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(Dix-sept heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre,
messieurs!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution se réunit pour étudier le projet de loi no 34, Loi
modifiant la Loi sur la représentation électorale.
Les membres de la commission sont: M. Bédard (Chicoutimi), M.
Gendron (Abitibi-Ouest), M. Landry (Laval-des-Rapides), M. Lazure (Bertrand),
M. Gratton (Gatineau), M. Lévesque (Taillon), Mme Marois (La Peltrie),
M. Dauphin (Marquette), M. Blank (Saint-Louis).
Les intervenants sont: M. Brouillet (Chauveau), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Dussault (Châteauguay), M. Forget (Saint-Laurent),
M. Guay (Taschereau), Mme Harel (Maisonneuve), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M.
Paquette (Rosemont), M. Payne (Vachon), M. Rivest (Jean-Talon).
S'il y a consentement, M. Charbonneau (Verchères) remplace M.
Landry (Laval-des-Rapides). M. Dussault (Châteauguay) remplace M. Lazure
(Bertrand).
Est-ce qu'il y a une suggestion pour un rapporteur, s'il vous
plaît? On suggère le député de Verchères
comme rapporteur. Adopté.
Est-ce que vous avez des commentaires préliminaires, M. le
ministre?
Remarques préliminaires
M. Bédard: Non, je n'ai pas de commentaires. Je les avais
faits lors du discours de deuxième lecture, mais j'aimerais profiter de
l'occasion pour répondre à une question qui avait
été formulée par le député de Saint-Louis,
qui avait la préoccupation très légitime de s'informer sur
l'utilisation qui serait faite des énergies des membres de la Commission
de la représentation électorale, étant donné la
nature du projet de loi. Je lui avais dit à ce moment que tant
l'Opposition que le parti ministériel, en fonction d'une réforme
du scrutin éventuelle, nous pourrions utiliser les énergies de
ces personnes et leurs compétences à l'avantage de tous les
membres de l'Assemblée nationale, de même que les
compétences de ceux que nous avons avec nous aujourd'hui, M. le
Directeur général des élections et M. le président
de la Commission de la représentation.
Je pourrais ajouter que, ce projet de loi étant accepté,
cela aura pour effet d'enlever une partie du travail qui devait être
effectué par la Commission de la représentation. Il reste quand
même beaucoup d'autres travaux à faire, entre autres tout ce qui
regarde les responsabilités qui ont été dévolues
à la commission en ce qui a trait à la démocratie
municipale. Il y a aussi tout le travail concernant le découpage des
secteurs électoraux qui, on le sait, constitue déjà un
travail énorme à accomplir.
Nous pourrions commencer dès maintenant.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Justement, quand on parle des travaux que la
Commission de la représentation devra possiblement entreprendre, s'ils
ne sont pas déjà entrepris, concernant le mode de scrutin, est-ce
que c'est également vrai de la Direction générale des
élections?
M. Bédard: Les seuls travaux qui sont entrepris à
cet égard, c'est sur le plan de la documentation qu'on a pu accumuler
pour les fins du bureau simplement. On n'a pas d'autres travaux
d'effectués.
M. Gratton: II n'y a donc eu aucun mandat du Conseil des
ministres ou autrement ni à la Direction générale des
élections, ni à la Commission de la représentation?
M. Bédard: Non. En fait, comme je l'ai indiqué dans
mon discours de deuxième lecture, il s'agit d'une réforme gui
demande la collaboration de tous les membres de l'Assemblée nationale,
et qui doit commencer par une information donnée à tous les
membres de l'Assemblée nationale. C'est pour ça qu'en janvier je
rendrai publiques -l'Opposition en sera informée - des hypothèses
de travail ou de réflexion à partir desquelles, la
réflexion étant faite à l'intérieur de chacun des
partis politiques, il y aura peut-être lieu, comme ç'a
été le cas pour la réforme de notre Loi électorale,
de trouver un forum où l'Opposition et le parti gouvernemental pourront
échanger et, à ce moment-là, prendre les décisions
qui seront les plus appropriées dans les circonstances.
M. Gratton: M. le Président, on sait que, lors du discours
inaugural, le premier ministre indiquait qu'au cours de cette session - donc,
sûrement pas à cette première étape, mais au
printemps prochain -l'Assemblée nationale serait appelée, sinon
à adopter, du moins à étudier un mode de scrutin
proportionnel quelconque.
