Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Seize heures vingt minutes)
Le Président (M. Gagnon): La commission du revenu est
réunie aux fins d'étudier article par article le projet de loi no
39, Loi modifiant le régime des droits relatifs au commerce des boissons
alcooliques et certaines dispositions législatives.
Lors de l'ajournement, nous avions une motion... Avant cela, je vais
faire l'appel des membres: M. Blank (Saint-Louis), M. Desbiens (Dubuc), M.
Gratton (Gatineau) remplace M. Dubois (Huntingdon); M. O'Gallagher (Robert
Baldwin) remplace M. Forget (Saint-Laurent); M. Fréchette (Sherbrooke),
M. Lachance (Bellechasse), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Marquis
(Matapédia), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata) remplace
M. Martel (Richelieu); M. Boucher (Rivière-du-Loup) remplace M.
Ouellette (Beauce-Nord); M. Houde (Berthier) remplace M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants sont: M. Boucher (Rivière-du-Loup), M.
Lafrenière (Ungava), M. Lincoln (Nelligan), M. Maciocia (Viger), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), M. Perron (Duplessis), M. Vaugeois
(Trois-Rivières).
Reprise du débat sur la motion assurant le
droit de parole a tous les députés
Au moment de l'ajournement de la commission, nous étions en train
d'étudier une motion sur le droit de parole; la motion se lit comme
suit: Que les députés qui ne sont ni membre ni intervenant
à la commission permanente du revenu puissent prendre la parole sans
devoir obtenir au préalable la permission et ce, pour toutes les
séances que tiendra ladite commission relativement à
l'étude, article par article, du projet de loi no 39.
Le député de Mégantic-Compton avait la parole, il
lui restait dix minutes, je pense. Qu'est-ce qui se passe? Oui, M. le
député. Cela fonctionne?
M. Blank: C'est moi, le député de Saint-Louis, qui
prendrai la parole pour commencer et le député de
Mégantic-Compton prendra ses deux minutes, s'il le veut, durant cette
séance ou une autre séance.
Le Président (M. Gagnon): La parole est au
député de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: On est devant une commission qui étudie un bill
d'une importance primordiale en ces temps d'évolution de la province de
Québec. Nous sommes dans une période un peu tragique de notre
économie, ça veut dire que tout le monde doit se serrer la
ceinture un peu. Le gouvernement avec ce projet de loi, au lieu de se serrer la
ceinture, veut ramasser...
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le
député, je n'ai pas le nom du rapporteur, est-ce qu'on en a
choisi un?
M. Blank: Oui.
M. Fréchette: Un nommé Boucher, de
Rivière-du-Loup.
M. Blank: Un nommé Boucher, après une recherche qui
a duré environ deux mois et demi.
M. Fréchette: Vingt et une heures et quarante-cinq
minutes.
M. Blank: On a trouvé un rapporteur, ce n'était pas
le premier qui était proposé, mais au moins on a trouvé
quelqu'un qui était acceptable à la commission. Excusez-moi une
minute.
Comme je le dis, cela se passe au moment où le gouvernement
demande à tous les Québécois de se serrer la ceinture un
peu et de ne pas dépenser d'argent. Ici, le gouvernement fait une
demande à la population d'environ 1 000 000 000 $. Quand le gouvernement
fait une demande pour 1 000 000 000 $, ce n'est pas parce qu'il veut investir
dans des dépôts à terme, c'est parce qu'il veut les
dépenser. Or, quand on dépense, on ne se serre pas la ceinture.
Le pauvre citoyen à qui on demande de se serrer la ceinture, on lui
impose de nouvelles taxes. Si on impose une taxe de 0,30 $ et plus le gallon et
qu'aujourd'hui même, le prix de l'essence augmente d'environ 0,12 $ le
gallon, si mes chiffres sont exacts, cela veut dire que le gouvernement
québécois va percevoir 0,04 $ environ de plus sur chaque gallon.
Pour nos voisins de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick ou des autres provinces du
Canada, cela ne changera pas grand-chose. Ici, c'est 0,04 $ de plus que tous
les autres au Canada. On nous demande de nous
serrer la ceinture. Le pauvre citoyen qui doit payer 0,30 $ ou 0,34 $ le
gallon de plus la nouvelle taxe sur une bouteille de bière, qui
n'épargne plus les 2% de ristourne sur son impôt, on lui demande
de se serrer la ceinture. Nous voyons que cela s'applique au moins à
presque toute la population québécoise, sauf un très mince
groupe de gens qui habitent à un kilomètre de la frontière
de l'Ontario ou du Nouveau-Brunswick, qui ne sont pas touchés par
l'augmentation de l'essence, mais qui sont touchés par les autres, par
la bière ou par l'impôt. Cela veut dire que tous les citoyens de
cette province sont affectés par ces taxes.
Ici, à l'Assemblée nationale, il y a 122
députés qui représentent toute la population du
Québec. Ce serait intéressant de voir ce que les
députés des autres comtés qui ne sont pas
représentés ici, à la commission parlementaire, ont
à dire de cette taxe qui affecte leurs électeurs. Je suis certain
que les gens de Sept-Îles, où il y a des problèmes de
chômage, où il y a des fermetures d'usines, où il y a des
fermetures de mines, ont des gros problèmes. Les fermetures de mines et
d'industries, c'est à cause de la situation économique du
Québec. Pour nous, de ce côté de la table, on trouve que
c'est un peu la faute du gouvernement qui, avec sa politique économique,
et aussi sa politique générale, a créé des
problèmes économiques dans la province. Cela touche
particulièrement un secteur comme le Nord-Est du Québec, dans la
région de Sept-Îles, où il y a eu la fermeture de ITT, la
fermeture de l'Iron Ore, qui mettent à pied des travailleurs; à
Port Cartier, il y a des mises à pied aussi, partout dans ce secteur.
Dans cette région, si une personne veut chercher un emploi, elle n'y va
pas par autobus, elle va voyager d'un village ou d'une ville à l'autre;
cela prend de l'essence. Les chômeurs de cette région, on les
affecte avec 0,30 $ de plus le gallon d'essence. Même s'il y a des
problèmes, les gens arrêtent parfois pour prendre une petite
bière, parce qu'il n'y a pas grand-chose à faire, et on les taxe
encore. Au moins, ces chômeurs ne sont pas affectés par les 2% de
ristourne d'impôt, parce que, quand ils sont en chômage, ils ne
paient pas tellement d'impôt, cela ne les affecte pas, mais les deux
autres choses les affectent. J'aimerais entendre le député de
Duplessis. Je suis certain qu'il sera intéressé à venir
ici devant cette commission.
Une voix: Où est-il aujourd'hui? (16 h 30)
M. Blank: Je ne sais pas où il est aujourd'hui, je ne l'ai
pas vu.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez toujours la
parole.
M. Blank: J'ai toujours la parole? Je ne sais pas où il
est, mais je suis certain que, s'il est au courant que cette commission
siège aujourd'hui, il vendra ici pour plaider les revendications de ses
électeurs. Je ne suis pas certain qu'il ait appuyé le ministre du
Revenu; je ne suis même pas certain que, si le ministre du Revenu
n'était pas lié par la solidarité ministérielle,
parlant au nom des gens de Sherbrooke, qui sont eux aussi affectés par
cette nouvelle taxe... Quand il passe les fins de semaine dans son
comté, on ne lui fait pas de compliments pour cette taxe, mais il a
toujours l'excuse: Ce n'est pas ma faute, c'est le ministre des Finances qui
l'a imposée, ce n'est pas moi, mais, au moins, s'il n'était pas
lié par la solidarité ministérielle, il pourrait dire
quelque chose, il est membre de la commission.
Mais son voisin, le député de Saint-François, c'est
une autre affaire, il n'est pas membre de cette commission. Si les gens de
Lennoxville et de ce bout veulent se plaindre de ce projet de loi... Les
électeurs de Lennoxville et du comté de Saint-François, le
centre des affaires pour eux, c'est Sherbrooke. Les gens qui veulent faire des
achats ou même s'amuser doivent se rendre à Sherbrooke. Chaque
fois qu'ils se rendent à Sherbrooke - il y a une augmentation sur le
prix de l'essence - cela leur coûte plus cher. Cela contribue à
l'inflation. Si on contribue à l'inflation, on contribue à la
montée des taux d'intérêt. C'est un cercle vicieux. On doit
briser ce cercle vicieux. Au lieu de couper ce cercle vicieux, le gouvernement,
avec cette taxe inflationniste, qu'il impose par cette loi, fait exactement le
contraire.
J'aimerais entendre des députés d'autres comtés qui
ont quelque chose à dire. Ce serait très intéressant
d'entendre le député de Sainte-Marie. Je sais qu'il est en haut
aujourd'hui à l'étude du projet de loi no 46 sur la
Communauté urbaine de Montréal, mais je suis certain que lui, un
des onze du groupe gouvernemental, viendrait ici plaider la cause de ses
électeurs, des électeurs du comté de Sainte-Marie. Pour
eux, le problème est un peu différent. À Sainte-Marie, je
ne sais pas s'il y a le même pourcentage de voitures que dans les
comtés de Sherbrooke ou de Saint-François, parce que c'est un
comté un peu diminué d'un centre-ville. Mais ces gens sont plus
affectés que ceux de Sherbrooke et Lennoxville, parce qu'ils ont un
salaire fixe, ils perçoivent de l'aide sociale ou de
l'assurance-chômage.
C'est vrai que le gouvernement dit: On taxe seulement les riches. Il dit
cela, mais c'est une taxe qui attaque les pauvres. Le pourcentage est plus
élevé que pour les riches, parce que, du moment qu'on augmente le
coût de l'essence, on augmente - on en a eu l'exemple récemment -
le prix des billets de métro et d'autobus. Le prix de l'essence cause
des augmentations. Quand on
augmente cela, cela veut dire que, si les gens qui perçoivent de
l'aide sociale ou de l'assurance-chômage dans Sainte-Marie veulent aller
dans le centre-ville, s'ils veulent se déplacer pour chercher de
l'emploi ou même aller chercher leur chèque
d'assurance-chômage ou leur chèque d'aide sociale, ils doivent
payer un peu plus. Ils n'en ont pas les moyens. Cela ne touche pas les riches
du secteur de Montréal où les gens sont un peu mieux nantis.
Le député de Rivière-du-Loup me montre la manchette
qui dit que le prix de l'essence augmente dans le reste du Canada. C'est vrai,
cela augmente de 12% dans le reste du Canada, mais ici, au Québec, cela
augmente de 16%. Cela fait 0,04$ de plus; oui, 0,02$ le litre. Pour cinq litres
et demi, cela fait environ 0,12$ le gallon partout au Canada, mais, au
Québec, on n'est pas comme les autres, c'est une province
différente. Ici, c'est 16%. Pourquoi? Parce que le gouvernement a besoin
de plus d'argent. Pourquoi a-t-il besoin de plus d'argent? Parce qu'il gaspille
l'argent. Il dépense l'argent, comme on dit en anglais, "no tomorrow".
C'est la différence d'avec les autres provinces. Nous, c'est vrai, nous
sommes différents, 0,16$ au Québec, 0,12$ dans le reste du
Canada. C'est cela. Quand cette addition de 0,04$ arrivera à la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal,
c'est certain qu'elle montera les taux et les pauvres électeurs du
député de Sainte-Marie auront un problème qui sera pire
que celui des autres comtés de la ville, dans certains secteurs de la
ville.
Prenons mon comté; moi, j'ai un comté du centre-ville.
J'ai un secteur qui n'est pas tellement pauvre. J'ai un secteur qui est pas mal
riche. Pour les gens riches qui devront payer 0,02$ ou 0,03$ de plus sur chaque
billet de métro pour se rendre à leur bureau ou à leur
"executive suite", ça ne changera pas grand-chose, mais, pour le gars
des Habitations Jeanne-Mance, dans mon comté, - le plan Dozois - qui
veut se rendre à la rue Atwater, et qui lui, devra payer 0,10$ ou 0,12$
de plus pour ses billets de métro aller-retour, c'est la
différence entre une pinte de lait et un pain pour la famille durant une
semaine. Pour lui, c'est différent; il reçoit seulement de l'aide
sociale ou de l'assurance-chômage. Ce ne sera pas la même chose.
Cela l'affecte plus que les gens de l'autre secteur de mon comté. Je ne
sais pas si je dois en être heureux ou pas heureux, mais j'ai un
comté qui a les deux extrémités. J'ai les gens,
peut-être, les plus pauvres de la province, mais j'ai les gens les plus
riches de la province.
D'accord, c'est vrai que les gens les plus riches sont affectés
par les 2%, mais ils ne sont pas affectés par la taxe sur la
bière parce qu'ils sont des buveurs de scotch, comme le ministre des
Finances. Ils ne sont pas affectés du tout. Même sur la question
de l'essence, il y a beaucoup de gens qui habitent dans le centre-ville qui ne
sont pas affectés du tout. Ils vont à leur bureau, ils vont
à leur restaurant de luxe à pied, parce qu'ils habitent
là. Ils ont le moyen d'habiter dans le centre-ville, près de tout
ça. Mais les gens qui n'ont pas les moyens, les pauvres et les moins
munis de cette province qui restent dans la banlieue de Montréal ou dans
un secteur un peu éloigné du centre-ville, qui doivent se rendre
au centre-ville pour toutes sortes de raisons, ces gens-là sont plus
affectés par la taxe sur l'essence. Ces gens-là sont
affectés par la taxe sur la bière.
Ce n'est pas seulement parce qu'ils sont touchés directement par
cette taxe, mais ils sont touchés pour d'autres raisons. Prenons les
gens de l'Abitibi. Le député de l'Abitibi n'est pas ici, mais
j'aimerais qu'il ait le droit de parler parce qu'eux, ils sont affectés
par le prix de l'essence de deux façons. Le président est
très intéressé par mes remarques; c'est intéressant
parce que, dans l'Abitibi, les gens voyagent en voiture. Ils sont
affectés directement par l'augmentation du prix de l'essence de 0,30$
à 0,34$ le gallon et là, leur budget est affecté. Mais ils
sont affectés indirectement aussi parce, nonobstant qu'on veut avoir
toutes les choses faites ou manufacturées par là, il n'y a pas
beaucoup de manufacturiers ou d'usines par là. Cela veut dire que
presque tout ce qui est utilisé vient de Montréal ou de
Québec, c'est-à-dire qu'il y a le transport par camion qui se
fait dans cette direction-là. Au moment où le camionneur doit
payer quelques cents de plus pour le gallon d'essence, il augmente ses prix. Le
transport coûte plus cher. Cela veut dire que le monsieur qui envoie des
oranges de Montréal en Abitibi ajoute ça au prix des oranges;
quand la caisse d'oranges arrive à Amos, le grossiste par là, il
ajoute cette augmentation aussi. Des fois, c'est une question de dominos; ce
n'est pas même 0,04$ ou 0,10$ par caisse; quand ça part du
distributeur de Montréal, ça augmente de 0,10$, quand ça
arrive au grossiste, lui augmente de 0,20$ et, quand ça arrive au
détaillant, il augmente de 0,30$. Le pauvre consommateur, au lieu de
payer les 0,04$ de plus que ça coûte pour le transport, paie 0,30$
de plus. C'est comme ça que ça marche. Les gens doublent le prix
d'une place à l'autre. Les gens de l'Abitibi sont affectés
directement et indirectement par ces taxes, particulièrement par la taxe
sur l'essence. Je sais qu'il y a plus de buveurs de bière en Abitibi que
de buveurs de scotch. J'en suis certain. Je n'ai pas fait une analyse
moi-même, mais, avec mon expérience - si vous lisez la Presse
d'aujourd'hui, il y a un petit article sur moi
- ça fait 22 ans que je suis ici et je suis un peu au courant de
ce qui se passe dans ce bout de la province. Je sais qu'il y a plus de buveurs
de bière dans ce bout-là que de buveurs de scotch. Cela veut dire
qu'ils sont affectés aussi par la taxe sur la bière.
Ne montrez pas ma photo, c'est la photo la plus terrible qui ait jamais
été prise. Je ne sais pas qui ne m'aime pas à la Presse
mais elle a publié cette photo, en paqe 81 Je fais des annonces
publicitaires pour moi-même. Vous voulez cette photo, regardez ça.
Avec une photo semblable j'ai l'air d'avoir payé pas mal de taxes sur la
bière.
J'aimerais que les députés du Nord-Ouest du Québec,
le député d'Abitibi-Est, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue... Lui, je ne sais pas s'il est trop jeune
pour prendre de la bière, je ne sais pas exactement quel âge il a,
mais pas loin, la bière, pour lui, c'est nouveau. Mais il doit
être amateur des voitures sports et je suis certain que le prix de
l'essence l'affecte personnellement et cela affecte tous les électeurs
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Il serait très intéressant
d'avoir l'opinion personnelle du plus jeune député de la Chambre
ainsi que celle de ses électeurs. C'est partout comme ça dans la
province, pas seulement dans Rouyn-Noranda-Témiscamingue, on peut
prendre n'importe quel comté, le comté de Rivière-du-Loup,
on en a déjà discuté.
Prenons le comté de Rimouski. Le ministre des Travaux publics et
de l'Approvisionnement vient de Rimouski. Il serait intéressant
d'entendre ce qu'il a à dire. Il a le même problème que le
ministre ici. Il est "poigné" par cette solidarité
ministérielle. Nonobstant ce qu'il pense - il me reste seulement une
minute, c'est dommage, j'en ai encore beaucoup à dire -le ministre des
Travaux publics et de l'Approvisionnement, s'il avait la chance de venir parler
ici, c'est un homme jeune, dynamique, ce qu'on appelle en anglais "a fireball",
s'il avait le droit de donner sa vraie pensée... Il y en a un autre qui
montre ma photo, une vedette. Ma femme a dit qu'elle ne veut pas coucher avec
un homme qui fait des photos comme ça, j'ai même des
problèmes familiaux à cause de cette photo-là.
