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(Onze heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Bordeleau): La commission permanente de
la présidence du conseil et de la constitution est réunie pour
étudier les crédits du Conseil exécutif, soit plus
précisément le programme 10, Aide financière à
l'Institut québécois de la recherche sur la culture. Les membres
de la commission, pour ce matin... On va faire les remplacements qui
s'imposent. Je remarque que M. le ministre n'est même pas membre de la
commission. Disons que M. Lévesque (Taillon) sera remplacé par M.
Godin (Mercier); M. Lazure (Bertrand) par M. Blais (Terrebonne); M. Gendron
(Abitibi-Ouest) par M. Paquette (Rosemont).
De ce côté, M. Lalonde, vous n'êtes pas membre. M.
Ryan (Argenteuil) pourra être remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Oui, n'importe quand!
Une voix: Ce n'est pas enregistré...
Une voix: Oui, c'est enregistré.
M. Blais: De toute façon il semble qu'actuellement il
puisse être remplacé par n'importe qui...
Le Président (M. Bordeleau): M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) ne sera pas là?
M. Lalonde: II y a M. French (Westmount), il va y avoir Mme
Dougherty.
Le Président (M. Bordeleau): Ah, bon! Attendez un petit
peu.
M. Lalonde: Soyons souples pour ceux qui pourraient se
présenter.
Le Président (M. Bordeleau): Je veux seulement remplacer
par ceux qui sont déjà ici. Est-ce que M. Marx de D'Arcy McGee va
venir?
M. French: Je ne pense pas, il n'est pas en ville.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, M. Marx sera
remplacé par M. French (Westmount). On peut partir avec cela.
Il faudrait nommer un rapporteur de la commission. Est-ce que j'aurais
des suggestions? Oui, une suggestion.
M. Lalonde: Le député de Terrebonne peut tenter de
faire la chose.
M. Blais: Oui, je peux me risquer dans ce domaine. Je pourrais
peut-être dire quelques mots à l'Assemblée, merci.
Le Président (M. Bordeleau): Vous mettez votre confiance
dans le député de Terrebonne?
Merci. M. le député de Terrebonne, vous serez donc notre
rapporteur à la commission.
M. le ministre vous voulez commencer avec des remarques
préliminaires ou générales?
Développement scientifique Exposés
généraux M. Gérald Godin
M. Godin: Oui, préliminaires, générales et
brèves. Alors, nous allons tenter de partager le temps qui nous est
accordé - et non alloué, qui est anglicisme - en deux parties
égales, chacune d'entre elles précédée d'une
brève intervention, de manière à laisser aux membres de la
commission le plus de temps possible pour approfondir quelque aspect que ce
soit des crédits.
Commençons donc par le développement scientifique. Je vous
présente illico le secrétaire du secrétariat du
développement scientifique, M. Gilles Bergeron, et la secrétaire
du développement culturel, Mme Paule Leduc, qui pourront
éventuellement aller plus profondément et ventiler un peu mieux
les réponses que je donnerai.
Commençons par le scientifique. On peut dire qu'une impulsion
majeure a été donnée dans ce domaine avec la parution du
livre vert, en 1978, suivi du livre blanc en 1980, suivi de la création
du ministère d'État à l'été 1980. La
tâche de ce ministère d'État est triple, je dirais. Faire
l'inventaire - qui n'avait jamais été fait - de toutes les
dépenses faites dans le domaine scientifique, par l'ensemble du domaine
public, parapublic et péripublic et également faire l'inventaire
même de ce qui se fait dans l'entreprise privée. Cet inventaire
est en bonne voie d'être complété. Je déposerai,
d'ailleurs, ce matin deux documents et les plus récents
publiés par le Secrétariat au développement
scientifique ainsi que par le Bureau de la science et de la technologie. Un de
ces documents s'intitule Activités scientifiques et techniques dans les
ministères et les principaux organismes du Québec. C'est le
portrait de ce que le gouvernement a fait, soit 377 000 000 $ pour
l'année qui se termine. Vous aurez des exemplaires de cela dans quelques
instants; nous les avons ici. Également, je déposerai un document
statistique: La recherche, développement industriel au Québec
pour le secteur privé donc, de 1971 à 1979. Cela vous sera remis,
il sort des presses.
Au-delà de cet inventaire, le ministère supervise et
coordonne ou coordonnera, quand toutes les données seront
entrées, l'activité scientifique de toutes et chacune des parties
du gouvernement, que ce soient les ministères, du parapublic ou du
péripublic. Dans la mesure où les moyens sont limités, il
faut qu'on frappe sur le bon clou ou sur les quelques bons clous qu'on peut se
permettre de se payer et non pas lancer à tous azimuts des milliards
dans le paysage.
Le ministère, aussi, a supervisé et lancé
l'opération "rapport de conjoncture" pour quatre ministères: le
rapport de conjoncture sur les communications qui s'appelle Bâtir
l'avenir, nous attendons les rapports de conjoncture du ministère du
Transport, du ministère de l'Énergie et des Ressources, un
rapport de conjoncture sur la foresterie, en particulier, et le
quatrième, c'est au ministère de l'Agriculture. Des quatre
rapports de conjoncture prévus, un est publié, l'autre est au
stade de prépublication, celui de la foresterie, celui sur les
transports est prévu pour septembre. Pour celui sur l'agriculture, le
ministre cherche la perle rare qui pourrait présider ce groupe de
travail. Le groupe est à peu près constitué à 90%,
il manque quelqu'un pour assumer la présidence. Donc, on peut estimer
que d'ici à six mois, au maximum, nous aurons tous les rapports de
conjoncture qui peuvent être déposés à
l'Assemblée nationale.
Également, ce qui relève de ce ministère-ci, c'est
la question du français langue scientifique et la définition par
le gouvernement du Québec d'une politique à cet égard.
Nous avons contacté déjà plusieurs institutions publiques
et parapubliques pour leur demander leur avis sur cette question afin d'en
arriver à une politique qui soit cohérente et qui aille dans le
sens des meilleurs intérêts de la langue française dans le
domaine scientifique, au Québec et ailleurs dans le monde, mais
également qui ne soit pas punitive ou restrictive en empêchant les
chercheurs québécois d'écrire dans d'autres langues les
fruits de leurs recherches.
Également, relèvent de nous le Conseil de la politique
scientifique du Québec qui existe depuis 1971 ou 1972 ainsi que le
Bureau de la science et de la technologie qui existe depuis 1975, donc qui ont
été créés sous l'ancien gouvernement, qui sont
maintenus et dont les budgets ont suivi la courbe de l'inflation.
En gros ce que je dois dire comme ministre d'État au
Développement culturel et au développement scientifique, c'est
que nous avons l'intention, au gouvernement, d'occuper une place grandissante
dans le domaine du développement scientifique et que nous avons
l'intention de travailler, au ministère, à ce que le
Québec qui figure dans les pays du peloton de queue pour ce qui est de
la partie du PIB - produit intérieur brut -consacrée à la
recherche scientifique...
M. Lalonde: ... à côté de moi, je m'excuse
auprès du rapporteur.
M. Godin: Est-ce que vous lisez ou si vous parlez, M. le...
M. Lalonde: Rapporteur.
M. Godin: II lit à haute voix. Donc, l'intent on est de
passer du 0,9% où nous sommes présentement, du PIB
consacré au développement scientifique, de doubler ce montant
dans une période donnée et de rejoindre les pays de tête
qui sont le Japon et l'Allemagne dont les retombées dans leur situation
économique actuelle sont très positives. Alors, il est
très important que le gouvernement du Québec fasse plus dans le
domaine de la recherche. Pour faire plus et mieux, il faut connaître
l'ensemble du portrait, du terrain et c'est la tâche à laquelle
s'est consacré le ministère d'État depuis qu'il existe.
(11 h 30)
Cet inventaire n'est pas terminé, mais il est en voie de
l'être. Je dirais en terminant mes remarques préliminaires que
nous avons, quand même, identifié quelques champs prioritaires
pour l'activité du ministère dans l'année qui vient, entre
autres, le domaine des biotechnologies et le domaine de l'électrochimie.
D'ailleurs, lundi, l'usine pilote en électrochimie, projet conjoint
IREQ-Noranda sera inaugurée officiellement à Varennes. C'est un
autre fleuron dans la couronne des activités scientifiques industrielles
au Québec.
En gros, ce n'est que préliminaire, M. le Président.
Maintenant s'il y a des question:;, je suis à la disposition de la
commission et de ses membres.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Alors,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: J'aimerais tout d'abord remercier le ministre pour le
caractère concret de ses remarques préliminaires. On est
habitué d'entendre de longs discours, souvent remplis de voeux pieux. Le
ministre est relativement nouveau dans ses fonctions et nous en tenons compte,
quoique cela ne paraisse pas dans ses remarques. Il a sûrement
accordé, malgré toutes les autres fonctions qu'il occupe beaucoup
d'attention à ce dossier.
Etant donné que nous avons seulement quelques minutes à
consacrer au domaine de la recherche scientifique, j'aimerais poser quelques
questions très précises au ministre. D'abord, sur le
problème du français langue de la recherche, cela a fait l'objet
d'une discussion un peu vigoureuse avec l'ancien ministre, il y a à peu
près un an, soit le 16 juin 81. À ce moment-là, l'ancien
ministre, M. Jacques-Yvan Morin, député de Sauvé, avait
fait état d'un colloque qui devait se tenir en novembre à
Montréal, organisé par le Conseil de la langue française.
Ce qui a été fait. L'assemblée annuelle de l'Association
internationale des parlementaires de langue française en avait fait une
des questions de ses assises tenues à Dakar en janvier 1982. J'ai eu
l'occasion de participer à cette dernière assemblée de
l'AIPLF et aux travaux de la Commission culturelle qui a étudié
justement ce problème de la langue française dans la recherche.
Nous avions, Mme la députée de L'Acadie qui représentait
le Québec avec votre serviteur, fait adopter une résolution qui,
modestement, tente de faire le tour de la question. Je me demande si le
ministre a pris connaissance de cette résolution qui a été
entérinée par la plénière de l'AIPLF.
Cette réunion, cet organisme de parlementaires n'a aucun pouvoir
concret, n'a que le pouvoir de décider de souhaiter et chaque membre
sait très bien que les seules actions qui lui sont permises sont dans le
sens de tenter de convaincre son propre groupe de prendre des décisions
dans le sens des souhaits de l'assemblée. C'est donc ce que je fais. On
a promis à nos collègues des autres pays concernés et
inquiets de cette question, de tenter, chacun dans nos Parlements, de faire
avancer la question.
Le français langue de la recherche
scientifique
Je demande simplement au ministre ce qu'il a l'intention de faire de
concret à propos du français langue de la recherche
scientifique.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Godin: D'abord, commençons par les choses
concrètes. Le fonds d'incitation -qu'on appelle du ministre - a
contribué pour 304 000 $ à un telle politique, entre autres, par
une subvention de 194 000 $ à Informatech Québec pour la mise en
place d'un lien assurant la disponibilité au Québec de logiciels,
de banques de données et également pour faire le marketing au
Québec de banques de données françaises. Donc, nous nous
sommes connectés - si on veut utiliser ce mot - nous nous sommes
branchés sur le pays qui est le plus avancé dans le domaine, pour
arriver à ce que le français au Québec occupe la place qui
doit lui revenir, dans le domaine des écrits scientifiques.
D'autre part...
M. Lalonde: Excusez-moi, quel est le montant que vous avez
mentionné?
M. Godin: 304 000 $ en tout, que je vais vous ventiler dans
quelques secondes.
M. Lalonde: C'est sur le fonds de 930 000 $ qui avait
été...
