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(Quinze heures trente-quatre minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre,
messieurs!
La commission permanente du revenu est réunie aux fins
d'étudier article par article le projet de loi no 39, Loi modifiant le
régime des droits relatifs au commerce des boissons alcooliques et
certaines dispositions législatives.
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Blank (Saint-Louis), M. Desbiens (Dubuc), M. Dubois (Huntingdon), M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. Fréchette (Sherbrooke), M. Lachance (Bellechasse), M.
Boucher (Rivière-du-Loup), M. Marquis (Matapédia), M. Martel
(Richelieu), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rivest (Jean-Talon).
Peuvent aussi intervenir: M. Polak (Sainte-Anne), M. Lafrenière
(Ungava), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Lincoln
(Nelligan), M. Maciocia (Viger), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Perron
(Duplessis), M. Vaugeois (Trois-Rivières).
Je demanderais maintenant aux membres de la commission de se
désigner un rapporteur, s'il vous plaît!
M. Blank: Avant de nommer un rapporteur, je constate pour la
première fois qu'on n'a pas de cendrier ici.
Le Président (M. Rochefort): Oui, on a informé les
services auxiliaires de nous fournir ces instruments essentiels de travail.
M. Blank: Oui, parce qu'après l'adoption d'une certaine
loi, on enlèvera la permission de fumer dans les endroits publics. C'est
ouvert au public ici et je pense que c'est une bonne idée de ne pas
avoir de cendriers ici.
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Le message est entendu.
M. Rivest: Vous me permettrez de ne pas présumer de la
législation de l'Assemblée nationale. Personnellement, je tiens
à voter.
Le Président (M. Rochefort): Vous avez bien raison, c'est
ce que je comptais faire. Je vous demanderais donc de vous désigner un
rapporteur.
M. Rivest: Question d'information, M. le Président. Ce
projet de loi augmente-t-il l'impôt sur les cigarettes?
Nomination d'un rapporteur
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! Désignons-nous un rapporteur?
M. Blank: Puis-je faire une suggestion?
Le Président (M. Rochefort): J'attends. Une proposition du
député de Matapédia. Vous proposez M. le
député de...
M. Marquis: Rivière-du-Loup.
Le Président (M. Rochefort): ...
Rivière-du-Loup. Cette motion est-elle adoptée?
M. Ciaccia: Non.
M. Maciocia: Un instant, M. le Président!
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Ne peut-on pas discuter? On a le droit de discuter
sur le fait de nommer un rapporteur.
Le Président (M. Rochefort): Eh oui! Nous avons une motion
sur la table. Je suis prêt à vous entendre.
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Rochefort): Un moment, s'il vous
plaîtl Vouliez-vous la parole, M. le député de Viger, sur
cette motion?
M. Maciocia: Non, parfait.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Sainte-Anne, sur cette motion?
M. Polak: M. le Président, je demanderais une directive.
J'ai le règlement devant moi. L'article 144 dit que cela doit être
signé par le rapporteur. Il y a un autre article qui
précède qui dit comment le rapporteur est nommé. Je ne le
trouve pas.
J'ai fait des études là-dedans...
M. Rivest: Pendant la période des...
M. Polak: ... en fin de semaine. J'ai trouvé l'article 144
qui dit: "II est dressé par le secrétaire et signé par le
rapporteur un rapport de la commission..." Mais, y a-t-il spécialement
un article qui nous donne peut-être la directive sur la nomination du
rapporteur? Est-ce que cela doit être quelqu'un du parti gouvernemental
ou de l'Opposition? Y a-t-il des règles du jeu là-dedans? Cela
pourrait peut-être raccourcir un peu le débat.
M. Rivest: On peut suspendre, M. le Président, pour
demander l'avis de la présidence, peut-être.
M. Blank: C'est intéressant, vraiment il n'y a aucune
norme ici pour la nomination d'un rapporteur. Si la personne a un conflit
d'intérêts, il n'y a aucun empêchement...
M. Fréchette: M. le Président, sur ce point de
règlement, je pense que l'article 1 ou l'article 2 du règlement
précise de façon assez claire que, lorsqu'il n'est pas
expressément écrit dans le règlement qu'une chose doit
être faite, les us et coutumes servent de règle de
procédure.
M. Polak: Oui, mais...
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fréchette: Ou les usages, si vous
préférez.
M. Rivest: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Polak: Le mot, c'est usages. M. Fréchette: Je
n'ai pas terminé.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Sainte-Anne, je ne crois pas vous avoir accordé la parole; on va laisser
le ministre du Revenu terminer son intervention.
M. Fréchette: M. le Président, le deuxième
argument qu'on pourrait soulever face au point de règlement
soulevé par le député de Sainte-Anne, c'est que par
interprétation de l'article 144 il me semble bien qu'il faille un
rapporteur. Par interprétation, il me paraît tout à fait
évident que nous devons nous désigner un rapporteur.
M. Rivest: Sur la question...
Le Président (M. Rochefort): Un moment, je ne vous ai pas
reconnu encore.
J'avais l'intention d'intervenir dès ce moment-ci.
M. Rivest: Prenez votre temps, M. le Président.
M. Rochefort: Alors, oui, on n'est pas pressé:
Écoutez, d'une part, en fonction de l'article 144 qui prévoit
l'existence d'un rapporteur et de l'article 161 qui se lit comme suit: 1.
"Dès qu'une commission élue a terminé l'examen de
l'affaire qui lui a été référée, elle doit,
par l'entremise d'un rapporteur qu'elle a désigné parmi ses
membres, déposer à l'Assemblée un rapport suffisamment
détaillé et contenant les amendements adoptés"; d'autre
part, en fonction des usages coutumiers de cette Assemblée et du
fonctionnement de ces commissions, je crois que nous devons désigner un
rapporteur tel que nous le faisons au début de chaque première
séance d'une commission parlementaire qui a reçu un mandat de
l'Assemblée. Alors, je reviens à la motion du
député de Matapédia qui proposait le député
de Rivière-du-Loup comme rapporteur de la commission. C'est sur cette
question que j'aimerais entendre les membres de la commission.
M. Rivest: Rivière-du-Loup qui est proposé?
M. Blank: Oui mais, moi là...
Le Président (M. Rochefort): Vous intervenez sur la
proposition du rapporteur, M. le député de Saint-Louis? Je vous
entends.
M. Blank: Comme on a devant nous aujourd'hui un bill qui a pour
but d'augmenter le prix de l'essence, d'augmenter le prix de la bière et
d'augmenter l'impôt des particuliers, c'est un bill très
sérieux. Le rapporteur, quand il fera son rapport, doit être une
personne complètement impartiale, n'ayant aucun intérêt
dans le contenu de ce bill. C'est une affaire sérieuse d'avoir un
rapport à donner à la Chambre. On peut avoir un
préjugé pour un côté ou pour l'autre, je ne sais
pas. Cela va être difficile pour les gens de la Chambre, lorsque viendra
la considération du rapport, de savoir vraiment qu'il fait un rapport
absolument impartial - il faudrait utiliser le mot honnête - exact de ce
qui s'est passé ici, parce qu'on aura de très grandes discussions
sur chacun des points. Il n'est pas normal d'augmenter un gallon d'essence de
0,30 $...
M. Boucher: Comme rapporteur, si
jamais ça se produit, j'aviserai le journal des
Débats...
M. Blank: L'annexer au journal des Débats, ça c'est
intéressant et le député de Rivière-du-Loup dit que
s'il est nommé rapporteur, il va annexer le journal des
Débats.
M. Rivest: C'est une promesse électorale qu'il fait.
M. Blank: Si on fait ça, on doit le faire 122 fois. Je
pense que le débat serait très long, c'est-à-dire qu'on
aurait beaucoup de copies du journal des Débats qu'on doit attacher et
cela va coûter assez d'argent au gouvernement pour faire cela. Et
déjà, je vois un certain conflit du côté du
député de Rivière-du-Loup avec ses propos de
dépenser l'argent gouvernemental et l'augmentation de taxes des
particuliers.
Avant de me faire une opinion sur les qualifications du
député de Rivière-du-Loup, je le connais comme gentilhomme
ici en Chambre depuis sa première élection en 1976, mais
franchement, je ne suis pas tellement au courant, comme on peut dire dans la
langue de Shakespeare, de son "background". Je ne sais pas s'il prend de la
bière ou s'il est comme le ministre des Finances, et qu'il prend du
scotch. Une chance que le scotch n'est pas touché par cette loi, c'est
seulement la bière, le Champagne des pauvres, qui est touchée par
cette loi-ci. Je ne sais pas si le député de
Rivière-du-Loup tombe dans cette catégorie qui aime le champagne
des pauvres, s'il prend de la bière de temps en temps ou non. Je ne sais
même pas quelle est sa profession, je n'ai pas eu la chance de regarder
dans...
M. Rivest: C'est un professeur, c'est un député
péquiste.
M. Blank: Votre profession, c'est une... M. Boucher:
Administrateur.
M. Blank: Administrateur. Si c'est un administrateur, là,
on a des problèmes. Le gouvernement a besoin de cet argent, parce qu'il
ne sait pas administrer. Ici, on a un administrateur qui veut faire un rapport
d'une commission parlementaire pour des gens qui ne savent pas administrer. Je
ne sais pas, est-ce qu'il est prêt à donner des instructions
à ces gens-là, à savoir comment administrer la province?
Comment ne pas gaspiller l'argent? Comment cesser d'augmenter les taxes et les
impôts des particuliers?
On a vu, dans le Journal de Montréal ou le Journal de
Québec aujourd'hui, l'augmentation des taxes par ce gouvernement depuis
1977. Je pense que c'était dans le Journal de Québec. Ce ne sont
toujours pas les libéraux qui ont fait cela en 1977. Quand j'ai vu les
chiffres, c'est presque chacun 100%, 158%, 92%, partout des taxes directes et
des taxes cachées. Dans ce bill-ci, on a trois taxes cachées. La
taxe sur le carburant est cachée. Quand on reçoit notre facture,
ce n'est pas marqué tel montant pour l'essence et tel montant pour la
taxe provinciale et la taxe fédérale. En effet, la taxe
provinciale, c'est plus que la valeur de la taxe fédérale et le
coût de la gazoline elle-même. Dans la bière, c'est la
même chose, quand on achète une caisse de bière, le montant
de taxe n'est pas mentionné, c'est une taxe cachée.
Quand on vient aux 2% d'impôt, c'est pire, parce que M. Parizeau a
fait sa déclaration budgétaire au mois de mars l'année
passée, juste avant l'élection. Il donnait un cadeau à
tout le monde, un rabais de 2% sur la taxe. On a passé un bill au mois
de juin, parce qu'il voulait remplir ses promesses électorales et
voilà que six mois après on vient le reprendre. Les gens ne le
savent pas, et ceci est le but de notre affaire ici aujourd'hui. On veut qu'au
moins la population soit au courant de ce qui se passe ici. Elle ne le sait
pas. C'est dommage que nos débats durant le mois de décembre
aient fait moins la manchette que nécessaire, parce qu'il y avait
d'autres choses qui se passaient. J'espère que cette fois-ci la
population se réveillera un peu lorsqu'elle va entendre ce qui se passe
ici et ce que le gouvernement fait avec ses gains. Il n'en laisse pas beaucoup
aux gens pour dépenser quand il "collecte" l'argent comme il le fait
avec ce bill-ci. (15 h 45)
C'est un bill terrible, inflationnaire, régressif, antisocial,
c'est terrible. Antisocial, car j'ai mentionné qu'on touche les petits.
C'est un bill où on touche les petits plus que les gros. Les petits qui
doivent voyager à leur travail avec une voiture, c'est eux qui doivent
payer les 0,30 $ de plus, c'est eux qui ne peuvent pas payer 0,30 $ le gallon
de plus. Les gens un peu plus riches qui habitent dans les gros appartements
près de leur travail, ils y vont à pied, ils n'ont pas de
problèmes. Mais les gens qui achètent des bungalows, pas dans la
ville de Montréal, mais dans la banlieue de Montréal, parce que
cela coûte moins cher, ils doivent voyager à leur travail, parce
qu'ils habitent dans la banlieue. Ces gens-là sont touchés par
cette taxe. Ces gens-là sont touchés par ces taxes. Ces gens qui
prennent un billet sont touchés par ces taxes. Tout le monde est
touché par le 2%.
Je ne sais pas si le député de Rivière-du-Loup
peut, en toute conscience, comme représentant d'une circonscription
où il y a une ville moyenne comme Rivière-du-Loup -
que j'ai trouvée très belle, j'ai eu la chance de la
visiter une fois avec le député de Jean-Talon lors d'un caucus
spécial en 1972 ou 1973. Il y avait les Jeux du Québec, à
Rivière-du-Loup. Juste en face de chez vous, il y avait un grand
restaurant, l'hôtel Saint-Louis, je crois.
M. Boucher: Excellent restaurant. Vous avez une bonne
mémoire.
M. Blank: On a trouvé la ville très
intéressante mais je suis certain que ces gens et ceux des banlieues et
du secteur agricole de votre comté ne sont pas tellement heureux de ce
bill. On a fait des pressions sur vous et on vous a posé des questions
durant l'intersession, entre Noël et aujourd'hui. Je me demande s'il n'y a
pas un conflit d'intérêts dans cette affaire. Est-ce que vous
êtes propriétaire d'une voiture?
M. Boucher: Oui.
M. Blank: Je ne sais pas si on peut interroger le
député de Rivière-du-Loup. Il a un conflit
d'intérêts.
Une voix: Propane.
M. Boucher: C'est une voiture que j'ai gagnée dans une
exposition agricole.
M. Rivest: M. le Président. Question de règlement.
Je m'excuse auprès de mon collègue de Saint-Louis mais plus on
avance dans ce débat... Je me demande si c'est régulier, mais on
nous propose des rapporteurs qu'on connaît assez peu. Auparavant, avant
de prendre une décision, on devrait avoir le droit de les interroger
pour voir exactement à qui on a affaire; aux États-Unis, avant de
faire une nomination importante, on essaie de voir à qui on a affaire.
Comme cela, on pourrait peut-être accélérer les travaux de
la commission.
M. Boucher: L'inquisition du "grand jury".
Le Président (M. Rochefort): En vertu de quel article
croyez-vous que nous serions en mesure de la faire?
M. Rivest: Non, non. De consentement, M. le Président. Je
sais que ce n'est pas permis d'après le règlement.
M. Ouellette: En ce qui me concerne, je n'accepterais pas, M. le
Président, parce que les libéraux ont coutume de condamner avant
d'interroger. Je ne prends pas de chance.
Le Président (M. Rochefort): Donc, il n'y a pas de
consentement.
Je demanderais au député de Saint-Louis de poursuivre son
intervention.
M. Blank: Le député de Rivière-du-Loup a
profité d'une voiture qu'il a gagnée dans un concours agricole
mais je suis certain qu'il ne gagne pas un prix agricole chaque semaine pour
payer l'essence dans sa voiture. Il paie cela de sa propre poche. Maintenant,
il est pris avec 30 cents le gallon de plus. Rivière-du-Loup n'est pas
trop loin du Nouveau-Brunswick, peut-être que cela le paie guelquefois de
traverser la frontière et d'acheter l'essence au Nouveau-Brunswick,
où cela coûte moins cher.
M. Boucher: C'est réglé.
M. Blank: Oui, c'est réglé pour l'Outaouais, mais
pas pour chez vous aussi?
M. Boucher: Oui, monsieur.
M. Blank: Voilà! Ils ont fait cela pour
Rivière-du-Loup aussi.
M. Boucher: Pour les municipalités frontalières
près du Nouveau-Brunswick dans le même rayon que dans Hull.
M. Blank: Cela veut dire que maintenant les gens qui sont cinq
kilomètres plus loin sont plus "fourrés" que les gens qui sont
plus proches.
M. Ouellette: Les gens du Nouveau-Brunswick qui viennent au
Québec.
M. Blank: Le député de Rivière-du-Loup a
dû avoir des pressions de ses électeurs dans ce coin-là
avant que ça se soit passé. A-t-il été élu
par ses électeurs avec cette augmentation?
