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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre! La commission
du revenu est à nouveau réunie pour étudier le projet de
loi no 39, Loi modifiant le régime des droits relatifs au commerce des
boissons alcooliques et certaines dispositions législatives.
Les membres de cette commission sont: MM. Blank (Saint-Louis), Desbiens
(Dubuc), Dubois (Huntington) remplacé par M. Polak (Sainte-Anne), Forget
(Saint-Laurent) remplacé par M. O'Gallagher (Robert Baldwin),
Fréchette (Sherbrooke), Lachance (Bellechasse), LeBlanc
(Montmagny-L'Islet), Marquis (Matapédia), Martel (Richelieu)
remplacé par M. Boucher (Rivière-du-Loup), Ouellette
(Beauce-Nord), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce) remplacé par M. Rivest
(Jean-Talon).
Les intervenants sont M. Houde (Berthier) remplacé par M.
Rocheleau (Hull), MM. Lafrenière (Ungava), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Lincoln (Nelligan), Maciocia (Viger), Paradis
(Brome-Missisquoi), Perron (Duplessis), Vaugeois (Trois-Rivières).
Retrait de la motion proposant la question
préalable
Au moment où nous avons ajourné hier les travaux, nous en
étions toujours à la question qui avait été
posée par le député de Beauce-Nord à l'effet de
poser la question préalable. M. le député de Beauce-Nord,
avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Ouellette: Oui, M. le Président. Hier, je me suis
prévalu de l'article 82 en posant la question préalable, croyant
que cela allait ramener la paix au bercail mais je me suis rendu vite compte
que la paix est plus difficile que cela à acheter. J'ai vu clairement
qu'au lieu de ramener la paix, ça ramenait le désordre.
Le député de Saint-Louis rit, il est de bonne humeur ce
matin. Je vais poser un autre geste très concret pour maintenir la paix
ce matin, je retire ma motion, je retire ma question préalable.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: II me restait combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Je vais vérifier.
Commencez et je vous le dirai en cours de route.
Nomination d'un rapporteur (suite) M. Pierre-J.
Paradis
M. Paradis: Très bien. Il y a tellement de choses, au
sujet de la nomination du rapporteur, sur laquelle on est encore, qu'il
faudrait mentionner que j'avais adressé des questions à
l'ex-aide-comptable qu'est le député de Rivière-du-Loup.
Je ne sais pas s'il a les réponses, ce matin, à ces questions de
façon que je puisse me prononcer d'une façon plus
éclairée sur sa nomination.
Si le rapporteur éventuel ou le candidat au poste de rapporteur
ne possède pas encore ces informations, peut-être qu'il pourrait
adresser ses questions au parrain du bill, qui pourrait l'aider à
répondre.
On a mentionné - c'est le député de Jean-Talon qui
le spécifiait hier - que le comté de Rivière-du-Loup
était un comté frontalier également au Québec. Le
comté que je représente est aussi un comté frontalier,
mais on n'a pas joui, dans nos régions - et je pense que le ministre
doit certainement avoir des chiffres là-dessus -des adoucissements dont
les comtés frontaliers avec les autres provinces ont joui pour les
comtés qui étaient sur la frontière américaine.
Cela le place peut-être un peu en conflit d'intérêts pour
accomplir sa fonction de rapporteur, lui en ayant joui davantage et d'autres
députés n'en ayant pas joui; sa position devient donc
équivoque dans le dossier. Il pourrait être porté,
même s'il n'aime pas cela, à présenter un rapport qui soit
biaisé dans un sens favorable, alors que les députés qui
représentent des circonscriptions frontalières avec les
États-Unis pourraient être un peu plus agressifs ou biaisés
dans le sens contraire, sur cette loi-là.
J'aimerais connaître la position du rapporteur sur ce sujet,
j'aimerais savoir quelles interventions il a faites lui, personnellement,
auprès du parrain du projet de loi, le ministre du Revenu, pour
s'assurer que certains comtés jouiraient de ces adoucissements-là
en oubliant d'autres comtés.
Comme on l'a mentionné hier, la formation académique et
pratique et à vocation sociale du député de
Rivière-du-
Loup, d'un autre côté, le porterait à produire un
rapport défavorable. Il sait que ces taxes qui sont imposées par
la loi no 39 sont des taxes indirectes qui vont frapper encore plus durement
les plus démunis dans la société. Il n'est pas question de
taxer celui qui a un revenu important comparativement à celui qui vit en
bas du seuil de la pauvreté. La claque, si je peux m'exprimer ainsi,
s'applique avec une force égale à tous les citoyens du
Québec, avec une force qui fait en sorte que peut-être le mieux
nanti financièrement... Peut-être que le député est
bien nanti financièrement, peut-être que, comme d'autres
députés, son épouse enseigne. Il va pouvoir continuer
à utiliser son véhicule de promenade, mais est-ce que les gens de
son comté, qui demeurent loin de son bureau de comté, vont encore
avoir les moyens, ces plus démunis là, de se rendre à ce
bureau de comté pour lui faire part de leurs observations sur ce projet
de loi? Cela le place peut-être dans une situation où il va
manquer, il nous l'a avoué hier, d'informations venant de la base. (10 h
15)
J'entends, de l'autre côté de la salle, un
député du Parti québécois qui parle d'un
téléphone à pétrole. Il y a des gens qui aiment
bien rencontrer physiquement leur député. Je sais que cela peut
causer certains problèmes de l'autre côté de cette table,
mais il y a des gens qui aiment bien venir expliquer en personne à leur
député les problèmes avec lesquels ils sont aux
prises.
M. le Président, le candidat ne nous a pas encore laissé
savoir s'il accepterait une telle nomination. Avant que je prenne la parole,
hier, le candidat nous a même dit: J'en ai déjà entendu
trois de la députation libérale s'exprimer sur le sujet; je suis
prêt à en entendre un quatrième. Je veux faire un appel
à ce député. Qu'il se replace dans sa fonction
première pour laquelle il est ici, soit celle de représenter au
meilleur de sa connaissance, le plus honnêtement possible, les
intérêts des concitoyens qui lui ont donné un mandat pour
venir ici et ,je lui demanderai de s'interroger à savoir s'il aurait pu
honnêtement faire une campagne électorale - qui date quasiment
d'un an maintenant - sur une augmentation de 100% de la taxe sur l'essence. Je
lui demanderai s'il aurait pu faire campagne sur une augmentation importante de
la taxe sur la boisson. Je lui demanderai s'il aurait pu faire campagne sur
l'abolition du dégrèvement d'impôt. Et si,
honnêtement, dans sa conscience, la réponse est non, si ce projet
de loi n'est pas dans le meilleur intérêt des électeurs
qu'il représente et ne servira qu'à payer pour du gaspillage de
fonds fait par le gouvernement dont il fait partie, à ce moment, je lui
demanderai, à la suite de cet examen de conscience, de dire: Non, je
n'accepterai pas de faire partie de cette machination. Je vais me lever debout
et je vais faire mon devoir de député, soit celui d'avoir les
mains libres et d'intervenir autour de cette table pour dénoncer ces
taxes. Pardon?
M. Ouellette: Vous ne pouvez pas intervenir debout, il faut
être assis.
M. Paradis: Si vous voulez. M. le Président, s'il veut
intervenir assis, ce sera peut-être son choix. Si la hauteur de ses
arguments s'élève, à ce moment, il se lèvera debout
avec ses arguments, mais...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
profite de la circonstance pour vous demander de conclure.
M. Paradis: Oui. M. le Président, à la suite de cet
examen de conscience, après avoir lu le curriculum vitae du
député de Rivière-du-Loup, après avoir pris
connaissance de son intérêt social passé toujours, je suis
convaincu qu'après avoir lu le projet de loi, il va refuser cette
nomination et qu'on devra trouver quelqu'un d'autre, qui a moins de conscience
professionnelle, qui est moins respectueux des intérêts de ses
électeurs - oui, il y a des volontaires de l'autre côté qui
se disent moins respectueux des intérêts de leurs électeurs
- qui acceptera peut-être de prendre cette position. Mais, si tout le
monde la refuse, je veux que vous soyez conscient de quelque chose, c'est que
cela fera peut-être réfléchir suffisamment le ministre du
Revenu et qu'il retirera tout simplement son projet de loi, qu'il ira voir le
ministre des Finances et qu'il ne sera pas le bras du gouvernement, qu'il ne
sera pas l'exécuteur de l'économie du Québec, qu'il ne
sera pas l'exécuteur des plus défavorisés également
dans notre population. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Robert Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Nous faisons face
au choix du rapporteur de notre commission. Je pense que c'est une tâche
extrêmement importante, mais ingrate, vu la lourdeur des
conséquences de ce projet de loi sur la moyenne de la population. On a
beaucoup entendu parler, mes confrères ici à la table, du
curriculum vitae du candidat proposé. C'est un homme qui a
été élevé à la campagne, qui connaît
bien le Parti libéral du Québec, parce qu'il a passé
quelques années comme aide-comptable dans la ville de Québec,
dans une région urbaine. Dans ce sens, il a une connaissance des deux
secteurs de la population du Québec, le
secteur rural et le secteur urbain. Son souci d'aider les citoyens est
bien reconnu. Il a quasiment vécu toute sa carrière dans le
domaine de l'aide sociale. Tout de même, la lourdeur d'un tel projet de
loi doit vraiment l'influencer et on se demande de ce côté-ci de
la table s'il a vraiment approfondi ses pensées sur l'effet amortisseur
du projet de loi, surtout dans tout le domaine de l'économie, soit dans
son comté, soit ailleurs. On peut mentionner l'effet que cela peut avoir
sur les petites et moyennes entreprises. On fait beaucoup aujourd'hui de
petites et moyennes entreprises, comme si cela était quelque chose
d'exclusif au Québec. Mais, en fait, on sait bien qu'en Amérique
du Nord, nous ne sommes pas différents d'ailleurs; les petites et
moyennes entreprises, c'est le coeur même de toute l'économie
nord-américaine, pas exclusivement au Québec, mais en Ontario, en
Saskatchewan et au Nouveau-Brunswick. Les petites et moyennes entreprises,
c'est le coeur du "private enterprise" en Amérique du Nord.
Heureusement, ce sont ces petites et moyennes entreprises qui gardent une
espèce de balance entre les très grosses entreprises
multinationales, les gouvernements et tout le fonctionnarisme, soit
fédéral ou provincial. Vous savez que c'est là le fond de
notre système économique qui garde une balance entre les salaires
des gens trop payés au niveau des fonctionnaires, au provincial, et les
gens trop payés du côté des multinationales. C'est
là que les petites et moyennes entreprises gardent une balance, une
moyenne, gardent une espèce de niveau sain dans notre économie.
C'est elles qui seront affectées par cette hausse de 100% de la taxe sur
l'essence. C'est ça qui est extrêmement difficile. Dans son
comté comme dans tous les comtés du Québec, ce sont les
petites et moyennes entreprises et les travailleurs qui travaillent au salaire
moyen, entre les gros salariés du gouvernement provincial et les gros
salariés des multinationales, c'est eux qui vont payer les frais, la
majorité, la grosse partie de cette augmentation extrêmement
lourde de conséquences sur le petit salarié.
Je suis sûr qu'il va être conscient de l'effet social de
cette taxe, conscient de l'effet de l'augmentation de 100% sur les services de
taxi, surtout dans les endroits régionaux, les endroits ruraux du
Québec, où ils ont une grande distance à parcourir pour le
rendement par passager. Cela coûte beaucoup plus cher, à cause des
distances à parcourir. Le service des transports en commun va aussi
être affecté par cette taxe. Je suis certain que le
député de Rivière-du-Loup est conscient de cette influence
sur le transport en commun. Il y a aussi les garagistes qui seront
affectés. Maintenant, lui, pas comme les autres députés
qui sont dans d'autres régions, il est situé près des
frontières du Nouveau-Brunswick. Là, ils ont une espèce
d'avantage, une réglementation de dernière minute qui a
été émise par le ministre du Revenu pour aider les
garagistes qui sont situés près des frontières de
l'Ontario et du Nouveau-Brunswick. Lui, pas comme les autres
députés, profite de cet adoucissement des règlements
à l'avantage de quelques garagistes, et nous trouvons que ce n'est pas
tout à fait fair-play. Quand on pense au député de
Brome-Missisquoi dont le comté est situé près des
frontières des États-Unis, les garagistes de son comté
n'ont pas les mêmes privilèges, et c'est un privilège.
Aujourd'hui, on a des contribuables de deuxième classe, ceux qui sont
taxés plus durement que les autres. Cela va également de soi pour
le comté de Sherbrooke qui n'est pas une région
frontalière des États-Unis, mais tout près. Là, les
contribuables de taxes paient plein prix.
Je pense que le député de Rivière-du-Loup est dans
une situation pas tout à fait semblable à celle de mon
confrère de gauche, de la région d'Ottawa. Je trouve que notre
candidat est dans une situation de privilège à ce point de
vue-là et il pourra peut-être nous en dire plus long. Dans son
comté, il y a beaucoup de cultivateurs. C'est un grand comté de
cultivateurs et d'entrepreneurs de coupes de bois où il y a une grande
utilisation de camions et de tracteurs. Eux aussi, ils vont y goûter avec
cette taxe et ils vous le diront. La taxe aura vraiment pour effet d'amortir
l'industrie. Il pourra sans doute nous en dire plus long là-dessus.
J'aimerais, avant de donner mon appui à sa candidature, le
réentendre parler un peu de cette politique ou connaître ses
opinions ou ses idées sur toute la question énergétique,
et pas seulement dans son comté, quoique, dans son comté, il y a
déjà des aspects assez importants. Il y a Gros Cacouna, où
il y a des projets pour convertir le gaz liquéfié et pour
l'entrée des navires pétroliers d'outre-mer. Ce genre de taxe
n'aide pas ce projet et peut-être qu'il aura une influence
négative sur tout le projet de Gros Cacouna. Comme député
de l'Opposition, je pense qu'il serait important d'avoir son opinion sur les
influences de cette taxe modératrice, de cette taxe-amortissement, de
cette taxe qui blesse le petit contribuable. Je pense que ce serait important
de faire la lumière sur toute cette affaire.
Est-ce que le député de Rivière-du-Loup a fait un
sondage chez ses électeurs? J'ai l'impression qu'on est en pleine
période de sondages et de référendums. On parle beaucoup
du citoyen. Le citoyen devrait avoir une chance de s'exprimer sur tout ce qu'il
a fait, sur sa vie quotidienne. Ce sera son devoir, face à cette taxe
sur l'essence
et sur la bière, de faire un sondage parmi ses électeurs
et de voir à ce qu'il y ait d'autres moyens d'effacer ce déficit,
d'autres moyens à trouver, d'autres moyens d'encourager l'industrie pour
augmenter les recettes du ministère du Revenu, au lieu de simplement im
n'y a pas d'autres portes de sortie, maisposer des taxes. On a entendu beaucoup
de rumeurs dernièrement et sans doute qu'il peut-être que le
ministre pourra nous éclairer là-dessus et nous dire s'il va y
avoir une autre augmentation des taxes et des impôts pour essayer
d'éponger ce déficit qui va en augmentant tout le temps.
Là aussi, je pense que les citoyens devraient avoir la chance de
s'exprimer. On se demande: Est-ce que le député de
Rivière-du-Loup a vraiment fait une enquête parmi ses
électeurs? De quelle façon cette enquête a-t-elle
été faite? (10 h 30)
On espère qu'il aura la décence de faire une telle
enquête avant d'entreprendre une tâche aussi ingrate au sein de son
gouvernement que celle de rapporter les délibérations de notre
commission.
M. le Président, je pense qu'on devrait l'entendre sur toutes ces
questions que j'ai portées à votre attention, avant de produire
son rapport ou d'entreprendre cette importante tâche. De notre
côté, nous sommes désireux de l'entendre
là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: II est intéressant d'examiner une
candidature qui pourrait sûrement être aussi valable, mais
où il y a énormément de points d'interrogation qui se
posent. D'une part, j'ai remarqué qu'en deuxième lecture - je ne
sais pas si on avait pressenti, à ce moment-là, le
député de Rivière-du-Loup qu'il serait nommé ou
proposé comme rapporteur de cette commission - il a voulu garder une
certaine indépendance du fait qu'il aurait à faire un
rapport.
Je considère que celui qui va être rapporteur, à
toutes fins utiles, va subir une certaine exécution, dans son
comté, tenant compte que cette loi est au désavantage de la
totalité des Québécois, à quelques exceptions
près, et le ministre du Revenu a accepté de porter à
l'attention de l'Assemblée nationale et à l'attention, plus
particulièrement, de ses collègues ministres, le fait qu'il y
avait des régions frontalières qui connaissaient des
problèmes encore plus importants à cause de l'exode dans les
villes frontalières.
Le député de Rivière-du-Loup, à toutes fins
utiles, est encarcané dans un milieu où les gens n'ont pas cette
occasion d'aller abreuver leur réservoir dans des municipalités
ou dans des villes frontalières. Du fait qu'il y a
énormément de problèmes qui découlent de cette loi,
le rapporteur officiel devra absolument être à la hauteur de la
situation, d'une part, mais accepter, d'autre part, les responsabilités
qui incomberont au rapport qu'il devra faire.
Il est bien évident que dans le choix d'un rapporteur - et hier
soir on a eu des arguments qui ont amené rapidement la fin du
débat - il ne demeure pas moins, dis-je, que dans le contexte actuel, je
me pose la question à savoir si la commission n'aurait pas dû
choisir plutôt un membre de l'Opposition, qui se sentirait tout à
fait capable d'apporter à l'Assemblée nationale toutes les
objections qu'une telle loi suscite, et si un membre de l'Opposition n'aurait
pas été mieux placé pour justement faire un rapport qui
aurait tenu compte de l'ensemble du problème.
Il est bien évident qu'actuellement, le gouvernement a
déjà accepté d'apporter certains allégements dans
les villes frontalières. À l'intérieur du rapport que
cette commission aura à faire - c'est pourquoi on n'a pas tenu compte,
dans les cas d'exception, d'analyser davantage - je me pose la question
à savoir si le rapporteur va être en mesure de tenir compte des
discussions qui se tiendront sur le fait que les cas d'exception qui ont
été apportés ont créé des problèmes
particuliers en périphérie de ces régions. Le
problème aurait pu être réglé d'une façon
tout à fait acceptable, et dans le cadre du rapport qui va être
fait, je me pose la question à savoir si le rapporteur va pouvoir mettre
l'accent sur les problèmes nouveaux qui viennent d'être
créés, tenant compte de bassins tout à fait naturels qui
tiennent compte, bien entendu, de l'économie d'une région.
Personnellement, je pourrais difficilement accepter d'être
rapporteur parce que je suis trop compromis vis-à-vis de mes
commettants; je ne pourrais me rendre responsable de faire un rapport à
l'Assemblée nationale d'une loi dont je ne peux absolument pas accepter
les conséquences.
Alors, c'est un point qui est quand même assez important. Tenant
compte de tous ces aspects, il ne demeure pas moins que le député
de Rivière-du-Loup - comme je le disais tantôt - est loin des
frontières ou relativement loin des frontières. C'est un
député qui, malheureusement, n'a pas le choix d'appuyer le
gouvernement, tenant compte du fait qu'il en fait partie, qu'il est du
côté ministériel. Lors de la deuxième lecture, on a
pu se rendre compte que les députés du côté
ministériel étaient quasi totalement muets sur cette loi qui est
présentée à l'Assemblée nationale. Cela nous
crée un dilemme particulier, dans le sens que le député de
Rivière-du-Loup est un gars qui
a quand même été impliqué, comme
fonctionnaire, au ministère des Affaires sociales du Québec et
court le risque d'y retourner dans un avenir plus ou moins court. À ce
moment, de quelle façon, dans l'hypothèse où un
gouvernement différent pourrait être élu, comment ce
député subira-t-il en sa conscience le fait d'avoir fait à
l'Assemblée nationale le rapport d'une loi totalement inacceptable?
