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(Neuf heures quarante minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie à nouveau pour étudier les
possibilités de parachèvement du Stade olympique, à la
lumière de l'étude menée par la Société
d'énergie de la Baie James et de la résolution 4485 et annexes de
la Régie des installations olympiques.
Les membres de cette commission sont: M. Bédard (Chicoutimi)
remplacé par M. Charron (Saint-Jacques); M. Gendron (Abitibi-Ouest)
remplacé par M. Paquette (Rosemont); M. Landry (Laval-des-Rapides)
remplacé par Mme Lachapelle (Dorion); M. Lazure (Bertrand)
remplacé par M. Champagne (Mille-Îles); M. Levesque (Bonaventure)
remplacé par M. Rivest (Jean-Talon); M. Lévesque (Taillon)
remplacé par M. de Belleval (Charlesbourg); Mme Marois (La Peltrie)
remplacée par M. Blouin (Rousseau); M. Marx (D'Arcy McGee)
remplacé par M. Fortier (Outremont); M. Morin (Sauvé)
remplacé par M. Rochefort (Gouin); M. Ryan (Argenteuil) remplacé
par M. Polak (Sainte-Anne); M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce)
remplacé par M. Maciocia (Viger). Le rapporteur est toujours M. Paquette
de Rosemont.
Nous continuons donc nos travaux et la parole est à M. le
ministre.
Financement et dépenses courantes
M. Charron: M. le Président, avant d'avancer plus à
fond dans l'examen aussi bien du concept original que des alternatives que la
SEBJ a mentionnés dans son rapport ou celui de la RIO, pour le bon
succès de la discussion, je crois que ça vaut la peine de revenir
un instant à la question du financement. Parce que je suis convaincu
-c'est tout à fait naturel qu'il en soit ainsi -que si les
députés continuent à avoir, dans leur perception,
l'idée que chaque dollar ajouté sur le chantier olympique est un
dollar en moins dans le fonctionnement de la société
québécoise, dans son fonctionnement quotidien, ce qu'on appelle
ses dépenses courantes, je suis sûr que nous n'assisterons pas au
même débat sur les choix que si nous nous convainquons d'abord
entre nous de ce dont nous parlons au point de vue financier, ce qui donne un
autre climat à l'approche des choix et des différents
coûts, quels qu'ils soient.
Si je le fais, M. le Président, ce n'est pas non plus pour
démentir une manchette d'un journal de ce matin qui fait rapport des
travaux de notre commission, mais, bien au contraire, je ne dirais pas pour
surenchérir, mais pour ajouter davantage d'explications à ce qui
vaut la justesse de ce titre, que l'article lui-même ne peut, en le
résumant, le laisser entendre à des citoyens qui, comme certains
d'entre nous hier - c'est tout à fait normal parce que nous assistons
à une chose exceptionnelle dans les finances publiques
québécoises dans ce domaine - ont du mal à croire que
l'équation habituellement si facile et, par ailleurs, lorsqu'elle est
dite dans ces circonstances, comme je l'ai dit hier, et j'ai employé le
mot qui me venait à l'esprit, si démogagique, ne soit pas la
vérité. Un dollar qui va là est un dollar qui ne va pas
là. Comme on dit, dans chacun des cas, chacun qui a eu un portefeuille
en sait quelque chose, quand le ministre des Finances dit à un ministre
concernant son budget: Vous n'aurez pas tant d'argent parce que cet argent s'en
va aux Affaires sociales, à l'Éducation, on comprend, d'habitude
une équation aussi facile que celle-là. Or, nous sommes devant un
cas d'espèce.
J'y reviens pour apporter deux précisions. Je rappelle d'abord ce
qui m'a semblé être le consensus atteint hier au point de vue de
l'analyse de cette situation. Tout investissement additionnel, qui ne saurait
être de beaucoup inférieur à 20 000 000 $ - on en
conviendra, si on s'en tient à l'hypothèse du stade tel qu'il est
là, ou un peu moins - et qui peut aller jusqu'à 80 000 000 $ -
c'est la suite de notre discussion - tout investissement additionnel sur le
chantier olympique, dis-je, constitue un emprunt additionnel de la Régie
des installations olympiques. Il n'est donc pas puisé à
même le fonds consolidé du Québec, premier point. Cet
emprunt additionnel a, en partie, à cause de l'enveloppe de 65 000 000 $
déjà autorisée par le gouvernement en 1979,
été prévu dans le financement jusqu'en 1991, selon le plan
qui a été déposé sur la table de la commission et
livré aussi aux gens des médias d'information. (9 h 45)
II y a donc une bonne partie de cela qui est déjà dans
notre programme de financement autorisé par le ministre des Finances,
jusqu'à 65 000 000 $. Il y en a même, on pourra le voir à
l'analyse, un peu plus comme coussin qui avait été prévu
au
cas où l'expertise ou l'analyse financière de 65 000 000 $
se serait avérée insuffisante et qu'il aurait fallu
procéder à un refinancement pour l'éviter. La RIO, avec
l'accord du ministre des Finances, a dressé ce calendrier qui autorise
actuellement de dépenser les 11 000 000 $ déjà
dépensés, les 54 000 000 $ à dépenser selon la
décision du gouvernement de 1979, et un peu plus si jamais un choix
devait aller un peu plus loin.
Cela a l'effet suivant que tout investissement additionnel aurait pour
conséquence d'aggraver temporairement le déficit du fonds
spécial olympique, mais l'entrée au terminus, c'est-à-dire
la fin de la dette olympique et, éventuellement - je ne sais pas si M.
le maire est encore avec nous - la remise des installations à la ville
de Montréal, comme le spécifie la loi, dans ce cas,
interviendrait quand même au même moment.
C'est donc dire que la courbe du déficit, si nous n'ajoutons plus
un cent, est une courbe qui va aller jusqu'à - enfin, les chiffres sont
là, je l'ai dit à peu près - un creux de 228 000 000 $, si
nous ajoutons 70 000 000 $ dans le chantier olympique en mars 1986. Il peut
être un peu moins, si nous investissons moins, mais la remontée
vers 1991 et la liquidation de la dette olympique sont toujours prévues
de la même façon.
Que veut dire, sur la marge de manoeuvre du gouvernement
québécois et sur les priorités québécoises,
telles qu'elles seront à cette période, en 1986, en 1987,
n'importe quand, le fait que le déficit olympique, à la suite
d'une décision de dépenses additionnelles sur le chantier, serait
plus grave qu'il ne l'est actuellement?
L'effet est le suivant et c'est une modification que je veux apporter.
Hier, je disais, en réponse au député d'Outremont: Cela
aura pour effet, évidemment, de diminuer la capacité d'emprunt du
gouvernement pour des immobilisations d'autre nature, s'il a à emprunter
pour cette immobilisation.
Il faut apporter une nuance je dirais positive à cet
égard. Le gouvernement n'est dans ce domaine qu'un endosseur de la RIO,
comme il l'est des commissions scolaires, comme il l'est de certaines
institutions publiques dans notre société et, en ce sens, cela
affecte le crédit gouvernemental non pas aussi fort que s'il s'agissait
d'un emprunt d'immobilisation au nom et à l'ordre du gouvernement, comme
pour les autoroutes, comme pour les hôpitaux ou comme pour d'autres
institutions, comme pour les travaux publics en général. Cela
affecte son crédit, j'en conviens, mais cela affecte son crédit
de la même manière que lorsqu'il se porte garant d'un emprunt par
une institution. Cela est un point important à faire remarquer.
Deuxièmement - je reviens avec l'affirmation d'hier, parce
qu'elle est toujours la vérité - si le gouvernement du
Québec décide de dépenser X millions de dollars de plus
sur le chantier olympique, cela n'affecte en rien, à part son
crédit, comme je viens de le signaler, la liquidité totale de la
société québécoise non seulement pour cette
année, non seulement pour l'an prochain, mais éventuellement pas
avant 1990.
Si nous n'ajoutons pas un investissement additionnel, il est possible
qu'en 1990-1991, la dette étant demeurée au même niveau et
la rentrée des fonds sur le tabac étant celle que l'on
connaît depuis mars 1981, la taxe sur le tabac tombe, quelque part en
mars 1991, comme on l'indique.
Il est évident que si nous avons ajouté un investissement
additionnel, cela peut avoir un effet quelconque, selon l'ampleur de
l'investissement additionnel, sur le calendrier à la fin. Il est
évident que si nous avons réemprunté en cours de route ou,
si vous voulez, nous avons augmenté l'emprunt et l'investissement que
nous faisons, nous aurons soit plus longtemps à payer, soit un peu plus
à rembourser par année.
L'exemple que je peux prendre qui expliquerait la situation c'est que,
si vous avez acheté une voiture à un certain prix et que vous
vous êtes entendu sur des modalités de remboursement, par exemple
24 mois en calculant l'intérêt, vous savez que vous avez une
mensualité X à rembourser. Si, en cours de route, vous choisissez
d'équiper votre voiture, comme on dit, non pas à partir de vos
dépenses courantes et de vos revenus courants, mais en profitant du
même emprunt que vous avez fait, vous avez le choix soit d'ajouter un
montant, soit de renégocier votre emprunt et de l'étaler sur 30
mois plutôt que 24 mois pour que vos mensualités demeurent les
mêmes. Vous vous engagez tout simplement vous-même à faire
durer votre dette un peu plus longtemps et, dans ce cas-là, ce serait
1990-1991, ou vous prenez sur vous-même d'augmenter votre
mensualité pour respecter votre calendrier de 24 mois que vous vous
étiez originellement fixé.
Ce que la régie aura à faire, que ce soit pour 20 000 000
$ ou pour 80 000 000 $, c'est un raisonnement de cette nature-là. Ce
dont on nous informe, ce que les tableaux évoquent, c'est qu'il est
probable, en aggravant - j'emploie le mot le plus grave que je connaisse pour
décrire cette situation - c'est-à-dire en amplifiant le
déficit budgétaire pour la période 1985-1986 d'une
vingtaine de millions de dollars en 1985 et en 1986, que nous puissions - c'est
ça notre mensualité amplifiée, je dirais -nous en tenir
à notre calendrier de dix ans pour rembourser et payer le dossier
olympique, toit compris, quel que soit le toit que nous ayons choisi. Cela n'a
aucun effet sur les dépenses courantes en 1983 ou en
1984; cela ne fait qu'affecter davantage le crédit du
gouvernement comme endosseur de cette institution à une période
donnée de la courbe du déficit olympique, ou alors peut se
proposer le choix de ne pas incliner davantage cette courbe déficitaire
à cause d'investissements additionnels et, donc, de plutôt
étaler de 1991 jusqu'au printemps 1992.
Finalement, ce n'est qu'en bout de ligne que la facture additionnelle,
qu'elle soit de 20 000 000 $ ou de 80 000 000 $, sera assumée et non
pas, comme je l'ai affirmé hier, dans les années 1982, 1983 ou
1984. Ce sera au ministre des Finances de 1990 de réagir à
l'effet que la taxe sur le tabac, qui prévoit une rentrée de 182
000 000 $ - et cette croissance de la rentrée de la taxe sur le tabac se
fait par un calcul de 9% par année - peut, selon le cas où on a
fait un investissement moindre, s'avérer tout à fait suffisante
pour combler le déficit et donc, annoncer aux Québécois
que le 31 décembre 1990 tout est fini, tout est bâclé, ou
alors faire durer jusqu'à mars 1991, de trois ou de quatre mois
supplémentaires, la taxe qui rapportera à ce moment-là 71
000 000 $, soit à peu près le montant que signifierait, par
exemple, l'endossement d'une recommandation comme celle de la RIO ou celles qui
sont du même ordre.
Vous allez dire que je n'en finis plus de donner l'explication, mais
c'est parce qu'elle est capitale. Il est évident que si nous avons
l'indécence de dire aux Québécois que nous ne savons pas
ces choses et que nous transposons les choix que nous sommes en train de
délibérer aujourd'hui comme étant une pige directe dans
les besoins de la société québécoise, c'est un tout
autre débat que si nous leur disons: Ce dont on est en train de
discuter, c'est si la taxe sur le tabac va durer trois, quatre ou cinq mois ou
six mois de plus - allons-y pour six mois également - en 1990, sur
l'année 1991. Nous ne faisons qu'étaler nos paiements un peu plus
loin du fait que nous avons apporté des améliorations à
l'équipement dont nous nous sommes dotés à
crédit.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je voudrais juste
répondre, en deux minutes, à la thèse du financement
déficitaire que le ministre vient de nous expliquer. Si c'est le
raisonnement que le gouvernement suit, je comprends bien pourquoi nous sommes
dans de graves difficultés financières. D'ailleurs, je me demande
si M. Bérubé est d'accord avec ce raisonnement. De quelque
manière qu'on considère cela, une chose est certaine, endosser,
cela veut dire endosser conjointement et solidairement. Si moi, j'endosse
quelqu'un qui est sous la loi
Lacombe, cela veut dire que la banque vient chercher l'argent chez moi
et pas chez celui qui n'est pas capable de payer. On a établi que la RIO
n'est pas en mesure de payer cela, qu'il y a un déficit. Donc,
l'endosseur est autant responsable et, si la banque décide d'accorder
des prêts additionnels à l'avenir en étudiant l'état
financier de l'endosseur, elle va dire: M. l'endosseur, vous avez
endossé pour tant, je considère cela comme un débit sur
votre état financier. C'est bien connu dans le monde commercial.
Maintenant, autre point, c'est que...
Le Président (M. Jolivet): Sur la même chose?
M. Polak: Oui, sur la même chose. C'est qu'on parle d'un
montant de 54 000 000 $. Ce montant-là a été
autorisé et, si le gouvernement décidait de ne pas allouer cette
somme-là, je comprends très bien et je suis d'accord avec le
raisonnement qu'on ne pourrait pas prendre cette somme pour combler les trous,
disons, occasionnés par les coupures budgétaires de cette
année. Je comprends bien cela, mais cela ne veut pas dire que
l'année prochaine on ne pourrait pas rendre cette somme disponible pour
l'immobilisation dans d'autres secteurs qui sont peut-être beaucoup plus
primordiaux. Le ministre donnait l'exemple de l'homme avec l'automobile, qui,
en cours de route de son financement et de son paiement mensuel sur
l'automobile, décide d'équiper son automobile. Il y a un autre
emprunt et, donc, son paiement mensuel et un peu plus élevé. Moi,
je lui dirais: Au lieu d'équiper son automobile, il devrait
peut-être acheter des vêtements pour ses enfants qui en ont besoin.
Donc, c'est une question de priorité et de quelque manière qu'on
regarde cela, sur le plan économique, une chose est certaine, un
prêt, c'est un prêt.
Le Président (M. Jolivet): M. Saulnier.
M. Saulnier (Lucien): M. le Président, si on me permet
de...
M. Fortier: J'avais demandé la parole avant M. Saulnier.
Que je sache, c'est une commission parlementaire ici. Écoutez, le
commentaire que j'aimerais faire là-dessus est celui-ci. Je pense que,
dans ce que le ministre a dit, il y a beaucoup de vrai et beaucoup de faux.
Selon les hypothèses qui ont prévalu dans la préparation
du document qu'on nous a donné hier, il est bien certain qu'à
certaines années cela peut être déficitaire et que, si ce
l'est trop, à ce moment-là on aura le choix, comme le ministre
l'a dit, soit d'augmenter les versements, soit de prolonger la dette encore
plus longtemps.
La première remarque que j'aimerais
faire, c'est que personne ne peut lire l'avenir et, en admettant que les
gens qui ont préparé ce document sont compétents, ils ne
savent pas du tout l'évolution des taux d'intérêt dans
l'avenir. Il se pourrait fortement que les taux d'intérêt, qui
sont à la baisse maintenant, remontent dans les quelques années
qui viennent. Il se pourrait qu'ils soient beaucoup plus élevés
que les hypothèses qui ont été faites pour la
préparation de ce document-là et, en conséquence, il se
pourrait que les déficits, certaines années, soient plus
importants que ce que le document a indiqué.