Est-ce que le ministre a établi l'échéancier? Il
nous dit qu'il faudra trouver un mécanisme quelconque qui,
peut-être, impliquera les députés tant de l'Opposition que
ministériels. Où en est rendu le ministre dans sa
réflexion là-dessus? À quel moment pouvons-nous escompter
être appelés à faire quelque chose en ce sens?
M. Bédard: II y a beaucoup de travail qui a
été fait de ce côté-là, au point que je suis
en mesure de dire qu'au cours du mois de janvier nous pourrons faire
connaître l'échéancier.
M. Gratton: Au cours du mois de janvier.
M. Bédard: Oui. Cela n'a peut-être pas
été clair dans le discours inaugural, mais ç'a
été clair dans les explications données par la suite; le
travail qui sera fait le sera en fonction d'un objectif qui est non pas
l'adoption, à l'intérieur de la présente session, d'un
nouveau mode de scrutin, mais le dépôt, pour autant que c'est
possible, d'un projet de loi avant la fin de la présente session. Cela
donnerait un délai de quelques mois pour que tout le monde puisse
être en mesure de prendre connaissance de ce projet de loi et de faire
toutes les remarques appropriées.
Questions d'ordre général
M. Gratton: M. le Président, si le ministre le permet, on
va poser quelques questions d'ordre général et, ensuite, c'est
bien évident que, quand on arrivera aux articles du projet de loi, il
n'y aura pas de problème. Lors de l'étude des crédits en
juin 1981, le ministre disait: "Qu'on parle de carte d'électeurs, de
mode de scrutin ou de registre des électeurs, nous n'avons pas trop de
trois ou quatre mois pour terminer la réflexion dans ce domaine. D'ici
trois ou quatre mois, vous aurez des réponses sur tous ces sujets."
Quant au mode de scrutin, n'en parlons plus, mais, sur la question de la
carte d'électeur, est-ce que le ministre a des choses à nous dire
à ce moment-ci?
M. Bédard: Ce qui arrive, c'est qu'à partir du
moment où une décision a été prise d'essayer
d'arriver à réaliser l'objectif d'une réforme du mode de
scrutin il y a plusieurs autres éléments qui sont
conditionnés par cette éventuelle réforme du mode de
scrutin. À partir de ce moment-là, y aller de changements pour le
plaisir d'en faire alors qu'on ne sait pas d'avance si ces changements seront
appropriés dans le sens d'une réforme du mode de scrutin, c'est
risquer de faire du travail pour rien.
M. Gratton: M. le Président, c'est la même chose
pour le registre des électeurs.
M. Bédard: C'est cela.
M. Gratton: Sauf que je voudrais que le ministre sache que ce
n'est pas à un interrogatoire qu'on veut procéder. On a la
mauvaise habitude, du côté de l'Opposition, de prendre les paroles
du ministre au sérieux. Lorsqu'il nous disait, en juin, que dans trois
ou quatre mois on aurait toutes les réponses à cela,
forcément, on se disait que peut-être sept ou huit mois plus tard
il devrait y en avoir. Je comprends qu'on n'est pas encore rendu assez loin.
Donc, le ministre ne nous en voudra sûrement pas qu'on pose la question
au printemps.
M. Bédard: Ah! Sûrement. Je pense que la question
est très appropriée, très normale, mais je crois avoir
raison quand je dis qu'une réforme éventuelle du mode de scrutin
conditionne toutes les décisions sur les autres sujets, qu'on parle de
registre des électeurs, qu'on parle de carte d'électeurs,
même de financement des partis politiques. Je crois que tous ces
éléments sont, en quelque sorte, conditionnés par le fait
qu'enfin une décision a été prise, une volonté
politique a été exprimée dans le sens d'y aller avec une
réforme du mode de scrutin. Le tout s'ajustera après cela.
M. Gratton: Le ministre conviendra par contre que, s'il s'agit de
la carte d'électeurs, elle est bien plus reliée à la
question du registre des électeurs qu'au mode de scrutin. Mais je n'en
fais pas un problème à ce moment-ci.
