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(Onze heures trente-huit minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaîtî La commission élue permanente de la présidence
du conseil et de la constitution a reçu le mandat d'étudier les
crédits budgétaires 1982-1983 du programme 4 et du programme 5,
éléments 2 et 3.
Les membres de la commission sont: MM. Brouillet (Chauveau) à la
place de Bédard (Chicoutimi); Gendron (Abitibi-Ouest), Landry
(Laval-des-Rapides); LeMay (Gaspé) à la place de Lazure
(Bertrand); Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) à la place de Levesque
(Bonaventure); Dussault (Châteauguay) au lieu de Lévesque
(Taillon); Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue) à la place de Mme
Marois (La Peltrie); MM. Rocheleau (Hull) à la place de Marx (D'Arcy
McGee), Morin (Sauvé); Lincoln (Nelligan) à la place de Ryan
(Argenteuil); Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants sont: MM. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Doyon
(Louis-Hébert), Gratton (Gatineau), Guay (Taschereau), Mme Harel
(Maisonneuve), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Paquette (Rosemont), Payne
(Vachon) et Rivest (Jean-Talon).
Il serait dans l'ordre de désigner un rapporteur à la
commission. Est-ce qu'il y a une proposition? Le député de
Gaspé est proposé. Donc, le député de Gaspé
agira comme rapporteur. Est-ce qu'on étudie le programme globalement,
après les remarques préliminaires?
M. Gendron: C'est cela.
Le Président (M. Desbiens): On étudie le programme
globalement et on l'adopte élément par élément.
Cela va?
M. Lalonde: La plus grande liberté.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, pour les
remarques préliminaires.
Exposé général M. François
Gendron
M. Gendron: M. le Président, collègues
parlementaires, comme il est de tradition, rapidement, je voudrais juste faire
un court exposé sur certains éléments importants qu'il y a
lieu de rappeler par rapport à l'exercice financier terminé et
quelques éléments d'orientation pour la prochaine année.
Avant, comme il est de coutume également, j'aimerais présenter,
quand même, quelques personnes qui nous accompagnent ici ce matin, mes
principaux collaborateurs. Vous avez ici des gens de l'OPDQ: M. Jacques Gagnon
qui est directeur général de l'OPDQ, M. Florian Rompré qui
est secrétaire général du secrétariat Archipel, M.
Yvon Tremblay qui est l'équivalent de mon sous-ministre au
secrétariat à l'aménagement et à la
décentralisation. Également, il y a des gens, bien sûr,
soit de l'OPDQ, du secrétariat d'Archipel ou du secrétariat
à l'aménagement et à la décentralisation, ainsi que
des membres de mon cabinet. Alors, je leur souhaite la bienvenue.
Habituellement, lors de l'étude des crédits, il est permis
au ministre, comme je l'ai mentionné tantôt, de rappeler un petit
peu les principales réalisations de l'exercice financier qui se termine
et d'indiquer quelques grandes orientations pour l'année en cours.
Alors, je ne veux pas être très long, mais je pense qu'il est
important, compte tenu qu'il y a eu assez de changements au cours de 1981 et
également en 1982, de vous faire part de certains
éléments.
J'aimerais vous dire, d'abord, que l'année 1981-1982 nous montre
qu'elle a été assez fructueuse à plusieurs égards
et marquée, notamment, par un certain nombre d'orientations et de
décisons qu'il convient de rappeler sommairement, en tout cas, dans les
responsabilités qui sont miennes.
Premièrement, pour ce qui est de l'aménagement, la mise en
oeuvre de la loi 125 sur l'aménagement et l'urbanisme s'est poursuivie
de plusieurs façons, l'une d'elles étant la création, sous
la direction du ministère des Affaires municipales et en collaboration
très étroite avec notre secrétariat en aménagement
et en décentralisation, d'un nombre assez important de
municipalités régionales de comté. Tout le monde se
rappelle que lors de l'étude des crédits, en juin 1981, il y
avait à peine une douzaine de MRC qui étaient
créées, alors qu'au moment où je vous parle, il y en a 77.
Je pense qu'il est important de souligner, ici, le magnifique travail des 19
comités de consultation qui ont tenu plusieurs rencontres dans tout le
territoire du Québec afin de recueillir les avis, les opinions, les
commentaires et les propositions de la population des municipalités et
des
organismes du milieu. Toujours dans le domaine de l'aménagement,
le Conseil des ministres a approuvé les modalités d'exercice des
responsabilités du ministre d'État pour l'application de certains
articles, comme les articles 11, 16, 27 et ainsi de suite sur la loi 125.
Il est peut-être important de dire aux membres de la commission
parlementaire que les deux premiers articles, 11 et 16, obligent le
gouvernement à communiquer à chaque MRC les orientations que lui,
comme gouvernement, ses ministères et mandataires de même que les
organismes publics entendent poursuivre sur son territoire et,
également, toute la question des équipements, des infrastructures
et des projets d'aménagement qu'ils veulent y réaliser. Il
m'appartient de voir, comme ministre d'État à
l'Aménagement, à la préparation de ces documents pour
transmission aux MRC par le ministre des Affaires municipales qui demeure
toujours le ministre responsable de la loi 125.
Dans le même ordre d'idées, le Conseil des ministres a
également accepté la mise sur pied, au sein du secrétariat
à l'aménagement et à la décentralisation d'un
groupe de coordination et de synthèse, chargé principalement
d'obtenir des ministères les informations nécessaires et de
préparer ou de rassembler les renseignements nécessaires qu'on
doit fournir aux MRC. Ce groupe est déjà à l'oeuvre et il
a déjà confectionné, avec l'aide des ministères et
des organismes gouvernementaux, ce qu'on appelle le document de base transmis
aux MRC. D'ailleurs, pour la MRC des Îles-de-la-Madeleine qui a
été la première à entreprendre l'élaboration
de son schéma d'aménagement, cette responsabilité qui est
mienne a été exercée et le document a été
expédié à la MRC, document qui doit recueillir l'ensemble
des informations nécessaires pour que la MRC puisse élaborer son
schéma d'aménagement.
Par ailleurs, je soulignerai brièvement ce qui concerne le COMPA,
parce que, comme ministre d'État à l'Aménagement, je
préside le comité ministériel permanent de
l'aménagement; ce dernier a été, comme vous le savez
probablement, appelé à analyser la plupart des dossiers touchant
les secteurs d'activité des ministres qui le composent, savoir: Affaires
municipales, Agriculture, Aménagement, Énergie et Ressources,
Environnement, Loisir, Chasse et Pêche, Transports, Travaux publics et
Approvisionnement. Cette évaluation ainsi que les recommandations
subséquentes au Conseil des ministres sur différents dossiers ont
été faites dans le but d'assurer une meilleure cohérence
des politiques et des activités gouvernementales dans les domaines
mentionnés.
Une autre de mes responsabilités, c'est la
décentralisation. En matière de décentralisation, je pense
qu'il est important de vous faire un court rapport et de vous dire qu'il y a un
pas important qui a été franchi avec la formation, au cours de
l'été 1981, d'un comité ministériel que je
préside et qui comprend les ministres d'État au
Développement social et au Développement culturel et
scientifique, le président du Conseil du trésor ainsi que les
titulaires des ministères suivants: Affaires municipales, Affaires
sociales, Éducation et Fonction publique. Le comité
ministériel sur la décentralisation a un double mandat. Deux
éléments fondamentaux sont à retenir. La première
partie de son mandat, c'était de faire l'inventaire des mesures
déjà prises en matière de décentralisation, de
déconcentration administrative et d'implantation d'organismes
régionaux pour avoir peut-être un meilleur éclairage de ce
qui a été fait et évaluer certains éléments
de concertation. (11 h 45)
L'autre volet du mandat, c'était de définir une approche
favorisant une meilleure prise en compte des mesures de développement
des régions et les liens avec les nouvelles instances
décentralisées. En clair, on regarde ce qui a été
fait et, deuxièmement, on tente de dégager une politique de
décentralisation qui permettrait d'articuler un peu mieux la nouvelle
problématique du développement régional avec les
instruments de mise en oeuvre requis. Le comité a amorcé ses
travaux en septembre 1981. Il s'est réuni à six reprises.
L'inventaire qu'il devait faire est à toutes fins utiles terminé
puisque la compilation des données obtenues de différents
ministères est complétée et qu'un rapport synthèse
a déjà été dressé. Il nous appartient
maintenant d'essayer de le rendre parlant, le plus signifiant possible, de
dégager pas uniquement des constats mais des éléments qui
nous permettraient de nous aider à traduire une concertation plus
formelle de ce que pourrait être une véritable politique de
décentralisation. On en reparlera peut-être parce que là je
fais rapport de ce qui a été fait, on dégagera tout
à l'heure des orientations sur ce qui sera fait.
Je viens de parler de l'aménagement, très succinctement,
et de la décentralisation également. Un autre dossier qui est
très important et qui a exigé passablement d'efforts au cours de
l'année 1981, c'est le dossier Archipel. Je pense qu'il est important de
vous en dire quelques mots puisque, au cours de l'année 1981-1982, c'est
un des dossiers au secrétariat à l'aménagement et à
la décentralisation qui a été assez actif.
Tout le monde sait que l'étude de faisabilité qui a
débuté en février 1980 et qui doit prendre fin au
printemps 1983 a pour but, rappelons-le, de vérifier s'il est
possible - ce n'est pas décidé si on le fait -de
réaliser un aménagement des eaux de l'archipel de Montréal
permettant une mise en valeur polyvalente et intégrée de cette
ressource qu'on appelle l'eau, tout en satisfaisant à des
critères liés à l'amélioration de la qualité
de l'environnement, de la qualité de vie, de la qualité des eaux,
de la rentabilité économique et, bien sûr, une certaine
acceptabilité sociale, parce que c'est un projet d'envergure mais dans
un milieu très urbanisé.
La coordination de cette étude est assurée par un
comité ministériel qui s'appelle comité ministériel
Archipel, que je préside, et qui comprend également les ministres
des Affaires municipales, de l'Énergie et des Ressources, de
l'Environnement et du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Tout au cours de l'année 1981-1982, il s'est passé des
choses. On a d'abord poursuivi les études auxquelles on s'était
engagé parce qu'un projet d'une telle envergure, il ne faut pas le faire
sur le bras, il faut le faire avec des données les plus
vérifiées possibles les plus scientifiques possibles.
Également au cours de l'année 1981, on s'était
engagé à terminer le rapport d'étape sur
l'évolution de l'ensemble de ces études. Cela a été
fait. Il y a également peut-être un mois qui a été
plus particulièrement actif, c'est le mois de janvier 1982 qui a permis
quand même de préciser trois événements principaux:
le dépôt du rapport d'étape de l'étude de
faisabilité, comme je l'ai dit tout à l'heure; la nomination d'un
nouveau secrétaire général associé, je l'ai
présenté tout à l'heure, M. Florian Rompré, qui est
coordonnateur du projet Archipel et du secrétariat Archipel, et
également la formation d'un comité de consultation de trois
personnes qui avaient comme responsabilité de cueillir l'ensemble des
préoccupations, l'ensemble des points de vue de tous les intervenants,
par bassin ou autrement, impliqués dans la définition de la
problématique du projet Archipel, et également les plans
d'équipement et les plans de gestion.
Le comité de consultation a produit dernièrement son
rapport dans une conférence de presse. Il y a deux semaines environ,
à Montréal, j'avais l'occasion de rendre public le rapport du
comité de consultation et également d'annoncer la tenue d'une
table de concertation qui va commencer ses travaux à partir de la fin de
l'après-midi aujourd'hui pour les poursuivre toute la journée
demain.
Il y a également un autre morceau très important qui est
de mes responsabilités, c'est l'Office de planification et de
développement du Québec. Je pense qu'on ne peut pas aborder la
rencontre d'aujourd'hui, qui est surtout pour étudier les crédits
de l'OPDQ, sans parler, effectivement, des travaux qui ont été
faits par l'Office de planification et de développement du
Québec.