Il est également vrai que, si on fait une dépense
additionnelle et si on emprunte plus que ce qu'on avait prévu, il y aura
un déficit additionnel. Maintenant, le ministre dit: Cela n'affectera
pas les revenus courants, du moins pour 1982. On s'entend pour dire qu'à
certains moments, selon les taux d'intérêt, selon les montants
additionnels qu'on empruntera et selon la véracité des
prévisions qui ont été faites pour finir le stade ou pour
d'autres formules, il se pourrait à ce moment-là, comme le
ministre des Finances a été obligé de le faire cette
année, qu'on dise: Nous devons augmenter les taxes sur le tabac. Ce que
j'ai dit hier, c'est que - tout le monde là-dessus va être
d'accord - si l'an dernier le ministre des Finances avait jugé que la
forme de financement du déficit olympique était satisfaisante, il
n'aurait pas eu à augmenter la taxe sur le tabac. Comme il
s'apprête très bientôt à envisager différentes
formules pour augmenter le fardeau des contribuables, il aurait pu, à ce
moment-là, utiliser cette marge de manoeuvre qu'il avait sur le tabac et
qu'il aura dans l'avenir. D'une part, il a déjà
empiété sur les revenus de l'État par le fait qu'il a
dû augmenter la taxe sur le tabac et, d'autre part, si les taux
d'intérêt devaient augmenter dans l'avenir, il se pourrait
également qu'il doive encore augmenter la taxe sur le tabac pour payer
ce déficit olympique.
Il est vrai qu'on pourra, à ce moment-là, dire: Nous
allons rembourser plus longtemps la dette olympique; au lieu d'augmenter les
versements mensuellement, nous allons l'allonger. Il reste - je crois qu'il
faut le réaliser en toute logique - qu'on s'endette pour nos enfants.
Que ce soit une date reportée dans l'avenir ou que ce soit une dette que
l'on paie maintenant, il reste que c'est une augmentation de la dette. Je crois
que c'est dangereux. Ceux qui auront à administrer la province en 1991,
en 1992 n'auront pas la marge de manoeuvre qu'ils auraient eue si la dette
s'était éteinte. C'est pour ça que je dis: II y a du vrai,
il y a du faux dans ce que le ministre dit. Il reste que personne ne peut
prédire la marge ou les taux d'intérêt qui accentueront le
déficit qui a été calculé dans le document qu'on
nous a remis hier. (10 heures)
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: Si M. Saulnier veut prendre la parole sur ce
sujet en particulier, j'aimerais autant lui laisser la parole et je reviendrai
ensuite avec la permission de la commission.
Le Président (M. Jolivet): M. Saulnier.
M. Saulnier: Un simple et très court commentaire, M. le
Président. Le ministre a parlé, avec raison, de l'impact sur le
crédit de la province. Je voudrais dire que, si les règles qui
sont appliquées par les commissions des valeurs mobilières, au
Canada, et par la Securities Exchange Commission, aux États-Unis, ne
sont pas changées, les prospectus du gouvernement du Québec
traitent déjà des engagements qui sont là. Dans un
prospectus, il faut tout déclarer: les engagements fermes, ceux en voie
de réalisation et les autorisations de dépenser. Or, elle a
été donnée et elle apparaît déjà dans
le prospectus. Je soutiens respectueusement encore une fois, que si les
règles n'ont pas été changées, celles que j'ai
connues, cela n'aurait aucun effet sur le crédit de la province, l'effet
ayant déjà été révélé.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: M. le Président, je pense bien que ce que
le ministre a tenté d'expliquer, c'est le mécanisme de
financement spécial du coût des installations olympiques et les
conséquences de ce mode de financement sur, comme on l'a vu hier, les
dépenses courantes du gouvernement; on a vu que, quelles que soient les
décisions que nous prenons de ce côté, cela n'a pas
d'influence sur les dépenses courantes du gouvernement. Quant aux
dépenses capitales, il faut comprendre que les emprunts que l'on fait
pour le Stade olympique n'ont pas non plus les mêmes conséquences
sur les dépenses capitales du gouvernement dans le cadre de ses budgets
réguliers, les hôpitaux, les commissions scolaires, les routes,
que les emprunts ordinaires qui apparaissent au budget.
D'ailleurs, les emprunts de la Régie des installations olympiques
ne paraissent pas au budget du gouvernement, pas plus que les emprunts
d'Hydro-Québec. Maintenant, il est évident cependant que ces
emprunts sont réels, qu'il faut les rembourser et qu'ils comptent dans
le total des emprunts publics au Québec, au même titre que les
emprunts d'Hydro-Québec ou que les emprunts des municipalités,
par exemple. Cela, c'est
certain.
Il faut bien se rendre compte que quand le gouvernement endosse, d'une
certaine façon, l'emprunt olympique, il n'endosse pas quelqu'un qui est
sous l'effet de la loi Lacombe, comme dirait le député de
Sainte-Anne. Si toutes les dépenses publiques étaient
financées de cette façon, je pense que le crédit de
n'importe quel État serait hautement recherché. On a
créé un fonds spécial, une taxe spéciale, dans une
loi, qui finance sur une période de dix ans, cet emprunt. De toutes les
dépenses gouvernementales, que ce soit au Québec ou ailleurs dans
le monde, c'est la forme d'emprunt la plus sûre et, dans ce sens,
l'endossement du gouvernement est le plus léger, d'une certaine
façon, puisqu'il y a une loi qui garantit des revenus bien
spécifiques pour payer l'emprunt.
Dans le cas du Stade olympique, comme le ministre l'a fait remarquer, la
cédule de remboursement a déjà été
établie en 1981 pour 1991 et comprend déjà les
crédits nécessaires pour le parachèvement du Stade. En
fait, on pourra...
Une voix: II y a un dépassement de budget.
M. de Belleval: II n'y a pas de dépassement de budget. On
pourra demander tantôt au trésorier de la RIO de l'expliquer, mais
en tout cas, c'est un point...
M. Fortier: Le ministre l'a dit tout à l'heure, ça
va coûter un peu plus que ce qui est dans le budget.
M. de Belleval: Je veux expliquer que ce n'est pas un point
négligeable, mais ce n'est pas un point essentiel...
M. Fortier: ...correction...
M. de Belleval: ...à ma démonstration, et on le
fera confirmer tantôt par le trésorier ou par M. Saulnier, qu'il
est prévu des sommes nécessaires, y compris le
parachèvement déjà proposé par la RIO dans sa
résolution d'il y a quelques jours, pour arriver à payer
l'ensemble de cette dette en mars 1991, plus ou moins. On pourra
vérifier la date exacte, mais c'est vers mars 1991. De toute
façon - c'est pour cela que je dis que ce n'est pas un point essentiel
à ma démonstration - il est évident que, si on ne
dépensait pas tous les montants déjà prévus dans la
cédule de 1981, on finirait de payer un peu plus tôt si on
maintenait le même système déjà établi en
1981. Il faut bien voir pourquoi il en est ainsi. D'abord, le
député d'Outremont disait: Cela dépend des
hypothèses. Oui, c'est vrai, cela dépend des hypothèses
qu'on fait sur les taux d'intérêt et aussi cela dépend des
hypothèses qu'on fait sur les taux d'inflation, parce que les deux sont
reliés, comme on le sait. Or, le ministre des Finances, avec le
"machiavélisme" qu'on lui connaît, a établi en 1981 une
taxe sur le tabac, qui est une taxe à la valeur, c'est-à-dire une
taxe qui existe...
M. Charron: M. le Président, je m'excuse - je sais bien
qu'on peut toujours se parler dans une commission - mais c'est une
réponse très précise à un argument du
député d'Outremont que le député est en train de
donner et qui est importante dans les circonstances. Quand le
député a évoqué les taux d'intérêt qui
peuvent monter, il y a aussi une chose qui peut se passer pendant ces dix
années et dont il faut tenir compte. C'est ce dont parle le
député de Charlesbourg.
M. Fortier: Je vous écoute, j'espère que vous ne
prendrez pas trop de temps. J'aimerais revenir au côté technique
également.
M. Charron: Oui...
M. de Belleval: On va y revenir, mais...
M. Fortier: J'espère que vous n'êtes pas en train de
noyer le poisson...
M. de Belleval: Non, ce n'est pas... Le ministre des Finances a
imposé une taxe sur la valeur, dans le cas du tabac, comme il l'avait
fait d'ailleurs pour le pétrole; c'est la fameuse taxe dans l'ascenseur,
comme il l'a lui-même indiqué, ce qui fait qu'effectivement, si
les taux d'intérêt sont plus élevés, c'est aussi
parce que les taux d'inflation sont plus élevés, et
effectivement, le prix des tabacs augmente et le revenu de la taxe, qui est
évidemment dans l'ascenseur de ces prix de base, augmente. Donc, il y
a...
M. Fortier: Tout le monde sait que les taux
d'intérêt sont plus élevés que l'inflation dans le
monde.
M. de Belleval: Tout ce que je veux répondre au
député d'Outremont, c'est qu'il se peut aussi que les
dépenses augmentent, à la suite de l'augmentation des taux
d'intérêt, mais, à ce moment aussi, il est vraisemblable,
pour dire le moins, et probable, pour dire le plus, compte tenu de la
décision du ministre des Finances, que les revenus augmenteront aussi.
S'il n'en a pas été ainsi dans le passé, parce que vous
faisiez remarquer que, dans le passé justement, cela ne s'était
pas produit, c'est que, premièrement, la taxe n'était pas dans
l'ascenseur, il s'agissait d'une taxe fixe; deuxièmement, le financement
par la
fameuse monnaie olympique qui était une composante essentielle du
financement établi par M. Garneau dans le temps, on le sait, n'a pas eu
le rendement prévu et le gouvernement fédéral, de ce
côté, a refusé de prolonger le programme de financement par
la monnaie olympique. Le trou de l'époque, c'était quelque chose
comme 300 000 000 $ de moins dans ce que la monnaie olympique a
rapporté. De ce point de vue, la réforme qu'a été
obligé de faire le ministre des Finances en 1981 est assise sur des
bases plus solides que l'ancien système. Tout cela pour dire qu'on est
en face d'un système en circuit fermé, ni plus ni moins,
où il y a une pompe d'alimentation qui est la taxe sur les tabacs, qui
elle-même est dans l'ascenseur. On a des dépenses qui sont
déjà prévues. Le tout doit aboutir, normalement, compte
tenu des hypothèses -je suis d'accord avec le député
d'Outremont mais enfin les meilleures hypothèses possibles, autour de
mars 1991, plus ou moins.
Comme je l'ai expliqué tantôt, ces emprunts ne sont pas
comptabilisés dans les emprunts bruts ou nets du budget du gouvernement.
De cette façon, ils n'affectent pas de la même façon les
dépenses gouvernementales internes pour fins d'immobilisation que s'il
en était autrement. Je pense que la nuance est quand même
importante. Il n'y a pas de transférabilité aussi automatique
entre les emprunts que l'on ferait de ce côté ou les emprunts
moindres que l'on ferait de ce côté que s'il s'agissait de
dépenses qui étaient faites dans le cadre du budget interne du
gouvernement. C'est dans ce sens que le ministre voulait tantôt qualifier
son information. Je pourrais juste illustrer, par un chiffre précis, ce
raisonnement. En mars 1982, quelles que soient les décisions que nous
prendrons ici, ou que le gouvernement prendra, plutôt -parce que ce n'est
pas nous qui prenons des décisions; c'est le gouvernement de ce
côté-là - dans quelques semaines, il n'y aura aucun
changement quant au programme de financement déjà prévu
l'année passée.
En mars 1983, supposons que c'est la solution minimale qui est
acceptée, c'est-à-dire qu'on laisse le toit non couvert et qu'on
s'embarque dans un programme de dépenses d'environ 20 000 000 $, plus ou
moins...
Une voix: 10 000 000 $.
M. de Belleval: Mettons 10 000 000 $ , cela ne changera...
Une voix: ... un toit qui nous tombe sur la tête.
M. de Belleval: ... d'ailleurs pas les chiffres de façon
appréciable, mais peu importe.
M. Polak: Enlevez 8 700 000 $, à l'intérieur du
mât.
M. de Belleval: En tout cas, plus ou moins. Le
député de Sainte-Anne peut-il me laisser continuer? Disons 20 000
000 $, ce qui est l'hypothèse minimale pour l'instant; prenons ce
chiffre comme hypothèse. Le déficit du fonds, comme on l'a dit,
continue jusqu'en 1986 et, à partir de 1986, les rentrées de
taxes feront que le déficit se résorbera jusqu'en 1991.
En 1983, le déficit passe de 108 000 000 $, dans le cas d'une
dépense minimale de 20 000 000 $, à 138 000 000 $, dans le cas de
la proposition de la RIO, le concept Taillibert modifié,
c'est-à-dire des dépenses supplémentaires de 70 000 000 $.
Il y a une différence au point de vue des emprunts, cette
année-là, de 20 000 000 $. C'est en 1983.
Ce n'est pas le gouvernement, c'est la RIO qui emprunte, comme si Hydro
empruntait. Ce ne sont pas des emprunts nets du gouvernement, cela
n'apparaît pas au budget du gouvernement. C'est cependant dans les
emprunts publics de l'État québécois, de la même
façon que si c'était une municipalité qui empruntait;
aussi, cela entre dans la dette publique des Québécois au sens
strict. Est-ce qu'on peut dire à ce moment-là que ces 20 000 000
$! supplémentaires, entre l'hypothèse minimale de 20 000 000 $ et
l'hypothèse maximale actuelle qui est celle de la RIO de 70 000 000 $,
le gouvernement pourrait les emprunter, par exemple, à la place de la
RIO pour investir dans un hôpital ou dans cinq ou six milles d'autoroute
supplémentaires? C'est un peu la question qu'on pourrait se poser. La
réponse, à mon humble avis, c'est non, il n'y pas de vases
communicants entre ces deux types d'emprunts. Au total, surtout compte tenu
qu'on est dans un circuit fermé, comme je l'ai expliqué
tantôt, où il y a des sources de revenu directement
affectées par une loi au remboursement de ces emprunts, les
capacités d'emprunt du secteur public québécois ne
seraient pas affectées par cette différence de 20 000 000 $. On
pourrait reprendre le raisonnement comme cela pour toutes les années et,
à mon humble avis -enfin je ne veux pas me poser en expert sur le plan
financier, loin de moi cette idée -selon le peu d'expérience que
je peux avoir là-dedans - on pourra toujours demander des avis
supplémentaires - cela n'aura pas une grosse influence, effectivement,
sur les capacités d'emprunts totaux ni du gouvernement, ni du secteur
public québécois. Il n'y a pas de "transférabilité"
entre ce plus ou moins grand emprunt de la RIO et les emprunts du gouvernement
pour ses propres fins. (10 h 15)
Ce que je soupçonnerais plutôt qu'il arriverait, c'est que
l'activité économique induite par cet emprunt en 1883 et en 1884,
c'est-à-dire que les constructions qui se feraient sur le Stade
olympique, ne seraient pas faites, que cet argent-là ne serait pas
investi ailleurs et que, par conséquent, l'activité
économique totale de cette année-là au Québec
serait réduite d'autant. Il y aurait 400 chômeurs de plus
puisqu'on prévoit que ces travaux-là vont créer de
l'emploi pendant trois ans pour 400 personnes.
Le député d'Outremont dit que l'investissement serait fait
ailleurs. Il a le droit de le dire, mais j'essaie, M. le
Président...
M. Fortier: N'essayez pas de nous convaincre, vous ne
réussirez pas, mais essayez!
M. de Belleval: Je n'essaie pas de convaincre le
député d'Outremont, j'essaie, pour...
M. Fortier: De la façon dont vous administrez la province,
vous n'y réussirez pas.
M. de Belleval: Un instant! Voulez-vous me laisser finir, s'il
vous plaît?
M. Fortier: Oui, allez-y.
M. de Belleval: Je n'essaie pas de convaincre le
député d'Outremont, je ne plaide pas une cause, j'essaie, pour
les observateurs, pour les journalistes qui nous écoutent, pour les gens
qui liront ces débats, d'expliquer le mieux possible, le plus
objectivement possible - si c'est possible pour un homme politique d'être
objectif, en tout cas, peu importe - de faire le plus objectivement possible la
démonstration et de donner une opinion que je veux la plus humble et la
plus personnelle possible, que, pour prendre l'exemple que j'ai donné,
en mars 1983, les 20 000 000 $ dont il est question ne seraient pas investis
ailleurs, à mon avis, qu'il n'y a pas transférabilité
entre ces fonds et les budgets d'investissement du gouvernement pour ses fins
propres ou pour les fins d'Hydro-Québec ou pour les fins d'une
municipalité.