Justement, toujours à la même étude des
crédits en juin dernier, le ministre avait déclaré, en
parlant du registre des électeurs, que le Directeur
général des élections l'avait informé qu'il avait
l'intention de soumettre un rapport faisant état du travail accompli
à ce jour et des études complémentaires qui avaient
été effectuées. Il disait que, de plus, il est essentiel
d'en prendre connaissance avant d'adopter une position finale, toujours au
sujet du registre des électeurs. Est-ce que le ministre, aujourd'hui,
pourrait nous dire s'il a reçu ce rapport du Directeur
général des élections?
M. Bédard: Je ne l'ai pas reçu. Le travail est sur
le point d'être terminé. Le Directeur général des
élections m'a informé
que, probablement, en janvier au plus tard, on pourrait en
connaître la teneur.
M. Gratton; Est-ce que l'Opposition pourra en obtenir copie en
même temps ou immédiatement après que le ministre aura
reçu la sienne?
M. Bédard: Sûrement dans des délais
raisonnables.
M. Gratton: Est-ce que ce rapport fera état des
dépenses y afférentes? Oui? Vous n'êtes pas en mesure de
nous dire à combien on est rendu à peu près?
M. Bédard: C'est du même ordre de grandeur que ce
qui a déjà été signalé, M. le
député.
M. Gratton: 4 000 000 $ ou 5 000 000 $?
M. Bédard: Non. 4 000 000 $, non pas 4 000 000 $ ou 5 000
000 $.
M. Gratton: Un de plus ou un de moins.
M. Bédard: Enfin, probablement qu'à ce
moment-là on verra. On va avoir les chiffres précis.
M. Gratton: Ce rapport, je présume qu'il s'est agi d'un
rapport interne, c'est-à-dire préparé par le personnel du
bureau du Directeur général des élections. Il n'y a pas eu
d'autres personnes impliquées de l'extérieur
là-dedans.
M. Bédard: Non. C'est le rapport préparé par
mon personnel.
M. Gratton: D'accord. Dans le cas de la réflexion qui se
poursuit autour du renouvellement du mode de scrutin, le ministre nous a
indiqué tantôt qu'il n'y a aucune étude ni à la
Commission de la représentation ni chez le Directeur
général des élections présentement. Est-ce que des
études ont été commandées à
l'extérieur?
M. Bédard: II n'y a pas d'études qui ont
été commandées à l'extérieur. Le travail se
fait avec...
M. Gratton: Au niveau du cabinet du ministère.
M. Bédard: Au niveau du cabinet et avec les
personnes-ressources que nous avons au ministère.
M. Gratton: D'accord. Je suppose que la documentation qui
pourrait devenir disponible en cours de route sera communiquée...
(18 heures)
M. Bédard: Justement, pour une discussion la plus valable
possible, en fonction d'une réforme du mode de scrutin, il est
indiqué que tous les membres de l'Assemblée nationale soient les
mieux informés possible pour qu'ensuite on ait une discussion qui soit
productive et intelligente.
M. Gratton: M. le Président, quant à moi, ce serait
là l'essentiel des questions que j'avais à poser, sauf que je
suis informé qu'à l'étude du projet de loi no 28,
tantôt, mon collègue de Saint-Louis a posé des questions au
sujet de la nomination de présidents d'élection depuis la
dernière élection et on a indiqué que M. le directeur
général pourrait nous fournir les réponses à ce
moment-ci.
Le Président (M. Desbiens): Je comprends qu'il y a
consentement pour dépasser de quelques minutes 18 heures.
M. Gratton: Oui.
M. Bédard: Quelle liste est demandée?
M. Gratton: En fait, si on pouvait nous fournir copie des
décrets qui ont été adoptés pour procéder
à la nomination de nouveaux présidents d'élection en
remplacement d'anciens présidents d'élection depuis la
dernière élection.
M. Bédard: Les décrets concernant les nominations
des directeurs de scrutin. Il n'y a pas de problème
là-dessus.
M. Gratton: Je comprends qu'il n'y a pas de problème, mais
c'est ce qu'on voudrait obtenir. On nous assure qu'on nous les fera
parvenir?
M. Bédard: D'accord.
M. Gratton: Est-ce qu'on est en mesure de nous dire combien il y
a eu de décrets ou combien de présidents d'élection ont
été remplacés? Toujours depuis avril.
M. Bédard: II y a eu 110 nouveaux directeurs de scrutin de
nommés.