D'autant plus que le député de Rivière-du-Loup a
oeuvré, entre autres, à l'office municipal de l'habitation,
comment peut-il, lui qui a été aussi impliqué chez les
plus démunis de la société, accepter de faire à
l'Assemblée nationale un rapport qui crée effectivement des
problèmes à toute la société
québécoise, mais plus particulièrement à ceux qui
sont les plus démunis, à ceux dont le gouvernement se vante de ne
pas relever d'impôt sur le revenu parce qu'ils ne gagnent pas
suffisamment d'argent pour en payer, mais qui, par contre, par les taxes
indirectes, leur soutire des montants drôlement appréciables?
Dans le cas du député de Rivière-du-Loup, on ne
sait pas encore s'il a accepté ou s'il acceptera, tenant compte de tous
les impératifs qui peuvent entourer sa candidature comme rapporteur. Il
reste quand même une chose, c'est que le projet de loi 39, aurait des
conséquences aussi lourdes et l'Opposition ne peut absolument pas
accepter une loi pareille, surtout après les promesses que nous a faites
ce même gouvernement lors des dernières élections
provinciales, que ce serait pratiquement le paradis. Or, les promesses que l'on
nous faisait à ce moment n'ont pas été prises en
considération dans les lois qui nous sont parvenues depuis le 13 avril
dernier.
Comment un député ministériel pourra-t-il supporter
cet odieux? Ce sont des questions qu'on pourrait éventuellement poser au
député de Rivière-du-Loup avant son acceptation, si
l'Opposition ne peut pas convaincre l'ensemble des collègues à
cette table que cela prendrait probablement quelqu'un de l'Opposition. Je
regarde alors parmi les députés qui font partie de cette
commission. Le député de Sainte-Anne aurait sûrement pu
occuper un poste semblable, étant donné que le
député de Sainte-Anne a des mérites tout à fait
particuliers. Il est député d'une circonscription importante au
Québec qui tient compte en partie de la ville de Montréal, d'une
ville voisine, Verdun, où il y a déjà une
compétition active parmi les stations-service et où, de par cette
compétition, le député de Sainte-Anne pourrait se
retrouver beaucoup plus indépendant, connaissant surtout son
intégrité et sa passion pour représenter non seulement les
commettants de Sainte-Anne. Le député de Sainte-Anne a, en fait,
une vue d'ensemble qui déborde même les frontières du
Québec, étant lui-même un grand Canadien, et il a une vue
d'ensemble sur les problèmes actuellement créés au
Québec. Je tente de faire une comparaison avec le député
de Rivière-du-Loup qui, de par son curriculum vitae, a un bagage
d'expérience, de participation. C'est une personne qui a sûrement
été très près du peuple et qui, malheureusement, de
par sa nouvelle vocation comme député à l'Assemblée
nationale, s'est éloigné de cette population, à un point
tel que son propre gouvernement accepte de présenter un projet de loi
aussi discriminatoire à l'égard de l'ensemble des
Québécois et Québécoises.
Tenant compte de cet ensemble, M. le Président, cela me laisse
personnellement perplexe et aussi inquiet sur la façon dont va se
dérouler cette commission et plus particulièrement sur le
rôle important qu'a à jouer le rapporteur, parce qu'on sait
qu'à l'Assemblée nationale, sans faire un débat, il doit
se lever et faire rapport, et appuyer son rapport. Seulement cela, M. le
Président, c'est important. C'est important parce que tout le
Québec va assister à ces quelques minutes où le rapport va
être déposé par le député de
Rivière-du-Loup. Toute la lourdeur et les conséquences de ce
rapport feront en sorte que le député de Rivière-du-Loup
aura, pour le restant de ses jours, cette responsabilité d'avoir soumis
à l'Assemblée nationale un rapport obligeant les
Québécois et les Québécoises à supporter un
fardeau additionnel, obligeant par le fait même le Québec à
être moins compétitif sur les marchés, obligeant les
commissions de transport à hausser leurs tarifs, obligeant les
municipalités à accroître leurs coûts, et les
coûts des municipalités, c'est une autre taxe indirecte que les
propriétaires, les locataires doivent subir, toujours par le biais de la
banque. (10 h 45)
M. le Président, je considère que c'est une
responsabilité importante et que le député de
Rivière-du-Loup aura sûrement à en subir toutes les
conséquences. Mais il n'en reste pas moins que les membres de
l'Opposition officielle, qui font partie de cette commission, ne veulent pas,
pour aucune considération, y amener une partisanerie quelconque,
étant donné que nous voulons tous le bien de nos commettants
respectifs et le plus grand bien de l'ensemble de tous les
Québécois et Québécoises. Mais tenant compte du
fait que le ministre du Revenu, sûrement par obligation, étant
donné que ça vient du grand argentier, M. Parizeau, a
été obligé de se soumettre à passer cette loi en
son nom, parce qu'il est toujours plus facile de faire porter la
responsabilité par quelqu'un d'autre, on s'en rend compte, ici, on va
faire porter la responsabilité du rapport par le député de
Rivière-du-Loup. Une loi semblable peut
peut-être, par contre, le privilégier, sachant que le
premier ministre devra sûrement réorganiser son cabinet
prochainement. Peut-être qu'on lui aurait fait des promesses; ce sera
sûrement à lui de nous le dire. Parce que, dans des circonstances
semblables, pour accepter de produire à l'Assemblée nationale un
tel rapport, il faut qu'il y ait sûrement des considérations de la
part du premier ministre ou de la part de certains de ses collègues,
peut-être du ministre du Revenu lui-même qui lui aurait fait
certaines promesses, peut-être le ministre des Finances, M. Parizeau,
sachant qu'ils sont passablement "ratoureux" à l'occasion. C'est qu'on
peut faire toutes sortes de promesses. Moi, j'aurais souhaité,
personnellement, que l'Opposition ait pu prendre cette présidence avec
un collègue comme M. Polak, de Sainte-Anne, que je vois à
l'oeuvre, ici à l'Assemblée nationale, depuis le mois d'avril
dernier. C'est un gars dynamique, un gars vigoureux, un gars très
objectif, un gars intègre, quelqu'un qui sait comment parler au peuple,
quelqu'un qui a le sourire facile, quelqu'un qui s'est impliqué.
À part ça, il faut quand même avoir
énormément de respect pour la profession d'avocat; c'est
quelqu'un qui a une formation d'avocat, d'homme légal, qui va être
en mesure de démontrer toute sa science lors de la présentation
de ce rapport. M. le Président, le comparant au député de
Jean-Talon, je ne sais pas s'il vient même à la hauteur de sa
cheville. Mais le député de Jean-Talon a aussi de grandes
qualités.
M. Rivest: Un peu moins.
M. Rocheleau: Des qualités extraordinaires, dont certaines
sont encore cachées. Mais il s'en est fallu de peu pour que dans les
prochains mois l'on connaisse davantage ses capacités.
M. le Président, en conclusion, vous comprendrez que ça me
rende de plus en plus perplexe et j'ose espérer que cette commission,
qui devra soumettre un rapport semblable, ira chercher la personne qui
représente, en somme, à cette commission, le plus
fidèlement les deux partis, afin de produire une loi ascenseur qui
privera les citoyens du Québec du peu de revenus qu'on leur laissait
encore aujourd'hui. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, j'ai écouté
avec beaucoup de conviction le témoignage de mon collègue, le
député de Hull, sur la question très importante de la
nomination d'un rapporteur à cette commission. Je voudrais dire que
j'étais arrivé avec un esprit bien ouvert sur la nomination du
député de Rivière-du-Loup, mais certains des arguments de
mon collègue sont si importants que je pense que toute la question
devrait être revue, comme le suggère le député de
Hull.
Il est certain que la question du rapporteur est une question clé
en ce qui concerne cette loi. Comme cela a été expliqué
auparavant par mes collègues, c'est celui qui aura à faire le
rapport à l'Assemblée nationale sur lequel nous nous baserons
pour l'adoption finale de la loi elle-même.
Pour ce qui est de la nomination du député de
Rivière-du-Loup, je pense que nous sommes tous d'accord ici pour dire
que si nous avons des objections, ce n'est aucunement un cas d'attitude
personnelle car c'est un homme d'une distinction, d'un charme...
Une voix: Pas trop, pas trop.
M. Lincoln: ... que nous reconnaissons tous...
Une voix: N'en mets pas trop!
M. Lincoln: ... d'une courtoisie. Mais je pense que c'est sur la
question de principe que nous nous opposons car le rapporteur, il me semble, ne
devrait pas être une personne aussi biaisée. Par le fait
même qu'il appartient à un parti qui, sur cette question
fondamentale de principe, impose une taxe additionnelle aux contribuables, il
sera naturellement porté à faire un rapport qui, selon nous, ne
démontrera pas l'ensemble de la question pour ce qui est des
contribuables du Québec en entier, surtout des régions
frontalières, où cette question est d'importance
particulière.
Nous pensons que la personne qui sera le rapporteur de cette commission
devrait avoir une expérience vécue beaucoup plus directe de
toutes les dimensions qu'occupe le problème de cette loi. Il devra venir
d'une région beaucoup plus centralisée que la sienne et beaucoup
plus près des gros centres de population, pour qui la question de
l'essence est beaucoup plus critique qu'elle ne l'est dans la région de
Rivière-du-Loup qui, de par sa situation géographique, est
excentrée et ne peut pas ressentir l'impact qu'aura cette loi sur
l'industrie, sur toutes les usines, les manufacturiers, sur le commerce en
général et sur les transports publics, tant le transport en
commun, les autobus, que le transport commercial. Or, nous le savons, toute
l'industrie et tout le commerce tant le transport en commun que le transport
commercial, sont axés sur les grandes régions industrielles et
commerciales, surtout celle de Montréal.
Le rapporteur est donc un facteur clé
dans le travail de cette commission et je pense que les suggestions de
mon collègue de Hull sont très valables, quand il dit que nous
devrions peut-être nous concentrer sur la nomination d'un
député qui vient d'un endroit qui représente beaucoup plus
les problèmes que soulève cette loi. Mon collègue de Hull
a fait mention, par exemple, de la nomination possible du député
de Sainte-Anne.
Une voix: J'ai des doutes.
M. Lincoln: Avec la modestie que je connais au
député de Sainte-Anne, une modestie qui lui fait éviter
continuellement de se présenter devant la caméra et qui fait
écarter à tout prix toute possibilité de publicité
et de se mettre à l'avant, je suis sûr qu'avec sa modestie
habituelle c'est avec beaucoup de réticence qu'il accepterait le travail
de rapporteur. En même temps, il faut admettre qu'il affiche certaines
des qualités exemplaires d'un rapporteur possible de cette commission au
sujet de cette loi...
Une voix: II parle hollandais.
M. Lincoln: ... par le fait même de représenter un
comté où il y a beaucoup de gens défavorisés qui,
eux, sauront ce que c'est que l'impact de cette loi par rapport à
l'usage des automobiles. Il y en a beaucoup dans ce comté qui se servent
de leur automobile pour aller travailler dans les grandes industries, les
grandes manufactures et les grands commerces de la région
métropolitaine de Montréal. Ce sont les cols bleus qui partent de
chez eux très tôt le matin, qui ont un besoin essentiel de leur
automobile pour se rendre à Pointe-aux-Trembles, dans les régions
de l'Est de Montréal, dans les grandes usines, et pour qui le
problème de l'essence est un problème capital.
C'est aussi cette région à côté de Verdun,
avec un gros bassin de population, qui, pour ceux qui ne travaillent pas dans
des usines, qui ne se servent pas de leur automobile pour aller travailler, est
directement affecté par le transport en commun qui va accuser des
hausses significatives à cause de l'introduction de cette loi. C'est en
même temps une région qui possède pas mal d'usines, pas mal
de manufactures, pas mal de commerces. Le député de Sainte-Anne a
certainement des qualifications très particulières, parce qu'il
est représentatif d'une population directement affectée par la
question. Vous pouvez me demander ce qui se passe dans les régions
frontalières, c'est une question clé dans cette loi. Je me pose
aussi une question quant au député de Sainte-Anne, parce que
c'est un monde qu'il lui faudrait revoir, car je ne sais pas s'il est au
courant de ces problèmes particuliers des régions
frontalières.
Une voix: Et pourquoi?
M. Lincoln: Cela pourrait être les États-Unis, au
bord des États-Unis, les régions frontalières de
l'Ontario. Je peux voir, par les questions qu'on me pose, que c'est une
question imprévue. Très sérieusement, il y a là une
lacune qui pourrait causer des problèmes. (11 heures)
Je me tourne donc vers mes autres collègues et je
considère en même temps, avec mon collègue, le
député de Hull, que certainement le député de
Jean-Talon est un assidu de la commission. En ce moment, je constate qu'il
étudie la loi pour se perfectionner dans tous les rouages de cette loi
si importante. Mon collègue de Jean-Talon pourrait être un
rapporteur idéal pour cette commission. Lui aussi affiche certaines
lacunes du point de vue des critères que nous avons établis,
comme la question des régions frontalières dont il n'a pas la
moindre idée étant de la région de Québec. Aussi,
étant de Québec, il n'aurait pas l'expérience qu'un
collègue de la région de Montréal aurait, lui, en
étant beaucoup plus au courant des aspects de la loi affectant tous les
grands centres de population, quant à l'impact de cette loi sur les
industries, les commerces, les transports publics, le transport en commun, etc.
Ces questions sont beaucoup plus importantes au niveau de la région de
Montréal qu'au niveau de la région de Québec qui est bien
moins populeuse.
Je constate que, pour le rapporteur, nous avons un problème, en
ce sens que, pour trouver la personne idéale, ce n'est pas toujours
facile. Mais il reste clair, malgré tout, que, toutes choses prises en
considération, la candidature du député de
Rivière-du-Loup montre beaucoup de lacunes, du point de vue de la loi,
que dans le cas des députés de Sainte-Anne ou de Jean-Talon, par
exemple.
Une voix: Je n'aime pas beaucoup ces critères.
M. Lincoln: Pour ces raisons, je dois appuyer les arguments de
mon collègue de Hull par rapport au député de
Rivière-du-Loup. Je trouve que cette commission commettrait une erreur
importante, si elle n'examinait pas la question plus à fond. Je pense
que c'est une question importante et il ne faudrait pas se presser. On devrait
prendre le temps nécessaire, même si cela veut dire quelques jours
de plus, pour examiner à fond la question du rapporteur. Nous l'avons
fait, jusqu'à maintenant, d'une façon superficielle. Dans ce cas,
je considère que nommer le député de
Rivière-du-Loup
rapporteur seulement parce qu'on veut passer à une autre
matière, ce n'est pas une raison assez importante pour qu'on
délaisse la question de fond de la nomination du rapporteur.
Pour le moment, je voudrais réserver mes commentaires pour
l'avenir et appuyer les arguments de mon collègue de Hull, dans le sens
que je n'accepte pas la nomination du député de
Rivière-du-Loup comme rapporteur de la commission. Je suggère que
cette question soit différée et qu'on considère d'autres
nominations.
Je voudrais souligner encore une fois au député de
Rivière-du-Loup, pour qu'il n'y ait aucun malentendu à ce sujet,
et à tous nos collègues ici, qu'il n'y a absolument rien de
personnel à ce sujet. Je voudrais assurer M. le ministre que, si nous
insistons, c'est que c'est pour nous une question de principe fondamentale bien
plus qu'une question de personnalité, parce que, si c'était
seulement une question de personnalité de choisir un rapporteur, je suis
sûr que le député de Rivière-du-Loup aurait
été un des premiers choisis.
En fait, je constate, par l'intérêt et la patience que
démontre le ministre à cette question de choisir le rapporteur,
que lui-même est d'avis tacitement, par son attitude si constructive, si
objective...
M. Rivest: II faut s'en méfier, c'est un bleu.
Le Président (M. Jolivet): Voulez-vous bien vous taire, M.
le député de Jean-Talon?
M. Lincoln: M. le Président, je dois m'inscrire, s'il vous
plaît contre le député de Jean-Talon, mon collègue.
Même si on est dans le même parti, c'est une interruption qui a
coupé le fil de mes idées en plein milieu; alors, si vous pouvez,
M. le Président, lui demander de me laisser continuer. Je disais au
ministre...
Une voix: M. le Président, il vous fait une demande.
Le Président (M. Jolivet): Oui, excusez-moi.
M. Lincoln: Je m'excuse, M. le Président, M. le
député de Jean-Talon a causé l'interruption qui a
coupé le fil de mes idées sur une question aussi importante et je
voudrais que vous le rappeliez à l'ordre pour que je puisse
continuer.
Le Président (M. Jolivet): J'acquiesce à votre
demande.
À l'ordre, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nelligan, il vous reste encore cinq minutes.
M. Lincoln: Malgré les objections apportées par mon
collègue de Jean-Talon, j'aurais voulu dire, enfin, que personnellement
je trouve que l'attitude du ministre, une attitude constructive, une attitude
patiente, une attitude objective sur la question du choix du rapporteur, semble
indiquer que lui aussi considère que nous devrions faire l'examen le
plus profond de cette question d'importance capitale.
Je voudrais demander au ministre qu'il nous laisse poursuivre dans cet
ordre d'idées de considérer la nomination de quelqu'un,
même si c'était quelqu'un du parti de l'Opposition. Je sais que
traditionnellement c'est une personne du côté gouvernemental qui
est nommée rapporteur, mais peut-être que cette fois, tout bien
considéré, voyant l'importance de la question pour les
régions qui ont une grande population comme Montréal, que le
parti de l'Opposition a, en fait, le plus grand nombre de députés
dans la région de Montréal, qui est la plus affectée par
cette question, et qu'aussi le parti de l'Opposition a le plus grand nombre de
députés dans la région de l'Outaouais qui est
particulièrement affectée par cette question, que le Parti
libéral a aussi un grand nombre de députés dans les
régions frontalières et de l'Estrie qui sont aussi
particulièrement affectées par cette question, le ministre
pourrait accepter l'argument de notre côté que, pour une fois,
pour briser avec la tradition ce serait de bon augure, ce serait beaucoup plus
constructif pour la discussion fondamentale de cette loi si importante pour
tous les contribuables du Québec que nous brisions avec la tradition et
que nous examinions la possibilité de nommer un rapporteur du
côté de l'Opposition.
Les raisons que j'ai citées ne sont pas banales du tout, ce sont
des raisons très importantes. En fait, on peut dire que notre parti
représente les contribuables du Québec qui sont certainement les
plus affectés par la loi, les régions de grande population, les
régions frontalières et certains quartiers, comme celui du
député de Sainte-Anne, qui sont les plus démunis au
Québec.
M. Rivest: Démunis à cause du
député?
M. Lincoln: M. le Président, voilà le
député de Jean-Talon qui recommence ses blagues et ses
interruptions sur un sujet qui est d'importance première. Je n'ai pas
dit que le député de Sainte-Anne était démuni de
quoi que ce soit; au contraire, c'est un député qui montre une
intelligence, une intégrité, une classe, une humilité, une
modestie, c'est un polyglotte, un homme d'une habileté exceptionnelle...
Pardon?
Une voix: II parle le belge, le hollandais.
Le Président (M. Jolivet): Une minute.
M. Lincoln: Une minute. J'avais encore beaucoup de choses
à dire, M. le Président, je regrette que mon temps se soit
éclipsé si vite, parce que je voulais encore une fois demander au
député de Rivière-du-Loup, dont je connais
l'objectivité habituelle et, je l'espère, le manque de
partisanerie dans cette matière, s'il voulait peut-être
lui-même reconsidérer toute la question de sa nomination, de sa
candidature. Je pense que ce serait faire preuve du même esprit
constructif avec lequel la commission a attaqué l'étude du projet
de loi, si le député de Rivière-du-Loup lui-même
retirait sa candidature en faveur du député de Sainte-Anne ou du
député de Jean-Talon, pour toutes les raisons que nous avons
citées ici. Est-ce que mon temps est terminé? C'est très
malheureux parce que j'aurais voulu continuer encore 20 minutes, si vous
voulez.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Viger.