N'oublions pas qu'on est dans le cadre des emprunts du secteur public et
non pas dans le cadre des emprunts stricts du gouvernement, il n'y aurait pas
de transférabilité, l'investissement ne se ferait pas, il y
aurait tout le tableau que nous a présenté M. Saulnier hier sur
les effets induits de ces investissements-là qui ne se produiraient pas
et il y aurait un nombre approximatif d'environ 400 personnes qui ne
trouveraient pas l'emploi dont il est question sur les trois ans. Il y a
environ 1000 emplois sur trois ans, c'est-à-dire à peu
près 300 ou 400 par année en moyenne.
Ces gens-là ne seraient pas employés, autrement dit, c'est
ça que ça veut dire. Ceci étant dit, vous allez me dire:
Oui, mais, à un moment donné, il va falloir écoper, parce
que c'est trop beau, ce que le député de Charlesbourg vient de
nous dire. Il est en train de nous dire qu'il est en train de créer
quelque chose avec rien et que si on ne le fait pas, c'est mauvais et il est en
train de nous expliquer qu'on a tout intérêt à s'endetter
et qu'on n'a pas besoin d'écoper au bout. Ce n'est pas ça que je
dis et ce n'est pas ça que le ministre a dit.
Oui, il va falloir payer, oui, il va falloir écoper à un
moment donné. Pas en 1982, pas en 1983 ou en 1985. Pas dans le cadre de
dépenses réduites du gouvernement pour le fonctionnement des
hôpitaux ou des commissions scolaires. Pas plus - j'ai essayé de
le démontrer, je sais que le député d'Outremont ne sera
pas d'accord, mais j'ai essayé de le démontrer - non plus...
M. Fortier: M. le Président, question de
règlement.
Cela fait dix fois que le député se répète.
Est-ce qu'il y aurait moyen d'arrêter le débat là-dessus et
de revenir à nos moutons?
M. de Belleval: Je termine, M. le Président, pour ne pas
taxer davantage...
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre... Juste un instant! Ce n'est pas une question de règlement.
M. Paquette: M. le Président, voulez-vous rappeler le
député d'Outremont à un peu de patience...
Le Président (M. Jolivet): Je pense que je n'ai pas...
M. Paquette: ... le député de Charlesbourg a droit
à ses 20 minutes comme tout le monde.
M. de Belleval: Je vais atterrir rapidement, M. le
Président, je vous le promets.
Le Président (M. Jolivet): Simplement pour clarifier la
situation, je n'ai pas à déterminer si la personne se
répète ou pas. Je pense que la personne a droit à ses 20
minutes et je dois simplement assister à la discussion.
M. de Belleval: Je termine, j'atterris le plus rapidement
possible, M. le Président, parce que je veux être gentil aussi
avec le député d'Outremont.
Comme je venais de le dire, ça n'aura
pas d'influence non plus sur... On n'écopera pas au niveau des
dépenses capitales du gouvernement, mais, en 1991, plus ou moins trois
ou quatre mois, le ministre des Finances du temps n'aura pas tout à fait
la même décision a prendre, selon la décision que nous
allons prendre aujourd'hui ou que le gouvernement prendra plutôt dans
quinze jours ou trois semaines. Et, au fond, je trouve que la discussion qu'on
a est bonne de ce point de vue là parce que c'est rare que les hommes
publics se posent des questions sur ce qui va se passer, sur l'influence des
décisions qu'ils prennent, sur les décisions d'un ministre des
Finances dans dix ans.
Je pense que c'est ça, finalement, le fond de la question. Selon
la décision que le gouvernement va prendre durant les quinze prochains
jours, le ministre des Finances de 1991 ou 1990-1991 ne sera pas dans la
même situation, et je termine ma démonstration de la façon
suivante: en 1990 ou 1991, dans l'hypothèse ou on accepte la proposition
de la RIO, en mars 1991, la taxe sur le tabac sera utilisée au rythme de
155 000 000 $ pour finir d'éteindre la dette olympique. Si on prend
l'hypothèse de 30 000 000 $ de dépenses supplémentaires,
en mars 1991, la taxe sur le tabac sera utilisée au rythme de 71 000 000
$ pour éteindre la dette olympique. Il y a une différence,
à ce moment-là, d'environ 80 000 000 $. À ce
moment-là - je rejoins le député d'Outremont - la marge de
manoeuvre du ministre des Finances de 1991 va être réduite ou
augmentée... J'ai pris l'hypothèse de 30 000 000 $.
M. Fortier: Continuez votre raisonnement.
M. de Belleval: J'aurais pu prendre l'hypothèse de
zéro million, je donne un exemple. L'important, c'est qu'on saisisse
l'ordre de grandeur des chiffres et le mécanisme qui est en cause. Donc,
en mars 1991, dans cette hypothèse, la marge de manoeuvre du ministre
des Finances sera augmentée ou réduite d'environ 80 000 000 $. Je
ne dis pas que c'est insignifiant, je ne dis pas qu'on doit s'en foutre, mais
c'est la réalité. Si on veut raisonner d'une façon
correcte, c'est comme ça qu'il faut le faire. Je pense que ça ne
diminue pas l'importance de la décision qu'on a à prendre,
ça ne nous ravale pas au rôle de dire: Y a rien là! La
question n'est pas là. Il y a quelque chose là, c'est cela, pas
plus mais pas moins. C'est ce que je voulais dire, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Tout le monde sait, au moins des deux
côtés de la table, qu'on a un caucus ce matin. J'ai même
été critiqué d'avoir accepté la réunion
d'aujourd'hui. On aurait peut-être dû insister sur jeudi mais, en
tout cas, pour collaborer, on a accepté, mais vraiment, on devrait s'en
tenir aux questions à poser aux témoins qui sont venus ici. Il y
a encore des choses à étudier et je pense que c'est l'intention
de tout le monde d'essayer de terminer ce matin, si on le peut. Donc, je
demande poliment à tout le monde de faire sa part.
M. Charron: Moi, je le veux bien, je vais tout faire pour
accommoder la réunion de mes collègues, les libérer
dès midi, mais à une condition, que cette réunion
très importante que vous avez, que nous sommes prêts à
respecter, ne fasse pas que nous escamotions cette question que nous sommes en
train de régler.
M. Fortier: Non, non, on n'escamote pas.
M. Charron: Le député d'Outremont dit: Je ne veux
pas escamoter les questions techniques à poser à nos
invités. Moi non plus. En ce qui me concerne, cette commission pourrait
travailler cet après-midi et ce soir; si elle ne le fait pas, c'est
à votre demande.
Une voix: On peut revenir jeudi.
M. Charron: Je peux vous donner une information très
précise. Je l'ai dit au tout départ, ce dont on parle là,
ce ne sont pas des détails, c'est le fond même de la question.
C'est sûr que si on a déjà décidé
d'enfourcher le cheval de la croisade en faisant semblant qu'on ne sait pas
tout ce que nous avons mille fois répété et appris ici et
en disant, même pour les 12 000 000 $ de l'option Sainte-Anne, que ces 12
000 000 $ sont pris dans la bouche des personnes, qu'on va les voler dans leur
poche, si on a déjà décidé de tenir ce langage,
contrairement à la réalité, c'est bien évident que
la discussion qu'on a présentement est achalante et paraît
pénible.
M. Fortier: Ce n'est pas cela, le problème, M. le
ministre.
M. Charron: Si ce n'est pas cela, le problème, alors,
c'est quoi?
M. Fortier: Le problème est que vous aviez le droit ce
matin, en tant que ministre, de faire une correction. Il semblerait que vous
vouliez faire une correction. Ce que je déplore, c'est qu'on avait
discuté de ce sujet et on avait quasiment fait l'unanimité et
vous avez cru bon revenir pour faire une remarque. M. de Belleval...
M. Charron: On ne fait pas l'unanimité là-dessus,
là?
M. Fortier: Non, dans le moment, on ne la fait pas. On pourrait
continuer et le faire indéfiniment.
M. Charron: Alors, continuons le débat, allons voir les
différences.
M. Fortier: Écoutez!
M. Charron: C'est important, les Québécois veulent
le savoir.
M. Fortier: De toute façon, quel que soit le mode de
financement, il reste qu'il faut choisir différentes formules de
réalisation du stade.
M. Charron: Très bien, ça, c'est l'ampleur.
M. Fortier: Et, M. le Président, rappelez-moi à
l'ordre si je n'ai pas raison, mais on avait convenu d'une certaine
façon de procéder et le ministre a cru bon, en arrivant ce matin,
de faire une remarque. Je crois qu'aussitôt sa remarque terminée -
vous auriez peut-être dû terminer le débat - on aurait
dû continuer selon l'ordre du jour que nous avions établi.
Il avait été convenu, selon l'appel que nous avons eu, que
nous allions siéger uniquement hier et nous avions un caucus
aujourd'hui. Nous avons accepté de venir ce matin pour faciliter les
choses à tout le monde, mais je me rends compte que, dans le moment, les
députés du parti au pouvoir cherchent à faire
traîner le débat sur cette question. Tout le monde a compris les
arguments du ministre, les arguments de l'autre député. Ils ont
compris les arguments qu'on a mis de l'avant et je ne crois que si on continue
ce débat encore pendant trois heures, on facilite la
compréhension des choses par les journalistes et par le public.
Je propose que l'on revienne à l'étude des
différentes options et je crois que c'était là l'essence
même de la commission parlementaire, qu'on revienne à
l'étude des différentes options. C'est la raison pour laquelle
nous avons tant d'invités qui sont là. On peut discuter de la
question financière sans la présence de nos invités. Mais
étant donné que nous avons nos invités, il me semble qu'on
devrait prendre avantage de leurs connaissances pour comprendre davantage les
conclusions qui sont dans le rapport de la SEBJ.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, ce ne sera pas très
long. Je pense que c'est regrettable que l'Opposition ne puisse pas nous dire
en quoi elle est en désaccord avec l'analyse qu'on fait de l'impact de
cet investissement ou de ne pas faire cet investissement sur les autres aspects
de l'activité gouvernementale, on ne le sait pas. C'est malheureux. Ceci
dit pour bien montrer aux députés de l'Opposition qu'au contraire
on a hâte de regarder les questions techniques. Je proposerais
également qu'on passe à ce sujet.
M. Charron: ...volontiers à cela, M. le Président,
mais je voudrais succomber quand même à l'envie d'avoir une
dernière clarification qui est laissée une patte en l'air et qui
est importante: l'autorisation des 65 000 000 $ dont 11 000 000 $ ont
été dépensés jusqu'ici, les 54 000 000 $
autorisés et non engagés à ce moment-ci. Est-ce que, oui
ou non, ils sont déjà comptabilisés dans ce tableau que
nous avons? C'est assez important à savoir. Avant de regarder les
options, parce qu'il y a des options qui vont entrer directement dans les 54
000 000 $. S'ils sont déjà là, alors on pourra dire que
c'est le tableau exact. Tout ce dépassement des 54 000 000 $, c'est de
10, de 15 ou de 20, comme le suggère la RIO, c'est important. C'est la
dernière clarification sur l'aspect financier, mais je vous jure qu'on
va y revenir, par exemple. Il ne faut pas permettre n'importe quelle
démagogie autour de ce débat. Mais cela relève d'une
clarification que je souhaiterais avoir avant qu'on regarde les
possibilités et qu'on passe aux questions techniques.
Le Président (M. Jolivet): M. Saulnier.
M. Saulnier: À savoir si les 54 000 000 $ sont compris
dans les tableaux? Oui, sûrement.
M. Charron: Ils sont là? M. Saulnier: Ils sont
là.
M. Charron: Donc, tout choix qui viendrait avec un montant, je
crois que sur les six dont on a parlé hier, il y en a deux qui sont,
théoriquement en tout cas, inférieurs à 54 000 000 $,
c'est le stade non couvert à 21 000 000 $ et l'hypothèse Boulva
à 50 000 000 $. Donc, il entrerait juste dans l'enveloppe qui reste. Les
autres sont des dépassements et ce sont les autres, n'importe lequel des
quatre autres, je crois, qui exigerait un ajout au financement que nous avons
déjà.
M. Saulnier: Exactement.
M. Charron: Très bien M. le Président, je suis
prêt à passer aux questions techniques.
M. Fortier: Une question technique. Pas technique, plutôt
financière, étant donné votre expérience au Conseil
du trésor, si je me souviens bien. Est-ce que je peux poser la question
à l'effet que, même s'il y a eu une autorisation donnée
à une société comme celle-là, le gouvernement a le
pouvoir de rescinder ces autorisations?
M. Charron: Bien sûr.
M. Fortier: Bon merci, c'est tout ce que je voulais savoir.
M. Charron: Ne faites pas le "smart" avec une question de ce
genre-là. Je veux juste savoir si elle est prévue, si elle est
incluse. Vous avez besoin de le savoir vous aussi, à moins que vous vous
preniez pour un autre, comme depuis le début de la commission. Ce n'est
pas important pour vous de le savoir?
M. Fortier: Bien oui, cela me fait plaisir de le savoir.
M. Charron: C'est bien évident que le gouvernement
pourrait retirer les 54 000 000 $ en question, ce n'est pas cela la question
que j'ai posée. Je veux juste savoir si le gouvernement, les ayant
autorisés, la RIO, dans son programme de financement autorisé par
le ministre des Finances du Québec, qui est là, a tenu compte de
cette autorisation-là. Ils nous disent oui. Cela ne vous
intéressait pas de le savoir?
M. Fortier: Bien oui, je voulais faire préciser ce
détail pour les journalistes, justement, qui le savent également.
Mais je pense que là, on a toute l'information que l'on désire,
on peut continuer. Merci.
M. de Belleval: M. le Président, juste une seconde, quand
même, puisque la question m'avait été posée. Je
pense que j'y avais d'ailleurs répondu implicitement à savoir
qu'effectivement, oui, si la décision gouvernementale était de ne
pas autoriser la RIO à continuer avec son projet, si cette
décision était là, cela aurait effectivement pour effet,
comme je l'ai expliqué tantôt, d'augmenter la marge de manoeuvre
du ministre des Finances, en 1991...
M. Charron: De 54 000 000 $ (10 h 30)
M. de Belleval: ... d'environ 80 000 000 $, Au lieu d'utiliser
155 000 000 $ de la taxe olympique, il n'en utiliserait à ce
moment-là que 71 000 000 $.
M. Charron: Autrement dit, M. le Président, pour conclure
là-dessus - le député d'Outremont me dira s'il est
d'accord avec moi - comme le gouvernement a le pouvoir de retirer son
autorisation de dépenser, s'il le faisait à ce moment-ci, cela
aurait pour effet de remettre une disponibilité dans les mains du
ministre des Finances de 1990-1991 que celui-ci n'aura pas en 1990-1991 si le
gouvernement décide de maintenir son autorisation de dépenser 54
000 000 $.
M. Fortier: On s'entend là-dessus. M. Charron:
Très bien.
M. Fortier: Avec la réserve que, si les revenus
n'étaient pas suffisants, il se pourrait qu'avant 1990 le ministre des
Finances doive intervenir pour accroître les revenus de la régie
ou du fonds olympique.
M. Charron: Et l'inverse aussi.
M. Fortier: L'inverse n'est pas vrai, parce qu'il y a un
engagement jusqu'à 1990.
M. Charron: Non, mais si la taxe sur la valeur ajoutée sur
le tabac, qui est calculée à une indexation de 9%,
s'avérait plus élevée, cela permettrait de régler
plus vite la dette aussi.
M. Fortier: En 1989. M. Charron: En 1989.
Le Président (M. Jolivet): Tout ceci étant dit, au
moment où nous nous sommes quittés hier soir, il y avait le
député d'Outremont qui terminait son intervention; le
député de Gouin sera le suivant.