En terminant, franchement, M. le Président, j'aimerais qu'on
donne à tous les députés la chance de venir ici exposer
leur opinion sur ce bill qui affecte tellement onéreusement la
population de leur comté. Si des députés des deux
côtés de la Chambre venaient nous dire ce que leurs
électeurs leur ont dit à propos de ce bill, je suis certain qu'il
serait très difficile pour certains députés de l'autre
côté de ne pas montrer un petit sourire en votant pour ce bill
parce que je suis certain que les électeurs n'appuient pas le principe
et les modalités de ce bill.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député.
M. le député de Berthier.
M. Albert Houde
M. Houde: Merci, M. le Président. Je prends la parole en
tant qu'intervenant dans ce débat.
M. Blank: Vous êtes membre de la commission maintenant.
M. Houde: Je suis membre de la commission à
présent, je ne l'étais pas l'autre jour mais je le suis. Sur le
projet de loi 39, ce qui est important, c'est de regarder ce que cela
coûte en fin de compte.
Le Président (M. Gagnon): Vous êtes sur la motion
qui demande de donner la permission à tous les députés
d'intervenir.
M. Lincoln: ... arrivé à la motion encore. (16 h
45)
M. Houde: Oui, M. le Président. C'est d'avoir le droit de
parole pour tout le monde. C'est ce qu'on veut, c'est ce que je veux, que les
personnes qui sont à l'Assemblée nationale puissent prendre la
parole pour venir dire ici que le projet de loi 39 va coûter
extrêmement cher à tous les contribuables, en premier lieu. Et,
lorsqu'un député ne fait pas partie de la commission, il ne peut
pas dire ce qu'il pense et c'est dommage. C'est pour cette raison, aujourd'hui,
que nous venons demander que toutes les personnes qui sont ici puissent parler,
parler pour dire que les gens qui sont pris à payer des augmentations de
taxes comme celles-là... Moi, en tant que député de
Berthier, je suis concerné et cela touche tout mon comté.
Si je regarde un comté aqricole comme le mien, cela va faire mal
à plusieurs. Premièrement, aux cultivateurs, aux assistés
sociaux, et j'en ai passablement dans mon comté. Cela va compenser pour
les cultivateurs... Oui, mais encore là, même s'ils ont une
ristourne, en fin de compte, elle est toujours payée par les
contribuables, les gens qui gagnent des salaires et, sur leur paie, on leur en
enlève un peu plus parce que, si le gouvernement actuel, avec le
ministre du Revenu, n'a pas su planifier pour aller plus tranguillement
chercher de l'argent dans les poches des contribuables, aujourd'hui, tout le
monde va payer. C'est pour cela que le cultivateur va être touché,
même s'il a une ristourne sur les taxes municipales et scolaires qu'il
paie et sur
l'essence.
Encore là, les députés qui sont
éloignés des grands centres pourraient venir dire ici ce que cela
va leur coûter pour commencer et, ensuite, ce que cela va coûter
aux gens de leur comté. Il faut que des comtés
éloignés soient alimentés par de grands centres quand
même et, lorsque vient le temps de négocier les prix de transport
pour transporter des produits, comme les oeufs, je vois mal la
Fédération des producteurs d'oeufs du Québec
négocier. D'abord, normalement, on négocie pour un an et ce sont
des fractions de cents que...
Une voix: Excusez, M. le député, je m'excuse.
Le Président (M. Gagnon): On vous dérange M. le
député, c'est vous qui avez le droit de parole.
M. Houde: Merci, M. le Président. On parlait des oeufs.
Lorsque cela coûte deux, trois cents la douzaine... Également,
lorsqu'on voit augmenter l'essence comme elle a augmenté, tout
près de 0,32 $ le gallon, je vous le dis franchement, lorsque les
conventions sont négociées au début de l'année,
pour tout le reste de l'année, ils seront déficitaires. Pourquoi?
À cause de la mauvaise planification du gouvernement et du montant
exagéré que le ministre a décidé, un bon matin,
d'exiger de tout le monde.
M. Baril, le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue,
ainsi que M. Brassard, le député du Lac-Saint-Jean, pourront
facilement venir expliquer ce que cela peut coûter pour alimenter les
gens de leur coin. D'abord, la plupart des consommateurs sont alimentés
par les grands centres, c'est-à-dire, Québec et Montréal.
Les autorités responsables qui ont négocié des prix vont
avoir l'obligation de "marcher en rouge". "Mâcher en rouge", je ne sais
pas si vous le savez, veut dire marcher en dessous de ce que cela
coûte.
Je faisais cette remarque dernièrement à mes enfants,
lorsque vient le temps de se servir de l'automobile: Pensez-y comme il faut,
lorsque vous allez quelque part, essayez de consulter vos frères et vos
soeurs pour que l'automobile coûte le moins cher possible d'essence. Ils
ne peuvent pas se payer le luxe d'avoir une, deux ou trois automobiles ou de
faire deux, trois ou quatre voyages. Nos enfants - plusieurs d'entre nous en
ont -vont à l'école. Qui paie pour eux? Ce sont les parents. Ce
sont les mêmes parents qui paient les taxes et qui paient à
même leur salaire à la fin de chaque semaine.
Dans un comté comme le mien, comme dans plusieurs autres
comtés du Québec, beaucoup de transport se fait par camion. Je
jasais dernièrement avec le propriétaire d'une compagnie de
transport de Louiseville, il me disait que c'est une question de temps. J'ai
demandé pourquoi? Le temps de fermer mes portes. J'ai dit: Pourquoi? Une
des deux raisons principales était la hausse de l'essence. C'est une
entreprise pas tellement grosse, pas une multinationale. Il m'a dit:
Possiblement dans une semaine ou deux, je serai forcé de fermer et de
m'en aller chez moi, de laisser tout cela et d'avertir la banque de reprendre
mon commerce, parce que je ne peux plus continuer. Ceci est dû à
la mauvaise planification, à la mauvaise administration du gouvernement,
plus précisément du ministre du Revenu, et cela pourrait englober
aussi un petit peu le ministère des Finances, mais c'est du
ministère du Revenu qu'on traite aujourd'hui.
Comme vous le savez, le gouvernement a fait beaucoup de publicité
pour les PME, mais les PME, ce sont de petites compagnies de transport qui ont
toujours travaillé pour essayer de joindre les deux bouts. Avec le coup
que vous venez de leur donner, elles ne peuvent plus rejoindre les deux bouts,
elles ne peuvent pas planifier ce que le ministre du Revenu
décidera.
Je ne sais pas si le ministre est au courant des coupures au niveau de
la Sûreté du Québec. Pourquoi des coupures au niveau de la
SQ? D'abord, que je sache, les automobiles ne fonctionnent pas à l'eau
et dans plusieurs régions, la SQ a dû couper le va-et-vient de ses
automobiles, parce que cela prenait trop d'essence. Et qui en souffre? C'est la
population. Parce que les autos-patrouilles, au lieu de faire 150 à 200
milles par jour, lorsque nécessaire, sont limitées à 80
milles par jour. On a demandé pourquoi? On a averti la SQ que,
lorsqu'une automobile était sur la route, elle coûtait des sous.
Étant donné que la hausse de l'essence est beaucoup trop
élevée, on coupe et, en coupant, on coupe les services. La
surveillance se fait de moins en moins et, lorsqu'arrive le temps de faire une
enquête, on nous répond: Oui, monsieur, nous allons prendre le
détail de ce que vous nous donnez et, lorsque nous aurons affaire dans
le bout, nous ferons le travail qui nous est demandé par les
contribuables, mais nous ne pourrons le faire ni aujourd'hui ni demain, nous
allons attendre, parce que, vu les coupures, nous ne pouvons pas sortir toutes
les minutes pour répondre aux demandes des personnes qui en ont
réellement besoin.
C'est vous dire que le gouvernement qu'on a ici en place a fait une
mauvaise planification. À cause de sa mauvaise administration, la
majorité est affectée par ces coupures radicales
nécessaires à cause des hausses trop élevées du
prix de l'essence.
J'ai vu une autre personne de mon - comté, de la paroisse voisine
de chez nous.
C'est encore une entreprise familiale, une compagnie qui transporte du
poulet vivant.
Le poulet vivant transporté requiert une
attention bien spéciale, d'abord, pour les transports de longue
distance. Deuxièmement, lorsqu'on arrive à un abattoir, beaucoup
de camions attendent pour passer et décharger leur voyage. Ils doivent
circuler avec leur camion pour que les poulets qui sont à
l'intérieur des cages ne meurent pas à cause de la chaleur ou du
transport éloigné. À certaines périodes, les
personnes qui encaissent les poulets en mettent plus dans les cages, ce qui
requiert plus d'attention. Qui paie à l'autre bout? D'abord, c'est le
transporteur et, au bout de la chaîne, c'est l'abattoir. Aussi, lorsque
l'abattoir paie plus cher, le producteur en retire moins. Ce sont des fractions
de sou par livre de poulet. La même chose dans le porc.
Le Président (M. Gagnon): II faudrait essayer de rattacher
votre intervention à la motion.
M. Houde: Oui, M. le Président. J'aimerais revenir
à la motion qui est sur la table. Les personnes touchées de
près ou de loin, j'insiste - je n'insisterai pas assez -pour qu'elles
viennent se faire entendre.
M. le Président, j'aimerais bien d'abord, on aura encore un peu
de temps, que je sache; de 6 heures à 8 heures, on sera en
période de repos - que vous sensibilisiez tous les députés
pour qu'ils puissent se faire entendre sur cette motion, parce qu'il est
important d'avoir un son de cloche, non seulement des cinq, six ou sept
députés qui sont ici, mais de tous les députés qui
peuvent venir faire leurs doléances devant cette commission.
Un peu plus loin, lorsqu'on voit les petites gens qui aiment passer de
temps à temps à l'épicerie pour se procurer une caisse de
bière plutôt que de la prendre à la taverne ou a
l'hôtel, ce qui coûte passablement plus cher, encore là ils
vont payer une taxe de plus sur leur bière. Ceci pour vous dire que ce
n'est pas la faute des gouvernements à l'extérieur du
Québec, mais c'est la faute de notre gouvernement en place.
Souvent, les gens d'en face nous disent: Cela dépend du
fédéral. Non, cela dépend uniquement du provincial. Je ne
voudrais pas voir un député fédéral venir se faire
entendre ici. Non, ce n'est pas ce que je veux, mais je veux que tous les
députés présents à l'Assemblée nationale
puissent se faire entendre.
Partout dans les journaux, nous voyons et nous entendons dire: La taxe
fait mal. Quand elle monte de 20% à 40%, pour moi, c'est 100%
d'augmentation. C'est pour cette raison que j'insisterai pour que tous les gens
puissent venir se faire entendre devant vous, M. le Président, pour
sensibiliser le ministre concerné et le gouvernement qui est en place.
Merci.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, je voudrais appuyer la motion
qui a été faite afin que tous les députés de la
Chambre puissent venir s'exprimer devant cette commission parlementaire, le
plus tôt possible, j'espère. Si nous en sommes arrivés,
à cette commission, à un travail et à des conclusions
positives, c'est vraiment d'avoir apporté plusieurs suggestions qui
seraient des précédents très intéressants et aussi
très importants au point de vue de la procédure parlementaire
future. Nous avions déjà suggéré un amendement qui
a été, malheureusement, rejeté selon leguel le rapporteur
serait nommé à la fin des travaux de la commission, suggestion
tant originale que pratique à plusieurs sens. (17 heures)
Maintenant, nous proposons que, sur une question fondamentale et
d'importance qui touche les citoyens du Québec dans toutes ces
régions, les députés qui représentent toutes ces
régions, avec des intérêts différents, avec des
soucis tout à fait différents, avec des considérations
d'ordre particulier pour chaque région en ce qui concerne la taxe tant
sur l'essence que sur la bière, puissent se faire entendre ici en
commission pour que nous ayons une vue d'ensemble sur ce projet du ministre
d'imposer cette taxe qui va toucher la vie des citoyens de la façon la
plus directe.
En fait, nous ne pouvons pas songer à un endroit du
Québec, quel qu'il soit, qui ne va pas être touché
directement ou même indirectement par ces taxes. Il me semble qu'on
pourrait reconnaître, comme ça été fait en
commission parlementaire, comme tacitement c'est reconnu par la structure des
commissions parlementaires, que les députés qui siègent
comme représentants de leur parti aux commissions parlementaires ou
comme intervenants sont, en fait, des représentants de la province dans
son ensemble. En même temps, malgré que nous tous qui sommes ici
maintenant représentons, dans bien des sens, l'ensemble des
contribuables, l'argument peut être apporté avec beaucoup plus de
poids que nous ne pouvons, ceux qui sont ici aujourd'hui, avoir une
connaissance très approfondie, et même superficielle dans bien des
sens, des problèmes que rencontrent les citoyens des régions que
nous ne représentons pas.
En effet, il est très difficile pour quelqu'un qui
représenterait une circonscription dans la région d'une grande
ville industrielle, par exemple une des régions de Montréal,
d'être au fait des problèmes que connaîtrait, par exemple,
mon collègue de Berthier, des problèmes des
petites entreprises, des problèmes des agriculteurs, des
problèmes de l'industrie des poules et des oeufs dont il a fait mention;
tandis qu'à l'inverse les députés qui représentent
des régions frontalières ou qui représentent des
régions rurales ou des petites villes, des régions
éloignées seraient tout aussi ignorants des problèmes
fondamentaux de la ville, des grandes villes, des régions industrielles
et commerciales, des régions ayant de grosses populations.
Alors, il me semble que c'est une suggestion qui a beaucoup de
mérite, que c'est une suggestion tout à fait valable et logique
que nous puissions entendre ici les députés de chaque parti, qui
représenteront d'une façon beaucoup plus complète les
diverses anxiétés, les divers soucis, les problèmes que
ressentent tous les contribuables, tous les citoyens par rapport à cette
loi.
En fait, on peut se demander - moi, je me le demande étant un
député qui vit et qui représente une région urbaine
- quels sont vraiment les problèmes auxquels font face les citoyens
d'une région tout à fait différente de la mienne. On peut
se poser une question. Par exemple, dans la région de Montréal,
c'est facile pour nous qui y habitons de réaliser que les taxes dont on
parle, surtout la taxe sur l'essence, affecte bien moins les gens qui se
servent du transport en commun. On peut réaliser aussi en même
temps que cette taxe va les toucher indirectement parce que le coût du
transport en commun va certainement augmenter d'une façon significative,
enfin je pense que cela a déjà été le cas. Je peux
songer à une personne qui habite un milieu tout à fait
différent du mien, pour qui l'automobile est un moyen essentiel à
l'existence, qui a besoin de se servir d'une automobile ou d'un camion pour se
rendre à son travail et à n'importe quel endroit où il a
besoin de voyager, surtout dans certaines conditions climatiques, comme l'hiver
rigoureux que nous connaissons dans la région de Montréal.
Je me demande si ceux d'entre nous qui sont ici ont une
appréciation exacte et logique de ce qui se passe dans des
régions dont ils n'ont pas la moindre connaissance, qu'ils n'ont pas
visitées, qu'ils n'ont pas vues. Je trouve donc que cette suggestion a
beaucoup de mérite et qu'elle devrait être essayée. On
pourrait dire qu'il ne faudrait pas créer à la commission
parlementaire des précédents qui vont ouvrir la porte à
des procédures tout à fait inusitées, qu'on n'a jamais
connues dans le passé et qui vont peut-être ralentir le travail
des commissions, etc. En même temps, il me semble que, si on n'essaie pas
des suggestions telles que celle-ci qui a beaucoup de mérite pour les
raisons citées, nous en resterons au point où on ne fera jamais
de pas en avant, on ne fera jamais - on dira peut-être que c'est
téméraire, d'autres diront que c'est une expérimentation -
ce pas qui va nous faire vérifier si oui ou non de telles
procédures qui sortent des normes, qui débordent un peu le cadre
de la tradition, sont beaucoup plus valables que le système que nous
employons actuellement. Pour ma part - je sais que c'est le cas de mes
collègues qui ont déjà parlé et qui parleront plus
tard sur la motion - je crois que c'est une expérience qui vaut la peine
d'être essayée, surtout que, si on allouait à ces
députés un temps raisonnable pour se faire entendre, nous aurions
des vues d'ensemble qui permettraient peut-être au ministre de retoucher
sa loi à ce stade crucial de l'étude article par article de la
loi.
Le ministre, en écoutant les députés des deux
côtés de la Chambre, aura une opinion beaucoup plus directe de ce
que pensent les contribuables, de ce que pensent les citoyens du Québec.
Il écoutera les 122 représentants de toutes les circonscriptions
qui pourront lui dire avec beaucoup plus d'efficacité, beaucoup plus de
connaissance du sujet ce que pensent leurs électeurs, qu'ils soient d'un
parti ou d'un autre.
Le ministre aura avantage à se saisir de cette occasion
d'écouter les revendications, qu'elles soient positives ou
négatives, de ce point de vue, de ces députés qui lui
permettront d'apporter peut-être des améliorations à la
loi, parce qu'il est sûr que c'est une loi qui demande à
être améliorée; nous-mêmes allons apporter des
amendements lors de l'étude article par article, des suggestions, des
améliorations. S'il y avait l'apport des commentaires, des opinions, des
suggestions d'autres députés, ce serait beaucoup plus
valable.
