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(Onze heures cinquante-quatre minutes)
Le Président (M. Paré): A l'ordre, s'il vous
plaît!
À l'ordre, mesdames et messieurs. Je déclare la commission
élue permanente de la présidence du conseil et de la constitution
ouverte. Je voudrais rappeler que le mandat de la présente commission
est d'entendre les représentants des trois organismes invités,
relativement au projet de loi no 96, Loi sur l'intégration de
l'administration du système électoral.
Les membres de la commission sont: MM. Bédard (Chicoutimi),
Marcoux (Matapédia), de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Fallu (Groulx),
Levesque (Bonaventure), Lachance (Bellechasse), Rochefort (Gouin), Gratton
(Gatineau), Brassard (Lac-Saint-Jean), Mme Lachapelle (Dorion), MM. Mailloux
(Charlevoix) et Blank (Saint-Louis).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Brouillet
(Chauveau), Landry (Laval-des-Rapides), Ciaccia (Mont-Royal), Gendron
(Abitibi-Ouest), Dussault (Châteauguay), Doyon (Louis-Hébert),
Guay (Taschereau), Mme Harel (Maisonneuve), MM. Payne (Vachon), Rivest
(Jean-Talon) et Saintonge (Laprairie).
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Serait-il permis de suggérer que l'on remplace
M. Levesque (Bonaventure) par M. Doyon (Louis-Hébert)?
Le Président (M. Paré): Je n'ai pas d'objection.
D'accord, à titre de membre, M. Levesque (Bonaventure) est
remplacé par M. Doyon (Louis-Hébert).
Est-ce que je pourrais avoir une recommandation pour un rapporteur?
M. Rochefort: M. le député de Groulx, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): Je n'ai pas d'objection.
D'accord, le rapporteur de la commission sera M. Fallu, député de
Groulx.
Seulement pour vous rappeler que c'est une audition; qu'il y a eu
entente entre les parties, à cause d'engagements pris
antérieurement, à l'effet que la commission devra suspendre ses
travaux à partir de 12 h 30. Donc, nous allons donner la parole au
ministre, et par la suite aux intervenants de l'Opposition. Je rappelle
également que les députés ont droit de parole, lors de la
commission: c'est vingt minutes, au maximum, pour chacun des
députés, à l'exception du ministre et du
représentant de l'Opposition. Donc, la parole est à vous, M. le
ministre.
Remarques préliminaires M. Marc-André
Bédard
M. Bédard: M. le Président, il a également
été entendu, de consentement avec l'Opposition, que l'ordre
d'audition des personnes qui sont ici, sera le suivant: M. Côté,
directeur général des élections; M. Lemieux,
président de la Commission de la représentation; M. Boucher,
directeur général du financement des partis politiques.
M. le Président, avec l'entente que les personnes que je viens de
mentionner demeurent constamment à la disposition des membres de cette
commission, j'ai quelques remarques préliminaires. Effectivement, nous
sommes réunis en commission parlementaire de la présidence du
conseil et de la constitution pour étudier le projet de loi no 96, qui
vise à intégrer l'administration du système
électoral. Essentiellement, le projet veut regrouper sous un seul
chapeau trois organismes existants et trois fonctions existantes: celle
reliée au financement des partis politiques, celle reliée
à la confection de la carte électorale et celle reliée au
processus électoral lui-même.
Je voudrais rappeler l'origine de ce projet de loi. En juin dernier,
lors de l'étude des crédits du ministère d'État
à la Réforme électorale, j'avais indiqué mon
intention de procéder à un regroupement comme celui-ci,
c'est-à-dire intégrer les intervenants de tout le secteur dit
électoral. Je vous rappelle que la création et les mandats de
deux organismes dont nous parlons sont très récents et datent
d'à peine quelques années. Je parle de la Commission de la
représentation bien sûr, et du financement des partis politiques.
Nous sommes en mesure de constater, après coup, que le fait de
créer des organismes autonomes leur a permis, dans un premier temps, de
bien
asseoir les réformes concernées et de sensibiliser les
électeurs et les partis aux dispositions contenues dans ces lois qui
représentaient des réformes.
Maintenant que les nouveaux venus en matière électorale se
sont taillé une place et que leur action est bien connue des citoyens et
des partis, y compris au plan municipal, je pense qu'il s'agit d'une
étape naturelle de procéder maintenant à
l'intégration des trois organismes. C'est mon humble opinion, M. le
Président. Je sais qu'elle peut ne pas être partagée par
l'Opposition, mais je crois qu'avoir fait cette intégration plus
rapidement aurait sûrement été trop tôt. Lorsque
cette décision fut prise, du moins dans son principe, j'ai
procédé à la création d'un comité technique,
dont le rapport a été déposé à la
mi-novembre à l'Assemblée nationale. De la même
façon, j'avais demandé des avis aux trois directeurs
généraux actuels et ces avis ont également fait l'objet de
dépôts en Chambre.
Notre but aujourd'hui et je pense que l'Opposition sera d'accord avec le
gouvernement là-dessus - est d'abord d'entendre les trois directeurs
généraux des organismes qui seront regroupés dans cette
nouvelle structure. Je crois que cette approche permettra aux membres de la
commission de se faire une idée plus claire des contraintes et des
difficultés qui se posent aux trois principaux officiers de
l'Assemblée nationale en matière électorale et, nous
l'espérons, de mieux cerner la nature de leur travail. (12 heures)
Le gouvernement a voulu procéder à ces audiences
dès la première lecture, car ce projet de loi n'est pas un projet
de loi comme un autre et, pour ma part, en tant que ministre responsable de la
réforme électorale, je considère que mon rôle n'est
pas le même que celui d'un ministre qui défend une loi ordinaire.
En effet, il faut d'abord savoir que dans le passé toutes les lois
concernant nos institutions électorales ont fait l'objet, pour la grande
majorité, d'un consensus des membres de l'Assemblée nationale. Il
s'agit d'une approche qui me semble très saine. Toucher aux institutions
qui gèrent le processus électoral, c'est-à-dire à
la manière dont les députés sont élus, revient
à toucher au coeur de notre système démocratique de
délégation des pouvoirs à des députés. C'est
donc parce que je tiens, dans toute la mesure du possible, à la
collaboration de l'Opposition que cette commission parlementaire se tient
après la première lecture. C'est dans le même sens que le
gouvernement présente ce projet de loi - je l'ai déjà dit
- avec ouverture d'esprit. Nous ne sommes pas coulés dans le ciment sur
les modalités de ce projet. Pour ma part, je considère que le
principal effet de ce projet de loi 96 est de nous donner une occasion, une
tribune pour discuter de l'administration de notre système
électoral au-delà des lignes partisanes, au-delà des
modalités inscrites dans le projet de loi 96. Il s'agit d'un cadre de
discussions qui devrait permettre d'ouvrir le débat public autour d'une
mécanique qu'on a tendance à tenir pour acquise.
Pour ce genre de discussion que nous aurons, je dirais qu'il n'y a plus
ni gouvernement, ni Parti québécois, ni Parti libéral, ni
Opposition mais simplement des députés qui retournent à la
base de ce qui les a faits députés, les élections, et la
manière dont leur mandat leur a été accordé par les
citoyens du Québec.
Nous partons d'une situation connue pour laquelle nous avons une
responsabilité commune: les trois organismes électoraux dont il
est question, leur statut administratif, financier, les gens qui y sont, on
peut dire que tous les députés en sont responsables, puisque cela
s'est fait par consentement de l'Assemblée nationale. Tout le monde
connaît l'autonomie, sans équivalent dans les autres organismes
gouvernementaux, dont bénéficient les organismes
électoraux. C'est normal, je pense, qu'il en soit ainsi.
En ce sens, je suis comme les membres de l'Opposition, un observateur
attentif de ce qui se passe; en d'autres mots, je crois que mon rôle est
celui d'animer le plus possible les discussions sur ces questions. C'est dans
cet esprit que j'ai déposé les propositions de regroupement. Il
faut toujours se rappeler que le législateur a conçu nos lois
électorales de façon qu'aucun membre de l'exécutif - y
compris celui qui vous parle -ne s'ingère dans l'administration
quotidienne de ces lois. C'est donc dire que les députés
ministériels, y compris celui qui vous parle, se présentent
à la commission avec une attitude d'ouverture disposée à
tenir compte de nouveaux éclairages que pourraient apporter nos travaux
et les audiences que nous tenons.
Ce à quoi nous tenons, et ce furent nos préoccupations
centrales dans ce projet de loi, c'est, premièrement, de garantir
l'impartialité des responsables de l'administration de nos lois
électorales. Il s'agit finalement d'une mentalité, d'un
état d'esprit dans la population, chez les députés et chez
les partis politiques eux-mêmes. Par exemple, je trouve très sain
que plus personne ne s'attende que les officiers électoraux soient du
côté du pouvoir. Sur ces matières, il faut toujours
demeurer vigilant. Deuxièmement, nous tenons aussi à maintenir
l'indépendance et l'autonomie des responsables électoraux. Cela
veut dire l'indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif,
mais la suggestion au pouvoir législatif, c'est-à-dire
l'Assemblée nationale elle-même. Je pense qu'il faut toujours
avoir cela en tête, en parlant de l'autonomie des
organismes électoraux.
Dans un autre ordre d'idées, le gouvernement tient à
diminuer les coûts d'administration de l'ensemble du système
électoral du Québec. Je n'ai pas à rappeler le contexte
économique et financier que nous traversons, mais il doit être
évident à tout le monde que l'un des buts de nos travaux est de
cerner jusqu'à quel point il sera possible d'épargner des fonds
publics. Il est évident que ce souci d'économie joint à un
souci d'efficacité accru et d'amélioration des services à
l'électeur est l'une des motivations, des préoccupations qui nous
ont guidés dans la conception et l'élaboration du projet de
regroupement.
Dans cette perspective, la commission d'aujourd'hui devrait permettre de
mieux cerner, compte tenu de la présence des trois directeurs
généraux, divers motifs liés étroitement au projet
de regroupement des institutions électorales, soit l'amélioration
des services à l'électeur, la recherche d'une efficacité
accrue et la diminution des coûts du système électoral. Sur
ce dernier point, des économies, je pense que les travaux d'aujourd'hui
devraient, pour des raisons pratiques, s'orienter principalement sur les
économies d'échelle qui devraient résulter de
l'intégration des trois organismes en un seul. Les travaux du
comité technique qui ont été rendus publics illustrent
assez bien les données du problème et les économies
potentielles. L'audition des directeurs généraux nous permettra
d'approfondir ce type d'économie.
Une fois l'étape d'aujourd'hui franchie, je pense qu'il sera
pertinent de poursuivre la réflexion, selon des modalités
à déterminer, sur d'autres types d'économie, afin de
réduire davantage les coûts de notre système
électoral. Dans cet esprit, il faudra s'interroger à moyen terme
sur la possibilité de réaliser des économies de gestion,
c'est-à-dire qu'on devra réfléchir sur la
possibilité de faire certaines choses différemment de ce qu'on
fait maintenant.
Par exemple, des sommes importantes ont été
dépensées en matière d'information du public par des
brochures et de la publicité payée. La question qu'on se poserait
dans ce cas, ce n'est qu'un exemple, est de savoir s'il n'était pas
souhaitable de diminuer un peu le volume de cette publicité sans
pénaliser les citoyens et les priver d'information essentielle. Il ne
faut pas s'étonner que, dans un passé récent, des
dépenses substantielles aient été consacrées
à la publicité, puisqu'il était essentiel d'informer les
électeurs adéquatement sur des dispositions nouvelles, des
réformes relatives à l'exercice de leur droit de vote, contenues
dans des lois récentes, telle la Loi électorale qui date de 1979.
Lorsque la commission de l'Assemblée nationale se réunira
statutairement, je crois que ce sera le genre d'interrogations qui pourraient
être abordées. Ce n'est qu'un exemple.
Il pourrait être fécond de se demander si des avenues plus
économiques ne pourraient pas provenir de certaines modifications
à nos lois électorales ou à nos manières de faire
en matière de carte, de recensement, etc. En d'autres mots, est-ce que
des exigences inscrites dans nos lois électorales pourraient être
atténuées si on s'aperçoit que cela entraînerait des
économies substantielles?
Dans cette perspective, tout le monde conviendra que nous ne sommes pas
ici pour refaire nos lois électorales. Pour cela, il sera
intéressant d'envisager la constitution d'un groupe de travail de
députés, des deux côtés de la Chambre, comme cela a
été fait dans le passé sur des sujets semblables, je
pense, entre autres, à la Loi électorale de 1979. Je crois que
nous pourrons revenir sur cette question à un autre moment, il s'agira
simplement d'être attentif à des aspects de notre mécanisme
électoral qui seraient la cause de dépenses excessives par
rapport à une mécanique plus simple et moins coûteuse.
Je conviens qu'il s'agit là d'une tâche substantielle qui
déborde largement l'objectif de nos travaux, des travaux de cette
commission qui vise surtout à un dialogue avec les directeurs
généraux. D'autres temps, d'autres lieux, d'autres
mentalités permettront de poursuivre la réflexion amorcée
aujourd'hui.
Concernant la procédure, je voudrais rappeler que nous aurons
l'occasion, lors de l'étude en deuxième lecture, de faire valoir
nos points de vue sur le fond de la question, à savoir la pertinence de
regrouper les trois organismes dont il est question. Je ne pense pas que ce
soit ici le lieu de le faire, surtout sans avoir entendu les trois directeurs
généraux, quoique chacun soit libre de le faire.
Deuxièmement, il ne faudra pas oublier, lors de l'étude
article par article, que chacun aura l'occasion de faire valoir ses remarques
sur les modalités de l'opération projetée. Comme ministre
responsable du projet de loi 96, j'aurai l'occasion d'exposer à
l'Assemblée nationale les articulations du projet de loi.
Je pense qu'il faut avoir cela en tête, peut-être, pour
éviter d'encombrer la séance d'aujourd'hui avec des
considérations valables, mais qui, peut-être, pour certaines,
trouveront plutôt leur place à d'autres occasions. C'est
l'essentiel des quelques remarques préliminaires que je voulais faire
avant le début de nos travaux parlementaires.
Le Président (M. Paré): La parole est maintenant au
député de Charlevoix.
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: M. le Président, au moment où le chef
intérimaire du Parti libéral m'avait demandé de prendre la
charge du dossier concernant la Loi électorale, j'avais pensé, ne
possédant pas de formation juridique, qu'il me serait difficile
d'accepter une telle charge. Je réalise, ce matin, que, ne
possédant pas cette formation juridique et face à la parution,
devant cette commission, de directeurs qui sont indépendants du pouvoir
politique et du pouvoir judiciaire, cela devient extrêmement difficile
pour un profane de sauvegarder l'indépendance des organismes en place et
garder la mesure qu'il faut pour sauvegarder cette indépendance.
Je voudrais dire également que les notes préliminaires que
j'apporterai au nom de l'Opposition officielle sont le reflet de ce que pense
l'Opposition, bien qu'elles aient été préparées par
le député de Charlevoix et non par mes collègues qui, je
l'espère, les appuieront et en ajouteront en cours de route.
Je voudrais, au nom de l'Opposition officielle, faire quelques
observations préliminaires, avant que les membres de la commission
puissent interroger les trois directeurs dont les mandats confiés par
l'Assemblée nationale ont pour objet la mise en application de la Loi
électorale.
Lors du dépôt à l'Assemblée nationale du
projet de loi 96, qui vise à regrouper l'administration du
système électoral sous la responsabilité du directeur
général des élections, j'avais demandé au premier
ministre et au ministre de la Justice la tenue d'une commission parlementaire
pour nous permettre d'entendre les trois directeurs concernés. Le
premier ministre, dans une réponse verbale, d'accord avec le ministre de
la Justice, confirmait, quelques heures après, que le gouvernement
n'accorderait qu'une sous-commission et fournirait tous les documents
demandés. Nous aurions refusé cette sous-commission, puisqu'elle
n'aurait pas été publique, qu'elle n'aurait permis à aucun
journaliste d'être présent. Elle aurait empêché un
député, celui de Sainte-Marie, d'y être admis.
Nous sommes heureux de constater que, devant la publicité qui a
entouré la publication d'articles sur les coûts des trois services
et sur certains malaises qu'on y découvre, face aux interrogations des
éditorialistes, du public, des parlementaires et vu
l'impossibilité devant laquelle les trois directeurs auraient
été placés pour faire valoir leurs arguments, le
gouvernement a changé sa décision et permet la tenue de cette
commission.
M. le Président, je voudrais vous assurer que nous sommes
très conscients de l'indépendance qui est attachée aux
personnes qui, tantôt, seront appelées à répondre
aux questions de la commission. Je voudrais immédiatement, au nom de
l'Opposition, souscrire à l'affirmation du Directeur
général des élections qui, dans le mémoire qu'il
faisait parvenir au ministre de la Justice, disait textuellement, en parlant de
la tâche qu'est la sienne: "C'est là une lourde tâche qui ne
peut être assumée de façon satisfaisante que si elle
s'exerce dans un climat total de liberté et de confiance
réciproque et multiple, confiance de l'Assemblée nationale,
confiance de la personne désignée de posséder cette
confiance et confiance de la population à l'endroit de la personne
désignée. L'absence d'un seul de ces éléments
rendrait cette tâche impossible."
J'avouerai immédiatement, M. le Président, que, face aux
questions que nous aurons à poser en tant que membres de
l'Assemblée nationale, je veux croire que la complète
indépendance rattachée à ce poste n'en souffrira pas
trop.
Si, par contre, cette indépendance doit être
protégée de même que les autres obligations qui en
découlent, on nous permettra de rappeler au gouvernement, qui, lui,
n'est pas indépendant, que s'il se voit aujourd'hui obligé de
présenter le projet de loi no 96 pour tenter en partie d'arrêter
la montée en flèche des coûts, c'est lui qui, en 1977,
s'est foutu éperdument des recommandations que toutes les oppositions du
temps lui avaient prodiguées.
Lors de la présentation du projet de loi no 2, en 1977, qui
visait à mettre en place la Direction générale du
financement des partis politiques, créant ainsi une structure
parallèle qui devait prendre en charge l'aspect financier, au dire du
député de Maisonneuve du temps, laissant au Directeur
général des élections l'aspect juridique. On retrouve ces
affirmations à la page 5108 du journal des Débats du temps. (12 h
15)
En commission parlementaire alors, de même qu'en deuxième
lecture, le gouvernement a refusé de prendre en considération les
conseils des oppositions, recommandations qu'on retrouve aujourd'hui dans le
projet de loi no 96 qu'il soumet à l'attention de l'Assemblée
nationale. Je dirais que cela lui a pris cinq années. Même si le
ministre de la Justice disait tantôt qu'il fallait quand même qu'on
ait un certain vécu avant d'en venir à faire des modifications,
cela lui a pris cinq années. Cela lui a pris un rapport que le ministre
de la Justice a commandé aux trois directions le 31 mai 1982 et d'autres
études. Incidemment, je pose immédiatement une question au
ministre, à laquelle il me répondra tantôt: Est-ce que
toutes les études dont l'Opposition a fait mention et qui permettent
aujourd'hui au gouvernement de présenter le
projet de loi no 96 ont été déposées? Sinon,
quand pourra-t-il les déposer? Il pourra me répondre
tantôt.
J'ajouterai que cela lui a pris une note financière que les
médias ont qualifiée, dont je ne qualifierai pas moi-même
l'importance, avant de se décider à faire ce que les oppositions
lui conseillaient en 1977. On me permettra de lire quelques courtes remarques
faites à ce moment et elles viennent de toutes les oppositions du temps.
Je commencerai par l'une qui vient d'un des membres de l'Union Nationale en
1977, M. Serge Fontaine, qu'on retrouve à la page 5108 également.
Il disait: "Cette nouvelle structure ajoutera des dépenses
considérables dans une période de restrictions
économiques." C'était en 1977. Je ne sais pas ce qu'il aurait dit
en 1982, alors qu'actuellement le ministre des Finances et le Conseil du
trésor cherchent par tous les moyens à trouver des fonds,
même auprès de la fonction publique et parapublique.
M. Fontaine disait que le ministre fixait son évaluation des
coûts appréhendés pour la mise en place de la Direction du
financement des partis politiques à environ 1 000 000 000 $. M. Fontaine
répliquait que le Directeur général des élections
avait déjà le personnel voulu pour s'occuper du problème.
M. Burns répondait alors que c'était un choix politique. Mon
collègue de Gatineau plaidait dans le même sens. Le
député de Rouyn-Noranda du temps, aux pages 5113 et 5114, donnait
l'exemple du fédéral où tout est regroupé, ce qui
évite les conflits entre les directions et les dédoublements.
Également, M. Jean-Noël Lavoie, député de
Laval, à la page 1926, faisait un long exposé sur les
dédoublements de structures, les conséquences. Le
député Lamontagne, de Roberval, à la page 1977, parle des
dédoublements dangereux. L'actuel leader parlementaire de l'Opposition,
à la page 2002, parle des conflits qui surviendront entre les deux
directeurs généraux. Le député de Mont-Royal,
à la page 2163, parle de la position précaire dans laquelle sera
placé le Directeur du financement des partis politiques; n'étant
nommé que pour un mandat de cinq ans, il sera, quant à son
renouvellement, à moins que la loi abolisse le poste, à la merci
du pouvoir politique. L'ancien ministre des Finances, M. Garneau, à la
page 2922, donne les conséquences des dédoublements du personnel.
L'actuel chef parlementaire du Parti libéral, à la page 2994,
demande que le gouvernement démontre que ce morcellement est
souhaitable.
M. le Président, je crois qu'aujourd'hui on connaît un peu
les résultats. Je regarde les rapports annuels du Directeur du
financement des partis politiques. On disait, qu'éventuellement cela
pouvait coûter 1 000 000 $. On constate qu'en 1977-1978, la
première année, c'était 85 000 $; en 1978-1979,
c'était 827 000 $; en 1979-1980, c'était 1 162 000 $; en
1980-1981, c'était 1 894 000 $; en 1981-1982, c'était 2 474 000
$. Cela n'inclut pas les dépenses; c'est simplement pour le personnel et
autres. Cela n'inclut pas les remboursements aux partis politiques.
M. le Président, il y avait des déclarations qui, dans ce
temps-là, étaient faites par des membres du parti au pouvoir. Il
y en avait une, entre autres, qui était assez suave. Son auteur n'est
pas ici, à cette commission; il s'agit du nouveau ministre
délégué à la Technologie. Lorsqu'il conteste les
coûts appréhendés par les oppositions, le
député de Rosemont parle alors de locaux disponibles, et ce dans
tous les ministères. Il s'agirait d'ajouter une ou deux personnes. Il
prétend que le personnel nécessaire au financement des partis
politiques, en 1977, est probablement sur place. Donc, il y aura des
économies. Aujourd'hui, je dis bonne chance au nouveau ministre si ses
prévisions, dans ses nouvelles fonctions, sont aussi justes que celles
qu'il faisaient alors.
M. le Président, à la commission parlementaire sur le
projet de loi no 2, en 1977, le ministre responsable de la Réforme
électorale et parlementaire disait que le Parti libéral avait mis
le Québec à l'avant-garde des réformes électorales
en Amérique du Nord. Plusieurs disaient que, depuis 1964, sous la
responsabilité du président général des
élections du temps, c'était quand même avantageusement
comparable à d'autres provinces et à d'autres pays et que toute
cette surveillance de toutes les lois électorales du temps n'employait
à temps plein qu'une trentaine de personnes.
Les lois et les règlements qui ont été
adoptés visaient assurément à une plus grande
démocratisation, à une meilleure information. Par contre, la
complexité des lois, ce que j'appellerais leur
étanchéité et les impératifs qu'elles engendrent
conduisent à des coûts qui dépassent notre capacité
de payer. On a voulu dans le Québec se payer le meilleur système
de sécurité publique quant à la retraite. On constate
aujourd'hui que l'État met en doute notre capacité d'assurer le
meilleur système de sécurité sociale du monde entier. On a
voulu s'offrir, à mon sens, le plus sophistiqué et le plus
compliqué des contrôles des lois électorales. On
connaît aujourd'hui la note à payer.
Le gouvernement a fait l'erreur de ne pas suivre les conseils
prodigués alors. Il a mis en place des structures parallèles dont
certaines conséquences sont mentionnées dans le rapport soumis au
mois d'août 1982 au ministre responsable de la Réforme
électorale. Sous réserve que l'on me dise que je fais une erreur
d'interprétation, on dénote des aberrations telles que, à
la page 6, je
pense, du rapport du Directeur général des
élections, l'on retrouve trois services des communications dans les
directions, trois services administratifs, deux services du personnel, deux
services de la gestion financière, trois services du secrétariat,
etc. Il y en a encore une douzaine qu'on pourrait nommer.
M. le Président, la loi no 96 vise au regroupement des trois
directions, tout en conservant la complète indépendance du
Directeur général des élections face au pouvoir politique,
à l'exécutif et au judiciaire, d'émarger au fonds
consolidé pour toute dépense inhérente à ses
responsabilités et à d'autres que la loi no 96 pourrait lui
confier. Bien sûr qu'il préparera ses prévisions
budgétaires, qu'il remettra au président de l'Assemblée
nationale, avant le 1er avril, de telles prévisions. Une commission de
l'Assemblée nationale fera l'étude de ces prévisions et
des estimations supplémentaires. Également, l'étude de
mandats spéciaux sera soumise après les dépenses qui, en
cours d'année, pourraient être occasionnées par le
déclenchement d'une élection, d'un référendum ou
d'élections partielles.
M. le Président, la question que je me pose est la suivante:
Comment une commission parlementaire pourra-t-elle évaluer la situation
ou ne pas donner au directeur carte blanche quand, à l'article 183, sont
reconduits ou apparaissent les mots suivants: "Ainsi qu'effectuer ou faire
effectuer toute recherche qu'il juge utile." On n'a qu'à faire
référence à la dépense de 4 500 000 $ qui
découle du registre des électeurs, un compte qui a fait sursauter
le ministre des Finances, le président du Conseil du trésor et,
je pense, tout le gouvernement. À l'article 83.3, on lit
également: "Faire toute publicité jugée
nécessaire." Je me demande, M. le Président, comment
l'Assemblée nationale pourrait émettre son avis sur les
coûts possibles de ces dépenses possibles.
Un autre sujet dont l'Assemblée nationale a été
saisie en 1982 concerne le chapitre V de la loi 96, article 52, concernant la
nomination des directeurs de scrutin pour chaque circonscription
électorale. Il est possible que l'article 53 serve au Directeur
général des élections, où il est dit qu'il peut
destituer un directeur de scrutin pour différentes raisons. Je trouve
que l'article 52 arrive très tard, les nominations ayant
été faites dans tous les comtés et, M. le
Président, en cours de journée, peut-être me
permettrez-vous de me reporter à 1962 pour vous raconter un fait
inédit dans les annales politiques sur une infraction à la Loi
électorale qui me laisse perplexe sur tous les changements qui ont
été apportés dans l'ensemble des comtés du
Québec sur les directeurs qui étaient en place.
M. le Président, je termine ces remarques - parce que je
m'aperçois que le temps approche - mais sachez que de nombreuses
questions seront posées par mes collègues et moi-même en
cours de route. Je voudrais, par contre, avant de terminer, faire
référence à un article paru dans le journal La Presse, qui
faisait suite au rapport déposé par le Directeur du financement
des partis politiques, qui est quand même assez direct. C'est un rapport
qui nous fait comprendre ce qu'on y retrouve comme suggestions. Cet article est
intitulé: "Un monstre administratif". Il fait référence
à l'ensemble des coûts qu'on retrouve aujourd'hui pour les trois
directions.
On parle dans cet article d'écarts considérables,
inacceptables et qui n'ont aucune commune mesure avec d'autres provinces ou
pays. On parle de dépenses somptuaires, que le Québec n'avait
réellement pas le droit de se payer. Le directeur du financement des
partis politiques parle également de l'achat et de l'utilisation de
locaux sur lesquels on voudra sûrement avoir des réponses dans le
cours de la journée et, quand il ajoute qu'on ne sait plus quoi
entreposer ou comment faire occuper ces locaux, on a toujours certaines
interrogations à l'esprit.
Quand il parle également de l'ensemble du personnel
attaché aux trois directions et qu'il fait la comparaison avec ce qui se
passe ailleurs, il nous sera possible en cours de route de donner des exemples
un peu plus précis nous-mêmes mais je pense que le rapport que
faisait le directeur du financement des partis politiques démontre, je
pense, sans aucune ambiguïté que ce soit dans un service ou
l'autre, qu'il y a eu des dépassements qui, j'emploierai le même
mot, dépassent un peu la compréhension des membres de
l'Assemblée nationale.
M. le Président, ce sont là les observations
préliminaires que je voulais faire. Le temps qui m'était
alloué - on a dit qu'on arrêtait vers 12 h 30 - vient de se
terminer. Comme j'aurai l'occasion dans le cours de la journée de poser
des questions pertinentes relativement à l'ensemble du problème,
je suis prêt à céder la parole.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, nous sommes
arrivés à l'heure dont nous avions convenu pour suspendre nos
travaux. J'aimerais sûrement répondre à quelques-uns des
points soulevés par le député de Charlevoix.
Peut-être est-il utile que tout cela se fasse à la reprise de nos
travaux, M. le Président. Sinon...
Le Président (M. Paré): D'accord. J'aimerais
seulement rappeler l'ordre dans
lequel les représentations vont être effectuées par
les organismes. En premier, le directeur général des
élections, M. Pierre-F. Côté; viendra ensuite la Commission
de la représentation électorale, représentée par M.
Jean-Luc Lemieux, le directeur général, et, en troisième
lieu, le directeur général du financement des partis politiques,
M. Pierre-Olivier Boucher.
Donc, les travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise de la séance à 15 h 17)
Le Président (M. Paré): A l'ordre, s'il vous
plaît;
Bonjour mesdames et messieurs.
La commission élue permanente de la présidence du conseil
et de la constitution qui a le mandat d'entendre les représentations de
trois organismes invités relativement au projet de loi no 96, soit la
Loi sur l'intégration de l'administration du système
électoral, est à nouveau en fonction.
Avant d'entendre les premiers intervenants, il y a le
député de Sainte-Marie qui a demandé la parole et on va la
lui laisser pour ensuite entendre en réplique le ministre pour ensuite
entendre le premier organisme.
M. Bédard: M. le Président, comme nous avons des
personnes que nous avons décidé d'entendre et qui sont à
notre disposition, j'ai sûrement des commentaires à faire
concernant les remarques préliminaires de mon collègue de
l'Opposition, mais je suis prêt à faire en sorte que ces remarques
puissent se faire à un autre moment. On n'est quand même pas au
stade de l'adoption du projet de loi, de manière à permettre
d'entendre plus rapidement nos invités.
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: M. le Président, il serait peut-être
utile à ce stade que j'explique ce qui justifierait le fait que je
prenne la parole à ce moment sans évidemment retarder les
questions qu'on a à poser. Ce que je veux seulement marquer, c'est dans
quel cadre se situeront mes interventions en ce qui a trait à cette
commission qu'on a demandée pour rencontrer les trois directeurs
généraux qui travaillent actuellement sur toute la question des
services à fournir aux citoyens et au mode électoral qu'on
connaît actuellement.
J'ai participé activement à l'élaboration de la loi
no 2 dès le moment où le gouvernement du Parti
québécois est arrivé au pouvoir et je voudrais indiquer
dès maintenant que même s'il nous semble nécessaire d'en
arriver - et c'est l'objectif que poursuit la Loi no 96 - à une
meilleure réorganisation ou organisation administrative de ce qu'on
connaît comme institution actuellement, il y avait un certain nombre
d'objectifs cependant qui étaient poursuivis au moment où on a
travaillé à l'élaboration de la loi no 2 qui
dépassaient le strict plan du contrôle du financement des partis
politiques et de l'information nécessaire aux citoyens à ce
sujet.
En effet, on se souviendra qu'au moment où la loi no 2 a
été discutée et a été votée par
l'Assemblée nationale, il y avait aussi dans le décor tout un
ensemble de réformes qui étaient aussi proposées par le
gouvernement à l'époque et qui devaient trouver son apogée
dans un office des électeurs. Je comprends que ce n'est pas l'objectif
que poursuit la loi no 96, mais il me semble que les objectifs qu'on avait
à l'époque, lesquels ne sont pas si lointains, on ne devrait pas
nécessairement les perdre de vue au moment où on discute d'une
organisation ou d'une réorganisation administrative. Il ne faudrait donc
pas se surprendre que mes interventions à cette commission
parlementaire, que les questions, que j'adresserai aux personnes qui viennent
nous rencontrer, aillent aussi dans le sens d'une vérification de
l'atteinte des objectifs qu'on avait durant les années 1977-1978, tout
en essayant de regarder de quelle façon on peut améliorer la
productivité de ce qu'on connaît déjà.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député de Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Si on me permettait très brièvement,
à moi aussi, de situer d'une façon générale le
cadre dans lequel j'aurai à poser des questions, le moment venu,
à nos invités, sans reprendre ce que disait mon collègue
de Charlevoix, ce matin, dans les détails.
D'abord, j'aimerais rappeler, à chaque fois qu'on a eu à
participer à l'étude et à l'adoption de lois qui
touchaient l'exercice du droit de vote aussi bien que la surveillance de
l'exercice de la démocratie au Québec, l'Opposition officielle a
toujours tenté de le faire avec objectivité et en offrant la plus
grande collaboration possible au ministre. Nous sommes fort conscients que ce
genre d'exercice nécessite qu'on ait, non seulement le plus large
consensus possible, lors de l'adoption de ces projets de loi, mais, le
moindrement possible, qu'on ait l'unanimité.
C'est dans ce sens qu'on voudra éventuellement, non seulement
étudier les dispositions du projet de loi no 96, mais aussi poser des
questions pertinentes à nos trois invités, au fur et à
mesure qu'ils
viendront nous livrer le fond de leur pensée.
Cependant, je m'en voudrais de ne pas rappeler que ce que propose de
faire la loi no 96 est très exactement ce que l'Opposition officielle
suggérait au gouvernement de faire, aux diverses étapes de
l'adoption des projets de loi. Qu'il s'agisse de la Loi régissant le
financement des partis politiques, en deuxième lecture, en juillet 1977,
à l'étude, article par article, en commission parlementaire en
juin 1977; au moment où on a discuté de la réforme
électorale, de la réforme des districts électoraux le 30
mars 1979, au moment où on a étudié la loi 10 sur la
représentation électorale en octobre 1979, au moment où on
avait fait une question avec débat à l'Assemblée
nationale, enfin à toutes ces occasions, comme l'a rappelé le
député de Charlevoix, ce matin, l'ensemble des intervenants du
côté de l'Opposition insistaient sur l'occasion,
suggéraient - on avait même fait des amendements formels en
commission parlementaire - au moment où il nous était permis de
proposer des amendements concrets à la Loi sur le financement des partis
politiques, entre autres, on avait proposé au gouvernement de donner
à une seule personne la responsabilité de l'administration de ces
diverses lois, soit le directeur général des
élections.
Il est évident qu'on se réjouit aujourd'hui de constater
que le gouvernement a enfin vu clair, s'en enfin rendu compte que non
seulement, du point de vue des dépenses qui sont astronomiques et qui
ont été encourues dans l'application de ces lois-là, mais
aussi au niveau des problèmes occasionnés entre les divers
organismes responsables de l'application des lois. On en a de plus de plus de
preuves concrètes au cours des derniers jours, non seulement dans les
journaux, mais dans certains cas qui n'ont pas été
rapportées par quelque media d'information que ce soit.
Effectivement, il y a eu des problèmes énormes qui
continuent de subsister et qui probablement pourront continuer de subsister
même après l'adoption du projet de loi no 96. Lorsque le ministre
disait ce matin qu'une intégration de ces divers services avant
aujourd'hui aurait été prématurée, nous ne pouvons
concourir à cela. On aurait dû, dès le départ, tel
que le suggérait l'Opposition, le faire au moment de l'adoption de ces
lois, tout au moins quant au contrôle des dépenses, même pas
le contrôle, le pouvoir de surveillance de l'Assemblée nationale
sur les dépenses des divers organismes dont on parle et qu'on veut
unifier aujourd'hui.
Je me demande pourquoi nous avons attendu aussi longtemps du
côté du gouvernement pour donner suite aux craintes
exprimées - bien sûr - par l'Opposition et même par le
ministre des Finances lui-même.
Je ne sais trop à quel moment, j'ai une référence
ici que j'espère pouvoir retrouver, où le ministre des Finances,
en répondant à des questions du député de Laval
d'alors, M. Jean-Noël Lavoie, disait et je cite le journal des
Débats à la page 2650, le 21 juin 1979 -il y a quand même
deux ans et demi - M. Parizeau disait: "Le Conseil du trésor n'a pas
juridiction quant aux directives à donner pour le budget du directeur
général des élections. Le budget du directeur
général des élections est statutaire. Dans ces conditions
tout ce qui passe c'est qu'en vertu de l'article 441 de la Loi
électorale, le ministre des Finances paie les factures." Il disait plus
loin: "En tous les cas, en tant que président du Conseil du
trésor ou ministre des Finances, je n'ai pas les pouvoirs
d'empêcher certains types de dépenses."
Il est très clair que, dans ce cas-là, pour
préserver l'indépendance - j'imagine que c'était cela
à l'origine, parce que c'étaient de vieilles lois et cela fait
longtemps que c'est comme cela - du directeur général des
élections, on a voulu que son budget soit statutaire. Mais, on arrive
à ce résultat paradoxal qu'il est nommé par
l'Assemblée nationale et que l'Assemblée nationale ne surveille
pas son budget. D'autre part, il tire des fonds sur les fonds
consolidés, mais l'exécutif n'a pas non plus de pouvoirs
là-dessus. Au fond, on a l'impression d'un poste qui,
budgétairement, est un peu dans les limbes. Il n'est pas
contrôlé par l'exécutif et il n'est pas
contrôlé par le législatif.
Je suggère simplement que, peut-être à un moment
donné, l'exécutif et le législatif auront à se
consulter pour savoir quoi faire parce que du trapèze sans filet, c'est
parfois dangereux.
M. le Président, cela fait deux ans et demi que le ministre des
Finances a fait lui-même cette suggestion et ce n'est qu'aujourd'hui, par
le biais du projet de loi no 96, qu'on donne non pas le contrôle des
dépenses du directeur général des élections et des
autres organismes, mais tout simplement un droit de surveillance à une
commission de l'Assemblée nationale. Je dis, M. le Président, que
le moins qu'on aurait pu espérer aurait été un peu plus de
célérité de la part du gouvernement pour venir enrayer une
situation qui, à l'égard de plusieurs exemples - je pense au
registre des électeurs - a entraîné des dépenses
pour le moins importantes et qui aujourd'hui nous amène et nous
amènera plus tard à poser certaines questions qui, à mon
avis, auraient dû être posées par le gouvernement beaucoup
plus tôt que maintenant.
Je n'irai pas non plus dans les détails des comparaisons qu'on
peut faire sur les coûts que le gouvernement du Québec doit payer
en comparaison de ceux qu'on paie ailleurs. Quand on pense qu'il y a plus de
personnel au Québec seulement que dans
l'ensemble des neuf autres provinces du Canada et au gouvernement
fédéral qui en plus, il faut bien l'admettre, a à
administrer des lois à l'égard d'un plus grand nombre
d'électeurs sur un territoire encore plus vaste que celui du
Québec... Vous-même, M. le Président, qui étiez
présent en Californie il y a à peine deux mois, savez que
là-bas on dépense moins d'argent pour tenir des élections
qui touchent une population de 26 000 000 de personnes, avec 11 500 000 votants
inscrits - puisque là-bas il faut s'inscrire pour avoir droit de vote -
avec un système électoral qui, comme on le sait, est aussi
complexe sinon plus que le nôtre. On n'a qu'à penser aux nombreux
référendums qu'on tient en même temps que les
élections, à ces référendums de l'initiative
populaire. On se rappelle la proposition no 13, en Californie, qui a d'ailleurs
eu des effets, même dans le cas de l'application de la loi
électorale en Californie, puisque les personnes qu'on a
interrogées là-dessus nous disaient qu'effectivement on a
dû couper non seulement dans le gras, mais souvent dans le maigre de
l'administration des lois électorales en Californie. Donc, on a au
Québec un système dont on peut être fier. C'est sûr
que l'Opposition a toujours souscrit, par toutes les façons, pour qu'on
facilite l'exercice du droit de vote de chaque individu; nous y avons toujours
souscrit. Mais il y a des exagérations qui ont été faites
et qui mériteront d'être soulignées ici à la
commission. (15 h 30)
En terminant, je dirai simplement que, s'il y en a un qui est content de
voir certaines dispositions du projet de loi no 96, surtout à
l'égard de la nomination des directeurs du scrutin, c'est bien moi.
Encore là, on n'est pas assez naïfs pour ne pas constater que dans
la plupart des 122 comtés le gouvernement a nommé ces personnes.
De ce côté, je veux que ce soit bien clair, le directeur
général des élections n'y est pour rien; il n'a fait
qu'appliquer la loi que le gouvernement avait fait adopter par
l'Assemblée nationale contre notre gré à l'égard de
ces dispositions. Nous maintenons depuis le début que c'est le directeur
général des élections, seul, qui devrait nommer ces
personnes qui ont pourtant un poste fort important pour l'exercice de la
démocratie, c'est-à-dire le poste du directeur de scrutin dans
chacune des 122 circonscriptions électorales. Combien d'occasions a-t-il
fallu à l'Assemblée nationale pour mettre le premier ministre sur
la sellette et lui faire avouer qu'effectivement ce qu'il qualifiait de poutine
libérale et qui consistait, je suppose, sous un gouvernement
libéral, à nommer des sympathisants libéraux comme
directeurs du scrutin dans les comtés, cela a tout simplement
été remplacé par ce que j'ai qualifié de
ratatouille péquiste, c'est-à-dire un système où le
gouvernement péquiste nommait maintenant des sympathisants
péquistes à ces postesl
La "job" est complétée. On a remplacé la plupart
des 122 directeurs du scrutin qui étaient là avant 1976, ou dans
quelques cas qui étaient demeurés jusqu'en 1981, on a
terminé le nettoyage. On a maintenant des personnes qui, dans certains
cas... Je veux bien croire qu'on a amélioré la loi à cet
égard. On a dit: Plutôt que de laisser tout simplement le Conseil
exécutif nommer les personnes, on demandera au directeur
général des élections de faire des concours publics, de
permettre à des personnes intéressées de postuler ces
postes par le biais d'avis publics. On a demandé au directeur
général des élections de tenir des concours, de faire des
entrevues et de soumettre une liste de trois personnes ayant réussi avec
succès les examens à partir de laquelle le premier ministre
pourrait nommer quelqu'un. On a constaté, peut-être par l'erreur
de quelqu'un, que, dans certains cas, la personne que le premier ministre
nommait n'était pas celle qui avait eu les meilleurs résultats
aux examens du directeur général des élections.
Dans le cas patent de je ne sais trop quel comté - on pourrait y
revenir plus tard on s'apercevait que celui qui, apparemment, n'avait plus les
critères de compétence et de disponibilité était le
même individu qui exerçait le poste qui occupait le poste depuis
de nombreuses années et qu'il était remplacé par quelqu'un
qui, aux examens écrits et oraux du Directeur général des
élections, avait eu une note inférieure. Tout cela pour... Dans
L'Acadie...
M. Blank: Dans L'Acadie.
M. Gratton: Dans L'Acadie, je suis certain que ma collègue
pourra en parler en connaissance de cause.
Donc, je me réjouis; enfin, sauf erreur, c'est le directeur
général des élections seul qui procédera à
la nomination des directeurs de scrutin dans les circonscriptions
électorales. Je dis bravo, sauf que, encore là, comme en ce qui
touche le rôle de surveillance du législateur sur les
dépenses, on a attendu beaucoup trop longtemps. Bien sûr, ce n'est
pas cela qui va nous amener à contester le bien-fondé de la loi
no 96; il y a certaines dispositions de la loi qui nous apparaissent encore
tortueuses, boiteuses. C'est à cette occasion que nous avons la chance
de poser des questions tant au directeur général des
élections qu'au directeur du financement des partis politiques, aussi
bien qu'au président de la Commission de la représentation qu'on
pourra ensemble trouver les moyens qui seraient de nature, dans un premier
temps, à faire en sorte que le droit du citoyen à exercer son
droit de vote le plus facilement possible soit
maintenu, mais que, pour ce faire, on n'ait pas à constater les
exagérations, sur le plan des coûts, qu'on a constatées et
qu'on constatera sûrement au cours des travaux de cette commission.
Le Président (M. Paré): M. le ministre. M.
Marc-André Bédard (réplique)
M. Bédard: M. le Président, je veux bien, et je
crois que cela est de bonne guerre, que l'Opposition se donne des
mérites, mais il y a quand même une limite. J'affirme sans aucune
crainte qu'aucun gouvernement du Québec n'a fait plus que nous, le
gouvernement du Parti québécois, pour améliorer la
qualité de notre vie démocratique. Ce n'est pas seulement une
déclaration, les faits sont là. Depuis 1976, c'est-à-dire
depuis que le Parti québécois assume la responsabilité
gouvernementale, des gestes concrets, pas des promesses, ont été
posés, pour améliorer cette vie démocratique. Je pense
entre autres au financement des partis politiques; à la
télédiffusion des débats, à la
dépolitisation du découpage de la carte électorale,
à la Loi sur les consultations populaires, à la nouvelle loi
basée sur la primauté de l'électeur, nouvelle loi
électorale adoptée à l'unanimité de cette
Assemblée nationale. Je dirais également l'amélioration au
niveau de la nomination des directeurs de scrutin, parce que si tout
n'était pas parfait, la preuve en est que nous en arrivons avec une
formule définitive telle qu'elle a été
suggérée par l'Opposition. C'est dans ce sens que je dis qu'on
peut se prendre des mérites, mais il y a des limites à s'en
prendre. Je pense aussi à toute la Loi sur l'accès à
l'information, en fait, tous des instruments très importants qui ont
été mis en place par le gouvernement du Parti
québécois aux fins d'améliorer la qualité de notre
vie démocratique. Je pense que ce bilan ne souffre aucune comparaison
avec les gestes parsemés et les promesses non réalisées en
cette matière par le gouvernement qui nous a
précédé, à savoir le gouvernement
libéral.
Rappelons-nous que c'est le Parti québécois qui a
réalisé la promesse de l'ex ou futur chef du Parti libéral
de réformer le système des caisses électorales. Tout ce
que nous avons trouvé, à notre arrivée, c'est un projet
plein de trous qui était placé en 18e place dans les
priorités. Pourtant, nous avons procédé à une
réforme dont tout le monde est bien fier maintenant. Ce n'est pas parce
qu'il y a des problèmes concernant le coût, l'administration qu'on
doit essayer de rejeter du revers de la main l'ensemble de
l'amélioration de la vie démocratique faite par les lois que nous
avons proposées jusqu'à maintenant.