Le rapport d'Europétude
M. Fortier: J'aurais juste un point de règlement. Le
ministre, hier, a fait allusion à la lettre d'Europétude de mars
1976. Selon nos règlements, est-ce que je peux demander qu'il
dépose cette lettre en commission? Parce que je n'en ai pas une copie et
j'aimerais l'avoir. Le ministre a dit que c'était un document
public.
M. Charron: Oui, il a été déposé pas
sur le plancher, mais sur la table de l'Assemblée nationale, le 18 juin
1980.
M. Fortier: Est-ce que vous auriez l'amabilité d'en faire
faire des copies pour nous? Parce qu'il a été rendu public, vous
dites, il y a six mois?
M. Charron: Le 18 juin 1980.
M. Fortier: D'accord.
M. Charron: Déposé sur la table de
l'Assemblée nationale.
M. Fortier: Ce qu'on m'a dit, c'est que les membres de la
commission Marsan n'avaient pas eu connaissance de ce sujet et je me pose la
question: S'ils avaient eu ce document en leur possession, quelle aurait
été leur conclusion? Je me demande pour quelle raison le document
n'a pas été rendu public avant la date que vous venez de
donner.
M. Charron: Je peux bien vous répondre à ça.
Je trouve extrêmement grave, moi aussi, que les décisions
préalables à la RIO aient été prises sans que ce
document lui ait été communiqué. Quand il nous a
été communiqué, nous l'avons rendu public. Je suis
parfaitement d'accord avec vous.
M. Fortier: II était en la possession de qui?
M. Charron: II était dans les dossiers de la Régie
des installations olympiques depuis 1976, puisqu'il s'agit d'une note qui
était là.
M. Fortier: II semblerait que les gens qui ont fait le rapport
Marsan n'étaient pas au courant de ce document. Est-ce que cela se
pourrait?
M. Charron: Cela se pourrait certainement. Il semble même
que c'est la vérité.
M. Fortier: Je vous remercie.
M. Charron: C'est un document qui, au moment où le
comité Marsan a travaillé, n'est pas tombé entre ses
mains. À moins que les gens de la régie n'aient une information
additionnelle à donner.
M. Fortier: Est-ce qu'on pourrait en avoir des copies, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Jolivet): Comme il n'y a pas de
dépôt, le ministre peut en faire une distribution.
Sur la question, M. Saulnier.
M. Saulnier: J'aimerais seulement faire une précision. Le
document en question - on m'informe ici et j'ai toutes les raisons de croire
que le renseignement est exact -n'était pas dans les dossiers de la
régie jusqu'en 1979. C'est peut-être ce qui explique que ce n'est
qu'en 1980 qu'il a été rendu public.
M. Fortier: Où était-il, M. Saulnier? Vous l'avez
eu de quelle origine?
M. Saulnier: J'enchaîne un peu avec ce que j'ai dit hier;
c'est la recherche à laquelle nous nous livrons présentement.
M. Fortier: Comment ce document vous est-il parvenu? Par hasard
ou dans une enveloppe anonyme?
M. Saulnier: Dans un rapport qu'on a eu en mai 1979.
M. Fortier: Qui venait de quel endroit? M. Saulnier:
D'Europétude.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gouin.
Diverses possibilités (suite)
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir
à la question que j'avais commencé à adresser hier au
président de la RIO. Je voudrais aussi entendre une réponse du
président de la SEBJ sur cette question. Dans l'alternative qui est
retenue par la Régie des installations olympiques, on lit, à
l'article 4, construction du mât, la phrase suivante: "La solution de la
régie implique la reprise des travaux de construction du mât
jusqu'au niveau 565 pieds et 7 pouces." C'est une affirmation qui est faite,
qui n'est pas infirmée par les analyses de la SEBJ dans le document que
nous avons lu, dans la lettre qui accompagnait ce document. On a eu l'occasion,
depuis la publication de ce rapport, de lire dans les journaux - je crois que
c'est dans le journal La Presse que j'ai lu ça - une affirmation de M.
Jean-Claude Marsan, qui avait présidé le comité Marsan,
à l'époque, sur les choix qui avaient été
utilisés en 1977 ou 1978. Quant à lui, on pourrait
réaliser la même choix en limitant le niveau du mât à
465 pieds. J'aimerais savoir, d'une part, du président de la RIO
pourquoi on ajoute 100 pieds et qu'on nous explique techniquement pourquoi vous
considérez qu'on ne peut pas se limiter à 465 pieds pour
réaliser le projet que vous avez retenu finalement.
J'aimerais aussi connaître l'expertise technique de la SEBJ qui
l'a amenée à confirmer cette thèse.
M. Saulnier: Je vais donner une courte réponse à
deux volets. Lorsque la direction de la construction et de l'entretien de la
régie a imaginé, à partir du rapport de la SEBJ, la
solution d'attacher les câbles à l'endroit qui avait
été prévu originalement, les professionnels de cette
direction se sont tout de suite posé la question: Est-ce qu'en
même temps il n'y aurait pas lieu de descendre un peu plus bas? Cette
option a été rejetée pour la raison technique suivante,
que je résume, dans les mots d'un non-instruit: comme on disait
déjà, ça change la
tension dans les câbles et ça amène des efforts
additionnels sur les consoles du stade, des efforts que les consoles ne peuvent
pas supporter, au terme des études qui ont été faites.
Le deuxième volet, toujours à partir du raisonnement d'un
non-instruit, est le suivant. J'ai bien dit hier que le mât était
plutôt un treuil; si on avait commencé, dès le
début, à employer des termes plus justes, il y aurait
peut-être moins de confusion. Comme la jupe, par exemple, c'est un terme
poétique, cela n'a aucune espèce de rapport avec l'appareil qui
sera là un jour. Le voile avant, c'est également un terme
poétique, parce que c'est un mur portant. Mais je reviens au treuil,
c'est un treuil et il est dessiné, tout le monde a vu le dessin, pour
venir au-dessus du stade, comme un treuil, par exemple, sur un camion-remorque,
pour lever un poids, a savoir empêcher la chute libre d'une charge. Il
est bien évident que, si les câbles du treuil sont dans une
position qui tend vers l'horizontal, ça n'aura pas pour effet de lever
le poids, mais de le tirer.
Or, comme il est fixé aux autres extrémités, il est
bien évident qu'à ce moment-là, à la rigueur, le
pis qui peut arriver, c'est que le mât ou le treuil va casser ou les
consoles vont céder. Il faut donc que ce soit comme un treuil pour
lever, et c'est un appareil de levage. C'est pourquoi je me suis rendu
facilement aux arguments des experts de la régie. J'ajoute un
raisonnement simpliste, mais qui me paraît valable.
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté.
M. Laliberté (Claude): Je pense que l'occasion est
excellente pour discuter un peu plus en détail de cette fameuse solution
qu'on a mentionnée appelée TLS. Première clarification sur
la première partie de la question du député, dans le
communiqué de presse de la RIO, on mentionnait une
élévation, je pense que c'était l'élévation
565. Or, après accord de la RIO, dans la lettre du 7 octobre que j'ai
écrite, nous avons été plus spécifique et avons
ajouté: Comprenant le plancher PCME supportant les poulies au point
d'arrivée. Je pense qu'on est tous conscients que si on variait,
même de quelques pieds, ce point d'attache, en quelque sorte, des appuis,
l'analyse statique que la SEBJ avait complétée jusqu'à
cette date devrait être modifiée, évidemment. Or, pour le
moment, on a voulu s'assurer auprès de la RIO qu'ils étaient
d'accord avec cette réalité.
La deuxième partie de la question du député, c'est
plus bas. Cela nous amène à discuter, comme vient de le faire le
président de la RIO, de cette fameuse solution de TLS qui elle, parlait
de l'élévation 108 ou 463...
M. Verganelakis (Vassili): M. le Président, ce serait bien
d'expliquer comment cette machine fonctionne. La toile est suspendue à
25 points au mât et elle est attachée à 17 points sur la
console. Quand on descend la toile, les câbles qui sont attachés
sur les consoles du Stade tirent la toile, tandis que les treuils qui sont au
niveau supérieur, le PCME, relâchent la toile. Une fois que la
toile est dans sa position finale, elle est lâche encore. On bloque tous
les vérins sur les 17 consoles périphériques, et
là, on tire sur les câbles pour donner une pré-tension.
Ainsi, le câble tire sur la toile et en même temps, comme la toile
ne serait jamais capable de résister à cet effort, il y a un
câble qui relie cette pointe à la console du Stade. Comme cela,
quand on va soulever la toile, on relâche les 17 points
périphériques et on commence à tirer. Le poids de la toile
arrive par ces câbles aux consoles et à la toile elle-même.
Si on descend le point d'attache plus bas à n'importe quel point, vous
êtes d'accord avec moi que vous allez augmenter énormément
les forces horizontales, c'est-à-dire la force qu'on tire des consoles
et de la toile. La toile ne sera plus capable de prendre ses forces, et la
même chose, pour les consoles.
M. Fortier: Dans l'alternative de la RIO où la toile n'est
pas levée et abaissée, est-ce que vous avez toujours un treuil?
Vous n'en avez pas besoin. À ce moment, cela va être fixe.
M. Verganelakis: C'est fixe, mais le système demeure le
même. On est toujours attaché en haut. On donne toujours la
prétension à la toile parce que autrement la toile serait
lâche et bougerait avec le vent. Comme cela, le système est
exactement le même, sauf qu'on enlève tout le treuil
supérieur qui tire la toile. Le système statique de la toile
demeure le même.
À la SEBJ, on a fait une étude avec le système TLS
que le président de la SEBJ a mentionné. Au niveau 108, qui est
à peu près 424 pieds, c'est une proposition de deux citoyens qui
ont dit: Ce n'est pas nécessaire de mettre la toile au niveau 565, mais
on la descend là. On a trouvé que les efforts dans le câble
sont augmentés d'un facteur de 3 à 4. On sait qu'aujourd'hui, les
câbles sont à la limite acceptable plus ou moins. En plus, les
consoles ne seraient plus capables de tendre cette force horizontale. Est-ce
que j'ai répondu à votre question?
M. Laliberté: Justement, la notion architecturale qui a
été soulevée par le président de la RIO est
complètement délaissée dans un contexte comme
celui-là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gouin, cela va?
M. Rochefort: Une autre question au président de la
Régie des installations olympiques qui, d'une certaine façon,
peut être reliée à la question qu'on vient de regarder
ensemble. À première vue, j'ai été surpris lorsque
la recommandation de la RIO n'était pas la recommandation de
l'alternative qui était la moins dispendieuse à partir du moment
où on décidait de couvrir. J'exclus celle de terminer le stade
tel qu'il est sans le couvrir. Quels sont les motifs qui vous ont amenés
à proposer une solution qui n'était pas la moins coûteuse
dans l'hypothèse où on couvrait le toit du stade?
M. Saulnier: J'ai personnellement risqué un jugement
qualitatif sur le projet en question, à savoir que nous
considérions -enfin, je le considérais - au point de vue
architectural, relativement désastreux. (10 h 45)
Hier, j'ai peut-être expliqué un peu trop brièvement
les raisons pour lesquelles ce jugement a été porté. D'une
part, il faudrait installer trois poteaux de 350 pieds de hauteur, de 20 pieds
de côté par 40 pieds, dont un serait dans le centre de la rotonde
qui est ce que je pourrais appeler l'entrée de grand luxe,
l'élément le plus significatif et important pour le mouvement des
personnes. Aller placer en plein centre un obstacle comme celui-là,
toute la circulation piétonnière qu'il y a là-dedans est
bouleversée. Je ne parle pas de l'esthétique, mais, au point de
vue pratique, il y a un problème très grave.
C'est également au-dessus de l'entrée du stationnement P5,
celui qui est le plus rentable. Il faudrait concevoir une autre entrée,
possiblement perdre des espaces, non seulement possiblement, sûrement
perdre des espaces de stationnement. Voilà une autre raison d'ordre
pratique qui nous fait écarter le projet.
Je vais ajouter une raison additionnelle. Comme tout le monde le sait,
j'ai passé presque vingt ans à l'administration des affaires de
la ville de Montréal; j'ai pris un intérêt assez
marqué pour l'aménagement du territoire de la ville et il existe
dans la charte de Montréal des dispositions assez particulières
qui donnent au comité exécutif et au conseil de ville de
Montréal des pouvoirs d'empêcher ce qui pourrait être
considéré comme des horreurs. Je ne dis pas que cela en est, mais
cela pourrait être considéré, par les autorités
municipales, les urbanistes de la ville, comme des horreurs.
On accepterait...
M. de Belleval: Comme, par exemple, une exposition sur la rue
Sherbrooke.
M. Saulnier: Peut-être, oui. Je rappelle une
réalité. Allons au pire. La régie aurait accepté
cette solution et serait allée demander un permis de construction
à la ville. Les chances seraient - je le dis, parce que je pense que
ceux qui sont en place maintenant n'ont pas perdu certaines notions qui
étaient prédominantes dans nos préoccupations
d'aménagement urbain à l'époque - que le comité
exécutif décrète un gel de 90 jours avant
l'émission du permis et, pendant ces 90 jours, comme la loi le lui
permet, le conseil changerait le règlement pour empêcher une
construction comme celle-là.
M. Rochefort: Autrement dit...
M. Charron: ... le faire démolir pendant la nuit
aussi.
M. Saulnier: Peut-être, oui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Autrement dit, vous croyez que le maire de
Montréal aurait refusé de couvrir le toit dans ces
conditions?
M. Saulnier: En fait, je ne vais pas jusque-là; je dis
que, si j'avais été en place, j'aurais sûrement
recommandé au comité exécutif de geler les permis et
j'aurais recommandé au conseil de modifier le règlement et
d'interdire une telle construction.
À l'époque - je pense que cela n'a pas dû changer
tellement - le maire de Montréal aurait été d'accord avec
moi.
M. Rochefort: Une question à M. Laliberté, de la
SEBJ. Compte tenu des remarques que M. Saulnier vient de faire, excluant celles
qui sont plutôt montréalaises que techniques, est-ce que vous avez
regardé la possibilité d'imaginer une solution, à partir
de l'hypothèse Boulva, qui aurait éliminé un certain
nombre d'obstacles? Par exemple, je présume que c'est la tour au milieu
des trois qui arrive dans la rotonde et dans le stationnement P5.
M. Saulnier: Les deux autres aussi, M. le
député.
M. Rochefort: Les trois.
M. Saulnier: Si les vues que nous avons présentées
ou les images que nous avons vues avaient été prises au niveau du
sol, je pense que la discussion serait très courte; cela a
été pris à une certaine hauteur. Quand je suis allé
à la Baie James, par exemple, visiter les lignes de transmission
d'Hydro-Québec, en hélicoptère, cela ne dérange pas
l'esthétique du tout, mais sur le sol - on était descendu
à deux ou trois endroits - ça dérange
singulièrement. C'est un peu ça.
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté.
M. Laliberté: J'aimerais rappeler au député
les raisons principales qui ont motivé une conception comme
celle-là. Tout d'abord le goût, ça se discute, j'en suis
conscient. On a eu l'input d'architectes, chose qu'on doit admettre. Donc, on
recherchait tout d'abord la façon d'utiliser la toile, ce qui
n'était pas le cas dans les deux solutions que nous avions sur papier
à ce moment-là, c'est-à-dire celles de Birdair II et de
Jodoin et Lamarre. Donc, le premier but, en quelque sorte, utiliser la toile
comme telle.
Deuxièmement, on cherchait encore à se démontrer
qu'il y avait peut-être des solutions moins dispendieuses que la solution
Birdair. On voulait avoir une limite inférieure en quelque sorte. C'est
une des solutions. Je présume qu'il y en a d'autres, c'est vrai...
M. Rochefort: C'est ça. L'objet de ma question c'est que,
au fond, ce qui ressort de votre rapport, c'est que vous dites:
Premièrement, on a étudié longuement le concept original.
La deuxième partie de notre étude visait à
démontrer qu'il y avait des solutions de rechange au concept original.
