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Etude du projet de loi no 67
(Seize heures huit minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du revenu est réunie pour étudier le projet
de loi no 67.
Les membres de cette commission sont: M. Goulet (Bellechasse)
remplaçant M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain), Mme
Leblanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), M. Martel (Richelieu), M. Mercier
(Berthier), M. Michaud (Laprairie), M. Parizeau (L'Assomption), M. Raynauld
(Outremont), M. Verreault (Shefford).
Je vous suggérerais un rapporteur; M. Mi-chaud pourrait servir de
rapporteur, s'il le désire.
M. Michaud: Par la force des choses!
Le Président (M. Jolivet): Si vous êtes d'accord,
donc, M. Michaud (Laprairie).
M. le ministre, le projet de loi no 67, article 1.
M. Parizeau: M. le Président, il s'agit d'une série
de définitions qui, comme d'habitude, reviennent ensuite dans le reste
du projet de loi. Je n'ai pas de commentaires particuliers à faire au
sujet de ces définitions, sauf d'indiquer que certains groupes ont fait
des représentations pour avoir des éclaircissements quant
à chacune de ces définitions. Je souhaite que, dans l'esprit de
tous ceux qui l'ont lu, ces définitions maintenant soient claires.
Le Président (M. Jolivet): Je tiens cependant à
faire remarquer qu'il y a un amendement qui a pour but de changer le mot
"régisseur", dans différents paragraphes, pour le mot "membre".
Je vais vous le lire, pour les besoins du journal des Débats.
Je m'excuse, c'est à l'article 4.
M. Parizeau: Ce n'est pas dans l'article 1, M.le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Cela va. C'est le premier
amendement.
Remarques préliminaires
M. Raynauld: M. le Président, avant d'aborder la
discussion de l'article 1, je pourrais peut-être poser une question un
peu plus générale en ce qui concerne les mémoires qui ont
été soumis. N'aurait-il pas été opportun d'entendre
les gens qui ont pris la peine d'envoyer des mémoires au ministre des
Finances sur ce sujet? Même si, à cette heure un peu tardive, il
peut être difficile de revenir sur une décision qui a
été prise sans que nous ayons pu, nous de l'Opposition en tout
cas, nous exprimer sur ce sujet?
Est-ce qu'il ne serait pas opportun qu'on en prenne connaissance
puisque certaines de ces représentations ont été faites
par des gens qui sont présents ici, cet après-midi en
cours de route, tout au moins, qu'on puisse les interroger afin d'avoir leur
avis sur certaines de ces questions qui nous l'avons dit à propos
du projet de loi 68 que nous avons examiné la semaine dernière
comportent beaucoup de problèmes techniques particuliers qui
souvent requièrent une expertise que nous n'avons pas comme
parlementaires?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, là-dessus, j'avais
posé la question au ministre des Finances parce que des gens
voulaient se faire entendre sur les projets de loi 68 et 77 lors de
l'étude article par article du projet de loi 68, et ce dernier m'avait
dit: Oui, nous avons rencontré ces gens-là et les amendements ou,
en tout cas, les changements qu'ils voudraient avoir dans le projet de loi,
nous en avons pris connaissance et nous apporterons les changements qu'ils
désirent. En général, les amendements que nous proposons
répondent-ils à ce que ces gens nous ont demandé? Est-ce
que le ministre peut nous dire la même chose aujourd'hui avant de
commencer l'étude article par article de ce projet de loi, concernant
les demandes qui avaient été faites, entre autres je ne
sais pas si le terme était exact par les hommes de chevaux de
course et ensuite par l'association des hommes de course... Un instant, si vous
permettez, M. le Président, et l'autre, c'était l'Association des
hommes de chevaux unis du Québec et également les gens de la
piste Richelieu.
Alors, j'avais posé cette question la semaine dernière et
je reformule la même question. C'est cela, Piste de courses Richelieu
Inc. Est-ce que vous avez rencontré surtout ces deux groupements? Est-ce
que vous avez pris connaissance de leur mémoire? Est-ce que vous pouvez
nous dire que vous apporterez les amendements à la suite de leur
demande?
M. Parizeau: M. le Président, j'ai effectivement
reçu des mémoires du groupe Blue Bonnets, de l'Association des
hommes de chevaux unis du Québec, mais d'autres groupes aussi,
d'organismes, en particulier, la Commission de l'Exposition provinciale de la
ville de Québec et l'Association des fabricants canadiens des produits
alimentaires. A la suite de ces représentions, de ces mémoires,
des représentants du ministère du Revenu, de la régie et
de mon cabinet ont rencontré les intéressés, en
particulier, les 13 et 15 novembre et on rencontrait, en outre, un groupe qui
n'avait pas présenté de mémoire, mais qui avait des
représentations à faire, c'est-à-dire l'Association
canadienne de radio et de télévision de langue
française.
Je pense que les deux groupes qui semblent intéresser mes
collègues particulièrement ont eu l'occasion de présenter
dans les journaux leurs
réactions à ces rencontres qui ont eu lieu. Un commentaire
de Montréal-Matin indiquait ce matin, à cet égard, tout
comme l'a fait M. Jolicoeur de Blue Bonnets, M. Giguère de l'UHHA a
été enthousiasmé par la façon bienveillante dont
ils ont été reçus par les officiers du gouvernement. Je
pense que c'est un témoignage à rendre, cela s'est
déroulé dans une atmosphère qui me paraît, en tout
cas, suffisamment cordiale. J'avais déjà préparé
une série d'amendements qui vous ont été
communiqués dont certains, d'ailleurs, avaient été
inspirés par la lecture des mémoires, mais à la suite des
réunions qui ont eu lieu le 13 et le 15, il y a deux autres amendements
qui sont apportés aujourd'hui et qui sont le résultat direct de
ces rencontres que nous avons eues. Alors, à cet égard, le
processus de consultation qui devait très normalement avoir lieu a
été suivi, je pense, de façon correcte. (76 h 15)
M. Goulet: M. le Président, je vous demande une directive,
et ce sera la dernière avant le début. Est-ce que c'est possible,
lors de l'étude article par article, d'un projet de loi si, à un
moment donné, on a besoin d'éclaircissements sans entendre des
mémoires au complet, de poser une ou deux questions à des gens de
ces organismes qui pourraient nous éclairer, au lieu de discuter
peut-être... L'idée de cela c'est que nous sommes conscients que
nous sommes ici, tout le monde, en tout cas surtout les gens de l'Opposition,
pour essayer de bonifier, d'aider monsieur le ministre et les membres du
gouvernement à bonifier un projet de loi et tous, je crois et je
l'ai dit, l'autre jour, peut-être d'une façon qui a fait sourire
le ministre ont admis, à un moment donné, que dans le
domaine des courses et des chevaux de course, nous n'étions
peut-être pas des compétences mêmes et je pense qu'il
n'y a aucun complexe à l'avouer. Est-ce que c'est possible, lors d'une
commission, de poser une ou deux questions à des gens? Est-ce que cela
s'est déjà fait ou que cela peut se faire?
Le Président (M. Jolivet): La décision est facile
à rendre sur la question puisque la commission a été
commandée, par un ordre de la Chambre, dans le but d'étudier,
article par article, le projet de loi 67 et non pas dans le but d'entendre qui
que ce soit ou quelque organisme que ce soit, de telle sorte que nous sommes
liés par l'ordre de la Chambre à cet effet. A moins qu'il y ait
unanimité autour de cette table pour qu'on puisse vous le permettre,
normalement, je suis dans l'obligation de vous dire que ce n'est pas
possible.
M. Goulet: Ce n'est pas possible.
M. Raynauld: Je voudrais au moins exprimer mon regret qu'on n'ait
pas donné suite à la demande qui avait été faite
d'entendre les gens qui prennent la peine d'écrire un mémoire,
d'examiner les projets de loi, et je le déplore parce qu'il me semble
qu'il y a quand même une grande différence entre un mémoire
qui est envoyé au ministre et un mémoire qui est
étudié en commission parlementaire, puisqu'à ce
moment-là, c'est en tant que parlementaires que nous participons
à la discussion et à l'étude d'un projet de loi. Ce n'est
pas une décision purement administrative, comme il peut arriver
lorsqu'il s'agit d'appliquer une loi; je demande une directive, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Je viens d'en rendre une, c'est
pour cela que je veux savoir si vous voulez contester la directive que j'ai
donnée.
M. Raynauld: Non, je ne la conteste pas, je profite du fait que
vous avez dit qu'il serait possible, s'il y avait consentement de la
commission, de modifier cet ordre de la Chambre pour faire avancer nos travaux
plus rapidement et avec, peut-être, plus d'efficacité.
Je reviens donc sur ce sujet. Je pensais que le ministre nous avait
laissé entendre la semaine dernière qu'il y avait une
possibilité que nous puissions entendre les parties. C'est ce que
j'avais cru comprendre; j'avais cru comprendre que vous n'y étiez pas
opposé. Les réponses ont toujours été assez
positives de la part du ministre la semaine dernière. Oui! oui! nous
voulons consulter, nous voulons rencontrer les gens et, de cela, j'avais
compris qu'il n'était pas interdit du tout de croire que, cette semaine,
le ministre aurait justement proposé d'entendre, en commission
parlementaire, les trois ou quatre mémoires qui ont été
présentés et qui reflètent les opinions des gens dans
l'industrie concernée.
Je me prévaux un peu de cette impression que j'avais eue pour
redemander, cet après-midi: Qu'est-ce qui, vraiment, s'oppose à
ce que ces mémoires soient entendus, à ce que l'Opposition, les
oppositions puissent poser des questions à ces gens qui sont les
premiers intéressés et les gens directement concernés par
le projet de loi?
Donc, j'en suis simplement là-dessus, est-ce qu'il y a vraiment
des objections? Est-ce c'est retarder indûment l'adoption du projet de
loi que d'entendre trois rapports ou quatre? Est-ce que cela va affaiblir
à ce point la position que le gouvernement défend que d'entendre
les parties, qu'il ne veuille pas le faire au sein des instances prévues
par nos règlements parlementaires?
M. Parizeau: M. le Président, je ne peux pas donner mon
consentement à une façon de procéder comme
celle-là, non pas parce que cela retarde les détails ou les
travaux de la commission, mais parce que cela ne correspond absolument pas
à la façon dont nos institutions, nos commissions sont
nées. Si on veut avoir une commission parlementaire pour écouter
des mémoires, on annonce à l'avance, et à tous, qu'ils
peuvent présenter des mémoires et on les écoute tous, de
tous les côtés qu'ils soient. Comme cela n'a pas été
fait, comme il n'était pas question d'avoir une commission
parlementaire, les avis n'ont pas été donnés et, à
ce moment-là,
on piperait les dés de façon tout à fait injuste
parce que des gens qui n'auraient pas été avertis qu'il y avait
une commission parlementaire n'auraient aucun moyen de faire entendre ici leur
présentation qu'ils auraient peut-être fait entendre si on les
avait avertis.
Dans ce sens, il faut respecter la façon dont nos commissions
fonctionnent. Il y en a qui sont ouvertes à la présentation de
mémoires, d'autres ne le sont pas, et je pense que le
précédent qu'on me demande d'établir aujourd'hui serait,
non seulement pour cette commission, mais pour tout le déroulement des
commissions, extrêmement dangereux. A partir de maintenant, on ne saurait
plus, parmi ceux qui sont intéressés à un projet de loi,
si, à la dernière minute, certains groupes ne seront pas entendus
alors qu'eux n'auraient même pas été avertis.
Le Président (M. Jolivet): N'ayant pas de consentement, je
suis dans l'obligation de dire et je pense que c'est ce que j'ai dit
dès le départ que, normalement, les commissions
parlementaires, pour entendre des mémoires, se situent entre la
première et la deuxième lecture, à moins qu'il n'y ait un
ordre de la Chambre d'une autre façon qui le permettrait avant
l'étude article par article entre la deuxième et la
troisième lecture. De ce fait, je redemande l'article 1.
Non, je pense qu'il ne sert à rien d'élargir le
débat sur la question, il est terminé.
M. Michaud: Ce n'est pas sur la question, M. le Président,
c'est concernant les rencontres et les mémoires qui ont
été présentés au ministre.
Le Président (M. Jolivet): Vous aurez le droit de poser
cette question lors de votre intervention; pour le moment, le ministre ayant
fait son intervention sur l'article 1 dès le départ, je reviens
à l'Opposition officielle qui doit donner ses recommandations sur
l'article 1; nous passerons à l'Union Nationale qui est le
deuxième intervenant et, ensuite, je reviendrai à vous.
M. Michaud: M. le Président, ce n'est pas sur l'article 1,
c'est pour faire suite à ces rencontres, pour savoir s'il y a eu
d'autres mémoires présentés.
Le Président (M. Jolivet): L'article 1 vous permettra de
le faire puisque vous aurez le droit, à l'article 1, de parler de
l'ensemble du projet.
M. Michaud: D'accord. Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
Définitions
M. Raynauld: M. le Président, je réitère
l'expression de mes regrets que le gouvernement n'ait pas jugé bon, au
moment opportun, pour ne pas changer les règles du jeu, d'inviter les
parties intéressées à se prononcer sur ce projet de loi
très important. Je le regrette et je peux accepter la réponse que
le ministre nous donne aujourd'hui, mais il nous dit, somme toute,
qu'aujourd'hui, c'est trop tard, qu'il aurait fallu que cela se fasse avant;
mais cela ne justifie pas la décision qui a été prise
auparavant. Je pense qu'on va voir tout au long du projet de loi qu'il aurait
été bon que les parties soient entendues et je vais en donner
quelques exemples dès l'analyse très brève que je ferai de
l'article 1.