Quand nous allons faire l'étude article par article, nous allons
avoir l'apport de dix ou onze députés, c'est-à-dire que la
suggestion que nous faisons dans la motion nous apportera la contribution de
onze ou dix fois plus de députés que nous écouterons ici.
Mes collègues ont souligné avec justesse que cette
procédure permettrait, en plus de savoir ce que pensent les
contribuables des diverses régions, d'entendre un éventail de
personnes qui vont de très jeunes, comme le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, à celles qui ont de
l'expérience dans différents milieux, dans les milieux
professionnels, dans les milieux d'affaires, dans les milieux scolaires ainsi
qu'une grande variété de personnes d'âge divers, de divers
statuts, qu'elles soient célibataires ou de milieu familial. Mon
collègue de Berthier a parlé de ses enfants, de l'impact que
cette loi aura sur ses filles et ses fils. Je pense qu'il a parlé de
l'impact que cela aura sur les gens qui vont aller acheter de la bière
dans des épiceries. Il a apporté toutes sortes de remarques
particulières à sa région, à son
quartier. Si on pouvait multiplier ces constatations pour toutes les
régions du
Québec, on aurait une idée tout à fait excellente
de ce qui se passe d'un endroit à l'autre tant par rapport à
l'essence que par rapport à la bière.
M. le Président, il me reste...
Le Président (M. Gagnon): II vous reste encore six
minutes.
M. Lincoln: II me reste encore six minutes. Je suis content,
parce que...
Une voix: ...
M. Lincoln: Bien au contraire, pour avoir le temps de
développer mon argument.
Une voix: Ah bon!
M. Lincoln: Je me trouve un peu embarrassé, parce que je
pensais qu'il me restait au moins encore vingt minutes. J'ai tellement de
choses à dire sur cette question fondamentale que je voudrais, par
exemple, revoir la motion...
M. Lachance: M. le député de Nelligan, j'aimerais
poser une question.
Le Président (M. Gagnon): Faites. M. Lincoln: Oui,
je vais...
Une voix: Qu'il marque son temps, par exemple, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Bellechasse.
M. Lincoln: Oui, M. le député de Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, j'aimerais savoir du
député de Nelligan s'il a été invité
à l'inauguration des travaux de l'usine Stablex, ce matin, à 11
heures.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan, vous avez toujours la parole.
M. Lincoln: Oui, c'est avec plaisir que je vais répondre
à mon cher collègue. Je n'ai pas été invité
à l'ouverture de l'usine Stablex, parce que je réalise que le
ministre Léger aurait été un peu embarrassé de voir
quelqu'un qui a vu un peu clair sur le sujet. Sans doute que cela aurait
embarrassé un peu les gens qui auraient pensé à ce que
j'aurais dit, les problèmes auxquels Stablex aura à faire face,
l'eau potable dans la région. Peut-être que cela les aurait
embarrassés un peu. Je comprends très bien qu'on ne m'ait pas
invité. J'espère, quand il va lever la première
pelletée de terre, qu'il ne va pas rencontrer de l'eau potable à
fleur de sol.
Je reviens à la motion. Les députés qui ne sont ni
membres, ni intervenants à la commission permanente du revenu pourraient
prendre la parole sans devoir obtenir au préalable la permission et ce,
pour toutes les séances que tiendra ladite commission relativement
à l'étude article par article du projet de loi.
Je pense ne pas avoir abordé une autre dimension dans mon petit
discours pour appuyer la motion de mon collègue. Il s'agit de pouvoir
prendre la parole sans obtenir une permission au préalable. Cela
permettrait aux députés, par exemple, sur un sujet bien
important, de pouvoir arriver à la commission et de s'adresser aux gens
ici en se sentant tout à fait flexibles, tout à fait relaxes, de
pouvoir assister aux réunions importantes en Chambre, de pouvoir
participer à un débat en Chambre et se relayer de façon
à venir en commission parlementaire pour participer aux travaux de cette
commission sans savoir s'ils dérogeraient, par exemple, en étant
de garde à l'Assemblée nationale ou en participant à une
autre commission parlementaire où ils seront peut-être membres ou
intervenants... Cela donnerait une flexibilité totale aux
députés qui voudraient intervenir en arrivant ici à
presque n'importe quelle heure, en prenant leur tour pour dire ce qu'ils
veulent. En même temps, ils profiteraient de la possibilité
d'intervenir à n'importe quelle heure durant les fonctions de la
commission. Je pense que le député est un très bon
rapporteur, il a saisi l'urgence de la question et je le remercie de mettre
cela dans son rapport parce que c'est bien important. (17 h 15)
Je ne voudrais pas faire croire que c'étaient des heures tout
à fait libres, tout à fait sans limite, là, on parle des
heures des travaux de la commission. Mais, à l'intérieur de ces
heures des travaux de la commission, ça donnera toute flexibilité
aux députés qui veulent se faire entendre en Chambre, qui veulent
se faire entendre dans les autres commissions parlementaires, qui veulent
parler cinq minutes, certains autres deux minutes, d'autres 20 minutes, comme
moi s'ils veulent prendre tout leur temps et développer à fond
leur argumentation; ça leur donnera la flexibilité de faire tout
ça et ça nous donnera à nous l'avantage d'écouter
tout cet éventail de gens de milieux, de capacités et
d'intérêts différents.
Le second point d'une grande importance dans cette motion, c'est que
nous demandons que ces députés puissent intervenir, prendre la
parole, à toutes les séances de la commission, à
l'étude article par article du projet de loi no 39. C'est une autre
mesure qui facilitera leur tâche. S'ils pouvaient prendre la parole
à toutes les
séances, ça voudrait dire que l'on pourrait entendre
certains députés, absents de la Chambre par maladie ou à
cause d'un travail dans leur comté, par exemple le ministre
Léger, qui a eu à aller fouiller la terre à Stablex et qui
était à Richmond l'autre jour. Il avait pas mal de travail dans
son comté et ailleurs et ne pouvait pas être ici. Cela donnera la
flexibilité à chacun de se présenter au moins à une
des séances de la commission qui, comme nous le savons, a
siégé pendant pas mal de jours. C'est-à-dire qu'un
député qui ne pourrait pas se faire entendre aujourd'hui ou
demain aura toujours la chance de se faire entendre plus tard. Avec le suivi,
la patience et le sérieux de cette commission dans l'approche de son
travail, on peut penser qu'elle va siéger pendant plusieurs semaines
encore, peut-être même des mois, qui sait, ce qui donnera
l'occasion à tous les députés de se faire entendre au
moins à une des séances de la commission.
Je pense qu'il y a aussi un avantage qui ne doit pas être
mésestimé. Cela permettrait aux députés - je n'ai
pas fait de relevé, je n'ai pas les statistiques, mais il y a des
députés à l'Assemblée nationale qui, pour une
raison ou pour une autre, peut-être sont-ils nouveaux... il y a tant de
députés, surtout dans le parti gouvernemental - ne participant
pas beaucoup ou du tout aux commissions parlementaires, ça leur
donnerait...
Le Président (M. Gagnon): M. le député, je
m'excuse, je vais malheureusement être obligé de vous demander de
conclure.
M. Lincoln: C'est très malheureux parce que, vous voyez,
M. le Président, je commençais à trouver les arguments de
fond. Enfin, respectueux de vos recommandations et respectueux de la patience
avec laquelle vous m'avez écouté, je vais me soumettre à
votre demande avec respect mais aussi avec regret et je vais céder la
parole à mon collègue.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député. M. le député de Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président, ce n'est pas la
première fois et je pense que ce n'est pas la dernière que je
serai obligé d'intervenir sur ce projet de loi. J'ai eu
déjà le privilège et l'honneur d'en parler abondamment la
semaine dernière, en présence du ministre de Revenu. M. le
Président, si vous le permettez, j'aurais une question seulement
à poser au rapporteur, parce que je lui avais demandé jeudi
passé s'il envisagait la possibilité de contacter ses
électeurs pour savoir s'ils l'autorisaient à être
rapporteur de cette commission, et je lui avais conseillé de profiter de
la fin de semaine pour le faire. Si le député de
Rivière-du-Loup est tellement agréable comme d'habitude, il
pourrait nous dire s'il a eu le privilège et le plaisir de ...
M. Boucher: Je me suis fié au nombre de
télégrammes de félicitations que j'ai reçus
à mon bureau.
Une voix: ...
M. Boucher: D'un peu partout dans la province.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Viger, vous avez eu votre réponse.
M. Maciocia: Je dois conclure qu'il y a eu un appui unanime
à votre endroit pour être rapporteur de cette commission.
Parfait, M. le Président, maintenant que j'ai eu ce renseignement
qui, pour moi, était important et vital à cause de son avenir
politique, je peux continuer sur la motion du droit de parole.
La motion que nous avons devant nous est dans le sens de donner à
tous les députés qui ne sont ni membres, ni intervenants de la
commission la possibilité de se prononcer sur ce projet de loi 39,
projet de loi qui, il faut bien le rappeler, contient trois nouvelles
façons de taxer les contribuables québécois. Cela veut
dire qu'il y a l'augmentation de l'essence, de la taxe provinciale sur
l'essence de 100%, il y a une augmentation sur la bière. Le
député de Rivière-du-Loup nous disait qu'il en prenait de
temps en temps; je ne vois donc pas comment il peut accepter d'être
rapporteur étant donné qu'il est en conflit
d'intérêt. Il y a les 2% en crédit d'impôt qu'on
devait recevoir cette année, mais, malheureusement, on ne les aura
plus.
Vous voyez l'importance de ce projet de loi, et c'est pour cette raison
tellement importante qu'on a pensé, qu'on a cru opportun de faire une
motion dans le sens que tous les députés de l'Assemblée
nationale aient la possibilité de se prononcer sur ce projet de loi.
M. le Président, vous n'êtes pas sans savoir que ce projet
de loi pénalise la population du Québec tout entière. Vous
savez très bien que dans n'importe quel coin du Québec, dans
n'importe quel district électoral du Québec, il y a des gens qui
sont pénalisés par ce projet de loi. Alors, il serait très
intéressant de connaître l'opinion de tous les
députés sur cette question.
M. Boucher: Je m'excuse, M. le député de Viger. M.
le Président, pourriez-vous rappeler le député de Nelligan
et le député de Bellechasse à l'ordre? J'ai de la
misère à entendre les propos du député de
Viger.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre!
M. Lincoln: Je m'excuse, M. le Président ...
Le Président (M. Gagnon): L'ordre étant
rétabli, M. le député de Viger, vous avez la parole.
M. Maciocia: J'espère que vous allez continuer à me
donner le privilège de m'exprimer sur ce sujet.
M. Lachance: M. le Président, je ne voudrais pas laisser
passer sous silence, sans réagir, l'affirmation du député
de Nelligan. C'est peut-être intéressant pour moi, c'est
même une ouverture à laquelle je n'avais jamais pensé, mais
je dois confesser que c'est le seul parti pour lequel je n'ai jamais
voté de ma vie et je n'ai pas l'intention de commencer de
sitôt.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! M. le
député de Viger, j'ajoute deux minutes à votre temps.
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Est-ce que je peux
continuer, M. le député de Bellechasse?
M. Lachance: Vous pourriez parler du Canadien.
M. Maciocia: Vous êtes probablement un peu en peine parce
qu'on ne vous a pas choisi en tant que rapporteur et qu'on a
préféré le député de Rivière-du-Loup,
mais que, voulez-vous, c'est la démocratie, il faut la respecter.
M. le Président, pour revenir au sujet de la discussion, la
motion qui est devant nous, comme je disais tout à l'heure, je suis
convaincu que tous les députés de l'Assemblée nationale
devraient se prononcer sur ce projet de loi parce que c'est un projet de loi
qui pénalise le peuple québécois et le pénalise
d'une façon vraiment irresponsable et rétrograde. Dans le
contexte économique actuel, ici au Québec, on est rendu qu'on a
quasiment 11% de chômage. On a quasiment 360 000 personnnes qui ne
travaillent pas et ces personnes sont, quand même, obligées de
sortir, de se promener pour aller à la recherche d'emplois. Avoir
imposé encore des augmentations sur l'essence pour leur voiture, je
trouve vraiment que c'est irresponsable de la part du gouvernement.
M. le Président, les députés devraient se prononcer
sur cela, parce qu'en deuxième lecture, quand on a eu l'occasion d'en
discuter, je pense qu'il n'y a pas eu beaucoup de députés du
côté ministériel qui ont eu, je ne sais pas si je devrais
dire la possibilité ou le courage de se prononcer sur ce projet de loi.
En réalité, sur une possibilité de 80, il y en a eu
seulement 15 qui ont eu le courage de parler et de se prononcer sur ce projet
de loi. Cela veut dire qu'il y en a 65 qui n'ont pas eu l'occasion de se
prononcer. C'est à ces 65 en particulier que je m'adresse aujourd'hui
avec cette motion pour écouter leurs propos, leurs revendications au nom
de leurs électeurs sur ce projet de loi no 39.
M. le Président, je vois mal un député qui pourrait
parler en faveur d'un projet de loi qui pénalise ses électeurs ou
sa population. Vous savez très bien que, dans n'importe quelle
municipalité, il y a des conseils municipaux aujourd'hui qui vivent
vraiment d'une façon pas tellement agréable à cause des
restrictions budgétaires. Vous savez très bien que notre pays, le
Canada, et notre province, le Québec, ne sont pas
privilégiés par la température, spécialement de ce
temps-ci. Vous savez très bien que cela prend beaucoup de machinerie
pour déblayer la neige. Vous savez très bien que, pour faire
fonctionner la machinerie, les camions et d'autres moyens de transport, cela
prend de l'essence. Et vous savez très bien qu'avec ce projet de loi,
c'est justement l'essence qu'on augmente et ce sont justement ces gens qu'on
pénalise avec le projet de loi no 39.
M. le Président, c'est à cause de cela que je crois encore
que les députés devraient s'exprimer et devraient vraiment parler
ici en commission parlementaire. Mais, avant d'en discuter ici en commission
parlementaire, je ferais une suggestion à ces députés de
contacter, pour voir vraiment ce qu'ils en pensent, les électeurs et la
population de leur comté. En effet, je trouve très important
qu'un député - je pense que c'est sa prérogative - soit le
représentant et même le porte-parole de ses électeurs et de
la population de son comté. À ce moment, je pense que c'est un
devoir pour chaque député de contacter la population et les
électeurs de son comté, de prendre le pouls de ses
électeurs et de nous faire part, à un certain moment, des
commentaires qu'il recevrait de son comté.
M. le Président, je ne vois pas comment, ici, les membres de
cette commission pourraient refuser une motion par laquelle on demande que tous
les députés de l'Assemblée nationale puissent intervenir
sur ce projet de loi. Je verrais mal et je dirais que ce serait quasiment de
l'irresponsabilité de la part des membres de cette commission de ne pas
accepter cette motion. (17 h 30)
M. le Président, je pense que les députés qui
voudraient s'exprimer sur ce projet de loi, on pourrait les inviter à
tour de rôle parce qu'on ne pourrait pas tous les avoir ici en même
temps. Vous savez très bien que ce serait impossible d'avoir les 120
autour de la table. On est rendu à 120 actuellement, pas 122.
Mais, le 5 ou 6 avril, on va en avoir 122 avec les deux élections qu'il
va y avoir dans Louis-Hébert et Saint-Laurent. Et j'espère, M. le
Président, que ce sera des libéraux qu'on va avoir à
partir du 6 avril à l'Assemblée nationale. C'est un souhait.
Le Président (M. Gagnon): Je dois me permettre de vous
rappeler à l'ordre.
M. Maciocia: Oui, M. le Président, c'était
seulement pour mettre ces gens-là dans le contexte, parce que
probablement, le 5 avril, vous serez encore ici à discuter du projet de
loi 39. Il faut rappeler à ces deux candidats et éventuels
députés à l'Assemblée nationale de faire leur
campagne sur ce projet de loi et d'essayer de savoir vraiment ce que
l'électeur pense de ce projet de loi. C'est très important que ce
nouveau député qui va venir à l'Assemblée nationale
puisse dire vraiment ce que la population de son comté pense du projet
de loi 39.
M. le Président, c'est vraiment la responsabilité de notre
Parlement. Vous savez, la démocratie est la meilleure chose qu'on a dans
ce monde et je pense qu'on ne devrait pas empêcher que chaque
député puisse avoir la possibilité, et je dirais
même la responsabilité de s'exprimer sur ce projet de loi.
M. le Président, j'ai posé la semaine dernière au
rapporteur, le député de Rivière-du-Loup, la question:
Est-ce que vous savez vraiment à quoi vous vous engagez en étant
rapporteur de cette commission? Il m'a dit qu'il y avait pensé un peu,
mais qu'il y réfléchirait un peu plus en fin de semaine. C'est
pour cela que je lui ai posé la question tout à l'heure, mais je
m'aperçois que probablement dans le comté de
Rivière-du-Loup il n'y a pas tellement de gens qui ont besoin d'essence,
il n'y a pas tellement de gens qui boivent de la bière et il n'y a
probablement pas tellement de gens qui font des rapports d'impôt.
À cause, probablement, de la situation économique et du
chômage qu'il y a à l'intérieur de cette région.
M. le Président, je peux le comprendre, mais je ne pourrai jamais
comprendre les 119 députés restants qui pourraient avoir les
mêmes conditions que le député de Rivière-du-Loup,
ou je ne sais pas si je devrais dire ta même irresponsabilité
qu'il a en acceptant d'être rapporteur de cette commission. M. le
Président, je pense que vous-même...
M. Boucher: M. le député de Viger, je sais que vous
êtes jaloux de la préférence que la commission a
manifestée à mon endroit, mais vous y allez fort avec le mot
"irresponsabilité".