M. O'Gallagher: Combien me reste-t-il de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Je vais vérifier, je
vous le ferai savoir.
M. O'Gallagher: Merci.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Comme tout le monde
l'a dit tout à l'heure, nous sommes actuellement à choisir le
rapporteur de cette commission qui étudie le projet de loi no 39. La
personne qui a été désignée tout à l'heure
comme étant un rapporteur intègre, un rapporteur intelligent, un
rapporteur compétent, je ne mets pas en doute ses qualités mais,
par exemple, je me pose des questions sur la façon dont elle pourrait
vraiment rédiger son rapport parce que cette personne, le
député de Rivière-du-Loup, pendant la campagne
électorale, comme tous les autres députés
ministériels, s'est vantée que, si son gouvernement était
réélu le 13 avril 1981, il donnerait aux gens du Québec
une ristourne de 2% sur l'impôt des particuliers. C'est ce que j'ai
entendu pendant la campagne. Je pense que c'était une promesse formelle
de la part du gouvernement et des députés qui se
présentaient avec ce gouvernement.
M. le Président, vous savez qu'avec le projet de loi no 11
présenté au mois de juin, c'est ce qu'on a promis au peuple
québécois. Aujourd'hui, par je ne sais quel virage, on
enlève cette déduction d'impôt aux contribuables
québécois. Une voix: Cruel!
M. Maciocia: M. le Président, c'est pour cela que je me
pose des questions. Comment pourrait-il être justifié de faire un
rapport de cette commission sur le projet de loi no 39 vis-à-vis de ses
concitoyens, projet de loi qui impose une taxe, je ne dirais même pas
déguisée, à la population du Québec, une taxe sur
l'essence, une taxe sur la bière et les 2% - il n'y en a pas beaucoup
qui en ont parlé - de déduction? Ce serait vraiment très
intéressant malheureusement, il n'est pas présent - de
connaître l'opinion du député de Rivière-du-Loup sur
la question des 2% qu'il avait promis pendant sa campagne électorale
à ses concitoyens. Il ne faut pas oublier, non plus, que le comté
de Rivière-du-Loup représente une population de quasiment 40 000
âmes. Parmi ces 40 000 personnes, il y en a sûrement qui ont des
voitures, il y en a qui boivent de la bière. Une chose est sûre,
c'est que tout le monde aurait bénéficié du rabattement de
2% sur l'impôt. (11 h 15)
Une autre question que je me pose au sujet du projet de loi no 39, il y
a eu seulement 15 députés et ministres du côté
ministériel qui ont parlé sur le projet de loi no 39; sur une
possibilité de 80, il y en a eu seulement 15. Parmi ces 15, on n'a ni vu
ou entendu le député de Rivière-du-Loup. Il n'a
probablement pas voulu s'impliquer pour ne pas avoir à dire à ses
concitoyens les raisons pour lesquelles il était prêt à
voter pour un projet de loi aussi irresponsable, une loi matraque, si je peux
dire, pour la population du Québec.
M. le Président, il ne s'est pas prononcé. Je voudrais au
moins le questionner - il serait bien aimable de nous répondre - sur les
raisons pour lesquelles il n'a pas voulu intervenir sur le projet de loi no 39.
J'aimerais connaître sa position sur ce projet de loi et, après,
je pourrai probablement changer mon opinion vis-à-vis de cette
situation.
M. Boucher: J'attendais de l'étudier article par
article.
M. Maciocia: Vous attendiez cela. M. Boucher: Oui,
j'attendais. Une voix: Hold your breath. M. Maciocia: Je dois
considérer...
M. Rivest: Tu vas attendre longtemps, mon petit gars!
M. Maciocia: ... que c'est encore plus
irresponsable d'avoir voté en deuxième lecture pour ce
projet de loi, sans avoir même eu l'occasion de le lire. C'est vraiment
grave.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît:
M. Maciocia: Je pense que c'est quasiment de
l'inconscience...
Une voix: Ah oui.
M. Maciocia: ... d'avoir voté pour ce projet de loi sans
en connaître les conséquences.
M. Rivest: Comme ils ont fait au référendum. Ils
ont fait cela au référendum.
M. Maciocia: Aujourd'hui, je me pose probablement la même
question que je me suis posée le 20 mai 1980, quand vous avez
voté quand même inconsciemment oui au
référendum.
M. Rivest: Oui.
M. Maciocia: Mais, aujourd'hui, je ne sais pas si le
député de Rivière-du-Loup a même consulté ses
concitoyens pour savoir s'ils étaient prêts à accepter
qu'il soit le rapporteur d'une commission qui n'a pas d'autre fin que d'imposer
des taxes aux Québécois.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît:
M. Maciocia: M. le Président, voulez-vous rétablir
l'ordre?
Le Président (M. Jolivet): C'est déjà fait,
vous pouvez continuer.
M. Maciocia: Je le comprends, parce que c'est le voisin du
député de Rivière-du-Loup.
M. Rivest: C'est le pupille; il est sous la tutelle du
député de Rivière-du-Loup. C'est très connu dans la
région du Bas-du-Fleuve. C'est son "boss".
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon, s'il vous plaît!
M. Maciocia: Comment voulez-vous, M. le Président, qu'une
personne qui a déjà voté en deuxième lecture pour
un projet de loi aussi sérieux et qui implique forcément la
population du Québec puisse faire un rapport honnête, un rapport
sincère, un rapport objectif de cette commission?
M. Rivest: II ne peut pas.
M. Maciocia: M. le Président, vous vous rappelez
très bien - je m'en souviens - qu'on a déjà parlé
de ce projet de loi au mois de décembre. Vous étiez justement le
président de la commission à ce moment-là, quand j'ai
moi-même été approché pour être nommé
rapporteur de cette commission et j'y ai renoncé à cause
justement des conséquences qu'aurait pu avoir ma collaboration à
ce projet de loi pour mes concitoyens, mes électeurs et la population du
Québec. J'ai renoncé parce que je considérais que
c'était vraiment irresponsable de la part du ministre des Finances et,
par conséquent, de la part du ministre du Revenu, d'imposer une taxe
aussi lourde au peuple du Québec.
M. le Président, ce projet de loi représente aujourd'hui
ce que la population du Québec paie déjà,
c'est-à-dire 0,30 $ de plus sur le prix du gallon d'essence. Cela veut
vraiment dire que, chaque fois que nos Québécois et
Québécoises font le plein à la station-service, s'ils ont
une voiture moyenne, ça va leur coûter entre 6 $, 7 $ ou 8 $ de
plus, chaque fois qu'ils font le plein d'essence. M. le Président, dans
le contexte économique actuel, je me pose vraiment des questions sur la
validité, sur la nécessité ou sur l'opportunité
pour ce gouvernement d'imposer encore une taxe aussi irresponsable à la
population du Québec.
Je ne voudrais pas, en toute honnêteté, que le
député de Rivière-du-Loup soit pris tout à l'heure
avec des problèmes avec ses concitoyens, avec ses électeurs et
avec la population de son comté. Je pense qu'il en a déjà
pas mal assez, comme le disait le député de Jean-Talon, il ne
faudrait pas lui en créer encore plus. Mais j'imagine que même
s'il a été irresponsable au moment du vote en deuxième
lecture, il est assez responsable actuellement et que, probablement, il va
réfléchir avant d'accepter cette nomination. On n'a pas eu
l'occasion de savoir vraiment s'il va accepter ou non, mais je suis convaincu
qu'il va décliner cette responsabilité, parce qu'ici, en
commission parlementaire, on n'a pas encore de télévision, on n'a
rien qui nous regarde. Mais le jour où il devra faire son rapport
à l'intérieur de l'Assemblée nationale, vous savez
très bien qu'il y a en moyenne entre 100 000 et 150 000 personnes qui
vont regarder le député de Rivière-du-Loup faire un
rapport sur cette commission, sur un projet de loi, comme je le disais tout
à l'heure, irresponsable et inopportun pour la population du
Québec.
M. le Président, je voudrais continuer sur le même ton pour
essayer de convaincre, s'il n'est pas déjà convaincu, le
député de Rivière-du-Loup de ne pas accepter cette
responsabilité. Je pense que ce serait encore mieux que ce soit un
député de l'île de Montréal qui soit le rapporteur
de cette
commission, parce que, vous le savez très bien, depuis quelques
jours ou quelques semaines, sur l'île de Montréal, il y a des
stations-service ou des compagnies d'essence qui se livrent une guerre des prix
sur l'essence.
Entre parenthèses, M. le Président, je me pose la
question: Comment se fait-il qu'au dernier congrès du Parti
québécois on ait eu le courage de voter une résolution
pour avoir un Pétro-Québec à Québec? Je me pose
vraiment la question. C'est vraiment ridicule, alors qu'aujourd'hui, les
compagnies veulent se débarrasser, si c'est possible, de leurs usines
qu'un gouvernement qui démontre encore le sens des
responsabilités aille accepter, défendre vraiment ou mettre de
l'avant un projet de loi dans le sens d'avoir un Pétro-Québec ici
au Québec.
Motion d'amendement
M. le Président, c'est pour ces raisons que je vais proposer en
amendement que la motion présentement en discussion soit modifiée
en remplaçant les mots "Boucher (Rivière-du-Loup) par "Polak
(Sainte-Anne). Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
compte tenu de tout ce qui a été dit durant cette commission qui
a débuté il y a fort longtemps, des décisions qui ont
été rendues, je tiens à faire remarquer à chacun
des membres de la commission, qu'ils se trouvent à ma gauche ou à
ma droite, qu'ils auront, lorsque j'aurai suspendu les travaux pour prendre en
délibéré votre motion d'amendement, la possibilité
d'intervenir avant que je rende ma décision finale. Au moment où
je la ferai connaître, je laisserai une personne de chacun de mes
côtés intervenir avant que la décision soit finale. Pour le
moment, je ne permettrai pas d'intervention. Vous allez me permettre de
regarder l'ensemble et, quand je reviendrai, je donnerai l'idée
générale de ma décision, mais je vous laisserai le soin
d'intervenir sur cette décision avant de la rendre finale.
M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, juste une question avant que
vous quittiez votre fauteuil. Étant donné l'heure, est-ce que
vous pourriez convenir peut-être qu'on reprenne ça cet
après-midi?
Le Président (M. Jolivet): Nous avons à terminer
d'ici une heure. Au moment où on se parle, il est 11 h 30.
M. Rivest: Pour vous permettre de faire l'étude.
Le Président (M. Jolivet): Je pense que d'ici une
demi-heure, je pourrai le faire, si, d'ici une demi-heure, il ne m'est pas
possible de vous donner une réponse, je reviendrai et j'ajournerai les
travaux puisqu'il faudra avoir une décision de l'Assemblée
nationale pour cet après-midi.
Une voix: Très prudent de la part de...
Le Président (M. Jolivet): Merci. Suspension au moins
jusqu'à midi.
(Suspension de la séance à 11 h 27)
(Reprise de la séance à 11 h 57)
Le Président (M. Jolivet): La commission du revenu,
à la suite de cette suspension, reprend ses travaux. Comme j'en avais
fait mention, j'aimerais entendre l'argumentation, de part et d'autre, et je
demanderais probablement au député de Saint-Louis de parler sur
la motion d'amendement telle que présentée, à savoir si
elle est recevable ou irrecevable.
M. Harry Blank
M. Blank: Cette motion d'amendement a été faite par
le député de Viger. Le but de la motion est de changer le nom du
député de Rivière-du-Loup par le nom du
député de Sainte-Anne. La question que je pose est la suivante:
Quel est le but principal de la motion? Le but principal de cette motion,
à mon avis, en lisant le règlement, c'est de nommer un
rapporteur. Cela, c'est le but principal. Ce n'est pas dans le règlement
de nommer le député de Rivière-du-Loup ou n'importe quel
député; on dit de nommer un rapporteur parmi les membres de la
commission.
Au moment où on suggère une personne, on a toujours le
droit de faire un amendement pour changer le nom de cette personne, parce que
cela ne touche pas au but principal de la motion, c'est l'amendement. Ce n'est
pas une affaire d'écarter la motion principale, parce que la motion
principale, comme je l'ai dit, c'est la nomination d'un rapporteur.
Hier, on a eu des arguments; on a parlé d'un mois et on n'a pas
eu raison du tout. Plus particulièrement, on a cité comme
jurisprudence l'ancien code Geoffrion dans lequel on dit qu'on n'a pas le droit
de remplacer un article par un autre article. Mais ici, on ne remplace pas
toute la motion; on remplace deux mots dans la motion, suivant notre
jurisprudence, suivant notre règlement qui dit: On doit suivre les
usages, les coutumes. Cela veut dire quoi? Cela veut dire la jurisprudence de
l'Assemblée nationale. C'est très important de suivre la
jurisprudence, parce qu'ici c'est une commission parlementaire. On peut
dire
que c'est comme le droit. Quand une personne va voir un avocat pour
demander un conseil, l'avocat se base sur la jurisprudence. Cela veut dire
qu'avant de donner une opinion, il étudie la jurisprudence pour savoir
ce qui existe dans le passé, ce qu'il y a de différent dans ce
cas-ci par rapport aux anciens cas, et il peut donner une opinion. (12
heures)
Si on ne suit pas la jurisprudence, on sera toujours dans un
système d'anarchie, car on ne sait pas ce qui arrivera. Si, chaque fois
que nous faisons quelque chose ici ou en Chambre, on a une opinion
différente du président, cela devient ridicule. On n'a pas de
règlement mais seulement des opinions personnelles. On a un
règlement, on a la jurisprudence, c'est intéressant. Dans cette
motion, il y avait déjà de la jurisprudence. Cela fait environ
neuf ans que c'est commencé. La première jurisprudence a
été faite en 1974, sur le bill 22, quand l'Opposition a fait les
mêmes motions. Cela a été jugé recevable par le
président. Cela a duré peu de temps. On a fait la même
chose dans d'autres situations. Une chose intéressante, c'est qu'on a
fait exactement ces mêmes motions au mois de décembre, quand vous,
M. le Président, étiez en charge de la commission et, cinq fois,
exactement, vous avez accepté ces motions.
Vous me demandez maintenant comment vous pouvez changer un jugement ou
une décision dans une même séance. C'est déjà
arrivé. On me dit que, dans l'étude du bill 16, le
président de la commission, M. Laplante, a rendu une décision et,
deux heures après, il a changé d'avis et rendu une
décision contraire. Moi-même, quand j'étais
vice-président, je me souviens qu'à un moment donné j'ai
rendu une décision contre le député de Saint-Jacques sur
une question de droit de réplique. J'ai étudié le
problème durant la semaine suivante et, le mercredi suivant, je lui
donnais raison. Je lui ai dit que j'avais fait erreur. C'était le
même débat, la même motion.
Ici, nous sommes devant une situation un peu semblable. C'est vrai qu'il
y a eu une décision rendue dans cette commission sur une chose
semblable. Si on suit la pensée du député de Gouin, qui a
dit: Moi, la jurisprudence passée ne fait pas mon affaire; je pense que
la jurisprudence est dans l'erreur et je rends une décision. Rien ne
vous empêche, M. le Président, de dire exactement la même
chose. L'opinion du député de Gouin ne fait pas mon affaire. J'ai
déjà rendu des décisions contraires. Je trouve aujourd'hui
que cette motion d'amendement est acceptable. Je sais que nous sommes dans une
situation délicate, mais l'avenir du système parlementaire et de
la crédibilité des présidents de cette Chambre et des
commissions est plus important que la question de délicatesse. Je pense,
M. le Président, que vous devez recevoir cette motion.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Raynald Fréchette
M. Fréchette: J'ai écouté avec beaucoup
d'attention l'argumentation du député de Saint-Louis et je vous
signale qu'à bien des égards je suis d'accord avec cette
argumentation. Je retiens effectivement les motifs qu'il a soulevés, par
exemple, au niveau de l'application qu'il faut faire de la jurisprudence et
à certains autres égards.
Je suis, quant à moi, M. le Président, et je vous le
soumets bien respectueusement, d'opinion que la situation dans laquelle vous
vous retrouvez ressemble étrangement à celle qu'on a vécue
hier soir, dans une atmosphère particulièrement survoltée,
dans les conditions que tout le monde connaît. Mais,
indépendamment de la forme et indépendamment de la manière
dont les choses se sont déroulées hier, il me semble que la
décision qui avait été prise était juridiquement
correcte. Pour appuyer cette opinion, je vous référerai plus
particulièrement à l'article 70 de notre règlement.
L'article 70 prévoit qu'un "amendement doit se rapporter directement au
sujet de la motion proposée et ne peut avoir que les objets suivants:
retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par d'autres." Si l'article se
terminait là, je n'argumenterais pas. Je conviendrais qu'effectivement
la motion d'amendement à la motion principale serait recevable, si
l'article auquel je viens de me référer encore une fois se
terminait là, parce qu'il émet un principe
général.
Cependant, ceux qui ont procédé à la
rédaction de notre réglementation y ont ajouté une
condition, ou enfin une réserve à côté de laquelle
il est bien difficile de passer. Cet amendement "est irrecevable, ajoute
l'article, si son effet est d'écarter la question principale sur
laquelle il a été proposé et il en est de même d'un
sous-amendement par rapport à un amendement." Or, il m'apparaît
évident que, depuis le temps que nous passons à discuter ici...
Je comprends que la discussion est intéressante, on apprend des choses
qu'autrement on n'aurait peut-être jamais sues, surtout quand elle se
fait, cette discussion-là, dans la sérénité comme
ce matin, mais il m'apparaît évident que l'on veut effectivement
passer à côté de la question principale, soit celle de
finalement nous choisir un rapporteur.
Le député de Saint-Louis, avec raison d'ailleurs, fait
référence à la jurisprudence et il indique que la
jurisprudence doit être un guide pour ceux qui ont des décisions
à rendre dans l'application ou l'interprétation
de nos règlements. Je suis prêt à le suivre
là-dessus. D'ailleurs, l'article 2 ou 3 du règlement le
précise, mais, lorsque les textes de loi ou les textes d'un
règlement comme celui qui édicté nos règles de
procédure sont clairs, il me semble que l'on ne doit pas effectivement
s'en remettre strictement et exclusivement à la jurisprudence.
Il faut, dans des cas clairs, nous guider strictement et exclusivement
sur les dispositions de notre règlement. Or, il m'apparaît, et je
vous le dis encore très respectueusement, que, compte tenu de la
réserve que l'on retrouve à l'article 70 de notre
règlement, la motion qui est actuellement en discussion, la motion
d'amendement, devrait être déclarée irrecevable pour ce
simple motif, qui apparaît évident à quiconque veut
réfléchir un tant soit peu à la situation, qu'on tente
effectivement de passer à côté de la question
principale.
Il y aurait peut-être d'autres arguments qu'il serait utile de
développer, mais il me semble que celui-ci est suffisamment valable pour
que vous puissiez rendre une décision dans le sens que nous
suggérons.
M. Blank: Je vais prendre les mots du ministre pour appuyer mon
argument. Il a dit dans son petit discours qu'on a passé assez de temps
et qu'on doit nommer un rapporteur, mais, en disant cela, il a confirmé
que le but principal, c'est de nommer un rapporteur; non pas de nommer M.
Boucher, mais de nommer un rapporteur.
M. Boucher: Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Oui, question de
règlement.
M. Boucher: Le but de la motion, c'est de nommer Jules Boucher,
député de Rivière-du-Loup, et non pas de nommer un
rapporteur. De toute façon, on est obligé de nommer un
rapporteur. On est obligé d'en nommer un.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
d'accord.