Il s'agit en effet d'un article de définitions et, dès ce
moment-ci, il est évident, en ce qui me concerne, qu'il y a beaucoup de
définitions qui, ou bien passent à côté du
problème, ou sont les définitions trop larges, ou sont des
définitions qui reflètent justement l'ignorance que nous pouvons
avoir de l'industrie. Je vais donc donner quelques exemples. J'y reviendrai
plus tard au besoin, selon la réaction que le ministre des Finances
pourra exprimer ou non sous forme d'amendement.
Je vais donner, à ce stade-ci, des exemples de ce que j'entends
par cette approche qui semble manquer de réalisme. Par exemple, il
s'agit, dans l'article 1, paragraphe b), de concours publicitaire dont le but
est de promouvoir les intérêts commerciaux d'une personne au
bénéfice de laquelle il est tenu. Le mot "commercial", dans les
circonstances, est un mot qui prête à confusion puisqu'il est
évident que, dans beaucoup de cas, il ne s'agit pas
d'intérêts commerciaux au sens propre du terme, il s'agit souvent
d'intérêts humanitaires, il s'agit souvent d'organisations sans
but lucratif qui organisent ces concours ou ces systèmes de loteries et,
si on veut entendre le mot "commercial", dans les circonstances, comme
étant le fait que, donnant un prix, cela se trouve à favoriser
quelqu'un, je réponds à cela que c'est un terme qui est sujet
à beaucoup d'interprétations et un terme qui prête à
confusion.
Un deuxième cas, il s'agit ici de "juge de courses", par exemple.
Je tire la réflexion que je fais là-dessus d'un mémoire
qui nous a été soumis. Il semble qu'on ne puisse pas parler d'une
personne responsable d'une course, mais qu'on doive plutôt parler de
personnes qui sont responsables de la surveillance des courses, de
l'application des règles qui se rapportent à une course et qu'un
juge de courses n'est pas responsable d'une course. On apporte aussi, dans le
cas de la définition "d'une piste de courses", une définition qui
semble extrêmement large, une définition qui soulève
d'autant plus de problèmes qu'elle est plus large puisque je pense que,
s'il est acceptable que, par piste de courses, on veuille entendre plus que la
piste, il reste que, si on élargit tellement la notion de piste de
courses, on va se trouver à réglementer aussi des hôtels ou
des hôpitaux qui peuvent faire partie d'un terrain quelconque qui peut
servir, en partie, à une piste de courses.
Par conséquent, il ne semble pas du tout évident que cette
définition soit une définition appropriée. Enfin, ceci n'a
pas de relation avec le caractère concret ou abstrait dont j'ai
parlé tout à l'heure, mais je soulève un autre
problème relatif à
cet article 1, c'est celui qui se rapporte aux règles qui sont
suggérées au paragraphe j) des règles qui ne sont pas
approuvées par le gouvernement, dont nous avons déjà
parlé un peu à l'occasion du projet de loi 68. Il s'agit ici d'un
paragraphe qui peut donner lieu à des excès, à des abus
considérables, étant donné que ces règles peuvent
être adoptées par la régie en vertu de la loi, mais sans
être approuvées par le gouvernement, ou c'est du moins
l'interprétation que je donne à ce projet de loi; si je fais
erreur, on me corrigera.
S'il est exact qu'il faut bien, à cette régie, le pouvoir
de décider, sur-le-champ et sur le moment, de certaines règles
concernant, par exemple, une course qui commence, on conçoit cela; il
reste que, par ailleurs, il y a des règles d'application plus
générales qui devraient être approuvées par le
gouvernement. J'ai indiqué ici trois ou quatre exemples qui indiquent,
justement, l'hésitation que nous pouvons avoir, de ce
côté-ci, quant au bien-fondé des définitions qui
nous sont proposées et qui reviendront, évidemment, tout au long
du projet de loi. C'était, je pense, une bonne façon d'illustrer
la demande précédente que j'avais exprimée.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je me demande s'il s'agit de
faire exprès pour compliquer les choses quand elles ne le sont pas.
Prenons par exemple la définition de "concours publicitaire". Que le
député d'Outremont veuille établir qu'il y a confusion
entre un concours publicitaire et un système de loterie, je vous
avouerai franchement que je ne vois pas comment il peut le faire; un
système de loterie est défini par l'article 90 du Code criminel.
Donc, cela ne sert à rien de dire qu'il y a une confusion sans nom entre
"concours publicitaire" et "système de loterie ", car le système
de loterie est défini par le Code criminel, par le Code pénal.
(16 h 30)
Dans ce sens, la confusion, je ne la vois pas. En ce qui a trait
à la définition d'un juge, la raison pour laquelle nous classons
cette définition, sans doute assez générale, de juges,
à l'article 1, c'est que nous allons en avoir besoin, à toutes
fins pratiques, puisque nous mentionnons l'existence de ces juges aux articles
24 et 25 de la loi. On oblige la régie à définir, par
règlement, les attributions d'un juge, ce qui sera fait, bien sûr,
au moment des règlements applicables à cette loi.
La piste de courses dont vous parlez, une piste de courses, cela
pourrait être n'importe quoi. Je sais qu'une des représentations
qui nous a été faite l'a été par une institution de
courses qui aurait voulu qu'on utilise le mot "hippodrome". Ce qui est
peut-être un peu ironique là-dedans, c'est que, justement,
l'organisme en question s'appelle "piste de courses", avec un nom au bout. Elle
aurait voulu que, dans la loi, on inscrive "hippodrome". Là-dessus, je
n'étais pas tout à fait d'accord parce qu'actuellement, il y a
des pistes de courses de chevaux, dans le sens qu'on l'entend, mais il peut y
avoir des tas de courses qui seront acceptées à l'avenir et qui,
à la suite de modifications d'autres lois, dans l'hypothèse
où d'autres courses que des courses de chevaux auraient lieu, on ne va
pas commencer à s'amuser à changer la loi de la régie
chaque fois qu'on déciderait de faire courir autre chose que des
chevaux. C'est pour cela qu'on parle de pistes de courses plutôt que
d'hippodrome.
Ce n'est pas du vague, ces mots n'ont pas été mis au
hasard; ils ont été mis là dans un sens très
précis.
M. Raynauld: Vous pensez à des coqs, à des
chiens?
M. Parizeau: On peut faire courir des tas de choses, même
des politiciens. Dans ce sens, les termes n'ont pas été
utilisés par hasard; ils correspondent dans notre esprit à des
réalités bien précises. Lorsque les précisions ne
sont pas apportées dans la loi, c'est qu'elles le seront dans les
règlements.
Je reviens à cette question des règles de la régie
qui a été soulevée par le député
d'Outremont, pour terminer. Bien sûr, tout organisme est lié par
trois choses: des lois qui sont approuvées par l'Assemblée
nationale, des règlements qui sont souvent approuvés par le
Conseil des ministres et publiés dans la Gazette officielle et, d'autre
part, des règles de régie interne. Il n'y a pas là de
confusion à parler des règles de la régie qui ne seraient
ni des règlements approuvés par le lieutenant-gouverneur en
conseil, ni des dispositions de la loi, mais qui doivent, évidemment,
être conformes aux deux; on retrouve cela dans à peu près
toutes nos lois, il n'y a rien de particulièrement étonnant.
Le Président (M. Dussault): M. le député
d'Outremont, avez-vous terminé? C'est à vous; vous avez encore du
temps.
M. Raynauld: Je pensais laisser faire un tour, mais je peux
revenir; j'avais deux questions, simplement.
Le Président (M. Dussault): Vous avez encore du temps.
M. Raynauld: En réalité, sur le problème de
mon adjectif "commerciaux", je pense que la réponse ne s'appliquait pas
à ce que j'ai soulevé. Ce n'est pas la distinction entre un
concours et un système de loterie que j'ai soulevé,
c'était pour savoir s'il était nécessaire de mentionner
qu'il s'agissait de promouvoir des intérêts commerciaux d'une
personne au bénéfice de laquelle il est tenu. En pratique, d'une
façon positive, la suggestion que je voulais faire, c'était
d'enlever le mot "commerciaux", tout simplement; cela n'enlevait rien en ce qui
concerne les distinctions "concours", "système de loterie ", "jeu " ou
"plan", mais il m'a semblé que si une organisation de charité
organise un concours, cela va prêter à
confusion, s'il s'agissait de promouvoir des intérêts
commerciaux. "Promouvoir les intérêts d'une personne au
bénéfice de laquelle il est tenu" pourrait suffire.
C'était la raison de ma question.
En ce qui concerne la réponse à propos des pistes de
courses, j'aimerais bien que le ministre songe sérieusement à la
réponse qu'il a faite, parce que, s'il conserve le mot "piste de courses
" et qu'il peut y avoir autre chose que des chevaux, je me demande si nous
n'allons pas, de notre côté, demander que le projet de loi soit
restreint à des pistes de courses de chevaux, puisque c'est de cela
qu'il s'agit à l'heure actuelle. En second lieu, je pense qu'il serait
difficile de concevoir que, tout à coup, on transforme des pistes de
courses pour des chevaux en des pistes de courses pour chiens ou coqs, sans que
personne ne puisse se prononcer sur le sujet, et que ce soit un pouvoir
déjà délégué à cette régie que
nous créons aujourd'hui.
Il semble que par conséquent, c'est ou bien jouer sur les mots,
ou bien il y a une intention de la part du gouvernement d'étendre les
courses à d'autres que des chevaux et, à ce moment-là,
j'aimerais bien qu'il nous le confirme ici, en commission, parce que là,
je pense que cela va donner lieu à des débats plus longs.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: Une partie de la décision, M. le
Président, n'est pas dans mes mains. Elle est dans les mains du
gouvernement fédéral, parce que le pari mutuel et l'application
du pari mutuel sont déterminés par le gouvernement
fédéral et non pas par le Québec.
M. Raynauld: Le Code criminel, donc, vous obligerait à
avoir des course? Voyons donc!
M. Parizeau: II ne nous oblige pas à avoir des
courses.
M. Raynauld: Certainement pas. Il pourrait vous permettre de le
faire, mais...
M. Parizeau: Ce que je veux dire c'est qu'il n'y a pas, à
l'heure actuelle, comment dire? Nous ne savons pas quel genre d'autorisation
viendrait ou ne viendrait pas, à un moment donné, du gouvernement
fédéral. Il y a des pressions qui s'exercent dans toute
espèce de milieu pour élargir le pari mutuel. Ce ne sont pas des
pressions que nous subissons d'ailleurs. On en entend parler, mais on ne les
subit pas et, un bon jour, si le gouvernement fédéral changeait
sa loi, on aura à aviser. Pour le moment, poser des question comme
celles-là qui sont des questions largement hypothétiques, on ne
sait pas ce que le gouvernement fédéral va faire. Et la
définition, quand on dit "pistes de course", comme on l'a
utilisée ici, on laisse cela aussi large et pas plus large que
l'ancienne loi qui parlait, elle, simplement de courses.
M. Raynauld: Mais enfin, je voudrais...
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais seulement
ajouter une dernière chose. Je reviens sur la question: les concours
publicitaires commerciaux. Entendons-nous bien, si un organisme sans but
lucratif veut s'engager dans une opération de cet ordre qui n'est pas
commerciale, au sens où on l'entend, cela tombe automatiquement sous
l'empire du système des loteries; je m'excuse, non pas de l'article 90
du Code criminel mais 190 j'ai fait une erreur tout à l'heure
du Code criminel. C'est automatique. Quand on dit: Un concours qu'on
veut publicitaire et commercial, s'il n'est pas commercial, et que c'est un
organisme sans but lucratif, il est astreint au 190 du Code criminel.
Donc, il n'y en a pas de confusion, c'est l'un ou c'est l'autre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je suis un peu surpris de la réponse - qu'on
invoque. On invoque le Code criminel pour décider de ces choses. Cela me
surprend un peu, parce que je ne suis pas particulièrement versé
dans le Code criminel. Mais, je voudrais bien m'assurer que, sur le plan du
fond j'accepte la réponse que le ministre nous fait est-ce
qu'il est en train de nous dire que la régie qui est créée
ici ne s'appliquera pas aux organismes sans but lucratif qui vont faire des
concours? Est-ce que c'est ce qu'il est en train de nous dire?
M. Parizeau: La réglementation à l'égard des
concours publicitaires visés à l'article 1 b ne s'appliquera
qu'aux concours publicitaires commerciaux. Le reste, c'est loteries. La
régie, elle, s'occupe des loteries, en outre de ces loteries permises
par le Code criminel fédéral. Il n'y a pas de confusion
là-dedans.
M. Raynauld: M. le Président, je ne sais pas s'il y a lieu
de poursuivre cela ici, plutôt que plus loin. Peut-être que cela
sera un peu plus concret lorsqu'on arrivera à d'autres articles. J'avoue
que cela me confond un peu parce que, dans un article de définition,
à moins qu'on ne restreigne l'application de la définition, elle
s'applique pour l'ensemble du projet de loi je n'ai pas encore vu dans
l'ensemble du projet de loi de distinctions entre des concours publicitaires
qui ne seraient pas réglementés par la régie et des
concours publicitaires qui le seraient. Le ministre, lui, fait une distinction
entre des concours publicitaires et le système de loteries. Je l'ai
comprise, cette distinction, je pense. Les concours publicitaires et le
système de loteries, cela, je comprends cela.