Vous concluez en disant: Nous avons prouvé qu'il y a des solutions de
rechange au concept original, on vous en a présenté trois qui
sont de trois ordres de grandeur différents. Mais vous nous avez aussi
dit qu'il y en avait d'autres et qu'il est évident qu'il serait utile,
advenant que le gouvernement choisisse plutôt une solution de rechange
que le concept original, que vous poursuiviez vos études pour voir s'il
n'y a pas des solutions qui seraient peut-être moins coûteuses, qui
seraient peut-être plus esthétiques ou...
M. Fortier: Ou même des modifications aux propositions
présentes.
M. Rochefort: Exactement, je vous remercie. Des modifications aux
propositions, c'est un peu dans ce sens-là que je vous adressais ma
question. Quelles sont les possibilités, quant à vous, de trouver
appelons cela une sous-solution à la solution Boulva, qui semblait la
moins dispendieuse, qui éliminerait un certain nombre des obstacles
mentionnés par M. Saulnier et de ceux qui pourraient aussi être
retenus par le maire de Montréal et son administration.
M. Laliberté: Tout d'abord, je pense qu'il faudrait
analyser ces solutions qui sont encore des précédents, ce qu'on
s'est refusé à faire, compte tenu des délais qu'on avait.
On voulait avoir des solutions. Par exemple, la sustentation de câbles
comme ça, ce sont des techniques connues qu'on vit sur les ponts, etc.
On peut en fournir bien des exemples. Donc, il n'y a pas de complications.
La conception de Birdair est aussi une chose qui existe, qui est
vécue présentement, comme l'est certainement celle de Jodoin et
Lamarre. Donc, dans une étape ultérieure d'optimisation, on
devrait également, en sus d'améliorations à ces solutions,
regarder d'autres solutions comme, par exemple, les membranes autoportantes.
C'est l'expression qu'emploie M. Marsan dans son rapport, "autoportantes",
c'est-à-dire double membrane avec hélium ou d'autres gaz. Donc,
il faudrait absolument en venir à cette étape-là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sainte-Anne. Excusez-moi, avant, M. Saulnier avait quelque chose à
ajouter.
M. Saulnier: M. le Président, si M. le
député me le permet, je voudrais apporter un soutien additionnel
aux propos que j'ai tenus concernant les pouvoirs de la ville de
Montréal en matière d'aménagement, pouvoirs auxquels je
souscris parce que, je le rappelle pour mémoire, j'ai été
à l'origine de l'obtention de ces pouvoirs.
La Régie des installations olympiques a conçu, au cours de
l'année 1979 ou 1980, un projet d'enseigne à être
installée à l'intersection des rues Sherbrooke et Pie IX, pour
annoncer les événements qui ont lieu dans le Stade. On sait
qu'actuellement, quand on circule autour, il n'est pas facile de savoir ce qui
se passe dans le Stade. Or, la régie avait conçu une affiche
devant être installée sur des poteaux de 45 pieds de hauteur. Elle
a, conformément aux règlements de la ville, demandé un
permis qui lui a été refusé et, je crois, à bon
droit.
J'ajoute cela pour ceux de 350 pieds; c'est le sort qui pourrait les
attendre. Je voudrais ajouter, si vous me le permettez, M. le Président,
une citation tirée d'une lettre qui m'a été
adressée le 7 octobre par Francis Boulva et Associés, qui dit
deux choses: "Après analyse, le mât a été
déclaré par les experts comme étant un
élément structurellement faible, il devrait donc être
soulagé le plus possible. Deuxièmement, de façon
générale, tout élément structural actuel
chargé d'une manière différente de celle prévue par
le concepteur présente un potentiel de risque." Je puis déposer
copie de cette lettre, si elle peut être utile.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. Rochefort:
Oui...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
suis obligé de donner la parole au député de
Sainte-Anne.
M. Rochefort: Je suis convaincu que le
député de Sainte-Anne va me permettre deux courtes
questions.
M. Polak: D'habitude, je l'aurais fait, sauf qu'à 11 h 15,
j'ai une entrevue avec un poste de radio; donc, j'ai juste cinq minutes.
M. Rochefort: M. le Président, je soumets respectueusement
qu'hier, on a été très...
M. Polak: Si vous pouvez vous limiter à cinq
minutes...
M. Rochefort: Sûrement. J'ai deux courtes questions et je
considère que c'est un échange de bons procédés,
compte tenu du déroulement de la commission hier.
Le Président (M. Jolivet): Allez!
M. Rochefort: M. Laliberté, combien de temps pensez-vous
que ça pourrait vous prendre pour étudier des sous-alternatives
à l'alternative Boulva, par exemple, et à quel coût,
approximativement?
M. Laliberté: Advenant qu'il y ait un rejet du
schéma Taillibert, soit selon la solution RIO ou écourté
d'une autre façon, on s'est donné un an avant de procéder
à la construction d'une alternative. Dans ces douze mois, il y aurait,
selon nous, entre cinq et six mois d'optimisation et là, une attaque
assez accélérée sur la solution qui serait retenue
à ce moment.
M. Rochefort: Cette période d'étude additionnelle
serait-elle nécessaire aussi dans le cas où on retiendrait
l'alternative proposée par la RIO?
M. Laliberté: Non, pas du tout.
M. Rochefort: Non? Bon! Une courte question à M. Saulnier.
Est-ce que vous avez évalué quels seraient les coûts de la
suppression du stationnement P5 advenant qu'il y ait...
M. Saulnier: Non.
M. Rochefort: Est-ce que vous avez une idée de l'ordre de
grandeur?
M. Saulnier: Malheureusement, aucune.
M. Rochefort: Merci. Allez-vous nous remettre une copie de la
lettre de Boulva?
M. Saulnier: Oui, elle a été remise. M.
Rochefort: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le député, pour la
brièveté de votre intervention. D'abord, un point technique
interne. M. le Président, je ne voudrais pas que les journalistes ou
l'opinion publique pensent qu'on veut aller en toute rapidité. Comme le
débat commence à devenir très intéressant, avec les
dernières questions, est-ce que le leader du gouvernement serait
d'accord, si on devait prendre plus que la matinée - je suis tout
à fait prêt à continuer - qu'on puisse dire dès
maintenant qu'on va continuer jeudi? On pourrait terminer ce matin, à
midi ou à treize heures, et s'il y a encore matière à
discussion, on pourrait revenir jeudi. Nous tenons à être
présents à notre caucus, le député d'Outremont et
moi avons un rôle à jouer dans le caucus aussi.
M. de Belleval: Vous n'êtes pas parmi les neuf, vous
autres?
M. Polak: Non, non, non, du tout.
M. de Belleval: Vous n'êtes pas obligés d'y
aller.
M. Polak: Savez-vous que, chez nous, on a le droit de parler et
qu'on nous écoute? Nous n'avons pas de solution
préfabriquée. Est-ce qu'on pourrait dire qu'on va reprendre nos
travaux jeudi, si besoin il y a?
M. Charron: Je peux même vous dire que c'était ma
première idée, plutôt que ce matin, puisque je savais que
vous aviez un caucus. La seule raison qui m'a amené à prendre la
matinée, en accord avec le député de Jean-Talon, à
qui j'en ai parlé hier, c'était que, jeudi, M. Saulnier doit
être absent du Québec. Je ne sais pas s'il vous paraît
opportun de continuer cet échange sans la présence du
président de la RIO ou si nous faisons une motion commune pour demander
à M. Saulnier d'être avec nous jusqu'à la fin de
l'après-midi de jeudi, peut-être.
M. Polak: Je pense qu'on peut demander une faveur à M.
Saulnier, après la présentation de son projet qui est tellement
bien fait.
M. Champagne: Je voudrais rappeler au député de
Sainte-Anne qu'une autre commission parlementaire nous attend jeudi de cette
semaine, les engagements financiers.
M. Polak: Oui, mais là, on a une autre équipe aussi
compétente.
M. Champagne: Ah oui! il va y avoir une autre équipe,
à ce moment-là!
M. Polak: Je ne peux pas être partout en même
temps!
Le Président (M. Jolivet): II s'agit de savoir si M.
Saulnier est disponible.
M. Saulnier: M. le Président, je suis un citoyen
obéissant et si c'est le désir de la commission que je sois
présent jeudi, j'annulerai les engagements que j'ai déjà
pris par respect et déférence pour les parlementaires de
l'Assemblée nationale du Québec. (11 heures)
M. Polak: M. le Président, cela semble régler le
problème. Je veux remercier M. Saulnier au nom de mon caucus et, en
même temps, de tous les députés qui sont ici. Est-ce qu'on
pourrait dire, M. le leader, que si besoin est de continuer après ce
matin on continuera à partir de jeudi matin?
M. Charron: Je vais regarder mes troupes; cela va pour jeudi?
M. Champagne: Je suis à une autre commission
parlementaire, je pourrai m'absenter.
Le Président (M. Jolivet): Peut-être qu'on aura la
possibilité de terminer d'ici 13 heures.
M. Charron: Non, on finit à midi.
M. Polak: Maintenant, M. le Président, ayant dit ceci et
obtenu le consensus de tout le monde, je voudrais continuer avec mes questions
à M. Laliberté, celles d'hier soir.
M. Laliberté, on prend votre rapport à la page 122, et
là je fais un peu le lien avec ce que le député vient de
vous demander. Dans la conclusion no 4, à la page 122 de votre rapport,
vous dites: "Si une décision était prise d'écarter le
projet original" - cela veut dire le projet de Taillibert - en faveur du
parachèvement du projet avec une des solutions de rechange, il faudrait
d'abord rechercher la solution optimale par le biais d'une étude
préliminaire". Cela a été écrit le 1er septembre
1981. Est-ce que j'ai bien compris que la solution de rechange inclut
également la solution ou l'alternative de la RIO?
M. Laliberté: Non, M. le Président. M. Polak:
Pourquoi pas?
M. Laliberté: Parce que la solution de la RIO, c'est une
solution dans laquelle on soustrait certains éléments de la
solution Taillibert qu'on connaît tous. Comme je l'ai dit hier, enlever
les deux planchers supérieurs, s'assurer que les points d'attache des
câbles sont exactement similaires à ceux qu'avait envisagés
le concepteur original, soustraire les autres éléments comme
l'aménagement interne, la climatisation, évidemment, cela se fait
par déduction. La seule difficulté qu'on avait, c'était de
retourner à l'échéancier directeur, celui qui indiquait
une disponibilité du Stade complété en 1986 et essayer de
voir si la soustraction ou le fait d'enlever les deux planchers
supérieurs améliorait cet échéancier. On s'est
aperçu assez rapidement - c'est montré ici au tableau - qu'on
pourrait le faire, parce qu'une fois la niche complétée, on
aurait accès par le haut sachant qu'on n'a pas à y construire
deux étages additionnels. Donc, cela a été
l'élément clé qui a fait qu'on a réduit
l'échéancier d'un an, donc de 1986 à 1985, et ce faisant,
tous les coûts que nous possédions déjà, à
peu de choses près, parce qu'on a également apporté
certaines corrections, par exemple, sur la toile. Comme on n'aura pas à
manutentionner cette toile, c'est-à-dire à la soulever, il y a
certains dollars qu'on a fait disparaître. C'était simple en
autant qu'on ne touche pas au concept technique du schéma Taillibert et,
comme la solution de la RIO implique cela, on y est allé par la suite
par déduction.
M. Polak: Maintenant, autre question, quand on parle des autres
alternatives - et vous venez de dire qu'il y en a d'autres qui ont
été soumises ou qui ont été étudiées
-hier, M. Saulnier a mentionné qu'il y avait une autre alternative qui
s'appelle le toit aérostatique. Est-ce que cela a été
étudié par votre régie?
M. Laliberté: Pardon?
M. Polak: L'idée ou le concept du toit aérostatique
qui a été mentionné hier par M. Saulnier, est-ce que cela
a été étudié par votre régie? Est-ce que
cela a été écarté tout de suite? Quel a
été le résultat de vos études là-dessus?
M. Laliberté: M. le Président, nous avons
rencontré la SEBJ, les gens du groupe Aérostat, vendredi, il y a
deux semaines en fait. Ces gens nous ont expliqué tout leur dossier. Il
y a eu une autre rencontre avec le conseil d'administration de la Régie
des installations olympiques à laquelle M. Hamel et moi-même avons
assisté. Donc, M. Hamel a écrit aux gens d'Aérostat, en
l'occurrence M. Bélanger pour lui dire qu'advenant que la RIO et le
gouvernement décident de rejeter le schéma original, la SEBJ se
ferait un devoir d'analyser cette solution.
M. Polak: Si le gouvernement décidait de demander un toit,
le moins cher possible au point de vue esthétique, on va oublier cela
pour le moment, parce que les temps sont durs. Disons, par exemple, qu'on en
arriverait à cette solution: on veut avoir un toit le moins cher
possible, le plus
rapidement possible installé. Est-ce qu'il y a d'autres
possibilités qui existent ou - comme on l'a dit dans les journaux -
est-ce que ce sera possible de le faire pour 10 000 000 $ ou 15 000 000 $?
Est-ce que ces options existent ou est-ce que, dans quelques mois, par exemple,
quatre ou cinq mois, telles autres possibilités peuvent être
sérieusement soumises et étudiées et recommandées
comme les autres toits que vous avez étudiés?
M. Laliberté: M. le Président, il y a tout d'abord
l'élément de l'échéancier. Ces choses ne se
construisent pas du jour au lendemain, il faut les répartir, nous,
à ce qu'on croit, sur un minimum de trois ans. C'est-à-dire que
le plus tôt qu'on puisse faire, je ne crois pas que ce soit avant le
printemps de 1984. Maintenant, si le député ne se refuse pas
à faire certains investissements comme, par exemple, les minimums qu'on
indique, je ne crois pas que 15 000 000 $ soit un chiffre réaliste.
Hier, j'ai dit que du point de vue de l'échéancier, on ne pense
pas faire mieux que ce qui est déjà sur la table. Du point de vue
du coût, on pense que le minimum qui était dans la solution de
Boulva est un bon ordre de grandeur de ce qu'aurait à payer le
gouvernement et la RIO comme solution de recouvrement fixe du Stade
olympique.
M. Polak: Donc, est-ce qu'on pourrait dire qu'au-dessous de 50
000 000 $, aucun projet n'est faisable?
M. Laliberté: Je le crois, M. le Président.
M. Polak: Même si on se limitait à tout de point de
vue - oublions la beauté et l'élégance architecturales -
cela va être un peu laid, mais le monde va peut-être plus nous
apprécier parce qu'au moins on vit selon notre bourse - même
là encore, on peut dire que 50 000 000 $, on ne peut aller en dessous de
ça.
M. Charron: Vous admettez que vous rejetez l'option
Sainte-Anne.
M. Polak: Au moins, M. le ministre, moi, je suis objectif. Vous,
vous avez mis deux cartes sur la table; moi, encore aucune.
M. Charron: Félicitations.
M. Polak: Cela ne veut pas dire du tout que, personnellement, je
pense qu'il faut sérieusement considérer, au Conseil des
ministres, la sixième solution. On va revenir là-dessus. Mais je
voulais avoir une réponse là-dessus.
M. Laliberté: J'aimerais vous donner un exemple que me
fournit Laurent ici. Je disais hier qu'on se devait, dans l'étude des
choix, de faire beaucoup confiance aux chiffres qui nous étaient fournis
par ce qu'on peut appeler les concepteurs. Je vous donne un exemple: la firme
Boulva a pondu sur papier, elle a quantifié les éléments
qu'elle croyait siens et elle est arrivée avec un chiffre de 12 000 000
$, d'accord. C'étaient des dollars de 1981. Nous, on a pris ces 12 000
000 $, on a évidemment ajouté tous les autres
éléments et on arrive au chiffre que vous connaissez.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Oui, M. le Président, je voudrais revenir
à la question soulevée par mon collègue de Gouin
concernant la solution proposée par la RIO. M. le président de la
régie nous a distribué un avis de Francis Boulva qui dit: "De
façon générale, tout élément structurel
actuel chargé d'une manière différente de celle
prévue par le concepteur présente un potentiel de risques." On
pourrait également prétendre le contraire à la suite des
difficultés qu'on sait à la base du mât, que même
celle prévue par le concepteur présente un potentiel de risques
également. La question que je me pose: le passage actuel du niveau 463
à 565 va sûrement amener des charges additionnelles à la
base du mât. Quand vous proposez une solution pour le renforcement de la
base du mât, est-ce que cette solution tient compte des charges
additionnelles?
