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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente du revenu est réunie pour étudier
le projet de loi no 67. Compte tenu de circonstances incontrôlables, le
ministre ne pouvant être présent ici ce matin, je suis dans
l'obligation de lever aussitôt l'assemblée sine die.
Une Voix: On le regrette. Fin à dix heures cinq
minutes
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La Commission du revenu est réunie pour étudier le projet
de loi no 67.
Sont membres de cette commission, en remplacement de M. Goulet
(Bellechasse), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain), Mme
Le-blanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), M. Martel (Richelieu), M. Mercier
(Berthier), M. Michaud (Laprairie), M. Parizeau (L'Assomption), M. Raynauld
(Outremont), M. Verreault (Shefford). M. O'Gallagher (Robert Baldwin) comme
intervenant.
Au moment où nous nous sommes quittés la dernière
fois, nous étions à l'article 7. Le député
d'Outremont avait demandé la parole à ce moment.
Régie des loteries et courses du
Québec
Constitution (suite)
M. Raynauld: Je voudrais simplement poser une dernière
question. En parlant des employés auxquels nous faisons allusion
à l'article 7, je voudrais savoir si on a une idée du nombre
d'inspecteurs qui seraient nécessaires. A cet égard, je voulais
savoir combien il y avait, par exemple, de fermes d'élevage dont on
serait censé surveiller les agissements au Québec.
M. Parizeau: Comme il s'agit essentiellement d'émissions
de permis pour ces fermes d'élevage, il est assez difficile de savoir
dans quelle mesure cela impliquerait un personnel le moindrement important.
M. Raynauld: Est-ce qu'on a une idée du nombre de fermes
d'élevage qui seraient assujetties à cette loi au
Québec?
M. Parizeau: On me dit qu'il y a une demi-douzaine de grosses
fermes et un assez grand nombre de petites.
M. Raynauld: Mes informations sont qu'il y en aurait 250.
M. Parizeau: Toutes ensemble? Ce n'est certainement pas
impossible. Tout va dépendre, évidemment, de ce qu'on entend par
là, parce qu'un élevage de deux chevaux, ce n'est pas une ferme
d'élevage. J'imagine que le nombre peut varier passablement selon
l'endroit où on met la barrière.
M. Raynauld: Maintenant, dans quelle mesure est-il exact qu'il
s'agit simplement d'émettre un permis? On va arriver à des
articles un peu plus loin, sur les décisions de la régie. Quand
on arrive
à l'article 20, on a l'impression qu'il s'agit de beaucoup plus
que cela. Enfin, c'est parce que le ministre vient de nous dire qu'il s'agit
essentiellement d'émettre un permis et que, par conséquent, il
n'y aurait peut-être pas lieu de faire aucune inspection ou d'en faire
très peu. Lorsqu'on arrive à l'article 20...
M. Parizeau: 20a.
M. Raynauld: Je m'excuse, à l'article 20, c'est
plutôt... A l'article 20...
M. Parizeau:... porte sur les fermes d'élevage. M.
Raynauld: C'est cela.
M. Parizeau: Tout le reste de l'article 20 porte sur autre
chose.
M. Raynauld: Sur autre chose, oui. L'aménagement et
l'exploitation des pistes de course, des fermes d'élevage et
d'entraînement. Evidemment, cela va dépendre de la façon
dont on va interpréter cela, on en parlera tout à l'heure, je
suppose. J'avais l'impression générale qu'il s'agissait de
beaucoup plus que cela. Par exemple, le deuxième alinéa de
l'article 20 est remplacé par le suivant: "Peut également faire
toute autre règle relative à l'organisation, l'administration, la
conduite et le fonctionnement des courses, de l'élevage et de
l'entraînement des chevaux de course". Il s'agit beaucoup plus que
d'émettre un permis.
M. Parizeau: Un instant. C'est l'article 20. Où cela en
est-il rendu? Ne pourrait-on pas les prendre dans l'ordre?
M. Raynauld: Je cite cela à titre d'exemple pour voir s'il
s'agit bien seulement d'émettre un permis comme on vient de le dire.
C'est bien sûr qu'on n'est pas rendu là.
M. Parizeau: Ce sont les amendements à I"article 20.
M. Raynauld: J'ai l'impression très nette qu'il s'agit de
beaucoup plus que cela et qu'il va falloir faire de l'inspection.
M. Parizeau: On parle d'amendements à l'article 20. Cela
ne change rien par rapport au texte original. Le deuxième alinéa,
ce n'est pas l'article 20b.
M. Raynauld: Le deuxième alinéa de l'article
20.
M. Parizeau: C'est cela, il commence par: "Elle peut..." En bas
de la page.
M. Raynauld: C'est cela.
M. Parizeau: Qu'est-ce qui a été amendé?
M. Raynauld: Je n'insiste pas sur l'amendement, j'ai lu
l'amendement plutôt que l'article original.
M. Parizeau: C'est simplement une phraséologie.
M. Raynauld: Oui, je suis d'accord.
M. Parizeau: Bon! Je pensais qu'il y avait un amendement. C'est
juste sur la phraséologie de la chose.
M. Raynauld: Oui, j'en suis simplement sur le fait que,
d'après cet article, il semble qu'il s'agiss' beaucoup plus que
d'émettre un permis une foi et après cela, on se reverra dans
cinq ans.
M. Parizeau: II s'agit essentiellement de savoir dans quelle
mesure, à un moment donné, pour le bon fonctionnement des courses
de chevaux, la régie peut être amenée à
établir, à l'égard des fermes d'élevage, un certain
nombre de règlements. L'un sert à l'autre. Ce n'est pas parce
qu'on veut contrôler les fermes d'élevage en soi, c'est en
fonction du fonctionnement normal des courses.
M. Raynauld: Pour revenir à la question principale, qui
était celle des effectifs requis pour appliquer la loi...
M. Parizeau: A l'article 7?
M. Raynauld: Oui, à l'article 7... Les effectifs requis
pour appliquer la loi, je pense qu'à cette question que j'avais
commencé à examiner il y a deux semaines on n'a pas de
réponse. Est-ce exact?
M. Parizeau: Ce n'est pas qu'on n'a pas de réponse, c'est
que je n'ai pas voulu donner une réponse précise tant que les
effectifs ne sont pas approuvés par le Conseil du trésor. Il y a
eu hypothèse de 2000, j'ai dit que cela me paraissait saugrenu. On a
demandé si cela pouvait aller jusqu'à 300. J'ai dit non. On est
actuellement autour de 33, 34 et il va falloir en ajouter quelques dizaines,
mais je ne vais pas plus loin que cela. Seulement parce que ce n'est pas
passé au Conseil du trésor! Si de répondre comme cela
ouvre la porte au fait que je puisse en refuser 2000 seulement pour
créer le plein emploi, ce n'est pas mon idée.
M. Raynauld: Le plein emploi, c'est le plein emploi productif
dont on parle d'habitude. On l'oublie souvent. Bon, alors, une centaine,
quoi?
M. Parizeau: Je laisse au député d'Outremont la
paternité de ce chiffre!
M. Raynauld: Oui, mais je trouve que c'est quand même un
peu extraordinaire qu'on nous demande d'approuver un projet de loi et qu'on ne
sache pas les implications les plus élémentaires. C'est pour cela
que j'insiste un peu là-dessus.
M. Parizeau: C'est très fréquent. On adopte une loi
qui crée l'Office de la langue française. Combien d'effectifs
est-ce que cela prend?
M. Raynauld: On l'a demandé pendant un mois.
M. Parizeau: Je serais très surpris que vous l'ayez obtenu
parce que tant...
M. Raynauld: On ne l'a pas obtenu...
M. Parizeau: ... que ce n'était pas passé au
Conseil du trésor, effectivement, vous ne pouviez pas l'avoir.
M. Raynauld: ... mais cela ne veut pas dire qu'on ne devrait pas
l'obtenir.
M. Parizeau: II est tout à fait disponible à tout
le monde, maintenant.
M. Raynauld: II serait normal qu'on sache quelles sont les
implications quand on adopte un projet de loi, combien cela va coûter au
gouvernement.
M. Parizeau: C'est à l'occasion des crédits que
cela se discute.
M. Raynauld: A l'occasion des crédits, le projet de loi
sera adopté depuis longtemps et le ministre nous dira: C'est bien
malheureux, mais c'est cela qu'il faut qu'on fasse.
M. Parizeau: C'est cela que cela prend.
M. Raynauld: C'est cela que cela prend, et à ce
moment-là...
M. Parizeau: Et, à ce moment-là, vous direz que
vous vous opposez aux crédits parce que vous trouverez qu'on prend bien
trop de personnel pour faire marcher une boutique pareille, et ce sera
d'ailleurs tout à fait le rôle de l'Opposition de faire cela!
M. Raynauld: A ce moment-là, on aura une position
très faible parce que, le projet de loi ayant été
adopté, il sera difficile de revenir là-dessus.
M. Parizeau: De revenir sur des effectifs et de dire qu'il y a
trop de monde? Ah non! Cela se fait presque couramment.
M. Raynauld: De revenir sur le projet de loi. Si vous me disiez
que cela prend 2000 employés pour cela, je ferais une bataille pendant
six mois, si vous voulez le savoir.
M. Parizeau: Le chiffre de 2000, c'est vous qui l'avez
apporté, pas moi!
M. Raynauld: Je le sais, mais c'est pour cela qu'on insiste pour
savoir un peu quelle est l'ampleur...
M. Parizeau: II sortira du procès-verbal de ce matin que
j'ai dit que cela en prendrait quelques dizaines de plus!
M. Raynauld: Cela va. (10 h 15)
Le Président (M. Jolivet): Article 7, adopté?
Adopté. A l'article 8 il y a un amendement. Je vais juste le nommer
parce que c'est de la concordance avec l'amendement initial accepté. Le
mot "régisseur" est changé par le mot "membre". L'article 8,
maintenant, avec l'amendement.
M. le ministre.
M. Parizeau: Alors, il s'agit tout simplement de
déterminer quels sont ceux qui doivent à la fois être
à temps plein et travailler sous la clause de l'exclusivité des
services. L'idée consiste à ce que pour le président et le
vice-président, le gouvernement veut que tout leur temps soit
consacré au dossier de la régie et, disons, qu'ils ne soient pas
considérés comme des... Comment dire?... Que leur
responsabilité ne s'exerce pas à temps partiel.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Juste une précision. Je pense que dans les
intentions du gouvernement, dans la structure qu'il propose habituellement, il
envisage un président et un vice-président à temps plein
et habituellement les autres à temps partiel?
M. Parizeau: Non, il n'y a pas de règle. Cela varie
vraiment d'une institution à l'autre. Par exemple, la caisse de
dépôt: président à temps complet,
vice-président à temps partiel, parce que c'est automatiquement
le président de la Régie des rentes. Il n'y a vraiment pas deux
cas qui se ressemblent.
M. Raynauld: J'aurais cru que les autres membres que le
gouvernement désigne c'était pour assurer la transition, mais ce
n'est pas le cas. Non?
M. Parizeau: Non.
Le Président: Le député de Huntingdon. M.
Raynauld: Cela en fait combien? M. Parizeau: Cela va en faire cinq.
M. Raynauld: Cinq à temps plein?
M. Parizeau: Non, actuellement, il y en a qui sont à temps
plein par les clauses existantes, par les droits acquis, mais quand ils seront
remplacés, eux, ils pourront être remplacés par des gens
à temps partiel. On a deux régimes à ce moment-là.
On a un nouveau régime qui dit: Le président, le
vice-président et tout autre régisseur si on trouve cela utile.
Dans l'état actuel des choses, on a trois régisseurs qui,
étant déjà à temps plein en vertu
de l'ancienne loi, eux, tant que leur terme n'est pas terminé,
sont à temps plein, autrement on leur enlèverait un droit
acquis.
M. Raynauld: C'était dans ce sens que je me demandais si
l'article était rédigé ainsi justement pour assurer cette
transition. Dans votre esprit, est-ce que pour administrer ou appliquer le
projet de loi, le gouvernement, à l'heure actuelle, entend engager cinq
personnes à temps plein ou deux ou trois? Si ce n'était de cette
période de transition dont on parle?
M. Parizeau: Si ce n'était de cette période de
transition, le président et le vice-président, sûrement.
Pour le reste on attendrait probablement de voir se dérouler un peu les
opérations.
Le problème de la régie, c'est qu'évidemment elle
va contrôler des activités de nature extraordinairement diverse
et, d'autre part, percevoir des revenus. C'est très
hétérogène, la régie. Il est tout à fait
possible qu'à un moment donné on veuille, dans la direction,
avoir plus que deux personnes à temps plein et dire: II y aura un
troisième membre qui, lui, s'occuperait plus spécifiquement de
certaines tâches et dont on aurait besoin à temps plein. On ne
s'engage pas pour le moment. On veut voir cela évoluer. Il faut bien
comprendre qu'il y a des opérations à la fois de contrôle
sur les courses de chevaux, mais aussi sur les appareils d'amusement et sur les
concours publicitaires. A part cela, il y a un rôle de perception fiscale
là-dedans. On veut voir, avant de s'engager à embaucher trop de
monde à temps plein, comment cela roule pendant quelque temps.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article 8, avec
l'amendement, est adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 9. Un amendement a
déjà été adopté par concordance. M. le
ministre.
M. Parizeau: C'est l'article sur les conflits
d'intérêts. Cela est coutumier.
M. Raynauld: Aucun problème.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article 9 est
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 10. L'amendement,
toujours par concordance, adopté? M. le ministre.
M. Parizeau: Même chose. C'est une clause qui permet
à la régie de fonctionner dans le cas d'absence de l'un ou
l'autre des membres de sa direction. Là encore, il n'y a rien d'original
dans son esprit; on retrouve cela dans passablement d'autres organismes.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article
11.
L'amendement est toujours adopté? M. le ministre.
M. Parizeau: C'est le quorum qui est établi à
trois.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article
12,
M. le ministre.
M. Parizeau: La clause habituelle. Le président a un vote
prépondérant.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 13, M.
le ministre.
M. Parizeau: II s'agit essentiellement d'obliger la régie
à rendre par écrit ses décisions et à les motiver,
avec la fonction additionnelle de pouvoir renverser une décision qu'elle
a prise. Mais l'idée est, en somme, de faire en sorte que la
régie garde des procès-verbaux de toutes les décisions qui
se prennent et que des décisions importantes pouvant mettre en cause
telle ou telle partie d'une industrie ne se prennent pas au
téléphone ou de façon verbale sans qu'il y en ait de
traces ou quoi que ce soit. On ne veut pas qu'il s'établisse
là-dedans des coutumes et des habitudes, mais que, quand la régie
rend une décision, ce soit effectivement inscrit et gardé.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 14.
L'amendement toujours adopté par concordance? M. le ministre.
M. Parizeau: II s'agit de déterminer de quelle
façon les documents, les archives sont tenus et quelle portée
juridique on leur donne.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Aucun problème.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 15 et l'amendement,
toujours adoptés par la concordance, M. le ministre?
M. Parizeau: C'est une formule habituelle, c'est-à-dire
qu'on ne peut pas poursuivre les régis-
seurs ou les membres du personnel de la régie ou ceux qui ont les
pouvoirs délégués de la régie pour des actes qui
découlaient de leurs fonctions et qui ont été
exercés de bonne foi. Là encore, c'est une chose qu'on retrouve
dans beaucoup de lois.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je voulais simplement demander si, effectivement,
c'était habituel que la clause s'applique également à ceux
à qui la régie a délégué des pouvoirs. Cela
peut être très large.
M. Parizeau: Oui, encore que la délégation de
pouvoirs est définie de façon assez précise dans les
autres articles. Le député d'Outremont a raison ici. Normalement,
dans d'autres organismes gouvernementaux, on ne voit pas apparaître une
disposition comme celle-là pour des gens à qui on
délègue des pouvoirs simplement parce que ces lois ne
prévoient pas de délégation de pouvoirs. Ici, elle en
prévoit dans des cas spécifiques, comme on en verra tout à
l'heure sur les questions d'enquête, par exemple.
M. Raynauld: Bon, cela va.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 16,
l'amendement par concordance étant toujours adopté, M. le
ministre?
M. Parizeau: Bon. Là encore, c'est un article qu'on
retrouve ici et dans passablement de lois du même genre pour
empêcher que la régie devienne inopérante à la suite
de certaines procédures de caractère juridique. On convient d'un
original comme disposition.
M. Raynauld: Je peux dire là-dessus, au début, que
n'étant pas un avocat, j'ai trouvé cela assez extraordinaire
qu'on puisse soustraire une régie à un code de procédure
civile, à des articles d'un code de procédure civile. Des avocats
m'ont dit qu'il n'y avait rien là.
M. Parizeau: Bien, justement.
M. Raynauld: Mon sens commun m'aurait plutôt dit, par
exemple, que je trouvais cela un peu spécial.
M. Parizeau: Quand j'ai commencé à travailler dans
des lois, M. le Président, je dois dire que j'ai eu exactement le
même genre de surprise. C'est la première fois que j'ai appris que
le sens commun et le droit ne coïncident pas nécessairement.
Effectivement, cela semble général.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon, avez-vous quelque chose à dire?
M. Dubois: Non.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article 16 est
adopté. Article 17, M. le ministre.
M. Parizeau: Je termine l'exercice financier de la régie
comme étant le même que celui du gouvernement.
Le Président (M. Jolivet): Adopté? M. Raynauld:
Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Article 18, M. le ministre.
M. Parizeau: Disposition aussi classique. Régies et
organismes doivent normalement remettre au ministre de tutelle un rapport
financier de leurs activités qu'il dépose à
l'Assemblée nationale selon certaines modalités. Là
encore, il n'y a rien d'original ou de nouveau là-dedans.
Le Président (M. Jolivet): M. le député d
Outremont.
M. Raynauld: Pas de problème.
Fonctions et pouvoirs
Le Président (M. Jolivet): Cela va? Adopté. Article
19, M. le ministre.