Ici, il s'agit aussi de concours publicitaires qui ne seraient que
d'intérêt commercial. Cela voudrait donc dire qu'il y a une
deuxième distinction, qu'il y a des concours publicitaires pour des
fins
commerciales et des concours publicitaires qui sont pour des fins non
commerciales. Ce n'est sûrement pas le Code criminel qui règle
cela.
M. Parizeau: Non, mais la distinction vient de ceci: On taxe les
premiers et on ne taxe pas les deuxièmes.
Bien sûr, il faut qu'il s'établisse une distinction. On
taxe ce qui est commercial, c'est pour cette raison qu'il faut appeler cela
commercial. On donne des permis pour les loteries applicables à des
organismes sans but lucratif, et pour les concours publicitaires commerciaux,
on les taxe. C'est pourquoi il faut une distinction; si on ne veut pas taxer
les deux, il ne faut pas les confondre.
M. Raynauld: Je savais que vous arriveriez à cela, parce
c'est ce que j'avais pensé au début...
M. Parizeau: Ce n'est pas seulement y penser, c'est dans la
loi.
M. Raynauld: ... qui était à l'origine de cela. Il
reste qu'on définit un concours publicitaire. Je continue à
maintenir que si on définit comme concours publicitaires seulement ceux
qui servent des intérêts commerciaux, on ne couvre pas les
concours publicitaires qui sont faits par des sociétés de
bienfaisance comme l'Armée du salut, ou je ne sais quoi.
M. Parizeau: Ils seront astreints à demander un
permis.
M. Raynauld: Bon, enfin, j'y reviendrai plus tard s'il y a
lieu.
Le Président (M. Jolivet): M. le député?
M. Raynauld: Là, M. le Président, je suis à
me demander si la discussion va continuer à porter sur plusieurs
articles à la fois ou si je vais plutôt centrer un peu l'attention
sur des choses plus particulières et, au besoin, proposer un amendement.
Si on est est là, je ne veux pas brimer les autres s'ils veulent parler
de façon générale...
M. Goulet: Sur les discussion générales... M.
Raynauld:... je reviendrai un peu plus tard.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. En ce qui a trait au
terme "intérêts commerciaux", le principe que j'avais compris dans
le projet de loi, c'est que lorsque c'est un organisme à but non
lucratif, cela devient une loterie à ce moment-là.
M. Parizeau: Exactement.
M. Goulet: Si on veut faire un bingo ou un tirage...
M. Parizeau: Voilà!
M. Goulet: ... le carnaval de Saint-Gervais de Bellechasse...
M. Parizeau: Voilà!
M. Goulet: ... fait un tirage. Par contre, au niveau des
intérêts commerciaux, si moi, par exemple, en tant que
propriétaire d'un commerce, je décide d'annoncer à la
télévision un voyage à Miami pour tous ceux qui ont
acheté chez nous, c'est régi, c'est taxable; tandis que dans
l'autre cas, cela prend un permis, un droit.
M. Parizeau: Exactement!
M. Goulet: C'est déjà défini
actuellement.
M. Parizeau: Voilà!
M. Goulet: Cela l'est déjà.
M. Raynauld: D'accord.
M. Goulet: Là-dessus, j'accepte les termes qui sont
écrits. Deuxièmement, la définition de "juge";
d'après les connaisseurs, on dit que la définition de "juge de
courses" est erronée. Par contre, on dit dans l'article... "à ce
titre sont décrites dans les règles; ". A ce moment-là, le
problème, M. le Président, lorsqu'on étudie un projet de
loi et que nous n'avons pas les règlements, il faut se fier à la
bonne foi je ne sais pas si le terme est exact des fonctionnaires
qui vont rédiger les règlements suite à l'adoption d'un
projet de loi.
J'imagine que dans les règlements, il faudra s'assurer que la
définition de "juge de courses " corresponde à ce que les gens du
milieu veulent bien dire. C'est un peu le problème, lorsqu'on discute
d'un projet de loi, nous n'avons pas les règlements devant nous.
Concernant le terme "piste de courses"; personnellement, une piste de
courses, lorsque je dis la piste de courses de Québec, pour moi, c'est
le complexe de la piste de courses. Par contre, pour les gens du milieu, une
piste de courses, c'est l'endroit non pas le losange, ni le cercle
le tracé où les chevaux vont courir. Peut-être qu'il
peut y avoir ambiguïté. Le député d'Outremont veut
apporter un amendement, peut-être pourrions-nous y insérer le mot
"complexe". Encore là, dans les règles, on pourra peut-être
définir exactement ce qu'est une piste de courses.
Je ne vois pas non plus, M. le Président, le terme "hippodrome".
Après avoir lu le mémoire déposé par un organisme
qui s'y connaît, j'ai relu le projet de loi, de A à Z. A aucun
endroit, dans celui-ci, on ne fait mention de "courses de chevaux ". Je
présumais également que c'étaient des courses de chevaux,
mais ce projet de loi s'adresse à n'importe quelle course; cela peut
être une course de chiens, ou une course de n'importe quoi. A la minute
où on mettrait, dans ce projet de
loi, le terme "hippodrome" ou "hippique", automatiquement, celui-ci
s'adresserait essentiellement aux courses de chevaux. (16 h 45)
Partout dans le projet de loi, même dans les notes explicatives,
j'ai été surpris parce que, le premier, je pensais que
c'étaient des courses de chevaux... on parle de courses, peut-être
que le ministre nous annoncera d'autres sortes de courses au Québec
éventuellement, cela lui revient de nous l'annoncer ou non, mais ce
projet de loi, tel que je le vois, la course, cela peut être n'importe
quelle sorte de course. Or, si on mettait le terme hippodrome, cela serait
très bon, très justifié pour des courses de chevaux, mais
cela ne le serait pas pour les courses en général, parce qu'il
faudrait refaire une autre loi pour les courses de chiens ou les courses de...
il resterait, M. le Président, peut-être qu'à la place de
piste de courses on pourrait inclure dans le terme le mot "complexe" mais,
personnellement, encore là, il faut se fier à la bonne foi des
gens qui font les règlements pour donner une vraie définition
d'une piste de courses, c'est quoi une piste de courses, et possiblement,
qu'à ce moment, on mettra le mot "complexe" et on l'expliquera.
Mais, ce qui me touche, au début, j'avais des réticences
mais, moi, après avoir relu mon projet de loi au complet, je
m'aperçois qu'il y a des termes qui sont là; il y aurait
peut-être lieu, au niveau de pistes de courses, de mettre "complexe"
mais, à part cela, je ne voudrais pas qu'on les laisse là, parce
que c'est difficile d'en trouver de meilleurs; à mon avis, en tout cas.
Mais il y aurait, au niveau des pistes de courses, à peut-être
inclure entre parenthèses "complexe" ou, dans les règlements, il
faudrait absolument que le ministre voit que ce soit bien fait.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: Je voudrais simplement rappeler, M. le
Président, que les règlements, comment dire, ne relèvent
pas de l'autorité des fonctionnaires mais de celle du gouvernement.
C'est quand même une distinction importante, c'est quand même le
gouvernement qui les promulgue.
Pour la question de la définition dans les règlements du
juge et de ses tâches, nous nous orientons essentiellement vers la
définition de la Canadian Trotting Association, c'est-à-dire que
cela n'aura de caractère ni révolutionnaire, ni exotique, ni
différent de ce qu'on a toujours connu comme étant les
attributions d'un juge de courses.
Pour ce qui a trait à la question de la définition d'une
course, j'aimerais rappeler au député de Bellechasse l'article
1c. On dit une course de chevaux ou autre course prescrite, n'est-ce pas?
Alors, on verra bien; si, à un moment donné, il y en avait
d'autres, si le gouvernement fédéral permettait le pari mutuel
pour d'autres types de courses, bien, on avisera; on verra bien, mais on laisse
cela ouvert.
Quant à la question de la définition d'une piste de
courses, on a essayé dans l'article 1, paragraphe g), de définir
non pas seulement le tracé, mais tout ce qui vient avec et là, je
suis un peu d'accord avec le député de Bellechasse. Je me demande
si on ne commence pas à couper les cheveux en quatre dans le sens de la
longueur. Quand, je ne sais pas moi, la piste de courses Richelieu Inc., pour
prendre la principale organisation de courses qu'il y a au Québec,
s'intitule: "Piste de courses Richelieu Inc.", j'imagine qu'on pense à
autre chose que le tracé. Il arrive, à un moment donné,
dans le vocabulaire, une acception de ce que c'est qu'une piste de courses, pas
seulement le tracé, mais tout ce qui vient avec: les stationnements, les
immeubles qui y appartiennent; c'est normal. On a essayé dans l'article
1, paragraphe g), de le définir de façon à couvrir cette
réalité. Mais la réalité, encore une fois,
correspond à un usage, à une habitude.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: M. le Président, vous l'avez dit tout à
l'heure, cela ne s'appliquait pas à l'article 1, mais je peux quand
même poser ma question. Simplement, il y a eu des rencontres, il y a eu
des mémoires. J'ai eu à mon bureau le président des
huissiers du Québec qui m'a fait parvenir un mémoire et qui vous
en a fait parvenir un aussi. Est-ce que le ministre a pris connaissance de ce
mémoire et est-ce qu'il donne suite à leur demande ou si leur
demande n'était pas fondée?
M. Parizeau: Les huissiers prenaient, semblaient, en tout cas,
prendre pour acquis non, j'exagère en disant cela, comment
pourrais-je bien formuler? auraient souhaité que les divers avis
qui sont déposés ou qui doivent être livrés ne
passent que par eux. Il faut bien comprendre que la loi actuelle qui
prévoit dans un de ses articles les dispositions à ce sujet,
qu'on peut passer par un huissier mais qu'on peut passer par d'autres
personnes, n'est d'aucune façon un précédent dans nos
lois; par exemple, au ministère du Revenu, cela est courant.
M. Michaud: Cela se fait déjà depuis dix ans?
M. Parizeau: C'est cela. Alors, dans ces conditions, c'est un peu
difficile...
Une Voix: Sans les huissiers.
M. Parizeau: Au ministère du Revenu, c'est même sans
les huissiers. En somme, les huissiers faisaient une demande pour avoir un peu
plus d'affaires qui leur conviendraient, mais on pouvait difficilement leur
reconnaître une espèce de droit exclusif qu'on ne reconnaît
pas ailleurs, au ministère du Revenu. C'était leur demande.
M. Michaud: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont, il vous reste environ trois ou quatre minutes sur votre droit
d'intervention.
M. Raynauld: M. le Président, au paragraphe c), je
voudrais soulever un autre problème; je ne l'ai pas soulevé au
début pour ne pas confondre les problèmes. Dans l'esprit du
ministre, est-ce que les courses dont nous parlons ici sont des courses sur
lesquelles il y a des paris mutuels ou s'il entend réglementer toutes
les courses?
M. Parizeau: Dans l'état actuel des choses, on
réglemente toutes les courses de chevaux où il y a des paris
mutuels, plus toutes les courses de chevaux où il n'y a pas de pari
mutuel, par exemple dans les foires agricoles. Il y a un certain nombre de
courses de chevaux, dans les foires agricoles, où il n'y a pas de pari
mutuel.
M. Raynauld: S'il n'y a pas de pari mutuel, quelle est la raison
de cette réglementation puisque, si j'ai bien compris, l'intention
globale du projet de loi, c'est vraiment la protection du public? Quel est
l'élément de protection du public lorsqu'il n'y a pas de pari
mutuel dans une course?
M. Parizeau: II peut y avoir des bourses qui sont
distribuées.
M. Raynauld: II peut y avoir des bourses qui sont
distribuées.
M. Parizeau: Là encore, remarquons bien, il ne s'agit pas
de quelque chose d'original ni d'exotique. La Canadian Trotting Association
réglemente les deux. On prend exactement un champ que la Canadian
Trotting Association occupe traditionnellement.
M. Raynauld: En élargissant le chemin de façon
presque infinie, puisqu'on fait passer cela d'une association privée,
qui est bien soumise aux lois, au gouvernement lui-même, et on
élargit considérablement la portée de toute cette
réglementation à tout cela. C'est complètement
différent.
M. Parizeau: C'est en train de se faire partout au Canada. La
Canadian Trotting Association a effectivement établi un certain nombre
de règles et gouvernement après gouvernement interviennent
là-dedans. Ce que je veux dire, c'est que le champ d'extension des
contrôles dans le domaine des courses de chevaux, tel que prévu en
vertu de cette loi, est celui que la Canadian Trotting Association
occupait.
M. Raynauld: Si on s'en tient à nos courses de chevaux,
s'il n'y avait pas de bourse donnée, est-ce que ce serait
également couvert?
M. Parizeau: J'imagine. On ne courrait probablement pas le
risque, à cet égard, d'établir des exceptions.
M. Raynauld: Ce qui veut dire, en réalité, que cela
va beaucoup plus loin que de protéger le public; c'est un projet de loi
qui s'intéresse à l'ensemble des activités des courses de
chevaux si on pense à celle-là à l'ensemble
de l'industrie et à toutes ses activités. Ce n'est plus
seulement...