Nous voilà devant une décision à rendre à la
Salomon, et, à mon avis, je devais le faire après avoir fait une
étude. En effet, compte tenu de ce qui s'est passé hier, de ce
qui s'est passé lors de la session intensive, cette étude
demandait d'être plus poussée que la façon dont nous sommes
placés, en session intensive, au moment où le parti de
l'Opposition ou le parti au pouvoir, peu importe lequel, l'utilise. De
façon générale, non pas selon la jurisprudence, mais selon
des faits bien établis, c'est l'Opposition qui utilise des moyens pour
empêcher qu'un projet de loi qu'elle ne veut pas voir adopter ne soit
adopté. Donc, c'est son droit le plus strict; c'est aussi en même
temps les moyens que le règlement lui permet et la coutume nous a
enseigné qu'elle utilise normalement.
Il faut donc se replacer dans le contexte où une première
décision a été prise en décembre et une autre a
été prise à la fin de cette session qui a
été ajournée jusqu'à hier, ce qui a demandé
des changements au niveau des décisions à être prises sur
la nomination ou non d'un rapporteur. Il faut donc savoir que nous ne sommes
plus placés dans les mêmes circonstances. Il faut aussi savoir
qu'à l'époque où la présidence a eu à
prendre une décision elle ne l'a pas fait de façon formelle,
c'est-à-dire basée sur de la jurisprudence, basée sur des
faits juridiques. Elle était placée dans des circonstances
où elle sentait que, quels que soient les moyens utilisés,
l'Opposition avait fait sentir son désir de ne pas voir adopter ce
projet de loi avant la fin de la session intensive qui s'est terminée le
19 décembre dernier.
Dans ces circonstances, il a fallu regarder quelles étaient les
deux écoles de pensée puisque, finalement, on se retrouve,
à ma gauche et à ma droite, avec deux écoles de
pensée sur la nomination d'un rapporteur. Dans un cas, on dit que la
motion principale est déterminée par règlement, à
savoir qu'il doit y avoir un rapporteur. Le fait de présenter une motion
pour qu'un rapporteur soit élu en nommant le nom de cette personne, les
gens disent que c'est la motion principale. Dans l'autre cas, l'autre version,
l'autre école de pensée dit: Le rapporteur étant
prévu par règlement, il s'agit du nom d'une personne et, à
ce moment, le nom de la personne devient amendable. C'est une façon de
voir les choses de part et d'autre. Donc, dans un cas, on dit que le nom de la
personne est la motion principale; dans l'autre cas, on dit que le nom de la
personne est un amendement à la proposition principale qui est celle de
nommer un rapporteur. Dans les deux cas, il n'y a pas eu jusqu'à
maintenant de jurisprudence de vraiment établie. On a senti, dans les
cas où cela s'est produit, que le président avait
décidé, sans aucune autre forme de décision
précise, de dire qu'il laissait aller le débat et qu'il
permettait à ce moment aux partis d'Opposition d'utiliser ce que le
règlement ne disait pas, ne précisait pas davantage au niveau de
la question du rapporteur.
Il y a d'autres parties du règlement qui prévoient qu'il y
a des formes précises où les amendements sont recevables,
où il y a ce qu'on peut appeler, dans d'autres tribunes qu'ici, d'autres
codes que celui que l'on a à l'Assemblée nationale. Dans d'autres
assemblées, une qui est particulière, c'est celle des commissions
scolaires. Pour éviter le problème dans lequel nous sommes
placés, il n'y a jamais d'amendement dans une commission scolaire; il y
a toujours une
proposition et une contreproposition. À ce moment, c'est un
débat global qui se fait sur la proposition et la contreproposition. On
vote d'abord sur la contreproposition et ensuite sur la proposition. Par le
fait même, dans bien des cas, si la contreproposition est
acceptée, elle fait tomber la proposition principale. Si la
contreproposition est refusée, par le fait même, automatiquement,
c'est la proposition principale qui est acceptée, à moins qu'il
n'y ait de nouvelles contrepropositions d'apportées. C'est la
façon d'agir.
Le règlement ne semble pas précis sur la question du
rapporteur, ce qui a fait que jusqu'à maintenant on a eu deux
écoles de pensée, placées aussi en même temps dans
des situations totalement différentes. La décision qui a
été rendue... On dit qu'elle a été rendue parce
qu'il n'y a pas eu de décision précise. J'étais là,
je m'en souviens, j'ai simplement laissé aller le débat sur la
question de la nomination d'une autre personne comme amendement, en sachant
qu'à cette époque il y avait une utilisation, quelle qu'elle
soit, de la part de l'Opposition - ce qui lui est permis par règlement -
de tous les moyens que le règlement lui donne pour empêcher qu'un
projet de loi ne soit adopté. D'un autre côté, nous sommes
revenus après cette intersession. Je pense que le président a eu
le temps de fouiller plus à fond la question puisqu'on savait, au niveau
de la présidence, que cette question viendrait, et qu'il a rendu une
décision. Toute autre forme de décision nouvelle vis-à-vis
de cette décision aurait pour effet d'en appeler de cette
décision. La présidence est placée devant une
décision prise selon ce qui peut être le plus juridique possible,
avec l'argumentation la plus serrée possible, mais il reste quand
même que, dans l'esprit de la présidence, ni l'un ni l'autre ne
règle toute la question. (12 h 15)
Là, je fais référence à des discussions
amorcées sur la réforme parlementaire. Je sais qu'on n'est pas
prêt à amener cette réforme tout de suite, mais d'autres
discussions se poursuivront certainement, soit en commission parlementaire,
soit à l'Assemblée nationale, sur la question de la
réforme parlementaire. Je pense que c'est un beau sujet de discussion
que celui qui concerne la nomination d'un rapporteur.
Dans le passé, on n'a jamais permis, sauf quelques exceptions
où l'Opposition a voulu utiliser le pouvoir que lui permettait le
règlement, sans qu'il n'y ait de décision définitive autre
que celle de permettre cette utilisation de la nomination d'un rapporteur pour
y aller d'amendements et de discussions sur l'amendement.
Il reste, cependant, que nous sommes placés devant une
décision déjà rendue. Je ne pense pas qu'on veuille faire
de la jurisprudence comme telle sur cette décision. C'était pour
les besoins de la discussion, mais je pourrais cependant reprendre d'autres
jurisprudences qui ont eu effet au moment où le président a cru
bon - je pense que c'était l'optique dans laquelle le président
était placé hier - de prendre lui-même des
décisions, compte tenu que les questions préliminaires à
la question principale pour laquelle nous sommes ici, à son avis ou
à l'avis de l'ensemble des gens, ont assez duré. Je ferais
référence à des décisions qui ont été
rendues par d'autres présidents dans les années soixante-dix
où le président, de lui-même, a dit: Maintenant,
écoutez, la raison principale pour laquelle nous sommes ici, c'est la
discussion article par article d'un projet de loi. Il est évident qu'une
fois qu'on a épuisé tous les moyens que permettent les
propositions préliminaires, il faut arriver le plus vite possible aux
sujets pour lesquels nous sommes convoqués en commission
parlementaire.
Le président, avec une discussion bien étoffée, a
rendu une décision. Toute autre proposition qui viendrait aujourd'hui
essayer d'en appeler par une forme quelconque rendrait le jeu et le travail de
la présidence difficile. Je dois vous dire que, dans cette
décision à la Salomon à être rendue, je suis dans
l'obligation de maintenir la décision que le président a rendue
hier en vous donnant cependant tout le portrait dans lequel cette
décision est enferrée, de part et d'autre, sur les deux
écoles de pensée, en espérant que nous puissions le plus
rapidement possible accéder à l'étude de l'article premier
de ce projet de loi pour lequel nous sommes convoqués.
Dans ce contexte, je dois vous dire, sans vouloir en faire une forme de
jurisprudence, parce que je permettrais à ce moment-là la
discussion plus à fond lors de la réforme parlementaire, qu'on
regarde bien comme il faut cette question de la nomination d'une personne,
parce qu'il s'agit bien de la nomination d'une personne. Dans ce contexte, je
permettrais au député qui avait le droit de parole, le
député de Viger, de terminer son droit de parole sur la motion
principale qui est celle de la nomination du député de
Rivière-du-Loup comme rapporteur de cette commission.
M. Blank: Avant que le député ne prenne la parole,
puis-je avoir une directive? Pour commencer, voyons la décision de
maintenir la décision d'une autre motion. Je ne crois pas en appeler de
la décision, parce que ce n'est pas la même motion - c'est
l'opinion du président - mais est-ce que cette motion était
amendable? Sinon, pourquoi est-ce que ce n'est pas dans le règlement? Si
oui, comment, si on ne change pas le nom?
Deuxièmement, avant de faire une
motion ou quelque chose, est-ce qu'on doit prendre en
considération les circonstances? La jurisprudence va-t-elle changer
quand il neige ou quand il y a du soleil, quand il fait chaud en Chambre ou
quand il fait froid? On doit prendre les circonstances en considération
pour décider d'une motion. Une discussion de 75 minutes, est-ce assez
pour vider une question et doit-on passer à la vapeur à la
prochaine étape? Sachez que 75 minutes, dans la vie parlementaire, ce
n'est pas tellement long.
Le Président (M. Jolivet): Écoutez, M. le
député, je dois vous dire que ce n'est pas dans ce sens que j'ai
indiqué ce qui s'était produit, puisque vous avez fait
référence à une décision du 14 décembre
dernier, eu égard à une décision qui a été
rendue hier. Je pense qu'il y a eu beaucoup de discussions
préliminaires. Je sais très bien qu'il y a eu cependant un
changement à l'horaire, compte tenu des circonstances au mois de
décembre dernier. Nous sommes revenus ici hier avec des motions qui ont
eu pour effet qu'une décision a été rendue par un
président sur la question. Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'il y a
souvent des circonstances, et j'ai eu à les vivre en plusieurs occasions
et d'autres présidents aussi, où, dans les commissions
parlementaires, le président peut être plus ou moins large sur la
façon dont les débats se déroulent. Vous avez eu
probablement, l'occasion, de vivre avec moi deux projets de loi sur les
affaires sociales à l'époque, et l'Opposition a demandé de
les reporter après les vacances de Noël, ce qui, effectivement, a
eu lieu et a permis, à ce moment-là, l'utilisation la plus
complète possible de ce que le jeu parlementaire peut permettre. Mais je
dois vous dire que, dans ces circonstances-là, ce que je propose comme
discussion au niveau des gens qui discutent de la réforme parlementaire,
c'est de regarder ce sujet-là, puisque ce sujet sur lequel nous sommes
et pour lequel nous sommes convoqués aujourd'hui, comme on l'a
été dans le passé, c'est l'étude article par
article du projet de loi no 39. C'est dans ce sens-là que je maintiens
la décision du président qui a été prise hier, en
disant qu'on devra regarder plus à fond cette question dans la
réforme parlementaire et essayer de trouver une solution au
problème à la Salomon auquel nous sommes confrontés. M. le
député de Viger.
M. Maciocia: Avant de profiter de mes trois minutes, M. le
Président, je voudrais vous poser une question à laquelle, je
pense, vous n'avez pas répondu. Cette question posée par le
député de Saint-Louis est celle-ci: Est-ce que la proposition
principale est amendable?
Le Président (M. Jolivet): J'ai répondu que je
maintenais la décision du président hier et qu'elle
n'était pas amendable, c'est la décision rendue par le
président hier.
Motion pour reporter le choix du rapporteur
M. Maciocia: Vous savez très bien que c'est ma
première expérience de député à
l'Assemblée nationale, si je fais des erreurs, je vous prie de me
corriger, mais, je voudrais quand même, revenir encore à la
proposition principale qui a été faite tout à l'heure,
dans le sens de remplacer les mots "Boucher (Rivière-du-Loup)" par le
mots "Polak (Sainte-Anne)" et que ce rapporteur soit nommé à la
fin des travaux de la commission.
Le Président (M. Jolivet): C'est une proposition qui est
recevable, puisqu'il n'y a rien qui indique dans le règlement que le
rapporteur doit être nommé au début. La coutume veut
cependant que ce soit au début que cette proposition soit faite. Ce que
vous demandez, en fait, c'est - comme on l'a fait dans bien des cas au niveau
des commissions parlementaires quand on arrive à l'étude article
par article - de reporter la décision à la fin. Vous nous placez
encore une fois dans des discussions qui pourraient s'amorcer sur le fait que
cette proposition soit recevable. Mais, vous le savez, en commission
parlementaire, il n'y a rien qui vous empêche de faire une proposition
semblable. Il est évident que le rapporteur pourrait être
nommé à la fin, mais nous en serions rendus à ce
moment-là à l'épuisement des droits de parole - je tiens
à vous le faire remarquer -et au fait que la motion qui est actuellement
en discussion, c'est elle qui porte sur le député de
Rivière-du-Loup. Il faut bien faire cependant attention au fait que
c'est cette proposition-là qui reviendrait à la fin et, les
droits de parole ayant été épuisés jusqu'à
maintenant, c'est celle-là, ce n'est pas une autre proposition qui
pourrait revenir. Il faut bien être conscient que c'est ce que je vous
propose.
M. Blank: Oui, mais on a le droit de parler sur l'amendement.
Le Président (M. Jolivet): Oui. Je ne vous
empêcherai pas de parler sur l'amendement. Ce que je veux vous dire,
c'est que la proposition qui sera sur la table à la fin de la
commission, pour les trois minutes qui vont vous rester, au plus, le dernier
droit de parole ayant été épuisé, ce sera la
proposition du député de Rivière-du-Loup.
M. Blank: Non. J'ai le droit de parler sur l'amendement.
Peut-être que je ne suis pas d'accord avec lui que ce soit à la
fin.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse mais ce que je veux
bien préciser, M. le député...
M. Blank: Son droit de parole sera épuisé.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Louis, c'est ce que je veux vous dire. Vous avez le droit de discuter de
l'amendement que j'ai reçu. Peut-on dire que c'est un amendement? Je
pense plutôt que c'est une proposition qui a pour effet de reporter
à plus tard la nomination du rapporteur. Cependant, je dois vous dire
que la nomination du rapporteur, quand cet amendement sera éclairci, si
l'amendement est refusé, nous arriverons à la motion principale;
si l'amendement était accepté, nous reviendrons donc sur la
nomination du rapporteur à la fin mais, à la fin, il ne restera
que trois minutes sur votre droit de parole et, après cela, nous
passerions au vote.
M. Fréchette: M. le Président, à simple
titre d'information, j'ai compris du député de Viger que son
amendement avait deux volets. Le premier était celui de suggérer
la nomination du député de Sainte-Anne.
M. Blank: II est retiré.
Le Président (M. Jolivet): Non, il est irrecevable.
M. Fréchette: II ne reste que le seul volet du report.
Le Président (M. Jolivet): C'est ça. Autrement dit,
M. le député de Rivière-du-Loup, les gens qui se trouvent
à ma gauche ont épuisé, sauf trois minutes de la part du
député de Viger, leur droit de parole.
M. O'Gallagher: Y compris moi.
Le Président (M. Jolivet): Oui c'est vrai, vous avez
raison, M. le député de Robert Baldwin; il vous reste quatre
minutes. Donc, on pourrait consigner, au cas où la motion serait
refusée tout à l'heure. Ce n'est pas à moi d'accepter;
cependant, je veux bien que les règles du jeu soient connues dès
le départ. Dans la mesure où l'amendement est refusé, nous
revenons et il reste trois minutes au député de Viger et quatre
minutes au député de Robert Baldwin. Ensuite, nous passerons au
vote sur "le député de Rivière-du-Loup" ou encore, si la
motion de report à la fin était acceptée, nous serions
donc rendus à la même forme d'utilisation de droit de parole de
chacun des deux députés qui restent, mais il n'y aura plus
d'autres amendements possibles.
Donc, l'amendement du député de Viger a pour effet de
demander à la commission de reporter à plus tard sa
décision sur la nomination du rapporteur. C'est une motion de report
à la fin. Le député de Viger a-t-il épuisé
son droit de parole? Oui. M. le député de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: M. le Président, j'appuierais la motion du
député de Viger. Je trouve très intéressant et
très intelligent de sa part le fait de faire cette motion. Je crois que
cela devrait être dans nos règlements qu'un rapporteur soit
nommé à la fin des travaux de la commission. Parce que quand le
rapporteur signe un rapport et quand il se lève en Chambre pour le
déposer, cela signifie qu'il appuie ce rapport. Comment un
député peut-il accepter d'être rapporteur avant qu'il sache
ce qui se passera pendant la commission? Aujourd'hui, le député
de Rivière-du-Loup accepterait d'être le rapporteur et, durant la
discussion, il pourrait trouver, dans sa propre conscience, que tout ce qui se
passe ici et tout ce qui s'est passé est contre sa volonté,
contre ses intérêts comme député, contre les
intérêts de ses électeurs et qu'il n'est pas d'accord du
tout avec tout ce qui s'est passé. Comment peut-il signer un rapport
à ce moment-là? Je trouve cela très difficile. Le
député de Rivière-du-Loup doit rester ici durant toute la
séance, entendre tous les débats et, à la fin, il doit
décider si, oui ou non, il est prêt à accepter la position
de rapporteur. Parce qu'en mettant sa signature sur le rapport qui est
rédigé par le secrétaire de la commission -parce que c'est
ce que notre règlement dit -qui est une version véridique de ce
qui s'est passé en commission, et en se levant en Chambre, tout le monde
serait au courant que le député de Rivière-du-Loup
appuierait ce rapport. (12 h 30)
Mais, comment le député du comté de
Rivière-du-Loup peut-il appuyer un rapport qui fait tellement de mal
à ses concitoyens? Je trouverais incroyable qu'il accepte cette
position. Il va voir durant ce débat, durant la discussion article par
article, qu'on taxe le pauvre petit de notre société, on le taxe
indirectement. On dit sur tous les tons à Québec, du
côté du parti gouvernemental, qu'on ne taxe pas les pauvres, qu'on
taxe seulement les riches, les pauvres on ne les touche pas. Mais, qui est
touché par ce bill-là? Le député de
Rivière-du-Loup doit y penser deux fois avant de décider,
à la fin de cette commission, de mettre son nom au bas de la page, parce
que les cultivateurs, dans son comté, paient 0,30 $ le gallon de plus.
Presque tous les cultivateurs. Quelques-uns, près de la frontière
du Nouveau-Brunswick, vont s'en sauver. C'est cela, on fait deux classes de
citoyens. Le pauvre
chauffeur de taxi, lui, doit payer 0,30 $ et le cultivateur ne les paie
pas. Je trouve cela très intéressant d'avoir deux classes de
citoyens. Le chauffeur de taxi, qui fait une démonstration ici
aujourd'hui, a une famille et il doit vivre aussi. Je trouve curieux qu'on
n'ait pas songer à mettre une exemption pour lui. Je trouve très
curieux qu'on n'ait pas fait une exemption pour les commissions de transport en
commun, parce que là, ce sont des pauvres qui sont touchés.
Même dans la ville de Rivière-du-Loup, je suis certain qu'il y a
des autobus. Il n'y a pas d'autobus à Rivière-du-Loup? Quelle est
la population de Rivière-du-Loup?
M. Boucher: 13 000 .
M. Blank: 13 000. Mais, il y a des voitures, j'espère?
M. Boucher: Quelques-unes. On en voit quelques-unes, comme
cela.
M. Blank: II n'y a pas d'autobus, comme cela? Ces gens-là
sont tous pris avec la nouvelle taxe. Et, quand ils arrivent chez eux et font
le petit bilan de ce qu'ils ont gagné et de ce qu'ils ont
dépensé de plus avec l'essence, le gars est assez pris qu'il
prend une bière. En prenant de la bière, il est taxé de
nouveau. Il est taxé sur l'essence et, quand il en a assez de toutes ses
pensées, il prend une bière, et à ce moment il est
taxé encore. Il essaie d'oublier, mais il oublie une taxe en payant une
deuxième taxe. En pensant que certains messieurs, peut-être, font
une piastre, pas tellement, lui sera encore taxé de 2%, ces fameux 2%.