M. Parizeau: L'article 19 n'est pas analogue à l'article
que nous venons de voir. C'est la définition même des fonctions de
la régie et c'est vraiment sur l'article 19 que l'esprit de la loi
repose, les orientations que le gouvernement veut lui donner. Je reviens sur ce
que je disais tout à l'heure à l'occasion de l'examen d'un autre
article, on se rend compte à quel point l'éventail des
activités de la régie est large, et
hétérogène d'ailleurs. Cela recouvre passablement de
choses.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: En effet, M. le Président, l'article 19 est
un article de fond. Je regrette dès le départ que cet article
n'indique pas les fonctions que la régie doit remplir, ni les objectifs
que cette régie doit poursuivre et atteindre. L'article est
formulé de façon à laisser toute latitude à la
régie d'appliquer les règlements, de prendre ses décisions
en fonction et c'est cela qui est un peu extraordinaire de la
loi. C'est un article qui doit définir les fonctions, les pouvoirs d'une
régie. Tout ce qu'on trouve à dire, c'est que la régie
doit appliquer la loi, doit assurer l'application de la loi. On se serait
attendu à voir dans cet article autre chose. On se serait attendu
à voir que cette régie a des objectifs qu'elle doit poursuivre
et, en fonction de ces objectifs, par la suite on aurait pu interpréter
un peu les articles suivants du projet de loi.
Si on regarde, non pas l'article 19 puisqu'il n'y a rien là, mais
l'ensemble du projet de loi, on peut
se poser des questions sur les objectifs qu'on cherche à
atteindre. S'agit-il de la protection du public? Est-ce que c'est une loi qui
vise, un peu dans le cadre d'une loi sur la protection du consommateur,
à protéger ces consommateurs d'une façon plus
spécialisée qu'un projet de loi général de
protection du consommateur pourrait faire?
S'il s'agit de protection du public, à ce moment, je pense qu'il
serait intéressant de le noter, parce que s'il s'agissait vraiment de
cela, il serait difficile, à mon avis, de justifier la présence
d'un très grand nombre d'autres sections dans le projet de loi.
Est-ce qu'il s'agit au contraire d'un projet de loi et d'une
régie qui ont pour but de recueillir des impôts? Il y a une
section qui nous le laisse croire. Sur les concours publicitaires, il est
évident que...
M. Parizeau: Elle ne le laisse pas croire, elle l'affirme.
M. Raynauld: Elle affirme qu'il s'agit, à ce moment, non
pas de protéger le public, mais de prélever des impôts.
Est-ce que la régie a des objectifs économiques? Est-ce que la
régie a pour objectif de favoriser le développement d'industries
comme celles des courses de chevaux, des concours publicitaires, l'exploitation
d'appareils d'amusement? Au total, on pourrait, en tout cas, imaginer assez
facilement qu'il y a peut-être trois objectifs qui peuvent être
poursuivis plus ou moins concurremment ou parallèlement par ce projet de
loi et, par conséquent, par la régie.
J'aimerais demander au ministre ce qu'il pense justement de ces
objectifs que doit poursuivre la régie, parce qu'il me semble qu'on
aurait dû le faire dans l'article 19. Comme on ne le fait pas, je n'ai
pas l'intention de refaire la loi et je n'ai pas l'intention non plus de
proposer dans ce cas-ci un amendement à cet article, mais je trouve
qu'il est vraiment dommage que le gouvernement n'ait pas essayé de
définir les fonctions d'une régie qu'il crée, d'une
régie nouvelle. Il aurait pu inspirer l'action que cette régie
aura à exercer plutôt que de s'en tenir à dire que la
régie a pour fonction d'assurer l'application de la loi.
Evidemment, il y a une référence au meilleur
intérêt du public, mais je pense bien, même si je ne suis
pas non plus un avocat ici, que ce meilleur intérêt du public
n'apportera pas beaucoup de contrainte à la régie. Je crois
plutôt qu'il s'agit d'une phrase qui est placée là comme
une espèce de référence de principe qui n'aura pas
d'application particulière par la suite. (10 h 30)
En l'absence d'objectifs qu'on aurait pu donner dans cet article 19, je
demanderais au ministre s'il voudrait essayer de préciser quels sont au
moins les siens lorsqu'il propose ce projet de loi.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: Cet article 19 est un article qui est
forcément général puisque, de toute façon, tout ce
qui en découle de façon spécifique appa- raît dans
les articles 20 à 33 qui, au fond, sont des façons d'expliciter
ce qu'il y a dans l'article 19.
L'article 19, cependant, à mon sens, est suffisamment clair pour
faire apparaître au moins deux des trois fonctions de la régie:
une fonction de réglementation d'un certain nombre d'activités et
une fonction de protection du public. Il y a un troisième objectif dans
la loi qui est aussi un objectif de taxation. Il y a trois choses. On cherche
à réglementer un certain nombre d'activités soit à
la place d'organismes existants, dans ce cas-là privés
c'est le cas en particulier des courses de chevaux soit à la
place de rien du tout, parce que jusqu'à maintenant il n'y avait pas de
réglementation. Deuxièmement, la protection du public est un
objectif qui réapparaît constamment chaque fois qu'on parle des
pouvoirs ou de l'exercice des pouvoirs de la régie.
Troisièmement, il y a un objectif de perception de droits de permis et
de taxation qui paraît à d'autres endroits.
Dans ces conditions, les fonctions de la régie sont triples. Je
comprends que, dans l'article 19, il n'en paraît que deux, mais il est
clair que les fonctions de taxation ont été mises ailleurs pour
des raisons évidentes.
M. Raynauld: La réponse du ministre est loin de me
satisfaire. Je veux savoir s'il s'agit, au moins pour les parties où
cela s'applique le centre Côté, par exemple, quant aux
concours publicitaires, puisque dans cette loi il y a toutes sortes de choses
d'essayer de protéger le public. Est-ce que le public est en
danger quelque part et qu'il faut essayer de le protéger? Est-ce pour
cela, cette régie?
Par exemple, pour l'industrie des courses, est-ce la protection du
public qu'on a à l'esprit ou si c'est autre chose? Si c'est la
protection du public, lorsqu'on abordera I'étude d'autres articles, on
pourra se demander si c'est un article, justement, qui protège le public
ou si c'est un article qui va beaucoup plus loin ou qui traite d'autres
choses.
M. Parizeau: Fondamentalement, il s'agit de maintenir à
l'intérieur d'activités comme celles que sont les courses une
protection du public en général et d'un certain nombre de
catégories de public en particulier. Il est évident, par exemple,
que le parieur a le droit de s'assurer que, dans la mesure où la
structure d'un pari dans lequel il s'engage est légale, ses droits de
parieur cela peut paraître ironique de parler comme cela
sont respectés et sont correctement protégés. Il est
normal que, lorsque des éleveurs de chevaux ou des propriétaires
de chevaux les font courir les uns contre les autres, il puisse s'assurer que
ces courses sont faites dans des conditions d'honnêteté correctes.
Donc, il y a un intérêt public général, mais il y a
aussi la protection d'un certain nombre de catégories d'individus
à qui il faut assurer que des règles à peu près
normales de correction soient maintenues.
Il y a donc un intérêt général du public et
des intérêts spécifiques ou catégorisés de
différents types de public: le parieur, l'éleveur, le
proprié-
taire de chevaux, etc. Je m'étonne un peu de la réaction
du député d'Outremont à cet égard, parce qu'il est
évident que toute loi spécifique est toujours faite un peu en
fonction de cela. L'intérêt public est un intérêt
général, et il y a, d'autre part, des segments du public qu'il
faut protéger, si tant est que la loi s'applique particulièrement
à ces segments.
M. O'Gallagher: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas d'objections?
M. O'Gallagher: Qui n'est pas protégé, dans le
moment, dans tout le système de l'élevage des chevaux, des paris
mutuels, des courses de chevaux? A qui cette protection s'adresse-t-elle? Au
public qui va aux courses ou aux éleveurs de chevaux? De quelle
façon ne sont-ils pas protégés aujourd'hui? N'y a-t-il pas
déjà des lois qui les protègent?
M. Parizeau: A l'heure actuelle, le système... Non.
Jusqu'à maintenant, ce que nous avions était une loi... Il ne
faut pas oublier que la loi que nous avons devant nous reconduit et transforme
une loi existante qui s'appliquait aussi aux courses, mais dont un certain
nombre d'articles n'avaient pas été promulgués, et pour
laquelle des règlements n'avaient jamais été
émis.
Le législateur, il y a déjà un bon bout de temps,
c'est en 1969, avait mis sur pied une loi de protection de cet ordre, mais au
fur et à mesure que les années ont passé, un certain
nombre d'articles essentiels n'étaient pas promulgués et les
règlements n'ont jamais été émis.
M. Raynauld: Cela a fonctionné pareil.
M. Parizeau: Cela a fonctionné pareil! C'est-à-dire
qu'une organisation privée a décidé d'assurer
elle-même ce type de protection. Je n'ai pas à juger de la
qualité de la surveillance assurée par cette organisation
privée. Tout ce que je sais en core une fois, j'ai eu l'occasion
d'en citer un certain nombre de cas à la dernière réunion
de la commission parlementaire c'est qu'en tout cas beaucoup de gens qui
sont directement impliqués dans l'industrie nous félicitent
d'enfin intervenir comme organisme public, comme d'autres provinces l'ont fait,
d'ailleurs. On n'est pas les seuls, on n'est pas le premier gouvernement, au
Canada, à décider que ce n'est plus une organisation
privée qui va assurer ainsi la protection et la surveillance, mais que
ce serait un organisme public. Encore une fois, s'il y a quelque chose qui
n'est pas original dans notre démarche, c'est bien le projet de loi qui
est devant nous! On n'est pas, dans ce sens-là, prématuré.
D'autres gouvernements nous ont précédés.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon, avez-vous autre chose à dire?
M. Dubois: Sur l'article 19?
Le Président (M. Jolivet): Non? Le député
d'Outremont, avez-vous autre chose à ajouter?
M. Raynauld: Rien d'autre.
Le Président (M. Jolivet): L'article 19 est-il
adopté? Adopté. A l'article 20, il y a un amendement qui se
trouve au deuxième alinéa et qui se lit comme suit: "Le
deuxième alinéa de l'article 20 est remplacé par le
suivant: Elle peut également faire toute autre règle relative
à l'organisation, l'administration, la conduite et le fonctionnement des
courses, de l'élevage et de l'entraînement des chevaux de courses,
des concours publicitaires et des systèmes de loterie et à
l'exploitation des appareils d'amusement."
M. le ministre, sur l'amendement.
M. Parizeau: Sur l'amendement lui-même, c'est vraiment une
reformulation. On a voulu établir une distinction entre "exploitation",
qui n'est réservée qu'aux appareils d'amusement, et
"organisation, administration, conduite et fonctionnement" aux systèmes
de loterie. C'est une clarification, simplement, du paragraphe
antérieur. Il n'y a pas de changement sur le principe, c'est simplement
un réaménagement des morceaux de phrases, des membres de
phrases.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Sous réserve de ce que je dirai tout à
l'heure à propos de l'article 20 dans son ensemble, je suis d'accord
avec le ministre qu'il s'agit là tout simplement d'une correction de
rédaction.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon. Pas de problèmes? Donc, l'amendement est adopté.
L'article lui-même, M. le ministre.
M. Parizeau: II s'agit de la détermination, un peu
détaillée, des règles que la régie peut faire
à l'égard d'un certain nombre de champs d'attribution ou de
champs d'activité qui lui sont attribués. Alors, on en a la liste
non exhaustive, de a) à k) et, bien sûr, une espèce de
clause plus générale dans le deuxième alinéa.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Oui, M. le Président, il s'agit d'un article
très important que celui-ci. Je voudrais examiner un peu plus longuement
que dans le cas d'autres articles les implications de celui-ci. En premier
lieu, je voudrais soulever plusieurs problèmes. Je voudrais soulever le
problème des règles, des règles par opposition aux
règlements. Ici, encore, c'est malheureux que je n'aie pas l'expertise
particulière en droit, mais j'ai des objections importantes à ce
que la régie fasse des règles
plutôt que des règlements. Je pense qu'on se plaint
déjà depuis longtemps que les gouvernements ont tendance à
déléguer de plus en plus de pouvoirs. Là, c'est devenu non
plus une délégation de pouvoirs du législateur à
une régie, mais il s'agit maintenant d'une régie qui peut faire
des règles qui sont faites sans l'approbation du gouvernement. Des
règles qui sont publiées dans la Gazette officielle, mais devant
lesquelles le gouvernement sera impuissant s'il considère que ces
règles vont plus loin que la loi ou dépassent les intentions
qu'il pouvait avoir au départ.
Cette régie sera, à propos de ces règles,
souveraine, même si le gouvernement est actionnaire et qu'il pourra
toujours changer s'il en trouve les motifs suffisants les membres
qui le représentent et qui dirigeront la régie, mais il reste
qu'on ajoute ici une liberté d'action que l'on ne trouve pas dans
d'autres lois. Ici, je peux rassurer le ministre que, si je fais cette
affirmation, c'est après avoir fait des consultations
nécessaires. On me dit que des règles sont admises dans toutes
les lois à propos de régie interne et de règles de
pratique. Mais on n'a pas encore vu des règles qui sont exprimées
sous la forme où celles-ci sont exprimées et qui vont beaucoup
plus loin que les règles de pratique, puisqu'il s'agit ici, somme toute,
de principes suivant lesquels les permis, les licences pourront être
émis, leur répartition suivant les régions. On aura
même des contingentements de licences pour chacune de ces régions.
Il s'agit là de beaucoup plus que de règles de pratique ou des
règles de régie interne. Il s'agit vraiment des principes de base
suivant lesquels le projet de loi sera appliqué. Je veux donc, sur ce
point, m'inscrire en faux contre cette application nettement abusive des
pouvoirs réglementaires qui sont inscrits dans notre pratique
parlementaire.
Je le dis avec d'autant plus de liberté après avoir lu
l'article 22 du projet de loi: La régie en vertu de cette article a
déjà le pouvoir de faire des règlements de régie
interne pour la conduite de ses affaires. (10 h 45)
L'article 33 est un autre article suivant lequel la régie peut
faire des règles de procédure et de pratique pour l'audition des
affaires; donc là, il s'agit de règles de procédure,
auxquelles je ne m'oppose pas.
Enfin, on a un article 119 suivant lequel "le gouvernement peut faire
des règlements pour prescrire tout ce qu'il est prévu de
prescrire par règlements en vertu de la présente loi..." Cela est
assez amusant d'ailleurs quand on lit cela: "Le gouvernement peut faire des
règlements pour prescrire tout ce qu'il est prévu de prescrire
par règlements en vertu de la présente loi et aussi les
règlements qu'il juge utiles pour l'application et l'exécution de
la présente loi."
Donc, il me semble que la régie n'a aucun besoin de cet article
20, si ce n'est qu'on a décidé de ne pas définir ces
attributions de la régie de façon suffisamment
détaillée à l'article 19, justement pour permettre
à la régie de prendre ses propres décisions et
d'établir ses propres critères, d'établir les conditions
dans lesquelles l'équité dont on se préoccupe, la
protection du consommateur dont on se préoccupe sera respectée.
Là, je pense que c'est une fonction qui appartient au gouvernement. On
doit pouvoir dire au gouvernement, à un moment donné, que le
contingentement entre les régions sera un règlement
approuvé par le gouvernement, et si la population est en
désaccord sur l'application de ce contingentement et sur les
règles qui président à ce contingentement, il faut que le
gouvernement puisse en prendre la responsabilité. Je pense qu'on ne peut
pas se couvrir derrière la responsabilité d'une régie
lorsque vient le moment de déterminer quand même des façons
de procéder qui mettent en jeu des principes très importants. Il
ne s'agit donc pas ici de règles de pratique; il s'agit vraiment de
principes d'application, de règles d'application de la loi. Comme ce
projet de loi contient déjà d'autres articles qui
prévoient soit les besoins de régie interne, soit les
règles de procédure et de pratique, je ne vois pas pourquoi on
ajouterait à ces deux articles en particulier un article
supplémentaire donnant un pouvoir de faire des règles concernant
le fond du problème et non pas les procédures.
C'est mon premier point, M. le Président. Je suis surpris que le
gouvernement ait jugé nécessaire de rédiger, de formuler
un article comme celui-là. Je pense qu'il y aura lieu d'y
réfléchir très attentivement et peut-être de le
modifier à cet égard.
Sur le fond ce sera mon deuxième point là
encore la première question qu'on se pose, c'est justement de savoir
quels objectifs on essaie de poursuivre. C'est pour cela que j'ai posé
ma question tout à l'heure à propos de l'article 19. S'il s'agit
pour prendre, par exemple, un premier point: celui de l'exploitation des
pistes de courses de protéger les gens contre des escroqueries,
contre des règles qui manqueraient à l'équité, il
paraît nettement abusif de permettre à une régie de faire
justement des règles concernant l'aménagement et l'exploitation
des pistes de courses. Donc, ici on parle d'aménager des pistes de
courses. Est-ce que l'aménagement des pistes de courses est essentiel
à la protection des usagers?
Ensuite, on passe à b). Evidemment, il s'agit ici d'embaucher des
personnes. Je pense qu'il n'y a pas tellement de difficulté
là-dessus une fois qu'on a accepté que la régie doive
remplir un certain rôle.
Mais ensuite il y a "la nature, le nombre et la fréquence des
courses et des systèmes de loterie." La nature, le nombre et la
fréquence. En quoi la nature, le nombre et la fréquence des
courses peuvent-ils toucher à l'équité, peuvent-ils
toucher au besoin de protéger les gens?
Ensuite, "l'attribution de dates et d'heures de conduite des courses et
des systèmes de loterie". Là, si on passe à une autre
section de la loi et qu'on s'arrête sur les appareils et les
équipements nécessaires, cela veut dire que la régie va
également pouvoir se prononcer sur la qualité et l'usage des
appareils qui sont utilisés. Donc, là, cela devient un
contrôle sur la nature des machi-
nes. Est-ce que cela va être une machine de deux pieds de hauteur
ou une machine de six pouces de hauteur? Est-ce qu'on ne pourrait pas essayer
de restreindre la portée de contrôles de cette nature pour s'en
tenir à la protection du public, si c'est ce qu'on poursuit comme
objectif? Si, au contraire, on a un article comme celui-là qui
s'étend à l'ensemble des appareils et des équipements
servant à des activités régies par la présente loi,
on va réglementer probablement la largeur ou la longueur des stalles
dans les écuries de chevaux. Cela va être un équipement qui
sert dans les activités régies par la présente loi. Donc,
on va réglementer la taille des stalles pour les chevaux. Est-ce qu'on
veut protéger les chevaux? Peut-être. On veut peut-être
protéger non seulement les citoyens, mais les chevaux aussi. Quelle
logique sous-tend un projet de loi comme celui-là? On est
complètement perdu lorsqu'on se met à examiner cela de
façon attentive.
Je reviens à ce qui concerne l'article g), "le maintien de
l'ordre public et la sécurité des personnes ou des animaux." Je
n'ai pas d'objection à ce paragraphe.
