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(Onze heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire du revenu reprend donc ses travaux ce matin.
Le mandat de la commission reste le même; je veux le
répéter, c'est d'étudier les projets de loi nos 29 et
39.
Les membres de la commission sont: M. Blank (Saint-Louis), M. Desbiens
(Dubuc), M. Dubois (Huntingdon) remplacé par M. Maciocia (Viger), M.
Forget (Saint-Laurent) remplacé par M. Gratton (Gatineau), M.
Fréchette (Sherbrooke), M. Lachance (Bellechasse), M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet) remplacé par M. Boucher (Rivière-du-Loup), M.
Marquis (Matapédia), M. Martel (Richelieu), M. Ouellette (Beauce-Nord)
remplacé par M. Baril (Arthabaska), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) remplacé par M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges).
Les intervenants sont: M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Houde
(Berthier) remplacé par M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M.
Lafrenière (Ungava), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
M. Lincoln (Nelligan) remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Maciocia
(Viger) remplacé par M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Est-ce que ça va pour tout le monde au niveau des
substitutions?
Le député de Vaudreuil-Soulanges remplace le
député de Notre-Dame-de-Grâce et on a remis le
député de Notre-Dame-de-Grâce comme intervenant à la
place du député de Viger.
M. Paradis: Était-il membre hier?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, il était membre
hier. C'est une chose que j'ai déjà vérifiée M. le
député de Brome-Missisquoi.
Lors de l'ajournement d'hier, nous en étions à une
motion...
M. Fréchette: Me permettez-vous simplement une remarque
préliminaire?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre,
allez-y.
M. Fréchette: Je pense que, de part et d'autre de la
table, nous avons appris ce matin que nos travaux devaient continuer. Je n'ai
effectivement pas d'objection à ce qu'on les amorce dès
maintenant, mais aucun des fonctionnaires n'est encore là. S'il arrivait
que, par je ne le sais quelle espèce de formule, on en vienne à
étudier un article en particulier, j'apprécierais qu'on puisse
attendre l'arrivée des fonctionnaires, s'ils n'étaient pas
arrivés.
M. Blank: Aucune objection!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Louis.
M. Blank: De notre côté aussi, on a
été pas mal surpris, et la Chambre aussi par le fait qu'on
appelait cette commission ce matin parce que, d'après les informations
que j'ai eues hier soir et ce matin, nous ne siégions pas aujourd'hui,
c'était la commission des affaires municipales qui devait commencer
à siéger à midi avec celle du bill 16, mais, voyant qu'il
y a cette fameuse motion de clôture, de bâillon, "closure"
dites-le, la guillotine, on a décidé de reporter la commission du
bill 16 à ce soir et la commission des affaires municipales va
siéger en même temps que nous. Qu'est ce que cela donne de plus?
Cela donne un peu de repos aux gens de la commission du bill 16 et on a la
chance d'avoir un des meilleurs combattants sur le bill 16 avec nous ce matin,
le député de Vaudreuil-Soulanges, qui fait partie de notre
commission, et notre commission bénéficiera beaucoup de ses
talents d'orateur, d'intervenant, de membre de cette commission. Et si, par
hasard, on décide de le nommer rapporteur...
M. Fréchette: C'est là une motion non
annoncée!
M. Blank: J'aurai plus de temps pour vous parler des
qualités et peut-être des défauts du député
de Vaudreuil-Soulanges. Je vois que le député de
Notre-Dame-de-Grâce est devenu intervenant.
Le Président (M. Bordeleau): C'est ça, il fait
partie du...
M. Blank: Le député de Vaudreuil-Soulanges est
membre de la commission.
M. Fréchette: II y a une autre chose que je voudrais
mettre au clair. Je comprends que, selon l'avis de la Chambre,
le mandat que nous avons est de siéger jusqu'à 18 heures,
si j'ai bien compris. C'est ça?
M. Blank: Oui, 18 heures, ou si la commission décide
d'ajourner, à un moment donné...
M. Fréchette: Oui, évidemment, sous réserve
de ce qui peut se produire, bien sûr.
M. Paradis: Si on a fini d'étudier les projets de loi.
M. Fréchette: Oui.
M. Blank: Je pense que le seul qu'on ne peut pas nommer
rapporteur, c'est le ministre. Mais je n'en suis pas certain parce que le
règlement n'en parle pas.
M. Paradis: II est muet.
M. Fréchette: De toute façon, on n'en est pas
à cette motion-là. Je crois qu'au moment où nos travaux
ont été suspendus hier, il y avait déjà une motion
qui était en discussion. Je suggère qu'on l'aborde dès
maintenant.
M. Blank: D'accord.
Nomination d'un rapporteur Motion d'amendement
(suite)
Le Président (M. Bordeleau): Oui, effectivement, c'est ce
que j'allais vous dire avant de vous donner la parole, M. le ministre, ainsi
qu'au député de Saint-Louis.
Hier soir, nous en étions donc sur une motion d'amendement qui
amendait la motion principale sur la nomination du rapporteur de la commission
et cette motion d'amendement était à l'effet de remplacer le nom
du député de Bellechasse par le nom du député de
Viger.
M. Blank: M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Brome-Missisquoi. Sur la motion d'amendement? Allez-y.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: Oui, M. le Président vous vous souviendrez
qu'hier soir, quelques minutes avant de nous quitter, j'avais fait motion
moi-même à cette commission pour que l'on ajourne nos travaux.
Dans les explications que j'ai été appelé à fournir
pour ajourner ces travaux, je vous ai fait part de mon état de
tristesse, de mon état de désolement, à la suite des
événements de la journée d'hier qui n'avaient pu amener
cette commission à un consensus sur la nomination, sur l'élection
d'un rapporteur. Mais j'aimerais avoir quelques éclaircissements de la
présidence; j'ai cru déceler un consentement sur ma motion
d'ajournement car, quelques minutes avant minuit hier soir, de consentement,
les partis, les députés autour de cette table ont
décidé d'ajourner les travaux. C'est donc fort de...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse. Effectivement,
vous avez présenté une motion d'ajournement hier soir dans les
dernières minutes, mais, comme nous en étions arrivés
à la fin de nos travaux, soit à minuit, nous avons ajourné
nos travaux automatiquement. Ce matin, nous reprenons, mais non plus avec la
motion d'ajournement. C'est avec la motion d'amendement et j'aimerais vous
entendre parler de la motion d'amendement.
M. Paradis: Je citais un peu ce consensus qui s'était
dégagé sur l'ajournement, si je me souviens bien, à minuit
moins deux, minuit moins une et ce consensus me stimule ce matin pour
susciter...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Brome-Missisquoi, je ne voudrais pas que quelqu'un induise en erreur la
commission ou les lecteurs éventuels de nos débats en laissant
croire qu'il y a eu consensus. C'est simplement que, selon nos
règlements, à vingt-quatre heures, le débat s'ajourne
à moins qu'il n'y ait consentement. Alors, c'était automatique,
la fermeture ou l'ajournement de la séance d'hier soir.
M. Paradis: Je me suis réjoui trop tôt, je pensais
que le consensus que j'avais décelé...
M. Blank: Le consensus était qu'une minute avant
vingt-quatre heures, on ait le consensus à vingt-quatre heures.
M. Paradis: C'est tout ragaillardi à la suite de
l'intervention du député de Saint-Louis que je peux aujourd'hui
espérer que ce précédent qui a été
créé dans cette commission hier se répète, que ce
consensus se rétablisse non pas au niveau de l'ajournement, mais au
niveau cette fois-ci de la nomination d'un rapporteur.
Après avoir tenté en vain hier de convaincre deux
brillants représentants de l'Opposition, les députés de
Saint-Louis et de Gatineau, d'accepter cette tâche qui est celle de
rapporteur et d'avoir échoué dans cette tentative, j'ai
été ébloui de l'éclair de génie du
député de Gatineau qui nous a
soumis le nom d'une personne qui pourrait faire office de rapporteur et
qui possède tous les qualificatifs à cet effet.
Le député de Gatineau en effet nous a soumis pour
discussion et pour délibération la candidature du
député de Viger...
M. Maciocia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Je voudrais faire une précision. Ce n'est pas
le député de Gatineau qui a essayé de me nommer, mais
c'est le député de Portneuf.
Le Président (M. Bordeleau): Vous avez raison, M. le
député de Viger. Merci de la correction.
M. le député de Brome-Missisquoi, vous pouvez
continuer.
M. Paradis: M. le député de Portneuf nous a fait
cette suggestion qui... Excusez, on vient de m'accuser de déformer les
paroles des autres. J'avais pris indication au début de la commission,
j'avais demandé au président de m'informer du nom du parrain. Si
le député de Gatineau ne l'a pas fait, c'est qu'il a
été précédé dans son droit de parole par le
député de Portneuf qui est notre whip en chef, et qui l'a fait
avec la classe habituelle qu'on lui connaît.
Il nous a donc recommandé M. Cosmo Maciocia, député
de Viger. Avant de demander aux parlementaires de la formation
ministérielle d'endosser cette nomination, il serait bon de vous faire
connaître un peu mieux celui qui, pour la première fois, aux
dernières élections générales, a été
élu membre de cette Assemblée nationale pour la circonscription
de Viger. Dans le curriculum vitae que vous a lu, hier, le whip en chef de
l'Opposition, député de Portneuf, vous avez sans doute dû
noter avec un grand intérêt les connaissances humanistes, les
connaissances classiques, je dirais, du député de Viger, qui
découlent de sa formation scolaire. Il n'est pas question pour moi de
discréditer par mes propos les connaissances humanistes ou les
connaissances classiques du député de Bellechasse. Mais la
différence entre le député de Viger et celui de
Bellechasse, c'est que le député de Viger a vraiment fait ses
études classiques, humanistes, le plus près possible de la source
même de cette culture, de cette civilisation. Il a fait ses études
primaires à l'école de Cantalupo - on verra où a fait ses
études primaires le député de Bellechasse; c'était
sans doute plus loin de ses racines latines -ses études secondaires au
Seminaro Diocesano de Campobasso. M. le Président, je souligne...
Une voix: La traduction, s'il vous plaît.
M. Paradis: J'aurais peur de le traduire en présence du
ministre du Revenu de crainte qu'il ne taxe ces institutions.
On voit donc que ses études secondaires ont également
été faites le plus près possible de cette source latine et
qu'en plus elles l'ont été dans un environnement un peu
sacro-saint. Il les a faites au séminaire diocésain de
Campobasso. Ses études classiques, par la suite, ont été
faites au collège Mario Pagano de Campobasso. C'est le même
endroit; si vous allez taxer là-bas, vous allez tout ramasser d'un coup
sec. Ses études classiques, cette fois-ci, l'ont amené à
étudier des sujets qui vont l'aider à être un meilleur
rapporteur, comme la philosophie. Je sais que le député de Viger
a fait beaucoup de métaphysique et qu'il sera en mesure de comprendre
toutes les questions -claires comme de la boue quelques fois - des
députés ministériels...
M. Lachance: Platon. Aristote...
M. Paradis: Le député de Bellechasse tente de
m'impressionner en me citant des auteurs classiques qu'il connaît bien,
mais qu'il a appris à connaître loin des sources. C'est cette
petite différence qui me fait opter pour le député de
Viger.
Le député de Viger est arrivé au Canada en
1964...
M. Lachance: Au Québec ou au Canada?
Le Président (M. Bordeleau): C'est toujours le
député de Brome-Missisquoi qui a la parole.
M. Paradis: Je lis le curriculum vitae du député de
Viger et c'est marqué: Arrivé au Canada en 1964. Si on me demande
de préciser où au Canada est arrivé le
député de Viger en 1964, je serai en mesure d'informer le
député de Bellechasse, qui se propose sans doute d'appuyer la
candidature d'un humaniste qui a été plus près des sources
que lui, qu'il est arrivé dans la ville de Montréal, dans la
province de Québec, dans le pays qui s'appelle le Canada. À ce
moment, il n'était pas question de trait d'union, les immigrants
arrivaient ici en sachant dans quelle situation, dans quel pays ils allaient
vivre. D'ailleurs, lorsqu'il est arrivé ici, il est arrivé en
toute confiance, ne sachant pas la précarité des carrières
politiques sous certaines bannières. À cette époque, en
1964, le premier ministre actuel était un libéral et c'est sans
doute un des attraits qui l'ont attiré dans ce pays.
Sa carrière, qui a fait suite à ses études, a
été marquée de succès éclatants. Courtier
d'assurances, président de la
compagnie Assurances C. Maciocia Inc. son propre président. On
m'a même laissé savoir, lorsque j'ai recueilli des informations
hier soir, après l'ajournement de cette commission, qu'il en a
été le président-directeur général. (12
heures)
Une voix: Est-ce qu'il était actionnaire?
M. Paradis: Oui, il était actionnaire majoritaire.
M. Boucher: Y avait-il des rapporteurs là-dedans?
M. Paradis: II est également propriétaire de
l'agence de voyages Luna Inc. Mais, comme un député
ministériel me l'a mentionné hier, un curriculum vitae, ça
peut révéler, au niveau de la formation académique, au
niveau de la carrière, certaines superficies. Ce qui m'intéresse
davantage dans le curriculum vitae des députés de cette
Assemblée, ce sont les activités auxquelles ils ont
été mêlés avant leur entrée en politique. Un
critère certain qui motive ma confiance et qui motivera sans aucun doute
la confiance des gens qui siègent du côté
ministériel, c'est le fait que M. Cosmo Maciocia, député
de Viger, a été président de l'Association libérale
du comté de Jeanne-Mance. C'est donc dire qu'il n'a pas tenté de
profiter d'un poste dans un exécutif de comté quelque part pour
se "paqueter" une convention. Il est allé s'occuper du comté de
Jeanne-Mance à titre de président totalement
désintéressé, où il a su mettre sur pied une
équipe qui non seulement a rapporté pour le Parti libéral
aux dernières élections ce comté de Jeanne-Mance qui est
très important, mais a également su nous doter d'un
représentant à nul autre comparable, le député
Michel Bissonnet.
Les chauffeurs de taxi étaient complètement
abandonnés par le gouvernement jusqu'à l'arrivée de Michel
Bissonnet en cette Chambre. Nous n'avons qu'à prendre un taxi à
cette porte, M. le ministre, et on se rend compte qu'à cause du travail
de Cosmo Maciocia, comme président de l'Association libérale du
comté de Jeanne-Mance, ces chauffeurs de taxi ont aujourd'hui un
député, élu dans cette belle circonscription qu'est
Jeanne-Mance, qui les représente. Depuis que M. Bissonnet a fait son
entrée en cette Chambre, on dirait que le ministre des Transports,
l'honorable Michel Clair, commence à faire des études sur le
dossier du taxi. Eux aussi sont intéressés. Je sais que M.
Bissonnet aimerait être ici ce matin pour vous en parler mais, dès
que nous atteindrons - il m'a manifesté sa hâte ce matin - le fond
du sujet, M. Bissonnet fera une présence remarquée à cette
Assemblée qui saura sans doute, M. le Ministre, vous faire
réfléchir sur l'opportunité de retirer ce projet de
loi.
Par la suite, celui que nous voulons nommer rapporteur pour l'ensemble
de cette commission, pas pour représenter les parlementaires
libéraux de ce côté-ci de la table, pour faire un travail
impartial, a été conseiller de la ville de Saint-Léonard.
Vous voyez déjà l'étendue ...
M. Fréchette: De qui parlez-vous?
M. Paradis: Celui que nous vous proposons. M. le ministre,
j'attire votre attention parce que si vous ne portez pas attention vous ne
donnerez pas votre consentement, vous allez voter contre. Donc j'insiste pour
que vous écoutiez avec tout l'égard, tout le respect qu'on lui
doit la description du curriculum vitae, des qualités du
député de Viger, conseiller à la ville de
Saint-Léonard, membre de la Chambre de commerce de Saint-Léonard,
membre des hommes d'affaires de Saint-Léonard. C'est un curriculum vitae
impressionnant mais que l'on peut retrouver chez divers parlementaires, mais
qui dans cette Assemblée, M. le Président, possède au
niveau de ses activités les éléments suivants? Qui est
membre, dans cette Assemblée, de la CIBA et du conseil Giovanni Caboto?
Y-a-t-il un seul membre de votre côté qui peut se vanter d'avoir
été membre de la CIBA et du cercle Giovanni Caboto? M. le
ministre, l'Opposition ce matin est d'une telle magnanimité que, dans le
but d'en arriver à une entente le plus tôt possible sur le choix
de ce rapporteur, nous vous offrons notre consentement à la nomination
de quelque membre que ce soit de l'autre côté de la table, du
parti ministériel, qui aurait été membre de la CIBA et du
cercle Giovanni Caboto. Mais en réciproque, M. le ministre, nous
apprécierions que vous nous confirmiez que si vous ne pouvez en trouver
- j'ose croire que vous le pourrez - vous consentirez à la nomination de
ce membre de la CIBA et du cercle Giovanni Caboto.
M. Fréchette: II faudrait précisément savoir
ce que c'est que la CIBA.
M. Boucher: On en fait peut-être partie et on ne le sait
pas.
M. Fréchette: C'est ça l'histoire, voyez-vous. Tout
à coup on y serait.
M. Paradis: Je n'accepte pas que l'on ridiculise, de l'autre
côté, des institutions fort respectables au Québec, et
ça ne me surprend pas comme commentaire de la part d'un péquiste.
Il dit: J'en suis peut-être membre et je ne le sais pas. Il est
peut-être membre du Parti libéral et il ne le sait pas, il est
peut-être membre du Parti québécois,
il ne le sait pas. Ce n'est pas le genre de rapporteur qu'on peut se
permettre, M. le Président.
M. Maciocia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Question de règlement,
M. le député de Viger. S'il vous plaît!
M. Maciocia: Je voudrais informer le ministre - il n'est pas au
courant - que cet organisme est sous la juridiction du ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration du gouvernement du
Québec.
M. Fréchette: On ne sait pas encore ce que c'est.
M. Maciocia: Aujourd'hui, ils sont au parlement.
M. Fréchette: Ah bon!
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Vous pouvez continuer,
M. le député de Brome-Missisquoi.
Une voix: C'est un organisme.