M. Boucher: II n'y au eu aucune pression.
M. Blank: Aucune pression. Je trouve ça très
drôle et ça c'est une autre raison pour laquelle je trouve que le
député de Rivière-du-Loup n'a peut-être pas les
qualifications. Il me dit que les gens dans son comté sont comme des
autruches et mettent leurs têtes dans le sable, ils ne sont pas au
courant de cela, je ne sais pas. Je suis certain qu'on a discuté de
cette affaire dans votre comté, que les gens se sont plaints et que
maintenant ils doivent payer plus de taxes. Cela voudrait dire que dans les
comtés péquistes il n'y a aucune plainte contre les augmentations
de l'essence, l'augmentation de la bière, l'augmentation des taxes?
M. Boucher: Moi, personnellement je...
M. Blank: Je trouve cela très drôle, très
intrigant. Est-ce qu'on a - comment cela s'appelle? - lavé le cerveau
des électeurs des comtés péquistes tellement qu'ils
acceptent tout? Mais, dans ce contexte-ci, à cette commission, on n'a
pas été tellement lavé encore, on n'accepte pas tout. On
va discuter et on va savoir si vraiment le député de
Rivière-du-Loup est qualifié; dans mon esprit je suis certain
qu'il est capable d'être rapporteur de n'importe quelle commission autre
que celle-ci. Je ne dis pas non, encore, je veux seulement savoir l'opinion des
gens des deux côtés de la table; l'opinion des gens sur les
capacités ou les qualifications du député de
Rivière-du-Loup de faire ce rapport. Il dit qu'il a une voiture, et
qu'à chaque fois qu'il se rend à une station pour acheter de
l'essence il paie un peu plus qu'il a payé au mois de novembre, et je
suis certain que cela peut affecter son rapport. Lorsqu'on fait un rapport
à la Chambre cela doit refléter exactement ce qui s'est
passé sans aucune nuance, sans aucun changement de pensée des
intervenants; j'ai peur que, lorsqu'une personne est directement
affectée par une loi que l'on discute ici, c'est possible, sans vouloir
le faire, d'avoir des nuances dans son rapport et que ce qui arriverait en
Chambre pour considération par la centaine de députés ne
serait pas exactement ce qui s'est passé ici. Je ne parle pas seulement
de la question de l'essence où il y a conflit. Comme je l'ai dit, je ne
pense pas que le député de Rivière-du-Loup soit tellement
un buveur de scotch, il aime une bière froide, une bière
légère de temps en temps. C'est là qu'il est
affecté directement par la taxe. Comment peut-il faire un rapport sans
nuance, en sachant que si ce projet de loi est adopté, toute la taxe
qu'il a déjà payée jusqu'à maintenant, toute la
taxe qu'il va payer à l'avenir sera à cause de son rapport.
Comment peut-il le faire en toute impartialité quand
lui-même est affecté directement par ce projet de loi? Maintenant,
les 2% du salaire d'un député, c'est un montant
considérable; on ne parle pas de 5 $ ou de 10 $, on parle de près
de 100 $, et 100 $ c'est 100 $. Le député de
Rivière-du-Loup, à cause d'un rapport présenté en
Chambre - parce que la Chambre va peut-être l'accepter, je ne sais pas -
paierait environ 100 $ de plus pour la taxe. Je ne sais pas s'il a d'autres
revenus. S'il vit seulement de son salaire de député -c'est assez
difficile de vivre de ce salaire -maintenant qu'on prend un autre 100 $ de ce
salaire, cela va être plus difficile. Je ne sais pas comment le
député peut faire franchement son rapport avec
impartialité, donner à la Chambre une chance de voir les deux
côtés de la médaille quand il est affecté
négativement par ce bill. Il doit être comme un administrateur
qui, quand il doit analyser quelque chose, regarde le bon et le mauvais
côté de cette chose. Ici, où peut-on montrer le bon
côté dans cette affaire? C'est négatif en entier. C'est
négatif parce qu'on impose des taxes. Le député de
Rivière-du-Loup doit payer. Nonobstant l'imposition de ces taxes et
l'augmentation du fardeau des électeurs du député de
Rivière-du-Loup, il y a des coupures budgétaires qui affecteront
son comté. Il y a moins de lits d'hôpitaux pour les
assistés sociaux dans son comté que tout bon administrateur comme
lui n'accepterait jamais. Comment peut-il être le rapporteur d'un projet
de loi semblable quand, à sa face même, il y a des conflits
d'intérêts? J'ai peur de voir le rapport qu'il peut faire à
la Chambre. La Chambre, pour juger cette affaire, a besoin de toutes les
données de ce qui s'est passé exactement ici, sans nuance. Je ne
sais pas comment le député de Rivière-du-Loup,
affecté si négativement par ce bill, paierait des centaines de
dollars de plus pour l'essence, comment il paierait des dizaines de dollars de
plus pour la bière - je ne sais pas s'il boit beaucoup ou non...
M. Rivest: Raisonnablement.
M. Blank: Raisonnablement. ... comment il paierait au moins 100 S
de plus pour ses taxes. Voilà, il serait affecté pour presque
1000 $ par année par ce bill; 1000 $, c'est beaucoup. Ce
député a un salaire de 33 000 $ et il paie la taxe. Sur ce qu'il
reste de ce montant, on prendra encore 1000 $. Il n'en reste pas beaucoup.
Comment le député de Rivière-du-Loup peut-il faire son
rapport sans penser à cela?
M. Rivest: A-t-il de la mémoire? M. Boucher: Ma
femme travaille.
M. Blank: Voilà, c'est pire, il dit que sa femme
travaille. C'est pire. Sa femme travaille, sa femme prend sa voiture pour aller
travailler et paie l'essence. Quand le député de
Rivière-du-Loup prend une bière, je suis certain qu'il en offre
une à sa femme. Peut-être qu'il fait ce qu'on appelle en anglais
le "Dutch treat", elle paie parfois aussi. Sur l'impôt de sa femme, il y
a deux personnes de plus. Maintenant, c'est pire qu'avant, on a un double
conflit d'intérêts. Deux personnes dans la famille du
député de Rivière-du-Loup seront affectées
négativement par ce bill. Comment le député peut-il
franchement rédiger un rapport qu'il donnera à la Chambre qui
doit l'étudier aussi? Les gens en Chambre doivent étudier ce bill
sans partialité. Je sais que le...
M. Fréchette: C'est l'heure de vous rapporter à
votre femme.
M. Blank: Oui, c'est vrai.
Une voix: C'est presque l'heure.
Une voix: Est-ce que cela fait vingt minutes?
M. Blank: Non, pas encore. Il me reste encore trois minutes,
n'est-ce pas?
Le Président (M. Rochefort): Trois minutes,
exactement.
M. Blank: Trois minutes, faites un rapport. Au moins, j'ai de
l'expérience comme rapporteur dans ce domaine. Cela fait 22 ans que je
fais rapport. De par mon expérience dans ce domaine, je suis bien
qualifié pour être rapporteur. Si quelqu'un suggère que je
sois rapporteur, peut-être que je penserai d'accepter la position. Je ne
sais pas si le député de Rivière-du-Loup a
déjà agi comme rapporteur en Chambre. Vous souvenez-vous combien
de fois?
M. Boucher: Je n'ai jamais compté. M. Blank: II n'a
jamais compté. M. Rivest: II n'est pas
intéressé.
M. Blank: Voilà, il n'a jamais compté. C'est un
gars qui n'est pas intéressé.
M. Rivest: II prend cela comme cela, ce n'est pas
sérieux.
M. Boucher: Je n'ai jamais compté le nombre de fois.
Une voix: C'est objectif.
M. Blank: Ce n'est pas objectif du tout. Je savais que le travail
de rapporteur est sérieux, très sérieux.
Une voix: Impartial.
M. Blank: Impartial. On doit faire un travail extraordinaire. Il
dit aujourd'hui qu'il a déjà été rapporteur, mais
il ne se souvient pas combien de fois. Je n'ai jamais vu cela. J'ai toujours
été président de commission. Je dois dire que, comme
président de commission, j'ai eu l'expérience de voir ce qui s'y
passe.
M. Maciocia: Aussi vice-président de l'Assemblée
nationale.
M. Blank: Oui, c'est ça, durant cette
période-là et durant plusieurs années. Quand le
député de Sherbrooke, le ministre, parle des usages et coutumes,
durant mes dix ou douze premières années, ici en Chambre, on
n'avait pas de rapporteur de commission.
Cela marchait d'une façon différente. C'est seulement
depuis le nouveau règlement de 1973 qu'on a des rapporteurs. C'est
difficile de trouver des précédents dans les usages et les
coutumes, basés sur moins de sept ou huit ans dans cette affaire-ci,
parce que c'est du droit nouveau qu'on fait ici, c'est le code Lavoie.
M. Rivest: L'ancien député de...
M. Boucher: Ils pouvaient être présidents et
rapporteurs aussi, puisque les présidents de commission font partie des
commissions.
M. Blank: Peut-être, mais franchement, les gens ont
pensé que je mettais un conflit d'intérêts dans cette
affaire-là, sans nommer personne. C'est malheureux de ne pas
nommer...
M. Ouellette: Le député de
Rivière-du-Loup...
Une voix: Un bon rapporteur.
M. Ouellette: ... est président de commission,
également.
M. Blank: Président de commission aussi? Voilà,
mais...
M. Boucher: Vous ne seriez pas un bon rapporteur? (16 heures)
M. Blank: Qui, moi? Je ne suis pas certain que je ferais un bon
rapporteur. Si je me souviens, quand on discutait la question à savoir
si je voulais être rapporteur, à la dernière session, la
dernière partie de cette session-là, j'ai refusé. Je me
suis retiré de la nomination parce que j'avais un intérêt,
j'étais contre le projet de loi, j'étais contre ce qui
était dedans. Je suis certain que le député de
Rivière-du-Loup, même s'il votait pour, dans son coeur, il est
contre ce projet-là. S'il est un bon administrateur, dans sa tête,
il est contre ce projet de loi aussi. S'il est un bon député pour
son comté, pour le petit peuple de son comté, il est contre le
projet aussi. Comment, avec tous ces "contre", peut-il rédiger un
rapport? Je me pose la question. Mais, je ne dis pas, à ce moment-ci,
que je voterai contre. Je vais le prendre en considération et je vais me
demander s'il est capable ou s'il a les qualités de rapporteur de cette
commission.
Une voix: Vous n'êtes pas contre?
Une voix: À Whitehorse...
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Saint-Louis. La parole est au député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, d'abord, je voudrais vous
remercier d'avoir attiré notre attention sur l'existence de l'article
161, parce que cet article-là nous renseigne beaucoup sur la fonction du
rapporteur et même sa candidature. L'article 161 se lit comme suit:
"Dès qu'une commission élue a terminé l'examen de
l'affaire qui lui a été référée, elle doit -
donc c'est très important, les mots "elle doit", il y a une obligation;
on ne peut pas dire "elle peut", on dit ici clairement, le législateur
nous indique qu'elle est obligée, "elle doit" - par l'entremise d'un
rapporteur - donc, ça c'est la fonction du rapporteur - qu'elle a
désigné parmi ses membres, déposer un rapport suffisamment
détaillé..."
Maintenant, au cas où, encore, un doute existe, est-ce qu'on peut
procéder sans rapporteur? Je vous réfère à
l'article 162a, paragraphe d). C'est intéressant parce que là, on
parle d'une commission élue qui est saisie d'une question avec
débat. On dit clairement, au paragraphe d) - encore, on voit la sagesse
du législateur, le législateur a prévu tout ça "La
commission ne désigne pas de rapporteur et il n'y a pas de rapport de
l'Assemblée". En d'autres termes, s'il y a un débat vendredi, il
n'y a pas de rapporteur, mais dans le cours ordinaire des affaires de la
commission parlementaire, il faut une fonction de rapporteur. Donc, je pense
que j'ai fait la démonstration qu'on doit procéder à la
nomination d'un rapporteur. On ne peut pas dire: Peut-être que c'est
mieux, pour régler nos problèmes, de procéder tout de
suite à l'étude du projet de loi, mais on est obligé de
passer par la nomination d'un rapporteur.
Maintenant, autre affaire intéressante, M. le Président,
le même article 161 dit: "... un rapporteur qu'elle - c'est la commission
-a désigné parmi ses membres." Donc, voici encore l'esprit
d'objectivité du législateur. Il dit "parmi ses membres". Tous
les membres de la commission sont autour de la table. Il y a des intervenants,
comme moi, par exemple, qui peuvent donner des conseils à ceux qui sont
membres de la commission qui sont autour de la table.
Une voix: On est égaux.
M. Polak: Et il y a des intervenants, comme moi par exemple, qui
peuvent donner des conseils à ceux qui sont membres parce que,
malheureusement, je n'ai pas encore le droit de vote.
M. Rivest: Non!
M. Polak: J'espère qu'avec le temps je vais faire un peu
de progrès et que je vais pouvoir devenir membre. Pour le moment, je
suis très content d'être intervenant ici. Parmi les membres, on
désigne un rapporteur. Le règlement ne stipule pas du tout que ce
doit être quelqu'un du parti gouvernemental. D'ailleurs, je vous
réfère maintenant à l'article 138, pour la composition des
commissions. Là, le législateur a agi d'une manière tout
à fait différente parce qu'il dit: Quand on nomme les membres
d'une commission, il faut tenir compte, autant que possible - c'est
carrément à l'article 138 - "de l'importance numérique des
partis reconnus". Donc, c'est bien clair, on a une commission permanente;
ensuite, au point de vue de la nomination des membres, évidemment, il y
a plus de membres du parti gouvernemental que de l'Opposition parce que
l'article 138 le stipule.
Maintenant, l'article 161 ne parle pas du tout de ça. Il dit
qu'il faut choisir "parmi ses membres". Donc, du moment que l'équipe des
membres est formée, parmi ces membres-là, il faut choisir un
rapporteur. Je tire comme conclusion de ces articles-là, 161, 162a,
paragraphe d), ainsi que 138, que le législateur a vraiment
souligné ici le principe de l'objectivité. Comment être
plus objectif, évidemment, que de prendre comme rapporteur quelqu'un qui
est justement député du parti de l'Opposition? On sait
très bien que le projet de loi qui nous est présenté par
le ministre émane du gouvernement; que ce soit le ministre du Revenu ou
le ministre des Finances, à tout événement, cela
émane du gouvernement.
Donc, pour la fonction de rapporteur, l'article 161 vraiment nous impose
l'obligation d'être objectifs, de choisir quelqu'un "parmi ses membres".
Je pense que là est incluse la grande clé de la sagesse du
législateur de dire vraiment - sans le dire expressément,
l'intention du législateur est claire - Vous devrez nommer quelqu'un de
l'Opposition. C'est clair. Il est vrai que ce n'est pas stipulé
carrément dans le texte de l'article 161, mais, en faisant l'analyse des
articles 161, 138, 162a paragraphe d), on peut facilement arriver à
cette conclusion-là.
Ce n'est pas que j'aie personnellement quelque chose contre le
député de Rivière-du-Loup; nous sommes tous
députés, nous sommes tous supposés avoir une certaine
connaissance de l'objectivité. D'ailleurs, et je tire cette conclusion
de textes de notre règlement que j'ai cités, le
législateur a clairement eu l'intention que ce soit quelqu'un qui
représente les députés de l'Opposition justement pour
être plus objectif quand le rapport sera préparé.
Maintenant, si pour une raison ou pour une autre, ceci n'était
pas acceptable aux députés du gouvernement, il faut se poser la
question: Est-ce que le député de Rivière-du-Loup est
l'homme le plus qualifié des députés du parti
gouvernemental pour remplir cette fonction? Là, évidemment, c'est
le grand problème. Le député de Saint-Louis
nous a référés au fait: est-ce que le
député de Rivière-du-Loup a une automobile? Je pourrais
lui poser la question: Quelle sorte d'automobile? Est-ce que c'est une grosse
automobile qui prend beaucoup de gazoline ou si c'est une petite automobile,
selon le conseil de M. Parizeau d'acheter maintenant de plus petites
automobiles? Est-ce qu'il prend de la bière ou s'il prend du scotch?