M. Parizeau: Attention! Là, les stalles interviennent.
M. Raynauld: Le maintien de l'ordre public et la
sécurité des personnes, je vous ai dit que je n'ai pas
d'objection à cela.
M. Parizeau: Ou des animaux.
M. Raynauld: Et des animaux. Alors, "l'ordre public et la
sécurité des personnes ou des animaux." Cela voudrait dire
peut-être que le paragraphe f) est inutile, si c'est déjà
couvert par le paragraphe g).
Ensuite, "l'établissement des régions, ainsi, que le
contingentement des licences pour chacune de ces régions." Le
contingentement des licences, s'il ne s'agit pas là d'une fonction
essentielle, de principes essentiels qui devraient être établis
par le gouvernement, je ne sais pas ce que le gouvernement vient faire dans
cette activité. Je crois que le contingentement par région des
licences pour des loteries soulève sûrement des principes,
soulève des problèmes même politiques. Il me semble
évident que les règles de contingentement devraient être
approuvées par le gouvernement et non pas laissées à la
régie.
Ensuite, on va encore beaucoup plus loin. On a "le port ou l'affichage
des licences." La régie va pouvoir faire des règles sur "le port
ou l'affichage des licences" et, enfin, sur "la publicité relative aux
activités régies par la présente loi." Donc, toute la
publicité qui est faite par les organismes pour les loteries, pour les
courses de chevaux ou pour toute autre activité reliée aux
appareils d'amusement va être également contrôlée par
la régie. Moi, il me semble qu'il s'agit là d'une commande
extrêmement large qui permet au gouvernement d'intervenir dans à
peu près toutes les activités de ces secteurs et même pas
sous la contrainte d'une adoption par le gouvernement de ces règles qui
peuvent, encore une fois, aller extrêmement loin.
On verra plus loin des articles où, parce qu'un organisme
pourrait être censé payer peut-être $10 dans une
année pour un jeu de hasard ou une loterie, un concours publicitaire,
quand, lui, il peut faire des millions de dollars par ailleurs, simplement
parce qu'il aura à payer ses $10, dans ce cas-ci, le gouvernement va
avoir la régie, va avoir le pouvoir d'entrer dans les édifices,
dans les bureaux de l'entreprise concernée, va pouvoir aller
vérifier tous les livres au cas où il y aurait quelque chose
quelque part qui pourrait affecter les $10 qui vont être payés sur
$1 million, $2 millions ou $100 millions que cette entreprise peut faire
ailleurs, dans les activités qui ne sont pas contrôlées par
le gouvernement.
Je trouve donc que cet article de loi, que l'article du projet de loi no
20 est un article qui dépasse de beaucoup les besoins que nous pouvons
avoir aujourd'hui de réglementer soit l'industrie des courses de
chevaux, soit les loteries.
Enfin, la régie ayant déjà des pouvoirs
d'enquête sur les abus qui peuvent se produire, ici je fais
allusion à l'article 73 sur lequel nous reviendrons sans aucun doute
un pouvoir d'enquête considérable où il est
même dit que malgré l'article précédent qui
restreint un peu ce pouvoir d'enquête, là où il faut un
mandat de perquisition, par exemple, malgré l'article 72, une personne
autorisée pourra toujours, sans mandat, visiter les lieux, obtenir des
documents, interviewer les gens, enquêter sur leurs activités et
faire une perquisition par la force, au besoin. On n'en a pas oublié; ce
ne sont pas seulement les édifices, mais le véhicule,
l'aéronef, le bateau, lieu ou édifice, ouvrir et faire ouvrir un
réceptacle pour y rechercher le document incriminant, sans aucun
doute.
En vertu de ce projet de loi, donc, la régie va avoir des
pouvoirs sans mandat, des pouvoirs de perquisition sans mandat et auprès
de qui? Encore une fois, auprès d'entreprises dont l'activité
principale peut être complètement étrangère à
l'objectif de ce projet de loi. Tout simplement parce qu'il y a une maison
quelconque, je ne sais pas moi, comme Eaton qui décide de faire un
concours publicitaire, une fois dans une année, où elle va donner
$100 de prix, parce qu'il y a un article de la loi un peu plus loin qui dit
qu'il faudra que cette entreprise paie un droit, cela va permettre, en vertu de
l'article 73 et en vertu de l'article 20 ici en particulier, à cette
régie d'intervenir dans l'ensemble des activités d'Eaton &
Co. Je trouve donc qu'il s'agit là...
M. Parizeau: Vous me permettez une question?
M. Raynauld: Oui.
M. Parizeau: Est-ce que je pourrais juste lui demander s'il a
noté que l'article 73 ne s'applique qu'en matière de faux?
M. Raynauld: En ce qui concerne... M. Parizeau: 73.
M. Raynauld: Oui.
M. Parizeau: Donc, le cas Eaton, l'article 20, je veux bien, mais
pas 73, à moins qu'Eaton organise des courses de chevaux.
M. Raynauld: Oui, eh bien on en aura d'autres qui montreront que
cela s'applique également aux concours publicitaires. En tout cas, pour
cela on pourra y revenir tout à l'heure, mais je l'ai noté pour
les concours publicitaires aussi. De toute façon, l'article 20 ici
s'applique à l'ensemble de la loi, par conséquent je pense que
même si le pouvoir de l'article 73 est limité à l'industrie
des courses, il reste qu'en ce qui concerne l'article 20, la régie peut
faire des règles concernant l'ensemble des paragraphes que j'ai
mentionnés tout à l'heure et que j'ai relus. Au total, je trouve
donc cet article abusif en ce qui concerne les domaines d'intervention
possibles, et je trouve l'article abusif en ce qui concerne la
référence à des règles plutôt qu'à des
règlements. Peut-être que j'en reparlerai un peu plus tard, s'il y
a lieu, selon les réactions à ces remarques.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. (11 heures)
M. Parizeau: M. le Président, j'ai déjà dit,
à l'occasion d'une session que nous avons eue sur la même loi, la
semaine dernière, je pense, que nous avions cherché à ne
pas faire de loi particulièrement originale et à suivre des
pratiques qui sont assez courantes dans d'autres gouvernements à
l'occasion de sujets ou de matières analogues. Nous en avons, je pense,
une bonne illustration avec l'article 20. D'autres gouvernements qui ont
été placés exactement dans la même situation, quant
à la façon d'établir des règles quant à
l'industrie des courses, ont adopté et en un certain sens c'est
un peu sur eux qu'on calque exactement le même genre
d'attitude.
Quand on parle de règles ici, il faut bien s'entendre, ce sont
toutes les règles selon lesquelles les courses, par exemple, vont
être tenues, exactement comme il y a des règles dans le hockey. Il
y a des règles qui consistent à dire que, quand on met en jeu la
rondelle, on ne la lance pas en l'air, mais on la laisse tomber sur la glace,
et on ne la laisse pas tomber n'importe où sur la glace mais à
certains endroits. Ce sont des règles, cela; ce ne sont pas des
règlements, ce sont des règles. Comment on va mener une course,
d'où est-ce qu'elle va partir, quelle longueur elle aura, est-ce que les
chevaux vont partir par la gauche plutôt que vers la droite? Ce sont des
règles. Il y a de ces règles qui concernent le sport
lui-même, puis il y a des règles qui sont plus larges qui sont
destinées, effectivement, à protéger, soit le public en
général, soit des secteurs du public, comme je disais tout
à l'heure, ou des participants.
Ces règles, je sais que beaucoup de gens, enfin j'ai reçu
des représentations à cet égard, nous ont dit: Pourquoi
est-ce que vous les faites, à l'égard d'un sport, aussi larges,
aussi vastes avec autant de pouvoirs à la régie, alors que, pour
reprendre mon exemple dans le hockey tout à l'heure, ce n'est pas au
gouvernement de déterminer si la rondelle va être lancée en
l'air plutôt que déposée sur la glace? C'est pour une
raison très simple, c'est que les courses, en particulier, sont le seul
sport où il y a un pari mutuel. Il n'y a pas de pari mutuel dans le
hockey. La façon dont d'autres gouvernements ont réagi à
l'égard de ces règles est exactement celle que nous avons
adoptée.
Je vais vous en donner quelques exemples. Prenons le cas des paragraphes
analogues, ceux qui décrivent les mêmes pouvoirs qu'on retrouve
dans l'article 20 de notre projet de loi, que l'on retrouve dans l'article 11
de la loi en Ontario qui s'appelle The Racing Commission's Act. Je vais en
citer trois exemples, pour indiquer à quel point nous ne sommes pas
originaux; en fait, nous ne sommes qu'alignés sur les autres.
L'article 11a dit: "The Commission has power to govern, direct, control
and regulate horse racing in Ontario in any or all of its forms." C'est assez
large, cela couvre bien du terrain.
Prenons maintenant la question des licences à donner. Je ne veux
pas lire tous les articles, il y a une page et demie d'articles, mais il y en a
quelques-uns que je voudrais lire parce qu'ils répondent très
directement à certaines préoccupations du député
d'Outremont.
Prenons la question des licences qu'on accorde à certaines
personnes. L'article 11f dit: "To license persons to operate race tracks at
which horse racing in any of its form is carried on and to impose such terms
and conditions on a licence as the Commission écoutez bien cela,
M. le Président considers expedient." Cela va extrêmement
loin. On ne parle même pas de l'intérêt public, on dit: "As
the Commission considers expedient." C'est cela le critère en Ontario.
On n'a pas eu le culot d'aller jusque-là, nous autres.
L'article 111: "To make and promulgate d'elle-même, la
commission, de faire et de promulguer rules for the conduct of horse
racing in any of its forms." La loi de l'Ontario ne dit pas seulement que la
commission a le droit de les faire, mais elle les promulgue elle-même
sans aucune référence à qui que ce soit d'autre.
M. Raynauld: Ce n'est pas cela.
M. Parizeau: C'est quand même un pouvoir qui rejoint
singulièrement certains des pouvoirs à l'article 20 que de
dire...
M. O'Gallagher: Me permettez-vous une question?
M. Parizeau: Oui, bien sûr.
M. O'Gallagher: A propos de l'élevage des chevaux et
l'entraînement des chevaux de course
hors la piste, est-ce que c'est semblable, cela aussi? A-t-on une
réglementation semblable en Ontario?
M. Parizeau: Ce qu'on ne sait pas, c'est jusqu'où ils
peuvent aller quand on dit "to govern direct control and regulate horse racing
in Ontario in any or all of its forms". Où commencent-ils? C'est
à eux de le déterminer.
M. O'Gallagher: Mais ils ne parlent pas directement de
l'élevage et de l'entraînement.
M. Parizeau: Non, pas spécifiquement, je ne le crois pas.
Il reste néanmoins qu'étant ouvert large comme cela, c'est dire
que tout ce qui concerne l'industrie des courses, la commission peut le
réglementer comme elle le veut, et c'est elle qui définit son
propre champ d'application.
M. O'Gallagher: Je ne comprends pas...
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Huntingdon doit parler avant; vous aurez le droit de revenir après. M.
le ministre.
M. Parizeau: Je voudrais continuer dans le même sens. La
Nouvelle-Ecosse, dans le Harness Racing Commission Act, à l'article 8.I.
dit: "To make and promulgate rules for the conduct of harness racing in any of
its forms, including adoption of any rules of the United States Trotting
Association or such other rules as the commission deems expedient". Là
encore, la même idée revient que la commission, que ce soit en
Ontario ou en Nouvelle-Ecosse, peut étendre sa juridiction, en ce qui
concerne les courses, jusqu'au point où elle le juge utile. C'est ce que
cela veut dire, "deems expedient", jusqu'à ce qu'elle le juge utile.
C'est dans ce sens que l'article 20, qui peut sembler, quand on le lit
comme cela, un peu étonnant au député d'Outremont, a des
tas de précédents pour ce type d'activité et pour ce type
de contrôle auprès d'autres gouvernements. A cet égard, je
vous avouerai que j'ai été un peu surpris de constater certaines
réactions que j'ai reçues de certaines gens dans les semaines qui
ont précédé, disant qu'il y a quelque chose d'anormalement
vaste dans ces pouvoirs. J'imagine que certains d'entre eux doivent savoir que
dans la province voisine, c'est exactement le même genre de pouvoirs qui
existe.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Il semble bien que de
a) à d), les pouvoirs sont vraiment excessifs. Les pouvoirs qu'on laisse
à la régie sont très vastes et on n'est peut-être
pas nécessairement obligé de copier ce qui se fait en Ontario et
ce qui se fait en Nouvelle-Ecosse. Si on prend l'article a), je me demande
jusqu'à quel point il est nécessaire que la régie
réglemente jusqu'aux fermes d'élevage et d'entraînement des
courses parce que cela ne touche pas directement la course elle-même;
c'est une étape préalable, mais cela ne touche pas la course
elle-même. J'aimerais bien qu'on me dise pourquoi on réglemente
jusqu'à ce point-là.
Après, si on prend l'article b), on s'aperçoit que les
gens du milieu ne sont même pas consultés. Le rôle des gens
du milieu, à l'article b), n'existe même pas. Je pense qu'il y
aurait lieu que cela se fasse en consultation avec les gens du milieu. Si vous
prenez les articles c) et d), ces pouvoirs sont vraiment excessifs. La nature,
le nombre et la fréquence des courses, c'est excessif comme pouvoir
laissé à la régie, cela.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: II y a une chose à laquelle je n'ai pas
répondu dans ce que disait le député d'Outremont tout
à l'heure et qui revient maintenant dans ce que dit le
député de Huntingdon. Cela peut paraître effectivement
surprenant de dire: Pourquoi doit-on contrôler le nombre et la
fréquence des courses, aussi bien nationalement que
régio-nalement? Pour une raison très simple. Il est
évident qu'une concurrence entre deux, trois ou quatre pistes de courses
qui seraient apparues dans une région, et dont les courses
correspondraient, en termes de temps, exactement aux mêmes
périodes de l'année, cela peut, à toutes fins utiles,
réduire considérablement les paris à chaque course, et
mettre en péril l'avenir de chacune des courses.
Cela intéresse vitalement le gouvernement, soit dit en passant,
justement dans la mesure où il est fortement impliqué dans les
bourses qui sont distribuées pour chacune de ces courses aux
propriétaires de chevaux. Il est à peu près normal qu'il
ne permette pas que les pistes de courses se multiplient ou se propagent dans
toutes les directions et veuille garder un contrôle sur le nombre de
pistes, où elles vont être, quelle va être la longueur de la
saison. Là encore, c'est moins l'intérêt du public en
général que l'intérêt des pistes de courses
elles-mêmes. Si on laisse proliférer cela dans toutes les
directions, vous me direz qu'il y en a qui feront faillite et que le libre jeu
du marché aura joué. Mais, oui, je comprends bien, sauf que, dans
l'intervalle, sur le plan des recettes...
M. Raynauld: Voyons donc! M. Parizeau:
Évidemment.
M. Raynauld: Faites une régie pour contrôler les
ventes des grands magasins, faites une régie pour réglementer les
ventes de n'importe quoi. On ne peut pas accepter cela!
M. Parizeau: S'il ne s'agissait que de cela, on n'aurait pas
besoin d'une régie. Mais si, d'autre part, le gouvernement était
amené à distribuer des primes aux clients qui entrent dans un
magasin ou
qui achètent dans le magasin en question, oui, il y aurait une
régie des magasins. Je comprends bien qu'il y aurait une régie
des magasins! Si chaque fois que quelqu'un entre chez Eaton...
M. Raynauld: C'est absolument absurde!
M. Parizeau: Si, pour attirer le client chez Eaton, on
distribuait des bourses, soit aux clients, soit à ceux qui font affaires
avec Eaton, il y aurait une réglementation, c'est évident. On ne
peut pas vouloir dire, d'une part, au gouvernement: Vous distribuez des bourses
pour les courses et, d'autre part, vous ne vous souciez pas de savoir combien
il y en a, combien de pistes, comment cela va se faire!
M. Raynauld: M. le Président...
M. Dubois: Réglementer le système d'élevage,
il me semble que c'est pousser loin pas mal, quand même.
L'entraînement des chevaux de courses, c'est quand même abusif
comme loi.
M. Parizeau: II faut, quand même, que vous soyez en mesure
de vérifier l'âge des chevaux à un moment donné,
juste cela. Comment faites-vous cela si vous n'avez aucune
possibilité?
Une Voix: Pas par les dents?
M. Dubois: II est question de qualification à ce
moment-là. Si le cheval est telllement vieux qu'il ne peut pas se
qualifier, il n'y a plus de problème.
M. Parizeau: S'il est très jeune ou s'il est très
vieux, c'est clair. Entre les deux, il faut aller vérifier, quand
même, des fois.
M. O'Gallagher: Et si le cheval était importé?
M. Dubois: Quand on parle, à l'article h) de
"l'établissement de régions, ainsi que le contingentement", ce
qui arrive, c'est que le personnel sera contraint à travailler à
une piste seulement ou à un endroit particulier. Il n'aura pas le choix
ou la liberté de travailler à un endroit ou à un
autre.
M. Parizeau: Pourquoi?
M. Dubois: Cela amène une contrainte dans ce
sens-là.
M. Parizeau: Pas nécessairement. Pourquoi?
M. Dubois: L'établissement de régions. On vient
spécifier les régions où le personnel devra
travailler.
M. Parizeau: Non.
M. Dubois: II sera porteur d'une licence, quand même.
M. Parizeau: Ce n'est pas ce que cela veut dire. Le
contingentement ne s'applique pas au personnel. Le contigentement s'applique
aux pistes. A l'heure actuelle, on demande pour telle région du
Québec l'ouverture de deux ou trois pistes additionnelles. Est-ce qu'on
leur dit: Faites ce que vous voulez ou est-ce qu'on leur dit: Étant
donné qu'on distribue les bourses pour les courses...
M. Dubois: Ce n'est pas explicite, parce que, si on regarde
l'article plus bas, "le port et l'affichage des licences", est-ce qu'on va dire
au personnel: Vous êtes contraints de travailler à un endroit
particulier?
M. Parizeau: Cela veut simplement dire qu'on peut
réglementer le fait que, quand il y aura une licence pour exploiter dans
certains endroits une piste de courses, ils doivent porter un macaron ou
quelque chose comme cela qui les identifie.
M. Dubois: Quelqu'un qui travaille à Blue Bonnets peut
aller travailler au Lac-Saint-Jean, par exemple.