Le Conseil des ministres a décidé en mars dernier de
rattacher au ministre d'État à l'Aménagement, à
compter du 1er avril 1982, tous les services de l'OPDQ à l'exception de
la Direction de la planification, cette dernière étant
transférée sous la responsabilité du ministre
d'État au Développement économique. Le Conseil des
ministres m'a, par la même occasion, chargé de revoir, dans un
délai maximal d'un an, le rôle, les fonctions, les mandats, les
budgets et les effectifs de l'OPDQ, pour une raison très simple. L'OPDQ
est un organisme qui, à ma connaissance, a rendu de fiers et d'immenses
services à la collectivité québécoise, compte tenu
de sa présence régionale, compte tenu de la connaissance qu'il a
des régions. Entre-temps, par rapport aux actions du gouvernement sur
les régions, il s'est passé toutes sortes de choses, je vous l'ai
dit tantôt, dans l'inventaire qu'on a eu à faire, entre autres,
des mesures de décentralisation, des mesures de concertation
régionale ou des mesures d'implantation d'organismes, de bureaux de
toute nature. Dans ce sens, il apparaissait important au Conseil
exécutif d'envisager une révision peut-être plus
adaptée à la réalité d'aujourd'hui et
particulièrement eu égard à cette nouvelle
problématique qui pointe à l'horizon depuis quelques
années, comment s'assurer que le gouvernement québécois
est plus soucieux des interventions régionales, mais d'une
manière peut-être plus concertée et plus soucieuse des
dynamismes locaux et régionaux, dans ce sens. C'est pourquoi, M. le
premier ministre, à la suite d'une décision du Conseil des
ministres a demandé que nous puissions au cours de l'année 1982
revoir le rôle de l'OPDQ.
De plus, la décision du Conseil des ministres prévoit que
le fonds de développement régional ne servira pas normalement
à financer les projets qui peuvent être inscrits aux
programmations régulières des ministères sectoriels, mais
devrait surtout soutenir des initiatives communautaires provenant des
régions et davantage axées sur le financement des travaux
d'équipements collectifs, mais à caractère
intersectoriel.
C'est exactement la position que j'ai toujours défendue depuis
que j'assume la responsabilité de ce fonds et c'est celle qui m'a
guidé dans les choix effectués à cet égard au cours
de l'exercice 1981-1982, par rapport aux éléments de
programmation qui ont été retenus versus d'autres
éléments de programmation qui n'ont pas été
retenus. Il m'apparaissait que c'étaient des projets
intéressants, mais qui normalement devraient être assumés
par les ministres sectoriels.
Maintenant, si on regarde pendant quelques minutes les perspectives de
1982-1983 dans chacune des responsabilités qui m'incombent, je vais
tenter d'y dégager très brièvement, dans le même
ordre que j'ai présenté la rétrospective, certains
éléments de développement.
Pour ce qui est de l'aménagement, d'ici à la fin de 1982,
bien sûr, il va falloir raffermir le processus de mise en place des
municipalités régionales de comté dans le sens de le
terminer, parce qu'il reste quelques MRC qui ne sont pas terminées. Le
Québec comprendra vraisemblablement à la toute fin de
l'opération, à peu près 94 MRC, car on s'attend que d'ici
la fin de 1982, à peu près 17 autres viennent s'ajouter aux 77
qui existent déjà.
La loi 125 prévoit par ailleurs que toutes les MRC devront
entreprendre l'élaboration de leur schéma d'aménagement au
plus tard le 12 décembre 1982. Ceci nous conduira donc à adopter
un rythme de croisière à l'égard de la production des
documents que nous devrons leur transmettre pour préparer la version
préliminaire du schéma.
Par exception, seule la ville de Laval devrait franchir en 1982-1983
l'étape consistant à la confection de son schéma final
d'aménagement. Nous en sommes fort heureux parce que la ville de Laval
pour des conditions particulières avait pris de l'avance. Toutes les MRC
devront débuter leur schéma d'aménagement à la fin
de décembre 1982. Donc, cela veut dire que pour le secrétariat
à l'aménagement et à la décentralisation, pour le
groupe technique support, en vertu des articles 11 et 16 beaucoup de boulot,
parce que rappelez-vous toujours qu'il est de notre responsabilité de
fournir à chacune des MRC les orientations générales en
termes d'aménagement et les précisions requises
nécessaires quant aux infrastructures, quant à tous les
équipements que normalement le gouvernement du Québec, ses
mandataires, c'est-à-dire, les sociétés d'État et
les organismes publics doivent fournir à ces MRC pour que leur
schéma soit le plus collé possible à une
réalité de développement.
Pour ce qui est de la décentralisation des activités
gouvernementales, le comité ministériel peut maintenant,
l'inventaire étant fait, poursuivre les travaux déjà
entrepris quant au second volet de son mandat. Rappelez-vous que le second
mandat touchait beaucoup plus l'élaboration d'une politique de
décentralisation, toujours en la reliant à la
problématique du développement des régions du
Québec.
Le comité a déjà amorcé l'analyse de
quelques exemples concrets de fonctions à décentraliser et il a
également examiné à l'égard des régions
administratives des hypothèses de nouveaux découpages qui
tiennent compte des limites territoriales des MRC. En gros, je pense qu'au
milieu de l'année 1982 et possiblement en septembre 1982, on sera en
mesure d'avoir des exemples précis à donner à tous les
intervenants intéressés par la décentralisation sur la
façon dont cela devrait fonctionner. Également, possiblement,
nous mènerons une consultation d'assez grande envergure en
septembre-octobre sur la décentralisation pour impliquer tous les
intervenants intéressés et nous irons voir dans chacune des
régions du Québec quel est le point de vue de tous ces
intervenants par rapport aux trois sujets que j'ai mentionnés:
hypothèse de découpage, problématique d'une politique de
développement régional, eu égard aux instruments de mise
en oeuvre, révision également de tous les éléments
que la synthèse nous aura permis de cerner, de dégager, dans le
sens que de temps en temps il y a des incohérences qu'il y aurait lieu
de corriger et on voudrait discuter ça avec les intervenants
concernés.
Pour ce qui est d'Archipel, les nouvelles sont fraîches, je l'ai
mentionné tantôt, puisque dès que les crédits seront
terminés j'irai participer à la table de concertation à
Montréal avec mes quatre collègues du comité
ministériel. Ce soir et demain nous examinerons, avec des
représentants d'Hydro-Québec, des municipalités, du monde
syndical, du milieu des affaires, du secteur des loisirs et de l'environnement
et d'autres, les objectifs du projet et les problèmes inhérents
à leur réalisation parce qu'effectivement, le rapport de
consultation nous a permis de dégager des niveaux de
préoccupation différents, comme on s'attendait d'un projet d'une
aussi grande envergure, aussi polyvalent, aussi complexe. Cela pose des
difficultés, compte tenu que l'ensemble des intervenants n'ont pas les
mêmes visions de ce qui est requis et de ce qui doit d'abord être
fait. C'est pourquoi on tient une table de concertation pour dégager un
minimum de consensus qui nous permettra de continuer nos travaux, mais d'une
façon plus balisée.
L'année 1982-1983 sera vraiment celle d'Archipel puisque deux
autres événements importants, outre celui dont je viens de faire
mention, s'y produiront également. C'est ainsi qu'une deuxième
consultation aura lieu dès l'automne, portant cette fois sur des
hypothèses de plan de gestion et d'équipement, donc de quelque
chose de très concret et s'adressant à un public plus large.
Il y aura également une deuxième table de concertation qui
se tiendra probablement au printemps 1983. Elle viendra, en quelque sorte,
clore l'étude de faisabilité qui permettra au Conseil des
ministres de prendre ensuite une décision prévue à
l'automne 1983, sur l'opportunité de réaliser ou non le projet
Archipel.
Pour ce qui est de l'Office de planification et de développement
du Québec, j'ai eu l'occasion de mentionner tantôt le mandat qui
m'a été confié concernant la révision de cet
organisme. Il s'agit évidemment d'une tâche dont j'entends
m'acquitter au cours des mois à venir et le délai fixé
à cet égard ne m'en laisse d'ailleurs pas le choix parce qu'on
doit faire un rapport au Conseil des ministres.
Je l'ai mentionné très succinctement tantôt, il
m'apparaît requis de faire un tel examen en profondeur, au-delà du
travail accompli par l'OPDQ depuis une douzaine d'années. Compte tenu de
tout ce qui est survenu au cours de la dernière décennie, je
serais porté à croire que la loi régissant cet organisme a
besoin de certaines modifications, d'un certain rafraîchissement, sans
pouvoir préciser en ce moment si elles seront mineures ou majeures.
Je fournirai dans un instant les explications détaillées
sur les crédits octroyés à l'OPDQ pour l'exercice
1982-1983 et sur la façon dont ils se comparent à ceux
alloués en 1981-1982.
Je voudrais traiter d'un autre sujet qui sera au coeur de mes
préoccupations dans les prochains mois - ça va prendre deux
minutes - c'est le développement des régions.
M. Rocheleau: À quelle heure finit-on?
M. Gendron: À 13 h 30. C'est ça qu'on a dit?
M. Rocheleau: À 13 heures. M. Gendron: À 13
heures?
M. Rocheleau: Est-ce que je vais avoir un peu de temps?
M. Gendron: Cinq minutes, j'en aurai pris quinze.
J'ai l'intention de revoir à brève échéance
l'orientation et les programmes existants à l'égard du
développement des régions. J'envisage ainsi la mise sur pied
dès l'automne prochain d'une tournée de consultation
auprès des populations régionales. Je l'ai mentionné
tantôt. Le gouvernement du Québec ne doit pas
téléguider de Québec le développement des
régions, mais s'asseoir lui aussi à la table de concertation dans
chacune des régions en manifestant une grande ouverture face aux
thèmes abordés. S'il était nécessaire en effet de
construire dans les années soixante un État
québécois, il s'avère important maintenant de consolider
ce pays dans ses racines profondes basées sur le dynamisme local et
régional.
Au plan de la réflexion, le gouvernement est en train
actuellement de faire ses devoirs. Il y aura également lieu
ultérieurement de demander à la population ce qu'elle veut
véritablement en termes de régionalisation et de
décentralisation.
En conclusion, je voudrais remercier tout le personnel des
différents organismes dont j'ai la responsabilité,
particulièrement le secrétariat à l'aménagement et
à la décentralisation, le secrétariat Archipel, de
même que l'OPDQ pour la bonne volonté et l'esprit d'initiative
dont ils ont fait preuve au cours de l'année qui vient de se terminer.
Leur collaboration m'a été fort utile et je suis certain que nous
pourrons continuer à travailler ensemble de manière efficace et
productive.
Avec votre accord, je vais vous permettre de poser toutes les questions
qu'il vous plaira, je suis disposé à y répondre au
meilleur de ma connaissance pour permettre d'apprécier davantage les
choses qui vous intéressent d'une façon plus spécifique.
Comme M. le député de Hull vient d'en faire mention, il a
hâte de poser les questions qui lui sont permises, il me fait donc
plaisir de conclure, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull.
Échanges avec le gouvernement
fédéral
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je m'excuse
premièrement du léger retard. Nous avons sûrement certaines
questions à poser au ministre d'État à
l'Aménagement, étant donné que le ministère de
l'Aménagement et le ministère des Affaires municipales se coupent
sur certaines choses qu'il sera intéressant de connaître de la
part du ministre d'État à l'Aménagement. (12 heures)
Avant de commencer, M. le Président, j'aimerais que le ministre
d'État à l'Aménagement m'explique, en quelques mots... Il
est bien évident qu'il y a certains documents dont on a l'occasion de
prendre connaissance et qui émettent certaines directives ou qui
semblent vouloir émettre certaines directives au Conseil des ministres.
Voici un mémoire qui a été déposé au mois de
novembre 1981 par M. François Gendron, ministre d'État à
l'Aménagement, et qui traite, entre autres, d'une politique de
développement des régions et des instruments de mise en oeuvre.
Je voudrais connaître davantage la réaction du ministre, et
l'appréhension que nous avons de la franchise et de
l'honnêteté que pourrait démontrer ce ministère
à l'égard d'échanges avec le gouvernement
fédéral, avec d'autres ministères. Je me permettrai, M. le
Président, de faire la lecture d'un document ayant pour titre Les
relations fédérales-provinciales, à la page 7, section 5:
"Le ministre de l'Expansion économique régionale
du gouvernement fédéral est en train de revoir sa
politique. Au cours des derniers mois, un comité de la Chambre des
communes a tenu des audiences au Québec en vue de rajuster les actions
de ce ministère. Certains organismes ont présenté des
mémoires. Une campagne de publicité, d'ailleurs en cours,
présente le MEER comme l'organisme qui oeuvre avec les gens des
régions. Les risques de voir s'abattre une aide directe à des
organismes régionaux ne sont pas à négliger. Les
municipalités régionales de comté qui amorcent leur
schéma d'aménagement et qui auront besoin de financement pour le
mettre en oeuvre seront des proies attrayantes. Aussi, devrons-nous rapidement
mettre en place des mécanismes en vue de canaliser ces relations
directes."