C'est un peu embêtant pour moi de poser des questions, mais je me demande
sérieusement si on ne devrait pas avoir un curriculum vitae pour ne pas
procéder ainsi. D'ailleurs, le député de Jean-Talon avait
suggéré de peut-être interroger tous ces
candidats-là. Je n'aurais rien contre cette procédure-là
parce que, évidemment, en interrogeant la personne, on peut trouver
beaucoup plus de détails qu'en recevant un curriculum vitae. Le
curriculum vitae qu'on a eu sur le plan politique, ça n'en dit pas
beaucoup. Cela dit l'âge de la personne, il est père de famille,
il a des enfants, un peu l'enseignement, mais pas l'âge. Donc,
évidemment, dans ce cas-là, je suggère d'avoir un
curriculum vitae qui tienne compte du projet de loi dont on parle. Par exemple,
le plus de détails sur son opinion dans le passé sur
l'augmentation, par exemple, de l'essence, de la bière. On parle
même dans la loi de la vente de vitamines, tisanes, substances
végétales servant à les préparer, denrées
alimentaires et cidre, c'est pas mal en détail. Donc, ce
député-là peut avoir des préjugés; pas juste
la bière, le scotch et l'essence, il y a beaucoup d'autres choses qui
entrent en jeu. On devrait vraiment avoir un curriculum vitae de tous ces
candidats.
Peut-être, M. le Président, on devrait honnêtement
demander à tous ceux autour de la table qui sont membres, qui sont
théoriquement qualifiés pour devenir rapporteur! Messieurs,
est-ce que vous serez prêts pour votre mise en candidature? Pas pour vous
soumettre à un examen serré, mais nous fournir un curriculum
vitae, et on pourrait suspendre les travaux. Tous les candidats sérieux
pourraient préparer, à leur bureau, un curriculum vitae, en se
basant sur le projet de loi no 39 et les sujets à discuter, pour qu'on
puisse vraiment juger. Est-ce que, par exemple, le député de
Rivière-du-Loup est mieux qualifié qu'un autre
député du parti ministériel? J'y reviens encore, si
maintenant j'avais à choisir; je sais, par exemple, que le
député de Saint-Louis a déclaré qu'il serait
intéressé à devenir rapporteur lui-même. C'est un
peu bizarre sa manière de procéder, qu'il pose sa propre
candidature. Pour l'honnêté et l'objectivité de l'affaire,
pour appuyer ces candidatures, qu'on obtienne un curriculum vitae de ces deux
candidats, vraiment en détail. Ensuite il y aurait peut-être une
courte période de questions aux candidats, pour justement
vérifier ce qui est déclaré dans le curriculum vitae.
Il faut aller plus loin que cela, il faut même demander: Est-ce
qu'il y en a parmi les membres qui sont intéressés à
devenir rapporteur? Vous savez, vous voyez, par exemple, le
député de Jean-Talon; c'est un homme très modeste et
peut-être qu'il voudrait vraiment devenir rapporteur et il n'ose pas le
dire. Dans un cas comme cela, je pense qu'il faut dire: Travaillons en
équipe, travaillons ensemble, oublions la politique partisane, soyons
honnêtes. Nous avons vraiment une commission, quant à moi,
composée de personnes très qualifiées. Ceux qui sont
intéressés, soyez honnêtes, déposez votre nom, pas
dans le chapeau avec un morceau de papier, mais sur la table. Par exemple, le
député de Jean-Talon, est-ce que vous seriez prêt à
devenir rapporteur? Cela n'a pas encore été mentionné. Il
y a d'autres députés de l'Opposition ou du parti
ministériel; ils prépareraient un curriculum vitae en
détail concernant ce projet de loi. On pourrait voir s'ils ont des
préjugés; est-ce qu'ils ont quelque chose contre l'automobile,
est-ce qu'ils ont quelque chose contre la bière, quel est leur opinion
sur la vente de vitamines, les tisanes et de substances végétales
servant à les préparer, de denrées alimentaires et de
cidre, à l'exception des ventes de friandises ainsi que des ventes de
bière sauf celles faites dans une taverne, d'alcool, de vin, de
spiritueux et d'eaux gazéifiées? Ce sont des problèmes
tout de même...
M. Rivest: II y a les vitamines également qui sont
taxées...
M. Polak: Excusez-moi, M. le Président, je ne voudrais pas
être interrompu par le député de Jean-Talon.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie de le
rappeler à l'ordre pour moi.
M. Polak: Je n'ai pas encore terminé. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Vous avez terminé?
Pardon!
M. Polak: M. le Président, vous avez peut-être de la
difficulté à me suivre, parce qu'il me semble que vous lisez un
tout autre document, mais évidemment c'est votre droit. Je voudrais que
vous ne perdiez pas ma ligne de pensée, parce que j'arriverai tout de
même à une conclusion assez impartiale. D'ailleurs, quand
j'étais membre de la commission sur le projet de loi concernant
Hydro-Québec, on a travaillé un peu dans le même esprit de
coopération pour essayer de trouver des amendements acceptables pour les
deux partis.
Malheureusement, cela marchait très bien, mais après un
jour ou deux, on a eu de grands problèmes, c'est devenu vraiment un
débat plutôt partisan. C'est malheureux.
On pourrait peut-être commencer cette commission sur une note
positive en disant: Voici, on va nommer quelqu'un, un membre parmi ceux qui
sont autour de la table, comme rapporteur, un homme impartial, on ne peut
jamais dire sans préjugé, parce que tout le monde a des
préjugés, c'est bien connu. Même vous, M. le
Président, vous êtes un homme qui a été choisi parce
que vous êtes objectif, je le crois et je l'accepte et je l'ai vu
déjà, par vos décisions, que vous êtes très
objectif; mais vous avez des préjugés aussi. On le sait.
Moi-même, j'en ai. Ce n'est pas une question d'avoir des
préjugés contre une personne ou contre un parti politique. Je
parle de l'essence et de la bière. Parmi les députés, le
député de Saint-Louis a quelque chose contre la cigarette, contre
le fait de fumer. Je respecte son opinion, mais c'est un préjugé.
Cela pourrait affecter notre décision comme candidat sérieux.
Le député de Jean-Talon, parmi ceux que j'ai
rencontrés, a le moins de préjugés. Personnellement, je ne
pourrais pas trouver un seul préjugé chez lui, je ne pense pas.
C'est pour cela qu'il ferait un candidat excellent. Il faut bouger un peu et le
forcer à soumettre sa candidature, parce que c'est un homme assez
modeste, un peu timide. Il faut être assez franc pour dire: M. le
député de Jean-Talon, pourquoi pas vous? Ce serait
peut-être une nomination tout à fait étonnante. Je ne veux
pas insulter le député de Rivière-du-Loup du tout.
Comme j'ai dit tout à l'heure, en lisant les différents
textes de notre règlement, je crois vraiment que le législateur,
dans sa sagesse, avait l'intention que le rapporteur soit quelqu'un du parti de
l'Opposition. Il n'y a pas de doute. J'en ai fait la démonstration. Cela
élimine le député de Rivière-du-Loup, par le fait
même. J'espère que les députés ministériels
auront le courage, même pas le courage, mais l'impartialité de
dire: Voici, on va travailler en équipe. Nous sommes tous membres de
cette merveilleuse institution qui s'appelle l'Assemblée nationale du
Québec, en toute objectivité et en esprit d'accord et
d'équipe travaillons ensemble. D'abord, on va commencer à faire
quelque chose en dehors de la petite politique partisane et nommer quelqu'un de
l'Opposition, soit le député de Saint-Louis ou le
député de Jean-Talon.
Evidemment, je suis assez réaliste, sur le plan politique, pour
réaliser, si on était appelé à voter
là-dessus, ceux qui sont membres, qu'on retombe toujours dans les
vieilles habitudes de la politique partisane de voter contre cette idée.
Alors là, on retombe sur un député ministériel.
Pourquoi est-ce qu'on a seulement la candidature du député de
Rivière-du-Loup? Il y a d'autres députés que je vois
autour de la table qui sont très compétents et qui ont
peut-être moins de préjugés. Le député de
Beauce-Nord par exemple. Dans la Beauce, il y a une belle division: Beauce-Sud
est libéral, Beauce-Nord est péquiste. Dans la région de
la Beauce, on a vraiment 50-50 sur le plan politique. Donc, peut-être que
cet homme est plus objectif que quelqu'un comme le député de
Rivière-du-Loup qui vient d'une région qui, malheureusement,
à ce jour, est composée de députés
ministériels.
Donc, pour toutes ces raisons, je crois qu'il faut vraiment poser la
question: Est-ce qu'il y a d'autres candidats qui sont prêts à
mettre le chapeau, qui sont prêts à accepter cette importante
position de rapporteur en vertu de l'article 161? Ensuite, on décidera.
Evidemment, j'espère qu'on va suivre mon raisonnement que ça
devrait être un député de l'Opposition. Ça, c'est un
principe de base. Ayant vidé ce problème-là, on pourrait
parler des individus, mais avant d'arriver à cette solution, je crois
qu'il faut demander les noms de tous ceux qui sont intéressés,
ensuite on pourrait suspendre les travaux, demander aux députés
qui sont intéressés à devenir rapporteur d'aller à
leur bureau respectif, de préparer leur curriculum vitae en
détail, et surtout en prenant en considération le projet de loi
que l'on discutera. Ensuite, il y aurait une séance de courte
durée pour interroger ces personnes sur leur impartialité. (16 h
15)
D'ailleurs, M. le Président, j'attire votre attention sur le fait
que l'article 161 oblige le rapporteur à déposer à
l'Assemblée un rapport suffisamment détaillé. Cela est
très important parce que "suffisamment détaillé",
ça veut dire pas détaillé au point que chaque intervention
doit être rapportée ou faire partie de son rapport, mais ça
veut dire que cet homme-là doit avoir la capacité de faire une
synthèse. Chaque fois qu'une intervention est faite, il fait un
sommaire, une synthèse de ce qui a été dit, de sorte que
l'Assemblée, plus tard, recevra un rapport qui donnera vraiment
l'idée qu'on était présent aux travaux de notre commission
en lisant ce rapport-là. La synthèse, le sommaire, c'est cela que
veulent dire les mots "suffisamment détaillé".
Si on a un candidat qui n'est pas en mesure ou pas capable
d'écrire des rapports suffisamment détaillés, on aura un
problème. Il y a des députés qui aiment bien écrire
des rapports pas assez détaillés ou trop détaillés.
Mais la loi nous oblige, le règlement nous dit "suffisamment
détaillé". Donc, il faut que ce soit un homme pas vraiment des
extrêmes, un homme du centre. "Suffisamment détaillé";
donc, il faut que ce candidat passe ce test.
D'ailleurs, personnellement je dois vous dire que nous ne sommes pas
encore en campagne électorale pour la nomination de notre rapporteur,
mais quant à moi je mettrais mon argent sur le député de
Jean-Talon, et j'aimerais peut-être, M. le Président, excusez?
M. Rivest: ...
M. Polak: Non, je comprends, M. le Président, le
député de Jean-Talon vient de me remercier de ma suggestion, mais
il dit qu'il aimerait parler d'abord sur la mise en candidature. D'ailleurs,
c'est une mise en candidature officielle du député de
Rivière-du-Loup, mais je pense qu'on peut aller plus loin que cela. Il
ne faut pas dire: le député de Rivière-du-Loup on est
contre, ensuite on prendra un autre député. Pourquoi pas
accélérer le tempo de nos travaux? Ayant parlé sur le cas
du député de Rivière-du-Loup, parce que c'est
officiellement sur la table, ensuite pour... excusez-moi, M. le
Président, je vois qu'il y a peut-être un message important de la
part du...
M. Rivest: II y a combien de candidats qui veulent être
nommés rapporteurs?
Le Président (M. Rochefort): Vous pouvez poursuivre, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Rivest: Le député de Joliette ne serait pas
mauvais.
M. Polak: Maintenant, M. le Président, il y a un autre
problème. Dans mon comté, il y a tout de même une
minorité anglophone ou allophone qui m'a souvent demandé de
parler de temps en temps en anglais. Donc, je pense que je dois donner un petit
sommaire en anglais de ce que je dis pour le bénéfice de ces
électeurs-là, de façon qu'ils soient au courant de nos
travaux. Combien me reste-t-il de temps?
Le Président (M. Rochefort): II reste deux minutes.
M. Polak: C'est malheureux, il reste seulement deux minutes.
Alors, à l'avenir, quand j'aurai une autre intervention,
étant donné que je n'ai que vingt minutes, je donnerai une
quinzaine de minutes en français, et cinq minutes en anglais justement
pour parler dans les deux langues officielles du pays et afin que ce soit bien
rapporté. D'ailleurs, cela est une autre tâche de la part des
rapporteurs. Ce rapporteur-là, pour moi, doit être un homme qui
comprend au moins l'anglais suffisamment bien parce que le législateur
l'oblige à soumettre un rapport suffisamment bien
détaillé. Donc, chaque fois qu'il y a une intervention de langue
anglaise, ce rapporteur-là doit être capable de donner le
résumé de cette intervention-là en langue anglaise. C'est
un autre test de son objectivité qu'on n'a pas encore
discuté.
Maintenant, M. le Président, je crois que mon temps est presque
expiré, je ne voulais pas prendre plus que mon temps, il reste encore
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Rochefort): Une minute.
M. Polak: Seulement une minute.
Je voudrais juste terminer en disant que vous connaissez ma suggestion.
J'aimerais bien que vous relisiez les articles 161, 138, 162a - d) pour
justement voir que l'intention du législateur était clairement
à l'effet de nommer un député de l'Opposition pour
être rapporteur; il n'y a pas de doute que c'était l'intention du
législateur.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, à la suite de la
suggestion de mon collègue de Matapédia, pour la nomination du
député de Rivière-du-Loup, je me suis informé sur
les deux dimensions importantes de la motion en question. La première,
bien sûr, c'était la personne du député de
Rivière-du-Loup. Je me suis procuré son curriculum vitae.
Deuxièmement, je me suis procuré un certain nombre de
données de base sur la circonscription de Rivière-du-Loup.
M. le Président, je vais diviser mon intervention en deux points.
Premièrement, il faut se rappeler que cette loi a pour objet d'augmenter
d'une façon tout à fait déraisonnable, toute la commission
en convient, le taux de la taxe sur l'essence; il y a également le taux
de la taxe sur la bière; en troisième lieu, l'espèce de
récupération en catastrophe, selon l'expression même du
premier ministre, des exemptions de 5% qui avaient été
accordées par le ministre des Finances et qu'on réduit par ce
projet de loi à 3%. Or, je suis un peu inquiet quand je vois que l'on
propose d'une façon aussi inconsidérée la nomination d'une
personne comme le député de Rivière-du-Loup pour
être rapporteur. Le député de Rivière-du-Loup, toute
sa carrière dont j'ai les grandes lignes ici me semble avoir
été complètement orientée, avant la
présentation de ce projet de loi, dois-je dire, dans le sens contraire.
En effet, il a toujours été préoccupé - on le voit
par sa formation, d'ailleurs - par les gens qui sont les plus démunis de
notre société. Simplement à titre d'illustration, je
m'interroge sur la valeur même de la proposition si elle vient du
député de Matapédia, parce que le
député de Matapédia, en faisant cette proposition,
était lui-même en conflit d'intérêts, car je constate
que le député de Rivière-du-Loup est né à
"Sabayer" qui est dans le comté de Matapédia.
Une voix: Sayabec
M. Rivest: C'est dans le comté de Matapédia. Donc,
il s'agit là d'un "patronage", entre guillemets, plus ou moins
larvé que je voudrais tout de même dénoncer puisqu'il
s'agit d'une personne de son comté, c'est assez curieux. Par ailleurs,
on voit que le député de Rivière-du-Loup, M. Boucher,
puisqu'il faut l'appeler par son nom comme disait Camus, a reçu sa
formation au Cégep de Rivière-du-Loup en assistance sociale.
