charest (Suzanne): Me Robert Godin, du bureau de Godin,
Tellier et Poirier.
Le Président (M. Laberge): Me Robert Godin. Alors,
concernant le projet de loi no 222, j'appelle l'article 1.
M. Bédard: M. le Président, selon la formule,
plutôt que de procéder à l'adoption article par article,
nous pourrions donner la chance à nos visiteurs d'expliquer l'ensemble
de la demande qu'ils formulent et nous pourrions nous prononcer probablement
d'une façon globale.
M. Godin (Robert): M. le Président, avant de
commencer...
Le Président (M. Laberge): Me Charest, vous avez la
parole.
M. Godin (Robert): ...on pourrait peut-être
suggérer...
Le Président (M. Laberge): Me Godin.
M. Godin (Robert): ...quelques amendements, quelques corrections
au texte du projet tel qu'adopté en première lecture. Dans la
version française, la date imprimée à la fin du premier
attendu est le 29 mai 1961. Cette date devrait être remplacée par
le 8 juin 1961. Si vous regardez la phrase, on dit que le plan a
été déposé à la division d'enregistrement de
Gaspé le 29 mai 1961. Cette date est plutôt la date du
dépôt des plans au bureau du cadastre à Québec.
Alors, il s'agit simplement de faire une correction. La date du
dépôt au bureau d'enregistrement de Gaspé est le 8 juin
1961.
M. Bédard: ...
Le Président (M. Laberge): 1961. Le 8 juin, vous dites
bien.
M. Godin (Robert): Le 8 juin.
Le Président (M. Laberge): C'est à la
quatrième ligne du premier alinéa du projet de loi.
M. Godin (Robert): Du premier attendu.
Le Président (M. Laberge): Du premier attendu. Alors, le
29 mai corrigé par le 8 juin. Je vous laisse la parole s'il y a d'autres
commentaires.
M. Godin (Robert): Dans le premier attendu, au haut de la page 4,
"Que, par ailleurs, etc.", à la cinquième ligne, on devrait
remplacer le mot "Un" par "I" en chiffres romains, Rang I, en chiffres
romains.
Le Président (M. Laberge): À la page 4, vous dites
bien.
M. Godin (Robert): À la page 4, dans le premier attendu,
au haut de la page.
Une voix: D'accord.
M. Godin (Robert): Dans le premier article, à la
troisième ligne, la même correction de la date. Au lieu du 29 mai
1961, c'est le 8 juin 1961. Dans l'article 4, dans la troisième ligne en
haut de la page 5, 1 en chiffre romain, pour rang I. Dans le même
article, à l'avant-dernière ligne, "avait" devrait être au
pluriel et se lire "avaient". Dans la version anglaise, dans le premier
attendu, la date, 8 June. À la page 4, dans le premier attendu, à
la deuxième ligne, le mot "division" devrait être remplacé
par "partition". Est-ce que cela va? Est-ce que je vais trop vite?
Le Président (M. Laberge): Cela va. Je l'ai ici.
M. Godin (Robert): Dans le même attendu, "Range One"
à la troisième ligne avant la fin, devrait être I en
chiffre romain. Dans le premier article, la date devrait être
changée à 8 June 1961. À la page 5, article 4, le mot
"division", dans la première ligne, devrait être remplacé
par "partition". Dans la quatrième ligne, le mot "received" devrait
être changé et remplacé par "executed". Dans la
septième ligne, à l'article 4, "Range One" devient I en chiffre
romain. Le dernier mot de l'article 4, "division" devrait être
remplacé par "partition". Ce ne sont pas de grosses corrections.
M. Lalonde: C'est qu'on n'a pas de copie disponible en anglais,
pourquoi le changement de "division"?
M. Godin (Robert): II s'agit d'un acte de partage, et dans la
tradition...
M. Lalonde: Je pensais que c'était la division
d'enregistrement que vous remplaciez par "partition".
M. Godin (Robert): Dans la traduction, on se réfère
à l'acte de partage, en disant: "Deed of conveyance and division". Il me
semble que ce n'est pas exact; "deed of conveyance and partition" est plus
exact.
M. Bédard: Les autres sont conformes aux amendements qui
ont été présentés en français.
Le Président (M. Laberge): Est-ce qu'on pourrait avoir une
copie des... On m'a remis trois amendements, vous en suggérez plusieurs;
est-ce que vous avez une copie de ces amendements, pour qu'on puisse...
M. Godin (Robert): Je pourrais vous la donner, certainement.
Le Président (M. Laberge): ... la rendre officielle, parce
qu'on va avoir des difficultés à...
Une voix: ...
Le Président (M. Laberge): C'est ca! Alors, sur le projet
de loi lui-même, est-ce qu'il y a des questions?
M. Bédard: Peut-être que monsieur pourrait
nous...
M. Godin (Robert): Sur le projet de loi, il s'agit
évidemment d'une correction d'une série d'erreurs techniques qui
se sont produites à l'occasion d'une révision cadastrale au
bureau d'enregistrement de Gaspé. Un plan de révision cadastrale
a été déposé; malheureusement on n'a pas
donné les avis qui étaient requis pour rendre officielle cette
révision.
Par la suite, on a tenté de publier des avis pour lui donner un
effet rétroactif. Entre-temps, il y a des documents qui ont
été signés, des notaires ont reçu des actes avec
des désignations qui reflétaient en partie ce qui était
là, en partie ce qui avait été proposé par la
révision, de telle sorte qu'on arrive aujourd'hui avec un
problème de titres assez sérieux où on se pose vraiment
des questions sur la validité de titres de propriétés
à la suite de ces erreurs.
Au bureau d'enregistrement, le registrateur tantôt a ouvert les
index aux immeubles, tantôt ne l'a pas fait pour certains lots. Alors,
c'est une série d'erreurs qui s'accumulent et qui n'ont pas de
conséquence pour ce qui est du droit de propriété des
intéressés, mais qui ont des conséquences techniques,
étant donné qu'on ne respecte pas les exigences des
différentes lois cadastrales.
Donc, c'est purement technique, c'est seulement pour essayer de
régulariser une situation de fait et de refléter la
situation.
M. Bédard: Autrement dit, il n'y a pas de personnes dont
les droits de propriété pourraient être affectés,
qui n'auraient pas été informées...
M. Godin (Robert): Non.
M. Bédard: ...des changements que vous nous demandez de
faire par ce projet de loi.
M. Godin (Robert): Dans les titres qui nous intéressent
plus particulièrement, parce qu'on est intéressé, à
l'occasion, à une propriété bien spécifique, les
chaînes de titres sont claires, évidentes, on peut très
bien retracer qui en sont les propriétaires, mais c'est au niveau des
descriptions, des désignations, en fonction de la situation cadastrale
officielle que c'est complètement disloqué. Quant aux droits de
propriété eux-mêmes, il n'y a pas de doute, pas de
contestation sur le droit de propriété.
M. Bédard: C'est une sécurité que veulent,
au niveau...
M. Godin (Robert): Techniquement, ces titres ont des
problèmes, parce qu'il y a un doute sur leur validité.
M. Bédard: De certains actes.
M. Godin (Robert): On veut s'assurer qu'à l'occasion d'un
financement ou d'une vente cette question ne soit pas soulevée.
M. Bédard: M. le Président, comme seul commentaire,
au niveau du contentieux - les membres du contentieux ont eu l'occasion de
l'examiner - ça ne pose aucun problème; il y a certains
amendements, certaines corrections que nous vous avions demandé de faire
qui se retrouvent dans le projet de loi. En conséquence, on n'aurait pas
d'objection à adopter le projet de loi, tel que proposé, avec les
amendements dont on nous a fait part.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ...deux questions. Comme ce projet de loi vise
à valider rétroactivement certaines inscriptions, est-ce que vous
pouvez nous affirmer, au meilleur de votre connaissance, qu'il n'y a aucun
litige en cours, aucune intention exprimée par qui que ce soit
d'intenter un litige ou d'adresser une mise en demeure à qui que ce
soit, au sujet des droits réels qui sont consacrés par ce projet
de loi?
M. Godin (Robert): Oui, certainement en ce qui concerne la
propriété qu'on a examinée, il n'y a aucun doute. On n'a
vraiment pas connaissance d'un litige ou d'une mise en demeure quelconque.
Même, dans une grande mesure, les gens là-bas n'étaient pas
vraiment au courant de la complexité de cela. C'est à l'occasion
de notre propre examen de titres - il s'agit d'un développement, d'un
centre commercial considérable - qu'on a pu établir qu'il y avait
ces difficultés qui, en elles-mêmes, n'ont pas donné lieu
à des litiges ou à des contestations.
M. Forget: Une deuxième question, M. le Président.
Le ministre vient de parler d'amendements qui ont été
suggérés par les légistes du ministère de la
Justice. S'agit-il là des amendements que vous nous avez
présentés ou si les amendements que vous nous avez
présentés tout à l'heure sont de votre cru?
M. Bédard: Les amendements auxquels je faisais allusion
dans la discussion, c'était pour assurer la conformité du projet
ou des plan et livre de renvoi actuels, ce qui a été fait et ce
qui ne fait pas partie des amendements que vous venez de nous
suggérer.
M. Godin (Robert): II y avait différentes
possibilités, différentes dates qu'on pouvait choisir. C'est
à l'occasion de discussions avec le ministère qu'on a choisi ces
dates-là. Quant à nous, nous sommes tout à fait satisfaits
de la rédaction. Il y avait d'autres façons de régler le
même problème. Le ministère nous a fait des suggestions qui
nous semblaient satisfaisantes. Il n'y avait pas de difficulté. Les
amendements d'aujourd'hui sont plutôt des corrections. La date, c'est une
correction technique. Il y a aussi des corrections de traduction.
M. Forget: Cela se trouvait dans votre demande originelle de bill
privé?