Je pense que si nous n'avions pas assumé le pouvoir, nous n'en
serions pas aujourd'hui à discuter du raffinement, de
l'amélioration de réformes qui s'imposaient depuis longtemps et
que nous avons faites, mais nous en serions encore à l'époque de
l'arbitraire total qui existait avant notre arrivée. M. le
Président, je ne veux pas en faire un débat plus partisan, mais
il y a des limites à profiter de la commission parlementaire pour se
permettre de se faire dire n'importe quoi sans au moins apporter une
réplique sur cet aspect. Je ne crois pas faire le consensus des membres
de la commission parlementaire, mais j'espère qu'on a encore droit, au
niveau gouvernemental, à nos opinions et à nos
appréciations autant qu'en ont droit les membres de l'Opposition. Quand,
depuis le début de la commission, on arrive avec un argument qui est
dans le sens de dire: Vous auriez dû suivre l'idée que nous avions
mise de l'avant lorsque nous avons discuté la Loi sur le financement des
partis politiques selon laquelle tout cela aurait dû être dans une
même unité administrative.
M. le Président, avec tout le respect que j'ai pour... Je suis
d'autant plus à l'aise pour le dire que je ne suis pas celui qui a
piloté cette loi. Je faisais partie du gouvernement qui la proposait et
je suis tout à fait à l'aise de dire que ma conviction est que
c'était une très bonne décision de mettre sur pied des
organismes différents en ce qui a trait à la loi dans une
première étape, en ce qui a trait à la loi du financement
des partis politiques, également, à la commission de la
représentation électorale. Je le crois, je le dis comme je le
pense et je ne vous demande pas d'être d'accord avec moi; je crois que
l'ampleur des réformes dont il était question à ce moment
justifiait cette décision. Il y avait également la
nécessité de faire un grand ménage dans les moeurs
électorales, concernant le financement des caisses de partis politiques
et c'était un grand ménage, je le dis bien. Parce que, quelles
que soient les améliorations que le gouvernement précédent
avait pu amener ou apporter à notre processus électoral,
j'espère au moins qu'on n'aura pas la prétention de nous dire
qu'on avait fait le grand ménage, concernant le financement des caisses
de partis politiques.
Je crois également que cela a été une bonne
décision, parce que dans les deux ou trois années au cours
desquelles ces organismes ont été en fonction, ils ont
réussi à mettre toute la pression qui était
nécessaire, toute l'attention qui était nécessaire pour
une sensibilisation de la population, la mise en place de mécanismes
pour que cela fonctionne le plus valablement possible. Il y a même eu,
depuis la mise en place de ces organismes, une augmentation des
responsabilités, en cours de route; je pense, par exemple, à la
loi sur les élections
dans certaines municipalités. Et le bilan au bout de tout cela,
c'est que chacun des représentants, que ce soit au niveau de la
commission de la délimitation des circonscriptions électorales,
que ce soit au niveau du directeur général des élections
ou au niveau du directeur général du financement des partis
politiques... Je pense que nous en sommes à une étape où,
en fait, la bonne foi et le travail qui a été fait par ces
personnes ne sont pas mis en doute. Tout ce qu'on dit, c'est qu'il y avait lieu
de croire, tout au moins d'aller au fond des choses pour voir si, après
un certain temps, il n'y aurait pas avantage à faire cette
intégration, tout en demeurant convaincu que c'était une bonne
décision d'en faire des unités séparées
jusqu'à maintenant.
Je veux bien qu'on prenne des mérites, mais je dois rappeler que,
lorsque j'ai indiqué mon intention de regrouper ces organismes
électoraux dans un seul au mois de juin dernier, il n'y avait absolument
aucune discussion concernant les coûts du processus électoral.
Simplement, j'avais à ce moment l'intuition qu'on pouvait, avec le
temps, s'orienter vers des unités qui devenaient, du point de vue
administratif, de plus en plus complexes et volumineuses et qu'il allait de soi
qu'il y avait lieu de s'interroger. À ce moment, il n'y avait aucune
pression de qui que ce soit. Ne nous mêlons pas. Ce ne sont pas les
articles de journaux qui sont parus qui nous ont amenés à prendre
cette décision, elle était prise au mois de juin dernier, ni les
représentations de l'Opposition. Au mois de juin dernier, j'ai mis sur
pied un comité technique pour aller au fond des choses, ce qui a
été fait.
M. Gratton: On vous l'a dit il y a cinq ans. Vous ne nous avez
pas écoutés. On ne pensait pas que vous nous écouteriez
cette fois-ci.
M. Bédard: Ah! ah! ah! là, c'est la meilleure.
C'est la meilleure! En tout cas, je ne veux pas prolonger plus qu'il ne faut la
discussion, M. le Président, ni prendre plus de mérite qu'il ne
faut, mais, quand je vois qu'à un moment donné tout le monde a
l'air de tirer la couverte de son côté et qu'il y a une
réforme d'importance sur la table avec laquelle on dit être
d'accord et que tout le monde essaie de s'en attribuer le mérite, alors
qu'on sait très bien que toute l'idée...
M. Gratton: Le ministre me permettrait-il une question? Nous
reproche-t-il de reprendre les mêmes suggestions, les mêmes
propositions? Nous reproche-t-il d'être constants depuis cinq ans? On ne
demande pas qu'on reconnaisse un mérite à l'Opposition.
M. Bédard: M. le Président, ne nous mêlons
pas, il ne faut pas mêler les dossiers et les sujets d'intervention de
l'Opposition. Lorsque M. Parizeau, dont on rappelle une déclaration,
parlait, il parlait d'un sujet précis qui n'était pas
l'uniformité, qui n'était pas l'intégration des organismes
électoraux. Il parlait d'un sujet précis qui était le
contrôle des dépenses électorales.
M. Gratton: C'est ce dont j'ai parlé moi aussi.
M. Bédard: Ceci, il y a à peu près deux ans,
deux ans et demi. Dès le mois de juin dernier, on a fait tout ce qui
était nécessaire, parce que je pense que c'est globalement qu'il
fallait essayer de voir tout cela. Je ne pense pas qu'il y ait un retard quand
on regarde les années et les années au cours desquelles le Parti
québécois, alors qu'il était dans l'Opposition, a
demandé une réforme du mode de financement des partis politiques
sans que cela aboutisse à quelque résultat que ce soit. Il y a
une différence entre une déclaration faite il y a deux ans, deux
ans et demi en termes de délais... Déjà, nous avons
à faire l'étude d'un projet de loi qui mène à
l'intégration et à un sujet de préoccupation qu'on a,
à savoir essayer de mettre au point un mécanisme de
contrôle des dépenses qui tienne compte, d'une part, du besoin
d'autonomie et d'indépendance de nos organismes électoraux et,
d'autre part, du fait que ce sont des deniers publics et qu'il y a
possibilité de concilier cette indépendance nécessaire et
en même temps effectuer un contrôle des deniers publics qui
s'impose, cela va de soi. (15 h 45)
Concernant un autre point soulevé par le député de
Charlevoix, qui aurait pu laisser entendre que nous avions demandé une
sous-commission pour que les débats ne soient pas publics, je pense
pouvoir lui dire très honnêtement que telle n'était pas
l'intention et je crois qu'il prendra ma parole puisque, lorsque j'en ai
discuté avec le chef de l'Opposition, j'avais pensé à une
sous-commission qui permettrait, dans un premier temps, de déblayer, de
faire le tour du projet, d'y aller de suggestions en précisant
très bien à ce moment que tout cela déboucherait ensuite
sur une commission parlementaire, disons même une étude, article
par article du projet de loi au cours de laquelle étude nous pourrions
mettre à la disposition les personnes que nous avons ici aujourd'hui,
à savoir les directeurs généraux. Je pense qu'il n'y a
absolument rien à cacher, il y a simplement à essayer de
travailler ensemble pour améliorer le fonctionnement de notre processus
électoral et en même temps, pour autant que c'est possible, en
diminuer les coûts. Je pense que sur cela le député de
Charlevoix prendra ma parole.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Gatineau.
M. Gratton: II y avait une dernière question qu'avait
soulevée le député de Charlevoix, c'est-à-dire le
dépôt des études qui avaient été
demandées d'ailleurs à l'Assemblée nationale...
M. Bédard: Je puis vous dire que j'ai déposé
tous les documents que j'ai commandés et dont je me suis servi pour la
prise de décision.
M. Gratton: Oui, nous en convenons. Ce que nous avions
souhaité avoir de la part des directeurs généraux en
cause, ce sont les dossiers d'appui qui leur avaient permis de préparer
les rapports qu'on a eus.
M. Bédard: Je pense que toute la réflexion - et
c'est d'ailleurs dans ce sens que j'avais fait le nécessaire pour que
soit mis sur pied un comité technique qui a produit un rapport
volumineux, comme vous le savez - à partir du rapport du comité
technique, que nous avons tous les éléments nécessaires
pour pouvoir nous faire une idée, tous les éléments
nécessaires surtout pour pouvoir poser les questions pertinentes si nous
croyons devoir aller plus loin.
Également, lorsque je parle - je suis peut-être un peu en
dehors du sujet ordre -mais ce que nous faisons, aujourd'hui, est un peu
à l'image de ce que pourrait être une commission parlementaire que
nous prévoyons dans le projet de loi qui permettrait d'interroger les
principaux responsables. Nous aurons l'occasion d'en discuter plus tard, mais
le mécanisme d'une commission parlementaire que nous avons pensé,
devant laquelle seraient produites les prévisions budgétaires ou
extra budgétaires du directeur général des
élections nous permettront de faire une analyse en profondeur qui nous
permet de concilier, encore une fois, le respect de l'indépendance des
organismes et le désir de faire les vérifications
nécessaires sur l'utilisation des biens publics. Je le proposerai
à un moment donné. Peut-être qu'il y aurait lieu, afin que
les membres de cette commission aient tous les moyens en main pour faire les
vérifications nécessaires, qu'ils aient le droit de recourir aux
expertises du Conseil du trésor. Nous en discuterons plus tard afin que
les députés qui feront partie de cette commission parlementaire
aient tous les moyens nécessaires pour faire les vérifications,
lors des auditions du directeur général des élections.
Est-ce que cela répond? Pour tous les documents...
M. Gratton: Cela ne me satisfait pas, mais cela répond
à ma question.
M. Bédard: Oui, mais quel autre document voulez-vous?
M. Gratton: Vous voulez que je sois franc...
M. Bédard: Peut-être que vous pourrez poser des
questions...
M. Gratton: Bien oui, c'est ce qu'on se propose de faire.
M. Bédard: Vous me demandez si je vous ai produit tous les
documents que j'ai commandés et qui m'ont servi dans la prise de
décision, ils sont produits intégralement. Je suis même
allé, avec la permission des personnes concernées, jusqu'à
déposer les communications confidentielles qui avaient été
nécessaires lorsque je leur ai demandé de faire valoir leur point
de vue, celui de chacun des directeurs généraux des organismes
concernés. Avec leur permission, j'ai même pu déposer ces
communications confidentielles. Il est difficile d'aller plus loin.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Charlevoix.
M. Mailloux: Je n'ai pas à mettre en doute la parole que
vient de donner le ministre quant à la sous-commission dont il a
été question, dans mes notes préliminaires, ce matin. Dans
la mesure où le gouvernement avait dans l'esprit que c'était une
commission pour faire un premier tour d'horizon quitte à ce qu'elle
devienne publique.
Nous sommes prêts, quant à nous, à entendre le
directeur général des élections.
Le Président (M. Paré): D'accord. Nous allons
maintenant entendre les représentations du directeur
général des élections par M. Pierre P. Côté,
directeur général.
Je vous inviterais, M. Côté, avant de faire connaître
vos représentations, à identifier les personnes qui vous
accompagnent, s'il vous plaît.
Directeur général des
élections
M. Côté (Pierre-F.): À ma droite, c'est M.
Jean Lambert, qui est directeur de l'administration, Mme Thérèse
Fortier, directrice des communications, M. Eddy Giguère, qui est mon
adjoint à Québec, M. Paul-René Lavoie, qui est l'adjoint
à Montréal.
Evidemment, il y a d'autres personnes à l'arrière qui sont
là pour nous porter assistance. Avec votre permission, M. le
Président, j'aimerais qu'on distribue à chaque membre de la
commission le texte de mon
intervention. Cela permettrait à chacun de suivre et de prendre
les notes qu'il jugera à propos. Cela sera peut-être plus facile,
un peu moins fastidieux, car c'est une lecture qui peut être un peu
longue. Si j'avais votre permission, on pourrait distribuer
immédiatement une copie de ce texte.
Le Président (M. Paré): Oui, vous pouvez faire la
distribution de votre texte, M. Côté.
La parole est à vous, M. Côté.
M. Côté: M. le Président, MM. les membres,
avant de vous soumettre quelques réflexions sur le projet de loi no 96,
il m'apparaît nécessaire d'aborder certaines questions qui ont
fait l'objet d'interrogations ces derniers temps. Au préalable, je
voudrais souligner qu'il m'est apparu d'une importance capitale de vous
communiquer directement les commentaires qui suivent plutôt que de les
livrer aux médias d'information en premier lieu. La fonction que
j'occupe en est une relevant directement de l'Assemblée nationale et
j'ai l'habitude de dire que j'ai 122 patrons.
Vous avez en main le texte de la proposition de regroupement que j'ai
formulée au mois d'août 1982. Y était jointe une annexe sur
la personne désignée -persona designata - et je crois
nécessaire de revenir sur cette question.
Je vous rappelle que l'expression persona designata ou personne
désignée signifie le fait pour l'Assemblée nationale de
confier à une personne la responsabilité de faire quelque chose
à sa place. Les caractéristiques propres d'une personne
désignée par l'Assemblée nationale pour agir à sa
place sont les suivantes: 1. Les décisions de cette personne sont sans
appel, sauf auprès de l'Assemblée nationale elle-même. 2.
Cette personne jouit d'une complète autonomie d'action, sauf tout mode
de contrôle que veut bien exercer l'Assemblée nationale
elle-même. 3. Cette personne est en relation d'autorité directe
avec l'Assemblée nationale.
Cette dernière caractéristique a une conséquence
extrêmement importante: rien ne doit s'interposer dans cette relation
d'autorité. Ni le pouvoir exécutif, ni le pouvoir judiciaire ne
peuvent exercer quelque mode de contrôle que ce soit sur la personne
désignée. Accepter, par exemple, que le gouvernement -
l'Exécutif - contrôle le directeur général des
élections, serait une grave atteinte à la suprématie de
l'Assemblée nationale. Et je cite à cet effet un extrait d'un
éditorial de M. Pépin dans Le Soleil.
Ces notions juridiques que je viens d'invoquer peuvent paraître
difficiles de compréhension et donner l'impression d'être des
arguties légales. Il n'en n'est rien. La personne désignée
est une réalité qui fait partie de l'essence même du
pouvoir législatif. Amoindrir ce pouvoir et ne pas le reconnaître
dans les faits, c'est porter atteinte à l'institution qui est le premier
fondement de la démocratie, à savoir l'Assemblée nationale
elle-même. On en retrace l'origine en droit parlementaire britannique en
1626.
La proposition de regroupement que j'ai soumise est basée sur la
préservation du statut de personne désignée.
Il est bien évident qu'une personne désignée ne
peut agir selon son bon vouloir et sans aucune forme de contrôle. Cela
dépasserait l'entendement et le simple bon sens. C'est à
l'Assemblée nationale elle-même qu'il appartient de fixer ces
contrôles.
Le premier contrôle, et de loin le plus important, est la
rédaction et l'adoption par l'Assemblée nationale des lois dont
elle confie la responsabilité à une personne
désignée. La mise en application de ces lois requiert,
évidemment, les sommes d'argent nécessaires pour les administrer.
Deux raisons fondamentales autorisent le Directeur général des
élections à puiser à même le fonds consolidé
du revenu les sommes d'argent nécessaires pour la mise en application
des lois qu'il administre. Premièrement, l'économie actuelle de
la Loi sur l'administration financière fait en sorte que le
contrôle de tout crédit voté par l'Assemblée
nationale est confié au pouvoir exécutif par le biais du Conseil
du trésor. Accepter alors que le budget du Directeur
général des élections soit voté, cela n'irait-il
pas à l'encontre du statut d'indépendance que celui-ci doit avoir
face au pouvoir exécutif? Deuxièmement, un budget ne peut
être adopté ou voté que pour couvrir des dépenses
prévisibles. Or, il est impensable d'inscrire dans les prévisions
budgétaires du Directeur général des élections le
coût anticipé d'élections générales ou
d'élections partielles, puisque la date pour la tenue de tels
événements n'est pas connue, leur déclenchement
étant la seule et unique prérogative du premier ministre, selon
notre tradition parlementaire.
Le projet de loi qui est devant vous prévoit que je devrai
déposer des prévisions budgétaires et certains modes de
contrôle. Je suis parfaitement d'accord sur ces dispositions, mais j'y
reviendrai plus loin.
Je crois nécessaire de porter à votre attention des
données fondamentales qui ont trait aux coûts encourus pendant les
deux dernières années pour l'administration du système
électoral. Un rapport du comité technique d'évaluation des
institutions et organismes reliés à l'administration des lois
électorales de septembre 1982, dont les données
financières les plus percutantes ont été largement
reprises par les médias
d'information, suscite, à bon droit, des interrogations. Avant de
les aborder, vous vous rappellerez sans doute que ces chiffres n'ont rien
d'inédit, puisqu'on retrouve les dépenses réelles des
trois institutions en question, pour l'exercice budgétaire 1980- 1981,
dans les comptes publics 1980-1981 aux pages 1-100 et 101, et une estimation de
leurs dépenses réelles, pour l'exercice 1981- 1982, dans le livre
des crédits déposé à l'Assemblée nationale
au mois de mars 1982, à la page 10-7.
Évidemment, vous connaissez bien ces documents. D'autre part, on
retrouve des chiffres précis, relativement aux événements
électoraux qui ont eu lieu au cours de ces années, dans les deux
rapports annuels que je vous ai transmis pour les années 1980 et 1981.
Pour faciliter l'analyse, retenons les chiffres qui se retrouvent dans le
rapport du comité technique dont vous avez reçu copie. Les
données les plus essentielles se retrouvent d'ailleurs dans les
documents publics mentionnés précédemment.
Le total des dépenses des trois institutions responsables du
système électoral pour une période de deux ans
s'élève à 86 700 000 $. De cette somme, 73 100 000 $ ont
été dépensés au titre des lois dont j'ai la
responsabilité administrative. Comment se répartit cette somme?
Le tableau suivant nous l'indique. Alors, référendum 1980: 18 000
000 $; recensement 1980: 16 000 000 $; élections partielles de novembre
1980 et d'avril 1982: 1 100 000 $; élections générales
1980: 22 600 000 $; sections de vote 1981: 400 000 $; préparation des
listes électorales, matériel électoral et formation du
personnel électoral: 2 000 000 $, pour un total de 60 600 000 $ ou
82,9%.
Les dépenses de fonctionnement pour les deux années
précitées s'élèvent donc à 12 500 000 $,
soit 6 300 000 $ pour l'exercice 1980-1981 et 6 200 000 $ pour l'exercice
1981-1982. Ces dépenses de fonctionnement représentent seulement
17,1% de l'ensemble des dépenses du Directeur général des
élections, la différence, comme on vient de le voir, soit 82.9%,
étant imputable à la tenue d'événements
électoraux.
Quoi qu'il en soit, nous traiterons plus attentivement de la question
des dépenses de fonctionnement lorsque nous aborderons le chapitre des
ressources humaines et matérielles du directeur général
des élections. Pour le moment, attardons-nous aux dépenses
effectuées au titre des événements et, pour ne pas
procéder à une analyse trop fastidieuse, nous regarderons
uniquement les coûts des élections générales du 13
avril 1981. (16 heures)
Le tableau 1 de la page suivante reproduit la page 33 de mon
deuxième rapport annuel. J'y ai cependant ajouté, en regard des
montants, les références légales qui commandent ces
déboursés. Avec votre permission, je passerai rapidement
par-dessus ce tableau, si c'est nécessaire, nous pourrons y revenir
subséquemment. Je suis maintenant à la page 7 de mon texte.
Par ailleurs - et vous êtes les premiers à le savoir - les
nouvelles législations électorales comportent des
nouveautés. Analysons de plus près quelques unes de ces
nouveautés convenues dans la Loi électorale adoptée
à l'unanimité en décembre 1979.
Le tableau suivant présente les coûts estimés de ces
nouveautés: cartes de rappel: 495 000 $; manuel de l'électeur:
736 000 $; vote des détenus: 150 000 $; avis de vote par anticipation:
40 000 $; bulletins de vote: 75 000 $; élargissement du vote par
anticipation: 402 000 $; accessibilité aux handicapés: 60 000 $;
information: 700 000 $; aides: 500 000 $; bureaux des directeurs de scrutin:
100 000 $; distribution des listes: 75 000 $; location des bureaux de vote:
moins 467 000 $ - ce n'est pas une somme qui s'ajoute, mais qui se soustrait
parce qu'on n'avait pas à défrayer la location des bureaux de
vote auprès des commissions scolaires, selon une des nouveautés
de la Loi électorale - et vous avez le détail, évidemment,
en dessous de chacun des titres que je viens de vous donner, ce qui fait un
total, pour les nouveautés, dans la nouvelle Loi électorale, de 2
866 000 $.
Un coût supplémentaire - ce n'est pas une nouveauté
- pourrait s'ajouter à ce tableau. Au Québec, en effet, les
représentants des candidats sont rémunérés. Le
tableau I, à la page 6 de ce texte, celui que nous avons passé
rapidement tout à l'heure, démontre que ce coût s'est
élevé à 2 408 805 $ pour l'élection du 13 avril
1981. On pourrait envisager d'autres économies: par exemple,
procéder à la révision des listes électorales comme
cela se fait habituellement selon la loi électorale du Canada. Il en a
coûté 3 411 484 $ pour effectuer la révision des listes
électorales lors des élections du 13 avril 1981. Les coûts
estimés de la révision des listes électorales au
Québec pour les élections fédérales sont de 800 000
$, d'où une différence de 2 611 484 $. J'attire
immédiatement votre attention à la note au bas de la page.
Exceptionnellement, la révision de la liste électorale
lors des élections du 18 février 1980 a coûté 2 800
000 $ puisque cette élection n'a pas été
précédée d'un recensement comme c'est le cas
habituellement, la façon de procéder s'inspirant largement des
procédures suivies pour une seconde révision au Québec, le
directeur général des élections du Canada me disant
d'ailleurs que cette solution, il l'avait adoptée suite à
l'expérience québécoise.
Le tableau qui suit vous donne le détail des coûts de la
révision au Québec et de celle au Canada, pour une
différence de 2 611 484 $. Si l'on veut ajouter un autre
élément de comparaison avec le fédéral, il faut
souligner que la distribution des listes électorales a
coûté, aux dernières élections
générales au Québec, la somme de 512 729 $. Au
fédéral, cela ne coûte rien, Postes Canada n'envoyant pas
de facture pour ce faire. Cela ne sera plus vrai à l'avenir.
De plus, il faut se rappeler qu'il y a, au Québec, 47
circonscriptions électorales de plus qu'au fédéral pour le
même territoire. Cela entraîne des coût
supplémentaires non seulement en termes de la différence du
nombre de députés, avec ce que cela signifie en traitements,
etc., mais également pour l'administration des lois électorales.
Un ordre de grandeur de 1 500 000 $, dans ce dernier cas, ne serait à
cet égard certes pas exagéré.
En résumé, sans les nouveautés et les
différences des coûts équivalents au fédéral,
à savoir: les nouveautés de la Loi électorale pour les
sommes que j'ai mentionnées, 2 866 000 $; la rémunération
des représentants des candidats: 2 408 000 $; les économies
potentielles si l'on modifiait le mode de révision: 2 600 000 $; la
distribution des listes électorales: 512 000 $; les 47 circonscriptions
électorales de plus qu'au fédéral: 1 500 000 $, on en
arrive à un total de 9 899 018 $.
Ces chiffres nous amènent à constater qu'il existe des
différences substantielles entre la Loi électorale du
Québec et celle du Canada qui totalisent des coûts
supplémentaires pour le Québec de l'ordre de 9 800 000 $. Cette
analyse des chiffres des élections fédérales au
Québec peut nous amener à déduire que ces coûts sont
à peu près équivalents aux coûts des
élections générales au Québec si l'on déduit
les nouveautés et les différences qui précèdent.
Cependant, gardons-nous bien de tirer précipitamment une semblable
conclusion. Est-il vraiment équitable de procéder comme je viens
de le faire, à savoir procéder à des comparaisons entre
deux systèmes électoraux qui ont leurs caractéristiques
propres, qui sont différents et dont l'un est principalement axé
sur l'électeur et l'autre sur le candidat? Je trouve malheureux que l'on
ait, ces derniers temps, procédé à des comparaisons
hâtives qui résisteraient difficilement à une analyse
rigoureuse.
Les lois électorales du Québec sont conçues non pas
en premier lieu pour établir les balises de l'élection d'une
personne à l'Assemblée nationale, mais, avant tout, elles visent
à ce que les électeurs puissent remplir leur devoir
démocratique d'une façon libre, éclairée et en
pleine connaissance de cause. Il y a donc dans nos lois des barèmes, des
normes, des exigences d'information et une foule de dispositions pour
éliminer le plus possible toute forme de fraude et faire
disparaître toute gabegie. Bien que cela puisse paraître
obséquieux de ma part, je crois devoir vous dire que l'Assemblée
nationale, en votant les récentes lois électorales, a fait preuve
d'une ouverture d'esprit et d'un sens démocratique très
avant-gardiste en mettant l'accent sur la prééminence des
électeurs sur toute autre considération.
Me permettrait-on de citer l'éditorialiste de la Presse, M.
Vincent Prince? "Il n'est pas question ici de critiquer la législation
qui a permis de démocratiser, en somme, l'exercice du droit de vote dans
la province et d'assurer, du même coup, une chance à peu
près égale pour toutes les formations politiques de faire tenir
leur message à la population. Au contraire, il faut reconnaître
que nos institutions ne peuvent que s'en porter mieux et que ce serait un crime
de vouloir retourner en arrière. S'il faut apporter des modifications
à ces législations, ce doit être plutôt dans le but
d'assurer davantage l'intégrité du processus électoral et
l'égalité des partis devant la loi."
Ces dernières semaines, on a répété à
satiété que cela coûte cher, c'est vrai. Si l'on veut
diminuer les coûts de façon substantielle, il faudra rayer de la
loi les dispositions qui sont inédites et d'avant-garde. Il faudra en
changer la philosophie.
Est-ce à dire qu'il n'y a pas possibilité d'envisager des
économies dans le cadre des dispositions actuelles de la loi? Je crois
que oui, à la condition de procéder avec circonspection et
après de sérieuses analyses pour ne pas affecter la
qualité actuelle du système électoral, tout en
préservant l'indépendance du directeur général des
élections qui doit répondre directement devant l'Assemblée
nationale. D'ailleurs, la possibilité de faire des économies
existe et, depuis quelque temps déjà, j'ai adopté une
série de mesures administratives qui ont pour but de restreindre les
dépenses de fonctionnement, compte tenu du contexte économique
actuel.
Ainsi, j'ai notamment procédé à une
réduction sensible des effectifs temporaires à la suite d'une
révision de certaines procédures administratives: photocopieurs,
gardiennage, stationnement, téléphonie et le reste, et une plus
grande rationalisation a été apportée au niveau de la
confection et du nombre des sections de vote. La dernière
révision de nos sections de vote a permis de réduire de 463 le
nombre de celles-ci, ce qui aura pour effet de diminuer le coût du
prochain recensement annuel de 65 000 $ -moins de recenseurs et de
réviseurs - et celui de la prochaine élection
générale de 120 000 $. Puisque ce seront autant de
bureaux de vote de moins, ces dernières économies
totaliseront 186 000 $, comme l'indique le tableau suivant.
Toujours relativement à l'utilisation des deniers publics, je
crois nécessaire de vous souligner le souci que j'ai d'administrer les
lois électorales de façon très rigoureuse à
l'égard des déboursés pour en assurer la
réalisation. J'ai établi, avec l'aide de mes collaborateurs, des
contrôles et des procédures rigoureuses afin d'être en tout
temps en mesure d'en rendre compte. Sans y être contraint, j'ai, par
exemple, signé un protocole avec le Contrôleur des finances;
j'applique volontairement un grand nombre de politiques administratives
gouvernementales, par exemple, celles qui ont trait aux frais de voyage. De
plus, j'ai établi une politique d'achat plus rigoureuse que celle
présentement en cours au gouvernement (exemple: tout achat
au-delà de 250 $ doit se faire par appel d'offres écrit
auprès d'au moins trois soumissionnaires alors que la Direction
générale des achats du ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement fixe cette somme à 2000 $).
En outre, le bon sens le plus élémentaire m'a toujours
amené non seulement à agir avec prudence sur le plan
administratif, mais à demander conseils et avis dans les domaines
où je ne suis pas spécialisé tel que ce fut le cas, par
exemple, pour l'acquisition de l'immeuble du carrefour La Pérade, comme
nous le verrons ultérieurement.
Il est très significatif, à ce propos, que le
Vérificateur général m'ait adressé, si j'ose
employer cette expression, des "certificats de bonne conduite", l'un en date du
19 mars 1982, et l'autre, tout récemment, en date du 23 août 1982,
qui témoignent de la qualité de la gestion. Vous trouvez, en
annexe, copie de ces lettres.
On a cité le chiffre de 29 907 000 $ pour assurer le
fonctionnement de la démocratie au Québec pour l'exercice
financier se terminant le 31 mars 1982.
On s'est même permis de faire une comparaison avec les
dépenses effectuées au fédéral pour couvrir la
même période. On a évidemment oublié qu'au cours de
cet exercice financier, il n'y a pas eu d'élection
générale fédérale. Comparer 29 000 000 $ au
Québec avec 3 700 000 $ au fédéral relève, dans ce
contexte, de la haute fantaisie.
En fait, il s'agit d'une somme de 29 928 887,41 $
présentée à la page 145 du rapport technique.
De cette somme, 21 893 778,61 $ sont imputables au directeur
général des élections.
Qu'en est-il? Voyons le tableau V à la page suivante qui est
reproduit de façon corrigée la page 100 du même rapport.
J'ai dit "corrigée" parce que les chiffres sont plus précis.
On y constate qu'il faut réduire de ce montant la somme de - ici,
je vous demande de faire une correction - non pas 14 734 127,48 $, mais bien 15
734 127,48 $ imputable à des événements dont 13 465 510,67
$ pour une partie des élections générales du 13 avril 1981
imputables à l'exercice budgétaire 1981-1982.
Si vous voulez jeter un coup d'oeil au tableau de la page 12, vous
retrouverez le détail des chiffres que je viens de vous mentionner. Je
passe à la page 13.
Il reste donc la somme de 6 159 651,13 $ au titre des dépenses de
fonctionnement.
Les plus gros postes de ce montant se retrouvent dans les
catégories "traitements" et "autres rémunérations" pour un
total de 3 645 857,93 $.
Il faut également déduire de ces 6 159 651,13 $ la somme
de 733 436,09 $ qui est déboursée pour l'immeuble occupé
par le directeur général des élections et la Commission de
la représentation électorale, situé au 3460 La
Pérade à Sainte-Foy. Ces coûts pourraient tout aussi bien
émarger au budget du ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement comme cela est le cas pour les entités
administratives publiques, mais, pour des raisons invoquées plus loin,
ils sont défrayés par le directeur général des
élections.
Donc, si on exclut pour le moment la question des effectifs que nous
aborderons immédiatement dans les prochaines lignes, les dépenses
reliées à l'immeuble La Pérade, le problème - si
problème il y a - gravite autour de 1 700 000 $. Nous sommes loin du 29
928 887 $ de départ.
Examinons maintenant l'aspect des ressources humaines pour voir ensuite
rapidement un des aspects des ressources matérielles. (16 h 15)
La question des effectifs qui a fait l'objet de commentaires de toutes
sortes laisse croire qu'il y a une forte disproportion entre le nombre de
personnes qui collaborent à l'administration des lois électorales
au Québec et celles qui le font à Ottawa.
Il faut d'abord se rappeler, comme vous l'avez constaté par des
commentaires de coûts cités précédemment, qu'il faut
procéder avec beaucoup de prudence et de discernement en
établissant ces sortes de comparaisons. Pour les trois institutions, les
effectifs totaux au 31 mars 1982 se chiffraient à 251 personnes,
réparties de la façon suivante; vous avez le tableau qui suit. En
ce qui concerne les effectifs du directeur général des
élections, plusieurs facteurs expliquent cette situation. Regroupons-les
sous trois grands chapitres: Premièrement, une succession ininterrompue
d'événements électoraux et d'activités depuis
quelques
années. Deuxièmement, des responsabilités accrues
et permanentes. Troisièmement, des fonctions d'encadrement administratif
pour assurer la gestion d'activités réparties dans un
réseau de 122 circonscriptions électorales.
Depuis que l'institution du directeur général des
élections existe, jamais le Québec n'a connu une telle
concentration d'événements électoraux, et plus
particulièrement depuis 1979. Au cours des trois dernières
années, le directeur général des élections a
vécu la période la plus intensive de toute son histoire. Une
simple énumération non exhaustive est éloquente:
recensement en 1979, registre des électeurs, élections
partielles, référendum, sections de vote 80, nouvelles lois,
nouvelles cartes, recensement, quatre élections partielles,
opérations de vote 81, élections générales,
concours de recrutement, élections municipales, élections
partielles, opérations sections de vote, scrutins des Caisses d'entraide
économique, élections municipales.
La tenue consécutive de quatorze scrutins et de deux recensements
dans un cadre légal nouveau à partir de 1980 a
nécessité un travail considérable de préparation,
de réalisation et de suivi et en conséquence, le maintien
d'effectif proportionnel à une concentration si exceptionnelle
d'événements et d'activités. La page 87 du rapport
technique que l'on retrouve à la page suivante démontre
d'ailleurs que les sommets des graphiques illustrant l'évolution du
nombre des effectifs temporaires correspondent parfaitement aux périodes
d'événements électoraux. Si vous le voulez, nous pourrions
revenir subséquemment à ce tableau; il est assez éloquent
sur la fluctuation du personnel temporaire à mon bureau.
La croissance de ces effectifs est ensuite directement reliée aux
responsabilités accrues et aux nouveautés mentionnées
précédemment qui ont été conférées au
directeur général des élections par la nouvelle Loi
électorale. Celle-ci prévoit en effet et de façon fort
détaillée des responsabilités complètement
nouvelles pour le directeur général des élections. Pensons
par exemple à ses nouvelles responsabilités légales de
formation du personnel électoral; à ses responsabilités
particulières en information: production d'un manuel de
l'électeur, d'une carte de rappel, d'un avis de vote par anticipation,
d'une ouverture de centre de renseignements; aux responsabilités
découlant des nouvelles préoccupations de la loi pour des
clientèles spécifiques, tels les allophones et les autochtones;
aux nouvelles responsabilités issues de l'instauration du vote des
détenus, de la tenue obligatoire d'un concours de directeurs de scrutin;
au nouveau pouvoir d'enquête et de poursuite conféré au
directeur général des élections; aux opérations
supplémentaires nécessitées par l'inscription des
étudiants, travailleurs et personnes hospitalisées au lieu de
leur résidence temporaire, à celles nécessitées par
le vote par anticipation élargi.
Rappelons que la tenue d'un événement électoral tel
que le scrutin général du 13 avril 1981 nécessite la mise
en place d'un réseau ou d'une structure organisationnelle, dans tout le
Québec, qui regroupe 122 circonscriptions électorales et implique
la gestion de ressources humaines, matérielles et financières
touchant plus de 100 000 personnes dans des centaines d'activités
différentes. Ainsi, des efforts en vue de la tenue de cet
événement comme de tout autre événement
débutent bien avant l'émission du décret électoral
et se terminent bien après le jour du scrutin.
Il est bien évident que plusieurs s'interrogent sur les
occupations de mon personnel entre deux élections ou
événements. On a pu facilement constater que les entre-deux ont
été fort rares depuis 1979. En effet, la nature même des
responsabilités du directeur général des élections
implique que ce dernier doit être prêt en tout temps à tenir
un événement et pour ce faire, il doit veiller à la
planification, à l'organisation et à la mise en place de
contrôles des ressources utilisées. Ce sont là autant de
préoccupations constantes de la part de mon personnel, personnel qui
n'existe à vrai dire que pour répondre aux exigences
administratives que fait naître le réseau des 122 circonscriptions
électorales.
Ainsi, à titre d'exemple, il faut comprendre que les
employés permanents du service de la gestion financière ne
consacrent pas l'essentiel de leur temps à la préparation du
budget et à la comptabilisation des dépenses encourues par les
autres employés permanents du directeur général des
élections, mais plutôt à l'administration des
dépenses engendrées par le réseau des 122 circonscriptions
électorales. A titre d'exemple, soulignons que l'élection du 13
avril 1981 a entraîné plus de 150 000 transactions
financières. Il en est de même, bien sûr, pour toutes les
autres unités administratives.
Pour mieux comprendre cet aspect fondamental de l'organisation
administrative du directeur général des élections,
l'énumération des activités suivantes devrait permettre de
saisir davantage la nature et la portée pratique des
responsabilités nouvelles identifiées précédemment:
prévoir et élaborer des programmes de formation à
l'intention du personnel électoral, des officiers d'élection tels
que les recenseurs, les réviseurs et le personnel du scrutin;
élaborer, produire des outils de travail nécessaires à ce
personnel: formulaires et accessoires prévus par la loi, directives et
procédures opérationnelles et de contrôle; élaborer
et appliquer une politique
d'achat accompagnée de mécanismes de contrôles
rigoureux; établir un processus en vue de la réception, de
l'inscription, de la conduite des enquêtes et du traitement
général des plaintes; colliger les informations et les
statistiques dans le cadre d'études de nouveaux mécanismes
électoraux; évaluer les méthodes et les outils de travail
en vue d'y apporter les améliorations nécessaires après
chaque événement électoral; vérifier,
contrôler et procéder au paiement des dépenses
électorales et préparer des données d'analyse
financière; voir à la conception et à la production des
programmes de communications et élaborer et appliquer une politique de
gestion du matériel électoral.
Bref, tout observateur, qui ne prend pas conscience que le directeur
général des élections et son personnel permanent sont en
quelque sorte à la tète d'un réseau de 122
circonscriptions électorales faisant appel à des dizaines de
milliers de personnes en cours d'année, ne peut apprécier dans sa
juste perspective sa situation administrative et, partant, peut être
appelé à poser des jugements qui ne reposent pas sur la
réalité des faits.
En conclusion, ces responsabilités accrues ont obligé le
directeur général des élections à se doter d'une
infrastructure administrative permanente et diversifiée. Ce type
d'infrastructure n'était pas nécessaire auparavant. Le directeur
général des élections a donc jugé indispensable de
mettre sur pied des services en gestion, en communications, en recherche de
même qu'il s'est doté d'un service du contentieux. Il ne semble
pas qu'il y ait là des services inutiles. Devant des
responsabilités aussi considérablement accrues, il me fallait me
doter d'outils de saine gestion et de services adéquats pour les
électeurs.
Les effectifs du directeur général des élections du
Québec ne sont pas comparables à ceux de ses homologues des
autres provinces ni à ceux du Canada, et pour cause. Le système
québécois impose beaucoup plus de responsabilités à
son directeur général des élections. En
conséquence, il fallait des effectifs compétents et en nombre
suffisant pour faire face à des responsabilités nouvelles et plus
grandes.
Le regroupement prévu dans le projet de loi no 96 et le maintien
d'une certaine stabilité dans les lois électorales devraient
favoriser une organisation administrative plus rigoureuse et plus rationnelle
qui permettra de déterminer quels seront alors les effectifs requis pour
répondre aux exigences futures. Évidemment l'expérience
passée laisse songeur à l'égard d'une certaine
stabilité dans le domaine des lois électorales.
Je ne m'attarderai qu'à un aspect particulier concernant les
ressources matérielles, celui qui a fait l'objet récemment
d'interrogation, à savoir les bureaux du directeur général
des élections à Québec.
En ce qui concerne le coût supposément
exagéré des locaux que j'occupe présentement, voyons la
situation de plus près pour corriger les données erronées
qui ont été répandues. Les locaux du directeur
général des élections coûtaient mensuellement, en
1981-1982, 98 200 $; c'est ce qu'on disait. Il faut relativiser ce chiffre
puisqu'il inclut - donc, il faut l'en enlever - la somme de 40 900 $ qui se
rapporte à la location d'entrepôt pour le matériel
électoral que le directeur général des élections
doit tenir prêt en tout temps pour un scrutin ou un recensement, et pour
l'entreposage du matériel électoral que la loi l'oblige à
conserver après les événements électoraux. Il faut
de plus soustraire du montant de 98 200 $ des revenus de location de 3600 $. Il
en a donc coûté en déboursés mensuels au DGE pour
loger ses bureaux administratifs 53 700 $. Il faut aussi déduire de ce
montant de 98 200 $ le loyer du bureau de Montréal, soit 8927 $. Donc,
les dépenses mensuelles imputables au directeur général
des élections s'élevaient, en 1981-1982, pour ses locaux à
44 746 $.
Pour l'exercice budgétaire en cours, alors que la phase de rodage
inévitable pour tout nouvel immeuble est terminée, les frais
d'exploitation imputables au DGE sont estimés à 16 974 $ et le
remboursement de l'hypothèque est estimé à 18 050 $, ce
qui porte la mensualité en question à 35 024 $.
Bref, l'on peut affirmer aujourd'hui que le coût pour abriter les
bureaux administratifs du DGE représente moins de 10 $ le pied
carré, tout inclus, ce qui est plus que compétitif avec tout
autre espace locatif comparable du secteur privé et je dirais même
du secteur public.
L'acquisition de l'immeuble du 3460 rue de La Pérade a
été faite à la suite d'une étude économique
sérieuse qui concluait que cette transaction financière
était intéressante et avantageuse. Sans y être
obligé de quelque façon, j'ai cru sage de demander au Conseil du
trésor, qui était, comme par hasard, alors présidé
à l'époque par M. le député de la circonscription
électorale de L'Assomption, son opinion sur l'opportunité de
l'acquisition de cet immeuble. Le Conseil du trésor a émis une
opinion favorable à cette acquisition. Vous retrouverez ce CT en annexe
II.
Le propriétaire de l'immeuble a toutefois refusé de
céder les meubles au ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement, ne désirant faire affaires qu'avec le directeur
général des élections, qui avait signé un bail de
location comportant une option d'achat.
Le prix d'achat de l'immeuble La Pérade est de 3 200 000 $. Les
déboursés de l'acquisition se sont élevés en
1980-1981
et 1981-1982 respectivement à 676 000 $ et à 260 000 $,
tel que c'est indiqué à la page 133 du rapport du comité
technique. Il s'agit essentiellement de montants résultant de la
différence entre le prix d'achat et le solde hypothécaire et des
remboursements des hypothèques au cours de ces deux années.
Sans doute, par manque d'information, certains analystes se sont permis
d'ajouter ces sommes au prix d'achat.
Le tableau VII, qui suit présente l'évolution des
dépenses de fonctionnement du directeur général des
élections, depuis l'exercice budgétaire 1979-1980. Vous y voyez
des montants de 8 000 000 $, 7 000 000 $, 6 000 000 $, 5 000 000 $. Les 5 000
000 $ sont les prévisons des dépenses pour la prochaine
année.
Les deniers, qui apparaissent à ce tableau démontrent que
mon budget de fonctionnement a diminué de plus de 37% en quatre ans,
passant de 8 100 000 $ en 1979-1980 à 5 100 000 $ pour l'exercice
budgétaire en cours, soit l'estimation des dépenses
prévues dans le cadre des lois actuelles.
L'année de départ, 1979-1980, a été
principalement marquée par le. projet du régistre des
électeurs, par l'adoption de la nouvelle Loi électorale et
l'amorce de sa mise en oeuvre et surtout par la préparation intensive du
premier référendum au Québec, qui a eu lieu le 20 mai
1980.
L'évolution du budget de fonctionnement au fil des ans indique
clairement, d'une part, qu'au fur et à mesure que le directeur
général parvenait à maîtriser ou, si vous
préférez, à régler les nouveautés contenues
dans les lois, pour la tenue des nombreux événements
électoraux qui se sont succédé depuis cette date et,
d'autre part, à rationaliser, dans toute la mesure du possible, son
administration, ses dépenses de fonctionnement n'ont cessé de
décroître de façon remarquable.
Un lien direct existe donc entre les nouveautés des lois
électorales, la multiplicité des événements
électoraux, le contrôle et la rationalisation administrative et le
volume des dépenses de fonctionnement. Dans ce contexte, des diminutions
de 37% des dépenses de fonctionnement représentent une
performance hors de l'ordinaire.
Maintenir l'indépendance du directeur général des
élections ne signifie pas absence de contrôle. À ce sujet,
je me réjouis des dispositions du projet de loi no 96 qui obligera le
directeur général des élections à des
contrôles a priori et a posteriori, par une commission parlementaire.
En quoi ces contrôles sont-ils un pas en avant sur la situation
actuelle? C'est qu'ils affirment sans équivoque l'indépendance de
l'Assemblée nationale en exigeant du directeur général des
élections qu'il lui présente ses prévisions
budgétaires plutôt que de les acheminer au Conseil du
trésor, comme c'est le cas présentement. Ce nouveau mode de
contrôle impose l'obligation stricte à une commission
parlementaire d'étudier ces prévisions budgétaires, en
recourant, si elle le désire, à toute l'expertise dont elle
pourrait avoir besoin.
Jusqu'à maintenant, la commission permanente de la
présidence du conseil et de la constitution pouvait s'enquérir
des dépenses effectuées et recommander de nouvelles avenues
administratives, ce qui, malheureusement, à ma connaissance, n'a jamais
été fait. La collaboration des membres de cette commission,
annoncée dans le projet de loi no 96, sera très précieuse
dans l'étude des prévisions budgétaires et lors de
l'analyse des déboursés d'un événement
électoral. (16 h 30)
On fait beaucoup état, ces temps-ci, de l'imputabilité. Il
s'agit d'une notion de responsabilité associée à une
mesure quantifiable des résultats obtenus. Un des buts
d'imputabilité, c'est rendre les fonctionnaires directement imputables
de leur gestion devant l'Assemblée nationale.
Le directeur général des élections devient le
premier fonctionnaire - si on veut l'appeler ainsi - qui sera directement
imputable de sa gestion devant l'Assemblée nationale par
l'intermédiaire de la commission proposée dans le projet de
loi.