M. Paradis: M. le Président, devant ce refus d'une offre
aussi raisonnable, d'une offre aussi bien intentionnée, je vais faire au
ministre une offre qu'il ne peut refuser. Je vais la lui faire en italien.
M. Fréchette: Non.
M. Paradis: Pour qu'il me comprenne bien, je vais lui faire
l'offre suivante. M. le ministre, vous n'avez pas accepté notre offre de
nommer un membre de la CIBA et du cercle Giovanni Caboto. Vous avez
refusé une offre que je qualifierais d'"irrefusable". Est-ce que vous
allez refuser, comme rapporteur de cette commission, un commandeur de
l'Academia Gentium Pro Pace?
M. Fréchette: ...
M. Paradis: Même si votre compréhension de la langue
italienne n'est pas parfaite, vous comprendrez aisément que l'Academia
Gentium Pro Pace, ce n'est pas un mouvement de violence.
M. Fréchette: Les sages pour la paix.
M. Paradis: Comme commandeur, il n'a pas été
invité à votre dernier congrès du Parti
québécois. Ce n'était pas le genre d'organismes que votre
parti avait décidé d'inviter à même les sommes que
vous allez chercher lors de vos campagnes de financement chez ceux qui vous
donnent des 5 $, des 10 $, des 25 $, des 100 $, des 200 $ et des 300 $. S'il
fallait que ces gens sachent que vous vous servez de cet argent pour financer
le genre de délégation qui est venue à votre dernier
congrès, je pense qu'ils hésiteraient à donner.
Est-ce que cette commission peut se passer d'un commandeur de l'Academia
Gentium Pro Pace pour faire rapport à cette Assemblée?
M. Fréchette: II y a un militaire qui a refusé
hier.
M. Paradis: Oui, mais étant donné que vous avez
refusé M. Blank, le député de Saint-Louis, un militaire de
carrière, j'ai cru honnêtement que vous aviez peur de ce style
militaire, de ce style un peu dur. Dans une tentative d'en arriver à une
entente, ce matin, je vous propose l'inverse. Je me suis dit: Si ce n'est pas
le style que le ministre désire, il faut faire plaisir au ministre, il
faut trouver...
M. Boucher: Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rivière-du-Loup, sur une question de règlement.
M. Boucher: Le député est en train d'induire la
commission en erreur. On n'a pas refusé le militaire, c'est lui qui
s'est désisté.
M. Paradis: Écoutez, M. le Président...
M. Boucher: Même le proposeur a retiré sa
proposition.
M. Paradis: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que vous avez
raison, M. le député de Rivière-du-Loup.
M. Paradis: Le député de Saint-Louis m'a
confié hier que, face à l'absence totale d'appui de l'autre
côté de la table, il avait compris qu'une élection serait
risquée dans les circonstances. Il n'y a pas un membre de l'autre
côté de la table, malgré l'impressionnant curriculum vitae
que possède le député de Saint-Louis, malgré ses
connaissances humaines, ses connaissances scientifiques, ses qualificatifs qui
en faisaient le meilleur rapporteur possible pour cette commission, il n'y a
pas un membre de l'autre côté qui a eu un mot de gentillesse pour
le député de Saint-Louis. Alors que, de notre côté,
bien que nous proposions d'autres candidats, nous n'avons pas manqué
l'occasion, chaque fois qu'elle s'est présentée non pas
d'abaisser, non pas d'être silencieux sur le cas du député
de
Bellechasse - de tenter de trouver quelques qualités au
député de Bellechasse. Hier, nous n'avons pas accusé le
député de Bellechasse de consommer de la bière à
outrance, celui-ci nous a dit qu'il prenait une bière de temps à
autre; nous avons accepté cet état de fait et avons
soulevé le conflit d'intérêts.
M. le Président, ça fait deux propositions que je vous
fais et que je tente de soutenir par un appel à votre ouverture d'esprit
envers les différents groupes ethniques du Québec. À
chaque fois, vous me refusez votre consentement. Je ne sais pas si vous en avez
contre la personne du député de Viger, lui-même, qui est
mon grand ami. Je vous préviens que si vous en avez contre le
député de Viger, vous trouverez, de ce côté-ci de la
table, une unité et vous trouverez un combat à mener pour dire un
traître mot à l'encontre de la personne du député de
Viger.
Si ce n'est pas contre le député de Viger que vous en
avez, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Brome-Missisquoi, je voudrais simplement vous voir conclure, étant
donné que votre temps est terminé.
M. Paradis: Seulement une minute, M. le Président. Si vous
n'en avez pas contre la personne du député de Viger comme
tel...
Le Président (M. Bordeleau): Je vous demande de conclure,
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Oui, je conclus. Je vous demande de ne pas en avoir
non plus contre les institutions qu'il représente si dignement.
Je vous soulignerai, en terminant, que le premier maire de
Montréal - c'est de là que vient le nom du comté - fut un
M. Viger; que le premier député du comté de Viger est M.
Cosmo Maciocia; ce serait lui rendre toute justice que de donner votre
consentement à sa nomination comme rapporteur de cette commission
parlementaire.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Êtes-vous
prêts à voter sur l'amendement?
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, il semble qu'on ait de la
difficulté à se trouver un rapporteur. Quand, ce matin, le leader
parlementaire du gouvernement a appelé l'étude du projet de loi
no 29, je voulais lui demander: Comment pouvez-vous appeler l'étude du
projet de loi, quand on n'a même pas encore nommé un rapporteur?
Et il semble que la difficulté de trouver un rapporteur soit directement
proportionnelle à la répugnance de ce projet de loi no 39. Si
vous examinez les autres lois...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Mont-Royal, je voudrais simplement m'informer à
savoir si vous voulez exercer votre droit de parole sur la motion
d'amendement...
M. Ciaccia: Oui, sur la motion d'amendement.
Le Président (M. Bordeleau): ... pour nommer le
député de Viger comme rapporteur.
M. Ciaccia: Exactement. Voulez-vous que je recommence mon
intervention pour vous dire que la difficulté de trouver un rapporteur
est directement proportionnelle à la répugnance d'un projet de
loi?
Une voix: ...
M. Ciaccia: Toutes vos lois sont répugnantes. Si vous
examinez tous les autres projets de loi, on n'a pas eu ce genre de
difficulté. Il faut se poser des questions sur les vraies
conséquences de cette loi et ce qu'elles vont apporter à la
population. (12 h 15)
Je n'aurai pas de difficulté à appuyer la candidature de
mon collègue, le député de Viger. C'est vrai qu'il est
membre de CIBA -pour ceux qui ne savent pas ce que c'est, c'est l'Association
des hommes d'affaires et professionnels canadiens-italiens, c'est le
"Canadian-Italian Business and Professional Men's Association" - mais, pour
votre information, les membres de cette association, comme mon collègue,
le député de Viger, vous en a informés, sont ici
aujourd'hui. Ils sont en visite au parlement. Ils sont présentement avec
le ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration. Ils seront,
cet après-midi, en visite dans nos bureaux. Alors, on vous y invite, si
vous ne siégez pas. Ceux qui, du côté ministériel,
ne siègent pas à l'Assemblée et ceux qui n'interviennent
pas sur le projet de loi ou sur les motions que nous faisons, vous pouvez vous
joindre à nous. Ce sera entre 15 heures et 16 heures. Cela nous fera
plaisir. Vous pourrez venir rencontrer ces gentilshommes qui ont eu
l'amabilité d'accepter l'invitation chaleureuse qui leur a
été faite par le ministre des Communautés culturelles et
de l'Immigration, le député de Mercier.
M. le Président, il y a aussi le cercle Giovanni Caboto. Pour
ceux qui ne le savent pas autour de cette table, Giovanni Caboto a
été un grand explorateur. C'est lui qui a
découvert Terre-Neuve. C'est vrai que cela fait partie du Canada
et que le côté ministériel ne s'en occupe pas. Ce n'est pas
d'intérêt...
M. Boucher: Ils n'ont pas toujours été dans le
Canada.
M. Ciaccia: Non, mais qu'ils ont donc été chanceux
quand ils ont été invités!
Une voix: Ils l'ont regretté.
M. Boucher: Et cela a pris trois référendums.
M. Ciaccia: Ils ne s'en iraient pas, ne vous inquiétez
pas. Au début, il y en avait beaucoup qui ne faisaient pas partie du
Canada. Au début, il y avait seulement quatre provinces, M. le
Président.
M. Baril (Arthabaska): Ils ont fait des études pour s'en
sortir aussi.
M. Ciaccia: II y avait seulement quatre provinces. Depuis ce
temps-là, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! C'est
toujours le député de Mont-Royal qui a la parole. Vous pouvez
continuer, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci d'avoir protégé mon droit de
parole, M. le Président. Je vois que mes propos vous intéressent
et que vous êtes soucieux des droits des parlementaires à cette
commission.
M. Boucher: Si Caboto avait été en vie, cela ne
serait pas arrivé.
M. Ciaccia: C'est vrai qu'au début, en 1867, il n'y avait
pas dix provinces au Canada, mais il y en a dix maintenant. On est tous fiers,
incluant la majorité des Québécois, d'être Canadiens
et d'être Québécois. La majorité de la population
nous l'a indiqué même l'année dernière, le 20 mai.
Le député de Bellechasse, à la suite des propos du
député de Mégantic-Compton quand il parlait de
l'arrivée au Canada de mon collègue, le député de
Viger, en 1964, semblait demander: au Québec ou au Canada? Cela vient,
à mon esprit, disqualifier le député de Bellechasse comme
rapporteur de cette commission. Il semble qu'il ne pourrait pas avoir une
approche équitable, non partisane pour être rapporteur de cette
commission, pour envoyer et donner son rapport à l'Assemblée
nationale.
C'est vrai que mon collègue est arrivé en 1964. Comme l'a
souligné le député de Mégantic-Compton, à ce
moment-là, c'était sous l'administration libérale. Il y
avait de la prospérité en 1964. Il n'y avait pas de
chômage, avec 325 000 chômeurs. Il n'y avait pas de taxe de 0,30 $
sur le gallon d'essence. Il n'y avait pas de loi no 16 sur Hydro-Québec
pour surtaxer et aller chercher des dividendes à Hydro-Québec. On
venait juste de nationaliser Hydro-Québec en 1962 pour le
bénéfice de tous les Québécois, pour leur donner
l'électricité au meilleur prix possible. Il y avait beaucoup
d'avantages à ce moment-là, M. le Président. Tous ceux qui
étaient au Québec étaient fiers de cette administration.
C'étaient des temps prospères. Il n'y avait pas de
séparatisme, non plus. C'étaient des temps de paix sociale. Il
n'y avait pas toute la confrontation qu'on a aujourd'hui. Il n'y avait pas de
déchirement dans les partis.
M. Boucher: La révolution tranquille.
M. Ciaccia: II n'y avait pas de référendum pour
savoir si un parti allait rester uni ou se diviser. Tout se faisait dans un
esprit démocratique, dans un esprit où, vraiment, on était
tous fiers et où on travaillait tous ensemble. Même, pour les
différents partis politiques à cette époque,
c'était une question de: Est-ce qu'on va être un peu plus
conservateur, moins conservateur? On étudiait vraiment le fond des
projets de loi qui étaient introduits à cette époque. Ce
n'était pas une question de faire de la propagande pour sortir du Canada
ou de changer le système. Les questions qu'on se posait étaient:
Comment allons-nous améliorer le sort des Québécois avec
des lois qui peuvent répondre vraiment à leurs besoins et
à leurs aspirations? C'est à cette époque et c'est dans
cette atmosphère que le député de Viger a eu sa formation
politique et économique, et c'est pour ça, M. le
Président, qu'il peut tellement aujourd'hui faire sa contribution aux
travaux de cette Chambre.
Il pourra faire sa contribution aussi comme rapporteur. Il a plusieurs
qualités, le député de Viger, c'est un amateur de la
chanson italienne.
M. Desbiens: Ah oui?
M. Ciaccia: C'est la réticence que j'aurais, moi. La
question que je me pose et peut-être que le député de Viger
pourrait y revenir, c'est que, quand il va se lever à l'Assemblée
nationale pour faire son rapport, je crains qu'il commence à le faire en
chanson. Cela ne serait pas si mal mais, dans le contexte de la loi, ce serait
un chant funèbre, M. le Président, ce serait un chant de
funérailles, ce serait vraiment quelque chose qui ne serait pas plaisant
du tout.
M. Boucher: C'est un rapporteur que
l'on veut.
M. Ciaccia: C'est pour ça que je me pose des questions,
mais c'est une petite réticence, et je suis persuadé que le
député de Viger va se retenir, il va être conscient de son
devoir. Il n'éclatera pas en chants funèbres, savez-vous, comme
les chanteurs dans les funérailles à Venise. Je ne sais si vous
avez déjà vu ça, M. le Président, des
funérailles à Venise. Les gondoles s'en vont le long du grand
canal, c'est quelque chose de très impressionnant, mais de très
triste aussi. Or, ce projet de loi est très triste et ça
prendrait peut-être ce genre de réaction au projet pour être
dans l'esprit du projet, pour être dans l'esprit de ceux qui vont subir
les conséquences du projet.
Une autre réticence que j'aurais au sujet du député
de Viger, M. le Président, savez-vous, c'est une personne très
émotive, c'est un Latin, et je craindrais que son rapport soit
écrit dans un langage fleuri et embelli, et peut-être qu'il ne
refléterait pas tellement le sobre contenu du projet de loi, mais cela
serait peut-être plus poétique. Ce serait de la poésie
plutôt qu'un rapport de législateur, qui doit être exact,
sobre, judicieux, et dans un langage très restreint, pour
refléter le caractère, M. le Président, du projet de
loi.
J'ai quelques réticences, mais je suis certain qu'on va pouvoir
influencer le député, lui dire que, s'il accepte ce rôle,
ce poste de rapporteur, il doit se retenir, résister à ses
tendances latines, M. le Président. Il va les maîtriser pour
vraiment pouvoir écrire un rapport judicieux et exact qui
reflète... cela va être pas mal difficile d'être
poétique à propos des interventions du côté
ministériel, M. le Président, d'écrire cela en
poésie. En anglais cela s'appellerait faire cela en "blank verses".
Comme vous ne dites rien, c'est pas mal difficile pour lui d'écrire et
d'embellir les choses. Quant aux propos qui sont tenus ici par les autres
membres sur le projet de loi, je pense que le député de Viger
pourrait faire un travail très sobre et, M. le Président, je
n'hésiterais pas à l'appuyer, pourvu qu'il puisse me rassurer sur
les deux points que j'ai soulevés et comme, dans les circonstances, M.
le Président, cela fait assez longtemps qu'on cherche un rapporteur,
peut-être, si le député de Viger pouvait répondre
aux questions qui ont été soulevées par les membres autour
de cette table, pourrait-on en finir.
Je sais que l'entrée en matière de ce projet de loi est
très difficile. Elle est très difficile, M. le Président
et, pour ma part, j'ai hâte qu'on commence la discussion sur le fond du
projet de loi, parce que je me dis: II ne nous reste pas grand temps dans cette
session avant d'ajourner les travaux. Les fêtes de Noël s'en
viennent. Je voudrais savoir si le projet de loi va être
adopté.
C'est vrai que, dans le projet, c'est rétroactif, mais il
faudrait peut-être en venir à la question: Si le projet de loi
n'est pas adopté, le gouvernement va-t-il remettre les 0,30 $ le gallon
à toute la population? C'est peut-être quelque chose dont on
pourrait discuter à la nomination du prochain rapporteur, si le
député de Viger n'accepte pas. Les 0,30 $ vont-ils être
remis? Maintenant, le gouvernement perçoit ces 0,30 $ sur la base de la
rétroactivité de ce projet de loi au 18 novembre, je crois, et ce
serait un beau cadeau de Noël, même un beau cadeau du jour de l'an
si le gouvernement pouvait nous dire oui, si le ministre du Revenu pouvait nous
dire: Si le projet de loi n'est pas adopté, si on refuse d'avoir un
rapporteur, s'il n'y a pas de rapporteur... C'est un vice de fond. S'il n'y a
pas de rapporteur, on ne peut pas faire rapport à l'Assemblée
nationale. Si on ne peut pas faire rapport à l'Assemblée
nationale, on ne peut pas étudier le projet de loi en troisième
lecture. C'est un vice de fond. Le projet de loi va mourir au feuilleton. Il va
mourir en commission parlementaire. C'est quelque chose, c'est un
problème sur lequel on devrait se pencher.
M. le Président, pour le moment, je vais terminer mes
brèves remarques sur les qualités du député de
Viger pour être nommé rapporteur de cette commission et
j'espère qu'il va réfléchir sur ce qui a été
dit autour de cette table à son égard. Il y a un autre
élément qui me porte à l'appuyer, c'est qu'on est
né, M. le Président, presque à 20 kilomètres d'un
petit village. Même, son lieu de naissance est plus près de mon
lieu de naissance que son comté. Le comté de Viger est plus loin
du comté de Mont-Royal que le village où il est né n'est
loin du village où je suis né. Nous sommes deux concitoyens, M.
le Président, d'origine italienne. Nous sommes nés en Italie.
C'est une autre raison pour laquelle je serais porté à appuyer la
candidature du député de Viger, sujette aux réticences que
j'ai soulevées. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Mont-Royal. M. le député...
M. Lachance: Le député de Mont-Royal pourrait-il me
permettre une question?
Le Président (M. Bordeleau): C'est à lui de
décider.
M. Lachance: Je voudrais savoir du député de
Mont-Royal, pour mon information, s'il existe - je ne parlerai pas de
Québécois, je vais parler tout simplement de Canadiens - des
Canadiens d'origine qui sont députés en Italie.
M. Ciaccia: Je n'ai pas compris votre question.
M. Lachance: Est-ce qu'il existe des Canadiens d'origine qui sont
présentement députés en Italie?
M. Ciaccia: S'il existe des Canadiens qui sont nés
où...?
M. Lachance: Pourtant, c'est très clair.
M. Ciaccia: C'est ce qu'il m'a demandé?
Une voix: Posez-lui la question.
M. Lachance: Le député de Mont-Royal vient de nous
dire qu'il est né...
M. Ciaccia: S'il y a des députés qui sont
nés au Canada en Italie? C'est ce que vous voulez savoir?