M. Godin (Robert): La date était erronée.
M. Forget: La date était erronée.
M. Godin (Robert): La date était erronée. On s'est
aperçu, en faisant nos dernières vérifications, qu'on
avait inscrit cette date-là par erreur, que c'était la date du
dépôt à Québec et non la date du dépôt
au bureau d'enregistrement de Gaspé, alors que le texte dit clairement
qu'il s'agit de la date du dépôt au bureau d'enregistrement. (15 h
30)
M. Forget: Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: C'est tout simplement pour dire que je pense que les
arguments qu'on nous a apportés font qu'on doit accepter d'emblée
ce projet de loi. Je dois dire que le député de Gaspé
s'excuse de ne pas être ici aujourd'hui. Il est retenu à son
bureau de comté, mais il m'a demandé de le représenter. Je
pense bien qu'il est au courant du dossier. D'ailleurs, j'ai son dossier en
main; il a bien surveillé la chose.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, seulement une remarque. En
fait, le projet de loi que vous présentez corrige deux situations: une
générale, si je comprends bien, qui est de valider la
révision du cadastre, et une particulière, celle, j'imagine, de
votre cliente, pour ce qui concerne un acte particulier.
Je ne sais pas si vous pouvez répondre à cette question.
Il me semble que j'ai compris que c'est le ministère qui aurait
suggéré de valider tout l'ensemble et non pas seulement votre
problème.
M. Godin (Robert): C'est exact.
M. Lalonde: Oui, mais quels sont...
M. Bédard: Peut-être... Vous permettez?
M. Lalonde: Excusez.
M. Bédard: En fait, pour valider, pour régulariser
leurs propres titres sur une section, il fallait faire certaines corrections
générales, par exemple, pour les dépôts des plans au
bureau d'enregistrement.
M. Lalonde: Qu'on retrouve aux trois premiers paragraphes de la
loi.
Je ne sais pas si vous êtes en mesure de répondre à
cette question. En généralisant le remède, en rendant
l'application du remède générale, est-ce qu'on affecte des
situations ou des rapports entre particuliers, entre vendeurs et acheteurs, qui
auraient été établis entre 1964 et maintenant, par
exemple? Autrement dit, il n'y a pas seulement votre acte de cession qui avait
été enregistré sur cette partie révisée?
M. Godin (Robert): La raison pour laquelle on parle tout
particulièrement de l'acte de cession, c'est qu'il se trouve à
être à cheval entre les deux dates. C'est pour cette raison qu'on
en parle et, même en remontant au 1er décembre, on n'irait pas
chercher cet acte, parce qu'il est daté du 29 mars. C'est pour cette
raison qu'on parle plus particulièrement de l'acte de partage.
Pour revenir à votre première question, si, par ailleurs,
du fait surtout de la disposition de l'article, on affecte d'autres droits, je
ne peux pas vous répondre vraiment. On a examiné
spécifiquement une propriété qui est assez
considérable, parce qu'il s'agit d'un centre commercial. Il y a quand
même une superficie assez considérable, mais je sais que le
ministère a fait des recherches aussi sur l'ensemble et c'est à
l'occasion de ces recherches et de ce travail qui avaient été
convenus on a pu avoir une disposition d'une nature assez
générale.
M. Bédard: Effectivement, des recherches ont
été faites et ont amené comme conclusion que cela ne
pouvait pas affecter d'autres actes.
M. Lalonde: Ah! Très bien. Merci.
Le Président (M. Laberge): Si on veut procéder
à l'adoption des corrections, au premier attendu, on remplace "29 mai"
par "8 juin". C'est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Laberge): De même, à
l'article 1, correction adoptée et, au premier "attendu" de la page 4,
après le mot "Rang", le chiffre "un" en lettres, est remplacé par
I en chiffre romain. Cela va. Adopté. De même, à la
troisième ligne, en haut de la page 5, le nombre "un" en lettres est
remplacé par I en chiffre romain. Adopté.
M. Fontaine: L'article 1 avant, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Ah, excusez-moi, oui,
là, c'est vrai, on tombe dans un autre article. Vous avez raison.
L'article 1 amendé sera-t-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 2?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 2, adopté.
Article 3, adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 4?
M. Fontaine: II y a des amendements.
Le Président (M. Laberge): II y a des amendements. Le
premier amendement. Le nombre "un" en lettres est remplacé par I en
chiffre romain. C'est adopté. À l'avant-dernière ligne, on
a remplacé "avait" par "avaient", c'est-à-dire au pluriel.
Adopté.
L'article 4 amendé est-il adopté? Adopté avec
amendements. Article 5, adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 6,
adopté? Adopté. Article 7, adopté?
Le projet de loi no 222, Loi concernant certains lots de la partie
révisée du cadastre officiel du canton de York, division
d'enregistrement de Gaspé, se trouve donc adopté avec
amendements.
Je vous remercie, madame et messieurs. Le projet de loi no 222 est
adopté.
Projet de loi no 238
J'appelle maintenant le procureur ou les procureurs au projet de loi no
238, Loi concernant Place Notre-Dame de Hull Ltée. On nous a
souligné que le procureur était Me Denis Boudreault. C'est bien
ça?
M. Boudreault (Denis): C'est ça.
Le Président (M. Laberge): Vous êtes le seul
représentant?
M. Boudreault: Oui.
Le Président (M. Laberge): Me Boudreault, si vous voulez
parler du fond du projet, quel est le but de ce projet de loi no 238?
M. Boudreault: Le but du projet est de corrriger un vice de titre
sur une propriété immobilière, qui résulte des
faits suivants. En 1846, soit avant l'adoption du Code civil de la province de
Québec, un individu du nom de Ruggler Wright a fait donation d'un
terrain qui était situé en bordure de la rivière Gatineau
à Hull à un prêtre, et la donation stipulait que le terrain
devrait être utilisé pour fins d'église. Par la suite, le
terrain a été cédé par le donataire à la
corporation des missionnaires Oblats qui en a toujours fait usage pour fins
d'église, c'est-à-dire comme site d'une église et d'un
presbytère jusqu'en 1970, alors qu'après un incendie, le
curé de la paroisse et le conseil des paroissiens ont
décidé de ne pas reconstruire l'église. La corporation a
ensuite disposé du terrain en 1975. Lors d'un examen du titre de
propriété, on s'est aperçu que la condition qui avait
été stipulée dans l'acte de 1846 pouvait être
considérée comme une condition à la charge du donataire
et, selon le droit existant avant l'adoption du Code civil, les
héritiers de notre donateur de 1846 seraient fondés à
demander la rétrocession de l'immeuble au motif que l'immeuble n'est
plus utilisé pour des fins d'église.
Si l'acte avait été passé après
l'entrée en vigueur du Code civil, une disposition du code aurait
réglé la situation. Mais cela ne peut pas s'appliquer et on doit
se reporter à l'état du droit à l'époque.
Alors, le but du projet de loi est d'annuler la condition relative
à l'usage pour fins d'église.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Bédard: Maintenant, est-ce que cette situation qui fait
que l'immeuble ne sert plus à des fins d'église a fait l'objet
d'une consultation auprès des paroissiens?
M. Boudreault: Oui. Il y a un organisme qui s'appelle le Conseil
des paroissiens de la paroisse Notre-Dame qui s'est prononcé sur la
question.
M. Bédard: Dans le sens...
M. Boudreault: Dans le sens de ne pas reconstruire
l'église. C'était déjà le deuxième incendie
et ils ont décidé qu'en fonction des services qui étaient
disponibles dans la région, il n'y avait pas lieu de reconstruire
l'église.
M. Fontaine: Est-ce qu'il y a des héritiers connus?
M. Boudreault: Non, il n'y a pas d'héritiers connus. Comme
vous pouvez le réaliser, on se retrouve à quelque 135
années après la donation. Les héritiers de M. Wright sont
absolument inconnus. Ils ne se sont pas manifestés.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Est-ce que les documents consignant la décision
des paroissiens dans cette chose apparaissent au dossier qu'a là-dessus
le ministère de la Justice? Non?
M. Bédard: Dans le projet de loi lui-même on y fait
référence. Je l'avais comme question, mais en lisant le projet de
loi on peut s'apercevoir...
M. Forget: Oui, on le dit, on l'affirme, mais on ne
l'établit pas, si je comprends bien.
M. Boudreault: Je peux dire, M. le
Président, que l'immeuble appartient ou appartenait, au moment de
sa disposition, à une corporation qui était une communauté
religieuse. Et même si, sur le plan ecclésiastique il y avait une
paroisse, la paroisse n'était pas propriétaire de l'immeuble.
L'immeuble lui était prêté par la communauté
religieuse des pères Oblats.
À titre de courtoisie, on a quand même consulté les
paroissiens.
M. Fontaine: À quoi sert cet immeuble, actuellement?
M. Boudreault: Actuellement, il reste sur place un
presbytère qui est quand même de taille assez respectable et qui
est utilisé par l'Université du Québec, qui loge les
bureaux et les salles de cours.
M. Bédard: Cela fait déjà cinq ans que la
situation existe...
M. Boudreault: Oui.
M. Bédard: ...qu'il n'y a personne qui s'est
manifesté comme étant lésé par l'utilisation qui en
était faite.
M. Boudreault: Non.
M. Bédard: La nouvelle utilisation.
En ce qui a trait au ministère, moi, je ne vois pas d'objection,
étant donné que l'immeuble a été essentiellement
détruit. Il me semble bien clair qu'à partir de ce moment...
M. Lalonde: En fait, le problème n'est pas là; le
problème, c'est le donateur. Il a donné pour fins d'église
et, ensuite, on dit: ce n'est plus utilisé à des fins
d'église. Cela devrait revenir au donateur ou à ses
héritiers. Je comprends que les héritiers sont inconnus.
M. Boudreault: Le problème, c'est que si la donation avait
été faite sous le régime du Code civil actuel, il n'y
aurait pas de problème parce que le Code civil prévoit que, dans
ces cas-là, la révocation pour défaut de respecter la
condition doit être prévue dans l'acte. Or, elle ne l'était
pas. Malheureusement, le code n'existait pas à l'époque.
M. Lalonde: Malheureusement ou heureusement pour le donateur et
ses héritiers.