M. Parizeau: II n'y a rien qui empêche cela. C'est
simplement le fait que, quand il travaille quelque part, si, à un moment
donné, il y a une enquête pour savoir si les chevaux ont
été dopés ou pas, c'est commode que les gens qui
approchent certaines aires à l'intérieur de la piste soient
identifiés. Si, à un moment donné, la régie trouve
utile qu'iis soient identifiés chaque fois qu'ils ont accès
à certaines opérations dans une piste de courses, et qu'ils
portent un macaron indiquant qu'ils sont identifiés, il n'y a rien
là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je pense bien qu'il est facile pour le ministre de
trouver des exemples un peu ridicules pour montrer...
M. Parizeau: Si l'Ontario et la Nouvelle-Ecos-se sont
ridicules!
M. Raynauld: Non, je pensais à la rondelle qui doit tomber
plutôt qu'être lancée en l'air. Le besoin pour une
régie d'État d'adopter une règle pour décider de
cela, je dis que c'est un exemple stupide. (11 h 15)
C'est évident que si on tire de ces exemples un besoin
indispensable, un besoin essentiel pour le gouvernement de décider de
ces choses, on est ici pour bien longtemps au Parlement du Québec. On va
réglementer absolument tout, tout, tout ce qui se passe dans la
société. Je trouve que cet esprit avec lequel un projet de loi
est défendu, ce matin, cela me fait lever les cheveux sur la tête,
parce qu'à chaque fois que le gouvernement pourrait avoir un
intérêt sous la forme d'un impôt quelconque, d'une taxe de
vente, sous la forme d'un impôt, je ne sais pas, d'une licence, qu'on
doit payer $0.50, maintenant, il n'y en a plus de licence de $0.50, mais
à chaque fois qu'il y aurait $0.50 d'impliqué, cela justifierait
le gouvernement d'aller contrôler les activités de ces gens. Je
trouve que c'est un principe qui ne tient pas debout, qui n'a aucun sens,
absolument aucun sens! Que le gouvernement soit intéressé, qu'il
donne des bourses aux chevaux, est-ce que cela va justifier le gouvernement,
comme si c'était le gouvernement qui donnait des bourses? D'ailleurs, il
ne donne pas de bourses, le gouvernement! Il réglemente des bourses.
M. Parizeau: Non, il donne des bourses.
M. Raynauld: II va réglementer. Oui, il va donner des
bourses?
M. Parizeau: On donne déjà. Cela se fait depuis des
années.
M. Raynauld: Ce sont des paris mutuels. Ce sont des bourses qui
ne sont pas tirées du trésor du gouvernement du Québec, je
l'espère!
M. Parizeau: Evidemment!
M. Raynauld: Mais, non, ce n'est pas tiré de cela, c'est
tiré des paris. C'est le résultat des paris.
M. Parizeau: Je ne sais pas si on peut me permettre d'intervenir,
mais il y a une erreur flagrante. Il y a les paris pour permettre de payer un
certain nombre de bourses. Depuis plusieurs années, l'industrie a
demandé au gouvernement d'augmenter le montant des bourses de
façon à attirer de meilleures choses et à faire en sorte
que les courses soient plus intéressantes. C'est ainsi que SODIC a
été créée avec, comme une de ses fonctions
essentielles, de compléter les bourses. Cela date de 1975, enfin, je
veux dire, avant qu'on arrive. Ce n'est pas une création du nouveau
gouvernement. Non seulement ce n'est pas une création du nouveau
gouvernement, mais toute l'industrie a chaudement félicité le
gouvernement d'avoir fait cela, quand cela a été fait.
M. Raynauld: L'industrie félicite toujours un gouvernement
quand elle reçoit de l'argent. Vous pouvez être sûr de cela.
Vous faites le Père Noël et vous allez être très
aimé.
M. Parizeau: Ne dites pas: Faites le Père Noël, ce
n'est pas nous qui avons fait le Père Noël, là-dedans, c'est
le gouvernement...
M. Raynauld: ... le gouvernement, oui, oui. M. Parizeau:
... antérieur qui a décidé...
M. Raynauld: Je ne veux pas faire de politique dans cela.
M. Parizeau: Ce n'est pas une question de politique, c'est une
question d'histoire. Ce n'est pas nous qui avons, tout à coup,
trouvé qu'il fallait augmenter les bourses, mais c'est cela qui est en
train de se faire.
M. Raynauld: Je trouve, encore une fois, que le principe suivant
lequel aussitôt qu'un intérêt fiscal de la part du
gouvernement est en jeu, cela le justifie de faire toute réglementation
qu'il juge à propos de faire. Je trouve cela un principe abusif et un
principe faux, un principe que je trouve déplorable, absolument
déplorable. A ce compte-là, le gouvernement va être
obligé de réglementer l'ensemble des activités qui se
passent, parce que le gouvernement a toujours un intérêt fiscal
à quelque activité que ce soit.
Mon deuxième point que je voudrais soulever, ce serait en
relation avec ce que le ministre nous cite de la loi ontarienne ou la loi de la
Nouvelle-Ecosse. Je ne veux pas contester que, dans ces provinces, on ait pu
accorder des pouvoirs considérables à une régie semblable
à celle que le Québec crée aujourd'hui. Je voudrais tout
simplement dire, cependant, qu'il est difficile d'interpréter la
portée de lois d'autres provinces lorsqu'on ne connaît pas le
contexte dans lequel ces lois peuvent être appliquées. C'est
évident qu'une loi particulière doit être faite en fonction
d'autres lois existantes. Il ne s'agit pas de multiplier les lois portant sur
les mêmes choses, puisque cela apporte souvent des incohérences,
des incompatibilités d'une loi à l'autre. Il est évident
qu'en ce qui concerne les sujets qui nous occupent aujourd'hui, il y a beaucoup
d'autres lois déjà du Québec qui ont une certaine
portée: la loi des établissements industriels et commerciaux, par
exemple, a une certaine portée sur ces activités. Les appareils
et les paris mutuels, à ma connaissance, sont sujets à des lois
fédérales, au Code criminel. C'est couvert.
Ensuite, quand on parle du maintien de l'ordre public, il n'y a pas
seulement cette loi qui veille au maintien de l'ordre public, il y a d'autres
lois; il y a des lois municipales aussi, des règlements municipaux qui
veillent au maintien de l'ordre public. La publicité, c'est
déjà réglementé, et à la fois au
fédéral et au niveau du gouvernement du Québec. Par
conséquent, il est difficile d'interpréter la portée,
encore une fois, d'une loi comme celle-là en Ontario ou en
Nouvelle-Ecosse sans qu'on sache exactement dans quel contexte
législatif général cette loi particulière peut
s'inscrire. Je ne veux pas encore une fois contester que les pouvoirs aient
été accordés, mais je dis que l'interprétation me
paraît très difficile et je trouve que c'est peut-être citer
des choses hors de leur contexte que d'invoquer ces articles ou ces lois.
Mon troisième point, c'est qu'il m'a semblé je peux
me tromper parce que je ne fais qu'écouter ce que le ministre nous cite
qu'on emploie toujours l'expression "horse racing". Ce sont des courses.
Ce n'est pas l'industrie des courses. "Horse racing", c'est la course, ce sont
des courses qu'on réglemente. Encore une fois, je n'en sais rien mais,
si le ministre a des informations supplémentaires, il pourrait nous les
donner.
II me semblerait possible, en tout cas, que, par l'utilisation de cette
expression "horse racing", cela puisse avoir une portée beaucoup plus
limitée que des expressions comme celles que nous trouvons à
l'article 20 où on parle non seulement de l'aménagement et de
l'exploitation des pistes de courses, mais aussi des fermes d'élevage et
d'entraînement des chevaux de courses. Cette expression-là
est-elle limitative? Franchement, je ne connais pas la réponse à
la question que je pose. Mais cela ne me paraît pas évident que ce
projet de loi, tel qu'il nous est présenté aujourd'hui, aille
nécessairement en deçà de ce qui nous est
présenté dans d'autres provinces. Il y a des gens qui ont fait
des représentations auprès du ministre, à savoir que
justement un article comme celui-là l'article 20 puisse
aller beaucoup plus loin, et ils manifestent une certaine surprise. Si
j'étais à la place du ministre, je m'informerais un peu plus
parce que, bien sûr, ils doivent être informés, eux aussi,
de ce qui se passe en Ontario et en Nouvelle-Ecosse. S'ils prétendent et
s'ils pensent qu'un article comme celui-ci l'article 20 va
beaucoup plus loin que ce à quoi ils sont habitués, à ce
moment-là, je me poserais des questions. Je ne dirais pas: Ecoutez donc!
Vous êtes complètement dans les prunes. Je poserais beaucoup plus
de questions à savoir si c'est bien vrai que l'article 20 ne va pas plus
loin dans son application, dans les interprétations qui seront
données à comparer avec les interprétations qui ont
été données en Ontario ou en Nouvelle-Ecosse.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, une des
représentations qui m'ont été faites, par exemple, a
été soulevée tout à l'heure par le
député d'Outremont. On disait: Pourquoi ces
règles-là ne sont-elles pas approuvées par le
lieutenant-gouverneur en conseil? C'était cela un des objets de
surprise. J'ai essayé de donner des exemples tout à l'heure pour
bien indiquer que les commissions de courses dans les autres provinces ne
passent pas par le lieutenant-gouverneur en conseil. C'est cela que je voulais
dire. Elles définissent ces règles et elles les promulguent
elles-mêmes. On pourrait donner d'autres exemples. On vient de vous
montrer celui de l'Alberta; elles sont toutes faites de la même
façon.
Quant à savoir dans quel détail et jusqu'où on doit
aller dans les réglementations, il est évident que ce n'est
qu'à l'usage qu'on peut se rendre compte et qu'on saura jusqu'où
il faut aller. J'aimerais soulever seulement ceci: C'est que, pendant des
années, à toutes fins utiles, le code des règles pour les
courses de chevaux a été établi, comme on a eu l'occasion
de le souligner à plusieurs reprises, par la Canadian Trotting
Association. Ces règles-là entrent dans une brochure qui contient
76 pages, en petits caractères, et qui définit les choses
au sujet de mon analogie avec la rondelle de hockey tout à l'heure, le
député d'Outremont trouvait que c'était un exemple
ridicule...
On peut trouver, à la Canadian Trotting, des précisions
absolument foudroyantes, sur le type de casque qu'on doit porter quand on fait
du jogging ou l'entraînement d'un cheval avant ou après une
course, les heures où les chevaux doivent arriver ou ne pas arriver. Il
y en a des pages et des pages, de ces trucs-là. C'est pourtant ce qui a
été les règles de l'industrie pendant des années.
Jusqu'où la régie va-t-elle aller se promener pour essayer de
définir des règles précises? Quant à moi,
j'espère en dire le moins possible, mais il est évident qu'elle
va être obligée d'amener une série de précisions qui
seront inévitables pour effectivement contrôler l'industrie.
Qu'on ne vienne surtout pas imaginer c'est l'impression qui
graduellement se développe que: a) le Québec se donne des
pouvoirs absolument exorbitants qui n'existent pas ailleurs et, b) qu'on est
pris par une espèce de fringale de contrôle qui n'aurait jamais
existé auparavant. Ce n'est pas cela du tout. On remplace, en fait, par
une régie d'Etat la Canadian Trotting Association dans ses
règlements Dieu sait s'ils étaient copieux et,
d'autre part, sur le plan de la législation, on essaie de s'inspirer de
principes qui sont généraux dans tout le Canada à chaque
fois que les gouvernements sont intervenus.
Le Président (M. Michaud): D'autres commentaires?
M. Raynauld: Je voudrais simplement dire qu'il y a une
différence majeure entre des règles pour des courses ou pour...
Il y a aussi, je suppose, des règles dans la Ligue nationale de hockey
qui concernent les rondelles. Quand je disais que c'était ridicule, je
trouvais que c'était ridicule pour le gouvernement de faire une chose
comme celle-là. Je conçois très bien qu'une association
puisse adopter des règles comme celles-là. La Canadian Trotting
Association, si c'est une association bone fide, doit être
financée par ses membres. C'est une association dont les membres doivent
être élus, où les dirigeants doivent être
élus. Il y a quand même une immense différence entre cela
et un gouvernement qui, lui, a des pouvoirs de taxation, a des pouvoirs de
réglementation, a des pouvoirs de poursuivre en justice, qui peut
même comme on l'a dit tout à l'heure, en ce qui concerne
les courses, avec l'article 73 faire des perquisitions sans mandat. Je
pense que c'est bien différent de la Canadian Trotting Association.
Cela, c'est un point.
Encore une fois, en ce qui concerne les lois des autres gouvernements,
je dis simplement là-dessus que ces lois s'interprètent à
la lumière d'un ensemble de lois dont on ne connaît pas la nature
ici, et cela me paraît difficile de porter un jugement là-dessus.
Encore une fois, je ne nie pas que certains autres gouvernements aient pu faire
ce que le gouvernement du Québec fait ici. Comme nous en sommes à
étudier la formulation des articles, j'en suis simplement sur le fait,
sur la possibilité qui existe et qui semble évidente, à la
lecture de ceci, que la formulation qui est ici est une formulation
excessivement large. C'est là-dessus que j'en suis.
Ensuite, je trouve aussi anormal que la régie puisse faire des
règles sur des choses qui impliquent des relations
d'équité ou des relations qui peuvent mettre en cause les
intérêts de groupes. Ce n'est pas parce qu'on veut
réglementer une industrie que le gouvernement doive abandonner les
responsabilités qu'il a d'établir ces règles de justice et
d'équité. Que cette régie puisse avoir en outre le pouvoir
de faire des règles concernant une conduite de courses, je le
conçois. Je conçois que la régie puisse être
obligée de faire une règle concernant la façon de calculer
la vitesse à laquelle les chevaux vont courir. Je conçois cela.
Ce n'est pas là-dessus que j'en suis, mais j'en suis sur le fait qu'il
semble que cela va plus loin que ce qui est nécessaire. (11 h 30)
Quand on dit que la régie, parce qu'elle a un
intérêt fiscal, va aussi réglementer la fréquence
des courses et des systèmes de loterie, je dis: Est-ce que c'est
vraiment nécessaire de faire cela? Est-ce qu'on peut penser que, s'il y
a une course qui se fait à un endroit sur une rue, une journée,
il va y avoir un entrepreneur assez bête pour en faire une autre en face
la même journée? Si c'est cela, ils perdront de l'argent. Ils vont
en perdre et bien plus que le gouvernement parce que ce sont eux qui,
jusqu'à maintenant, en tout cas, engagent les fonds et prennent des
risques dans cette industrie. Par conséquent, on ne peut pas se servir
de cette raison pour vouloir réglementer cela. Maintenant, il est
possible... Le ministre va probablement trouver un article en Ontario pour nous
dire: Justement, l'Ontario le fait. Mais je me demande quand même si
c'est vraiment nécessaire d'aller aussi loin dans la
réglementation de l'industrie, compte tenu des objectifs qu'on poursuit
ici.
M. le Président, j'hésite, mais je vais quand même
proposer un amendement pour indiquer l'esprit avec lequel on a abordé
l'étude d'un article comme celui-ci. Maintenant, je le fais avec une
hypothèse à l'esprit et peut-être que cette
hypothèse n'est pas la bonne. Lorsqu'il y a un article de loi comme
celui-ci qui est exprimé de façon générale, est-ce
que ce n'est pas le cas où on va devoir l'interpréter? Ne
serait-il pas mieux d'avoir un article qui serait un peu plus
général que celui-là et qui ressemblerait d'ailleurs, si
je me souviens bien, à certains des articles que le ministre nous a
cités tout à l'heure pour l'Ontario, des articles plus
généraux, mais qui en réalité vont peut-être
être plus contraignants que le genre de détails que l'on donne
à l'article 20?
Avec cette hypothèse à l'esprit, je voudrais proposer
l'amendement suivant. L'article 20 serait remplacé par le suivant: La
régie peut faire il y a un problème tout de suite
des règlements concernant a) la conduite et le fonctionnement des
courses; b) la conduite et l'opération des systèmes de loterie;
c) la conduite et l'opération des concours publicitaires; d)
l'exploitation d'appareils d'amusement; e) le port et l'affichage des licences.
Maintenant, je soumets cet amendement sous réserve. Encore une fois,
j'aimerais qu'on puisse en discuter objectivement. Je ne suis pas ici pour
faire de la publicité. Je me demande s'il ne serait pas
préférable d'avoir un article, oui, où c'est plus large,
mais où, en fait, comme c'est plus vague, cela va être sujet
à interprétation, plutôt que des articles qui sont
tellement précis et qui couvrent tout. Je me demande justement si en
disant: La conduite et le fonctionnement des courses la régie ne serait
pas à ce moment obligée de justifier qu'elle doive intervenir
dans ce domaine davantage que ce n'est le cas à l'heure actuelle
où on dit: Vous pouvez même voir à l'embauche des personnes
nécessaires, faire des règles concernant l'embauche des personnes
nécessaires à la surveillance et au contrôle des
courses.
Quand on pense à cela, l'embauche, cela veut dire que la
régie va avoir le pouvoir de déterminer si le cuisinier qui vient
vendre des hot dogs sur une piste de courses - si ce gars sert de la
viande chevaline, cela est couvert déjà par une autre loi et on
n'aurait pas besoin d'adopter cette loi est assez grand ou s'il est trop
petit ou s'il est trop gros. Je ne sais pas.
Le Président (M. Jolivet): Avant de continuer, vous en
faites effectivement...
M. Raynauld: Oui, j'en fais un amendement. Encore une fois, je ne
suis pas ici, comme je l'ai dit, pour la galerie. S'il y avait des objections
sérieuses à cela, j'aimerais les entendre et je n'ai pas
d'objection à modifier mon tir en cours de route, au besoin. Encore une
fois, je ne veux pas faire de procédure juste pour faire de la
procédure.
Le Président (M. Jolivet): Je reçois l'amendement
pour discussion. M. le ministre.
M. Parizeau: Est-ce que je pourrais avoir la liste de ce qui
vient d'être proposé?
Le Président (M. Jolivet): On va en faire faire des
photocopies le plus rapidement possible.
M. Parizeau: Juste une chose, quant au personnel. L'embauche
telle que définie dans l'article 20b ne peut pas couvrir n'importe quoi,
c'est l'embauche des personnes nécessaires à l'organisation,
à l'administration, à la surveillance et au contrôle des
courses ainsi que les qualifications, les devoirs et les fonctions de ces
personnes. Ce n'est pas n'importe quel personnel. Ce que je ne saisis pas
là-dedans, c'est qu'on veut en arriver ^ un nombre d'objets; si on se
donne des pouvoirsfplus larges encore, je ne vois pas en quoi en
atténue les appréhensions du député d'Outremont. Si
j'ai bien compris ce qu'il a dit là je n'ai pas pris en notes au
fur et à mesure, on va le voir tout à l'heure j'ai
l'impression qu'il ouvre des portes encore plus grandes que celles qui sont
dans le projet de loi actuellement.