Le député de Rivière-du-Loup a dit à ses
électeurs, aux mois de mars et avril 1981: Nous, le Parti
québécois, on va donner une ristourne de 2% sur votre
impôt. Ils ont même confirmé cela par une loi. Le
député de Rivière-du-Loup a voté pour la Loi no 11,
au mois de juin 1981, qui a donné ces 2% de ristourne à tous ses
électeurs.
Et, maintenant, je suis certain, avec mon expérience ici, que
cette section de la loi va passer durant l'étude en commission. Et,
à la fin de la commission, le député de
Rivière-du-Loup sera pris avec un rapport qui dira: Vous, mes
concitoyens, mes électeurs, vous devez payer 2% de plus. Comment, en
toute conscience, peut-il signer? C'est pour cela que, peut-être, il y
aura des amendements, durant l'étude article par article.
Peut-être qu'il y aura des changements qui vont alléger le fardeau
des taxes des électeurs de Rivière-du-Loup. Le
député de Rivière-du-Loup peut prendre le risque, il peut
se faire nommer rapporteur. Il peut se lever en Chambre en disant: J'avais
appuyé ce projet de loi. Maintenant, le gouvernement, vu le bon sens, a
changé un peu, il a réduit la taxe de 0,30 $ à 0,03 $, il
a réduit la taxe sur la bière à 80% et il nous a
retourné les 2%. À ce moment-là, le député
de Rivière-du-Loup sera heureux de se faire nommer rapporteur et de
signer ce fameux rapport.
Aujourd'hui, comment peut-il le faire? Comment va-t-il savoir ce qui se
passera à cette commission? Je pense que le député de
Viger a fait une grande faveur au député de
Rivière-du-Loup en lui donnant plus de temps pour la réflexion.
Le député de Rivière-du-Loup est visé par ces lois
aussi. C'est lui-même qui va payer la taxe additonnelle sur l'essence,
lui-même qui va payer plus pour une bière. Je pense qu'il prend
une bière, je ne le sais pas. Il n'est pas encore ministre des Finances;
le scotch, c'est seulement de temps à autre.
M. Boucher: Pas de scotch. De la bière.
M. Blank: Pas de scotch. Je suis certain qu'il gagne assez pour
payer les 2%. Si je me souviens bien, il a mentionné que sa femme
travaille, elle a une voiture. Je ne sais pas si elle prend une bière,
peut-être de la bière légère ou du cidre? Je ne
pense pas, il n'y a pas de cidre dans son bout. Sa femme paiera les 2% aussi.
Comme je l'ai mentionné hier après-midi, il y a donc un conflit
d'intérêts. Est-ce que le député de
Rivière-du-Loup prendra ce risque d'être accusé
d'être en conflit d'intérêts, de signer un rapport qui,
peut-être, va contenir des choses qui, vraiment, vont créer un
conflit d'intérêts dans l'esprit du député de
Rivière-du-Loup?
Je ne sais pas combien de temps va durer cette commission.
Peut-être sera-t-elle finie avant la fin de la session, peut-être
que non; je ne le sais pas, cela dépend de ce qui se déroule
ici.
Une voix: Cela dépend de vous autres.
M. Blank: Oui, cela dépend de nous. Ce qu'on fait ici, ce
n'est pas anormal, cela fait partie du système parlementaire de faire ce
qu'on appelle un "filibuster".
M. Fréchette: Philippe Buster.
M. Blank: Ce n'est peut-être pas écrit dans nos
règlements, mais c'est une tactique qui est utilisée partout dans
le monde où il y a un système parlementaire ou un système
de Législature. Même aux États-Unis, le système de
"filibuster" existe. Au Sénat, des gens se sont levés et ont lu
la Bible pendant vingt-quatre heures. Ici, au moins, le "filibuster" est
limité au sujet en discussion.
M. Lachance: Vous devriez faire cela, ce serait plus
intéressant.
M. Blank: Peut-être que cela toucherait
la conscience de quelques-uns du côté
ministériel.
Une voix: Cela les ferait réfléchir aussi. La Bible
ne permet pas l'exploitation.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Blank: Peut-être qu'en utilisant le "filibuster" on va
sensibiliser les gens du comté de Rivière-du-Loup.
Peut-être que les médias vont expliquer aux gens de
Rivière-du-Loup en quoi consiste le "filibuster" et pourquoi on le fait.
On le fait parce qu'on veut que ces gens de Rivière-du-Loup sachent que
le bill qui augmente la taxe sur l'essence, la taxe sur la bière et
l'impôt n'est pas passé encore, que le gouvernement perçoit
cette taxe seulement par résolution du ministre des Finances et du
ministre du Revenu, mais que cela doit être confirmé par une loi.
C'est cette loi-ci. Les gens pensent que la loi est passée; elle n'est
pas passée. Il est encore temps pour les gens ordinaires de communiquer
avec les députés des deux côtés de la Chambre et de
faire des protestations contre ce bill.
Si le gouvernement a besoin d'argent, comme il le dit, et essaie de
percevoir un milliard avec ce bill, il y a d'autres façons
d'épargner ce milliard. Il y a beaucoup de choses dans le budget qu'on
n'a pas touchées. On peut se passer des coupures budgétaires dans
les affaires sociales et dans les hôpitaux, mais il y a beaucoup d'autres
endroits où on peut faire des coupures, beaucoup d'endroits où on
peut ramasser assez d'argent sans toucher les pauvres. Si vous voulez taxer les
gens qui ont de l'argent faites-le mais vous devez être
honnêtes.
Avec ce bill, les électeurs du député de
Rivière-du-Loup, qu'ils soient riches ou pauvres, qu'ils paient la taxe
on non, doivent payer cette taxe, directement ou indirectement. Le monsieur qui
n'a pas de voiture va la payer parce que, lorsqu'il fait des achats dans un
supermarché, tous les légumes ne sont pas produits dans le
comté de Rivière-du-Loup ils viennent de partout au Canada, de
Montréal, de Québec. Si on augmente le coût du transport en
augmentant le coût de l'essence, cela se reflète dans le prix que
les électeurs du député de Rivière-du-Loup paieront
pour leurs légumes et leurs produits alimentaires. Tout le monde doit
manger, même les gens sur le bien-être social. Savez-vous que les
gens vivant du bien-être social sont touchés directement par cette
loi-ci? Chaque bénéficiaire du bien-être social va trouver
un peu moins d'argent dans sa poche après que ce projet de loi sera
voté et on veut en voir les conséquences. Je suis certain que ce
projet de loi est inflationniste et qu'il va augmenter les prix partout dans la
province. Les gens un peu moins démunis que les autres pourraient
être moins affectés, mais si on prend les
bénéficiaires du bien-être social qui doivent faire leurs
achats chaque semaine, le coût du transport est inclus dans les prix
à payer et lorsqu'on augmente l'essence à 0,30 $ le gallon, on
augmente le prix des aliments. Je trouve donc régressif, c'est le moins
que je puisse dire, ce bill, à cause de ce qu'il impose aux pauvres.
Je demande comment cela va affecter vos électeurs, mais vos
électeurs, si on continue ce "filibuster", peut-être que cela va
les réveiller. Ils vont savoir ce qui se passe ici, ils vont communiquer
avec vous en vous disant ce que vous faites en votant "oui" pour ce bill. Je
suis certain que des gens de votre comté ne sont pas tellement au
courant de ce qui se passe ici. C'est difficile, même pour les
députés qui sont ici, de savoir ce qui se passe; c'est difficile
dans le public à moins qu'on ne fasse quelque chose de spectaculaire
pour que ça ne passe pas. En faisant un "filibuster", on veut que les
gens du comté de Rivière-du-Loup sachent que le coût de
leurs aliments grimperait à cause du oui de leur député,
et je veux qu'ils communiquent avec leur député durant
l'étude article par article de ce projet de loi-là. Si, à
ce moment-là, le député de Rivière-du-Loup a eu
assez de protestations des gens de son comté, à ce
moment-là, peut-être qu'il y pensera deux fois avant d'accepter
d'être rapporteur pour ce projet de loi.
Si on le nomme aujourd'hui, peut-être qu'il sera pris avec toutes
sortes de problèmes parce que, durant l'étude de ce bill, un peu
d'information va filtrer dans le comté de Rivière-du-Loup, et des
gens vont savoir ce qui se passe ici, ils sauront que leurs aliments seront
augmentés, leur essence aussi, que les chauffeurs de taxi vont avoir des
problèmes, et aussi les camionneurs, les cultivateurs peut-être un
peu moins, mais les cultivateurs prennent de la bière aussi, et il n'y a
pas de ristourne sur la bière; les cultivateurs paient aussi des taxes
et il n'y a pas de ristourne de 2% pour les cultivateurs. Cela fait qu'à
un moment donné ils protesteraient auprès de leur
député, et le député aurait la possibilité
de décider de voter pour le projet de loi ou non parce que, même
s'il suit la ligne de parti la conscience personnelle peut parfois être
très importante. On a vu cela au moins de notre côté de la
Chambre. Lorsqu'il y a des gens qui ont une idée différente, ils
n'ont pas peur de le montrer et de voter contre la ligne de parti; ça
arrivera. Si cela doit arriver dans ce cas-ci, et si le député de
Rivière-du-Loup décide à la fin de cette commission qu'en
toute conscience il n'est pas d'accord avec le contenu de ce bill, après
son étude article par article, il peut refuser d'être rapporteur
et on peut en nommer un autre qui soit
d'accord. Je ne sais pas si on peut vraiment trouver ici dans cette
Chambre, en toute conscience, quelqu'un qui peut voter pour un bill semblable,
mais le bill est là. Le député de Rivière-du-Loup
doit être très heureux que le député de Viger ait
fait cette motion parce que cela pourrait lui causer beaucoup de
problèmes pour son avenir politique s'il accepte de signer ce document
avant qu'il sache ce qu'il y aura dedans. Comme avocat, je vous
suggérerais de ne pas signer de document avant que vous sachiez ce qu'il
contient. Accepter d'être rapporteur avant même que le rapport soit
rédigé ou avant même que les discussions soient
amorcées -on sait dans quelle direction va la pensée de cette
commission - serait très imprudent pour le député de
Rivière-du-Loup à ce stade. Il me reste combien de temps?
Une voix: Deux minutes.
M. Blank: Dans les deux dernières minutes qui me restent,
je ne veux pas trop prolonger le débat... Avez-vous des électeurs
anglophones dans Rivière-du-Loup? Quelques-uns.
M. Boucher: Deux ou trois. M. Blank: 2%.
M. Boucher: Non. 99,9% de francophones. (12 h 45)
M. Blank: For the one or two English people in the county of
Rivière-du-Loup, I want to bring to their attention the fact that their
member may without knowing it undertake to sign a document increasing the taxes
and the burden upon them. The member from Viger made the motion that he be
named only at the end of the committee hearings, which gives him a chance now
to change his mind to perhaps look after the interest of his constituents
before looking after the interest of his party, because after all a member must
represent his constituents. There is a party line, but there is a certain limit
to it. The conscience of the individual member sometimes must supersede that of
the party line. This case is an absolute perfect example where, in all
conscience, a member of a party who claims they have a prejudice in favour of
the little guy to go ahead and vote a bill that touches the little guy more
than that touches the big guy, because you got remember that big corporations
who have to pay the 0,30 $ extra on the gallon of gazoline, they can deduct
their expenses from their operating cost, but the poor little devil in your
county that live on social welfare or makes only a few dollars a week, he has
not any place to deduct it, and if, as a result of this increase in taxes, he
has to pay more, it comes directly out of his pocket and he is the one that
suffers.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saine-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, je ne sais pas si les membres
de la commission voudraient avoir l'avantage d'écouter mon texte
intégralement ou si vous aimez mieux que je commence et que je continue
plus tard, parce que vous comprenez que j'ai des émotions très
vives, étant venu tellement près d'une candidature officielle
pour devenir rapporteur. C'est assez difficile d'avaler cette pilule, je ne
suis même plus là-dedans.
M. Fréchette: Est-ce que je dois comprendre que vous avez
un texte écrit?
M. Polak: Non, je n'ai pas un texte écrit, mais c'est un
texte qui est fort intéressant. Voulez-vous que je commence tout de
suite?
M. Fréchette: On va l'écouter.
M. Polak: Évidemment, je vais reprendre cela après
parce que je vois qu'il est 12 h 52.
M. Fréchette: II y a encore sept minutes.
Le Président (M. Jolivet): Donc, il n'y a pas de
consentement. Vous allez commencer dès maintenant jusqu'à 13
heures.
Une voix: Je voudrais faire une motion pour ajournement.
M. Polak: M. le Président, sur l'amendement qui vient
d'être présenté par le député de Viger, tout
à l'heure, quand vous avez rendu votre décision, vous avez
parlé d'une décision de Salomon. J'avais toujours compris que
Salomon faisait bénéficier les deux en même temps, mais
dans votre décision de Salomon, c'est moi qui ai perdu la
tête.
Le Président (M. Jolivet): J'aurais peut-être
dû parler d'un noeud gordien.
M. Polak: Oui. Le député de Rivière-du-Loup
est encore très vivant. J'ai eu des émotions très vives
à ce sujet. Parlant sur cet amendement, c'est d'ailleurs la raison pour
laquelle je me trouve aussi dans une situation très difficile. En
conclusion, je vais essayer d'en arriver à Salomon. Je vais être
très franc avec vous. J'aurais préféré de beaucoup
être considéré comme un des candidats pour cette nomination
et devenir
rapporteur de notre commission. Nous sommes tous des êtres
humains. J'aurais pu réagir comme cela et dire: Je vais rendre la vie
difficile au député de Rivière-du-Loup. Je vais parler sur
cet amendement d'une telle manière que cela deviendra très
difficile pour lui. J'aurais préféré cela comme solution.
Évidemment, ce n'est pas ma manière de travailler. Il faut tout
de même penser au contenu de l'amendement, au texte même qui dit de
remettre cette décision à la fin des travaux de notre
commission.
Il faut donc analyser quel serait l'avantage de remettre cela à
la fin ou de faire cette nomination tout de suite. Tout le monde connaît
- d'ailleurs, on en a parlé assez longtemps déjà - la
fonction de rapporteur, l'importance de sa tâche. D'ailleurs, comme
l'article 161 le dit clairement, il doit soumettre un rapport suffisamment
détaillé. Selon moi, cela veut donc dire que ce rapporteur doit
être présent à toutes les séances de notre
commission et aussi longtemps que cela peut durer, pour être vraiment en
mesure de soumettre un rapport suffisamment détaillé. Si le
rapporteur avait manqué des séances, il aurait dû
s'informer pour savoir ce qui s'est passé et peut-être relire les
débats, mais comme vous le savez, cela prend toujours des
journées avant qu'on en reçoive une copie. Il est donc
évident que, si le rapporteur était présent
continuellement, comme d'ailleurs le président de la commission aussi,
il pourrait soumettre un rapport suffisamment détaillé et en
toute connaissance de cause. C'est une obligation assez grave pour le
rapporteur. Si j'étais candidat... Évidemment, dans votre
jugement, avec tout le respect que je dois à la présidence... Vu
que je ne suis plus candidat, si j'avais été élu
rapporteur, j'aurais dit volontairement, sans aucune motion pour me forcer:
Parce que vous m'avez élu, messieurs les membres de cette commission, je
m'engage à être présent à toutes les séances
pour pouvoir soumettre un rapport suffisamment détaillé.
Mais je ne sais pas si le député de Rivière-du-Loup
serait prêt à faire la même suggestion. Évidemment,
son nom est maintenant le seul qui reste dans la motion avec l'amendement. Je
me demande même, M. le Président, s'il n'y aurait pas lieu d'avoir
un sous-amendement après, pendant la discussion, parce qu'il faut tout
de même se renseigner. J'aimerais entendre les commentaires d'autres
membres de notre commission sur le fait de la présence du
député à toutes les séances pour être capable
de soumettre un rapport suffisamment détaillé.
Le Président (M. Jolivet): Peut-être pour vous
éclairer, une motion de report comme telle ne prévoit pas de
sous-amendement. Il faudrait donc en arriver à d'autres formules.
M. Polak: D'accord. Merci, M. le Président. Maintenant
qu'on a votre décision sur ce point, l'obligation du
député de Rivière-du-Loup devient encore plus importante
parce que là, cela dépend seulement de sa bonne foi pour dire:
Est-ce qu'il sera présent à toutes les séances, oui ou
non? Si, donc, on le nomme tout de suite rapporteur, je pense qu'il y a un
danger qu'ayant obtenu la nomination officiellement - et c'est un homme humain,
comme tous les autres députés d'ailleurs, des deux
côtés de la table - il dise: Je suis nommé, c'est moi le
rapporteur. Il va se nommer officiellement rapporteur, il a le droit de le
dire, c'est un poste d'honneur d'importance. Il peut manquer des
séances, ne pas venir ici, peut-être en toute bonne
volonté, tandis que, s'il est nommé officiellement à la
fin de nos travaux, il va veiller à ses intérêts. Il va
dire: Écoutez, moi, je ne sais pas ce qui arrive ici: Peut-être
qu'au cours de nos travaux il sera obligé de rester ici et de suivre
tous les débats. Il peut dire: II faut que je me protège, parce
qu'on ne sait jamais. Peut-être qu'à la fin les
députés vont dire: Écoutez, les membres de la commission,
il était très souvent absent, il n'est pas venu, il n'a pas
participé, il a lu les journaux, il n'a pas écouté les
débats, il y a toutes sortes de points. À ce moment-là,
ça devient un peu un candidat qui doit prouver sa compétence.
Donc, à ce point de vue là, je vois l'avantage,
immédiatement, de remettre cette nomination à la fin des
travaux.
C'est peut-être une sorte de manque de confiance envers le
député. Je ne veux pas dire ça sur un plan personnel du
tout. D'ailleurs, - des témoignages ont été donnés
d'une manière abondante ce matin - personne ne doute de ses
capacités, de sa valeur humaine. D'ailleurs, quand on lit son curriculum
vitae, j'étais très content, hier, quand ça
été discuté assez longuement, de savoir que c'est un homme
qui est près de la base. Sur ce point-là, nous sommes totalement
d'accord. Je travaille de la même manière que lui. C'est une sorte
d'avertissement à ce député-là, surtout que
maintenant c'est lui le seul candidat. C'est une drôle d'affaire, il n'y
a plus d'autre candidat en jeu. Moi-même j'ai perdu ma tête. M. le
Président, avec votre jugement de Salomon. Je ne suis jamais venu aussi
proche d'une nomination officielle. Je pensais vraiment que j'aurais une
chance. Même parmi les députés ministériels, il y en
a qui m'ont parlé un peu. Savez-vous, il y a des petites discussions qui
ont lieu, tout de même, entre députés, en prenant - un
café. Ils ont dit: Polak, si le président accepte
cette motion, tu auras une maudite bonne chance. Entre nous autres, on
se parle de temps en temps, savez-vous, quand on prend un café. J'ai
même pensé à faire une sorte de campagne électorale,
à les appeler, à parler d'ailleurs avec le député
de Rivière-du-Loup pour lui dire franchement: J'aimerais bien avoir
cette nomination de rapporteur, parce que c'est très important; dans mon
comté de Sainte-Anne, les gens seraient très heureux de voir leur
député rapporteur officiel d'une commission. C'est une position
importante. J'étais même prêt à parler avec lui,
à lui dire: Peut-être que vous allez avoir une autre commission,
donnez-moi une chance. Je suis venu très proche. Quand j'ai entendu, par
exemple, le député de Hull...
M. Blank: M. le Président, je constate qu'il est une
heure.