Il faut également souligner l'apport très important que
constitue le conseil consultatif dont le mandat actuel est élargi
à la Loi électorale et à la Loi sur les listes
électorales. Les membres de ce conseil joueront un rôle important
dans la compréhension de l'administration complexe et assez unique des
lois régissant le système électoral
québécois.
La nouvelle administration qui découlera de l'intégration
du système électoral exigera du directeur général
des élections de trouver et de mettre en application des mesures
concrètes d'économie. Des économies qui devront porter sur
la mise en application des lois et sur les dépenses de
fonctionnement.
Quelles sont les perspectives réelles d'économie pour
l'avenir? Dans le contexte économique et budgétaire actuel, il
faut en réaliser. Deux avenues s'offrent à cet égard:
La première est celle portant sur les obligations
découlant de l'application des lois actuelles incluant les coûts
encourus par les nouveautés ainsi que les coûts reliés
à l'actuel mode de révision des listes électorales ou les
coûts nécessités pour le paiement des honoraires des
représentants.
La deuxième est celle portant sur les effets de
l'intégration du système électoral particulièrement
au niveau des dépenses de fonctionnement.
Quant aux économies reliées à la
première avenue, il appartient au législateur d'en
décider, puisque c'est lui qui précise dans les lois les
procédures électorales à respecter au moment de la tenue
d'un événement électoral. Je suis cependant convaincu
qu'il faut faire preuve de sagesse et de beaucoup de prudence avant d'apporter
de profondes modifications à la présente législation qui
est hautement considérée, en particulier, par mes homologues du
fédéral et des autres provinces.
Quant à la seconde avenue, le regroupement envisagé par le
projet de loi 96 et une plus grande stabilité des lois touchant le
système électoral devraient permettre une meilleure utilisation
des ressources et, partant, des économies annuelles de l'ordre de 2 400
000 $ comme il est indiqué au Tableau VIII qui suit. Pour aider à
la compréhension de ce tableau partie A: Ressources humaines je vous
réfère à l'Annexe III qui présente un projet
d'organigramme et un résumé des principales vocations de chacune
des unités administratives. Ce document - l'annexe III -donne une vue
d'ensemble de la nouvelle structure administrative envisagée. Il va sans
dire que c'est à l'exercice que les réajustements
nécessaires seront apportés. Par ailleurs, il est bon de
souligner qu'advenant que le législateur décide de modifier le
contenu des lois électorales pour revoir certaines nouveautés,
cela entraînera inévitablement des économies, non seulement
au moment de la tenue des événements électoraux, mais au
niveau des dépenses de fonctionnement du directeur général
des élections. Une relation certaine existe entre la complexité
des lois dans ce domaine et les ressources permanentes requises pour les
administrer.
Vous avez au Tableau VIII l'estimation des économies potentielles
résultant de l'intégration d'administrations. Dans le cadre
actuel, avec 251 employés, la masse salariale est 7 164 000 $. Dans la
situation projetée, avec 174 employés - 161 et 13 temporaires -la
masse salariale projetée est de 5 176 000 $, soit une économie de
1 988 000 $. Je tiens à vous souligner que ce tableau, cette situation
projetée a été faite en partie - passez-moi l'expression -
au pifomètre parce que je ne connaissais pas suffisamment, de
façon assez détaillée et précise, la situation
à la Direction générale du financement des partis
politiques.
S'ajoutent à cela des économies estimées des
coûts ayant trait aux ressources financières et
matérielles.
Puisque l'édifice situé au 3460 de La Pérade
à Sainte-Foy, occupé par la DGE et la CRE, peut accueillir le
personnel nécessaire à l'administration de la Loi
régissant le financement des partis politiques, les aspects locatifs
ci-après identifiés deviennent superflus et représentent
des économies de 210 000 $. Alors, il s'agit des bureaux du DGFPP
situés à Montréal et Québec: 210 082 $. En outre,
pour ce qui est des autres dépenses au niveau des ressources
matérielles et financières, une étude sommaire
démontre - et j'insiste sur le mot "sommaire" - la possibilité de
réaliser des économies potentielles additionnelles de 150 000 $
à 200 000 $, pour un total de 411 287 $, dont des économies
potentielles totales de 2 399 282 $.
Cette estimation de 2 400 000 $ qui résulte d'une étude
sommaire de la situation doit être replacée dans son
véritable contexte, à savoir, les coûts globaux de
fonctionnement pour les trois institutions, qui sont de l'ordre de 10 000 000
$, basés sur une analyse des prévisions des dépenses pour
1982-1983. Les économies envisagées dans cette catégorie
de dépenses sont donc de l'ordre de 24%. Ce ne sont certes pas à
ce chapitre des économies de bouts de chandelles.
Peut-on envisager, aux plans des obligations légales, des
ressources humaines et matérielles, des économies substantielles
dans un proche avenir? À titre d'exemple, on pourrait envisager une
série de mesures qui, de prime abord, n'apparaissent pas entraîner
des économies d'envergure et qui ne pourront faire autrement que d'avoir
des effets d'entraînement. Par exemple, on pourrait diminuer le nombre de
copies des listes électorales remises aux partis politiques, on pourrait
procéder à la révision des listes électorales en
diminuant l'ampleur des efforts pour rejoindre tous les électeurs, en
diminuant les bureaux de dépôt, on pourrait réduire le
nombre des bureaux de vote par anticipation, on pourrait augmenter le maximum
de 300 électeurs par section de vote, diminuant ainsi les sections de
vote et partant, le nombre des bureaux de scrutin, des scrutateurs, des
secrétaires et des représentants. Cette dernière
suggestion, cependant, entraînerait une forte concentration
d'électeurs à la porte des bureaux de scrutin et exigerait de la
patience. Est-ce possible? On pourrait également ne plus
rémunérer les représentants des candidats.
Ce qui précède, vous le réalisez bien, ce ne sont
que des hypothèses de travail. Si quelques-unes sont menées
à terme, cela aura une conséquence sur les ressources humaines et
matérielles requises pour appliquer les lois électorales.
Cependant, tout en procédant résolument à des
économies, faisons-le de façon prudente pour que, d'une part, on
ne se retrouve pas dans des situations antérieures
désuètes et que, d'autre part, on n'agisse plus en fonction de
l'électeur, le premier et le dernier rempart de la
démocratie.
Il est tout à fait normal qu'on soit amené à
apporter, dans l'avenir, des
modifications aux lois régissant l'administration du
système électoral. En général, ces amendements ont
pour objet d'abroger certaines dispositions, d'en ajouter de nouvelles ou tout
simplement de les bonifier. Il m'apparaît très important de
recommander fortement que toute modification aux lois électorales soit
précédée d'une étude de
coûts-bénéfices qui non seulement approfondirait les
avantages ou implications, en termes d'implications financières, mais
surtout, qui en étudiera les implications en termes de la sauvegarde et
de la préservation du sens démocratique des citoyens dans le
respect absolu des libertés civiques.
Pour paraphraser Churchill qui disait que le système
parlementaire britannique est le pire des systèmes gouvernementaux, mais
qu'il n'y en a pas de meilleur, il faut à tout prix, pour continuer
à vivre dans un pays vraiment démocratique, préserver nos
libertés dans le respect des droits et privilèges de tous les
électeurs, même si cela comporte des sacrifices.
Dans la proposition de regroupement de l'administration du
système électoral que j'ai transmise à M. le ministre
Bédard le 31 août 1982, j'écrivais qu'il est requis qu'il y
ait unité de pensée, unité d'action et unité
administrative si l'on veut être certain de rendre un service
adéquat à la clientèle desservie: les électeurs,
l'Assemblée nationale et les municipalités. Je crois que le
projet de loi no 96 peut permettre d'atteindre cet objectif. Il va sans dire
que je suis à votre entière disposition pour répondre
à toute question qu'il vous plaira de me poser.
M. le Président, si vous me le permettez, je voudrais ajouter
juste un mot pour aviser que dans la lecture de ce texte, je n'ai pas
émis de commentaires concernant la Commission de la
représentation électorale, même si je suis membre de cette
commission. Je suis cependant disposé, là également,
à répondre aux questions, s'il y en a, et je me suis bien
gardé de faire tout commentaire concernant la Direction
générale du financement des partis politiques, la Direction
générale du financement des partis politiques, cette
responsabilité échéant à mon collègue.
Merci.
Le Président (M. Paré): Merci, M.
Côté. La parole est maintenant au ministre, si vous avez des
commentaires à faire.
M. Bédard: M. le Président, je
préfère laisser la parole à nos amis.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je pense que c'était
impossible pour le directeur général des élections de nous
faire parvenir ce document dans les jours précédents pour les
raisons qu'il a mentionnées. Cependant, la quantité d'information
qui est contenue dans le mémoire qui vient de nous être
livré aurait pu être de nature à nous permettre d'apporter
les interrogations les plus pertinentes à la question qui est devant la
commission de l'Assemblée nationale.
Au nom de l'Opposition, c'est mon intention de poser quelques questions
d'ordre général, mais je voudrais vous avertir
immédiatement que nous prendrons sûrement l'heure du souper pour
regarder nos notes et celles qui viennent de nous êtres fournies. Nous
voudrons probablement entendre les autres directions avant de demander que le
directeur général des élections, qui sera ici en
soirée également, puisse répondre à certaines
observations que nous voudrons faire. Vous comprendrez qu'en raison de
l'indépendance qui est attachée au poste de celui qui et devant
nous, avant de poser des questions qui pourraient prêter à
confusion dans le public, nous voulons nous assurer des questions que nous
voudrons poser.
Je comprends que la complexité des lois du Québec soit
à ce point avancée que cela amène le directeur
général des élections, dans l'application de ses lois et
dans l'information qu'il doit en donner au public, à des dépenses
assez importantes qui dépassent quand même celles qui sont connues
pour des lois différentes, dans d'autres Parlements, soit sur la
scène fédérale ou dans les provinces. Cependant,
j'entendais tantôt, à la lecture du document, que certaines
économies seront nécessairement faites par la fusion des
services. Je pense qu'on peut quantifier assez valablement ces
économies. Le directeur général des élections,
à la suite de la parution dans les journaux ou de ce qui a
été diffusé dans les jours ou les semaines
précédentes, a fait la démarcation entre l'importance de
certaines dépenses qui sont reliées à certains
événements, soit l'élection de 1981, le
référendum ou des élections partielles, et il a fait la
part entre les choses qui appartiennent à ces événements
particuliers et celles qui appartiennent au domaine administratif. Je pense que
nous en sommes conscients également.
Dans mes notes préliminaires, M. le Président, de ce
matin, il me semble avoir dit que nous comprenions que la complexité des
lois du Québec était à ce point avancée qu'on
comprenait par là qu'il y avait certaines différences avec
d'autres Parlements.
À la commission parlementaire qui a étudié la loi
2, de même que lors de la deuxième lecture de la loi 2, il y a -
je ne sais pas si on appelle cela un leitmotiv, mais, en tout cas, un propos
qu'on tient de manière constante - un propos qui est revenu dans la
bouche de certains parlementaires, du
ministre d'État à la Réforme électorale dans
le temps et dans la bouche des intervenants du Parti québécois.
Je ne veux pas revenir sur les remarques qu'on a faites tantôt sur ce qui
existait avant que le Parti québécois prenne le pouvoir ou
autrement. Tant mieux si les lois électorales ont été
améliorées après 1970. Cela ajoute à la
déclaration du député de Maisonneuve qui disait qu'il y
avait quand même eu un large pas de fait; il y a eu un très grand
pas de fait par la suite dans l'élaboration d'une nouvelle loi
électorale. (16 h 45)
II y a un argument dont on se servait pour dire: Vous ne devriez pas
mettre deux structures en place: une structure qui s'occupe du domaine
financier et une structure qui s'occupe du domaine juridique. On a
apporté l'argument qu'il fallait absolument que les
Québécois soient informés plus valablement qu'ils ne
l'étaient auparavant. Cela a été l'importance qu'on a
attachée au projet de loi no 2 et c'est l'argument que vous retrouvez
à toutes les pages du journal des Débats de la part du
député de Sainte-Marie, qui n'est pas ici mais qui y sera
peut-être tantôt. Tout le monde était heureux,
évidemment, que l'électeur puisse avoir l'information et qu'elle
lui soit prodiguée en période de campagne électorale
à toutes les étapes d'une telle campagne. Il y a une
première observation qui me vient à l'esprit parce que,
même si je voulais faire exception de l'importance rattachée
à une élection générale à l'intérieur
des dépenses inhérentes à cet événement, il
y a quand même des dépenses qui découlent des lois. Je
parle de la publicité et de l'information aux électeurs.
J'imagine que, dans l'esprit des membres du Parti québécois, au
moment où la loi no 2 a été présentée devant
l'Assemblée nationale, on voulait absolument rejoindre plus
d'électeurs, faire en sorte que le vote soit davantage donné dans
la boîte de scrutin pour que tout le monde puisse se prononcer
valablement.
La question que je me pose est la suivante, et je voudrais que le
directeur général des élections me dise ce qu'il en pense.
La campagne publicitaire du directeur général des
élections pour 1981 a coûté en seuls messages de radio et
de télévision et en imprimés le total de 1 595 000 $, cela
veut dire environ 14 000 $ par comté; pour la même période
électorale, les dépenses totales en publicité de toutes
sortes effectuées par les partis politiques sont de 1 600 000 $ ou
environ: rapport de dépenses électorales du directeur
général du financement en 1975-1976. Pour le Parti
québécois, ces dépenses de publicité ont
été de 791 000 $; pour le Parti libéral, de 795 000 $.
Comment le directeur général des élections peut-il
expliquer qu'on ait dépensé autant que l'ensemble des partis
politiques pour cette campagne d'information et de publicité pour
l'événement en question? Je regarde les élections
précédentes, alors qu'il y avait moins de publicité avant
cette loi. Le 29 avril 1970, on constate que l'électorat s'est
prononcé à 84.23%; en 1973, il s'est prononcé à
80.58%; le 15 novembre 1976, il s'est prononcé à 85.27%; le 13
avril 1982, il s'est prononcé à 82.52%; lors du
référendum, ç'a été 85.61%.
M. le Président, comment expliquer la nécessité
d'une dépense de 1 600 000 $, si on voulait rejoindre une meilleure
information, une meilleure publicité? Cela n'a modifié d'aucune
façon les habitudes des électeurs de se présenter et de se
prononcer. Les lois sont-elles si compliquées et est-ce que cela a
apporté les résultats escomptés à travers les
élections générales, les élections partielles, le
référendum? Et je fais abstraction des dépenses
d'administration, elles sont quand même incluses à
l'intérieur, si cela coûte 16 000 000 $ un
référendum, si cela coûte 12 000 000 $ ou 15 000 000 $ une
élection, il y a quand même les dépenses inhérentes
à la publicité et ces choses-là. Comme le pourcentage du
vote ne s'est pas modifié à travers les élections et les
événements, doit-on continuer à des coûts aussi
importants une telle information ou une telle publicité? Et l'autre
observation que je ferais avant de terminer ma question est la suivante:
Comment se fait-il que, dans d'autres provinces où les lois sont
forcément différentes, il n'y a peut-être de commune mesure
là, il ne semble pas qu'il y ait tellement d'infractions qui
apparaissent lors des événements électoraux plus que dans
le Québec? Comment peut-on justifier cela? Serait-ce nécessaire
de modifier les lois, si on n'a pas atteint les buts qu'on recherchait? Qu'on
regarde la loi no 2 comme il faut, à la commission parlementaire comme
en deuxième lecture, c'est ce qui est revenu comme constante
préoccupation du parti ministériel: meilleure information,
meilleure diffusion, faire en sorte que tout le monde puisse se prononcer plus
valablement.
Le Président (M. Paré): M. Côté.
M. Côté: La première réflexion qui me
vient à l'esprit, M. le député, est la suivante: d'abord,
je suis prêt à vous concéder que la somme qui a
été déboursée est considérable. Elle
l'était, à mon avis, parce qu'il fallait atteindre - je ferais
peut-être une distinction, mais cela pourrait nous amener loin, avec la
comparaison que vous avez faite quant aux dépenses des partis politiques
ou de chacun des députés - les 4 000 000 d'électeurs en
leur faisant part de façon très précise et explicite des
nouvelles caractéristiques de la Loi électorale.
Prenons certains exemples. Il a fallu faire publier des annonces ou des
avis pour être très explicites à l'égard, par
exemple, des bureaux de dépôt. Une des exigences de la Loi
électorale, c'est d'être inscrit sur les listes
électorales. Être inscrit sur les listes électorales, il y
a moyen de l'être sûrement, c'est par l'intermédiaire des
bureaux de dépôt. Nous avons augmenté le nombre des bureaux
de dépôt pour en faciliter l'accès aux électeurs. Le
nombre de bureaux de dépôt ayant augmenté, la publication
de ces adresses dans les quotidiens, dans les journeaux, a évidemment
été assez élevée.
Il y a une nouvelle disposition dont nous avons cru qu'il fallait
prévenir les électeurs d'une façon très
précise, parce que c'était tout à fait nouveau et que cela
facilitait non seulement le pourcentage du vote mais le vote lui-même,
cela a été l'ouverture des dispositions concernant le vote par
anticipation.
M. Mailloux: M. le directeur général, est-ce que
les bureaux avancés existaient dans la loi précédente?
M. Côté: Ils existaient, mais avec une limite
très restreinte à l'égard des personnes qui pouvaient y
avoir droit. La nouvelle loi dit que toute personne qui veut le faire peut y
aller. C'est le point sur lequel on a insisté au cours de la
dernière élection. Avant, cela se restreignait aux personnes qui
étaient dans le commerce ou qui travaillaient dans les chemins de fer.
La nouvelle disposition dit que toute personne qui est dans
l'impossibilité ou qui est incapable de se présenter le jour du
scrutin peut le faire le jour du vote par anticipation.
Un autre élément: les heures de votation ayant
changé, il fallait aussi en prévenir les électeurs.
L'article 18 de la loi oblige le directeur à publier le calendrier
électoral et les dipositions de l'article 8, qui ont trait aux
étudiants, aux personnes hospitalisées et aux travailleurs, qui
était aussi une nouveauté, il fallait, je pense, bien les
renseigner sur le choix qu'ils avaient de leur domicile.
Les autres dispositions de la publicité ont porté sur la
publication... Incidemment, je peux vous dire que celle qui a été
la plus appréciée, d'après ce qu'on a pu savoir des
électeurs, et cela nous étonne un peu, il faudrait
peut-être l'élargir, c'est la liste de tous les directeurs du
scrutin avec leur adresse. Je pense qu'elle a été la plus
appréciée, parce que cela a permis aux électeurs de savoir
qui était le directeur du scrutin et auprès de qui ils pouvaient
obtenir une information de première main concernant les dispositions de
la loi.
Évidemment, ce qui a coûté le plus cher, c'est
l'utilisation des messages de trente secondes qui ont été faits
à la télévision et a la radio, et surtout a la
télévision. C'est le plus gros point du million dont on parle. On
aurait pu ne pas procéder par la télévision et la radio,
mais on croit qu'on n'aurait atteint finalement que très peu
d'électeurs, parce que c'est le média par excellence, mais c'est
le média qui coûte le plus cher.
Je vais demander, si vous me donnez un instant, à ma directrice
des communications si je pourrais ajouter un ou deux éléments
supplémentaires aux informations que je viens de vous donner.
Mme Fortier me signale deux éléments: même si
le pourcentage du vote n'a pas augmenté aussi fortement, les chiffres
que je vous avais donnés tout à l'heure sont tout à fait
exacts, mais il n'y a jamais eu autant d'électeurs inscrits sur nos
listes électorales que lors des dernières élections.
D'autre part, en utilisant le média de la télévision, on
atteint de façon certaine 98% de la population, ce qui n'est pas le cas
en utilisant uniquement les quotidiens ou les journaux.
J'aimerais soulever un autre point. Vous avez posé une autre
question à la fin. Vous avez dit: Est-ce qu'il faudrait continuer? Et
j'aimerais peut-être vous soumettre une impression à cet
égard. Mon avis immédiat, c'est que, s'il y avait une
élection générale dans les prochains mois, je
répondrais: Non, il ne faut pas continuer de la même façon,
pour deux raisons. La première, c'est que par l'effort que nous avons
mis sur la nouvelle loi électorale, je pense qu'on a atteint notre but.
Je vois que la population sait maintenant qu'il y a de nouvelles dispositions
dans la loi électorale et qu'on ne devrait pas mettre le même
effort; cela, c'est certain. Cela, c'est la première raison et la
deuxième, c'est que le contexte économique actuel nous oblige
à être extrêmement et davantage prudent, à faire
attention davantage. C'est une obligation qui s'impose à toute la
population et elle va s'imposer dans mon administration, cela va de soi. Sans
cela, je serais fou à lier si je ne tenais pas compte d'une exigence
comme celle-là. Et je me dis par ailleurs qu'il faudrait peut-être
-et là, il va falloir faire appel à l'imagination trouver de
nouveaux modes de communication. Je vais vous en citer seulement un qui me
vient à l'esprit immédiatement en vous parlant et qui, je pense,
pourrait peut-être, en s'échelonnant sur une plus longue
période, donner des résultats efficaces sur le plan de
l'information.
Est-ce qu'on ne devrait pas, par exemple, s'efforcer de toucher
davantage les maisons d'enseignement, sur le plan de notre système
électoral, de notre système parlementaire? C'est un début
de... Je n'ose pas employer le mot "recherche" ou "étude" ou
"réflexion". Je sais que cela peut prêter à
confusion, on y reviendra, mais je dis qu'il faut
réfléchir là-dessus et qu'il faut se demander s'il n'y
aurait pas de ce côté quelque chose à faire qui pourrait
être moins dispendieux, par exemple, que l'utilisation massive de la
télévision.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Bédard: Autrement dit, c'est la question que j'allais
poser en corollaire. Autrement dit, maintenant que ces nouveautés qui
ont été votées, quand même, pour la plupart à
l'unanimité de l'Assemblée nationale, sont connues de l'ensemble
du public, on peut légitimement croire qu'une publicité moins
grande est nécessaire.
M. Côté: Je suis parfaitement d'accord avec vous, M.
le ministre.
M. Bédard: Je le soulignais dans mon texte de
dépenses.
M. Côté: Ma seule crainte, c'est qu'à un
moment donné - c'est l'expérience qu'on a vécue depuis
quelques années, je veux juste vous taquiner là-dessus - il y ait
d'autres nouveautés. On ne sait jamais. S'il y avait d'autres
nouveautés, il faudrait fournir de l'information en conséquence.
Mais, je le dis évidemment par taquinerie, parce qu'il n'est pas
question que, pour le moment, il y en ait d'autres.
M. Bédard: Je conçois que les nouveautés
doivent être pensées dans le sens de rapprocher le système
de l'électeur plutôt que du candidat, tel que vous l'avez
exprimé dans vos propos, dans le document que vous avez porté
à notre attention.
Est-ce qu'il y aurait aussi, peut-être, des économies
à faire sur tous les rapports qui sont nécessaires en vertu de la
loi, les copies de rapports, etc.?
M. Côté: Oui, je pense que de ce côté,
on a déjà fait des efforts sur la présentation, la
qualité, l'impression, les quantités nécessaires.
Déjà, dans le projet de loi 96, il va sûrement y avoir une
unification. Il y a un article, si je ne me trompe pas, il y a une unification.
Il n'y aura pas trois ou quatre rapports, il y en aura un seul. Il y a des
mesures du genre qui peuvent, si je comprends bien votre question, être
prises.
M. Bédard: D'accord. Peut-être que sur cet aspect,
on a beaucoup parlé des complexités de nos lois par rapport
à celles des autres. Est-ce que dans votre esprit le mot
nouveauté équivaut à complexité, parce que
j'imagine que ce n'est pas nécessairement un équivalent?
M. Côté: Non, je vous avoue que le mot
nouveauté, vous avez raison...
M. Bédard: Quand on apporte une nouveauté qui est
pensée en fonction d'améliorer le système
démocratique...
M. Côté: Vous avez raison, le mot "nouveauté"
peut être équivoque. Quand j'emploie le mot "nouveauté", je
le conçois en termes de... Je veux signifier qu'il s'agit de choses
différentes et plus parfaites, si je puis dire, parce qu'à mon
sens, par exemple, fournir un manuel d'information à l'électeur,
comme la loi le requiert, c'est une "nouveauté" qui est très
profitable et avant-gardiste. Je n'entre pas dans le sens péjoratif,
tout au contraire. (17 heures)
Le Président (M. Paré): M. le député
de Gatineau.
M. Gratton: Sur le même sujet - je ne sais pas si cela va
rassurer le ministre -quant à moi, il me semble que les explications que
nous a fournies le directeur général des élections par
rapport aux coûts inhérents à ces "nouveautés" dans
la mesure où elles sont justifiées sur le plan administratif le
sont sûrement vis-à-vis l'objectif. Je pense qu'il n'y a personne
de ce côté de la table qui argumenterait pour dire qu'on ne doit
pas faire les efforts voulus pour permettre aux gens de mieux exprimer et
utiliser leur droit de vote. Je regarde, par exemple - et cela n'a pas
nécessairement coûté rien - il y a une nouveauté qui
a permis ou peut-être un ensemble de nouveautés qui ont permis de
réduire, entre les élections de 1976 à 1981, les bulletins
rejetés de 2,09% qu'ils étaient à 1,06%. On pourrait bien,
d'une part, argumenter que c'est à cause de la publicité qu'on a
faite et qui a permis aux gens de mieux comprendre la façon d'indiquer
leur choix, mais c'est sûrement la modernisation du bulletin de vote
lui-même qui y était pour quelque chose. Je présume que, au
cours des années futures, il y aura des réductions sensibles dans
les budgets de publicité, notamment.
M. Bédard: D'ailleurs c'était un des objectifs
qu'on évoquait de part et d'autre, à l'Assemblée
nationale, lorsqu'on a procédé à l'adoption de la Loi
électorale, c'est-à-dire essayer de simplifier le plus possible
l'expression de vote ou de volonté de l'électeur.
M. Mailloux: M. le Président, à la suite de la
question que je posais tantôt, quand je regarde les économies dont
parle le directeur général des élections à la page
24, je suis en complet désaccord.
M. Côté: Je m'excuse?
M. Mailloux: En complet désaccord. Vous dites
vous-même que cela serait des économies qui n'apparaissent pas
d'envergure et je sais que cela aurait pour effet, semble-t-il, de diminuer
considérablement les occasions qui sont données durant la
période même des élections. Quand on parle de donner moins
de listes aux partis politiques en période électorale,
qu'à la révision on ne rejoigne pas les gens autant de fois qu'on
le fait maintenant, quand on parle d'aller au-delà de 300
électeurs pour éviter des secrétaires ou d'autres
surveillants d'élection, je pense que 300, c'est déjà
assez surchargé. Quand on pense également qu'on pourrait
arrêter de désigner les représentants des partis, ce n'est
pas là le genre d'économie qu'on doit faire. Bien sûr, le
projet de loi no 96 vise par la fusion des services afin qu'il y ait une
meilleure utilisation des locaux, du personnel et autre, je reste convaincu que
si la loi, aussi complexe qu'elle ait été mise en place, avait
besoin de quelques années pour porter des effets. Comme le pourcentage
de vote n'est pas tellement plus élevé, je pense que le travail
qu'il y avait à faire est fait maintenant. Pour faire une comparaison
entre ce que cela a pu donner et ce que le système qu'on a connu
précédemment sous l'administration du président
général des élections, il faudra retourner dans nos
documents et voir si, dans le temps, avec moins d'information et avec une
population moins éduquée et moins instruite qu'elle est
maintenant, il y avait tellement de bulletins rejetés comparativement
à ce qu'on rencontre aujourd'hui, je n'ai pas fait la recherche;
peut-être que dans les semaines précédentes on pourra nous
dire si cela a eu un effet certain sur des gens qui, moins instruits dans le
temps, plus instruits aujourd'hui, avec cet éclairage nouveau, ont pu
davantage s'exprimer lors du scrutin. Je pense que, dans ce sens, si la loi
devait rejoindre davantage de monde et les informer plus valablement, si le
gouvernement est pris aujourd'hui devant une crise économique importante
et cherche à faire des économies partout, je pense que
malgré l'indépendance que la Direction générale des
élections a, celle-ci doit faire son effort également.
M. le Président, il y a une question qui me vient à
l'esprit. Tantôt, pendant que le directeur général des
élections faisait la démonstration de l'utilité du
personnel électoral qui, à travers tous les
événements qu'on a connus, devait quand même être un
considéré comme un personnel permanent. On reste tout de
même perplexe, quand on regarde tous les systèmes
électoraux de tout le Canada, y compris celui du gouvernement canadien,
de savoir que, pour une loi plus complexe, d'accord - car les comparaisons sont
toujours boiteuses - on en soit quand même rendu à avoir autant de
monde pour administrer ces lois que tout le Canada et l'ensemble des provinces
réunies. Je pense qu'il est temps qu'une certaine fusion se produise.
J'imagine qu'il y a là quand même des économies importantes
à faire, à moins que le Québec soit une province tellement
pas comme les autres qu'il n'y a rien comme les autres dans le Québec.
On a beau dire que c'est une province exceptionnelle, mais il faut se demander
à un moment donné si les contribuables sont plus
"arriérés" que tous les autres.
Comme la brique nous a été soumise est d'importance et
parce qu'on a d'autres questions à poser - nous voulions les retenir
pour la séance de ce soir - je voudrais quand même apporter un
point qui ne concerne pas le directeur général des
élections, mais qui concerne probablement le gouvernement.
On a fait état durant la dernière session de la nomination
des directeurs de scrutin. Je voudrais confesser immédiatement que je
vais vous donner un fait inédit, mais qui prouve un peu les
appréhensions, qu'ont tous les hommes politiques qui continueront
à oeuvrer dans cette activité, alors que je n'y serai plus, qui
font qu'on est perplexe chaque fois que le pouvoir politique touche à la
nomination de directeurs de scrutin et que cela n'a pas été
confié dans les lois précédentes à la personne
indépendante qui s'appelle le directeur de scrutin.
Cela ne prendra pas beaucoup de temps pour que je vous donne l'exemple
que j'ai vécu. J'aurais pu en être victime. Cela donne quand
même un éclairage, quand on ne prend pas toutes les
précautions qui s'imposent. On se rappellera que j'ai été
élu, avec l'actuel premier ministre, sous le thème de la
nationalisation des services de l'électricité, en 1962.
Heureusement, dans mon cas, le parti auquel j'appartiens était
victorieux le soir de l'élection, soit le 14 novembre. On vient de le
fêter, il y a quelques jours. Mais, à dix heures, ce soir du 14
novembre je n'étais pas trop heureux, parce qu'une partie des
boîtes de scrutin les plus favorables à celui qui vous parle
étaient disparues.
Je ne voudrais pas, parce que c'était l'Union Nationale dans le
temps, dire que c'était un parti politique plus que l'autre, mais, dans
ce temps-là, on constatait que le directeur de scrutin dans les
comtés c'était souvent l'organisateur en chef,
malheureusement.
Donc, on a été forcé, à dix heures du soir,
d'appeler le président des élections pour faire sortir les
boîtes de scrutin. À ce moment-là, on venait d'annoncer
l'élection d'un gouvernement libéral. Le lendemain matin, on
s'est présenté chez le directeur du scrutin. C'est vrai que ce
que je vais vous dire est inédit. Cela nous a pris 60 jours avant de le
dire publiquement. Seul, le
président des élections en était au courant dans la
province. Un geste démentiel fut posé dans la nuit et qui est le
suivant: organisateur qu'il était, en étant également
directeur du scrutin, il n'était pas présent le lendemain matin.
Son assistant y était, pour constater que, dans la nuit, pour l'ensemble
des boîtes de scrutin, les scellés avaient été
violés, enlevés et que plus un seul document électoral
n'était dans les boîtes de scrutin. Plus un seuil La seule raison
de mon élection, la seule preuve demeurait la formule 60 du temps, qui
prouvait qu'il me restait quelque 100 voix de majorité.
Si je mentionne ce phénomène, c'est pour la raison
suivante: les 60 jours ont passé. Il n'y a pas eu de contestation, parce
que nous étions au pouvoir, mais il demeure que si nous avions
été dans l'Opposition, je pense que je n'aurais jamais
été élu, parce que le comté aurait suivi la vague,
si on avait élu un autre gouvernement à cette époque. Fort
de cet exemple, le Parti libéral avait nommé une personne tout
à fait intègre, qui est décédée après
la première élection, où il n'y a eu aucune
infraction.
Ce que je comprends mal de la politique d'aujourd'hui et pour ceux qui
auront à me succéder est ceci: dans le temps, l'Union Nationale,
en 1966 ou 1967, a nommé un jeune homme qui a été
président d'élection, et il a fait les élections de 1970,
de 1973, de 1976 et le référendum et l'élection de 1981
et, à ce que je sache, intègre, démontrant une
intégrité absolue, il n'a pas été - semble-t-il -
reconduit. On l'a mis dehors.
Cela est un fait incompréhensible dans ma pensée qu'une
personne ayant traversé quatre élections et un
référendum, ayant l'objectivité qu'on reconnaît
à un président d'élection, n'ait pu être reconduite
dans sa nomination et qu'une autre personne que je ne connais pas ait pu
être nommée parce qu'elle est étiquetée
probablement. J'ai voulu donner cet exemple, M. le ministre de la Justice, pour
vous dire que dans la politique on en voit de toutes sortes et je suis loin de
vouloir attaquer ceux qui ont l'indépendance nécessaire pour
administrer les lois électorales.
M. le Président, je conclus en disant ceci: Nous avons d'autres
questions à poser et je voudrais bien qu'on sache que ce n'est pas un
interrogatoire en règle que nous voulons faire subir au directeur
général des élections. Cependant, lors de la
séance, en soirée, nous voudrons revenir, mes collègues et
moi, pour des questions que nous avons à l'esprit, mais dont il nous
faut vérifier le bien-fondé étant donné le document
que vous nous avez fourni cet après-midi.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Bédard: Je comprends que les suggestions dont vous
faites état à la page 24 et auxquelles référait le
député de Charlevoix étaient des suggestions avec un gros
point d'interrogation puisque...
M. Côté: J'ai employé le conditionnel
très fortement.
M. Bédard: Très... Oui, et si on lit le dernier
paragraphe de votre document où vous dites: "Cependant, tout en
procédant résolument à des économies, faisons-le de
façon prudente pour que, d'une part, on ne se retrouve pas dans des
situations antérieures désuètes et que, d'autre part, on
n'agisse plus en fonction de l'électeur, le premier et le dernier
rempart de la démocratie."
M. Côté: Je ne vous cache pas que cet avant-dernier
paragraphe auquel a fait allusion M. le député de Charlevoix est
celui sur lequel j'ai le plus hésité. Je ne suis pas très
sûr que les suggestions que je me suis permis de faire soient les bonnes,
ce ne sont que des réflexions pour acheminer d'autres réflexions.
Ce ne sont pas des suggestions précises. Il n'y a pas de recommandations
précises.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président. Si on me le permet,
d'ailleurs le président ajoutait dans sa remarque, qu'à titre
d'exemple on pourrait envisager une série de mesures qui, à prime
abord, ne semblent pas entraîner d'économies tellement
importantes. Vous le mentionniez.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Bédard: J'imagine qu'il n'est peut-être pas
possible de savoir, aux fins de faire des comparaisons, ce que coûtait la
publicité au cours d'élections précédentes, en
1976, 1973 et en 1970.
M. Côté: II va falloir faire une certaine recherche,
M. le ministre. On pourrait se les procurer à l'heure du
dîner...
M. Bédard: Parce que les montants que vous avez
avancés pour 1981...
M. Côté: ... et revenir au début de la
soirée.
M. Bédard: ... ne veulent pas dire qu'il n'y avait pas de
dépenses de publicité, auparavant.
M. Côté: II y aura peut-être une petite
difficulté, c'est que - j'ai hâte de voir la
réponse qu'on va pouvoir trouver au bureau -la
comptabilité des élections n'était pas la même dans
les années antérieures. On en a une actuellement qui est
rigoureuse, je dirais. On va essayer de retrouver exactement ces
chiffres-là, mais... J'espère vous les trouver après le
dîner.
M. Bédard: Quand on parle de deux choses prévues au
niveau des nouveautés, plutôt que de parler de la
complexité de nos lois, je préfère employer les mots "lois
reformées" ou lois plus préparées en fonction de
l'intérêt du citoyen. Est-ce que la préoccupation que les
détenus soient des personnes qui puissent exprimer leur vote ou encore
toutes les mesures prévues au niveau des handicapés, est-ce que
cela se retrouve dans d'autres lois, ici au Canada?
M. Côté: À l'égard du vote des
détenus, j'aimerais vous donner deux précisions. La
première est que les chiffres qui apparaissent ici sont
définitivement élevés. Et, à cet égard, j'ai
soumis, dans mon dernier rapport, une recommandation qui, je crois, devrait
diminuer le coût du vote des détenus des trois quarts. Il s'agit
tout simplement d'avoir une nouvelle façon de voter. C'est un point sur
lequel il y a une économie quand même substantielle. Je donne le
chiffre de 150 000 $ et je pense que cela devrait diminuer des trois quarts si
on suit la suggestion très simple que je fais. Première partie de
la réponse. (17 h 15)
La deuxième partie c'est que, à ma connaissance - et j'ai
des documents si cela vous intéresse, j'ai un rapport
préliminaire qui est fait - cette possibilité du vote des
détenus n'existe pas ailleurs au Canada. Cependant, cela fait l'objet
d'études approfondies actuellement à Ottawa et dans les autres
provinces. J'ai rencontré dernièrement les représentants
des autorités du gouvernement fédéral, parce que la
nouvelle Charte canadienne des droits et libertés les amène
à la conclusion, très probablement, qu'à l'avenir ils vont
être obligés de donner le droit de vote aux détenus.
À l'égard des handicapés, je pense qu'on a
innové en cette matière. Je pense qu'on a innové et, en
particulier, de la façon suivante: On a fait en sorte que tous nos
bureaux de directeurs du scrutin et nos bureaux de scrutin par anticipation
soient accessibles. Alors, on a construit des rampes d'accès, par
exemple, pour les personnes qui sont en chaise roulante. On a fait de la
publicité sur le gabarit pour les personnes qui ont des
difficultés de la vue. Il y a beaucoup d'efforts qui ont
été faits du côté des handicapés et je ne
crois pas que cela ait été fait avec autant d'envergure dans les
autres provinces.
M. Bédard: Vous avez d'autres questions?
Le Président (M. Paré): Oui, un instant. Il y avait
d'autres intervenants.
M. Bédard: Parce que j'aurais d'autres questions, mais je
m'abstiendrais de les poser, préférant entendre les deux autres
directeurs généraux. Cela peut éclaircir des points.
M. Gratton: Moi aussi.
Le Président (M. Paré): J'avais comme intervenant
le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: II y aura d'autres questions tout à l'heure, M.
le Président, mais puisqu'on était dans la publicité et
qu'on a mentionné le chiffre de 1 600 000 $ comme coût de la
publicité faite lors de l'élection du 13 avril 1981, j'aimerais
savoir du Directeur général des élections comment se fait
le placement de cette publicité. A-t-on recours à des agences de
publicité? Comment les appels d'offres se font-ils, s'il y en a? Et, sur
quelle base agit-on pour décider si les contrats de publicité
sont confiés à telle agence plutôt qu'à telle autre?
Combien y a-t-il eu d'agences impliquées, plus particulièrement
pour l'élection du 13 avril 1981? Vous pourrez peut-être nous
donner ça plus tard: Quels sont les montants pour lesquels chacune de
ces agences a été engagée, pour le placement de cette
publicité spécifique, pour l'élection du 13 avril
1981?
M. Côté: Une première réponse, si vous
le permettez, et je pourrais vous donner les précisions
immédiatement après le dîner. D'abord, nous avons
procédé de la façon suivante: Nous nous sommes
inspirés de ce qui se fait au ministère des Communications et
nous avons demandé l'expertise du personnel de ce ministère. Nous
avons établi une liste d'agences de publicité susceptibles d'agir
dans ce domaine. Nous avons tenu un concours auquel ont été
invitées trois agences. Pour ce concours, nous avions formé un
jury qui était constitué de représentants, de
spécialistes; il y avait des gens d'autres ministères, ce
n'étaient pas seulement les gens de mon bureau. À la suite de ce
concours, c'est l'agence Cossette et Associés qui a été
engagée pour remplir le contrat de publicité chez moi.
M. Doyon: Pour la totalité?
M. Côté: Oui. C'est un contrat de deux ans qu'on a
signé.
M. Doyon: Sur le même sujet, si vous me le permettez, M. le
Président, et après
ça... Est-ce qu'on pourrait connaître les deux autres
agences qui ont été invitées? Si je comprends bien, il n'y
a pas eu d'appels d'offres publics là-dedans. C'étaient des
agences spécifiques qui ont été invitées et il y en
a eu trois au total. Je n'ai pas d'objection à ce que M. Lavoie
réponde.
M. Côté: II y a un nom qu'on ne retrouve pas et
qu'on cherche. Il y en a une qui s'appelle Cogem. On va retrouver l'autre, j'ai
un trou de mémoire. Mais, la présélection de ces agences
s'est faite par des spécialistes du ministère des Communications.
Je voudrais juste vous souligner que, là encore, c'est une façon
de procéder que j'ai choisie et à laquelle je n'étais pas
astreint. Mais le domaine des communications comme tel n'étant pas,
évidemment, ma spécialité je prétends que ma
spécialité, c'est le domaine électoral -j'ai
préféré faire appel, même si je n'étais pas
obligé de le faire, aux spécialistes du ministère des
Communications qui nous ont apporté, d'ailleurs, je dois le dire, une
collaboration assez exceptionnelle dans la détermination des
critères, dans la détermination du jury et de la façon de
procéder pour tenir ce concours.
M. Doyon: M. le Président, on y reviendra plus tard.
Merci, monsieur.
Le Président (M. Paré): D'accord, j'ai un dernier
intervenant là-dessus, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je me demande si
j'interviendrai maintenant ou plus tard parce que je considère qu'on a,
au fond, deux blocs de sujets qui nous intéressent à l'occasion
de la tenue de cette commission parlementaire. D'une part, évidemment,
il y a ce que j'appellerais le passé. Pendant tout le débat, on a
parlé des dépenses qu'a engendrées l'administration de nos
trois lois: la Loi électorale, la Loi régissant le financement
des partis politiques et la Loi sur la représentation électorale.
D'autre part, évidemment, on a aussi une occasion assez unique d'avoir
avec nous, présents, les directeurs généraux des trois
organismes qui ont participé au comité technique qui a
amené l'élaboration et la rédaction du projet de loi no
96. Les questions que j'avais à adresser aux trois directeurs
généraux portaient plutôt sur l'avenir, c'est-à-dire
sur le projet de loi no 96. Alors, s'il y a une entente entre les partis pour
qu'on entende les trois directeurs généraux plutôt sur
toute la question financière et qu'ensuite on revienne sur la question
des grands principes, des articulations et des orientations de la loi no 96, je
suis près à attendre.
Le Président (M. Paré): D'accord, si...
M. Bédard: Ce sur quoi nous nous sommes mis d'accord,
c'est d'entendre les deux autres directeurs généraux, ensuite,
d'y aller d'une période de questions adressée à l'un ou
l'autre pour un temps que nous essaierons de limiter autant que possible.
Le Président (M. Paré): D'accord. On vous remercie,
M. Côté. On ira selon ce qui vient d'être dit de part et
d'autre. Nous entendrons les deux autres intervenants et, sans poser de
questions, on reviendra par la suite en demandant aux trois intervenants de
rester à la disponibilité de la commission, bien entendu. On
reviendra après souper pour entreprendre globalement les questions
à l'intention des trois intervenants.
M. Côté: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Donc, je vous remercie, M.
Côté. Je demanderais maintenant à la Commission de la
représentation électorale, représentée par M.
Jean-Luc Lemieux, directeur général, de prendre place, s'il vous
plaît!
Commission de la représentation
électorale
M. Lemieux (Jean-Luc): M. le Président, avec votre
permission, je déposerai un certain nombre d'exemplaires du très
court mémoire que j'ai préparé en vue de la tenue de cette
audience.
Le Président (M. Paré): M. Lemieux, il n'est pas
possible, en commission, de faire un dépôt, sauf que vous pouvez
faire une distribution, si vous voulez.
M. Lemieux: Je m'excuse du terme, M. le Président.
Le Président (M. Paré): D'accord, c'est très
bien.
M. Bédard: L'effet est le même.
Le Président (M. Paré): M. Lemieux, vous pouvez y
aller. Je vous demanderais, si vous avez des gens qui vous accompagnent, de
nous les présenter avant d'entreprendre l'exposé.
M. Lemieux: Je suis accompagné, à ma droite, de M.
Michel Lecarpentier et il y a quelques autres personnes qui m'accompagnent
également dans cette salle.
En ma qualité de directeur général de la
représentation, je tiens à remercier les membres de
l'Assemblée nationale, de même que M. le ministre, parrain du
projet de loi no 96 intitulé Loi sur l'intégration de
l'administration du système électoral, de m'avoir invité
à participer aux travaux de la
commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution.
Comme il a été mentionné a plusieurs reprises,
depuis plusieurs mois, le projet de loi, qui retient ici notre attention, vise
à regrouper l'administration du système électoral sous -
il y a une faute ici, je m'en excuse - l'autorité d'une seule personne
désignée par l'Assemblée nationale. Dans une lettre que
j'adressais à M. Marc-André Bédard, ministre de la Justice
et responsable du dossier de la réforme électorale, lettre
datée du 7 septembre de la présente année, je faisais
certains commentaires quant au regroupement éventuel des organismes
oeuvrant dans le domaine électoral. Cette lettre a été
rendue publique par M. le ministre, responsable du dossier de la réforme
électorale, et tous ont pu en prendre connaissance.
Dans le cadre de la réforme électorale entreprise il y a
près de cinq ans maintenant, l'Assemblée nationale du
Québec a adopté un nombre considérable de lois visant
à assurer une plus grande démocratisation de tout ce qui touche
de près ou de loin à l'exercice du droit de vote des citoyens,
tant aux niveaux provincial que municipal, tout en offrant aux
administrés des garanties d'impartialité et de neutralité
de la part des personnes responsables de l'application des diverses lois.
Dans le cadre de cette réforme électorale fut
créée la Commission de la représentation. Comme je l'ai
mentionné à plusieurs reprises dans le passé, il faut
reconnaître que les membres de l'Assemblée nationale ont fait
preuve d'une grande ouverture d'esprit en acceptant de confier à une
commission totalement indépendante le privilège de pouvoir
décider, selon des mécanismes prévus à la Loi sur
le représentation, de la délimitation des circonscriptions
électorales du Québec.