Si je reprends ici la loi de l'Ontario, l'article 11g reprenons
justement la question du personnel: "To licence owners, trainers, drivers,
jockeys, apprentice jockeys, grooms, jockeys agents,
jockeys valets, exercise boys, tradesmen l'Ontario en est
jusqu'à couvrir le cuisinier du stand de hot dog and such other
persons in or about race tracks at which horse racing in any of its forms is
carried on and to impose such terms and conditions on a license as the
Commission considers expedient." Nous ne sommes pas allés aussi loin que
l'Ontario, parce qu'eux, ce sont tous les "tradesmen ", c'est
littéralement tout le monde; et cela va même plus loin, ce n'est
pas seulement "in the race", c'est "in and about", c'est-à-dire dedans
et dans les environs immédiats. Nous, déjà, on se trouve
restreint par rapport à l'Ontario, parce que nous, on dit: Les personnes
nécessaires à l'organisation, à l'administration, à
la surveillance et au contrôle des courses. C'est tout. Ce ne sont pas
les "tradesmen" qui sont "about the race course".
M. Raynauld: Faites attention, parce qu'il y a un article qui est
dans le projet de loi qui dit: Tout le monde. Vous donnez des permis ou des
licences à tout le monde.
M. Parizeau: Non, il est amendé. Il a été
amendé celui-là, justement à cause de cela.
M. Raynauld: Le vendeur de foin pour un cheval était
licencié. Les chevaux peuvent voler les autres aussi.
M. Parizeau: II faudrait choisir. C'est que, si on ouvre des
portes, les portes qu'on a ici peuvent sembler larges. On a essayé,
à toutes fins utiles, de s'inspirer de ce qu'il se faisait ailleurs
mais, si vous les ouvrez plus largement encore, je ne sais pas dans quelle
mesure cela correspond aux objections que vous avez.
M. Raynauld: J'ai dit tout à l'heure justement qu'il y
avait une hypothèse en arrière de cela en disant que la conduite
et le fonctionnement des courses, c'est effectivement général,
mais qu'il me semblait que, si on ne mentionne pas l'embauche dans un article
comme celui-là, la régie peut bien dire qu'elle s'inspire de cet
article, la conduite et le fonctionnement des courses pour le faire, mais
qu'elle va peut-être être obligée de se justifier devant
quelqu'un. C'était cela mon impression. Il y a peut-être des
avocats ici, des gens qui sont plus habitués que moi à
l'interprétation des articles, mais c'était cela l'intention.
M. Parizeau: Je ne veux pas faire de petite histoire à cet
égard, dans le sens d'anecdotes, mais au fond le deuxième
paragraphe de 20 aurait pu être là tout seul.
M. Raynauld: ...
M. Parizeau: Oui, oui. En un certain sens, c'est sur des
pressions, justement, de caractère juridique qu'on nous a dit: C'est
exorbitant, l'article 20, deuxième paragraphe, tout seul. Il faut au
moins que vous indiquiez, quand même ce serait dans son esprit, dans quel
secteur cela doit jouer en gros. Dans ces conditions, le deuxième
paragraphe de l'article 20, justement, là, vous aurez besoin de
justifier que, de a) à k), cela n'était pas suffisant.
A l'origine si on veut faire la petite histoire de ce projet
non seulement nous pouvions vivre avec l'article 20, deuxième
paragraphe, mais c'était bien plus facile pour tout le monde parce que
là cela couvrait n'importe quoi. L'amendement que vous apportez...
M. Raynauld: II ne faudrait pas oublier l'essentiel de mon
amendement.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Raynauld: L'essentiel c'est que ce sont des règlements
plutôt que des règles.
M. Parizeau: Attention. Quand on parle de votre amendement, c'est
dans le mot "règlement". Ce n'est pas dans les phrases qui suivent parce
que les phrases qui suivent consistent à mettre de a) à e) tout
ce qu'on trouvait dans le deuxième paragraphe.
M. Raynauld: Oui, c'est exact.
M. Parizeau: Je vois maintenant, en regardant cela, que le seul
élément nouveau par rapport à l'article 20, paragraphe 2,
est de dire "des règlements".
M. Raynauld: C'est cela.
M. Parizeau: On s'entend bien.
M. Raynauld: Oui, on s'entend très bien.
M. Parizeau: Ces règlements, dans votre esprit, vont
où?
M. Raynauld: Ces règlements sont adoptés par le
gouvernement, par le cabinet et ensuite la régie peut s'inspirer de ces
règlements pour faire toutes les règles qu'elle veut et dont nous
parlions antérieurement. Elle peut faire des règles, mais en
s'inspirant des règlements qui sont là; elle ne pourra pas faire
des règles qui vont aller à l'en- contre des règlements
qui seront adoptés par le gouvernement.
M. Parizeau: Les règlements du gouvernement prendraient
quelle forme? Ce serait l'article 20, premier paragraphe, de a) à k)?
Cela deviendrait quelque chose comme cela? Le gouvernement dirait: La
régie peut faire des règles sur les sujets suivants. Si la
régie a le droit de faire des règles et qu'elle demande au
gouvernement, par règlement, de lui donner ces pouvoirs, le gouvernement
va lui dire, à toutes fins utiles: Vous avez déjà
l'article 20, deuxième paragraphe, dans votre loi. On vous dit qu'en
vertu de l'article 20, deuxième paragraphe, vous pouvez adopter des
règles sur les sujets suivants, de a) à k). Non seulement
cela ne serait pas dans la loi, ce serait dans les règlements. Cela
atténue encore la portée. Les règlements du gouvernement,
c'est tout ce qu'ils vont dire. Étant donné qu'il faut laisser
énormément de flexibilité là-dedans, ce que le
gouvernement, par règlements, dirait au lieu que ce soit par la loi 20
de a) à k): La régie peut faire des règles concernant...
Là, on va donner toute la liste. C'est bien moins que la loi
actuelle.
M. Raynauld: C'est certain, le gouvernement peut bien
décider qu'il ne fera pas de règlements ou qu'il va faire des
règlements tellement généraux que la liberté va
être laissée totalement; on ne peut pas empêcher cela. Mais
le gouvernement pourrait aussi décider que ce serait avantageux de
restreindre un peu la portée de ces règles que la régie
peut faire. Je vais prendre un exemple en dehors de l'industrie des courses. Le
contingentement des licences, cela ne vous frappe-t-il pas comme une chose qui
devrait appartenir au gouvernement de définir des régions et de
dire qu'on va contingenter les concours publicitaires ou les loteries? Il me
semble que cela me paraît évident, dans cet exemple, que cela
soulève des questions de politique générale.
Comment se fait-il qu'on pourrait laisser cela à une régie
d'établir des contingentements de licences pour les loteries? Il me
semble que c'est un très bel exemple. Il me semble que c'est un
règlement par définition, cela. Ce n'est pas dans la loi. Il me
semble que c'est typique d'un règlement. Le gouvernement dit: Nous
allons approuver, nous. On ne laissera pas à une régie
indépendante le soin de déterminer s'il va y avoir trois loteries
permises dans la ville de Québec, quand on a le Carnaval, alors qu'on va
en permettre zéro à Trois-Rivières ou dix à
Montréal. Il me semble que c'est typique d'un règlement d'un
gouvernement. Il dit: J'ai des intérêts là-dedans, je veux
savoir comment cela va se répartir à l'intérieur du
Québec. Là, on le laisse à une régie, le
contingentement des licences. C'est un exemple qui est peut-être plus
facile encore que l'industrie des courses.
M. Parizeau: Ce qui s'est toujours fait.
M. Raynauld: Oui, mais c'est un règlement alors qu'ici
c'est une règle.
M. Parizeau: C'est toujours en vertu d'un règlement qui
autorise le ministère du Revenu actuellement, c'est le
ministère du Revenu qui peut le faire, cela existe déjà au
Québec à accorder des licences pour ce type
d'activité. C'est le ministère du Revenu.
M. Raynauld: C'est le ministère, c'est bien
différent d'une régie indépendante. Ce n'est pas pareil.
Si le ministre, un matin, dit: Ce n'est pas comme cela que je la veux?
M. Parizeau: Oui, le ministre est responsable devant la Chambre
de la façon dont la régie fonctionne.
M. Raynauld: Cela se comprend, c'est le ministre qui
décide. Là, c'est une régie indépendante. Il faut
se rendre compte que, s'il y a une critique qui est faite dans six mois pour
dire que la régie n'a pas permis de licence dans le Nord-Ouest
québécois, le ministre va arriver en Chambre et dire: Ce n'est
pas de mes oignons, cela dépend de la régie.
Une Voix: 138.
M. Raynauld: 138. (11 h 45)
M. Dubois: M. le Président... Sur les amendements
proposés...
Le Président (M. Jolivet): Si le député
d'Outremont a terminé.
M. Raynauld: Oui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je trouve déjà qu'à l'article 20a
et b) les pouvoirs sont très vastes et même abusifs. Si je regarde
les amendements proposés, je pense que ce sont des pouvoirs encore plus
vastes et encore plus abusifs parce qu'on ouvre la porte à peu
près à n'importe quoi. C'est tellement peu précis qu'il
n'y a plus rien qu'on ne peut pas faire. Je pense que j'aime autant des choses
plus précises telles que celles qui sont indiquées, même si
je les trouve très abusives, surtout a) et b), qu'avoir la porte ouverte
à n'importe quoi, parce que là c'est ouvert.
M. Parizeau: Je continue de soutenir qu'il vaut infiniment mieux,
dans ce domaine, de ne pas commencer par se monter des règles
complètement originales, à ce point différentes de celles
qui existent ailleurs. L'industrie des courses est une industrie où le
personnel et les chevaux, par définition, sont passablement mobiles.
Nous avons tout avantage à faire en sorte de ne pas chercher à
nous singulariser par un certain nombre de règles ou de
règlements qui n'existent nulle part ailleurs, ou par des
procédures complètement différentes. Qu'on
considère comme étant abusives ici, des choses qui, à
l'heure actuelle, sont généralisées, ou sont en train de
se généraliser à travers le Canada, je n'en vois pas
vraiment la nécessité. Quant à dire que le gouvernement,
par règlement, pourrait autoriser la régie à faire des
règles au lieu d'avoir au moins la nomenclature de a) à k), sur
le fond, je trouve que cela élargit encore les pouvoirs. Il y a une
chose qui est évidente, c'est que le gouvernement ne va pas commencer
à émettre, par règlement, l'équivalent des 74 pages
de la Canadian Trotting. Il va simplement dire à la régie: Montez
des règles de ce genre ou n'importe quelles autres, si vous voulez.
M. Raynauld: II y a des experts ici. Est-ce qu'il y a d'autres
lois où des régies peuvent faire des règles qui ne sont
pas des règles de pratique? Est-
ce qu'il y en a d'autres? D'autres régies où on peut faire
des règles qui soient autres que des règles de pratique et de
procédure?
M. Parizeau: On n'a pas d'équivalent de cela parce que
c'est la seule régie qui contrôle un sport.
M. Raynauld: C'est un précédent.
M. Parizeau: C'est le fait qu'il y a un seul sport qui est
réglementé.
M. Raynauld: Cela n'a rien à voir avec le sport. On
pourrait imaginer des sociétés d'Etat, par exemple, d'autres
régies d'Etat où on aurait senti le besoin d'avoir des choses
comme celles-là. C'est curieux que, tout à coup, on arrive
à un cas comme celui-là et qu'on dise que là, c'est
absolument indispensable, quand ce n'est jamais indispensable ailleurs.
M. Parizeau: Attention! C'est dans notre ancienne loi et c'est
dans la loi des autres provinces qui en ont. C'est entendu qu'on ne peut pas
trouver, du côté de l'acier ou du côté des offices
d'autoroute, l'équivalent de cela. C'est le seul sport qui soit
assujetti à un système de régie. C'est à la fois un
précédent et le seul cas qu'on ait.
M. Raynauld: On aurait pu penser qu'au lieu de faire des
règlements, la régie des autoroutes aurait été
autorisée à faire des règles pour déterminer la
publicité sur les autoroutes. On a décidé d'en faire un
règlement. Comment se fait-il que dans ce cas-là on fasse des
règlements et que dans ce cas-ci on laisse tout cela à la
régie?
M. Parizeau: Pour une raison bien simple, c'est qu'on ne pouvait
pas laisser l'Office des autoroutes et le ministère des Transports avoir
des panneaux de signalisation trop différents.
M. Raynauld: Ici, cela va être le même
problème qui va se poser!
M. Parizeau: On me donne un autre cas comme celui-là. On
vient de me signaler la Régie des alcools; pas la Société
des alcools, la Régie des alcools. La Commission de contrôle des
permis d'alcool a des pouvoirs du même genre, c'est-à-dire de
refuser, dans l'intérêt public, ou d'accepter un permis, selon des
règles qu'elle se fixe.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que vous allez prendre
un droit de réplique?
M. Raynauld: Non.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement étant sur
la table, je pose la question: Est-ce qu'il est adopté ou refusé?
Donc, refusé. Sur l'article 20, toujours, y a-t-il autre chose à
dire?
M. Raynauld: Non.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article 20 est-il
adopté?
M. Raynauld: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): L'article 21. M. le
ministre.
M. Parizeau: C'est le pouvoir de la régie de conclure des
ententes pour l'application de la loi avec un autre gouvernement, mais avec
l'approbation du gouvernement du Québec.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je n'ai pas de
difficulté avec les pouvoirs qui sont donnés à la
régie de conclure des ententes soit avec d'autres gouvernements ou des
ministères ou des organismes, mais il me semble qu'il serait difficile
d'envisager de déléguer encore davantage de pouvoirs à
d'autres personnes, à n'importe qui, en réalité. Est-ce
absolument indispensable qu'on doive ou qu'on puisse déléguer ces
responsabilités comme cela?
M. Parizeau: Ce n'est pas une délégation.
M. Raynauld: Oui, mais ce sont des ententes dont l'objet est de
remplir certaines des fonctions que la régie remplirait elle-même,
par ailleurs. Alors, c'est dans ce sens que je parle de
délégation.
M. Parizeau: Mais, imaginons qu'à l'occasion d'une
enquête on veuille avoir des renseignements qui portent sur des chevaux,
sur un élevage, sur les conditions de courses qui sont dans une autre
province. De deux choses l'une; ou bien c'est administré par une
commission gouvernementale, comme celle dont j'ai parlé plus tôt
ce matin, ou bien encore dans une province tout se fait encore sous l'empire de
la "Canadian Trotting". La "Canadian Trotting", ce n'est pas un gouvernement,
ce n'est pas un organisme gouvernemental; c'est une personne morale
privée. Alors, ce n'est pas vraiment une question de
délégation. La régie doit être en mesure, à
l'égard d'autres organismes privés ou publics, de passer toute
entente nécessaire pour l'application de la loi. Essentiellement, c'est
un article qui permet d'avoir des renseignements quand on en a besoin. Mais
toutes les provinces à l'heure actuelle n'ont pas leur commission de
courses. On me dit, par exemple, que la Saskatchewan n'en a pas. Donc, à
l'égard de ce gouvernement, s'il y a un cheval qui vient de la
Saskatchewan, on n'a pas une commission de courses de l'Etat provincial en
question avec lequel on peut trouver un correspondant. Il faut trouver un
correspondant ailleurs dans le secteur privé. On n'a pas le choix.
M. Raynauld: On a dit dans l'un des mémoires qui ont
été soumis au ministre qu'apparemment il y aurait des
problèmes énormes en Ontario à cause d'une clause
semblable à celle-ci. Est-ce qu'on a des informations
là-dessus?
M. Parizeau: C'est la première nouvelle. Est-ce qu'on sait
précisément de quoi il s'agit?
M. Raynauld: Je n'ai pas plus de détails que cela.
C'était dans le mémoire de l'Association des pistes de courses,
qui disait qu'une disposition de ce genre cause énormément
d'ennuis en Ontario.
M. Parizeau: II semble qu'on nous ait fait les mêmes
représentations, mais on n'arrive pas à très bien saisir
le genre de problèmes que cela peut soulever.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon, rien? Est-ce que l'article 21 est adopté? Adopté.
L'article 22, M. le ministre.
M. Parizeau: C'est la question de régie interne pour la
conduite de ses affaires. C'est très différent de l'article 20.
Ce sont des règles de régie interne, comme organisme, pour
être capable de fonctionner.
Le Président (M. Jolivet): Cela va? L'article 22,
adopté? L'article 23, M. le ministre.
M. Parizeau: L'article 23 détermine la juridiction de la
régie à l'égard des courses et, d'autre part, pour ce qui
a trait à l'imposition des pénalités ou des amendes. C'est
vraiment cet article 23 qui établit le caractère d'un tribunal
quasi judiciaire de la régie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Est-ce que cela va au-delà des juges de
courses qui doivent bien avoir le dernier mot lorsqu'une course est en cours ou
si cela se limite à ce genre d'activités? Si cela excède,
est-ce que cela ne soulève pas le problème des droits d'appel
qui, comme dans beaucoup d'autres cas, malheureusement, sont supprimés
allègrement? Si c'est seulement en ce qui concerne les courses si
je lis bien l'article "imposer, en matière de courses..."
"connaître et disposer... et l'attribution des prix d'un système
de loterie ou d'un concours publicitaire... d'un litige entre un participant
à un système de loterie et le détenteur de la licence..."
Tout cela, c'est sans appel à l'article 23c. On ne peut pas invoquer,
évidemment, l'urgence dans un cas comme celui-là.
M. Parizeau: Non, attention. Les paragraphes a) et b) ne
s'appliquent qu'aux courses.
M. Raynauld: Oui, c'est cela. Mais le paragraphe c)?
M. Parizeau: C'est non.
M. Raynauld: Dans ce cas-là, pourquoi sup-prime-t-on
l'appel? Y a-t-il un autre article qui dirait qu'il pourrait y avoir un appel
de décisions de ce genre-là? Pourquoi faut-il que la régie
soit soustraite, à l'exclusion... Maintenant, encore une fois, je...
M. Parizeau: Ce n'est pas l'intention. Le paragraphe c), c'est
"connaître et disposer". Le paragraphe c), c'est se renseigner.