M. Polak: ... tous les mots d'éloges qu'il m'a
adressés. Même le député de Robert Baldwin a
parlé de moi favorablement. Il est vrai que, chez la députation
gouvernementale, les membres n'ont pas exprimé leur opinion, mais
entre-nous j'avais vraiment ce qu'on appelle en anglais "very good vibrations".
On reste donc avec le seul député ...
Le Président (M. Jolivet): Je vous permettrai de continuer
cet après-midi. J'ajourne sine die les travaux de cette commission en
vous avertissant que, possiblement, il y aura convocation après la
période des questions.
(Fin de la séance à 12 h 56)
(Reprise de la séance à 16 h 21)
Le Président (M. Laplante): La commission du revenu se
réunit afin d'étudier article par article le projet de loi no 39.
Les membres de cette commission: M. Blank (Saint-Louis)...
M. Blank: À la place de M. Dubois...
Le Président (M. Laplante): ... M.
Desbiens (Dubuc); M. Dubois (Huntingdon) remplacé par...
M. Blank: ... M. Polak (Sainte-Anne).
Le Président (M. Laplante): ... M. Polak (Sainte-Anne); M.
Forget (Saint-Laurent)...
M. Blank: Remplacé par O'Gallagher.
Le Président (M. Laplante): ... remplacé par M.
O'Gallagher (Robert Baldwin); M. Fréchette (Sherbrooke), M. Lachance
(Bellechasse), M. LeBlanc (Montmagny-
L'Islet), M. Marquis (Matapédia); M. Martel (Richelieu)
remplacé par M. Boucher (Rivière-du-Loup); M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce)...
M. Blank: Remplacé par M. Rivest (Jean-Talon).
Le Président (M. Laplante): ... remplacé par M.
Rivest (Jean-Talon).
Les intervenants: M. Boucher (Rivière-du-Loup) remplacé
par M. Grégoire (Frontenac); M. Houde (Berthier)...
M. Blank: Remplacé par M. Rocheleau (Hull).
Le Président (M. Laplante): ... remplacé par M.
Rocheleau (Hull); M. Lafrenière (Ungava), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Lincoln (Nelligan), M. Maciocia (Viger), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), M. Perron (Duplessis), M. Vaugeois
(Trois-Rivières).
Lorsque les travaux ont été ajournés, à
midi, nous étions sur une motion pour que le rapporteur puisse
être nommé à la fin des travaux. Le député de
Saint-Louis avait déjà complété son temps et le
député de Sainte-Anne avait déjà sept minutes de
faites. Maintenant, la parole est au député de Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. Malheureusement, vous
n'avez pas eu le bénéfice de la première partie de mon
intervention, les sept premières minutes. Je ne veux pas faire la
répétition de ce que j'ai dit parce que je sais que, comme homme
public et intéressé, vous avez suivi les débats de
près. Je vous ai vu dans la salle ce matin, quoique vous n'étiez
pas avec notre commission. Je dois vous féliciter, d'abord, parce que,
ayant déjà travaillé sous votre présidence quand on
a discuté article par article la loi no 16 sur Hydro-Québec, je
sais qu'on peut compter sur vous en ce qui concerne l'interprétation
humaine des règlements; espérons que ça va continuer. En
ce qui concerne l'amendement, il y a, comme votre prédécesseur ce
matin l'a dit, deux écoles de pensée. Il y a l'école qui
suit la théorie strictement légale; ce que le président,
d'ailleurs, a appliqué ce matin quand il a malheureusement
décidé qu'il ne pouvait pas me considérer comme un des
candidats pour cette fonction importante de rapporteur que personnellement
j'aurais préférée parce que j'étais bien prêt
à relever le défi de cette magnifique tâche.
Malheureusement, la décision a été prise, on ne peut rien
faire contre ça.
Ensuite, il y a une interprétation plus ouverte, peut-être
un peu plus humaine et je voudrais analyser encore un peu plus en détail
pourquoi il y a beaucoup d'arguments
en faveur d'une interprétation plus ouverte. J'en ai
trouvé entre midi et une heure, j'ai fait un peu de recherches
là-dessus et j'ai trouvé, je pense, cinq arguments.
Le premier argument pour lequel il faut être en faveur que la
nomination soit retardée jusqu'à la fin de nos travaux, c'est que
cela va garantir la présence du député en question. J'ai
déjà référé à cela ce matin; je vais
juste prendre 30 secondes pour dire que ça va forcer, au moins sur le
plan moral, le député de Rivière-du-Loup à
être ici sur une base permanente tout au long de nos travaux parce
qu'évidemment il sait qu'à la fin il aura une bonne chance
d'être nommé. Si par hasard, en cours de route, il ne se montre
pas le visage, qu'il ne participe pas à nos travaux, il est possible
qu'unaniment on dise: On aurait le député de Sainte-Anne. Il y a
d'autres choses qui peuvent arriver. Je pense qu'il sera sur le qui-vive et je
pense que, sur le plan de la justice humaine, c'est un argument très
fort. D'ailleurs, c'est le député de Rivière-du-Loup qui
devrait apprécier un tel argument parce qu'il a démontré,
comme son curriculum vitae qui est maintenant public devant notre commission le
prouve, qu'il est un homme vraiment spécialisé dans les contacts
humains avec des gens de partout.
Le deuxième argument est qu'il aura avantage, M. le
député de Rivière-du-Loup, à écouter tous
les arguments. Au cours de nos travaux, à un moment donné, on
commence à étudier le projet de loi article par article; et, au
lieu d'être déjà nommé, d'être certain qu'il a
la nomination dans sa poche, vu qu'il n'est pas du tout certain de ça,
il sera donc obligé de suivre les débats de près, tous les
arguments, l'étude article par article. En écoutant, cela peut
influencer la manière dont il va rédiger son rapport. D'ailleurs,
le texte du règlement le force à soumettre un rapport
suffisamment détaillé. Donc, là, il aura toute la
possibilité d'écouter les arguments de part et d'autre.
Le troisième argument en faveur de l'amendement c'est que non
seulement le député de Rivière-du-Loup peut écouter
mais il peut même participer au débat. Ce matin, il a
été accusé de ne pas avoir parlé du tout pendant le
débat en deuxième lecture de ce projet de loi à
l'Assemblée nationale. C'est peut-être une fausse accusation;
peut-être y avait-il une règle dans son parti, que ce
n'était pas son tour de parler, de passer le temps et ici il a une
chance de se reprendre pendant nos travaux, sachant qu'il y aura, à la
fin, la nomination à ce poste important. Il peut donc activement
participer. Au lieu de laisser toujours parler les députés de
l'Opposition, il peut dire: C'est à mon tour, je veux participer et
faire le point, et comme cela, fortifier la chance de sa candidature. Donc,
cela est un autre argument pour donner une chance au député de
Rivière-du-Loup de développer ses arguments sur tous les articles
de ce projet de loi, avant leur étude en détail.
Autre argument. Je ne parle pas en faveur du député de
Rivière-du-Loup; je parle plutôt en faveur de tous les membres de
notre commission. Pour moi, l'idée que sous-tend cet amendement, c'est
qu'il y a une sorte de système d'évaluation des travaux du
député de Rivière-du-Loup. J'aime bien travailler en
équipe. Donc, il faut oublier à un moment donné la
politique partisane. Il faut dire: Ce député, son nom a
été mentionné officiellement pour devenir rapporteur, mais
cela va être décidé à la fin de nos travaux. On veut
voir comment il travaille, sa performance. Le système
d'évaluation, cela existe, d'ailleurs, dans beaucoup de domaines. Et on
ne sait jamais, peut-être à la fin que beaucoup de membres vont
dire: Mais, on l'a évalué, on est vraiment déçu. On
ne veut pas de lui. À ce moment-là, on peut voter contre la
nomination et peut-être lancer la carrière de rapporteur du
député de Sainte-Anne, par exemple. Ou à l'inverse, on
peut dire: II a très bien fait, il a écouté au lieu de
lire un journal et il a participé aux débats. Et là,
évidemment, il n'y a pas de doute, unanimement, on va le confirmer comme
rapporteur. Donc, cette possibilité voulant qu'il va subir une sorte de
test d'évaluation, je pense que c'est très intéressant.
D'ailleurs, cela peut changer le système à l'avenir de nommer un
rapporteur. Il faut que le rapporteur réalise qu'il a une fonction
importante, et il faut avoir une concurrence entre différents
candidats.
Quatrième argument. Il y a d'autres candidats, c'est bien connu;
à notre commission, des membres voulaient être rapporteur. Je ne
me gêne pas du tout de vous dire que, dans mon comté de
Sainte-Anne, les électeurs auraient bien aimé que je sois choisi
par les membres comme rapporteur. Mais, je sais, par exemple, que le
député de Jean-Talon est un homme ambitieux. Il n'a pas
parlé beaucoup là-dessus, mais hier j'avais mentionné son
nom, parce qu'il ne savait pas à ce moment-là que ma candidature
était considérée. Mais, ce matin, j'ai eu de la part du
député de Hull et du député de Nelligan un appui
assez fort. Donc, j'ai vu la réaction du député de
Jean-Talon, il n'était pas tellement heureux. J'ai vu pour la
première fois qu'il avait l'ambition d'accéder à ce poste,
d'être nommé rapporteur. Donc, c'est intéressant, parce que
si, après l'évaluation du député de
Rivière-du-Loup, on arrive à la conclusion, unanimement, que son
affaire ne marche pas, que, pour une raison ou une autre, il n'a pas
passé le test de nos travaux, il y a donc immédiatement
déjà d'autres candidats qui sont prêts à prendre la
relève et veulent se faire élire.
Combien de minutes me reste-t-il, M. le Président? (16 h 30)
Le Président (M. Laplante): II vous reste encore six
minutes, M. le député.
M. Polak: Ce sont des arguments que j'ai donnés - 4
arguments - en faveur d'une interprétation plus ouverte et plus humaine,
pour dire qu'on va nommer ce rapporteur à la fin de nos travaux. En
résumé, cela va garantir, certainement sur le plan moral, sa
présence physique; ensuite, il sera forcé d'écouter nos
arguments et aura la chance de participer aux débats. De mon point de
vue, je serais prêt à participer aux débats et je sais que
je serai considéré également. Si, pour une raison ou une
autre, la candidature du député de Rivière-du-Loup tombe,
s'il y a une pression trop forte, s'il ne peut plus accepter cela, il pourra
toujours retirer sa candidature. Il reste, au moins, un jeu.
À ce moment-là, on pourra dire: Le député de
Sainte-Anne est assez fort pour accepter le défi vu qu'il a
accepté de participer activement à nos travaux. Le
député de Hull a eu bien raison quand il a eu le courage de
suggérer ce nom-là. Un tel changement peut être
bénéfique pour les travaux de notre commission. Sur le plan
humain, de la transparence, d'une attitude plus ouverte, ce sont ces arguments
qui nous diront s'il faut suspendre cette nomination ou la remettre
jusqu'à la fin de nos travaux. Ce sont des arguments très
très forts.
Si c'est un homme subjectif, avec un peu trop de déception -
comme c'est arrivé ce matin, quand mon nom a été
rayé de la liste à cause d'une décision rendue par le
président - je préfère, évidemment, que le
député de Rivière-du-Loup se soumette à tous ces
tests. Ma candidature demeure toujours parce qu'on ne sait jamais ce qui
arrivera avec lui. Je pense être un homme assez objectif.
Évidemment, comme avocat, je suis un des premiers à dire: Lisons
donc un texte pour savoir ce qui se trouve dans les textes de loi...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je peux vous
interrompre? J'aimerais avoir une suite à la communication
téléphonique que vous aviez reçue, lors de l'étude
de la loi 46, de votre Américain.
M, Polak: Ce serait pour demain, M. le Président. Je vais
vérifier si c'est bien lui qui a appelé, parce que, savez-vous,
je n'ai jamais révélé son nom.
M. Fréchette: Est-ce que c'est le même qui a
appelé?
M. Polak: Apparemment. Je lui ai seulement dit hier qu'il y avait
de fortes chances que je sois sur cette commission et là il m'a
parlé de l'affaire des rapporteurs.
M. Fréchette: La confidentialité est absolue
encore?
M. Polak: Oui, je ne peux absolument rien
révéler.
Maintenant, tous les arguments que j'ai donnés militent en faveur
de remettre la nomination à la fin et ça va même être
bénéfique pour moi-même parce que, si le
député de Rivière-du-Loup n'est pas capable de prendre la
position, c'est moi qui aurai une très forte possibilité de
devenir rapporteur.
Mais je suis un homme objectif et j'ai lu l'article 161. Donc, je parle
maintenant de l'interprétation textuelle et légale. Lisons
l'article 161: "Dès qu'une commission élue a terminé
l'examen de l'affaire qui lui a été référée,
elle doit, par l'entremise d'un rapporteur qu'elle a désigné
parmi ses membres..." Donc, qu'est-ce que cela veut dire "un rapporteur qu'elle
a désigné parmi ses membres"? À quel moment est
désigné ce rapporteur? Lorsqu'on lit le texte rapidement, il ne
semble pas qu'il y ait une direction là-dedans parce qu'il dit:
Dès que la commission a terminé l'examen elle doit
désigner un rapporteur qu'elle a élu parmi ses membres. Cela
pourrait donc vouloir dire théoriquement qu'on pourrait attendre
jusqu'à la dernière minute de nos travaux pour le nommer.
Mais, quant à la fonction du rapporteur, dans le même
article, on dit: II doit déposer un rapport suffisamment
détaillé. Je regrette d'être obligé d'aller
peut-être contre l'opinion exprimée par le chef de notre
équipe, le député de l'Opposition, parce que je crois
vraiment, pour que ce rapporteur puisse soumettre un rapport suffisamment
détaillé, que l'intention du législateur était de
dire: Monsieur, on va vous nommer tout de suite parce qu'on a confiance en vous
et vous allez commencer vos travaux immédiatement, justement pour
être capable de soumettre un rapport suffisamment détaillé.
Donc, je crois que ce n'était pas l'intention du législateur
d'attendre jusqu'à la dernière minute pour nommer cet
homme-là.
C'est vrai que, sur le plan humain, de la transparence et même de
mes propres possibilités de devenir rapporteur, j'aurais peut-être
dû laisser de côté cet argument légal, mais je crois
- c'est ma méthode de travailler, je veux être objectif - que
vraiment, en lisant le texte même, l'intention générale du
législateur était de dire qu'on va nommer tout de suite cette
personne-là, évidemment, quitte à changer plus tard le
règlement parce que sur le plan humain les arguments que j'ai
donnés existent; on peut avoir une grande déception, parce que
personnellement je vais voter contre notre propre amendement en me
basant sur le texte et la légalité. Il peut y voir une
grande déception, parce que je me fie sur le député de
Rivière-du-Loup, et on peut avoir une déception. L'avenir nous le
dira.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Sainte-Anne.
M. le député de Jean-Talon.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, je remercie mes
collègues, parce que je dois retourner en Chambre après cette
intervention qui se veut une invitation pressante à nos collègues
d'adopter la motion qu'on me dit avoir changée depuis mon
départ.
M. Fréchette: Ce n'est pas de la motion qu'on discute.
M. Rivest: J'allais, justement, demander quelques instants de
répit. On m'a dit qu'il s'agirait de nommer le rapporteur à la
fin des travaux. Je trouve que c'est une idée assez intéressante
et brillante sans aucun doute.
M. le Président, notre droit de parole sur cette motion est
de...
Le Président (M. Laplante): II est de vingt minutes.
M. Rivest: Vingt minutes. Comme il s'agit toujours, sauf erreur,
du député de Rivière-du-Loup, hier ma première
intervention s'était arrêtée à un
élément de la biographie du député de
Rivière-du-Loup pour savoir s'il est qualifié...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon, pour la bonne marche des travaux, vu que c'est une nouvelle motion
de report, il faudrait surtout vous en tenir au pourquoi de ce que vous voulez
avoir, parce qu'il n'est plus question actuellement du député de
Rivière-du-Loup comme motion principale. La motion est claire, on dit
que le rapporteur, sans nommer personne, devrait être nommé
à la fin de cette commission.
M. Rivest: Très bien. Ce que j'avais noté dans la
biographie du député de Rivière-du-Loup, c'est qu'il
était membre du RIN, j'en étais à ce point, et
qu'étant membre du RIN il était favorable par définition
à l'indépendance sans association et toutes les histoires du
premier ministre, cela n'existait pas. Il pouvait être perçu par
le premier ministre comme étant un agent provocateur. Si le premier
ministre suivait les travaux de cette commission et qu'il apprenait que nous
avons désigné au début de nos travaux le
député de Rivière-du-Loup, peut-être menacerait-il
lui-même de démissionner et que là toute la volière
péquiste s'agiterait pour dire: René, reviens René. Vous
avez connu la chanson, vous l'avez sans doute chantée vous-même.
À ce moment, cela pourrait causer des problèmes aux travaux de
notre commission.
Soyons habiles. Procédons à l'étude du projet de
loi, avançons notre travail pour ne pas surprendre le premier ministre
et ne nommons le député indépendantiste de
Rivière-du-Loup qu'à la toute fin, si bien que le premier
ministre sera placé devant un fait accompli, un peu à la
manière dont il l'a été lors du dernier congrès par
les agents provocateurs qui, comme par hasard, se sont avérés
être largement majoritaires au congrès du PQ, si les informations
étaient justes. M. le Président, je sais que, sur le plan de
notre règlement, vous n'avez pas une connaissance parlementaire de ce
qui s'est passé en dehors de la Chambre. Je pense que vous n'êtes
pas au courant. Comment avez-vous voté au congrès, M. le
Président?
M. Fréchette: "Eastern Canada concept."
M. Rivest: J'entends au premier congrès.
Le Président (M. Laplante): Si vous me donnez une
égalité de pour et de contre, de chaque côté ici, je
me prononcerai, monsieur.
M. Rivest: Non, c'est une simple information. J'imagine que le
ministre du Revenu, dont les souches unionistes sont très connues,
était plutôt du côté de ceux qui voulaient non
seulement une association, mais un fédéralisme renouvelé,
enfin assez près...
M. Fréchette: Vous nous avez même dit qu'on avait la
majorité avec ceux de chez vous qui avaient déjà
été au même endroit. C'était un caucus
majoritaire.
M. Rivest: Oui, mais on a pris une partie des
éléments valables de l'Union Nationale et le PQ a pris l'autre
partie des éléments valables de l'Union Nationale.
Une voix: Très bien.
M. Rivest: Je ne voudrais pas être injuste pour l'Union
Nationale et lui faire dire ce qu'il lui reste; mais, néanmoins, il y a
eu cette affaire.
Je m'excuse, M. le Président, cela vous apparaît
peut-être un peu décousu comme intervention, mais je cherche ma
page...
M. Boucher: On ne vous le fait pas dire.
M. Rivest: ... sur le comté de Rivière-
du-Loup. M. le Président, voilà ma page sur
Rivière-du-Loup, la pyramide des... C'est celui de Montmagny-L'Islet, ce
n'est pas le bon. Celui de Montmagny-L'Islet, c'est le vôtre?
Une voix: Non.
M. Rivest: Rivière-du-Loup. M. le Président, nommer
simplement le député de Rivière-du-Loup comme rapporteur
à la fin de nos travaux. Le député de
Rivière-du-Loup pourrait, étant donné qu'il ne serait pas
en fonction - je pense que c'est le sens de la motion - pendant que nous allons
examiner le projet de loi article par article, aller expliquer, d'une
façon libre, sans parler ou avoir l'air de parler au nom de la
commission parlementaire et de tous ses collègues, à sa
population les raisons sur lesquelles il se fonde pour appuyer une chose aussi
invraisemblable qu'une augmentation de 20% à 40% des tarifs
d'électricité. Plusieurs de mes électeurs m'ont
signalé...