M. Boudreault: Selon le point de vue.
M. Lalonde: En parlant des héritiers, j'imagine que les
avis usuels requis ont été publiés.
M. Boudreault: Oui.
M. Bédard: Peut-être du point de vue technique. Il
me semble que vous aviez eu certaines discussions aux fins d'amendement qui
seraient nécessaires pour bien déterminer les lots.
M. Boudreault: Oui, il y a un certain nombre d'amendements, si on
peut passer à cette étape-là.
D'abord, à l'article 1 du projet de loi, à la
troisième ligne, le nom du donateur est Ruggles avec un "s" et non pas
un "r". La même modification dans le premier paragraphe du
préambule.
En second lieu, dans le dernier paragraphe du préambule, il y
aurait lieu de remplacer, à la dernière ligne, les mots "cette
condition" par les mots "les conditions quant à l'usage relaté
dans l'acte de donation", puisqu'il n'y a pas une seule condition, elles sont
définies dans l'acte. (15 h 45)
Le Président (M. Laberge): Celui-là, vous allez me
le répéter, je ne l'ai pas en main.
M. Boudreault: Oui, je vais vous déposer copie des
amendements.
Le Président (M. Laberge): Parfait. M. Boudreault:
D'accord? Pardon? M. Bédard: Pourriez-vous le
répéter.
M. Boudreault: Oui, remplacer, dans le dernier paragraphe du
préambule, dans la dernière ligne, les mots "cette condition" par
"les conditions quant à l'usage relaté dans l'acte de
donation".
Le Président (M. Laberge): Bon, d'accord.
M. Boudreault: À l'article 1, dans la première
ligne, remplacer les mots "la condition imposée" par "les conditions
quant à l'usage imposé".
M. le Président, dans le premier paragraphe du préambule,
il y aurait lieu, dans l'avant-dernière ligne, d'insérer,
immédiatement avant les mots "les lots nos 2 et 3", les mots suivants
"un immeuble alors désigné comme formant les lots nos 2 et 3". Je
vais déposer ça également.
Un autre amendement: Après le premier paragraphe du
préambule, on a inséré deux paragraphes additionnels qui
se liraient comme suit: "Que, par un acte de vente du 4 janvier 1871,
enregistré sous le numéro 277 et réenregistré sous
le numéro 5668, Rosina Wright a cédé un immeuble contigu
à la corporation des Révérends Pères Oblats de
l'Immaculée Conception de Marie; "Que ces deux immeubles sont
maintenant connus comme étant les lots numéros 85, 86, 107, 108,
117, 118, 139, 140, 149, 150, 171 et 172 du cadastre du quartier no 4 de la
cité de Hull mais qu'il est impossible de déterminer quelle
partie de ces lots occupe l'immeuble donné en 1846;"
J'attire l'attention de la commission sur le problème suivant: il
y a eu deux incendies au bureau d'enregistrement de Hull, et on a dû
refaire complètement les plans.
M. Lalonde: L'église ou le bureau d'enregistrement?
M. Bédard: Effectivement, l'essentiel des amendements,
c'est au cas où le procureur ne peut prouver quel lot forment les
terrains donnés en 1846.
M. Boudreault: Les arpenteurs-géomètres ont
essayé d'en venir à bout, mais ils n'ont pas été
capables de le faire avec précision.
M. Fontaine: Vous parliez au début de la condition
d'utilisation pour fins d'église, mais là, vous faites un
amendement pour parler d'autres conditions.
M. Boudreault: C'est-à-dire que, dans l'acte de donation,
on fait référence à deux conditions qui sont à peu
près les mêmes. On dit: Pour fins d'église et pour fins de
desserte des catholiques romains et des paroissiens. Un dernier amendement
à l'article 1...
M. Fontaine: Pourtant, ce sont des catholiques romains...
M. Boudreault: II y a un dernier amendement pour régler le
problème de l'identification des lots, à l'article 1, à
partir de la quatrième ligne, soit remplacer les mots "en ce qui
concerne les lots numéros 2 et 3" et ce qui suit par "est annulée
quelle que soit la partie des lots numéros 85, 86, 107, 108, 117, 118,
139, 140, 149, 150, 171 et 172 du cadastre du quartier no 4 de la cité
de Hull sur laquelle elle porte."
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Pour fins d'observation générale, M. le
Président, je crois que, l'an dernier, on a eu déjà
l'occasion de se pencher sur des bills privés, un, en particulier,
portant annulation de conditions dans des donations faites il y a un
très grand nombre d'années. J'observe que les invitations
à la prudence que nous avions formulées à cette
époque n'ont pas eu un impact marqué sur la réflexion du
ministre de la Justice là-dessus. Je crois que l'Assemblée
nationale, tout en apportant sa collaboration pour supprimer ou modifier des
conditions qui sont devenues impossibles à réaliser ou
d'accomplissement difficile, doit quand même se faire un devoir de
protéger l'intention originale qui a présidé aux donations
conditionnelles. Ici, on le fait par une radiation pure et simple, en quelque
sorte, de la condition qui n'est pas devenue désuète même
si sa forme peut être changée. Dans le fond, le donateur a
créé, en 1846, une espèce de fondation, sans le mot, en
donnant un bien-fonds, une valeur en capital qui, par sa nature même,
devait demeurer intacte et dont l'usage était - en somme, tout cela
n'est pas en termes juridiques parce que ce n'est pas de cette façon que
cela a été exprimé effectivement attribué à
des fins religieuses. Il est bien sûr qu'en supprimant cette condition
à l'acte de donation d'un bien immobilier particulier on permet sa
vente, mais il aurait été aussi imaginable d'imposer une
obligation nouvelle sur la corporation qui a vendu ce bien de maintenir intact
le produit de la vente et de n'en utiliser que les fruits qui en
découlent pour les fins religieuses identiques en 1981 à ce
qu'elles pouvaient être en 1846 quant à leur essence.
Dans le fond, en voulant régler un problème affectant un
bien-fonds en particulier et ce de façon légitime, on va bien
au-delà de ce qu'il serait strictement nécessaire de faire, au
point même de mettre complètement de côté l'intention
du donateur. Je pense que sur un plan de politique juridique, on va beaucoup
plus loin que ce qu'il serait strictement nécessaire de faire.
Encore une fois, la mission de l'Assemblée nationale devrait
être de faire l'impossible pour protéger l'intention des
donateurs. C'est d'intérêt public. On prend des libertés
ici qui ne sont pas strictement nécessaires. Je comprends qu'on peut
permettre la vente d'un bien qui n'est plus utile, mais il y avait quand
même la constitution d'un capital qui, dans l'esprit du donateur - je
suis sûr - devait demeurer intact. Je comprends qu'on peut dire qu'on
pouvait en diminuer la valeur résiduelle en l'hypothéquant, mais
même la possibilité de l'hypothéquer était
diminuée par le fait qu'il était grevé d'une condition qui
rendait son acquisition par un créancier hypothécaire
aléatoire pour cette raison-là, à moins de faire adopter
un projet de loi privé. Alors, on change fondamentalement
l'économie générale qui a présidé en 1846 et
qui devrait continuer à présider à cette question des
donations conditionnelles. Je ne veux pas pénaliser le requérant
dans ceci, mais j'attire encore une fois l'attention du ministre sur le fait
qu'il y a plusieurs façons de régler des
problèmes comme ceux-là, et on prend la façon la
plus radicale, à mon avis, alors que d'autres possibilités
pourraient être envisagées qui seraient plus respectueuses de
l'intention du donateur.
M. Boudreault: Si vous me permettez d'intervenir sur la remarque
de M. Forget. Je suis content qu'il l'ait faite puisque c'est exactement ce qui
a été fait. La moitié du produit de la vente va à
l'archevêché et l'autre moitié à la paroisse...
M. Lalonde: Ah bon!
M. Boudreault: ...pour les fins d'oeuvres communautaires. Les
pratiques actuellement suivies par l'Église, je pense, sont de
travailler davantage au niveau des institutions communautaires et religieuses
sous des formes moins traditionnelles que les anciennes formes,
c'est-à-dire la construction de bâtiments. Et c'est ce qui a
été fait.
M. Forget: Oui, mais cela ne répond pas totalement au
point que je faisais. Ces fonds-là qui ont été, bien
sûr... Comme le propriétaire de ce morceau de terrain était
une corporation religieuse, on peut dire que, par définition, le produit
de la vente est allé à des fins religieuses. Cela va de soi, mais
il demeure que dans le projet de loi qui nous est présenté du
moins, il n'y a aucune obligation de maintenir ce bien sous sa forme nouvelle,
intact, et de n'en utiliser que le produit. En ceci, je pense que même
avec les précisions que vous avez apportées, il demeure que
l'intention du donateur était de constituer un bien qui devait servir
à des fins religieuses, mais en permanence, qui ne devait pas être
liquidé en un an... Il aurait très bien pu dire, en 1846:
Écoutez! Je vais vendre cette terre pour le prix qu'elle peut aller
chercher en 1846 et je vais donner le produit de la vente à
l'Église. Ce n'est pas ce qu'il a fait. La réponse que vous me
faites, si je comprends bien, c'est que ce qu'on n'a pas fait en 1846, on l'a
fait en 1975, on a vendu la terre et on l'utilise, cette
année-là, pour les fins de l'Église. Il y a une
différence considérable.
M. Bédard: Je voudrais remercier Me Boudreault d'avoir
apporté la précision qu'il a donnée tout à l'heure,
parce que, effectivement, nous nous sommes informés de ce qui
était arrivé jusqu'à maintenant concernant les actes
précis qui avaient été posés. Vous l'avez
évoqué. Je comprends que ça ne répond pas
complètement peut-être dans le sens exprimé par le
député de Saint-Laurent. Il me semble que la condition du
donateur, on peut quand même dire qu'elle a été
raisonnablement remplie. Il ne faut quand même pas perdre de vue le fait
qu'il ne s'agit pas d'une donation qui date de quelques années. Il
s'agit d'une donation qui date de 1846.