Donc, on voit tout de suite la préoccupation qui sans doute, à
l'époque, c'est-à-dire avant le budget Parizeau, était
social-démocrate, mais il l'a maintenant reniée comme l'a
démontré le congrès du Parti québécois en
fin de semaine dernière. Par la suite, le député de
Rivière-du-Loup est allé à l'Université Laval,
à la faculté de droit, pour bien s'informer probablement des
droits des consommateurs. Probablement qu'il voulait s'orienter de ce
côté. Ensuite, il commence à travailler dans une firme ici,
à Québec. Puis, c'est intéressant, en 1958, il
était fonctionnaire au ministère des Affaires sociales. Donc, on
voit là son parti pris pour aider les gens qui, dans notre
société, ont le plus besoin de l'aide de l'État. Je vois
difficilement comment il pourrait maintenant accepter ou même associer
son nom en tant que rapporteur de cette commission à la mesure
antisociale sans doute la plus grave qui ait jamais été
adoptée par un gouvernement depuis je ne sais combien de
générations. Je ne vois pas comment il pourrait... D'autant plus
qu'en 1961, quittant ses fonctions au ministère des Affaires sociales,
le député de Rivière-du-Loup devient directeur du Centre
de services sociaux de Rivière-du-Loup. Vous voyez, il y a quand
même une longue tradition chez le député de
Rivière-du-Loup qui veut éviter qu'un gouvernement, à
cause de l'inefficacité de sa gestion qu'on connaît bien, à
cause de son incompétence et de son incurie en matière de
finances publiques, ne soit obligé de frapper sur les gens qui sont les
plus vulnérables dans notre société pour essayer de se
sortir du trou.
L'expression courante "se sortir du trou", pour le gouvernement actuel,
cela s'applique d'une façon extrêmement curieuse. On se rappelera
les 500 000 000 $ qu'il a perdus au ministère de l'Éducation. Ce
montant a grossi; c'est maintenant rendu à 600 000 000 $ ou 700 000 000
$. Aux Affaires sociales, on en a trouvé. Et on voudrait, M. le
Président, y associer la personne du député de
Rivière-du-Loup qui a fait carrière dans le sens contraire.
D'autant plus que les préoccupations sociales du député de
Rivière-du-Loup méritent, je pense, un certain égard. Il
n'est pas fou, dans le fond, le député de Rivière-du-Loup,
parce qu'il a compris que l'économie était le moteur de
l'activité économique. Dans sa carrière, il s'est
intéressé à la Commission d'urbanisme de
Rivière-du-Loup; il a même été président de
cette commission d'urbanisme, de 1966 à 1968. C'était un
gouvernement de l'Union Nationale, à l'époque; le ministre actuel
le connaît bien. C'est arrivé en 1966. Je ne sais pas s'il y a une
coïncidence...
M. Fréchette: Le député de Brome-Missisquoi
aussi.
Une voix: C'est vrai.
M. Rivest: Le député n'était pas au monde en
1966.
Après cela, M. le Président, il y a eu une autre affaire;
il est devenu membre de l'office municipal d'habitation et du comité de
coordination d'action sociale. On voit toute sa carrière se dessiner.
Évidemment, cela nous éloigne un peu de la préoccupation
qu'il devrait peut-être avoir davantage, celle d'hommes qui ont eu une
expérience dans le domaine des affaires. Comme on le sait, la
députation péquiste a surtout fait carrière dans le
domaine social, dans le domaine de l'éducation, domaines par ailleurs
extrêmement nobles; mais cela, sur le plan du développement
économique, qui est la base du progrès social et du
progrès culturel, cause les problèmes que l'on connaît en
ce moment, étant donné l'inexpérience de ces gens.
M. Maciocia: Puis-je poser une question au député
de Jean-Talon?
M. Rivest: Oui, certainement.
M. Maciocia: A-t-on eu la réponse du député
de Rivière-du-Loup pour savoir s'il accepte?
M. Rivest: On ne le sait pas encore, mais on essaie de
s'interroger. On verra un peu plus tard.
M. le Président, par contre, une chose m'inquiète un peu,
je ne sais pas si le député de Rivière-du-Loup,
étant donné que c'est un député ministériel,
pourrait obtenir l'accord du premier ministre avant d'accepter. C'est
probablement pour cela qu'il hésite. Malheureusement, il y a une tache
très noire dans le curriculum vitae du député de
Rivière-du-Loup, parce qu'il a été, devons-nous l'avouer,
membre du RIN...
Une voix: Ah!
M. Rivest: ... qui, comme vous le savez, est le Rassemblement
pour l'indépendance nationale, qui croit que l'avenir constitutionnel du
Québec doit se faire dans la voie de l'indépendance, sans
association.
Une voix: Ah bon!
M. Rivest: C'est ce qui a amené, on se le rappellera, M.
le Président...
M. Maciocia: Sans trait d'union.
M. Rivest: Non, il n'y a pas d'offre d'association...
Une voix: Rien, même pas d'offre, il n'y a rien, c'est
vraiment...
M. Maciocia: Sans trait d'union.
M. Rivest: Sans trait d'union, absolument pas. Là, c'est
un peu inquiétant, parce que, si la commission parlementaire -vous voyez
le drame dans lequel on pourrait se trouver - allait nommer le
député de Rivière-du-Loup rapporteur, le premier ministre,
apprenant que le député de Rivière-du-Loup a
été nommé, pourrait nous accuser et dire que des agents
provocateurs ont voulu...
Une voix: Oui.
M. Rivest: ... désigner une personne qui veut manipuler...
Vous voyez comment c'est. Là, on pourrait se retrouver infiltré
dans la commission parlementaire.
M. Polak: À la commission.
M. Rivest: Le premier ministre pourrait faire cela et on pourrait
se retrouver devant l'hypothèse d'un référendum pour
désigner le rapporteur. Cela pourrait aller très loin.
M. Polak: Même après le rapport.
M. Rivest: Oui, même après le rapport, cela pourrait
effectivement aller très loin.
M. Ouellette: 95% de oui.
M. Rivest: Justement, M. le Président, je voudrais
compléter sur cet aspect, je trouve que ce serait très dangereux,
mais on pourrait se rallier, je pense bien. Malheureusement, les
résultats du référendum dans ce groupe causent des
problèmes à des gens. Par exemple, on m'a dit que le gouvernement
actuel - je fais un aparté, M. le Président, si vous permettez -
a reçu un télégramme de l'ayatollah Khomeiny, qui à
son référendum n'a reçu que 92,2% alors que les mollahs
péquistes ont donné 95% à l'iman Lévesque. Vous
voyez dans quelle situation la commission pourrait se retrouver. C'est
seulement un aparté, M. le Président. J'ai trouvé le
contexte pour le passer et j'aimerais que les gens s'informent pour voir si
effectivement l'iman Lévesque a vraiment mis l'ayatollah Khomeiny sur
ses gardes à un point tel qu'il a été obligé de
sortir - vous l'avez vu hier en public - pour montrer qu'il n'avait pas
abandonné.
M. le Président, je reviens, je comprends que mes propos vont
à l'encontre du règlement. De toute façon, un
congrès entier a été à l'encontre du
règlement et il a été rappelé à l'ordre par
le grand "boss", mais, de toute façon...
M. Boucher: Au mois de septembre, votre
référendum!
M. Rivest: ... je sais que le ministre connaît bien cette
procédure. À un temps, c'était plus simple au
Québec; à un temps, il y avait un premier ministre et chef de
parti qui, lorsqu'un ministre agissait comme manipulateur, lui disait:
"Toé, tais-toé." L'actuel ministre du Revenu est au courant. Il a
circulé dans ce parti.
M. le Président, je reviens, parce que l'autre dimension de la
question, c'est le comté de Rivière-du-Loup. Or, dans le
comté de Rivière-du-Loup, des gens vont prendre leur
véhicule automobile et vont circuler. C'est assez intéressant,
parce que le comté de Rivière-du-Loup... avez-vous une
idée, M. le Président, de la superficie du comté de
Rivière-du-Loup? Je sais les difficultés, lorsqu'il s'agit de
faire ou de refaire les cartes électorales du comté de
Rivière-du-Loup. Mais savez-vous que le comté de
Rivière-du-Loup a une superficie de 1815,16 kilomètres
carrés? Imaginez-vous la circulation qui existe là-dedans,
d'autant plus que la densité de la population...
M. Boucher: C'est avant la réforme électorale.
M. Rivest: ... ne s'élève qu'à 21,7
personnes par kilomètre carré.
M. Ouellette: Un point de loi, c'est-à-dire un point de
règlement. Vous vous êtes référé à la
carte que vous prépariez au cabinet de M. Bourassa, dans le temps, il y
a eu une modification depuis ce temps-là.
M. Rivest: Bien, M. le Président, je ne veux pas faire un
débat, mais ce document date de mars 1981. Je crois que l'iman...
M. Blank: C'est avant...
M. Rivest: ...nous étions sous le régime
de l'iman Lévesque, à l'époque, n'est-ce-pas?
Alors, M. le Président...
M. Boucher: C'est avant la réforme électorale.
M. Rivest: ... non, ça, c'est après la
révolution islamique de 1976, vous comprenez. Alors, c'est le
régime dans lequel on se situe maintenant...
M. Boucher: ... la réforme de la carte
électorale.
M. Rivest: ... c'est le régime dans lequel on se situe,
vous en avez vous-même... oui justement... M. le Président, je
trouve qu'après ça, il y a un autre aspect très important,
je l'ai constaté moi-même la semaine dernière, lors d'une
tournée dans la région de La Mauricie. J'y ai rencontré le
président d'une entreprise et j'attire à ce sujet l'attention du
ministre du Revenu. D'ailleurs, le président m'a autorisé
à donner le nom de la compagnie, c'est la compagnie Norton, qui est
à Trois-Rivières, au Cap-de-la-Madeleine, plus
précisément; notre excellent recherchiste, M. Larivière,
qui vient de là, la connaît très bien. Savez-vous qu'avec
votre loi, M. le ministre, une industrie de pointe, qui fabrique des meules et
qui a beaucoup de rapport avec l'industrie de l'automobile, qui a 125...
M. Boucher: ... bon, ça, M. le Président, ce n'est
pas si important.
M. Rivest: ... emplois, savez-vous qu'un des facteurs de
production, dont je veux vous parler, c'est celui des entreprises qu'il y a
dans Rivière-du-Loup? Vous allez vous en convaincre, que ce soit F.F.
Soucy, Calko Mills, la Coopérative agricole du Bas-Saint-Laurent, avec
tout ce que ça coûte de plus, avec la taxe, pour le transport,
dans la région où vous êtes. Je vais vous le dire, M. le
Président, savez-vous, votre taxe, combien elle coûte
déjà?
Une voix: C'est 0,30 $ le gallon.
M. Rivest: C'est 0,30 $ le gallon, ç'a augmenté de
20% à 40%, ça risque de faire en sorte, que dans le
région, par exemple, de la Mauricie, parce que Norton, c'est une
multinationale qui est là, qui fournit 125 emplois, le facteur
électricité et énergie, dans le coût de production
de cette entreprise, soit le tiers. Le tiers, c'est pour l'importation du coke,
qui vient des États-Unis; le tiers, c'est le facteur énergie; le
tiers, c'est la main-d'oeuvre et l'administration. Quand le gouvernement a pris
cette décision, savez-vous que la compagnie Norton, dans la Mauricie,
l'avantage concurrentiel qui lui était accordé, en raison des
tarifs que cette compagnie avait même reçus à
l'époque, de la Shawinigan Water & Power avait été
maintenu par Hydro-Québec avec la taxe. Maintenant, elle a perdu cet
avantage concurrentiel. Comme c'est une usine qui est vieille, il s'agit pour
cette multinationale de refaire, de réinvestir dans l'entreprise.
Maintenant, le site du Cap-de-la-Madeleine devient un site parmi tous les autre
sites, aux États-Unis et au Canada, parce que le Québec a perdu
son avantage concurrentiel.
M. le Président, l'on suggère le député de
Rivière-du-Loup. Par exemple, prenons F.F. Soucy, que le
député connaît bien, qui est une des entreprises de sa
région, qui fabrique du papier, à Rivière-du-Loup,
où 300 employés travaillent, enfin y travaillaient en mars 1981.
Depuis, on sait que le fait que l'iman se perpétue au pouvoir au
Québec, malheureusement, cela entraine une chute considérable de
l'emploi, comme cela se produit d'ailleurs en Iran. Peut-être n'y a-t-il
pas toujours 316 employés. La production, je voudrais bien que le
député de Rivière-du-Loup nous dise ce qu'elle est, qu'il
nous explique comment lui, pourrait ou peut approuver cette taxe, car la
production de F.F. Soucy est expédiée à l'échelle
du Québec et même du Canada. On voit souvent des camions passer
sur la route 20, qui transportent des produits qui y sont fabriqués.
Quel est le coût additionnel du geste inconsidéré du
ministre des Finances, cautionné, hélas, par notre excellent ami
le député de Sherbrooke, qui n'a probablement pas le choix? On
voit d'ailleurs son désarroi actuel. Voyez le député de
Sherbrooke...
Une voix: C'est triste!
M. Rivest:. ... quelle va être la conséquence de
cette taxe pour le développement de l'entreprise?
M. Boucher: C'est réglé, M. le
Président.
M. Rivest: C'est réglé. Donc, M. le
Président...
M. Boucher: Ils utilisent la vapeur... M. Rivest: ...pour
transporter...
M. Boucher: ... ils brûlent leurs écorces, ce n'est
pas du gaz, ce n'est pas de la gazoline, ce n'est pas du bunker...
M. Rivest: Alors, M. le Président, on vient de nous
informer que l'expédition chez F.F. Soucy se fait à la vapeur et
à l'écorce. C'est le retour au canot d'écorce.
M. Boucher: Non, je veux parler de la fabrication. Je veux parler
de la fabrication
et c'est l'entreprise la plus moderne qui existe au Québec dans
le domaine des pâtes et papiers.
M. Rivest: Alors, c'est la modernité. M. Boucher:
Ils ont prévu des ...
M. Rivest: Ne dites pas ça parce que tel que je connais le
ministre des Finances, il peut aussi taxer l'énergie qu'on
déploie avec des canots d'écorce.
M. Boucher: Ils ont prévu des compensations sur le plan de
la production par rapport au transport. Ce sont des gens prévoyants.
M. Rivest: Quel est le coût à ce moment-là?
Je voudrais que le député de Rivière-du-Loup, qui voudrait
être rapporteur d'une telle chose et qui a voté, ma foi du bon
Dieu! pour une telle affaire - il a dû voter pour ça lui - pour la
Coopérative agricole du Bas-Saint-Laurent, qui couvre un territoire
immense, nous dise combien cela a coûté de plus aux camions de la
Coopérative du Bas-Saint-Laurent pour se déplacer dans sa
région pour donner le service qu'ils sont en mesure de rendre. Et la
ville de Rivière-du Loup? Nous, les députés
libéraux, on circule et, à chaque municipalité... On est
allé dans la région de la Mauricie, dans la région du
Richelieu, dans la région de Plessisville où le maire de
Plessisville, dans la région des Bois-Francs, nous a mis chiffres sur
table sur ce que le geste inconsidéré du gouvernement lui
coûtait en coûts additionnels pour l'énergie, pour le
transport, pour ses camions de déneigement et pour tout ça.
Avez-vous calculé combien ça coûte aux
municipalités? Combien ça coûte à la
municipalité de Rivière-du-Loup actuellement? Combien ça
coûte? Je ne parle même pas de la population de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Dans vos évaluations, est-ce que vous avez
évalué les cinquante sous du gouvernement fédéral,
combien ça coûte?
M. Rivest: M. le Président, je crois que l'attitude tout
à fait islamique de nos confrères d'en face qui n'arrêtent
pas d'interrompre...
M. Ouellette: Qui cherchent une tête de Turc?
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: À moins qu'ils déclenchent une guerre
avec l'Iran, cette fois-là, ce sera Ottawa.
M. Ouellette: Est-ce que le maire a fait une projection sur les
ententes Trudeau-Leitch?
M. Marquis: Est-ce que je pourrais poser une question, vu que je
suis le proposeur du député de Rivière-du-Loup?
M. Rivest: M. le Président, j'accepte la question du
député de Matapédia.