Je me pose de sérieuses questions sur ce que semble recommander
le ministre d'État à l'Aménagement à ses
collègues. Je me pose d'autant plus de questions que cela ne semble pas
s'amorcer d'une façon amicale, entre autres, avec le MEER, le
ministère de l'Expansion économique régionale si, d'une
part, il y a possibilité d'aller chercher des subventions ou une
participation quelconque à des programmes qui pourraient être mis
en commun ou qui pourraient être conjoints, sans pour autant brimer
l'autonomie des municipalités ou des municipalités
régionales de comté qui feraient des travaux particuliers pour
leur schéma d'aménagement où l'on sait que le MEER peut ou
pourrait apporter une certaine aide.
J'aimerais que le ministre m'explique un peu ce qu'il veut dire. Est-ce
qu'il a l'intention d'engager une nouvelle bataille? Actuellement, on
étudie les crédits, entre autres, le budget de M. Parizeau, et on
se fait rappeler, tous les instants, que le fédéral a
retranché, au point de vue de la péréquation, quelque 500
000 000 $, cette année, au Québec, comme il l'a fait pour toutes
les autres provinces canadiennes. Ici, on tente de contrer des efforts qui
pourraient être entrepris par le MEER pour venir en aide à
certaines municipalités par l'entremise des régions.
Alors, M. le Président, si le ministre pouvait prendre quelques
minutes pour résumer sa pensée ou le fond de sa pensée,
s'il en a une, face à ce qu'il a dit dans son mémoire
présenté au Conseil des ministres.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Gendron: Simplement. D'ailleurs, je voudrais juste reprendre
quelques éléments de la question du député de Hull
et dire que le ton laisse voir peut-être un début de "chamaillage"
ou de bataille avec un ministère qui n'existe plus. Ce n'est pas
tellement grave si, effectivement, vos appréhensions sont exactes, parce
que le MEER n'existe plus comme tel. C'est beaucoup plus, je pense, exprimer
d'une façon très claire que le gouvernement du Québec a
des responsabilités envers les organismes qu'il a mis en oeuvre. La
création des MRC, à la suite d'une décision du Conseil des
ministres, par la loi no 125, nous sommes d'avis que tout autant les MRC, les
CRD ou quelles que soient les structures qui ont été mises en
place par le gouvernement du Québec, que l'affiliation doit être
directe et non indirecte. Si le gouvernement fédéral a,
après nous avoir enlevé comme vous l'avez signalé et plus
durement au Québec que dans le reste des autres provinces canadiennes,
des sommes significatives dans le renouvellement des accords fiscaux, des
disponibilités budgétaires parce qu'il s'agit toujours de notre
argent, de nos impôts, nous, ce que j'ai exprimé très
clairement dans deux paragraphes, c'est que effectivement qu'il le fasse de
façon formelle, officielle avec le palier de gouvernement du
Québec et non en passant par-dessus la tête du gouvernement du
Québec pour aller directement offrir aux créatures du
Québec, que ce soit les MRC, que ce soit le CRD ou n'importe quel
intervenant sur le territoire québécois, des fonds sans que nous
ayons eu l'occasion d'avoir des échanges pour que ces interventions
soient planifiées, ordonnées et intégrées par
rapport aux préoccupations qui sont les nôtres.
Que je sache, la responsabilité du Québec est très
grande en termes de soutien aux initiatives locales et régionales et il
n'est pas du tout question de se soustraire à des participations
financières de l'autre palier de gouvernement, mais de les encadrer et
de les baliser à l'intérieur d'ententes, que ce soit des
ententes-cadres que ce soit des ententes sectorielles. C'est uniquement ce que
voulaient dire les deux paragraphes que le député de Hull a voulu
reciter.
Le Président (M. Desbiens): Alors, merci, M. le
député de Hull.
Les responsabilités confiées aux
MRC
M. Rocheleau: C'était seulement pour m'informer et dire
qu'on aimerait suivre de près les négociations qui pourront
être entreprises ou certains examens de programmes qui pourraient
être au bénéfice du Québec. Il est tout à
fait opportun de s'asseoir et d'en discuter.
M. le Président, nous avons tenté, par le biais du
ministère des Affaires municipales... on sait qu'il y a eu une course
à la création des MRC depuis quelques années, pratiquement
un concours, celui qui en créait le plus dans les différentes
régions
dans certains mois, il y avait quasiment des jetons de présence,
des jetons offerts, il y en a effectivement 77 de créés sur une
possibilité de 94 en tout. Le rôle premier que doit offrir
à ces différentes régions les MRC, c'est la confection
d'un schéma d'aménagement qui devrait normalement débuter
autour de décembre pour se terminer quand?
M. Gendron: La loi prévoit que c'est cinq ans.
M. Rocheleau: Cinq ans.
M. Gendron: Cinq ans après la résolution du conseil
de la MRC disant qu'elle se met au travail d'élaboration de son
schéma; les participants ont cinq ans pour le compléter. Comme
ils doivent tous commencer leur schéma en décembre 1982,
normalement tous les schémas d'aménagement sur le territoire
québécois de l'ensemble des MRC devraient être
complétés en 1987.
M. Rocheleau: Maintenant, quand on a étudié la
fiscalité, la loi 57 avec le ministre des Affaires municipales d'alors,
le ministre des Affaires municipales d'aujourd'hui était à
l'Aménagement du territoire, on avait alors distribué des
fascicules, 1, 2, 3, 4, et le 5e est disparu à un moment donné;
il traitait davantage des MRC et il laissait supposer certaines
responsabilités qui seraient dévolues aux MRC. À ce
moment, on s'est fait dire, même par le premier ministre, que ça
semblait uniquement un brouillon de travail, c'était pour passer dans la
brume. Par contre, il y a certains ministères ou certains ministres qui
ont, par la bande, fait certaines annonces indiquant qu'on pourrait retrouver
dans les MRC le transport écolier et d'autres responsabilités.
J'aimerais que le ministre puisse m'informer, étant donné que
c'est le principal responsable effectivement au point de vue
d'aménagement. En plus des responsabilités qui vont être
dévolues aux MRC, de quelle façon a-t-on l'intention de financer
certains de ces projets ou de ces programmes. D'autant plus qu'on
s'aperçoit, cette année, que dans le budget total que vous avez,
quand on parle de développement régional, il y a quand même
une baisse de quelque 16 000 000 $ et on s'attaque réellement à
la machine. J'aimerais que le ministre puisse m'expliquer, pour le
bénéfice de l'ensemble des municipalités du Québec
et plus particulièrement les MRC qui se sont formées, mais qui ne
semblent pas et je persiste à le dire, M. le ministre, connaître
à court terme ni à moyen terme le rôle qu'elles vont
réellement jouer à l'exception du schéma
d'aménagement. Tout le monde sait qu'elles ont un schéma à
faire, mais personne ne sait exactement ce qui va leur tomber dessus
après et de quelle façon elles vont avoir à financer les
différents programmes dont le gouvernement va se retirer pour les
remettre dans les mains de quelqu'un d'autre. J'aimerais qu'il m'explique cela
un peu.
M. Gendron: Je suis heureux d'ailleurs que vous me posiez la
question parce que, dans tout le territoire québécois, ce sont
des préoccupations réelles particulièrement au niveau des
intervenants du monde municipal. J'avais l'occasion de clôturer le
congrès des cités et villes dernièrement à
Montréal et elles-mêmes m'avaient indiqué qu'elles seraient
heureuses de m'entendre d'une façon plus explicite et plus claire sur
les responsabilités additionnelles qu'éven- tuellement elles
devront assumer; je parle des MRC.
Vous dites qu'il n'y a pas beaucoup de MRC qui savent exactement quelles
seront leurs responsabilités, à part celle de confectionner leur
schéma d'aménagement, et je pense que vous avez raison, mais
c'est un peu et pas mal, quant à moi, à dessein si ça se
passe comme cela. Il est capital que les MRC dans un premier temps soient
préoccupées par leur fonction fondamentale, celle qui a
justifié l'arrivée de la loi no 125, c'est-à-dire se
mettre au travail sur l'élaboration d'un schéma
d'aménagement. Quant au reste, j'ai été on ne peut plus
clair au congrès des cités et villes en disant que justement il y
avait actuellement un comité ministériel sur la
décentralisation qui était en train de réfléchir
sur la signification et les informations nécessaires pour travailler que
nous a données le rapport synthèse.
J'ai parlé tantôt d'une tournée de consultation
où effectivement, dans l'ensemble du Québec, je serai en mesure
de préciser avec tous les intervenants intéressés ce que
sont les éléments de décentralisation qu'on pourra offrir
comme étant de responsabilité des MRC plutôt que du
gouvernement du Québec. Prenons un exemple très concret. Il est
possible à court terme qu'on soit capable de décentraliser tout
ce qui s'appelle voirie tertiaire. Moi, je suis toujours convaincu, je peux me
tromper, je n'ai pas la science infuse, mais je suis toujours convaincu que les
MRC seraient plus habilitées que nous à s'occuper de la voirie
tertiaire parce que d'abord les choix seraient plus reliés aux
préoccupations directes et concrètes du milieu, plutôt que
ce soit une planification de Québec, possiblement avec des normes
balisées, peut-être un peu réduites, pour être en
mesure de développer un réseau tertiaire de qualité
normale, requise, à moindre coût parce qu'elles seraient
peut-être moins exigeantes et en mesure de faire de meilleurs choix, des
choix plus judicieux, donc épargner de l'argent. À ce même
congrès, j'ai quand même dit à
l'ensemble des municipalités du Québec que, pour ce qui me
concerne, pour ce qui regarde les responsabilités du ministre
d'État à l'Aménagement et comme président du
comité ministériel de décentralisation, il n'est pas
question à court terme de refiler quoi que ce soit de
responsabilité additionnelle aux MRC tant que la consultation n'aura pas
eu lieu, premièrement; deuxièmement, tant qu'on n'aura pas fait
quelques expériences pilotes sur les fonctions à
décentraliser - on fera l'expérience dans quelques MRC - que ce
soit pour la voirie tertiaire, que ce soit pour les équipements de
loisirs municipaux, que ce soit pour quelque autre élément qu'on
est en train de préciser et sur lesquels j'inviterai tous les
intervenants à parler davatange lors de la consultation.
Alors, pour le moment, je pense qu'il n'y a pas d'autre précision
à donner. Vous attachiez de l'importance aux crédits requis ou
à l'argent requis. J'ai toujours dit, chaque fois que j'ai eu l'occasion
de le faire devant tous les publics intéressés par cette
question, qu'il est absolument impensable de confier des responsabilités
autres que celle du schéma d'aménagement aux municipalités
du Québec par l'intermédiaire de la structure de la MRC sans les
accompagner des crédits afférents. Exemple concret, si la voirie
tertiaire coûte actuellement au gouvernement du Québec 250 000 000
$ par année et que dans deux ans on est en mesure de
décentraliser la voirie tertiaire, le budget de la voirie tertiaire du
ministère des Transports ne sera plus dans les crédits du
ministère du Transport du Québec mais sera versé aux
crédits des MRC du Québec. Donc, ce sera accompagné du
budget comme tel. (12 h 15)
M. Rocheleau: M. le Président, le ministre sera
sûrement en accord avec moi là-dessus, ce qui se produit à
l'intérieur du gouvernement actuel et de ses engagements touche
peut-être davantage les municipalités parce que cela a une
influence directe. On sait qu'au Québec on a, en 1969,
créé trois communautés régionales: la
Communauté urbaine de Montréal, la Communauté urbaine de
Québec et la Communauté régionale de l'Outaouais. On sait
que cela n'a peut-être pas apporté les fruits qu'on aurait
souhaités et on déplore que ça prenne autant de temps
à se faire un lit pour fonctionner adéquatement.
Le ministre vient de faire une déclaration. Il a dit: Tant que la
consultation n'aura pas eu lieu. C'est une affirmation qui est faite
aujourd'hui. Dans un an, dans deux ans, on pourra interroger de nouveau le
ministre et il nous dira, à ce moment-là: II n'est plus question
qu'on fasse de la consultation; on impose des responsabilités et les
municipalités devront fournir les fonds nécessaires pour les
différents programmes parce qu'on s'en retire.
Je m'explique. Quelle est la philosophie du gouvernement actuel au point
de vue des municipalités? On souhaitait une consultation, etc. Prenons
l'exemple du projet de loi no 37 concernant la fusion forcée de
Baie-Comeau-Hauterive. L'Opposition tenait à avoir un rapport qui a
été déposé le 18 mai, mais qui n'a pas encore
été commenté par le ministre des Affaires municipales. Je
le comprends. Le rapport est difficile à commenter pour les
ministériels étant donné qu'il donne raison à peu
près en tout à la ville de Baie-Comeau qui avait des
appréhensions.
Le gouvernement s'était engagé à ne plus faire de
fusions forcées. On traite encore ici avec les municipalités.