Je crois que les conditions étant radicalement changées,
c'est quand même un devoir peut-être pour nous, à
l'Assemblée nationale, d'en tenir compte aussi et, à partir du
moment où les paroissiens étaient d'accord et avec les
explications qui nous ont été données par Me Boudreault et
au nom de son client ou de sa cliente, il me semble qu'il faudrait gratter
vraiment, faire exprès pour voir des objections à donner suite au
projet de loi qui nous est proposé.
Au ministère de la Justice, nous tenons à avoir le plus de
rigueur possible, je pense qu'on a raison de le mentionner. Lorsqu'il s'agit de
toucher aux intentions d'un donateur, il faut y aller avec le plus de
précautions possible. Je pense que, dans ce cas-ci, ces
précautions ont été prises.
Le Président (M. Laberge): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires? Non. Si vous voulez, avant de passer à l'article 1, on
peut peut-être faire les corrections au préambule. Dans le
préambule, on nous demande, au premier attendu, de remplacer à la
troisième ligne le mot "Ruggler" par "Ruggles". Est-ce que cet
amendement est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Amendement adopté.
Ensuite, l'amendement suivant: À la cinquième ligne, après
le mot "fonction" et la virgule, ajouter les mots "un immeuble alors
désigné comme formant; et". Est-ce que l'amendement consistant
à ajouter les mots "un immeuble alors désigné comme
formant; et" est adopté?
M. Bédard: C'est juste: Un immeuble alors
désigné comme formant les lots...
Le Président (M. Laberge): Ah! excusez! Il n'y a pas le
mot "et". Je répète l'amendement pour qu'il soit officiellement
inscrit: "Un immeuble alors désigné comme formant".
Adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Ensuite, après le
deuxième alinéa, il faut ajouter les suivants: "Que par un acte
de vente du 4 janvier 1871, enregistré sous le numéro 277 et
réenregistré sous le numéro 5668, Rosina Wright a
cédé un immeuble contigu à la corporation des
Révérends Pères Oblats de l'Immaculée Conception de
Marie. "Que ces deux immeubles sont maintenant connus comme étant les
lots nos 85, 86, 107, 108, 117, 118, 139, 140, 149, 150, 171 et 172 du cadastre
du quartier no 4 de la cité de Hull, mais qu'il est impossible de
déterminer quelle partie de ces lots
occupe l'immeuble donné en 1846".
M. Bédard: Adopté. (16 heures)
Le Président (M. Laberge): Adopté.
Avant les mots "Sa Majesté", on nous demande de remplacer "cette
condition" par "les conditions quant à l'usage relaté ;dans
l'acte de donation". Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Laberge): À l'article 1, on nous
demande de changer les deux premiers mots "la condition" par les mots "les
conditions quant à l'usage" et d'ajouter un "s" à
"imposée". Est-ce que ces amendements sont adoptés.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Laberge): À la deuxième
ligne, le mot "Ruggler" est remplacé par le mot "Ruggles".
Adopté.
L'article 1, tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Bédard:
Adopté.
Le Président (M. Laberge): À l'article 1, il y a
aussi la modification qui nous a été présentée sur
le papillon et qui se lit: De remplacer les quatrième, cinquième
et sixième lignes par ce qui suit: "en ce qui concerne les lots no 2 et
3 du bloc no 31 situés à Wright Lower Town dans le canton de Hull
sont annulées, quelle que soit la partie des lots nos 85, 86, 107, 108,
117, 118, 139, 140, 149, 150, 171 et 172 du cadastre du quartier no 4 de la
cité de Hull sur laquelle elles portent." Est-ce que cet amendement sera
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 1,
ainsi amendé, sera-t-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec amendement.
L'article 2 sera-t-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 2 est adopté.
Le préambule, tel que modifié, sera-t-il adopté?
Ordinairement, il l'est.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec
amendement.
Le projet de loi no 238, Loi concernant Place Notre-Dame de Hull
Ltée est adopté avec les amendements dont nous avons
parlé.
Je vous remercie, M. le procureur.
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 5)
(Reprise de la séance à 16 h 15)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Projet de loi no 259
La commission parlementaire de la justice reprend ses travaux. J'appelle
maintenant le procureur défendant le projet de loi no 259, Loi
concernant un immeuble du cadastre de la paroisse de Sainte-Anne, division
d'enregistrement de Montréal. Le parrain du projet de loi est le
député de Pointe-Claire, M. Shaw. Comme procureur du
requérant, on nous a donné ici Me Luc Mercier.
M. Mercier (Luc): C'est ça.
Le Président (M. Laberge): Vous n'êtes pas
accompagné pour défendre le projet de loi. Me Mercier, avez-vous
des commentaires à faire sur le projet de loi 259?
M. Mercier (Luc): D'abord, j'aimerais vous souligner certains
amendements. En fait, il y a deux amendements au projet de loi. Dans le
préambule, au premier attendu, il s'agit simplement de changer la date
du 14 avril 1968 par celle du 14 août 1968. Il s'est glissé une
erreur.
Le Président (M. Laberge): À la deuxième
ligne du premier attendu. C'est tout?
M. Mercier (Luc): Oui, la même chose à la version
anglaise.
Le Président (M. Laberge): À la version
anglaise.
Ça va, c'est noté. Est-ce qu'il y a des explications que
vous voudriez donner sur l'objectif... D'abord, est-ce que le
député de Pointe-Claire voudrait faire un commentaire?
M. Shaw: Aucun commentaire.
Le Président (M. Laberge): Tout va très bien.
Est-ce que M. le procureur voudrait donner des explications sur le sens de ce
projet de loi?
M. Mercier (Luc): Ce projet de loi vise à corriger un
titre de propriété. En 1969, à la suite de
l'émission d'un bref de saisie-exécution immobilière, une
propriété a été
vendue par le shérif. Dans les avis de vente et également
dans l'acte d'adjudication, on a omis de désigner la
propriété avec ses tenants et aboutissants, contrairement
à l'article 2168 du Code civil, qui prévoit que lorsqu'on a
affaire à une partie de lot, la seule façon de désigner le
lot, c'est avec ses tenants et aboutissants.
Ce défaut a eu pour effet de rendre la vente de 1969 et les
ventes subséquentes nulles. En 1979, Persta Canada a acquis une partie
du lot et c'est à ce moment-là qu'on a réalisé le
défaut qui avait eu lieu en 1969. Il n'y a aucune façon autre
qu'un projet de loi privé pour corriger le défaut. Des recherches
ont été faites et de la documentation a été fournie
au ministère de la Justice au tout début de la
présentation du projet de loi démontrant que les
autorités, tant au niveau de la jurisprudence que des auteurs,
considèrent qu'un défaut, en vertu de l'article 2168, ne peut
être corrigé autrement que par l'émission d'une loi
privée.
Ce que vise le projet de loi, c'est justement de corriger la
désignation et la rendre telle qu'elle aurait dû apparaître
dans les avis de vente, de même que dans l'acte d'adjudication
daté du mois d'octobre 1968.
M. Bédard: II s'agit essentiellement de corriger une
erreur du shérif, à ce moment-là, qui avait
procédé...
M. Mercier (Luc): Exactement. M. Bédard: ...
à la vente. Mais...
M. Mercier (Luc): Je vous souligne... pardon.
M. Bédard: ... comme ça concerne également
d'autres parties, entre autres la ville de Baie-d'Urfé et aussi la
compagnie de fiducie Morgan, on pourrait peut-être informer les membres
de la commission qu'en ce qui a trait à la compagnie de fiducie, un
consentement a été donné pour que ce projet de loi soit
accepté. Pour ce qui est de la ville de Baie-d'Urfé...
M. Mercier (Luc): Je l'ai informée...
M. Bédard: ...cela ne peut que bonifier le titre...
M. Mercier (Luc): Exactement.
M. Bédard: ...qu'elle a jusqu'à maintenant.
M. Mercier (Luc): Exactement. C'est une petite partie d'un
terrain qui est plus vaste et ça sert justement à bonifier
l'ensemble de la propriété; j'ai également informé
la ville en date du 13 novembre 1980 de notre démarche.
M. Bédard: Je n'ai aucune objection, M. le
Président. Il faudrait peut-être penser, en fonction de l'avenir,
à mettre au point un mécanisme qui permettrait de faire de telles
corrections sans qu'on ait à venir, par un bill privé, devant
l'Assemblée nationale. Je pense que ceci diminuerait en grande partie
les tracas que cela peut représenter en plus de tout le reste.
M. Mercier (Luc): Je suis entièrement d'accord.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je déduis des propos du
ministre que le ministère de la Justice a entre ses mains, dans le
dossier, le consentement écrit...
M. Bédard: De la compagnie.
M. Forget: ... du propriétaire riverain qui pourrait
être affecté par cette désignation.
M. Bédard: C'est exact.
M. Forget: Je pense que c'est l'élément essentiel.
On n'a pas d'objection ni d'autres questions.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 1 sera-t-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
M. Lalonde: A l'article 1, il y a seulement une petite faute
d'orthographe.
Le Président (M. Laberge): Oui.
M. Lalonde: Au deuxième alinéa de la description on
dit: "Cet emplacement est bornée"...
Le Président (M. Laberge): Ah oui! au masculin.
M. Lalonde: À mettre au masculin. Dans le premier
alinéa de la description, je ne sais pas si c'est tellement solennel
qu'on ne puisse pas du tout en changer une virgule, mais il y a quelque chose
qui me frappe. Vous dites: "Un certain emplacement vacant, situé dans la
ville de Baie-d'Urfé, faisant partie du terrain..." Que font là
les mots "faisant partie du terrain"? C'est l'emplacement qui est connu et
désigné comme faisant partie du lot 328. Cela ne fait
sûrement pas partie du fleuve.
M. Mercier (Luc): Oui, effectivement. D'ailleurs, la raison de la
désignation, c'est qu'on s'en est rapporté aux actes
antérieurs de façon à être certain qu'on
décrive la même propriété, avant...