M. Lachance: C'est cela. En connaissez-vous?
M. Ciaccia: Moi, personnellement, je n'en connais pas, M. le
Président, mais il faudrait peut-être faire une commission
d'enquête ou une commission parlementaire itinérante pour
déterminer vraiment - ce serait une question très importante - si
nous devons appuyer le député de Viger qui est un Italien
né en Italie, mais qui est député au Canada, pour voir si
l'inverse se produit, parce que c'est important de le savoir. Je présume
que c'est pour cela que vous posez la question.
M. Lachance: Je voulais savoir s'il était possible pour un
Canadien d'origine d'être un jour député en Italie comme
cela a été possible pour des Italiens d'origine qui sont
ici...
M. Ciaccia: Absolument.
M. Lachance: ...d'être députés au
Québec. (12 h 30)
M. Ciaccia: Absolument. Il y a des députés en
Italie qui ne sont pas nés en Italie. Je ne sais pas s'ils viennent du
Canada, mais il y a qui sont nés en dehors de l'Italie. Il y a ceux qui
sont nés en France et même il y a des députés...
Le Président (M. Bordeleau): ... la question passablement.
Alors, j'aimerais qu'on revienne...
M. Ciaccia: ... d'autres pays. Quand on commence à faire
des comparaisons nationalistes comme cela... Vous savez, tout le monde a un
pays, il y a du bon monde partout...
Une voix: Une simple question.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Ciaccia: ... il y a des bonnes conditions ici, il y a des
bonnes conditions là. Nous faisons tous partie de la nature humaine et
de la société humaine et nous avons des...
Le Président (M. Bordeleau): Bon, s'il vous plaît!
Je pense que la question est très claire maintenant...
M. Ciaccia: Je n'ai pas terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): ... la réponse
également.
M. Ciaccia: Nous avons des territoires un peu artificiels des
fois, des lignes de démarcation, mais cela ne change pas
l'humanité et les qualités humaines des gens, dans quelque pays
qu'ils puissent se situer. Je ne sais pas quel était votre point, votre
question...
Le Président (M. Bordeleau): Je reconnais maintenant le
député de Robert Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. De toute
évidence, nous avons des difficultés à nommer un
rapporteur. La première proposition sur la table était pour la
nomination du député de Bellechasse. Nous, de notre
côté de la table, on a beaucoup de respect pour le
député de Bellechasse. Cependant on trouve qu'il manque
peut-être un petit peu d'expérience et qu'il n'est pas
nécessairement représentatif de tous les milieux du
Québec. De toute façon, on trouve que c'est un charmant
garçon et un grand parlementaire. On a donc suggéré deux
de nos membres, soit le député de Saint-Louis, qui a
refusé parce qu'il est le critique principal de notre option dans sa
matière, et on a aussi essayé de faire nommer notre
député de Gatineau, qui a refusé. Dommage, on pensait
l'avoir, mais il nous a laissés finalement hier soir, il a refusé
la nomination.
Je parle aujourd'hui pour appuyer la proposition du député
de Portneuf de nommer, le député de Viger comme rapporteur pour
l'étude article par article du projet de loi 39. Comme vous le savez,
c'est une tâche ingrate, car ce projet de loi impose à la
population un fardeau extrêmement lourd de taxation additionnelle. Une
taxation de 0,30 $ le gallon d'essence affecte toutes les familles, tous les
travailleurs, toutes les entreprises, tous les secteurs de la province, comme
les PME, qui
contribuent directement à l'économie de cette province. Il
en résulte que le taux d'inflation va augmenter et que les taux
d'intérêt vont suivre. Alors, l'importance de cette loi, l'impact
sur la population est grave et la tâche du rapporteur est très
sérieuse, en conséquence.
Il faut donc examiner sérieusement le caractère de notre
candidat, le député de Viger. Sans doute avez-vous tous pris
connaissance de sa formation, de son lieu de naissance en Italie. On pourrait
peut-être commencer l'étude approfondie du caractère de
notre candidat, le député de Viger. Il est né en Italie en
1942, en plein milieu de la guerre mondiale, le conflit mondial que tout le
monde a connu, que l'Europe a connu. L'Amérique a été
épargnée par ce conflit, nous n'avons pas eu l'occasion
d'expérimenter cet épouvantail qui a figé le monde pendant
cinq ans. Le député a vécu 20 ans en Italie, 3 ans de
guerre comme jeune bébé et pendant les autres 17 années,
il a vécu le résultat de ce conflit, tout l'effet de
l'après-guerre. Sans doute a-t-il une connaissance de ce qu'il a
vécu lui-même et de ce que ses parents et toute sa famille ont
aussi vécu. Une des causes principales de ce conflit, c'était le
nationalisme à outrance. Je pense que tout le monde est d'accord
là-dessus. L'Italie a été plongée dans ce conflit
à cause du nationalisme à outrance.
Je vois que nos collègues d'en face vivent aujourd'hui un peu de
ce nationalisme à outrance. De toute évidence, leur
congrès, il y a une semaine et quelques jours, a démontré
jusqu'à quel point ce nationalisme à outrance peut emporter les
esprits des membres de ce parti. Ils ont d'abord voté des
procédures tout à fait antidémocratiques pour en arriver
à l'indépendance, ils ont applaudi vigoureusement, tous ceux qui
étaient présents, les terroristes des années soixante-dix,
ils les ont même nommés les pionniers du Parti
québécois. Vous avez aussi invité, à vos frais,
apparemment, d'après les journaux, des observateurs de l'OLP, les
terroristes du Moyen-Orient.
Je pense que notre candidat, le député de Viger, tout en
faisant son rapport, pourrait apprendre à vous connaître de plus
près; vous pourriez le consulter, il pourrait vous donner des bons
conseils sur le nationalisme à outrance, soit en cabinet privé ou
en thérapie de groupe. Il est en position de vous donner des bons
conseils sur le nationalisme à outrance. Notre député de
Viger a passé sa jeunesse en Italie, il a vu que les espoirs de se faire
une vie normale, adéquate dans ce pays, après la guerre,
étaient difficiles à réaliser. Il avait des restrictions
considérables à ses ambitions. Il a donc choisi, en 1964, de
venir s'établir à Montréal, au Québec et au
Canada.
Comme le disait le député de Mont-Royal, c'était
dans une période extrêmement vigoureuse pour le Québec. On
était en pleine révolution tranquille, où on a vu tout
notre avenir changer, rentrer dans l'esprit nord-américain, s'ouvrir sur
le monde entier. On était à la veille de fêter le 100e
anniversaire du Canada, en 1967, il y avait le fameux gala de Terre des Hommes
qui était une fête de l'universalité de l'homme.
C'était ici au Canada, au Québec et à Montréal.
C'est drôle qu'aujourd'hui on se tourne contre nous-mêmes,
on essaie de s'isoler de toutes les façons possibles du reste du pays et
presque du reste de l'Amérique du Nord, d'après les paroles de
votre premier ministre. Il a dit la semaine dernière: Ils ne sont pas
pour nous faire sortir de l'Amérique du Nord, pourtant.
Alors, je pense que notre candidat, le député de Viger, a
bien connu ça. Il a connu l'Italie durant la période de la
guerre, l'après-guerre et il a vu le début de notre
révolution tranquille ici, au Québec. Depuis 1964 et 1967, notre
candidat, le député de Viger, s'est appliqué de toutes les
façons possibles à s'intégrer dans le milieu
québécois. Il l'a fait avec grand succès. Il est devenu
homme d'affaires. Choisi dans sa communauté président de
l'association des hommes d'affaires, il a été pionnier à
la chambre de commerce de son quartier. Il a été conseiller
à Saint-Léonard.
M. le Président, cette formation en Italie dans une
période extrêmement difficile, son établissement au Canada
où il remporte du succès dans les affaires, du succès au
niveau politique et le service à sa communauté de toutes les
façons, cela le rend apte à assister à ces
délibérations sur un projet de loi qui a tellement d'impact sur
la population. Le député de Viger pourra comprendre toutes les
interventions qu'on souhaiterait avoir pendant les délibérations
publiques où on pourrait avoir le courage d'inviter toutes les
associations à venir nous parler pour nous donner leur opinion sur ce
projet de loi et les conséquences de ce projet de loi sur les familles
et les entreprises.
Cette loi matraque coûtera des montants extrêmement
élevés à la population et surtout aux moins riches de
notre province. Je pense qu'il faut prendre le temps d'écouter toute la
population, inviter toutes les associations d'hommes d'affaires, les chambres
de commerce. Je vous assure que notre candidat, le député de
Viger, pourra encourager ces associations; peu importent les origines, à
venir nous parler sans gêne de leurs problèmes et des
problèmes de l'économie du Québec, ces associations qui
sont encore affligées par cette taxe imposée.
M. le Président, je voudrais garder quelques mots après
pour ajouter mon appui à cette proposition du député de
Portneuf. Je vous assure que notre candidat fera un
travail très judicieux, très sérieux. Il pourra
apporter ses connaissances mondiales à cette Assemblée.
Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Robert Baldwin.
M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
J'ai accepté avec plaisir de participer aux délibérations
de la commission, même si j'avais quelques hésitations,
étant donné que j'avais cru lire dans les journaux qu'il
s'agissait d'une manifestation dilatoire de l'Opposition, dilatoire dans son
sens péjoratif, c'est-à-dire qui, essentiellement, ne vise
qu'à retarder les choses. À mon sens -je m'inspire de mon
expérience toute récente dans cette même salle hier, alors
que je participais aux travaux de la commission parlementaire qui a
été formée pour étudier article par article le
projet de loi no 16 modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec. (12 h 45)
J'avais constaté, lors de cette manifestation d'hier, que le
comportement des membres de l'Opposition qu'on taxe d'irresponsable dans
certains milieux n'en est pas un qui mérite cette épithète
pour une bonne et simple raison, c'est qu'à mon sens, les commissions
parlementaires ont comme raison d'être, entre autres, dans notre
système parlementaire, de permettre à l'Opposition de faire
valoir des points de vue que sa position minoritaire à
l'Assemblée nationale ne lui permet pas de faire valoir.
Dans leur sagesse séculaire, les parlementaires britanniques,
constatant que le droit des parlementaires de tous les partis de faire valoir
leurs arguments ne trouvait sa "complétude", si je peux m'exprimer
ainsi, à l'intérieur des mécanismes normaux, des
présentations de projets de loi en première et deuxième
lecture dans les Assemblées ou les Chambres des communes, ont
créé cette institution de la commission parlementaire à
l'occasion de laquelle, dans le cas présent, de nombreux intervenants et
membres de la commission des deux côtés de la table d'ailleurs ont
une occasion additionnelle de faire valoir leur point de vue, à
l'intérieur de règles beaucoup plus souples, qui permettent des
droits de parole multiples, d'autant plus multiples qu'on a des choses à
dire. C'est surtout à l'avantage de l'Opposition. Il n'y a aucun doute
que le règlement s'applique de façon beaucoup plus souple au
cours des commissions parlementaires.
Dans la mesure où c'est finalement la seule véritable
façon pour une Opposition à notre système de laisser
devant la place publique les arguments qu'elle désire faire valoir,
c'est une occasion de laisser aux citoyens une plus longue période de
temps pour considérer les arguments que l'Opposition peut faire valoir
ou de se pencher sur un projet de loi avant son adoption, c'est une occasion
pour le gouvernement de repenser, réévaluer, à la
lumière des arguments que va lui présenter l'Opposition, les
décisions qu'il a déjà annoncé en principe vouloir
prendre à l'égard de la marche du gouvernement.
L'avantage additionnel pour les membres de la commission eux-mêmes
se situe au niveau de la mine absolument sans fond de renseignements
d'où peuvent s'abreuver les uns et les autres.
C'est ainsi que, pour ma plus grande édification et celle de mes
collègues, j'ai appris que des gens qui ne sont pas nés en Italie
sont effectivement députés dans les institutions parlementaires
de l'Italie. C'est de cette façon que j'ai appris certaines des grandes
qualités qu'on peut rencontrer chez notre collègue, le
député de Viger, dont nous proposons la nomination comme
rapporteur de cette commission.
On peut apprendre également sur le fond, lorsque ces quelques
délais relativement insignifiants seront expirés et que nous
aurons finalement pu faire l'unanimité sur le choix d'un rapporteur, que
c'est une occasion d'apprendre beaucoup plus, parce que, contrairement à
ce que le ministre déclarait dès le début de nos travaux -
ce n'est pas de sa faute, c'est simplement une précision que j'apporte
à ce moment-ci - alors qu'il évoquait l'absence des
fonctionnaires qui l'appuient dans son travail tous les jours, nous avons
maintenant dans cette salle un aéropage considérable des adjoints
les plus précieux qui entourent le ministre du Revenu. C'est mon souhait
que je réitère; lorsque nous aurons finalement conclu la
discussion sur le choix d'un rapporteur pour cette commission, si jamais
l'article 1 était appelé, lorsque nous aurons discuté du
titre, lorsque nous aurons expédié les diverses motions, y
compris celle de la formation d'une commission itinérante, c'est un
souhait que j'exprime que nous puissions nous déplacer afin de voir sur
le terrain quels sont les effets des lois que nous propose le ministre du
Revenu. À ce moment-là, nous aurons l'occasion de discuter des
questions de fond et nous avons tous hâte de discuter des questions de
fond avec tout le temps que cela prendra.
Dans la mesure où le sujet qui nous préoccupe plus
immédiatement est la nomination d'un rapporteur, j'aimerais simplement
faire remarquer qu'autant la nomination du député de Viger que la
proposition originale du gouvernement de nommer le député de
Bellechasse comme rapporteur sont égales à certains
égards. En effet, nous avons devant nous des gens qui, dans les deux
cas, ont été élus pour la
première fois, je pense bien, le 13 avril dernier. À cet
égard, l'apprentissage du règlement de la Chambre,
l'apprentissage des règles de fonctionnement de nos commissions ne joue
en faveur ni de l'un ni de l'autre. C'est le même apprentissage auquel
moi-même, ayant été élu pour la première fois
le 13 avril, je dois m'astreindre. Il passera peut-être par l'idée
de certains de mes collègues, étant donné ce que je viens
d'affirmer, que je pourrais, moi aussi, dans le cas malheureux où le
député de Viger se récuserait, remplir cette fonction de
rapporteur pour la commission.
Ceci dit, M. le Président, si à leur face même les
différentes propositions de nommer des gens qui sont de nouveaux
députés depuis le 13 avril peuvent paraître parfaitement
équitables, il n'en reste pas moins qu'en prenant la parole - et je
remarque que ce sont seulement les gens de notre côté de la table
qui prennent la parole sur cette nomination - de notre côté, nous
pouvons accumuler arguments sur arguments, nous appuyant sur la connaissance
personnelle que nous avons des qualités du député de Viger
alors qu'on ne peut pas en dire autant de notre collègue du comté
de Bellechasse.
En effet, si on remonte à pas si longtemps dans nos campagnes
électorales, différents congrès qui ont
précédé l'élection du 13 avril - et je reviendrai
plus tard sur les événements qui ont suivi le 13 avril -nous
sommes évidemment, de ce côté-ci de la table, beaucoup plus
à même de faire une recommandation spécifique pour que nos
collègues de ce côté-ci soient nommés rapporteurs de
la commission. En effet, on n'a jamais eu le plaisir - sauf une exception sur
laquelle je reviendrai plus tard - de rencontrer ou de connaître les
députés ministériels qui sont membres de cette commission.
Dans tous les cas, à ma connaissance, sauf un auquel je reviendrai, nous
avons, nous, milité dans les mêmes formations politiques. Il est
évident que ces rapports d'amitié et de connaissance qui sont
forgés à l'occasion même des luttes politiques deviennent
automatiquement des occasions de découvrir quelles sont les
qualités des gens qu'on côtoie dans ces
circonstances-là.
Dans la mesure où nos délibérations peuvent nous
amener dans les labyrinthes des lois fiscales, dans la mesure où nos
discussions risquent de s'enchevêtrer, de s'empêtrer dans des
amendements et sous-amendements qui tiennent à des applications
très techniques des lois qui régissent la perception de
l'impôt sur le revenu et sur d'autres taxes, il est essentiel que le
rapporteur, quant à nous, soit une personne en qui nous avons pleinement
confiance, compte tenu des luttes que nous avons traversées ensemble,
compte tenu des longues nuits que nous avons passées à
l'Assemblée nationale à l'insistance du gouvernement, compte tenu
de toutes ces occasions de camaraderie que la vie parlementaire nous impose.
Dans tous ces cas-là, ce sont des exemples qui s'additionnent les uns
aux autres et qui nous permettent, à nous, de conclure que, comme
rapporteur, le député de Viger serait un homme qui aurait notre
entière confiance et dont les écrits subséquents aux
travaux de cette commission seraient absolument dignes de foi et permettraient
ainsi d'éclairer tous les membres de l'Assemblée nationale de la
façon la plus complète possible. C'est dans cet esprit que je
fais mienne également la proposition de mon collègue de Portneuf
qui dans ce qu'on a qualifié d'éclair de génie un peu plus
tôt, mais dans ce que je qualifierais beaucoup plus sobrement d'exercice
de jugement éclairé et informé, a suggéré
notre collègue de Viger comme rapporteur de cette commission.
J'ai tout à l'heure évoqué bien brièvement
que cet apprentissage des normes de fonctionnement d'une commission n'est pas
l'apanage unique du député de Viger. Il n'en reste pas moins
qu'en voyageant à travers le règlement, qu'en voyageant à
travers les projets de loi qui sont devant nous, je pense qu'un homme qui a
à tout le moins fait de longs voyages au-dessus de l'Atlantique,
même sans lui permettre tout simplement par le fait du voyage de se
qualifier plus hautement qu'un autre pour être rapporteur ici à
notre commission, pourrait quand même faire bénéficier la
commission de l'expérience plus vaste qu'il a connue comme citoyen du
monde, si je peux me permettre l'expression, dans la mesure où il a eu
à affronter - et certains de mes collègues l'ont soulevé -
des modes de vie, des modes de fonctionnement, des affrontements sociaux ou
culturels qui sont quand même fondamentalement distincts de ceux qui sont
l'apanage des autres membres de cette commission, à l'exception,
évidemment - il l'a lui-même soulevé - du
député de Mont-Royal.