M. Parizeau: La meilleure façon de protéger le
public, quand on sait qu'une activité comme celle des courses de chevaux
met en cause des sommes d'argent en jeu à peu près dans tous les
cas, ce n'est pas de se dire qu'on va chercher à trouver les moyens
d'exclure de cette réglementation les cas qu'on pourrait peut-être
trouver où l'argent ne serait pas en cause. La première des
choses qu'il faudrait faire, c'est d'aller voir s'il y a ou non de l'argent en
cause.
M. Raynauld: Mon problème, c'est que j'essaie justement de
limiter la portée des réglementations gouvernementales. C'est
pour cela que je soulève ces questions. Je pense que, comme principe, on
ne peut pas adopter l'idée que, parce qu'il y a de l'argent en jeu, il
faut réglementer. A ce compte-là, on va réglementer
absolument tout et on pourrait tout simplement supprimer toutes les
entreprises. On ne peut pas accepter un argument d'une applicabilité
aussi grande que celle-là. Personnellement, j'essaie de voir, dans ce
projet de loi, exactement où se situent les frontières, où
se situe ce qui doit être fait, parce que je pense qu'il est reconnu
qu'il fallait faire quelque chose dans cette industrie des courses de chevaux,
mais jusqu'où va-t-on aller? Est-ce qu'on va aller jusqu'à
réglementer les relations matrimoniales entre le jockey et sa femme
parce que cela pourrait peut-être affecter l'efficacité du jockey?
C'est cela mon problème. Alors, je me dis, j essaie de faire
préciser la portée du projet de loi...
M. Parizeau: M. le Président, je doute qu'en vertu de
l'article 1c, les relations maritales entre un jockey et sa femme puissent
être considérées comme une course.
M. Raynauld: Je n'en suis pas certan, M. le Président. On
dit: Toute autre course prescrite...
M. Goulet: Cela pourrait avoir des effets sur le
résultat.
Le Président (M. Jolivet): J'ai été d'un
lavisme très grand, vous permettant d'aller plus loin, en termes de
temps. Je pense qu'à moins que vous n'ayez un amendement à
apporter, nous devrions passer au vote sur l'article 1.
M. Raynauld: M. le Président, je vous demanderais de ne
pas invoquer continuellement le temps, parce que je vais me mettre à
proposer des amendements et j'aurai vingt minutes sur chacun des amendements.
Si on veut sauver du temps, laissez-moi poser des questions; j'achève,
je n'en ai plus qu'une à poser. S'il vous plaît, pour ne pas
alourdir les choses, parce que vous savez que je peux proposer des amendements
j'en avais
un à proposer là-dessus je pourrais le faire et
prendre vingt minutes pour l'exposer. Je ne veux pas faire perdre le temps de
la commission, je retire l'amendement que je voulais faire sur l'article 1c,
compte tenu des réponses du ministre. Mais, s'il vous plaît,
j'aimerais cela que vous me laissiez poser des questions.
Le Président (M. Jolivet): Je pense que vous avez
totalement raison de me demander cette chose. Cependant, j'ai besoin du
consentement unanime de la commission pour le faire. Je ne peux, en aucune
façon, vous donner plus de temps à vous, que j'en donne
logiquement et équitablement à tous les autres. Donc, en ce
sens-là, si on me donne la permission, consentement, allez-y!
M. Raynauld: J'avais une autre question sur la portée du
projet de loi. Par exemple, est-ce qu'on va réglementer dans ce projet
de loi-là, les courses de "quarter horse", qui semblent être une
catégorie tout à fait spéciale et particulière?
M. Parizeau: Oui. Ce sont des chevaux, donc des courses de
chevaux qui sont réglementées. Parce que la différence
fondamentale c'est, si je comprends bien qu'il y a des chevaux qui tournent en
rond et des chevaux qui courent en ligne droite. On ne va pas avoir une
réglementation spéciale pour la ligne droite et pour les courbes.
Ce sont toujours des chevaux qui courent pour arriver au bout.
M. Raynauld: II semble qu'il puisse y avoir des pistes de course,
des endroits qui pourraient être complètement différents,
et qu'on ne parle pas de la même chose. Enfin, je ne veux pas insister,
je veux seulement savoir jusqu'où cela va.
M. Parizeau: Si je comprends bien, le problème qui est
soulevé, c'est celui des courses en ligne droite plutôt qu'en
rond.
M. Raynauld: Je veux savoir jusqu'où cela va.
M. Parizeau: Tant que la ligne droite continue, tant qu'ils ne
sont pas arrivés au poteau.
M. Raynauld: Le gouvernement va réglementer non seulement
les courses, mais va réglementer la veille, le lendemain, le
surlendemain et l'avant-veille.
M. Parizeau: Entre les deux poteaux.
M. Raynauld: C'est cela que je voulais savoir. Je pense que c'est
très instructif.
Alors, j'en arrive maintenant au paragraphe d). J'ai soulevé tout
à l'heure la définition d'un juge de courses, je pense que mon
collègue l'a soulevée également. Je peux faire un
amendement formel. Je vais lire cet amendement-là, non pas pour le
soumettre d'une façon formelle, mais pour voir, encore une fois, si cela
ne correspondrait pas davantage à la situation que le paragraphe qui est
là. Au lieu de mettre "une personne responsable d'une course", on
mettrait: Le juge est responsable de la surveillance et du contrôle d'une
course et de l'application des règles qui s'y rapportent. Est-ce que
cela ne serait pas plus proche de la réalité de le
présenter comme cela?
M. Parizeau: Ce qu'on vient d'indiquer là est
évidemment conforme à l'esprit de la chose. Quand on dit que le
juge de courses est une personne responsable d'une course, cela ne veut pas
dire qu'il prend la place de Blue Bonnets, cela veut dire qu'il est responsable
de la course aux fins de l'application de la loi, et cela correspond donc
davantage à l'esprit de ce que le député d'Outremont vient
de donner.
Quant à la définition précise, comme je le disais
tout à l'heure, très étroitement inspirée par la
définition de la Canadian Trotting Association, elle apparatra dans les
règlements.
M. Raynauld: Mais, à ce moment-là, est-ce que cela
ne veut pas dire que peut-être qu'un amendement comme celui-là
pourrait préciser des choses, et qu'il serait dans
l'intérêt de le faire. Cela nous a été
proposé par d'autres ce n'est pas moi qui l'ai inventé
évidemment, je n'en prends pas nécessairement la...
M. Parizeau: Ce que je veux dire là-dessus, M. le
Président, c'est ceci. Une des raisons pour lesquelles on ne voudrait
pas définir dans la loi chacune des attributions spécifiques d'un
juge de courses, c'est que ces attributions, soit par le truchement de la
Canadian Trotting Association autrefois, soit maintenant par les commissions de
courses ailleurs au Canada, ont tendance au changement de temps à autre;
c'est la définition spécifique de leurs attributions et auquel
cas, si on voulait, à ce moment-là, s'aligner sur
l'évolution de la profession du juge de courses et de ses attributions,
il faudrait amender la loi à chaque fois, alors qu'autrement, tout ce
qu'on fait, c'est d'amender le règlement. Mais encore une fois, il ne
s'agit pas de chercher à les définir autrement que de la
façon usuelle et conventionnelle qu'on définit ailleurs. Il faut
être logique. Si on veut s'aligner sur les autres, il faut se donner la
possibilité aussi de s'aligner sur les autres chaque fois qu'ils
changent quelque chose. Cela semble avoir du bon sens.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions, M. le
député? M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Très courte question, M. le Président.
Présentement, les courses de chevaux qui se tiennent au Québec
sont régies jusqu'à quel point par la CTA, la Canadian Trotting
Association?
M. Parizeau: Quant aux courses, elle domine, en somme,
complètement, si on peut dire, les courses sous harnais.
M. Goulet: Une fois que cette loi va être adoptée,
s'il y avait des règlements qui ne seraient
pas tout à fait conformes avec ceux de la CTA, qu'est-ce qui se
passerait? Vous allez dire: c'est une hypothèse, M. le Président.
Je sais que je suis...
M. Parizeau: Non, c'est une bonne question. Ce sont, à ce
moment-là, les dispositions de la régie qui primeraient,
évidemment, puisque la régie est la loi du pays.
M. Goulet: Je ne sais pas, si c'est déjà
régi, j'aimerais, peut-être, un argument de fond dans lequel le
ministre pourrait me dire pourquoi on vote une telle loi si c'est
déjà régi par une loi fédérale.
M. Parizeau: Non, la Canadian Trotting Association...
M. Goulet: Ce n'est pas une loi.
M. Parizeau: ... ce n'est pas une loi fédérale.
M. Goulet: C'est une association.
M. Parizeau: D'hommes de chevaux.
M. Goulet: D'hommes de chevaux, point final. Le gouvernement n'a
rien à voir là-dedans; il n'y a pas de... parfait, d'accord.
Alors, à ce moment-là, ce serait cette loi qui
prévaudrait?
M. Parizeau: C'est cela; qui prend la place. Je voudrais quand
même, ici, corriger un peu, peut-être, l'atmosphère dans
laquelle notre débat, M. le Président, se tient. Sur le principe
même de remplacer la juridiction de la Canadian Trotting Association par,
justement, une loi comme celle que nous discutons, on a des appuis qui viennent
de l'industrie elle-même. Je vous cite, par exemple, le premier
paragraphe du mémoire que les pistes de courses Richelieu nous ont
envoyé: "Nous avons pris connaissance du projet de loi 67, créant
une nouvelle Régie des courses au Québec et désirons
féliciter votre gouvernement de son initiative. En effet, nous
réclamions depuis longtemps la création d'une Régie des
courses pour accomplir les fonctions essentielles jusqu'ici remplies par un
organisme privé contrôlé par les participants
eux-mêmes". Est-ce que c'est assez clair?
M. Goulet: M. le Président, une dernière question.
Des gens qui accompagnent le ministre vont sûrement répondre. Dans
les buts, ou les règlements, visés par le projet de loi actuel,
à quel pourcentage cela peut-il être conforme aux
règlements de la Canadian Trotting Association? Jusqu'à quel
pourcentage? Est-ce que cela vise à 100%, 50% ou?
M. Parizeau: C'est assez voisin... M. Goulet: Non, mais
grosso modo.
M. Parizeau: En pourcentage, cela serait un peu difficile, mais
pour l'essentiel...
M. Goulet: En général, c'est la même chose.
M. Parizeau: ... c'est très très loin. M. Goulet:
Correct.
M. Parizeau: Mais j'hésiterais à mettre un
pourcentage.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais apporter une
réserve. Est-ce qu'il serait possible de suspendre l'application du
paragraphe j), la règle, parce qu'on va y revenir à l'article
20.
Le Président (M. Jolivet): Dans ce sens, il serait
peut-être mieux de suspendre l'adoption de l'article 1 au complet et on
pourrait revenir, ensuite, après votre...
M. Raynauld: J'étais disposé à adopter le
reste.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, il faut adopter l'article au complet. L'article 1 est suspendu pour le
moment.
Régie des loteries et courses
L'article 2.
M. Raynauld: Le paragraphe j).
Une Voix: Est-ce g) ou j)?
Le Président (M. Jolivet): j) M. le ministre.
M. Parizeau: L'article 2 baptise l'institution, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je suis prêt à
verser l'eau.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse, le vin. Adopté. L'article 3, M. le ministre.
M. Parizeau: II établit le siège social, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député d
Outremont.
M. Raynauld: Je suis d'accord, mais il n'établit pas le
siège social, cet article.
M. Parizeau: Oui: un endroit déterminé par le
gouvernement.
M. Raynauld: Justement, oui. Il ne fixe pas l'endroit.
M. Parizeau: Historiquement, cependant, il y a un
arrêté en conseil qui, il y a déjà quelques
années, a établi le siège social à Montréal,
celui de la vieille régie.
M. Raynauld: De la vieille régie, alors, vous avez
l'intention de continuer.
M. Parizeau: II n'y a pas d'intention particulière
à l'heure actuelle d'envoyer cela ailleurs.
M. Raynauld: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: La régie peut tenir ses séances à
tout endroit au Québec. Je ne vois pas pourquoi. Est-ce qu'il y a des
règlements dans d'autres compagnies qui disent que toutes les
réunions doivent être tenues au siège social. Non?
M. Parizeau: Ah si!
M. Goulet: Oui?
Une Voix: Oui! oui!
M. Goulet: II y a certaines lois? Ah bien! C'est nouveau.
M. Parizeau: II y a certaines lois. Enfin je parle de
mémoire, ici. Je me souviens de lois passées, il y a 10 ans ou 15
ans, où, effectivement, tout devait se passer au siège social. Il
n'y avait pas de disposition comme celle-là. Cela peut, dans un certain
sens, être un peu redondant, mais cela permet d'autoriser effectivement
de tenir... Alors, c'est tout endroit au Québec.
Le Président (M. Jolivet): L'article 3 adopté. A
l'article 4, il y a un amendement. L'amendement, à l'article 4, c'est de
le modifier par le remplacement du mot "régisseur" par le mot "membre".
Or, je relis pour les besoins du journal des Débats: L'article 4 est
modifié par le remplacement du mot "régisseur" par le mot
"membre" a) dans la première ligne des deux premiers alinéas, b)
dans la deuxième ligne du troisième alinéa et c) dans la
troisième ligne du quatrième alinéa.
On peut discuter d'abord de l'amendement.