M. Lalonde: Au risque d'en perpétuer le langage un peu
étrange.
M. Mercier (Luc): On ne voulait pas être à l'origine
d'un nouveau débat sur la...
M. Bédard: Avoir à revenir avec un autre bill.
M. Lalonde: Comme, par exemple, quand vous parlez du "droit de
passage du chemin de fer du Canadien Pacifique", je proposerais que le droit de
passage appartienne à la compagnie et non pas au chemin de fer.
M. Bédard: Cela va. Je n'ai pas d'autres remarques, M. le
Président. Merci.
Le Président (M. Laberge): Cela va. À l'article 1,
on fait une correction, on enlève le "e" à "bornée" pour
le mettre au masculin, soit "borné". L'article 1 ainsi amendé est
adopté. L'article 2 est-il adopté? Article 2, adopté.
Article 3? Adopté. Je reviens au préambule, premier "Attendu",
à la deuxième ligne, le mot "avril" est remplacé par le
mot "août". Adopté.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Préambule adopté
avec amendement.
M. Bédard: À moins que le député de
Pointe-Claire veuille nous faire un discours à l'emporte-pièce,
le projet de loi sera adopté.
M. Shaw: "In English", en anglais.
Le Président (M. Laberge): II n'y a pas d'opposition. Le
projet de loi no 259, Loi concernant un immeuble du cadastre de la paroisse de
Sainte-Anne, division d'enregistrement de Montréal, est adopté
avec amendements. Je vous remercie, M. le procureur.
M. Mercier (Luc): Merci.
Le Président (M. Laberge): J'appelle maintenant le projet
de loi no 221, c'est-à-dire le procureur défendant le projet de
loi no 221, Loi concernant la succession de J. Donat Langelier. On nous
souligne que Me Charles Tremblay...
M. Blain (Paul-Émile): II y a une petite modification, mon
nom est Paul-Émile Blain. Agissant à titre de procureur des
exécuteurs testamentaires et des fiduciaires, je soumets le projet de
loi à la commission.
Le Président (M. Laberge): Me Paul-Émile Blain.
M. Blain: Blain.
Le Président (M. Laberge): Pardon?
M. Forget: Sur la liste, c'était dans un autre ordre.
Le Président (M. Laberge): Ah! excusez-moi, je pense que
j'ai fait erreur, je ne l'ai pas vu en bas.
M. Bédard: Si vous n'aviez pas objection à attendre
quelques minutes, nous continuerions à procéder selon l'ordre
déjà établi.
Le Président (M. Laberge): J'ai fait une erreur d'appel.
Je devais appeler le projet de loi no 258, si vous voulez m'excuser. À
tantôt.
M. Blain: C'est cela.
Projet de loi no 258
Le Président (M. Laberge): Le projet de loi no 258, Loi
concernant un immeuble de l'Église Unie St. Andrew de Lachine, dont le
procureur est Me Émile Décary.
M. Décary (Emile): Oui, ici présent, avec M.
Tuckwood, représentant de la congrégation St-Andrew?
Le Président (M. Laberge): Pourriez-vous, Me
Décary, me rappeler le nom de monsieur?
M. Décary: Tuckwood. C'est Herbert Tuckwood.
Le Président (M. Laberge): Je vous remercie beaucoup.
Donc, le projet de loi no 258. Je vous donne la parole, Me Décary, pour
nous donner les commentaires généraux sur le projet de loi.
M. Décary: Tout d'abord, je me permets de mentionner qu'on
me suggère quelques modifications. J'ose croire qu'on vous en a fourni
copie. Elles ont principalement pour objet d'ajouter le numéro
d'enregistrement puisque j'ai fait enregistrer l'acte récemment. On
parle d'un acte de 1832. Alors, évidemment, il n'apparaissait pas dans
les registres et il a été enregistré récemment.
M. Bédard: Nous allons déposer l'amendement en
question.
M. Décary: II y a un autre amendement qui consiste tout
simplement à remplacer le nom de l'église puisqu'il avait
été traduit en français. On l'a remis en anglais dans son
texte original.
Le Président (M. Laberge): C'est ça, au
préambule.
M. Décary: Le projet de loi privé que nous
présentons a pour but d'éliminer les conditions établies
dans une donation qui date de 1832. En réalité, il s'agit d'une
église, l'église St. Andrew's United de Lachine, qui s'est fait
donner en 1832 le lot 468 pour fins de bâtir une église et d'y
établir un cimetière. L'église a été
bâtie. Le cimetière a été fait et est maintenant
désaffecté. Ils ont également construit ce qu'ils
appellent une "manse" ou encore un presbytère.
Récemment, lors d'une réunion tenue le 23 mai 1979, les
fiduciaires - puisque les fiduciaires, c'est un peu comme les syndics ou les
marguilliers en vertu de la Loi des paroisses et fabriques - qui sont
détenteurs des titres se sont adressés aux paroissiens pour leur
dire qu'à cause des difficultés financières que
rencontrait la paroisse, s'ils vendaient le presbytère, ce montant
d'argent leur permettrait de créer un fonds et ce fonds permettrait
d'amener des revenus régulièrement à la paroisse.
Le presbytère est une vieille maison de 140 ans environ
nécessitant quelque $50,000 de réparations qu'ils n'avaient pas
et, de plus, comme un des fiduciaires m'a dit, on ne peut plus avoir deux
personnes pour le prix d'une. Les jeunes ministres ne veulent plus
résider dans cette résidence, ce qui avait évidemment pour
effet que leur épouse devenait la secrétaire de la paroisse.
Cette propriété n'étant plus utile, ayant besoin de
réparations, ils ont suggéré aux membres de la
congrégation de la vendre pour, justement, obtenir l'argent,
créer un fonds, lequel fonds leur permettrait d'avoir des revenus
régulièrement pour aider et, au lieu d'être une charge,
devenir des revenus. Cette donation imposait ses conditions à
perpétuité.
Dans les circonstances, les autorisations ont été obtenues
des paroissiens. Le presbytère de Montréal qui est
l'autorité qui les guide, qui les contrôle a accordé la
permission de vendre à un prix spécifique de $50,000. Je me
permets de citer en anglais, si vous me le permettez, les termes de
l'autorisation qui dit très clairement: "...and the proceeds held in
trust and disposed of only with the consent of the presbytery and the interest
from the trust used in the general operation of the congregation."
Non seulement la vente est permise, mais justement il existe maintenant
un mécanisme beaucoup plus moderne que les conditions imposées en
1832; ces conditions, quant à moi, sont dépassées parce
que cette église faisant partie de l'Eglise Unie du Canada est
maintenant régie par cette loi qui est une loi fédérale,
chapitre 100, 1415, 1925 ou 1926, ratifié par le chapitre 97 de
l'Assemblée législative du Québec en 1926.
En vertu de cette loi, le presbytère de Montréal a le
contrôle sur les transactions, ce qui fait un mécanisme qui permet
de protéger l'intention du donateur tout en s'assurant que ces sommes
d'argent servent à leurs fins. C'est spécifiquement prévu
dans la loi que lorsqu'il y a vente, le presbytère de Montréal a
autorisation pour surveiller leur emploi de l'argent. (16 h 30)
II s'agit d'éliminer ces conditions. Maintenant, puisque, dans le
moment, ils ne vendaient que le presbytère, quand même, nous
demandons que ça affecte la totalité de l'immeuble, puisqu'il y
aurait peut-être éventuellement d'autres transactions à
faire -cette communauté-là, comme toutes les communautés
religieuses, en arrache - et ça permettrait de ratifier, de façon
totale, leur titre. Mais la Législature, je pense, en accordant la
requête, eh adoptant ce projet de loi privé, n'enlève rien
à personne, parce que le but de cette donation, c'était que
ça serve pour toujours aux gens de la paroisse, et la supervision du
presbytère de Montréal permet justement, quant à moi, la
réalisation de cette intention de façon beaucoup plus souple.
Les publications ont été faites et il ne s'est
révélé absolument aucune objection. Nous avons
tenté de rejoindre les représentants de la famille; c'est la
famille Grant. J'ai même apporté ici le livre de location des
bancs de la paroisse qui démontre que depuis 1877, aucun membre de la
famille Grant n'est membre de la congrégation concernée. Alors,
nous croyons que ce projet de loi est dans l'intérêt des parties
et ne lèse absolument pas les droits d'aucune personne.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Bédard: En fait, selon vos explications, il s'agirait
essentiellement d'un réaménagement de l'intention du donateur de
donner suite à votre...
M. Décary: C'est ça. L'intention du donateur, en
fait, c'était de favoriser la paroisse en lui donnant un terrain.
Aujourd'hui, je pense qu'on respecte l'intention en disant: D'accord, une
partie du terrain n'est plus utile. D'ailleurs, ce qui est vendu actuellement,
c'est le presbytère et le terrain, mais l'objet de la donation, ce
n'était pas le presbytère, il a été bâti
après, de sorte que ce n'est même pas la moitié de la
valeur qui est affectée. De plus,
l'intention, quant à moi, est respectée, puisque ces
fonds-là seront déposés à intérêt pour
le bien-être de la paroisse.
M. Bédard: Je peux vous dire que je suis d'accord avec
votre interprétation de ce que vous nous demandez de faire...
M. Décary: Et, maintenant, même si...
M. Bédard: ...parce qu'il me semble, dans le cas
présent, que l'intention du donateur est protéqée et
respectée. Je ne pense pas qu'on ait à choisir entre un
presbytère et une église. L'intention du donateur était
essentiellement que ça serve à des fins d'église, mais
spécifiquement aux paroissiens que vous évoquez. Dans ce sens, je
n'ai aucune objection à donner suite à votre demande, d'autant
plus que nous nous sommes - je veux le porter à l'attention des membres
de la commission - assurés, par le projet de loi, que les droits qui
pourraient exister à l'heure actuelle ne seront pas
éteints...
M. Décary: II y a même une réserve, c'est
ça.
M. Bédard: ...mais transformés en des droits de
recours...