C'est dans cet esprit, étant donné la complexité,
j'y reviens, des dispositions que nous avons examinées, qu'il
m'apparaît important de nous doter, à titre de rapporteur de cette
commission...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse d'interrompre le
député de Vaudreuil-Soulanges, il est quatre minutes moins treize
heures, est-ce que les membres de l'Opposition seraient disposés
à constater qu'il est effectivement treize heures, pour un motif
d'urgence qui vient de m'être signalé?
Par ailleurs, le député de Viger m'a signalé qu'il
allait devoir s'absenter de la commission jusque vers seize heures moins le
quart, m'a-t-on dit, cela fera un argument de plus que vous pourrez ajouter
à ce que
vous plaidez depuis quelques jours à son panégyrique, mais
c'est avec plaisir que nous consentons de ce côté-ci à
revenir à seize heures moins le quart pour la poursuite de nos
travaux.
M. Fréchette: Cela voudrait dire que vous ne voudriez pas
que l'on recommence avant seize heures moins le quart?
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela. Vous continuerez
à ce moment-là.
M. Fréchette: De toute façon il vous restait du
temps, passé treize heures, donc, il vous en restera un peu plus.
Le Président (M. Bordeleau): La commission suspend ses
travaux à quinze heures quarante-cinq cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise de la séance à 16 h 02)
Le Président (M. Bordeleau): La commission parlementaire
du revenu reprend donc ses travaux suspendus ce midi et, au moment de la
suspension, la parole était au député de
Vaudreuil-Soulanges. Je lui rappelle qu'il lui restait sept minutes. Je
rappelle également que nous en sommes toujours sur la motion
d'amendement qui vise à nommer M. le député de Viger
à la place de M. le député de Bellechasse, comme
rapporteur de la commission.
M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Boucher: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rivière-du-Loup, sur une question de règlement.
M. Boucher: Est-ce que le député de Terrebonne a
été inscrit comme remplaçant du député
d'Arthabaska?
Le Président (M. Boucher): Ah oui! J'avais eu une demande
à cet effet de la part du ministre, si j'ai le consentement. Cela me
prend un consentement des membres de la commission. Ce serait de remplacer M.
Baril (Arthabaska) par M. Blais (Terrebonne).
M. Blank: Normalement, on n'a pas le droit de faire cela, mais,
voyant que c'est le gentil député de Terrebonne, toujours de
bonne humeur, je ne peux pas résister à l'idée de donner
mon consentement, parce que je veux montrer que, franchement, nous ne sommes
pas ici pour empêcher le travail de la commission. On peut faire toutes
sortes de discours pour dire si, oui ou non, nous donnons notre consentement,
mais, personnellement... Le député de Gatineau a quelque chose
à dire?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Seulement une chose, M. le Président. Vous
nous invitez à donner notre consentement pour permettre au
député de Terrebonne de remplacer le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue...
Le Président (M. Bordeleau): C'est-à-dire
d'Arthabaska.
M. Gratton: D'Arthabaska. Comment il s'appelle,
celui-là?
Le Président (M. Bordeleau): M. Baril. M. Gratton:
C'est l'autre Baril...
Le Président (M. Bordeleau): M. Baril no 1.
M. Gratton:... c'est la paire de grosses caisses.
M. Blank: Ce n'est pas un baril de bière parce que...
M. Gratton: Ma question aurait eu trait au fait que l'autre M.
Baril était consterné, et j'aurais voulu savoir si le
député de Terrebonne était aussi consterné que lui
des résultats de la convention ou du congrès de la fin de
semaine, il y a deux semaines. Mais, comme il s'agit de l'autre M. Baril, on
l'accepte, quant à moi. Je trouve qu'effectivement, le
député de Terrebonne est un bonhomme fort sympathique qui nous
fera peut-être un bon candidat comme rapporteur éventuellement.
Sait-on jamais!
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie. Maintenant,
je ne laisserai pas non plus engager un débat. Cela me prend un
consentement; si je l'ai...
M. Maciocia: Le consentement est donné d'après
moi...
Le Président (M. Bordeleau): Si j'ai le consentement, je
déclare donc que le député de Terrebonne remplace
maintenant le député d'Arthabaska.
M. Maciocia: ... la seule chose, M. le Président, si vous
voulez, c'est que je voudrais lui poser une question, à savoir...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: ...s'il va voter pour moi
en tant que rapporteur...
Le Président (M. Bordeleau): Si vous donnez votre
consentement, il ne faudrait pas que cela soit rattaché à la
condition d'un vote éventuel. Vous donnez votre consentement,
d'accord.
Une voix: Le député de Viger n'a pas le choix de
marchander des votes.
M. Blank: Quand il s'agit de consentement, ce n'est pas du
consentement de la personne en charge, c'est du consentement de chaque
député. S'il y a un député qui ne donne pas son
consentement, ce n'est pas moi qui donne des ordres. Chez-nous il n'y a pas
d'ordres.
Le Président (M. Bordeleau): Cela prend le consentement
...
M. Blank: On ne fait pas un référendum pour savoir
si on accepte ou si on n'accepte pas
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, c'est exact. Cela
prend le consentement des membres de la commission.
M. Boucher: M. le député de Saint-Louis, j'en
étais sur la question du marchandage du député de Viger.
Il veut acheter le vote du député de Terrebonne.
M. Maciocia: Vous le savez...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Gratton: Avez-vous attrapé un rhume hier soir? Vous
avez une drôle de voix.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! La
parole est au député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie, M. le
Président. Lorsque nous avons complété nos travaux
à 12 h 56, à la demande expresse du ministre, j'ai
abrégé ma conclusion, mon discours. J'en étais, à
ce moment-là, à expliquer, à la suite des arguments que
j'avais fait valoir sur les qualités requises pour être
rapporteur, qu'il fallait quand même, pour donner un vote
éclairé, pouvoir affirmer qu'on connaît les gens à
qui on confie une fonction, j'en étais, dis-je, rendu à faire un
tour assez rapide des membres de cette commission et, vous me le permettrez,
des membres d'autres commissions, car mon expérience antérieure
s'est déroulée dans cette même salle en discutant, en
commission parlementaire, la loi no 16. Lorsque j'ai été
appelé à considérer certaines des dispositions de la loi
no 16, nous avions en face de nous, M. le Président, certains membres du
Parti ministériel que nous connaissions. C'est ça la
différence, je pense, à une exception près, et j'y
reviendrai à la fin, entre les deux commissions. Nous avions devant
nous, devant la commission qui se préoccupait de la loi no 16, le
député de Châteauguay, fort connu, qui d'ailleurs aurait pu
l'être d'autant qu'il aurait pu être nommé possiblement
vice-président de l'Assemblée nationale, poste qu'il n'a
malheureusement pas réussi à atteindre. Nous avions le tout aussi
bien connu député de Frontenac qui, incidemment, hier, s'est
employé à démontrer qu'en grande partie les augmentations
de tarif d'Hydro-Québec sont dues à des politiques
fédérales. C'est exactement de cette façon-là qu'il
l'a exprimé. Nous avions devant nous le député de Vimont
qui, comme tous et chacun le savent, a fait carrière à
Hydro-Québec et qui, dans ce sens, évidemment, a participé
abondamment au débat. Les trois, y compris le ministre... J'ajouterai
que le ministre de l'Énergie et des Ressources a également
participé de façon assez complète,
régulière, aux travaux de la commission.
Je peux comprendre que ça ne fait pas des heures et des heures
que je siège à cette commission-ci, M. le Président, mais
j'ai hâte - je suis resté sur mon appétit -d'entendre
certains des membres de la députation ministérielle intervenir
dans ce débat important. Nous avons par ailleurs, à cette
commission-ci, dans un ou deux cas au moins, à ma connaissance, des
nouveaux députés, comme moi, comme le député de
Viger; donc on ne peut pas, M. le Président, pour ne pas les avoir
rencontrés ailleurs à l'occasion d'autres commissions
parlementaires au printemps, prétendre les connaître. Encore une
fois ce n'est pas un jugement sur la qualité de ces gens; c'est
certainement, à tout le moins, une constatation du fait que, si je dois
voter pour confier un mandat de rapporteur à un de mes collègues,
j'aurai plutôt tendance à le confier à un collègue
comme le député de Viger que je connais pour les raisons que j'ai
énoncées ce matin. M. le Président, je n'ai pas les
renseignements qui me permettraient de porter quelque jugement que ce soit sur
les autres membres de la commission qui peuvent siéger à
l'Assemblée nationale depuis 1976 et qui sont également
théoriquement disponibles pour ce rôle de rapporteur.
J'en arrive à l'exception, M. le Président, que j'ai
évoquée à de nombreuses reprises; il s'agit du ministre
lui-même. Il s'agit du ministre lui-même qui a, même s'il n'a
été élu dans cette Législature qu'en avril dernier,
une expérience de politique active que j'avais eu l'occasion, comme la
plupart des Québécois, de suivre dans les années 60.
D'autant plus, M. le Président, que le député
de Sherbrooke, ministre du Revenu maintenant, avait atteint,
contrairement au député de Châteauguay, un poste à
la présidence à l'Assemblée nationale, poste qui demandait
l'exercice d'un jugement sûr, équilibré, l'absence totale
de partisanerie et, entre autres qualités, celle de ne pas prendre de
notes. Il est bien manifeste que le président est surtout lié par
le règlement tel qu'il existe. Il ne prend pas de notes des
délibérations, il y a un grand nombre de personnes à
l'Assemblée nationale qui se préoccupent de cela. Une des choses
que le président de l'Assemblée nationale ne fait pas, c'est de
prendre des notes.
Je ne vois pas en vertu de quelle expérience préalable,
autre que les questions de règlement, qui pourraient interdire - je
l'ignore, on pourra avoir un débat de procédure là-dessus,
M. le Président - à un ministre d'agir comme rapporteur à
une commission, je ne vois vraiment pas en quoi la longue tradition, la longue
expérience qu'aurait pu acquérir le ministre dans ses fonctions
antérieures à sa présence à l'Assemblée
nationale du Québec ne l'habiliterait de quelque façon que ce
soit à agir comme rapporteur.
M. le Président, après avoir fait ce tour d'horizon,
après avoir allégué les arguments qui permettent de porter
un jugement sur la faculté pour certains des membres de cette commission
d'être ou de ne pas être rapporteur, je pense qu'au moins par
défaut il revient à un membre de ce côté-ci de la
table d'être nommé rapporteur de la commission. Dans cet esprit,
je crois comprendre que j'arrive ici à un moment où les
délibérations ont déjà fait en sorte que deux de
mes collègues, ayant été mis en candidature, se sont soit
récusés, ou, a la suite d'un changement d'humeur de leurs
collègues, n'ont pas retenu leur faveur. Notre choix se reporte,
à ce moment-là, sur le troisième des quatre membres de ce
côté-ci de la table, qui est admissible, à mon sens,
à ce poste. Il s'agit du député de Viger.
Mes collègues, je pense, au nombre de cinq, sinon six, ont fait
valoir pendant environ deux heures les qualités du député
de Viger et j'ajoute ma voix à la leur pour recommander
extrêmement chaleureusement que le député de Viger soit
nommé rapporteur de cette commission. Je vous remercie.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Robert Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Il me reste
environ sept minutes pour parler de notre candidat, le député de
Viger. Lors de nos délibérations ce matin...
Le Président (M. Desbiens): Je m'excuse, M. le
député, il vous reste six minutes.
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Ce matin, le
député de Mont-Royal et moi-même avons parlé de
notre candidat, surtout en évoquant son caractère international,
étant donné qu'il est né en Italie, et tout son
cheminement vers son succès comme homme d'affaires à
Montréal et, par la suite, comme parlementaire au Québec. Le
député de Bellechasse a demandé s'il y avait des
Québécois ou des Canadiens qui avaient fait l'inverse, qui ont
été en Europe, particulièrement en Italie, et qui ont
été élus. Je ne peux pas nommer des cas précis en
Italie mais, en réponse au député de Bellechasse, je
connais deux cas.
Le premier cas, c'est celui de Eamon De Valera, le premier Taoiseach, le
premier ministre de l'Irlande, et ensuite président de l'Irlande. Eamon
De Valera est né à New York de père espagnol et de
mère irlandaise. Il a ensuite émigré en Irlande. Il est
devenu par la suite président de l'Irlande.
L'autre cas ne concerne pas l'Europe, mais je vais le citer tout en
parlant des possibilités d'utiliser les connaissances d'une personne
cosmopolite, comme Cosmo. C'est le cas de Robert Baldwin, qui a donné
son nom au comté que je représente, et de Louis-Hippolyte
Lafontaine. J'aurais bien aimé que le député de Terrebonne
soit ici, car Louis-Hippolyte Lafontaine était député de
Terrebonne. C'était en 1851, avant la Confédération.
À cette époque, c'était le gouvernement de
Baldwin-Lafontaine. Ces deux hommes forts représentaient le "Upper
Canada" et le Lower Canada". À un moment donné, Louis-Hippolyte
Lafontaine, le député de Terrebonne, a été
défait, il a perdu ses élections et Robert Baldwin, qui
représentait deux sièges, Toronto York East et Toronto York West,
a libéré un siège à Toronto même pour
Louis-Hippolyte Lafontaine, qui s'est présenté et a
été élu à Toronto; un francophone du Québec
a été élu dans Toronto York East comme
député au Parlement canadien pour garder ce noyau qui
défendait les principes du bilinguisme au Canada. 16 h 15)
Quelques années plus tard, Robert Baldwin, de son
côté, a été défait dans le comté qui
lui restait à Toronto...
Des voix: À l'ordre!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Robert Baldwin...
M. O'Gallagher: Non, mais c'est en réponse au
député de Bellechasse, M. le Président, et je vous demande
seulement quelques instants pour terminer cette petite
histoire du comté de Terrebonne, de notre histoire du Canada, et
pour souligner le fait que Robert Baldwin était un des pionniers pour
défendre la langue française au Parlement canadien.
Je disais donc que, quelques années plus tard, Robert Baldwin a
été défait à Toronto et, en guise de remerciement,
Louis-Hippolyte Lafontaine a fait démissionner le député
de Rimouski en faveur de Robert Baldwin, unilingue anglophone, qui a
représenté le comté de Rimouski au Parlement canadien, au
moment où celui-ci - je pense que c'était autour de 1850
-siégeait à Kingston et à Québec.
Tout cela, M. le Président, pour vous démontrer que les
hommes avec un esprit cosmopolite, universel sont extrêmement importants
dans nos délibérations et qu'ils peuvent fournir du
sérieux, un sens de l'universalité de l'homme et la fibre
nécessaire pour apporter de la cohésion à un rapport aussi
important. Ces hommes sont capables de saisir tout le sens des remarques
portées à notre attention par tous les secteurs de notre
société qui est tellement affligée par toutes ces taxes
agressives qui ne font qu'augmenter le chômage, qui ne font qu'augmenter
les taux d'intérêt et l'inflation.
Je veux seulement vous demander de considérer, en toute
sincérité, le caractère et la formation de cet homme
d'affaires qui a fondé sa propre compagnie d'assurances ainsi qu'une
agence de voyages dans le grand secteur de Montréal. Je suis convaincu
qu'en examinant tous ces facteurs vous allez être d'accord avec nous que
M. le député de Viger serait l'homme qui pourrait peut-être
résumer l'ensemble de toutes nos délibérations. Je pense
que, sans hésitation, vous allez nous appuyer sur cette motion. C'est
extrêmement sérieux. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: M. le Président, je dois maintenant intervenir
dans ce débat pour décider si, à mon avis, le
député de Viger est l'homme idéal pour agir comme
rapporteur de cette commission.
Quand on a suggéré que je sois rapporteur, j'ai
été très fier de la proposition, parce que je savais que
j'avais l'entraînement, que j'avais toutes les qualifications
nécessaires pour remplir ce mandat. J'espère que la copie du
rapport de nos activités, qui a paru dans le Soleil d'aujourd'hui ne
sera pas traduite en anglais et publiée dans la Gazette, parce que c'est
le seul journal que ma femme lit.
Des voix: Ah!
M. Blank: À ce moment-là, on n'a pas tous mon
espoir, mais au moins elle est une de celles qui sait où est ma
blessure.
Des voix: Ah!
M. Blank: Je ne l'ai pas cachée à ma femme. Je
n'avais pas honte de la montrer. Mais ici, c'est une autre affaire. Je ne veux
blesser personne.
Nous discutons des qualifications de notre ami Cosmo Maciocia, des
possibilités de le faire nommer rapporteur. J'ai rencontré sa
femme. Il n'y a pas plus d'une demi-heure elle était ici. Je lui ai dit
de descendre ici parce qu'on va parler de son mari et qu'on pourrait même
l'interroger pour savoir si elle croit qu'il a les qualités requises,
s'il a fait des rapports annuels ou semi-annuels à sa femme,
peut-être mensuels ou quotidiens. Je ne sais pas quels rapports il fait a
sa femme. Il serait intéressant de le savoir. Sa femme m'a parlé
en anglais et en français. Je ne sais pas si elle parle l'italien, mais
il semble qu'elle parle aussi l'italien. On veut savoir s'il fait ses rapports
en anglais, en français ou en italien.
Si cette commission fait son travail comme il faut, c'est possible qu'on
doive faire venir certains groupes pour qu'ils donnent leur opinion sur ce
projet de loi, parce que c'est très intéressant. C'est un projet
de loi par lequel on augmente la taxe sur l'essence de 0,30 $ le gallon. Oui,
0,30 $ le gallon. Le député de Terrebonne ne sait pas que c'est
0,30 $ le gallon. Si vous voulez connaître l'article, lisez le projet de
loi. C'est très intéressant de voir que le député
de Terrebonne est membre de cette commission et qu'il n'a pas encore lu le
projet de loi. C'est dommage qu'il n'ait pas lu le projet de loi. S'il veut que
je le lise, je peux le faire pour lui à ce moment-ci. Mais dans le
projet de loi, je l'assure qu'il y a une augmentation de 0,30 $ sur la gazoline
régulière. Sur la gazoline avec plomb ou super, c'est 0,35 $ et
0,36 $ le gallon. Ce n'est pas là que le projet de loi s'arrête.
Non, il ne s'arrête pas là. Ceux qui boivent de la bière...