M. Gratton: En fonction de la loi, oui.
M. Bédard: En fonction de la loi, et les douze autres
devraient l'être au début de l'année 1982. Les concours
sont terminés et je transmets au gouvernement des recommandations ces
jours-ci.
M. Gratton: Est-ce que ça va bien dans le comté de
Gatineau?
M. Bédard: Cela dépend de quoi on parle.
M. Gratton: Au point de vue de la nomination du président
d'élection.
M. Bédard: D'une façon générale, la
population...
Étude article par article
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 1.
M. Gratton: Nous sommes très heureux.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Bédard: Adopté.
M. Gratton: Je pense que oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Bédard: Article 1.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement. Vous avez copie
de l'amendement?
M. Gratton: Est-il nécessaire de le lire? M.
Bédard: Je ne crois pas.
M. Gratton: Si j'ai bien compris on ajoute les mots: "quel que
soit son statut d'emploi" en parlant du personnel. Qu'est-ce qui
nécessite cette...
M. Bédard: Si vous permettez, M. le député,
c'est un problème d'interprétation de l'article 42 actuel.
L'article 42 prévoyait que les employés de l'ancienne Commission
de la réforme des districts électoraux, par exemple, devenaient
des employés aux termes de la Loi sur la fonction publique. Tous les
employés. Au moment où la loi a été adoptée,
il y avait cinq employés qui avaient le statut d'occasionnel. On a
compris à ce moment-là - parce qu'il était dit à
l'article 42 que cela se faisait sans autre formalité -que ces cinq
employés devenaient automatiquement des employés pouvant
accéder à la fonction d'un employé régulier,
après avoir rempli, évidemment, les exigences normales,
c'est-à-dire faire un stage de six mois. On ne s'entend pas avec le
ministère de la Fonction publique sur l'interprétation de la loi;
c'est un problème de statut d'employé. C'est pour cela que les
juristes du ministère de la Fonction publique nous ont assurés
que, si on ajoutait juste ces mots-là à l'article 42 et que cela
ait effet au moment de l'adoption de la loi, le problème de ces cinq
employés serait réglé. C'est avant tout une question
d'équité pour cinq employés.
M. Gratton: Cinq employés qui étaient occasionnels
au moment de l'adoption de la loi créant la nouvelle commission et qui
sont devenus permanents ensuite...
M. Bédard: Non, qui deviendraient permanents par l'effet
de cette loi.
M. Gratton: Ahl ils ne le sont pas à cause de cela.
M. Bédard: C'est ça.
M. Gratton: D'accord. Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): On me rapporte qu'il est
préférable, pour le journal des Débats surtout, de lire
les amendements. Je fais donc lecture de l'amendement. L'article 2 du projet de
loi no 34 est remplacé par le suivant. Nouvel article 2. L'article 42 de
cette loi est modifié par le remplacement du deuxième
alinéa par le suivant: "La commission succède à cet
organisme à toutes fins que de droit; le personnel, quel que soit son
statut d'emploi, qui est à l'emploi de cet organisme au moment de
l'entrée en vigueur du présent article est rattaché
à la commission sans autre formalité et la Loi sur la fonction
publique (LRQ, chapitre F-3.1) devient applicable à ce personnel sans
autre formalité." C'était le premier amendement. Est-ce qu'il est
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): C'est en deux parties.
Adopté. L'autre amendement: l'article 2 serait remplacé par le
suivant: "La présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction et
l'article 2 est déclaratoire."
Des voix: D'accord.
M. Gratton: Une dernière question, M. le Président.
Le ministre a dit tantôt, en répondant à la question de mon
collègue de Saint-Louis, à savoir ce que la Commission de la
représentation va faire en attendant avril 1983: Avant de confier un
mandat, soit au Directeur général des élections, soit
à la Commission de la représentation, il serait peut-être
utile ou nécessaire de présenter un projet de loi pour... Ce
n'est pas ce que vous avez dit?
M. Bédard: Non. Il serait peut-être
nécessaire qu'on trouve le moyen qu'il y ait des échanges entre
l'Opposition et le gouvernement. Ces décisions se prennent quand
même après consultation.
M. Gratton: Autrement dit, est-ce que
je dois comprendre du ministre qu'il ne donnera aucun mandat, soit au
Directeur général des élections, soit à la
Commission de la représentation, de poursuivre quelque étude ou
quelques travaux que ce soit concernant le mode de scrutin sans pour autant
consulter l'Opposition ou les membres de l'Assemblée nationale?