M. Décary: C'est transformé en recours
personnel.
M. Bédard: En recours personnel. Alors, je pense que nous
avons et respecté l'intention du donateur et aussi pris les moyens
nécessaires pour qu'aucun droit personnel ne soit lésé par
l'adoption de ce projet de loi.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: II me fait plaisir d'appuyer les remarques du
ministre. Je pense qu'on a là une disposition qui est un modèle
du genre, parce que, précisément, par son article 2, elle
protège, en les transformant en droits personnels, toute créance
ou toute réclamation qu'une tierce personne pourrait avoir.
Deuxièmement, à cause de l'effet de la loi de 1926, qui a
été citée et des conditions attachées au
consentement donné par le presbytère de Montréal, on a
effectivement l'assurance que la valeur en capital de cette donation va
continuer à servir les fins auxquelles elle était destinée
à l'origine sous une forme différente. Je pense que c'est
exactement le sens de mes remarques de tout à l'heure. On peut changer
la forme d'un bien, mais je pense qu'on peut le faire d'autant plus facilement
que l'objectif original est respecté. C'est effectivement ce qu'on peut
constater dans ce cas-ci. Je crois que c'est une situation tout à fait
satisfaisante.
M. Décary: Me Forget, également, je vous
mentionnais tout à l'heure en blague que j'avais une réponse.
J'avais noté avec beaucoup d'intérêt votre remarque
antérieure. Même si le projet de loi prévoit
évidemment la réserve des droits personnels, et même si le
projet lui-même ne prévoit pas que les fonds,
éventuellement, s'il y a d'autres ventes, seraient réinvestis, la
loi à l'annexe b), article 6, prévoit très bien que le
presbytère de Montréal, lorsqu'il l'autorise, contrôle
également le réinvestissement, de sorte qu'il y a
déjà une loi de la Législature qui couvre cela. Alors, il
n'y aurait même pas là une nécessité de dire ou
d'ajouter dans notre projet de loi, par exemple, une provision à cet
effet, puisque c'est déjà couvert dans la Loi de l'Église
Unie du Canada, qui est une loi provinciale.
M. Forget: Excellent. Je vous remercie.
Le Président (M. Laberge): Nous allons passer aux
amendements. Le préambule est modifié par le remplacement de la
citation qui suit le deuxième alinéa par la suivante: "En
considération... que ledit lot, terrain ou parcelle de terrain soit
affecté à l'usage de The... Congregation of the... Scotch
Presbyterian Church of the Parish... of Lachine et de ses successeurs
perpétuels; qu'une église y soit bâtie... et que toute
partie dudit lot, terrain ou parcelle de terrain qui n'est pas occupée
ou recouverte par ladite église serve de cimetière;".
Cet amendement sera-t-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Alors, le
préambule ainsi amendé sera-t-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec
amendement.
À l'article 1. On nous demande de remplacer l'article 1 par le
suivant: "Les charges, conditions, obligations et prohibitions pouvant
restreindre l'usage ou l'utilisation de l'immeuble qui a fait l'objet de l'acte
de donation entre Robert Grant et James Charles Grant d'une part, ainsi que
James Somerville et autres, agissant pour le compte de The Congregation of the
Scotch Presbyterian Church of the Parish of Lachine, d'autre part,
enregistré au bureau de la division d'enregistrement de Montréal,
le 5 février 1981, sous le numéro 3146247, sont abolies et
éteintes. "L'immeuble qui a fait l'objet de l'acte de donation
mentionné au premier alinéa est maintenant connu comme
étant le lot no 468
du cadastre de la ville de Lachine." Cet amendement est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
M. Lalonde: Êtes-vous bien sûr que l'amendement
améliore l'article que vous voulez amender? Parce que là, vous
commencez - je veux être sûr que je comprends bien - la description
de la transaction qui est arrivée en 1832 et vous terminez par
l'enregistrement de 1981, dans l'amendement?
M. Décary: Mais elle a été
enregistrée tout récemment.
M. Lalonde: La donation a été enregistrée en
même temps.
M. Décary: Elle n'a jamais été
enregistrée, parce que c'est avant le cadastre. Elle n'a jamais
été enregistrée après. On l'a enregistrée
par bordereau, récemment.
M. Lalonde: Ah bon! Puis vous enlevez la date de l'acte de
donation qu'on avait?
M. Décary: Je pense qu'il y a référence au
début du projet.
M. Lalonde: Oui.
M. Décary: Attendu que le 7 avril 1832...
M. Lalonde: Oui, mais c'est parce que, dans l'article 1, vous
l'aviez déjà et vous l'avez enlevée.
M. Décary: Vous avez raison, je pense qu'il y aurait
lieu...
M. Lalonde: En tout cas, puisqu'on a l'enregistrement, la date de
l'enregistrement, on peut l'identifier quand même, mais vous aviez
déjà la date de l'acte et vous l'avez enlevée.
M. Décary: C'est cela, vous avez drôlement raison,
c'est que, dans la nouvelle rédaction, on a sauté la
référence à la date même de l'acte.
Le Président (M. Laberge): C'est le 7 avril 1832.
M. Lalonde: C'est cela, passé le 7 avril 1832, cela
pourrait venir après le mot "donation" à la quatrième
ligne de votre amendement.
Le Président (M. Laberge): C'est cela. M.
Décary: Également, même si on se
réfère à "passé devant le notaire J. P. Grant, le 7
avril 1832." C'est le no 316 de ses minutes.
M. Lalonde: Vous ne l'aviez pas du tout, ni dans le...
M. Décary: C'est-à-dire qu'il était dans le
projet original et, dans l'article modifié...
Le Président (M. Laberge): II est passé. M.
Lalonde: Oui, oui.
M. Décary: Cela a été sauté dans la
modification. Il y aurait lieu d'ajouter la référence à
l'acte notarié.
M. Bédard: On va l'inscrire.
Le Président (M. Laberge): ...passé le 7 avril
1832...
M. Lalonde: Le 7 avril 1832.
M. Décary: Après "d'autre part", on pourrait
ajouter "passé devant le notaire J. P. Grant, le 7 avril 1832", à
la neuvième ligne.
Le Président (M. Laberge): On pourrait le mettre tout
simplement là. Excusez, je vais...
M. Bédard: Peut-être aussi, après "donation",
on nous indique "qui a fait l'objet de l'acte de donation - à la
troisième ligne -passé le 7 avril 1832 devant le notaire 3. P.
Grant, sous le numéro 316 de ces minutes, entre Robert Grant et James
Charles..."
M. Lalonde: Je pense que ça va mieux, là.
M. Bédard: Oui.
M. Décary: Merci, M. Lalonde.
Le Président (M. Laberge): Alors, je vais prendre votre
copie plutôt que la mienne parce que ça commence à...
L'amendement à l'article 1, qui insère entre le mot
"donation" et le mot "entre" les mots "passé le 7 avril 1832 devant le
notaire J. P. Grant, sous le numéro 316 de ces minutes" est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Le nouvel
article 1 amendé est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Maintenant, on
retourne à l'article 2.
L'article 2 sera-t-il adopté? M. Bédard:
Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 2, adopté.
Article 3, adopté?
M. Lalonde: Oui, je veux simplement m'assurer que vous avez bien
lu le deuxième alinéa de l'amendement à l'article 1,
à savoir que l'immeuble qui a fait l'objet de cet acte de donation
mentionné au premier...
Le Président (M. Laberge): Je l'ai lu la première
fois.
M. Lalonde: Vous l'avez lu?
Le Président (M. Laberge): Oui, je l'ai lu.
Alors, l'article 1 étant remplacé par un nouvel article,
avec un nouveau paragraphe au préambule, le projet de loi no 258, Loi
concernant un immeuble de l'Église Unie St-Andrew de Lachine, est donc
adopté avec amendements.
M. Bédard: Adopté. M. Décary: Je vous
remercie bien.
Projet de loi no 221
Le Président (M. Laberge): Je rappelle maintenant le
projet de loi no 221, Loi concernant la succession de J. Donat Langelier.
Me Paul-Émile Blain. Alors, Me Blain, je vous donne la parole
pour les commentaires sur ce projet de loi privé.
M. Blain (Paul-Émile): M. le Président, le projet
de loi qui vous est soumis vise essentiellement à régler un
problème qui résulte des termes mêmes du testament et des
codicilles signés par le de cujus, M. J. Donat Langelier,
décédé le 27 juin 1964.
En examinant d'une façon attentive le testament, on peut
constater qu'après l'établissement de certains legs particuliers,
la création de rentes au bénéfice de crédits
rentiers nommément désignés, la désignation de
légataires en revenu, notamment, le Foyer de la charité du
cardinal Léger, l'Association d'entraide le Chaînon et la
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, le testateur a
omis de préciser l'attribution du capital de la succession. D'autre
part, par le même testament, plus spécialement l'article 21h du
testament, le testateur prévoit que les fiduciaires et exécuteurs
testamentaires ont le pouvoir de procéder au partage des biens de la
succession.
Alors, en face de cette situation, toutes les parties
intéressées ont conjugé leurs efforts pour procéder
à un examen minutieux de tous les aspects du problème. À
la suite à cet examen, il est apparu que ce problème ne pouvait
trouver de solution que grâce à une loi privée. C'est ce
qui nous amène devant vous cet après-midi.
Ainsi qu'il appert au projet de loi soumis, les parties se sont mises
d'accord quant à la façon dont il y aurait lieu de
procéder au partage et les exécuteurs parlementaires ont
déjà soumis au conseiller juridique de la commission le texte
d'un acte d'accord reçu devant le notaire Maurice Rousseau le 17 octobre
1980. On retrouve l'essentiel de cet acte d'accord, qui règle le partage
de la succession, à l'article 2, paragraphes a) à d)
inclusivement du projet de loi qui vous est soumis. (16 h 45)
Nous sommes en présence d'une succession dont la valeur capitale
s'établit à la somme de $1,658,493. Vu l'absence de toute
disposition testamentaire précisant d'une façon
déterminée l'attribution du capital, les intéressés
souhaitent et demandent que le capital soit divisé entre, d'une part,
les héritiers légaux et, d'autre part, les oeuvres
bénéficiaires en revenus, le tout conformément aux
règles décrites à l'article 2 du présent projet de
loi.