Tout le monde sait qu'il y a trop de municipalités au Québec,
c'est-à-dire un paquet de villages, de paroisses, etc., comparativement
à l'Ontario, la province voisine, où il y a à peu
près la moitié moins de municipalités pour 2 000 000 de
plus de population. Il faut trouver le mécanisme d'appoint qui va
permettre aux municipalités de se regrouper, de fusionner, tout en
acceptant volontairement de le faire.
Dans le contexte des MRC, la plupart de ceux avec qui on a l'occasion de
parler, je ne sais pas si c'est une question d'information... Tantôt,
vous avez dit: On les a créées dans un but premier, le
schéma d'aménagement; on ne veut pas trop leur en donner d'un
seul coup au cas où elles ne comprennent pas. Après cela, on
reviendra et on leur donnera autre chose à faire ou d'autres
responsabilités. Il n'en demeure pas moins que cela reste dans
l'arrière-pensée de ces gens et que le gouvernement ou
différents ministres annoncent parfois qu'ils se retirent de certains
projets, de certains programmes comme la voirie. On a remis aux
municipalités certains programmes au niveau de la voirie. Je ne sais pas
si on a les mêmes subventions qu'on avait antérieurement, mais
c'est maintenant à la charge des municipalités: la neige l'hiver,
etc.
M. Gendron: Juste une parenthèse là-dessus. Il n'y
a strictement rien de changé depuis cinq ans par rapport à ce que
vous énoncez. En 1982, le ministère des Transports ne s'est pas
déchargé des responsabilités qu'il assumait il y a cinq
ans. Dire que d'autres intervenants ministériels... Même si je
tiens un discours disant qu'il n'y aura pas d'autre fonction exercée par
les MRC que celle du schéma d'aménagement dans un premier temps,
à la suite du rapport sur la décentralisation par le
comité ministériel au Conseil des ministres, des décisions
seront prises; à la suite de la consultation, on va recueillir les
demandes et les souhaits des intéressés. En même temps que
les municipalités du Québec disent: Un
instant, on ne veut pas aller trop vite là-dedans, on se
promène sur le territoire québécois et beaucoup
d'intervenants, intéressés par ces questions, réclament
effectivement que les pouvoirs soient plus près des citoyens parce que,
eux aussi, revendiquent le statut d'élus, comme nous autres. Dans ce
sens-là, la consultation devrait nous permettre d'adapter les fonctions
à être décentralisées, eu égard à
certains besoins exprimés lors de la consultation. Vous faisiez
référence, tantôt, au fascicule 5 qui n'a jamais
existé pour le gouvernement du Québec. Vous pouvez bien dire ce
que vous voulez là-dessus, mais il n'y a jamais eu de fascicule 5 au
gouvernement du Québec. Oui, il y a eu une réflexion qui
débordait la responsabilité, aux MRC, de l'aménagement.
Mais dans ce document de travail, jamais, à aucun palier
décisionnel du gouvernement, on n'a retenu quoi que ce soit. On peut
bien continuer à l'évoquer, mais ce n'est pas quelque chose qui a
été retenu. Cela a été tellement peu retenu que,
justement, on est en train de refaire une opération de consultation qui
va impliquer tous ces intervenants pour qu'effectivement, si jamais on ajoute
des responsabilités aux MRC autres que celles qui sont dévolues
par la loi 125, ce soient des responsabilités souhaitées,
qu'elles soient en mesure d'exercer et qu'elles aient les crédits requis
pour pouvoir les exercer. C'est ce que je vais continuer à
développer comme problématique et comme discours en termes de
décentralisation.
M. Rocheleau: M. le Président, j'aimerais peut-être
que le ministre puisse m'informer dans les crédits, à
l'élément 1...
Le Président (M. Desbiens): Programme 4?
M. Rocheleau: Programme 4.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle le programme 4,
élément 1.
M. Rocheleau: Oui, c'est cela. J'aurais peut-être autre
chose et mes collègues de Marguerite-Bourgeoys et de Nelligan ont
sûrement des commentaires à émettre, entre autres sur
Archipel et les autres sujets, mais cela traite des MRC, entre autres.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Oui, M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Je voudrais savoir si l'ordre qu'on suit est l'ordre
dans lequel le ministre a abordé les différents
éléments importants de l'activité ou si on suit
strictement le cahier des...
Le Président (M. Desbiens): On a convenu au départ
d'étudier globalement chaque programme. Il y a le programme 4 qu'il faut
étudier. On l'étudie globalement et on l'adoptera après
cela. On reviendra élément par élément pour
l'adoption.
M. Dussault: Si c'est le cas, M. le Président, avant qu'on
donne la parole à un autre membre de l'Opposition, j'aurais une question
à poser, du même ordre que ce dont vient de traiter le
député de Hull.
Le Président (M. Desbiens): C'était...
M. Rocheleau: Je n'avais pas tout à fait terminé,
M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que c'est sur le
programme 4?
M. Dussault: C'est le même ordre de débat que celui
que vient de faire le député.
Le Président (M. Desbiens): Sur les remarques
préliminaires?
M. Dussault: C'est cela.
Le Président (M. Desbiens): Avant de passer au programme
4...
M. Rocheleau: Je n'avais pas terminé, mais je faisais une
relation indirecte au programme 4. C'est parce que...
Le Président (M. Desbiens): On reste dans les remarques
préliminaires?
M. Rocheleau: Oui, on reste dans les remarques
préliminaires.
Le Président (M. Desbiens): D'accord. Allez-y.
M. Rocheleau: En 1982-1983, effectivement, il y a une baisse au
point de vue du développement régional, alors que...
M. Gendron: On va vous expliquer cela.
M. Rocheleau: Oui, vous me l'expliquerez. On a pratiquement
complété la création des MRC. On en est rendu à 77.
Il y a un maximum de 94. Les dernières sont peut-être plus
difficiles. Peut-on demander au ministre si, dans le cas de certaines des MRC
qui, pour certaines, souhaiteraient avoir des modifications à leur
territoire, qui discutent encore des limites territoriales, les consultations
se poursuivent dans ce sens ou si on fait simplement imposer?
M. Gendron: Rapidement là-dessus. Pour
ce qui est de toute la démarche de la création des MRC, au
niveau de l'émission des lettres patentes, la loi 125 est toujours sous
la responsabilité du ministre des Affaires municipales et non du
ministre d'État à l'Aménagement. Donc, c'est difficile
pour moi de parler en son nom, sauf que, comme on est cosignataires des lettres
patentes, je peux vous dire, contrairement à ce que vous affirmez, que,
dans 99% des cas, autant dans les découpages que dans les modes de
représentation, il y a eu des ententes entre les deux unions et entre
les intervenants concernés. Oui, il est vrai que, pour certains
découpages qui restent à faire... Par exemple, dans ma
région, il reste deux choses qui ne sont pas tranchées, quoiqu'on
vienne de décider d'en trancher une qui était une demande
spécifique d'une petite MRC autonome pour Barraute-Senneterre... En tout
cas, je vous en fais grâce. La décision est rendue. M.
Léonard a envoyé sa lettre dernièrement et les
ajustements...
M. Rocheleau: Les modifications ont-elles été
acceptées?
M. Gendron: Oui, les modifications ont été
acceptées. Les ajustements qui restent pour certains territoires dits
plus difficiles, par exemple le territoire de toute la zone Mirabel et, en
passant, si l'autre se branchait, si le palier fédéral se
branchait au lieu de reporter décision sur décision, ce serait
peut-être plus facile pour nous de savoir ce qu'on veut faire... Vous
allez quand même admettre, M. le député de Hull, que cela a
des incidences drôlement importantes si tout le trafic aérien de
Dorval s'en va à Mirabel ou si c'est l'inverse; cela a des incidences
par rapport à un territoire qu'on veut le plus homogène possible
et le plus relié possible à une problématique de
développement futur. C'est dans ce sens-là. Il y a quelques
décisions qui restent à prendre au gouvernement du Québec,
mais pour lesquelles on n'est pas complètement responsables de ne pas
les avoir prises, compte tenu qu'il y a un autre palier de gouvernement qui a
des décisions à prendre.
M. Rocheleau: M. le Président, je dois dire au ministre
qu'il ne doit pas avoir hâte de se séparer du Canada, parce qu'il
ne pourra jamais trouver quelqu'un d'autre sur qui mettre la faute, parce qu'on
entend cela tous les jours d'à peu près tous les ministres. C'est
toujours, malheureusement, la faute du fédéral s'il y a quelque
chose qui se produit.
M. Gendron: M. le député de Hull, dans ma bouche,
vous l'entendrez quand cela sera le cas. Quand ce ne sera pas le cas, on va
prendre nos responsabilités. D'ailleurs, je l'ai nommé pour une
municipalité, Mirabel.
D'accord? Vous avez dit vous-même qu'on en avait 77. Vous ne
m'avez jamais entendu dire qu'on avait eu des problèmes de
découpage à cause du fédéral pour les autres.
M. Rocheleau: II y en aura sûrement pour une autre fois.
S'il y a d'autres commentaires dans les préliminaires, M. le
Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, c'est relativement aux MRC
et à la régionalisation. Je voudrais savoir si c'est le
même comité, si c'est le même groupe de personnes qui
travaille sur la régionalisation dans le sens du redécoupage des
régions, de l'harmonisation des régions selon les
différents ministères. Y a-t-il un travail profond qui se fait en
ce sens? Est-ce une volonté du ministre d'en arriver à une
harmonisation des régions, selon les ministères?
M. Gendron: Oui. Le comité ministériel sur la
décentralisation, parce que, effectivement, il y a eu
énormément de remarques, de revendications dans le sens que, mise
à part l'arrivée d'une nouvelle région d'appartenance plus
homogène qui s'appelle la MRC, on devra toujours envisager des
territoires plus larges de concertation qu'on a appelés, dans le jargon
administratif, les régions administratives.
Entre-temps, il y a eu une évolution des choses: l'implantation
de bureaux gouvernementaux, de la concertation, de la décentralisation,
la création d'organismes de toutes sortes. Il apparaît donc
important que le comité ministériel ajuste un peu mieux une
redéfinition ou une réouverture des territoires de concertation
qu'on appelait les régions administratives, d'une part, eu égard
à l'arrivée des MRC, parce que ce n'était pas là
avant et là, cela y est. Il apparaît important également,
par rapport aux modèles que j'ai suggérés, qui sont
ouverts à toute discussion en termes d'instruments de mise en oeuvre,
qu'effectivement on ait des concertations régionales plus naturelles,
plus réelles.
Je vous donne un exemple concret. Les gens de Témiscamingue-Sud,
en Abitibi-Témiscamingue, et les gens de Matagami font partie de la
même région 08, qui est la grande région administrative, et
on est poigné avec Chibougamau et Chapais qui relèvent de trois
régions administratives. Ce sont des situations qu'il va falloir
trancher. Chapais ne peut pas être dans la région 02 pour telle
chose, dans 08 pour telle autre et dans 03 pour encore telle autre.
Quand je parle de revoir la délimitation des grandes
régions administratives, c'est
pour s'ajuster à l'arrivée des MRC et en révision
par rapport à un vrai territoire de concertation plus homogène.
C'est le comité ministériel qui a la responsabilité de
réfléchir là-dessus, bien sûr, aidé d'un
comité technique au niveau du secrétariat à
l'aménagement et à la décentralisation et des avis que
l'OPDQ pourra lui transmettre. Je prétends toujours que l'OPDQ a une
très bonne vision des réalités régionales, compte
tenu de sa présence dans les régions et de son activité
dans les régions; personne n'a jamais contesté le fait que cette
présence est très significative et très valable par
rapport à des orientations de développement.
M. Dussault: Mon inquiétude, c'est qu'on ne tienne pas
compte de certaines régions qui sont très grandes et qui n'ont
pas beaucoup de choses en commun quand on regarde les extrémités.
Je pense à la région sud, qui va de Sorel jusqu'à
Valleyfield. On dit qu'on est de la région sud, parce que effectivement
il y a toujours l'influence de Montréal qui joue sur toute cette
région, mais qui diminue à mesure qu'on va vers les
extrémités. Si on décidait d'un découpage, on
aurait cette région sud, il y aurait forcément des gens mal
à l'aise. Je pense à la MRC de Roussillon qui va de Laprairie
jusqu'à Châteauguay-Mercier. C'est une espèce de zone
où il y a un vide sur le plan des services, systématiquement,
insatisfaction dans la région de Châteauguay par rapport à
Valleyfield et insatisfaction du côté de Laprairie,
Sainte-Catherine, Delson, Saint-Constant, par rapport à Longueuil.
Est-ce que le cheminement qui se fait présentement va permettre de tenir
compte de ces réalités où il y a des vides de façon
que, sans avoir tous les services qui sont donnés
systématiquement dans une région, on puisse permettre un
départage comprenant des sous-zones de services, quelque chose qui
permettrait aux gens d'être près des services?