Ceci constituait un fait sans précédent dans les annales
législatives non seulement du Québec mais également dans
celles de la majorité des autres provinces et États. De par la
nature de son mandat et des travaux qu'elle se doit d'exécuter pour
atteindre les objectifs que lui fixe la loi, on peut affirmer que la Commission
de la représentation se distingue des autres institutions à
caractère électoral que l'on retrouve au Québec.
Sans faire abstraction du plan légal et juridique, la commission
oeuvre avant tout au plan spatial. Sa principale préoccupation en est
une de délimitation d'entités territoriales telles que les
secteurs électoraux et les circonscriptions électorales. Pour
arriver à ses fins, elle fait appel à des sciences telles que la
géographie, la démographie, la sociologie, l'histoire, la
cartographie et toponymie. À ce jour, la commission, conformément
à son mandat, a effectué plusieurs travaux d'importance qu'il
serait trop long d'énumérer ici aujourd'hui. Selon des
commentaires formulés par des citoyens, les partis politiques, des
ministères ou organismes et plusieurs membres de l'Assemblée
nationale, les travaux exécutés au cours des trois
dernières années furent de haute qualité, ce qui est tout
à l'honneur des membres de la commission et de tout le personnel de
cette dernière.
Au plan de l'organisation supérieure, la commission se compose de
trois membres: le directeur général de la représentation,
qui agit comme président, et de deux autres membres. On sait très
bien que le directeur général des élections est l'un des
membres de cette commission, de même que Me François Drouin, qui,
pendant plus de 33 ans, fut président et directeur général
des élections du Québec.
Au plan administratif, la commission retient les services de 28
personnes qui sont membres du personnel de la fonction publique. Quatre de ces
postes sont présentement libres. De plus, de par l'application de
l'article 21, le nombre des employés temporaires a varié de 5
à 45 au cours des trois dernières années, selon les
exigences des travaux accomplis.
La Commission de la représentation loge dans l'édifice
propriété du directeur général des
élections. Des ententes ont été prises avec ce dernier en
vue de minimiser les coûts au niveau de certains services. La Commission
de la représentation fait appel aux services du directeur
général des élections pour la direction du personnel, pour
la gestion, pour l'aménagement des locaux, pour les services de
reprographie et pour quelques autres. Par contre, la Commission de la
représentation, conformément à l'article 9 de la loi
actuelle, fournit au directeur général des élections toute
l'aide technique nécessaire à la délimitaiton des sections
de vote. La commission effectue également la cartographie de cesdites
sections de vote.
Au plan financier, le budget opérationnel de la Commission de la
représentation est passée de 2 900 000 $ en 1980-1981 à 1
900 000 $ pour l'année financière 1981-1982. L'on prévoit
que le budget d'opération atteindra 1 600 000 $ pour la présente
année financière.
Dans le cadre de l'année électorale mise de l'avant depuis
quelques années, l'Assemblée nationale du Québec confiait
en juin 1980 au Directeur général de la représentation la
responsabilité de l'application des chapitres II et III de la Loi sur
les élections dans certaines municipalités. Les
non-initiés pourront retrouver dans les rapports annuels
déposés à l'Assemblée nationale
l'énumération des devoirs et des obligations auxquels est soumis
le directeur général de la représentation, de même
que le résumé des activités relatives à
l'application
de cette loi traitant avant tout de démocratie municipale. (17 h
30)
Encore une fois, M. le Président, j'insisterai sur
l'originalité des chapitres II et III de la loi précitée
dont j'assume la responsabilité.
Le directeur général de la représentation doit,
soit superviser le travail de délimitation des districts
électoraux effectué par les municipalités, soit approuver
les règlements de délimitation, ou les modifier, soit effectuer
à la place d'une municipalité la délimitation des
districts électoraux, soit mettre en vigueur un règlement de
délimitation.
Dans l'exécution de son mandat, le directeur
général de la représentation doit faire appel à des
notions de géographie, d'arpentage, de mathématiques, de
sociologie et d'économique.
Actuellement, 92 municipalités se sont assujetties à
l'application des chapitres II et III de la Loi sur les élections dans
certaines municipalités. Une quinzaine de municipalités devraient
s'ajouter à ce premier nombre d'ici quelques semaines. Il est bon de
rappeler que les municipalités concernées doivent revoir la
délimitation de leurs districts électoraux dans l'année
qui précède celle où doivent se tenir les élections
générales.
L'application des chapitres II et III de cette partie de la loi ne
laisse aucun répit au directeur général de la
représentation et à son personnel au cours d'une année
civile.
Je tiens à vous rappeler, M. le Président, que le
personnel de la commission est également le personnel du directeur
général de la représentation, ce qui permet des
économies de temps, de personnel et d'argent.
Les commentaires que nous avons reçus à ce jour, quant
à l'application de cette partie de la loi, sont, dans leur ensemble,
très élogieux, ce qui est tout à l'honneur du
personnel.
À la lecture du projet de loi déposé par M. le
ministre responsable à la Réforme électorale, j'ai
été à même de constater que l'existence de la
Commission de la représentation était assurée.
En ma qualité de président et directeur
général, je tiens à remercier M. le ministre d'avoir
reconnu le caractère particulier de l'organisme et assuré, par le
fait même, son existence.
M. le Président, je vous remercie de la bonne attention
manifestée à mon égard. Je demeure à votre
entière disposition advenant le cas où les membres de cette
commission parlementaire aimeraient recevoir de plus amples renseignements sur
la façon dont je me suis acquitté de mon mandat au cours de ces
trois dernières années. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): Merci, M. Lemieux. Je vais
retenir l'offre que vous venez de faire de demeurer à notre
entière disposition pour qu'on puisse vous poser des questions à
la suite de l'audition du troisième groupe qui doit nous faire des
représentations après l'entente intervenue tantôt. Je vous
remercie et je vous demande de rester à notre disposition.
J'invite immédiatement le directeur général du
financement des partis politiques représenté par M.
Pierre-Olivier Boucher à prendre place, s'il vous plaît. Bonjour
M. Boucher. Je crois comprendre qu'il s'agit de votre mémoire qu'on est
en train de distribuer. M. Boucher, la parole est à vous.
Directeur général du financement des
partis politiques
M. Boucher (Pierre-Olivier): M. le Président, j'avais
préparé deux scénarios de documents que je vous
communiquerai verbalement, le scénario long et celui
abrégé. Compte tenu de l'heure, je me limiterai à vous
faire un résumé du document qu'on vient de vous remettre et qui
constitue le mémoire du directeur général du financement
des partis politiques à votre commission.
Je vais vous présenter mes collègues qui m'accompagnent.
Vous connaissez évidemment M. Clément Vincent, qui est directeur
adjoint, ainsi que Me Michael Sheehan, qui est également directeur
adjoint, Me Johanne Canning-Lacroix, qui est secrétaire exécutive
au bureau, finalement, Michel Surprenant qui est agent d'information. Le
document que nous vous présentons, M. le Président, s'inscrit
essentiellement dans cette préoccupation dont a parlé le ministre
Bédard concernant le regroupement des diverses institutions à
vocation électorale. Pour nous, les objectifs de cette restructuration
sont au nombre de trois.
Le premier se doit de placer l'électeur au centre du processus
électoral. Certains diront que cet objectif va de soi ou qu'il est
vertueux. Nous croyons qu'il est néanmoins lourd de conséquences.
D'abord, il nous amène à reconnaître que le processus doit
être pensé, adapté et axé sur ses usagers,
c'est-à-dire les électeurs et les électrices du
Québec. Le processus doit être à leur service. Nos lois
donc, en conséquence, devront reconnaître que l'exercice des
droits de l'électeur doit primer sur quelque exigence bureaucratique que
ce soit. Trop souvent, de telles exigences briment l'exercice de ces droits
fondamentaux, tel le droit de vote, les problèmes auxquels on doit faire
face lorsqu'on veut voir son nom inscrit sur la liste électorale ou
corrigé à la suite d'un déménagement, le droit de
se porter candidat. Trop souvent, des droits sont
perdus en raison de l'inobservance d'une règle de
procédure ou en raison de la non-utilisation de la formule
appropriée.
Qu'on songe, à titre d'exemple, M. le Président, aux
nombreuses formalités entourant l'inscription du nom d'un
électeur, justement, sur la liste électorale ou entourant sa
révision sur cette même liste, au candidat qui en pleine campagne
électorale se voit refuser la remise de sa déclaration de
candidature parce qu'il a tenté de la remettre au directeur du scrutin
personnellement, en un lieu autre que son bureau officiel, tel que l'exige la
Loi électorale. À cet égard, vous pourrez en parler aux
candidats qui ont fait campagne dans la circonscription d'Ungava.
Qu'on songe au candidat qui a subi le même sort parce qu'il a
joint à sa déclaration de candidature une photographie d'un fini
glacé plutôt qu'une photographie d'un fini mat, tel que prescrit
par le règlement présentement en vigueur. Là aussi,
certains de vos collègues pourraient insister sur ces exigences qui
découlent d'un règlement qu'une commission de l'Assemblée
nationale a adopté.
Qu'on songe au candidat qui, à l'automne 1982, tentait encore de
récupérer son passeport. On parle beaucoup, ces temps-ci, de
passeport. Alors, celui-là, il cherchait à le
récupérer après avoir été obligé de
le remettre et de le joindre à sa déclaration de candidature
à titre de pièce d'identité, à l'occasion d'une
élection partielle tenue au printemps 1982. Je pense, madame et
messieurs de l'Opposition, qu'il s'agit de votre collègue de
Saint-Laurent. Qu'on pense également aux quelque 200 formules
présentement utilisées par le DGE à l'occasion d'une
élection générale, en ce qui a trait aux procédures
propres au recensement et à la tenue du scrutin. Nous vous soumettons
que de telles exigences bureaucratiques sont tout simplement incompatibles avec
un régime et un processus qui prétendent être au service de
l'électeur.
Si l'on veut vraiment réussir à donner un meilleur service
aux électeurs et aux électrices du Québec, il faut - c'est
ce que nous vous soumettons, M. le Président - dans un code
électoral unique, reconnaître la primauté des droits de ces
électeurs et de ces électrices, énoncer que les
règles de procédure en matière électorale existent
pour faire apparaître leurs droits, réorienter ces exigences
bureaucratiques que nous avons à peine esquissées
précédemment, simplifier les règles et diminuer le nombre
de formules. On peut profiter du regroupement de nos institutions
électorales pour réaliser cet objectif et c'est la solution que
nous vous proposons.
Par ailleurs, il est très clair qu'un regroupement pur et simple
ne permettra pas d'atteindre cet objectif. Il faut créer une institution
responsable, nouvelle, axée sur la protection et la promotion des droits
des électeurs et des électrices. C'est pourquoi nous vous
proposons de créer non pas un bureau des élections, mais un
bureau des électeurs.
Le deuxième objectif que l'on se doit d'atteindre par la
démarche qui est également suivie - du moins, c'est ce que nous
alléguons, M. le Président - c'est de garantir
l'indépendance de l'institution responsable du processus, de garantir
cette indépendance par l'Assemblée nationale.
Il y a lieu de souligner au départ que l'Assemblée
nationale est la gardienne de notre système démocratique de
façon à établir clairement que la sauvegarde de nos
institutions est placée entre les mains de ses membres, donc, les
vôtres, et non entre celles d'un seul individu. La personne que vous
désignerez pour administrer le processus électoral devra
posséder tous les pouvoirs nécessaires à l'exercice de ses
fonctions et elle devra pouvoir prendre toute décision propre à
garantir l'exercice des droits de l'électeur. Il est nécessaire
également de lui assurer son indépendance à cet
égard.
Le pouvoir législatif est indépendant du pouvoir
exécutif et du pouvoir judiciaire, et vice versa. Ainsi, le pouvoir
judiciaire n'a pas à dire au pouvoir législatif comment
rédiger des lois, ni au pouvoir exécutif comment les administrer.
De même, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif n'ont
pas à dire au pouvoir judiciaire comment rédiger les jugements.
L'indépendance de ces trois pouvoirs, l'un vis-à-vis de l'autre,
a été maintes fois reconnue.
Le processus électoral se rattache au pouvoir législatif.
Les règles concernant la tenue du scrutin, la délimitation des
circonscriptions électorales, ainsi que le financement des partis
politiques et le plafonnement des dépenses électorales, sont
toutes étroitement liées à la constitution même de
l'Assemblée nationale.
L'indépendance des institutions à caractère
électoral face au pouvoir judiciaire et au pouvoir exécutif fut
à maintes reprises reconnue tant par le législateur que par les
tribunaux eux-mêmes. Ainsi, il est totalement inapproprié que la
personne désignée pour administrer le processus électoral
soit soumise aux mesures de contrôle énoncées directement
ou indirectement par le pouvoir exécutif, par exemple, le Conseil du
trésor, ou encore plus simplement par le gouvernement
lui-même.
Cela dit, certaines nuances s'imposent. Si la personne
désignée jouit d'une indépendance vis-à-vis du
pouvoir exécutif ou du pouvoir judiciaire, c'est uniquement parce que
cette personne relève d'un pouvoir différent, c'est-à-dire
le pouvoir législatif.
Par ailleurs, la ou les personnes désignées ne
possèdent aucun statut
d'indépendance face au pouvoir législatif et il n'existe
aucune jurisprudence ou décision des tribunaux qui consacre une
indépendance quelconque de la persona designata vis-à-vis du
pouvoir législatif qui l'a nommée. En conséquence, il
appartient à l'Assemblée nationale pour des raisons de saine
gestion administrative d'exercer un contrôle réel, efficace et
exclusif sur cette personne désignée.
Ce contrôle de l'Assemblée nationale doit s'exercer autant
au niveau de la discussion des crédits, contrôle a priori, qu'au
niveau de l'administration qui en a été faite, contrôle a
posteriori. Nous soutenons que le plan de l'effectif de cette institution et la
révision que l'on voudrait y apporter doivent être
également contrôlés par l'Assemblée nationale et non
par le gouvernement, comme le suggère l'article 55 du projet de loi no
96 qui constitue, en quelque sorte, une répétition ou une
intention de légiférer par analogie avec ce qui prévaut
déjà dans la Loi électorale à cet égard.
Réaliser des économies, c'est évidemment le
troisième objectif que nous vous soumettons dans la démarche
présentement en cours. Le regroupement des institutions entraînera
des économies d'échelle, c'est évident. Cela va de soi.
Actuellement, on se retrouve avec une équipe d'agents d'information des
directions des communications qui, si je ne me trompe, représentent un
personnel supérieur à l'équipe de journalistes de TVA de
Télé-Métropole à Montréal. C'est beaucoup de
monde. Il est évident que, fusionnant des organismes, on arrivera
à des économies d'échelle. Il y aura moins d'agents
d'information, ça va de soi. Cela peut également se
répéter sur certaines autres directions, divisions ou services
existant actuellement. (17 h 45)
II y a d'autres économies également qui résulteront
présumément d'un contrôle par l'Assemblée nationale.
Par exemple, au plan de l'effectif, il y a des crédits
budgétaires alloués à l'institution qui sera responsable
d'administrer ces lois. En supposant que l'objectif premier, placer
l'électeur au centre du processus est retenu, d'autres économies
résulteront d'une simplification de la procédure et des exigences
bureaucratiques.
À titre d'exemple, mentionnons seulement les exigences entourant
le recensement annuel des électeurs. Au-delà des amendements aux
règles de procédure et de l'établissement d'un meilleur
contrôle par l'Assemblée nationale, nous soumettons que la
meilleure garantie d'économie résultera de contrôles venant
de l'intérieur même de l'institution responsable de
l'administration du processus électoral.
En conséquence, nous soumettons qu'il est d'une importance
capitale que la réalisation d'économies soit un souci constant
pour ceux appelés à administrer le processus électoral, et
nous vous invitons à vous enquérir à fond de l'existence
de cette attitude et de cet objectif chez ceux que vous aurez à
désigner à cette fin.
À titre d'exemple, nous soumettons qu'on devra cesser de vouloir
réinventer la roue chaque jour. On devra utiliser le plus largement
possible les services publics existants, services qui possèdent
indéniablement une expertise qui a été acquise au fil des
années grâce aux frais assumés par l'ensemble des
contribuables québécois. Qu'on songe simplement au service de
l'Éditeur officiel, au Service général des achats,
à la Société québécoise de cartographie, au
service Centrex, aux ministères du Revenu et des Travaux publics, aux
normes et barèmes qui existent et qui ont été
établis au sein de la fonction publique, à l'Office de
recrutement et de la sélection du personnel, enfin, je vous
épargne tous les autres services qui pourraient faire partie de cette
nomenclature.
Par ailleurs, nous soumettons que l'absence d'une telle
préoccupation chez les dirigeants de l'institution responsable risque de
compromettre sérieusement la réalisation de ce troisième
objectif, qui consiste à vouloir réaliser des
économies.
Ici encore, nous sommes d'avis qu'un simple réaménagement
de structures ne comporte en soi, aucune garantie d'économies
valables.
Enfin, permettez-moi, avant de procéder à des
recommandations formelles, d'attirer votre attention sur deux points
précis, soit le rôle des directeurs adjoints et du conseil
consultatif et l'effectif et la masse salariale du bureau des électeurs
que nous vous proposons.
Certains ont prétendu que la présence des directeurs
adjoints désignés par l'Assemblée nationale vise
essentiellement à assurer une présence des partis politiques
autorisés et représentés à l'Assemblée
nationale et qu'il n'est plus nécessaire de maintenir de tels postes vu
l'existence du conseil consultatif qui comble ce besoin.
D'abord une mise au point. Les directeurs adjoints nommés en
vertu de la Loi régissant le financement des partis politiques ne sont
pas et n'ont jamais été des représentants des partis
politiques représentés à l'Assemblée nationale. Pas
plus, d'ailleurs, que je me sois considéré moi-même comme
étant un représentant de ces partis.
Un représentant d'un parti politique reçoit des
instructions de ce parti et a des comptes à rendre à ce
même parti. Inutile de vous dire que tel n'a jamais été le
cas, ni pour le directeur général du financement des partis
politiques ni pour l'un ou l'autre de ses directeurs adjoints.
Au contraire, une structure composée
d'un directeur général assisté de deux directeurs
adjoints, tous trois nommés par l'Assemblée nationale, vise
à représenter l'éventail le plus large possible des
principales tendances politiques avec lesquelles, par la suite, ils devront
transiger.
Pour ma part, je peux témoigner de la loyauté des
personnes que vous avez désignées à ces postes, de leur
opiniâtreté au travail, de l'excellence de leurs services et de la
qualité hors pair de l'expertise qu'ils ont, à chaque moment,
apportée dans cette entreprise.
Cette structure que d'aucuns ont pu considérer boiteuse s'est
révélée, à l'usage, la clé de voûte
quant à moi - et je vous le soumets, M. le Président - de
l'application de la Loi régissant le financement des partis politiques,
du chapitre 7, également de la Loi sur les élections dans
certaines municipalités, mandat qui s'est rajouté, par la suite,
au mandat original ainsi que lors de l'événement
référendaire, alors que c'est un autre mandat qui nous a
été donné. Le fait que ces titulaires soient nommés
par l'Assemblée nationale et qu'ils possèdent une certaine
expérience des rouages politiques a permis de créer et de
maintenir un cadre réaliste pour l'application de la loi.
Je suis d'opinion qu'il est non seulement essentiel, mais primordial
pour le type d'institution que vous vous proposez de créer d'avoir
à sa tête des personnes aptes à évaluer
quotidiennement l'impact pratique des décisions prises.
Si pour fins d'efficacité, il est essentiel que la
responsabilité administrative du processus repose en dernière
analyse sur les épaules d'une seule personne, soit un directeur
général, il est également essentiel que de manière
quotidienne, avant qu'une décision ne soit prise, ce même
directeur général puisse bénéficier d'une
assistance et de conseils qui tiennent compte du plus large éventail
possible des mentalités politiques.
On écarte, avec raison d'ailleurs, de l'administration du
processus électoral, une structure collégiale qui créerait
une situation où le directeur général devrait
continuellement se référer à un conseil d'administration
ou une commission. On ne peut pas sérieusement espérer que le
conseil consultatif, qui se réunit uniquement à l'occasion et au
besoin, puisse jouer ce rôle dans l'administration quotidienne, ce
rôle qui est dévolu, dans le cadre de la loi 2, aux directeurs
adjoints. C'est un leurre de laisser entendre le contraire, d'autant plus que
l'actuel projet de loi soustrait aux avis du conseil consultatif la Loi sur les
élections dans certaines municipalités, la Loi sur la
consultation populaire et la Loi sur la représentation
électorale.
De plus, là n'est pas le rôle du conseil consultatif. Les
partis politiques y délèguent leurs représentants pour
véhiculer leur position sur la loi et ces membres ont des comptes
à rendre, non pas à l'Assemblée nationale, mais bien
à leur parti. Loin de vouloir minimiser l'importance du conseil
consultatif - d'ailleurs, il me semble avoir assez clairement
témoigné en sens contraire dans mon dernier rapport annuel, par
exemple, déposé en juin dernier, où je soulignais
justement qu'il a constitué un outil essentiel pour le directeur
général des élections dans l'application de cette loi
-bien au contraire, je suis néanmoins obligé de reconnaître
qu'il est totalement impossible à ce conseil d'exercer les fonctions des
directeurs adjoints nommés par l'Assemblée nationale.
Nous en arrivons maintenant, M. le Président, à cet
effectif et à la masse salariale du Bureau des électeurs. Dans
l'élaboration des plans d'effectif du Bureau des électeurs, nous
avons tenu compte des points suivants, non seulement de l'expérience
pratique que nous avons acquise au cours des cinq dernières
années, mais également des échanges fructueux que nous
avons eus avec nos collègues des autres juridictions canadiennes, ainsi
qu'avec ceux des différents États américains que nous
avons été appelés à rencontrer à diverses
occasions.
Le processus électoral québécois comporte des
particularités, mais il nous est absolument impossible d'admettre
qu'elles justifient l'abîme actuel entre le régime
québécois et ce qui existe ailleurs au niveau effectif et masse
salariale. On ne peut pas ignorer que le système électoral
fédéral, malgré une complexité ou une
nouveauté qui va peut-être surgir mais qui est déjà
présente chez nous et qui peut apparaître moins grande, s'adresse
à environ quatre fois plus d'électeurs et est administré
par un personnel permanent de 50 personnes. Nous croyons que le Bureau des
électeurs du Québec pourrait réaliser l'ensemble des
mandats dont il aurait la charge avec un effectif de même taille, plus
précisément 52 personnes, et dont la masse salariale
représenterait approximativement 1 500 000 $ annuellement.
Les détails à ce sujet, vous les retrouverez à
l'annexe A du document qui vous a été distribué et qui
comporte un organigramme et certaines définitions quant à un plan
d'effectif. Vous y retrouverez également, à l'annexe B, le plan
d'effectif du directeur général des élections du Canada,
ainsi qu'en l'annexe C, celui du directeur général des
élections de l'Ontario. Il va sans dire qu'une révision radicale,
pour ne pas dire draconnienne, de l'effectif global des trois directeurs
généraux devra être effectuée.
En tenant compte de ces différents points - surtout que nous ne
voulons pas retenir votre commission plus que deux ou
trois minutes - mais également en tenant compte que, sans doute,
dans une période de questions nous pourrons préciser davantage
tous ces aspects qui n'ont pas été couverts dans ce bref
résumé, voici les recommandations que nous vous formulons:
D'abord, en ce qui a trait au Code électoral, de
reconnaître l'Assemblée nationale comme seule institution garante
des droits des électeurs: que cette déclaration soit inscrite
dans un Code électoral élaboré de façon à
reconnaître la primauté des électeurs sur la
procédure et sur les exigences bureaucratiques - c'est d'ailleurs ce qui
a été adopté et intégré au niveau de nos
droits civils, dans le Code de procédure civile, comme principe à
la base de la reconnaissance des droits de nos citoyens; que l'on
réconcilie les diverses institutions ayant une mission d'ordre
électoral au sein d'un Bureau des électeurs relevant directement
et exclusivement de l'Assemblée nationale; que le Bureau des
électeurs soit formé d'un directeur général et de
deux directeurs adjoints; que le directeur général du Bureau des
électeurs se voit confier, de façon exclusive, le mandat de voir
à l'application de l'ensemble des lois dévolues actuellement sur
une base sectorielle; que le directeur général du Bureau des
électeurs occupe ex-officio la fonction de président de la
Commission de la représentation électorale; que le seul mandat
des directeurs adjoints soit d'assister le directeur général.
En ce qui concerne les contrôles qui, nous vous le souhaitons,
devraient être exercés exclusivement par l'Assemblée
nationale, nous recommandons que l'Assemblée nationale soit la seule
instance pouvant exercer ces contrôles sur le Bureau des électeurs
et qu'à cette fin, tous les contrôles directs ou indirects de
l'Exécutif sur cette institution responsable soient abolis; que les
contrôles de l'Assemblée nationale s'exercent dans la mesure
prévue au projet de loi no 96, mais que toutefois, les crédits de
fonctionnement du Bureau des électeurs soient des crédits
votés spécialement à cette fin par l'Assemblée; que
l'effectif permanent du Bureau des électeurs soit
déterminé par l'Assemblée nationale; que la
possibilité de recourir au fonds consolidé ne subsiste que lors
d'un scrutin; que le directeur général du Bureau des
électeurs soit tenu de déposer à l'Assemblée
nationale les contrats de service signés avec des organismes
gouvernementaux. C'est souvent un point qui a été soulevé
et auquel nous nous sommes nous-mêmes butés, à savoir la
perception qui pourrait être faite par le public ou par les membres de
cette Assemblée, advenant une certaine collaboration ou une certaine
utilisation de services gouvernementaux, de services publics.
Dans la mesure où il peut y avoir un doute, il faut voir à
le dissiper. Je pense que la meilleure façon de le dissiper est de
négocier un protocole serré où le client aura toujours le
dernier mot, d'une part, et que ce protocole soit public; qu'il soit
déposé au bureau du président de l'Assemblée
nationale; que sur proposition du président de l'Assemblée
nationale, justement, que cette Assemblée désigne un vote des
deux tiers de ses membres, le directeur général ainsi que les
deux directeurs adjoints du Bureau des électeurs pour un mandat de sept
ans. La définition du mandat dans la loi régissant le financement
des partis politiques, le terme est précisé à cinq ans;
dans la Loi électorale, le mandat du successeur de l'actuel directeur
général des élections sera de sept ans. C'est la
dernière définition qui a été retenue par
l'Assemblée nationale. C'est celle que nous vous soumettons. Mais,
là où il y a une différence majeure, c'est que ce ne
serait non plus sur une proposition du premier ministre que ces nominations
seraient faites, mais, bien, sur une proposition du président. Je
comprends qu'il y ait des accrocs à la procédure, mais je pense
bien qu'encore une fois, ce n'est que de la procédure. (18 heures)
À la suite d'élections générales, sur
proposition de son président, l'Assemblée nationale
désigne un vote des deux tiers de ses membres, les deux autres membres
de la Commission de la représentation, dont le mandat, ad hoc, se
terminerait avec l'adoption de la nouvelle délimitation des
circonscriptions. Nous vous soulignons que l'objet ou l'un des objets de la Loi
sur la présentation électorale est de voir à ce qu'une
commission complètement indépendante vienne fixer la
délimitation des circonscriptions à la suite d'un scrutin
général. Ce mandat, lorsqu'on considère cette loi, a une
durée de deux ans approximativement. Pourquoi nommer des gens pour
quatre ans s'il y a du travail pendant deux ans? Nous vous soumettons, par
contre, que l'actuel projet de loi 96 risquerait, jusqu'à un certain
point, d'augmenter des frais, quand on considère les nouvelles
délimitations, les nouvelles responsabilités que l'on voudrait
confier à la Commission de la représentation au niveau municipal.
Actuellement, le directeur général de la représentation a
rempli ces mandats. C'était un individu qui les remplissait. Dans la loi
que vous étudiez actuellement, on pense confier ce mandat à deux
individus qui formeraient alors une commission. Que le Bureau des
électeurs permette de façon exemplaire l'accès des
citoyens à tous les documents du bureau, évidemment, dans la
limite des lois que vous avez votées. En ce qui a trait au conseil
consultatif du Bureau des électeurs, qu'un conseil consultatif soit
créé et doté d'un mandat identique à celui existant
dans la Loi régissant le financement
des partis politiques, mais élargi, cette fois, à
l'ensemble des lois confiées au directeur général du
Bureau des électeurs, sauf ces dispositions de la Loi sur la
représentation électorale visant la délimitation
périodique des circonscriptions électorales.
Que l'ensemble des directives, formules, formulaires nécessaires
à l'application des lois soient prescrits par le directeur
général du Bureau des électeurs après leur
soumission au conseil consultatif.
Que le directeur général du Bureau des électeurs
prenne l'avis du conseil consultatif avant de procéder à la
nomination d'un directeur de scrutin. Nous croyons, M. le Président,
qu'il s'agirait - c'est ce que nous vous soumettons - d'une façon
d'accroître la crédibilité de la personne ainsi
désignée à ce poste et de dédouaner toute cette
question de nomination des directeurs de scrutin.
Que le conseil consultatif soit composé de deux
représentants, dont un député de chacun des partis
représentés à l'Assemblée nationale et du directeur
général du Bureau des électeurs qui en assume la
présidence.
Que le conseil consultatif tienne, au moins une fois par année,
une réunion ouverte au public où pourront se faire entendre les
citoyens et organismes intéressés.
Maintenant, deux mandats prioritaires que nous suggérons à
la commission de considérer. Mandats qui pourraient être
confiés, justement, à ce Bureau des électeurs dans un
très court terme après sa formation. Que le directeur
général du Bureau des électeurs ait le mandat de
procéder à une révision draconienne de l'effectif global
des trois directions générales actuelles, en s'assurant par
ailleurs que tous les employés permanents actuellement à l'emploi
des trois directions générales soient intégrés sans
autres formalités à la fonction publique et
bénéficient des possibilités de mutation au sein de la
fonction publique. Je vous souligne que c'est loin de ce qui est prévu
dans l'actuel projet de loi 96.
Que le directeur général du Bureau des électeurs
propose aux membres de l'Assemblée nationale avant mai 1983 une
réduction radicale du nombre de formules et formulaires actuellement en
vigueur. Qu'on considère simplement qu'un tel exercice a
été fait par notre collègue, Jean-Marc Hamel, directeur
général des élections du Canada, et il a réussi
à réduire d'environ 50% le nombre de formulaires qui
étaient en vigueur sous sa juridiction. On est passé de quelque
200 formules et formulaires à environ une centaine. Et cela, ce serait
avant mai 1983. Pourquoi mai 1983? Vous aurez compris qu'il y a un premier
laboratoire qui se propose sans doute; compte tenu des exigences de la Loi
électorale, il y aura des élections partielles vers cette
époque. Il faudrait, dès cette occasion, qu'on se retrouve avec
un résultat pratique au niveau du dégraissage des formules et
formulaires en vigueur.
Enfin, que le directeur général du Bureau des
électeurs vous propose, vous remette par le biais du président de
l'Assemblée avant décembre 1983, un code électoral qui
réunirait cette fois toutes les lois qui touchent ce secteur, que ce
soit au palier municipal ou au palier québécois.
Il s'agit là, M. le Président, des principaux points sur
lesquels nous voulions attirer votre attention à ce moment. Il va de soi
que mes directeurs adjoints et moi-même sommes à votre
entière disposition pour répondre à toute question que
vous ou les membres de cette commission voudrez bien nous formuler.
Le Président (M. Paré): Merci beaucoup, M. Boucher.
Nous prenons effectivement en considération votre offre. On vous demande
effectivement de demeurer à la disposition de la commission. On va vous
dire immédiatement à quelle heure.
M. Bédard: Après un temps, M. le Président,
nous conviendrions de recommencer nos travaux à 19 h 45.
Le Président (M. Paré): Les travaux vont être
suspendus jusqu'à 19 h 45 ce soir. J'invite les membres de la commission
à revenir de même que MM. Boucher, Lemieux et Côté,
s'il vous plaît afin de répondre à nos questions.
Merci beaucoup
(Suspension de la séance à 18 h 08)
(Reprise de la séance à 19 h 51)
Le Président (M. Paré): Bonsoir mesdames et
messieurs. La commission élue permanente de la présidence du
conseil et de la constitution reprend les travaux que nous avons suspendus
à l'heure du souper, dans le but d'entendre et de poser des questions
aux représentants des trois organismes invités. Alors, les
travaux recommencent maintenant. On peut poser des questions. Je donne la
parole au député de Charlevoix, qui l'a demandée.
Discussion générale
M. Mailloux: Je pense, à la suspension de la séance
précédente, que le ministre de la Justice, responsable de la
réforme électorale, nous avait assuré que, lors de
l'étude du projet de loi, article par article, il pourrait être
possible que les directions puissent être à la disposition du
ministre, pour des réponses aux questions qui pourraient être
posées sur l'étude du projet
de loi 96.
Ceci étant dit, mon collègue principalement, et
moi-même, les questions que nous poserons, au cours de cette
séance, concerneront plutôt l'aspect administratif qui
découle des rapports qui sont déposés par les trois
directions. Autant que faire se peut, nous retiendrons les questions qui
pourraient concerner le projet de loi 96, au moment où le projet de loi
sera appelé par le gouvernement en Chambre, la semaine prochaine,
semble-t-il. En aucune façon, ceci ne veut pas dire, autant pour le
rapport déposé par le directeur général des
élections, quant aux suggestions qu'il fait pour l'avenir, de même
pour celui du directeur de la Commission de la représentation
électorale ainsi que celui du directeur du financement des partis
politiques, dans lesquels on retrouve quand même plusieurs suggestions
heureuses, quant à l'importance de la note dont on a parlé
aujourd'hui, de certains correctifs qui pourraient y être
apportés. Ce n'est pas parce que nous voulons ignorer les
recommandations, loin de là. Mais nous voulons prendre le temps de les
étudier, avant que l'étude, article par article, soit
amenée. Ce soir, principalement, ce sera sur le côté
administratif que nous interviendrons.
M. Bédard: Effectivement, j'ai indiqué, comme je le
fais assez régulièrement, que lorsqu'il y aura la discussion,
article par article, il y aura sûrement la possibilité de
s'assurer la disponibilité des personnes entendues aujourd'hui par la
commission, quitte à ce qu'il y ait une entente sur la manière de
travailler.
Je ne voudrais qu'il y ait de confusion de part et d'autre et que ceci
puisse être interprété comme si nous allions discuter le
projet de loi, article par article, en pouvant référer à
chaque article à ceux qui se sont fait entendre aujourd'hui. À un
moment donné, peut-être sur certains, je comprends que c'est un
peu l'idée de l'Opposition, sujets précis - que ce soient des
précisions dont on ait besoin, des indications - à ce
moment-là on pourra penser à assurer cette
disponibilité.
M. Mailloux: Principalement sur des suggestions qui ont
été faites à l'intérieur des rapports qui ont
été présentés dans le cours de la
journée.
M. Bédard: Je voudrais bien qu'on se comprenne, pour qu'il
n'y ait pas de confusion. Est-ce vous voulez dire que vous aimeriez qu'au
niveau des questions de fond elles-mêmes, dans l'étude du projet
de loi article par article, nous abordions les questions de fond
elles-mêmes autrement qu'entre les membres de la commission, que ces
questions de fond puissent être abordées avec les personnes que
nous avons entendues aujourd'hui?
M. Mailloux: Pas nécessairement. Mais, s'il advenait dans
l'étude article par article que l'éclairage - soit pour le
ministre de la Justice ou de l'Opposition - devienne nécessaire, sans
abus, qu'on puisse obtenir une information.
M. Bédard: D'accord.
M. Mailloux: II n'y a pas d'arrière-pensée dans la
demande.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président. Dans le cadre que vient
d'indiquer mon collègue de Charlevoix, on sait qu'en mars 1982 le
directeur général des élections soumettait son rapport sur
le projet d'implantation du registre des électeurs du Québec.
Comme c'est la première occasion que nous avons de nous retrouver avec
le directeur général des élections, il y a un certain
nombre de questions que je voudrais lui poser concernant ce projet de registre
des électeurs.
On sait que - on y a fait allusion d'ailleurs à plusieurs
reprises - les travaux, sous la direction du DGE ont encouru des
dépenses de l'ordre de plus de 4 500 000 $, avant et peut-être
même un peu après qu'une décision ne vienne mettre un terme
à ce projet. La première question que j'aimerais poser à
M. Côté c'est de savoir à compter de quelle date son
personnel, son bureau a commencé à préparer des
études ou à faire des travaux en rapport avec la confection ou le
projet du registre des électeurs.
Le Président (M. Paré): M. Côté.
M. Côté: Alors, il y a trois époques qui se
sont produites. Je les mentionne dans le rapport que j'ai déposé
à l'Assemblée nationale au mois de mars 1982. La première,
en date du 3 mai 1978, c'est une décision du Conseil des ministres
voulant - je peux bien vous relire la décision, elle est reproduite dans
le rapport, mais je pense que ce serait un peu long - procéder à
la confection d'une liste. La deuxième, une nouvelle décision en
date du 6 décembre 1978 - j'ai le numéro de la décision
ici - qui me confiait de fait la responsabilité de la réalisation
de ce projet. Cela a été suivi par ce qu'on a appelé le
projet de loi no 123 qui a été déposé le 30
novembre 1978. J'ai l'information. Le projet de loi no 123 a été
adopté le 13 décembre par 78 voix contre 11 et sans
abstentions.
Je ne sais pas si vous vous rappelez les principales données de
ce projet de loi.
M. Gratton: Oui.
M. Côté: Est-ce que ça répond à
votre question?
M. Gratton: Oui, sauf que, plus précisément, vous
me parlez d'une première décision en date du 3 mai 1978. Un
arrêté en conseil. Est-ce que c'est à partir de ce
moment-là que votre bureau, votre personnel, a commencé à
faire des travaux?
M. Côté: Je voudrais qu'on distingue clairement. Je
pense bien que le but de votre question, c'est de savoir comment on s'y est
pris pour dépenser ces 4 000 000 $ et à quel moment on l'a
fait.
M. Gratton: À quel moment on a commencé à
dépenser des sommes d'argent?
M. Côté: Je réponds de mémoire.
Peut-être que je le retrouverais dans le texte, mais le souvenir que j'en
ai, c'est que les travaux qui ont été faits à ce
moment-là sont des travaux internes. Des travaux qui ont
été faits par le personnel qui était là, qui s'est
penché sur la question. Cela avait été commencé par
le BCI, parce qu'au tout début, cela avait été
confié au BCI, au bureau central d'informatique. Je vais vous dire bien
franchement que, à partir du moment où personnellement j'ai
réalisé que la continuation des travaux pouvait entraîner
des dépenses importantes, j'ai suggéré fortement qu'il y
ait une loi d'adoptée pour m'habiliter à les poursuivre de sorte
que c'est seulement après l'adoption du projet de loi no 123 que les
sommes d'argent les plus considérables ont été
engagées. Je vous donne cela de mémoire. On pourrait le retrouver
dans le rapport dont je vous parle.
Je pourrais apporter, peut-être, d'autres précisions parce
qu'il me vient une autre explication. Mais, peut-être que vous
aimeriez... (20 heures)
M. Gratton: Est-ce qu'il n'y a pas eu d'engagement de
professionnels, par exemple?
M. Bédard: II y a eu un débat, je pense.
M. Côté: Je vais faire appel à ma
mémoire, ce n'est pas que je ne veux pas vous répondre, je
pourrais le retrouver dans mes dossiers, parce qu'on a des filières de
cette expérience. De mémoire, je ne me souviens pas qu'il y ait
eu des sommes d'argent importantes d'engagées avant l'adoption de la loi
no 123.
M. Gratton: Avant l'adoption de la loi no 123 en date du 22
décembre 1978, je pense, est-ce qu'il s'agissait de travail
d'évaluation, d'études de possibilités ou s'il s'agissait
effectivement de travail d'établissement de...?
M. Côté: Non, non, la distinction que vous faites
est tout à fait exacte. C'était un travail d'évaluation
pour voir vers quoi cela pouvait conduire. C'est à partir du moment
où l'on s'est rendu compte que cela pouvait conduire à des
recherches beaucoup plus approfondies, beaucoup plus longues, beaucoup plus
coûteuses, qu'on s'est dit: Oh! Une minute! II faut vraiment avoir
l'autorisation de l'Assemblée nationale pour pouvoir aller plus
loin.
M. Gratton: Vous aviez le mandat, chez vous, à votre
bureau. Il y avait aussi le bureau de l'informatique du ministère des
Communications et la Régie de l'assurance-maladie du Québec. Je
présume qu'il y a eu des rencontres entre les trois organismes, à
ce moment.
M. Côté: Au tout début, il y a eu
effectivement des rencontres entre les trois. Le premier mandat était
confié - ceci a coïncidé avec mon entrée en fonction
- le 3 mai 1978, la décision du Conseil de ministres, de mémoire,
je pense que je suis entré en fonction le 25 mai. Il y avait
déjà des rencontres préliminaires qui s'étaient
tenues entre le bureau central d'informatique et la Régie de
l'asssurance-maladie parce que c'était dans le projet d'impliquer la
Régie de l'assurance-maladie, vous vous rappelez, non seulement au sujet
de la carte, mais également d'utiliser les services d'informatique dont
disposait la régie. Il y a eu les rencontres, je dirais,
préliminaires et d'exploration face à ce projet.
M. Gratton: Est-ce qu'en août 1978 votre bureau n'avait pas
obtenu les services de la firme Drouin et Paquin qui avait mandat d'achever la
conception administrative du système permanent et de conseiller le DGE
dans la mise en place d'une structure de mise en oeuvre du projet?
M. Côté: Oui. Cela est arrivé. Un instant, je
vais retracer mon rapport, je ne veux pas vous donner une réponse
erronée. Je vous donne aussi le mémoire. On a requis les services
de la firme Drouin et Paquin avant l'adoption de la loi no 123, pour essayer de
savoir vraiment si l'évaluation qui était faite ou la
première analyse qui a été faite par le BCI était
la bonne approche. Le souvenir que j'en ai, est que le BCI était un peu
dépassé par l'ampleur du projet. On s'est dit qu'avant d'aller
plus loin, il faudrait demander les conseils de la firme qui avait
conseillé le gouvernement dans les années
antérieures pour des projets analogues. C'était la seule
spécialisée dans le domaine. Alors, on lui a demandé: Eh
bien, écoutez. Que conseillez-vous? Quelle est votre opinion? À
ce moment-là, les services de cette firme ont été
retenus.
M. Gratton: II s'agissait de compléter la conception
administrative du système permanent éventuel et pour mettre en
oeuvre une structure qui permettrait de coordonner les activités,
surtout les éléments du projet: l'organisation, la
législation, la mécanisation, etc.
M. Côté: Ce que vous citez, le retrouvez-vous dans
mon rapport?
M. Gratton: Non, je le retrouve dans une de mes notes.
M. Côté: Ah bon! Vous avez raison
là-dessus.
M. Gratton: M. Côté, à ce moment-là,
agissiez-vous en vertu de la décision du 3 mai 1978, du Conseil des
ministres? En vertu de la loi actuelle, vous interprétez la loi
électorale actuelle qui vous permet de faire des recherches en vous
donnant la possibilité d'agir sur demande du Conseil des ministres ou du
ministre responsable de la Réforme électorale, à engager
des fonds et des dépenses de deniers publics. Je comprends aussi que
c'était de nature exploratoire. D'ailleurs, vous avez
débouché sur une recommandation au ministre de présenter
le projet de loi no 123. La question que je me pose est: À quel moment
et après combien de dépenses, on en arrive à dire que
là, il est peut-être temps de saisir l'Assemblée nationale
de cela; cela se dirige un peu loin?
M. Côté: Me permettez-vous de faire une relation
avec les dispositions du projet de loi auxquelles M. Mailloux a fait allusion
ce matin? Je pense que cela complète la question.
M. Gratton: Je ne vous suis pas.
M. Côté: M. Mailloux a fait référence
ce matin à des dispositions du projet de loi, à l'article 183,
où il est question de recherches.
M. Gratton: Oui.
M. Côté: Je pense que votre question complète
la représentation de M. Mailloux. Est-ce que je me trompe?
M. Gratton: La question que je pose est: À quel moment...
Oui, je vous avoue que je ne me rappelle pas des détails de la
question.
M. Côté: Je voudrais faire le joint tout de suite.
Quand il est question, pour moi, dans le projet de loi - parlons du projet de
loi pour le moment - d'effectuer des recherches, l'expression n'est
peut-être pas tout à fait heureuse, comme mot. Je pense qu'il
faudrait peut-être parler plutôt d'études, parce que je
réalise, en voyant le sens de votre question, que le mot "recherche"
peut revêtir une ampleur considérable et que cela peut vouloir
dire de faire des recherches sans limite avec un pouvoir qui n'aurait aucun
contrôle. Prenons un exemple farfelu, il me viendrait par la tête
d'effectuer des recherches sur les machines à voter. Prenons cet exemple
pour illustrer ma pensée. Pour les machines à voter, cela peut
être des coûts considérables, cela peut vouloir dire de se
rendre en Europe, aux États-Unis, faire venir de la documentation, c'est
à n'en plus finir. Pour moi, ce genre de recherches très large
qui est autre chose qu'une étude de renseignements qu'on peut se
procurer à gauche et à droite, je ne vois pas la
possibilité, je ne vois pas comment je pourrais entreprendre des
recherches comme celles-là, de cette nature, des recherches d'envergure,
sans obtenir absolument l'approbation de l'Assemblée nationale.
M. Gratton: Donc, l'article 183 de la Loi électorale
actuelle ne vous aurait pas, selon vous, permis de faire plus que vous avez
fait sans recourir à une loi comme la loi 123.
M. Câté: Absolument. Je trouve que si cela me
donnait ce pouvoir, ce serait exorbitant.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Bédard: Avec la permission de mon collègue.
Autrement dit, ce genre de recherche ferait partie de prévisions
budgétaires, si on en venait à la conclusion que l'analyse des
prévisions budgétaires devrait, à l'avenir, se faire par
le mécanisme prévu dans la loi que nous avons devant nous, au
plan de l'intégration.
M. Côté: Si vous permettez, M. le ministre, de
compléter l'exemple que vous donnez. Si j'avais l'intention ou si
quelqu'un proposait de faire l'analyse d'un nouveau mécanisme de
votation et que, chez moi, on faisait une étude sommaire de la question
pour savoir - je reprends encore le même exemple qui ne s'appliquerait
pas de sitôt au Québec: la machine à voter. Je prends
expressément cet exemple, parce que cela peut entraîner des
coûts considérables - ce que je pouvais faire, c'est de
m'enquérir sur ce qui existe sur le plan de la documentation, des
livres. Mais, avant
d'engager des sommes considérables, d'engager des
spécialistes, d'aller voir ce qui se passe ailleurs, en fait, d'aller
beaucoup plus loin dans une recherche comme celle-là, cela serait inclus
certainement dans les prévisions budgétaires que je soumettrais
à la commission.