M. Parizeau: II s'agit tout simplement de ramener la description
des membres de la régie à quelque chose de plus conventionnel,
dans nos lois, à l'heure actuelle. On a tendance à utiliser moins
le mot "commissaire", quand il s'agit d'une commission, et "régisseur",
quand il s'agit d'une régie.
M. Raynauld: Je suis entièrement d'accord. En fait, je
suis heureux que ces amendements aient été apportés parce
que, moi aussi, je trouvais qu'on exagérait les titres de
régisseur, commissaire, policier officier, on en a de toutes les sortes.
Toutes ces sortes de titres ne servaient à peu près aucun
intérêt, sauf, celui, habituellement, de ceux qui étaient
là. Je suis heureux d'appuyer cet amendement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Là c'est sur l'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui. Donc l'amendement est
adopté. Je demanderais le vote pour les besoins du journal des
Débats. Vous allez avoir plusieurs amendements où c'est de la
concordance, maintenant, en regard de cet amendement adopté. Donc, j'en
ferai mention chaque fois qu'on passera aux articles où il est question
de changer le mot "régisseur" pour le mot "membre". L'article
lui-même, M. le ministre.
M. Parizeau: Alors, il s'agit donc de la détermination du
nombre de membres et de la désignation d'un président et d'un
vice-président, à même les 5 membres. On indique que l'un
de ces membres doit être un juge de la Cour provinciale ou de la Cour des
sessions de la paix. On indique un certain nombre de précisions quant
à leur terme et à leurs émoluments. Vous constaterez que,
conformément à une série d'autres lois que nous avons
votées récemment, les mandats de 10 ans commencent à
passer de mode. On revient à des mandats plus courts: 5 ans pour la
présidence, 3 ans pour les membres. Toujours dans cette optique, on a
constaté dans d'autres lois que 10 ans, c'est bien long, et qu'il n'est
pas mauvais qu'on puisse plus souvent et périodiquement
réévaluer les performances de l'organisme et de sa gestion.
Des représentations m'ont été faites; on aurait
voulu que l'on assigne, que l'on tire chacun des membres d'une profession
déterminée, qu'il soit indiqué dans la loi qu'un membre
doit venir de tel groupe, qu'un membre doit venir de tel autre groupe. Je n'ai
pas voulu me rendre à ce type de représentation pour la raison
suivante; c'est que, dans un organisme qui, à toutes fins pratiques, n'a
que cinq membres, il faut éviter de se geler. Il est tout à fait
possible que quelqu'un puisse rendre des services tout à fait
considérables au niveau d'une régie comme celle-là et
qu'il ne tombe pas dans les catégories qu'on aurait établies dans
la loi. Dans ce sens, je préfère que, sauf pour définir
que l'un des cinq membres doit être un juge, pour le reste, on nomme ceux
qui semblent être le mieux à même d'aider la régie
dans sa gestion et dans ses activités.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai été quand
même un peu sensible aux représentations auxquelles le ministre
vient de faire allusion. Sans aller jusqu'à accepter ces
représentations dans leur forme actuelle, est-ce qu'il ne serait quand
même pas opportun d'indiquer, même si, à certains
égards, cela pourrait aller de soi, est-ce qu'il ne serait pas bon
d'indiquer, compte tenu justement qu'il s'agit d'un nouveau champ dans lequel
le gouvernement entre, que ces membres seront quand même des gens qui
vont connaître les milieux, qui ne vont pas nécessairement
être tirés de l'industrie elle-même, mais qui seraient
nommés pour une expertise spéciale qui se rapporterait justement
à l'industrie dont ils sont censés réglementer les
activités? J'ai pensé, à cet égard, à un
amendement possible. Je ferai, comme pour l'article 1 tout à l'heure. Je
vais le lire, simplement pour préciser l'idée, sans en faire un
dépôt formel. Cet amendement se lirait à peu près
comme ceci, tout de suite après le deuxième paragraphe, et je
peux le lire comme suit: "Au moins un des régisseurs doit être
juge de la Cour provinciale ou de la Cour des sessions de la paix, et au moins
trois d'entre eux doivent être choisis pour leurs connaissances du milieu
des courses de chevaux."
Je ne cherche pas à avoir quelque chose qui serait très
restrictif. On aurait pu penser à des nominations après
consultation des milieux intéressés, cela se fait dans beaucoup
de cas. Sans aller jusque-là parce que je pense qu'il est bon de
conserver de la flexibilité dans ces matières est-ce que
l'amendement que je viens de lire ne serait pas un compromis souhaitable dans
les circonstances?
En second lieu, je voudrais mentionner que, la semaine dernière,
nous avons discuté brièvement de l'opportunité de
créer un conseil consultatif de l'industrie des courses de chevaux et
que le ministre a réagi à cette suggestion en disant que,
lorsqu'il reverrait les activités de SODIC, à ce moment, il
prendrait une décision et il verrait si, justement, ce ne serait pas
opportun de créer un tel conseil. Si un conseil comme celui-là
était créé, peut-être qu'à ce moment, cela
pourrait fournir les ressources nécessaires pour que cet organisme donne
des avis au ministre, à titre consultatif bien sûr, dans la
nomination des membres de cette régie. Encore une fois, je ne peux
vraiment pas lier les deux choses ensemble, puisque, si on doit envisager cette
question à propos d'un autre projet de loi, cela peut être
difficile d'y faire référence ici. Je voulais simplement
suggérer cette idée que, s'il y avait un conseil consultatif, ce
conseil consultatif pourrait peut-être donner un avis, encore une fois
à titre consultatif, au ministre, dans le cas de la nomination des
membres de la régie.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: C'est ce à quoi je faisais allusion tout
à l'heure, dans le sens d'une rigidité dangereuse dans le
libellé de cet article. Dans la proposition qui est faite par le
député d'Outremont, il dit: trois personnes tirées du
milieu des courses. Il y a cinq membres, un président, un
vice-président et trois membres qui seraient sortis de l'industrie des
courses. (17 h 15)
Or, cette régie doit surveiller toutes les loteries
privées, tous les concours commerciaux publicitaires, tous les appareils
d amusement. Elle lève des taxes. Elle livre les permis.
C'est-à-dire que c'est une régie passablement polyvalente. Si on
voulait vraiment avoir cette idée de représentation au conseil,
ce n'est pas là qu'il faut aller. C'est un membre représentant
ceci et un membre représentant autre chose et un troisième membre
représentant... On est gelé avec un truc comme celui-là. D
autant plus que, dans le recrutement du personnel, il va y avoir aussi
l'expression en tout cas, c'est plus que souhaitable, il faut que ce
soit ça de compétence véritable. Il est
évident, par exemple, que... Tenez, la personnalité, la
connaissance, l'expertise du surintendant des courses ne doivent pas être
négligeables dans un organisme comme celui-là.
A tous égards, je dis: Laissons le gouvernement nommer ces cinq
membres, en espérant que le gouvernement n'est pas complètement
tombé sur le crâne et qu'il ne va pas nommer là
exclusivement des chanteurs d'opéra. C'est ça que je veux dire.
Quand on crée la Société nationale de l'amiante, on
n'indique pas spécifiquement qu'on espère que les gens qu'on va
nommer au conseil connaîtront un peu quelque chose là-dedans.
C'est plus que l'espérer; on essaie de faire en sorte que... Ce serait
vraiment, dans ce cas, une innovation assez étonnante par rapport
à beaucoup peut-être pas toutes de nos lois, que de
commencer à dire que, pour siéger à un conseil
d'administration, il faut connaiître quelque chose dans la question. Il
me semble que ça va de soi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont, avez-vous terminé?
M. le député de Bellechasse?
M. Goulet: A la suite des propos que vient de tenir le ministre
des Finances, où il a dit: Le gouvernement nommera cinq membres, le
gouvernement nommera le président et le vice-président les trois
autres membres seront nommés par qui?
M. Parizeau: Par le gouvernement, comme partout. Écoutez!
C'est vrai de nos régies et de nos commissions. C'est une des
caractéristiques de l'Exécutif que de procéder ainsi. .
Raynauld: La responsabilité du cabinet, ce sera...
M. Goulet: Vous avez dit: La régie se compose de cinq
membres, dont un président et un vice-président, d'accord,
il y a la virgule nommés par le gouvernement. Cela veut dire les
cinq membres nommés par le gouvernement, dont...
M. Parizeau: C'est ça. M. Goulet: D'accord!
M. Parizeau: C'est: Les cinq membres nommés par le
gouvernement, dont un président et un vice-président.
M. Goulet: Bon!
M. Parizeau: On aurait pu mettre ça entre
parenthèses, si vous voulez, le président et le
vice-président.
M. Goulet: Le ministre a dit également, M. le
Président, que si nous nommons un président et un
vice-président et que les trois autres membres doivent venir de
l'industrie...
M. Parizeau: Des courses.
M. Goulet: ... à la suite de l'argumentation, il n'y a
rien qui empêche le juge, par exemple, de la Cour provinciale
d'être quelqu'un qui connaît les courses. Cela n'enlève
rien.
Maintenant, dans le même sens des propos du député
d'Outremont, quoiqu'il n'en ait pas fait un amendement, vous vous rappelez sans
doute que la semaine dernière, j'avais argumenté
là-dessus. Il me semble, sans aller jusqu'à trois... On se fie
sur la bonne foi du gouvernement également. Je ne sais pas si on a
toujours raison, mais, en tout cas, pour la nomination de ces cinq personnes,
sans aller jusqu'à trois, d'avoir au moins un membre qui soit
nommé, je ne sais pas, après consultation avec les hommes de
chevaux de courses ou avec les hippodromes, les propriétaires qui sont
impliqués directement dans le milieu. Là, il n'y en a même
pas un.
J'imagine que vous allez nommer des gens qui sont là-dedans, mais
pourquoi ne pas s'assurer qu'il va y en avoir au moins un qui serait
désigné par eux? Pas cinq, pas geler tout le conseil, mais en
avoir au moins un après consultation ou qui serait choisi soit par les
hommes de chevaux de courses, soit par les propriétaires d'hippodromes,
en tout cas, ceux qui sont dans le milieu?
M. Parizeau: Un instant! Il faut établir une distriction
entre "désigné par" et "consulté". "Désigné
par", ce serait quelque chose de tout à fait nouveau dans notre
système. Alors, qu'une régie, une commission, un groupe
désigné un régisseur ou un commissaire, je n'affirmerais
pas de mon siège qu'il n'y a pas de ces cas, mais je n'ai jamais vu
ça.
M. Goulet: Après consultation. D'accord, vous allez
consulter...
M. Parizeau: D'accord! Pour ce qui a trait aux consultations,
c'est évident qu'on consulte avant de... S'il y a une chose que
l'Exécutif fait toujours avant de procéder à des
nominations comme celles-là, c'est de consulter.
M. Goulet: Oui, M. le Président, ce que je voulais dire au
ministre, lorsqu'il a été question de nommer, par exemple, le
président du financement des partis politiques, le ministre sait fort
bien que trois personnes ont été nommées après
consultation, mais la personne qui a été désignée
après consultation, le nom, c'est devenu une personne officielle, quels
que soient les trois membres qui ont été nommés
là-dessus.
Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas pareil pour...
M. Parizeau: Pour une raison fondamentale, c'est que le
président des élections et le président du financement des
partis politiques relèvent de l'Assemblée nationale, non pas de
l'Exécutif.
M. Goulet: Non. Je comprends. Mais si on l'a fait dans ce cas,
pourquoi ne pourrait-on pas le faire...?
M. Parizeau: Parce que ce qui relève de l'Exécutif
relève de l'Exécutif et ce qui relève de
l'Assemblée nationale relève de l'Assemblée nationale.
M. Goulet: Exemple?
M. Parizeau: Ce n'est pas un exemple. C'est une différence
de nature. C'est que ceux qu'on nomme au nom de l'Assemblée nationale et
qui relèvent non pas de l'Exécutif mais de l'Assemblée
nationale seulement doivent impliquer une consultation formelle avec chacun des
partis, cela va de soi, puisque ce n'est pas du gouvernement qu'ils
relèvent, c'est de l'Assemblée. Ce n'est pas une
différence de degrés. Ce sont des animaux complètement...
si je puis m'exprimer ainsi, dinstinc-tifs.
M. Goulet: Pour terminer, le député d'Outremont
demandait trois personnes. Peut-être que je trouve cela aller un peu
loin, mais il me semble en tout cas qu'au moins une personne pourrait
être désignée par ces gens au moins une parce
que l'industrie des chevaux de courses au Québec, c'est l'épine
dorsale de ce projet de loi quoiqu'on veuille attribuer cela probablement
à d'autres sortes de courses. Il me semble que cela serait assez
logique, au moins, d'inclure dans la composition des cinq personnes qui feront
partie de la régie, de s'assurer qu'il y en ait un au moins qui
connaisse les courses au Québec.
M. Parizeau: J'espère beaucoup que, lorsque ces
nominations auront été faites, l'industrie trouvera que le
gouvernement a été sage. Si on introduisait un tel
précédent dans nos régies, on pourrait arriver à de
drôles de choses.
L'industrie du camionnage est l'assise même du transport autre que
ferroviaire au Québec. Je sais bien qu'on n'est pas pour poser le
principe que les camionneurs ou que l'industrie du camionnage
désigneraient un membre sur la Régie des transports. On
espère, lorsqu'on nomme les régisseurs des transports, qu'ils ne
découvrent pas les camions pour la première fois dans leur
vie.