Oui, j'ai eu un problème aujourd'hui à l'heure du lunch. Un
certain groupe de députés ont pris le lunch au Parlementaire. Si
vous vous rappelez, il y avait quelque chose de Charlevoix, un mets qui vient
du comté de Charlevoix, représenté par le
député Mailloux. On mentionnait quatre ou cinq ingrédients
dans ce mets et il y avait un peu de bière. Même si j'en avais
envie, comme j'ai donné ma parole ici à la commission que je ne
bois pas de bière et que je prends du scotch, j'ai changé pour
une omelette. Mais c'est terrible.
M. Fréchette: M. le Président, j'ai une
question de règlement. Si le député de Viger
n'était pas au repas, je pense qu'on enfreint le règlement
actuellement. Est-ce que le député de Viger mangeait avec vous
autres?
M. Blank: Non. M. Fréchette: Non.
M. Blank: II était avec le groupe des hommes d'affaires
italiens qui sont venus en visite. Les hommes d'affaires italiens sont vraiment
choqués par ce projet de loi. Dans le groupe, sur 40, il y avait deux
péquistes, 38 "libérals" et 2 péquistes.
Une voix: Libéraux.
M. Blank: Oui, libéraux, excusez-moi. Ils sont
"libérals" à part cela. Ils sont libéraux et
"libérals" dans leur pensée. Oui, il y a des rouges partout. Moi,
je suis rouge à Québec, rouge à Ottawa et rouge en banque
aussi.
Des voix: Ah!
M. Blank: Le ministre du Revenu est passé. Mais chez moi,
il est passé deux fois. J'ai fait une plainte, ce matin même, au
sous-ministre du Revenu. Ma femme m'a appelé - c'est elle qui m'a fait
rapport cette fois-ci - pour me dire que j'avais reçu une lettre
recommandée du ministre du Revenu demandant mon rapport de 1980. Non
seulement j'avais fait mon rapport, mais j'avais fait un chèque assez
substantiel et il a été encaissé. Aujourd'hui, il passe
encore pour la deuxième fois.
M. Boucher: Le rapport était mal fait.
M. Blank: II prétend qu'il n'y a pas de rapport.
M. Boucher: Alors, c'est pour cela que vous n'avez pas
été élu.
M. Blank: II encaisse mon chèque et il vient une
deuxième fois pour avoir le chèque. Mais la deuxième fois,
il va avoir un "blank cheque".
M. Boucher: On a bien fait de ne pas... Des voix: Ah!
M. Blank: Mais en retournant à des choses moins
sérieuses, on retourne au député de Viger. Oui, enfin, le
député de Bellechasse, c'est l'autre candidat dans la course. Le
seul qui était dans la course, c'était le député de
Gatineau, il fait de la course à cheval de temps en temps. En parlant de
course, il n'y a pas longtemps que le "bellboy" - je ne sais pas comment on dit
cela en français, le messager électronique -a sonné pour
le député de Bellechasse et il est allé faire rapport
quelque part. Cela m'a impressionné parce que, lorsqu'on discutait du
député de Gatineau hier, ma conscience me dirigeait vers la
nomination du député de Bellechasse. Nonobstant toutes les bonnes
choses qu'on a dites du député de Viger, après avoir
entendu son "bellboy" et vu la vitesse avec laquelle le député de
Bellechasse est allé faire son rapport, ça m'a fait penser que
peut-être je ferais une erreur monumentale en appuyant la nomination du
député de Viger.
Je suis pris maintenant avec ce problème, nonobstant le fait que
le député de Viger est un courtier d'assurances, en affaires, et
peut nous assurer qu'on va avoir un rapport bien rédigé. Oui, il
peut se transporter avec son agence de voyages, il va nous faire payer un
pourcentage. On ne sait pas. Peut-être qu'on va y voir une
ingérence d'Air Canada encore comme avec Québecair. On ne sait
pas. Je ne sais pas si les actions de sa compagnie sont en vente.
Peut-être que la province pourrait en acheter pour garder cela dans les
mains des Québécois, si on considère des gens comme vous
et moi comme des Québécois. Mais j'ai toujours un problème
de comprendre si, pour nos amis d'en face, il y a une, deux, trois ou quatre
catégories de Québécois. Pour moi, il y en a seulement
une. Nonobstant les commentaires du député de
Notre-Dame-de-Grâce, je pense que sur la question des
Québécoises ou des Québécois, le
député de Bellechasse est un bon Québécois, le
député de Viger, c'est un bon Québécois. On doit
donner quelque chose de plus au député de Viger. Le
député de Bellechasse n'a pas eu le choix d'être
québécois. C'était le choix de son père et de sa
mère. J'espère qu'il y avait consentement. On fera un
référendum pour décider. Mais lui, le député
de Bellechasse, était québécois pas par choix, mais dans
les faits.
M. Lachance: Pure laine.
M. Blank: Pure laine, je n'aime pas ce mot parce qu'il implique
qu'il y a deux sortes de Québécois. D'accord? Moi, je suis pure
laine, je suis né au Québec, mais ça ne fait rien. Mais
mon collègue, le député de Viger, c'est un
Québécois pure laine. Il doit mériter ce mot plus que vous
et moi parce que lui a choisi le Québec. Il avait le choix de demeurer
en Italie ou d'aller n'importe où dans le monde. Mais il a choisi le
Québec. À ce moment, il n'y avait pas d'Immigration au
Québec, en 1964. Je vous ai entendu. Il est venu au Canada pour
s'installer dans la province de Québec. C'est la faute du
fédéral s'il est ici. Nonobstant la faute du
fédéral, il s'est installé au Québec et
voilà qu'il est venu au Québec et je suis certain...
Ce n'est pas un secret ici que, comme avocat, je fais beaucoup de
travail en immigration.
M. Léonard: Vous avez une excellente
réputation.
M. Blank: Merci beaucoup. Je sais qu'il y a des gens qui arrivent
des pays étrangers qui ont des problèmes quand ils arrivent. En
1964, le ministère de l'Immigration au Québec n'était pas
encore installé. Il a été installé par les
libéraux après. C'est une idée libérale ou de
l'Union Nationale, je ne suis pas certain. En 1967, mais cela avait l'appui du
Parti libéral, à ce moment. (16 h 30)
C'est seulement après l'instauration d'un ministre de
l'Immigration du Québec qu'ont commencé des programmes pour
intégrer des immigrants à la communauté
québécoise. Le député de Viger en est un exemple
parfait. Oui, parce que, ici, au Québec, on a une langue officielle, le
français, et une langue semi-officielle, secondaire, l'anglais. Je
prends le député de Viger, dont la langue maternelle est
l'italien. Sa première langue après, c'est le français et,
après, c'est l'anglais. Il y a peut-être dans son comté
beaucoup d'autres langues. Je sais que, dans Saint-Léonard...
M. Maciocia: II y a des Polonais, des Grecs, des
Ukrainiens...
M. Blank: Tout cela et je suis certain qu'il comprend...
M. Fréchette: Cela veut dire qu'il est "silingue", s'il
parle six langues au lieu d'être trilingue ou bilingue.
M. Blank: II est au moins quadrilingue. Je suis certain qu'il
comprend un peu d'espagnol et un peu de portugais, parce que ce sont des
langues d'origine latine.
M. Maciocia: L'espagnol.
M. Blank: L'espagnol. Je suis certain qu'il parle l'espagnol.
C'est une autre raison pour laquelle on doit nommer le député de
Viger. Dans mon comté, j'ai L'association des Espagnols. Ils peuvent
venir ici témoigner. Ces gens aiment la bière et ils aiment se
promener en auto. Cela les affecte. Non habla Espanol? Le député
de Terrebonne veut-il faire un discours?
M. Blais: Non, non. Je demandais des renseignements. Il y a un
mot que je n'avais pas compris. Vous êtes très intéressant.
Je suis tout ouïe.
M. Blank: Tout ouïe. Il a même voté oui la
dernière fois? Et, à ce référendum qui vient
d'être commandé, il votera encore oui? Une voix: Cela
dépend de la question.
M. Blank: Cela dépend de la question. Mais qui va proposer
cette question? Va-t-on avoir un débat quelque part pour arranger cette
question?
M. Lachance: Là, on parle du député de
Viger.
M. Blank: Oui, mais sous quel parapluie va-t-on... C'est tout un
problème, ce référendum. Qui va contrôler les fonds
des deux côtés? Nonobstant cela, cela a l'air que le
député de Terrebonne ne veut pas parler du
référendum, non, pas du tout. On va retourner au
député de Viger.
Je constate, dans le curriculum vitae du député de Viger,
qu'il est né en février 1942. C'est un Verseau?
M. Maciocia: Oui.
M. Blank: C'est un Verseau. C'est dommage. C'est dommage que vous
ne nommiez pas le député de Saint-Louis, parce que moi, je suis
né sous le signe des Gémeaux. Au moins, je peux en avoir deux
pour le prix d'un, au moins là. Vous aussi? Voilà! Nous sommes
champions, les Gémeaux. Cela me donne des idées, parce que, si on
n'accepte pas le député de Viger, il est possible que j'essaie
d'avoir un Gémeau, car j'aime les gens qui ont deux
personnalités, qui peuvent rédiger deux rapports, un bon et
un...
Une voix: ...
M. Blank: Oui, c'est cela. Non, mais nommez le
député de Viger comme rapporteur d'une commission comme celle-ci,
parce que ce projet de loi est très important. Il s'applique au revenu
et cela implique les finances de la province. Cela a toujours été
la tradition parlementaire que, lorsqu'on avait une commission sur les comptes
publics, c'était toujours un député de l'Opposition qui
était président, à Ottawa et ici à Québec.
Je pense que la première commission sur les comptes publics a eu lieu
sous le règne du premier ministre Bertrand et c'est le
député Lavoie, l'ancien président de la Chambre, qui fut
le président de cette commission des comptes publics à
Québec, quand elle a siégé. Voilà qu'ici on ne peut
pas changer de président, parce que le président a
été nommé par la banque des présidents, mais, quand
on a un projet de loi qui implique les finances de la province et
l'intérêt public comme cette loi, je pense que c'est
l'intérêt de tout le monde d'avoir un député de
l'Opposition comme rapporteur. On ne peut pas l'accuser à ce
moment-là
d'être trop du côté gouvernemental. Une voix:
...
M. Blank: Oui, mais vous n'étiez pas ici. On a
parlé, M. le député de Terrebonne... Je parle au
député de Terrebonne. Excusez-moi, M. le Président, mais
par votre entremise, je parle au député de Terrebonne qui
n'était pas ici hier. On a discuté de tout ce problème du
député de Bellechasse. On avait des raisons sérieuses pour
ne pas le nommer. Il a une voiture. Il y a un conflit d'intérêts,
mais le député de Viger est dans l'Opposition. C'est la
différence, c'est une différence. Un conducteur d'automobile et
un propriétaire d'automobile dans l'Opposition, ce n'est pas comme du
côté ministériel. À part cela, il nous a dit que de
temps en temps, il prend une bière, c'est un autre conflit
d'intérêts, parce qu'on augmente la bière ici. Je suis
certain que le député Lachance, un homme qui a eu des BAC en
humanités, l'ancien maire de Saint-Nazaire, ne va pas dans les tavernes,
parce que c'est seulement les tavernes qui sont exclues de la taxe. Pour cela,
je veux remercier le ministre, parce que, dans mon comté, les pauvres de
mon comté, les gens qui vivent du bien-être social, les gens
à revenus très minimes vont à la taverne. Cela n'affecte
pas le côté est et le côté extrême ouest de mon
comté, parce que ceux-là sont des clients de la taverne.
Mais, le député de Bellechasse n'est pas un client de
taverne, pas du tout, et je ne sais même pas s'il y a des tavernes dans
son comté. Voilà, il y a des "grills" et des hôtels et des
affaires comme cela. C'est la raison pour laquelle j'ai de sérieux
doutes... Je n'ai pas de sérieux doutes sur le député de
Bellechasse mais j'ai des doutes selon lesquels il peut se trouver dans des
conflits d'intérêts. Je suis certain que son "bellboy" ne sonnera
pas pour l'avertir qu'il est en conflit d'intérêts. La seule
personne, pour le moment, que je vois qui puisse remplir ces fonctions, c'est
le député de Viger. Comme je l'ai dit, c'est un monsieur qui est
venu au Québec, qui a choisi notre province comme sa terre pour vivre,
gagner sa vie et faire vivre sa famille. Et je constate que, dans ses
activités, il est membre et conseiller de beaucoup d'organisations. Avec
ce "background", il rencontre des gens partout, il va être plus au
courant des faits entourant ce bill. Comment cela affecte-t-il ces
gens-là? Il est président de l'association libérale de
Jeanne-Mance. C'est toute une position. Ce n'est pas tout le monde qui peut
être président d'une association libérale d'un comté
du Québec.
Une voix: II y en a 122.
M. Blank: ... 122 présidents. Sur 6 000 000 de personnes
dans la province de Québec, il y a seulement 122 présidents
d'association libérale au Québec. Et, le
député...
Une voix: ...
M. Blank: Oui, aussi. Lui, il a été nommé
à la convention comme député d'après les
critères de notre chef.
Des voix: ...
M. Blank: ... cela va vous faire un argument qui doit convaincre,
parce qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui peuvent remplir les critères.
Moi, je suis chanceux, je suis un des anciens. Le seul critère - j'ai vu
la liste des critères - il y a seulement un critère auquel je ne
peux pas...
Une voix: ...
M. Blank: Oui, parce que je suis trop vieux. Le critère
arrête à 55 ans et moi, j'ai 56 ans.
Une voix: Vous avez des droits acquis aussi.
M. Blank: J'ai des droits acquis, c'est cela. Les droits sont
acquis partout. Aussi, je constate que c'est l'ancien conseiller de la ville de
Saint-Léonard. Cela veut dire que là, il y a un problème,
parce que le député...
Une voix: Qui était maire.
M. Blank: ... qui était maire et lui est conseiller de la
ville de Saint-Léonard, sauf que je suis certain que, dans la
circonscription de Saint-Léonard, dans le secteur qu'il
représentait comme conseiller, il y avait au moins de 3000 à 4000
personnes.
M. Maciocia: ... Viger.
M. Blank: Non, Saint-Léonard.
M. Maciocia: Saint-Léonard.
M. Blank: Oui, le secteur que vous représentez comme
conseiller.
M. Maciocia: II y en a 5200.
M. Blank: Et je suis certain que...
Une voix: ...
M. Blank: Oui, mais on avait les 5000?
Une voix: On va les nommer, oui.
M. Blank: Oui, c'est possible. Mais, pour le député
de Bellechasse qui était maire de Saint-Nazaire, je ne sais pas si la
population de Saint-Nazaire était de 50, 60 ou 100 personnes; je ne le
sais pas.
Une voix: 1500...
M. Blank: Environ? II ne veut pas parler. Il y a une question qui
est très sérieuse. Le député de Bellechasse veut
qu'on ait confiance en lui pour être nommé rapporteur. Il
était maire de Saint-Nazaire. Est-ce que vous avez eu la majorité
dans Saint-Nazaire à la dernière élection?
M. Lachance: 63% des voix.
M. Blank: Cela m'impressionne, parce que, dans le reste des
comtés, c'est seulement 37%; dans la ville où il était
maire, 67%, ça c'est quelque chose. J'ai maintenant un problème,
je ne sais pas si je vais voter pour le député de Viger. Quelle
est votre majorité dans Saint-Léonard comme conseiller?
M. Maciocia: Comme conseiller, j'ai doublé mon
adversaire.
M. Blank: Les deux tiers, c'est 66%, 67%.
M. Maciocia: C'est cela.
M. Blank: C'est la même chose. J'ai le même
problème de conscience encore.
Une voix: On en a parlé pour rien.
M. Blank: On va mettre de côté le conseiller de la
ville de Saint-Laurent, pour un moment.
M. Maciocia: Est-ce que vous avez demandé combien
d'électeurs il y avait à Saint-Nazaire?
M. Blank: 57 ou 58, je pense. Je ne sais pas combien, environ
ça. Je constate aussi qu'il est commandeur de l'Académie
gentilhomme Pro-Pace, gentilhomme Pro Pati, c'est ça?
M. Maciocia: Gentilhomme Pro-Pace.
M. Blank: Je ne sais pas ce que ça dit là, mais le
mot "pace", c'est le mot "paix". Non, ce n'est pas un argument. Mais le mot
"pace"...
Le Président (M. Desbiens): En terminant, M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: En terminant, je dis qu'il est commandeur de ce
groupement qui a le mot "paix"...
M. Fréchette: Paix et...
M. Blank: Paix et... Si on veux avoir quelqu'un qui peut faire la
paix ici, qui peut faire un rapport sage, c'est le député de
Viger.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, il vous reste quatre minutes.
M. Scowen: Non, c'est mon collègue qui est avant moi, M.
le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. Vous me permettrez
sans doute, avant d'aborder la motion d'amendement comme telle...
Le Président (M. Desbiens): ... pas encore intervenu.
M. Gratton: Je ne pense pas utiliser tout ce temps, M. le
Président. Mais avant d'aborder la motion d'amendement comme telle, vous
me permettrez sûrement de me référer à un article
signé par M. Réjean Lacombe dans le journal Le Soleil de ce
matin, où, après avoir fait la description des travaux de la
commission d'hier, il concluait comme suit: "On appelle cette façon de
procéder un "filibuster". Les députés péquistes ont
eu recours à cette méthode quand ils siégeaient sur les
banquettes de l'Opposition. Cependant, ils avaient la sage précaution de
s'attaquer au fond du problème et non pas aux artifices."
Je voudrais dire, M. le Président, que je ne suis pas du tout
d'accord sur cette conclusion du journaliste Réjean Lacombe, puisque je
me rappelle moi-même avoir présidé les travaux d'une
commission, entre autres celle sur la loi 22, où on avait mis
au-delà de six heures à choisir...
Le Président (M. Desbiens): Je m'excuse de vous
interrompre, parlez-vous de la motion ou sur une question de
règlement?
M. Gratton: Je suis dans le préambule, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): D'accord.
M. Gratton: Je voudrais faire le parallèle entre ce qu'on
fait aujourd'hui et ce qui a été fait dans le passé, pour
indiquer qu'on n'a pas innové depuis hier, ici, à la commission.