M. Raynauld: Oui, mais on dit là-dedans "La régie,
à l'exclusion de tout tribunal, a juridiction pour: c) connaître
et disposer..."
M. Parizeau: Oui, d'un litige.
M. Raynauld: "A l'exclusion de tout tribunal" exclut-il un appel
possible?
M. Parizeau: Oui.
M. Raynauld: Cela exclut les appels?
M. Parizeau: C'est cela.
M. Raynauld: Pourquoi faudrait-il exclure les appels dans les cas
où une régie prend une décision sur des conflits qui
peuvent exister dans des systèmes de loterie, entre le détenteur
de licence, le participant à un concours publicitaire et la personne au
bénéfice de laquelle il est tenu? Adjuger, à sa
discrétion et percevoir des frais, si le reste est accepté, cela
va de soi. Mais pourquoi est-il nécessaire de supprimer les appels? Il y
a des tribunaux qui existent depuis des centaines d'années et là,
de plus en plus, parce qu'on crée une régie, on dit que la
régie va être le tribunal administratif qui va être
soustrait à toute possibilité d'appel de ses décisions
suivant les cours ordinaires. Je soulève ce problème; j'avais
l'intention de le soulever plus loin parce qu'il se pose plus loin aussi.
L'interprétation va plus loin que ce qui est simplement urgent.
Même dans le cas des courses, je trouverais normal que, si un juge a
rendu une décision et qu'un mois après quelqu'un pense avoir
été lésé de façon substantielle et
significative, il puisse y avoir un appel d'une décision comme
celle-là.
M. Parizeau: Aux paragraphes a) et b), je comprends pourquoi.
Mais au paragraphe c), j'aimerais peut-être y repenser, M. le
Président. Il y a peut-être quelque chose dans cela. J'aimerais
repenser à ce que le député d'Outremont dit au sujet de
l'article 23c. Effectivement, dans un cas de litige, à l'occasion d'un
concours publicitaire, disons que, si quelqu'un se juge lésé par
la façon dont le concours a été tenu ou parce que les prix
n'auraient pas été attribués comme ils auraient dû
l'être, la régie est amenée à trancher; c'est son
rôle, elle tranche. Mais, enfin, il n'y a pas péril
dans la maison, il n'y a pas d'urgence ou quoi que ce soit. Si le
plaideur, devant la régie, trouve que la décision ne fait pas son
affaire, est-ce que le fait d'enlever un droit d'appel n'est pas un peu
exorbitant? Je le laisserais en suspens et j'y repenserais. Si le
député d'Outremont me le permet, je voudrais y
réfléchir un peu pour ce qui est de l'article 23c.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon. Non. Donc, l'article 23, dans son ensemble, pour les besoins de la
cause, sera laissé en suspens. (12 heures)
M. Parizeau: II est entendu qu'on reviendra sur l'article 23c,
parce que je n'ouvrirai pas la même porte pour 23a et 23b. C'est vraiment
le cas c), où il n'y a aucune urgence. Au fond, c'est un conflit sur de
l'argent, normalement.
Le Président (M. Jolivet): Cela va.
M. Raynauld: Pour ce qui est des courses, je pense qu'il faudrait
peut-être distinguer les décisions qui sont nécessairement
sans appel quand il y a une course. J'admets cela, moi. Il n'y a aucun
problème là-dessus. Ne pourrait-il pas survenir des conflits qui
pourraient être résolus à l'avantage des uns ou des autres
après coup, sans qu'il y ait d'inconvénient majeur? Cela ne
rendrait pas la course invalide ou, en tout cas, cela n'annulerait pas les
résultats. Mais il pourrait y avoir des conflits d'autres sortes que
celui-là. Là, je pose la question.
M. Parizeau: Là, je dois cependant...
M. Raynauld: II me semble qu'ici ce qu'il faudrait
peut-être, ce serait d'enlever", à l'exclusion de tout tribunal".
Il faut un article pour dire que la régie a juridiction. Il faut,
d'abord, que la régie puisse prendre des décisions. J'admets
cela, moi. Alors, il faudra un article comme celui-là de toute
manière. Est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir un article, plus loin,
où on donnerait des droits d'appel dans un certain nombre de cas? En
tout cas, je demanderais au ministre, à l'occasion de sa
réflexion à propos du paragraphe c) s'il ne pourrait pas aussi
penser à des cas qui ne seraient pas ceux qui nous viennent tout de
suite à l'esprit, en ce qui concerne les juges de courses, mais d autres
types de conflits qui pourraient être à peu près de la
même nature que des conflits qui surviennent, à propos de tout et
de rien, dans d'autres domaines et pour lesquels des appels ordinaires
pourraient être justifiés. Je ne voudrais pas aller plus loin que
cela pour tout de suite.
M. Parizeau: Encore une fois, puisqu'on le laisse en suspens,
c'est quand même pour se donner le temps d'y réfléchir.
Evidemment, là, c'est quand même assez différent, dans le
cas des courses: le juge prend la première décision. Là,
il y a un appel qui est possible auprès de la régie et, là
encore, j'ai tendance à me fier sur ce qui s'est fait ailleurs, dans les
mêmes circonstances. Il y a quand même une sagesse accumulée
à l'égard des courses. Il est tout à fait net, si on prend
encore l'exemple d'autres provinces, que le processus qui est suivi, c'est que
le juge prend sa décision; il y a appel à la régie, au
besoin, et la décision de la régie est finale. Là, je me
trouve tout simplement à m'enligner sur d'autres. Là encore, si
on veut prendre le cas de l'Ontario, c'est le paragraphe 1.07. C'est un
engagement que prend chaque personne. La loi ontarienne est ainsi faite qu'elle
dit: "Every person participating in and every patron of a meeting shall abide
by the rules and accept the decision of the judges on all matters to which
their autority extends, subject to the right of appeal to the commission and
shall accept as final the decision of the commission." On dit, à toutes
fins utiles: Si vous allez dans une piste de course, si vous participez
à une activité d'une piste de course de quelque façon que
ce soit, vous acceptez le processus suivant qui consiste à dire: On
accepte la décision du juge; on a un appel à la commission et,
ensuite, la décision de la commission est finale.
Au fond, c'est une règle du jeu qu'on établit pour tous
ceux qui veulent participer à ce type d'activités. Là,
j'ai plutôt la tendance à me ranger sur l'expérience
accumulée à l'égard des courses dans passablement d'autres
endroits et pas seulement ici.
A l'article c), c'est différent. Ce que soulevait le
député d'Outremont, dans le cas de l'article 23c, là, on
ne peut vraiment pas dire qu'il y a une espèce de sagesse
accumulée ou de procédure bien connue.
M. Dubois: II y a la Horse Trotting qui est très...
M. Parizeau: C'est cela, oui, alors qu'à l'article 23c, ce
n'est pas cela. A l'article 23c, c'est un concours publicitaire. A un moment
donné, quelqu'un a dit: Je me suis fait voler dans ce concours. Cela n'a
pas de bon sens, la façon dont c'était tenu. Le tirage a
été mal fait ou tous les prix sont allés aux parents du
publicitaire en question. Il dépose une demande à la
régie. La régie le déboute en lui disant: Non, vous avez
tort. Là, pourquoi ne lui permettrait-on pas de suivre la voie des
tribunaux réguliers? Enfin, je voudrais repenser à tout cela. A
l'article 23c, j'admets qu'il faut peut-être y
réfléchir.
M. Dubois: Vous avez le même problème dans le projet
de loi 90 où la commission de contrôle est juge et partie. Alors,
cela devient juge et partie ici.
Le Président (M. Jolivet): Article 24. M. le ministre. On
termine à 13 heures, à moins que...
M. Parizeau: M. le Président, on m'avait donné
d'autres heures. Est-ce que vous pourriez vérifier? On m'avait dit midi.
Si vous le voulez, on va simplement vérifier au bureau. On va continuer,
mais je voudrais vérifier.
Le Président (M. Jolivet): Normalement, le mercredi, c'est
à 13 heures.
M. Parizeau: C'est ce qui m'a un peu surpris. On nous avait dit
midi. Je ne comprenais pas pourquoi, mais je vais simplement voir si je n'ai
pas quelque chose qui entre en conflit avec cela.
Le Président (M. Jolivet): L'article 24.
M. Parizeau: 24. Excusez-moi, j'ai un peu trop de papiers devant
moi. M. le Président, je vais commencer par nettoyer. Cet article
habilite les juges de courses dans le sens du respect des règles de
courses et dans l'imposition d'amendes ou pénalités, comme s'est
la pratique ailleurs. Ce sont en somme les pouvoirs des juges qu'on
définit.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Aucune remarque.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon. Article 24, adopté. Article 25? M. le ministre.
M. Parizeau: Ce sont les pouvoirs de ce qu'on appelle les juges
de départ, quant à imposer certaines pénalités ou
amendes dans les cas qui sont prévus dans l'article. C'est la même
chose.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Juste une question. Pourquoi faut-il l'article 25,
lorsqu'on a à 24 le paragraphe c)? Y a-t-il a quelque chose de plus?
M. Parizeau: On parle de personnes différentes, un juge de
courses et un juge de départ.
M. Raynauld: Ah bon! Il fallait deux articles pour cela.
M. Parizeau: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Article 25, adopté.
Article 26, M. le ministre.
M. Parizeau: On me dit qu'il n'y a pas de problème. C'est
dans le cas de pénalités qui seraient considérées
comme particulièrement sérieuses et dépassant l'amende
maximum normale qu'on peut imposer. C'est le droit d'envoyer le dossier
à la régie, pour que ce soit la régie elle-même qui
statue.
Le Président (M. Jolivet): L'article 26 est
adopté.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Article 27, M. le ministre.
M. Parizeau: C'est le droit qu'ont les juges de courses et les
juges de départ d'interdire à quelqu'un d'intervenir dans le
déroulement d'un litige avant qu'eux-mêmes aient eu le temps de
disposer de l'affaire.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Parizeau: C'est la clause contre l'énervement
général.
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): Cela va, M. le
député de Huntingdon? Adopté. Article 28, M. le
ministre.
M. Parizeau: Cela enlève le vice de forme comme raison
d'attaquer une décision d'un juge de courses ou de départ.
Le Président (M. Jolivet): L'article 28 est-il
adopté? Adopté. 29? M. le ministre.
M. Parizeau: C'est le droit d'appel à la régie, que
la décision soit d'un juge de courses ou d'un juge de départ.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon?
M. Dubois: Encore une fois, il n'y a pas droit d'appel. Je crois
qu'on revient avec le même problème qu'à l'article 23,
paragraphe c).
M. Parizeau: Non, non. Là on parle de courses.
M. Dubois: II y a encore aucun droit d'appel quand même
là.
M. Parizeau: Je disais tout à l'heure que, dans le cas de
29, l'absence de droit d'appel rejoint les raisons pour lesquelles je crois
qu'il n'y a pas de raison d'avoir un droit d'appel en vertu de 23a et 23b. Je
vais demander un "rain check", si vous me passez l'expression, c'est 23c qui
porte sur tout à fait autre chose, sur des matières qui n'ont
rien à voir avec les courses.
Le Président (M. Jolivet): Adopté? Article 30, M.
le ministre.
M. Parizeau: Cela découle de 29, elle a le droit de rendre
ses appels.
Le Président (M. Jolivet): Cela va? Donc, adopté.
Article 31, M. le ministre.
M. Parizeau: L'homologation auprès de la Cour
supérieure sur la demande d'un intéressé.
Cour supérieure ou Cour provinciale, dépendant du
montant.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon. Adopté. Article 32, M. le ministre.
M. Parizeau: Article 32: "Sous réserve de l'article 98,
une décision rendue par la régie en vertu de la présente
loi est sans appel". On ferait mieux de le laisser en suspens, puisqu'on a
laissé l'article 23c en suspens.
Le Président (M. Jolivet): Donc, en suspens.
M. Parizeau: Oui, ce serait à préciser. Selon la
décision qu'on prendrait sur l'article 23c, on garderait l'article 32
tel quel ou on l'amenderait.
M. Raynauld: Je voudrais mentionner ici qu'à l'article 98,
on ne donne pas un droit d'appel sur le même genre de décision;
c'est sur les décisions administratives seulement.
M. Parizeau: C'est cela. Mais si on décidait de donner un
droit d'appel quand au fond dans l'article 23c, il faudrait automatiquement
amender l'article 32 en conséquence.
M. Raynauld: D'accord.
M. Parizeau: II y aurait un amendement de concordance.
Le Président (M. Jolivet): Donc, en suspens. M.
Parizeau: En suspens, l'article 32.
Le Président (M. Jolivet): L'article 33, M. le
ministre.
M. Parizeau: Ce sont les règles de procédure et de
pratique pour l'audition de ces affaires.
Le Président (M. Jolivet): Cet article sera-t-il
adopté?
M. Raynauld: Oui, je rappelle ici justement que cet article
aurait peut-être pu nous dispenser d'en avoir un autre.
M. Parizeau: Non, c'est l'audition. L'article 33 c'est juste pour
l'audition.
M. Raynauld: Ce sont les articles 23 à 25, je
m'excuse.
M. Parizeau: C'est pour la façon dont les auditions seront
tenues.
Le Président (M. Jolivet): L'article 33 est-il
adopté?
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. A l'article 34,
il y a un amendement que je vous lis: "Le deuxième alinéa de
l'article 34 est remplacé par le suivant: "Nul ne peut, sur une piste de
courses, exploiter un commerce ou exercer une profession, un métier ou
une occupation pour lesquels une licence est prescrite, à moins qu'une
telle licence ne lui ait été délivrée par la
régie sur paiement à celle-ci des droits prescrits à la
manière et à l'époque prescrites." Donc, amendement
d'abord. M. le ministre.
M. Parizeau: L'article 34 imposait littéralement
dans le sens d'autres lois dont j'ai lu des extraits, dans d'autres lois de
provinces que tout le monde devait avoir une licence. Là, tout ce
que cela indique, c'est que la régie aura à déterminer
quels sont ceux qui devront en avoir et les autres auront la paix, on les
laissera tranquilles. C'est par règlement que cela va se faire. Il y a
manifestement certains types de commerces qu'il va falloir régir,
où il va falloir savoir avec certitude qui est là et qui
l'exploite et dans d'autres cas cela n'a pas la moindre importance.
Le Président (M. Jolivet): M. le député d
Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je n'avais pas cet
amendement quand j'ai examiné le dossier, mais l'amendement ne change
rien sur le fond.
M. Parizeau: Oui, seulement dans le sens suivant. C'est que c'est
par règlement qu'on déterminera quel genre
d'établissements ou de métiers doivent avoir une licence, puis
tous les autres n'auront pas besoin d'en avoir. Alors que dans l'article 34,
à l'origine, tout le monde y était. Si vous lisez l'article 34
original, avant d'être amendé, même l'employé de
l'Hydro-Québec qui travaillait sur une piste de courses devait avoir une
licence. Là, on se donne le droit par règlement de dire: Voici
ceux qui doivent en avoir, et tous les autres n'en ont pas besoin. L'article 34
original allait tellement loin...
M. Raynauld: Le deuxième paragraphe de l'article 34...
Une Voix: C'est celui-là qu'on enlève.
M. Raynauld: J'essaie de voir la différence qu'il y a
entre l'amendement et le deuxième paragraphe et je ne la vois pas.
M. Parizeau: C'est prescrit.
M. Raynauld: Oui, mais c'était inscrit prescrit aussi.
"Par la régie sur paiement des droits prescrits. " C'est ce que je lis.
Je ne vois pas la différence.
M. Parizeau: Les droits étaient prescrits, mais pas la
licence.
M. Raynauld: "A moins qu'une licence ne lui ait été
délivrée par la régie sur paiement des droits prescrits."
"A moins qu'une licence ne lui ait été délivrée par
la régie sur paiement de celle-ci des droits prescrits". Il n'y a que
les mots "à celle-ci" de différents. (12 h 15)
Une Voix: Avant.
M. Raynauld: Avant. "Nul ne peut, sur une piste de courses... ".
"Un métier ou une occupation pour lequel une licence est prescrite".
Une Voix: C'est exactement cela.
M. Raynauld: C'est cela, la différence?
M. Parizeau: Bien oui. Cela permet de dire que ce n'est pas parce
qu'un gars de l'Hydro-Québec s'en va travailler à Blue Bonnets
que nécessairement il faut qu'il ait une licence le jour où il va
travailler là.
M. Raynauld: Sur le fond, il reste qu'on ne permet pas à
quiconque, sur une piste de courses ou dans cette industrie, de travailler sans
avoir une licence.
M. Parizeau: Si une licence est prescrite pour ce type d'emploi
par le gouvernement, par exemple.
M. Raynauld: Je comprends. Merci. Le gouvernement se garde la
possibilité de ne pas prescrire de licence pour certains
métiers.
M. Parizeau: C'est cela. Pour certains métiers, pour
certains commerces.
M. Raynauld: Bon. Mais quelle est l'idée de faire cela de
cette façon plutôt que restreindre la portée de l'article
étant donné qu'on essaie d'établir des lois ici justement
pour enlever les possibilités d'abus évidents d'employés
de restaurant, de laveurs de vaisselle, de vendeurs de foin? Apparemment, on
peut même exiger une licence de gens qui sont à contrat. Par
exemple, la régie peut décider, sur une piste de courses, de
donner l'administration d'un restaurant à une entreprise
indépendante. Tous les employés de ce locataire ou de cette
entreprise chargée de rendre ce service, pas seulement l'entreprise
elle-même mais aussi les employés, pourraient être sujets,
à moins que le gouvernement en décide autrement dans les
règlements, à une licence. Un autre problème que cela
pose: Est-ce qu'on va exiger des licences pour les employés municipaux?
Dans certains cas, comme Trois-Rivières ou Québec, il y a des
pistes de courses dirigées par la ville; donc, il y a des
employés municipaux. Est-ce qu'on va exiger des licences des
employés municipaux également?
M. Parizeau: Si c'est prescrit, pourquoi pas? M. Raynauld:
Oui?
M. Parizeau: Le problème, au fond, est très simple.
Il s'agit de savoir quels sont ceux qui sont en contact avec les courses
elles-mêmes, les chevaux, le personnel qui s'occupe des chevaux. Ce n'est
pas tellement une question de savoir si quelqu'un est vendeur de foin ou pas,
il s'agit de savoir où il va, comment il circule sur la piste, avec qui
il est en contact. C'est cela qui est en cause, ce n'est pas tellement la
nature de la fonction.