Deuxièmement, il y a peut-être une différence de 20
000 000 $ entre la complétion du niveau 463 à 565, donc il est
important de s'assurer que c'est vraiment impossible de réaliser la
proposition de la RIO dans ces caractéristiques essentielles, que c'est
vraiment impossible au niveau 463.
On a eu des explications assez concluantes tout à l'heure sur le
plan des tensions qui s'exercent, des tensions horizontales qui s'exerceraient
si on en restait au niveau 463.
Il y a une question additionnelle que je voudrais poser
là-dessus. J'imagine que c'est en supposant que les points d'attache des
câbles sur le toit sont à l'endroit prévu originellement
par Taillibert. Mais si les points d'attache étaient disposés
autrement, avec, par exemple, une concentration sur l'avant du Stade, si on se
fie au schéma au tableau, autrement dit, si les points d'attache des
câbles étaient placés différemment, ça
modifierait tout le système de tension, j'imagine. Est-ce qu'il n'y a
pas moyen de trouver une solution qui nous permette d'arrêter au niveau
463, ce qui serait plus économique et peut-être plus
sécuritaire aussi? Est-ce que cela a été
étudié? Autrement dit, est-ce qu'on a essayé
d'optimiser?
Je comprends qu'on a essayé d'optimiser sur le plan
esthétique, mais je vous avoue que ce n'est pas ma préoccupation
principale. On ne me fera pas pleurer sur le Stade amputé, sur la
beauté ou la laideur du mât. Je pense aux retombées
économiques et je pense à la rentabilité économique
et sociale. Je me dis qu'on devrait essayer d'optimiser en termes de
coûts et de retombées économiques et en termes de
sécurité aussi. Il me semble que cela devrait être nos
préoccupations principales.
La question: Est-ce qu'on ne pourrait pas trouver une solution qui aille
dans le sens de la RIO, avec des points d'attache du câble
différemment distribués sur le toit et qui permettraient
d'arrêter la construction du mât à peu près à
son niveau actuel ou, du moins, entre le niveau actuel et celui proposé
dans la solution de la RIO, c'est-à-dire le niveau 565?
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté.
M. Laliberté: Très simplement, M. le
Président, on ne peut pas se vanter aujourd'hui de savoir où se
situe le point optimum, l'élévation optimale qui satisfasse les
efforts impliqués là-dedans. Là où le
député semble faire erreur, c'est que le fait d'enlever les deux
planchers supérieurs allège la structure. Alors, compte tenu du
bras de levier, le moment de renversement est un peu inférieur. Donc, en
soi, les conditions de chargement, si les points de support des câbles
demeurent identiques au schéma originel, ils sont un peu meilleurs. Cela
répond à la première partie, je pense, de votre
préoccupation.
M. Raquette: Ils sont meilleurs que dans le concept Taillibert,
mais ils sont sûrement moins bons que si on arrête le mât au
niveau actuel.
M. Laliberté: Non, c'est l'inverse. Si on diminue le poids
propre du mât en enlevant les deux planchers supérieurs, l'effort
sur les câbles demeurant le même, c'est donc dire que le bras de
levier étant légèrement plus faible, la masse
elle-même et le moment de renversement, en quelque sorte, est plus
faible. Finalement, les conditions de chargement des pattes avant, de la voile
avant, sont meilleures.
M. Paquette: Elles sont meilleures que si on laisse le mât
à son niveau actuel?
M. Laliberté: Que si on construit le mât à sa
pleine élévation. D'accord.
M. Paquette: Oui, bien sûr, c'est ce que je vous dis.
M. Laliberté: Cela va. Maintenant, le point optimum.
À mesure qu'on descend, M. Verganelakis vous a indiqué tout
à l'heure que, dans le cas de TLS où on était à
l'élévation 424 - 108 mètres - les efforts dans les
câbles atteignaient des proportions inacceptables. Dès qu'on
diminue, on aurait un premier problème, c'est le remplacement des
câbles. Je pense qu'on peut le reconnaître immédiatement. Il
faudrait également surveiller le renversement des consoles, parce que la
tension... Qu'est-ce qu'on répondrait à ça?
M. Verganelakis: II y a non seulement certains câbles qui
sont à la limite, mais la toile elle-même, sous chargement total,
sous la charge de la neige et du vent, est à la limite en certains
endroits. Comme ça, si on abaisse le point d'ancrage des câbles,
on va tirer beaucoup plus sur la toile. Il faut donc renforcer la toile. Il ne
faut pas oublier aussi que, pour n'importe quelle modification qu'on apporte
aux points d'attache de notre toile, il faut revenir et recalculer au complet,
c'est-à-dire aller de nouveau voir Taillibert qui a le calcul de la
toile et recalculer la toile pour voir si on est vraiment capable de faire ce
point d'attache. Il faut aussi aller voir l'ingénieur-conseil des
consoles pour lui dire que l'effort horizontal qu'il avait calculé dans
ses consoles n'est plus le même, qu'il faut le changer et
revérifier cela. Ce sont des coûts additionnels au point de vue de
l'ingénieur-conseil et, en plus, des retards au point de vue du
début de la construction.
M. Paquette: Ma question est de savoir s'il y en a pour 20 000
000 $, parce que la différence entre laisser le mât à son
niveau actuel et le monter au niveau 565, c'est à peu près 20 000
000 $, 17 000 000 $. (11 h 15)
M. Laliberté: C'est cela. C'est 17 000 000 $ en dollars de
1981. M. Hamel aimerait ajouter là-dessus.
M. Hamel: Ici, il faut bien comprendre que lorsque le concepteur
a mis sur papier son design, design qu'on a vérifié en
détail et validé, tous les éléments de cette
structure, stade, toile, câbles, mât, toute cette structure,
l'ensemble est à sa limite acceptable. On est à la limite
acceptable. Si vous voulez déplacer quoi que ce soit là-dedans,
cela est un tout, c'est une chaîne à plusieurs maillons. Si vous
touchez à quoi que ce soit là-dedans, cela ne passe pas. Bougez
les points d'attache, en reculant, en avançant, en descendant, il y a
quelque chose qui va céder, qui ne sera plus acceptable. On est
pris...
M. Paquette: Je suis conscient de cela.
M. Hamel: Quand je dis "on", c'est tout le monde, on est pris
avec un plan qu'on ne peut pas bouger. Si vous voulez bouger cela, oublions la
toile, oublions les câbles. On parle réellement d'une alternative.
C'est là que nous sommes venus à la conclusion qu'il fallait
supporter la toile d'une autre façon, c'est-à-dire avec un tronc
de mât et des colonnes à l'autre extrémité.
J'aimerais ouvrir une parenthèse. Même dans le cas Boulva, on est
obligé de remonter le mât; actuellement, le mât est à
372 pieds, contrairement à ce qui a été dit tout à
l'heure. L'élévation actuelle est de 372 pieds. Il va falloir
monter le mât d'au moins 50 pieds pour être capable de
réaliser la solution Boulva, au minimum, peut-être 60 pieds, mais
ce serait optimiser. Il faut monter le mât d'au moins 50 pieds encore
avant d'être capable de supporter les trois câbles Boulva.
M. Charron: M. Hamel, on dit 17 000 000 $ pour le mât, si
on le continue, pour la solution RIO. Si on compte les 50 pieds additionnels
pour la solution Boulva, combien cela représente-t-il sur le mât
lui-même?
M. Laliberté: 5 500 000 $.
M. Charron: 5 500 000 $.
M. Hamel: Oui, et le renforcement.
M. Charron: Et le renforcement.
M. Paquette: Juste une question additionnelle. Je suis conscient
que, si on change un des éléments, on est obligé de
changer les autres. Tout cela est lié. Il y a un système de
tension là-dedans qui se modifie si on change un des
éléments. Ma question, c'est simplement la préoccupation
d'avoir la solution optimale en termes de coût. Si on baissait le
mât, est-ce qu'il serait possible en modifiant les points d'attache sur
la toile d'avoir un système meilleur marché, faisable? Pour le
savoir, cela prendrait combien de temps, et combien cela coûterait-il?
Est-ce que cela coûterait 17 000 000 $? II me semble que c'est une
préoccupation normale.
M. Laliberté: M. le Président, d'après les
commentaires que viennent de nous faire Laurent et Vassily, je pense qu'on peut
en déduire - c'est peut-être un compliment qu'on peut faire et une
assurance qu'on obtient du concepteur originel - qu'il n'est pas loin de
l'optimum lui-même en ce qui regarde cette structure. Tout se tient, la
toile comme le mât, le treuil. On a dit hier, je pense que c'était
M. Saulnier qui en avait parlé le premier, qu'advenant que la solution
RIO soit retenue, inévitablement, il y a d'autres possibilités.
On a pris intégralement le mât, c'est-à-dire qu'on n'a rien
modifié à ce qui était sous l'élévation de
565 pieds. Compte tenu du fait qu'on n'aura pas à rentrer la toile dans
la niche, on pense qu'on peut changer certaines parties des planchers. On pense
également - c'est encore un petit peu plus complexe - que
peut-être la partie supérieure, au-delà de
l'élévation actuelle, serait en acier, parce qu'on sait qu'une
structure en acier, cela se monte plus facilement. Si cela se monte plus
facilement, peut-être qu'à ce moment il y aurait moins d'escalade,
peut-être que le coût en dollars 1981 serait le même. Ce sont
des choses à venir. Maintenant, on a répondu dans la lettre du 7
octobre à M. Saulnier qu'on pense devoir émettre
grossièrement une masse d'argent de 1 000 000 $. Ce 1 000 000 $, si on
veut l'analyser, il faudrait que ce soit compensé par un gain d'au moins
1 000 000 $. Je ne peux pas trop me prononcer. Le président de la RIO
est un petit peu plus optimiste que je peux l'être à ce moment-ci.
C'est peut-être parce qu'on me demande d'en avoir la
responsabilité plus tard.
M. Saulnier: M. le Président, mon optimisme
là-dessus est fondé sur des déclarations qui ont
été faites au conseil de la RIO par le président de la
SEBJ et par son vice-président, à savoir que si on consacrait 1
000 000 $ à des études d'optimalisation, on est assuré de
gagner au moins 1 000 000 $, à savoir que cela réduirait d'au
moins 2 000 000 $ le coût.
M. Fortier: Si je comprends bien, il est prêt à dire
cela en privé et non pas en public.
M. Saulnier: De notre côté - je le dis plus
humblement, parce qu'il s'agit de la RIO - nous sommes très confiants
d'économiser une somme plus considérable à la suite de cet
exercice. Mais comme on veut être conservateur tout le temps, on n'en
parle pas.
M. Paquette: En fait, pour essayer de résumer cette
discussion, vous avez maintenu le point d'attache sur le mât au
même niveau, parce que vous êtes sûrs de pouvoir valider
cette solution, mais il y aurait quand même une étude ou une
recherche d'optimalisation à faire, si jamais le gouvernement retenait
cette solution.
M. Saulnier: Oui.
M. Paquette: Vous n'affirmez pas que vous avez la solution
optimale?
M. Laliberté: M. le Président, la réponse
est affirmative, mais j'aimerais que les membres de la commission comprennent
que c'est une étude très complexe. Lorsqu'on se
réfère aux dollars que la RIO a investis dans la mandat de la
SEBJ, la majorité des dollars s'applique justement à
l'opération de ce modèle mathématique très
complexe. Des gens ici dans la salle pourraient vous en parler avec beaucoup
plus de détails. Dès qu'on change un élément,
pratiquement tout est remis en question.
Je mentionnais tout à l'heure, par exemple, le béton par
rapport à l'acier. Là encore, il faudrait refaire le
modèle pratiquement de A à 7. L'étude dynamique qu'on est
en train de réaliser, on l'a commencée au début de
septembre et les résultats ne paraîtront qu'au début de
décembre. Cela vous donne déjà une idée de l'aspect
complexe de cette étude.
M. Raquette: Une question d'un autre ordre. Je vais vous lire un
paragraphe de la page 72 du rapport de la SEBJ. Il concerne les ententes
contractuelles et financières avec la firme Sepa Levage, concernant la
toile entreposée en France actuellement. Le paragraphe dit ceci:
"Étant donné les développements récents concernant
la solvabilité de Sepa Levage, il peut s'avérer que les
intentions d'obtenir du fabricant des modifications à son
équipement ou des compléments à ses études
demeurent purement académiques. Cette question d'administration de
contrat et de solvabilité relève de la RIO et il est certain que
toute autre mesure ou décision concernant ce contrat devra être
prise en fonction de cette question primordiale. Il faudra cependant tenir
compte que les études et les travaux de modification qui devraient
normalement être imposés au fabricant, occasionneraient
forcément des coûts additionnels dans l'éventualité
d'une faillite du fabricant. De tels coûts n'ont pas été
pris en considération dans les estimations."
Est-ce qu'on craint une faillite du fabricant? Sur le plan légal,
qu'est-ce qui est impliqué là-dedans et quels sont
approximativement les coûts auxquels on pourrait s'attendre, si on met
les choses au pire?
M. Saulnier: Les réserves s'appliqueraient, si on avait
besoin de Sepa pour poursuivre. Dans notre solution, nous avons tout ce qu'il
faut et nous n'avons pas besoin de Sepa. J'ai indiqué hier que les
démarches sont en cours pour mettre fin à tous ces contrats et
rapatrier, avant la constitution, la toile.
M. Paquette: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté.
M. Laliberté: Comme argument additionnel, les engagements
à venir sur ce contrat étaient de l'ordre de 3 500 000 $. La SEBJ
a toujours ses 5% d'imprévus. Comme on peut le lire à la page 82,
compte tenu de cette incertitude, on a ajouté un montant forfaitaire de
800 000 $. J'endosse les arguments de M. Saulnier. Une fois que la toile est
rendue au Canada, évidemment, on a tous les éléments
nécessaires pour refaire cette chose dans le contexte d'un autre
entrepreneur.
M. Paquette: Une dernière question, M. le
Président. La SEBJ, dans son rapport, a souligné deux inconnues
concernant l'utilisation de la toile. Comment fonctionnera la jupe
d'étanchéité? C'est ma première question.
Deuxièmement, comment fonctionnera le système de fonte des
neiges? Ce sont d'ailleurs les mêmes inconnues qui étaient
soulignées dans le rapport Marsan. Mais là, on se retrouve quatre
ans plus tard et on soulève encore les mêmes inconnues.
Quelle assurance a-t-on de trouver une solution à ces
questions-là et à quel coût? Vous nous dites, et on en a
parlé un peu hier: C'est une chose qui n'est pas dans les débuts
des travaux, on a un certain temps, ça va plutôt vers la fin.
Mais, s'il arrivait un pépin de dernière minute, ça
pourrait nous ajouter des coûts additionnels et ça pourrait
étendre l'échéancier. Cela pourrait retarder le moment
où le Stade pourra atteindre sa pleine rentabilité.
M. Charron: M. le Président, j'ai une sous-question sur
cette importante question du député de Rosemont. J'ajouterais:
Est-ce qu'il y a une différence en ce qui concerne la jupe
d'étanchéité, aussi bien que le système de fonte
des neiges, du fait que la toile est fixe plutôt que d'être
mobile?
C'est-à-dire que tous les problèmes que l'on connaît
sur la jupe d'étanchéité et la fonte des neiges
étaient dans l'hypothèse d'une toile rétractable. Si la
toile n'est plus rétractable, est-ce qu'on a encore des problèmes
avec la jupe d'étanchéité? Est-ce que ce sont les
mêmes que lorsqu'on avait l'hypothèse d'une toile
rétractable? De même pour la fonte des neiges.
Le Président (M. Jolivet): M. Saulnier.
M. Saulnier: M. le Président, si on me le permet, je vais
essayer de résumer les raisons qui ont donné satisfaction aux
membres du conseil d'administration de la régie et qui lui ont permis de
faire la recommandation qui est devant vous.