M. Bédard: Si c'était au niveau de certaines
informations qui sont nécessaires, il est clair que tout le travail qui
peut être fait ou qui pourra être fait va être porté,
également, en termes d'information, à la connaissance de
l'Opposition. Maintenant, vous m'en demandez peut-être un peu trop, avant
même de faire quelque geste que ce soit, que nous devions...
M. Gratton: M. le Président, le ministre comprendra qu'on
se rappellera le registre des électeurs. Je ne prête pas
d'intentions au ministre non plus. Je dis simplement que, même en termes
strictement légaux, la question se pose. Le Directeur
général des élections a-t-il, de par la loi, la
possibilité de remplir un mandat que pourrait lui confier le ministre au
sujet du mode de scrutin? Même chose pour la commission. Je voudrais que
ce soit clair.
M. Bédard: Est-ce qu'on pourrait s'entendre pour que, s'il
y a des demandes qui sont faites, le résultat en soit communiqué
à l'Opposition?
M. Gratton: Je serais porté à dire oui, sauf que si
ça devait déboucher sur des dépenses aussi astronomiques
que celles...
M. Bédard: Non.
M. Gratton: Je comprends.
M. Bédard: Non, c'est à partir du personnel
existant.
M. Gratton: Si le Directeur général des
élections devait avoir recours à l'extérieur?
M. Bédard: Je pense que ce seraient des demandes qui
pourraient être satisfaites à partir des compétences
existantes déjà auprès du Directeur général
des élections ou auprès de la commission. De toute façon,
on pourrait peut-être s'en reparler. Vous me demandez ça à
brûle-pourpoint.
M. Gratton: D'accord. Je suis prêt à ce qu'on s'en
reparle en n'importe quel temps. Je trouve très agréable de
parler au ministre.
M. Bédard: J'ai mentionné tout à l'heure que
nous avons le plaisir d'avoir la présence de M. le président de
la
Commission de la représentation. J'avais évoqué
que, ce projet de loi étant adopté, il y avait quand même
beaucoup de travail à faire. J'avais évoqué, entre autres,
le travail concernant la délimitation des secteurs électoraux. Si
ça vous intéresse, j'aimerais que M. le président vous
dise un mot.
Le Président (M. Desbiens): Entre-temps, il y a deux
amendements? Est-ce que le deuxième amendement que j'ai lu: "La
présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction et l'article 2 est
déclaratoire" est adopté?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Bédard: Je laisse la parole - pour les fins du journal
des Débats - à M. le président.
M. Dussault: Avez-vous déclaré le projet de loi
adopté?
Le Président (M. Desbiens): Auparavant, oui. Est-ce que le
projet de loi no 34, Loi modifiant la Loi sur la représentation
électorale, est adopté avec ses amendements?
M. Gratton: Avant de dire adopté, M. le Président,
je dirai simplement que je suis tout à fait d'accord que le ministre ne
puisse prendre des engagements formels quant aux études qui vont
découler de l'intention du gouvernement de modifier le mode de scrutin.
Ce que je dirai, par contre, et je suis sûr que le ministre souscrira
à ça, c'est qu'il est extrêmement important que tous les
membres de l'Assemblée nationale soient associés dès le
début à ce processus car il en va de la nature même de
notre système de représentation électorale. Dans cette
mesure, on fait confiance au ministre et on l'exhorte à beaucoup de
prudence quant aux mandats qui pourraient être confiés. Quant
à nous, je pense qu'en principe il n'y a pas d'objection de fond
à une modification du mode de scrutin. Donc, au départ, le
ministre pourra compter sur la collaboration de l'Opposition à ce sujet
dans la mesure où l'Opposition sera mise dans le coup.
M. Bédard: D'accord, M. le Président. C'est dans
cet esprit, d'ailleurs, que je veux travailler, étant bien conscient que
c'est un projet de réforme qui requiert la collaboration de tous les
membres de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Desbiens): Le projet de loi no 34 est-il
adopté avec amendements?
M. Bédard: Adopté.
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Bédard: M. le Président, pour les fins du...
Le Président (M. Desbiens): M. le président de la
Commission de la représentation.
M. Bédard: ... journal des Débats, je demanderais
à M. le président...