Il est évident que si un camionneur qui vient porter du foin
je prends un cas un peu ridicule le laissait en tas à un
demi-mille de la piste et revenait à son entrepôt, il n'aurait pas
besoin de licence. Mais s'il se promène à l'année longue
dans les paddocks, c'est une autre paire de manches. Ce n'est pas le fait qu'il
s'occupe du foin qui est important, c'est de savoir avec qui il est en
contact.
M. Raynauld: On est toujours sur le même problème.
On adopte une loi où c'est vraiment le "free for all", où le
gouvernement peut faire tout ce qu'il veut. Au point de départ, on dit:
II peut peut-être y avoir des injustices de commises quelque part, et
là, parce qu'il pourrait y avoir un danger quelconque, le gouvernement
peut décider tout ce qu'il veut. On va exploiter une licence et c'est
laissé à la discrétion du gouvernement de savoir si la
licence va vraiment porter sur le tout ou sur une partie. Il y a des
employés là-dedans. Il y en a combien? 3500, 4000 à peu
près, à ce qu'on dit, ici au Québec, 3500 ou quelque chose
comme cela. On va se mettre maintenant à "licencier" 3500 personnes. Je
trouve cela abusif. Il me semble que l'objectif d'une loi comme celle-là
est justement ce que le ministre dit tout le temps: On n'est pas là pour
faire des choses stupides. Pourquoi permet-on à des gens de faire des
choses stupides? Qu'on le restreigne au point de départ. Encore une
fois, je suis d'accord sur des licences à des gens dont c'est le
métier. Le ministre nous a lu tout à l'heure toutes les
catégories: jockeys, aide-jockeys, palefreniers, et tout cela. Je suis
toujours d'accord là-dessus. Mais quand on lit un article où on
dit: "Nul ne peut exploiter un commerce ou exercer une profession, un
métier ou une occupation sur une piste de courses, à moins qu'une
licence ne lui ait été délivrée... je lis
encore l'ancien article ...
M. Parizeau: ... ancien article.
M. Raynauld: ... pour lequel une licence est prescrite. C'est,
encore une fois, la porte ouverte à imposer des restrictions à
tout le monde. Si vous mettez un pied sur une piste de courses... Est-ce que
les spectateurs vont être également sujets à des licences?
Cela n'a pas de bon sens.
M. Parizeau: II y a un billet d'entrée.
M. Raynauld: Je sais cela. Le billet d'entrée, cela va
encore, cela peut aller. S'il faut qu'il y ait des inspecteurs pour leur
demander s'ils vont voter pour le Parti québécois, cela va
être diffé-
rent. On dira, comme le ministre de la Justice, que c'est le travail
ordinaire du policier. Il faut prévenir la violence!
M. Gagnon: II faut avoir beaucoup de policiers.
Le Président (M. Jolivet): Avez-vous quelque chose
à ajouter, M. le député?
M. Gagnon: Non, M. le Président.
M. Parizeau: J'aurais peut-être, oui, quelque chose
à ajouter. Quand une industrie comme celle-là a fonctionné
pendant aussi longtemps et, pas seulement ici, et que tout le monde en arrive
à peu près à la même conclusion, c'est que pour que
cela soit tenu correctement, il faut que le personnel qui est en contact avec
les courses ou avec l'organisation des pistes soit effectivement astreint
à une licence.
On trouve cela dans toutes les lois qui ont été faites
là-dessus. On constate que c'est exactement le même genre de
préoccupations qu'a la Canadian Trotting Association. Elle aussi, elle a
une certaine habitude de cela. On se dit quand même qu'avant de
considérer que c'est complètement aberrant, il faudrait
peut-être se poser des questions. On sait bien que dans cette industrie,
le contrôle, effectivement, présente et a toujours
présenté traditionnellement passablement de problèmes et
de questions. C'est pour cela que, contrairement à d'autres provinces ou
à d'autres industries, on exige, dans ce cas, des licences et une
identification et, dans d'autres industries, on n'en exige pas.
Je vais vous donner un autre exemple: II y a des fonctionnaires qui ne
sont pas identifiés, qui n'ont pas de licence pour entrer dans les
immeubles du gouvernement, mais il y en a un groupe où la sagesse nous a
appris, aussi, pendant bien des années, qu'il fallait faire cela, qu'il
fallait qu'ils soient identifiés et qu'ils ne rentrent pas dans un
immeuble sans avoir leur carte d'identification: c'est au ministère du
Revenu. Ce n'est pas une question de nombre, ils sont au-delà de 4000
à faire cela. Même mieux que cela; lorsque je n'ai pas ma carte,
je ne suis pas capable d'entrer dans ces bureaux. D'accord? La dernière
fois que je ne l'ai pas eue, la petite fille, en bas, m'a refusé
l'entrée. J'ai beau être ministre du Revenu, elle m'a dit: Je sais
bien qui vous êtes, mais le règlement dit qu'il faut avoir une
carte. Si vous n'en avez pas, vous n'entrez pas. Elle est allée me
chercher une carte. Il y a une raison bien simple, on ne veut pas que n'importe
qui ait accès à n'importe quoi quand il s'agit des dossiers des
contribuables. C'est pourquoi on laisse les employés du gouvernement, en
général, dans les ministères, entrer et sortir sauf
aux heures tardives, le soir aux heures normales de bureau, alors qu'au
ministère du Revenu, on les identifie. Il y a des cas comme cela.
Dans l'industrie des courses, ce n'est pas par hasard, c'est que tous
les gens qui ont réglementé l'industrie des courses sont
arrivés, sur le plan du contrôle du personnel, toujours à
la même con- clusion. Et on arrive à la même qu'eux. Si on
veut être en mesure, à un moment donné, de faire une
enquête qui a du bon sens ou d'arrêter des choses qui ne devraient
pas se produire, il faut qu'on ait cela comme moyen. Oui, c'est la même
idée partout.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement, oui...
M. Raynauld: M. le Président, les droits prescrits,
qu'est-ce qu'on entend par cela?
M. Parizeau: Par règlement.
M. Raynauld: Je comprends, mais qu'est-ce qu'il y a en
arrière de cela, le règlement, les droits prescrits? On va exiger
des droits?
M. Parizeau: C'est tant par licence, c'est le montant.
M. Raynauld: Est-ce que cela est décidé? C'est
combien?
M. Parizeau: Non, cela n'a pas encore été
approuvé.
M. Raynauld: Quelle est l'idée, quelle est la raison pour
exiger des droits? Parce que toutes les raisons qui ont été
données à ce jour, c'était pour savoir qui rentrait
à quelque part.
M. Parizeau: Non, à partir du moment où le
gouvernement a à sortir du papier et à émettre des cartes,
c'est normal qu'on les fasse payer. Ces droits, à toutes fins utiles
permettent de payer les frais d'impression de ces cartes et le papier. Il ne
s'agit pas de droits de $500; ce n'est pas ce dont on parle. Il s'agit
essentiellement de faire en sorte que, quand on délivre, comme le
gouvernement le fait pour des millions de papiers... Il y a peut-être une
chose qui peut tranquilliser le député d'Outremont, c'est
qu'à l'heure actuelle, au Québec, la Canadian Trotting
Association, lorsqu'elle délivre des licences du même genre, exige
aussi des droits. C'est $3 pour telle chose, $4 pour telle autre affaire. On
revient toujours à la même idée; il ne faut pas essayer de
faire passer cette loi pour quelque chose de particulièrement original.
Cela recouvre des affaires qui se sont toujours faites.
M. Raynauld: Si on ne change rien, c'est aussi bien de laisser
cela comme cela.
M. Parizeau: Non, il faut se donner le droit d'être capable
de le faire.
M. Raynauld: Ce n'est pas une raison parce que cela s'est fait
pendant dix ans qu'il faut le faire encore comme cela.
M. Parizeau: Mais si le député d'Outremont veut
dire que, quand quelqu'un va devant une cour de justice ou va demander au
gouvernement un papier d'état civil ou n'importe quoi, on doit abolir
ces droits-là, je n'ai pas d'objection, mais ce n'est pas normalement
comme cela qu'on fait. On exige au moins que la licence couvre les frais
d'émission, d'impression et de préparation des papiers.
M. Raynauld: Oui, mais...
M. Parizeau: Cela me paraît être une règle
d'administration correcte.
M. Raynauld: Oui, mais cela n'était pas indiqué
dans la loi. C'était indiqué les droits prescrits. Vous auriez
bien pu nous arriver ce matin et dire que vous aviez l'intention de charger
$500 à chacun. Cela n'aurait pas été...
M. Parizeau: Non, j'aurais pu dire aussi qu'on arrivait ce matin
avec l'impression profonde qu'on était tombé sur le crâne
et que le vendeur de hot dogs paierait $500.
M. Raynauld: C'est cela.
M. Parizeau: Bien sûr. Les gouvernements ne sont pas
nécessairement tombés sur le crâne.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement est-il
adopté?
M. Raynauld: Oui, adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 34, M.
le ministre, le reste de l'article.
M. Parizeau: C'était le premier paragraphe, à
toutes fins utiles.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Parizeau: C'est-à-dire que ceux qui sont directement
mêlés à l'industrie des courses doivent avoir leur
licence.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
Courses, systèmes de loterie et appareils
d'amusement
Licences
M. Raynauld: M. le Président, sur ce premier paragraphe,
il y a une extension au-delà de l'industrie des courses. Cela s'applique
également en matière d'appareils d'amusement et de
systèmes de loterie. Là aussi, pour toutes les loteries et les
appareils d'amusement, va-t-il falloir des licences pour exploiter? Cela
va-t-il s'appliquer également à tous les employés? Est-ce
qu'il est question de sécurité nationale?
M. Parizeau: Non, c'est une question d'enregistrement.
Pour les systèmes de loteries, c'est le Code criminel qui nous
l'impose. Nous n'avons pas le choix dans le cas des systèmes de loteries
et, pour la question des appareils d'amusement, on demande, effectivement, une
licence, de façon à être capable de les enregistrer, de
savoir où ils sont.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): Cela va. Donc, l'article 34 est
adopté au complet.
A l'article 35, il y a un amendement que je vous lis: L'article 35 est
remplacé par le suivant: "Une personne qui possède un appareil
d'amusement à des fins autres que d'en tirer un revenu n'a pas à
détenir, relativement à cet appareil, la licence prévue
à l'article 34".
M. le ministre.
M. Parizeau: C'est une précision, simplement. Cela ne
change pas le fond de l'article.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Est-ce que cela n'est pas imposé par le Code
criminel?
M. Parizeau: Non.
M. Raynauld: Non. Alors, le Code criminel ne s'appliquait qu'aux
loteries et à ceux qui avaient l'intention d'en retirer un revenu. C'est
ce qu'on nous a dit tout à l'heure. Cela, c'est pour couvrir des cas
d'organismes de charité et des choses comme cela?
M. Parizeau: Non. Par exemple, c'est pour quelqu'un qui aurait un
"pinball" dans sa cave, une table de billard chez lui.
M. Raynauld: Ah bon!
M. Parizeau: II faut quand même leur foutre la paix,
à ces gens-là. Ils n'exploitent pas un commerce.
M. Raynauld: C'est curieux que vous y ayez pensé.
Le Président (M. Jolivet): Avez-vous d'autres
réflexions, M. le député d'Outremont?
M. Raynauld: J'ai des réflexions de plus en plus
pessimistes à mesure qu'on avance.
M. Parizeau: Vous voulez dire qu'on devrait même taxer les
"pinballs" dans les caves des gens.
M. Raynauld: Non. Au contraire, ce sont toutes des histoires et
des réglementations à n'en plus finir. On va devenir une
société enrégimentée, réglementée,
contrôlée, suveillée du matin au soir. Ce n'est pas
possible. On a toujours une bonne raison pour le faire. On n'en a jamais une
pour laisser le monde en paix. C'est cela, mon problème.
M. Parizeau: Je m'étonne que ce soit à l'occasion
de l'article 35 que ce soit soulevé, M. le Président. (12 h
30)
M. Raynauld: Cela fait plusieurs fois que je le soulève
depuis le matin.
M. Parizeau: C'est encore sur le mauvais article.
Le Président (M. Jolivet): Ce que vous oubliez, c'est la
nuit. Vous parlez du matin au soir, vous autres.
M. Raynauld: Oui, on m'a dit cela l'autre jour. Je lui avais
préparé des questions. Il y avait des fonctionnaires
récemment, à la commission de la radio et
télévision, qui avaient découvert qu'ils avaient
oublié de contrôler les émissions entre minuit et six
heures le matin. C'était un drame national.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon n'a pas d'autre chose? Donc, l'article 35 remplacé est-il
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 36, M. le
ministre.
M. Parizeau: L'article 36 indique simplement la façon
d'obtenir une licence, où il faut aller, comment il faut le
demander.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Quels sont les documents et renseignements
pertinents que la régie pourrait demander? Et là il va falloir un
pedigree en 75 pages?
M. Parizeau: Cela ne me paraît pas nécessaire.
M. Raynauld: On compte sur vous, M. le ministre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): L'article 36 est
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Article 37, M. le ministre.
M. Parizeau: C'est le registre dans lequel ces demandes de
licences sont inscrites et l'accès du public à ces registres.
Le Président (M. Jolivet): Adopté? M. Raynauld:
Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 38, M.
le ministre.
M. Parizeau: Là, il s'agit de la façon dont on
donne une licence de piste de courses et la façon dont la régie
doit rendre ces renseignements publics pour que le public soit au courant de la
demande qui a été ainsi faite.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont. M. le député de Huntingdon. Adopté. Article
39.
M. Parizeau: Excusez-moi... Le Président (M. Jolivet):
Oui.
M. Parizeau: ... M. le Président, j'aurais juste une
rectification à faire au sujet de 38 parce que je vois que j'avais
là des commentaires qui m'avaient été faits par certains
de ceux qui m'ont fait des représentations. La représentation
qu'on me faisait, je m'excuse, j'aurais dû le trouver avant qu'on
l'adopte, je peux revenir là-dessus 30 secondes au moins pour les
membres de la commission? On m'a fait des représentations à
savoir que le 38 ne semble pas indiqué, au moins textuellement, s'il
s'agit de demandes pour une nouvelle piste. Tel que c'est écrit
là, cela pourrait vouloir dire: Même pour les pistes qui existent
depuis toujours. Je me demande si cela ne vaudrait pas la peine de clarifier
cela.
M. Dubois: Normalement, c'est pour les nouvelles pistes.
M. Parizeau: Normalement, c'est cela. Les représentations
qu'on m'a faites c'est: Vous pourriez quand même le dire de façon
beaucoup plus précise. Je peux laisser cela en suspens, M. le
Président, je voudrais juste clarifier cette question. Cette
représentation m'a l'air d'avoir un certain bon sens, mais d'un autre
côté...
Le Président (M. Jolivet): On révoque
l'adoption.
M. Parizeau: Si cela ne dérange pas les autres
membres.
Le Président (M. Jolivet): Cela va. L'article 39, M. le
ministre.
M. Parizeau: C'est seulement sur la façon dont on applique
l'article 38. Ce sont les modalités d'application quant à savoir
comment les objections que le public peut avoir seront transmises à la
régie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): Cela va. Donc, article 39,
adopté. L'article 40, M. le ministre.
M. Parizeau: Voici, sur les articles 40, 41 et 42, je ne vais pas
faire tellement de commentaires, parce que cela indique comment, à la
suite d'oppositions qu'il y aurait dans le public, la régie serait
amenée à tenir des audiences publiques là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Cela va, pas de commentaires.
Le Président (M. Jolivet): Article 40, adopté.
Article 41, adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 42 est-il
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Article 43, M. le ministre.
M. Parizeau: II s'agit là de faire en sorte que la
régie puisse imposer à quelqu'un qui demande une licence pour une
nouvelle piste à payer le coût de l'étude que la
régie peut avoir à faire ou à commander pour savoir
là on revient toujours à cette idée du contingentement
quelles conséquences elle est susceptible d'avoir sur les pistes
des environs. C'est du travail qui est peut-être assez compliqué.
Au fond c'est une étude de marché dont on parle.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je veux m'op-poser
formellement à l'adoption de cet article 43. Je trouve que c'est
absolument extraordinaire qu'une régie qui a à prendre des
décisions puisse imposer à d'autres les frais de sa propre
administration quand c'est elle qui a le loisir de faire ou de commander une
étude dont on ne connaît pas la nature. On ne demande même
pas l'avis du demandeur de la licence. La régie peut décider que
parce que celui-ci a décidé de demander une licence, la
régie pourrait lui imposer des frais qui pourraient aller jusqu'à
$100 000 on sait ce que peut coûter une étude de
marché et ce n'est même pas laissé à
l'initiative des intéressés. Je trouve que c'est un article
je n'ai jamais vu cela dans une loi, je peux me tromper, il y en a
peut-être ailleurs, je ne prétends pas connaître toutes les
lois vraiment fort. C'est vraiment excessif sinon exorbitant que la
régie puisse, dans des cas prévus par les règles
qu'elle-même s'est données, qui ne sont même pas sujettes
à l'approbation du gouvernement.
Obliger une personne à payer le coût d'une étude que
la régie peut faire ou commander pour l'aider à prendre sa
décision, je trouve cela extraordinaire, un article comme
celui-là, que quelqu'un ait songé à cela, à dire
que, si la régie a besoin, pour ses propres fins de décision...
C'est un peu comme si le gouvernement disait: "Vous me demandez s'il ne serait
pas opportun que le gouvernement nomme dix personnes à telle place.
Parce que vous m'avez fait cette demande, j'ai décidé qu'on
était pour faire une étude approfondie de ce sujet et, suivant
des règles que j'ai décidées, on va vous envoyer la
facture. Je ne vous demande pas votre avis, je ne vous demande pas si vous
êtes disposé à demander la licence si c'est pour vous
coûter $100 000, non." Je demande une licence et, le lendemain, je peux
me faire attraper avec une facture, dans les mois suivants, pour payer une
étude que la régie pourra décider de son propre chef.
Cela va plus loin, la régie peut même demander au
requérant de lui donner une garantie du paiement du coût de
l'étude et de la publication de l'avis avant que cela soit fait. Cela
dépasse mon entendement, cet article! Il n'y a qu'une chose qu'on peut
faire avec cela et, personnellement, j'en fais la proposition, c'est de
supprimer l'article 43, purement et simplement.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: Je pense que le député d'Outremont a
largement raison là-dessus. L'esprit de la chose est ceci. Un groupe
sérieux qui veut mettre sur pied une piste va avoir fait son
étude, il l'aura déjà payée. Ce contre quoi on veut
se protéger, c'est contre des demandes farfelues. Prenons l'inverse. Si
on supprimait simplement l'article 43, on peut être inondé de
demandes venant de partout de gens qui disent: "De toute façon, c'est
à la régie à savoir s'il doit y avoir une licence ou pas,
elle va faire tout le travail pour nous autres et on verra bien. Le pire qu'il
peut nous arriver, quand la régie aura fait toutes ces dépenses
pour le savoir, c'est qu'elle dise non."