M. Marquis: M. le Président, je voudrais savoir de vous,
et je vous demanderais de prendre les mesures nécessaires pour faire
faire les calculs, combien coûte une heure de session en commission
parlementaire avec les députés qui sont ici, avec vous M. le
Président, les employés de l'Assemblée nationale,
l'éclairage, les employés auxiliaires, les gens qui accompagnent
le ministre, etc. J'aimerais bien qu'on nous dise, dans les prochaines heures,
peut-être à l'ajournement ce soir, ce que peut coûter une
heure de commission parlementaire comme on en tient ici. Comme, avant
l'ajournement des fêtes, quand on a discuté, l'Opposition a
parlé pendant neuf heures et plus, simplement sur la nomination d'un
rapporteur, je vous demande, M. le Président, de nous apporter la
réponse là-dessus.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: M. le Président, je vais continuer mon discours
parce que je ne l'accepte pas.
Le Président (M. Rochefort): Faites donc.
M. Rivest: En faisant mon intervention, je vais vous
répondre une simple chose. Que l'argent que ça va coûter,
les contribuables vont l'économiser parce que notre action parlementaire
va, je pense, ramener à la raison le ministre des Finances qui va
arrêter de se financer et de financer ses déficits et sa mauvaise
gestion sur le dos des contribuables du Québec, sur le dos des
municipalités et sur le dos des entreprises, comme j'essaie de le
démontrer. C'est ça qui est la réalité des choses
et on va prendre tout le temps qu'il faut pour mener cette action parlementaire
jusqu'à sa limite. Que le député de Matapédia
modère ses transports, surtout au prix qu'ils vont coûter.
Je poursuis mon exposé sur le ...
Le Président (M. Rochefort): II vous reste deux
minutes.
M. Rivest: M. le Président, je voudrais que l'intervention
absolument intempestive du député de Matapédia ne soit pas
comptée sur mon temps.
M. Marquis: Ce n'était qu'une question. Je ne veux pas
vous empêcher de parler, vous pouvez parler.
M. Rivest: Vous êtes bien aimable, M. le
député.
M. Marquis: Je suis bien d'accord.
M. Rivest: Vous voyez, c'est assez iranien comme comportement.
Ils nous permettent de parler. Que vous nous le permettiez ou que vous ne le
permettiez pas, on va parler. Pourquoi l'iman ne vient-il pas lui-même en
personne ici?
M. Fréchette: II est avec le pape.
M. Rivest: Lequel? Où est-il?
M. Fréchette: Le vôtre, votre pape.
Une voix: M. Ryan.
M. Fréchette: Le pape Ryan.
M. Rivest: M. Ryan est-il un pape?
Une voix: Vous avez deux papes, vous avez le pape Hermann
aussi.
M. Rivest: C'est le premier pape allemand... Je conclus cette
intervention en vous disant carrément, pour ne rien vous cacher, que...
M. le Président est-ce qu'on se prépare à entendre des
témoins?
Le Président (M. Rochefort): Non. Alors, vous pouvez
conclure, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Je voudrais vous dire en terminant, M. le
Président, que si on entendait des témoins, j'aimerais mieux
avoir d'autres témoins que ce qui vient d'apparaître.
Néanmoins, M. le Président, je vous dis, pour ne rien vous cacher
- je ne veux pas préjuger de l'attitude de mes collègues - que
personnellement je m'opposerai jusqu'à la limite de mes forces et de mon
énergie, pour autant qu'elle ne soit pas taxée - on ne sait
jamais avec le gouvernement actuel - à ce que le député de
Rivière-du-Loup soit nommé rapporteur, parce que le
député de Rivière-du-Loup, en appuyant - avait-il le
choix? Je ne sais comment cela fonctionne dans ce parti-là -l'adoption
du projet de loi 39 en deuxième lecture, a posé un geste qui va
à l'encontre de l'intérêt de la population de
Rivière-du-Loup, qu'il s'agisse des travailleurs du comté qui
vont devoir payer cela, qu'il s'agisse des industries de la région de
Rivière-du-Loup et qu'il s'agisse des municipalités de cette
région du Québec qui avaient droit, me semble-t-il, de s'attendre
de la part du gouvernement à bien d'autre chose qu'à un geste
aussi irresponsable.
Je ne voudrais pas, M. le Président, que le député
de Rivière-du-Loup puisse, en le nommant rapporteur, parler ou
transmettre, au nom de tous les députés qui siègent au
niveau de cette commission, notre avis sur ce projet de loi. Ce serait tout
à fait inconsidéré, parce que, M. le Président, je
crois que, connaissant votre perspicacité, vous avez pu déceler
dans nos propos que nous étions contre cette disposition
législative. Je ne l'ai peut-être pas dit assez clairement, mais
je tiens, M. le Président, pour les fins du journal des Débats,
à le dire et je crois que, dans les prochaines heures, les prochains
jours, les prochaines semaines et les prochains mois, nous aurons l'occasion de
vous en donner les raisons de façon que notre attitude soit très
claire sur la manière dont on entend que désormais les finances
publiques soient administrées au Québec. Ce ne sera certainement
pas de la façon dont elles le sont par un ministre des Finances qui,
comme on le disait encore en fin de semaine dernière dans la
région de Québec, est devenu le plus grand banqueroutier de
l'histoire des finances publiques au Québec étant donné la
situation absolument catastrophique dans laquelle il a placé, de par ses
décisions, de par les décisions du gouvernement,
l'Assemblée nationale, nous forçant à adopter ou
même à étudier, ce qui constitue en soi un affront, un
projet de loi aussi déraisonnable, aussi disgracieux et aussi injuste
pour l'ensemble de la population du Québec.
Une voix: Bravo.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Beauce-Nord.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. Après avoir
entendu trois interventions fort intéressantes de l'Opposition, je me
sens disposé à en entendre une quatrième et,
j'espère, dernière. Je cède la parole à quiconque
veut bien la prendre en face.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, lorsque le
député de Matapédia a suggéré à cette
commission de choisir comme rapporteur le député de
Rivière-du-Loup, je croyais, à une première lecture rapide
de son curriculum vitae, que finalement cette commission pourrait en arriver
à une entente sur un rapporteur. En effet, l'homme qu'est Jules Boucher,
son expérience de la vie et son expérience de nos travaux
parlementaires, le qualifieraient de prime abord comme un bon rapporteur pour
un projet de loi, quel qu'il soit, qui est déposé devant cette
Assemblée
nationale. Son expérience de vie parlementaire, comme l'a
souligné à juste titre le député de Jean-Talon,
date de 1976. Donc, l'expérience est là. J'ai eu le plaisir de
siéger à certaines commissions où il occupait cette
fonction; il a agi à titre de président à de nombreuses
commissions, comme vous le faites, M. le Président, aujourd'hui. Il est
né en 1933 - donc, il a une expérience de vie et une
maturité certaine - dans le comté de Matapédia, à
Sayabec. (16 h 45)
M. Ouellette: Cela se prononce Saybec.
M. Paradis: Excusez, cela se prononce Say bec, comme il me le
fait remarquer. Il a fait des études collégiales au
collège de Saint-Hyacinthe, où il a obtenu un baccalauréat
ès arts. Il a pu, à travers ses études, se familiariser
davantage avec une autre région rurale du Québec. De 1971
à 1973, donc 3 ans avant son saut périlleux en politique, il suit
des cours en assistance sociale au cégep de Rivière-du-Loup. Cela
dénote chez cet individu une préoccupation sociale qu'il est
important de souligner, qui est tout à son honneur et qui, face à
un projet de loi comme celui qui nous est soumis, pourrait faire croire
à prime abord aux membres de l'Opposition officielle que son rapport
tiendra compte de cet aspect social face à un projet de loi aussi
antisocial et anti-humain. Par la suite, et là, il s'est
rapproché de Québec - il avait peut-être déjà
la piqûre - il a fait trois ans d'études en droit à
l'Université Laval. Ses études en droit sur la qualité -
ce n'est pas vrai?
M. Boucher: Je n'ai pas fini.
M. Paradis: Ah! vous n'avez pas fini?
M. Boucher: Cela prend quatre ans.
M. Paradis: Je n'ai pas dit que vous aviez fini. Vous aviez fait
trois ans - je ne sais pas si c'est les trois ans en première
année...
Une voix: On doublait dans ce temps-là.
M. Boucher: J'ai regretté de ne pas avoir fini.
M. Paradis: Ce début de formation en droit lui donne sans
doute les caractéristiques nécessaires pour nous préparer
un rapport concis, un rapport bien étalé et un rapport
très fidèle de ce qui se passera ici aujourd'hui.
Du côté professionnel, de 1954 à 1955, le
député de Rivière-du-Loup est aide-comptable dans une
firme à Québec. Donc, si le député de
Matapédia a besoin de chiffres, autant sur le coût de nos
procédures parlementaires actuelles, autant sur le coût social,
économique du projet de loi 39, il pourra avoir recours aux sages
conseils du député de Rivière-du-Loup, qui a sans doute
déjà effectué toutes ces études-là avant de
voter en faveur de ce projet de loi au stade de la deuxième lecture.
Après la comptabilité, de 1958 à 1961, il choisit
quelques années peut-être un peu moins actives, il devient
fonctionnaire au ministère de Affaires sociales du Québec, au
service des institutions, des années moins exigeantes en terme de temps
que sa vie parlementaire actuelle mais, quand même, cela fait encore
montre, cette activité au ministère des Affaires sociales, de son
intérêt pour la société
québécoise.
À partir de 1961, il est directeur du centre des services sociaux
de Rivière-du-Loup. Toute cette éducation, toute cette
expérience que le député de Rivière-du-Loup a
acquises sur le plan des études sur le plan professionnel, il les met
à contribution dans son environnement natal, dans son environnement
local.
En 1963, le député de Rivière-du-Loup a
également été membre de la commission d'urbanisme de
Rivière-du-Loup et président de cette commission de 1966 à
1968. Il était donc à même tantôt d'apprécier
la pertinence des propos du député de Jean-Talon relativement au
fardeau financier énorme que l'adoption du projet de loi que nous avons
devant nous aujourd'hui fait déjà supporter malheureusement
à l'ensemble de municipalités. Il a aussi été
membre de l'office municipal d'habitation, du comité de coordination
d'action sociale, de la commission industrielle de sa ville. Il était
là, au niveau de l'office municipal d'habitation, avant que M.
Jean-Marie Couture soit président, je suppose, avant que M. Luc Cyr
s'occupe des réparations majeures. Comme membre de la commission
industrielle de sa ville, il est à même d'apprécier les
effets néfastes d'un tel projet de loi pour toutes les régions
périphériques du Québec.
Finanlement, il a été membre de la corporation de
promotion industrielle pour la région, et cela lui permet d'analyser et
de comptabiliser les impacts négatifs pour les régions d'une
telle taxe sur l'essence qui nous est proposée par le projet de loi no
39 au niveau politique. Là-dessus, il pourrait peut-être, comme
rapporteur, malgré ses antécédents, jouer un rôle
neutre parce que, d'un côté, il n'est certainement pas d'accord
avec la plate-forme constitutionnelle du Parti québécois comme
ancien membre du RIN et pourrait avoir tendance à se dire que l'option
constitutionnelle de l'autre côté est plus avantageuse maintenant
qu'il doit renoncer, comme membre du Parti québécois, à
l'indépendance pure et simple du Québec.
Voilà ce qui nous apparaît en surface
chez le député de Rivière-du-Loup. On a appris,
bien succinctement, je le regrette, à le connaître à partir
de ce bref curriculum vitae. Je suis certain que tout n'y est pas. Cet homme a
fait beaucoup plus dans la vie que ce qui est écrit sur cette mince
feuille de papier. On a même appris qu'on pourrait faire confiance
à Jules Boucher, député de Rivière-du-Loup, comme
rapporteur de cette commission.
Mais tantôt, il y a eu une observation qui laisse des zones
grises, qui laisse des doutes, qui crée des doutes dans mon esprit quant
à son attitude personnelle face à ce projet de loi. C'est
lorsqu'il a déclaré devant cette commission que dans son
comté à lui, il n'avait pas entendu de récriminations de
la part de la population face à une augmentation de 100% de la taxe
provinciale sur l'essence, face à une augmentation importante de la taxe
sur la bière, ce qu'on appelle communément le champagne des
pauvres, qu'il n'a pas entendu de récriminations non plus sur les rabais
d'impôt qu'on avait promis avant les élections. Cet
élément m'inquiète. Il m'inquiète, parce que si je
juxtapose cela au fait que lui-même, sauf erreur, au moment de la
deuxième lecture, n'a fait aucune intervention en Chambre, parce qu'en
homme intelligent, il sait qu'il est écouté par les
électeurs de son comté, et s'il n'a fait aucune intervention en
Chambre au moment de la deuxième lecture, ce n'est peut-être pas
qu'il avait l'intention d'informer sa population de son comté sur les
effets d'un tel projet de loi, c'est qu'il n'avait peut-être pas
l'intention de rapporter à la population de son comté les effets
néfastes qu'il connaît d'un tel projet de loi. Or, si ce
député n'avait pas l'intention de rapporter à sa
population à lui les effets d'un tel projet de loi, comment
pouvons-nous, membres de cette commission, nous fier sur lui pour rapporter
à l'ensemble de nos autres collègues de l'Assemblée
nationale, qui n'ont malheureusement pas l'avantage d'occuper un fauteuil
autour de cette table, les délibérations qui s'y seront
produites?
S'il a été gêné au moment de la
deuxième lecture de rapporter à ses électeurs le contenu
de ce projet de loi-là, d'en discuter franchement et ouvertement,
objectivement, si possible, de quelle façon peut-on se fier au
député de Rivière-du-Loup pour que cette gêne ne
l'occupe pas lorsqu'il se lèvera à l'Assemblée nationale
et qu'il aura à dire à l'ensemble des électeurs du
Québec, à l'ensemble des parlementaires, quelles sont les
conséquences néfastes du point de vue économique et du
point de vue social de l'adoption d'un tel projet de loi? C'est une zone grise
sur laquelle j'aimerais avoir une réponse du député de
Rivière-du-Loup avant de pouvoir me prononcer comme membre de
l'Opposition de façon définitive; parce qu'il faut se rappeler
que, de l'autre côté, il y a tout ce curriculum vitae, il y a tout
ce côté social, humanitaire, formation scolaire, pratique qui
millitent en sa faveur.
M. le Président, le député de
Rivière-du-Loup représente, comme député,
peut-être une région semblable à la mienne, même si
elle est un peu plus éloignée d'un grand centre comme
Montréal. Il est conscient que l'augmentation de la taxe sur l'essence
de 0,30 $ le gallon nuit à ces régions
périphériques. Il est conscient que chacun des travailleurs de
son comté qui a à se déplacer pour aller travailler sur
une distance moyenne de cinq à dix milles aura un coût
supplémentaire à assumer chaque jour. Il est conscient que
l'assisté social, que l'accidenté du travail, que le
bénéficiaire de n'importe quel régime social au
Québec, qui est présentement en train de se chercher un emploi
dans nos régions périphériques, a besoin d'une automobile
pour se déplacer d'usine en usine. Il est conscient que ces gens n'ont
pas les moyens nécessaires et il leur met une autre barrière qui
fera en sorte que ces gens sont de plus en plus découragés de
sortir pour aller se trouver un emploi. Il est conscient que chacune de ces
municipalités rurales, semi-rurales a des chemins à entretenir.
Il sait que ces chemins, qui sont entretenus à partir des budgets de
taxes municipales, à partir des subventions gouvernementales qui sont
versées, ne tiennent pas compte de cette augmentation du prix de
l'essence et qu'en conséquence, ce sera chacun des résidents de
son comté qui aura à subir de façon directe, comme je le
mentionnais, pour aller au travail, pour aller à l'épicerie, pour
aller chercher des services sociaux, une deuxième facture additionnelle
au niveau de la municipalité.