M. Gendron: Rapidement, M. le député de
Châteauguay, j'ai dit qu'on était effectivement
préoccupé par cela. Je comprends vos inquiétudes, mais
c'est parce que c'étaient les nôtres aussi qu'on a
décidé de revoir cette affaire. Lors de la consultation
automnale, j'ai mentionné très clairement qu'un des objets de la
consultation, c'est justement d'entendre les intervenants pour qu'ils nous
fassent part de leur état d'âme en termes de déchirement ou
de sentiment de non-appartenance par rapport à une région trop
étendue. C'est ce qu'on va aller voir. Est-ce qu'on peut
redéfinir mieux la région administrative? Est-ce qu'on peut
envisager à l'intérieur de la grande région de
concertation des sous-régions plus décentralisées, plus
homogènes pour des fonctions où, effectivement, certains
intervenants auront des responsabilités décentralisées au
niveau de l'administration publique du Québec? C'est possible.
En gros, le profil, c'est ceci. Je veux que les régions plus
communautaires d'appartenance, plus naturelles qui sont les MRC aient
peut-être plus de responsabilités de décentralisation, mais
qu'on garde quand même un chapeau de concertation au niveau des
régions administratives pour éviter de remultiplier encore des
zones d'intervention où le gouvernement du Québec devrait
fonctionner - je donne un exemple hypothétique comme cela - avec 25 ou
30 régions administratives. C'est impensable. On ne peut pas fonctionner
avec 25 ou 30 régions administratives, mais on peut fonctionner
peut-être avec 16 ou 17, au lieu de 10 régions administratives, ce
qui serait plus logique, et à l'intérieur d'une très
grande région administrative, avoir peut-être deux
sous-régions de décentralisation plutôt que de
concertation. (12 h 30)
M. Dussault: C'est encourageant.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Gendron: On a un beau programme. Le projet Archipel
M. Lincoln: M. le ministre, comme vous le savez
déjà, nous sommes beaucoup intéressés à la
question du projet Archipel. Je suis sûr que c'est la même chose
pour tous les citoyens du Québec qui ont lu des articles de journaux et
les rapports qu'ils ont pu obtenir. Je réalise que lors de votre
dernière conférence de presse - je pense que c'était le 21
mai - vous avez parlé de coûts, tenant compte de l'inflation, qui
iraient jusqu'à 10 000 000 000 $, si vous avez été bien
cité. J'ai vu d'autres documents, des études, etc., qui parlent
de coûts possibles de 11 000 000 000 $ et plus. Même si on prend
les coûts minimes qui ont été cités, on parle de
coût de départ de 3 000 000 000 $ en dollars actuels, et comme le
projet ne commencerait sans doute pas avant deux ou trois ans, parce que vous
dites vous-même que l'étude d'impact ne sera pas
présentée avant l'automne 1983, à ce moment-là, on
parle d'un mégaprojet où des milliards de dollars - que ce soit 6
000 000 000 $, 8 000 000 000 $, 10 000 000 000 $ ou 11 000 000 000 $ - seront
investis au cours des années. On se pose la question: Où
trouvera-t-on cet argent? Qui va payer? À votre dernière
conférence de presse, vous sembliez dire que les municipalités
seront peut-être aussi impliquées. D'abord, il y a la question des
coûts qui sont fantastiques. Il y a aussi la question de l'investissement
actuel
dans la recherche du projet qui est maintenant de 15 000 000 $ et il y a
surtout toute la question de l'environnement et la question écologique
qui, pour nous - on a discuté cela au caucus - est une question
fondamentale, surtout par rapport aux rapides de Lachine.
J'aurais voulu vous poser quelques questions pour donner un
départ à cette chose. Ce qui nous tracasse peut-être plus
encore, c'est tout le processus, au secrétariat d'Archipel et au
gouvernement, de ce que vous appelez la consultation. Ce qui nous tracasse
beaucoup, c'est que votre définition de la consultation est un
comité consultatif formé de trois personnes qui a tenu 23
séances, je pense, à huis clos avec des municipalités et
d'autres intervenants, mais il me semble que le public "at large" n'a jamais
été impliqué jusqu'à présent sur la base
même de la table de concertation, la première table de
concertation qui va se faire. Comme vous le savez, près les
conversations que nous avons eues, même le Parti libéral,
l'Opposition qui sera impliquée dans une décision politique qui
va coûter des milliards de dollars a eu presque à se faire tirer
par les cheveux pour même faire partie des observateurs.
On avait dit, l'autre jour: Seuls les gens qui ont
présenté des mémoires seront observateurs. En fait, j'ai
eu la confirmation qu'au moins un groupe qui a été invité
d'avance n'avait pas présenté de mémoire. Nous, nous avons
été invités à la dernière minute. Deux des
députés de notre formation ont été invités
un peu par accident. Moi-même, je crois que je n'ai pas été
invité. On m'a dit que je n'avais pas le droit d'y aller, que ma
recherchiste n'avait pas le droit d'y aller. Voilà un projet qui va
coûter 8 000 000 000 $, qui va apporter des changements radicaux à
l'écologie de Montréal, qui, d'une façon ou d'une autre,
va avoir un impact fantastique, favorable ou défavorable. Il me semble
que dans le processus de consultation on devrait tenir compte que c'est
l'argent de tous les contribuables et il me semble que c'est une affaire qui
s'est faite - les mouvements environnementaux semblent être de la
même opinion - en petit comité, en catimini, dans un cercle
beaucoup trop fermé jusqu'à présent.
J'aurais voulu vous demander le coût préliminaire du projet
Archipel. On ne parle pas du coût du projet Archipel, des 2 000 000 000 $
du projet, mais des coûts de recherche, des coûts
préliminaires, des coûts qui entrent maintenant dans le
secrétariat d'Archipel, dans les bâtiments, dans les locations.
Comment est-ce financé? Est-ce financé au sein de ce budget ou
est-ce que ce sont des allocations du Conseil du trésor faites
directement au montant de 15 000 000 $, je pense, qui sont impliqués
dans cette affaire?
M. Gendron: D'accord. Me permettez-vous d'y aller de quelques
réponses?
M. Lincoln: Oui, oui, d'accord. Oui, monsieur.
M. Gendron: C'est parce qu'il y avait quand même des
considérations d'ordre général. La première que je
ne peux accepter, c'est qu'il y ait eu consultation restreinte. S'il y a un
projet qui est ouvert, qui est largement discuté par tous les
intervenants impliqués, c'est bien celui-ci. Quand on consulte quelque
50 municipalités, 38 organismes spécialisés qui sont
intéressés par ce projet, parler d'une consultation en catimini,
je ne peux pas accepter cela. Vous continuiez à mentionner un article de
journal qui est totalement faux, où le journaliste était
présent à la conférence de presse et posait la question
suivante: Est-ce que, lors de la consultation des groupes par le comité,
c'était public? C'est le journaliste lui-même qui pose la question
et je lui réponds: Oui, c'était public. Le lendemain, il
écrit que c'était à huis clos; que voulez-vous que je
fasse? Je ne peux pas accepter cela, mais c'est lui-même qui a
posé la question. Il était présent et, effectivement, lors
de l'invitation des groupes, des bassins de population, des secteurs qu'on a
identifiés, qui sont touchés par l'ensemble du projet Archipel,
ont été invités à venir échanger et
rencontrer le comité de consultation pour recueillir leurs
données.
Cela a toujours été public, ouvert, connu. Tout le monde
était bienvenu. Tout le monde pouvait y venir et y assister. Donc, cela
ne s'est pas fait à huis clos. Cela ne s'est jamais fait en catimini. Il
y a eu beaucoup de publicité, d'information qu'on a essayé de
faire. Là-dessus, on va se raffermir en tenant d'abord une
première table de concertation qui aura sûrement passablement
d'impact dans le public montréalais parce que, jusqu'à
maintenant, il y a déjà au-delà de 100 ou 125
journalistes, peut-être 200 même, de haut calibre qui vont venir
couvrir cette rencontre pendant une journée et demie. La table de
concertation est une première pour dégager un minimum de
consensus.
Quand vous me dites, M. le député de Nelligan, que le
public "at large" n'a jamais été impliqué, le public "at
large", chaque fois qu'on a fait, entre autres, une conférence de presse
sur une première phase du rapport d'étape, sur une
deuxième phase du rapport d'étape, a dit: Ce n'est pas tellement
ce qu'on veut savoir. Qu'allez-vous faire comme intervention dans la zone
centrale? Qu'allez-vous faire avec les rapides de Lachine? Qu'allez-vous faire
pour améliorer la qualité des berges et ainsi de
suite? Comme c'est un projet en devenir et qu'entre-temps on poursuivait
une série d'études, j'ai déjà dit - et cela ne me
dérange pas de le dire ici publiquement -que j'aime bien faire des
consultations, mais sur un contenu. À un moment donné, il faut
quand même définir un minimum d'objectifs. C'est ce qu'on est en
train de faire. On a des réponses à des questions posées.
On a des réponses qui nous sont données par le modèle
réduit. Le modèle réduit nous permet d'émettre des
hypothèses et d'avoir des réponses. La table de concertation va
permettre de dégager des éléments de concertation sur
certains thèmes spécifiques, comme la qualité de l'eau,
comme l'aménagement des berges, comme les interventions en zone centrale
et ainsi de suite, les variantes et toutes ces questions.
La deuxième consultation, la deuxième table de
concertation, lorsqu'on va la tenir, il va falloir qu'entre-temps,
effectivement, il y ait eu ce que j'appelle un échange beaucoup plus
large, beaucoup moins spécialisé qu'uniquement avec des groupes
spécialisés, peu importe le type d'intérêts qu'ils
défendent, que ce soit la faune, que ce soit les sports aquatiques, que
ce soit la question du "dimensionnement" des ouvrages, que ce soit la question
des variantes entre la rive nord et la rive sud. Je dis qu'il fallait commencer
par des intervenants qui, eux-mêmes, pouvaient nous aider à mieux
définir les objectifs du projet et, entre-temps, élargir la
consultation. C'est ce qui va être fait.
Quant aux coûts - vous m'avez parlé un peu des coûts
dans votre commentaire d'ordre général - c'est vrai que j'ai
mentionné en conférence de presse qu'en dollars d'aujourd'hui on
estime que le projet peut coûter entre 2 800 000 $ et 4 300 000 $ et
entre 6 000 000 $ et 10 000 000 $, si on ajoute les coûts de financement
et les coûts inflationnistes, compte tenu du délai qu'il peut y
avoir entre aujourd'hui et le moment où on va l'exploiter. Ce qui est
important, M. le député de Nelligan - vous n'en avez jamais
parlé et aucun des intervenants n'en a jamais parlé - c'est qu'au
moment où on se parle on est en mesure de dire que les premières
évaluations économiques et financières du projet Archipel
indiquent des dépenses de l'ordre que je viens de mentionner, mais que
le ratio économique avantages-coûts du projet devrait se situer
à l'intérieur d'une marge allant de 1 à 4 à 2. En
ce qui regarde la rentabilité, le taux de rendement interne
s'élèverait à 8% ou 9%.
Le projet apparaît donc justifiable en termes économiques
et financiers. En plus simple, quand on regarde ce qu'on appelle les
coûts du projet par rapport aux avantages économiques qu'on peut
quantifier, entre autres, par la production électrique, par la
plus-value qu'on donne aux territoires inondés et la
non-nécessité pour le gouvernement du Québec d'assumer des
coûts en argent d'inondation, quand on comptabilise également la
valeur par rapport au réseau de transport où on pourrait bonifier
le réseau de transport par rapport à des travaux requis qu'on
n'aura pas nécessairement à faire si jamais on réalisait
le projet Archipel, plus tous les coûts de loisirs qu'on va
épargner par rapport à un meilleur accès et par rapport
à plusieurs éléments. On comptabilise cela et on arrive
avec des avantages économiques de l'ordre de 3 885 000 000 $, et on
arrive avec des coûts de 2 400 000 000 $. Parce que tantôt, j'avais
parlé de 2 800 000 000 $. Vous avez mentionné que j'avais dit 2
800 000 000 $ à 4 900 000 000 $. Vous avez raison, j'ai
été bien cité, mais après avoir
révisé de façon plus serrée, on estime que si on le
faisait demain matin, il serait plus entre 2 400 000 000 $ à 4 000 000
000 $ que de 2 800 000 000 $. Autrement dit, on a récupéré
400 000 000 $ qu'on pense, dans les estimations de coût par rapport aux
interventions en zone centrale, le coût pour les ouvrages
d'évacuation et de contrôle du lac des Deux-Montagnes, la perte
d'habilité et le coût de la mise en valeur et autres coûts
qu'on n'a pas pondérés, on arrive avec des coûts de 2 400
000 000 $ contre une valeur davantage économique de 3 800 000 000 $.