Je rappelais que lors de l'étude
de la loi 22 en commission parlementaire, en 1974, on avait passé
plus de 6 heures à débattre de l'opportunité de nommer
celui qui était député de Nicolet-Yamaska, un
député ministériel, donc libéral. Avec la
différence suivante, M. le Président, que les
députés de l'Opposition les députés
péquistes, au cours des six heures, s'étaient acharnés
à dénoncer le député de Nicolet-Yamaska. Ils
avaient indiqué qu'il n'avait pas les qualifications requises pour
être rapporteur de cette commission.
Je le dis maintenant - je l'ai dit hier aussi - pour que ce soit bien
clair que, quant à nous, les députés libéraux
à cette commission, il n'a jamais été question de remettre
en cause les qualités d'honnêteté,
d'intégrité, de compétence du député de
Bellechasse. Ce que nous avons prétendu et que nous continuons de
prétendre, c'est qu'il n'est peut-être pas celui qui est le mieux
qualifié autour de cette table pour être rapporteur, compte tenu
des révélations un peu foudroyantes qu'il nous a faites sur
certaines de ses habitudes, qui pourraient le mettre en conflit
d'intérêts quant au contenu du projet de loi no 39.
Donc, je dis au journaliste Réjean Lacombe, que si on veut faire
des comparaisons, qu'on retourne au journal des Débats. On verra, entre
autres, que lors de l'étude de la loi sur l'augmentation de salaire des
députés, en 1975 - on a pensé qu'on aurait peut-être
à faire un exercice semblable cette année, mais il semble que le
gouvernement s'est ravisé - on avait eu des motions dilatoires qui
avaient duré au-delà de deux jours et dont la teneur était
beaucoup moins... On a parlé d'un "filibuster" humoristique. D'abord, je
m'oppose à l'emploi du mot "filibuster". Ce n'est pas de cela dont il
s'agit, il s'agit de choisir un bon rapporteur pour la commission. Un
"filibuster", on n'identifie cela qu'après quelques semaines de
débat, et non pas après quelques heures. En l'occurrence, je me
rappelle fort bien, pour avoir présidé cette commission aussi,
que non seulement nous avions passé deux jours à étudier
des motions semblables à celles que nous étudions depuis hier,
mais cela nous avait amenés à siéger au lendemain de
Noël, ce qui n'était quand même pas un cadeau, c'est le cas
de le dire. (16 h 45)
Cela étant dit, j'aimerais moi aussi ajouter ma voix à
celle de mes collègues pour dire combien mon collègue de Viger me
semble tout à fait prédestiné à occuper le poste
important de rapporteur de cette commission parlementaire. Vous savez, on l'a
dit et on ne le répétera probablement pas assez souvent, notre
collègue de Viger est né en Italie. Ce que vous ne savez
peut-être pas, n'étant pas comme moi représentant d'un
comté à connotation italienne - vous savez que je suis
député du comté de "Gatineau" - c'est qu'il y a environ 57
000 000 d'habitants en Italie et, ce qui vous surprendra peut-être encore
plus, c'est qu'au Parlement italien, "il Parliamento italiano", il n'y a pas
moins de 19 partis reconnus. Vous allez me dire que c'est complètement
ridicule, mais non, c'est exactement la même proportion qu'ici à
l'Assemblée nationale, 57 000 000 pour 19 partis, 6 000 000 au
Québec et deux partis. Vous voyez que les proportions sont les
mêmes, sauf qu'on sait que les Italiens, de par leurs traditions, de par
leur histoire, sont habitués aux compromis. Ils sont aussi
habitués à changer de gouvernement assez souvent. Ce n'est
peut-être pas un avantage pour eux, quoique je souhaiterais avoir cet
avantage ici, au Québec, à ce moment-ci. Quoi qu'il en soit, le
député de Viger, issu de ce pays, l'Italie, a donc, sinon
l'expérience personnelle, tout au moins une tradition très riche
de la diversité qui lui confère sans doute des qualités
spéciales pour être rapporteur. C'est assez intéressant de
le constater. Nous avons, comme vous le savez, trois collègues à
l'Assemblée nationale qui sont d'origine italienne: le
député de Viger dont on parle aujourd'hui et dont on ne parlera
probablement jamais trop; le député de Viau, M. Guillermo Cusano
et le député de Mont-Royal, M. Giovanni Ciaccia.
M. le Président, je vais vous réveiller en vous disant que
les trois députés nés en Italie, élus à au
moins deux élections différentes à l'Assemblée
nationale du Québec sont tous les trois natifs de la même province
italienne, la province de Campobasso? Vous me permettrez, j'épellerai
ces mots de façon qu'au journal des Débats, on s'y retrouve,
C-a-m-p-o-b-a-s-s-o. Les trois députés qui sont ici à
l'Assemblée nationale sont nés dans trois villages
différents, mais à moins de vingt kilomètres l'un de
l'autre. Vous allez me dire: Il y a quelque chose là, ils se sont
concertés, ils sont venus ici pour prendre le contrôle de
l'Assemblée nationale du Québec.
M. Fréchette: Est-ce qu'ils sont du même
âge?
M. Gratton: Bah! Je pense que le député de
Mont-Royal est passablement plus vieux que les deux autres. Je peux le dire en
toute liberté, il est absent à ce moment. Je suis sûr qu'il
ne lira pas le journal des Débats, donc je ne serai pas pris. Le
député de Viger, on l'a mentionné, est natif d'un petit
village qui s'appelle Cantalupo. Le député de Viau est du village
de Sepino. Vous allez me dire que le député de Mont-Royal vient
d'un autre village qui finit en o. Non, le député de Mont-Royal
est natif du village d'Ururi. Ces trois villages de Cantalupo, Sepino et Ururi
sont situés dans la même province italienne de Campobasso,
à
l'intérieur d'un périmètre de 20 kilomètres,
M. le Président. Inutile de vous dire que, si un député de
l'Assemblée nationale devait s'élever contre un vice de forme que
contiendrait le rapport dressé par le député de Viger, ce
ne seraient sûrement pas le député de Mont-Royal ou celui
de Viau, parce qu'ils comprendraient que, natifs de cette région, on
peut à l'occasion se tromper. En tout cas, pour que les trois soient
partis d'aussi loin pour se faire élire à l'Assemblée
nationale du Québec, il y en a sûrement au moins deux des trois
qui se sont trompés quelque part.
Donc, M. le Président...
M. Blais: Dans quelle région?
M. Gratton: ... le député de Viger connaît
bien tout au moins les origines de deux de ses collègues. Je suis
sûr que, si on lui en donnait l'occasion, surtout que les membres de la
commission, nous sommes probablement appelés à nous revoir de
temps en temps au cours des prochains jours ou des prochaines semaines, le
député de Viger pourrait mieux connaître le
député de Rivière-du-Loup, le député de
Terrebonne, le député de Bellechasse, qu'on connaît un peu
mieux. On connaît certaines de ses habitudes. Le député de
Sherbrooke et ministre finira peut-être par être le rapporteur, M.
le Président. Quoi qu'il en soit, il y a une autre qualité que le
député de Viger possède et à laquelle a
touché mon collègue de Saint-Louis, M. Blank, brièvement
tantôt, sauf qu'il n'a pas tout dit. Il nous a parlé des trois
langues que parle le député de Viger. Ce qu'il ne sait pas, c'est
qu'au Collège Mario Pagano de Campobasso, qu'au Seminaro Diocesano de
Campobasso notre collègue de Viger a fait des études en latin et
en grec.
Une voix: Ah oui!
M. Gratton: M. le Président, nous aurons l'occasion -
d'ailleurs, je vous invite à la saisir demain; vous savez que, tant du
côté du Parti libéral que du côté du Parti
québécois, il y aura une petite célébration demain
entre 18 heures et 20 heures, à l'occasion des fêtes - d'entendre
le député de Viger chanter. Il a une voix formidable. Il sera
accompagné, pour l'occasion, d'un musicien très connu de la
région de Montréal, M. Frank Pavan, et peut-être bien qu'il
s'agira à un moment d'un duo. Vous connaissez Frank Pavan, un
accordéoniste hors pair. Il y aura aussi un autre musicien avec son
orgue. J'ai bien dit son orgue, M. le Président! Ils accompagneront le
député de Viger et possiblement que le député de
Viger se fera accompagner, dans un duo, du député de Mont-Royal.
Il est peut-être un peu moins bon, mais quand même! On vous y
invite, M. le Président, vous qui êtes si objectif, si patient au
cours de nos travaux.
Je disais donc, M. le Président, qu'il n'est pas bilingue ou
trilingue, mais il est...
Une voix: "Cinquo".
M. Gratton: Non, cinq pas six.
M. Blais: Le français, l'anglais, l'italien, le latin, le
grec, il parle joual un peu.
M. Gratton: Ah bon! Il ne parle pas joual. Si vous avez entendu
le député de Viger s'exprimer, vous savez fort bien qu'il ne
parle pas le jouai. Mais, M. le Président, trêve d'éloges
à l'endroit de mon collègue de Viger, je pense qu'il est
manifeste - mes collègues l'ont dit avant moi - qu'il possède
toutes les qualités requises pour faire un très bon
rapporteur.
M. le Président, vous me permettrez de m'adresser à ce
moment-ci au député de Viger pour lui demander et lui
suggérer de réfléchir très sérieusement
avant d'accepter cette nomination qui sûrement lui échoirait si la
commission devait s'exprimer par vote.
Moi-même hier, je l'ai dit, en refusant d'être candidat au
poste de rapporteur. J'ai exprimé les raisons profondes qui m'amenaient
à refuser ce poste quand même très honorable. À
cette occasion, j'ai dit que le projet de loi 39 qu'on voudrait nous faire
adopter ici, article par article, est un mauvais projet de loi. C'est un projet
de loi qui ne comporte absolument rien de positif pour les citoyens du
Québec. Vous seriez peut-être porté à me dire, M. le
Président: Oui, mais ça va être bon pour le ministre des
Finances. En effet, le ministre des Finances se donne le pouvoir d'aller
chercher 1 164 000 000 $ en nouvelles taxes, 1 164 000 000 $. Je ne vous en
ferai pas la ventilation, mais il y a 285 000 000 $ en nouvelles taxes qui ont
commencé à être perçues dès minuit le 19
novembre dernier et qui seront perçues jusqu'au 31 mars
c'est-à-dire à la fin de l'exercice financier courant.
II y a un autre montant de 879 000 000 $ qui est déjà
inclus dans ce petit projet de loi no 39, 879 000 000 $ qu'on ira chercher dans
la poche des contribuables au cours de l'année 1981-1982.
Je dis donc à mon collègue de Viger qu'il a beau avoir une
belle voix, il ne pourra jamais chanter assez bien pour convaincre les
électeurs de son comté qu'il a bien fait de s'associer à
l'adoption d'un tel projet de loi en commission parlementaire. Je l'ai dit hier
et je le répète aujourd'hui, j'ai nettement l'impression qu'on ne
trouvera pas de membres de cette commission qui accepteront de s'associer
à cette démarche à titre de rapporteur de la commission.
Le député de Bellechasse ne nous l'a pas dit encore à
cette commission, mais je
soupçonne que lorsque sa pagette sonne et qu'on l'appelle et
qu'il se précipite d'urgence à l'extérieur, reçoit
justement le même genre de son de cloche que j'essaie de donner à
mon collègue de Viger présentement. On lui dit: Ti-Claude,
n'accepte jamais d'être rapporteur de la commission. C'est le suicide
politique, surtout dans un comté où on ne t'a élu qu'avec
37% des voix. Mon collègue de Viger dispose d'une majorité de
6600 voix. Il a recueilli la faveur de 19 000 électeurs
représentant un pourcentage de 59%. C'est toute une marge. C'est presque
le double de ce qu'a obtenu le député de Bellechasse. Je lui dis
au député de Viger, malgré une victoire aussi importante,
aussi éclatante, je lui conseille d'y songer deux fois avant d'accepter
la nomination de rapporteur. Car, dans des législatures
antérieures, on en a vu des députés avec des
majorités de 12 000 voix, qui avaient obtenu 70%, 72% des votes et qui,
ayant eu le malheur de voter pour appuyer des projets de loi impopulaires, ou
de s'y associer à titre de ministre, de président ou de
rapporteur de commission, se sont vus rejeter tout aussi fortement et de
façon aussi éclatante au lendemain d'une élection. (17
heures)
Loin de moi l'intention de l'obliger de quelque façon, loin de
moi aussi l'intention d'influencer de quelque façon le
député de Bellechasse quant à la décision qu'il
aura à prendre compte tenu de celle qu'annoncera mon collègue de
Viger prochainement, mais je dis au député de Viger: Nous
voudrions bien vous revoir ici après la prochaine élection et ce
n'est pas déshonorant de dire: Je veux être réélu,
parce que le député qui dit je veux être
réélu se trouve à dire en quelque sorte: Je veux, à
ce moment-ci, bien servir les intérêts des électeurs de mon
comté. Est-ce que les intérêts des électeurs du
comté de Viger vont dans le sens de fournir une proportion, une partie
des 1 164 000 000 $ de nouvelles taxes? Je pense qu'aucun des électeurs
d'aucun député ici au Québec n'a d'intérêt
à payer plus de taxes alors qu'au Québec nous sommes
déjà les citoyens canadiens les plus taxés.
J'invite donc mon collègue de Viger à y songer
sérieusement et je lui dis tout de suite que, s'il devait, par esprit de
responsabilité ou peut-être bien par un certain esprit de
masochisme, accepter de rester en nomination pour le poste de rapporteur, je
l'appuierai d'emblée parce que je pense, et je le répète,
qu'il a toutes les qualités requises, mais je souhaite qu'il
décidera lui-même d'éloigner ce calice et qu'il
décidera lui-même - je termine - de retirer sa candidature au
moment opportun.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Claude Lachance
M. Lachance: M. le Président, le député de
Gatineau a fait allusion tantôt à un article publié dans le
Soleil de ce matin sous la signature de M. Lacombe et, évidemment, il
s'est permis de citer certaines parties de cet article. Je me bornerai à
en citer d'autres qui résument, je pense, très bien la situation
que nous vivons depuis quelques heures. "Le système parlementaire
québécois est d'une grande libéralité. Un peu tout
le monde le reconnaît. Mais, cette largesse ouvre parfois la porte
à certaines exagérations qui frisent le ridicule." Dernier
paragraphe: "D'ici quelques jours on entendra les libéraux crier au
scandale - cela cela me fait penser à ce qui se passe
présentement à l'Assemblée nationale concernant la loi no
16 - si jamais le leader du gouvernement, Claude Charron, impose le
bâillon..." Ceci étant dit, je pense que cela résume
très bien la situation. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Gratton: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Est-ce que le député de Bellechasse
n'était pas hors d'ordre? Il n'a pas parlé du tout de la motion
d'amendement.
Le Président (M. Bordeleau): Je n'ai pas eu le temps de
lui demander si c'était son intervention ou une question de
règlement. De toute façon, maintenant c'est terminé. Pour
les débats en commission parlementaire, les règles sont assez
élastiques.
M. Gratton: J'aimerais vous demander une directive. Compte tenu
du fait qu'on a tous constaté que le député de Bellechasse
vient de faire une intervention complètement à l'écart de
notre règlement, est-ce qu'il ne devrait pas se prévaloir de
l'article...
M. Blank: 85.
M. Gratton: ... 85 et faire tout de suite une motion de retrait
de ses propos pour qu'on puisse les effacer du journal des Débats? C'est
un précédent dangereux qu'on est en train d'établir; on
permet à un député, qui veut être rapporteur
jusqu'à preuve du contraire, d'agir dans l'illégalité sans
lui demander de faire amende honorable. Je pense que là il va se
disqualifier lui-même s'il ne fait pas quelque chose et vite.
J'espère que quelqu'un va faire sonner sa
"pagette" au plus sacrant.
M. Boucher: Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Rivière-du-Loup.
M. Boucher: M. le Président, le député de
Gatineau avait ouvert la porte sur le sujet au député de
Bellechasse en citant lui-même l'article. Je crois que le
député de Bellechasse a tout simplement...
M. Gratton: Oui, mais j'ai parlé de la motion
après, j'ai parlé pendant vingt minutes.
M. Boucher: Vous avez ouvert la porte en parlant d'un article et
le député de Bellechasse en a fait la lecture. Vous l'avez
cité au début de votre intervention tout à l'heure.
M. Gratton: M. le Président, j'accepte la mise au point
que vient de faire le député de Rivière-du-Loup, mais
pourrais-je suggérer, si le député de Bellechasse ne veut
pas faire une motion de retrait - je ne veux pas l'y obliger - au moins, qu'il
nous dise quelques mots sur la motion d'amendement pour qu'on puisse replacer
son intervention dans la légalité.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, le choix - M. le
député de Gatineau, je vous interromps - de son moment de parole
est libre pour chaque député.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous
plaît!
M. Paradis: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Brome-Missisquoi, sur une question de règlement.
M. Paradis: M. le Président, c'est une question de
directive que je vous pose, est-ce que c'est parlementaire de parler contre
l'application de notre règlement et de dénoncer le
libéralisme de ce règlement?
M. Gratton: Très bonne question.
Le Président (M. Bordeleau): Bon! M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Paradis: M. le Président, est-ce que je pourrais avoir
de la présidence une réponse à la question de directive
que je lui ai adressée?
M. Fréchette: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, sur la
question de règlement du député de Brome-Missisquoi.
M. Fréchette: Si j'ai bien compris la question du
député de Brome-Missisquoi, c'est beaucoup plus une question
d'opinion qu'il vous a posée qu'une question de directive quant à
l'application même du règlement. Malgré ma très
courte expérience, je crois savoir que la présidence n'a pas
comme fonction ni principale ni autrement, de donner des opinions au
député.
M. Blank: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, M. le
député de Saint-Louis, j'allais dire d'abord, c'est un peu ce que
j'avais cru laisser entendre en donnant la parole au député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: Avec tout le respect que j'ai pour le ministre et son
expérience comme ancien président de la Chambre...
M. Fréchette: Et vu que les règlements ne sont plus
les mêmes...
M. Blank: ... oui, c'est exactement cela que je veux dire, les
règlements ne sont plus les mêmes. On a changé les
règlements; le gouvernement était libéral à ce
moment, on les a libéralisés et ce ne sont pas tout a fait les
mêmes règlements. Le président doit maintenant changer
d'attitude, faire preuve d'une grande ouverture et protéger l'Opposition
des attaques ministérielles, c'est la base de nos règlements.