M. Bédard: Autrement dit, ce que vous croyez être
indiqué de faire, ce sont seulement les recherches ou encore les
études préliminaires qui vous donnent une idée de
l'étendue de ce que serait une recherche approfondie.
M. Côté: Exactement.
M. Bédard: Si cette étude préliminaire
permet de dégager une conviction qu'aller plus loin dans les recherches
représenterait des dépenses importantes ou un mandat très
important, à ce moment...
M. Côté: Vous ne pourriez pas mieux résumer
ma pensée.
M. Gratton: En même temps, il faut bien se comprendre. Cela
a dépassé 4 500 000 $. Alors, forcément, loin de moi
l'idée de prétendre qu'on a dépassé les 4 500 000 $
avant l'adoption de la loi 123. Je sais fort bien que ce n'est pas le cas. Mais
c'est une inquiétude chez moi de constater qu'on a quand même
effectué des travaux, on a même procédé à
l'engagement de la firme Drouin et Paquin, avant que l'Assemblée
nationale ne l'autorise. Est-ce qu'on a aussi, en même temps, fait
certaines études, certains travaux, concernant la carte
d'électeur?
M. Côté: Tout ce qui a été fait sur la
carte de l'électeur chez moi, c'est un autre bon exemple de ce qu'on
veut illustrer, c'est dans le domaine de la réflexion ou de
l'étude. On s'est dit, tout simplement, que si jamais il y avait une
carte d'électeur au Québec, ce dont il était fort question
à l'époque, qu'est-ce que cela pourrait vouloir dire? Alors, on
est arrivé à une évaluation très sommaire de
chiffres, de tant à tant par électeur, que cela coûterait.
Pour utiliser le même exemple dont vous venez de vous servir, on n'a pas
eu recours à une firme pour savoir si la carte de l'électeur...
On n'est pas parti en grande. Je vous donne cela de mémoire. Je peux me
tromper, vous pouvez peut-être me corriger. Cette question date de
quelque temps. Je n'ai pas souvenance qu'on ait fait de vastes recherches sur
la question.
M. Gratton: Est-ce que la recherche, par contre, avait pu aller
jusqu'à étudier quatre options possibles et même en
recommander une des quatre au ministre?
M. Côté: Peut-être, mais il faudrait vraiment
que je revoie le dossier. De mémoire, ce que je me rappelle, je sais
qu'il avait été question que c'était lié au
registre d'avoir comme, s'il s'agissait d'une carte, celle de la Régie
de l'assurance-maladie, d'avoir une carte d'identité qui soit propre
à un identificateur informatique différent de celui de la
régie et d'avoir une carte d'électeur qui soit la plus
complète et la plus parfaite possible, à savoir celle qui n'a que
des fins électorales et qui reproduirait la photographie des
électeurs. C'est à partir de ce moment qu'on a
réalisé, de prime abord et à sa face même, que cela
pourrait représenter des coûts astronomiques.
M. Gratton: Cette étude préliminaire que vous avez
faite sur quatre options possibles - j'apprécierais que vous
vérifiiez et que vous puissiez me dire si effectivement vous
étiez allés aussi loin que cela, c'est-à-dire de
recommander une des quatre options possibles - est-ce que vous aviez entrepris
ces travaux à la demande de quelqu'un? Est-ce que cela faisait partie de
la décision du Conseil des ministres du 3 mai 1978 ou si vous avez fait
ces travaux ou ces études de votre propre initiative?
M. Côté: M. Dumas, qui est directeur de la recherche
chez nous, me confirme ce que j'ai de mémoire, mais vraiment je voudrais
bien être clair avec vous; s'il y a lieu, je pourrais faire d'autres
recherches et vous donner une réponse peut-être plus
précise, cela date quand même de 1978. Il n'y a pas eu de mandat
spécifique autre que celui relié au registre lui-même qui
faisait référence à la carte de l'assurance-maladie. Il
n'y a pas eu de notre part formellement de recommandations d'adressées
au gouvernement sur une option ou l'autre. (20 h 15)
M. Gratton: Vous le dites, il y a eu une étude
préliminaire, mais votre interprétation du rôle du DGE, par
rapport à la Loi électorale et aux autres lois qui,
éventuellement, pourraient se retrouver sous votre autorité,
est-ce que ce genre d'étude, que vous pourriez entreprendre de votre
propre initiative, ou à la demande du Conseil des ministres - parce que
ce serait encore permis, même après l'adoption de la loi 96
-est-ce que ce sont des documents, en supposant que vous en produisiez, qui
devraient normalement être déposés et rendus publics?
Est-ce qu'il peut y avoir de ce genre d'étude qui pourrait demeurer
confidentielle dans l'intérêt public ou pour d'autres raisons?
M. Côté: Vous me posez une question fort
délicate. Ma réponse va déborder un petit peu votre
question, si vous me le permettez.
Traditionnellement, une des fonctions du directeur général
des élections est de conseiller le gouvernement sur la
législation électorale. Cela a toujours existé, à
ce qu'on m'a dit. J'ai même demandé une opinion juridique à
cet égard, mais je ne l'ai pas encore reçue. Je me suis
inquiété de la question. Est-ce que, étant redevable
à l'Assemblée nationale tout entière, je pouvais me
permettre de faire des commentaires, des suggestions, ou des recommandations au
gouvernement, à l'Exécutif, face à la
législation?
La conclusion qu'on me donne, enfin on pourra voir le résultat de
l'étude, bien que le juriste m'ait affirmé que c'était la
tradition, est à l'effet qu'il était dans le râle normal du
directeur général des élections de soumettre des
commentaires ou des suggestions, face à une législation que se
propose d'introduire le gouvernement. À ce moment-là,
évidemment, ça va de soi, je pense que ce sont des suggestions et
des commentaires qui ont un caractère confidentiel.
M. Gratton: Mais si on prétend, en principe, que le
directeur général des élections, dans ses fonctions
actuelles ou dans ses fonctions éventuelles, doit relever uniquement de
l'Assemblée nationale, est-ce qu'on ne peut pas se poser la question
à savoir qu'il devrait être redevable uniquement devant
l'Assemblée nationale?
M. Côté: En principe, je dirais, oui, vous avez
raison. Cela voudrait dire que les relations "privilégiées" qui
ont toujours existé, depuis que la fonction existe, entre le directeur
général des élections et les éléments de la
législation du gouvernement, je dis bien, si on pousse votre
raisonnement jusqu'au bout, disparaîtraient. Je pense qu'il faudrait
étudier cela à fond pour savoir si c'est la meilleure solution.
En définitive, quelle est la question? Je pense, pour le gouvernement
quel qu'il soit, c'est de se dire: Écoutez, on envisage d'introduire
telle mesure législative qui va apporter une modification à la
Loi électorale ou à une de ses dispositions; or la personne qui
est peut-être la mieux qualifiée, ou enfin, dont c'est le
métier et qui la connaît le plus, il y a des chances que ce soit
le directeur général des élections; peut-être que
cela ne serait pas une mauvaise idée qu'on sonde son opinion, quitte
à ce que la décision que le gouvernement prendra - c'est ce qui
se produit régulièrement - soit sa décision. C'est une
décision à caractère politique, c'est sa
responsabilité. Sur le plan du conseil, de l'opinion, c'est la tradition
qui existe.
Peut-être qu'il y aurait lieu, comme vous le soulignez, de se
repencher sur cette question et de dire, à l'avenir... enfin de
défendre qu'une telle chose se produise ou de dire que cette tradition
n'existe plus. Il faudrait peut-être approfondir la question.
M. Gratton: Dieu sait, en tout cas, que les traditions, en ce qui
concerne le financement des partis politiques, ont évolué assez
rapidement. C'est le moins qu'on puisse dire. Là, où
c'était la tradition pour un tas de choses de se passer, c'est
maintenant devenu tout à fait banni, honni et même
condamné, non seulement par la loi mais par l'opinion publique.
M. Côté: Je m'excuse...
M. Gratton: Je me dis, peut-être bien qu'on devrait, dans
le sens qu'indiquait le ministre cet après-midi, y aller à
fond.
M. Côté: Je m'excuse de vous interrompre, M.
Gratton, mais je voudrais seulement apporter une précision
supplémentaire très importante, je pense. Il a été
question, à la fin de la dernière période
électorale... Vous savez que j'ai constitué un comité
consultatif, pendant la période électorale, de
représentants des partis politiques. Ce comité, qui était
en somme un conseil consultatif, s'est réuni à cinq reprises.
À la dernière réunion il s'est produit la chose suivante:
unanimement, les membres de ce comité représentant les deux
principaux partis ont exprimé l'opinion qu'il faudrait se pencher sur
des amendements à apporter à la Loi électorale. Et
unanimement, tout le monde a dit: II faut se revoir. Ce qui, effectivement, a
été fait. Il y a eu réunion des deux côtés -
je veux dire des représentants du Parti libéral et des
représentants du Parti québécois. Il y a eu une ou deux
rencontres. Nous sommes sur le point - ce même comité en autant
que... Cela devrait être confié au conseil consultatif dans la
future loi - ce regroupement des représentants des deux partis devraient
participer à ces échanges conjointement parce que... L'autre
élément que vous soulevez qui me semble très important
c'est le suivant: dans le domaine électoral, dans le domaine de la
législation électorale - pour ma part je crois, et c'est une
opinion qui a été exprimée à plusieurs reprises par
M. le ministre et par des membres de l'Opposition - c'est une
vérité de base qu'il ne faut pas oublier; je crois qu'il faut
procéder par mode d'échange et de consensus. À ce
moment-là, la meilleure façon c'est de se parler, et probablement
par l'intermédiaire du futur conseil consultatif qui serait
l'intermédiaire privilégié pour le faire.
M. Bédard: La question mérite d'être
approfondie comme vous le dites. Il faut voir jusqu'où elle peut
conduire, parce que si on
allait jusqu'à l'extrême...
M. Gratton: Ouverture.
M. Bédard: Non. Jusqu'à l'extrême - ce
qu'avançait le député de Gatineau - s'il n'y avait aucune
communication, je n'aurais pas été en droit de demander des
opinions personnelles des trois directeurs généraux de nos
principaux organismes électoraux en fonction d'un regroupement
éventuel. Ce que j'ai fait - la communication que j'ai rendue publique -
il me semble que l'indépendance ne veut pas dire l'absence
complète de communication avec ce qui nous entoure. Cela doit être
fait, j'imagine, dans des conditions qui toujours préservent cette
liberté d'opinion et surtout cette indépendance nécessaire
de chacun des directeurs, de ceux qui assument des responsabilités au
niveau de nos organismes électoraux.
M. Gratton: Je conviens avec le ministre qu'il ne faut pas
dépasser les bornes mais il y a une chose qui est sûre, c'est que
les articles de journaux, les déclarations fracassantes qui ont
été faites au cours des dernières semaines
résultent de quelque chose. Cela résulte du fait qu'il y a un
manque d'informations avant. Vous nous avez fournie un certain nombre
d'explications que j'ai trouvées fort valables dans votre
présentation cet après-midi. Mais notamment en ce qui concerne le
registre des électeurs aussi bien que la carte des électeurs,
j'ai des informations selon lesquelles, même au 1er septembre 1981, on
continuait à travailler sur la carte d'électeur.
Je vous donne un exemple où cela peut mener. Quand on pense
à 4 500 000 $ qui ont été dépensés sur le
registre des électeurs. On a posé des questions à
l'Assemblée nationale, au gouvernement. Je vous donne l'exemple
très précis du 7 juin 1979. M. Lavoie - alors
député de Laval -demandait: "Deuxièmement si on pouvait
avoir copie des ententes qui ont été signées
jusqu'à maintenant en vertu de la loi 123. La loi 123 autorisait
à avoir des ententes. Serait-il possible d'avoir des copies des ententes
intervenues jusqu'à maintenant?" Il s'agissait du registre des
électeurs. M. Burns répondait: "Je vous ai répondu l'autre
jour qu'il n'y en avait pas de signées. Il me semble qu'on vous a
répondu."
Donc le 7 juin 1979, l'Assemblée nationale et donc la population
était informée par un ministre du gouvernement qu'il n'y avait
aucun contrat signé pour les travaux concernant le registre des
électeurs. Et, pourtant, avant le 7 juin 1979, il y avait un, deux,
trois, quatre, cinq, six, sept, huit contrats de signés, totalisant 1
477 255 $. J'en ai des copies ici, je vous fais grâce de
l'énumération, mais il y avait pour 1 500 000 $ de contrats
signés avec des firmes de l'extérieur.
Je n'accuse pas M. Burns d'avoir menti à la Chambre, d'avoir
délibérément induit la Chambre - donc, la population - en
erreur. Ce que je dis, c'est que quand on agit de cette façon dans le
cas du registre des électeurs et dans le cas de la carte des
électeurs, on s'expose à des situations semblables. On s'expose
à en venir en fin de compte à avoir dépensé au
delà de 4 500 000 $ pour un projet. Ce projet n'avait rien de
reprehensible en soi au moment où on a commencé à
l'étudier, mais il me semble que si on avait fait le débat qu'on
fait au moment de la présentation du projet de loi no 3 sur le registre
des électeurs et qui a finalement abouti au rejet du projet, le
gouvernement l'a tout simplement abondonné grâce - je ne veux pas
de mérite, je veux simplement faire une affirmation de fait - à
l'opposition systématique de l'Opposition, on en serait peut-être
rendu à beaucoup plus de millions de dollars. Ce que je dis, et ce n'est
une accusation à l'endroit de personne, c'est qu'il y a quelque chose
qui ne va pas quelque part. Quand un gouvernement peut, à partir d'un
arrêté en conseil, demander au directeur général des
élections d'étudier une possibilité - à
l'égard de la loi no 183, le directeur général des
élections peut même prendre l'initiative lui-même - et qu'on
débouche sur des déboursés de 4 500 000 $ pour en arriver
à constater que ce qu'on pensait pouvoir être une façon
d'économiser des fonds publics en même temps que nous doter d'une
meilleure liste permanente d'électeurs, c'est tout le contraire... Nous
n'étions pas sûrs que ça nous donnerait une meilleure liste
d'électeurs et le gouvernement a fini par conclure qu'il n'en
coûterait pas moins cher que la façon traditionnelle de faire les
choses.
Je le donne à titre d'exemple de la nécessité pour
nous tous de nous interroger de façon très sérieuse - le
directeur général des élections admet qu'il faudra le
faire -sur les mécanismes qu'on devra trouver, non pas pour surveiller
le directeur général des élections, nous lui faisons
confiance, mais pour s'assurer que, même si c'était
involontairement, de semblables situations ne se reproduisent plus.
Je ne sais pas si M. Côté a des commentaires à
ajouter, mais je lui laisse la parole.
M. Côté: J'en aurais un seul. Je pense que le
sentiment ou le souvenir que j'ai du travail que j'ai accompli à
l'égard du registre des électeurs était pour moi
très clairement un mandat qui m'était confié en
définitive par l'Assemblée nationale, en vertu de l'article 181
de la Loi électorale. Au moment où la loi no 123 a
été adoptée,
selon le souvenir que j'ai du débat qui a eu lieu à ce
moment-là, ce que vous relatez a été cité, a
été raconté, a été déposé. Il
y a une série de documents qui ont été
déposés à ce moment-là. Pour ma part, ce que j'ai
réalisé, c'est qu'on me confiait un mandat à
réaliser de la meilleure façon possible et qui a abouti au projet
de loi no 3, le projet de loi sur le registre des électeurs.
Cela étant dit, je suis d'accord avec vous - et je le dis
à la fin du mémoire que j'ai déposé aujourd'hui -
sur un point très précis et je l'ai dit également surtout
avec beaucoup d'insistance dans le mémoire que j'ai déposé
au mois de mars concernant ce problème du registre.
Je termine en faisant une recommandation très précise: Si
l'on veut poursuivre la réalisation du registre des électeurs -
je pense que cet exemple vaut pour d'autres projets de recherche qui pourraient
intervenir - il faudrait procéder en priorité à une
étude de coût-bénéfice et à une étude
de contrôle de la qualité. Je pense que c'est une des principales
conclusions de l'expérience que j'ai pu vivre de ce registre qui a
exigé énormément de travail. Je pense qu'une des
"leçons" qu'on pourrait peut-être tirer de toute
l'expérience, ce serait que si on en arrive dans l'avenir à des
modifications d'importance - je dis bien d'importance - comme celles du
registre, il faudrait tous ensemble essayer d'évaluer quels seraient les
coûts-bénéfices, pas seulement en termes de coûts
financiers, mais surtout en termes de conséquences pour les
électeurs. C'est cela qui doit être la première
préoccupation, je pense, parce que c'est toute la philosophie qui est en
arrière de nos lois.
On pourrait arriver, par exemple, à la conclusion que, pour les
électeurs, il faudrait telle chose et que ce serait
bénéfique, mais, étant donné notre situation
économique, on ne peut pas se le permettre. Bon! C'est une autre
question. Mais la première préoccupation, c'est de savoir si...
Pour reprendre l'exemple du registre, il y a des questions qui se poseront
très prochainement là-dessus, soit sur le registre ou sur les
listes électorales. Il faudra approfondir à fond celle de savoir
si, un jour, les listes électorales provinciales serviront vraiment pour
les fins municipales. Je peux vous dire qu'il y a un comité qui
approfondit ces questions attentivement présentement. C'est un
comité de fonctionnaires, c'est très restreint; on
réfléchit là-dessus, on se pose la question.
M. Gratton: M. Côté, est-ce que les dispositions du
projet de loi no 96, sur lesquelles vous auriez à non pas
défendre mais expliquer les prévisions budgétaires, tant
celles du début de l'année que celles supplémentaires qui
pourraient être requises, à toutes fins utiles, assureraient
l'Assemblée nationale que des situations semblables à
celle-là ne pourraient pas se reproduire?
Dernière question: Est-ce que c'est réglé pour la
carte des électeurs? Est-ce qu'on l'étudié encore chez le
directeur général des élections?
M. Côté: Pas chez moi.
M. Gratton: Parmi les autres travaux de recherche qui pourraient
être en cours, est-ce que vous pourriez nous dire de quoi il s'agit? (20
h 30)
M. Côté: Si vous permettez, j'ai un document. Je
vais mettre la main dessus. En deux mots, je peux vous dire en quoi consistent
les travaux d'études que l'on fait présentement.
M. Gratton: M. Côté, me permettez-vous une
dernière question au sujet du...
M. Côté: Je vous en prie.
M. Gratton: ... registre des électeurs? Je pense que la
Régie de l'assurance-maladie avait demandé que vous lui remettiez
le fruit des travaux qui avaient été faits chez vous sur le
registre des électeurs et que vous aviez exigé compensation;
c'est juste ma curiosité personnelle qui me pousse à vous
demander si vous avez eu compensation.
M. Côté: À la Régie de
l'assurance-maladie, on a vendu, entre guillemets, certains programmes. De
mémoire, ce n'est pas une somme faramineuse; c'est quelque chose
d'environ 20 000 $. Également, on a fait pour un organisme du
ministère de la Justice et un autre pour les services de santé,
la CSST. Certains des logiciels qu'on avait produits à la suite de ces
travaux, on les a offerts à certains administrateurs. Je pense à
la Régie des entreprises de la construction du Québec, par
exemple. Il y a certains organismes ou ministères gouvernementaux qui
étaient au courant en particulier d'un des produits et d'un des
résultats positifs de ce... Il y a deux résultats très
positifs de cette étude sur le registre. Ce fut la normalisation des
noms de rues qui ont servi un certain nombre d'organismes et cela a
été aussi pour nous la possibilité de réaliser
finalement cette année un produit presque parfait, sur le plan de la
délimitation des sections de vote. C'est une des conséquences. Je
ne dirais pas que cela vaut toutes les sommes qu'on a dépensées,
mais je dis que c'est une des conséquences positives de ce projet.
M. Gratton: Une dernière question. Vous aviez les autres
projets de recherches?
M. Côté: Oui. Au sujet de la recherche, je voudrais
vous signaler que j'ai chez moi, ce que j'appelle une direction de la
recherche. Comme j'ai dit tantôt, on pourrait peut-être l'appeler
direction d'études spéciales ou de la recherche dans un sens
très large. C'est quand même modeste; il y a quatre postes
permanents. Ce sont des personnes à qui je confie certains mandats de
réflection. En voici quelques-uns: II est question depuis un certain
nombre de mois d'envisager au Québec un nouveau mode de scrutin. Face
à cette question, je me suis dit que s'il y avait modification de mode
de scrutin, le premier qui serait administrativement, directement
concerné, ce serait moi; ce serait mon organisation. Face à cela,
je me suis dit qu'il faudrait peut-être que je sache de quoi il s'agit.
Alors, j'ai fait faire un travail ou une recherche dans ce domaine. Je dois
vous dire que je suis assez fier du document qui a été
produit.
M. Mailloux: Puis-je inviter le titulaire du ministère
à la Réforme électorale de se prévaloir des
recherches déjà faites?
M. Côté: Nous avons transmis copie de cette
recherche au Parti libéral et au Parti québécois.
M. Mailloux: Ah!
M. Côté: Si d'autres...
M. Gratton: Ce n'est pas nous qui allons prendre l'initiative de
faire quelque chose pour le gouvernement.
M. Mailloux: Si je vous pose la question, c'est parce que de 1970
à 1976, on a tellement entendu parler par le Parti
québécois d'une forme de répartition proportionnelle,
qu'on en entend plus parler du tout.
M. Côté: Non, c'est à titre d'exemple. Il est
important que cela vous donne une idée du style de recherches que je
recherche, sans faire de mauvais jeux de mots. En somme, c'est un document qui
nous fournit des explications de base sur: Qu'est-ce que c'est que le mode de
scrutin? Qu'est-ce qui se fait dans certains pays? Quels sont les mots
employés? Il y a un glossaire. Enfin, c'est le document le plus neutre
qu'on puisse imaginer.
Un travail qui se fait à l'intérieur de mon bureau
présentement et qui, je dirais, est multidisciplinaire, parce que cela
regroupe différents services de mon bureau. C'est une question à
laquelle j'ai fait allusion dans mon rapport cet après-midi et qui me
préoccupe énormément. Je n'ai l'intention d'engager
là-dessus des firmes ou des sommes considérables; je
désire recueillir les réflexions des employés sur le
fonctionnement des mécanismes actuels de révision des listes
électorales. L'impression qu'on a, qui circule dans mon bureau
là-dessus, je vais être bien franc avec vous, c'est que notre
mécanisme de la révision des listes électorales est
malade. Il faut faire quelque chose. Il faut trouver le moyen de la
perfectionner, de l'améliorer, de la simplifier. C'est un des mandats
confiés aux quelques personnes qui feront partie de l'équipe de
recherche. Évidemment, il y a d'autres...
M. Gratton: M. Côté.
M. Côté: Je vous en prie.
M. Gratton: Sur celui-là en particulier, je présume
que ce que vous qualifiez de nouveautés qui ont coûté
peut-être un plus cher que d'habitude, par rapport aux autres qu'on a
adoptées, cela en serait sûrement une, celle-là aussi.
M. Côté: Je vais vous donner un exemple. Nos
réflexions, jusqu'à ce jour - je m'aventure, je me risque un peu
- vont nous amener à vous faire des propositions de modification au mode
de révision, afin que sans diminuer l'importance, ni la qualité
de celui-ci pour les électeurs, on puisse atteindre les mêmes
fins, mais probablement à des coûts moindres. C'est l'objectif
qu'on vise.
L'autre genre de recherche ou d'activité que l'on fait, c'est
qu'il est dit dans la Loi électorale, que je dois proposer de nouveaux
mécanismes électoraux. Cette expression, évidemment, est
très large. Alors à cet égard, je dis à mes gens:
Regardez, cherchez. Prenons un exemple très simple, je ne sais pas si on
peut même appeler cela un mécanisme électoral: une
boîte de scrutin. Actuellement, vous savez que, par exemple, dans la
province de l'Ontario et dans plusieurs provinces, on n'utilise plus la
boîte métallique qu'on utilise ici. C'est une boîte de
carton, les vendeurs poussent très fort pour que tout le monde
achète cela. C'est une simple boîte de carton qui, pour moi,
présente des inconvénients majeurs pour le moment, parce qu'elle
n'est pas très sécuritaire; mais l'avantage qu'elle a, c'est
qu'une fois qu'elle est utilisée, quand l'année est
terminée, on prend la boîte de carton et on la brûle, donc
on n'a pas d'entreposage. Alors, il y a une série de problèmes
qui sont réglés. Si on peut appeler cela un mécanisme
électoral, c'est le genre de problème sur lequel on peut se
pencher.
M. Gratton: II n'y en a pas d'autres? M. Côté:
Pour le moment, non.
M. Gratton: Dernière question, M. le Président,
quant à moi, pour le moment...Quoi? Vous me trouvez ennuyant? On sait
que le 11 mai 1982, il y a eu un colloque, au Holliday Inn de Montréal,
avec des universitaires, sur le thème de la recherche électorale.
Est-ce que vous avez une idée des coûts que cela a pu
engendrer?
M. Côté: Le coût de cette journée?
M. Gratton: Oui.
M. Côté: Pour nous? Cela a pu représenter un
buffet froid composé de sandwichs très simples avec jus de fruit
pour une trentaine de personnes, environ. Je peux vous donner le chiffre
exact.
M. Gratton: Non, non, cela va.
M. Côté: Ce n'est rien de faramineux. Les
universitaires sont des gens assez sobres généralement.
Une voix: Plus que les politiciens.
M. Gratton: Pour janvier ou février 1983, je pense qu'il y
en a un qui est prévu aussi, qui incluerait les partis politiques.
Une voix: II n'y aura pas de sandwich. M. Côté: En
janvier 1983? Vous dites?
M. Gratton: En janvier ou février 1983, est-ce qu'il n'y a
pas un colloque qui est prévu?
M. Côté: Pour ma part, c'est la première
nouvelle que j'en ai.
M. Gratton: Moi aussi, en lisant mes notes.
M. Côté: Je n'organise pas de tel... Je ne l'ai pas
dans mes projets.
M. Gratton: Est-ce qu'il n'a pas été question de la
possibilité de tenir un colloque au printemps sur...
M. Côté: On m'informe qu'il est question que - mais
cela serait un autre organisme - la Société des sciences
politiques organise un colloque du genre, auquel elle nous demanderait de
participer, tout simplement.
M. Gratton: Ah bon! Ce n'est pas vous qui l'organisez?
M. Côté: Non.
M. Gratton: Et la possibilité d'un colloque au printemps
1983 sur le mode de scrutin? Cela existe?
M. Côté: Au printemps 1983, sur le mode de
scrutin?
M. Gratton: Oui.
M. Côté: Cela, vraiment c'est la première
fois que j'en entends parler.
M. Gratton: Moi aussi. Merci.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Bédard: Je ne sais pas si le député de
Charlevoix cherchait la chicane tout à l'heure en disant qu'on en
parlait moins depuis un certain temps. D'abord, je suis heureux qu'une certaine
recherche ait été faite au niveau du bureau du directeur
général des élections et que les fruits de cette recherche
aient été acheminés au niveau gouvernemental et au niveau
de l'Opposition. J'espère que cela va alimenter la réflexion. Il
semble qu'elle n'était pas au courant. Je voudrais rappeler que, depuis
ce temps, une position a été exprimée du point de vue
gouvernemental, et une ou deux solutions possibles. Même le Parti
québécois a proposé une solution de rechange. Le
député de Gouin aussi? J'espère que cela ne retardera pas
trop avant que nous ayons la chance de prendre connaissance d'une position
sinon d'une proposition du Parti libéral.
Le Président (M. Paré): Sur le même sujet.
Est-ce que vous avez d'autres questions? C'est parce que j'avais d'autres
demandes. La parole est maintenant au député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, si vous permettez, je vais
y aller sur l'avenir et profiter de la présence des trois directeurs
généraux pour adresser un certain nombre de questions qui, tout
en ayant trait à la loi 96, ne sont pas des discussions article par
article mais des questions d'orientation quant à certaines articulations
importantes du projet de loi.
Mes questions s'adresseront au directeur général du
financement des partis politiques. La première porte sur une situation
très concrète, très pratique, très terre et terre
et, je dirais humaine, et traite de son personnel. Dans le document qui nous a
été présenté par le directeur général
du financement tantôt, il y a des recommandations. Votre recommandation
18 est la suivante: Que le directeur général du Bureau des
électeurs ait le mandat de procéder à une révision
draconienne de l'effectif global. Vous ajoutez: En s'assurant par ailleurs que
tous les employés permanents actuellement à l'emploi des
trois
directions générales soient intégrés, sans
autre formalité, à la fonction publique et
bénéficient des possibilités de mutation au sein de la
fonction publique.
J'aimerais que vous nous expliquiez cette recommandation par rapport aux
dispositions prévues à l'heure où on se parle, au projet
de loi 96, en ce qui a trait à votre personnel, concrètement.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Si on se reporte, M. le
député, au document de base, cela se trouve aux pages 18 et 19
particulièrement, où j'indique une démarche selon laquelle
cette révision globale des effectifs en cause devrait être faite.
La demande devrait donc être faite, selon notre proposition, en
collaboration avec le ministère de la Fonction publique et l'Office de
recrutement et de la sélection du personnel de la fonction publique.
Il va de soi que tous les employés permanents, c'était
cela le corps de la proposition auquelle vous vous reportez, pourraient
bénéficier pour ceux qui n'en font pas partie, d'une
intégration automatique à la fonction publique et que lors de la
période de révision de ces effectifs, il leur serait possible de
bénéficier de mutation au sein de cette même fonction
publique.
En ce qui concerne l'actuel projet de loi 96, si l'on se reporte
à l'article 11, dans sa formulation actuelle, je dois vous dire, M. le
député, que j'en ai pris connaissance comme tout le monde,
même pas comme tout le monde, car vous en avez eu connaissance, vous, le
jeudi, lors du dépôt de cette loi. J'ai eu une copie de cette loi
par bélinographe le vendredi et c'est alors que j'ai appris ce qui
arrivait aux effectifs du directeur général du financement des
partis politiques. La solution qui est présentée ici est, quant
à moi, tout à fait inacceptable. (20 h 45)
Le personnel permanent du directeur général du financement
des partis politiques pourrait être intégré à la
fonction publique sous la condition qui entraîne entre autres un
déménagement, compte tenu du libellé de cette proposition.
On sait que le bureau du directeur général du financement des
partis politiques est établi à Montréal, on sait
également que le bureau principal du directeur général des
élections est établi à Québec et on demande que les
membres permanents de ce personnel, au cours d'une période de 90 jours
qui suivra l'entrée en vigueur du présent article, puissent
choisir de devenir membres du personnel du directeur général des
élections en se rapportant à son bureau principal.
Je dois vous avouer que j'ai été très surpris de ce
texte, surtout lorsque l'on considère des précédents
récents dans le domaine, entre autres en ce qui concernait la Commission
permanente de la refonte des districts électoraux alors qu'en 1979 ses
effectifs n'étaient pas intégrés à la fonction
publique et qui, avec les réaménagements législatifs dans
le domaine, ont été intégrés automatiquement au
secteur public. Il n'y avait pas de condition particulière. Cette
technique a été également utilisée en 1978 par le
projet de loi 123 lorsqu'on a permis au directeur général des
élections, par l'article 13c qui était alors
intégré dans la Loi électorale, d'engager dans un premier
temps des effectifs selon des normes et barèmes qui ne correspondaient
pas nécessairement à ceux de la fonction publique mais que par la
suite, arrivés à une date donnée, ces effectifs
engagés hors barèmes publics ou possiblement pouvant être
engagés comme tels étaient intégrés automatiquement
au secteur public. D'ailleurs c'est le même article 13c,
légèrement rafraîchi, que l'on retrouve au projet de loi 96
à son article 55 actuellement.
Là je vous souligne également que les effectifs du
directeur général du financement des partis politiques se voient
appliquer les normes et barèmes de la fonction publique en vertu d'une
demande que je formulais dès 1978 au Conseil du trésor pour
justement éviter d'avoir à réinventer la roue en
organisant un système de normes et de barèmes pour
réglementer le personnel chez nous, étant donné qu'on
n'était pas intégrés à la fonction publique. Par
contre, compte tenu que le Conseil du trésor détermine ces
mêmes effectifs dans la loi no 2, lors de cette détermination des
effectifs j'avais demandé et obtenu du Conseil du trésor que ces
normes et barèmes du public s'appliquent de la même façon
et que les mêmes conditions de travail s'appliquent de la même
façon au sein du personnel du directeur général du
financement que dans le secteur public. Là on arrive avec une solution
qui est drôlement différente et évidemment lourde de
conséquences.
M. Rochefort: Si je comprends bien le problème, c'est que
cela implique que, pour vos employés qui voudront demeurer ou devenir
techniquement des membres de la fonction publique, ils doivent automatiquement
déménager à Québec. C'est le problème
particulier que cela pose.
M. Boucher (Pierre-Olivier): C'est ce que l'on peut comprendre,
je pense bien, à la lecture de ce projet de loi, oui.
M. Rochefort: D'accord. Vous avez combien d'employés
actuellement?
M. Boucher (Pierre-Olivier): II y a 26 employés
permanents.
M. Rochefort: D'accord.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Sur des effectifs autorisés
de 31.
M. Rochefort: Qui sont à Montréal? M. Boucher
(Pierre-Olivier): Oui. M. Rochefort: Tous?
M. Boucher (Pierre-Olivier): 25 sont à
Montréal.
M. Rochefort: 25 à Montréal.
M. Rochefort: D'accord.
Une deuxième question qui porterait sur la recommandation 15 que
vous nous faites qui se lit comme suit: "Que le directeur général
du Bureau des électeurs prenne l'avis du conseil consultatif avant de
procéder à la nomination d'un directeur du scrutin". J'aimerais
que vous nous expliquiez un peu les fondements de cette recommandation et
comment vous croyez que cela puisse être justifiable, par exemple, avec
des préoccupations qui ont été exprimées par le
premier ministre et par d'autres membres de l'Assemblée nationale depuis
quelque temps, sur la question de la nomination des directeurs de scrutin.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Au point de vue pratique, lorsque
l'on considère le système qui a été
instauré, c'est-à-dire avis publics, concours et sélection
des trois candidats qui se sont le mieux classés à ce concours,
je comprendrais que cette liste des trois candidats serait communiquée
au conseil consultatif, dont les membres pourraient réfléchir sur
la liste ainsi soumise, et, dans une étape ultérieure, parvenir
à s'entendre, à obtenir un consensus au sein du conseil
consultatif sur les nominations qui pourraient être
suggérées, à partir de ces trois candidats, au directeur
général.
Ce serait, je pense, la façon - on fonctionnerait par consensus
des partis politiques, représentés à l'Assemblée
nationale - de dédouaner, d'enlever le mystère qui peut toujours
exister dans quelque esprit, concernant les motifs qui ont prévalu pour
ce choix.
Il me semble que les questions que l'on peut se poser sur les raisons
qui ont prévalu pour exercer un choix, lorsque c'est fait par un seul
individu, peu importe l'individu que l'on considère, on peut toujours se
poser des questions. Si on les a discutées franchement, au sein d'un
conseil consultatif, et que chacun y a mis du sien, chacun a
réfléchi à l'ensemble de la question et par voie de
consensus, que l'on en arrive à suggérer un mode de nomination
pour ces postes, bien, si celui qui doit prendre la décision finale doit
différer du consensus établi, j'estime qu'il devra être
blindé. Il devra avoir de très bonnes raisons, parce qu'on n'a
pas réuni ces gens pour rien et discuter avec eux pour rien. C'est
ça, un conseil consultatif. C'est là pour conseiller sur certains
sujets. En gros, c'est comme ça que je le vois.
M. Rochefort: Merci. Finalement, sur la recommandation 17 que
vous nous faites, qui est celle d'obliger le conseil consultatif, qui sera
maintenant des élections - je ne sais trop comment on l'appellera - de
tenir, au moins une fois par année, une assemblée publique qui
permettra à tout citoyen, à tout organisme de venir se faire
entendre sur des questions qui découlent de l'application des
différentes lois électorales du Québec, est-ce que vous
avez vraiment le sentiment que cela correspond à un besoin et qu'il y
aurait un intérêt certain dans la population
québécoise, pour une telle formule de séance publique du
conseil?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Je crois, M. le
député, dans la mesure où justement le conseil consultatif
aura à se préoccuper du chapitre VII, entre autres, de la Loi sur
les élections dans certaines municipalités, où on
transpose, pour 53 villes au Québec, le même régime qui
existe à l'échelle québécoise, qui régit
votre parti et les autres qui gravitent à ce niveau, dans cette mesure,
je pense que, déjà, une telle réunion annuelle pourrait
permettre au monde municipal de venir s'exprimer sur différents points
de cette loi. Tout comme les partis, au plan québécois, peuvent
le faire dans le cadre du conseil consultatif. C'est un exemple précis,
mais cela pourrait également se présenter pour n'importe quelle
association ou n'importe quel groupe volontaire qui aurait quelque chose
à faire valoir quant à quelque chose qui clocherait dans ces lois
électorales.
M. Rochefort: Merci. Maintenant... Oui, allez-y, M. le
ministre.
M. Bédard: C'était simplement une adjonction. Vous
avez parlé de l'intégration: est-ce que vous avez laissé
entendre qu'il y aurait eu intégration du personnel temporaire qui
travaillait pour le directeur général des élections,
intégration à la fonction publique automatiquement. À la
page 19, en haut.
M. Boucher (Pierre-Olivier): À la page 19, oui.
M. Bédard: Au premier paragraphe, est-ce que vous voulez
laisser entendre par ce paragraphe que le gouvernement aurait
décidé d'intégrer à la fonction publique le
personnel temporaire du directeur général des élections?
Si c'est le cas, ce n'est pas du tout le sens des décisions qui ont
été prises.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Je fais
référence à la loi 123, M. le ministre, l'article
13c de la Loi électorale qui avait été rajouté par
ce projet de loi et qui se lisait comme suit - cela était à
l'époque où on discutait du registre, c'était en 1978,
cette loi a été adopté en 1978, je pense. Alors je vous
lis l'article de loi qui se lit comme suit - c'est à cet article que je
fais allusion -: "Le personnel requis par le directeur général
des élections pour l'exercice de ses fonctions est, jusqu'au 1er
août 1979" - cette loi-là a été adoptée en
décembre 1978 - "nommé et rémunéré selon les
normes, effectifs et barèmes établis par le directeur
général des élections et approuvés par le
lieutenant-gouvernement en conseil. Si la Loi sur la fonction publique n'est
pas alors applicable à un membre de ce personnel, elle lui devient
applicable sans autre formalité."
M. Bédard: Je ne suis pas sûr... Je suis convaincu
que vous n'avez pas la bonne version. Ce libellé était
peut-être contenu dans l'une des versions. La version finale n'avait pas
ce libellé-là. C'est pour cela que je me demande - quand vous
dites que c'est une technique que l'on veut rééditer par
l'article 55 du projet de loi no 96...
M. Boucher (Pierre-Olivier): Je vais vous lire l'article 55, qui
se lit comme suit:
M. Bédard: Je veux simplement dire que ce n'est pas le
cas.
M. Boucher (Pierre-Olivier): ... "Le directeur
général des élections peut, jusqu'au 30 septembre 1983" -
et nous sommes au moment où on se parle - "à l'égard de
tout le personnel dont il a besoin, incluant celui visé aux articles 11"
- c'est celui du DGF -"et 27" - cela doit être une erreur de frappe parce
que cela doit être plutôt 30, je pense bien - "exercer sans autres
formalités que celles prévues par les normes et barèmes
qu'il établit" - il, c'est le directeur général des
élections - "par règlement approuvé par le gouvernement,
tous les pouvoirs accordés à un ministre titulaire, à un
ministre responsable d'un organisme, à un sous-ministre ou à un
dirigeant d'organisme en vertu de la Loi sur la fonction publique."
C'est donc qu'il peut nommer qui il veut, selon les normes et
barèmes qu'il établit.
M. Bédard: Cela ne dit pas que la Loi sur la fonction
publique leur devient applicable. Parce que ce n'est pas le cas.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Le personnel du directeur
général des élections est, selon la loi, membre de la
fonction publique. À partir du moment où on intègre dans
son personnel un individu, quel qu'il soit, il devient donc membre de la
fonction publique sauf qu'on suspend temporairement par cet article les normes
et barèmes usuels pour les remplacer par d'autres qui seraient
définis par le directeur général des élections,
évidemment sujets à l'approbation ou à un contrôle
de l'Exécutif.
M. Bédard: À l'époque on a voulu
intégrer du personnel - même du personnel qui n'était pas
dans la fonction publique -alors que ce n'est pas le cas aujourd'hui.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Justement, cela serait le cas du
personnel du directeur général du financement des partis
politiques, à moins qu'on ne veuille pas l'intégrer.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Gouin, est-ce que vous avez terminé?
M. Rochefort: J'ai terminé avec le directeur
général du financement des partis politiques. J'aurais d'autres
questions à poser au directeur général des
élections. M. Côté, une première question que je
voudrais vous poser, qui reprend un peu le document que vous avez soumis au
ministre le 31 août 1982, "Regroupement de l'administration du
système électoral", à la page 11 et qui traite des
adjoints. Dans votre conception du futur - je ne me souviens jamais comment on
appelle cela - du futur organisme qui intègre les trois fonctions, vous
dites que vous souhaitez que les deux adjoints dont se dotera le directeur
général de ce nouvel ensemble soient nommés par ce
directeur général et non plus - comme c'est le cas à
l'heure actuelle - par l'Assemblée nationale du Québec.
Du même coup, cela enlève d'une certaine façon des
pouvoirs à l'Assemblée nationale de nomination des gens qui
auront la responsabilité ultime d'administrer les différentes
lois électorales qu'on a. J'aimerais que vous nous expliquiez un peu les
fondements de cette recommandation. (21 heures)
M. Côté: M. le Président. M. le
député, je m'excuse, vous m'accorderez deux minutes de
réflexion. Je me réfère à mes documents et surtout
celui de la page 11 à laquelle vous faites référence. Je
suis en train de me demander, M. le député, si je vais vous
livrer tout le fond de ma pensée ou non. Je pense que je vais le
faire.
M. Rochefort: Allez-y donc, c'est l'occasion ou jamais.
M. Côté: En fait, le raisonnement de base pour moi
est le suivant. Le projet de loi no 96 prévoit de confier à une
personne la responsabilité de la nouvelle patente -appelons cela ainsi
si vous voulez pour le moment - du nouveau chapeau. Cette
responsabilité va reposer sur une personne et non pas sur
d'autres, parce que la dernière personne qui aura à
répondre des actes de son personnel face aux membres de
l'Assemblée nationale, c'est cette personne qui aura cette
responsabilité. Je suis d'avis que la personne sur qui repose la
responsabilité ultime doit pouvoir choisir ses pricipaux lieutenants et
je ne vois vraiment pas, c'est là où je vous dis peut-être
le fond de ma pensée, vous pouvez avoir une opininon différente
de la mienne là-dessus...
M. Rochefort: Je n'ai pas exprimé d'opinion, c'est une
question. Je veux connaître votre avis.
M. Côté: C'est parce que ça pourrait engager
un débat intéressant qui pourrait m'éclairer et
peut-être me faire changer d'idée. Je ne vois vraiment pas quelle
dimension particulière ajoute le fait que des adjoints sont
nommés par l'Assemblée nationale plutôt que par la personne
sur qui repose de fait la responsabilité ultime. Des personnes
désignées par l'Assemblée nationale, comment
procède-t-on pour les nommer? On procède par voie de compromis ou
d'entente la plupart du temps. S'il s'agit de deux personnes, on s'entend pour
qu'il y ait une personne qui soit suggérée par un
côté et une suggérée... C'est la coutume. Je vous ai
dit que je vous livrais le fond de ma pensée. C'est la coutume qui
existe. Enfin, c'est ce qui s'est fait dans le passé à tout le
moins.
M. Rochefort: Je vous dirai immédiatement, quant à
moi, si ça devait en venir à ça, je serais d'accord avec
votre recommandation. Mais, j'imaginais qu'il était possible de le faire
autrement.
M. Côté: D'accord. Allons plus loin. Poussons le
raisonnement plus loin. Même s'il est possible de le faire plus loin.
L'allégeance de ces personnes désignées par
l'Assemblée nationale serait à l'égard de qui? Est-ce que
ce serait à l'égard de la personne ultimement responsable ou
à l'égard de l'Assemblée nationale? Le partage des
responsabilités entre les trois personnes, finalement, se ferait
comment? Et la division qui pourrait - je ne dis pas que ça existe
automatiquement - surgir, serait réglée comment?
Je suis d'avis qu'il est loin d'être évident que l'on est
mieux à même de créer un climat favorable pour faire le
pont entre le monde administratif et le monde politique si, d'aventure, l'on
est issu de ce dernier. Je pense qu'on peut être mieux à
même de réussir ce genre de relation, si relation il doit y avoir
et je pense qu'il doit y en avoir, entre le monde administratif et le monde
politique si, ce qui doit prévaloir en tout, les personnes responsables
ont une image de neutralité et de compétence reconnues à
tous égards.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'impliquer les partis
politiques, via l'Assemblée nationale, pour nommer des adjoints. Ce
geste, pour moi, est passager et éphémère. Il est plus
important d'impliquer carrément l'Assemblée nationale et les
partis politiques par l'intermédiaire de deux autres moyens, qui sont
suggérés dans le projet de loi: celui de la commission
spéciale qui doit étudier les budgets et celui du rôle
élargi du conseil consultatif.
M. Rochefort: Sur la dernière partie de votre
intervention, est-ce que vous seriez prêt à ce qu'on inclue au
projet de loi que la nomination des adjoints du directeur général
des élections pourrait être faite suite à une consultation
du conseil consultatif des élections, par exemple?
M. Côté: J'aurais une première
hésitation sur le plan suivant. Je dis une première
hésitation parce que votre suggestion mérite réflexion. Je
verrais mal -là, je ne trouve peut-être pas les bons mots, je
tiens à vous le dire - et un peu difficile qu'on amène le conseil
consultatif à devenir un organisme décisionnel ou quasi
décisionnel.
M. Rochefort: Je parle de consultatif.
M. Côté: Oui, mais alors, supposons qu'on
procède selon ce que vous suggérez, que la consultation est faite
et qu'on n'en arrive pas à un accord.