M. Maciocia: Je n'ai pas eu l'occasion de voter pour cela, mais
autrement j'aurais voté pour cela. J'aurais appuyé la proposition
principale.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Viger, je suis rendu à trois minutes, parce que vous êtes toujours
dérangé.
M. Maciocia: M. le Président, on pourrait continuer,
étant donné que le député de Gatineau est
pressé...
Le Président (M. Gagnon): Vous avez encore jusqu'à
5 h 40 et, si j'ajoute trois minutes, cela fait 5 h 43.
M. Maciocia: Parfait, M. le Président, parce que,
autrement, j'emprunterais un peu de temps à mon confrère de
Gatineau, qui n'est pas ici actuellement, qui a dû s'absenter pour des
raisons assez valables.
M. Blank: II n'a pas de droit de parole.
M. Maciocia: II n'a pas de droit de parole?
M. Blank: II reste huit minutes pour vous et six minutes pour le
député de Berthier.
M. Maciocia: C'est malheureux qu'il n'ait pas de droit de parole,
parce qu'il aurait pu nous dire vraiment aujourd'hui ce qu'est la situation des
gens qui vivent sur les limites de notre province avec l'Ontario, ce que
pensent ces gens-là du projet de loi 39, Vous savez, M. le
Président, spécialement pour les frontaliers, c'est très
important. Je pense qu'il y avait un problème à un certain
moment, que les gens allaient faire le plein dans l'autre province, parce que
cela coûtait moins cher. Mais il y a eu un amendement, je pense, du
ministre des Finances pour privilégier un peu ces gens qui
étaient à quelques kilomètres seulement des
frontières de l'autre province. Il y a des problèmes encore,
parce que j'ai entendu à l'Assemblée nationale, aujourd'hui, mon
confrère de Gatineau dire qu'il y avait des problèmes qui
n'étaient pas réglés. Ce sont ces problèmes que
nous n'avons pas la possibilité de vivre, ni de constater, ni de
vérifier vraiment de visu. On n'a pas la possibilité de contacter
ces gens, de poser des questions pour savoir vraiment quelle est leur opinion
vis-à-vis de ce projet de loi. C'est pour cette raison que je trouve
vraiment intelligente la motion qui est devant nous. Si je ne me trompe pas,
c'est le député de Saint-Louis, notre porte-parole, Harry Blank
qui l'a formulée; je trouve vraiment très intelligente la
façon de le faire. Il s'est posé les mêmes questions que je
me pose actuellement moi-même à savoir vraiment ce que la
population du Québec pense de ce projet de loi. Pour le
savoir, c'est seulement en ayant la possibilité d'écouter
tous les députés, les 120 députés de la province de
Québec.
Étant donné qu'elle est venue de notre porte-parole, je
considère cette motion comme non seulement intelligente mais très
valable à cause de la population même du comté de
Saint-Louis. Vous savez très bien que le comté de Saint-Louis est
quasiment le comté, non pas baromètre, mais là où
toutes les classes de la société québécoise sont
représentées. On a environ 30% - si je me trompe, le
député de Saint-Louis pourrait me corriger - de Canadiens
français a l'intérieur de ce comté, un autre 30%...
M. Blank: 40%, 40%, 20%.
M. Maciocia: 40%. C'est cela, 40% d'anglophones et 20% de groupes
ethniques. C'est cela, M. le député de Saint-Louis?
M. Blank: Oui.
M. Maciocia: Alors, vous voyez, c'est un comté où
vraiment l'on peut prendre le pouls de la population du Québec. Je suis
convaincu que le député de Saint-Louis, avant de faire cette
motion, a eu le courage - je dirais la responsabilité - de contacter ses
électeurs et de savoir vraiment ce qu'ils pensent du projet de loi 39.
Après avoir eu leur réponse, j'imagine qu'il a reçu la
même que j'ai reçue de mon comté mais, malheureusement, le
député de Rivière-du-Loup ne l'a pas reçue... Il
faudrait que tous les députés expriment qu'on est contre ce
projet de loi, je ne dirais même pas à 99,9% mais à 100%
parce que c'est un projet de loi qui comporte des taxes, je ne sais si je
devrais dire déguisées.
Vous voyez, c'est pour ces raisons qu'il faudrait qu'on ait ici chaque
jour, probablement une dizaine de députés qui puissent s'exprimer
sur ce projet de loi. Il faudrait combien de temps? Il y a 120
députés, il faudrait environ onze à douze jours pour les
écouter. Par la suite, on pourrait savoir vraiment ce que la population
du Québec pense du projet de loi 39.
J'ai eu l'occasion de siéger à cette commission avant
Noël, vous savez qu'on a siégé pendant deux semaines ou
même trois; on a dû arrêter l'étude de ce projet de
loi à cause des vacances de Noël. Vous comprenez, M. le
Président, à cette occasion, les membres de la commission - je
pense que je ne me trompe pas - étaient pas mal tous d'accord pour
inviter tous les députés de l'Assemblée nationale à
se prononcer sur ce projet de loi. Je pense qu'on avait fait quasiment
l'unanimité, même si on n'avait pas voté, mais en regardant
les gens autour de la table, les intervenants et les membres, on a cru faire
l'unanimité sur la possibilité d'écouter tous les
députés de l'Assemblée nationale. M. le Président,
vous me faites signe que mon temps est terminé. C'est regrettable, parce
que j'aurais vraiment continué à faire l'éloge de nos
confrères autour de la table et spécialement l'éloge du
rapporteur de cette commission, le député de
Rivière-du-Loup. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Viger.
M. le député de Berthier.
M. Albert Houde
M. Houde: Je serai très bref cette fois-ci, pour revenir
à la rescousse et demander que les députés puissent se
faire entendre, 120 sur 120, tenant compte des deux qui nous manquent - nous en
avons seulement 120 à l'heure actuelle.
M. Boucher: M. le député de Berthier, est-ce que le
président de l'Assemblée nationale pourrait venir quand
même?
M. Houde: Oui, je veux tous les voir, parce qu'il y a un
comté...
M. Boucher: Comme président, je pense qu'il ne peut pas se
présenter.
M. Houde: II ne peut pas? C'est une chose que je ne savais pas.
Je vous remercie. Il pourrait déléguer quelqu'un pour lui.
M. Boucher: Non. Il faudrait que vous ajoutiez cela à
votre motion. C'est un sous-amendement.
Le Président (M. Gagnon): Pardon?
M. Maciocia: Question de règlement. Pour avoir un
sous-amendement, cela prend un amendement. Vous êtes d'accord sur
ça, M. le Président?
Une voix: Est-ce que c'est recevable?
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier, vous avez la parole. Je vais y penser.
M. Houde: Je voudrais remercier le député de
Rivière-du-Loup. Étant donné que le président de la
Chambre n'en a pas le droit, je ne sais pas si le rapporteur aura le droit de
prendre la parole, à ce moment. De façon absolue, on reste donc
à 119 sur 119 qui pourront être entendus. Si on ne peut pas avoir
un remplaçant pour le président, il n'y aura pas de
problème.
De toute façon, je reviens à la bière. J'ai
parlé de la bière, tantôt. Souvent, j'arrête à
l'épicerie du coin, chez le dépanneur. Pardon?
Une voix: Quelle sorte?
M. Houde: Mais, voyons donc! Vous ne me ferez pas faire de
commercial ici. Ce dépanneur me disait à quelques reprises que la
vente de la bière avait baissé, vu la taxe que le ministre du
Revenu a imposée. Pour un dépanneur, qui n'a pas de
problème à arriver, qui a un bon chiffre d'affaires et dont les
affaires vont bien, ce n'est pas tellement un problème. C'est
différent pour un dépanneur qui va moins bien, lorsqu'il voit les
ventes diminuer. Il se défend assez bien à part cela, il est
assez débrouillard. Il n'y a pas seulement la bière. Cela peut
lui permettre de passer à travers la crise et de reprendre un peu la
perte qu'il a pu encourir à l'annonce qui s'est faite à la radio.
Il y aurait aussi le vin, mais les dépanneurs n'ont pas de vin.
Je voudrais aussi parler un peu des municipalités. Les
municipalités qui ont des camions qui leur appartiennent pour pouvoir
faire le déneigement sont pénalisées. Comme vous le savez,
il y a à peine deux ans, il y avait une taxe de vente qui leur donnait
beaucoup de facilité à s'administrer parce qu'elles tiraient un
assez bon revenu de cette taxe de vente. (17 h 45)
Que je sache, la taxe de vente n'existe plus. Le gouvernement en place
le leur a enlevée. Il y a plusieurs députés que je
voudrais voir à cette commission, pour ces raisons précises parce
qu'il y a beaucoup de municipalités qui se plaignent. À la suite
des décisions qu'elles devaient prendre lors des budgets qu'elles
présentent une fois par année, le problème de l'heure,
c'est la taxe de vente qui leur manque. Lorsqu'elle leur manque - il ne faut
pas se faire d'illusion -il faut que la municipalité aille chercher
l'argent quelque part. Où va-t-elle le chercher? Pour quelques
municipalités qui n'ont pas tellement de revenus, il faut qu'elles
taxent directement le contribuable. Dans plusieurs comtés du
Québec, on est au courant de ces choses-là et c'est encore une
fois de plus que je voudrais que les députés puissent intervenir
chacun leur tour.
En ce qui concerne les élections partielles, vous êtes au
courant qu'il va y avoir des élections partielles qui sont
prévues pour le début d'avril. Il n'y en a pas cinq, il y en a
deux. Peut-être qu'il y en aura une troisième plus tard, tout
dépendra du bon premier ministre si jamais il décide de faire une
autre élection partielle dans un autre comté qu'il pourrait
ouvrir; c'est son choix à lui. Je demanderais aux députés
d'en face qu'ils puissent aller expliquer à la population dans leurs
discours ce qu'est la loi 39. Quand je dis "en face", ce sont tous les gens en
face de moi. D'un autre côté, nous allons essayer de sensibiliser
la population afin d'avoir son opinion sur la loi 39, sur l'essence et sur la
bière.
Le Président (M. Gagnon):
Malheureusement...
M. Houde: Pas déjà! Je m'en allais, moi là.
J'en avais beaucoup encore à dire.
Le Président (M. Gagnon): II va falloir que vous attendiez
à 18 heures comme les autres.
M. Houde: Oui? Tantôt on parlait des personnes qui...
Le Président (M. Gagnon): En conclusion, deux minutes.
M. Houde: Deux minutes encore? Tantôt on parlait de la
frontière du Québec. Comme vous le savez, je peux parler en
connaissance de cause car j'ai un fils qui travaille tout près des
frontières. Lorsque l'annonce a été faite de
l'augmentation d'environ 0,30 $ le gallon d'essence, ce qu'il a fait, c'est
aller chercher son essence de l'autre côté pour commencer, mais ce
qui était malheureux, c'est qu'il attendait énormément de
temps pour être capable de faire le plein, parce qu'il y en avait trop
qui allaient chercher leur essence de l'autre côté. Encore
là, les députés qui sont proches de ces endroits
pourraient peut-être venir nous dire ici que la situation était
catastrophique pour les personnes qui étaient obligées de faire
le plein complètement dans le fond de la province et qui n'avaient pas
la chance de pouvoir prendre leur essence à 0,25 $, 0,30 $ ou 0,32 $ le
gallon de moins. Pour eux, c'était difficile. Je voudrais sensibiliser
le ministre à ce sujet pour que, lorsque viendra le temps
d'étudier le projet de loi 39, des choses comme celles-là...
Une voix: ...
M. Houde: Je peux en dire encore beaucoup. Des choses comme
celles-là, il ne faudrait pas que cela revienne trop souvent. Il faut
que ce soit planifié et que ce soit pensé longtemps à
l'avance pour qu'une fois pour toutes, ce ne soient pas des choses qui soient
répétées à l'avenir. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Louis, question de règlement.
M. Blank: M. le Président, question de règlement.
Vous avez devant vous une motion d'amendement du député de
Berthier. Voyant que tous les députés qui sont... On demande la
permission pour que tous les députés aient le droit de parole
sans l'avis préalable de la commission. Quand le ministre a
soulevé la question du président, la motion
d'amendement du député était qu'il envoie un
délégué. M. le Président, je veux parler contre la
recevabilité de cette motion, parce que voyant que je suis un des
anciens ici d'après la Presse d'aujourd'hui, voyant que j'ai toujours
plaidé la cause des parlementaires - je dois dire que pour moi le
système parlementaire est plus important que le travail journalier d'un
Parlement, parce que pour...
M. Boucher: M. le Président, question de règlement.
Le député de Berthier vous a-t-il remis l'amendement
écrit?
M. Blank: Si c'est vraiment...
Le Président (M. Gagnon): Je n'ai pas reçu
d'amendement officiellement.
M. Fréchette: Une motion formelle d'amendement, je n'ai
pas compris ça comme cela.
M. Boucher: J'ai suggéré au député de
Berthier qu'il fasse un amendement, mais il ne l'a pas fait.
M. Blank: Est-ce qu'il a dit oui?
Le Président (M. Gagnon): II n'a pas remis son amendement
au président.
M. Blank: Je plaide contre la recevabilité d'une motion
qui n'est pas ici, d'une motion qui doit être faite par notre
côté. Je fais cela en toute connaissance de cause, car je ne veux
pas retarder les travaux de cette commission, je ne veux pas qu'on ait des
motions inutiles, des amendements inutiles. C'est pour cela que, quand je
trouve une motion, à sa face même, qui est contre l'esprit
parlementaire, l'esprit démocratique, l'esprit de nos règlements,
je parle contre parce que je ne veux pas que le ministre et tous ses
fonctionnaires gaspillent leur temps ici pour rien, pour retarder les travaux
de cette commission parce qu'il y a beaucoup de choses importantes à
faire ici dans cette commission.
M. Fréchette: D'ailleurs, cette démonstration est
déjà faite très clairement.
M. Blank: Oui, voilà, certainement, parce qu'on a
discuté de choses sérieuses depuis 22 ou 23 heures et je veux que
cela continue.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Louis, je vais vous soulager de ce travail d'être obligé de
parler contre, parce que je n'ai pas reçu de motion d'amendement.
Il n'y a plus d'intervenants, je dois passer au vote. Vote
enregistré. M. Blank (Saint-Louis)?
M. Blank: Je suis pour la motion, cette fois-ci.
Le Président (M. Gagnon): M. Desbiens (Dubuc)? M. Gratton
(Gatineau)? M. O'Gallagher (Robert Baldwin)?
M. O'Gallagher: Pour.
Le Président (M. Gagnon): M. Fréchette
(Sherbrooke)?
M. Fréchette: Contre.
Le Président (M. Gagnon): M. Lachance (Bellechasse)?
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Gagnon): M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet)?
M. LeBlanc: Contre.
Le Président (M. Gagnon): M. Marquis
(Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Gagnon): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque: Contre.
Le Président (M. Gagnon): M. Boucher
(Rivière-du-Loup)?
M. Boucher: M. le Président, comme rapporteur, je
m'abstiens.
Une voix: Quelle neutralité!
M. Blank: II a appris quelque chose, au moins, des travaux de
cette commission.
Le Président (M. Gagnon): M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Pour.
M. Blank: C'est égal. J'espère que vous voterez, M.
le Président.
Le Président (M. Gagnon): La motion est rejetée a
quatre contre trois. M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: M. le Président, j'ai une autre motion
préliminaire à faire, mais je suggérerais,
peut-être, voyant qu'il est 17 h 55, que je puisse présenter cette
motion à la reprise des travaux ce soir.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que nous
commençons à étudier le projet de loi article par
article?
M. Blank: Non, j'ai une motion spéciale très
intéressante. Voulez-vous que je la fasse?
M. Fréchette: Oui, pour nous permettre de bien se
situer.
Motion pour convoquer les représentants de
l'ACQ
M. Blank: D'accord. Comme vous l'avez vu dans tous les discours,
on trouve que cette loi a un intérêt non pas seulement pour
l'Assemblée nationale, mais pour tous les consommateurs de cette
province. Je fais motion que cette commission invite les représentants
de l'Association des consommateurs du Québec à se faire entendre
- je ne veux pas gaspiller de temps - le jeudi, 4 mars 1982, à 11 h 30,
devant cette commission afin de renseigner les membres et intervenants de cette
commission relativement aux implications économiques et sociales du
projet de loi no 39.
M. Fréchette: Est-ce que je peux en avoir une copie?
M. Blank: On n'a pas d'autres copies.
M. Boucher: M. le Président, avant de discuter...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rivière-du-Loup, sur la recevabilité?
M. Boucher: Sur la recevabilité de cette motion, puisqu'on
demande, en d'autres termes, de faire venir des gens de l'extérieur, je
dirai tout simplement, que la motion m'apparaît irrecevable, parce que le
mandat qui nous est donné actuellement par l'Assemblée nationale,
c'est d'étudier le projet de loi no 39 article par article. Les
auditions en commission parlementaire, habituellement, se font après la
première lecture et non pas après la deuxième lecture.
À sa face même, il m'apparatt que cette motion serait
irrecevable.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, sur la
recevabilité?
M. Fréchette: Non, je n'ai pas d'autres commentaires
à ajouter. Il m'apparaît que le député de
Rivière-du-Loup vient de vous soulever un argument qui est de nature
péremptoire. Je pense qu'on ne peut pas passer outre à l'ordre
que l'Assemblée nationale nous a donné. L'Assemblée
nationale nous a donné à nous, membres de la commission, le
mandat d'étudier le projet de loi article par article. Nous n'avons pas
de l'Assemblée elle-même, le mandat d'entendre qui que ce soit de
l'extérieur. Il m'apparaît que, sous cet angle, la motion est
irrecevable.