M. Godin: C'est cela, exactement. 100 000 $ à la
Société de gestion des droits d'auteur, à la condition
qu'elle crée, d'ici à trois ans, une section spécifique
pour les auteurs scientifiques. Également, une subvention de 10 000 $
pour le soutien de deux revues scientifiques: Union médicale du
Québec et une revue qui publie des résumés anglais des
principaux travaux des chercheurs francophones dans le domaine de la
psychologie, et qui s'appelle, "French Language Psychology". Je pense que vous
avez la fourchette de notre intention qui est que chaque texte, chaque document
publié par un chercheur du Québec soit accessible en
français, mais qui n'empêcherait nullement ce chercheur de publier
dans les revues de son choix, dans la langue de son choix, dans un premier ou
dans un deuxième temps.
Vous n'êtes pas sans ignorer, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, que l'anglais dans le domaine scientifique est vraiment
devenu la lingua franca. Si nous voulons que les chercheurs
québécois puissent se faire entendre sur toutes les places
scientifiques du monde, il faut qu'ils puissent également publier des
textes dans d'autres langues que le français. Par ailleurs, ce sera
probablement le contenu d'une politique que je soumettrai bientôt au
Conseil des ministres et qui fera obligation à tout chercheur du domaine
gouvernemental ou paragouvernemental, de rendre ses textes accessibles en
français à l'ensemble de la population du Québec et
d'ailleurs. Est-ce que cela répond à votre question M. le
député?
M. Lalonde: J'ai bien compris que le gouvernement va obliger les
chercheurs subventionnés de...
M. Godin: C'est-à-dire que le gouvernement songe,
éventuellement, à adopter une politique qui ferait que chaque
texte scientifique publié par un employé du public ou du
parapublic, au Québec, soit accessible en français. Est-ce que ce
sera à la charge du chercheur? Est-ce que ce sera à la charge de
l'institution? Est-ce que ce sera à la charge du gouvernement, de voir
à traduire ce qui est écrit dans une autre langue que le
français? Cela n'est pas encore déterminé, mais
l'intention du gouvernement est de rendre accessibles en français tous
les textes de chercheurs travaillant au Québec.
M. Blais: Une question...
M. French: Sur le même sujet.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Une très courte question. Un des grands
invités du colloque dont vous parliez avait dit qu'il demandait l'aide
des différents gouvernements, afin que, dans les grandes revues
scientifiques du monde, les documents produits par les chercheurs soient
publiés de façon intégrale dans la langue de l'auteur et
non pas directement dans les grandes revues qui sont toutes anglaises. Donc
demander l'aide du gouvernement selon le principe qu'il exprimait, je me
souviens exactement de la phrase que ce monsieur avait employée: "parce
que la langue est au service de l'esprit et non pas l'esprit au service de la
langue." Est-ce que, dans ce cas précis, à ce qui avait
été demandé de façon spécifique à ce
colloque, il y a des suites qui ont été données entre les
équipes québécoises et le gouvernement afin de forcer les
grandes revues à adopter cette politique?
M. Godin: Au Québec, il y a deux revues scientifiques que
vous, connaissez:
Québec Science et la nouvelle... C'est quoi, M. le
sous-ministre?
Une voix: Science et Technologie.
M. Godin: Science et Technologie qui vient d'être mise au
monde et qui, on l'espère, va réussir aussi bien que l'autre.
Elle a d'ailleurs bénéficié de l'appui du gouvernement.
Maintenant, ailleurs, vous savez aussi bien que moi que la revue Scientific
American, qui est peut-être la bible dans son secteur, existe
déjà en version française et on peut la trouver aussi au
Québec. Ils n'ont même pas besoin, quant à eux, de l'aide
gouvernementale, parce qu'il y a un marché suffisamment grand pour leur
permettre d'être rentables. Il y a également plusieurs revues
françaises, je pense à La Recherche, en particulier, qui fait
concurrence à Scientific American, version française. La part de
l'État comme tel, cette année, a été - ce dont je
parlais tout à l'heure - Informatech, la SGDA et deux subventions
à deux revues scientifiques, dont l'une en français et l'autre
qui, justement, vise à diffuser des résumés en anglais de
textes de recherche en français, pour ne pas que les chercheurs qui
écrivent en français soient pénalisés du fait
qu'ils écrivent dans une langue qui est minoritaire dans le domaire
scientifique présentement.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le
député de Westmount.
M. French: M. le Président, je voudrais demander au
ministre quelle évidence a-t-il qu'il y a une demande, de la part des
consommateurs potentiels, d'avoir en français des recherches
publiées par les chercheurs gouvernementaux au Québec? Je pose la
question parce que je pense que je n'ai jamais vu une société
aussi bien servie par la vulçarisation dans le domaine scientifique que
la société québécoise. C'est quelque chose dont on
peut tous se réjouir. Dans de telles circonstances, il m'a toujours
semblé un pet aberrant qu'on se préoccupe de la langue dans
laquelle les recherches originales sont publiées, alors que nous savons
très bien qu'il y a une industrie modeste, mais efficace, beaucoup
meilleure à mon sens que ce qui existe à l'extérieur du
Québec, au Canada, qui a pour but de rendre accessible dans la langue
française les résultats des recherches importantes faites partout
au monde. J'ai un peu peur qu'on risque de dépenser de l'argent pour
qu'un ministre puisse dire dans une commission parlementaire quelconque que tel
ou tel pourcentage est maintenant disponible en français:, pendant que
les recherches en français resteraient sur des tablettes. On aurait pu
dépenser cet argent peut-être dans un domaine plus
approprié, c'est-à-dire la vulgarisation, ou pour appuyer les
recherches elles-mêmes.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Godin: Remarquez qu'il faut se battre sur tous les fronts en
même temps, M. le député de Westmount. Je vous dirai que
Québec Science, qui est une revue de vulgarisation très lue au
Québec, bénéficie d'une aide gouvernementale directe ou
par l'entremise de l'Université du Québec, d'une part. D'autre
part, la vulgarisation, c'est une chose, mais la publication de textes qui ne
soient pas vulgarisés est également un
objectif que le gouvernement doit se donner. Ce n'est pas parce qu'on va
aider des gens qui traduisent en français des textes écrits
d'abord en anglais au Québec que l'on ne donnera pas en même temps
un budget à la création d'emplois scientifiques, comme on le fait
depuis un an et comme on le fera encore plus intensivement l'année
prochaine. Donc, il faut mener la lutte sur plusieurs fronts.
Maintenant, je reviendrai au fond de la question, l'importance d'avoir
des textes en français dans le domaine scientifique au Québec. On
présume qu'il y a des unilingues français au Québec et
que, par conséquent, c'est l'une des missions d'un gouvernement qui a
une politique culturelle précise et une politique linguistique de voir
à ce qu'il y ait une certaine cohérence, une certaine logique et
que, par conséquent, tout ce qui est accessible dans le domaine
scientifique le soit également en français. À cet
égard, le Québec n'est pas seul à partager cet objectif.
Lors d'une récente rencontre avec le président du
Haut-Commissariat à la langue française rattaché à
la présidence de la république à Paris et d'autres membres
de son équipe, il a été question justement d'une politique
commune des pays francophones dans ce secteur, de manière que tout soit
accessible en français pour les chercheurs francophones du monde, soit
par voie de résumés, soit par voie de traductions
intégrales.
M. Lalonde: Si vous permettez.
Le Président (M. Bordeleau): Je voudrais continuer et,
ensuite, il y a le député de Rosemont, toujours sur le même
sujet.
M. Lalonde: Ah! Bien...
Le Président (M. Bordeleau): Je voudrais que... Est-ce que
vous avez terminé, M. le député, là-dessus?
M. Paquette: On peut terminer sur ce sujet, M. le
Président. J'ai des questions sur d'autres sujets.
Le Président (M. Bordeleau): Ah! Sur d'autres sujets. Bon,
d'accord. M. le député de Westmount.
M. Lalonde: Moi, je...
Le Président (M. Bordeleau): Ou M. le député
de Marguerite-Bourgeoys. (11 h 45)
M. Lalonde: Je veux seulement rappeler au ministre ce que l'AIPLF
avait adopté au niveau national de prendre les mesures
appropriées pour assurer d'abord en français l'enseignement
scientifique et technique de niveau universitaire, dans le respect des langues
nationales. C'était surtout en fonction des pays africains qui
participaient au colloque.
Deuxièmement, la publication en français des
résultats des recherches subventionnées par les fonds publics, et
ensuite l'affectation d'un certain pourcentage du budget de l'enseignement
scolaire, et la formation en français de chercheurs de pays en voie de
développement; ça aussi c'était pour marquer notre
préoccupation à l'égard des pays du tiers monde.
Cela peut peut-être me tenter de répondre à la
question du député de Westmount. Quelqu'un disait que l'anglais
c'est vrai, c'est la lingua franca, mais l'anglais des scientifiques
d'aujourd'hui est plutôt, suivant l'expression de M. Froissart "un sabir
à base d'anglais, la langue de bois des savants." C'est une façon
de communiquer, de se faire comprendre, de savoir; au moment où le
développement de la recherche se fait, que ce soit disponible à
tout le monde. Cela, c'est parfait. À un moment donné, ça
pourrait être le russe, ça pourrait être le chinois, le
français, l'espagnol, comme ç'a déjà
été le français. L'idée, ce n'est pas
d'empêcher, au contraire, nos chercheurs francophones ou anglophones de
participer à ce grand mouvement de communication entre chercheurs et
d'être à l'instant même le plus possible au courant et de
mettre les gens au courant de leurs propres recherches dans la langue qui est
la langue de la recherche, la langue anglaise, mais aussi de les mettre
à la disposition de ceux qui parlent français, qui
étudient en français - je ne pense pas qu'on puisse arriver
à une situation où on pourrait tout traduire - pour permettre
justement aux francophones qui étudient les sciences en français
d'avoir accès à ce qui est une richesse pour toute la
collectivité.
M. Godin: Pour répondre à votre question, tout
traduire effectivement, c'est, même financièrement impossible,
peut-être même physiquement impossible. Je vous ramène au
début de mes remarques. Quand je parle de secteurs prioritaires de
biotechnologie et d'électrochimie, ce sont des secteurs où
précisément nous allons traduire plus que dans d'autres secteurs.
Quand on dit prioritaire, donc, ça touche tout ce qui est relié
même à la traduction de textes de toute autre langue en
français pour que les équipes qui travaillent là-dessus
ici soient en mesure d'avoir accès à tous les renseignements
possibles. Mais ça ne signifie pas qu'on aurait des traductions de tout
ce qui s'est écrit sur les fossiles, par exemple, parce que ce n'est pas
une priorité du gouvernement. Donc, dans la mesure où l'argent
est rare, dans la mesure où l'objectif de francisation, est de
rendre
accessibles en français des textes, nos deux priorités
déjà mentionnées seront les champs des secteurs dans
lesquels nous allons mettre le paquet, si besoin est, tant que ça reste
nos priorités.
Le Président (M. Bordeleau): Pas d'autres questions,
ça va?
Développement de la recherche
scientifique
M. Raquette: Alors, sur un autre sujet, le gouvernement a
publié, il y environ un an et demi, deux ans, sa politique de
développement de la recherche scientifique. J'aimerais que le ministre
fasse un peu le point et nous dise où on en est rendu dans l'application
des diverses mesures qui étaient proposées,
particulièrement sur les plans suivants. On sait que l'axe principal de
la politique, c'est le développement des ressources humaines
québécoises dans le domaine de la recherche scientifique non
seulement au niveau des chercheurs, mais au niveau également de l'aide
des techniciens, des personnes qui travaillent dans les laboratoires, des
recherchistes qui assistent les chercheurs. J'aimerais qu'on nous fasse un peu
le point là-dessus. Je comprends que le secrétariat est de
création récente, mais où en est-on sur ce
plan-là?