Rôle de la Commission de la
représentation
M. Bédard: M. le Président, pour répondre
aux questions des membres de cette commission, vous savez très bien que,
dans la Loi sur la représentation électorale, il y a deux grandes
missions, il y a deux grands dossiers qui sont confiés à la
Commission de la représentation. Le premier dossier est celui qui
consiste à délimiter les circonscriptions électorales. Or,
par la loi qui va être adoptée, on peut présupposer que, si
la loi est adoptée comme telle, la commission va nécessairement
suspendre ses travaux pour la délimitation des circonscriptions
électorales et elle va reporter son rapport d'un an.
La deuxième des choses, la commission doit, dans ses grands
mandats, délimiter des secteurs électoraux qui doivent être
délimités selon des normes à caractère
socio-économique et géographique mais aussi selon des normes
numériques. Il faut se rappeler, par exemple, que la loi mentionne qu'un
secteur électoral peut regrouper un nombre maximal approximatif de 2500
électeurs. Or, nous réalisons cette opération maintenant
depuis près de seize mois. Vous savez que nous avons rencontré
à deux reprises les représentants des partis politiques et je
puis vous assurer, messieurs, que nous avons été
agréablement surpris de la coopération que nous avons
reçue de la part des deux partis politiques, qui ont bien voulu,
à notre demande, à deux reprises, déléguer des
représentants lorsque nous avons fait un premier exposé sur la
méthodologie et sur une première phase de travail que nous avions
exécutée. À cette occasion, les membres de la commission
avaient demandé aux partis politiques de bien vouloir examiner la
délimitation des secteurs électoraux et de nous retourner leurs
commentaires. Lors d'une deuxième rencontre que nous avons eue avec les
partis politiques, effectivement, les deux partis politiques ont formulé
des commentaires et, d'ici quelques semaines, la Commission de la
représentation va se réunir à nouveau comme elle le fait
souvent pour examiner, si vous voulez, les demandes ou les observations qui
nous ont été formulées par les deux différents
partis politiques.
C'est une opération, à l'heure actuelle, qui est
très grande. Il y a environ 3100 secteurs électoraux
établis à travers le Québec. On sait que, dans la loi, il
y a des processus qui sont prévus, par exemple consulter les
associations reconnues, et ainsi de suite, si jamais nous devions apporter des
modifications à ces secteurs électoraux.
On sait très bien qu'en plus de ces deux grands mandats qui sont
confiés à la Commission de la représentation, vous avez
des obligations qui sont faites à la Commission de la
représentation. Par exemple, il y a trois ou quatre articles qui
stipulent que l'on doit venir en aide - je m'excuse un peu du terme - au
Directeur général des élections pour ce qui est de la
délimitation, si vous voulez, des fameuses sections de vote. On sait
très bien que le Directeur général des élections -
M. le Directeur général des élections pourrait vous en
parler beaucoup mieux que moi - il y a quelques années, a entrepris une
réforme pour la délimitation des sections de vote et aussi pour
la mise sur pied d'indicateurs beaucoup plus cohérents que ceux qui
existaient auparavant. Or, actuellement, nous avons une équipe de
travail de six ou sept personnes, si ma mémoire est bonne, qui se
consacrent à venir en aide au Directeur général des
élections, qui font la vérification systématique de la
description et qui préparent ce qu'on pourrait appeler des
épreuves pour reporter le tout sous l'aspect de la cartographie. (18 h
15)
Un autre mandat existe à la Commission de la
représentation, et c'est celui de produire des cartes pour les
circonscriptions électorales, une carte générale de
l'ensemble de la province et des cartes des circonscriptions
électorales. On sait très bien que tous les partis politiques
s'accordent à l'heure actuelle pour demander la cartographie non
seulement des circonscriptions électorales, mais des secteurs
électoraux, des sections de vote. Donc, il y a une équipe assez
considérable. Nous avons fait beaucoup de progrès depuis
maintenant près de deux ans et il nous en reste encore à faire.
On sait très bien que tout le monde nous demande beaucoup de cartes, les
partis politiques aussi; on nous dit que c'est très utile.
Malheureusement, on ne peut pas répondre à toutes les
aspirations, à toutes les demandes qui nous viennent des partis
politiques pour la simple et bonne raison que nous devons utiliser le mieux
possible les sommes d'argent que nous allons puiser à même le
fonds consolidé de la province.