C'est pour cela que vous voyez que le leader de la Chambre de votre
côté a des problèmes avec les règlements maintenant,
vous voyez qu'il ne les changera pas, parce qu'il sait que, dans un avenir
prochain il sera dans l'Opposition et aura besoin de ces mêmes
règlements. C'est là le problème.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, il vous reste quatre minutes.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci, M. le Président. Parce qu'il ne me reste
que quatre minutes et que, quant à moi, je pense que ce débat sur
la question du choix d'un rapporteur a déjà assez duré, je
veux demander votre permission pour m'adresser très brièvement et
directement à mon collègue, le député de Viger.
Cosmo, on a besoin de vous, je vous demande, de ne pas refuser cette
nomination, je vous demande au nom de tous les collègues ici, de bien
réfléchir avant de
refuser la nomination qu'on veut vous accorder. Je veux vous rappeler
quelques bonnes raisons qui doivent vous faire décider de nous
répondre d'une façon affirmative.
Premièrement, vous êtes membre de la mission du
développement économique de notre caucus. Vous savez ce que cela
veut dire en termes de l'unité et d'autres membres de cette mission
seront fiers, très fiers d'avoir un membre de leur équipe comme
rapporteur de ce très important projet de loi, qui a des implications
économiques très considérables. Vous êtes l'homme le
plus honnête et le plus intelligent de nous tous ici aujourd'hui, et je
parle pour les deux côtés de cette table.
Deuxièmement, Mme Lucie Giguère, la secrétaire, a
besoin de vous. Elle travaille seule jusqu'à maintenant, sans savoir qui
est le rapporteur. Ce n'est pas facile pour quelqu'un de travailler et
déjà, maintenant depuis deux jours, elle n'a rien, bien
sûr, mais elle est obligée d'écouter, elle ne sait pas
encore qui va l'aider dans cette tâche très délicate. Au
nom de Lucie Giguère ainsi qu'au nom de mes collègues ici, je
vous demande d'accepter. Vous êtes expert dans le domaine touristique et
vous êtes ici le seul expert là-dedans; vous connaissez les taxis
et vous connaissez le coût des repas, l'hôtellerie, toutes ces
choses, c'est pour vous monnaie courante; nous, on ignore complètement
ces domaines. Vous êtes le seul député membre de cette
commission qui soit capable de représenter l'est de Montréal et
c'est cette région qui sera peut-être frappée le plus
durement de toute la région de Québec.
J'ai remarqué hier soir, il n'y a pas un seul membre de cette
commission, du côté gouvernemental, qui représente la ville
de Montréal. Vous êtes représentant d'un comté qui
sera fier si vous acceptez, très fier; un nouveau député,
élu depuis seulement six mois, qui se trouvera rapporteur d'une
commission aussi importante que celle-ci, qui va discuter non pas d'une loi,
mais de deux projets de loi. Alors, vous allez devenir rapporteur pour ces deux
projets de loi en même temps; les gens de votre comté vous en
seront reconnaissants.
En effet, je ne veux pas retarder l'affaire parce que je veux entendre
votre réponse. Mais je le répète, la mission de
développement économique a besoin de vous; Lucie Giguère a
besoin de vous, les députés des deux côtés de la
table ont besoin de vous; l'Assemblée nationale a besoin de vous; le
Québec a besoin de vous; le Canada a besoin de vous. Il faut, cette
fois-ci, après le refus de mon collègue de Saint-Louis et le
refus de mon collègue de Gatineau, que vous acceptiez parce que, si vous
acceptez, on peut mettre fin à ce débat et on peut aller au fond
de ces questions très difficiles qui sont devant nous, dans les articles
de ces deux projets de loi. Au nom de nous tous, au nom de Dieu, je vous
demande de dire oui.
Une voix: C'est un mandat du chef qu'il a eu, c'est certain.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, merci, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Est-ce qu'on est prêt à voter sur l'amendement? Non. M. le
député de Viger.
Une voix: II faudrait savoir ce qu'il en pense.
Le Président (M. Bordeleau): J'attends que quelqu'un me
demande la parole. Comme je reconnais maintenant le député de
Viger, je lui donne la parole.
M. Fréchette: Pour m'éviter une mutilation, vous
allez m'excuser d'être absent pour environ trois minutes, avant que le
député de Viger fasse son intervention.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Viger. Sur une question de règlement ou sur l'amendement?
M. Lachance: Seulement un mot concernant le rôle
très important de rapporteur. Semble-t-il qu'il n'est pas, dans l'esprit
de tout le monde, aussi important que la manière dont le
député de Notre-Dame-de-Grâce vient de le décrire.
Je me réfère toujours au même article où le
journaliste dit, et je cite: "D'autant plus que le rapporteur joue un
rôle pour le moins effacé."
Le Président (M. Bordeleau): C'est la fin de votre
intervention, si j'ai bien compris. J'ai oublié les secondes, mais en
tout cas on va tenir compte des minutes.
M. le député de Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Je crois, je suis
convaincu que, depuis ma nomination à l'Assemblée nationale,
depuis mon élection du 13 avril 1981, depuis ma jeune carrière
à l'intérieur de l'Assemblée nationale, je n'ai pas eu
jusqu'ici l'occasion de recevoir tellement d'éloges de la part -c'est
vrai - de mes collègues, parce que les députés du Parti
québécois, les députés ministériels n'ont
pas ouvert la bouche jusqu'ici. Je ne sais vraiment pas leur intention
vis-à-vis du choix du rapporteur. Je suis vraiment flatté de ce
témoignage de respect et, je dirai, de confiance qu'ont eu mes
collègues à l'endroit de ma personne.
M. le Président, je songe sérieusement, depuis hier soir,
si je dois accepter ou non la tâche de rapporteur de cette
commission.
C'est une tâche que je considère assez importante.
Même si le député de Bellechasse la considère d'une
façon effacée, moi je considère que la personne qui doit
se lever devant l'Assemblée nationale pour faire le rapport de cette
commission a une tâche vraiment très importante. (17 h 15)
M. le Président, comme je le disais, je songe depuis hier soir
à savoir si je dois accepter ou non cette tâche. Même en
retournant à mon hôtel hier soir, vers 1 h 30, après avoir
terminé les travaux à la Chambre, j'ai amené avec moi le
projet de loi no 39, j'ai tenté de l'étudier en profondeur, j'ai
tenté de voir les implications que ce projet de loi avait sur le peuple
québécois. J'ai regardé jusqu'où ce projet de loi
pouvait amener le peuple québécois sur le plan de la taxation.
Après l'avoir lu, je n'avais pas encore pris de décision, je me
suis endormi et je me suis réveillé avec le projet de loi no 39
entre les mains ce matin. Je pensais avoir une inspiration durant la nuit pour
savoir si je pouvais ou non accepter.
Ce matin, la première chose que j'ai faite en arrivant à
l'Assemblée nationale a été de demander à ma
secrétaire de sortir mon discours sur le deuxième budget de
l'année financière 1981-1982. Je voulais être
cohérent avec moi-même, je voulais être cohérent avec
mes électeurs, je voulais être cohérent avec le peuple
québécois. J'ai sorti mon discours et j'ai regardé si j'y
avais prononcé certains mots à l'endroit du ministre des Finances
que je ne pourrais probablement pas répéter en tant que
rapporteur de cette commission. Je ne pense pas non plus, entre
parenthèses, que le ministre du Revenu puisse être le rapporteur.
Je dirais plutôt qu'il devrait être le reporter de cette loi au
lieu d'en être le rapporteur.
M. le Président, dans mon intervention sur le deuxième
budget... Il ne faut pas oublier que c'était la première fois
dans l'histoire du Québec; il n'était jamais arrivé
d'avoir un deuxième budget au cours d'une seule année
financière. À ce moment-là, j'avais prononcé
certains mots, comme je l'ai dit tout à l'heure, à l'endroit du
ministre des Finances. J'avais dit que le Québec détenait
plusieurs championnats. En plus du championnat du chômage, en plus du
championnat du déficit dans la fonction publique, la mieux payée
et celle qui dénombre le plus de personnel, on a acquis
dernièrement un autre championnat, celui de l'essence la plus
chère au Canada.
Des voix: C'est vrai.
M. Maciocia: M. le Président, j'avais dit à ce
moment-là que le Québec, devant le gâchis financier dans
lequel il se trouve aujourd'hui, en tant que député de Viger et
en tant que représentant du peuple québécois, je ne
voudrais pas être le complice du ministre des Finances.
Vous comprendrez, M. le Président, que tout de suite après
le dépôt du deuxième budget, avec lequel on se retrouve
dans le projet de loi no 39, j'ai eu l'occasion de prendre des taxis assez
souvent et vous savez comme moi quelle est, actuellement, la réaction de
ces gens face au projet de loi no 39. On s'en est même aperçu
à l'intérieur de l'Assemblée nationale quand, dans les
galeries, ils sont venus protester vigoureusement contre ce projet de loi.
M. le Président, encore cet après-midi, comme je l'ai dit
au ministre avant l'ajournement de ce matin, j'ai rencontré des hommes
d'affaires et des industriels italo-canadiens de Montréal. Je leur ai
aussi demandé quelle était leur opinion sur le projet de loi no
39. La réponse que j'ai eue a été unanime. Je devrais
même mentionner que parmi ces gens il y en avait deux qui
n'étaient pas de la même option politique que la mienne, il y en
avait deux qui optaient pour le Parti québécois. Je dois dire,
comme je le disais tout à l'heure, qu'à l'unanimité ils
m'ont dit que cette loi était une honte pour le gouvernement et que
c'était une loi matraque pour le peuple québécois.
M. le Président, j'ai continué à
réfléchir et j'ai même essayé de voir l'importance
de ce projet de loi no 39 du côté touristique. Vous savez que je
suis le porte-parole du Parti libéral, à l'Assemblée
nationale, en matière touristique. J'ai essayé de voir de quelle
manière cette loi pouvait être profitable ou mauvaise pour le
tourisme au Québec et, justement, je me suis posé la question:
Pourquoi les gens viendraient-ils au Québec après l'adoption de
cette loi, si on a le malheur de l'adopter? Je me suis posé la question:
Aux Américains qui viendront ici, au Québec, pour passer une
semaine de ski dans les Laurentides ou pour passer quelques jours au Carnaval
de Québec, au mois de février, est-ce qu'on pourrait dire:
L'essence coûte plus ou moins la même chose qu'en Amérique,
mais votre dollar vaut plus cher que le dollar canadien?
M. le Président, avec cette loi, l'avantage qu'auraient eu les
Américains de venir au Québec, ils vont le perdre si cette loi
est adoptée. Si on dit aux Canadiens qui devraient venir, ici, au
Québec: Venez quand même, ça ne fait rien que l'essence
coûte plus cher qu'en Ontario, qu'en Alberta ou qu'au Nouveau-Brunswick.
Pour vous démontrer cela, M. le Président, j'ai essayé de
voir ce qu'était la taxe provinciale par rapport aux autres provinces
canadiennes. Ma secrétaire m'a sorti la Presse du 19 novembre 1981
où le titre est "L'essence la plus chère au Canada se vend au
Québec". Au bas de la page, on lit "Prix du litre
d'essence ordinaire dans ces stations-service après la surtaxe".
À Montréal, la taxe provinciale est de 0,13 $. À Toronto,
elle est de 0,063 $. À Winnipeg, elle est de 0,057 $. À Regina,
elle est de 0,063 $. À Edmonton, il n'y a pas de taxe provinciale.
À Vancouver, elle est de 0,057 $. À Saint-Jean, elle est de 0,052
$. À Halifax, elle est de 0,047 $.
Si je regarde toutes les autres provinces, comparé au
Québec, il n'y a pas seulement une différence de 10% ou 20% d'une
province à l'autre, mais il y a plus de 100% de différence parce
que la plus chère après le Québec, c'est l'Ontario avec
0,063 $.
J'ai songé aussi à accepter cette responsabilité
parce que je pensais, comme le député de
Notre-Dame-de-Grâce le disait, que j'étais le seul
député de l'est de Montréal présent à la
commission. Vous savez combien cette taxe blesse et nuit à la population
qui habite l'est de Montréal.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: J'ai une directive.
Le Président (M. Bordeleau): Une directive.
M. Lachance: J'aimerais savoir si le député de
Viger parle sur l'amendement ou sur le fond.
Une voix: Eh misère!
Une voix: C'est sur l'amendement, c'est clair.
M. Maciocia: Est-ce que vous avez terminé? Si vous me le
permettez, M. le Président, je vais répondre.
Le Président (M. Bordeleau): C'est une directive et je
pense que c'est au président de répondre.
M. Maciocia: Allez-y.
Le Président (M. Bordeleau): Cela dépend quel genre
de questions sont posées. Mais votre directive, je pense que
c'était plutôt une question de règlement, M. le
député de Bellechasse, pour rappeler au député qui
exerçait son droit de parole de revenir à la pertinence du
débat. Je pense que le message est fait.
M. Maciocia: C'est certainement la pertinence du débat, M.
le Président, parce que je faisais l'étalement des raisons pour
lesquelles je donnerai ma réponse tout à l'heure, si j'accepte ou
non d'être rapporteur de cette commission.
Une voix: C'est clair.
M. Maciocia: C'est aussi clair que cela, M. le Président.
Comme je le disais, j'ai songé à cela parce qu'après avoir
eu le dépôt du deuxième budget, qu'on peut appeler le
deuxième budget Parizeau, je suis retourné dans mon comté,
dans l'est de Montréal, et j'ai essayé de voir la réaction
des gens vis-à-vis de cette taxe.
Une voix: ...
M. Maciocia: Au contraire, je sais ce que dit actuellement le
député de Frontenac.
Une voix: Terrebonne.
M. Maciocia: De Terrebonne.
Une voix: ...
M. Maciocia: La réaction a été unanime dans
le sens contraire de ce que vient de dire le député de
Terrebonne.
Une voix: II répondrait par la bouche de ses canons.
M. Maciocia: M. le Président.
Une voix: Le fédéral. (17 h 30)
M. Maciocia: J'ai été tenté d'accepter.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai été tenté
parce que ... En écoutant spécialement mon chef de mission, le
député de Notre-Dame-de-Grâce, qui m'a quasiment
supplié d'accepter cette tâche, que j'aurais les qualités
nécessaires, ce sont les autres qui l'ont dit, ce n'est pas moi qui le
dis, probablement que je ferai un travail remarquable, mais la question que je
me suis posée en est une autre. C'est celle-ci: Est-ce que vraiment les
gens du Québec, les gens de mon comté, les gens de l'est de
Montréal me pardonneront d'avoir accepté une tâche aussi
importante, mais aussi irresponsable vis-à-vis d'une taxe qui
pénalise le peuple québécois, un mot très cher au
député de Bellechasse, vis-à-vis de la situation
financière, vis-à-vis de la situation économique du
Québec? Je ne pense pas qu'un homme responsable, un homme consciencieux,
un homme de principe pourrait accepter une tâche aussi lourde que
celle-là.
Vous comprendrez, M. le Président, que je ne peux pas accepter
d'être le rapporteur de cette commission. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je remercie le
député de Viger. Vous demandez la parole, M. le
député de Brome-Missisquoi?
Motion de retrait
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: Brome-Missisquoi. Il ne faudrait quand même pas
allonger le nom de mon comté.
M. le Président, vous comprendrez qu'à la suite du choc
que je viens de recevoir, je comprends les motifs du député de
Viger et, dans les circonstances, j'invoque l'article 85 de notre
règlement. Je soumets à cette commission une motion de retrait de
la proposition amendée qui voulait que l'on substitue le nom du
député de Bellechasse, M. Claude Lachance, à celui du
député de Viger, M. Cosmo Maciocia.
Une voix: Consentement à la motion.
Le Président (M. Bordeleau): Consentement à la
motion. Je m'excuse, je n'ai qu'une question de concordance. Je vous avoue que,
dans tous mes papiers, je me demande si le proposeur de la motion d'amendement
était vraiment le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je n'étais pas le proposeur, mais suivant
l'article 85, M. le Président, qu'on va lire ensemble, si vous me le
permettez... L'article 85...
Le Président (M. Bordeleau): En vertu de l'article 85, M.
le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Tant qu'une motion n'a pas été mise en
délibération, elle peut être retirée avec la
permission du député qui l'a présentée.
Après - c'est ce qui nous concerne - la mise en
délibération, elle peut faire l'objet d'une motion non
annoncée - je ne l'ai pas annoncée - de retrait avec la
permission de son auteur." J'ai obtenu la permission du député de
Vaudreuil-Soulanges qui remplace le député de Portneuf qui avait
fait ladite motion. Je crois que c'était de votre devoir de vous assurer
que j'avais ce consentement; si vous voulez le vérifier auprès du
député de Vaudreuil-Soulanges, je n'ai aucune objection. Mais je
ne me serais jamais permis de faire une telle motion sans obtenir cette
autorisation préalable.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, vous avez raison,
M. le député de Brome-Missisquoi. Je veux simplement rappeler une
erreur qui s'est glissée. Étant donné effectivement que le
député de Vaudreuil-Soulanges, comme il vient de le mentionner,
remplace le député de Portneuf, il y a un droit de parole
additionnel qui s'est ajouté involontairement. Je voudrais simplement
que ce soit...
M. Paradis: II faudrait suivre cela de très près,
M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'en excuse, mais de toute
façon, je pense que cela n'aura pas de conséquences graves; je
voulais simplement le rappeler à la commission.
M. Paradis: Je vous prie de me croire, M. le Président, si
je l'avais moi-même noté, je l'aurais porté à votre
attention.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Brome-Missisquoi, vous faites la motion de retrait et, en vertu de l'article
85, oui, vous pouvez l'expliquer rapidement.
Une voix: Consentement, M. le Président.