M. le Président, la facture est à ce point
élevée, dans la conjoncture économique actuelle,
qu'à l'exemple du député de Matapédia, le
député de Brome-Missisquoi aimerait, lui également, avoir
des chiffres. Comme ancien aide-comptable, le rapporteur qu'on nous
suggère pourrait nous donner ces chiffres avant qu'on approuve ou
désapprouve sa nomination. Le député de Brome-Missisquoi
aimerait savoir quel est l'impact économique de l'imposition ou de
l'augmentation d'une taxe supplémentaire de 0,30 $ le gallon sur
l'essence. Combien d'emplois ont été perdus à cause de
cette augmentation? Combien d'investissements ont été
retardés à cause de cette augmentation? Combien de PME les
régions périphériques du Québec auront-elles perdu
à cause de cette augmentation de l'essence? Peut-être que si
l'ancien aide-comptable pouvait nous mettre sur la table strictement l'impact
de son comté à lui, il serait dans une situation où il
serait complètement en conflit d'intérêts. S'il nous avoue
franchement et candidement devant cette commission parlementaire que
ses électeurs ne lui en ont pas parlé, est-ce qu'il est
allé dans son comté, est-ce qu'il s'est présenté
à ses électeurs, est-ce qu'il est allé voir ses
garagistes, est-ce qu'il est allé à la pompe à essence,
est-ce qu'il est allé à son bureau de comté? Si personne
n'en a parlé, est-ce qu'il les a mis au courant de ce qui était
arrivé, parce que c'est là le secret d'une taxe indirecte, d'une
taxe sur la bière, d'une taxe sur l'essence? Les gens n'en parlent pas
parce qu'ils ne savent pas d'où cela vient. C'est le coup de couteau
dans le dos et cela descend jusqu'à la poche du pantalon!
M. le Président, dans les circonstances, j'aurais aimé que
le député de Rivière-du-Loup m'avoue franchement qu'il
avait fait "sa job" de député dans son comté et qu'il
avait parlé à ses électeurs des conséquences
économiques. Mais s'il n'a pas été capable de rapporter
les effets de ce projet de loi à sa population, je ne crois pas qu'il
soit en mesure de les rapporter à l'Assemblée nationale. Dans les
circonstances, je fais motion pour que la motion présentement en
discussion soit modifiée en remplaçant les mots "Boucher,
Rivière-du-Loup", par les mots "Rivest (Jean-Talon)".
Le Président (M. Rochefort): Je vais suspendre pour
quelques minutes pour prendre en délibéré la proposition
du député de Brome-Missisquoi.
(Suspension de la séance à 17 h 01)
(Reprise de la séance à 17 h 09)
Décision sur une motion d'amendement
Le Président (M. Rochefort): La commission reprend ses
travaux.
Lorsque je me suis vu confier la responsabilité de
présider cette séance, j'ai pris soin de relire les travaux qui
ont été effectués sur le même projet de loi en
décembre dernier. J'ai aussi pris le temps de réfléchir
aux dispositions de notre règlement en ce qui a trait à la
possibilité d'amender une proposition de nomination d'un rapporteur et
de consulter un certain nombre de personnes. J'en arrive à la conclusion
suivante.
Premièrement, après examen du règlement,
particulièrement de l'article 70, on y retrouve qu'un amendement "ne
peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les
remplacer par d'autres." Or, la motion du député de
Brome-Missisquoi, qui vise à remplacer le nom d'un député
par le nom d'un autre pour agir comme rapporteur, est tout à fait
conforme à ces premières exigences de l'article 70. Toutefois, un
peu plus loin, toujours au même article 70, on lit ce qui suit: "II est
irrecevable si son effet est d'écarter la question principale sur
laquelle il a été proposé."
D'autre part, je vous référerai à la note 8,
placée sous l'article 566 de l'ancien règlement de notre
Assemblée, où Geoffrion édicte que: "II est
irrégulier de proposer de remplacer tout un article par un autre. La
manière de procéder quand on veut remplacer un article par un
autre, c'est de voter contre l'adoption de l'article à l'étude,
puis, s'il n'est pas adopté, d'en proposer un nouveau."
Un autre, Beauchesne, dans la cinquième édition, page 156,
énonce ce qui suit: "Un amendement qui donnerait le même
résultat que le refus pur et simple de la proposition principale n'est
pas conforme au Règlement." Le fait donc, par un amendement, de
remplacer le nom d'un rapporteur par un autre équivaut, comme le dit
Geoffrion, à remplacer tout un article par un autre puisque le nom d'un
rapporteur, c'est la substance même de la motion.
Également, substituer un autre nom à celui proposé
par la motion principale équivaut, comme disait Beauchesne, à un
refus pur et simple de la proposition principale. Alors, même s'il y a
déjà eu une certaine tolérance de la part de la
présidence à l'égard de propositions comme celle-ci, je
considère que si on est contre la nomination du député de
Rivière-du-Loup, à titre de rapporteur de cette commission, nous
devons voter contre la motion principale qui est présentement en
débat, et on ne peut procéder contre cette nomination en
proposant un nouveau nom par voie d'amendement. Comme je le disais, si nous
voulons nommer un autre rapporteur que celui dont le nom est en nomination,
nous devons disposer de cette proposition.
Ma décision étant rendue sur cette question...
M. Blank: Avant de rendre une décision, comment se fait-il
qu'on n'a pas le droit de parler sur le règlement?
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Saint-Louis, je ne crois pas vous avoir accordé...
M. Blank: Question de directive, question de directive.
Le Président (M. Rochefort): Un instant. M. le
député de Saint-Louis, je vous rappelle à l'ordre, s'il
vous plaît.
M. Blank: On n'a pas le droit de parler?
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que je peux
terminer?
M. Blank: Vous voulez rendre votre décision.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que vous avez
préséance sur mon droit de parole, M. le député de
Saint-Louis?
M. Blank: Je pense que dans ce cas-ci, oui.
Le Président (M. Rochefort): Messieurs, à l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Blank: Vous rendez une décision sans entendre les deux
côtés. Vous n'avez pas entendu nos arguments.
Le Président (M. Rochefort): Messieurs, à l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Blank: Ce n'est pas une décision...
Le Président (M. Rochefort): Messieurs, à l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Saint-Louis, je vous
rappelle à l'ordre.
Je termine mon intervention en vous disant qu'il s'agit là d'une
décision que je rends. Je vous demande donc de revenir à la
motion principale sur laquelle nous étions en débat et je
demanderai au député de Brome-Missisquoi, qui avait la parole, de
terminer l'exercice de son droit de parole sur cette question.
M. Blank: Question de règlement.
Le Président (M. Rochefort): Question de règlement,
M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: M. le Président, comment se fait-il qu'on fasse
une motion d'amendement et que vous preniez en délibération la
question de recevabilité... Jamais en 22 ans dans cette Chambre le
président n'a rendu une décision avant qu'il ait dit à la
Chambre ou à la commission: J'ai deux possibilités, donnez-moi
des raisons pourquoi, oui ou non. Je n'ai jamais vu ça en 22 ans.
M. Grégoire: ... comme président, bien voyons
donc!
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blank: Ma question de règlement n'est pas finie. J'ai
droit à 20 minutes sur une question de règlement et je vais les
prendre.
M. Grégoire: Vous n'avez pas droit à 20 minutes sur
une question de règlement.
M. Blank: Si on nous met le baîllon par la voix du
président... les députés ont le droit de parler.
M. Grégoire: Vous n'avez pas droit à 20 minutes sur
une question de règlement.
M. Blank: Vous avez rendu une décision qui va à
l'encontre de tous les règlements, toutes les coutumes, tous les usages
de cette Chambre; pas seulement sur le contenu de votre décision,
ça c'est une autre affaire, vous n'avez aucune raison dans cette
affaire-là. Depuis les nouveaux règlements en 1974, on a eu des
motions semblables à chaque session, à chaque commission, et
c'est la première fois qu'on voit une décision comme ça.
Ce qui est pire dans cette affaire, c'est le manque de démocratie
élémentaire. Vous ne donnerez pas la chance à l'Opposition
de dire pourquoi cette motion est recevable, parce qu'il y a un fonctionnaire
du bureau du président qui vous donne les raisons qu'il a
trouvées. Peut-être que moi j'ai un peu plus d'expérience
que M. Dominique Lapointe. Je suis ici depuis plus longtemps, j'ai
été vice-président de cette Chambre, j'ai même
rédigé ces règlements, je sais ce qu'il y a dans ces
règlements, et je n'aurais même pas le droit de vous donner mon
opinion avant que vous rendiez une décision? Je trouve tout cela
incroyable. Incroyable et, comment dire en anglais, "outrageous". Jamais, dans
ma vie parlementaire, je n'ai vu une affaire semblable où on met le
baîllon même avant que le débat ne commence. (17 h 15)
Le débat sur la question de la recevabilité n'est pas
commencé, vous n'avez même pas eu la décence de demander
à des gens pourquoi cette chose est recevable ou irrecevable. Vous
prenez un papier que Dominique Lapointe vous a donné et vous le lisez en
disant: C'est ma décision, sans donner une chance à des
députés de l'Opposition, et du gouvernement, peut-être, des
députés du côté gouvernemental qui ont encore le
sens de la démocratie, le sens parlementaire, le sens de la justice, ce
qu'on n'a pas ici. Le Président n'est pas le bras par lequel le
gouvernement peut imposer le baîllon. Ce n'est pas le gouvernement qui
décide ici. Ce sont les députés qui décident, et
quand on prive des députés du droit de parler sur une question
aussi fondamentale, que le droit de parole et d'opinion sur un sujet, je trouve
ça incroyable, absolument incroyable. Je ne l'accepte pas.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! Sur la question de règlement, M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Le député de Saint-Louis a fait
valoir tout à l'heure qu'en 21 ans, il n'avait jamais vu une situation
comme celle-là. Mais, moi, je dois lui dire qu'en six ans c'est la
première fois que je vois une charge en règle, par un
député, d'un côté comme de l'autre de la Chambre,
contre une décision
rendue par un président. Je trouve cela carrément
inacceptable, absolument inacceptable. La décision du président
est rendue et elle doit être acceptée par tous.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Saint-Louis, si vous me permettez...
M. Blank: ... déjà fait. Il y a déjà
eu des motions suivant l'article 68...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Saint-Louis, je vous rappelle à l'ordre. S'il vous plaît!
M. Blank: Rappeliez-moi à l'ordre. Je ne reste pas dans
une commission où il n'y a pas de justice.
Le Président (M. Rochefort): La commission suspend ses
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 17)
(Reprise de la séance à 17 h 24)
Le Président (M. Rochefort): Je tiens à reprendre
les travaux là où nous les avons laissés au moment
où j'ai suspendu les travaux de cette commission.
Je tiens d'abord à souligner aux membres de la commission que je
trouve nettement déplacés les propos qu'un membre de la
commission a eus à mon endroit en laissant sous-entendre et en affirmant
que j'avais agi à la suite d'une intervention de la part d'un
fonctionnaire de l'Assemblée nationale. Je tiens à dire, pour la
bonne gouverne de tous les membres de cette commission et pour le journal des
Débats, que c'est une décision personnelle que j'avais prise et
que j'avais moi-même demandé à consulter quelqu'un pour
avoir un certain nombre d'informations additionnelles sur la décision
que j'avais déjà prise sur cette question. C'est seulement une
ressource qui m'a été fournie pour faire un certain nombre de
recherches additionnelles sur une position que j'avais déjà prise
à la lecture de l'article 70 tel que je l'ai lu tantôt, juste
avant de suspendre les travaux de cette commission.
Je veux aussi dire qu'en vertu de l'article 42 de notre règlement
qui se lit comme suit: "Les questions de règlement peuvent être
discutées avant que le président rende une décision
finale, mais la discussion doit se limiter au point soulevé", notre
règlement dit bien que les questions de règlement peuvent
être discutées et non pas doivent être discutées. Je
considère que, sur cette question, comme je l'ai expliqué
tantôt, j'avais pris connaissance du journal des Débats quant au
déroulement de cette commission au mois de décembre dernier.
J'avais pris connaissance de l'article 70, j'avais vérifié
quelles étaient ses implications et je me considérais
suffisamment informé pour prendre et rendre une décision comme
celle que j'ai rendue.
Je maintiens la décision que j'ai rendue et je suspends les
travaux de cette commission jusqu'à 20 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 26)
(Reprise de la séance à 20 h 33)
Le Président (M. Rochefort): La commission du revenu
reprend ses travaux pour étudier, article par article, le projet de loi
no 39.
Nous...
M. Rivest: Je voudrais, comme membre de la commission, expliquer
ce qui s'est passé.
Le Président (M. Rochefort): Oui, si vous permettez, nous
revenons là où nous avons laissé les travaux de la
commission, soit sur la motion du député de Matapédia qui
proposait le député de Rivière-du-Loup pour agir à
titre de rapporteur de cette commission.
Je veux préciser que sur la décision que j'ai rendue
à la fin des travaux de la commission lorsque j'ai annoncé que je
prenais en délibéré cette question, je n'ai vu personne
manifester son intention d'être entendu. J'avoue que j'ai peut-être
agi rapidement et je tiens à assurer tous les membres de la commission
qu'il est de mon intention, pour le reste des travaux de cette commission,
d'entendre un représentant de chacun des deux partis
représentés à cette table sur toute décision que
j'aurai à rendre sur la recevabilité des différentes
motions.
J'aimerais que nous revenions à la motion du député
de Matapédia qui proposait, comme je le disais tantôt, le
député de Rivière-du-Loup à titre de rapporteur de
cette commission. Le député qui avait demandé la parole
était le député de Beauce-Nord.
Oui, M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: Avant qu'on procède, j'aimerais revenir sur ce
qui s'est passé avant la suspension des travaux à cinq heures et
demie. J'étais un peu fâché, peut-être qu'il y a des
paroles qui ont dépassé ma pensée, particulièrement
envers un fonctionnaire, M. Dominique Lapointe, mais comme je l'ai dit, je n'ai
jamais vu une affaire comme celle-là dans 22 années de vie
parlementaire. Lorsque le président a dit qu'il avait pris cela en
délibéré et qu'il a
annoncé sa décision à la Chambre, cela s'est
passé tellement vite que tout le monde ici était choqué de
voir une telle chose arriver après exactement dix ans de jurisprudence
contraire ici en Chambre. On trouve ça un peu difficile à
prendre, sauf que comme parlementaires on doit continuer, nonobstant des
décisions qui ne sont pas toujours logiques, ni légales, ni
parlementaires, mais on doit prendre, comme on dit, "the good with the
bad".
Nonobstant cela, j'espère que cette décision, et ce qui
s'est passé, ne fera pas jurisprudence dans cette Chambre parce que
c'est contraire à la jurisprudence d'une vingtaine d'années. Si
j'ai fait du mal ou dit quelque chose de mal contre une personne, je m'excuse,
mais je dis que, comme parlementaire, j'ai été choqué et
ce que j'ai dit et fait résulte de cet événement qui est
survenu subitement. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie pour les
propos que vous venez de tenir à l'endroit, particulièrement, de
la personne qui a été citée dans votre intervention
à la fin des travaux de notre commission. Je répète que je
comprends très bien le contexte dans lequel vous avez vécu cela
par votre surprise; je vous répète toutefois que, d'une part,
quand j'ai annoncé que je prenais cela en délibéré
et que je suspendais les travaux, personne ne s'est manifesté. Je
comprends l'explication que vous donnez sur cette question. Toutefois, je veux
quand même vous rappeler les dispositions non seulement de l'article 42,
que j'ai lu au moment de suspendre les travaux en fin d'après-midi, mais
aussi les dispositions de l'article 65 de notre règlement qui dit, au
paragraphe 1: "Le président doit mettre en délibération
toute motion mais dès qu'une motion lui paraît
irrégulière, en elle-même ou par les buts qu'elle veut
atteindre, il doit le signaler à l'Assemblée et il peut,
après avoir motivé sa décision, refuser qu'on en
délibère ou qu'on la mette aux voix." Or, c'était en
fonction de cet article aussi, en plus de l'article 42, que je me suis permis
de rendre ma décision, compte tenu que j'avais la certitude que ma
décision était correcte.
Quant à la question de la jurisprudence, je pense que ce sont
ceux qui nous succéderont qui décideront si cette décision
fera jurisprudence ou non et je pense que, dans l'intérêt de tout
le monde, nous devrions reprendre les travaux là où nous les
avons laissés. C'était le député de Beauce-Nord qui
avait demandé la parole sur la motion.