Par ailleurs, je ne ferai que renchérir sur l'autre aspect de
l'argumentation du député de Rivière-du-Loup, qui a
attiré votre attention, fort à propos, il me semble, sur le fait
que les témoins en commission parlementaire sont
généralement entendus après la première lecture du
projet de loi, lorsque le projet de loi est déféré
à la commission à cette fin très spécifique et
précise de procéder à des auditions de témoins.
Dans le cas qui nous préoccupe, vous vous en souvenez, M. le
Président, la deuxième lecture a été faite. On m'a
d'ailleurs très vertement reproché mon intervention au stade de
la réplique lors de l'étude en deuxième lecture. Tout cela
est fait; alors je ne vois pas comment on pourrait déroger aux us et
coutumes, à la réglementation elle-même et recevoir une
semblable motion.
M. Blank: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Je suis d'avis contraire. Si vous ne recevez pas cette
motion, vous contrevenez aux règlements de l'Assemblée. Je vais
vous lire l'article 154: "En commission plénière ou élue,
après la deuxième lecture - pas la première lecture -on ne
peut discuter que les détails d'un projet de loi et il ne peut y avoir
audition publique que devant une commission élue pourvu que celle-ci y
consente." Si la commission consent, on a le droit.
Je donne comme jurisprudence la commission permanente de
l'énergie et des ressources qui a étudié le projet de loi
no 16 les 7, 8, 9, 10, 11, 14 et 15 décembre 1981. Aux pages 4 et 5, on
retrouve une motion exactement pareille, avec les mêmes mots, qui a
été jugée recevable.
Le Président (M. Gagnon): Merci. Je voudrais tout de suite
dire que la motion, pour être recevable, devrait avoir le consentement
unanime de la commission. Comme je sens qu'il n'y a pas de consentement unanime
et que le mandat de cette commission est d'étudier article par
article...
M. Blank: Une minute!
Le Président (M. Gagnon): Le mandat de cette commission
est d'étudier article par article le projet de loi no 39.
M. Blank: Mais lisez l'article 154.
Le Président (M. Gagnon): La motion est irrecevable.
M. Blank: Une minute! Une minutel
Le Président (M. Gagnon): Les travaux de la commission
sont suspendus jusqu'à 20 heures.
M. Blank: Puis-je suggérer, M. le Président, avant
que vous ne rendiez une décision, de demander à M. Dominique
Lapointe, le plus important légiste en cette matière, son
opinion?
Le Président (M. Gagnon): Je le ferai pendant l'heure du
souper. De toute façon, les travaux de la commission sont suspendus
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise de la séance à 20 h 12)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! Au moment de la suspension pour le souper, M. le
député de Saint-Louis avait présenté une motion que
j'ai déclarée irrecevable parce que, au moment de l'étude
article par article, l'ordre de la Chambre ne permettait pas, selon moi - et
cela demeure vrai - d'entendre des intervenants. Par contre, après avoir
vérifié dans la jurisprudence, j'aimerais vous entendre parler
sur l'objectif exact de cette motion et vous entendre dire exactement pourquoi
vous l'avez présentée de façon que je puisse voir, parce
qu'il y a effectivement des précédents, mais dans des cas bien
précis.
M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: M. le Président, je ne veux pas être
irrespectueux envers la présidence, mais ce que vous me demandez, c'est
sur la question de fond. Si je dois plaider pendant vingt minutes sur une
question de procédure sur les mots qui sont là devant vous; quand
je vous ai cité l'article 154 qui est très clair... La seule
divergence entre vous et moi, c'est que moi, je dis qu'il faut que la
commission prenne un vote et que vous, vous prétendez qu'il faut qu'il y
ait consentement unanime. Sur ce point-là si vous soutenez cet argument,
dans le fond, chaque fois que le gouvernement ferait une motion en Chambre pour
faire siéger une commission, s'il n'a pas le consentement unanime,
qu'est-ce qui arriverait?
Le Président (M. Gagnon): D'accord!
M. Blank: La commission ne siégerait jamais pour des
auditions publiques, à moins que le code Lavoie dise clairement que cela
prend le consentement unanime. C'est le contraire. Sinon, les mots de l'article
154... Quels sont les mots à l'article 154?
Le Président (M. Gagnon): "... pourvu que celle-ci y
consente."
M. Blank: D'accord. Le consentement, c'est quoi? C'est le point
de vue de la commission. Le point de vue de la commission, c'est ce que la
majorité des membres de la commission décide sur un vote. Mais on
prend un vote seulement après la délibération d'une motion
et la délibération, c'est quand on la discute. On a le droit de
dire pourquoi on doit voter d'une telle manière ou d'une autre
manière. C'est cela que je lis à l'article 154 et je pense que,
jusqu'à ce jour, tous les présidents de commissions
parlementaires ont suivi la même règle. Comme je vous le dis, on a
pris la motion mot à mot dans le projet de loi no 16 afin de n'avoir
aucun problème.
M. Fréchette: Est-ce que dans le cas de la loi 16 - c'est
seulement une question d'information - il y avait eu discussion sur la
recevabilité?
M. Blank: Pas de discussion, pas du tout.
M. Fréchette: Pas du tout?
Le Président (M. Gagnon): Je vais vous dire pourquoi j'ai
parlé de consentement. En fait c'est que l'ordre de la Chambre est
d'étudier le projet de loi article par article.
Je sais que c'est déjà arrivé dans le passé
et les intervenants de l'extérieur de la commission qu'on entend, on les
entend, sur le principe, mais avant le vote en deuxième lecture.
Je voulais vous entendre sur la motion parce que, dans le passé,
il est arrivé qu'on ait invité des gens à venir, non pas
témoigner, mais éclairer la commission sur des articles
précis du projet de loi. À ce moment-là, on les invite
comme personnes-ressources - on a vérifié à l'heure du
dîner - sur des points précis, sur un article précis du
projet de loi, mais sans remettre en question le principe du projet de loi.
Votre motion, telle que présentée, remettrait en question
le principe du projet de loi. C'est pour ça que je voulais vous entendre
expliquer davantage. Quand on dit, par exemple, que les membres et les
intervenants de cette commission, relativement à l'implication
économique et sociale du projet de loi, là, on parle du principe
du projet de loi. Si, par exemple, vous aviez l'intention d'inviter
l'Association des consommateurs du Québec à parler sur un point
précis du projet de loi, comme
personne-ressource, sans remettre en question le principe même du
projet de loi, c'est différent quant à la décision de la
présidence.
M. Blank: Je vous donne un exemple: la commission élue
permanente de l'énergie et des ressources, projet de loi no 70, Loi
constituant la Société nationale de l'amiante. Là,
après la deuxième lecture, non seulement la motion n'a pas
été déclarée irrecevable, mais elle a
été adoptée par la commission. Des témoins sont
venus. Je vais vous lire la motion: "Que cette commission invite les
représentants de l'Association des mines d'amiante du Québec
à se faire entendre, le mardi 21 mars 1978, à 20 heures, devant
cette commission, afin de renseigner les membres et intervenants de cette
commission."
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que cela a
été accepté par la commission à l'unanimité
à ce moment?
M. Blank: La présidence a déclaré la motion
recevable et a suggéré que les membres de la commission
s'entendent, etc. On a eu un débat et une discussion s'est
engagée sur la motion présentée par M. Lalonde. Il y a eu
toute une discussion et ce fut adopté.
Le Président (M. Gagnon): Cela revient à ce que je
vous disais tantôt, c'était comme personnes-ressources. Il
faudrait que la motion soit libellée différemment, mais si vous
me dites, par exemple, que vous êtes intéressé à
entendre l'Association des consommateurs du Québec comme
personne-ressource sur un article particulier du projet de loi, là,
c'est différent, parce que le sens de votre motion est tout simplement
de changer le principe du projet de loi.
M. Blank: Si on veut avoir la même motion qui fut
adoptée à l'époque, on arrête à "cette
commission invite les représentants de l'association etc. devant cette
commission, afin de renseigner les membres et intervenants de cette
commission." C'est exactement la motion qui fut adoptée lors de
l'étude du projet de loi sur la Société de l'amiante. Ici,
on ajouté d'autres mots: "relativement aux implications
économiques et sociales du projet de loi no 39". On ne parle pas du
principe, on accepte le principe, mais on demande que l'association nous
renseigne quant aux implications économiques et sociales du projet de
loi. On ne discute pas le principe, on dit exactement ce sur quoi on veut
qu'elle nous renseigne. C'était l'argument qu'on invoque depuis le
commencement de ce débat.
Le Président (M. Gagnon): Si la motion avait
été...
M. Blank: Cela va même plus loin, ça va dans la
direction que vous demandez.
Le Président (M. Gagnon): C'est justement, ça va
plus loin et, selon moi, ça remet en cause le principe, ce qu'on n'a pas
le droit de faire à l'étude article par article.
M. Blank: On délimite l'intervention de ce groupe aux
implications économiques et sociales. On ne parle pas des revenus du
gouvernement ou le gaspillage d'argent qu'il fait, on ne discute pas ça,
ce sont seulement les implications économiques et sociales.
Le Président (M. Gagnon): Vous me permettez une
minute.
M. Blank: Certainement. (Suspension de la séance à
20 h 20)
(Reprise de la séance à 20 h 30)
Le Président (M. Gagnon): Relativement au
précédent que vous m'avez démontré en ce qui
concerne l'amiante, c'était visible dans ce cas. On a même
modifié la résolution à trois reprises pour essayer de
cerner des points précis. Il y avait unanimité parce que la
motion a aussi bien été modifiée par un côté
que par l'autre de la table. Cela rejoint un peu ce que je vous mentionnais
tantôt, si on cernait les points précis d'éclairage qu'on
voulait avoir sur le projet de loi. Si je compare cela avec la motion que vous
me présentez et si vous étiez d'accord pour mettre un point ici
et arrêter là la motion au lieu qu'il y ait la virgule et
l'explication par la suite, je prends votre parole que vous voulez avoir de
l'éclairage sur certains articles de la loi sans remettre en question le
principe de la loi. À ce moment-là, je la déclarerais
recevable.
M. Blank: C'est l'augmentation du prix de l'essence. C'est
seulement cela. C'est un article de la loi.
Une voix: ...
M. Blank: Oui, il y en a deux. Le consommateur, limité
à la bière et l'essence. Si vous amendez... D'accord, je peux
retirer ce qui vient après les mots "les membres et les intervenants de
cette commission." Ensuite, c'est le reste.
Une voix: La bière...
Le Président (M. Gagnon): Ce qui veut dire que la motion
se lirait comme suit: "Que cette commission invite les
représentants de l'Association des consommateurs du Québec
à se faire entendre le jeudi 4 mars 1982 à 11 h 30 devant cette
commission afin de renseigner les membres et les intervenants de cette
commission." Sous-entendu, comme éclairage sur certains articles de la
loi.
M. Blank: L'éclairage sur l'article concernant
l'augmentation du prix de la bière et de l'essence.
Le Président (M. Gagnon): Alors, je reçois la
motion.
Des voix: Ah!
Une voix: Je doute qu'il y ait un malheur après.
Le Président (M. Gagnon): Quel article?
M. Blank: Ce sont les articles de la loi que vous demandez? On
n'a pas besoin de... pour les fins du débat.
Une voix: L'article de la loi? M. Blank: Sur
l'article...
Le Président (M. Gagnon): Je vais vous entendre sur
l'article concernant l'augmentation de la taxe.
M. Blank: Je n'ai pas de copie de la loi ici.
Le Président (M. Gagnon): J'aimerais savoir... Un autre
point, c'est un fait qu'il faudrait... Comme l'article 1 n'est pas
étudié, sur quel article voulez-vous vous faire entendre?
M. Blank: L'article 8.2 et...
Le Président (M. Gagnon): C'est un fait que j'accepterai
votre motion lorsque nous serons rendus à l'article parce qu'on n'a
même pas étudié l'article 1. La motion est
prématurée parce qu'on n'est pas rendu à cet
article-là.
M. Blank: Vous venez de rendre une décision et vous dites
que je n'ai pas le droit de présenter cette motion avant qu'on appelle
l'article 1?
Le Président (M. Gagnon): Quand on sera rendu à cet
article-là, oui, parce qu'elle est prématurée.
M. Blank: C'est un peu ridicule.
Le Président (M. Gagnon): On n'est même pas rendu
à l'article 1.
M. Blank: Oui, mais cela ne fait rien. On veut l'avoir avant
d'arriver à l'article 1.
M. Boucher: ...
M. Blank: On arriverait là. La bière, c'est
l'article 1. Mais c'est possible de faire d'autres motions. Cela peut se faire
des motions préalables.
M. Fréchette: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous voulez
m'apporter de l'éclairage?
M. Fréchette: Enfin, de l'éclairage ou
peut-être bien vous faciliter la tâche. Les motifs
d'irrecevabilité qu'on a plaides, nous sommes disposés à
les retirer, M. le Président, et nous sommes disposés
également à donner notre consentement pour que vous puissiez
déclarer la motion recevable dans la forme, le fond et la teneur que le
député de Saint-Louis a voulu lui donner en la présentant
initialement.
Une voix: C'est pas beau, cela?
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre.
M. Fréchette: C'est bien dit.
Le Président (M. Gagnon): C'est très bien dit.
Merci. Sans aucun précédent, de la façon...
Des voix: Ah!
Le Président (M. Gagnon): Sans aucun
précédent, de la façon dont je l'ai expliqué
tantôt, M. le député de Saint-Louis, je vous donne la
parole sur votre motion.
M. Harry Blank
M. Blank: Dans cette motion, j'ai demandé qu'on invite
l'Association des consommateurs du Québec qui a pour but de
protéger les intérêts et les droits des consommateurs
québécois. Les consommateur, c'est la totalité de la
population du Québec. Il n'y a pas une personne, même un
bébé, qui ne soit pas consommateur, dans le sens large du
mot.
M. Fréchette: Jusque-là, vous allez très
bien. Jusque-là, il n'y a pas de problème.
M. Blank: Même si les bébés ne paient pas de
comptes ou ne font pas d'achats, ils sont des consommateurs. Des fois, ce sont
de produits très naturels, mais indirectement, pour avoir ces produits
naturels, la mère a besoin de certains aliments pour avoir la
santé et la force de nourrir cet enfant. M. Fréchette:
Indirectement. M. Blank: Indirectement. M. Fréchette:
Voilà! Oui, oui, oui.
M. Blank: Pour s'alimenter, la mère doit faire des achats.
En faisant des achats, elle doit s'amener chez l'épicier. On va
commencer avec l'épicier. Ce ne sont pas tous des épiciers du
coin. Normalement, les épiciers du coin sont utilisés pour des
cas d'urgence. C'est devenu la coutume, les dépanneurs sont
utilisés en cas d'urgence, dans la nuit, après le souper, etc.
Normalement, c'est au supermarché local...
M. Fréchette: ... qu'elle va.
M. Blank: Les supermarchés ne sont pas tous au coin de la
rue. Cela veut dire que cette mère a besoin de prendre le métro,
l'autobus ou sa propre voiture. À ce moment-là, l'essence, la
fameuse essence!
M. Fréchette: C'est ça.
M. Blank: C'est dommage, mais ça revient toujours dans le
portrait. Cela affecte cette mère, cela affecte le prix des aliments et
cela affecte le consommateur de base, le bébé. Je dois dire que
ces consommateurs, les bébés, les mères, les pères,
qui ont eu quelque chose à faire pour produire ces enfants et la grande
population de Québec sont affectés. Il y a des implications
économiques et sociales à cause de ce problème.
C'est intéressant, l'un joue avec l'autre. On a des
problèmes économiques. Cette pauvre dame ou ce pauvre monsieur
ont des problèmes pour boucler leur budget à cause de
l'augmentation des aliments, des produits de toutes sortes, basée sur le
coût du transport, sur le coût de l'essence. Cela crée des
problèmes économiques ajoutés à l'inflation.
J'aimerais entendre l'opinion de ces gens-là, savoir ce qu'ils
pensent. Est-ce qu'ils sont prêts à subir l'inflation afin de
donner plus d'argent au gouvernement, pour que peut-être le gouvernement
le redonne d'autres façons? Mais cela est débattable. En effet,
ce n'est pas nécessaire ici, mais je peux montrer que le gouvernement
n'a vraiment pas besoin de cet argent-là pour le bénéfice
des consommateurs. Il a besoin de cet argent-là à cause du grand
gaspillage des fonds publics qu'il fait actuellement et qu'il a fait depuis des
années. C'est la base de la demande d'argent qui affecte ces pauvres
consommateurs.
Cette situation économique crée des problèmes entre
femme et mari et crée des problèmes à la maison. Des fois,
pour tranquilliser l'atmosphère dans la maison, qu'est-ce qu'on fait? Au
lieu de se battre, on prend une bière ensemble. Maman et papa prennent
de la bière. Mais au moment où ils prennent une bière, le
cercle vicieux recommence. On a augmenté le prix de la bière
aussi.
Si ce monsieur est heureux de travailler à Québec,
puisqu'il ne fait pas partie des 350 000 chômeurs du Québec, pour
lui, c'est un fardeau car il doit payer 2% de plus sur son impôt.