Il y a aussi d'autres travaux. La loi fait obligation à la
Commission de la représentation d'informer le public. Par exemple, il
est dit dans un article de donner
des renseignements à quiconque en fait la demande ou de donner la
description des secteurs électoraux qui devraient être
adoptés par notre commission de façon officielle d'ici peu. La
loi est assez, si je peux utiliser le mot, impérative sous certains
aspects.
Il y a d'autres travaux qui sont effectués à la Commission
de la représentation. Par exemple, il y a à peine quelques jours
nous avons fait parvenir à tous les partis politiques des dossiers
à caractère socio-économique sur les 122 circonscriptions
électorales du Québec. Ce travail, qui est gigantesque, qui
représente neuf tomes, qui regroupe environ 326 pages de textes par
tome, découle de toutes les recherches que nous avons pu effectuer
depuis deux ans pour venir à bout d'effectuer la délimitation des
circonscriptions électorales et des fameux secteurs
électoraux.
Tous ces travaux nous aident. Je viens de vous résumer
brièvement le mandat, tel que je puis le comprendre, de la Commission de
la représentation. Mais on sait aussi que le législateur a
confié au Directeur général de la représentation,
ce qui est un peu différent, je suis devenu un bonhomme à deux
chapeaux... Dans une journée...
M. Gratton: ... c'est bien dangereux.
M. Bédard: Je suis d'accord avec vous, c'est très
dangereux. Le législateur a confié au Directeur
général de la représentation l'application des chapitres I
et II - j'oublie momentanément l'autre chapitre - de la Loi sur les
élections dans certaines municipalités. On sait très bien
que le législateur, dans toute sa sagesse, a dit que le personnel de la
Commission de la représentation devenait le personnel du Directeur
général de la représentation pour l'application des
chapitres susmentionnés.
Je peux vous dire qu'il y a eu un travail énorme de fait. Vous
avez été à même de lire le rapport que j'ai
publié à titre de Directeur général de la
représentation, rapport que j'ai déposé officiellement
auprès du président de l'Assemblée nationale. Vous avez pu
voir le nombre de municipalités qui étaient soumises à la
loi ou qui ont adhéré volontairement à l'application des
chapitres I et II et l'autre chapitre de cette loi dont j'oublie le
numéro. Je puis vous dire, au moment où on se parle, qu'il y a 33
municipalités - je vous donne ce chiffre sous toute réserve,
parce que tous les jours il y a de nouvelles municipalités qui
décident de s'ajouter à la liste déjà existante -
qui sont soumises par obligation à la loi ou qui ont demandé
à être assujetties à l'application de la loi pour les six
premiers mois de l'année 1982.
On sait très bien ce que représente recevoir toute la
documentation de ces municipalités, vérifier le découpage
des districts électoraux municipaux, intervenir selon les exigences de
la loi lorsqu'il y a des divergences d'opinions assez prononcées entre
les citoyens et le conseil de ville et vérifier systématiquement
sur le terrain toutes les délimitations qui nous sont proposées
par les municipalités. M. le Directeur général des
élections disait souvent en parlant des géographes - j'en suis un
de formation - que ce sont des gens lorsqu'on veut leur faire entrer quelque
chose dans la tête, qu'on est obligé de faire marcher sur le
terrain. Pour venir à bout d'approuver les découpages des
municipalités - ce n'est pas que je ne fais pas confiance aux
municipalités - on doit avoir d'assez bonnes connaissances; donc, cela
suppose que des gens, dont moi-même, sont obligés d'aller
parcourir les territoires des municipalités. Il y a beaucoup de
problèmes auxquels on fait face dans l'application de cette loi, qui ne
sont pas des problèmes inhérents à la loi même, mais
qui sont inhérents à toute la complexité et à la
diversité qui peuvent exister d'une municipalité à une
autre. C'est une tâche énorme et, comme vous pouvez voir, 32 ou 33
municipalités qui devront dans les six mois adopter des
règlements et se soumettre aux exigences de la loi, c'est beaucoup
d'ouvrage.
Je vous remercie, M. le président de la Commission de la
représentation, de ces renseignements qui sont de nature à
répondre à des questions qui avaient été
formulées. Je crois qu'avec l'exposé que vous nous avez fait vous
nous avez rapidement convaincus que ce n'est pas le travail qui va manquer au
niveau de la Commission de la représentation, même si nous
adoptons le projet de loi tel que nous le connaissons.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: D'ailleurs, M. le Président, le contraire
m'aurait surpris.