Nous prévoyons, en premier lieu, la retenue d'une somme capitale
suffisante pour engendrer des revenus qui permettront le paiement des rentes
viaqères des crédirentiers, autres que les enfants du testateur.
Le résidu du capital serait divisé en deux lots, dont l'un sera
immédiatement attribué en parts égales aux trois
sociétés bénéficiaires en revenus pour, par elles,
en disposer en pleine et entière propriété, le tout sujet
aux autres dispositions testamentaires. L'autre lot, qui représente 50%
du capital résiduaire, demeurera en la possession des exécuteurs
fiduciaires de la succession pour être éventuellement
attribué aux petits-enfants du testateur à l'occasion du
décès de chacun des enfants du testateur, le tout tel que plus
amplement indiqué au sous-paragraphe i) et ii) du paragraphe d) de
l'article 2.
C'est donc essentiellement le but visé par le présent
projet de loi, projet de loi qui, comme je viens de l'indiquer, s'appuie sur un
acte d'accord comportant le concours de tous les intéressés, y
compris les petits-enfants. J'ajoute que je suis accompagné aujourd'hui
des procureurs des héritiers légaux, des procureurs des
sociétés bénéficiaires en revenus et
également du procureur des petits-enfants. Ce qui nous a conduit
à soumettre le projet dont vous êtes présentement saisis,
c'est cette absence dans le testament d'une attribution formelle du capital.
Pour permettre de régler une situation qui dure depuis seize ans, nous
avons, comme je le disais tantôt, conjugué les efforts et vous
êtes saisis du projet.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Bédard: Je pense bien que ce n'est pas la
première fois qu'on a l'occasion de se rencontrer et de parler de cette
succession et de tous les problèmes que cela a pu occasionner. Lors de
votre dernière comparution devant l'Assemblée nationale, je crois
que tous les membres de la commission n'avaient pu donner suite à la
demande qui était faite et avaient évoqué la
nécessité qu'il y ait un accord entre les différentes
parties intéressées avant de donner ou d'évaluer
jusqu'à quel point ils pourraient donner leur accord à ce que
vous proposez, qui est essentiellement le même contenu.
Comme vous l'avez dit, on a affaire à des intentions d'un
donateur qui sont très explicites, mais où on n'avait pas
prévu comment se répartirait le capital, ce qui est assez rare.
Peut-être que mes collègues voudront revenir sur bien des
questions de détails ou encore concernant l'accord qui a
été passé. Nous avons eu l'occasion d'en prendre
connaissance. Personnellement, je peux vous dire que je suis d'accord avec le
projet de loi tel que libellé. Il y aurait peut-être des
éclaircissements que nous voudrions avoir en ce qui a trait à une
disposition concernant la Société Saint-Jean-Baptiste qui aurait
pour effet de changer les bénéficiaires. Sur ce point, j'aimerais
peut-être...
M. Paquette (André): Je représente deux...
M. Bédard: Si vous me le permettez, j'aimerais qu'on nous
donne certaines explications.
Le Président (M. Laberge): Avant d'aller plus loin,
mesdames et messieurs, il y a une technicité que j'ai oubliée, au
début de la commission. C'est-à-dire qu'il est coutume de
désigner un rapporteur des travaux de la commission à la Chambre
et je vous suggérerais, si tout le monde est d'accord, de
désigner le député de Taschereau rapporteur de la
commission pour les cinq projets de loi.
M. Bédard: D'accord.
Une voix: Je ne sais pas si on doit accepter cela.
Le Président (M. Laberge): Je sais qu'il est tout
près. Est-ce que cela va?
Une voix: ...
Le Président (M. Laberge): Maintenant, je...
M. Bédard: Alors, les explications que nous voulons
demander, ce sont les montants qui étaient attribués aux
francophones hors Québec, à qui c'était attribué,
et nous voulons savoir l'essentiel des motifs qui vous animent pour que
l'orientation de ces fonds soit dans le même sens, mais peut-être
pas au même endroit.
M. Paquette (André): Je représente deux des
bénéficiaires, Le Chaînon et la Société
Saint-Jean-Baptiste. Pour la Société Saint-Jean-Baptiste, je
pouvais répondre, il y a deux ans, que toutes les sommes versées
à ce jour par les exécuteurs testamentaires avaient effectivement
été versées aux francophones hors Québec. C'est la
même situation qui prévaut actuellement. Tout a été
distribué hors du Québec.
M. Bédard: Cela veut dire combien à peu
près? Le savez-vous?
M. Henri (Marcel): Les revenus des fonds sont d'environ $30,000
par année.
M. Bédard: Ah bon! C'est donné à des
associations?
M. Henri: À des organismes qui s'occupent de propager la
langue française hors Québec.
M. Bédard: D'accord.
M. Henri: Des organisations de francophones, des
bibliothèques. C'est donné parfois sous forme de livres ou
d'abonnements à des revues. On a beaucoup de demandes. La
société Saint-Jean-Baptiste, depuis toujours, s'est
intéressée aux francophones hors Québec. Alors, on a
souvent des demandes d'aide de groupes de francophones hors Québec.
C'est avec ces fonds-là qu'on y répond.
Le Président (M. Laberge): Pour les fins du journal des
Débats, est-ce que vous pourriez vous identifier? Du moins, je n'ai pas
remarqué vos noms, le procureur et vous-même.
M. Paquette: Je suis André Paquette, avocat.
M. Henri: Je suis Marcel Henri, président de la
Société Saint-Jean Baptiste de Montréal.
M. Bédard: Une autre question sur laquelle j'aimerais
avoir vos observations. Quelles sont les motivations qui vous amènent
à demander le changement d'orientation, le changement de
bénéficiaires de ces sommes?
M. Paquette (André): C'est parce qu'il y a eu beaucoup de
demandes de la part d'immigrants, de Vietnamiens, récemment. Comme c'est
pour l'enseignement du français et l'intégration, c'est tout
simplement lever quelque peu la limitation qui était imposée de
dépenser l'argent hors Québec, mais c'est pour la même fin.
De fait, c'est pour la propagation du français.
M. Bédard: Mes collègues ont peut-être des
questions à poser.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'aurais une question, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Laurent, vous avez la parole.
M. Forget: Tout en étant conscient que nous sommes en face
d'un accord entre toutes les parties intéressées, je crois qu'il
n'est pas superflu de poser la question suivante, malgré tout,
relativement au partage entre la famille du défunt et, d'autre part, les
organismes à caractère social, humanitaire ou culturel qui sont
les destinataires d'un certain nombre de legs. Le chiffre qui est retenu dans
l'entente est un partage pour moitié entre ces deux groupes. Est-ce que
l'on pourrait nous dire de quoi ce chiffre est le fruit? Je comprends qu'il est
le fruit, formellement, d'une entente, mais est-ce qu'il est basé sur
autre chose que simplement le caractère théoriquement optimal
d'une division par moitié entre deux groupes de
bénéficiaires. Est-ce qu'il est basé, par exemple, sur une
évaluation qui aurait été faite de la valeur
présente au moment du décès des annuités ou du
coût en capital qui avaient été nécessaires pour
acquérir les annuités équivalentes aux donations faites
aux membres de la famille ou est-ce qu'il est le produit beaucoup plus
récent d'une négociation entre les parties?
M. Blain: Je pense pouvoir déclarer que cette division
50-50 ne résulte pas d'analyses ou d'études que je pourrais
appeler scientifiques pour établir des calculs de coût de rachat
d'annuités ou ci ou ça. Cette division, comme vous le dites, M.
Forget, résulte vraiment d'un accord qui a été longuement
négocié et, chaque partie à l'accord arrivant à la
conclusion que l'accord lui semblait équitable, la conclusion a
été arrêtée et la division proposée
résulte de cet accord purement et simplement.
M. Forget: Je ne poursuivrai pas cette question plus longtemps
parce que, étant donné que cet accord a été
recherché et obtenu à la suite des invitations qui vous ont
été adressées par cette commission parlementaire, je crois
qu'il faut probablement nous-mêmes nous interdire d'aller plus loin. Je
pense qu'il était probablement utile de préciser la nature ou la
provenance de ce chiffre. Par ailleurs, et c'est mon seul autre point, M. le
Président, j'ai écouté les observations qui ont
été faites par les procureurs de deux des sociétés
bénéficiaires quant aux changements dans l'orientation des fonds.
Je peux voir le bien-fondé des arguments qu'ils avancent dans la
perspective d'aujourd'hui, mais je ne peux pas faire autrement que de
m'interroger sur l'à-propos de modifier l'intention du donateur alors
qu'il n'est pas du tout manifeste que l'exécution de ses volontés
intégrales soit devenue impossible ou irréaliste ou même
contraire à l'intérêt public.
Je me pose vraiment des questions là-dessus. Je comprends qu'il
peut être plus commode d'avoir un peu plus de flexibilité pour les
deux sociétés en question, mais je pense qu'on devrait
peut-être aller plus loin que ça pour démontrer qu'il est
nécessaire de changer l'intention du donateur.
M. Blain: La Société Saint-Jean-Baptiste est la
seule qui est impliquée dans la distribution des fonds pour les fins de
propagation de la langue française. On s'en rapporte donc à la
commission. Si la commission décide que c'est mieux que cela reste comme
ça, on restera comme ça.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On trouve ça à la page 7 ou 9 du
testament, je pense, et c'est très clair. On dit: "La
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal pourrait utiliser
à l'enseignement et à la propagande du français au Canada
hors du Québec..." En fait, il n'y a aucune ambiguïté,
aucune obscurité. Je sais que personne ne peut être contre le fait
qu'on utilise le plus de fonds possible aux fins que vous avez
mentionnées dans l'entente. Je pense que c'est pour l'intégration
des immigrants ou la propagation du français au Québec. Je pense
bien que l'un ne contredit pas l'autre. S'il y a une volonté claire dans
le testament, c'est bien celle-là.