Un autre élément important de la politique scientifique,
c'est celui de la culture scientifique des Québécois. Je pense
que c'était une orientation extrêmement importante, quand on sait
à quel point la vie moderne est influencée par la science et la
technologie, et à quel point les citoyens sont démunis, sont
souvent mal informés. On sait que l'information, c'est le pouvoir. Si on
veut démocratiser la société, il faut donner la chance aux
citoyens de comprendre l'évolution du monde qui les entoure et
d'intervenir. Il y avait là aussi un certain nombre de mesures dans la
politique de développement scientifique. Où en est-on de ce
côté?
Troisièmement, j'aimerais savoir un peu comment le ministre
d'État en est arrivé à jouer son rôle auprès
des autres ministères. 11 y a eu un choix de la part du gouvernement de
créer un ministère d'État plutôt qu'un
ministère sectoriel, de façon à assurer une coordination
des politiques scientifiques dans lesquelles il y a plusieurs intervenants,
notamment le ministère de l'Éducation, le ministère de
l'Industrie et du Commerce et la plupart des ministères qui font de la
recherche scientifique en tant qu'agents de recherche scientifique. Quel est le
personnel du secrétariat? Comment s'effectue dans le concret cette
coordination entre les divers ministères du gouvernement du
Québec impliqués?
Quatrièmement, le ministre a mentionné dans son
exposé l'intention du gouvernement d'augmenter le pourcentage de la
richesse nationale affectée à la recherche scientifique de
façon à la doubler sur un certain nombre d'années. Â
cet effet, il y a divers intervenants et notamment les deux paliers de
gouvernement. Comment se répartit l'effort du gouvernement d'Ottawa?
Est-ce qu'il y a eu progrès au niveau de la participation
également du gouvernement du Québec dans la recherche
scientifique?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Godin: M. le député de Rosemont, vous avez de
l'appétit.
M. Paquette: Oui.
M. Godin: Je vous dirai, en commençant par le premier
point, le développement des ressources humaines, que le Québec,
et c'est dans le document qu'on vous a remis, a dépensé pour
l'année qui vient de se terminer 377 000 000 $ dans le domaine de la
recherche scientifique. Cette somme va à des personnes et à des
laboratoires. De plus, cela s'incarne aussi pour l'avenir dans des
créations de postes, dans le cadre d'un programme expérimental de
soutien à l'emploi scientifique. Il y a dans ce programme, pour
l'instant, deux volets: un volet de subventions à des chercheurs dans
les universités québécoises et un autre volet qui touche
l'entreprise et les centres de recherche privés. L'an dernier, six
candidats ont accspté les postes offerts dans le volet A,
l'université québécoise, et il y a cinq emplois qui ont
été subventionnés dans le domaine du privé. Nous
avons demandé au comité des priorités du gouvernement de
voir à ce que le développement scientifique fasse partie des
priorités du plan de relance qui sera annoncé la semaine
prochaine. Je n'ai pas eu de réponse définitive encore, mais je
suis assez optimiste et je pense que nous obtiendrons à peu près
ce que nous avons demandé, notre demande étant de créer 30
emplois de plus dans le domaine des universités
québécoises - c'est bien cela, M. le sous-ministre - 20 dans les
universités, je précise, 30 en industrie et également la
mise sur pied d'un troisième volet qui serait les subventions aux
assistants de recherche et aux adjoints.
Nous sommes, je dirais, tranquillement en train de résoudre le
problème que vous mentionnez. Mais dans la mesure même où,
je le répète, l'inventaire à lui seul vient à peine
d'être terminé, l'inventaire de ce qui se fait, dans la mesure
où les rapports de conjoncture de quatre ministères qui font de
la recherche scientifique, de ces quatre rapports un seul est entré, les
autres sont en voie de préparation, on pourra, à mon avis,
d'ici à quelques mois non seulement assurer une coordination de
ces diverses recherches, mais établir des priorités à
l'intérieur de chacune des recherches pour voir si cela répond
vraiment aux besoins de la société québécoise. Un
exemple. Il y avait un projet de recherche sur la résistance des gazons
sur les autoroutes. Il y avait une demande de 400 000 $ pour faire cette
recherche et on a décidé, au Conseil du trésor, en tant
que membre du Conseil du trésor et du Développement scientifique
d'arrêter ce projet parce qu'il est possible qu'on puisse dépenser
ces 400 000 $ à des fins plus sociales et plus humanitaires qu'à
la réalisation de gazon au bord des autoroutes du Québec. C'est
un exemple que je vous donne d'un début de coordination. On n'a pas eu
de surprise aussi énorme que celle-là dans d'autres
ministères. Ce qui est certain, c'est que d'ici un an très
certainement nous saurons exactement sur quel clou on décide de frapper
et quels projets de recherche devront être abandonnés ou ne sont
pas prioritaires et par quoi ils devraient être remplacés.
À votre deuxième question qui consiste à familiariser
l'ensemble de la société québécoise avec la culture
scientifique, c'est également une des priorités du
ministère et, à cet égard, nous avons subventionné
plusieurs tentatives et même, la plus récente subvention a
été accordée au Salon de l'innovation et de la
technologie, qui a attiré 90 000 personnes au nouveau Palais du commerce
à l'hôtel Bonaventure, il y a quelques semaines.
Également, nous subventionnons des revues, Québec Science
et Science et Technologie. Également, nous avons subventionné des
cercles de jeunes naturalistes ou de jeunes scientifiques qui, au niveau des
écoles primaires et secondaires, se voient incités à des
activités scientifiques. Et c'est ainsi, par exemple, qu'on a
subventionné le cégep de Sainte-Anne-de-la-Pocatière pour
un programme de familiarisation des étudiants au domaine
scientifique.
Votre troisième question, jouer son rôle de coordination
auprès des autres ministères. Je ne reprendrai pas ce que j'ai
dit dans mes remarques préliminaires, mais ce que nous voulons, c'est
précisément avoir le portrait le plus complet possible de ce qui
se fait comme dépenses de recherche dans chacun des ministères du
gouvernement du Québec et nous assurer que ces sommes qui sont investies
correspondent aux priorités telles que déterminées par le
Conseil des ministres. Et dès que nous aurons les rapports de
conjoncture, plus des analyses plus fouillées encore, plus
raffinées, plus peaufinées, comme dirait mon
prédécesseur, nous aurons certainement des réorientations
de budget à faire et des réaffectations de fonds.
Maintenant, je peux vous énumérer brièvement, par
exemple, ce qui se passe présentement dans le programme
expérimental de soutien à l'emploi scientifique:
l'Université McGill et Françoise Sauriol, domaine de recherche,
spectroscopie RMN de composés organiques écologiquement actifs,
application possible aux milieux de technologie. Donc, cela fait partie de la
pyramide de biotechnologie que nous tentons de construire, l'Institut Armand
Frappier, l'INRS, l'Université de Sherbrooke, synthèse de
composés bio-organiques pouvant servir d'agents immunochimiques et
neurochimiques, M. Majambu MBikay biotechnorégulation des gènes
de métallothionéine. C'est vraiment de la recherche au niveau
universitaire.
Par ailleurs, dans le domaine industriel, cela vous intéresse
certainement aussi: Forano, subvention à un chercheur,
développement d'un système de contrôle électronique
informatisé pour l'utilisation de machines-outils. C'est Le virage
technologique avant la lettre, si vous voulez. Entreprises Julien - aucun lien
de parenté avec cette personne que vous connaissez, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys développement
d'équipement de cuisine pour l'industrie de la restauration et autres
produits en inox, comme on dit à Paris.
M. Lalonde: Pourquoi m'adressez-vous cette remarque?
M. Godin: Avant que vous ne posiez la question. Une subvention
à l'entreprise Mark Hot qui a été créée par
un nommé Marcotte, si je me souviens bien: Étude d'acoustiques et
mise au point de moyens pour atténuer les bruits transmis par un
système de ventilation et de climatisation dans les grands
édifices. Cela veut dire que le grondement sourd qu'on entend à
l'Assemblée nationale quand le député de
Marguerite-Bourgeoys ou celui de Westmount parle, peut-être qu'il
disparaîtra grâce à cette invention.
M. Paquette: Ce n'est peut-être pas un problème
technologique, M. le ministre.
M. Godin: Et enfin, Agropur, Marine Industrie, Gaucher Pringle
Ltée, mise au point d'un modèle d'éolienne de type Weccan
donc, énergie nouvelle aussi. Donc, vous voyez qu'on couvre un certain
nombre de secteurs et j'ai bon espoir que, si nous décrochons le
mini-budget qu'on a demandé, nous allons pouvoir aller plus loin. Est-ce
que ça répond à vos questions?
M. Lalonde: J'aurais des questions à poser.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on est devant un
ministère qui a commencé à fonctionner il y a peu de temps
et j'aimerais poser un certain nombre de questions au ministre sur
l'état ou le progrès du travail au Conseil de la politique
scientifique. Où est-ce qu'on en est? Je sais que le conseil a vu - ce
n'est pas un nouvel organisme - son mandat révisé, s'est vu
confier des missions nouvelles, nous disait votre prédécesseur.
J'aimerais savoir où on en est avec ce conseil? (12 heures)
M. Godin: Nous avons associé de très près
ledit conseil à nos travaux depuis que je suis là et, dans la
continuité de ce qui se passait avant, les modifications fondamentales
ont été les suivantes: le conseil siège maintenant en
public; on a vu, récemment, une de ces séances publiques sur les
biotechnologies.
Il y a une autre réunion qui se déroule aujourd'hui
même, au moment où nous nous parlons, à Montréal,
organisée par le même conseil en public sur la politique
scientifique au niveau de l'éducation, du système scolaire. Donc,
il siège en public et il y a eu une séance publique à
Québec, dernièrement, sur les biotechnologies, une des
priorités du ministère et la priorité même du
ministère pour les prochaines années.
Également, à la suite d'une commande qu'on lui a
passée, ce conseil a émis des avis dans le domaine des
biotechnologies et, également, des avis sur notre programme de
création d'emplois scientifiques. Nous en attendons un autre avis sur le
rapport de conjoncture en communication. Pour chaque document que nous allons
publier qui appelle un commentaire, un éclairage, nous allons
l'expédier au conseil pour évaluation, commentaires et
critiques.
M. Lalonde: On remarque, M. le Président, que les
crédits consacrés au Conseil de la politique scientifique ont
été périmés dans l'ordre de 20% et de 19,2% pour le
Bureau de la science et de la technologie. Le ministre peut-il expliquer
comment, devant un mandat aussi vaste avec des crédits aussi modestes,
il n'a pas réussi à dépenser le cinquième de son
budget? Il a probablement de bonnes raisons, mais j'aimerais les
connaître.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Godin: La raison, c'est que le conseil est dans sa
première année sous son nouveau chapeau, son nouveau parapluie et
vous savez que les premières années, que ce soit pour un enfant
ou pour un conseil, ne sont pas des années totalement remplies.
D'ailleurs, ce que je peux vous dire aussi, c'est qu'il n'y a pas un
ministère au Québec qui n'a pas eu de crédits
périmés, cela vous le savez.
M. Lalonde: Mais, 20%, c'est beaucoup.
M. Godin: C'est beaucoup effectivement et ce que cela
illustre...