M. Blank: Seulement un mot, M. le Président, vous avez
cité l'article 65 à la défense de ce que vous avez
fait.
Le Président (M. Rochefort): Oui, c'est bien cela.
M. Blank: Mais on dit ici: "II doit le signaler à
l'Assemblée". Or, vous n'avez pas signalé à
l'Assemblée que vous aviez un doute sur cette motion; vous vous
êtes levé et vous êtes allé en arrière. Si
vous aviez signalé un doute, à ce moment-là, les gens d'un
côté et de l'autre auraient pu intervenir, mais on n'a pas eu
cette chance, vous n'avez même pas signalé que vous aviez un
doute. Vous avez dit: Je prends cela en délibération et je
suspends la séance.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Saint-Louis, je conclus et je n'ai pas l'intention de
revenir sur cette question une autre fois, en vous disant...
M. Blank: Ce n'est pas moi qui ai ouvert le débat, c'est
vous qui ouvrez le débat.
Le Président (M. Rochefort): Oui, compte tenu des propos
que vous aviez tenus, en vous disant que, lorsque j'ai dit que je prenais cette
question en délibéré, c'était donc implicite que je
me posais la question sur sa recevabilité. J'aimerais donc donner la
parole au député de...
M. Maciocia: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Viger, sur une question de règlement.
M. Maciocia: Je voudrais avoir une directive du président.
Vous dites que la parole était au député de Beauce-Nord,
c'est cela? Je ne pense pas, parce que, à un certain moment, le
député de Brome-Missisquoi avait fait un amendement.
Le Président (M. Rochefort): Oui, et le
député de Brome-Missisquoi en était à ses trente
dernières secondes, lorsqu'il a formulé sa proposition
d'amendement à notre proposition.
M. Maciocia: C'est cela.
Le Président (M. Rochefort): Le député
suivant qui avait demandé la parole pour la poursuite des travaux
était le député de Beauce-Nord.
M. Maciocia: Mais est-ce qu'on discute sur l'amendement?
Une voix: Non, il y a eu un jugement de rendu.
Le Président (M. Rochefort): Non, il y
a eu une décision. On reprend le débat sur la motion
pricipale, qui était une motion du député de
Matapédia proposant le député de Rivière-du-Loup
pour agir à titre de rapporteur de cette commission, ma décision
ayant été rendue en fin d'après-midi sur la
non-recevabilité de la motion d'amendement qui avait été
présentée.
M. Maciocia: Par conséquent, l'amendement n'est pas
recevable?
Le Président (M. Rochefort): C'est cela.
M. Maciocia: Y a-t-il des raisons pour lesquelles il n'est pas
recevable?
Le Président (M. Rochefort): Écoutez, M. le
député de Viger, je les ai exprimées, au moment de
l'ajournement, à deux reprises, en fin d'après-midi. Je n'ai pas
l'intention de revenir sur cette question.
M. Maciocia: Je n'étais pas présent, c'est pour
ça que je voudrais...
Le Président (M. Rochefort): Je comprends. M. le
député de Jean Talon.
M. Rivest: Sur une question de règlement ou de
directive.
Une voix: Vous me réveillerez quand mon tour arrivera.
Le Président (M. Rochefort): Oui.
M. Rivest: Quand vous... J'étais absent au moment
où ces incidents sont survenus, mais ce qui m'inquiète, c'est la
remarque que vous venez de faire en ce qui a trait à la jurisprudence.
J'ai assisté, moi aussi, à de très nombreuses commissions
parlementaires et il est arrivé, à mon avis, assez souvent qu'un
président a rendu une décision de bonne foi dans l'exercice
normal de ses fonctions et qu'on lui a signalé que peut-être
a-t-il négligé, au moment de prendre sa décision, et
toujours de bonne foi, un élément essentiel qui, dans ce cas-ci,
par exemple, est la jurisprudence. Vous avez dit: Je ne sais pas ce qu'il
adviendra de la jurisprudence... Je ne veux pas mal vous
interpréter.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jean Talon, je vais immédiatement vous corriger. Je n'ai pas dit
ça, j'ai repris l'affirmation du député de Saint-Louis qui
disait: M. le Président, je ne souhaite pas que votre décision
fasse jurisprudence. J'ai dit que c'étaient ceux qui nous
succéderaient qui décideraient si, effectivement, cette
décision fera un jour jurisprudence ou non.
M. Rivest: C'est justement mon point.
La question que je me pose concerne la décision que vous avez
rendue et que vous dites vouloir maintenir; je n'en ferai pas un débat
très long. Je voudrais attirer votre attention sur l'article 3 du
règlement de l'Assemblée nationale, au paragraphe 5 parce que la
jurisprudence ce n'est pas une affaire qui existe en l'air, dont on tient
compte une journée et dont on ne tient pas compte le lendemain. Cela
fait partie du bagage parlementaire et des règles qui président
aux travaux de l'Assemblée. Je m'inquiète, moi en tout cas, que,
dans la décision que vous avez prise, à ce qu'il me semble, et je
ne pense pas être injuste pour vous en faisant cette
affirmation-là, vous ayez, en tout cas, certainement de notre point de
vue, à tout le moins, ignoré complètement la
jurisprudence. Je vous rappelle que l'article 3 établit une règle
fondamentale que vous n'avez pas le pouvoir de changer; il dit ceci: La
procédure de l'Assemblée nationale du Québec est
réglée par des lois; par le règlement; par des
règlements de session et, cinquièmement, par les
précédents établis par suite de l'interprétation
des lois et du règlement. Quand une décision survient dans le
cours normal de l'exercice des fonctions de la présidence, au niveau
d'une commission parlementaire, et quelle que soit la nature de la
décision ou la bonne foi du président, je pense qu'il peut
être légitime... Parce qu'on ne peut pas dire comme ça: On
verra ce que ma décision fera pour la jurisprudence. C'est bien
sûr que vous aviez raison de dire ça, mais on peut au moins, comme
parlementaires, demander, dans la décision que vous rendez - puisqu'il
semble qu'il y ait un quiproquo quelconque qui a fait que les gens n'ont pas pu
faire de représentations, mais je ne veux pas y revenir - pour les fins
mêmes du fonctionnement de la commission de l'Assemblée nationale,
que vous preniez le temps, et je pense que vous pourriez le faire de bonne foi,
de nous indiquer si la nature de votre décision est ou non conforme aux
prétentions que l'on pourrait avoir de ce côté-ci, en ce
qui concerne la jurisprudence, sur la nature de l'amendement qui a
été proposé à la proposition principale.
À notre point de vue, pour être très franc avec
vous, il semble que ce qui est survenu a été fait et permis
à de très nombreuses occasions dans des commissions
parlementaires dont le déroulement s'apparentait à celle-ci - il
y a en déjà eu et il y en aura d'autres dans l'avenir - et c'est,
pour l'Opposition, un droit tout à fait légitime de l'exercer de
la manière qu'on l'exerce. On ne voudrait pas être
dépouillés de ce droit sans qu'au moins on nous indique si le
paragraphe 5 de l'article 3 a encore sa raison d'être dans notre
règlement. M. le Président, je vous signale qu'ayant
participé moi-même, comme député ou comme
conseiller, à de très nombreuses commissions
parlementaires dans le passé, j'ai plusieurs fois vu un président
rendre une décision de bonne foi, et, ayant constaté que
peut-être sur un élément sur lequel il avait fondé
sa décision, il avait oublié une dimension, le président a
pris le temps d'y penser et est revenu à la commission en disant: J'ai
rendu une décision mais je n'ai pas considéré tel aspect
du règlement, je suis prêt à reconsidérer mon
affaire. C'est simplement sur la base de la nature des rapports qui doivent
exister à l'intérieur d'une commission parlementaire et surtout
de l'attitude qu'un président de commission doit avoir face à la
commission.
Je pense que c'est un peu ce qui a amené la saute d'humeur de mon
collègue de Saint-Louis, l'indignation de nos collègues qui
étaient présents et mon indignation par contumace, étant
donné que je n'étais pas ici. C'est vraiment ça. Je le dis
sur ce ton, justement, afin que vous ne le preniez pas en mauvaise part. Si
vous maintenez les choses telles qu'elles sont, c'est votre droit et votre
privilège et on verra ce qu'on peut faire, mais je vous signale que
strictement sur le plan de la nature du règlement qui doit
présider aux débats dans une commission parlementaire, que ce
procédé m'apparaît pour le moins, pour employer un terme
qui ne risque pas de heurter la présidence, curieux. (20 h 45)
Alors, je vous inviterais formellement à peut-être
reconsidérer ou repréciser ou "refonder" votre
interprétation du règlement, à savoir qu'effectivement la
jurisprudence est au sens contraire des prétentions que nous avons.
Très bien, mais je voudrais que vous acceptiez - et vous pouvez le faire
ou ne pas le faire, vous êtes libre de le faire ou de ne pas le faire en
ce moment - de considérer cet aspect que je vous signale, parce que cela
m'apparaît très important.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. Pour
conclure sur cette question, je dois vous informer que j'ai effectivement
considéré ces questions. D'ailleurs, je m'excuse, vous n'y
étiez pas, mais je l'ai quand même souligné, nous avons
été tolérants dans le passé sur cette question.
Mais en regardant les différentes dispositions de notre règlement
et de l'ancien règlement de l'Assemblée nationale, je
considère que la bonne décision est celle que j'ai rendue.
Quant aux autres considérations, tout le monde en a pris bonne
note, nous vous avons entendus sur cette question, vos propos sont
consignés au journal des Débats, mais je vous souligne que je
maintiens ma décision sur cette question.
M. Rivest: M. le Président, d'accord, mais...
Le Président (M. Rochefort): J'aimerais, si vous
êtes d'accord, que nous reprenions les travaux de la commission.
M. Rivest: J'aimerais que ce soit clairement établi.
Est-ce que votre collègue, dans ce que vous pensez également - je
ne sais pas lequel de nos collègues présidait, lors du premier
envol de cette commission, si on peut parler d'envol au niveau de cette
commission - est-ce qu'il y a un de vos collègues qui a rendu des
décisions sur le même projet de loi, des décisions de
même nature au sens contraire? Je pense qu'on peut vous demander cela,
une question de fait. Est-ce que dans la période où vous avez
délibéré - vous dites, je pense, que c'est une question
minimale - vous vous êtes informé directement de la nature de la
décision de votre collègue qui occupait le fauteuil que vous
occupez, sur le même genre de motion, au sujet du même projet de
loi, lors de la même session? Est-ce que vous vous êtes
informé de cela? Et est-ce que vous pourriez... Si vous ne vous en
êtes pas informé, je vous le demanderais - ou peut-être que
vous pourriez prendre le temps... Sinon, étant donné que vous
semblez maintenir votre décision, votre attitude, est-ce que vous
pourriez - je pense que c'est une demande légitime que l'on peut vous
adresser, d'ailleurs, je vous signale que c'était le
vice-président de l'Assemblée nationale - transmettre aux membres
de la commission, à titre d'information, je vous le demanderais,
l'attitude et les décisions que votre collègue M. Jolivet a
prises, comme simple information?
Le Président (M. Rochefort): Toujours en votre absence, au
moment de l'ajournement des travaux, M. le député de Jean-Talon,
j'ai souligné que je m'étais informé et que j'avais
consulté abondamment notre règlement et l'ancien
règlement, que nous avons toujours à notre disposition dans cette
Assemblée. Je considère que notre collègue n'avait pas
rendu de décision mais avait accepté cette chose sans qu'une
décision lui ait été demandée. Finalement, sur
cette question, je vous soulignerai qu'en ce qui me concerne, notre
règlement est très clair là-dessus et on n'a donc pas
à faire appel à des précédents de ce point de vue,
parce que notre règlement, dans ses dispositions, est très clair
sur cette question. Je considère que ma décision est rendue. Je
vous demanderais donc de revenir à la motion du député de
Matapédia qui visait à proposer le député de
Rivière-du-Loup comme rapporteur de cette commission. Je
considère que nous avons été suffisamment loin dans ce
débat jusqu'à maintenant.
M. Rivest: Alors, je vous fais une demande de directive.
M. le Président, je voudrais vous demander votre
interprétation sur ce à quoi on vient de se
référer, c'est-à-dire l'attitude du vice-président
de l'Assemblée nationale, comme président de la même
commission, quant à l'article 65, paragraphe 1, du règlement qui
spécifie que "le président doit mettre en
délibération toute motion mais dès qu'une motion lui
paraît irrégulière, en elle-même ou pour les buts
qu'elle doit atteindre, il doit le signaler à l'assemblée..." Or,
le vice-président de l'Assemblée nationale, notre collège
le député de Laviolette, face à une même situation -
à cette reprise, m'informe-t-on - à ce moment, vous vous trouvez
à le placer dans une drôle de situation. C'est qu'il aurait permis
que - si on se réfère à la décision que vous venez
de rendre - la commission parlementaire procède d'une façon
irrégulière en ne soulevant pas proprio motu
l'irrégularité de cela. Quand je parlais des conséquences
de la décision que vous rendez, autant au niveau de la jurisprudence, je
voudrais également que vous pensiez à notre collègue qui
est vice-président de l'Assemblée nationale. Comment se fait-il
qu'il ne l'ait pas invoqué? Quelle est l'interprétation de
l'article 65 du règlement, est-ce qu'il s'applique une journée et
ne s'applique pas l'autre journée? Je ne pense pas que ce serait
logique.
Le Président (M. Rochefort): Je répéterai
simplement que j'ai pris connaissance de toutes les dispositions de notre
règlement lorsque j'ai rendu ma décision, et que je la maintiens.
Je rappelle, pour une dernière fois, que nous devons reprendre les
travaux de cette commission là où nous les avons laissés,
sur la motion du député de Matapédia.
M. Rivest: M. le Président, on a quand même des
droits au niveau du... Je vous ai demandé deux choses qui n'ont aucun
rapport avec votre décision. Maintenez votre décision si c'est
votre choix. Je vous ai demandé deux choses. La première, c'est
que vous nous informiez. Je pense que c'est un privilège de
l'Assemblée et c'est dans vos responsabilités que vous
déposiez ici aux membres de la commission, que vous leur transmettiez
les précédents à cet égard sur le même type
de motion. Je pense qu'on a le droit d'avoir cette information formellement
déposée par la présidence; c'est un droit, je pense, que
les parlementaires ont.
Deuxièmement, je vous ai demandé une question de directive
sur l'interprétation de l'article 65, et il me semble que la moindre des
choses, c'est que j'aie une réponse avant qu'on puisse
procéder.
Le Président (M. Rochefort); Sur la première
question que vous me posez, je crois que c'est disponible pour tous les membres
de l'Assemblée nationale, cette information est disponible pour tous les
membres de l'Assemblée nationale, tout le monde peut la demander, on la
fournira. Deuxièmement, sur la question de directive, je croyais que ma
réponse avait été claire. Je considère que la
décision que j'ai rendue a été prise en fonction de ma
connaissance de toutes les dispositions de notre règlement, et c'est en
fonction de cette connaissance que j'ai pris cette décision que je
maintiens.
M. Rivest: Ce n'est pas...
Le Président (M. Rochefort): Je pense que je
déciderai personnellement de quelle façon je répondrai aux
demandes de directives des membres de l'Assemblée. Je ne crois pas que
ce soit vous, M. le député de Jean-Talon, qui puissiez
décider du contenu des directives que j'ai à rendre sur des
demandes d'un membre de l'Assemblée nationale.
M. Rivest: Pour autant que vous rendiez la directive. Je vous
demande une directive...
Le Président (M. Rochefort): Vous venez de me dire que
vous êtes insatisfait de la réponse que je vous fais; c'est votre
droit, mais c'est la réponse que j'ai faite.
M. Rivest: Non, ce n'est pas cela que j'ai l'intention de dire,
j'ai l'intention... Oui.
M. Ouellette: M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: J'ai l'impression que la demande qui est
formulée par le député de Jean-Talon est un peu
embêtante, en ce sens qu'il vous demande pratiquement de porter un
jugement sur les décisions qu'ont rendues vos
prédécesseurs à cette commission ou dans d'autres
commissions. Je ne crois pas que ce soit le rôle du président de
porter un jugement sur les décisions qui ont été prises
par d'autres présidents. Il a rendu sa décision, il l'a
justifiée et il n'a pas à justifier celles qui ont
été prises par d'autres présidents en d'autres lieux et en
d'autres circonstances.