M. Boucher: On n'est pas en train d'étudier le projet de
loi 16.
M. Rivest: - de l'essence plutôt, pardon, - cette
difficulté.
M. Boucher: Vous vous trompez de "filibuster".
M. Rivest: Je vois, M. le Président, qu'une de mes
électrices vient justement d'entrer dans cette enceinte et
qu'elle-même est extrêmement contre cette mesure du gouvernement.
Je suis convaincu qu'elle se prépare à venir m'indiquer que je ne
devrais pas approuver un tel projet de loi et peut-être inviter le
député de Rivière-du-Loup, à qui elle
s'apprête d'ailleurs à parler, je crois, à
réfléchir avant d'accepter la nomination de rapporteur. Dans ce
sens-là, c'est un autre argument pour que nous procédions
simplement à la désignation du rapporteur de notre commission
à la fin de la commission. Cette procédure peut paraître
inusitée à la grande spécialiste qui nous quitte, mais je
voudrais néanmoins appuyer la motion qui a été faite par
le député de Viger. En même temps, ça pourrait
permettre au député de Rivière-du-Loup...
J'ai parlé des problèmes municipaux et mon
collègue, ici, le député de Hull, est très au fait.
On l'oublie souvent. Pendant que la commission travaillera, le
député de Rivière-du-Loup, n'étant pas rapporteur,
pourra se rendre dans les diverses municipalités de sa circonscription
pour leur demander combien leur coûte de plus le geste
inconsidéré et irresponsable du député de
L'Assomption et ministre des Finances qui, comme on le sait, en vertu du
présent projet de loi, hausse d'une façon unilatérale -
ça ne vous rappelle rien, M. le Président - la taxe sur l'essence
de 20% à 40%. Prenons, par exemple, une municipalité, j'en prends
une au hasard, Saint-Clément,
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon, c'est difficile de maintenir le sujet de report de la nomination du
rapporteur à la fin de l'étude du projet de loi.
M. Rivest: Bien, la raison évoquée, M. le
Président, est très simple. C'est que, pendant que nous allons
procéder à l'étude, article par article...
Le Président (M. Laplante): II ne faudrait pas parler sur
le fond, parce que...
M. Rivest: Non, la raison est très simple.
Le Président (M. Laplante): ... si on veut parler sur le
fond, on va commencer tout de suite l'étude...
M. Rivest: Non, non, je n'entrerai pas au fond.
Le Président (M. Laplante): ... article par article. (16 h
45)
M. Rivest: La raison première, c'est que, pendant
l'étude du projet de loi article par article, si on nomme le
député de Rivière-du-Loup comme rapporteur à la fin
de nos travaux, entre-temps, pendant que nous allons procéder, le
député de Rivière-du-Loup pourra assumer ses
responsabilités. On lui permet, au fond, d'assumer ses
responsabilités de député et d'aller parler du
mérite de la question à ses électeurs. Tandis que, si on
le nommait immédiatement, voyez la difficulté dans laquelle il
serait. Le député de Rivière-du-Loup, dont on
connaît la perspicacité, a probablement compris -enfin, on le
pense - que cette commission-ci ne faisait pas l'unanimité sur
l'adoption du projet de loi. Il y a un certain nombre de députés
qui, bien conscients de leur responsabilité, s'opposent à
l'adoption du projet de loi. S'il était le rapporteur - le rapporteur,
c'est le porte-parole de l'ensemble de la commission - comment pourrait-il
aller, avec un sens des responsabilités, devant les citoyens de la
municipalité de Saint-Antonin, par exemple, qui est dans sa
circonscription, qui compte quelque 1686 personnes le 31 mars 1981, comment
pourrait-il aller expliquer aux gens de Saint-Antonin que lui, rapporteur d'une
commission parlementaire, il défend la position proposée par le
projet de loi no 39, alors qu'un nombre très important de membres de la
commission refusent? Il faudrait, autrement dit, que chaque parti ou
chaque opinion, au sein de la commission sur le projet de loi nomme son
propre rapporteur. Vous voyez, M. le Président, comment cette
situation-là serait assez ridicule.
Même, et c'est ça l'habileté, peut-être, et la
finesse du député de Viger qui a pensé à cette
résolution, il pourrait, après avoir été à
la municipalité de Saint-Antonin, se rendre à la
municipalité de Saint-Arsène qui n'est pas très loin de
là, mais qui compte seulement 729 personnes. Il pourrait convaincre les
gens de Saint-Arsène, 729 personnes, ce serait un travail moins long
qu'à Saint-Antonin parce que là il y en a 1686. L'aurait-il fait,
M. le Président, aurait-il expliqué, tout en n'étant pas
rapporteur, son point de vue, il pourrait se rendre, après avoir
été à Saint-Antonin et à Saint-Arsène,
à Saint-Clément paroisse. Là, ça prendrait encore
moins de temps puisqu'il n'y a que 478 personnes. M. le Président, tout
cela, c'est dans sa circonscription.
Le Président (M. Laplante): Pour informer la
présidence, est-ce que la municipalité de Whitworth est
là-dedans?
M. Rivest: M. le Président, voulez-vous me donner cinq
minutes, je vais consulter?
M. Polak: C'est la plus petite municipalité? Comment
ça s'appelle encore?
Le Président (M. Laplante): Whitworth.
M. Rivest: M. le Président, dans le document qui m'a
été fourni par des gens de Rivière-du-Loup qui m'ont
demandé de sensibiliser leur député au geste
inconsidéré qu'il a fait lorsqu'il a adopté le projet de
loi 39, malheureusement je ne vois pas cette municipalité. Mais je sais,
connaissant bien la région, que le nom que vous avez mentionné
n'est pas une municipalité au sens du Code municipal, mais un territoire
non organisé, étant donné que j'ai eu l'occasion de me
rendre assez souvent dans la région de Rivière-du-Loup pour
constater cette réalité. C'est un territoire non organisé,
M. le Président.
Mais, ayant franchi ce canton non organisé, si le
député de Rivière-du-Loup n'est pas rapporteur, il pourra
revenir -parce qu'ayant fait, dans une même journée, les paroisses
de Saint-Antonin, de Saint-Arsène et de Saint-Clément, je pense
qu'il pourrait rentrer en fin d'après-midi - dans la ville de
Rivière-du-Loup qui comporte, selon mes chiffres, un nombre
d'électeurs de 9241. N'étant pas rapporteur de la commission, il
pourra parler librement et exprimer son point de vue aux gens de
Rivière-du-Loup, et 9241 électeurs, c'est quand même la
partie principale de sa circonscription. Si on regarde les chiffres, la
municipalité suivante, c'est évidemment Trois-Pistoles qui est
quand même dans votre circonscription, M. le député, et il
y a 3135 personnes à Trois-Pistoles, vous voyez. Par contre, vous avez
les paroisses de Saint-Patrice-de-Rivière-du-Loup, qui a 1356 personnes,
et de Saint-Jean-de-Dieu qui a 1424 personnes. La plus petite
municipalité, c'est Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, 74 personnes.
M. Boucher: C'est une île.
M. Rivest: Le député de Rivière-du-Loup
n'étant pas rapporteur pourra donc, comme je pense déjà
l'avoir dit, expliquer son point de vue aux représentants de la
région sur les raisons qui l'amènent à s'opposer à
l'adoption d'un projet de loi qui augmente la taxe sur
l'électricité de 20% à 40%.
M. Fréchette: Vous vous trompez là. M. Rivest:
La taxe sur l'essence.
M. Fréchette: Vous vous pensez probablement de l'autre
côté.
M. Rivest: C'est parce que c'est l'objet de ma motion de l'autre
côté. De plus, je voyais le député de Terrebonne et
ça m'a, évidemment, comme partout où il passe...
M. Fréchette: Cela a fait monter le voltage.
M. Rivest: ... il sème la confusion, M. le
Président. Alors, j'ai été victime de son passage.
M. Fréchette: Cela a fait monter le voltage.
M. Rivest: Je voudrais vous indiquer un des aspects assez odieux
des 20% à 40% d'augmentation de la taxe sur l'essence. Finalement,
pourquoi cela? Le député de Rivière-du-Loup,
n'étant pas rapporteur, pourra, puisque qu'il ne sera nommé, en
vertu de la motion du député de Viger, qu'à la fin de nos
travaux, l'expliquer librement sans engager tous les membres de la commission.
Quelles sont les raisons qui ont amené le gouvernement à proposer
une telle mesure? Qu'est-ce que cela va lui rapporter? 900 000 000 $ par
année ou quelque chose comme cela, M. le ministre du Revenu?
Alors, ces 900 000 000 $, il faut bien s'en rendre compte - et le
député de Rivière-du-Loup expliquera cela à ses
gens -ce sont 900 000 000 $ qu'on va chercher dans la poche des contribuables.
Et pourquoi? C'est probablement - la raison principale, M. le Président
- parce que le gouvernement du Québec, comme tous les contribuables,
comme les municipalités, comme les
entreprises, est victime dans une certaine mesure des problèmes
liés à l'inflation.
Mais, contrairement à l'entreprise, aux contribuables, aux
municipalités qui, elles ou eux, doivent assumer à même
leur propre argent le coût de leurs opérations, rebudgéter
leurs budgets en conséquence, le gouvernement du Québec, lui,
peut continuer de faire des dépenses irresponsables comme celles que
l'on connaît depuis 1976, et dire: Ce n'est pas grave, on a des gens qui
vont payer. On peut facilement se financer, continuer d'avoir une
administration des finances publiques terriblement néfaste. Ce matin,
l'excellent chroniqueur du Journal de Québec, M. Normand Girard, parlait
de laxisme dans l'administration actuelle. Je suis sûr que le
député de Rivière-du-Loup, qui ne sera pas rapporteur,
pourra d'ici a la fin de nos travaux consulter un dictionnaire et s'informer de
la signification de l'expression "laxisme".
M. Boucher: C'est comme élastique.
M. Rivest: M. le Président, est-ce que vous pourriez
rappeler à l'ordre le député de Bellechasse, s'il vous
plaît?
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Non, je ne vous ai pas demandé de rappeler
à l'ordre le député de Jean-Talon. Je vous ai
demandé de rappeler à l'ordre le député de
Bellechasse.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer.
M. Rivest: Merci, M. le Président.
M. Ouellette: Je vous écoute depuis le début, M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Vous, ce que vous êtes en train de faire au
député de Beauce-Nord, de littéralement spolier le
comté de Beauce-Sud de toutes ses institutions, vous devriez vous
taire.
M. Ouellette: Aucune réponse. Il n'y a pas de
député dans Beauce-Sud?
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez continuer s'il
vous plaît, M. le député de Jean-Talon, il vous reste
encore deux minutes et trente secondes.
M. Rivest: M. le Président, je vais conclure en disant
d'une façon assez précise et avec beaucoup d'empressement que
j'appuie la motion du député de Viger. J'inviterais le
député de Viger ou d'autres collègues de la commission
à trouver des amendements qui sont plus faciles à
défendre. Je trouve que, pour s'exprimer là-dessus, le corridor
que le président m'a imposé est extrêmement étroit.
Et je n'ai pas eu, malheureusement, l'avantage, puisque je dois être
à l'Assemblée nationale, d'écouter les arguments de mon
collègue le député de Sainte-Anne, qui a sans doute
développé des arguments beaucoup plus étayés que
les miens, mais qui atteignaient le même objectif. Je pense que cela
s'inscrit dans le sens d'une volonté manifestée par les
députés de l'Opposition d'accélérer les travaux de
cette présente commission.
Cette question du rapporteur a été longuement
discutée en 1981, c'est-à-dire l'an dernier, et elle semblait
devoir retarder les travaux de la présente commission, puisque nous
avons commencé depuis deux jours à étudier cette question.
Je pense que le grand mérite du député de Viger, c'est
d'avoir dénoué l'impasse. On sentait que les travaux de la
commission étaient bloqués à cause de cette fameuse
question du rapporteur. Je tiens à le féliciter, parce que je
trouve qu'il a trouvé une solution extrêmement intéressante
et assez inédite, M. le Président, dois-je vous l'avouer, au sens
de notre pratique, de nommer un rapporteur de la commission à la fin des
travaux. C'est-à-dire qu'il ne serait pas en fonction pendant que la
commission fonctionnerait. C'est un peu curieux, je me demande comment il se
fait que vous avez accepté une chose comme celle-là, M. le
Président. S'il rapporte quelque chose, il doit être
présent, il doit être en fonction pendant que les choses vont se
passer. Non? Je trouve un vice dans la présentation de la motion du
député de Viger. Je trouve qu'il a dénoué
l'impasse. Il y a quelque chose, mais ce n'est pas tout à fait parfait.
Il y aurait peut-être moyen, je n'en fais pas une motion formelle, mais
je vous invite à y réfléchir -je conclus là-dessus,
M. le Président, parce que je sens que vous allez me rappeler à
l'ordre - premièrement, que l'on convienne ensemble de ne pas
désigner le rapporteur au début de la commission;
deuxièmement, que l'on convienne de désigner le
député de Rivière-du-Loup comme rapporteur, à la
fin des travaux. Pour qu'il n'y ait pas de hiatus entre les deux, on pourrait
faire une motion pour désigner un rapporteur intérimaire, pendant
la durée de nos travaux, qui, lui, informera le député de
Rivière-du-Loup, à la fin des travaux, pour qu'il puisse faire un
rapport, ayant été informé de ce qui s'est passé
à la commission, devant l'Assemblée nationale.
Je ne sais pas si mon spécialiste, conseiller en matière
de motion parlementaire, pourra rédiger une telle motion. Il me semble
que cela serait de nature à accélérer les travaux de
la
commission et à dénouer ce noeud gordien qui semble
retenir à sa chaise le ministre du Revenu depuis de fort nombreuses
heures. On sait que le ministre du Revenu, en ce moment, devrait courir
à tous azimuts pour ramasser, pour trouver de l'argent pour le
gouvernement du Québec, afin d'essayer de boucher des trous, sans
alourdir le fardeau fiscal du contribuable, M. le ministre du Revenu, dois-je
vous le rappeler.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Jean-Talon.
Le député de Robert Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: J'abonde dans le sens de mes confrères
pour que le rapporteur de cette commission soit nommé après nos
délibérations pour plusieurs raisons. La raison principale, c'est
que le candidat qu'on a suggéré, le député de
Rivière-du-Loup, aura l'occasion d'écouter tous les arguments, de
nous parler de ses vues sur tous les articles contenus dans ce projet de loi.
Vu ses positions, vu les sondages qu'il devra faire dans son comté, il
aura peut-être l'occasion de changer d'avis et de passer cette
tâche ingrate à d'autres volontaires qui sont plus aptes ou moins
aptes à recevoir les avis des citoyens, après les
résultats de ce rapport.
On devrait regarder ce projet de loi et son rapport à la
lumière, d'abord, de l'injustice de cette loi, c'est une loi très
injuste envers tous les citoyens, toutes les municipalités, tous les
utilisateurs d'huile, dans toute la province. Même avant la nouvelle
réglementation imposée aux comtés frontaliers,
c'était une injustice assez grave. Il s'agit de deux poids et deux
mesures; deux poids et deux litres; deux poids et deux gallons, comme dans le
comté de Hull. Je trouve extrêmement injuste que les citoyens du
comté de Hull ne soient pas affectés par cette taxe. Il y a une
injustice déraisonnée.
M. Rivest: Qui n'est pas affecté par cette taxe?
M. O'Gallagher: Les citoyens du comté de Hull ne sont pas
affectés par cette taxe.
M. Rivest: Oui, ils ont un traitement privilégié,
eux.
M. O'Gallagher: Exactement, il y a deux genres de
Québécois, aujourd'hui. C'est une injustice flagrante. Je pense
que les citoyens de Rivière-du-Loup, s'ils font frontière avec le
Nouveau-Brunswick, seulement pour une petite partie... ah oui! Ce n'est pas
Rivière-du-Loup, c'est vrai que vous ne touchez pas... (17 heures)
M. Rivest: Le député de Robert
Baldwin vient de faire une affirmation qui, à première
vue, paraît assez étonnante. Si les citoyens de Hull et de la
région de l'Outaouais ont certains avantages dus à leur situation
près des frontières, par contre, pour les citoyens de
Rivière-du-Loup, c'est un peu la même chose puisqu'ils sont
près du Nouveau-Brunswick. Est-ce que la raison fondamentale ne serait
pas au lieu de mettre cela sur le dos du ministre des Finances, que les gens de
la région de l'Outaouais ont peut-être de bien meilleurs
députés que les gens de Rivière-du-Loup? C'est
peut-être cela.
M. O'Gallagher: Oui, je pense que vous avez un peu raison. Ce
sont peut-être les députés de l'Opposition, à cause
de leur effort à l'Assemblée nationale, pendant la période
des questions, qui ont montré les grosses difficultés
éprouvées par les garagistes dans ces comtés-là,
qui ont amené ce changement à la loi. Mais tout de même, je
trouve cela injuste envers les autres comtés, et envers les
commerçants des autres comtés du Québec qui sont
affligés par cette taxe injuste.
Aujourd'hui, c'est bien beau d'imposer une taxe sur l'essence, une taxe
augmentée de 100%, dans un marché captif où les citoyens,
dans la grande partie du Québec, n'ont pas d'alternative du tout pour
l'essence. On voit là-dedans un manque de cohérence, au point de
vue de la taxation, flagrant. C'est là, je pense, que le ministre du
Revenu va devoir, un bon jour, mettre un peu d'ordre là-dedans. Nous
voyons que nous sommes surtaxés, les plus taxés de tous les
citoyens du Canada, au niveau de la taxe sur les revenus, qu'on envisage
d'ailleurs d'augmenter dans le prochain budget. Mais ce surplus de taxe sur
l'essence, ce n'est pas du tout acceptable, cela affecte tous les citoyens.
Je parlais tout à l'heure d'une alternative. On le voit,
ça commence déjà à être annoncé dans
les journaux, c'est la conversion des automobiles à moteur à
essence en moteurs à gaz naturel. Et là, on voit quasiment un
effort systématique du gouvernement provincial pour empêcher
l'établissement du réseau de gaz naturel. On a vu, depuis presque
deux ans maintenant, que même le ministère de l'Agriculture, par
le moyen du zonage agricole, met des bâtons dans les roues pour
empêcher l'acheminement du gazoduc Québec-Montréal. On voit
aujourd'hui toute la folie pure au ministère de la Main-d'Oeuvre, et
puis les fiers-à-bras qui empêchent les soudeurs de travailler
à l'extension du gazoduc Québec-Montréal.
La seule alternative éventuelle est l'essence et le gaz, et le
gouvernement ne fait rien pour aider l'installation de ce réseau de
gazoduc, même dans votre comté, M. le ministre, vers Sherbrooke.
Je crois que
les gens de Sherbrooke ont hâte que le gazoduc arrive dans votre
comté, mais de la manière que ça va là, le
gouvernement du Québec n'offre aucune coopération au "Energy
Board" du Canada pour résoudre ce problème
énergétique, tant au Québec que dans l'Est du Canada. Cela
affecte le comté de Rivière-du-Loup comme Chicoutimi ou
Shawinigan, parce qu'il va y avoir des tronçons du gazoduc dans tous ces
comtés.