M. Goulet: C'est correct.
M. Raynauld: Je ne sais pas si on ne pourrait pas s'en tenir
simplement, non pas à une désignation par des organismes, parce
que cela est une proposition que je trouve abusive, mais entre une
désignation par un organisme qui est censé être assujetti
à une régie et une nomination par le gouvernement en fonction de
certains critères, il y a une grande marge, et je ne sais pas si le
ministre se rend compte que ce qu'on veut faire par une telle chose,
peut-être qu'effectivement trois, c'est peut-être un peu trop
également, même avec la formulation que je lui ai donnée,
mais ce que nous mettons de l'avant, c'est la possibilité de
sécuriser des gens qui sont soumis pour la première fois à
une régie gouvernementale et qui n'ont pas cru, à tort ou
à raison, qu'ils avaient été des participants à
part entière dans la préparation du projet de loi, qu'ils n'ont
pas eu le bénéfice de se faire entendre à une commission
parlementaire, des gens qui ne sont pas habitués à faire affaires
avec le gouvernement du Québec, une telle mesure n'aurait-elle pas
été un geste qui n'engage pas l'avenir puisque je serais
prêt à réduire le nombre de trois?
Quand on dit: "... choisies pour leur connaissance du milieu des courses
de chevaux..." De toute façon, le gouvernement va le faire. Moi aussi,
je pense qu'un gouvernement, qui est un peu responsable, ne nommera pas des
régisseurs ou des membres d'une telle corporation en les choisissant
parmi, comme l'a dit le ministre, les chanteurs d'opéra.
Je pense que cela va de soi, mais il ne s'agit pas de cela. Il ne s'agit
pas de mettre en doute la compétence et la bonne foi du gouvernement. Il
s'agit de voir si, à cause des circonstances particulières dans
lesquelles on se trouve vis-à-vis de cette industrie, actuellement, cela
ne serait pas un geste qui permettrait aux gens concernés par ce projet
de loi d'envisager ces changements avec une confiance un peu plus grande, avec
un sentiment de sécurité qui ne va pas, comme dans bien d'autres
cas, bien d'autres décisions qui ont été prises par ce
gouvernement, engendrer des réactions négatives. C'est
arrivé dans d'autres domaines, même quand ce n'est pas la faute du
gouvernement, mais c'est arrivé dans d'autres cas où des actions
du gouvernement sont mal comprises et ou peuvent susciter des réactions
excessives.
Je dis que peut-être un amendement comme celui-ci permettrait de
faciliter cette transition vers un régime qui est complètement
différent de celui qu'ils ont connu avec, encore une fois, une
présence gouvernementale qu'ils n'ont jamais connue et dont ils ne
mesurent pas encore toute l'ampleur. D'ailleurs, à leur corps
défendant, je ne suis pas loin de penser comme eux, qu'il y a des
dangers énormes à ce genre d'action gouvernementale. Cela va
dépendre beaucoup des hommes qui seront choisis, cela va dépendre
de la façon dont une loi comme celle-ci va être appliquée.
Les pouvoirs, je pense que le ministre va l'admettre, sont énormes.
M. Parizeau: Par rapport à quoi?
M. Raynauld: Par rapport à ce qui existait auparavant dans
cette industrie. C'est une industrie qui n'était pas
réglementée.
M. Parizeau: Pardon?
M. Raynauld: Elle était réglementée par les
participants eux-mêmes. C'étaient les gens eux-mêmes qui
décidaient des règles. C'étaient les gens eux-mêmes
qui se nommaient des officiers et qui pouvaient les démettre s'ils
n'étaient pas contents. Ils faisaient cela eux-mêmes. Tout
à coup, il s'agit d'un corps public qui a le pouvoir de la loi et qui se
substitue à cette association. Même si les gens sont d'accord sur
le principe de cette substitution du gouvernement à leur association ou
à des associations qu'ils ont formées pour cette fin, même
s'ils sont d'accord sur le principe, dis-je, on peut admettre et on peut
comprendre que ces gens-là soient dans une certaine incertitude quant
à la façon dont ces choses vont se produire, sans compter,
d'ailleurs, que dans le projet de loi il n'y a pas seulement des mesures de
réglementation qui peuvent être considérables et qui
peuvent aller très loin sans qu'on le sache, puisque cela dépend,
encore une fois, des règlements et des règles on y
reviendra plus loin mais en plus comporte aussi des mesures fiscales sur
lesquelles je reviendrai plus loin. Une nouvelle, je veux dire.
M. Parizeau: Là, l'impression générale qui
se dégage, c'est qu'on est en train de monter quelque chose de
dangereux, possiblement de monstrueux, probablement d'arbitraire. Je n'aime pas
beaucoup le choix des mots. Cela ferait une peur terrible à des gens
qui, par exemple, ne peuvent pas ignorer l'existence de l'Ontario Racing
Commission, qui, soit dit en passant, a des pouvoirs qui vont, à
certains moments, bien plus loin que notre loi. On trouve, par exemple, des
choses comme ceci; là je vous rappelle que c'est ontarien, c'est en
anglais, donc c'est sérieux: "The body corporate known as the Ontario
Racing Commission... ' C'est l'article 2 de la loi The Racing Commission Act.
"The body corporate known as the Ontario Racing Commission established under
the Racing Commission Act 1950, is continued and shall be composed of not fewer
than three and not more than seven members appointed by the Lieutenant-Governor
in Council". Et voilà. C'est la règle dans toutes les commissions
de courses. Qu'on commence à dire maintenant que c'est effrayant ce que
les gens peuvent avoir peur que le gouvernement fasse des nominations abusives
ou anormales, je vous avouerai franchement que j'ai de la difficulté
à suivre cela. Quant à dire qu'une des raisons pour lesquelles on
se méfierait, c'est qu'on aurait eu l'impression de ne pas être
consulté. Là-dessus, M. le Président, je rappelle que
c'est moi le premier, dans ce débat, sur l'article 4, qui ai
soulevé justement les représentations qui m'ont été
faites tout de suite et en
partant. Donc, je n'essaie pas de les cacher, je les ai
mentionnées.
Troisièmement, la seule façon véritable de
convaincre les gens de l'industrie que nous sommes des gens sérieux, ce
n'est pas de réserver un poste ou des consultations pour un poste sur
cinq, parce que cela peut être un petit velours passager pour
aujourd'hui, mais c'est de voir apparaître les cinq membres et de se
rendre compte que le gouvernement n'a pas fait de folies. C'est cela qui va les
sécuriser. Ce n'est pas le fait que pendant cinq minutes on dit: Sur un
poste en particulier, on a ajouté un petit "giddy".
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: M. le Président, je reviens un peu en
arrière. Est-ce que cette loi pourrait réglementer aussi les
courses d'automobiles, de "stock car", Grand Prix, où il y a un prix,
où il y a des bonis ou des grands prix à gagner où
même des courses de motoneiges. On en voit beaucoup, surtout avant... ou
même des courses d'avions. Il y en a quelques-unes. (17 h 30)
M. Parizeau: Cela pourrait être le cas, mais ce n'est pas
prévu pour le moment; il n'y a rien d'envisagé à cet
égard.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions sur
l'article 4? M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Ce n'est pas mon intention d'éterniser les
débats, mais, en vertu de l'article 96, je voudrais soulever une petite
question de règlement quant à l'interprétation qu'on a
donnée. J'avais bien dit tantôt nommé "par" ou
"après consultation" avec des gens du milieu et j'avais même
ajouté, à ce moment-là, que le mot "par " allait
peut-être trop loin, mais j'argumentais sur les mots "après
consultation".
M. Parizeau: Ah bon!
M. Goulet: C'est parce que le député d'Outremont
l'avait compris d'une autre façon. C'est pour le journal des
Débats, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): L'article 4 est donc
adopté tel qu'amendé. Article 5, M. le ministre.
M. Parizeau: II s'agit essentiellement de l'identification dans
une seule personne, comme on le voit aussi assez souvent dans nos lois, du
président et du directeur général.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je n'ai aucun commentaire, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): A l'article 6, l'amendement de
concordance est déjà adopté pour changer le mot
"régisseur" par le mot "membre". M. le ministre.
M. Parizeau: II s'agit essentiellement des modes de nomination et
de rémunération selon la Loi de la fonction publique.
Le Président (M. Jolivet): M. le député d
Outremont.
M. Parizeau: Je m'excuse, il y a un renseignement additionnel qui
est important. Evidemment, cela assure aussi la permanence et la
continuité de l'ancienne régie, il y a des gens dans l'ancienne
régie.
M. Raynauld: De quelle façon, M. le Président?
M. Parizeau: Ils étaient membres de la fonction publique
et ils continuent de l'être.
M. Raynauld: Oui et il y en a un qui a été
nommé pour dix ans, le président.
M. Parizeau: Non, non, je parle du personnel.
M. Raynauld: Du personnel. Mais l'article 6 se rapporte au
régisseur.
M. Parizeau: Excusez-moi, M. le Président, j en
étais à 7. Excusez-moi, c'est une erreur. Pardon. J'avais
sauté un article.
Tout ce que cela indique, c'est que, s'il n'y a pas une nomination
immédiatement à l'expiration du mandat, le membre demeure en
fonction jusqu'à ce qu'il y en ait un autre de nommé. Là
encore, c'est une formule bateau.
M. Raynauld: A propos de l'article 6, la question que je voulais
poser, c'était que, justement, une personne est nommée pour dix
ans, elle est encore en fonction...
M. Parizeau: Oui.
M. Raynauld: A ce moment-là, qu'est-ce qui se passe
à ce sujet-là? Il y a un autre article de transition à la
fin, je suppose.
M. Parizeau: Analogue à ce qu'on avait dans
Loto-Québec.
Une Voix: 127.
M. Parizeau: Un membre de la régie nommé en vertu
de l'article 4 de la Loi sur les loteries et courses de 1969 reste en fonction,
malgré la présente loi, jusqu'à l'expiration de son
mandat. C'est la formule des droits acquis.
M. Raynauld: Jusqu'à l'expiration de leur mandat.
M. Parizeau: De son mandat. M. Raynauld: S'il y en a un
seul.
M. Parizeau: Bien oui. S'il y en avait plusieurs...
M. Raynauld: Combien y en a-t-il? M. Parizeau: II y en a
trois. M. Raynauld: Trois sur cinq.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Une petite question. Lorsqu'il n'est pas nommé
de nouveau, il peut quand même demeurer en fonction deux ou trois ans,
à ce moment-là, pourquoi cela ne devient-il pas automatique,
c'est-à-dire que, s'il n'a pas été changé à
la date ou s'il n'a pas été avisé à la date
où il n'est plus en fonction, il recommence pour un autre mandat de cinq
ans? Non? Je ne vois pas pourquoi le... Ou on le change ou on ne le change
pas.
M. Parizeau: Je ne pense pas à la régie en pensant
à cela. Je pense à un certain nombre de cas d'autres
régies ou d'autres sociétés d'état.
M. Goulet: Ils peuvent être tous par intérim
à un moment donné, n'est-ce pas?
M. Parizeau: Oui, cela arrive.
M. Goulet: Oui, c'est le problème qu'on connaît. Ce
n'est peut-être pas un problème, remarquez bien.
M. Parizeau: Ce qu'il y a, c'est que cela correspond très
souvent. Je vais essayer d'expliquer ce dont il s'agit, pas dans le cas de la
régie en particulier, mais pour d'autres sociétés d Etat
où j'ai vu le même phénomène se produire. Il peut se
produire deux choses, ou bien le gouvernement a l'intention de maintenir un
conseil d'administration, en termes neutres, d'une société d'Etat
à peu près comme il est constitué, un mandat de quel-qu un
vient à échéance, il est renouvelé ou bien il n'est
pas renouvelé; on a mis immédiatement quelqu'un d'autre et c'est
une personne dans tout le conseil; le conseil va bien et on se dit; II va
continuer comme cela.
Il arrive d'autres moments où on préfère effectuer
un changement important du conseil d'administration, un renouvellement sur le
conseil d'administration. A ce moment-là, on attend que le mandat de
l'un soit terminé, et on le prolonge encore pendant quelques mois, et le
mandat d'un second vient à échéance, et on le prolonge
encore un peu. Et quand à peu près tous les mandats sont ainsi
terminés, on procède au changement du conseil d'administration au
complet.
Cela devient essentiellement une question de commodité pour le
gouvernement de se dire: Est-ce que j'assure une continuité dans un cas?
Est-ce que, dans un autre cas, il est temps de faire un changement important?
Avec une clause comme celle-là, toutes les options sont ouvertes au
gouvernement. Avec la formule qui est proposée par le
député de Bellechasse, la deuxième opération ne
serait plus possible. Et je connais quelques conseils d'administration de
sociétés d'Etat où cela nous aurait créé des
problèmes. Je comprends bien pourquoi cette formule sacramentelle
apparaît dans presque toutes nos lois.
M. Goulet: Mais, M. le Président, au troisième
paragraphe de l'article 4, on pourrait prévoir cela. Quelqu'un n'est pas
nommé automatiquement pour trois ans ou cinq ans. Il est nommé
pour une période ne dépassant pas... Cela veut dire qu'on peut
nommer quelqu'un aujourd'hui, on peut en nommer un autre dans un mois, un autre
dans cinq mois; alors que celui qu'on nommera dans cinq mois, on peut le nommer
pour deux ans et sept mois. On pourrait le faire. Il n'est pas nommé
automatiquement.