Nonobstant les promesses du Parti québécois durant la campagne
électorale d'avril 1981, nonobstant une loi qui a été
votée unanimement par l'Assemblée nationale, nonobstant tout
cela, on enlève ces 2% pour faire un autre vide dans nos poches; encore
un problème économique et on nous demande encore de se serrer la
ceinture. C'est créer des tensions dans les maisons, c'est créer
des problèmes de ménage. C'est là qu'arrivent les
problèmes sociaux. Du moment qu'on a des problèmes sociaux -
c'est un cercle vicieux - on a besoin, pour régler ces problèmes,
d'un travailleur social qui vient à la maison. Peut-être que cela
peut causer des crimes, de la délinquance juvénile, des affaires
comme cela. Le ministre de la Justice et le ministre des Affaires sociales
auront encore plus besoin d'argent.
Je veux demander aux consommateurs ce qu'ils pensent de cela. Est-ce
qu'ils sont prêts à laisser l'Assemblée nationale voter un
projet de loi semblable qui créerait des problèmes
économiques qui, par la suite, dégénèrent en
problèmes sociaux, ce qui va augmenter le budget gouvernemental? Si on
augmente le budget gouvernemental, le gouvernement aura besoin d'argent, il
augmentera les taxes et cela va recommencer, cela va créer des
problèmes économiques, des problèmes sociaux... C'est un
cercle vicieux, on doit couper quelque part. Je veux demander aux consommateurs
s'ils sont prêts à déclarer devant cette commission qu'ils
ne sont pas d'accord avec ce projet de loi et qu'ils suggèrent aux
députés du côté ministériel de repenser
l'affaire, d'attendre pour adopter ce projet de loi d'avoir coupé des
augmentations ou tout simplement le faire disparaître. C'est l'opinion
que je voudrais avoir des consommateurs sur les articles qui augmentent la taxe
sur l'essence, qui augmentent la taxe sur la bière, qui prennent 2% de
ristourne sur les impôts. C'est seulement en entendant ces gens, qui
représentent la totalité de la population au Québec, qu'on
le saura.
Je suis certain qu'aucun député, que ce soit à la
Chambre ou à la commission, n'a peur de demander l'opinion de ses
électeurs. On le fait souvent par des sondages, par des petites
assemblées de cuisine les fins de
semaine dans nos comtés, par des rencontres au coin de la rue,
lorsqu'on va chez les dépanneurs ou dans des petits restaurants, pour
prendre un coke ou un café ou même une petite bière,
où on jase avec les gens pour avoir leur opinion.
Il y a une chose intéressante, c'est que nous avons tous
l'opinion de nos consommateurs, mais nous l'avons privément. Je sais
quelle est l'opinion de mes électeurs, ils me l'ont donnée et ils
sont unanimement contre. Je vous le dis ici, à cette commission. Vous
allez dire: Non, non, il a des préjugés, il est partisan, il le
dit parce qu'il est de l'autre côté. Mais je suis certain que de
l'autre côté, du côté ministériel, c'est la
même chose. Il est certain que près de 100% des gens que vous avez
rencontrés ont la même opinion: Ils ne veulent pas de ces
augmentations. Mais vous êtes liés par votre caucus, par la ligne
de parti, vous êtes liés par la solidarité
ministérielle, vous êtes liés par toutes sortes de
choses.
Je vous ai dit qu'en acceptant cette motion les gens ordinaires vont
venir ici, devant la commission, pour donner leur opinion sur les effets de ce
projet de loi et vous aurez une excuse lorsque vous retournerez à votre
caucus en disant: Voilà, regardez, le public a dit cela, le public nous
a informés. Ce que je veux dire ici, c'est qu'un caucus peut comprendre
le bon sens. M. le ministre des Finances, vous ne me croyez pas parce que vous
êtes peut-être un peu éloigné du peuple mais, nous,
les députés qui sommes en contact avec ce qu'on appelle en
anglais les "grass roots", nous avons d'eux ce message. Vos
députés vous le transmetteront en caucus, si vous ne nous croyez
pas. (20 h 45)
Ici, je vous donne la chance de faire en sorte que les gens qui vous
font ce message en privé le fassent en public. Vous aurez le texte dans
le journal des Débats et vous pourrez le montrer au député
de L'Assomption en disant: Voilà, M. le ministre, ce que disent les
contribuables du Québec. Ils disent: Arrêtez cette
affaire-là. Vous n'avez pas besoin de cet argent-là si vous ne
gaspillez pas notre argent. Essayez de contrôler les ministères un
peu mieux, qu'ils n'utilisent pas l'argent dans des orgies de dépenses,
et on n'aura pas besoin de cet argent. Comment allons-nous savoir ça si
on n'a pas ce groupe qui représente les consommateurs du Québec,
le groupe qui représente le petit bébé qui se nourrit de
sa mère, qui elle le nourrit par les aliments qu'elle achète chez
l'épicier, si le prix des aliments sont augmentés à cause
de cette loi? Cest consommateurs ont leur mot à dire.
On ne doit pas avoir peur de communiquer avec la population entre les
élections. On fait cela durant les élections, on fait de belles
promesses. On communique avec les gens et on dit: Oui, on va faire ça.
Et on les attend. Ici, entre les élections on ne les attend pas.
Même des promesses électorales. Les fameux 2%, sur chaque tribune
de la province le Parti québécois crie: On va donner une
ristourne de 2% sur votre impôt. Ils ont rempli leur promesse.
La loi 11 au mois de juin. Nous autres, quand quelque chose vient de la
population, l'Opposition a voté avec le gouvernement. Cela a
été adopté à l'unanimité à
l'Assemblée nationale qu'on retournerait ces 2%. Voilà, six mois
après, on est prêt à reprendre ces 2%. Mais cela affecte le
pauvre consommateur. C'est lui qui doit nous renseigner. Nous ne sommes pas le
bon Dieu. Nous ne savons pas tout ce qui se passe.
Si l'association des consommateurs vient ici, elle doit nous expliquer
tranquillement. Cela ne presse pas, on a au moins - je ne connais pas les
techniques administratives - jusqu'au 31 mars pour adopter cette loi et
même après, mais disons, techniquement, qu'elle doit être
adoptée avant le 31 mars.
De quoi parlera-t-on ici, le 4 mars? 27 jours avant la fameuse date du
31 pour faire venir ce groupement des consommateurs. On peut les entendre. On
peut savoir qu'est-ce que monsieur, madame Québécois veulent de
notre gouvernement. Qu'est-ce qu'ils veulent qu'on fasse avec cette loi? Quand
je dis: II va dire en public exactement ce qu'il vous a dit à vous en
privé.
Même le ministre des Finances ne vous croirait pas si vous disiez
au caucus. Peut-être qu'il vous croirait si on avait ces gens devant nous
en public. Cela est de la démocratie. C'est le vrai système
démocratique. Si on n'a pas peur de M. Untel et de Mme Unetelle, c'est
là que ça montre qu'on a un bon gouvernement qui n'a pas peur.
Pourtant, vous prétendez être un bon gouvernement. Pourquoi
avez-vous peur de la population?
Je dis ça à ce moment-ci. Je ne sais pas. Peut-être
qu'il y a des intervenants de l'autre côté qui vont appuyer notre
motion et qui vont dire oui. Mais en regardant dans les yeux des
députés ministériels, je n'ai pas tellement confiance
qu'ils vont voter pour cette motion. Je vous demande pourquoi. Est-ce que la
ligne du parti est tellement forte? Est-ce que la conscience personnelle, le
voeu d'aider le monde ordinaire, est-ce que cela ne dépasse pas cette
ligne de parti ou cette solidarité ministérielle? Est-ce que
votre conscience comme député, représentant du peuple, ne
dépassera pas cette obligation politique partisane? Pourquoi ne pas
faire venir l'association des consommateurs qui va nous renseigner, qui va nous
dire exactement comment cette loi va affecter les foyers, les familles et
quelles sont les conséquences?
Ce n'est pas une petite affaire. 0,34 $ le gallon d'essence à
partir d'aujourd'hui.
C'est une augmentation terrible. On disait qu'on avait besoin d'argent,
mais il y a neuf autres provinces au Canada aussi et il y a d'autres provinces
qui ont besoin d'argent. Ce sont les mêmes problèmes que nous au
Québec. Même il y a certaines provinces qui sont moins munies que
la nôtre. La seule place où on imprime l'argent, c'est dans la
province d'Ontario, mais c'est imprimé pour le bénéfice du
gouvernement fédéral dans le Royal Mint à Ottawa et je
pense qu'il y a une "mint" à Winnipeg aussi, si je me souviens bien.
C'est la seule place où on imprime l'argent, mais ce n'est pas
imprimé, pas pour le bénéfice des provinces, mais pour
celui du fédéral qui, après, en passe un peu partout
parfois.
Ce que je dis, c'est qu'il y a quelque chose qui ne marche pas ici.
Quand notre province doit payer plus de taxes pour l'essence et la bière
que toutes les autres provinces, il y a quelque chose qui ne marche pas. Je me
pose cette question. Je ne sais pas si les consommateurs vont se poser la
même question. Ils ont peut-être des suggestions. Ils vont nous
dire: Comment cela se fait-il? Peut-être que vous, du côté
ministériel, pouvez convaincre l'Exécutif du gouvernement de
changer sa façon d'agir. C'est une question de base, cette demande,
cette motion-ci. C'est la base de tout le système démocratique
que je pose ici, qu'on tienne une commission qui étudie une loi qui va
avoir, à mon avis, des effets néfastes sur la population "at
large" dans la province. J'ai peut-être tort. Cela ne surprendrait. Je ne
le sais pas, mais; c'est mon opinion. Je suis un consommateur. Je ne suis pas
membre de l'association des consommateurs. Ils vont peut-être me dire que
j'ai tort. Je ne le sais pas, mais au moins, on doit faire entendre ces
gens-là et si vous, de l'autre côté de la Chambre, du
côté ministériel, pensez que vous avez raison dans cette
affaire, peut-être appuierez-vous cette association, mais je ne le sais
pas. On ne saura jamais, à moins de faire venir ces gens jeudi matin. Ce
n'est pas loin, c'est seulement après-demain. On ne perdra pas beaucoup
de temps et, franchement, je suis prêt à arrêter ce qu'on
appelle un "filibuster" dès le moment où ces gens
comparaîtront devant nous. Je suis prêt, parce que ce qu'on dit de
ce côté de la Chambre, de ce côté de la table, nous
autres, on prétend que c'est le voeu de la population. On a
peut-être tort et vous ne croyez pas qu'on ait raison ici. Si ces gens
viennent ici et disent que j'avais raison, vous entendrez cela et vous
assumerez les conséquences de vos actes, si vous persistez dans la
même voie. S'ils disent que j'ai tort, c'est fini, j'ai tort et vous
pouvez adopter votre projet de loi en toute connaissance de cause, du fait que
vous avez raison, mais, au moins - et je vous garantis que, après avoir
entendu cette commission, à 10 h 30, jeudi matin le 4, on arrête
les débats, parce que si le peuple...
Une voix: Disons 11 h 30.
M. Blank: 11 h 30? Cela veut dire que, vers midi, ils auraient eu
leur mot à dire. Le peuple aura parlé et j'accepterai le voeu du
peuple. Je l'ai accepté en avril 1981. Je l'ai accepté en
novembre 1976. Je l'ai accepté en novembre 1977.
M. Boucher: On l'a accepté en mai 1980.
M. Blank: Oui, c'est cela. C'est ce qui arrive, mais c'est le
peuple qui doit parler et c'est le peuple qui va nous renseigner. Je pense
qu'une assemblée démocratiquement élue ne doit pas avoir
peur d'entendre le monde ordinaire. Combien de temps me reste-t-il?
Le Président (M. Gagnon): II vous reste encore trois
minutes.
M. Blank: Dans ces trois minutes qui me restent,
j'essaierai...
M. Fréchette: Gardez-les en réserve.
M. Blank: ... de convaincre les gens d'en face. Je vais me garder
deux minutes. J'aimerais toujours garder deux minutes.
M. Fréchette: Oui, oui. Vous voulez garder deux
minutes?
M. Blank: Oui, je vais me garder deux minutes. Dites-le moi quand
il me restera deux minutes, parce que je ne sais pas, avec l'habitude des gens
d'en face qui parlent, il est possible que...
Le Président (M. Gagnon): II vous reste seulement une
minute.
M. Blank: II ne me reste qu'une minute?
Le Président (M. Gagnon): Oui. M. Blank:
J'arrête.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Robert Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: M. le Président, je vous remercie d'avoir
accepté notre motion, au moins pour la débattre, et je vous
remercie, M. le ministre de nous donner au moins une chance de parler sur cette
motion qui est vraiment importante. Je pense que vous pouvez être
d'accord avec le fait que
l'association des consommateurs est affectée par ce projet de
loi, elle qui représente tous les consommateurs du Québec, les
petits, les gros, les riches et les pauvres. Tout le monde est vraiment
affecté par ce projet de loi. Toutes nos démarches à
l'Assemblée nationale comme en commission parlementaire
démontrent clairement que nous avons besoin de conseils. Nous avons
besoin des conseils de la population et des consommateurs qui sont vraiment
affectés par ce projet de loi en plus des autres qui nous taxent. Ils
peuvent nous dire carrément que votre politique de taxation est vraiment
incohérente; incohérente au point que la population ne puisse
plus supporter le deqré de taxation que vous imposez. Nous sommes les
plus taxés de tous les Canadiens. C'est vraiment là qu'on blesse
la population, on blesse le pouvoir d'achat, on blesse le pouvoir de produire
et de commencer en affaires. Le commerce est affecté, les
municipalités, tous les services que la population utilise sont
hypothéqués par ce projet de loi en plus des autres projets de
loi qu'on a subis dernièrement comme l'augmentation des taux
d'Hydro-Québec.
Tout cela est causé par une mauvaise administration. On se voit
aujourd'hui aux prises avec un déficit record. Cette incohérence
de politique de la taxation, on la voit dans plusieurs champs
d'activités aussi bien provinciales que familiales et dans tous les
domaines de l'économie active de la province, par exemple, la politique
énergétique. Vraiment, depuis 1973, quel est le gros
problème qui affecte tous les citoyens, tous les consommateurs? C'est le
problème de l'énergie. C'est le gros problème des
années soixante-dix et, de toute évidence, cela est encore le
problème des années quatre-vingt, le problème
énergétique.
Le gouvernement au pouvoir a traité le problème
énergétique tout simplement, d'après ce projet de loi,
comme une source de revenu et non pas comme une nécessité
quotidienne de tous les citoyens du Québec. Cela est de toute
évidence dans plusieurs domaines. D'ailleurs, la taxation qui a
été imposée, à la dernière minute, cause des
pressions sur nos prêteurs. Les prêteurs américains sont
arrivés ici et ils ont dit: Mon Dieu, vous êtes dans une position
épouvantable, M. Parizeau! Vous avez peur de votre cote double A si vous
ne faites pas quelque chose avec votre déficit qui s'en va vers les 4
000 000 000 $. Il faut faire quelque chose et ils ont été
forcés de faire quelque chose de draconien et d'imposer une taxe de 100%
à la population.
On subit encore davantage aujourd'hui, car l'augmentation qui a
été imposée par Ottawa, avec la conférence des
provinces productrices, a augmenté de deux autres cents le gallon
d'essence. Mais, au Québec, cela a été plus que cela. Plus
que les autres provinces parce que nous, on impose notre pourcentage
d'après l'augmentation du taux fédéral. Encore là,
on paie beaucoup plus que dans toutes les autres provinces et les consommateurs
sont obligés de subir cela. Je pense que là aussi il faudrait
consulter la population sur cette augmentation.
Même avec cela, il faut admettre que les taux mondiaux de
l'énergie et de l'huile baissent, mais, au Québec, cela augmente.
Heureusement, on n'a pas atteint les prix mondiaux encore parce que le prix
énergétique canadien est de beaucoup inférieur au prix
mondial. Même avec les prix qui descendent au niveau mondial, on n'a pas
encore atteint le prix mondial dans la politique énergétique
fédérale au Canada. Dieu merci! Mais Québec, au lieu
d'avoir une politique saine et d'essayer de garder ce prix en bas du niveau
mondial, utilise cette énergie pour aller éponger des
déficits. Je trouve cela inacceptable et je pense que la population et
surtout les consommateurs devraient s'y opposer fortement. II faut
dénoncer cette politique de taxation qui n'est pas du tout acceptable,
surtout dans ce projet de loi où on a déjà des
modalités injustes pour certains secteurs de la population, dans les
régions frontalières, par exemple, où les gens ne
subsistent pas ou moins que dans certaines autres réqions du
Québec. (21 heures)
C'est un principe dont on n'a pas discuté lors de l'étude
en deuxième lecture; maintenant, on a changé cela. C'est un
principe rattaché au projet de loi qui aurait dû être
discuté en deuxième lecture et qui a été
imposé par la suite. C'est une modalité, je pense, sur laquelle
les consommateurs québécois ont leur mot à dire. Cette
taxe n'est pas imposée uniformément dans tout le
Québec.
Sur le plan de la politique énergétique, il faut
dénoncer le gouvernement pour ne pas encourager une autre forme
d'énergie, c'est-à-dire le gaz naturel. Nous aurons prochainement
un débat, je pense qu'il commencera aujourd'hui ou mercredi prochain,
sur le réseau du gaz naturel gui vient de l'Ouest canadien et les
avantages pour le Québec. L'installation de ce réseau a presque
été empêchée par ce gouvernement.
L'établissement de ce réseau a été fait de peine et
de misère par l'Energy Board fédéral, c'est un grand
bénéfice pour le Québec et ce gouvernement a tout fait
pour empêcher l'établissement normal de ce réseau d'une
manière efficace.
On a consulté les entrepreneurs, tous les gens impliqués
dans l'établissement de ce réseau et ils disent: Une fois
arrivé à la frontière du Québec, on nous a mis des
bâtons dans les roues à chaque instant. Même aujourd'hui,
ils sont à peine tout près
de Trois-Rivières. Quand ce n'est pas le ministère de
l'Agriculture, c'est un autre ministère, il y a des chicanes qui ne sont
jamais réglées d'un jour à l'autre.