Ce projet de loi devrait être regardé par le rapporteur,
par celui qui va remplacer le rapporteur à la fin de nos travaux,
à la lumière de tout le problème énergétique
du Québec. C'est bien beau d'essayer d'infliger à une population
captive cette taxe matraque, qu'on soit obligé de payer 36 $ le plein
d'essence quasiment tous les deux ou trois jours. Il faudrait que notre
rapporteur à la fin des travaux prenne connaissance de tout ce
problème énergétique. Ce n'est pas seulement le fait
d'imposer une taxe il faut être conscient de l'effet de cette taxe sur
les citoyens de tous les comtés. On peut prendre comme exemple le
comté de Rivière-du-Loup où il y avait je ne sais pas
combien de municipalités - peut-être que le député
pourra m'en informer; je n'écoutais pas tout à l'heure - 23
municipalités, c'est quelque chose. Je sais qu'il est bien
dévoué pour aider toutes ces municipalités. Cela doit
prendre beaucoup de son temps tous les jours pour essayer de régler,
pour essayer d'acheminer ou de mener à bonne fin toutes les demandes de
toutes ces municipalités. Cela demande beaucoup de travail. Je suis
chanceux, j'ai seulement trois municipalités dans mon comté, deux
municipalités et demie. Je peux connaître vos
préoccupations pour 23 municipalités, c'est quelque chose. Je
pense que vous êtes pas mal au courant de l'augmentation du budget de
chacune de ces municipalités causée directement par ce projet de
loi qui est déjà en vigueur.
Notre but dans ce projet de loi - ses effets sont déjà en
vigueur depuis longtemps - c'est d'amener la population à vraiment voir
l'effet de cette taxe imposée par le gouvernement à la
dernière minute. À cause de sa position financière qui
était remise en question dans le monde entier, le ministre des Finances
a été mis au pied du mur et, à la dernière minute,
il a été obligé de trouver des moyens pour augmenter les
revenus de la province. On a pris tous les moyens possibles pour chasser les
industries du grand Montréal. Aujourd'hui, on essaie d'augmenter nos
revenus. On les augmente par une loi matraque pour chaque citoyen, pour chaque
utilisateur de l'essence, incluant tous les petites et moyennes entreprises.
Vous en avez plusieurs dans votre comté, comme dans vos 23
municipalités: les commissions scolaires, tous les utilisateurs
d'essence, les transports publics, les commissions scolaires, les taxis, les
cultivateurs, de toutes les façons.
Je pense que notre candidat, le député de
Rivière-du-Loup, aura l'occasion pendant nos délibérations
de songer à approfondir sa pensée sur tous les effets de cette
loi, les autres membres de la commission aussi, pour apporter un rapport qui
sera vraiment à point sur les effets de cette loi. J'appuie très
fermement cette motion faite par le député de Viger de reporter
la nomination de notre rapporteur après nos délibérations.
Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. J'endosse totalement
la position de mon collègue de Viger, qui a eu cette brillante
idée, étant donné le problème qui est sur la table
depuis déjà plusieurs heures et qui semble empêcher de
nommer, pour les fins de la commission parlementaire, un
député.
Entre autres, on a eu l'occasion d'analyser en profondeur les
capacités du député de Rivière-du-Loup pour jouer
le rôle de rapporteur officiel. J'avais l'impression qu'on était
sur le point de considérer d'autres nominations. On avait parlé,
ce matin, entre autres, du député de Sainte-Anne qui
représentait un actif important pour l'Assemblée nationale, mais,
M. le Président, il faut se demander si réellement le
règlement qui régit l'Assemblée nationale,
particulièrement les commissions parlementaires, ne devrait pas
éventuellement être modifié afin de permettre de
procéder plus rapidement. Je pense que tout ce qui s'est dit autour de
cette table aujourd'hui mérite d'énormes
considérations.
On pourrait peut-être examiner une possibilité avant la fin
des travaux de cette commission parlementaire et sûrement la souligner
à nos collègues de l'Assemblée nationale qui,
malheureusement, ne participent pas à cette commission qui a à
examiner article par article le projet de loi 39 qui consiste à apporter
des augmentations énormes qui pourront à peine, d'après le
député de L'Assomption et ministre des Finances, satisfaire la
gourmandise du ministre du Revenu pour de nouveaux revenus. Avant de reporter
à la fin de la séance, après l'étude article par
article, la nomination d'un rapporteur, il aurait peut-être lieu de
considérer d'établir une méthode nouvelle que le
gouvernement a acceptée et même lancée il y a quelques
années: le boulier. On pourrait utiliser le boulier et placer les noms
de chacun des parlementaires qui assistent à cette commission et sortir
au hasard le nom de celui qui serait le rapporteur officiel. Il faudrait
sûrement tenir compte de la pesanteur de chacune des
boules. C'est important, parce qu'il semble que le boulier qui est
actuellement à l'essai comporte certains désavantages,
dépendant du nom de celui qui est inscrit à une des boules. Il
semble que la pesanteur des boules n'est pas la même, dépendant de
ceux qui sont invités à soumissionner et de ceux qui sont
invités plus particulièrement à être retenus pour
des services à l'État. Il ne demeure pas moins, M. le
Président, qu'à discuter de notre règlement et à
tenir compte des problèmes qui semblent être
véhiculés autour de cette table, ce matin, on a eu l'occasion de
décrire... (17 h 15)
Nous sommes habitués à des critères dans notre
parti. Il nous faut nous conformer à des critères tout à
fait particuliers. Il y a un effet d'entraînement qui permet d'examiner
les candidatures possibles à des postes aussi importants.
Sûrement, le fait de reporter à la fin de l'étude article
par article, permettrait au député de Rivière-du-Loup, qui
est toujours un des candidats qui reviennent le plus souvent à la
surface, de prendre en considération chacun des articles et, en
même temps, de consulter la population dans les quatre coins du
Québec. Il y a quelques instants, mon collègue, le
député de Robert Baldwin, mentionnait justement qu'il y avait une
certaine discrimination du fait que Hull et la région de l'Outaouais
avait été privilégiée par une mesure d'exception.
Cela fait suite à la formation politique du ministre du Revenu qui, de
par ses antécédents politiques, a une certaine orientation
conservatrice et...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Hull, j'essaie de comprendre jusqu'où vous voulez aller, actuellement,
mais je préférerais de beaucoup que vous puissiez parler de
l'amendement de la motion qui est le report de la nomination du rapporteur
à la fin de l'étude du projet de loi. S'il vous plaît.
M. Rocheleau: Je comprends peut-être...
Le Président (M. Laplante): Je demande votre
coopération. Je pense que c'est facile d'y revenir, il suffit de se le
rappeler.
M. Rocheleau: Je comprends un peu votre impatience, M. le
Président. Mais il n'en demeure pas moins que, afin d'expliquer la
nature de l'amendement que nous soumettons humblement à la
présidence, il y a des préambules qui sont plus longs que
d'autres et aussi le fait de bien faire comprendre pourquoi nous voulons
reporter à la fin de l'étude du projet de loi 39, la nomination
d'un rapporteur officiel. Je pense que tout se tient là-dedans, M. le
Président.
Il faut tenir compte du fait que ce matin, malheureusement vous
n'étiez pas ici; vous êtes un nouveau président, cet
après-midi; nous avons eu un autre président ce matin, et, hier
soir, il y avait un autre président. Alors, il est évident que
vous ne pouvez pas suivre l'évolution du dossier ou de la loi no 39 ou
du préambule qui a été apporté depuis hier d'une
façon aussi intéressée que ceux qui, autour de cette
table, ont assisté, hier soir...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Hull, j'espère que ce n'est pas votre pensée que vous exprimez
ici. Au point de vue du respect vis-à-vis d'un président qui
essaie de faire son devoir le plus honnêtement possible, j'accepte
difficilement vos remarques. J'espère que ce n'est pas là votre
pensée, c'est seulement...
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): ... dans l'état des
choses où l'on se trouve aujourd'hui. Je pourrais vous dire aussi que
j'ai pris connaissance d'à peu près toutes les galées,
avant de venir m'asseoir à cette table. Je savais déjà que
c'était une commission difficile, mais qu'il y avait des humains
à cette commission et un président qui sauraient comprendre les
situations où se trouve ce projet de loi.
C'était une remarque, M. le député de Hull. Je
voudrais que vous puissiez continuer selon l'objet de la motion.
M. Rocheleau: Alors, M. le Président, je comprends mal
votre agressivité subite, parce que je n'ai pas du tout mis en cause
votre intégrité, absolument pas.
Le Président (M. Laplante): C'est surtout mon ignorance
que vous avez mis en cause.
M. Rocheleau: Non plus, M. le Président. C'est que vous
prêtez...
Le Président (M. Laplante): Tant mieux, je l'accepte, M.
le député de Hull, mais là, si vous voulez continuer, s'il
vous plaît, sur la motion d'amendement.
M. Rocheleau: Oui, remarquez, M. le Président, que si on
lisait les paroles que j'ai dites depuis quelques instants, je me suis
exprimé selon la motion de report de la nomination du rapporteur,
à au moins cinq reprises durant les sept dernières minutes. Je ne
suis quand même pas pour le mentionner à chaque demi-phrase que je
devrai prononcer.
Nous avons souligné ce matin qu'il y avait des divergences
d'opinions sur le fait de nommer immédiatement un rapporteur. Si mon
collègue de Viger a tenté de dénouer l'impasse dans
laquelle nous sommes plongés,
je pense que ça mérite considération. Nous avons
examiné la candidature du député de Rivière-du-Loup
et j'ai mentionné ce matin que c'était une candidature tout
à fait acceptable. Par contre, cela représentait certains
désavantages. Nous avons examiné par la suite la candidature
possible du député de Sainte-Anne. Je vous avoue candidement que
j'ai dû m'absenter à l'heure du midi étant donné que
la loi 33 était présentée à l'Assemblée
nationale à toute vitesse, en troisième lecture. J'ai perdu
quelques instants à cette commission. Je reviens cet après-midi
à mon fauteuil afin de trouver des solutions possibles au
problème qui semble exister. On nous soumet une idée quand
même intéressante, soit celle de reporter à la fin du
débat la nomination d'un rapporteur. Cela mérite sûrement
considération et cela a des avantages marqués, étant
donné que cela pourrait permettre à celui qui sera nommé -
la candidature qui semble percer le plus est celle du député de
Rivière-du-Loup d'occuper ce poste relativement important que nous avons
mentionné et décrit ce matin.
D'autre part, dans le contexte actuel, et nous l'avons aussi
mentionné ce matin, le projet de loi 39 contient des articles
très importants, des articles importants dans le sens que ce sont, en
grande majorité, des augmentations de taxes qui touchent soit les
boissons alcooliques et plus particulièrement l'essence. Je sais que
déjà les Québécois et Québécoises,
dans toutes les régions du Québec, sont indisposés par
cette loi-là. Mon collègue, le député de Robert
Baldwin, faisait allusion à un fait, tantôt. Je pense que c'est en
même temps un certain privilège pour moi - même si cela
vient d'un collègue de l'Opposition officielle - de défendre le
comté de Hull et de l'Outaouais qui a pu bénéficier
d'exemptions à la loi 39 qui touchent plus particulièrement
l'augmentation de 0,30 $ le gallon sur l'essence.
Dans le contexte actuel, le projet de loi 39 crée une injustice
dans tout le Québec. Mais, le projet de loi 39 créait une double
injustice dans l'Outaouais québécois. Tantôt je mentionnais
que le ministre du Revenu avait compris, pour le bénéfice des
gens de l'Outaouais, d'une part, mais plus particulièrement pour le
bénéfice de l'ensemble des citoyens du Québec, qu'il
était important d'avoir une mesure d'exception. Les revenus des
stations-service se sont quand même rétablis d'une façon
plus ou moins normale maintenant et ça permet davantage au
ministère du Revenu de recevoir une taxe de vente qu'il avait perdue en
grande partie à cause de cette augmentation et à cause de l'exode
que cela avait pu créer.
Pour revenir au fait ...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Hull, vous êtes sur le fond ...
M. Rocheleau: ... que la motion de report...
Le Président (M. Laplante): Bon, d'accord. Vous ne pourrez
pas dire que je ne suis pas tolérant.
M, Rocheleau: Je m'excuse M. le Président, j'arrivais
à peine à revenir sur la ligne qui nous amène à
faire un amendement pour reporter à la fin de l'étude du projet
de loi 39 la nomination d'un rapporteur. Ce matin - et ceci, je pense, a
été fait d'une façon tout à fait acceptable et
louable de la part de tous nos collègues de cette commission
parlementaire - nous avons loué les capacités,
l'intérêt que démontrait le député de
Rivière-du-Loup, tant par sa formation que par ses
antécédents. Mais il reste que reporter la nomination à la
fin du projet de loi, c'est encore plus important pour l'expérience dont
il peut sûrement bénéficier. Parce qu'il est arrivé,
M. le Président, à d'autres commissions parlementaires, que le
rapporteur officiel qui avait été choisi pour faire rapport de
l'étude du projet de loi qui était sur la table n'avait pas pu
assister à toutes les séances, alors qu'actuellement nous
remarquons l'assiduité impeccable du député de
Rivière-du-Loup, à l'exception de quelques instants ce matin
où il a dû être absent. Mais, à cette même
table, on a enregistré le nom du député de Frontenac et,
cet après-midi, il a malheureusement dû s'excuser. Alors, si
quelqu'un suit de près l'évolution du dossier et plus
particulièrement du projet de loi 39, et est nommé à la
fin tel que le veut l'amendement proposé par mon collègue de
Viger, je pense que cela servira non seulement d'expérience, tenant
compte de l'assiduité qu'un candidat possible pourra manifester, mais va
tenir compte aussi de la responsabilité importante de rapporter à
l'Assemblée nationale le travail qui a été accompli par
cette commission.
M. le Président, je pense qu'il est important de noter une chose.
J'ai hâte de commencer à étudier article par article le
projet de loi et, le plus rapidement nous aurons convaincu nos collègues
de cette commission du bien-fondé de l'amendement qui est proposé
par mon collègue, le député de Viger, cela nous permettra
de commencer et de hâter le processus afin de nous attaquer aux articles
qui préoccupent cette commission davantage, et d'accepter plus
rapidement les articles qui ont peut-être un peu moins d'importance et
qui fardent davantage le projet de loi tel que déposé.
Alors, la proposition faite par mon collègue, le
député de Viger, a une importance marquée dans cette
commission,
d'autant plus que ce matin on apprenait, M. le Président, qu'il y
avait la question de jurisprudence qui pouvait modifier ou changer le processus
de nos commissions parlementaires. Je pense que c'est une façon tout
à fait élégante de se sortir de ce bourbier dans lequel on
semble être actuellement que de reporter la nomination du rapporteur
à la fin de l'étude du projet de loi 39.
Alors, M. le Président, j'ose espérer que nos
collègues qui participent d'une façon très active à
cette commission, et plus particulièrement le ministre du Revenu qui
démontre une patience extraordinaire, une patience qui est exemplaire et
qui nous permet dans le calme et la modération de
délibérer, d'apporter... Surtout que le ministre du Revenu a
été, pendant plusieurs années, je crois, président
de cette Assemblée nationale. S'il y en a un qui, dans le fond, a pu
intervenir ce matin pour nous apporter toutes les lumières de
l'expérience acquise, non seulement lors de l'occupation du fauteuil
présidentiel mais aussi de par sa formation professionnelle, a pu nous
apporter des points fort importants qui vont sûrement nous permettre de
trouver une solution apte à permettre à cette commission de
commencer ses travaux dans les plus brefs délais.
Dans la motion qui est présentée comme amendement par mon
collègue, le député de Viger qui est toujours attentif,
comme d'habitude, à nos propos, je pense...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît.
M. Rocheleau: II me reste combien de temps?
Le Président (M. Laplante): Vous avez fini.
M. Rocheleau: J'ai fini. Alors, si vous me permettez simplement,
comme conclusion, de féliciter mes collègues de cette
assemblée d'éclairer suffisamment cette commission pour qu'on
puisse procéder le plus rapidement possible à l'étude
article par article.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le vote sera
enregistré? Pardon? Vous n'avez qu'à demander la parole, cela me
fera plaisir, M. le député de Nelligan. M. le
député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, je voudrais ajouter ma voix
à celle de mes collègues qui ont demandé que soit
reportée la nomination du rapporteur de cette commission à la fin
des travaux de la commission pour écrire son rapport qui sera
présenté à l'Assemblée nationale.
Je réalise, en appuyant l'idée de mon collègue de
Viger, que c'est un précédent, un changement dans la tradition
qui veut que, généralement, le rapporteur soit nommé au
début des travaux de la commission parlementaire. Peut-être
faudrait-il que nous examinions si, oui ou non, c'est une idée valable
ou si c'est une idée farfelue exprimée au pied levé par
mon collègue de Viger. Connaissant mon collègue de Viger, son
sérieux, son application dans les travaux de la commission, sa
connaissance des règlements qu'il étudie avec assiduité,
je pense qu'il faudrait considérer cette motion avec beaucoup de
sérieux et voir tous les avantages que cela comporterait tant dans le
principe même que pour le candidat proposé, le
député de Rivière-du-Loup.
L'avantage no 1 que je vois pour le député de
Rivière-du-Loup, c'est que cela lui permettra de participer aux travaux
de la commission sans encombre, sans avoir à se préoccuper de ses
fonctions additionnelles de rapporteur, à ce stade. Il pourra profiter
au maximum de l'avantage d'être membre de cette commission. Nous, en
même temps, pourrons profiter de son apport à cette commission
sachant qu'il ne va pas être encombré par un travail additionnel
de rapporteur en siégeant comme membre de la commission.
Deuxièmement, il ne faut pas oublier que, comme rapporteur, le
membre qui aurait été nommé dès maintenant serait
plus ou moins obligé, moralement, d'assister à tous les travaux
de la commission pour être certain que son rapport soit fidèle aux
travaux de la commission. Or, s'il était tenu, par le fait même
d'être rapporteur, à une présence continuelle aux travaux
de la commission, il serait obligé de manquer certains travaux de la
Chambre à côté, au salon bleu, à une période
où sa participation, comme la participation de tous les
députés en ce moment, serait importante. Parce qu'on ne peut pas
ignorer, pour argumenter en faveur des avantages de la suggestion de mon
collègue de Viger, qu'en contraignant d'une façon morale le
député à être présent ici à la
commission d'une façon plus ou moins continuelle, on le priverait de la
possibilité de participer à des débats de première
importance dans la Chambre à ce moment-ci, soit le débat sur
l'économie, le débat sur la motion de blâme de
l'Opposition, et à des questions fondamentales qui vont se poser en
Chambre d'ici la fin des travaux de cette commission dans les jours qui vont
suivre.
On peut naturellement prédire qu'il y a aussi des
désavantages à l'idée de mon collègue de Viger. Je
suis sûr qu'il ne m'en voudra pas de souligner en même temps que
les avantages de son idée, de sa motion, certains désavantages
qui pourraient découler
du point de vue du député qui a été
prévu pour occuper le poste de rapporteur. Je comprends très
facilement que du point de vue de ce député, il
préférerait sans doute être sûr de la prise en charge
de ses fonctions à un moment donné, à une date
établie, plutôt que de laisser cela dans l'incertitude, à
une date qu'il ne peut prévoir et qui pourrait se situer n'importe quand
dans l'avenir, une date tout à fait incertaine et floue.
Alors, je peux comprendre que le député, quant à
lui, préférerait quelque chose de plus clair, de plus net. Le
ministre, parrain du projet de loi, lui aussi, voudrait voir cette question se
décider avec plus de certitude, dès à présent,
plutôt que d'être renvoyée à plus tard. Alors, c'est
peut-être un désavantage qu'il faut considérer, qu'il
faudrait mettre devant nous, qu'il faudrait étudier, et peser le pour et
le contre entre les avantages que j'ai cités et les désavantages
qui sont certainement distincts.
Mais, je pense que le plus grand avantage que représente
l'idée de mon collègue de Viger, c'est celui que tous, comme
membres de la commission, nous aurions, si nous acceptions cette motion de
nommer le rapporteur à la fin des travaux de la commission parce que...
oui, il y a un vote, M. le Président, à la Chambre.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, je
préférerais ajourner les travaux à demain, dix heures. M.
le député, vous pourrez parler encore douze minutes.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
Les travaux sont ajournés à demain, dix heures. Au
député de Nelligan, il reste douze minutes. Merci.
(Fin de la séance à 17 h 40)