M. Parizeau: C'est vrai.
M. Goulet: A ce moment-là...
M. Parizeau: Alors là, cela reviendrait au même. A
l'article 6, vous pouvez toujours faire cela si, à toutes fins
pratiques, il est nommé jusqu'à ce que vous l'ayez
remplacé, si son mandat est expiré. Cela revient à
cela.
Le Président (M. Jolivet): Cela va? M. Goulet:
Oui.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'article 6, tel
qu'amendé, est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 7, M.
le ministre.
M. Parizeau: C'est ce que je commentais tout à l'heure par
anticipation. Je m'excuse. Le secrétaire et les membres du personnel de
la régie sont membres de la fonction publique, nommés et
rémunérés suivant la loi. Le personnel en place, son
statut n'est pas changé et celui qui entrera dans l'avenir aura le
même statut.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je n'ai que des questions à poser à ce
sujet. Est-ce qu'il y aura un nouveau corps créé au sein de la
fonction publique pour ce personnel ou est-ce qu'il y a des catégories
qui
s'appliquent déjà à ce personnel nouveau? Le
ministre a dit que les employés seront rémunérés
suivant la loi. J'aurais aimé qu'il soit un peu plus spécifique
à cet égard. Quel va être le mode de
rémunération dans ce cas-ci? Troisième question: Est-ce
qu'il existe des estimations aujourd'hui sur les effectifs qui seront requis
pour appliquer cette loi?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: Première question. La Commission de la
fonction publique, effectivement, est en train de voir s'il y a lieu
d'établir une nouvelle catégorie, soit pour les juges de courses
ou quelque chose comme cela. Mais dans l'ensemble, il faut bien comprendre que
l'essentiel, c'est du personnel de bureau, donc qui tombe dans les classes ou
les groupes de la fonction publique automatiquement, pour la majeure partie du
personnel. Mais évidemment, c'est la Commission de la fonction publique
qui se penche sur ce problème. Nous ne pouvons pas intervenir. C'est
elle qui décide.
Deuxièmement, pour ce qui a trait aux salaires, ce sont les
salaires de la fonction publique. Une sténodactylo, en vertu de la
convention collective, gagne tant à tant de barreaux. A la régie,
elle gagnera la même chose.
M. Raynauld: Les juges de courses et les inspecteurs, ce n'est
pas du personnel de bureau. Cela n'existe pas ailleurs.
M. Parizeau: Non. C'est la raison pour laquelle la Commission de
la fonction publique doit statuer là-dessus. C'est déjà
chez elle. La commission a déjà ce problème entre les
mains. Elle va avoir à déterminer si elle crée un cadre ou
pas. Je vous rappelle que ce n'est pas à nous de faire cela. Ce n'est
pas au gouvernement. Le gouvernement, en tant que tel, n'a pas de
contrôle là-dessus.
M. Raynauld: Oui.
M. Parizeau: II arrive, par exemple, que la Commission de la
fonction publique, devant une fonction qui apparaît comme étant
nouvelle, vous dise: Aux fins des corps de carrière ou des corps de...,
on les identifie à... C'est leur décision. Cela n'a pas d'appel.
On ne peut pas interjeter appel de cela.
M. Raynauld: Mais ce seront des fonctionnaires?
M. Parizeau: Des fonctionnaires.
M. Raynauld: Donc, ils auront les mêmes avantages que les
autres fonctionnaires. Ce seront des gens nommés à temps plein,
avec...
M. Parizeau: Un instant. Non. La question de la nomination
à temps plein des juges de courses n'est pas encore
déterminée. C'est en fonction du plan d organisation quand il va
sortir. La question du temps plein pour les juges de courses n'a pas encore
été soulevée.
M. Raynauld: Ma dernière question concernait les effectifs
requis pour l'application de cette loi. Y a-t-il eu des études de
faites?
M. Parizeau: Le plan d'organisation est prêt, à ce
qu'on me dit, et il a été envoyé au Conseil du
trésor. Comme pour tous les plans d'organisation de toutes ces choses,
le Conseil du trésor se penche sur cela et examine cela poste par poste.
Les personnes qui m'accompagnent me disent: II coupe cela en trois.
Lorsque le plan d'organisation aura été accepté
avec amendements par le Conseil du trésor, à ce moment-là,
la régie le reçoit et doit rester dans ces effectifs-là.
Cela suit en somme la procédure régulière de toute loi au
ministère.
M. Raynauld: Des estimations ont-elles été faites?
Pourrait-on avoir un ordre de grandeur?
M. Parizeau: Non, là, je suis en conflit total
d'intérêt, M. le Président. Si le ministre du Revenu
lançait un chiffre sur la table et qu'ensuite, comme président du
Conseil du trésor, il constatait qu'il devait le couper en trois...
M. Raynauld: II aurait été quand même utile
de savoir... Quand il s'agit d'approuver une loi, au-delà des blagues
qu'on peut faire là-dessus, il reste qu'il me semble que ce serait
normal qu'on sache un peu s'il s'agit de mille personnes ou s'il s'agit de
trois personnes.
M. Parizeau: Ce que je pourrais faire, c'est que, quand le plan
d'organisation aura été approuvé par le Conseil du
trésor, on pourrait en envoyer un exemplaire aux membres de la
commission.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Deux courtes questions.
Est-ce que, dans l'esprit du ministre les mots "nommé", "choisi" ou
"sélectionné" sont des synonymes?
M. Parizeau: Où cela?
M. Goulet: La deuxième ligne de l'article 7. Il peut
être choisi et nommé. Vous savez où je veux en venir,
n'est-ce pas? C'est-à-dire, est-ce que la fonction publique peut nommer
les gens?
M. Parizeau: C'est-à-dire...
M. Goulet: Je m'explique, si M. le ministre me permet. Est-ce
qu'on a un concours identique à la fonction publique qui fait la
sélection du candidat et ensuite le nomme? C'est ce que je veux dire.
Est-ce que cela va de soi? Tout le processus.
M. Parizeau: Tout le processus prévu par la Loi de la
fonction publique est suivi, là-dedans, enfin, à l'égard
de la régie, comme pour tout le reste du gouvernement. Il n'y a pas
d'originalité quelconque là-dedans.
M. Goulet: Deuxième question, M. le Président. Le
projet de loi dont nous discutons actuellement et également dans la loi
68 que nous avons adoptée la semaine dernière, avant cela,
c'était sous le même chapeau que la régie, si vous voulez.
On a divisé cela.
En 1976, j'en avais parlé au ministre, il y avait 163
employés qui travaillaient pour cet organisme, Loto-Québec.
Il y en avait combien, approximativement, dans ce groupe, qui avaient
les tâches qu'ils auront actuellement, suite à la loi 68?
M. Parizeau: II y a seulement là une
ambiguïté. La Loto-Québec... La confusion vient de ceci et
il faudrait peut-être expliquer pour que tout le monde comprenne. On a
déjà eu une passe d'armes, le député de Bellechasse
et moi là-dedans, on ne s'était pas compris.
M. Goulet: Je veux y revenir.
M. Parizeau: L'ancienne loi avait une section qui portait sur la
régie et une section qui portait sur la Société
d'exploitation des loteries et des courses, vulgairement appelée
Loto-Québec. Dans l'entité corporative Loto-Québec, il y
avait un personnel de 160 personnes je le cite de mémoire, je ne
le sais plus ou quelque chose comme cela. Je vous ai déjà
donné le chiffre en Chambre.
M. Goulet: 163, après information.
M. Parizeau: La régie avait son propre personnel, tout
à fait distinct du personnel de Loto-Québec, qui
représentait 32 ou 33 personnes, quelque chose comme cela.
M. Goulet: Là, nous avons divisé les deux
organismes.
M. Parizeau: Non, ils étaient déjà deux
organismes. C'est dans la même loi.
M. Goulet: On va se comprendre. Des trente personnes environ qui,
avant cela, étaient attitrées...
M. Parizeau: A la régie, oui.
M. Goulet: ... à la régie je pense que c'est
ce que le député d'Outremont voulait savoir à
combien pensez-vous que cela peut augmenter? Sans avoir de chiffres, mais en
pourcentage, est-ce que cela peut doubler, tripler? Je pense que c'est
important. Le député d'Outremont l'a laissé passer, il a
dit oui.
M. Parizeau: Voici...
M. Goulet: II y a des gens qui travaillent là qui nous ont
dit qu avant, en 1976, il y avait 163 employés. Actuellement... (17 h
45)
M. Parizeau: 163 à Loto-Québec?
M. Goulet: Oui.
M. Parizeau: Mais ils ne s'en vont pas là?
M. Goulet: Ecoutez, si vous me permettez de continuer... 163
employés dont une trentaine étaient affectés...
M. Parizeau: Non, bien non!
M. Goulet: Non? Bon, 190 en tout; on se comprend.
M. Parizeau: 35 d'un bord et 163 de l'autre
côté.
M. Goulet: ... en 1976; maintenant, il y en a combien
c'est cela que je veux savoir à l'heure où on se
parle.
M. Parizeau: 33 ou 34, je ne sais pas moi, 31. Ils étaient
31 et ils sont toujours 31. A la Loto-Québec, ils étaient 163 et
ils doivent être maintenant plus nombreux parce qu'on a incorporé
tous les grossistes comme employés, au lieu d'avoir des concessions avec
des employés de concessions.
M. Goulet: Là, on revient sur un autre projet de loi,
d'accord. A Loto-Québec, cela avait à peu près
doublé, d'après ce qu'on m'a dit.
M. Parizeau: 140? Combien de distributeurs? 147 distributeurs
qu'on a ajoutés aux 163 employés; on s'est
débarrassé de tous les concessionnaires et tout ce qu'il y avait
d'employés de ce côté-là.
M. Goulet: Mais vous ne pouvez pas nous dire approximativement le
nombre d'environ 30, aujourd'hui, à combien il sera porté?
M. Parizeau: Non.
M. Goulet: Vous ne le savez pas?
M. Parizeau: Pour la raison suivante et j'ai essayé de
vous le faire comprendre et là, je veux dire...
M. Goulet: ... beaucoup plus.
M. Parizeau: Ce n'est pas facétieux de ma part. C'est que
chaque organisme qui présente au Conseil du trésor un programme
d'organisation a c'est humain, enfin, quand je dis chaque, beaucoup
d'organismes tendance à en demander
pas mal plus qu'il en faut, en se disant, de toute façon, que le
Conseil du trésor va en couper. Il est arrivé, au Conseil du
trésor, que les demandes de personnel additionnel, on ait coupé
cela de moitié, des deux tiers. Alors, si je lançais quelque
chiffre que ce soit aujourd'hui, même un ordre de grandeur quand, mardi
prochain, le suivant, ou l'autre après, comme président du
Conseil du trésor, je dois me retrouver devant une analyse, poste par
poste, faite par le Conseil du trésor, en disant: II y a 25 postes
demandés là, on suggère de les supprimer tous les 25;
là, ils m'en ont demandé douze, cela c'est à peu
près correct. Moi, je me trouverais dans quelle situation d'avoir dit:
Ecoutez, je ne peux pas accepter votre analyse, en commission parlementaire,
j'ai accepté que cela pourrait être deux fois, trois fois, quatre
fois plus ou davantage, et en plus de cela, me placer dans des situations
impossibles?
M. Goulet: M. le Président, ce sont mes dernières
questions sur l'article 7. Lorsqu'on prépare un projet de loi...
M. Parizeau: Oui.
M. Goulet: ... on est conscient, également, de
l'application de ce projet de loi.
M. Parizeau: Oui.
M. Goulet: II me semble que les gens qui préparent le
projet de loi, à un moment donné, doivent extrapoler, si vous
voulez, pour dire: Ecoutez, cela va prendre un maximum de 50 ou 100 ou 1000
personnes. Je ne veux pas que vous m'arri-viez avec 58 ou 121, mais dire:
Ecoutez, d'après les prévisions des gens qui ont écrit ce
projet de loi, qui l'ont préparé, on est conscient qu'environ une
cinquantaine de personnes vont suffire; cela peut être 58, comme cela
peut être 75, je le comprends; mais ce que je veux dire, partir de 30 et
sauter à 300, par exemple, est-ce que cela pourrait aller jusque
là?
M. Parizeau: Non, passer de 30 à 300, absolument pas,
même si on me le demande.
M. O'Gallagher: Dans le cas d'une piste de courses, n'importe
quelle piste de courses, ordinairement, on emploie environ trois ou quatre
juges de courses. Est-ce que ces personnes peuvent devenir fonctionnaires,
d'abord? Est-ce que, suivant les règlements de la fonction publique, on
va être obligé de remplacer ces quatre personnes par 8?
Bien, je donne des chiffres à peu près. Suivant les
règlements de l'entreprise privée, trois personnes peuvent
remplir leurs fonctions à une piste de courses, mais suivant les
règlements de la Fonction publique, une fois que ces personnes seront
intégrées à la fonction publique, est-ce que suivant les
horaires fixés par la fonction publique, il va falloir doubler le
personnel pour remplir la tâche de trois personnes?