M. Rivest: Le lieu et la circonstance sont les mêmes, c'est
la même commission.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
J'ai dit: À l'ordre, s'il vous plaît!
Je considère, en ce qui me concerne, que ce débat est
clos, et je donne donc la parole au député de Beauce-Nord sur
la
motion. M. le député de Viger, mais vraiment je
considère que cette question est réglée. Sur une question
de directive, je vous écoute.
M. Maciocia: Sur une question de directive. C'est un
privilège que j'ai. Vous ne pouvez pas le nier. Pourriez-vous nous dire
et expliquer la deuxième question du député de Jean-Talon,
c'est-à-dire nous expliquer l'article 65 de notre règlement?
Pourriez-vous nous dire votre interprétation de l'article 65?
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Viger, je pense que tout le monde peut prendre connaissance de l'article 65 et
en tirer l'interprétation que l'article dicte. J'ai expliqué, au
moment de votre absence, que j'ai justement tenu compte de l'existence de
l'article 65 pour prendre en délibéré cette question et
pour ensuite rendre une décision. Je considère que vous avez donc
la réponse à la question de directive que vous me soumettez. Cela
va?
Une voix: Cela va.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. M. Maciocia:
Un instant! Un instant! M. Ouellette: Est-ce que j'ai la parole?
M. Rivest: Si vous voulez, j'y reviendrai après. J'ai une
directive à demander.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. M. Maciocia:
Un instant! Un instant!
Motion proposant la question préalable
M. Ouellette: N'importe quel juriste va nous dire que les
règlements ont été instaurés justement pour
faciliter les débats, pour permettre, en ce qui nous concerne, aux
parlementaires d'avancer dans leurs travaux.
Après avoir vécu ce que je viens de vivre avec les membres
de cette commission depuis quelques heures, j'ai l'impression que c'est
plutôt le contraire. Il est peut-être temps de faire la preuve
effectivement que les règlements ont été inventés
pour faciliter la démarche, accélérer les travaux et
arriver à un objectif, celui d'étudier les projets de loi article
par article pour les présenter finalement à l'Assemblée
nationale en troisième lecture. Je voudrais me prévaloir
justement de l'article 82 de notre règlement qui me permet à ce
stade-ci de poser la question préalable pour qu'on passe au vote sur la
motion principale qui est devant nous. M. Blank: Cette motion est
débattable.
M. Rivest: M. le Président, est-ce régulier,
étant donné l'article 65, parce que le président constate
que le droit de soulever proprio motu...
Le Président (M. Rochefort): Je reçois votre motion
qui pose la question préalable. J'entendrai donc les membres de cette
commission qui veulent s'exprimer sur la question préalable.
M. Rivest: Avez-vous lu un autre article? C'est quel article?
Une voix: II ne l'a pas encore lu.
Le Président (M. Rochefort): Quelqu'un demande la parole
sur...
M. Rivest: Oui, sur une question de règlement.
M. Blank: Oui, je demande la parole sur cette motion.
Le Président (M. Rochefort): Sur la motion...
M. Blank: Mais sur la question de la recevabilité de la
motion.
M. Ouellette: Elle est reçue.
M. Rivest: Sans entendre, encore une fois...
M. Blank: Elle n'est pas encore reçue. Je veux dire
quelque chose.
M. Rivest: Minute!
Une voix: Qu'est-ce que c'est que ça?
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs, je vous rappellerai l'article 83.2 de notre
règlement qui dit: "Le président peut refuser que soit
posée la question préalable s'il juge que le débat sur une
motion n'a pas été prolongé indûment ou s'il croit
que les droits de la minorité seraient lésés par
l'acceptation de la question préalable."
M. Blank: J'ai le droit de parler sur cela?
Une voix: Sur la recevabilité. M. Rivest: Sur la
recevabilité.
Le Président (M. Rochefort): Oui, je suis d'accord, mais
j'ai bien dit qu'il faut
qu'au départ, je la juge recevable pour qu'on entende un
débat sur cette question. Si vous voulez plaider la recevabilité,
je suis prêt à vous entendre.
M. Rivest: ... sur la recevabilité.
M. Blank: II y a quelque chose qui ne marche pas ici.
M. Rivest: Oui.
M. Blank: D'accord? On parle ici d'une question préalable.
L'article 83 dit: "Sur une motion principale, un député qui a le
droit de prendre la parole peut, lorsque l'Assemblée ou une commission
n'est pas saisie d'un amendement..." Cela veut dire que c'est une motion qui
est susceptible d'être amendée.
Une voix: C'est cela.
M. Blank: Cette sorte de motion, c'est une motion principale qui
peut être amendée.
Une voix: C'est cela.
M. Blank: Ici, vous avez jugé que cette motion ne peut pas
être amendée et vous dites que cela se trouve ici à
l'article 83. C'est une contradiction. C'est l'un ou l'autre. Si c'est
amendable, votre première décision ne vaut pas un cent; si ce
n'est pas amendable, l'article 83 ne s'applique pas.
Une voix: C'est cela.
M. Blank: C'est l'un ou l'autre.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Saint-Louis, je vous dirai deux choses sur cette question. Premièrement,
l'article 83.1 de notre règlement n'a pas été écrit
uniquement pour la question que nous débattons actuellement, mais pour
l'ensemble des situations qui peuvent se produire en commission, comme à
l'Assemblée, donc sur des possibilités qu'il y ait des
amendements sur certaines motions.
Deuxièmement, j'ai rendu une décision disant que
l'amendement n'était pas reçu. Je le jugeais irrecevable
tantôt. Je considère donc cette question réglée. Si
vous voulez la remettre en question, c'est votre droit, mais je
considère que cette question est réglée.
Le député de Beauce-Nord, à l'occasion de son droit
de parole, a posé la question préalable. J'ai
décidé qu'elle était recevable. Si vous voulez vous faire
entendre sur la question de la recevabilité, je suis prêt à
entendre un représentant de chacun des partis. C'est donc sur cette
question.
M. Rivest: Mais vous avez rendu une décision.
M. Blank: Mais vous avez déjà rendu une
décision.
Le Président (M. Rochefort): Non. À l'ordre, s'il
vous plaîtl S'il vous plaît: S'il vous plaîtl S'il vous
plaîtl J'ai dit que je la recevais, n'ayant entendu personne, mais,
à partir du moment où je dis que je la rends recevable, si
quelqu'un me dit: M. le Président, je tiens à me faire entendre,
je le fais et c'est ce que j'ai fait.
M. Blank: J'ai déjà essayé de parler trois
ou quatre fois.
Le Président (M. Rochefort): Non, c'est ce que j'ai fait.
Je vous ai donné la parole. Vous voulez plutôt intervenir sur
l'article 83.1. Je vous donne donc...
M. Blank: D'accord.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Louis, je vous donne la parole
sur la question préalable qui a été posée par le
député de Beauce-Nord.
M. Blank: M. le Président, je ne veux pas vous donner un
cours de droit parlementaire ici. Le droit parlementaire, cela fait des
siècles qu'on l'a. Le but du droit parlementaire, c'est de donner une
chance au peuple de se faire entendre. Le peuple est représenté
ici par l'Opposition.
M. Rivest: M. le Président...
M. Blank: Je ne sais franchement pas qui vous
représentez.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs! (21 heures)
M. Blank: Franchement, je ne sais pas qui vous représentez
ici. Moi j'étais présent quand on a rédigé ces
règlements. On a pris la jurisprudence et tous les auteurs des
siècles passés sur la loi parlementaire britannique, sur laquelle
notre Parlement est basé. On savait qu'une façon pour le
gouvernement d'empêcher un débat, c'était par une motion
posant la question préalable. C'est une façon par laquelle le
gouvernement peut arrêter un débat. C'est une façon d'avoir
la clôture sans l'appeler la clôture. Mais les parlementaires ont
donné un outil à l'Opposition pour arrêter ça.
C'était le fait de faire un amendement. Au moment où il y a un
amendement, il n'y a pas de question préalable. C'est pour ça
qu'il est là. D'accord? Mais, ici, le président a
déjà décidé qu'on ne peut pas amender cette motion.
Si on ne peut pas amender cette motion, ce n'est pas une motion qui est
susceptible d'être une motion de question
préalable. C'est ça qu'il...
M. Rivest: II a donné raison deux fois aux autres,
franchement, c'est brillant.
M. Blank: C'est ça, une ou l'autre.
M. Boucher: On peut amender la motion.
M. Blank: On ne le peut pas; il a dit qu'on ne le peut pas, il
n'en est pas question.
M. Boucher: L'amendement que vous avez proposé n'a pas
été reçu. Vous auriez pu proposer un autre amendement.
M. Blank: II n'y a pas un autre amendement.
M. Rivest: Comment peut-on l'amender?
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, à
l'ordre, à l'ordre, à l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Saint-Louis, je vous demande de poursuivre votre
intervention.
M. Blank: Le président a décidé que c'est la
question de la personne qui est le but principal de la motion. C'est de nommer
M. Boucher comme ça. Ce n'est pas la question de nommer un rapporteur,
mais de le nommer, lui. Si on ne peut pas le changer, ce n'est pas amendable.
Et si ce n'est pas amendable, ce n'est pas l'article 83.
M. Rivest: II les a déclarées toutes les deux
recevables.
M. Blank: C'est une des deux. Je ne comprends pas où le
président a trouvé cette jurisprudence...
M. Boucher: M. le Président...
M. Blank: ... certainement pas dans la loi parlementaire.
M. Rivest: ... d'accord avec vous.
M. Boucher: M. le Président, il y aurait sûrement eu
d'autres amendements à apporter sur la motion principale.
M. Rivest: Lesquels?
M. Boucher: Je ne vous en suggérerai pas, mais j'en
connais.
M. Rivest: La motion principale, on ne peut pas l'amender
à moitié.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: Comment répondez-vous au député,
c'est ça qui est important?
Le Président (M. Rochefort): Écoutez, le
député n'a pas soulevé une question de règlement.
Il a fait une intervention sur la question préalable qui a
été posée et qui a été reçue.
M. Blank: J'ai dit, comme question de règlement, que cette
motion n'est pas une motion de question préalable. J'ai dit que cela
n'est pas une motion qui est visée par l'article 83, voyant ce que vous
avez décidé, savoir que cela n'est pas amendable.
Le Président (M. Rochefort): Alors, je vous ai entendu sur
cette question. Un instant, j'ai dit que j'entendrais un représentant de
chacun des partis, uniquement. Est-ce que quelqu'un du parti ministériel
veut se faire entendre sur cette question? M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Le seul commentaire que j'ai à faire, c'est
que l'article 82 du règlement me permet de poser la question
préalable. Si je me réfère aux articles suivants, il est
dit clairement que sur une motion principale un député qui a le
droit de prendre la parole peut, lorsque l'Assemblée ou une commission
n'est pas saisie d'un amendement... Alors, il est clair qu'il y a eu un
amendement de proposé, mais il n'a pas été reçu.
Donc, quant à moi, la motion principale n'a pas vraiment subi
d'amendement. En vertu de cet article 83, je me prévaux des droits qui
me sont donnés dans l'article 82. Si je vais plus loin dans
l'interprétation du règlement, toujours dans l'article 83, il est
dit que le président peut la recevoir lorsqu'il sent que les gens ont pu
s'exprimer suffisamment et que la commission se sent suffisamment
informée. Je ferai remarquer à la commission que presque tous les
intervenants de l'Opposition se sont prononcés sur la motion principale.
Ils se sont sans doute prononcés suffisamment. Puisqu'ils sont
arrivés avec un amendement proposant une autre personne, c'est qu'ils
avaient fini de parler de la première.
M. Rivest: Question de règlement sur ce que...
Le Président (M. Rochefort): Question de règlement,
M. le député de Jean Talon.
M. Rivest: ... C'est inexact ce qu'il vient de dire... parce que
ce n'est pas l'Opposition qui a présenté la motion principale.
C'est un député. Elle a été amendée par un
autre député. Qu'il soit de l'Opposition ou qu'il soit du
côté ministériel, ça n'a aucune espèce
d'importance.
Le Président (M. Rochefort): Merci.
M. Rivest: C'est un membre de la commission, tout le monde est
égal. C'est l'a b c du règlement.
M. Ouellette: C'est bien clair que ce sont les gens de ce
côté-ci de la table qui ont proposé...
M. Rivest: Cela n'existe pas dans le règlement.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: Ce sont tous les députés qui ont des
droits.
M. Ouellette: II n'y a plus d'Opposition, mes frères.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît: M. le député de Beauce-Nord, je
vous demanderais de conclure sur la question de la recevabilité.
M. Ouellette: C'est aussi simple que ça. S'étant
suffisamment exprimés, les membres de la commission en sont
arrivés avec un amendement proposant un autre candidat, je pense que
c'est la preuve, à sa face même, alors, je me prévaux de
l'article 82 pour qu'on vide la question en passant au vote sur la proposition
principale qui a été faite par le député de
Matapédia.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. Alors, je
motiverai donc ma décision sur la recevabilité de la motion
posant la question préalable.
Il y a seulement une série d'articles dans notre règlement
qui prévoient l'existence et la procédure à suivre pour
amener une motion proposant la question préalable et ce sont les
articles 82, 83 et suivants. Il n'y a pas deux types de dispositions dans notre
règlement, un type de dispositions pour la question préalable sur
des questions qui ne sont pas susceptibles d'être amendées et un
autre type de dispositions de notre règlement qui porteraient sur la
question préalable dans le cas de motions qui sont susceptibles
d'être amendées. C'est pourquoi on dit: "Lorsque
l'Assemblée ou une commission n'est pas saisie d'un amendement." C'est
un article global.
Deuxièmement, en fonction de 83.2, on lit bien: "Le
président peut refuser que soit posée la question
préalable s'il juge que le débat sur une motion n'a pas
été prolongé indûment ou s'il croit que les droits
de la minorité seraient lésés par l'acceptation de la
question préalable." Sur la deuxième partie de 83,2, je dois
considérer que se sont exprimés quatre députés du
parti de l'Opposition officielle sur la question principale.
M. Rivest: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que je peux
terminer?
M. Rivest: Non, j'ai une question de règlement.
Le Président (M. Rochefort): Je vais quand même
terminer, j'étais à conclure.
Je considère qu'il y a quatre députés de
l'Opposition qui se sont exprimés sur cette question; je
considère que les droits de la minorité n'ont pas
été lésés par l'acceptation de la question
préalable.
M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, le fait que ce soit quatre
députés de l'Opposition n'est nullement pertinent. D'accord? Tous
les députés...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jean-Talon, je vous rappelle à l'ordre immédiatement. J'ai dit
que...
M. Rivest: Vous inventez le règlement au fur et à
mesure que vous parlez.
Le Président (M. Rochefort): Un instant, s'il vous
plaît! J'ai dit, sur la question de la recevabilité, que
j'entendrais un représentant de chacun des partis politiques, ce que
j'ai fait et, deuxièmement, lorsque j'ai expliqué 83.2, j'ai
repris le dernier membre de la phrase qui dit: "Ou s'il croit que les droits de
la minorité..." C'est à ce titre-là. Je considère
que l'Opposition représente la minorité et c'est ça qui
est le sens. Écoutez, vous représentez 42 sièges sur 122,
c'est ça quand notre règlement parle de minorité.
M. Rivest: C'est faux, ce n'est pas possible de dire des
bêtises comme ça.
M. Paradis: Vous êtes complètement
incompétent!
M. Blank: Je n'ai pas les mêmes droits que ces
députés-là.
Le Président (M. Rochefort): Oui, vous... À
l'ordre, s'il vous plaît; À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rivest: La minorité, ce n'est pas ça du
tout.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Maciocia: L'incompétence. M. Rivest: La
minorité, c'est...
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 21 h 10)
(Reprise de la séance à 21 h 22)
Le Président (M. Rochefort): La commission est
ajournée jusqu'à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 21 h 23)