Donc, cela fait un ratio positif et cela, je pense que c'est un aspect qu'il
faut mentionner quand on discute la question des coûts.
Quant à la question du financement, vous avez raison, je le dis
comme c'est aujourd'hui, ce n'est pas une question qui est tranchée, qui
est réglée, parce qu'on a un an devant nous pour décider
d'abord si on fait le projet Archipel, et on a un an devant nous pour raffermir
toute la question du partage des coûts et de l'évaluation de ces
coûts, et également un modèle de financement à
être proposé.
Pour ce qui est du budget, on a parlé de 16 000 000 $
jusqu'à maintenant, vous avez demandé d'où cela vient et
tout cela, juste une seconde, je peux le donner en détail.
Jusqu'à maintenant, il y a 13 000 000 $ qui ont été
engagés depuis 1980 jusqu'à la fin de 1983, parce qu'on compte
les crédits nécessaires pour l'exercice financier 1982-1983. En
gros, le partage est le suivant: de 1980 à 1982, c'est 2 700 000 $ pour
Hydro-Québec, 4 100 000 $ pour le gouvernement du Québec, pour un
total de 6 800 000 $. Pour 1982-1983, c'est un peu moins pour
HydroQuébec, 2 100 000 $ et 4 700 000 $ en gros pour le gouvernement du
Québec.
Il y a deux façons - et on pourrait détailler cela - pour
le gouvernement du
Québec, il y a ce qu'on appelle une enveloppe globale qu'on
appelle secrétariat Archipel et il y a également, à
l'intérieur des crédits de chacun des ministères, une
partie des crédits qui sont affectés directement au projet
Archipel pour le MLCP, les ministères de l'Environnement, Énergie
et Ressources et Affaires municipales. Le reste est dans l'enveloppe centrale
Archipel que l'Exécutif a dégagé sous la
responsabilité du ministre d'État à l'Aménagement
ou avec un mandat de conformité. Moi, je fais des transferts. Quand le
MLCP me présente une justification de 200 000 $ pour une étude
biologique sur les poissons qui se promènent avec un baromètre
dans les rapides de Lachine pour évaluer toute la question de la faune,
je transfère par l'enveloppe centrale les sommes nécessaires - ce
qu'on appelle dans le jargon une espèce de bon de conformité -
pour s'assurer que le contrôle demeure toujours au secrétariat
d'Archipel, mais permet effectivement aux ministères sectoriels de
réaliser leurs interventions. En gros, je pense que cela touche ce que
vous avez mentionné.
M. Lincoln: M. le ministre, vous me permettrez de ne pas partager
votre interprétation de ce que vous appelez la consultation. Il y a eu
beaucoup de documents, beaucoup d'études, c'est sûr. Mais si vous
pensez que les citoyens pensent aujourd'hui.... Je lis un article qui avait
paru en septembre 1981 de Pierre André qui est maintenant, je pense,
président d'environnement Archipel et qui disait: La consultation du
secrétariat Archipel est une bonne blague. Un des buts premiers
d'environnement Archipel est de diffuser l'information et d'assurer un
engagement sérieux du public envers l'aménagement des eaux de
l'archipel ou de parvenir à compter sur la bonne collaboration de divers
ministères et paliers gouvernementaux et l'intérêt qu'ils
portent à nous engager dans la planification des projets. Nous avons
souligné aux médias la mauvaise organisation de l'équipe
de consultation, d'abord il y a eu une conférence de presse en
février et en mai. Nous tenons à vous informer que le
secrétariat est en face d'une restructuration complète et que,
par le fait même, le processus de consultation populaire n'est toujours
pas en place.
Tout ce que je retiens de cette affaire, c'est que vous prenez la
première table de concertation. J'ai demandé à votre
collègue M. Léger qui est sur le comité
interministériel, je lui ai posé des questions. Il a dit: Non,
venez à la table de concertation et vous me poserez des questions. Je
lui ai demandé cela à l'étude des crédits, le 18
mai. Il ne savait même pas si nous étions engagés ou non
là-dedans. Je lui ai dit: Vous pouvez m'envoyer les documents pour qu'on
soit invités. Il m'a dit: Oui, je vais vous envoyer les documents. On
n'a rien reçu, on a poursuivi avec M. Léger. Et ensuite, c'est en
vous parlant que j'ai su que vous-même ne saviez pas qu'on était
engagés ou non. On a été invités à la
dernière heure. (12 h 45)
Je trouve que si c'est cela vraiment la consultation, sur un projet,
où le gouvernement fait partie comme l'Opposition, représentant
des citoyens, surtout que nous dans l'Opposition nous représentons
peut-être plus de citoyens parce que nous avons la majorité des
députés de l'île de Montréal, qu'on soit
invités comme des bouche-trous, à la dernière minute, par
accident... Si je vous dis comment mon collègue, le député
de Marquette, a été invité, peut-être que je ne
devrais pas dire cela au journal des Débats, c'est un peu comique.
Alors, c'est comme cela que cela arrive, on est invités par accident. Il
me dit que c'est de la consultation, je suis d'accord qu'il y ait beaucoup de
réunions avec les municipalités. Mais je veux parler de certains
maires, cela a été un projet comme celui que vous venez de faire,
d'essayer de vendre le projet. Cela n'a pas été un projet de
consultation, parce que les gens du secrétariat Archipel qui sont tous
des experts en la matière, ont tous leur équipement pour vendre
le projet. Il arrive un maire qui propose toutes sortes de mannes du ciel, des
jobs, l'inondation va cesser; on embarque les maires un à un dans
l'affaire. Après cela, ce qui arrive, c'est qu'à un moment
donné on est en train d'essayer de faire une organisation telle qu'on va
avoir une majorité à la salle de concertation qui va dire: Mais
c'est une affaire formidable! Alors on ira au public et on dira que c'est une
bonne idée.
Ce qui m'intéresse de savoir, c'est vraiment comment, par exemple
le bassin du lac Saint-Louis où je suis impliqué, je suis un
résident du lac Saint-Louis... Dans mon comté, il y a six
municipalités qui touchent le lac Saint-Louis qui ne sont même pas
impliquées dans le bassin du lac Saint-Louis. Pourtant il y a deux
représentants sur le bassin du lac Saint-Louis du comté de M.
Dussault qui sont intéressés dans le projet Archipel. Je ne sais
pas comment ce processus se fait? Comment se fait-il qu'on en ait choisi deux
dans la ville de Châteauguay et que personne par exemple de Senneville,
de Sainte-Anne-de-Bellevue, de Baie-d'Urfé, de Beaconsfield, de
Pointe-Claire ne se trouve sur le bassin Saint-Louis? C'est cela la
consultation. Je trouve cela extraordinaire que des villes situées sur
ce lac Saint-Louis, beaucoup plus directement que la ville de
Châteauguay, ne soient même pas représentées, ne
peuvent même pas parler. Disons qu'on serait invité par accident,
nous de l'Opposition, comme
observateurs on n'aura pas voix au chapitre, impossible de questionner
qui que ce soit. C'est cela que je voulais dire.
Je pense que si, par exemple, il y avait une espèce d'ouverture
de ces consultations où des gens comme nous, qui sommes impliqués
au sens de ne pas être des experts, pourrions aller poser des questions
aux experts, et les interroger sur des points tout à fait
fondamentaux... Par exemple, une question fondamentale qui nous tracasse c'est
ceci, c'est la clé de tout. Ici vous avez les villes de Lachine, Verdun,
et LaSalle, trois villes qui ont produit un document tout à fait formel
rejetant le canal sur leur rive, la rive nord.
Les Indiens de Caughnawaga, Billy T. Rivers a dit d'une certaine
façon: II n'y a rien à faire, on ne va pas accepter cela.
Premièrement, comment va-t-on bâtir un projet
hydroélectrique en opposition aux trois villes impliquées? Des
citoyens ont signé des pétitions par milliers. Je pense qu'il y
en eu plus de 21 000 de la part de mon collègue de Marguerite-Bourgeoys
et aussi l'opposition formelle des Indiens de Caughnawaga. Si par exemple le
projet central des rapides de Lachine ne se fait pas, est-ce que le projet
Archipel continuera malgré tout pour le reste de l'aménagement?
C'est central, parce que le projet hydroélectrique est la clé de
tout? Comment résout-on ce problème fondamental au
départ?
M. Gendron: Deux choses sur la consultation. Je tiens à
vous signaler que je suis responsable du projet Archipel, et que je sache,
jamais le député de Nelligan n'a posé la moindre question
en Chambre relativement à son intérêt - un instant, c'est
moi qui ai la parole - sur le projet Archipel. Ce n'est que dans un corridor...
J'ai été très heureux de faire cette rencontre fortuite
pour vous signaler qu'effectivement, je vous transmettrais tous les documents
de la table de concertation. Le groupe de consultation a siégé du
22 février au 8 avril 1982. Il a rencontré 48
municipalités qui représentent des gens, je répète
que les conseillers aussi sont des élus, 39 groupes se sont
prévalus de l'occasion de faire connaître leurs points de vue. Je
pense qu'on a eu un taux de participation d'au-delà de 90% des publics
cibles et invités. Habituellement ce n'est pas le signe d'une
consultation qui ne fonctionne pas quand les gens viennent nous dire ce qu'ils
en pensent. Dans ce sens, je pense que la table de concertation est justement
une phase importante pour faire le point sur certains dossiers qui ont
été questionnés lors de la consultation. Pour ce qui est
de la représentation des municipalités, quand vous dites: Comment
se fait-il qu'il y en a deux à une place et qu'il n'y en a pas à
une autre place? C'est eux-mêmes qui ont désigné leurs
représentants et leurs porte-parole. C'est cela respecter des
intervenants municipaux. Ce n'était pas au gouvernement du Québec
et à Archipel de dire: Cela va être deux de Châteauguay,
trois de Nelligan, deux de Laprairie. Les bassins de populations, les groupes
cibles ont déterminé eux-mêmes leurs porte-parole à
la table de concertation. Y-a-t-il geste plus démocratique que
celui-là?
M. Lalonde: Ce choix s'est fait comment?
M. Lincoln: Comment ce choix s'est-il fait? C'est cela qu'il
serait intéressant de savoir. J'aurais voulu savoir si les
municipalités ont voté pour deux représentants de
Châteauguay? C'est un peu extraordinaire.
M. Dussault: M. le Président, est-ce que je peux ajouter
quelque chose?
M. Gendron: Oui, vous pouvez ajouter une précision, mais
je vais en ajouter après.
M. Dussault: Chez nous, par exemple, le participant aux travaux
de ce soir va être le maire de Châteauguay, mais il a
été nommé par tous les maires du coin; il n'a pas
été imposé.
M. Lincoln: De quel coin, M. le député? M.
Lalonde: De la rive sud.
M. Dussault: C'est cela, oui. Mais j'ai vu aussi, dans le
document des travaux de ce soir et de demain, qu'il y a quelqu'un de Dorval. Si
ce n'est pas le maire de Dorval, c'est quelqu'un d'impliqué dans
l'administration de Dorval, mais il y a quelqu'un de Dorval. Je ne sais pas si
c'est dans votre coin; Dorval l'est, oui, il me semble.
M. Lincoln: Ce que je vous demande, c'est comment, quand vous
avez tant de municipalités impliquées dans le bassin du lac
Saint-Louis - je vous ai cité moi-même, dans mon comté, des
quantités de villes comme Pointe-Claire, qui sont peut-être plus
grosses que...
M. Gendron: M. le député, je suis en mesure de vous
répondre.
M. Lincoln: II serait intéressant de savoir si elles ont
voté pour deux représentants de Châteauguay pour le bassin
de Saint-Louis et se sont impliquées. Cela me semble étrange.
M. Gendron: Tout ce que je sais, c'est que le secrétariat
Archipel a identifié huit bassins regroupant diverses
municipalités.
Cela s'appelait des bassins du monde municipal. On a donné la
carte et le tout aux Affaires municipales. Il y a un type qui siège au
comité technique du secrétariat Archipel qui représente le
monde municipal. Il y a un ministre du comité ministériel
Archipel qui représente le monde municipal, qui en est son porte-parole
et on leur a dit: Pour ce qui est de la représentation de tout le monde
municipal, c'est votre responsabilité, c'est votre bébé;
tout ce qu'on vous dit, c'est qu'il y a huit bassins et qu'on veut avoir des
porte-parole de chacun des bassins.