M. Parizeau: Là, on me demande de juger un peu de
l'efficacité de notre propre travail. Je peux assurer le
député, M. le Président, que cette espèce
d'expansion je vois très bien à quoi il fait allusion
infinie du personnel... Mais depuis que je suis ministre des Finances,
cela fait deux ans que je me bats contre cela, avec, je pense, un certain
succès, à voir la façon dont je suis universellement
détesté par ceux qui demandent des postes additionnels, j'ai
l'impression que je réussis assez bien. Alors, je ne peux pas lui donner
des assurances pour l'avenir jusqu'à la fin des temps. Je ne pourrai
jamais donner ce genre d'assurance. Mais une chose est évidente, c'est
qu'il faut que cette espèce d'expansion à laquelle le
député fait allusion et qu'on a connue dans bien d'autres
domaines s'arrête. Je ne peux pas être plus d'accord avec lui sur
ce point; il n'y a pas de raison de prendre deux personnes pour faire le
travail que quelqu'un faisait seul avant.
M. Raynauld: Est-ce que je pourrais reformuler la question? On
tourne un peu autour du pot. Combien y en a-t-il à l'heure actuelle?
M. Parizeau: De juges?
M. Raynauld: De juges, d'inspecteurs qui remplissent les
fonctions, qui les ont remplies jusqu'à maintenant. Combien y en a-t-il?
Est-ce que c'est deux, ou 100, ou 300 au Québec? Combien y en a-t-il de
ces gens?
M. Parizeau: Nous savons actuellement par SODIC qui les
embauche temporairement, en attendant que la régie fonctionne
qu'il y en a huit qui sont permanents et nous avons un nombre de temporaires,
c'est-à-dire à temps partiel, qui sont à peu près
une demi-douzaine.
M. Raynauld: Cela, c'est pour les juges. M. Parizeau:
Pardon? M. Raynauld: Les juges de courses. M. Parizeau: Ce
sont les juges.
M. Raynauld: Les juges de courses. Les inspecteurs?
M. Parizeau: Sur le plan de l'inspection, comme la loi n'est pas
encore en vigueur, on a des inspecteurs sur le plan des loteries mais on n'a
pas encore d'inspecteurs sur le plan des courses. Il faut attendre que la loi
soit en vigueur à ce sujet.
M. Raynauld: Mais il y a sûrement des gens qui
remplissaient une fonction analogue?
M. Parizeau: Non.
M. Raynauld: II n'y en avait pas?
M. Parizeau: Bien non. C'est pour cela que la loi est devant
nous.
M. Raynauld: Cette industrie fonctionne depuis 200 ans, elle n'a
pas eu besoin d'inspecteurs; là, parce que c'est le gouvernement qui
intervient, il va falloir y avoir des inspecteurs. C'est ce que vous dites?
M. Parizeau: Non, l'association... M. Raynauld:
D'habitude...
M. Parizeau: ... l'association procédait aux inspections
ou au contrôle qu'elle jugeait bon d'appliquer. La fonction d'inspection
n'est pas nouvelle.
M. Raynauld: C'est justement.
M. Parizeau: Mais l'inspection par le gouvernement, elle, est
nouvelle.
M. Raynauld: Oui, mais alors, c'est cela; je voulais essayer
d'avoir, si vous voulez, le parallèle avec les juges; cette fonction,
étant remplie aujourd'hui, elle est remplie par un certain nombre de
personnes...
M. Parizeau: Comprenons-nous bien, c'est que les juges ne sont
pas embauchés par nous, par le canal de SODIC, depuis très
longtemps. Ils l'ont été au mois d'avril dernier, n'est-ce pas?
Quant à mettre en place le reste de la structure, on attend que la loi
soit passée pour être capables de remplacer ce que la Canadian
Trotting Association faisait avant.
M. Raynauld: Là, on ne se comprend pas! J'essaie de savoir
quelle est la situation avant que cela commence. Dans l'industrie et à
l'heure actuelle, cela prend combien de personnes pour faire fonctionner
l'industrie des courses? Alors, la Canadian Trotting Association emploie
combien d'inspecteurs? C'est cela, ma question; encore une fois, est-ce que
c'est beaucoup de monde ou bien si c'est... Là, on me dit que sur les
jeux, il y en a huit et six; d'accord, cela fait 14.
M. Parizeau: En un sens, comme elle a commencé par couvrir
l'ensemble du Canada, et que ses bonshommes, j'imagine, sont polyvalents, on
peut bien essayer d'avoir des renseignements d'elle, mais on n'a pas de
renseignements spécifiques concernant ses activités au
Québec jusqu'à maintenant.
M. Raynauld: On se contenterait du Québec.
M. Parizeau: Oui, je comprends, mais il faut qu'on la contacte
pour savoir comment elle partage son personnel en ses diverses affectations
territoriales.
M. Raynauld: Ce que je ne comprends pas là-dedans, c'est
que, est-ce que vous êtes en train de nous dire que vous avez
imaginé une réorganisation en profondeur de toute l'industrie,
présenté un projet de loi et vous ne savez même pas si,
pour remplir les fonctions qui étaient autrefois remplies par
l'industrie elle-même, il s'agit de 2000 personnes ou de 50 personnes? Je
ne pense pas que cela soit vrai. Vous savez à peu près ce que
c'est.
M. Parizeau: On me signale une petite difficulté
additionnelle, si vous voulez faire des comparaisons avec les choses actuelles.
Une partie du personnel était engagée, jusqu'à maintenant,
par la Canadian Trotting Association. Une partie de ce que j'imagine le
député d'Outremont appelle l'inspection était
assurée par du personnel de chaque piste. Si on voulait il y a
des juges de paddocks, il y a des juges de départs, il y a des juges de
patrouille faire une comparaison entre avant et après, il
faudrait aller chercher tout cela.
M. Raynauld: Et cela, vous ne l'avez pas fait? M. Parizeau:
Non.
M. Raynauld: Vous présentez un projet de loi, vous ne
savez pas combien...
M. Parizeau: A partir du moment où... Effectivement, si
l'industrie de la construction avait fait elle-même, pendant bien des
années, sa propre inspection électrique et que le gouvernement
décidait, comme il l'a fait, à un moment donné, de faire
l'inspection, d'avoir des inspecteurs électriciens, j'imagine que, de
toute façon, la comparaison entre la première structure et la
deuxième n'aurait pas de signification particulière.
M. Raynauld: Non, sauf que vous sauriez un peu mieux comment
juger les plans d'organisation que vous allez avoir à juger,
peut-être d'ici deux semaines, comme ministre du Trésor, ministre
du Revenu.
M. Parizeau: Je vais avoir une série de demandes pour un
certain nombre d'inspecteurs, je vais avoir une série de demandes pour
du personnel d'inspection. Et là, c'est le rôle du Conseil du
trésor de se mettre à cela, d'examiner les besoins sur chaque
piste, de constater effectivement comment le travail se faisait jusqu'à
maintenant, combien il faut en ajouter; c'est cela, sa "job".
M. Raynauld: Alors, vous ne savez pas du tout quelles vont
être vraiment les implications financières de cette
chose-là? On nous demande d adopter un projet de loi dont on ne
connaît pas l'impact. Vous avez fait un jugement politique qu'il fallait
de toute façon réorganiser l'industrie, que cela coûte ce
que cela voudra, vous décidez qu'il fallait faire cela comme cela. Au
fond, cela revient à cela, ce que vous dites.
M. Parizeau: II y a bien plus que cela, M. le Président.
Il y a aussi les choses qui s'appellent les crédits qui vont être
présentés le 31 mars. Et là, on
va avoir des chiffres. L'Assemblée nationale vote les lois et,
d'autre part, elle vote des crédits. Et quand le député
d'Outremont essaie de dire qu'il ne sait pas si cela va coûter deux
mille, si cela va prendre deux mille personnes... Juste avant, on me demandait:
Pensez-vous que cela peut aller de trente à trois cents? Sûrement
pas. On pourrait interpréter cela qu'à mon sens, il en faut pas
mal moins, quand je dis: sûrement pas. Le député
d'Outremont dit: Sûrement pas, cela doit vouloir dire deux mille.
M. Raynauid: J'ai bien compris que le ministre, en disant que
cela ne va pas passer de trente à trois cents... Donc, ce n'est pas une
multiplication par dix. Maintenant, j'essaie de savoir si c'est trente ou cent,
comme point de départ, indépendamment de l'augmentation qui
pourra venir. Au point de départ, qu'est-ce que c'est? Dans cette
industrie, il doit quand même y avoir des données.
M. Parizeau: M. le Président, entre trente et cent, je
vais attendre que l'examen du programme d'organisation ait été
fait par le Conseil du trésor.
Une Voix: M. le Président, si vous permettez...
Le Président (M. Jolivet): Oui, à condition que
tous consentent qu'on dépasse 18 heures. Allez.
M. Goulet: Les sept ou huit juges actuels permanents...
M. Parizeau: Huit.
M. Goulet: ... est-ce qu'ils vont devenir permanents par la suite
ou vont-ils être obligés de se présenter à un
concours de la fonction publique?
M. Parizeau: Non, c'est justement cela que nous sommes à
discuter avec la Commission de la fonction publique, pour savoir, ces
permanents, quel devient leur statut. Ils sont déjà en place, ils
sont déjà juges. On a un certain nombre de choses à
régler avec eux. Je viens, par exemple, d'être alerté dans
le cas d'un d'entre eux. Je cherche à savoir si c'est
général pour les huit, c'est la question de la
transférabilité de fonds de pension. On a un certain nombre de
cas à régler à l'égard de ces gens-là. Il
faut d'abord déterminer, évidemment, leur statut.
M. Goulet: M. le Président, ces sept ou huit, si j'ai bien
compris, ont été nommés depuis six ou sept mois par
SODIC.
M.Parizeau: C'est cela.
M. Goulet: Cela veut dire qu'il n'y a pas d'autres permanents qui
n'ont pas été nommés par SODIC depuis...
M. Parizeau: Non.
M. Goulet: S'ils sont permanents, c'est seulement depuis... Mais,
parmi les juges qui sont permanents dans le domaine, y en a-t-il qui sont juges
de courses depuis 15 ans? Il y en a certainement.
M. Parizeau: Parmi ces huit, il y en a qui ont passé des
années.
M. Goulet: Non, mais en dehors de ces huit. Y en a-t-il d'autres
qui font cela... je ne sais pas... ou s'ils viennent juste d'arriver? Les
autres, ce sont tous des temporaires.
M. Parizeau: L'essentiel du recrutement a été fait
directement à la Canadian Trotting. Alors, ce que vous voulez savoir,
c'est s'il y en a qui exerçaient cette fonction de façon
permanente depuis plusieurs années et qui ne sont pas parmi les huit
permanents qu'on a recrutés. C'est cela?
M. Goulet: Est-ce qu'il y a des gens qui font cela depuis 7, 8,
10, 15 ou 20 ans, qui sont juges de courses et qui n'auront pas leur
permanence, qui ne sont pas sûrs, certains d'avoir leur "job", en bon
français?
M. Parizeau: Si vous me donnez juste trente secondes, parce que
je pense qu'on ne saisit pas très bien la question. Oui, la
réponse est la suivante: Les huit que nous avons embauchés sont
actuellement à contrat jusqu'à ce que la loi prenne forme. Il y
en a qui ont de l'expérience dans les courses et qui n'ont pas voulu
accepter le contrat qu'on leur offrait. (18 heures)
M. Raynauid: Oui.
M. Parizeau: On leur a offert un contrat pour travailler, depuis
avril, à la SODIC. Il y en a qui ont dit oui, il y en a qui ont dit
non.
M. Goulet: M. le Président, avec un consentement pour
quelques secondes. Je vais imaginer cela par un exemple: Vous avez ici une
compagnie qui est à contrat pour l'entretien de
l'électricité et ces choses, dans les complexes G et H; des gens
travaillaient pour une compagnie depuis dix, quinze, vingt ans. Le gouvernement
a décidé de ne pas renouveler le contrat de cette compagnie et
les gens qui travaillaient pour cette compagnie depuis x années
pensaient entrer automatiquement dans la fonction publique puisqu'ils
étaient dans le milieu et que c'était leur travail. Sur environ
40 personnes, il y en a une, deux ou trois, pas plus, qui ont été
embauchées de nouveau. Elles avaient l'expérience et tout ce
qu'il fallait, mais elles n'ont pas réussi le concours de la fonction
publique. La même chose peut-elle arriver dans le domaine des courses?
C'est ce que je vous demande.
Pourquoi n'ont-elles pas réussi le concours de la fonction
publique? Il y aurait peut-être lieu d'ouvrir, je ne dirais pas une
enquête, mais quasiment. Ce n'est sûrement pas parce qu'elles
n'étaient pas compétentes.
M. Parizeau: Ecoutez, comme nous n'avons pas encore le
règlement de la Commission de la fonction publique, il est difficile de
répondre à cette question. Il y a une chose qui est claire
cependant, c'est qu'en tout temps, on peut continuer pour les juges que
nous considérons comme bons à les garder à contrat.
Rien ne nous empêche de garder un juge à contrat, aussi longtemps
qu'on le veut.
Evidemment, ce sera difficile de répondre à votre
question, tant que la Commission de la fonction publique n'aura pas dit: II y a
une catégorie ou une classe spéciale qui s'appelle: juge de
courses, à telles et telles conditions. Ce jour-là, on pourra le
définir.
Le Président (M. Jolivet): Peut-on considérer
l'article 7 comme étant adopté?
M. Raynauld: Non, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Non. Donc nous ajournons les
travaux sine die. Nous en sommes à l'article 7.
Fin de la séance à 18 h 2