Cela affecte toute la province et l'Association des consommateurs du
Québec devrait avoir son mot à dire là-dedans parce que
tout le monde est affecté, les consommateurs du Québec sont
affectés, et non seulement au Québec, mais dans les Maritimes. Le
programme des travaux est mis en cause par cette incohérence dans la
politique énergétique du Québec.
L'établissement du réseau de gaz naturel va occasionner
des coûts épouvantables. Jusqu'à ce jour, pour le
tronçon Québec-Trois-Rivières, les prix ont
déjà augmenté. On avait dit un minimum de 50 000 000 $ et
ça augmente toujours à cause des retards imposés et
beaucoup de choses qui ne sont pas réglées par le
Québec.
Cela touche des régions situées dans le comté du
rapporteur. Le gaz ne sera pas rendu chez vous, M. le rapporteur, avant au
moins un an. Cela va priver les citoyens de votre comté et ça va
priver les citoyens du comté de Sherbrooke aussi, le comté du
ministre, où le gazoduc ne sera pas rendu avant deux ans
peut-être. C'est la même chose pour Shawinigan ou Chicoutimi
où le gazoduc ne sera pas rendu à cause du gouvernement du
Québec qui n'a pas réglé les problèmes et qui aura
mis des bâtons dans les roues au cours de toute l'installation de ce
réseau.
Nous avons également notre responsabilité au niveau de
toute la politique énergétique canadienne parce qu'on
empêche le réseau de traverser le Québec pour se rendre
dans les Maritimes. Pensez-vous que les Maritimes méritent un
délai semblable à cause de "niaisages" au Québec? Je
trouve cela déplorable parce que ces gens sont dans une situation
peut-être plus difficile qu'au Québec et comme voisins, je trouve
ça pénible, qu'on prive les citoyens des Maritimes d'un
réseau si précieux.
Comme vous le savez, c'est la seule solution à l'essence. On a
beau imposer des taxes - je pense que les consommateurs vont être
d'accord avec moi - notre seul choix, c'est de convertir nos moteurs à
essence au gaz naturel et cela s'applique aux transports en commun ou à
toute autre utilisation de l'essence. Une solution à notre transport en
commun, c'est d'arrêter d'utiliser de l'essence et de convertir au gaz
naturel, ça coûte moins cher.
Dans le domaine du transport en commun, là aussi, on
démontre une incohérence pour régler les problèmes
à Montréal. Surtout dans l'ouest de l'île de
Montréal, que je représente, on avait un système de trains
électriques, mais finalement, il y a trois ans, le gouvernement, sous le
ministre de Belleval, a pris la décision d'intégrer ce
réseau de trains électriques au réseau du métro.
Cela a pris trois ans pour imposer cette décision au maire de
Montréal, mais il y a finalement eu une décision tout
récemment. Mais cela a pris trois ans pour régler cette question.
C'est encore une incohérence de notre politique
énergétique au Québec, d'après tous les rapports on
favorisait la mise en place d'autobus qui fonctionnent à l'essence, au
lieu d'utiliser un système de transport qui est déjà en
place et qui fonctionne à l'électricité.
Ce sont toutes des choses sur lesquelles l'Association des consommateurs
du Québec pourrait certainement nous éclairer et nous donner de
bons conseils, parce que, de toute évidence, on a besoin de bons
conseils là-dessus.
Dernièrement, lors des conférences
fédérales-provinciales, on parlait comme si on avait
inventé les petites et moyennes entreprises. Là aussi, je pense
que l'Association des consommateurs du Québec pourrait nous
éclairer et nous dire que ce n'est pas seulement au Québec qu'on
a des petites et moyennes entreprises, c'est toute l'histoire de
l'Amérique du Nord. En Amérique du Nord, il n'y a pas seulement
de grosses compagnies multinationales - les mauvaises multinationales, comme on
dit -mais aussi des petites et moyennes entreprises dans tout le Canada et les
États-Unis, et celles-ci sont de grandes consommatrices d'essence. Avec
ces taxes qui ont été augmentées de plus de 100%, à
minuit hier soir, elles sont vraiment affectées.
Si vous voulez vraiment faire quelque chose pour les petites et moyennes
entreprises, je pense que, sur cette taxe épouvantable sur l'essence, on
pourrait vraiment faire quelque chose. L'Association des consommateurs du
Québec pourrait peut-être nous conseiller là-dessus et nous
renseigner sur l'influence, non seulement sur les consommateurs comme
individus, mais sur la mauvaise influence sur l'économie en
général et les petites et moyennes entreprises qu'on a tous dans
chacun de nos comtés.
En parlant des petites et moyennes entreprises, de très petites
entreprises, comme les stations-service et les garages prennent le gros fardeau
de cette taxe. Comme vous le savez, il y a plusieurs garagistes, vendeurs
d'automobiles qui sont obligés de fermer leurs portes, surtout les
petits détaillants, pas les grosses compagnies. Ceux qui sont des
détaillants indépendants sont obligés de fermer leurs
portes tout simplement en ajoutant au taux de chômage qu'on connaît
aujourd'hui et c'est la grosse misère pour ces petites entreprises.
Cette taxe a cette influence. Les autres aussi sont représentés,
je présume, par des associations
de consommateurs et peuvent avoir l'occasion aussi de venir nous
renseigner et nous conseiller là-dessus.
C'est bien beau de parler de taxe sur les cigarettes, sur les loteries,
même la taxe sur la bière, qui concerne une partie de ce projet de
loi, mais ce n'est pas la même chose que cette taxe sur l'essence. On
peut toujours se priver, sans trop de misère des billets de loterie. On
peut même se priver des cigarettes et on peut se priver de la
bière. Mais l'essence affecte vraiment tout le monde. Je pense que les
députés sont d'accord. Le député de
Rivière-du-Loup connaît cela parce que, dans son comté, ses
électeurs sont obligés, parce qu'ils sont dans un comté
rural, de voyager beaucoup et cela leur coûte cher, l'essence leur
coûte très cher. Je pense qu'ils devraient avoir l'occasion de
venir nous dire ici combien cela leur coûte de plus en taxes municipales
à cause de l'augmentation de cette partie des budgets municipaux.
On parle aussi tous les jours des taux élevés
d'intérêt que la petite et moyenne entreprise est obligée
de payer en empruntant de l'argent. On entendait même hier le ministre
Biron dire que les grosses compagnies, les multinationales, c'est tout
simplement pour faire de petits jeux de parts, des parts
privilégiées, ou pour vendre d'autres parts, qu'elles peuvent
aller chercher de l'argent dans le public sans payer des taux
d'intérêt comme la petite et moyenne entreprise et qu'il faudrait
que le fédéral baisse les taux d'intérêt pour aider
la petite et la moyenne entreprise. Mais vous autres! Qu'est-ce que le
gouvernement du Québec fait? Il fait peut-être la pire chose qui
affecte toutes les petites et moyennes entreprises et tous les consommateurs.
Il augmente le prix de l'essence de plus de 100%. On dit que les petites et
moyennes entreprises sont affectées par les taux d'intérêt,
mais pas les grosses compagnies. Comment cela se fait-il? Pouvez-vous me le
dire? Pouvez-vous vérifier mes paroles?
À la conférence fédérale-provinciale qu'il y
a eu à Ottawa le 4 février, il y a à peine un mois, il y a
eu une proposition de trois pages du Québec au fédéral.
Vous pouvez vérifier cela, si vous voulez, et vous me direz si j'ai tort
ou raison. C'est que le gouvernement du Québec, par l'entremise du
premier ministre lui-même, M. René Lévesque, a
suggéré que les taux d'intérêt au Québec
soient maintenus à 1% de plus que les taux d'intérêt aux
États-Unis pendant deux ans. Aujourd'hui, il dit: II faudrait que le
fédéral baisse les taux d'intérêt. Les
péquistes, dans leur propre proposition au fédéral, ont
dit - c'est en toutes lettres, noir sur blanc - dans les trois pages de leur
proposition au fédéral le 4 février, que le Canada devrait
garder ses taux d'intérêt à 1% de plus que les taux
d'intérêt aux États-
Unis.
M. Boucher: C'est un minimum.
M. O'Gallagher: Oui, c'est un minimum, mais je vais vous faire
remarquer une chose. Aujourd'hui même, le taux d'intérêt aux
États-Unis...
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse de vous interrompre,
mais votre temps est écoulé malheureusement.
M. O'Gallagher: Je vais vous dire, en terminant, que le taux
d'intérêt aux États-Unis, aujourd'hui, est le même
que le taux d'intérêt au Canada, aujourd'hui. Si on avait
accepté la proposition du gouvernement du Québec, on paierait un
pourcentage plus élevé. Mais si vous calculez pour toutes les
petites et moyennes entreprises au Québec, vous allez encore trouver que
c'est de l'incohérence complète. On devrait au moins avoir la
décence de prendre d'autres conseils de nos citoyens. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier. (21 h 15)
M. Albert Houde
M. Houde: Merci, M. le Président. D'abord, la motion est
de faire comparaître devant cette commission l'Association des
consommateurs du Québec. Je pense que ce serait très très
important que vous acceptiez cette demande pour qu'enfin on entende des
personnes concernées venir faire leurs revendications devant le
ministre, devant nous tous pour que nous soyons sensibilisés aux
remarques qu'elles pourraient nous faire et qui, je pense, seraient très
précieuses et qui nous éclaireraient pour enfin prendre une
décision sage. Je ne vois pas, dans les autres provinces du Canada, les
consommateurs faire les mêmes revendications. Que je sache, je n'ai vu
aucun ministre faire des déclarations aussi catastrophiques que
celle-là quand on voit d'un coup augmenter l'essence de 0.30 $ à
0.32 $ le gallon, ce qui touche la majorité des concitoyens du
Québec.
D'abord, nous sommes les plus taxés au Canada. Quand je dis que
nous sommes les plus taxés au Canada, en tant qu'individu, je regarde
mon talon de chèque une fois tous les quinze jours. Je constatais, la
semaine dernière plus exactement, combien je payais d'impôt au
provincial, combien je payais d'impôt au fédéral. Je me
comparais à d'autres citoyens d'autres provinces et c'est nous qui
payons le plus d'impôt au provincial, pas au fédéral. Avec
le salaire qu'on gagne, vous le savez, M. le Président, comme d'autres
le savent en face de moi, nous avons quelques milliers de dollars de plus
à
payer par année.
Je crois que les consommateurs seraient en mesure de le dire et de dire
aussi que, lorsque le temps est venu de faire leurs emplettes de fin de
semaine, il manque de l'argent à leur paie pour faire leurs emplettes
parce que ce gouvernement en a d'abord pris le premier, c'est lui qui se sert
le premier. L'Association des consommateurs du Québec qui viendrait ici
pourrait nous dire la différence que cela donne au bout du compte et au
bout de l'année, ce que cela coûte de plus pour vivre au
Québec que dans une autre province du Canada. Je suis bien au
Québec, je suis bien dans le Canada, mais je serais encore doublement
plus heureux si je ne payais pas plus que les autres pour avoir les mêmes
services.
Hier soir, en m'en venant à Québec, partant de
Saint-Félix-de-Valois, j'entendais aux nouvelles à la radio que
le prix de l'essence augmenterait à partir de minuit et une minute le
soir même. Je me suis dit: Lorsque j'arriverai près de
Québec, je ferai au moins le plein d'essence. Payer de 0,07 $ à
0,09 $ le gallon de plus, pour 20 ou 22 gallons, ça fait quelques
dollars.
Par la même occasion, lorsque je me suis senti obligé de
payer entre 0,30 $ et 0,32 $ le gallon, ça me faisait doublement et
triplement plus mal à cause, encore une fois, de notre ministre qui n'a
pas su planifier, qui n'a pas su prévoir. Si on tient compte des
déficits qui s'accumulent d'année en année, je pense que
faire comparaître l'Association des consommateurs du Québec devant
nous, elle serait en mesure de nous dire toutes ces choses-là. Ceux qui
font partie de l'Association des consommateurs du Québec sont des
personnes de tous les milieux. D'abord, des mères de famille, des
associations de toutes sortes, par exemple, des personnes de l'AFEAS qui sont
bien au courant de la vie quotidienne. Ils savent ce que ça coûte,
ces gens, parce que plusieurs d'entre eux vont travailler comme
bénévoles ou pour accumuler des choses qu'ils auront à
donner plus tard à leurs enfants.
Dans un autre domaine, vous avez les personnes qui font partie de
l'âge d'or; elles sont passées par tout cela, elles. Il y en a
peut-être, parmi elles, qui ont fait partie de l'association des
consommateurs même si elles n'en font peut-être plus partie
aujourd'hui. Elles sont sans doute au courant de ce qui se passait quand elles
étaient plus jeunes. Aujourd'hui, elles nous regardent aller. J'ai eu
l'occasion d'en rencontrer durant mes vacances des fêtes, lors des
visites que j'ai faites dans différents foyers, dans différents
centres d'accueil. Elles me disaient ceci: Si on avait été
obligé de payer l'essence au prix d'aujourd'hui, avec les revenus qu'on
avait, jamais on ne serait arrivé à boucler notre budget, jamais.
Il aurait fallu se promener à pied.
Ces mêmes personnes pourraient dire toutes ces choses-là
à l'association des consommateurs qui pourrait venir devant nous jeudi
matin pour sensibiliser le ministre sur ce qui s'est passé, sur ce qui
se passe aujourd'hui et sur ce qui pourrait se passer dans les jours qui vont
venir. C'est pour cela que je comprendrais bien mal un refus des gens d'en face
à la demande que nous faisons aujourd'hui d'entendre l'association des
consommateurs.
Pour ma part, je l'écouterais bien attentivement.
J'espère, du même coup, que le ministre l'entendrait bien
religieusement pour que, lorsque viendrait une autre demande de taxe indirecte,
toujours cachée, il y pense deux fois avant de dire: Ce sera 0,32 $ le
gallon. Je comprends qu'à la suite des demandes qui se font de plus en
plus persistantes, cela prend de l'argent pour administrer la province. Je suis
d'accord là-dessus, on ne peut pas l'administrer avec des
prières, c'est vrai. Par contre, bien administrer, c'est prévoir.
C'est pour cette raison que le ministre, en écoutant des
représentants de toutes les catégories de la population, pourrait
se rendre compte des conséquences du geste qu'il a posé en
novembre dernier.
Plusieurs de ceux qui partent de mon comté pour aller à
Montréal prennent l'autobus, soit parce qu'ils n'ont pas d'auto ou parce
que c'est moins cher. Il y a un an, on payait le billet 2,50 $ pour aller
à Montréal; hier matin, plus précisément, mon
épouse a pris l'autobus pour aller à Montréal et ça
lui a coûté 4,55 $. Il y en a peut-être une partie qui va en
augmentation de salaire, mais la plus grosse partie va pour l'augmentation de
l'essence. Le confort n'a pas été amélioré dans
l'autobus, il est le même. Une chose est certaine: la personne met la
main dans sa poche ou dans sa bourse pour payer son billet à cause,
encore une fois, de l'augmentation de l'essence.
Parlons des enfants, des jeunes étudiants qui vont à
l'université ou au cégep. Ce ne sont pas tous des
étudiants qui restent dans les grands centres comme Montréal et
Québec. Ceux qui partent de mon comté ou du comté voisin
pour aller à Trois-Rivières, à Québec, à
Montréal ou à Ottawa, comment pensez-vous que ces jeunes paient
de plus depuis quelques mois? Cela change le budget d'un jeune
énormément. On lui donnait 35 $ à 40 $ par semaine pour
ses dépenses et ses déplacements et aujourd'hui il lui en manque.
Ce n'est pas ce qui se passe dans d'autres provinces qui fait qu'on doit
augmenter si vite que ça.
Ce soir, au souper, j'avais le temps de regarder le journal quelques
minutes. L'association des consommateurs disait: Cela coûte plus cher que
ça coûtait avant. Il y en avait qui s'en prenaient aux plans
conjoints. Je n'ai rien contre les plans conjoints et j'y
crois; je suis pour les plans conjoints mais pour autant qu'un plan
conjoint soit bien administré et fasse l'affaire de la majorité
des personnes qui en font partie. Je suis pour ça les plans
conjoints.
Mais, eux autres, disaient: Cela coûte plus cher. Le coût de
production. D'abord, un plan conjoint bien administré tient compte du
coût de production et, quand on tient compte du coût de production,
cela veut dire bien des choses. Cela veut dire d'abord la nourriture, cela veut
dire les transports. Quand on sait que l'essence a augmenté
énormément, les plans conjoints, il faut qu'ils en tiennent
compte, il faut qu'ils ajustent leur tir pas à tous les ans, il faut
qu'ils ajustent leur tir presque à tous les six mois pour suivre le
ministre étant donné que ça change beaucoup. Si ça
changeait seulement de quelques cents, 0,02 $, 0,03 $, 0,04 $, 0,05 $, ils
pourraient attendre à la fin de l'année financière pour
refaire leurs coûts de production. Dans le contexte actuel, ils ne
peuvent pas attendre une année pour refaire le coût de production.
Il faut qu'ils ajustent leur tir immédiatement, pas longtemps
après que le ministre a pris la parole et annoncé des choses
comme celles-là.