Pour faire un rapide historique, je rappellerai que, dès mon
arrivée à la régie, j'ai été
particulièrement inquiet de cette absence de définition de cette
soi-disant jupe d'étanchéité. Il n'y avait aucun plan
au
dossier et tout ça était fondé sur l'espoir et la
confiance que le concepteur, un bon jour, en produirait un.
La régie a fait savoir, à un moment donné, à
la SEBJ et à d'autres personnes que, tant qu'elle n'aurait pas
satisfaction absolue sur cet élément, il n'était pas
question pour elle de recommander une reprise de travaux. Mais, dès
qu'on aborde la question avec une toiture installée en permanence et
fixe, qui n'est plus rétractable, ce problème-là se
simplifie de 100 à 1.
Le seul élément que j'ai trouvé du concepteur -
d'ailleurs, il a été évoqué hier par M.
Laliberté - cela aurait pu être des ballons ou des boudins
plutôt qui auraient fait tout le tour de l'enceinte, qui auraient
été soufflés, accrochés, semble-t-il, avec
des...
Une voix: Des fermetures éclairs.
M. Saulnier: Pas des fermetures éclairs, avec des...
Une voix: ...
M. Saulnier: Non. Avec du velcro. J'ai eu des parts
là-dedans déjà, oui. Cela avait pour inconvénient
majeur d'obliger de chauffer le dehors en hiver. Quelqu'un a parlé de
cela récemment, chauffer dehors. Chauffer dehors, c'est avec l'ancienne
solution parce qu'il est clair que la toile étant en position presque
horizontale, rendue au-dessus des consoles, si on place en position verticale
des boudins, la neige va s'entasser au vent à un endroit. Il faut
chauffer. On a parlé de câbles chauffants, etc. Ayant passé
quelque temps à HydroQuébec, je connais le peu d'enthousiasme
d'Hydro-Québec pour les câbles chauffants à
l'extérieur. Le tarif est le tarif général, c'est donc une
solution qu'il faut éliminer.
Quand on arrive avec une solution de toit fixe installé en
permanence, à ce moment-là, on continue, avec un appareil assez
simple en toile, ce qu'on appelle la jupe et ce qui doit correctement
être appelé la fermeture des ouvertures pendant l'hiver, comme des
châssis.
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
M. Saulnier: II y a différentes façons de le faire,
nous en avons une qui nous satisfait, mais, si l'accord est donné, c'est
évident qu'on va trouver là aussi la solution optimale. (11 h
30)
Le Président (M. Jolivet): Je pense que M.
Laliberté voulait ajouter quelque chose.
M. Laliberté: Oui, sur cette question de jupe et de
chauffage, malgré les imprécisions, il demeure qu'il y a des
choses sur papier. M. Saulnier nous faisait part des schémas
préliminaires qui nous sont venus du concepteur; nous en avons
parlé au comité des experts, on les a ni plus ni moins fait
valider par les experts. En un mot, ce n'était pas folichon, cela avait
un certain sens et on l'a quantifié en conséquence, avec,
évidemment, les imprévus nécessaires, compte tenu des
points qui étaient encore imprécis.
Du côté chauffage, la firme Geiger Berger a fait pour nous,
à l'aide d'un modèle par éléments finis, l'analyse
du système qui existe présentement à la RIO en supposant
que l'anneau technique serve de canalisateur, en quelque sorte, de l'air chaud
vers la toile unique, celle de Taillibert qu'on a en place. Elle a
démontré qu'effectivement il y a des points chauds et que
peut-être par une réorientation très simple, au moyen de
déflecteurs, on pourrait corriger cela très facilement.
Ce qui était important, c'était de se faire confirmer que
déjà on avait la capacité suffisante pour satisfaire les
critères qu'on s'était imposés du point de vue du
chauffage. Ce qui a été utile aussi, c'est que ce même
modèle nous a permis de démontrer l'économie qui pourrait
résulter d'une toile double. C'est là que paraît d'autant
justifiée la solution qu'ont mise dans leur rapport ou en annexe
à la résolution de la RIO, si vous voulez, les gens de la RIO.
Donc, une toile double, c'est bien clair, pourrait entraîner des
économies, en dollars 1981, du simple au double, de 250 000 $ à
500 000 $. C'est-à-dire que lorsque c'est simple, c'est 500 000 $ et
ça pourrait être 250 000 $. On sait que pour des dépenses
additionnelles moindres de 250 000 $, on peut facilement dépenser 3 000
000 $; alors, je pense qu'on a une bonne marge d'erreur de ce côté
ou une bonne marge de jeu pour justifier cette réalité.
Donc, je suis d'accord avec le président de la RIO. Pour rassurer
le député, également, ces éléments ne
viennent qu'en fin de projet, si je peux employer l'expression. Donc, on a le
temps d'y mettre l'effort, cela ne dérangera pas pour autant le
résultat final recherché qui est de rendre disponible ce stade
à une date X qui, dans ce cas-là, est le printemps de 1985.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Pour enchaîner sur la question du chauffage, M.
Laliberté, vous êtes membre du conseil d'Hydro-Québec et M.
Saulnier y était. Est-ce que cela ne vous gêne pas de recommander
une solution qui, somme toute, au point de vue de l'économie de
l'énergie, est assez piteuse compte tenu
du fait qu'Hydro-Québec va investir, je pense, 1 000 000 000 $
pour encourager les gens à faire des économies d'énergie?
Je remarquais dans le rapport, d'ailleurs, que tout le chauffage se fait
à l'électricité. Est-ce que vous allez recommander que le
chauffage passe au gaz naturel à l'intérieur des installations du
Stade?
Le Président (M. Jolivet): M. Saulnier.
M. Saulnier: Pour le chauffage, la forme d'énergie
utilisée à la Régie des installations olympiques est le
gaz naturel. J'ai parlé des câbles chauffants, ça, c'est
fait à l'électricité.
M. Fortier: II y a des unités en kilowatts pour
assécher l'air chaud.
M. Saulnier: M. Talbot va donner la précision.
Le Président (M. Jolivet): M. Talbot.
M. Fortier: Je ne sais pas si j'ai mal compris, mais en lisant le
texte, j'ai cru remarquer qu'il y avait des unités chauffantes pour
amener de l'air chaud pour sécher le toit.
M. Talbot: C'est exact. Pour ce qui est du système de
fonte de la neige, c'est électrique. Il y a 14 unités de 295 kw
chacune pour le système de fonte de la neige, mais pour l'ensemble du
Parc olympique, on peut utiliser les trois modes d'énergie. On peut
penser à l'électricité, au mazout ou encore au gaz
naturel. Présentement, on se sert uniquement du gaz naturel, le moyen le
plus économique.
M. de Belleval: Des poêles à combustion lente, vous
n'en avez pas?
M. Talbot: Non, pas encore.
M. Fortier: Vous êtes d'accord pour dire que
l'électricité peut être encore un élément de
chauffage très utile. Je suis satisfait de voir que même les
représentants d'Hydro-Québec s'accordent là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté,
justement...
M. Saulnier: On a même confiance à Gentilly II!
M. Fortier: Posez la question à HydroQuébec, M.
Saulnier.
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté.
M. Laliberté: J'appuie quand même le souhait du
député d'Outremont que, dans un contexte de recherche
d'économie d'énergie, une toile simple n'est peut-être pas
la solution, et je pense qu'il faut faire l'effort pour réduire ce
montant au maximum. Maintenant, on hérite d'un dossier; s'il
était à reprendre à zéro, peut-être que la
solution de la toile ne serait pas la solution la plus logique.
M. Fortier: Est-ce que vous êtes d'accord pour dire qu'ils
sont regardés. J'aimerais avoir la photo de la solution de Jodoin et
Lamarre. Vous êtes d'accord pour dire que, bien sûr, dans le cas
d'une alternative avec un toit permanent, les pertes d'énergie sont de
beaucoup moindres qu'avec une ou deux toiles. Je me rends bien compte que vous
avez à vivre avec un concept existant, vous avez d'ailleurs
indiqué hier que 90% de votre budget avait été
dépensé sur la validation de la solution de Taillibert.
Dans le cas de la solution de Jodoin et Lamarre, entre autres
qualités, au point de vue de l'économie de l'énergie, ce
toit peut être isolé considérablement et, de ce
côté-là, je pense bien que tous reconnaissent que ce serait
une solution au point de vue de l'économie de l'énergie qui
serait de beaucoup plus satisfaisante.
M. Laliberté: Assurément, sauf qu'entre la solution
RIO, si je peux employer l'expression, qu'on évalue à 65 000 000
$, et celle de Jodoin et Lamarre, qui est rendue à 87 000 000 $, je ne
crois pas que les économies d'énergie justifient l'investissement
additionnel. C'est bien simplet, cet argument, mais le député a
certainement raison.
M. Polak: L'argent ne joue plus un rôle, c'est juste un
petit intérêt de plus.
M. Fortier: Dans cette solution, ici, la surface portante est la
console tout le tour et je n'ai pas compris pourquoi vous êtes si
opposés à enlever l'anneau technique. Quel était
l'argument pour ne pas considérer d'enlever l'anneau technique? Est-ce
qu'il y avait des avantages de la part de Jodoin et Lamarre à favoriser
cela?
M. Talbot: On a considéré avec Jodoin et Lamarre
les propositions qui nous ont été avancées. Il y avait une
proposition d'enlever l'anneau technique, cela a été
regardé et on a finalement démontré que ce n'était
pas économique d'enlever l'anneau technique, parce qu'enlever l'anneau
technique n'est pas une chose facile. C'est très dispendieux, cela prend
beaucoup de temps. Finalement, notre conclusion avec Jodoin et Lamarre,
c'était de laisser l'anneau technique et de reporter vers
l'arrière la poussée sur les poteaux des consoles.
M. Fortier: Maintenant, hier...
M. Laliberté: M. le Président, une clarification
sur ce point-là, les gens de Jodoin et Lamarre ont quantifié une
solution avec et sans anneau technique et, comme le dit Laurent, on a pris la
différence et on s'est dit: Est-ce qu'on est capable? On a cru qu'on
n'en était pas capable.
M. Fortier: Maintenant, dans l'option Jodoin et Lamarre, on
pourrait ne pas terminer le mât tel que vous le montrez là, enfin,
il y aurait certainement une économie à faire. Il faudrait
renforcer le mât, on pourrait ne pas le terminer. Mais, en regardant
l'estimation que vous avez faite, j'aurais une première question.
Lorsque vous avez refait les estimations qui sont venues de vos sous-traitants,
dont vos architectes, est-ce que vous avez fait valider votre estimation par
celui qui avait préparé la sienne ou si vous vous êtes
permis de la modifier sans leur consentement, dans le cas de Jodoin et Lamarre
en particulier? Elles sont dans votre rapport, côte à
côte.
M. Godbout (Yves): Dans le cas de Jodoin et Lamarre
spécifiquement, on avait un certain désaccord sur les prix de
l'acier. Si on regarde à la fin, aux mêmes pages qu'hier, prenons
la page 135, on voit que les prix de l'acier, par exemple, sont toujours les
prix qui ont été soumis par chacune des firmes qui ont fait
l'estimation ou qui ont fait la proposition et on a ensuite les chiffres que
nous avions retenus.
On remarque que Jodoin et Lamarre avaient le gros chiffre, qui est le
chiffre des firmes principales, pour l'acier: on a retenu un chiffre qui est
légèrement inférieur à 21 000 000 $. Par contre, on
a ajouté à cela des montants pour l'érection de la
structure d'acier, parce qu'on avait l'impression très nette,
après vérification avec le fournisseur d'acier, que les prix qui
avaient été fournis étaient des prix pour l'acier au
sol.
M. Fortier: C'est qu'eux me disent, parce qu'ils m'ont
parlé, que les prix unitaires qu'ils ont utilisés venaient de
Dominion Bridge en particulier et que ces prix unitaires étaient
tellement exagérés par rapport à ce qui se fait dans la
pratique que cela incluait le montage de la structure et le soutien de
chantier. Vous avez augmenté ces prix d'environ 12 000 000 $ en plus
d'indiquer 2 600 000 $ pour la terminaison du mât. Ce que je comprends
moins, pour une structure aussi classique, non seulement vous vous êtes
permis d'ajouter cela, mais vous avez, pour la gérance de travaux, ce
que je ne comprends nullement, d'après l'expérience que j'ai,
ajouté 10% des travaux alors que, pour le mât olympique, vous
mettez cela à 8% des travaux. Il semblerait que vous ayez voulu
pénaliser cette solution d'une façon très
marquée.
M. Godbout: Je répète ce que j'ai dit encore une
fois. Nos vérifications nous indiquent, après une autre
vérification avec Dominion Bridge qu'on devait ajouter des montants pour
ériger la structure. Le montant de 10% au niveau de la gérance
créait, selon nous, une gérance relativement complexe pour toute
l'érection de la partie supérieure. On a jugé bon de
mettre...
M. Fortier: Mais la gérance, ce qui est fait par la RIO ou
la SEBJ, et la complexité du montage de la structure seraient
données à un fournisseur comme Dominion Bridge. Il me semblerait
à moi, si vous parlez de gérance, soit de supervision des
travaux, de contrôle des travaux, que de superviser le mât
olympique est autrement plus accablant que de superviser une structure tout
à fait classique.
M. Godbout: II y a quand même l'ensemble des travaux
à superviser et non pas seulement la partie acier.
M. Fortier: Oui. Ce que je veux dire, c'est que j'ai de la
misère à accepter le fait que ce sera 10% dans un cas et 8% pour
une structure qui est extrêmement complexe et qui va demander une
supervision de tous les instants. Cela me porterait à croire qu'au point
de vue contrôle de la qualité vous allez avoir plus de personnel
pour vous assurer que tout va être fait selon les règles de l'art
dans le cas du mât olympique et de toute la structure qui s'ensuit.
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté.
M. Laliberté: M. le Président, lorsque le
député d'Outremont emploie l'expression "classique", je pense
qu'il faut y aller avec une certaine prudence. Pour asseoir une structure de
cette importance sur des consoles qui théoriquement ne peuvent pas la
supporter, il faut y aller d'une façon bien spéciale.
M. Fortier: Soit que ça puisse la supporter ou que
ça ne puisse pas la supporter, mais vos études
préliminaires ont démontré qu'elles pouvaient la
supporter.
M. Laliberté: Oui, le député a raison de
nous corriger là-dessus. Ce que je veux dire, c'est que la
méthode de montage, elle, ne peut pas être classique. On n'assoit
pas des fermes en les mettant en travers comme la première qui vient, il
faut y aller selon un schéma de montage que les gens de Jodoin ont mis
sur papier et que nous, on peut assumer avec les coûts qu'on a mis.
M. Fortier: Cela me désole un peu que vous n'ayez pas
réussi, parce qu'on le fait toujours... On parlait de gérance de
projet hier, on sait que dans un climat de gérance de projet on essaie
d'harmoniser les travaux des ingénieurs et des architectes avec les
travaux des constructeurs et des responsables du contrôle des
coûts. Dans ce cas, ce qui me fait de la peine, c'est que vous n'avez pas
réussi à harmoniser ça, au point que ces gens nous
appellent et nous disent: Écoutez, on n'est nullement d'accord avec les
changements qu'ils ont faits à notre estimation.
Je vous rends justice, vous l'avez publié; donc, vous ne vouliez
pas cacher le point, mais je trouve navrant que vous n'ayez pas réussi
à harmoniser vos résultats avec ceux que vous avez engagés
vous-mêmes. C'est ce qui fait que le "designer", dans ce cas Jodoin et
Lamarre - peut-être qu'on pourra demander aux autres également -
se dit non d'accord avec les augmentations substantielles que vous avez faites
à sa propre estimation.
M. Laliberté: II semble, M. le Président, y avoir
un malentendu entre ce que pouvaient mettre sur papier les gens de Jodoin et
Lamarre avec la collaboration de Dominion et la vérification qu'on a
faite nous-mêmes auprès de Dominion Bridge. Comme l'a
indiqué M. Godbout, on se fait dire à la SEBJ que c'est le
coût de l'acier à terre. Évidemment, s'il est à
terre, il faut ajouter un coût de montage, et puis on l'a ajouté
par nous-mêmes; on a fait cet exercice.