M. Rochefort: Je siège au Conseil consultatif sur le
financement des partis politiques depuis mon élection le 13 avril, comme
représentant du parti ministériel, et mon expérience,
même si on n'a pas eu à discuter d'une question comme
celle-là... Ce n'est pas une question d'en venir nécessairement
à un accord. Il y a eu des moments où, parce que le gouvernement
avait souhaité de ne légiférer dans la mesure du possible
sur des matières électorales que lorsqu'il y avait consensus des
partis, effectivement, on devait débattre entre nous pour en venir
à des consensus d'amendements à apporter à la Loi
régissant le financement des partis politiques. Même cela a bien
fonctionné, même si, quand il doit y avoir consensus, cela
implique des débats et, vraiment, de faire des compromis et tout cela.
Mais, il y a eu d'autres temps où le directeur général
avait des décisions à prendre et, à l'occasion, il a fait
part aux membres du conseil consultatif des problèmes qui se posaient
à lui, des décisions qu'il devait prendre et il a tout simplement
demandé avis au conseil consultatif. Je disais personnellement ce que
j'en pensais et mes
trois autres collègues, la même chose. Le directeur nous
disait: Je vous remercie de m'avoir dit ce que vous en pensiez et, ensuite, il
prenait sa décision, sauf qu'il avait consulté, non pas
demandé aux gens d'en arriver à des compromis, à un
consensus, à un accord formel pour autoriser le directeur à
prendre telle ou telle décision.
Je comprends très bien les inconvénients que vous voyez,
à partir du moment où on décide de confier à une
personne l'administration de l'ensemble de nos lois électorales,
à ce que, en plus, l'Assemblée nationale dise: On nommera aussi
deux adjoints, sans préciser ce que sera leur rôle. Ils
relèveront de l'Assemblée nationale ou du directeur
général. Je comprends très bien ces questions. Toutefois,
quand je regarde à l'autre bout, je me dis: C'est quand même une
diminution - appelons cela ainsi pour l'instant - dans un certain sens des
pouvoirs de l'Assemblée nationale qui, dans la formule actuelle, pouvait
nommer le directeur général des élections, le directeur
général de la représentation et le directeur
général du financement des partis politiques. C'est une
réflexion qui me vient en discutant, je me dis: II y aurait
peut-être lieu, pour en arriver à une situation qui élimine
dans la mesure du possible les inconvénients que vous voyez, mais qui,
en même temps, n'élimine pas toute possibilité pour les
représentants de l'Assemblée nationale d'avoir au moins
l'occasion de dire un mot sur cette question, d'accepter la formule que
j'évoquais tantôt et à laquelle je n'ai pas plus
réfléchi qu'il faut, comme je vous le dis, mais qui pourrait
être que le directeur général consulte - mais vraiment
consulte - pour avis, le conseil consultatif avant de procéder à
la nomination de ses principaux adjoint.
Je ne veux pas faire un long débat avec vous...
M. Bédard: Si mon collègue me permet une
réflexion...
M. Rochefort: Sûrement, M. le ministre.
M. Bédard: II reste que le conseil consultatif qui existe
présentement au niveau du financement de partis politiques n'a quand
même jamais eu à se prononcer...
M. Rochefort: Non, non, pas du tout.
M. Bédard: ... sur quelle personne devrait entourer le
directeur général du financement des partis politiques pour
être efficace. Il me semble que c'est deux ordres...
M. Rochefort: Là-dessus, M. le ministre, je vous ferai
remarquer qu'on...
M. Bédard: ... je veux dire qu'il est heureux qu'on puisse
avoir... Je pense que cela permettra une discussion en profondeur
là-dessus. Ce qu'on vise, si une personne est désignée,
c'est de lui fournir tous les moyens possibles pour donner une pleine
efficacité parce que cette personne désignée, et personne
d'autre, aura à répondre devant l'Assemblée nationale. Si
on en arrive à cette conclusion, telle que proposée dans le
projet de loi, cette personne désignée, lorsqu'elle aura à
rendre compte de son mandat, sera la seule personne responsable. Si elle s'est
bien entourée et qu'elle a pu être efficace dans son
administration, tant mieux. Car on peut réfléchir sur la
possibilité d'avoir notre mot à dire sur l'entourage de cette
personne. Il arrive qu'elle soit plus ou moins efficace. Cette personne
désignée, quand elle aura à faire un rapport, ne pourra
pas se défendre sur le fait que d'autres personnes qu'on lui a adjointes
ne lui permettaient peut-être pas autant d'efficacité qu'il aurait
été possible si cette personne désignée avait pu
choisir ses collaborateurs. C'est un débat de fond.
M. Rochefort: Oui, mais seulement là-dessus, M. le
Président, avant...
M. Bédard: Je comprends que le président des
élections, comme tous les autres, peut être un peu mal
placé pour approfondir la question...
M. Rochefort: Je trouve intéressantes les remarques qu'il
nous a faites, quant à moi. Sur votre intervention...
M. Bédard: Je te trouve bien intéressant, toi
aussi.
M. Rochefort: Je n'ai pas voulu, d'aucune façon, laisser
entendre qu'au conseil consultatif on ait été consulté sur
la nomination de quelque membre que ce soit du personnel du directeur
général du financement. Toutefois, je veux vous rappeler que
l'Assemblée nationale avait justement eu l'occasion de nommer trois
personnes. C'est seulement d'essayer...
M. Bédard: Ah! L'Assemblée nationale.
M. Rochefort: Bien oui! c'est cela. Là, à partir du
moment où, comme je le dis, je suis sensible aux arguments du directeur
général des élections sur les problèmes que
pourrait amener le fait que l'Assemblée nationale soit appelée
à nommer des adjoints au directeur général des
élections pour lui permettre de bien accomplir son mandat. Je me dis
qu'il y a peut-être moyen de trouver une formule qui lui permettrait au
moins de consulter les membres du conseil consultatif; d'autant plus qu'il est
évident, quant à moi,
que si les personnes qui sont retenues par le directeur
général ont un fonctionnement qui pose des problèmes aux
partis, cela va poser des problèmes dans l'administration, dans la loi
et dans le vécu des élections et des temps forts. J'imagine que,
lorsque vient le temps pour le directeur général des
élections - et je ne vous demande pas de répondre; c'est un
commentaire que je fais - de décider d'engager des gens dans son
entourage, il tient compte, entre autres, du fait qu'il veut maintenir la plus
haute crédibilité pour son équipe auprès des
différentes formations politiques. C'est un peu dans ce sens que je
pense qu'il y a peut-être moyen de trouver une formule
intéressante.
Deuxième série de questions que je veux vous adresser, M.
Côté. Cela regarde la question du conseil consultatif. À la
même page du document auquel je faisais référence sur la
question des adjoints, vous émettez deux réserves quant au mandat
qu'on pourrait confier au conseil consultatif. Une d'elles porte sur les
directives que le directeur général doit émettre pour
l'application de sa loi et sur les responsabilités de la Commission de
la représentation. J'aimerais un peu savoir ce qui vous amène
à limiter finalement le mandat du conseil consultatif de cette
façon. J'avais dans l'esprit qu'à partir du moment où on
décidait de prendre le conseil consultatif qui existe au financement des
partis et de l'intégrer à cette nouvelle direction
générale des élections, on lui confierait le même
type de mandat, c'est-à-dire celui d'un organisme-conseil du directeur
général des 'élections sur l'application de l'ensemble des
lois dont il aura la responsabilité. D'autant plus, quant à moi,
que les directives que vous avez dû préparer notamment pour le
dernier scrutin étaient déjà prévues depuis un bon
moment. Ce n'était pas à la dernière minute que vous
deviez préparer cela: les directives aux recenseurs, aux scrutateurs,
aux réviseurs, au personnel du bureau de dépôts, etc.
D'autre part, vous nous avez vous-même fait état tantôt d'un
petit comité que vous vous êtes mis en place, même si la loi
ne vous y forçait pas, formé d'un certain nombre de
représentants des partis politiques pour, justement, vous consulter.
Vous faisiez même état que ces gens s'étaient réunis
en pleine campagne électorale. Je voudrais seulement savoir ce qui vous
amène à vouloir exclure un certain nombre
d'éléments des lois qui seront sous la responsabilité du
directeur général des élections, en ce qui a trait au
rôle du conseil consultatif? (21 h 15)
M. Côté: Ma réponse va comporter trois
parties. La première est: Pourquoi d'abord cela a été
maintenu et inclus que les directives qui étaient incluses dans la Loi
régissant le financement des partis politiques doivent être
constituées et désapprouvées par le conseil consultatif?
La seule raison pour moi est que cela y était déjà dans la
loi. et que cette disposition devait faire l'affaire du conseil consultatif.
C'est peut-être une façon de procéder qui allait assez bien
pour l'administration de la Loi régissant le financement des partis
politiques.
Deuxième partie de la réponse. À l'égard de
la Commission de la représentation, je crois que le conseil consultatif
ne devrait jouer de rôle d'aucune façon pour pouvoir
préserver de façon totale et complète le caractère
tout à fait particulier de la commission, qui doit jouir d'une
indépendance totale à tous les égards. Je pense que la
Commission de la représentation, qui est un organisme très
particulier qu'on ne retrouve nulle part au monde, son indépendance, son
autonomie, sa liberté d'action à tous les égards doivent
être maintenues.
Troisième partie de la réponse. À l'égard
des directives que j'émets en vertu de la Loi électorale, il faut
avoir vécu un référendum, des élections partielles
ou générales et savoir quel est le sens de l'article 183 de la
Loi électorale actuelle, pour voir que, à un moment donné,
je dois émettre des directives très précises qui ont force
de loi, à toutes fins utiles, au directeur du scrutin. Les faire
approuver au préalable par le conseil consultatif, en particulier
pendant les périodes électorales, cela ne serait pas faisable.
Cela ne pourrait pas fonctionner. Évidemment, j'ai étendu ce
principe que les directives, en règle générale, ne doivent
pas être approuvées par le conseil consultatif, parce que cela
voudrait dire que, en définitive, la direction et l'administration
effectives de la Loi électorale seraient entre les mains du conseil
consultatif, s'il doit les approuver. Or, ce n'est pas la responsabilité
du conseil consultatif, de la façon que je le conçois, d'assumer
la responsabilité de la direction.
M. Rochefort: Comment le concevez-vous, le conseil consultatif,
par rapport à l'administration des lois qui ne sont pas actuellement
sous sa responsabilité?
M. Côté: Je le vois comme étant un lieu
privilégié d'échanges, de consultations, de discussions
sur des applications de la loi. Prenez un exemple très pratique, si vous
me le permettez, qui me vient à l'esprit et qui va mieux illustrer ma
pensée. Lors des dernières élections partielles, il y a eu
un débat assez difficile qui s'est déroulé concernant le
vote des électeurs étudiants dans le comté de
Louis-Hébert. Cela a créé une difficulté telle
qu'on a passé proche de voir des étincelles revoler assez haut.
Cela a duré trois jours. Comment cela s'est-il réglé? Cela
s'est réglé un dimanche matin où j'ai
réuni des représentants des deux partis politiques, donc
appelons-le le conseil consultatif, si vous voulez, en l'occurence. Aux
représentants du conseil consultatif, j'ai dit: Le problème est
le suivant - je vous fais grâce des détails - il faut que,
ensemble, nous essayions de trouver une solution. Cela a duré presque
toute la journée, mais à la fin de la journée on avait
ensemble trouvé une solution commune pour l'application d'une
ambiguïté qu'il y avait dans la Loi électorale. Cela, c'est
une chose très précise dans l'administration - je dirais -
quotidienne de la loi. Je vois, en plus de cela, le conseil consultatif comme
étant un organisme privilégié pour acheminer,
suggérer des réflexions, des commentaires sur des
améliorations qui pourraient être apportées, sur des
conseils qu'on pourrait me donner sur la façon dont les lois devraient
être administrées, sur le vécu pratique de ce qui se passe.
Je vois cela comme étant un forum tout à fait
privilégié à cet égard et tout à fait
extraordinaire et très positif, parce que c'est composé de
représentants, de députés des partis politiques. Pour moi,
c'est un instrument qui peut être très précieux.
M. Rochefort: Pour les directives que vous êtes
appelé à émettre dans le feu de l'action, lorsque la loi
n'est pas très claire sur un aspect ou l'autre, je comprends bien qu'il
peut être compliqué de nous consulter, quoique vous venez de
donner un exemple où, justement, vous auriez pu prendre une
décision qui aurait eu force de loi et vous avez décidé de
passer une journée complète, un dimanche là-dessus. Ce
n'est pas cela?
M. Côté: Je m'excuse de vous interrompre, mais je
vous ai donné un exemple concret d'un cas précis et il faudrait
que je sorte les directives que j'ai émises lors de l'assemblée
générale pour vous démontrer que cela n'aurait pas
été possible, en pratique, de le faire pour tous les cas.
M. Rochefort: Je suis d'accord pour dire que cela ne peut pas se
faire pour toutes, mais vous avez un exemple concret où les
étincelles étaient assez hautes, comme vous le disiez, et cela a
été possible. Je me dis donc qu'il y a possibilité et que
déjà vous avez cette ouverture d'esprit que le conseil ait un
rôle à jouer même en période électorale, sans
assujettir le directeur général à une obligation d'obtenir
une approbation du conseil consultatif sur les directives des différents
manuels que vous devez sortir pour la préparation d'une élection
ou d'un temps fort, que ce soit un recensement ou des choses comme cela. Il y
aurait au moins, quant à moi, possibilité que vous ayez
l'obligation de consulter le conseil consultatif sur ces questions si on veut
vraiment lui donner un rôle. J'accepte votre idée de dire que cela
doit être un grand forum où l'on discute, l'on
réfléchit. Mais s'il n'y a pas de choses très
concrètes, très formelles qui nécessitent justement de le
réunir à l'occasion, on risque à certains moments que le
conseil ne se réunisse pas du tout pendant de très longues
périodes. Je crois qu'il faut éviter cela.
M. Côté: Je m'excuse, je pense qu'il y a risque
d'incompréhension. Pour ma part, je ne verrais pas une obligation
stricte dans la loi de dire qu'en dehors des périodes, il faudrait faire
approuver les directives. Je pense que je vais rejoindre votre idée et
que c'est cela que vous voulez dire. Mais je pense que cela relèverait
du simple bon sens de ma part qu'à l'occasion de rencontres avec le
conseil consultatif, rencontres qui devront à mon avis être
périodiques, je lui fasse part des directives que je me propose
d'émettre à l'intention des directeurs de scrutin, en
dehors...
Prenons un exemple concret. On fait un travail ou une étude sur
l'aménagement des locaux des directeurs du scrutin. Là-dessus, il
faudrait émettre des directives, bon, il ne faut pas que cela
dépasse tant, le coût, etc. Je verrais très bien qu'on
aurait un échange. Je prends un exemple que vous pourriez taxer
d'insignifiant ou de secondaire mais peu importe; cela va plus loin que cela,
mais c'est le genre d'échange qu'il devrait y avoir.
M. Rochefort: L'expérience nous prouve que cela n'est pas
insignifiant.
M. COté: Je ne voudrais pas que vous pensiez que mon
exemple voudrait créer l'impression que je ne voudrais traiter avec le
conseil consultatif que de questions secondaires. Loin de moi ma pensée,
parce que si c'était ma pensée, je dirais: Le conseil
consultatif, je n'en veux pas, je ne le réélierai jamais et il ne
sert à rien. C'est tout le contraire de ma pensée.
M. Rochefort: On s'entend pour dire qu'il faudrait trouver le
libellé approprié pour que le conseil consultatif soit vraiment
un élément important de consultation pour le directeur
général des élections dans l'application des lois qu'il a
sous sa responsabilité.
M. Côté: C'est ce que je comprends dans le
présent projet de loi.
M. Rochefort: D'accord. J'ai juste une dernière question,
M. le Président, qui n'est pas aussi importante que celle qu'on a
discutée depuis le début de cette rencontre, mais elle
m'intéresse. Elle regarde votre bureau de Montréal. Elle est un
peu reliée justement à la question du personnel du
directeur général du financement, qui, pour conserver son
emploi doit automatiquement selon les prescriptions du projet de loi,
être rapatrié à Québec.
Je me demande s'il n'y a pas moyen par ce biais d'avoir un certaine
ouverture d'esprit. Je n'ai pas de noms en tête parmi le personnel du
directeur général du financement, mais s'il y a un certain nombre
de personnes - cela s'applique beaucoup moins à du personnel de soutien
qu'à du personnel-cadre - qui étaient intéressées
à ce que les expériences qu'elles ont accumulées
continuent de servir la société québécoise, mais
pour qui cela pose un problème majeur de venir s'établir en
permanence avec leur famille à Québec, ne croyez-vous pas qu'il
serait possible qu'elles s'installent à Montréal, d'autant plus
que vous avez un bureau important et que 80 comtés dans la grande
région de Montréal y font appel régulièrement,
particulièrement en temps de recensement, de référendum,
d'élection et tout cela?
M. Côté: Je vais être très prudent dans
ma réponse, parce que je ne voudrais pas qu'on se méprenne sur la
suite des événements.
M. Rochefort: D'accord.
M. Côté: Je crois qu'effectivement il devrait y
avoir à mon bureau de Montréal des personnes qui vont être
rattachées au financement des partis politiques, à cet aspect,
dans le nouvel organigramme. Cependant, je pense que la première
préoccupation doit être la suivante. C'est que l'objet du projet
de loi est d'assurer une intégration administrative. Il ne faudrait pas
"sous prétexte" - entre guillemets - de permettre à un certain
nombre de personnes de demeurer à Montréal, d'avoir un
deuxième bureau à Montréal, qui serait celui du
financement. Cela dit, c'est mon intention d'avoir quelques personnes, j'ai dit
"quelques" cela veut dire combien? Je ne le sais pas. Lesquelles? Je ne le sais
pas encore. De quelle catégorie? Je l'ignore, mais je pense qu'il
devrait y avoir quelques personnes, comme il y en a dans le domaine de la
législation électorale, qui sont habilitées à
Montréal à être près de la population et à
répondre. C'est la raison pour laquelle déjà j'ai un
bureau à Montréal, le personnel que j'ai devant moi, absolument,
cela serait dans ce sens. Mais je ne voudrais pas que l'on déduise de
cela que le personnel, si le projet de loi reste comme il est
présentement, qui est au bureau du financement des partis politiques
à Montréal - on m'a dit qu'il y en a 26 - que les 26 vont
être à mon bureau de Montréal.
M. Rochefort: Ce n'est d'aucune façon non plus le sens de
ma question, sauf qu'il faut reconnaître que le bureau de Montréal
est plus qu'un pied à terre pour vos services actuellement, que le
financement est un aspect important de la vie de partis politiques et encore
plus en temps électoral, et qu'il y a nécessité que des
gens y soient de toute façon. Je me dis que, s'il y a des gens qui ont
accumulé une expérience qui sera utile pour l'ensemble des
Québécois dans les prochaines élections, qui sont
intéressés à ce que cette expérience serve mais qui
ne sont pas prêts à faire le sacrifice de déménager
et de s'installer à Québec, il y a peut-être moyen que
justement autour de cette notion de bureau de Montréal, l'on puisse
reconnaître et permettre à ces gens de poursuivre leur travail
dans ce domaine.
M. Côté: Après avoir fait une étude
approfondie de la question, je suis parfaitement d'accord avec vous.
M. Rochefort: D'accord. Merci M. le Président.
Le Président (M. Paré): La parole est maintenant au
député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je m'aperçois qu'il
est déjà 21 h 30 et je vais tâcher de poser une
série de questions en espérant que les réponses viendront
assez rapidement afin de permettre aux autres membres de la commission d'y
aller par la suite. Ma première question s'adresse à M.
Côté. On est dans une crise économique, je pense, dont on a
pas besoin de faire le portrait. Il est largement connu. Un recensement cela
coûte grosso modo 16 000 000 $. Je sais que le gouvernement, qui fait
face lui-même à la crise économique, a le droit par une loi
qu'il vote en Chambre d'empêcher un référendum que la loi
oblige de tenir annuellement.
M. Côté: Un recensement.
M. Mailloux: ... recensement, pardon. À deux reprises
déjà le gouvernement en 1981-1982 a arrêté ces
recensements par des lois votées par l'Assemblée nationale. La
première question que je voudrais poser est la suivante: Vu cette crise
économique et si le gouvernement décide d'annuler le prochain
recensement s'il n'y a pas d'élection à son sens de prévue
dans un avenir immédiat, il y aurait une économie certaine, s'il
n'y en a pas dans une année et deux années successives, d'une
trentaine de millions, est-ce que cela amènerait un imbroglio
considérable? Je comprends que s'il y avait une élection
déclarée à brûle pour point, ce n'est pas un
recensement qui serait fait cela serait une revision de la dernière
liste électorale? Non. - Oui vous pouvez y aller -
M. Côté: S'il y avait une élection de
déclenchée immédiatement elle serait
précédée d'un recensement d'après la
dernière loi qui a été adoptée.
M. Mailloux: Dans la période...
M. Côté: La période serait
prolongée.
M. Mailloux: Ma deuxième question est la suivante: En 1981
le recensement a été annulé par la loi no 14
déposée en première lecture le 28 mai 1981 et
sanctionnée le 12 juin 1981. N'y avait-il pas lieu de réduire les
effectifs dès juin 1981, après que la loi fût
adoptée? Pourquoi semble-t-il avoir attendu un délai de quinze
mois avant de réduire les effectifs engagés?
M. Côté: Cela va prendre une seconde, il faut que je
fasse une recherche pour vous répondre adéquatement. (21 h
30)
M. Mailloux: Pour ne pas retarder la commission, pendant que vous
allez faire votre recherche, je voudrais poser une question à M.
Boucher. Je reviendrai tantôt d'ailleurs sur des suggestions qu'a faites
M. Boucher relativement à l'ensemble de la bureaucratie, dont on se
plaint un peu ce qui fait que cela coûte très cher, autant dans
une direction que dans l'autre. Le financement des partis politiques lors des
campagnes électorales, les agents officiels font des rapports,
après que la période électorale est terminée, qui
doivent être étudiés par la direction du financement des
partis politiques. La question que je me pose est la suivante: Est-ce qu'il n'y
a pas également à la direction du financement des partis
politiques des règlements qui sont -comment est-ce qu'on appellerait
cela -assez pointilleux, qui ont des exigences très
sévères à l'endroit des agents officiels. Je disais
même, récemment, je ne sais pas si c'est publiquement, que, lors
d'une prochaine élection, devant les exigences faites aux agents
officiels... Je me demande si, en dehors de trouver des comptables
agréés dans chaque circonscription, les candidats seront en
mesure de trouver les personnes requises qui daigneront se présenter au
poste d'agent officiel. Je ne donnerai pas mon cas en particulier, parce que
l'agent officiel qui était à mon service lors de la
dernière campagne a été nommé sur la scène
fédérale. Il a retardé considérablement à
répondre à des questions qui étaient posées par
votre service, questions que je ne conteste pas puisqu'elles devaient
être posées.
Je donne un exemple, en particulier, sur les exigences de la loi. La
campagne électorale commence. Des contrats sont signés par les
différents candidats avec des médias d'information tels que la
télévision, pour toute la publicité. Entre autres,
après l'élection, l'agent officiel produit les contrats avec les
médias d'information, disons les quotidiens et les hebdomadaires du
comté. Le contrat est en bonne et due forme. J'imagine qu'il respecte le
prix permis par ligne agate en période électorale.
On refuse ce document en disant qu'il n'est pas complet. On oblige de
fournir les pages publiées, mentionnant que cela a été
autorisé par l'agent officiel, afin qu'on puisse en faire la lecture. Le
problème qui s'est posé, c'est que, en cours de route, le journal
a fait faillite et il n'y avait plus moyen de trouver les pages en
question.
Est-ce que ce n'est pas se rendre un peu loin, après qu'un agent
officiel a signé avec une station de télévision, de radio
ou autres, un contrat en bonne et due forme, qui est quand même public,
qu'on ait autant d'exigences à l'endroit d'un agent officiel?
J'ajoute simplement ceci. Lors de la dernière campagne, on a
constaté - je pensais que c'était seulement le Parti
libéral, mais je dois confesser, aujourd'hui, aux dires des gens du
Parti québécois - que les remboursements ont retardé
considérablement avant d'être effectués dans les 122
circonscriptions du Québec, à cause des informations
supplémentaires qui ont été requises de partout.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Sur la question de la pièce
justificative qui serait manquante, M. le député, d'une part, la
loi exige la production de ces pièces. Dans un cas limite, comme celui
que vous posez, où il y aurait impossibilité de retrouver la
pièce en question dès que nous sommes informés de cette
impossibilité, nous demandons simplement à l'agent officiel de
nous confirmer que la parution a bel et bien eu lieu. La simple confirmation
sera suffisante pour permettre le paiement. D'ailleurs, c'est ce qui s'est
produit dans les quelques cas où une situation comme celle-là a
pu se produire. Évidemment, les délais de recherche, les
délais de correspondance et les délais de réception de la
confirmation dont je vous parle peuvent entraîner certains délais,
oui.
M. Mailloux: M. Boucher, lors de la dernière campagne
électorale, n'est-il pas vrai que, dans tout le Québec, en raison
des emprunts contractés par les candidats à des taux assez
élevés dans ce temps-là, à près de 20% pour
les emprunts que l'on faisait, n'est-il pas vrai que les retards ont
été plus considérables que jamais dans le remboursement
aux candidats, pour la partie que le directeur du financement doit
rembourser?
M. Boucher (Pierre-Olivier); Je vous dirais, M. le
député, que c'est tout à fait le
contraire. L'ensemble des rapports a été
vérifié dans une moyenne de 13 jours. Enfin, 13 jours
s'écoulaient entre la réception du rapport, sa
vérification, une lettre envoyée comme accusé
réception accompagnée d'un chèque équivalant au
montant qui devait être remboursé à ce moment-là, et
l'indication des renseignements manquants pour parfaire l'étude du
dossier. Je vous dirai qu'il y a des cas tout à fait limites. Par
exemple, dans un comté où, rendu au mois de décembre, nous
n'avions même pas reçu une demande de remboursement. Dans un autre
cas où on avait droit à un remboursement, le dossier n'a pas pu
être traité avant le mois de février ou mars suivant, si ma
mémoire est exacte, compte tenu que les preuves de paiement ne nous
avaient pas été fournies, malgré nos démarches
répétées, soit par téléphone, soit par
lettre.
Il y a eu, effectivement, un certain nombre de dossiers qui ont
été l'objet de discussions - entre autres au conseil consultatif.
M. Rochefort, du Parti québécois, y était: votre
collègue, M. Pagé, également. Nous en avons
discuté, dans un premier temps, au niveau du conseil consultatif. Par la
suite, sans doute savez-vous que j'ai rencontré et M. Pagé et M.
Rochefort, avec l'ensemble des dossiers litigieux, et nous les avons
scrutés les uns après les autres, leur offrant de regarder les
dossiers, quels qu'ils soient, pour satisfaire à leurs questions.
Je dois vous dire, à ma grande satisfaction - je ne veux pas en
faire une vantardise - que votre collègue, M. Pagé, m'a
confirmé que dans tous les cas il notait simplement qu'il y avait
certaines défaillances au niveau des réponses à fournir
mais qu'aucune des questions qui étaient posées - cela a
été le cas également du côté du Parti
québécois - aux agents officiels étaient inacceptables.
Toutes les questions posées - en d'autres mots - étaient
sérieuses, valables, et il ne voyait aucun sujet de contestation quant
à lui sur l'ensemble des questions qui restaient en suspens au moment
où nous nous sommes rencontrés.
M. Mailloux: D'ailleurs, je confesse que les deux partis ont
été traités sur le même pied. Cela répond
à ma question. M. Côté, est-ce...
M. Côté: M. Mailloux, on dit qu'un dessin vaut mille
mots. J'aimerais que vous preniez le document que j'ai déposé ce
matin, à la page 15, qui comporte un graphique. Je pense que ce serait
plus facile pour suivre les explications.
Vous avez là - je vais essayer d'être le plus clair
possible - une courbe d'évolution du personnel temporaire chez le
directeur général des élections. C'est l'objectif du
tableau. Si vous regardez à la gauche du tableau, vous voyez que le
premier mot est "référendum", mais en dessous, c'est
"recensement"; cela est le recensement de 1980. Si on regarde la courbe
recensement 1980, vous voyez qu'il y a une augmentation, pour le recensement
1980, du personnel pendant la période du recensement.
Immédiatement après le recensement, cette courbe descend et on
arrive au mois de janvier 1981. En janvier 1981, vous voyez que cette courbe
remonte en flèche à cause de l'élection
générale. Cette flèche commence à baisser, et si
vous allez jusqu'à octobre 1981, à peu près au milieu - je
ne sais pas trop comment vous l'indiquer parce que ce n'est pas très
clair - entre l'élection générale et partielle, au milieu
de cela, vous allez réaliser qu'à ce moment-là, en octobre
1981, s'il y avait eu recensement il y aurait eu une augmentation de la courbe
équivalente à celle que je vous ai montrée pour le
recensement de 1980.
Or, il n'y a pas eu d'augmentation de cette courbe, il y a eu diminution
constante. C'est une chute libre - je dirais constante -du personnel
jusqu'à la fin du tableau.
M. Mailloux: À la fin du tableau vous n'avez plus de
personnel du tout. Vous êtes rendu à la ligne.
M. Côté: J'ai encore du personnel temporaire, mais
j'en ai moins.
M. Mailloux: Cela répond à ma question. Cet
après-midi, M. Côté a fait les commentaires suivants
relativement à l'achat de l'édifice de La Pérade à
Sainte-Foy. Je pense que vous avez dit à ce moment-là que le
Conseil du trésor ou une autre autorité avait
félicité le directeur général des élections
pour l'achat en question. Cela était considéré comme une
bonne transaction. Si on regarde les chiffres de l'évaluation
municipale: terrain et bâtisse, 3 597 000 $; achat 3 275 000 $, il est
induscutable que cela paraît un bon achat. Je ne dis pas que ce n'en est
pas un bon.
La question que je voudrais poser est la suivante, et je vous la pose
avec toute la réserve qui s'impose. Aujourd'hui, à nos bureaux,
et dans les jours précédents, quantité de gens appellent
de la région de Québec en disant: On voudrait savoir exactement
si c'est un aussi bon achat que ça. Voici ma question. Vous occupez
actuellement, la Direction générale des élections de
même que la Commission de la représentation électorale, une
partie de la bâtisse. J'ai vu quelque part qu'il y avait, par contre,
quelques milliers de pieds qui n'étaient pas occupés. J'aurais
peut-être deux questions. S'il y a regroupement des services, tel que la
loi no 96 le prévoit, est-ce à dire que cet édifice, s'il
n'est pas complètement occupé, sera occupé au complet? Et
est-ce à dire, il y a le problème de Montréal
où
probablement certains locaux pourraient être diminués,
qu'il y aura complète utilisation de la bâtisse et d'autres
bâtisses? J'imagine que c'est une bâtisse assez neuve. Est-ce que
vous auriez effectué des réparations ou que des
réparations seraient à effectuer? Si oui, quel est le montant des
réparations?
M. Côté: Vous me donnez deux minutes? La
première partie de la réponse à la question va porter sur
l'occupation des locaux et les espaces vacants. Au moment de l'acquisition de
l'immeuble, il y avait en fait environ 6000 pieds carrés de plancher
inoccupés. Cette superficie a été augmentée parce
que quelques mois après notre entrée dans l'immeuble, il y a une
des entreprises qui occupait les bureaux qui a fait faillite. Dès 1981,
j'ai entrepris des démarches auprès du ministère des
Travaux publics et de l'Approvisionnement. Malgré l'autonomie dont je
suis bien jaloux, j'ai demandé à ce ministère du
gouvernement, qui est spécialiste en la matière, de voir s'il n'y
aurait pas des institutions ou organismes qui pourraient occuper les espaces
libres à mon bureau. Une des exigences que j'avais, et que j'ai encore,
à l'égard des catégories d'institutions qui peuvent
occuper ces locaux, est celle-ci. Un des objectifs que j'avais au départ
- je vous signale entre parenthèses que les locaux que nous occupions
autrefois étaient à proprement parler des hangards où les
souris circulaient très librement - c'était d'avoir des locaux
où il n'y avait pas de ministère du gouvernement, pas d'organisme
gouvernemental, paragouvernemental, politique ou parapolitique. Avec ces
exigences, j'ai communiqué avec le ministère des Travaux publics
et de l'Approvisionnement pour lui demander s'il aurait des suggestions. (21 h
45)
Effectivement, il nous ont formulé une suggestion qui s'appelle
le Conseil consultatif de la recherche scientifique. Des démarches ont
été entreprises, cela nous apparaissait, à nous, que ce
Conseil consultatif de la recherche scientifique ne présentait pas de
difficulté majeure en regard de l'indépendance et de l'autonomie
auxquelles je viens de faire référence. Mais, on n'a pas eu de
chiffres. J'ignore les raisons pour lesquelles ce conseil consultatif n'est pas
venu chez moi, cela s'est terminé en queue de poisson. Apparemment les
locaux qu'on leur offrait auraient bien fait leur affaire, c'était
exactement ce qu'ils recherchaient.
D'autre part, pendant que certains de ces locaux apparaissent
inoccupés, il faut vous dire que je m'en sers assez largement. Je m'en
sers pour des rencontres d'information avec les directeurs de scrutin.
Plutôt que de payer une salle d'hôtel ou un espace quelque part
où trouver une salle, je m'en sers pour des cours de formation. Je m'en
suis servi, par exemple, évidemment le soir de l'élection et, en
particulier, pour le dépouillement du vote des détenus. Mais ce
n'est pas une raison, une explication suffisante pour dire que cela restera
indéfiniment inoccupé. Je dis dans un texte que j'ai écrit
quelque part ou dans les notes que j'ai prises qu'effectivement, si
l'intégration se fait et qu'on retrouve à Québec la
nouvelle patente, dont on parle -je ne sais pas comment la qualifier, je
m'excuse de l'expression - la nouvelle intégration administrative,
évidemment, on aura des espaces requis, mais vous savez que dans ces
locaux, il y a présentement non seulement le directeur
général des élections, mais également la Commission
de la représentation électorale. Il y a donc deux institutions
qui occupent ces locaux. Finalement, il n'y pas énormément de
locaux et d'espaces inoccupés.
Pour répondre à votre deuxième question, concernant
les difficultés physiques, je dirais, ou les difficultés - M.
Lambert me donne la bonne expression - mécaniques et structurales,
effectivement, il s'en est produit, comme la chose suivante: Je suis heureux
que vous me posiez la question aujourd'hui plutôt qu'elle ait
été posée il y a un certain temps, parce que, pour moi,
cela a été une source d'inquiétude, de découvrir
qu'il pouvait y avoir apparence de faille dans la construction même de
l'immeuble. Il faut savoir que c'est un immeuble neuf dont l'extérieur
a, ce qu'on appelle, des "slabs" de béton; c'est grand.
M. Mailloux: ...
M. Côté: Ohl Attendez un peu. Quand nous l'avons
acquis - c'était en 1979-1980 -il devait avoir quatre ou cinq ans
à peu près. Alors, on est en 1983, cela doit faire huit, neuf
ans. On réalise, en l'occupant, qu'il y a des failles qui se manifestent
dans ce que j'appelle les parements - M. Lambert a encore le mot juste -
extérieurs de l'immeuble qui sont des très grands panneaux de
béton. Face à cette situation, on a immédiatement pris des
mesures de prudence qui s'imposaient, mais je dirais plus que cela, j'ai fait
venir l'entreprise qui a vendu l'immeuble au gouvernement...
M. Mailloux: Laquelle entre autres?
M. COté: Belmont Construction. Nous l'avons mis en cause
et Belmont Construction a entrepris et réalisé, à ses
frais, pour une somme minimale de 250 000 $ les réparations qui
s'imposaient. Ceci, après avoir demandé conseil et consultation
de façon constante auprès du ministère des Travaux publics
et de l'Approvisionnement et de ses spécialistes pour savoir si les
mesures qui étaient entreprises et la façon de régler le
problème l'étaient à la satisfaction du
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement et pour
la sécurité de tout le monde, de sorte que je suis en mesure
d'affirmer aujourd'hui, qu'à moins qu'il y ait une catastrophe majeure,
comme un tremblement de terre, l'édifice est absolument bien
réparé et sécuritaire.
M. Mailloux: Je pense que la dernière affirmation
répond catégoriquement à la question qui était
sollicitée par plusieurs personnes qui ont appelé à ce
sujet. M. Côté, cet après-midi, en écoutant le
directeur général du financement des partis politiques, à
la page 7 du rapport, il y a certaines suggestions qui possiblement - à
moins que cela n'amène des problèmes particuliers à
l'indépendance du poste semblent quand même intéressantes
à étudier, faisant probablement référence aux lois
électorales compliquées du Québec. Je parle du paragraphe
où l'on dit: On devra cesser de vouloir à chaque jour
réinventer la roue. On devra utiliser le plus largement possible les
services publics existants, services qui possèdent une indéniable
expertise acquise au fil des années, grâce aux frais
supportés par l'ensemble de la collectivité
québécoise: l'Éditeur officiel, le Service
général des achats, la Société
québécoise de cartographie, le service Centrex, etc.
La question que je voudrais vous poser, M. Côté, est la
suivante: Actuellement, il existe des services déjà payés
par les contribuables du Québec dans des ministères. Vous avez
mentionné, je pense, certains exemples. Utilisez-vous des services
existants des ministères où il y aurait une possibilité
que ces services, non occupés à 100%, pourraient éviter
certains dédoublements?
M. Côté: Effectivement, je trouve que l'observation
de la page 7 du mémoire du M. Boucher et les remarques que vous faites
sont tout à fait pertinentes. Cependant, je dois dire que ma
préoccupation constante, que j'ai exprimée dans le mémoire
cet après-midi, est celle de préserver l'autonomie et
l'indépendance que je crois devoir maintenir. Cela étant dit,
cela ne m'empêche pas d'avoir recours aux expertises et aux services qui
existent déjà. Par exemple, nous avons entrepris, il y a
déjà quelques mois - et nous sommes sur le point de conclure une
entente - des démarches avec le Service général des achats
pour voir, prenons un exemple très simple, quelle catégorie de
marchandises, comme des crayons pour voter dans un bureau, on pourrait se
procurer par un intermédiaire.
Un autre exemple, le ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement. Voici une chose que je n'ai pas mentionnée et que
je vous révèle; peut-être que cela va soulever une autre
question, mais, quant à être un livre ouvert ce soir, j'aime
autant l'être jusqu'au bout et vous donner toutes les informations
pertinentes. Je vous ai mentionné tantôt que nous occupions
jusqu'à tout récemment, jusqu'à ce qu'on change
d'immeuble, des bureaux qui étaient à toutes fins utiles un
entrepôt et un garage assez infects. Mais, cela sert d'entrepôt
pour nous présentement et cet entrepôt est devenu très
désuet et très dangereux. Nous avons fait faire une étude
là-dessus et nous avons demandé la collaboration très
active du ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement et son
opinion: Vous, dont c'est la spécialité, que pensez-vous de
l'endroit où nous sommes? La première recommandation qu'il nous a
faite, cela a été de nous dire: Sortez de là au plus vite;
c'est dangereux, cela presse. Nous avons donc entrepris des démarches
avec sa collaboration et également la collaboration du Conseil du
trésor; là encore, je me suis permis de demander au Conseil du
trésor s'il accepterait de me soumettre une opinion. Ce qu'il a fait.
J'ai un CT à cet égard. Au Conseil du trésor, comme on
l'avait fait au ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement,
on a dit: Étudiez toute cette question, puis faites-nous un rapport et
voyez quelle sera la meilleure solution. Le ministère des Travaux
publics et de l'Approvisionnement est sur le point de conclure une entente avec
le propriétaire d'un entrepôt de la région de Québec
qui, déjà, sert à un autre organisme gouvernemental qui ne
l'utilise pas dans son entier. Alors, on en prend la moitié ou les trois
quarts. On va aménager dans les mois à venir dans cet
entrepôt, mais en collaboration avec le ministère des Travaux
publics et le Conseil du trésor. C'est un autre exemple de collaboration
à laquelle fait allusion le deuxième alinéa de la page 7
du mémoire de M. Boucher.
Dans le domaine des communications, c'est bien évident que je
n'ai pas mon propre service téléphonique; il s'agit du service
téléphonique Centrex du gouvernement. Voici un autre exemple
d'expertise que je vais chercher à l'intérieur du gouvernement;
pour la tenue des concours des directeurs du scrutin, j'ai demandé
à l'office de recrutement de me prêter des spécialistes qui
seraient en mesure de me conseiller et de me dire qu'un concours de cette
envergure devrait être fait selon telle ou telle norme, en suivant telle
ou telle procédure, etc. Ils nous ont même aidé à
surveiller la tenue des concours et à voir s'ils se tiennent d'une
façon très stricte et très neutre. Je ne sais pas si cela
répond à votre question. Mais je pense que cela...
M. Mailloux: Oui, je m'aperçois que le temps avance, je
pense que vous avez donné certains exemples. Je voudrais poser une
courte question à M. Lemieux. J'imagine que dans un certain
ministère, cela doit être celui de l'Énergie et des
Ressources, il y a un service de cartographie, est-ce qu'il y a un vacuum
là-bas, à ce ministère, au service de la cartographie? Y
faites-vous souvent appel ou si, pour les travaux, votre organisme fait
simplement appel à des professionnels?
M. Lemieux: M. le Président, le problème de la
cartographie, dans son ensemble, est un problème dit majeur. Pendant
quelques années, l'ancienne commission permanente de la réforme
des districts électoraux a fait effectuer des travaux de cartographie
dans différents ministères. À titre d'exemple, elle a fait
reproduire des cartes, par exemple, au ministère de l'Énergie et
des Ressources. Elle a également utilisé le système de
cartographie des services de la cartographie du ministère des
Transports. Cela s'est avéré, à l'expérience, ne
pas remplir exactement les normes, si vous voulez, de la commission. Aussi, il
arrivait que cela semblait poser de sérieux problèmes à
ces organismes, parce qu'ils vivaient sur les budgets et lorsque la commission,
même la nouvelle commission, arrivait pour leur faire des demandes, on
sait très bien que la commission, par exemple, a dû effectuer une
série de travaux dans un laps de temps très court au début
de l'année 1980, elle n'était pas en mesure de répondre
à nos - ce qu'on pourrait appeler communément - aspirations.
Effectivement, l'ancienne commission permanente, et la nouvelle Commission de
la représentation, au moment où on se parle, requiert les
services de sept dessinateurs dans le domaine de la cartographie.
L'expérience qu'on a tentée a été couronnée
de succès, parce que nous avons réussi à effectuer des
travaux, dans plusieurs cas, à des coûts qui étaient
équivalents à ceux qu'on aurait pu avoir dans les autres
ministères et aussi dans des délais très courts. Autre
problème: on sait très bien que la Commission de la
représentation porte assistance au directeur général des
élections pour la délimitation des sections de vote. Or, la
délimitation des sections de vote a été
cartographiée, à quelques reprises, on a cartographie
annuellement les sections de vote, maintenant, avec une nouvelle politique qui
a été établie par le directeur général des
élections, on a réussi à raffiner - si vous voulez - la
délimitation des sections de vote et, d'après le directeur
général des élections, l'opération ne sera plus
annuelle et ne le sera plus pour l'ensemble de la province. Je comprends que je
dépasse un peu mon mandat en parlant de ce qui se passe chez le
directeur général des élections. Mais, au moment où
on se parle, effectivement, on produit nos cartes nous-mêmes. Maintenant,
on emprunte des fonds de cartes avec les autres ministères dans le but
de réduire... Comme je l'ai mentionné cet après-midi, on
se rappelle que le budget de la commission est à la baisse depuis trois
années consécutives. Ceci est dû, non seulement à
des mesures administratives que j'ai prises dans plusieurs domaines, mais
également dans le domaine de la cartographie. On a réalisé
des économies très considérables.
Actuellement, nous sommes en pourparlers avec la Société
de cartographie de Québec que vous avez mentionnée tout à
l'heure qui effectue... Autrefois, on disait que la Société de
cartographie était une corporation, une société de la
couronne, maintenant, je ne connais pas le nom exact de cela, c'est toujours
une société dont le gouvernement est l'actionnaire majoritaire.
Actuellement, nous sommes en train de négocier avec la
Société de cartographie pour pouvoir utiliser leurs fichiers
informatiques, parce que la cartographie, telle qu'on la connaît, telle
qu'on la connaissait depuis 10 ou 25 ans la cartographie traditionnelle est
maintenant une chose dépassée. D'ici quelques années, on
sera en mesure de reproduire avec une aussi grande exactitude et à des
coûts extrêmement moindres la cartographie traditionnelle. Donc,
actuellement, nous sommes en pourparlers, nous avons versé à la
Société de cartographie une somme totale de 5000 $ et elle a
réussi à produire quelques modèles de cartes
automatiquement. (22 heures)
M. Mailloux: Cela répond à mes questions et je ne
vous en poserai pas d'autres parce que, si j'en posais d'autres, je dirais
probablement: On va arrêter de faire des cartes des districts
électoraux du Québec, on va tâcher de parler d'une autre
formule de scrutin. On élaborera ce sujet à un autre moment.
J'aurais deux dernières questions à poser. Je me demande, ce ne
sera pas long, il y en aura d'autres, si on va arrêter de multiplier les
comtés, car les gens ne se comprennent plus nulle part dans le
Québec. Quand je regarde la rive nord, je vois des parties de la rive
nord qui actuellement se vident, parce que, tantôt, Charlevoix va partir
de la région de Québec et se rendre jusqu'à Hauterive. Il
va falloir trouver d'autres moyens, mais tout cela, m'embarquerait dans un
débat, et je voudrais conclure. J'aurais deux questions à vous
poser, M. Côté, en terminant.
La première consiste en une recommandation qui est contenue dans
le rapport de M. Boucher, à moins de faire erreur, où il est dit
qu'il y a actuellement, semble-t-il, 200 variétés de formulaires
pour le DGE et qu'avec des lois...
M. Bédard: Si j'ai bien compris, c'est au
fédéral?
M. Mailloux: Non, c'est au provincial. M. Bédard: Au
provincial aussi?
M. Mailloux: Sur la scène fédérale, il
semblerait que c'est de 50% que ces formulaires, si je fais erreur, qu'on me le
dise maintenant, pourraient être réduits, c'est en tout cas
considérable. Celui qui l'a mentionné a parlé de 50%.
Est-ce qu'il y aurait un effort valable à faire pour éviter que
la bureaucratie devienne tellement importante? Et la deuxième question,
je la pose tout de suite. Vous pourrez faire la recherche qui s'impose. On
constate dans un rapport que les services professionnels des institutions pour
l'exercice financier 1981-1982 totalisent 600 000 $, je parle des services
professionnels en dehors des services réguliers.