M. Lalonde: Si on faisait cela partout, dans tous les
ministères, il n'y aurait pas de déficit et il n'y aurait pas de
trous et il n'y aurait pas de déchirure de signature de convention
collective, si on périmait 20% des crédits dans tous les
ministères, c'est 20% du budget, cela.
M. Blais: C'est un terrain glissant, M. Lalonde.
M. Godin: Est-ce que vos dernières remarques sont d'une
pertinence quelconque à cette table? Je n'en suis pas sûr.
M. Lalonde: Non, je veux simplement sensibiliser le ministre;
elle est vraie son explication que partout on périme. Mais on ne
périme pas à 20%.
M. Godin: Non, la raison de fond, c'est que le Conseil de la
politique scientifique du Québec en était à sa
première année d'activité avec sa nouvelle mission, son
nouveau mandat, je pense qu'on peut mettre cela sur le compte des langes et non
pas des anges.
M. French: Les deux sans doute.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, je voudrais revenir à
la biotechnologie. Il m'apparaît qu'il y a deux questions vraiment
centrales. La première: Vu nos moyens financiers limités, dans
quel secteur prévoit-on concentrer nos efforts? C'est une
décision pénible et difficile, mais je la soumets
respecteusement; abstraction faite du montant d'argent disponible, c'est la
première décision et la seule décision, vraiment
importante dans le dossier. Il n'est pas possible de poursuivre toutes les
priorités qui ont été discutées jusqu'ici, vu nos
moyens imités, ce n'est pas possible.
Et la deuxième question importante, centrale d'après moi:
De quelle façon le gouvernement entend-il encourager cette espèce
de coopération quant aux transferts de technologies entre l'industrie et
le laboratoire? Ce sont les deux questions clefs, et j'apprécierais
beaucoup si le ministre pouvait nous éclairer la-dessus.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Godin: Bon! alors, dans le domaine des biotechnologies,
justement, cela tombe bien, nous avons une réunion des ministres membres
du comité ministériel sur la biotechnologie la semaine prochaine
où nous allons étudier un document qui vient d'être produit
au ministère sur la question que vous posez. Dans la mesure où
l'argent est rare, dans la mesure où le terrain est immense, où
allons-nous dépenser le peu d'argent qu'on a? La décision n'est
pas encore prise, mais ce que je peux vous dire c'est qu'au Québec,
grâce à Dieu, il existe quand même un certain nombre
d'entreprises ou de laboratoires de recherche; je pense, entre autres, à
l'Institut Armand-Frappier, qui est à la fine pointe du domaine des
biotechnologies, dans le domaine des vaccins au Canada.
Il y a également les entreprises qui ont eu recours à la
biotechnologie avant même que le mot ne soit inventé. Je pense,
entre autres, aux brasseries. Il y a un troisième secteur qui est
l'utilisation des microbes pour des fins industrielles même dans le
domaine des métaux, dans le domaine de la chimie. Ces trois recherches
sont présentement regardées simultanément et, dès
que nous aurons les données de chacun des trois domaines, nous verrons
ce que nous pouvons faire. Un exemple d'un projet, c'est, à Noranda, la
création d'une usine qui, grâce à la biotechnologie,
recyclerait les pluies acides, en tirerait un produit commercialisable; donc,
au lieu de polluer, la cheminée d'usine deviendrait elle-même une
industrie.
On n'a fait notre lit encore sur aucun de ces divers projets, pour la
raison que vous avez mentionnée vous-même, que, vu qu'on a peu de
moyens, nous devons faire une analyse la plus approfondie possible. On doit,
par conséquent, consacrer plus de temps au "leg work", comme on a peu de
moyens, au lieu de jeter dans le paysage des millions dont on de connaît
pas les retombées éventuelles.
On remplace un arrosage de l'ensemble du champ par un "leg work" plus
approfondi au début et plus sophistiqué, de manière
à se tromper le moins possible. Ce qui n'exclut pas qu'on puisse
également, même là, se tromper.
M. French: La décision devrait-elle se prendre cette
année?
M. Godin: Oui. M. le député de Westmount, si nous
réussissons à débloquer le nouveau budget qu'on a
demandé au comité des priorités, certainement qu'une
partie de ce budget sera consacrée à des postes dans le domaine
des biotechnologies.
M. French: À des postes au gouvernement ou à des
postes de...
M. Godin: Non, à des postes dans l'entreprise ou dans les
laboratoires. Parce que les postes peuvent être dans les deux domaines,
entreprise ou laboratoire. L'IAF, par exemple, l'Institut Armand-Frappier,
pourrait être un des lieux qui bénéficieraient d'une telle
subvention ou également une entreprise privée qui serait...
M. French: C'est le programme de l'emploi scientifique.
M. Godin: C'est cela.
M. French: C'est dans le cadre de ce programme déjà
existant qu'on va ajouter les fonds pour faire la promotion de ce secteur.
M. Godin: Maintenant, votre deuxième question était
le transfert de technologies entre l'industrie privée et les
laboratoires gouvernementaux ou paragouvernementaux.
M. French: J'ai mal posé ma question. C'est le laboratoire
d'abord et l'industrie par la suite. Je m'excuse.
M. Godin: D'accord. C'est peut-être moi qui ai mal
noté, tout simplement. C'est une des clés, je pense, du
succès éventuel d'une politique scientifique au Québec,
que l'État s'associe à l'entreprise ou au parapublic. Le
Québec étant un pays riche en énergie
hydroélectrique, il est sûr qu'Hydro-Québec s'associera de
près avec d'autres entreprises. J'ai mentionné que lundi l'IREQ
inaugurerait son usine pilote dans le domaine de l'électrochimie, en
accord avec Noranda. Le mariage, c'est difficile à faire dans certains
esprits entre le privé et le public. C'est une nécessité
absolue dans le domaine du virage technologique, dans le domaine scientifique,
comme vous le savez aussi bien que moi, sinon mieux. Donc, d'autres exemples
que je pourrais vous donner aussi, je parlais du projet de Noranda, recours
à la biotechnologie. Donc un peu partout. Il y a un troisième
projet en électrochimie dont on parle, soit implanter une usine pilote
près de Mirabel. Encore là, c'est une entreprise conjointe,
public, parapublic et entreprise privée.
M. French: Quel montant sera consacré à cette
promotion de biotechnologie.
M. Godin: Dans la mesure où nous ne savons pas encore en
quoi nous allons nous engager à fond, je ne peux pas vous dire non plus
quel montant on va y consacrer. Mais ce que je peux vous dire, c'est que chez
nous ces deux priorités sont celles que j'ai mentionnées. Nous
disposons d'un budget d'incitation de 1 000 000 $, nous avons l'espoir de
décrocher presque 500 000 $ bientôt à ajouter à ce
programme.
Donc, supposons qu'on découvre qu'il faut absolument lancer une
usine expérimentale de production de méthanol au Québec,
qu'il faut faire le test pour voir si le Québec peut produire du
méthanol, il est sûr qu'un projet sera soumis alors au Conseil des
ministres. Comptez sur moi - et je compte sur vous d'ailleurs - pour que le
Conseil des ministres, si on croit que vraiment on peut arriver à des
résultats à moyen ou à long terme, investisse, pour ne pas
manquer le train, pour ne pas manquer le bateau.
M. French: Pourvu qu'on ne passe pas notre temps, M. le
Président, à expliquer que c'est le fédéral qui
nous empêche de faire des choses.
M. Godin: M. le député de Westmount, c'est vous qui
l'avez dit depuis que nous sommes ici, je ne l'ai pas mentionné. Donc,
si vous voulez adopter le discours péquiste, libre à vous, mais
je ne suis pas sûr que votre collègue de Marguerite-Bourgeoys ou
votre collègue de Jacques-Cartier soient d'accord avec vous
là-dessus.
L'enseignement des sciences dans les écoles primaires
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais savoir si le
ministre d'État au Développement culturel et scientifique est
d'accord avec le contenu des dispositions du nouveau régime
pédagogique en ce qui concerne l'enseignement des sciences dans les
écoles primaires et secondaires.
M. Godin: Je n'en sais absolument rien, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'aimerais attirer votre attention sur cette
question.
M. Godin: Je vais demander à mon bras droit dans ce
domaine s'il a quelques notions là-dessus dont il pourrait me
nourrir.
M. Lalonde: Parce que c'est à la base qu'il faut
promouvoir l'intérêt des enfants pour les sciences. Les
échos que j'ai eus -peut-être que Mme la députée de
Jacques-Cartier pourrait détailler là-dessus - sont que les
changements apportés par le nouveau régime pédagogique
à cet égard sont plutôt inquiétants en termes de
contenu et de temps alloué à l'enseignement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Godin: Remarquez, M. le Président, qu'il y en a qui
s'inquiètent de tout changement, quel qu'il soit, au départ. Ce
que je peux vous dire, c'est que je vais demander au secrétariat au
Développement scientifique chez nous de se pencher sur cette question,
en espérant qu'il ne tombera pas dedans, et de me faire une analyse
effectivement aussi simple et concrète que possible, pour que j'exprime,
en tant que présidert du comité de développement culturel,
à mon collègue de l'Éducation nos avis
là-dessus.
M. Lalonde: II ne faudrait surtout pas que vous vous laissiez
endormir lorsque vous parlerez à votre collègue de
l'Éducation.
M. Godin: Encore là, c'est vous qui le dites, si vous vous
laissez endormir c'est bien votre faute, il ne m'a jamais endormi de ma
vie.
M. French: On en sait quelque chose.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la député
de Jacques-Cartier.
M. Godin: Maintenant...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Godin: ... je voudrais juste ajouter un fion là-dessus.
C'est quand même le même ministre de l'Éducation qui est
l'instigateur de la création du ministère, de la production d'un
livre vert suivi d'une consultation, ensuite d'un livre blanc. Mes rapports
avec le ministre de l'Éducation, depuis que je suis ministre
d'État au Développement culturel et scientifique, où j'ai
hérité d'un grand nombre de ses propres priorités, me
prouvent qu'il n'a changé d'idée fondamentalement sur aucune des
avenues que lui-même avait débroussaillées à
l'époque où il était ministre d'État.
M. Lalonde: On ne doute pas des bonnes intentions, mais on sait
quel endroit en est pavé. C'est le rôle de l'Opposition de voir
à ce que vos intentions ne soient pas trahies, dans le sens le plus doux
possible, par les documents qui émanent des services. C'est le sens de
ma question, ce n'est pas un piège.
M. Godin: C'est pour cela que j'ai un attachement
passionné pour l'Opposition, c'est parce qu'elle est là pour nous
informer, pour nous; critiquer, elle fait son job.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Avant de passer la
parole à Mme députée de Jacques-Cartier, je voudrais bien
souligner que, selon l'entente, on avait parlé de 12 h 15;
peut-être que cela achèverait ou terminerait le volet
scientifique.
M. Lalonde: Bientôt.
(12 h 15)
Le Président (M. Bordeleau): Mme la député
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Je crois que le député de
Marguerite-Bourgeoys a touché un point très très
important. Nous l'avons soulevé lors de l'étude des
crédits de l'Éducation. Le ministère de l'Éducation
est en train d'implanter comme vous le savez, un programme uniforme dans tout
le Québec, un même cours pour tout le monde. Il y a des
améliorations dans le domaine des sciences, au moins tout le monde aura
une connaissance de base des sciences. C'est une amélioration, surtout
au niveau primaire où les sciences étaient très faibles.
Mais, au niveau secondaire, on a diminué, "watered down" les cours de
sciences, de chimie, de physique et de biologie parce que, j'imagine, ils sont
trop difficiles pour la moyenne de la clientèle. D'accord? Ce qui se
passe quand on essaie d'implanter un programme uniforme, c'est qu'on arrive
à la médiocrité. Je crois que si l'on a une chance
d'améliorer les ressources humaines, il faut implanter des programmes
appropriés aux connaissances et aux capacités des enfants.