Contrairement à ce qui vient d'être affirmé, le
maire de Châteauguay n'a pas été élu uniquement par
les gens de la rive sud, il a été nommé par tous les gens
du bassin dans lequel cette municipalité est représentée
et ce sont les maires de ces municipalités qui ont décidé
de déléguer Jos. X, Jos. Y ou Mme Unetelle. Ce n'est pas le
secrétariat Archipel qui a dit à la table de concertation: Ce
sera Untel plutôt qu'un autre.
M. Lincoln: Est-ce que le secrétaire de la ville de
Châteauguay qui, par coïncidence, est dans le même bassin que
celui qui représente aussi toutes les villes de mon comté, a
été nommé par les villes de mon comté, alors que
deux représentants de Châteauguay sont dans un bassin qui
représente une population immense?
M. Gendron: Vous avez raison, ce serait intéressant
d'avoir cela, formellement. La ville de Montréal est un bassin, la ville
de Laval, la Communauté urbaine de Montréal, le bassin de
Laprairie, le bassin du Saint-Laurent, le bassin du lac Saint-Louis, le bassin
du lac des Deux-Montagnes nord et le bassin du lac des Deux-Montagnes sud. Ce
sont ces gens qui ont décidé de faire l'élection de
porte-parole officiels à la table de concertation et il y a un
représentant par bassin pour le monde municipal, parce qu'on ne voulait
pas avoir une table de concertation de 150 personnes.
M. Lincoln: C'est intéressant. Je voulais savoir si, par
exemple, les maires des villes que je vous ai citées ou les
représentants de ces villes ont voté pour le maire de
Châteauguay et le secrétaire de la ville de Châteauguay pour
les représenter. Est-ce que toutes ces villes ont voté pour que
le maire de Châteauguay et le secrétaire de la ville de
Châteauguay les représentent?
M. Gendron: Oui. Si elles étaient présentes aux
réunions...
M. Lincoln: Ah!
M. Gendron: Écoutez, on ne peut pas...
M. Lincoln: On va suivre cela. J'ai des contacts. On va suivre,
on va voir.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Châteauguay avait demandé la parole.
M. Lalonde: Mais il a parlé.
Le Président (M. Desbiens): II en était à sa
réponse.
M. Dussault: En fait, c'était une parenthèse, M. le
Président. Je vous remercie. Je voudrais d'abord dire qu'il n'est pas
question du secrétaire de la ville de Châteauguay; il est question
d'un M. Gendron, qui est un ingénieur du service des questions
techniques à la ville.
M. Lincoln: En conséquence, c'est la ville de
Châteauguay.
M. Dussault: Je voulais faire cette clarification. Il y a une
autre personne de Dorval, comme je vous le disais tout à l'heure.
M. le Président, on serait peut-être surpris si je ne
tentais pas aujourd'hui de prendre la parole sur le projet Archipel.
D'ailleurs, M. le député de Marguerite-Bourgeoys me saluait en
entrant tout à l'heure comme le père d'Archipel.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
Comme on connaît les limites de l'humour du député de
Châteauguay, il ne s'est pas aperçu que c'était une
blague.
M. Dussault: C'est un fait, M. le Président, que j'ai
été... Vous savez, on peut jouer aussi avec l'humour des autres
en faisant aussi de l'humour. Je pense que c'est un autre degré,
supérieur d'ailleurs, de l'humour.
M. Lalonde: C'est sûrement un degré qui vous
échappe.
M. Dussault: M. le Président, c'est un fait que je pense
que, si on cherchait partout, dans toute la documentation, tout ce qui s'est
fait d'échange de correspondance sur cette affaire, on finirait par
tomber sur le document le plus loin dans le temps et ce serait une lettre que
j'avais fait parvenir au ministre d'État à l'Aménagement
du temps où je préconisais des études sur les objets
actuels d'Archipel.
Avec le député de Bourassa, le hasard a fait un jour qu'on
s'est mis à travailler ensemble. On a produit un document, avec l'aide
de gens qui étaient compétents en ce domaine, qu'on a fourni aux
ministres
concernés. Cela s'appelait "Montréal dans l'eau". Entre
autres, on a donné une conférence de presse où on a
demandé qu'une étude de préfaisabilité et de
faisabilité se fasse. Cela a donné la chose extraordinaire qu'on
connaît aujourd'hui.
Je ne voudrais pas reprendre tout cela, M. le Président, mais je
voudrais surtout faire ressortir - que cela pourrait sans doute satisfaire le
député de Nelligan - qu'à travers les dépenses qui
se sont faites pour ces études, il y a eu des sommes
considérables - et j'aimerais connaître l'ordre de ces
dépenses, M. le ministre -pour des études sur l'environnement.
J'ai la conviction, M. le Président, que s'il n'y avait pas eu ce projet
Archipel, jamais ces études qui se font présentement ne se
seraient faites, jamais on n'aurait fait avancer le degré de
connaissance dans le domaine biologique particulièrement de cette grande
région de Montréal, comme cela va être devenu le cas. Si un
jour on ne faisait jamais le projet Archipel, on aurait de grandes raisons
d'être fiers d'avoir réussi à faire ce genre de chose.
M. Lalonde: Je suis d'accord qu'on ait fait l'étude, mais
qu'on protège ce qu'on étudie.
M. Dussault: On peut toujours arriver à s'entendre, si on
le veut bien.
M. Lincoln: Vous devriez lire les rapports des
universités.
M. Gendron: Là-dessus, M. le député de
Châteauguay, c'est 2 500 000 $ d'études environnementales que le
projet Archipel a permises, ce qui n'aurait possiblement pas été
fait si on n'avait pas décidé d'enclencher l'étude de
faisabilité sur le projet Archipel.
M. Dussault: La deuxième question que je voudrais poser
est d'un autre ordre, mais toujours sur le projet Archipel. Cette consultation
qui se fait présentement, on avait revendiqué que cela fasse
partie des études de faisabilité, parce qu'il faut aller chercher
dans le milieu quels sont les avantages supplémentaires à ceux
qu'on avait déjà vus, qui devraient être ajoutés
à ce projet en termes de l'aménagement global. Donc, les
consultations présentement, si je ne me trompe pas, M. le ministre, font
vraiment partie de l'étude comme telle.
M. Gendron: Bien sûr.
M. Dussault: Quelle est la distinction qu'on fait entre cette
consultation qui se fait présentement et les audiences publiques? Est-ce
que cela élimine les audiences publiques qui devraient être faites
un jour?
M. Gendron: Pas du tout, parce que, dans un projet d'envergure
comme celui-là, c'est certain qu'il y aura les études d'impact
sur les ouvrages, entre autres sur les interventions dans la zone centrale, si
jamais la décision était de donner suite au projet Archipel. On
n'est pas soustrait et volontairement - on est d'accord de ne pas être
soustrait - au règlement sur l'environnement qui exige qu'effectivement
une étude d'impact soit faite. Il y a une procédure que vous
connaissez. Tout ce qu'on ajoute, c'est parce que c'est un projet quand
même différent un peu des autres, de plus grande envergure, qui
fait appel à plusieurs intervenants. On va donc souhaiter qu'il y ait un
comité technique de collaboration étroite entre le
secrétariat d'Archipel et le ministère de l'Environnement pour
qu'il y ait certaines précisions qui soient données quant
à la façon de mener l'étude d'impact.
M. Dussault: Donc, la population est très bien
protégée de ce côté-là?
M. Gendron: Tout à fait.
M. Dussault: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, il reste seulement quelques
minutes. J'espère qu'on pourra s'entendre pour avoir quelques minutes de
plus que les trois qu'il nous reste pour discuter d'un problème.
Le Président (M. Desbiens): On pourrait peut-être
régler cela tout de suite. Est-ce que vous êtes d'accord?
M. Lalonde: Nous ne pouvons pas, à cause d'un caucus,
aller au-delà d'une heure, mais est-ce qu'on pourrait trouver un autre
moment pour en parler une autre heure, peut-être d'ici à la fin de
la session?
Une voix: De cela?
M. Lalonde: Oui, on étudie le projet Archipel,
justement.
M. Gendron: Écoutez, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous êtes conscient que ce n'est pas moi qui peux
donner une autorité à la Chambre.
M. Lalonde: Vous pouvez en faire la demande au leader.
M. Gendron: Oui, cela ne me dérangerait pas, parce que je
suis disponible.
M. Lalonde: Premièrement, je voulais corriger la remarque
que je ne trouve pas
tout à fait conforme à la personnalité attachante
du ministre, lorsqu'il a fait le reproche au député de Nelligan
de ne pas avoir posé de question en Chambre. Tout d'abord, c'est
inexact. Le député de Nelligan, à ce qu'il m'a dit et
à mon souvenir aussi, a posé des questions au ministre de
l'Environnement sur le projet Archipel.
M. Lincoln: Et à vous aussi.
M. Gendron: Ce sera très court. C'est exact qu'à
une question posée à M. Léger, M. Léger a
transféré la réponse au ministre d'État à
l'Aménagement.
M. Lalonde: Donc, il reconnaît...
M. Gendron: Mais jamais le député de Nelligan n'a
posé une question directe au président du comité
ministériel, au responsable du projet Archipel et il devrait savoir cela
depuis un an.
M. Lalonde: Notre première préoccupation, c'est la
protection de l'environnement à ce stade-ci de cette étude. C'est
pour cela que, depuis plusieurs années, j'ai moi-même posé
des questions au ministre de l'Environnement pour avoir des réponses
généralement assez vagues. Le ministre lui-même se souvient
que je l'ai même invité à venir sauter les rapides. J'ai
été, d'ailleurs, très agréablement, pas surpris,
mais touché par la réponse du ministre. Il y avait aussi le maire
de Lachine qui avait lancé une invitation semblable et ensemble nous
avons, au mois d'août l'an dernier, pris connaissance d'une façon
un peu plus directe ce que sont les rapides de Lachine. On les voit de
l'extérieur comme un torrent remarquable, mais lorsque vous avez la
chance de traverser ce site naturel extraordinaire, ce qui, au-delà ou
en plus des préoccupations tout à fait normales du
député de Nelligan sur des dépenses qu'on fait, sur la
façon dont on procède pour concerter et consulter... Il y a une
chose que j'aimerais savoir du gouvernement à ce stade: Est-ce que le
gouvernement est prêt - et avant même de déterminer les
objectifs à la suite de la concertation, etc. - à établir
le principe suivant, à savoir qu'on ne sacrifiera d'aucune façon
l'intégralité des rapides de Lachine dans le projet Archipel? (13
heures)
M. Gendron: Réponse du ministre d'État à
l'Aménagement, président du comité ministériel
Archipel, communiquée publiquement à deux, trois reprises: Oui,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Oui, qu'on va sacrifier. M. Gendron: Non.
M. Lalonde: Que vous ne sacrifierez pas
l'intégralité.
M. Gendron: C'est oui, on va tout mettre en oeuvre et on va
exiger de conserver la qualité biologique, la valeur esthétique,
la signification historique que représentent les rapides de Lachine pour
les populations concernées. Parce que, contrairement à ce que
vous affirmiez tantôt, le député de Nelligan et
vous-même, qu'il y a une pétition de 23 000 signataires qui ne
veulent rien savoir du projet Archipel, c'est faux.
M. Lalonde: Non, un instant... M. Gendron: Non, un
instant!
M. Lalonde: Jamais, je n'ai dit que je ne voulais rien savoir du
projet Archipel.
M. Gendron: M. le député de Nelligan a
mentionné cela, qu'il y avait 23 000...
M. Lalonde: C'est toujours...
M. Lincoln: C'est pour les rapides de Lachine.
M. Gendron: D'accord, j'y arrive...
M. Lalonde: C'est toujours pour la protection des rapides de
Lachine.
M. Gendron: Cela va. Alors, c'est cela. M. Lalonde: C'est
là-dessus. M. Gendron: D'accord.
M. Lalonde: Vous ferez tous les projets Archipel que vous
voudrez.
M. Gendron: On s'accorde là-dessus.
M. Lalonde: Mais, qu'on protège les rapides de Lachine
comme site naturel actuel, non pas en lui enlevant 90% de son débit et
faisant passer cela par un canal.
M. Gendron: La pétition portait effectivement sur un non
à la disparition des rapides de Lachine, ce qui rejoint nos objectifs.
Nous aussi, nous sommes contre la disparition des rapides de Lachine, mais on
ne peut pas à ce moment-ci prétendre que l'on doit laisser tomber
la poursuite de l'étude, la poursuite de ce qui est requis pour,
justement, conserver le même objectif qui est le vôtre, celui des
signataires, de l'Opposition, des membres du comité ministériel
Archipel et également, de tous ceux qui oeuvrent à ce projet.