Est-ce que cela concernait des travaux très particuliers que ne
pouvaient effectuer les services professionnels qui sont à
l'intérieur des directions? C'est que le montant me paraît
extrêmement important.
M. Côté: La première question, je suis
heureux que vous me la posiez, M. Mailloux, parce que si on gardait
l'impression qu'on utilise pour des fins électorales 200 formulaires, je
cherche encore d'où vient ce chiffre, je trouverais cela moi-même
exagéré. C'est peut-être une question de vocabulaire. C'est
qu'il faut vous dire que, chez nous, on appelle par exemple une enveloppe une
formule; on dit la formule, mais c'est une enveloppe. Je pourrais vous donner
les différentes catégories très rapidement. Sur les 200
dont on parle, un certain nombre touchent des formulaires électoraux
à caractère légal, d'autres des formulaires
électoraux à caractère administratif, d'autres touchent le
matériel servant à informer le public, d'autres touchent les
publications, les enveloppes et les accessoires, etc. Si on s'arrête
uniquement aux formulaires électoraux, on ne doit pas parler de 200
formulaires mais plutôt de 125 formulaires dont 65% sont à
caractère légal et 35% à caractère administratif.
En fait, il n'y a que 30 formulaires électoraux servant directement
à un électeur. On est loin de 200.
M. Mailloux: Mais, est-ce que j'ai fait erreur, M. Boucher, quand
j'ai mentionné que c'était à l'intérieur de votre
rapport?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Je me base simplement sur le rapport
du comité technique, M. Mailloux, qui indique que, pour la tenue d'une
élection générale, y incluant le recensement et le
scrutin, il y a environ 200 formulaires qui sont utilisés. C'est une
donnée du comité technique. Je la prends comme telle.
M. Côté: Ce à quoi fait allusion M. Boucher,
je vais y apporter une autre correction. C'est exact que dans le rapport du
comité technique... Je vais citer le comité technique. On parle
de 200 formulaires et accessoires électoraux. Il ne s'agit pas
uniquement de 200 formulaires. Le chiffre de 200 est effectivement
employé dans un de mes rapports annuels et dans le rapport du
comité technique, mais il s'agit de formulaires et d'accessoires
électoraux. Cela couvre des crayons, des effaces... Je pourrais vous
montrer ce qu'on appelle nos formules 1, 2, et 3 qui sont pour nous des
-l'expression n'est peut-être pas heureuse, je vous le concède -
mais ce ne sont pas à proprement parler des formulaires. Comme je l'ai
mentionné, ce qui sert directement à l'électeur... Par
exemple, le bulletin de vote pour nous est un formulaire. Cela entre dans les
35 qui servent à l'électeur; ce n'est pas 200, c'est 35. Il y a
peut-être possibilité de diminuer ce chiffre de 35 encore.
M. Mailloux: Quant à la deuxième partie de la
question sur les services professionnels?
M. Côté: Pour une somme d'environ 450 000 $, j'ai
des chiffres... Je pourrais vous fournir ultérieurement la
différence; je pense que vous avez parlé de 500 quelques
mille.
M. Mailloux: C'est indiqué dans le rapport que j'ai devant
moi.
M. Côté: De 600 000 $. J'ai des ordres de grandeur.
J'ai des chiffres que je peux vous fournir.
M. Mailloux: C'est à l'annexe B, page 39, loi 250... C'est
dans un document qui nous a été fourni par le directeur
général du financement des partis politiques.
M. Côté: Oui, c'est à la page 142, je crois,
du rapport du comité technique; cela se chiffre à 640 000 $.
Est-cela?
M. Mailloux: J'ai 583 000 $.
M. Côté: En tout cas, je vais vous donner, si vous
le permettez, des explications par catégorie et l'ordre de grandeur des
chiffres. Dans ces services professionnels, il y a des services juridiques.
M. Mailloux: 152 000 $.
M. Côté: Oui, mais qui couvrent deux
éléments, celui des opinions que j'ai cru nécessaire de
demander et que je crois encore nécessaire de demander concernant le
directeur général des élections et ses
responsabilités, concernant les...
M. Mailloux: M. Côté, excusez-moi. Quant aux
services juridiques, une des plaintes que l'on retrouve dans les médias
ou ailleurs... Apparemment, il y a trois services du contentieux dans les trois
directions. Il y en a deux au moins? Pourquoi 153 000 $ pour des avis
juridiques, s'il y a déjà deux services du contentieux?
M. Côté: Je m'excuse, je n'ai pas entendu.
M. Mailloux: Pourquoi, aux services juridiques, y aurait-il des
dépenses totales de 152 985 $?
M. Côté: Pour les trois?
M. Mailloux: Oui, DGF, CRE et DGE; 53 000 $ pour le DGF, 35 000
$, le CRE et 63 000 $, le DGE.
M. Côté: Je peux parler pour les 63 000 $, si vous
le permettez.
M. Mailloux: Oui.
M. Côté: La principale raison est la
nécessité qu'on a d'avoir des opinions juridiques concernant les
poursuites judiciaires que l'on entreprend et que l'on a menées à
bonne fin. Je pourrais vous en donner un certain nombre et je me propose
d'ailleurs de les faire connaître assez fortement parce qu'il y a eu des
condamnations qui ont été obtenues dernièrement qui vont
avoir d'assez graves conséquences. Il y en a une, par exemple, dont vous
avez pris connaissance certainement dernièrement dans les journaux
concernant un candidat libéral qui lors des dernières
élections n'avait pas obtenu de congé du poste CKAC. Il y a un
jugement intérimaire qui vient d'être rendu et il y a des
personnes qui ont été poursuivies pour supposition de personnes.
Vous savez que la loi m'oblige à poursuivre des enquêtes et
à intenter des poursuites, ce qui n'existait pas autrefois.
Évidemment, cela entraîne des frais judiciaires.
M. Mailloux: M. Côté, ayant déjà
été titulaire d'un ministère ayant un service du
contentieux, j'imagine qu'à différents moments les
ministères, malgré leur service du contentieux, sont
obligés de demander certains avis juridiques hors leur contentieux pour
confirmer. D'accord, je comprends.
M. Côté: Je continue, si vous permettez, sur les
autres catégories. Il y a des services administratifs qu'on met sous ce
titre. Il y a, par exemple, encore pour fins de recherche, un enquêteur
que je dois rémunérer pour faire des enquêtes. Il y aussi
des services que je dois retenir de la part de firmes d'informatique parce que
cela remonte à assez loin. Quand je requérais, auprès du
Conseil du trésor, des effectifs, on me disait: N'engagez personne dans
le domaine informatique. Engagez plutôt des firmes. Cela totalise 64 000
$.
Il y a du personnel supplémentaire que nous engageons par
l'intermédiaire de Personnel Accélération, enfin, qu'on
engageait puisque cela ne se fait plus. Ce sont des agences de personnel et
cela totalise 40 000 $. Le concours de recrutement des directeurs de scrutin a
exigé des déboursés de 24 000 $. Le paiement des taxes
foncières, impôts et taxes d'affaires, 134 000 $. Le gardiennage
de l'immeuble, 61 000 $. Le traitement de l'informatique, entente avec la RAMQ,
75 000 $. Encore dans le domaine informatique, Info-Conseil, SOMAPRO, etc., 67
000 $.
Le Président (M. Paré): Vous avez
terminé?
La parole est à vous, M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je pense que nous
sommes en train de faire la preuve jusqu'à quel point le
mécanisme d'une commission parlementaire, prévu dans la loi 96,
constituerait un instrument efficace pour obtenir toutes les informations
nécessaires sur les prévisions budgétaires, surtout si on
en vient à la conclusion que cette commission parlementaire peut
s'adjoindre toute l'expertise qu'elle croit devoir s'adjoindre aux fins de
s'enquérir de toutes les questions qu'on peut avoir présentes
à l'esprit, concernant les prévisions budgétaires ou extra
budgétaires qui seraient alors présentées par le directeur
général des élections.
Je me bornerai à poser une ou deux questions concernant un des
principes mêmes de cette loi, soit le principe de procéder au
regroupement sous la responsabilité d'une personne
désignée qui serait, en l'occurrence, le directeur
général des élections.
Monsieur, je voudrais savoir si j'ai bien saisi l'opinion de M. Boucher,
le directeur général du financement des partis politiques. Est-ce
que je résume bien sa pensée en disant qu'il est d'accord avec le
principe d'une personne désignée, pourvu qu'il y ait un
contrôle efficace au plan des prévisions budgétaires?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Oui, effectivement, M. le ministre.
Ce que nous véhiculons dans le document, que nous avons soumis à
la commission, est que des personnes désignées, qui seraient
contrôlées exclusivement par l'Assemblée nationale sans
aucune ouverture à un contrôle qui serait fait par
l'Exécutif, c'est exactement la position véhiculée dans le
document que vous avez devant vous.
M. Bédard: J'ai cru comprendre que vous aviez dit "des
personnes désignées". Parce que, dans votre mémoire, vous
parlez "d'une personne désignée". Le principe d'une personne
désignée auquel vous voudriez voir les adjoints nommés,
mais le principe de la loi est "une personne désignée", pourvu
qu'il y ait un contrôle efficace. Est-ce que je dois comprendre que vous
êtes d'accord avec ça?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Dans le document que vous avez
devant vous, ce sont trois personnes désignées par
l'Assemblée nationale, qui sont l'objet de la...
M. Bédard: Voulez-vous me dire comment vous pouvez
concilier la notion de "personne désignée" avec la notion de
trois personnes désignées? Qui va avoir la
responsabilité?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Exactement ce qui s'est fait dans la
loi 2, M. le ministre, depuis 1977, à savoir que l'une d'entre elles, le
directeur général, est la seule personne qui a le mandat de voir
à l'application des lois ou de la loi en question et qui est nantie de
tous les pouvoirs, pour remplir cette fonction particulière, la
désignation des deux autres étant d'assister celle-ci. (22 h
15)
M. Bédard: Je ne vous demande pas comment vous verriez
cette personne désignée entourée. Je pense que vous
l'explicitez assez bien dans votre mémoire, par deux adjoints qui
seraient nommés par l'Assemblée nationale. Mais, au niveau du
principe même, est-ce que je traduis votre pensée en disant que
vous êtes pour le principe d'une personne désignée qui a,
autrement dit, toutes les responsabilités de rendre compte au niveau de
l'Assemblée nationale, pourvu qu'il y ait un mécanisme
prévu concernant le contrôle des dépenses?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Sans vouloir ajouter au
mémoire qui est devant vous, en ce qui a trait au contrôle, je
soumettais au préalable que, dans le projet de loi no 96, il y a
déjà des éléments de contrôle en provenance
de l'Assemblée nationale, à l'égard de cette personne
désignée. Par contre, il y a dans ce même projet de loi
certains éléments de contrôle qui proviennent de
l'Exécutif, ce sur quoi le mémoire est très explicite. Il
y a également dans ce même mémoire des propositions quant
au fait que l'Assemblée nationale devrait également
contrôler le personnel de cette personne désignée.
M. Bédard: Alors, on se comprend bien? Il y a une personne
désignée dans votre esprit? Une personne qui a la
responsabilité...
M. Boucher (Pierre-Olivier): Au niveau de la
responsabilité d'application de la loi...
M. Bédard: ... complète et entière?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Cela doit être
centralisé dans une personne.
M. Bédard: Quant à la manière dont elle est
entourée, je comprends que vous y alliez de suggestions qui seraient d'y
adjoindre deux personnes, deux adjoints nommés par l'Assemblée
nationale...
M. Boucher (Pierre-Olivier): En d'autres mots, la position qui a
été véhiculée par le ministre au sujet de
l'impossibilité d'avoir un conseil d'administration qui serait
désigné, cela va de soi; le pouvoir décisionnel doit se
limiter et reposer exclusivement sur les épaules d'une personne
désignée par l'Assemblée nationale.
M. Bédard: On se comprend donc. Il n'y a pas trois
personnes désignées. Il y a une personne désignée.
Cela rejoint-il vos représentations, votre idée?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Pour les fins de l'application de la
loi et de la responsabilité de l'application de la loi, en effet.
M. Bédard: Bon. Cette personne désignée,
parce qu'il y va même de la définition d'une personne
désignée au sens de notre parlementarisme, ayant toute la
responsabilité, devant elle et elle seule doit rendre compte au niveau
de l'Assemblée nationale, au niveau des instances qui la nomment,
comment pouvez-vous concilier le principe d'une personne désignée
et de la nécessité de l'indépendance de cette personne
désignée avec une autre suggestion que vous faites qui aurait
pour effet que les crédits soient votés par l'Assemblée
nationale?
M. Boucher (Pierre-Olivier): D'une part, M. le ministre, je pense
que l'indépendance de cette personne désignée s'acquerra
dans la mesure où l'Assemblée nationale s'acquittera de ses
fonctions de contrôler ses activités dans le cadre du mandat
général de voir à l'application de lois
électorales. Ce contrôle qui serait rempli par l'Assemblée
nationale serait donc rempli par des individus formant une commission,
représentant les différentes tendances politiques. Ces
contrôles, ces décisions, ces discussions plutôt se feraient
comme aujourd'hui, dans le cadre d'un débat ouvert, public, qui
assurerait justement le caractère d'indépendance de cette
personne dans son administration et permettrait également aux membres de
l'Assemblée de s'acquitter de leurs propres responsabilités quant
à la reddition des comptes qui doivent
être faits, de l'administration des deniers publics.
M. Bédard: Non, mais à partir du moment où
il y a des crédits votés...
M. Boucher (Pierre-Olivier): Des crédits
votés...
M. Bédard: ... cela l'astreint...
M. Boucher (Pierre-Olivier): C'est-à-dire qu'il faut
s'entendre...
M. Bédard: ... aux règles d'administration,
c'est-à-dire qu'on est en train de rejoindre l'autorité du
Conseil du trésor. Si le budget est voté...
M. Boucher (Pierre-Olivier): Le Conseil du trésor pourrait
certainement, entre autres organismes, fournir l'expertise à la
commission parlementaire chargée de scruter les crédits qu'on lui
demande de voter. Mais ces crédits dont on parle, qui devraient
être votés, il va de soi qu'il s'agit des crédits
affectés au fonctionnement de routine en dehors des périodes de
pointe. Ce fonctionnement de routine en dehors des périodes de pointe se
prévoit, est pratiquement mécanique et, de ce fait, est
prévisible, quantifiable, identifiable et calculable. Ce seraient ces
fonds qui seraient votés par une commission parlementaire,
discutés par une commission parlementaire et adoptés par
l'Assemblée nationale. Ces fonds ne proviendraient pas automatiquement
et directement des fonds consolidés.
Par contre, arrivant une période de pointe, il est évident
qu'à ce moment-là les crédits nécessaires à
l'exercice des fonctions devraient provenir du fonds consolidé, quitte
à en rendre compte par la suite lorsque l'élection aura eu lieu.
S'il s'agit de périodes de pointe qui n'impliquent pas...
M. Bédard: Donc, ce ne sont pas des crédits
votés pour cette partie-là?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Non, non. M. Bédard:
Pour l'autre partie... M. Boucher (Pierre-Olivier): Oui.
M. Bédard: ... vous dites des crédits votés
par une commission parlementaire?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Discutés par une commission
parlementaire.
M. Bédard: Bon, parce qu'une commission parlementaire ne
peut qu'approuver des prévisions budgétaires, en fait, elle ne
peut les voter. Bon, on se comprend. Vous avez été quand
même témoin de l'ensemble des discussions que nous avons eues au
cours de la journée et qui nous ont permis d'aller, je crois, au fond
des choses en ce qui a trait à plusieurs dossiers, en ce qui a trait
à l'ensemble des dépenses qui peuvent être
nécessitées dans l'exécution d'un mandat? Que ce soit
celui du directeur général, le vôtre ou celui du directeur
de la représentation, est-ce que vous croyez que le mécanisme
prévu dans la loi peut permettre un contrôle efficace des
prévisions budgétaires, peut permettre, autrement dit, à
des membres de l'Assemblée nationale de s'enquérir et d'avoir des
réponses sur toutes les interrogations que ces personnes pourraient
avoir concernant l'affectation des deniers publics, surtout si ces membres de
la commission parlementaire peuvent s'adjoindre l'expertise nécessaire,
car cela peut aller jusqu'à l'expertise, par exemple, du Conseil du
trésor, si nécessaire.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Au niveau...
M. Bédard: Est-ce que, d'après vous, cela respecte,
d'une part, l'autonomie? Je pense que vous êtes un ardent
défenseur de l'indépendance de nos organismes électoraux,
est-ce que vous pensez que cette formule peut respecter, d'une part,
l'indépendance nécessaire de nos organismes électoraux et,
en même temps, la nécessité de concilier cette
indépendance avec la nécessité d'un mécanisme de
contrôle au niveau des deniers publics?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Je pense, M. le ministre, que tous
les contrôles applicables, sans faire de nuances pour l'instant, qui ont
leur raison d'être au niveau de l'administration des fonds publics
doivent également se retrouver au niveau de la personne
désignée dont vous parlez. Évidemment, ils doivent
être administrés de façon différente. Ils doivent
tous se retrouver au niveau de l'Assemblée nationale, être
assumés par elle sans exception. Dans ce cadre-là, un
contrôle qui pourrait provenir de l'exécutif, de façon
directe ou indirecte, n'est pas acceptable à mon sens, car il constitue
une entrave ou un risque à l'égard de l'indépendance de
cette personne désignée. Cela ne veut pas dire que, parce que le
risque est là, il ne doit pas y avoir de contrôle. C'est tout
simplement, je vous le soumets, le véhicule pour exercer le
contrôle qui est mal adapté au contexte. Si ce véhicule,
pour autant qu'il est constitué par l'Assemblée nationale, assure
davantage l'indépendance, respecte également
l'indépendance de la personne désignée, et je pense qu'il
doit exister. Dans ce sens, cela va jusqu'au contrôle de l'effectif
permanent de cette personne, son établissement et sa révision par
la suite.
M. Bédard: Alors, si...
M. Boucher (Pierre-Olivier): Seulement, en période de
pointe, comme je vous le disais tantôt, le fonds consolidé
pourrait être une utilisation temporaire, circonstancielle, et
n'empêcherait pas la reddition de comptes par la suite. Ce sont toujours
des deniers publics.
M. Bédard: En fait, j'essaie toujours de voir comment
vous... Peut-être qu'on ne s'entend pas sur la signification de ce que
veulent dire crédits votés. Est-ce que vous voulez dire par
là que vous seriez d'accord pour que les lois de l'administration
financière, gouvernementale, s'appliquent de la même
manière - donc, ingérence de l'exécutif...
M. Boucher (Pierre-Olivier): Oh! non, M. le ministre...
M. Bédard: ... s'appliquent de la même
manière...
M. Boucher (Pierre-Olivier): ... pas du tout.
M. Bédard: ... pour nos institutions électorales
que pour les autres ministères?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Absolument pas!
M. Bédard: Non, mais je vous pose la question parce
que...
M. Boucher (Pierre-Olivier): Je pense bien que cela implique
à ce moment-là...
M. Bédard: Est-ce que vous permettez que je termine?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Oui.
M. Bédard: Si je vous pose la question, c'est
peut-être parce qu'on ne s'entend pas sur la signification de
crédits votés. Mais, quand vous dites, à la page 24: "...
les crédits de fonctionnement du bureau des électeurs seraient
des crédits votés spécialement à cette fin par
l'Assemblée...", vous acceptez que la Loi sur l'administration
financière s'applique pour les organismes électoraux - donc,
ingérence de l'exécutif -de la même façon que pour
les autres ministères. C'est pour cela que je vous pose la question:
Comment pouvez-vous concilier ce désir que vous avez, je le sais, de
préserver l'indépendance des organismes électoraux avec la
notion de crédits votés par l'Assemblée nationale?
M. Boucher (Pierre-Olivier): II y a différentes
institutions qui relèvent de l'Assemblée nationale.
Peut-être y aurait-il lieu d'avoir une version particulière de
cette loi, à laquelle vous faites référence, qui
s'appliquerait à ces institutions et qui respecterait leur statut
d'indépendance face à l'appareil gouvernemental. Par contre,
soumission à l'Assemblée nationale, mais non à
l'Exécutif.
M. Bédard: Alors, est-ce que la solution proposée
par le projet de loi no 96, qui permettrait à une commission
parlementaire de s'enquérir de toutes les questions jugées
opportunes en ce qui a trait à l'administration des deniers publics,
avec possibilité de recourir à toutes les expertises voulues, ne
constitue pas justement ce moyen de nuancer, de permettre d'assurer
l'indépendance de l'administration de nos institutions
électorales et la nécessité d'un contrôle par
l'Assemblée nationale des deniers publics qui sont utilisés?
M. Boucher (Pierre-Olivier): À cet égard,
l'élément complémentaire, qui se retrouve à la page
24, concerne les effectifs qui pourraient être également
discutés par une commission parlementaire, et non soumis à un
règlement du gouvernement. Vous comprendrez que c'est très
délicat, du moins, il me semble, pour le gouvernement d'approuver ou de
désapprouver le règlement d'une institution qui est
indépendante de son pouvoir mais qui relève de l'Assemblée
nationale. À l'Assemblée nationale, étant donné que
le débat se fait en public, qu'il est pluripartisan, cet
élément qui peut être déplaisant au niveau de
l'Exécutif, de façon directe ou indirecte, au niveau de la
pureté des institutions, ne se retrouve pas comme élément
déplaisant lorsqu'il est discuté en public par l'Assemblée
nationale. (22 h 30)
M. Bédard: N'est-il pas exact qu'à partir du moment
où une commission parlementaire aura à se pencher sur
l'à-propos des provisions budgétaires ou extrabudgétaires
déposées par la personne désignée, il y aura par la
force des choses une discussion concernant les effectifs? Je pense que cela va
de soi.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Alors, à ce
moment-là...
M. Bédard: Un peu comme aujourd'hui il y a
certaines...
M. Boucher (Pierre-Olivier): Oui.
M. Bédard: ... interrogations qui ont été
formulées en ce qui a trait aux effectifs, etc. Les crédits de
fonctionnement comprennent nécessairement des effectifs.
M. Boucher (Pierre-Olivier): À ce
moment-là, peut-être pourrait-il être
précisé que les effectifs...
M. Bédard: Je pense que cela rejoindrait pas mal votre
préoccupation.
M. Boucher (Pierre-Olivier): devraient être
intégrés dans ce rapport produit à l'Assemblée
nationale et qui sera discuté par une commission, d'une part. D'autre
part, il y aurait peut-être lieu de s'interroger sur l'opportunité
de conserver ce contrôle direct de l'exécutif qui est
précisé à l'article 55.
M. Bédard: À l'article 55, il n'y a pas de
contrôle direct de l'exécutif.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Je vois qu'on ne parle d'aucune
autre formalité que celle prévue par les normes et barèmes
que le directeur général des élections établit par
règlement approuvé par le gouvernement. Cela implique donc qu'il
peut refuser de l'approuver. Cela implique donc un contrôle direct sur
l'effectif de cette institution qu'on veut indépendante, d'où mes
interrogations.
M. Bédard: Entendons-nous. Je pense qu'on parle dans cet
article d'une période précise de réorganisation et non
d'une...
M. Boucher (Pierre-Olivier): Mais nous avons...
M. Bédard: ... situation permanente.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Me Côté le
connaît mieux que moi...
M. Bédard: Je crois comprendre que ce que vous avez
présent à l'esprit, c'est que, lorsque les prévisions
budgétaires sont présentées par la personne
désignée, elles font naturellement état des effectifs et,
par la force des choses, il y a possibilité pour les membres de la
commission parlementaire, avec toutes l'expertise dont ils ont besoin, de
discuter de l'à-propos des effectifs et de demander toutes les
informations nécessaires sur ce point.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Je comprends, M. le ministre, que
l'article 55 a une portée fort limitée, on prévoit que
c'est jusqu'au 30 septembre 1983. Mais l'interrogation subsiste après le
30 septembre 1983, car, sur une base permanente dans la Loi électorale,
et mon collègue, Me Côté, pourrait vous indiquer les
articles de la Loi électorale qui concernent cela, il y a
également possibilité pour l'Exécutif de la même
façon de contrôler les effectifs temporaires du directeur
général des élections. C'est encore une fois une forme de
contrôle cette fois permanente de l'Exécutif qui, il me semble,
peut porter atteinte à l'indépendance que tout le monde recherche
pour cette institution.
M. Bédard: Je crois que c'est une clause dont M. le
directeur général des élections pourrait dire qu'elle n'a
jamais été un pouvoir, qu'elle n'a jamais été
utilisée.
Je reviens à ma deuxième question. Votre
préoccupation, c'est que lorsqu'il y a des prévisions
budgétaires ou extrabudgétaires qui sont présentées
par la personne désignée, il y a naturellement
référence aux effectifs, donc, possibilité de discuter des
effectifs au niveau des membres de la commission. Exact? Je pense que cela va
de soi dans le projet de loi no 96. À partir du moment où vous
dites que vous êtes pour le principe d'une personne
désignée, avec ce que cela comporte, donc, tous les pouvoirs,
responsabilités et devoirs de rendre compte au niveau de l'organisme qui
désigne, en l'occurrence l'Assemblée nationale.
Pourquoi proposez-vous un Bureau des électeurs qui, à ce
moment-là, ne posséderait aucun pouvoir? Sinon, à partir
du moment où on est pour la personne désignée, le Bureau
des électeurs ou ceux qui le constituent ne peuvent avoir comme mandat
que de remplir les mandats assignés par la personne
désignée afin que celle-ci puisse rendre compte, au niveau de
l'Assemblée nationale, de son mandat. Autrement dit, ce n'est pas un
organisme. À partir du moment où il y a une personne
désignée, ce n'est pas un organisme qui rend compte d'un mandat,
c'est la personne. À partir du moment où vous êtes pour le
principe d'une personne désignée, pourquoi un Bureau des
électeurs?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Le document vous présente
une personne désignée avec une responsabilité
complète des mandats de voir à l'application des lois. Ce
même document vous précise qu'on sent le besoin, nous,
d'après l'expertise qu'on peut vous fournir - c'est à ce titre
qu'on est ici, en fin de compte, c'est tout - qu'il y ait deux personnes
désignées...
M. Bédard: Soyez bien à l'aise. C'est plus facile
de poser des questions que d'y répondre.
M. Boucher (Pierre-Olivier): ... à mandat
spécifique et limité qui consiste à assiter ce directeur
général. C'est évidemment le directeur
général qui rend compte de son mandat, ce n'est pas le bureau.
Mais l'Assemblée nationale a quand même la faculté de
demander des comptes sur le mandat d'assistance que ces deux autres personnes
désignées avec mandat spécifique ont reçu d'elle.
Pourquoi un Bureau des électeurs? On vous le dit dans le
document. Parce qu'il nous semble que la préoccupation de
l'Assemblée nationale est, justement, de servir l'électeur et de
voir à ce que les mécanismes de procédures ne viennent pas
constituer une entrave dans l'exercice de ses droits. On doit donc partir de
l'électeur et voir comment on peut le servir au niveau de ce processus
électoral. C'est pour cela qu'on vous parle de Bureau des
électeurs et non pas de Bureau des élections. Le mot
"élection" également, il me semble, représente simplement
une mécanique parcellaire de toutes les activités
démocratiques qui concernent l'électeur et l'institution de
l'Assemblée nationale. Il y a finalement le fait que...
M. Bédard: On pourrait peut-être dire "directeur
général des électeurs". Je pense que ce que j'ai
perçu rejoint également les préoccupations qui ont
été évoquées par nos autres invités et les
membres de l'Opposition, de ce côté-ci également, du point
de vue gouvernemental, tout doit être pensé en fonction de
l'électeur. Je pense que c'est le premier et dernier rempart de la
démocratie. Je suis bien d'accord. Maintenant, j'essayais simplement de
situer ce que seraient le travail et les responsabilités d'un bureau,
à partir du moment où on est d'accord avec le principe d'une
personne désignée qui a tous les pouvoirs en main, toutes les
responsabilités, aussi, de rendre compte au niveau de l'Assemblée
nationale.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Remarquez que - je vous le
répète - nous concevons MM. Sheehan, Vincent et moi-même
notre rôle ici comme venant donner une certaine expertise sur certaines
expériences vécues. Cela sera à l'Assemblée
nationale de choisir le mode qu'elle estime être le meilleur pour faire
face aux objectifs qu'elle s'est fixés. Je n'ai pas tellement d'autres
choses à ajouter au contenu du document lui-même. Je ne plaide
pas.
M. Bédard: Non, non.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Je vous dis simplement ce que je
pense sur certains points. Mais cela sera à l'Assemblée de se
prononcer.
M. Bédard: J'espère que je ne plaide pas non plus,
j'interroge, peut-être que je m'ennuie d'un temps où on me posait
la question. Ce n'est pas proprement le cas, au moment où on se
parle.
Je vous posais ces questions pour en venir à une autre question.
Dans un premier rapport que vous m'avez produit, vous faisiez état d'une
suggestion pour qu'il y ait trois personnes nommées par
l'Assemblée nationale, la personne désignée et deux
adjoints. Dans les recommandations que vous nous faites aujourd'hui, vous
avancez cette idée nouvelle du Bureau des électeurs. Il n'y a
quand même pas tellement de temps qui sépare le premier rapport
des représentations que vous nous faites aujourd'hui. J'aimerais, pour
autant que vous le vouliez bien, connaître les raisons qui amènent
cette nouvelle suggestion dans un délai relativement court, suggestion
que représente le Bureau des électeurs.
M. Boucher (Pierre-Olivier): II y a une question de vocabulaire.
Le contenu est exactement le même. Que ce soit dans le rapport du 9
novembre ou dans le rapport que vous avez maintenant devant vous, l'objectif
dans la terminologie ou dans le changement de vocabulaire qui se précise
dans ce document, c'est simplement d'insister sur l'électeur. C'est lui
le patron, c'est lui le client. Le directeur général du
référendum, cela dirait quoi? Le directeur général
du recensement, cela dirait quoi?
M. Bédard: Si c'est du vocabulaire...
M. Boucher (Pierre-Olivier): C'est du vocabulaire qui a de
l'importance selon nous, M. le ministre.
M. Bédard: ... je voulais être bien sûr
d'avoir bien compris le premier rapport. Comme vous le dites, il y a des choses
qui se précisent avec le temps. Cela va. Une dernière question.
À moins de me tromper, vous avez à un moment donné
exprimé l'opinion que, pour l'ensemble de l'administration, une fois le
regroupement fait, il y aurait la possibilité d'administrer, d'assumer
toutes ces responsabilités avec peut-être un personnel de 50, 52
personnes, ce qui représente une amélioration très
substantielle, c'est le moins qu'on puisse dire, au plan de vos effectifs.
Je remarque que, dans votre organigramme, pour toutes les
responsabilités regroupées, vous assignez deux personnes au poste
de conseiller juridique. Dans l'organisme dont vous assumez la
responsabilité à l'heure actuelle, combien avez-vous de
conseillers juridiques?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Une avocate.
M. Bédard: Une avocate. Elle ne doit sûrement pas
manquer de travail.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Non, M. le ministre.
M. Bédard: Je comprends l'importance de l'organisme dont
vous avez la responsabilité, et vous convenez avec moi que, lorsqu'on y
ajoute toutes les
responsabilités dévolues au directeur
général des élections, plus la Commission de la
représentation électorale, est-ce que vous trouvez que deux
postes prévus au niveau des conseillers juridiques représentent
une suggestion réaliste?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Certainement, M. le ministre, parce
que les événements électoraux ne sont pas continus. Il en
est de même du recensement, mais ce sont surtout les
événements électoraux qui peuvent principalement accaparer
le temps du contentieux et cela se produit lors de partielles ou à tous
les quatre ou cinq ans. À ce moment, une personne à temps plein,
entre ces moments de pointe, je pense que c'est tout à fait
réaliste. Dans certains cas, on peut certainement avoir besoin de
requérir des opinions extérieures, mais pour assurer la
permanence d'un contentieux, c'est suffisant. (22 h 45)
M. Bédard: J'aurais bien d'autres questions, mais je sais
que nous aurons l'occasion peut-être de renouer contact en ce qui a trait
à l'étude du projet article par article, dans la limite des
ententes que nous aurons avec l'Opposition. Je me limite à ces
questions.
Le Président (M. Paré): La parole est maintenant au
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président.
Tout d'abord, une remarque d'ordre général, si vous le
permettez. Nous avons été saisis de trois rapports dont deux sont
plus volumineux que l'autre. Pour résumer l'impression que j'en ai, ces
rapports sont grosso modo, en ce qui concerne les moyens nécessaires
pour atteindre des buts sur lesquels les deux, aussi bien le directeur
général des élections que le directeur
général du financement semblent s'entendre... Les moyens sont de
la moitié ou du double, l'un par rapport à l'autre. On comprendra
que, venant de spécialistes, des rapports aussi sérieux qu'on n'a
pas eu le temps d'étudier peuvent par leur contenu qui est totalement
différent, nous laisser songeurs. Nous, ici à la commission,
avons à nous faire une idée sur les meilleurs moyens et les
moyens les moins coûteux d'atteindre des buts sur lesquels nous ne nous
chicanons pas, et loin de là. Nous avons devant nous des experts qui
sont en désaccord sur les moyens nécessaires pour atteindre ces
mêmes objectifs. Alors, cela oblige les parlementaires que nous sommes
à faire un acte de foi, d'une façon ou d'une autre jusqu'à
un certain point et cela est toujours risqué parce que nous ne disposons
pas de l'expertise nécessaire, des moyens et nous ne pouvons risquer de
faire une erreur. On ne peut dire: Si cela ne marche pas, on corrigera notre
tir. C'est drôlement embêtant, cette situation. Il est
évident que si, après avoir essayé la solution la moins
coûteuse, on pouvait se rajuster et dire: Cela ne marche pas, on s'est
trompé, on va se reprendre, le mal serait moindre, mais on ne peut pas
se permettre cela. La gageure qu'on va prendre, c'est probablement la gageure
que Pascal aurait prise, c'est qu'on va mettre toutes les chances de notre
côté afin qu'on ne puisse pas se faire reprocher de ne pas avoir
pris les moyens qui s'imposaient pour que nous puissions assurer à
l'électeur québécois le droit plein et entier de faire
valoir son opinion politique, au moyen des organismes qui sont les
nôtres. Je me demande s'il n'y aurait pas une façon ou une autre
de s'assurer que nous puissions tenter de réconcilier, parce que s'il y
avait tout simplement une différence minime, marginale, on pourrait
s'entendre que c'est tout simplement une évaluation personnelle des
choses pour reconnaître la personnalité des personnes qui nous les
présentent. Mais là n'est pas le cas.
Le ministre a souligné cela en passant. Nous l'avons
souligné à d'autres moments aussi. C'est une source
d'inquiétude pour moi et sûrement pour mes collègues
aussi.
Ceci étant dit, je pense qu'il nous faut quand même nous
interroger sur un certain nombre de choses. Le directeur général
des élections nous a fait valoir qu'une grande partie des
dépenses encourues étaient dues à la
spécificité de la loi québécoise à certains
devoirs et obligations qui lui étaient imposés et qu'il y avait
une partie moindre destinée à l'administration ordinaire de son
bureau, etc. Je pense que nous sommes tous sensibles à cette
réalité. Il demeure, cependant, que nous avons quand même
une préoccupation. C'est que, une fois qu'on a dit qu'un devoir nous est
imposé par la loi, soit le directeur général du
financement des partis politiques, soit le directeur général des
élections, soit le directeur général de la
représentation électorale, on n'a pas tout expliqué, parce
qu'il y a une préoccupation qui demeure là-dedans. C'est celle de
s'assurer que cette obligation et ce devoir sont remplis au coût le moins
élevé possible. C'est une préoccupation qu'on a. On doit
continuer de l'avoir.
La question que j'adresserais tout d'abord à M.
Côté, le directeur général des élections, est
celle-ci: M. Côté, est-ce qu'il y aurait possibilité, sans
entraver l'indépendance de vos fonctions, d'avoir une espèce
d'entente ou d'engagement de votre part, ou quelque chose comme ça - je
ne sais pas de quelle nature cela pourrait être, quelle forme cela
pourrait prendre - à savoir que vous puisssiez, dans l'exécution
de vos obligations légales qui vous sont imposées par les lois
que vous avez ou que vous aurez à administrer, vous engager ou faire
un
protocole quelconque selon lequel les normes gouvernementales, les
normes administratives ordinaires, que ce soit au plan de l'engagement du
personnel, de la rétribution des contractuels, au plan des achats, des
appels de soumission, enfin toutes ces choses, peut-être que vous
pourriez nous éclairer là-dessus, pour, jusqu'à un certain
point, rassurer cette commission? Sans avoir à vous soumettre au
contrôle exécutif, que vous soyez quand même lié - et
je pense que ce serait important pour cette commission de savoir si la chose
est possible ou si vous la considérez comme non désirable, pour
une raison ou pour une autre, de dire à cette commission si on doit
étendre les normes gouvernementales. D'ailleurs, dans votre rapport,
vous faites allusion à certains cas, par exemple au kilométrage,
aux frais de voyage, à des choses comme celles-là; vous avez
spontanément senti le besoin d'ajuster vos pratiques administratives
à ce qui existe ailleurs dans l'appareil administratif gouvernemental en
général. Je me demande si on ne pourrait pas étendre ce
genre de procédure. Ainsi, cette commission aurait certaines assurances
du fait que la commission ne peut pas suivre les faits au jour le jour. Ce
n'est d'ailleurs pas désirable et nous ne désirons pas le faire,
et c'est pour cela que nous considérons que la personne
désignée est là pour appliquer ce genre de choses, ce
genre de normes. Il serait quand même intéressant pour la
commission de savoir si vous considérez faisable ce que je vous propose,
ce que je vous mentionne, tout simplement. J'aimerais entendre M.
Côté là-dessus et, par la suite, savoir ce qu'en pense le
directeur général du financement des partis politiques aussi.
M. Côté: M. le Président. Je voudrais bien
vous comprendre, si vous permettez, je voudrais juste poser une question pour
comprendre le sens de votre intervention. Est-ce que votre intervention veut
dire que cette façon de procéder devrait être formellement
inscrite dans la loi?
M. Doyon: Non. Je n'y tiens pas, non. M. Côté: Cela
orientera ma réflexion.
M. Doyon: Je ne considère pas que cela soit
désirable.
M. Côté: Cela orientera ma réflexion. Je
voudrais bien comprendre votre question.
M. Doyon: Je n'ai pas dit cela.
M. Bédard: Je ne veux pas interrompre le
député de Louis-Hébert mais, autrement dit, pensez-vous
que la méthode de contrôle que nous établissons au sujet du
projet de loi va permettre, et c'est bien normal, aux représentants de
l'Assemblée nationale, responsables eux aussi des deniers publics, de
s'enquérir efficacement de l'ensemble des points auxquels le
député de Louis-Hébert porte une attention
particulière?
M. Côté: Ma réponse comportera deux parties.
Si vous le permettez, M. le Président, je commencerai par l'intervention
de M. le ministre parce que cela me permettra de raccrocher à la
vôtre.
M. Doyon: Je vous laisse le choix.
M. COté: Le fait de prévoir dans la loi
l'obligation de présenter des prévisions budgétaires
à une commission parlementaire est, je pense qu'il faut le
réaliser, quelque chose de tout à fait inédit et unique,
parce que l'Assemblée nationale s'oblige dans la loi à constituer
une commission parlementaire ad hoc pour une fin spécifique. C'est assez
rare, je pense. Il y a certaines commissions parlementaires qui existent, mais
cette commission parlementaire aura une responsabilité très
précise et très spécifique, qui est celle d'étudier
des prévisions budgétaires.
Devant cette situation, je pense que je ne pourrais pas faire autrement,
moi, en me présentant devant une commission parlementaire - si c'est le
cas - pour produire des prévisions budgétaires, que de vous
soumettre des raisons pour lesquelles, par exemple, à tel poste
budgétaire, j'entrevois tel montant d'argent. Il me semble que le bon
sens le plus élémentaire va me commander d'accentuer et de
continuer d'accentuer - parce que je n'ai fait que donner certains exemples
tout à l'heure - le souci que j'ai du perfectionnement de
l'administration dont j'ai la responsabilité.
Vous avez fait allusion, par exemple, à l'engagement du
personnel, à la question des contractuels et à la question des
achats. Pour l'engagement du personnel, c'est la Loi sur la fonction publique
qui s'applique intégralement. Pour l'engagement de ce qu'on appelle chez
nous des temporaires - ce ne sont ni des contractuels, ni des occasionnels -
nous appliquons une politique définie qui est établie, qui est
écrite, on pourrait vous en donner des exemplaires, qui est
copiée sur celle qui est suivie pour les occasionnels ou qui est
substantiellement la même.
Si vous m'aviez demandé - c'est ça qui m'a
embêté un peu et c'est pour ça que je vous demandais des
précisions au départ -s'il faudrait trouver le moyen d'inclure
cette obligation morale que j'ai de procéder de la meilleure
façon possible, ça ressemble un peu à la quadrature du
cercle. En fait, le fondement de cette façon de procéder repose
sur deux points. Le premier est celui de la confiance qui est manifestée
à une personne, la personne désignée, et le
deuxième, qui est
aussi important, c'est le contrôle de l'effectif qui est
utilisé. Je vous retournerais la balle en disant: Écoutez, je
suis prêt à m'engager moralement, c'est ce que vous avez
demandé, à faire tous les efforts possibles et impossibles pour
avoir la meilleure administration possible, copiée sur les meilleures
façons de procéder au gouvernement, ne serait-ce - et cela me
semble tellement évident - que pour ma propre réputation et ne
serait-ce aussi que pour maintenir la confiance que vous me manifestez en me
confiant de telles responsabilités.
Je ne sais pas si je réponds à votre question mais...
M. Doyon: M. le Président, ce serait pour préciser
un peu. Je comprends très bien la position du directeur
général des élections, mais j'aimerais aussi que soient
reconnues notre position de parlementaires, ici. Nous n'avons pas toute
l'expertise dont nous pourrions avoir besoin, premièrement, et,
deuxièmement - et ce n'est pas une excuse -nous avons beaucoup d'autres
choses à faire. À un moment donné, pour pouvoir juger une
personne, quelle qu'elle soit, il faut s'appuyer sur des normes, sur des
barèmes quelconques. Quand ces barèmes ne sont pas
respectés, il faut que ce soit l'exception et que l'explication valable
du non-respect de ces barèmes doit être donnée. Je pense
qu'il nous appartiendra, après cela, d'évaluer l'explication qui
nous est donnée. Ce que j'essaie de faire, c'est, premièrement,
de sortir du fait qu'on doit faire une confiance aveugle... Je pense que le
fait que vous veniez ici devant nous... Si nous avions une confiance aveugle
envers le directeur général des élections, en tout moment,
on le nommerait une fois pour toutes et, jamais, on ne parlerait,
premièrement, d'examiner quoi que ce soit. La preuve, c'est que ce
serait une abdication de notre part que d'agir de cette façon. Je pense
qu'on s'entend pour que nous excluions cette façon de procéder.
Donc, nous passons à une autre façon qui doit
nécessairement ne pas être une appréciation abitraire et,
dans l'appréciation, si elle ne veut pas être arbitraire, il faut
pouvoir se référer à quelque chose qui, sans être
fixée à tout jamais, constitue quand même des
barèmes qui nous paraissent être désirables, qui nous
permettront de poser des questions quand ces normes ne sont pas
appliquées et il peut y avoir d'excellentes raisons de ne pas le faire.
Il faut donc - c'est le sens de ma question -comprendre que, de notre
côté, un engagement de la part de la personne
désignée et je pense que nous n'en attendons pas moins de cette
personne pour qu'elle s'engage à fournir la meilleure administration
possible dans les circonstances. Je pense que nous n'avons jamais mis cela en
doute, mais, comme vous le dites, il est peut-être bon, même pour
vous, même pour la personne qui occupera le poste, quelle qu'elle soit,
de savoir qu'il y aura possiblement des justifications supplémentaires
à donner quand certaines normes qui sont règle courante dans
l'administration publique, ici à Québec, ne s'appliqueraient pas
pour une raison ou pour une autre chez vous. C'est le sens de mon propos. (23
heures)
M. Côté: Oui, je crois que vous avez raison. Le
problème va être de trouver la manière, de trouver la
façon de faire. C'est l'interrogation, en fait, que vous posez. Je
trouverais hasardeux de vous dire ce soir qu'il faudrait prendre telle, ou
telle façon. Ce que je trouve important de vous répondre,
cependant, c'est que je crois qu'il faut trouver des façons de
procéder, des manières de procéder qui soient autre chose
qu'une présentation pure et simple de chiffres sans plus d'explications
ou sans plus de raisons ou de barèmes. Je pense que ça devrait
dépasser ce stade-là. Quelle forme ça devrait
revêtir? Il faudrait voir. Il faudrait étudier. C'est
peut-être une des premières choses qu'il faudrait faire lors de la
première comparution. Je pourrais arriver avec une proposition: Je vous
soumets que c'est de cette façon qu'on pourrait procéder pour
faciliter le travail et pour que vous puissiez juger. Je vais vous donner un
exemple qui me passe par l'esprit et je ne veux pas que ce soit un engagement
formel pour ce soir, mais je pense que ça répondrait à
votre question. Si je déposais les barèmes ou les politiques
administratives qui sont établies et qui sont écrites et qui sont
mises en application chez moi devant cette commission parlementaire avant que
vous étudiiez les prévisions budgétaires, je pense que
déjà ce serait un commencement de réponse à la
question que vous posez.
M. Doyon: Pour continuer là-dessus, je suis d'accord que
ce serait déjà un début qui nous permettrait de savoir
comment sont administrés les deniers publics à votre bureau par
les personnes qui dépendent de vous. J'imagine que la commission
pourrait aller plus loin en disant: Peut-être pourriez-vous nous indiquer
là où vous sortez de ce qui se fait ailleurs, nous en donner la
raison. Et on pourrait apprécier. Cela nous permettrait de sortir un peu
du vague. Encore une fois, l'objet de mon propos n'est pas d'encarcanner qui
que ce soit, mais notre responsabilité est double ici. D'abord la
responsabilité de s'assurer que la loi est appliquée et qu'elle
atteint les objectifs qu'elle poursuit et, en même temps, ça doit
toujours être fait en regard de l'utilisation des deniers publics dont
nous avons la responsabilité. Je ne pense pas qu'on puisse
privilégier aveuglément un côté. Il est sûr
qu'il y a
moyen de faire les choses à toute épreuve en y mettant le
prix. C'est toujours possible. On peut considérer le vote des
détenus comme étant quelque chose de désirable ou non,
mais à un moment donné vous avez suggéré
vous-même qu'il fallait faire une étude de
coûts-bénéfices. Maintenant - mon collègue y fera
peut-être allusion tout à l'heure - il y a des chiffres qui nous
obligent à dire que peut-être que le vote des détenus, qui
est peut-être désirable sur le plan théorique et sur tous
les plans, comporte des coûts qui nous permettent peut-être de nous
poser des questions sur le rapport coûts-bénéfices entre
quelque chose qui théoriquement est extrêmement désirable,
qui a sa valeur et que nous ne mettons pas en cause ici ce soir. Je donne un
exemple, purement et simplement. Si on en arrive à la conclusion que le
coût d'une telle activité est hors de nos moyens, si jamais on en
arrivait là, il faudrait quand même réaliser que c'est
quelque chose que, bien que nous soyons tous d'accord quelle est
désirable, dans ce cas, à titre d'exemple, nous n'avons
peut-être pas les moyens, en tant que société, de nous
payer. Mes collègues me font de grands signes de
dénégation. Ils n'ont pas compris mon propos de toute
façon.