À l'avenir, si le ministère réussit à implanter son
programme, on n'aura pas l'intérêt et l'expertise pour former des
recherchistes avec les capacités nécessaires. Je crois que c'est
une contradiction dans la politique du ministère de l'Éducation
et que c'est très très important pour l'avenir du
Québec.
M. Godin: Alors, j'imagine que vous avez posé la question
à mon collègue de l'Éducation au moment où vous
l'avez rencontré. Quant à moi, je m'engage à donner un
avis à mon collègue, à demander un avis au
secrétariat chez nous sur cette question.
Le Président (M. Bordeleau): Merci.
M. French: Est-ce qu'on pourrait en prendre connaissance?
M. Godin: Tout ce qui sort de chez nous est public.
M. French: Oui, mais on verra cela tantôt. Est-ce qu'on
pourrait spécifiquement...
M. Godin: Est-ce que vous avez reçu le sondage de la
commission Jean, les 800 pages du sondage de la commission Jean?
M. French: Non.
M. Godin: Cela vous prouve bien que... M. Lalonde a dû le
recevoir.
M. Lalonde: Quant à moi, je sais tout, alors...
M. Godin: Nous avons envoyé à l'Opposition un
document de 800 pages avec toutes les questions posées à la
commission Jean.
M. Lalonde: J'ai utilisé toutes les fuites.
M. Godin: C'est juste pour illustrer le fait que, chez nous, tout
est public. Alors, on va vous l'envoyer effectivement dès qu'il sera
prêt.
M. French: On veut recevoir non pas le sondage de la commission
Jean qui ne m'intéresse nullement, mais l'opinion du conseil.
M. Godin: M. le député, vous me tendez une perche.
On a une demande de l'Opposition de lui remettre tous les sondages qui se font
dans chacun des ministères du gouvernement et c'est ce que nous avons
fait. Si vous me dites que cela ne vous intéresse plus, d'accord, on ne
vous les enverra plus.
M. French: M. le Président...
M. Godin: Est-ce que cela vous intéresse ou pas?
M. Lalonde: Cela nous intéresse beaucoup, maintenant
est-ce que le...
M. Godin: Donc, je répète mon engagement. M. le
député de Westmount, je répète mon engagement,
dès qu'il sera prêt, on vous en enverra une copie.
M. French: Une copie de l'avis... M. Godin: De l'avis.
M. French: Est-ce que ce sera la copie du conseil ou la copie de
l'avis? Ce ne serait pas un avis du ministère, ce serait un avis du
conseil.
M. Godin: Non, non. Ce serait un avis qu'on demandera au Conseil
de la politique scientifique du Québec...
M. French: Oui.
M. Godin: ... qui m'est remis à moi et qui...
M. French: ... qui sont automatiquement publics dans tous les cas
comme cela. Parfait.
M. Lalonde: Ils sont automatiquement publics dans tous les cas.
Pouvez-vous parler
à votre collègue, le ministre de l'Éducation et
responsable de l'application de la loi no 101, et lui proposer d'avoir la
même attitude en ce qui concerne les avis du Conseil de la langue
française.
M. Godin: Comme disait Caïn ou Abel: Suis-je le gardien de
mon frère? Ce que je veux dire par là, c'est que vous lui poserez
la question vous-même. On se réunit en Chambre tous les jours
pendant plusieurs heures pour vous donner la chance précisément
de poser des questions...
M. Lalonde: Je n'ai pas beaucoup d'influence sur lui.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on peut passer
maintenant au développement culturel?
Une voix: Oui.
M. French: M. le Président..
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Je vais demander au
ministre, d'abord, s'il a des remarques générales.
M. Godin: Je constate que...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Godin: Oui. Pour conclure ou pour lancer?
Une voix: Pour lancer.
M. Godin: Je vais conclure d'abord. Je constate que...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, l'autre volet?
M. Godin: Je vais conclure sur le premier volet.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Godin: Je constate, M. le Président, que nos
collègues de l'Opposition ont à l'égard du
développement scientifique du Québec le même enthousiasme,
la même passion, les mêmes objectifs que nous, et je m'en
réjouis fortement.
Maintenant, développement culturel. Je change de cahier.
M. Lalonde: Je vais vous laisser sur la note suivante, c'est que
nous conservons le droit d'être déçus.
M. Godin: II n'y pas de droit de réplique à
l'Opposition là-dessus.
M. Lalonde: Ou c'est un privilège, si ce n'est pas un
droit.
M.. Godin: Cela va de soi, cher collègue.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, développement
culturel.
Développement culturel
Exposé général
M. Gérald Godin
M. Godin: Sur le développement culturel, c'est le 15
février dernier qu'on m'a confié ce ministère-là,
comme l'autre d'ailleurs dont on vient de terminer l'étude des
crédits. Donc, je m'excuse de ne pas pouvoir répondre aussi bien
que je le voudrais, que je le souhaiterais aux questions de l'Opposition et des
membres de cette commission qui sont du côté ministériel,
mais je vais tenter modestement quand même de le faire.
Le ministère d'État au Développement culturel a un
mandat central qui est de coordonner ce qui touche le développement de
tous les ministères membres dudit comité, c'est-à-dire
Affaires culturelles, Éducation, Loisir, Chasse et Pêche,
Immigration et Communautés culturelles, qui m'est très cher, et
Communications. C'est dans le cours de ce mandat que, par exemple, au cours de
l'exercice financier 1981-1982, nous nous sommes réunis à vingt
reprises afin de nous pencher sur 34 sujets différents.
Parmi les principaux dossiers étudiés, je cite notamment:
l'accès aux documents des organismes publics et la protection des
renseignements personnels, qui a débouché sur la loi, que nous
étudions en Chambre présentement, sur l'accès à
l'information; la politique archivistique du Québec; une nouvelle
réglementation en matière de télévisior payante; un
programme d'intervention pour le développement des biotechnclogies au
Québec; le plan triennal de Radio-Québec; une proposition de
programme à l'intention des communautés culturelles, qui a
d'ailleurs débouché sur le déblocage de nouveaux fonds; et
l'adoption par le gouvernement d'un nouveau programme qui répondait
à des voeux depuis longtemps exprimés par les communautés
culturelles. Également nous avons étudié l'accord
Canada-Guébec en matière de formation des adultes dont vous savez
qu'il venait à échéance il y a deux mois. Il a
été prolongé jusqu'au mois d'août, et il y aura des
rencontres fédérales-provinciales sur cette question-là au
cours de l'été.
Également nous nous sommes penchés sur l'augmentation du
fonds social autorisé de la Société de
développement des
industries de la culture et des communications, SODICC. Nous avons
transformé un peu son mandat pour l'étendre au secteur des
communications, et également au secteur de l'immobilier et du
patrimoine.
M. Lalonde: On a étudié une loi.
M. Godin: C'est cela. Donc, cela a débouché sur des
lois ou des règlements ou des politiques dans la plupart des cas que je
mentionne. Également la diffusion de l'information documentaire
française et québécoise au Québec, et la diffusion
de l'information québécoise à l'étranger,
Informatech en particulier étant la principale réalisation ou le
principal point sur lequel le gouvernement a investi de l'argent pour appliquer
concrètement cette politique de diffusion de l'information
française au Québec et vice versa.
Également le développement de l'infrastructure
gouvernementale de radio mobile, la libéralisation partielle du
raccordement des terminaux téléphoniques. De plus, nous avons
encore à l'étude présentement le développement des
infrastructures de ski alpin au Québec, la concertation scolaire et
municipale en matière de loisirs, qui vise à faire utiliser au
moindre coût les équipements scolaires et municipaux par
l'ensemble de la population.
Quand on voit, dans certains quartiers de Montréal, par exemple,
ou de Québec, des gymnases dans le domaine scolaire qui, le soir, sont
fermés, alors que les jeunes s'amusent, jouent au hockey dans les
ruelles, nous souhaitons, et c'est l'intention du gouvernement, que ces
équipements soient accessibles à tous presque en tout temps.
Également, le développement de la radio éducative
au Québec; la réforme du système d'enseignement aux
niveaux primaire, secondaire et préscolaire; le projet Laurin que vous
connaissez très bien; la formation et le perfectionnement en
métiers d'art; le développement des parcs urbains; la
concentration de propriétés d'entreprises de presse quotidiennes
et hebdomadaires, et enfin le développement... pardon?
M. Lalonde: La concentration ou la concertation.
M. Godin: La concentration. M. Lalonde: ...
M. Godin: En fait, dans la foulée un peu de ce qui s'est
fait à Ottawa, le rapport Kent que vous connaissez, et enfin le
développement culturel des Amérindiens et des Inuits. Donc,
comment on fonctionne chez nous. Chaque ministère membre, quand il est
question de nouveaux programmes, doit passer par notre ministère; c'est
la table de concertation, le ministère. Nous sommes au-delà de
cet arbitrage, de cette coordination, au-delà de cette tâche de
situer dans la mosaïque de la politique gouvernementale le
développement. Nous refusons certaines propositions, nous en acceptons
d'autres. Au-delà de cette mission, nous sommes également
chargés d'un sujet qui est cher au député de Westmount, la
SGDA, mieux connue sous le nom la Société de gestion des droits
d'auteurs. Nous avons été responsables aussi de la commission
Jean et nous continuons à l'être.
M. Lalonde: Excusez-moi, je déteste interrompre le
ministre qui parle.
M. Godin: Cela ne me dérange nullement.
M. Lalonde: Mais j'aimerais savoir s'il parle de ses
responsabilités ministérielles ou bien comme membre d'un
groupe.
M. Godin: Ministérielles.
M. Lalonde: Seulement comme ministre et non comme membre d'un
comité ministériel.
M. Godin: Je fais rapport ici du ministère d'État
au Développement culturel et scientifique. Donc, je vous dis ce que le
ministère a étudié au cours de l'année
dernière et les projets qui sont encore à l'étude chez
nous, donc dans la machine, et qui déboucheront vraisemblablement sur
des décisions négatives ou positives au cours des mois qui
viennent.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Une question de règlement. Ultimement, le
ministre n'est pas responsable devant la Chambre des trois quarts des questions
qu'il nous mentionne aujourd'hui. Ce sont d'autres ministres qui en sont
responsables. Vu qu'on n'a pas énormément de temps, pourrait-il
parler des choses pour lesquelles il est le principal responsable, des choses
pour lesquelles il est le ministre responsable?
M. Godin: Je suis responsable de la coordination des cinq
ministères, M. le Président.
M. French: M. le Président, constitutionnellement, le
ministre est responsable à l'égard du premier ministre et non pas
du Parlement de la coordination de ces ministères. On s'en fiche des
arrangements pris à l'intérieur du Conseil des ministres;
constitutionnellement, il ne s'agit pas de nous. Ce qui nous intéresse,
ce sont
les choses pour lesquelles il est reponsable devant l'Assemblée
nationale du Québec, ce sont les choses qui relèvent directement
de lui. Je m'excuse, mais c'est devant le premier ministre qu'il doit faire le
rapport qu'il est en train de faire actuellement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Outremont.
M. Paquette: Je trouve un peu curieuse l'intervention du
député de Westmount parce que les ministres d'État, le
ministre d'État au Développement culturel et scientifique comme
les autres, sont soumis aux questions de la Chambre. Je pense que les questions
de coordination dans le cas d'ajustement entre politiques relèvent du
ministère d'État au Développement culturel et
scientifique. En plus, il y a des dossiers propres qui sont confiés au
ministre. II me semble que les deux volets sont intéressants.