D'un autre côté, j'admets l'argumentation du
député d'Outremont. Il serait possible que la régie,
presque arbitrairement, dise: "Je n'en veux pas, de cette demande de piste. Je
vais leur monter une étude chromée telle que, de toute
façon, je sais
bien qu'ils n'accepteront jamais de payer les frais et ils vont retirer
leur demande". Cela peut aussi exister. Ce que je suggérerais, c'est
qu'on garde l'article 43 en suspens et qu'on l'amende.
Je fais faire préparer un amendement qui serait destiné
à respecter l'argumentation du député d'Outremont, qui me
paraît foncièrement correct, mais qui, probablement, exigerait un
dépôt minimum. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il ne
faudrait quand même pas que quelqu'un, n'importe quand, n'importe quel
jour, puisse arriver à la régie et dire: Montrez-moi une
étude pour voir si je peux établir, à côté du
rodéo de Saint-Tite-des-Caps, une piste de courses; quand vous aurez
fait l'étude, vous me donnerez la réponse. Il faudrait
probablement une espèce de preuve de sérieux minimum pour
éviter qu'on soit inondé. Mais en respectant cependant le
principe du député d'Outremont, c'est qu'il n'y a pas de raison
d'imposer tout le coût de l'étude au demandeur, parce que cela
devient, en un certain sens, trop facile de l'éliminer en lui montant
quelque chose dont on sait très bien qu'il n'est pas capable de le
payer.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon, vous avez quelque chose à ajouter sur la question?
M. Dubois: J'abonde dans le même sens. J'ai toujours dit
que le demandeur sérieux va certainement arriver avec une
étude...
M. Parizeau: II est déjà équipé.
M. Dubois: D'ailleurs, la régie pourrait exiger aussi une
étude, dans le cadre de cet article, de la part du demandeur. S'il y a
une étude de présentée, j'imagine qu'elle va être
sérieuse s'ils veulent avoir une acceptation. Mais il y a quand
même un petit bout de cet article qui pourrait peut-être rester,
soit celui de payer la publication de l'avis.
M. Parizeau: Peut-être. C'est ce que je voudrais regarder.
On s'entendrait simplement pour garder une espèce de ticket
modérateur, mais que le principe de base de l'article 43 soit
enlevé.
M. Dubois: D'accord.
M. Raynauld: Cela me conviendrait. La seule autre remarque que je
voulais ajouter, c'est que cet article n'impose jamais à la régie
une étude. Un type qui se présente pour faire une demande de
licence ne pourrait pas dire à la régie: Faites-moi une
étude. Ce serait abusif, sans aucun doute. La régie peut tout
simplement, si elle voit que le groupe n'est pas sérieux, et qu'il
arrive avec une demande d'une demi-page, dire ce que beaucoup d'autres disent:
Etudiez votre affaire et présentez un dossier. N'importe quelle demande
qui peut se faire à la radio ou à un poste de
télévision, on arrive avec des dossiers épais comme
cela... S'ils sont sérieux. Quand ce n'est qu'une page ou une demi-page,
en fait...
M. Parizeau: C'est comme cela qu'il vaut mieux procéder.
On laisse l'article 43 en suspens, on s'entend sur le fond, des deux
côtés, on s'arrangera simplement pour que cela corresponde
à ce qu'on vient d'échanger.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article 43 est en
suspens.
L'article 44, amendement. L'article 44 est remplacé par le
suivant: "Une licence de piste de courses qui confère à son
détenteur le privilège d'exploiter une piste de courses ou une
licence de courses, qui confère à son détenteur le
privilège de tenir une réunion de courses, n'est
délivrée qu'à une personne physique domiciliée au
Québec depuis au moins douze mois ou qu'à une autre personne
autre qu'une personne physique qui a son siège social ou son principal
établissement au Québec."
M. Parizeau: Cet amendement-là vient justement de
représentations qui nous ont été faites par l'industrie
des courses. Cela permet, d'une part, de préciser ce qu'on entend par
une licence de piste de courses et, d'autre part, d'exclure des dispositions de
l'article les fermes d'élevage et d'entraînement. Il n'y avait pas
de raison qu'on exige des conditions de domicile quant aux fermes.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, c'est un amendement dont je
n'avais pas pris connaissance avant ce matin. Je ne sais pas pourquoi je ne
l'ai pas, celui-là. Est-ce que c'est clair que la règle ne
s'applique pas aux conducteurs, propriétaires de chevaux,
entraîneurs ou palefreniers? C'est une licence de piste de courses
cela.
M. Parizeau: C'est seulement pour une piste de courses. C'est
cela qu'il fallait clarifier. Le député d'Outremont a
parfaitement raison. Il y avait deux objections qui étaient
posées par l'industrie, c'est que ce n'est pas assez clair, on ne sait
pas si cela s'applique à des jockeys ou pas, d'autre part, pour ce qui a
trait aux fermes d'élevage, il n'y a pas de raison pour qu'on commence
à regarder la résidence du propriétaire. Donc, cela exclut
la question de la résidence pour les pistes d'entraînement, les
fermes d'élevage et, d'autre part, cela clarifie la chose. Il ne s'agit
que de licence de courses qui confère à son détenteur le
privilège de tenir une réunion de courses. Ce sont eux,
seulement, qui sont visés par cela, les exploiteurs des pistes de
courses et non pas le jockey. Ce sont deux représentations qui nous ont
été faites par l'industrie et qui étaient, à mon
sens, tout à fait valables. Tel qu'il était écrit,
l'article était vraiment à la fois trop vaste et trop ambigu. (12
h 45)
M. Raynauld: J'ai une autre représentation qui a
été faite à propos, justement, de la restriction quant au
domicile au Québec, ou encore, s'il s'agit
d'une société, restriction quant au siège social,
au principal établissement qui doit être situé au
Québec.
Dans les représentations qui ont été faites
celle-ci m'a été faite à moi également on
dit que ceci va avoir des conséquences graves, sinon désastreuses
sur l'industrie des courses à ce qu'on me dit parce que
cette industrie, étant une industrie fortement intégrée,
nord-américaine, avec justement des participations
étrangères la plupart du temps, et que ceci pourrait
entraîner des restrictions abusives, on peut se demander quel est
l'intérêt que le Québec peut avoir à apporter une
restriction comme celle-là, que l'entreprise qui opère une piste
de courses ait nécessairement son siège social ou son principal
établissement au Québec. Evidemment, je ne suis pas sans me
rendre compte que ce genre de restriction est une restriction qu'on pourrait
voir de plus en plus à l'avenir, mais je ne pense pas que ce soit dans
l'intérêt du Québec. Ce n'est pas, je pense, une industrie
qui touche à des choses fondamentales pour le développement
économique du Québec. Est-ce que c'est vraiment nécessaire
d'apporter une restriction comme celle-là? Je me pose la question et je
la pose après en avoir discuté avec des gens qui sont dans cette
industrie et qui m'ont représenté en tout cas, qui m'ont
fait valoir que cette règle-là était très
restrictive en pratique.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: II y a six pistes de courses au Québec et
leur augmentation, parce que le pari mutuel est lié à ce type de
sport c'est le seul sport où le pari mutuel y est attaché
est en un certain sens un privilège; jusque dans un certain sens,
c'est un privilège qui est donné de tenir et d'avoir un certain
nombre de pistes. Donc, ce n'est pas nécessairement un privilège
qu'on soit disposé à donner urbi et orbi à n'importe qui
quel que soit son domicile ou même à permettre
l'intégration ou l'absorption de certains de ces établissements
qui jouissent du privilège de l'Etat là-dedans, à
n'importe quel groupe qui serait extérieur. Tel qu'il est libellé
là, cependant, d'une part, cela ne gêne aucune des six pistes;
personne n'est gêné par cela. Il aurait pu y avoir un
problème dans la région de l'Outaouais, mais en mettant son
principal établissement au Québec, cela règle la
question.
Donc, cela ne gêne ceux qui sont déjà en place
d'aucune façon et, pour l'avenir cela indique que ce privilège
que l'Etat accorde de tenir ou d'avoir des pistes de courses est
réservé soit à des Québécois, comme
personnes physiques, soit à des entreprises qui ont leur siège
social ici, ou bien encore qui n'auraient peut-être pas leur siège
social ici, mais dont il est clair que l'essentiel de leur activité est
ici. C'est dans le sens qu'on parle de son principal établissement.
M. Raynauld: Est-ce qu'on a des renseignements sur là
possibilité que les propriétaires de pistes de courses qui sont
au Québec fonction- nent aussi à l'extérieur? Est-ce que
cela se produit, que les propriétaires, ceux qui auraient ces licences
de courses, ont aussi des activités à l'extérieur du
Québec où ils auraient obtenu des privilèges, comme vous
le dites, d'États américains par exemple, ou d'autres provinces,
et qui...
M. Parizeau: Propriétaires de courses? Vous voulez dire
propriétaires de pistes de courses?
M. Raynauld: De pistes de courses.
M. Parizeau: Ah! Pas à ma connaissance. Là
où l'industrie est internationale, c'est au niveau des chevaux, des
jockeys, du personnel technique, des écuries et de l'entraînement
des chevaux, des éleveurs. Tout cela est très international et il
faut que cela reste international.
Là, nous ne parlons que des propriétaires de pistes. Il
n'y a rien d'international là-dedans.
M. Raynauld: A ma connaissance, il n'y a rien qui interdit
à un propriétaire de piste d'avoir une autre piste dans un
État américain.
M. Parizeau: Je dois dire que je ne suis pas au courant de cela,
si c'est interdit. Il y a tellement d'Etats aux États-Unis que,
vraiment, je n'ai pas fait la...
M. Raynauld: Ce serait important de le savoir, parce qu'il se
pourrait très bien que, si le Québec met cette
restriction-là sur les propriétaires de courses, les mêmes
entreprises qui sont à Montréal puissent être
empêchées de fonctionner en vertu du même principe que
l'État pourrait adopter de l'autre côté. On pourrait dire:
C'est un privilège que nous donnons et ce seront seulement des
propriétaires de courses ayant leur principal établissement dans
cet État. Je pense que ce serait quand même important de savoir si
cela pourrait entraîner des représailles et si cela pourrait
entraîner des conséquences négatives.
M. Parizeau: Oui, mais il faudrait s'entendre, M. le
Président. D'abord, quand on parle des États-Unis, c'est beaucoup
de choses. Il y a beaucoup de juridiction là-dedans. D'autre part, la
délivrance des licences pour fonctionner dans chacun des États
américains relève de toute une série d'autorités
différentes. Est-ce qu'on va en trouver où c'est formellement
interdit pour un étranger, ou va-t-on en trouver dans un certain nombre
de cas où ce n'est pas formellement interdit, mais où, en
pratique, il n'y a jamais une licence qui se délivre à un
étranger? Ce sont deux niveaux bien différents. On peut le mettre
dans une loi ou on peut ne pas le mettre dans une loi, mais faire en sorte
qu'en pratique il n'y ait jamais un étranger qui reçoive une
licence.
Alors là, l'étude non seulement de la législation
américaine à cet égard de la réglementation, mais
des pratiques, c'est toute une "job" qu'on nous demande.
M. Raynauld: Maintenant, la question plus précise que je
posais, c'était de savoir si les six propriétaires de pistes de
courses au Québec ont aussi des pistes de courses ailleurs qu'au
Québec. C'est cela ma question.
M. Parizeau: En tout cas, je peux dire une chose, on ne m'a fait
aucune représentation là-dessus. Autant nous en avons eu sur les
deux autres questions que nous avons réglées par l'amendement,
autant là, ce qui m'est soulevé par le député
d'Outremont aujourd'hui, c'est la première fois que j'en entends
parler.
M. Raynauld: M. le Président...
M. Parizeau: Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu de
représentation, mais je dis que moi je n'en ai pas reçu.
M. Raynauld: Vous les avez reçues certain. Si ce sont les
pistes de courses, c'est 44, l'obligation de résider au Québec,
c'est un mémoire qui vous a été envoyé et il est
dit ici: "Nous nous objectons à la limitation des licences aux
résidents du Québec, les courses de chevaux étant un sport
panaméricain, une telle limitation risque d'enfermer le Québec en
ghetto...
M. Parizeau: Non.
M. Raynauld: ... en plus de lui attirer des mesures de
représailles des autres Etats ou provinces.
M. Parizeau: C'était dans l'hypothèse...
M. Raynauld: Ce n'est pas moi qui dis cela.
M. Parizeau: Non. Je comprends. C'était dans
l'hypothèse où l'article 44 couvrait...
M. Raynauld: Aurait pu couvrir.
M. Parizeau: ... aurait pu couvrir les "jockeys", le personnel
des pistes de courses. Dans cette optique, ils avaient parfaitement raison,
c'est pour cela qu'on a amendé la loi, d'ailleurs.
M. Raynauld: II reste que, pour la limitation, on ne retourne pas
devant ces gens pour leur demander si maintenant ils sont satisfaits, mais la
question demeure en ce qui concerne les propriétaires des pistes de
courses. En Ontario, par exemple, est-ce que les propriétaires de pistes
de courses sont susceptibles d'être soumis...
M. Parizeau: A cette limitation? Non.
M. Raynauld: A cette limitation? Eux, le privilège qu'ils
donnent, ils le donnent et ils peuvent aussi le donner aux autres.
M. Parizeau: Encore une fois, il s'agit de savoir, non pas
seulement ce qu'il y a dans la législation, mais comment elle est
appliquée. Le privilège d'avoir une licence pour une piste de
courses est un privilège partout. Sur quelle base est-il donné,
réglementaire, légale ou simplement de pratique courante, il faut
essayer de démêler cela.
M. Raynauld: Vous parliez de privilège...
M. Parizeau: Oui, c'est un privilège d'exploiter un sport
auquel le pari mutuel est accroché.
M. Raynauld: C'est aussi un privilège pour General Motors
de venir travailler au Québec. Bien sûr, on peut toujours employer
ce langage, si on veut, mais cela ne nous donne pas des orientations bien
justifiées en ce qui concerne les décisions qu'on a à
prendre. Bien sûr que tout est un privilège dans un certain sens.
On a donné des licences pour tout, on pourrait toujours dire que ce sont
des privilèges. Le problème n'est pas là, à mon
sens. Le problème est de savoir si on veut favoriser les pistes de
courses. Je pense que tout le projet de loi est fait pour cela. Il est
sûrement fait pour ne pas décourager le pari mutuel puisque le
gouvernement perdrait à ce moment de l'argent pour poursuivre la logique
du ministre des Finances.
A ce compte on dit: Quelle est la raison principale, au-delà des
droits et des privilèges qui pourraient être attachés
à cela, qui nous oblige à apporter une restriction comme
celle-là? Vous dites vous-mêmes que les six propriétaires
de pistes de courses, à l'heure actuelle, sont des
Québécois, qu'il n'y a pas d'abus de ce côté,
semble-t-il, pourquoi veut-on apporter une restriction comme celle-là
qui pourrait peut-être entraîner des difficultés pour
l'avenir? Là, on ne sait pas c'est pour cela que je le demande
si les propriétaires de pistes de courses au Québec ne
sont pas aussi des propriétaires de pistes ailleurs et qui pourraient,
à ce moment, faire face à des mesures de représailles
quelconques? Je ne connais pas assez l'industrie pour savoir si les
propriétaires de pistes de courses ont des entreprises
intégrées ou des entreprises complètement
indépendantes qui n'ont que des pistes; bien sûr, les
réponses à ces questions aideraient à évaluer la
portée d'un article comme celui-là.
M. Parizeau: Mais il y a une chose, en tout cas, qui est claire,
c'est que sur le plan du contrôle... Je reviens d'abord sur cette notion
de privilège, ce qui fait qu'on doit encore considérer cela comme
un privilège. J'imagine que les années passant on le
considérera peut-être de moins en moins comme un privilège,
mais c'est que les jeux autorisés l'ont été graduellement
en fonction de changements dans l'opinion publique à l'égard du
Code pénal. Au fond, graduellement, petit à petit, on est en
train de sortir du Code pénal un certain nombre de choses. On a connu
l'époque où les loteries étaient interdites et poursuivies
par la police. On a connu l'époque où les machines à
boules étaient interdites par la police. On a connu
l'époque, qu'on connaît encore, où le pari mutuel
hors piste était interdit et poursuivi par la police. Peut-être
qu'un jour on déterminera qu'on amende de nouveau le Code pénal
pour permettre le pari mutuel hors piste.
Dans cet esprit qui est très différent des autres
commerces on ne peut pas comparer cela à General Motors on
n'a pas commencé avec un Code pénal qui interdisait toute la
circulation automobile puis, petit à petit, a donné la permission
de construire tel genre de véhicule ou tel autre genre de
véhicule. C'est très différent comme atmosphère et
comme origine. C'est dans ce sens, quand je disais tout à l'heure que
c'était un privilège. Cela aurait bien pu, historiquement,
être différent. Je ne justifie pas que ce soit un privilège
ou non; je dis simplement que dans l'évolution de notre
législation, c'est comme cela que c'est compris.
Cela étant dit, sur le fond maintenant, je dois avouer que quand
même ce ne serait que sur le plan du contrôle, je
préfère infiniment que, pour ce qui a trait aux pistes de
courses, on puisse s'assurer au moins d'une de trois choses à
l'égard des propriétaires de pistes de courses: ou bien que ce
soit une personne physique qui réside au Québec, ou bien que le
siège social soit au Québec, donc que la comptabilité du
siège social soit ici ou, en tout cas, la principale place d'affaires.
C'est évident que, sur le plan du contrôle, c'est infiniment plus
facile de se trouver devant quelque chose d'intégré où
cela n'est qu'une opération parmi bien d'autres.
Les trois conditions qui sont posées sont, je pense,
intéressantes sur le plan de la confirmation d'un privilège, mais
en plus de cela, sur le plan du contrôle, elles présentent
certains avantages.
Le Président (M. Jolivet): Comme il est 13 heures,
à moins d'un consentement, nous terminerons nos travaux pour ajourner
sine die. On veut aller dîner!
Fin de la séance à 12 h 59