On sait qu'il y a beaucoup de transport qui se fait par camion; il s'en
fait par train, mais il s'en fait beaucoup par camion. Je vous assure que 0,30
$ ou 0,32 $ de plus le gallon, cela paraît. Quand les camionneurs font le
plein avec 50, 60 gallons du coup, c'est quelque chose. Je pense que dans
l'association des consommateurs, qu'on voudrait faire entendre jeudi matin, il
y a des personnes qui, je crois, seraient en mesure de vous le dire. Il y a des
personnes qui pourraient aussi vous faire comprendre que planifier comme vous
le faites, eux autres seraient probablement en faillite. De grâce, M. le
ministre, encore une fois, j'espère que dans l'avenir lorsqu'il y aura
une hausse de taxe indirecte ou directe, parce que directe ou indirecte, pour
le consommateur, l'argent sort de sa poche quand même... C'est plus
difficile à accepter lorsque c'est une taxe indirecte parce que, bien
souvent, ils l'apprennent par d'autres que ça coûte plus cher;
bien souvent, ils n'ont pas saisi. Quand elle est directe - le premier ministre
a annoncé il n'y a pas longtemps que possiblement ce serait une taxe
directe - personne ne va leur dire, ils comprennent lors de l'annonce qui se
fait dans les journaux et à la télévision. Une taxe
indirecte, ils ne saisissent pas toujours. Il y en a qui comprennent, mais pas
tout le monde. J'espère que ça sera un avertissement pour les
mois à venir. (21 h 30)
On entend les gens d'en face nous dire: Les intérêts sont
hauts. Cela dépend d'Ottawa. Comme disait mon collègue de Robert
Baldwin tantôt, on a entendu le premier ministre, à la
conférence des premiers ministres, à Ottawa, le 4 février
dernier, déclarer, que le taux d'intérêt pourrait
être de 1% à 1,5% plus élevé qu'aux
États-Unis et qu'il n'y aurait pas de problèmes pour une couple
d'années. Je l'ai lu dans le journal. Je peux le dire. Je ne sais pas si
vous le savez, mais au moment où on parle aujourd'hui et même la
semaine dernière, le taux d'intérêt était le
même aux États-Unis qu'au Canada. C'est pour vous dire que si on
tient compte des déclarations du premier ministre du Québec - je
ne sais pas s'il y a pensé sérieusement lorsqu'il a
déclaré cette chose - il faudrait peut-être qu'il dise
à ses députés: Faites attention lorsque vous ferez des
déclarations. N'allez pas dire que cela dépend du taux
d'intérêt si on a de la difficulté aujourd'hui, dites que
cela dépend d'Ottawa. Quand le même premier ministre dit qu'il
faudrait peut-être monter le taux d'intérêt, et qu'il n'y
aura pas de problèmes, je pense que ce serait préférable
qu'il consulte ses collègues avant de faire des déclarations
semblables. Oui, M. le député de Rivière-du-Loup?
M. Boucher: II n'a jamais dit cela, qu'il faudrait le monter.
Voyons donc! II faudrait le baisser.
M. Houde: C'est cela. On vous le montrera.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier.
M. Houde: J'aime cela l'entendre parfois. Cela peut le
renseigner, comme cela peut nous renseigner.
M. Boucher: Je voudrais que vous le citiez au texte.
M. Houde: Non, non, ce sont seulement des notes que j'avais
prises. Je ne l'ai pas malheureusement devant moi. C'est pour vous dire, encore
une fois, que lorsqu'on parle d'augmentation de taxes indirectes, cela touche
le petit comme le gros, plus souvent le petit, parce que lorsqu'il a de la
difficulté à équilibrer son budget, semaine après
semaine, je pense que c'est important que vous en teniez compte. Encore une
fois, l'association des consommateurs pourrait venir nous le dire. Je serais
surpris d'entendre vos commentaires, après les avoir entendus vous dire
que c'est une bonne chose qu'on les entende, parce qu'il y a des choses qu'on
ne savait pas et qu'ils nous ont apprises aujourd'hui.
M. Boucher: Vous venez de nous les dire.
M. Houde: Non, non, il y a des choses
que je ne sais pas et qu'ils pourraient nous dire. Pour ma part, cela
m'instruirait. Cela nous permettrait peut-être aussi d'ouvrir les yeux
à d'autres. Ils ne savent peut-être pas tout ce qui se passe dans
la population. Il y a des personnes, une fois rendues à Québec,
qui sont parfois loin de la population, qui sont loin des gens de la rue. Ces
mêmes gens n'ont peut-être pas l'occasion de les rencontrer. Si on
leur donnait la chance de les entendre, ce serait peut-être une bonne
chose pour le ministre concerné et pour les députés d'en
face, pour qu'ils y pensent deux fois avant d'imposer une taxe aux petits
contribuables du Québec. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député. M. le député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, je dois admettre que je me
sens un peu humble, après la dissertation technique de mon
collègue de Berthier qui a fait une revue complète de
l'économie, en passant par les taux d'intérêt et comment
ils affectent la taxe sur l'essence.
Je vais me concentrer sur des choses plus prosaïques, du moins sur
le strict libellé de la motion qui est devant nous, à savoir que
nous devrions inviter les représentants de l'Association des
consommateurs du Québec à se faire entendre le jeudi, 4 mars,
à 11 h 30 devant cette commission afin de renseigner les membres et
intervenants de cette commission. Je pense que, encore une fois, mon savant
collègue de Saint-Louis a montré son immense expérience,
devant la commission parlementaire et dans l'appareil parlementaire en
général, en suggérant des motions des plus constructives
pour permettre que ce projet de loi, de première importance pour les
citoyens et les contribuables, réponde aux vues de la plus grande
majorité des gens. Nous avions déjà proposé que
peut-être l'ensemble des députés puissent se faire inviter
pour témoigner au nom de tous les ressortissants des comtés du
Québec, c'est-à-dire qu'on aurait eu le point de vue d'un plus
grand nombre de gens.
Je pense que la motion qui a maintenant été
présentée de faire entendre l'Association des consommateurs du
Québec ouvrirait une autre alternative, celle de permettre à des
gens qui sont directement affectés par toute la question de la
consommation de produits qui leur sont essentiels de nous dire si, oui ou non,
dans les circonstances actuelles, ils considèrent l'imposition de cette
taxe comme une mesure équitable ou s'ils considèrent l'imposition
de cette taxe comme une mesure tout à fait désavantageuse et
discriminatoire.
Je crois qu'il est important de savoir directement le point de vue de
ceux mêmes qui vont payer les produits qui ont été
taxés à un tel taux additionnel que, d'un jour à l'autre,
l'essence par exemple a monté à un tel point qu'elle est de
beaucoup l'essence la plus chère dans tout le Canada et que le taux de
tarification au Québec commence aujourd'hui à s'approcher des
taux qu'on a connus dans des pays européens et autres où on a de
l'essence à un taux si élevé que cela a provoqué
des remous et des conséquences de grande importance tant dans
l'industrie et le commerce que pour les citoyens qui se servent d'une
automobile pour aller travailler; que pour les citoyens qui ont besoin de
moyens essentiels de transport, les handicapés, les malades et toutes
les institutions qui forment le réseau des affaires sociales: les
réseaux de santé, les réseaux éducationnels qui se
servent d'autobus, qui se servent des transports publics, les ambulances. On
peut penser à presque tous les noyaux de la société en
général, y incluant surtout les individus qui se servent de leur
auto pour aller travailler.
L'association des consommateurs représente, dans un sens, tous
les Québécois qui se servent de ces produits dont on parle ici.
On a beaucoup parlé de l'essence et on a négligé la
question de la bière. Nous sommes d'accord, c'est un luxe mais, en
même temps, c'est, en essence, la boisson du peuple. Il me semble que,
l'association des consommateurs viendrait nous dire, en toute
impartialité et en toute objectivité ce que cette imposition de
nouvelles taxes représente pour ses membres.
Je ne voudrais pas que l'on nous dise, en parlant contre la motion, que
ce serait impossible pour l'association des consommateurs de se faire entendre
en toute justice, le jeudi 4 mars à partir de 11 h 30, que cela ne
donnera pas assez de temps à cette association pour faire valoir ses
arguments pour ou contre la loi. Il me semble que, si on commençait
à 11 heures, ça donnerait à l'Association des
consommateurs du Québec presque une journée de travail,
considérant que les travaux de la Chambre se terminent à 22
heures et qu'avec le consentement de toutes les parties
intéressées, de notre côté comme du
côté gouvernemental, on pourrait prolonger les travaux et
permettre à tous les membres de l'association qui voudraient se faire
entendre de faire valoir leurs arguments au sujet de la loi.
Je ne peux voir dans cette motion aucune situation qui pourrait
représenter un désavantage quelconque pour le parti
gouvernemental, si vraiment il est convaincu du bien-fondé de sa loi.
Notre motion dit très clairement que nous voulons que les
représentants de l'association soient entendus et nous ne faisons
ressortir dans notre motion aucune position pour ou contre, c'est-
à-dire que nous laissons l'association des consommateurs
s'exprimer tout à fait librement, dans la plus grande objectivité
possible. Si le parti gouvernemental et le ministre n'ont rien à
craindre de la réaction des consommateurs quant à cette loi, il
me semble que ce serait tout à fait constructif et tout à fait
à leur avantage de laisser cette association se faire entendre afin
qu'elle puisse nous faire valoir le point de vue de ceux qui sont les plus
directement touchés par la loi.
Je demande au ministre, à mes collègues qui forment la
délégation gouvernementale à cette commission à
quoi, en principe, ils pourraient s'opposer dans cette motion qui a pour but de
faire la lumière, d'apporter de nouvelles idées sur ce projet de
loi qui, après tout, affecte directement le public. Cela pourrait leur
ouvrir une porte pour connaître le point de vue d'un grand nombre de
citoyens qui, eux-mêmes, faisant partie de l'association, sont les plus
directement affectés par la loi.
Je conçois qu'il y a peut-être un désavantage
à la motion que nous avons présentée en ce sens que, selon
moi, elle ne va pas assez loin. En fait, ce qu'on dit, c'est qu'on voudrait
donner la chance à l'association des consommateurs de se faire entendre.
Mais est-ce que ça va assez loin? Est-ce qu'on peut dire que
l'Association des consommateurs du Québec représente les vues
d'assez de gens qui sont touchés par cette loi? Est-ce qu'il se pourrait
que, en dehors de l'association - ceux qui pensent autrement ont le droit de se
poser cette question - il se trouve des personnes qui sont directement
affectées par la loi et qui n'auraient pas la chance de faire valoir
leur point de vue?
En demandant que l'association des consommateurs soit invitée
ici, est-ce que nous allons assez loin? C'est une question très valable,
et je pense qu'on devrait s'y arrêter. On devrait se demander si, en
principe, en se restreignant à une association particulière, on
ferait assez de lumière sur les vues des citoyens en
général ou si on ferait la lumière par rapport à un
groupe restreint, à un groupe spécifique de gens qui ne
représente pas le grand public en général. Est-ce que
l'association des consommateurs est, en fait, un club plus ou moins restreint
qui représente une minorité de gens? C'est peut-être une
question à se poser. (21 h 45)
Si les membres du parti gouvernemental pensent que l'invitation qu'on
fait à une association de consommateurs n'est pas assez large, on
pourrait certainement élargir le cadre de cette invitation en recevant
des gens qui représenteraient d'autres milieux, d'autres groupements,
d'autres associations. Je ne dis pas que nous avons des idées tout
à fait arrêtées à ce sujet, mais moi, comme un
membre de la commission du côté de l'Opposition, je trouve que
c'est naturel de se poser la question à savoir si, oui ou non,
l'Association des consommateurs du Québec représente une
population assez étendue pour qu'elle soit représentative de tous
ceux qui sont affectés par cette loi.
Je dois dire que je n'ai pas les statistiques pour savoir le nombre de
membres de l'Association des consommateurs du Québec, l'étendue
de la représentation de cette association. Je ne sais pas si elle est
représentative de tout le Québec, si elle est
représentée dans tous les secteurs de la population, si elle est
représentée dans toutes les régions du Québec, dans
toutes les villes, dans toutes les circonscriptions électorales; c'est
difficile de savoir cela. En fait, j'aurais dû demander au leader de
notre groupe s'il avait ces précisions, parce que ça
m'amène à me demander si, en invitant l'Association des
consommateurs du Québec, on ne ferait pas là une invitation
restreinte ou si ce serait une invitation tellement étendue qu'elle
serait représentative du Québec en général.
Je me pose cette question, mais je n'y réponds pas, parce que
vraiment, comme je l'ai souligné, je ne sais pas l'étendue de la
représentation de l'association. Mais peut-être faudrait-il
s'informer à ce sujet et savoir à quel point cette association
qu'on invite serait représentative.
À ce point de vue, j'aimerais qu'un de mes collègues qui
me suivra examine cette question de plus près et je voudrais poser des
questions assez directes à ce sujet pour savoir l'étendue du
"membership" de l'Association des consommateurs du Québec, combien de
personnes seraient invitées pour la représenter à notre
commission et quels seront les termes de référence de
l'invitation. Est-ce que les différentes régions du
Québec, les différents groupes sociaux, les différents
groupes d'âge, les étudiants, les handicapés, les
travailleurs, les cols blancs, les cols bleus seraient
représentés dans cette délégation de l'Association
des consommateurs du Québec ou serait-elle représentée par
un nombre restreint de personnes, un exécutif ou une seule personne? Je
pense que ça devrait être précisé avant que nous
votions sur cette motion particulière.
Ce qui me tracasse le plus, c'est la question très importante de
la représentativité de l'association. C'est ce point qui me
semble capital en un sens, parce que je crois que ce que nous essayons de faire
ici, d'un côté comme de l'autre de cette table, c'est d'avoir les
vues les plus étendues possible quant au projet de loi. Ainsi, quand on
l'étudiera article par article, on aura déjà
été mis au courant des vues de la plus grande partie de la
population du Québec. Alors, je me demande si on devrait
s'arrêter à l'Association des consommateurs du
Québec comme telle, à un petit groupe de cette association qu'on
a invitée ici ou à un très grand groupe au sein même
de l'association. Est-ce qu'on devrait dépasser les cadres de
l'association? C'est la question que je me pose.
Alors, dans ce sens, j'aurais voulu qu'on considère
l'élargissement de toute cette question. M'étant posé la
question, j'ai beaucoup de doute quant à la
représentativité d'une association particulière, que ce
soit l'association des consommateurs, l'association des automobilistes, etc. Je
me demande, si on invite l'association des consommateurs, si on n'aura pas le
Club Automobile ou une autre association qui demandera à être
invitée et sans doute que cela retardera les travaux de la commission de
plusieurs semaines, si ce n'est plus. Je pense qu'à ce moment-là
cela retarderait trop les travaux de la commission, chose que, de notre
côté, on ne veut certainement pas faire, comme vous l'avez
constaté.
Motion d'amendement
Alors, dans le but de rendre plus réaliste l'invitation qui avait
été suggérée dans la motion de mon savant
confrère, j'aurais voulu proposer qu'on élargisse le cadre de
cette invitation et j'aurais voulu suggérer, M. le Président, que
nous ayons une motion d'amendement à cette motion qui demandait que les
représentants de l'Association des consommateurs du Québec soient
entendus, le jeudi 4 mars 1982, à 11 h 30, devant cette commission afin
de renseigner les membres et les intervenants de cette commission. Dans le sens
d'élargir le cadre de cette étude, j'aurais voulu qu'on ajoute,
après les mots "l'Association des consommateurs du Québec",
"toute autre personne morale ou physique ou groupe". Enfin, vous avez le
mot-à-mot. Cela nous permettrait, comme je l'ai souligné en
parlant pour cet amendement, d'entendre un cadre beaucoup plus élargi de
gens qui seraient beaucoup plus représentatifs du Québec qu'une
association particulière de consommateurs, si valable soit-elle comme
association.
Je propose donc cet amendement que, je pense, M. le Président,
vous considérerez tout à fait recevable dans le cadre des
règles de la commission. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): La motion amendée se
lirait comme suit. Votre amendement, c'est d'ajouter, après
"l'Association des consommateurs du Québec", "toute autre personne
physique ou morale ou groupe à se faire entendre".
M. Lincoln: Oui, c'est cela.
Une voix: "Intéressé à se faire
entendre".
Le Président (M. Gagnon): "Ou groupe à se faire
entendre". Ce n'est pas "intéressé à se faire entendre".
C'est "à se faire entendre le jeudi 4 mars 1982, à 11 h 30,
devant cette commission afin de renseigner les membres et les intervenants de
cette commission."
M. le ministre, sur la recevabilité.
M. Fréchette: M. le Président, nous n'avons pas le
texte écrit de la motion d'amendement soumise par le
député de Nelligan. Nous allons très certainement vouloir
plaider sur la recevabilité.
Une voix: On peut le faire demain matin.
M. Fréchette: II est 21 h 55.
M. Blank: Est-ce que je peux demander au ministre...
M. Fréchette: Si mes collègues étaient
d'accord, nous...
M. Blank: On peut ajourner à demain matin. Est-ce qu'on
peut ajourner jusqu'à 10 h 30 demain matin? Comme je vous l'ai dit, j'ai
une cause par défaut à plaider et cela finirait avant 10 heures.
Cela commence à 9 h 30...
M. Fréchette: Ce sera extraordinaire tout ce qu'on vous a
accordé au cours de cette commission.
M. Blank: Oui, je comprends.
M. Fréchette: J'espère que ce sera, enfin...
Des voix: Ah!
M. Fréchette: ... noté quelque part.
M. Blank: Oui, c'est noté au ciel.
M. Boucher: M. le Président, comme rapporteur, je le
note.
Des voix: Ah!
Le Président (M. Gagnon): Si je comprends bien, on ajourne
nos travaux jusqu'à 10 h 30 demain matin.
M. Blank: Merci.
(Fin de la séance à 21 h 55)