M. Lalonde: L'utilisation des équipements scolaires et
municipaux dans le sens de la population, si j'avais un problème -
d'ailleurs, il a commencé à être réglé cela
fait à peu près sept ou huit ans, mais de toute façon
c'est bon qu'on se penche là-dessus - si j'ai une question à
poser sur cela...
M. Paquette: La coordination entre le ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche et le ministère de l'Éducation,
par exemple, cela relève du ministre.
M. Lalonde: Si j'ai une question à poser sur cela, je vais
la poser au ministre de l'Éducation et au ministre des Affaires
municipales. Je ne penserai même pas à la poser au ministre
d'État au Développement culturel et scientifique. La
concentration de la presse, je vais poser cela au ministre des
Communications.
M. Paquette: M. le Président, j'accepte ce que vient de
dire le député de Marguerite-Bourgeoys. Tout ce que je dis, c'est
qu'il y a des dossiers intersectoriels...
M. Lalonde: En tout cas, j'aimerais qu'on en arrive
à...
M. Paquette: ... dont le ministre assure la coordination. La
remarque me semble remettre en question toute la dynamique de notre Parlement
où les ministres d'État comme les ministres sectoriels sont
responsables devant la Chambre des attributions qui leur sont
confiées.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Si justement on ne
veut pas prendre trop de temps sur le temps qui nous est accordé, M. le
ministre, continuez donc.
M. Godin: Je suis sûr, M. le Président, que si je
n'avais pas dit ce qu'on a fait au cours de l'année, le même
député de Westmount me l'aurait reproché. Alors, "it is a
no win situation", comme disait Harry Truman. Maintenant, au-delà des
dossiers que j'ai mertionnés et pour lesquels en tant que
président du comité j'ai donné des avis, je peux
être interrogé sur ces avis et c'est pour ce a que je vous donne
les sujets sur lesquels nous nous sommes penchés. Maintenant, libre
à vous si cela ne vous intéresse pas de ne pas m'interroger sur
cela évidemment.
Maintenant, l'autre mandat qui nous est confié, c'est celui de la
commission Jean, de l'éducation des adultes. Également - je
termine sur cela - nous sommes responsables de l'Institut
québécois de recherche culturelle, la recherche sur la culture.
Ce sont mes trois enfants chéris, si vous voulez: Commission Jean, IQRC
et SGDA. Mais j'aurais manqué à mon mandat d'informer le public
si je n'eus pas mentionné le fait qu'en tant que ministre d'État
au Développement culturel et scientifique, au cours de l'année
qui vient de s'écouler et de l'année qui s'en vient, nous avons
travaillé sur les sujets que j'ai mentionnés.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Avez-vous des
questions...
M. Godin: D'ailleurs, c'est la première fois que je vois
l'Opposition s'indigner qu'on l'informe trop.
M. Lalonde: Non, M. le Président, tout de même. On
peut faire une blague mais l'idée c'est qu'on a 45 minutes par
année pour regarder le ministère d'État au
Développement culturel et scientifique.
M. Godin: Si vous voulez consacrer plus de temps à cela,,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, je suis tout à fait
à votre disposition.
M. Lalonde: Oui, s'il vous plaît: Voulez-vcus parler au
leader pour avoir...
M. Godin: À votre leader?
M. Lalonde: Au leader du gouvernement. (12 h 30)
M. Godin: C'est une entente entre leaders, M. le
député. Ne faites pas votre naïf, vous n'êtes pas un
enfant venu au monde hier matin. Vous savez que c'est une entente entre
leaders.
M. Lalonde: Oui, mais à plusieurs endroits comme hier.
Hier, c'était le ministre d'État à l'Aménagement,
il a pris un engagement pour obtenir une heure ou
deux de plus d'ici à la fin de...
M. Godin: Si vous la voulez, on va vous la donner, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. le Président, ce que je peux vous dire, c'est qu'en tant que
ministre de l'Immigration, l'an dernier, nous avons accordé du temps qui
était demandé par l'Opposition, temps qui nous était
imparti par les deux leaders. Il n'y a rien qui nous empêche de le faire
ici, non plus.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
SGDA
M. French: Je voudrais parler un peu au ministre de la
Société de gestion des droits d'auteur pour laquelle il est
directement uniquement responsable. Je sais que c'est un sujet qui
intéresse également le député de Terrebonne, parce
que le problème de la juste rémunération des
créateurs lui est très cher. C'est une société qui
est responsable ou qui est supposée être responsable et,
espère-t-on, va être responsable de la perception des droits
d'auteur des créateurs québécois dans plusieurs domaines.
C'est une société que le gouvernement, à la suite de
certaines démarches entreprises auprès du Conseil des ministres,
auprès du premier ministre, en particulier, a choisi de subventionner -
si je fais erreur, le ministre va me corriger -pour une somme de 320 000 $ au
moins avant la fin de l'année fiscale actuelle si cette deuxième
tranche n'est pas déjà versée, cette deuxième
tranche étant de 150 000 $.
Le problème avec la société jusqu'ici, c'est
qu'elle n'a pu attirer la confiance de tous les créateurs
québécois; mais avant d'embarquer là-dedans, j'avais
demandé au ministre, la dernière fois qu'on s'est vu
là-dessus en commission plénière, le 25 mars, de me
fournir certains documents et renseignements, ce qu'il a entrepris de faire.
D'abord, il a dit que et je le cite d'après le journal des Débats
du 25 mars: "Nous avons en main des photocopies de ces ententes qui sont
signées par les deux parties avec cinq organismes que j'ai
mentionnés au début. Je les ai en main et je les dépose
dès maintenant avec plaisir. De toute façon, vous auriez pu les
obtenir en tout temps au ministère, remarquez bien, il y a un mois." Il
y a peut-être un accroc quelque part, mais je n'ai pas ces ententes.
Deuxièmement, le ministre a dit qu'il allait déposer la
fiche qui- donne la courbe de progression des divisions de la
société. Or, je n'ai pas de tels documents, non plus.
Troisièmement, il s'est engagé à déposer les
ententes internationales qui ont été signées entre les
sociétés et leurs homologues dans d'autres pays. Malheureusement,
je n'ai pas ces documents. Pour ajouter, comme on dit en anglais, insult to
injury, on a réussi à nous fournir un document qui, en soi, donne
un ajout de renseignements plus marginal à ce que le ministre a
déjà dit il y a trois mois. Donc, je dois avouer que je trouve un
peu difficile de poursuivre le débat de façon informée et
renseignée. Le ministre, et je répète, peut m'expliquer
que c'est une erreur commise quelque part, mais, par contre, je n'ai pas plus
de renseignements de sa part que je n'en avais le 25 mars. Peut-être
pourrait-il nous expliquer pourquoi? Est-ce un problème bureaucratique?
Est-ce un problème de notre côté? Peut-être
avons-nous reçu les documents et les avons-nous perdus. Quel est le
problème?
M. Godin: Nous les avons ici, M. le député de
Westmount, et nous vous les remettrons dans la seconde.
M. French: C'est parfait, M. le Président. Mais le
ministre nous a quand même promis que non seulement ce serait la veille,
mais que ce serait quelques jours ou une semaine avant, etc. On les a avec 25
minutes d'écoulées, donc...
M. Godin: Toutes nos excuses, premièrement.
Deuxièmement, si vous estimez utile que nous nous revoyions après
que vous aurez pris connaissance de cela, si vous avez des questions à
poser, vous pouvez en faire une question avec débat en tout temps, si...
Enfin, il existe...
M. French: On est tout à fait conscients de nos
privilèges parlementaires, M. le Président...
M. Godin: Je l'espère.
M. French: Alors pourquoi nous donner un exposé
là-dessus? J'espérais qu'il allait dire, après avoir pris
connaissance des documents qu'ils n'ont pas fournis, après s'être
engagés à le faire, qu'on pourrait revenir en commission
parlementaire. Je pense que c'est une façon légale. Je n'ai pas
à demander à mon caucus, parce que vous et vos fonctionnaires
n'avez pas rempli vos responsabilités, de me donner une question avec
débat parce que vous n'avez pas fourni les renseignements
nécessaires. Voyons donc!
Godin: Tout ce que je peux vous dire, M. le député
de Westmount, acceptez mes excuses de ce retard impardonnable.
M. French: Je les accepte, oui. M. Blais: M. le
Président.
M. French: Est-ce que vous acceptez... Je m'excuse, M. le
Président, nous n'avons pas fini notre échange.
M. Blais: Juste une parenthèse.
Le Président (M. Bordeleau): N'importe quel
député peut demander la parole.
M. French: Oui, mais là on est en plein milieu de
la...
Le Président (M. Bordeleau): Je veux savoir sur quoi
d'abord.
M. Blais: Je veux juste faire une petite parenthèse. Ces
documents ont été demandés par le Parti libéral aux
engagements financiers. La plupart de ces documents ont été
remis. C'est juste pour éclairer la chose. Ils ont été
remis au Parti libéral. Si vos recherchistes ne les ont pas
trouvés pour vous les remettre à temps... Ils ont
été demandés à la commission des engagements
financiers, dont je fais partie. Alors, c'est une semi-excuse pour les avoir
une deuxième fois aujourd'hui. La plupart des documents sur les droits
d'auteur.
M. French: Tous les documents. M. Lalonde: Pas tous.
M. Blais: Peut-être pas tous. Vous avez peut-être
raison sur certains. Tout de même, je ne voudrais pas que mon
confrère, la moutarde lui monte au nez et qu'il s'indigne du retard.
Cela a été demandé et la plupart de ces documents ont
été fournis aux engagements financiers.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Je suis convaincu que le député de
Terrebonne ne prétend pas que c'est la façon normale pour le
ministre d'État au Développement culturel et scientifique de
remplir ses responsabilités, c'est-à-dire de les déposer
auprès d'une autre commission parlementaire à la suite d'une
autre requête pour documents.
M. Godin: Vous savez que toute décision gouvernementale
passe par ce que j'appelle le chemin de croix, parce que c'est long et
douloureux. Donc, le trésor a tous ces renseignements. Si un
député, à la commission des engagements financiers, les a
demandés, ce n'est pas moi qui les ai déposés. C'est le
président du Conseil du trésor. Par conséquent, il y a au
moins trois ou quatre portes auxquelles n'importe quel député
peut frapper. Que le député ne m'accuse pas de les avoir
déposés ailleurs. Je les dépose ici, ce matin, je m'excuse
du retard. Je pensais que vous les aviez déjà reçus.
Maintenant, ne me reprochez pas de les avoir déposés ailleurs
parce que ce n'est pas moi qui les ai déposés ailleurs. C'est le
président du Conseil du trésor qui les a déposés
aux engagements financiers. C'est là que notre collègue de
Terrebonne en a pris connaissance, ainsi que certains de vos
collègues.
M. Lalonde: Vous jouez sur les mots. M. French: M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): À qui donnerai-je la
parole? M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Une voix: L'ancienneté.
Le Président (M. Bordeleau): Parce que c'est difficile,
deux à la fois.
M. Lalonde: Je veux quand même appuyer mon collègue.
S'il a été d'autre part tenu de les déposer à une
autre commission, cela ne remplissait pas son engagement de le faire ici. Je ne
lui fais pas de reproche de les avoir déposés ailleurs. Il dit:
Le député de Westmount ne doit pas me reprocher de les avoir
déposés à une autre commission. Ce n'est pas cela qu'on a
dit.
Une voix: II ne faut pas jouer sur les mots.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
député de Westmount.