M. Fortier: Je vais prendre votre parole, mais, enfin, il y a une
doute qui persiste dans mon esprit.
M. Paquette: Si le député d'Outremont me permet une
question.
M. Laliberté: Est-ce que M. Hamel pourrait ajouter quelque
chose là-dessus?
M. Paquette: Oui.
M. Hamel: Dans les coûts de gérance, comme M.
Laliberté le disait tout à l'heure, il faut prévoir une
revue complète du Stade lui-même. On a dit, au début de la
commission, qu'on a un rapport en main qui a été
préparé tout dernièrement, c'est-à-dire lorsqu'on
est entré dans le dossier, par la firme ABBDL, sur la capacité
portante de chacune des consoles du Stade. Mais nous, on n'a pas validé
ce rapport; on le tient pour acquis. On a une réserve dans notre rapport
que si jamais on s'en allait dans une direction Jodoin et Lamarre ou Birdair,
il faudrait revoir en profondeur et valider le rapport de ABBDL. C'est un
exercice qui n'est pas facile, qui est assez dispendieux; ça, c'est dans
nos coûts de gérance. Ce n'est pas dit clairement.
M. Fortier: Enfin, ce n'est pas ce qu'on appelle la
gérance; c'est de l'ingénierie.
M. Hamel: Oui, de l'ingénierie. M. Fortier:
Gérance et ingénierie. M. Hamel: Exactement.
M. Fortier: J'avais une mauvaise impression en lisant votre
rapport. Plusieurs ont posé des questions sur des points techniques
très complexes en ce qui concerne la finition du mât et la
façon dont la jupe va être terminée. Quand on arrive aux
imprévus, on s'aperçoit que le montant des imprévus pour
le concept original est moins élevé que pour la formule de Jodoin
et Lamarre. (11 h 45)
M. de Belleval: Cela a été expliqué
hier.
M. Fortier: Cela a été expliqué hier. On ne
reviendra pas là-dessus.
M. Charron: Revenez-y. M. de Belleval: Oui.
M. Charron: J'aimerais ça qu'on y revienne, M. le
Président, parce que, sans mauvaise foi, sans aucun doute, le
député d'Outremont a laissé entendre tout à l'heure
qu'à ses yeux les chiffres que la SEBJ nous soumet sur Jodoin et Lamarre
lui apparaissent exagérés. Je ne pense pas que c'était
l'intention de la SEBJ. Il faudrait donc passer en revue chacun de ces
chiffres, si c'est le désir, non seulement si c'est le désir,
mais je pense si la commission sent le besoin de le faire, pour être bien
sûr, si le député maintient son assertion à la fin
de son examen.
M. Laliberté: M. le Président, je pense que la
seule réponse qu'on peut donner sur ce jeu des imprévus, c'est
que ça va en proportion des efforts qu'on a mis jusqu'à
maintenant sur les solutions. 200 000 $, 10% du mandat que nous a
accordé la RIO pour trois solutions est déjà indicatif de
l'insécurité qu'a la SEBJ quand elle quantifie ces choix. On y
est allé au rythme de 10% dans le cas de JLP parce que, justement,
c'était métallique et qu'il faut faire confiance aux gens de JLP
qui ont ça dans la tête depuis très longtemps. 15% dans le
cas Birdair, là, c'est un peu plus complexe parce qu'ils s'assoient
beaucoup plus près d'une autre technique que ne le fait JLP. Donc,
là, il y a peut-être un élément
d'insécurité beaucoup plus grand. Finalement, dans le cas
de Francis Boulva, 12%. M. Saulnier a mentionné tout à l'heure
toute l'assise même de ces trois poteaux; on sait qu'il faudrait
peut-être en relocaliser.
Compte tenu de cette imprécision...
M. Fortier: Je crois que je suis d'accord avec ça, parce
que tout le monde sait que, lorsqu'on fait une estimation, selon que les plans
et devis sont très avancés ou peu avancés, il faut mettre
des contingentements...
M. Laliberté: C'est ça.
M. Fortier: ... à moins qu'il ne s'agisse d'une structure
traditionnelle. Bien sûr, je n'ai pas regardé la complexité
de cette structure, mais il m'avait semblé que c'était une
structure d'acier et, avec le peu d'expérience que j'ai
là-dedans, j'aurais cru que, même s'il s'agissait d'une structure
d'acier hors de l'ordinaire, les méthodes de calcul ne demandent pas des
programmes spéciaux et que, de fait, les programmes existants peuvent
faire ce genre de choses-là d'une façon assez rapide.
Dans le cas du mât, il s'agit d'une structure tout à fait
complexe, unique au monde. Bien sûr, vous avez déjà
dépensé 2 000 000 $. J'accepte votre explication que, compte tenu
du fait qu'à l'origine votre mandat était de valider l'option du
mât et que malheureusement, on vous a dit, sur le tard: Regardez d'autres
alternatives, s'il y a eu faute, je pense bien que c'est là. Maintenant,
vous arrivez avec des solutions alternatives qui sont moins précises,
qui n'ont pas été optimisées autant que celle du mât
et pour lesquelles vous devez augmenter considérablement les
contingentements pour faire face aux imprévus possibles. Je pense que
cela résume un peu la situation.
M. Laliberté: D'accord, je pense que vous avez raison.
Le Président (M. Jolivet): Sur la même question, M.
le député de Rosemont?
M. Paquette: Une autre question sur la solution Jodoin et
Lamarre. Je pense qu'il y a deux autres éléments, en plus des
coûts comparatifs selon la firme ou selon la SEBJ. Il y a la question de
l'entretien de la toile. Vous nous avez dit que, dans le cas de la solution de
la RIO, la toile devrait être enduite à tous les quinze ans et
cela coûterait à peu près 500 000 $ à tous les
quinze ans. Je pense que c'est négligeable si on compare à la
solution. Est-ce 500 000 $ ou 250 000 $?
M. Charron: 450 000 $.
M. Paquette: 450 000 $.
M. Talbot: 450 000 $, c'est le prix qui nous est fourni pour
l'enduction des deux faces.
M. Paquette: Oui.
M. Talbot: On devrait se satisfaire uniquement avec l'enduction
de la partie extérieure qui est exposée au soleil.
M. de Belleval: Donc, 225 000 $ ou 250 000 $?
M. Talbot: 225 000 $ ou 250 000 $.
M. Paquette: À tous les quinze ans, avec une
espérance de vie de la toile qui serait pratiquement aussi longue que si
on mettait un toit métallique.
M. Talbot: De 50 ans. Effectivement, la fibre Kevlar, comme on le
disait hier, c'est une fibre qui, à toutes fins utiles, ne vieillit pas
à moins d'être exposée aux rayons ultraviolets.
M. Fortier: Maintenant, juste pour continuer là-dessus, je
suis d'accord avec vous: À condition que ce ne soit pas soumis aux
rayons ultraviolets. Mais comme tout le monde le sait, le plastique liquide
qu'on met là-dessus, il n'y a aucune garantie que cela va
s'éliminer d'une façon uniforme sur toute la toile. Il pourrait y
avoir des détériorations ponctuelles qui feraient qu'au lieu
d'une érosion uniforme il pourrait, à ce moment, y avoir des
points dans la toile où il y a une attaque par les rayons du soleil. Il
est à craindre que justement, à cause de ce
phénomène, la vie utile soit beaucoup moins longue que celle que
vous avez donnée hier.
M. Talbot: D'abord, l'inspection de la toile va se faire
régulièrement. On peut marcher sur cette toile de façon
très sécuritaire. Cette fibre a une résistance en tension
de 60 tonnes au mètre. Donc, on peut marcher dessus, on peut aller
inspecter la toile.
M. Charron: La plupart des gens peuvent marcher dessus.
M. de Belleval: Même M. Garon pourrait marcher dessus.
M. Paquette: L'autre question concerne les économies
d'énergie. Quelle est la différence annuelle en termes de
coût d'énergie ou d'économie d'énergie entre latoile et une structure métallique?
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté.
M. Laliberté: M. le Président, on doit
reconnaître ne pas avoir fait l'analyse thermique dans le cas d'une
structure métallique. Je reviens à ce que je disais tout à
l'heure. On a fait toile simple Taillibert, on arrivait en gros à 480
000 $ par année; toile double Taillibert, avec une autre toile, on
descendait cela à 250 000 $, ce qui nous fait justifier justement
l'investissement additionnel qu'on peut faire sur une double toile. Quelle est
la limite inférieure avec une toile métallique en bas de 250 000
$? Je ne sais pas ce qu'on peut dire. Non, on ne l'a pas.
M. Paquette: Si on prend un ordre de grandeur, la
différence pourrait difficilement dépasser 150 000 $, parce qu'il
y a une perte d'énergie aussi avec un toit métallique.
M. Laliberté: Non, c'est ce que je disais tout à
l'heure. Cela ne peut pas justifier la différence qu'il y a au niveau
des investissements.
M. Paquette: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Tout à l'heure, je donnais ma réaction
aux estimations. Il me semblait qu'on peut faire dire n'importe quoi à
des chiffres. Juste pour illustrer - peut-être que ce n'est pas du tout
voulu; je vais prendre la parole du président - quand je regarde les
conclusions du chapitre III, avantages et désavantages des
différentes options avec raison, pour la solution toiture fixe,
charpente métallique, vous dites: Toiture opaque, d'où la
nécessité d'avoir un éclairage durant les utilisations.
Vous arrivez à la formule Boulva et vous donnez d'autres
inconvénients. Quand j'arrive au concept original, vous ne faites pas
allusion au fait que cela ne supporte pas la charge de neige; enfin, vous le
résumez d'une autre façon. Mais vous ne dites pas à ce
moment-là que c'est une toile opaque qui va nécessiter de
l'éclairage et vous ne dites pas non plus qu'il y a des charges sur la
structure du mât, d'où la nécessité de le
compléter et le renforcer. Vous l'aviez indiqué pour la formule
Boulva. J'ai l'impression, en lisant cela, que ce qui est arrivé
à la formule du concept original, vous en avez simplifié les
inconvénients, deux inconvénients. Je regarde le texte tel qu'il
a été présenté, et il semblerait que vous avez
voulu amoindrir les inconvénients. C'est ce qui m'a donné cette
impression que vous vouliez réellement avantager une formule
plutôt qu'une autre. Je ne comprends pas pourquoi, si vous avez
insisté pour dire dans la formule Boulva ou dans la formule Jodoin,
Lamarre qu'il y avait des inconvénients, ces mêmes
inconvénients ne sont pas repris, lorsqu'il s'agit du concept
original.
M. Laliberté: M. le Président, loin de nous cette
intention. Cela paraît ailleurs. Je pense que le député
d'Outremont a raison.
M. Fortier: C'est un sommaire.
M. Laliberté: II aurait fallu le faire reparaître
dans le sommaire; c'est peut-être un manque de notre part, il faut
reconnaître cela.
M. Hamel: Une petite précision. Sur le concept original,
lorsqu'on a préparé ce document, c'était un toit mobile.
C'est surtout cela qu'on avait en tête à ce moment-là. On
estimait que la toiture serait ouverte au moment des événements
en bonne majorité.
M. Fortier: Ah! d'accord.
M. Hamel: C'est peut-être pour cela qu'on ne l'a pas
indiqué de façon précise. C'est un toit mobile, tandis que
tous les autres toits sont des toits fixes.
M. Fortier: D'accord, je crois que c'est une bonne
explication.
M. Charron: Pour faire suite à cette question, dans le cas
de l'hypothèse de la RIO, qui est la toile qu'on a là,
fixe...
M. Fortier: C'est opaque.
M. Charron: ... c'est opaque, cela devrait être un
inconvénient à ajouter...
M. Fortier: Avez-vous ajouté l'éclairage pour cela?
Cela va prendre de l'éclairage.
Une voix: Oui.
M. Saulnier: M. le Président, si on me permet, je pense
avoir - je l'ai peut-être oublié - indiqué hier que dans la
situation actuelle, le toit non couvert, l'éclairage artificiel est
utilisé pour corriger les points d'ombre et pour les besoins de la
télévision.
M. Fortier: Pour la télévision, d'accord.
M. Saulnier: L'éclairage, toit ou non, cela va revenir pas
mal au même.
M. Charron: Convenons, M. le Président, à la
lumière de la remarque justifiée du député
d'Outremont, que l'inconvénient C, en ce qui concerne Jodoin, Lamarre,
devrait disparaître, puisque c'est un inconvénient qui existe
à peu près partout.
M. Fortier: Finalement, en ce qui concerne les différents
choix, je voulais juste corriger une impression laissée par le ministre
hier, disant qu'il y a des gens qui, à la dernière minute, ont
cru qu'ils avaient de bonnes idées. Je faisais allusion, entre autres,
à la formule mise de l'avant par le groupe Aérostat. Enfin, ces
gens m'ont fourni des copies de lettres qu'ils ont envoyées. Ces gens
ont contacté la RIO le 11 février. Je voudrais tout simplement,
pour les besoins de la commission, souligner le fait qu'il y a des gens qui ont
proposé d'autres solutions et que ce n'est pas arrivé le 31
août ou le 30 septembre, ce sont des gens qui avaient contacté la
RIO ou la SEBJ bien avant cela. De toute façon, je crois que ce que vous
avez dit, c'est que vous avez voulu simplifier vos études et surtout que
vous vouliez limiter, j'imagine, le montant d'argent qui était
dépensé; l'étude des choix a été faite d'une
façon très sommaire et, somme toute, vous avez donné le
meilleur de vous-mêmes, mais sans considérer réellement
toutes les possibilités ou toutes les propositions. Votre rapport aurait
été plus complet si au moins ces propositions avaient
été soulignées en disant: On les a écartées
très tôt pour différentes raisons. Mais vous n'en avez pas
parlé, ce qui peut laisser penser à d'autres raisons,
probablement sans raison valable, j'en suis sûr.
Le Président (M. Jolivet): M. Saulnier et M.
Laliberté.
M. Saulnier: M. le Président, ça pourrait
peut-être éclairer les membres de la commission si je les
informais que depuis quelques semaines, alors que l'intérêt a
été ravivé sur le parachèvement du Stade, je
reçois une moyenne d'une proposition nouvelle par jour.
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté.
M. Saulnier: Si on voulait épuiser théoriquement
toutes les solutions imaginables, on en aurait jusqu'à la fin des
temps.
M. Fortier: Mais M. Saulnier, ce n'était pas là
qu'était mon commentaire. Vous charriez un peu. Mon commentaire
était le suivant. Des gens ont fait des propositions au mois de
février ou mars et le ministre a dit que ces gens-là
étaient venus à la dernière minute. Je peux comprendre que
des gens arrivent à la dernière minute; mais des gens qui vous
ont fait des commentaires au mois de février ou mars, ce ne sont pas des
gens qui arrivent le 31 octobre.
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté. M.
Laliberté: M. le Président, il y a toujours l'argument qui
veut qu'on voulait analyser, compte tenu des délais, des choses qui
existaient. Donc, effectivement, on a rencontré des gens
d'Aérostat. Si vous me le permettez, j'aimerais obtenir une chose que je
n'ai peut-être pas ici en main mais qu'on pourrait ajouter au dossier de
la commission, c'est la lettre qu'a envoyée M. Hamel à la firme
Aérostat, répétant ce que je disais tout à l'heure,
qu'advenant un rejet de la solution Taillibert, on se ferait un devoir
d'analyser leur solution tout comme on le ferait probablement pour d'autres
solutions.
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu qu'il est midi et
qu'on s'est entendu pour terminer vers midi, j'aimerais savoir à quelle
heure nous allons nous réunir jeudi matin.
M. Charron: Comme nous entendons poursuivre nos travaux jeudi
matin, je me demande si nous ne pourrions pas faire un peu comme ce matin et
débuter à 9 h 30, en nous entendant pour terminer vers la fin de
l'après-midi, ce qui permettra à M. Saulnier de rejoindre son
groupe par le premier avion en début de soirée.
Une voix: Le dernier Concorde.
M. Charron: Le dernier Concorde, en début de
soirée.
Le Président (M. Jolivet): La parole sera au
député de Rousseau lors de la rentrée de jeudi matin, 9 h
30. Ajournement des travaux.
(Fin de la séance à 11 h 57)