M. Bédard: Je voudrais bien saisir l'idée du
député de Louis-Hébert concernant le vote des
détenus, sans remettre en cause nullement l'à-propos d'une telle
disposition du point de vue démocratique. Je ne sais pas si le
député de Louis-Hébert était présent
à la commission à ce moment-là, je comprends qu'on ne peut
pas tous être présents à chaque moment, mais le directeur
général des élections nous a fait part qu'il avait des
suggestions qui seraient de nature à diminuer presque des trois quarts
le coût que représente en fait cette disposition qui est dans
notre Loi électorale. Si je comprends bien le député de
Louis-Hébert, une commission parlementaire devrait nous permettre,
peut-être en sens inverse, d'arriver à faire des suggestions qui
seraient de nature à diminuer des coûts, tout en ne
préjudiciant pas l'exercice, en l'occurrence du droit de vote. Ces
suggestions seraient sûrement non seulement reçues, mais
pourraient être agrées par le directeur général des
élections. C'est pour cela, M. le député de
Louis-Hébert, quitte à en discuter peut-être plus
longuement quand on aura l'étude artice par article, j'ai comme
préoccupation que les membres de la commission parlementaire ad hoc qui
auront à étudier les prévisions budgétaires ne
doivent pas être des membres d'une commission parlementaire qui sont sans
moyens pour aller au fond des choses. On pourrait prévoir, dans le
projet de loi, que les membres de la commission parlementaire pourront
requérir des expertises nécessaires pour être sûrs
qu'ils font une étude approfondie et valable des prévisions
budgétaires ou extra-budgétaires présentées par la
personne désignée.
M. Doyon: M. le Président, disons simplement que pour
laisser cette question spécifique, on pourrait considérer comme
désirable, par exemple, que tous les gens qui ont habité pendant
les dix dernières années au Québec aient le droit de voter
- je ne sais pas trop - lors d'une élection générale,
juste à titre d'exemple. Cela pourrait impliquer des coûts. On
pourrait de cette façon améliorer des gens qui sont susceptibles
de revenir etc. Mais il y a des coûts d'impliqués là-dedans
et c'est là-dessus qu'il faudrait qu'un dialogue s'engage sur ce qu'on
peut se permettre. C'est tout ce que je voulais dire.
Maintenant, il y a une question qui me vient à l'esprit, compte
tenu que cette commission se tenait aujourd'hui, ici, à
l'Asssemblée nationale, un certain nombre de gens qui m'ont
approché - et je pose la question très simplement - pour me
mentionner un bruit qui courait; cela concerne les adjoints. Je pense que tout
à l'heure on a fait état que le rôle des adjoints sera
extrêmement important. J'aimerais entendre M. Côté sur le
genre de critères, quels sont les critères qui présideront
au choix des personnes qu'il aura à faire comme adjoints. Est-ce qu'il a
déjà eu l'occasion de songer à ce choix qui s'imposera?
Quels sont les critères qu'il appliquera? Comment voit-il ce choix?
Est-ce qu'il a l'intention de procéder rapidement, après
consultation? Peut-être qu'il pourrait éclairer la commission sur
ces sujets, comment il voit la nomination ou le choix, si vous voulez, de ces
adjoints.
M. Côté: Très rapidement, M. le
député, je pense que je vous énoncerai ce qui peut
peut-être apparaître des lieux communs, mais qui pour moi sont
d'une importance capitale. Ces adjoints devraient être d'abord des
personnes compétentes, des personnes fiables, honnêtes et l'une
des grandes qualités qui, pour moi, est extrêmement importante et
que je rechercherai, ce seront des personnes avec qui je pourrai travailler en
étroite collaboration et en équipe. Il faudra former une
équipe très unie et très solide pour que l'on puisse tous
ensemble mener à terme ces responsabilités nouvelles.
M. Doyon: Pour expliciter ma pensée, on me mentionnait
aujourd'hui qu'une personne qui a sûrement une bonne expérience
dans le domaine des élections puisqu'elle a été candidat
péquiste battue à deux élections, mon adversaire dans
Louis-Hébert, M. Jean Keable était une des
personnes qui, possiblement, auraient été pressenties
d'une façon ou d'une autre. Est-ce que vous pouvez informer cette
commission si c'est le cas ou si c'est tout simplement une rumeur sans aucun
fondement?
M. Côté: C'est la première fois que j'entends
parler de cet...
M. Bédard: Je suis en mesure de dire également au
député de Louis-Hébert que plutôt que les rumeurs
circulent, j'aime beaucoup mieux qu'on les évoque dès maintenant.
C'est également la première fois que j'entends parler de cette
possibilité.
M. Doyon: Cela clarifie la situation. Ce n'est pas que je mettais
en doute sa compétence parce que, comme je vous disais, ayant
été battu deux fois lors d'élections, je pense qu'il
connaît cela autant que n'importe qui.
M. Bédard: Peut-être que je présenterais le
dossier de M. Keable autrement que vous, mais je douterais qu'il puisse
être intéressé par ce travail.
M. Doyon: M. le Président, j'aimerais adresser une
question à M. Lemieux, le directeur général de la
représentation. Je ne sais pas quel est le nom qu'il porte, à
l'article 30, dans le projet de loi qu'on a sous les yeux, on remarque que le
directeur général de la représentation devient un membre
permanent du personnel du directeur général des élections.
La Loi sur la fonction publique devient applicable. On voit qu'il est
assisté d'un adjoint. Ma question est la suivante: Est-ce que M. Lemieux
a eu l'occasion de regarder ces articles? Est-ce qu'il en a pris connaissance?
Est-ce qu'il est satisfait de la façon dont les choses se passeraient,
en ce qui le concerne personnellement?
M. Lemieux: M. le Président, j'ai pris connaissance de cet
article au moment du dépôt du projet de loi. Je peux vous avouer
que j'ai été heureusement surpris, si vous le voulez, du
libellé de l'article 30. C'est certain qu'au moment où on se
parle j'occupe le poste de président de la Commission de la
représentation et de directeur général de la
représentation.
Tel que je le mentionnais dans ma lettre au ministre, au mois
d'août, lorsqu'on fait des fusions d'organismes, cela occasionne toujours
certains problèmes. Donc, personnellement, je suis très heureux
du libellé et je peux vous dire que j'en ai été
très surpris; je ne m'attendais pas du tout à ce que l'on me
donne une marque de confiance, si vous le voulez, encore une fois. C'est la
deuxième fois, je crois, que dans une loi on me donne une marque de
confiance. On m'a nommé directeur général de la
représentation; j'ai trouvé qu'à ce moment-là
c'était une grande marque de confiance. C'est certain qu'en
théorie je pourrais avoir deux ans si l'Assemblée nationale
consentait à me garder directeur général de la
représentation. Cependant, d'après l'ensemble de la loi, on veut
confier la responsabilité de l'application de cette loi à une
seule personne, éventuellement, le directeur général des
élections. Donc, personnellement, je ne peux pas me plaindre, si vous le
voulez, du libellé de cet article.
M. Doyon: Si je lis les choses correctement, c'est que, par
l'article 30, vous devenez membre permanent du personnel du directeur
général des élections. En même temps, il est
indiqué à l'article 23, plus haut, que le président est
assisté d'un adjoint, etc. Cela nous intéresse jusqu'à un
certain point, nous avons des personnes qui sont en poste, dont vous. Si je
comprends bien, votre mandat a encore deux ans à courir, normalement.
C'est cela? Comment percevez-vous la continuation de vos fonctions à
l'intérieur du futur organisme unifié que crée cette loi?
Comment percevez-vous votre intégration là-dedans, votre
insertion?
M. Lemieux: D'après ce que j'en comprends, M. le
député, je ne serai plus, ni directeur général de
la représentation, ni président de cette commission. J'ose
espérer, je n'ai pas lu de...
M. Bédard: Que votre expérience sera mise à
profit.
M. Lemieux: C'est la moindre des choses; j'espère,
jusqu'à un certain point, que je ne serai pas relégué sur
une tablette. Actuellement, je n'ai pas été pressenti, si vous le
voulez, en aucune manière, par qui que ce soit, sur cet aspect.
M. Doyon: Est-ce que votre lecture de la loi, telle qu'elle est
actuellement, M. Lemieux - et là, c'est pour m'éclairer
moi-même - à la suite de la lecture que vous nous dites avoir fait
de la loi, pourriez-vous, selon l'article 13, vous retrouver comme membre de la
commission qui est mentionnée à l'article 13, c'est-à-dire
la Commission de la représentation? Est-ce que la chose vous
paraît faisable, selon ce que la loi dit actuellement? (23 h 15)
M. Lemieux: D'après ce que je comprends, si jamais la loi
entre en vigueur telle quelle, à ce moment-là, je deviens une
personne faisant partie du personnel du bureau du directeur
général des élections. Il y a une ligne d'autorité
qui existe au-dessus
de moi. À toutes fins utiles, je serai sous l'autorité du
directeur général des élections. Vous m'excuserez parce
que vous savez très bien que je suis un géographe de
carrière, je ne suis pas membre du barreau, ni avocat. Je n'ai
peut-être pas l'habileté de plaider qu'ont les membres du barreau,
mais ce que je peux comprendre, c'est que je ne crois pas pouvoir être
membre de la commission de la représentation étant donné
que j'aurais un supérieur qui, en l'occurrence, serait le directeur
général des élections.
M. Doyon: Pour terminer ce que j'avais à dire, je voudrais
savoir du directeur général des élections - il a une
responsabilité et dans son rapport, il affirme que, de temps à
autre, il a 122 patrons, faisant allusion par là aux 122 membres de
l'Assemblée nationale, je pense que cela est sûrement exact - ce
qu'il pense des mandats connexes et corollaires qui se greffent à sa
fonction. Je pense particulièrement au rôle qu'on lui fait jouer
en ce qui concerne les élections municipales, ou encore, qu'on lui a
fait jouer récemment en ce qui concerne la caisse d'entraide parce que
l'argumentation que vous développez là-dedans, c'est votre
indépendance envers le pouvoir exécutif et votre
dépendance, par voie de conséquence, vis-à-vis de
l'Assemblée nationale elle-même.
De plus, là-dedans comme dans d'autres choses, je vous soumets
que - vous apprécierez - on ne peut peut-être pas servir deux
maîtres à la fois. Si vous avez deux mandats qui sont
greffés à votre fonction principale, cela ne risque-t-il pas,
selon vous - j'aimerais avoir votre opinion là-dessus -de vous distraire
de votre fonction principale qui est de voir à ce que les
électeurs du Québec élisent en toute liberté et
avec les meilleurs moyens possible, à un meilleur coût possible
aussi les 122 membres de l'Assemblée nationale. Est-ce que vous voyez
possiblement une difficulté en ce qui concerne ces mandats qui vous sont
donnés?
M. Côté: II faut d'abord distinguer deux choses.
L'article 181 de la Loi électorale actuelle se lit de la façon
suivante: "Le directeur général doit se consacrer exclusivement
à l'accomplissement de ses fonctions. Il peut cependant exercer tout
autre mandat que lui confie l'Assemblée nationale du Québec."
Or, les deux exemples que vous avez donnés, celui du vote des
caisses d'entraide économique et celui des élections municipales
sont effectivement deux mandats qui m'ont été confiés par
l'Assemblée nationale du Québec. Ce sera donc à
l'Assemblée nationale du Québec de déterminer si elle juge
à propos de me confier un mandat ou un autre mandat mais, je ne peux pas
en accepter d'autres en dehors de ceux-là.
Le Président (M. Paré): La parole est maintenant au
député de Groulx.
M. Fallu: J'aurais trois questions. Il arrive que la
réflexion ou même la législation - en l'occurrence qui est
maintenant enclenchée à l'Assemblée nationale pour le
projet de loi no 96 chemine en parallèle avec une autre transformation
très profonde - mais celle-là de la Loi sur l'Assemblée
nationale. Déjà, d'ailleurs, le projet de loi anticipe en quelque
sorte sur les transformations de la Loi sur l'Assemblée nationale
prévoyant notamment, la création d'une commission ad hoc à
laquelle répondraient les organismes dont les présidents sont
nommés expressément par l'Assemblée nationale aux deux
tiers.
D'autre part, l'esprit qui a présidé de tout temps
à la Loi électorale a voulu que les organismes électoraux
- en fait l'organisme électoral à l'époque, le seul
-indépendants de l'Exécutif relevaient de l'Assemblée
nationale. Toutefois, par le biais d'un ministre d'Etat, maintenant d'un
ministre délégué, par une certaine dépendance de
l'Exécutif ou de certaines règles de fonctionnement
édictées par l'Exécutif - le Conseil du Trésor, la
fonction publique, etc. - il arrive que, au moment où on tente de
dégager à peu près complètement les organismes
électoraux de la responsabilité de l'Exécutif, il reste
néanmoins un certain nombre de "contraintes" qui viennent encore de
l'Exécutif. La preuve: uniquement dans la loi 96, on peut voir que, par
exemple, au conseil consultatif, à l'article 22, on dit bien que les
membres reçoivent des allocations de présence fixées par
le gouvernement. On note, de la même façon, la composition de la
Commission de la représentation. C'est sur proposition du premier
ministre, donc du chef de l'Exécutif, que se fait la proposition de la
nomination des deux membres qui doivent, avec le président, former cette
commission. On trouve, de la même façon, à l'article 15,
que c'est le gouvernement qui détermine les allocations auxquelles ont
droit les membres de la commission. On a donc un certain nombre d'exemples de
la sorte. Or, on ne peut pas, ce soir, dans un projet de loi qui dépend,
en partie, de la réforme de l'Assemblée nationale inscrire au
lieu du premier ministre, par exemple, le Bureau de l'Assemblée
nationale, au moins pour cet exemple. Pour le reste, est-ce que dans l'esprit
même de la réforme des institutions, il n'est pas gênant de
trouver certaines normes fixées par le gouvernement, pour ce qui a trait
à la présence, les émoluments, etc., en rapport avec toute
la démarche d'indépendance des organismes électoraux
rattachés uniquement à l'Assemblée nationale et donc
dégagés de plus en plus de
l'Exécutif? Est-ce que ce projet de loi ne laisse pas encore trop
de liens avec l'Exécutif? Est-ce qu'il relèverait de
l'autorité du directeur général de fixer les
émoluments ou les jetons de présence, entre autres?
M. Côté: Je vous avoue que je ne sais trop quoi vous
répondre. Il faudrait que je réfléchisse davantage
à votre question, parce qu'il faudrait que je connaisse, plus que je ne
le connais maintenant, le projet de loi de modification de l'Assemblée
nationale et du bureau et toute la philosophie qu'il y a en arrière de
cela. Pour être bien franc avec vous, ce soir, je ne saurais trop dans
quel sens orienter ma réponse. C'est un point d'interrogation
sérieux que vous soulevez.
M. Fallu: En tant que parlementaire, nous l'avons justement ce
point d'interrogation dans l'aménagement même de la Loi sur
l'Assemblée nationale, parce que formant un bureau ayant une certaine
indépendance par rapport à l'Exécutif, les parlementaires,
dont les législateurs, n'ont pas pris tellement d'habitudes, dans la
tradition britannique, d'avoir cette sorte d'indépendance par rapport
à l'Exécutif.
M. Bédard: C'est quand même l'Assemblée
nationale, je comprends que c'est sur proposition de l'Exécutif, mais
c'est l'Assemblée nationale...
M. Fallu: Mais cela pourrait être sur proposition du
bureau. Enfin...
M. Bédard: Enfin, c'est peut-être difficile...
M. Fallu: ... cela fait partie...
M. Bédard: ... par rapport à la structure future
dont on ne connaît pas encore la limitation.
M. Fallu: J'allais à la pêche pour trouver un
conseil, mais enfinl On réfléchira donc tous ensemble dans les
semaines qui viennent. Il y aura donc, d'une part, le conseil consultatif et il
y aura, d'autre part, la commission de l'Assemblée nationale. Est-ce que
vous ne voyez pas dans ces deux organismes une sorte de concurrence? J'essaie
de scénariser sur des sujets un peu quotidiens. Certes, il y a une
indépendance bien notée de la part de la commission de
l'Assemblée nationale, car c'est elle qui recommandera à
l'Assemblée nationale les budgets, non pas votés, la distinction
valait la peine d'être faite tout à l'heure, parce que, quand ces
crédits sont votés, ils deviennent la responsabilité de
l'Exécutif, je dis bien examiner par l'Assemblée nationale. Mais
au-delà de tout cela, il arrive que la loi, notamment les
réformes en profondeur qui ont été faites de la Loi
électorale, ont fait qu'on a confié au directeur
général des élections un très grand nombre de
responsabilités. Je dirai que d'une loi dite parfaite,
c'est-à-dire n'ayant pas de règlement, on a soustrait de la Loi
électorale un très grand nombre de dispositions pour les confier
à la responsabilité du directeur général. Bref, par
analogie, c'est presque de la législation déléguée.
Il s'agit des formules, il s'agit des divers mandats, description de fonctions,
etc. Et qui va examiner tout cela? Est-ce le conseil consultatif seul? Et, en
plus, vous allez avoir par-dessus la commission de l'Assemblée nationale
qui régulièrement vous questionnera sur l'application que vous
avez donnée dans une directive du mandataire ou de l'agent officiel ou
de la description que vous aurez donnée à la formule 30 ou
à la formule 60. Quelle répartition? Est-ce vous qui allez
prendre l'initiative de consulter le conseil consultatif ou si c'est lui qui va
prendre l'initiative de vous faire des recommandations ou de faire l'examen de
vos formules, l'examen de vos politiques? Vous allez avoir deux patrons en
somme, d'une part le conseil consultatif qui va vous talonner
régulièrement et la commission de l'Assemblée nationale
qui d'autre part va également vous interroger sur votre budget,
peut-être même sur ce que j'ai appelé un peu pompeusement
législation déléguée.
M. Côté: Vous avez raison dans la prémisse
que vous établissez, au moins en regard de l'apparence que cela
crée. On semble passer d'une absence à une abondance de
contrôle. On passe d'un extrême à l'autre. Cependant, je
vous dis que le rôle du conseil consultatif, je le vois actuellement
principalement comme étant une aide dans l'application de la loi; la
commission, comme étant un organisme qui va m'aider dans l'étude
des budgets. Évidemment, en étudiant les budgets, cela peut
déterminer les programmes. Mais le conseil, je le vois plus dans
l'application au jour le jour de la loi.
À mon avis, de prime abord, il me semble ne pas y avoir de
concurrence entre les deux. Je le verrais davantage comme étant une
complémentarité mais l'expérience va nous démontrer
si c'est vrai, elle va démontrer si c'est trop lourd ou non. Je ne vous
cache pas que, si un jour je trouve que c'est trop lourd, je vous en ferai
part.
M. Fallu: Merci d'avance. Un problème très concret,
si vous permettez. Bientôt, normalement, la Commission de la
représentation devrait entrer en action pour la préparation des
prochaines délimitations de circonscriptions électorales. Quand
doit commencer ce mandat? Les dispositions de la loi vous obligent à
agir bientôt, je crois.
M. Lemieux: M. le Président, on sait très bien que
la loi 34, qui avait été adoptée il y a maintenant un an,
avait suspendu momentanément les travaux pour une période d'un
an. C'est à partir du 1er janvier que la commission devra effectuer de
nouveaux travaux et déposer un rapport à l'Assemblée
nationale le 13 avril, si ma mémoire est bonne. Donc, elle commence ses
travaux le 1er janvier officiellement, à moins que la loi soit
modifiée entre-temps.
M. Fallu: Bon, alors, deux questions subsidiaires. On sait que,
d'une part, la loi avait suspendu les travaux de la commission, notamment avec
l'hypothèse d'une réforme du mode de scrutin. D'autre part,
c'était aussi par mesure d'économie pour ne pas que ce soit
répétitif, pour que ce soit le plus près possible de
l'élection. Mais il y a là deux problèmes qui sont
posés en même temps. Le gouvernement propose rapidement un nouveau
mode de scrutin et donc vous agissez en conséquence à partir de
proportionnel, régional, modéré ou toute autre forme de
délimitation de circonscription régionale ou de comté avec
un tiers proportionnel qui s'ajoute. Ou, encore, vous procédez avec la
loi telle que vous l'avez présentement. La première question
étant hypothétique, je la laisse tomber mais la seconde ne l'est
pas parce que vous devrez agir en fonction des normes que la loi vous a
données. Or, vous nous avez donné 122 circonscriptions
électorales, d'ailleurs merveilleusement bien faites. On vous en
remercie, nous vous faisons confiance il ne s'agit pas de cela. Mais, en
contrepartie, nous, législateurs devons-nous agir rapidement
peut-être bien à l'occasion même de cette loi, donc avant
les fêtes, pour que nous ajustions des barèmes qui fassent qu'on
n'excède pas 122 circonscriptions électorales, ce qui serait
peut-être pas nécessairement - je vais le dire comme je le pense -
bien vu actuellement au Québec. (23 h 30)
M. Lemieux: M. le Président, effectivement pour
répondre aux affirmations et aux interrogations de M. le
député, la situation est assez délicate en ce qui concerne
le nombre des circonscriptions électorales. On sait très bien que
la présente Commission de la représentation a, de par ses
travaux, il y a deux ans et demi, porté le nombre des circonscriptions
électorales de 110 à 122. Il faut se rappeler qu'à ce
moment il y avait plusieurs personnes qui craignaient que le nombre des
circonscriptions électorales atteignent, par exemple, le nombre de 130
ou de 132. Or, les commissaires, c'est peut-être beaucoup dire, dans leur
sagesse ont effectué un travail sérieux et se sont limités
à 122.
Au moment où l'on se parle, il y a actuellement, d'après
les chiffres de l'élection d'avril 1981, 25 circonscriptions
électorales qui dépassent les 40 000 électeurs, maximum
permis par la loi. On sait très bien que la commission pouvait faire des
exceptions. Au moment où elle a produit la carte électorale au
mois d'avril 1980, il y avait déjà un certain nombre de
circonscriptions électorales qui étaient en exception. Au moment
où l'on se parle, comme je viens de vous le mentionner, il y a 25
circonscriptions qui dépassent les 40 000 électeurs dont deux,
celle de Lévis et celle de Laprairie, qui dépassent les 45 000
électeurs. On est en mesure de constater que les circonscriptions qui
regroupent le plus grand nombre d'électeurs ne sont pas des
circonscriptions qui sont totalement isolées dans la nature. Souvent
elles se retrouvent dans des régions urbaines de forte densité et
souvent elles forment des agglomérats de circonscriptions
électorales qui dépassent déjà les 40 000
électeurs. Donc, il y a là un problème.
À mon avis, le législateur doit se poser la question:
Est-ce que l'on veut que le nombre des circonscriptions électorales
continue à augmenter à chaque quatre ou cinq ans? C'est une
première question, à mon avis, que je soumets respectueusement au
législateur laquelle on devrait tous se poser en premier.
La deuxième des choses, serait-il bon que le législateur
inclue dans la loi, si vous voulez, un nombre maximal de circonscriptions
électorales? Il faudrait peut-être étudier
sérieusement cette question. Si jamais le législateur incluait un
nombre maximal de circonscriptions électorales dans la loi cela pourrait
être une entrave à exécuter un travail valable pour la
Commission de la représentation quel que soit le président, si
vous voulez. On sait très bien que dans la structure proposée
serait le directeur général des élections.
La troisième des choses, si le législateur dans sa sagesse
décidait que le nombre des circonscriptions électorales ne doit
pas évoluer beaucoup plus que celui que l'on connaît à
l'heure actuelle, il y aurait peut-être lieu de faire une étude ou
d'examiner la possibilité d'augmenter le nombre d'électeurs que
l'on peut retrouver dans une circonscription électorale, à titre
d'exemple - je me fie sur mon expérience et ma connaissance dans le
domaine - peut-être que le législateur pourrait dire:
Écoutez, le nombre minimum d'électeurs ou le seuil
inférieur d'électeurs sera de 26 000 ou 27 000, mais alors, au
moment où l'on se parle, que le seuil inférieur a
été fixé à 24 000 électeurs, peut-être
qu'il pourrait envisager un seuil supérieur, un nombre maximum
d'électeurs de 42 000, 42 500, peut-être 43 000, 44 000 ou 45 000
électeurs. Il y va, si vous voulez, de la
volonté du législateur dans ce domaine. On connaît
très bien la conjoncture économique. On sait très bien, si
on ajoute un très grand nombre de membres à l'Assemblée
nationale, que cela pose des problèmes de plusieurs natures.
Donc, je crois que c'est une chose sur laquelle - je me permets de dire
cela, M. le Président - on devrait réfléchir et à
mon avis, on devrait réfléchir assez rapidement. Si le
législateur en venait à la conclusion que, d'ici peu temps, on
devrait modifier la Loi de la représentation, ceci doit être pris
tout simplement comme une suggestion de ma part, étant donné que
je suis une personne désignée par l'Assemblée nationale et
que c'est un domaine qui relève de celle-ci et du gouvernement
également.
M. Fallu: Vous nous faites donc, d'une façon expresse, ce
soir, deux recommandations. La première est d'amender rapidement la loi,
donc, vraisemblablement par un amendement à la loi no 96, d'une part.
D'autre part, vous nous proposez déjà un modèle, celui des
26 000, 27 000 électeurs par rapport à 42 000 ou 43 000
électeurs.
M. Lemieux: Peut-être 45 000, M. le Président. Cela
dépend de l'optique. Souvent, dans le passé, on parlait du poids
relatif des électeurs. Il y aussi une autre chose que je vous ferai
remarquer respectueusement. On sait très bien que les électeurs
n'aiment pas trop être chambardés. On sait très bien aussi
que même les membres de l'Assemblée nationale n'aiment pas que les
limites des circonscriptions électorales soient chambardées dans
des périodes relativement courtes. Donc, on sait très bien que la
dernière carte électorale, qui date de trois ans, a
été une réforme que l'on pourrait qualifier de
majeure.
M. Fallu: Merci.
M. Lachance: Si vous me permettez, M. le Président, juste
une courte question.
M. Gratton: Je ne m'y oppose pas à la condition qu'on
m'assure que j'aurai au moins quinze minutes, une dizaine de minutes au
moins.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Bellechasse.
M. Lachance: Je pense ne pas avoir abusé du temps de la
commission jusqu'ici. Je vous remercie M. le député de Gatineau.
Au stade actuel des réflexions que vous pouvez avoir concernant le
travail éventuel sur la carte électorale, est-ce que, par
exemple, vous envisagez de travailler à partir du découpage du
territoire des municipalités régionales de comté?
M. Lemieux: C'est une question extrêmement
intéressante. On sait très bien que le gouvernement du
Québec, depuis quelques années, a mis de l'avant un nouveau
découpage et a créé les municipalités
régionales de comté. On peut être assuré que des
demandes vont être adressées en ce sens à la Commission de
la représentation.
Je crois qu'il y aura des difficultés, si l'on essaie de
respecter tout ce "pattern" -excusez le terme, M. le Président
actuellement mis en place au Québec. Je crois que l'opération
peut s'avérer difficile. À la suite d'une réflexion
personnelle, je crois, mais ne croyez pas que je détiens la
vérité dans ce domaine, que le respect des limites des
municipalités régionales de comté serait très
facile, dans l'optique d'un mode de scrutin différent de celui que l'on
connaît à l'heure actuelle. Par exemple, tout à l'heure, M.
le député Fallu mentionnait la possibilité d'un vote
à la proportionnelle. Or, on sait très bien que, dans
l'hypothèse de la mise en place d'un mode de vote proportionnel, on
aurait, à ce que l'on en sache, des régions du Québec qui
auraient une superficie assez grande. Sans doute qu'il serait plus facile
à l'intérieur de très grandes régions de respecter
les limites des MRC. Maintenant, on sait très bien qu'au moment
où on se parle vous avez des MRC qui regroupent de 4000 à 5000
électeurs. C'est le cas, par exemple, de la MRC de l'île
d'Orléans. Vous avez des MRC qui regroupent 180 000 électeurs.
Donc, je crois qu'il y a des difficultés.
Maintenant, ce que j'en sais au moment où on se parle, c'est
qu'il y a plusieurs groupes de personnes, il y a plusieurs groupes de
municipalités qui vont hypothétiquement demander à la
Commission de la représentation de respecter les limites des MRC.
Lorsqu'on examine la carte des MRC et que l'on superpose le tout sur la carte
des circonscriptions électorales actuelles au Québec, on peut
s'apercevoir qu'il y a beaucoup de conflits au plan des limites. Je crois qu'il
ne serait pas exagéré de dire, à ce moment-ci, que, si le
législateur décidait que, pour la prochaine réforme de la
carte électorale, la commission devait respecter dans toute la mesure du
possible les limites des MRC, on pourrait s'attendre à des
chambardements parfois majeurs dans certaines parties de la province.
M. le Président, permettez-moi de citer, par exemple, la
région des Bois-Francs, une région qui comprend des villes comme
Drummondville, Victoriaville, les Cantons de l'Est, les circonscriptions de
Brome-Missisquoi, Orford, Johnson, et les environs de Saint-Hyacinthe. Je ne
vous apprendrai rien, M. le Président, en disant qu'au moment où
on se parle il y a beaucoup de
problèmes dans la délimitation des MRC dans ces
régions. C'est un problème qui existe actuellement.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, une dernière question.
J'en aurais forcément plusieurs autres mais, compte tenu de l'assurance
qu'on a qu'on pourra se revoir au moment de l'étude article par article
du projet de loi 96 et qu'on aura sûrement l'occasion, en supposant qu'il
est adopté, de se revoir en commission parlementaire, non pas
nécessairement ad hoc, tout le monde fait allusion à une
commission parlementaire ad hoc, mais il n'y a rien ni dans la loi ni dans les
possibilités d'adopter la réforme parlementaire qui nous dise que
ce sera le cas...
De toute façon, ma question s'adressera à M. Boucher.
M. Bédard: Je tiens à dire que le
député de Gatineau a raison. On a employé à
quelques occasions l'expression "commission ad hoc", mais ce n'est pas ce qui
est prévu dans le projet de loi. Je pense qu'on se comprend.
M. Gratton: Ma question à M. Boucher: II y a
sûrement comme moi pris connaissance des articles de journaux qui ont
suivi la parution du bouquin du Dr Marc Lavallée dans lequel il fait
certaines affirmations quant à des irrégularités du
côté du financement du Parti québécois. J'aimerais
lui demander s'il a demandé à son service du contentieux
d'examiner s'il y avait lieu de porter plainte sur ces affirmations. (23 h
45)
M. Boucher (Pierre-Olivier): Non, M. le député de
Gatineau, pas plus dans ce cas que dans d'autres, compte tenu que la loi est
entrée en vigueur le 1er avril 1978 et sa portée s'applique
depuis lors. Tout autre événement antérieur ne suscite
même pas l'ombre d'un arrêt sur une possibilité de confier
un mandat d'étude, de réflexion ou d'enquête sur des faits
antérieurs à l'entrée en vigueur de cette loi.
M. Gratton: Je suis complètement...
M. Boucher (Pierre-Olivier): C'est strictement une question de
chronologie.
M. Gratton: Oui, justement, je ne parle pas des choses qui se
sont passées avant l'adoption de la loi, de l'entrée en vigueur
de la loi. Je parle d'affirmations qui sont contenues là-dedans et qui
seraient postérieures à l'entrée en vigueur de la loi. Je
n'ai pas lu tout le livre - cela pourrait peut-être vous surprendre -
mais je ne sais pas si le directeur général du financement des
partis politiques l'a lu, mais on fait allusion, par exemple, à la
non-déclaration de revenus provenant d'intérêts bancaires
en 1978 et 1979. Donc, je ne vous parle pas des 300 000 $ de la France, je vous
parle de l'ensemble du dossier.
M. Boucher (Pierre-Olivier): D'une part, je dois vous admettre
que je ne l'ai pas lu, ce que j'en connais, c'est par les émissions de
télévision ou les médias de façon
générale. Si vous faites allusion à des
intérêts qui auraient été rapportés suite
à des sommes d'argent qui auraient été acquises avant le
1er avril 1978, intérêts qui auraient été acquis
après l'entrée en vigueur de la loi - c'est bien cela - mais
à partir de sommes acquises antérieurement, il y a un article
dans la loi régissant le financement des partis politiques qui est
l'article 99, qui prévoit que les sommes en la possession des partis
politiques, de façon directe ou indirecte, au 1er avril 1978, sont
prises telles qu'elles. C'est à partir de ce moment simplement que les
autres mécanismes, rétrécissant les champs de financement
possibles, s'appliquent. Mais il y a une franchise, si vous voulez,
d'accordée pour les sommes acquises avant le 1er avril 1978.
M. Gratton: M. Boucher, est-ce que vous êtes en train de
m'affirmer que c'est effectivement ce à quoi se réfère le
Dr Lavallée dans son livre?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Je ne le sais pas du tout, je ne
l'ai pas lu.
M. Gratton: Bon, c'est ce que je veux savoir. Vous ne le savez
pas.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Non.
M. Gratton: Je vous fais remarquer que cela a été
publié dans des articles de journaux. La raison pour laquelle je me pose
la question, c'est qu'on a un autre cas qui, cette fois, s'applique au Parti
libéral où, là, tout à coup, le service du
contentieux a cru bon d'agir. Il ne s'agissait même pas d'une information
qu'il y avait eu infraction à la loi, mais simplement d'une
possibilité éventuelle qu'il pourrait y avoir infraction à
la loi. Je me réfère, en particulier, à cette
résolution ou cette décision du Syndicat des enseignants de la
commission scolaire de Saint-Jérôme qui, comme vous le savez -j'en
ai pris connaissance dans le journal La Presse du vendredi 19 novembre - il y a
un article qui s'intitule "Chèques de 100 $ pour le Parti
libéral". On sait que des syndiqués, insatisfaits du gouvernement
- ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici - ont décidé - une
façon de protester - de faire des contributions de 100 $ au Parti
libéral du
Québec. J'ai ici copie d'une lettre qui est signée par M.
Daniel Joyal, service du contentieux de votre direction, adressée
à M. Ronald Forbes, président du Syndicat des enseignants, dans
laquelle on dit - je ne vous en ferai pas lecture parce que c'est un peu long -
on a vu l'article et on vous dit: Prenez garde parce que la Loi sur le
financement des partis politiques exige que vous fassiez telle et telle chose.
Je trouve cela, pour le moins, paradoxal, que, dans un cas, vous avez un
allégation, une affirmation très concrète du Dr
Lavallée dans son livre à l'effet qu'il y aurait eu,
possiblement, des infractions à la Loi sur le financement des partis
politiques; vous nous dites: Ce sont probablement des choses antérieures
- bien, probablement - j'imagine qu'on devrait vérifier avant de pouvoir
l'affirmer. Pourtant, dans ce cas, alors qu'il s'agit du Parti libéral,
tout à coup, vous prenez les devants - en passant "prendre les devants",
c'est à la mode chez nous, c'est le terme -on parle, dans l'article, de
faire des chèques personnels de 100 $ à l'ordre du Parti
libéral du Québec, donc il n'est pas question d'enfreindre la
loi, mais pourtant, on a pris la peine d'envoyer une lettre. Est-ce que vous
êtes au courant que cette lettre a été envoyée au
président du...?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Oui, M. le député,
nous sommes tous au courant, M. Vincent, M. Michael Sheehan et moi-même
de cette lettre. En ce qui concerne, d'une part, la première partie de
votre question, permettez-moi de vous lire simplement un alinéa, un
paragraphe de l'article 99 de la loi qui dit que le chapitre,
c'est-à-dire les modes de financement, les sources et les contributions,
ne s'applique pas aux fonds électoraux qui, le 1er avril 1978, sont en
possession des partis politiques existants à cette date ou de leur
fondé de pouvoir. Ce qui veut dire que peu importe l'origine des fonds
électoraux - c'est la loi qui a été votée - le fait
que la source de la contribution ne corresponde pas aux exigences du chapitre I
n'entre pas en ligne de compte pour ce qui existe au 1er avril.
M. Gratton: Vous ne savez pas au moment où on se parle si
c'est le cas. Vous présumez que c'est cela mais vous ne le savez pas.
Vous n'avez pas lu le livre, vous n'avez pas cherché à savoir
s'il y avait des affirmations là-dedans qui pouvaient constituer des
sujets à être examinés par votre contentieux.
M. Boucher (Pierre-Olivier): Vous avez entièrement raison.
Je vais donc me procurer le livre et voir s'il y aurait des points qui
pourraient être soumis au contentieux. Vous avez entièrement
raison sur ce point.
M. Gratton: Je vous avoue, que je commence à penser qu'il
y a deux poids, deux mesures chez vous. Je ne me gêne pas pour le dire.
On a un cas patent d'affirmations qui sont publiées partout dans les
journaux - Dieu sait que cela a été notoire depuis quelques jours
- et cela c'est le Parti québécois, on présume que ce sont
des choses qui doivent être légales. Probablement que cela l'est,
mais j'aimerais qu'on me rassure qu'on fait autant diligence quand il s'agit du
Parti québécois qu'on le fait dans le cas du Parti
libéral. Je vous avoue que ce n'est pas la première fois que cela
se produit. On pourrait parler des accusations qui ont été
portées contre le trésorier du parti pour des macarons au
référendum qui ne portaient pas l'inscription de l'agent
officiel, alors que les plaintes que le Parti libéral a faites à
l'endroit du comité du oui pour le même genre de choses ont
été tout simplement rejetées du revers de la main. Je vous
pose la question. Est-ce qu'il y a deux poids, deux mesures chez vous?
M. Boucher (Pierre-Olivier): En ce qui concerne la lettre
à laquelle vous faites référence, M. le
député, cette lettre si vous la reprenez est simplement
préventive pour bien indiquer au syndicat en question la façon
dont les contributions doivent être versées afin d'éviter
au parti bénéficiaire d'avoir des problèmes avec les
applications de la loi.
M. Sheehan (Michael): Est-ce que vous permettez, M. le
Président? C'est que, dans le cas de Saint-Jérôme où
le syndicat voulait faire des contributions, il y a eu la parution d'un article
dans un journal indiquant que le syndicat avait demandé à ses
membres de verser dans un compte en fiducie les fonds qui seraient plus tard
transférés au Parti libéral. C'est le renseignement que
nous avions eu à partir de l'article paru dans les journaux. Nous avons
communiqué avec le dirigeant syndical pour lui expliquer la
difficulté que cela pouvait présenter au niveau de la loi et nous
lui avons fait parvenir la lettre dont vous avez copie.
M. Gratton: J'ai compris tout cela, M. Sheehan. J'ai compris tout
cela. Ce que je trouve...
M. Sheehan: Si le syndicat avait procédé par le
versement de l'argent dans un compte en fiducie, il y aurait eu
possibilité...
M. Gratton: Mais vous ne faites pas suffisamment confiance au
Parti libéral pour que - on la connaît quand même assez bien
la loi. J'imagine que si on avait reçu... Il me semble que c'est bien
plus à nous, au Parti libéral, d'avertir toute personne qui veut
contribuer au parti que la seule façon de le
faire c'est par don individuel.
D'ailleurs, vous avez peut-être noté qu'il y avait des
annonces à cet effet-là dans les journaux de la fin de semaine
dernière. Ce que je reproche très directement à la
Direction du financement des partis politiques c'est de faire de la
prévention dans un cas qui s'applique au Parti libéral et de ne
même pas se donner la peine de voir s'il y a eu infraction du
côté du Parti québécois. Je vous avoue que j'y perds
mon latin.
M. Bédard: M. le Président, il me semble qu'en
toute honnêteté vis-à-vis des membres de la commission du
financement des partis politiques qui sont ici il y a une question
préalable qui aurait peut-être dû être posée
par le député de Gatineau. Si je comprends bien, les membres de
la commission nous disent qu'ils ont envoyé une lettre après
avoir pris connaissance, dans les journaux, de faits précis. Est-ce que,
préalablement...
M. Sheehan: ... qui iraient à rencontre des dispositions
de la loi. Avant d'envoyer une lettre quelconque...
M. Bédard: C'est ça. Alors, je me permettrai juste
une question et je ne conclurai pas, mais il me semble qu'en toute
honnêteté il y a une question qui doit vous être
posée. Est-ce que vous avez pris connaissance ou que vous avez eu
connaissance d'articles de journaux dans le sens des énoncés du
député de Gatineau en ce qui a trait aux intérêts?
Concernant le livre de M. Marc Lavallée, est-ce que, de la même
façon que vous avez eu connaissance de certains faits précis dans
un cas, vous avez eu connaissance de faits précis relatés dans
les journaux en ce qui a trait au cas soulevé par le
député de Gatineau?
M. Boucher (Pierre-Olivier): On n'a vu aucune mention, dans les
médias, d'un point qui aurait pu nous inciter à nous...
M. Bédard: On ne peut pas demander à des gens
d'intervenir, s'ils ne le voient pas.
M. Boucher (Pierre-Olivier): ... à nous interroger sur le
point soulevé par M. le député de Gatineau. Si je peux
juste compléter, l'article...
M. Gratton: Me permettez-vous de vous poser une question? Vous
n'avez vu aucune allusion dans les journaux laissent croire que le Dr
Lavallée prétendait qu'il y avait eu irrégularité
au point de vue du financement du Parti québécois?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Ce que j'en ai retenu, M. le
député, c'était que, si irrégularité il y
avait, c'était sur une question de régie interne qui ne
concernait aucunement la Loi régissant le financement des partis
politiques. Je vous ai lu...
M. Gratton: Vous n'avez pas cru bon de lire le livre au complet
pour voir s'il n'y avait pas quelque chose qui pourrait entrer en contravention
avec la loi?
M. Boucher (Pierre-Olivier): Je vous ai lu tantôt, M. le
député, le premier paragraphe de 99.
Une voix: C'est niaiseux!
M. Gratton: C'est niaiseux! C'est niaiseux, quand c'est vous
autres, mais c'est tout à fait correct, quand c'est le Parti
libéral.
Le Président (M. Paré): S'il vous plaît!
M. Gratton: Forcément, vous, ça fait votre
affaire.
M. Bédard: M. le Président, je ne veux pas tirer de
jugement de valeur.
M. Gratton: En fait de niaiseux...
M. Bédard: II me semble que, en toute
honnêteté et avant de tirer des conclusions, il y avait une
question préalable à poser aux membres responsables de la
Direction du financement des partis politiques, à savoir si, de la
même façon qu'ils étaient au courant de certains faits
précis concernant une contribution au Parti libéral, ils
étaient au courant de faits précis dans le livre de M. Marc
Lavallée qui les auraient incités ou qui auraient
été de nature à les inciter à une action
préventive ou à quelque autre action?
M. Sheehan: M. le Président...
M. Bédard: Si vous n'étiez pas au courant, je ne
vois pas comment on peut vous faire des reproches.
Le Président (M. Paré): M. Sheehan.
M. Sheehan: M. le Président, si vous me le permettez, de
fait, nous n'avons rien vu dans les journaux. Nous n'affirmons pas que
ça n'existe pas. Nous vous disons que nous n'avons rien vu dans les
journaux qui nous indiquait que la loi que nous avons mission d'administrer
avait été violée. Bien sûr, peut-être que cela
a été publié et que nous ne l'avons pas vu, de toute
façon, à la suite de l'intervention du député, nous
allons lire le livre et, s'il y a lieu d'agir, nous agirons. Mais...
M. Gratton: Je suis content d'avoir au
moins cette assurance.
M. Doyon: M. le Président, simplement là-dessus,
parce que...
Le Président (M. Paré): Un instant. Est-ce que vous
avez terminé, M. le député de Gatineau?
M. Gratton: Oui, M. le Président, il est minuit.
Le Président (M. Paré): II y avait le
député de Gouin avant le député de
Louis-Hébert.
M. Bédard: Est-ce qu'on est d'accord...
M. Gratton: II est minuit. Si on veut dépasser minuit,
j'ai d'autres questions.
Le Président (M. Paré): D'accord. Un instant.
Est-ce qu'il y a consentement pour poursuivre après minuit, de part et
d'autre?
M. Gratton: Oui, à la condition que je puisse continuer
mes questions, M. le Président.
M. Bédard: M. le Président, est-ce qu'il peut y
avoir un consensus sur le fait qu'il y a une question encore à venir du
député de Louis-Hébert et du député de
Gouin? Si on est d'accord pour que ce soient les deux dernières
interventions, je ne m'oppose pas.
M. Gratton: M. le Président, j'ai une série de
questions longue comme le bras et j'ai pris...
Une voix: D'accord, ils ne veulent pas qu'on parle des 350 000
$.
M. Doyon: D'accord, on n'en parlera pas.
Le Président (M. Paré): Un instant, s'il vous
plaît!
Des voix: ... On a compris...
Le Président (M. Paré): II est minuit. Y a-t-il un
consentement pour que nous poursuivions les discussions?
M. Gratton: Voulez-vous parler des 300 000 $, du Parti
franco-québécois?
M. Rochefort: Avez-vous des preuves?
M. Gratton: Voulez-vous qu'on en parle? M. le Président,
pas de consentement.
M. Bédard: Je pense, M. le Président, que ça
termine pour aujourd'hui.
Le Président (M. Paré): Comme il n'y a pas de
consentement, je vais remercier MM. Boucher, Lemieux et Côté de
leur présence, ainsi que les gens qui les ont accompagnés, et
d'être venus répondre à nos questions au profit des membres
de la commission parlementaire. Je vais demander aussi au député
de Groulx, qui est le rapporteur désigné, de faire rapport
à l'Assemblée nationale dans les plus brefs délais.
Étant donné qu'il est minuit et qu'il n'y a pas consentement pour
poursuivre, les travaux sont ajournés sine die puisque la commission a
rempli le mandat qui lui était confié. Merci à tous.
(Fin de la séance à 24 heures)