M. French: Je ne me suis même pas adressé au
ministre dans cette démarche à ce moment-là. J'ai dit au
député de Terrebonne que j'étais convaincu qu'il ne
croyait pas que la façon convenable de remplir un engagement pris en
commission parlementaire, le 25 mars, de fournir certains documents, même
de les déposer devant cette commission plénière, le 25
mars...
Le Président (M. Bordeleau): On ne dépose jamais de
documents en commission. On en distribue.
M. French: C'est donc dire que le ministre c'est trompé.
Alors adressez-vous au ministre, parce qu'il s'était engagé
à les déposer. En tout cas, je ne veux pas continuer plus
longtemps. Je vous dis tout simplement que le ministre s'est donné des
airs de vertu et il était très content qu'il soit toujours
disponible. Or, M. le Président, on a maintenant 25 minutes à
écouler et on a les documents qu'on avait demandés il y a trois
mois. J'accepte ses excuses.
M. Godin: Vous les avez. M. French: Je les ai.
M. Godin: Mieux vaut tard que jamais. Deuxièmement, cela
ne vous fonde nullement de remettre en question la vertu, ce que vous appelez
la vertu, c'est-à-dire la volonté du ministre de déposer
tous les documents dont il dispose. Vous les avez en main, oui ou non? Si c'est
oui, n'en parlons plus. Si vous voulez discuter de la date, de l'heure et du
moment.
M. Lalonde: Les gestes... M. French: M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, s'il
vous plaît?
M. French: Le ministre est-il en train de prétendre qu'il
est possible d'analyser ces documents avec 25 minutes à écouler
dans la commission?
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, s'il
vous plaît.
M. Godin: Je suis à votre disposition, en tout temps,
à l'intérieur de ce Parlement, en vertu du règlement pour
discuter de ces documents après que vous en aurez pris connaissance. Je
répète que je m'excuse du retard qu'on a mis à vous les
rendre. Je l'apprends ce matin. Maintenant que je me suis excusé,
voulez-vous également que je lèche le tapis de ce salon rouge et
que je me jette à genoux comme dans une mosquée?
Le Président (M. Bordeleau): Je vous invite à
discuter du programme 10 pour lequel on est réuni ici ce matin.
M. le député de Westmount.
M. French: M. le Président, je voudrais poser une question
au ministre quant aux prévisions de la Société de gestion
des droits d'auteur. Pour l'année civile 1982, il y a une
prévision de 266 000 $ par rapport à une prévision,
lorsqu'on s'est tous les deux rendu compte finalement quelle était la
vraie année financière de cette entreprise, qui était de
l'ordre de 308 000 $. Pourrait-il m'expliquer pourquoi, entre le 25 mars et la
date à laquelle les réponses ont été
préparées ici - réponses qui, je le souligne encore, ne
sont pas plus informatives que ce qu'on a eu oralement de la part du ministre
à l'occasion de la commission plénière - le montant a
baissé? Comment explique-t-il ce changement de prévision?
Le Président (M. Bordeleau): C'est votre question?
M. French: Oui, c'est ma question.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Godin: Les prévisions que nous avions
déposées quand nous nous sommes vus en mars dernier, si vous vous
en souvenez bien, était que l'objectif pour février 1982 et mars
1983 avait été non seulement atteint, mais dépassé.
En ce qui concerne, pour mars, le nombre de membres, ils sont arrivés
à 108, alors qu'ils prévoyaient 105, ce qui fait trois de plus,
et ils ont perçu 31 933 $, alors qu'ils prévoyaient 31 541 $,
soit 392 $ de plus que les prévisions. En avril 1982, ils sont
arrivés à 122 membres, dix de plus que les prévisions; ils
ont dépassé l'objectif de perception prévu qui
était de 45 971,85 $ et se sont rendus à 52 960,78 $, pour un
surplus de 6988,93 $. Pour mai 1982, ils sont rendus à 130 membres,
l'objectif était de 119, ils en ont onze de plus; pour la perception,
ils sont rendus à 70 000 $ et ils prévoyaient 62 800 $, ce qui
veut dire un écart positif de 7200 $.
Par conséquent, pour les deux mois écoulés depuis
que nous nous sommes vus en commission plénière, la performance
prévue non seulement s'est réalisée, mais elle est
maintenue, d'une part. D'autre part, le chiffre de 308 390 $ est le chiffre
prévu pour janvier 1983. J'ai par erreur cru qu'il était le
chiffre de décembre 1982. Je me suis trompé de ligne en lisant
mes notes, M. le Président. J'espère que le député
de Westmount peut comprendre une erreur semblable. Si j'en juge par les trois
mois dont je viens de parler, il est fort possible qu'en décembre
1982... De toute façon le député de Westmount avait les
documents en main à ce moment-là.
M. French: Quels documents, M. le Président?
M. Godin: Vous n'aviez pas la liste? Alors, je peux vous remettre
la liste des prévisions de la SGDA.
M. French: Je ne sais pas de quels documents vous parlez. C'est
la seule et unique feuille que j'ai reçue du ministère. Un pauvre
produit de l'engagement du ministre, il me semble. Évidemment, on est
à peine en mesure d'évaluer ces chiffres. Je voudrais demander au
ministre si, après que j'aurai pris connaissance du document, il serait
prêt à ce qu'on se rencontre encore une fois.
M. Godin: En tout temps, M. le député de
Westmount.
M. French: En effet, c'était l'objectif de ma
démarche, mais on ne peut quand même pas prétendre que
c'est possible
d'évaluer les documents...
M. Godin: Je suis d'accord avec vous et je vous le dis pour la
quatrième fois, veuillez m'en excuser. Maintenant, je vous fais
l'engagement que je suis à votre disposition en tout temps pour une
autre réunion dans le cadre du règlement de l'Assemblée
nationale. Je n'ai rien à cacher là-dessus. Si on s'est
trompé, on le dira; si on ne s'est pas trompé, tant mieux!
Le Président (M. Bordeleau): Autres questions? M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Institut québécois de recherche sur la
culture
M. Lalonde: J'aimerais parler quelques minutes de l'Institut
québécois de recherche sur la culture. On sait que dans le
rapport annuel, l'institut décrit la politique de publication qu'il a
élaborée. Tout d'abord, l'institut aura surtout recours à
l'imprimé. J'aurais peut-être dû dire au départ que
la publication constitue une des manifestations publiques les plus importantes
selon l'institut. Il a choisi la publication comme étant sa
manifestation la plus importante. Sa politique est tout d'abord d'avoir recours
à l'imprimé, mais sans exclure les productions audiovisuelles ou
autres. Deuxièmement, il a choisi quatre variétés de
publications: cahier de recherche de type instrumental, revue
thématique, deux corrections d'ouvrages et des travaux hors
série. (12 h 45)
Ensuite, l'institut dit dans sa politique qu'il doit s'identifier
formellement dans toutes les publications qu'il a contribué à
produire à partir de ses ressources humaines et matérielles et,
enfin, l'institut publie en priorité les travaux effectués dans
le cadre de ses activités. Cependant, les recherches faites à
l'extérieur de l'institut sont prises en considération dans la
mesure où le thème de ces recherches s'apparente aux orientations
majeures de l'institut. J'aimerais savoir, d'abord, s'il y a eu effectivement
des publications récentes de l'institut. Le ministre pourrait
peut-être nous en donner la liste.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Godin: Oui. Je peux vous remettre la liste des publications
les plus récentes. Je vais vous la remettre, mais je vais la lire
également pour que cela paraisse au journal des Débats:
"Migrations et communautés culturelles" qui est une analyse des
mouvements de populations d'origine autre que canadienne-française au
Québec; un document qui s'intitule "Cette culture que l'on appelle
savante", qui vise précisément à vulgariser ou à
ouvrir un débat sur la vulgarisation de la culture. Il y a
également "Histoire de la Gaspésie", qui a été
publiée il y a quelques mois; "La recherche sur les femmes au
Québec: bilan et bibliographie"; "Précis de transcription de
documents d'archives orales", qui est un texte technique, "Bibliographie de
l'enseignement professionnel au Québec (1860-1980)"; "Le cinéma
au Québec, essai de statistiques historiques".
Les plus récentes: "La culture ouvrière à
Montréal, bilan historiographique"; "Le Marché
québécois du théâtre", qui vise à donner,
disons, des statistiques sur le nombre de personnes qui vont au
théâtre au Québec, par région, ou qui se
déplacent d'une région vers une autre pour voir une pièce
de manière que les théâtres puissent mieux planifier leurs
activités. Il y a également: "L'information culturelle dans les
médias électroniques", sur ce que Radio-Canada,
Radio-Québec et le canal 10 font pour remplir leur mandat; "Crise de
croissance: le théâtre au Québec"; "Les
représentations religieuses au Québec dans les manuels scolaires
de niveau élémentaire, (1950-1960)"; "Les pratiques
émancipatoires en milieu populaire"; "Femmes et culture au
Québec"; "Le travailleur minier, la culture et le savoir ouvrier: quatre
analyses de cas"; "Le manuel d'histoire! de la littérature canadienne de
Mgr Camille Roy" et, enfin, "Les Juifs du Québec: une bibliographie et
rétrospective annotée". Je remets cette liste complète
à mon collègue, le député de Marguerite-Bourgeoys.
Le chef de l'Opposition, m'informe-t-on, a reçu un exemplaire de chacune
des publications à son bureau.
M. Lalonde: Je vous remercie au nom du chef de l'Opposition.
M. Godin: Je ne sais pas si vous allez encore dans ce bureau. Si
vous y allez encore, vous aurez l'occasion...
M. Lalonde: Nous allons aborder seulement la deuxième
question.
M. Godin: ... d'aller les consulter et même de les
emprunter.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Godin: Tant qu'il y aura quelqu'un dans ce bureau.
M. Lalonde: Vous êtes bien bon.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: C'est justement, cela ouvre
la porte à ma deuxième question. Quel est le type de
distribution que vous faites de ces documents? Le chef de l'Opposition les a
reçus, fort bien! Est-ce qu'on les rend disponibles plus facilement?
M. Goclin: Ils sont vendus en librairie. M. Lalonde: Ils sont
vendus en librairie. M. Godin: Oui.
M. Lalonde: II n'y a pas eu... Enfin, je ne veux pas faire de
reproches...
M. Godin: C'est la même distribution que pour un livre
publié par n'importe quel éditeur du Québec. Il y a 350
libraires et points de vente qui sont couverts. On fait partie du... Enfin, les
publications de l'IQRC sont accessibles au même titre que tout livre
publié au Québec.
M. Lalonde: Maintenant, j'aurais une deuxième question
justement, encore là, tirée du rapport annuel. On dit que
l'institut recherche d'abord la collaboration et la concertation scientifique
en assurant une liaison de plus en plus organique avec des universités,
des centres et des associations. Deuxièmement, l'institut recherche
l'établissement de liens avec les créateurs, les artistes, les
diffuseurs de culture et, enfin, la connaissance des milieux de vie et des
régions, en particulier. On sait qu'il y a eu des rencontres avec des
groupes visés, il reste beaucoup de travail à faire, nous dit-on,
dans cet effort. Le ministre peut-il nous préciser le genre d'approche
qu'il favoriserait dans chacun des cas et en particulier en ce qui concerne le
monde universitaire, la liaison organique que l'institut veut établir
avec le monde universitaire?
M. Godin: Ce que je peux vous dire c'est qu'un des chercheurs de
l'institut dont les travaux m'intéressent particulièrement, M.