À la table de concertation, on serait en mesure de dire que le
comité ministériel reconnaît la valeur
biologique, esthétique et historique des rapides de Lachine qui
font partie du patrimoine. À ce titre, il appartient à la
collectivité de garantir leurs caractéristiques
esthétiques et biologiques, mais aussi de développer leur
accessibilité et leur potentiel récréatif et
touristique.
M. Lalonde: Oui, parfait.
M. Gendron: Et c'est dans ce sens qu'on va poursuivre les
études. Quand vous restez braqué, comme plusieurs autres, sur le
débit de 90-10 ou le ratio de partage 90-10, oui, vous avez raison que
c'est celui dont il a été le plus question parce que la
problématique des ouvrages hydroélectriques, dans le concept
global du projet, c'est une problématique importante. C'est une
dimension importante qui est reliée d'ailleurs à l'aspect
économique, à la faisabilité économique du projet.
Mais, on va s'engager et l'on s'est engagé, nous, comme membres du
comité ministériel Archipel, pour qu'il y ait d'autres ratios
d'analysés, d'autres débits d'analysés, qu'il y ait en
effet beaucoup plus de garanties qui nous soient données qu'on peut
effectivement faire des travaux d'interventions en zone centrale - donc, les
rapides de Lachine - tout en gardant comme objectif ce qui est également
partagé par nous, c'est-à-dire la valeur biologique. On va
s'engager, donc, à respecter toute la faune qui vit et qui est
présente dans les rapides de Lachine, la valeur esthétique des
rapides et également, toute la question de la valeur historique que cela
représente pour les populations riveraines. C'est un engagement qui est
déjà pris par le président du comité
ministériel qui va être reconfirmé à la table de
concertation par le comité ministériel Archipel et c'est dans ce
sens qu'on continue le travail.
M. Lalonde: M. le Président, si le projet
hydroélectrique exige la construction d'un canal de déversement
ou de - je ne me souviens plus comment on l'appelle - et que ni une rive ni
l'autre rive... Ou, si les riverains des deux rives la refusent à cause
de la transformation, où est-ce que vous allez faire votre canal?
M. Gendron: Bon. Je tiens à vous dire que vous avez une
belle question, bien pertinente, sauf que, de toute façon, on ne ferait
même pas des interventions hydroélectriques dans la zone centrale
ou centrale bulbe. On est pris pareil, uniquement pour ce qui est de l'aspect
de la régulation des eaux et les mêmes intervenants nous disent ce
que vous venez de nous dire: Écoutez, pour faire la régulation
des eaux dans le complexe Archipel, on est pris pareil pour avoir un canal. Ils
le souhaitent et ils le veulent. Là, ils nous disent: On ne veut rien
savoir. C'est dans le concept où l'on donne suite à l'une des
variantes, qu'elle soit courte ou longue, sur la rive nord ou sur la rive sud,
parce que ces études ne sont pas terminées. Ils disent: On
s'oppose à ce que le canal passe chez nous. Actuellement je trouve que
c'est normal qu'elles aient cette attitude parce qu'elles ne savent pas dans
quelles conditions effectivement on peut réaliser les ouvrages qu'on
préconise tout en ayant aujourd'hui, par exemple, comme objectif de se
donner tout ce qu'il faut pour garantir que ce soit dans des conditions
acceptables. Ne les connaissant pas, il y a un réflexe naturel, normal,
des populations riveraines de dire: Nous, on ne veut pas que notre milieu
physique, que notre aspect esthétique soit complètement
détérioré parce qu'elles ne savent pas dans quelles
conditions cela se fera et nous non plus. L'étude de faisabilité
n'est pas terminée, les plans de gestion ne sont pas faits, les plans
d'équipement ne sont pas faits, on n'a pas finalisé toutes les
réponses que le modèle réduit devra nous donner par
rapport à cette intervention dans les rapides de Lachine. Quand on aura
les réponses, peut-être que les mêmes intervenants qui
disent aujourd'hui qu'ils n'acceptent pas d'être considérés
sur leur berge seront plus ouverts, si on est en mesure d'expliquer dans
quelles conditions de remplacement on pourra le faire.
M. Lalonde: Oui, mais en terminant, parce qu'il faut partir,
lorsque le ministre nous reproche de ne pas avoir posé de questions,
qu'il relise la dernière réponse qu'il vient de nous donner. On
est encore au stade des études de faisabilité, on n'a pas les
réponses, on fait les études. Ce sont les réponses que
j'ai depuis trois ans. Trois ans, votre conférence de presse?
M. Dussault: À peu près.
M. Lalonde: Alors, que je pose des questions. La seule chose, par
exemple, c'est que je veux que le ministre et le gouvernement soient bien
conscients que l'Opposition est extrêmement vigilante et
intéressée à protéger ce site naturel non pas pour
bloquer, parce que nous sommes aussi fort conscients qu'il y a un tas
d'avantages au niveau des inondations, etc., la régulation des eaux. On
n'est pas aveugle, mais on ne veut pas que ça se fasse en
détruisant un des sites naturels, un des sites historiques qui est
unique chez nous. Nous allons être extrêmement vigilants à
ce propos. J'aimerais aussi qu'on soit considéré comme des
interlocuteurs réguliers, comme le demande le député de
Nelligan, dans toutes les interventions qui sont faites en dehors de
l'Assemblée nationale.
M. Gendron: Un mot parce que, quand même, je ne peux
accepter que le député de Marguerite-Bourgeoys dise que depuis
trois ans, il pose des questions et qu'il n'a pas les réponses. La table
de concertation - ce n'est pas une table de consultation, c'est une table de
concertation - va prouver dans son rapport qu'à moult questions qui se
posaient il y a un an et demi on est en mesure aujourd'hui de donner des
réponses précises et de dire: L'alternative, c'est
celle-là sur telle affaire.
M. Lalonde: Je parle des rapides de Lachine.
M. Gendron: D'accord.
M. Lalonde: Vous n'avez pas de réponse.
M. Gendron: Sur les rapides de Lachine, oui, on a des
réponses à certaines questions qui ont été
soulevées, mais on n'a pas la réponse définitive,
fondamentale...
M. Lalonde: C'est cela.
M. Gendron: C'est normal, j'ai dit que c'était un projet
en devenir.
M. Lalonde: Je ne vous fais pas de reproche, mais ne nous
reprochez pas de ne pas poser de questions quand vous dites: On va faire une
étude et ensuite on aura la réponse.
Le Président (M. Desbiens): Alors, je comprends qu'on
n'adoptera pas les éléments ni les programmes en question.
M. Lincoln: Est-ce que je peux poser trois courtes questions?
M. Gendron: Vous pouvez bien convenir de cela, mais, moi, je ne
peux rien convenir dans ce sens-là parce qu'il semble que les
règles du jeu sont très sévères entre les leaders,
à savoir que, quand le temps est écoulé, si on n'a pas
adopté spécifiquement les crédits comme tels, ils sont
réputés acceptés. Moi, ça me fait plaisir de faire
une intervention dans le sens du député de Marguerite-Bourgeoys,
de solliciter une autre heure d'échanges sur les crédits comme
tels - je conviens avec vous qu'on n'en a pas discuté trop - ça
me ferait plaisir d'en parler.
M. Lalonde: On l'a fait à d'autres endroits...
M. Gendron: Non, mais moi...
M. Lalonde: ... quand on n'avait pas terminé.
M. Gendron: Tout ce que je veux conclure, M. le Président
de la commission, c'est que ça ne me fait rien de me rendre à la
demande comme ministre responsable des crédits qu'on devait discuter,
sauf que je ne pourrai pas sur mon propre engagement défaire les autres
engagements qui ont été pris entre les deux leaders et la
mécanique habituelle.
M. Lalonde: Autrement dit, si on ne peut pas trouver un autre
moment pour se retrouver, les crédits seront présumés
adoptés.
M. Gendron: Oui, c'est cela qui a été
décidé, et pas par moi.
M. Lalonde: Je pense que c'est automatique.
Le Président (M. Desbiens): L'ordre de la Chambre
était jusqu'à 13 heures, et il faudra un nouvel ordre de
l'Assemblée pour pouvoir siéger.
M. Lincoln: Est-ce que je peux poser trois courtes questions au
sujet du projet Archipel au ministre?
M. Gendron: Moi, cela ne me dérange pas, c'est le
président qui mène.
Le Président (M. Desbiens):
Consentement?
M. Lincoln: Cela ne durera pas très longtemps. La
première chose, c'est la question des variables de débit d'eau.
Vous dites: 90%, ce serait peut-être trop, peut-être qu'on devrait
considérer 85% ou 60%. Qu'est-ce que vous dites de l'argument de l'autre
côté, qu'à Beauharnois on avait réservé 35%
de débit d'eau et qu'on prenait 65%? Maintenant, c'est 99% et il ne
reste que 1% d'eau dedans. C'est l'argument des autres qui disent: Maintenant,
vous allez commencer à retirer 60% ou 80%, mais Hydro-Québec aura
le pouvoir de changer ces débits-là dans cinq ou dix ans. Je vais
vous donner toutes mes questions, vous pourrez me répondre par la
suite.
La deuxième. L'ordre des biologistes parle d'une étude de
deux ans pour que ce soit une étude sérieuse. Même
l'Université du Québec à Montréal a parlé de
cinq ans, ou de trois ans, jusqu'en 1985, en tout cas. Comment est-ce qu'on
peut faire une étude d'impact en 1983 quand l'étude biologique
sur les rapides de Lachine, qui est une chose capitale, va prendre deux ans
selon toutes les données des biologistes?
Une troisième question. On dit qu'on va étudier en
profondeur quatorze espèces de poissons. Or il y en a quelque chose
comme 66 dans les rapides de Lachine. Est-ce que
cela ne veut pas dire que ce n'est pas une étude...
Une voix: 75.
M. Lincoln: Enfin 75, si vous voulez. 66 ou 75, c'est encore
plus. On a dit qu'on va étudier en profondeur 14 espèces
typiques.
M. Gendron: Pour répondre rapidement à la
dernière question sur l'étude biologique, nous, ce qu'on a comme
information du MLCP, qui est concerné et qui siège à la
table du comité ministériel et au secrétariat technique,
tout ce qu'il nous a demandé c'est d'avoir ce qu'on appelle une
étude sur un cycle complet, donc une année. Cela a toujours
été la demande qui nous a été formulée par
les porte-parole officiels, comme je l'ai mentionné. Dans ce sens on a
l'intention de leur donner une année pour faire l'étude d'un
cycle complet; l'étude est commencée et elle va se terminer le
printemps prochain, en 1983. Cela répond pour les études.
Sur votre autre question au sujet des variantes de débit 90-10,
90-20 ou même 50-50, je peux même aller plus loin. Ce n'est pas
Hydro-Québec qui va jouer avec cela. Quand le comité
ministériel Archipel fera un rapport au Conseil des ministres pour
prendre une décision finale, il va falloir faire prendre une
décision finale sur les plans et devis, sur ce qui aura
été prouvé et retenu comme étant faisable, tout en
ayant éventuellement une dimension de production
d'électricité qui nous permette d'envisager une
faisabilité économique.
On va même plus loin que cela, M. le député de
Nelligan, nous, comme membres du comité ministériel Archipel. On
va exiger qu'il y ait une appréciation de la faisabilité
d'Archipel. Possiblement, on ne le fera pas aujourd'hui, mais sans
nécessairement avoir toujours la nécessité de la centrale
hydroélectrique.
Le Président (M. Desbiens): Alors la commission...
M. Lincoln: M. le Président, la troisième question:
la quantité d'espèces de poissons qui vont être
impliquées dans l'étude biologique?
M. Gendron: Sur les espèces impliquées, le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche nous a
indiqué qu'il voulait surtout conduire des études plus
fouillées, plus détaillées sur les espèces plus
signifiantes, sur les espèces principales, sur les espèces qu'il
est important, selon les données qu'on a, de conserver. Vous avez
peut-être raison. Il y a également celles qu'on me dit être
en migration dans les rapides de Lachine, c'est-à-dire qui se
déplacent et non pas celles qui ne sont pas là.
M. Lincoln: II y a des données qui m'ont été
soumises voulant que des espèces parmi les plus importantes ne soient
même pas impliquées dans les études. Je peux vous donner
les espèces citées par quelqu'un du domaine des sciences qui dit
que ces espèces... Je peux les trouver et vous donnez cela si on
continue.
M. Gendron: Oui, vous me donnerez cela et je demanderai au MLCP
de vérifier. D'accord?
M. Lincoln: Oui, d'accord.
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente de la présidence du conseil et de la constitution ajourne ses
travaux sine die et doit attendre un nouvel ordre de l'Assemblée pour
siéger.
(Fin de la séance à 13 h 10)