M. Paradis: Sur cette motion de retrait, M. le Président,
vous comprendrez que le député de Brome-Missisquoi, à
l'exemple de l'ensemble des membres de cette commission, a été
très sensible aux arguments évoqués par le
député de Viger. Vous comprendrez qu'à la suite du
discours que j'ai prononcé ce matin, à la suite des discours que
mes collègues de ce côté-ci de la Chambre ont
prononcés, il nous soit davantage difficile de proposer une motion de
retrait à ce stade de nos procédures. Si je fais cette motion de
retrait, je veux bien que cette commission comprenne que ce n'est pas parce que
je n'ai pas été sensible aux arguments, entre autres, du
député de Notre-Dame-de-Grâce. Ce n'est pas parce que je
n'ai pas été sensible à toutes les évocations que
ce dernier a su faire d'une façon très articulée. Ce n'est
pas parce que je veux priver le député de Viger du plaisir de
travailler avec Mlle Lucie Giguère. Ce n'est pas parce que je veux
priver le député de l'occasion de se lever en Chambre au nom de
cette commission et de faire un rapport qui aurait été, s'il
eût accepté la proposition du député de Portneuf,
fort bien rédigé et fort bien présenté.
M. le Président, si je présente cette motion de retrait,
ce n'est pas parce que Cosmo Maciocia, courtier d'assurances, arrivé au
Canada en 1964, est ici depuis à peine 17 ans. Ce n'est pas parce que
j'ai quelque chose contre le commandeur de l'Academia Gentium Pro Pace. Ce
n'est pas parce que les gens de l'Opposition n'ont pas appuyé la
candidature de M. Maciocia. Ce n'est pas, M. le Président, parce que
j'en ai contre les courtiers d'assurances. Ce n'est pas parce que j'en ai
contre le propriétaire de l'agence de voyages Lyna Inc. Ce n'est pas,
non plus, à cause de l'arrivée toute récente du
député de Viger dans cette enceinte de l'Assemblée
nationale à titre de représentant dûment et fortement
élu, devrais-je souligner au député de Bellechasse, du
comté de Viger. Non, M. le Président, ce n'est pas pour cela.
M. le Président, si je présente cette motion de retrait,
c'est parce que, après
avoir écouté hier le député de Saint-Louis,
après avoir écouté le député de Gatineau,
après avoir écouté aujourd'hui le député de
Viger, je me rends compte qu'aucun parlementaire, aucun citoyen ne veut faire
partie ou ne veut prendre part à ce vidage de poches de nos concitoyens
québécois qui nous ont élus ici pour les
représenter dûment. M. le Président, je pense que chacune
des personnes qui ont été mises en nomination jusqu'à
maintenant s'est rendu compte que celui qui tient la poche est aussi coupable
que celui qui effectue le vol. Je me rends compte que, parmi les trois
candidatures que nous avons présentées jusqu'ici, il n'y a
personne de ce côté-ci de la table qui veut être un teneur
de poche, un videur de poches.
M. le Président, dans des circonstances normales, face à
un projet de loi où on aurait pu dénicher quelque aspect positif
que ce soit, j'aurais aimé que la proposition soit maintenue, j'aurais
aimé qu'elle subisse le vote de cette commission, parce que je suis
persuadé que, de l'autre côté de la table, tout le monde
était convaincu comme nous l'étions de notre côté.
C'est par votre silence que vous m'avez convaincu que vous n'aviez aucune
objection à ce que le brillant et prometteur député de
Viger soit celui qui ait l'occasion de présenter fièrement, bien
droit, un rapport à l'Assemblée nationale. Mais, comme nous l'a
indiqué le député de Viger, grâce à
l'ajournement obtenu hier soir, grâce à une longue nuit qui lui a
porté de sages conseils, celui-ci a été en mesure de
prendre une décision en fonction non pas de Lucie Giguère, non
pas de ses ex-concitoyens de l'Italie, mais en fonction de l'ensemble de la
population québécoise, en fonction et pour le mieux-être
des électeurs du comté de Viger.
Je ne doute pas que le fait que je présente cette motion de
retrait lui assure à sa prochaine élection, par ce geste
courageux qu'il vient de poser en préférant le travail aux
honneurs, de recueillir dans les boîtes de scrutin du comté de
Viger et dans le coeur des Québécois et des
Québécoises, Lucie Giguère comprise, des dividendes, M. le
Président, sur lesquels il saura capitaliser en temps opportun; et en
temps opportun, cela veut dire au moment d'une élection pour un
député. M. le député de Viger, je regrette de
n'avoir pu vous convaincre et je m'incline devant votre décision qui,
même si elle fut difficile, même si elle fut laborieuse, fait
partie de ces nombreuses décisions que vous aurez eu à prendre au
cours de votre longue carrière politique.
Si vous regardez le député de Saint-Louis, quasiment
chaque semaine de sa carrière politique, il a eu à poser de tels
gestes; aujourd'hui, vous retrouvez, à cause de son équilibre
mental, un homme qui a quand même l'air frais et dispos. À travers
ces décisions difficiles que vous aurez à prendre, M. le
député de Viger, l'équilibre dont vous venez de faire
montre à cette commission sera votre outil le plus précieux,
l'outil qui vous permettra, chaque fois que l'occasion se présentera de
poser un geste, de ne pas le faire en fonction de vos intérêts
personnels.
C'est attirant de se lever en Chambre, et je crois que le
député de Bellechasse vise cela devant les caméras et se
dit: Je fais rapport au nom de la commission. Vous avez refusé cela,
vous aurez des occasions, M. le député de Viger, je n'en doute
pas, de vous faire valoir devant les caméras de la
télévision et si, sur ce point, vous désirez des conseils
appropriés, je vous invite à consulter le député de
Vanier, qui est passé spécialiste dans cet art. Mais je sais que
ce n'est pas là le but que vous recherchez, ce n'est pas là la
raison ou le motif qui vous a amené de l'Italie vers le Canada, à
Montréal, à Québec, qui vous a amené du
comté de Viger à l'Assemblée nationale. Vous êtes
venu en politique pour défendre les intérêts de vos
électeurs et, à ce moment-ci, vous jugez à propos, j'en
conviens, que ce n'est pas - je conclus, M. le Président - en vous
associant à ceux qui vident les poches. Ce n'est pas en tenant le sac
pour les videurs de poche que vous allez rendre service à vos
concitoyens; au contraire, c'est en tenant cette poche que vous vous
associeriez à un vol.
Une voix: Rien n'est plus vrai! (17 h 45)
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Brome-Missisquoi. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur la motion de retrait? Si je n'ai pas d'autres interventions,
j'appellerai donc le vote sur la motion de retrait. Les rires sont permis;
à ma connaissance, je n'ai reconnu personne, parce que personne n'a
demandé la parole. Vote sur la motion de retrait. Est-ce que la motion
de retrait sera adoptée?
Des voix: Adopté.
Reprise du débat sur la motion
principale
Le Président (M. Bordeleau): Nous revenons donc à
la motion principale.
M. Blank: Motion principale.
Le Président (M. Bordeleau): Sur la motion principale.
M. Blank: II me reste encore huit minutes, je pense.
Le Président (M. Bordeleau): On va revenir à nos
vieux papiers.
M. Harry Blank
M. Blank: Je ne sais pas si je peux faire l'éloge du
député de Bellechasse en huit minutes seulement.
Le Président (M. Bordeleau): Avant de vous donner le droit
de parole, M. le député de Saint-Louis, je veux rappeler aux
membres de la commission, pour être sûr que tout le monde a bien
compris, que la motion principale est à l'effet de nommer, comme
rapporteur de la commission, le député de Bellechasse.
M. Blank: C'est sur cette motion. Je ne sais pas si...
Le Président (M. Bordeleau): Sur la motion principale, M.
le député de Saint-Louis.
Motion d'amendement
M. Blank: Je ne sais pas si cela a du sens de nommer le
député de Bellechasse comme rapporteur. Hier soir, comme je l'ai
dit, j'étais un peu enclin à le faire, mais, aujourd'hui, avec la
question du député de Viger, je ne le sais pas. Je regarde ici,
dans cette Chambre, pour voir s'il y a quelqu'un qui, à mon avis, peut
remplir cette fonction et je pense que j'ai trouvé. Je suis certain que
le ministre va appuyer mon choix. Je suis certain. Je fais motion qu'on change
les mots: "Lachance, député de Bellechasse," pour les mots
"Johnson, député de Vaudreuil-Soulanges".
M. Paradis: Nous autres, on n'y a pas pensé avant.
M. Blank: J'en fais une motion d'amendement.
Le Président (M. Bordeleau): Je reçois donc la
motion d'amendement qui me paraît semblable à d'autres qu'on a
déjà acceptées à cette commission. Sur la motion
d'amendement...
M. Blank: Avec le consentement du ministre, est-ce qu'on peut
accepter, vu l'heure, qu'on commence les éloges au député
de Vaudreuil-Soulanges à la prochaine séance? M. le ministre, je
me demande, étant donné qu'on va avoir des éloges de
quelques heures au moins sur le député de Vaudreuil-Soulanges et
que ça va être difficile de diviser ça en deux, ça
fait seulement douze minutes, est-ce qu'on peut considérer qu'à
18 heures, on commence...
M. Fréchette: Pas maintenant, on peut commencer. Vous
avez...
M. Blank: On va avoir des éloges pendant deux jours.
M. Fréchette: C'est ça.
Le Président (M. Bordeleau): Sur la motion
d'amendement...
M. Blank: C'est moi qui dois faire rapport, c'est ça.
M. Paradis: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Brome-Missisquoi, sur la motion d'amendement.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: Étant donné qu'il est quasiment 17 h
50, ça va être une ébauche d'éloge.
Lorsque...
M. Blank: On est en famille ici.
M. Paradis: ...le député de Saint-Louis a
suggéré à cette commission, comme rapporteur, le
député de Vaudreuil-Soulanges, je me suis demandé
pourquoi, nous, de ce côté-ci, n'avions pas pensé à
ce candidat avant. Je me suis demandé pourquoi, de l'autre
côté, on ne nous avait pas suggéré le
député de Vaudreuil-Soulanges, je me suis demandé pourquoi
vous n'aviez pas suggéré -je sais que votre poste de
neutralité vous empêche de faire une suggestion d'un
côté comme de l'autre - aux deux partis ce candidat sur lequel
tout le monde va s'entendre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Brome-Missisquoi, si vous permettez. Bien sûr, vous avez la parole...
M. Paradis: À condition que ce ne soit pas pris sur mon
temps.
Le Président (M. Bordeleau): On peut l'enlever, on n'en
est pas à quelques secondes près. C'est simplement pour vous dire
que le président de la commission peut suggérer aux membres de la
commission le nom d'un rapporteur.
M. Paradis: M. le Président, je me demandais pourquoi vous
ne nous aviez pas soumis ou suggéré le nom du
député de Vaudreuil-Soulanges et hop! voilà la
réponse. Pourquoi? C'est bien simple, c'est que le député
de Vaudreuil-Soulanges n'était pas ici hier. C'est la raison pour
laquelle cela a échappé à l'ensemble de cette
commission.
Maintenant que nous sommes face au député de
Vaudreuil-Soulanges; maintenant que je sais que, de ce côté-ci de
la table,
chacun de nos intervenants n'aura que des éloges à
l'égard du député de Vaudreuil-Soulanges; maintenant que
je sais et que j'ai vu cette réaction de l'autre côté de la
table, c'est-à-dire que le parti ministériel aura un silence
élogieux...
Voyez-vous, M. le Président, ils veulent déjà nous
causer des difficultés. Je ne comprends pas ce "filibuster"
gouvernemental contre l'Opposition. J'inviterai tantôt le ministre
à nous expliquer ses réticences à accepter le
député de Vaudreuil-Soulanges. Face à ces
réticences - j'en avais pour cinq minutes s'il n'y avait pas eu de
réticences -il est de mon devoir, comme député de la
même formation politique, de mieux vous faire connaître le
député de Vaudreuil-Soulanges, de façon à effacer
chez vous ces réticences mal fondées.
M. le Président, le député de Vaudreuil-Soulanges,
c'est Daniel Johnson. Le député de Vaudreuil-Soulanges est avocat
de profession. Je sais que sur ce point, déjà, cela inspire
confiance.
M. Fréchette: On est populaire.
M. Paradis: Est-ce que le ministre parlait strictement pour lui
comme ministre du Revenu?
M. Fréchette: On... M. Paradis: On...
Le Président (M. Bordeleau): Cela fait suite aux
réactions de certains membres de la commission.
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: On va avoir à en discuter encore plus
longtemps parce qu'il semble plus difficile à convaincre que je ne le
pensais. Je pensais que le caractère, les qualités
inhérentes et faciles à observer du député de
Vaudreuil-Soulanges en feraient un candidat qui recueillerait
l'unanimité, pas après avoir entendu des discours, mais
strictement à la suite du dévoilement de son nom.
M. le Président, Daniel Johnson, aujourd'hui avocat, est
né à Montréal le 24 décembre 1944. Il est
marié depuis 1967. Il est père de deux enfants.
Félicitations, Daniel!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Brome-Missisquoi, je vous rappelle que vous devez continuer de vous adresser
à la présidence, même si vous adressez des
félicitations au député de...
M. Paradis: M. le Président, j'espère que ce n'est
pas une invitation à faire formellement une motion non annoncée
de félicitations au député de Vaudreuil-Soulanges, sur
laquelle nous pourrions élaborer.
Le Président (M. Bordeleau): Je me permettrai de
transmettre vos félicitations.
M. Paradis: M. le Président, le député de
Vaudreuil-Soulanges fit ses études classiques au Collège de
Saint-Laurent. Il obtint en 1966 une licence en droit de l'Université de
Montréal. Par la suite...
M. Fréchette: Le 5 juin 1966.
M. Paradis: Une très bonne année.
Une voix: Pour l'Union Nationale.
M. Fréchette: Je ne sais pas si c'est ce
jour-là qu'il a été diplômé.
M. Paradis: M. le Président, Daniel Johnson poursuit ses
études postuniversitaires, maîtrise en 1968 et doctorat en droit
de l'Université de Londres, en Angleterre. C'est un peu une consolation
pour lui d'être docteur en droit, parce que s'il s'était
retrouvé docteur en médecine, il en serait présentement,
au lieu de participer de façon positive à nos travaux
parlementaires, à contester la fameuse loi 27. Par la suite, il
poursuivit ses études et obtint une maîtrise en administration des
affaires, MBA, en 1973, de l'Université Harvard de Boston.
M. le Président, ce côté académique des plus
enviables lui permettait d'aspirer, soit dans le monde civil, soit dans le
monde politique, soit dans le monde religieux, aux plus hauts postes de
commande. D'ailleurs, il commença sa carrière - comme
début de carrière, c'est assez exceptionnel - comme
secrétaire d'une PME de chez nous, Power Corporation du Canada,
dès 1973.
M. le Président, cinq ans après son arrivée dans
cette entreprise québécoise, il fut élu, nommé,
promu à la vice-présidence de cette compagnie, poste qu'il occupa
de 1978 à 1980. Vous excuserez ce lapsus, j'étais pour dire de
1878, mais vous comprendrez que la maturité, malgré son jeune
âge, acquise par le député de Vaudreuil-Soulanges a
provoqué ce léger lapsus.
Dès sa première tentative en politique, il fut élu
député du comté de Vaudreuil-Soulanges aux
élections du 13 avril 1981. Félicitations Daniel!
J'ai entendu une remarque du député de Bellechasse qui a
dit: En quittant la vice-présidence de cette entreprise pour se
présenter, dans l'intérêt des citoyens du Québec, en
politique provinciale, il a certainement dû subir une baisse de salaire,
une baisse de revenu. Oui, et il l'a acceptée. Il avait les moyens de se
payer cette baisse de revenu, cette baisse de salaire à
l'époque,
mais, aujourd'hui, est-ce qu'il peut payer les taxes à la suite
de cette baisse de revenu? Est-ce qu'il peut payer les taxes qui vont lui
être imposées par les projets de loi que nous avons devant nous
aujourd'hui?
Daniel Johnson aura-t-il les moyens de continuer à prendre de la
bière, s'il en prenait? C'est une question sur laquelle je voudrais
être éclairé, M. le Président, parce que, s'il en
prenait... Daniel Johnson, à la suite de ce sacrifice qu'il s'est
imposé, est-il capable de se voir infliger contre son gré un
autre sacrifice, une augmentation de la taxe de l'essence de plus de 0,30 $ le
gallon? Quelles seront les répercussions, sur cette compagnie qu'est
Power Corporation et qui est privée de l'un de ses plus brillants cadres
aujourd'hui, de ces augmentations du prix de la bière et du prix ce
l'essence?
M. le Président, comme je l'ai mentionné dans le cas de
certains autres candidats qui ont brigué ce poste très
honorifique qu'est celui de rapporteur de cette commission, les études
et la carrière, ce n'est qu'une partie du bilan. Nous retrouvons
l'homme; nous retrouvons l'humain; nous retrouvons le serviteur de sa
communauté dans les activités professionnelles et communautaires
qui ont occupé ses quelques heures de loisir qu'il avait avant de se
lancer en politique. Les activités professionnelles et communautaires
peuvent se résumer ainsi, et vous me permettrez de ne pas être
exhaustif. J'ai un cahier ici, M. le Président; je ne passerai pas
à travers. Dans les activités professionnelles et communautaires
du député de Vaudreuil-Soulanges, nous retrouvons les
éléments suivants: membre du Barreau du Québec et de
l'Association du barreau canadien, ce qui en fait, M. le Président... Je
vois le ministre qui dit: On va ajourner.
M. Fréchette: C'est le député de Saint-Louis
qui me suggère de constater qu'il est 18 heures, à mon grand
désarroi, remarquez, parce que vous alliez bien.
M. Paradis: Dans les circonstances... M. Blank: II est 18
heures maintenant.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Brome-Missisquoi, de vous couper la parole ainsi. Il
vous restera quand même quelques minutes. Si j'ai bien compté, il
vous restera six minutes, non quatre minutes.
M. Paradis: Plus les deux minutes où vous m'avez
interrompu.
Une voix: C'est la meilleure des causes que vous avez depuis
hier.
M. Blank: Quatre minutes, d'après nos chiffres.
M. Fréchette: Pas besoin de parler si longtemps.
Le Président (M. Bordeleau): Si je n'ai pas le
consentement, on devra suspendre nos travaux.
M. Paradis: C'est cela, à la fin des commissions, ils nous
disent qu'ils sont prêts à accepter...
Le Président (M. Bordeleau): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 heures)