Gary Caldwell, qui a une équipe qui travaille aux comités
culturels du Québec, vient de l'Université Bishop à
Lennoxville. Il a été détaché de Bishop vers
l'IQRC, mais il continue à donner des cours à l'Université
Bishop. Donc, on peut dire qu'il y a un travail qui se fait au niveau des
personnes, en tout cas un lien organique via les personnes entre l'institut et
les universités. Grâce à ce lien, d'ailleurs, on
évite le doublage, on évite que l'institut fasse des recherches
sur des sujets qui sont déjà abordés dans les
universités. Maintenant, excusez-moi une seconde.
Sur 106 chercheurs, cadres, assistants de recherche et collaborateurs
rattachés à l'IQRC, il y en a quinze qui sont des chercheurs
associés, donc qui sont encore à l'intérieur des
universités, il y a quinze collaborateurs qui sont également du
milieu universitaire et des ententes sont en voie de préparation pour
qu'il y ait entre l'IQRC et les universités des travaux qui soient faits
en commun pour éviter qu'on ne se double ou qu'on se pile sur les pieds
sur le même sujet.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, le ministre pourrait-il nous
dire quel est le marché pour les livres publiés par l'IQRC? Quel
genre de renseignements avons-nous sur la vente des publications?
M. Godin: Au fond, ces livres-là subissent le même
sort que les livres de n'importe quel éditeur. Dans certains cas, par
exemple, le livre sur l'histoire de la Gaspésie, la moitié de
l'édition est déjà disparue; dans d'autres cas c'est 30%;
dans d'autres c'est 10%; alors, tout dépend de... Vous savez, dans
l'édition, si on savait qu'un livre se vendrait, on ne publierait que
celui-là; on en publierait 1 000 000 mais vous savez comme moi que, dans
ce domaine comme dans celui des arts en général, il faut publier
les choses dans lesquelles on croit et c'est le public qui décide s'il
les achète ou non. Maintenant, les chiffres précis de vente de
chacun des titres, je pourrai vous les fournir dès que cela fera au
moins un an que les livres seront publiés. J'imagine que la performance
est à peu près la même que pour n'importe quelle maison
d'édition universitaire qui publierait des textes du même type que
ceux de l'institut.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Les droits d'auteur ne sont pas payés sur la
vente de ces livres-là, je présume.
M. Godin: Même pattern, les droits d'auteur sont
payés aux auteurs.
M. French: Les droits d'auteur sont payés? C'est 15%,
standard.
M. Godin: Seulement la politique gouvernementale.
M. French: Moi j'aimerais beaucoup entendre parler de la
politique gouvernementale là-dessus.
M. Godin: Alors, c'est 9% les droits d'auteur qui sont
payés par l'institut aux auteurs des travaux dont nous parlons.
M. French: C'est 9% à l'institut. M. Godin: 9% aux
auteurs.
M. French: Je m'excuse, les auteurs à l'institut parce
qu'on avait parlé d'une politique gouvernementale qui m'avait
amené à penser que l'on parlait de tout l'appareil
gouvernemental. Maintenant on est revenu à l'institut uniquement, il y a
des droits d'auteur de 9%, ce qui ne veut rien dire sur la politique
gouvernementale plus globablement, mais c'est par contre...
M. Godin: De toute façon, vous savez aussi bien que moi,
M. le député de Westmount, que cet institut est ce qu'on
appellerait "an autonomist body". Donc, c'est lui qui détermine quels
droits d'auteur il paie à ses auteurs, mais on me dit que c'est 9% qu'il
verse aux auteurs.
M. French: M. le Président, je ferai remarquer au ministre
que je ne le sais pas aussi bien que lui parce que lorsque j'ai posé la
question originellement quelqu'un m'a dit: Conformément à la
politique gouvernementale. Là on me dit que cela ne s'applique pas.
D'accord, mais je ne le sais pas aussi bien que le ministre. C'est pour cela
que je pose la question.
M. Godin: On vous enverra le livre blanc sur les droits d'auteur
publié par le gouvernement. Il est également dans la
bibliothèque de votre chef de parti.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, en effet, ma question quant
aux royautés découle de mon intérêt pour les
conditions dans lesquelles les auteurs de l'IQRC sont engagés. Le
ministre pourrait-il nous expliquer un peu quels sont les règlements
dans ce domaine?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Godin: Voici: il y a deux genres d'auteurs qui peuvent
travailler à l'IQRC, ceux qui font partie de l'institut, ceux qui sont
salariés et qui, par conséquent, ne touchent pas de droit
d'auteur...
M. French: Je m'excuse, mais c'est très
intéressant. C'est un peu cela que je voulais savoir.
M. Godin: C'est cela?
M. French: Donc, ceux qui touchent...
M. Godin: ... et ceux qui ne sont pas à l'emploi de l'IQRC
sont payés sur la base de royauté et de droit d'auteur.
M. French: Très bien. Maintenant, ceux qui ne sont pas
à l'emploi de l'institut, lorsqu'ils publient quelque chose, est-ce
qu'ils ont un contrat préalable ou juste une entente de publication?
M. Godin: Ils ont une entente de publication.
M. French: Ils ne touchent pas de salaire? Ils touchent
peut-être des dépenses de déplacement pour leur recherche,
etc., ils ne touchent pas de salaire. Fin de ma question. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rosemont.
L'éducation permanente
M. Paquette: M. le Président, sur un autre sujet, la
politique d'éducation permanente. J'aimerais que le ministre me dise si
son ministère a arrêté un échéancier
d'étude ou de travaux pour donner suite au rapport de la commission.
Est-ce qu'il prévoit qu'on aura bientôt une politique
gouvernermentale de l'éducation permanente pour donner suite au
rapport?
M. Godin: II y a un comité interministériel, de
sous-ministres donc, qui travaille présentement à préparer
un document à l'intention du CMPDC et de son président qui est
chargé de la commission Jean et qui deviendrait éventuellement la
base de la politique du gouvernement du Québec dans le domaine de la
formation des adultes, de l'éducation des adultes. Le rapport nous a
été remis il y a environ deux mois et demi. Dès qu'il nous
a été remis, on l'a envoyé aux ministères membres
du comité ministériel de la formation des adultes et chacun des
ministères a préparé un document qui fera l'objet d'une
intégration dans un documen: unique venant de tous les ministères
et qui serait le consensus des divers rrinistères touchés par ce
qui découle de la commission Jean. Nous croyons que, tel que
prévu à l'automne, nous serons en mesure de faire connaître
les intentions du gouverne Tient dans le domaine de l'éducation des
adultes.
Par ailleurs, j'ai été invité déjà
à quelques reprises depuis que je suis chargé de ce dossier
à rencontrer les intervenants dans le milieu, soit les gens
chargés de l'éducation des adultes dans les commissions
scolaires, que j'ai rencontrés cette semaine, soit les gens des centres
de main-d'oeuvre du Québec et de main-d'oeuvre fédérale
qui veulent nous rencontrer et également les gens de l'industrie. Il y a
une personne qui
travaille à plein temps maintenant dans mon cabinet sur les
suites à donner à la commission Jean, M. Jean Fournier, est un
ex-enseignant qui se recycle dans l'étude des suites qu'on devrait
donner à la commission Jean.
Donc, nous croyons qu'on pourra respecter nos échéanciers,
mais je peux vous dire que ce n'est pas facile. Vous savez aussi bien que moi
qu'entre les deux grands intervenants, le ministère de
l'Éducation et le ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, il y a toujours eu du souque à la
corde et cela continue. C'est pour cela que le mandat a été
confié à un ministre d'État de manière que
l'arbitrage puisse se faire et qu'on puisse avancer le plus tôt possible
dans ce dossier.
Maintenant, j'ajouterais aussi qu'un des défauts du rapport de la
commission Jean, c'est de ne pas décrire quelque part la situation
actuelle de l'éducation des adultes au Québec. Nulle part il n'y
a un chapitre qui nous dit: Voici ce qui existe, voici ce qu'on peut
améliorer, voici ce qu'on devrait changer. C'est un rapport qui fait
comme s'il y avait tabula rasa, table rase avant lui. Un des problèmes
que nous avons, c'est précisément connaître le terrain tel
qu'il est présentement parce que j'ai constaté qu'il y avait
beaucoup de bonne volonté, d'enthousiasme pour les recommandations de la
commission Jean dans le réseau tel qu'il existe présentement. (13
heures)
Je n'ai pas encore fait mon lit sur ce qui devrait être fait, mais
ce qui m'a frappé par ailleurs, c'est que dans des domaines comme, par
exemple, l'aéronautique, mon ministère de l'Immigration est
encore celui qui autorise le recrutement, dans d'autres pays, de main-d'oeuvre
spécialisée et d'ingénieurs dans ce domaine parce qu'au
Canada les grandes entreprises comme Canadair, Pratt and Whitney ne trouvent
pas encore de main-d'oeuvre. Alors, je me pose la question: Comment se fait-il
que le gouvernement du Québec, le ministère de
l'Éducation, le gouvernement fédéral, le ministère
de la Main-d'Oeuvre n'ont pas encore mis en place des cours intensifs pour
qu'on puisse répondre ici même, avec la main-d'oeuvre du
Québec et du Canada, aux besoins de l'industrie aéronautique du
Québec? Je suis encore étonné de voir qu'il semble que le
réseau ne puisse pas se retourner sur un cinq cents, comme on dit, assez
rapidement pour s'adapter à la nouvelle réalité.
Maintenant, est-ce que c'est possible? L'industrie évolue
tellement vite par rapport aux institutions. Est-ce que c'est possible de le
faire? C'est un des gros points d'interrogation que j'ai sur cette question de
l'éducation des adultes.
Le Président (M. Bordeleau:) M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Même sujet.
M. Lalonde: Sur le... pas le reproche que le ministre fait mais
le regret qu'il exprime à savoir que la commission Jean n'ait pas
d'écrits, moi, je ne peux pas faire de reproches non plus à la
commission Jean parce que, entre le moment où la commission a
été constituée et le moment où la commission a
remis son rapport, la situation avait complètement changé.
Grâce aux coupures, c'étaient deux mondes. C'était presque
tabula rasa dans certaines régions; les points de service ont
été coupés en deux dans certaines régions. On est
parfois passé de 25 à 5; ce n'est pas deux, mais cinq fois moins.
On est allé dans la région de la Gaspésie en fin de
semaine rencontrer les gens sur la question de la restructuration scolaire et
on nous a dit que de 25 points de service qui existaient avant, au moment
où la commission Jean a été conçue, il en restait
cinq aujourd'hui, alors peut-être que les membres de la commission et
aussi sa présidente ont été très sages de partir
à zéro.
Le Président (M. Bordeleau): Je voudrais simplement vous
signaler qu'il est 13 heures. Normalement, le mandat de la commission se
terminerait.
M. Lalonde: Moi, je serais prêt à terminer, mais
j'ai d'autres engagements.
Le Président (M. Bordeleau): Alors...
M. Lalonde: Mais compte tenu de la demande que le ministre fera
à son leader pour avoir une heure additionnelle à la suite
de...
M. French: Si on...
M. Godin: La demande viendra du député de
Westmount. S'il veut l'avoir, on la lui donnera. Ce n'est pas moi qui vais la
demander.
Le Président (M. Bordeleau): Le programme 10 du Conseil
exécutif, qui est l'aide financière à l'Institut
québécois de recherche sur la culture, qui constituait le mandat
de notre commission, est donc adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. On m'avise
également que la commission de la présidence du conseil et de la
constitution a terminé l'étude des différents
crédits qu'elle avait à adopter en commission. Je déclare
donc adoptés tous les crédits des autres programmes du Conseil
exécutif, soit
les programmes 1 à 10 inclusivement, et je demanderais au
rapporteur aussi de faire son rapport, bien sûr. La commission ajourne
donc ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 04)