L'autre question, étant donné que c'est une entente qui a
été négociée, j'imagine, avec tout ce que cela
comporte de difficultés, est-ce que ce changement affecterait
l'entente?
M. Bédard: C'est la question que je me posais,
jusqu'à quel point ce pourrait invalider l'accord qui est fait, est-ce
que cela pourrait être attaqué?
M. Paquette (André): II n'y a aucun problème de
cette nature.
B-2.186
M. Bédard: Non? (17 heures)
M. Lalonde: Moi, j'hésiterais à changer ça.
Justement, comme le député de Saint-Laurent le disait, on n'a
démontré aucune impossibilité de respecter la
volonté du testateur.
M. Bédard: C'est pourquoi j'ai posé des questions,
au début, qui me semblaient importantes, parce que j'avais aussi des
réserves là-dessus; la volonté du testateur est quand
même très clairement exprimée, on en convient tous, il n'y
a aucune ambiguïté possible.
Je sais que vous aviez fait état d'un...
M. Henri: Si la commission juge qu'il est mieux de garder cette
condition, on est d'accord, ça n'invalide pas les ententes sur tous les
autres points du texte qui a été convenu.
M. Lalonde: Alors, il y aurait seulement à enlever les
deux dernières lignes du paragraphe c).
M. Henri: Si vous le jugez à propos, on est prêt
à accepter ça.
M. Bédard: Personnellement, je vous en avais
informé avant la commission. J'ai vraiment des réserves, parce
qu'il me semble que l'intention du testateur est trop clairement
exprimée. Vous avez donné certaines explications, mais il faut
convenir que le donateur avait certaines raisons de donner ces montants.
M. Lalonde: On ne peut pas se substituer au testateur.
M. Paquette (André): II y avait évidemment des
raisons pratiques qui ont motivé la demande de ce changement,
mais...
M. Lalonde: Je suis convaincu que ce sont les meilleurs raisons
du monde, parce que tout le monde est pour la vertu aussi. Mais, en fait, on ne
peut pas se substituer au testateur, changer son testament et le faire comme on
l'aurait fait.
Là, naturellement, le premier problème, c'est qu'il
n'avait pas attribué de capital à ses largesses; il fallait une
entente, ça va bien. Mais profiter de cette entente pour changer une
volonté qui est clairement exprimée, moi, j'hésiterais
beaucoup à le faire.
M. Bédard: Cela remonte à 1964 et on peut dire que
le donateur connaissait très bien la situation, au moment où il a
fait sa donation, il n'y a rien...
M. Lalonde: Même s'il ne la connaissait pas!
M. Bédard: ... pour nous laisser croire que...
M. Paquette (André): La Société
Saint-Jean-Baptiste, depuis qu'elle reçoit des sommes, les utilise
à ces fins.
M. Lalonde: C'est ça.
M. Paquette (André): Elle est capable de continuer de
cette façon et, à la société, on est d'accord pour
qu'il n'y ait pas de changement.
M. Lalonde: Je pense que la question du ministre, on n'a
même pas besoin de se la poser: "Est-ce qu'il connaissait ou non..."; si
c'est par pure ignorance, pourvu que ce soit possible, que ce ne soit pas
contre l'ordre public, contre les bonnes moeurs, je pense qu'on doit respecter
son intention.
M. Bédard: Non, mais on se pose la question par rapport
à des questions semblables qu'on s'est posées dans d'autres
projets de loi où il était manifeste qu'il y a 100 ou 125 ans, il
y a peut-être des considérations que le donateur pouvait ne pas
avoir présentes à l'esprit, mais, dans le cas présent, je
pense que c'est une question qui se pose. Non seulement elle se pose, mais elle
amène, en tout cas de ma part, une réponse voulant qu'on ne peut
pas avoir un fondement nécessaire pour croire qu'il y a eu des
changements - quand on prend la date où la disposition a
été prise - de circonstances tels qu'ils peuvent nous laisser
même croire que l'intention du donateur aurait pu être tout autre
s'il avait été au courant de changements de situation, qui n'ont
pas eu lieu toutefois.
En tout cas, je pense qu'il serait préférable de laisser
tomber ce qui me semblerait un accroc très direct à la
volonté du testateur. Pour ce qui est des autres dispositions, nous
sommes d'accord.
Nous en profitons pour vous remercier de vos représentations et
exprimer le contentement que vous devez ressentir d'ailleurs d'avoir
réussi à en venir à une entente qui nous permet
d'être logiques nous-mêmes, les membres de la commission, pour
accéder à votre demande, puisqu'une telle requête de
nécessité d'accord avait été faite ou
formulée par les membres de la commission. Je vous remercie
beaucoup.
M. Blain: Merci, M. le Président, MM. les membres de la
commission.
Le Président (M. Laberge): II va d'abord falloir adopter
un amendement, si vous le suggérez.
M. Bédard: II y a trois amendements mineurs à
suggérer aussi.
Le Président (M. Laberge): Alors, je les accueillerai.
M. Bédard: Le premier amendement: "L'article 2 est
modifié par la suppression, aux cinquième et sixième
lignes du sous-paragraphe i) du paragraphe d), de ce qui suit: "et,
particulièrement, celles qui concernent Jeanne Langelier".
Le Président (M. Laberge): Le ministre vient d'en faire
lecture: Retrait des mots "et, particulièrement, celles qui concernent
Jeanne Langelier", au sous-paragraphe i) du paragraphe d) de l'article 2.
Est-ce que ces mots biffés seront...
M. Fontaine: Cela change quoi?
Le Président (M. Laberge): Est-ce que vous pourriez donner
une explication sur cette suggestion?
M. Bédard: Une seconde.
En fait, c'est un amendement qu'on proposait parce qu'on ne voyait pas
la nécessité, compte tenu du fait que c'est déjà
inclus, dans ce qui précède, de mentionner expressément un
des bénéficiaires. C'est un peu discriminatoire à son
égard. Alors, on proposait ça.
M. Blain: En fait, ces mots n'ajoutent rien à l'essence
même de la loi et c'est une redondance qui peut être
éliminée sans infirmer ou modifier, en quoi que ce soit, ni le
testament, ni le projet de loi.
Le Président (M. Laberge): Les mots "et,
particulièrement, celles qui concernent Jeanne Langelier" sont donc
biffés. Cet amendement est adopté.
M. Bédard: II y en aurait un à l'article 2, pour
donner une suite logique à ce que nous avons dit.
M. Blain: Oui, au pararaphe c) de l'article 2, suivant ce qui
vient d'être envisagé, il y aurait peut-être lieu de biffer
les mots à partir de "ou".
M. Lalonde: À la fin de la cinquième ligne.
M. Blain: C'est ça.
M. Lalonde: Vous mettez un point-virgule après le mot
"testament".
M. Blain: C'est ça.
M. Bédard: Une seconde. Cela va.
M. Blain: Point-virgule après le mot "testament" et le
reste du paragraphe est biffé.
Le Président (M. Laberge): Les mots "ou pour la
propagation du français à l'intérieur du Québec,
plus particulièrement aux fins d'intégration des immigrants en
milieu francophone".
M. Blain: C'est biffé.
Le Président (M. Laberge): C'est entièrement
biffé. Ces mots sont biffés du paragraphe c). Amendement
adopté. Je crois qu'il y a autre chose, je vous attends.
M. Bédard: C'est adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Laberge): Au paragraphe 3 ou...
M. Bédard: L'article 3.
Le Président (M. Laberge): Ah! On peut revenir dans
l'ordre maintenant, on passera à l'article 3. Projet de loi no 221,
préambule, aucun amendement proposé. Préambule
adopté. Article 1, aucun amendement proposé, donc l'article 1 est
adopté tel quel.
M. Bédard: M. le Président, est-ce que nous
pourrions avoir une petite suspension de quelques minutes?
Le Président (M. Laberge): Avant l'article 3?
M. Bédard: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Laberge): Si vous voulez, on va adopter
l'article 2 et on suspend.
L'article 1 est adopté. L'article 2 avec deux séries de
mots biffés, donc avec amendement. Adopté. Suspension pour
quelques secondes.
Article 3 suspendu pour quelques instants. Article 4, adopté.
Article 5, adopté. Suspension pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 8)
(Reprise de la séance à 17 h 12)
Le Président (M. Laberge): Je rappelle l'article 3.
M. Bédard: Notre amendement irait dans le sens de
remplacer l'article 3 par le suivant: "Les frais d'adoption de la
présente loi sont payés à même la masse de la
succession mais les impôts, s'il y en a à percevoir et quelle
qu'en soit la nature, sont
payés par les enfants à même la part de la masse qui
leur est dévolue." Ce texte a fait...
Le Président (M. Laberge): A fait l'accord de tous.
M. Bédard: ... l'objet d'un accord de tous les procureurs
représentant les parties.
Le Président (M. Laberge): Je le répète pour
les fins du journal des Débats. L'article 3 du projet de loi est
remplacé par le suivant: "3. Les frais d'adoption de la présente
loi sont payés à même la masse de la succession mais les
impôts, s'il y en a à percevoir et quelle qu'en soit la nature,
sont payés par les enfants à même la part de la masse qui
leur est dévolue." Ce nouvel article 3 sera-t-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Tous les
articles du projet de loi ayant donc été adoptés ainsi que
le préambule, je déclare que le projet de loi no 221, Loi
concernant la succession de J. Donat Langelier, a été
adopté avec amendements.
M. Blain: Je vous remercie, M. le Président.
M. Bédard: Je pourrais dire avec soulagement aussi.
Le Président (M. Laberge): Je vous remercie beaucoup.
Le mandat qui était dévolu à la présente
commission ayant été accompli, cette commission ajourne ses
travaux sine die. Cependant, avant, je demande au rapporteur de faire rapport
à la Chambre en temps et lieu.
(Fin de la séance à 17 h 14)