M. Bédard: Oui.
M. Gratton: Je veux remercier moi aussi le président de la
commission pour les renseignements qu'il nous a donnés. Une
dernière question: Je présume que la commission n'avait pas
commencé, outre le domaine de la délimitation des secteurs
électoraux, le travail de délimitation des nouveaux
comtés.
M. Bédard: Disons que, comme tel, la Commission de la
représentation a fait le découpage des secteurs
électoraux. Par contre, nous avons de nos employés qui, dans les
mois d'avril, mai, juin et juillet, ont commencé à sortir des
données, à faire des
vérifications quant au nombre de circonscriptions
électorales qui dépassent les 40 000 électeurs, comme l'a
mentionné M. le ministre en Chambre hier. Je crois qu'il a
mentionné le chiffre de 25 ou 26. Il y a plusieurs circonscriptions
électorales qui ont entre 38 000 et 40 000 électeurs; on sait que
dans la loi le maximum permissible, si je peux m'exprimer ainsi, est de 40 000
électeurs. Nous avions commencé à accumuler des
données. Par contre, il a été décidé
à une réunion de la commission aux alentours du mois de septembre
ou d'octobre - je ne me rappelle pas exactement, ma mémoire me fait
souvent défaut - d'être très prudents dans ce type de
travail, parce que nous avions eu...
De bonnes rumeurs!
M. le ministre nous avait laissé entendre qu'il pourrait
peut-être y avoir un nouveau mode de scrutin. Par contre, je peux vous
assurer, messieurs, que la commission n'a procédé à aucun
travail de quelque nature que ce soit sur le vote à la proportionnelle
ou sur des hypothèses de découpage. À moins que votre
commission ne nous le donne, actuellement nous croyons que nous n'avons eu
aucun mandat de cette nature.
C'est exact. C'est dans le sens des remarques que j'ai faites au
député de Gatineau tout à l'heure.
M. Gratton: Dernière question. C'est toujours la
dernière, forcément.
M. Bédard: Oui.
M. Gratton: C'est la réponse du président qui me
l'inspire. Au moment où vous avez effectué ces travaux de
vérification du nombre de circonscriptions qui dépassent 40 000
et tout cela, en étiez-vous arrivé à pouvoir cerner si, en
maintenant la norme qui existe présentement, il serait nécessaire
d'ajouter un certain nombre de circonscriptions?
M. Bédard: M. le Président, il semblait très
clair qu'à partir du respect de la norme qui est contenue dans la loi
que nous connaissons nous irions vers une augmentation du nombre de
circonscriptions.
M. Gratton: D'environ combien?
M. Bédard: Je ne peux pas le dire
précisément.
M. Gratton: Quel est l'ordre de grandeur?
M. Bédard: C'est de quatre ou cinq à ce qu'on me
dit.
M. Gratton: Oui.
M. Bédard: Mais c'est approximatif. J'ai dit d'ailleurs,
dans mon discours de deuxième lecture, qu'effectivement, si on fait une
projection sur trois ou quatre ans, ce n'est pas moins que quarante ou
cinquante comtés qui peuvent être retouchés avec la norme
qui est contenue dans la loi que nous connaissons déjà. Il y aura
peut-être, à un moment donné, une réflexion qui sera
nécessaire sur ces normes qui sont déjà contenues dans la
loi. En fonction de l'avenir, on verra.
M. Gratton: D'ailleurs, c'est de ce côté que je
suggérerais au ministre de réfléchir à la
possibilité d'augmenter à nouveau le nombre de
circonscriptions.
M. Bédard: Vous admettrez avec moi que tout cela est
relié, d'une certaine façon, à l'éventuelle
réforme du mode de scrutin.
M. Gratton: D'accord.
M. Bédard: À un moment donné, il faudra
faire le point à partir de cela.
M. Gratton: M. le Président, quant à nous,
j'aimerais remercier MM. Lemieux et Côté de l'information qu'ils
nous ont fournie cet après-midi et leur dire à la prochaine.
M. Bédard: Merci.
Le Président (M. Desbiens): Je demanderai en
conséquence au rapporteur de faire état de nos travaux à
l'Assemblée nationale.
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 27)